Mais la nuit dernière a été horrible. […] J’entends ta voix m’appeler dans le silence de la nuit. […] Six mois après, vint « La Nuit de décembre ». […] qu’as-tu fait cette nuit ? […] Est-ce de vous ou de la nuit ?
Toujours la nuit ! […] » L’éternité dit : « Nuit ! […] quelque chose, ô nuit, est-ce quelqu’un166 ? […] Ce ciel infini, embrasé de lumière, c’est pour l’esprit la nuit même. […] Le jour où la misère de tous saisit la richesse de quelques-uns, la nuit se fait, il n’y a plus rien, rien pour personne.
« Ces idées de la nuit me viennent un peu de celles du jour. […] Je voudrais cette nuit un sommeil moins sombre. […] « Il était nuit. […] « Nous y allâmes tous, papa en tête, par une nuit ravissante. […] Elle t’arrivera mardi ; je l’ai écrite la nuit pour la faire jeter à la poste le matin, et gagner un jour.
Quand verrons-nous déjà libres, hommes encor Notre chair ténébreuse en rayons se dissoudre Et nos pieds faits de nuit, éclore en ailes d’or ? […] Il célèbre dans la Chanson des Rues et des Bois, le printemps, le matin, de jolies filles, les nuits d’été, avec une joie énorme. […] La charge épique des cuirassiers de Millaud, la panique, les carrés de la garde tenant comme des îlots au milieu de l’écoulement des fuyards, par la nuit tombante, et sous le feu des canons qui la trouent ; cela est inhumain. […] Une nuit étoilée vue aux heures où tous dorment, le ciel bas d’une soirée d’hiver, L’air sanglote et le vent râle, Et sous l’obscur firmament, La nuit sombre et la mort pâle Le regardent fixement, le bois sombre plein de souffles froids où Cosette, la nuit, va pour chercher un seau d’eau, pénètrent d’une horreur sacrée. […] Les mots ombre, antre, nuit, pris verbalement et portés à leur plus haute énergie, désignent des lieux ou des temps dans lesquels les sens de l’homme sont forcément inactifs, c’est-à-dire ne nous donnent plus aucun renseignement.
Retté, Adolphe (1863-1930) [Bibliographie] Cloches en la nuit (1889). — Thulé des Brumes (1891). — Paradoxe sur l’amour (1892). — Une Belle Dame passa (1893). — Réflexions sur l’anarchie (1894) […] Prose (1899). — La Seule Nuit (1899). […] Ainsi : Et vainqueurs de l’amour nous allons sur la mer… Vers des flots caressés d’un murmure de voiles S’abolissaient languissamment des chants d’oiselles… Ô gracile unisson de nuit, de lune et d’eau, Vagules mémorant des morts frêles de flûtes ! […] Ses cloches véritablement, comme nous l’indiquait le titre d’un de ses anciens volumes, sonnaient dans la nuit. […] Depuis l’apparition de son premier recueil, Cloches en la nuit (avril 1889) jusqu’à la réalisation de ses derniers poèmes — Campagne première — il paraît avoir accompli une lente évolution.
Le malade, qui du reste ne souffrait pas, commença dès la seconde nuit par avoir des rêves plus suivis, plus accentués que de coutume. La troisième nuit, ne dormant pas, il continuait à voir les images de ses rêves, même en ouvrant les yeux dans l’obscurité ; mais à la lumière, elles disparaissaient. Le lendemain, vers le soir, il en vit apparaître dans sa chambre, étant éveillé, et avant que la nuit fût close. […] La nuit suivante, l’ouïe se mit de la partie, et, ne dormant pas, il entendait ses images fredonner d’une voix lointaine, confuse, mélodieuse, de petites phrases musicales.
J’ai passé la nuit à vous lire. […] La nuit est tombée. […] à un assombrissement voisin de la nuit. […] La nuit ôtait claire et fraîche. […] La nuit est avancée.
La jeune mariée s’est laissé vaincre, elle a déjà un genou sur la couche ; elle est en déshabillé de nuit. […] Il y a au chevet du lit une quatrième suivante qui a levé la couverture ; tout à fait à gauche, sur un guéridon, un autre flambeau à branches ; sur le devant, du même côté, une table de nuit avec des linges. […] Une innocente prolonge sans fin sa toilette de nuit ; elle tremble, elle s’arrache avec peine des bras de son père et de sa mère, elle a les yeux baissés, elle n’ose les lever sur ses femmes, elle verse une larme. […] Point de nuit ; scène de nuit peinte de jour ; la nuit, les ombres sont fortes, et par conséquent les clairs éclatans ; et tout est gris.
Les maîtres de la nuit. […] Service de nuit. […] L’assistante de la nuit de noces. […] Contes des 1001 Nuits, traduits par Galland. Contes inédits des 1001 Nuits, traduits par de Hammer et Trebutien.
De songer qu’ils vivront sans que leur main se touche Et que, pour eux, ces nuits passeront sans baisers ! […] Ô nuit, libère-nous… Hors du cachot charnel, Que, par toi, nous flottions comme un parfum d’autel, Ô solennelle nuit… Ô nuit sérénissime. […] … Voici la nuit d’amour depuis longtemps promise… Dans l’ombre je te vois divinement pâlir. […] … Cette nuit m’est donnée… Éternelle douceur de la douceur qui fuit ! […] Son désir la fait défaillir, et elle « tombe sur la nuit, lourde comme une rose ».
Sa liberté et son amante étaient deux mobiles plus que suffisants pour le décider à l’évasion : ses fers, limés dans la nuit, tombèrent sans bruit sur la paille ; il scia un barreau de la loge où il était seul encore depuis la mort de son compagnon. […] cette zampogne que j’ai entendue la nuit dernière du haut du ciel et qui s’est approchée tout à l’heure, comme une mémoire et une espérance, de ma lucarne ? […] Nous convînmes ensemble que tel ou tel air de ma zampogne, pendant la nuit, du haut de ma tour, voudrait dire telle ou telle chose : peine, consolation, espérance, bonne nouvelle, absence ou présence du bargello et toujours amour ! […] Je continuai à en jouer tous les soirs et une partie des nuits, pour reporter, par les sons, la pensée d’Hyeronimo en haut, vers moi et vers nos beaux jours dans la montagne. […] Où trouverait-elle un gîte pour les nuits, sa nourriture pendant les jours ?
C’est dans ces salles funèbres que Michel-Ange, enfermé pendant les nuits, étudiait, à la lueur de la lampe des morts, cette anatomie du corps humain dans tous les âges qui devint comme la charpente cachée de ses statues. […] Le colosse de Memnon, en Égypte, n’a pas inspiré aux poëtes plus d’illusions que la statue du Penseur, que celle de la Nuit ou que celle de l’Aurore. […] Il sculptait, il peignait, il chantait au bruit des milliers de scies, de marteaux, de truelles qui exécutaient le jour, en travertin, en marbre, en porphyre, la pensée de ses nuits. […] À peine cette lettre était-elle écrite, qu’il fut saisi en effet d’une fièvre lente qui l’éteignit doucement, comme une lampe de nuit qui s’éteint dans le soleil levant. […] On dressa son catafalque et on déposa son corps sous ce dôme de San Lorenzo, au milieu de ces statues du Jour et de la Nuit, du Crépuscule et de l’Aurore, ses plus divines conceptions.
M. de Lally, au milieu de la nuit du 4 août, et tandis que les privilèges croulent de toutes parts, y est pris sur le fait avec son élan de sentimentalité royaliste et son exclamation de Vive le Roi ! […] C’est cette nuit qui a exterminé les sangliers, les lapins, et tout le gibier qui dévorait nos récoltes. C’est cette nuit qui a aboli la dîme et le casuel. C’est cette nuit qui a aboli les annates et les dispenses… Le pape ne lèvera plus maintenant d’impôt sur les caresses innocentes du cousin et de la cousine. […] Nuit désastreuse pour toutes les sangsues de l’État, les financiers, les courtisans, les cardinaux, archevêques, abbés, chanoines, abbesses, prieurs et sous-prieurs !
si douce survivra à cette nuit, Mais j’éprouve un grand besoin d’être seule… Accordez-moi cette grâce, vous que j’ai tant fait souffrir. […] C’est pendant la nuit du 24 au 25 décembre 1887. […] Loti pense à ses anciennes nuits de Noël. Telle année, il était, cette nuit-là, avec la tahïtienne Rarahu ; telle autre, avec Fatou-Gaye, la petite négresse ; et, en remontant toujours, avec la Smyrniote Àziyadé, avec la Chinoise Litaï-pa, avec la Lapone Kouroukakalé, avec la Montmartroise Nana, et avec beaucoup d’autres encore… Evocation de petits paysages nocturnes, très intenses et congruents à chacune de ces figures féminines. […] « J’avais dix-neuf ans ; j’étais étudiant en droit, pas riche », etc… Donc il entre, la nuit de Noël, au bal Bullier.
Je conclus aussi qu’ils avaient gagné ce bienheureux port, soit de nuit, soit tout à fait à la pointe du jour. Des centaines d’observations m’ont prouvé, depuis, que cette espèce émigre toujours pendant la nuit. […] L’une des nuits suivantes, il gagna la résidence où l’on retenait sa femme, et la nuit d’après il l’emmenait ; puis, l’un après l’autre, il réussit à dérober ses enfants, jusqu’à ce qu’enfin furent réunis sous sa protection tous les objets de son amour. […] Je me rappelle qu’à Francisville, je voulus compter combien il en entrerait dans une cheminée avant la nuit. […] En septembre, pendant la nuit, je regardai dans l’intérieur : il n’y en restait aucun.
