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2663. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Joubert » pp. 185-199

… La renommée a pris son temps avec celui-là. […] Mais supposez le Christianisme venu dans son temps, il eût renoncé, comme Joubert, à ce roman de l’esprit humain. […] Telle est la supériorité de Joubert le platonicien sur son maître, le grand Platon, qu’il est utile de noter dans ce temps de métaphysique, quoique cette supériorité, ce n’est pas Joubert qui l’ait faite.

2664. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des Pyrénées »

Histoire des Pyrénées Cénac-Moncaut, Histoire des Pyrénées et des rapports internationaux de la France avec l’Espagne, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours. […] « Le plateau pyrénéen, — dit-il dans son introduction, — ce plateau, dressé entre la France et l’Espagne, comme l’immense squelette d’un cétacé qui aurait échoué entre deux mers, a renfermé, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, tous les caractères, tous les éléments qui ont le droit d’inspirer ou d’obtenir une histoire. Nature particulière de climat, de production et de situation ; influence de ces agents physiques sur les habitants qui viennent successivement s’y fixer ; importance des révolutions intérieures qui agitèrent ces populations ; part immense qu’elles prirent aux événements qui se déroulèrent dans l’Espagne et dans les Gaules… » Et, plus loin, il ajoute encore : « Si les champs catalauniques furent, au temps d’Attila, selon la belle expression de Jornandès : l’aire où venaient se broyer les nations, les Pyrénées, au contraire, furent la retraite bienfaisante où les débris de ces mêmes nations abritèrent leurs pénates et leurs croyances… Lorsque le mouvement torrentiel des diverses races a fini de s’agiter à leur base, l’historien retrouve dans leurs vallées l’Ibère, le Gaulois et le Cantabre, avec leurs forces primitives, leurs fueros, leur farouche liberté.

2665. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

On peut l’affirmer avec sécurité, tout le temps qu’il n’y aura pas pour l’éternelle et péremptoire instruction des générations un Mémorial de Yuste comme il y a un Mémorial de Sainte-Hélène (et il paraît que cette grande confession à la Postérité qui tente les âmes les plus fortes, en fait de grands hommes, et qui avait aussi tenté Charles-Quint, n’existe plus), on n’aura le mot des questions que soulève ce mystère à demi voilé qui s’appelle le Charles-Quint de Yuste dans l’histoire, qu’en le demandant à l’Espagne, après l’avoir demandé à lui-même, car lui seul, il ne répond pas ! […] Chez cet homme, grand de foi comme un croisé du temps de saint Louis, chez ce poète à force de catholicisme, qui ordonna qu’on l’enterrât sous un autel, de manière à ce que les pieds du prêtre portassent d’aplomb sur sa poitrine, la religion, chose singulière ! […] Quelque temps après la mort de Charles-Quint, dit cette légende, une nuit, un cortège nombreux d’hommes d’armes et de moines tenant des flambeaux, porta vers le sommet d’une montagne un cercueil couvert de blasons et d’insignes impériaux.

2666. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Il n’avait pas plus que Stendhal cette fringale de publicité dont se tordent et se meurent les médiocrités et les vanités de ce temps, et même il riait de cette colique. Il croyait qu’un livre trouve toujours sa place, dans un temps donné, sans qu’on prenne tant de peine pour la lui faire, et que — sans être un Moïse et la Critique une fille de Pharaon pour le ramasser — le livre, exposé sur le fleuve de la publicité, aborde toujours là où il devait aborder. […] Dans les derniers temps de sa vie, Gobineau se reposa à Rome de la plume par le ciseau.

2667. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Tout le temps que Lamennais fut prêtre, ses écrits, qui rappelaient Bossuet et qui semblaient un écho de ses foudres, avaient la hauteur de la chaire chrétienne et la majesté d’un autel, et quand le prêtre eut déchiré sa robe, son génie noir et brillant, comme celui de ce rude Africain que l’on a comparé à un miroir d’ébène, ne parut que plus noir et plus sombre après l’extinction de l’auréole de foi qui l’avait illuminé cinquante ans. […] Il n’eut longtemps d’autre bonheur, ce lutteur qui paraissait infatigable, qu’à revenir à son coin de Bretagne, partageant son temps entre l’étude, la prière, la rêverie ; car ce terrible Lamennais, c’était un rêveur ! […] Resté un enfant dans la vie, comme, du reste, cette promptitude à la colère le prouve bien, car il n’y a d’hommes forts que les sangs-froids ou les sangs-froidis, — à qui le monde appartient, disait Machiavel, — resté un enfant, comme un poète de métaphysique, par l’esprit, et un prêtre par le cœur et les habitudes (les prêtres sont toujours des enfants quand ils sont descendus de l’autel), Lamennais n’avait pas grand goût pour la réalité qui le blessait souvent, qui le faisait bondir de souffrance, cette sauvage hermine de Bretagne, et il s’en détournait, se retirant violemment en lui-même, les yeux retournés en dedans et attachés sur une idée, — une idée qui fut la vérité pendant une moitié de sa vie et une erreur pendant l’autre moitié, — mais qui, dans tous les temps, a suffi aux ardeurs et aux aspirations de cette âme désintéressée !

2668. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

C’est le sublime de l’ennuyeuse platitude, et dans des proportions tellement énormes et tellement continues, qu’on ne sait vraiment plus, au bout de quelque temps de lecture, lequel est le plus insupportable, de la Russie ainsi peinte, ou du genre de talent de celui qui l’a peinte ainsi. […] Il possédera des âmes qui, aux yeux du fisc, existent tout le temps que la révision des listes n’est pas faite ; et, muni de ses titres de vente, il empruntera sur ces âmes fictives au Lombard (le Mont-de-Piété en Russie), des sommes parfaitement réelles. […] Charrière, qui a pour Gogol les bontés d’un homme d’esprit pour la personne qu’il a pris la peine de traduire, n’hésite pas à mettre les Âmes mortes à côté de Gil Blas, et, si cela lui fait bien plaisir, nous ne dérangerons rien à cet arrangement de traducteur ; car la réputation de Gil Blas — ce livre écrit au café, entre deux parties de dominos, a dit le plus fin et le plus indulgent des connaisseurs, — n’est pas une de ces gloires solides qui aient tenu contre le temps.

2669. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Xavier Aubryet (que je sache) n’a jamais pratiqué la chronique, ce genre à part dans le journalisme contemporain, destructif, dans un temps donné, de toute littérature. […] Depuis longtemps, il est tombé de la préoccupation publique par morceaux… Quant à Balzac, qui nous donna tant de choses sur Paris et sur ses mœurs, grandes ou petites, aristocratiques ou canailles, il y mêla de si grandes choses, d’une telle généralité de nature humaine et de pathétique universel, que la préoccupation parisienne, qui l’aurait rapetissé comme un autre si elle avait été seule, disparaissait même dans ses Scènes de la vie exclusivement parisienne, mises en regard des autres Scènes qu’il a tracées avec ce génie et cette volonté encyclopédiques qui devaient embrasser tout entier le monde de son temps. […] sa grande vie dans l’avenir et sa grande gloire, ce sera d’avoir créé des caractères et fouillé l’âme qui est infinie jusque dans ses dernières profondeurs, et cela sans petite couleur locale de temps et d’espace, et dans des langages immortels comme l’esprit humain !

2670. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Ce n’est plus là le paysan éternel, retrouvé dans quelque anse des Cyclades, entre sa charrue et sa barque ; le même qu’il fut depuis la Bible jusqu’à Homère, et depuis Homère jusqu’aux chansons des Palikares, mais le paysan des temps où nous sommes, ce débris d’homme fruste qui se polit chaque jour, la dernière goutte du limon créateur, qui n’ait pas perdu sa virginité ! […] Impersonnel et désintéressé de tout, excepté de la perfection dont l’idée est à l’état d’étoile fixe dans son esprit, l’auteur du Marquis des Saffras est un artiste d’une sérénité infinie, que le temps n’a pas rendu spectateur comme le vieux Goethe, car il est jeune, mais qui est né contemplateur. […] Doué de facultés très-dramatiques, sachant s’effacer, cette chose difficile, car l’esprit est égoïste comme le cœur, et ne procédant nullement à la manière des romanciers contemporains, qui entassent les descriptions, les paysages et les portraits, dans une ivresse de plastique qui est une maladie littéraire du temps, M. de La Madelène ne fait guères de portraits qu’en quelques traits, quand il en fait, et chez lui, c’est l’action et le dialogue qui peignent le personnage, le dialogue surtout, que M. de La Madelène a élevé à un rare degré de perfection.

2671. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

C’est du talent qui vise au petit pour en avoir plus tôt fait ; car nous sommes en chemin de fer pour l’imagination comme pour le reste, et viser au grand demande, pour y atteindre, du temps et de l’effort, — de l’effort, cet auxiliaire du temps, et le seul auxiliaire qui puisse l’abréger ! […] Ce roman effraie et rassure tout à la fois… Vous croyez que son héros, par manque de caractère, va glisser dans la niaiserie de ce temps, la niaiserie immense : eh bien, non !

2672. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXI. De Mascaron et de Bossuet. »

Quelquefois son âme s’élève ; mais, soit le défaut du temps, soit le sien, quand il veut être grand, il trouve rarement l’expression simple. […] « Jetez les yeux de toutes parts : voilà tout ce qu’a pu faire la magnificence et la piété pour honorer un héros ; des titres, des inscriptions, vaines marques de ce qui n’est plus, des figures qui semblent pleurer autour d’un tombeau, et de fragiles images d’une douleur que le temps emporte avec le reste ; des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu’au ciel le magnifique témoignage de notre néant, et rien enfin ne manque dans tous ces honneurs que celui à qui on les rend. […] Qui mieux que lui a parlé de la vie, de la mort, de l’éternité, du temps ?

2673. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

La science est ainsi de tous les temps et de tous les esprits. […] Toute la France du temps de Louis-Philippe était parfaitement désintéressée des lettres. […] Ç’a été l’histoire de bien des personnages célèbres de tous les temps. […] C’est après coup que l’unité d’un temps se dessine. […] Leurs ancêtres du temps de la Ligue seraient morts en se défendant.

2674. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

À cela se réduisent les prérogatives du rang et les inventions du bien-être ; même il arrive souvent que les escabeaux manquent ; alors ils s’étendent par terre ; ce n’est pas en ce temps-là qu’on fait des façons. […] Quant au temps, ils sont encore plus libéraux. […] Nous entendons à travers les drames comme à travers l’histoire du temps ce grondement farouche : le seizième siècle ressemble à une caverne de lions. […] Il annonce tout haut son incrédulité, et un procès s’entame, qui, si le temps n’eût manqué, l’eût peut-être conduit au bûcher. […] « Pour passer le temps, je dirai à Votre Grâce un rêve que j’ai fait la nuit dernière.

2675. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Est un cheval ailé que le temps éperonné. […] Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! […] Il ne surgit plus quelque grand toqué de gloire ou foi, qui brouille un peu la terre et tracasse son temps à coup d’imprévu. […] Pour eux, le temps et l’espace sont abolis. […] Il n’est ni sarcastique, ni amer, ni désenchanté, ni rien qui rappelle, de près ou de loin, le trouble moral où a vécu notre temps.

2676. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Combien de temps encore serons-nous le jouet de ta fureur ? […] Mais, objecte-t-on encore, il a imité Homère à la manière de son temps. […] Il distinguait le temps d’attaquer du temps de défendre. […] Est-ce raison de craindre si longtemps chose de si brief temps ? Le long temps vivre et le peu de temps vivre, est rendu tout un par la mort : car le long et le court n’est point aux choses qui ne sont plus.

2677. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Je suis devenu plus hardi, plus libre avec le temps. […] » Il ne lui manqua pour parvenir aux grades les plus élevés qu’une santé plus aguerrie, le temps, l’occasion, et un moindre talent qui le sollicitât ailleurs. […] Le poète ne se montre pas plus favorable dans un cas que dans l’autre aux assemblées politiques ni aux cortès d’aucun temps ; mais en dernier lieu il est évident que toute sa foi royaliste s’était retirée de lui. […] Le temps écoulé, — presque un demi-siècle, hélas ! […] Mais ce qui est certain, c’est que dans le tête-à-tête il dévidait devant vous de fort jolies choses, des choses pensées et perlées, lorsqu’on lui laissait le temps de les dire et qu’on avait la patience de les entendre.

2678. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Au premier moment, dans la lutte qui s’établissait entre Wagner et la foule, les partisans de Wagner n’ont pas eu le temps de s’entre-regarder, il s’agissait de courir au plus pressé. […] Mais tâchons d’oublier qu’il est question d’un théâtre wagnérien à Paris ou autre part ; il sera temps d’en parler plus tard, si on ne parvient pas à l’empêcher. […] Ses ennemis ont de tout temps suffisamment exploité cette particularité de son style ; il n’était vraiment pas la peine que ses amis les imitassent. […] Ils attendent avec calme les temps marqués. […] [V] Au temps où M. 

2679. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Ce n’est pas là, il est vrai, une application des causes finales proprement dites, puisque ces résultats sont le simple effet d’un mécanisme opérant à travers le temps et l’espace, non un effet prévu par une intelligence ; ce n’est pas une explication téléologique, mais mécanique. […] Telle est, par exemple, chez les animaux supérieurs, la respiration ; c’est un perpétuel passage du malaise à l’aise, que cependant nous ne remarquons pas en temps ordinaire. […] Cette loi se ramène à celle d’intensité : le nerf s’épuisant par l’exercice, la prolongation dans le temps amène une diminution d’intensité, et, si elle est trop grande, la peine prend la place du plaisir. […] alors la cloche des morts peut sonner ; que le cadran s’arrête, que l’aiguille tombe et que le temps soit accompli pour moi. » L’activité ne change que pour se maintenir, pour s’adapter progressivement à un milieu qui change lui-même, pour accroître enfin ses conquêtes sans perdre ses acquisitions. […] « Nous sommes continuellement emportés par le cours du temps ; or, au moment où nous sortons du présent pour entrer dans l’avenir, qu’est-ce qui peut causer le plaisir ?

2680. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Si le souvenir du lecteur n’y aide pas, s’il ne reconnaît pas subitement ce qu’on lui indique, la plupart du temps cet effort échouera. […] En analysant la manière dont il figure ses personnages, nous avons détruit ce qui nous semble être la loi suprême de la personation littéraire qui serait le maintien d’un équilibre délicat entre ce qu’il y a de constant, de personnel dans chaque caractère, et ce qu’il subit de variations au cours des circonstances, du temps. […] Ceux de Tolstoï le déterminèrent à abandonner l’observation d’un monde qui le froissait sans cesse et perdirent ainsi, artistiquement, un des plus puissants génie de ce temps. […] En un livre, tout écrivain se propose de susciter chez ses lecteurs des émotions factices égales, et la plupart du temps supérieures à celles provoquées par de réels incidents. […] Ils ont été également accueillis avec faveur parmi les jeunes artistes de ce temps, comme ceux de Dostoïewski, et nul doute que dans quelques années, leur influence se manifestera, dans une mesure que l’on ne peut encore déterminer, dans les romans à venir.

2681. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Disons-le à ce propos, car il ne faut reculer devant aucune des questions qui s’offrent, ç’a été une bizarre erreur de tous les temps de vouloir donner au cerveau humain des auxiliaires extérieurs. […] Ce qu’Isaïe reproche à son temps, l’idolâtrie, l’orgie, la guerre, la prostitution, l’ignorance, dure encore ; Isaïe est l’éternel contemporain des vices qui se font valets et des crimes qui se font rois. […] Le temps présent travaille au temps futur, donc travaillez et espérez. […] Il a épelé les papyrus de Sepphoris, qui, de son temps, n’était pas transformée encore en Diocésarée ; il a vécu avec les pêcheurs de perles de l’île Tylos. […] L’horreur de ces temps est prodigieuse.

2682. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Telle est la vie secrète d’un esprit curieux, tourné au raisonnement, qui se possède par méthode philosophique, et qui veut posséder de même tout ce qui l’environne… Qui voudrait à tout moment s’assurer qu’il agit par raison, et non par passion et par humeur, perdrait le temps d’agir, passerait sa vie à anatomiser son cœur, et ne viendrait jamais à bout de ce qu’il chercherait. […] Cet apaisement, cette simplification et ces temps de repos qu’il lui prêche, cet état de tranquillité et de quiétude morale auquel il le voudrait insensiblement amener, — ne pas toujours voir Dieu à travers la grille d’un raisonnement étroit et serré, — c’est de la part de Fénelon un conseil du bon sens le plus clairvoyant, le plus net, et qui dans le cas présent, autant que nous en pouvons juger, allait le mieux à son adresse ; c’est encore du bon quiétisme. […] Pourtant, comme il se mêle à tout cela bien de l’irréflexion et de la mode, selon notre usage français de tous les temps, il arrivera que pendant la très courte année où le duc de Bourgogne, devenu Dauphin après la mort de son père, se mettra un peu en frais de bonne grâce et en attitude de plaire, l’opinion se retournera subitement en son honneur, célébrera en lui une transformation soudaine, et, quand on le perdra quelques mois après, il sera pleuré comme un prince irréparable, les délices trop tôt ravies du genre humain. […] On a beau lui en dire du bien, il ne sera content que « lorsqu’il le saura libre, ferme et en possession de parler (même au roi) avec une force douce et respectueuse… S’il ne sent pas le besoin de devenir ferme et nerveux, il ne fera aucun véritable progrès ; il est temps d’être homme ».

2683. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — III. (Fin.) » pp. 479-496

Diane et la naïade seront peut-être jugées de trop, et Ramond, en les faisant intervenir, mêlait, à son tour, de ses réminiscences classiques à une nature toute vierge et qui ne rappelle qu’elle-même : ou peut-être voulait-il parler aux critiques du temps leur propre langage pour les mieux réfuter. […] Causeur excellent et plein de traits dans un salon, écrivain élégant et, on l’a vu, éloquent, il n’était pourtant pas essentiellement orateur, ni surtout improvisateur : « C’est une des nombreuses infirmités de ma nature, disait-il, de ne pouvoir dominer qu’à force de temps ces vérités que de meilleurs esprits dominent à force de supériorité. » Cette sorte de lenteur qui tient au besoin d’approfondir, jointe à de la vivacité d’humeur et d’impression, lui fit faire quelques fautes de tribune. […] Il n’avait que dédain pour ceux qui rapportaient l’origine d’une si grande secousse à tel objet particulier de leur dépit ou de leur aversion : L’heure des révolutions sonne, messieurs, disait-il (et c’est dans un discours qu’il eut à prononcer comme préfet à l’ouverture du lycée de Clermont sous l’Empire), — l’heure des révolutions sonne quand la succession des temps a changé la valeur des forces qui concourent au maintien de l’ordre social, quand les modifications que ces forces ont subies sont de telle nature qu’elles portent atteinte à l’équilibre des pouvoirs ; quand les changements, imperceptiblement survenus dans les mœurs des peuples et la direction des esprits, sont arrivés à tel point qu’il y a contradiction inconciliable et manifeste entre le but et les moyens de la société, entre les institutions et les habitudes, entre la loi et l’opinion, entre les intérêts de chacun et les intérêts de tous ; quand enfin tous les éléments sont parvenus à un tel état de discorde qu’il n’y a plus qu’un conflit général qui, en les soumettant à une nouvelle épreuve, puisse assigner à chaque force sa mesure, à chaque puissance sa place, à chaque prétention ses bornes… Cette manière élevée de considérer les choses contemporaines comme si elles étaient déjà de l’histoire, dispense de bien des regrets dans le passé et de bien des récriminations en arrière. […] La Notice de Cuvier, dans le temps où elle fut prononcée, mécontenta la famille, et M. 

2684. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

En cherchant bien, et même sans chercher beaucoup, on trouverait des talents spirituels qui étaient nés pour cet emploi, et à qui il ne manque qu’un accueil meilleur et, comme aux plantes, une exposition plus favorable ; mais ils sont dépaysés aujourd’hui, ils n’ont que de très petits cercles, si encore ils en ont, et la société ne les entend pas, ne les écoute pas ; elle n’est plus faite pour eux, elle n’a pas le temps. […] Il n’en était pas ainsi du temps de Sénecé, et celui-ci nous représente bien le rimeur-amateur d’autrefois, dans sa diversité, son abondance et presque son originalité ; il est du moins certainement le doyen de la famille, ayant vécu quatre-vingt-treize ans. […] Le groupe des voyageurs qui accompagne Lully la recherche du bon goût se compose de Clément Marot, de Catulle, de Virgile, et de tous les auteurs du temps passé et des siècles récents. […] Cela révolta contre lui la nation indocile des auteurs, autant impatiente de la servitude qu’aucune autre, et on lui donnait de temps à autres des marques de rébellion.

2685. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

L’amitié qui unit à l’instant ces deux hommes, l’un déjà si distingué et l’autre tout à l’heure illustre, cette alliance presque sacrée qu’ils se jurèrent et dont une correspondance publiée en allemand a immortalisé le souvenir, avait quelque chose de solennel et de théâtral qui est bien du temps ; mais elle garde, aux yeux même d’une postérité plus froide, de l’élévation, de la grandeur, une vraie beauté morale, je ne sais quoi d’antique, un cachet de Pline le Jeune et de Tacite avec une teinte de l’enthousiasme du Nord. […] Il l’avait logé chez lui, au bout d’une longue galerie, dans le plus beau coin du château, d’où l’œil embrassait toutes les beautés du lac, le mouvement du port et de la ville, et un horizon immense terminé par la vaste étendue des Alpes : « Tout cela était au service de sa poésie. » Il l’y posséda durant deux années, et il ne parlait jamais de ce temps de réunion qu’avec fraîcheur et ravissement : — Quel bonheur, écrivait-il, de sentir à ses côtés un ami, et un ami tel que Matthisson, avec lequel je pouvais sortir de la prose de la vie pour entrer quelquefois dans la poésie de l’enfance qu’il avait si bien su chanter ! […] Au sortir de son bailliage de Nyon et revenu à Berne ou fermentaient des passions politiques très animées, Bonstetten y resta le moins qu’il put, et, après quelque temps passé à sa belle terre de Valeyres près d’Orbe, il accepta la mission de syndic dans les pays italiens sujets, dans ce qui forme aujourd’hui le canton du Tessin. […] Bonstetten, qui y assista, n’était point l’homme de ces luttes. « Ces temps d’enfer, disait-il, ne sont pas faits pour moi. — Voici ma devise, disait-il encore, je ne suis né pour aucun combat. » Bienveillant, modéré, ami d’un sage progrès et des lumières graduelles, pressé entre deux partis contraires, il semblait aux uns un bien pâle démocrate, aux autres un patricien infidèle.

2686. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Je ne sais si l’on a assez noté que ce roi, réputé le plus beau de sa Cour et de son temps, était assez fort gravé de la petite vérole. […] L’hygiène mauvaise ou incomplète du temps contribuait à ses indispositions et à ses gênes. […] On sait qu’après l’opération, si bien faite par le chirurgien Félix, et couronnée d’un plein succès, l’infirmité royale était devenue à la mode parmi les courtisans : « Plusieurs de ceux qui la cachaient avec soin avant ce temps, nous dit le chirurgien Dionis, n’ont plus eu honte de la rendre publique ; il y a eu même des courtisans qui ont choisi Versailles pour se soumettre à cette opération, parce que le roi s’informait de toutes les circonstances de cette maladie… J’en ai vu plus de trente qui voulaient qu’on leur fît l’opération, et dont la folie était si grande, qu’ils paraissaient fâchés lorsqu’on les assurait qu’il n’y avait point nécessité de la faire. » La platitude humaine est alerte à prendre toutes les formes et toutes les postures. […] Le Roi qu’après cette lecture le Louis XIV, tel qu’il sort pour nous des mains de ses premiers médecins, « n’est plus le brillant héros que l’histoire nous a dépeint, mais bien un jeune homme valétudinaire, atteint successivement de maladies fort graves, puis un homme toujours souffrant, condamné à un régime sévère, obligé de supporter de graves opérations, et enfin, un vieillard podagre, continuellement tourmenté par la gravelle, dont la gangrène vient enfin terminer l’existence. » Ce portrait est trop noir ; cette suite de maladies et d’indispositions présentées en détail et à la file fait un tableau trop sombre ; nous ne voyons pas assez les intervalles, les saisons de bonne santé, les mortes-saisons du médecin ; et puis il y a dans tout cela maint malaise qui, dans une vie ordinaire et où l’on n’aurait pas le temps de s’écouter, ne compterait pas.

2687. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Il va même trop loin dans les lettres de ce temps que j’ai sous les yeux73 ; il joue, il plaisante imprudemment avec le bizarre ermite comme avec un caractère bien fait et qui entendrait la raillerie ; il s’égaye beaucoup trop aux dépens de son humeur belliqueuse, à propos du fusil que Rousseau tenait toujours chargé contre les voleurs et qu’il s’amusait parfois à tirer sur les loirs. […] C’est ainsi qu’au temps où se composait la Nouvelle Héloïse, lui parlant du prochain mariage d’une jeune fille, il la montrait dans sa pudeur, se désolant à l’approche d’un époux : « C’est, disait-il, une eau pure qui commence à se troubler au premier souffle du vent. » Et il ajoutait, comme pour le piquer au jeu : « Dites de belles choses là-dessus. » Rousseau, en effet, répondant à l’appel, s’emparait de cette pensée et de cette image virginale, et l’employait dans la Nouvelle Héloïse à l’occasion du mariage de Claire (deuxième partie, lettre XV) : « Et, en vérité, elle est si belle, disait-il, que j’aurais cru la gâter en y changeant autre chose que quelques termes. » Il aurait même mieux fait de n’y pas changer un seul mot. Une autre fois, dans le même temps du séjour de Rousseau à l’Ermitage, Deleyre, au retour de quelque absence et de quelque poursuite de fortune, écrivait à celui dont l’amitié était sa première ambition : « Rappelez-moi, cher citoyen, dans votre retraite, sur vos bancs de gazon, au pied du grand escalier à six marches, qui s’élève devant votre porte. […] Les lettres qu’on a de lui à Jean-Jacques pendant ce temps, et qui vont jusqu’à la fin de 1766, rendraient témoignage de ses continuelles souffrances.

2688. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

sa vénérable mère dans cette mise antique et simple, avec cette physionomie forte et profonde, tendrement austère, qui me rappelait celle des mères de Port-Royal, et telle qu’à défaut d’un Philippe de Champagne, un peintre des plus délicats nous l’a rendue ; cette mère du temps des Cévennes, à laquelle il resta jusqu’à la fin le fils le plus déférent et le plus soumis, celle à laquelle, adolescent, il avait adressé une admirable lettre à l’époque de sa première communion dans la Suisse française20 ; je la crois voir encore en ce salon du ministre où elle ne faisait que passer, et où elle représentait la foi, la simplicité, les vertus subsistantes de la persécution et du désert : M.  […] Ô mes parents pauvres de ces tout premiers temps du monde, de ces âges sans nom et si obscurément prolongés, je ne rougis pas de vous ! […] Quelques-uns sont une exception heureuse ; on les distingue, on les compte, la plupart, ni bons ni mauvais, à la merci des impressions, ont un premier mouvement naturel ; mais le temps, les années, les circonstances et les intérêts qui changent et s’éloignent, les changent aussi. […] Au lieu de vainqueurs qui courent le flambeau à la main, je ne vois que des naufragés qui se succèdent ; quelques-uns, en nageant, portent et soutiennent le plus loin qu’ils peuvent les survivants du précédent naufrage ; mais eux-mêmes, après un certain temps d’effort, ils s’engloutissent et disparaissent avec leur fardeau.

2689. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique L’on s’est persuadé pendant quelque temps, en France, qu’il fallait faire aussi une révolution dans les lettres, et donner aux règles du goût, en tout genre, la plus grande latitude. […] La littérature se perdra complètement en France, si l’on multiplie ces essais prétendus gracieux qui ne nous rendent plus que ridicules : on peut encore trouver de la vraie gaieté dans le bon comique ; mais quant à cette gaieté badine dont on nous a accablés presque au milieu de tous nos malheurs, si l’on en excepte quelques hommes qui se souviennent encore du temps passé, toutes les tentatives nouvelles en ce genre corrompent le goût littéraire en France, et nous mettent au-dessous de tous les peuples sérieux de l’Europe. […] Le temps fera disparaître les hommes qui sont encore des modèles en ce genre, et l’on finira par en perdre le souvenir ; car il ne suffit pas des livres pour se le rappeler. […] Il leur sera nécessaire de veiller sur leur considération bien plus attentivement que dans un temps où les dignités aristocratiques suffisaient pour garantir à ceux qui en étaient revêtus, les égards et les respects de la multitude.

2690. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Sans doute une ébauche de vie sociale se dessine, et l’individu se soumet à un intérêt collectif lorsque la famille se forme et durant le temps où les petits ont besoin des soins de leur mère. […] Et l’individu, cet appareil de synthèse unique, comparable sur certains points à tous les êtres, et sur plus de points aux êtres de son espèce, de sa race, de sa nation, de son temps et de sa famille, reste absolument original dans son existence propre, dans son ensemble concret. Cette irréductible originalité, issue, pour une part au moins, de la diversité des influences qui s’exercèrent sur chacun de nous, des conditions qui ont préparé dans l’infini du temps le germe d’où nous devions sortir et qui ont agi sur son développement, cette originalité se traduit partout et constamment en nous. […] Il suffit, pour reconnaître la fragilité de l’« humanité » dans l’homme, de se rappeler les excès où le pouvoir absolu conduisit jadis ceux qui l’ont exercé, ou les faits qui se passent de nos jours encore en temps de guerre, surtout quand les adversaires ne sont pas de même race et de même couleur, les massacres désintéressés, les pillages, les viols, ou bien les exactions, les violences exercées dans de lointaines colonies où la pression sociale n’arrive que bien atténuée.

2691. (1890) L’avenir de la science « V »

Je n’insulte pas ceux que la nécessité des temps force à se renfermer dans des cénacles ; souvent, il faut le dire, ce n’est pas leur faute. […] Qui peut blâmer les premiers chrétiens de s’être fait un monde à part dans la société corrompue de leur temps ? […] Je n’hésite pas à le dire, le temps de ces sortes de rôles est passé. […] Héraclite concevait les astres comme des météores s’allumant à temps dans des réceptacles préparés à cette fin, sortes de chaudrons, qui, en nous tournant leur partie obscure, produisent les phases, les éclipses, etc.

2692. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

Papisme ou libre pensée, telle est l’alternative encore une fois posée : il serait temps de se décider pour l’un ou pour l’autre, si l’on veut éviter dans l’avenir des malentendus dont la gravité s’affirme de jour en jour. […] De Belcastel. — Le catholicisme est de tous les temps ! […] Corbon. — M. de Relcastel me dit que le catholicisme est de tous les temps. […] Élevons à nos grands hommes le plus splendide des monuments et la force dont ils ont débordé sur leur temps nous inondera encore de son flot lustral.

2693. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Après avoir classé les parties et les opérations de ce corps vivant, et considéré quelque temps leurs rapports et leurs suites, je dégage un fait général, c’est-à-dire commun à toutes les parties du corps vivant, et à tous les moments de la vie : la nutrition ou réparation des organes. […] Nous attachons nos yeux sur ces définitions souveraines ; nous contemplons ces créatrices immortelles, seules stables à travers l’infinité du temps qui déploie et détruit leurs œuvres, seules indivisibles à travers l’infinité de l’étendue qui disperse et multiplie leurs effets. […] Elle remplit le temps et l’espace, et reste au-dessus du temps et de l’espace.

2694. (1908) Après le naturalisme

Il s’élaborait dans des temps fort dépourvus de connaissance exacte. […] La théorie de l’art pour l’art a fait son temps. […] Le temps ne fait que ruiner les réputations usurpées. […] Le temps ne l’avait pas permis. […] Jésus expliqué par les exégètes ne nous semble plus qu’un moraliste, un philosophe sans rien du savoir de son temps.

2695. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Cependant les longues lames pesantes déferlaient sur les rocs avec le craquement d’une forêt de chênes fracassés par un tourbillon », le navire arrivait sur l’écueil ; on ne vit point pendant tout ce temps Byron changer de visage […] —  Mon cœur devint malade, mon cerveau douloureux ; —  il palpita un temps, puis ne battit plus. —  Le ciel tournoyait comme une grande roue. —  Je vis les arbres chanceler comme des hommes ivres. —  Un éclair faible passa devant mes yeux, —  qui ne virent plus. […] Un laboratoire d’alchimiste, un grimoire de sorcière, de grosses gaîtés de villageois, d’étudiants ou d’ivrognes, le sabbat sur le Brocken, la messe à l’église : vous croiriez voir une gravure du temps de Luther, consciencieuse et minutieuse ; rien n’est omis. […] La vérité est qu’il emploie le meilleur de son temps à dormir, à dîner, à bâiller, à travailler comme un cheval, et à s’amuser comme un singe. […] C’est lui qui parle ici ; ses personnages ne sont que des paravents ; même la moitié du temps, il les écarte pour occuper la scène.

2696. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Sur le Louis XVI de M. Amédée Renée » pp. 339-344

On avait là tout le temps devant soi, tous les éléments de réforme et, avec de grandes difficultés sans doute, une somme considérable de bonnes intentions et de bons vouloirs dans toutes les classes de la nation. […] L’art d’un roi qui, sans être supérieur, eût été pratique et prudent, c’eût été de pourvoir au plus tôt, de porter remède à cette fièvre soudaine, à cette chaleur de réforme qui avait saisi à la fois toute la nation, moins les classes privilégiées, et qui gagnait, jusque dans ces classes privilégiées, bien des têtes ardentes et généreuses ; c’eût été de donner à cet enthousiasme le temps et les moyens de se calmer ; c’eût été, par des réformes partielles vigoureusement suivies, de donner satisfaction à des intérêts justes et, par là, de décomposer petit à petit ce nuage gros d’illusions, qui renfermait des tonnerres.

2697. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Appendice à l’article sur Gabriel Naudé »

C’est pourquoi je vous prie, monsieur, de pardonner si je vous en parle si longtemps : Ipse est catharma, carcinoma, fex, excrementum,  — de tous les hommes de lettres auxquels il fait honte et déshonneur… » Le reste de la lettre est sur d’autres sujets ; elle est datée de « Riète, ce 30 juin 1636. » On y peut joindre cette note que Guy Patin écrivait vers le même temps dans son Index ou Journal : « 1635. — Le 19 mai, un samedi après midi, ai visité aux Jacobins réformés du faubourg Saint-Honoré un Père italien, réputé fort savant homme, nommé Campanella, avec lequel j’ai parlé de disputes plus de deux heures. […] Il sait beaucoup de choses, mais superficiellement : Multa quidem scit, sed non multum. » J’ai cru qu’il n’était pas inutile, dans un temps où l’on est en train d’exagérer sur Campanella, de faire connaître cette opinion secrète de Naudé et du monde de Naudé.

2698. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Un industriel, un de ces spéculateurs de notre temps qui mettraient le soleil en actions s’ils croyaient trouver des actionnaires, est descendu dans cet hôtel avec sa jeune fille, qui a nom Florette. […] Le cas était embarrassant pourtant, et la situation devenait orageuse ; une lettre de la célèbre danseuse Fridoline arrive à temps, Léopold retrouve son audace, et, par bravade, prend la résolution la plus extravagante, celle d’épouser la danseuse, qui, étant très-riche, vient de lui offrir sa main, pour devenir comtesse, et pouvoir faire graver une couronne sur le panneau de ses voitures.

2699. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Philosophie du costume contemporain » pp. 154-161

On a augmenté le relief des contours par le corset et, suivant les temps, par les paniers et la tournure, ou, au contraire, par le fourreau qui bride les cuisses. […] Je demanderais la même faveur — et aussi le droit d’être en velours — pour le veston, cher aux poètes et aux « artistes », et qui peut être charmant : les gens du temps de Louis XIII le savaient bien.

2700. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la distribution des prix du lycée d’orléans. » pp. 223-229

Cette modération-là est en train de devenir, par ce temps de modes outrancières, de cabotinage et de snobisme — en littérature, en art et, dit-on, en politique — quelque chose de rare et d’original ; j’ajoute de méritoire : car les idées extrêmes, plus frappantes, plus faciles à développer, ont bien meilleur air aux yeux des ignorants et sont généralement d’un profit plus immédiat pour ceux qui les professent. […] Elle a été, en son temps, un cœur plus large et plus aimant que tous les autres.

2701. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre premier. Impossibilité de s’en tenir à l’étude de quelques grandes œuvres » pp. 108-111

On s’habitue à ne plus voir par quels liens ils tiennent à leur temps et à leur pays. […] Mais, en ce cas, il est méconnu ; il s’épuise en efforts stériles ; s’il vit en un temps où les passions sont exaltées, il est écrasé, broyé, foulé aux pieds ; s’il a la chance de vivre en des jours plus calmes, il est raillé, dédaigné, condamné à l’obscurité, et il va grossir la longue liste des génies incompris.

2702. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

quel fut, en un mot, le résultat du conflit dont ce temps fut témoin ? […] obscénité : je ne sais ce que ce mot veut dire, mais je le trouve le plus joli du monde. » Pourquoi ce mot, aujourd’hui un peu vieilli, était-il nouveau du temps de Molière ?

2703. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Vous mourez d’envie de venir dans le grand monde, et moi d’en sortir. » À quelque temps de là, elle écrivait à l’abbé Gobelin : « Si je suivais mon inclination, il n’y a pas de moment dans la journée que je ne demandasse à me retirer. […] Le tailleur dit en tremblant : Madame, comme le temps presse, voyez si cet autre habit que voilà ne pourrait point vous accommoder faute d’autre.

2704. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

Voilà le sujet sur lequel il s’étendrait volontiers, si l’espace et le temps ne lui manquaient. […] Aussi espère-t-il bien, dieu aidant, ne développer jamais sur la scène (du moins tant que dureront les temps sérieux où nous sommes), que des choses pleines de leçons et de conseils.

2705. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Introduction »

Dans le chapitre dixième, je considérerai la succession géologique des êtres organisés dans le temps ; dans le onzième et le douzième, leur distribution géographique dans l’espace ; dans le treizième, leur classification et leurs affinités mutuelles, soit à l’état adulte, soit à l’état embryonnaire. […] Bien qu’il reste beaucoup de choses obscures, et qui resteront telles longtemps encore, je ne puis douter, après les études les plus consciencieuses et les jugements les plus froidement pesés dont j’aie été capable, que l’opinion adoptée par le plus grand nombre des naturalistes, et quelque temps par moi-même, c’est-à-dire que chaque espèce a été indépendamment créée, est erronée.

2706. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

Les possibles qu’on peut employer, ce sont les possibles vraisemblables, et les possibles vraisemblables, ce sont ceux où il y a plus à parier pour que contre qu’ils ont passé de l’état de possibilité à l’état d’existence dans un certain temps limité par celui de l’action. […] Il n’y aurait rien de si ridicule qu’un homme peint en habit neuf au sortir de chez son tailleur, ce tailleur fût-il le plus habile homme de son temps.

2707. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième faculté d’une Université. Faculté de droit. » pp. 506-510

Mais ce qu’il ne faut point perdre de vue, c’est que les parties d’éducation publique qui paraîtront superflues dans ce moment pourront devenir nécessaires avec le temps ; à mesure que le grand ouvrage de la civilisation s’avancera, les intérêts divers, les relations entre les sujets se multiplieront, et c’est cet avenir que Sa Majesté Impériale doit prévénir par sa sagesse, si elle redoute d’abandonner la suite de ses projets à l’ignorance ou aux caprices de la folie. […] non, mais bien au temps qui lui manque par les observations et les conseils de tous les habiles gens répandus dans les différentes contrées de l’Europe.

2708. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 3, que le merite principal des poëmes et des tableaux consiste à imiter les objets qui auroient excité en nous des passions réelles. Les passions que ces imitations font naître en nous ne sont que superficielles » pp. 25-33

On sçait l’avanture des habitans d’Abdere qui furent tellement frappez par les images tragiques de l’Andromede d’Euripide, que l’imitation fit sur eux une impression serieuse et de même nature que l’impression que la chose imitée auroit faite elle-même : ils en perdirent le sens pour un tems, comme il pourroit arriver de le perdre à la vûë d’évenemens tragiques à l’excès. […] Il est bien rare de trouver des hommes qui aïent en même tems le coeur si sensible et la tête si foible ; supposé qu’il en soit veritablement de tels, leur petit nombre ne merite pas qu’on fasse une exception à cette regle generale : que notre ame demeure toujours la maîtresse de ces émotions superficielles que les vers et les tableaux excitent en elle.

2709. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Rousseau a jugé, avec assez de sévérité, la société de ce temps, et ce ton que Claire d’Orbe ne représente pas mal, quoi qu’il en dise. […] Les séjours de Voltaire, de Rousseau, dans ces pays, en rajeunirent à temps la littérature, et la firent toute du xviiie  siècle au lieu du xviie , où elle était restée. […] Quand il nous signale en une langue les divers systèmes de mots qui disparaissent ou s’introduisent selon les changements plus ou moins graves survenus dans les mœurs, il montre l’un ou l’aufre de ces cortéges mobiles qui se retire avec le temps, laissant à la vérité dans la langue, dit-il, des allusions et des métaphores qui ne peuvent s’en détacher, mais toutefois emportant, ainsi qu’une épouse répudiée, la plus grande partie de sa dot. […] Ces jours où ma jeunesse a fait souffrir les cœurs, Je n’en pourrai gémir que seul avec moi-même… Que lorsqu’il n’est plus temps de dire à ceux qu’on aime : « A genoux ! […] Viret demande déjà excuse en son temps de parler un français un peu étrange ; mais de loin ces différences s’effacent, et l’on n’est plus frappé que des ressemblances.

2710. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

J’appelle cela des ressemblances avec Mme Des Houlières, parce que ce délire à la Zulmé, du temps de Bertin, eût été fadeur d’Iris au temps des bergeries. […] Celui qui vous peut arrêter A si peu de temps pour le croire, Qu’il n’en a pas pour s’en vanter. […] Dans le temps que M. […] C’est en vain que je prétends De plaire aux polis du temps : Trouve bon que je me taise ; Tout ce que j’ai d’auditeurs Est de ce règne où Nervèze Fut le roi des orateurs.

2711. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Dans les temps devenus fameux par des proscriptions sanguinaires, les Romains et les Français se livraient aux amusements publics avec le plus vif empressement ; tandis que dans les républiques heureuses, les affections domestiques, les occupations sérieuses, l’amour de la gloire détournent souvent l’esprit des jouissances même des beaux-arts. […] La force se passe du temps, et brise la volonté ; mais par cela même elle ne peut rien fonder parmi les hommes. […] Il faut exister seul, pour conserver dans sa pensée le modèle de tout ce qui est grand et beau, pour garder dans son sein le feu sacré d’un enthousiasme véritable, et l’image de la vertu, telle que la méditation libre nous la représentera toujours, et telle que nous l’ont peinte les hommes distingués de tous les temps. […] J’essaierai de montrer le caractère que telle ou telle forme de gouvernement donne à l’éloquence, les idées de morale que telle ou telle croyance religieuse développe dans l’esprit humain, les effets d’imagination qui sont produits par la crédulité des peuples, les beautés poétiques qui appartiennent au climat, le degré de civilisation le plus favorable à la force ou à la perfection de la littérature, les différents changements qui se sont introduits dans les écrits comme dans les mœurs, par le mode d’existence des femmes avant et depuis l’établissement de la religion chrétienne ; enfin le progrès universel des lumières par le simple effet de la succession des temps ; tel est le sujet de la première partie. […] La philosophie peut quelquefois considérer les souffrances passées comme des leçons utiles, comme des moyens réparateurs dans la main du temps ; mais cette idée n’autorise point à s’écarter soi-même, en aucune circonstance, des lois positives de la justice.

2712. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Cette forme fixe est l’esprit classique, et c’est elle qui, appliquée à l’acquis scientifique du temps, a produit la philosophie du siècle et les doctrines de la Révolution. […] Sa lacune originelle. — Signes de cette lacune au dix-septième siècle. — Elle s’accroît avec le temps et le succès. — Preuves de cet accroissement au dix-huitième siècle. — Poèmes sérieux, théâtre, histoire, romans. — Conception écourtée de l’homme et de la vie humaine. […] Quant aux circonstances de temps et de lieu, qui de toutes sont les plus puissantes pour façonner et diversifier l’homme, il les indique à peine ; il en fait abstraction. […] On ne voit dans l’homme qu’une raison raisonnante, la même en tout temps, la même en tout lieu ; Bernardin de Saint-Pierre la prête à son Paria, Diderot à ses Otaïtiens. […] Vaugelas, Remarques sur la langue française : « C’est la façon de parler de la plus saine partie de la cour conformément à la façon d’écrire de la plus saine partie des auteurs du temps… Il vaut mieux consulter les femmes et ceux qui n’ont point étudié que ceux qui sont bien savants en la langue grecque et en la latine. » 356.

2713. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Quand on lit l’histoire authentique de ces temps, on s’étonne de voir de nos jours traiter de prophète ce moine furieux : il périt enfin, couvert de honte, dans le feu qu’il avait allumé. […] Après ces paroles, il se reposa quelque temps comme dans la contemplation. […] Aussitôt que Laurent eut cessé de vivre, à peine pourrais-je vous dire avec quelle humanité et quelle gravité notre Pierre reçut tous les citoyens qui affluaient dans sa demeure ; comme il fut convenable et même caressant dans les diverses réponses qu’il fit aux condoléances, aux consolations et aux offres de service ; et bientôt quelle adresse, quelle sollicitude il montra dans l’arrangement des affaires de famille ; comment il secourut et releva tous ses amis frappés par ce grand malheur ; comment le moindre d’entre eux, celui-là même qui lui avait fait de l’opposition dans l’adversité, fut relevé dans son abattement, ravivé, encouragé ; comment, dans le gouvernement de la république, il suffit à toutes choses, au temps, au lieu, aux personnes, et ne se relâcha en rien. […] On vit, dit-on, des flammes descendre des montagnes de Fiésole, scintiller quelque temps sur cette partie du temple où reposent les restes de la famille des Médicis, et enfin disparaître. […] Il y eut aussi quelques personnes, ainsi court l’imagination, qui virent un présage dans la destinée de ce médecin, le plus grand de notre temps.

2714. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Au temps où les croisés venaient de prendre Jérusalem, quand tout l’Occident frémissait au bruit des merveilles qui s’étaient accomplies en Terre Sainte, quand on écoutait avidement toutes les rumeurs des combats d’outre-mer, un trouvère lettré, et tout brûlant lui-même des passions de son temps, s’avisa que ce serait une belle chanson à réciter devant les nobles et les bourgeois, que celle où tous les exploits de Godefroy de Bouillon seraient relatés au vrai : il compila dans les chroniques latines la Chanson d’Antioche, quelque vingt-cinq ans après les événements. […] Mais comme Tristan s’agite, impatient, sur son lit et demande si l’on aperçoit le vaisseau qu’il attend, sa femme, torturée de jalousie, lui annonce un navire aux noires voiles : et il meurt, au moment où débarque la seule, la toujours aimée Yseult, qui se précipite et prie pour lui : « Ami Tristan, quand vous vois mort, Je n’ai droit ni pouvoir de vivre ; Vous êtes mort pour mon amour, Et je meurs, ami, de tristesse, De n’avoir pu venir à temps. » Auprès de lui se va coucher ; Elle l’embrasse, et puis s’étend : Et aussitôt rendit l’esprit. […] Comme c’était le temps où, sous l’influence de la poésie des troubadours, la vie féodale s’égayait dans les pays du Nord, où l’idéal chevaleresque s’ébauchait dans les grossiers esprits de nos belliqueux barons et de leurs épouses en proie au lourd ennui, Chrétien de Troyes mit à la mode du jour la matière de Bretagne. […] Un autre narrateur, qui vers le même temps que Robert de Boron, et sans doute sans le connaître, traitait la même matière, montrait l’adultère Lancelot et le léger Gauvain s’épuisant en vains efforts, malgré leurs chevaleresques vertus, pour conquérir le précieux plat : cet honneur était réservé à l’impeccable Perceval.

2715. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Mieux qu’ailleurs se mène l’expérience ou la découverte ; j’y sais le prosateur ouvragé par excellence de ce temps. […] Comme si l’écrivain avait antérieurement à sa vertu, ou d’une généralité, dérivé un bien, notre coutume, singulière et belle, pourvu que complétée, en coupe à court délai la transmission : avec cette vue, que l’héritage, passé le temps, se reporte de la filiation naturelle à la lignée par l’esprit. […] Ceux qui virent tout de mauvais œil estiment que du temps probablement vient d’être perdu. […] Tout l’acte disponible, à jamais et seulement, reste de saisir les rapports, entre temps, rares ou multipliés ; d’après quelque état intérieur et que l’on veuille à son gré étendre, simplifier le monde. […] Le temps a parfait l’œuvre : et qui parle, entre nous, de scission ?

2716. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

En faveur de l’imitation, les Aristarques du temps lui montrèrent quelque indulgence ; ils y virent une preuve de modestie digne d’encouragement ; ils eussent été impitoyables peut-être pour une œuvre originale. […] C’était l’homme de son temps qui savait le mieux l’arabe et qui avait étudié le plus à fond toutes les traditions de l’Orient. […] J’entends par l’histoire officielle, celle de Karamzine, approuvée par la censure de son temps, car j’ai de bonnes raisons pour croire que l’imposteur n’était pas le moine défroqué Grégoire Otrépiev, que l’Église russe maudit encore aujourd’hui pour un crime dont il me paraît fort innocent. […] Après avoir été quelque temps le roi de la mode, il prend en pitié ses faciles succès ; le monde l’ennuie, et, blasé avant trente ans, il va vivre à la campagne, fort mal vu de ses voisins, qu’offense sa supériorité. […] Au milieu de ses longs voyages, Onéguine a perdu la mémoire de toutes les demoiselles qui promettaient de son temps, et il s’adresse à un vieux général, son parent, aimé et considéré de tout le monde. — « Quoi !

2717. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

M. de Régnier s’inquiète de légende, transporte ses poèmes en des avenues de temps délicieux et flottants ; mais chez lui la légende est un motif à beaux vers et à mélancolie d’artiste, une occasion d’attitudes enchantées auxquelles une époque imprécise assigne du lointain, plutôt qu’une effusion contenue mais spontanée dans le vieux trésor des siècles. […] Les littératures de l’étranger se sont fréquemment rapprochées du vieux sol où fleurissent les croyances d’un temps jadis. […] Une influence impérieuse doit grandir de ce folklore partout étudié à présent ; elle nous envahira comme elle faillit envahir les mystiques Allemagnes aux temps du Romantisme, — ces temps qui furent là-bas les frères de notre présent. […] Quant à la voix nouvelle de M. de Régnier, elle a des inflexions spécialement rares et pures, avec parfois une sorte de chaleur interne qui, pour les Sites, les Épisodes, les Poèmes anciens, l’Alérion et la Gardienne, demeurait étrangement inconnue ; on l’entendra chanter en tous ses derniers vers, et surtout en ceux-ci qui sont des plus proches de la perfection et s’orientent vers un mystère émouvant et discret : J’ai vu fleurir, ce soir, des roses à ta main, — Ta main pourtant est vide et semble inanimée — Je t’écoute comme marcher sur le chemin, — Et tu es là pourtant et la porte est fermée — J’entends ta voix, mon frère, et tu ne parles pas ; L’horloge sonne une heure étrange que j’entends Venir et vibrer jusques à moi de là-bas… L’heure qui sonne est une heure d’un autre temps.

2718. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Dans les fleurs, aux plis blancs de sa robe échappées, Suivez sa chevelure au vent, comme le chien Suit la flûte du pâtre au temps des épopées… Elle cueille humblement dans la joie en éveil Les lauriers les plus verts des plus nobles conquêtes Sans vieux fracas d’acier ni dur clairon vermeil. […] Il échappera au suicide de Nerval, à la folie de Baudelaire, aux nuits de fièvre d’Albert Samain, aux apparitions sinistres d’une Salomé féroce venue du fond des temps pour « réclamer l’agneau blanc de son cœur et l’égorger ». […] Il juge la morale, simple affaire de convention, de mode, et de préjugé, nuisible surtout à l’œuvre d’art, ce qui ne l’empêche pas de condamner, en son nom, les « mauvaises mœurs » à travers les écrits de son temps. […] Il s’est singulièrement compliqué dans sa marche à travers le temps. […] Ce Narcisse qu’ils croient un legs des anciens âges, c’est « le cadeau des temps futurs », son baiser est celui du génie.

2719. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Mais l’identité du métier est bien faite pour imposer aux « compagnons », en même temps que l’identité des intérêts, celle des sentiments, des idées, des manières ; de nos jours surtout, dans l’état actuel de notre organisation économique, le métier absorbant tout le temps et toutes les forces de ceux qui l’exercent, c’est tout l’homme qu’il prend. […] Il est dès lors naturel que les sociétés où ces actes, loin d’être comme aux temps anciens relativement exceptionnels, singuliers et quasi solennels, se multiplient à toutes les secondes et sur tous les points, soient aussi plus habituées que les autres à faire abstraction des classifications sociales établies. En fait, dans le temps où celles-ci s’imposaient encore avec rigueur, n’est-ce pas dans les places commerciales que se montrait d’abord un certain égalitarisme ? […] Au temps où la principale richesse est la propriété foncière, les mêmes familles possèdent ordinairement les mêmes choses ; les grands sont aussi les riches, et, chacun restant à son rang, la hiérarchie sociale est comme pétrifiée. […] Il faut remonter jusqu’aux premiers temps de l’empire romain pour constater un fait semblable, et pour trouver à ce fait des causes à peu près identiques. » 169.

2720. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

À travers des obscurités que la science moderne n’éclaircit pas toujours, deux contrées de l’Orient, habitées de bonne heure par l’espèce humaine, semblent avoir de temps immémorial conçu et répété de tels accents religieux. […] Un pieux lettré, qui, à la fin du dix-septième siècle, commentait cette inspiration des premiers temps, disait « qu’au prix de ce cantique, Virgile lui paraissait tout de glace » ; malheureusement, il glaçait lui-même de ses analyses ce qu’admirait sa foi. […] On les voit du moins précéder le temps des rois, d’autant plus que nul autre pouvoir n’eut trouvé place entre le peuple choisi et le Dieu qu’il adorait. […] « Souvenons-nous qu’il ne nous en est parvenu que des débris dépouillés de toute leur pompe et de leur vivant éclat, hormis ces lumières de la pensée et de l’expression, sur lesquelles encore le temps a jeté bien des obscurités a et des nuages. » En résumant ainsi pour nous l’ode hébraïque, le docteur Lowth n’essayait pas de recherches sur la musique sacrée des Hébreux, sur le rhythme et ses rapports avec le chant, sur toute cette représentation enthousiaste et populaire qui devait porter si haut la puissance des cantiques sacrés. […] dans le cours des ans ; rends-la manifeste dans le temps ; et, dans ta colère, souviens-toi de ta miséricorde.

2721. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

L’ascension sociale peut-elle se passer du temps ? […] C’était le temps aussi où la tyrannie de Castruccio Castracani écrasait Lucques. […] Puis est Venu un temps, il dure encore, où ils ont été lus. […] La terreur est de toutes les émotions humaines celle qui a le moins le besoin du temps. […] Une nouvelle est comme un moment découpé sur la trame indéfinie du temps !

2722. (1927) André Gide pp. 8-126

Cela peut arriver à tout le monde, même — ou surtout, par le temps qui court — à un homme de lettres. […] Car tel est le malheur des temps. […] Ce n’est qu’un artiste, — l’un des premiers de ce temps. […] Tout y dépend des temps et des milieux. […] On n’en avait pas vu de traces dans son œuvre, jusqu’à ces derniers temps.

2723. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Tout était changé dans la maison de Swift. « À mon arrivée, dit-il, je crus que je mourrais de chagrin, et tout le temps qu’on mit à m’installer, je fus horriblement triste. » Des larmes, la défiance, le ressentiment, un silence glacé, voilà ce qu’il trouvait à la place de la familiarité et des tendresses. […] Il faut encore qu’il se développe régulièrement par des analyses et avec des divisions exactes, que sa distribution donne une image de la pure raison, que l’ordre des idées y soit inviolable, que tout esprit puisse y puiser aisément une conviction entière, que la méthode, comme les principes, soit raisonnable en tous les lieux et dans tous les temps. […] Le lecteur de bonne foi comprendra aisément que mon discours n’a d’autre objet que de défendre le christianisme nominal, l’autre ayant été depuis quelque temps mis de côté par le consentement général comme tout à fait incompatible avec nos projets actuels de richesse et de pouvoir977. […] Ses frères, traités en valets, finissent par s’enfuir ; ils rouvrent le testament, et recommencent à comprendre la volonté de leur père ; Martin, l’anglican, pour réduire son habit à la simplicité primitive, découd point par point les galons ajustés dans les temps d’erreur, et garde même quelques broderies par bon sens, plutôt que de déchirer l’étoffe. […] Ceux qui sont plus économes (et j’avoue que les temps le demandent) pourront écorcher l’enfant, et la peau convenablement préparée fera des gants admirables pour les dames et des bottes d’été pour les gentlemen élégants.

2724. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

À quoi bon ces ridicules posthumes jetés en pâture au peuple impérial de 1862 par l’enfant sublime baptisé par les Bourbons d’un autre temps ? […] Dans un autre temps, Victor Hugo lui aurait fait reconquérir un haut rang dans la société par l’héroïsme : Valjean se serait évadé, aurait pris les armes, serait monté de grade en grade dans un régiment ou sur un vaisseau, aurait fait tant d’exploits qu’il serait devenu un grand général comme Garibaldi, un aventurier de liberté, un dictateur de peuple, renversant, pour son chef-d’œuvre, le siège d’une religion, et, pour se distraire, une demi-douzaine de trônes ! […] Jean Valjean, qui se trouvait là, soutint de l’épaule la cariatide et donna le temps aux ouvriers d’arriver. […] XVIII Lisez, lisez toutes ces pages, et surtout celles de son voyage pour arriver à temps : chemin de croix des justes ! […] Il serait temps d’en finir, ou bien de changer résolument l’histoire, et d’écrire, à l’exemple du père Loriquet ou des libéraux de 1815 : Waterloo, grande victoire gagnée par Napoléon sur les Anglais et sur les Prussiens dans les plaines de Belgique.

2725. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

On voit qu’ils aiment leur temps pour ce qu’il a d’intelligent, de charmant, de brillant, de fou, de malade. […] il a son temps devant lui, et il ne le voit pas ! […] Ils ont aimé passionnément les lettres, avec une sincérité entière et un désintéressement rare ; poussant bravement leur manière jusqu’à l’extrême, sans consentir jamais à des atténuations qui eussent peut-être suffi à leur amener le grand public ; poussant dans les derniers temps le courage de leur opinion jusqu’au baragouin le plus distingué. […] La modernité, c’est d’abord, si l’on veut, dans l’ensemble et dans le détail de la vie extérieure, le genre de pittoresque qui est particulier à notre temps. […] C’est ce qui fait qu’une rue, un café, un salon, une femme d’à présent ne ressemblent pas, extérieurement, à une femme, à un salon, à un café, à une rue du xviiie , ou même du temps de Louis-Philippe.

2726. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Ainsi, de toutes parts, la nuit nous enveloppe et telle est l’immensité de l’inconnaissable, qu’elle déborde l’immensité même des espaces, des temps, de l’univers :       … L’infini semble à peine Pouvoir contenir l’inconnu. […] Il doit voir peu de temps tout ce que ses yeux voient ;     Il vieillit sans soutiens. […] », la prosopopée au Temps, — le « rivage charmé », le « flot attentif », « gardez, belle Nature, au moins le souvenir » ; — tout cela n’est pas de la littérature, et même de la littérature usée ? […] Mabeuf, et Hugo lui-même au peuple : ni les uns ni les autres n’ont su arrêter à temps leurs illusions. […] Il est des génies qui nous arrêtent au passage, parce qu’ils résument les temps, parce qu’ils ont même des paroles d’éternité : Ad quem ibimus ?

2727. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — P.-S. » pp. 38-40

Et dans l’Appendice, j’ai pu ajouter encore quelques détails inédits authentiques : j’y disais : « Il y eut véritablement deux temps très marqués dans la carrière ecclésiastique et oratoire de Massillon. La série d’extraits qu’on va lire me paraît fort curieuse pour fixer le premier temps de son éloquence, les débuts modestes, convaincus, touchants.

2728. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Nous autres grands auteurs sommes trop riches pour craindre de rien perdre de nos productions… » Notons bien tout ceci : Mme de Sablé dévote, qui, depuis des années, a pris un logement au faubourg Saint-Jacques, rue de la Bourbe, dans les bâtiments de Port-Roval de Paris ; Mme de Sablé, tout occupée, en ce temps-là même, des persécutions qu’on fait subir à ses amis les religieuses et les solitaires, n’est pas moins très présente aux soins du monde, aux affaires du bel esprit ; ces Maximes, qu’elle a connues d’avance, qu’elle a fait copier, qu’elle a prêtées sous main à une quantité de personnes et avec toutes sortes de mystères, sur lesquelles elle a ramassé pour l’auteur les divers jugements de la société, elle va les aider dans un journal devant le public, et elle en travaille le succès. […] Cousin racontait la même anecdote que moi à l’occasion des Maximes ; et voici en quels termes (Madame de Sablé, 2e édit., 1859, page 177) : Pour soutenir et achever la comédie, La Rochefoucauld demanda à Mme de Sablé de lui faire un article dans le seul journal littéraire du temps, qui commençait à paraître cette année même, le Journal des savants, et la complaisante amie écrivit un article qu’elle lui soumit.

2729. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVI » pp. 256-263

Monmerqué a lu ou plutôt a dû lire (le temps l’en a empêché) une dissertation historique assez piquante sur le sort du petit roi Jean Ier. […] Latouche a publié autrefois Fragoletta, roman brillanté et lascif, et dans les derniers temps une foule de romans politico-républicains qui n’ont eu aucun succès.

2730. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Sieyes, en 1800, était déjà frappé de ridicule ; voilà ce que disent les témoins bien informés de ce temps-là. — On trouve aussi que Fouché est jugé un peu favorablement et avec trop d’indulgence ; le portrait de M. de Talleyrand, très-agréable, n’est lui-même qu’ébauché ; l’historien, si bien au fait des secrets les plus honteux, ne peut tout dire ; mais ces portraits sont touchés avec infiniment d’art et de goût. […] La liberté proprement dite a peu de faveur en France depuis quelque temps.

2731. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre II. De la sensibilité considérée comme source du développement littéraire »

De tout temps des pères ont pleuré la mort d’un enfant ; de tout temps des mères ont senti les déchirements de la séparation, quand elles ont marié leurs filles : et ces pères, ces mères aimaient autant leurs enfants, étaient aussi dignes de pitié que l’orateur romain et que notre marquise.

2732. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

Alfred de Vigny Le plus grand esprit féminin de notre temps. […] Marcel Prévost Marceline Desbordes-Valmore incarne le type classique de la femme française, lettrée et sensible, de son temps.

2733. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Hartley »

Mais les sensations ont la propriété de durer quelque temps, même quand leur cause extérieure a disparu. […] Tandis que ses successeurs n’ont pas craint de s’attaquer aux idées si embarrassantes de temps, d’espace, etc., et de les résoudre en associations d’états primitifs de conscience, Hartley méconnaît ou esquive ces difficultés.

2734. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

Chaque plante, chaque arbuste, chaque arbre naît dans sa saison, croît en son lieu, produit son fruit, meurt à son temps. […] Il existe certaines eaux qui, si vous y plongez une fleur, un fruit, un oiseau, ne vous les rendent, au bout de quelque temps, que revêtus d’une épaisse croûte de pierre, sous laquelle on devine encore, il est vrai, leur forme primitive, mais le parfum, la saveur, la vie, ont disparu.

2735. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’abbé Boileau, et Jean-Baptiste Thiers. » pp. 297-306

L’ouvrage amusa bien du monde dans le temps par la singularité du sujet, & par celle du génie de l’auteur, l’abbé Boileau. […] Mais d’autres temps, d’autres mœurs.

2736. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

Sans cesse occupé du tombeau, et comme penché sur les gouffres d’une autre vie, Bossuet aime à laisser tomber de sa bouche ces grands mots de temps et de mort, qui retentissent dans les abîmes silencieux de l’éternité. […] Il expire en disant ces mots, et il continue avec les anges le sacré cantique. » Nous avions cru pendant quelque temps que l’oraison funèbre du prince de Condé, à l’exception du mouvement qui la termine, était généralement trop louée ; nous pensions qu’il était plus aisé, comme il l’est en effet, d’arriver aux formes d’éloquence du commencement de cet éloge, qu’à celles de l’oraison de madame Henriette : mais quand nous avons lu ce discours avec attention ; quand nous avons vu l’orateur emboucher la trompette épique pendant une moitié de son récit, et donner, comme en se jouant, un chant d’Homère ; quand, se retirant à Chantilly avec Achille en repos, il rentre dans le ton évangélique, et retrouve les grandes pensées, les vues chrétiennes qui remplissent les premières oraisons funèbres ; lorsqu’après avoir mis Condé au cercueil, il appelle les peuples, les princes, les prélats, les guerriers au catafalque du héros ; lorsque, enfin, s’avançant lui-même avec ses cheveux blancs, il fait entendre les accents du cygne, montre Bossuet un pied dans la tombe et le siècle de Louis, dont il a l’air de faire les funérailles, prêt à s’abîmer dans l’éternité, à ce dernier effort de l’éloquence humaine, les larmes de l’admiration ont coulé de nos yeux, et le livre est tombé de nos mains.

2737. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

… ——— Quoi qu’il en soit, jusqu’en ces derniers temps encore, on se montrait indulgent ; les rumeurs craintives s’apaisaient devant une promesse : La Terre. […] Volontiers nous eussions attendu encore, mais désormais le temps n’est plus à nous : demain il serait trop tard.

2738. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXIII. Des panégyriques en vers, composés par Claudien et par Sidoine Apollinaire. Panégyrique de Théodoric, roi des Goths. »

Ce fut dans le temps de sa prospérité qu’il composa cette foule de panégyriques que nous avons de lui : car l’enthousiasme pour les hommes puissants n’est guère que la maladie des gens heureux. […] Cet assassinat de la part d’un lâche qui veut faire périr l’objet de sa haine, et qui n’ose le faire ouvertement, était bien digne de la cour de Byzance, où de tout temps l’esprit général fut un mélange de cruauté et de faiblesse.

