Et ce sera un beau gâchis, et tout sera à recommencer. […] » Et ce roman s’appellera Guy de Valcreux, et je vais vous en confier les premières lignes : « Par une belle matinée de printemps, le digne M. […] Mais vous ne m’avez point dit si quelque jeune homme apportera dans le roman ou au théâtre une « formule nouvelle », pour parler la belle langue d’aujourd’hui, ni s’il sortira quelque chose d’intelligible du travail ténébreux des bons poètes symbolistes….
Il ne fit depuis qu’entretenir ce beau feu par tout ce qui nourrit & fortifie l’esprit des hommes, la lecture, la réflexion, les voyages, l’habitude d’écrire. […] Ce poëme est une belle horreur, un ensemble bisarre & magique. […] Il soutenoit la plus belle cause du monde ; mais il la gâta par son excès de pédantisme.
Ils donnèrent l’exclusion à celui de tant de beaux génies qui firent dans leur temps l’admiration de Rome, & qui sont encore les délices des amateurs de la Latinité. […] Pourquoi, disoit Erasme, adorer tout dans Cicéron, jusqu’à ses défauts, ses longueurs, longueurs, ses digressions & ses répétitions sans nombre ; ses phrases emphatiques & compassées ; ses déclamations sublimes & ennuyeusement belles ; son égoïsme éternel ; cette abondance & cette stérilité de génie tout à la fois, qui lui fait confondre tous les genres dans lesquels il écrit ? […] En vain remontra-t-on à ce beau génie que Scaliger cherchoit moins à l’abbaisser, qu’à faire vivre, à la faveur de ses satyres grossières, sa femme & ses enfans.
Elle est rarement satisfaite dans le plaidoyer le plus beau, le plus clair & le plus simple. […] Dans le plus beau du règne de Louis XIV, où tout prit une face nouvelle, cette éloquence ne fut point totalement réformée. […] On trouve, dans ceux qui furent appellés les deux lumières du barreau, des applications forcées, un assemblage d’idées singulières & de mots emphatiques, un ton insupportable de déclamateur ; quelques belles images, il est vrai, mais souvent hors de place ; le naturel sacrifié à l’art, & l’état de la question presque toujours perdu de vue.
Une tragedie, dont toutes les scenes prises en particulier seront belles mais mal cousuës ensemble, doit réussir plûtôt qu’une tragedie, dont les scenes bien liées entre elles seront froides. […] Dire simplement qu’il n’y a pas un grand merite à se faire aimer d’un homme qui devient amoureux facilement ; mais qu’il est beau de se faire aimer par un homme qui ne témoigna jamais de disposition à l’amour, ce seroit dire une verité commune et qui ne s’attireroit pas beaucoup d’attention. […] D’ailleurs leurs incidens qui font la plus belle partie de notre histoire doivent attacher davantage la nation françoise que des évenemens arrivez depuis long-tems dans l’Espagne et dans l’égypte.
Nous lui devons les plus belles études qui aient été publiées de notre temps sur les grands auteurs classiques des dix-huitième et dix-neuvième siècles, à tous les points de vue, son opinion m’était donc précieuse. […] Faguet, ce sont précisément les grands écrivains qui, je ne dis pas toujours, mais assez souvent, n’ont pas besoin de se corriger et perdent à se corriger. » J’ai beau chercher, je l’avoue, je ne vois pas quels sont ces grands écrivains. […] il y a bel et bien une conclusion ; seulement cette conclusion, M.
Cet enfant de vingt-trois ans et cette jeune femme sont admirables en ce que jamais, au cours du débat qu’ils ont institué sur la voie à suivre pour créer à l’un d’eux une belle vie de culture, ils n’acceptent le point de vue des avantages mondains. […] Je vous dis que Stendhal, lors de son premier voyage d’Italie, avait cette belle fringale-là. […] Au séminaire il a connu les premières ivresses cérébrales dont est tout soulevé le beau livre qu’il écrivit peu après sur l’Avenir de la Science.
De la gerce, et de la belle ! […] J’en ai vu de belles d’ici. […] Cette langue est très belle. […] je suis beau ! […] et les beaux noms !
Et tous deux (mais peut-être n’eût-il pas été mauvais de nous convaincre davantage de la grandeur de leur amour mutuel) pouvaient avoir de beaux déchirements — et de beaux cris. […] Le bel officier propose à Lia un tour de valse. […] Mais j’aurai beau dire, ils ne m’absoudront point. […] Et cette expression, je l’aime mieux subtile et belle que sommaire et ravalée : voilà tout. […] La bile ardente et le beau style passionné de M.
Cela ne peut donc pas être une œuvre sans intérêt, mais il ne semble pas (j’en ai vu de belles reproductions) que cela soit une œuvre pleine de charmes. […] Comme elle était fort jolie, on lui trouva l’air inspiré dès qu’elle chanta et sa poésie passa d’abord pour aussi belle que ses beaux cheveux blonds. […] Ce sera très beau si les architectes consentent à n’y mettre que tout juste la quantité de faux luxe qui permettra de ne pas y louer plus cher que dans les autres. […] Notre pays est si beau qu’il m’a pris un ardent désir de le connaître. Libre, je voyagerai un peu. » Quelle belle occasion de sarcasme pour ceux qui aiment se répandre en sarcasmes.
On y trouve d’assez beaux vers sur la lune ; ils n’égalent pourtant pas le superbe morceau de Lemière, et quelquefois ils le rappellent. […] Actuellement encore, les trois règnes de la nature sont l’objet des travaux d’un poète, et l’on peut compter sur un bel ouvrage ; car le sujet est admirable, et le poète est M.
Dans La Belle au bois dormant, le poète récrit en fort jolis vers le vieux conte féerique allégorisant sous ces personnages de fiction naïve l’amour et la vie dans leur beauté simple. […] Ce sont des poèmes hautains et mélancoliques, d’une rare harmonie linéaire et symétrique, non sans parenté avec les belles ordonnances où se comptait maintenant M.
Claudius Popelin n’avait pas sur les signes une bien décisive autorité, mais il était poète ; seul, il prouverait le beau sonnet d’une si pure forme classique : La très sévère loi du flux et du reflux S’impose inéluctable, et le lierre s’enroule Aux colonnes….. […] Pierre de Bouchaud Somme toute, c’est l’artiste qui a dominé chez lui et lui a dicté ses moindres pensées, en poésie, où les mots : gloire, patrie, amour, bonheur, souffrance (toute la vie), reviennent sans cesse sous sa plume, sauvés de la vulgarité par le charme d’une langue nerveuse, colorée, et par de beaux élans d’enthousiasme, transformés par la magie d’un talent sensitif, fécond, impressionnable, précisément parce qu’il provient d’une nature artiste, revêtus enfin du majestueux vêtement d’un style imagé, toujours respectueux de la forme.
mais sa tête pâle, souffrante, ses yeux enfoncés et inquiets, sa bouche tourmentée, son grand front plein d’orages montrent clairement que. riche, heureux enfin, maître de son succès et de son art, propriétaire d’un beau château et d’un nom qui voltige sur les bouches des hommes, roi absolu du théâtre du Gymnase et du théâtre du Vaudeville, assez affermi dans sa tyrannie légitime pour pouvoir ne faire qu’une bouchée d’Edgard Poe et de Cervantès, et pour contraindre les poètes morts à lui gagner les droits d’auteur, — il ressent encore les souffrances passées du temps où les directeurs de spectacles, aujourd’hui ses esclaves ! […] Il semble qu’il soit sorti meurtri de sa lutte avec cette pieuvre énorme et horrible appelée le Travail littéraire, et ses beaux cheveux sont de ceux qui consolent les gens chauves d’être chauves, car on voit que cette noire, lourde, charmante et fabuleuse chevelure le dévore !
Nous n’avons sçu que trop souvent Tout ce que peut un beau visage ; Mais par un tel apprentissage, Notre cœur, devenu savant, En est aussi devenu sage. […] Lalane avoit épousé Marie Galtelle des Roches, qui, selon lui, étoit une des plus belles femmes de son temps.
Il lui adressa un jour ces beaux Vers que nous allons copier, pour le plaisir de ceux qui ne les connoissent pas, & même pour celui de ceux qui les connoissent. […] Je contenterai son désir Par le beau récit de ta vie, Et charmerai le déplaisir Qui lui fit maudire Pavie.
M. de Voltaire a beau soutenir qu'il n'en est pas l'Auteur, on lui a si souvent répondu par des preuves irrécusables, que cet Ecrivain est le seul qui ait attaqué cette vérité. […] Au milieu des applaudissemens qu'elle eut d'abord, tantôt il se levoit & s'élançoit hors de sa loge, pour se montrer à l'assemblée, tantôt il imposoit silence, pour fixer l'attention sur les endroits qu'il jugeoit les plus beaux.
La figure symbolique de la ville est simple, bien drapée, bien noble, d’un beau caractère, bien disposée ; mais elle est du siècle de Jules Caesar ou de Julien. […] En vérité la figure symbolique de la capitale est une belle figure.
M. de Rivière autorisa son jeune secrétaire à passer par l’île de Milo pour y négocier l’acquisition de ce beau morceau de marbre appelé depuis la Vénus de Milo. […] Ce beau et pénible travail ne pouvait servir que quelques curieux de l’Académie des inscriptions. […] M. de Marcellus a vingt ans, et il vogue à travers les illusions de la vie dans cet archipel des plus beaux songes de l’homme ! […] Je la trouvai belle, et je lui aurais donné quarante ans. […] Vous avez beau faire, fort heureusement pour vous, vous ne ressemblerez jamais à vos voisins.
Cette singulière beauté du théâtre ne se forme que lentement : c’est le dernier, c’est peut-être le plus beau développement littéraire d’une grande nation. […] Oserai-je la comparer au premier épanouissement d’une fleur, plus belle quand elle s’est ouverte tout entière, plus charmante quand elle vient de s’entrouvrir ? […] Il imagine un lutin qui lui inspirait ses beaux endroits et l’abandonnait dans les mauvais. […] Son séjour presque continuel à Rouen, loin de la cour, expliquerait tout au plus les locutions provinciales qui gâtent son beau langage. […] Ne cherchez pas une autre cause de l’incertitude et des obscurités soudaines de la langue de Corneille, après cette lumière, cette force, cette netteté, ce feu divin des belles scènes.