J’y entendais le rossignol darder dans la nuit taciturne ces notes tantôt éclatantes, tantôt plaintives, qui semblent avoir, dans une seule voix, toutes les consonances de la joie et de la tristesse de la nature. […] dis-moi de leurs nouvelles, Gris messager de la nuit ; Sous l’églantier rose ont-elles, Au printemps, trouvé ton nid ? […] Réunissez donc en ce moment, par la pensée, les plus beaux accidents de la nature ; supposez que vous voyez à la fois toutes les heures du jour et toutes les saisons, un matin de printemps et un matin d’automne, une nuit semée d’étoiles et une nuit couverte de nuages, des prairies émaillées de fleurs, des forêts dépouillées par les frimas, des champs dorés par les moissons : vous aurez alors une idée juste du spectacle de l’univers. […] La nuit, tour à tour charmante ou sinistre, a le rossignol et le hibou ; l’un chante pour le zéphyre, les bocages, la lune, les amants, l’autre pour les vents, les vieilles forêts, les ténèbres et les morts. […] Nous n’eûmes pas d’autre entretien tout le reste du jour ; nous en rêvâmes la nuit ; nous en recherchâmes les mélodies de pensées dans notre mémoire au réveil.
En commençant par les derniers, nous choisirons le songe d’Énée dans la nuit fatale de Troie ; le héros le raconte lui-même à Didon : Tempus erat, etc. […] Athalie, sous le portique du temple de Jérusalem, raconte son rêve à Abner et à Mathan : C’étoit pendant l’horreur d’une profonde nuit ; Ma mère Jésabel devant moi s’est montrée, Comme au jour de sa mort pompeusement parée ; Ses malheurs n’avoient point abattu sa fierté : Même elle avoit encor cet éclat emprunté Dont elle eut soin de peindre et d’orner son visage, Pour réparer des ans l’irréparable outrage. […] Les deux songes sont pris également à la source des différentes religions des deux poètes : Virgile est plus triste, Racine plus terrible : le dernier eût manqué son but, et aurait mal connu le génie sombre des dogmes hébreux, si, à l’exemple du premier, il eût amené le rêve d’Athalie dans une heure pacifique : comme il va tenir beaucoup, il promet beaucoup par ce vers : C’étoit pendant l’horreur d’une profonde nuit. […] La scène annoncée par l’apparition d’Hector, c’est-à-dire la nuit fatale d’un grand peuple et la fondation de l’Empire romain, serait plus magnifique que la chute d’une seule reine, si Joas, en rallumant le flambeau de David, ne nous montrait dans le lointain le Messie et la révolution de toute la terre.
« — En ce cas j’y vais entrer et me cacher dans quelque grenier en attendant la nuit. […] Une nuit, pendant que ses enfants et son mari dormaient, elle se transforma en souris et, par un petit trou, se glissa dans le magasin de son beau-père. […] Voir également, contes inédits des Mille et une Nuits : Histoire de Djamasp et de la reine des serpents, tome I, pp. 209. […] Le début a un peu l’allure des contes des Mille et une Nuits (Les Hâbé sont « fétichistes »).
Mais, j’ai beau l’évoquer, les nuits sont vides de lui, de son souvenir, de son image. […] Il a plu toute la nuit. […] La nuit claire, semée d’étoiles, est pareille à une nuit du Midi. […] Il rappelle une nuit, tout entière, passée avec Arago à l’Observatoire. […] Depuis que je m’en nourris, c’est une suite de nuits insomnieuses.
Il serait bien peu vraisemblable que, dès le temps où ces images étaient incessamment sous les yeux des Romains, la fête de Vénus, placée par la tradition à une des époques les plus riantes de l’année, à la saison des belles nuits et des aurores matinales, n’ait pas été embellie du charme des vers, ou même qu’on n’ait eu, pour célébrer ces gracieux souvenirs, que quelque vieux débris du rituel païen. […] J’imagine donc que, pendant ces fêtes de Vénus où Pline le Naturaliste commençait à deux heures de nuit sa journée de travail, les temples, les bois sacrés des villes d’Italie, retentirent souvent de quelques strophes de l’hymne qui nous est parvenu, sans doute altéré par le temps, et moins peut-être par l’imagination de la foule que par le savoir prétentieux de quelque lettré : « Qu’il aime demain, celui qui n’a jamais aimé ! […] « C’est elle qui de l’éclat des fleurs peint l’année purpurine, elle qui, sous l’haleine du zéphir, soulève le sein gonflé de la terre en moelleux tapis, elle qui disperse ces ondes de rosée limpide que laisse le souffle de la nuit, larmes radieuses dans leur chute tremblotante. […] Vénus te prierait de venir toi-même, s’il était séant à ta virginité de voir, pendant trois nuits, des confréries en fête courir dans les bocages, entre des guirlandes de fleurs et des cabanes de myrte. […] Toute la nuit sera célébrée par des chants.
La moitié de leur vie était heureuse : portiers le jour, ils étaient rois la nuit. […] Avant le jour suivant, les deux pèlerins, à pas muets, font le tour du château pour découvrir la lueur mourante de la lampe de nuit, à travers les vitres, de leur hôte. […] L’antre de la sibylle a la nuit du mystère ; La grotte du poète est sombre, nue, austère. […] L’hôte est bon : je l’ai vu veiller avec tendresse, Nuit et jour, sur son lit un pauvre chien mourant ! […] comme elle réveille Et chasse de la nuit la lourde volupté !
Il fit ce quatrain étant ivre lui-même, à la belle étoile, sous un pommier resté célèbre dans le pays à cause de ce Songe d’une nuit d’été. Dans cette nuit et dans ce songe où il y avait des garçons et des filles, dans cette ivresse et sous ce pommier, il trouva jolie une paysanne, Anne Hatway. […] Lugubre le jour, splendide la nuit. […] On a beaucoup ri de cette mise en scène de clair de lune, devenue fameuse par le Songe d’une nuit d’été, sans se douter que c’est là une sinistre indication de Dante. […] La Sauvage apprivoisée fut jouée pour la première fois en 1593, au théâtre de Henslowe ; la Douzième nuit en 1601, à Middle-Temple-Hall ; Othello en 1602, au château de Harefield.
Toute la journée, nous dépouillons le papier révolutionnaire et, la nuit, nous écrivons notre livre. […] * * * Mai Fantaisie écrite en chemin de fer, la nuit, en allant à Bordeaux. — Quand au bout, tout au bout de la voie ferrée, un œil rouge s’éveille et que la locomotive, dévorant l’espace, apparaît, du milieu de la colline, de grands ossements se dressent, s’ajustent et descendent lentement jusqu’à la barrière, formant une longue file de squelettes de vieux chevaux… Ils regardent lentement, de leurs orbites vides, la locomotive qui n’est plus qu’une étincelle de braise dans le lointain. […] Ils vont ainsi galopant toute la nuit, et le squelette de Conquiaud après eux, avec son seau de fer au cou. […] Je crois bien que je n’aurai de l’amour dans toute ma vie que de telles bouffées… Je passai la nuit avec cette femme qui me disait en voyant mes regards sur elle : « Es-tu drôle, tu as l’air d’un enfant qui regarde une tartine de beurre ! […] Il me semblait que cette femme devait adorer les singes… Cette nuit, ce fut comme un déshabillé d’âme.
Je soupai d’appétit et j’eus la nuit la plus douce et la plus tranquille. […] Est-ce ce vaisseau qui passe au devant de l’astre de la nuit et qui le renvoie et l’attache à son immense éloignement ? […] Est-ce l’effet total de cette nuit ? […] J’ai passé la nuit la plus agitée. […] La clarté, de quelque manière qu’on l’entende, nuit à l’enthousiasme.
L’homme, dont le cœur seul, dans l’univers, a conçu la justice, disparaîtra, et la terre disparaîtra à son tour, et le ciel entier, avec ses étoiles, s’abîmera dans l’éternelle nuit. […] Ô nuit ! […] Nous ne savons ; mais l’homme, dans sa nuit, à travers ses rêves, a cru saisir une lueur. […] Il fut un temps, avant que les êtres animés eussent des yeux, où pesait sur le monde physique une nuit aussi sombre et aussi lourde que celle qui pèse aujourd’hui sur le monde moral. Au-dessus de cette nuit pourtant, la lumière planait, mais il n’y avait point d’œil pour la voir.
Lemonnier284 fut éveillé pendant la nuit ; il trouva de la fièvre. […] Cependant la fièvre se soutint dans la nuit avec assez de force, il y eut même de l’augmentation ; les douleurs de tête devinrent plus fortes, et nous apprîmes à huit heures du matin qu’on allait saigner le roi. […] J’y voyais aussi mon intérêt, car j’acquérais par une conduite assidue pendant sa maladie, et par dix nuits passées auprès de son lit, le droit de reprendre après sa guérison mon train ordinaire de vie. […] La nuit du roi, qui avait été mauvaise, fut dite dans Versailles encore plus mauvaise qu’elle n’avait été réellement, et, hors M. […] Celui-ci était instruit de son côté par Lorry, et plus encore par M. d’Aumont, de l’état du roi, des inquiétudes de la nuit et de l’opinion générale.
Jean Ajalbertbp Tristan et Isolde « Viens, Nuit d’amour, ô Nuit, Nuit rédemptrice, ô Mort, Viens nous emporter loin des humaines tempêtes ! […] … » Et la Nuit les serrait dans ses flots harmoniques ; Les sources chantaient sous des dômes d’arbres verts Mystérieusement ; d’idéales musiques Leur inondaient le cœur, tombant des deux ouverts … Et les Amants disaient ; « Que résonnent tes glas, Nuit rédemptrice, ô Mort ! […] Mais, près de l’Or ouvrant son radieux halo, Wellgunde rit, Woglinde fuit, Flosshilde chante, Innocence mêlée à la candeur de l’eau, Et tout l’obscur destin — l’âme au gouffre penchante Les héros morts, les deux déchus, la fin, la nuit — Pour les folles enfants est un jouet qui luit ! […] Le Héros, sur les fleurs sanglantes du bûcher, Semblait surgir des couchants mornes et marcher Dans l’auréole d’or ces flammes triomphales, Tandis qu’en un torrent d’or fluide et de bruit, Flagellé par le vol sinistre des rafales, Le Palais merveilleux s’écroulait dans la nuit.
