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1180. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Quimper »

Discours prononcé à Quimper 17 août 1885 Que je suis touché, Messieurs, de vos bonnes paroles, et que je sais gré à nos jeunes amis qui, me rendant breton une fois par année, m’ont fait faire connaissance avec cette ville antique et charmante, que je désirais voir depuis si longtemps. […] Merci donc, chers amis, d’avoir ramené pour moi une si précieuse occasion, de me réjouir avec vous et de me retremper au vieil esprit.

1181. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1851 » pp. 1-9

— Un original garçon que l’ami qui nous était tombé du bout de notre famille, un mois avant la publication d’En 18.. […] — Non, je vais souper en sortant d’ici avec des amis… Ah !

1182. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

Le peu d’amis qu’avoit ce professeur royal lui conseillèrent de repousser les traits satyriques lancés contre lui. […] Ils sont adressés à un de ses amis, qui réussissoit aussi bien que lui dans la poësie Latine, & qu’il presse de lancer à son cour des traits contre Montmaur* : Tu chantas les héros ; aujourd’hui l’on t’invite A choisir pour sujet un odieux Thersite, D’un esprit aussi bas que son extérieur, Organe des forfaits, fléau de la pudeur,         Que ta muse s’apprête         A punir cette malebête.

1183. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre IV. Personnages des fables. »

Vis-à-vis de l’homme, c’est en ami qu’il se comporte toujours106. […] Comment elle se comporte envers ceux qu’elle appelle ses amis, c’est ce que nous montrent les contes de L’hyène et l’homme son compère. — La famille Diâtrou à la curée.

1184. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

Il recommença d’attendre, avec le poids de son talent méconnu et refoulé sur son cœur, l’occasion favorable où il pourrait prouver, à ses amis comme à ses ennemis, qu’il en avait. […] Je veux surtout insister sur ce point : Léon Bloy — l’écrivain sans public jusqu’ici, et dont quelques amis connaissent seuls la violence éloquente, qu’on retrouvera, du reste, dans la troisième partie de son livre, quand il descendra de la hauteur du commencement de son apologétique, — a pris aux Livres Saints, sur lesquels il s’est couché depuis longtemps de toute la longueur de sa pensée, la placidité de la force et la tempérance de la sagesse.

1185. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

J’envie mon ami Emile Hinzelin, qui s’est donné le plaisir de chercher, dans cette petite ville des Ardennes, les premières traces de notre maître vénéré. […] J’ai dit un jour qu’il prononçait les finales « euse » comme nous autres Lorrains, exactement, mais Emile Hinzelin m’aide à saisir une nuance plus exacte de la vérité : mon ami, lui aussi, croyait reconnaître du lorrain dans cet accent du Rethelois un peu dur et prolongeant la fin des phrases, mais un savant archéologue, qu’il a rencontré à Vouziers, et qui fut le condisciple de Taine, lui a signalé quelques différences.

1186. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

On se rappelle le mot d’un officier français qui, à la tête d’une compagnie de gardes, venait d’assister à la dédicace d’une des statues de Louis XIV ; en revenant, il passa avec sa troupe devant la statue de Henri IV : « Mes amis, dit-il, saluons celui-ci, il en vaut bien un autre, et en même temps il fit baisser les drapeaux jusqu’à terre. […] Pline le jeune, dont Virginius avait été le tuteur et l’ami, en parle avec transport dans plusieurs de ses lettres.

1187. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

—  Non, mon ami : l’auteur de Lohengrin n’existe plus, il y a longtemps qu’il est mort ! […] Salvayre : Mon cher ami, vous me faites l’honneur de me demander mon opinion sur l’œuvre de Wagner à Paris. […] Recevez, mon cher ami, l’assurance de mes affectueux sentiments, G. […] Georges Duval, son ami personnel de vieille date, paraît-il ; interview d’ailleurs reproduit en d’autres journaux et non rectifié34. […] Nuitter, quelques employés et amis de M. 

1188. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Hors ce moulinet d’insolence sur le dos de tout le monde, amis ou ennemis, hors la fantasia très arabe de ce chevaucheur de paradoxes, il n’y a rien de profondément et de sincèrement pensé dans ces deux mille pages. […] Aristophane de ce public pulvérisé qui le maudit peut-être en l’applaudissant, Proudhon, ce conquérant d’une minute des planches de la publicité, souffre impatiemment la concurrence, et il nous débarrasse de ses amis, qu’il balaye. […] Il écrit à des amis de jeunesse qu’il a gardés jusqu’à sa dernière heure, mais il ne leur écrit jamais en dehors des préoccupations de son cerveau. […] Je l’ai connu, dans la longue redingote vert-bouteille dont parle Sainte-Beuve, avec son chapeau de quaker et ses pieds de cuistre et de commissionnaire, mais qui faisaient bravement quatre-vingts lieues pour aller voir, seulement quelques heures, un ami à Paris ! […] Ni sa femme, ni ses filles, ni ses amis, ni ses bons sentiments, ni sa bonne humeur, ni même les ridicules qui font dire : « J’ai ri, me voilà désarmé ! 

1189. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

vos ennemis vous trompent, comme il est naturel ; vos amis, en leur qualité d’amis, vont plus loin : ils vous trahissent. […] Jean-Jacques Rousseau disait un jour à un de ses amis provisoires, comme ont été tous les amis de Rousseau : « Vous ne m’aimez donc pas ? […] Elle aime bien son grand ami Étienne, le grand pêcheur de Loire. […] Ses amis l’étaient beaucoup moins. […] Lassalle se brouillait avec ses meilleurs amis pour avoir eu cette idée-là.

1190. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

— Lettre d’une fille des chœurs de l’Opéra, à Paris, à sa mère, qui demeure en province. — Lettre d’un militaire qui mande à une dame de ses amies comment une maîtresse infidèle s’est raccommodée à son amant qui ne voulait plus la voir. — Lettre d’une jeune bourgeoise de Paris à une de ses amies établie à Saumur. […] La marquise de Lambert, au palais Mazarin, locataire, voisine et amie du duc de Nevers, le protecteur déclaré de Pradon contre Racine, amie plus intime encore du marquis de Saint-Aulaire, l’ennemi particulier de Boileau, goûtant elle-même très médiocrement Molière, et, — qui sait ?  […] Allons, mon ami, un peu d’hujus vini dans mon verre, et chapeau bas, s’il vous plaît, malgré mes haillons !  […] Je cherchai ma consolation dans l’étude… Mes livres étaient mes amis fidèles, mais ils étaient morts comme moi. […] « Paméla, Clarisse, Grandison, trois grands drames, ô mes amis ! 

1191. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

c’était sa seule amie ! […] Les amis du peintre ont donné à ce fidèle employé le nom de Garde-motif. […] Grand admirateur et ami de M.  […] « Écoutez, mon ami, lui dit-elle. […] mon ami, qu’as-tu fait ?

1192. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

La critique naturaliste, amie des besognes faciles, s’est complu à cet exercice. […] Préface de l’Ami des fermes. […] Préface de l’Ami des femmes. […] Voir les notes de l’Ami des femmes, édition des comédiens. […] Paul Alexis, Émile Zola. — Notes d’un ami.

1193. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Ne lui accordons pas d’être un historien accompli, ni même un historien équitable, ni un philosophe et un arbitre impartial des questions philosophiques, ni un ami, à aucun degré, de l’examen et de la critique. […] Un jour, à l’une de ces thèses dite la tentative, le prince de Condé, ami et protecteur de sa famille, à qui il l’avait dédiée et qui y assistait, voyant le répondant assailli de toutes parts et faisant face à tous, eut la tentation lui-même de faire comme sur le champ de bataille, de courir à son secours et d’entrer dans la mêlée : instinct de héros, qui ne peut voir un ami, un brave dans le péril, sans s’y jeter et sans prendre sa part à la fête. — Ou bien encore (car ces sortes de légendes sont flottantes) ce fut contre le brillant bachelier en personne qu’il se sentit, dit-on, l’envie de disputer, le voyant si redoutable et si vainqueur : autre instinct de héros et d’Alexandre, jaloux de toutes les palmes, avide et amoureux de toutes les gloires.

1194. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

ou : Sors vainqueur d’un combat dont Chimène est le prix, ou : Soyons amis, Cinna, et tant d’autres vers fameux, sans la situation qui les crée ? […] Voici comment il parle : « Amis, Romains, compatriotes, prêtez-moi l’oreille. […] Il était mon ami fidèle et juste ; mais Brutus dit qu’il était ambitieux, et Brutus est un homme honorable.

1195. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre I. Les théories de la Pléiade »

La défense et illustration de la langue française Un jeune gentilhomme vendomois, Pierre de Ronsard192, obligé, dit-on, par une surdité précoce, de renoncer à la cour, se remet à l’étude : pendant sept ans, avec un de ses amis, Antoine de Baïf, il travaille le grec et pratique les écrivains anciens sous la direction de l’hélléniste Daurat ; il rêve de fabriquer à sa patrie une littérature égale aux chefs-d’œuvre qu’il admire : il rencontre dans une hôtellerie Joachim du Bellay, le doux Angevin, plein des mêmes ambitions et des mêmes espérances. […] Ronsard, moins impatient que son ami, et plus artiste en ce sens qu’il s’efforça de réaliser, non de définir son idéal, a semé pourtant ses théories dans ses Préfaces des Odes et de la Franciade, ainsi que dans un Abrégé d’art poétique qu’il donna en 1565. […] Dans ses dernières années, Ronsard habitait son prieuré de Saint-Cosme ou son abbaye de Croixval ; souvent il venait à Paris, soit chez son ami Galland, principal du collège de Boncourt, soit dans une maison qu’il avait à l’entrée du faubourg Saint-Marcel (rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont).

1196. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Soulary, Lyonnais de Lyon, est un confrère de Voiture et un ami de Cathos et de Madelon. […] Et puis, à Paris, la lutte pour la vie et pour la gloire est d’une extrême âpreté : il y a des petits jeunes gens qui égorgeraient leur meilleur ami — surtout leur meilleur ami — pour arriver plus vite à la « notoriété » ou à la fortune.