2739. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Un édifice neuf et intact est plus beau ; délabré par le temps, il est plus poétique. […] Ils nous font déjà l’effet de ces choses qui semblent avoir de tout temps existé. […] Je crois qu’à la critiquer ainsi ils perdent leur temps. […] Il faut que nous ayons le temps d’en évoquer toute la poésie latente. […] On dispute le temps au sommeil et aux repas.

2740. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Cette conjuration elle-même il faut la rendre en quelque sorte réelle, la situer dans le temps et dans l’espace, en distinguer les diverses phases, etc. […] La nécessité relative du temps qui s’impose à nous ne doit pas nous faire conclure à sa nécessité absolue. […] Voyez le temps qu’a mis Hugo pour acquérir sa pleine personnalité, c’est-à-dire pour réaliser logiquement les inventions entrevues dès sa jeunesse. […] Lorsqu’il s’agit, il y a quelque temps, de rétablir dans nos lois le divorce, on entendait les gens discuter et se disputer comme s’il s’agissait de décréter immédiatement l’amour libre. […] Cela se voit plus aisément chez certains grands esprits qui sont à certains égards une sorte d’écho synthétique et vibrant des idées de leur temps.

2741. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

On mettrait bien du temps à devenir misanthrope si l’on s’en tenait à l’observation d’autrui. […] En temps ordinaire, nous nous conformons à nos obligations plutôt que nous ne pensons à elles. […] Ses velléités de paresse ne dureraient d’ailleurs que quelques instants, le temps que brillerait l’éclair d’intelligence. […] Pour répondre, il suffit de considérer ce qui se passe en temps de guerre. […] De tout temps ont surgi des hommes exceptionnels en lesquels cette morale s’incarnait.

2742. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

Sarcey : Chronique, Le Temps, 27 juin et 4 juillet 1898. — M. des Ombiaux : S. […] Fernand Gregh, Temps, 8 novembre 1896 […] Deschamps : Le Coin des Poètes, Temps, 7 août 1898, 15 avril 1900. — Ph. […] Deschamps : Le Coin des Poètes, Temps, 7 août 1988. — L. […] — Voix de la Terre et du Temps, C. 

2743. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Les « précieux » et les « grotesques » du temps de Louis XIII, les romantiques et les parnassiens avaient continué de donner aux mots leur sens consacré, et se laissaient aisément comprendre. […] J’aurais mieux fait de passer ce temps à regarder les signes gravés sur l’obélisque de Louqsor ; car du moins l’obélisque est proche d’un fort beau jardin, et il est rose, d’un rose adorable, au soleil couchant… Si les vers que j’ai cités n’ont pas plus de sens que le bruit du vent dans les feuilles ou de l’eau sur le sable, fort bien. […] — les artistes qui passent pour les plus rares et les plus originaux de ce temps, ceux qui ont été vénérés et imités dans les cénacles les plus étroits, ont été catholiques ou se sont donnés pour tels. […] … Il adresse son salut aux Jésuites expulsés : Proscrits des jours, vainqueurs des temps, non point adieu ! […] Il regrette de n’être pas né du temps de Louis Racine et de Rollin, quand les hommes de lettres servaient la messe et chantaient aux offices, Quand Maintenon jetait sur la France ravie L’ombre douce et la paix de ses coiffes de lin.

2744. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

cherchez l’argent d’abord ; la vertu, si vous avez le temps !  […] Je vois en lui une des pensées par qui les choses sont le plus profondément comprises et le moins déformées ; une pensée calme, incroyablement lucide, d’une pénétration sereine ; bref, un des cerveaux supérieurs de ce temps. […] Mais, dès ce temps-là, j’avais confiance dans la netteté des traits de son visage ; dans sa mâchoire, qui est robuste ; dans le timbre si franc de son rire, et enfin, dans un certain regard, qui n’était pas d’un faible ou d’un efféminé. […] C’était comme le trop-plein de sensations qui vous oppresse par les temps d’orage. […] Émile Pouvillon, cet amoureux de la terre, qui nous apporte quinze jours à peine, chaque année, ses yeux bleus de faune et d’enfant dans une bonne figure cuite d’officier et qui, le reste du temps, rêve là-bas dans son Quercy, était tout disposé à comprendre la petite pastoure visionnaire.

2745. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

C’est à cette répartition des diverses sortes de recherches entre différents ordres de savants, que nous devons évidemment le développement si remarquable qu’a pris enfin de nos jours chaque classe distincte des connaissances humaines, et qui rend manifeste l’impossibilité, chez les modernes, de cette universalité de recherches spéciales, si facile et si commune dans les temps antiques. […] À cette fin, ils ont imaginé, dans ces derniers temps, de distinguer, par une subtilité fort singulière, deux sortes d’observations d’égale importance, l’une extérieure, l’autre intérieure, et dont la dernière est uniquement destinée à l’étude des phénomènes intellectuels. […] On croyait, il y a encore peu de temps, avoir expliqué la vision, en disant que l’action lumineuse des corps détermine sur la rétine des tableaux représentatifs des formes et des couleurs extérieures. […] Cuvier), en métaphores prises pour des raisonnements, et présente quelque notion véritable, au lieu de provenir de leur prétendue méthode, a été obtenu par des observations effectives sur la marche de l’esprit humain, auxquelles a dû donner naissance, de temps à autre, le développement des sciences. […] Dans tous les cas, il me semble évident que, vu l’état présent de nos connaissances, nous en sommes encore beaucoup trop loin pour que de telles tentatives puissent être raisonnables avant un laps de temps considérable.

2746. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Avec cette seconde méthode, il faudra sans doute plus de temps pour se rappeler, mais il en faudra moins pour apprendre. […] Il y a quelque temps, jetant sur le papier le plan du présent article et arrêtant la liste des travaux à consulter, je voulus inscrire le nom de Prendergast, l’auteur dont je citais tout à l’heure la méthode intuitive et dont j’avais lu autrefois les publications parmi beaucoup d’autres sur la mémoire. […] Ce travail d’interprétation est trop facile, quand nous entendons parler notre propre langue, pour que nous ayons le temps de le décomposer en ses diverses phases. […] À ce que le travail « ne va pas tout seul », à ce qu’il éprouve une gêne ou rencontre un obstacle, enfin à ce qu’il met plus de temps qu’on ne voudrait à atteindre le but. […] Il faut donc que le temps d’attente soit rempli d’une certaine manière, c’est-à-dire qu’une diversité toute particulière d’états s’y succèdent.

2747. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Taine est un des jeunes critiques dont le début a le plus marqué dans ces derniers temps, ou, pour parler sans à-peu-près, son début a été le plus ferme et le moins tâtonné qui se soit vu depuis des années en littérature. […] Dans ces heures de solitude et de silence, sous la lampe nocturne, quel effet leur font les œuvres, souvent si incomplètes et si légères, qui occupent le monde et passionnent pour un temps la curiosité de la foule ! […] Si inventeur que soit un esprit, il n’invente guère ; ses idées sont celles de son temps, et ce que son génie original y change ou ajoute est peu de chose. […] Il en est de même pour les hommes et pour les esprits qui vivent dans le même siècle, c’est-à-dire sous un même climat moral : on peut bien, lorsqu’on les étudie un à un, montrer tous les rapports qu’ils ont avec ce temps où ils sont nés et où ils ont vécu ; mais jamais, si l’on ne connaissait que l’époque seule, et même la connût-on à fond dans ses principaux caractères, on n’en pourrait conclure à l’avance qu’elle a dû donner naissance à telle ou telle nature d’individus, à telles ou telles formes de talents.

2748. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Pour prêcher l’Évangile éternel, elle emploie les procédés de son temps ; elle est de son époque. […] Elle décrit agréablement, d’ailleurs, ce qu’elle a vu du paysage, des fêtes, des coutumes locales ; elle a là-dessus des pages accomplies : « Dimanche, dit-elle dans une lettre à son père (2 août 1846), nous avions un temps admirable. […] Elle dure quelque temps dans la prairie et se continue dans les rues de la ville à peu près jusqu’à la nuit. […] Ce temps nous a fait quelque peu les honneurs de la route pour le retour, mais les sapins nous ont abrités.

2749. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Le temps a marché, comme un voyageur, s’est écoulé, comme un fleuve. […] Les langues de récente formation ont hérité en grande partie de cette abondante provision de métaphores, qui est allée sans cesse s’enrichissant depuis les temps anciens, et elles y ont encore ajouté. […] Le préfet qui suspend un maire, ne se le figure pas autrement qu’exclu pour un temps de la mairie. […] et que j’occupe peu de place, dans cet abîme immense du temps !

2750. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Dans un temps où le peuple ne lisait pas, où le latin lui était devenu inintelligible, il était naturel que les clercs songeassent à dégager le sens du service divin par une figuration plus expressive, à instruire les esprits des fidèles, en saisissant leurs imaginations : ils réalisèrent par des interpolations de plus en plus considérables et dramatiques les actes dont l’office du jour était la commémoration. […] Sur la vieille légende contée par Hilaire, qui fait de saint Nicolas le garde du trésor d’un barbare, Bodel a jeté librement les sentiments, les habitudes de son temps et de sa ville. […] Au reste, ces drames pieux trahissent le désordre moral du temps où ils ont été composés : les papes, les cardinaux, les évêques sont maltraités, chargés de crimes et de péchés : les rois, les juges, sont faibles ou mauvais. […] Ajoutons maintenant la tradition littéraire de l’antiquité, puis qu’enfin les œuvres comiques du moyen âge sont d’un temps où l’exercice de la littérature était en grande partie aux mains des clercs des universités.

2751. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Il multiplia les portraits : ses Lisette et ses Frontin passent leur temps à faire les caractères satiriques de tous les gens qui paraissent ou qu’on nomme dans la comédie. […] Diderot a l’idée d’un jeu plus vrai que n’était le jeu des comédiens français en son temps ; et c’est ce qu’il a traduit par sa théorie des tableaux. […] Ce qui semble rester, c’est un peu plus de largeur dans la conception du genre, et le droit de pousser l’impression jusqu’au sentiment et au pathétique ; ici encore on pourrait dire que Voltaire a exprimé la moyenne du goût de son temps. […] Œuvres principales : la Chercheuse d’esprit, 1741 ; les Amours de Bastien et de Bastienne, parodie du Devin de village, les Trois Sultanes, une des jolies comédies du temps.

2752. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Ce que les races lointaines ont fait dans les temps qui précèdent l’histoire, V. […] Le temps des exaltations passionnées est si bien fini que le plus impénitent des romantiques n’a pas plus de sentiment que les autres. […] Au reste, le maître lui-même rend témoignage du changement des temps par les recueils qu’il envoie de son exil. […] Victor Hugo, fils du général Hugo, né à Besançon en 1802, suivit son père en Italie, en Espagne, fut quelque temps élevé au séminaire des nobles à Madrid ; à Paris, il vécut avec sa mère dans cette maison des Feuillantines qu’il a chantée.

2753. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Il n’en est pas moins vrai qu’en ces temps moroses les derniers refuges de la gaieté innocente, ce sont les salles d’asile, les écoles primaires et les couvents. […] En ce temps-là, il me semble qu’il y avait, autour des catholiques pratiquants, un grand nombre d’hommes qui avaient au moins l’imagination chrétienne et un fonds de religiosité, des esprits souffrant de leur doute, enclins aux vastes spéculations, tourmentés par ce qu’on est convenu d’appeler les grands problèmes. […] Il s’est rendu compte, en partie, des conditions faites par la misère des temps à la prédication chrétienne, et c’est à cause de cela que son Carême nous a paru intéressant. […] Je voudrais pouvoir offrir à ceux qui redoutent la curiosité du prêtre dix ou douze heures de confessionnal : j’espère qu’au bout de ce temps il me demanderaient grâce et reconnaîtraient qu’il faut un sentiment moins trivial que la curiosité pour retenir le prêtre enchaîné aux fastidieuses redites de la conscience humaine.

2754. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Aussi le temps nécessaire pour sentir purement et simplement un objet, par exemple le tranchant et le froid de l’acier pénétrant dans les chairs, est-il aujourd’hui moins long que le temps nécessaire pour éprouver la douleur de la blessure. […] C’est, selon nous, qu’il faut un certain temps pour que la stimulation nerveuse se répande dans le cerveau et manifeste son harmonie ou son conflit avec l’équilibre vital. […] II Rapport du plaisir et de la peine à l’appétition On dispute encore de nos jours, comme au temps des épicuriens et des stoïciens, pour savoir si le plaisir résulte de l’inclination active, ou l’inclination active du plaisir, s’il existe en nous des tendances innées antérieures au sentiment et causes du sentiment même, ou si c’est au contraire le sentiment qui est la cause première des tendances.

2755. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — I » pp. 93-106

Je ne sais rien de plus fait que ces deux volumes pour confirmer et accroître l’estime et le respect qu’inspirait déjà un des esprits les plus distingués et des plus honorables caractères de ce temps-ci. […] — À propos de quelques critiques de style que son ami lui adressait dans le même temps, il répondait, avec une docilité et une modestie exemplaires : « Ce n’est pas la perception et la conviction du mal que tu signales qui me manquent. Je sais qu’il y a entre mon style et le style des grands écrivains un certain obstacle qu’il faudrait que je franchisse pour passer de la foule dans les rangs de ceux-ci. » Il va trop loin et il n’est pas du tout juste avec lui-même en se mettant dans la foule ; il est au premier rang des écrivains de notre temps qu’on appelle distingués.

2756. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Une soirée chez Paul Verlaine En ce temps-là (1885), Paul Verlaine habitait, avec sa mère, un misérable hôtel meublé, rue Moreau, en plein quartier populeux, aux confins du faubourg Saint-Antoine. […] Il y faisait déjà pressentir son évolution dans la préface où il se traçait un vaste système philosophique, rêvant d’évoquer l’humanité en larges fresques, depuis les origines jusqu’aux temps à venir. […] Ce n’était plus le temps où il partageait la détresse du vagabond Rimbaud et où, chaque soir, il leur fallait se mettre en quête d’un gîte.

2757. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

" Boéce louë donc ici les musiciens des temps antérieurs, d’avoir trouvé deux inventions ; la premiere d’écrire les paroles et ce chant qui s’appelloit carmen et qui n’étoit, comme on le verra, qu’une simple déclamation ; la seconde étoit d’écrire toute sorte de chant, c’est-à-dire le chant musical même, dont Boéce va donner les notes quand il dit ce qu’on vient de lire. […] Comme originairement les latins n’avoient que trois accens, l’aigu, le grave et le circonflexe ; comme les autres n’auront été trouvez qu’en differens temps, et qu’il se peut faire encore que quelques accens nouvellement inventez, n’aïent point été generalement reçus, on ne doit pas être surpris que des grammairiens, les uns en comptassent huit seulement, quand les autres en comptoient jusques à dix. […] Isaac Vossius indique encore dans celui de ses livres dont nous avons déja parlé, plusieurs ouvrages des anciens où l’on peut voir comment de leur temps les chants musicaux s’écrivoient en notes.

2758. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IX »

De sorte que je pouvais presque me dispenser de citer des exemples : cette constatation eût suffi à me donner raison et à prouver que Bossuet corrigeait la plupart du temps, non en théologien, mais en écrivain et en poète.‌ […] Albalat croit tout le temps que Pascal joue avec les mots, que sa pensée dépend des mots et qu’un nouveau degré de condensation en augmenterait beaucoup la valeur. […] Elle y est toujours à l’état latent… L’antithèse y domine… Quand elle ne fait pas saillie, elle est toujours mêlée au sang et à la chair de ce style… La plupart du temps latente et sourde. » Les exemples de ses corrections, que nous donnons dans le Travail du Style, p. 133, prouvent que Pascal cherchait les antithèses et les voulait, non seulement dans l’idée, mais dans les mots, sans qu’il y eût pour cela dans sa recherche ni parti pris ni métier.

2759. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

le grand naturaliste, l’observateur vaste et sûr qui, bien avant de s’embraser dans sa vieillesse, comme un bûcher de cèdres, séché par le temps, aux flammes de la mysticité, avait deviné et devancé tout le système de Buffon. […] ce n’est pas uniquement la peur de cet œil qui ne dort jamais, — qui s’ouvre au plafond entre deux lustres, — qui s’ouvre au parquet entre les deux roses d’un tapis, — et l’ombre menaçante de cette main retrouvée sur tous les murs et qui peut les saisir dans leur alcôve la mieux fermée, et les jeter, en deux temps, aux traîneaux fuyants de l’exil, qui empêchent les Russes de préparer leur histoire future en écrivant des Mémoires, — ces mines d’où l’Histoire doit sortir ! […] si Catherine le Grand vivait en l’an de grâce 1854, que penserait-elle du mot flatteur des philosophes : C’est du Nord aujourd’hui que nous vient la lumière, et qu’elle n’acceptait de son temps que comme une espérance, un chant du coq, un point du jour ?

2760. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Sur Adolphe de Benjamin Constant » pp. 432-438

On répondit qu’Ellénore était une Mme Lindsay, « la dernière des Ninon », ainsi que l’a appelée Chateaubriand, et qui avait été l’amie, la maîtresse d’un des hommes de la société vers le temps du Consulat, de Christian de Lamoignon. […] Des réveils bien cruels, pourtant, des déchirements et des scènes s’ensuivirent, dont les ombrages de Coppet auraient couvert et enseveli le souvenir, si l’un des hôtes de ce temps-là, M. de Sismondi, dans des lettres posthumes, publiées depuis peu, n’était venu se faire indiscrètement l’écho du mystère et rendre témoignage fidèle devant la postérité.

2761. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « I » pp. 1-8

En un endroit, il parle des quatre religions principales qui s’en vont : 1° celle de la Chine ; 2° celle de l’Inde, brahmanisme et bouddhisme ; 3° celle de Mahomet ; 4° enfin le christianisme qui vaut mieux, mais dont la vérité en sa portion relative a fait son temps. […] C'est simplement et gravement écrit, avec le goût séant à ce noble sujet ; une très-agréable lecture de quelques heures, et destinée à un légitime succès de société, en un temps où tout ce qui tient au grand siècle est si curieusement recherché.

2762. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Et je restai longtemps, longtemps sans la comprendre, Et longtemps à pleurer son secret sans l’apprendre, A pleurer de sa mort le mystère inconnu, Le portant tout scellé dans mon cœur ingénu… Et ce cœur, d’avance voué en proie à l’amour, où pas un chant mortel n’éveillait une joie, voilà comme elle nous le peint en son heure d’innocente et muette angoisse : On eût dit, à sentir ses faibles battements, Une montre cachée où s’arrêtait le temps ; On eût dit qu’à plaisir il se retînt de vivre ; Comme un enfant dormeur qui n’ouvre pas son livre, Je ne voulais rien lire à mon sort ; j’attendais, Et tous les jours levés sur moi, je les perdais. […] Si votre livre au temps porte une confidence, Vous n’en redoutez pas l’amère pénitence ; Votre vers pur n’a pas comme un tocsin tremblant ; Votre muse est sans tache, et votre voile est blanc ; Et vous avez au faible une douceur charmante !

2763. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

Ce n’est pas seulement un deuil pour l’Angleterre ; c’en doit être un pour la France et pour le monde civilisé, dont Walter Scott, plus qu’aucun autre des écrivains du temps, a été comme l’enchanteur prodigue et l’aimable bienfaiteur. […] Les grands hommes ne leur manqueront pas, elles peuvent le croire ; l’âge brillant des poëtes n’est peut-être pas fermé encore ; l’infatigable humanité n’a peut-être pas épuisé tous ses génies ; mais, en laissant à la Providence le soin de susciter les génies en leur temps, les générations nouvelles, en présence de ces tombes glorieuses dont elles sont appelées à sceller les pierres, doivent y contracter le saint engagement de ne pas s’arrêter dans la route de la civilisation et des lumières bienfaisantes, de rester probes, sincères, amies de tout progrès, de toute liberté, de toute justice.

2764. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Rousseau tué par les chagrins et par la misère… » Après avoir quelque temps continue sur ce ton,  l’auteur s’attache à une phrase échappée à M. de Custine dans son livre sur l’Espagne : « En France, dit le spirituel touriste, Rousseau est le seul qui ait rendu témoignage par ses actes autant que par ses paroles à la grandeur du sacerdoce littéraire ; au lieu de vivre de ses écrits, de vendre ses pensées, il copiait de la musique, et ce trafic fournissait à ses besoins. […] Sainte-Beuve à ces mots. « Ce dernier point nous mène assez droit à la récente publication de M. de Balzac… » Il se relie donc naturellement à l’article qu’on va lire. — Nous avons éprouvé néanmoins quelque hésitation à le reproduire, ainsi que les trois autres, qui viennent en ces mêmes mois (novembre 1838 et février 1839), car la Table de la Revue des Deux Mondes, publiée en 1857, met les divers Mouvements littéraires de ce temps-là sous le nom de Charles Labitte.

2765. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Corneille, plus rapproché des temps orageux de la Ligue, montre souvent dans ses tragédies le caractère républicain ; mais quel est l’auteur du siècle de Louis XIV dont l’indépendance philosophique peut se comparer à celle des écrits de Voltaire, de Rousseau, de Montesquieu, de Raynal, etc. ? […] Enfin le code de la féodalité donnant pour base à toutes les institutions, à tous les pouvoirs, les droits antérieurs consacrés par le temps, il n’était pas permis de dire la vérité sur le passé, quelque ancien qu’il pût être ; les autorités présentes en dépendaient : des erreurs de tous les genres arrêtaient les historiens sur tous les sujets, ou, ce qui était plus fâcheux encore, les historiens adoptaient sincèrement ces erreurs mêmes.

2766. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

. — Vous, monsieur de Condorcet, vous expirerez étendu sur le pavé d’un cachot, vous mourrez du poison que vous aurez pris pour vous dérober au bourreau, du poison que le bonheur de ce temps-là vous forcera à porter toujours sur vous ». […] « C’est précisément ce que je vous dis : c’est au nom de la philosophie, de l’humanité, de la liberté, c’est sous le règne de la raison qu’il vous arrivera de finir ainsi ; et ce sera bien le règne de la raison, car elle aura des temples, et même il n’y aura plus dans toute la France, en ce temps-là, que des temples de la raison… Vous, monsieur de Chamfort, vous vous couperez les veines de vingt-deux coups de rasoir, et pourtant vous n’en mourrez que quelques mois après.

2767. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Choses d’autrefois »

Choses d’autrefois Par ce temps de lycées de jeunes filles, c’est une joie pour l’esprit que ce journal enfantin où la petite princesse Hélène Massalska nous raconte la vie qu’on menait, de 1772 à 1779, au couvent de l’Abbaye-au-Bois10. […] Les petites pensionnaires se racontent à l’oreille, avec terreur, et peut-être avec une secrète admiration scandalisée, que Madame d’Orléans faisait fouetter les sœurs jusqu’au sang, que parfois elle se mettait toute nue et faisait venir des religieuses pour l’admirer, « car elle était la plus belle personne de son temps », et qu’enfin elle prenait des bains de lait, qu’elle distribuait le lendemain à ses béguines, au réfectoire.

2768. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les derniers rois »

« J’appartiens, du reste, à une famille qui, depuis quelque temps, montre de merveilleux talents pour perdre les trônes et une singulière inaptitude à les reconquérir. […] Quant à l’Italie … attendez la fin de la triple alliance, laquelle n’est sans doute pas éternelle… Ce que l’antiquité n’avait pas même conçu, la possibilité de républiques aussi vastes que les anciens empires devient chaque jour évidente… Si notre République était sage, vous verriez quelle serait bientôt sa force de propagande, même involontaire, et quelle fascination elle exercerait, rien qu’en durant, sur tous les peuples de la vieille Europe… Les temps sont mûrs ; cela commence : … Magnus ab integro seclorum nascitur ordo ; Qui sait ?

2769. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Bilan des dernières divulgations littéraires. » pp. 191-199

Voilà bien l’esprit de ce temps et sa rage de tout diminuer ! […] Entre temps, elle se montre pleine de respect pour le petit travail de séduction entrepris par Sainte-Beuve auprès de Mme Hugo.

2770. (1911) La valeur de la science « Introduction »

Il faut ensuite examiner les cadres dans lesquels la nature nous paraît enfermée et que nous nommons le temps et l’espace. […] Il était nécessaire de montrer qu’il en est du temps comme de l’espace et qu’il en est encore de même de « l’espace qualitatif » ; il fallait en particulier rechercher pourquoi nous attribuons trois dimensions à l’espace.

2771. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « I »

Dans les derniers temps de l’Empire, il y eut, chez les âmes élevées, chez les évêques éclairés, chez les lettrés, un vrai sentiment de « la paix romaine », opposée au chaos menaçant de la barbarie. […] Au Xe siècle, dans les premières chansons de geste, qui sont un miroir si parfait de l’esprit du temps, tous les habitants de la France sont des Français.

2772. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Ce ne fut pas seulement la mort de Molière qui marqua un terme à la protection que les lettres donnaient à la société licencieuse contre la société d’élite ; l’esprit satirique de Boileau, la courtoisie de Racine, la licence de La Fontaine, s’arrêtèrent en même temps devant les progrès de cette société : comme ces progrès atteignaient la cour elle-même, nos poètes virent que le temps était venu de prendre un autre ton, une autre direction, et ils furent plusieurs années à contempler en silence le changement qui s’opérait. […] Elle leur donne le peu de temps qu’elle a, avec un plaisir qui fait regretter qu’elle n’en ait pas davantage.

2773. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Démosthéne, et Eschine. » pp. 42-52

En très-peu de temps, Athènes se trouva hors d’insulte de l’ennemi. […] On y voit enfin Démosthène ainsi que dans ses Philippiques, parce que le sublime est de tous les temps, de toutes les nations, & qu’il se soutient sans le stile, comme le diamant brille sans la monture.

2774. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le voltairianisme contemporain »

Lui, qu’il serait infâme de mettre aux mains de l’enfance, que toute femme laissera tomber des siennes, et dont le vieillard à cheveux blancs rougira d’avoir eu le goût… autrefois, n’en a pas moins mis sur l’esprit du temps qui a suivi le sien une empreinte qu’une moitié de siècle, avec deux Bonaparte et un Joseph de Maistre, n’a pas pu encore effacer ! […] Depuis quelque temps il est une tendance déplorable qui se précise parmi nous et qui prouve à quel point l’homme est lâche pour ce qui lui plaît.

2775. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Passer le temps agréablement, voilà toute son affaire. « On ne s’ennuya plus dans l’armée, dit Hamilton, dès qu’il y fut. » C’est là sa gloire et son objet ; il ne se pique ni ne se soucie d’autre chose. […] Il faut lire la vie du comte de Rochester551, homme de cour et poëte, qui fut le héros du temps. […] C’est en France surtout et en Angleterre qu’elle paraît et qu’elle règne, pour les mêmes causes et dans le même temps. […] je serai une vieille femme après tant de temps que cela654 !  […] Cela peint temps.

2776. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Nos mouvements intérieurs sont la plupart du temps presque imperceptibles ; notre vie ne se compose que de petites actions ; nous ne cheminons que pas à pas ; nous ne faisons rien tout d’un coup. […] « Il y avait deux pigeons qui vivaient heureux dans leurs nids, à couvert de toutes les injures du temps, et contents d’un peu d’eau et de grain. […] Le voyage est un arbre qui ne donne pour tout fruit que des inquiétudes. — Si les fatigues des voyageurs sont grandes, repartit l’Aimé, elles sont bien récompensées par le plaisir qu’ils ont de voir mille choses rares, et quand on s’est accoutumé à la peine, on ne la trouve plus étrange. — Les voyages, reprit l’Aimant, ne sont agréables que lorsqu’on les fait avec ses amis : car, quand on est éloigné d’eux, outre qu’on est exposé aux injures du temps, on a la douleur encore de se voir séparé de ce qu’on aime. Ne quittez donc point un lieu où vous êtes en repos, et l’objet que vous aimez. — Si ces peines me paraissent insupportables, reprit l’Aimé, dans peu de temps je serai de retour. […] Elle leur reprocha qu’ils la quittaient dans le temps de la misère, et les conjura de la mener avec eux. »182 Elle est fort excusable, puisqu’elle ne quitte son pays que par misère et pour suivre ses amis.

2777. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Et ce sera la Nuit aveugle, la grande Ombre, Informe dans son vide et sa stérilité, L’abîme pacifique où gît la vanité De ce qui fut le temps et l’espace et le nombre. […] Le poète en fait une description un peu trop romantique peut-être, comme aux beaux temps d’Hugo et de Nodier. […] Il fut un temps, avant que les êtres animés eussent des yeux, où pesait sur le monde physique une nuit aussi sombre et aussi lourde que celle qui pèse aujourd’hui sur le monde moral. […] La plupart du temps, aux détails qu’il sème à travers ses récits, il ne demande pas tant d’être expressifs de la réalité que de se répéter souvent dans la réalité. […] Dans le temps et dans l’espace Je ne suis, insoucieux, Qu’un paquet de chair qui passe.

2778. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre I : Variations des espèces à l’état domestique »

Il est certain qu’il a beaucoup plus attiré l’attention en ces derniers temps, surtout depuis que plusieurs traités ont été publiés à ce sujet ; et le résultat en a été aussi proportionnellement rapide et efficace. […] Quelques-uns de ces faits ne se rapportent pas d’une manière explicite au principe de sélection ; mais ils montrent que l’élevage des animaux a été l’objet de soins très particuliers dès les temps les plus reculés, et qu’il est encore maintenant un sujet d’attention pour les peuples les plus sauvages. […] On a quelques raisons pour croire que l’Épagneul King-Charles a été inconsciemment et cependant assez profondément modifié depuis le temps de ce monarque. […] Les sauvages de la Terre de Feu eux-mêmes attachent à leurs animaux domestiques une si grande valeur, qu’en temps de disette ils tuent et dévorent leurs vieilles femmes plutôt que leurs Chiens, comme leur étant d’une moins grande utilité. […] La poire cultivée dans les temps anciens paraît avoir été, d’après la description de Pline, un fruit de qualité très inférieure.

2779. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Sur ces échanges, on voit, à Nantes, à Bordeaux, se fonder des maisons colossales. « Je tiens Bordeaux, écrit Arthur Young, pour plus riche et plus commerçante qu’aucune ville d’Angleterre, excepté Londres… Dans ces derniers temps, les progrès du commerce maritime ont été plus rapides en France qu’en Angleterre même. » Selon un administrateur du temps, si les taxes de consommation rapportent tous les jours davantage, c’est que depuis 1774 les divers genres d’industrie se développent tous les jours davantage562. […] Ajoutez-en des milliers d’autres : en premier lieu, les financiers qui font au gouvernement des avances de fonds, avances indispensables, puisque, de temps immémorial, il mange son blé en herbe, et que toujours l’année courante ronge d’avance le produit des années suivantes : il y a 80 millions d’anticipations en 1759, et 170 en 1783. […] Or, en ce temps-là, dès qu’on sait observer les bienséances, saluer et causer, on a son brevet d’entrée partout. […] S’il avait eu le temps de vendre cette sorte de monopole, jadis assez commun, à un successeur de bonne foi, son droit serait-il devenu beaucoup plus respectable entre les mains de l’acquéreur ?

2780. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

III Pendant ce temps, Cosette enfermée grandit et embellit à l’ombre du couvent, et Valjean jardine avec son ami. […] IX Le beau et doux Marius, qui a perdu son idéal à lui, l’idéal de son cœur, Cosette, depuis quelques jours, parce que le jaloux tuteur Valjean l’a enfouie dans la maison de la rue Plumet, et qui conspire aussi sans savoir pourquoi, parce que le temps lui dure, comme dit la romance ; le beau Marius rencontre la petite Éponine, une des deux filles des Thénardier, tombée de l’opprobre dans la misère, mais qui le guette, le suit et l’aime à son insu. […] On mettait le bois et le vin dans une espèce de renfoncement demi-souterrain tapissé de rocailles qui avoisinait la porte de la rue de Babylone et qui autrefois avait servi de grotte à M. le président ; car, au temps des Folies et des Petites-Maisons, il n’y avait pas d’amour sans grotte. […] « Il y avait un banc de pierre dans un coin, une ou deux statues moisies, quelques treillages décloués par le temps pourrissant sur le mur ; du reste plus d’allées ni de gazon ; du chiendent partout. […] Voilà du temps déjà, vous rappelez-vous le jour où vous m’avez regardé ?

2781. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Cette disposition devint une attitude ; il la reporte, dans ses Mémoires, à l’instant même de sa naissance : « Je n’avais vécu que quelques heures, et la pesanteur du temps était déjà marquée sur mon front ». […] Chateaubriand n’a pas mal compris la France et l’Europe de son temps. […] Ainsi le procédé qui consiste à éveiller par des tableaux pittoresques ou pathétiques toutes les vagues religiosités endormies dans nos âmes, à escompter rapidement ces émotions au profit du catholicisme, avant qu’on ait eu le temps de se reconnaître, ce procédé, au point de vue pratique, s’est trouvé souverain : il répondait exactement au besoin en ne visant qu’à créer de nouvelles associations dans les âmes. […] Il n’a malheureusement pas su secouer tout à fait le goût de son temps, et je retrouve à chaque page ce qu’on pourrait appeler le style empire, un froid pastiche des formes antiques, une déplorable recherche de la noblesse banale et de la pureté sans caractère. […] Au temps où l’on estimait Anquetil, Chateaubriand a vu ce qu’il fallait chercher, ce qu’on pouvait trouver dans les textes, les documents originaux : le détail caractéristique, qui contient l’âme et la vie du passé670.

2782. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

Un orage a, la veille, rafraîchi la température ; le temps est admirable ; on retrouve l’enchantement de ce théâtre en plein parc, à mi-côte de la colline, et des longs entractes avec les promenades dans la campagne ou les péripéties du dîner dans la « restauration » du théâtre … A 4 heures, on entre ; la salle est maintenant éclairée, à mi-hauteur des colonnes, par des lampes électriques qui s’éteignent complètement pendant la représentation, et, en haut des colonnes, par le gaz qui est ensuite aux trois quarts baissé. […] Pendant ce temps il ne créa rien. […] Mais cette connexité que Wagner apercevait déjà en 1848, acquit avec le temps une signification plus profonde et autre, et cette idée que le Gral est l’Or du Rhin idéalisé l’amena à concevoir un drame entier qu’on pourrait fort correctement nommer l’Anneau du nibelung « idéalisé ». […] Vous pourrez vous-mêmes déterminer au mieux ces devoirs après communication du plan des préparatifs et des représentations qui me semble indiqué et dans lequel, selon le rôle dont vous vous serez chargés, vous verrez marquée votre part à chacun et combien de temps il vous faudrait donner. […] Je vous demande que, par une promesse concluante, vous me mettiez en état de regarder votre concours comme assuré et que vous me disiez eu même temps si vous demandez un dédommagement, et lequel.

2783. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

… J’hésite à citer le grand nom qui m’est revenu souvent à la mémoire en présence de quelques folles tentatives de ces derniers temps. […] Plutarque nous apprend que dans Rome, à l’entrée du circus maximus, on voyait encore de son temps une statue d’Apollon apportée de Carthage après le sac de la ville2. […] Quel temps que celui où un tel livre est possible, bien plus, où on le supporte, où on y prend plaisir3 !  […] Il faut distinguer chez tout écrivain le mérite du temps où il vit et les dispositions d’esprit qui lui sont propres ; ne soyons pas trop fiers de ce qui n’est qu’une affaire de date, et préoccupons-nous un peu de ce qui nous appartient. […] Flaubert pourquoi les qualités morales, par une transposition naturelle, peuvent convenir au silence, pourquoi on peut aussi le placer, comme dirait Kant, sous les catégories du temps et de l’espace, pourquoi l’on dit dans toutes les langues du monde un silence triste, doux, lugubre, effrayant, paisible, solennel, ou bien un long silence, un éternel silence, et pourquoi enfin, même dans le patois le plus barbare, un silence énorme est impossible ; rompu à tous les manèges du style, M. 

2784. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

Sans doute nous savons que quelques-uns des esprits les plus éclairés de notre temps font tous leurs efforts pour engager l’Église dans cette voie de liberté et de progrès, dans cette voie de réconciliation avec les principes fondamentaux de l’esprit moderne. […] Il y a eu en effet, dans tous les temps, deux manières d’entendre les rapports de la philosophie et de la religion : ou bien nier la philosophie, la déclarer radicalement impuissante, c’est ce que font Tertullien, Luther, Pascal, Lamennais, et en général les croyants absolus et extrêmes ; ou bien la considérer comme une préparation à la religion, un premier étage sur lequel s’édifiera plus tard le dogme chrétien : telle est la pensée de saint Clément d’Alexandrie, de saint Augustin, de saint Anselme, de Fénelon, et dans l’Église protestante, de Mélanchton et des esprits tempérés. […] Il montre en effet une telle impartialité entre les deux églises, il emprunte si souvent ses exemples à l’église catholique, on sait en outre qu’il s’intéresse si vivement à la question la plus pressante de l’église catholique au temps où nous sommes, que l’on ne peut pas considérer son livre comme plus protestant que catholique. […] Dire qu’il faut laisser les querelles dans l’ombre parce que le temps n’est pas opportun, cela peut se comprendre, quand on a fait un choix, et que l’on sait à quoi s’en tenir ; mais ceux que l’on veut ramener, car je suppose que l’on n’écrit pas pour les convertis, ceux que l’on appelle de la philosophie au christianisme, ont le droit de dire : A quel christianisme nous appelez-vous ? […] Encore une fois, qu’est-ce que le christianisme, si la doctrine de la grâce, la doctrine de la justification, sont des doctrines lâches et arbitraires dont on prend ce qu’on veut, et que l’on accommode suivant les temps aux exigences profanes du sens commun, abandonnant le dogme lui-même dans sa précision et dans sa rigueur au pédantisme théologique ?

2785. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Chacun de nous a son hygiène ; celle du malade ne ressemble pas à celle que pratique la moyenne des hommes de son temps et de son milieu ; mais c’est la seule différence qu’il y ait entre eux à ce point de vue. […] Elles sont une exception dans le temps comme dans l’espace33. […] Pour qu’elle puisse évoluer, il faut que l’originalité individuelle puisse se faire jour ; or, pour que celle de l’idéaliste qui rêve de dépasser son siècle puisse se manifester, il faut que celle du criminel, qui est au-dessous de son temps, soit possible. […] La libre philosophie a eu pour précurseurs les hérétiques de toute sorte que le bras séculier a justement frappés pendant tout le cours du moyen âge et jusqu’à la veille des temps contemporains. […] C’est ainsi que jamais le chiffre des coups et blessures ne tombe aussi bas qu’en temps de disette45.

2786. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Et la raison principale m’en paraît être que le procédé dont il usa est beaucoup plus de notre temps que de celui où il vécut. […] L’auteur de Dominique a erré des jours et des jours dans les campagnes plates de la Rochelle, en vue de l’Océan, dans le pays pâle « où l’absinthe amère croît jusqu’au bord des champs d’avoine » ; il a eu le temps d’écouter le silence qui n’est qu’un bruit trop menu pour les distraits ; il est monté sur le dos branlant des charrettes de foin qu’on ramène à la ferme ; il a veillé avec les vendangeurs dans les pressoirs ruisselants de vin nouveau ; il s’est habitué à reconnaître les oiseaux à leur vol, à leur chant, à leur cri d’émigrants qu’ils jettent dans leurs voyages de nuit pour se maintenir en ligne ; enfin il eut en soi, pénétrant son âme et s’éveillant avec elle, l’âme d’un coin de la France. […] Il faut vivre de notre temps pour le savoir, et subir ce que nous subissons. […] En ce moment, j’ai plutôt envie de me retourner vers les critiques du temps, dont quelques-uns vivent encore, et de leur demander : — Que cherchez-vous donc dans un roman que vous ne trouviez dans Dominique ? […] Et si le temps ne me faisait défaut, je voudrais développer devant vous notamment, cette thèse non pas neuve, mais peu familière à beaucoup d’esprits et qui est celle de Fromentin, à savoir que la peinture n’exprime pas nécessairement une idée, qu’elle peut n’avoir « rien de pathétique, d’émouvant, surtout de littéraire », et cependant nous charmer et remplir son but, ou l’un de ses buts, qui est de réjouir l’âme humaine, par la simple beauté des couleurs et des lignes.

2787. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Cowper, avec son tour d’imagination frappée, y voyait non seulement des avertissements divins et des châtiments infligés au monde, mais encore des signes précurseurs de la fin des temps et du Jugement dernier. Ordinairement il intitule ses chants d’après le morceau de début ou le tableau principal qui les décore : ainsi un des chants s’intitule Le Jardin ; un autre Le Soir d’hiver, un autre Promenade d’un matin d’hiver, un autre Promenade d’hiver à midi ; mais le second chant a pour titre Le Cadran, quoiqu’il n’y soit point question d’une telle chose ; c’est un titre mystique et symbolique, comme qui dirait les signes des temps. […] Cowper d’ailleurs, qui a encore de commun avec lui de s’être développé si tard, a parlé de Rousseau plus d’une fois, et en connaissance de cause ; il l’avait lu, au moins dans ses premiers grands ouvrages, et, dès le temps où il était établi à Huntingdon auprès des Unwin, il écrivait à son ami Joseph Hill ; « Vous vous souvenez de la peinture que fait Rousseau d’une matinée anglaise ; telles sont celles que je passe ici avec ces braves gens. » Je ne sais de quelle matinée anglaise il s’agit, à moins que ce ne soit dans L’Émile le joli rêve de « la maison blanche avec des contrevents verts », et de la vie qu’on y mène ; Cowper et Hill, en le lisant d’abord ensemble, l’avaient peut-être qualifié ainsi26. […] Aussi, lorsque j’ai exprimé le regret que la France n’eût point, dès ce temps-là, une poésie pareille et comparable à celle des Anglais, je pensais moins encore à la peinture directe de la nature considérée en elle-même, peinture dont notre prose élevée présente de si belles et si magnifiques images, qu’à l’union de la poésie de la famille et du foyer avec celle de la nature.

2788. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Comme certaine pierre dont on parle en physique, il garde quelque temps le rayon, même après que le soleil est couché. […] Il nous l’avoue en un endroit notamment où il veut se justifier au sujet d’un sien cousin, le curé Honbrel, qui revient souvent sous sa plume : Dans le même temps, dit-il, j’achevai mon travail sur la censure de l’assemblée du Clergé de 1700, que je lus tout entier à M. de Meaux, pour mériter de plus en plus ses faveurs, et dont il me sut très bon gré et me donna mille louanges ; j’entrepris aussitôt très vivement la correction du missel et du bréviaire, dont je lus aussi le travail à M. de Meaux, qui l’approuva fort ; tout cela dans le dessein de nous le rendre favorable dans les occasions. […] Ennuyé de perdre là mon temps à voir faire des grimaces, je profitai du moment qu’il regarda de mon côté, qui était celui de la porte : je m’avançai, lui mis le livre en main en lui faisant un court compliment ; à quoi, sans me dire un seul petit mot de M. de Meaux, il me répondit par cette dureté : « Vous m’avez bien pressé », o pour me reprocher mes paroles de ma précédente visite, où certainement je n’avais pas tort de lui avoir dit que les imprimeurs pressaient, parce que le livre était demandé et attendu avec impatience par le public… Je me retirai sans répliquer, bien résolu de ne paraître jamais, si je puis, à ce spectacle. […] L’autre tableau, si l’on peut donner le nom de tableau à de tels relevés de lieu, est celui d’une visite que fait l’abbé Le Dieu à l’archevêché de Cambrai peu de temps après la mort de Bossuet.

2789. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Y a-t-il lieu, en ces temps plus graves, de songer à reconstituer quelque école artificiellement paisible et rêveuse, de tenter encore à l’horizon cette petite colonie qui nous apparut dans un mirage du matin ? […] Comme elle nous le dit en vraie fille de La Fontaine, à quelque chère idole en tout temps asservie, elle aimait une fleur, elle adorait quelque arbrisseau ; elle lui parlait à genoux, lui confiait ses peines, jouissait des mêmes printemps ou souffrait des mêmes vents d’hiver. […] L’avenir, nous le croyons, ne l’oubliera pas ; tout d’elle ne sera pas sauvé sans doute ; mais, dans le recueil définitif des Poetæ minores de ce temps-ci, un charmant volume devra contenir sous son nom quelques idylles, quelques romances, beaucoup d’élégies ; toute une gloire modeste et tendre. […] A part quelques grands poëtes qui soutiendront de l’ensemble de leur œuvre l’assaut du temps, qui de nous oserait en désirer pour lui, en espérer davantage ?

2790. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

. ; mais il en est aussi, telles que L’Avare, Le Tartufe, etc. qui peignent l’homme de tous les pays et de tous les temps ; et celles-là pourraient convenir à un gouvernement libre, si ce n’est dans chaque détail, au moins par l’ensemble. […] Depuis quelque temps, on appelle un caractère décidé celui qui marche à son intérêt, au mépris de tous ses devoirs ; un homme spirituel, celui qui trahit successivement avec art tous les liens qu’il a formés. […] Le génie français n’a jamais été très remarquable en ce genre ; et maintenant on ne peut ajouter aux effets de la poésie, qu’en exprimant, dans ce beau langage, les pensées nouvelles dont le temps doit nous enrichir. […] Les romans que l’on nous a donnés depuis quelque temps, dans lesquels on voulait exciter la terreur, avec de la nuit, des vieux châteaux, de longs corridors et du vent, sont au nombre des productions les plus inutiles, et par conséquent, à la longue, les plus fatigantes de l’esprit humain.

2791. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Plus elle est monstrueuse, plus elle est vivace, accrochée aux plus frêles vraisemblances et tenace contre les plus fortes démonstrations  Sous Louis XV, pendant l’arrestation des vagabonds, quelques enfants ayant été enlevés par abus ou par erreur, le bruit court que le roi prend des bains de sang pour réparer ses organes usés, et la chose paraît si évidente, que les femmes, révoltées par l’instinct maternel, se joignent à l’émeute : un exempt est saisi, assommé, et, comme il demandait un confesseur, une femme du peuple prend un pavé, crie qu’il ne faut pas lui donner le temps d’aller en paradis, et lui casse la tête, persuadée qu’elle fait justice739  Sous Louis XVI, il est avéré pour le peuple que la disette est factice : en 1789740, un officier, écoutant les discours de ses soldats, les entend répéter « avec une profonde conviction que les princes et les courtisans, pour affamer Paris, font jeter les farines dans la Seine ». […] J’en ai vu plusieurs rédactions dans les pamphlets du temps, dans les gravures secrètes, dans les estampes et dans les enluminures populaires, celles-ci les plus efficaces de toutes, car elles parlent aux yeux. […] Une multitude de femmes et d’enfants de l’âge le plus tendre franchissent les lignes des brigades, et, d’un autre côté, des troupeaux de chiens conduits dans le pays libre, après y avoir été enfermés quelque temps sans aucune nourriture, sont chargés de sel, que, pressés par la faim, ils rapportent promptement chez leurs maîtres. » — Vers ce métier si lucratif, les vagabonds, les désespérés, les affamés accourent de loin comme une meute. « Toute la lisière de Bretagne n’est peuplée que d’émigrants, la plupart proscrits de leur patrie, et qui, après un an de domicile, jouissent de tous les privilèges bretons : leur unique occupation se borne à faire des amas de sel pour les revendre aux faux sauniers. » On aperçoit comme dans un éclair d’orage ce long cordon de nomades inquiets, nocturnes et traqués, toute une population mâle et femelle de rôdeurs sauvages, habitués aux coups de main, endurcis aux intempéries, déguenillés, « presque tous attaqués d’une gale opiniâtre », et j’en trouve de pareils aux environs de Morlaix, de Lorient et des autres ports, sur les frontières des autres provinces et sur les frontières du royaume. […] Beugnot, I, 142. « Pas un seul des habitants de la baronnie de Choiseul ne se mêla à ces bandes, composées des patriotes de Montigny, de contrebandiers ou de mauvais sujets des environs. » — V. sur les braconniers du temps, Les deux amis de Bourbonne, par Diderot.

2792. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

On voit dans Voiture et dans les lettres du temps, que toute pensée, même gaie et folâtre, prenait alors la grande phrase pour parure. […] On voit que de tout temps Les petits ont pâti des sottises des grands. […] Dans le temps que le porc revient à soi, l’archer Voit le long d’un sillon une perdrix marcher. […] 205 Nous dirions bien encore que la difficulté est exprimée dans cette coupe pénible et dans cette suspension lourde :          La Parque et ses ciseaux Avec peine y mordaient ; qu’un peu plus loin le vers interrompu laisse l’esprit dans l’attente : Dans le temps que le porc revient à soi, l’archer… Mais cette critique pourra sembler minutieuse.

2793. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Beaucoup d’écrivains de notre temps se sont épris des arts plastiques ; plusieurs se sont fait des yeux de peintres et par là ils ont mieux joui de l’immense Cybèle. […] Même quand on n’est pas capable d’apporter dans cet exercice l’imagination drue, robuste, copieuse, qui sauve et soutient les Contes drolatiques de Balzac, ces contes sont encore agréables à ceux qui les écrivent, et d’aventure à ceux qui les lisent, et c’est le cas des Histoires du vieux temps de M.  […] Elle jura aussi de garder en tout temps ses vêtements de deuil. […] Le Forestier, le Marinier, le Berger, la Famille Bourgeois, Histoire du vieux temps, chez Calmann Lévy  l’Idéal, l’Étude Chandoux, Croquis de femmes, chez Plon.

2794. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

L’homme idéal, celui qui viendra à la fin des temps, comme il saura et concevra également toutes choses, n’aura sans doute presque plus de personnalité intellectuelle ; et il n’aura que des passions, des vices et des travers fort atténués. […] Il ne veut pas qu’il soit dit qu’aucune affection mentale de son temps lui ait été étrangère ou lui soit restée incomprise. […] D’abord, cette curiosité d’une espèce particulière, ce désir d’avoir vécu la vie la plus élégante (moralement et physiquement) qui soit connue de son temps, parfois un certain dandysme, quelque chose aussi de la délicatesse un peu étroite d’un goût féminin. […] Sais-je ce que je ferais si d’aventure je découvrais qu’au temps où j’étais enfant un fort galant homme a fait tuer mon père   étant donné que le meurtier, aimé de ma mère et follement épris d’elle, l’a épousée et rendue parfaitement heureuse, et qu’il va du reste mourir sous peu d’une maladie de foie ?

2795. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Enfin, que l’on réfléchisse aux différences si nombreuses entre les planètes et satellites, sous le rapport de la distance, de l’inclinaison de leurs orbites, de l’inclinaison de leurs axes, de leurs temps de rotation, de leur densité, de leur constitution physique, etc., et l’on verra combien le système solaire est hétérogène, comparé à la presque complète homogénéité de la masse nébulaire dont on le suppose sorti. […] Elle explique beaucoup mieux les diversités de constitution et de mouvements des planètes, les phénomènes cométaires, les anomalies dans la distribution et le mouvement des satellites, la vitesse de rotation des planètes ; enfin l’analyse spectrale est venue, dans ces derniers temps, corroborer l’hypothèse d’une communauté d’origine entre toutes les parties de notre univers. […] L’espace est mesurable, de là la géométrie ; la force et l’espace sont mesurables, de là la statique ; le temps, l’espace et la force sont mesurables, de là la dynamique. […] « Probablement quelques-uns penseront qu’on a essayé ici de résoudre ces grandes questions qui ont embarrassé de tout temps la philosophie.

2796. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

La jeunesse n’a plus le temps d’être jeune : les dieux qui lui faisaient ses loisirs ont disparu du monde transformé. […] De tout temps, la fortune a fait mauvais ménage avec les jeunes gens. […] Quelques-uns échappent à ses coups ; mais, comme il est écrit dans les étoiles qu’elle régnera jusqu’à la fin des temps sur la majorité des hommes, combien succombent, pour ne plus se relever, au premier assaut ! […] Mais la dame courait d’une jambe leste et svelte que Bordognon a eu le temps d’admirer au vol ; elle courait… elle court encore… N’oubliez pas cette serviette perdue, nous sommes sur la piste de la lionne pauvre en maraude.

2797. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

L’invraisemblance excessive des situations où l’auteur le place, son intrusion fantastique dans la vie intime de tous et de toutes, ce droit de visite, aussi outrageant que le droit de jambage des temps féodaux, qu’il s’arroge sur le cœur des autres, font de lui un être de raison, sans réalité, sans modèle, créé ou plutôt forgé pour les besoins de la pièce. […] Madame Aubray n’est pas une libre penseuse, ce n’est point non plus « une mère de l’Église », comme madame de Sévigné appelait les doctoresses de son temps. […] Le père de cet enfant s’est marié, quelque temps après sa naissance ; elle l’a revu hier, pour la première fois, depuis ce mariage. […] L’amour maternel rend furieuse cette douce créature ; elle saute, en criant, au visage de l’homme, qui n’a que le temps de s’enfuir.

2798. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Mais, je le répète, par suite de cet esprit d’intolérance que la philosophie (surtout dans les temps modernes) a toujours pratiqué à l’égard d’elle-même, bien des choses excellentes sont toujours menacées par les révolutions des systèmes, de même que les bonnes lois, indépendantes des systèmes politiques, sont cependant entraînées souvent par les révolutions des États. […] Elle démontre que dans toutes les écoles, même les moins bonnes, il y a quelque chose à emprunter, car il est difficile d’admettre que des écoles sérieuses puissent avoir eu des sectateurs et duré un certain temps, si elles n’eussent été autre chose qu’un tissu d’erreurs. […] En définitive, l’éclectisme est une idée grande et sage, très-appropriée à l’esprit de notre temps et à la nature des choses ; mais cette idée elle-même a ses limites, et il importe, tout en en appréciant la valeur, d’en mesurer la portée. […] Rien de plus facile que de dire : « Il nous faut un principe nouveau, ayons des idées nouvelles, découvrons quelque chose » ; mais, si cela est facile à dire, cela est très-difficile à faire, et la plupart du temps on se contente de le dire.

2799. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Pas une brise, si ce n’est de temps à autre une bouffée, venue on sait d’où, qui soulève un peu la ramée, promène çà et là des senteurs plus suaves, puis tombe et vous laisse enivré. » Et ailleurs, après avoir peint la forêt et son monde de bruits, elle s’avance au point du fourré où il y a le calme. […] Quel temps pour parler de la vie future ! […] Vous n’y trouverez que ce sujet où il s’en va du tout, disait cet imbécile de Pascal, et qui n’est pour les nombreux hommes de génie de ce temps-ci qu’une assez piètre rêverie. […] À une époque où les philosophes étouffent la double personnalité de Dieu et de l’homme dans le je ne sais quoi bête de la substance, avoir essayé de montrer que la notion même du paradis, pour n’être pas incompréhensible, était obligée de se construire de la personnalité de Dieu et de l’homme en présence, sans diminution, ni retranchement de la créature par son créateur, est un mérite certain, mais relatifs tandis que faire une étude animée, haletante, d’une prodigieuse éloquence et pénétration sur l’âme humaine, est dans tous les temps, un mérite absolu.

2800. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

— Il a été fort question de l’abbé de Genoude dans ces derniers temps. […] La fortune de Genoude est une des plus singulières et des plus burlesques, en même temps que des plus néfastes, de ce temps.

2801. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

C’est ainsi que récemment un fabricateur sarde, voulant illustrer l’histoire littéraire de son île il y a deux mille ans, a publié des renseignements curieux sur le Sardus ille Tigellius d’Horace et même des vers de ce chanteur du temps d’Auguste ; on aurait pu parier à coup sûr que Tigellius, le seul auteur sarde aussi anciennement connu, ferait les frais d’une partie de ce faux. […] Je me suis étonné, dans les premiers temps, de ce que le Recueil de M. 

2802. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. Lettres philosophiques adressées à un Berlinois »

Peut-être, après avoir parcouru ces Lettres, pensera-t-on qu’elles se rattachent à des études commencées, à un dessein général que je demande au temps la permission de poursuivre. » Les Lettres Berlinoises sont un dernier travail critique, un relevé analytique et pittoresque de la situation générale de la France après juillet, un hardi règlement de compte avec les hommes et les choses du passé, un déblaiement, en un mot, de ces débris sous lesquels nous sommes un peu plus écrasés qu’il ne conviendrait à des vainqueurs. […] Après s’être incliné, et avoir levé un instant, puis baissé l’épée devant l’individualité brillante et aventureuse de M. de Chateaubriand, le jeune écrivain arrive à l’homme le plus constant et le plus uni des temps modernes, à celui dont l’individualité solennelle, depuis cinquante ans, consiste à exprimer la patiente et invariable pensée de la démocratie victorieuse.

2803. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

Les parents adoptent donc, presque toujours par calcul autant que par inclination, cette sorte de dignité qui se voile ; ils veulent être jugés par ce qu’ils cachent, ils veulent qu’on se rappelle leurs droits à l’instant même où ils consentent à les oublier ; mais ce prestige, comme tous, ne peut faire effet que pendant un temps. […] Bientôt les événements dans leur réalité nous présentent nos enfants élevés par nous, pour d’autres que pour nous-mêmes, s’élançant vers la vie, tandis que le temps nous place en arrière d’elle, pensant à nous par le souvenir, aux autres par l’espérance ; quels parents sont alors assez sages, pour considérer les passions de la jeunesse comme les jeux de l’enfance, et pour ne pas vouloir occuper plus de place parmi les unes que parmi les autres ?

2804. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Le poète romantique par excellence, c’est Le Dante ; il adorait Virgile, et cependant il a fait la Divine Comédie, et l’épisode d’Ugolin, la chose au monde qui ressemble le moins à l’Énéide, c’est qu’il comprit que de son temps on avait peur de l’enfer. […] Quelle conjuration a le temps de s’ourdir, quel mouvement populaire peut se développer en trente-six heures ?

2805. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

Un peuple consulté peut à la rigueur dire la forme de gouvernement qui lui plaît, mais non celle dont il a besoin ; il ne le saura qu’à l’usage : il lui faut du temps pour vérifier si sa maison politique est commode, solide, capable de résister aux intempéries, appropriée à ses mœurs, à ses occupations, à son caractère, à ses singularités, à ses brusqueries. […] Que de temps, que d’études, que d’observations rectifiées l’une par l’autre, que de recherches dans le présent et dans le passé, sur tous les domaines de la pensée et de l’action, quel travail multiplié et séculaire, pour acquérir l’idée exacte et complète d’un grand peuple qui a vécu âge de peuple et qui vit encore !

2806. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

Aussi est-ce la forme la plus fréquente de l’antithèse : le choc des mots fait éclater le contraste des idées : Enfant, on me disait que les voix sibyllines Promettaient l’avenir aux murs des sept collines, Qu’aux pieds de Rome, enfin, mourrait le temps dompté, Que son astre immortel n’était qu’à son aurore…. […] « Dans ce temps-là, de grands hommes commandaient de petites armées, et ces armées faisaient de grandes choses. » (Hamilton.)

2807. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

Viagère, elle reste douteuse, puisqu’elle n’est vraiment la gloire que lorsque le temps l’a consacrée ; et d’ailleurs nous voyons que la « notoriété » de très grands artistes est surpassée, de leur vivant, par celle de simples histrions. […] Très sommairement, son histoire est celle d’un primitif venu tard et modifié, peu à peu, par l’atmosphère morale de son temps, ressaisi par les inquiétudes spirituelles que nous ont léguées les siècles écoulés.

2808. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Tolérance »

Le temps est venu où les questions politiques ne doivent plus être que des questions françaises ou des questions sociales. […] Car enfin nous avons vu retourner contre l’Église une petite partie du moins des procédés dont elle usa contre ses ennemis au temps où elle était toute-puissante ; et il s’est rencontré, par-ci par-là, des bedeaux et des capucins de la libre pensée.

2809. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

Il lui arrive quelquefois d’oublier un nom en route, le temps d’une édition nouvelle. […] Anatole France est le premier qui ait promu les jeunes à la solennité du Temps.

2810. (1890) L’avenir de la science « VII »

Laissons les gens du vieux temps dire petitement pour l’apologie de la science : « Elle est nécessaire comme toute autre chose ; elle orne, elle donne du lustre à un pays, etc. » Niaiserie que tout cela ! […] On peut affirmer que, sans cet attrait, jamais les premiers érudits des temps modernes, qui n’étaient soutenus ni par une haute vue philosophique, ni par un motif immédiatement religieux, n’eussent entrepris ces immenses travaux, qui nous rendent possibles les recherches de haute critique.

2811. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Elle vécut quelque temps, distincte de celle de Jésus, et d’abord en bonne intelligence avec elle. […] S’il eût cédé à une rivalité mesquine, il serait aujourd’hui oublié dans la foule des sectaires de son temps.

2812. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Cet écrivain, naturellement audacieux & républicain, échauffé par l’esprit du temps & la fureur des guerres civiles, composa son livre sur le Droit des rois & des magistrats. […] Le temps & les circonstances empêchèrent ce prince d’avoir recours à plusieurs beaux-esprits, qui depuis ornèrent sa cour devenue une des plus magnifiques & des plus galantes de l’Europe.

2813. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Il n’en a pas été de tous les temps comme il en est du nôtre, où le plus obscur écolier jette une main de papier à la tête du lecteur, en ayant soin de l’avertir que c’est tout simplement un chef-d’œuvre. […] A. de Musset a raison entièrement et par ce qui touche à l’imagination, il pourrait voir qu’on n’a jamais plus imité qu’aujourd’hui et que ce temps passionné pour la recherche fiévreuse du nouveau n’a trouvé vraiment que cela, « l’imitation de seconde main ». — On copie ce qui n’était déjà qu’une imitation !

2814. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VIII. La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. »

Ce bienheureux moment n’est pas encore venu, Il viendra, mais le temps ne m’en est pas connu. […] Et c’est cette passion que nos poètes peuvent chanter, à l’exemple de Corneille ; source de beautés, que les anciens temps n’ont point connue, et que n’auraient pas négligée les Sophocle et les Euripide.

2815. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre VI. Suite des Moralistes. »

On croit voir les ruines de Palmyre, restes superbes du génie et du temps, au pied desquelles l’Arabe du désert a bâti sa misérable hutte. […] Notre supériorité se réduit donc à quelques progrès dans les études naturelles ; progrès qui appartiennent à la marche du temps, et qui ne compensent pas, à beaucoup près, la perte de l’imagination qui en est la suite.

2816. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

et quelle liaison, épargnée par le temps, peut-il subsister entre nous ? […] Qui qu’il en soit, la maxime que cette Société a osé donner comme un conseil, ou plutôt comme un précepte, et qu’elle a même prise dans tous les temps pour règle de sa conduite, est le résultat d’une affreuse et triste vérité, dont l’expérience journalière, et particulièrement la mauvaise opinion que beaucoup de gens ont encore de Sénèque, sont malheureusement une preuve sans réplique.

2817. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection J’entens déja citer les erreurs où le public est tombé dans tous les temps et dans tous les païs sur le mérite des personnes qui remplissent les grandes dignitez, ou qui exercent certaines professions. […] Le public ne s’est trompé, par exemple, dans tous les temps, sur la loüange dûë à un general qui venoit de gagner une bataille ou de la perdre, que pour avoir porté son jugement sur tout un objet dont il ne connoissoit qu’une partie.

2818. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

Des réimpressions d’œuvres anciennes — comme, par exemple, le Théâtre complet d’Alexandre Dumas, qui se met en mesure avec la postérité parce qu’il se sent fini pour le temps présent, — ne sont pas des livres de 1863, quoiqu’elles en portent le millésime. […] Qu’il nous menace, tant qu’il voudra, maintenant, de sa critique contre les premiers temps du Christianisme, il ne trouvera jamais de sujet d’un scandale supérieur à la Vie de Jésus qu’il nous a donnée.

2819. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

Quoique Tacite n’ait composé aucun panégyrique de prince, Cependant l’ordre des temps, la liaison des idées, le mérite de ce grand homme et le caractère particulier de ses ouvrages, semblent exiger que nous en parlions ici. […] L’orateur (car Tacite l’est dans ce moment) félicite Agricola de sa mort ; il n’a point vu les derniers crimes du tyran, il n’a point vu ces temps où Domitien, las de verser le sang goutte à goutte, frappa, pour ainsi dire, la république et Rome d’un seul coup, lorsque le sénat se vit entouré d’assassins, quand le tyran lui-même, spectateur des meurtres qu’il ordonnait, jouissait de la pâleur des mourants, et calculait, au milieu des bourreaux, les soupirs et les plaintes. « Tu as été heureux, lui dit-il ; mais ta fille et moi, qui nous consolera d’avoir perdu un père ?

2820. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Quel est l’allié du cabinet de Berlin qui n’ait pas eu à maudire le caractère de ce cabinet à quatre faces, dans ces derniers temps ? […] VIII Examinons maintenant le dernier système d’alliance qui puisse, dans un prochain avenir, maintenir l’équilibre de l’Europe en temps de paix, et favoriser, en cas de guerre, le légitime accroissement de deux peuples que l’on voudrait détruire l’un par l’autre aujourd’hui, pour la satisfaction de l’Angleterre, pour la joie maligne de la Prusse, pour l’extension illimitée de la Russie. […] ô grande clairvoyance éteinte avant le temps, tu l’avais prévu, tu l’avais dit ! […] XVI L’autre question, c’est l’Italie ; elle brûle en ce moment, et l’incendie imprévoyant que le Piémont y a allumé, et que la France n’a pas étouffé à temps, menace de consumer toute l’Europe. […] L’œuvre que vous voudrez faire sera précaire ; l’œuvre qu’elle accomplira elle-même par la main des peuples et par la main de son premier ministre, le temps, sera durable.

2821. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Son maître premier (après, peut-être, Mantegna, puis le Pérugin, si différents des réalistes de leur temps) ce fut l’extraordinaire poète Léonard de Vinci. […] Il essaya, quelque temps, la reproduction impressionniste de ses visions ; puis — et c’est une surprenante conscience théorique, — il comprit qu’une autre peinture lui était destinée. […] Au même temps une autre troupe, sous Angelo Neumann, dirigée par Seidl, donna l’Anneau du Nibelung au théâtre de la Reine. […] Enfin, la Société Wagnérienne accomplit une grande œuvre qui avec du temps, et surtout avec de l’argent, deviendra de la première importance. […] Elle est précédée d’une marche pendant laquelle défilent avec tout le cérémonial et l’étiquette de ces temps, les illustres hôtes du Landgrave, pour se placer selon leurs dignités, sur les sièges disposés autour de la salle, dont le milieu est réservé au groupe des chanteurs.