La nature servait cette amoureuse agape ; Tout était miel et lait, fleurs, feuillages et fruits, Et l’anneau nuptial s’échangeait sur la nappe, Premier chaînon doré de la chaîne des nuits ! […] Et la nuit s’écoulait dans ces chastes délires, Et l’amour sous la table entrelaçait vos doigts, Et les passants surpris entendaient ces deux lyres, Dont l’une chante encore, et dont l’autre est sans voix… Et quand du dernier vin la coupe fut vidée, J’effeuillai dans mon verre un bouton de jasmin ; Puis je sentis mon cœur mordu par une idée, Et je sortis d’hier en redoutant demain ! ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… ……………………………………………………………… Et maintenant je viens, convive sans couronne, Redemander ma place à la table de deuil ; Il est nuit, et j’entends sous les souffles d’automne Le stupide Océan hurler contre un écueil !
Dans la nuit de cristal où les astres gravitent, Regarde sur le ciel, dans les ombres limpides Les grands monts s’ériger avec sérénité. […] Il est doux de s’aimer dans la nuit. […] Il aima Ivelaine, Priscilla, Oriane, les princesses fabuleuses aux yeux doux, les sorcières, les chevaliers, les nuits d’enchantement, les palais de songe, l’Orient miraculeux aux fruits de pierreries. […] Et la pâle rêveuse alors, rouvrant ses yeux Qu’avait clos la langueur exquise de l’automne Voit que la nuit s’est faite autour d’elle, et s’étonne. […] L’Homme terrifié d’être seul en ces aubes Peuple de dieux l’horreur muette de la Nuit.
« L’aurore parle à l’aurore, et la nuit enseigne à la nuit ses mystères. […] La nuit je ne trouve ni repos de corps ni repos d’esprit ! […] « Je fuirais loin, bien loin, et j’habiterais la nuit dans les lieux déserts ! […] « À celui qui a fait la lune et les étoiles pour les nuits ! […] « Si je pouvais ne plus penser nuit et jour à toi, si je ne te plaçais plus, ô ma Jérusalem !
Humboldt passa souvent, avec son ami, une bonne partie de la nuit sur le pont. Ils y contemplaient les pics volcaniques de l’île de Lancerote, une des Canaries, éclairée par les rayons de la lune, au-dessus desquels apparaissait la belle constellation du Scorpion, qui parfois se dérobait aux yeux, voilée par les brouillards de la nuit surgissant derrière le volcan éclairé par la lune. […] Mais un spectacle plus beau, plus agréable, s’offrit à Humboldt, dans la nuit du 4 au 5 juillet. […] Nous partîmes de Naples à la nuit tombante ; nous quittâmes nos voitures à Portici, dont le fleuve de lave coupait la route ; nous nous avançâmes à travers les vignes crépitantes et les arbres incendiés par l’haleine de feu ; nous passâmes la nuit et la matinée du jour suivant en présence de l’incendie de la terre. […] C’est ce qui nuit aujourd’hui à sa gloire : elle était trop préparée de main d’homme.
17 mars Cette nuit encore, je l’ai revu, mais il ne m’est donné de le revoir que malade, et dans tout l’horrible de la maladie, et en tout l’extrême que je n’ai pas eu à subir. […] Le rêve fini, l’insomnie m’a pris, et ma pensée incapable de se rendormir, poussée violemment au dernier roman que nous devions faire : La Fille Élisa, a travaillé, le reste de la nuit, dans l’horrible. […] » La nuit se fait fraîche. […] J’admirais l’adresse, la grâce, avec laquelle ces hommes jonglaient, dans le noir de la nuit tombante, avec les méandres du fer, avec les rubans de feu, passant du rouge à l’orangé, de l’orangé au cerise. […] Dimanche 2 novembre Cette lumière implacablement blanche de la lune, dans ces premières nuits de novembre, dans cette nuit du jour des Morts, est vraiment spectrale.
Le duc, par suite d’un pari, se trouve tenu d’être, la nuit prochaine, à minuit, dans la chambre à coucher de mademoiselle de Belle-Isle ; la marquis se tient contre ; y sera-t-il ou n’y sera-t-il pas ? […] La scène où le duc arrive à son tour et parle sans se douter que le chevalier écoute, est très amusante et parfaite de jeu, quoiqu’elle ramène et promène trop à plaisir l’imagination sur les impossibles erreurs de la nuit. […] « Vous êtes inquiet, dirait mademoiselle de Belle-Isle au chevalier ; allons donc ; sachez (mais ne le dites pas) que je n’ai point passé la nuit ici ; j’ai promis de ne pas dire où je suis allée ; j’ai donné ma parole à a madame de Prie ; ne me pressez pas trop, car je vous dirai tout. — Vous insistez, vous paraissez douter : Raoul, je suis allée, cette nuit, à la Bastille… Faites que je ne vous ai rien dit. » Mais toute la force du serment s’est réfugiée de nos jours à la scène. […] Sans dire même où elle a passé la nuit, il lui suffisait tout d’abord de protester qu’elle ne l’avait point passée dans l’appartement, pour tranquilliser le chevalier.
Et puis le regret de la chose manquée devint dans la nuit un si violent désir de la posséder, que le lendemain matin, je retournais chez M. […] La nuit de la vengeance était enfin arrivée, et la voici telle que nous la fait voir la suite des planches d’un album. Une froide nuit d’hiver (décembre 1701) à l’heure du bœuf (2 heures du matin), dans une tourmente de neige, les conjurés, vêtus d’un surtout noir et blanc pour se reconnaître, et en dessous de toile d’acier, marchent silencieusement vers le yashki de l’homme dont ils se sont promis d’aller déposer la tête sur le tombeau de leur seigneur. […] C’est ainsi qu’il indiqua à Oishi la nuit qu’il fallait choisir pour attaquer. Pendant ce combat, il fut blessé dans les ténèbres de la nuit, et l’on croit que c’est Kobayashi Heihati qui fut son adversaire.
Et, se promenant dans cette allée de hauts arbres qui se rouillent, le poète évoque le grand accord des choses, non leurs larmes, il sait qu’elles n’en ont point, mais leur grand et unanime consentement à la langueur, leur appétit de nirvâna, leur désir de fusion dans la nuit, qu’y lisent ou que leur prêtent les grandes âmes teintées de tristesse contemplative. […] Le poète vit aussi à de plus belles heures passer la Nuit de juin traînant Le somptueux manteau de ses cheveux sur l’herbe. […] Et cette âme de la nuit est encore une femme aux beautés magnifiques, mais un spectre silencieux. […] Admirable également la Nuit de juin ; des strophes d’amour et de lune merveilleusement palpitantes.
Cette nuit-là je ne dormis pas une minute. […] Ils demandent l’hospitalité, non du toit, mais des bords de la meule de paille, pour passer la nuit. […] « Les grillons chantant dans les mottes de terre plus d’une fois se turent comme pour écouter ; souvent les rossignols, souvent l’oiseau de nuit, dans le bois de pins, firent silence. […] c’est un plaisir d’aller dormir l’hiver, mais à présent, pour dormir, la nuit est trop claire. […] Les ballades allemandes n’ont rien de plus fantastique et de plus lugubre que ce passage du Rhône pendant une nuit d’orage.
Ce matin j’ai rencontré la mariée, dans la cour, portant à la main son vase de nuit, et ne paraissant pas plus gênée de sa nuit que de son pot de chambre. […] Elle dort beaucoup le jour et la nuit. […] Est-elle par hasard dehors, la nuit venue, elle vous dit de cligner des yeux, pour voir, dans la lune, « Judas avec son panier de choux ». […] Toujours la faim, et les grands volant les pains, la nuit, au moyen de fausses clefs. […] Au fond d’une alcôve est son lit, tout entouré, tout tapissé de bistres de Frago, qui ont le premier regard du collectionneur s’éveillant, et même souvent, pendant la fièvre des nuits, les longues contemplations de ses insomnies, à la vague lueur d’une veilleuse.
Après s’être assuré du départ de ses amis, il passa une nuit tranquille, et l’on dit même sans insomnie... […] « Tout le reste de la nuit, tantôt plongé dans le silence, tantôt se levant en sursaut d’effroi, et sentant défaillir sa raison, il tremblait de voir reparaître la lumière comme devant éclairer son supplice. […] Voyez la description si sobre du lieu de la scène, du crépuscule sur les collines de Misène, de cette nuit splendide où les astres brillent, où les flots dorment pour fournir aux hommes et aux Dieux des témoins plus irrécusables contre Néron. […] Voyez cette mère qui s’inquiète et qui se rassure, qui sort heureuse du long festin de réconciliation, et qui monte avec une amie tranquillement sur la barque pour jouir du spectacle de sa dernière nuit. […] Voyez la première nuit du coupable après le crime, sa terreur de la lumière qui va renaître, son horreur pour les lieux, scène de son forfait, pour cette physionomie de la terre et de la mer qui ne change pas comme le visage des hommes, et qui le force à se sauver à Naples.