1197. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Fouquier et à coup sûr je ne surprendrai personne (car cela ressort assez de ce qu’il écrit) en disant qu’il est grand « ami des femmes », pour parler comme M.  […] Rabusson, et à meilleur titre peut-être (car l’auteur de l’Amie a un fond d’amertume), M.  […] Les Ninons même et les Marions sont assez de ses amies, pourvu qu’elles aient quelque bonté et quelque grâce et que leur vénalité ne leur interdise pas tout choix.

1198. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Ne nous étonnons pas si le génie est singuliérement ami de la liberté, il a en horreur le despotisme, il redoute ses caprices & ses absurdités ; il lui faut des objets qui puissent nourrir & fortifier sa propre élevation ; voilà pourquoi il a fleuri sous le Ciel pur de la Grece, & qu’il a fui ces Etats où un seul homme est tout, & où par conséquent tout le reste est vil(b). […] Que l’ignorance confonde l’homme de Lettres avec ces hommes livrés à la paresse sous le nom de repos, qui se dérobent à l’agitation générale pour vivre dans le desœuvrement, qui dorment mollement sur des fleurs, en s’abandonnant au cours enchanteur d’une riante imagination ennemie du travail, & amie de la paix, dont la longue carrière peut être considerée comme un doux rêve, & qui tombent dans les bras de la mort, sans avoir daigné graver sur la terre le souvenir de leur existence ; cette injustice ne m’étonnera point, elle sera digne d’elle : mais l’œil qui aura suivi les travaux de l’homme de Lettres jugera différemment, il le verra souvent insensiblement miné par de longues études, périr victime de son amour pour les Arts, tomber en poursuivant avec trop d’ardeur la vérité, comme l’oiseau harmonieux des bois tombe de la branche au milieu de ses chants, ou plutôt comme ces illustres Artistes dont la main intrépide interrogeant dans la région enflammée de l’air le phénomene électrique, couronnent tout à coup leur vie par une mort fatale & glorieuse. […] Elizabeth de Bohême, Princesse Palatine refuse la main de Ladislas IV. roi de Pologne pour cultiver la Philosophie & les Mathématiques, & s’honnorer du nom de disciple & d’amie de Descartes.

1199. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Seconde partie. » pp. 35-56

Ami, ne te regarde pas comme une victime préparée pour le seul bonheur d’autrui : la Nature n’a pû te sauver les peines inévitables attachées à la condition humaine ; mais vois aussi toutes les qualités dont elle t’a doué avec une magnificence digne d’elle & de toi. […] Il ne cherche point dans son ami un flatteur ou une victime de ses caprices, mais une ame honnête où il puisse délicieusement épancher la sienne, établir une communication intime de toutes ses pensées, s’élever, s’embellir mutuellement dans un commerce qui ne souille point le mélange impur de l’intérêt. […] La gloire elle-même vaut-elle le plaisir réel & sensible, de vous communiquer vos idées, d’aggrandir mutuellement vos connoissances, de mêler les trésors de vos ames, de vivre en freres, en amis, honorés & vertueux.

1200. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

J’ai bataillé souvent moi-même sur ce sujet avec un ami chroniqueur d’art : il est circonspect avec son plaisir comme ces enfants peureux de casser leurs joujoux en en cherchant les rouages : mais il suffit de notions de mécanique pour les démonter sans danger. […] Le père Thierry me conseillait l’indulgence systématique, non par habileté, mais par équité. « Vous serez tout de même complaisant pour vos amis : la justice veut donc que vous le soyez pour tous. » Il suffit, pensai-je, d’être juste même pour les compagnons. […] J’ai fait l’expérience une fois déjà, et j’y ai perdu un autre ami ; mais du même coup j’ai constaté sa sottise.

1201. (1842) Essai sur Adolphe

Qu’il s’agisse de nous ou de nos amis les plus chers, ce n’est jamais en vain que nous consultons cette histoire si simple et d’une moralité si douloureuse. […] Il se remettait en marche, et commençait un nouveau pèlerinage ; il sent tout à coup se poser sur son épaule une main autrefois amie, qu’à peine il eût sentie, tant elle était légère, et qui aujourd’hui lui pèse et l’accable. […] Quand les larmes ne se mêlent pas à des larmes amies, quand une bouche adorée ne vient pas les boire dans nos yeux, et rafraîchir de ses baisers la paupière enflammée, l’homme s’avilit aux yeux de sa maîtresse, il se dégrade, il abdique sa grandeur : le nuage grossit et devient orage.

1202. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Les trois jours suivants (lundi, mardi, mercredi), il descendit pareillement à Jérusalem ; après le coucher du soleil, il remontait soit à Béthanie, soit aux fermes du flanc occidental du mont des Oliviers, où il avait beaucoup d’amis 1060. […] Il eut un mot pour chacun de ses amis. […] Je ne vous appelle plus des serviteurs, parce que le serviteur n’est pas dans la confidence de son maître ; mais je vous appelle mes amis, parce que je vous ai communiqué tout ce que j’ai appris de mon Père.

1203. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre I : Philosophie religieuse de M. Guizot »

Une existence patriarcale, la vie domestique la plus noble, des amis fidèles, un corps merveilleusement sain qui semble ne rien connaître des infirmités humaines, surtout l’étude, le travail, une ardeur inépuisable pour les grandes choses, ont fait à cet homme illustre une vieillesse respectée et presque enviée de ceux qui l’ont vaincu. […] Guizot, qui n’a pas craint de défendre en beaucoup de circonstances la cause de l’Église catholique, se croit aussi le droit de signaler dans la conduite de cette Église ce qu’il appelle « un certain manque de clairvoyance religieuse autant que de prudence politique », et il reconnaît que, « tant que le gouvernement de l’Église n’aura pas accepté et accompli cette œuvre de conciliation, les amis de la liberté auront sujet et raison de se tenir envers ce gouvernement dans une réserve vigilante, au nom des principes moraux et libéraux qu’il désavoue. » Cette défiance toutefois n’est autorisée qu’envers une seule Église. Depuis longtemps, le protestantisme s’est mis d’accord avec les principes de la société moderne, et d’ailleurs l’Église catholique elle-même, si elle est bien inspirée et si elle suit les conseils de ses vrais amis, de ses plus généreux adhérents, se hâtera de faire disparaître les causes de cette fâcheuse défiance en s’alliant hardiment et librement avec l’esprit nouveau.

1204. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

On s’imagine que dans cette vie journalière, facile, dénouée, dont cette correspondance est l’histoire, il avait mis son masque sur la table et dit bravement à ses amis, pendant que le monde avait le dos tourné : « Tenez ! […] Dans cette correspondance qui n’est pas un livre, qui n’est pas une convention, qui a chance par conséquent d’être plus vraie qu’un livre, d’être moins concluante, moins combinée, moins volontaire, Stendhal ne fait pas une seule fois ce que les plus grands génies — des génies bien supérieurs à lui — ont fait si souvent dans le tête-à-tête d’une correspondance libre et amie. […] L’année qui précéda celle de sa mort fut marquée par des symptômes de destruction prochaine qu’il analysa dans ses lettres à ses amis, et dont il parla comme aurait fait Broussais, — un autre homme de grand talent et de grand caractère, qui trouva dans l’immonde et fausse philosophie du xviiie  siècle la borne et l’obstacle de son génie scientifique, comme Stendhal, ce grand artiste d’observation et ce grand observateur dans les arts, y trouva la borne et l’obstacle du sien.

1205. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

On s’imagina que, dans cette vie journalière, facile, dénouée, dont cette Correspondance est l’histoire, il avait mis son masque sur la table et dit bravement à ses amis, pendant que le monde avait le dos tourné : « Tenez, Maintenant, regardez-moi !  […] Dans cette Correspondance, qui n’est pas un livre, qui n’est pas une convention, qui a chance, par conséquent, d’être plus vraie qu’un livre, d’être moins concluante, moins combinée, moins volontaire, Stendhal ne fait pas une seule fois ce que les plus grands génies, — des génies bien supérieurs à lui, — ont fait si souvent dans le tête-à-tête d’une correspondance libre et amie. […] L’année qui précéda celle de sa mort fut marquée par des symptômes de destruction prochaine, qu’il analysa dans ses lettres à ses amis, et dont il parla comme aurait fait Broussais, — un autre homme de grand talent et de grand caractère, qui trouva dans l’immonde et fausse philosophie du xviiie  siècle la borne et l’obstacle de son génie scientifique, comme Stendhal, ce grand artiste d’observation et ce grand observateur dans les arts, y trouva la borne et l’obstacle du sien.

1206. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Je la revois, ma mère, ce jour des mardis gras, où, tous les ans, elle donnait un goûter aux enfants de la famille, et à leurs petites amies et à leurs petits amis, et où tout ce monde minuscule de Pierrettes, de Suissesses, d’Écaillères, de Gardes-Françaises, d’Arlequines, de Matelots, de Turcs, emplissait de sa joie bruyante, le calme appartement de la rue des Capucines. […] Elle, ma mère, un livre ou une tapisserie à la main, les laissant bientôt tomber sur ses genoux, demeurait dans une contemplation rêveuse, devant son bel enfant, devant son petit lauréat du grand Concours, devant le cher adoré, qui était la gaîté et l’esprit des maisons amies, où elle le menait, — et l’orgueil de son cœur. […] Puis, je ne sais à propos de quoi, le nom de Meissonier est tombé dans la conversation, et l’on cite ce mot immense du peintre à un ami, lui annonçant qu’il avait eu l’influence de faire nommer une rue : Rue Meissonier. […] Un pion craignant qu’il ne s’ennuyât, lui dit : « Mon petit ami, si vous alliez jouez avec vos camarades, là-bas ? […] Lavoix, mort hier d’une congestion cérébrale… Il faut que les vieux amis de la princesse se retiennent à la rampe.

