Savinien Lapointe était un enfant chéri de notre grand poète ; aussi retrouve-t-on parfois dans l’élève, et très certainement à sa gloire, la manière naturelle, simple ou élevée quand il le faut, mais toujours populairement philosophique, qui distingue les œuvres du grand maître de la chanson de nos jours.
Auguste Desplaces Sans doute, la manière de M.
Ses Ouvrages de Biographie, ses Sermons, ses Panégyriques, écrits d’une maniere diffuse & dépourvus de goût, ne lui laissent qu’une place médiocre parmi les Littérateurs.
Les recherches pénibles & curieuses qu’ils supposent, la maniere nette & précise dont elles sont présentées, éleveront cet Ouvrage bien au dessus des Productions qui ne sont que savantes.
GÉRARD, [Philippe-Louis] Chanoine de Saint Louis du Louvre, né à Paris en 1732 ; Auteur d’un Roman en Lettres, intitulé le Comte de Valmont, où les principes de la Philosophie du siecle sont mis en action de la maniere la plus capable d’en faire sentir les dangers.
[Introduction] Avoir démontré, comme nous l’avons fait dans le livre précèdent, que la sagesse poétique fut la sagesse vulgaire des peuples grecs, d’abord poètes théologiens, et ensuite héroïques, c’est avoir prouvé d’une manière implicite la même vérité relativement à la sagesse d’Homère.
La plupart de ses poèmes sont des récits qui rappellent la manière de la Légende des siècles, et ce mélange de l’épique et du lyrique qui est une des conquêtes et qui fut un des charmes du xixe siècle.
A en juger par la maniere dont il a écrit dans la nôtre, on seroit tenté de penser qu’il n’en possédoit parfaitement aucune.
» Tel est le sentiment, religieux à sa manière et des plus graves, des plus moraux assurément, que M. […] Ces âmes intègres et entières ont des sensibilités plus entières aussi ; elles ont, à leur manière, des religions de famille, et, quand le destin les frappe, elles reçoivent le coup en plein, sans subterfuge, sans consolation. […] Ces doctrines-là, quelles que soient les formes anticipées qu’elles revêtent, ne sont après tout que des manières de concevoir le possible et le probable dans le lointain ; ce ne sont que des à peu près. […] Littré apporte dans sa manière de traiter chaque question particulière. […] Littré, hormis en un point toutefois ; car il ne souffrirait jamais qu’on pensât de lui et qu’on dît, même par manière de métaphore, qu’il porte tout entières avec lui les lettres et les sciences, et que leur sort dépend du sien : il croit fermement que tout marchera après lui de plus en plus et de mieux en mieux, et que le trésor s’accroîtra incessamment.
Après l’idylle quatrième, qui était un peu maigre, après l’idylle cinquième, qui était surtout piquante et querelleuse, rien ne repose et n’enchante comme cette manière de symphonie aimable entre les deux chanteurs unis, dont aucun n’est vainqueur, dont aucun n’est vaincu. […] Gracieuse Vomvyca, tes pieds à toi sont d’ivoire, ta voix est de lin ; et quant à ta manière, je ne la puis rendre. […] Cela dit par manière de précaution, j’aborderai nettement la Magicienne. […] Nulle part on n’a sous les yeux d’une manière plus sensible et plus détaillée la liturgie du genre et les différents temps de cette sorte de sacrifice : le rituel magique est de point en point observé. […] Le Delphis de Théocrite va nous offrir à sa manière et d’un air dégagé, comme un homme qu’il est, quelque chose du contraste qui brille sur le front animé et sur le visage presque souriant de Stratonice.
Mais, par quel excès de petitesse veulent-ils exclure Molière du chœur des poètes, parce qu’il a été poète à sa manière et sans remplir les conditions de leur programme ? […] Pourquoi n’a-t-elle pas toujours senti de la même manière, et a-t-elle erré quelquefois ? […] Il est dépendant, au contraire, et de la manière la plus complète, dépendant non de telle ou de telle notion particulière, mais de l’intelligence même d’Uranie, de son intelligence tout entière, avec sa richesse de connaissances et sa largeur de vues, mais aussi avec ses préjugés, son ignorance, sa faiblesse, son humanité enfin et ses sottises. […] Y a-t-il plusieurs manières différentes, opposées, d’être comique, et une pièce de théâtre est-elle une comédie avant d’avoir reçu le baptême des mains d’un philosophe, seulement parce qu’un public ignorant tout, parce qu’un poète ignorant l’Esthétique, ont eu la fantaisie de l’appeler de ce nom ? […] Dans cette faculté le jugement se voit lié à quelque chose qui se révèle dans le sujet même et en dehors du sujet, et qui n’est ni nature ni liberté, mais qui est lié au principe de cette dernière, c’est-à-dire avec le suprasensible, dans lequel la faculté théorique se confond avec la faculté pratique, d’une manière inconnue, mais semblable pour tous.
Avant que de se séparer, les disciples convinrent entre eux de porter le deuil de leur maître commun de la même manière et autant de temps qu’ils devraient le porter si le propre père de chacun d’eux était mort : la durée en fut de trois ans. […] Nous ne voyons que les livres saints qui puissent donner idée à l’Europe de la manière dont ce précieux monument a été combattu, attaqué, calomnié pendant quatorze siècles. […] On pourrait faire un ouvrage également curieux et instructif sur la manière dont ce grand prince présida aux études de ses enfants et les dirigea. […] Ce journal est nécessaire à certains égards, et commandé, pour ainsi dire, par les lois, parce que, quand quelqu’un est présenté à l’empereur pour être promu à un emploi, il doit être en état de répondre sur les charges qu’ont remplies son grand-père, son père et lui, sur les grâces qu’ils ont obtenues, sur les fautes qu’ils ont faites, sur la manière dont ils en ont été punis, sur la façon dont ils les ont réparées ou en ont obtenu grâce. » Tout le gouvernement est intellectuel dans un pays dont Confucius a écrit le code et spiritualisé toute la constitution. […] Quant à la manière dont chaque article est traité, il est inutile d’avertir que les plus importants et les plus nécessaires sont traités plus au long ; mais la règle générale, c’est de diviser chacun en cinq, six, sept et même huit chapitres ou sections.
Ses vues sur ce point concordent d’une manière remarquable avec celles qu’a tout récemment émises un naturaliste éminent, M. […] On ne peut nier que les conditions du milieu ne sollicitent et ne modifient de mille manières les besoins, et par eux n’exercent une influence considérable sur l’état économique, politique, social, d’une nation. […] Elles se tirent tantôt de la manière de vivre des animaux, tantôt de leurs actions, ou encore de leurs caractères, de leurs parties, et le philosophe leur attribue la même valeur. […] Par exemple, ses opinions sur la semence et la génération, sur la manière dont se forme l’enfant dans le sein de sa mère, et si vous l’entendiez assurer que l’âne, non-seulement ne rit pas, mais qu’il ne peut ni charpenter ni ramer ! […] L’empereur Frédéric II ne croit pas mieux servir une science dont il est épris et dont il fut lui-même à cette époque un des promoteurs, qu’en propageant de toutes manières l’œuvre d’Aristote.