A leurs pieds la vieille ville de Bayreuth et, au loin, la belle campagne verte que ferment sur l’horizon les chaînes du Sophienberg. […] Les soirées sont belles, à cette saison, en ce facile pays de Bavière ; sur l’instant, des excursions s’organisent. […] à part quelques belles pages dont il serait injuste de nier la haute valeur, je n’ai rencontré que désillusion et qu’ennui ». […] Une belle réminiscence se trouve dans le Paradis et la Péri de Schumann (1843) où, interrompant par moments le chœur léger et scintillant des Génies du Nil, la mélodie plaintive (en mineur) de la première romance de la Péri est ramenée à deux reprises, en majeur. […] que Venise est belle … » Du reste, l’emploi de la « réminiscence », est assez, fréquent dans l’Opéra-Comique français eu général.
Il est des infortunes qui sont plus belles que des victoires. […] Or, si c’est beau de lasser la langue de la Renommée, lasser celle de la Critique est un peu moins beau. […] C’est la maternité, en effet, qui est le sujet du roman que Victor Hugo a inventé pour le mêler à cet autre et beau sujet d’histoire qu’il a si vaillamment abordé dans son Quatre-vingt-treize. […] C’est de la maternité aussi grossièrement, aussi païennement entendue, que ce poète, qui fut chrétien, qui a été élevé par une mère chrétienne, qui doit avoir, puisqu’il est poète, l’instinct du beau pour vibrer aux grandes et belles choses et à la maternité chrétienne telle qu’on la trouve souvent dans l’Histoire, c’est de cette espèce de maternité physiologique, incomplète et basse, qu’il a cru pouvoir faire sortir une palpitante et idéale tragédie ! […] il y a plus beau dans la réalité et dans l’Histoire, et l’aveugle artiste, plus aveugle qu’Homère, ne s’en souvient donc pas !
» De même que l’Angleterre religieuse se partagea, un beau jour, en conformistes et en non-conformistes, la France artistique et littéraire allait se diviser en sincères et en non-sincères. […] Où a-t-elle bien pu prendre cette belle carnation, cette richesse de formes, ces chairs éblouissantes et cette exubérance de santé ? […] Il choisit ses producteurs parmi les plus beaux spécimens du troupeau il en connaît toute l’ascendance et il obtient, par cette sélection, les résultats désirés. […] Pour ce bel emploi, il ne montre aucune répugnance. […] Non, je ne me sens pas le génie d’écrire le Cid, le Tartufe, les Châtiments, Don Juan, etc., etc., mais j’ai le sens du beau et du bien.
Le langage le plus expressif, le plus bel en pathétique, c’est le parler universel. […] cette belle parole qui surgit, impromptue à nos lèvres comme une étoile au crépuscule ! […] Si l’on partage sa conception, un homme n’est beau que s’il se différencie des autres par quelque qualité extraordinaire. […] Et c’est le gage de leur destinée. » Ces pensées sont belles d’une forte intuition cosmique et d’une lumineuse évidence La mission des poètes est donc de chanter, comme à d’autres sont dévolues des fonctions aussi belles, mais différentes. […] Il fit des vers comme le poirier des poires, ce mot impérissable est d’Émile Zola et il n’est point de plus belle, de plus simple, de plus admirable louange.
Le critique s’exprime ainsi : « Parmi ces beaux livres, il y en a d’abord deux ou trois, dont nous sommes un peu étonnés d’avoir à parler dans le temps des étrennes, tel est le volume de MM. […] Et vous marchiez de surprise en surprise, de tentation en tentation, précédé de Mme Vidalenc, au pas, ne faisant pas de bruit, à la robe d’Auvergnate, mais au bonnet garni de vieilles dentelles jaunes, si belles, si belles, que chaque fois que la princesse Mathilde les voyait, elle voulait les acheter. […] Il cherchait une carrière qui lui permît de gagner quelque argent, en faisant deux heures de peinture par jour ; et il la trouvait cette carrière, à la suite d’une audition au théâtre, où on lui trouvait une belle voix et un sentiment musical, qui le faisaient engager. […] Il rencontre, il y a un mois, Céard, et lui dit : « Je suis en train de lire le Journal des Goncourt, dont il m’a envoyé un exemplaire sur papier du Japon… sur ce beau papier lisse… c’est une jouissance pour moi, comme si je le lisais sur des cuisses de femmes. » Dîner avec Zola chez les Charpentier. […] Malgré qu’il se défende d’être acteur comique, d’être homme à belle prestance, je l’ai décidé à prendre le rôle du comte, le rôle de soutènement de la pièce.
On a redonné hier Judith, qui, je crois, a été mieux : madame de Girardin prend très-bravement et spirituellement ce demi-succès… Soyons juste, même en étant sévère : il y a de beaux vers, n’est-ce pas ? […] Je suis plus indulgent que l’autre fois ; c’est que je l’ai vue, elle, hier, et qu’elle est toujours belle et spirituelle.
Le beau Rapport de M. de Broglie a été lu avidement malgré sa longueur, et il a excité des mécontentements en sens inverse malgré son impartialité : malgré ou à cause, et c’est bon signe que cette plainte à la fois des purs universitaires et des ultra-cléricaux. […] Cousin (son air d’oraison funèbre à part) est un très-beau morceau, très-instructif, une belle page de l’histoire de l’Université en France : en face de l’invective croissante, M.
Jules Lemaître L’Illusion est vraiment un fort beau livre, plein de tristesse et de sérénité. […] On voit assez que l’œuvre de Jean Lahor, de l’épicurisme nous ramenant au stoïcisme par le grand et beau détour de la contemplation désintéressée, est, quoi qu’on en puisse penser au point de vue de la dialectique rigoureuse, un très grand et très séduisant voyage, fécond en fortes pensées, et du reste d’une majestueuse pensée… Je quitte à regret le recueil de Jean Lahor.
Pareils à des oiseaux délivrés, vos beaux vers, Emporteront, au vol de leurs rythmes ouverts, Plus haut, toujours plus haut, la chanson du poète ! […] Même quand il chante en beaux vers dans la Lyre d’airain la patrie vaincue, il s’abstient de tout cri désordonné, de tout ce qui pourrait blesser l’oreille sensible d’un homme de goût.
La part qu’il avait prise au beau poème de Napoléon en Égypte, et à celui du Fils de l’homme, lui avaient acquis toutes les sympathies des Bonaparte de Florence et de Rome. […] Que de vers il éparpilla sous ce beau ciel, que d’improvisations à chaque coin de cette terre bénie, où il semblait aller comme le féerique épagneul des contes de La Fontaine, qui court en secouant des pierreries !
Caractère chevaleresque, âme à la fois rêveuse et active, rien de ce qui est beau ne lui est indifférent. […] Laurent Pichat vient, parmi eux, de gagner sa place, — mais, il faut en convenir, Baudelaire, la mâle Ackermann, et, plus près de nous, Jean Richepin, l’auteur de la Chanson des gueux , Richepin qui rirait bien de Pichat avec sa religion du progrès, qui n’est que du christianisme déplacé, sont des blasphémateurs d’un autre poing montré au ciel et d’un autre calibre de passion impie que Pichat, l’égorgeur de songes, comme il s’appelle et le pleureur sur les légendes religieuses auxquelles il a cru, et que, du fond de sa stérile et vide raison, il a l’air de regretter encore… Quoique l’auteur des Réveils n’en ait, que je sache, jamais recommencé d’aussi beaux, il y en a pourtant d’autres qu’on lit après ceux-là et qui dénotent une puissance de variété singulière dans l’inspiration et dans l’originalité… C’est dans de tels vers et par de tels vers que Laurent Pichat, l’athée et le démocrate, reconquiert son blason de poète.
Une voix poétique s’élève des ruines qui couvrent la Grèce et l’Idumée, et crie de loin au voyageur : « Il n’est que deux belles sortes de noms et de souvenirs dans l’histoire, ceux des Israélites et des Pélasges. » Les douze livres que nous avons consacrés à ces recherches littéraires composent, comme nous l’avons dit, la seconde et la troisième partie de notre ouvrage, et séparent les six livres du dogme des six livres du culte. […] Sophocle et Euripide étaient sans doute de beaux génies ; mais ont-ils obtenu dans les siècles cette admiration, cette hauteur de renommée dont jouissent si justement Homère et Virgile ?
L’enfant qui recueille sur des tablettes les dernières paroles de Socrate me paraît très beau et de caractère, et de couleur, et de simplicité, et de lumière. […] S’il se soutient de près, nous nous écrierons tous : Comment est-il arrivé à Challe de faire une belle chose [?]
La façade de ces arcades et toute la partie antérieure sont dans la demi-teinte ; on a fait d’une pierre deux coups : on s’est ménagé des effets de lumières par le dessous des arcades, et l’on a masqué l’unique défaut d’un des plus beaux morceaux d’architecture qu’il y ait au monde. […] la Magdeleine , belle perspective, lumière bien dégradée, grande précision.
Voilà pourquoi on l’accuse de ne pas avoir de caractère ; cela est vrai ; mais cela est bien plus beau, car elle en a plusieurs. […] Ce don du bon sens, du bon goût et de l’universalité est assez beau pour qu’on s’en contente. […] Le sérieux en tout fait partie du beau. […] Les vêtements voilent les formes ; en style comme en sculpture, il n’y a de beau que la nudité. […] C’est là que je vous verrai plus triomphant qu’à Fribourg et à Rocroi ; et, ravi d’un si beau triomphe, je dirai en action de grâces ces belles paroles du bien-aimé disciple : Et hæc est victoria quæ vincit mundum, fides nostra (la victoire, celle qui met sous nos pieds le monde entier, c’est notre foi).
