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2415. (1940) Quatre études pp. -154

Devant cette assemblée nombreuse et vive, je parlais de l’évolution de la poésie française au dix-neuvième siècle. […] Elles parlaient, rieuses, moqueuses un peu, mais non pas du tout indifférentes, de ce qui était évidemment pour elles une surprenante nouveauté. […] Et je ne parle pas des odes dans lesquelles Boileau s’est évertué à mettre quelque désordre, estimant que le genre comportait cette pénible nécessité. […] Déjà César remarquait que les Gaulois parlaient facilement, abondamment : c’est une tradition qui n’a guère varié depuis. […] Koszul, dans sa Jeunesse de Shelley, parle très justement du « réalisme patient de promeneur à pied… » de Wordsworth.

2416. (1899) Arabesques pp. 1-223

Parlons de M.  […] Maintenant, assez parlé de moi. […] Le naturisme, on n’en peut encore parler très longuement. […] Mais ne parlez pas de la Renaissance à M.  […] Perdus dans la nuit, ils parlent du soleil qui leur illumine l’âme.

2417. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

Il brutalise ses prédécesseurs ; quand il parle des biographes de Cromwell, il prend l’air d’un homme de génie égaré parmi des cuistres. […] Il parle comme Fichte « de l’idée divine du monde, de la réalité qui gît au fond de toute apparence. » Il parle comme Gœthe « de l’esprit qui tisse éternellement la robe vivante de la Divinité. » Il emprunte leurs métaphores, seulement il les prend au pied de la lettre. […] Je le laisserai parler lui-même ; il va dire au lecteur ce qu’il a vu. […] Carlyle parle avec une indifférence méprisante1448 du dilettantisme moderne, semble mépriser les peintres, n’admet pas la beauté sensible. […] Le rude effort pratique en Scandinavie et ailleurs, depuis Odin jusqu’à Walter Raleigh, depuis Ulfila jusqu’à Cranmer, a rendu Shakspeare capable de parler.

2418. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Le langage le plus expressif, le plus bel en pathétique, c’est le parler universel. […] Mais le malheur est que, n’étant point dilettante, nous ayons à parler d’un dilettante. […] Sa joie est toute précieuse, et il lui arrive de parler comme une prude. […] il prêche l’optimisme, avec une voix si ineffable, si confidentielle et chuchotée qu’on ne sait vraiment s’il parle à soi-même, à quelque naïf néophyte ou à une femme aimée qu’il étreint tendrement. […] Zola qui, pourtant, cessa de se contempler pour regarder autour de soi, a laissé parler et agir ses héros selon leurs conditions et leurs instincts.

2419. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre II. Vérification de la loi par l’examen de la littérature française » pp. 34-154

. — L’arrêt du Parlement, de 1548, prohibant les mistères sacrés, s’explique par beaucoup de raisons ; on parle surtout des scrupules religieux ; c’est juste ; il semble toutefois que ces scrupules furent bien lents à se manifester et à obtenir une sanction ; on parle du goût littéraire nouveau de la Renaissance ; c’est juste encore, mais la Renaissance n’est pas qu’un fait littéraire, heureusement. […] Je sais bien qu’en Allemagne il souffre encore de l’étrange incompréhension de Lessing, qu’on y parle encore de la « froideur doucereuse » de Racine ; il y a pourtant, depuis quelques années, une réaction en sa faveur ; en France même, il semble qu’on découvre en lui un homme nouveau. […] Il a parlé pour plusieurs siècles, et son œuvre est loin d’être accomplie. — Qu’on relève chez lui, tant qu’on voudra, des erreurs de faits, des exagérations, des lacunes morales ; cela n’a plus aujourd’hui que bien peu d’importance. […] Avant Taine, et surtout depuis lui, on a parlé des rapports intimes qu’il y a entre l’art d’un pays et ses conditions politiques et sociales ; je crois avoir ici démontré ces rapports avec une rigueur mathématique. […] Et qu’on ne parle pas des besoins pratiques de l’école !

2420. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

C’est à ce moment précis qu’il estime utile autant que juste de faire parler ex professo l’officier ministériel de rigueur. […] Celui qui n’a rien composé ou peu de chose est en vedette au programme ; on ne parle que de sa création ; il la fait jouer longtemps, reprendre souvent en province ; il en recueille l’honneur complet. […] On ne s’imaginerait point, si les exemples ne parlaient sous nos yeux, vivants et flagrants, jusqu’où peut aller l’indifférence esthétique de ceux que nous appelons des fabricateurs de littérature populaire. […] D’autre part, l’auteur, comprenant sa tâche qui est de se mettre à la portée de tous, de plaire, d’entraîner les imaginations, de cultiver la curiosité, s’ingéniera à retrouver les qualités que nous sommes en train de perdre et qui sont celles du conteur alerte, inventif, de parler clair et d’humeur facile. […] Je crois fermement que Mgr Myriel et Jean Valjean présentés à la masse l’intéresseraient aussi fortement (et de façon supérieure) que les aventures débitées par les fabricants dont vous parlez.

2421. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Il faut en tenir compte au brillant, aimable et intermédiaire génie dont nous parlons. […] Mais lorsqu’ensuite, dans son culte enthousiaste, il s’obstina jusqu’au bout à parler de Pichegru comme d’une pure victime, comme d’un bon Français et d’un loyal défenseur du sol, il fut moins fidèle à l’information de l’histoire qu’à la reconnaissance et au pieux désir. […] Nodier, si fait pour pratiquer ces voies et pour les suivre, et qui, jeune, en savait mieux que les noms, ne les hanta, pour ainsi parler, qu’à la traverse, et ne s’y enfonça à aucun moment en droiture. […] Bayle parle quelque part de ces lectures mélangées qui sont comme le dessert de l’esprit. […] Les autres ouvrages dont je parle en dispensent.

2422. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Toutes les fois que l’homme se prépare à parler dignement de Dieu, il éprouve le besoin de se mettre en face de la nature. […] Et n’est-ce pas une chose singulière qu’Ovide ait parlé sur l’homme précisément dans les termes de saint Paul ? […] Quant à celui qui parle ou qui écrit pour ôter un dogme national au peuple, il doit être pendu… Pourquoi a-t-on commis l’imprudence d’accorder la parole à tout le monde ? […] Ici il s’arrête, comme s’il n’osait achever et révéler au monde la nature des freins et des supplices dont, lui, ministre de l’État, il bâillonnerait et musellerait ceux qui oseraient penser et parler autrement que lui, philosophe ! […] Nous savons bien, encore une fois, que ce sont là des plaisanteries ; mais des plaisanteries sanglantes sont-elles à leur place dans la bouche d’un homme qui parle au nom d’un Dieu victime et qui en ferait ainsi un Dieu bourreau ?

2423. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

C’est le plaisir en tout genre (et puisque nous ne parlons ici que de littérature), c’est le plaisir littéraire qui est chargé de rendre à l’esprit cette élasticité, cette gaieté de notre ressort moral, nécessaire à l’homme de toute condition pour faire, comme disait Mirabeau, son métier gaiement. […] J’en parlerais avec plus d’orgueil si moi-même je n’en avais pas été, quoique bien loin des autres, une faible partie : Et quorum pars parva fui. […] « Je voudrais, m’y disait-elle, avoir sous la main une feuille de papier longue et large comme le firmament pour la remplir de mon bavardage et de mes épanchements avec vous. » Jeunesse, beauté, bonté, génie, âme de prédilection parmi les âmes expressives, la petite croix dont parle Alfred de Musset couvrit tout. Voilà la vision à la fois charmante et surnaturelle que le hasard aurait dû placer à temps sur la route du poète dont nous parlons ! […] Il n’y avait en lui de solide que ce qu’on entend par l’honnête homme : tout le reste était d’un enfant ; ses fautes même dont on a trop parlé n’étaient que des enfantillages.

2424. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Je ne vous parlerai point de l’effet de ce tableau, je vous demanderai seulement sur quelle toile vous le croyez peint. […] Dans cet asyle désert, solitaire et vaste je n’entends rien, j’ai rompu avec tous les embarras de la vie ; personne ne me presse et ne m’écoute ; je puis me parler tout haut, m’affliger, verser des larmes sans contrainte. […] Il faut parler des choses modernes à l’antique. […] Ces ruines me parleraient. […] Aussitôt qu’on s’est accommodé d’un certain style figuré, d’une certaine langue qu’on appelle poétique, aussitôt qu’on a fait parler des hommes en vers et en vers très-harmonieux, aussitôt qu’on s’est écarté de la vérité, qui sait où l’on s’arrêtera ?

2425. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Plus tard je t’en parlerai. […] … » On a diversement parlé du ministre de la justice en ce temps-là, Martin (du Nord) ; je crains que sa fin n’ait nui à ce qu’il pouvait y avoir de bien dans sa vie. […] Et tout cela me rend l’étude de l’espagnol plus intéressante qu’une autre, parce que je pense que tu as parlé cette langue dans ta jeunesse guerrière. » Elle ennoblit tant qu’elle peut le passé de ce cher frère pour le relever lui-même à ses propres yeux ; elle y verse de la poésie comme sur toute chose, en croyant n’y mettre que du souvenir. […] En parler est au-dessus de mes forces. […] Ne parlons donc pas des riches, sinon pour être contents de ne pas les sentir souffrir comme nous… « Avant-hier dans la nuit, j’ai eu le bonheur de rêver à toi, et de t’embrasser avec une effusion d’amitié et de joie si vive, que je m’en suis réveillée. — Nous allions au-devant l’une de l’autre les bras ouverts.

2426. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

J’ai parlé de ces jeunes travailleurs, qui pendant quelques années firent groupe, parce qu’on en retrouve un bon nombre ici. […] Je veux parler des Fabliaux, qui ont eu assez longtemps le pas sur les grands poèmes primitifs dans la mémoire d’une postérité légère ; poésie légère aussi et à l’avenant, qui n’en est pas une et qui est même le contraire de la poésie proprement dite, puisqu’elle est toute de bon sens, de gaieté, de moquerie, de gausserie, d’expérience pratique et de malice ; poésie qui n’est plus du tout celle des grands et des nobles, des fiers Garin et des Bégon ; où plus rien ne respire du génie des Francs d’Austrasie ; de laquelle parlaient avec dédain les grands trouvères, les trouvères sérieux, et qui n’en était que plus populaire ; tout à l’usage des vilains, des bourgeois, des marchands et des écoliers. […] Et puis (à parler sans épigramme) Charles d’Orléans nous offre en effet, à travers son onde cristalline, les plus jolis poissons à écailles d’argent, mais c’est dans un bassin ou dans un bocal. […] La Nature seule peut créer le génie : à celui qui doit venir et en qui noirs avons espérance, nous dirions : « Il n’y a plus de théories factices, de défenses étroites et convenues ; le champ entier de la langue et de la poésie est ouvert devant vous, depuis l’âpre simplicité des premiers trouvères jusqu’à l’habile hardiesse des plus modernes, depuis la Chanson de Roland jusqu’à Musset : langue de Villon, langue de Ronsard, langue de Régnier, langue de Voltaire, quand il est en verve, langue de Chénier (je ne parle pas des vivants), tout cela est votre bien, votre instrument ; le clavier est immense.