Nous nous servons tous à notre manière d’un instrument vicieux en lui-même, l’idiome qui rend toujours trop ou trop peu et nous adressons les sons de cet instrument à cent auditeurs qui écoutent, entendent, pensent et sentent diversement. […] Belle manière de grouper. […] Ce même galimathias pourroit tout aussi bien être rendu, par l’abondance qui présenteroit le commerce à l’agriculture ou par l’agriculture qui présenteroit le commerce à l’abondance ; en un mot, en autant de façons qu’il y a de manières de combiner trois figures. […] Un peintre italien avoit imaginé ce sujet d’une manière très ingénieuse. […] Il n’y a dans ses compositions ni monotonie, ni cacophonie, ni vuides, du moins à la manière dont la peinture l’entend.
À voir les manières nouvelles, elle était dans un étonnement qu’elle ne pouvait retenir et qui fit rire plus d’une fois sa mère. […] ce sont les manières du temps. » — Le duc de Richelieu, ce jeune fat qui tournait alors toutes les têtes et que des gens d’esprit aux abois ont cherché de notre temps à remettre à la mode dans le roman et au théâtre, est pour Madame l’objet d’une aversion singulière : il est peint par elle de main de maître (notamment pages 203, 221), parfaitement méprisable, avec ses charmes équivoques et légers, son vernis de politesse et tous ses vices. […] À mesure qu’on avance, et tandis que la délicatesse et la pureté des manières ou du langage se retirent de plus en plus dans le coin de Mme de Maintenon et vont par moments chercher un refuge à Saint-Cyr, Madame se tient à part à Saint-Cloud, puis encore à part au Palais-Royal, et de là, soit sur la fin de Louis XIV, soit sous la Régence, elle fait, la lance en arrêt, la plume sur l’oreille, de fréquentes et vaillantes sorties dans ce style brusque qui est à elle, qui a de la barbe au menton, de qui l’on ne sait trop, quand on l’a traduit de l’allemand en français, s’il tient de Luther ou de Rabelais, et qui en tout est certainement l’opposé de la langue des Caylus.
Je ne viens pas concourir comme bien l’on pense, ni anticiper non plus sur un jugement dans lequel j’entrerai très peu : je ne veux que rendre à ma manière, et comme quelqu’un du dehors, l’impression qu’a faite sur moi la lecture de Froissart, la rejoindre et la comparer à cette autre impression que m’ont produite les mémoires de Joinville. […] On a conjecturé d’après un passage de ses Poésies que son père, qui s’appelait Thomas, était peintre d’armoiries : en ce cas, l’enfant put épeler de bonne heure tous ces blasons de famille qu’il devait, à sa manière, si bien illustrer un jour. […] Frappé de son courage, de son urbanité, de ses manières généreuses et chevaleresques, il ne sait comment concilier tant de hautes et d’aimables qualités avec son mépris de la vie des hommes, surtout de ceux d’une classe inférieure, et il ne peut s’empêcher tout bas de le comparer au fanatique Burley.
Fénelon l’avertit toutefois de prendre garde et de ne pas trop se livrer à sa pente : il croit utile que le bon duc ait quelquefois entretien avec un autre que soi, avec quelqu’un de simple, de pieux, de sincère : « Cette personne, lui dit-il, vous consolerait, vous nourrirait, vous développerait à vos propres yeux et vous dirait vos vérités. » On a beau se persuader qu’on se dit à soi-même ses vérités, on n’y atteint jamais complètement ni par le coin le plus sensible : « Une vérité qu’on nous dit nous fait plus de peine que cent que nous nous dirions à nous-même : on est moins humilié du fond des vérités que flatté de savoir se les dire. » En attendant que le duc de Chevreuse ait trouvé de près ce quelqu’un pour lui rendre ce service, Fénelon le lui rend de loin tant qu’il peut, en lui parlant sans réticence, sans ménagement ; il lui expose d’une manière sensible son grand défaut, ce beau défaut tout curieux, tout intellectuel ; il le lui étend avec ses replis et le lui fait toucher au doigt : Plus une vie est profonde, délicate, subtile et spécieuse, plus on a de peine à l’éteindre. […] Il faut la pratiquer d’une manière simple, douce, noble, forte et convenable à votre rang. […] Le vice et l’orgie, trop muselés sur cette fin de Louis XIV, craignent de l’être encore plus et d’une autre manière sous son petit-fils.
Cousin a une manière commode pour exagérer et agrandir les objets de son admiration : il abat ou abaisse ce qui est alentour. […] Pour qu’il ne soit pas dit que je ne cherche chez lui que les leçons aux grands et aux puissants, dans ce même Sermon sur l’honneur, où il énumère et poursuit les différentes sortes de vanités, il n’oublie pas les hommes de lettres, les poètes, ceux aussi qui, à leur manière, se disputent le renom et l’empire : Ceux-là pensent être les plus raisonnables qui sont vains des dons de l’intelligence, les savants, les gens de littérature, les beaux esprits. […] Nicolas Cornet, les questions de la grâce et du libre arbitre qui agitaient alors l’Église sous les noms de jansénisme et de molinisme sont admirablement définies, et Bossuet, par la manière libre dont il les expose, montre à quel point il est dégagé des partis et combien il plane.
J’emploie souvent ici le mot de paysage ; ce n’est point par manière de dire ni par extension. […] Il n’avait que dédain pour ceux qui rapportaient l’origine d’une si grande secousse à tel objet particulier de leur dépit ou de leur aversion : L’heure des révolutions sonne, messieurs, disait-il (et c’est dans un discours qu’il eut à prononcer comme préfet à l’ouverture du lycée de Clermont sous l’Empire), — l’heure des révolutions sonne quand la succession des temps a changé la valeur des forces qui concourent au maintien de l’ordre social, quand les modifications que ces forces ont subies sont de telle nature qu’elles portent atteinte à l’équilibre des pouvoirs ; quand les changements, imperceptiblement survenus dans les mœurs des peuples et la direction des esprits, sont arrivés à tel point qu’il y a contradiction inconciliable et manifeste entre le but et les moyens de la société, entre les institutions et les habitudes, entre la loi et l’opinion, entre les intérêts de chacun et les intérêts de tous ; quand enfin tous les éléments sont parvenus à un tel état de discorde qu’il n’y a plus qu’un conflit général qui, en les soumettant à une nouvelle épreuve, puisse assigner à chaque force sa mesure, à chaque puissance sa place, à chaque prétention ses bornes… Cette manière élevée de considérer les choses contemporaines comme si elles étaient déjà de l’histoire, dispense de bien des regrets dans le passé et de bien des récriminations en arrière. […] Après tout ce que j’ai dit comme exemple et preuve de sa manière, je n’indiquerai que les tableaux grandioses.