La Nuit, dans un discours d’une beauté lente et d’une douceur qui apaise, lui offre le remède du songe. […] La Volupté essaie de le retenir : ses conseils et ses promesses sont écartés dédaigneusement comme les promesses et les conseils de la Nuit. […] Le poète, délivré des préjugés représentés par la Nuit, la Volupté et la Mort, s’est élevé jusqu’à l’Idée. […] Au hasard, celui-ci, dans le discours de la Nuit. […] Sur le fond de la nuit, fuyant tout à l’heure, solide maintenant, son geste dessine d’étranges tableaux.
Il s’approche, sombre, terrible comme la nuit, s’arrête loin des vaisseaux et lance un de ses traits. […] Il lui raconte le songe de sa nuit. […] La descente de Minerve sur la terre est peinte d’un coup de pinceau qui fend le ciel de la nuit. […] Le dixième chant nous décrit l’insomnie inquiète d’Agamemnon dans sa tente pendant la nuit qui précède un combat inégal. […] » Agamemnon se lève et va chercher, dans la nuit, conseil auprès du vieux Nestor.
La nuit est noire et pleine d’étoiles, l’heure semble homicide et sereine. […] Dans l’air, dans la nuit, dans l’haleine de l’ombre, il y a un souffle qui s’exhale, une aile qui s’essaye. […] Elle a passé presque une bonne nuit. […] Mon imagination va à ses dernières heures, les cherche à tâtons, les reconstruit dans la nuit, et elles me tourmentent de leur horreur voilée, ces heures ! […] d’avoir été, il y a de cela huit mois, en hiver, — par la pluie, — guetter toute une nuit, à Montmartre, le fils de la crémière qui l’avait chassée, pour savoir par quelle femme il l’avait remplacée : toute une nuit passée contre la fenêtre d’un rez-de-chaussée, et dont elle avait rapporté ses effets trempés jusqu’aux os avec une pleurésie mortelle !
Cependant il passait ses vacances, et, lorsqu’il eût échappé aux collèges, il fit un long séjour au triste château de Combourg ; le paysage avec ses forêts, ses landes, ses marais, était âpre et désolé ; le château était une autre solitude, plus écrasante : le soir, après avoir couru dans la campagne sauvage, le chevalier écoutait passer les heures, dans la vaste salle à peine éclairée, que son père parcourait en silence d’un pas invariable : puis il allait coucher dans une tourelle isolée, tout seul, face à face avec les terreurs de la nuit. […] J’ai vu une belle nuit en Amérique. […] Ouvrons cet admirable sixième livre : « Plusieurs fois, pendant les longues nuits de l’automne, je me suis trouvé seul, placé en sentinelle, comme un simple soldat, aux avant-postes de l’armée. Tandis que je contemplais les feux réguliers des lignes romaines et les feux épars des hordes des Francs, tandis que, l’arc à demi tendu, je prêtais l’oreille au murmure de l’armée ennemie, au bruit de la mer et au cri des oiseaux sauvages qui volaient dans l’obscurité, je réfléchissais sur ma bizarre destinée… Que de fois, durant les marches pénibles, sous les pluies ou dans les fanges de la Batavie : que de fois à l’abri des huttes des bergers où nous passions la nuit ; que de fois autour du feu que nous allumions pour nos veilles à la tête du camp ; que de fois, dis-je, avec des jeunes gens exilés comme moi, je me suis entretenu de notre cher pays. » Et voilà à quoi sert d’avoir servi dans l’armée de Condé, septième compagnie bretonne, couleur bleu de roi avec retroussis à l’hermine659 ! […] Regardez toutes ses nuits : on en ferait une galerie ; il n’y en a pas deux qui se ressemblent : nuit en mer, nuit d’Amérique, nuit de Grèce, nuit d’Asie, nuit du désert663.
Je connais cette nuit obscure. […] Écarte-toi : cette nuit, il faut nous céder la place. […] Pendant huit jours et huit nuits, cela dura. […] La nuit est venue à pas silencieux. […] La nuit monte rapidement.
Jenin le père nous attendait avec des guides pour le lendemain, et des granges pleines de paille et de foin odorant pour la nuit. […] Je marchais une nuit à grands pas dans ma cellule, tourmenté de douleurs affreuses. Au milieu de la nuit, m’étant assis un instant pour me reposer, j’entendis un bruit léger à l’entrée de ma chambre. […] Lorsque je revins à moi, la nuit était avancée. […] Il savait par cœur les Nuits d’Young, et les sublimes passages de Werther, d’Atala et de René.
Dès la première nuit, le traîneau versa deux fois. […] Il était nuit, et cette nouvelle répandit le trouble parmi les voyageurs. […] Loin de se lâcher de ce quiproquo, l’idée lui vint d’en profiler pour passer la nuit dans cette auberge sans être obligé de payer son gîte. […] La nuit s’écoule ainsi dans les agitations et le délire de la fièvre. […] Les oiseaux de mer, attirés par ces retraites paisibles, y venaient passer la nuit.
Sait-on comment se passaient ses nuits. […] De cette persécution d’un livre semblable à celui que je fais, et de cette séance avec cet homme de loi, glabre et de noir habillé, il est advenu, la nuit, que j’ai rêvé que j’étais en prison, une prison aux pierres de taille lignées comme la Bastille, dans un décor de l’Ambigu. […] … Une fois que j’étais couché sur le dos, au haut d’une de ces meules, jouissant de la nuit, je me suis surpris, je ne sais combien de temps cela durait, disant stupidement : « Une, deux ! […] Cependant, l’amour de son métier survivant chez l’aîné, la nuit, quand son jeune frère serait endormi, il se relèverait pour faire des tours, tout seul, dans un grenier, à la lueur de deux chandelles. Une nuit, son frère se relèverait, se traînerait au grenier, et l’autre se retournant, le verrait avec des larmes coulant silencieusement sur ses joues.
Soudain, aux regards de Satan se dévoilent les secrets de l’antique abîme ; océan sombre et sans bornes, où les temps, les dimensions et les lieux viennent se perdre, où l’ancienne Nuit et le Chaos, aïeux de la nature, maintiennent une éternelle anarchie au milieu d’une éternelle guerre, et règnent par la confusion. […] La Nuit, revêtue d’une robe noire, est assise à ses côtés : fille aînée des Êtres, elle est l’épouse du Chaos. […] « Esprits de l’abîme, leur dit-il, Chaos, et vous antique Nuit, je ne viens point pour épier les secrets de vos royaumes… Apprenez-moi le chemin de la lumière, etc. » Le vieux Chaos répond en mugissant : « Je te connais, ô étranger !
Service de nuit. […] La nuit ils viennent blaguer avec eux, leur tresser les crins156… Non ? […] Les guinné passent en effet pour venir jouer la nuit avec les chevaux.
Il faisait une de ces admirables nuits d’Orient, décrites par Loti. […] Et les deux hommes causaient dans la belle nuit, et M. […] Une nuit pourtant, il s’endormit et ne se réveilla qu’au jour. […] Hase travaillait une partie de ses nuits, et déjà un peu souffrant, comme il persistait à travailler, une nuit, son domestique était venu trouver Lavoix, pour qu’il décidât son maître à se coucher. […] Jour des morts Deux nuits de souffrances intolérables… deux nuits passées à crier.
Ils fêtent la résurrection du Seigneur, et eux-mêmes semblent des ressuscités du fond de leurs demeures, de leurs chambres étroites, de leurs servitudes de négoce ou de métiers, de leurs bouges infects, de leurs rues fangeuses, de la nuit livide, de leurs cathédrales. […] — « Elle est maintenant inquiète, agitée, ne sait ni ce qu’elle veut ni ce qu’elle doit, rêve nuit et jour aux bijoux, et bien plus à celui qui les a apportés ! […] Voici la nuit. […] Ainsi chante-t-elle en elle tout le long du jour, la moitié des nuits ! […] cette nuit… Faust.
Tantôt c’est une beauté non moins éblouissante, mais d’une ambition plus variée, qui sait unir les plaisirs à la politique, le jeu des cabinets et des cours aux intrigues d’éclat, qui mène de front la galanterie et les affaires, et, sur le pied déjà de souveraine, attire à soi les plus graves philosophes politiques ou impose le respect aux plus grandes dames de Paris : qui les a rencontrés une seule fois ne saurait jamais les oublier, ces deux yeux d’une clarté d’enfer et qui faisaient lumière dans la nuit. Tantôt c’est la femme politique toute pure, sans la galanterie ou sans rien du moins qui y ressemble par la grâce, la femme politique âpre, active, ardente, desséchée comme la joueuse qui a passé des nuits autour du tapis vert, ayant besoin de tenir les cartes à tout prix et de jouer la partie de l’Europe pour ne pas mourir comme d’inanition, pour ne pas hurler d’ennui. […] Mme Swetchine, retournant le point de vue selon son procédé mystique, dira au contraire qu’il n’y a pas de plus beau ni de plus étoilé firmament que durant la nuit d’hiver la plus froide, et qu’il n’est pas non plus d’âge plus ouvert aux perspectives du ciel, ni par conséquent plus favorisé d’en haut, que la vieillesse. […] Et ceci encore (car elle ne sait qu’imaginer pour dire à la vieillesse : Tu n’es pas, ou tu es le contraire de ce que tu parais : « La vieillesse est la nuit de la vie ; la nuit est la vieillesse de la journée, et néanmoins la nuit est pleine de magnificences, et, pour bien des êtres, elle est plus brillante que le jour. » Voici qui me paraît un peu risqué et inexact : « La vieillesse est le dôme majestueux et imposant de la vie humaine… » Le dôme est ordinairement, ce me semble, aux deux tiers de l’édifice et n’est pas à l’extrémité. […] « La nuit de notre exil, dit-elle, peut avoir des ombres, mais elle n’a point de ténèbres. » Elle excelle à ces nuances incroyables, à cet art d’opposer entre eux les mots les plus voisins parle sens, de manière à multiplier la pensée en la divisant, et à faire croire peut-être à plus de choses possibles qu’il n’y en a ; c’est ainsi qu’ailleurs elle dira, en jouant sur ces mots unisson, union, unité : « Il n’y a rien de si attractif pour les belles âmes qu’une belle âme ; et quand cette harmonie qui se devine existe, il faut peu de chose pour que, partant de l’unisson, on arrive à prétendre à l’unité.