2822. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

La grande bourgeoisie est très flattée de découvrir parmi les siens un homme suffisamment intelligent pour intéresser son intellect pendant quelques temps. […] Ce qu’ils appellent instinct étant tout ce qui leur passe par la tête de temps à autre il leur passe quelque chose de très bien II n’y a pas plus lieu de s’en surprendre que s’étonner de découvrir dans les accidents de nuages certains rappels d’organisation. […] Le christianisme rappelle un énorme rocher ramantiquer effrité qui chancelle dans sa base sous la poussée la plus légère, et qui pourtant a pu survivre des centaines de siècles parce que ses excroissances extraordinaires aplanies avec le temps, lui assurent la stabilité. […] Voulant réhabiliter cette maxime qu’avaient prônée les scholastiques : mystica theologia, vera scientias , il a touché à un des problèmes les plus significatifs de ces derniers temps. […] Les Temps maudits de Marcel Martinet », Cahiers d’histoire.

2823. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Ce sont des phrases que l’on subit et que l’on impose sans y donner attention, par usage, par cérémonie, imitées des Chinois, utiles pour tuer le temps, plus utiles pour déguiser cette chose dangereuse, la pensée. […] À la cour il l’est encore : il aime le temps passé qui paraît gothique ; il loue Louis XIII en qui on ne voit d’autre mérite que d’avoir mis Louis XIV au monde. […] Écoutez ce style : « Je dis au roi que je n’avais pas pu vivre davantage dans sa disgrâce, sans me hasarder à chercher à apprendre par où j’y étais tombé... ; qu’ayant été quatre ans durant de tous les voyages de Marly, la privation m’en avait été une marque qui m’avait été très-sensible, et par la disgrâce et par la privation de ces temps longs de l’honneur de lui faire ma cour... ; que j’avais grand soin de ne parler mal de personne ; que pour Sa Majesté j’aimerais mieux être mort (en le regardant avec feu entre deux yeux). […] Les poètes du temps les voyaient par une notion vague et les disaient par une phrase générale. […] On lui versa des carafes d’eau sur la tête, et pendant ce temps les dames semonçaient Saint-Simon.

2824. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Roederer s’est beaucoup essayé dans le genre des scènes historiques ; il a tâché d’en reproduire du xvie  siècle et du temps de la Ligue ; il a voulu, à l’exemple du président Hénault (lequel lui-même se ressouvenait de Shakespeare), représenter et nous rendre l’histoire en action, nous montrer les personnages avec leurs mœurs, leur ton de tous les jours et dans la familiarité. […] Roederer, poussé par son goût pour la vérité nue et la réalité, a mieux fait pourtant : il a copié aussi des scènes qu’il avait sous les yeux, de vraies conversations de son temps, toutes naturelles, toutes vives. […] Ainsi partait à toute bride le jeune général, pour arriver à temps au terme glorieux de sa destinée, pour s’illustrer à Essling, et, plein d’un pressentiment de mort, pour tomber frappé d’une balle au front l’après-midi de Wagram, à l’heure du triomphean.

2825. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

Que de générations de jeunes gens et de poètes ont fait ainsi, et depuis lors et de tout temps ! […] Les connaisseurs faisaient une différence extrême de cette langue poétique de Parny d’avec celle des autres poètes du temps, les Bouliers, les Pezai, les Dorat ; c’eût été une grossièreté alors de les confondre. […] Faites l’épreuve, s’il est encore temps, si vous n’avez pas atteint le chiffre fatal où il est honteux d’aimer : Nec amare decebit…, cet âge « où, comme le dit Joseph de Maistre, il ne faut être fou qu’en dedans » ; si donc vous trouvez encore une heure de reste pour avoir une écolière en musique et même en amour, récitez à une jeune fille naïve une élégie de Lamartine, si belle quelle soit, et une élégie de Parny, vous verrez laquelle elle comprendra, laquelle elle retiendra.

2826. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

Il a appliqué sa méthode de description à trente-six monographies d’ouvriers, en les prenant dans les conditions sociales les plus diverses : l° dans l’état encore à demi nomade ; 2° dans le système des engagements forces, comme au temps du servage ; 3° dans celui des engagements volontaires permanents ; 4° enfin, dans le système des engagements momentanés, qui est généralement le nôtre. […] On vit dans un temps où les journaux sont tout et où seuls, presque seuls, ils rétribuent convenablement leur homme : on est journaliste ; on l’est, fut-on romancier, car c’est en feuilletons que paraissent vos livres même, et l’on s’en aperçoit ; ils se ressentent à tout moment des coupures, des attentes et des suspensions d’intérêt du feuilleton ; ils en portent la marque et le pli. […] De tout temps, on l’a observé, les gens de lettres n’ont pas été des mieux et n’ont pas fait très bon ménage avec les hommes politiques, même avec ceux qu’ils ont servis ; on l’a remarqué des plus grands écrivains, gens de fantaisie ou d’humeur, de Chateaubriand, de Swift ; écrivains et gouvernants, ils peuvent s’aimer comme hommes, ils sont antipathiques comme race.

2827. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Faguet l’a très bien dit, il est au courant d’une foule de choses dont la connaissance n’était pas commune en son temps. […] Toutes ses impulsions, à lui, lui viennent du dehors ; sa philosophie, et celle de son temps, lui dit que toutes ses idées lui sont venues par ses sens : il est naturel que la nature extérieure, et les sciences qui s’y appliquent, soient l’objet de son étude. […] Il reste que les Salons de Diderot sont en leur temps une œuvre considérable.

2828. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Pour trouver autre chose, pour concevoir avec émotion et avec profondeur et pour exprimer sans banalité une âme chrétienne des premiers temps, l’âme et le génie d’un Tolstoï ne seraient sans doute pas de trop. […] Toutefois, si la bête féroce n’est pas morte en elle et n’y est qu’endormie, ne peut-on pas dire que ses réveils se sont quelque peu espacés de notre temps, et que, s’il n’y a peut-être pas moins de cruauté latente dans l’âme des foules, il y en a moins de déclarée dans les lois et dans les mœurs ? […] Mais il est temps d’arriver à l’Incendie de Rome.

2829. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

Cinq petites villes, dont l’humanité parlera éternellement autant que de Rome et d’Athènes, étaient, du temps de Jésus, disséminées dans l’espace qui s’étend du village de Medjdel à Tell-Hum. […] Celle de Kasyoun porte une inscription grecque du temps de Septime Sévère. […] Les traces de la riche civilisation païenne de ce temps couvrent encore tout le Beled-Bescharrah, et surtout les montagnes qui forment le massif du cap Blanc et du cap Nakoura.

2830. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Mais au temps des fêtes, la confusion était extrême 1057. […] Juda était présent ; peut-être Jésus, qui avait depuis quelque temps des raisons de se défier de lui, chercha-t-il par ce mot à tirer de ses regards ou de son maintien embarrassé l’aveu de sa faute. […] Ce qu’on se rappelle le mieux d’une personne chère, ce sont ses derniers temps.

2831. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Pendant qu’on s’occupait à trouver un point où le Dniepr serait assez gelé pour donner passage, dans ce court intervalle de temps « le maréchal Ney seul, oubliant à la fois les dangers du jour et ceux du lendemain, dormait d’un profond sommeil ». […] Il fallait marcher assez rapidement pour réparer le temps perdu, et assez en ordre pour résister aux attaques des Cosaques. […] Ce sont pourtant les restes de ce corps, joints à quelques autres débris, qui reçoivent l’ordre de faire l’arrière-garde jusqu’à la fin, et de défendre tant qu’ils le pourront le pont de Kowno, pour donner au gros de la déroute le temps de s’écouler.

2832. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

On ne peut s’offenser d’entendre dire d’un conquérant que la victoire accompagne partout ses pas ; que l’épouvante marche devant lui ; qu’il traîne après lui la désolation & l’horreur. » Le poëte Santeuil prit la défense des fables, dans le temps qu’on les attaquoit le plus vivement. […] Le jeune Baratier y travailla si fort, renonçant à toute autre étude, qu’il soutint sa thèse de droit public au bout de quinze mois : mais il mourut, peu de temps après, de l’excès du travail. […] On supputa le temps qu’il avoit pu mettre à la composition, & l’on observa qu’il n’avoit eu que celui du memento.

2833. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Toutefois, comme cette ressemblance ne saurait être toujours si parfaite, qu’elle n’admette quelque différence en faveur des beautés de l’art, l’art même, pour ménager ces beautés, peut faire illusion au spectateur, et lui montrer avec succès une action dont la durée exige huit ou dix heures, quoique le spectacle n’en emploie que deux ou trois : c’est que l’impatience du spectateur, qui aime à voir la suite d’une action intéressante, lui aide à se tromper lui-même, et à supposer que le temps nécessaire s’est écoulé, ou que ce qui exigeait un temps considérable s’est pu faire en moins de temps.

2834. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Par exemple, en rapprochant la courbe qui exprime la marche du suicide pendant une période de temps suffisamment longue, des variations que présente le même phénomène suivant les provinces, les classes, les habitats ruraux ou urbains, les sexes, les âges, l’état civil, etc., on peut arriver, même sans étendre ses recherches au-delà d’un seul pays, à établir de véritables lois, quoiqu’il soit toujours préférable de confirmer ces résultats par d’autres observations faites sur d’autres peuples de la même espèce. […] Quand, au contraire, il s’agit d’une institution, d’une règle juridique ou morale, d’une coutume organisée, qui est la même et fonctionne de la même manière sur toute l’étendue du pays et qui ne change que dans le temps, on ne peut se renfermer dans l’étude d’un seul peuple ; car, alors, on n’aurait pour matière de la preuve qu’un seul couple de courbes parallèles, à savoir celles qui expriment la marche historique du phénomène considéré et de la cause conjecturée, mais dans cette seule et unique société. […] D’abord, on peut confronter l’histoire de l’un par celle des autres et voir si, chez chacun d’eux pris à part, le même phénomène évolue dans le temps en fonction des mêmes conditions.

2835. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Un prêtre traduisait la sœur Emmerich, comme un autre prêtre traduisait aussi, vers ce temps-là, sainte Thérèse ; mais, parmi les lettrés, qui a parlé de ces publications étonnantes et magnifiques ? […] C’est de là qu’il recueillit, pour la postérité et pour son temps qui ne le croyait pas et qui l’insulta pour sa peine, les paroles qui, créées ou exhalées, allaient s’évanouir, de ce poëte prodigieux qui en Emmerich ne chantait pas, mais disait ce qu’il voyait et, plus que tous les poëtes qui aient jamais souffert, souffrait sa poésie ! […] Quand on lit ces détails impossibles à inventer, tant ils, sont précis dans leur nouveauté, on ne s’imagine pas qu’on a vécu du temps de Jésus ; mais on croit qu’on y vit encore et que ce n’est pas là de l’histoire, mais de la vie revécue, comme diraient les Hégéliens.

2836. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Mais lorsque ces honneurs sont accordés à des hommes vraiment célèbres, ils ont droit d’intéresser dans tous les temps. […] Cet exemple nous rappelle les temps où le même homme était orateur, poète, faisait des lis, et gagnait des batailles. […] ta cendre ranimée reprendra une seconde vie, lorsque le temps ne sera plus.

2837. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Il faut aussi louer l’homme qui, en buvant, ne décèle rien que d’honnête, dont la mémoire et la pensée s’entretiennent de vertu, et ne pas redire, d’ailleurs, les combats des Titans ou des Géants, ni l’histoire des Centaures, fictions des vieux temps, et toutes ces rixes où il n’y a rien d’utile, mais avoir toujours présente la providence des dieux. » Ce langage n’est-il pas d’un sage et religieux réformateur, plutôt que d’un panthéiste ou d’un sceptique ? […] Très grande de son vivant, sa célébrité s’accrut avec le temps dans l’imagination des Grecs ; et, après le grand siècle des arts et de la science, lorsque le monde polythéiste fut troublé et divisé par une lumière nouvelle, le nom d’Empédocle, les légendes sur sa vie, les prodiges attribués à sa science magique, furent un des secours dont s’étayait l’ancienne croyance. […] La morale en est haute, il est vrai, l’accent austère et simple95 : « Plus que devant tout autre, rougis devant toi-même. — Honore ton père et ta mère, tes parents les plus proches ; et, parmi tous les autres, choisis, dans l’ordre de la vertu, le meilleur pour ton ami. » Ce sont là des maximes belles dans tous les temps ; une part d’enthousiasme s’y mêle.

2838. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

*** Barbey d’Aurevilly a massacré les amazones de son temps. […] Mais je n’ai pas le temps de faire de la psychologie ethnique. […] Gyp, très malade de l’abandon de ses enfants, a vivoté quelque temps de M.  […] J’applaudis tout le temps, en dissimulant parfois un bâillement. […] C’est, chaque fois, l’histoire d’une femme qui aime profondément et pour toujours, d’un homme qui aime à demi et pour peu de temps.

2839. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Si on lésait alors profondément la protubérance, il n’y avait plus ni cris, ni agitation, sous l’influence de pincements violents ; et cependant la circulation, la respiration et les autres fonctions continuaient à s’accomplir pendant quelque temps… J’ai répété les expériences de M.  […] « Tous les organes, dit Mueller, à l’exception du cerveau, peuvent ou sortir lentement du cercle de l’économie animale ou périr en peu de temps, sans que les facultés de l’âme subissent aucun changement. […] Ainsi le contact de l’air et des vésicules pulmonaires provoque nécessairement, par une action réflexe du bulbe, un système alternatif et toujours le même de contractions musculaires ; ce sont les deux temps du mouvement respiratoire. […] Pendant ce temps, les mouvements respiratoires ont complètement cessé. Au bout d’un temps, elle gagne la surface de l’eau et cherche à s’y maintenir pour respirer; mais, tout point d’appui lui manquant, elle s’épuise en efforts pour se soutenir.

2840. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

II En ce temps-là vivaient, tantôt à Florence, tantôt à Rome, tantôt en Suisse, au bord du lac de Constance, des familles exilées, dont les prodigieuses vicissitudes d’élévation et de chute seront l’étonnement de l’histoire. […] V C’était la reine Hortense, femme de Louis Bonaparte, qui venait de temps en temps à Rome ou en Toscane voir ses fils, et qui retournait vite à sa solitude de Suisse. […] Enfin ils étaient jeunes, et les révolutions sont l’instinct de la jeunesse, parce qu’elles pressent le pas du temps et parce qu’elles arrachent violemment à l’avenir le mot du destin. […] Je ne romprai jamais des relations qui me sont si chères.… J’aime mieux que le temps amortisse une inclination que vous croyez trop passionnée et qu’il la transforme en amitié. […] Et pourquoi n’aurais-je pas choisi, pour cette innovation, un des plus littéraires des peintres de ce temps, Léopold Robert ?

2841. (1903) La renaissance classique pp. -

Ils se sont installés de parti pris dans l’inintelligence et le dégoût de leur temps. […] Il est temps de mettre un terme à des empiétements aussi dangereux pour l’art qu’ils le sont pour une science probe et consciente de ses droits. […] Au vingtième siècle, comme au temps du légendaire Orphée, elle reste la suprême éducatrice : Et vitæ monstrata via est ! […] Diderot s’emportait avec raison contre la peinture et la sculpture de son temps, qui versaient dans les rébus allégoriques et ne savaient plus parler leur langue propre. […] Il faut croire qu’il y a une Idée de la Patrie au-dessus du temps et de l’espace, comme les théologiens admettent qu’il y a une Idée de l’Église.

2842. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Chaque temps a sa somme d’erreurs et de vérités. Il y a des erreurs qui sont en quelque sorte inhérentes à leur temps, et que les progrès ultérieurs de la science peuvent seuls faire reconnaître. […] Ce serait perdre complètement son temps à poursuivre un fantôme. […] De même la vivisection a rencontré dans tous les temps des préjugés et des détracteurs. […] On peut ajouter que les idées philosophiques représentent des aspirations de l’esprit humain qui sont également de tous les temps.

2843. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Dans un temps plus heureux, ma juste impatience Vous ferait repentir de votre défiance : Mais Néron vous menace. […] Le mauvais succès de Pertharite fit croire quelque temps que l’amour conjugal, très respectable dans la société, n’était point recevable sur la scène. […] … Ses perplexités, ses alarmes, ses déchirements, ne font que croître ainsi, à mesure que le temps du sacrifice approche. […] Cependant les auteurs semblent, depuis quelque temps, mettre le sentiment pénible de l’horreur à la place de la terreur et de la pitié, qui seront à jamais les ressorts de la véritable tragédie. […] Il s’affranchit des lois rigoureuses de la tragédie ; et s’il a quelque égard à l’unité d’intérêt et d’action, il viole sans scrupule les unités de temps et de lieu, les sacrifiant aux charmes de la variété et du merveilleux.

2844. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

La route que nous parcourons dans le temps est jonchée des débris de tout ce que nous commencions d’être, de tout ce que nous aurions pu devenir. […] Au contraire, si l’unité de la vie est tout entière dans l’élan qui la pousse sur la route du temps, l’harmonie n’est pas en avant, mais-en arrière. […] Il y a une particularité dont on ne peut s’empêcher d’être frappé quand on jette un coup d’œil sur la faune des temps primaires. […] Au temps où se fabriquèrent les premières armes, les premiers outils. […] De même que nous séparons dans l’espace, nous fixons dans le temps.

2845. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

La morale moyenne de son temps et les usages de la guerre, invoqués à titre de circonstances atténuantes, ne fourniraient que de faibles réponses : il vaut mieux passer condamnation. […] Chamillart, à titre de contrôleur général, lui répondit avec esprit : Cependant, comme il ne serait pas juste que vous eussiez fait voir de l’argent au contrôleur général des finances sans qu’il vous en coûtât quelque chose, c’est un peu de temps que je vous demande, et de ne me pas tenir rigueur sur la régularité des payements. […] Je savais qu’à tout événement j’en aurais le temps, que cela même ne m’était pas absolument nécessaire quand les ennemis n’auraient que douze à quinze mille hommes plus que moi. Si le prince de Bade joint Marlborough, comme tous les divers avis le portent, alors je ferai des ouvrages qui me donneront toujours le temps de prendre mon parti, si je ne m’en tiens pas à celui de les attendre où je suis… Mais quand nos troupes apprendront qu’il est arrivé quinze mille hommes de renfort aux ennemis, alors je leur dirai : « Faisons, puisqu’ainsi est, quelques redans de plus. » Si je les avais faits d’avance, et que les quinze mille hommes arrivassent ensuite, des bastions ne les rassureraient pas.

2846. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

On a sa Correspondance de ce temps, c’est-à-dire du second voyage, qui a été imprimée en partie, comme celle d’Orient, dans un journal23 ; j’en ai également les originaux sous les yeux : elle mériterait d’être revue et donnée avec soin. […] Un jour, à ce qu’on appelle un thé militaire, c’est-à-dire à une réunion de tous les officiers supérieurs dans un jardin où l’impératrice leur offrait un régal, l’empereur, après avoir pris la main d’Horace et la lui avoir tenue pendant un assez long temps, en lui parlant de ce qui venait de se passer pendant les manœuvres, s’était retourné et avait dit aux officiers : « Messieurs, Vernet fait partie de mon État-major, et je mets à l’ordre qu’il sera libre de faire tout ce que bon lui semblera dans le camp. » Prestige de notre gloire militaire qui se réfléchissait jusque sur son peintre ! […] Une brochure de 60 pages, in-8°. — Il y a eu nécessairement bien des suppressions, et aussi de légères modifications de style ; mais, par une inadvertance singulière, on ne s’est pas aperçu, eu donnant la suite des lettres, qu’il y avait une lacune de juillet à septembre 1812, intervalle pendant lequel Horace Vernet avait eu le temps de faire le voyage de Paris et de retourner à Pétersbourg. […] Je trouve dans une de ses lettres du 22 octobre 1842, au retour d’un voyage qu’il venait de faire avec l’empereur, ce passage curieux et très significatif en ce qui est de la politique de ce temps-là : « J’ai dîné hier à l’ambassade en Irès-petit comité ; on s’y réjouissait des articles du Journal des Débats contre la Russie.

2847. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

Il faut que ce soit des gens du métier et qui suivent bien une affaire. » Et dans le même temps : « Notre campagne n’est pas brillante, mais je te réponds qu’elle a été difficile, et qu’il a fallu bien prévoir des choses pour qu’elle ne fût pas dangereuse, ou au moins d’être obligé de sortir bien plus tôt du Piémont. […] Le jeu du duc de Savoie qui envoyait de temps à autre à Tessé son intendant des finances, Grupel, déguisé en paysan, en attendant que Tessé allât lui-même à Turin travesti en postillon, sa ressource habituelle et son excuse étaient de dire qu’il ne pouvait rien sur ses alliés que de les ralentir tout au plus un peu, et que c’était bien à contrecœur qu’il faisait la guerre au roi. […] C’est alors que Catinat, qui avait employé le temps à se mettre en mesure, sentit que le moment était venu de prendre sa revanche et de jouer vaillamment de l’épée. […] Leganez et Caprara84 étaient d’avis de se retirer par Orbassan, mais le duc dit qu'il fallait bien boire le vin tiré et que, puisqu’il y avait au moins autant de péril à ne pas combattre qu’à combattre, le temps était cher et qu’il ne fallait plus songer qu’à mettre l’armée en bataille.

2848. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Ces Annexes, que le présent biographe n’a pas dédaigné de joindre à son travail d’archives, sont curieuses ; je dirai presque qu’elles sont dignes de ce temps-ci où l’on n’oublie rien et où l’on attache une importance, parfois bien disproportionnée, à de pures vétilles, pourvu qu’elles commencent à vieillir. […] Vers ce même temps, il aurait voulu encore, sinon être reconnu par le roi comme duc de Courlande, du moins être traité sur le pied de prince de maison souveraine et en avoir les honneurs comme il en affectait l’allure. […] il avait secoué poudre et perruque ; il parut à la Cour dans cet état naturel ; ce que le duc de Luynes a eu soin de noter dans son journal : « Jeudi dernier (21 décembre) M. le maréchal de Saxe arriva ici (à Versailles) ; il porte présentement ses cheveux qui lui donnent l’air plus jeune. » Revenu à Chambord à la paix et y passant le plus de temps qu’il pouvait pendant les deux dernières années, y menant un train de prince, il se livrait à la chasse, aux plaisirs, à tous les exercices violents. […] L’abbaye de Thélème ou le paradis d’Odin, il y avait de l’un et de l’autre à Chambord. — La Bruyère a fait une remarque où, sans avoir l’air d’y toucher, il dit leur fait aux bourgeoises de son temps : « Tout le monde connaît cette longue levée qui borne et qui resserre le lit de la Seine, du côté où elle entre à Paris avec la Marne qu’elle vient de recevoir : les hommes s’y baignent au pied pendant les chaleurs de la canicule ; on les voit de fort près se je ter dans l’eau, on les en voit sortir : c’est un amusement.

2849. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Il n’est pas jusqu’à Marot, si peu érudit, qui ne se plaigne de l’insuffisance des études : En effet, c’étoient de grans bestes Que les régens du temps jadis : Jamais je n’entre en paradis, S’ils ne m’ont perdu ma jeunesse. […] Ce Béda était un enragé Picard, que Bayle appelle « le plus grand clabaudeur » de son temps : préchant, écrivant, dénonçant, calomniant, injuriant, déchaîné aujourd’hui contre Érasme, demain contre Le Fèvre d’Étaples, un autre jour contre Louis de Berquin, qu’il fit enfin brûler, il ne laissa point de répit aux libres esprits, jusqu’à ce que ses fureurs, atteignant la propre sœur du roi, le firent enfermer au Mont-Saint-Michel, où il mourut. […] Même François Ier voulait témoigner par des effets plus solides l’intérêt que, selon son idée du prince accompli, il estimait devoir prendre aux études : il rêva des établissements fastueux, dont le malheur du temps priva la France. […] Née en 1492, en un temps où il fallait encore vouloir s’instruire, et le vouloir fortement, elle s’est instruite, et toute sa vie elle a continué de s’instruire ; elle apprit l’italien, l’espagnol, l’allemand, le latin ; Paradis lui donna des leçons d’hébreu, et à quarante ans elle poursuivait encore l’étude du grec avec Duchâtel.

2850. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Mais il y a plus, et, s’il est vrai qu’il procède quelque peu de George Sand et d’Alfred de Musset, on soutiendrait tout aussi justement que, sauf les modifications inévitables imposées par la différence des temps, une partie de son œuvre continue les romans d’amour et d’aventures du XVIIe siècle et, par-delà, les anciens romans grecs, et que M.  […] Je lis ailleurs que « l’amour de M. de Maurescamp ne contenait aucun élément impérissable : c’était, pour employer une expression de ce temps, « un amour naturaliste ».  […] Octave Feuillet résume comme il suit : Développer à toute leur puissance les dons physiques et intellectuels qu’il tenait du hasard, faire de lui-même le type accompli d’un civilisé de son temps, charmer les femmes et dominer les hommes, se donner toutes les joies de l’esprit, des sens et du pouvoir, dompter tous les sentiments naturels comme des instincts de servage, dédaigner toutes les croyances vulgaires comme des chimères ou des hypocrisies, ne rien aimer, ne rien craindre et ne rien respecter que l’honneur : tels furent, en résumé, les devoirs qu’il se reconnut et les droits qu’il s’arrogea. […] Octave Feuillet, je le bénis d’avoir sauvé le romanesque, d’en avoir renouvelé le charme et de lui être resté fidèle dans les temps d’épreuve.

2851. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

On n’a de visions un peu curieuses, on ne découvre à plein les hommes qu’en temps d’émeute et de révolution. […] S’il s’agit du Condé de la Ligue ou du grand Condé, à la bonne heure ; ils sont assez considérables pour servir de centre à une histoire politique et militaire de leur temps. […] Il va dans les bals, dans les mascarades, il joue, il « passe joyeusement son temps ». […] Mais ce bon temps ne dura guère.

2852. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Les riches achètent des automobiles et les défenseurs du capitalisme consolent les démocrates égalitaires en les persuadant qu’un temps viendra où les automobiles seront à la portée de toutes les bourses. […] Ils se sont puissamment développés dans les temps modernes et la culture de l’avenir doit nécessairement tenir compte de ce fait nouveau, Puis, la culture de la Renaissance ne s’appliquait guère qu’à une élite assez peu nombreuse : la culture de l’avenir doit avoir des bases plus larges. […] Au fond, il n’y a pas une si grande différence entre la Renaissance et notre temps au point de vue de la sociabilité. […] Le représentant typique de cette époque, c’est le condottiere hautement cultivé, l’homme de proie universellement doué ; c’est par exemple une personnalité comme ce Léon Battista Alberti que nous décrit Burckhardt, cavalier et guerrier émérite, orateur accompli, versé dans toutes les connaissances de son temps, philosophie et sciences naturelles ; avec cela, musicien et sculpteur ; au total, un instinctif doublé d’un intellectuel ; un vaillant et en même temps un cérébral, presque un nerveux.

2853. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Au temps d’Homère, le mythe aurait transfiguré cette famille épique ; il en aurait fait un groupe d’astres ou de demi-dieux. […] Ce qui donne encore à la tragédie d’Eschyle sa physionomie étonnante, c’est le caractère de sa religion plus profonde et plus mystérieuse que celle de son temps. […] En ce temps-là, les dieux jeunes et beaux, éloquents et nobles qui peuplent les poèmes et les sculptures helléniques, n’existaient encore qu’à l’état brut. […] La façon mémo dont il conçoit les dieux de son temps dissipe leur figure et détruit leur alliage humain.

2854. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

L’espèce de délit social dont l’auteur des Ruines et du Catéchisme de la loi naturelle s’est rendu coupable y est apprécié avec sévérité, mais sans virulence, comme il convient aujourd’hui que ces tristes livres ont fait leur temps et que l’intérêt général s’en est retiré. […] Au lieu de nous raconter ses marches, l’emploi de ses journées, et de nous permettre de le suivre, il n’a donné que les résultats de ses observations durant trois ans : « J’ai rejeté comme trop longs, dit-il, l’ordre et les détails itinéraires ainsi que les aventures personnelles : je n’ai traité que par tableaux généraux, parce qu’ils rassemblent plus de faits et d’idées, et que, dans la foule des livres qui se succèdent, il me paraît important d’économiser le temps des lecteurs. » Il a donc composé un livre, un tableau, et n’a pas senti qu’il y avait plus de charme pour tout lecteur dans la simple manière d’un voyageur qui nous parle chemin faisant, et qu’on accompagne. […] On lui voudrait un peu de ce sentiment qu’il simulait lorsqu’à un Arabe qui lui demandait pourquoi il était venu de si loin, il répondait : « Pour voir la terre et admirer les œuvres de Dieu. » Volney monte au sommet du Liban, d’où il jouit du spectacle des hautes montagnes : « Là, de toutes parts, dit-il, s’étend un horizon sans bornes ; là, par un temps clair, la vue s’égare et sur le désert qui confine au golfe Persique, et sur la mer qui baigne l’Europe : l’âme croit embrasser le monde. » Du haut de cette cime témoin de tant de grandes choses, et d’où l’esprit se porte en un clin d’œil d’Antioche à Jérusalem, quelles vont être ses pensées ? […] Je ne veux pas faire tort à Volney ; je ne prétends point lui imposer la poésie : ce n’est point à Lamartine parcourant les mêmes lieux et les revêtant de ses couleurs trop vastes et de son luxe trop asiatique ; ce n’est pas à Chateaubriand, plus sobre et plus déterminé de contours, mais pittoresque avant tout, que je le comparerai : c’est à un savant de son temps, à un observateur et à un physicien du premier ordre, à l’illustre Saussure visitant, le baromètre et le marteau du géologue à la main, les hautes cimes des Alpes qu’il a comme découvertes.

2855. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Il y a donc, au point de vue de la ligne du temps, discontinuité entre ma conscience de tout à l’heure et ma conscience actuelle. […] Je me sens non seulement à l’état de changé, mais encore en train d’être changé (passivité) et de changer quelque chose dans le temps (activité) et simultanément dans l’espace (activité motrice). […] Par-là, ils méconnaissent le sentiment de la transition et rendent impossible la conception du temps. […] Entre ce commencement et l’exécution complète, il n’y a qu’une différence : 1° de prolongation dans le temps ; 2° d’intensité ; 3° de spécification qualitative ; enfin, 4° d’extension au dehors et de rapport à l’étendue.

2856. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Après ces paroles de Pope, on ne comprend guère à quel propos Voltaire, ahuri de Shakespeare, écrit : « Shakespeare, que les anglais prennent pour un Sophocle, florissait à peu près dans le temps de Lopez (Lope, s’il vous plaît, Voltaire) de Vega. » Voltaire ajoute : « Vous n’ignorez pas que dans Hamlet des fossoyeurs creusent une fosse en buvant, en chantant des vaudevilles, et en faisant sur les têtes des morts des plaisanteries convenables à gens de leur métier. » Et, concluant, il qualifie ainsi toute la scène : « Ces sottises ». […] En 1804, l’auteur d’une de ces Biographies universelles idiotes où l’on trouve moyen de raconter l’histoire de Calas sans prononcer le nom de Voltaire, et que les gouvernements, sachant ce qu’ils font, patronnent et subventionnent volontiers, un nommé Delandine, sent le besoin de prendre une balance et de juger Shakespeare, et, après avoir dit que « Shakespear, qui se prononce Chekspir », avait, dans sa jeunesse, « dérobé les bêtes fauves d’un seigneur », il ajoute : « La nature avait rassemblé dans la tête de ce poëte ce qu’on peut imaginer de plus grand, avec ce que la grossièreté sans esprit peut avoir de plus bas. » Dernièrement, nous lisions cette chose écrite il y a peu de temps par un cuistre considérable, qui est vivant : « Les auteurs secondaires et les poètes inférieurs, tels que Shakespeare  », etc. […] De temps à autre un bon bannissement est expédient. […] Alors ce n’est plus un siècle seulement que leur clarté illumine ; c’est l’humanité d’un bout à l’autre des temps, et l’on s’aperçoit que chacun de ces hommes était l’esprit humain lui-même contenu tout entier dans un cerveau, et venant, à un instant donné, faire sur la terre acte de progrès.

2857. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Certes, nous ne sommes plus au temps où l’on affichait : Macbeth, opéra de Shakespeare, altéré par sir William Davenant. […] Vers le même temps, un autre, anglais aussi, mais de l’école écossaise, puritain de cette variété mécontente dont Knox est le chef, déclarait la poésie enfantillage, répudiait la beauté du style comme un obstacle interposé entre l’idée et le lecteur, ne voyait dans le monologue d’Hamlet qu’« un froid lyrisme », et dans l’adieu d’Othello aux drapeaux et aux camps qu’« une déclamation », assimilait les métaphores des poètes aux enluminures des livres, bonnes à amuser les bébés, et dédaignait particulièrement Shakespeare, comme « barbouillé d’un bout à l’autre de ces enluminures ». […] On n’a pas le temps de lire, on est forcé de voir. […] Ils ont le temps de se raviser.

2858. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Introduction »

Dans ce triage, de nouvelles erreurs se glisseront encore comme conditions préparatoires d’une vérité supérieure ; c’est à la discussion de faire tomber successivement les erreurs contraires : de ce conflit se dégagent certains principes qui vont en se multipliant avec le temps. […] Cette difficulté ne porte pas contre la liberté de penser, car de tout temps, sous tous les régimes philosophiques et religieux, les hommes ont su trouver des sophismes pour couvrir à leurs propres yeux leurs passions et leurs faiblesses. […] De tout temps il y a eu de grandes misères physiques et morales ; l’ignorance et la docilité ne sont nullement des garanties contre le vice, et souvent le prestige d’une autorité indiscutée a été complice de la corruption et du désordre. […] Combien donc ne faudra-t-il pas de temps jusqu’à ce que cet instrument des instruments, j’entends la raison, soit assez cultivé et perfectionné pour être manié par tous les hommes !

2859. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Ce seroit perdre son tems, & risquer de s’ennuyer beaucoup, que d’entreprendre une lecture suivie de tous nos grammairiens. […] Il est très-bien fait, & c’est un des meilleurs Dictionnaires qu’on ait donné dans ce dernier tems. […] Par la premiere, il entend celle qui est fondée sur les principes mêmes de la langue, & dont on peut donner des regles générales, comme l’orthographe des différentes terminaisons des noms par rapport aux genres & aux nombres & des verbes par rapport aux tems & aux personnes. […] Et enfin du tems de la ligue, l’on avoit applaudi au Président Fauchet, auteur d’un savant Recueil de l’origine de la langue, & poésie françoise, rimes & romans, où l’on voit les monumens du vieux langage, dans l’extrait des ouvrages de cent vingt-sept Poëtes, qui tous avoient écrit avant la fin du XIIIme. siécle.

2860. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

C’est elle qui fait dire à Quinault : au temps heureux où l’on sait plaire, … etc. […] Voilà un genre de peinture où il n’y a proprement ni unité de temps, ni unité d’action, ni unité de lieu. […] Si vous voulez bien savoir ce que c’est que papilloter en grand, arrêtez-vous un moment encore devant le combat de mer, et vous sentirez votre œil successivement attiré par différens objets séparément très-lumineux, sans avoir le temps de s’arrêter, de se reposer sur aucun. […] La chaloupe qui coule à fond, le mouvement de l’eau sont bien rendus, si ce n’est qu’il est absurde que de frêles bâtimens tentent un abordage par un gros temps ou, comme disent les marins, par une mer trop dure.

2861. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

N’avons-nous à contempler dans les arts que la masse et le nombre des ouvrages, achevés à la hâte comme si le temps devait toujours manquer aux fondateurs ? […] Un des caractères éminents de sa gloire, un des privilèges de son inspiration sera d’avoir échappé à la loi du temps, à ce raffinement du goût, à ce travail artificiel qui marque les époques un peu tardives de l’imagination, les retours et les arrière-saisons des lettres. […] Quelle rapidité dans l’infini du temps, et comme ce chant nouveau s’en est inspiré ! […] Le temps a fait un pas, et, sous le coup de ses vicissitudes, qui délivrent aussi promptement qu’elles accablent, déjà un monde n’est plus tributaire d’un autre monde ; mais le soleil des Incas et des Aztèques illumine la colonne immuable du Calvaire.

2862. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Vinet viennent de recueillir, et qui se compose des leçons et des articles qu’il a donnés en différents temps sur ce sujet. […] Mais vous m’avez trop généreusement donné de votre temps pour que je veuille vous en dérober ; et j’aime mieux, monsieur, employer le reste de cette lettre à vous dire combien, sous d’autres rapports que ceux qui frapperont tout le monde, il m’est précieux d’avoir un moment arrêté votre attention.

2863. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

Pendant ce temps, madame des Ursins avait étendu son crédit ; le jeune roi, ainsi qu’un historien l’a caractérisé, chaste, dévot et ardent, était tout dévoué à son épouse, laquelle l’était elle-même à sa dame d’honneur. […] Les temps étaient difficiles.

2864. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

Avant que notre idiome fût fixé, et quand déjà il sortait de sa première indigence, du temps d’Amyot et pendant tout le XVIe siècle, il abondait en ressource pour traduire les Anciens ; il se modelait sur eux avec ampleur et souplesse, et en prenait de vives et fidèles empreintes, jusque sous des mains médiocrement habiles. […] L’historien vous parle une langue si rapide, si forte, si poignante, qu’il vous enlève, vous tire à lui, vous force de penser avec lui en cette langue qui lui est propre, et, fût-on un latiniste assez vulgaire, pourvu qu’on comprenne, se fait comprendre face à face, sans trucheman, sans aucune de ces traductions sous-entendues que Cicéron en ses longs développements laisse à son lecteur tout le temps de faire.

2865. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

On retomberait vite dans l’exploitation de l’homme par l’homme, dans les mille abus criants et désastreux qui sont en tout temps possibles et même inévitables dès qu’on cesse de se prémunir : la dignité manquerait au grand nombre comme le bien-être. […] Aussi, tout en félicitant les écrivains de la Revue de leur noble effort pour replanter un véritable arbre encyclopédique au milieu de notre sol poudreux et tant de fois balayé, nous les louons de ne pas négliger les morceaux de science et de littérature positive qui s’adressent à tous les bons esprits, et qui sont, d’ici à un assez long temps encore, les seuls produits toujours possibles et d’une culture qui ne trompe jamais.

2866. (1874) Premiers lundis. Tome II « Charles de Bernard. Le nœud Gordien. — Gerfaut. »

M. de Balzac a découvert cette veine ; c’est lui qui, le premier, après d’inconcevables écoles, a fini par bien saisir et par traiter dans ses moindres nuances la forme de sensibilité, d’imagination, de fatuité, de rouerie, qui caractérise un certain monde à la mode de notre temps. […] S’il le veut, il y a en lui l’étoffe d’un romancier actuel, fécond et vrai ; son mauvais goût (car il en a) n’est que dans le détail ; ainsi, il reproduit trop par moments le jargon psychologique du maître ; il a des redoublements de bel esprit dans ses analyses, des drôleries et trivialités métaphoriques dans ses portraits, qui déplaisent au passage, mais sans avoir le temps de rebuter ; il a une multitude d’allusions dont un trop grand nombre, pour ceux qui ne vivent pas tout à fait de cette vie du jour, sont déjà subtiles et obscures.

2867. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la bienfaisance. »

L’homme bon est de tous les temps, et de toutes les nations ; il n’est pas même dépendant du degré de civilisation du pays qui l’a vu naître ; c’est la nature morale dans sa pureté, dans son essence ; c’est comme la beauté dans la jeunesse où tout est bien sans effort. […] Il y a des vertus toutes composées de craintes et de sacrifices, dont l’accomplissement peut donner une satisfaction d’un ordre très relevé à l’âme forte qui les pratique ; mais, peut-être, avec le temps découvrira-t-on que tout ce qui n’est pas naturel, n’est pas nécessaire, et que la morale, dans divers pays, est aussi chargée de superstition que la religion.

2868. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

Selon eux, les questions de génération, d’âge, de temps ne doivent pas intervenir en Littérature et n’auraient aucune valeur comme argument de critique. […] Tant de propositions qui devinrent, par la suite, du domaine populaire y avaient été préalablement agitées par les fins esprits du temps, et consignées dans les secrets rituels des Initiés, des Savants et des Mystagogues.

2869. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

Comme il fait un temps « à ne pas f… un curé dehors », Buteau préfère garder la maison : « T’inquiète pas ! je mettrai la table pendant ce temps-là. » Et il entre dans la chambre, où est l’armoire au linge… «     Il aperçut, sous la cheminée, une paire de petits sabots, les sabots d’Athénaïs, que l’enfant avait déposés là, en cachette, confiante dans la visite du petit Jésus.

2870. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vielé-Griffin, Francis (1864-1937) »

Le vers libre, tel que le pratiquent quelques-uns des poètes de ce temps, exige un rythme parfait et rigoureusement adéquat à l’émotion que le poète veut exprimer. […] Car « poème » il y a. — On « en » écrit de moins en moins : le lyrisme quotidien a fragmenté l’inspiration ; le sonnet a donné le goût des petites choses, et la paresse aidant, celle du lecteur comme celle du poète… Oublie-t-on que les grands lyriques de tous les temps, ou presque, d’

2871. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Le lyrisme français au lendemain de la guerre de 1870 » pp. 1-13

Je vous contesterais absolument Descartes ; je vous ferais remarquer que je ne trouve nulle part en ce temps-ci le mode d’argumentation de Pascal et surtout sa morale chez ceux qui se disent orthodoxes ; enfin vous auriez à m’expliquer pourquoi Bossuet considérait Malebranche comme le plus dangereux des novateurs et sa doctrine comme un scandale. […] » Et cette autre : — « Dans le Temps, ce journal qui est en train de lâcher, non pas M. 

2872. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

donne-moi le temps de dresser ta gloire jusqu’au ciel en vers plus impérissables que l’airain… D’autres fois, par des mots savants, j’exciterai tes sens épuisés et je te rendrai la vigueur d’aimer. […] Ô mes frères en prostitution, saluons nos trois héros : Saint Paul qui adresse aux Romains et aux Corinthiens de sublimes épîtres, mais qui se refuse aux simonies, qui ne vit ni de l’autel ni de la parole, qui, pour avoir à manger, tisse des tentes ; — saint Spinoza qui compose la plus logique ou creuse la plus profonde des philosophies, mais qui, ayant besoin chaque jour de quelques grains de gruau pour soutenir son corps ascétique, ne veut pas les obtenir comme professeur, méprise les chaires offertes et polit des verres de lunette ; — saint Tolstoï, le plus noble génie de notre temps, qui donne ses livres libérateurs et ne se reconnaît le droit de dîner que lorsqu’il a raccommodé une paire de souliers.

2873. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

Après le grand William Shakespeare, de qui les barbares tragédies bouleversèrent toutes nos conceptions de la Beauté vers le temps où les femmes se nommaient Corinne, Paméla — après Schopenhauer, si noir, si hypocondre, en compagnie duquel nous nous sommes souillés d’une épaisse tristesse, ce furent Wagner, Nietzsche et Ibsen qui nous tinrent dans une servitude spirituelle. […] Ce sculpteur, ce peintre et ce romancier sont, en quelque sorte, dans ce temps, les extraordinaires descendants de cette race traditionnelle à laquelle ont appartenu Rabelais, Puget, Poussin, Denis Diderot, Balzac !

2874. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Cet Avis aux réfugiés leur fut donné dans le temps qu’ils invectivoient le plus contre la France, qu’ils se flattoient même d’être rappellés, de voir le gouvernement s’empresser à guérir la plaie faite à l’état, à réparer la perte de tant de milliers d’hommes qui portèrent dans les pays étrangers, avec leurs biens & avec nos arts, une haine implacable contre leur patrie. […] Quelque temps après, il revint au calvinisme.

2875. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

Le Félibrige au même temps qu’il apportait l’idée d’une renaissance latine commença le premier à secouer cet esclavage. […] Ces périodiques, ces groupements ont eu une influence heureuse sur la jeunesse de ce temps.

2876. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XV. Des ouvrages sur les différentes parties de la Philosophie. » pp. 333-345

Sa Figure de la terre & sa Vénus physique, ont été bien accueillies dans le tems, quoiqu’il y ait dans ce dernier livre des idées très-bizarres. […] La description des arts, & le détail de leurs procédés & de leurs résultats, occupé dans ces derniers tems l’Académie des sciences.

2877. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur » pp. 26-33

Ces tours de l’art ont été fréquents dans tous les temps et chez tous les peuples. […] Heureux le temps où ils seront populaires !

2878. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

Transportez-vous dans la Grece au temps où une énorme poutre de bois soutenue sur deux troncs d’arbres équarris formait la magnifique et superbe entrée de la tente d’Agamemnon ; ou, sans remonter si loin dans les âges, établissez-vous entre les sept collines, lorsqu’elles n’étaient couvertes que de chaumières et ces chaumières habitées par les brigands aïeux des fastueux maîtres du monde. […] De tout temps les souverains ont été les émules des dieux.

2879. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 40, si le pouvoir de la peinture sur les hommes est plus grand que le pouvoir de la poësie » pp. 393-405

Du temps des romains, ceux qui avoient fait naufrage portoient en demandant l’aumône un tableau, dans lequel leur infortune étoit représentée, comme un objet plus capable d’émouvoir la compassion et d’exciter à la charité, que les rélations qu’ils pouvoient faire de leurs malheurs. […] Ce poëte nous fait passer par differens dégrez d’émotion, et pour nous rendre plus sensibles au malheur de la victime, il nous laisse imaginer durant un temps qu’elle soit échappée au coûteau du sacrificateur.

2880. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

Je crois bien que son livre pourra très vivement intéresser dans un siècle ou deux les Mérimées de l’avenir, les archéologues et les antiquaires de l’histoire (qui demanderaient qu’on leur servît tout chaud un Tallemant des Réaux du temps de Périclès, afin de faire un feuilleton piquant de ses commérages de mœurs mortes et de singularités sociales oubliées), mais pour nous, qui sommes encore de ce siècle, et qui n’avons que trop frotté nos coudes au coude percé de ces fainéants de l’orgueil et de la jactance, lesquels disent à la société, dure parfois, je le sais ! […] Quand le grand Callot, qui, lui aussi, peignait des réfractaires, nous donnait ses fameux pauvres et ses bandits, c’était toute la société délabrée de son temps qu’il étreignait et qu’il maîtrisait sous son observation puissante, c’étaient toutes les misères lamentables ou grotesques, abjectes ou terribles, que l’épouvantable guerre de Trente Ans et les vices de cent avaient faites !

2881. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

Topffer est un de ces écrivains qui doivent être populaires en très peu de temps. […] Ils remplissent le temps qui s’est écoulé entre 1844, où M. 

2882. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Proudhon et Couture1 Chez le peuple qui se pique d’être le plus spirituel et le plus lettré de l’Europe, le mouvement de l’esprit est depuis quelque temps peu de chose. […] Dans un temps donné, il sera peut-être, à sa manière, un chef d’école, quelque chose comme le Royer-Collard du bonapartisme.

2883. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

En vain, comme Desportes en son temps, Gramont, en plein xixe  siècle, publie-t-il un volume de quatre cents sonnets. […] en y laissant des portions de nous-mêmes qui sont plus que la vie, et qui ne reviendront pas plus qu’elle… Eh bien, c’est le mal de ce temps, au fond de son âme, à lui, qu’on retrouve dans le livre de Gramont !

2884. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Charles Monselet »

Obligé au labeur de chaque jour, puisqu’il était journaliste, — un de ces Engoulevents de journalistes qui trouvent que le vent n’est pas un souper suffisant si l’on n’y ajoute quelque chose, — il fut l’esclave et la victime de cette publicité qui dévore le temps et ne permet pas de l’employer comme nous le voudrions, dans nos rêves et nos caprices ! Bénédictin du Journalisme, — car le Journalisme a ses bénédictins, qui font des in-folios dont le public ne se doute pas, et qui ont sur les in-folios la supériorité de ne se trouver jamais dans aucune bibliothèque, emportés qu’ils sont par la circonstance et bientôt oubliés comme elle, — ce Bénédictin trompeur, à airs de chanoine, n’a pas eu toujours le temps d’être poète largement, longuement, à pleine coupe, à bouche que veux-tu.

2885. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — II »

Dans ce temps-là, j’écrivais : « La religion et la philosophie sont produites par des facultés qui s’excluent réciproquement, se déclarent impuissantes… Le système qui essayerait de les réconcilier et de les confondre ne sera jamais qu’un roman. » J’allais même plus loin, et je disais : « Affirmer qu’une doctrine est vraie parce qu’elle est utile ou belle, c’est la ranger parmi les machines du gouvernement, ou parmi les inventions de la poésie3‌. » Eh bien ! […] Mon esprit, nourri hors des temps et des milieux, demeurera, dans mes livres, tout au service de l’humanité non conditionnée ; mon corps, au service du pays et de l’époque auxquels j’ai dû les bonheurs de l’amitié et la sécurité du travail.‌

2886. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre premier. De la louange et de l’amour de la gloire. »

Nous échappons à l’ennui et à nous-mêmes ; nous volons au-devant du temps ; nous vivons où nous ne sommes pas. […] Souvent nous jugerons, d’après l’histoire, les hommes qui ont été loués, afin de mieux connaître l’esprit des panégyristes et l’esprit du temps.

2887. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

Dans ces premiers temps où l’esprit humain n’avait point tiré de l’art d’écrire, de celui de raisonner et de compter, la subtilité qu’il a aujourd’hui, où la multitude de mots abstraits que nous voyons dans les langues modernes, ne lui avait pas encore donné ses habitudes d’abstraction continuelle, il occupait toutes ses forces dans l’exercice de ces trois belles facultés qu’il doit à son union avec le corps, et qui toutes trois sont relatives à la première opération de l’esprit, l’invention ; il fallait trouver avant de juger, la topique devait précéder la critique, ainsi que nous l’avons dit page 163. […] L’héroïsme galant des modernes a été imaginé par les poètes qui vinrent bien longtemps après Homère, soit que l’invention des fables nouvelles leur appartienne, soit que les mœurs devenant efféminées avec le temps, ils aient altéré, et enfin corrompu entièrement les premières fables graves et sévères, comme il convenait aux fondateurs des sociétés.

2888. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

Un autre poëte lyrique, d’un nom plus grave, tromperait moins notre espérance, si le temps nous avait laissé de son heureux génie quelques parcelles de plus. […] Cette épitaphe de vaillants hommes, ni la rouille ni le temps destructeur n’en éteindra l’éclat : cette tombe a réuni la renommée des enfants de la Grèce ; Léonidas l’atteste, le roi de Sparte, qui a transmis au monde un grand exemple de vertu, une gloire impérissable. » Ailleurs, sur ce même sujet, et faisant parler les Spartiates eux-mêmes, il disait100 : « Nous, les trois cents, pour Sparte, notre patrie, engagés contre les nombreux enfants d’Inachus, à l’entrée de la Grèce, sans tourner la tête, là où nous avions une fois empreint la trace de nos pas, nous avons laissé notre vie.

2889. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Quelques documents inédits sur André Chénier49 Voilà tout à l’heure vingt ans que la première édition d’André Chénier a paru ; depuis ce temps, il semble que tout a été dit sur lui ; sa réputation est faite ; ses œuvres, lues et relues, n’ont pas seulement charmé, elles ont servi de base à des théories plus ou moins ingénieuses ou subtiles, qui elles-mêmes ont déjà subi leur épreuve, qui ont triomphé par un côté vrai et ont été rabattues aux endroits contestables. […] Il semblerait qu’avant ce moment d’explosion publique et de danger où il se jeta si généreusement à la lutte, il vécût un peu en dehors des idées, des prédications favorites de son temps, et que, tout en les partageant peut-être pour les résultats et les habitudes, il ne s’en occupât point avec ardeur et préméditation. […] « Que de générations, l’une sur l’autre entassées, dont l’amas Sur les temps écoulés invisible et flottant A tracé dans celle onde un sillon d’un instant !  […] Mais la vérité seule est une, est éternelle ; Le mensonge varie, et l’homme trop fidèle Change avec lui : pour lui les humains sont constants, Et roulent de mensonge en mensonge flottants… Ici, il y a lacune ; le canevas en prose y supplée : « Mais quand le temps aura précipité dans l’abîme ce qui est aujourd’hui sur le faîte, et que plusieurs siècles se seront écoulés l’un sur l’autre dans l’oubli, avec tout l’attirail des préjugés qui appartiennent à chacun d’eux, pour faire place à des siècles nouveaux et à des erreurs nouvelles… Le français ne sera dans ce monde nouveau Qu’une écriture antique et non plus un langage ; Oh ! […] Mais voici quelques projets plus esquissés sur lesquels nous l’entendrons lui-même : « Il ne sera pas impossible de parler quelque part de ces mendiants charlatans qui demandaient pour la Mère des Dieux, et aussi de ceux qui, à Rhodes, mendiaient pour la corneille et pour l’hirondelle ; et traduire les deux jolies chansons qu’ils disaient en demandant cette aumône et qu’Athénée a conservées. » Il était si en quête de ces gracieuses chansons, de ces noëls de l’antiquité, qu’il en allait chercher d’analogues jusque dans la poésie chinoise, à peine connue de son temps ; il regrette qu’un missionnaire habile n’ait pas traduit en entier le Chi-King, le livre des vers, ou du moins ce qui en reste.

2890. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (3e partie) » pp. 365-427

Il leur était permis de l’observer plus à l’aise et plus fréquemment que cela n’était possible au temps d’Hiram ou des Ptolémées, sous la domination romaine et sous celle des Arabes, quand on était borné à la mer Rouge ou à l’océan Indien, c’est-à-dire à l’espace compris entre le détroit de Bab-el-Mandeb et la presqu’île occidentale de l’Inde. […] Les Grecs et les Romains ont parcouru la même route sous les Lagides et plus tard ; ils n’ont rien remarqué, ou du moins il n’est resté dans les ouvrages conservés jusqu’à nous aucune trace de ce nuage lumineux qui pourtant, placé entre le 11e et le 12e degré de latitude nord, s’élevait, au temps de Ptolémée, à 3 degrés, et en l’an 1000, du temps d’Abdourrahman, à plus de 4 degrés au-dessus de l’horizon. […] Aristote en savait autant au temps d’Alexandre. […] XIV Mais la chimie céleste, dites-vous, depuis quelque temps parvient par analogie, par conjecture et même par expérience (en admettant que les pierres tombantes, les étoiles filantes décomposées par vos creusets soient des échantillons du ciel, des composés ignés, des planètes ambiantes tombées dans notre atmosphère), à analyser les huit ou dix métaux enflammés qu’elles contiennent, à constater que leurs matériaux sont les mêmes que ceux de nos volcans, et que les soleils eux-mêmes brûlent des mêmes éléments que les entrailles de notre terre ! […] Pour être nombreux à certains endroits, il s’en faut bien qu’ils soient nombreux partout, et encore appartiennent-ils la plupart du temps à des espèces sans venin.

2891. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

S’il parle le jargon humanitaire de son temps, c’est sans y croire. […] Son Napoléon est comme une statue de bronze jaillie d’une matrice inconnue, un bloc impénétrable, inaltérable, tel au commencement qu’il sera à la fin, et à qui le temps ni les événements ne pourront faire aucune retouche. […] Puis, malgré tout, l’empereur était un peu de son temps. […] Il ne fait pas évoluer son modèle dans l’espace et dans le temps, et il ne tient pas compte de ce qu’il peut avoir de commun avec les autres hommes. […] Sully-Prudhomme accorde la science parfaite à Faustus, et, dans le même temps, il lui interdit (forcément) la seule notion qui constituerait la science parfaite.

2892. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

A l’art furent donnés quelques maîtres admirables, qui créèrent sagement, par les procédés spéciaux de leurs temps et de leurs arts, une réelle vie bienheureuse : Platon, et le Vinci, et Rubens, et Bach, et Racine, et Stendhal, et Franz Hals qui sut comprendre le secret de la sensation. […] Les jeunes wagnéristes seuls lui reprochent un usage immodéré de la grosse basse ; avouant d’ailleurs qu’il était, pour son temps, un maître vraiment fort, et, même pour le nôtre, un précurseur. […] VI Pendant que la musique instrumentale moderne, créée par Johannes Bach, à jamais était légitimée par le maître Beethoven, une autre forme musicale, l’opéra, né presque vers le même temps, occupait maints artistes mémorables. […] Le temps des naïves afféteries est enfui ; les âmes s’aggravent, à mesure que le siècle va. […] Dans le même temps les émotions acquirent une intensité plus vive ; mais elles perdirent leurs nuances intimes.

2893. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Ainsi l’on nous habitua à considérer comme les chefs-d’œuvre de la littérature latine des œuvres retouchées et qui doivent leur forme pure et agréable à la collaboration commerciale des libraires du temps de saint Jérôme . […] Rien ne peut mieux réussir à en préserver le Public, que quelque Ouvrage qui en fasse sentir le ridicule : et pour cela il n’y a autre chose à faire que de lui présenter, dans un Extrait fidèle, toutes ces phrases vuides et alambiquées, dont les nouveaux Scudéris de notre temps ont farci leurs ouvrages, même les plus sérieux. » On n’est pas très surpris en lisant ce dictionnaire d’y trouver voués à la réprobation des honnêtes gens des mots tels que : Agreste, amplitude, arbitraire, assouplir, avenant ; « aviser, pour dire découvrir de loin, est un mot bas et de la lie du peuple » ; broderie, coûteux, coutumier, découdre défricher, sont tenus pour des termes incompatibles avec la littérature, et on rejette encore : détresse, émaillé, enhardir, équipée, germe, geste, etc. […] Nodier, plein de grec, affirme que déraison est un barbarisme ; les grammairiens de son temps écartent comme incongrus aventureux, valeureux, vaillance. […] Déjà, aux temps mérovingiens, on écrivait ecclisia, mercidem, possedire, permanire ; au passage du latin en français, ce fait se retrouve constamment : cire (cera), fleurir (florere), raisin (racemus). […] Du temps de Vaugelas, on disait à la cour preigne et viegne pour prenne et vienne .

2894. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

VIII « Cosette s’habilla bien vite, se peigna, se coiffa, ce qui était fort simple en ce temps-là, où les femmes n’enflaient pas leurs boucles et leurs bandeaux avec des coussinets et des tonnelets, et ne mettaient point de crinolines dans leurs cheveux. […] « Leurs vêtements, propres du temps de la Magnon et qui lui servaient de prospectus vis-à-vis de M.  […] C’est l’ensemble, c’est le composé de toutes les lois absolues dont le Créateur de ce pauvre embryon de Dieu, nommé l’homme, a formé sa courte et imparfaite créature, en le jetant, on ne sait pour quelle fin (châtiment, expiation, germination, mais, en tout cas, misère), sur ce petit globe misérable lui-même, composé d’un éclair de temps, d’un atome d’espace, d’un nombre infinitésimal de jours, d’un éclair de vie et d’une nuit de mort ! […] Quelle justice du Créateur ou de la nature pour les générations, plus nombreuses que le sable de la mer, qui sont nées, qui ont brouté, qui sont mortes entre soixante-dix et quatre-vingts ans, temps légal accordé aux hommes favorisés du temps, comme dit Job, qui s’y connaissait déjà : « L’homme vit peu, et sa vie est remplie de beaucoup de misères !  […] — Cela finira, répondis-je à mes interlocuteurs alarmés, par quatre lois que le temps comporte et que la raison publique avoue : Une loi qui donne son droit politique à chacune des classes sociales par une part proportionnelle au suffrage ; Une loi qui assure, non le droit au travail, mais le droit de vivre à tout homme que le ciel envoie sur la terre pour y vivre.

2895. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Par là il s’achemina vers la poésie philosophique ; il y fut poussé par une influence générale qui porta tous les nobles esprits de ce temps à souffrir, à espérer, à vivre enfin pour l’humanité tout entière : un large courant d’amour social se répandit après 1830 dans la littérature. […] Le principe de son inspiration, c’est l’horreur de la banalité, qui le mène à toutes les excentricités : ses idées seront le contrepied des idées communes de son temps. […] Au temps où le romantisme était légitimiste et chrétien, Béranger était libéral ; il avait souffert destitution, prison, amende : mais, avec cela, il était classique : il satisfaisait pleinement les esprits que l’art romantique effarouchait. […] Il exprimait de son mieux les idées du bourgeois de son temps : de là son succès. […] En 1848, il fut quelque temps chef du gouvernement provisoire.

2896. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Mersenne écrivait à Descartes, le 12 novembre 1639, il est question d’un jeune homme de seize ans qui venait de composer un traité des Coniques, et qui promettait d’effacer tous les mathématiciens du temps. […] Il en donnait les premières marques vers le temps où Descartes, dans son Discours de la méthode, faisait voir les plus beaux fruits du sien. […] Pascal en avait reçu des impressions si fortes, que, même dans le temps qu’il se livrait au monde, ajournant, par une sorte de résistance de la nature, l’heure de la foi qui devait être pour lui l’heure du martyre, la morale chrétienne lui donnait déjà des scrupules là où le dogme ne lui en avait pas encore donné. […] Mais ce que l’imagination du poète pouvait concevoir de plus grand, Pascal seul l’a surpassé par cette lutte sublime de la nature immatérielle qui, dans le temps de son union intime avec le corps, veut néanmoins s’en tenir séparée, et, dans la cohabitation même, se défend du contact. […] Il était allé à Port-Royal des Champs, pour y passer quelque temps.

2897. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Il existe un ensemble de croyances et d’opinions toutes faites sur la vie collective, qui varie nécessairement avec les temps et les lieux, mais dont le but est toujours le même et qu’il est convenu de professer ou de paraître accepter. […] Car pourquoi et comment n’aurais-je en rien les préjugés de mon temps ? […] Mais si, plus tard, quelque propos lui rappelle la méprise dont il fut l’objet, il en manifeste un ressentiment que le temps n’a guère affaibli. […] La plupart du temps, ils sont gênés et choqués si on leur fait remarquer les contradictions de leurs opinions et de leurs attitudes. […] Celui qui prend l’autorité, c’est souvent celui qui a été influencé par l’esprit de son temps.

2898. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Le grand public français, qui, depuis long temps, admire l’œuvre du Maître, est, enfin, parvenu à la comprendre. […] Béni soit l’amour qui, de tout temps, fit des miracles ! […] Ils se cachent sous les branches et, d’honneur, il n’était que temps. […] Tout d’abord Wagenseil cite douze vieux maîtres Nuremburgeois, encore en réputation de son temps « die annoch im Beruff sind. » Ce sont : 1° Veit Pogner, 2° Kunz Vogelgesang, 3° Hermann Ortel, 4° Conrad Nachtigal, 5° Fritz Kothner, 8° Niklaus Vogel, 9° Augustin Moser, 10° Hans Schwartz, 11° Ulrich Eislinger, 12° Hans Foltz. […] » Nous ne sommes plus au temps des artistes qui le sont quelquefois, lorsque la fantaisie leur en prend ou que l’inspiration les y contraint.

2899. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Dans les années où l’abbé Bossuet, lié avec les prêtres de la mission, avec saint Vincent de Paul et avec son successeur, faisait à Saint-Lazare les entretiens ou conférences pour l’ordination des jeunes prêtres, soit à Pâques, soit à la Pentecôte, les ordinands choisissaient de préférence le temps où il devait faire ces instructions pour se préparer aux ordres, et Fleury fut de ce nombre ; lorsqu’il quitta la profession d’avocat pour embrasser la prêtrise, il voulut être un des fruits de cette excellente parole de Bossuet. […] Cette espèce de prévention de Bossuet, peu favorable à Massillon, dura encore quelque temps. […] Bossuet, durant toute sa vie, avait lu et aimé les psaumes ; mais ce premier temps où, chanoine, âgé de treize ans à peine, il les chantait de sa voix pure et peut-être avec larmes aux offices du chœur à Metz, lui revenait plus tendrement dans ses derniers jours.

2900. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) «  Œuvres et correspondance inédites de M. de Tocqueville — II » pp. 107-121

Eugène Stoffels, en leur indiquant le double effet qu’il avait la prétention de produire sur les hommes de son temps : diminuer l’ardeur de ceux qui se figuraient la démocratie brillante et facile ; diminuer la terreur de ceux qui la voyaient menaçante et impraticable ; les concilier, les régler, les guider s’il était possible, leur montrer les périls et en même temps que les conditions essentiellesg ; les voies et moyens. […] Ainsi encore ce passage d’une lettre à M. de Corcelles (4 août 1855) : En revoyant mes paperasses, j’ai songé au temps passé. […] Dans cette matière si éloignée des habitudes de son esprit, Bourdaloue emploie avec une exactitude si rigoureuse, quoique non affectée, les termes justes, et ils s’appliquent si bien à ce qu’il veut dire, qu’il n’y a pas un des hommes de son temps auquel il ne rendît sensible sa pensée… L’adresse avec laquelle il varie les formes du langage pour soutenir et reposer l’attention de l’auditeur est véritablement merveilleuse.

2901. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Il est loin le temps où, la critique française commençant à peine, l’abbé de Saint-Réal déclarait qu’on ne devait critiquer par écrit que les morts, et qu’il fallaitse borner à juger en conversation les vivants. […] Noblesse et sagesse ont été de tout temps au nombre des qualités académiques les plus prisées. […] Dans une édition de ses Poèmes évangéliques, publiée l’année dernière, il a ajouté une préface qui se termine par une conclusion très-peu évangélique, où, à propos du matérialisme croissant et de l’abaissement des intelligences (ne serait-il pas temps de trouver un autre refrain ?)

2902. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

Bignon eût prodigieusement déplu à Mme de Senfft : une galanterie publique, une liaison avec divorce qu’il affichait avec éclat dans ce temps même et à laquelle il vient d’être fait allusion, n’y nuisit pas. […] I. le prince Napoléon, et reposant tout entiers sur les pièces d’État et de famille les plus authentiques, dont on produit les plus importantes à l’appui du récit, à la suite de chaque livre, deviennent une des sources nouvelles et essentielles de l’histoire de ce temps. […] Gley, principal au collège d’Alençon, avec des notes relatives à l’ambassade de M. de Pradt à Varsovie (un vol. in-8°, 1816). — Trop empreint d’ailleurs du langage et des passions du temps, ce volume renferme quelques bons traits qui ne sont que là et qui portent leur cachet d’authenticité.

2903. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires du comte Beugnot »

Beugnot tenait fort à ces arbres, qu’il avait plantés en des temps plus heureux et qui faisaient la joie des habitants : il réussit à les sauver moyennant distribution de bois qu’il fit faire aux troupes, au double de ce qui était nécessaire, et il nous raconte comme il suit son succès : « Tel est, nous dit-il, l’excès de notre prévention pour ce qui est notre ouvrage, que j’étais dans le ravissement pour avoir préservé un jardin que, deux jours après, je devais quitter, peut-être pour ne jamais le revoir, mais à coup sûr pour ne plus le posséder. […] La scène de Gand, où l’avantageux maréchal fait étalage de stratégie à l’usage des gens de cour, où il s’applique surtout à démontrer au grand aumônier, le cardinal de Périgord, qui l’écoute révérencieusement en ayant l’air de mordre la corne de son chapeau, les divers plans de campagne possibles et comme quoi, dans toutes les combinaisons, Napoléon ne peut être que battu, — cette petite scène à trois personnages, le suffisant, le crédule, et le sceptique qui se rit de tous deux, — est une délicieuse comédie de cabinet qui vaut tout ce que les anciens Mémoires du bon temps nous ont laissé de plus exquis en ce genre. […] Beugnot passa donc presque tout le temps de la seconde Restauration, et en dépit des services qu’il avait rendus dans les premiers jours, à l’état d’homme mis de côté et de demi-mécontent ; quand il se lassa d’être député, il eut à attendre pendant des années son siège à la Chambre des pairs.

