(1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre second. Étude des jambes » pp. 40-51
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(1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre second. Étude des jambes » pp. 40-51

Chapitre second.
Étude des jambes

[1] L’étude principale qu’exigent les jambes, est celle de parvenir à les tourner entièrement. Tâchez d’acquérir de la facilité dans les hanches, pour que le mouvement des cuisses soit libre, et pour que les genoux se placent en dehors ; les développés seront faits avec aisance et grâce. Un exercice continuel et raisonné vous y fera parvenir.

[2] Un danseur qui n’est pas en dehors dans toutes ces parties, et qui est serré des hanches, n’est pas beaucoup estimé, et l’exécution de sa danse perd de son prix.

[3] Il y a des jeunes gens qui sont disposés naturellement en dehors ; qui ont les hanches ouvertes, les genoux et les pieds tournés en dehors ; ces principales qualités facilitent l’étude du danseur, et il réussira avec beaucoup d’avantage ; mais celui qui est naturellement en dedans, malgré le travail le plus opiniâtre, échouera dans son entreprise. Ses pieds peuvent encore se tourner, et les pointes se baisser à moitié, mais les hanches et les genoux resteront toujours dans leur état primitif31.

[4] Rien n’est plus agréable à voir qu’un danseur qui possède les belles qualités dont j’ai parlé, et qui vous montre sans cesse un pied bien attaché, et dont les pointes sont fermes et basses.

[5] (a)32 *Dans vos exercices, dans la leçon, soignez également vos jambes, de sorte que l’une dans son exécution ne se cède point à l’autre. J’aime à les voir lutter d’égale force, et que toutes deux me prouvent qu’elles ont vaincu les grandes difficultés.*

[6] Dans votre étude soignez les cous-de-pied ; gardez-vous de les lâcher, ce serait un grand défaut, ainsi que d’avoir les pointes hautes ou inégales ; mettez de la souplesse, de la grâce dans leurs mouvements33, et fortifiez-les pour les temps de vivacité, de vigueur et d’élévation. Des danseurs qui n’ont pas une élévation naturelle, ou qui sont faibles des jarrets doivent avoir recours aux cous-de-pied ; ils pourront en obtenir quelque avantage compensateur ; mais cela demande un grand travail, qui ne soit jamais interrompu par un jour de relâche : ils parviendront aussi à acquérir de la vigueur, et plus encore de la vivacité. Attachez-vous surtout à gagner de l’aplomb, et soyez inébranlable dans l’exécution générale de votre danse.

[7] Les développés des jambes doivent être faciles, moelleux et faits avec élégance34 ; il faut que leurs mouvements s’opèrent toujours suivant les règles, et que leur dessin gracieux soit sans cesse en harmonie avec la position du corps et des bras35.

[8] Dans les pas, dans les temps de vigueur, mettez de la force et de l’énergie ; mais prenez garde que ces qualités ne dégénèrent en défauts, c’est-à-dire par de la roideur, et par une pénible et désagréable tension de nerfs.

[9] Le sujet qui est arqué doit s’exercer continuellement à tendre les genoux, et à leur donner du moelleux et de la souplesse, pour faire disparaitre la roideur qui lui sera naturelle ; cependant un tel danseur ne réussira jamais complètement dans la danse noble ; il faut alors qu’il s’adonne au demi-caractère, et peut-être ferait-il beaucoup mieux d’embrasser le genre villageois, et de s’étudier dans les pas caractéristiques.

[10] Le jarreté doit s’appliquer toujours à ployer un peu ses genoux, et à ne jamais les maintenir tendus ; surtout dans les temps de vigueur et dans l’entrechat (à la fin des développements, des pas, des attitudes ou des poses, cette règle veut des exceptions).

[11] La construction du jarreté est la plus agréable, et est assez convenable au genre sérieux et au demi-caractère. Un danseur jarreté sera en général beaucoup plus adroit que le danseur arqué ; il aura plus d’aisance, plus de grâce dans l’exécution ; ses mouvements seront faciles et délicats ; mais il n’aura pas toute cette force qui dégénère parfois en roideur, et que l’on trouve presque toujours chez le second36. Ce danseur pourra même prétendre à parvenir dans tous les genres qu’il adoptera, pourvu que la hauteur de sa stature ne s’y oppose pas37.

Premières positions de la danse

N.-B. À la seconde position, la distance qui existe d’un talon à l’autre n’est que de la longueur du pied. À la troisième position, les pieds ne doivent être croisés qu’à moitié.

N.-B. On a omis, pour ne pas multiplier les planches, les positions sur les pointes, de la première, de la troisième et de la quatrième ; ainsi que les ployés des quatre autres premières positions de la danse ; ces positions sont très faciles, et l’on peut, sans les figures, en concevoir et en produire l’effet.

N.-B. Le dessinateur a un peu exagéré les contours de ces figures, pour faire mieux sentir à l’élève les défauts de ces constructions.

N.-B. Dans les arabesques, et dans diverses attitudes, les pieds ne doivent pas être entièrement tournés ; sans cela ces positions n’auraient point de grâce.