2427. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

Le poète s’adresse d’abord aux envahisseurs du sol sacré ; puis à Jéhovah, qu’il fait parler par sa propre bouche pour rendre confiance à Saül ; puis à Saül auquel il se substitue tout à coup pour lui faire tenir un langage royal et rassurant pour lui-même et pour son peuple ; puis aux ennemis, de nouveau, pour qu’ils se repentent, se soumettent et se résignent à la domination du choisi, de l’élu, du sacré, c’est-à-dire de Saül ! […] « L’aurore parle à l’aurore, et la nuit enseigne à la nuit ses mystères. […] « Ceux qui sont assis sur leurs portes parlent contre moi, et les chansons de ceux qui boivent des liqueurs enivrantes sont égayées de mon nom ! […] Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de ce barde sacré ; et, si l’on remonte à l’époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l’on pense qu’alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que le vin, l’amour, le sang et les victoires des mules et des coursiers dans les jeux de l’Élide, on est saisi d’un profond étonnement aux accents mystiques du berger-prophète, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui comprend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséricordes, et qui semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces paroles du Christ avant de les avoir entendues. […] Dans cette innombrable foule Des hommes, qui parle et qui coule, Il n’est plus une seule main Qui te remue et qui t’accorde, Et qui puisse un jour sur ta corde Faire éclater le cœur humain ?

2428. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

Guillaume écrivait, comme autrefois Pline, des notes sur l’éruption pour les envoyer à son frère ; quant à lui, il parlait peu, il frissonnait comme nous aux secousses du sol, et à la chute des peupliers enveloppés de leurs treillages de flammes. […] « Nous avons parlé plus haut de sa promotion au conseil privé du roi, avec le titre d’excellence, et nous ajoutions que non-seulement en général toutes les Académies célèbres des sciences et des arts, ainsi que toutes les sociétés éminentes du monde, recherchaient comme un grand honneur de compter Humboldt parmi leurs membres, mais que les princes de tous les pays s’empressaient de lui payer le tribut de leur considération, ce qui était en même temps un hommage rendu à la science, en lui conférant leurs ordres les plus élevés. […] Quand il était assis, il paraissait courbé et parlait en regardant à terre, ou bien il levait les yeux pour attendre la réponse des personnes auxquelles il s’adressait. […] L’Anglais s’étonnait de la pureté et de la douceur avec laquelle il parlait l’anglais ; le Français, de son côté, trouvait la langue française très agréable dans sa bouche. […] Sans parler de l’exécution progressive de son Cosmos, Humboldt avait eu à remplir le pieux devoir d’enrichir d’une préface les œuvres de son ami Arago, que la mort lui enleva, comme elle en ravit tant d’autres, et, tout dernièrement, ses amis intimes, Léopold de Buch et le statuaire Rauch.

2429. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVe entretien. Vie de Michel-Ange (Buonarroti) »

Il rentra dans son atelier et peignit les prophètes et les sibylles où l’on sent, si l’on ose ainsi parler, l’accent biblique, viril, héroïque de Michel-Ange. […] Peu de jours après que ces marbres furent découverts, on trouva les vers suivants gravés sur le socle de la statue de la Nuit : La Nuit, que tu contemples dans une si gracieuse attitude, Dormir, a été sculptée par la main d’un demi-dieu, Dans ce bloc ; et puisqu’elle dort, elle respire ; Réveille-la, si ta en doutes, et elle va te parler ! Michel-Ange, déjà las d’un art muet et qui commençait à cultiver l’art qui parle, consterné en ce moment des guerres civiles et des tyrannies qui désolaient sa patrie, répondit, au nom de la statue de la Nuit, à son interlocuteur anonyme, par ces vers qui valent un coup de ciseau ou un coup de poignard : Il m’est doux de dormir, et plus doux d’être de pierre Pendant que le malheur et la honte de l’Italie durent ! […] je t’en conjure, parle bas ! […] Vittoria Colonna, instruite de cette tentative, lui écrivit cette lettre où la vertu parle, dans ces temps corrompus, un langage digne de l’antiquité : « Souvenez-vous, lui écrivit-elle, de votre vertu, qui vous élève au-dessus de la fortune et de la gloire des rois.

2430. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

parle. […] Mais son mauvais cas n’est pas niable : Marguerite l’avoue elle-même à Armand, dans l’explication qu’elle a avec lui. — « Je rêvais — lui dit-elle — un homme assez supérieur pour ne me demander compte de rien, pour vouloir bien être l’amant de mes impressions… Tu ne l’as pas voulu ; ton cœur est un grand seigneur qui ne veut rien accepter… N’en parlons plus ! » — N’en parlons plus, soit ; mais, pour débuter dans sa vie nouvelle, Marguerite Gautier n’en allait pas moins retourner au passé qu’elle avait vomi ; elle allait faire, pour se promener à la campagne, avec son amant, ce que la Marion Delorme de Victor Hugo ne subit que pour arracher le sien à la hache… — « Je folâtrais un jour avec la facile Hermione — dit une épigramme de l’Anthologie ; — elle avait, comme Vénus, une ceinture brodée en fleurs avec des caractères d’or. […] Entrons donc, de plain-pied, dans cette maison de l’adultère, — comme parle la Bible, — qui vomit la flamme par tous ses abords. […] Ils partent donc, et nous les retrouvons, à l’acte suivant, dans une auberge de Lyon, et le mari profite de cette étape pour parler raison à la femme perdue qu’il traîne après lui.

2431. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Alphonse Daudet I12 J’ai souvent déjà parlé du poète des Amoureuses, qui rappelle Thomas Moore par le talent, la beauté du visage et l’exiguïté de la stature, ce Thomas Moore qui se nommait lui-même Little Moore (le petit Moore). […] Quand il parle de sa fille, qui est laide, il dit ce mot d’une si effroyable goguenarderie : Je n’ai jamais fait que des charges. […] s’il en fut jamais, puisque ces éphémères enfants d’un jour ont la manie innocente d’être modernes, et ne parlent que de modernité ! […] Nous avons toujours parlé de chacun de ses livres quand il en a publié. […] L’auteur des Rois en exil n’aura pas assurément un succès à la Zola, — le succès du premier venu qui nous parlerait abjectement de quelque fille, l’idolâtrie du temps où le Veau d’Or a été remplacé par des vaches dorées… Mais il aura son succès, néanmoins, pour une triple raison : c’est qu’il est moderne, parisien, et qu’il montre audacieusement et presque cyniquement la Royauté sous la fille encore, la fille partout et toujours !

2432. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Il me reste à parler de l’objection qu’on peut tirer des ouvrages où l’on a peint avec talent les mœurs condamnables. […] Les gouvernements, dans les pays devenus libres, ont besoin, pour détruire les antiques erreurs, du ridicule qui en éloigne les jeunes gens, de la conviction qui en détache l’âge mûr ; ils ont besoin, pour fonder de nouveaux établissements, d’exciter la curiosité, l’espérance, l’enthousiasme, les sentiments créateurs enfin, qui ont donné naissance à tout ce qui existe, à tout ce qui dure ; et c’est dans l’art de parler et d’écrire que se trouvent les seuls moyens d’inspirer ces sentiments. […] Que deviendrai-t-on dans un monde où l’on n’entendrait jamais parler la langue des sentiments bons et généreux ? […] Sans doute on pourrait opposer à l’utilité qu’on peut espérer de la publicité du vrai, les dégoûtants libelles dont la France a été souillée ; mais je n’ai voulu parler que des services qu’on doit attendre du talent ; et le talent craint de s’avilir par le mensonge : il craint de tout confondre, car il perdrait alors son rang parmi les hommes.

2433. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Il faudrait signaler encore comme une émanation de l’esprit clérical, et comme un des moyens d’action par où les clercs modifièrent l’esprit de la société laïque, les sermons prononcés dès le ixe et le xe  siècle en langue vulgaire, et dont nous aurons occasion de parler ailleurs. […] Aussi faut-il voir avec quelle méprisante dureté le dieu parle du vilain : Vilain est félon, sans pitié, Sans service et sans amitié. […] L’action allégorique que Guillaume de Lorris avait entrepris de déduire, devient, entre les mains de Jean de Meung, une sorte de roman à tiroirs, roman philosophique, mythologique, scientifique, universitaire, ou, pour parler plus justement, roman encyclopédique : car cette seconde partie du Roman de la Rose est en effet une encyclopédie, une somme, comme on disait alors, des connaissances et des idées de l’auteur sur l’univers, la vie, la religion et la morale. […] On ne saurait imaginer en effet de combien de choses Jean de Meung trouve moyen de parler, tandis que son Amant poursuit la conquête de la Rose.

2434. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

., sans parler de saint Denis qui naturellement reçoit le roi à la porte Saint-Denis, entouré de saint Louis, saint Thomas, saint.Maurice et sainte Geneviève. […] On ne négligeait rien pour parler aux yeux et aux sens. […] Qu’on lui parle de lui, et contre ceux par qui il croit souffrir : il entend volontiers mépriser les nobles et les prêtres, et tous ses maîtres. […] Agnelet parle en paysan des environs de Paris, et la pièce est sans doute parisienne.

2435. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Quand on parle de sérieux, on se reporte au bon petit esprit de Rollin, qui n’est certainement pas ce qu’il nous faut. […] Ceux qui parlent de doctrines dangereuses devraient toujours ajouter dangereuses pour moi. […] Jean Journet, de nos jours, a été mis à Bicêtre ; or Jean Journet ne croit pas faire de miracles, parler des langues qu’il n’a pas apprises, avoir été au troisième ciel, etc. […] Un des traits caractéristiques des hommes dont je parle est d’affecter un profond mépris pour l’art idéal, la passion noble et pure.

2436. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

M. de Fénélon est infiniment supérieur au Ministre Protestant, dans son Traité sur l'existence de Dieu, sans parler de plusieurs autres Ecrivains qui lui sont préférables & préférés. […] Sans parler de l'Egypte, qui donna ses Dieux, avec les Arts, aux autres Nations, on fait que les Grecs & les Romains avoient, dans le temps même qu'ils furent le plus tolérans, un Magistrat pour veiller à la conservation de la Religion. […] Or, la Philosophie, nous ne parlons pas de celle d'aujourd'hui, nous disons la Philosophie la plus pure, a-t-elle jamais élevé ses vûes, dirigé ses dogmes, exercé ses lumieres sur des objets aussi sublimes ? […] Sans parler de la barbarie où étoit plongée toute l’Europe avant qu’elle eût abjuré les faux Dieux & la superstition, il suffit de fixer ses regards sur le tableau actuel de la Société, pour sentir les avantages que la Religion lui procure.

