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1410. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

André Maurois, qui a pris la peine de se défendre à merveille. […] Ils se sont donné la peine de naître, dira Beaumarchais. […] Elle entend ne se donner aucune peine, ne subir aucun ennui. […] Mais je n’en ai pas eu la certitude sans peine, car M.  […] Il est mal récompensé de ses peines.

1411. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

A peine arrivé (6 décembre 1862), une lettre35 lui fut remise où il était dit qu’il en était temps encore, qu’une marque de distinction pouvait adoucir les derniers moments d’Horace Vernet et réparer un oubli ; que personne plus que Béranger et lui n’avaient contribué à entretenir dans le peuple la tradition impériale. […] Peuple léger, flatte-toi même d’être devenu un peuple grave ; tu as pris assez de peine pour y réussir.

1412. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Médicis eut beaucoup de peine à lui inspirer sa magnanimité. […] Son début était frappant et son regard plein d’expression ; je commençai à m’intéresser sérieusement à ce qu’il allait dire. — Il commence ; je suis attentif : une voix sonore, des expressions choisies, des sentiments élevés. — Il établit les divisions de son sujet : je les saisis sans peine ; rien d’obscur, rien d’inutile, rien de fade et de languissant. — Il développe ses arguments ; je me sens embarrassé. — Il réfute le sophisme, et mon embarras se dissipe. — Il amène un récit analogue au sujet ; je me sens intéressé. — Il module sa voix en accents variés qui me charment. — Il se livre à une sorte de gaieté ; je souris involontairement. — Il entame une argumentation sérieuse ; je cède à la force des vérités qu’il me présente. — Il s’adresse aux passions ; les larmes inondent mon visage. — Il tonne avec l’accent de la colère ; je frémis, je tremble ; je voudrais être loin de ce lieu terrible. » « Valori nous a laissé, sur les sujets particuliers qui occupaient l’attention de Laurent et de ses amis dans leurs entrevues au couvent de San-Gallo, des détails qu’il tenait de la bouche de Mariano lui-même.

1413. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

L’irrégularité de sa vie comme ecclésiastique, sa fuite de l’église de Maillezais, où il avait été attaché comme bénédictin par, le pape Clément VII, l’habit de prêtre régulier échangé contre celui de prêtre séculier, l’exercice public de la médecine, qu’il professait et pratiquait dans le même temps qu’il disait la messe, tout ce désordre l’exposait à l’accusation d’apostasie, et aux peines de censure et d’excommunication qui en étaient la suite. […] Il parle quelque part des gens qui, de son temps, notaient des offenses à Dieu et au roi dans ses follastries joyeuses, et qui « interprètent, dit-il, ce que, à poine (sous peine) de mille foys mourir, si autant possible estoyt ne vouldroys avoir pensé comme qui · pain interprète pierre ; poisson, serpent ; oeuf, scorpion. » Nul doute que Rabelais n’ait eu en vue les hommes et les abus de son temps, et que, s’il a songé à son amusement, ses contemporains n’en aient fait les frais mais qu’il y a loin de là à faire la guerre à outrance à son siècle, comme l’a dit je ne sais lequel de ses Œdipe !

1414. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Il connaît nos plus secrets, nos plus immuables instincts ; il sait ce que nous pouvons porter de joie et de peine. […] Il nous remet notre vie sous nos yeux, laissant la peine dans le passé, et nous réchauffant par les images du plaisir.

1415. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

Mes études, vivement continuées hors du séminaire, me confirmèrent si absolument dans mes présomptions contre la théologie orthodoxe, qu’au bout d’un an j’avais peine à comprendre comment autrefois j’avais pu croire. […] À moins que mes dernières années ne me réservent des peines bien cruelles, je n’aurai, en disant adieu à la vie qu’à remercier la cause de tout bien de la charmante promenade qu’il m’a été donné d’accomplir à travers la réalité.

1416. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Ce fut déjà une impression nouvelle et délicieuse, une première morsure au fruit défendu, une vraie échappée hors des mœurs philistines dont on a toujours quelque peine à se délivrer lorsqu’on échappe à peine aux régularités de l’existence familiale. […] Les poètes de l’époque classique ont pris au moins autant de peine pour déterminer la direction de leur génie que pour en réaliser les conceptions.

1417. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

l’éveil des rêves embaumés Vous secoue au lointain oreiller de folie, Apparences d’un Monde vain, peine abolie : Dormez ! […] Déjà les partitions de Lulli et des compositeurs contemporains témoignent du déplacement du chant ; la mélodie a passé aux violons et aux flûtes, on prend donc la peine de la transcrire ; les parties intermédiaires continuent à être négligées, et la basse chiffrée, acceptant la seconde place, prend le caractère déterminé d’un accompagnement.

1418. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

Servières appelle « la vieille garde » contemplent leur victime, et semblent dire au public : « Vois comme nous te sommes supérieurs : nous avons admiré les œuvres d’un musicien allemand, nous l’avons dit et répété, quelques-uns d’entre nous ont même pris la peine de te faire entendre des échos de ses œuvres, et maintenant tu es forcé d’être de notre avis ». […] Il quitte la félicité et la gloire pour secourir Elsa, pour vivre auprès d’elle, pour partager ses peines et ses joies, pour l’aimer.

