Les ingénieurs étaient donc à l’œuvre ; on essayait de tracer à la moderne bande des novateurs dramatiques une route qui tournât les temples de Racine et de Corneille et qui n’en fût pas écrasée ; car les vieux critiques, logés dans ces temples, en faisaient des espèces de forteresses d’où ils tiraient sur les nouveaux venus et croyaient leur barrer le passage.
« Enfin, nous avoue-t-elle ingénument, je n’ai été étrangère à rien, j’ai pu parler passablement de tout ; mais je n’ai su parfaitement que ce qui se rapporte aux beaux-arts, à la littérature et à l’étude du cœur humain. » Je ne m’arrête pas à des anecdotes bien longues dont madame de Genlis nourrit habilement son récit : comment dans ses retraites au couvent elle barbouillait la nuit les vieilles religieuses, comment elle mystifiait le chevalier Tirtame, ou frappait aux vitres des paysans du village.
J’y trouvais, moi, pauvre homme du Centre, plus d’assent » que d’accent, c’est-à-dire plus de Midi que d’Humanité ; trop de « poivrons » et de « fromageons », trop de « mas », de « nouvelets » et de « Gabrielous »… Et je ne sais pas bien encore, à l’heure qu’il est, si la tragédie d’Aubanel est shakespearienne ou tartarinesque… La légende est belle ; et si, comme on me l’a affirmé, c’est Aubanel lui-même qui l’a inventée de toutes pièces, il l’en faut louer grandement, car elle offre tous les caractères des légendes populaires… Pour trouver de ces choses belles et obscures, pour inventer un symbole qui semble vieux de plusieurs centaines d’années et qui a l’air d’avoir subi les déformations et les additions de plusieurs siècles, certes il ne faut pas être un médiocre poète, et je n’ai pas dit que Théodore Aubanel en fût un.
C’est un vrai poète qui a trouvé cette comparaison devant une carte de France : Et les contours sacrés de son vieux territoire Comme un portrait d’aïeul sont fixés dans mes yeux.
. — Nos adieux à la Chambre des députés de l’an 1830 ou Allez-vous-en, vieux mandataires, par le père Gérard, patriote de 1798, ancien décoré de la prise de la Bastille, couplets (1831). — Lénore, traduite de Bürger (1835). — Piquilo, opéra-comique, en collaboration avec M.
La sécession, me direz-vous, et, à la longue, l’émiettement des nations sont la conséquence d’un système qui met ces vieux organismes à la merci de volontés souvent peu éclairées.
Comme un roc sourcilleux tombe dans la campagne, Arraché par les vents du haut d'une montagne, Ou du long cours des ans incessamment miné, Et par l'eau de l'orage enfin déraciné, Son énorme grandeur, par son poids emportée, Avec un bruit horrible en bas précipitée, Roule à bonds redoublés en son cours furieux, Et rompt comme roseaux les chênes les plus vieux ; Tel on vit, &c.
À ceux qui, dédaigneux des fortunes passagères, ont entrepris de renouveler, par une application plus stricte de la tradition ; la vieille vigueur française, nous réserverons notre approbation.
Qu’ils sont aimables tous ces chevaliers de la Jérusalem, ce Renaud si brillant, ce Tancrède si généreux, ce vieux Raymond de Toulouse, toujours abattu et toujours relevé !
Et c’est aussi un petit livre, à l’adresse de cette société détournée des choses littéraires, qui se rue au gain avec une ardeur famélique, et qui ne lit plus, par suite d’affaires, comme dit si comiquement le vieux Turn-Penny dans le Redgauntlet.
Le romancier à la manière anglaise, et c’est la bonne, — le roman est la meilleure gloire de l’Angleterre, — le romancier de la vie familiale et des mœurs intimes, avec de la profondeur sous la bonhomie, de l’attendrissement sous la gaîté, il y a telles pages, comme un Paysage disparu et le Vieux salon, de ces Propos littéraires et pittoresques, que je vous donne et que vous prendrez pour des chapitres exquis — mon Dieu !
Avenir était enveloppé dans une vieille robe de chambre boukhare 25 : une cravate de soie verte donnait à sa figure, qui était d’une maigreur effrayante, une teinte cadavérique. […] J’ajouterai cependant ce qui suit : Une vieille propriétaire mourut en ma présence, il y a de cela quelques années. […] Voici la ville du district avec ses maisonnettes de bois inclinées sur leurs fondements, ses haies sans fin, ses maisons de marchands construites en briques et inhabitées, son vieux pont jeté sur un profond ravin… En avant ! […] Au milieu de la plaine, des mamelons écrasés, labourés et ensemencés du haut en bas, ressemblent à d’énormes vagues affaissées sur elles-mêmes ; des ravins, aux flancs couverts de buissons, serpentent entre ces hauteurs ; de petits bois sont dispersés çà et là comme des îles, et des sentiers étroits courent d’un village à l’autre ; quelques églises blanches et élancées paraissent dans le lointain ; une petite rivière, bordée de buissons, serpente au milieu de la plaine, et son cours est interrompu de distance en distance par des digues ; quelques outardes rangées en file se tiennent immobiles dans un champ éloigné ; une vieille maison seigneuriale, entourée de ses dépendances et de jardins fruitiers, est comme blottie au bord d’un petit étang ; mais vous avancez toujours. […] Ce sont les Mille et une nuits de Bagdad, où leurs voisins, les Arabes et les Persans, ont versé le merveilleux de leur imagination dans des aventures qui font encore le charme enfantin du vieux monde ; mais les récits de Tourgueneff n’ont pas d’autres fées et d’autres enchanteurs que la nature et la vérité.
La nature est bien vieille quoique toujours jeune, et l’art date de loin. […] Il ne redoute pas, de même que Voltaire, Rousseau, la sincérité d’une verte expression, réminiscence de cette vieille langue française, de laquelle il avait été bercé, mais il se garde de persister sur ce ton. […] Nous ne sommes pas peu surprise et scandalisée d’entendre sous d’autres formes, et au nom des principes scientifiques, ratifier des erreurs qu’a enseignées le vieux dogmatisme religieux : la reconstitution des castes et le prolétariat avec le positivisme, tout comme le paupérisme avec Jésus-Christ. […] La préoccupation scientifique est venue donner un renouveau à tous ces vieux clichés. […] Voici de puissants motifs pour contrecarrer et combattre les vieux dictons Tel père, tel fils telle mère, telle fille.
Le vieux duc de Brunswick est trop illustre par son titre d’élève du grand Frédéric pour qu’on puisse donner un autre généralissime à l’armée prussienne ; il est trop suranné néanmoins, et trop discrédité par son invasion malheureuse de la France et par sa retraite de Champagne en 1792, pour inspirer la confiance à l’armée prussienne ; cette armée de 180 000 hommes mollit sous sa main. […] On voyait les feux du prince de Hohenlohe sur toute l’étendue des plateaux, et au fond de l’horizon à droite, sur les hauteurs de Naumbourg, que surmontait le vieux château d’Eckartsberg, ceux de l’armée du duc de Brunswick, devenu tout à coup visible pour Napoléon. […] » Le duc de Brunswick et le vieux Mollendorf, son rival, se réunissent à quelques lieues pour forcer le passage défendu par le corps isolé de Davout. […] Ce vieux guerrier, hésitant dans le conseil, jamais au feu, veut se mettre lui-même à la tête des grenadiers prussiens et les conduire à l’assaut de Hassenhausen, en suivant un pli de terrain qui se trouve à côté de la chaussée, et par lequel on peut parvenir plus sûrement au village. […] Ce même homme, deux années auparavant revenu d’Autriche, ayant réfléchi un instant à la leçon d’Essling, avait songé à rendre la paix au monde et à son empire, à donner à son trône la stabilité de l’hérédité, à son caractère l’apparence des goûts de famille, et dans cette pensée avait contracté un mariage avec l’Autriche, la cour la plus vieille, la plus constante dans ses desseins.