2437. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Virgile parle « des larmes des choses. » Antoine et Cléopâtre fondent, à Alexandrie, l’académie de « ceux qui veulent mourir ensemble, après avoir vidé le fond des plaisirs ». […] Comme les carpes transportées dans l’eau limpide d’un bassin de marbre, dont parlait madame de Maintenon, elles regrettent la vase de l’ancien bourbier. […] Ce fut un rude pourvoyeur de potence, et pourtant ses contemporains parlent de lui sans trop de haine et de colère, comme ils feraient d’un faucon bien dressé, aux ongles sûrs, au vol infaillible. […] On parle bas sur ces hauteurs ; la foudre même y éclate sans tonnerre.

2438. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Il le dira et le redira sans cesse : « Il est beau, il est même doux d’être opprimé pour la vertu. » Environ deux ans après son Avis aux Français, dénonçant dans le Journal de Paris (nº du 29 mars 1792) la pompe factieuse et l’espèce de triomphe indigne décerné aux soldats suisses du régiment de Châteauvieux, il terminera en s’adressant à ceux qui demandent à quoi bon écrire si souvent contre des partis puissants et audacieux, car on s’y brise et on s’expose soi-même à leurs représailles, à leurs invectives : Je réponds, dit-il, qu’en effet une immense multitude d’hommes parlent et décident d’après des passions aveugles ; et croient juger, mais que ceux qui le savent ne mettent aucun prix à leurs louanges, et ne sont point blessés de leurs injures. […] Il suppose, il rédige une adresse de ce même roi à l’Assemblée, datée de juin 1792, et où il le fait parler avec autant de bon sens que de dignité. […] L’indolence parisienne est de tout temps connue ; et si des peuples anciens élevèrent des temples et des autels à la Peur, on peut dire (c’est Chénier qui parle à la date de 92) que jamais cette divinité « n’eut de plus véritables autels qu’elle n’en a dans Paris ; que jamais elle ne fut honorée d’un culte plus universel ». […] Dans ces temps de violence, ils osèrent parler de justice ; dans ces temps de démence, ils osèrent examiner ; dans ces temps de la plus abjecte hypocrisie, ils ne feignirent point d’être des scélérats pour acheter leur repos aux dépens de l’innocence opprimée ; ils ne cachèrent point leur haine à des bourreaux qui, pour payer leurs amis et punir leurs ennemis, n’épargnaient rien, car il ne leur en coûtait que des crimes ; et un nommé A. 

2439. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Paul de Russie émet cet axiome : « Il n’y a d’homme puissant que celui à qui l’empereur « parle, et sa puissance dure autant que la parole qu’il entend. » Philippe V, d’Espagne, si férocement calme aux auto-da-fé, s’épouvante à l’idée de changer de chemise, et reste six mois au lit sans se laver et sans se couper les ongles, de peur d’être empoisonné par les ciseaux, ou par l’eau de la cuvette, ou par sa chemise, ou par ses souliers. […] Nous ne parlons, cela va sans dire, que des rois d’Assyrie. […] L’histoire parle de Fernand Cortez qui a ravagé l’Amérique, mais non de Martin Behaim qui l’a devinée. […] Cette histoire-là, on l’enseigne, on l’impose, on la commande et on la recommande, toutes les jeunes intelligences en sont plus ou moins infiltrées, la marque leur en reste, leur pensée en souffre et ne s’en relève que difficilement, on la fait apprendre par cœur aux écoliers, et moi qui parle, enfant, j’ai été sa victime.

2440. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Il y est parlé délicatement de la dignité des lettres, de leur rôle dans la société, et surtout de leur part dans la vie. […] On parle toujours de La Bruyère et de son livre unique, immortel. […] J’ai parlé de fabrique……………………………………………………………………2 Après avoir montré à l’homme de lettres du xixe  siècle les avantages et les dangers de sa nouvelle position, nous devons lui donner fraternellement nos conseils, ou plutôt nous les donner à nous-même. […] Nous aimons mieux signaler un fait bien simple, mais qui constate clairement l’union spirituelle dont nous avons parlé.

2441. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre x »

Le mieux est de faire sortir des rangs (et pris aux quatre coins de la France) quelques-uns d’eux, et qu’ils parlent, qu’ils nous laissent saisir sur leur visage même, sans intermédiaire, leur bonne volonté prodigieuse et leur accord profond avec le sacrifice que réclame la patrie. […] Ainsi parle, au pays de saint Louis, de Jeanne d’Arc et de Pascal, un enfant bien né qui possède, combinées à la française, les trois aptitudes au rêve, à la générosité, à la haute spiritualité. […] Avez-vous observé qu’ils parlent de Dieu continuellement et qu’ils prient ?‌ […] Quand je parle des Marie-Louise de la France, combien je suis loin d’épuiser ce sujet d’une déchirante beauté !

2442. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Je vous défie de prouver, par expérience ou par raisonnement, que moi, qui vous parle en ce moment, je sois un être conscient. […] Rappelez-vous l’amibe dont nous parlions tout à l’heure. […] Je veux parler des aliments, plus particulièrement des substances ternaires — hydrates de carbone et graisses. […] Sur deux lignes seulement il a remporté un succès incontestable, succès partiel dans un cas, relativement complet dans l’autre ; je veux parler des arthropodes et des vertébrés.

2443. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Malgré les découvertes et les exhumations qu’on n’a cessé de faire dans cette étude de notre Moyen Âge, malgré les publications nombreuses dont il a été l’objet depuis quelques années, on peut dire encore avec l’ancien bénédictin don Brial et avec Daunou qu’à part quelques écrits de petite dimension, quelques textes de lois, quelques sermons, et sans parler des traductions de livres sacrés, la relation de Villehardouin est le premier ouvrage original étendu qu’on ait en prose française. […] Il y a pourtant plus de six cents ans qu’il a écrit dans le français qu’on jargonnait alors, et qu’il parlait, pour son compte, avec gravité et avec éloquence. […] Avant que l’on commençât à chanter la grand-messe, le duc de Venise monta au lutrin pour parler au peuple et leur dit : « Seigneurs, il est certain que nous sommes unis, pour la plus haute chose qui soit, à ce qu’il y a de plus haut dans le monde parmi ce qui est en vie aujourd’hui dans la chrétienté.

2444. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

On voit cependant qu’il n’aura rien d’austère, qu’il est de l’école scientifique fleurie qui se rattache à Fontenelle et à Mairan ; et, sans aller jusqu’à dire qu’il y a du petit goût dans Bailly, ce que son Histoire de l’astronomie démentirait, j’oserai affirmer (car on peut parler avec lui la langue des tableaux) qu’il y a un peu de mollesse dans ses couches de fond, et que, dans certaines vues de développement et de lointain qu’offre ce bel ouvrage, il y a des parties qui, à les presser, se trouveront plutôt élégantes et spécieuses que solides. […] Les yeux se tournaient sans cesse vers cette première patrie ; et lorsque la jeunesse eut produit une génération nouvelle, on en parlait à ses enfants, on leur peignait, on leur exagérait sans doute tout ce qu’ils avaient perdu… Et Bailly arrive à conclure que l’âge d’or, cette fable séduisante, n’est que le « souvenir conservé d’une patrie abandonnée, mais toujours chère » : « Les nations où ce souvenir se retrouve ont été transplantées ; ce sont des colonies d’une nation plus ancienne. » Tout ceci est ingénieux, sinon évident ; et Bailly, pour le dire, a deviné quelques-uns des tons de Bernardin de Saint-Pierre, à une date ou ce dernier n’avait encore publié aucun de ses grands ouvrages. […] Mais en même temps on voit que dans les séances publiques des diverses académies où il avait à parler, que ce fut à l’Académie des inscriptions ou dans celle des sciences, et même quand il s’agissait de la chronologie des Indiens, ses discours écrits et prononcés avec grâce se faisaient écouter avec plaisir.

2445. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

C’est ainsi encore qu’à l’occasion des Crétins du Valais dont les hommes notables du pays semblent rougir, les regardant comme une tache pour leur nation, et dont ils n’aiment guère à parler avec les étrangers, mais que le peuple et les enfants même respectent et considèrent au contraire comme une bénédiction, « comme des innocents marqués par le ciel pour n’avoir nulle part aux crimes de la terre et pour arriver sans obstacle au séjour des récompenses », il dira sans hésiter : « Laquelle de ces deux opinions est la plus respectable ? […] Je lui parlai de cette étonnante conformité, il me fit cette modeste et remarquable réponse : « Il ne manquerait rien à ma gloire si je ressemblais en tout à M. de Voltaire ; mais peut-être serait-il plus heureux s’il me ressemblait davantage. » — Bodmer fit présent à Ramond du recueil de ses Tragédies historiques et politiques, dont la lecture lui prouva que le genre dans lequel le président Hénault avait échoué n’en était pas moins, dit-il, un genre excellent. […] Ainsi, parlait le naturaliste philosophe un an avant que parût le Génie du christianisme.

2446. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Les deux destinées, celles du frère et de la sœur, sont si étroitement liées qu’il faut revenir à l’un quand on a à parler de l’autre, car elle ne nous entretiendra que de lui. […] En ce moment j’ai surtout à parler de sa sœur. […] Te souviens-tu que je me comparais à Monique pleurant son Augustin, quand nous parlions de mes afflictions pour ton âme, cette chère âme dans l’erreur ?

2447. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

C’est presque s’attribuer la sagacité souveraine et usurper sur la puissance universelle que de dire d’un être semblable à nous : « Il est cela ; et, tel point de départ étant donné, telles circonstances s’y joignant, il devait être cela, ni plus ni moins, il ne pouvait être autre chose. » Notez que je ne parle ainsi que parce que j’ai devant moi une ambition scientifique impérieuse et précise ; car, littérairement, et sans y attacher tant de rigueur, on peut se permettre de ces résumés vifs, de ces termes brefs qui peignent et qui fixent un personnage, de ces aperçus qui animent une analyse et qui ne tirent pas à conséquence. […] Il parle de Rome avec plus d’apprêt que Tite-Live, mais avec la même majesté poétique. […] Guizot, tout allait bien, et il parlait de ces choses du dedans à qui savait les entendre ; mais devant les contradicteurs, et avec ses tâtonnements de parole, il restait court et se déconcertait aisément : Le 25 novembre (1817), j’ai passé la soirée chez l’abbé Morellet. — Conversation psychologique. — Mon vieux ami m’a demandé brusquement : « Qu’est-ce que le moi ? 

2448. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Buffon leur parle à ventre déboutonné, comme on dit ; c’est franc, naturel, mais nullement distingué. […] Mais que parlé-je de pêle-mêle ? […] Flourens, a longuement parlé des collaborateurs de Buffon et de la part que chacun d’eux avait eue dans la rédaction de l’Histoire naturelle.

2449. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

On y parle français pourtant au même titre que dans le Bugey ou le Dauphiné. […] Il avait toutes les qualités et conditions pour en bien parler ; il en sort, il en possède la suite et la tradition. […] Voilà le cercle des opinions humaines, non seulement des fausses, mais encore des véritables… C’est dans un discours Sur l’Apocalypse qu’Abauzit parlait et pensait ainsi.

