Je ne le crois pas. […] Il a cru en Ponsard, et jusqu’au bout. […] Il manquait de fantaisie : il se crut obligé d’en avoir. […] Feuillet l’avait cru d’abord. Il ne l’a pas cru longtemps.
Pourtant, dans tout cela rien de sensuel, et quand il dit à Kestner que ce n’est jamais dans le sens humain qu’il la lui a enviée, on le croit. […] Un second événement, qui dut lui donner de l’aiguillon dans l’intervalle, fut le mariage de Kestner avec Charlotte, qui s’accomplit vers Pâques 1773 ; non pas qu’il eût du tout, à cette occasion, l’envie de se brûler la cervelle ; il a soin, dans sa correspondance, de rejeter bien loin une pareille pensée, et je crois fort que c’est sincère. […] Vous ne le sentez pas, lui ; vous sentez seulement moi et vous ; et ce que vous croyez y être seulement collé y est tissé, eu dépit de vous et d’autres, d’une manière indestructible… Oh ! […] Croirait-on, quand on n’a lu de Goethe que Werther, qu’à un moment c’est lui, l’enthousiaste d’hier, qui va donner à Kestner, à l’ancien Albert lui-même, le meilleur conseil de vie pratique ? […] Je l’ai dit : s’il est permis de conjecturer, je crois que Kestner dut toujours garder quelque chose de pénible sur le cœur à l’occasion de Werther, mais Lotte au fond n’en fut point offensée : je me la figure plutôt tacitement enorgueillie et satisfaite dans son silence.
On voulut croire tant qu’on le put à une convalescence ; mais des rechutes trop fréquentes et continuelles apprirent enfin qu’il n’y avait plus rien à espérer. […] « Croyez à tous mes sentiments, Napoléon. » Le rétablissement ne vint pas ; durant plus d’un mois, l’affreuse souffrance d’Horace se prolongea encore. […] Une d’elles, qui le reconnaît pour étranger, s’approche, regarde et lui dit : « Mais il me semble que ce n’est pas tout à fait ça. » Elle avait le droit de se croire très forte sur son lac Léman qu’elle voyait tous les jours. […] Sire, je m’étais trompé ; j’avais cru que ce brave militaire, qui a les plus beaux états de service, avait la croix : je viens d’apprendre qu’il ne l’a pas, et je l’efface. » — « Eh bien ! […] Je crois devoir faire remarquer encore (et c’est une dernière excuse que je viens offrir presque en surcroît à MM.
L’Académie, dès qu’elle en vient à se croire un sanctuaire orthodoxe (et elle y arrive aisément), a besoin d’avoir au dehors quelque hérésie à combattre. […] Auger en 1830, suivit ; par goût et par passion la même voie dogmatique étroite, et crut, à son tour, devoir débuter par un renouvellement du même manifeste. […] La question était devenue toute politique ; on se serait cru à une discussion du Palais-Bourbon. […] L’essentiel est qu’en présence des autres classes de l’Institut qui travaillent, on soit convaincu qu’elle n’est pas un lieu tout de loisir ni une institution de luxe qui se croit quitte moyennant un ou deux bals publics de réception par an. […] Il y aurait lieu, je le crois, d’aviser à une application meilleure et plus appropriée d’un prix qui trop souvent, à continuer comme on fait, se dérobe à son titre.
Il avoit de l’esprit, de la lecture, des restes d’une excellente éducation (je le crois bien), de la politesse et des grâces même quand il vouloit, mais il vouloit très-rarement… Sa férocité étoit extrême, et se montroit en tout. […] C’est dans cette disposition qu’il commence à glaner, et chaque épi, chaque grain qu’il croit digne, il le range devant nous. […] On croit au premier coup d’œil n’avoir affaire qu’à des fragments rangés les uns après les autres, et l’on marche dans un savant dédale où le fil ne cesse pas. […] Il paraît qu’une première fois, en 1691, et sans le solliciter, La Bruyère avait obtenu sept voix pour l’Académie par le bon office de Bussy, dont ainsi la chatouilleuse prudence (il est permis de le croire) prenait les devants et se mettait en mesure avec l’auteur des Caractères. […] Ce n’est qu’un amas de pièces détachées… Rien n’est plus aisé que de faire trois ou quatre pages d’un portrait qui ne demande point d’ordre… Il n’y a pas lieu de croire qu’un pareil recueil qui choque les bonnes mœurs ait fait obtenir à M. de La Bruyère la place qu’il a dans l’Académie.
» Encore faut-il remarquer que, le plus souvent, beaucoup d’entre eux se tenaient cois. « Mon père et moi, écrit plus tard l’avocat Barbier, nous ne nous sommes pas mêlés dans ces tapages, parmi ces esprits caustiques et turbulents. » — Et il ajoute cette profession de foi significative : « Je crois qu’il faut faire son emploi avec honneur, sans se mêler d’affaires d’État sur lesquelles on n’a ni pouvoir ni mission. […] Quand on se sent citoyen, on s’irrite d’être traité en sujet, et nul n’accepte d’être l’inférieur de celui dont il se croit l’égal. […] Affranchi du despotisme réel, le Tiers s’indigne contre le despotisme possible, et il croirait être esclave s’il consentait à rester sujet. […] XXX. « L’industrie augmente tous les jours ; à voir le luxe des particuliers, ce nombre prodigieux de maisons agréables bâties dans Paris et dans les provinces, cette quantité d’équipages, ces commodités, ces recherches qu’on appelle luxe, on croirait que l’opulence est vingt fois plus grande qu’autrefois. […] Chamfort, 16. — « Qui le croirait ?
Il croit une minute, puis il cesse de croire, puis recommence à croire, puis cesse encore de croire ; chacun des actes de foi finit par un démenti, et chacun des élans de sympathie aboutit à un avortement ; cela fait une série de croyances enrayées et d’émotions atténuées : on se dit tour à tour : « Pauvre femme, comme elle est malheureuse ! […] Quantité d’exemples, cités plus haut, ont, je crois, mis cette vérité hors de doute, et l’on a vu que la transformation se fait de deux façons, tantôt par un progrès lent dont on peut suivre plusieurs phases : c’est le cas de la rêverie qui aboutit au sommeil ; tantôt brusquement, après une incubation sourde dont souvent on retrouve les traces : c’est le cas ordinaire pour l’hallucination17. […] En effet, à de certains moments, pendant une demi-seconde, on croit voir des objets réels ; je l’éprouvais tout à l’heure, et les artistes, les écrivains, tous ceux qui ont la mémoire exacte et lucide, savent bien qu’il en est ainsi ; une personne nerveuse, qui a subi une opération chirurgicale ou quelque accident tragique, porte le même témoignage18 ; l’acuité du souvenir est telle que parfois elle pâlit et jette des cris. […] Mais ce sera une correction ultérieure et supplémentaire, une rectification sur une rectification, un second et dernier stade dans la série des réductions par lesquelles l’image passe pour arriver à paraître telle qu’elle est effectivement. — Au premier stade, à l’instant où nous sommes, elle m’apparaît encore comme sensation, non pas comme sensation actuelle, ainsi qu’il arrive dans l’hallucination proprement dite et dans le rêve, mais comme sensation passée et située à une distance plus ou moins grande du moment où je suis, comme la sensation d’un certain bleu lustré et d’un certain blanc mat, intercalée entre mes sensations actuelles et d’autres sensations plus lointaines. — Et de fait, quand une série un peu longue de souvenirs bien liés s’éveille en nous, quand nous repassons en esprit telle journée notable d’un voyage intéressant, nous nous croyons en face de faits éloignés, mais réels. […] Dans l’hallucination proprement dite, il y a toujours terreur ; vous sentez que votre personnalité vous échappe ; on croit que l’on va mourir.
On pourrait croire qu’en rappelant l’activité intellectuelle à l’érudition on constate par là même son épuisement et qu’on assimile notre siècle à ces époques où la littérature ne pouvant plus rien produire d’original devient critique et rétrospective. […] Je crois comme Kant que toute démonstration purement spéculative n’a pas plus de valeur qu’une démonstration mathématique et ne peut rien apprendre sur la réalité existante. […] Comte croit bien comme nous qu’un jour la science donnera un symbole à l’humanité ; mais la science qu’il a en vue est celle des Galilée, des Descartes, des Newton, restant telle qu’elle est. […] Comte croit que l’homme se nourrit exclusivement de science, que dis-je ? […] C’est ainsi que les arabisants européens croient sans témérité mieux entendre certains passages du Coran que les Arabes.
Ce plan, nous croyons l’avoir suivi. […] Je ne crois pas que nulle part, en Allemagne même, la musique de Wagner soit rendue avec une telle virtuosité. […] Je crois que, pour tout esprit indépendant, cette démonstration aura été concluante. […] Mais tirées à petit nombre, d’un prix assez haut, vite elles furent épuisées… je crois qu’il serait aujourd’hui absolument impossible d’acquérir la plupart d’elles. […] Il existe un grand nombre de bustes de Wagner, dont le plus célèbre et, croyons-nous, le plus récent est celui de Schapfer ; les uns représentent Wagner dans une apothéose, les autres sont une charge.
Or l’immoralité de Madame Bovary n’est peut-être point, comme on l’a cru, dans telle ou telle scène qu’un coup de ciseau pouvait faire disparaître ; elle est plutôt dans le système de l’écrivain, dans son indifférence hautement affichée, dans cet art égoïste qui se croit dispensé de tout sentiment humain lorsqu’il a dit : « Je suis le réalisme. » Le bien et le mal, les entraînements et les résistances, le dévergondage et le repentir, il décrit tout du même ton, avec une impartialité glaciale. […] Nous aimons donc à croire que M. […] On a parlé de mystification, on a prononcé le mot de délire ; ne croyez ni à l’un ni à l’autre, il n’y a qu’un système mal compris et audacieusement défiguré. […] Flaubert a vu sur quelque médaille un personnage dont les épaules se soulèvent ; sans se demander si ce n’est pas une imperfection de dessin ou bien une allusion à un fait passager, il découvre là une attitude carthaginoise, et croit faire preuve de précision en l’imposant à tous ses personnages : Salammbô s’enfonce la tête dans les épaules, Hamilcar aussi, et Spendius, et Mâtho. […] Enfin ces descriptions perpétuelles, supposé même qu’elles fussent moins fausses, ne sont-elles pas une marque de stérilité chez un homme qui se croit inventeur ?
nous le croyons, il serait d’une utilité supérieure de justifier par des faits nombreux, par une étude patiente et scrutatrice de la société moderne et de l’état actuel des hérésies en Europe, la confiance qu’il est impossible de ne pas avoir en une phase nouvelle et triomphante du catholicisme. […] Même dans ce pays, si grandement politique, qui a cru compléter l’unité de son esprit public par l’acceptation et le maintien d’une religion nationale, on a vu des partis s’élever et déchirer cette unité désirée, qui, sans les principes de l’Église romaine, sera toujours la chimère de l’esprit humain. […] L’Église anglicane a pour principe et pour coutume de permettre la contradiction sur la présence réelle, attendu qu’elle veut, dans un but très politique, il est vrai, mais peu religieux, réunir dans la même communion et ceux qui y croient et ceux qui n’y croient pas6. […] Tout catholiques que nous soyons au plus profond de notre intelligence, et même parce que nous sommes catholiques, nous n’avons point à blâmer Oxford d’avoir essayé de maintenir par le châtiment ce qu’elle croit son orthodoxie. […] Si la peur est parfois un avertissement de la Providence, si les batailles perdues sont les batailles que l’on croit perdues, on se demande où en est la cause de l’anglicanisme dans le pays où elle s’est élevée ?
en partie, sans doute ; mais aussi, je crois, de l’individu-cause ; et c’est précisément ce que j’ajouterai à la formule de Taine : l’individu-cause, par où l’on s’échappe du déterminisme à la liberté. […] alors que la démocratie a fait la Révolution, comment croire encore à la monarchie de droit divin ? […] Or je crois que la littérature (dont j’ai dit qu’elle est l’expression la plus intelligible de nos aspirations intimes) est à même de fournir les éléments d’une pareille connaissance, d’une prise de conscience. […] Mais, en prouvant que cette solution est illusoire, croit-on avoir supprimé le problème ? […] L’affirmation peut sembler naïve, à force d’évidence ; et pourtant combien de gens qui se croient poètes parce qu’ils ont le sentiment poétique !