Les supérieurs en référèrent à l’archevêque de Paris, M. de Harlay, qui partagea leurs craintes et crut devoir proposer le cas à la Sorbonne : il fallut un avis en règle des docteurs pour que le père Gourdan obtint la permission de vivre à Saint-Victor d’une manière conforme aux constitutions primitives. […] Santeul, tel qu’il faut se le représenter, non plus dans ses vers, mais en pratique et en action, dans cette espèce de comédie à un seul personnage qu’il représentait volontiers du matin au soir, c’est un La Fontaine de collège au gros sel, un Chapelle moins débauché et plus moral, bien qu’aimant aussi la bonne chère, un Piron honnête et aussi fertile en bons mots, un Roquelaure plus honnête également, mais à ripostes toujours plaisantes, une manière de Désaugiers en vers latins ; enfin c’est Santeul, chanoine très peu régulier de Saint-Victor, et unique en son espèce. […] La Bruyère, chargé de raccommoder ces petites déchirures, écrivait à Santeul, ou le chapitrait quelquefois dans l’embrasure d’une croisée ; mais Santeul était difficile à former, et il fallait toujours en revenir sur son compte à cette conclusion du grand moraliste et du censeur amical, qui lui disait : « Je vous ai fort bien défini la première fois : vous êtes le plus beau génie du monde et la plus fertile imagination qu’il soit possible de concevoir ; mais pour les moeurs et les manières, vous êtes un enfant de douze ans et demi. » Cette insigne faveur de Santeul à Chantilly faisait grand bruit dans la rue Saint-Jacques et ailleurs, et ne laissait pas de donner quelque jalousie : « Santeul est fier, Santeul nous néglige depuis que des altesses lui font la cour ; il ne daigne plus venir même à Bâville, il ne s’abaisse plus jusqu’à nous. » Ainsi disait-on en bien des lieux.
Ce voyage à la recherche du bon goût rappelle forcément Le Temple du goût de Voltaire : les sujets ou du moins les noms sont semblables ; mais à la manière dont ils sont touchés ou traités, quelle différence ! […] Cet ouvrage n’eut pas autant de succès au Parnasse qu’il en avait eu à la Cour, et un poète de Paris s’en expliqua de cette manière… Je laisse l’épigramme, assez plate. […] Elle est toute seule dans une grande place qui est environnée de trois couvents, des jacobins, des capucins et des carmélites ; de manière que je suis là comme dans un petit ermitage, où mes amis ne laissent pas de me venir voir quelquefois, et où quand il me plaît d’en sortir, je n’ai qu’à faire deux cents pas pour me trouver dans le cœur de la ville.
Petitot, dans sa collection de mémoires, dit que si l’on compare ce dernier ouvrage aux autres écrits du duc de Rohan, « on y reconnaît le même style, la même manière de présenter les choses ». C’est tout le contraire qu’il faut dire : on y retrouve une manière d’exposition plus générale qu’il n’est habituel à Rohan ; il y a aussi plus d’images dans le style, plus de littérature, si je puis dire, et quantité d’expressions et de locutions qui ne sont point et ne peuvent être de lui. […] La manière dont il sut traverser la Suisse à l’improviste sans prévenir les cantons qu’au moment même, étant déjà entré avant qu’on s’aperçût qu’il y dût passer ; la rapidité, la précision de sa marche, la justesse de ses ordres et de ses calculs, tout répondit à sa réputation d’habileté.
L’auteur de Madame Bovary a donc vécu en province, dans la campagne, dans le bourg et la petite ville ; il n’y a point passé en un jour de printemps comme le voyageur dont parle La Bruyère et qui, du haut d’une côte, se peint son rêvé en manière de tableau au penchant de la colline, il y a vécu tout de bon. […] Mme Bovary elle-même, cette Mlle Emma que nous venons de voir si charmante à son apparition, nous est si souvent décrite en détail et par le menu, que physiquement je ne me la représente pas très bien dans son ensemble ni d’une manière bien distincte et définitive. […] Un beau monsieur du voisinage, une manière de gentillâtre, M.
Mme Elliott, malade des émotions de ces journées, ne put retourner savoir le résultat de la démarche ; mais le duc vint lui-même chez elle le lui apprendre, et lui raconta de quelle manière il avait été reçu ; comment, arrivé à temps pour le lever du roi et s’y étant rendu, ayant même présenté au roi la chemise selon son privilège de premier prince du sang, et ayant profité de ce moment pour dire qu’il venait prendre les ordres de Sa Majesté, Louis XVI lui avait répondu rudement : « Je n’ai rien à vous dire, retournez d’où vous êtes venu. » Le duc paraissait ulcéré ; cette dernière injure, venant après tant d’autres affronts, avait achevé de l’aliéner. […] Le trône écroulé, le roi arrêté et mis en jugement, lui, prince du sang, il se figurait qu’il allait continuer de vivre à Paris à son aise, dans les plaisirs et en riche citoyen ; et son amie Mme de Buffon, femme gracieuse, qui montra plus tard bien du dévouement, écrivait au duc de Biron (un autre intime), alors à la tête de l’armée du Rhin, une lettre curieuse, incroyable34, où elle lui racontait à sa manière et sur un ton badin, les événements du 10 août, les arrestations qui en étaient la suite, les exécutions qui devaient commencer le lendemain au Carrousel : Au milieu de ces arrestations, disait-elle, Paris est calme pour ceux qui ne tripotent point. — J’oubliais de vous dire que Mme d’Ossun est à l’Abbaye. […] Elle fut impitoyable et retourna le poignard en tous sens : « Je présume, dit-elle que la mort du roi à hâté la sienne, ou peut-être est-ce la manière cruelle dont son procès a été mené, et votre vote pour sa mort. » Il lui répéta dans cette conversation ce qu’il avait dit tant de foisv : « Je connais ma position ; je ne pouvais éviter de faire ce que j’ai fait.
Tantôt enfin (et c’est ici le cas qui n’est pas le moins original en son genre), nous avons vu la Théologie elle-même tout armée, la dialectique serrée et savante, sachant les points, les textes décisifs, les comment et les pourquoi de l’orthodoxie, sachant aussi les raisons du cœur et les plus fins arguments de la spiritualité ; nous l’avons vue venir du Nord sous la figure de Mme Swetchine, s’installer, prendre pied chez nous et y devenir conquérante à sa manière. […] En y réfléchissant, on voit que ce n’est qu’une manière moins prévue de dire ce que chacun sait, — que les diables sur la terre ont d’ordinaire plus d’esprit que les anges, qui souvent sont un peu bêtes. […] J’ai relu des pensées de Bacon sur la mort, des pensées de Montaigne sur la vieillesse, sur cet âge peu agréable, quoi qu’on puisse dire, où des passions ardentes nous en venons petit à petit aux passions frileuses ; j’ai relu aussi des pages de Buffon qui sont bien faites à leur manière pour acheminer l’homme naturel vers son déclin, pour le consoler, sinon pour l’enorgueillir32.