2450. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Les jeunes auteurs de Lyon déclament ; ils ne savent ni les hommes ni les choses, pas même celles de la grande Révolution dont ils se sont épris sur parole : à un endroit ils parlent de Lanjuinais comme de l’une des victimes de la guillotine, à côté de Danton et de Desmoulins51. […] Il n’a parlé, depuis, de toutes ces misères éprouvées qu’en termes souverainement amers, mais avec élévation et en les couvrant d’un voile de poésie. […] Sa correspondance peut-être, et les papiers que possède sa famille, parleront un jour.

2451. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

J’ai déjà parlé, et ici même, de cette guerre à l’occasion du comte de Clermont. […] Pour en donner une faible idée, il suffira de dire que le comte de Gisors, un colonel exemplaire, a pour lui vingt-trois chevaux, sept de plus que ne portait l’ordonnance, et que le maréchal n’a pas moins de vingt-huit secrétaires, dont Grimm était un : qu’on juge parla du reste. […] Dans une lettre du 18 juin à son père, cinq jours avant la bataille de Crefeld, M. de Gisors écrivait : « Je n’ai pu jusqu’ici vous parler à cœur ouvert ; vous verrez avec amertume que, si les choses demeurent dans l’état où elles sont, il n’y a pas le moindre succès à se promettre ; les plus grands malheurs sont à craindre, au contraire M. le comte de Clermont, dépourvu de toute connaissance du pays, incapable de former aucun projet par lui-même, ne veut être constamment gouverné par personne, et cependant se rend toujours l’avis du dernier.

2452. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Je parle de Charles Loyson dans la Revue des Deux Mondes (1840)126. […] Loyson parle de mon ouvrage dans le Spectateur, journal semi-périodique et ministériel. […] Mais puisque celle-ci est devenue décidément un objet de controverse, puisque c’est la première chose, et la seule, que cite plus d’un de nos beaux esprits du jour quand il s’agit de Loyson, force m’est bien d’en parler.

2453. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Jean-Baptiste Rousseau »

On ne sait trop comment se passèrent ses premières années ; il s’est bien gardé d’en parler jamais, et il paraît s’être expressément interdit, comme une honte, tout souvenir d’enfance ; c’était mal imiter Horace pour le début. […] Rousseau se désaccoquina du café et désavoua les couplets dans le monde ; mais on en parlait toujours ; de temps à autre de nouveaux couplets clandestins se retrouvaient sur les tables, sous les portes ; cette petite guerre dura dix ans et ouvrit le siècle. […] Tantôt, flottant entre un passé gigantesque et un éblouissant avenir, égarée comme une harpe sous la main de Dieu, l’âme du prophète exhalera les gémissements d’une époque qui finit, d’une loi qui s’éteint, et saluera avec amour la venue triomphale d’une loi meilleure et le char vivant d’Emmanuel ; tantôt, à des époques moins hautes, mais belles encore et plus purement humaines, quand les rois sont héros ou fils de héros, quand les demi-dieux ne sont morts que d’hier, quand la force et la vertu ne sont toujours qu’une même chose, et que le plus adroit à la lutte, le plus rapide à la course, est aussi le plus pieux, le plus sage et le plus vaillant, le chantre lyrique, véritable prêtre comme le statuaire, décernera au milieu d’une solennelle harmonie les louanges des vainqueurs ; il dira les noms des coursiers et s’ils sont de race généreuse ; il parlera des aïeux et des fondateurs de villes, et réclamera les couronnes, les coupes ciselées et les trépieds d’or.

2454. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre II »

. — « Avril : Absorption complète, refus de parler, toute l’après-midi, son chapeau de paille lui barrant la vue, il reste assis en face d’un arbre, dans une immobilité tristement farouche. » 8 avril : « Peu à peu il se dépouille de l’affectuosité, il se déshumanise ; les autres commencent à ne plus compter pour lui et recommence en lui le féroce égoïsme de l’enfant. » 16 avril : « Ce qu’il y a d’affreux dans ces abominables maladies de l’intelligence, c’est qu’elles détruisent souterrainement et à la longue, chez l’être aimant qu’elles frappent, la sensibilité, la tendresse, l’attachement, c’est qu’elles suppriment le cœur… cette douce amitié qui était le gros lot de notre vie, de notre bonheur, je ne la trouve plus, je ne la rencontre plus… Non je ne me sens plus aimé par lui, et c’est le plus grand supplice que je puisse éprouver, et que tout ce que je puisse me dire n’adoucit en rien… ! […] Quand on lui parle, on ne peut jamais obtenir de lui une réponse, l’engagement qu’il fera la chose demandée, au nom de cette raison. […] Et ses parents, pourrait-on les voir, leur parler ?

2455. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre premier. De l’amour de la gloire »

C’est en méditant sur l’ambition que je parlerai de tous les succès éphémères qui peuvent imiter ou rappeler la gloire ; mais c’est d’elle-même, c’est-à-dire, de ce qui est vraiment grand et juste, que je veux d’abord m’occuper ; et pour juger son influence sur le bonheur, je ne craindrai point de la faire paraître dans toute la séduction de son éclat. […] Quand les difficultés des premiers pas sont vaincues, il se forme à l’instant deux partis sur une même réputation ; non, parce qu’il y a deux manières de la juger, mais parce que l’ambition parle pour ou contre : celui qui veut être l’adversaire des grands succès reste passif, tant que dure leur éclat, et c’est pendant ce temps, au contraire, que les amis ne cessent d’agir en votre faveur ; ils arrivent déjà fatigués à l’époque du malheur, lorsqu’il suffit au public du mobile seul de la curiosité, pour se lasser des mêmes éloges ; les ennemis paraissent avec des armes toutes nouvelles, tandis que les amis ont émoussé les leurs, en les faisant inutilement briller autour du char de triomphe. […] On confie longtemps les peines du cœur, parce que leur durée même est honorable, parce qu’elles répondent à trop de souvenirs dans l’âme des autres, pour que ce soit parler de soi que d’en entretenir ; mais comme la philosophie et la fierté doivent vaincre, ou cacher, les regrets causés même par la plus noble ambition, l’homme qui les éprouve ne s’abandonne point à les avouer entièrement.

2456. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre I. La lutte philosophique »

Cette âme tendre, fière, ferme, généreuse, ambitieuse, n’a jamais parlé que d’elle-même, ou des autres par rapport à elle-même, et pour déterminer l’action qui lui donnerait prise sur eux. […] La lutte philosophique Deux journaux firent une guerre acharnée à la philosophie : les Nouvelles ecclésiastiques parlaient au nom du Jansénisme ; le Journal de Trévoux était l’organe des Jésuites. […] J’ai parlé de l’Ami des hommes, qui avait voué un culte à Quesnay.

2457. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

C’est un poète (Ronsard) qui a parlé de l’or de ses cheveux annelés et tressés , et les poètes emploient, on le sait, les mots un peu vaguement. […] Dargaud parle d’un autre portrait où « un rayon de soleil éclaire, dit-il assez singulièrement, des boucles de cheveux vivants et électriques dans la lumière. » Mais Walter Scott, réputé le plus exact des romanciers historiques, nous peignant Marie Stuart prisonnière dans le château de Loch Leven, nous montre, comme s’il les avait vues, les tresses épaisses d’un brun foncé (dark brown) qui s’échappaient à un certain moment de dessous le bonnet de la reine. […] et déjà blanchie avant l’âge ; quand on l’entend, dans la plus longue et la plus remarquable de ses lettres à Élisabeth (8 novembre 1582), lui redire pour la vingtième fois : « Votre prison, sans aucun droit et juste fondement, a jà détruit mon corps, duquel vous aurez bientôt la fin s’il y continue guère davantage, et n’auront mes ennemis beaucoup de temps pour assouvir leur cruauté sur moi : il ne me reste que l’âme, laquelle il n’est en votre puissance de captiver » ; quand on a entendu ce mélange de fierté et de plainte, la pitié pour elle l’emporte, le cœur a parlé ; ce doux charme dont elle était douée, et qui agissait sur tous ceux qui l’approchaient, reprend le dessus et opère sur nous à distance.

2458. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Mais il y a le Ducis homme et caractère, poète au cœur chaud, d’autant plus poète qu’il parle en prose et non en vers, et qu’il a le langage plus naturel, écrivant à ses amis des lettres charmantes, toutes semées de mots simples et grandioses, de pensées qui sentent la Bible, le livre de la Sagesse, et où résonne pourtant comme un lointain grondement du tonnerre tragique. […] On conviendra qu’il y a bien peu d’auteurs de théâtre qui soient habitués à tenir de la sorte leur vie en partie double ; et, chez celui dont nous parlons, il y avait harmonie et simplicité. […] La première phrase du discours de réception de Ducis (4 mars 1779) fut saluée d’un long applaudissement : « Messieurs, il est des grands hommes à qui l’on succède et que personne ne remplace… » Ainsi Voltaire fut remplacé et célébré par celui même dont il avait tant de fois parlé comme d’un auteur wisigoth ou allobroge et ne sachant pas écrire : Vous avez vu sans doute Hamlet, écrivait-il à d’Argental lors de la première pièce de Ducis qui eut du succès ; les Ombres vont devenir à la mode ; j’ai ouvert modestement la carrière, on va y courir à bride abattue : domandava acqua, non tempesta.

2459. (1903) Zola pp. 3-31

On étudie l’homme pour en avoir une idée bien incomplète, mais encore une idée ; dans les psychologues, dans les moralistes, dans les philosophes, pour voir quelle idée générale il se fait de l’ensemble des choses et par conséquent quelles sont les tendances générales, très différentes, du reste, de son âme ; dans les historiens, pour voir ce qu’il a été aux différents temps, ce qui élargit et complète et fait plus vraie la notion qu’on peut avoir de lui ; en lui-même enfin, ce qui n’est qu’une façon de parler et ce qui veut dire qu’on regarde avec attention ses amis, ses voisins et les gens que l’on rencontre. […] Zola écrivait comme le Méridional parle, par besoin naturel et sans se préoccuper de ce qu’il aurait à mettre dans ses écritures pour qu’elles eussent de la solidité et parussent au moins contenir quelque chose. […] Si Zola voulut faire l’expérience de dépasser la mesure, il dut voir qu’il était à peu près impossible de la dépasser et qu’elle est, pour ainsi parler, à l’infini.

2460. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Je ne cite d’ailleurs que les traités de méthodologie composés par les savants, car, si je voulais parler des philosophes, cette énumération serait interminable. […] L’auteur, sans contredit, parle très-noblement de la philosophie, et il ajoute qu’il aime beaucoup les philosophes. […] Ce n’est pas le préjugé d’une philosophie spéculative qui le fait parler, c’est le souvenir vivant de l’expérience personnelle.