1207. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Saint Paulin, ami, disciple et compatriote d’Ausone, bien plus jeune que lui, nous offre le départ de la littérature chrétienne d’avec la païenne, et comme le rameau vert et vierge qui se détache du vieil arbre qui va mourir. […] Mais il faut voir avec quel dédain de spirituels et doctes amis de Sainte-Palaye jugeaient de cette passion, si singulière à leurs yeux, qu’il avait pour le moyen âge. […] Guizot m’attendait pour me conduire chez Fauriel, qui est un ami de Benjamin (Constant). […] Quoi qu’en dise Sismondi, Fauriel mena à terme quelques-uns de ses travaux ; mais il ne les acheva point, en effet, à titre d’écrivain : ce fut comme professeur qu’après 1830 il fut mis en demeure par ses amis, par M.  […] Ce jeune savant, mort en 1836 à l’âge de vingt-neuf ans, n’eut point la satisfaction de publier lui-même ses recherches : ce furent ses amis qui prirent ce soin et qui donnèrent son livre, resté imparfait, en 1839.

1208. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Cette indisposition se termine seulement aujourd’hui ; nos abonnés, qui veulent bien nous permettre de les considérer comme des amis, nous pardonneront ce retard involontaire. […] Je lui dois ce témoignage devant ses amis comme devant ses ennemis. […] En changeant de rôle, il n’eut point à changer d’entourage et d’amis : il donnait ainsi un chef à la révolution consommée. […] Un de mes amis de cette époque, Sylvain de Costa, homme de fidélité inébranlable, écuyer du prince de Carignan, fut porteur de cette déclaration menaçante adressée au prince. […] Quel que fût son dessein, ce dessein était une défection : défection au roi, s’il embauchait l’armée de Latour ; défection aux révolutionnaires de Turin, ses amis, s’il venait les désavouer et retourner contre eux ses propres troupes.

1209. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

La beauté de la comtesse Héléna, ou, comme on l’appelait parmi ses amies, par abréviation familière, Léna, ne pouvait se peindre : les mots et les couleurs, quelque nuancés qu’ils soient, ont des limites que le talent même de l’Arioste ou de Corrège ne peut dépasser ; la beauté féminine n’en a pas, de limites. […] Un professeur de belles-lettres à l’université de Padoue, vieil ami du canonico et de la comtesse, et qui n’avait pas d’autre nom que celui de signor professore, complétait tous les ans la réunion. […] Il avait pour fonction unique, dans la société, de rendre une espèce de culte, uniquement poétique, à la comtesse Léna, et de composer sur chacun de ses attraits, sur chacun de ses pas, sur chacun de ses sourires, des milliers de sonnets, qu’on imprimait sur papier rose, qui se distribuaient aux amis de la famille. […] Prêtez-moi votre divin poème, mon cher professeur, ajouta-t-il en se tournant vers son ami le rhétoricien érudit de Padoue, je me charge de mettre le sinet aux pages avant la lecture, de telle façon que le jeune étranger, la comtesse et même ma petite-nièce Thérésina, pourront tout lire ou tout écouter sans qu’il monte une image scabreuse à l’imagination du jeune homme, ou une rougeur au front de l’innocente. […] « Apprends d’abord, lui dit-elle, qu’à la première fleur de mes années enfantines, je fus admise au service de la fille du roi, dont, en grandissant avec elle, je devins la compagne et l’amie plus que la suivante.

1210. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

S’il n’est pas de ceux qu’on prend pour guides, il est de ceux qu’on voudrait avoir pour amis. […] Les admirer, c’était frapper au visage Fontenelle et ses amis, encore engagés dans la vieille querelle entre Corneille et Racine. […] De même que toutes les amitiés sincères, celle-ci fut utile aux deux amis. […] Voltaire avait-il trouvé son Quintilius Varus, ou l’ami « prompt à vous censurer » de Boileau ? […] Mais à quoi bon ce rêve d’une amitié que devait interrompre, dès ses premières douceurs, la mort prématurée de l’un des deux amis ?

1211. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

C’est le Parisien des opinions chic, l’amateur à fleur de peau, un ami de Worth citant Henri Heine. […] Dans un sentiment de hauteur et de femme du monde, elle se plaignait spirituellement, ce matin, d’avoir à partager avec de pareilles femmes, la société, la pensée de ses amis, d’hommes comme Sainte-Beuve, Taine, Renan, lui volant vingt minutes, lorsqu’ils dînaient chez elle, pour aller les porter chez cette fille. […] C’est la princesse qui tombe chez nous avec sa suite, une de ses cousines, des amis. […] De tristes pressentiments nous viennent sur notre ami, et l’homme que tous voient sur le seuil de l’immortalité académique, — nous le voyons cloué dans son cercueil. […] Des journaux de médecins jettent à la curiosité cynique de la postérité le placenta des reines, et l’on entre en le livre révélateur de notre ami Soulié, dans le vagin de Marie de Médicis, ouvert à deux battants par l’escapement de ses entrailles majestueuses, d’où roule Louis XIII, comme en une mise bas de Gargamelle, peinte par Rubens.

1212. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Triste sort des émigrés, condamnés à avoir souvent pour amis les ennemis de leur pays ! […] Seulement je les engage à viser plus juste, et à ne pas tirer sur leurs meilleurs amis en croyant tirer sur leurs ennemis. […] Puis il était revenu à Rome avec l’Église ; il avait été l’ami de Pie VI, le plus doux des papes, et du cardinal Gonsalvi, le plus séduisant des ministres. […] nous avons aimé comme ami et pleuré ce studieux et pieux jeune homme. […] Lacordaire, son ami, dans un récit véritablement virgilien de sa mort, il ôta son chapeau pour saluer le soleil et le firmament.

1213. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Autour de Ronsard, ses amis, ses émules, l’approuvent, l’admirent, l’égalent presque. […] Et comme il nous pressait d’y venir, le cher ami qui n’écrivait qu’à nous seuls, n’avait confiance qu’en nous, ne voulait être jugé que par nous ! […] de lui-même, qu’avait pu faire naître en Mallarmé la muette désapprobation du non moins cher de ses deux amis. […] Par les soins de quelques amis, — je félicite ici MM.  […] Il me semble qu’à côté de ce groupe ami il faut placer M. 

1214. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Si, par hasard, il se plaint, sa famille et les amis de sa famille sont scandalisés : « Comment ! […] Et pour étayer cette opinion, vous citez tout ce qu’Alceste dit de lui-même, tout ce que disent de lui ses amis. […] Il aime ses amis et même l’humanité entière. […] Fussent-ils nos amis, nos frères, nos enfants, Ne voyez que leur crime et gardez vos serments. […] La petite amie du baron Hulot devenu écrivain public, Atala, y paraît une petite sainte, aimant Hulot comme un bon papa et parfaitement digne d’épouser le fils du fumiste d’en face.

1215. (1896) Le livre des masques

On ne sait rien de sa vie brève ; il ne semble avoir eu aucunes relations littéraires, les nombreux amis apostrophés en ses dédicaces portant des noms demeurés occultes. […] Mais Jean Moréas, qui a rencontré ses amis en chemin, parti de plus loin, s’annonce plus fièrement. […] sinon ces mêmes Amies, ce jour-là blanches et voilées de blanc ? […] Voici un exemple évident d’ironie : « Toi, jeune homme, ne te désespère point, car tu as un ami dans le vampire, malgré ton opinion contraire. En comptant l’acarus sarcopte qui produit la gale, tu auras deux amis. » 3.

1216. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Mon ami M.  […] Il a eu pour intimes et fidèles amis Jean Richepin et Maurice Bouchor. […] Il en a extrait un certain nombre de lettres jusqu’ici inédites expédiées à Flaubert par ses amis. […] Le premier ami de Flaubert dont M.  […] Ils devinrent de très chers amis.

1217. (1923) Nouvelles études et autres figures

La nature n’est pas une amie. […] Elle l’accueille avec ses paroles : “Ô ami de Dieu, comme il y a longtemps que je soupirais après toi ! […] On l’avait repêchée et, grâce à ses amis, surtout au vieux Johnson, elle recouvra la volonté de vivre. […] Shelley et son amie ont une dernière conversation, — 13 mai, Claire s’en va. […] Un de ses amis, M. 

1218. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Il avait auprès de lui sa famille, mais il n’osait encore se permettre les amis, ni demander pour eux les autorisations nécessaires. […] Cinq longues années se passèrent de la sorte, fort adoucies sans doute par les visites d’amis, par des voyages et des séjours que bientôt Bernis put faire dans le Midi chez les personnes de sa famille, mais enfin cinq années d’exil et d’éloignement obligé du monde. […] Le public à Paris a marqué de la joie ; les faiseurs d’horoscopes ont fait à ce sujet cent almanachs plus extravagants les uns que les autres ; pour moi, qui ai appris depuis longtemps à supporter la disgrâce et la fortune, je me suis dérobé aux compliments vrais et faux, et j’ai regagné mon habitation d’hiver, d’où j’irai de temps en temps rendre mes devoirs à Versailles, et voir mes amis à Paris. […] Notons-y seulement au passage cette main invisible qui n’est pas dans Horace et à laquelle Bernis se confie, et sachons que, lorsque viendront les heures d’adversité sérieuse et de ruine, le cardinal-archevêque, de ce séjour à Rome où il apprend les dépouillements successifs et rigoureux dont il est menacé ainsi que tout le clergé de France, écrira à M. de Montmorin : Vous avez pu remarquer, monsieur, que, dans cent occasions, il n’y a jamais eu d’évêque ministre du roi à Rome plus modéré que moi, plus ami de la paix, ni plus conciliant ; mais, si on me pousse à bout par des sommations injustes et peu délicates, je me souviendrai que, dans un âge avancé, on ne doit s’occuper qu’à rendre au Juge suprême un compte satisfaisant de l’accomplissement de ses devoirs.