Rigault, se méprenant ou feignant de se méprendre sur ma pensée, partait de là, au contraire, pour louer Casimir Delavigne de cette espèce de fusion équivoque en quoi consiste sa seconde manière : « Je ne puis me persuader, disait-il, qu’en portant si légèrement à ses lèvres la coupe du romantisme mitigée par son goût naturel, Casimir Delavigne se soit empoisonné. […] La seconde manière de Casimir Delavigne paraîtra non pas une capitulation, mais un progrès courageux et une conquête prudente de nouvelles beautés… » Je le demande, qu’y a-t-il de vrai dans un tel pronostic, et cette seconde manière de Casimir Delavigne est-elle donc à la veille d’être proclamée si heureuse et de triompher ?
Ils ont une manière de blâmer fine et galante : au contraire, nos savants allemands croient toujours qu’il faut se dépêcher de haïr celui qui ne pense pas comme nous. […] Mais, si on l’interrogeait sur les vrais talents, sur Béranger, sur Mérimée, auteur dès lors du théâtre de Clara Gazul, Gœthe faisait aussitôt la distinction, et il reconnaissait en eux la vraie marque, l’originalité : « Je les excepte, disait-il : ce sont de vrais talents qui ont leur base en eux-mêmes et qui se maintiennent indépendants de la manière de penser du jour. » Avoir sa base et son fondement en soi, c’était la chose qu’il estimait le plus ; il a parlé quelque part de ces faux talents, qui n’en ont que le semblant et le premier jet : « Nous vivons dans un temps, disait-il, où il y a tant de culture répandue qu’elle s’est, pour ainsi dire, mêlée à l’atmosphère qu’un jeune homme respire. […] À propos du Tasse, il prétend avoir fait de grandes recherches, et que l’histoire se rapproche beaucoup de la manière dont il a traité son sujet.
Du Bois ayant excité les plaintes de tous les Ordres de la province et n’ayant réussi qu’à cabrer les esprits, on le mit à Montauban, par manière de récompense, à la place de Foucault, et celui-ci alla en Béarn, dont il fut le deuxième intendant. […] Aussi le chancelier d’Aguesseau s’est-il contenté, dans sa manière mesurée et polie, d’imputer à Foucault, sans aucun détail, le triste honneur d’avoir appliqué le premier en grand la méthode militaire des conversions : « Je ne nommerai point, nous dit cet honnête homme timide, l’intendant qui, par une distinction peu honorable pour lui, fut chargé de faire le premier essai d’une méthode si nouvelle pour la conversion des hérétiques. […] Après plus de trois années, de toute manière assez peu glorieuses, où il avait eu à essuyer bien des disgrâces, et des dégoûts en récompense de son attachement connu à la mémoire et à la famille de Colbert, Foucault demanda instamment à M. de Seignelay, de le tirer de la dépendance, de Louvois, et il obtint de passer intendant à Caen, en janvier 1689.
Il priait à sa manière : « D’autres invoquent les dieux avant le sommeil ; pour moi, je bénis mes amis. » — Il avait pourtant des jours et des heures où il exprimait le regret de ne plus sentir en lui aucune aspiration vers l’avenir, aucun recours à la récompense du juste ; il eût désiré plus de malheurs encore qu’il ne lui en était échu, s’il avait dû y puiser et y ressaisir une espérance d’immortalité : « Vous, écrivait-il à Rousseau, vous attendez une récompense qui vous serait bien due et dont je vous envie l’espoir délicieux au prix des persécutions qui le peuvent mériter. […] » Je le demande, se peut-il de plus belle, de plus délicate manière de sentir ? […] Deleyre, qui resta encore quelques années à Parme, y vécut, à sa manière, dans le supplice de Rousseau ; il l’imitait, sans y songer, par un secret accord douloureux, jusque dans cette variété d’une même mélancolie.
En ce qui est de notre langue, on s’est détaché de plus en plus de cette manière de voir exclusive qui rapportait tout à un moment unique de politesse et d’élégance, qui ne voulait admettre qu’un seul patron de bon langage, et qui déclarait fautif ou barbare tout ce qui s’en écartait. […] En admettant que l’anecdote de Mme de Motteville ait quelque fondement, et si dans sa vieillesse, à un moment quelconque, cette aimable femme d’esprit eut besoin, en effet, d’être vengée, il est tout simple qu’on se soit emparé, ce soir-là, des vers de Corneille déjà publiés et connus, et qu’on les ait accommodés à la circonstance présente en supprimant la stance du grison ; c’était une manière d’à-propos. […] Quant à Corneille, il n’y a qu’une manière de le bien apprécier, c’est de le voir à son moment, à son début, dans tout ce qu’il a fait éclater, aux yeux de notre nation, de soudain et d’imprévu, dans tout ce qu’il a su enfermer en peu d’années de charmant, de grandiose et de sublime.
Je donnerai de ce Portrait peu connu les principaux endroits ; et le physique d’abord, — ayez soin seulement de le rajeunir un peu en idée pour voir Louis XV dans ce premier éclat de beauté dont chacun a été ébloui : « La figure de Louis XV était véritablement belle ; il avait les cheveux noirs et bien plantés, le front majestueux et serein ; ses yeux étaient grands, son nez bien formé ; sa bouche était petite et agréable ; il n’avait pas les dents belles, mais elles n’étaient pas assez mal pour défigurer son sourire, qui était charmant, Un air de grandeur très remarquable était empreint sur sa physionomie, qui était encore rehaussée par la manière dont il s’était fait l’habitude de porter sa tète. Cette manière était noble sans être exagérée, et quoique ce prince fût naturellement timide, il avait assez travaillé sur son extérieur pour que sa contenance ordinaire fût ferme, sans la moindre apparence de morgue ; en public, son regard était assuré, peut-être un peu sévère, mais sans autre expression : en particulier, et surtout lorsqu’il adressait la parole à quelqu’un qu’il voulait bien traiter, ses yeux prenaient un singulier caractère de bienveillance, et il avait l’air de solliciter l’affection de ceux auxquels il parlait. […] Cette dame était fort loin d’être jolie, mais elle avait beaucoup de grâce dans la taille et dans les manières, une sensibilité déjà connue, un caractère de complaisance fait pour abréger les formalités.
Chacun, dès que le grand homme paraît et se déclare, après l’avoir admis volontiers au premier degré, s’empresse aussitôt de le continuer à sa guise, de l’achever à sa manière et selon ses goûts, de lui dicter son rôle de demain ; et si le personnage ne répond pas à cette idée qu’on s’en fait et ne suit pas le programme, on est bien près de le renier, de s’écrier qu’il fait fausse route et qu’il se perd, ce qui arrive quelquefois, mais par d’autres raisons le plus souvent que celles dont on se payait d’abord assez à la légère. […] Armand Lefebvre, sans songer à se poser le cas d’une manière si générale, a observé le précepte ; à force d’interroger les faits et de les serrer de près, ils lui ont répondu en ce sens. […] Il intriguait à sa manière comme les antiques Décius, comme Palafox à Saragosse, comme Rostop-chine à Moscou, comme tous ceux qui, pleins de foi, se jettent à une heure de crise, eux et tout ce qu’ils possèdent, dans le gouffre béant de la patrie.