1419. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

et comment s’intéresser à un personnage qu’on a tant de peine à comprendre ? […] C’était bien la peine d’avoir quitté avec fracas les corruptions du village normand pour les splendeurs de Carthage ; après tant d’efforts, après tant de labeurs convulsifs, nous voici ramenés, comme dans Madame Bovary, à des questions d’analyse médicale.

1420. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

n’est-il pas suffisamment payé de ses peines et de ses courses par l’honneur de nous fréquenter, par le plaisir de nous amuser, par l’agrément d’être traité par nous comme ne l’est aucun homme de lettres ? […] » Quant à lui, le ci-devant jeune poète favorisé de la reine, le récent secrétaire de Madame Élisabeth, il ne s’arrêta qu’à la dernière extrémité, et l’on a peine à saisir le moment précis où il s’écria enfin : C’est assez !

1421. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Même jeune, il vivait très renfermé, bien qu’il fît preuve, assure-t-on (et je le crois sans peine), de l’esprit le plus fin et le plus gracieux, lorsqu’il consentait à s’ouvrir et à se développer. […] Ce doit être un sujet de peine pour tous les amis de la science et de la pensée que cet ajournement indéfini et, peut-être, cet ensevelissement définitif de l’œuvre promise et un moment entrevue de Sieyès.

1422. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Que l’on imagine, sur le thème de l’apologue de La Fontaine, un peuple de cigognes se laissant persuader par la prédication d’une horde de renards, que la moralité commande de se nourrir de brouet clair dans des assiettes plates, voici le peuple des cigognes au bec pointu, au long cou, voué à la famine au grand profit des renards qui, du revers de la langue, laperont vite et sans peine les meilleures pitances. […] On conçoit dès lors la rigueur de la peine édictée contre la coupable et la défense faite au mari d’accorder le pardon.

1423. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre II : Examen critique des méditations chrétiennes de M. Guizot »

J’ai de la peine à me faire à cette méthode qui consiste à toujours précipiter les gens dans l’erreur, et à les y plonger de plus en plus, même quand ils essayent d’en échapper. […] Guizot est latitudinaire, avec quelle liberté il fait son choix entre les dogmes, laissant de côté ceux qui peuvent être les plus désagréables à l’imagination de notre siècle (le diable, les peines éternelles, le petit nombre des élus…), pour ne conserver que ce qui lui paraît le strict nécessaire, il est difficile de voir dans cette théologie choisie et triée autre chose qu’un demi-christianisme logiquement entraîné au rationalisme.

1424. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

On conçoit donc sans peine que les poëtes de l’Allemagne qui ont voulu transporter sur la scène des époques de leur histoire, aient choisi de préférence celles où les individus existaient le plus par eux-mêmes, et se livraient avec le moins de réserve à leur caractère naturel. […] De là résultait pour Schiller la possibilité d’une foule d’allusions rapides que ses compatriotes comprenaient sans peine, mais qu’en France personne n’aurait saisies.

1425. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Il m’en faut tout au moins un siècle bien compté ; Car trente ans, ce n’est pas la peine. […] Mais je ne trouve pas inférieur ce beau plaidoyer de La Fontaine pour nos frères inférieurs, pour ceux qui sont mis par la nature au partage de nos peines, de nos souffrances et placés dans une espèce d’égalité avec nous devant la douleur.

1426. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Cela n’est pas gai… Était-ce donc bien la peine de revenir sur cette idée, qui a fait son effet une fois, et dont on a démontré, à plusieurs reprises, l’inconsistance, encore plus que le faux ? Était-ce bien la peine de se réengager dans les sinuosités de ces raisonnements incertains dans lesquels M. 

1427. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

Il y a une idée dans ce livre ; seulement, cette idée, qui pipe jusqu’aux Dominicains, n’y est pas réalisée de manière à payer un prêtre et un religieux de la peine frivole d’avoir lu un roman plein d’inconséquence et de superficialité. […] Esquisse qui a la prétention d’être un tableau, et qui a coûté autant de peine que si elle en était un !

1428. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Voici un duc et pair de la Cour de Louis XIV, peint par un ennemi que vous devinerez sans peine : « La plus vaste et la plus insatiable ambition, l’orgueil le plus suprême, l’opinion de soi la plus confiante et le mépris de tout ce qui n’est point soi le plus complet ; la soif des richesses, la parade de tout savoir, la passion d’entrer dans tout, surtout de tout gouverner ; l’envie la plus générale, en même temps la plus attachée aux objets particuliers et la plus brillante, la plus poignante ; la rapine hardie jusqu’à essayer de faire sien tout le bon, l’utile, l’illustrant d’autrui ; une vie ténébreuse, enfermée, ennemie de la lumière… une profondeur sans fond : c’est le dedans. […] J’ajoute qu’il n’existe que dans une âme déjà formée, et qu’on ne peut écrire un roman véritable avant la trentaine, parce que, sauf exception, l’expérience est courte, et que la philosophie de la peine n’est pas née en nous.