Celle-ci accoucha pendant la nuit de la Toussaint de l’année 1500. […] Nous ne nous quittions jamais ni nuit ni jour. […] La nuit suivante, mon père m’apparut en songe ; il me disait avec des larmes pleines de tendresse : Au nom de Dieu, mon fils, entre dans la musique du pape ! […] Je réfléchis toute la nuit sur ce que je pouvais avoir fait qui m’attirât un si rude châtiment, et je n’en trouvai point le motif. […] Cependant toute la nuit je songeai à me venger de son impertinence.
L’âme du vrai poëte lyrique, après qu’y a pâli l’amour, est comme un Bosphore où le feu grégeois n’illumine plus la nuit, et qui éclaire moins ses rivages, mais qui les réfléchit mieux. […] Il s’échappe donc une nuit, pendant le sommeil de Laurence, de la vallée périlleuse et troublée ; il accourt à Grenoble, il se glisse dans le cachot, et là, aux pieds du saint évêque qu’il trouve implorant tour à tour, menaçant et ordonnant, s’agite en lui la lutte pathétique dans laquelle il ne se relève que prêtre et à jamais consacré. […] La sœur de l’évêque va elle-même chercher à la Grotte des Aigles la pauvre agenouillée, qui attend depuis la fatale nuit, et qui ne veut pas croire à une séparation éternelle. […] comme il l’habituera à associer l’idée de joie à l’image de la nuit, comme il veut lui donner en toutes choses, pour compagne de jeux, la nature ! […] Or, pendant qu’en leur nuit les brutes des forêts Avaient pitié de l’homme et séchaient de regrets.
La nuit était belle, toute pleine d’étoiles. […] Ce sera le calme des nuits ! […] Méchant cœur, l’amour est long, la nuit est brève ! […] Oui, un jour, puis une nuit, et tout un autre jour ! […] Mais vint la nuit, la nuit d’été ; Tu m’as dit : Pars !
Nul ne saurait avec autant d’art, la nuit, durant les orages, célébrer tous tes attraits. […] Laisse la mer se briser follement sur ses grèves ; tes nuits seront plus heureuses, si tu les passes à mes côtés dans mon antre. […] Enfin, la nature fait entendre cette lettre rurale dans ses bruits, et une oreille attentive peut la reconnaître diversement accentuée, dans les murmures de certains ombrages, comme dans celui du tremble et du lierre, dans la première voix, ou dans la finale du bêlement des troupeaux, et, la nuit, dans les aboiements du chien rustique.
Je l’ai bercé sur mon cœur toute cette nuit ; ils me l’ont pris pour me tourmenter, et ils disent maintenant que je l’ai tué ! […] déjà la nuit se fait moins sombre. […] “Hâtons-nous d’arriver au prochain village, où nos compatriotes doivent faire halte pour la nuit ; là je coudrai le linge pour la layette de l’enfant, et j’arrangerai avec soin tout ce qui sera nécessaire.” […] J’avais passé la nuit d’angoisse hors de la ville, gardant les lits et les caisses ; enfin je m’endormis. […] La lune brillait dans toute sa splendeur ; le dernier rayon du soleil avait disparu, et dans l’espace leur regard découvrait à la fois une clarté brillante comme celle du jour et les ténèbres de la nuit.
Il passa toute la nuit en prières. […] Elle laisse dans l’esprit un certain scrupule qui nuit beaucoup à l’édification. […] Mais il sent juste, et il s’exprime en style magique, quand il oublie ses sophismes pour méditer la nuit sur l’œuvre infinie du Créateur dans ses contemplations nocturnes devant les étoiles. […] Quelquefois, à une heure assez avancée de la nuit, si les deux vieilles filles ne dormaient pas, elles l’entendaient marcher lentement dans les allées. […] « Que fallait-il de plus à ce vieillard qui partageait le loisir de sa vie, où il y avait si peu de loisir, entre le jardinage le jour et la contemplation la nuit ?
Ils partent ensemble, ils arrivent à la tombée de la nuit près du moulin où l’on refuse d’abord de les recevoir. […] La nuit était noire et le froid commençait à se faire sentir. […] — Voi… voilà… — dit-il tout à coup en étendant la main. — Ils ont choisi une jolie nuit. […] Sa voix retentissait au milieu de la nuit, qu’aucun souffle n’animait. […] Entendez-vous le murmure discret et confus de la nuit ?
Comme ses nuits sont tranquilles ! […] C’est la nuit partout, et c’est le jour partout. Ici, c’est l’astre de la nuit qui éclaire et qui colore ; là, ce sont des feux allumés ; ailleurs c’est l’effet mélangé de ces deux lumières.
Je voulais atteindre avant la nuit le petit village de Sviatoïé, situé au cœur de la forêt. […] Puis, comme un éclair dans la nuit, apparurent quelques souvenirs lumineux. […] Le fils est resté au bois tout un jour avec sa nuit, et il a fini par déterrer le pot. […] oui, continua Kondrate ; il a perdu cette nuit sa dernière vache. […] La nuit était calme et claire, quoiqu’il n’y eût pas de lune.
Les incidents nécessaires à la vraisemblance sont pressés en une intrigue purement logique, altérés, choisis et raffinés au point de paraître agiter une planète chimérique, au soleil plus pâle, aux nuits plus claires que la nôtre. […] Il décrit et suggère l’angoisse du pêcheur tournoyant dans la vertigineuse spirale du Maëlstrom et fait ressentir dans le Manuscrit l’accablement d’un naufragé, jeté sur le pont d’un mystérieux et décrépit vaisseau fuyant en pleine nuit sur une mer hurlante. […] Dans Lénore, dans Ulalume, se lève la plainte pour une amante perdue, la soudaine angoisse d’un inconsolé, qui vient à passer, par une nuit scintillante d’automne, devant le seuil du caveau clos depuis un an sur une dépouille chère. […] Recule en la tempête et le rivage plutonien de la nuit. […] Si la faculté de voir et de retenir des images horribles n’eût été contenue par l’intelligence, Poe aurait ressenti la terreur et perçu les hallucinations qui empêchaient Hoffmann d’écrire seul la nuit.
Elle est un peu grasse, s’il faut le dire, ce qui n’est pas méprisable assurément, mais ce qui nuit quelque peu à l’idéal. […] Quoi qu’il en soit, la nuit de la visite et du départ d’Ernest, Mlle de Liron, pâle, en robe blanche, à demi pâmée d’effroi, ses grands cheveux noirs, que son peigne avait abandonnés, retombant sur son visage, et ses yeux éclatant de la vivacité de mille émotions, Mlle de Liron, en ce moment, était au comble de sa beauté et atteignait à l’idéal ; c’est ainsi qu’Ernest la vit, et qu’elle se grava dans son cœur. […] Écoutons Mlle de Liron dans cette seconde nuit, qui n’amène ni rougeur ni repentir : « Ah ! […] … Ce livre que tu vois (et elle montrait l’Imitation de Jésus-Christ), j’en ai fait mes délices : je l’ai lu et relu nuit et jour. […] Traité quelquefois comme un frère, ou plutôt comme une sœur, cette faveur m’était précieuse et chère. » C’était, comme on voit, à peu près la situation de la seconde nuit entre Ernest et Mlle de Liron, mais il n’y avait pas eu la première, et les mêmes raisons de patience n’existaient pas.
Habitant d’une caverne vacante ou d’une hutte de rameaux grossièrement tressés, il y rentrait avec la nuit, qui s’étendait sur lui de toute sa longueur. […] — Passera-t-il la nuit dans ton étable ? […] L’âpre hiver ne gèle plus son corps, la torche abrège l’interminable durée de ses nuits. […] L’histoire de la découverte du feu s’est éteinte presque partout dans la nuit des âges : sur un seul point elle rayonne encore. […] La seule distraction de son supplice immobile était la visite quotidienne du Jour et de la Nuit qui, chaque matin et chaque soir, alternaient solennellement devant lui. — « Devant les portes du Tartare, le fils de Japet supporte le Ciel vaste, de ses mains infatigables, là où le Jour et la Nuit se rencontrent ; se parlant l’un à l’autre, lorsqu’ils passent tour à tour le large seuil d’airain.
Arago confiné sur son plateau, le Desierto de las Palmas, se dévorait à attendre, à regarder chaque nuit sans rien voir. […] Quelquefois l’approche d’une belle nuit nous remplissait d’espoir ; mais cet espoir était toujours trompé. Enfin, à force de constance et d’adresse, la lunette mieux dirigée un soir, et par un ciel parfaitement serein, vers le sommet au loin soupçonné, laissa bientôt voir de nuit le point lumineux et presque imperceptible qu’on avait vainement cherché jusque-là dans un champ trop indéfini. […] Arago, avec une constance infatigable, allait aussitôt les rétablir et replaçait les signaux, ne se donnant pour cela de repos ni jour ni nuit. […] Il n’était pas de ces savants qui s’isolent et se contentent de cultiver durant la sérénité des nuits la muse austère et silencieuse de Newton ou de Pythagore : nature méridionale fortement accusée, il avait besoin d’agir immédiatement sur le public, de le servir et d’en être entouré, d’en recevoir un contrecoup d’applaudissement et de louange en retour des utiles et faciles enseignements qu’il était toujours prêt à lui prodiguer.