2904. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

La première partie de cette campagne de 1747 se passa à prendre les places et forts de la Flandre hollandaise, et, pour ainsi dire, à déblayer le terrain, avant que le maréchal mandât au roi qu’il était temps de venir. […] Il s’y serait replongé un peu plus tôt, un peu plus tard ; car, après Berg-op-Zoom, il ne se fit plus rien de remarquable, et la paix coupa court pour un temps au métier des armes. […] Laujon, dans cette carrière facile, — pas si facile qu’il semblerait, — se proposait pour maître et pour modèle, il le reconnaît, l’ingénieux Benserade, ce véritable inventeur des ballets modernes et qui, à toutes les critiques dont il se voyait l’objet en son temps de la part du rigide Despréaux, avait pour réponse : « J’ai du moins imaginé un plaisir. » Collé, d’une humeur moins douce que Laujon, et qui sur la fin n’avait de gaieté que dans ses œuvres, fut aussi appelé à Berny.

2905. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Sur la reprise de Bérénice au Théâtre-Français »

Il est bon que la conscience intérieure que chaque talent porte naturellement en soi prenne ainsi forme au dehors et se représente à temps dans la personne d’un ami, d’un juge assidu qu’on respecte ; il n’y a plus moyen de l’oublier ni de l’éluder. […] Avec tous les dons qu’elle a reçus, si sur quelque point il pouvait y avoir défaut, l’intelligence supérieure intervient à temps et achève. […] Nous en demandons bien pardon aux voltairiens de ce temps-là.

2906. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Il était naturel que la femme, à qui, surtout en ce temps-là, l’action était interdite, vécût un peu plus de rêves et d’émotions et les épanchât en poésie. A la femme en effet se rapportent les origines de notre littérature lyrique : pour elle, et peut-être par elle, aux temps de la création vraiment spontanée et populaire, furent composées les chansons à danser et les chansons de toile 66. […] Dans les dernières années du xiie siècle, et le commencement du xiiie , l’imitation des Provençaux fleurit : c’est le temps de Conon de Béthune, de Blondel de Nesles, de Gace Brûlé, du Châtelain de Coucy, de Thibaut de Navarre71.

2907. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXIV. Arrestation et procès de Jésus. »

Judas, selon l’unanime tradition des premiers temps, accompagnait lui-même l’escouade 1095, et même, selon quelques-uns 1096, il aurait poussé l’odieux jusqu’à prendre pour signe de sa trahison un baiser. […] Dans les premiers temps de l’exercice de sa charge, il avait eu avec ses administrés des difficultés qu’il avait tranchées d’une manière très brutale, mais où il semble que, pour le fond des choses, il avait raison. […] Il essaya cependant encore de gagner du temps.

2908. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Baudelaire, en composant ses Fleurs du mal, a rempli son livre de parfums étranges, artificiels, raffinés, capiteux ; et les réalistes de tous les temps, attirés vers ce qu’il y a de plus grossier et de plus animal dans l’homme, par conséquent vers les sensations réputées les moins nobles, parce qu’elles intéressent moins l’intelligence, ont été particulièrement préoccupés des saveurs et des odeurs. […] La Fontaine trahit une certaine antipathie pour l’enfance, « cet âge sans pitié », en même temps qu’une sympathie profonde et fort rare de son temps pour les bêtes. […] La plupart du temps, on peut déterminer sans grande peine si une œuvre est d’esprit pessimiste ou optimiste, si elle présente le monde de façon qu’on l’aime et l’approuve tel qu’il existe, ou tout au moins qu’on le croie susceptible d’être amendé, ou bien si elle s’obstine à le montrer incurablement mauvais de façon à tuer l’espérance du mieux.

2909. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

A ne considérer qu’un individu, l’obligation ou il est de changer avec le temps n’est pas moins évidente. […] Cela provoque du même coup le désir, la tentation de mettre en œuvre les autres centres nerveux restés inertes pendant ce temps-là, et c’est ainsi que nous appelons de tous nos vœux avec une énergie croissante la variété salutaire, seule capable de nous délasser et de satisfaire notre sensibilité en la stimulant sur des points où elle est fraîche et reposée. […] Si un genre d’esprit a dominé d’une façon exclusive durant trente ou trente-cinq ans, la conception du beau qui l’a détrôné et combattu a chance d’être en vogue pendant le même laps de temps.

2910. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Vulpian, en France, en Allemagne, avant eux, Herbart et Müller168, ramener tous nos actes psychologiques à des modes divers d’association entre nos idées, sentiments, sensations, désirs, on ne peut s’empêcher de croire que cette loi d’association est destinée à devenir prépondérante dans la psychologie expérimentale, à rester, pour quelque temps au moins, le dernier mode d’explication des phénomènes psychiques, elle jouerait ainsi, dans le monde des idées, un rôle analogue à celui de l’attraction dans le monde de la matière. […] La perception d’un objet extérieur est fondée sur des associations par contiguïté dans le temps, l’espace. […] C’est dans les hémisphères cérébraux que la cohésion des actes associés se produit : deux courants de force nerveuse font jouer deux muscles l’un après l’autre ; ces courants, affluant ensemble au cerveau, forment une fusion partielle, qui, avec le temps, devient une fusion totale : — Ce qui est encore plus curieux que cette fusion des mouvements réels, c’est la fusion des simples idées de mouvements.

2911. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Havet, sur un seul point, et montrer comment, malgré tous les changements survenus dans le monde et dans les idées, malgré la répugnance que causent de plus en plus certaines vues particulières à l’auteur des Pensées, nous sommes aujourd’hui dans une meilleure position pour sympathiser avec Pascal qu’on ne l’était du temps de Voltaire ; comment ce qui scandalisait Voltaire dans Pascal nous scandalise moins que les belles et cordiales parties, qui sont tout à côté, ne nous touchent et ne nous ravissent. […] Il y avait des incrédules du temps de Pascal ; le xvie  siècle en avait engendré un assez grand nombre, surtout parmi les classes lettrées ; c’étaient des païens, plus ou moins sceptiques, dont Montaigne est pour nous le type le plus gracieux, et dont nous voyons se continuer la race dans Charron, La Mothe Le Vayer, Gabriel Naudé. […] C’est par de telles pages, brûlantes, passionnées, et où respire dans l’amour divin la charité humaine, que Pascal a prise sur nous aujourd’hui plus qu’aucun apologiste de son temps.

2912. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 13, qu’il est des sujets propres specialement pour la poësie, et d’autres specialement propres pour la peinture. Moïens de les reconnoître » pp. 81-107

Un peintre peut bien faire voir qu’un homme est ému d’une certaine passion, quand même il ne le dépeint pas dans l’action, parce qu’il n’est pas de passion de l’ame qui ne soit en même tems une passion du corps. […] Je n’ai point prêté d’esprit à Raphaël, et je doute même qu’il soit possible de pousser l’invention poëtique plus loin que ce grand peintre l’a fait dans les tableaux de son bon tems. […] Ils ont une idée de l’air du visage et des habillemens de ceux qui ont fait la plus grande figure dans ces tems-là.

2913. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Aux premiers temps de sa jeunesse. […] Sterne l’avait médité longtemps, entre les livres excentriques dont il se nourrissait comme nous avons vu de notre temps Edgar Poe se nourrir de ces sortes d’ouvrages. […] s’il fut jamais un homme, au contraire, qui s’éloignât par tous ses instincts révoltés de la philosophie du xviiie  siècle, ce fut Sterne, cet esprit tout âme, qui n’eut peut-être de génie qu’à force d’avoir de cette âme qu’on niait si fort dans son temps ; ce fut cette délicate sensitive humaine, dont la racine trempait dans cette idée de Dieu qui fait pousser leurs plus belles fleurs aux plus beaux génies !

2914. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Quant aux variations sur les thèmes, ce sont les mythes et même les conceptions théoriques qui se diversifient à l’infini selon les temps et les lieux. […] Le premier remonte à des temps très anciens, puisque j’étais tout jeune et que je pratiquais les sports, en particulier l’équitation. […] En temps de sécheresse on demande au magicien d’obtenir la pluie. […] Il a sans doute fallu bien du temps, chez les Grecs, pour que l’esprit de la source devînt une nymphe gracieuse et celui du bois une Hamadryade. […] Dès les temps les plus anciens ils s’intitulaient « fils de Râ ».

2915. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Ces fêtes de l’intelligence sont assez mal organisées, et par un froid très vif, on fait queue, un long temps, entre des sergents de ville maussades, et des troubades étonnés de la bousculade entre les belles dames à équipages et des messieurs à rosettes d’officiers. […] Un quelconque. — Vallon, ce Vallon, passé grand homme, et Buffet devenu populaire, c’est vraiment trop fort, et l’ironie de ce temps est excessive. […] Le Morny qu’il a eu la bonne fortune de connaître, de jauger, doit être à mon sens l’objet d’une étude spéciale, étude où il pourra mettre en scène une des figures qui représentent le mieux le temps. […] Une figure presque historique de ce temps, car ce magasin a été l’endroit, l’école, pour ainsi dire, où s’est élaboré ce grand mouvement japonais, qui s’étend aujourd’hui de la peinture à la mode. […] Dans la galerie, machinée pour faire disparaître l’Empereur par une trappe, dans le temps où une autre était la propriétaire de l’hôtel, on a pris le café, tout le monde, couché sur un divan de la largeur et de la grandeur de quatre ou cinq lits.

2916. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Homme excellent, qui a beaucoup aimé, beaucoup souffert, qui a de tout temps servi ses semblables jusqu’à en vouloir mourir, le repos enfin lui est venu. […] Telle, dans le temps, elle a paru aux nombreux amis du bon docteur.

2917. (1874) Premiers lundis. Tome II « Doctrine de Saint-Simon »

A celui qui ajournait la religion, l’auteur de ces lettres avait à faire sentir et à démontrer que la science est sans vie, l’industrie sans réhabilitation, les beaux-arts sans rôle social, si un lien sacré d’amour ne les enserre pour les féconder ; il avait à révéler l’influence puissante, bien qu’incomplète, du dogme chrétien et de la théologie sur la politique d’alors et sur les progrès de la société ; il avait à prouver qu’aujourd’hui que cette théologie est reconnue arriérée, s’abstenir d’y substituer celle qui seule comprend l’humanité, la nature et Dieu ; rejeter ce travail glorieux et saint à un temps plus ou moins éloigné sous prétexte que le siècle n’est pas mûr ; s’obstiner à demeurer philosophe, quand l’ère religieuse est déjà pressentie, se rapetisser orgueilleusement dans le rôle de disciples d’un Socrate nouveau, quand la mission d’apôtres devrait soulever déjà tous nos désirs ; — que faire ainsi, c’était se barrer du premier pas la carrière, se poser une borne au seuil de l’avenir, s’ôter toute vaste chance de progrès et être véritablement impie. […] Il y aurait eu moyen avec peu d’effort d’amasser quelque gloire, et pour quelque temps, sur cette tombe prématurée.

2918. (1890) L’avenir de la science « XI »

Mais lors même que les temps modernes trouveraient une poésie et une philosophie qui les représentent avec autant de vérité qu’Homère et Platon représentaient la Grèce de leur temps, alors encore l’étude de l’antiquité aurait sa valeur au point de vue de la science.

2919. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

D’abord, elle est certainement du temps où les enfants et la gouvernante habitaient la maison isolée de la rue de Vaugirard, dans laquelle personne n’entrait que M. de Louvois, ou du moins n’entrait habituellement. […] Viendra un temps où vous préférerez le ciel à la terre ; vous êtes fait pour Dieu.

2920. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Les écrits du temps la représentent belle et spirituelle. […] Consentons à passer sur l’année 1678 comme sur un temps vide d’événements remarquables.

2921. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre quatrième. L’aperception et son influence sur la liaison des idées »

« Je suppose, dit-il, le tic-tac d’un métronome se produisant à intervalles réguliers et avec une intensité toujours égale ; en ce cas, tout le monde sait que nous pouvons grouper deux par deux, trois par trois, quatre par quatre, les sensations successives : ce groupement volontaire est dû à l’aperception. » — Selon nous, ce groupement ne diffère pas des effets habituels et nécessaires de l’association : nous associons un souvenir de rythme, avec temps forts et temps faibles, aux battements indifférents du métronome, d’autant plus que tous nos mouvements et toutes nos réactions cérébrales tendent, en vertu même de la constitution des organes, à prendre une forme rythmée comme le balancement de notre jambe.

2922. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

C’étoit le coriphée des auteurs de son temps. […] Le titre étoit, Conformité de l’éloquence de M. de Balzac avec celle des plus grands personnages du temps passé & du présent.

2923. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

A son entrée dans le monde, il fut accueilli par le cardinal d’Auvergne, qui protégeoit les gens de lettres & qui le garda même quelque temps chez lui. […] Il dressa promptement une attestation de vie & de mœurs depuis le temps qu’ils avoient eu quelque relation ensemble, & donna l’écrit à M. d’Argenson qui, déjà prévenu par M. de Voltaire, fit valoir l’attestation.

2924. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre III. Paradis perdu. »

Cet art de s’emparer des beautés d’un autre temps pour les accommoder aux mœurs du siècle où l’on vit, a surtout été connu du poète de Mantoue. […] Cela prouve qu’une grande différence existait déjà entre les temps de Virgile et ceux d’Homère, et qu’au siècle du premier, tous les arts, même celui d’aimer, avaient acquis plus de perfection.

2925. (1865) Du sentiment de l’admiration

Nous sommes loin de l’âge fertile qui fut si justement appelé Renaissance, loin du temps où les Racine, les La fontaine, les Boileau devaient une partie de leur grandeur à leur admirable modestie, à leur volontaire abaissement devant les anciens qu’ils ont égalés. […] Comme le disait notre Lafontaine, le bon fut de tout temps camarade du beau.

2926. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Le professeur d’anatomie démontrera pendant toute la saison de l’hiver (et il en aura bien le temps), les différentes branches de cette science sur le cadavre. […] Si le physique, dont l’effet ne cesse jamais, doit, avec le temps, donner aune contrée la supériorité sur une autre, j’oserais prédire qu’un jour viendra où la Russie fournira les autres contrées de l’Europe de grands anatomistes, de célèbres chirurgiens et peut-être même de profonds chimistes.

2927. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

J’avois un grand front, des yeux très-vifs, d’assez grands traits, la tête tout à fait du caractère d’un ancien orateur, une bonne-hommie qui touchait de bien près à la bêtise, à la rusticité des anciens tems. […] D’où vient cette inégalité qui dans un intervalle de temps assez court touche les deux extrêmes du bon et du mauvais ?

2928. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « J.-K. Huysmans »

mais pourtant je crois qu’il s’en doute… en écrivant l’autobiographie de son héros, il ne fait pas que la confession particulière d’une personnalité dépravée et solitaire, mais, du même coup, il nous écrit la nosographie d’une société putréfiée de matérialisme, et cela uniquement donne à son livre une importance que n’ont pas les autres romans physiologiques de ce temps. […] Eh bien, exceptez du roman deux ou trois places où Des Esseintes se contente d’être tout à fait abominable, — par exemple quand il paye trois mois de lupanar à un tout jeune homme pour se donner plus tard le divertissement d’en faire un assassin, — le reste du temps, les moyens qu’il emploie pour échapper aux vulgarités de la vie font pitié.

2929. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Ne serait-il pas temps de se garder un peu de cette rage d’humanité maladroite, qui nous fait tous les jours, pauvres aussi que nous sommes, les victimes des pauvres ? […] Nous avons entendu maintes fois de jeunes artistes se plaindre du bourgeois, et le représenter comme l’ennemi de toute chose grande et belle. — Il y a là une idée fausse qu’il est temps de relever.

2930. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Dans ces temps de crise, où les gouvernements changent, et où les peuples agités passent de la liberté républicaine à une autre constitution, l’homme d’état a besoin de l’homme d’esprit ; Horace, par le genre du sien, était un instrument utile à Octave ; ses chansons voluptueuses adoucissaient des esprits rendus féroces par les guerres de liberté ; ses satires détournaient sur les ridicules, des regards qui auparavant se portaient sur le gouvernement et sur l’État ; sa philosophie, tenant à un esprit moins ardent que sage, prenant le milieu de tout, évitant l’excès de tout, calmait l’impétuosité des caractères et plaçait la sagesse à côté du repos ; enfin ses éloges éternels d’Octave accoutumaient au respect et faisaient illusion sur les crimes ; la génération, qui ne les avait pas vus, était trompée ; celle qui s’en souvenait, doutait presque si elle les avait vus. […] On y apprend qu’il n’y eut jamais dans Rome, ni de temps si heureux, ni de succès si brillants, ni tant de liberté accordée par le prince aux citoyens, ni tant d’amour des citoyens pour le prince, que sous Domitien.

2931. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

— Alors, c’est dans ce temps-là que vous m’auriez eu ? […] Il faut du temps pour renouveler une forme d’art, et il y a des périodes où ça ne va pas. […] Toutefois, je remarque que ces héros sont tout le temps quatre contre un. […] Et c’est pourquoi, avec le temps, M.  […] Si le temps était à l’orage ?

2932. (1897) Aspects pp. -215

Louis Lumet : Contre ce temps (i vol.  […] Maeterlincki, un des meilleurs poètes de ce temps : M.  […] Et c’est chez nous, dans nos revues que les hommes futures rechercheront,, trouveront les bons poètes de notre temps. […] Il croit trouver l’indice de cette évolution dans l’emploi du vers libre par les bons poètes de ce temps. […] Je passerai mon temps à mettre des grains de sel sur la queue des sphynx qui hanteront mon royaume d’Utopie.

2933. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

. — Nous étendons par analogie cette loi à tous les points de l’espace et à tous les moments du temps. […] Ainsi, quand un corps se refroidit, le rapport entre les variations élémentaires de la chaleur et du temps est la vraie raison du rapport qui s’établit entre les variations de ces mêmes grandeurs quand elles ont acquis des valeurs finies. […] Par l’influence combinée de l’état antérieur et des aptitudes et facultés héréditaires, il explique son état social, intellectuel et moral au moment donné ; par l’influence combinée de cet état nouveau et des mêmes aptitudes et tendances héréditaires, il explique son état social, intellectuel et moral au moment postérieur, et ainsi de suite, soit en remontant le cours des temps depuis l’époque contemporaine jusqu’aux plus anciennes origines historiques, soit en descendant le cours des temps depuis les plus anciennes origines historiques jusqu’à l’époque contemporaine. — On conçoit que dans cette prodigieuse évolution, qui s’étend depuis la formation du système solaire jusqu’à celle de l’homme moderne, les lacunes soient grandes et nombreuses ; elles le sont en effet, et souvent nous n’avons pour les combler que des conjectures. […] Plus notre expérience étendue recule notre horizon dans le temps et dans l’espace, plus nous ajoutons à notre trésor de raisons explicatives. […] Il se peut qu’elle appartienne, non au groupe total, mais à quelques-uns ou même à un seul de ses fragments, auquel cas les autres, quels qu’ils soient, précédents ou accompagnements, n’auront aucune efficacité à l’endroit du caractère et, par rapport à lui, seront aussi nuls que les différences de temps et de lieu.

2934. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

J’ai évité de le répandre sous cette forme, me défiant d’une traduction incomplète et imparfaite, et craignant de demander aux personnes qui veulent bien s’occuper de mes écrits un jugement prématurée Mais, peu de temps après, j’ai lu cet essai, sous sa première forme, à l’Académie des sciences morales et politiques ; il, y fut écouté avec une attention bienveillante qui m’encourage et dont je m’honore. […] Mais au temps même où elle fut le plus aimée, Stella n’occupait dans l’âme de Swift que la seconde place ; l’ambition était sa passion dominante, elle fut la plus durable et décida de sa destinée. […] Mais la nation qui maintenait l’équilibre entre les deux partis, et qui leur prêtait tour à tour sa force, ne voulait ni de l’un ni de l’autre excès, et renversait à temps ceux qui prétendaient l’y conduire. […] Swift alla errer deux mois dans le sud de l’Irlande, laissant ses amis dans l’inquiétude, et revint à Dublin, où de nouvelles luttes politiques et des efforts suprêmes d’ambition devaient effacer pour un temps de son esprit l’image vengeresse de Vanessa. […] Peut-être que, pendant tout ce temps, je vous parle d’un livre que vous n’avez jamais vu, et qui n’a pas encore touché l’Irlande.

2935. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Les Immortels l’ont, par deux fois, lancé dans l’abîme, du haut de l’Olympe ; il ne boite pas seulement, il rampe un peu depuis ce temps-là. — Sans doute, Zeus est impitoyable, mais Prométhée n’est pas sans reproche. […] Il avait eu son temps de suprématie et de gloire, dont on retrouve encore la mention lointaine dans l’Iliade. […] La Francesca du Dante, cette autre damnée de l’amour, emportée elle aussi par une rafale éternelle, n’est pas plus mélodieusement plaintive, lorsqu’elle raconte « à quels signes, aux temps des doux soupirs, Amour lui permit de connaître ses désirs incertains. […] » — Mais Prométhée lui répond gravement : — « Le Temps qui va toujours aura raison de toute chose. » — « Il ne t’a pas appris à être sage », reprend l’insulteur. […] Le temps, en détruisant le Prométhée Délivré, a révoqué sa grâce souscrite par Eschyle.

2936. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Voyant son canton stérile et ses colons paresseux, il les enrégimente, hommes, femmes, enfants, et, par les plus mauvais temps, lui-même à leur tête, avec ses vingt-sept blessures, le col soutenu par une pièce d’argent, il les fait travailler en les payant, défricher des terres qu’il leur donne à bail pour cent ans, enclore d’énormes murs et planter d’oliviers une montagne de roches. « Nul n’eût pu, sous aucun prétexte, se dispenser de travailler qu’il ne fût malade, et en ce cas secouru, ou occupé à travailler sur son propre bien, article sur lequel mon père ne se laissait pas tromper, et nul ne l’eût osé. » Ce sont là les derniers troncs de la vieille souche, noueux, sauvages, mais capables de fournir des abris. […] J’ai vu de mon temps cette habitude cesser partout et à bon droit… Les seigneurs ne leur sont plus bons à rien ; il est tout simple qu’ils en soient oubliés comme ils les oublient… Personne ne connaissant plus le seigneur dans ses terres, tout le monde le pille, et c’est bien fait52. » Partout, sauf en des coins écartés, l’affection, l’union des deux classes a disparu ; le berger s’est séparé du troupeau, et les pasteurs du peuple ont fini par être considérés comme ses parasites. […] Figurez-vous une petite ville de province, qui souvent n’est pas même une mince sous-préfecture de notre temps, Couserans, Mirepoix, Lavaur, Rieux, Lombez, Saint-Papoul, Comminges, Luçon, Sarlat, Mende, Fréjus, Lescar, Belley, Saint-Malo, Tréguier, Embrun, Saint-Claude, alentour moins de deux cents, moins de cent, parfois moins de cinquante paroisses, et, pour exercer cette petite surveillance ecclésiastique, un prélat qui touche de 25 000 à 70 000 livres en chiffres officiels, de 37 000 à 105 000 livres en chiffres réels, de 74 000 à 210 000 livres en argent d’aujourd’hui. […] » Les gardes de la forêt de Gouffern en Normandie « sont si terribles, qu’ils maltraitent, insultent et tuent les hommes… Je connais des fermiers qui, ayant plaidé contre la dame pour se faire indemniser de la perte de leurs blés, ont perdu leur temps, leur moisson, et les frais du procès… On voit des cerfs et des biches errer auprès de nos maisons en plein jour ». […] CXXXII, 896 et 901  Hippeau, le Gouvernement de Normandie, VII, 61, 74  Paris, la Jeunesse de Robespierre, 314 à 324  Essai sur les capitaineries royales et autres (1789), passim  L. de Loménie, Beaumarchais et son rend="internet_link"temps.

2937. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Et l’on y voudra jouer aussi, Tristan et Isolde, la Walkure, le Crépuscule des Dieux ; avant peu de temps, la représentation de Tristan à l’Opéra-Comique sera discutée, comme, aujourd’hui, celle de Lohengrin ; mais elle ne sera pas faite. […] À propos de Sigurdbm Depuis quelque temps, le courant de l’opinion, dans le monde musical, change et se transforme sensiblement. […] J’insiste sur ce fait : ne peut-on distinguer déjà le travail de transformation qui, avec l’aide du temps, ce justicier par excellence, s’opère chez les esprits les plus rebelles ? […] Nous pouvons donc dire — et ne point craindre une erreur, — que la musique exprime, avant toute chose, une tendance à priori de l’homme à créer le Drame, de même que nous construisons le Monde de l’Apparence en appliquant aux phénomènes les lois à priori de l’Espace et du Temps, dont nous avons, en notre cerveau, le germe inné. […] Emerich Kastner en a publié la bibliographie ; comme la plupart d’entre elles ont été imprimées en des journaux ou en des revues, il est facile, maintenant, avec l’aide de cette bibliographie, de les retrouver : c’était, d’ailleurs, un indispensable travail qu’il ne fallait point reculer, sous peine de perdre avec le temps quelques-uns des renseignements que nous avons encore aujourd’hui.

2938. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Dans les manières de la sentir, et surtout d’oser la rendre depuis le xvie  siècle en France, on compterait différents temps et comme divers degrés d’initiation avant d’arriver à son expression toute nue et toute simple, à laquelle on n’est pas encore venu. Racine, certes, la sentait tout entière, mais il ne la rendait pas également, et il l’accommodait plus ou moins à l’usage de son temps, selon ce qu’on en pouvait porter autour de lui. […] Il est arrivé ainsi, au grand regret et déplaisir déjà de Fénelon en son temps, que la langue française poétique s’est vue graduellement appauvrir, dessécher et gêner à l’excès, qu’elle n’a jamais osé procéder que suivant la méthode la plus scrupuleuse et la plus uniforme de la grammaire 118, que tout ce qui est droit, licence et gaieté concédée aux autres poésies, a été interdit à la nôtre, et qu’on n’a fait presque nul usage, en cette voie, des conformités naturelles premières qu’on se trouvait avoir par un singulier bonheur avec la plus belle et la plus riche des langues, conformités que, deux siècles et demi après Henri Estienne, Joseph de Maistre retrouvait, proclamait hautement à son tour119, et qui tiennent en bien des points à la conformité même du caractère et du génie social des deux nations. […] Bon nombre de ses épigrammes sont destinées à célébrer ses amours à Tyr, amours bien asiatiques la plupart, de ceux qu’on rougit seulement de nommer, qu’étalait si à nu la muse antique, pour lesquels Horace et Virgile lui-même ont trouvé des accents et Cicéron des madrigaux125, dont la poésie homérique était restée parfaitement exempte et pure, mais dont l’invasion dans la poésie grecque lyrique remonte jusqu’au temps d’Ibycus et de Stésichore. […] La petite Timo dura peu de temps, à ce qu’il semble, et ne lui tint guère au cœur ; elle vieillit vite, et il se vengea ou de ses rigueurs, ou plutôt de ses infidélités avec le beau Diodore, par une manière d’épode sanglante, digne d’Archiloque ou d’Horace à Canidie : il la compare pièce pour pièce à un vaisseau qui ne peut plus soutenir la mer.

2939. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

La nature des temps où nous avons vécu proteste contre la forme traditionnelle du pouvoir. […] Cette pénurie de soldats de l’armée laissa trop de terrain et trop de temps à la sédition. […] Le peuple s’aigrit, les provinces s’alarmèrent, les partisans des dynasties en expectative se groupèrent contre la république, l’ennemi commun ; la république s’exagéra sur sa montagne comme sur un mont Aventin, menaçant le civisme au lieu de le rassurer ; les élections furent extrêmes comme les partis ; la France oublia la liberté superflue des temps calmes pour ne penser qu’à son salut qu’elle crut compromis. […] Sa providence était le temps ; né pour disparaître dans les grandes convulsions de son pays, pour survivre aux crises, pour déjouer les partis déjà fatigués, pour satisfaire et pour amortir les révolutions. […] Il y eut du sang de Louis XVI dans tous les traités que les puissances de l’Europe passèrent entre elles pour incriminer et étouffer la république ; il y eut du sang de Louis XVI dans l’huile qui sacra Napoléon si peu de temps après les serments à la liberté ; il y eut du sang de Louis XVI dans l’enthousiasme monarchique qui raviva en France le retour des Bourbons à la restauration ; il y en eut même en 1830 dans la répulsion au nom de la république, qui jeta la nation indécise entre les bras d’une autre dynastie.

2940. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

LXVIII On pouvait encore mener doucement sa pauvre vie et bénir Dieu et la Madone dans cette condition ; je devenais vieille, Antonio était infirme, mais patient ; le temps coulait, comme l’eau de la source, entraînant sans bruit les feuilles mortes comme les années comptées dans sa course ; les enfants s’aimaient, ils étaient gais ; un frère quêteur du couvent de San Stefano leur avait appris, en passant, leur religion ; ils étaient aussi obéissants à moi qu’au vieil Antonio, et nous confondaient tellement dans leur tendresse, que la fille ne savait pas si elle était ma fille ou celle d’Antonio, et que le garçon ne savait pas dire s’il était mon fils ou celui du vieillard. […] Il semblait qu’une joie sortait du ciel, de l’eau, de l’arbre, de la terre, avec les rayons, et disait, dans le cœur, aux oiseaux, aux animaux, aux jeunes gens et aux jeunes filles : « Enivrez-vous, voilà la coupe de la vie toute pleine. » Dans ces moments-là, monsieur, on se sentait, de mon temps, soulevé pour ainsi dire de terre, comme par un ressort élastique sous les pieds. […] Si vous en voulez savoir plus long, il faut que l’aveugle vous le raconte à son tour, ou bien Fior d’Aliza elle-même, car, pour ce qui concerne la justice qui vint se mêler de nos affaires et nous ruiner, Antonio comprend cela mieux que moi ; et, pour ce qui concerne l’amour avec son cousin Hyeronimo, rapportez-vous-en à la jeune sposa ; c’est son affaire à elle, et je ne crois pas que, de notre temps, on s’aimât comme ils se sont aimés… — Et comme ils s’aiment, dit, en reprenant sa belle-sœur, l’aveugle… — Et comme ils s’aimeront, murmura tout bas entre ses dents la fiancée. […] Quand il vit cela, il cessa, un certain temps, de rôder dans la montagne ; mais un jour que ma sœur était seule à la maison, parce que j’avais suivi Hyeronimo et Fior d’Aliza au ruisseau pour tondre les brebis et pour laver avec eux les toisons, un petit monsieur sec, mince et noir comme un homme de loi ou comme un huissier, entra dans la cabane en saluant bien bas et en présentant un papier à ma belle-sœur. […] Nous eûmes bien de la peine à nous y faire les premiers temps, et nos pauvres bêtes bien plus encore ; elles s’échappaient bien souvent de l’étable, de la cour, de la corde, des mains même de Fior d’Aliza pour courir dans le ravin, dans les mûriers, même dans la vigne.

2941. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Cela s’évanouit promptement dans une extrême quiétude, puis dans un plaisir purement sensuel… Une année s’écoula… Le sentiment de l’être avait à la longue entièrement disparu, et à sa place, à la place de toutes choses, régnaient, suprêmes et éternels autocrates, le Lieu et le Temps. […] Ayant perdu dans son enfance une femme qui lui témoignait quelque affection, il passa de longues nuits couché sur cette tombe, et eut le temps, pendant ces lamentables veilles, de méditer les hideurs de la putréfaction, et de concevoir l’idée, fréquente dans ses contes, de la persistance du sentiment après la mort. […] Car dans le panthéisme original de Poe, Dieu, suivant un rythme grandiose, tantôt se dissocie et s’immerge dans l’univers, cessant d’exister par cette incarnation dilatée, tantôt se concentre et se récupère en une unité mystique : Il fut une époque dans la nuit du temps, où existait un être éternel, — composé d’un nombre absolument infini d’êtres semblables qui peuplaient l’infini domaine de l’espace infini… De même qu’il est en ta puissance d’étendre ou de concentrer tes plaisirs (la somme absolue de bonheur restant toujours la même), ainsi une faculté analogue a appartenu et appartient à cet être divin, qui ainsi passe son éternité dans une perpétuelle alternation du Moi concentré, à une diffusion presque infinie de Soi-Même. […] Comme le brick continuait à tourner, comme pour nous voir de plus près, l’oiseau retira péniblement du trou sa tète sanglante, et, après nous avoir considérés un moment stupéfié, se détacha paresseusement du corps sur lequel il se régalait, puis il prit droit son vol au-dessus de notre pont et plana quelque temps dans l’air avec un morceau de la substance coagulée et quasi-vivante dans son bec. […] Nous entrons dans l’éther astral où s’échangent les douces paroles de Monos et d’Una, d’Oinos et d’Agathos, d’où descendent le démon de Silence, la fée de l’Ile, d’où vint le fantôme informe et indéfini qui, par un temps de pestilence, contrista les sept buveurs de Ptolémaïs.

2942. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Composé de théorèmes prouvés, le contrat social a l’autorité de la géométrie ; c’est pourquoi il vaut comme elle en tous temps, en tous lieux pour tout peuple ; son établissement est de droit. […] En effet, on le croyait raisonnable et même bon par essence  Raisonnable, c’est-à-dire capable de donner son assentiment à un principe clair, de suivre la filière des raisonnements ultérieurs, d’entendre et d’accepter la conclusion finale, pour en tirer soi-même à l’occasion les conséquences variées qu’elle renferme : tel est l’homme ordinaire aux yeux des écrivains du temps : c’est qu’ils le jugent d’après eux-mêmes. […] Au plus fort de la Jacquerie, les sages du temps supposeront toujours qu’ils vivent en pleine églogue, et qu’avec un air de flûte ils vont ramener dans la bergerie la meute hurlante des colères bestiales et des appétits déchaînés. […] En temps ordinaire, nous ne les remarquons pas ; comme elles sont contenues, elles ne sous semblent plus redoutables.

2943. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Aussi bien, en ce temps-là, toute calamité pèse sur l’avenir autant que sur le présent ; pendant deux ans, en 1784 et 1785, dans le Toulousain, la sécheresse ayant fait périr les animaux de trait, nombre de cultivateurs sont obligés de laisser leurs champs en friche. — En second lieu, quand on cultive, c’est à la façon du moyen âge. […] Arthur Young calcule que, de son temps, l’acre anglaise produit vingt-huit boisseaux de grain, l’acre française dix-huit, que le produit total de la même terre pendant le même laps de temps est de trente-six livres sterling en Angleterre, et seulement de vingt-cinq en France. — Comme les chemins vicinaux sont affreux et que les transports sont souvent impraticables, il est clair que, dans les cantons écartés, dans les mauvais sols qui rendent à peine trois fois la semence, il n’y a pas toujours de quoi manger. […] On l’assujettit s’il est bon et facile ; on l’aigrit et l’on l’irrite s’il est méchant… Il est tenu dans la misère, dans l’abjection, par des hommes qui ne sont rien moins qu’inhumains, mais dont le préjugé, surtout dans la noblesse, est qu’il n’est pas de même espèce que nous… Le propriétaire tire tout ce qu’il peut et, dans tous les cas, le regardant lui et ses bœufs comme bêtes domestiques, il les charge de voitures et s’en sert dans tous les temps pour tous voyages, charrois, transports.

2944. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

D’ailleurs, je vous l’ai dit, mon ami, telle est ma position intellectuelle, que je puis paraître telle chose à celui-ci, telle chose à celui-là, sans rien feindre, sans que l’un ni l’autre se trompe, grâce au joug de la contradiction dont je me suis débarrassé pour un temps. […] … J’ai été tellement effrayé de cette perspective, que je fus quelque temps décidé à m’agréger à la classe des sciences ; mais ce serait alors plus que jamais qu’il faudrait me spécialiser ; car enfin, dans leur littérature, ils admettent bien encore une sorte d’universalité. […] Je regrette de n’avoir pas le temps d’achever et de mettre en ordre cette classification. […] Il est temps qu’un autre ordre commence.

2945. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Elle voit bien, avec inquiétude, depuis quelque temps, un vague ennui obscurcir le front du jeune homme. […] Il s’y montre pourtant beaucoup plus assidu depuis quelque temps. […] Marie Letellier est une jeune fille élevée à l’américaine, pure et fière, sous des allures hardies et rieuses ; le coeur d’une vierge et l’air d’une princesse errante, habituée aux libertés de la flirtation, et sûre de retirer à temps sa vertu du jeu. […] Pour le coup, l’armateur se redresse : prêter de l’argent, passe encore ; mais donner son temps à un étranger, compromettre peut-être sa situation pour relever celle d’un homme qui est à peine son ami, l’exigence est vraiment trop forte, la sollicitude trop étrange.

2946. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

La prospérité actuelle n’est garantie que pour un temps, hélas ! […] Je n’ai ni le temps, ni la science suffisante peut-être, pour rechercher quelles sont les lois qui déplacent la vitalité artistique, et pourquoi Dieu dépouille les nations quelquefois pour un temps, quelquefois pour toujours ; je me contente de constater un fait très-fréquent dans l’histoire. […] Il déplorait, — c’était dans les beaux temps du Romantisme, — que celui à qui l’opinion publique faisait une gloire parallèle à la sienne commît de si monstrueuses erreurs à l’endroit de la beauté.

2947. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

C’est pour s’être mêlé à la vie tout entière, la plus humble, la plus diverse, pour l’avoir comme imprégnée d’une saveur nouvelle, tout en poursuivant, par-delà les formes actuelles, le désir le plus forcené d’une plus riche réalité de nous-mêmes, que cet Anglais, honni et méconnu de son temps, doit être considéré comme l’un des rénovateurs les plus puissants du sens de la vie. […] Et voici maintenant le texte d’Emerson auquel ces vers me reportent naturellement : « La littérature du pauvre, les sensations de l’enfant, la philosophie de la rue, la signification de la vie journalière sont les sujets de ce temps. […] Cette conception ruinée par la conception toute moderne de l’évolution des choses, des hommes et des mondes associés sous l’empire intérieur d’un principe commun de vie, est en complète et radicale décrépitude, après avoir engendré une montagne d’erreurs qui s’affaisse peu à peu sous l’effort du temps. […] Si l’autorité s’écarte de cette fonction elle se ruine par cela même, elle se condamne à disparaître dans un temps plus ou moins proche.

2948. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

En d’autres termes, nous avons d’abord, pour la commodité de l’étude, traité le corps vivant comme un point mathématique dans l’espace et la perception consciente comme un instant mathématique dans le temps. […] Toutefois, lorsqu’il s’agit des corps environnants, ils sont, par hypothèse, séparés du nôtre par un espace plus ou moins considérable, qui mesure l’éloignement de leurs promesses ou de leurs menaces dans le temps : c’est pourquoi notre perception de ces corps ne dessine que des actions possibles. […] Ce qu’on ne voit pas, c’est la tension croissante et concomitante de la conscience dans le temps. […] Ainsi, qu’on l’envisage dans le temps ou dans l’espace, la liberté paraît toujours pousser dans la nécessité des racines profondes et s’organiser intimement avec elle.

2949. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Comme le sujet resta longtemps en circulation, il est évident que les esprits satiriques du temps y virent un cadre commode au dénigrement, et qu’ils y embarquèrent petit à petit toutes sortes d’audaces. […] Les ordres religieux du temps, les Jacobins et les Franciscains, viennent à l’envi lui demander d’être des leurs et de se mettre à leur tête. […] Pour donner à La Fontaine son vrai rang, il ne faudrait plus aujourd’hui le louer comme du temps de Chamfort, mais il convient de l’apprécier en se souvenant du Moyen Âge qu’il n’a connu d’ailleurs que par ses derniers héritiers et qu’il n’a fait, sans s’en douter, qu’égaler à sa manière.

2950. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet »

Tout cela était aiguisé par une vivacité de corps et d’esprit qui allait à l’impétuosité, et qui ne lui permit jamais dans ces premiers temps d’apprendre rien qu’en faisant deux choses à la fois. […] Le prodige est qu’en très peu de temps la dévotion et la grâce en firent un autre homme, et changèrent tant et de si redoutables défauts en vertus parfaitement contraires… » Saint-Simon, en d’autres endroits, ajoute des détails encore plus significatifs sur les fougues et les passions du jeune prince, ses instincts précoces de libertinage, ses penchants effrénés pour toute espèce de volupté, son goût même pour le vin, son infatuation de lui-même et de ce qu’il était né, et son parfait mépris de tout ce qui l’entourait : — tout cet abîme enfin, d’où il sortit après des années un autre homme au moral, méconnaissable en bien et régénéré. […] Et une autre fois, pendant une bonne veine, lorsque le duc de Bourgogne gagnait depuis quelque temps, d’une manière sensible, en douceur, en amour des lettres, en humanité, Fénelon écrivait sa fable enchanteresse : Le Rossignol et la Fauvette, la plus exquise de ses Fables, comme le dialogue d’Horace et de Virgile est le plus parfait de ses Dialogues.

2951. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Il recommençait sa vie : il se revoyait à Brienne, à Toulon, au fort de l’Éguillette, sa première victoire ; puis, après une disgrâce passagère qui faillit faire de lui le plus bizarre en apparence et le plus homme à projets d’entre les officiers généraux non employés, et certainement le plus incommode des mécontents, il se montrait reprenant bientôt le vent de la fortune, consulté, mis à sa place et à même enfin de se produire tout entier, gravissant à vingt-sept ans comme général en chef ces rampes escarpées d’où l’on découvre tout d’un coup l’Italie, cette Italie de tout temps l’objet de ses méditations, Italiam ! […] Napoléon avait achevé, ou à peu près, de dicter à bâtons rompus ce qui concernait son histoire, celle de ses campagnes, lorsqu’en 1819, des livres qui traitaient des grands capitaines de tous les temps tombèrent sous sa main, et il s’en saisit avec avidité ; il eut, à l’instant, l’idée de devenir historien et critique des autres. […] Or, je défie de répandre une telle couleur sur des tableaux de notre temps, quelque tragiques que soient les époques que nous reproduisons. » C’est là un post-scriptum à joindre désormais à la célèbre préface du XIIe volume, c’est un dernier éclaircissement que je suis fier d’avoir provoqué et heureux de produire.

2952. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

En acquérant les talents qui conviennent aux temps de calme, ils ont perdu ceux qui conviennent aux temps de trouble, et ils atteignent l’extrême faiblesse en même temps que l’extrême urbanité. […] Numéro d’août 1792 : « les Rivaux d’eux-mêmes »  Autres pièces insérées vers le même temps dans le Mercure : « Pacte fédératif entre l’hymen et l’amour, le Jaloux, Romance pastorale, Ode anacréontique à Mlle S.

2953. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

On remarquera que les êtres varient selon les temps et les lieux, et que, pour être vrai, il faut, avec les caractères, représenter les moeurs. […] Nul caractère ne s’y montre en même temps tout entier : le temps en éparpille les parties, et ne dévoile jamais à la fois qu’un seul coin du tableau ; aujourd’hui un sentiment, demain, un autre. […] Encore cet être successif est-il la plupart du temps languissant et inachevé.

2954. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Peu de temps après son arrivée dans le château, la jeune femme avait appris que son mari n’avait désiré en elle qu’une concubine de plus, et que sa couche légitime devait être partagée par une femme étrangère, maîtresse absolue du château. […] Devenu veuf peu de temps après, je contribuai beaucoup à lui faire épouser la beauté et la bonté le plus accomplies du royaume de Naples, la fille de M.  […] Quelque temps après, Charles X nomma M. de Montmorency gouverneur du duc de Bordeaux, emploi qui lui convenait parfaitement, qui honorait son royalisme et qui unissait dans sa personne la fidélité aux Bourbons et la haute intelligence de la Charte.

2955. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Considérée dans son ensemble, elle représente aujourd’hui, comme autrefois, la moyenne de l’esprit et de la culture en France ; et son prestige — il faut bien l’avouer — n’a jamais été si grand dans l’Europe entière, comme en notre temps. […] Eugène Montfort Depuis que l’objet de cette enquête est connu, j’ai rencontré plus d’un lettré disant : « Mais certainement, à présent, l’Académie s’ouvrirait devant Flaubert et devant Baudelaire… » Le lettré poursuivait : « Peut-être pas, d’ailleurs, devant des auteurs représentant aujourd’hui ce que Flaubert et Baudelaire représentaient de leur temps… » Opinion, à mon avis, mal fondée. […] De tout temps elle posséda des écrivains véritables, un plus grand nombre de vagues prosateurs et poètes assaisonnés de puissances éphémères : hommes de Cour autrefois, hommes politiques depuis 1830.

2956. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

Ceux qui ont tâté de ce métier (et je suis de ceux-là depuis quelque temps), et qui savent quel effort périodique il exige, apprécieront le degré de facilité et de verve, la force de tempérament (c’est le mot) qu’il a fallu à M.  […] Entre tous ces feuilletons qu’il écrit depuis tant d’années et qui lui assurent une physionomie originale dans l’histoire des journaux de ce temps-ci, on ferait un choix très agréable, très intéressant à relire et à consulter. […] Il fallut donc du temps et de l’artifice pour s’informer avant de frapper.

2957. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

Dans les premiers temps de ce séjour à Cirey, il écrivait à d’Argental, en revenant de faire un voyage de Hollande, et en nous découvrant toute sa pensée, ses affections, les parties les plus sérieuses de son âme : Je vous avoue que si l’amitié, plus forte que tous les autres sentiments, ne m’avait pas rappelé, j’aurais bien volontiers passé le reste de mes jours dans un pays où du moins mes ennemis ne peuvent me nuire, et où le caprice, la superstition et l’autorité d’un ministre ne sont point à craindre. […] Voltaire avait une très grande fortune pour le temps (quelque chose comme 80 000 livres de rentes) ; cette fortune alla en s’accroissant avec les années par la bonne administration du maître, et partout où il passait il faisait couler avec lui une veine d’or, ce qui ne nuit jamais, même à des paradis terrestres. […] Mme de Graffigny nous le montre bien tel en effet, avide de ce qui l’occupe, avare du temps, si acharné à son ouvrage qu’il faut, pour le faire souper, l’arracher à son secrétaire, où il est travaillant encore.

2958. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Il visita l’Écosse dans l’été même de cette année 1759, et il s’y lia avec les hommes de premier mérite dont cette contrée était alors si pourvue, et qui y formaient un groupe intellectuel ayant un caractère particulier, l’historien Robertson, David Hume, Ferguson et plusieurs autres : En somme, je dois dire, écrivait-il en revenant sur ce voyage d’Édimbourg, que ces six semaines que j’y ai passées sont, je le crois, celles du bonheur le mieux rempli et le plus dense que j’aie jamais eu dans aucun temps de ma vie ; et l’agréable et instructive société que j’y ai trouvée en telle abondance a laissé une si douce impression dans ma mémoire, que, si de forts liens ne me tiraient ailleurs, je crois que l’Écosse serait le pays que je choisirais pour y passer le reste de mes jours. […] On nous dit que, du temps de Salomon, l’or et l’argent étaient en si grande abondance qu’ils n’avaient pas plus de valeur dans son pays que les pierres dans la rue. […] Il n’a jamais fait, en aucun temps, la traversée de l’Atlantique sans se livrer à des expériences sur la température de l’eau marine ou sur la vitesse de marche des vaisseaux, expériences qui devaient servir après lui aux futurs navigateurs.

2959. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

D’excellents poètes ont vécu de mon temps, il y en a eu de meilleurs encore avant moi, et il n’en manquera pas de plus grands parmi ceux qui nous succéderont ; mais que, dans la difficile question de la lumière, je sois le seul de mon siècle qui sache la vérité, voilà ce qui cause ma joie et me donne la conscience de ma supériorité sur un grand nombre de mes semblables. » Ce n’est pas à dire pourtant que Gœthe lut sans valeur au point de vue scientifique. […] En même temps l’obscurité du sujet leur permet, durant un temps, de s’en tenir à un enthousiasme qu’aucune critique ne peut atteindre, à des formules d’admiration qui échappent à tout contrôle. […] On ne rappellera ici que certaine manière de donner la main en écartant le coude et relevant l’épaule d’un geste saccadé qui, durant un temps, classa son homme parmi ceux du bon ton et fut un brevet de distinction.

2960. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Ils ont eu tort, et ce n’est plus le temps aujourd’hui de régenter personne ; mais ce n’est pas une raison pour méconnaître ou trop affaiblir la part qu’ils ont pu avoir dans l’avancement des sciences. […] Précisément que toute recherche expérimentale a la plupart du temps pour point de départ une observation fortuite. […] Ce n’est plus une pomme qui tombe, c’est la lune qu’une force attractive de la terre empêche de s’échapper suivant la tangente ; ce n’est plus une lampe qui se joue, c’est le pendule qui décrit des oscillations égales dans des temps égaux.

2961. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

C’est qu’on est mécontent du temps présent, et que ce retour vers les temps antiques ne nous déplaît pas. […] Et pourquoi ne verrais-je pas autour de ce vase une danse d’enfants, les joies du temps de la vendange, une bacchanale ?

2962. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Ils veulent des pièces de résistance, et comme ils ne lisent pas en général pour des raisons très littéraires, mais pour passer le temps, quand ils sont oisifs, et pour se distraire, quand ils sont occupés ; comme ce ne sont pas des questions pour eux dans un livre que la profondeur des caractères ou la beauté du langage, ils se détournent naturellement de ce qui est fin, est susceptible de dégustation, pour se retourner vers ce qui est gros et peut s’avaler comme une pâtée… Alors les nouvelles, qui sont des romans concentrés, doivent être, en raison de leur concentration même, d’un très rare et d’un très difficile succès. […] — cette voyoue de toutes les publications contemporaines ; car, faute d’idées dans ce temps vide, tout le monde éreinte la même à force de grimper dessus ! […] Joli spectacle qu’il nous donne tout le temps de ses Lettres, écrites comme il découpe : au pied levé, à la main, à la plume levée.

2963. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

L’antique législateur ne craignait pas de montrer au noble enfant de Sparte l’Ilote ivre afin de le dégoûter à jamais de l’ivresse ; mais il est des images plus flatteuses et qui peuvent surprendre avant même que le temps de la réflexion et de la leçon soit venu. […] La Commission n’a pas eu à examiner si les auteurs qui ont eu des ouvrages représentés en 1853 sur la scène française ne se sont pas jugés plus sévèrement qu’elle ne l’eût fait elle-même ; mais il nous semble entrevoir, si on osait porter son regard au-delà de 1853 et sans anticiper sur les jugements futurs, que le Théâtre-Français, si riche de tout temps en charmantes et vives productions, ne se dérobera pas toujours si obstinément aux autres conditions indiquées.

2964. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

« Ce 7 décembre 1834. » Les explications données par Béranger réparèrent un peu les effets de la médisance et maintinrent de bons rapports entre nous, comme le prouve la lettre suivante, postérieure de quelques mois ; il y est question de bien des choses qui ne sont pas hors de propos dans ces volumes de contemporains : « Mon cher Béranger, « Une petite circonstance que je vous dirai (à la fin de ma lettre) me fournissant le prétexte de vous écrire, je le saisis avec une sorte d’empressement, bien justifié par le regret de ne vous avoir pas dit adieu et par l’incertitude où je suis du temps où je vous reverrai. […] À propos de l’ode à Chateaubriand, il désirerait avoir la traduction en vers latins qu’en a faite un jeune homme dans le temps, la lettre du père de ce jeune homme à vous, et votre réponse.

2965. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. LOUIS DE CARNÉ. Vues sur l’histoire contemporaine. » pp. 262-272

Cet ordre de considérations générales, sur lequel la critique a peu de prise, parce qu’à cette hauteur, du moment qu’elle n’accepte pas l’élément mystérieux qui dirige, elle n’a plus qu’à tenir terre et à se déclarer incompétente ; cette réduction du problème politique de la société au problème religieux et moral, cet effort et ce retour vers un même but par un côté réputé supérieur, sont devenus assez familiers dans ces derniers temps à beaucoup d’esprits ardents, élevés ; et, pourvu que l’indifférence politique et une sorte de quiétisme transcendant n’en résultent pas dans la pratique et les luttes du citoyen, il n’y a rien à redire à cette manière de coordonner et d’étager les questions. […] M. de Villèle se trouve personnellement traité par l’auteur avec une indulgence qu’expliquent jusqu’à un certain point l’ineptie, les frénésies ou les fourberies de ses successeurs avant et après Juillet ; mais M. de Carné, n’étant pas de ceux qui suppriment la morale et le témoignage de la conscience publique en histoire, n’a pu parler que par une étrange inadvertance de cette page honorable qui serait réservée dans les annales de ce temps au ministre le plus effrontément madré et le plus corrupteur.

2966. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

Il est des organisations délicates et nerveuses qui sentent vingt-quatre heures à l’avance les changements de temps, qui les devinent en quelque sorte. […] Cette vérité est bonne à rappeler dans un temps où les vocations littéraires ont été considérées comme superflues, et où tout le monde au besoin se croit appelé au métier.

2967. (1874) Premiers lundis. Tome II « Quinze ans de haute police sous Napoléon. Témoignages historiques, par M. Desmarest, chef de cette partie pendant tout le Consulat et l’Empire »

Dans un temps où nous sommes affligés de la plaie des Mémoires, où le vrai et le faux, l’authentique et l’apocryphe, se confondent de plus en plus et deviennent presque impossibles à discerner ; quand le moindre contemporain et témoin du drame impérial s’autorise de quelques souvenirs, qui tiendraient en peu de pages, pour recommencer la chronique générale et desserrer volume sur volume ; il est précieux de trouver un homme qui a vu longtemps et de près, qui a manié et surveillé les plus secrets ressorts, et qui raconte avec sobriété les seules portions dont il se juge bien instruit. […] Desmarest, directeur, pendant quinze ans, de cette branche de la police qui concernait la sûreté de l’État, a dû être parfaitement informé des conspirations, tentatives de bouleversement ou d’assassinat sur la personne de l’empereur, qui se sont succédé dans ce laps de temps.

2968. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Heine pousse trop à l’effet de chaque jour ; s’il voit tel petit flot voisin plus gros et plus menaçant qu’il ne l’était en réalité ; si en un mot l’harmonie du temps et de l’histoire n’a point encore passé sur ces impressions successives et parfois discordantes, que de vérités en revanche, que d’observations fines et bien saisies il sème chemin faisant ! […] Il fallait donc un homme qui voulût pendant quelque temps faire le métier de verrou.

2969. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Introduction » pp. 3-17

Sainte-Beuve était tout simplement le premier critique de notre temps. […] Il est temps de faire paraître les acteurs de ma petite comédie.

2970. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Peu de temps après, je priais Eugène Yung de me laisser écrire un article sur les Contes de Maupassant. […] Je ne saurais dire si c’est parce qu’il avait quitté le roman biographique pour le roman-drame que l’auteur de Bel-Ami a, dans ces derniers temps, paru s’attendrir, ou si c’est au contraire parce que l’expérience et les années l’avaient attendri, qu’il s’est intéressé davantage aux drames de la passion et qu’il a jugé qu’une seule crise dans une existence humaine pouvait faire le sujet de tout un livre : mais le fait est que son cœur, on le dirait, s’est amolli et que la source des larmes a commencé d’y jaillir.

2971. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Henri de Régnier Je dirai donc tout uniment qu’Émile Verhaeren est une des plus fortes imaginations de notre temps et un savant et un inventif écrivain. […] Que dire encore, sinon que ce triptyque est l’œuvre la plus véhémente, la plus forte, la plus sincèrement tragique de ce temps.

2972. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

À son sens, si la vie qui nous entoure est d’une flottante veulerie, l’artiste doit prendre le temps et la peine de la condenser et de la présenter correctement : c’est un peu un corsetier. […] Mais que Huysmans se soit seulement assimilé son Durtal le temps d’écrire son livre, ou qu’il l’ait été lui-même, ceci ne regarde que lui et les historiens futurs.

2973. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

Jamais on ne trouve chez lui ce pédantisme fatigant des Juifs de son temps, ces déclamations contre l’idolâtrie, si familières à ses coreligionnaires depuis Alexandre, et qui remplissent par exemple le livre de la « Sagesse 648. » Ce qui le frappe dans les païens, ce n’est pas leur idolâtrie, c’est leur servilité 649. […] Il fonda le culte pur, sans date, sans patrie, celui que pratiqueront toutes les âmes élevées jusqu’à la fin des temps.

2974. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 140-155

Semblable à ces Athletes qui s’exercent long-temps avant de paroître sur l’arene, il a laissé croître les forces de son génie, donné à sa raison le temps de mûrir & de se développer, exercé vraisemblablement sa plume, avant de mettre au grand jour les Ecrits sur lesquels il fondoit sa réputation. […] Est-ce en les voyant se déchirer, se calomnier, se décrier les uns les autres, intriguer dans les Sociétés, pour persécuter leurs rivaux ou prôner leurs admirateurs & leurs disciples ; employer, pour se faire une réputation, un temps & des soins qui seroient plus utilement consacrés à perfectionner leurs Ouvrages ; se révolter contre les Critiques, & négliger des avis utiles ; repaître leur vanité de suffrages mendiés, sans s’occuper à en mériter de plus justes & de plus solides ; substituer à l’élévation des sentimens qui devroient être leur partage, les bassesses de l’artifice & de la flatterie, pour donner des appuis à leur vanité ?

2975. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — L’orthographe, et la prononciation. » pp. 110-124

Le mauvais succès de ces différentes tentatives dégoûta, pendant quelque temps, d’en faire de nouvelles. […] L’abbé Desfontaines, toujours en guerre pour abbatre l’hidre du néologisme, tourna ; pendant quelque temps, sa plume contre le néographisme.

2976. (1767) Salon de 1767 « Les deux académies » pp. 340-345

Tandis qu’on fait un conte, on est gai, on ne songe à rien de fâcheux, le temps se passe, et le conte de la vie s’achève sans qu’on s’en apperçoive. […] Moette, honteux de son élection, a été un mois entier sans entrer à la pension, et il a bien fait de laisser à la haine de ses camarades le temps de tomber.

2977. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

Il épousa la fille de Saint-Amans, un riche financier de ce temps ; mais, à cette date de son histoire, Frédéric Masson, l’amoureux de madame de Sévigné, le railleur qui se moque de ce qu’il adore, et dans les moqueries duquel on voit pourtant encore trembler l’amour, n’est plus le riant, le gai, l’ironique historien des premières pages et des premières années de cet enfant ou de ce jeune homme gâté par sa grand’mère, et on n’a plus affaire — changement soudain ! […] IV Il y a dans cette histoire du marquis de Grignan tout un livre consacré à ce crime de la mésalliance qui fut le crime des plus grandes maisons du temps ; car même ce crime-là ne fut pas personnel plus que tout le reste à cet homme, qui n’est que le Tout le Monde de sa caste et qui n’est personne en son privé nom.

2978. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

C’était un homme probe et cultivé, de naissance médiocre, mais de mœurs élevées, placé par la fortune de son génie en dehors de toutes les prétentions et de toutes les passions de son temps, ayant le pied, — un pied digne du talon rouge, — et l’œil, — un œil capable de tout embrasser, — dans les deux sociétés qu’on nommait alors la cour et la ville, et que sa vocation était d’observer et de reproduire. Si nous consultons les mémoires de son temps, qui n’en parlent pas assez, ce grand Spectateur ne se mêla guères à l’action de son époque, et voilà pourquoi il la vit si bien !

2979. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Sand »

Elle comptait, dans ce temps de scandales, sur des scandales de plus, et sur ceux-là qui avaient des noms illustres pour les faire mieux retentir et pour les porter plus loin… Il ne fallait rien moins que l’espérance de ces ignominies, auxquelles on sacrifie tout, pour leur sacrifier Madame Sand, le plus grand Préjugé contemporain, la plus grande Routine dans l’admiration de ce siècle. […] Elle parle bien, sans peser sur les motifs de son désespoir, à un de ses amis, d’un projet de suicide qui, dans cette âme mobile, se change bientôt en projet d’aller vivre d’une vie cachée, avec sa fille, à la Martinique ou à la Louisiane, mais rien ne reste en peu de temps de ces deux projets.

2980. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

… Quoi de plus fini, de plus débordé, de plus dépassé que toutes ces théories qui, du temps de Lessing, régnaient sur la place ou l’encombraient, quand le Génie voulait passer ? […] Il se dit et il est lui-même aristotélicien : « Je suis capable — dit-il — de prendre Rodogune, par exemple, et en lui appliquant les règles d’Aristote, d’en construire une pièce meilleure que celle de Corneille. » C’est là le dernier trait, mais c’est aussi l’erreur et l’infatuation… C’est l’homme du temps qui parle, ce n’est pas l’homme de l’avenir, qui allonge son regard par-dessus la tête des autres parce qu’il est plus grand qu’eux, — et Lessing l’était !

2981. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

Il y a plus : le point de départ serait complètement faux et même absurde, qu’il faudrait tenir compte du progrès… Romantique de la première heure, ardent, échevelé, révolutionnaire comme on l’était dans le temps où il débuta, M.  […] Parti non le premier, ni même le second des Coureurs Olympiques du temps, il est arrivé aujourd’hui, montrant plus que ce maigre volume de poésies qui a suivi au bout de tant d’années les Contes d’Espagne et d’Italie (cette éblouissante promesse d’une jeunesse, trahie par la virilité), et n’ayant jamais eu dans sa vie de Contemplations !

2982. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

Il paraît que réellement, vers ce temps-là, le geôlier de la prison de Poitiers s’entendait avec une troupe de voleurs qui pillaient la ville toutes les nuits. […] Un prêtre révolutionnaire ne l’est jamais comme un autre homme, témoin ce brelan de prêtres apostats, Sieyès, Fouché, Talleyrand, trois visages qu’on ne peut confondre avec nul autre de leur temps.

2983. (1823) Racine et Shakspeare « Naïveté du Journal des Débats »

… Ô temps heureux où le parterre était composé presque en entier d’une jeunesse passionnée et studieuse, dont la mémoire était ornée d’avance de tous les beaux vers de Racine et de Voltaire ; d’une jeunesse qui ne se rendait au théâtre que pour y compléter le charme de ses lectures !

2984. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 538

Cette espece de travail procureroit aujourd’hui peu de gloire ; mais dans le temps du P.

2985. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 479

PELETIER, [Pierre le] né à Paris, mort en 1680 ; Poëte médiocre, qui faisoit des Sonnets médiocres, à la louange de tous les Ouvrages médiocres de son temps.

2986. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Taconet, Maurice (1853-1923) »

Taconet, Maurice (1853-1923) [Bibliographie] L’Aurore des Temps nouveaux (1897).

2987. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Ce n’étoit pas la peine d’employer tant de temps, pour ne voir subsister de ses travaux que quelques lignes, qui effraient le Lecteur plus qu’elles n’excitent sa curiosité.

2988. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 422

Verdier, [Antoine du] Seigneur de Vauprivat, né à Montbrison en 1544, mort en 1600 ; laborieux Compilateur sans jugement & sans méthode, qui n'a pas laissé de se rendre utile, en son temps, par sa Bibliotheque des Auteurs François, qui n'est aujourd'hui d'aucune utilité ; mais que les Remarques de M.

2989. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Ernest (1875-1911) »

Charles Fuster Parmi les pièces à noter dans ce recueil de début (Andantes), citons surtout ; La Marque, les jolies strophes sur un Rayon de lune, l’Idylle, les Saisons, Matinale, Au temps jadis, Never More !

2990. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Canivet, Charles (1839-1911) »

Auguste Lacaussade Ses vers écrits et composés de temps à autre, entre deux articles de journal, ne sont guère qu’une distraction ou plutôt une récréation littéraire prise et reprise à de rares intervalles.

2991. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — O — Orban, Victor (1868-1946) »

Charles Fuster L’auteur est bien certainement, après Heredia et sur ses traces, un des plus parfaits artistes de ce temps.

2992. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

L’indulgence qu’on doit à son sexe a soutenu quelque temps le succès de ses Ouvrages dramatiques.

2993. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 326

On pourroit se passer aujourd’hui de ces Lettres ; mais, du temps de Bongars, elles étoient utiles & agréables.

2994. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] »

. — Le morceau suivant, sur Werther, a été inséré dans la Revue contemporaine en juin 1865, et les autres l’ont été, vers le même temps, dans L’Athenaeum.

2995. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fouinet, Ernest (1799-1845) »

Charles Asselineau L’auteur de La Strega avait, en vers, la grande manière de son temps.

2996. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Godin, Eugène (1856-1942) »

Alphonse Lemerre Il a donné en 1882, Chants de belluaire, recueil de poésies enflammées, d’où s’exhale éloquemment le cri d’une âme juste, à jamais froissée par la brutalité des temps.

2997. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lorin, Georges (1850-1927) »

Philippe Gille Pierrot voleur, c’est le titre d’une petite comédie en vers, charmante fantaisie qu’Antoine n’eut pas le temps de jouer au Théâtre-Libre, et qui fera certainement son chemin dans les salons avant de revenir au théâtre.

2998. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Nous ne parlons pas de ses qualités épiscopales ; il suffit de dire qu’après s’être engagé dans quelques débats théologiques, il les termina par sa soumission, & finit sa longue carriere avec la réputation d’être un des plus vertueux Préats de son temps.

2999. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Mme Edmond = Gérard, Rosemonde (1866-1954) »

Jules Claretie Rosemonde Gérard, c’est Mme Edmond Rostand, et ses Pipeaux sont un des volumes de vers que je rouvre avec le plus de plaisir quand je veux, par les temps de neige, sentir le parfum des lilas.

3000. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Ses Lettres forment un Recueil qui fut estimé de son temps.

3001. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article »

Ce ne sera pas la lecture de ses Poésies qui donnera une grande idée de ses talens ; elles font seulement juger qu’il étoit fort versé dans la Littérature Grecque & Latine, & c’étoit beaucoup pour un temps où notre Poésie n’étoit pas encore formée par de grands Modeles.

3002. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 99

LAUNOY, [Jean de] Docteur en Théologie, né à Valdesie dans la Basse-Normandie en 1603, mort à Paris en 1678, homme des plus érudits de son temps, comme on peut en juger par dix volumes in-folio qu’on a de lui.