1429. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre II. L’âme et le corps »

Et pourquoi les verbes sont-ils, de tous les mots, ceux que nous avons le moins de peine à évoquer ? […] Si vraiment la philosophie n’avait rien à répondre à ces questions d’un intérêt vital, ou si elle était incapable de les élucider progressivement comme on élucide un problème de biologie ou d’histoire, si elle ne pouvait pas les faire bénéficier d’une expérience de plus en plus approfondie, d’une vision de plus en plus aiguë de la réalité, si elle devait se borner à mettre indéfiniment aux prises ceux qui affirment et ceux qui nient l’immortalité pour des raisons tirées de l’essence hypothétique de l’âme ou du corps, ce serait presque le cas de dire, en détournant de son sens le mot de Pascal, que toute la philosophie ne vaut pas une heure de peine.

1430. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

 » On ne pouvait jamais (c’est le prince de Ligne qui nous l’apprend) dire du mal de Pierre le Grand ni de Louis XIV en sa présence, et il eut bien de la peine, un jour, à se faire pardonner une remarque qu’il avait faite aux dépens de Louis XIV : « Au moins, lui dit-il, Votre Majesté conviendra qu’il fallait toujours à ce grand roi une allée bien droite de cent vingt pieds de large, à côté d’un canal qui en avait autant, pour s’y promener ; il ne savait pas, comme vous, ce que c’est qu’un sentier, un ruisseau et une prairie. » Ils étaient à se promener en ce moment dans quelque allée de jardin.

1431. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Parmi les trois, Bénédict, comme on le croira sans peine, choisit précisément celle qui est impossible, la fiancée de M. de Lansac, Valentine ; ou plutôt il ne choisit pas : l’amour, qui n’est pas un choix, mais un don et un destin, l’amour entre eux deux se déclare.

1432. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Mais n’allez pas toutefois accorder à cette nature si fraîche éclose trop d’ignorance et de simplicité ; elle sait le monde et la vie, elle a souffert bien des peines et s’est étudiée à bien des grâces.

1433. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — II »

Toujours nu, dédaignant les armures, il n’emporte au combat que sa pique de frêne , Et ce casque léger que traîneraient sans peine Dix taureaux au joug accouplés.

1434. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre II. Précurseurs et initiateurs du xviiie  siècle »

Il a peine à ne pas marquer de faveur au manichéisme, dans lequel il trouve beaucoup de raison.

1435. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Rod n’en existe pas moins, et il valait la peine de le décrire, ne fût-ce que pour que nous en sentissions la honte et que nous eussions le désir de le secouer d’un coup d’épaules, en rentrant des livres dans la vie.

1436. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Coppée porte la peine au théâtre de son rang dans les autres genres.

1437. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIX. Progression croissante d’enthousiasme et d’exaltation. »

On imagine sans peine que pour Jésus, à l’heure où nous sommes arrivés, tout ce qui n’était pas le royaume de Dieu avait absolument disparu.

1438. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIII » pp. 237-250

car pour ceux du roi, je ne m’en mets pas autrement en peine.

1439. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — II. La versification, et la rime. » pp. 257-274

Un arrangement heureux de spondées & de dactiles donne autant de peines que nos hémistiches & le nombre déterminé de nos syllabes.

1440. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 22, que le public juge bien des poëmes et des tableaux en general. Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages » pp. 323-340

C’est le dernier but que les peintres et les poëtes se proposent quand ils prennent tant de peine à se conformer aux regles de leur art.

1441. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre II. Mme Le Normand »

C’était bien la peine de se peindre en Corinne au Capitole pour que, quelque quarante ans après votre mort, une femme, un bas-bleu, dont le bleu n’est que la teinture de plusieurs autres auxquels elle s’est frottée et qui veut que ce bruit lui revienne et lui profite, se lève tout à coup et dise : Écoutez comme elle se mouchait !

1442. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

II En effet, l’espèce de galerie historique élevée aujourd’hui par Blaze de Bury à la vieille famille des Kœnigsmark, si célèbre autrefois en Suède et en Allemagne, ne contient guères qu’un seul portrait qui vaille la peine qu’on s’y arrête ; mais ce portrait est tout un poème, et ses accessoires en font un tableau.

1443. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Mallet-Dupan, dans lequel Thureau-Dangin a appris son latin politique et qui tient plus de place que Thureau-Dangin lui-même dans le livre de Thureau-Dangin ; Mallet-Dupan mourut à la peine d’une besogne impossible.

1444. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Il est le premier, que je sache, qui se soit donné la peine de rechercher les sources morales de l’inspiration dans cet immoral, ce ribaud, ce braguard qui s’appelait Villon, et qui, comme tant d’autres, valait mieux au fond que ce qu’il paraissait être.

1445. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

— car la femme-homme est toujours au-dessus de l’homme-femme, pour sa peine, étant le plus élevé des deux, d’être descendu.

1446. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Vauvenargues » pp. 185-198

Or, encore, quelques gouttes d’essence, fussent-elles de l’ambre le plus pur, filtrées avec beaucoup de peine et en trop petit nombre pour parfumer autre chose que le mouchoir de poche d’un homme d’esprit, ne suffisent pas pour mériter ce nom glorieux et sévère de moraliste auquel Vauvenargues prétendit et qu’on ne lui a pas assez marchandé.

1447. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Félix Rocquain » pp. 229-242

non, malgré la gravité de son livre et l’honorable peine qu’il a pu lui coûter, ce n’est pas là un historien que l’écrivain de cette histoire.