Bouhours, l’auteur des Entretiens d’Ariste et d’Eugène, et de la Manière de bien penser sur les ouvrages de l’esprit, ce fin jésuite, tout en nuances, qui, en proscrivant l’enflure, l’entortillement, la mièvrerie, recommandait l’esprit, la délicatesse, la noblesse, dont l’idéal était le naturel affiné, « le vrai orné », et qui enfin louait les anciens, mais non jusqu’à les préférer aux modernes. […] En Angleterre, ses préceptes servent à enchaîner la fougue d’une nature encore brutale ; en Allemagne, il apporte comme un code de belles manières littéraires, comme un formalisme compliqué que ces esprits germaniques mettent leur gloire à pratiquer ponctuellement, avec grande contention et contorsion de leurs facultés encore peu agiles. […] L’idée que les étrangers ont eue de Boileau, et qu’ils ont traduite chacun à sa manière, selon son génie et selon les besoins intellectuels de son pays, ils l’ont prise d’abord dans l’opinion que les compatriotes du poète avaient de lui.
Tout ce que je sais, c’est que, si elle ne le fait pas, nul ne le fera, et que l’humanité ignorera à jamais le mot des choses ; car la science est la seule manière légitime de connaître, et, si les religions ont pu exercer sur la marche de l’humanité une salutaire influence, c’est uniquement par ce qui s’y trouvait obscurément mêlé de science, c’est-à-dire d’exercice régulier de l’esprit humain. […] La vieille manière d’envisager l’immortalité est à mes yeux un reste des conceptions du monde primitif et me semble aussi étroite et aussi inacceptable que le Dieu anthropomorphique. […] Les vieux dogmes peuvent être comparés à ces hypothèses des sciences physiques qui offrent des manières suffisamment exactes de se représenter les faits, bien que l’expression en soit très fautive et renferme une grande part de fiction.
Quant à la manière dont madame de Sévigné s’est exprimée dans une lettre confidentielle à son cousin sur la nomination de Racine et de Boileau à la place d’historiens, Voltaire était plus capable que personne den sentir la justesse ; Racine et Boileau eux-mêmes, en mettant la main sur la conscience, n’auraient pu la trouver injuste. […] N’en doutons pas, ceux-ci s’étaient assurés de la manière la plus positive qu’ils n’avaient point à redouter les applications des ouvrages satiriques dont les auteurs leur faisaient la lecture ; ils savaient indubitablement de la bouche des auteurs mêmes le nom des personnes qui avaient servi de modèle à leurs tableaux, et ils n’avaient pas besoin de le demander. […] Vigueul-Marville rapporte qu’il disait à ses amis : « Vous voyez la manière dont je parle : sachez que je suis toujours sur mes gardes et que personne n’observe mieux que moi les longues et les brèves. » T.
Et Mallet insiste en plus d’un endroit sur ce fanatisme d’égalité qui fait le fond de ce qu’il appelle la religion révolutionnaire. 2º Il n’est pas moins obligé de reconnaître, comme trait d’exception à cet égoïsme de la masse du public, le sentiment militaire dévoué : le soldat, l’officier a beau avoir son arrière-pensée, « des différences d’opinions et de motifs n’entraînent aucune différence dans la manière de combattre : un esprit, un sentiment communs animent tous les soldats. […] Il paraît que quand il causait avec eux personnellement, et même avec des archiducs, il avait une certaine manière d’exprimer avec chaleur son opinion, et d’appuyer le pied en l’exprimant, qui ne laissait pas d’étonner ces personnages de cour : mais il n’en réussissait que mieux dans leur estime. […] Si quelque chose doit affliger, c’est l’accès qu’on leur donne, et le tort qu’ils font à la cause de ceux qui les accueillent avec tant de légèreté ; il n’est pas un révolutionnaire qui ne doive rester tel, en apprenant de quelle indigne manière sont traités ceux qui ont défendu avec le plus de constance et de courage les intérêts de la maison de Bourbon.
Fouquet lui parlant un jour de la peine qu’il avait à faire vérifier les édits au Parlement, Gourville lui dit qu’il y avait dans toutes les Chambres des conseillers importants dont la voix décidait de celle des autres, et qu’il y aurait manière de les acquérir moyennant quelque gratification de 500 écus, et promesse d’autant aux futures étrennes : J’en fis une liste particulière, ajoute-t-il, et je fus chargé d’en voir une partie que je connaissais. […] Fouquet me parla de M. le président Le Coigneux comme d’une personne qu’il fallait tâcher de voir ; je lui dis que j’allais quelquefois à la chasse avec lui, et que je verrais de quelle manière je pourrais m’y prendre. […] Les gens de lettres, ceux qui sont vraiment dignes de leur nom et de leur qualité, ont été de tout temps sensibles à certains procédés, à certains actes de prévenance et de délicatesse, à certaines choses faites à temps et d’une manière qui honore.
Il y a deux manières d’observer en politique, — l’observation directe des choses présentes et l’étude du passé, c’est-à-dire l’histoire. […] Plus les conditions sont inégales, plus il y a de manières différentes de sentir parmi les hommes, plus aussi par conséquent il leur est difficile de sympathiser entre eux : celui qui n’est pas votre égal n’est pas votre semblable. […] Avec l’égalité, les manières perdent, il est vrai, de leur politesse ; la délicatesse, la distinction s’efface : en revanche les hommes se connaissent mieux, puisqu’ils sont sans cesse mêlés les uns aux autres.
Elles fournissent ainsi des matériaux à l’accumulation par sélection naturelle, de la même manière que l’homme accumule dans une direction donnée les différences individuelles qui apparaissent dans ses races domestiques. […] Watson, auquel je suis profondément obligé du concours qu’il m’a prêté de toutes manières, m’a fourni une liste de 182 plantes anglaises qui sont en général regardées comme des variétés, mais qui ont toutes été mises par quelques botanistes au rang d’espèces. […] Et nous pouvons concevoir aisément ces analogies, si chaque espèce a existé d’abord comme variété, et s’est formée de la même manière ; elles sont inexplicables, au contraire, si chaque espèce a été créée séparément.
Une maniere d’écrire pleine de noblesse, de chaleur & de sagacité, répand de l’intérêt même sur ceux de ses Ouvrages qui n’ont de rapport qu’à la Médecine.
Cheron l’a traduite en vers François d’une maniere assez heureuse.
C’étoit un Philosophe à la maniere des Anciens, c’est-à-dire, un homme détaché des biens de la fortune, ennemi de tout soin, isolé au milieu de la société, d’un caractere doux & aimable.