1219. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Ce trait allait directement à l’adresse de Mme de Pompadour, qui était à la veille de son établissement à Versailles, et auprès de laquelle Duclos allait avoir accès par son intime ami l’abbé de Bernis. […] Louis XI, encore Dauphin, dans ses traverses et ses brouilles avec son père, envoie-t-il une lettre circulaire à tout le clergé du royaume pour demander des prières, Duclos ajoute : « Il faisait ordinairement des vœux lorsqu’il se croyait sans ressource du côté des hommes. » Louis XI, Dauphin, se réfugie-t-il en Bourgogne, en se confiant pour l’y conduire au prince d’Orange et au maréchal de Bourgogne, c’est-à-dire à ses deux plus grands ennemis, Duclos dit : « Le Dauphin préféra des ennemis généreux à des amis suspects. » Pendant son séjour à la cour de Bourgogne, le Dauphin montre-t-il le plus violent dépit de ce que son père a nommé d’autres officiers en Dauphiné, Duclos dira : « Il était aussi jaloux de son autorité que s’il ne fût jamais sorti de son devoir. » Si minutieuses que puissent sembler ces remarques, j’ose assurer que, pour les divers livres que j’ai examinés, la part d’originalité de Duclos, dans sa rédaction de l’Histoire de Louis XI, se réduit à peu près à de tels ornements et assaisonnements de narration. […] Mademoiselle de Chausseraye, qui avait du bon et quelques principes de générosité, et qui d’ailleurs était amie du cardinal de Noailles, résolut de faire échouer, s’il se pouvait, cette machination du père Tellier, et, causant avec le roi, elle y parvint de la manière qu’expose Saint-Simon : Elle trouva le roi triste et rêveur ; elle affecta de lui trouver mauvais visage et d’être inquiète de sa santé. […] Ami intime de Bernis et tenu par lui au courant de tout le jeu, Duclos a écrit ce qu’il y a de plus exact sur cette partie délicate de l’histoire politique du xviiie  siècle.

1220. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Porchat attendent, l’un ou l’autre, le signal : l’honorable éditeur qui est leur ami a différé jusqu’ici de le donner et de croire l’instant propice ; et il sait mieux que personne ces sortes d’instants. […] Charles que de l’original lui-même, auquel une intelligence amie a bien voulu m’ouvrir un entier et facile accès. […] Le grand poëte n’avait cessé d’être de loin son « étoile polaire. » En recevant le volume de poésies, Gœthe reconnut vite un de ses disciples et de ses amis comme le génie en a à tous les degrés ; non content de faire à l’auteur une réponse de sa main, il exprima tout haut la bonne opinion qu’il avait conçue de lui. […] Pour son valet de chambre, soit, et encore s’il a l’âme servile ; mais s’il l’a libérale comme on en a vu, si cet homme de la maison est en même temps un ami, si ce n’est pas un espion comme on en a vu aussi, s’il est comme le page, comme le noble écuyer était au chevalier, si c’est en un mot un vrai secrétaire de cœur comme de nom, il n’a fait, en voyant de plus près l’esprit supérieur avec qui il a vécu, qu’être plus à même que personne de l’apprécier dans sa riche et haute nature.

1221. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Il était fort capable de préventions ; il en eut à certains jours contre quelques-uns de ses amis même. […] J’ai présents à la mémoire en ce moment nombre de ces mots salés et d’une belle amertume, et qui ne demandent qu’à sortir ; il n’est pas temps encore de les donner ; presque tous ses amis politiques y passent ; il ne se gênait avec personne : d’un tour, d’un trait, sans y viser, il emportait la pièce. […] On voudrait pouvoir étudier et dépeindre avec un détail aussi vivant son ami M. de Serre, celui qui alors professa aussi résolument cette même doctrine de la prédominance royale, et qui s’y ancra bientôt et s’y enchaîna avec les années : par malheur, il ne reste de cette puissante et large éloquence, dont M.  […] Royer-Collard de quelques amis politiques contre lesquels celui-ci n’était peut-être pas sans prévention.

1222. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Cette parole de fâcheux augure m’a été reprochée par des amis bienveillants, et ils ont cru y voir de ma part un signe de faiblesse. […] Tout d’abord ce sont deux musiciennes, Mélo et Satyra, qui dédient et consacrent les instruments de leur art aux Muses : « Mélo et Satyra, arrivées à un grand âge, filles d’Antigénide, les dociles des servantes des Muses (ont fait ces offrandes) : Mélo consacre aux Muses de Pimplée ces flûtes que la lèvre rapide effleure ; et l’étui en buis qui les renferme ; Satyra, amie des amours, consacre cette syrinx dont elle-même a réuni les tuyaux avec de la cire, douce flûte, nocturne compagne des buveurs, avec laquelle après toute une nuit elle a vu bien souvent se lever l’aurore battant la mesure aux portes des cours et des maisons4. » Ces deux demoiselles étaient des musiciennes un peu ambulantes qu’on louait, surtout la seconde, pour des sérénades. […] Il y a même pour les morts, il y a de ces bonnes grâces mutuelles, et qui sont chères encore à ceux qui ne sont plus. » Il semble qu’il y ait eu quelque réminiscence de ce vœu pastoral et une observance des rites voulus, dans les funérailles que l’aimable Daphnis et son amie Chloé célébrèrent en l’honneur du bouvier Dorcon, et auxquelles le troupeau lui-même, errant et mugissant, sembla prendre sa part. Mais c’est André Chénier surtout que cette épigramme-idylle nous rappelle ; il l’a traduite, ou plutôt imitée et développée dans des vers que tout jeune ami des Muses a gravés de bonne heure dans sa mémoire ; c’est devenu chez lui toute une élégie : MNAïS.

1223. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Et de quel droit cet officier, homme d’esprit assurément, bon aide de camp, mais un peu imposé (si l’on y réfléchit), amant de la comtesse d’Argenson et ami du mari ministre de la guerre, fort ménagé du maréchal à tous ces titres par bon goût comme par politique, agréé aussi pour sa personne, je le veux bien, et avec une sorte d’affection, de quel droit vient-il interpréter d’une manière si grave un geste de son général, qui ne juge pas à propos de risquer une seconde affaire sur la fin d’une journée si disputée et si sanglante ? […] Le maréchal sentit que l’heure était venue, et près de mourir, dans un instant lucide, il dit à Senac ce mot souvent cité : « Mon ami, J’ai fait un beau songe !  […] Une lettre fort belle et d’une noble franchise de Paris Du Verney au maréchal, à la date du 6 novembre, nous met bien au fait des prétentions du victorieux et des résistances de ses meilleurs amis à, ce qui ne leur semblait pas raisonnable. […] Un autre ami de Mme Favart et du mari, l’abbé de Voisenon, initié plus que personne au ménage Favart, a parlé de cette aventure un peu inexactement peut-être encore, mais du moins d’un ton approprié, sans rien d’emphatique.

1224. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Un simple conseil, non plus seulement de patriote, mais d’ami, c’est qu’elle prenne bien garde de conserver à travers tout ses diversités précieuses, image et produit du sol même et des trois races qui en habitent les vallées, les pentes et les replis ; c’est qu’elle conserve comme son plus cher trésor et comme sa marque, à elle, toutes ses libertés. […] Cette lettre est adressée à l’un de ses amis, négociant et nullement militaire, qu’il avait connu à Paris dans le temps où lui-même était dans les affaires, et qui habitait en dernier lieu à Saint-Pétersbourg63 : « 16/28 mars 1822. — Mon cher Pangloss, j’ai reçu votre aimable et philosophique épître du 8/20 février, et après l’avoir lue et savourée, je me suis bien demandé lequel de nous deux était le coupable du silence de 900 jours… Vous broyez donc décidément du noir sur les bords de la Newa, et, à vous entendre, il ne faut s’occuper ni du passé, ni du présent, ni de l’avenir. […] Les deux volumes qu’il avait fait imprimer et tirer à petit nombre sur les campagnes de 1812, 1813 et 1814 n’ont point paru ; le peu d’exemplaires qu’il avait confiés à des amis (il m’en avait promis un à moi-même) ont été retirés. […] J’en dois la communication à notre collaborateur et ami, M. 

1225. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

— Le jeune Lamartine ne laissa cette vie domestique que pour aller à Belley, au collége des Pères de la Foi ; moins heureux qu’à Milly, il y trouva cependant du charme, des amis qu’il garda toujours, des guides indulgents et faciles, auxquels il disait en les quittant : Aimables sectateurs d’une aimable sagesse, Bientôt je ne vous verrai plus ! […] À l’ami qui l’interroge avec une curieuse tendresse, il répond : Et tu veux aujourd’hui qu’ouvrant mon cœur au tien, Je renoue en ces vers notre intime entretien ; Tu demandes de moi les haltes de ma vie ? […] C’est à un souvenir de ce moment que se rapporte la pièce de vers suivante, dans laquelle on a tâché de rassembler quelques impressions déjà anciennes, et de reproduire, quoique bien faiblement, quelques mots échappés au poëte, en les entourant de traits qui peuvent le peindre. — À lui, au sein des mers brillantes où ils ne lui parviendront pas, nous les lui envoyons, ces vers, comme un vœu d’ami durant le voyage ! […] Si, en effet, Lamartine resta tout à fait étranger au travail de style et d’art qui préoccupait alors quelques poëtes, il ne restait nullement insensible aux prodigieux résultats qu’il en admirait chez son jeune et constant ami, Victor Hugo ; son génie facile saisit à l’instant même plusieurs secrets que sa négligence avait ignorés jusque-là.

1226. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Conclusion : ils ne s’épouseront pas, mais ils seront bons amis. […] Charlotte d’Erra est venue passer un mois chez la grand’mère de son amie Cécile de Stèle. […] Charlotte, qui est devenue veuve, pourrait alors épouser d’Eblis, mais elle veut sauver au moins la mémoire de sa petite amie, et, bien que Cécile l’ait priée de remettre au commandant un billet où elle confesse sa faute, elle lui laisse croire que sa jeune femme est morte digne de lui, morte de n’être pas assez aimée. […] l’ami, dit Camors, veux-tu gagner cinq louis maintenant ?

1227. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Les amis de Michel Forestier le surnomment parfois gaiement Michel-Ange : il en rappelle, à ce moment, la rigueur austère. […] Ce garçon, ni beau, ni laid, un peu sot, pas tout à fait bête, « signalement particulier : aucun », comme disent les passeports, annonce à son ami Paul qu’il va voyager aux pays lointains, pour y trouver les bonnes fortunes que son ingrate patrie lui refuse. […] Mais il a suivi sa trace ; il l’a relancée jusqu’à Paris, où il apprend qu’elle est devenue veuve ; et maintenant il prie son ami Paul, qui est connu d’elle, d’aller, de sa part, lui offrir solennellement son nom et sa main. […] Il y a laissé son ami Jacques, son compagnon, son frère d’armes, prisonnier d’un de ces sultans qui marchent tout nus sous un tricorne d’arracheur de dents et qui ont pour premier ministre un serpent sacré.