2461. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

On les donne aux élèves, les professeurs s’en servent : personne n’en parle. […] Et, dans un beau mouvement d’une indignation qui voulait être superbe, on fit pleuvoir l’anathème sur la tête de cet auteur assez imprudent pour parler de style et d’art en un temps où, comme chacun sait, tout être qui tient une plume écrit un français des plus corrects. […] Albalat comprendra bien ce que cela signifie ; que je ne parle pas nommément de lui, mais de quiconque dont la valeur et l’autorité seraient égales siennes, condamnerait certain livre, certaine page, certaine phrase.

2462. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Autour d’une source 24 est un livre dont je veux parler. […] Ce qui domine, pour moi, dans ce livre, c’est l’esprit ; l’esprit étincelant, brillant, damasquiné ; l’esprit du dialogue, et du mot, et de la réplique ; l’esprit français dans toute sa gloire, qui ferait merveille à la scène, si on l’y parlait, — si Droz, par exemple, s’avisait un jour de faire du théâtre. […] Exemple encore : toutes les figures secondaires de cette œuvre, où la Comédie, malgré le Drame, est en dominance, et entre autres cette excellente tête du baron Claudius, cette figure si moderne, qui fait de la haute politique en s’occupant d’assiettes cassées et parle de transformations sociales en cherchant de vieux pots… C’est vraiment parfait ; nous l’avons tous rencontré, ce fantoche.

2463. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VIII : M. Cousin érudit et philologue »

Le plus grand de nos romanciers nourrissait sa cervelle de spéculations, de comptes, de projets de Bourse, et parlait incessamment d’établir à Paris une serre d’ananas qu’il vendrait quinze francs et qui lui coûteraient dix sous. […] Il y parle en maître, il a Dieu dans sa main, il foudroie son auditoire, il ne descend jamais, comme l’orateur politique, dans les détails secs et minutieux d’une affaire particulière, il ne parle que du devoir en général, de la vie humaine, des dangers du monde, de la providence de Dieu.

2464. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française — II. La Convention après le 1er prairal. — Le commencement du Directoire. »

il était sur l’heure anéanti, et ceux qui, comme les mystérieux agents dont nous parlons, essayaient de porter la main aux rouages pour les accélérer, ceux-là couraient risque aussi de se briser avec toute leur malice, sans hâter d’une seule ligne le mouvement qui s’accomplissait sous une loi plus haute. […] On parle beaucoup depuis quelque temps dans le monde et dans les journaux du livre de M. de Montgaillard.

2465. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Dans un tel état d’incohérence, la critique a beau jeu ; elle s’évertue, elle triomphe ; sous prétexte de mettre le holà à droite ou à gauche, elle augmente souvent elle-même le tumulte ; elle prêche pour son saint, elle décrie, elle exalte ; elle parle bien haut et sans savoir toujours que dire, elle fait comme les avocats ou conseillers au parlement durant la fronde, attroupant le peuple autour d’eux sur le Pont-Neuf et l’embrouillant. […] J’ai relu les Mémoires de la vie de Racine par son fils ; on me dira que Racine fils n’avait pas connu son père, qu’il n’en parlait que par ouï-dire, par tradition, d’après M. de Valincour ou tel autre : c’est trop vrai, et je regrette qu’il n’y ait pas de Mémoires plus directs sur cette vie illustre ; mais nous en savons encore moins là-dessus, ce me semble, que Racine fils ou que ceux d’alors dont aucun n’a tenu un tel langage, Oh !

2466. (1875) Premiers lundis. Tome III « Profession de foi »

La première idée, la conception du Globe, lorsqu’il fut fondé il y a près de sept ans (et celui qui parle ici est plus compétent que personne pour décider ce point), consistait à recueillir et à présenter au public français tous les travaux scientifiques, littéraires et philosophiques de quelque importance dans le grand mouvement pacifique qui commençait à emporter de concert les nations civilisées du monde. […] Nous gardâmes donc à tout prix notre tribune, et, dans le vaste retentissement de la crise politique, nous tâchâmes de parler de manière à être entendus.

2467. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VI. Du raisonnement. — Nécessité de remonter aux questions générales. — Raisonnement par analogie. — Exemple. — Argument personnel »

Mais ainsi doit faire encore toute personne qui veut parler avec justesse et avec suite de quoi que ce soit. […] Je conseillerai donc, si l’on veut apporter quelque récit à l’appui d’un conseil ou pour preuve d’une thèse, de n’entreprendre point de faire parler les animaux et les arbres, et de n’imaginer rien qui soit hors des conditions de la vie commune : que la fable soit un conte, une anecdote, enfin une petite scène du monde réel ; cela aura plus d’intérêt et un tour plus moderne.

2468. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Il est très vrai qu’il y a des esprits d’une malheureuse fécondité, qui savent parler avant d’avoir pensé, échauffés de je ne sais quelle chaleur, qui emporte leur langue ou leur plume d’une folle et infatigable allure : n’ayant pas toujours le temps de se rendre compte de ce qu’ils disent, confiants en leur démon et dans la bonne foi du public, qui saura bien y trouver un beau sens. […] Quelques lecteurs d’élite goûteront ce qu’il y a d’exquis, trouveront que c’est dommage, qu’il y avait là quelque chose, que le public a jugé bien rigoureusement, et deux cents ans après la mort de l’auteur on le réhabilitera, c’est-à-dire qu’on l’éditera une fois, qu’on en parlera quelques jours et qu’on ne le lira guère plus.

2469. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Guy de Maupassant »

Mais je me souviens nettement que Flaubert me parla avec enthousiasme de son jeune ami et qu’il me lut, de sa voix tonitruante, une pièce qui figura, quelques mois après, dans le premier volume de Maupassant : Des vers. […] Puis, à cette époque déjà, Maupassant n’éprouvait aucun plaisir à parler littérature.

2470. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VI. L’Astronomie. »

On pourrait bien leur parler de la marine, dont personne ne peut méconnaître l’importance, et qui a besoin de l’Astronomie. […] Ne venons-nous pas de voir que c’est par l’Astronomie que, pour parler son langage, l’humanité est passée de l’état théologique à l’état positif.

2471. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Mais il vous faut parler du fort, Qui sans doute est une merveille : C’est Notre-dame de la garde, Gouvernement commode & beau, A qui suffit, pour toute garde, Un Suisse avec sa hallebarde, Peint sur la porte du château. […] A la mort du cardinal, Corneille, qui n’en avoit jamais reçu de bienfait sans mêlange de quelque injustice, fit ces vers : Qu’on parle mal ou bien du fameux cardinal, Ma prose ni mes vers n’en diront jamais rien.

2472. (1912) L’art de lire « Chapitre VI. Les écrivains obscurs »

Et la pensée, qu’on aura, pour ainsi parler, vidée du premier coup, n’est assurément qu’un lieu commun ; mais il est très important qu’une pensée originale soit d’abord accessible et comme hospitalière, ensuite se révèle comme digne d’un examen prolongé et l’exigeant. […] Ceux-ci ont précisément besoin de textes obscurs pour y évoluer à l’aise et, pour ainsi parler, de textes creux pour y verser leur pensée propre.

2473. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le marquis de Grignan »

pour l’historien, on le connaît, et j’en ai parlé déjà. […] Les lettres seules de madame de Sévigné ont parlé jusqu’au radotage de ce petit marquis de Grignan, la poupée cassée de sa grand’mère ; car, revenues à l’enfance, les grand’-mères ont toutes pour dernières poupées leurs petits-enfants… C’est aux barbouillages de sa tendresse, laissés sur son nom, oublié sans elle, que l’obscur Grignan doit, dans les ténèbres où il gît, cette lueur de phosphore.

2474. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Notre critique et la leur »

à quelle loi supérieure remontait-il pour reconnaître toujours, à coup sûr, la beauté dégradée de ce monde, cet art puisqu’il a parlé des choses de l’art encore plus que des choses littéraires — qui se rêve dans le cerveau grec, mais qui se sent dans le cœur chrétien ? […] Construits autrement que les deux revues sosies l’une de l’autre dont nous venons de parler, les journaux sont-ils l’expression de la critique comme nous la concevons, impersonnelle et autoritaire, qui n’est ni d’un parti, ni d’une coterie, ni d’une boutique ?

2475. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

Si nous consultons les mémoires de son temps, qui n’en parlent pas assez, ce grand Spectateur ne se mêla guères à l’action de son époque, et voilà pourquoi il la vit si bien ! […] En effet, dans ses appréciations littéraires et grammaticales, tracées du bout des doigts et de la plume, dans ces petites notes qui sont de véritables épluchettes, il se montre souvent fort collet-monté, et un fait que nous citerons donnera mieux l’idée de la portée de ce commentateur que tout ce que nous pourrions ajouter : « Parler et offenser — dit quelque part La Bruyère — est pour de certaines gens absolument la même chose.

2476. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

Ici, le sarcasme dont nous avons parlé, cet implacable comique qui peut être d’un si grand effet en histoire, est bien plus sur les lèvres du héros que sous la plume de l’historien, malgré la sympathie intellectuelle avec laquelle l’historien a montré cette gaieté poignante, Euménide qui rit tout en fouaillant son homme, et qui fut la plus grande force du talent de Suleau. […] Mirabeau, tout Mirabeau qu’il fût, n’avait jamais parlé que de « vertus inertes », mais Suleau, qui trempa, d’ailleurs, dans ce glorieux complot de Mirabeau pour sauver une monarchie qui ne voulut pas être sauvée, Suleau sut dire le mot terrible qu’aucun royaliste d’alors n’eût osé prononcer et qu’aucun n’ose prononcer encore, quoique ce mot soit devenu le jugement suprême et définitif de l’histoire !

2477. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « V. Saint-René Taillandier »

Ainsi encore, il assure ailleurs que le christianisme aurait péri au seizième siècle, sans la réforme protestante, et il ne parle pas de cette grande réforme du concile de Trente, qui, pendant que Luther et les autres voulaient tout anéantir, sauve tout, en sauvegardant le dogme. — le dogme éternel ! […] Parlons maintenant sans ironie.

2478. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Il savait admirablement John Ford, Webster, Drummond, Gascoigne, Fletcher, Spenser, Dryden, ceux dont on parle et ceux dont on ne parle pas, et ce fut là dès son début sa supériorité tranchée.

2479. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

c’est cet avertissement que je veux donner aujourd’hui, à propos d’un livre dont on n’a point parlé, que je sache, et qui, de présent, peut se croire très-parfaitement étouffé par messieurs les muets de la critique contemporaine. […] Assurément nous ne comparerons pas à l’auteur de Marianne, des fausses Confidences, des Jeux de l’Amour et du Hasard et de tant de chefs-d’œuvre où l’art est retors jusqu’à l’artifice, un auteur à l’aurore de ses premières pages, qui a du sentiment comme Chérubin dans sa romance, et qui, comme Chérubin, est très-joli garçon en femme, ainsi qu’il l’a prouvé dans sa Confession d’Antoinette, dont tout à l’heure nous allons vous parler.