Costar sur-tout rendoit ses raisons ridicules par la maniere de les énoncer.
On est étonné des termes qu’il emploie jusque dans l’argument des Chapitres de son Ouvrage ; en voici un qui peut donner une idée de sa maniere : Bévues, faussetés, contradictions, ignorance, impudence de M.
On peut louer ses Ouvrages du côté du savoir, du style & de l’onction ; mais ceux qui aiment l’exactitude dans le Dogme, la conséquence dans les principes, la franchise dans la maniere d’exprimer ses pensées, ne trouveront pas ces qualités dans son Abrégé de l’Histoire de l’Ancien Testament, non plus que dans son Exposition de la Doctrine Chrétienne, condamnée par le Pape.
Ce Conte, écrit d'un style aussi singulier qu'agréable, est, selon M. de Voltaire, un exemple, qui montre qu'on peut très-bien conter d'une autre maniere que Lafontaine.
Cette manière de comprendre les femmes appartient précisément à l’élégie latine. […] À ne consulter que l’égoïsme, il n’y a certes pas deux manières de résoudre cette question. […] Les amours du docteur Herbeau et de Louise Riquemont rappellent, en plus d’une page, la manière de Mackenzie et de Sterne. […] La manière dont M. […] Il y a, dans la manière de M.
Mais il ne peut remplir ce rôle d’une manière complète que s’il l’est aussi, intellectuellement. […] Il ne se dit pas qu’un phénomène peut être conditionné par un autre de deux manières. […] Vous reconnaissez la manière dont les Allemands ont conduit la leur. […] Les Russes nous en donnent un autre, qui finira d’une manière plus catastrophique encore. […] Elle démissionne, et de la manière la plus lâche, quand elle se dégrade dans la jouissance et la veulerie.
C’était la meilleure manière, a-t-il semblé, de situer les jugements exprimés dans ces études, et d’excuser leurs limitations. […] Examinons si cette inexactitude dans la manière de penser ne se retrouve pas à l’origine de ce péril primaire dénoncé par M. […] L’une et l’autre est admise par nos Jacobins d’une manière axiomatique. […] Il l’est davantage, d’une manière plus éclatante sur le troisième. […] En revanche, l’unicité même de cette expérience peut servir à poser d’une manière aiguë telle ou telle question.
Il ne fallait rien moins que ces considérations pour l’empêcher de se rendre aux vœux des siens, quelque insolente que fût la manière dont ils les exprimèrent. […] La Grange et Vinot viennent de nous dire que « la manière dont il s’acquitta du rôle du Docteur amoureux » fut déterminante pour enlever l’autorisation du Roi. […] Ils laissaient au vulgaire l’art de parler d’une manière intelligible. […] De Visé y parodiait encore le jeu tragique de Molière et sa manière d’annoncer. […] Elle obtint, par la manière dont elle s’en acquitta, les suffrages de tout ce que Versailles renfermait alors de plus brillant, et les jeunes seigneurs s’empressèrent autour d’elle.
Ses décisions sont souvent conformes aux regles du vrai goût, & sa maniere d’écrire est quelquefois pleine de chaleur & d’énergie.
Ses autres Ecrits se sont lire par la bizarrerie des idées, & surtout par celle du style, qui intéresse plus qu’une maniere plus exacte ne pourroit faire.
Il s’est attaché, dans le style, à la maniere de Bourdaloue ; &, sans avoir, comme son modele, cette profondeur & cette plénitude de raisonnemens qui le rendent original, il a quelquefois plus de chaleur & des traits d’élévation propres à ranimer l’attention de l’Auditeur ou du Lecteur.
Son Essai sur l’Infanterie Françoise est intéressant pour toute sorte de Lecteurs, par la maniere dont il a traité son sujet, & joint au mérite d’un style simple & correct, celui de la méthode & de la précision.
Le travail, il est vrai, s’y fait plus sentir que le génie ; mais le génie perce quelquefois de maniere à donner une idée très-favorable des vûes & du mérite de l’Auteur.
Il la conserve encore parmi ceux qui font plus de cas des choses, que de la maniere, du ton, & de l’arrangement des mots.
Si son style étoit toujours égal, & sa maniere de s’exprimer toujours correcte, cet Ouvrage pourroit être regardé comme le meilleur & le plus complet qu’on nous ait donné sur cette matiere.
Les Philosophes qui ont relevé ces imprudences, & voulu faire passer sa maniere de prêcher pour celle qui étoit généralement en usage dans son Siecle, se sont trompés grossiérement.
On a de lui un Recueil de Mémoires & de Plaidoyers, dont l’éloquence feroit plus à l’abri des reproches, si trop de négligence n’en affoiblissoit le style, si le fond des choses annonçoit plus d’examen & de réflexions, & si la maniere de les rendre étoit toujours conforme à la gravité qu’exigent ces sortes d’Ecrits.
Madame de Motteville a sur-tout le talent de rendre, d’une maniere très-intéressante, jusqu’aux plus minces détails.
Ce petit Ouvrage n’a pu partir que d’un Ecrivain solide & judicieux, d’un esprit observateur & doué de l’art de rendre, d’une maniere intéressante, ses observations.
On peut juger de sa maniere par ce Madrigal : Soupir, subtil esprit de flamme, Qui sors du beau sein de Madame, Que fait son cœur ?
Ce Chardin est homme d’esprit ; il entend la théorie de son art ; il peint d’une manière qui lui est propre, et ses tableaux seront un jour recherchés.
Le style est bon, court, net, clair, sans mauvaises locutions ; une fois pourtant il s’agit d’une personne qu’on n’aurait jamais connue sous un semblable rapport, une de ces manières de dire que ne toléraient Voltaire ni Courier ; M. […] nous le verrons se développer avec les ans d’une étonnante manière, dans le sens de la foi, de l’enthousiasme et de la tendresse. […] Au reste, la raison de Mme Guizot, qui a pied dans le fait même, admet, pressent les cas d’insuffisance et en avertit : « Je le vois plus clairement chaque jour, dit Mme d’Attilly, la jeunesse est de tous les âges de la vie celui que l’enfance nous révèle le moins ; une influence indépendante du caractère la domine avec un empire contre lequel on peut d’avance lui donner des forces, mais sans prévoir de quelle manière elle aura à s’en servir. » Mme Guizot relève en un endroit une assertion de mistress Hannah More sur la nature déjà corrompue des enfants, et elle la combat. […] Si la manière de voir de Mme Guizot ne peut atteindre ni satisfaire ceux qui ont là-dessus une opinion très-arrêtée, de pure foi et rangée à la tradition rigoureuse, elle a cet avantage de répondre, de s’adapter à toutes les autres opinions et situations plus ou moins mélangées qui sont l’ordinaire de la société actuelle, et d’offrir un résultat praticable à Mme Mallard comme à Mme de Lassay. […] Essentiel à méditer, comme conseil, dans toute éducation qui voudra préparer des hommes solides à notre pénible société moderne, ce livre renferme encore, en manière d’exposition, les plus belles pages morales, les plus sincères et les plus convaincues, qu’à côté de quelques pages de M.