1228. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Fuis sans trembler : veuf d’une sainte amie Quand du plaisir j’ai senti le besoin, De mes erreurs, toi, colombe endormie, Tu n’as été complice ni témoin. […] » disait-il un jour à un de ses amis de Paris. — Voir les blés verts ou mûrs était pour lui un but et un plaisir. […] Qu’il en use en véritable artiste et en véritable ami de son pays ; car il lui en sera demandé compte. […] Ces documents qui ont servi à mon ami, M. 

1229. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

L’abbé Maury en effet, durant cette première partie de sa carrière, antérieure à la Révolution, n’était encore qu’un homme d’esprit et de talent, faisant volontiers oublier dans la société ce qu’il annonçait de supérieur par ce qu’il avait d’aimable, très gai, capable d’un bon conte, d’un conte salé qui sentait le frère Jean des Entommeures encore plus que le panégyriste de saint Vincent-de-Paul ou de saint Louis32 ; vif, ardent, véhément de nature, au demeurant bon homme et cher à ses amis. […] Je n’ose pas ennuyer mes amis de cette lecture ; je me ferais un véritable scrupule d’exiger d’eux une pareille corvée, et il n’y a que vous au monde qui ayez le courage et la bonté d’entendre un sermon ailleurs qu’à l’église. […] Arrivé tard, à l’une de ces séances du soir, quand la discussion était engagée sur quelque sujet tout à fait inattendu, on l’a vu appelé tout à coup par ses amis, qui lui criaient dès l’entrée : « Allons, l’abbé, voilà comme vous êtes toujours ; vous êtes absent, et voilà ce qu’ils vont faire passer !  […] À propos des décrets que provoquait la résistance du clergé à la Constitution civile, voyant quelques-uns de ses amis essayer de les combattre : « Laissez-les faire, répétait l’abbé Maury, nous aimons leurs décrets, il nous en faut encore trois ou quatre. » S’il disait là ce qu’il ne fallait pas dire, en revanche sa parole agressive, provocante, irritante, arrachait bien souvent au côté gauche le secret que la tactique des meneurs aurait voulu dérober.

1230. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Au point de vue de la composition littéraire, cette convocation générale des peuples, où ne manquent ni le Lapon, ni le Samoyède, ni le Tongouze, désignés chacun par des épithètes qui veulent être homériques, est bizarre et sans goût : on plaide et l’on dispute devant je ne sais quel autel de l’union et de la paix ; il y a le groupe des amis de la vérité qui a son orateur, et un certain groupe des hommes simples et sauvages qui parle tout à la fois : c’est ce dernier groupe qui a les honneurs de la conclusion, et qui coupe court à la dispute universelle, en disant de ne croire qu’à ce qu’on voit et à ce qu’on sent par sensation directe. […] Triste du passé, soucieux de l’avenir, j’allais avec défiance chez un peuple libre, voir si un ami sincère de cette liberté profanée trouverait pour sa vieillesse un asile de paix dont l’Europe ne lui offrait plus l’espérance. […] Volney, ami de Jefferson et de l’école de Franklin, se trouva avoir contre lui John Adams, élu président en 1797 ; on le rendit suspect comme Français, comme agent supposé du Directoire ; et, dans le même temps, un savant chimiste qui se mêlait ardemment de théologie, le  Priestley, le dénonçait, pour le livre des Ruines, comme coupable d’incrédulité. […] Volney, sous le choc, épouvanté de l’effet qu’il avait produit, perdit connaissance : on dut le transporter chez son ami le minéralogiste La Métherie, chez qui il resta quelques jours.

1231. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Mon ami, lorsque vous aurez des tableaux à juger, allez les voir à la chute du jour. […] C’est un homme vigoureux qui écrase la poitrine à un autre, comme vous embrasseriez votre ami. […] Ah, mon ami, qu’il est rare de trouver un artiste qui entre profondément dans l’esprit de son sujet. […] Supposez, mon ami, devant ce tableau un artiste, et un homme de goût.

1232. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Voilà, mon ami, l’ennemi, le soldat et le citoyen. […] Mais dites-moi, mon ami, où trouve-t-on ces caractères de tête-là ? […] Si vous avez quelque soin de la réputation de votre ami, et que vous ne vouliez pas qu’on le prenne pour un fou, je vous prie de ne pas confier cette page à tout le monde. […] Encore un mot, mon ami, sur cette femme charmante.

1233. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Mon ami, quels soins il faudrait donner encore à ces quatre pages, si elles devaient être imprimées et que je voulusse y mettre l’harmonie dont elles sont susceptibles ! […] Fuyez, mes amis, fuyez… est-ce que les habitants des campagnes, au milieu des occupations qui leur sont propres, n’ont pas leurs peines, leurs plaisirs, leurs passions : l’amour, la jalousie, l’ambition ; leurs fléaux, la grêle qui détruit leurs moissons et qui les désole, l’impôt qui déménage et vend leurs ustensiles ; la corvée qui dispose de leurs bestiaux et les emmène ; l’indigence et la loi qui les conduisent dans les prisons ? […] Mon ami, y avez-vous bien pris garde ? […] Chacun a sa manière de voir, de penser, de sentir ; je ne priserai la mienne que quand elle se trouvera conforme à la vôtre, et cela bien dit une fois, je continue mon chemin sans me soucier du reste, après avoir murmuré tout bas à l’oreille de l’ami Loutherbourg : votre femme est jolie ; on le lui disait avant qu’elle vous appartînt, qu’on continue à le lui dire depuis qu’elle est à vous, à la bonne heure, si cela vous convient autant qu’à elle ; mais faites en sorte qu’on puisse oublier sans conséquence sur son lit ou le vôtre, son chapeau, son épée ou sa canne à pomme d’or.

1234. (1927) Des romantiques à nous

Mais, revenu sur les lieux, il s’apaisa et tendit à Jean-Jacques une main amie. […] Saint Michel, sainte Catherine, sainte Marguerite sont ses amis. […] Je dînais quelquefois chez un de mes professeurs qui comptait Lekeu parmi ses jeunes amis. […] Leurs clients étaient leurs amis. […] Mon ami était mort.

1235. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

La comparaison n’est pas à son avantage dans cette correspondance ; en face du caractère viril et décidé de son amie, le sien semble plus mesquin et plus monastique que jamais. […] Vives et piquantes, elles abondent en saillies de gaieté et en railleries de bon goût ; on dirait que par ses agaceries elle cherche à relever l’âme contrite de sa dévote amie.

1236. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

comment, par exemple, resterait-il insensible à ces chants délicieux et purs, récemment échappés à une épouse, à une mère, à une amie de la France ? […] Hugo ne s’élève pas jusqu’aux hauteurs de l’ode, il se délasse souvent dans les rêveries les plus suaves, dont nul souffle étranger n’altère la fraîcheur : il se plaira, par exemple, à montrer à son amie le nuage doré qui traverse le ciel, à le suivre de la pensée, à y lire ses destinées de gloire ou d’amour, puis tout à coup à le voir s’évanouir en brouillard ou éclater en tonnerre.

1237. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

Et le poète se rappelle toutes les pertes qu’on ait à chaque pas dans la vie : une mère, une fiancée, un ami d’enfance, qui nous sont enlevés C’est l’ombre pâle d’un père Qui mourut en nous nommant, C’est une sœur, c’est un frère Qui nous devance un moment. […] Il répond quelque part à l’un de ses amis qui l’interroge : Tu demandes de moi les phases de ma vie, Le compte de mes jours ; — mes jours, je les oublie… Il avait déjà dit ailleurs : Ces temps sont déjà loin : que l’oubli les dévore ; Ce qui n’est plus pour l’homme, a-t-il jamais été ?

1238. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

Mais il faut auparavant donner un souvenir à un petit écrit qui n’est pas une traduction, et toutefois ne saurait être classé ailleurs que parmi les traductions : c’est le Contr’un de La Boétie, l’ami de Montaigne, le bon et par endroits délicieux traducteur des Économiques de Xénophon187. […] Il écrivit à 16 ou 18 ans, peut-être à 20 ou plus, le Contr’un, dont Montaigne, son grand ami, a essayé d’atténuer le caractère.

1239. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Un homme d’esprit, Houdar de la Motte470, ami de Fontenelle et l’un des oracles du salon philosophe de Mme de Lambert, s’est avisé en 1714 de traduire l’Iliade en vers. […] La Motte le pensait, et son ami Fontenelle était tout à fait de son avis.

1240. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

La comédienne, les yeux encore rouges, dit à Claude : —    Ne vous moquez pas de moi, mon ami. […] D’abord, le préambule ordinaire : «… Mon ami secoua dans le foyer les cendres de sa pipe, et tout à coup : — Veux-tu que je te raconte mon premier réveillon à Paris ?

1241. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Aristophane, et Socrate. » pp. 20-32

A Athènes, comme à Paris, dans la représentation d’une pièce nouvelle, les spectateurs se prévenoient pour ou contre, selon que l’auteur étoit de leurs amis ou de leurs ennemis, & que ses idées étoient analogues aux leurs. […] Sa femme & ses amis recueillirent ses dernières paroles ; elles furent toutes d’un sage.

1242. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Tout ce que j’ai compris de ma vie du clair-obscur » pp. 26-33

Ah, mon ami, combien d’ombres et de lumières fausses dans une composition un peu compliquée ! […] Mon ami, les ombres ont aussi leurs couleurs.

1243. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

Mon mot sur l’architecture Il ne s’agit point ici, mon ami, d’examiner le caractère des différents ordres d’architecture ; encore moins de balancer les avantages de l’architecture grecque et romaine avec les prérogatives de l’architecture gothique, de vous montrer celle-ci étendant l’espace au-dedans par la hauteur de ses voûtes et la légèreté de ses colonnes, détruisant au-dehors l’imposant de la masse par la multitude et le mauvais goût des ornements ; de faire valoir l’analogie de l’obscurité des vitraux colorés, avec la nature incompréhensible de l’être adoré et les idées sombres de l’adorateur ; mais de vous convaincre que sans architecture, il n’y a ni peinture ni sculpture, et que c’est à l’art qui n’a point de modèle subsistant sous le ciel que les deux arts imitateurs de la nature doivent leur origine et leur progrès. […] Eh bien, mon ami, comptez que les temples et les chaumières et les dieux resteront dans cet état misérable jusqu’à ce qu’il arrive quelque grande calamité publique, une guerre, une famine, une peste, un vœu public, en conséquence duquel vous voyiez un arc de triomphe élevé au vainqueur, une grande fabrique de pierre consacrée au dieu.