Il croit en lui ; il y sent des forces secrètes, un destin qui s’accomplira. […] Il faut croire qu’elles contenaient une vertu particulière. […] Je crois bien qu’il préféra les faits aux idées. […] Il en est une qu’il conta ce soir-là et où je crois qu’il faisait allusion à lui-même. […] J’ai cru comprendre ces analogies réciproques.
Et ils croyaient enfin que le moyen le plus sûr d’atteindre ce but, ou, — si l’on me permet cette expression un peu pédantesque, — de dégager cette « fin » de ce « principe », était le perpétuel souci de la forme ou du style. […] Vous ne croyez plus qu’il y ait de couleurs ! […] Perrault ne le croit pas. […] — et que croyait-il avoir mis de « pindarique » dans son Ode sur la prise de Namur, 1693 ? […] — et qu’en règle générale, il est toujours prudent de commencer au moins par ne pas croire Saint-Simon. — A-t-il seulement jamais vu Fénelon ?
C’est un avertissement que je crois devoir à ces jeunes écrivains simples avec tant de recherche, naturels avec tant de manière, éloquents avec si peu d’idées. […] Le rire d’un très joli garçon qui aurait des succès à foison, n’aurait pas eu peut-être la nuance de vengeance que je croyais remarquer dans le mien. […] Alcibiade songeait fort peu, je crois, à imiter qui que ce fût au monde ; il s’estimait heureux quand il riait, et non pas quand il avait la jouissance d’orgueil de se sentir bien semblable à Lauzun, à d’Antin, à Villeroy, ou à tel autre courtisan célèbre de Louis XIV. Nos cours de littérature nous ont dit au collège que l’on rit à Molière, et nous le croyons, parce que nous restons toute notre vie, en France, des hommes de collège pour la littérature.
Mais il ne faut pas croire qu’elle soit dédaigneusement artistique, curieuse de beauté, et indifférente au reste : les résultats pratiques des vérités énoncées l’intéressent. […] On croit bonnement que la société peut se refaire par une simple opération de raisonnement, et que les faits se mettront tout seuls d’accord avec les vérités idéales. […] On croit au progrès, et l’on veut que le progrès soit un fait ; on démolit toutes les autorités qui veulent encore asservir les esprits, ou qui s’opposent à l’accroissement du bien-être. […] Le pays qu’on préfère, c’est celui où la philosophie règne ; et, comme on vit en France, on voit aisément qu’elle n’y règne pas : il suffit au contraire de quelques lettres de princes ou de grands seigneurs pour faire croire qu’elle règne ailleurs plus souverainement que chez nous.
La Loi ne paraît pas avoir eu pour lui beaucoup de charme ; il crut pouvoir mieux faire. […] Il vit aussi probablement Sébaste, œuvre d’Hérode le Grand, ville de parade, dont les ruines feraient croire qu’elle a été apportée là toute faite, comme une machine qu’il n’y avait plus qu’à monter sur place. […] Il croyait au diable, qu’il envisageait comme une sorte de génie du mal 141, et il s’imaginait, avec tout le monde, que les maladies nerveuses étaient l’effet de démons, qui s’emparaient du patient et l’agitaient. […] L’homme étranger à toute idée de physique, qui croit qu’en priant il change la marche des nuages, arrête la maladie et la mort même, ne trouve dans le miracle rien d’extraordinaire, puisque le cours entier des choses est pour lui le résultat de volontés libres de la divinité.
Eussiez-vous cru cela possible ?… Auriez-vous jamais cru à un bas-bleu comme cette Mme Quinet ? […] Auriez-vous jamais cru que Paris bombardé, fumant, dévasté, aurait abrité, pendant son effroyable siège, une palombe de ce roucoulement éternel, une femme que l’amour pour son mari rend tour à tour soucieuse de son action, de sa gloire, de son portrait, de ses intérêts littéraires, de ses intérêts même de boutique, quand la patrie tombe par morceaux ! L’auriez-vous cru, républicains ?
Elle a, je crois, et sauf erreur, débuté dans la Revue des Deux-Mondes, cette portière qui n’ouvre pas sa porte, mais toutes les portes de la publicité, et même celle de l’Académie et de la Revue des Deux-Mondes, Mme Gréville est allée… où elle a voulu, et elle s’est mise à écrire comme une femme qui s’est tue longtemps, se met à parler, sous l’impulsion d’une effroyable indigestion de paroles accumulées. […] Seulement, si l’œuvre n’est pas ce qu’elle aurait dû être, on voit — avec regret — ce qu’était primitivement la tête de la femme qui l’a conçue et la santé d’un esprit dans lequel la grande idée de la Chute et du Péché originel, si impopulaire et si insultée en ce temps de bâtardise et de révolte orgueilleuse, est restée debout, comme une colonne, dans le vide des autres idées écroulées, qui auraient pu la corroborer et la soutenir… II Mais cette tête que je crois née très bien faite, a été pétrie par le monde moderne qui l’a déformée et appauvrie. […] Au souffle chaste de ses écrits, je lui crois, à cette femme qui s’est risquée sur la lame à rasoir du bas-bleuisme, des instincts d’une moralité supérieure. Je crois qu’elle fait tout ce qu’elle peut pour être morale dans ces récits… mais cette moralité est bien fragile.
Il a publié deux Études assez courtes, mais très substantielles, qu’il a dû détacher de son volume sur la littérature de l’Angleterre actuelle, et ces deux Études, dont l’une traite de l’Idéalisme et l’autre du Positivisme anglais contemporains, méritent vraiment de la Critique le coup d’œil à part, qu’à part elles sollicitent… En effet, elles font connaître mieux que des tendances d’esprit générales, mais deux individualités fort curieuses et fort intéressantes, dont la renommée, qui n’est pas encore de la gloire, commence de s’importer chez nous… L’une de ces deux individualités intellectuelles n’est rien moins que Thomas Carlyle, l’intraduisible Carlyle, comme disent ces fats d’Anglais, lesquels croient leurs grands esprits inabordables comme leur île, mais à qui M. Taine peut renfoncer la fatuité dans le ventre en traduisant comme il sait traduire, et l’autre le philosophe Stuart Mill, dont Dupont White a, je crois, traduit la Liberté politique. […] Moi qui ne crois pas à l’aboutissement de la philosophie humaine, moi qui pense que hors la gymnastique qu’elle fait faire à l’esprit, exercice salubre ! cette valse sur le bord des abîmes qu’on appelle la métaphysique n’est que le danger plus ou moins crânement bravé d’une culbute, je trouvais très bon et très agréable d’avoir là sous la main, pour déshonorer de temps en temps la philosophie, un moqueur tout prêt qui régalerait de coups de sifflet les faiseurs d’embarras et de théories, et j’avais cru que je le tenais.
Ribot publia, comme on vient de le voir, une espèce de traduction du système de l’allemand Schopenhauer, non seulement j’ai dit sur ce système les quelques mots de mépris qu’il méritait, mais je crus que ce ne serait là qu’un système de plus à mettre au tas de tous ceux que produit l’Allemagne et qui font l’effet, dans sa littérature, des amoncellements du sable, au désert. […] Caro est professeur et croit à la philosophie. […] Et l’autre, celui de Hartmann, — moins intelligible, qu’il appelle l’inanition, qui n’est pas, comme on pourrait le croire, l’action vulgaire de mourir de faim, — et qui, bien plus expéditif que celui de Schopenhauer, finirait le monde à un moment donné et à la même minute. […] — Et quoique rien de bien fort n’agite jamais cette nature gracieusement tempérée, on croit voir, serait-ce une illusion ?
N’en croyez le titre qu’à moitié ! […] S’appelât-t-on l’auteur des Fleurs du mal, — un grand poète qui ne se croit pas chrétien et qui, dans son livre, positivement ne veut pas l’être, — on n’a pas impunément dix-huit cents ans de christianisme derrière soi. […] Théophile Gautier pour son maître, est de cette école qui croit que tout est perdu, et même l’honneur, à la première rime faible, dans la poésie la plus élancée et la plus vigoureuse. […] Croyez-vous donc que ce ne soit pas là quelque chose de pathétique et de salutaire ?
Quelques fragments de ce grand poète, qui est à la langue poétique moderne ce que Rabelais est à la langue de la prose, avaient suffi, en 1830, pour que la vie — la vraie vie — apparût dans ce qu’on croyait la mort, et pour que le génie de la poésie française, révolté enfin des compressions et des mutilations qu’il avait lâchement endurées depuis près de trois siècles, se reconnût, avec orgueil et acclamation, dans Ronsard. […] Il durera autant que la langue française qui a cru l’avoir fait tuer par son licteur, cette langue française dont il est la jeunesse, avec tous les défauts violents, extravagants, mais ravissants, mais enivrants, de la jeunesse ! […] Avant qu’on sût bien — nous, du moins, qui ne fûmes pas ses contemporains, — ce qu’il fut en réalité, cet illustre poète d’une époque finie ; avant la savante édition de Prosper Blanchemain, laquelle complète et résume toutes les éditions antérieures, on pouvait croire, et moi-même je l’ai cru longtemps, que Ronsard n’était plus qu’un nom et qu’une date, une de ces comètes qui ne font que passer dans une littérature et dont parlent entre eux les astronomes.