Il en arrache, une à une, toutes les notions qui s’y étaient attachées, et, pour les empêcher d’y rentrer par surprise, il se violente en quelque manière à parler contre elles et à les dédaigner. […] Il n’est pas étonnant que Descartes et Montaigne ne communiquent pas de la même manière ce qu’ils ont cherché par des voies si opposées. […] C’est de ceux-là que Descartes se sépare, et, sans en faire l’objet de réflexions particulières, il quitte les pensées et la langue du seizième siècle, et entre le premier dans la grande manière inimitable. […] Descartes, par la manière dont il défendit toute sa vie sa liberté, par la jalousie de sa solitude, nous a donné à cet égard un plan de conduite. […] En attendant, je pense, donc je suis ; je pense à vous avec tendresse, donc je vous aime ; je pense à vous uniquement de cette manière, donc je vous aime uniquement. » Boileau, dans l’Arrêt burlesque, vengeait la philosophie de Descartes des dénonciations de l’université de Paris, et en gravait le précepte essentiel, « Aimez donc la raison », à toutes les pages de l’Art poétique, ce Discours de la méthode de la poésie française.
Plus il aime les anciens, plus il admire Homère et Virgile, mieux il sent que la vraie manière de les imiter c’est de faire autrement qu’eux, de choisir d’autres sujets, et son beau poème de L’Invention n’est qu’une exhortation à tenter hardiment ces voies infinies et libres où la science invite les poètes à la suivre : Torricelli, Newton, Kepler et Galilée À tout nouveau Virgile ont ouvert des trésors. […] Le mauvais écrivain ne voit les choses que par à peu près et d’une manière vague : il n’est pas étonnant que la langue se refuse à ses demi-pensées. […] Si elle réussissait dans son entreprise, que de modifications en résulteraient dans notre manière de concevoir les choses et la vie ! […] Je ne discute pas sur le sujet lui-même, mais sur la manière dont il a été entendu et traité par l’auteur. […] Lucrèce, à qui il faut bien toujours revenir (car c’est le maître dans ce grand art de la poésie scientifique), a lui aussi des morceaux d’une abstraction redoutable, comme quand il définit l’espace et le mouvement, quand il décrit la formation du monde par les atomes, ou qu’il analyse les simulacres qui expliquent la perception ; mais avec quel art il appelle à son aide d’éclatants épisodes, de grands tableaux, de longs récits comme tout le cinquième livre, où il raconte à sa manière la formation de la terre, l’éclosion de la vie, l’histoire des sociétés humaines !
Il est bien Français avant d’être catholique, et il n’a pas l’air de se douter qu’être catholique, dans cette monarchie fondée par les Évêques, — a dit Gibbon, mais qui s’est arrêté là, et qui n’a pas dit que tous ces Évêques étaient des Saints, — c’est encore la meilleure manière d’être Français et la meilleure raison pour l’être… Homme moderne, — mais plus élevé et plus étendu que l’esprit moderne, puisqu’il se croise, dans son livre, en l’honneur de l’unité de pouvoir si haïe de l’esprit moderne, qui ne veut que des pouvoirs multiples et des gouvernements qui ressemblent à des peuples, — l’auteur des Ducs de Guise, qui sait assez d’histoire pour ne jamais séparer la Royauté de la France, — l’ennemi de la Féodalité, mais, pour les mêmes raisons, l’ennemi de la Démocratie, parce que, ici ou là, c’est le pouvoir multiple, éparpillé, croulant en anarchie toujours, — l’auteur des Ducs de Guise croit justement que cette unité de pouvoir à conserver, ou à refaire quand elle a été défaite, fut la gloire de tout ce qui fut grand et sera la gloire de tout ce qui doit le redevenir dans notre histoire, mais il ne croit pas que cette gloire ne soit que la seconde. […] » Mais ce qui pouvait me faire douter, c’est que ce mot, dont je faisais une espérance, ne s’appliquait qu’à la manière générale de procéder de l’esprit humain dans toutes les circonstances de la vie, et non au cas particulier d’une vérité surnaturelle en qui l’auteur des Guise, probablement, ne croyait point ; car, s’il y avait cru, son histoire, qui a des beautés incontestables, aurait la beauté contestée, qui est la beauté suprême dans le monde où la Vérité, cette beauté des beautés, a toujours été crucifiée, — mais pour ressusciter ! […] Et qu’il y eût pour les affaires de Rome, c’est-à-dire pour les affaires de la chrétienté, la politique romaine et la politique espagnole, c’était un désordre, un dualisme plein de dangers et qui en créait un pour le Catholicisme, que Philippe II adorait et qu’il faussait par sa manière de le défendre. […] Dans un temps où l’on n’avait pas vu que Mayenne, le dernier des Guises de toutes les manières, mais le grand Guise lui-même, le magnifique Balafré, le charmeur de la France, recevoir vingt-cinq mille écus par mois du roi d’Espagne, non pour les besoins de son parti, ce qui eût été légitime, mais pour les besoins de sa maison, de son luxe et de sa personne ; quand les plus grands seigneurs de la France tendaient leurs mains gantées d’acier, et les évêques leurs mitres de soie, à l’argent du roi d’Espagne qui y tombait ; quand partout, dans l’abominable politique du temps, il n’y a qu’espions tout prêts qui se proposent, assassins qui s’achètent, la ligue ne fut pas plus innocente que les autres des vices qui dévoraient son siècle, et elle y ajouta le sien, qui était d’être une Démocratie… Philippe II fut ruiné, du reste, avant d’avoir acheté la France, et les victoires de Henri IV firent le reste. […] Ainsi, comme il a fait pour l’anarchie, qui est le premier caractère de la Révolution, Forneron l’a fait également pour son cannibalisme, qui est le second, et qui, à eux deux, la résument d’une manière complète, exclusive, absolue.
Au théâtre de la Bastille reconstituée, il a donné en 1888, 1889, 1890, force parades dans la manière de
Quoiqu’elle ait dans sa manière du précieux, du brillanté et peut-être aussi du clinquant, ses strophes se déroulent avec une facilité d’allure qui donne souvent le change à l’esprit et fait croire au naturel.
Sa maniere de traduire est fort libre ; il se contente de présenter en détail les pensées du texte ; ce qui fit appeler chacune de ses Traductions, la Belle infidelle.
Aubert voulut être encore utile d’une autre maniere à ses Concitoyens : il fit présent à la ville de Lyon de sa bibliotheque, qui étoit considérable, à condition qu’elle seroit ouverte à tout le monde.
On voit qu’il a tâché de rendre aussi sa maniere ; mais son pinceau n’a pu saisir ce ton simple, mais énergique ; ces couleurs vives, mais naturelles, qui caractérisent Démosthene.
