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1508. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Une leçon qui est un homme, un mythe à face humaine tellement plastique qu’il vous regarde et que son regard est dans un miroir, une parabole qui vous donne un coup de coude, un symbole qui vous crie gare, une idée qui est nerf, muscle et chair, et qui a un cœur pour aimer, des entrailles pour souffrir, et des yeux pour pleurer, et des dents pour dévorer ou rire, une conception psychique qui a le relief du fait, et qui, si elle saigne, saigne du vrai sang, voilà le type. […] Une sorte de parti pris gigantesque, la mesure habituelle dépassée, le grand partout, ce qui est l’effarement des intelligences médiocres, le vrai démontré au besoin par l’invraisemblable, le procès fait à la destinée, à la société, à la loi, à la religion, au nom de l’Inconnu, abîme du mystérieux équilibre ; l’événement traité comme un rôle joué et, dans l’occasion, reproché à la Fatalité ou à la Providence ; la passion, personnage terrible, allant et venant chez l’homme ; l’audace et quelquefois l’insolence de la raison, les formes fières d’un style à l’aise dans tous les extrêmes, et en même temps une sagesse profonde, une douceur de géant, une bonté de monstre attendri, une aube ineffable dont on ne peut se rendre compte et qui éclaire tout ; tels sont les signes de ces œuvres suprêmes. […] Il donne aux autres des maladies qu’il n’a pas ; sa folie fausse inocule à sa maîtresse une folie vraie. […] Le vrai y doute. […] Cela du reste est vrai de tous les esprits de cet ordre.

1509. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

Enfin une dernière illusion, également funeste à la vraie méthode, est celle de ce vitalisme superstitieux qui considère la vie comme une influence mystérieuse et surnaturelle, agissant arbitrairement, introduisant dans les phénomènes une irrégularité essentielle, pourvue enfin d’une sorte de liberté désordonnée qui trouble tout, change les aspects des choses, et déroute l’expérience à chaque pas : semblable au destin jaloux des anciens, la vie, selon ces médecins superstitieux, serait une sorte de dieu capricieux et de Protée menteur, échappant à toute prise, et avec lequel on ne peut lutter qu’au moyen de cette autre force, non moins aveugle et capricieuse, qu’ils appellent l’inspiration. […] Il faut tenir compte de ces difficultés et les bien connaître pour ne pas se laisser tromper par de fausses apparences ; mais au fond il n’y a qu’une seule méthode pour les sciences naturelles comme pour les sciences physiques, et les premières ne feront de vrais progrès que lorsqu’elles seront largement et décidément entrées dans cette voie. […] Enfin ils le placent jusqu’en Dieu lorsqu’ils lui prêtent une volonté absolue, supérieure au bien et au mal, au vrai et au faux, décidant et créant par un sic volo, sic jubeo absolu. […] Claude Bernard se représente la vie, et cette idée générale, nous n’avons aucune raison de nous refuser à l’admettre, d’abord parce qu’il nous manquerait l’autorité nécessaire pour la contester, en second lieu parce qu’elle nous paraît conforme aux vrais principes, et en particulier au célèbre principe de la raison suffisante ou déterminante. […] Il est vrai que, si l’on remonte jusqu’à la cause créatrice, jusqu’à la cause suprême, on doit croire que tous les phénomènes de la nature sont les produits d’une cause libre ; mais ce n’est pas de celle-là que nous parlons, ce n’est pas de la liberté de Dieu qu’il s’agit, c’est de la mienne, de la vôtre, de celle des autres hommes : il s’agit en un mot de la liberté d’une cause seconde appelée l’homme, et si cette cause seconde est assimilée aux autres causes qui agissent dans la nature, on ne voit plus à quels signes et à quelles conditions se manifesterait sa liberté.

1510. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Avec de la patience et du tems, le peintre des ardents peut acquérir ce qui lui manque, l’intelligence de la perspective, la distinction des plans, les vrais effets de l’ombre et de la lumière. […] Du reste, je n’ai garde de toucher à cette théorie qui me paraît non seulement très ingénieuse, mais profonde et vraie. […] Vraies ou fausses, le lecteur y gagnera toujours quelque chose. […] N’est-il pas vrai que si ces artistes sont bons, s’ils sont les premiers de l’académie, ils méritent des égards ? […] Qu’il règne dans cette composition un calme qui plaît ; que cette main droite est bien dessinée, bien de chair, du ton de couleur le plus vrai et sort du tableau ; et que sans cette chappe qui est lourde ; sans ce linge qui n’imite pas le linge, sous lequel le vent s’enfourneroit inutilement pour le séparer du corps, qui n’a aucuns tons transparents, qui n’est pas souflé, comme il devroit l’être et qu’on prendroit facilement pour une étoffe blanche épaisse ; sans ce vêtement qui sent un peu le manequin, celui qui s’en tient au technique et qui ne s’interroge pas sur le reste, peut être content… belle tête, belle pâte, beau dessein… bureau soutenu par un chérubin de bronze bien imité et de bon goût.

1511. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXI » pp. 237-241

Je ne sais qui a dit qu’il était plus véritablement de l’école d’Horace que M. de Lamartine : ce n’est que vrai. — D'ailleurs, il est le rhapsode triomphal du Midi et y remporte des succès qui semblent fabuleux de loin, mais qu’explique le caractère de ces populations en même temps que celui du poëte. […] Jasmin est, ne l’oublions pas, un homme des plus estimés ; c’est un honnête homme, dans la vraie acception du mot ; et dans cette bouche de l’homme du peuple et du barbier d’Agen, les belles paroles, même gasconnes, ont toute leur valeur.

1512. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Karr, Alphonse (1808-1890) »

Sainte-Beuve Je concevrais plutôt encore une indignation réelle, sincère, ardente, souvent injuste, une vraie Némésis ; mais ces guêpes, si acérées qu’elles soient d’esprit, pourtant sans passion aucune, ces guêpes-là ne peuvent aller longtemps sans se manquer à elles-mêmes. […] Plus vrai encore fut l’Alphonse Karr de la première jeunesse, maigre, nerveux, vétu d’une blanche robe de moine, irrité par le spectacle de la Bêtise humaine, et ne portant alors qu’une légère et noire moustache de Scaramouche, qui semblait ponctuer la poésie de son génie railleur, venu en droite ligne d’

1513. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Mais partout, et dans les plus cursives piécettes, se révèlent les qualités qu’ils contiennent ; et je crois que le vrai souvenir à donner à ce volume premier serait d’en garder dans sa mémoire quelques strophes qui sont des commencements de poèmes infinis, des débuts de sensations immortelles. […] Remy de Gourmont De ses vers, beaucoup sont comme roussis par une glaciale affectation de naïveté, parler d’enfant trop chéri, de petite fille trop écoutée, — mais digne aussi d’un vrai besoin d’affection et d’une pure douceur de cœur, — adolescent de génie qui eut voulu encore poser sur les genoux de sa mère son « front équatorial, serre d’anomalies » ; mais beaucoup ont la beauté des topazes flambées, la mélancolie des opales, la fraîcheur des pierres de lune, et telles pages… ont la grâce triste, mais tout de même consolante, des aveux éternels.

1514. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 512-518

Ces défauts doivent-ils empêcher de rendre justice aux vraies beautés qui y brillent souvent, & auxquelles le Critique semble n’avoir pas assez fait d’attention ? […] Cet heureux accord lui procureroit le suffrage d’un plus grand nombre de Lecteurs, & contribueroit plus efficacement au triomphe du goût & à l’amour des vrais principes.

1515. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 92-99

Il avoit la méthode de réduire chaque sujet à des propositions simples, mais vraies ; de ces propositions il en déduisoit plusieurs autres, qui toutes concouroient à développer les premieres. […] C’est elle, ajoutoit-il, qui doit animer tous nos travaux, qui en adoucit la peine, & qui peut seule les rendre véritablement utiles * ; d’où il tiroit cette conséquence foudroyante pour les esprits forts & les cœurs corrompus, que la Religion est la vraie Philosophie **.

1516. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

Rien n’est plus simple, plus naturel et plus vrai que cette dernière figure. […] C’est une chose bien douce pour nous, leur a-t-on répondu, que de retrouver sur la toile l’image vraie de nos pères, de nos mères, de nos enfants, de ceux qui ont été les bienfaiteurs du genre humain, et que nous regrettons.

1517. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 50, de la sculpture, du talent qu’elle demande, et de l’art des bas-reliefs » pp. 492-498

Il est vrai qu’on peut être un bon sculpteur sans avoir autant d’invention qu’il en faut pour être un excellent peintre, mais si la poësie n’est pas si nécessaire au sculpteur, un sculpteur ne laisse pas d’en faire un usage qui le met fort au-dessus de ses concurrens. […] Il est vrai que les personnes curieuses y devoient avoir déja connoissance des découvertes du pere Manuël D’Almeïda et du pere Hieronimo Lobo, quoique l’histoire de la haute éthiopie du pere Tellez, qui le premier a donné ces découvertes au public, ne fut pas encore imprimée.

1518. (1912) L’art de lire « Chapitre XI. Épilogue »

On a dit que du plus mauvais livre on peut tirer quelque chose de bon et que par conséquent un livre est toujours un ami et un bienfaiteur, et l’on a pu citer en l’appliquant aux livres, cette ligne de Montaigne : « Il sondera la portée d’un chacun : un bouvier, un maçon, un passant, il faut tout mettre en besogne et emprunter chacun selon sa marchandise ; car tout sert en ménage ; la sottise même et faiblesse d’autrui lui sera instruction : à contrôler les grâces et façons d’un chacun il s’engendrera envie des bonnes et mépris des mauvaises. » Ce n’est pas tout à fait vrai, ou je n’en suis pas tout à fait sûr. […] Il est très vrai aussi que la lecture devient une passion et que, comme toute passion, elle a de singuliers excès.

1519. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVII »

Je ne sais où mènerait un travail minutieux sur cette partie de la langue dont la fermentation est inachevée ; sans doute finirait-on par démontrer assez facilement que, dans la vraie notion du cliché, l’incohérence a sa place à côté de la banalité. […] Nous avons dit que « la marque du cliché, de l’expression toute faite, ce n’est pas d’être simple, ordinaire, déjà employée ; c’est qu’on peut la remplacer par une autre plus simple ; c’est que, derrière elle, il y a la vraie, la seule, celle qu’il faut mettre à tout prix, l’eût-on dite mille fois ».‌

1520. (1898) Essai sur Goethe

Des idées reviennent, qu’il a caressées autrefois, c’est vrai, mais dont il est détaché. […] Il veut être vrai comme Rousseau et Alfieri, mais il peut être plus vrai qu’eux !  […] On criait, c’est vrai : « Nature ! […] Il est vrai qu’il ne s’en servit pas. […] Quelle fut la vraie nature de cette liaison ?