. — Une vieille comédie a été jouée, très vieille, très plaisante : chaque fois qu’un musicien produit un opéra, les feuilletonnistes la reprennent, d’accord avec le public : le wagneriste malgré lui. […] Soudain, dans ce site musical, dans ce fluide et fantastique site, l’orchestre éclate, peignant en quelques traits décisif, enlevant de pied en cap, avec le dessin d’une héraldique mélodie, Tannhaeuser qui s’avance ; — et les ténèbres s’irradient de lueurs, les volutes des nuées prennent des formes tourmentées de hanches et palpitent avec d’élastiques gonflements de gorges ; les bleues avalanches du ciel se peuplent de nudités ; des cris de désirs incontenus, des appels de stridentes lubricités, des élans d’au-delà charnel, jaillissent de l’orchestre et, au-dessus de l’onduleux espalier des nymphes qui défaillent et se pâment, Vénus se lève, mais non plus la Vénus antique, la vieille Aphrodite, dont les impeccables contours firent hennir pendant les séculaires concupiscences du Paganisme, les dieux et les hommes, mais une Vénus plus profonde et plus terrible, une Vénus chrétienne, si le péché contre nature de cet accouplement de mots était possible ! […] Il provient des mythes populaires et du vieux roman ; puis naît la tragédie classique française, traduction à contre-sens de théories grecques. […] On remarquera ici la référence à une « vieille parodie » : Le wagnériste malgré lui.
disait-il au plus vieux de ses élèves, qui persistait à porter ses cheveux noués en queue de la longueur de dix-huit pouces, toi, tu es de l’ancien régime, corps et âme ; tu peins comme tu te coiffes. […] « Vieille Pompadour ! […] L’ouvrage eut le plus grand succès dans cette ville, et le vieux Battoni, en comblant encore cette fois l’auteur de ses éloges, y joignit les instances les plus vives pour l’engager à se fixer en Italie. […] Quoique les parents d’Étienne vécussent dans l’aisance, tout était simple chez eux, et les manières comme les ameublements se sentaient des habitudes de la vieille bourgeoisie parisienne. […] Chez lui, son costume vieux et déchiré lui donnait l’aspect le plus sauvage ; mais quand il allait dans le monde, il mettait dans sa toilette de l’affectation et même de la recherche, jusqu’à se parfumer d’odeurs.
« S’il lui plaît de s’étendre tantôt sous un vieux chêne, tantôt sur un moelleux gazon, les eaux profondes du fleuve roulent sous ses yeux entre leurs rives élevées, les oiseaux gazouillent dans les branches, les sources répandent, en murmurant, leurs eaux courantes et l’invitent par leur bruit monotone à de légers assoupissements ; mais quand la saison d’hiver ramène les pluies, les foudres et les neiges dans le ciel, il pousse, aux aboiements de sa meute de chiens, les féroces sangliers dans les toiles qu’il leur a tendues, ou bien, sur des baguettes invisibles, il tend le filet à larges mailles aux grives gourmandes qui viennent s’y abattre ; il prend au lacet le lièvre peureux ou la grue voyageuse, proie enviée de son foyer. […] » La même passion natale de la liberté et de la campagne se retrouve dans ce billet écrit, dit-il, au pied des ruines du vieux temple de Vacuna, dans sa chère Sabine, en se promenant aux environs de sa métairie de Vacuna : « Salut ! […] Comme ces deux pigeons célèbres dans l’apologue, tu gardes le nid ; mais je préfère les riants rêves des ruisseaux, les roches tapissées de vieille mousse, les vastes forêts. […] Mais si vous êtes seulement un homme de bon sens et de goût exquis, un amateur des délicatesses de l’esprit et des grâces de la poésie ; si vous ne sentez plus dans votre cœur ou si votre nature tempérée n’a jamais senti les brûlures sacrées ni les stigmates toujours saignants des fortes passions : amour, dévouement, religion, soif de l’infini ; si une félicité facile et constante vous a servi à souhait dans les différents âges de votre vie ; si vous avez passé l’âge des tempêtes, l’équinoxe de cette vie ; si vous êtes détrompé des hommes et de leurs vains efforts pour se retourner sur leur lit de chimères ; si vous avez vu dix révolutions et cent batailles soulever pendant soixante ans la poussière des places publiques et des champs de mort sans rien changer dans le sort des peuples que le nom de leur servitude et de leurs déceptions ; si vous avez vu les prétendus sages de la veille déclarés fous le lendemain, et les philosophies et les systèmes qui avaient fanatisé les pères devenir la dérision de leurs fils ; si la pensée humaine, toujours active et toujours trompée, vous a attristé d’abord par ce perpétuel enfantement du néant ; si, après avoir pleuré sur ce tonneau retentissant des Danaïdes qu’on appelle Vérité, vous avez fini par en rire ; si, sans chercher plus longtemps cette impénétrable moquerie du destin qui pousse le genre humain à tâtons de la vie à la mort, vous avez pris le parti de douter de tout, de laisser son secret à la Providence, qui, décidément, ne veut le dire à aucun mortel, à aucun peuple et à aucun siècle ; si vous vous laissez glisser ainsi sur la pente, comme l’eau de l’Anio qui glisse en gazouillant sous le verger d’Horace ; si vous n’avez ni femme ni enfant qui doublent et qui perpétuent pour vous les soucis de la vie ; si votre cœur, un peu rétréci par cet égoïsme qui se replie uniquement sur lui-même, a besoin d’amusement plus que de sentiment ; si vous possédez cet Hoc erat in votis , ce vœu d’Horace, un joli domaine aux champs pour l’été, une maison chaude l’hiver, tapissée de bons vieux livres ( nunc veterum libri ) ; si votre fortune est suffisante pour votre bien-être borné ; si vous avez pour amis quelques amis puissants, amis eux-mêmes des maîtres du monde, avec lesquels vous soupez gaiement en regardant combattre Pompée et mourir Cicéron pour cette vertu que Brutus appelle un vain nom en mourant lui-même ; enfin, si vous n’avez pas grand souci des dieux, et si les étoiles vous semblent trop haut pour élever vos courtes mains vers les choses célestes ; oh !
IX « Il y avait, à quelques pieds au-dessous de la croisée de Cosette, dans la vieille corniche toute noire du mur, un nid de martinets ; l’encorbellement de ce nid faisait un peu saillie au-delà de la corniche, si bien que d’en haut on pouvait voir le dedans de ce petit paradis. […] Les vieilles corneilles de Marie de Médicis étaient amoureuses dans les grands arbres. […] Je suis jeune et je suis amoureux, je suis vieux et je veux me reposer, je suis père de famille, je travaille, je prospère, je fais de bonnes affaires, j’ai des maisons à louer, j’ai de l’argent sur l’État, je suis heureux, j’ai femme et enfants, j’aime tout cela, je désire vivre, laissez-moi tranquille. — De là, à de certaines heures, un froid profond sur les magnanimes avant-gardes du genre humain. […] L’utopie insurrection combat, le vieux code militaire au poing ; elle fusille les espions ; elle exécute les traîtres, elle supprime des êtres vivants et les jette dans les ténèbres inconnues.
Nous apprîmes directement et indirectement que l’esprit avait un secret pressentiment qu’il allait bientôt abandonner ce corps épuisé de fatigue et qu’il l’abandonnerait, plein de confiance, à sa vieille amie la Nature. […] ” La tristesse de ces paroles doit avoir été bien expressive, puisque son vieux valet de chambre Seiffert, effrayé dans son affection, s’empressa de détourner de semblables pensées. […] Il a donc dû être enlevé à cette terre avant moi, qui suis nonagénaire, avant le Vieux de la montagne. […] S’il m’était permis d’interroger ici mes plus anciens souvenirs de jeunesse, de signaler l’attrait qui m’inspira de bonne heure l’invincible désir de visiter les régions tropicales, je citerais : les descriptions pittoresques des îles de la mer du Sud, par George Forster ; les tableaux de Hodges représentant les rives du Gange, dans la maison de Warren Hastings, à Londres ; un dragonnier colossal dans une vieille tour du jardin botanique à Berlin.
Quelques vieux officiers retirés et quelques chanoines de la cathédrale étaient ses seules ressources de société ; il ne savait comment abréger le temps. […] Les vieilles femmes de la cité d’Aoste se ressouviennent fort bien d’en avoir vu sortir, pendant les nuits sombres, une grande femme blanche, tenant une lampe à la main. […] On voit les vieux murs blanchir au soleil, les corneilles voler sur le toit, et le vent, du midi au nord, secouer, au milieu de tourbillons de poussière, du pied de la tour les lambeaux de vieille mousse qui tombe, comme les plis d’un manteau, de la cime du donjon.