1244. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Greuze » pp. 234-241

Courage, mon ami Greuze ! […] Peignez votre femme, votre maîtresse, votre père, votre mère, vos enfants, vos amis ; mais je vous conseille de renvoyer les autres à Roslin ou à Michel Vanloo.

1245. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Il n’y a dans le monde que deux familles d’esprits, ceux qui ont la puissance du rire, les légers, les aériens, les fiers, les ironiques et les charmants, qui sonnent les fanfares de l’esprit et la marche triomphale des sentiments humains les plus vainqueurs, et les plaintifs, les gémissants, les lourds, les ténébreux, les accroupis dans la lamentation et dans les larmes, les Job enfin, avec plus ou moins de femmes, d’amis, de lèpre et de fumier ! […] En Italie, une coterie d’amis, dont M. 

1246. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

Il avait eu le malheur d’être l’ami de Philippe, de ce Philippe le plus adroit des conquérants et le plus politique des princes ; aimé de l’oppresseur de son pays, il s’en justifia en mourant, car il ne put survivre à la bataille de Chéronée ; voilà pour sa personne. […] Il en est d’un peuple qui entend parfaitement une langue, et de l’orateur qui lui parle, comme de deux amis qui ont passé leur vie ensemble, et qui conversent ; les lieux, les temps, les souvenirs attachent pour eux, à chaque mot, une foule d’idées dont une seule est exprimée, et dont les autres se développent rapidement dans l’âme sensible.

1247. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

D’Alembert se consolait de son impuissance par des injures diaboliques qu’il écrivait à ses amis contre le vainqueur de Mahon. […] Il retombe ensuite dans ses préjugés et son charlatanisme ; ce n’est plus l’ami de Richelieu qui parle, c’est l’orfèvre, M.  […] il ne connaît donc pas la scène d’Horace et de Curiace, celle d’Auguste avec ses amis, celle de Cinna et d’Émilie, celle de Pauline avec Sévère, de Polyeucte avec Pauline ? […] Une foule d’amis que son danger excite. […] Enfin, un ami commun, recueillant les récits de l’un et de l’autre, vient à bout de débrouiller le roman : par son secours les vieux amants se rapprochent ; mais leur situation n’est plus la même.

1248. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« Othon, après avoir sévèrement gourmandé et réprimé les séditieux, revint recevoir les adieux de ses amis et s’assurer qu’ils pussent se retirer avec sécurité. […] Après s’être assuré du départ de ses amis, il passa une nuit tranquille, et l’on dit même sans insomnie... […] « Citoyen, sénateur, époux, gendre, ami, il était égal à tous les devoirs de la vie, dédaigneux des richesses, passionné pour la justice, inaccessible à la crainte. […] « À cette nouvelle, anéanti par la peur, il croit déjà la voir accourir prompte à la vengeance, soit en armant ses esclaves, soit en enflammant l’indignation de l’armée, soit en étalant devant le sénat et le peuple son naufrage, sa blessure, ses amis immolés. […] Voyez cette mère qui s’inquiète et qui se rassure, qui sort heureuse du long festin de réconciliation, et qui monte avec une amie tranquillement sur la barque pour jouir du spectacle de sa dernière nuit.

1249. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Rien n’autorise à lui imputer un tort de conduite dans ses devoirs d’épouse, de mère et d’amie. Mais, quant à son influence versatile et selon moi funeste sur les conseils de son mari, je persiste, sur la foi de ses amis eux-mêmes, unanimes à déplorer son influence en ce sens, à lui attribuer bien involontairement les conséquences les plus tragiques de ces conseils contradictoires donnés au roi. […] Son journal, l’Ami du peuple, suait le sang à chaque ligne. » XVI L’accusation d’avoir présenté le parti tour à tour ambitieux et faible des Girondins pour un parti idéal de la Révolution n’est pas moins erronée. […] Plus glorieux qu’utile à ses amis, il ne voulut pas les conduire ; il les immortalisa. » XIX En relisant aujourd’hui le jugement que je portais alors sur l’Assemblée constituante à sa dernière séance, j’y trouve plusieurs éloges plus lyriques que justes, et que je ne ratifierais pas de sang-froid aujourd’hui. […] Le croira-t-on quand je serai mort et quand on verra, à toutes les pages de ma vie, mes sacrifices, mes fidélités d’honoration à ses princes exilés, mes partialités de cœur, mes égards de plume pour ce parti de ma jeunesse ; le croira-t-on que c’est par ce parti, par ses organes, par ses courtisans, que j’ai été le plus insulté à l’aide de tactiques indignes, qui livrent un ami dont on n’a rien à craindre, pour flatter, qui ?

1250. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Lectrice des philosophes du xviiie  siècle, amie de Barbès, de Michel (de Bourges), de Pierre Leroux, de Jean Raynaud819, et surtout bonne, d’une bonté immense et profonde, elle adopte la religion de l’humanité. […] Il se promenait au Père-Lachaise pour chercher sur les tombes des noms expressifs ; il écrivait à une amie d’Angoulème pour savoir « le nom de la rue par laquelle vous arrivez à la place du Mûrier, puis le nom de la rue qui longe la place du Mûrier et le palais de Justice, puis le nom de la porte qui débouche sur la cathédrale ; puis le nom de la petite rue qui mène au Minage et qui avoisine le rempart822 ». […] Ferry, Balzac et ses amis, in-12, Paris, 1888 (cf. […] Cordier, Stendhal raconté par ses amis et amies, in-4, Laisnev, 1893.

1251. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Néron même a eu des amis. […] Voici une lettre citée par le prince : « Quel empire, mon ami, que cette étendue de pays jusqu’à Anvers ! […] Mais on démontrerait avec la même facilité que les témoignages de ses amis ne sont pas moins suspects, pour d’autres raisons. […] Il y a aussi de suaves commerces de cœur et d’esprit entre l’homme et la femme ; l’amitié amoureuse, qui est plus que l’amour, car elle en atout le charme, et elle n’en a point les malaises, les grossièretés ni les violences : l’ami jouit paisiblement de la grâce féminine de son amie, il jouit de sa voix et de ses yeux et il retrouve encore, dans sa sensibilité plus frémissante, dans la façon dont elle accueille, embrasse et transforme les idées qu’il lui confie, dans sa déraison charmante et passionnée, dans le don qu’elle possède de bercer avec des mots, d’apaiser et de consoler, la marque et l’attrait mystérieux de son sexe.

1252. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Ce fut, au temps d’Auguste, Quinctilius Varus, ce fin critique, l’ami d’Horace, qui disait aux poètes : « Corrigez ceci et cela130 », et renvoyait les mauvais vers à l’enclume. […] Quant aux jeunes qui sont encore débattus, dont quelques-uns n’ont pas fini de se débattre avec eux-mêmes, l’avenir dira si leur âge viril a tenu les promesses de leur jeunesse et réalisé des espérances que je partage avec les plus prévenus de leurs amis. […] Les retraites jalouses où Lamennais se dérobe, même à ses amis, pendant de longs mois passés dans des méditations opiniâtres, ne me persuadent pas qu’il est un penseur. […] D’accord avec son progrès intérieur, une critique amie lui conseillait de faire plus de place aux figures dans ses paysages, de mettre l’homme au premier plan et l’arbre au second, de dégager de ses mystiques aspirations sa pensée et ses sentiments. […] Si je ne craignais d’être doublement dans l’illusion, comme contemporain et comme ami, j’oserais prédire à deux conteurs charmants et populaires, aussi heureux dans le roman qu’au théâtre, que leurs œuvres auront des lecteurs en France, tant qu’on y goûtera les délicatesses du sentiment et de la pensée exprimées dans la langue des bons écrivains.

1253. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Je le laisserais reposer en paix, si des amis compromettants ne faisaient la quête pour lui élever un monument. […] Pourtant, au détour de cette page, vient de passer Madeleine, « l’adorante et odorante amie du Christ ». […] On trouvait ridicules son visage et son allure ; par ses continuelles distractions il devenait le jouet de ceux qui se disaient ses amis ; il était à timide ; il bégayait, et sa langue déformait les r et les c, de sorte qu’il prétendait s’appeler Latan. […] Amusante comme sa vie extérieure, l’histoire de son esprit, des amis qui l’entouraient, du milieu singulier qui transforma parfois son originalité native en monstruosité. […] Précieux entre tous, les renseignements sur Mallarmé, poète ligoté dans un système, mais, semble-t-il, causeur admirable qui donnait à quelques amis son âme haute et sa pensée noblement paralysante.

1254. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Elle vient enfin, après des années, de triompher de cette pudeur excessive et qui privait douloureusement quelques amis du beau et du délicat. […] J’ai donné ses livres à la petite fille d’amis peu patients que j’aime à taquiner. […] Guizot et par ses amis sans que ceux-ci eussent pris aucune part aux affaires. […] Par exemple, la chronique s’intitule la Grande Amie. […] Tantôt elle morigène un amoureux : « Voyons, mon ami, l’aimes-tu vraiment ?

1255. (1864) Le roman contemporain

Vos amis les philosophes, chassés, persécutés, exilés, exclus de tout ! […] C’est précisément ce que répond Mürger au lecteur qu’il suppose ennuyé de l’histoire de la pipe de son ami Jacques, modeste héritage que le poète a recueilli. — « Pardon, dit-il, c’est la pipe de mon ami Jacques qui m’a entraîné dans cette digression. […] Mes amis, et je m’adressai aussi haut que possible, s’intéressèrent au sort du jeune homme. […] Elle préserve son amie, la duchesse de Sauves. […] L’auteur a craint de donner trop de foi à son évêque ; cela aurait pu déplaire à ses amis politiques, à l’école dont il est le dieu.

