Chapitre second.
Étude des jambes▶
[1] L’étude principale qu’exigent les ◀jambes▶, est celle de parvenir à les tourner entièrement. Tâchez d’acquérir de la facilité dans les hanches, pour que le mouvement des cuisses soit libre, et pour que les genoux se placent en dehors ; les développés seront faits avec aisance et grâce. Un exercice continuel et raisonné vous y fera parvenir.
[2] Un danseur qui n’est pas en dehors dans toutes ces parties, et qui est serré des hanches, n’est pas beaucoup estimé, et l’exécution de sa danse perd de son prix.
[3] Il y a des jeunes gens qui sont disposés naturellement en dehors ; qui ont les hanches ouvertes, les genoux et les pieds tournés en dehors ; ces principales qualités facilitent l’étude du danseur, et il réussira avec beaucoup d’avantage ; mais celui qui est naturellement en dedans, malgré le travail le plus opiniâtre, échouera dans son entreprise. Ses pieds peuvent encore se tourner, et les pointes se baisser à moitié, mais les hanches et les genoux resteront toujours dans leur état primitif31.
[4] Rien n’est plus agréable à voir qu’un danseur qui possède les belles qualités dont j’ai parlé, et qui vous montre sans cesse un pied bien attaché, et dont les pointes sont fermes et basses.
[5] (a)32 *Dans vos exercices, dans la leçon, soignez également vos ◀jambes▶, de sorte que l’une dans son exécution ne se cède point à l’autre. J’aime à les voir lutter d’égale force, et que toutes deux me prouvent qu’elles ont vaincu les grandes difficultés.*
[6] Dans votre étude soignez les cous-de-pied ; gardez-vous de les lâcher, ce serait un grand défaut, ainsi que d’avoir les pointes hautes ou inégales ; mettez de la souplesse, de la grâce dans leurs mouvements33, et fortifiez-les pour les temps de vivacité, de vigueur et d’élévation. Des danseurs qui n’ont pas une élévation naturelle, ou qui sont faibles des jarrets doivent avoir recours aux cous-de-pied ; ils pourront en obtenir quelque avantage compensateur ; mais cela demande un grand travail, qui ne soit jamais interrompu par un jour de relâche : ils parviendront aussi à acquérir de la vigueur, et plus encore de la vivacité. Attachez-vous surtout à gagner de l’aplomb, et soyez inébranlable dans l’exécution générale de votre danse.
[7] Les développés des ◀jambes▶ doivent être faciles, moelleux et faits avec élégance34 ; il faut que leurs mouvements s’opèrent toujours suivant les règles, et que leur dessin gracieux soit sans cesse en harmonie avec la position du corps et des bras35.
[8] Dans les pas, dans les temps de vigueur, mettez de la force et de l’énergie ; mais prenez garde que ces qualités ne dégénèrent en défauts, c’est-à-dire par de la roideur, et par une pénible et désagréable tension de nerfs.
[9] Le sujet qui est arqué doit s’exercer continuellement à tendre les genoux, et à leur donner du moelleux et de la souplesse, pour faire disparaitre la roideur qui lui sera naturelle ; cependant un tel danseur ne réussira jamais complètement dans la danse noble ; il faut alors qu’il s’adonne au demi-caractère, et peut-être ferait-il beaucoup mieux d’embrasser le genre villageois, et de s’étudier dans les pas caractéristiques.
[10] Le jarreté doit s’appliquer toujours à ployer un peu ses genoux, et à ne jamais les maintenir tendus ; surtout dans les temps de vigueur et dans l’entrechat (à la fin des développements, des pas, des attitudes ou des poses, cette règle veut des exceptions).
[11] La construction du jarreté est la plus agréable, et est assez convenable au genre sérieux et au demi-caractère. Un danseur jarreté sera en général beaucoup plus adroit que le danseur arqué ; il aura plus d’aisance, plus de grâce dans l’exécution ; ses mouvements seront faciles et délicats ; mais il n’aura pas toute cette force qui dégénère parfois en roideur, et que l’on trouve presque toujours chez le second36. Ce danseur pourra même prétendre à parvenir dans tous les genres qu’il adoptera, pourvu que la hauteur de sa stature ne s’y oppose pas37.
- [12] Simple position des ◀Jambes▶, fig. i, planc. I.
Premières positions de la danse
- Première position, fig. i, planc. I.
- Seconde position, fig. ii, planc. II.
- Seconde position sur les pointes, fig. 3, planc. II.
- Troisième position, fig. 3, planc. I.
- Quatrième position (vue de profil), fig. i, planc. II.
- Cinquième position, fig. 4, planc. I.
- Cinquième position sur les pointes, fig. 5, planc. I.
N.-B. À la seconde position, la distance qui existe d’un talon à l’autre n’est que de la longueur du pied. À la troisième position, les pieds ne doivent être croisés qu’à moitié.
- Ployé à la première position, fig. 4, planc. II.
N.-B. On a omis, pour ne pas multiplier les planches, les positions sur les pointes, de la première, de la troisième et de la quatrième ; ainsi que les ployés des quatre autres premières positions de la danse ; ces positions sont très faciles, et l’on peut, sans les figures, en concevoir et en produire l’effet.
- Manière de se tenir en s’exerçant, fig. 5, planc. II.
- Construction physique du jarreté, fig. 5, planc. III.
- Construction physique de l’arqué, fig. 4, planc. III.
N.-B. Le dessinateur a un peu exagéré les contours de ces figures, pour faire mieux sentir à l’élève les défauts de ces constructions.
- Danseur à la seconde en l’air, et sur le talon, fig. 5, planc. II
- Danseur à la seconde en l’air, et sur les pointes, fig. i, planc. VI.
- Danseur à la seconde en l’air, en avant (vu de profil), fig. i, planc. IV.
- Danseur à la quatrième en l’air, en avant, sur les pointes (vu de face), fig. 3, planc. IV.
- Danseur à la quatrième, en l’air, derrière (vu de profil), fig. 3, planc. IV.
- Positions des ◀jambes▶ dans les poses, et dans différentes attitudes, planc. V, VI, VII, VIII et IX.
- Positions des ◀jambes▶ dans les arabesques, planc. X, XI et XII.
N.-B. Dans les arabesques, et dans diverses attitudes, les pieds ne doivent pas être entièrement tournés ; sans cela ces positions n’auraient point de grâce.