Un voyage à Naples en 1811, un séjour aux gardes du corps en 1814, des excursions en Savoie et dans les Alpes, et le voici aux eaux d’Aix en 1816 : là il fait la connaissance de Mme Charles, la jeune femme d’un vieux physicien, phtisique et nerveuse, point vaporeuse ni exaltée, semble-t-il, charmante « avec ses bandeaux noirs et ses beaux yeux battus » ; elle mourut en 1818, chrétienne, le crucifix aux mains. […] Lisons l’Isolement : une montagne, un vieux chêne, un fleuve, un lac, des bois, une église gothique, un crépuscule, un angélus, où situer tout cela dans l’univers ? […] Un bal de l’Hôtel de Ville, un vote de la Chambre, un suicide, le tombeau de Napoléon Ier, Napoléon II, la Pologne, voilà sur quoi se déchaîne le puissant souffle du poète : demi-journaliste et demi-prophète, il s’évertue à juger, à prédire ou maudire ; il travaille visiblement à transformer la vieille satire en satire lyrique et apocalyptique772. […] Dès ses débuts, parmi la rhétorique insincère du romantisme flamboyant, une puissance originale apparaissait : il donnait un paysage soigneusement encadré, un coin de banlieue, un jour de pluie ; il copiait une naïade du parc de Versailles, un vieux portrait au pastel782 .
Saumaise avait accompagné le président déjà vieux dans son ambassade de Hollande ; il en parle en homme qui l’a connu, admiré de près, et avec un vif sentiment de sa personne. […] Aussi n’est-ce point une vaine pensée de croire que les corps des hommes illustres ne sont pas tout à fait mortels, et qu’il y a quelque esprit au-dehors qui ne se détache jamais des linéaments admirables dont la nature marque les gens de cette condition, en sorte que dans leurs portraits on connaît leurs génies, et qu’on y voit toujours je ne sais quoi de vif : ainsi qu’aux médailles antiques on dirait que ces têtes romaines respirent encore dans le métal quelque chose de leur vieille vertu.
Pour nous, si nous nous risquons à en parler, c’est que nous ne nous guérirons jamais de cette vieille habitude d’aller à ce qui est vivant, de nous arrêter à chaque vaillant début d’un talent neuf et vigoureux, et de lui payer publiquement ce premier et bien légitime hommage, — l’attention, — dussions-nous mêler aux éloges quelques remarques critiques et quelques observations morales. […] Après avoir raconté qu’il a vu mourir sous ses yeux une vieille amie, une femme âgée et d’un esprit supérieur, avec qui il avait souvent épuisé, en conversant, toutes les réflexions morales et anticipé l’expérience de la vie : Cet événement, continue Adolphe, m’avait rempli d’un sentiment d’incertitude sur la destinée, et d’une rêverie vague qui ne m’abandonnait pas… Je trouvais qu’aucun but ne valait la peine d’aucun effort.
J’ai eu d’immenses avantages sur eux, et des avantages tels qu’une carrière militaire de vingt années et de quelque illustration n’en présente pas de pareils. » Et trois jours après, mécontent d’Augereau qui, chargé d’organiser un corps d’armée à Lyon et d’opérer une diversion qui aurait pu être décisive, trouvait des difficultés à tout, Napoléon lui écrivait cette lettre mémorable, où sous la sobriété et la sévérité impériale il perce quelque chose de l’accent familier du général d’autrefois, qui fait appel à son vieux compagnon d’armes de 1796 : Nogent-sur-Seine, 21 février 1814. […] nous ferons comme tant de nos vieux compagnons d’armes font tous les jours, mais nous mourrons après avoir sauvé notre honneur. » — Et à Fontainebleau, à la dernière heure, et quand son destin va se consommer : « Vous avez bien fait de ne rien signer.
Je sais qu’en somme l’ordre d’idées qu’il embrasse et qu’il soutient est celui qui date de Platon et qui a partagé le vieux monde par opposition à la méthode d’observation, à celle d’Aristote. […] La critique de Socrate a tué le vieux paganisme d’Aristophane ; la comédie d’Aristophane a tué Socrate. » Ce sont de pures phrases.
Ce père de Foucault, un peu bourru, et qui prêtait au comique, eut l’idée, déjà vieux et depuis longtemps, affublé comme le Malade imaginaire, d’épouser en secondes noces Mlle Bossuet, la sœur du grandi évêque, personne elle-même d’un caractère singulier et qui se maria malgré sa famille ; il y eut bientôt incompatibilité d’humeur entre les époux, et séparation […] Quand il mourut, la Gazette de France parla de lui comme du plus vieux militaire de son temps et du plus ancien magistrat.
On sait les noms des régiments fameux, des vieilles bandes dans lesquelles il servit successivement. […] » Plus de quarante ans après, lorsque Cervantes eut fait la première partie de Don Quichotte et qu’un intrus s’avisa de la continuer en voulant lui ravir sa gloire, ce continuateur pseudonyme eut la malheureuse pensée d’insulter non-seulement à la vieillesse du noble et original écrivain, mais encore à son infirmité, à sa blessure, et de dire, en parlant au singulier de sa main et avec intention, « qu’il avait plus de langue que de mains. » Sur quoi Cervantes, dans la préface de la seconde partie de Don Quichotte, répliqua : « Ce que je n’ai pu m’empêcher de ressentir, c’est qu’il m’appelle injurieusement vieux et manchot, comme s’il avait été en mon pouvoir de retenir le temps, de faire qu’il ne passât point pour moi, ou comme si ma main eût été brisée dans quelque taverne, et non dans la plus éclatante rencontre qu’aient vue les siècles passés et présents, et qu’espèrent voir les siècles à venir.
Le vieux tronc, avant de se dessécher, produisit entre ses racines deux fleurs, et ces deux fleurs fragiles, d’une saison à peine, moissonnées avant le temps, (ô triomphe de l’esprit !) […] Nous avons là une catholique de vieille souche, douce, pieuse, fervente, résignée, tendre, poétique, aimant la nature et adorant Dieu dans la nature, y trouvant à chaque pas les plus charmants emblèmes, moralisant avec grâce et sourire au sein même de la douleur : nous avons, d’autre part, et en regard d’elle, un caractère énergique de calviniste à demi émancipée, poétique aussi, très-croyante toujours, fervente, même prêcheuse, mais ouverte à toutes les impressions, ayant sa palette à elle, près de sa Bible, poussant ardemment ses aspirations vers le monde extérieur et absorbant la création par tous ses pores : — deux types.
Jullien, celui qu’on appelait Jullien de Paris, qui, jeune, s’était fait tristement connaître par son fanatisme révolutionnaire, et qui, vieux, tâchait de faire oublier ses anciens excès par son zèle honorable de fondateur de la Revue encyclopédique, avait à la bouche, à chaque phrase, le mot de civilisation : c’était devenu un tic chez ce petit vieillard si actif et toujours courant. — Le mot est naturel et habituel dans l’ordre d’idées et dans la langue de Condorcet, de Volney ; il revient nécessairement sous leur plume, comme le mot de Dieu sous celle des dévots, et il tend à le remplacer : il marque leur religion aussi. […] Dans ce laps de temps, les fortifications d’Alexandrie seraient achevées ; cette ville serait une des plus fortes places de l’Europe ; … l’arsenal de construction maritime serait terminé ; par le moyen du canal de Rahmaniéh, le Nil arriverait toute l’année dans le port vieux, et permettrait la navigation aux plus grandes djermes ; tout le commerce de Rosette et presque tout celui de Damiette y seraient concentrés, ainsi que tous les établissements civils et militaires ; Alexandrie serait déjà une ville riche ; l’eau du Nil, répandue autour d’elle, fertiliserait un grand nombre de campagnes, ce serait à la fois un séjour agréable, sain et sûr ; la communication entre les deux mers serait ouverte ; les chantiers de Suez seraient établis ; les fortifications protégeraient la ville et le port ; des irrigations du canal et de vastes citernes fourniraient des eaux pour cultiver les environs de la ville… Les denrées coloniales, le sucre, le coton, le riz, l’indigo, couvriraient toute la Haute-Égypte et remplaceraient les produits de Saint-Domingue. » Puis, de dix années de domination il passe à cinquante ; l’horizon s’est étendu ; l’imagination du guerrier civilisateur a pris son essor, et les réalités grandioses achèvent de se dessiner, de se lever à ses yeux de toutes parts : « Mais que serait ce beau pays, après cinquante ans de prospérité et de bon gouvernement ?