1448. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « A. Grenier » pp. 263-276

Les professeurs de notre temps ont trop d’antiquité dans la tête pour ne pas se payer, en la vantant, de la peine de l’avoir étudiée.

1449. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Aussi, que de peines !

1450. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Valmiki »

Ses opinions sur le poème qu’il a traduit sont naturellement empreintes de cet enthousiasme nécessaire sans lequel nul homme, nul Sisyphe, n’aurait la force ni l’envie de rouler jusqu’au sommet de l’Himalaya cette pierre énorme d’une traduction d’un poème sanscrit ; mais cet enthousiasme ne peut pas beaucoup influer sur la Critique, qui prend les idées et les sentiments pour ce qu’ils valent, et non pour ce qu’ils ont coûté de peines à ceux qui les ont exprimés.

1451. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

C’était plus étonnant que Jasmin le coiffeur, que Reboul le boulanger, que Mangiamel l’arithméticien, ce pauvre prêtre de campagne, parachevé érudit en vingt ans, on ne sait comment, mais qui certainement s’était donné plus que la peine de naître.

1452. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XV. Vauvenargues »

Or, encore quelques gouttes d’essence, fussent-elles de l’ambre le plus pur, filtrées avec beaucoup de peine, et en trop petit nombre pour parfumer autre chose que le mouchoir de poche d’un homme d’esprit, ne suffisent pas pour mériter ce nom glorieux et sévère de moraliste auquel Vauvenargues prétendit et qu’on ne lui a pas assez marchandé.

1453. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVI. Médecine Tessier »

Avec le genre d’occupations et de préoccupations auxquelles M. le docteur Tessier a dévoué sa vie, on peut s’étonner qu’il fasse partie de ces « derniers Romains » qui périront probablement à la peine et à l’honneur de la vérité ; mais, s’il y a là une raison pour être surpris, il y en a une autre pour applaudir et pour admirer !

1454. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Caro avait dit cela comme je le dis là, naïvement, brutalement, sur la première page de son livre, il n’aurait pas eu la peine de l’écrire… Personne ne serait allé plus loin !

1455. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

— ajoute-t-il en insistant, — je ne crois pas au ciel, mais je crois à l’enfer, où ma place est marquée de toute éternité ; à un enfer où l’inique Jeffries qui doit me juger m’ôtera, pour me confondre, le sentiment de l’iniquité divine, et par ses tout-puissants prestiges, domptant, éblouissant, affolant ma conscience, me fera avouer en grinçant des dents que l’injustice est juste, que l’horreur est clémente, qu’une faiblesse d’un instant exige une éternité de peine infinie ; que le péché originel, la prédestination, le petit nombre des élus, la damnation de Socrate et des enfants non baptisés, sont des miracles de miséricorde, et qu’il est juste et très juste qu’éternellement avec eux je hurle, et qu’éternellement ils râlent avec moi !!!

1456. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

Le docteur Favrot parle de cadavres par hasard déterrés et qui, en des angoisses que l’imagination épouvantée n’a pas de peine à se représenter, s’étaient, dans leurs cercueils, mangés les bras de fureur vaine et de désespoir !

1457. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

» C’était d’un maître en vanité qui voulait, sans se donner de peine, déguster et digérer majestueusement ses jouissances.

1458. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Ferdinand Fabre »

Je n’ai point à refaire ici, en la racontant, cette histoire… Il faut en laisser toute la sensation, qui en vaut la peine, au lecteur.

1459. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

Et cependant, il n’est pas pour cela, et il est impossible de le croire, une originalité pure, une spontanéité, une force de talent vierge ; il ne s’est pas donné seulement la peine de naître, il s’est donné celle de bien autre chose !

1460. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Mm. Jules et Edmond de Goncourt. » pp. 189-201

Ils la plaquent de rouge, cette pauvre imagination, qui est née très-fraîche, et ils la flétriront, s’ils continuent, car il n’y a pas de mensonge innocent, et on porte la peine de son fard comme de ses autres menteries, mais enfin ils en ont !

1461. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Edgar Poe » pp. 339-351

III Était-ce donc la peine d’avoir tant de facultés en puissance ?

1462. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Quand Millon fut tué, le capitaine P… vint trouver le soldat catholique Joseph Ageorges et lui dit : « La mort de Millon me fait beaucoup de peine.

1463. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Le clergé, qui sous Henri IV donnait avec peine treize cent mille livres, sous les dix dernières années du cardinal, paya, année commune, quatre millions.

1464. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Muni de son carton et de ses crayons, ce ne fut pas sans peine qu’il parvint jusqu’à l’angle ténébreux du Louvre, où, parmi tant d’autres, se trouvait la petite porte qui conduisait à l’atelier des Horaces. […] On raconte sur ce peintre une anecdote qui prouve avec quelle opiniâtreté il poursuivait cette couronne, qu’il n’obtint qu’avec tant de peine. […] » Plus les questions devenaient pressantes et plus David éprouvait de peine à répondre. […] Un de ces scélérats, moins scélérat que les autres, fit réflexion qu’elles n’en valaient pas la peine ; ce fut le dernier danger que nous courûmes. […] Quand il avait terminé une composition quelconque, sa conscience n’était tranquille qu’autant qu’il s’était donné beaucoup de peine en l’achevant.