De la porte de notre cabane, nous avions une des plus belles vues du monde : à notre gauche, mais fort au-dessous de nous, le cap Oropeza élevait dans les airs ses aiguilles qui servent de signaux aux navigateurs ; derrière nous, en se prolongeant dans l’ouest, s’étendaient les chaînes de montagnes noirâtres qui, comme un rideau, abritent le royaume de Valence du côté nord et conservent à cet heureux climat la douce température dont il jouit. […] Quelquefois l’approche d’une belle nuit nous remplissait d’espoir ; mais cet espoir était toujours trompé. […] Arago, la petite colonie algérienne avait l’habitude de se rendre dans un enclos voisin du lazaret, ou était renfermée une très belle gazelle appartenant à M. […] La gazelle, couchée sur le flanc, levait tristement la tête ; ses beaux yeux (des yeux de gazelle !) […] Plein d’idées, capable d’invention, doué d’une promptitude ingénieuse et fine, tira-t-il de sa belle et puissante intelligence et de cette organisation si riche en semences secondes tout le parti qu’il aurait pu ?
Barneveld disait de lui, au sortir d’une conférence : « Je m’en vais toujours meilleur de quelque chose quand je parle à cet ambassadeur, et je ne sais ce que nous ferions sans lui. » — Et pour une marque certaine de l’estime auquel il était, nous dit Saumaise, témoin oculaire, c’est qu’il n’y a point de familles honnêtes ni de bonnes maisons en toutes ces provinces, où son portrait en leurs plus belles chambres ne servît d’ornement ; et, pour dire la vérité, cette figure est agréable à voir, car ce front élevé et cette grosse tête a je ne sais quoi de romain qui respire la liberté. […] On a sa belle et pathétique remontrance faite en l’assemblée des États-Généraux. […] Nervèze, une des belles plumes du temps, en fit le sujet d’une épître consolatoire adressée au père (1612). […] Il se préparait à aller jouir du repos en sa maison de Montjeu près d’Autun, et d’où l’on a une des plus belles vues sur la ville et le pays, lorsqu’il mourut à Paris, le 31 octobre 1622. disent toutes les biographies ; cependant, comme il y a des lettres de lui qu’on présente comme datées des deux premiers mois de 1623, j’incline à croire que la vraie date de sa mort est des derniers jours de février ou peut-être de mars de cette même année. […] Et quelle plus belle image que celle du président Jeannin, de ce vieillard, comme on l’a dit, « si nécessaire au public, exercé par tant de rois, blanchi sous Henri le Grand, usé sous Louis le Juste », et qui nous apparaît jusqu’à la fin courbé, mais ferme, sous le fardeau des choses de l’État !
Et c’est par tous ces caractères qu’il est unique pour nous, et que, quel que soit l’emploi de sa parole, il reste le modèle de l’éloquence la plus haute et de la plus belle langue. […] Son enfance et son adolescence sont ainsi régulières, pures, et toutes dirigées dans l’avenue du temple : On ne voit pas trace d’un défaut dans son enfance ou d’une légèreté dans sa jeunesse, a dit M. de Lamartine ; il semblait échapper sans lutte aux fragilités de la nature, et n’avoir d’autre passion que le beau et le bien (et le vrai). […] les belles paroles et bien dignes de mon Sauveur ! […] Et sans refuser la louange que méritent certains traits ingénieux et fins de ce portrait, je me permettrai de demander plus sérieusement : Est-il convenable, est-il bienséant de peindre ainsi Bossuet enfant, de caresser ainsi du pinceau, comme on ferait d’une danseuse grecque ou d’un bel enfant de l’aristocratie anglaise, celui qui ne cessa de grandir à l’ombre du temple, cet adolescent sérieux qui promettait le grand homme simple, tout esprit et toute parole ? […] Allez plutôt voir au Louvre son buste par Coysevox : noble tête, beau port, fierté sans jactance, front haut et plein, siège de pensée et de majesté ; la bouche singulièrement agréable en effet, fine, parlante même lorsqu’elle est au repos ; le profil droit et des plus distingués : en tout une expression de feu, d’intelligence et de bonté, la figure la plus digne de l’homme, selon qu’il est fait pour parler à son semblable et pour regarder les cieux.
Thiers, c’est moins la conclusion qui m’importe que le chemin lui-même et les éléments dont il se compose : il a établi, grâce aux matériaux qu’il avait en main et au soin qu’il y a mis, la plus belle route et, si j’ose dire, le plus beau pavé de l’histoire qu’on ait jamais vu. […] Il a fait quelque part une très belle analyse des explications que demande et que donne l’empereur Alexandre, à M. de Caulaincourt au moment du refroidissement avec la France. […] Si je ne savais combien il aime Raphaël, je ne verrais pas trop ce que vient faire Raphaël en cet endroit : Voulait-il peindre une Vierge, ce beau génie, dit-il, cherchait dans les trésors de son imagination les traits les plus purs qu’il eût rencontrés, les épurait encore, y ajoutait sa grâce propre, qu’il puisait dans son âme, et créait l’une de ces têtes ravissantes qu’on n’oublie plus quand on les a vues. […] Dans la figure d’un vieux prince de l’Église, au nez rouge et boursouflé, au visage sensuel, aux yeux petits mais perçants, il n’apercevait rien de laid ou de repoussant, cherchait la nature, l’admirait dans sa réalité, se gardait d’y rien changer, et n’y mettait du sien que la correction du dessin, la vérité de la couleur, l’entente de la lumière, et ces mérites, il les trouvait dans la nature bien observée, car dans la laideur même elle est toujours correcte de dessin, belle de couleur, saisissante de lumière.
Même pour les plus honnêtes gens, la politique n’est pas une œuvre de saints ; elle a des nécessités, des obscurités que, bon gré, mal gré, on accepte en les subissant ; elle suscite des passions, elle amène des occasions de complaisance pour soi-même auxquelles nul, je crois, s’il sonde bien son âme après l’épreuve, n’est sûr d’avoir complètement échappé ; et quiconque n’est pas décidé à porter sans trouble le poids de ces complications et de ces imperfections inhérentes à la vie publique la plus droite fera bien de se renfermer dans la via privée et dans la spéculation pure. » Quoi qu’il en soit, on vit là un de ces beaux duels où l’appétit des ambitions et la passion du jeu firent taire la prudence. […] : faute assez rare de nos jours, et que, pour dire vrai, je me pardonne en la reconnaissant. » Ainsi il conclut en disant comme le poète : Pour en blâmer l’effet, la cause en est trop belle ; et il se console. […] J’ai noté cependant une belle et bonne page (tome II, p. 105), dans laquelle il caractérise ses premiers débuts à la tribune et nous fait part de ses hésitations, de sa prudence sur ce terrain tout nouveau ; car il était d’abord professeur plutôt qu’orateur politique, ce qui est fort différent. […] Il nous doit là-dessus un beau chapitre de rhétorique française, un chapitre tout neuf et qu’aucun orateur politique n’a encore effleuré. […] » Le portrait de Lamartine que le peintre se figure « comme un bel arbre couvert de fleurs, sans fruits qui mûrissent et sans racines qui tiennent », est de toute beauté et de toute vérité dans son indulgence.
il y a toujours de l’Opéra dans tout ce que font les Français, même ceux qui se piquent de réel ; il y a la décoration, et aussi les coulasses ; du solennel, et un peu de libertin. » Nous venons de voir le solennel dans tout son beau et son radieux. […] Il songeait à la senteur des pâturages par les matins d’automne, à des flocons de neige, aux beuglements des aurochs perdus dans le brouillard, et, fermant ses paupières, il croyait apercevoir les feux des longues cabanes, couvertes de paille, trembler sur les marais, au fond des bois. » C’est la contrepartie et comme la revanche de ce beau passage des Martyrs ou l’on voit le Grec Eudore, dans le camp romain, à la lisière de la Gaule et de la Germanie, regretter les paysages éclatants de la Grèce et s’ennuyer sous « ce ciel sans lumière, qui semble vous écraser sous sa voûte abaissée. […] Car c’est dommage que de si beaux effets de talent (et il y en a en mainte et mainte page) soient comme perdus dans une œuvre ardue que toute cette application de détail ne saurait animer. […] Mais ils ont beau renfermer des couloirs, des portes masquées, des surprises sans nombre, comme il paraît qu’on en rencontre dans les sépulcres des rois à Jérusalem, l’architecture, même avec tous ses dédales, ne saurait être un ressort de roman ni de poème. […] Je me lasse insensiblement de cette analyse, et sans doute le lecteur aussi, d’autant plus que je n’y peux mettre les traits de talent et d’érudition originale ou bizarre que l’auteur y sème à chaque pas ; car tout ce livre est pavé, non-seulement de belles intentions, mais de cailloux de toute couleur et de pierres précieuses.
Or, il est arrivé ce qui s’est vu en bien des cas : c’est que ce qu’on avait tant réclamé, du moment qu’on l’obtenait, est devenu moins agréable à quelques-uns ; au lieu de remercier, ou du moins d’attendre et d’écouter, on s’est remis à discuter de plus belle. […] Mon vieux guide voulut en vain me détromper ; sous cette impression de plus en plus vive, puisque j’en venais, dans mon imagination, à croire que tels panneaux de vitraux produisaient des sons graves, tels autres des sons aigus, je fus saisi d’une si belle terreur qu’il fallut me faire sortir… » J’en conclus seulement que M. […] Il est visible qu’ils n’étudiaient pas ces parties importantes de l’architecture en géométral, mais qu’ils se rendaient un compte très exact et très fin de l’effet perspectif ; c’était véritablement en artistes qu’ils combinaient ces effets… Ces calculs de l’homme doué d’un sentiment juste et délicat de la forme n’entrent pas dans le cerveau du Romain… » Ce n’est certes pas déprécier ces grandes et belles architectures anciennes en vue de celle du Moyen-Âge, que de les différencier ainsi. […] Viollet-Le-Duc, en citant sur les monuments d’Athènes à la plus belle époque une page de Plutarque qui m’a toujours semblé des plus heureuses, et que je demande à offrir ici dans l’entière vérité d’une traduction plus exacte qu’on ne se les permet d’ordinaire. […] Prenant pour exemple, sur l’Acropole même d’Athènes, l’Erechtheïum, « ce groupe de trois temples ou salles dont deux se commandent, avec trois portiques à des niveaux différents », se replaçant en idée dans ce bel âge de la Grèce, il suppose que le monument terminé, au moment où l’échafaud disparaît et où l’effet d’ensemble se révèle, un mécontent, un critique sort de la foule et accuse publiquement l’architecte d’avoir violé les règles au gré de sa fantaisie ; et l’artiste alors, heureux d’avoir à s’expliquer devant un peuple véritablement artiste et qui saura le comprendre, réfute agréablement son contradicteur, non sans flatter un peu son auditoire : « Celui qui vient de parler si légèrement, Athéniens, est probablement un étranger, puisqu’il est nécessaire de lui expliquer les principes d’un art dans l’exercice duquel vous dépassez les autres peuples.