J’étais goutteux comme un vieux braque ; cela ne m’a pas empêché d’être alerte comme un… de noce (Ici je saute un mot de bivouac ou de la Foire), et même cela m’a guéri pour quelques jours. […] « Il arrive au vieux Louvre, nous dit M. de Luynes, sans être attendu, et il entre dans une salle sans savoir où il était ; il reconnaît que c’est l’Académie des Sciences ; il sort au plus tôt et arrive enfin à l’Académie française ; il prend place auprès de l’abbé Alary ; le directeur, qui est M. de Saint-Aignan, n’y était point. » Collé, qui nous complète, dit que Mirabaud présidait ce jour-là ; il tenait du moins le bureau en qualité de secrétaire perpétuel : à la vue du soudain confrère qui faisait son apparition, il ne quitta point le fauteuil pour le lui donner.
vieux chevaliers, types d’honneur et de probité, où étiez-vous ? […] La Bruyerre, se piquant d’honneur, répondit sur tous les points avec tant de franchise et de promptitude, que le prince non seulement le fit remettre en liberté, mais lui donna une place de garde de ses chasses, comme pour vérifier en sa personne le dicton : « Il n’est si bon garde qu’un vieux braconnier. » Il en résulta un volume intitulé : les Ruses du Braconnage, mises à découvert par L.
Cette réponse était parfaitement naturelle ; mais le respect exagéré dont le vieux pontife était entouré la fit paraître audacieuse ; un des assistants y répliqua, dit-on, par un soufflet. […] Ce fut le vieux parti juif ; ce fut la loi mosaïque.
Emprunte-t-il à la tradition ses vieilles croyances ou crée-t-il, en s’aidant de la science la plus récente, des êtres inconnus nés de sa propre imagination ? […] Ses vues sur la destinée future de l’univers sont-elles claires ou obscures, basses ou élevées, vieilles ou neuves, simples ou complexes ?
On voit la raison de cette différence : le roi, fatigué de madame de Montespan comme eut pu l’être un vieux mari, commençait à cédera l’attrait de madame de Maintenon. […] Vous verrez de quelle manière se tournera cette amitié. » Le 28 juin, « Vous jugez très bien de Quantova (madame de Montespan) ; si elle peut ne point reprendre ses vieilles brisées, elle poussera sa grandeur au-delà des nues ; mais il faudrait qu’elle se mît en état d’être aimée toute l’année sans scrupule111 ; en attendant, sa maison est pleine de toute la cour ; les visites se font alternativement, et la considération est sans bornes. » Une autre lettre, du 3 juillet, porte : « Ah !
Et pourquoi, mes amis, me preniez-vous la main, Alors qu’une si douce et si vieille habitude Me montrait ce chemin ? […] Tout ce qui m’a fait vieux est bien loin maintenant ; Et rien qu’en regardant cette vallée amie, Je redeviens enfant.
Mais on peut la traiter de vieille décrépite. […] On fit mention de toute sa personne, de sa figure, de son maintien, de son habit, de sa vieille perruque, de sa calotte.
Et enfin la réimpression par Rabelais d’un antique ouvrage, très célèbre dans la vieille France, et schéma du chef-d’œuvre futur : les Grandes et Inestimables Chroniques du grand et énorme géant Gargantua (Lyon, 1532). […] Il faut le reconnaître — et ce sera notre conclusion, — c’est sous les titres les plus simples que se cachent les vieux chefs-d’œuvre, parés de leur seule beauté.
Elle était vieille, elle était souffrante, mais héroïque. […] Mais la vivandière n’oubliait pas qu’elle était Corinne et elle alternait avec elle… L’historienne n’est pas tout dans l’Italie des Italiens, et dans cette espèce d’Italie, il n’y a pas que celle des Italiens de l’heure présente ; il y a l’Italie toute seule, la vieille Italie, l’Italie de Raphaël et de Michel-Ange, qui valait bien l’Italie piémontaise de Victor-Emmanuel.
C’est pour Louis XIV que le grand Corneille, déjà vieux, composa, avec son génie qui agrandissait tout, un demi-volume de vers qu’on ne lit plus. […] Ainsi, après s’être occupé de ses grands desseins avec ses généraux et ses ministres, il se délassait quelquefois en conversant avec Racine : il ordonnait qu’on représentât devant lui les chefs-d’œuvre du vieux Corneille : il sentait de l’orgueil à se voir servir dans son palais par l’auteur du Misanthrope et du Tartufe, et donnant à Molière son roi pour défenseur, empêchait qu’une cabale d’autant plus terrible, qu’on y mêlait le nom de la vertu, n’opprimât un grand homme.
A côté et en face du groupe où se détachaient les noms de Chateaubriand, de Bonald, il s’en formait un au sein même du parti philosophique, un autre groupe bien remarquable et bien fécond d’idées, qui, pour mieux continuer ce parti déjà vieux, méditait à son tour de faire divorce avec lui. […] On s’en revenait maître du terrain et en vieux soldats. […] Cela me fait enrager d’être vieux. […] La vieille critique ayant comme à plaisir encombré la scène de toutes sortes d’appareils et de barrières qui étaient autant de ressorts pour la médiocrité et de piéges pour le talent, il avait falludéblayer le terrain au préalable, avant de s’y lancer de nouveau. […] Était-il si fâcheux, après tout, d’être dans la nécessité de choisir et, jusqu’à un certain point, de former sa langue, de la tenir au-dessus des jargons du jour, et de la rapporter à un type supérieur qui s’appuie directement par un si large côté aux exemples des vieux maîtres ?
Héritiers des bardes bretons et des scaldes scandinaves, avec qui les confondent sans cesse les écrivains anglais du moyen âge, les ménestrels de la vieille Angleterre conservèrent assez longtemps une portion de l’autorité de leurs devanciers. […] Ainsi la jeune civilisation du Nord grandit, en Angleterre, dans la simplicité comme avec l’énergie de sa propre nature, indépendante des formes empruntées et de la sève étrangère qu’elle reçut ailleurs de la vieille civilisation du Midi. […] Ces vieux récits et tant d’autres, quelque douteux qu’on les suppose, prouvent du moins combien étaient présents à l’imagination des peuples l’art et la profession du ménestrel. […] Des fêtes continuelles et générales animaient les campagnes de la vieille Angleterre. […] Ce fut Garrick qui, ne trouvant nulle part, aussi bien que dans Shakespeare, de quoi suffire aux besoins de son propre talent, l’arracha à ces honteuses protections, prêta à cette vieille gloire la fraîcheur de sa jeune renommée, et remit le poëte en possession du théâtre comme de la patriotique admiration des Anglais.
La fatigue de vivre est une maladie aussi vieille que la civilisation, peut-être que la première apparition de la conscience chez l’animal humain. […] Il fait passer dans le vieux thème de Rousseau sur la méchanceté de la civilisation la cruauté de son propre malaise. […] Versailles, les statues rongées des vieux parcs, délices de tant de ses successeurs en nostalgie, ne l’arrêtent pas, la mélancolie sans doute en est trop forte et invite à vivre. […] Selon l’esthétique des romantiques, qui ne perçoivent la couleur que criarde, et la pensée que forcée ce livre aurait le charme d’un vieux pastel. […] Plus savoureuse et capiteuse à l’impression première que la « sobriété » de nos vieux classiques, la volupté ne tarderait pas alors à se détruire elle-même.
Il s’est jeté dans le moyen âge aujourd’hui à la mode ; il s’est appliqué à deux points : 1° à prouver que l’Imitation de Jésus-Christ est bien de Gerson, ce qui restera toujours très-douteux ; 2° à réhabiliter les vieux mystères ou pièces dramatiques de nos pères.
Charles, qu’il appelle son fils, est à La Flèche, avec le vieux Italien Morzande, auprès de la famille Darcey.
Toute âme est un sépulcre où gisent mille choses… Dans le voyage à la Lénore, que fait ensuite le poète, il est bien à lui de nous présenter le vieux Faust qui, désabusé de la science où il n’a pu trouver le dernier mot, dit pour conclusion : Aimez, car tout est là !
Lettre d’un vieux ami de province81 5 mai 1840.