3003. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

De cette manière, le sommeil devient graduellement de plus en plus profond, jusqu’à ce que, après un temps assez court, il ait atteint son maximum. […] James ont établi par l’expérimentation que, durant ce premier stage de l’hypnotisme que les Anglais appellent le stage « alerte », le temps nécessaire au sujet pour réagir à l’égard d’une stimulation extérieure diminue, et l’intensité liminale est plus faible. […] Au bout d’un certain temps Mme B… tombe en somnambulisme, sort brusquement de sa maison et marche à pas précipités ; elle avait les yeux fermés, mais évitait tous les obstacles avec adresse, et arriva sans encombre. […] Delbœuf, en attachant mon esprit sur cette idée que la sécrétion salivaire ne se produirait pas, j’ai pu la suspendre pendant un temps relativement assez long. » Ce fait n’est pas plus surprenant que celui des pleurs à volonté chez certaines femmes. […] Les malades qui aiment à changer de médecin ou de régime se félicitent pendant quelque temps, après chaque changement, du bien-être qu’ils éprouvent.

3004. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bertout, Auguste (1819-1907) »

[Le Temps (1894).]

3005. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « À mon frère, l’abbé Léon Barbey d’Aurevilly »

Tu agis sur les âmes de plus haut que nous, vulgaires écrivains… Voilà pourquoi je te dédie ce livre sur les philosophes et les philosophies de ce temps.

3006. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dauphin, Léopold (1847-1921) »

. — Couleur du temps (1899). — Pipe au bec (1900).

3007. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

En fait d’Ouvrages élémentaires, les premiers sont rarement bons ; le temps seul peut développer les vrais principes, en les soumettant au creuset de l’expérience.

3008. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 529

Avec du talent pour les affaires, le Président Jeannin eut le temps d’observer.

3009. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 253

] Procureur au Parlement de Paris, sa patrie, mort en 1508 ; mauvais Poëte, qui eut beaucoup de réputation de son temps, & qui la méritoit peut-être, par l’esprit, la gaieté, & la naïveté qu’il mettoit, dit-on, dans la plupart de ses Poésies.

3010. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article »

Ainsi se soutiennent, pendant quelque temps, ces réputations factices que la cabale enfante, & qui disparoissent avec la cabale.

3011. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article »

Il faut avouer cependant qu'il ne contribua pas peu à purger la Chaire du phébus & du verbiage qui y régnoient de son temps.

3012. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article »

Ces Ouvrages firent du bruit dans leur temps, par la quantité de mensonges, de traits satiriques, & d'erreurs qu'ils renfermoient.

3013. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « epigraph »

« Mais si, comme on l’a dit et comme de notre temps on ne se lasse pas de le prouver, l’histoire est toujours à faire, cela est vrai surtout de l’histoire des lettres, où les tentatives nouvelles du talent, les disputes des écoles, les prétentions du paradoxe et les démentis de l’expérience font incessamment découvrir des points de vue négligés dans l’art, des enseignements utiles pour le présent, des encouragements à la vraie nouveauté, des préservatifs contre la fausse et stérile hardiesse, et toute une étude d’imagination et le goût à faire pour l’avenir, sur les monuments du passé. » M. 

3014. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Duchange, Jacques »

Francisque Sarcey Je me suis beaucoup moque, quand j’avais votre âge, des fausses élégances de Delille et des emphases d’Écouchard Lebrun ; vous pouvez railler de même mes scrupules, qui sentent leur vieux temps.

3015. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 4

Elle cultiva la Poésie dans un temps où les moindres principes de goût étoient encore inconnus.

3016. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article »

Un pitoyable Ouvrage sur la plus chimérique matiere, la Philosophie occulte, ou Traité de la Baguette divinatoire, lui fit une grande réputation dans son temps.

3017. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

X Je ne demande plus aux hommes qu’une chose : c’est de me laisser beaucoup de temps à moi, beaucoup de solitude, et pourtant de se prêter quelquefois encore à mon observation. […] XXX Si l’on va au-delà des jeux éphémères de la littérature actuelle, qui encombrent le devant de la scène et qui gênent la vue, il y a en ce temps-ci un grand et puissant mouvement dans tous les sens, dans toutes les sciences.

3018. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Ainsi, au premier acte, Cosima, qui n’entend parler depuis quelques jours, et à son oncle le chanoine, et à sa soubrette, que de son honneur à elle qu’Alvise son mari doit défendre, Cosima, ennuyée, excédée de cette surveillance qui la froisse comme femme de bien, et qui la tente comme toute fille d’Ève, s’écrie avec un sentiment douloureux d’oppression et en se dirigeant vers la fenêtre où elle apercevra peut-être l’ombre d’Ordonio ; « L’air qu’on respire ici depuis quelque temps est chargé d’idées blessantes et de paroles odieuses. » Si on murmure à une telle phrase au lieu d’applaudir, il faut renoncer, j’en demande pardon aux puristes du parterre, à faire parler la passion moderne au théâtre et à y traduire la pensée en d’énergiques images. […] On a compris du moins que, devant le masque à demi levé, l’entier respect recommençait, et que ce nom-là, pour tous, en ce temps-ci, c’était une gloire.

3019. (1875) Premiers lundis. Tome III « L’Ouvrier littéraire : Extrait des Papiers et Correspondance de la famille impériale »

On vit dans un temps où les journaux sont tout et où seuls, presque seuls, ils rétribuent convenablement leur homme : on est journaliste ; on l’est, fût-on romancier, car c’est en feuilletons que paraissent vos livres même, et l’on s’en aperçoit ; ils se ressentent à tout moment des coupures, des attentes et des suspensions d’intérêt du feuilleton ; ils en portent la marque et le pli. […] De tout temps, on l’a observé, les gens de lettres n’ont pas été des mieux et n’ont pas fait très-bon ménage avec les hommes politiques, même avec ceux qu’ils ont servis ; on l’a remarqué des plus grands écrivains, gens de fantaisie ou d’humeur, de Chateaubriand, de Swift ; écrivains et gouvernants, ils peuvent s’aimer comme hommes, ils sont antipathiques comme race.

3020. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Conclusion » pp. 355-370

Le philosophe le plus original de notre temps, le moins suspect d’une vénération exagérée pour les principes de la tradition, M.  […] Elle a si peur de n’être pas tout intelligence, de conserver la moindre apparence d’âme, de partialité, d’enthousiasme ; elle s’applique avec un dépouillement si entier, si farouche, à se faire toute à tous, à être anglaise avec les Anglais, allemande avec les Allemands, française avec les Français, qu’elle méconnaît une chose : c’est que les Anglais, les Allemands, les Français sont des hommes, et que dans Molière, dans Shakespeare, dans tous les grands poètes il y a, sous les différences de temps et de lieux, un pathétique capable de faire battre toute poitrine humaine, sans distinction de nationalités.

3021. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1802-1870) »

Il est en droit aussi de déclarer que nul, en son temps, ne posséda aussi complètement et au même degré le don spécial du théâtre, le génie dramatique, qu’il pratiqua « le métier » en ouvrier incomparable, qu’à ce point de vue, Hugo, malgré Hernani et Ruy Blas, Vigny, malgré la Maréchale d’Ancre et Chatterton, lui furent bien inférieurs. [Le Temps (25 septembre 1899).]

3022. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre III. L’analyse externe d’une œuvre littéraire » pp. 48-55

Se plaît-il à rester dans les temps modernes ou à s’enfoncer dans le passé ? […] En d’autres termes, il faut transporter son enquête du temps dans l’espace, déterminer le décor dans lequel évoluent les hommes et les choses.

3023. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVIII » pp. 305-318

De nos jours, des commentateurs ont osé faire ce dont les écrits du temps de Molière se sont abstenus, et ce à quoi la volonté de Molière a été de ne donner ni occasion, ni prétexte ; ils ont pris sur eux d’appliquer des noms propres aux personnages ridicules, même odieux des Femmes savantes. […] Aimé Martin ; le premier, c’est qu’en 1672, le duc de La Rochefoucauld invita madame de Sévigné à venir entendre chez lui une comédie de Molière , comédie qui ne pouvait être autre que Les Femmes savantes, publiée au mois de mai de cette année ; le second, c’est que madame de Sévigné écrit elle-même à sa fille, dans le même temps, qu’elle a ménagé au cardinal de Retz, retenu chez lui par la goutte, la lecture des Femmes savantes, par Molière, et Le Lutrin de Despréaux.

3024. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Qu’on lise les Mémoires de sa vie ; on y applaudira à la générosité de ses bienfaits, répandus sur les Littérateurs qu’il se croyoit obligé d’attaquer dans ses Ecrits ; on y apprendra qu’il a été le bienfaiteur de Liniere, qui ne cessoit de déclamer contre lui ; qu’il donna des secours à Cassandre, dont il estimoit peu les talens ; qu’il se réconcilia avec Perrault, en oubliant ses calomnies ; qu’il rendit justice à Boursault, en reconnoissant son mérite qu’il avoit trop méconnu ; qu’il conserva au célebre Patru sa Bibliotheque, en l’achetant plus cher qu’il ne vouloit la vendre, & en lui en laissant la jouissance ; qu’il osa refuser le paiement de la pension que lui faisoit Louis XIV, en disant à ce Prince, qu’il seroit honteux pour lui de la recevoir, tandis que Corneille, qui venoit de perdre la sienne, par la mort de Colbert, se verroit privé de ses bienfaits : ce qui valut à ce dernier un présent de deux cents louis ; qu’il eut un grand nombre d’amis dans les rangs les plus élevés, comme parmi les plus célebres Littérateurs de son temps, & qu’il les conserva toute sa vie. […] Il avoit composé, peu de temps avant sa mort, une Réfutation de Bayle, que ses héritiers n’ont pas jugé à propos de rendre publique.

3025. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

On fait qu’Empedocle fut généralement estimé dans la Grece, pour avoir mis en Vers les principes de la Physique, & que son Poëme fut appelé Divin ; cependant les esprits qui composoient les différentes classes des Grecs de son temps, n’étoient certainement pas de grands Physiciens. […] Enfin Corneille, Despréaux, Racine, ont fait plus que Tibere * ; non seulement ils ont donné le droit de Bourgeoisie à des expressions ignobles dans leur temps, mais on peut dire encore qu’ils leur ont donné des Lettres de Noblesse.

3026. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence en général. » pp. 177-192

Ils sont d’une grande ressource à la jeunesse, aux femmes, à ceux qui n’ont pas le temps de s’instruire. […] Ce censeur, judicieux à d’autres égards, ne vouloit pas comprendre que la voie qu’il recommandoit étoit la plus longue ; qu’on n’avoit que trop entassé de tout temps des puérilités pédantesques dans la tête d’un jeune homme qui veut se former à l’éloquence ; que les exemples en disent plus que les maîtres ; qu’un seul morceau choisi de Démosthène, de Cicéron & de Bossuet, rend plus éloquent celui qui est né avec du génie, que toutes les règles & tous les préceptes d’Aristote, de Cicéron, de Quintilien & de tous leurs commentateurs.

3027. (1682) Préface à l’édition des œuvres de Molière de 1682

S’étant trouvé quelque temps après en Languedoc, il alla offrir ses services à feu Monsieur le Prince de Conti, Gouverneur de cette Province, et Vice-roi de Catalogne. […] Le 17 Février, jour de la quatrième représentation du Malade imaginaire, il fut si fort travaillé de sa fluxion qu’il eut de la peine à jouer son Rôle : il ne l’acheva qu’en souffrant beaucoup, et le public connut aisément qu’il n’était rien moins que ce qu’il avait voulu jouer : en effet, la Comédie étant faite, il se retira promptement chez lui, et à peine eut-il le temps de se mettre au lit, que la toux continuelle dont il était tourmenté, redoubla sa violence.

3028. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Et cependant, quand on écrit l’histoire de la Satire, fût-ce en France, fût-ce au Moyen Âge, c’est-à-dire, après tout, dans un assez chétif fragment de l’espace et du temps, on n’écrit pas moins que l’histoire de l’esprit humain, — et de l’esprit humain par son côté le plus varié, le plus profond, le plus mystérieux, car le rire est plus difficile à expliquer que les larmes, dont la source est si large en nous qu’on n’a pas besoin de la chercher ! […] L’auteur n’a pas un point de vue qui ne soit dans la circulation de tous les livres de ce temps.

3029. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Silvio Pellico »

Malgré les flatteries de sigisbé que Lord Byron et Stendhal, en politesse de visite (et de carbonarisme aussi), ont prodiguées à l’Italie, cette Italie des derniers temps a été stérile en grands poètes. […] J’ose penser… que, si les temps avaient été moins critiques, moins irritants, on n’aurait pas cru pouvoir consciencieusement me condamner à mort ni à de longues années d’une affreuse captivité.

3030. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVII. Silvio Pellico »

Malgré les flatteries de sigisbé que lord Byron et Stendhal, en politesse de visite (et de carbonarisme aussi), ont prodiguées à l’Italie, cette Italie des derniers temps a été stérile en grands poëtes. […] J’ose penser… que, si les temps avaient été moins critiques, moins irritants, on n’aurait pas cru pouvoir consciencieusement me condamner à mort ni à de longues années d’une affreuse captivité.

3031. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Ce n’est pas un poème d’haleine courte, comme les meilleures poésies de ce temps pulmonique, asthmatique et lyrique, qui n’a que des cris et des soupirs… quand il en a. […] Aussi en gardait-il entre les sourcils une balafre, — pareille à la nuée que la foudre déchire, — et les salicornes et les traînasses, de son sang ruisselant s’étaient teintes jadis. » IV Encore une fois, — ne nous lassons pas d’y revenir, — le caractère de cette poésie, divinement douce ou divinement sauvage, est le caractère le plus rare, le plus tombé en désuétude, dans les productions de ce temps.

3032. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Corneille »

que du temps même où il vivait. […] Il ne relevait point de l’espace, mais du temps.

3033. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

C’est, ou du moins c’était, il y a peu de temps, un réaliste, et un réaliste militant. […] La jeunesse a des admirations qui, — tout le temps qu’elle dure, — ont le charme de sa faiblesse, car, excepté les grands génies originaux qui n’imitent personne, chacun part d’un autre pour arriver… enfin à soi.

3034. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

Depuis la plus lointaine antiquité, la cité possédait un droit destiné à régler par la justice, substituée à la violence, les différends entre concitoyens A l’aube des temps modernes, lorsque l’esprit humain vint à prendre conscience de l’inter-dépendance des peuples, l’idée qu’il pouvait peut-être y avoir une justice, présidant aux rapports inter-nationaux, et par conséquent un droit dont ressortiraient les conflits entre « grands êtres » sociaux, germa dans les cerveaux d’élite. […] La cour suprême qui s’occuperait en temps ordinaire des affaires courantes de droit international, jugerait également « les difficultés de frontières, les graves questions de droit public, et même les affaires d’honneur que les nations seraient bientôt amenés à lui soumettre par une irrésistible progression. »‌ Comme conséquence de ce vœu, la Chambre des Représentants de Belgique vient d’adopter à l’unanimité un ordre du jour « affirmant le désir de voir confier à l’arbitrage la solution des conflits internationaux et organiser à cet effet une juridiction permanente » ; et le Sénat belge vient également de voter une motion affirmant son espoir dans la contribution du gouvernement à la formation d’une cour internationale.

3035. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXV. Des éloges des gens de lettres et des savants. De quelques auteurs du seizième siècle qui en ont écrit parmi nous. »

Sa bibliothèque, dans un temps où il y en avait peu, et où les livres n’étaient pas encore un luxe, fut ouverte à tous ceux qui voulaient s’instruire ; et il communiquait non seulement ses livres et ses lumières, mais sa fortune. […] Enfin Pitséus, Baléus et Léland, tous trois Anglais, et à peu près du seizième siècle, les savants les plus illustres que l’Angleterre avait produits jusqu’à ce temps-là.

3036. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

Mais comme ces mots et ces idées passèrent des Grecs aux Latins dans un temps où les nations, encore très sauvages, étaient fermées aux étrangers*, nous avons demandé plus haut qu’on nous passât la conjecture suivante : Il peut avoir existé sur le rivage du Latium une cité grecque, ensevelie depuis dans les ténèbres de l’antiquité, laquelle aurait donné aux Latins les lettres de l’alphabet. […] C’est aussi de ce mot Ara, prononcé et entendu d’une manière si uniforme par tant de nations séparées par les temps, les lieux et les usages, que les Latins durent tirer le mot aratrum, charrue, dont la courbure se disait urbs (le sens le plus ordinaire de ce mot est celui de ville) ; du même mot vinrent enfin arx, forteresse, arceo, repousser (ager arcifinius, chez les auteurs qui ont écrit sur les limites des champs), et arma, arcus, armes, arc ; c’était une idée bien sage de faire ainsi consister le courage à arrêter et repousser l’injustice.

3037. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchaud, Pierre de (1862-1925) »

[Le Temps (31 octobre 1897).]

3038. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 205

Cette Argenis, qui a fait tant de bruit dans son temps, & qui a été traduite par M. l’Abbé Josse, & en dernier lieu par M.

3039. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Sa République ne fit pas moins de bruit dans son temps, que l’Esprit des Loix dans le nôtre.

3040. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 463

Les Savans pensent que Dom Ceillier est plus exact que du Pin, mais qu’il n’a pas le talent d’analyser & de s’exprimer comme lui, ce que nous croyons sans peine : il faudroit trop de temps pour vérifier les fondemens de cette assertion ; car son Ouvrage n’a pas moins de 23 volumes in-4°.

3041. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 411

On a imprimé, quelque temps après sa mort, le Recueil de ses Œuvres, qui consistent en des Harangues prononcées au Palais, & en des Discours académiques.

3042. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article »

On le mettoit au rang des Beaux-Esprits de son temps.

3043. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 409

Giroust a été un des bons Prédicateurs de son temps, & le P.

3044. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » p. 433

L’étude des intérêts des différentes Puissances de l’Europe, la connoissance qu’il avoit des Hommes en général, & du caractere de chaque Nation en particulier, le rendirent un des plus célebres Politiques de son temps.

3045. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 359

On peut dire cependant que si cet Orateur eût donné plus de temps à ses Productions, il eût tiré un parti plus avantageux de ses lumieres & de ses talens, soit pour l'édification du Public, soit pour sa propre gloire.

3046. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Besson, Martial (1856-1945) »

Léon Cladel Instituteur primaire, vous exercez quotidiennement votre apostolat et, néanmoins, vous trouvez le temps de rimer on ne peut mieux, oui ma foi !

3047. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sabatier, Antoine (1854-19..) »

Maurice Perrès La Manola est un conte des temps jadis, un poème à la fois burlesque, tragique et satirique, où l’auteur nous montre qu’il est un adroit rimeur selon Banville.

3048. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 357

Bourbon a eu un oncle du même nom, qui composa aussi des vers dans la même langue, & fut quelque temps Précepteur de Jeanne d’Albret, mere d’Henri IV.

3049. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 425

Son nom seroit aussi inconnu que le temps de sa naissance & celui de sa mort, que nous n’avons pu découvrir, si on n’avoit de lui un petit Recueil d’Epigrammes, parmi lesquelles il y en a de très-heureuses.

3050. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 450

Sa Traduction de Virgile, assez bonne dans son temps, a été surpassée par la plupart de celles qui l’ont suivie.

3051. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 384

Gaumin étoit encore un des Esprits agréables & des beaux Diseurs de son temps.

3052. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 137

Dans un temps où l’on ne connoissoit pas encore le bon goût, il cultiva la Poésie avec réputation, & quoique ses Vers soient bien éloignés de la perfection à laquelle la Poésie est parvenue depuis, ils sont encore estimés des gens de goût.

3053. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

On sait comment la paix inexpliquée mais, selon moi, inévitable de Villafranca, en 1859, abattit pour un temps les espérances de Venise. […] C’est cette popularité des consuls tribuns du peuple qui créa, dès ces temps-là, la renommée des grandes familles de Gênes, les Doria, les Spinola, les Fornaro, les Negri, les Serra, familles héroïques dont la guerre et le commerce perpétuèrent l’ascendant jusqu’à nos jours. […] André Doria, leur concitoyen, le plus illustre des hommes de guerre de son temps, condottiere de mer, qui passait tour à tour du parti de l’empire au parti de la France, la leur rend. […] Elle est par essence le temps d’arrêt des choses dans l’Europe moderne ; c’est sa force, et c’est aussi sa faiblesse. […] Ici nous n’en sommes pas réduits à conjecturer ; nous pouvons affirmer avec certitude l’opinion de Machiavel sur les vrais intérêts de sa patrie, car ses opinions sur la nature de la constitution fédérale qui convient à l’Italie sont toutes écrites d’avance dans les considérations lumineuses et anticipées sur la nature des choses de son temps et des temps futurs ; la politique tout expérimentale de Machiavel n’était que de la logique à longue vue ; la logique est le prophète infaillible des événements à distance : le génie est presbyte.

3054. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Dans un article intitulé « Le public dans le temps et dans l’espace » (X, 125, et spécialement 136), il a examiné cette question. […] Et c’est aussi grâce à l’esprit de leur temps, que Tristan et Isolde se trouvèrent les héros de nombreuses aventures amoureuses très frivoles et plus eue libres, tandis que le bon roi Marke devint un assez sot type de la nombreuse tribu qui fut la joie de Molière et de La Fontaine. […] De ce que nous avons perçu par la vue se dégage clairement à nous l’image de la chevalerie légendaire du Gral, souffrant du péché de son roi indigne et délivrée par un « simple qui, après un temps d’épreuves, reconnaît sa mission et l’accomplit. […] Or, en ce temps, l’Allemagne, après tant d’années d’ignorance, apprenait qu’elle possédait un grand philosophe de plus. […] Lamoureux rêvait-il peut-être de la « Marseillaise définitive », dont on nous a tant parlé ces derniers temps ?

3055. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Darius avait légué l’expédition contre la Grèce à son fils ; Xerxès hésita quelque temps à accepter l’héritage. […] Mais les vents grecs, sourds aux exorcismes barbares, ne leur accordèrent qu’une trêve dérisoire, le temps de reprendre haleine et de courir, d’une saute bondissante, au tournant étroit de l’Euripe, où les navires survivants étaient allés s’embusquer. […] Xerxès, pendant ce temps, regagna le pont d’Abydos, traînant après lui les tronçons de l’armée de terre. […] Ce qu’elle lui demanda, ce fut de ne plus la sacrifier une troisième fois, et de couvrir l’Attique en Béotie, avec son armée, avant que les Perses eussent le temps d’y rentrer. […] Elle personnifiait cette télégraphie divine qui propage parfois les grands événements par-dessus le temps et l’espace, le message transmis, non point par une bouche humaine, mais par la voix sans langue de l’air.

3056. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Alors il couvrait de décorations sa poitrine rayonnante d’aigles d’or et d’argent10. » En ces temps il songeait fort peu à la Vendée et à ses vierges martyres, à Henri IV et aux vertus des rois légitimes : Napoléon le possédait tout entier ; et oubliant les jeux de l’adolescence, il étudiait ses campagnes, et suivait sur la carte, la marche de ses armées. […] Il serait difficile, si on ne connaissait les mœurs du temps et les qualités de la famille Hugo, de comprendre qu’un jeune homme, fût-il de génie, put posséder d’une manière si parfaite, l’art de se contenir et de dissimuler ses sentiments. […] Dès qu’il se convainquit que l’existence de l’empire était assurée pour un long temps, il éteignit ses foudres justiciardes et concentra toute son activité à son commerce d’adjectifs et de phrases rimées et rythmées. […] Embarqué à la légère dans une opération politique, mal combinée, il se retourna prestement, laissa ses copains conspirer et dépenser leur temps et leur argent pour la propagande républicaine, et s’attela à l’exploitation de sa renommée ; et tandis qu’il donnait à entendre qu’il se nourrissait du traditionnel pain noir de l’exil, il vendait au poids de l’or sa prose et sa poésie. […] Le Temps du 4 septembre 1885 fournit les renseignements suivants sur la fortune de Hugo : « La succession liquidée de Victor Hugo s’élève approximativement à la somme de cinq millions de francs.

3057. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Aussi dès l’aurore des temps historiques voyons-nous, à côté et à l’encontre de la croyance universellement répandue d’une déchéance, poindre l’idée de l’évolution humaine vers le mieux. […] Flint le développement chez les écrivains chrétiens jusqu’au seuil des temps modernes. […] Dès le XIIIe siècle, le spectacle trop fréquent des désordres du clergé séculier donne naissance à une conception mystique du développement humain fort analogue à celle qu’avait propagée dans les premiers temps du christianisme l’hérésie célèbre des montanistes. […] Il serait bien superflu de discuter sérieusement une formule du progrès qui ne tient aucun compte de l’antique Orient, qui place le développement esthétique avant le développement religieux, — comme si le peuple hébreu, dont la religion fut toute la vie, n’avait pas précédé dans l’ordre des temps le peuple grec, — une formule qui semble méconnaître l’admirable génie scientifique de la Grèce, le génie industriel et commercial des Phéniciens. […] La nature n’est une ennemie pour l’homme que dans la mesure où il est un ennemi pour lui-même. » On a fait beaucoup de bruit dans ces derniers temps de la sélection naturelle et de l’hérédité.

3058. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

On a même noté chez Massillon quelques accents plus tendres et plus mélancoliques qu’on n’est accoutumé à en rencontrer dans le siècle de Louis XIV, et qui semblent un soupir confus annonçant les temps nouveaux ; dans le sermon Sur les afflictions, par exemple6. […] Il n’est point de parfait bonheur sur la terre, parce que ce n’est pas ici le temps des consolations, mais le temps des peines : l’élévation a ses assujettissements et ses inquiétudes ; l’obscurité, ses humiliations et ses mépris ; le monde, ses soucis et ses caprices ; la retraite, ses tristesses et ses ennuis ; le mariage, ses antipathies et ses fureurs ; l’amitié, ses pertes ou ses perfidies ; la piété elle-même, ses répugnances et ses dégoûts : enfin, par une destinée inévitable aux enfants d’Adam, chacun trouve ses propres voies semées de ronces et d’épines.

3059. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Le théâtre est ordinairement la littérature des gens du monde qui n’ont pas le temps de lire. […] Dacier, homme fort fameux par son érudition et ses ouvrages, qui a épousé Mlle Le Fèvre, plus fameuse encore que lui par sa profonde science, avait eu une pension du roi de 500 écus ; ils se sont tous deux convertis depuis quelques mois. » Bien plus, c’étaient M. et Mme Dacier qui avaient décidé la conversion entière de la ville de Castres. — « Dimanche, 17 février. — J’appris que le roi donnait à Foran 1500 francs de pension en faveur de sa conversion, outre celle de 2000 francs que le roi leur donna, à Villette et à lui, il y a quelque temps, comme chefs d’escadre ; ils sont tous deux nouveaux convertis, et le roi répand volontiers ses grâces sur ceux qu’il croit convertis de bonne foi. » — « 10 mars. — Le roi donne au marquis de Villette, cousin-germain de Mme de Maintenon et chef d’escadre, une pension de 3000 fr. ; il s’est converti depuis peu. » Ces sortes de pensions et de faveurs sont à l’infini : elles sont décernées hautement, données de bon cœur et de bonne foi, non pas comme motif de la conversion, mais après la conversion et comme marque de satisfaction du prince pour un retour à la règle. […] C’est vers le temps où il accomplissait ou croyait accomplir cette destruction de l’hérésie à l’intérieur, que Louis XIV, incommodé depuis assez longtemps d’une tumeur à laquelle on avait d’abord appliqué inutilement la pierre, se fit faire ce qu’on appelait un peu fastueusement la grande opération.

3060. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Ce dut être vers ce temps-là, et sans doute après un voyage à la Trappe, que Santeul fit sa belle ode sacrée, dédiée à M. de Rancé, Solitudo sancta, Le Saint Désert, où il peint la vie de labeur des moines pénitents4. […] Le père Commire, alors, jugea qu’il était temps de frapper le grand coup, et pour en finir de tout ce pour et ce contre, lui qui s’était tenu jusque-là en réserve comme le corps d’élite, il donna brusquement par sa pièce de vers intitulée Linguarium (Le Bâillon de Santeul). […] Peu de temps après, se trouvant mal, il se mit au lit sur les onze heures, avec des cris et des agitations étranges.

3061. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Pendant qu’une commission instituée par décret de l’empereur, sur le rapport du ministre d’État, et composée des hommes les plus autorisés et les plus compétents, travaille sans relâche et avec le sentiment de sa haute mission à recueillir non seulement les lettres, mais les ordres, les annotations, les décisions et pensées de toutes sortes de l’empereur Napoléon Ier, tout ce qui s’offre avec sa marque visible, avec son cachet personnel immédiat, et non seulement les documents relatifs à des matières de gouvernement et aux actes du souverain, mais aussi les écrits qui peuvent éclairer le caractère intime de l’homme ; pendant qu’on met à contribution les dépôts publics et les collections particulières de quelques familles considérables ; qu’à l’heure qu’il est près de vingt mille documents sont rassemblés, et que, la question de classement une fois résolue, on espère, dans un an ou quinze mois, être en mesure de livrer les premières feuilles à l’impression ; pendant ce temps-là, la publication des Œuvres de Frédéric le Grand, commencée depuis plusieurs années par ordre du gouvernement prussien sous la direction de M.  […] On a aussi contre la personne de ce grand roi des préventions qui datent du temps de M. de Choiseul et de Voltaire, des opinions toutes faites qui se transmettent ou se renouvellent sans examen. […] Frédéric, vers le même temps, déclarait à son frère qu’il s’était proposé de ne point l’abandonner à lui-même avant de lui voir un caractère fixe et assuré. — Ces premières mortifications, ces rudes remontrances laissèrent des traces indélébiles dans une nature plus réfléchie et plus fine que généreuse.

3062. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Quand elle partit de Weimar, il paraît toutefois, à quelques mots de la Correspondance des deux illustres amis, qu’il était temps et qu’ils en avaient assez de cette conversation ardente, inépuisable, qui les tenait en haleine et en travail continuel, et qui leur soutirait leur poésie : « Elle éloigne de moi toute poésie, disait Schiller, et je m’étonne de pouvoir faire encore quelque chose. » Goethe est encore celui des deux qui, à ses heures libres, s’en serait le mieux accommodé. […] Dans l’autre carrosse, à l’arrivée, il se trouva qu’on avait fait peu d’attention au temps ; on n’avait presque rien entendu ; de tonnerre et d’éclairs on n’avait qu’une vague idée ; un autre éblouissement avait tout rempli : Mme de Staël y était, et pendant tout le trajet elle avait causé. […] Il voudrait aller en Allemagne pour voir lui-même les grands génies, mais je lui conseillai plutôt d’aller en Grèce. » En ces journées de grande conversation, Sismondi craignait même tellement d’en rien perdre, qu’il allait jusqu’à en vouloir à Mme Récamier d’y apporter quelque distraction et de faire des a-parte à voix basse ; il le dit, et d’une plume assez peu légère : « Ici (Coppet, 30 août 1811) notre société est des plus brillantes, rien moins que deux Montmorency et Mme Récamier ; mais c’est pour peu de temps : eux repartent demain, et elle après-demain.

3063. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

A vingt-sept ans, Pierre Loti, qui a rêvé sur tous les océans et visité tous les lieux de joie de l’univers, écrit tranquillement, entre autres jolies choses, à son ami William Brown : … Croyez-moi, mon pauvre ami, le temps et la débauche sont deux grands remèdes… Il n’y a pas de Dieu ; il n’y a pas de morale ; rien n’existe de tout ce qu’on nous a enseigné à respecter ; il y a une vie qui passe, à laquelle il est logique de demander le plus de jouissances possible en attendant l’épouvante finale qui est la mort… Je vais vous ouvrir mon cœur, vous faire ma profession de foi : j’ai pour règle de conduite de faire toujours ce qui me plaît, en dépit de toute moralité, de toute convention sociale. […] Ce don se réduit à fort peu de chose chez les hommes des temps primitifs et de l’âge moyen des civilisations. […] Et alors le romantisme apparaît, dont le principal rôle est justement de décrire ce que nous n’avons pas coutume de voir : l’Espagne, l’Italie, l’Orient — et le moyen âge, l’éloignement dans le temps équivalant à l’éloignement dans l’espace.

3064. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Entre temps, il nous avait conté l’histoire de Miarka, la fille à l’ourse, où il se peignait lui-même sous le nom de Hohaul, roi des Romains. […] Et l’auteur lui-même ne perd pas son temps à s’attendrir ; ou, quand il le fait, cela sonne un peu faux. […] Et c’est tout le temps comme cela, Il traite à chaque instant la Nature de catin, et de pis encore, et il développe en images ignobles le contenu de ces mots.

3065. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

La grandeur des masses, l’immensité de l’espace, la longueur infinie du temps sont autant de formes du sublime ; mais c’est surtout l’idée du génie humain — de Newton et d’Aristote, de Shakespeare et d’Homère — qui nous suggère cette émotion. […] Les devoirs de pur sentiment imposant des prescriptions non essentielles au maintien de la société : devoirs très variables selon les temps et les peuples : boire du vin eu l’honneur de Bacchus, sortir avec un voile comme les musulmanes, s’abstenir de nourriture animale comme les brahmes, etc. […] il faut répondre : « Les lois promulguées de la société existante, lesquelles dérivent d’un homme qui fut investi en son temps de l’autorité d’un législateur moral. » A l’appui de cette doctrine, on peut invoquer le mode de promulgation des lois morales : elles sont imposées par un pouvoir réel, par un individu dont la puissance est quelquefois dictatoriale.

3066. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1853 » pp. 31-55

Latour-Dumoulin, en ce temps d’aplatissement, était personnellement blessé par les allures de Villedeuil, qui, lorsque sur la présentation de sa carte n’était pas immédiatement reçu, remontait dans sa voiture. […] Dans les premiers temps de son séjour à Barbizon, un jour qu’il se promenait avec Jacques, des paysans en train de faucher se mirent à se moquer d’eux, à blaguer les Parisiens. […] Or, je puis affirmer qu’il n’y a pas d’exemple d’une pareille poursuite en aucun temps et en aucun pays.

3067. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre V. Le génie et la folie »

Il en a une, mais qui n’est pas le résultat de l’analyse et de l’observation, qu’il n’a exposée nulle part avec précision, et qu’il emprunte en grande partie aux préjugés de notre temps. […] Barthélémy Saint-Hilaire qui fait autorité en cette question, qu’il succomba, après plusieurs années de souffrances, à une maladie d’estomac, qui était héréditaire dans sa famille et qui le tourmenta toute sa vie. » Même dans les temps modernes, il faut se défier des anecdotes un peu extraordinaires. […] En effet, le génie peut certainement placer l’homme dans des conditions sociales très douloureuses : la supériorité d’un homme sur son temps peut lui rendre l’existence très difficile, et ainsi devenir pour lui cause occasionnelle de certaines douleurs, qui amèneraient la folie tout aussi bien chez un autre que chez lui, si elles s’y produisaient.

3068. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Un homme ayant dit de mon temps : Je crois cela comme article de foi, tout le monde se mit à rire. » En effet, la phrase était provinciale et sentait son vieux temps. […] Vous trouveriez chez lui telle image qui semble appartenir aux plus beaux temps de la simplicité et de la majesté latines […] Ses sermons ont l’air d’une conversation, d’une conversation du temps, et vous savez de quel style on causait à ce moment en Angleterre. […] Je quitterai mes affaires, je perdrai mon temps, je jetterai mon argent, j’entreprendrai des ligues, je payerai des amendes, j’irai en prison, je mourrai à la peine : il n’importe ; je n’aurai pas fait de lâcheté, je n’aurai pas plié sous l’injustice, je n’aurai pas cédé une seule parcelle de mon droit. […] La force, c’est là leur trait, et celui du plus grand d’entre eux, le premier esprit de ce temps, Edmund Burke. « Prenez Burke à partie, disait Johnson, sur tel sujet qu’il vous plaira ; il est toujours prêt à vous tenir tête. » Il n’était point entré au Parlement, comme Fox et les deux Pitt, dès l’aurore de la jeunesse, mais à trente-cinq ans, ayant eu le temps de s’instruire à fond de toutes choses, savant dans le droit, l’histoire, la philosophie, les lettres, maître d’une érudition si universelle qu’on l’a comparé à lord Bacon.

3069. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 155

Son éloquence fut plus célebre dans son temps, qu’elle n’est estimée aujourd’hui, d’après les Ouvrages qu’il nous a laissés.

3070. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 265

On n’oubliera point que, dans le temps de la peste de Marseille, il n’abandonna jamais son troupeau.

3071. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 294

Ses Ouvrages en prose pouvoient avoir quelque valeur, dans un temps où le raisonnement & le goût étoient si loin de leur perfection ; mais en qualité de Poëte, Beze est-il digne de figurer dans la belle édition des Auteurs classiques, imprimés chez Barbou ?

3072. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 17

Le célebre Patru, son ami, en parloit comme d’un des hommes qui de son temps pénétroit mieux les finesses de notre Langue ».

3073. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 125

DESBARREAUX, [Jacques de Vallée, Seigneur] Conseiller au Parlement de Paris, sa patrie, né en 1602, mort à Châlons-sur-Saone en 1674 ; Bel-Esprit de son temps, qui quitta sa Charge de Conseiller, afin d’avoir plus de loisir à se consacrer aux Muses, & sur-tout aux plaisirs.

3074. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 268

Plusieurs de ses petites Brochures, accueillies dans leur temps, annoncent en général un esprit qui n’est point étranger à la Littérature ; ce sont des Lettres sur différentes Pieces de Théatre, des Songes romanesques, & d’autres bagatelles.

3075. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 504

La raison de cette disgrace est qu’ils ne s’élevent pas au dessus de la médiocrité, destinée, de tous les temps, à une mort prompte & sans éclat.

3076. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 307

Cet Auteur, qui passoit la plus grande partie de son temps au cabaret, avoit tant d'aversion pour l'eau, que, pour marquer le peu de cas qu'il faisoit d'un homme dont il avoit à se plaindre, je te méprise, lui disoit-il dans sa colere, comme un verre d'eau.

3077. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Avertissement. » pp. 1-2

Des circonstances particulières dans lesquelles il est inutile d’entrer, de pressantes et honorables instances m’ont décidé à quitter, non sans regret, mes fonctions de maître de conférences à l’École normale qui, depuis quatre années, occupaient la plus grande partie de mon temps, et à me relancer encore une fois dans le journalisme littéraire le plus actif.

3078. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blaze de Bury, Henri (1813-1888) »

. — Meyerbeer et son temps (1865). — Les Écrivains modernes de l’Allemagne (1868). — Les Maîtresses de Goethe (1872).

3079. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — O — Ordinaire, Dionys (1826-1896) »

Il est de son temps ; il a l’humour ; il a le sentiment pur et frais de la nature.

3080. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valette, Charles (1813-1888) »

Ruben Dans un temps où la mode d’aujourd’hui fait si bien justice de la mode d’hier, on a pu parfaitement se hasarder à publier les poésies de Charles Valette, non seulement celles qui ont paru à une époque déjà reculée, mais encore celles qui étaient restées manuscrites.

3081. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 308

Cette célébrité s’est perdue dans la nuit du temps ; car les Ouvrages de cet Auteur sont aujourd’hui inconnus même à la plupart des Bibliographes.

3082. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 446

Il auroit poussé plus loin le génie de l’invention, si sa pétulance naturelle lui eût laissé le temps de combiner & de perfectionner ses découvertes.

3083. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 50

Corrozet a recueilli aussi les meilleurs Vers de trente-deux Poëtes de son temps, sous le titre de Parnasse François.

3084. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 530

Il fut regardé comme un des plus célebres Prédicateurs de son temps ; & si on lui pardonne le defaut de goût & les vices du style de son siecle, on conviendra que, du côté de l’onction, de la simplicité & de l’instruction, il n’étoit pas indigne de la réputation qu’il a eue.

3085. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 88

Son Histoire de Louis XIV n’est le plus souvent qu’une compilation informe des Gazettes étrangeres de son temps, dont les Auteurs n’annonçoient ni ne vouloient dire la vérité.

3086. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 172

Nous avons des Sermons de ce temps-là, qui, sans être aussi éloquens & aussi methodiques que ceux des bons Prédicateurs qui ont écrit depuis, sont du moins, au défaut de goût près, infiniment plus instructifs & plus décens.

3087. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 377

Les talens n’étoient donc pas oubliés ni négligés de son temps ; un Poëme beaucoup meilleur n’auroit pas aujourd’hui le même succès.

3088. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 478

PAYS, [René le] de l’Académie d’Arles, né à Nantes en 1636, mort en 1690 ; Bel-Esprit & Poëte de Province, dont les Vers foibles, mais pleins de gaieté, amuserent quelque temps la Cour & la Capitale.

3089. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « À Monsieur Siméon Luce, Membre de l’Institut »

À Monsieur Siméon Luce, Membre de l’Institut Cher Monsieur et cher Compatriote, En attendant la place glorieuse que vous méritez et qu’on vous doit dans cette Revue critique des Œuvres et des Hommes au xixe  siècle, je veux vous dédier ce volume, consacré à quelques-uns des historiens d’un temps que vous aussi avez illustré.

3090. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

§ 2 Que le devoir varie avec les temps et les lieux, c’est un fait bien simple et dont on a singulièrement exagéré l’importance. […] Mais des pratiques bien diverses et qu’il est habituel de juger répugnantes ou stupides si on ne les pratique pas — et même parfois si on les pratique — la polygamie ou la monogamie, l’inceste ou la prohibition du mariage entre parents, des habitudes particulières de prendre certains aliments ou de s’en abstenir, peuvent parfaitement être bonnes ou mauvaises selon le temps et le lieu, le climat, la race, la nature des hommes et des groupements sociaux. […] Nous avons eu depuis assez peu de temps des transformations ébauchées sinon accomplies. […] L’âme sociale tend constamment à nous inculquer une façon de comprendre notre dignité qui diffère de la nôtre et qui varie avec les temps et les milieux, selon les autres qui sont en nous. […] Dès que nous sortons du cercle étroit de l’expérience presque immédiate dans le temps et dans l’espace, nous ne pouvons guère savoir ce que c’est que le « bien ».

3091. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 novembre 1886. »

C’est pour vous dire, ô Parisiens qui pensez à jouer quelque gîte pittoresque au bord de la mer ou en pleine campagne pour y passer agréablement le temps des vacances, de ne rien décider avant d’avoir lu le dernier numéro de la Revue wagnérienne française, paraissant à Paris vers le 8 de chaque mois. […] Ils baissent les yeux. »   Il est bien temps, ma foi ! […] Il me semblait pourtant que le fandango dure depuis un bon bout de temps). « Le philtre a pour l’éternité confondu leurs âmes. » Le fait est que, pour confondre les âmes, la pharmacie a des moyens irrésistibles. […] » et cette fois la volonté était toute puissante, car c’était la volonté d’un roi. » Ensuite il parlait d’une quantité de choses à propos de cette action en trois actes, — c’est le mot qu’il substitue à celui d’opéra, — il revenait sur le temps de son séjour chez nous et se félicitait chaudement de l’insuccès de Tannhaeuser : langage bien différent de celui qu’il tiendra plus tard dans ses causeries avec madame Judith Gautier et dans sa lettre à M.  […] Alexandre Dumas : sa Vie, son Temps, son Œuvre (Paris, Calmann-Lévy, 1885).

3092. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Nervat et Marie Caussé) publiaient vers ce temps Les Cantiques du Cantique, dont Henri de Régnier disait qu’ils contiennent de fort jolis vers où alternent deux voix, l’une plus grave, l’autre plus tendre. […] O. de la Fayette l’un des bons poètes de notre temps. […] Nous ne savons pas si le temps est avec eux, mais ils le confondraient avec l’espace. […] Toi qui naquis du temps, père tu fus le nombre ! […] Ses Poèmes dans un temps de doutes et de blasphèmes ont la rafraîchissante sérénité de l’âme affranchie du doute et n’est-ce pas assez pour leur accorder un accent unique qui les classe en dehors de toute la poésie contemporaine ?

3093. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 171

On ne peut même dire de lui à present ce que Boileau en disoit de son temps, Et jusqu’à d’Assoucy, tout trouva des Lecteurs.

3094. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 230

On est si accoutumé, depuis quelque temps, à voir donner, pour des transports de patriotisme, les effervescences d’une imagination qui n’a réellement de zele que pour les chimeres qu’elle enfante, qu’on ne sauroit trop accueillir ceux qui annoncent de la modération dans leurs idées & les présentent avec modestie.

3095. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 502

Il paroît, par ses Lettres, que Chevreau étoit en commerce avec les Poëtes & les Erudits de son temps, sur-tout avec Madame la Comtessede la Suze, dont il se montre Adorateur passionné.

3096. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 110

Il est très-vraisemblable que M. le Marquis de Dangeau, un des Seigneurs les plus accrédités à la Cour de Louis XIV, ait pu éclaircir beaucoup de faits, donner le nœud de certaines intrigues, & dévoiler les ressorts de la plupart des événemens de son temps ; mais une chose inconciliable, c’est de voir l’Auteur du Siecle de Louis XIV, tantôt le citer pour appuyer ce qu’il dit, tantôt rejeter son témoignage, en attribuant à un Valet de chambre imbécille les Mémoires qui portent son nom.

3097. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 136-137

La ruse lui réussit quelque temps.

3098. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » p. 399

Il a eu la réputation d’un des plus habiles Critiques de son temps, quoiqu’il ne fût guere qu’un Erudit.

3099. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 473

Le naturel, la délicatesse, une galanterie éloignée de toute fadeur, une facilité étonnante à s’exprimer avec autant de grace que de justesse, un ton de morale qui n’est point recherché, le mettent au dessus de la plupart des Beaux-Esprits de son temps & de ceux de notre Siecle qui se sont exercés dans le même genre.

3100. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 413-414

Vavasseur a été le premier qui ait eu le bon esprit de sentir les travers du burlesque, & le courage de l'attaquer, dans le temps où il étoit le plus en vogue.

3101. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 515

Avec les talens qu'il paroît avoir, il eût pu choisir un autre genre que celui auquel il s'est attaché ; mais enfin ses petits Romans, connus sous le nom de Nouvelles, ont un but honnête ; la morale y est mise en action avec intelligence, avec sensibilité, & c'en est assez pour le justifier d'y avoir consacré son temps.

3102. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  L’Enfant  » p. 145

Le temps des mêlées, des avantages de l’adresse et de la force de corps, et des grands tableaux de bataille est passé ; à moins qu’on ne fasse d’imagination, ou qu’on ne remonte aux siècles d’Alexandre et de Caesar.

3103. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rouger, Henri (1865-1912) »

Gaston Deschamps En un temps de dilettantisme blasé, M. 

3104. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 132-133

Ses liaisons avec les personnes les plus célebres de son temps, prouvent qu’elle étoit agréable dans la société.

3105. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 293

Ce dernier a le talent du dialogue, & celui de marcher avec activité au dénouement ; l’autre ne songe qu’à accumuler les incidens, & perd en déclamations & en soupirs un temps qui doit être employé à l’action.

3106. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIX » pp. 277-278

On remarque depuis quelque temps le rôle politique singulier que prend la Presse, journal jusque-là très-pacifique et conservateur.

3107. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 119

Une verve singuliere, un génie pour les vers qu’il ne tenoit que de la nature, beaucoup de facilité à bien rendre ce qu’il sentoit, quoiqu’il fût sans Lettres, le firent regarder, dans son temps, comme une espece de phénomene poétique.

3108. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 2-3

Ces Mémoires ne sont pas à l’abri de reproche, ou, pour mieux dire, ils fourmillent de fautes de toute espece, comme on peut en juger par une très-bonne Critique publiée contre eux dans le temps, sous le nom d’un Secrétaire de l’Ambassadeur Méhémet Effendi.

3109. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 375

Il faut avouer que, graces à l’ignorance qui n’étoit pas encore dissipée de son temps, l’Astrologue Morin n’eut pas à se repentir du genre d’étude auquel il s’étoit attaché.

3110. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 463

Ses Poésies Latines sont communément bonnes ; mais ses Vers François ne valent absolument rien, quoiqu’ils aient été loués par la plus grande partie des Rimeurs de son temps.

3111. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 167

Et un Auteur de son temps n'a-t-il pas eu raison de dire de ce Poëte : magis fami quàm famæ inserviebat ?

3112. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il prend son point de départ si près du point d’arrivée, qu’un tout petit cercle contient l’action, l’espace et le temps. […] Taine rêvait qu’on représentât Iphigénie dans la grande galerie des glaces, en costumes du temps de Louis XIV : il aurait pu aussi bien demander une représentation de Jules César en costumes du temps d’Elisabeth ; César, Burrhus, Antoine, et ce mob qui hurle pour ou contre César, tout cela est aussi anglais qu’Iphigénie est française. […] Phèdre a une poésie plus prestigieuse encore : on ne saurait citer tous les vers qui créent, autour de cette dure étude de passion, une sorte d’atmosphère fabuleuse, enveloppant Phèdre de tout un cortège de merveilleuses ou terribles légendes, et nous donnant la sensation puissante des temps mythologiques : Noble et brillant auteur d’une triste famille.

3113. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Le torrent somptueux coule aux rives du temps, Et voici qu’à jamais le juste honneur d’un culte S’essore de ses flots éclatants et chantants. […] Mais le temps des grandes résolutions n’était pas encore ; c’était l’heure de la lutte suprême. […] On se passionne pour un contour mélodique, comme on s’habitue à une formule harmonique ; puis, avec le temps on se lasse de l’une et de l’autre ; le changement s’impose comme un besoin, et chaque conquête nouvelle est marquée par le bris de quelque entrave. […] Il semblait alors que, de façon symbolique, un maître succédait à un autre et que le temps était venu pour une nouvelle littérature, basée, bien sûr, sur les théories wagnériennes.

3114. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Servières, « au moment où commençait dans les concerts la vogue de Richard Wagner auprès du grand public, c’est-à-dire au moment où le triomphe des œuvres du maître aurait dû suffire à sa gloire, et où semblait se clore l’ère des vaines polémiques quelques partisans de Wagner se sont dits : « Maintenant que l’œuvre de Wagner a triomphé, il serait peut-être temps d’essayer de la comprendre. […] Il est temps, une fois pour toutes, de discuter cette question, d’où dépend l’avenir de l’œuvre wagnérienne. […] On peut, en résumé, poser cette loi : ce que Wagner a écrit à une époque, les drames qu’il a composés dans le même temps, tout cela provient de la même inspiration, et l’on ne peut comprendre les uns sans connaître les autres. […] » a été diversement interprétée, mais la plupart du temps très mal.

3115. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

La lumière, la chaleur, le son, sont des formes de la sensibilité qui nous servent à revêtir la chose en soi (Ding an sich) tout comme le temps et l’espace qu’il donne seuls. […] « Par suite, dit-il, quand nous faisons tout notre possible pour concevoir l’existence de corps externes, nous ne faisons tout le temps que contempler nos propres idées. » Donc, les objets et les idées sont la même chose. […] Quand les arguments font défaut, l’éloquence les remplace, l’émotion tient lieu de démonstration. » Une doctrine, une seule, l’éclectisme est sorti de ce mouvement et a tenu quelque temps la position d’une école. « Il est mort, mais il a produit quelques bons résultats, par le mouvement qu’il imprima aux recherches historiques, et en confirmant par sa propre faiblesse cette conclusion : que toute solution à priori du problème transcendental est impossible235. […] Le génie clair et précis de la France rougit pour un temps de sa clarté ; et dans la seule crainte de paraître superficiel et immoral, rejeta l’aide de la science et se mit à marmotter d’une manière pitoyable sur le Moi, l’œil interne, l’Infini, le Vrai, le Beau, le Bien » 237. — Le jugement est sévère, au moins dans la forme ; mais nous nous sommes borné à traduire.

3116. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

La Pucelle, la Guerre de Geneve, quelques-uns de ses Contes, & tant d'autres fruits de l'audace & de la malignité, ne sauroient être loués, malgré la beauté des détails, par le libertinage lui-même, puisque cette même Muse qui les a produits les a désavoués, dans le temps qu'elle conservoit encore quelques restes de pudeur. […] Ils savent, d’après des principes invariables, fortifiés par une expérience constante, que le beau seul & l’honnête peuvent soutenir les épreuves du temps. […] Tantôt sensible, tantôt délicat, tantôt caustique, selon les différentes dispositions de son ame ; tantôt sincere & tantôt artificieux ; tantôt amateur du vrai, & tantôt opposé à la vérité ; tantôt modéré & tantôt excessif, il a toujours été, comme nous l'avons déjà remarqué, l'Homme du temps, de la circonstance, du moment. […] Pourquoi systématiser sans principes, moraliser sans mœurs, dogmatiser sans mission, rétracter dans un temps ce qu'on a avancé dans un autre, y revenir ensuite après les désaveux les plus formels ?

3117. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Il vit, pour ainsi dire, tout ce temps, dans une vie mal éveillée. […] Gambetta va redonner à la France, sous trois mois, la grandeur qu’elle a perdue, et moi, je suis en train d’apprendre aux femmes de ce temps, la grâce de la femme du dix-huitième siècle. […] L’adolescent qui semble de la race des Durham, passe le temps à s’éponger, avec son mouchoir, le derrière des oreilles et le dessus des poignets. […] En vue de Bar-le-Duc, ma pensée va à ce temps, où je suis venu dans cette ville, tout jeunet, tout plein de cette tendre flamme amoureuse, qui suit, à deux ou trois ans de là, la flamme amoureuse de la première communion.

3118. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Ses doutes ou ses croyances, il les trouve la plupart du temps, comme chacun de nous, dans l’air ambiant. […] Je franchis chaque temps, je dépasse tout lieu ; Hommes, l’infini seul est la forme de Dieu. […] Dans leur lueur de temps, dans leur goutte d’espace, Ils ont leurs jours, leurs nuits, leur destin et leur place, La vie et la pensée y circulent à flot ; Et, pendant que notre œil se perd dans ces extases, Des milliers d’univers ont accompli leurs phases    Entre la pensée et le mot. […] Selon lui, il faut acquiescer à la souffrance comme à une distinction ; Vigny insiste sur un sentiment raffiné que les grands cœurs seuls connaissent, « sentiment fier, inflexible, instinct d’une incomparable beauté, qui n’a trouvé que dans les temps modernes un nom digne de lui ; cette foi, qui me semble rester à tous encore et régner en souveraine dans les armées, est celle de l’Honneur. » Une autre idée chère à Vigny, et d’inspiration pessimiste, c’est que le génie, qui semble un don de Dieu, est une condamnation au malheur et à la solitude ; lisez Moïse et les épisodes de Stello.

3119. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

Si ces expressions peuvent convenir dans un grand nombre de cas à la forme vive, elles ne sauraient, la plupart du temps, s’appliquer à la parole intérieure calme : celle-ci a dans la vie humaine sa raison d’être, son rôle propre, sa fonction ; sans doute elle n’est pas sans rapports de dépendance à l’égard de la parole extérieure, mais elle en dépend de si loin que ces rapports ne paraissent pas ; si l’on s’abstient de rechercher ses origines et si on la considère au moment même où elle se produit, la parole intérieure calme est bien réellement indépendante de la parole, car, dans notre intention, elle ne la prépare pas, elle ne la remplace pas, elle existe seulement pour la pensée. […] La bouche garde le silence Pour écouter parler le cœur34 ; sa parole intérieure reste calme ; elle ne peut s’élever jusqu’à l’inspiration ; si, dans cet état, il se souvient de la Muse et de leurs amours d’autrefois, son esprit lui représente en vain tous les motifs poétiques qui devraient éveiller son génie ; aucun n’a le pouvoir de l’arracher à lui-même ; il ne ressent ni colère durable ni enthousiasme profond ; la Muse est pourtant descendue du ciel ; elle lui a parlé ; mais il a eu peine à la reconnaître ; ni son appel ni son baiser n’ont pu réchauffer un cœur glacé ; il refuse de s’envoler avec elle dans les « mondes inconnus » qu’en des temps plus heureux ils ont tant de fois parcourus ensemble. […] La psychologie classique n’a guère étudié que les images les plus éclatantes, celles qui apparaissent de temps à autre, à des intervalles rapprochés, mais non d’une manière continue, dans la succession psychique ; ces images sont de toutes sortes, mais chacune d’elles prise à part est relativement simple et homogène, et leur diversité spécifique n’apparaît guère que dans leur succession ; ce sont ces images qu’on appelle des souvenirs ou des imaginations ; leur vivacité relative et le contraste qu’elles offrent entre elles en se succédant les rendent plus évidentes que les autres. […] L’habitude positive est l’habitude parfaite ; par elle et par elle seule, l’âme corrige sa loi fondamentale, qui est la dispersion dans le temps, en introduisant dans son devenir des éléments de permanence, d’unité relative, d’harmonie.

3120. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Et nous ne disons pas plus don Christophe que vous ne dites mademoiselle Jeanne d’Arc. » Après les rois et princes, les gens titrés forment une seconde catégorie, ducs, marquis ou comtes, dont le roman français, jusqu’en ces derniers temps, a fait une grande consommation. […] Au bout de ce temps elle refuse. […] Après quelque temps, la connaissance de l’atelier, le souvenir de conversations nombreuses, et de nombreuses lettres, me firent apercevoir jusqu’à l’évidence, parmi d’autres choses, l’obstacle au mariage, que les jeunes filles de la mode rencontrent dans leur profession même ; comment celle-ci les affine et les déclasse ; comment elles sont d’un monde par leur naissance et d’un autre par leurs rêves, partagées entre le luxe du dehors et la misère de chez elles, jetées de l’un à l’autre par le travail qui reprend ou le travail qui cesse, également impuissantes à oublier la richesse qu’elles côtoient et à faire oublier la condition d’où elles sortent. […] Vous avez eu mieux que l’occasion de la voir, le temps de l’étudier, en plusieurs exemplaires, puisqu’il est entendu qu’avant d’atteindre sa première année, un enfant de riches change deux ou trois fois de nourrice, pour le moins.

3121. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coran, Charles (1814-1901) »

On l’a oublié ; on n’a pas assez remarqué dans le temps et signalé au passage deux recueils de lui (1840 1847), pleins de fines galanteries, de rares et voluptueuses élégances.

3122. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 482-483

Ses Traductions ont été utiles dans leur temps, mais sont infiniment surpassées par celles qui les ont suivies.

3123. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 216

Un des hommes les plus savans de son temps.

3124. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 213

Cet Auteur a fait, pendant quelque temps, beaucoup de bruit dans une certaine portion du Monde littéraire, par des Critiques, des Satires, & des Libelles, dont l’extrême malignité ne pouvoit flatter que des caracteres conformes au sien.

3125. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 510

Son Livre des Préadamites lui attira des disgraces, & le rendit célebre pendant quelque temps.

3126. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 70

Si l'on fait attention que de son temps les premiers principes du goût étoient ignorés & la langue encore informe, on aura plus d'indulgence pour les incorrections, les rudesses, les mauvaises plaisanteries qu'on trouve dans ses Satires, & on lui saura gré de la vigueur qu'il a mise dans ses tableaux, des saillies agréables qui ont échappé à sa plume, de l'heureuse naïveté avec laquelle il a attaqué le vice & poursuivi les vicieux : plusieurs de ses Vers peuvent encore passer pour originaux, & il a plusieurs traits qui n'ont point vieilli.

3127. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 404-405

C'est ainsi qu'on prodigeoit la louange dans un temps où l'on ne savoir louer que par allusion ou par comparaison.

3128. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Sur le comte Dandolo. (Article Marmont, p. 51.) » p. 514

Napoléon, qui le fit comte et sénateur du royaume d’Italie, l’avait nommé, dans un temps, gouverneur de la Dalmatie, et Dandolo s’honora dans l’administration de cette province.

3129. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Sotties. » p. 38

Les poètes de ce temps cachaient le plus souvent leur véritable nom, ou ne l’indiquaient que dans quelque endroit de leurs ouvrages, par des espèces d’acrostiches ; c’est-à-dire, par les lettres initiales d’un certain nombre de vers, lesquelles répondaient à celles dont était formé leur nom, ou un autre que souvent ils adoptaient et qui pouvait les faire connaître.

3130. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Aucun mysticisme politique ne se mêle dans le culte de la personne royale : chez tous les penseurs du temps, la royauté est reçue comme garante et protectrice de l’ordre. […] La langue littéraire du temps de Louis XIII, encore pittoresque et empanachée, s’est réduite.

3131. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IX. L’antinomie politique » pp. 193-207

« L’indépendance individuelle, dit encore Benjamin Constant, est le premier des besoins modernes. » « En conséquence, il ne faut jamais en demander le sacrifice pour établir la liberté politique… » « il s’ensuit encore qu’aucune des institutions nombreuses et trop vantées qui, dans les républiques anciennes, gênaient la liberté individuelle, n’est admissible dans les temps modernes90 ». […] C’est sur des questions la plupart du temps factices, artificielles, sur de grossiers trompe-l’œil à l’usage de Pécus que se fait le classement des électeurs en deux ou trois troupeaux qui rappellent un peu trop les gros-boutistes et les petits-boutistes de Swift.

3132. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Il faut se rappeler ici que la condition essentielle de la vraie critique est de comprendre la diversité des temps, et de se dépouiller des répugnances instinctives qui sont le fruit d’une éducation purement raisonnable. […] Mais Jésus échappa encore pour quelque temps.

3133. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

On est presque tenté de s’étonner que Lamotte ait perdu, à critiquer cette fable, un temps qu’il pouvait employer à la relire. […] D’après un trait de la vie de La Fontaine, que j’ai raconté, on a vu qu’il allait quelquefois entendre les charlatans de place, et on voit par cette fable qu’il ne perdait pas son temps.

3134. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Il avait son idée et son plan, dont il répondait devant la critique de son temps et dont il répond encore devant la postérité. […] Ardemment synthétique de tendance, quand le siècle et ses misérables philosophies ne jurent que par cette Fée aux miettes de l’analyse, en avant sur toutes les idées de son temps, et, pour preuve, dès 1845 repoussant, avec un mépris mérité, cette théorie obstinée de l’art pour l’art, triomphante alors, et qui prétend encore, à l’heure qu’il est, n’être pas battue, la revue de César Daly avait, parmi les autres buts qu’elle voulait atteindre, le but plus difficile et plus spécial de dégager l’inconnue de l’art qui va naître, et de prédire, en étudiant profondément la société moderne et ses nouvelles conditions, le caractère du style architectonique de l’avenir ; car l’architecture du xixe  siècle n’est pas née.

3135. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXII. L’Internelle Consolacion »

II C’est Fontenelle, cette belle autorité religieuse et même littéraire, qui a écrit le mot fameux et qu’on cite toujours quand il est question de l’Imitation : « L’Imitation est le premier des livres humains, puisque l’Évangile n’est pas de main d’homme. » Seulement rappelons-nous que, quand il grava cette ingénieuse inscription lapidaire pour les rhétoriques des temps futurs, il s’agissait de la traduction de monsieur son oncle, le grand Corneille, et que, sans cette circonstance de famille, l’Imitation lui aurait paru moins sublime. […] … Une pareille disposition effraie assez les esprits qui étudient les pentes du siècle, pour donner le courage de réagir contre un livre, bien plus utile à des ascètes avancés dans la voie de la perfection chrétienne qu’à des gens du monde vivant dans les réalités et les épaisseurs de ce temps.

3136. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

Les tranquilles libres penseurs de ce temps, assis massivement dans leur lourde incrédulité, se donneront peut-être les airs de le mépriser, cet épileptique du désespoir, comme un lâche et comme un malade. […] c’est cette beauté qu’ont les quelques pages de Georges Caumont ; c’est la beauté de cet enfant malade et insensé, à qui la souffrance l’a donnée, et qui, sans cette souffrance, serait horrible, avec ses idées, comme les sophistes de son temps, et ne mériterait, comme eux, que toutes les violences du mépris.

3137. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Excellent tout le temps qu’il n’est qu’historien et peintre, il n’a plus la même valeur quand, des faits qu’il décrit avec une si pénétrante ironie, il veut monter dans les généralités philosophiques et, dominant Soulouque et son empire, regarder plus haut que cette tête crêpue et ce globe impérial fait avec une boule de jongleur. […] En proie aux titubations modernes, la plus triste maladie de ce temps, il n’aurait pas osé prendre sur la responsabilité de sa pensée d’affirmer qu’il y a des hiérarchies politiques et des hiérarchies de nations !

3138. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

A coup sûr, jamais les doctrines, ou plutôt l’absence de doctrines que nous combattons : l’égoïsme sensuel, orgueilleux et profond, l’immoralité par le fait, quand elle n’est pas dans la peinture et dans l’indécence du détail, le mépris réfléchi de tout enseignement, la recherche de l’émotion à outrance et à tout prix, et le pourlèchement presque bestial de la forme seule, n’ont eu dans aucun homme de notre temps, où que vous le preniez, une expression plus concentrée et plus éclatante à la fois que dans Edgar Poe et ses œuvres. […] Au lieu de se placer au-dessus d’elles, comme les penseurs originaux, il pille les idées de son temps, et ce qu’il en flibuste ne méritait guère d’être flibusté.

3139. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVII » pp. 218-219

Mais on aurait pu répondre sans déclamation que cet article était une précaution de haute prudence, qu’il faut tenir compte dans un pays des antécédents historiques, que les Jésuites d’aujourd’hui payent et payeront longtemps encore pour ceux d’autrefois, que la religion tout entière et son libre et paisible exercice pourraient être compromis, troublés, si on ne prenait cette mesure, et qu’enfin il est à désirer que vienne un temps où tout vestige de cette interrogation de conscience puisse disparaître : mais on ne pourrait supprimer à présent la garantie sans de graves inconvénients pour la chose sacrée qui doit être le plus chère à M. de Montalembert, et sans compromettre le gouvernement lui-même.

3140. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delpit, Albert (1849-1893) »

[Le Temps (1870).]

3141. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nadaud, Gustave (1820-1893) »

Alexandre Nous avons rêvé souvent des chansons nouvelles pour notre temps nouveau, des chansons agitées des grandes inquiétudes et des grands désirs comme les âmes de notre âge.

3142. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 136

La Comédie des Mœurs du temps de M.

3143. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 140-141

Sa Traduction des Grands Hommes de Plutarque, est un vrai chef-d’œuvre pour le temps où elle a paru.

3144. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 147

Il seroit aisé d’expliquer la cause de leur succès, en l’attribuant aux agrémens de la Musique, d’une part, & de l’autre, à la fureur qu’on a depuis quelque temps pour ce genre de spectacle.