… Les grands fondeurs… en carton-pâte de la Critique contemporaine élèveront-ils une statue à un écrivain qui a bien assez écrit pour que beaucoup d’esprits le croient un colosse ? […] … II C’est le xixe siècle, du reste (et l’Histoire littéraire devra lui reconnaître cette supériorité), qui a mis dans le monde ces grands producteurs, comme il les appelle dans le jargon de sa manie économique, qui savent tirer de leur cerveau ce nombre de volumes en disproportion (a-t-on cru longtemps) avec la force de l’esprit humain, et qui ne le sont pas même avec sa faiblesse. […] Parti du pessimisme le plus enragé, il finit par tomber et rouler dans les niaiseries sociales, parce que là était le courant et qu’il y croyait les deux choses qu’il aimait, — l’argent et le bruit, — l’argent pour le luxe qu’il respirait avec une sensualité effrénée ; le bruit, nécessaire à sa flamboyante vanité ! […] Les doctrines de ses livres, il n’y croyait pas !
On croirait d’abord que les arts n’étant que la représentation de la nature ou morale, ou passionnée, ou physique, leur champ doit être aussi vaste que celui de la nature même, et qu’ainsi il ne doit y avoir, dans chaque genre, d’autres bornes que celle du talent. […] Simple, modéré, sans faste à la cour et dans celle de Louis XIV, si l’on en croit nos aïeux, il eût gouverné comme Lycurgue, il eût été adoré comme Trajan : Que pense-t-on de moi dans Paris , demandait-il souvent ? […] On ne peut lire plusieurs morceaux de ce discours, et la fin surtout, sans attendrissement ; mais, ce qu’on ne croirait pas, c’est que dans un éloge funèbre du duc de Bourgogne, il se trouve à peine un mot qui rappelle l’idée de Fénelon. […] L’espèce de grandeur qu’on croit apercevoir d’abord n’est qu’une grandeur de décoration ; d’ailleurs la marche est uniforme.
Les uns croient que c’est outrager les hommes que d’en faire une si terrible peinture, et que l’auteur n’en a pu prendre l’original qu’en lui-même, ils disent qu’il est dangereux de mettre, de telles pensées au jour, et qu’ayant si bien montré qu’on ne fait les bonnes actions que par de mauvais principes, la plupart du monde croira qu’il est inutile de chercher la vertu, puisqu’il est comme impossible d’en avoir si ce n’est en idée ; que c’est enfin renverser la morale, de faire voir que toutes les vertus qu’elle nous enseigne ne sont que des chimères, puisqu’elles n’ont que de mauvaises fins. […] Plus rien de ce second paragraphe : « Les uns croient que c’est outrager les hommes, etc. » Après la fin du premier, où il est question des jugements bien différents qu’on a faits du livre, on saute tout de suite au troisième, en ces termes : « L’on peut dire néanmoins que ce traité est fort utile, parce qu’il découvre, etc., etc. » Les autres petits changements ne sont que de style.
On a déjà réfuté en partie cette fausse vue qu’ils ont trop suivie d’ailleurs dans le système de leur traduction : en les lisant, et si l’on ne revenait au texte ancien, on serait tenté de croire par moment qu’ils ont raison. Un critique (que nous croyons M. […] — Le procès d’embauchage par le parti légitimiste (voir les Débats du 30 août) a révélé de curieux détails ; les lettres saisies chez le duc d’Escars et produites au procès en sont la partie la plus intéressante, et on peut croire que, même pour le ministère public, le fond de l’affaire n’a servique de cadre à la production de ces lettres.
Pendant que les destinées du pays, sa stabilité comme sa gloire, se trouvent plus que jamais remises en question par l’aveuglement d’une coterie triomphante ; pendant que les violences succèdent aux fautes, que les leçons de quarante années de révolution se perdent en un jour, et que les constitutions naissantes auxquelles on croyait quelque vie reçoivent, de la main de leurs auteurs, d’irréparables ébranlements ; pendant, en un mot, que la capitale de la France est en état de siège, et que les conseils de guerre prononcent peut-être quelque nouvelle condamnation à mort, aujourd’hui mardi, l’Académie française tenait sa séance solennelle, et M. […] Enfin on a beaucoup agité la question de savoir s’il était, ou du moins s’il se croyait véritablement académicien : car, interrogé un jour sur un fait ou sur un vote relatif à l’Académie, M. de Montesquiou avait répondu avec ce tact exquis, particulier, comme on sait, aux gens de sa qualité, et dont la tradition se perd de jour en jour, il avait répondu, dis-je : « Suis-je donc académicien ? […] Nous avons cru remarquer dans le discours de M.
Elle est, comme un livre de science, un recueil d’observations. » Il s’agirait, croyons-nous, de préciser le degré de vérité de ces attitudes glacées et de ces poses marmoréennes. « L’insensibilité professionnelle », monnaie courante dans la banque des clichés populaires — pas plus que l’impassibilité naturaliste — n’est absolue, authentique et foncière. […] Nous croyons que tel est, en grande partie, le mécanisme psychologique de ladite insensibilité qui devient ainsi métasensibilité. […] Ceci, je crois, est la théorie de l’école ?
Saint Vincent de Paul, sainte Thérèse, tous les héros de l’amour de Dieu et de la charité qu’on a vus avant et depuis eux, étaient gens d’esprit, croyez-le bien Beaucoup furent des simples d’esprit : cela ne veut pas dire des bêtes. […] Je n’en veux pour exemple que les plus fameuses pages où l’on voit le cœur à nu, pleurant ou saignant devant nous, où l’on croit n’entendre que le cri de l’âme qui prie ou qui souffre. […] Et, quand l’esprit sera agile, fin, éveillé, quand l’exercice incessant de toutes ses puissances lui sera une seconde nature, et que, se mêlant partout, il ne se désintéressera de rien, alors sans qu’on y songe, sans qu’on l’appelle, sans effort et sans affectation, il prêtera sa richesse et toute sa force aux effusions de la sensibilité ; alors on croira que le cœur parle tout seul.
Ce n’est point pour sa patrie qu’il a travaillé ; et lui-même n’essaie pas sérieusement de nous faire croire que c’est pour sa religion. […] Je crois que cela est légitime, je ne vois pas que ce soit héroïque. […] Ses récits en seraient beaucoup plus émouvants ; et nous aurions beaucoup plus de plaisir, nous mettrions plus de promptitude à y croire.
On crut voir couler du sang et de l’eau, ce qu’on regarda comme un signe de la cessation de vie. […] Origène plus tard se crut obligé d’invoquer le miracle pour expliquer une fin si prompte 1199. […] Quelle qu’ait pu être à certaines époques la négligence des anciens en tout ce qui était constatation légale et conduite stricte des affaires, on ne peut croire que les intéressés n’aient pas pris à cet égard quelques précautions 1201.
Les prend et les baise qui veut ; elle se persuade qu’il n’y a point de mal, parce qu’elle croit qu’on n’y a pas de plaisir. » Toutefois il paraît que la facilité de madame de Sévigné était contraire à l’usage, puisque Bussy-Rabutin ajoute encore ce trait de satire : « Il n’y a guère que l’usage qui la pourrait contraindre ; mais elle ne balance pas à le choquer plutôt que les hommes 29. » Il paraît que Voiture, après avoir reçu de Julie une leçon de réserve, se crut en droit d’en donner de semblables à d’autres. […] Molière et Corneille pouvaient se croire également naïfs.
J’ai voulu dire seulement que le théatre de Marcellus et les autres théatres magnifiques furent détruits ou devinrent inutiles par le dommage qu’ils avoient souffert, et que ces représentations somptueuses qu’on y donnoient cesserent, mais je n’ai pas prétendu dire que toute représentation de comédies ait cessée, au contraire, je crois que dans Rome et dans les autres grandes villes qui avoient essuïé les mêmes malheurs que cette capitale, on commença dès que les temps furent redevenus moins orageux, à joüer des pieces de théatres, mais sans l’appareil ancien. […] On auroit aujourd’hui peine à le croire, ces loix si sages ne furent point encore observées. […] Nous retrouvons les regles de la musique poëtique dans les vers des anciens, et je crois que l’église peut bien nous avoir conservé quelqu’unes de leurs mélopées dans le chant de son office.
Écrire naturellement ce que l’on sent, je le crois bien ! […] Mais, même pendant que l’on croit écrire ce que l’on sent, que de façons nouvelles se présentent de sentir ce que l’on écrit ! […] Vous croyez le savoir, et c’est souvent en travaillant que vous commencez à l’apprendre.
Les gouvernements nommaient à cette fonction sacrée les hommes qu’ils croyaient le plus dignes de cette judicature de la tombe, de cette magistrature de la vérité. […] Ils opposèrent aux annales du pays, écrites par une plume officielle et choisie, précisément, — le croira-t-on ? — que cette plume était officielle et choisie ; et le préjugé révolutionnaire contre toute institution du Pouvoir est si fort, que ce qui aurait dû être une raison d’authenticité et de créance, fut une raison de croire à l’imposture de l’historiographe ou de douter de la probité de son récit.
Les catholiques ont raison de croire que la victoire allemande eût marqué un amoindrissement grave du catholicisme. […] Quant aux socialistes, ils ont mille fois raison de croire que si la France était écrasée, c’en serait fait de la République sociale. […] Que la France ne redoute pas trop le reproche de se replier sur elle-même, et qu’elle ne décourage jamais ses enfants les plus marqués des signes du terroir, ceux même qu’elle croirait confinés dans l’atmosphère de la maison.
Et peut-être qu’elle-même, en disant ces choses, elle en subissait l’illusion, elle croyait les penser et les sentir. […] Je ne puis croire qu’il y ait eu là une timidité de sa part, comme Racine en a parfois. […] Certes, certes, son cœur se brisa souvent lorsqu’elle croyait entendre courir tout auprès un bruit de pas ou le bruit du vent111. […] Je l’avais cru d’abord ; mais non ; au point où en est Médée, cet exemple de sa cousine, si elle songe à tout, devient encore plus attrayant par ses périls mêmes et par les vagues perspectives qu’il entr’ouvre. […] Qu’on me permette de hasarder une toute petite observation encore : Virgile, dans sa comparaison, dit lumen aquæ, une lumière d’eau répercutée par le soleil… ; c’est une figure, un hypallage, je crois.
La première de leurs erreurs est de croire à la perfectibilité indéfinie de l’homme fini. […] On peut croire que cette mère donna, avec le sein, à son enfant, cette prédestination aux choses de l’esprit et cette sensibilité souffrante de l’âme qui forment le fond du caractère de Rousseau. […] Quelle excuse peut alléguer un peintre de mœurs qui croit tout faire adorer de lui, jusqu’à ses immondices ? Rousseau se croit-il donc le grand lama de l’Occident pour faire embrasser comme des reliques les plus viles traces de son humanité ? […] On crut sentir son âme dans ses mélodies, on ne la sentit que dans les oreilles.