Partant de la vieille et banale comparaison d’un peuple libre à un cheval sauvage, Barbier a traduit dans les images qui montrent l’animal dompté, enlevé, poussé, crevé par son écuyer, l’histoire de la France asservie par Bonaparte, lancée à travers l’Europe, épuisée de guerres, et agonisante enfin avec lui.
On va nous éventrer nos Champs-Élysées, mettre à bas ce bon vieux Palais de l’Industrie auquel nous étions faits et qui semblait la grande serre de ce beau jardin.
Toutes les petites maisons y sont de vieilles petites maisons de village, où de bonnes lampes brûlent la nuit ; et toutes leurs petites chambres sont des cellules de souvenir que traversent des poupées lasses, souriantes et fanées ; et on y entend le crépitement de la pluie sur le toit ; et au-dessus des croisillons des fenêtres, on voit fuir les canards gris ; et le matin, au cri du coq, on est saisi par l’haleine des roses.
C’est du reste un tic commun à beaucoup d’écrivains, d’indiquer dans nos vieilles cours l’origine du génie en tout genre, comme s’ils étaient aussi sûrs de la trouver cette source qu’ils le sont d’y trouver l’origine des plus grands vices.
On a retrouvé le sens profond et naïf, divin et enfantin à la fois, des vieux mythes éclos de l’imagination primitive.
Son stile seroit encore supportable, s’il étoit moins chargé de vieux mots.
D’une part, vous pouvez offrir le tableau des mœurs dans toute sa naïveté : un vieux château, un large foyer, des tournois, des joutes, des chasses, le son du cor, le bruit des armes, n’ont rien qui heurte le goût, rien qu’on doive ou choisir ou cacher.
Le vieux Loïs des Masures, Tournisien, qui nous a laissé les quatre premiers livres de l’Énéide en carmes françois, a traduit ainsi ce morceau : …………… Si d’un petit Énée, Avec ses yeux, m’estoit faveur donnée, Qui seulement te ressemblas de vis, Point ne serois du tout, à mon advis, Prinse et de toi laissée entièrement.
Certes, je t’aime, tu es le plus cher à mon cœur parmi tous les plus chers ; mais, dussent tes muscles sécher sous toi et se racornir comme de vieilles cordes de violon, — tu n’auras point ta chaise ; tu demeureras, jusqu’au dernier jour, accroupi dans la posture sacrée de nos pères.
Nous nous étions laissé dire que Gérard de Nerval étudiait avec amour les sciences occultes et reprenait, pour savoir ce qu’elles contiennent encore, ces vieilles méthodes du Moyen Âge que Bacon et Descartes ont écrasées sous leur mépris de novateurs.
« Le Roman bourgeois — dit avec raison Asselineau — est le premier roman d’observation qu’ait produit la littérature française. » La manière de l’auteur, ce vieux raillard, comme parlerait Rabelais (le père à tous de ces observateurs ricanants de la nature humaine et du monde), la manière de l’auteur, incisive, colorée, gauloise, étreignant la réalité, et quelquefois jusqu’au cynisme, est caractérisée avec beaucoup de bonheur par Charles Asselineau.
Le vieux patriarche de la pensée allemande avait été accusé de se désintéresser des destinées de la patrie.
Homère déjà vieux composa l’Odyssée, lorsque les passions des Grecs commençaient à être refroidies par la réflexion, mère de la prudence.
J’ai devant moi un de ces vieux in-folios carrés344, en lettres gothiques, où des pages usées par les doigts calleux ont été raccommodées, où une vieille estampe rend sensible aux pauvres gens les exploits et les menaces du Dieu tonnant, où la préface et la table indiquent aux simples la morale qu’il faut tirer de chaque histoire tragique, et l’application qu’il faut faire de chaque précepte ancien. […] La grave et vibrante parole les ébranle du premier coup ; ils l’entendent par l’imagination et par le cœur ; ils ne sont pas, comme nous, asservis à la régularité de la logique, et le vieux texte, si heurté, si fier et si terrible, peut garder dans leur langue sa sauvagerie et sa majesté. […] Comme un splendide insecte qui s’est transformé et qui a perdu ses ailes, on voit la poétique génération d’Élisabeth disparaître et ne laisser à sa place qu’une lourde chenille, fileuse opiniâtre et utile, armée de pattes industrieuses et de mâchoires redoutables, occupée à ronger de vieilles feuilles et à dévorer ses ennemis. […] Elle se souvient qu’elle a deux volumes dans un vieux sac : le Chemin de l’homme simple au ciel et la Pratique de la piété ; pour se consoler il les épelle, et la pensée imprimée, déjà auguste par elle-même, devenue plus auguste par la lenteur de la lecture, s’enfonce comme un oracle dans sa croyance subjuguée. […] On croit revoir, en le lisant, les vieilles cartes géographiques du siècle où les profils saillants des cités anguleuses sont enfoncés dans le cuivre par un burin aussi sûr qu’un compas423.
Victor Hugo va les trouver dans ce jardin des Feuillantines, un jardin de couvent abandonné, où s’était établie la famille Hugo ; jardin plein de vieux arbres, de jeunes fleurs, auxquels le poète est resté plus tard toujours reconnaissant, et auxquels l’enfant était d’autant plus attaché qu’il craignait sans cesse qu’on vînt l’arracher à ce jardin. […] Puis, l’admiration éclate, et dans des pièces telles que Bounaberdi, Lui, d’autres encore, ce qu’il célèbre, c’est le Napoléon promenant ses bataillons vainqueurs à travers l’Europe et revenant joyeux dans sa vieille capitale aux acclamations de tout un peuple. […] Es-tu, je t’en soupçonne, Le vieux cadran de fer Qui sonne L’heure aux damnés d’enfer ? […] Dans les Poèmes antiques, il s’est efforcé de ressusciter la civilisation antique, la religion grecque ; dans les Poèmes barbares, il s’est efforcé de nous donner une idée surtout de la civilisation orientale, des religions hindoues, des vieux mythes. Et, vous voyez, là-dedans, quel rapport y a-t-il entre les vieux mythes hindous et Leconte de Lisle, bibliothécaire du sénat et candidat à l’Académie française.
Vieille en 1720, date de la note manuscrite, était-elle une de ces personnes dont La Bruyère, au chapitre du Cœur, devait avoir l’idée présente quand il disait : « Il y a quelquefois dans le cours de la vie de si chers plaisirs et de si tendres engagements que l’on nous défend, qu’il est naturel de désirer du moins qu’ils fussent permis : de si grands charmes ne peuvent être surpassés que par celui de savoir y renoncer par vertu. » Était-elle celle-là même qui lui faisait penser ce mot d’une délicatesse qui va à la grandeur ? […] « En vérité, je ne doute point, s’écrie La Bruyère avec un « accent d’orgueil auquel l’outrage a forcé sa modestie, que « le public ne soit enfin étourdi et fatigué d’entendre depuis « quelques années de vieux corbeaux croasser autour de ceux « qui, d’un vol libre et d’une plume légère, se sont élevés à « quelque gloire par leurs écrits. » Quel est ce corbeau qui croassa, ce Théobalde qui bâilla si fort et si haut à la harangue de La Bruyère, et qui, avec quelques académiciens, faux confrères, ameuta les coteries et le Mercure Galant, lequel se vengeait (c’est tout simple) d’avoir été mis immédiatement au-dessous de rien 150 ? […] Était-ce le vieux Boyer151 ou quelque autre de même force ?
Désormais ils acceptent la familiarité pour avoir le sans-gêne, et sont contents « de se mêler sans faste et sans entraves à tous leurs concitoyens » Certes, l’indice est grave, et les vieilles âmes féodales avaient raison de gronder. […] Désormais, avec ou sans les privilégiés, il sera, sous la même dénomination, appelé le peuple ou la nation. » — N’objectez pas qu’un peuple ainsi mutilé devient une foule, que des chefs ne s’improvisent pas, qu’on se passe difficilement de ses conducteurs naturels, qu’à tout prendre ce clergé et cette noblesse sont encore une élite, que les deux cinquièmes du sol sont dans leurs mains, que la moitié des hommes intelligents et instruits sont dans leurs rangs, que leur bonne volonté est grande, et que ces vieux corps historiques ont toujours fourni aux constitutions libres leurs meilleurs soutiens. […] Ce sont là des feux de paille, tout au plus des feux de cheminée : mais, avec un seau d’eau froide, on les éteint ; et d’ailleurs ces petits accidents nettoient les cheminées, font tomber la vieille suie. » Prenez garde : dans les caves de la maison, sous les vastes et profondes voûtes qui la portent, il y a un magasin de poudre.