Nuit de samedi 18 juin à dimanche : « Il est deux heures du matin. Me voici relevé et remplaçant Pélagie près du lit de mon pauvre et cher frère qui n’a pas repris la parole, qui n’a pas repris connaissance depuis jeudi à deux heures de l’après-midi. » Période agonique : Continuation de la nuit de samedi à dimanche, quatre heures du matin : « La mort s’approche, je la sens à sa respiration précipitée, à l’agitation qui succède au calme relatif de la journée d’hier, je la sens à ce qu’elle met sur sa figure. […] 8 heures : Un cœur tumultueux soulevant comme les os et la peau de sa poitrine, et une respiration stridente qu’il semble tirer de son estomac… » Nuit de dimanche (19 juin) à lundi : « … Toute la nuit, ce bruit déchirant d’une respiration qui ressemble au bruit d’une scie dans du bois mouillé et que scandent à tout moment des plaintes douloureuses et des “han” plaintifs. Toute la nuit, cette poitrine qui bat et soulève le drap… Dieu ne me ménage pas l’agonie de celui que j’aime, m’épargnera-t-il les convulsions de la fin ? […] Il s’agit d’un cas de phthisie prétuberculeuse : « Germinie, dans une nuit de jalousie, reste à la porte de son amant pour le guetter37.
Ce soir-là, Mme du Châtelet ne fit point de géométrie ; Voltaire ne ferma point l’œil de la nuit, et il parut presque aussi touché le lendemain matin qu’il l’avait été la veille. […] Mme de Graffigny arrive donc une nuit à deux heures du matin, à Cirey, le 4 décembre 1738. […] C’est là que cette femme singulière, et supérieure bien plus qu’aimable, passait les nuits à l’étude, à approfondir la géométrie et à écrire sur la physique. […] Si j’avais un appartement comme celui-là, je me ferais réveiller la nuit pour le voir ». […] Cette étrange scène dura toute la nuit jusqu’à cinq heures du matin.
Dans En Ménage, le début, où, par une nuit nuageuse, André et Cyprien, parcourent lentement une rue endormie, l’aspect particulier du pavé, le marchand de vin fermant sa boutique à l’approche silencieuse de deux sergents de ville, tandis qu’un fiacre cahote et butte sur le pavé, est assurément le récit détaillé de la série d’impressions que procure une rentrée tardive. […] Que l’on note encore le chapitre de A Rebours, où, par une boueuse nuit d’automne, le duc erre par tout le quartier anglican de Paris, des bureaux de « Galignani » à la taverne de la rue d’Amsterdam dans Les Sœurs Vatard, le tumultueux intérieur d’atelier de femmes par un matin de paye après une nuit blanche, la plaisante énumération des manques de tenue de l’ouvrière Céline devenue la maîtresse d’un monsieur à chapeau de soie le bruissant tableau des Folies-Bergère dans les Croquis parisiens, et les vues en grisaille de certains sites dolents de la banlieue enfin, dans tous ses livres, cette qualité que M. […] Il raconte en ses couleurs, son agitation et ses clameurs, la vue du cours de Vincennes par un jour de foire, puis : « Tout cela était bien indifférent à Désirée. » Il dessine en d’admirables pages le va-et-vient, les jets de vapeur, les escarbilles volantes, la course accélérée ou contenue des locomotives, toute la vie grandiose et fantastique de la gare de l’Ouest à la tombée de la nuit, et conclut : « Anatole réfléchissait. » Mais, d’autres fois, la perfection de sa vision l’emporte au-delà de la vraisemblance. […] Tout y apparaît, depuis l’appartement de garçon artiste où André s’installe après sa mésaventure conjugale, jusqu’à la place du Carrousel où il va promener sa nostalgie féminine et comtempler « le merveilleux et terrible ciel qui s’étendait au soleil couchant par de là les feuillages noirs des Tuileries…, les ruines dont les masses violettes se dressaient trouées sur les flammes cramoisies des nuages » ; depuis le brouhaha d’un café du Palais-Royal le soir, jusqu’à ces taches lumineuses que la nuit, les fenêtres éclairées, dans les maisons noires font passer devant le voyageur d’impériale. Ce livre avec lequel on pourra toujours restituer la physionomie exacte du Paris actuel, nous donne l’aspect intime de la rue le matin quand les cafés s’ouvrent sur le passage des ouvriers et des filles découchées la nuit au moment des rentrées tardives, le soir à l’heure discrète ou des messieurs bien mis enboitent le pas d’ouvrières en cheveux, au crépuscule, où déserte et morte, elle sèche d’une averse sous la flambée jaune du soleil couchant ; il nous donne les boutiques, les ateliers, le garni d’un peintre, les brasseries, les restaurants, l’appartement d’une fille, celui d’un employé, tout le dedans et le dehors de la capitale du monde moderne.
laissez-moi vous dire… Je voudrais aussi, dans ces bizarres Caprices de boudoir, faire lire à tous la Reine de la nuit, un souvenir de bal costumé, une adorable vision. […] Je donnerai en note la pièce intitulée : la Reine de la nuit. […] Elle représentait vraiment la nuit superbe, Avec ses millions d’étoiles, sa douceur, Son blanc rayonnement posé sur l’onde ou l’herbe, Et son azur sans fond, abîme du penseur ; La nuit où, s’échappant furtives de chez elles, Les amoureuses vont, dans les bois, s’égarer, Où l’âme du poëte, ouvrant toutes ses ailes, Plane dans le pays lointain qui fait pleurer. […] Et comme, dans la nuit, il est de pâle nues, Sur le front de la lune, en groupe, voltigeant, Mes rêves, emportés loin des routes connues, Se jouaient sur le bord de son croissant d’argent.
Le nuage d’or qui ceint le front du fils de Pélée, la flamme qui s’élève sur sa tête, la comparaison de cette flamme à un feu placé la nuit au haut d’une tour assiégée, les trois cris d’Achille, qui trois fois jettent la confusion dans l’armée troyenne : tout cela forme ce sublime homérique qui, comme nous l’avons dit, se compose de la réunion de plusieurs beaux accidents et de la magnificence des mots. […] Le soleil s’évanouit dans le ciel, et la nuit des enfers se lève. » Tout formidable que soit ce sublime, il le cède encore à la vision du livre de Job : « Dans l’horreur d’une vision de nuit, lorsque le sommeil endort le plus profondément les hommes, » Je fus saisi de crainte et de tremblement, et la frayeur pénétra jusqu’à mes os. […] Sur la phrase elle sera transportée, l’esprit demeure suspendu, et attend quelque grande comparaison, lorsque le prophète ajoute, comme une tente dressée pour une nuit. On voit la terre, qui nous paraît si vaste, déployée dans les airs comme un petit pavillon, ensuite emportée avec aisance par le Dieu fort qui l’a tendue, et pour qui la durée des siècles est à peine comme une nuit rapide.
Le désert sans arbres se montre de toutes parts sans ombre ; ce n’est que dans les bâtiments du monastère qu’on retrouve quelques voiles de la nuit. […] Cependant sur ces murs l’obscurité s’abaisse, Leur deuil est redoublé, leur ombre est plus épaisse ; Les hauteurs de Meudon me cachent le soleil ; Le jour meurt, la nuit vient ; le couchant, moins vermeil, Voit pâlir de ses feux la dernière étincelle. […] L’astre touchant des nuits verse du haut des cieux, Sur les tombes du cloître un jour mystérieux, Et semble y réfléchir cette douce lumière Qui des morts bienheureux doit charmer la paupière. […] plus d’une fois les soupirs de l’amour S’élèvent dans la nuit du fond des monastères ; En vain, le repoussant de ses regards austères, La pénitence veille à côté d’un cercueil : Il entre déguisé sous les voiles du deuil ; Au Dieu consolateur en pleurant il se donne ; À Comminge, à Rancé, Dieu sans doute pardonne : À Comminge, à Rancé, qui ne doit quelques pleurs ?
C’est, je crois, le prince de Ligne qui a dit ce joli mot profond, quoique joli : « qu’on n’est point une personne d’esprit si on n’en a pas avant d’avoir ôté son bonnet de nuit, le matin ». Eh bien, Madame Sand n’a jamais d’esprit dans le bonnet de nuit de sa Correspondance ! […] Elle se plaint de son mari, « triste comme un bonnet de nuit ». Il y en a de gais, des bonnets de nuit !
Mais voilà que Margiste, mauvaise conseillère, imagine de dire à l’oreille de Berte que Pépin est un mari à craindre, et qu’elle sait de bonne part, qu’il pourrait bien la tuer dès cette nuit. […] Aliste, qui a un poignard tout prêt, le tire aussitôt, s’en pique légèrement à la cuisse, le passe aux mains de Berte, qui le prend sans savoir pourquoi ; puis Aliste se met à crier, à réveiller le roi qui continuait de dormir, à montrer son sang, bien qu’il fasse nuit, et à accuser Berte, que la vieille Margiste vient saisir aussitôt comme sa fille, et la disant folle, sujette à ces frénésies. […] Elle va, elle erre dans ces bois bien des jours et des nuits, priant la Vierge et les saints, maudissant Margiste, et se répétant maintes fois : « Que diraient le roi Floire et la reine Blanche-fleur, s’ils savaient que Berte, leur fille, est ici ?
Une nuit (c’est la nuit de Noël), il lui demande le mot d’ordre qui permettra d’accoster le navire. […] Mais, pendant la nuit des noces, il essaye de l’étrangler ; et elle, en se défendant, le tue d’un coup de couteau.