1256. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

« Parce qu’elles sont utiles, les amis servant à la défense et encore à d’autres choses. » — Pourquoi avons-nous pitié du malheur d’autrui ? […] Elle peint ses amis comme Célimène585, mais avec quels outrages ! […] Il est fidèle à sa maîtresse ruinée, à son ami calomnié, mais sans fracas, avec grâce. […] Un jour un de ses amis est arrêté pour dettes ; Sheridan fait venir M.  […] Il a perdu tous ses amis, mais il n’y a personne dont les juifs disent autant de bien. —  Très-vrai, sur ma foi !

1257. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Chacun de nous se donne si entier à son ami qu’il ne lui reste rien à départir ailleurs. […] Reconnaissez-vous les petites amies de Paulette, monsieur le journaliste, ces idéales jeunes filles, dont M.  […] Si vous voulez bien, nous le renverrons là-dessus à notre amie Gyp, qui n’est point une idéaliste, Dieu sait ! […] Talent réfléchi, bien littéraire, répugnant à la grossièreté sans dédaigner l’exactitude, ami de l’idée qu’il concilie avec le fait, M.  […] Le Comte Xavier, Nouvelles russes, Un violon russe, Angèle, Cléopâtre, Claire fontaine, L’Amie, etc.

1258. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — II. (Suite.) » pp. 463-478

Tableau doux et champêtre dont la simple nature a fait les frais, il doit réunir comme elle la vénérable empreinte de l’antiquité aux charmes d’une immortelle jeunesse, et se renouveler au retour de chaque année comme la feuille des arbres et comme l’herbe des prés… Cette rencontre était un heureux hasard pour la troupe dont je faisais partie, et de pareils objets lui présentaient un bien nouveau spectacle ; mais nul ne leur pouvait trouver comme moi ce charme dû à la comparaison et au souvenir, et depuis longtemps ami des troupeaux, seul je les abordais en ami, jouissant de leur curiosité, de leurs craintes et de leur farouche étonnement. […] Il ne cachait pas même à ses amis qu’il avait vu ou qu’il croyait avoir vu des choses fort extraordinaires, mais lorsqu’on le pressait à ce sujet, il rompait la conversation et refusait de s’expliquer.

1259. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Bossuet eut pour ami particulier durant toute sa vie, pour auxiliaire affectionné et constant dans toutes les questions de doctrine, de foi, de morale et de discipline de l’Église, un homme bien digne en tout de cette relation étroite et de cette intimité : l’abbé Fleury fut ce premier lieutenant modeste, ce véritable second de Bossuet et comme son abbé de Langeron. […] Chacun le dit, mais lui ne vise qu’au principal, au triomphe de la doctrine ; il conseille et inspire M. de Noailles comme il avait fait pour Le Tellier : « Il va droit au bien en tout et partout, sans écouter les dégoûts qu’il peut avoir, ni se laisser arrêter par les difficultés qui se présentent. » Il a besoin d’agir directement auprès de Mme de Maintenon pour obtenir d’elle et de son influence sur le roi que le père de La Chaise ne soit point écouté ; car il s’agit de condamner des doctrines chères aux amis et confrères du père de La Chaise. […] Chacun remarqua qu’en donnant la communion à Mme la duchesse de Bourgogne, le 6 mai 1703, « M. de Meaux n’était pas ferme sur ses pieds, et qu’il ne devrait plus faire de pareilles actions publiques. » Le jour de l’Assomption (15 août de la même année), en voulant assister à une procession de la Cour, il donna un spectacle qui affligea ses amis, et Madame, cette Madame mère du Régent, que nous connaissons tous, ne se faisait faute de lui dire tout haut le long du chemin durant la cérémonie : « Courage, monsieur de Meaux !

1260. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — I » pp. 146-160

Joubert se rendait compte mieux que personne de la responsabilité d’un chef de troupe, et dans un de ses purs d’inquiétude il la résumait ainsi : À chaque heure répondre de la vie de plusieurs milliers d’hommes ; hasarder à propos la vie de ses soldats pour la leur sauver ; ne négliger aucune précaution pour se défendre des embuscades et des surprises de nuit ; voir dans cette lutte continuelle succomber ses amis, ses connaissances, par les blessures ou les maladies : il y a là de quoi tourmenter un homme. […] Langlois, mon intime ami, blessé en tête de sa colonne, et la balle dans le corps, élevait encore son épée en avançant et en excitant le soldat, jusqu’au moment où il est tombé de faiblesse. Je l’ai vu en passant à Sospello, une amie le soignait ; et comme tout le monde longtemps m’avait cru mort, il avait, dans ses douleurs souvent parlé de moi et souvent envié mon sort.

1261. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Aujourd’hui on se juge tous indifféremment les uns les autres, en public et par écrit, vivants, amis de la veille et confrères. […] il est poète, quoiqu’il n’ait pas la sainte fureur, ni cet aiguillon de désir et d’ennui, qui a été notre fureur à nous, le besoin inassouvi de sentir ; bienqu’il n’ait pas eu la rage de courir tout d’abord à toutesles fleurs et de mordre à tous les fruits ; — il l’est, bien qu’il ne fouille pas avec acharnement dans son propre cœur pour y aiguiser la vie, et qu’il ne s’ouvre pas les flancs (comme on l’a dit du pélican), pour y nourrir de son sang ses petits, les enfants de ses rêves ; — il l’est, bien qu’il n’ait jamais été emporté à corps perdu sur le cheval de Mazeppa, et qu’il n’ait jamais crié, au moment où le coursier sans frein changeait de route : « J’irai peut-être trop loin dans ce sens-là comme dans l’autre, mais n’importe, j’irai toujours. » — Il l’est, poète, bien qu’il n’ait jamais su passer comme vous, en un instant, ô Chantre aimable de Rolla et de Namouna, de la passion délirante à l’ironie moqueuse et légère ; il est, dis-je, poète à sa manière, parce qu’il est élevé, recueilli, ami de la solitude et de la nature, parce qu’il écoute l’écho des bois, la voix des monts agitateurs de feuilles, et qu’il l’interprète avec dignité, avec largeur et harmonie, bien qu’à la façon des oracles. […] Ô vous tous, amis de l’idéal, je ne me ferai pas de querelle avec vous ; j’accorde qu’il y a un idéal ; mais, admettez aussi qu’il y en a un vrai et un faux ; et si jamais vous rencontrez un idéal, ou soi-disant tel, froid, monotone, triste, incolore sous air de noblesse, vaporeux, compassé, insipide, non pas brillant et varié comme le marbre, mais blanc comme le plâtre, non pas puissant et chaud comme aux jours de la florissante Grèce, quand le sang à flots de pourpre enflait les veines des demi-dieux et des héros, quand les gouttes d’un sang ambrosien coulaient dans les veines même des déesses, mais pâle, exsangue, mortifié comme en carême, s’interdisant les sources fécondes, vivant d’abstractions pures, rhumatisant de la tête aux pieds, imprégné, imbibé d’ennui, oh !

1262. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

A cette date où nous sommes, il n’avait rien, ou bien peu de chose, du chrétien encore ; c’est dans un voyage à Rome, où il était allé avec un de ses amis par simple curiosité, qu’il se convertit. […] Le premier livre qui le tira de ce pêle-mêle, en lui donnant un terme de comparaison, et qui l’initia à la littérature classique, ce fut Gil Blas, qu’il vit entre les mains d’un ami ; le livre, à peine lu, le dégoûta à l’instant « de la faconde moderne, du roman d’intrigue, du roman de thèse, du roman de passion, et de tout cet absurde et de toute cette emphase qu’il avait tant aimés. » Ce prompt effet du naturel et du simple sur un esprit ferme et né pour le bon style est rendu à merveille. […] Je sais qu’autrement, et en observant toutes les convenances sociales, un défenseur catholique, un journaliste ami de la Religion, peut être infiniment respecté et honoré, sans produire un grand effet.

1263. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

Les Lettres de Mme de Sévigné ne furent point, comme bien l’on pense, publiées de son vivant ; mais elles avaient déjà de la réputation, elles couraient, on se les prêtait ; quelques-uns même de ses amis, comme Bussy-Rabutin, en avaient fait collection et copie. […] Mme de Simiane, ennuyée des réclamations, se décida à fournir à l’un de ses amis, le chevalier de Perrin, grand admirateur et chevalier posthume de Mme de Sévigné, les éléments d’une édition « à la fois plus complète et plus réservée » ; on avait fait des retranchements sur les personnes, sur les familles, sur tout ce qui semblait indiscret ou même superflu ; on avait biffé, on avait mutilé : la morale, la soi-disant bienséance sociale, avaient commis ce sacrilège. […] Y a-t-il donc là, pour les amis et les adorateurs, quelque raison de leur en vouloir, et ne faut-il pas bien plutôt leur en témoigner de la reconnaissance ?

1264. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

Cuvier, non encore partagé par la politique ou par l’administration et tout entier à la science, à la vie intellectuelle, prolongeait bien avant dans la nuit avec quelques amis dignes de l’entendre, sous les grands arbres du Jardin des Plantes, des entretiens « dignes de Platon !  […] Ceci me rappelle, quoique la transition puisse ne point sembler essentiellement logique et rigoureuse, que dans une lettre adressée par M. le comte de Chambord à l’un de ses amis de Trance, j’ai lu, non sans quelque surprise, l’éloge suivant de M. Biot qui venait de mourir : « C’était un savant du premier ordre, un chrétien des premiers temps, et l’un de mes amis les plus dévoués » On fait plus qu’entrevoir par là que le savant était resté en, relation avec le parti légitimiste, de même qu’il s’était mis en règle avec le parti religieux.

1265. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Talleyrand dans le temps même s’égayait fort de cette anecdote et en régalait ses amis. […] L’Assemblée une fois séparée et ceux qui en avaient été membres se voyant exclus de toute action législative, Talleyrand ne jugea point à propos de rester dans l’atmosphère agitée de Paris : il partit pour Londres avec son ami Biron, ambassadeur, en janvier 1792. […] Dumont, qui fit avec lui le voyage de retour en France, nous a dit combien il était délicieux « dans le petit espace carré d’une voiture. » Revenu à Paris et ne trouvant plus son ami Narbonne dans le ministère, Talleyrand, qui n’en était pas à une liaison près, s’arrangea avec la Gironde, avec Dumouriez, et il retourna de nouveau à Londres, toujours chargé d’une mission, à côté de Chauvelin, ambassadeur, et comme pour le seconder (mai 1792).