Il marche à la tyrannie chez lui-même en allant porter sa propre tyrannie dans le monde ; bientôt il ne saura plus où retrouver le principe de l’autorité des gouvernements légitimes, c’est-à-dire naturels, de la société politique, trop vieux et trop irrespectueux pour le gouvernement patriarcal, trop égalitaire pour le gouvernement des castes, trop sceptique pour le gouvernement théocratique, trop ardent en nouveautés pour le gouvernement des coutumes et des dynasties, trop agité pour le gouvernement constitutionnel et l’équilibre des pouvoirs, trop turbulent pour le gouvernement des républiques, et trop impie envers ses propres droits pour les défendre soit contre l’oppression d’en haut, soit contre l’oppression d’en bas. […] Confucius résume en lui toutes les lumières, toutes les vertus et toutes les expériences du vieux monde indien ; il résume, de plus, selon toute apparence, le vieux univers antédiluvien, si les révélations, les monuments et les traditions antédiluviennes vivent encore dans la mémoire des hommes.
Félicitons-nous de ce que nos vieux mystères, ni les tragédies de Jodelle, même de Mairet et de Rotrou, n’ont rien offert de comparable aux conceptions originales du poète anglais. […] Mais quand le roi Lear intéresse les cieux à sa cause et les supplie de le venger, s’ils sont vieux comme lui12, ou bien quand Marie Stuart s’écrie : Vois-tu cet horizon qui se prolonge immense ? […] Toutes les éditions de Boileau portent : Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope, et Brossette n’a pas manqué d’observer que « ce n’est pas Scapin qui s’enveloppe dans un sac : c’est le vieux Géronte à qui Scapin persuade de s’y envelopper ».
Elles sont alors à l’image, non de la vieille épouse clandestine de Louis XIV, toute composée, tout en son rôle, tout occupée à accroître et à cacher sa puissance, mais de la veuve de Scarron, alors qu’elle avait besoin de son amabilité pour attirer la fortune, et que Mme de Sévigné parlait de « son esprit aimable et merveilleusement droit186. » Elles ont je ne sais quoi de plus sensé, de plus simple, de plus efficace. […] Les caractères abaissés, les influences des cabinets secrets, la servitude des courtisans, les ministres portés au conseil par leur habileté au jeu de billard, les gens de guerre qui ont peur du feu187; une vieille femme qui se rend puissante auprès du maître le plus jaloux, en affectant de ne vouloir que ce qu’il veut ; les fortunes faites par les petits moyens, depuis que les grands sont devenus suspects ; les anecdotes innombrables, depuis que les grandes actions sont devenues rares ; voilà la matière où se plaît Saint-Simon et où il excelle. […] Quel tableau que celui de ces espérances détruites par la mort du prince ; de ce règne dévoré d’avance ; de ces dettes contractées sur une succession qui ne doit pas s’ouvrir ; de ce deuil extérieur de tous, qui cache tant de pensées diverses et la profonde joie de quelques-uns ; de ce vieux roi qui pleure à la porte de son fils !
Mais un vieux conseiller « secret et réel », de je ne sais plus quoi, me montra les visages célèbres : la comtesse de Schleinitz, Ernest Dohm, le spirituel rédacteur du Kladderadatsch, avec ses deux ravissantes filles, Tappert, Davidsohn, à côté duquel je me trouvai assis au théâtre, et Paul Lindau lui-même, avec sa moustache blonde, son teint rose et son chapeau à larges bords sur ses petits cheveux frisés : toutes figures que j’ai retrouvées et reconnues, après six ans, à Bayreuth. […] Une véritable œuvre d’art dépend jusqu’à un certain point de son milieu : les Grecs le savaient bien, et Wagner l’a compris, en choisissant pour son théâtre ce coin retiré des montagnes bavaroises qui fait penser à un fond de tableau de Dürer : la promenade sous les vieux arbres du parc évoque déjà le moyen-âge, et l’on sent passer je ne sais quels souffles mystiques dans le paysage que domine la plate-forme de l’édifice : une étendue bosselée dont le vert est piqué des taches plus foncées des bois de sapins… En sorte que l’âme est toute prête aux accords religieux qui accompagnent la marche des chevaliers du Graal, et toute prête aussi à pénétrer le sens profond que lui offre la légende du « Pur-Simple, sachant par compassion… » J’ai entendu l’œuvre de Wagner un peu partout : à Cologne, la vieille ville amie, à Munich, à Berlin, à Bayreuth, et dans ce froid théâtre de Covent Garden qui devrait être à jamais réservé aux exhibitions mondaines.
Nous ne voulons pas refaire ce que d’autres ont fait ; nous ne voulons pas non plus, dans cet article, examiner les vieux romans, sources du poème, car ces intéressantes recherches, appliquées aux œuvres de Wagner, sont la cause d’innombrables malentendus ; nous nous abstiendrons aussi de tout jugement et de toute réfutation. […] La vieille légende du Charme du Vendredi Saint revînt à sa mémoire ; ce jour où Dieu, par pitié donna sa vie pour l’homme, l’homme lui-même a pitié des animaux et des plantes, il ne leur fait point de mal, et ses larmes de repentir arrosent les prés et les font fleurir. […] Primitivement, nous ne devions voir Parsifal qu’errer par le monde ; aujourd’hui, ce long épisode de sa vie, qui remplit les vieux poèmes, est réduit à une simple mention, dans ce seul vers : « Je suivis les sentiers de l’erreur et des souffrances … » Dans le Ring et dans Tristan (que le maître considérait comme un acte du Ring) Wagner avait créé l’image de la vie-réelle, du « monde qui n’est que misère » : dans Parsifal, — où il a expressément, tenu à établir un strict parallélisme avec le Ring — il a « bâti le monde saint d’une meilleure vie »au.
Servières appelle « la vieille garde » contemplent leur victime, et semblent dire au public : « Vois comme nous te sommes supérieurs : nous avons admiré les œuvres d’un musicien allemand, nous l’avons dit et répété, quelques-uns d’entre nous ont même pris la peine de te faire entendre des échos de ses œuvres, et maintenant tu es forcé d’être de notre avis ». […] Toute « la vieille garde » s’est irritée de voir sa digestion des œuvres de Wagner interrompue, et, comme on peut le voir chez M. […] Schuré a très bien traduit par ces deux vers : Cela fâche la confrérie De nos bons vieux !
Or, en cherchant ce qui était national pour les peuples allemands, on trouva les vieux chants germaniques, les légendes populaires, et plusieurs critiques finirent par se persuader que la source merveilleuse où devait puiser l’Allemagne n’était autre que le moyen âge. […] C’est en vain que le vieux Gescon, témoin de ses transports impudiques, lui jette l’injure à la face ; elle demeure impassible et comme protégée par son innocence. […] Ce n’est pas une conjecture ; j’atténue au contraire l’expression de la colère poétique sur les lèvres du vieux maître : s’il a porté ce jugement sur Notre-Dame de Paris, de quels termes se serait-il servi pour condamner Salammbô ?
qu’il faut bien que la critique ait desséché votre cœur et corrompu votre esprit, pour que, dans ce lamentable spectacle d’hier soir, vous n’ayez vu en effet qu’une petite comédienne de seize à dix-sept ans, qui joue une comédie en vers, qui imite à s’y méprendre mademoiselle Mars ; une belle personne en sa fleur qui étale de son mieux sa main, son pied, son sourire, son doux regard, et qui circule lestement à travers les vieux hommes qui l’entourent. […] Vous ne voulez pas que je m’étonne quand j’entends retentir autour de ces seize ans non accomplis, les dissertations conjugales du seigneur Arnolphe, et ces mots grossiers de la vieille langue bourgeoise que M. […] Enfin, et ceci est une critique à faire aux pédants (meâ culpâ), armés de citations dans l’une et l’autre langue ( utriusque linguæ , disait Horace) : « Ne paraissez pas si savant, de grâce ; humanisez votre discours et parlez pour être entendu. » Qui voudrait avoir le secret de la critique appliqué à l’art du théâtre, se pourrait contenter d’étudier et de méditer La Critique de l’École des femmes ; il y trouverait les meilleurs et les plus utiles préceptes de prudence, de modération, de finesse, et comme dit un de nos vieux auteurs : En délectant profiteras.