Cervantes nous dit nettement et clairement ce qu’il a voulu ; son livre (il nous explique pourquoi dans la Préface) n’a pas besoin, pour paraître au jour, de tout l’appareil de sonnets laudatifs et de témoignages pompeux qui s’étalent en tête des écrits du temps ; il n’a besoin non plus, chemin faisant, d’aucun attirail d’érudition sacrée ou profane, et il peut se passer de ces notes et commentaires de toutes sortes qui encombrent d’ordinaire les marges ou qui chargent la fin des volumes, et qui produisent de si belles listes d’auteurs cités. […] G. de Lavigne a beau vouloir discuter et diminuer l’injure, la mauvaise plaisanterie ou l’allusion (comme il voudra l’appeler), elle a été proférée et elle reste écrite. […] » Est-ce qu’on parle ainsi des beaux génies et des grandes intelligences ? […] Je ne sais si je vais par trop le dégrader, mais, lui-même, il n’était qu’un homme du plus aimable génie, de la plus fertile imagination et de la plus belle humeur, dont les heureuses qualités ont jailli jusqu’à la fin, comme par un miracle de nature, du sein de la pauvreté extrême et de l’infortune. […] J’ai beau y revenir après eux, le relire et l’ouvrir vingt fois au hasard, il m’est impossible de trouver en Cervantes rien de l’amertume d’Alceste dans Molière, rien encore moins (cela va sans dire) de l’ironie de Voltaire dans Candide, ni même de cette ironie fine et diffuse de Le Sage, car l’auteur de Turcaret perce parfois dans Gil Blas.
On partait chaque printemps ; chaque fleur de génération, chaque élite nouvelle s’envolait à son tour à travers le monde et par les vastes espaces de la terre habitable, comme disait Homère : on allait tout droit devant soi, au hasard, à la découverte, selon les versants et les pentes, à la rencontre d’un meilleur climat, d’un plus beau soleil, en quête des terres fécondes, des moissons et des vignes là où il y en avait ; on avait pour droit sa passion, sa jeunesse, l’impossibilité de vivre où l’on était, — le droit du plus jeune, du plus fort, du plus sobre, sur les races voluptueuses et amollies. […] L’idée personnelle de gloire chez les souverains comme Louis XIV dénatura bientôt ce qu’il y avait eu de légitime et d’équitable dans la pensée d’un Richelieu : ce règne superbe eut pourtant l’honneur d’offrir l’exemple du plus beau talent et de la plus haute vertu militaire dans Turenne. […] Les premières guerres de la Révolution, nées d’un sublime élan, enfantées des entrailles du sol pour le défendre, pour repousser l’agression des rois, nous reportèrent un moment aux beaux jours de l’héroïsme antique ; elles dégénérèrent vite, même en se perfectionnant, mais aussi en s’agrandissant outre mesure au gré du génie et de l’ambition du plus prodigieux comme du plus immodéré capitaine des temps modernes. […] Jomini eut beau dire qu’il ne prétendait nullement en remontrer aux grands capitaines, mais simplement les expliquer et les démontrer ; on lui tourna le dos. […] La satisfaction dut être grande pour Jomini ; il était dès sa première campagne au comble de ses vœux : lui, l’homme de la science, le théoricien enthousiaste du grand art, il se voyait du premier coup initié dans le secret et l’exécution d’une des plus belles manœuvres que le génie militaire pût concevoir ; il lui était donné d’y assister, d’en toucher pour sa part et d’en faire mouvoir quelques-uns des principaux ressorts ; mais le rôle n’était pas facile et impliquait à chaque instant bien des délicatesses.
Nos aïeux, du treizième au seizième siècle, avaient été les premiers à dépenser dans ce genre de facéties leur malice et leur belle humeur. […] Ce serait un beau secret. […] Mais quand tout vous rit, et que le monde est bien infatué de vos richesses, il faut prendre à toute main l’argent qu’on vous offre, faire grande dépense à l’ordinaire ; et puis un beau matin, après avoir mis tous vos meilleurs effets dans une cassette, déloger à petit bruit, et donner ordre à votre portier de dire à tout le monde qu’on ne sait où vous êtes allé. […] Du beau sexe ils sont tous chéris, Sans combattre ils chantent victoire ; Heureux les bourgeois de Paris ! […] On irait là les examiner, on les mettrait au pas, à l’entre-pas, on les ferait trotter, galoper, et, sans s’amuser à la belle encolure qui souvent attrape les sottes, on ne prendrait que ceux qui ont bon pied, bon œil, et dont on pourrait tirer un bon service.
J’aurais grand besoin cette fois qu’un moraliste fin, discret, adroit et prudent, un Addison, me prêtât son pinceau sans mollesse et sans amertume : car c’est d’un mal moral que je voudrais traiter, et d’un mal présent ; j’ai en vue de décrire la maladie d’une partie notable de la société française (de la fleur et non pas du fond de cette société), et, en la décrivant au naturel, de faire sentir à de belles et fines intelligences qu’elles ont tort de loger et d’entretenir si soigneusement en elles un hôte malin qui, à la longue, est de nature à porter atteinte à la santé même de l’esprit. […] Il s’est donc déclaré aussitôt, dans une partie de cette belle société à la fois outrée et rassurée, une disposition frondeuse, railleuse, qui se manifeste de mille manières ironiques depuis longtemps tombées en désuétude, par des journaux à la main, par des bulletins publiés à l’étranger, par des couplets à la Maurepas, que sais-je ? […] Si dans les hommes irrités dont je parle, il en est qui aient gardé le culte des purs sentiments libéraux, de la vieille liberté entendue comme en 89 ou en 1819, qui aient aimé cette liberté de la même manière avant et pendant le pouvoir, qui n’aient jamais senti, alors qu’ils étaient les maîtres, qu’il fallait faire fléchir les principes eux-mêmes devant les nécessités publiques et les périls imminents, s’il est de tels hommes qui aient conservé chastement en eux ce premier idéal de la nature humaine et de la nature française gouvernable, à ceux-là je leur accorde tout ; de tels modèles sont beaux de temps en temps à contempler à distance dans l’histoire. […] La plus belle disgrâce ministérielle que l’on puisse citer est celle du duc de Choiseul à Chanteloup ; elle fut triomphante d’abord comme une faveur ; l’idée de popularité commençait à naître. […] Un esprit bien fait, qui saura ces choses, et qui y joindra assez de latin pour goûter seulement Virgile, Horace et Tacite (je ne prends que ces trois-là), vaudra tout autant pour la société actuelle et prochaine que des esprits qui ne sauraient rien que par les livres, par les auteurs, et qui ne communiqueraient avec les choses réelles que par de belles citations littéraires.
On pourrait citer des morceaux très travaillés et d’un gracieux effet, tels que celui qu’on lit dans son introduction sur l’antique mythologie : « Tous les matins ; une jeune déesse, etc… » ; et aussi la peinture célèbre du printemps de Délos : « Dans l’heureux climat que j’habite, le printemps est comme l’aurore d’un beau jour… » (Chap. […] Il semble qu’il faille que tout talent, tout génie nouveau entre ainsi dans les sujets l’épée à la main, comme Renaud dans la forêt enchantée, et qu’il doive frapper hardiment jusqu’à ce qu’il ait rompu le charme : la conquête du vrai et du beau est à ce prix. […] On a beau reproduire textuellement la note du passé, le sens littéral n’est pas le sens profond ; celui-ci échappe si le génie ne le retrouve pas, et il ne l’obtient souvent qu’en l’arrachant : les âges d’autrefois, en s’éloignant de nous et en retombant dans leur immobilité, deviennent des sphinx ; il faut les forcer à rendre leur secret. […] Et après quelque retour de pensée sur la manière dont le christianisme, lui aussi, savait placer et asseoir ses vrais monuments, ses antiques abbayes, au fond des bois ou sur la cime des montagnes : Je faisais ces réflexions à la vue des débris du temple de Sunium… Je découvrais au loin la mer de l’Archipel avec toutes ses îles ; le soleil couchant rougissait les côtes de Zéa et les quatorze belles colonnes de marbre blanc au pied desquelles je m’étais assis. […] … » Ici Barthélemy a beau mettre une note pour citer son auteur, ce mot de singe, prononcé tout d’abord et dès l’exorde, en un tel lieu et dans un tel ordre d’idées, détonne et jure.
Un honnête spectacle est la plus belle éducation qu’on puisse donner à la jeunesse, le plus noble délassement du travail, la meilleure instruction pour tous les ordres de citoyens ; c’est presque la seule manière d’assembler les hommes sociables. […] C’est encore un grand secret de l’art, quand un morceau plein d’éloquence ou un beau développement servent, non seulement à passionner la scène où ils se trouvent, mais encore à préparer le dénouement ou quelque incident terrible. […] Ce discours du vieil Horace, dit Voltaire, est plein d’un art d’autant plus beau qu’il ne paraît pas : on ne voit que la hauteur d’un Romain et la chaleur d’un vieillard qui préfère l’honneur à la nature ; mais cela même prépare le désespoir que montre le vieil Horace dans la scène suivante, lorsqu’il croit que son troisième fils s’est enfui. […] Il y a certains sujets très beaux, mais d’une difficulté presque insurmontable, parce que leur beauté même tient à quelque défaut de vraisemblance qu’on ne peut éviter : c’est alors que le génie développe toutes ses ressources. […] La tragédie partage avec l’épopée la grandeur et l’importance de l’action, et n’en diffère que par le dramatique seulement ; elle imite le beau, le grand ; la comédie imite le ridicule ; l’une élève l’âme et forme le cœur, l’autre polit les mœurs et corrige les dehors.