3145. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 22

Diderot, qu’on n’a estimé quelque temps que parce qu’on ne le comprenoit pas, peut-il se flatter de figurer un jour à côté de M. l’Abbé de Condillac, si la Postérité est assez sage pour vouloir être éclairée autrement que par des énigmes ?

3146. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 535

Jodelle fut regardé, pendant quelque temps, comme un génie supérieur.

3147. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 13-14

Il est vrai que la maniere de penser, de disserter, de moraliser, est un titre assuré pour plaire aux tristes Penseurs de notre temps ; mais encore faudroit-il savoir assaisonner ses pensées, ses dissertations, sa morale, les embellir des graces du style, & les présenter ainsi parées au Lecteur, qui n’estime que ce qu’il peut goûter.

3148. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 109-110

Cet Ouvrage a pour titre : Mœurs & Coutumes des François dans les différens temps de la Monarchie.

3149. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 373-374

Bien loin de là, chacun s’est empressé d’y fournir, en différens temps & en différens lieux, son contingent, & s’est arrogé le droit de célébrer, selon ses vûes & sa maniere, tout ce qui appartenoit à sa Nation, à sa Secte, ou à son Parti.

3150. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » p. 118

Rohan, [Henri, Duc de] Pair de France, Prince de Léon, né en Bretagne en 1579, mort en 1638, un des plus grands Capitaines & des bons Ecrivains de son temps.

3151. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 292

Depuis ce temps, M. de Sivry s'est entiérement appliqué aux Sciences, & la Traduction de Pline le Naturaliste, dont il a déjà publié plusieurs volumes, ne l'exposera pas aux mêmes injustices que ses Tragédies.

3152. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 433-434

Ses talens singuliers pour la Poésie auroient pu être perfectionnés par le temps, si la mort ne l'eût enlevée aux Muses à la fleur de son âge.

3153. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Le Bel  » p. 146

Il a de la profondeur ; il s’élève de dessus la toile ; l’œil s’y enfonce ; et celui qui a vu une fois le soleil rougeâtre, obscurci, n’éclairant fortement qu’un endroit, se lever ou se coucher par un temps nébuleux, reconnaîtra ce phénomène dans le morceau de Mr Lebel.

3154. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Monnet » p. 281

plusieurs dessins et esquisses. ce Christ n’est point au sallon, Monnet n’avait apparemment pas eu le temps de l’expédier.

3155. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXX » pp. 321-322

Le fait est que depuis bien du temps il n’y a pas beaucoup de vie et qu’on ne court pas.

3156. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leclercq, Paul (1872-1956) »

Une lettre à Ibis, un conte légendaire, deux petites histoires orientales, je tiens l’une, La Besace de toile bise, pour parfaite en son genre, et une brève nouvelle de notre temps, La Vieille à l’Araignée, forment la première partie du livre ; et, déjà, j’indiquerai une différence dans la manière d’écrire de M. 

3157. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Loyson, Charles (1791-1819) »

. — Le Temps (2 octobre 1899).]

3158. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Morice, Charles (1861-1919) »

Émile Zola Il y a bientôt dix ans que des amis disaient : « Le plus grand poète de ces temps-ci, c’est Charles Morice !

3159. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Veyrat, Jean-Pierre (1810-1844) »

Sa personnalité politique s’y dessine mieux que dans les termes généraux de la satire… La meilleure pièce des Italiennes est celle que l’auteur adresse à Chateaubriand… Veyrat n’est pas seulement une des figures poétiques, c’est une des âmes, un des témoins de ce temps-ci : un Donoso Cortès de la Savoie… Sa lyre et son âme, sa vie et son œuvre sont une même chose.

3160. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 152-153

Il a eu cependant de la réputation, dans le temps où la Philosophie commençoit à faire entendre le jargon de son extravagance ; il est même un des premiers qui ait osé lever le masque.

3161. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 350

Il avoit de grandes connoissances dans l’Histoire de France ; mais les lumieres dirigées par l’esprit particulier, deviennent en peu de temps des lumieres fausses, équivoques, dangereuses, & l’on devroit travailler à se corriger de ce défaut, avant d’entreprendre aucun Ouvrage.

3162. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 372-373

Les détails qu’ils contiennent, sont très-propres à contenter la curiosité des Lecteurs jaloux de connoître la vie privée des Princes & des hommes célebres de son temps.

3163. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 381-382

Il seroit capable de l’honorer par ses travaux, si ses importantes occupations lui en laissoient le temps, comme il en a le goût.

3164. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 69-70

Mais il est encore temps d’apprendre aux jeunes gens, susceptibles d’être dirigés vers les sources du génie, qu’on ne peut devenir un grand Homme, qu’en s’attachant à la lecture des grands Modeles, & que ce n’est qu’en allumant son flambeau aux rayons du soleil, qu’on peut, comme Prométhée, communiquer à ses Ouvrages le feu qui leur donne la vie.

3165. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 111-112

Nous ne croyons pas aggraver, par cette expression, le sort de cette triste famille, destinée à vivre peu de temps, étant le fruit d’une Muse froide, foible & décharnée, dont la postérité ne pouvoit être qu’éphémere.

3166. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 257

Ses Sermons & ses Oraisons funebres eurent de la réputation dans un temps où il avoit pour rivaux Bossuet & Fléchier.

3167. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 464

Le nom de cet Auteur se soutient encore sur les débris de sa réputation, pour avoir cultivé les Lettres, dans un temps où elles étoient encore plongées dans la barbarie.

3168. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 81-82

La plupart respirent une Philosophie mondaine, à la vérité, mais sans prétention ; ce qui est un grand travers de moins dans un temps où tout aspire aux honneurs philosophiques.

3169. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Vassé »

Que le temps qui a noirci cette figure, ne vous en dérobe pas la perfection.

3170. (1895) De l’idée de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines pp. 5-143

Puis un temps s’écoule, pendant lequel la digestion s’opère. […] L’origine est pour elle la génération dans le temps. […] En effet, elles règlent l’ordre des choses dans le temps. […] L’évolutionnisme transporte à la succession des êtres dans le temps la notion de causalité physique, qui, en elle-même, ne se rapporte qu’à un couple de phénomènes se produisant dans un temps quelconque. […] Le concept, le jugement et le syllogisme ont donné lieu de tout temps à des controverses.

3171. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Brandenburg, Albert-Jacques (1878-1934) »

Anonyme En un temps où, assoupli, préparé par l’admirable usage qu’en ont fait nos derniers grands poètes, le vers français régulier est devenu si facilement beau, il est difficile de juger de la réelle valeur des poèmes de M. 

3172. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bruant, Aristide (1851-1925) »

Un cache-nez rouge au mois de mai, une chemise rouge en tout temps !

3173. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lombard, Jean (1854-1891) »

Il est mort dans une inexprimable misère, sans laisser, à la maison, de quoi acheter un cercueil, sans laisser de quoi acheter un morceau de pain à ceux qui lui survivent……… … être élu, en ce qui a brûlé une des plus belles flammes de la pensée de ce temps………… D’origine ouvrière, Jean Lombard s’était fait tout seul. — …… Jean Lombard avait gardé de son origine prolétaire, affinée par un prodigieux labeur intellectuel, par un âpre désir de savoir, par de tourmentantes facultés de sentir ; il avait gardé la foi carrée du peuple, son enthousiasme robuste, son entêtement brutal, sa certitude simpliste en l’avenir des bienfaisantes justices.

3174. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pomairols, Charles de (1843-1916) »

Pomairols un des esprits les plus élevés de ce temps.

3175. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint Maur, Hector de (1808-1879) »

Il savait qu’il avait le temps… Élégiaque, lyrique et comique !

3176. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 280-281

Ce Poëme a joui d’une grande réputation, pendant tout le temps que l’Auteur s’est borné à le lire dans les Sociétés ; mais depuis qu’il a été exposé au grand jour, le Public l’a mis au rang de ces Ouvrages dont les beautés de détails ne sont pas capables de racheter les défauts.

3177. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 289-290

On peut les lire encore aujourd’hui, parce qu’on y trouve une fraîcheur de coloris que le temps n’a point flétrie.

3178. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 18-19

Ses autres Poésies consistent dans les Epigrammes, dans les vers à la louange de quelques hommes illustres de son temps, où l’on apperçoit toujours l’ame honnête, l’homme d’esprit, & le Poëte agréable.

3179. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 366

Après l’avoir laissé se morfondre pendant quelque temps, en lui demandant toujours s’il étoit M.

3180. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 478

Nous connoissons de lui un Poëme de trois cents Vers, intitulé le Temple de la Mort, où l’harmonie se fait sentir autant que la verve, & où le langage est beaucoup plus pur que dans la plupart des Ouvrages de son temps & même de celui-ci ; ce qui prouve qu’il avoit du génie, & qu’il auroit pu porter plus loin la perfection de ses talens, si la mort n’eût abrégé sa carriere.

3181. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 299

Il a aussi travaillé, pendant quelque temps, à un Journal, sous le titre d’Histoire littéraire, dont il reste cinq ou six volumes.

3182. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 264-265

Ceux qui se plaindroient qu'on ait prodigué tant d'esprit & d'imagination sur un sujet aussi mince que la Vie des Comédiens, ne savent peut-être pas que l'arme du ridicule étoit déjà nécessaire du temps de Scarron, pour corriger l'extravagance & abattre l'orgueil de ces Messieurs.

3183. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « Conclusion »

Gaston Deschamps dans le Temps, Blum dans Gil Blas, Ballot dans le Figaro, Ernest Charles dans la Revue bleue, Bertaut dans la Revue hebdomadaire, Guerlin dans la Revue Mame, Adolphe Brisson dans les Annales, Masel dans la Revue du Midi, Durand-Gréville dans le Journal de Saint-Pétersbourg, etc.‌

3184. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « F. Grille »

Un homme qui a été mêlé à beaucoup de choses et qui a connu la plupart des personnages distingués ou célèbres de notre temps, F. 

3185. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Ce jeune homme, et très jeune homme au temps où il servait avec Vauvenargues, avait le trait caractéristique de sa famille : « Je lui trouve dans l’humeur quelque chose des Riquetti, qui n’est point conciliant. » Vauvenargues, qui jugeait ainsi le petit chevalier, essayait de lui insinuer un peu de douceur, de politesse de ton et de mœurs, de l’assouplir. « Quant au genre de persuasion que vous soufflez au chevalier, lui disait Mirabeau, vous ne réussirez pas, s’il est du même sang que nous ; votre système est d’arriver aux bonnes fins par la souplesse ; le mien est d’arriver au bien, droit devant moi, ou par la violence ; de fondre sur le mal décidé, de l’épouvanter, et enfin de m’éloigner de ce qui n’a la force d’être ni l’un ni l’autre. » Ce système à outrance et que Vauvenargues a décrit dans un de ses caractères intitulé Masis (évidemment d’après Mirabeau), est le contraire de sa science à lui, de sa tactique dans le maniement des esprits, qui va à les gagner par où ils y prêtent, et à en tirer le parti le meilleur : Où Masis a vu de mauvaises qualités, jamais il ne veut en reconnaître d’estimables ; ce mélange de faiblesse et de force, de grandeur et de petitesse, si naturel aux hommes, ne l’arrête pas ; il ne sait rien concilier, et l’humanité, cette belle vertu, qui pardonne tout parce qu’elle voit tout en grand, n’est pas la sienne… Je veux une humeur plus commode et plus traitable, un homme humain, qui ne prétendant point à être meilleur que les autres hommes, s’étonne et s’afflige de les trouver plus fous encore ou plus faibles que lui ; qui connaît leur malice, mais qui la souffre ; qui sait encore aimer un ami ingrat ou une maîtresse infidèle ; à qui, enfin, il en coûte moins de supporter les vices que de craindre ou de haïr ses semblables, et de troubler le repos du monde par d’injustes et inutiles sévérités. […] Les deux premiers n’ont que l’esprit de leur siècle, et les mœurs de leur patrie ; mais le génie de César est si flexible à toutes les mœurs, à tous les hommes, à tous les temps, qu’il l’emporte. […] Il me tomba, en même temps, un Sénèque dans les mains, je ne sais par quel hasard ; puis des lettres de Brutus à Cicéron, dans le temps qu’il était en Grèce, après la mort de César : ces lettres sont si remplies de hauteur, d’élévation, de passion et de courage, qu’il m’était bien impossible de les lire de sang-froid ; je mêlais ces trois lectures, et j’en étais si ému, que je ne contenais plus ce qu’elles mettaient en moi ; j’étouffais, je quittais mes livres, et je sortais comme un homme en fureur, pour faire plusieurs fois le tour d’une assez longue terrasse (la terrasse du château de Vauvenargues), en courant de toute ma force, jusqu’à ce que la lassitude mît fin à la convulsion.

3186. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

Et encore, dans une des lettres suivantes : La duchesse de Choiseul n’est pas très jolie, mais elle a de beaux yeux ; c’est un petit modèle en cire, à qui l’on n’a point permis pendant quelque temps de parler, l’en jugeant incapable, et qui a de la timidité et de la modestie : la Cour ne l’a pas guérie de cette modestie ; la timidité est rachetée par le son de voix le plus touchant, et se fait oublier dans le tour élégant et l’exquise propriété de l’expression. […] Ces conventions, il faut le dire, furent très bien observées des deux parts ; le tact et le bon goût, l’extrême usage, sauvèrent les difficultés dans les premiers temps, et Mme de Grammont, à la longue, finit même par gagner quelque chose non seulement dans l’estime, mais dans l’affection de celle qu’elle avait trop longtemps froissée. […] Vous savez à quel point je suis pénétré de leurs bontés ; mais vous ne savez pas qu’en leur sacrifiant mon temps, mon obscurité, mon repos, et surtout la réputation que je pouvais avoir dans mon métier, je leur ai fait les plus grands sacrifices dont j’étais capable ; ils me reviennent quelquefois dans l’esprit, et alors je souffre cruellement.

3187. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Ayant pris de bonne heure au sérieux, autant et plus que souverain en aucun temps, son rôle et ses attributions de roi, cette idée élevée, ce respect religieux de son état le mena à écrire, à dicter des instructions et des pièces assez nombreuses qui ont été recueillies. […] Mais ayant appelé la prudence à mon secours, et considéré que je n’avais ni le nombre de troupes, ni la qualité des alliés requis pour une pareille entreprise, je dissimulai ; je conclus la paix à des conditions honorables, résolu de remettre la punition de cette perfidie à un autre temps. » Depuis cette paix, conclue un peu trop tôt, cette paix brusquée, il le sent, et contre laquelle étaient Turenne, même Vauban, et tous les militaires, si bien qu’il fallut donner à son armée et à la jeunesse guerrière la diversion immédiate de l’expédition de Candie, Louis XIV n’a qu’une idée, celle de se venger ; tout ce qu’il veut, il le veut avec suite, et sans se laisser distraire ; de 1668 à 1671, pendant trois années, il n’est occupé qu’à fortifier ses places, à augmenter ses troupes peu à peu, sans donner ombrage au dehors, à disposer ses alliances du côté de l’Angleterre, du côté de l’empereur et des princes de l’Empire, pour obtenir de ces derniers au moins la neutralité : « Je ne faisais pas un grand fonds sur la solidité de ces alliances que je prévoyais bien ne devoir pas durer longtemps, comme on le verra dans la suite ; mais je comptais pour un grand avantage de pouvoir châtier en liberté, pendant quelque temps, l’insolence des Hollandais, et j’espérais les réduire à souscrire à une paix honteuse, avant que les puissances, mes alliées, pussent être en état de les secourir. » Louis XIV est franc, il ne dissimule pas son motif : il a été blessé et il prétend en avoir raison.

3188. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Il y en a plus d’un dans nos galeries de Paris et de Versailles : je ne parlerai que de ceux que j’ai eu le temps de revoir. […] Je garde, pour la fin, un dernier portrait de la reine, un pastel de société par Mme Du Deffand, qui est du La Tour en littérature, et je me hâte vers les dernières années où ce portrait s’applique parfaitement à elle ; mais il faut absolument dire un mot de la période la plus pénible et de ce que souffrit la reine « du temps des quatre sœurs. […] Et d’abord, pour comprendre ce qu’il pouvait y avoir de distraction et de soulagement pour elle dans un intérieur si uni et si peu accidenté, il faut se bien rendre compte de la gêne et de l’ennui immense, solennel, qu’apportait en ce temps-là l’étiquette de Cour dans une journée dont tous les actes étaient réglés et consacrés par des cérémonies invariables.

3189. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Du temps de Fontenelle, il en était autrement ; le moment était décisif. […] Les vieilles erreurs avaient fait leur temps pour le petit nombre des esprits éclairés et philosophiques ; pour les autres, les absurdes idées qu’on s’était forgées du monde, de l’univers, subsistaient encore. […] vous avez répandu sur nos têtes l’inspiration que les Muses d’un autre temps ne peuvent plus nous donner… » Le spectacle de la nuit, ainsi conçu, est entièrement transfiguré.

3190. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

remy dans ces préambules assez tortueux ; il ne manque pas de décocher au passage bon nombre d’épigrammes sourdes contre les inventeurs de rhythmes nouveaux, qui, en ce temps-là, se prévalurent de l’autorité d’André Chénier ; ce sont déjà de bien vieilles querelles, dans lesquelles les épigrammes elles-mêmes ont le tort d’être devenues fort surannées. […] Le critique, en voulant rapprocher, sans justice, André Chénier de Roucher, de Delille et des descriptifs du temps, recherche et accumule les métaphores d’ivoire, d’albâtre et de rose qu’il extrait de ses vers, pour les confondre dans un blâme commun. […] remy s’était borné à faire remarquer qu’André Chénier, malgré tout, était de son temps ; à indiquer en quoi il composait avec le goût d’alentour, comment dans tel sujet transposé, dans tel cadre de couleur grecque, il se glisse un coin, un arrière-fond peut-être de mœurs et d’intérêt moderne, on n’aurait eu qu’à le suivre dans ses analyses.

3191. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

Et si le marquis ne survenait, à temps, pour la protéger, nous verrions cette grande dame impunément outragée, chez elle, dans son monde, par un aigrefin ! […] Il a été du dernier mieux, comme ou disait de son temps, avec la première femme du bourgeois ; il est le parrain de sa fille ; or, un parrain est un second père, et quelquefois le premier. […] Il y a des hommes qu’on peut discuter, accuser, condamner même sans trop d’injustice, mais qui, par leur âge, par leur gravité, par l’importance de leur vie, par la place considérable, sinon méritoire, qu’ils ont occupée dans les événements de leur temps, ne doivent pas, même de loin, être exposés aux rires du théâtre.

3192. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

Quand on sut que M. de Chateaubriand écrivait ses Mémoires, une femme du monde, qu’il avait dans un temps beaucoup aimée ou désirée, lui écrivit un mot pour qu’il eût à venir la voir. […] Quand M. de Chateaubriand essaie de nous peindre la douleur qu’il éprouva dans le temps, après avoir brisé le cœur de Charlotte, il parvient peu à nous en convaincre ; des tons faux décèlent le romancier qui arrange son tableau, et l’écrivain qui pousse sa phrase : « Attachée à mes pas par la pensée, Charlotte, gracieuse, attendrie, me suivait, en les purifiant, par les sentiers de la Sylphide… » et tout ce qui suit. […] Ici, il avait affaire à une personne aussi élevée par l’esprit que noble et facile par le caractère, belle et jeune encore, et n’en abusant pas ; qui le comprenait par ses hauts côtés, qui lui ôtait tout sentiment de lien, tout soupçon de tracasserie ; il était gai avec elle, aimable, maussade aussi parfois souriant le plus souvent, et s’émancipant comme un écolier échappé aux regards du maître : « J’ai peur que les temps de courte liberté, dont je jouis si rarement dans ma vie, ne viennent à m’échapper de nouveau. » Il écrivait cela en août 1832, en courant les grandes routes de Paris à Lucerne.

3193. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

Cette paresse a besoin d’explication quand le mot s’applique à un homme aussi constamment et aussi diversement laborieux que l’était d’Aguesseau ; mais je crois qu’il la faut prendre dans le sens de lenteur de tempérament, d’absence de verve et de longueur de phrases, ce qui est incontestable quand on lit d’Aguesseau ; on sent qu’il a dû passer bien du temps à limer, à polir ce qui paraît encore un peu traînant à la lecture, et qu’aussi il s’est amusé à bien des études d’inclination et de fantaisie qui peuvent ressembler à de la paresse aux yeux des hommes d’action et d’affaires. […] Or, cette sorte de résumé développé et alternatif et de balance continuelle que l’avocat général faisait en parlant, et qu’aussi le procureur général faisait alors par écrit, avait donné à l’esprit de d’Aguesseau sa forme définitive ; et comme il s’y joignait chez lui une grande conscience et peu de décision naturelle, il ne pouvait se résoudre en quoi que ce fût à conclure, à saisir en définitive ce glaive de l’esprit qui doit toujours en accompagner l’exacte balance pour trancher à temps ce qui autrement courrait risque de s’éterniser. […] On peut juger que la philosophie du temps ne trouvait guère son compte avec lui, et qu’elle frémissait souvent d’impatience et de colère de se sentir ainsi contenue.

3194. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1873 » pp. 74-101

Or Thiers ne lui a pas permis d’ouvrir la bouche, et tout le temps, c’est le président de la République qui a raconté au chargé d’affaires, ses négociations avec Bismarck. […] Je me rappelais, ces temps-ci, le mot de ma pauvre vieille cousine de Bar-sur-Seine : « Vous verrez, je ne vivrai pas longtemps, je suis si fatiguée, si fatiguée !  […] C’étaient Delacroix, Musset, nous autres… Eh bien là, nous avons beaucoup bu de ce petit vin, qui a une si jolie couleur de groseille : ça n’a jamais fait de mal à personne. » Depuis quelque temps, la petite Jeanne porte sa cuisse de poulet à ses yeux, à son nez, quand tout à coup elle laisse tomber sa tête dans la paume de sa main, tenant toujours la cuisse à moitié mangée, et s’endort, sa petite bouche entrouverte, et toute grasse de sauce.

3195. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

J’en ai fait l’expérience avec les Foutanké et les Habé et je n’ai malheureusement séjourné que très peu de temps dans le Fouta Djallon ou dans le cercle de Bandiagara, ce qui m’a empêché d’apprivoiser des gens, très réfractaires tout d’abord à la confiance, surtout en ce qui concerne les êtres mystérieux. […] De temps à autre il se venge des mineurs qui violent sa retraite en provoquant un éboulement meurtrier puis, apaisé pour quelque temps, il les laisse en paix pendant une période plus ou moins prolongée.

3196. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Voici la pierre angulaire du temple ; le premier maître du spiritualisme, le révélateur de la force libre, le plus grand métaphysicien de notre temps. » Il tourna et retourna les quatre volumes, les ouvrit, fronça les sourcils, gronda un peu, me prit par la main, et me poussant dans ma chambre, me pria de le laisser seul. […] Cousin l’a promu au grade de « premier métaphysicien du temps. » Autour du berceau du spiritualisme, il fallait des nuages. […] II Au bout de ce temps, il vint chez moi avec les quatre volumes, cette fois muni d’un cahier : « Voilà l’homme !

3197. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delair, Paul (1842-1894) »

[Le Temps (3 juin 1872).]

3198. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lefèvre, André (1834-1904) »

[Le Temps (13 avril 1873).]

3199. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Paté, Lucien (1845-1939) »

[Le Temps (10 avril 1873).]

3200. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 479-480

Charleval, [Jean-Louis Faucon de Ris, sieur de] né à Paris en 1613, mort dans la même ville en 1693 ; Bel-Esprit de son temps, qui cultiva les Lettres, & fit des vers pour son plaisir, dont il ne nous est parvenu que quelques Pieces, qui font connoître qu’il avoit du talent pour la Poésie légere.

3201. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 83-84

Le Public peut être dupe quelque temps du charlatanisme, mais enfin il ouvre les yeux dès que la vérité se montre ; ses erreurs ne sont qu’un sommeil, & le réveil de la raison est une juste condamnation du prestige qui l’avoit séduite.

3202. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 338-339

Quand on s’exprime ainsi, il faut se borner à quelques Admirateurs pour le temps présent, & renoncer aux suffrages des Juges éclairés pour l’avenir.

3203. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 517-518

On doit s’attendre, après cela, à ne pas trouver, dans ses Ouvrages, ce caractere d’exactitude & de perfection que le temps seul peut donner aux Productions de l’esprit ; mais on ne peut lui refuser de la netteté, de la méthode, une lecture immense, quelquefois une imagination vive, jointe à un style léger, mais souvent incorrect.

3204. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 552-553

Ils purent bien comparer sa Phédre à celle de Racine, faire des Sonnets, débiter des Plaisanteries, cabaler dans les Sociétés de leur temps, ressource ordinaire des Présidens & Présidentes des Bureaux d’esprit ; le pauvre Pradon n’y gagna que du ridicule.

3205. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 76-77

Néanmoins, malgré la véracité dont il paroît faire profession, il se trouve contredit sur plusieurs faits, par les Mémoires de son temps ; ce qui prouve qu'il a souvent été aussi dupe de son imagination que de ses projets.

3206. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 248-249

Cette maniere de disputer pouvoit être excusable dans un temps où l'on n'avoit pas encore dit : « Il est bien cruel, bien honteux pour l'Esprit humain, que la Littérature soit infectée de ces haines personnelles, de ces cabales, de ces intrigues, qui devroient être le partage des esclaves de la fortune.

3207. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VII. Versailles. »

Quand le temps a porté un coup aux Empires, quelque grand nom s’attache à leurs débris et les couvre.

3208. (1870) La science et la conscience « Avant-propos »

Si ce travail peut attirer l’attention des savants et des penseurs de toutes les écoles sur le problème capital qui en fait l’objet, et de provoquer une solution décisive après un examen approfondi, il n’aura pas été tout à fait inutile à la philosophie de notre temps.

3209. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Chapitre deux : Pendennis, père du jeune homme, était de son temps apothicaire, mais d’une bonne famille, et désolé d’être descendu jusqu’à ce métier. […] La maison, pendant tout le temps que dure cette visite, prend un air propre, agréable, confortable, joyeux, un air de fête qu’elle n’a point en d’autres saisons. […] Pour sa femme, il la bat de temps à autre. […] Cette puissante réflexion a décomposé et reproduit les mœurs du temps avec une fidélité étonnante. […] Si l’auguste amant eût été heureux, il n’eût point passé son temps à soupirer.

3210. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVII » pp. 264-265

G. de Molènes continue dans les Débats (8 octobre) ses feuilletons sur ou contre Mérimée, dont le Semeur, dans les derniers temps, a si judicieusement parlé, et que M.

3211. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Arvers, Félix (1806-1850) »

j’aurai passé près d’elle inaperçu, Toujours à ses côtés et pourtant solitaire, Et j’aurai jusqu’au bout fait mon temps sur la terre.

3212. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Borrelli, Raymond de (1837-1906) »

Entre temps, sous ce joli titre : Rimes d’argent, il a réuni une soixantaine de morceaux fort divers et fort remarquables, où sa « muse », comme on disait jadis, se montre à la fois tendre délicieusement et martiale avec crânerie.

3213. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Couyba, Charles-Maurice (1866-1931) »

Sully Prudhomme Je regrette que vous m’ayez si tardivement communiqué les épreuves de vos Nouvelles Chansons ; le temps me manque pour témoigner à mon gré de l’attention dont elles sont dignes.

3214. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Claudel, Paul (1868-1955) »

Remy de Gourmont Relu, Tête d’or m’a enivré d’une violente sensation d’art et de poésie ; mais, je l’avoue, c’est de l’eau-de-vie un peu forte pour les temps d’aujourd’hui ; les fragiles petites artères battent le long des yeux, les paupières se ferment ; trop grandiose, le spectacle de la vie se trouble et meurt au seuil des cerveaux las de ne jamais songer.

3215. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 122-123

Une raison prématurée lui ayant fait connoître de bonne heure, que rien ne contribuoit plus que les Belles-Lettres & les Sciences à rendre la vie douce & agréable, il a consacré à l’étude un temps que les personnes de son âge & de son rang donnent ordinairement aux plaisirs & à la dissipation.

3216. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 203-204

Sa critique des Entretiens d’Ariste & d’Eugene annonce un esprit plein de finesse, de goût, & sur-tout de politesse : cet Ouvrage sera toujours un exemple à proposer aux Ecrivains de notre temps, qui manquent souvent de ces trois qualités, auxquelles ils substituent la jalousie, la mauvaise foi, & la grossiéreté.

3217. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 322-323

On peut en effet le regarder comme un de nos meilleurs Poëtes Comiques, dans le temps où la Comédie commençoit à perdre sa gaieté & son naturel.

3218. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 434-435

On a de lui une grande quantité de Sermons qui édifierent peut-être de son temps, mais qui feroient rire aujourd’hui, par le ton burlesque qui les caractérise, & par les citations fréquentes & déplacées des Poëtes & des Auteurs profanes.

3219. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 60-61

Ce fut donc parce que Cotin se prévaloit un peu trop d’une réputation usurpée, qu’il cabaloit dans les petites Sociétés de son temps, qu’il s’étoit érigé en Président de quelques Bureaux d’esprit, qu’au milieu de ces Sénats ridicules, où il étoit écouté comme un Oracle, il insultoit au vrai mérite, en faveur du sien & de celui de ses amis ; ce fut enfin l’admiration indiscrete de l’Hôtel de Rambouillet, qui fit pleuvoir sur lui les anathêmes de l’Auteur du Lutrin, & de celui des Femmes Savantes.

3220. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 294-295

Aucun homme de Lettres n’oubliera ce Vers si caractéristique, où, d’un seul trait, digne de Michel-Ange, il peint le Temple de la Mort, Le Temps, qui détruit tout, en affermit les murs.

3221. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 461-462

Depuis ce temps-là, on ne sait ce que cette pierre est devenue.

3222. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 463-464

Tel a été de tout temps le caractere du défunt Patriarche de la Philosophie ; il lui falloit des Lecteurs bénévoles ou de timides Adversaires & faciles à subjuguer, sans quoi il se dépitoit & prodiguoit les injures.

3223. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 156-157

Les Discours préliminaires montrent sur-tout l’homme instruit & laborieux, dont l’érudition n’obscurcit point le discernement ; l’Ecrivain aussi ingénieux que sage, qui sait animer les sujets les plus arides, & nous offrir les débris de l’antiquité, dégagés de la rouille du temps, & embellis par l’habileté de son pinceau : par-dessus tout, on est touché du ton de respect avec lequel sa plume en traite les différentes matieres ; sentiment qui prouve autant en faveur de la piété de l’Auteur, que de ses lumieres.

3224. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 295-296

Après avoir débuté par des Héroïdes aussi fades que langoureuses, il s’est jeté, depuis quelque temps, à corps perdu, dans la composition des Drames, autres Productions de la même espece.

3225. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 405-406

Le peu de temps ou de soin qu’il mit à composer ce Recueil, ne lui permit pas de connoître par lui-même les Originaux ; il se contenta de copier les Journalistes & les Biographes, vrai moyen de perpétuer les fautes & les erreurs.

3226. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 530-531

De tels Auteurs seront pour tous les temps de dignes objets d’admiration, ainsi que de vrais modeles.

3227. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 357-358

Ce jeune Poëte travailloit à une seconde Tragédie, lorsqu'une mort imprévue l'enleva au Théatre, où sa carriere auroit pu devenir plus glorieuse que celle de ses rivaux, pour peu qu'il eût eu le temps de perfectionner son génie.

3228. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 415-416

Quelques Critiques se sont plaint de ne pas trouver, dans son style, cette politesse & ces graces, but actuel des efforts de tous nos Ecrivains ; mais quand il ne seroit pas injuste de lui reprocher d'avoir manqué de ces qualités, qui n'etoient encore qu'en germe, nous doutons qu'elles soient préférables à cette noblesse simple & naturelle, à cette aisance moëlleuse & toujours soutenue, qui regnent dans sa Traduction & dans tous les Ecrits qui ont paru quelque temps après lui.

3229. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VII. Philippe de Commines et Rollin. »

Ne verrons-nous jamais renaître ces temps où l’éducation de la jeunesse et l’espérance de la postérité étaient confiées à de pareilles mains !

3230. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — La Grenée » p. 97

Le reste, c’est de la couleur, de la toile et du temps perdus.

3231. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Argument » pp. 355-356

Argument La plupart des preuves historiques données jusqu’ici par l’auteur à l’appui de ses principes, étant empruntées à l’antiquité, la Science nouvelle ne mériterait pas le nom d’histoire éternelle de l’humanité, si l’auteur ne montrait que les caractères observés dans les temps antiques se sont reproduits, en grande partie, dans ceux du moyen âge.

3232. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

J’ai dit qu’il était bien de son temps. […] Sans doute il est de son temps ; il admire encore Crébillon ; il déclare, après une représentation de la Suite du Misanthrope, que « d’Eglantine est le plus grand génie qu’ait produit le dix-huitième siècle en littérature »  Je comprends d’ailleurs que ce jeune homme de tant d’orgueil et d’énergie place très haut Corneille et même Alfieri : je conçois moins que celui qui doit écrire le livre de l’Amour fasse si peu de cas du théâtre de Racine.

3233. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Richepin, Jean (1849-1926) »

[Le Temps (février 1897).] […] Il nous le découvre moins dans sa Chanson des gueux, si heureusement renouvelée ces temps-ci par les Soliloques du pauvre, de M. 

3234. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

C’est Voltaire qui, lisant Athalie, s’exclamait : « On a honte de faire des vers quand on en lit de pareils. » Pareillement, et malgré l’autorité de notre aimable Marcel Prévost, qui, tout en continuant avec un dévouement dont on lui sait gré ce qu’il appelle la tradition des gentils conteurs, adresse à sa clientèle spéciale des consultations pour les maladies morales secrètes, et enseigne aux nobles lectrices du Temps, pour moitié protestantes et pour moitié israélites, les principes de la galanterie nationale et honnête, en un style troublant qui fleure le pot-au-feu au patchouli, malgré l’exemple du jeune et courageux écrivain, n’osons-nous plus tenter ces petits divertissements psychologiques pour peu que nous venions de relire ou Stendhal ou Balzac ou Tolstoï. […] Mais nous vivons, Mesdames et Messieurs, en un temps où règne ce que M. 

3235. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

De 1650 à 1660, nous voyons donc la marquise, âgée de 70 à 80 ans, sa seconde fille mariée au comte de Grignan et de temps à autre madame de Montausier ; mais on ne retrouve que rarement, à l’hôtel Rambouillet, madame de Longueville, sa fille, madame de Nemours ; madame de Sablé, les Scudéry même. […] L’entrée de madame de Sévigné dans la société intime de la marquise de Rambouillet la lia d’une étroite amitié avec la duchesse de Montausier, qui revenait son vent faire des visites à sa mère et faisait à chaque visite un séjour de quelque temps à Paris.

3236. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

Tels sont les excellens caracteres qui assureront au Télémaque des Lecteurs dans tous les temps & chez tous les peuples. […] Quiconque les lira avec attention [& tout le monde devroit s’empresser de les lire], y apprendra à éviter les écueils, à respecter les regles, à préférer le naturel au bel-esprit, les beautés réelles & solides au feu brillant & aux pensées recherchées, l’éloquence de tous les temps à celle du moment.

3237. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

Pour finir de réhabiliter Télémaque, on prétend que Fénelon a écrit comme on écrivait de son temps. « En prose et en vers, dit-on, les écrivains du dix-septième siècle évitaient soigneusement l’éclat, la violence, tout excès d’imagination. » Ceci est peut-être vrai en général, et encore pourrait-on discuter ; mais la preuve que tous les écrivains de son époque n’écrivaient pas comme Fénelon, c’est qu’il y a eu des gens comme Bossuet, qui incarne précisément la violence, l’éclat, l’imagination, qui ne recule devant aucune audace, crée son style et donne à sa langue l’originalité de la Bible et des meilleurs Pères de l’Eglise. Il y avait aussi, du temps de Fénelon, des prosateurs comme Pascal.

3238. (1799) Dialogue entre la Poésie et la Philosophie [posth.]

Je sais aussi que Pascal a dit qu’il n’y avait point de beauté poétique, mais j’en suis fâché pour l’honneur de ce grand génie, qui après tout était peut-être excusable, s’il ne jugeait de la poésie que sur le grand nombre de vers de son temps. […] Ce dialogue fut fait dans le temps où le conte de Voltaire, sur l’éducation d’un prince, venait de paraître.

3239. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Mais il est parti de l’étude des œuvres complexes, il a négligé les cas simples, et il a donné pour premier temps de l’état émotionnel un sentiment d’exaltation neutre qu’il serait plus légitime d’attribuer au moment de la perception. […] Relisant le livre, évoquant le tableau, faisant résonner à son esprit le développement sonore de la symphonie, l’analyste, considérant ces ensembles comme tels, les restaurant entiers, les reprenant et les subissant, devra en exprimer la perception vivante qui résulte du heurt de ces centres de force contre l’organisme humain charnel, touché, passionné et saisi4. » Et enfin (p. 217), « saisissant ainsi des intelligences telles quelles, les analysant avec une précision et une netteté considérables et les replaçant ensuite par une minutieuse synthèse dans leurs familles, leurs patries, leurs milieux, l’esthopsychologie, un ensemble d’études particulières de cette science, sont appelés à vérifier les plus importantes théories de ce temps sur la dépendance mutuelle des hommes, sur l’hérédité individuelle, sur l’influence de l’entourage physique et social ».

3240. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre X. Mme A. Craven »

Sous le coup de cette découverte, la femme trompée revient à Dieu, mais, tout en y revenant, ne voilà-t-il pas qu’elle se sent un petit amour naissant pour un vertueux philanthrope (un conférencier de ces derniers temps ; quelle élégance pour une femme du monde !!). […] … Mme Sand, cette usurpatrice qui a régné si facilement par ce vil temps d’usurpateurs, Sand, je l’ai dit plus haut, sent déjà le cadavre dans son talent et dans ses œuvres.

3241. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édouard Fournier »

C’est, comme vous le voyez, un vrai regrattage, — insignifiant quand il n’est pas maladroit, — une espèce de travail semblable à celui que l’on fait parfois (et je n’ai jamais su pourquoi) sur les édifices que le temps a austèrement bistrés et qui portent, au rebord de leurs angles et sur le cordon de leurs nervures, la poussière chassée par les siècles ou la graine éclose qu’en passant l’oiseau du ciel y fit tomber. […] En effet, avec tout ce qui fausse ou entrave en toute chose le jugement des hommes, avec tout ce qui cache à leurs faibles yeux la pointe de la vérité, avec tous les impedimenta de l’histoire, et les passions, et les partis, et les dauphins, et leurs précepteurs, et les bourgeois qui ont remplacé les dauphins, et les Martin qui ont remplacé les Bossuet, ce n’est pas qu’il y ait dans l’histoire quelques déplacements d’anecdotes, quelques reflets des autres temps, quelques inventions, quelques préjugés, quelques misères, qui doit étonner, mais c’est plutôt qu’il n’y en ait pas beaucoup plus !

3242. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

Plus vrai qu’Edgar Poe, le chasseur américain au succès21, dont le but caché est de terrasser l’imagination de son temps à l’aide de combinaisons enragées et d’excentricités réfléchies, Hoffmann n’a pas cette puissance terrible qu’avait Edgar Poe, et que du fond de ses ivresses il pensait encore à exercer ; Hoffmann, lui, perdait de vue son public comme on perd de vue les convives lorsque l’on glisse sous la table. […] — lequel axiome devait nous mener en très peu de temps à l’extravagance, — ce fantaisiste éclos de lui-même : prolem sine matre creatam , avait dans la physionomie celle de deux hommes autrement grands que lui, autrement originaux et spirituels !

3243. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Maynard »

À propos d’histoire et de biographie, nous nous plaignions, il y a quelque temps, que personne, parmi nos contemporains, n’eût songé à écrire la vie de saint Vincent de Paul. […] Il avait l’œil sur les prêtres du temps.

3244. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Sandeau » pp. 77-90

Ce n’est qu’un verre d’eau, mais qui a des qualités d’eau et qui vient à temps. […] Sandeau dans sa Renée de Penarvan, les dernières palpitations, dans un grand caractère, de toute une race qui ne s’abaisse ni devant les hommes ni devant le temps.

3245. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

Faudrait-il supposer même que, métropole puissante de l’univers, le sillonnant de ses colonies, l’Europe lui ait envoyé avec son sang une vieillesse anticipée, et que, sur ces territoires de l’Amérique septentrionale qui s’étendent sans cesse, dans ces villes qui poussent si vite, notre civilisation n’ait jeté partout, avec son expérience de plusieurs siècles et ses plus récentes inventions, que le bon sens pratique, l’intelligente âpreté au gain, et cette active distribution du travail, cet emploi technique et pressé de la vie, qui laisse si peu de temps aux plaisirs délicats de l’âme et du goût ? […] Tout ce qui ajoute extérieurement aux forces de l’homme, tout ce qui d’abord double pour lui le temps ou abrège l’espace, doit à la longue profiter au retour de l’âme sur elle-même ; car l’homme, à tout prendre, n’est grand que de ce qu’il a conçu par la pensée et senti par le cœur.

3246. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

Des états de conscience vraiment simples seraient indiscernables comme les atomes fictifs de la physique, qu’on discerné uniquement par leur position dans l’espace et dans le temps. […] Il n’y a point deux réalités, l’une sentie, l’autre sentante : il n’y en a qu’une, dont le physique exprime certaines relations superficielles dans l’espace et dans le temps, dont le mental exprime certaines qualités plus intimes et plus profondes. […] Ainsi, entre la sensation présente et la réaction de l’intelligence appelée attention, puis la réaction de la volonté appelée aversion, il n’y a pas simplement un rapport dans le temps dont on ferait la constatation brute en disant : « Cela se suit de cette manière », sans qu’on sache pourquoi ce ne serait pas aussi bien l’inverse. […] En d’autres termes, les lois vraiment psychologiques ne sont plus une pure coordination causale de phénomènes dans le temps ; nous ne nous contentons plus de ranger le phénomène A au premier moment, le phénomène B au second moment, etc., et d’ajouter que, dans les mêmes circonstances, le même ordre se reproduira. […] Essayez de vous représenter le plaisir comme un objet, vous reconnaîtrez que vous vous représentez toujours autre chose que le plaisir même ; ce seront des circonstances de lieu et de temps, une partie déterminée de votre corps où vous localisez le plaisir, un mouvement de molécules corporelles, etc.

3247. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Grenier, Édouard (1819-1901) »

[Le Temps (10 avril 1873).]

3248. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 437-439

Il fut très-profond dans l’Histoire & dans la Politique, & se distingua dans plusieurs ambassades, où, sous le titre de Secrétaire, il eut la plus grande part aux affaires qui se négocierent de son temps.

3249. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 437-438

La Prude du temps, Comédie en cinq Actes, la seule de toutes qui soit en Vers, n’eut aucun succès.

3250. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIII. L’Enfer chrétien. »

Nous savons qu’au sortir de ce monde de tribulations, nous autres misérables, nous trouverons un lieu de repos, et si nous avons eu soif de la justice dans le temps, nous en serons rassasiés dans l’éternité.

3251. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Bâtiment. » p. 534

Je la supplie seulement de considérer que beaucoup de choses pourront lui paraître superflues pour le moment qui deviendront nécessaires avec le temps, avant même la fin de son règne, s’il dure autant qu’elle me l’a promis.

3252. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLIX » pp. 193-194

Les passions auront le temps de s’user.

3253. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gérardy, Paul (1870-1933) »

C’est charmant, en vérité, de voir venir de temps à autre de là-bas ces minces volumes de vers ingénus, pleins de musique, nimbant des sentiments simples d’une langue naïve, d’une authentique naïveté, avec le petit goût vif d’un don réel des ressources du vers.

3254. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guimberteau, Léonce »

Autant que je suis informé, il me semble bien que nos versificateurs les plus connus reflètent assez exactement le désarroi moral et intellectuel de notre temps.

3255. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 431-433

Tant de succès dans un temps où le goût subsistoit dans toute sa pureté, ne font que mettre plus en évidence le tort des Comédiens qui s’obstinent à répéter jusqu’à la satiété certaines Pieces, sans songer à faire paroître celles-ci.

3256. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 401-402

On sait qu’il est devenu sou des suites d’une chute de cheval, & qu’il est mort peu de temps après, pour avoir avalé, dans sa démence, la clef de son logement.

3257. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 316-318

Le goût de ces sortes de Ménageries n'est pas tout à fait passé ; les Bêtes, qui les composent, sont même plus soumises, plus apprivoisées que celles qui existoient du temps de Madame de Tencin ; mais, il faut en convenir, les nouvelles Surintendantes ne sont pas, à beaucoup près, ni aussi prévoyantes*, ni aussi agréables.

3258. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Note préliminaire » pp. 5-6

Le temps des systèmes est passé, même en littérature.

3259. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre V. Sculpture. »

Qu’on place donc au monument d’un chrétien, d’un côté, les pleurs de la famille et les regrets des hommes ; de l’autre, le sourire de l’espérance et les joies célestes : un tel sépulcre, des deux bords duquel on verrait ainsi les scènes du temps et de l’éternité, serait admirable.

3260. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Amédée Vanloo » p. 218

Le temps a enlevé la couleur ; mais la force de la composition et des caractères, le génie de l’artiste est resté.

3261. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gide, André (1869-1951) »

Gide est devenu, après maintes œuvres spirituelles, l’un des plus lumineux lévites de l’église, avec autour du front et dans les yeux toutes visibles les flammes de l’intelligence et de la grâce, les temps sont proches où d’audacieux révélateurs inventeront son génie… Il mérite la gloire, si aucun la mérita (la gloire est toujours injuste), puisqu’à l’originalité du talent le maître des esprits a voulu qu’en cet être singulier se joignit l’originalité de l’âme.

3262. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Grandmougin, Charles (1850-1930) »

Jules Mazé Charles Grandmougin, artiste puissant, au talent souple et robuste, fait partie de la petite et glorieuse phalange des poètes qui relient notre époque d’industrie et de prose aux temps heureux qui virent éclore des œuvres immortelles.

3263. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Joncières, Léonce de »

Il me faut bien avouer que les beaux vers sonores de M. de Joncières, coulés en un métal très pur et dans un moule d’une rigueur voulue, m’ont enchanté par leur musique, déjà connue peut-être, mais dont le temps ne m’a jamais lassé.

3264. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valéry, Paul (1871-1945) »

C’est à peine si de temps à autre, dans le Mercure de France, on voit son nom au bas d’études dont le titre « Méthodes » est significatif des abstractions et spéculations mathématiques où s’est jeté son esprit.

3265. (1894) Propos de littérature « Introduction » pp. 9-10

Enfin un genre de sport fut quelque temps très en faveur dans les bons coins de la presse littéraire, — peut-être l’est-il encore — il consistait à accoler invariablement ces deux noms jusqu’à donner l’illusion d’une sorte de meilhacalévy poétique, tandis qu’un contresport les plaçait alternativement au-dessus et au-dessous l’un de l’autre.

3266. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 222-224

La connoissance des médailles, & toute l’érudition qu’elle suppose, ont fait de tout temps l’objet de ses études.

3267. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 388-389

Il sut rajeunir & embellir l’ancienne Comédie de l’Avocat Patelin, qu’on jouoit dès le temps de Charles VIII, & dont François Corbueil est le premier Auteur.

3268. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 259-261

D’ailleurs le Président Fauchet n’écrivoit mal, que parce que c’étoit un défaut assez général de son temps, où la langue n’étoit pas encore formée.

3269. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 89-91

Ses liaisons avec le Comédien Baron ont pu le faire soupçonner d’avoir un goût plus decidé pour le Théatre, que son état ne le permettoit : on étoit même persuadé, de son temps, comme on l’est encore aujourd’hui, que l’Andrienne & l’Homme à bonnes fortunes devoient beaucoup à ses talens.

3270. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 361-363

On peut en juger par ceux-ci : Ne me demandez pas, Silvie, Quel est le mal que je ressens ; C’est un mal que j’aurai tout le temps de ma vie ; Mais je ne l’aurai pas long-temps.

3271. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 171-172

Si l'Auteur nous accusoit de contradiction, nous pourrions lui répondre que se corriger n'est pas se contredire, & que dans le temps même que nous ne connoissions qu'imparfaitement son Ouvrage, nous lui avions reproché le défaut de précision, de correction, d'égalité dans le style, de sévérité dans le choix des Auteurs qu'il cite, ainsi que dans celui des morceaux de leurs écrits qu'il copie.

3272. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 444-446

Héros de la Poésie Françoise de son temps, il a les plus singulieres conformités avec le Héros de notre Poésie actuelle.

3273. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Demarteau » p. 335

Mais quand je pense que j’ai moins employé de temps à examiner deux cents morceaux, qu’il n’en faudrait accorder à trois ou quatre pour en bien juger ; quand j’apprécie scrupuleusement la petite dose de mon expérience et de mes lumières avec la témérité dont je prononce, et surtout lorsque je vois que moins ignorant d’un sallon à un autre, je suis plus réservé, plus timide, et que je présume avec raison qu’il ne me manque peut-être que d’avoir vu davantage pour être plus juste, je me frappe la poitrine, et je demande pardon à Dieu, aux hommes et à vous, mon père, et de mes critiques hasardées et de mes éloges inconsidérés.

3274. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Argument » pp. 249-250

Du temps où vécut Homère.

3275. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

L’art en notre temps doit être révolutionnaire, parce qu’il ne peut plus exprimer la conscience publique et parce qu’il doit la réformer. […] La foi seule nous empêche de le penser. » En d’autres articles, le Public dans le temps et dans l’espace, le Public et la Popularité(1878), il considère, plus particulièrement, le public de l’œuvre dramatique. […] Il distingue celui des lecteurs de journaux, celui des amateurs de théâtre, des académistes, des tragiques, et leur oppose le vrai public, supérieur au temps et au monde sensible. […] Le Temps(11 mars) : Gustave Frédérix. […] Le souvenir de son excellente attitude est certainement l’un des meilleurs que j’aie emportés de Bruxelles ; il raffermit ma foi dans un art que j’aime avec passion, et me donne la certitude que les temps sont proches où l’œuvre de Wagner triomphera en France, comme elle vient de triompher en Belgique.

3276. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Il se détachait de lui-même et de son temps, s’éprenait tout naïvement des grâces de la vie primitive chez une belle race, se faisait une âme grecque ou plutôt, mystérieux atavisme, retrouvait cette âme en lui. […] D’un autre côté, l’intelligence du passé et le goût de l’exotique ont engendré une longue et magnifique lignée de poèmes où revivent l’art, la pensée et la figure des temps disparus. […] Et je ne sais si l’amour du néant est contagieux ou si cet amour n’est pas le suprême mensonge et la dernière et incurable illusion faite de la ruine de toutes les autres ; mais volontiers, séduit par le maléfice de ces admirables vers qui aspirent au néant en empruntant à l’Être de si belles images, on s’unirait, avec un désespoir voluptueux, à l’oraison du poète : Et toi, divine Mort où tout rentre et s’efface, Accueille tes enfants dans ton sein étoilé ; Affranchis-nous du temps, du nombre et de l’espace. […] N’ayez crainte : son imagination, après sa superbe, l’a sauvé du suicide ; et le voici qui commence, à travers le temps et l’espace, la revue des apparences, œuvre de Maya.

3277. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Dérangement et perte de temps… Pourrai-je tout dire ? […] Gaston Deschamps fait dans le Temps des femmes et des affaires parce qu’il est le gendre, si j’ose dire, d’une grosse maison, le gendre de l’École Normale elle-même. […] Depuis quelque temps, la politique préoccupe Faguet, commerçant arrivé et bon citoyen, ce qui nous épargne quelques âneries littéraires. […] Quel intérêt offriront-elles quand, au lieu de venir d’un contemporain, elles sortiront d’un professeur, vague apparence qui n’appartient à aucun temps et qui ne saurait néanmoins sans s’évanouir, fantôme dispersé par la lumière, être considéré sous un aspect d’éternité ?

3278. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Voyez les grandes horloges pleines de rouages et de contrepoids, et qui devaient marquer les secondes, les minutes, les heures, les jours, les années, les lunes, les épactes, les éclipses, les siècles, l’éternité… elles ne vont plus, elles n’ont jamais marché ; tandis qu’une simple et naïve pendule qui n’a d’autre prétention que de donner l’heure du temps, va son petit bonhomme de chemin et trouve toujours son emploi. […] Le veau d’or a grandi démesurément depuis quelque temps ; il est devenu je ne sais quel monstrueux taureau de Phalaris plein de cris, de tortures et de convulsions intérieures. La plaie d’argent, autrefois si légère, s’est envenimée par l’action corrosive du temps et des choses. […] Vous diriez un pêcheur à la ligne, intéressé dans l’expédition d’un baleinier, et tremblant de le voir partir par un gros temps, sur une mer houleuse.

3279. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Copernic a, depuis plusieurs siècles, dissipé les illusions de nos sens touchant les mouvements des astres ; et pourtant, c’est encore d’après ces illusions que nous réglons couramment la distribution de notre temps. […] C’est par elle que Bacon caractérise la méthode que suivaient les savants de son temps et qu’il combat. […] En effet, ce qui fait la matière principale de sa sociologie, c’est le progrès de l’humanité dans le temps. […] Il fut un temps où les sentiments relatifs aux choses du monde physique, ayant eux-mêmes un caractère religieux ou moral, s’opposaient avec non moins de force à l’établissement des sciences physiques.

3280. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « III — II » pp. 14-15

Depuis ce temps les représentations sont toujours plus ou moins orageuses.

3281. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coolus, Romain (1868-1952) »

[Le Temps (17 février 1896).]

3282. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lacroix, Jules (1809-1887) »

Sa traduction est sobre et colorée ; levers marche d’une allure mâle et simple… [Le Temps (1868).]

3283. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemoyne, André (1822-1907) »

[Le Temps (10 avril 1873).]

3284. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 105-106

On sait que Dancourt fut le Harangueur ordinaire de la Troupe, pendant tout le temps qu’il resta sur le Théatre.

3285. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 128-130

Il étoit si accoutumé à ces fréquens voyages, qu’en voyant paroître l’Exempt Tapin, aussitôt, sans lui donner le temps de s’expliquer, allons vîte , disoit-il à sa Gouvernante, mon petit paquet ; du linge, du tabac .

3286. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 78-80

Si, comme cet Auteur le dit lui-même dans un Vers des plus prosaïques, Qui n'est pas né Poëte, à rimer perd son temps.

3287. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 366-368

L’état de la Grece, du temps de Démosthène, y est présenté avec autant d’érudition que d’habileté.

3288. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — W. — article » pp. 524-526

Il sera toujours honorable pour les Lettres, que des hommes, occupés par état à des Emplois qui exigent une attention sérieuse, trouvent encore le moyen de consacrer aux Muses la plus grande partie du temps dont ils peuvent disposer.

3289. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Châtiments » (1853-1870) — Préface de 1853 »

« Ce sera un des plus douloureux étonnements de l’avenir que, dans de nobles pays qui, au milieu de la prostration de l’Europe, avaient maintenu leur Constitution et semblaient être les derniers et sacrés asiles de la probité et de la liberté, ce sera, disons-nous, l’étonnement de l’avenir que, dans ces pays-là, il ait été fait des lois pour protéger ce que toutes les lois humaines, d’accord avec toutes les lois et divines, ont dans tous les temps appelé crime.

3290. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VIII. Les calaos et les crapauds »

Les calaos et les crapauds (Malinké) En ce temps-là, crapauds et calaos vivaient en bonne intelligence.

3291. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Le feu allumé au milieu des tentes, et près duquel les Arabes ont jusqu’à présent chuchoté, se racontant je ne sais quoi, mais assurément pas les histoires d’Antar, quoi qu’en disent les voyageurs revenus d’Orient, — le feu abandonné s’est éteint et ne répand plus qu’une vague odeur de résine qui parfume encore tout le camp ; nos chevaux ont de temps en temps des frissons amoureux, et poussent, vers une femelle invisible qui les enflamme, des hennissements aigus comme un éclat de trompette ; tandis qu’une chouette, perchée je ne sais où, exhale à temps égaux, au milieu du plus grand silence, cette petite note unique, plaintive, qui fait clou ! […] Ils ont fait selon le goût de leur temps, et leurs chefs-d’œuvre ont consacré l’anachronisme. […] Fromentin ne s’y absorbe pas ; il pense aux maîtres, à l’art, à ce qui a été fait, à ce qui peut se faire encore ; même en voyant du nouveau et en faisant du neuf, il ne croit pas qu’il convienne de rompre en visière avec le passé ; il n’est nullement d’avis qu’il convienne de changer absolument de méthode selon les lieux et les temps ; qu’il faille désormais tout détailler, tout montrer.

3292. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

L’ordre en date du 15 novembre, et qui paraît avoir mis quelque temps à atteindre le destinataire, était péremptoire. […] Berthier retint Jomini dans son état-major pour l’inutiliser, et dans le même temps Jomini recevait de l’empereur de Russie, par suite de sa première démarche, un brevet de général-major attaché à sa personne. […] Les hommes qui en valent la peine ne se jugent point d’un coup d’œil ni en un instant ; et, comme l’a dit le grand poète persan Sadi : « Ce n’est qu’en laissant s’écouler un long espace de temps que l’on arrive à connaître à fond la personne qu’on étudie. » Ce devrait être la devise de toute biographie sérieuse.

3293. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

L’homme, par un instinct occulte, mais fatal, semble avoir senti, dès le commencement des temps, le besoin d’exprimer dans un langage différent ces choses différentes. […] et quand la contemplation extatique de l’être des êtres lui fait oublier le monde des temps pour le monde de l’éternité, enfin quand, dans ses heures de loisir ici-bas, il se détache sur l’aile de son imagination du monde réel pour s’égarer dans le monde idéal, comme un vaisseau qui laisse jouer le vent dans sa voilure et qui dérive insensiblement du rivage sur la grande mer, quand il se donne l’ineffable et dangereuse volupté des songes aux yeux ouverts, ces berceurs de l’homme éveillé, alors les impressions de l’instrument humain sont si fortes, si inusitées, si profondes, si pieuses, si infinies dans leurs vibrations, si rêveuses, si extatiques, si supérieures à ses impressions ordinaires, que l’homme cherche naturellement pour les exprimer un langage plus pénétrant, plus harmonieux, plus sensible, plus imagé, plus crié, plus chanté que sa langue habituelle ; et qu’il invente le vers, ce chant de l’âme, comme la musique invente la mélodie, ce chant de l’oreille, comme la peinture invente la couleur, ce chant des yeux, comme la sculpture invente les contours, ce chant des formes ; car chaque art chante pour un de nos sens, quand l’enthousiasme, qui n’est que l’émotion de sa suprême puissance, saisit l’artiste. […] Il le sentit lui-même et se résigna à la prose ; mais il ne cessa pas d’être le génie le plus poétique de son temps.

3294. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Raynouard se sentait pour les lettres un de ces amours de patriarche, de ces amours vivaces et robustes, et qui résistent au temps : il alla donc plaider et donner des consultations pendant sept ans à Draguignan ; puis, après une interruption forcée, il y retournera cinq ou six autres années encore. […] Enfin, en 1816, par la publication de son premier volume sur les troubadours, il prit date et position avant tout autre, avant Fauriel, avant Guillaume de Schlegel, qui auraient pu le devancer ; il planta son drapeau à temps pour que tout l’honneur lui revînt et suivît le labeur. […] On le disait parcimonieux à l’excès : le temps a révélé le secret de ses générosités envers sa famille, et plus d’un acte de bonté sobre et bien entendue.

3295. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Pendant ce temps il a mis à profit les loisirs que lui laissait son travail pour transcrire les contes populaires du pays que lui racontaient des indigènes de toutes classes et de toutes professions : griots1, gardes, interprètes, dioulas2, laptots3, simples cultivateurs. […] Il résulte de ce qui vient d’être dit que la récolte des contes, assez maigre au début des recherches, se fait de plus en plus fructueuse au bout d’un certain temps : 41 des contes de ce recueil ont été enregistrés de 1904 à 1907 ; 47, de 1909 à 1910, en moins de 6 mois et 187 de juillet 1911 à octobre 1912. […] Il existe encore d’autres ouvrages que je n’ai pu consulter en temps utile : L’ancien royaume de Dahomey, par Le Hérissé (Larose édit.).

3296. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Ce fut là son état, le dessus de porte de sa pensée et de sa vie, mais l’étude des langues par laquelle il voulait faire son chemin n’en fut pas moins sa manière spéciale de prouver cette non-existence de Dieu, qui est la grande affaire de la philosophie du temps, l’Essai sur le langage, réimprimé aujourd’hui, est le premier essai de cette preuve qu’ait faite M.  […] L’enfant humanitaire avait (toujours dans l’époque métaphore)> des forces que n’a plus l’homme individuel, de notre temps. […] La pensée de Diderot, l’Élargissement de Dieu jusqu’à ce qu’il en crève, est l’idée que nous retrouvons dans la plupart des écrits de ce pauvre temps.

3297. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

  De même que le sens réel de l’individualisme, scruté depuis les temps historiques, apparaît presque toujours faussé, la notion de solidarité nouvellement découverte et formulée, a été trahie par ceux-là même qui en firent la fortune. […] La bio-sociologie de ces derniers temps, il est vrai, a tenté de rétablir l’équilibre entre les deux termes injustement dissociés, et des travaux considérables ont modifié les idées à cet égard. […] Son formidable individualisme absorbe et concentre tout ce qui l’entoure, toutes les puissances nutritives de son temps et de sa race, dévore comme un gouffre monstrueux toute la vie cérébrale d’une contrée.

3298. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française, par M. D. Nisard. Tome iv. » pp. 207-218

., en voyant leur cause ainsi plaidée par l’ingénieux, le subtil (ici, au sens latin, c’est un éloge), l’énergique et brillant avocat que le cours du temps a suscité. […] Nisard, terminé ainsi qu’il a été conçu et sans que l’auteur ait jamais dévié de sa ligne principale, peut être considéré, d’après le point de vue didactique et moral qui y domine, comme une protestation contre le goût du temps, il en est à la fois un témoignage, et il en porte plus d’un signe par la nouveauté du détail, par la curiosité des idées et de l’expression : ce dont je le loue.

3299. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Il fut un temps où cette seule annonce aurait mis en émoi le public partagé en une double rangée d’admirateurs enthousiastes. […] Gaberel, inséré en 1858, dans la Bibliothèque universelle de Genève, une communication faite par lui vers le même temps à l’Académie des sciences morales et politiques, et dont M. 

3300. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Celle-ci n’a pas la décision du temps pour se diriger dans ses choix ; c’est elle-même qui choisit, qui devine, qui improvise ; parmi les candidats en foule et le tumulte de la lice, elle doit nommer ses héros, ses poètes ; elle doit s’attacher à eux de préférence, les entourer de son amour et de ses conseils, leur jeter hardiment les mots de gloire et de génie dont les assistants se scandalisent, faire honte à la médiocrité qui les coudoie, crier place autour d’eux comme le héraut d’armes, marcher devant leur char comme l’écuyer : Nous tiendrons, pour lutter dans l’arène lyrique, Toi la lance, moi les coursiers. […] Victor Hugo, ses excursions et voyages dans le pays des fées et dans le monde physique une fois terminés, à reprendre son monde intérieur, invisible, qui s’était creusé silencieusement en lui durant ce temps, et à nous le traduire profond, palpitant, immense, de manière à faire pendant aux deux autres ou plutôt à les réfléchir, à les absorber, à les fondre dans son réservoir animé et dans l’infini de ses propres émotions.

3301. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, romans (1832) »

Le bel âge dans la vie pour écrire des romans, autant qu’il me semble, c’est l’âge de la seconde jeunesse ; ce qui répond, dans une journée d’été, à cette seconde matinée de deux à cinq heures qui est peut-être le plus doux temps à la campagne, sur un sopha, le store baissé, pour les lire. […] Quant au sentiment du récit, on le trouvera assurément exagéré : l’amitié exaltée du capitaine pour Bug, ce désespoir violent qu’il éprouve en repassant sur la fatale circonstance, cette douleur durable, mystérieuse, qui depuis ce temps enveloppe sa vie, n’ont pas de quoi se justifier suffisamment aux yeux du lecteur déjà mûr, et qui sait comment les affections se coordonnent, comment les douleurs se cicatrisent.

3302. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

« De là ces recherches fréquentes de l’origine des distinctions parmi les nommes, ce système a opposition violente au régime existant, ces appels à l’état primordial de la société, ces revendications de l’égalité primitive ; de là ces ingénieux arguments, ces éloquentes tirades en faveur de la sauvage indépendance des premiers temps. » Admirez-vous maintenant l’influence des appartements garnis sur les cerveaux humains et les destinées sociales ? « Les patriciens lisaient ces écrits, et leur accordaient volontiers ce sourire de compassion qu’ils eussent donné aux rêveries d’un poète en délire. » L’heureux temps pour les gens de lettres !

3303. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

L’homme continua quelque temps d’étaler dans des jeux sacrés cette force vraiment divine et sainte qu’il avait d’abord gagnée et appliquée à des luttes plus réelles. […] L’activité matérielle délaissée s’égara, s’abrutit même, ou du moins cessa pour un temps de se perfectionner ; la violence et la guerre se déchaînèrent avec une inconcevable furie ; l’industrie rétrograda.

3304. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Gogol, en effet, paraît se rattacher avant tout à la fidélité des mœurs, à la reproduction du vrai, du naturel, soit dans le temps présent, soit dans un passé historique ; le génie populaire le préoccupe, et quelque part que son regard se porte, il se plaît à le découvrir et à l’étudier4. […] Mais il se taisait : il voulait leur donner le temps de s’accoutumer à la peine que leur causaient les adieux de leurs compagnons ; et cependant il se préparait en silence à les éveiller tout à coup par le hourra du Cosaque, pour rallumer avec une nouvelle puissance le courage dans leur âme.

3305. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre II. Le lyrisme bourgeois »

Il fut en son temps une sorte de journaliste, pas toujours indépendant, mais toujours original, toujours convaincu, soit qu’il travaillât sur commande, ou qu’il fût l’écho des passions populaires. […] C’est surtout, la pensée de tout ce que donne le roi, et il faut le voir annoncer que tout cela n’aura qu’un temps, il faut l’entendre gronder à mots fort peu couverts : « Attendez, attendez !

3306. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre I. Vue générale du seizième siècle »

Dès le temps des luttes, un grand esprit qui s’est tenu à l’écart des luttes a inarqué le but ; éclairé par le Plutarque d’Amyot, Montaigne fixe à la littérature son domaine, la description de l’homme moral ; très positif sous son apparent scepticisme, il exclut à la fois de son idéal l’érudition encyclopédique et l’indifférence morale, et ramène le type italien de l’homme complet au type plus réduit et plus solide de l’honnête homme. […] Vers le même temps Hardy, si peu artiste, organisait la plus haute forme d’art qu’ait possédée notre littérature classique : il adaptait la tragédie au public, et la transportait de la rhétorique lyrique à la psychologie dramatique.