Molière ayant su que c’était un nommé Mondorge, qui avait été son camarade, demanda à Baron combien il croyait qu’il fallait lui donner ? […] Boursault crut se reconnaître dans le portrait de Lysidas. […] Il y a des pays où l’on n’a pas l’idée qu’une comédie puisse réussir en vers ; les Français au contraire ne croyaient pas qu’on pût supporter une longue comédie qui ne fût pas rimée. […] On ne croyait pas alors que les Français pussent jamais soutenir trois heures de musique, et qu’une tragédie toute chantée pût réussir. […] Le monde n’était point alors désabusé de l’astrologie judiciaire ; on y croyait d’autant plus, qu’on connaissait moins la véritable astronomie.
Qui l’aurait pu croire ? […] On avait peine à le croire, même quand on le lisait avec plaisir, comme on avait peine à lire Mézerai, lors même qu’on était le plus porté à le croire. […] Ils ne croyaient pas pouvoir mieux faire, & le public le croyait comme eux. […] J’ai cru, cependant, appercevoir que M. […] Il ne croyait pas que notre Langue pût s’y prêter.
Il croit entendre l’aveu du vol de la marmite. […] Croirait-on que Molière a dédaigné cette admirable simplicité ? […] messieurs, je ne croyais pas être Si plaisant que je suis100. […] J’en crois voir deux raisons. […] Je ne suis pas heureux tant que vous pourriez croire ; Quel diable de plaisir !
Il y a ceux qui croient qu’ils déménageront les musées. […] Je crois que, de ma vie, je n’ai encore autant souffert. […] La sœur a un charmant gros rire, avec un « Faut le croire ! […] je croyais que c’était le mien ! […] Il croit aussi que le perfectionnement du manger amène un allongement de la vie.
Le style le préoccupait beaucoup, et il croyait sincèrement n’en pas avoir. […] Ne croyez pas cependant que Balzac cherchât à divertir sa galerie ! […] Balzac avait peur de la facilité, et il ne croyait pas qu’une œuvre rapide pût être bonne. […] Mon cœur que je croyais mort tressaille dans ma poitrine ; il l’a si souvent entendu jaser sur tes lèvres ! […] Ce n’était pas paresse, comme on eût pu le croire, mais au contraire activité d’esprit.
Ajoutons à cela qu’ils se défient tous ensemble, qu’ils croient avoir des raisons de se défier de la « baronne » de Staël et du « vicomte » de Chateaubriand ! […] Bien loin que notre Moi soit le juge des autres, comme l’a cru l’éclectisme, au contraire, c’est la connaissance que nous avons des autres qui nous sert à rectifier l’idée que nous nous formons de nous. […] Faisons un pas de plus, et ne laissons pas croire que les naturalistes, dans leurs écrits, se soient bornés à éviter les défauts des romantiques. […] J’inclinerais, pour ma part, à le croire. […] Si la seconde partie de cette vie diffère de la première aussi profondément que l’a cru Lamennais lui-même ?
On parle toujours des sept cordes de la lyre… mais je crois que la sienne en a plus de sept. Imagination très étendue et très sensible, qui a sous ses mains un clavier énorme et qui monte et descend en un clin d’œil la gamme de tous les sentiments. — D’aucuns vous diront qu’il est éclectique en poésie, mais ne les croyez pas !
Je n’ai pas la fatuité de croire que j’en suis un… de profondeur, mais il m’est bien permis de croire à la profondeur de notre amitié.
Le sommeil provoqué, à en croire M. […] Nous croyons surtout que le patient est dans un état d’obéissance passive et de foi aveugle. […] Léonie 3 écrit une lettre tandis que Léonie 1 croit qu’elle coud. Lucie 3 vient réellement au cabinet du docteur, tandis que Lucie 1 se croit réellement à la maison. […] C’est le grand principe qui régit la physique contemporaine ; nous croyons qu’il ne tardera pas à régir aussi la psychologie.
Alors du moins on croyait à la grandeur ; des types élevés, bien qu’un peu stériles, dominaient sincèrement les âmes. […] On y crut voir pourtant un intérêt de circonstance, le retour de l’exilé, du monarque légitime dans la patrie. […] je le crois. […] Lebrun lui-même, dans la Renommée, contribuèrent aux premières notions qu’on en eut, et provoquèrent, je crois, la première traduction qu’on en fit. […] On le croira avec peine, tout notre bonheur se réduisit à manger des cerises ensemble. » 81.
M’est-il permis de dire que je crois qu’après examen attentif personne n’hésitera ? […] Cette opinion avait fait du chemin depuis ; mais je crois qu’elle ne résiste pas à l’examen et que Villon gardera son rang, qui est le premier. […] Je crois qu’un Malherbe était nécessaire, quoique Régnier s’en soit très-bien passé ; je crois qu’il était urgent qu’un nouveau chef d’école redonnât un coup d’archet décisif, et marquât sévèrement la mesure. […] Que si, après cela, on passe à Boufflers, à cet abbé-chevalier, qui était en son temps un auteur de vers à la mode, comme Mellin de Saint-Gelais l’était dans le sien, on croit revenir en arrière, ou plutôt on se sent déjà en décadence. […] On a cru pouvoir laisser chacun aller assez librement à sa sympathie, à sa prédilection : en telle matière un peu de fantaisie ne messied pas.
On ne croirait jamais que la petite lanterne qui est au-dessus a cinquante-cinq pieds de haut, l’élévation d’une maison ordinaire. […] Les Romains comptent onze pieds de plus, je crois, parce qu’ils mesurent l’élévation à partir du pavé de l’église souterraine, où est le tombeau d’Alexandre VI. […] Et que les idiots vous croient ! […] « Le raisonnement a besoin de faits pour démontrer ; le sens intime croit, voit, conclut, affirme sans aucun argument qu’un regard ! […] Il y a même, à la déduire ouvertement et à la soutenir, quand on croit le principe, un certain courage et une franchise plus honorables que l’indifférence.
Les prisonniers crurent que c’était un faux pas contre les dalles du cloître qui avait causé l’accident ; personne, heureusement, n’y prit garde ; j’eus le temps de revenir à moi, de sentir le danger et de réfléchir au moyen d’entrer dans la loge du meurtrier sans que le saisissement trop soudain lui fît révéler involontairement qui j’étais aux oreilles de ses compagnons de peine. […] Le son de sa voix m’entra comme une musique dans tout le corps, je crus qu’un esprit de lumière était entré dans la caverne et m’avait parlé. […] Nous nous croyions sûrs, après nous être ainsi rejoints, de rencontrer une bonne heure dans tant d’heures devant nous, et nous jouissions de nos minutes d’entretien comme si elles avaient formé des heures et que les heures n’eussent pas formé des semaines. […] vous me croirez si vous voulez, pauvres gens, ajouta-t-il, mais avant que l’Ave Maria eût sonné dans les cloches de Lucques, un air de zampogne est descendu, comme un concert des anges, d’une lucarne grillée tout au haut de la tour du bargello. […] J’ai cru d’abord à un rêve ; j’ai écouté longtemps après que les cloches de l’Ave Maria se taisaient sur la ville, et le même air de l’instrument de votre frère a continué à se faire entendre à demi-son dans la tour, par-dessus les toits de la prison.
Telles ne sont pas sans doute certaines doctrines mondaines ; elles prophétisent un progrès fatal pour se dispenser d’y collaborer, et ne croient pas au mal, parce qu’elles ignorent combien est âpre et infréquentée la route du bien. ? […] N’en croyez le titre qu’à moitié ! […] Théophile Gautier pour son maître, est de cette École qui croit que tout est perdu, et même l’honneur, à la première rime faible, dans la poésie la plus élancée et la plus vigoureuse. […] Croyez-vous donc que ce ne soit pas là quelque chose de pathétique et de salutaire ? […] IV Je me laisse entraîner, je le sens, par ces considérations, un peu allongées peut-être, mais que je ne crois pas déplacées à propos d’un livre d’art, et que dans tous les cas je ne crois pas inutiles.
Si, à la bataille d’Ivry, d’Andelot avait essayé de ravir à Rosny l’étendard conquis et l’un de ses prisonniers, on peut croire qu’à son entrée à Rouen, les membres du Conseil des finances qui le voyaient de mauvais œil ne furent pas moins jaloux de lui enlever quelque chose de son convoi d’argent. […] Il croit qu’il ne faut forcer ni les climats, ni la nature des choses. […] Rosny désirait la paix de Vervins ; dès qu’il la croit possible, il la conseille à son maître : les ministres des finances aiment en général la paix. […] je m’en ferai croire et ne le verrai de quinze jours. » Le lendemain matin, dès sept heures, il était de nouveau en visite à l’Arsenal et entrait sans se faire annoncer. […] Lui qui croyait aux pronostics, il dut se rappeler un horoscope qui avait été tiré à la naissance de Louis XIII devant Henri IV, et qui portait : « Désolations menacent vos anciennes assistances ; vos ménagements seront déménagés. » Le pronostic se réalisait, et toute l’œuvre de Henri IV s’écroulait ou du moins allait rester près de quinze ans interrompue et pendante.
C’est là le défaut de ses premières années ; c’est le premier pli qu’il a cru devoir se donner pour plaire. […] Mme Du Deffand, juge des plus sévères, mais aussi des plus clairvoyants, parle de lui comme venant de faire sa connaissance, dans l’été de 1767 ; il avait alors trente-deux ans : Le prince de Ligne, dit-elle dans une lettre à Horace Walpole (3 août), n’est point le beau-fils de la princesse de Ligne du Luxembourg, c’est son cousin ; il est de ma connaissance, je le vois quelquefois ; il est doux, poli, bon enfant, un peu fou ; il voudrait, je crois, ressembler au chevalier de Boufflers, mais il n’a pas, à beaucoup près, autant d’esprit ; il est son Gilles. […] Puis il est à croire qu’à ses débuts, le prince de Ligne forçait en effet sa manière. […] Vous remarquerez que, pour l’achever et la couronner, il a cru essentiel de mêler à son idée de l’homme aimable un sentiment d’humanité, d’affection, et presque de détachement sincère au milieu du succès : c’est qu’il sait bien que l’écueil de ce qu’on appelle ordinairement l’amabilité dans le monde et de l’usage exclusif de l’esprit, c’est la sécheresse et la personnalité. […] Belœil était, et, j’aime à le croire, est encore un assemblage et un composé charmant de jardins anglais et français, quelque chose de naturel et de régulier, d’élégant et de majestueux.