1521. (1923) Au service de la déesse

Est-ce vrai ? […] Leur roman, c’est le roman vrai, le roman moderne. […] Or, la maladie n’est pas moins « vraie » que la santé ? […] Mais je ne la réveillai pas. » C’est vrai, que M.  […] Cela est vrai, utile à dire et opportun.

1522. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

L’exact pris pour le vrai ! […] La scène est si vraie, si émouvante, que l’étrangeté de la situation disparaît. […] Il est vrai que M.  […] Elle me força à relever la tête, à là regarder, et mon visage lui prouva que je disais vrai. […] Sa cour, dit-il, était une vraie galère, où chacun ramait selon l’ordonnance.

1523. (1911) Nos directions

Pour eux sans doute ils chercheront à la rendre plus juste et plus convaincante et plus vraie. […] Il apparaît dès aujourd’hui le vrai classique, et dont le temps ne fait que commencer encore. […] Le « vrai » prima le « beau » et le détail l’ensemble, et l’illusion l’harmonie. […] La vraie beauté n’est pas « excentrique » mais bien « centrale ». […] Que cela eût été beau, si cela eût été vrai !

1524. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Mais ce n’étaient toutefois que d’heureux « accidents » ; des rencontres, qui ne contenaient pas en soi, pour ainsi dire, de quoi se reproduire ou se renouveler ; et personne, avant lui, n’avait compris comme lui que le vrai rôle ou la vraie fonction littéraire du roman est d’être la représentation abrégée de la vie commune. […] Aussi bien l’application que nous en ferons à Balzac en déterminera-t-elle le vrai sens et le défendra-t-elle de tant de fausses interprétations qu’on en a trop souvent données. […] La vraie psychologie est dans l’histoire et dans la société, non pas en nous, mais hors de nous, tout autour de nous. […] On ne se rend pas toujours compte à soi-même de la nature de son œuvre, ni de ses vraies origines. […] Et il est vrai qu’ici d’autres influences, dont l’action dure encore, ont singulièrement aidé ou amplifié celle de Dumas.

1525. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Cela est-il vrai ou non ? […] Elle le dénonce aux créanciers avec une indignation vraie et le foudroie de la meilleure foi du monde. […] Il est vrai que les deux siéges lui sont donnés par des bourgs pourris, et qu’il vend le second moyennant 1500 louis par an. […] Nous jugeons ces sermons vrais, mais rebattus. […] Tout cela est vrai ; mais tout cela est trop vrai.

1526. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Toute vraie musique est romantique, plus ou moins, qu’on le veuille ou non. […] Les vrais poètes ne sont pas ainsi. […] La vraie poésie est une réalité que le sentiment transfigure. […] Dans la comédie, il n’est pas de vraies passions puisqu’elles sont ridicules. […] Il est si vrai que l’action prenant un tour odieux, Tartufe et Don Juan ne font pas du tout rire.

1527. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Cela est si vrai que l’Académie finit toujours par céder, quand le public s’obstine à lui donner tort. […] Mais il n’est pas moins vrai qu’à l’Académie, comme dans un salon, il est de règle de mettre une sourdine à ses opinions, de procéder par demi-mots et sous-entendus. […] Pour les adeptes de l’école du vrai à tout prix, dire d’un roman qu’il est romanesque ou romantique est une condamnation en bonne et due forme. […] Tant il est vrai que les partisans de chaque formule nouvelle se font leur place enrayant d’un trait de plume les fidèles attardés de la formule qui n’est plus à la mode. […] On va inventer la vraie poésie ; le cerveau humain est gros de prodiges.

1528. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — I. Faculté des arts. Premier cours d’études. » pp. 453-488

Si l’on croit que l’étude des mathématiques dessèche le cœur et l’esprit, cela ne peut être vrai que d’une étude habituelle  ; encore cela est-il vrai ? […] Tous les raisonnements qu’on fait soit en discourant, soit en écrivant, devraient finir par la même formule ; mais, tout étant égal d’ailleurs, celui qui ne l’a jamais employée à faux sera le vrai juge du droit qu’on a de s’en servir. […] Ce sont les premières propositions de l’Introduction à la vraie physique de Keill26. […] Il importe donc que les préceptes de l’art oratoire et de la poésie aient été précédés : 1° D’un traité du vrai, du vraisemblable et de la fiction, du vrai absolu et du vrai de convenance ; 2° D’un traité de l’imitation de la nature ; 3° D’une exposition de ce que c’est que la belle nature et de son choix, d’après la convenance ; Surtout appuyer ces principes de beaucoup d’exemples. […] Les Vrais Principes de la langue française. 1747, 2 vol. in-12.

1529. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Cependant le seul dom Rivet, en vingt ans, avait produit neuf tomes, moins gros et moins considérables il est vrai. […] Pour se mettre tout entier à une telle œuvre en dérobant son nom, en ne citant que ceux des personnes à qui l’on a obligation de quelque secours et communication bienveillante ; pour se résoudre à aborder sur son chemin tous les auteurs quelconques qui ont écrit, les ennuyeux, les épineux, les scolastiques, les sages, les menteurs, les frivoles, et ceux qui édifient et ceux qui scandalisent ; pour s’engager à rendre de tous un compte honnête, scrupuleux et impartial, en vue de l’exactitude et même de la charité, il fallait avoir un zèle et une candeur primitive qui n’est pas étrangère à l’âme des vrais et purs studieux, mais que la religion ici consacrait et arrosait pour ainsi dire d’une douceur et, je ne crois pas profaner ce mot, d’une bénédiction secrète. […] Qu’aurait dit Voltaire, s’il avait vu les plus circonspects, il est vrai, mais non les moins malins de ses disciples, comme Daunou, désignés pour continuer l’œuvre du premier bénédictin, s’attachant tout entiers à le faire dignement sans en altérer l’intention, et y mettant leur honneur ? […] Fromont, l’Âne, en est à l’instant ému, attendri, réjoui ; il ressent un vrai bonheur de croire qu’Ysengrin n’a pas été trompé : « Ah !

1530. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — II. (Fin.) » pp. 427-443

L’originalité de Léopold Robert consiste, on l’a vu, à étudier directement la nature, ce que bien des prétendus classiques ne faisaient pas ; et d’autre part, son coin classique, dans cette étude directe et qui peut mener à exprimer le vrai tel quel, consiste à chercher obstinément le noble et le beau. […] Il est encore de leur bord, lorsqu’il témoigne jusqu’à la fin le besoin de la nouveauté jusque dans le vrai. […] je trouve qu’il n’y avait aucun tableau turc ou grec un peu vrai, sans en excepter ceux de Decamp qui sont des caricatures. […] Après que la pensée d’un tableau était trouvée et la composition bien arrêtée (ce qui lui avait causé bien des insomnies et des veilles), il éprouvait un vrai plaisir au détail de l’exécution ; et, à mesure que le tableau avançait, il avait des satisfactions d’artiste.

1531. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — I » pp. 1-17

Si Boileau avait voulu faire une épigramme, il n’aurait pas choisi autrement son texte ; mais, quand Boileau écrivit cette satire ou ce lieu commun sur la noblesse, il était jeune, il avait besoin d’appui et de protection en Cour : Dangeau s’offrait, brillant, fastueux, obligeant, bon prince, aimant les lettres, faisant de mauvais vers et goûtant les bons ; Boileau le prit sur l’étiquette et le caressa même par son faible ; il le traita tout net de grand seigneur et d’homme issu d’un sang fécond en demi-dieux : « Les plus satiriques et les plus misanthropes, a remarqué à ce propos Fontenelle, sont assez maîtres de leur bile pour se ménager adroitement des protecteurs. » Vingt ans plus tard, La Bruyère, qui n’avait pas, il est vrai, besoin de Dangeau, et qui avait pour lui la maison de Condé, n’était pas si facile ni si complaisant ; le portrait de Pamphile, de l’homme de cour qui se pique avant tout de l’être et qui se guinde, s’étale et se rengorge avec complaisance, est en grande partie celui de Dangeaua. […] Pour un genre de souvenirs tout vrais, tels que ceux que je voudrais acquérir, Dangeau m’est utile, il est inappréciable ; il fait cheminer jour par jour et entrer dans le manège d’un pas sûr ; on s’y accoutume bientôt et l’on en est. […] Ils n’ont pas eu de peine à montrer que Saint-Simon exagère, en les résumant, les défauts du personnage ; nos jeunes auteurs vont trop loin toutefois quand ils font de Saint-Simon un ennemi de Dangeau : on n’est pas ennemi de ceux dont on voit les ridicules, et le seul tort de Saint-Simon est de trop voir et d’être doué par la nature d’un organe qui est comme un verre grossissant, et d’une parole de feu irrésistible : de là tant de portraits ressemblants, outrés, vrais à les bien entendre, et en tout cas ineffaçables. […] Il est très vrai que ces notes, prises sur quantité de faits et de points de régularité et d’étiquette, pouvaient lui être utiles, à lui courtisan, pour être prêt à répondre à tout, pour être bien informé sur tout ; mais je crois qu’il entrait aussi dans ce projet, exécuté d’une manière si constante et si suivie, de cette pensée plus longue et plus honorable d’être utile un jour à la postérité par une multitude d’informations qui aideraient à connaître la Cour et le monarque : et en cela il ne s’est point si fort trompé.