3307. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Armand Silvestre »

Armand Silvestre On dit qu’il n’y a plus d’hommes de génie dans ce dernier tiers du siècle, et en effet ceux qui passent pour en avoir se font vieux, et il se peut bien que le temps des génies soit passé. […] Puis le poète soupire des Vers pour être chantés, des romances où il y a des fleurs et des oiseaux comme dans celles que chantaient nos mères du temps de Louis-Philippe.

3308. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Le plus tôt possible, avant de tomber plus bas… Que de pressentiments et de signes envoyés déjà, par Dieu, qu’il est grandement temps d’agir ! […] C’est le chef-d’œuvre de la Volonté (je mets, comme Baudelaire, une majuscule), le dernier mot de l’invention en fait de sentiments, le plus grand plaisir d’orgueil spirituel… Et l’on comprend qu’en ce temps d’industrie, de science positive et de démocratie, le baudelairisme ait dû naître, chez certaines âmes, du regret du passé et de l’exaspération nerveuse, fréquente chez les vieilles races… Maintenant il va sans dire que le baudelairisme est antérieur à Baudelaire.

3309. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Ernest Renan, le Prêtre de Némi. »

Comme la fable choisie n’est point la représentation d’une réalité rigoureusement limitée dans le temps et dans l’espace, on y peut mettre tout ce que le souvenir et l’imagination suggèrent de pittoresque et d’intéressant. […] Un jour, à un point donné du temps et de l’espace, ce qu’il a voulu se réalisera.

3310. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

Le scénario que nous possédons date du temps où Dominique avait déjà succédé à Trivelin dans le personnage du valet de Don Juan. […] Ils se battent sur la scène, et le vieillard, blessé, expire, après avoir lutté quelque temps contre la mort.

3311. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La Plume » pp. 129-149

il est temps enfin d’avoir des ailes ! […] Même aux soirées de la Plume, j’ai vu le Poète s’imposer, un temps, la correction suprême d’un faux col anglais et d’un haut de forme, retrouvé derrière un meuble lors d’un déménagement.

3312. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre III, naissance du théâtre »

Au temps même d’Eschyle, Pratinas invectivait encore l’insolente musique qui coupait la parole à la poésie. […] De nouveaux poètes ont changé la forme du chant primitif, d’autres, avec le temps, viendront encore l’embellir.

3313. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1854 » pp. 59-74

Et cela dans le temps où sa biographie allait paraître dans Les Français de Curmer. […] Du temps de mes dettes, du temps que j’habitais chez un pécheur de l’île Saint-Denis, je reçois une lettre de X… que vous connaissez, une lettre qui me disait : « Viens à ma campagne, j’ai un parc où il y a une balançoire et des jeux de bague. » Je me rends à Courbevoie, et trouve mon ami dans un petit salon, jouant bourgeoisement au loto, avec des haricots pour enjeux, en compagnie d’un monsieur et d’une dame, — mais toutefois au dos une vieille robe de chambre du monsieur, et aux pieds de vieilles pantoufles de la dame.

3314. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

Molière même, pour ne pas se brouiller avec un corps si dangereux, appela précieuses ridicules celles qu’il mit sur la scène ; depuis ce temps le mot précieuse se prit en mauvaise part, et c’est en ce sens que La Fontaine s’en sert dans cette petite historiette, qu’il lui plaît d’appeler une fable. […] La petite aventure que raconte ici La Fontaine, arriva à Londres vers ce temps-là, et donna lieu à cette pièce de vers, qu’il plaît à La Fontaine d’appeler une fable.

3315. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VIII. Des romans. » pp. 244-264

Quelques-uns de ces énormes Romans à dix ou douze volumes in-8°, ont été réduits de notre tems. […] Le goût pour les Romans s’étoit ralenti pendant quelque tems ; mais vers l’an 1730. quelques écrivains, nés avec beaucoup de talent pour ce genre, le réveillerent.

3316. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Et voilà le reproche que je fais à ce livre tout d’abord, — sans préjudice des autres qui viendront après, — parce que les autres regarderont plus le temps où de pareils livres se publient, que la femme ou les femmes qui osent les publier… Je ne suis pas assez niaisement pédant pour parler morale à une Cosaque qui fait sauter son désir, — comme son cheval, — par-dessus toutes les barrières, sous lesquelles les autres femmes, qui ne sont pas Cosaques, coulent parfois subtilement le leur. […] , Lola Montès, qui n’était pas Cosaque, a joué dans son temps de la cravache (c’était là sa spécialité) avec une exubérance qui divertissait toute l’Europe, et la dame cosaque en est beaucoup plus sobre.

3317. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « La Chine »

Pauthier et Bazin, qui sont d’un temps plus rassis, n’ont point de ces façons de corybante à tympanon et à cymbales ; mais, avec les airs modérés et prudents, le grand uniforme de la philosophie officielle du xixe  siècle, ils glissent en dessous de leurs grosses statistiques bien de petites phrases où perce la préférence marquée d’une tradition qui n’explique aucune des traditions diverses des races aux dépens de la grande Tradition qui les explique toutes, et c’est au point que sans cette tradition anti-chrétienne, chère aux voltairiens de tous les âges, ils n’oseraient peut-être pas, malgré la chinoiserie de leurs manières de voir et de sentir, nous vanter la Chine et ne rien ajouter aux raisons connues que ses plus anciens partisans avaient déjà de l’admirer. […] Il y a déjà quelques années, on publia sur la Chine et sur les Chinois un petit livre, avec des dessins lithographies à deux teintes par Cicéri (je crois), et dont l’auteur était un artiste, un monsieur Auguste Borget, qui, au lieu de voyager à Paris dans les grammaires chinoises, avait pris le parti d’aller voir chez eux les Chinois, assis sur leurs propres tapis, et de leur demander, sans trop de cérémonie, une tasse de thé… Balzac, notre grand romancier, qui aimait la Chine comme un roman à écrire, rendit compte de cet ouvrage dans un journal, — une des lucioles du temps à présent éteinte.

3318. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Elle a dit quelque part, avec cette expression hardie qu’elle avait, comme un page, dans cette société qui montrait sa gorge comme on ne la montre plus, mais qui était collet-monté dans le langage ; elle a dit, de je ne sais plus quelle froideur de son temps : « C’était de la citrouille fricassée dans de la neige. » Elle n’était pas de la citrouille, elle, mais elle était de l’ananas ! […] N’est-ce que le caprice du talent, tenté par un sujet d’une beauté infiniment difficile pour une plume de ce temps ?

3319. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

Dans nos temps de doute et de curiosité, le théâtre est devenu pour les multitudes ce qu’était l’Église au Moyen-Âge : le lieu attrayant et central. […] … Mais, excepté en matière d’art, où Vacquerie est stationnaire et où il entend bien que Les Burgraves et Tragaldabas ne puissent être effacés par les drames de l’avenir, l’auteur de Profils et Grimaces est un philosophe de ces derniers temps.

3320. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

Sa métaphysique n’était plus alors que de la cosmologie… Par ce côté, il touchait, sans le savoir, au Positivisme, le Monstre moderne qui doit dévorer, dans un temps donné, toutes les métaphysiques, parce qu’il les nie toutes et qu’il est l’Athéisme absolu. […] , il devient très souvent commun comme les athées de ce temps-ci, qui ont leur canaille et leurs partageux.

3321. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Un homme plus puissant sur les sentiments généraux de son temps que le P.  […] car les grands sermonnaires ont tous, dans une certaine mesure, été obligés d’entrer dans les préoccupations et le langage de leur temps.

3322. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

C’est pour me faire place que ces monarques d’un jour sont tombés, depuis les trilobites cuirassés, depuis les royales ammonites, jusqu’aux grands vertébrés… « Moi seul je suis le dominateur suprême en qui s’achève toute vie », — ce qui ne l’empêche pas de dire, quelques lignes plus haut ou plus loin, que l’homme pourrait bien n’être qu’un monarque éphémère, et que le temps approche où il sera détrôné. — « L’Univers est fini, les temps sont consommés.

3323. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Il unit à la gaieté, à la jovialité, à la satire espagnole du bon temps de Cervantès, un esprit beaucoup plus moderne, ou du moins qui a été beaucoup plus cherché dans les temps modernes, l’amour de l’insaisissable, le sentiment des contrastes violents, des épouvantements de la nature et des physionomies humaines étrangement animalisées par les circonstances.

3324. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVI » pp. 183-185

 — Depuis quelque temps, et surtout depuis les deux dernières années, il se fait dans la littérature française et dans la critique un mouvement curieux qui semble annoncer qu’on entre dans une phase et dans une vogue nouvelle.

3325. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Buloz et le Messager de Paris. »

Le rapprochement des dates est fâcheux, ou du moins le serait en un temps où l’on ferait encore quelque attention à ce qu’on appelle bon goût.

3326. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbusse, Henri (1873-1935) »

Barbusse, et moins convaincu que les vieilles formules ont fait leur temps.

3327. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Colet, Louise (1810-1876) »

Théodore de Banville Mme Louise Colet, poète d’un grand et vrai talent, a balbutié ses premiers essais dans un temps de névrose romantique où il fallait être pâle, fatal, poitrinaire et lis penché, sous peine de mort.

3328. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Renaud, Armand (1836-1895) »

[Le Temps (28 janvier 1900).]

3329. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rouquès, Amédée (1873-1935) »

[Le Temps (31 octobre 1897).]

3330. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sardou, Victorien (1831-1908) »

mais sa tête pâle, souffrante, ses yeux enfoncés et inquiets, sa bouche tourmentée, son grand front plein d’orages montrent clairement que. riche, heureux enfin, maître de son succès et de son art, propriétaire d’un beau château et d’un nom qui voltige sur les bouches des hommes, roi absolu du théâtre du Gymnase et du théâtre du Vaudeville, assez affermi dans sa tyrannie légitime pour pouvoir ne faire qu’une bouchée d’Edgard Poe et de Cervantès, et pour contraindre les poètes morts à lui gagner les droits d’auteur, — il ressent encore les souffrances passées du temps où les directeurs de spectacles, aujourd’hui ses esclaves !

3331. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 227-229

Dans un temps où toutes les notions sont confondues, toutes les regles enfreintes, presque tous lès genres dénaturés, on ne sauroit trop rappeler les jeunes esprits à la vérité & au bon goût.

3332. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 245-247

Quelque temps avant sa mort, il se proposoit de donner une nouvelle édition de cet Ouvrage.

3333. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 266-268

« Monseigneur, lui répondit Boileau, il y a quelque temps que je vis une Estampe qui représentoit un Soldat qui se laissoit manger par les poules, au bas de laquelle étoit ce distique : Le Soldat qui craint le danger, Aux poules se laisse manger.

3334. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 302-304

La ridicule contexture des événemens, l’inconséquence des caracteres, les contradictions perpétuelles dans l’intérêt & les sentimens, l’ont fait reléguer dans la classe des monstres tragiques qui, après avoir hurlé quelque temps sur la Scene, vont se cacher pour toujours.

3335. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 134-135

Est-il étonnant, après cela, qu’il ait eu pour ennemis les médiocres Ecrivains de son temps, & même des Ecrivains célebres qui ne vouloient être médiocres en rien ?

3336. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 167-169

On découvre dans ce Livre, des vérités de tous les temps, de tous les lieux, de toutes les législations…..

3337. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 280-282

On a lieu d’être étonné que Maynard, étant, sans contredit, un des meilleurs Poëtes de son temps, n’ait eu aucune part aux bienfaits du Cardinal de Richelieu.

3338. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 328-330

Par ce moyen, en jugeant des différens symptomes, en comparant le caractere des Ouvrages d’un temps avec le caractere de ceux d’un autre, il seroit facile de savoir au juste si la maniere actuelle est préférable à celle qui l’a précédée.

3339. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 180-182

Elles sont tombées, parce qu’elles n’avoient pas le même mérite, & il n’y a qu’un mérite réel qui puisse soutenir un Ouvrage dans tous les temps & dans tous les états.

3340. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 369-371

Toussaint, il n’est pas inutile d’observer qu’il a paru, il y a quelques années, un Essai sur les mœurs du temps, par M.

3341. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 409-411

A la bonne heure, qu'on n'écrive point en latin, quand on ne pourra tout au plus atteindre qu'au style des Philosophes, qui, dans les trois âges de la Littérature, a été la premiere époque de la dépravation des Lettres, ainsi qu'il commence à l'être dans celle-ci ; mais quand on pourra approcher des Auteurs faits pour être les modeles de tous les temps, ce sera un nouveau genre de gloire qu'on répandra sur sa Patrie.

3342. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — III »

À notre vue l’univers se meut : ou le mouvement est, de toute éternité, la loi et le propre de la vie — ou le geste métaphysique qui brise le sceau de l’unité et pose l’objet devant le sujet, déclenche aussi le ressort qui engendre dans le temps et dans l’espace le mouvement du multiple sons l’influence de la cause.

3343. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface de janvier 1823 »

S’étant imaginé qu’une composition en quatre volumes valait la peine d’être méditée, il a perdu son temps à chercher une idée fondamentale, à la développer bien ou mal dans un plan bon ou mauvais, à disposer des scènes, à combiner des effets, à étudier des mœurs de son mieux ; en un mot, il a pris son ouvrage au sérieux.

3344. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de février 1829 »

Et puis, confirmer ou réfuter des critiques, c’est la besogne du temps.

3345. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Mystères. » pp. 35-37

Ceux qui revenaient de la Terre Sainte, de Sainte-Reine, du Mont-Saint-Michel, de Notre-Dame-du-Puy, et d’autres lieux semblables, composaient des cantiques sur leurs voyages, auxquels ils mêlaient le récit de la vie et de la mort de Jésus-Christ, d’une manière véritablement très grossière, mais que la simplicité de ces temps-là semblait rendre pathétique.

3346. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre IV. Suite des Philosophes chrétiens. — Publicistes. »

Nous avons fait, dans ces derniers temps, un grand bruit de notre science en politique ; on dirait qu’avant nous le monde moderne n’avait jamais entendu parler de liberté, ni des différentes formes sociales.

3347. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Roslin  » pp. 149-150

Mon ami, vous êtes d’une impatience qui me désespère ; vous ne me laissez pas le temps de me contenter.

3348. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Soumet, Scribe, Hugo, de Vigny, et, dans les derniers temps, Casimir Delavigne lui-même, je veux prouver que notre désertion vient de ce que le service que nous faisions n’était plus tenable sous un homme comme M.  […] Malheureusement le temps nous manque pour les citations. […] Autrefois, les déclarations de guerre, soit générales, soit particulières, étaient portées par un héraut d’armes : celui auquel s’adressait le défi avait le temps de se préparer à la défense. […] Buloz, contre toute probabilité, pouvait donc ne pas s’attendre à ce qui lui arrive, et il fallait lui laisser le temps de se remettre. Il fallait lui laisser le temps d’aller demander des lettres, d’aller mendier des démentis, de faire un appel de confrère à la presse pour voir quelle sympathie il y rencontrerait.

3349. (1823) Racine et Shakspeare « Préface » pp. 5-7

Si, ne consultant qu’une juste défiance de ses forces, l’auteur eût entouré ses observations de l’appareil inattaquable de ces formes dubitatives et élégantes, qui conviennent si bien à tout homme qui a le malheur de ne pas admirer tout ce qu’admirent les gens en possession de l’opinion publique, sans doute alors les intérêts de sa modestie eussent été parfaitement à couvert, mais il eût parlé bien plus longtemps, et par le temps qui court, il faut se presser, surtout lorsqu’il s’agit de bagatelles littéraires.

3350. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blanchecotte, Augustine-Malvina (1830-1897) »

[Le Temps (2 janvier 1872).]

3351. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Lahor, Jean = Cazalis, Henri (1840-1909) »

C’est dire que peu d’écrivains de ce temps-ci ont coulé plus de métaux et de plus précieux dans le moule de leurs vers.

3352. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulié, Frédéric (1800-1847) »

En cette grande épopée littéraire, où le génie, chose qu’on n’avait point vue encore, disons-le à l’honneur de notre temps, ne se sépare jamais de l’indépendance, Frédéric Soulié était de ceux qui ne se courbent que pour prêter l’oreille à leur conscience et qui honorent le talent par la dignité.

3353. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — X — Xanrof, Léon (1867-1953) »

Xanrof lui-même, qui, comme Nadaud et d’autres chansonniers de notre temps, fait à la fois la musique et les paroles. — Xanrof excelle dans la scie d’atelier ; rien de plus drôle que sa Devanture, etc… [Le XIXe Siècle (1889).]

3354. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VI. L’antinomie religieuse » pp. 131-133

On sait la lutte qui, de tous temps, s’est engagée entre ces deux éléments.

3355. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 484-486

Si l’on fait attention au caractere de cet Auteur, développé dans ses propres Ouvrages, on verra qu’il n’écrivit son Livre de la Sagesse, que pour réfuter les doutes de quelques Beaux-Esprits de son temps, au nombre desquels étoit son ami Montagne.

3356. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 340-342

Il ne paroît pas que, depuis ce temps, il se soit encore attaché à des Ouvrages de grand genre.

3357. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 412-415

Dans son temps, il passoit pour un des meilleurs Auteurs, soit en Vers, soit en Prose.

3358. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 115-117

La principale raison de ce désordre, qui augmente chaque jour, est qu'il sera toujours plus facile de composer cinq ou six Comédies dans le genre de la Matinée à la mode, que d'en faire une dans celui du Joueur ou du Glorieux, ou de la Métromanie, qui exigeroit plus de temps elle seule, qu'il n'en faut pour en composer douze de l'autre espece.

3359. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 210-213

Pourquoi le dire à l'Auteur lui-même, dans un temps où ses amis s'empressoient avec tant de zele à célébrer son triomphe dans leurs bénignes Sociétés ?

3360. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 266-268

Palissot : sa Tragi-Comédie, intitulée l'Amour tyrannique, que le Poëte Sarasin compare à tout ce qu'il y avoit alors de plus parfait, ne mérite pas le grand succès qu'elle eut dans le temps qu'on la donna, mais elle ne mérite pas non plus le mépris qu'on en fait à présent ; ses Observations sur le Cid sont au dessus de toutes les Critiques de son Siecle, sans en excepter celle de Barbier d'Aucourt.

3361. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 392-394

« Forcé par la fortune à être avare de mon temps, je suis souvent réduit à le consacrer à ces hommes qui, nés avec plus de fortune que de talent, aspirent à la gloire littéraire, quoique la Nature leur ait refusé les moyens d’en acquérir.

3362. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 441-443

Telle est l’illusion de la vanité littéraire : on oublie que le génie seul peut conduire à l’immortalité, & l’on se flatte que quelques légeres étincelles d’esprit pourront résister au souffle du temps, qui ne respecte que les vraies lumieres.

3363. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VIII. Des Anges. »

Ne faisons pas l’injure aux poètes de penser qu’ils regardent l’Ange des mers, l’Ange des tempêtes, l’Ange du temps, l’Ange de la mort, comme des Génies désagréables aux Muses.

3364. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Sur les exercices, des. Cadets russes. » pp. 549-546

Telle était de mon temps l’éducation provinciale.

3365. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Challe  » pp. 141-142

Il y règne une simplicité, une tranquillité, surtout dans la figure principale, qui n’est guère de notre temps.

3366. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Avis du traducteur » pp. -

Le jour n’est pas loin sans doute où, le nom de Vico ayant pris enfin la place qui lui est due, un intérêt historique s’étendra sur tout ce qu’il a écrit, et où ses erreurs ne pourront faire tort à sa gloire ; mais ce temps n’est pas encore venu.

3367. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CIXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (1re partie) » pp. 5-79

Or, du moment où les papes ont un gouvernement, ils ont des ministres ; et si au nombre de ces ministres ils ont le bonheur de trouver un homme supérieur, modéré, dévoué jusqu’à l’exil et jusqu’à la mort, comme Sully était censé l’être à Henri IV ; si ce rare phénix, né dans la prospérité, éprouvé par les vicissitudes du pouvoir et du temps, continue pendant vingt-cinq ans, au milieu des fortunes les plus diverses, en butte aux persécutions les plus acerbes et les plus odieuses, à partager dans le ministre, sans cause, les adversités de son maître ; si le souverain sensible et reconnaissant a payé de son amitié constante l’affection, sublime de son ministre, et si ce gouvernement de l’amitié a donné au monde le touchant exemple du sentiment dans les affaires, et montré aux peuples que la vertu privée complète la vertu publique dans le maître comme dans le serviteur ; pourquoi des écrivains honnêtes ne rendraient-ils pas justice et hommage à ce phénomène si rare dans l’histoire des gouvernements, et ne proclameraient-ils pas dans Pie VII et dans Consalvi le gouvernement de l’amitié ? […] « Je ne restai toutefois que fort peu de temps dans cette incertitude. […] Toutefois je ne pus pas m’empêcher de me joindre à tant d’autres concurrents ; et je n’osai pas m’abandonner entièrement aux espérances que m’inspiraient les promesses que le Pape m’avait adressées deux ans auparavant, promesses se résumant en ces mots : « Nous veillerons nous-même à votre avancement. » « Je comptai plutôt sur ses bonnes dispositions, et ne me laissai pas arrêter par le peu de temps écoulé depuis ma dernière promotion. […] Au moment où il me chargea de saluer de sa part le duc Braschi, son neveu, qui habitait Venise et qu’il avait eu la douleur, peu auparavant, de voir arracher d’auprès de lui dans cette même Chartreuse, je jurai à ses pieds que je considérerais partout, en tout temps et dans n’importe quelle occasion, comme une dette la plus sacrée, d’être attaché à sa famille jusqu’au point de devenir pour elle un autre lui-même. […] « Ces impossibilités extrinsèques étaient si nombreuses et d’un tel poids, qu’on peut avouer avec certitude qu’en toute autre circonstance, et spécialement si le conclave se fût tenu à Rome en temps ordinaire et calme, on aurait éloigné Chiaramonti du pontificat suprême ; tout au moins aurait-il été empêché de succéder immédiatement à Pie VI.

3368. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

« La condition essentielle qui établit la différence entre l’homme et les animaux vient de ce que l’homme vit et se développe dans des sociétés grandissantes, énormes, tandis que l’animal est la plupart du temps isolé, ou bien vit en bandes, de tout temps stationnaires et très restreintes. […] Il ne faut pas davantage en conclure que les races, au temps où elles étaient pures et séparées, n’ont pas eu d’influence sur la mentalité des peuples. […] L’idée de vérité a été de tout temps la citadelle des dogmatismes sociaux, la pierre angulaire des orthodoxies religieuses, philosophiques, scientifiques et morales. […] Il va de soi que c’est la science dans le premier sens, la science avec un grand S, la science idéale qu’ont en vue la plupart du temps les scientistes, quand ils prétendent tirer de leur dogmatisme scientifique un dogmatisme social et moral. — Nous ne nous attarderons pas à discuter cette conception chimérique de la science ni la philosophie politique et sociale qu’on croit pouvoir fonder pour elle.

3369. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VI »

IX En un temps où tout personnage réputé wagnérien aime conter, sauves les vraisemblances, comment il fut des premiers wagnéristes français, les lecteurs de la Revue Wagnérienne me sauront-ils un gré, pour peu qu’ils se soient une fois souciés de ce que peut être le directeur et fondateur d’une telle revue, si je leur avoue être l’un des derniers venus du wagnérisme. […] Richard Wagner, après une jeunesse adonnée aux erreurs des recherches incertaines, après une maturité féconde d’un progrès continu, entrant dans la sérénité d’une vieillesse vive de conscience, alors tout en le resplendissement des triomphes assurés et en l’expérience des efforts aboutis, parmi le calme d’un élargissement prodigieux de ciel, sous le ciel calme de son Bayreuth, avec la placidité grandiloquente de son âme fortifiée, instituait l’œuvre de longtemps songée ; dès les temps obscurs de ses erreurs, l’apparence était née en lui de cette œuvre du Parsifal, et pendant qu’il peinait en les ambitions de sa Tétralogie, de son Tristan, il suivait lointainement la grandissante image de son œuvre parfaite, enrichie chaque fois et muettement des trésors spirituels nouvellement acquis. […] Puis, le Verwandlungsmusik, une marche longuement graduée d’instruments et d’instruments et de voix, une progression mêlée de placidités et d’efforts souffrants, tantôt d’un calme, tantôt de mystérieuses répulsions prêtes à éclater, une progression tour à tour tranquille et douloureuse vers un auguste et terrible lieu ; et c’est la sérénité argentée des trompettes qui sonnent l’ouverture d’un rite, lorsqu’enfin libérés de contraintes retentissent des cris de renégations ; alors, l’âme souffrante, liée dans le temps et vers le futur sollicitée, l’âme gémit dans l’attache des charnalités vers le pur ciel ; et tandis que s’entraperçoit le ciel, elle gémit encore, sous l’inexpugnable charnalité ; âme religieuse et concupiscente ! […] Kundry : Je suis le Parsifal féminin ; le désir et l’erreur… Ich sah ihn… je l’ai vu, lui, l’amant, et j’ai ri… « Moi Hérodias, Gundryggia, Kundry, L’Innommée, l’Eve, Femme de tous les temps, j’ai fait ceci : par les antiques villes très joyeuses et tranquilles des âges omni-historiques, fille errante et nubile d’amour, j’allais les attentes de l’Amant ; et vint l’instant des destinées : c’était en d’incertaines occurrences, à l’exemple de soirs d’automne, et dans la ville ; des plus éloignés lointains sortait-il ? […] Dans les temps de l’antiquité, pendant que les philosophies enquéraient vainement le problème du monde, au fond de la province la plus infime de la terre les prophètes disaient en des chants de déments les mots capaces de la révélation.

3370. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Pendant combien de temps encore vous jalouserez-vous, vous déchirerez-vous, vous dénoncerez-vous pour la plus grande joie de votre Maître, — oui, votre Maître !  […] Ce temps pluvieux émeut en moi des souvenirs. […] Au bout de ce temps, on nous conduisit devant un chef de soldats qui nous ordonna, avec beaucoup d’injures, de nous reconnaître coupables. […] Fais le nécessaire et fais vite, car le temps me presse : tout croule autour de moi — et je me sens si vieux ! […] Il doit être chez sa mère : il la fréquente beaucoup depuis quelque temps.

3371. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVI » pp. 215-217

Armand Carrel le citait comme un des meilleurs écrivains du temps.

3372. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bertrand, Aloysius (1807-1841) »

Charles Asselineau Sans réclamer pour lui le premier rang qu’il convient sans doute de réserver à des talents plus amples et plus robustes, je ne crains pas de dire que parmi les écrivains du second, en ce temps-là, il est peut-être celui dont le nom est le plus assuré de vivre, par cette seule raison qu’il s’est plus exclusivement qu’aucun autre attaché à l’art.

3373. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Docquois, Georges (1863-1927) »

Ledrain, assemblera dignement quelques-uns parmi ses plus importants articles, sélection alléchante qui paraîtra sous le titre heureux et juste de : Attitudes de ce temps.

3374. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gilkin, Iwan (1858-1924) »

Il y en a de magnifiques… La Nuit est une œuvre faite pour ceux qui voient douloureusement fuir l’ombre du temps, l’incertitude des choses, et qui, lassés, exhalent la colère de leur mélancolie en des songes et des harmonies où perce un oubli des peines passées conduisant à un besoin de repos dans l’obscurité, dans le silence, dans la mort.

3375. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Goffic, Charles (1863-1932) »

Il est sincère, mais il se ravise presque aussitôt pour nous dire sur un ton leste, avec Jean Paul, que « l’amour, comme les cailles, vient et s’en va aux temps chauds ».

3376. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moreau, Hégésippe (1810-1838) »

Aussi est-il de ceux dont le nom se ravive et la fête revient au temps où fleurit l’aubépine.

3377. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soumet, Alexandre (1788-1845) »

Philarète Chasles Poète des derniers temps, qui semble enivré de sons et de lumière, de pensées métaphysiques qu’il transforme en images et de créations gigantesques qui le séduisent et le ravissent, nul ne ressemble plus à

3378. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villehervé, Robert de la = Le Minihy de La Villehervé, Robert (1849-1919) »

Mais ce fier sonnet, que j’ai bien chanté, Gardera le nom dont je le décore Et dans ce temps-là sera jeune encore.

3379. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 76-79

Son pinceau vraiment tragique l’éleve au dessus de tous ceux qui ont cultivé, après lui, & même de son temps, ce genre de Poésie où il est si difficile de réussir.

3380. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 474-476

Pour y parvenir avec succès, il commence par établir & prouver que cette maladie est accidentelle, contagieuse, & non naturelle à l’homme ; qu’elle n’a point existé de tout temps, puisque les Médecins de l’antiquité n’en ont point parlé, & que ce n’est que vers le milieu du sixieme Siecle qu’elle a été apportée dans nos contrées, comme la peste & la lepre l’ont été plusieurs fois, sur-tout durant les croisades.

3381. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 544-547

François I, la Reine de Navarre, les Cardinaux de Tournon, de Lorraine & d’Armagnac, le regardoient comme un prodige, & les prodiges devoient être moins rares dans un temps où l’ignorance disposoit naturellement à l’admiration.

3382. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 419-421

Il a su, malgré ces obstacles, la traiter de la maniere la plus intéressante, en la rapprochant, en quelque sorte, de nous ; en y développant les révolutions de nos mœurs ; en opposant, avec autant de justesse que de précision, les usages actuels à ceux de l'ancien temps ; en donnant aux matieres qu'il présente, une netteté, un ordre, un souffle de chaleur & de vie qui subjuguent l'attention & gravent profondément les objets dans la mémoire.

3383. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 453-456

L’accueil qu’il recevoit dans les meilleures Sociétés de son temps, l’enhardit sans doute à répandre dans ses Ouvrages le même caractere d’agrément & de liberté qui le faisoit rechercher à la Cour & à la Ville.

3384. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Préface »

Je pense d’ailleurs qu’il ne faut jamais hésiter à faire entrer la science dans la littérature ou la littérature dans la science ; le temps des belles ignorances est passé ; on doit accueillir dans son cerveau tout ce qu’il peut contenir de notions et se souvenir que le domaine intellectuel est un paysage illimité et non une suite de petits jardinets clos des murs de la méfiance et du dédain.

3385. (1860) Ceci n’est pas un livre « À M. Henri Tolra » pp. 1-4

En vérité, je vous le dis, les temps sont proches où les acteurs se borneront à débiter des scénarios sur le théâtre, et les journaux à publier des canevas de romans : ce qui dispensera M. 

3386. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XI. Le plus brave des trois. »

La controverse fait ainsi passer le temps.

3387. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Vous vous souvenez de l’étudiant Grantaire, des Misérables, qui était laid démesurément. « La plus jolie piqueuse de bottines de ce temps-là, Irma Boissy, indignée de sa laideur, avait rendu cette sentence : Grantaire est impossible ! […] Elle n’a que le temps d’agiter sa sonnette et d’appeler au secours. « Reconduisez monsieur !  […] Il ne lui demande que de traîner en longueur un semblant de cour qu’il est censé lui faire pour qu’il ait le temps de s’amuser à Paris.

3388. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Tout passe, tout casse, tout lasse : ce qui vient de la flûte retourne au tambour, et on se trouve le cul entre deux selles ; on veut recourir aux branches, mais alors il n’est plus temps, l’arbre est abattu ; c’est de la moutarde après dîné ; il est trop tard de fermer l’écurie quand les chevaux sont dehors. » Tel livre d’hier n’est pas rédigé selon un système différent, si l’on admet que l’écriture par clichés puisse être un acte raisonnable et volontaire. […] Non que le révérend père fût prude ou timoré ; il note les épithètes de Voltaire et des poètes galants et la grossièreté même ne le rebuta pas, mais c’est précisément parce qu’il est bien de son temps qu’il est épouvantable. […] Nous avons « la sphère d’influence — la sphère diplomatique — les sphères politiques — une sphère plus étendue — la sphère intellectuelle — la sphère morale — la sphère d’activité — une sphère plus élevée — la sphère des idées — la sphère des progrès démocratiques — la sphère des intérêts matériels, etc. », toutes locutions où « sphère » n’évoque plus aucune image, sinon en certains esprits irrespectueux ; non seulement le mot est arrivé au dernier période de l’abstraction, mais il semble même, la plupart du temps, n’avoir qu’une valeur de redondance oratoire, ne correspondre à rien.

3389. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Et peu à peu dans ce commerce avec toutes les terreurs imaginaires de l’homme, il pénètre de l’antique croyance aux dieux de ténèbres, à ce vol de spectres et de larves qu’a fait naître dans les âmes septentrionales et médiévales, la dureté des temps, la tristesse menaçante du sol et du, ciel, le désastreux empire des forces élémentaires. […] Trop de temps s’était écoulé depuis le Pœan de Salamine, le sang de sa race était trop pénétré d’une religion de douleur, pour que Heine pût librement revenir aux Anthestéries et aux Penathénées. […] C’est en mai 1848, le jour où je suis sorti pour la dernière fois, que j’ai pris congé des charmantes idoles que j’ai adorées pendant mes temps heureux.

3390. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Les victoires de ce genre ont paru, ces temps derniers, augmenter en nombre. […] Il est temps, pour celui qui possède encore quelque lueur humaine, de s’interroger, de ressusciter sa volonté, et d’agir. […] Reprends-toi, il en est temps encore !

3391. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PENSÉES ET FRAGMENTS. » pp. 495-496

En un mot, quand on a souci de l’avenir, quand, sans avoir la vanité de croire à rien de glorieux, on se sent du moins le désir permis d’être en un rang quelconque un témoin honorable de son temps, on a toutes les précautions à prendre : on ne saurait trop faire navire et clore les flancs, pour traverser, sans sombrer, les détroits funestes.

3392. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « APPENDICE. — LEOPARDI, page 363. » pp. 472-473

. —  Pour toi quand tout est mort, ami, tout vit pour moi : Ce déclin que l’Automne étale avec richesse Me parle, à moi, d’un temps de fête et d’allégresse, Du meilleur des saints jours, — alors qu’heureux enfants, Sur les bancs de la classe, en nos vœux innocents, Les feuilles qui tombaient ne nous disaient encore Que le très-doux Noël et sa prochaine aurore.

3393. (1874) Premiers lundis. Tome II « De l’expédition d’Afrique en 1830. Par M. E. d’Ault-Dumesnil, ex-officier d’ordonnance de M. de Bourmont. »

C’est un rapprochement sur lequel nous ne pouvons nous empêcher de revenir à l’honneur du sérieux de notre temps, que celui de deux jeunes hommes, tels que MM. d’Ault et Barchou, sachant faire, tout au sortir des états-majors, un emploi aussi élevé de leurs loisirs.

3394. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Revue littéraire. Victor Hugo. — M. Molé. — Les Guêpes »

Les divers on dit littéraires et politiques, les propos courants sur les personnes et les choses sont devenus depuis quelque temps matière à des publications légères, périodiques, qui, sous cette forme nouvelle, ont assez réussi pour qu’on s’en occupe en passant et qu’on en relève l’espèce d’influence commençante.

3395. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chateaubriand, François René de (1768-1848) »

Peut-être doit-il à ce goût des vers quelques-unes de ses magnifiques qualités, le rythme, la mélodie des phrases ; mais il lui doit peut-être aussi maint défaut dont il trouvait l’exemple chez les versificateurs de son temps : le culte de la périphrase, l’abus des comparaisons, une certaine aversion pour le mot propre, très souvent remplacé par le terme réputé noble.

3396. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Meurice, Paul (1818-1905) »

Victor Hugo … Paul Meurice, un esprit lumineux et fier, un des plus nobles hommes de notre temps… De nos jours, l’écrivain doit être au besoin un combattant ; malheur au talent à travers lequel on ne voit pas une conscience !

3397. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rebell, Hugues (1867-1905) »

Moréas est un des bons poètes de ce temps, et celui qui dans ses Chants de la Pluie et du Soleil fait surgir si splendidement nue de la mer féconde Vénus Anadiomène, celui-là est plus apte que quiconque à comprendre cet Hellène et à saisir les nuances de celui qui — s’il fut archaïque — ne se ferma pas entièrement aux voix naturelles de la vie et aux chants très modestes des pâtres près des sources jonchées d’asphodèle.

3398. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Séverin, Fernand (1867-1931) »

On s’imaginerait volontiers, après avoir fermé son livre, se réveiller d’un beau rêve qu’on aurait fait, au crépuscule, au bord d’une source pure où, tout le temps aurait murmuré dans les roseaux une nymphe au doux langage.

3399. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre premier. La question de fait et la question de goût » pp. 30-31

Il a réussi à charmer certains de ses contemporains ; il a déplu à certains autres ; il a trouvé, pendant un laps de temps plus ou moins long, des admirateurs et des imitateurs.

3400. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 440-443

la Grange de Checieux, mort à Paris en 1774, Auteur d’un Ouvrage de Politique, intitulé la Conduite des François justifiée, accueilli du Public dans le temps, & qui méritoit de l’être.

3401. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 100-103

Telle a été, de tout temps, la marche des Hommes de génie.

3402. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 150-153

Il y a déjà acquis une juste gloire ; mais les temps critiques ne sont pas encore arrivés.

3403. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 90-93

Nouvelle découverte d'un grand nombre de très-beaux principes & de très-belles maximes pour les avantages de la composition prosaïque & pour les charmes de la déclamation Françoise ; avec plus de quatre cents remarques sur la Diction, sur la Phrase, & sur la Période, savantes, utiles, curieuses, & divertissantes, qui vont plus loin que celles des illustres MM. de Vaugelas, Ménage, & du très-Révérend Pere Bouhours, & plus délicates & de plus grande conséquence ; en forme de partition anatomique ou critique raisonnée (à la façon des Mécaniques) sur l'une des plus élégantes & plus éloquentes Pieces de ce temps, la Relation ou l'Histoire de la prise de Fribourg, l'un des chef-d'œuvres de la plume de M. le C** de G.** Secrétaire du Cabinet, & l'un des plus beaux, des plus discrets, & des plus délicats Esprits de la Cour ; accompagnée de plusieurs Ratifications ou Réformations d'une invention toute particuliere, plus pompeuses & plus magnifiques que les expressions originales de l'Auteur rectifié ; en faveur des Prosateurs.

3404. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre premier. Musique. — De l’influence du Christianisme dans la musique. »

Or le plaisir est une chose d’opinion, qui varie selon les temps, les mœurs et les peuples, et qui ne peut être le beau, puisque le beau est un, et existe absolument.

3405. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Amédée Van Loo  » pp. 139-140

Mais de tous les temps le style et la couleur ont été des choses précieuses et rares.

3406. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Réponse à une lettre de M. Grimm » pp. 205-206

Martial les a peints dans ces curieux de son temps qui flairaient la pureté du cuivre de Corinthe.

3407. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Il n’en était pas ainsi du temps de La Fontaine. […]          Laissez agir la faux du Temps. […] Il écoutera dans les bois le gémissement interrompu des tourterelles, et comprendra que le seul oiseau dont il puisse faire un amant est « l’oiseau de Vénus. » V Nous sommes déjà depuis quelque temps parmi les misérables gens, les bêtes faibles ou sottes, que les autres pillent et mangent. […] Ces deux vers de style si correct et si bien tournés ne conviennent qu’à une dame du temps, à une héroïne du beau monde.

3408. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

C’est ce qu’Horace recommande dans son Art poétique, lorsqu’il dit : « Il est permis, et il le sera toujours, de donner cours à des mots nouveaux dans la langue ; et comme lorsque les bois changent de feuilles, les premières tombent pour faire place aux suivantes, de même les mots anciens s’usent par le temps, tandis que les nouveaux ont toute la fraîcheur et toute la force de la jeunesse. » Ce serait nuire au style français que d’établir qu’il n’est pas permis de se servir à présent d’un mot qui ne se trouve pas dans le Dictionnaire de l’Académie. […] Il n’existe pas un auteur de quelque talent qui n’ait fait admettre une tournure ou une expression nouvelle ; et le temps a consacré les hardiesses du génie.

3409. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Huguenot, helléniste, gaulois et bourgeois, ami des bons contes, et passionné pour la langue française, entre ses continuels voyages et ses travaux philologiques, il trouva le temps d’écrire de mordants et spirituels traités, avec une verve et une verdeur de style fort remarquables. […] Grandean, Hernie ayronomique, dans le Temps, 14 juillet 1891.

3410. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

En ce temps-là même, les hommes qu’anime le véritable esprit scientifique embrassent avec bonheur les objets de leur pensée, lussent-ils bien creux et chimériques : un Dalembert, un Condorcet se satisfont par leur pensée. […] Il voit tous les ravages du temps dans les œuvres et dans les cœurs des hommes.

3411. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « II  L’esprit scientifique et la méthode de l’histoire littéraire »

Il y a sans doute bien des œuvres mortes ; mais les chefs-d’œuvre sont devant nous, non point comme les documents d’archives, à l’état fossile, morts et froids, sans rapport à la vie d’aujourd’hui ; mais comme les tableaux de Rubens ou de Rembrandt, toujours actifs et vivants, capables encore d’impressionner les âmes de notre temps autant qu’ils firent celles de leur temps, et d’y déterminer des modifications profondes.

3412. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

L’information d’Adam n’est pas plus inexacte que celle du Temps, et elle est plus savoureuse. […] Alors, pour tuer le temps, on abîme le grand lâche qui condescend à imprimer.

3413. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

le bon temps que le siècle de fer ! […] La race des égoïstes, qui n’ont le sens ni de l’art, ni de la science, ni de la morale, est de tous les temps.

3414. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Si notre conduite peut être regardée comme maligne, quel nom donnera-t-on à ce qu’ils se sont permis dans tous les temps, & en particulier dans cette circonstance ? […] Comme on peut le voir par la Lettre que nous avons écrite, peu de temps après la premiere édition, au Rédacteur du Mercure, & qu’on trouvera à la fin du quatrieme volume, avec quelques autres Lettres relatives aux Trois Siecles.

3415. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

C’est ce que, de tout temps, ont fait les génies. […] Sortons, il en est temps, de cet ordre d’idées ; la démocratie l’exige.

3416. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Beaufort » pp. 308-316

Elle est sur un plan entre le satyre et Midas ; elle écoute, mais elle est bien froide, bien raide, bien immobile ; bras, jambes et cuisses bien parallèles, grand mannequin, malade pressé d’un besoin, qui n’a eu que le temps de jetter autour de soi sa couverture et de gagner sa chaise percée où il est. […] Je sais bien que cette femme qui appelle son berger en est bien éloignée pour en être entendue ou vue ; que le son d’un cor de chasse parviendrait à peine à ce groupe qu’on a placé sur un bout de rocher, car en s’arrêtant quelque temps devant ce morceau, on sent que la scyne est devant ce morceau, on sent que la scène est très-étendue, très-profonde ; que toutes ces figures sont grises et que le paysage est sans vigueur.

3417. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Gustave Flaubert » pp. 61-75

Gustave Flaubert dans le milieu de la vie, A la vigueur de son observation, on sent qu’il s’est attendu, cette chose héroïque dans un temps où tout le monde est si pressé. […] Madame Bovary, dont les besoins de volupté se réveillent plus âpres du sein des langueurs de la souffrance, recommence avec Léon l’intimité dont elle a joui quelque temps avec Rodolphe.

3418. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Nourri du dix-septième siècle français, cet âge de froide étiquette et de servilisme intellectuel, Voltaire et son temps, au nom de Corneille, excommunient Shakespeare, qui écrase cependant le tragique français de toute la souveraineté de son génie. […] Ce qui peut adoucir — si cela semble nécessaire — l’amertume de pareils reproches, c’est la pensée qu’ils n’ont qu’un temps, et que l’esthétique doit fatalement réédifier la base étroite qui lui sert encore de soutien.

3419. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre II. De la métaphysique poétique » pp. 108-124

Il reçut alors deux titres, optimus dans le sens de très fort (de même que chez les anciens latins, fortis eut le même sens que bonus dans des temps plus modernes) ; et maximus, d’après l’étendue de son corps, aussi vaste que le ciel. […] Voilà pourquoi Homère se trouve le premier de tous les poètes du genre héroïque, le plus sublime de tous, dans l’ordre du mérite comme dans celui du temps.

3420. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

Mademoiselle Rachel a été un grand fait ; son avénement a été un de ces temps dont je vous parlais dans ma dernière chronique ; en effet, las de tous ces efforts prétentieux, pesants, ou de ces licences immorales, on s’est rejeté au classique pur, interprété par cette jeune et charmante actrice.

3421. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

Auguste Le Prévost, alors son ami intime, et qui le blâmait de tant de susceptibilité, me faisait confidence de cette zizanie en des termes qui ouvrent un jour sur l’intérieur romantique de ce temps-là : « J’ai joué de malheur avec notre ami Ulric.

3422. (1874) Premiers lundis. Tome II « Achille du Clésieux. L’âme et la solitude. »

M. du Clésieux, pour ceux même qui ne connaîtraient de lui que son volume, est évidemment une de ces âmes rares, mais non pas introuvables en nos temps, un de ces jeunes hommes qui, de bonne heure, ont cherché le port dans l’antique croyance.

3423. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fontainas, André (1865-1948) »

Henri de Régnier On imagine volontiers son profil bossué au bronze de quelque médaille du temps des Flandres bourguignonnes, et, au revers, pour allégoriser d’emblèmes décoratifs le poète du Sang des fleurs et des Vergers illusoires, on figurerait, dans une guirlande en entrelacs, un miroir, une épée et une grappe, car ses vers, à des vigueurs héroïques, allient des nuances opalines d’eaux calmes et mêlent les saveurs telluriques d’un noble cru.

3424. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Herold, André-Ferdinand (1865-1940) »

Edmond Pilon Comme Ovide composa ses Héroïdes sur quelques-unes des femmes légendaires de son temps, M. 

3425. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugues, Clovis (1851-1907) »

Mais les temps ont marché.

3426. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemaître, Jules (1853-1914) »

Il faudra bien qu’on rende un jour à l’auteur pleine justice à ce livre excellent, qu’on le mette tout à côté de ceux de France, pour la délicatesse et la savante simplicité de la forme, et qu’on reconnaisse en Lemaître un des plus remarquables artistes en vers de ce temps.

3427. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villeroy, Auguste »

[Le Temps (23 mars 1896).]

3428. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 5-9

Ce dernier Recueil sur-tout n’a été, pendant tout le temps qu’il en a eu la direction, qu’un dépôt de fadeurs & de délires philosophiques, dont il ne paroît pas que le nouveau Directeur ait pris soin de le purger.

3429. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre V. Beau côté de l’Histoire moderne. »

Ainsi, après avoir balancé les avantages et les désavantages de l’histoire ancienne et moderne, il est temps de rappeler au lecteur que si les historiens de l’antiquité sont en général supérieurs aux nôtres, cette vérité souffre toutefois de grandes exceptions.

3430. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Cochin » p. 332

Je ne m’y ferai jamais, jamais je ne cesserai de regarder l’allégorie comme la ressource d’une tête stérile, faible, incapable de tirer parti de la réalité, et appellant l’hiéroglyphe à son secours ; d’où il résulte un galimatias de personnes vraies et d’êtres imaginaires qui me choque, compositions dignes des temps gothiques et non des nôtres.

3431. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Avant-propos » pp. 1-5

Comme l’on n’a point communement de la musique des grecs et des romains, l’idée que je viens d’en donner, et comme on croit qu’elle fut renfermée dans les mêmes bornes que la nôtre, l’on se trouve embarassé quand l’on veut expliquer tout ce que les auteurs anciens ont dit de leur musique et de l’usage qui s’en faisoit de leur temps.

3432. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVI. Le dévouement de yamadou havé »

Hava Demba aussi en descend, lui qui fut l’allié de l’émir Abdoul Rhady dans la guerre du Diolof du temps de Napoléon Ier.

3433. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Du temps de Flaubert, on a crié : décadence. […] De ceux-là on a médit à l’époque où ils vivaient, puis on les a si complètement oubliés que maintenant ils semblent n’avoir point existé ; considérant à notre tour nos médiocrités littéraires, nous en oublions presque les quelques noms qui les effaceront un jour, et nous nous écrions : — Le vers pour le vers et la phrase pour ses bizarreries, signe des temps, signe de décadence ! […] Les classiques ont produit des chefs-d’œuvre que nous avons tous encore dans la mémoire, mais le temps des tragédies était passé lorsque Chateaubriand et tous ceux qui l’ont suivi sont venus apporter au siècle nouveau une poésie nouvelle, — la vraie poésie de notre siècle. […] La critique de notre temps a subi l’influence de cette maladie littéraire. […] Mais Baudelaire répond déjà beaucoup mieux à son temps qu’au nôtre ; il n’est plus à proprement parler un modèle : son influence est tout indirecte.

3434. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Ces personnages ne concourent à aucune action une ou collective ; ils passent, comme une revue de fantômes, devant les yeux du poète et du lecteur ; c’est la procession des ombres dans la nuit des temps ; c’est comme la Danse des Morts des peintres allemands du moyen âge. […] Les centaures, les Harpies, les lacs de bitume d’où s’élèvent en mugissant de douleur des bustes à demi consumés, des âmes liées à des arbres morts, des chiennes affamées poursuivant des esprits en fuite, des damnés transformés en buisson, des pluies de feu sur des déserts de sable et qui l’allument comme l’amadou le briquet, tous les héros de la Fable confondus avec ceux de l’histoire et du temps, des rencontres inattendues du poète avec les âmes de ses contemporains morts avant lui, et des signalements grotesques, tels que celui de Brunetto Latini, premier maître de Dante : « Ces âmes clignaient les yeux en nous regardant, comme le vieux tailleur regarde le trou de l’aiguille  » ; Des vers sublimes, tels que celui-ci du disciple au maître en le rencontrant : « Tu m’enseignais là-haut comment l’homme s’éternise !  […] XII Cette répugnance de l’esprit humain à admettre l’irrémédiabilité et l’éternité des peines a tourné de préférence toutes les imaginations du côté de cet enfer à temps qu’on appelle le Purgatoire. […] — Et aussi, quand on voit ou qu’on entend quelque chose qui tient puissamment notre âme tendue par l’attention vers un seul objet, la perception du temps nous échappe, et l’homme ne s’aperçoit pas de sa fuite ; — parce que autre est la faculté qui regarde ou qui écoute, et autre est l’ensemble des facultés qui composent l’âme tout entière. […] « L’aspect de mon visage le soutint quelque temps », dit-elle aux âmes attentives, « et, en laissant briller sur lui mes jeunes yeux, je le guidai dans le droit chemin. — Mais si tôt que je fus au seuil de mon second âge et que j’eus changé de vie en ces lieux, — celui-ci », ajoute-t-elle avec un geste de reproche, « se détacha de moi pour se donner à d’autres. » — (Allusion poignante aux nombreux amours profanes que Boccace et les autres historiens reprochent au Dante après la mort de Béatrice.)

3435. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

S’oublier une minute, nouveau Narcisse, dans la contemplation de soi, à l’ombre des fontaines de la Vie, prêter l’oreille au murmure continu de l’Être qui s’égoutte au bord du Temps, c’est permettre à la Nature de nous renvoyer notre image, jusque-là ignorée ; c’est souffrir que notre âme se révèle chantante, alors que le martèlement de nos pas, le long des chemins de l’existence tumultueuse, risquait à jamais d’étouffer ses divines harmoniques. […] « La poésie disait Hello, domine le temps et l’espace, elle nous oblige à sentir en frissonnant le voisinage réel de l’éternité qu’on oublie. » * *   * Ne nous défendons pas pourtant de l’avouer : certaines choses se sentent bien et s’énoncent mal. […] Le temps semble s’arrêter, et la vie, au lieu de s’écouler, dilate notre cœur. […] Là donc où il y a continuité dans le temps, nous apercevons une discontinuité. […] Ce temps est encore loin, mais la cause du retard apporté dans les rapports de sympathie entre l’artiste et le gros public tient aux conditions actuelles où le poète se trouve obligé de vivre.

3436. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Lamartine.] » pp. 534-535

L’Ombre de Joseph Delorme a dû tressaillir de se voir si bien traitée et louée si magnifiquement pour une des pièces les plus contestées de tout temps et les plus raillées de son recueil.

3437. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Autran, Joseph (1813-1877) »

Ponsard, de la vogue de Mademoiselle Rachel, de cette vieille route longtemps abandonnée, qui semblait tout à coup se rouvrir, et dont le poteau indicateur était glorieusement relevé par un poète de talent et une actrice de génie, il m’avoua qu’il venait d’écrire, sous cette impression nouvelle, une tragédie, moins que cela, une étude empruntée à un autre temps et à un autre ordre d’idées que Lucrèce, mais également inspirée par ce retour aux sources antiques, un moment taries ou troublées sous le souffle du romantisme.

3438. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bourget, Paul (1852-1935) »

Venu après de Musset et le grand Lamartine, traités si haut la main de négligés et d’incorrects par les brosseurs de rimes de ce temps, M. 

3439. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

Car, pour plaire au premier, les vieux adolescents pessimistes et symbolistes y sont traités avec un généreux mépris, et, pour plaire au second, un vague esprit évangélique y circule, un Christ ami du monde moderne y apparaît, et l’aube des temps nouveaux y est saluée.

3440. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorchain, Auguste (1857-1930) »

L’heureux temps !

3441. (1887) Discours et conférences « Préface »

quel profond penseur était ce juif du vie  siècle avant Jésus-Christ, qui, à la vue des écroulements d’empires de son temps, s’écriait : « Et voilà comme les nations se fatiguent pour le néant, s’exténuent au profit du feu !

3442. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Telle école a fait son temps et le public va exiger autre chose. — Il pourra pressentir le goût de demain, être la vigie qui annonce la côte voisine, qui crie Terre !

3443. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 451-455

Le hasard a fait tomber il y a quelque temps son Ouvrage entre mes mains.

3444. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 230-234

Dutems se propose d’y démontrer que les plus célebres Philosophes du dernier temps, & les Philosophes actuels, doivent aux Anciens la plus grande partie de leurs opinions, de leurs systêmes, & de leurs prétendues inventions.

3445. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 343-347

& l’on étoit surpris d’entendre raconter les anecdotes littéraires & politiques du temps par un homme que les Grecs, les Romains, les Celtes, les Chinois, les Péruviens, auroient pris pour leur Compatriote & leur Contemporain ».

3446. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre II. De l’Allégorie. »

L’allégorie morale, comme celle des Prières dans Homère, est belle en tout temps, en tout pays, en toute religion : le christianisme ne l’a pas bannie.

3447. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre V. Ruines des monuments chrétiens. »

Les bas-côtés du chœur, les arcs des fenêtres, les ouvrages ciselés des voussures, les pilastres des cloîtres, et quelques pans de la tour des cloches, sont en général les parties qui ont le plus résisté aux efforts du temps.

3448. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Pierre » pp. 200-201

Vous avez tout le temps de choisir votre sujet, de vous en pénétrer, de l’ordonner, de l’exécuter.

3449. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Grenée » pp. 206-207

Gardez-vous bien de mettre cette ébauche en couleur ; ce serait du temps et de l’huile perdus.

3450. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 19, de la galanterie qui est dans nos poëmes » pp. 143-146

Il fait cesser pour un tems l’affection qu’on avoit prise pour le personnage.

3451. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVIII »

Je me décide aujourd’hui à rompre ce silence, mais c’est tout à fait sans rancune et après avoir donné à mes adversaires le temps de réfléchir et de se calmer.

3452. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

La poétesse chante la fragilité de la beauté féminine que l’art du sculpteur peut fixer pour quelques siècles ou quelques années, ce qui, dans l’infini du temps, s’équivaut. […] L’amour, elle sait que c’est l’absolu : elle l’associe à l’idée de gloire et d’immortalité, elle s’échappe du temps et bat de l’aile vers l’infini. […] Plus tard, ajoute-t-elle, je me souviendrai des temps où j’étais avec toi, « lorsque nous étions deux à jouer dans mon âme ». […] Peut-être même ces petites épitaphes furent-elles, à ces journalistes, une indication suffisante pour appuyer un jugement, qui n’eut pas le temps de se vérifier. […] » s’effraie le critique du Temps : « les moralistes anciens et modernes, Aristote, Platon, Marc-Aurèle, Spinoza, Puffendort, Nicole, E.

3453. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVII » pp. 109-112

Deux ont brisé la chaîne qui fait garde-fou au pont et sont tombés ; sans la présence d’esprit, l’adresse et la vigueur extrême du postillon qui a su faire porter à temps le timon contre un pilier ou poteau, la voiture était immanquablement précipitée.

3454. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Franc-Nohain (1873-1934) »

[Le Temps (8 août 1898).]

3455. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Louÿs, Pierre (1870-1925) »

Pierre Louÿs lui-même, en guise d’avant-propos aux Lectures antiques, que depuis quelque temps il publie régulièrement dans le Mercure de France, nous a conté qu’un savant professeur de faculté, ancien élève de l’École d’Athènes, et à qui il avait envoyé son ouvrage, lui répondit qu’il avait, avant lui, lu l’œuvre de Bilitis.

3456. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mérat, Albert (1840-1909) »

[Le Temps (28 mars 1873).]

3457. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulary, Joséphin (1815-1891) »

Mais on conçoit pourtant, quand on voit ce travail et cette sueur pour entrer, que jamais les grands poètes de ce temps-ci n’aient fait de sonnets.

3458. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhade, Laurent (1854-1919) »

Théodore de Banville Voici un des plus beaux et des plus curieux livres de poèmes qui aient été écrits depuis longtemps (Le Jardin des rêves), un livre qui s’impose à l’attention, car il est bien de ce temps, de cette heure même, et il contient au plus haut degré les qualités essentielles à la jeune génération artiste et poète, c’est-à-dire, à la fois, la délicatesse la plus raffinée et la plus excessive, et le paroxysme, l’intensité, la prodigieuse splendeur de la couleur éblouie.

3459. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La doctrine symboliste » pp. 115-119

 » C’était pour protester contre tant de solennelle gravité que le Décadent insérait des échos dans ce goût : « Notre ami Piombino s’étant laissé barboter son manuscrit en tramway, n’a pu nous donner, en temps utile, sa chronique hebdomadaire.

3460. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre premier, premières origines du théâtre grec »

. — L’homme a éprouvé de tout temps le besoin d’idéaliser ou de parodier sa propre existence, de la répéter par le rêve du spectacle et de la fiction.

3461. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Préface » pp. -

Je demande enfin au lecteur de se montrer indulgent pour les premières années, où nous n’étions pas encore maîtres de notre instrument, où nous n’étions que d’assez imparfaits rédacteurs de la note d’après nature ; puis, il voudra bien songer aussi qu’en ce temps de début, nos relations étaient très restreintes et, par conséquent, le champ de nos observations assez borné1.

3462. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Autobiographie » pp. 169-176

Je demande enfin au lecteur de se montrer indulgent pour les premières années, où nous n’étions que d’assez imparfaits rédacteurs de la note d’après nature ; puis il voudra bien songer aussi qu’en ce temps de début, nos relations étaient très restreintes et, par conséquent, le champ de nos observations assez borné35.

3463. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre X. Machines poétiques. — Vénus dans les bois de Carthage, Raphaël au berceau d’Éden. »

Ce char enveloppé de vapeurs, ce voyage invisible d’un enchanteur et d’un héros au travers du camp des chrétiens, cette porte secrète d’Hérode, ces souvenirs des temps antiques jetés au milieu d’une narration rapide, ce guerrier qui assiste à un conseil sans être vu, et qui se montre seulement pour déterminer Solyme aux combats, tout ce merveilleux, quoique du genre magique, est d’une excellence singulière.

3464. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre premier. Du Christianisme dans la manière d’écrire l’histoire. »

Mettons donc l’éternité au fond de l’histoire des temps ; rapportons tout à Dieu, comme à la cause universelle.

3465. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre II. Causes générales qui ont empêché les écrivains modernes de réussir dans l’histoire. — Première cause : beautés des sujets antiques. »

L’histoire ancienne offre un tableau que les temps modernes n’ont point reproduit.

3466. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 38, que les remarques des critiques ne font point abandonner la lecture des poëmes, et qu’on ne la quitte que pour lire des poëmes meilleurs » pp. 554-557

Nous n’admirons pas l’Iliade, l’éneïde et quelques autres écrits, parce qu’ils sont faits depuis long-temps, mais parce que nous les trouvons admirables en les lisant, parce que tous les hommes qui les ont entenduës les ont admirées dans tous les temps.

3467. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Édouard Fleury »

On dirait des sceptiques de ce temps aux mœurs douces, qui ont l’horreur du sang et le dégoût de la fange, comme il sied à des naturels honnêtes et à des esprits cultivés, mais qui, ce sang montré dans sa vermeille couleur et cette fange dans son infamie, ont tout dit, à l’honneur de l’art et du style, et ne savent pas tirer de cette effroyable peinture, faite avec de véritables pourlècheries de pinceau, un enseignement ou une conclusion.

3468. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

Le Lac, Moïse, Ce qu’on entend sur la montagne, La Nuit de Mai, voilà comme de loin, j’imagine, la Postérité, ce grand pasteur au regard sommaire, et qui ne voit que les cimes, énumérera les princes des poëtes de ce temps.

3469. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. — POST-SCRIPTUM. » pp. 269-272

Et à ce propos si quelqu’un s’étonnait que, malgré la dignité académique qui nous a été conférée depuis, nous persistions dans cette voie pratique, nous donnerons une fois pour toutes une explication très-nette et très-franche : en ambitionnant et en obtenant cette dignité, la plus honorable à laquelle puisse aspirer un homme de lettres, nous n’avons jamais considéré qu’elle dût nous empêcher d’être ce que nous étions devant, ni de faire à très-peu près les mêmes choses que nous nous sommes de tout temps permises.

3470. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Aimé Martin. De l’éducation des mères de famille, ou de la civilisation du genre humain par les femmes. »

Il a abordé une tâche difficile que le temps seul et les efforts successifs peuvent mener à fin.

3471. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre IV. Le développement général de l’esprit est nécessaire pour bien écrire, avant toute préparation particulière »

Il faut pour cela une volonté ferme et constante, une attention soutenue, une réflexion laborieuse : mais, par le temps et l’habitude, l’effort disparaît ; les idées restent dans l’esprit vivantes, actives, efficaces et fécondes ; rien ne s’y perd, tout y germe.

3472. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VI. Utilité possible de la conversation »

Le temps qu’on lui donne est une détente dont on jouit, ou une interruption qu’on écourte.

3473. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Schwob, Marcel (1867-1905) »

Il y a, dans ses contes, des tableaux de tous les temps, depuis l’époque de la pierre polie jusqu’à nos jours.

3474. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 516-521

Cet Ouvrage est d'ailleurs écrit avec méthode, noblesse, simplicité, autant qu'on pouvoit le faire dans son temps.

3475. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — II »

Elle consiste à appliquer aux modes de la vie phénoménale une conception qui exclut la vie phénoménale, la loi d’un autre état que nous ne pouvons imaginer et décrire qu’en niant à son sujet faut ce que nous savons de la vie ordinaire, — en niant qu’il soit soumis aux conditions du temps, de l’espace, de la cause et que la diversité y ait place.

3476. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 37, que les mots de notre langue naturelle font plus d’impression sur nous que les mots d’une langue étrangere » pp. 347-350

Voilà pourquoi le même discours ébranle en des tems inégaux, un homme d’un temperament vif, et un autre homme d’un temperament lent, quoiqu’ils en viennent enfin à prendre le même interêt à la chose dont il s’agit.

3477. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 17, de l’étenduë des climats plus propres aux arts et aux sciences que les autres. Des changemens qui surviennent dans ces climats » pp. 290-294

Depuis un temps les eaux de vie simples et composées, le tabac, le caffé, le chocolat et d’autres denrées qui ne croissent que sous le soleil le plus ardent, sont en usage, même parmi le bas peuple, en Hollande, en Angleterre, en Pologne, en Allemagne et dans le nord.

3478. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Épilogue »

Il est trop dans le vice de ce temps pour ne pas, au contraire, s’accélérer, et le nombre des Bas-bleus s’accroître.

3479. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Nisard »

Ce qu’on ne savait pas, c’était l’importance que trois pédants colossaux devaient retrouver, dans ce temps, aux yeux du moins de l’écrivain qui se dévouait à écrire leur vie oubliée.

3480. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Ce vieux burgrave, cette vieille fée, ce varlet de fabliau, ce gentillâtre de pigeonnier, tous ces êtres féodaux du temps jadis s’entendent pour le ramener aux carrières de la corvée conjugale. […] Du temps de Molière, elle était à elle seule une comédie ou un drame. […] Le mariage n’est plus aujourd’hui une chose aussi bouffonne que du temps de Beaumarchais, et le gentilhomme qui prend femme dans la bourgeoisie ne se mésallie plus ; il conclut une affaire d’inclination ou d’argent. […] Elle regrette, avec des mélancolies infinies, l’impur ghetto dont elle est sortie, elle se rappelle, comme elle dit, le temps de son vice en fleur et de son candide dévergondage, alors qu’elle allait danser à la Chaumière en robe de guingamp, au bras d’un étudiant de passage.

3481. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Elle passait par ce moyen plus de temps seule auprès de lui, et plus que tout encore elle satisfaisait son aversion contre M. le Dauphin, Mme la Dauphine et Mesdames, en écartant le roi d’eux, et rendait vis-à-vis de lui leur conduite embarrassante. […] Cependant je ne voulais pas, dans le moment où il était malade, ne pas le soigner aussi bien et mieux que les autres ; je croyais mon devoir attaché à ne le quitter que le temps absolument nécessaire pour mon repos ou mes repas. […] Voilà comme il a passé le temps de la maladie.

3482. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Ce qui est bien de Montaigne, c’est le style, c’est l’emploi des tours et des mots que l’usage ou la liberté de son temps lui fournissaient. […] Mais regardant en lui, il y a trouvé quelque chose de plus que lui-même, l’homme : et, il a trouvé aussi qu’il ne se connaîtrait bien lui-même qu’en regardant hors de lui : ses voisins de Gascogne d’abord, ses voisins de France aussi, ses voisins d’Allemagne et d’Italie, ses voisins d’Amérique, ses voisins enfin de tout ce « petit caveau » qui est la terre dans l’univers : et les voisins du temps comme les voisins de l’espace, les gens d’hier, et d’avant-hier, et d’autrefois, l’humanité qu’on appelle ancienne. […] Mais, même au temps où il apprivoisait son âme à ce fâcheux objet, il n’a eu ni violent désespoir ni pessimiste mélancolie : la mort lui rendait la vie plus chère, voilà tout, et chaque instant prenait un prix infini, contenait un infini de délices, par la pensée qu’il pouvait être le dernier.