C’est ce qu’il a fait, au moins en partie, m’assure-t-on, mais sans autoriser, je crois, d’ici à un long temps, la publication de ces récits. […] Cependant je crois, entre nous, qu’il aurait été moins docile avec un peu plus de ce qui prononce les athlètes. […] Depuis Les Marionnettes, je suis possédé d’un amour de travail qui m’enchante : je crois, soit dit sans vanité ou avec vanité, que je peux faire de bonnes comédies. […] Je crois que vous verrez d’un coup d’œil combien ce sujet est vrai, riche et varié. […] Je crois que j’ai bien cela ici… J’espère ne pas mériter dans cet ouvrage le reproche de n’être qu’un peintre de portraits de la rue Saint-Denis.
Il est évident qu’il ne croit pas à la liberté dans le sens philosophique du mot ; il explique toute la diversité qu’on voit dans les pensées et par conséquent dans la vie des hommes, indépendamment des divers âges du monde et des états ou degrés de civilisation où ils naissent, par le tempérament, la fortune et l’habitude ; et il en vient ainsi, d’une manière un peu couverte, à exposer ce que nous appellerions sa philosophie de l’histoire. […] Mais comme on ne va point d’une extrémité à l’autre sans passer par un milieu, il commença seulement par ne leur donner plus de part au gouvernement ni à sa confiance, et choisit des gens qu’il crut fidèles et de peu d’élévation. […] La Fare rend pourtant cette justice au cardinal de Richelieu « qu’avec cette jalousie qu’il avait de l’autorité royale et de la sienne qu’il en croyait inséparable, il aima et récompensa la vertu partout où elle ne lui fut pas contraire, et employa volontiers les gens de mérite ». […] Si vous l’aimez, vous reviendrez incessamment voir s’il n’y a pas moyen d’y mettre quelque ordre : entre vous et moi, je le crois totalement perdu. […] Il était capitaine des gardes de M. le duc d’Orléans, après l’avoir été de Monsieur, et croyait avec raison avoir fait une grande fortune.
Une lettre très curieuse à lui adressée par son ami le médecin Bernier, alors voyageant en Perse, et datée de Chiras, le 10 juin 1668, fait foi de ces résolutions ou de ces velléités philosophiques de Chapelle, qui ne tinrent pas : Mon très cher, lui écrit Bernier, j’avais toujours bien cru ce que disait M. […] Or, Bernier, homme de sens, qui a beaucoup vu, et qui, en vertu même d’un sage scepticisme, est devenu plus ouvert à des doctrines supérieures, croit devoir avertir son ami et camarade, qui, en passant par le cabaret, est resté plus qu’il ne croit dans l’école ; le voyant prêt à vouloir s’enfoncer dans une philosophie abstruse et prétendre à expliquer physiquement la nature des choses et celle même de l’âme, il lui rappelle que c’est là une présomption et une vanité d’esprit fort ; mais si cette explication directe est impossible, et si connaître en cette manière son propre principe n’est pas accordé à l’homme dans cet état mortel, néanmoins, ajoute-t-il en terminant, nous devons prendre une plus haute idée de nous-mêmes et ne faire pas notre âme de si basse étoffe que ces grands philosophes, trop corporels en ce point ; nous devons croire pour certain que nous sommes infiniment plus nobles et plus parfaits qu’ils ne veulent, et soutenir hardiment que, si bien nous ne pouvons pas savoir au vrai ce que nous sommes, du moins savons-nous très bien et très assurément ce que nous ne sommes pas ; que nous ne sommes pas ainsi entièrement de la boue et de la fange, comme ils prétendent. — Adieu. […] À leurs petites mignardises, leur parler gras et leurs discours extraordinaires, nous crûmes (vîmes ?) […] Les autres croyaient Monsieur de Scudéry Un homme de fort bonne mine, Vaillant, riche et toujours bien mis ; Sa sœur une beauté divine, Et Pellisson un Adonis.
Certes le physicien de Philadelphie, même en n’ayant pas raison sur tous les points, aurait eu beau jeu à triompher en public de celui que toutes ses nobles études n’empêchèrent pas d’assister aux convulsions et de croire aux miracles du cimetière de Saint-Médard. […] Des juges, d’ailleurs équitables, ont cru trouver trop de régularité et de mécanisme dans l’indication stricte des heures, des minutes consacrées à chaque portion des devoirs dans les classes ; mais il semble qu’en se représentant avec une précision si parfaite les exercices de chaque groupe successivement, le ministre ait voulu ne pas s’en tenir à une idée prise de loin et de haut, comme cela est trop ordinaire ; qu’il ait voulu communiquer aux maîtres le sentiment de l’importance qu’il met à un parfait accord entre les facultés diverses. […] Et puis, ne l’oublions pas, nous qui datons d’un autre âge, nous avons pu être élevés dans un esprit un peu différent, sans que cet esprit (qui nous a réussi, je le veux bien croire) doive être constamment appliqué dans sa forme première et doive faire loi. […] En remerciant donc les lecteurs qui m’ont suivi jusqu’ici avec tant de bienveillance dans mes excursions toutes modernes, j’ai besoin de leur demander de me laisser pour quelque temps interrompre ces communications habituelles : le jour où je me sentirais en mesure de les reprendre, serait, on peut le croire, un jour heureux pour moi. […] Le travail critique de ces cinq années, qui se trouve recueilli dans ces onze volumes, et dans lequel je crois avoir fait preuve quelquefois de fermeté véridique, n’a pas été étranger à ces démonstrations malveillantes et à cette légère avanie.
L’abbé de Caumartin eut l’idée assez naturelle que l’évêque de Noyon, du moment qu’il entrait à l’Académie, ne devait pas être reçu comme un autre, et oubliant la gravité du rôle auquel il n’était pas encore accoutumé, il osa songer à le railler en face, et presque au nom de la compagnie, du droit que les délicats croient si aisément avoir sur la vanité et sur la sottise qui vient s’étaler. […] J’ai peine à le croire, d’autant plus que cet endroit est comme enchâssé dans le tissu même du discours. […] Puis ne perdons rien du jeu de scène : pendant que l’un pique, joue et enfonce, l’autre, qui se croit loué, se rengorge et jouit ; et l’auditoire, — cet auditoire qui se compose de la fleur de la ville et de la Cour, de témoins de la qualité des Hamilton, des Coulanges et des Caylus, saisit chaque nuance, achève chaque intention, et la redouble en applaudissant63. […] Je n’ai garde de songer à ce qui a pu se passer de nos jours, et qui n’offrirait, je veux le croire, que de lointaines ressemblances ; mais une scène presque pareille à celle qu’on vient de voir a été la réception de La Harpe par Marmontel, le 20 juin 1776. […] J’ai peine à croire aussi que Saint-Simon ait dit (t.
Il ne crut point non plus devoir se rendre de sa personne à Soleure pour y lutter d’intrigue et d’argent, et travailler à faire casser le décret : « La chose était possible, dit-il ; mais, indépendamment de ce que je trouvais le théâtre un peu petit pour me donner la peine d’y préparer cette scène, elle m’aurait demandé du temps que je ne pouvais prendre qu’au détriment de ma machine militaire qui commençait à se monter, et qui voulait ma présence pour tendre à sa perfection. » Après avoir écrit une lettre de soumission respectueuse, il s’en remit donc au cours naturel des choses. En effet, quatre ans après, ses services envers le corps helvétique étant mieux appréciés, il fut rétabli à son rang dans la place qu’il occupait au conseil ; il eut des lettres honnêtes de son souverain, et si on ne lui rendit pas son amende, c’est qu’il crut qu’il était mieux de ne la point demander. […] » Mais les événements et les embarras de la fin du siècle tenaient plus qu’il ne croyait à ces jolis passe-temps de son milieu. […] L’officier répliqua qu’il aimerait mieux la croix. « Vraiment, je le crois bien », dit le roi en passant son chemin. […] je crois que vous avez raison », me répondit-il en éclatant de rire.
Fléchier étant né lent, l’esprit ne lui venait qu’en ruminant ; à le voir en particulier, on eût dit qu’il en avait peu, tant sa conversation était plate et chétive » ; quand Legendre parle ainsi d’après des ouï-dire, je ne l’en crois pas du tout ; je proteste, et je soutiens que l’abbé a dû mal traduire en cet endroit ce que lui ont pu dire les meilleurs amis de Fléchier. […] Enfin, lui mort, le choix royal se porta sur le plus beau, le plus éloquent, le plus avenant et le plus habile des prélats du royaume, Harlay de Champvallon, et en sa personne Louis XIV put croire d’abord avoir donné à la capitale le pasteur le plus digne et le plus fait pour concilier le respect et l’affection, en même temps que lui-même il avait mis certainement la main sur son ministre ecclésiastique le plus souple et le plus capable de le servir. […] Il paraît, au contraire, si l’on en croit l’écho qui nous arrive, un peu grossi peut-être à distance, que notre abbé réunissait toutes les qualités de l’orateur, — presque toutes, — l’accent, le charme de la voix, le geste, l’action souvent animée et toujours appropriée, la mémoire, les grâces de la diction, le trésor des saintes Écritures et des Pères : que de choses ! […] Il le crut si bien qu’il s’appliqua à l’étude de la politique proprement dite sous un maître, M. […] Cette première chimère s’évanouissant, et comme pis aller, il crut devoir se mettre en mesure pour le cas très vraisemblable où il serait nommé chancelier, et il prit pour guide dans l’étude des lois civiles un homme des plus habiles en cette branche, Jean Legendre, qui n’a rien de commun avec le nôtre, avec l’abbé de ce nom.
Chaque peinture, chaque fresque, on croit la voir à la manière dont il la décrit, et on la voit non-seulement dans son sujet et sa disposition, mais dans son effet et son ton ou sa ligne. […] Dans des articles déjà assez anciens sur Diaz, je crois avoir remarqué une des formes habituelles de son ingénieux et bienveillant procédé. […] Mais n’allez pas croire, cependant, d’après la caresse de sa description, qu’il ait lui-même été tout à fait dupe. […] On a cru remarquer que cette forme a prévalu depuis et a fait école : l’alexandrin est fort négligé des débutants. […] Je crois me souvenir d’en avoir relevé quelques-unes autrefois.
Cet homme au parler si pur était né non à Chambéry, comme on l’a cru d’abord, mais à Meximieux, dans l’ancien Bugey, province de Savoie. […] On me permettra de les citer, car je les crois inédites, et elles ajoutent au portrait ; on y verra de plus, par l’exemple d’un des oracles académiques du jour, que la langue avait encore passablement à faire pour se polir. […] « … Je crois vous devoir dire une nouvelle qui ne vous déplaira pas, aimant le bon M. de Vaugelas comme vous faites. […] En un mot on n’y perd pas un moment, et Son Éminence le peut croire d’un homme comme moi qui en ai été le promoteur, qui y donne le plus cher de mon temps et qui en passionne l’accomplissement comme y ayant un plus particulier intérêt d’honneur que personne. » Ces lettres, tout en faveur de Vaugelas, prouvent bien en même temps à quel point il y avait réellement besoin et urgence d’un Vaugelas pour épurer et alléger un peu ce style lourd et pesant des doctes Chapelain. […] Il suppose, avec plus de subtilité sans doute que de fondement, et il a l’air de croire que Malherbe n’affectait ainsi en sa prose toutes ces phrases populaires que pour faire éclater davantage la magnificence de son style poétique par le contraste de deux genres si différents.