1465. (1887) George Sand

Mauprat, le cœur pris par l’image d’Edmée, deviendra, avec une résolution et des peines incroyables, de bandit et de sauvage, honnête homme, héros. […] » Qu’il y ait une prédestination divine entre Bénédict et Valentine, j’ai peine à le croire, mais que Dieu intervienne exprès pour autoriser jusqu’aux inconstances du cœur, voilà ce que je ne peux, en conscience, accorder à Jacques. […] Si nos regards se perdent dans les horizons de la mer, on nous y montre une voile, et sous cette voile nous devinons un rude travailleur qui peine et qui souffre. […] Elle l’admirait plus que de raison chez les autres, tout en le comprenant avec une certaine peine ; il lui fallait un effort d’attention pour en saisir le jeu et s’habituer à ces surprises qu’il lui causait toujours. […] » Elle avait, au lendemain de ces orgies scientifiques, toutes les peines du monde à se remettre à la vie ordinaire et à ses besognes accoutumées ; mais elle y revenait avec plus de force.

1466. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Dans toute douleur terrestre, il y a, comme en enfer, la peine du dam et la peine du sens. […] Moi qui sais ce qu’est cette chose, j’ai une peine incroyable à ne pas la dire, tellement je trouve que c’est une idée sublime. […] Il s’est pourtant donné la peine de nous écrire en 400 pages, dans Jacques Vingtras, l’histoire de son père, le pédagogue universitaire, et de sa mère, l’Auvergnate envieuse et avare. […] Toute dévote dissimulant une courtisane, comme chacun le sait bien, il n’a pas de peine à lui faire comprendre qu’elle est une victime, qu’elle galvaude, dans le voisinage des « hommes noirs », sa belle jeunesse qui serait si saintement employée à jouir avec lui et que « l’abnégation poussée jusqu’à la folie, telle est l’exigence de Dieu. […] Je crains, au contraire, pour lui, un succès tout américain, succès tératologique de curiosité, ou d’engouement, analogue à celui d’Edgar Poe ou de Baudelaire, artistes sublimes dans l’étrange et qui, pour leur peine d’avoir été étranges, durent attendre la mort pour se dessouiller de la célébrité banale et entrer dans la gloire tranquille de leur génie.

1467. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Ce n’est qu’une impression, subtile peut-être, et que j’ai eu de la peine à démêler, mais dont je suis sûr, et qui m’a doucement et insensiblement glacé. […] » Elle n’a pas de peine à obtenir, après cela, que Borkman l’autorise à emmener Erhart, à lui léguer tout son bien et à lui donner son nom, le nom de Rentheim.  […] Elle lui confesse sa faute, et Aubenas pardonne, sans trop de peine, à celle qu’il croit morte. […] Louise lui confie sa peine, lui demande conseil, et devine bientôt, aux réponses de la dame, qu’elle est la maîtresse d’Henri. […] J’ai peine à croire que la Frédégonde de l’histoire ait été si simple et si unie.

1468. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

J’y éprouve, pour ma part, quelque peine, et j’affirme que le portrait manque de ressemblance. […] Les mammifères lui donnèrent beaucoup de peine et les singes restèrent longtemps son chef-d’œuvre. […] Ils employaient l’une et l’autre pour retenir facilement et réciter sans peine leurs petites histoires. […] Je ne vois que le dix-septième siècle français et cartésien qui se soit passé volontiers et sans peine de tout merveilleux. […] Qu’il lui en reste encore quelques lambeaux, cela est croyable, mais j’avoue que j’ai toutes les peines du monde à en convenir.

1469. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Il est tenté un moment de la confondre avec le rocher ; mais, voyant « sa pudeur virginale, son teint pareil A la clarté matinale Qui devance le soleil, il revient de sa méprise, qu’il explique ainsi : Il est bien vrai que, sans peine, Il auroit pu desja mieux Sortir d’une erreur si vaine, Par les rayons de ses yeux : Mais, quoy qu’ils fissent parestre. […] On oublie que le même homme, invitant ailleurs le poète à s’accoutumer aux difficultés de la rime, dit que, par l’habitude de la bien chercher, Au joug de la raison sans peine elle fléchit, Et, loin de la gêner, la sert et l’enrichit124 . […] Dans ce cas, ni la peine qu’il y a prise n’intéresserait, ni l’aveu qu’il en fait ne serait utile à l’art. […] La peine capitale était une page entière. […] On pense à la peine que Boileau s’y est donnée.

1470. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Sainte-Beuve n’avait pas eu quelque but élevé, il n’aurait pas profané le scalpel philosophique jusqu’à compter si curieusement toutes les fibres luxuriantes qui tressaillent au cœur de son héros ; il n’aurait pas épuisé la langue de son pays pour en extraire, avec tant de peine, tant d’images lascives, tant de métaphores équivoques, tant de périphrases suspectes, tant de synonymes complaisants, variétés infinies de la même espèce. […] encore un coup, qui oserait parler de cette honteuse plaie de la nature, de cette concupiscence qui lie l’âme au corps par des liens si tendres et si violents, dont on a tant de peine à se déprendre, et qui cause aussi dans le genre humain de si effroyables désordres ?  […] Ces préliminaires valaient la peine d’être établis ; car j’entreprends d’analyser avec quelque détail le style de Volupté, et j’ai besoin, comme rapporteur et comme juge dans une matière si délicate, que mon impartialité ne puisse être mise en doute. […] Il nous faut ici prévenir ceux de nos lecteurs qui trouvent que Jacquemont a payé un peu cher le plaisir de mystifier un misérable, que ces roupies données si libéralement ne lui coûtent absolument rien, que la peine de les recevoir ; encore est-ce l’office de son trésorier. […] Le major est justement fier de son ouvrage, et il n’a pas épargné ses peines personnelles pour me le faire voir dans son ensemble, pendant le peu de temps que j’avais à passer avec lui.