1532. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Halévy, secrétaire perpétuel. »

Je n’ai pas assez étudié les nombreuses notices consacrées, depuis le XVIIe siècle et durant tout le XVIIIe, aux membres de l’ancienne Académie de Peinture et de Sculpture31, pour prétendre en mesurer le mérite et en indiquer la valeur précise ; mais ce qui me paraît vrai et certain, c’est que dans ce genre de notices dont les artistes, peintres, sculpteurs, graveurs, etc., font les frais, il n’y avait en France aucune de ces suites mémorables comme celle que Fontenelle avait donnée sur la vie et les mœurs des Savants, et qui établissent un genre littéraire nouveau. […] si l’on est d’un art particulier, tout en restant le confrère et l’ami des artistes, savoir s’élever cependant peu à peu jusqu’à devenir un juge ; si l’on a commencé, au contraire, par être un théoricien pur, un critique, un esthéticien, comme ils disent là-bas, de l’autre côté du Rhin, et si l’on n’est l’homme d’aucun art en particulier, arriver pourtant à comprendre tous les arts dont on est devenu l’organe, non-seulement dans leur lien et leur ensemble, mais de près, un à un, les toucher, les manier jusque dans leurs procédés et leurs moyens, les pratiquer même, en amateur du moins, tellement qu’on semble ensuite par l’intelligence et la sympathie un vrai confrère ; en un mot, conquérir l’autorité sur ses égaux, si l’on a commencé par être confrère et camarade ; ou bien justifier cette autorité, si l’on vient de loin, en montrant bientôt dans le juge un connaisseur initié et familier ; — tout en restant l’homme de la tradition et des grands principes posés dans les œuvres premières des maîtres immortels, tenir compte des changements de mœurs et d’habitudes sociales qui influent profondément sur les formes de l’art lui-même ; unir l’élévation et la souplesse ; avoir en soi la haute mesure et le type toujours présent du grand et du beau, sans prétendre l’immobiliser ; graduer la bienveillance dans l’éloge ; ne pas surfaire, ne jamais laisser indécise la portée vraie et la juste limite des talents ; ne pas seulement écouter et suivre son Académie, la devancer quelquefois (ceci est plus délicat, mais les artistes arrivés aux honneurs académiques et au sommet de leurs vœux, tout occupés qu’ils sont d’ailleurs, et penchés tout le long du jour sur leur toile ou autour de leur marbre, ont besoin parfois d’être avertis) ; être donc l’un des premiers à sentir venir l’air du dehors ; deviner l’innovation féconde, celle qui sera demain le fait avoué et’reconnu ; ne pas chercher à lui complaire avant le temps et avant l’épreuve, mais se bien garder, du haut du pupitre, de lui lancer annuellement l’anathème ; ne pas adorer l’antique jusqu’à repousser le moderne ; admettre ce dernier dans toutes ses variétés, si elles ont leur raison d’être et leur motif légitime ; se tenir dans un rapport continuel avec le vivant, qui monte, s’agite et se renouvelle sans cesse en regard des augustes, mais un peu froides images ; et sans faire fléchir le haut style ni abaisser les colonnes du temple, savoir reconnaître, goûter, nommer au besoin en public tout ce qui est dans le vestibule ou sur les degrés, les genres même et les hommes que l’Académie n’adoptera peut-être jamais pour siens, mais qu’elle n’a pas le droit d’ignorer et qu’elle peut même encourager utilement ou surveiller au dehors ; enfin, si l’on part invariablement des grands dieux, de Phidias et d’Apelle et de Beethoven, ne jamais s’arrêter et s’enchaîner à ce qui y ressemble le moins, qui est le faux noble et le convenu, et savoir atteindre, s’il le faut, sans croire descendre, jusqu’aux genres et aux talents les plus légers et les plus contemporains, pourvu qu’ils soient vrais et qu’un souffle sincère les anime.

1533. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poème des champs, par M. Calemard de Lafayette (suite et fin) »

La Fontaine, l’excellent observateur et qui a donné chez nous avant tout le monde le vrai poème des champs, dans sa fable de l’Aigle, la Laie et la Chatte, a grand soin de faire dire à celle-ci quand elle fait mine d’être en alarme pour la perte de ses petits : S’il m’en restait un seul, j’adoucirais ma plainte. C’est plus vrai. […] S’ils avaient bien observé et avec une entière bonne foi, ils seraient nécessairement, forcément arrivés à bien dire et à peindre, en dépit de toutes les rhétoriques ou plutôt en vertu de la seule et vraie rhétorique : Scribendi recte sapere est et principium et fons. […] Il ne saurait trop faire de tableaux ; il ne saurait trop éviter les digressions économiques, antisocialistes, et même religieuses : la vraie religion d’un poème est dans l’esprit même qui y est répandu partout.

1534. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Il importe de garder aux gens connus leur vrai nom. […] S’il était vrai, la Révolution française, qui a cependant inauguré les plus généreux principes, n’aurait fait de nous tous, nobles, bourgeois, peuple, qu’une troupe de misérables. […] On a raconté, et cela est vrai, qu’un jour allant visiter M.  […] Il est très vrai que la manière d’écrire de M. 

1535. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

Il est vrai que l’auteur, au lieu de faire Mâtho doucereux, s’est appliqué à garder à son amour un caractère animal et un peu féroce. […] Mâtho qui le ramasse, une fois revêtu de ce diable de manteau dont il avait tant peur, se sent plus fort et comme transformé : tant il est vrai que c’est la foi qui fait tout ! […] Un de mes amis, qui n’est pas Français, il est vrai, et qui est sévère pour notre littérature, me disait à ce propos : « N’avez-vous pas remarqué ? […] Qu’on me permette de m’étendre et de dire, une bonne fois, comment j’entends qu’on soit vrai dans l’art, et comment, selon moi, on peut cesser de l’être en y visant trop.

1536. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Les hommes influents, les Corps dont la réforme opérée diminuait radicalement, — ou plutôt momentanément, comme je le crois, — l’autorité et l’influence, ont parlé haut et se sont récriés : la jeunesse, qui ne demande jamais mieux que de remuer et de s’agiter, ne fût-ce que pour le mouvement seul, s’est partagée en deux camps, fort inégaux, il est vrai. […] Il a parlé, en une occasion, de ses impressions à Rome, rien qu’incidemment, il est vrai, mais d’une manière qui laisse peu à désirer aux plus fervents. […] C’était en effet une sorte de pèlerinage où se portaient dévotement les fidèles ; on courait les provinces, on se dirigeait aux bords du Rhin ; de Strasbourg à Cologne, on saluait du plus loin, à l’horizon, chaque ville qui laissait apercevoir un clocher, une flèche « montrant comme du doigt le ciel » ; c’était une vraie course au clocher et à l’ogive. […] Viollet-Le-Duc se sépare des architectes classiques proprement dits, à le suivre dans les fines et savantes explications qu’il a données de l’architecture française des XIIe et XIIIe siècles, sa grande et principale étude, son vrai domaine royal, si je puis ainsi parler, et à y reconnaître avec lui, sous des formes si différentes à l’œil, et si grandioses à leur tour ou si charmantes, quelque chose de ces mêmes principes et de ce libre génie dont l’art s’est inspiré et s’inspira toujours aux époques d’invention heureuse et de florissante originalité ; tellement qu’à ne voir que l’esprit, il y a plus de rapport véritable entre les grands artistes de la Grèce et nos vieux maîtres laïques bâtisseurs de cathédrales, qu’entre ces mêmes Phidias ou Ictinus d’immortelle mémoire et les disciples savants, réguliers, formalistes, qui croient les continuer aujourd’hui.

1537. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

A vrai dire, si j’oublie tout ce que la critique a fait de raisonnements et de théories à ce sujet, si je me laisse tout simplement aller à l’impression de ma lecture, je n’aperçois rien de si mystérieux ni de si profond. […] Un jour, Philippe III, du balcon de son palais, voyant un étudiant qui, sur les bords du Mançanarès, lisait un livre et interrompait souvent sa lecture en se frappant de la main le front et en faisant des mouvements extraordinaires de plaisir et de joie : « Cet étudiant est fou, dit le roi, ou il lit Don Quichotte. » Les courtisans qui étaient là coururent vérifier le fait, et c’était vrai. […] Cervantes a fait un chef-d’œuvre sans obscurité, d’une clarté parfaite, agréable, sensé, où la chimère n’a rien à faire que pour y être raillée, un de ces livres qu’eût goûté Horace comme le goûtait Saint-Évremond, un chef-d’œuvre pourtant sans analogue chez les Anciens, d’une étoffe toute moderne, aussi vif et aussi amusant en son genre que celui de l’Arioste dont il est le vrai pendant. […] Pour rester vrai à son égard, il faut se résigner à essuyer cette larme que depuis quelque temps on veut absolument mêler à son sourire, ou bien alors il faut dire en avertissant le monde : « Cette larme lui sied mieux, selon nous, et c’est nous qui la lui mettons. » De bons esprits à l’étranger, Hallam et M. 

1538. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

La mère du surintendant, et qui lui survécut peu, Mme Fouquet, — une vraie mère de douleurs, — avait la réputation d’une sainte, et toute sa vie s’était passée au service des pauvres : elle inspirait la vénération autour d’elle. […] 67 Lorsque le petit-fils de Fouquet, M. de Belle-Isle, âgé de seize ans, vint à Paris, jeune homme de bonne mine, ayant « de l’esprit, du tact, les sentiments et les façons d’un vrai gentilhomme », grandement apparenté d’ailleurs, allié aux Lévis et aux Charost, l’intérêt de la société se porta sur lui ; on ne pensa à rien moins d’abord qu’à le faire entrer dans les mousquetaires du roi : on y réussit. […] Il fit mine d’en vouloir sortir, il est vrai, mais il se laissa persuader assez aisément d’y rester sous couleur de patriotisme, et il y était encore quand il mourut en janvier 1761, à la veille, dit-on, d’être remercié par le roi. […] Il est vrai que celles qui ont commencé plus gaiement finissent quelquefois de la même façon acariâtre, croyant racheter par là leur passé.

1539. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Racine a fait les Plaideurs ; et, dans cette admirable farce, il a tellement atteint du premier coup le vrai style de la comédie, qu’on peut s’étonner qu’il s’en soit tenu à cet essai. […] Par exemple, l’Avare est moins mal écrit que les pièces qui sont en vers : il est vrai que la versification françoise l’a gêné ; il est vrai même qu’il a mieux réussi pour les vers dans l’Amphitryon, où il a pris la liberté de faire des vers irréguliers. […] En somme, et ceci soit dit pour dernier mot, il y aurait injustice, ce me semble, à traiter Racine autrement que tous les vrais poëtes de génie, à lui demander ce qu’il n’a pas, à ne pas le prendre pour ce qu’il est, à ne pas accepter, en le jugeant, les conditions de sa nature.

1540. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Talent naturel et vrai, mais trop docile, il ne s’est pas assez connu lui-même, et a sans cesse accordé aux conseils une grande part dans ses choix. […] Les poëtes particulièrement (notons ceci) sont très-sujets à rencontrer d’honnêtes personnes, d’ailleurs instruites et sensées, mais qui ne semblent occupées que de les détourner de leur vrai talent. […] Un autre biographe, après 1830 il est vrai, M. de Pongerville, a voulu nous le montrer comme un fidèle de l’Empire. […] Il y a une piquante épigramme de Martial où ce qu’il dit de ses Épigrammes mêmes peut s’appliquer aux élégies, à toute cette poésie vivante et vraie : « Tu crois, dit-il à un de ces estimables conseillers, que mes épigrammes n’ont rien de sérieux ; mais c’est le contraire ; celui-là véritablement n’est pas sérieux qui nous vient chanter pour la centième fois avec emphase le festin de Térée ou de Thyeste… C’est pourtant là ce qu’on loue, ce qu’on estime, me diras-tu, ce qu’on honore sur parole. — Oui, on le loue, mais moi, on me lit. » Nescis, crede mihi, quid sint epigrammata, Flacce, etc.