« Qui le croirait, Messieurs ? […] Il paraît avoir de l’aversion pour les personnes qu’il croit dans mes intérêts. […] Puis bientôt, passant outre, il déclara ce voyage impossible et se montra prêt à l’empêcher à tout prix, à ce point, signifiait-il, que « si le duc de Savoie ne voulait pas absolument changer de résolution, il ferait passer les Alpes à sept or huit mille hommes qui séjourneraient en Piémont et tiendraient le pays. » L’ambassadeur de Louis XIV, ce même abbé d’Estrades, crut devoir taire les menaces qui auraient aigri le duc ; il lui en dit pourtant assez pour lui faire comprendre l’improbation royale. […] On le croyait à un endroit, et il s’était déjà dérobé : il était ailleurs. […] Par moments, il a l’air de ne s’occuper en rien de la politique générale : on le croirait décidément un homme de plaisir.
Il suffit, pour se sentir à l’aise en parlant de lui, de l’avoir rencontré souvent, de l’avoir trouvé si impartial envers les personnes, si oublieux de toute injure, si étranger à toute rancune, si oublieux des choses seules et des questions importantes, de celles du jour, de celles de demain, un esprit sincèrement, obstinément voué à la prédication des idées qu’il croit justes et utiles. […] Un mot qu’il laisse échapper devant son excellent maître et ami l’abbé de La Tour éveille les craintes de ce dernier et, pour prévenir un malheur, l’abbé croit devoir révéler à son élève le mystère de sa naissance qu’il lui avait caché jusqu’alors. […] Quiconque a reçu la faculté de sentir et de penser ne peut nier cette mystérieuse assertion ; mais quiconque aussi voudra prouver l’existence de Dieu ne pourra l’expliquer qu’à l’aide d’arguments que je m’abstiens de qualifier, parce que toutes les croyances doivent être inviolables, et qu’elles sont toutes sacrées pour moi tant qu’elles ne me sont point imposées. » Les religions, on le voit, y sont respectées dans leur formes et honorées dans leur principe : « Je crois que toutes les religions sont bonnes, je crois que, hors le fanatisme, toutes les erreurs des cultes obtiendront grâce devant Dieu, car notre ignorance est aussi son ouvrage… J’adopte toutes les idées religieuses qui peuvent élever l’esprit, je rejette celles qui le rétrécissent ; et s’il fallait décider entre toutes les religions établies celle qui me paraîtrait la meilleure, je répondrais : — La plus tolérante. » À un endroit où le fils abandonné se suppose forçant enfin la destinée par sa vertu, parvenant à percer par ses œuvres, et méritant que sa mère revienne s’offrir à lui comme fit un jour la mère de D’Alembert au savant déjà illustre, il y a une apostrophe pieuse, un mouvement dans le goût de Jean-Jacques : « Dieu ! […] Là où se pesaient des chiffres, il crut devoir jeter son nom et tout aussitôt son épée dans la balance. […] Ces deux hommes d’ailleurs, également courageux et sans peur, marchant également tête haute et la poitrine en dehors, aimaient la liberté, mais différemment : l’un, qui n’a pas donné son dernier mot et dont on ne peut que deviner l’entière pensée tranchée avant l’heure, aimait la liberté, mais armée, glorieuse, imposante, et, pour tout dire, la liberté digne d’un consul : — il faut convenir aussi que cette forme a bien de l’éclat et de l’attrait ; — il aimait la liberté réglée par les mœurs, par les lois mêmes, la liberté organisée et peut-être restreinte ; l’autre aimait et voulait la liberté complète, cosmopolite, individuelle au suprême degré dans tous les genres, civile, religieuse, intellectuelle, industrielle, commerciale, à la manière d’un Hollandais, d’un Belge ou d’un citoyen de New-York : le plus Américain des deux n’était pas celui qui croyait l’être.
Nous sommes trop enclins, je le crois, à nous substituer continuellement à Cervantes, avec nos sentiments et nos impressions d’aujourd’hui ; nous prenons fait et cause en sa faveur plus encore qu’il ne le faisait lui-même, et pour avoir énuméré à la file et mis en ligne de compte toutes ses infortunes, nous oublions trop les interstices et les éclaircies que sa belle humeur et son bon génie savaient s’ouvrir à travers tant de mauvais jours. […] En vérité, je ne croyais pas que ma bête eût sa pareille pour voyager. » Sur quoi répondit un de mes amis : « La faute en est au roussin du seigneur Miguel Cervantes, qui allonge le pas. » À peine l’étudiant eut-il entendu mon nom, qu’il sauta brusquement à bas de sa monture, jetant d’un côté son coussinet, de l’autre son porte-manteau, car il voyageait avec tout cet appareil. […] » Moi qui en si peu de mots m’entendais louer si galamment, je crus qu’il y aurait peu de courtoisie à ne pas lui répondre sur le même ton. […] Je m’en vais tout doucement, mon pouls me le dit : s’il faut l’en croire, c’est dimanche que je quitterai ce monde. […] pourquoi se croit-il obligé de payer son tribut à une coterie ?
Il y a des places qu’il est bon de créer lorsqu’on a sous la main l’homme le plus capable de les bien remplir : ainsi a cru devoir faire M. le maréchal Randon en créant la place d’historiographe du département de la guerre pour M. […] C’est donc comme homme trompé, comme ami abusé par un ami ingrat, que Saint-Simon s’est cru en droit de se plaindre ensuite du duc de Noailles et de le démasquer. […] Saint-Simon, quand il parle du duc de Noailles (et il y revient souvent), commence d’ordinaire par en parler à ravir, puis il s’emporte peu à peu, ne se contient plus ; il excède, je le crois et j’en suis certain : il va jusqu’à crier au monstre. […] Et que l’on croie, après cela, aveuglément aux paroles écrites du duc de Noailles, et que l’on s’en tienne aux belles protestations enregistrées dans ses Mémoires. […] Mais je n’ai pas cru devoir imiter cette façon sommaire d’entrer en matière en passant l’éponge sur ce qui a précédé.
Et nous tous, qui que nous soyons, nés heureusement à une époque d’égalité, — de presque égalité, — quand nous avons à juger ces régimes antérieurs et les hommes qui en font partie, qui nous les représentent par des aspects criants, justice est que nous nous disions : Qu’aurions-nous été nous-mêmes, qu’aurions-nous fait, si nous étions venus dans des conditions pareilles où l’on se croit tout permis ? […] écrivait-il au sortir de là à la princesse de Guise ; il est aimable comme s’il n’était qu’un particulier… Je crus n’y voir qu’un prince et j’y rencontre un homme. » Le comte de Clermont dut à cette circonstance de se voir nommé dans les premières éditions du Temple du Goût ; mais cette mention de faveur disparut et tomba, comme tant d’autres noms éphémères, à l’édition définitive. […] Le siège de la ville de Furnes tient plus longtemps qu’on ne croyait (la place pourtant était rendue dès le 10 juillet). […] Après avoir fait ma commission, je lui fis observer que les hussards autrichiens qui me servaient d’escorte auraient pu la faire comme moi, sur la facilité que j’avais trouvée à arriver jusqu’à sa maison sans trouver un poste français : il se leva, envoya chercher les officiers généraux du jour, et je crois qu’ils furent sévèrement réprimandés. » Et maintenant veut-on savoir en quels termes le maréchal de Saxe réclamait cette sauvegarde, non pas directement du prince Charles, mais du comte de Batthyany, le général autrichien ? […] je crois sentir dans ce simple récit de Rochambeau l’homme déjà moderne, l’homme de la guerre d’Amérique et qui a traversé honorablement 89.
lui avait été au cœur, et il y avait cru. […] Ils ne se font aucune caresse : à les voir si indifférents, si froids, on les croirait de grandes gens. » C’est qu’au bas de la colline, dans une chaumière, habite la pauvre Marguerite, orpheline, aveugle, seulement aveugle depuis le dernier été, que la petite-vérole ou la rougeole lui a donné sur les yeux. Baptiste devait l’épouser, il le lui a promis, et elle y croit encore ; elle l’attend. […] A croire au bonheur il ne faut pas tant s’accoutumer. Va, crois-moi, prie Dieu de ne pas tant l’aimer. » — « Jeanne, répond l’aveugle, plus je prie Dieu, plus je l’aime !
Le comte Hervé n’avait pas vingt-cinq ans ; il était beau, bien fait ; il avait servi quelque temps dans les gardes d’honneur, puis dans les mousquetaires, je crois, en 1814. […] Chacun à son tour se croit le mieux aimant et le plus frappé. […] Elle avait fait semblant de l’aimer un peu, ou elle l’avait cru. […] Il avait peine à y croire. […] Hervé se disait qu’il fallait croire, ses discours aussi le disaient, et depuis deux heures, aux rayons du soleil baissant, on parlait de l’avenir.
Ne croyez pas, je vous le jure par le nom que je porte, ne croyez pas que je tremble ici pour moi-même (pour moi, qui, éprouvé déjà par la mauvaise fortune, sais qu’il y a autant à craindre de la prospérité) ; non ! […] Ils se trompent, ceux qui croient que son luxe sera de la libéralité : il saura dissiper, jamais donner. […] On croit relire, à l’homme près, l’entrée de Napoléon à Grenoble au retour de l’île d’Elbe. […] XXV « Vous auriez cru voir, ajoute aussitôt Tacite, un autre sénat, un autre peuple. […] « Croyez-vous donc que cette ville si majestueuse existe seulement dans ces maisons, ces toits, ces monceaux de pierres ?
L’enfant croyait qu’il tremblait de sa mort prochaine et se mit lui-même à sangloter. […] Je croirais la profaner en y pensant ; c’est comme une apparition qui reste, dit-on, dans les yeux, mais que le cœur ne confie jamais aux lèvres ! […] Il crut que la faiblesse de mon âge me rendait trop pénible, ce soir-là, la vue d’un homme qui devait mourir le lendemain et dont on entendait déjà l’agonie tinter dans tous les clochers de Lucques et même aux villages voisins. […] monsieur, dans ce silence de tout un peuple qui retient son haleine en attendant la voix qui doit commander la mort d’un homme, vous me croirez si vous voulez, mais je ne crois pas avoir pâli ; la joie de l’idée qu’en mourant je mourais pour lui me possédait seule, et j’attendais le commandement de feu avec plus d’impatience que de peur ! […] Je crus que j’allais mourir de honte en me voyant ainsi demi-nue devant cette bande de soldats étonnés ; ils restaient suspendus comme devant un miracle, car mes mains liées derrière le dos m’empêchaient de recouvrir ma poitrine et mon visage.