2480. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre IV. Conclusion. — D’une république éternelle fondée dans la nature par la providence divine, et qui est la meilleure possible dans chacune de ses formes diverses » pp. 376-387

Ainsi ils fondèrent les familles, et les gouvernèrent avec la dureté des cyclopes dont parle Homère ; la dureté de ce premier gouvernement était nécessaire, pour que les hommes se trouvassent préparés au gouvernement civil, lorsque s’élèveraient les cités. […] À cette affreuse maladie sociale, la Providence applique les trois grands remèdes dont nous allons parler.

2481. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Perroneau »

Il me semble qu’on n’en parle plus.

2482. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article »

On ne doit pas parler de ses Romans, par respect pour les mœurs, & on doit se taire sur ses autres Ouvrages, par respect pour la bonne Littérature.

2483. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Quant au peuple proprement dit, inutile d’en parler ; il ne lit pas, pour cette bonne raison qu’on a négligé de lui apprendre à lire. […] S’il parle de l’amour ou des femmes, c’est encore en vertu des mêmes principes et des mêmes théories qu’il les juge, nullement, comme on l’a prétendu en indifférent ou en contempteur. […] Si je pardonne aux poètes, si je leur demande même de me parler d’eux, c’est qu’en me parlant d’eux, s’ils en parlent bien, ils me parlent de moi264. » Malheureusement, non pas pour le mérite, mais pour la popularité de ses ouvrages. […] On en peut parler comme du marbre grec connu sous le nom de Vénus de Milo. […] Il parle des fées, des djinns, des larves ou des homoncules comme s’il s’agissait d’illustrations historiques, parfaitement notoires et incontestées.

2484. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Stiévenard, Marthe (1852-1921) »

Charles Fuster Les opinions les plus diverses ont été exprimées au sujet de ce livre : c’est dire, en tout cas, que l’on en a parlé.

2485. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Dans son beau livre sur l’Avenir de la science, Renan a parlé du dévouement obscur des érudits avec une sympathie éloquente et une sublime hauteur de vues. […] Soyons honnêtes et tâchons de penser dignement, mais soyons francs et parlons vrai. […] mais qui n’en mourront pas moins tout entiers, parlent de lui avec un rire dédaigneux. […] L’excès de cette maladie, a dit Montaigne, va jusque là, que plusieurs cherchent à faire parler d’eux en quelque façon que ce soit… Nous nous soignons plus qu’on parle de nous, que comment on en parle et nous est assez que notre nom coure par la bouche des hommes, en quelque condition qu’il y coure117. […] Il est curieux et presque comique de voir les critiques eux-mêmes ressembler en ce point aux poètes et parler, ô les pauvres gueux !

2486. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 536

On y trouve quelques détails curieux ; mais tant d’autres Ecrivains ont parlé des mêmes faits, que les Mémoires de Joly pourroient être supprimés sans conséquence.

2487. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hauser, Fernand (1869-1941) »

Fernand Hauser : elle est encore un peu tendre, mais elle nous offre beaucoup de verdeur, de délicatesse de sentiment, une allure gaie, une façon de parler affable et accorte.

2488. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Meusy, Victor (1856-1922) »

Meusy parle aussi l’argot parisien ; mais ses personnages sont moins séparés de la société que ceux de M. 

2489. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Di Rienzi, Emma (1859?-19..) »

Elle n’a qu’à faire parler son cœur, et les effets sont produits.

2490. (1887) George Sand

Et quand le moment de l’initiation arrive, quand l’oracle parle enfin au fond du souterrain, est-ce que je me trompe ? Est-ce le noble comte qui parle ? […] Parlerons-nous du Péché de M.  […] C’est à qui fera les plus belles actions et parlera le plus longtemps. […] « C’est que les créations de l’art parlent à l’esprit seul, et que le spectacle de la nature parle à toutes les facultés.

2491. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Girodie, André (1874-1946?) »

Girodie parle la langue du Jules Laforgue des Complaintes, dans ses fantaisies d’amoureux, lettré, prudent, compliqué… De jolies pièces dans la série Tendresses, une bonne pièce à Paul Verlaine, un amusant Départ pour Cythère, ironique et familier comme il convient.

2492. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Il ne faut pas croire tout ce qu’il y raconte ; il aime trop à parler de lui-même, pour qu’il puisse dire constamment la vérité.

2493. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Nous ne parlons pas de ses qualités épiscopales ; il suffit de dire qu’après s’être engagé dans quelques débats théologiques, il les termina par sa soumission, & finit sa longue carriere avec la réputation d’être un des plus vertueux Préats de son temps.

2494. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Quand les poètes antiques ont parlé d’un dieu qui les inspirait, c’est qu’ils l’ont senti. […] Le propre de la poésie, c’est de parler par figures. […] Aux signes conventionnels qui ne parlent qu’à l’intelligence, l’image poétique ajoute des couleurs et des formes qui parlent en même temps à la sensibilité. […] C’est avec des images vivantes que Dieu nous a parlé sa pensée. […] La musique a la prétention tantôt de parler aux yeux, tantôt de s’adresser à la raison.

2495. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

Nous ne parlerons pas d’un autre Ouvrage de M. l’Abbé d’Artigny, intitulé Relation d’une assemblée tenue au bas du Parnasse.

2496. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article »

Nous ne parlons de lui que pour faire remarquer que bien des Auteurs, aujourd’hui oubliés, ont été lus par des hommes célebres qui ne s’en sont pas vantés.

2497. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article »

Rigoley de Juvigny en a donné une nouvelle édition avec des notes, à la tête de laquelle est un Discours préliminaire dont nous aurons occasion de parler à l’article de cet Editeur.

2498. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 298

Boileau parle de lui, dans ses Lettres, comme d’un mince Littérateur.

2499. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Roslin et Valade »

Je parle de Roslin, car je ne connais point Valade.

2500. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

toute la ville en parle. […] s’écria Fritz tout attendri, parlons d’autre chose ! […] « Oui, il ne parle pas mal, pour un vieux posché-isroel, fit-il en riant ; mais je m’en tiens à mon idée, je suis garçon et je resterai garçon. […] — Enfin, puisqu’il le faut, dit le fermier, n’en parlons plus ; mais c’est fâcheux tout de même. […] Ne me parlez pas de ces vieilles pataches, de ces vieux paniers à salade qui vous éreintent, j’en ai par-dessus le dos ; mais aller ainsi, c’est autre chose.

2501. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

N’en parlons plus. […] Comme dans la légende orphique, l’herbe, l’arbre, la pierre, souffrent, pleurent, parlent, chantent ou rêvent ; le sens mystérieux des bruits universels nous est révélé. […] Mais ici, comme toujours, la critique courante parle de ce qu’elle ignore. […] Il tend sans cesse à la perfection tant dédaignée par l’élire poétique dont je viens de parler, et il y atteint le plus souvent. […] L’herbe, l’arbre, la source, le vent, la mer, chantent, parlent, souffrent, pleurent et rêvent ; le sens mystérieux des bruits universels nous est révélé.

2502. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Loriot, Charles-Florentin (1849-1905) »

Florentin Loriot nous parle de l’Orient ; il décrit, dans une forme châtiée et presque impeccable, l’ancienne Égypte et la Judée.

2503. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

C’est encore Montesquieu qui parle, un satirique, assurément, mais un homme grave, un magistrat. […] Et faut-il parler de ce pauvre diable d’Abraham Chaumeix ? […] Ce n’est pas au moins de lui, ni de Diderot, mais de Voltaire qu’il parle en ces termes. […] On aimerait parler longuement et à loisir d’André Chénier. […] L’Esquisse de Condorcet a fondé la religion de la science, et transmis ainsi jusqu’à nous, sous une forme pour ainsi parler portative et maniable, tout ce qu’il y a d’erreur et de vérité contenues et mêlées dans la doctrine encyclopédique.

2504. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « À M. Vacherot » p. 1

Entendre un philosophe parler littérature est l’un des plus grands plaisirs de l’esprit que je connaisse, et c’est une fête que vous m’avez donnée à Sainte-Barbe, pendant un an, toutes les semaines, à votre conférence du mercredi, lorsque je préparais mes examens de licence.

2505. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verchin, Alexandre »

L’auteur est breton, il aime sa terre natale et il la chante pieusement, en parlant comme un enfant parle de sa mère.

2506. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article »

Les Lecteurs bénévoles, qu’un style rampant & diffus ne seroit pas capable de décourager, pourront trouver des réflexions utiles & quelquefois profondes dans ceux de ses Ouvrages qui sont intitulés, la Science du monde, de la manière de parler à la Cour, du Bel-Esprit, de la manière de négocier avec les Souverains.

2507. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 253

Toutes ces bagatelles sont enterrées dans un coin de Bibliothèque mais il est bon d’en parler : elles font connoître le génie de la Nation & celui des Siecles.

2508. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pittié, Francis (1829-1886) »

André Lemoyne Le Roman de la vingtième année donne bien au lecteur une vraie sensation de printemps, et, comme une bouffée d’avril, vous parle d’églantiers et d’aubépines en fleurs.

2509. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome xviii » pp. 84-92

C’est ainsi, lui dirai-je, qu’on parle de ce qu’on aime, et j’ajouterai, de ce qu’il n’est plus permis de regretter qu’à demi, — de ce qu’il ne tient guère qu’à lui de ne plus regretter du tout. […] Thiers aime assurément beaucoup de choses ; mais en parlant ainsi de la première journée marquante et de l’aurore de la discussion parlementaire, il parle de l’objet même et du théâtre de son talent, de son élément préféré, de ce à quoi (après l’histoire) il a le plus excellé et le mieux réussi.

2510. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

» On continuerait encore longtemps sur ces difficultés et ces épines de la critique, mais nous nous en tiendrons là, d’autant que ce dernier point nous mène assez droit à la récente publication de M. de Balzac… Les talents poétiques et littéraires d’aujourd’hui (sans parler des autres, politiques et philosophiques), sont soumis à de redoutables épreuves qui furent épargnées aux beaux génies du siècle de Louis XIV, et il est bien juste de tenir compte, en nous jugeant, de ces difficultés singulières qu’on a à subir. […] Un critique distingué, ayant à parler assez récemment d’Horace et de Virgile, et de l’espèce de royauté qu’ils se fondèrent en regard, à l’abri et à l’appui de la monarchie impériale d’Auguste, a fait remarquer la convenance et la nécessité de ces deux royautés parallèles, produites à la fois par une double anarchie, dans un temps où la faiblesse de l’État d’une part, et de l’autre le trop facile usage de formes poétiques devenues la propriété commune, favorisaient toutes les entreprises de l’ambition politique, toutes les prétentions de la médiocrité littéraire153.