1541. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Il eût pu dire qu’il ne prenait pas Pétrarque tout à fait du même côté que Saint-Gelais : et malgré toutes les mièvreries et mignardises de l’Olive, il est vrai que le côté tendre, ému, sincère de Pétrarque ne lui a pas échappé, et qu’en l’imitant il a exprimé dans ses sonnets une façon d’aimer sérieuse et ardente, un idéalisme sentimental, qui ne ressemblent guère au pétrarquisme grivois de Saint-Gelais. Pour l’ode, Du Bellay, comme toute l’école, s’efface et s’absorbe dans Ronsard, et de lui comme de Ronsard il sera vrai de dire que ses meilleures odes sont des chansons ou des élégies. […] Il s’est trompé sur le choix d’un sujet : il a cru le prendre éloigné de la mémoire des hommes, et pourtant populaire ; ce n’était qu’une légende de clercs et de lettrés, ancienne il est vrai, et qui s’était perpétuée de Frédégaire à Jean Lemaire et Jean Bouchet. […] Sa technique est celle d’un vrai artiste.

1542. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Jean de Gourmont Je ne crois pas que l’Académie ait jamais beaucoup aimé les vrais littérateurs ; elle n’en choisit quelques-uns qu’avec une sorte de crainte, encore leur demande-t-elle de mettre une feuille de vigne à leurs idées. […] Je la tiens pour surannée, sans but, sans mandat valable, hostile à la vraie indépendance du caractère et du talent, donnant des primes à l’arrivisme, et tout occupée de mesquines intrigues. […] Un vrai poète ne transige pas. […] Camille Mauclair, il tient l’Académie « pour surannée, sans but, sans mandat valable, hostile à la vraie indépendance du caractère et du talent, donnant des primes à l’arrivisme et tout occupée de mesquines intrigues ».

1543. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

L’à-propos est si souverain dans ces choses de théâtre, que les pièces de Shakespeare, sentimentalisées par Ducis et rabaissées au ton des Nuits d’Young, réussirent et firent fureur en leur temps, tandis que, du nôtre, le vrai et grand Shakespeare, reproduit et calqué avec art par des hommes de talent et d’étude, n’a jamais pris pied qu’à demi. […] Mais, même avant Talma, et du temps de Brizard ou de Larive, La Harpe sentait bien qu’il y avait là-dessous une force supérieure cachée : « C’est bien heureux, disait-il en parlant de Ducis, que cet homme n’ait pas le sens commun ; il nous écraserait tous. » Personne ne fit, dans le temps, à Ducis les vraies objections ; on lui reprochait de trop imiter Shakespeare, et non pas de l’imiter mal. […] « Vous avez passé à travers le siècle sans qu’il déposât sur vous aucune de ses taches », lui écrivait Thomas : cela n’était vrai qu’au moral ; car, pour la langue et le style, le siècle avait donné à Ducis toute sa teinte. […] L’ouvrage tournait finalement à la vertu, puisque Farhan n’est pas le vrai frère de Saléma, et Abufar pouvait dire en finissant à tout ce qui l’entoure : Donnez-vous tous la main, et soyez tous heureux !

1544. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

N’est-ce pas d’ailleurs un vrai trait de génie de la part de celui-ci d’avoir deviné que cette méthode toute neuve et à peine éprouvée était le renouvellement de la science et de l’esprit humain ? […] Il arrive même qu’un fait ou une observation reste longtemps devant les yeux d’un savant sans lui rien inspirer ; puis tout à coup vient un trait de lumière. — L’idée neuve apparaît avec la rapidité de l’éclair comme une révélation subite. — La méthode expérimentale ne donnera donc pas des idées vraies et fécondes à ceux qui n’en ont pas ; elle servira seulement à diriger les idées chez ceux qui en ont. » Au reste, il est encore juste de reconnaître que ces réclamations en faveur de l’hypothèse dans les sciences expérimentales ne sont pas absolument neuves, et que les philosophes ont sur ce point précédé les savants. […] Non sans doute, et la vraie limite a été ici indiquée par Bacon lui-même. […] Rien de plus excellent et de plus solide que ces idées, populaires d’ailleurs parmi les vrais savants, et dont M. 

1545. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Que l’artiste garde cette loi des énergies et des intérêts, et de quelque étendue que soit sa toile, sa composition sera vraie partout. […] C’est ce que n’ignore pas celui qui connaît la nature et qui a le sentiment du vrai : mais ce qu’il sent aussi, c’est que ces figures partagées, ces personnages indécis ne concourant qu’à moitié à l’effet général, il perd du côté de l’intérêt ce qu’il gagne du côté de la variété. […] Cependant, s’il est vrai qu’un art ne se soutienne que par le premier principe qui lui donna naissance, la médecine par l’empirisme, la peinture par le portrait, la sculpture par le buste, le mépris du portrait et du buste annonce la décadence des deux arts. […] Pauvres copistes qu’ils compareraient volontiers à notre artisan des Gobelins qui va choisissant ses brins de laine les uns après les autres, pour en former la vraie nuance du tableau de l’homme sublime qu’il a derrière le dos.

1546. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Les fausses religions elles-mêmes révèlent et prouvent les principes de la vraie religion : toutes les fois, par exemple, que, dans le polythéisme, un homme a rencontré le sentiment de l’amour, il a rencontré le christianisme, et il a été ce que Tertullien appelait une âme naturellement chrétienne. […] La remarque de M. de Bougainville s’appliquait seulement aux temps historiques de la Grèce ; j’ai voulu l’étendre à tous les temps qui ont illustré cette péninsule si célèbre dans les fastes de l’esprit humain : c’était pour la rendre plus générale, et par conséquent plus vraie. […] Les religions fausses n’existent, sans doute, que par une force de tradition qui les lie aux révélations vraies ; et elles sont, en quelque sorte, une émanation même de ces révélations. […] S’il est vrai que chaque peuple ait une mission à remplir, un ministère à exercer à l’égard des autres peuples, qui pourrait nier l’antique mission du peuple français, et son ministère auguste en Europe ?

1547. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VII. Le cerveau et la pensée : une illusion philosophique »

Implicitement contenue (avec bien des restrictions, il est vrai) dans la philosophie de Descartes, dégagée et poussée à l’extrême par ses successeurs, elle a passé, par l’intermédiaire des médecins philosophes du xviiie  siècle, dans la psychophysiologie de notre temps. […] Mais la réciproque n’est pas vraie, et au même état cérébral correspondraient aussi bien des états psychologiques très divers. […] A vrai dire, les termes qui s’influencent réciproquement — de quelque nom qu’on les appelle, atomes, points matériels, centres de forces, etc. — ne sont à ses yeux que des termes provisoires ; c’est l’influence réciproque ou interaction qui est pour elle la réalité définitive. […] Alors, comme il n’y a pas d’état de conscience qui n’ait son concomitant cérébral, comme une variation de l’état cérébral ne va pas sans une variation de l’état de conscience (quoique la réciproque ne soit pas nécessairement vraie dans tous les cas), comme enfin une lésion de l’activité cérébrale entraîne une lésion de l’activité consciente, on conclut qu’à une fraction quelconque de l’état de conscience correspond une partie déterminée de l’état cérébral, et que l’un des deux termes est par conséquent substituable à l’autre.

1548. (1887) La banqueroute du naturalisme

Dans L’Œuvre, dans Germinal, dans La Joie de vivre, on pouvait encore, en y regardant bien, discerner quelque trace et reconnaître au moins quelque effort d’observation, mais ici, c’est vainement qu’on en chercherait l’ombre ; et les jésuites d’Eugène Sue, les mousquetaires d’Alexandre Dumas, les Burgraves eux-mêmes de Victor Hugo sont plus vrais, moins fantastiques, plus vivans peut-être que les paysans de M.  […] Ou, si l’on aime mieux cette autre façon de dire la même chose : le peu de vérité qu’il y a dans La Terre est banal, pour traîner partout, et le peu de nouveauté qu’on y rencontre n’est pas vrai. […] D’autant qu’ils parleraient un langage plus conforme à la réalité, ils paraîtraient d’autant moins réels et moins vrais, puisque c’est eux, et non point leur incapacité de s’analyser eux-mêmes qu’il s’agit de nous montrer. […] En quelque lieu du monde qu’il y ait encore un vrai naturaliste, je comprends sa douleur.

1549. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Du moment que l’esprit, le talent, se tournent vers ce système de tout dire en image et de tout peindre en couleurs, ils peuvent aller très-loin et faire de vrais tours de force ; mais le vrai centre est déplacé. […] Je ne parle pas, bien entendu, des vers de Voltaire ; mais, dans sa prose, combien de ces mots sans image apparente, et qui sont la pensée même en son plus vrai mouvement !

1550. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Plusieurs, il est vrai, ont commis des actes criminels, et la médiocrité qui confond tout, se persuade que les forfaits d’un homme de génie ont illustré sa destinée. […] Il n’est pas vrai non plus que la morale existe d’une manière plus stable parmi les hommes peu éclairés ; il suffit de la probité sans des talents supérieurs, pour se diriger dans les circonstances ordinaires de la vie ; mais dans les places éminentes, les lumières véritables sont la meilleure garantie de la morale. […] Tel qu’il est cependant, je le publie, cet ouvrage : alors qu’on a cessé d’être inconnue, encore vaut-il mieux donner de ce qu’on peut être une idée vraie, que de s’en remettre au perfide hasard des inventions calomnieuses.

1551. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

S’il n’en va plus de même, du moins le succès, après il est vrai plus d’œuvres accumulées, continue de récompenser assez les plus valeureux. […] Cela est vrai, de toute vérité. […] C’est un sujet frais, c’est-à-dire un mode neuf de situation vraie et connue, avec son expression littéraire conforme, inédite.

1552. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Le vrai goût s’attache à un ou deux caractères et abandonne le reste à l’imagination ; les détails sont petits, ingénieux et puérils. […] Un trait seul, un grand trait, abandonnez le reste à mon imagination ; voilà le vrai goût, voilà le grand goût. […] J’aurai mal choisi mon exemple, mais les principes de ma poétique n’en seront pas moins vrais ; ce ne sera pas sur la Discorde d’Homère, mais sur la mienne que j’aurai donné la préférence à l’Amphitrite d’Ovide.