Et qui lui fit croire que cet art devait être naturaliste ? […] Et de là Perrault part pour réhabiliter Quinault, et Cotin, et Chapelain, et tous ces méchants auteurs, qu’il n’avait pas tort de se croire obligé à défendre : car il en était l’héritier direct. […] Despréaux, n’a pas fait, comme on croit, la colonnade du Louvre. […] Mais si l’on songe que jusque-là, dans l’Art poétique et ailleurs, Boileau n’avait jamais regardé les œuvres littéraires que dans leur relation au genre, sorte de type analogue aux idées platoniciennes, seul élément d’estimation, et seul principe de classification, dont chaque ouvrage tirait et sa raison d’être et sa valeur, selon qu’il le réalisait plus ou moins complètement : si l’on songe qu’il n’avait jamais demandé que la connaissance des règles et le génie pour la création des chefs-d’œuvre poétiques, et ne croyait pas avoir besoin d’une autre considération pour expliquer que la Pucelle n’égale pas l’Iliade, on comprendra tout le chemin que Perrault fit faire à Boileau. […] Ils tirent leur valeur à notre égard des pensées qui nous sont devenues familières, des doctrines où notre siècle a enfermé ses croyances et son génie : tandis que Boileau, en les écrivant, croyait seulement défendre ses chers anciens, et avec eux tout son Art poétique, aussi éloigné de soupçonner qu’il était « évolutionniste » que saint Augustin se doutait peu d’être cartésien le jour où il rencontrait la fameuse formule : Je pense, donc je suis.
D’abord, s’il faut en croire les critiques, Jean Paul est intraduisible ; ils ont décidé qu’il était aussi impossible de traduire ses œuvres que de qualifier son génie. […] Delécluze, nous croyons comme lui que le sort de notre langue est intéressé dans cette question. […] Nous croyons qu’on n’y est parvenu et qu’on ne pouvait y parvenir qu’en substituant, comme nous allons essayer de le montrer, l’emblème, l’allégorie, le symbole, à la comparaison proprement dite. […] Ainsi parée, sa pensée lui plaît davantage : si elle est neuve, elle lui paraît plus neuve encore ; et si elle est commune, il croit la rajeunir. […] Il ne s’est pas opéré par l’accession de quelques idiotismes étrangers, comme le croit M.
Votre erreur est de croire que le sentier raide et étroit peut donner passage à la foule. […] Si son noble effort commercial a rendu sa phrase moins sûre, en revanche elle l’a doué d’un mérite dont je le croyais incapable, la souplesse oratoire. […] Il arrive toujours les mains chargées d’un bouquet d’espérances, fleurs de papier qu’il croit peut-être vivantes, que dans tous les cas il affirme vivantes. […] Bergeret, tu crois peut-être m’échapper en souriant. […] Tu ne jouis pas de la pensée : tu jouis un peu de l’espoir et du désir de la pensée ; tu es heureux surtout de voir que nous croyons à tes bonnes fortunes.
Nous, s’écrie l’auteur, nous n’avons plus affaire à la mort, mais à la vie ; nous ne croyons plus ni au néant de la tombe, ni au salut acheté par un renoncement forcé ; nous voulons que la vie soit bonne, parce que nous voulons qu’elle soit féconde. […] Le véritable artiste est digne de ne pas procéder ainsi ; et pour tous ceux qui ont de bonne heure connu et admiré Mme Sand, ç’a toujours été un sujet d’étonnement et une énigme inexplicable, que de la trouver si aisément crédule et, je lui en demande bien pardon, si femme sur un point : elle croit volontiers à l’idée des autres. […] Elle les croit supérieurs parce qu’ils concluent carrément, comme si un grand peintre, un grand poète avait besoin absolument de conclure. […] Elle réussit même trop bien ; le pauvre Sylvinet, un jour, se croit dans l’obligation de s’éloigner de sa belle-sœur sans dire son motif à personne. […] C’est Jeanne, c’est Consuelo ; au fond, tout au fond, c’est toujours cette nature de Lélia, fière et triste, qui se métamorphose, qui prend plaisir à se déguiser et à se faire agréer, sous ces déguisements, de ceux mêmes qui ont cru la maudire en face.
Grimm, si fait d’ailleurs pour goûter Rulhière, avec lequel il avait plus d’un rapport d’esprit, nous l’a représenté à l’une de ces lectures qu’il faisait de sa Révolution de Russie chez Mme Geoffrin, et si l’on s’en tenait à cette page de Grimm, destinée à être lue à Saint-Pétersbourg, on prendrait de Rulhière une idée fort injuste : on le croirait un homme de talent indiscret et étourdi, tandis qu’il n’était rien moins que cela. […] Il y a certainement des coins du génie russe que Rulhière n’a point pénétrés ni appréciés ; n’ayant vécu qu’à Saint-Pétersbourg et dans le grand monde, il a vu surtout dans ce peuple plein de disparates les mœurs d’un Bas-Empire, il a cru y voir une sorte d’Empire grec finissant, et il n’a pas assez signalé, sous ce vernis de civilisation avancée, un peuple jeune qui commence. […] … Et il raconte à Dusaulx l’histoire des moineaux que Rousseau nourrissait chaque matin, auxquels il donnait du pain sur sa fenêtre, et qu’il se flattait d’avoir apprivoisés : J’avais bien le droit, ce me semble, dit Rousseau parlant par la bouche de Rulhière, de croire que nous fussions les meilleurs amis du monde ; point du tout, ils ne valaient pas mieux que les hommes. […] Ce n’est point en le flattant, c’est plutôt en le brusquant, en le raillant, en lui demandant d’un air délibéré, quand il lui parle des méchants : « Est-ce que vous croyez aux méchants, vous ? […] On comprend bien que, tandis qu’elle excita au sein de l’Institut des objections de la part d’hommes pratiques et qui avaient vu la Pologne ou la Russie, elle ait tant agréé à Daunou, esprit orné, plus académique qu’il ne croyait, et qui ne voulait pas que l’histoire, même vraie, fût écrite d’une manière quelconque.
La critique, à chaque renouvellement de régime, peut essayer et combiner des programmes qu’elle croit utiles ; elle peut proposer et recomposer ses plans d’une littérature studieuse et réparatrice, c’est son droit comme son devoir ; mais l’imagination, la fleur, l’inspiration de la passion et du sentiment, lui échappent ; cela naît et recommence comme il plaît à Dieu, et ne se conseille pas. […] Liadières ne croit certainement pas que le moment soit passé de les couronner. […] L’auteur, que je crois pouvoir nommer sans indiscrétion, et qui est M. l’abbé B. […] Vous qui vivez dans le monde des faits, dans celui de l’histoire et de la politique, vous croyez peut-être qu’on ne tourne plus depuis longtemps de rondeaux ni de triolets ; vous n’êtes pas au courant de la civilisation poétique du jour. […] Laurent-Pichat s’est cru obligé, depuis, en vertu de ses principes politiques, de me rendre ce salut que je lui donnais au passage, et d’y répondre par des paroles d’offense et de dénigrement.
Et le cardinal Du Perron, le grand controversiste, disait également, quand on proposait de lui amener des calvinistes à combattre : « S’il ne s’agit que de les convaincre, je crois posséder assez de savoir pour cela ; mais, s’il est question de les convertir, conduisez-les à M. de Genève, qui a reçu de Dieu ce talent. » C’est à la fin de ce voyage de Paris que François de Sales apprit la mort de l’évêque de Genève dont il était le successeur désigné, et il s’empressa aussitôt de revenir en son diocèse. […] Ce qu’il disait à Mme de Chantal, il l’aurait dit également à toute âme : « Tenez voire cœur au large, ma fille ; et, pourvu que l’amour de Dieu soit votre désir, et sa gloire votre prétention, vivez toujours joyeuse et courageuse. » Si l’on ne voyait chez lui que quelques images de mauvais goût et quelques abus d’esprit, de sucre, de miel et de fleurs, on pourrait croire qu’il amollit et qu’il effémine la dévotion : en allant plus au fond et en dégageant sa pensée, les meilleurs juges ont trouvé qu’il n’en était rien, et qu’il est resté fidèle au véritable et sérieux esprit chrétien. […] Il est loin de favoriser, comme on le croirait, les excès d’oraison, les élévations et les ravissements extatiques : « Voyez-vous, Philothée, ces perfections ne sont pas vertus, ce sont plutôt des récompenses que Dieu donne pour les vertus. » Le mieux donc, selon lui, est de laisser ces perfections aux anges et de commencer simplement, humblement et humainement par les petites vertus : car il faut se garder des illusions, et il arrive quelquefois « que ceux qui pensent être des anges ne sont pas seulement bons hommes ». […] Ceux qui ont pu se permettre quelque vaine et froide raillerie sur la liaison du saint évêque et de cette forte et vertueuse femme, n’avaient pas lu, j’aime à le croire, cette pièce qui est la 121e des Lettres de Mme de Chantal35. […] On raconte que le libraire qui se chargea de la première publication, et qui était un libraire de Lyon, y eut tant de bénéfice, qu’il crut devoir faire exprès le voyage d’Annecy pour offrir en don à l’auteur une somme de quatre cents écus d’or.
Héritière, en ligne collatérale, de Louis XIV, et jalouse d’orner sa souveraineté nouvelle des séductions d’un art né d’elle et vivant d’elle, la bourgeoisie avait cru, jadis, trouver, dans M. […] Poète de vingt-quatre ans, ayant encore aux lèvres le miel de l’Hymette, mouillé de bon vin gaulois du cru de son oncle Pigault-Lebrun, le futur auteur du Gendre de M. […] Ce parti pris est si évident qu’il déconcerte un peu le spectateur moderne, expert en psychologie, friand d’analyses subtiles et peu enclin à croire à l’existence de ces corps simples auxquels, à force de talent et de volonté, Émile Augier réussit à donner la vie. […] Elle croira que les bourgeois de la seconde moitié du siècle étaient des vases de pureté, comme nous croyons que Pyrrhus y regardait à deux fois avant de faire subir à ses captives, fût-ce à Andromaque, le sort réservé autrefois aux belles femmes des héros morts. […] Par instants, des spasmes convulsifs l’agitaient ; puis la respiration cessait, le pouls s’arrêtait, on eût cru que la vie s’était retirée de l’illustre agonisant.