1471. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Plus d’un peut se relever, moralement, à condition de confesser son crime et de subir sa peine. […] La page vaut la peine d’être citée, et d’autant plus qu’on feint toujours de l’oublier. […] Survient heureusement son ami, le vieux régisseur, qui lui épargne la peine de se rater. […] J’ai beaucoup de peine à admettre que les choses s’y passeraient ainsi. […] Mais ce n’est donc plus qu’un pauvre idiot auquel j’aurai beaucoup de peine à m’intéresser.

1472. (1890) Dramaturges et romanciers

Depuis que nous avons plus de sympathie pour un plus grand nombre d’idées, nous avons plus de peine à fixer notre choix et à dévouer notre amour à quelques-unes d’entre elles. […] Elle doit être ce qu’elle est sous peine d’abdiquer. […] Jamais récit aussi cruellement pathétique n’a moins fourmillé d’apostrophes et de déclamations ; cependant on conviendra sans peine que le sujet les appelait naturellement, et que nul lecteur n’aurait songé à s’étonner si la sobriété de l’écrivain eût été moins grande. […] Voilà bien des études, direz-vous, pour arriver il produire quelques œuvres intéressantes d’imagination, et nous avons peine à croire que ces œuvres n’eussent pas valu tout autant alors même que la jeunesse de l’auteur n’aurait pas été aussi studieuse. […] C’est à juste titre, se dit-on, qu’ils restent pour la plupart inhabités, ruines poétiques pendant le jour, et la nuit lieu de rendez-vous des revenants et des âmes en peine du passé.

1473. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

A peine fait-il une exception pour les artistes et les écrivains, par camaraderie sans doute et solidarité confraternelle. […] J’étais frisé comme le mouton… » Je n’ai pas trop de peine à l’imaginer ainsi. […] Ce qu’on a noté moins souvent, et qui pourtant en valait la peine, c’est le degré de précision absolument unique auquel atteint M.  […] C’est ce qu’auront peine à comprendre les jeunes gens d’aujourd’hui, si avides de publicité précoce. […] Ils se résolvent donc sans trop de peine à accepter tout de suite le mystère auquel en dépit de tout il leur faudra aboutir.

1474. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

La distinction est capitale et vaut la peine d’être précisée. […] D’où la loi du 12 juillet 1916, qui ne se contente pas d’aggraver les peines infligées au commerce des stupéfiants. […] On n’a pas de peine non plus à discerner dans les propagandes révolutionnaires, qui détendent la vigueur de notre relèvement, des origines très suspectes. […] » On a peine à croire que, même le théoricien du bolchevisme ait prononcé une pareille sottise. […] Parce que l’un peine de ses bras et l’autre non. — Nous atteignons ici un troisième élément, le trait, signalétique par excellence, de la condition bourgeoise, et indiscutable, cette fois : c’est l’exemption du travail manuel.

1475. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Je le revoyais dans la Haute-Marne, à Breuvannes, là, où se sont passés les étés de mon enfance, par les ensoleillés matins de juillet et d’août, marchant de son grand pas, que mes petites jambes avaient peine à suivre, marchant à la main, un paisseau arraché dans une vigne, et m’emmenant avec lui boire une verrée d’eau, à la « Fontaine d’Amour », une source au milieu de prés fleuris de pâquerettes, apportant aux gourmets d’eau, le bon et frais goût d’une eau, qu’il trouvait comparable à l’aqua felice de Rome. […] Et Forain me cause de son labeur, de sa peine à trouver la chose : oui, à la fois un dessin et une légende qui le satisfassent. […] Salles, le père de Mme Benedetti, à propos de Germinal me contait aujourd’hui, à Saint-Gratien, en sa qualité d’intéressé dans une houillère de Belgique, l’attachement des mineurs pour leurs mines, et me donnait ce détail, qu’une grève de huit jours étant accordée là, pour l’arrachement des pommes de terre, les femmes ont toutes les peines à décider leurs hommes, pour ce travail, à ciel ouvert. […] » Gruby avait quelque peine à cacher son impression, en retrouvant, en place de l’homme jeune et vigoureux qu’il avait entrevu autrefois, un paralytique presque aveugle, couché par terre, sur le tapis.

1476. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — [Introduction] » pp. 132-142

Ce n’est pas d’une statue qu’il s’agit ici, c’est d’une statuette, mais elle en vaut la peine.