Pour cet esprit divinateur en tant de choses, le génie qu’il a essayé de pénétrer, quoique mollement éclairé dans sa partie centrale et profonde, a cependant des côtés mis heureusement en plus vive lumière, et l’un des plus frappants c’est le vieux Latin dans le doux Virgile, que Sainte-Beuve a très bien su voir. […] Les éditeurs patentés, les légataires universels, les nièces ou les parentes quelconques, se mettent à l’ouvrage et vident exaspérément les vieux tiroirs. […] Aussi le légataire qui met Sainte-Beuve lui-même dans son legs, et qui avait gratté déjà le vieux tiroir et publié une série de premières lettres, l’a-t-il raclé pour le coup et a-t-il publié les Lettres à la Princesse, lesquelles ne sont pas seulement l’exploitation du nom de Sainte-Beuve qui les a signées, mais l’exploitation d’un autre nom qui n’y est pas ?
La rage soulevée venait confirmer ce fait, que Zola avait touché juste en attaquant le vieux principe spiritualiste et dualiste, en s’affiliant au mouvement profond d’émancipation de la pensée moderne vis-à-vis de la philosophie traditionnelle directement issue du christianisme. D’avoir battu en brèche, sans relâche, avec une énergie extraordinaire, dans sa critique et dans son œuvre, le vieux spiritualisme ; de s’être insurgé contre le meurtrier dualisme chrétien de l’âme et du corps, d’avoir brutalement revendiqué la vie de la terre et de la matière, réentendu la nature et l’instinct, voilà ce qu’il est impossible de lui contester, et ce qui suffirait à légitimer sa gloire. […] En niant les vieilles et profondes intuitions de la métaphysique, en n’apercevant pas le lien qui les unit aux jeunes découvertes de la physique (au sens large), il a brutalement dissocié l’être humain, et méconnu une part énorme de sa richesse.
Il railla durement les théologiens pédants, adorateurs dévots des vieux textes, qui prennent un martyrologe moisi pour un argument solide et répondent à une démonstration par une citation. […] Comme Shakspeare, il imagine à tous propos, hors de propos même, et scandalise les classiques, et les Français. « Les corrupteurs de la foi, dit-il, ne pouvant se rendre eux-mêmes célestes et spirituels, ont rendu Dieu terrestre et charnel ; ils ont changé son essence sacrée et divine en une forme extérieure et corporelle ; ils l’ont consacrée, encensée, aspergée ; ils l’ont revêtue non des robes de la pure innocence, mais de surplis et d’autres habillements déformés et fantastiques, de palliums, de mitres, d’or, de clinquant, ramassés dans la vieille garde-robe d’Aaron ou dans le vestiaire des flamines. […] Des expressions terribles viennent accabler les oppresseurs des livres, les profanateurs de la pensée, les assassins de la liberté, « le concile de Trente et l’inquisition, dont l’accouplement a engendré et parfait ces catalogues et ces index expurgatoires, qui fouillent à travers les entrailles de tant de vieux et bons auteurs par une violation pire que tous les attentats contre leurs tombes478. » Des expressions égales flagellent les esprits charnels qui croient sans penser et font de leur servilité leur religion. […] Ce diable ridicule au moyen âge, enchanteur cornu, sale farceur, singe trivial et méchant, chef d’orchestre dans un sabbat de vieilles femmes, est devenu un géant et un héros. […] Le souffle héroïque du vieux combattant des guerres civiles anime la bataille infernale, et si l’on demandait pourquoi Milton crée de plus grandes choses que les autres, je répondrais que c’est parce qu’il a un plus grand cœur.
Cette polémique en général est faite, dans les Débats, par M. de Sacy, fils de l’illustre orientaliste, et l’un des plus honnêtes, des plus consciencieux écrivains de la presse périodique, comme aussi l’une des plumes les plus saines et les plus françaises au vieux sens de Nicole et de Bourdaloue.
Le journal la Presse et un journal des tribunaux, le Droit, viennent, dit-on, de faire marché avec le chemin de fer d’Orléans pour recevoir par un convoi à part des nouvelles du procès Lacoste qui va se débattre dans le Midi : madame Lacoste est, comme madame Lafarge, une jeune femme qu’on accuse, d’avoir empoisonné son vieux mari.
Les illustres feuilletons eux-mêmes languissent ; le Juif Errant aux abois s’est jeté sur les jésuites, matière un peu vieille et qui redevient un peu coriace. — L'Ultramontanisme de Quinet a été fort sévèrement et fort judicieusement jugé par Lerminier dans la Revue des Deux Mondes ; Lerminier qui a, lui aussi, en son temps, connu les ivresses de la popularité et qui en a eu ensuite les déboires, était en mesure de faire la leçon à Quinet là-dessus : tout le détail de cet article et les remarques sur cette érudition confuse et fougueuse ont beaucoup d’à-propos et un grand caractère de raison.
La ballade, asservie à ses vieilles maximes, Souvent doit tout son lustre au caprice des rimes.
Le vieux ne se sent pas le courage — et pourquoi ne le dirait-il pas — le talent d’écrire, lui tout seul, les deux études qui manquent au livre.
Cette poésie descriptive italienne passa en France, et fut favorablement accueillie de Ronsard, de Lemoine, de Coras, de Saint-Amand, et de nos vieux romanciers.
Je n’ai pas besoin de dire qu’on ne peut guère comprendre comment un esprit grave, un philosophe habitué à combiner ses idées d’une manière raisonnable, se serait occupé à imaginer ces contes de vieilles, bons pour amuser les enfants, et dont Homère a rempli l’Odyssée.
Dans le désordre qui suit cette mort, Jean-Jacques vole un « petit ruban couleur de rose et argent, déjà vieux ». […] Il s’agit d’un « petit ruban » et « vieux », qui par conséquent pouvait valoir quelques sols. […] Je me figurais une vieille dévote bien réchignée ; la bonne dame de M. de Pontverre ne pouvait être autre chose à mon avis. […] Quelquefois nous restions là jusqu’à minuit sans y songer et sans nous douter de l’heure, si la vieille maman ne nous en eût avertis. […] que vient faire cette vieille ?
Le vieux conventionnel, dans les Misérables, vient d’emporter l’un après l’autre tous les retranchements intérieurs de l’évêque. […] C’est un mauvais conducteur du genre humain que celui qui est athée. » Le vieux représentant du peuple ne répondit pas. « Il eut un tremblement. […] Ce Dieu, je le redis, a souvent dans les âges Subi le hochement de tête des vieux sages ; …………………………………………………… Soit. […] Que la vie soit une, se répète indéfiniment, voilà un lieu commun aussi vieux que la vie même. […] Sous ce rapport on peut le rapprocher, d’une manière bien inattendue, du vieux philosophe d’Ephèse, Heraclite, dont les sentences voulant montrer dans la mort l’œuvre même de toute vie, s’appuie sur l’analogie des mots, en grec, désignent la vie et l’arc (βίος et βίός) il s’écrie : l’arc a pour nom vie et pour œuvre mort. » Malgré ces jeux de mots et d’idées, niera-t-on la profondeur d’Heraclite, l’un des penseurs qui ont été le plus avant au cœur des choses ?
Dans cela, il y a trois idées ; le reste est remplissage, tiré par les cheveux, détestable ; mais le vieux général pleurait, et il est venu m’embrasser. […] La gaieté et l’entrain y sont d’ailleurs fréquemment coupés par la maladie, la gastrite et les accès de découragement. « Je ressemble à ces vieux chevaux de bonne maison qui, bien pansés, bien cirés, bien harnachés et un peu poussés d’avoine, redressent encore la tête et piaffent avec élégance ; mais plus de fond, plus de nerf… L’élan est toujours là, impétueux, terrible, mais il ne faut pas que la course soit longue. » Dans ce camp du Fondouck, dans ces commandements de misérables bicoques où l’on est relégué durant des saisons, il y a de longs intervalles d’ennui, d’attente, où l’on est visité par la fièvre ; on sent qu’on s’use et qu’on se mine sans profit : « Ah ! […] Il va nous dire la messe en face d’un vieux temple chrétien. […] Ses lettres, conservées avec intérêt dans sa famille et publiées aujourd’hui par elle, sont tout naturellement une des productions les plus agréables de cet esprit français si vif, si net, si improvisé, et qui n’a jamais fait faute en aucun temps à nos hommes de guerre, à remonter jusqu’au vieux Villehardouin.