1553. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

Il est vrai que l’honnête balourd qui s’exprimait ainsi écrivait dans un journal belge, ce qui l’excusait et atténue le délit, mais pour nous, voilà la merveille ! […] C’est de la causerie qui passe par les yeux au lieu de passer par les oreilles, mais c’est toujours de la causerie, et voilà pourquoi des lettres sont toujours, plus que les livres, la vie vraie de l’esprit, son jaillissement de source, sa veine ouverte ! […] Nous sommes en pleine femme naturelle et mondaine, en pleine femme vraie, en plein génie de légèreté, en pleine légèreté de génie ; de ce génie qui nous donne, par exemple, la sublime lettre sur la robe à huit volants, que j’aime mieux, pour ma part, que tous les tricots, compliqués et savants, des pages les plus citées, en littérature !

1554. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

À Venise, l’impassible gueule du lion de bronze recevait aussi bien la dénonciation fausse ou troublée du goujat que le renseignement le plus vrai, tombé des mains les plus élevées et les plus pures de la République. […] Si le mot est vrai qu’« il n’est pas de héros pour les valets de chambre », on dirait le livre de Tallemant écrit sur le rapport de laquais qui ont écouté aux portes et qui l’auraient renseigné. […] Touché et séduit par l’idée qu’il eût pu, s’il avait vécu de son temps, étaler ses aiguillettes et ses canons à côté de la robe bouffante de madame de Fiesque ou de la marquise de Sablé, Paulin Paris n’a pas un mot profond, grave et vrai, sur ce xviie  siècle qui attend toujours son juge, et qui, pour des raisons diverses, impose à tant de gens, tous plus ou moins compromis dans cette conspiration contre l’Histoire qui dure depuis deux cents ans et que de Maistre a dénoncée, mais sans pouvoir la faire condamner.

1555. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

La plupart des lettres que nous avons reçues devaient donc surtout attester, dans cette dépravation de toute intelligence, cet orgueil qui se vante quand il n’y a pas de quoi, l’orgueil à l’envers de la fierté vraie ! […] Pouvions-nous donc nous étonner de la retrouver jusque dans les efforts furieux tentés un jour pour s’en défendre, tant il est vrai que, quoi qu’entreprenne le bâtard contre ce qu’il appelle le préjugé, il en sent toujours le contrecoup inévitable, et que l’excès de la jactance ne prouve que le mal dont il souffre ? […] X C’est criminel, en effet, gratuitement criminel, car il est toujours aisé de se tenir tranquille et de se taire, — de laisser passer, sans y répondre, une thèse vraie dans sa ferme généralité ; il est toujours aisé de vivre dans un sort honnête et obscur, ou même éclatant, si on a vraiment du mérite et si on est taillé pour la gloire, sans que l’impudence d’une révélation sinistre vienne tout à coup répandre une vile lumière autour de soi.

1556. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

Ni Augustin Thierry ni Guizot eux-mêmes, les œdipes officiels de ce temps qu’ils n’ont pas deviné toujours et qu’ils ont calomnié quelquefois ; ni Augustin Thierry ni Guizot n’ont été assez forts pour se soustraire à ces préjugés du siècle dernier qui offusquent tout, quand il s’agit du Moyen Âge, Il est vrai que, pour Guizot, le moment n’est peut-être pas fort éloigné où l’Histoire de la Civilisation rencontrera quelque contradicteur terrible ; quant à Augustin Thierry et à ses travaux, il s’est lui-même, avant de mourir, passé par les armes. […] Grandement compris, excusé en ce qu’il a de vrai, saisi sur le vif de la nature humaine elle-même, le point d’honneur, cette opinion plus forte que les institutions au Moyen Âge, aurait mis sa lumière au sein des faits incohérents. […] Assurément tout cela mérite d’être compté et apprécié par le critique, mais ne constitue pas néanmoins au livre d’Ernest Semichon l’immobile place que les livres vrais en histoire prennent de force dans les travaux d’une époque et ne perdent plus.

1557. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Tant pis pour nous si le milieu à travers lequel l’historien nous lance nous ne l’avons pas plus vu que si nous avions été… de vrais ballots ! […] … Gagnant de salle en salle, de galerie en galerie, cette émotion étrange déborde, arrive aux postes extérieurs et se répand bientôt comme une alarme sur la ville entière. » Certainement, voilà qui est enlevé, d’un très beau mouvement, très gradué, très puissant, qui vous saisit et vous fait merveilleusement comprendre l’ivresse de ce dernier banquet, la veille du martyre — Ôtez le riant chasseur, qui est trop riant et rappelle trop Capefigue, et la divinité mythologique, qui rappelle trop les dessus-de-porte d’Arsène Houssaye, et vous avez une vraie page d’une sensibilité contagieuse. […] Le sang et le cœur, voilà la vraie valeur d’Hippolyte Castille, qui se badigeonne en fer dans son histoire, quoiqu’il ne soit pas un roseau.

1558. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

il est vrai que cette râpe de Pascal ne jouait pas à la bonhomie ! […] On y voit, en effet (page 36), que « la concupiscence de la femme est illimitée ; (page 49) que les plaisirs de l’amour, dès qu’ils ne sont plus légitimes, exposent l’homme et la femme à d’horribles maladies ; (page 36) que la femme infidèle à un homme, par sa nature même n’est plus fidèle à aucun autre homme », ce qui n’est que la moitié du vrai, par parenthèse, car le vrai tout entier c’est que la femme n’est, de nature, fidèle à aucun homme, et ne le peut si Dieu ne l’aide pas !

1559. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XX. M. de Montalembert »

Cela est d’autant plus vrai, que tout le monde, même intelligent, n’est pas taillé pour se permettre la grande histoire à la Tite-Live et à la Gibbon. […] Parfois, cependant, il est vrai, M. de Montalembert ajoute quelque chose de son cru aux alluvions qu’il fait des autres. […] Villemain est, dans l’ordre des orateurs, un parleur très arrangé, qui épile des phrases, sceptique à tout, si ce n’est à la rhétorique et à l’orthographe, tandis que M. de Montalembert est un homme convaincu toujours, souvent passionné, lourd habituellement, mais brusque et vrai en somme, quoique de temps en temps déclamateur.

1560. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

[I] Il faut une certaine audace, n’est-il pas vrai ? […] Il y a dans ce livre, il est vrai, autre chose. […] Il est vrai que, cela dégorgé, M. 

1561. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Musset »

Dernièrement, madame de Surville, la sœur de Balzac, a dit son petit mot de sœur, escompté par les éditeurs de son frère, à la tête de la vraie vie de Balzac, racontée par lui-même (et qui suffisait), dans sa sublime Correspondance. […] II Et encore si toute cette parentaille, qui écrivaille, devait en savoir plus long que tout le monde sur celui dont elle écrit la vie, et qu’en raison de la parenté même elle eût dans les mains des faits, des renseignements et des détails qui éclaireraient son histoire et lui donneraient un intérêt de profondeur et de nouveauté… Mais le plus souvent il n’en est rien, et même, le plus souvent, c’est le contraire qui est le vrai ! […] Talent de teintes spirituelles, tempérament calme, cœur sensible, rempli jusqu’aux bords de son frère, il n’est pas simplement Musset par le nom : il l’est encore par la goutte détiédie du sang d’Alfred qui passe dans son cœur, — pour le faire, il est vrai, moins battre, et qui teint son esprit, quoique ce ne soit pas de la même couleur éclatante.

1562. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Auguste Barbier »

Il est vrai que cette gloire, qui, vu l’esprit de l’époque, tendrait un peu à devenir momie, Hugo et Lamartine, pour la raviver et pour la rajeunir, l’ont plongée, comme le vieil Éson, dans la cuve bouillante de la politique, tandis qu’Auguste Barbier, qui est sorti de cette cuve-là comme le bronze de la fournaise, n’y est pas rentré, et s’est — comme les morts — froidi à l’écart. […] Auguste Barbier, tout vigoureux qu’il soit, n’avait pas cette vaillance Après le Pianto, on vit encore briller dans Lazare quelques vers, dernières torsions de la flamme divine, puis ce fut fini… Les ailes de ce génie si vrai se fondirent comme des ailes de cire. […]                            Oui, je le crois, l’amour, L’amour vrai ne sera jamais l’amour d’un jour.

1563. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Laurent Pichat »

Je ne dormais pas sur les livres de Laurent Pichat, qui a, paraît-il, écrit beaucoup de vers, mais je dormais à côté… Je ne les lisais pas, indifférent, presque incrédule, sachant vaguement, il est vrai, que Laurent Pichat, depuis de longues années, voulait être un poète, mais elle est si rare, la poésie, que je ne crois à elle que forcé dans mes gardes et qu’à la dernière extrémité ! […] Elle a fait son devoir, et on ne peut lui demander rien de plus, quand elle a signalé comme infiniment remarquables : Saint-Marc, déjà cité, Le Fils du Vicomte, où la satire et la comédie unissent leurs coups de fouet, Un beau mariage, — d’autant plus dangereuse, cette pièce, que, vraie en beaucoup de points et étincelante, mais d’inspiration basse, elle aura pour elle toutes les âmes basses hostiles à l’Église, — La Tête de mort, L’Exorcisme du ver, où l’on trouve ce vers baudelairien : Et qui ne craint pas Dieu ne craint pas sa vermine ! […] Talent spontané, trop vrai et trop fort pour ne pas échapper à l’espèce d’endiguement où il ne peut pas tenir et où il étouffe, de temps en temps il passe sublimement par-dessus.

1564. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Les vrais lilas et les vraies roses, on les cueille dans les simples jardins qui ne connaissent d’autre chaleur que celle du soleil. […] On regarde : c’est vrai. […] Il est cependant un pays où les insectes ont de vrais amis. […] Sans doute, la religion n’est pas vraie, mais l’anti-religion n’est pas vraie non plus : la vérité réside dans un état parfait d’indifférence. […] La vraie science aussi est située au-delà de la science.

1565. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

La vraie politique (est-ce à l’illustre orateur qu’il est besoin de le rappeler ?) […] Dans nos méditations même solitaires ne perdons jamais de vue l’état vrai de la nation et l’intérêt actuel de la France.

1566. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

Il est très-brillant, mais il manque de gravité et de vrai christianisme. […] Mais il est toujours temps de revenir à ce point de vue plus vrai après qu’on a profité en détail avec son auteur.