Ces messieurs (qui s’étaient couchés sans doute un peu en gaieté) se réveillèrent un beau matin avec serment d’exterminer tout homme de lettres ne pouvant justifier d’un diplôme de licencié : Francisque, le plus osé des deux, se réserva de tomber le romantisme, tandis qu’Edmond retroussait en riant ses manches pour assommer ses anciens amis du Figaro. — Journalistes et romantiques, poètes et polémistes, qui vaquaient sans défiance à leur besogne littéraire, sont assaillis pêle-mêle… Victor Hugo et Villemessant, Th. de Banville et Monselet, tous reçoivent sur la tête le buste de Voltaire. — Ils se contentent d’abord de s’étonner, puis finissent par se fâcher sérieusement. […] Tu auras beau monter sur des échasses aussi hautes que celles de Maître Pierre, et proclamer de là ton dévouement aux intérêts des nationalités opprimées ; tu feras en même temps quelque cabriole grotesque, et personne ne te croira. […] Il avait, dans sa jeunesse, tourné assez gentiment le madrigal à la Boufflers et collaboré à la Guerre des dieux du chevalier de Parny. — On assure qu’il fit plus d’un acrostiche mythologique sur les beaux yeux de madame Tallien, et que le Mercure de France fut, à une époque, tout fleuri de ses bouquets à Chloris. […] Voilà qu’un beau jour tout changea d’une façon inattendue : voyant qu’on regimbait à rentrer dans l’ordre ancien et que la littérature vagabondait obstinément loin des principes si longtemps frayés, le chevalier du madrigal, le cérémonieux émigré de Coblentz, se mit en colère. […] La Tempête et Comme il vous plaira l’échappent belle !
« Puisse, dit-il, cette admirable place conserver sa grandeur si chèrement achetée et nul bâtiment transversal ne gâter la belle harmonie du Louvre et des Tuileries ! […] Cet amour des textes et ce goût du détail appliqués à la critique littéraire ont produit deux œuvres fort belles, la restitution des Pensées de Pascal et le Commentaire du Vicaire savoyard. […] La philologie est un souterrain obscur, étroit, sans fond, où l’on rampe au lieu de marcher, si éloigné de l’air et de la lumière, qu’on y oublie l’air et la lumière, et qu’on finit par trouver belle et naturelle la clarté fumeuse de la triste lampe qu’on traîne accrochée après soi. […] D’autre part, la prédication est le plus bel emploi de l’éloquence. […] Un jour, par hasard, Mme de Longueville vint écouter son sermon ; la belle pénitente pleura, et tout le monde confessa que le prédicateur s’était surpassé.
Le rôle est beau, étrange, hasardeux ; il est fait pour enlever un jeune et noble cœur. […] c’est la belle cocarde. […] Sur Dumouriez, du reste, il écrit de belles et judicieuses pages. […] Sans craindre d’abonder moi-même, je veux citer en entier la belle lettre de janvier 1808, à M. de Maubourg, sur la mort de madame de La Fayette. […] C’étaient de beaux temps, après tout, si l’on ne se reporte qu’aux sentiments éprouvés, des temps où l’instinct de la lutte ne trompait pas.
Rejeté vers la politique, il écrivit un pamphlet whig, les Dissensions d’Athènes et de Rome, reçut de lord Halifax et des chefs du parti vingt belles promesses, et fut planté là. […] Ces gens-là n’auront pas assez d’esprit pour suivre une belle déduction ou pour entendre un principe abstrait. […] Suit une liste détaillée des belles actions à l’appui. « À la vérité, je n’ai pu les ranger convenablement, comme je l’aurais voulu. […] ils ne valent pas cette prise de tabac. — Voulez-vous donner à un gentilhomme une belle éducation ? […] Qu’est-ce que la beauté, puisque le plus beau corps regardé avec des yeux perçants paraît horrible ?
La jouissance en semble absente ; l’idée du beau n’y a point d’accès. […] Ils ont beau différer, tous deux travaillent à la même œuvre. […] Un si beau teint que le vôtre, comme cela le fera ressortir ! […] Du velours noir, belle comme vous l’êtes, avec ces yeux charmants, brillants comme un soleil d’avril à travers un nuage d’hiver ? […] Joseph est si beau qu’il est assailli par la servante, obligé de la prendre à bras-le-corps et de la déposer à la porte ; ils n’ont jamais le sou ; on veut les mener en prison.
Beau trait de Boursault envers Boileau. […] Il est probable que ses camarades et lui parcoururent ensuite le Midi jusqu’à la fin de la belle saison. […] La jambe en devient-elle Plus tortue, après tout, et la taille moins belle ? […] Il prit donc la poste un beau matin, et, oublieux de la foi jurée, se mit à courir sur la route de Douvres. […] Du reste, sa belle âme était faite pour comprendre celle de Molière, et tout porte à croire qu’il lui rendit toujours une complète justice.
Fontenelle a fait parler à ses bergers le beau langage de la ville. […] Marmier renferment la description des plus beaux sites du monde entier. […] C’est donc un double hommage qu’elles ont rendu au beau. Le beau moral est dans leurs conceptions élevées. Le beau matériel est dans leur style.
Je veux dire les qualités certaines, l’honnête tenue littéraire, l’émotion de bel aloi que dégagent ces pages où Goudeau a mis le meilleur de son beau talent de conteur.
La belle humeur et la gaîté ne font point défaut, assurément, dans ce recueil, mais quelques plaisanteries, comme celles sur Schopenhauer, ne sont-elles pas déjà bien démodées ? […] Sans doute, il n’a pas le lyrisme supérieur des grands poètes, l’éclat de Leconte de Lisle, la grâce pénétrante de Sully Prudhomme, la virtuosité de Richepin ; mais il circule sous ces strophes comme un air de belle humeur, de santé et de gaîté cavalière.
Paul Alexis Il s’aperçut un beau matin qu’en réunissant ses trois poèmes, il avait un volume de début, un volume de vers. […] À vingt ans, il est beau de prendre une telle décision, surtout avant d’avoir pu se débarrasser des imitations fatales.
Il nous faudrait des chefs qui nous éduquassent mieux, qui eussent donner l’essor à nos mouvements, qui laissassent aller nos saillies pour mettre les esprits dans l’habitude d’un mouvement noble et d’un feu qui les élèverait, et rétablirait le génie et le goût comme dans le beau siècle de Louis XIV, et peut-être mieux ; des chefs qui récompenseraient à propos et ne puniraient les Français que par la privation des grâces, seule façon de diriger les gens à talents. […] Ainsi, lui qui a écrit une si belle lettre sur ce champ de bataille où il est arrivé vers la fin, il n’a pas eu de près les honneurs de son attitude et du rôle où l’histoire aime de loin à le présenter. […] D’Argensen a écrit sur Cromwell de fortes pages où, en reconnaissant ses qualités, il s’attache à flétrir son hypocrisie, son machiavélisme, et ne peut se décider même à lui tenir compte des services rendus par lui à son pays : « Les hommes, dit-il, ne lui en avaient aucune obligation ; jamais homme n’a plus haï l’humanité et toute vertu gratuite. » À côté de ces pages moralement fort belles et qui méritent d’être lues telles qu’elles sont, il retombe dans des bonhomies de jugement. […] À propos de l’Histoire de Louis XI par Duclos, lequel aimait l’antithèse et le trait, et qui, en affectant la concision, copiait son ami le président de Montesquieu : Je lui ai dit une fois (à Duclos) que l’histoire n’était qu’une galerie meublée d’une étoffe simple et noble, avec de parfaitement beaux tableaux qui l’ornaient, mais avec choix et goût. […] C’est dans un endroit où lui-même il semble démentir la belle parole dite précédemment à son frère sur la valeur guerrière, qui était la seule vertu restée aux Français : L’on ne doit point aller à la guerre qu’on ne se sente une très grande résignation à perdre la vie en la postposant à l’ambition et à la gloire.
L’impossible aussi pour ceux qui de nos jours posent en principe qu’on ne sait pas écrire en français, et surtout de ces choses de morale et de société, depuis Louis XIV, ce serait de leur faire reconnaître que Senac de Meilhan est un moraliste et un écrivain des plus distingués, qui a de très grandes qualités, de belles parties, et plus que de la finesse, je veux dire de la largeur, de l’élévation, de l’essor. […] Le roman, qui est agréable, n’est que pour la forme ; tirons-en le fond, et quoique l’auteur, quand il l’écrivait, fût de quelques années plus âgé qu’en ses beaux jours d’éclat auprès du fauteuil de Mme de Créqui, soyons bien sûr qu’il avait déjà tous les mêmes jugements dans la tête et dans la conversation quand il désennuyait si bien la marquise. […] Maintenant nous connaissons M. de Meilhan par les parties les plus sérieuses et par les plus beaux jets de son esprit et de sa conversation. Mais si M. de Meilhan n’était autre que le président de Longueil, et lui seul purement et simplement, il serait trop beau, il serait trop grave, il serait trop sage ; il aurait un faux air de génie ; il n’aurait pas assez ce qu’a remarqué en lui M. […] Malgré moi tu m’apprends toutes sortes de hontes, moi qui connais tout ce qu’il y a de bon et de beau parmi les hommes. » Le vieux poète, imbu d’une philosophie naturellement païenne et voluptueuse, s’adresse à un jeune ami Cyrnus.