2511. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Je ne suis pas un si fervent adorateur de Théocrite que l’était Huet, qui nous apprend lui-même que, dans sa jeunesse, chaque année au printemps, il relisait le poëte de Sicile ; j’ai pourtant fait plus d’une fois le charmant pèlerinage, et chaque fois, après avoir admiré la vivacité spirituelle et ingénue des personnages, la grâce piquante et naïve du dialogue, la vérité des peintures, je me suis préoccupé de la construction du vers, de ces ressorts cachés que le poëte met en jeu pour produire plusieurs de ses effets. » Le résultat de ces observations multipliées et patientes, c’est que le dactyle peut s’appeler l’âme de la poésie bucolique , et que, sans parler du cinquième pied où il est de rigueur, les deux autres places qu’il affectionne dans le vers pastoral sont le troisième pied et le quatrième, avec cette circonstance que le dactyle du quatrième pied termine ordinairement un mot, comme pour être plus saillant et pour mieux détacher sa cadence. […] Là où Virgile annonçait le retour d’Astrée et de Saturne, le traducteur ne parle que de la Vierge amenant le Roi bien-aimé .

2512. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

Un étranger, un Vénitien passe ; il s’occupe d’elle ; sans lui parler à peine, il l’entoure de ses soins comme de prestiges ; elle n’a guère vu encore que sa plume au vent et son manteau, que déjà elle l’aime, comme toute jeune femme, même la plus pudique, aimera, si elle n’y prend garde, le jeune étranger, est-ce moral ? […] Ainsi, au premier acte, Cosima, qui n’entend parler depuis quelques jours, et à son oncle le chanoine, et à sa soubrette, que de son honneur à elle qu’Alvise son mari doit défendre, Cosima, ennuyée, excédée de cette surveillance qui la froisse comme femme de bien, et qui la tente comme toute fille d’Ève, s’écrie avec un sentiment douloureux d’oppression et en se dirigeant vers la fenêtre où elle apercevra peut-être l’ombre d’Ordonio ; « L’air qu’on respire ici depuis quelque temps est chargé d’idées blessantes et de paroles odieuses. » Si on murmure à une telle phrase au lieu d’applaudir, il faut renoncer, j’en demande pardon aux puristes du parterre, à faire parler la passion moderne au théâtre et à y traduire la pensée en d’énergiques images.

2513. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre IV. De la philosophie et de l’éloquence des Grecs » pp. 120-134

Socrate, Platon, aimaient mieux parler qu’écrire, parce qu’ils sentaient, sans se rendre précisément compte de leur talent, que leurs idées appartenaient plus à l’inspiration qu’à l’analyse. […] Il parle de lui-même d’une manière digne, c’est-à-dire, rapide et indifférente.

2514. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Les siècles et la philosophie ont épuisé ce sujet, et ce que j’ai dit sur l’esprit de parti est applicable à cette frénésie comme à toutes celles causées par l’empire d’une opinion ; ce n’est pas non plus de ces idées religieuses, seul espoir de la fin de l’existence dont je veux parler. […] Que serait-ce, si, quittant les idées nuancées, je parlais des exemples qu’il reste encore, d’intolérance superstitieuse, de piétisme, d’illumination, etc. de tous ces malheureux effets du vide de l’existence, de la lutte de l’homme contre le temps, de l’insuffisance de la vie ; les moralistes doivent seulement signaler la route qui conduit au dernier terme de l’erreur : tout le monde est frappé des inconvénients de l’excès, et personne ne pouvant se persuader qu’on en deviendra capable, l’on se regarde toujours comme étranger aux tableaux qu’on en pourrait lire.

2515. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Comme il a parlé « de cette chaude jeunesse, arbre à la rude écorce, qui couvre tout de son ombre, horizons et chemins !  […] Il a parlé ensuite une langue d’une pureté et d’une douceur incomparables.

2516. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Camille Mauclair À Pise, au Campo-Santo, attardé devant les fresques de Benozzo Gozzoli, si Shelley avait pu lire, au retour, les Poèmes anciens et romanesques, Tel qu’en songe ou les Contes à soi-même, il eût cru retrouver sa propre vision écrite là dans une nuit d’inconscience ; car, si le poète dont je parle présentement a, seul et sans effort dans notre époque d’art, recréé les grandes traditions décoratives de la pure beauté florentine, il n’y enclot pas une beauté froide, mais la souffrance passionnée de son âme d’outremer. […] Des éléments très contraires s’y mêlent harmonieusement ou dominent en certaines périodes d’une manière presque exclusive ; il a, pour parler par métaphore, un gout double et contradictoire pour les ordonnances symétriques des jardins à la française ^ et pour la beauté romanesque des parcs anglais ; et en réalité, malgré l’élection qu’il fit surtout d’époques antiques ou médiévales, ses vraies parentés, à les résumer en deux noms, seraient, par exemple, Racine et Tennyson ; il hésite presque toujours entre la régularité stricte jusqu’à une sorte d’austérité et la fantaisie plus libre de la pensée et du rythme.

2517. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « F.-A. Cazals » pp. 150-164

Il sait la valeur du mot Progrès, et quand Barrès, député, parle de l’avènement d’une République honnête, il lui répond, sur l’air de Cadet-Roussel : Ah ! […] L’Art pur, l’Art sans compromissions, sans étiquette de chapelle ; l’Art au service de la souveraine Beauté. » Il parlait de « haines à jamais abolies, de consciences haussées à la divinité » et il concluait : « Nous voilà prêts à fêter au prochain banquet la poésie personnifiée cette fois par Jean Moréas, le plus pur, le plus haut et le plus désintéressé des poètes. » Je lisais ces lignes de Léon Deschamps, lorsqu’un télégramme m’apprit le coup fatal.

2518. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 151-168

Nous ne parlerons point de ses Epîtres, puisqu’on est assez généralement d’accord qu’elles sont préférables à ses Satires. […] Il est si ordinaire de paroître sensible dans un Discours ou une Epître, & d’être impitoyable dans la Société, que l’éloge du sentiment a toujours l’air d’un blasphême, dans ceux qui en parlent avec trop d’affectation.

2519. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

» Pendant qu’il parlait, les larmes ruisselaient sur ses joues. […] Votre papa a beaucoup d’ennuis, et il ne faut pas parler ainsi. » L’infortuné pensa à ses devoirs envers son prince mort, et s’armant d’un cœur d’acier contre tout sentiment, il se recoucha et recommença à faire semblant de sommeiller.

2520. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Dans la première, il parle d’abord des oracles les plus célèbres de l’antiquité, des histoires singulières qui couroient sur les génies. […] Autant on parla de lui pendant sa vie, autant sa mort fit peu d’impression.

2521. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Puisque nous parlons de la Bruyere comme d’un disciple de Montaigne, il ne faut pas oublier son maître. […] Les Pensées du Comte d’Oxeintiern ont été trop souvent réimprimées, pour n’en pas parler.

2522. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

qui nous parlent incessamment de la sensibilité de Camille, comme si la sensibilité toute seule n’inclinait pas aussi facilement et autant à la cruauté qu’à la compatissance, et comme si elle méritait autre chose que de la méfiance, en dehors de la réflexion et de la bonté ! […] » Comme tous les hommes qui n’en ont pas, il parlait incessamment de son caractère, et demandait une caverne pour s’y retirer avec sa femme et son enfant… Je ne sais pas si je me trompe, mais la cave sinistre de Marat a plus de grandeur que cette caverne sentimentale et poltronne de ce mari de Greuze dans l’embarras.

2523. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

L’esprit de Galiani, si à part et si personnel, est plus curieux à étudier que ses ouvrages, et cet esprit est surtout dans sa correspondance il y parle beaucoup des livres qu’il a faits, mais il y parle aussi des livres qu’il veut faire, et ses projets de travaux qu’il n’a pas accomplis donnent la mesure et la portée d’un esprit qui tranchait sur les esprits de son temps par la pétulante originalité du sien.

2524. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IV. Saisset »

Saisset a vu très juste dans les circonstances contemporaines, et si la question morale et intellectuelle du monde doit s’agiter entre les conséquents du catholicisme ou les conséquents du panthéisme, a-t-il vu également juste en croyant possible d’établir, ou, pour parler aussi modestement que lui, de pressentir une troisième solution à introduire en catimini, sous les regards de l’opinion, avec des patelinages de plume qui montrent au moins de la souplesse dans le talent de M.  […] Je sais bien qu’en relevant l’erreur, il reste courbé devant celui qui l’a produite, et je reconnais là le joli sujet dont je parlais tout à l’heure, respectueux pour ses maîtres et obstiné au respect pour eux, malgré leurs plus honteuses et leurs plus dangereuses folies.

2525. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Dieu, ce railleur terrible et solitaire dont Bossuet parle quelque part, faisait alors monter sur les tréteaux du pouvoir tous les Jocrisses de « l’idée », afin qu’on les vît mieux, de là, livrer leurs joues bouffies d’espérance aux soufflets de l’implacable Réalité. […] Et voilà ce que nous devions dire, avant même de parler des divers mérites et des travaux provoqués par le programme de l’Académie en 1849.

2526. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Banville. Les Odes funambulesques. »

Il y plonge, il s’y baigne, il s’y berce et, qu’on nous passe le mot, il y pique d’épouvantables têtes, car avec l’homme qui a eu l’idée, — cette idée de sauteur, — d’unir Mme Saqui et Pindare et d’ajouter à cet auguste nom d’Odes l’épithète de funambulesques, il faut parler la langue de sa prétention ou de sa manie et montrer ce que l’acrobate a fait du poète dans cet homme-là ! […] III Assurément, s’il n’y avait en tout cela qu’un poète de moins, nous qui aimons les poètes, nous en porterions le deuil et tout serait dit ; nous n’en parlerions plus !

2527. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

Cet Idyllique qui dépose de si pensifs bouquets de pensées dans un simple verre d’eau et qui a fait La Ronde de l’oiseau, un modèle de gazouillage, et La Ronde des jeunes filles, un modèle de folie virginale, Il est un amandier rose, Un amandier rose et gris, Qui parle ! […] Mais il fait Le Tonnelier, L’Ouvrière, Le Chiffonnier ; il parle du propriétaire !

2528. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pécontal. Volberg, poème. — Légendes et Ballades. »

Dès 1838, il publiait un poème en plusieurs chants dont le Journal des Débats, plus littéraire que les autres, parla seul ; et ce poème, intitulé Volberg, n’était tout simplement que la conversion au catholicisme d’un esprit du xixe  siècle, d’un de ces Titans du doute, de l’incrédulité et de l’orgueil, comme Byron, ce grand boiteux d’esprit comme il l’était de corps, en avait tant élevé sur leurs pieds d’argile, — sur des pieds qui ressemblaient au sien ! […] Qui dit spécial dit plus artiste, et à l’exception des deux odes, dont nous parlions tout à l’heure, deux belles intruses auxquelles on pardonne en faveur de leur beauté, Chateaubriand et La mer à Biarritz, et de quelques fables dans lesquelles il n’a point imité La Fontaine, le seul genre d’éloge qu’on puisse donner à qui ose écrire une fable après l’incomparable et désespérant Maître Jean, M. 