1567. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Il est bien vrai que les Mémoires de Longchamp et Wagnière empruntent un mérite particulier de la position des auteurs, et que les secrétaires d’un homme de lettres illustre qui deviennent ses historiens réclament de la postérité un quart d’heure d’attention, à tout aussi bon droit que la femme de chambre qui jase de la maîtresse favorite, ou le chambellan qui se remémore le potentat. Mais il n’est pas moins vrai non plus que si une foule de choses intimes et véritablement inappréciables nous sont là dévoilées, que s’il nous est raconté par exemple de quelle façon la marquise du Châtelet faisait sa toilette, ou, pour parler tout grossièrement, passait sa chemise devant ses gens, dans quel embarras se trouva un jour M. 

1568. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponsard, François (1814-1867) »

L’originalité et la gloire de son œuvre est justement d’avoir ramené vers les vérités fortes et salubres nos esprits égarés dans l’invraisemblable, le paradoxal et l’impossible, d’avoir exprimé ces vérités immortelles dans un style ferme, net, franc, de bonne école et de bonne race, d’avoir fait circuler dans les veines de la comédie moderne, après tant de fièvres et de langueurs, un reste de ce sang vigoureux et pur qui semblait tari depuis les maîtres, et de n’avoir pas craint de nous paraître banal pour être plus sûr d’être vrai. […] C’était un peu ridicule, et pourtant… Si Victor Hugo reste au théâtre, comme ailleurs, un incomparable poète lyrique, la vérité vraie, c’est qu’un drame du bon Ponsard n’est en aucune façon plus ennuyeux, à la scène, que Marion de Lorme ou le Roi s’amuse.

1569. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Peut-être Molière, entraîné par cette sympathie si vive en lui, ne s’appliqua-t-il pas assez à discerner, dans les mœurs dont le public était disposé à rire, le vrai du faux, l’exagération d’avec le naturel noble et choisi, et les affectations hypocrites d’avec un juste éloignement pour l’impudence du vice. […] Les écrivains qui accréditent cette erreur ne remarquent pas que si leur opinion était juste, la gloire de Molière, qu’ils croient rehausser, serait au contraire rabaissée : car, s’il était vrai qu’il eut fait la guerre à la marquise de Rambouillet, à sa fille Julie, aux Sévigné, aux La Fayette, aux La Suze, au lieu de la faire seulement aux Scudéry, on pourrait dire qu’il est sorti vaincu d’un côté, étant vainqueur de l’autre, un effet, s’il a purgé la langue et les mœurs des affectations hypocrites et ridicules des Peckes, d’un autre côté les femmes illustres, qui ont survécu à l’hôtel de Rambouillet et en avaient fait partie, ont banni du langage et des mœurs des grossièretés et des scandales qu’il protégeait, et y ont apporté des délicatesses et des larmes dont elles ont eu les premières le sentiment.

1570. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre IV. De quelques poèmes français et étrangers. »

Cependant on y remarque quelques morceaux d’un sentiment vrai, et c’est sans doute ce qui avait adouci l’humeur du chantre de l’Art poétique. […] C’est un sophisme digne de la dureté de notre siècle, d’avoir avancé que les bons ouvrages se font dans le malheur : il n’est pas vrai qu’on puisse bien écrire quand on souffre.

1571. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

Ce lyrisme faux ou vrai, mais qui est l’accent, le fond de la voix de la littérature du xixe  siècle, ne résonne jamais dans son expression pour en doubler l’éclat ou la portée. […] car les satiriques ne manquent pas à la littérature française, mais aucun de ceux-là qui l’ont illustrée n’ont le caractère de force douce, comme l’est la vraie force, qui distingue la poésie satirique de ce chrétien qui trempe son fouet dans l’huile de la charité avant de frapper, et qui n’en frappe que plus fort après.

1572. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

C’est le mérite des mérites, c’est vrai. […] On n’invente pas la vraie couleur, on la copie ; pour la copier, il faut la voir. […] Je ne puis que leur rendre témoignage et m’écrier à chaque page de ce miraculeux roman : Cela est vrai comme 1813 ! […] On n’a jamais eu besoin de lui dire : « Sûzel, il faut s’y prendre de telle manière. » C’est venu tout seul, et voilà ce que j’appelle une vraie femme de ménage… dans deux ou trois ans, bien entendu, car, maintenant, elle n’est pas encore assez forte pour les grands travaux ; mais ce sera une vraie femme de ménage ; elle a reçu le don du Seigneur ; elle fait ces choses avec plaisir. « Quand on est forcé de porter son chien à la chasse, disait le vieux garde Frœlig, cela va mal ; les vrais chiens de chasse y vont tout seuls, on n’a pas besoin de leur dire : Ça, c’est un moineau, ça une caille ou une perdrix ; ils ne tombent jamais en arrêt devant une motte de terre comme devant un lièvre. » Mopsel, lui, ne ferait pas la différence. […] — Diable… diable… voyez-vous cela… mais c’est une vraie ménagère… Je n’oserai plus la tutoyer tout à l’heure… Eh bien, Sûzel, c’est convenu, tu écriras la recette. » Alors Sûzel, heureuse comme une petite reine, rentra dans la cuisine, et Kobus alluma sa pipe en attendant le café.

1573. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

C’est le vrai brigand poncif de Schenetz. […] Il nous confirme dans cette idée, déjà instinctive en nous, que le suprême Beau est la représentation de génie exacte de la Nature, que l’Idéal qu’ont cherché à introduire dans l’art, les talents inférieurs et incapables d’atteindre à cette représentation, est toujours au-dessous du vrai. […] Le dîner Magny aura été, en dépit de quelques empêcheurs, un des derniers cénacles de la vraie liberté de penser et de parler. […] Le corps de sa « Femme au perroquet » est aussi loin du vrai du nu, que n’importe quelle académie du xviiie  siècle. […] Le vrai Louis XVI est déjà de l’Empire, il n’y a qu’à voir l’horrible coffret à bijoux de Marie-Antoinette.

1574. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Depuis l’enlèvement d’Hélène ou celui des Sabines, il ne s’est jamais vu tant et de si beaux enlèvements de femmes qu’aujourd’hui ; il est vrai que ce sont des enlèvements tout littéraires. […] Il y eut, certes, une vraie chrétienne parmi elles, une admirable pénitente qui sembla vouloir payer pour toutes, la princesse de Conti ; mais en revanche et à ses côtés, dans cette quantité de cousins et de cousines, que de païens et de païennes ! […] Il est prouvé par l’expérience que ces gens-ci ne font rien par reconnaissance et par inclination, et il est même peut-être vrai de dire qu’ils ne le doivent pas ; car, leur intérêt étant de faire le moins qu’ils peuvent, puisqu’ils ne font rien qu’à leur détriment, leur système doit être de ne faire jamais que le plus pressé : or, ce qui presse le plus, c’est la crainte ; et en effet, c’est là le vrai mobile de tous les ressorts de cette cour-ci : or la hauteur, quand elle n’est pas trop excessive, inspire une espèce de crainte, au lieu que trop de politesse et d’égards courent risque d’être pris ici pour de la timidité et de la faiblesse. […] Il est vrai qu’à la nouvelle de cette avanie dont l’aubergiste n’avait pas manqué de faire trophée, la noblesse de Londres et de la contrée s’indigna et résolut de faire un exemple : on s’entendit pour ne plus descendre chez l’aubergiste exacteur, qui fut ruiné et qui n’eut de recours, dans la suite, qu’en la bienfaisance et la générosité du duc de Nivernais. […] Les matinées avec promenades en calèche, cavaliers et piqueurs alentour, pouvaient ressembler à un tableau de Wouvermans ; mais les après-midi sont de vraies journées de Watteau.

1575. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Au premier bruit qui en vint aux oreilles de l’offensée, celle-ci, qui savait que l’histoire était fausse, mais qui se réservait tout bas peut-être de la rendre vraie, crut qu’il était mieux de se taire. […] Je vous conseille cependant de faire en sorte qu’il ne voie personne : il ne faut pas le laisser parler. » Tel était au vrai, dans son ingénuité, le grand comploteur et chef de parti Arnauld. […] En apprenant un matin (vers 1663) l’une des ruptures qu’on imputait aux Jésuites, elle disait avec son tour d’esprit : « J’ai été assez simple pour croire que les Révérends Pères agissaient sincèrement ; il est vrai que je n’y croyais que d’hier au soir. » Enfin des négociations sérieuses s’engagèrent : M. de Gondrin, archevêque de Sens, concertait tout avec elle. […] La vraie couronne de Mme de Longueville en ces années, celle qu’il faut d’autant plus révérer en elle qu’elle ne l’apercevait pas, qu’elle la couvrait comme de ses deux mains, qu’elle l’abaissait et la cachait contre le parvis, c’est la couronne d’humilité. […] Mais il est vrai qu’on verra peu de gens de cette qualité embrasser un genre de vie comme le sien, et demeurer fermes jusqu’au bout dans les grandes vérités de la religion, dans un grand mépris de soi-même, ce qui paroissoit jusque dans ses habits, et dans une uniformité pour ses devoirs essentiels comme elle l’a toujours témoigné.

1576. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Mon petit Pierre Gavarni expliquait, ce soir, assez ingénieusement, le talent de Fromentin : un manque d’études suivies, une inexpérience curieuse du métier de la grande peinture, mais le jet sur la toile d’un milieu et d’une heure, que le peintre peuple après d’Arabes et de chevaux mal dessinés et incomplètement peints, mais qui sont au fond charmants, presque vrais, et qui vivent par l’exquise et poétique trouvaille de la nature ambiante. […] L’homme sort de sa petite voiture, se met sur ses jambes artificielles, embrasse les mains de Lachaud, s’écrie qu’il lui doit sa fortune, que sa femme après lui aura de quoi vivre, que ses enfants seront heureux : un vrai discours, prononcé moitié pleurant. […] Jamais, je crois, il n’est arrivé de décrire par avance, d’une manière si épouvantablement vraie, le désespoir d’un homme de lettres sentant tout à coup l’impuissance et le vide de sa cervelle. […] — Ma foi, c’est vrai, avoue en riant Flaubert, même avec les femmes de maison, que j’appelle mon petit ange… ……………………………………………………………………………………………………… — C’est curieux, — laisse échapper Tourguéneff, écoutant avec des yeux effarés et presque inquiets, ce qui se dit, — c’est curieux, moi, je n’aborde la femme qu’avec un sentiment de respect, d’émotion, et de surprise mon bonheur… Daudet, vous n’avez pas connu de femmes russes ? […] … Là-dedans pas une intelligence supérieure… Je ne vois que Picard, lui un vrai bourgeois de l’ancien temps, un bourgeois du dix-huitième siècle, avec une connaissance des hommes et une compréhension des choses… Oui des bonapartistes, des orléanistes, mais pas un français, pas un homme amoureux de sa patrie, comme Cavour.