Quelle plus belle occasion pourtant de le connaître presque tout entier que la traduction de ses Œuvres, due à la plume élégante et consciencieuse de M. […] Il ne faut point séparer de cette Œuvre, désormais française, de Gœthe, l’exacte et belle traduction de Schiller par M. […] Un des beaux enfants d’Ottilie, la belle-fille de Gœthe, s’approcha du visiteur et le regarda avec de grands yeux. […] Au contraire, si le poëte porte chaque jour sa pensée sur le présent, s’il traite immédiatement, et quand l’impression est toute fraîche, le sujet qui est venu s’offrir à lui, alors ce qu’il fera sera toujours bon, et si par hasard il n’a pas réussi, il n’y a rien de perdu. » Et Gœthe se mit à citer des exemples de poëtes allemands contemporains qui se sont attelés à un grand ouvrage et qui, sauf quelques beaux endroits, ont manqué d’haleine et de force pour l’ensemble. […] Il poussait même la conséquence logique de son idée du beau et de l’agréable jusqu’à ne pas aimer les lunettes à demeure sur le nez de quelqu’un, et rien ne lui déplaisait plus chez un visiteur que cette machine anguleuse et bizarre braquée et faisant obstacle entre le miroir de l’âme et lui.
Son autre amitié également tendre, et celle-ci de toute la vie, c’était Mme Pauline Duchambge, auteur de douces mélodies que nos mères savaient par cœur et soupiraient du temps de l’impératrice Joséphine et depuis aux belles années de la Restauration. […] Le plus beau vers de M. de Lamartine, le sais-tu ? […] — Elle y sera belle ; et toi, bien contente, j’en suis sûre. […] Tu portais un beau châle de laine à palmes, et je portais le pareil en vraie sœur. — Hélas ! […] L’une, la noble châtelaine du Cayla, sous son beau ciel du Midi, dans des lieux aimés, dans une médiocrité ou une pauvreté rurale qui est encore de l’abondance, avec tous les choix et toutes les élégances d’un intérieur de vierge ; l’autre dans la poussière et la boue des cités, sur les grands chemins, toujours en quête du gîte, montant des cinq étages, se heurtant à tous les angles, le cœur en lambeaux, et s’écriant par comparaison : « Où sont les paisibles tristesses de la province ?
Nous sommes au beau moment pour Jomini. […] Ney, avec son état-major, occupait le beau château du comte de Stadion, à Warthausen, près Biberach. […] Les ébauches et les velléités de combinaisons n’eurent pas de suite : et que peuvent les plus belles combinaisons du monde sur un sol détrempé et dans les fanges ? […] L’armée prit ses cantonnements, et l’on put se croire en repos jusqu’à la belle saison. […] La tragédie a beau être bien dessinée à l’avance, il y a des scènes entières de manquées dans le dernier acte.
Augustin Thierry en a tracé un savant et lucide exposé dans les belles Considérations qui précèdent ses Récits mérovingiens. […] On a beau faire, nous n’aimons en France à sortir de l’horizon hellénique et de ses lignes distinctes qu’à bon escient. […] Le spirituel auteur les a quelque peu bravés, ce me semble, en passant si hardiment sous leur canon ; il a l’air, et non sans malice, de vouloir leur faire beau jeu et les attirer en plaine par de certaines témérités qu’il sait combiner avec une étude approfondie. […] Pour lui, cette belle reine venue d’Espagne est un type qui représente, dans sa dernière expression, l’ascendant et l’idée de la royauté barbare sur cette troupe encore nommée les fidèles, mais qui sera bientôt la féodalité armée. […] L’auteur fait ainsi beau jeu aux contradicteurs, en leur offrant son point de vue sous l’aspect le plus propre à être un point de mire.
Non, il n’est pas vrai que l’amour, en des cœurs complets, soit comme un je ne sais quoi qu’un rien a fait naître et qu’un rien aussi fait évanouir ; que cette passion la plus élevée et la plus belle soit comme un cristal précieux que tôt ou tard un accident détruit, et qui d’un coup se brise à terre, sans plus pouvoir se réparer. […] Plus d’un (et des plus beaux sans doute) ont été cachés : car c’est le propre de l’amour le plus vrai de chérir le mystère et de vouloir être enseveli. […] Lorsqu’il vit chez Mme de Noyon cette jeune nièce, belle et naïve, redevenue ou restée un peu sauvage malgré l’éducation de Saint-Cyr, si entièrement occupée d’un mari qui l’avait mise en de cruels embarras, et apportant un dévouement vrai parmi tant d’agitations factices, il en fut touché d’abord, et demanda à la tante la permission d’offrir à Mme de Pontivy, avec ses hommages, le peu de services dont il serait capable. […] Ils auraient voulu vivre près d’Anne d’Autriche avant la Fronde, à la cour de Madame Henriette durant ses voyages de Fontainebleau, ou aux dernières belles années de Louis XIV, dans les labyrinthes encore illuminés de Versailles, entre Mmes de Maintenon et de Montespan. […] Le souvenir de la passion perdue m’est plus beau qu’une tiède jouissance.
C’est toujours une belle chose d’avoir vingt ans ; mais c’est chose doublement belle et heureuse de les avoir au matin d’un règne, au commencement d’une époque, de se trouver du même âge que son temps, de grandir avec lui, de sentir harmonie et accord dans ce qui nous entoure. […] Ce qu’il faut se hâter de dire à la louange de ces hommes aimables, de ces courtisans-philosophes si élégants et si accomplis, c’est que, quand vinrent les épreuves sérieuses, ils ne se trouvèrent pas trop au-dessous : la fortune eut beau s’armer de ses foudres et de ses orages, elle échoua le plus souvent contre leur humeur. […] Les Mémoires de M. de Ségur finissent là aussi, comme s’il avait voulu les clore sur les derniers souvenirs de sa belle et vive jeunesse. […] Un Gouvernement glorieux s’inaugurait, avide de tous les services brillants et des beaux noms : la place de M. de Ségur y était à l’avance marquée. […] Vous m’exhortâtes à pardonner, à rendre le bien pour le mal, à montrer à ceux qui me haïssaient leur injustice, en leur prouvant mes vertus, à les forcer ainsi à l’admiration, à la reconnaissance, et vous m’assurâtes du plus beau triomphe qu’une âme généreuse pût souhaiter… J’eus le bonheur de pleurer et bientôt le courage de combattre.
Malgré ce vice de composition, c’est le plus beau traité d’éducation et de politique qui existe dans les temps modernes, et ce traité a de plus le mérite d’être en même temps un poëme. […] La véritable imperfection de ce beau livre, ce n’est pas d’être écrit en prose, c’est d’être une copie de l’antiquité, au lieu d’être une création moderne. […] Ce piége, il le portait en lui-même : c’était sa belle âme et sa poétique imagination. […] Les beaux rêves de Fénelon, en contraste avec les sombres réalités de la cour et avec les tristesses de son déclin, se levèrent comme autant d’accusations contre le monarque. La témérité, la noirceur et l’ingratitude furent imputées à l’imagination d’un poëte, qui n’avait d’autre tort que d’avoir rêvé et peint plus beau que nature.
Des champs, un beau soleil, la civilisation. […] Ne peut-on pas espérer que l’humanité reviendra un jour à cette belle et vraie conception de la vie, où l’esprit est tout, où personne ne se définit par son métier, où la profession manuelle ne serait qu’un accessoire auquel on songerait à peine, à peu près ce qu’était pour Spinoza le métier de polisseur de verres de lunettes, un hors-d’œuvre qu’on ferait par la partie infime de soi-même, sans y penser et sans que les autres y pensent davantage ? […] La vie antique arrivait au même résultat par l’esclavage : l’homme libre était vraiment dans une belle et noble position, dispensé des soins terrestres et libre pour l’esprit. […] Ce serait l’idylle antique, la vie pastorale rêvée par tous les poètes bucoliques, vie où l’occupation matérielle est si peu de chose qu’on n’y pense pas et qu’on est exclusivement libre pour la poésie et les belles choses. […] Dans sa belle pièce du Crépuscule.
Ce n’était pas moi qui disais tant de belles choses : vos fauteuils sont des trépieds d’Apollon, et j’étais la Sibylle. […] Galiani, dans cette dispute, a l’air de jouer le beau rôle ; il semble plaider en faveur de l’ordre et de l’Ordonnateur suprême, contre l’athéisme dogmatique et par trop brutal de ses amis : ne nous en faisons pourtant pas, d’après ce facétieux sermon, une trop édifiante idée. […] Selon lui encore, il en est de l’illusion au moral comme au physique : elle engendre des résultats qui peuvent être beaux et bons, relativement à la société et à l’homme. C’est parce que notre œil est configuré de manière à voir le ciel rond et voûté, que l’homme a ensuite inventé la coupole, le dôme du temple, soutenu de colonnes, qui est une chose belle à voir. […] Si l’on pouvait avoir sur ce plafond une belle fresque, un ciel peint à la Raphaël, ce serait tant mieux.
Elle fut très considérable à ses origines et dans les premiers temps de son institution : le monde et la littérature, malgré quelques révoltes çà et là, reconnurent en elle la régulatrice de la langue et du bel usage, et même un tribunal souverain du goût. […] Il nous présente en dix endroits de ses lettres Mme de Lambert sous un jour assez particulier : C’était, dit-il, ma plus ancienne amie, et ma contemporaine… Elle était née avec beaucoup d’esprit : elle le cultivait par une lecture assidue ; mais le plus beau fleuron de sa couronne était une noble et lumineuse simplicité dont, à soixante ans, elle s’avisa de se dédire. […] Malgré cette belle parole finale26, il nous est pourtant très sensible que la religion de Mme de Lambert est plutôt une forme élevée de l’esprit qu’une source intérieure et habituelle jaillissant du cœur, ou qu’une révélation positive. […] Elle dira, par exemple, à propos des amis et du soin qu’il faut prendre en les choisissant : « Il faut songer de plus que nos amis nous caractérisent : on nous cherche dans eux… » Elle a de ces mots courts, mais d’un beau style, d’un style antique et comme latin. […] Quelque affectation de précieux s’y mêle ; mais que de belles pensées, que de sentiments délicats !