1477. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

Si nous en valons la peine, on nous nomme, on nous caractérise en deux mots, et voilà la page de notre vie dans un siècle. » Dans les temps d’orage, au contraire, « dans ces drames désordonnés et sanglants qui se remuent à la chute ou à la régénération des empires, quand l’ordre ancien s’est écroulé et que l’ordre nouveau n’est pas encore enfanté, dans ces sublimes et affreux interrègnes de la raison et du droit,… tout change ; la scène est envahie, les hommes ne sont plus des acteurs, ils sont des hommes… Tout a son règne, son influence, son jour ; l’un tombe, parce qu’il porte l’autre ; nul n’est à sa place, ou du moins nul n’y demeure ; le même homme, soulevé par l’instabilité du flot populaire, aborde tour à tour les situations les plus diverses, les emplois les plus opposés ; la fortune se joue des talents comme des caractères ; il faut des harangues pour la place publique, des plans pour le Conseil, des hymnes pour les triomphes… On cherche un homme !

1478. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre II. Des tragédies grecques » pp. 95-112

On dit, avec raison, qu’on ne pourrait pas mettre sur le théâtre français la plupart des pièces grecques, exactement traduites : ce ne sont point quelques négligences de l’art qui empêcheraient d’applaudir à tant de beautés originales ; mais on aurait de la peine à supporter maintenant un certain manque de délicatesse dans les expressions sensibles.

1479. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

À quelque peine que l’on puisse s’exposer en l’exprimant, il faut la braver ; l’on ne développe utilement que les principes dont on est intimement convaincu.

1480. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

Il voulait un rythme impeccable, une forme pleine et parfaite, et qu’on ne plaignît pas sa peine.

1481. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Et la lecture est un exercice qui veut quelque peine.

1482. (1890) L’avenir de la science « VI »

Ce ridicule préjugé est une des plus sensibles peines que rencontre celui qui consacre sa vie à la science pure.

1483. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

S’imaginer que les menus détails sur sa propre vie valent la peine d’être fixés, c’est donner la preuve d’une bien mesquine vanité.

1484. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

Cela donna lieu à cette fameuse chanson, dans le goût de celles du pont-neuf dont le sujet fut mis en estampe, & laquelle fit tant de peine à Rousseau : Or, écoutez, petits & grands, L’histoire d’un ingrat enfant, Fils d’un cordonnier, honnête homme, Et vous allez entendre comme Le diable, pour punition, Le prit en sa possession.

1485. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Mais parlons de ses têtes peintes, de ses études, et surtout de ses dessins coloriés et lavés, ils en valent, par dieu, la peine.

1486. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 10, continuation des preuves qui montrent que les anciens écrivoient en notes la déclamation » pp. 154-173

Les danseurs eux-mêmes n’entrerent qu’avec peine dans l’esprit des nouveaux airs, et souvent il arriva que Lulli fut obligé de composer lui-même les entrées qu’il vouloit faire danser sur les airs dont je parle.

1487. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VIII »

C’est tout ce que nous soutenons, et ce n’était pas la peine de tant nous contredire.‌

1488. (1757) Réflexions sur le goût

chacun supposera sans peine qu’il aime mieux voir son fils vainqueur que victime du combat : le seul sentiment qu’il doive montrer, et qui convienne à l’État violent ou il est, est ce courage héroïque qui lui fait préférer la mort de son fils à la honte.

1489. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Lui pourtant, qui accepte avec Spencer, contre Guyau, la théorie de l’art fin en soi, désintéressé, il sent bien que l’art doit avoir sa marque propre, que l’émotion esthétique se distingue en quelque chose des émotions ordinaires, et il recourt, pour se tirer d’embarras, à une hypothèse ingénieuse : « Nous croyons, écrit-il (p. 36), qu’il faudra à l’avenir distinguer dans l’émotion ordinaire (non plus esthétique) : d’une part, l’excitation, l’exaltation neutre qui la constitue, qui est son caractère propre et constant ; de l’autre, un phénomène cérébral additionnel, qui est l’éveil d’un certain nombre d’images de plaisir ou de douleur, venant s’associer au fond originel, le colorer ou le timbrer, pour ainsi dire, et produire la peine ou la joie proprement dites, quand elles comprennent le moi comme sujet souffrant et joyeux. » L’émotion esthétique aurait alors ceci de particulier, que, « tout en conservant intact l’élément excitation », elle « laisse à son minimum d’intensité l’élément éveil des images, etc. ».

1490. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVII. Le Retour du Christ. Appel aux femmes ! »

Il veut à présent non plus d’égalité entre la femme et l’homme, mais la supériorité de la femme sur l’homme ; et c’est en Amérique, le pays du bas-bleuisme à outrance, que nous sommes en train d’imiter avec cette moutonnerie simiesque qui nous distingue, que se dresse, en ce moment, ce fier système, étayé sur cette mâle interprétation de la Bible, que, pour séduire le premier couple, le Serpent s’était adressé de préférence à la femme, comme à la plus intelligente des deux, et qu’il avait pris avec elle la peine de faire des raisonnements qui décidèrent la chute et que l’homme n’aurait pas compris !

1491. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Et lorsque demain, rapprochement irrésistible, nous parlerons des maladies héréditaires qui transmettent à de malheureux fils la peine physiologique due à l’excès et à la faute des pères, tous les malades héréditaires se lèveront-ils contre nous ?