1577. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

S’il est vrai que le théâtre soit un grossissement et une simplification de la vie, la comédie pourra nous fournir, sur ce point particulier de notre sujet, plus d’instruction que la vie réelle. […] Nous ne serons plus à Guignol ; nous assisterons à une vraie comédie. […] Quelquefois, il est vrai, ce mécanisme est plus malaisé à apercevoir. […] Elle mérite d’être appelée classique, s’il est vrai que l’art classique soit celui qui ne prétend pas tirer de l’effet plus qu’il n’a mis dans la cause. […] Il est vrai que les phrases ne se font pas toutes seules, et que si nous rions d’elles, nous pourrons rire de leur auteur par la même occasion.

1578. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Sanadon, qui trouve dans cette façon de parler une vraie hypallage ou un renversement de construction. […] Il est vrai que telle expression figurée en particulier n’a pas été en usage partout ; mais partout il y a eu des expressions figurées. […] Il y a bien des propositions qui sont vraies dans un sens étendu (…), et fausses lorsque les mots en sont pris à la rigueur, (…) : nous en donerons des exemples en parlant du sens litéral. […] Distributif vient de (…), qui veut dire distribuer, partager. la femme aime à parler : cela est vrai en parlant des femmes en général ; ainsi le mot de femme est pris là dans un sens collectif ; mais la proposition est fausse dans le sens distributif, c’est-à-dire, que cela n’est point vrai de chaque femme en particulier. l’home est sujet à la mort ; cela est vrai dans le sens collectif, et dans le sens distributif.

1579. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Mon rêve est agréable, donc il est vrai ». […] On imposa à la vérité l’obligation d’être poétique et non d’être vraie. […] Balzac n’a point la fougue, l’inspiration subite et heureuse, la divination facile et abondante du vrai et du beau. […] Contre de tels cris, nulle parole ne vaut ; des actions seules, la vraie vengeance, le poison, répondront. […] Un acteur peut s’enivrer de son rôle et verser de vraies larmes.

1580. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Cette décadence de Louis XIV, où la corruption pour éclater n’attendait que l’heure, faisait encore une société bien spirituelle, bien riche d’agréments ; cela était surtout vrai des femmes et du ton ; le goût valait mieux que les mœurs ; on sortait de Saint-Cyr, après tout, on venait de lire La Bruyère. […] Je suis remplie de défauts, mais je respecte et j’aime la vertu… » Cette idée de vertu entra donc distinctement pour la première fois dans ce cœur qui était fait pour elle, qui y aspirait d’instinct, qui était malade de son absence, mais qui n’en avait encore rencontré jusque-là aucun vrai modèle. […] Le chevalier ne se dément pas un moment ; ce sont des inquiétudes si vraies, des agitations si touchantes, que cela fait venir les larmes aux yeux à tous ceux qui en sont témoins . […] La vraie passion y respire sans rien de violent ni de tumultueux, avec le sentiment profond d’une âme toute soumise et comme dévotieuse. […] Tout le monde est excédé de ses incertitudes (il s’agissait d’un voyage à faire à Pont-de-Veyle en Bourgogne) ; le vrai de ses difficultés, c’est qu’elle ne voudrait point quitter le maréchal, qui ne s’en soucie point et ne ferait pas un pas pour elle.

1581. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Jamais l’imagination n’approchera des invraisemblances et des antithèses du vrai. […] » Elle dit vrai. […] Pioupiou, toute cette cochonnerie-là… Claudin, vois-tu, je te parle sans ironie, je t’envie, tu es dans le vrai. […] Et c’est vrai ce que je dis là… » fait-il en se tournant vers Claudin ahuri ! […] Un vrai paysan avec cela, et à peu près traité comme tel.

1582. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Ça dérange votre vie, ça vous retire du vrai travail, ça vous agite bêtement, mauvaisement. […] Comme je lui dis qu’il travaille trop, il me répond : « C’est vrai, mais que voulez-vous… Maintenant le travail est chez moi une maniaquerie… Quand je ne travaille pas, je me promène dans mon atelier, en remuant les bras et les jambes, comme un épileptique !  […] Sur la nacre d’une vraie coquille, une petite naïade toute longuette, modelée en cire rose, travaille à détacher la perle de la coquille. […] Sa mère qui est à la porte, me dit : « De son lit, il vous a vu traverser la place… entrez donc quelques instants… vous lui ferez un vrai plaisir. » Et tout bas : « Ç’a été bien dur. » — Ah ! […] À quoi, je lui dis de se défier de l’imagination, et que je crois que ce qui fait le beau des vrais livres, c’est la sélection de cet emmagasinage.

1583. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Elle touchait de tous les côtés, un vrai tableau dans un cadre. […] C’était un vrai voyage. […] LOLO. — C’est vrai, nous irons à Clamart. […] Ils sont d’autant plus navrants qu’ils sont vrais. […] Un bossu de quinze cents francs ; il est vrai qu’il portait des lunettes vertes.

1584. (1902) Le critique mort jeune

Il est vrai qu’il s’en écartait à peine. […] Et il est vrai que M.  […] Et cependant il est vrai que Victor Hugo est un grand poète lyrique. […] Il est vrai que chez M.  […] Il est vrai que M. 

1585. (1927) Approximations. Deuxième série

Le besoin du vrai s’accompagne chez lui d’une retenue, d’une stylisation. […] Il a su mettre l’hyperesthésie de sa vision au service de son amour du vrai. […] Dans ce domaine du vrai sans plus, à côté de Degas, Flaubert paraît toujours un peu appliqué. […] … A vrai dire, ce l’est même trop ! […] « Le vrai titre du chapitre à son sujet devrait être, De la Sainteté.

1586. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Les Méprises sont un vrai modèle d’intrigue. […] Que d’originalité dans leurs dialogues, où l’on trouve quelquefois, il est vrai, un peu trop de liberté ! […] On en ignore quelque temps la vraie cause. […] Le héros, vrai coureur d’aventures, voyage continuellement. […] La vraie tragédie de Richard, duc d’York, et la mort du bon roi Henri VI.

1587. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLV » pp. 176-182

Le malheur pourtant, c’est que l’opinion publique de loin se conforme trop souvent à l’idée fausse qu’on lui imprime, et que ce qui n’est pas très-sérieux pour les acteurs, produit des sentiments vrais et passionnés dans le parterre. […] Laprade, dont la Revue indépendante a publié plusieurs pièces recueillies dans le volume que nous indiquons, a de l’élévation surtout, de l’harmonie, une langue en général pure, une forme large, brillante et sonore ; sa poésie respire un sentiment vrai et profond de la nature : il y mêle peut-être un peu trop de sacerdotal et d’hiérophante.

1588. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

Indulgence même n’est pas ici le vrai mot, et c’est charité qu’il faudrait dire. […] On n’a rien écrit sur ce sujet de plus intimement vrai et de plus justement senti.

1589. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 348-356

Sa plume, il est vrai, a été quelquefois trop hardie ; mais on peut dire que les erreurs qui lui ont échappé, sont plutôt des surprises que les fruits du dessein prémédité d’attaquer aucun des principes respectés de tous les hommes sages*. […] de Montesquieu, qu’ils croyoient appartenir à leur Secte, ils auroient désiré pouvoir grossir leur Nécrologe du nom d’un Grand Homme, mort dans les sentimens qu’ils affichent ; mais il sera toujours vrai de dire que l’Auteur de l’Esprit des Loix, après avoir été abusé par une fausse sagesse, en est revenu à la véritable ; celle qui nous soumet à Dieu, fait respecter la Foi, & épargne aux hommes le scandale & l’indignation.

1590. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Préface » pp. -

Vous m’écrasez, il est vrai, et vous me le dites trop, de la hauteur des milliers de pieds cubes de l’atmosphère intellectuelle, dans laquelle vous planez, vous gravitez, vous « tourneboulez » au-dessus de moi, — ainsi que s’exprimait René François, prédicateur du Roy, en son Essay des merveilles de nature… Un conseil, M.  […] — « J’affirme que les conversations données par moi, dans les quatre volumes parus, sont pour ainsi des sténographies, reproduisant non seulement les idées des causeurs, mais le plus souvent leurs expressions, et j’ai la foi que tout lecteur désintéressé et clairvoyant, reconnaîtra que mon désir, mon ambition a été de faire vrais, les hommes que je portraiturais, et que pour rien au monde, je n’aurais voulu leur prêter des paroles qu’ils n’auraient pas dites.

1591. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Notre-Dame de Paris a peut-être ouvert quelques perspectives vraies sur l’art du moyen âge, sur cet art merveilleux jusqu’à présent inconnu des uns, ou, ce qui est pire encore, méconnu des autres. […] Tout le mal que le faux goût peut faire au vrai goût, ils le font.

1592. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

Il est vrai que ce peu de traits est excellent, comme le reste de leurs ouvrages. […] Les déserts ont pris sous notre culte un caractère plus triste, plus grave, plus sublime ; le dôme des forêts s’est exhaussé ; les fleuves ont brisé leurs petites urnes, pour ne plus verser que les eaux de l’abîme du sommet des montagnes : le vrai Dieu, en rentrant dans ses œuvres, a donné son immensité à la nature.

1593. (1887) La vérité sur l’école décadente pp. 1-16

La presse, dès le début fort mal renseignée et leurrée par les Déliquescences jusqu’à prendre cette parodie au sérieux, brouilla si bien les choses, ouvrit si facilement ses portes aux plus fantaisistes inventions et mit au jour de si bizarres personnalités, que la Réclame, flot bourbeux d’encre, passa par-dessus la tête des vrais et primitifs artistes pour porter à la célébrité tous les ratés de la Banlieue et tout le bas-fond de la bêtise écrivassière — ; Il est temps de le dire ! […] Les seuls poètes intéressants, les seuls vrais écrivains, — parmi tous les noms mis en avant depuis une année — les seuls Auteurs de quelque chose, les voici, et on peut m’en croire.

1594. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Je ne cherche point à vous tromper, c’est vrai ! […] Il a raison, pensais-je, il dit vrai, le poète ! […] Je n’ai pas été assez franc ; j’en ai été puni par l’insuccès du livre qui n’était qu’à moitié vrai ; j’étais alors bien plus amoureux que pieux. […] Cette faute de mon Raphaël fut la faute de votre Volupté : l’homme est double, mais ce n’est pas dans le même moment ; la passion n’est vraie qu’à la condition d’être simple. […] Mais, depuis ce beau travail sur l’Énéide, où je regrette que vous n’ayez pas assez développé cette pensée vraie, vous vous êtes lancé à pleine haleine dans la haute critique presque biographique, purement personnelle et littéraire.