Le premier numéro du National (3 janvier 1830) contient un court article de Carrel sur Rabbe, ce Méridional mort à quarante-trois ans, qui « était entré dans le monde à la suite de brillantes études, avec un esprit remuant, un caractère intrépide, des passions vives ; une belle figure, de l’esprit, du cœur, un geste mâle et parlant, une éloquence noble, hardie, animée, entraînante ». […] Là où il est sur son terrain, dans l’ordre de sa vocation, et véritablement maître, c’est quand, à propos du Manuscrit de 1814 du baron Fain (25 avril 1830), il parle des choses de la guerre, de l’art et du génie qui y président : Dans une belle opération de guerre, il y a une partie de savoir et de calcul qui n’est pénétrée que par quelques esprits ; mais il y en a une autre qui produit dans toutes les imaginations l’émotion du beau, et qui est toute en spectacle. […] Cette ligne d’indépendance est belle à tenir. (5 septembre.) […] En aucun cas et sous aucun prétexte, il n’est déclamatoire : un de ses beaux et très beaux articles d’alors, est celui qu’il fit (22 septembre) au sujet de la cérémonie expiatoire par laquelle on alla processionnellement honorer la mémoire de Bories et des sergents de La Rochelle autrefois immolés en place de Grève.
Volney, reprenant à sa façon, et quarante ans plus tard, la tâche de Fréret, rencontre également l’autorité des Écritures qu’on lui oppose, et s’en irrite ; il s’en irrite comme un disciple de l’Encyclopédie : de là vient qu’en lisant ces amples et vastes récits d’Hérodote, qui font parfois l’effet d’un beau fleuve de Lydie, et en les comparant à d’autres récits d’un caractère plus primitif encore, il trouve moyen d’y apporter de l’aigreur, d’y mettre de la passion, et d’y insinuer de ce zèle hostile que nourrissait l’école de d’Holbach contre tout ce qui tenait à la tradition religieuse. […] Ce Voyage en Égypte et en Syrie, qui parut en 1787, est son beau titre : faisons comme lui, examinons. […] Je n’ai donc point représenté les pays plus beaux qu’ils ne m’ont paru : je n’ai point peint les hommes meilleurs ou plus méchants que je ne les ai vus ; et j’ai peut-être été propre à les voir tels qu’ils sont, puisque je n’ai reçu d’eux ni bienfaits ni outrages. […] La pureté de ses eaux, les beaux ombrages qui l’entourent, les rochers escarpés et les épaisses forêts qui en défendent l’approche ; ce mélange de beautés tout à la fois douces et imposantes cause un saisissement difficile à exprimer, et semble annoncer la secrète présence d’un Être supérieur à l’humanité. […] Mais comment peindrai-je la nuit qui succéda à cette belle soirée, lorsqu’après le crépuscule la lune, brillant seule dans le ciel, versait les flots de sa lumière argentée sur la vaste enceinte des neiges et des rochers qui entouraient notre cabane ?
Ciselé comme la plus belle coupe ou le plus fouillé des manches de poignard de Benvenuto Cellini, l’ensemble du poème a, malgré la vigueur de burin qui le distingue, quelque chose d’exigu et de maigre sur cette mince feuille de cuivre de quinze cents vers. […] Amédée Pommier devait s’élever au-dessus du sien et n’en pas répercuter dans ses beaux vers les mensonges ou les ignorances. […] Sa belle note basse y meurt sous les rires frais, ces spirales de son, de la grâce gaie, de la grâce jusqu’ici la victime de la profondeur et la plus faible des deux dans le poëte de L’Enfer, des Assassins, du Livre de sang, des Crâneries, mais qui aujourd’hui prend sa revanche, et jette au public ce joli titre qui s’en moque, Colifichets, ou cet autre encore, Jeux de rimes, car, vers, ce serait trop ! […] Faire donner à l’expression réduite, autant qu’elle peut l’être, à elle-même, car elle ne vit pas absolument d’une vie qui lui appartienne, mais lui faire donner tout ce qu’elle peut donner, quand elle est réduite à sa propre puissance et à son propre charme, voilà le beau problème poétique qui vient d’être résolu dans une expérimentation de génie. […] L’auteur de ces Colifichets, qui a cravaté son recueil de cette fière et belle épigraphe : Tout est le droit du peintre et du poète !
« Oui, c’est un triste, mais un beau sujet de poésie que toutes ces folies trempées de sang ! […] Il ne faut pas qu’un F… annonce en plein cabaret, pour la fin du mois, quatre belles guillotines permanentes dans les quatre principales places de Paris. […] Une période tout enthousiaste de trois années commença pour moi (1827–1830) ; elle acheva de se consacrer dans mon culte intérieur par le recueil des Consolations qui est resté à mes yeux comme le sanctuaire ardent et pur des plus belles heures de ma jeunesse.
J’ai lu quelque part une belle comparaison à ce sujet, qui a de plus le mérite d’une extrême justesse. […] La comparaison jusqu’ici est fort belle, mais elle n’est juste encore que si l’on suppose la critique, dans toute sa profondeur et sa continuité, s’appliquant aux grands monuments des âges anciens. […] Ces mots d’étranger, d’ennemi, d’idolâtre, synonymes pour le poète, s’appliquent également à nous, qui avons manqué à notre belle mission de la guerre générale pour la cause des peuples.
La Femme de quarante ans, la plus belle perle du Nœud gordien, est un renchérissement plein de ressources et de grâce sur la Femme de trente ans. […] L’observation y est parfaite dans sa finesse et sa subtilité ; chacun a connu et connaît quelque madame de Flamareil, toujours belle, toujours sensible, toujours décente, qui a graduellement changé d’étoile du pôle au couchant, qui en peut compter jusqu’à trois dans sa vie, dont le cœur aimant enfin a suivi assez bien les révolutions inclinées et l’orbite élargi du talent de Lamartine, des premières Méditations jusqu’à Jocelyn. […] Çà et là quelque sobriété et simplicité de plume ne lui siéraient pas mal ; il aura beau se retenir, il lui restera encore bien suffisamment d’esprit.
Le sommet de la vie vous en dérobe le déclin ; de ses deux pentes vous n’en connaissez qu’une, celle que vous montez ; elle est riante, elle est belle, elle est parfumée comme le printemps. […] Parce qu’on vieillit, a-t-on le droit de dire que les fleurs sont moins belles et les printemps moins radieux ? […] Entre toutes les fleurs, et Dieu sait s’il en est de belles (quel monde admirable que celui de la fleur !)
Après les hallucinations et les névroses du symbolisme, il paraît que nous serions sur le point d’assister à une sorte de convalescence des esprits… Voilà un beau programme, et que nous ne pouvions refuser à M. […] Je crois que nous assisterons à la naissance d’un art extrêmement beau. […] Michel Abadie en a donné, dans ses poèmes, de sonores et beaux modèles.
C’est un beau spectacle de voir ce public, harcelé par tant d’intérêts matériels qui le pressent et le tiraillent sans relâche, accourir en foule aux premières transformations de l’art qui se renouvelle, lors même qu’elles sont aussi incomplètes et aussi défectueuses que celle-ci. […] Elle est belle, elle est haute. […] Tout solitaire qu’il est, il s’associe du fond du coeur à la foule qui aime et salue ces beaux talents, honneur de la reprise actuelle de Marion de Lorme, MM.
Cette nécessité d’employer des sujets & des noms de pure invention, fut l’époque de la belle comédie, de celle de Ménandre & de Philémon, appellée la nouvelle comédie, par opposition à l’ancienne, dont le stile bouffon & cynique se ressentoit de la charrette de Thespis, & à la moyenne, qui, quoique plus régulière dans son plan, n’en étoit ni plus réservée, ni plus innocente. […] Erasme dit qu’autant de fois qu’il lit la belle mort de Socrate, il est tenté de s’écrier : O saint Socrate, priez pour nous *. […] « J’en ai vu, dit-il, des mieux ameutées & des moins judicieuses ; mais, ce que j’ai vu aussi, c’est que j’ai vu ces cabalistes, ces conjurés si redoutés, oublier leur rôle de perturbateurs à gages, non pas à ce qu’on appelle communément les beaux endroits, les tirades qui sont souvent aussi déclamatoires que puériles & bien travaillées, mais aux endroits où la nature & le vrai se trouvent peints.
Si chimérique même qu’ait paru la phrénologie, et quoiqu’il s’y soit mêlé beaucoup de charlatanisme, c’est elle cependant qui a été le point de départ et qui a donné le signal des belles études expérimentales de notre temps sur les rapports du cerveau et de la pensée. […] Un autre savant, le docteur Lélut (de l’Institut), s’est aussi fait une place dans la science par ses belles études sur la physiologie de la pensée, et il a publié récemment un intéressant ouvrage sur ce sujet, suivi de quelques mémoires spéciaux pleins de faits curieux. […] Outre ses deux belles leçons aux conférences de la Sorbonne, l’une sur le rôle de l’homme dans la création, l’autre sur la physionomie, il faut lire l’intéressante discussion qui a eu lieu en 1862 à la Société d’anthropologie entre lui et M.
Celui-ci, glorieux d’une charge si belle, N’eût voulu pour beaucoup en être soulagé. […] Castor et Pollux ne font pas un beau rôle dans cette fable. […] Le beau premier, le fin premier, mots reçus dans l’ancien style pour dire simplement le premier.
S’il nous arrive de nous promener aux Tuileries, au bois de Boulogne, ou dans quelque endroit écarté des Champs Elysées sous quelques-uns de ces vieux arbres épargnés parmi tant d’autres qu’on a sacrifiés au parterre et à la vue de l’hôtel de Pompadour, sur la fin d’un beau jour, au moment où le soleil plonge ses rayons obliques à travers la masse touffue de ces arbres dont les branches entremêlées les arrêtent, les renvoient, les brisent, les rompent, les dispersent sur les troncs, sur la terre, entre les feuilles, et produisent autour de nous une variété infinie d’ombres fortes, d’ombres moins fortes, de parties obscures, moins obscures, éclairées, plus éclairées, tout à fait éclatantes ; alors les passages de l’obscurité à l’ombre, de l’ombre à la lumière, de la lumière au grand éclat, sont si doux, si touchants, si merveilleux, que l’aspect d’une branche, d’une feuille arrête l’œil, et suspend la conversation au moment même le plus intéressant. […] Oh que cela est beau ! […] Ce n’est pas dans la nature seulement, c’est sur les arbres, c’est sur les eaux de Vernet, c’est sur les collines de Loutherbourg que le clair de la lune est beau.