Sa conduite précédente ne pouvait en rien annoncer de la moralité, et souvent il parlait de la vertu comme d’un conte de vieille femme. […] L’entretien du vieux ministre et du jeune dictateur fut long et dut être intéressant : c’était la rencontre de deux hommes, dont l’un avait perdu une monarchie, dont l’autre reconstruisait tout ce que le premier avait démoli. […] Un vieux invalide, à cheveux blancs, assis non loin de là, était resté quelque temps à contempler ces enfants ; enfin, il se leva, et, les prenant par la main, il leur dit, en versant quelques pleurs : « Ne jouez pas là, mes enfants, je vous en prie. » Ces larmes furent tous les honneurs qu’on rendit au descendant du grand Condé, et la terre n’en porta pas longtemps l’empreinte. […] J’ai été jeune et je suis devenu vieux, et, dans cette vie incertaine, le Tout-Puissant m’a envoyé beaucoup de joie et de douleur.
a repris en sous-œuvre pour toute nouveauté cette vieille figure qu’il a seulement rendue plus blême, plus inanimée, plus exsangue… Quoi d’étonnant, du reste ? […] Pour lui, la grande faiblesse de Robespierre et le reproche que l’avenir élèvera contre sa mémoire, c’est d’avoir de lui-même rappelé au peuple, qui n’y pensait plus, ce vieux Dieu déchu et vaincu qui avait asservi l’univers. […] Michelet n’a pas toujours feuilleté l’histoire pour y porter le trouble ou pour l’y trouver… Celle du passé a dû lui apprendre que la France, selon l’heureuse expression d’un moraliste anglais, n’a jamais eu de salique que sa monarchie, et l’histoire du présent a dû ajouter à cette notion vraie : que sur cette vieille terre du Vaudeville et de la galanterie, la femme continue d’être pour les hommes, malgré l’épaisseur de leurs manières et la gravité de leurs cravates, la première et la plus chère de toutes les préoccupations. […] Michelet ne craint pas de dire, page 113 : « Entourée d’amants en Angleterre, elle leur préférait un chanteur de chapelle italienne, laid et vieux, qui la pillait et vendait ses diamants, et en France… » Nous ne pouvons achever la citation sur cette touchante Théroigne, la meurtrière de Suleau, et qu’on pourrait appeler aussi l’ange de l’assassinat, puisque le mot est consacré !
Ce sont là des procédés d’académie (dans le vieux sens) et des émotions de famille ; il faudrait être un trouble-fête pour trouver à y redire. […] C’était déjà le faible du vieux Nestor, et, si nous n’y prenons garde, c’est le nôtre.
On parle du livre que celui-ci vient de faire paraître ; il en demande son avis à l’officier, qui lui répond d’abord : « Je ne suis guère en état d’en juger ; ce n’est pas un livre fait pour moi, je suis trop vieux », donnant à entendre qu’en vieillissant, le goût, comme le palais, devient plus difficile. […] Une vieille amie, Mlle Saint-Jean, se dévoua à le soigner et à tenir sa maison, en y mettant du sien sans qu’il parût s’en douter.
Cicéron avait dit, — s’était fait dire par Atticus dans son dialogue Des lois —, que l’histoire était un genre d’écrit éminemment oratoire (« opus hoc oratorium maxime ») ; Atticus lui conseille de s’y appliquer : « Depuis longtemps, dit-il à son éloquent ami, on vous demande une histoire, on la sollicite de vous ; car on est persuadé que, si vous traitiez ce genre, là aussi nous ne le céderions en rien à la Grèce. » Il est bien entendu qu’il ne s’agit pas, pour Cicéron, de remonter jusqu’aux origines, aux contes de vieille sur Rémus et Romulus, mais bien de retracer les grandes choses de l’histoire contemporaine et les spectacles dont on a été témoin en ce siècle d’orages, y compris cette mémorable année de son consulat. […] Guizot, tout allait bien, et il parlait de ces choses du dedans à qui savait les entendre ; mais devant les contradicteurs, et avec ses tâtonnements de parole, il restait court et se déconcertait aisément : Le 25 novembre (1817), j’ai passé la soirée chez l’abbé Morellet. — Conversation psychologique. — Mon vieux ami m’a demandé brusquement : « Qu’est-ce que le moi ?
Michelet est une puissance établie : j’y ai résisté assez longtemps, malgré ma vieille amitié pour l’homme, je capitule ; je la reconnais enfin, cette puissance, et je demande seulement de ne pas la discuter. […] Un Faune malin écoute le jeune Bacchus, que Silène instruisait, pendant qu’assis au pied d’un vieux chêne il récite ou chante des vers, et le demi-dieu folâtre marque à Silène, par un ris moqueur, toutes les fautes du dieu ; les Naïades et les autres Nymphes du bois souriaient aussi.
Il avait fait depuis longtemps ce vœu d’imagination qu’il lui semblait réaliser en ce moment : Je veux aller un jour sur un faîte sublime, Dans quelque vieux couvent penché sur un abîme, Où je n’entendrai plus aucun bruit des vivants ; Sur quelque Sinaï, sur un Horeb en flamme, Où l’Éternel descend, pour se montrer à l’âme, Vêtu de la foudre et des vents ! […] ma mère déjà vieille !
Le grand Corneille enfin (car il est de cette famille), Corneille couvert de cicatrices, épuisé, mais infatigable et sans relâche comme ses héros, pareil à ce valeureux comte de Fuentès dont parle Bossuet, et qui combattit à Rocroi jusqu’au dernier soupir, Corneille ramènera obstinément au combat ses vieilles bandes espagnoles et ses drapeaux déchirés. […] Desdemona, émue du vague pressentiment de sa fin, revient toujours, sans savoir pourquoi, à une chanson de Saule que lui chantait dans son enfance une vieille esclave qu’avait sa mère.
Il connut Boileau, alors vieux et chagrin, et reçut de lui des conseils et des traditions. […] Mais, depuis qu’au commencement de ce siècle d’ardents et généreux athlètes ont rouvert l’arène lyrique et l’ont remplie de luttes encore inouïes, cet instinct bas et envieux, qui est de toutes les époques, a ramené Rousseau en avant sur la scène littéraire, comme adversaire de nos jeunes contemporains : on a redoré sa vieille gloire et recousu son drapeau.
On rencontre alors des actions, des mots d’une grâce suprême, uniques en leur genre, comme une mignonne et adorable figurine de vieux Sèvres. […] Ils ignorent la structure de la vieille fabrique317 dont ils occupent le premier étage.
L’aînée de ses filles, jeune personne très-jolie et très-intéressante, avait été demandée en mariage par un vieux gentilhomme riche de l’Est de la France. […] On confondait les vieux et les jeunes militaires dans la même admiration.
Pour Rollin, dans ces histoires anciennes qu’il conte à la jeunesse, il y a du moins une chose que ce vieux martyr du jansénisme, ce doux révolté qui se fit chasser de son collège, casser du rectorat, exclure des assemblées de l’Université plutôt que d’accepter l’abominable bulle, il y a une chose qu’il voit dans l’antiquité, et il la fait voir, sans se douter combien elle est subversive de l’ordre établi : c’est la raide énergie des âmes, le sacrifice volontaire et répété des intérêts, des affections, des existences à une idée de patrie, de liberté ou de vertu. […] Ce gentilhomme qui abhorre les « philosophicailleries modernes », qui l’ait de la religion la base de la société, qui sollicite du despotisme royal des lettres de cachet contre fils, femmes et filles, cet homme de vieille roche, ce dur, cet intraitable féodal est l’ennemi des prêtres, des commis, des financiers, des courtisans, fait des avances à Jean-Jacques, bénit Quesnay, ne rêve que progrès, améliorations sociales, bonheur du peuple, et se fait mettre à Vincennes pour le libéralisme de sa théorie de l’impôt.
Le bohème a sa fin dans son état transitoire lui-même ; il raconte toute sa vie qu’il va créer, jusqu’au jour où il prend l’attitude du vieux lutteur que la dureté de la vie a empêché de se révéler. […] Il est juste de dire que les trois quarts des jeunes peintres et écrivains se sont rangés à cette conception, et seuls les vieux romantiques survivants songent à s’en plaindre.