1595. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Nous en avons encore, il est vrai, des uns et des autres, mais modifiés, et corrigés ; tantôt moins ridicules, et parfois plus odieux. […] Il y a de quoi dégoûter de la vérité, n’est-il pas vrai ? […] Ils avaient vingt ans que mademoiselle Mars en avait trente à peine ; il est vrai que, pour ces ingénus de l’univers et pour ces ingénues de l’éternité, le temps s’arrête ; le temps, à leur compte, n’a marché que pour mademoiselle Mars ! […] Son père, le comédien Monvel, était un vrai comédien, un peu philosophe, un peu poète. […] Picard était dans le vrai, mademoiselle Mars était dans son droit.

1596. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

On ne fait peut-être pas impunément ce terrible métier de dévisageur de renommées qui sera dans l’avenir le vrai titre de Granier de Cassagnac. […] Il reprend, il est vrai, l’équation sur le dégagement de l’inconnue, mais ôtez cette inconnue, dégagée sans lui, il n’aurait pas vu l’équation, posée cependant depuis tant d’années sous nos yeux, fermés ou distraits. […] est arrivé triomphalement, quoique lentement ; car je suis convaincu qu’il est dans le vrai, et pour une raison plus puissante que toutes les preuves et contre-épreuves philologiques qu’il nous donne : selon moi, il a pour lui le bon sens, ce maître des affaires et des livres ! […] cela n’est-il pas digne d’étonnement, et après l’étonnement d’attention, et de la part de ceux qui savent, qui, ayant vocation pour lire son livre comme Cassagnac pour l’écrire, peuvent dire si son diamant est vrai ou faux, et de la part de ceux qui, comme moi, le croient vrai, et peuvent d’ailleurs juger du feu qu’il jette et de la hardiesse de sa coupe, et de l’adroite et longue patience du lapidaire qui l’a taillé. […] Dom Rivet, le bénédictin, la soutint le dernier jusqu’au commencement de ce siècle, quand, sous l’impulsion de Raynouard, on en imagina une autre, sinon plus vraie, au moins moins cruelle pour l’amour-propre national.

1597. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Or, s’il est vrai que chaque individualité, même la plus modeste, constitue un être distinct, qui n’est identique à aucun autre, il n’est pas moins certain que tous ces cas particuliers ont entre eux des affinités qui permettent de les grouper. […] Or il est vrai que l’art n’a qu’un seul but : la beauté ; l’art n’a pas à se préoccuper de la morale ; c’est une vérité qu’il faut proclamer bien haut ; pour ma part je la défends depuis vingt ans. Mais, dussé-je paraître vieux jeu aux esthètes les plus récents, j’ajoute : le Beau est la splendeur du Vrai49, et le Vrai c’est aussi le Bien. […] sous l’influence d’un vrai délire érotique ? […] Donc le beau ne procède pas du vrai.

1598. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Ce genre de supposition, en ne le forçant pas, a son avantage : c’est comme pour un tableau que l’on comprend mieux quand on s’en éloigne à différents points de vue, ou quand on le fait déplacer, monter, baisser peu à peu, jusqu’à ce qu’on ait atteint la vraie, la profonde perspective. […] Après Saint-Preux, après Werther, après René, elle sut être elle-même, à la fois de son pays et du nôtre, et introduire son mélancolique Scandinave dans le vrai style de la France. […] Je lisais l’autre jour, dans un recueil inédit de pensées : « La faculté poétique n’est autre chose que le don et l’art de produire chaque sentiment vrai, en fleur, selon sa mesure, depuis le lys royal et le dahlia jusqu’à la pâquerette. » Ce qui est dit là de la poésie, à proprement parler, peut s’appliquer à toute œuvre créée et composée, où l’idée du beau se réfléchit. […] Ils sont vrais à moitié, aux trois quarts ; mais il faut les continuer, les achever par l’idéal, ce qui exige une attention extrême, pour ne pas cesser de paraître naturel. […] Heureusement, le vrai de la situation de Gustave se retrouve bientôt.

1599. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

La philosophie est perpétuellement à recommencer pour chaque génération depuis trois mille ans, et elle est bonne en cela ; c’est une exploration vers les hauts lieux, loin des objets voisins qui offusquent ; elle replace sur nos têtes à leur vrai point les questions éternelles, mais elle ne les résout et ne les rapproche jamais. […] Jouffroy avait eu cette matinée culminante sur la Dôle, qu’il avait remarqué ce pâtre sur ce plateau, et que sa contemplation avait trouvé à une heure déterminée de sa jeunesse une forme de tableau si en rapport et si harmonieuse, je me l’étais souvent figuré, en effet, sur un plateau élevé des montagnes, avec moins de soleil, il est vrai, avec un horizon moins meublé de réalités et d’images, bien qu’avec autant d’air dans les cieux. […] Dubois, voilà les données primitives ; des jeunes gens pauvres, des talents encore obscurs, des proscrits de l’Université, ce furent les vrais fondateurs ; la génération des salons qui s’y joignit ensuite n’étouffa jamais l’autre. […] On a reproché à quelques endroits de sa psychologie de tenir du roman ; nous sommes persuadé qu’un roman de lui, un vrai roman, serait un trésor de psychologie profonde. […] Ce que j’ai avancé de la philosophie me semble surtout vrai de la psychologie.

1600. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

deux grands mots, deux mots vrais, si la France et l’Italie en comprennent le seul sens réalisable ; deux mots décevants et funestes, si c’est le Piémont seul qu’on charge de les interpréter. […] L’Italie ne sera ressuscitée que par elle-même et sous la forme vraie que deux mille ans, la nature, les mœurs lui donnent, c’est-à-dire sous la forme de confédération italique. […] De tout temps on a essayé de confondre ces deux natures dans les papes, de tout temps le bon sens a protesté ; à chacune de ces deux natures son attribut, voilà le vrai. […] Tournez et retournez tant que vous voudrez la question de la souveraineté temporelle des papes, vous n’y trouverez à faire valoir politiquement que cela ; c’est la meilleure raison, parce que c’est la vraie raison, et c’est la dernière que les partisans de cette souveraineté mystérieuse avaient pensé à faire valoir en faveur de cette possession d’un coin de terre par les maîtres du ciel. […] Cette liberté absolue des consciences est la dignité vraie de la religion ; elle est plus que la liberté humaine, car c’est Dieu qu’elle émancipe des lois de l’homme.

1601. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Je dévorais déjà de l’œil les longues années qui me séparaient encore de la tribune et des hautes affaires d’État, ma vraie et entière vocation, quoi que mes amis en pensent et que mes ennemis en disent. […] XIV Ce jeune homme aura évidemment un autre don de la poésie moderne, le don de rendre en vers familiers quoique expressifs les choses et les sentiments que l’orgueil emphatique de la poésie du dix-huitième siècle avait relégués dans le domaine de la prose, comme si le vers était incapable de dire juste et vrai, comme si la poésie n’était pas, par excellence, le langage du cœur ! […] C’est un des vrais amis de cette idole à terre, Qui, de son vieux perron, aime à le voir venir, Du fond de l’avenue aujourd’hui solitaire, Dans l’abandon de tous porter son souvenir. […] Alexandre, sont pleins de vertu, de patriotisme et de vrai talent ; mais, selon nous, ils se trompent d’instrument en entrant dans ce grand concert des âmes qui accorde ses lyres pour remuer le siècle nouveau ; ils veulent nous faire penser, il s’agit de nous faire jouir. […] Il me semble encore entendre sa voix de poitrine, résonnante comme une vague d’Ionie dans un creux de rocher des Phocéens, la première fois qu’il adressa, comme un vrai Horace à un faux Virgile, les adieux du poète sédentaire au poète errant !

1602. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Je le définis par ses livres, ne le connaissant pas autrement ; je le prends dans les moments singuliers où il vit sa vie de poète, aussi vraie que l’autre. […] Ce monde n’est pas vrai : il n’est que le rêve de Hâri. […] La dame résolut De délivrer les siens en faisant leur salut ; Car en charité vraie elle était toujours riche. […] Il est vrai, M.  […] A vrai dire, ils semblaient peu certains, à cette heure, De sortir promptement de leur noire demeure.

1603. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

— C’est vrai, son père est dans les affaires, mais dans les mauvaises affaires… » etc., etc. […] Pour mon compte, si je faisais un roman, il ne me déplairait pas de toucher les 5 000 francs du Prix Goncourt ou de La Vie heureuse et je laisserais mes concurrents dire que le prix a été mal donné, ce qui serait peut-être vrai, mais qu’importe ? […] Paul Souday (Conclusion d’un article du Temps à propos de notre enquête :) Il est fâcheux que le vrai mérite soit souvent vaincu. […] Les critiques qu’il adresse à notre nation sont malheureusement restées tout à fait vraies. […] Ils ne suffisent pas à créer l’avenir d’un inconnu, et cela est si vrai qu’on tend à reculer la limite d’âge et qu’on a couronné des jeunes approchant la quarantaine et ayant déjà un bagage.

1604. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Ils vous apprendront mieux que tous les enseignements à discerner le bien et le mal, le faux et le vrai, le néant et la grandeur dans les travaux de l’esprit humain. […] La vraie critique, en un mot, est la balance où se pèsent les talents, c’est la pierre de touche qui nous apprend à ne pas confondre le clinquant avec l’or, l’ivraie avec le bon grain. […] Les hommes d’un vrai génie ne nous semblent pas naître au hasard sur la terre. […] Recommençons ce travail sur deux, trois, quatre, dix, vingt tableaux différents, et bientôt nous obtiendrons par cette étude comparative le sentiment du vrai beau en peinture ; et ce sentiment, c’est le goût. […] Vraie ou fausse, il n’est pas de raison qu’on n’allègue, Un conseiller s’excuse en disant qu’il est bègue.

1605. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Il est même des Parisiens qui vont chercher à Bayreuth le sens véritable de l’œuvre wagnérienne : car c’est à Bayreuth seulement, dans le théâtre modèle créé par Richard Wagner, que sont, solennellement, les vraies représentations de ses drames. […] Nous admirons au plus haut degré Wagner, mais il n’est pas vrai que nous engagions personne à le pasticher. […] Cachez-vous dans l’arbre qui est près de la fontaine, et vous verrez si nous disons vrai. […] Alors Yseult s’avança vers la chapelle et l’évêque lui présenta le reliquaire d’or où étaient des morceaux de la vraie croix. […] De son vrai nom Jules Fleury Husson, (1821-1889), Champfleury défendit Wagner dès ses premiers concerts parisiens en 1860 en particulier contre les attaques de Fétis et de Scudo.

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