Prenez garde, quelque beau qu’il soit, au livre qui s’ouvre toujours de lui-même à la même page. […] Les beaux lieux vus autrefois paraissent ordinaires et avoir été surfaits par on ne sait qui. […] Les beaux livres paraissent un peu décolorés.
La sévérité indignée, qui fait l’histoire pathétique et lui donne son plus beau caractère, y manque aussi, et je la regrette ; mais, si la grande moralité n’est point là encore, du moins l’immoralité n’y est plus ! […] Mais il est indifférent à cette vérité comme un homme, un diplomate, sur le soir d’un beau jour, qui aurait pris enfin son parti sur la présence du vice dans les choses humaines, et qui même irait jusqu’à croire qu’il y entre comme un ingrédient… Tels sont, en somme, les qualités et les défauts de ce livre à double titre, qui s’appelle également Gabrielle d’Estrées ou la Politique de Henri IV, et dont le second titre pourrait bien être le premier dans la pensée de son auteur. […] On le sait, les plus célèbres de ces incroyables promesses furent celles qu’il fit d’abord à Diane de Guiche, la belle Corisandre, ensuite à Gabrielle d’Estrées, laquelle mourut de son parjure quand il épousa Marie de Médicis, enfin, à Henriette d’Entragues, marquise de Verneuil, à qui on le vit, incorrigible, en signer une encore au moment où ses ambassadeurs signaient de leur côté à Rome le mariage qui tua Gabrielle.
Lord Byron a écrit vingt poèmes, parmi lesquels plusieurs chefs-d’œuvre ; mais, parmi ces poèmes, il n’y a qu’un Don Juan, sa plus belle gloire ! […] Le monde, ce vieux conte répété (non pas deux fois, le nombre exigé pour que le plus beau conte soit ennuyeux, a dit Shakespeare), l’a été cent et le sera mille. […] Autrement, l’auteur aurait beau s’écrier : J’étais là, telle chose m’advint, ce langage de pigeon voyageur pourrait intéresser la femelle restée au logis et faire un succès de famille, mais ne passionnerait pas — si pigeons fussent-ils — les autres pigeons qui sont le public.
Dubochet donna une si belle édition des premières excursions de l’auteur, et 1847, époque de sa mort si prématurée. […] Le bel œil bleu, à fleur de tête, de cet honnête Topffer, est un œil de myope, un œil qui glisse, qui n’étreint point, qui ne pénètre pas. […] Belle leçon donnée aux écrivains français par un linguiste de Genève !
Et, en effet, nous avons beau être du xixe siècle, les questions qui ont, à toute époque, chez tous les peuples et à tous les niveaux de civilisation, passionné l’humanité avec cette furie tenace, ne finissent pas si net qu’il n’en revienne toujours quelque chose… C’est là « la spirale » du grand Gœthe. […] Dans ces passages, — et nous citerons entre autres la belle légende de l’enchanteur Merlin, rajeunie par la manière dont elle est contée, — il est évident que la plume de ce rationaliste, qui vaut mieux que sa philosophie, a tout ce qu’il faut pour tracer à l’imagination sa plus belle histoire : abondance, vigueur, grâce parfois, et toujours le rayon qui est le talent, cette autre sorcellerie qui a aussi son bûcher, mais en nous-mêmes, et que, comme l’autre, on n’éteint pas !
Paul Jove avait une très belle maison située dans une presqu’île et aux bords du lac de Côme. […] Au centre de cette belle habitation, était un cabinet où Paul Jove avait rassemblé à grands frais les portraits de tous les hommes célèbres. […] Une foule de tyrans, ou étrangers, ou domestiques, déchiraient ce beau pays pour le partager ; les papes excommuniaient, combattaient et négociaient pour se faire un état.
C’est un beau titre devant Dieu. » « (12 janvier 1848)… Ondine est toujours esclave dans un pensionnat. […] Non, tu n’as rien vu de plus beau, de plus simple et de plus grand. […] Ma chère Camille, je vous vois tous auprès de ma sœur comme des enfants et des anges qui consolent une sainte, et je suis tranquille sur les bénédictions du Ciel qui attendent une si belle âme ; mais les tortures de la mienne sont inexprimables, plus cent fois depuis que je suis revenue : la voir m’était encore moins terrible. […] J’ai vu dans ces maisons bizarres des petites dames très-jolies et de très beaux enfants, des fruits par paniers, des fleurs toujours. […] On y lit une bien belle et touchante lettre, où Mme Tastu raconte elle-même, d’un accent poétique et spirituel, l’odyssée de sa vie, — une véritable odyssée pleine de péripéties et de tristesses : l’expression de courage ressort naturellement de cette lecture, non exempte d’une certaine teinte de gaieté, la gaieté de la résignation.
L’ancienne Académie française, née sous Richelieu, a péri bel et bien avec le trône de Louis XVI : institution essentiellement monarchique, elle a suivi le sort de la royauté au 10 août. […] On avait beau dire, on revenait très sensiblement à l’ancien régime. […] Villemain, depuis, se sont développés et comme déployés de plus en plus dans des rapports toujours savants et composés avec art ; mais, en appréciant certes le mérite des pages écrites dans les dernières années, je préfère encore ce beau talent dans sa manière moyenne, dans ce tour svelte, ingénieux et neuf, qui était d’abord le sien. […] Ces procès-verbaux, si parfaits et souvent plus beaux que nature, dans lesquels chaque membre s’exprime si bien, feront un jour le désespoir des érudits qui voudront retrouver le nom des acteurs et orateurs. […] Avec tous ses défauts, ses défaillances, ses fluctuations trop sensibles, l’Académie reste une institution considérable qui n’a pas seulement un beau et intéressant passé, mais qui, bien dirigée, sans cesse avertie, excitée, réveillée, renouvelée, peut rendre de grands services au milieu de la diffusion et de la dispersion littéraire universelle.
Il gémit, et, par un trait de naïveté charmante, il se croit seul à gémir : J’ai beau les évoquer, j’ai beau vanter leurs traits, On me laisse tout seul admirer leurs attraits. […] Du jour où La Fontaine fut poète, il quitta cette charge de maître ès eaux et forêts, qui ne lui avait été qu’un prétexte pour se promener sans fin sous de beaux ombrages ou pour sommeiller au bord des ruisseaux. […] Il y a eu des hommes doués d’un beau naturel à qui le goût a manqué, et avec le goût la force de découvrir ce naturel, de s’y attacher, de le défendre contre la tentation des mauvais succès par des complaisances au tour d’esprit de leur temps. […] C’est au plus bel âge de la langue, et pour le plaisir secret d’une société où les mœurs générales étaient graves, que notre poète les a écrits. […] Chassez les soupirants, belles ; souffrez mon livre : Je réponds de vous corps pour corps.
Point de ces douces illusions qui vous mettent à la place du Personnage qui parle ou qui agit ; aucuns transports de cet enthousiasme, de cette ardente vigueur d'une ame enflammée qui maîtrise les autres ames ; aucune éruption imprévue de ce beau feu qui fait taire la critique, lors même qu'elle trouve à condamner dans ces écarts. Virgile étoit moins animé de ce beau feu, qu'Homere : il y supplée par l'éclat, la constance & l'égalité. […] entre les sentences, les maximes, les tours fins & délicats, les expressions ingénieuses, les beaux sentimens qu’il exprime si énergiquement dans plusieurs endroits de ses Ouvrages, & ce débordement de fiel & de malignité, ce tissu d’indécences, de mensonges, de calomnies, répandues sur tant d’Ecrivains de mérite, Etrangers, Nationaux, Prélats, Militaires, de tous les Ordres & de tous les Etats, qui n’ont eu d’autre tort, à son égard, que de n’avoir pas pensé comme lui, & d’avoir osé l’écrire ! […] Ils savent, d’après des principes invariables, fortifiés par une expérience constante, que le beau seul & l’honnête peuvent soutenir les épreuves du temps. […] Tout le monde trouve que la Henriade est un beau Poëme, disoit M. l'Abbé Trublet ; je veux croire que c'en est un : mais d'où vient que personne n'en peut lire plus d'un Chant de suite ?
Maurice de Faramond est certainement un poète intéressant ; il a, ce qui est la plus belle qualité du poète, une note personnelle, et cela nous promet, de sa part, un curieux développement. […] Belle tentative, difficile, périlleuse.
. — Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, drame en cinq actes, avec George Sand (1862). — François les Bas bleus, drame en sept actes (1863) […] Ce fut une belle lutte, on s’en souvient.
La ligne droite prolongée sans fin serait peut-être plus belle, parce qu’elle jetterait la pensée dans un vague effrayant, et ferait marcher de front trois choses qui paraissent s’exclure, l’espérance, la mobilité et l’éternité. […] C’est une belle chose d’avoir, par l’attrait de l’amour, forcé le cœur de l’homme à la vertu, et de penser que le même denier qui donne le pain du moment au misérable, donne peut-être à une âme délivrée une place éternelle à la table du Seigneur.
La répresentation pathetique du sacrifice de la fille de Jepthé enchassée dans une bordure, fait le plus bel ornement d’un cabinet qu’on a voulu rendre agréable par les meubles. […] D’un autre côté c’est rendre un service important à deux arts que l’on compte parmi les plus beaux ornemens des societez polies, que d’examiner en philosophe comment il arrive que leurs productions fassent tant d’effet sur les hommes.
Vois-tu, nous aurons beau dire et beau faire, jamais nous ne changerons notre naturel.
« Lorsque la bohémienne est belle, dit-il, sa beauté est un enchantement. […] Il faut toujours un escalier pour monter ; l’Acropole avait le sien, très aisé et du plus beau marbre. […] Strauss dit que nous ne voulions pas souffrir dans la rue une maison aussi belle que la nôtre. […] Les Bacchantes orneraient le plus beau vase antique. […] Ils ont eu beau former et instruire leurs jeunes gens ; dans ces corps déjà si beaux, il reste des imperfections ; du moins il en reste pour un œil plus perçant.