La Vie de Grotius, celle d’Erasime, celle de Bossuet, sont le fruit de ses travaux, c’est-à-dire qu’il a pris la peine de recueillir, sur ces célebres Ecrivains, différentes Pieces qui peuvent servir de matériaux à ceux qui voudront traiter les mêmes sujets d’une maniere plus intéressante.
Ces deux Ouvrages sont écrits d’une maniere intéressante ; on y estime sur-tout une marche sage, lumineuse, un style noble & naturel, qu’il seroit à souhaiter de retrouver dans un grand nombre de nos Historiens, qui ont plus de réputation que lui.
Son Roman intitulé les Tableaux de la Fortune, est d’un bon Observateur ; son Histoire au Monde, souvent réimprimée & écrite d’après les Auteurs originaux, donne une idée avantageuse de son érudition : personne n’avoit traité, avant lui, d’une maniere plus vraie & plus instructive, ce qui concerne les Orientaux, & en particulier les Musulmans.
Ce qui paroîtra étonnant, c’est que ce Moine, qui avoit, dit-on, des mœurs si dures, qu’il se rendoit insupportable à tous ce qui l’environnoit, & qui fut obligé, par cette raison, de se démettre de son Abbaye, ait traduit en François les Lettres d’Abailard & d’Héloïse d’une maniere plus libre que son état, son caractere, le texte même, ne devoient le lui permettre.
Jamais Sectaire ne décria plus son parti, par la maniere de le défendre.
On croiroit que Naudé a voulu prendre Montagne pour modele ; mais il est aussi éloigné de la tournure & des expressions de ce Penseur Philosophe, que M. de la Harpe l’est de Voltaire, dont il s’efforce vainement d’imiter la maniere & le ton.
Ce n’est pas assez d’inventer, de disposer, il faut encore savoir exprimer d’une maniere intéressante ; talent sans lequel les disgraces sont toujours assurées.
L'Ecriture sainte & les Peres s'y trouvent perpétuellement fondus sans aucune citation, de maniere qu'il faut être très-versé dans la lecture des Livres saints & des Ouvrages des Peres, pour distinguer ce qui appartient à M. l'Abbé Torné.
La maniere de ce Romancier moraliste n'est pas de la premiere élégance, ni d'une énergie bien frappante ; mais elle est simple, naturelle ; elle va droit au cœur, & y laisse de douces impressions.
Les hommes pensent & sentent à peu près de même : mais ce qui distingue l’homme de génie, c’est la manière de démêler ses idées & de les rendre.
Sainte-Beuve Il y a dans la manière de Madame Tastu la nuance d’animation ménagée ; la blanche pâleur, si tendre et si vivante, où le vers est, pour la pensée, comme le voile de Saphoronie, sans trop la couvrir et sans trop la montrer ; la grâce modeste qui s’efface pudiquement d’elle-même, et enfin cette gloire discrète, tempérée de mystère qui est, à mon sens, la plus belle pour une femme-poète.
Son amour pour les Beaux-Arts a toujours été soutenu par des connoissances profondes & par une maniere de présenter ses idées, qui les rend aussi intéressantes, qu’elles sont justes & lumineuses.
Anacréon, Sapho, Catulle, perdroient tout leur mérite, si on en jugeoit par la maniere dont il a rendu leurs plus beaux morceaux.
Il paroît plus s’occuper de la maniere de dire les choses, que du soin de les faire comprendre, de leur donner de la netteté, de la suite, du poids.
Il y démontre cette vérité, en réfutant, d’une maniere victorieuse, les atomes d’Epicure, les argumens de Lucrece, & le systême de Spinosa.
Tout ce qui regarde la Topographie & les Beaux-Arts, y est traité de maniere à donner de justes & de saines idées sur les différentes Contrées, & sur les Chef-d’œuvres de Peinture, de Sculpture & d’Architecture de cette délicieuse partie de l’Europe.
De la clarté, de la simplicité, une maniere de présenter les objets qui intéressent le Lecteur, forment son principal mérite : d’un autre côté, il manque de noblesse, de correction, de précision dans le style, & quelquefois d’exactitude dans les faits.
Les plaisanteries de l'Auteur sur les divers états de la vie, sont, à la vérité, aussi anciennes que ces états mêmes, mais elles sont renouvelées d'une maniere très-piquante & très-philosophique.
L’impression, écueil ordinaire des Orateurs, n’a point nui à la réputation de ses Discours, que sa maniere de les débiter gâtoit un peu.
Je me rappelle que l’Annonciation est traitée d’une manière sèche, roide et froide ; qu’elle est sans effet ; et qu’on dirait un morceau détaché d’une vieille coupole, qui a souffert et qui n’était pas d’un trop habile homme.
. — L’Orient primitif se continue d’une certaine manière dans l’Orient moderne. […] Presque toute la pièce est écrite dans cette grande et large manière. […] Le mauvais écrivain ne voit les choses que par à peu près et d’une manière vague : il n’est pas étonnant que la langue se refuse à ses demi-pensées. […] Si elle réussissait dans son entreprise, que de modifications en résulteraient dans notre manière de concevoir les choses et la vie ! […] Je ne discute pas sur le sujet lui-même, mais sur la manière dont il a été entendu et traité par l’auteur.
Cet homme étoit si enivré de l’excellence de son art (de Comédien), qu’il ne craignoit pas de dire, qu’il falloit qu’un Acteur fût élevé sur les genoux des Reines ; extravagance que ses confreres ne répetent point, mais que la sottise publique semble autoriser par la maniere dont elle les idolâtre.
Si le Dictionnaire historique, littéraire & critique, qu’on lui attribue, étoit dégagé d’une partialité trop révoltante ; si les amis de l’Auteur, ou plutôt ceux de son parti, n’y étoient pas fêtés d’une maniere infiniment au dessus de leur juste valeur ; si de vrais Grands Hommes, pour n’avoir pas été Jansénistes, n’y étoient pas déprimés avec autant d’injustice que de mal-adresse : ce Dictionnaire auroit une sorte de perfection pour les recherches, les anecdotes & les discussions quelquefois utiles qu’il renferme.
Il y a apparence que si elles eussent été connues avant les deux volumes qu’on a faits pour enseigner la maniere de se servir de cette baguette, elles auroient épargné au Public un ridicule Ouvrage, & à certains Lecteurs le ridicule d’y ajouter foi.
La maniere obligeante avec laquelle il communiquoit ses lumieres à ceux qui le consultoient, & son honnêteté lorsqu’il s’agissoit de procurer le secours des Livres aux Gens de Lettres qui en avoient besoin, sont des titres assurés pour mériter la reconnoissance de son siecle, & les louanges de la postérité.
Ce sont peut-être les plus beaux Vers qu’on ait faits depuis Ovide, dont ils retracent la maniere.
N’est-ce pas là une belle maniere d’écrire l’Histoire ?