1492. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

Hors ce résultat, qui est la destruction, n’importe par quelles voies, du monde ancien et de ses hiérarchies, et l’érection, n’importe par quelles voies, du monde nouveau appuyé sur l’égalité politique, rien pour l’auteur de cette histoire ne vaut la peine d’être aperçu ou même regardé.

1493. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Il s’est donné simplement la peine de naître, et tout de suite il a été heureux et glorieux… par les autres.

1494. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVII. Mémoires du duc de Luynes, publiés par MM. Dussieux et Soulier » pp. 355-368

Sainte-Beuve, je pourrais bien ajouter, pour être juste, aux deux anecdotes qu’il en extrait à si grand’peine, une troisième que j’aime, parce qu’elle peint bien cette fière aristocratie française, telle qu’elle était avant qu’elle se fût enversaillée, comme disait le vieux Mirabeau, et qu’on lui eût mis autour du cou le collier de chien de l’étiquette : « En 1674, à la bataille de Senef, dit le duc, tous les officiers des chevau-légers ayant été tués ou mis hors de combat, M. le Prince (le grand Condé) vint à eux et leur dit : “Vous êtes autant d’officiers et vous n’avez besoin d’aucun, mais je vais charger à votre tête” Il sortit un chevau-léger du rang, qui lui dit : “Monseigneur, vous pouvez n’être pas en peine de nous.

1495. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Oscar de Vallée, qui, par amour pour André Chénier, s’est donné la peine de repêcher, au courant du siècle qui les emporta, des pages dont le destin était de passer comme le siècle, M. 

1496. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Charles d’Héricault » pp. 291-304

IV Il n’était que cela, — et je m’en doutais bien un peu, mais je ne l’avais pas vu avec cette évidence que je dois à M. d’Héricault… On a beau se rappeler le mot d’Oxenstiern sur la médiocrité de ceux qui gouvernent les hommes pour s’expliquer la toute-puissance et la popularité de Robespierre et l’écrasement de tous ses rivaux de pouvoir, qui avaient des facultés d’esprit dix fois plus éclatantes que les siennes et des âmes vingt-cinq fois plus hautes, on a peine à croire que le monde ait été — ne fût-ce qu’une heure ! 

1497. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Balzac »

Mais Balzac mourut à la peine, à cinquante ans, sur le seuil du bonheur domestique qu’il avait conquis, et après une éruption volcanique de travaux bien supérieurs à ceux de Walter Scott lui-même.

1498. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Dans les livres écrits pour le public, il y a toujours — indépendamment du talent qu’on y ajoute ou qu’on n’y ajoute pas — un sujet qui peut le passionner ou des faits qui peuvent l’intéresser et qu’on n’a eu que la peine de recueillir ; mais dans une correspondance, non !

1499. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Benjamin Constant »

Il n’y a point de murmure au fond de mon cœur, et si j’avais un moyen de vous causer un instant de plaisir, je serais consolé de toutes mes peines. » Voilà le langage et l’accent de ces lettres… J’en pourrais citer de plus enflammées, je me bornerai à celle-là, qui nous donne un Benjamin Constant humble à force d’amour, et qui fait précisément de sa nature une autre nature, qui est l’envers même de la sienne.

1500. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hoffmann »

La fameuse Correspondance entre le baron Walborn et le maître de chapelle Kreisteren en est un exemple frappant… On peut rendre le squelette d’un roman, d’un tableau ; il est impossible de rendre le squelette d’une symphonie… » — « Je ne conseillerais à personne — ajoute un peu plus bas Champfleury — de renouveler ces tentatives, qui ne peuvent être comprises que par une vingtaine de personnes dévouées, intelligentes, s’attachant à tout ce qui sort de la plume d’un auteur et prenant la peine de l’étudier pendant des années entières. » Éloge, en langage négligé, plus singulier encore que les singularités d’Hoffmann lui-même !

1501. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

Vera, dans des notes d’une transparence profonde et, selon moi, bien supérieures au texte de sa traduction, s’est efforcé à nouveau de dégager cette chétive lueur, si c’en est une, qui a tant de peine à sortir de la langue obscure et rétractée d’Hegel… Eh bien !

1502. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XII. MM. Doublet et Taine »

… L’éducation, la pédagogie, c’est la nécessité d’apprendre à l’homme son malheur ; c’est le redressement de l’homme par la peine.

1503. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

de ces multitudes d’âmes en peine qui affluaient vers le saint prêtre, pour lui demander la consolation et la paix.

1504. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Je l’ai dit déjà : excepté l’idée du quadrille historique, qui est une idée de maître à danser, il n’y a rien dans le livre de Guizot qui soit vraiment de Guizot, qui ait coûté une noble peine, un vigoureux effort à Guizot !

1505. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Mme Desbordes-Valmore. Poésies inédites. »

IV Et s’ils doivent être oubliés, ces vers, pour leur peine de n’avoir pas tout à fait assez oublié les autres, disons pourtant avec justice et avec sympathie ce qu’ils sont, et retardons l’oubli auquel la femme qui ne les a pas publiés s’était peut-être résignée.

1506. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

… On a peine à concevoir La Fontaine amoureux comme Werther et Saint-Preux, en supposant que Werther et Saint-Preux soient des types d’amoureux, comme l’Opinion les fait, la bête !

1507. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

Les superficiels auront peine à le croire.

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