1266. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

…………………… Ainsi le pigeon voyageur, Demi-mort et traînant son aile, Revient, blessé par le chasseur, Au toit de son ami fidèle. […] Un mal étrange le commande ; rien ne le retient ; ses amis ont beau s’opposer à un voyage que sa santé délabrée ne permet plus : il part pour Nantes, et y expire le 26 janvier 93, le jour même fixé pour son embarquement. […] Campenon, a pieusement recueilli les Œvres complètes de l’oncle qui fut son premier maître et son ami.

1267. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

qu’il est heureux le jour où l’on expose sa vie pour l’unique ami dont notre âme a fait choix ! […] L’amour est l’histoire de la vie des femmes, c’est une épisode dans celle des hommes ; réputation, honneur, estime, tout dépend de la conduite qu’à cet égard les femmes ont tenue, tandis que les lois de la moralité même, selon l’opinion d’un monde injuste, semblent suspendues dans les rapports des hommes avec les femmes ; ils peuvent passer pour bons, et leur avoir causé la plus affreuse douleur, que la puissance humaine puisse produire dans une autre âme ; ils peuvent passer pour vrais, et les avoir trompées : enfin, ils peuvent avoir reçu d’une femme les services, les marques de dévouement qui lieraient ensemble deux amis, deux compagnons d’armes, qui déshonoreraient l’un des deux s’il se montrait capable de les oublier ; ils peuvent les avoir reçus d’une femme, et se dégager de tout, en attribuant tout à l’amour, comme si un sentiment, un don de plus, diminuait le prix des autres. […] Sans doute, celle qui a rencontré un homme dont l’énergie n’a point effacé la sensibilité ; un homme qui ne peut supporter la pensée du malheur d’un autre, et met l’honneur aussi dans la bonté ; un homme fidèle aux serments que l’opinion publique ne garantit pas, et qui a besoin de la constance pour jouir du vrai bonheur d’aimer ; celle qui serait l’unique amie d’un tel homme, pourrait triompher au sein de la félicité, de tous les systèmes de la raison.

1268. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre IV. Poésie lyrique »

Toutes ces chansons ne parlent que d’amour ; c’est la jeune fille, joyeuse de sa jeunesse et d’être jolie, qui se vante d’avoir un ami, ou se plaint de ne pas en avoir ; qui veut épouser celui que ses parents lui refusent, ou refuse celui qu’ils lui donnent, et nous dit leur dureté. […] Belle Amelot en chantant nomme son ami, et sa mère l’entend : belle Eglantine ne nomme pas le sien ; mais à voir son « gent corps », sa mère ne peut douter qu’elle en ait un. […] Où l’on conquiert honneur et paradis, Et prix et los, et l’amour de s’amie.

1269. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

L’auteur des Déracinés nous a raconté ces heures de foi et d’enthousiasme qu’il passait chez son ami, dans la campagne lorraine. […] C’était le coup d’archet des tziganes, un flot de parfums qui nous bouleversait le cœur et qui nous atteignait au point névralgique de l’âme. » En même temps que Baudelaire, les deux amis « découvraient le tabac, le café et tout ce qui convient à la jeunesse21 ». […] Le jeudi soir, Guaita rompt sa solitude et ouvre la porte à ses amis.

1270. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Mort à trente-neuf ans (1662), il ne put en ordonner l’ensemble, et ses Pensées sur la religion ne parurent que sept ou huit ans après (1670), par les soins de sa famille et de ses amis. […] Mais bientôt les amis, ou les examinateurs et approbateurs du livre, s’alarmèrent de voir cette façon exclusive de procéder, et qui se trouvait ici en contradiction avec les Livres saints ; ils firent faire un carton avant la mise en vente ; ils adoucirent la phrase, et présentèrent l’idée de Pascal d’un air de précaution que le vigoureux écrivain ne prend jamais, même à l’égard de ses amis et de ses auxiliaires.

1271. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 16, des pantomimes ou des acteurs qui joüoient sans parler » pp. 265-295

Le poëme de Sidonius Apollinaris, qui a pour titre, Narbonne , et qui est adressé à Consentius citoïen de cette ville-là, fait foi que plusieurs pantomimes joüoient leurs pieces sans prononcer un seul mot. " Sidonius y dit à son ami : lorsqu’après avoir terminé vos affaires vous alliez vous délasser au théatre, tous les comédiens trembloient devant vous. […] Pylade lui cria du parterre, mon ami, tu fais bien de ton Agamemnon un homme grand, mais tu n’en fais pas un grand homme ? […] Un romain qui veut parler en secret à son ami d’une affaire importante, ne se contente pas de ne se point mettre à portée d’être entendu ; il a encore la précaution de ne se point mettre à portée d’être vû, craignant avec raison que ses gestes et que les mouvemens de son visage ne fissent deviner ce qu’il va dire.

1272. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

« Pardonnez-moi toutes ces folies, — écrivait mélancoliquement à un de ses amis Lord Byron, à la veille de se marier, et qui pensait un peu sur le mariage comme l’évangéliste Beaumarchais ; — ce sont mes adieux de bouffon que je vous fais, les larmes aux yeux !  […] — et qu’il fût d’Église, dans ce pays qui ne croit plus à l’Église, il fit longtemps partie d’une société peu ecclésiastique, qui s’intitulait la Société des Démoniaques à Crazy-Castle (en français : Château détraqué), la résidence de Hall Stevenson, un ami chez lequel on commençait déjà ces orgies dérisoires, — monacales et funèbres, — qui se sont plus tard continuées chez Lord Byron. […] , depuis le palais de l’archevêque de Cambridge jusqu’au Ranelagh, dont il rapporta l’amour et le regret à ses deux paroisses ; car il écrivait à Londres, à son démoniaque d’ami Stevenson : « Oh !

1273. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

On sent ce contrecoup et cette puissance dans le trouble avoué de Cicéron, à qui ces vers remettent aussitôt sous les yeux la défaite de Pharsale, la fuite de ses amis, le pillage de Dyrrachium et la république abandonnée par ses défenseurs et ses alliés. […] disait-il, celui qui d’une âme si ferme étayait la république et l’affermissait, le rempart des Grecs, celui qui, dans les chances douteuses, n’hésita jamais d’offrir sa vie, n’épargna jamais ses jours, ce grand ami dans une si grande crise, cet homme doué d’un si grand génie, ô ingrats Argiens ! […] Cet ami de César, d’abord allié d’Antoine, puis accueilli par Octave et, dans sa retraite littéraire, resté du moins impartial envers le parti qu’il avait combattu, ne pouvait mettre sur la scène ni ces grands caractères romains qu’il honora dans son histoire, ni les héros plus anciens qui les auraient rappelés.

1274. (1896) Études et portraits littéraires

Il avait, racontent ses amis, des naïvetés exquises. […] Ils ont soupçonné l’ami de Rarahu de se composer une attitude de circonstance, un air de Lieux Saints. […] … Le croyez-vous, mon cher ami, même auprès d’un joli minois ?  […] Le disciple d’Aristote est dévoué à ses amis ; c’est tout. […] Avocat, il défend l’honneur d’un homme d’État, son ami, ou l’économie domestique de M. 

1275. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

C’était, disait-il, une curiosité de quelques esprits délicats qu’il fallait satisfaire en l’éclairant ; c’était, selon ses amis, de la piété distinguée. […] c’est que les peuples ont plus de faible pour ceux qui les séduisent que pour leurs vrais amis, pour ceux qui les leurrent d’un bonheur imaginaire par les caprices du sens propre, que pour ceux qui leur proposent un bonheur possible par la raison. […] Outre ses mémoires sur la guerre de la Succession, et cette lettre, trop louée de nos jours, où Fénelon donne des conseils si durs à Louis XIV, il n’est pas de circonstance qui ne lui ait suggéré quelque écrit de direction pour ses deux amis, et il n’est pas un de ces écrits où le chimérique n’ait laissé sa marque160. […] Je remarque en passant la manière dont Fénelon, dans cette lettre, parle de son ami le duc de Beauvilliers, « dont la faiblesse, dit-il, et la timidité déshonorent le roi. » C’est ainsi qu’il se servait de ses amitiés pour sa puissance, et peut-être de ses vertus pour sa faveur ; et quand l’esprit de domination, qui lui fit désirer jusqu’au dernier jour d’entrer dans le conseil, commandait d’écrire des duretés contre un ami, dût cet ami être le duc de Beauvilliers, l’âme de son âme, dit Saint-Simon, sa main n’hésitait pas. […] Fénelon cherche à tirer son malheureux ami du réseau de scrupules où il se débat, et où il devait trouver une mort prématurée ; mais c’est pour le recevoir tremblant et tout agité dans un autre réseau, encore plus serré, de précautions infinies contre lui-même.

1276. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

C’est une carte du Jour de l’An qu’on offrait à un petit nombre d’amis, c’est un programme de concert, c’est la commémoration d’une fête en l’honneur d’un lettré, d’un artiste mort ou vivant. […] Et des attitudes de recueillement amoureux, et des causeries sur l’amour, entre deux femmes penchées en dehors d’un balcon sur des arbustes en fleurs, et encore des confidences d’amie à amie où, étendues tout de leur long à terre, l’une contre l’autre, deux autres femmes réfléchissent, un moment silencieuses : l’une d’elles, dans sa préoccupation, jouant avec un bout de fil. […] Hanshiti, auquel est apparu l’esprit du camphrier, un jour qu’il dormait sous son ombre amie, n’éprouve plus que des malheurs depuis l’abatage de l’arbre. […] Malheureusement pour elle, cet ami était amoureux d’une jeune fille qui vivait avec « l’Assiette cassée », et était tout dévoué à l’amie de son amoureuse. […] Et depuis il m’a fallu réunir des conseils d’amis et de famille ; enfin j’ai trouvé un répondant (quelqu’un qui a pris la responsabilité de le surveiller).

1277. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

« J’allai samedi à Mouceaux avec l’ami Naigeon. […] Ce qu’Horace disait à un ami qui était devenu amoureux de son esclave : “Il est beau, il est adroit, il a des mœurs, de l’esprit, des connaissances, c’est un enfant parfait de tous points ; mais je vous en préviens, il est un peu fuyard…” ».

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