Telle est la Nuit de décembre. […] Qu’elle ressemble peu, cette Nuit de décembre ainsi menée ; qu’elles ressemblent peu, les Nuits de Musset, aux Hymnes à la nuit de Novalis ! […] « Je veux tomber en gouttes de rosée, je veux me mêler à la cendre… » (Novalis, Hymnes à la Nuit, I.) […] Des visions d’horreur se préparent encore : Je m’éveillai : nous voguions toujours Comme par un temps propice ; C’était la nuit : une nuit calme ; la mer était haute ; Les morts étaient tous là, debout. […] Il fatigue son âme et son corps ; son frère, s’éveillant tard dans la nuit, le voit à sa table de travail, profitant des dernières lueurs de la lampe pour travailler encore.
On sait que le poète des Contes d’Espagne et d’Italie a écrit quelques-uns de ses plus beaux poèmes sous le nom de Nuits. […] Mürger a écrit ses poésies sous le nom de Nuits d’hiver, mais ce n’est pas un chétif rapport de titres qui me fait conclure à l’imitation, l’insupportable imitation, qui donne deux fois la même note, en l’affaiblissant ! […] N’est-ce pas le même mouvement que : Et qui n’a pas le temps de nouer sa ceinture Entre l’amant du jour et celui de la nuit ? […] Dans ses Nuits d’hiver comme dans sa Vie de Bohême, il n’a pas plus d’inspiration personnelle qu’il n’a de style à lui, pour recevoir l’inspiration des autres.
Il croit leur échapper par une autre liaison avec une jeune et belle princesse napolitaine fugitive de la maison d’un odieux époux ; rencontré la nuit dans une gondole du grand canal, l’inquisition de Venise lui enlève cette conquête, jetée par ordre du conseil des Dix dans un couvent de terre ferme. […] J’écrivais pendant le jour pour Salieri, et la nuit pour Mozart. […] C’est pendant les heures tranquilles de la nuit que Mozart, comme Beethoven, aimait à travailler, et qu’il trouvait ses plus heureuses inspirations. […] Il part avec elle pour Londres la première nuit de ses noces ; il passe plusieurs années en Angleterre, attaché au théâtre italien de cette capitale en qualité de compositeur de libretti, poète de commande chargé de fournir des drames ou des paroles aux musiciens. […] « Gelé et mal content sous son manteau, Leporello s’avance vers le pavillon, par la nuit noire, et commence : Notte e giorno fatigar.
Cette bataille navale livrée aux Perses par la tempête dura trois jours et trois nuits. […] Là l’orage reprit son élan et se rua de nouveau sur eux, dans une attaque de nuit formidable. […] Le Dieu descendit la nuit, dans son sanctuaire, et le remplit de son souffle. […] Xerxès donna dans le piège ; en quelques heures de nuit, il fit cerner le détroit. […] C’était chez lui qu’ils allaient vaincre son ennemi mortel et co-éternel, le roi de la nuit, le sombre Ahrimane.
Comme l’astre de la lumière matérielle, qui est son image, l’esprit humain a des crépuscules, des aurores, des midis, des déclins, des heures, en un mot des jours et des nuits ; mais il n’a ni jours éternels ni nuits éternelles. […] Celui qui a fait le jour et la nuit pour le globe terrestre a fait aussi le jour et la nuit pour l’esprit humain. […] a-t-il commencé par une nuit ? […] Nous n’y entrâmes qu’à la nuit tombée. […] Jamais je n’oublierai cette première entrée de nuit dans la ville de Dante.
M. d’Enghien le lui promit, mais durant la nuit M. d’Escars obtint d’être le messager et le supplanta. […] Je laisse les prouesses, affaires de nuit, et camisades où il se distingue, et sur lesquelles il s’étend beaucoup. […] Mais la nuit porta conseil ; le lendemain matin, deux autres compagnies demandèrent à y venir mettre la main, puis le surlendemain toutes les autres ; si bien qu’en huit jours la muraille fut achevée. […] Au reste, il ne faisait pas uniquement ces choses pour la montre et pour l’exemple ; dans la pose des pièces d’artillerie, à quoi il excellait, il avait la main à la besogne pour qu’elle fût mieux et plus sûrement faite : au siège de Monte-Calvo, pendant qu’il était une nuit à loger ses gabions et ses canons, survint M. d’Enghicn qui, le prenant familièrement par la taille, lui dit : « Vous avez été mon soldat autrefois, à présent je veux être le vôtre. » — « Monsieur, dis-je, soyez le bienvenu ! […] On était sous Henri II, ce même Dauphin qui avait si bien souri à Montluc durant la tenue du conseil d’où sortit la victoire de Cérisoles, qui depuis l’avait vu à l’œuvre dans une attaque de nuit à Boulogne, et qui eut toujours pour lui un goût, une amitié particulière.
Une nuit, il s’éveille en effet, avant le jour ; il a senti un frémissement inaccoutumé : c’est bien la verve qui renaît en lui, c’est bien la fée, l’invisible fée, dont rapproche l’émeut et le transporte, c’est bien la Muse en personne : Si la fille du Ciel défend que je la voie, Je la sens à sa flamme et mieux à mon amour. […] l’aimeras-tu toujours Celui qui t’a donne les plus beaux de ses jours, Ses belles nuits, et tout lui-même ? […] L’immortelle Nuit de Musset n’en serait pas moins belle ; mais il aurait eu dans M. […] Et rend visible aux yeux une éternelle nuit ; Et d’instant en instant la goutte d’eau qui tombe De cette immense tombe Est seule tout le bruit. […] Et cependant nos ans dans les songes s’écoulent, Et le peuple circule et les carrosses roulent, Et l’on danse, et la nuit recommence le jour, Et dans les beaux jardins à deux on se promène, Et sous la nuit sereine On se parle d’amour.
Comment avez-vous passé la nuit ? […] La nuit était froide et claire, le ciel étoilé. […] Guérassime sortit et ne rentra qu’à la nuit. […] Un homme ivre s’était couché au pied de la palissade pour y passer la nuit. […] La nuit vint ; une nuit d’été calme et tiède.
Il y parut en habit calviniste, le manteau court, drapé sur l’épaule, la Bible sous le bras en guise de glaive : « Satan, dit-il, ne peut rien contre l’homme dont la main gauche jette une flamme qui éclaire sa main droite, quand il copie la nuit les saintes Écritures ! […] Les étrangers que cette femme nous amène ne courent-ils pas la nuit dans la bonne ville d’Édimbourg, ivres et perdus de débauche ? […] C’était dans la nuit du 9 au 10 mars 1566 ; Darnley, le comte de Lenox, son père, lord Ruthven, George Douglas, Lindsay, André Kev et quelques autres lords du parti protestant attendaient l’heure dans la chambre du roi. […] Retenue prisonnière dans son propre palais dans sa chambre à coucher, sans une de ses femmes, Marie demeura seule toute la nuit, livrée à toutes les horreurs de son désespoir. […] Que se passa-t-il dans cette nuit mystérieuse ?
Le grand clapissement des averses toute la nuit. […] C’est l’hiémale nuit, et ses buées. […] Nuit des hérédités et limbes des latences ! […] Ou marche somnambule aux nuits des récurrences. […] — Coureur de nuit.
Le Corbeiller, Jean-Maurice (1859-1936) [Bibliographie] La Nuit de juin (1887). — La Révérence, pantomime en un acte (1890). — Les Fourches Caudines (1890). — Le Nid d’autrui, comédie en trois actes (1892). […] Maurice Le Corbeiller avait écrit, pour la circonstance, une scène élégante, en prose et en vers, intitulée : La Nuit de juin… Dans ces vers, inspirés de Musset, à travers l’expression un peu flottante, quelque chose a passé de la grâce et de la tendresse du cher poète… M.
Selon lui, moyennant une corde lancée d’un toit à l’autre avec une flèche, son père et sa mère correspondaient, et son père put même quelquefois sortir la nuit de sa prison, pour aller passer quelques heures avec sa mère. Quelles nuits, s’écrie le poète, que ces nuits furtives passées à retenir les heures dans le sein de tout ce qu’on aime ! […] Ils ne comptaient pas, comme Roméo et Juliette, les pas des astres dans la nuit par le chant du rossignol et par celui de l’alouette, mais par le bruit des rondes… Le poète continue ainsi à s’enflammer sur ces nuits délicieuses, sur ces entrevues des deux amants, et à vouloir nous y intéresser.
Vers le milieu de la nuit, le Dniepr est franchi, mais seulement par les fantassins ; à peine quelques chevaux ont pu passer sur la glace trop peu solide. […] À un moment, les restes de son régiment, à l’arrière-garde de Ney, se trouvent coupés et perdus de nuit dans un bois de sapins. […] Je n’entreprendrai point de peindre tout ce que nous eûmes à souffrir pendant cette nuit cruelle. […] L’obscurité de la nuit, l’incertitude de la direction que nous suivions, la difficulté de marcher à travers bois, tout augmentait notre embarras. […] Même après avoir franchi le Niémen, et lorsqu’on a lieu enfin de se croire en sûreté, cette extrême arrière-garde se retrouve tout à coup en danger d’être enlevée par un parti de Cosaques, et l’on se voit obligé de renouveler à travers champs une marche de nuit, conduite encore par Ney, et qui rappelle, mais plus tristement, l’aventure du Dniepr.
On parle femmes. — « Moi, dit Sainte-Beuve, mon idéal, c’est des cheveux, des dents, des épaules et le reste… la crasse m’est égale… » Et comme il est question des élégants bonnets, que les femmes du monde se mettent la nuit, il dit : « Les miennes n’ont jamais mis de bonnet pour la nuit… je n’ai jamais vu qu’un filet… Après ça, je n’ai de ma vie passé une nuit avec une femme, à cause de mon travail. » Quelqu’un ayant fait une allusion aux femmes d’Orient, il témoigne une indignation farouche contre l’épilage des femmes de ces pays. […] On enterrait la nuit. […] La nuit, sa conscience doit se réveiller à chaque coup de cordon ! […] Ce n’est pas encore la nuit, c’est un crépuscule à la lumière froide d’un glacier. […] — Mais, dit Sainte-Beuve avec un sourire vague, il est très aimable… il est bien physiquement, ce qui ne nuit pas.