Un moment je crus lui donner la cohésion qui lui manquait en essayant de faire converger toutes ses idées vers un but social. […] Ils ont cru tenir la clef d’une philosophie ; mais ils ont été les seuls à suivre cette voie : l’élite des penseurs ne les a pas entendus. […] Chacun y allait de son petit toast à l’auteur du Pèlerin, qui a pu croire quelques minutes que son talent lui avait rallié tous ses admirateurs. […] Il croit, me dit-on, que la destruction des nationalités n’amènera pas immédiatement l’unité de la famille humaine ; d’après lui les hommes se grouperont d’abord par races et le Romanisme qui représente l’esprit des peuples latins serait une étape dans l’évolution sociale. […] Autrefois des pleurnichards comme Malfilâtre, Gilbert, Hégésippe Moreau, se croyaient déshonorés, perdus en entrant dans un établissement de l’Assistance publique ; ils y rimaient des jérémiades que les journaux communiquaient pieusement au public.
… Qui le sait et qui peut le croire ? […] Et c’était véritablement à croire que ces esprits secs avaient été pris d’une violente sympathie pour leur commune sécheresse ; car Gustave Planche et Mérimée sont, avant tout, des esprits secs. […] Avant celles-ci, les deux volumes à des Inconnues avaient donné déjà une triste idée de l’âme d’un écrivain surfait par une admiration surprise, et qui, pour ne pas croire à l’âme, méritait bien, du reste, de n’en pas avoir ! […] » Ailleurs, il dit encore, avec la même vieille ironie empruntée à Voltaire : « Si le Pape venait à manquer, croyez-vous qu’on en ferait un autre ? […] disait-on, et on admirait ce diable, qu’on croyait profond, de Mérimée.
Irréconciliable ennemi d’Antoine, il crut devoir élever contre lui le jeune Octave. […] lui dit Plutarque d’un ton calme, me crois-tu en colère, parce que je te fais punir ? […] Ce n’est pas qu’il paraisse toujours ignorant ou insouciant de sa gloire, comme on l’a cru. […] Je ne le crois pas. […] Il est à croire que la force, la pureté, l’élégance du style de Pope survivront à ces injustes dégoûts.
Il crut à la vertu des mots. […] C’est ainsi que le nombre des gens qui « ont cru voler » doit être considérable, mais ce qui l’est moins, sans doute, est celui des gens qui « croient avoir volé ». […] Il ne croyait pas au miracle. […] Louis XIV aimait son jardinier et croyait en lui. […] Je crois que je n’avais jamais vu quelqu’un aussi vieux que lui.
. — Quant au talent lui-même, il y en a certes, mais moins que ne croient les bonnes gens qui ont oublié Raynal, et qui ne savent pas qu’il n’est pas très-difficile avec une certaine énergie de plume de faire de ces peintures qui sont partout, en leur rendant quelque puissance d’ensemble. […] Mais un bon Génie, un Amschaspand, aurait de quoi répondre : « A travers ce manque de goût et ces torrents d’invectives, il y a des restes de candeur, une sincérité incontestable bien que si muable en sa rapidité ; l’amour de l’humanité, de ce que l’auteur croit tel, y compense à ses yeux la haine pour quelques individus ; la fibre humaine vibre en certains endroits sous une touche dont très-peu sont capables. […] Rien du vrai — tout cru.
Sa deuxième pièce doit être Alexis Comnène, je crois, Les Croisés à Constantinople. […] Ce que je vais dire est une vue, je crois, qui mériterait d’être développée : je l’ébauche. […] On me donne quelques renseignements que je crois assez exacts.
Il est permis de croire qu’en mourant Walter Scott n’emporte pas de grande pensée inachevée ; son génie s’était épanché à l’aise et abondamment ; il avait assez dit pour sa gloire et pour nos plaisirs ; quoiqu’il n’eût que soixante-deux ans, il est mort plein d’œuvres et il avait rassasié le monde. […] Les grands hommes ne leur manqueront pas, elles peuvent le croire ; l’âge brillant des poëtes n’est peut-être pas fermé encore ; l’infatigable humanité n’a peut-être pas épuisé tous ses génies ; mais, en laissant à la Providence le soin de susciter les génies en leur temps, les générations nouvelles, en présence de ces tombes glorieuses dont elles sont appelées à sceller les pierres, doivent y contracter le saint engagement de ne pas s’arrêter dans la route de la civilisation et des lumières bienfaisantes, de rester probes, sincères, amies de tout progrès, de toute liberté, de toute justice. […] Il est difficile de croire, par exemple, que Shakspeare et Molière, les deux plus hauts types de cette classe d’esprits, n’aient pas senti avec une passion profonde et parfois amère les choses de la vie.
Ils commencent par croire, — d’une foi étroite et furieuse de fanatiques, — premièrement, que la littérature est la plus noble des occupations humaines et la seule convenable à leur génie ; que les autres métiers, la culture de la terre, l’industrie, les sciences et l’histoire, la politique et le gouvernement des hommes sont de bas emplois et qui ne sauraient tenter que des esprits médiocres ; et, secondement, que c’est eux, au fond, qui ont inventé la littérature. […] Ils renchérissent douloureusement sur des formes littéraires déjà outrées : ils sont plus naturalistes que Zola, plus impressionnistes que les Goncourt, plus mystico-macabres que Baudelaire ou Barbey d’Aurevilly ; ils inventent le symbolisme, l’instrumentisme, le décadentisme et la kabbale ; les plus modestes et les plus lucides croient avoir découvert la psychologie, et ils en ont plein la bouche. […] répondit Jouveroy, je ne me plais qu’avec les gens qui s’embêtent. » La Bruyère dit en parlant de certains financiers : « De telles gens ne sont ni parents, ni amis, ni citoyens, ni chrétiens, ni peut-être des hommes : ils ont de l’argent. » Je dirais volontiers des pareils de Servaise : « Ils ne sont ni chrétiens, ni citoyens, ni amis, ni parents, ni peut-être des hommes : ce sont des littérateurs chacun d’une religion littéraire distincte à laquelle il est seul à croire, et qu’il est seul à comprendre quand il la comprend ».
Je ne vois plus guère que le Tzar, le Grand Turc et le jeune Empereur illuminé d’Allemagne qui croient encore à leur droit divin. Les autres croient tout au plus à l’utilité de leur mission publique et de la tradition qu’ils représentent. […] Il s’est échappé de la royauté, comme un moine incroyant de son monastère, pour retourner à la nature, pour vivre vraiment selon sa pensée et selon son cœur, pour jouir librement du vaste monde, sans avoir à rendre des comptes spéciaux, à Dieu et aux hommes, d’une tâche à la légitimité de laquelle il ne croyait plus… Partout l’ordre ancien chancelle.
Toutes deux enfin nous attirent et nous fuient ; elles ne sont jamais fixées : quand on croit les avoir atteintes, on voit qu’il faut marcher encore, et celui qui les poursuit est condamné à ne jamais connaître le repos. […] Il ne faut donc pas croire que les théories démodées ont été stériles et vaines. […] Cette harmonie que l’intelligence humaine croit découvrir dans la nature, existe-t-elle en dehors de cette intelligence ?
Qu’il croie en Dieu ou aux dieux, à Pluton ou à Satan, à Canidie ou à Morgane, ou à rien, qu’il acquitte le péage du Styx, qu’il soit du sabbat ; qu’il écrive en prose ou en vers, qu’il sculpte en marbre ou coule en bronze ; qu’il prenne pied dans tel siècle ou dans tel climat ; qu’il soit du midi, du nord, de l’occident, de l’orient ; qu’il soit antique ou moderne ; que sa muse soit une muse ou une fée, qu’elle se drape de la colocasia ou s’ajuste la cotte hardie. […] Certes, ce n’est pas l’auteur de ce livre qui réalisera jamais un ensemble d’œuvres auquel puisse s’appliquer la comparaison qu’il a cru pouvoir hasarder. […] La vieille barbarie asiatique n’est peut-être pas aussi dépourvue d’hommes supérieurs que notre civilisation le veut croire.
Dans le courant de l’année 1800 les écrivains ont-ils songé qu’ils allaient être du dix-neuvième siècle ; et croirons-nous qu’ils se soient évertués à différer d’eux-mêmes pour le 1er janvier 1801 ? […] Et il y en a enfin, tels que les Rollin et les d’Aguesseau, dont j’ai cru devoir « désencombrer » l’histoire. […] J’ai encore donné comme étant de Stendhal un mot que je crois qui est d’Alfieri.
Pline le dit : il faut le croire. […] Ce digne professeur s’emporte contre ceux qui ne croyaient pas à Jupiter, à Neptune. Il suppose, sans y songer, que ces gens-là, nés parmi nous, n’auraient pas cru à notre religion.
Section 29, si les poëtes tragiques sont obligez de se conformer à ce que la geographie, l’histoire et la chronologie nous apprennent positivement remarques à ce sujet sur quelques tragedies de Corneille et de Racine . je crois donc qu’un poëte tragique va contre son art, quand il peche trop grossierement contre l’histoire, la chronologie, et la geographie, en avançant des faits qui sont démentis par ces sciences. […] Je crois encore qu’il doit à la fable universellement établie le même respect qu’à l’histoire. […] Racine rapporte une partie du passage de Seneque d’une maniere à faire croire qu’il ne l’avoit pas lû tout entier.
D’ailleurs, je crois qu’il faudroit la commencer par une question préliminaire, dont la discussion seroit trop longue. […] Il me souvient bien d’avoir lû dans les écrivains italiens plusieurs passages qui le prouvent, mais je crois devoir épargner au lecteur la peine de les lire, et à moi celle de les retrouver. […] L’erreur de croire que les italiens fussent les restaurateurs de la musique en Europe, a jetté le poëte, dont je parle, dans une autre erreur, c’est de faire un italien de Roland Lassé, un des musiciens des Païs-Bas, loüé par Guichardin.
Je crois même à propos de remettre ce que j’ai à dire concernant l’usage que les anciens faisoient de leurs instrumens pour soustenir par un accompagnement les acteurs qui déclamoient, à l’endroit de cet ouvrage où je traiterai de l’execution de la déclamation composée et écrite en notes. […] N’est il pas même permis de croire que c’est au talent de faire usage des instrumens de guerre, lequel nous possedons superieurement aux autres nations, qu’est dûë en partie la reputation de la milice romaine. […] Enfin comme il est quelquefois arrivé de nos jours des miracles de cette espece, les anciens sont pleinement à couvert du soupçon d’avoir cru, concernant les guerisons dont il s’agit, ce qui n’étoit pas, ou de nous avoir debité des fables comme des histoires veritables.
Maintenant qu’il me soit permis de jeter un coup d’œil sur quelques détails, contenus dans les deux ouvrages, afin de donner une idée des notes qui auraient pu être faites, et dont j’ai cru devoir m’abstenir. […] Lémontey : « Aux dimensions du tombeau qu’il lui élève, on voit bien qu’il a la pensée d’y coucher un géant. » M. de Maistre et M. de La Mennais n’ont pas cru que le géant fût couché dans son tombeau, eux qui ont employé toute leur puissance à combattre la Déclaration de 1682. […] Aujourd’hui ces deux opinions, je le crois, ont fait des pas immenses l’une vers l’autre.