3483. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Nous verrons en effet que l’influence qui paraîtrait la moins probable — celle des races européennes avec lesquelles le noir est en contact depuis beaucoup moins de temps qu’avec les sémites musulmans — serait, en réalité, la plus manifeste, à en juger d’après les apparences. […] Moi-même je suis resté quelque temps indécis, me demandant si je ne devais pas les présenter dans la forme brute sous laquelle ils m’avaient été contés. […] J’avoue toutefois que pour leur donner plus de vivacité, j’ai substitué parfois le style direct au style indirect et que j’ai remplacé, de temps à autre, par des noms les périphrases qui désignaient les personnages.

3484. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Au temps où parurent les Misérables, Louis Veuillot, après avoir fait les réserves les plus légitimes, les plus nécessaires, reconnaissait, dans le roman de Hugo, ce qu’il appelle « un souffle de justice, un souffle de foi chrétienne, et catholique par conséquent, souffle court et mêlé, mais brûlant, parfois sublime ». […] Nous sommes à Waterloo ; nous voyons les campagnes plates avec les villages et les fermes aux noms fameux, les moulins, les fossés ; nous voyons l’armée de Napoléon au repos, l’armée de Wellington au repos, et puis les estafettes qui partent, le premier coup de canon, la mêlée, les charges, l’héroïque jeunesse qui tombe ou qui s’élance, la Vieille Garde qui donne, la vie et la mort qui s’affirment, l’une et l’autre, avec la plus effroyable énergie, dans l’espace le plus restreint et dans le temps le plus court, c’est-à-dire l’objet des plus fortes impressions et des plus durables souvenirs qui puissent se graver en nous. […] disant : « L’art est un moyen d’union parmi les hommes, … une activité qui a pour but de transmettre d’homme à homme les sentiments les plus hauts de l’âme humaine. » De tout temps, de très grands artistes ont considéré de la sorte leur mission dans le monde.

3485. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Mais ce n’est point sans sophisme et sans des subtilités de plus d’un genre que ces toiles si souvent rompues et déchirées réussissent, en apparence et pour quelque temps, à se réparer et à se reformer. […] A part le besoin des recherches dans un but utile, il ne faut lire ici-bas que les chefs-d’œuvre des grands noms ; nous n’avons pas de temps pour le reste.

3486. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

La note précédente fournirait d’ailleurs une nouvelle preuve, s’il en était besoin, de l’absurdité d’une anecdote qui courut dans le temps. […] Un petit-neveu de l’abbé Prevost avait démenti cette anecdote par une lettre adressée à la Décade philosophique (20 thermidor an XI) ; il lui avait suffi de rappeler que le père de l’abbé Prevost n’était mort qu’en 1739, c’est-à-dire à une date où son fils, âgé de quarante-deux ans, avait eu le temps de sortir du cloître et d’épuiser bien d’autres aventures.

3487. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

C’est un cerveau très affiné, un cerveau supérieur depuis qu’il est malade. » Et Xaxier Aubryet, en temps ordinaire strictement homme d’esprit42, atteignait au plus terrible pittoresque dès qu’il peignait ses douleurs : « Je deviens aveugle, disait-il, de jour en jour, je descends dans l’ombre ; j’ai vu, tour à tour, disparaître les barreaux de ma fenêtre puis la vitre elle-même ; et maintenant je n’aperçois plus qu’une tache de lumière lorsqu’elle m’arrive à bout portant ! […] Mon livre viendra, malgré tout, en son temps. » 46 De la même maladie Aubryet nous laisse, outre des descriptions exactes à en frissonner comme celles précédemment citées, une très curieuse étude de « Psychologie mondaine ».

3488. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre II. L’homme »

» Et il envoie à la divine Amaranthe des vers un peu risqués, pleins d’insinuations vives et d’adorations mythologiques, Ces sourires et ces rires, cette galanterie caressante, ces douceurs, ce mélange d’esprit gracieux et de tendresses fugitives composent l’amour en France ; La Fontaine n’en a guère connu d’autre, et il y a passé le meilleur de son temps. […] Il donna à ses amis, à Pintrel, à Maucroix, le seul bien qu’il eût, tout ce qu’il pouvait donner, c’est-à-dire son temps et sa gloire, traduisant des vers pour eux, mettant son nom à côté du leur pour qu’on lût leurs ouvrages.

3489. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Et la ballade des seigneurs du temps jadis, avec son autre mélancolique refrain : Mais où est le preux Charlemagne ? […] Père, mère, petits et grands, Pâris et Hélène, les dames et les seigneurs du temps jadis, papes, empereurs et dauphins, sont morts : donc tous les hommes meurent Voilà l’induction, qui tire la loi d’une collection de faits particuliers.

3490. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

La nécessité de la besogne quotidienne, le peu de temps laissé à la réflexion, l’obligation de « faire sa copie » même quand on n’a rien à dire, absolument rien, tout cela fait glisser les meilleurs à une certaine banalité, soit à des lieux communs insupportables, soit à des paradoxes aussi insipides que des lieux communs. […] Son front « s’est élargi » par le temps, comme celui de la Pallas de M. 

3491. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Mais il ajoute que depuis quelque temps, s’étant fort modéré et ne craignant plus le même inconvénient, il porte du linge comme tous les autres. […] Au bout de ce temps, une autre dame de la cour d’Auguste, qui, à cette époque, avait du crédit sur le cœur et l’esprit du roi de Pologne, engagea ce prince à visiter sa prison d’État.

3492. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Si nous pouvions nous replacer dans le courant des idées qui régnaient de leur temps, nous reconnaîtrions que beaucoup de ces vieux géomètres étaient analystes par leurs tendances. […] À propos des dernières réflexions que je viens de faire, une question se pose que je n’ai le temps, ni de résoudre, ni même d’énoncer avec les développements qu’elle comporterait.

3493. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

Que l’on remarque d’ailleurs que le mouvement du bras dans le vide, n’étant point déterminé par quelque contact, nous rend incapables de distinguer le successif du coexistant (ou le temps de l’espace). […] Le temps et l’espace sont deux corrélatifs qui ne sont point connus l’un sans l’autre, mais qui sont distincts l’un de l’autre.

3494. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre IV : La Volonté »

Réfléchissez trois ou quatre jours ; ayez un papier divisé en deux colonnes, celle du pour et celle du contre ; portez-y chacune de vos conclusions provisoires ; puis, ce temps écoulé, comparez les deux colonnes, établissez la balance ; attendez encore deux ou trois jours et agissez. […] Jusqu’à ces derniers temps, la psychologie a été cultivée, comme la physique l’était par les anciens : en tirant des conclusions non d’observations et d’expériences, mais d’hypothèses arbitraires et à priori.

3495. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

On faisait mystère de leur existence pour ne pas avouer un double adultère, parce que l’on craignait les avanies du marquis de Montespan, et parce que les lois s’opposant à la reconnaissance d’enfants nés d’un commerce doublement adultère, il fallait avoir le temps de préparer par quelques exemples une éclatante infraction de ces lois en faveur des enfants de madame de Montespan, qui ne devaient pas rester au-dessous de ceux de madame de La Vallière. […] Au reste, La Bruyère nous apprend ce que c’était dans ce temps-là qu’un directeur, et la correspondance de madame de Maintenon avec le sien nous apprend ce que c’était que Gobelin.

3496. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Ce tombeau fait d’un monceau de pierres que le temps a revêtu d’herbe, Eschyle l’a dressé en face du palais, non comme un décor, mais comme un personnage de son drame. […] Mais il est temps pour nos hôtes de se reposer après leur longue route.

3497. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Un écrivain célèbre observe que, dans le temps qu’on tenoit en France madame Guyon enfermée, on sollicitoit à Rome la canonisation de Marie d’Agréda, plus visionnaire elle seule que tous les mystiques ensemble. […] Bossuet le confirme dans ces sentimens, se précipite à ses genoux, lui demande pardon de ne l’avoir pas instruit plutôt de ce qui se passoit près de son trône, & d’avoir trop ménagé l’archevêque de Cambrai, dans le temps même qu’il lui porte le coup le plus sensible.

3498. (1761) Apologie de l’étude

On a dans ces derniers temps attaqué la cause des lettres avec de la rhétorique, on l’a défendue avec des lieux communs : on rte pouvait, ce me semble, la plaider comme elle le mérite, qu’en l’a décomposant, en l’envisageant par toutes ses faces, en y appliquant en un mot la dialectique et l’analyse : par malheur la dialectique fatigue, les lieux communs ennuient, et la rhétorique ne prouve rien ; c’est le moyen que la question ne soit pas sitôt décidée. […] Vous avez voulu faire une tragédie, et vous ignorez les passions ; une comédie, et vous ignorez le monde ; une histoire, et vous ne savez pas que lorsqu’on écrit l’histoire de son temps, il faut se résoudre à passer pour satirique ou pour flatteur, et par conséquent se préparer d’avance à la haine ou au mépris.

3499. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

C’était un signe du temps : au lieu de le réfuter, on regorgeait ; il avait beau crier, la chose était faite. […] Le but principal de cette leçon est moins de vous dire ce que c’est que la métaphysique, d’en déterminer l’idée que de vous prémunir contre cette habitude universelle de questionner, contre cette impatience de voir défini ce qu’il n’est pas encore temps de définir.

3500. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Une thèse sur le symbolisme À ce fait qu’une thèse sur le symbolisme a été soutenue en Sorbonne, il serait naïf d’attribuer une importance particulière, et d’y voir une revanche, ou un signe des temps. […] Vraiment le symbolisme a mis moins de temps que le romantisme ou le Parnasse à devenir historique, à laisser tomber autour de lui la poussière dorée du combat.

3501. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Nul doute que la chute de Leucade ne fût un reste des temps barbares, où la Grèce avait eu des sacrifices humains. […] Tout ce que mon cœur souhaite de faire, fais-le pour moi, combattant toi-même à mon aide. » Autour de ces paroles éteintes, sous les changements du temps et des idiomes, rêvez le ciel de Lesbos, l’harmonie des vers et celle de la lyre, l’accent passionné de la voix, dans le silence des nuits limpides, ou dans le calme sonore d’un jour brûlant d’été : et vous aurez entrevu quelque chose du gracieux délire dont la poésie et la musique, l’imagination et les sens, l’idéal et l’amour, ont parfois enchanté l’âme humaine.

3502. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une discussion dans les bureaux du Constitutionnel »

J’affirme qu’en ce temps-là M. 

3503. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « APPENDICE. — M. SCRIBE, page 118. » pp. 494-496

Lui, il s’inquiète beaucoup des habiletés et des ruses de métier, et sa raillerie ingénieuse ne puise pas à même de la société pour ainsi dire ; Picard, pour ne prendre qu’un exemple proportionné, le Picard du bon temps était bien autrement que lui en pleine et vraie nature humaine.

3504. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. de Latena : Étude de l’homme »

En terminant son livre, M. de Latena dit avec un sentiment de respect pour le public et une circonspection qui n’est pas ordinaire de notre temps : « Tout, dans la vie, est un jeu de hasard, tout, excepté la vertu.

3505. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note II. Sur l’hallucination progressive avec intégrité de la raison » pp. 396-399

Il y avait de la lumière, et il les voyait ; et, à l’inverse de ce qui avait lieu au commencement, quand la lumière disparaissait, il ne les voyait plus, au moins de quelque temps. — Enfin, au matin du cinquième jour, un sens nouveau se mit de complicité avec les précédents, pour donner à l’illusion le dernier caractère de la réalité.

3506. (1861) La Fontaine et ses fables « Conclusion »

C’est par elle qu’il plaît à plus ou moins d’hommes et que son oeuvre reste vivante pendant un temps plus ou moins long.

3507. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouilhet, Louis (1821-1869) »

Maxime Du Camp Parmi les poetæ minores, il arrive en tête ; certaines de ses pièces de vers subsisteront, il aura place dans tous les Selectæ ; Melænis est une œuvre très remarquable, de longue haleine, savante, bien conduite et de forte poésie, mais, dans le défilé des poètes de ce temps, il me semble qu’il ne marche qu’après Alfred de Musset, Victor Hugo, Lamartine, Victor de Laprade, Auguste Barbier, Théophile Gautier.

3508. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mikhaël, Éphraïm (1866-1890) »

Quoique influencé par ceux du Parnasse agonisant, il apporta dans son art une pensée modelée sur une forme nouvelle, et celui qui fut couronné pour le poème Florimond au concours de l’Écho de Paris (décembre 1889) n’eût pas tardé — ses derniers vers en témoignent — à participer à l’œuvre originale de son temps.

3509. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

C’est parce que cet exemple est particulièrement salutaire en un temps de désarroi et de lassitude comme le nôtre, que j’ai cru pouvoir donner à Roumanille une place dans ma modeste galerie, et montrer en lui, non pas le troubadour de légende, d’Opéra-Comique et de vignette, mais l’homme de bien, le poète de talent, se résignant à parler la langue de ceux qu’il veut convertir, et à renfermer sa popularité dans un étroit espace, pour la rendre plus utile et plus solide.

3510. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

Que sera-ce en ce temps-là ?

3511. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VII. Objections à l’étude scientifique d’une œuvre littéraire » pp. 81-83

Assurément non, et si le ciment qui unit les blocs est de bonne qualité, si le plan est bien tracé, le bâtiment pourra défier le temps et les tremblements de terre.

3512. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 145-150

Un Auteur de son temps fit contre lui un Ouvrage intitulé la Rencontre des Muses, où il prétendoit que Desportes avoit tiré des Italiens tout ce qu’il y avoit de bon dans ses Poésies.

3513. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 220-226

Par reconnoissance, ou plutôt par flatterie, il la loua dans ses Ecrits tout le temps qu’elle vécut.

3514. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 453-457

Ne seroit-il donc pas plus digne du zele des Protecteurs de la Littérature, & de ceux à qui la police en est confiée, d’encourager les bons Critiques, & de n’autoriser que ceux qui, comme l’Abbé Grosier, ont fait preuve d’attachement pour les vrais principes, de courage & de talent pour les défendre, plutôt que de prêter l’oreille aux clameurs de quelques petits Auteurs qui emploieroient plus utilement leur temps à se corriger, qu’à se plaindre ?

3515. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 190-194

On peut d’abord en juger par l’invocation de la Henriade, dont la tournure est la même que celle de Clovis : Muse, qui ceins ton front d’une immortelle gloire, Qui, plaçant les grands noms au Temple de Mémoire, Des outrages du temps affranchis les Guerriers, Couronne mon Héros de tes plus beaux lauriers.

3516. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 309-314

Nous touchons presque au temps d'une corruption générale, suite funeste de l'extinction des vertus & de ces mœurs si pures, dont la Religion est une source intarissable, & qui ont fait la gloire de nos Ancêtres….

3517. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Préface »

Le grand homme en tout ordre est celui qui, en vertu de lui-même et par suite de son accord avec l’âme des générations contemporaines ou postérieures, sans limites de temps, parvient à gagner à sa personne ou aux manifestations sensibles qui l’expriment, un nombre, proportionnel à sa gloire, de partisans, de croyants, d’admirateurs, qui, reconnaissant en lui leur type exemplaire, amplifient pour ainsi dire et répandent son être en consentant à faire ses volontés, à éprouver ses émotions, à concevoir ses pensées, à ressentir ses croyances.

3518. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VII. Le Fils. — Gusman. »

Supposez que Nestor cherche à modérer les passions d’Antiloque, il citera d’abord des exemples de jeunes gens qui se sont perdus pour n’avoir pas voulu écouter leurs pères ; puis, joignant à ces exemples quelques maximes connues sur l’indocilité de la jeunesse et sur l’expérience des vieillards, il couronnera ses remontrances par son propre éloge et par un regret sur les jours du vieux temps.

3519. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XII. Suite des machines poétiques. — Voyages des dieux homériques. Satan allant à la découverte de la création. »

Soudain, aux regards de Satan se dévoilent les secrets de l’antique abîme ; océan sombre et sans bornes, où les temps, les dimensions et les lieux viennent se perdre, où l’ancienne Nuit et le Chaos, aïeux de la nature, maintiennent une éternelle anarchie au milieu d’une éternelle guerre, et règnent par la confusion.

3520. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre III. Partie historique de la Peinture chez les Modernes. »

Depuis ce temps, les arts, entre diverses mains et par divers génies, parvinrent jusqu’à ce siècle de Léon X, où éclatèrent, comme des soleils, Raphaël et Michel-Ange.

3521. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IX. Des Epistolaires ou Ecrivains de Lettres. » pp. 265-269

Les Lettres de Balzac & de Voiture eurent dans leur tems un succès, qu’on ne sauroit imaginer aujourdhui.

3522. (1761) Salon de 1761 « Peinture — Vien » pp. 131-133

C’est la vérité qui est de tous les temps et de toutes les contrées.

3523. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Loutherbourg » pp. 224-226

Et lorsque le poids du jour sera tombé, nous continuerons notre route, et dans un temps plus éloigné, nous nous rappellerons encore cet endroit enchanté, et l’heure délicieuse que nous y aurons passée.

3524. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Julliart » pp. 176-177

Et vous ne songez pas que ces arbres doivent être touchés fortement, qu’il y a une certaine poésie à les imaginer selon la nature du sujet, sveltes et élégans, ou brisés, rompus, gercés, caducs, hideux ; qu’ici pressés et touffus, il faut que la masse en soit grande et belle ; que là rares et séparés, il faut que l’air et la lumière circulent entre leurs branches et leurs troncs ; que cette terrasse veut être chaudement peinte ; que ces eaux imitant la limpidité des eaux naturelles, doivent me montrer comme dans une glace l’image affaiblie de la scène environnante ; que la lumière doit trembler à leur surface ; qu’elles doivent écumer et blanchir à la rencontre des obstacles ; qu’il faut savoir rendre cette écume ; donner aux montagnes un aspect imposant ; les entr’ouvrir, en suspendre la cime ruineuse au-dessus de ma tête, y creuser des cavernes, les dépouiller dans cet endroit, dans cet autre les revêtir de mousse, hérisser leur sommet d’arbustes, y pratiquer des inégalités poétiques ; me rappeller par elles les ravages du temps, l’instabilité des choses, et la vétusté du monde ; que l’effet de vos lumières doit être piquant ; que les campagnes non bornées doivent, en se dégradant, s’étendre jusqu’où l’horizon confine avec le ciel, et l’horizon s’enfoncer à une distance infinie ; que les campagnes bornées ont aussi leur magie ; que les ruines doivent être solennelles, les fabriques déceler une imagination pittoresque et féconde ; les figures intéresser, les animaux être vrais ; et que chacune de ces choses n’est rien, si l’ensemble n’est enchanteur ; si composé de plusieurs sites épars et charmans dans la nature, il ne m’offre une vue romanesque telle qu’il y en a peut-être une possible sur la terre.

3525. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 6, de la nature des sujets que les peintres et les poëtes traitent. Qu’ils ne sçauroient les choisir trop interressans par eux-mêmes » pp. 51-56

Qui n’a point entendu parler de cette fameuse contrée qu’on imagine avoir été durant un tems le sejour des habitans les plus heureux qu’aucune terre ait jamais portez ?

3526. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 15, des personnages de scelerats qu’on peut introduire dans les tragedies » pp. 115-119

Il seroit superflu d’avertir ici qu’en lisant une piece de théatre, on admet comme veritables les suppositions fausses qui étoient reçûës au tems où l’action est arrivée ; tout le monde sçait bien qu’il faut se prêter aux opinions qui ont été celles des acteurs.

3527. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 47, quels vers sont les plus propres à être mis en musique » pp. 479-483

Que ces vers y soient très-propres par la mécanique de la composition, ou par l’arrangement des mots regardez en tant que de simples sons, c’est de quoi il a fallu convenir dans tous les temps.

3528. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — X. Service de nuit. »

Il paraît que, par les temps humides surtout, il arrive fréquemment de trouver le matin la crinière des chevaux comme tressée.

3529. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Pierre Mancel de Bacilly »

Le livre que Pierre Mancel de Bacilly a récemment publié porte sur sa première page ces deux mots mystérieux et terribles : Du Pouvoir et de la Liberté 17, dont l’alliance renferme toute la politique de ces derniers temps.

3530. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Paul Nibelle »

Lorsque le temps, les déceptions, les fautes, les repentirs, tout ce dont, hélas !

3531. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

On voulut appeler un médecin. « Pourquoi un médecin perdrait-il son temps sur moi ? […] Ils ne connaissent les temps passés et les pays lointains qu’en antiquaires et en voyageurs. […] Avec un courage et une probité admirables, il refusa toute grâce, n’accepta que du temps, se mit à l’œuvre le jour même, écrivit infatigablement, paya en quatre ans soixante-dix mille livres, épuisa son cerveau jusqu’à devenir paralytique et mourut à la peine. […] Je m’arrêterai à temps, je n’irai pas, comme lui, au-delà des souvenirs de son printemps. […] Quelque temps avant sa mort, à vingt-neuf ans, il disait : « Si je mourais maintenant, j’aurais vécu autant que mon père. » 1232.

3532. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIX » pp. 316-320

La critique, pendant tout ce temps-là (je parle de la critique qui compte) ; faisait son office avec zèle et courage ; elle s’attachait à réfuter les sottes querelles des adversaires, à démontrer qu’il y avait quelque chose de possible en dehors de l’ancien système, que le siècle devait avoir son drame à la scène comme il l’avait eu dans l’histoire.

3533. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet. (suite et fin.) »

Eudore Soulié, « qu’il porte la trace des basses sensualités du temps » ; que « ces joues, ces lippes épaissies n’expriment que trop bien un pesant amour de la chair ?

3534. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ch.-V. de Bonstetten : L’homme du midi et l’homme du nord, ou l’influence du climat »

La question des climats n’est pas neuve : Hippocrate dans l’antiquité l’a traitée comme une question d’hygiène ; Montesquieu, dans les temps modernes, l’a envisagée dans son rapport avec le gouvernement, et, par la manière paradoxale et brillante dont il l’a présentée, il l’a remise en problème et en a provoqué une discussion nouvelle.

3535. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

En ce temps-là, M. de La Popelinière tenait grand état à Passy ; nobles seigneurs, petites maîtresses, ambassadeurs, poètes, artistes, tous venaient puiser à sa somptueuse et débonnaire hospitalité.

3536. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur une pétition de directeurs de théâtres contre les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique »

On sait, messieurs, que les temps sont loin où l’auteur dramatique était aux gages de la troupe et du directeur, et confectionnait une pièce de théâtre pour un écu.

3537. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 2. Caractère de la race. »

César et Strabon nous font un portrait des Gaulois de leur temps, où certains traits nous permettent de nous reconnaître : le courage bouillant et inconsidéré, le manque de patience et de ténacité, la soudaineté et la mobilité des résolutions, l’amour de la nouveauté, un certain sens pratique, et la pente à se mêler des affaires d’autrui pour la justice, le goût de la parure et de l’ostentation, celui de la parole et de l’éloquence, tout cela est français, si l’on veut, autant que gaulois.

3538. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Daudet, Alphonse (1840-1897) »

[Le Temps (10 avril 1873).]

3539. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Madeleine, Jacques (1859-1941) »

Jacques Madeleine réclame gentiment « un brin du grand laurier »….Un brin, non, mais tout un vert rameau des arbres saints qui, dans la poudreuse Attique, triomphent toujours près de l’Ilissos desséché ou qui s’inclinent, les soirs de printemps, vers les femmes de Mégare dansant au crépuscule, sinueuses, aimables et fières comme leurs aïeules du temps d’Hélène et comme les libres strophes de M. 

3540. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Theuriet, André (1833-1907) »

[Le Temps (13 avril 1873).]

3541. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

Elle a fait éclater, dans l’événement * malheureux, qui a donné lieu à la Voix du Pauvre, ce qu’on a éprouvé dans tous les temps de sa part, des traits héroïques de courage & de sentiment, qu’on attendoit en vain de la verbeuse & stérile humanité.

3542. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

Les Savans du dernier Siecle, qui valoient bien ceux du nôtre, ont regardé son Poëme des Jardins comme une Production digne du temps d’Auguste.

3543. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre V »

Nul ne peut consentir, qui aime la langue française, à écrire fam, ten, cor, om, pour femme, temps, corps, homme.

3544. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Angelo, tyran de Padoue » (1835) »

Et puis, au bas de ce groupe qui jouit, qui possède et qui qui souffre, tantôt sombre, tantôt rayonnant, ne pas oublier l’envieux, ce témoin fatal, qui est toujours là, que la providence aposte au bas de toutes les sociétés, de toutes les hiérarchies, de toutes les prospérités, de toutes les passions humaines ; éternel ennemi de tout ce qui est en haut ; changeant de forme selon le temps et le lieu, mais au fond toujours le même ; espion à Venise, eunuque à Constantinople, pamphlétaire à Paris.

3545. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Étienne Dolet, et François Floridus. » pp. 114-119

Mais, outre ce mérite qu’il partageoit avec la plupart des écrivains de son temps, il avoit un talent particulier, celui d’écrire encore mieux dans sa propre langue.

3546. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Le père Bouhours, et Barbier d’Aucour. » pp. 290-296

Le temps & ses écrits l’ont vengé.

3547. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la comédie chez les Anciens. » pp. 25-29

Elle est soumise aux mêmes règles, aux unités de temps, de lieu, d’action, d’intérêt, de dessein.

3548. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IV. Si les divinités du paganisme ont poétiquement la supériorité sur les divinités chrétiennes. »

Le Dieu qui régit les mondes, qui crée l’univers et la lumière, qui embrasse et comprend tous les temps, qui lit dans les plus secrets replis du cœur humain : ce Dieu peut-il être comparé à un dieu qui se promène sur un char, qui habite un palais d’or sur une montagne, et qui ne prévoit pas même clairement l’avenir ?

3549. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IX. Application des principes établis dans les chapitres précédents. Caractère de Satan. »

Il t’apporte un esprit que ni temps ni lieux ne changeront jamais… Du moins ici nous serons libres, ici nous régnerons : régner même aux enfers, est digne de mon ambition75. » Quelle manière de prendre possession des gouffres de l’enfer !

3550. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre IV. Des Ecrits sur la Poétique & sur divers autres genres de Littérature. » pp. 216-222

Les savans se sont un peu refroidi depuis quelque tems pour cet ouvrage.

3551. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 49, qu’il est inutile de disputer si la partie du dessein et de l’expression, est préferable à celle du coloris » pp. 486-491

Une passion triste, nous fait aimer durant un temps des livres assortis à notre humeur présente.

3552. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Alcide Dusolier »

Nous croyons que Dusolier a la vocation qu’il faut le mieux avoir, dans ce temps, pour se classer et réussir.

3553. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre III. Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle » pp. 371-375

Après avoir observé dans ce Livre comment les sociétés recommencent la même carrière, réfléchissons sur les nombreux rapprochements que nous présente cet ouvrage entre l’antiquité et les temps modernes, et nous y trouverons expliquée non plus l’histoire particulière et temporelle des lois et des faits des Romains ou des Grecs, mais l’histoire idéale des lois éternelles que suivent toutes les nations dans leurs commencements et leurs progrès, dans leur décadence et leur fin, et qu’elles suivraient toujours quand même (ce qui n’est point) des mondes infinis naîtraient successivement dans toute l’éternité.

3554. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Et toutefois, bien des réalités présentes viennent de ce passé, si distant par les temps et par l’aspect. […] Pourtant, ce point de la Belgique fut prépondérant dès les temps les plus reculés. […] Pareille chose s’est produite au temps des Romains de l’Empire. […] C’étaient de grands seigneurs du monde de la Belgique, dès ce temps aussi distinct du reste de la Gaule qu’il l’a jamais été. […] Le Temps, 13 janvier 1896.

3555. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

Avec le renouvellement universel de la pensée et de l’imagination humaine, la profonde source poétique qui avait coulé au seizième siècle s’épanche de nouveau au dix-neuvième, et une nouvelle littérature jaillit à la lumière ; la philosophie et l’histoire infiltrent leurs doctrines dans le vieil établissement ; le plus grand poëte du temps le heurte incessamment de ses malédictions et de ses sarcasmes ; de toutes parts, aujourd’hui encore, dans les sciences et dans les lettres, dans la pratique et la théorie, dans la vie privée et dans la vie publique, les plus puissants esprits essayent d’ouvrir une entrée au flot des idées continentales. […] Lorsqu’on regarde les gens de près, il semble que leurs diverses pièces sont indépendantes, du moins qu’elles ont besoin de temps pour se transmettre les chocs. […] Le dimanche, par un temps brumeux, on se croirait dans un cimetière décent ; les adresses lisibles, parfaites, en cuivre, ressemblent à des inscriptions funéraires. […] Rien de plus frappant que cette révolution, si l’on met en regard les temps qui précèdent Ferdinand le Catholique, c’est-à-dire le règne de Henri IV, la toute-puissance des nobles, et l’indépendance des villes.

3556. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

Autant pour tous ceux qui sont de l’espèce de Figaro, de Gil Blas et de Panurge, de ce Panurge « sujet de nature à une maladie qu’on appeloit en ce temps là faute d’argent, c’est douleur sans pareille (et toutefois, dit Rabelais, il avoit soixante et trois manières d’en trouver toujours à son besoin, dont la plus honorable et la plus commune étoit par façon de larcin furtivement fait) » ; — autant pour cette bande intrigante et peu scrupuleuse, la question d’argent est à la fois importante et légère, objet avoué de poursuite et de raillerie, un jeu et une occupation continuelle, et à toute heure sur le tapis, autant c’est un point sensible et douloureux pour ces natures pudiques et fières, timides et hautes, qui n’aiment ni à s’engager envers autrui ni à manquer à personne, qui ont souci de la dignité et de l’indépendance autant que les autres de l’intérêt. […] On souffre de voir cet homme distingué et qui promettait presque un grand homme, si à la gêne et si peu favorisé de la fortune qu’il ne peut faire un voyage en Angleterre, où l’appelleraient ses études et aussi des médecins à consulter pour ses yeux et pour ses autres infirmités ; on souffre de le voir ne venir d’abord à Paris qu’à la volée et n’y rester que peu de temps par les mêmes raisons misérables.

3557. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Dans ces jeux de l’érudition et du goût, l’original sans cesse relu, manié et remanié à plaisir, devenait chose familière, facile, non apprise, mais sue de tout temps et comme passée en nous, on ne l’oubliait plus. […] « Je m’en réjouissais fort », dit le père. —  « Vous aviez bien raison, répond Sosie, qui ne perd jamais l’occasion de glisser son proverbe : je suis bien d’avis qu’il n’y a rien de plus utile dans la vie que rien de trop. » — Simon continue l’éloge de ce modèle de fils qui s’accordait si bien avec tous ceux de son âge, prenait sa part modérée dans leurs plaisirs, se prêtant à tous, ne se préférant à personne : manière sûre de se faire bien venir et d’acquérir des amis. — Le bon Sosie ne manque pas de glisser de nouveau son proverbe et de pousser, selon son habitude, l’idée de son maître jusqu’à en faire une maxime : « C’était bien sage à lui, dit-il, d’en agir ainsi ; car, par le temps qui court, la complaisance engendre l’amitié, la vérité fait des ennemis. » — « Cependant, poursuit le père, voilà bien trois ans de cela, arriva ici dans le voisinage une femme d’Andros, sans parents, pauvre, belle, à la fleur de l’âge. » — « Aïe !

3558. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La civilisation et la démocratie française. Deux conférences par M. Ch. Duveyrier »

Je ne saurais croire que les Grecs, par exemple, qui en tout temps s’opposaient d’une manière si tranchée aux Barbares, n’aient pas eu une idée nette et distincte de la civilisation. […] Dans ce laps de temps, les fortifications d’Alexandrie seraient achevées ; cette ville serait une des plus fortes places de l’Europe ; … l’arsenal de construction maritime serait terminé ; par le moyen du canal de Rahmaniéh, le Nil arriverait toute l’année dans le port vieux, et permettrait la navigation aux plus grandes djermes ; tout le commerce de Rosette et presque tout celui de Damiette y seraient concentrés, ainsi que tous les établissements civils et militaires ; Alexandrie serait déjà une ville riche ; l’eau du Nil, répandue autour d’elle, fertiliserait un grand nombre de campagnes, ce serait à la fois un séjour agréable, sain et sûr ; la communication entre les deux mers serait ouverte ; les chantiers de Suez seraient établis ; les fortifications protégeraient la ville et le port ; des irrigations du canal et de vastes citernes fourniraient des eaux pour cultiver les environs de la ville… Les denrées coloniales, le sucre, le coton, le riz, l’indigo, couvriraient toute la Haute-Égypte et remplaceraient les produits de Saint-Domingue. » Puis, de dix années de domination il passe à cinquante ; l’horizon s’est étendu ; l’imagination du guerrier civilisateur a pris son essor, et les réalités grandioses achèvent de se dessiner, de se lever à ses yeux de toutes parts : « Mais que serait ce beau pays, après cinquante ans de prospérité et de bon gouvernement ?

3559. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

Durkheim n’est autre chose au fond que l’antique unité morale réclamée par les politiques autoritaires de tous les temps. […] C’est au nom d’idoles logiques et dogmatiques que l’on a de tout temps prétendu plier l’individu aux volontés du groupe.

3560. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Personne ne pouvait mieux rendre les légers et coquets caprices d’une âme de fillette, la demi-pâmoison d’une femme amoureuse, la longue douceur de la passion satisfaite : En la paix du grand hôtel, au millieu de la mort odorante de fleurs, dont la chute molle des feuilles, sur le marbre des consoles, scandait l’insensible écoulement du temps, tandis que tous deux étaient accotés l’un à l’autre la chair de leurs mains fondue ensemble, des heures remplies des bienheureux riens de l’adoration passaient dans un far-niente de félicité, où parler leur semblait un effort. […] C’était cependant un temps encore aimable ; les annonces du Paris, ces annonces documentaires qui rendront précieuses aux historiens futurs les quatrièmes pages de nos journaux, sont encore amusantes à lire.

3561. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Un prédicateur ne seroit plus, comme il arrive quelquefois, autant de temps à retenir un sermon qu’à le faire. […] Il eut, de son temps, la plus grande réputation.

3562. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre douzième. »

Laissez agir la faux du temps : Ils iront assez-tôt border le noir rivage. […] Cette fable est excellente, et on la croirait du bon temps de La Fontaine.

3563. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

Un tel recueil, s’il était fait avec choix, pourrait n’être pas immense, et le temps ordinaire des études suffirait pour se le rendre familier. […] On ne peut traduire un homme de génie, si on ne le traduit pas vivement et d’enthousiasme ; mais si cet homme de génie est en même temps un écrivain profond, il faut du temps pour l’étudier et pour le rendre ; il me semble d’ailleurs en général, que pour éviter tout à la fois la froideur et la négligence du style dans quelque ouvrage de goût que ce puisse être, il est nécessaire et d’écrire vite et de corriger longtemps.

3564. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Les deux cathédrales »

Son âme, issue de la communion du ciel et de la multitude, s’est dissoute au souffle de l’esprit du temps. […] L’éboulement de ses remparts, battus en brèche par le temps et par l’homme, lui enlève chaque jour un atome de sa force.

3565. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre III. Les explications anthropologique, idéologique, sociologique »

Et il est vrai que l’on considère ordinairement, du point de vue idéologique, l’apparition de l’égalitarisme dans nos sociétés antiques et modernes comme un phénomène unique, puisqu’on le regarde comme résultant de la transmission, à travers le temps et l’espace, d’une même théorie. Mais si, comme nous avons essayé de le prouver, cette explication est insuffisante, dès lors les apparitions de l’égalitarisme dans des sociétés séparées par le temps, comme l’Empire romain et la République française, ou par l’espace, comme la République française et les États-Unis, sont bien des phénomènes distincts et comparables ; et il est permis de rechercher les antécédents communs qui ont dû provoquer, ici et là, l’apparition des idées égalitaires.

3566. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVIII » pp. 188-192

Il vise depuis quelque temps à l’histoire, il a donné un volume sur la guerre sociale, et on en annonce un second sur Catilina ; ces deux écrits ne seraient qu’une sorte d’introduction à une histoire de Jules César.

3567. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXI » pp. 281-285

Thiers va publier l’Histoire du Consulat dans quelque temps, on espère exciter par là Chateaubriand à détacher de ses Mémoires toute la partie relative au duc d’Enghien et au Consulat ; le désir de rétablir les faits à son point de vue et la démangeaison de contredire Thiers feraient ainsi passer l’illustre écrivain sur la détermination, qu’on disait invariable, de ne rien laisser publier, avant sa mort, de son livre tant convoité.

3568. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Appendice. »

Taine lisait Kant et Spinoza pour se distraire et passait le reste de son temps à feuilleter ses camarades ; c’était son mot.

3569. (1874) Premiers lundis. Tome I « Charles »

Toujours l’auteur se prépare à la composition par la solitude ; il s’y exalte longuement de ses souvenirs, de ses espérances, et de tout ce qui a prise sur son âme ; il se crée un monde selon son cœur, et le peuple d’êtres chéris ; le nombre en est petit ; il leur prête toutes les perfections qu’il admire, tous les défauts qu’il aime ; il les fait charmants pour lui : mais trop souvent, si son imagination insatiable ne s’arrête à temps, s’élevant à force de passion à des calculs subtils, et raisonnant sans nn sur les plus minces sentiments, il n’enfantera aux yeux des autres que des êtres fantastiques dans lesquels on ne reconnaîtra rien de réel que cet état de folle rêverie où il s’est jeté pour les produire.

3570. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — I. La Thébaïde des grèves, Reflets de Bretagne, par Hyppolyte Morvonnais. »

Sur mon front de cinq ans, j’avais toujours des fleurs ; Le temps, comme une plume, emportait les douleurs     Et de mon corps et de mon âme ; Une rose en avril me jetait en transports ; De la vie en mes sens abondaient les trésors ;     Je voltigeais comme une flamme.

3571. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rimbaud, Arthur (1854-1891) »

Ferdinand Brunetière Un autre encore, qui fut un temps l’honneur de cette école, pour ne pas dire le phénomène, M. 

3572. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Mais n’anticipons pas sur les temps.

3573. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 329-336

Malgré les difficultés qui se présentoient dans un Discours dont le but est de développer le chaos des temps, de suivre, pour ainsi dire, pas à pas la marche de la Sagesse divine, de rapprocher les événemens pour en faire connoître les ressorts & le terme, de présenter enfin le tableau du genre humain dans sa naissance, dans ses erreurs, dans ses crimes, dans le progrès de ses lumieres, dans sa législation, dans la réformation de ses mœurs, dans les révolutions des Empires ; le génie de Bossuet est toujours égal au sujet qu’il embrasse, & embellit les objets que leur propre grandeur sembloit mettre au dessus de l’esprit de l’homme.

3574. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 493-499

La nature n’est point contraire à elle-même, & ce qui a été destiné de tout temps à exercer la Muse comique, ne sera jamais impunément le partage d’une Muse triste & larmoyante.

3575. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 139-145

Linguet l’a bien senti lui-même par le désaveu glorieux qu’il en a fait, & par les éloges vrais qu’il a donnés depuis à ce grand homme d’Etat, dont la Nation & les Etrangers admirent également la sagesse & la probité ; qui ne doit son élévation qu’à son mérite ; dont tous les pas dans la carriere politique, où il est entré dès l’âge le plus tendre, ont été marqués par des services rendus à la Patrie ; qui, malgré sa grande modestie, jouit de toute sa réputation ; & dont la gloire, appuyée sur l’estime générale de ses contemporains, ne pourra qu’augmenter par la succession des temps.

3576. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « De la peinture. A propos d’une lettre de M. J.-F. Raffaëlli » pp. 230-235

Son art aboutit à la connaissance passionnée, sympathique ou antipathique, d’une portion représentative de l’humanité de ce temps.

3577. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Théâtre français. » pp. 30-34

Peu de temps après, il se sent envie de manger du pâté de venaison ; il le fait faire : on le lui apporte, il l’ouvre avec empressement ; aussitôt, il en sort un gros crapaud qui lui saute au visage et s’y attache.

3578. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VI. Amour champêtre. — Le Cyclope et Galatée. »

L’accent d’une âme passionnée est aigu, sifflant, précipité ; l’A est trop long pour elle : il faut une bouche pastorale, qui puisse prendre le temps de le prononcer avec lenteur.

3579. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XVI. Le Paradis. »

Nous osons le prédire : un temps viendra que l’on sera étonné d’avoir pu méconnaître les beautés qui existent dans les seuls noms, dans les seules expressions du christianisme ; l’on aura de la peine à comprendre comment on a pu se moquer de cette religion de la raison et du malheur.

3580. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Un petit corollaire de ce qui précède [Mon mot sur l’architecture] » pp. 77-79

De là tant de productions presque aussitôt oubliées qu’applaudies ; tant d’autres ou inaperçues ou dédaignées qui reçoivent du temps, du progrès de l’esprit et de l’art, d’une attention plus rassise, le tribut qu’elles méritaient.

3581. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Doyen » pp. 244-247

Je vous ai dit dans le temps ce que j’en pensais, et ce soldat renversé sur son cheval abattu, percé d’un dard, et dont le sang descendant le long de la crinière du cheval allait teindre les eaux du Xante, m’est encore présent.

3582. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface »

Il nous semble donc que, surtout par ce temps de mysticisme renaissant, une pareille entreprise peut et doit être accueillie sans inquiétude et même avec sympathie par tous ceux qui, tout en se séparant de nous sur certains points, partagent notre foi dans l’avenir de la raison.

3583. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XII. L’homme touffu »

La vieille ne perdit pas de temps.

3584. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Saint-Marc Girardin »

Il reste donc acquis à l’histoire de ce temps-ci que la scène de la publicité sérieuse n’est occupée que par des individualités déjà connues, par des talents mûris ; mais la maturité est un point bien vite dépassé dans la rapidité de la durée !

3585. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

Qu’as-tu fait du temps et de la vie ?

3586. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VII » pp. 278-283

Dans un temps où la mémoire et l’imagination étaient pleines de force, où la puissance d’invention était si grande, il ne pouvait être philosophe.

3587. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Il m’est agréable de rencontrer l’idéalisme verbal à l’état de tradition populaire et j’admets d’autant plus volontiers l’explication qu’elle n’explique rien, — en ce sens qu’il reste à nous faire comprendre comment le même euphémisme se retrouve dans les temps et les pays les plus éloignés ; il reste aussi à découvrir les vrais noms de la belette, si nous n’en sommes plus, comme les Grecs, à la confondre avec le chat. […] Un autre poisson à gros yeux est appelé par Pline, oculata ; c’est l’ochiado du populaire, à Rome, et le nigr’oil du même populaire, à Marseille où l’on appelait aussi dans le même temps (au xvie  siècle) la torpille172 une dormiliouse, ce qui traduit délicieusement torpedo. […] Pour l’homme de tous les temps et de tous les climats, compter et conter représentent une seule et même opération ; un mot les traduit tous les deux : énumérer.

3588. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

La science recueille donc lentement les petits faits, amassés un à un par d’humbles travailleurs ; elle laisse le temps, le nombre et la patience accroître lentement son trésor. […] Etre en histoire littéraire et en critique un disciple de Bacon, me paraît le besoin du temps et une excellente condition première pour juger et goûter ensuite avec plus de sûreté. » Il y avait là quelque exagération. […] De là la progression de l’individualité et de la liberté personnelle depuis les temps anciens.

3589. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Ce simple hommage de la vérité, à un labeur considérable, à une œuvre de haute importance n’a jamais été offert, et il serait temps de le tenter. […] Jamais temps n’a été plus grand, plus passionnant, plus gros de futurs prodiges, et qui ne voit pas cela est aveugle, et qui vit par mépris dans le passé ou dans le rêve n’est qu’un enfantin joueur de flûte… »11. […] Le Temps, 13 octobre 1897 (Interview).

3590. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

— Il a paru il y a quelque temps un piquant volume de M.

3591. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre premier. Que personne à l’avance ne redoute assez le malheur. »

Des hommes froids, qui veulent se donner l’apparence de la passion, parlent du charme de la douleur, des plaisirs qu’on peut trouver dans la peine, et le seul joli mot de cette langue, aussi fausse que recherchée, c’est celui de cette femme qui, regrettant sa jeunesse, disait : c’était le bon temps, j’étais bien malheureuse.

3592. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note III. Sur l’accélération du jeu des cellules corticales » pp. 400-404

Ainsi cette affreuse fantasmagorie n’avait duré que deux ou trois minutes, le temps de relever la sentinelle et de refermer la grille.

3593. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre premier. Du rapport des idées et des mots »

Il s’agit de substituer, par des approximations successives des expressions de plus en plus explicites à ces signes qui étaient plutôt l’étiquette que le miroir de la pensée : on ne peut plus se contenter de marquer la place des choses, c’est le temps de les y mettre effectivement.

3594. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre II. Du sens et de la valeur des mots »

La plupart du temps, la pensée s’exprime par des combinaisons passagères de termes qui se limitent réciproquement et projettent les uns sur les autres le reflet de leur couleur.

3595. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Giraud, Albert (1848-1910) »

Après avoir manié pendant quelque temps le martelet du joaillier et fabriqué de fins rondels, il a pris le lourd marteau de Vulcain et, dans une auréole d’étincelles et de flammes, il s’est mis à façonner son rêve à l’image de son âme.

3596. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Je connais peu de livres, parmi tous ceux de notre temps et de notre âge, qui donnent, autant que celui-ci, l’impression d’une âme géniale, et je crois bien, en effet, que, parmi tous les jeunes artistes de sa génération, Laforgue seul a eu du génie.

3597. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

M. de Laprade possède au plus haut degré ce qui manque trop à des poètes de ce temps, distingués, mais courts ; il a l’abondance, l’harmonie, le fleuve de l’expression ; il est en vers comme un Ballanche plus clair et sans bégayement, comme un Jouffroy qui aurait reçu le verbe de poésie.

3598. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Georges de Bouhélier (1876-1947) »

Il serait temps, semble-t-il, que l’homme capable d’écrire cent lignes comme celles-là voulût bien surseoir à ses méditations éthiques et esthétiques et parfaire l’œuvre qu’il nous doit.

3599. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 92-99

DAGUESSEAU, [Henri - François] Chancelier de France, Commandeur des Ordres du Roi, né à Limoges en 1668, mort en 1751 ; un de ces hommes qui font l’honneur de leur siecle, de leur Nation, de l’humanité, & dont le culte, s’il nous est permis de nous servir de cette expression, ne peut qu’augmenter par la succession des temps.

3600. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Avant-Propos. » pp. -

Dans la première & troisième division, on a suivi l’ordre des temps ; &, dans la seconde, celui des matières.

3601. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre III. Partie historique de la Poésie descriptive chez les Modernes. »

Disons toutefois qu’elle s’était maintenue pure, quoique ignorée, dans les ouvrages de quelques naturalistes du temps de Louis XIV, tels que Tournefort et le Père Dutertre.

3602. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Lettre a monseigneur le duc de**. » pp. -

Dévoué depuis bien des années aux travaux les plus importans, il n’a pu consacrer à ses Conseils que quelques heures d’un tems qu’il employoit ailleurs avec tant d’utilité.

3603. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVI. Des Livres nécessaires pour connoître sa Religion. » pp. 346-352

Les efforts des incrédules contre la Religion ayant redoublé depuis quelque tems, il faut se prémunir de bonne heure.

3604. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

Je m’amuserais autour d’un portrait, tandis que je n’ai ni trop d’yeux, ni trop de temps pour le Joseph de Deshays ou le Paralytique de Greuze… Ah, oui ; c’est cet homme qui est à côté de l’escalier, et à qui l’on va donner l’extrême-onction….

3605. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Taraval » pp. 282-283

Il y a quelque temps que j’entrai par curiosité dans les atteliers de nos élèves : je vous jure qu’il y a des peintres à l’académie à qui ces enfans-là ne céderaient pas la médaille, il faut voir ce qu’ils deviendront.

3606. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 1, de la necessité d’être occupé pour fuir l’ennui, et de l’attrait que les mouvemens des passions ont pour les hommes » pp. 6-11

Ils étoient alors de bonne foi ; mais comme l’agitation excessive leur a fait souhaiter une pleine tranquillité, un trop grand loisir leur fait regreter le tems où ils étoient toujours occupez.

3607. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 17, s’il est à propos de mettre de l’amour dans les tragedies » pp. 124-131

Les transports forcenez d’un ambitieux, au desespoir qu’on lui ait préferé pour remplir un poste éminent et l’objet de ses desirs, celui de ses rivaux qu’il méprisoit davantage, peuvent donc bien interesser vivement ceux qui sçavent par leur propre experience que la passion que le poëte dépeint peut exciter dans le coeur humain ces mouvemens furieux : mais toutes ces agitations, que quelques écrivains nomment la fievre d’ambition, toucheront foiblement les hommes à qui leur tranquillité naturelle a permis de se nourrir l’esprit de reflexions philosophiques, et qui plusieurs fois se sont dit à eux-mêmes que les personnes qui distribuent les emplois se déterminent souvent dans tous les païs et dans tous les tems par des motifs injustes ou frivoles.

3608. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 22, quelques remarques sur la poësie pastorale et sur les bergers des églogues » pp. 171-178

Ce n’est point avec de pareils phantômes que Virgile et les autres poëtes de l’antiquité ont peuplé leurs aimables païsages ; ils n’ont fait qu’introduire dans leurs églogues les bergers et les païsans de leur païs et de leur tems un peu annoblis.

3609. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 27, qu’on doit plus d’égard aux jugemens des peintres qu’à ceux des poëtes. De l’art de reconnoître la main des peintres » pp. 382-388

C’est au soin que prenoient les anciens pour avoir des sçeaux singuliers, et qu’on ne pût contrefaire sans bien de la peine, que nous devons apparemment la perfection où fut porté de leur temps l’art de graver les pierres qui servoient de cachets.

3610. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Deuxième journée. Les conspirateurs » pp. 225-233

J’ai beaucoup connu dans le temps, à Paris, un lieutenant de la garde qui vous ressemblait — comme deux gouttes de ténédos.

3611. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Vous pouvez réduire à l’unité de composition les conditions extérieures de la sensation, c’est-à-dire les mouvements, abstraction faite de ce qui se passe à l’intérieur des particules mouvantes, et encore n’obtenez-vous ainsi qu’une unité de lois, c’est-à-dire de rapports de temps, d’espace, de durée, d’intensité et de quantité ; mais vous ne pouvez pas obtenir, dans la conscience, une unité véritable de composition qualitative ; car vous seriez alors obligé de montrer que les différences de qualités n’existent pas dans la conscience même, qu’en sentant du rouge, nous sommes affectés de la même manière qu’en sentant la faim ou la soif, le chaud ou le froid. […] Mais, en premier lieu, sous le rapport du temps, nous ne saurions saisir en nous l’instantané : chaque état, même le plus indivisible, comme la vision d’une étincelle électrique, a en réalité une durée, un commencement, un milieu, une fin ; il a un avant et un après. […] Voilà pour la prétendue simplicité dans le temps. […] Nous pouvons conclure de ce qui précède que les états de conscience, principalement les sensations, sont des composés, sous le rapport du nombre, du temps, de l’intensité, et même de l’extensivité, dont l’étendue n’est que la forme nette, bien ordonnée, combinée avec les sensations musculaires, visuelles et tactiles.

3612. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Mais cette histoire, qui se composait de 140 ou 142 livres, et qui embrassait sans interruption la chaîne des temps depuis la fondation de Rome jusqu’au règne d’Auguste (ce règne y compris jusqu’en 744), a péri dans sa plus grande partie, et assurément dans la plus intéressante. […] On a ensuite, il est vrai, l’admirable seconde guerre punique, les guerres de Macédoine et la première guerre d’Asie ; mais tout ce qui suit et ce qui eût été d’un si haut intérêt, manque, les luttes de Marius et de Sylla, la rivalité de Pompée et de César, la vraie histoire politique réelle, ces époques récentes que Tite-Live savait dans leur esprit et dans leur détail par les mémoires du temps, par les récits d’une tradition prochaine, par cette transmission animée et vivante qui est comme un souffle fécondant.

3613. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

Après sa fuite de Motiers, après sa tentative manquée d’établissement en Angleterre, revenu en France, réfugié pendant quelque temps à Trie sous la protection du prince de Conti, il s’alarme, il se figure que la main du maître est insuffisante à le soutenir contre le mauvais vouloir des subalternes ; déjà il lit dans la contenance des habitants que la conjuration tramée contre lui opère : ce ne sont qu’allées et venues souterraines ; que va-t-il sortir des conseils caverneux de ces taupes ? […] Il a besoin de temps et d’espace pour être éloquent.

3614. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Un homme arrive sur le temps, comme tout exprès : c’est un fugitif, le seul échappé de trois cents frondeurs baléares, débarqués les derniers à Carthage, et qui, n’ayant pas été avertis du départ de l’armée, ont tous été massacrés par les Carthaginois. […] Mâtho, qui n’a qu’une idée fixe, passe d’abord son temps à rôder comme un fou autour des murs, à monter dans les arbres pour chercher à voir de plus loin, ou encore à nager le long des falaises et à essayer d’y grimper ; car Carthage, bâtie dans un isthme, entre la mer et des lacs salés, était défendue par les eaux autant que par ses murailles.

3615. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Dans le temps même où Pétrarque mettait dans ses poésies une exagération trop romanesque, Boccace se jeta dans un genre tout à fait contraire. […] Le Dante ayant joué, comme Machiavel, un rôle au milieu des troubles civils de son pays, a montré, dans quelques morceaux de son poëme, une énergie qui n’a rien d’analogue avec la littérature de son temps ; mais les défauts sans nombre qu’on peut lui reprocher sont, sans doute, le tort de son siècle.

3616. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Notes sur l’Ancien-Régime »

(Affaire pendante devant le conseil d’État depuis 1727 jusqu’à 1745 et non terminée ; « la perception en a été interrompue dans ce même temps »). […] Pas de boucher à Blet ; cependant, « dans le temps de la moisson et pendant le cours de chaque année, on massacre environ 12 bœufs ».

3617. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

De Vogüé et Desjardins : Études sur le xixe siècle, 1888 ; les Idées morales du temps présent, 1892 ; le Sens de la vie, 1889 ; Michel Teissier, 1892 ; La Seconde Vie de Michel Teissier, 1893, etc. […] Rosny, qui dans ses romans d’une écriture trop personnelle, ou, si l’on veut, d’un français trop douteux, pose les problèmes moraux et sociaux les plus actuels avec un sens pénétrant de la vie et une sympathie pour les souffrants qui n’a rien de banal, Indompté (1894), ou qui ramène le roman à la simplicité puissante de l’épopée par ses visions des temps préhistoriques, poétiques expressions des hypothèses de la science d’aujourd’hui Vamirch : et M. 

3618. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

Je sais bien qu’en ce temps de critique, de morosité croissante et à la fois de dilettantisme égoïste, la littérature attendrissante, les histoires qui font pleurer ne sont plus en honneur auprès de certains esprits très raffinés. […] C’est lui qui se met à imaginer des causeries, la nuit, entre les deux petits lits — presque deux berceaux — de Mamette et de son homme ; c’est lui qui trouve, en regardant bien, que les deux vieillards se ressemblent, et qui entrevoit dans leurs sourires fanés l’image lointaine et voilée de Maurice ; c’est lui enfin qui écrit étourdiment : « A peine le temps de casser trois assiettes, le déjeuner se trouve servi. » Comment !

3619. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Reste, comme j’ai dit, qu’il prenne une moyenne entre les deux Tartuffe… J’aime mieux qu’il s’en charge que moi… Du temps de Molière, conformément à sa pensée, Tartuffe fut joué en « comique » et même en « valet comique » ; et cette interprétation dura jusqu’au commencement de ce siècle. […] Une première remarque à faire, et très importante, c’est que Tartuffe, tout le temps que nous le voyons en personne, est, à fort peu de chose près, cohérent, harmonieux, d’accord avec lui-même.

3620. (1899) Le préjugé de la vie de bohème (article de la Revue des Revues) pp. 459-469

Il serait temps, cependant, de réagir contre l’erreur propagée par l’un des plus piteux livres que le sentimentalisme ait échafaudés ; et puisque nous sommes dans une de ces périodes rares où l’on met tout sur table, où l’on bannit tout faux respect des choses convenues, et où l’on étudie impitoyablement la valeur exacte des gens et des idées, puisque d’autre part, l’artiste, jusqu’ici écarté et résigné à être une non-valeur sociale, vient de s’avancer au premier rang des énergiques, il siérait de saper, d’une hache implacable, le faux idéal et la menteuse générosité de « la bohème », qui séduisent et égarent encore certains jeunes artistes, autant qu’ils font le jeu de la médiocratie contre l’idéal authentique et la vraie générosité. […] L’artiste pauvre peut avoir de l’ordre, du soin, des heures réglées, un emploi raisonné du temps, une décence, une volonté soutenue, que le bohème n’avait pas.

3621. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Intellectualiste, voici vingt fois que j’écris ce mot et il commence à m’agacer furieusement et il est temps de le décomposer. […] Seulement de trois hypothèses l’une : Ou la science (et la sociologie en est une des lointaines contrées, des plus tardivement connaissables) ne se fera pas ; ou elle ne se fera pas à temps (car la planète se refroidit, après tout), et tous les efforts de mise en train seront perdus ; ou elle sera faite, mais la majorité ne l’écoutera pas, et la brûlera.

3622. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Moréas, capricieux et changeant, soucieux de ses aises, qu’il ne trouvait nulle part et qui ne s’installait dans un endroit que le temps d’y découvrir d’excellentes raisons de décamper, resta néanmoins fidèle à la Côte d’Or durant trois ou quatre saisons. […] Baudelaire n’y réussit pas davantage qui, pourtant, de son coup d’œil d’aigle, avait vu dans la doctrine plus clair que ses devanciers français, et Oscar Wilde s’y cassera les reins pour n’avoir pas assez médité ce conseil de Brummel : « Le dandy doit savoir s’arrêter à temps et, dès que l’effet est produit, se retirer. » Les passionnés n’ont rien à voir avec le dandysme.

3623. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Elle distillait un arome quintessencié d’angélique et d’hysope mêlées à des herbes marines aux iodes et aux brômes alanguis par des sucres, et elle stimulait le palais avec une ardeur spiritueuse dissimulée sous une friandise toute virginale, toute novice, flattait l’odorat par une pointe de corruption enveloppée dans une caresse tout à la fois enfantine et dévote. » Il parvient à rendre par de précises correspondances sensibles certaines sensations apparemment impalpables : « Muni de rimes obtenues par des temps de verbes, quelquefois même par de longs adverbes précédés d’un monosyllabe, d’où ils tombaient comme du rebord d’une pierre, en une cascade pesante d’eau » ; ou, plus immatériellement encore : « Dans la société de chanoines généralement doctes et bien élevés, il aurait pu passer quelques soirées affables et douillettes ». […] Dans les réactions et les mélanges de toutes ces énergies et ces capacités, dans leur ajustement et leur coordination, réside, il me semble, la physionomie intime d’un des jeunes artistes les plus originaux de notre temps.

3624. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Ce nombre ne doit-il pas être proportionné au temps, au lieu, au caractère du fait, au caractère de l’accusé, au caractère des accusateurs ? […] C’est le génie qui fait la belle esquisse, et le génie ne se donne pas ; c’est le temps, la patience et le travail qui donnent le beau faire, et le faire peut s’acquérir.

3625. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Les idées courantes, comme déconcertées, résistèrent d’abord avec une telle énergie que, pendant un temps, il nous fut presque impossible de nous faire entendre. […] Car tout ce qu’elle implique, c’est que les manières collectives d’agir ou de penser ont une réalité en dehors des individus qui, à chaque moment du temps, s’y conforment.

3626. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Le peuple écoute avidement, les yeux élevés et la bouche ouverte, croit que cela lui plaît et, à mesure qu’il y comprend moins, l’admire davantage ; il n’a pas le temps de respirer ; il a à peine celui de se récrier et d’applaudir. […] C’est pour cela que, de son temps, on a accusé Molière de donner raison à l’athéisme de Don Juan.

3627. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Albalat ne prétend pas qu’on puisse en vingt séances, d’une heure ou deux, apprendre l’art d’écrire comme le patinage ou la valse à trois temps. […] Et, dans un beau mouvement d’une indignation qui voulait être superbe, on fit pleuvoir l’anathème sur la tête de cet auteur assez imprudent pour parler de style et d’art en un temps où, comme chacun sait, tout être qui tient une plume écrit un français des plus corrects.

3628. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

C’est un Père de l’Église, très-connu et très-antique, élevé par la renommée et par le temps au-dessus de l’amour et de la haine ; et la postérité peut commencer pour lui de son vivant. […] C’est alors qu’il s’écrie, sauf à s’en repentir plus tard : « Le Dieu de la conscience n’est pas un Dieu abstrait, un roi solitaire, relégué par-delà la création sur le trône désert d’une éternité silencieuse et d’une existence absolue qui ressemble au néant même de l’existence ; c’est un Dieu à la fois vrai et réel, un et plusieurs, éternité et temps, espace et nombre, essence et vie, indivisibilité et totalité, principe, fin et milieu, au sommet de l’être et à son plus humble degré, infini et fini tout ensemble, triple enfin, c’est-à-dire à la fois Dieu, nature et humanité. » Et combien le style vague et allemand convient à ces effusions lyriques !

3629. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Les axiomes sont des propositions nécessaires, par exemple : Toute qualité suppose une substance ; tout corps est situé dans l’espace ; tout changement arrive dans le temps, etc. Les objets infinis sont, par exemple, l’espace, le temps, Dieu, etc.

3630. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

Je raisonne trop longuement ; il est temps de céder la place à ceux qu’on a hâte de lire.

3631. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

— Dans la disette où nous sommes, un petit fait qui se produit depuis quelque temps et qui rentre aussi dans nos symptômes.

3632. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Il n’en est pas ainsi de ceux de Wagnière : Suisse honnête que Voltaire appelait son fidèle Achate, copiste en titre, sachant le latin, il prend davantage les choses au sérieux, et ne se laisse point aller à ces anecdotes de toilette et de cour qui d’ailleurs n’étaient plus de son temps.

3633. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

Il y vécut quelque temps dans l’intimité du prince Henri.

3634. (1874) Premiers lundis. Tome II « Li Romans de Berte aus Grans piés »

Pendant ce temps, la fausse reine se fait détester et accable ses sujets de son avarice.

3635. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Donec eris felix… »

Il fait mauvais temps dans l’île.

3636. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponsard, François (1814-1867) »

Ponsard mérite de figurer au premier rang des poètes qui ont le mieux traduit les idées de notre temps, sans les outrer, sans s’y asservir.

3637. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Préliminaires S’il est un fait établi par les lois les plus constantes de l’histoire, c’est que les grands poètes et les grands artistes n’ont pas été en leur temps des accidents fortuits, des phénomènes isolés.

3638. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Le temps des grandes vengeances chrétiennes était, du reste, bien éloigné.

3639. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVII » pp. 298-304

3º Elle est de peu de temps antérieure à ce départ, puisqu’elle annonce sa proximité et l’impatience générale d’en voir les circonstances.

3640. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — II »

Ils ne témoignent par la suite qu’ils furent pourtant accomplis, que par leurs conséquences, perçues et appréciées en un temps postérieur, alors que la complexité des nouveaux actes à commettre a fait surgir chez l’individu l’apparition de la conscience.

3641. (1889) L’art au point de vue sociologique « Préface de l’auteur »

Le but de la religion est donc la satisfaction effective, pratique, de tous nos désirs d’une vie idéale, bonne et heureuse à la fois, — satisfaction projetée dans un temps à venir ou dans l’éternité.

3642. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « La course à la mort » pp. 214-219

*** Cette œuvre va de nouveau faire déplorer le pessimisme du temps.

3643. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Guarini, et Jason de Nores. » pp. 130-138

Guarini, se trouvant à Turin dans le temps des nôces de Charles, duc de Savoie, avec la princesse Catherine, sœur de Philippe III, avoit profité de cette occasion pour la faire représenter.

3644. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre IV. De quelques poèmes français et étrangers. »

Depuis ce temps, l’un de nos meilleurs philologues, aussi savant que poli, M. 

3645. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre II. Des Époux. — Ulysse et Pénélope. »

Les autres défauts de la traduction de cette savante dame tiennent pareillement à une loyauté d’esprit, à une candeur de mœurs, à une sorte de simplicité particulière à ces temps de notre littérature.

3646. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XI. Suite des machines poétiques. — Songe d’Énée. Songe d’Athalie. »

Personne n’a su marquer les temps et les lieux d’une manière plus touchante que le poète de Mantoue.

3647. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVIII. Des Livres sur l’Art Militaire & sur les sciences qui y ont rapport. » pp. 370-378

Ces sciences sont si fort à la mode depuis quelque tems, qu’une foule de Mathématiciens se sont empressés d’écrire des traités élémentaires.

3648. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — IV. Les ailes dérobées »

Mais ils avaient eu le temps de reprendre leurs ailes.

3649. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « X »

Ce que je crois, c’est qu’en général et la plupart du temps, il faut refaire.

3650. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Nicole, Bourdaloue, Fénelon »

La préface élogieuse de Silvestre de Sacy n’est que l’écho d’une tradition janséniste affaiblie par le temps et la philosophie de nos jours.

3651. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

Ce problème de l’individualisme radical, qui est une des plus fécondes questions de ce temps, et qui ne va rien moins qu’à poser qu’il n’existe pas d’autres droits que ceux de l’individu, et à nier qu’il faille sacrifier l’individu à la collectivité, n’apparaît à ce haut fonctionnaire qu’un trait de prétention littéraire très propre à servir de thème à sa verve facétieuse !

3652. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

Du trait dans la conversation, des pointes à tout propos, quelque chose de vif et de sémillant dans son bon temps ; avoir sur chaque sujet de passage une provision de bons mots plus ou moins préparés, comme on a des pastilles dans une bonbonnière d’écaille qu’on fait circuler aux mains des dames ; ne voir guère dans tout ce qui est sur le tapis, même dans ce qui est sérieux, que prétexte à paillettes et à étincelles ; ne jamais sortir d’un salon sans assurer et signaler sa sortie par un dernier petit trait qu’on lance en fuyant : tel était, tel nous vîmes pendant des années ce galant homme, homme d’esprit assurément, mais des plus précieux et non pas médiocrement frivole.

3653. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Béranger] » pp. 333-338

. — Le Cinq Mai ou Napoléon à Sainte-Hélène, Le Vieux Sergent, Le Vieux Drapeau, Le Chant du Cosaque, Waterloo, quels plus beaux hymnes, quels accents plus vibrants sont-ils jamais sortis en aucun temps d’une âme nationale et guerrière !

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