Darzens, Rodolphe (1865-1938) [Bibliographie] La Nuit (1884). — Le Psautier de l’Amie (1885) […] Rodolphe Darzens, directeur de la Pléiade, et qui est déjà célèbre dans un petit cénacle de poètes, a publié récemment la Nuit.
Doré (1869). — Sternlose Næchte (Nuits sans étoiles), de E. […] La nuit ! la nuit ! […] On connaît la charmante anecdote de ce paysan disant avec fureur : « Je n’ai pas pu dormir ; il y avait là une canaille de rossignol qui n’a fait que gueuler toute la nuit ! […] Mendès cherche le beau et la lumière, et tombe dans le mal et dans la nuit, non involontairement et par imprudence, mais de propos délibéré.
Les fleurs rêvent, les fleurs frissonnent sous la nuit ; Et, blanches, comme un sein adorable qui luit Dans la sombre splendeur d’une robe entr’ouverte, Les roses, du milieu de l’obscurité verte, Tandis qu’un rossignol par la lune exalté Pour elles chante et meurt sous cette nuit d’été, Les roses au corps pâle, en écartant leurs voiles, Folles, semblent s’offrir aux baisers des étoiles. […] Lisez l’admirable poème intitulé Réminiscence : Certains soirs, en errant dans les forêts natales, Je ressens dans ma chair les frissons d’autrefois ; Quand, la nuit grandissant les formes végétales, Sauvage, halluciné, je rampais sous les bois.
Le crime étant presque toujours conçu par la nuit, dont il est souvent appelé le fils dans le langage primitif, c’est l’Aurore qui le dénonce, qui fait paraître à terre le sang répandu, qui allonge son flambeau céleste sur le cadavre étendu au bord du chemin. […] Avant qu’il eût rendu vie pour vie, leur patient passait par toute une série de supplices : obsessions et flagellations, angoisses de l’âme et tourments du corps, fuites éperdues à travers des foules hostiles et des solitudes désolées, nuits livrées aux épouvantes des visions spectrales. […] Les Olympiens ne frayaient pas avec elles ; ils les bannissaient de leur table, ils leur interdiraient l’entrée du palais céleste : les « Filles de la Nuit » auraient noirci sa lumière et glacé sa joie.
Moi je n’ai peur que de ce passage du moment, où mon moi entrera dans la nuit, où je perdrai la conscience d’avoir été… — Il y a cependant un grand horloger, balbutie timidement Claudin. — Ah ! […] Au milieu un petit pianiste mécanique de quinze ans, de la force d’une nuit de musique, automatique et flave, sans regard, joue éternellement sur un piano. […] Tel, je me figure, le sommeil d’Adam, dans la nuit, où une compagne lui fut donnée. […] On y déjeunait, on y dînait, et ma foi, on trouvait tant de charme à la singulière villégiature, qu’on passait la nuit à causer : les deux hommes assis sur des chaises, les deux femmes couchées sur le lit. […] La sœur, une novice sans doute, car elle n’avait pas le voile noir, était tout en blanc, d’un blanc molletonneux, avec un bandeau sur le front ; la bonne en bonnet de nuit, en foulard noir, en camisole et en jupon.
« Les seules distractions de Joseph, à cette époque, étaient quelques promenades, à la nuit tombante, sur un boulevard extérieur près duquel il demeurait. […] « Il reprit un logement dans son ancien quartier, et s’y confina plus étroitement que jamais, n’en sortant qu’à la nuit close. […] Qui lui rendra ses jets puissants, Les nids bruyants de son feuillage, Les rendez-vous sous son ombrage, Ses rameaux, la nuit gémissants ? […] Retirez-vous comme lady Stanhope, dans la solitude d’un monde désert, regardez le monde qui passe, et qu’un jeune homme vous apparaisse tout à coup dans une nuit de surprise et d’anxiété ; causez une nuit entière avec lui, et vous verrez tout à coup le point de conjonction et la destinée de cet homme avec la destinée de son pays : sauf la date que Dieu s’est réservée, parce que les révolutions sont des horloges détraquées qui avancent ou qui retardent par une circonstance inappréciable à nos faibles intelligences. […] Bien jeune, vous avez marché droit, même dans la nuit ; le malheur ne vous a pas jeté de côté ; et, comme Isaac attendant la fille de Bathuel, vous vous promeniez solitaire dans le chemin qui mène au puits appelé Puits de Celui qui vit et qui voit, Viventis et Videntis.
Avant que de prendre son pinceau, il faut avoir frissonné vingt fois de son sujet ; avoir perdu le sommeil ; s’être levé pendant la nuit, et couru en chemise et pied nu jeter sur le papier ses esquisses, à la lueur d’une lampe de nuit.
La durée de la nuit est constamment égale à celle du jour, les variations quotidiennes de l’atmosphère se compensent et se neutralisent avant le retour du lendemain, le soleil n’est jamais oblique et la température journalière est la même, à deux ou trois degrés près, tout le long de l’année. […] La rosée abondante ou la pluie de la nuit dernière se dissipe bien vite aux rayons ardents d’un soleil qui se lève en plein orient et monte rapidement au zénith. […] Ces orages ne durent point ; ils laissent dans le ciel, jusqu’à la nuit, des nuages immobiles d’un bleu noir. […] Nous suivons notre route dans les cieux, comme dans un miroir où elle se reflète d’étoiles en étoiles, éteintes le jour, rallumées la nuit au souffle du Créateur. […] Le silence respectueux se prolonge après la dernière invocation, et chacun, pour dormir ou pour veiller à son poste, va reposer ou surveiller la nuit.
pourquoi ces seigneurs pèlerins de Lucques nous avaient-ils découverts dans notre pauvre cabane, et pourquoi Fior d’Aliza les avait-elle éblouis, comme une étoile dans un ciel de nuit, sur nos montagnes, éblouit l’œil et fait rêver à mal le berger ! […] CXVII — Quelle nuit nous passâmes ! […] Dieu préserve mon pire ennemi d’une nuit comme celle que nous passâmes entre ces deux désastres de la cabane ! […] Voilà la lune qui se baigne déjà à moitié dans la mer de Pise, pour laisser place au soleil ; tu n’as plus qu’une demi-heure de nuit pour monter invisible, à travers les bois, aux Camaldules. […] elle en a entendu, cette nuit-là, des lamentations, cette voûte, ajouta avec force l’aveugle ; elle en a entendu autant que le jour où les cercueils de ma femme et de mon frère furent cloués à nos oreilles par le marteau du fossoyeur des Camaldules !
CCXIX Il s’en alla, et nous entendîmes, pendant la nuit suivante, son pas lourd, lent et mesuré, qui faisait rouler les cailloux sur le sentier en redescendant du monastère vers la ville. […] Ces vergers et ces potagers, déserts pendant la nuit, étaient bornés par le rempart de Lucques ; il n’y avait, sous ce rempart, qu’un étroit passage pour laisser le canal des lavandières rejoindre dans la campagne le lit sinueux du Cerchio. […] … CCXXX Cette idée parut l’enlever d’avance à la nuit du cachot et le transporter tout éblouissant d’espérance au ciel ; je crus voir dans sa figure rayonnante un de ces anges Raphaël du cloître de Pise, qui éclairent, de la lumière de leur visage et de leurs habits, la nuit de la Nativité à Bethléem. […] Tiens la fenêtre de ta lucarne ouverte, et prie Dieu pour notre salut, contre les vitres ; si tu ne vois rien venir avant la nuit sur le bord de la tour, c’est qu’il n’y aura point d’espoir pour nous, et que je n’aurai point pu fléchir le frère ; mais, si je suis parvenu à le fléchir ou à l’incliner seulement à notre union avant la mort, je lâcherai la colombe, et elle ira, comme celle de l’arche, te porter la bonne nouvelle avant la nuit : une paille de ma couche, attachée à sa patte, sera le signe auquel tu reconnaîtras qu’il y a une terre ou un paradis devant nous. […] Je ne pus approcher de son cachot qu’à la nuit tombante, après l’office du soir, que le vieux prêtre était venu réciter dans l’oratoire des prisonniers.
Les éditions se multiplièrent comme les étoiles après une longue nuit. […] Je me retirais ensuite avec la nuit, à travers un labyrinthe de rues solitaires. […] Quelquefois je rougissais subitement, et je sentais couler dans mon cœur comme des ruisseaux d’une lave ardente ; quelquefois je poussais des cris involontaires, et la nuit était également troublée de mes songes et de mes veilles. […] Le monde, la solitude, mon absence, ma présence, la nuit, le jour, tout l’alarmait. […] L’ordre était donné pour le départ de la flotte ; déjà plusieurs vaisseaux avaient appareillé au baisser du soleil ; je m’étais arrangé pour passer la dernière nuit à terre, afin d’écrire ma lettre d’adieux à Amélie.
Aucun entr’acte marqué, nulle indication d’intervalle : pourtant des jours et des nuits se sont succédé, remplis par la course acharnée des Érynnies relançant leur proie. […] Ô Nuit ! […] Quelle angoisse oppresse ma poitrine : Ô Nuit ! […] Une pompe religieuse inaugure le culte qu’Athènes rendra désormais aux Filles de la Nuit. […] « Entrez dans votre demeure, grandes et vénérables Filles de la Nuit, Déesses stériles !