2529. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’arbitrage et l’élite »

De même que le Sacré-Collège Romain dont les membres appartiennent à toutes les nations, parle au nom de la Catholicité, au-dessus des patries, cette assemblée des représentative men de chaque peuple parlerait au nom de l’humanité au-dessus des territoires.‌

2530. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

On jugera aussi si l’un a eu raison de croire jusqu’ici que Tarquin l’Ancien prétendit donner aux nations dans la formule dont nous venons de parler, un modèle pour les cas semblables. — Ainsi le droit des gens héroïques du Latium resta gravé dans ce titre de la loi des douze tables : si quis nexum faciet mancipiumque uti lingua nuncupassit ita jus esto . […] Dans l’introduction des Institutes, Justinien parle des fables du droit antique, antiqui juris fabulas  ; son but est de les tourner en ridicule, mais il doit avoir emprunté ce mot à quelque ancien jurisconsulte qui aura compris ce que nous exposons ici.

2531. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Avant-propos »

Calomniée sans cesse, et me trouvant trop peu d’importance pour me résoudre à parler de moi, j’ai dû céder à l’espoir qu’en publiant ce fruit de mes méditations, je donnerais quelque idée vraie des habitudes de ma vie et de la nature de mon caractère.

2532. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchaud, Pierre de (1862-1925) »

Henri de Régnier Le caractère même de la Revue (Mercure de France) m’impose de parler, plutôt que de maint ouvrage méritoire et agréable peut-être, de certains livres remarquables par quelque singularité de pensée ou quelque nouveauté de forme.

2533. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 410

Nous ne parlons de cette Traduction, que pour faire remarquer qu’on y a puisé les premiers argumens, dont on a farci tant de déclamations contre Moïse & l’ancien Testament.

2534. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Bachelier »

C’est un patient dont les membres ont été mal reboutés ; de la manière dont vous avez ouvert ce tombeau, c’est vraiment un miracle qu’il en soit sorti ; et si on le faisait parler d’après son geste, il dirait au spectateur ; Adieu, Messieurs, je suis votre serviteur ; il ne fait pas bon parmi vous, et je m’en vais.

2535. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Guerin et Roland de la Porte »

Guerin et Roland de la Porte Je ne connais point le premier, et âme qui vive ne vous en parlera.

2536. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rivet, Gustave (1848-1936) »

Et cela sans contorsions de vers, de rimes pauvres par leur richesse, rien qu’en laissant parler en lui la nature.

2537. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Turquety, Édouard (1807-1867) »

Turquety est élégante et gracieuse, mais ce n’est pas cette élégance polie à la pierre ponce dont parlent

2538. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 68

Nous ne parlons pas des qualités de son cœur ; son nom seul les annonce.

2539. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Michel, Henri »

Je veux parler de Maurice Bouchor, de Jean Richepin et aussi de ces morts d’hier, Jules Tellier et Paul Guigou, ravis trop tôt à leurs amis et à la poésie.

2540. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 349

Nous ne parlons de Bouillaud, que pour avoir occasion de faire cette remarque.

2541. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 436

sans parler de ceux de Médecine qui ne sont pas de notre objet.

2542. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 384

Ménage & Gui-Patin en parlent avec éloge, & rapportent plusieurs de ses Poésies Latines, qui font regretter qu’on n’en ait pas formé un Recueil.

2543. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 457

C’est là qu’il faut apprendre à penser & à parler comme il convient sur la tolérance.

2544. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 276

Nous ne parlons pas de ses Poésies : nous dirons seulement qu'elles n'annoncent aucune prétention, modestie assez rare parmi les Poëtes médiocres.

2545. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Moitte »

Duhamel à qui Maupertuis disait : convenez qu’excepté vous, tous les physiciens de l’académie ne sont que des sots, et qui répondait ingénuement à Maupertuis : je sais bien, monsieur, que la politesse excepte toujours celui à qui l’on parle. ce Duhamel a inventé une infinité de machines qui ne servent à rien, écrit et traduit une infinité de livres sur l’agriculture qu’on ne connaît plus ; fait toute sa vie des expériences dont on attend encore quelque résultat utile ; c’est un chien qui suit à vue le gibier que les chiens qui ont du nez font lever, qui le fait abandonner aux autres et qui ne le prend jamais.

2546. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Et je lui dis : « Ma cousine Amy, parle-moi et dis-moi la vérité. —  Fie-t’en à moi, cousine. […] Il ne chante pas, il parle ; ce sont les mots risqués, négligés, de la conversation ordinaire ; ce sont les détails de la vie domestique ; c’est la description d’une toilette, d’un dîner politique, d’un sermon, d’une messe de village. […] Il fonde des associations, il parle dans les meetings, il surveille des écoles, il rend la justice, il introduit des perfectionnements ; il use de ses lectures, de ses voyages, de ses liaisons, de sa fortune et de son rang pour conduire amicalement ses voisins et ses inférieurs vers quelque œuvre qui leur profite et qui profite au public. […] Il y a deux peuples en France : la province et Paris, l’un qui dîne, dort, bâille, écoute ; l’autre qui pense, ose, veille et parle ; le premier traîné par le second, comme un escargot par un papillon, tour à tour amusé et inquiété par les caprices et l’audace de son conducteur. […] Comme il a parlé « de cette chaude jeunesse, arbre à la rude écorce, qui couvre tout de son ombre, horizons et chemins ! 

2547. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLe entretien. Littérature villageoise. Apparition d’un poème épique en Provence » pp. 233-312

Mon habitude des patois latins parlés uniquement par moi jusqu’à l’âge de douze ans, dans les montagnes de mon pays, me rendait ce bel idiome intelligible. […] Lisons donc : c’est moi qui parle, mais c’est lui qui chante. […] « — Il me semble, dit-elle en se retirant à pas lents vers sa mère, que, pour l’enfant d’un vannier, il parle merveilleusement bien ! […] Puis ils s’assirent sur le talus, l’un près de l’autre se mirent, un petit moment se regardèrent, et voici comment parla le jeune homme aux paniers : XIII « “Vous êtes-vous point fait de mal, Mireille ! […] Elle rougit de quelques propos de jeunes filles, ses compagnes, qui parlent de leurs fiancés sans se douter qu’elle a choisi le sien ; elle va cacher sa rougeur subite à la cave sous prétexte d’aller chercher la flasque de vin des Micocoules.

2548. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

II Nous ne voulons point parler ici des papes comme pontifes, mais comme souverains temporels, comme présidents viagers et perpétuels d’une république purement italienne, république constituée d’un débris de l’empire romain à Rome. Nous ne parlons pas théologie, nous parlons politique. Il y a, en effet, deux hommes parfaitement distincts dans un pape : celui qui ne distingue pas entre ces deux hommes dans un ne peut parler ni de l’un ni de l’autre avec bon sens et avec respect ; car, s’il attribue au pontife inspiré de Dieu les erreurs, les vices, les crimes de l’individu appelé pape, il offense Dieu, il est absurde et sacrilège envers la souveraine Sagesse ; et s’il attribue au pape, chef électif d’une république italienne, l’infaillibilité, la perpétuité et l’autorité du pape, pontife et oracle de Dieu, il offense la raison et la liberté, il sacre la tyrannie, il est sacrilège aussi envers l’espèce humaine. […] Ne parlons que du souverain. […] Les traités de 1815, dont on parle souvent sans les connaître, ne furent pas autre chose que le reflux de toutes les puissances dans leur territoire respectif après le débordement épuisé de la France napoléonienne.

2549. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

On racontera aux autres pères les exploits de leurs enfants, et moi, je n’entendrai plus parler de mon Oscar. […] Étranger, tu parles avec audace à Clessamor, parce qu’il est seul ; mais mon épée frémit à mon côté, impatiente de briller dans ma main. Ne parle plus de Comhal, enfant de Clutha ! […] Ô mes amis, parlez-moi donc ! […] Ô mes amis, parlez-moi, entendez ma voix !

2550. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre V. Jean-Jacques Rousseau »

Dès qu’on parle en termes généraux, il semble qu’il recouvre Rousseau, qu’il le double, et souvent se confonde avec lui. […] Il faut donc voir Rousseau vivre avant de l’écouter parler. […] Il n’est pas difficile de demander de quel droit Rousseau affirme la bonté originelle de l’homme dans l’état de nature : cependant, à bien prendre les choses, cette bonté dont il parle est à peu près celle de l’orang, qui ne capitalise pas des revenus, qui ne fait pas travailler d’autres orangs, ne les affame pas, et ne leur fait pas communément la guerre. […] Car, en premier lieu, le don absolu que les citoyens font d’eux-mêmes à l’État semble être incompatible avec la forte constitution de la vie morale intérieure ; jamais la conscience de Wolmar ou de Julie ne saura donner à la volonté générale, à la loi, un droit absolu de lui prescrire et de la régler : les dogmes de la religion civile ou l’oppriment, s’ils parlent autrement qu’elle, ou n’existent pas, s’ils parlent comme elle. […] Il a paru bien bizarre que Rousseau attendit si tard pour parler de Dieu à son élève, tout à la fin de l’éducation.

2551. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Je suis convaincu, pour ma part, que la langue que parlèrent les premiers êtres pensants de la race sémitique différait très peu du type commun de toutes ces langues, tel qu’il se présente dans l’hébreu ou le syriaque. […] On croit avoir tout dit quand on a parlé de fusion du judaïsme, du platonisme et de l’orientalisme, sans qu’on sache ce que c’est qu’orientalisme, et sans qu’on puisse dire com-ment Jésus et les apôtres avaient reçu quelque tradition de Platon. […] Ils ont cet instinct moral, ce bon sens pratique et sans grande profondeur d’analyse, mais populaire et facile, qui fait le génie des religions, joint à ce don prophétique qui souvent sait parler de Dieu plus éloquemment et surtout plus abondamment que la science et le rationalisme. […] ne parlait-il pas des choses divines ? […] Je ne parle pas de la Chine.

2552. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Elle rassemblait toutes les races, depuis l’Aryen supérieur jusqu’au nègre infime ; elle parlait toutes les langues, depuis le Zend sacré des mages jusqu’à l’idiome inarticulé des sauvages. […] Pour te parler seulement des Spartiates, ne fussent-ils que mille, ils le combattraient ; car ils ont un puissant maître, la Loi, et ils la craignent beaucoup plus que tes sujets ne te redoutent. […] C’était pour eux assez de gloire qu’il les choisît entre tous les Grecs, pour les absoudre de leur offense et devenir leur ami. — Les Spartiates parlèrent à leur tour : — Athènes écouterait-elle ce tyran, messager d’un autre tyran ? […] Athènes répondit comme Pallas elle-même aurait répondu, d’aussi haut que si elle eût parlé du fronton d’un temple, avec un accent irrévocable et des mots pareils à ceux qu’on lit sur les marbres. […] Tu parles de venger Léonidas ; je crois sa mort et celle de ses compagnons amplement expiée par les innombrables Barbares qui sont tombés sous nos glaives.

2553. (1884) Articles. Revue des deux mondes

Le meilleur signe de progrès dans notre siècle, c’est peut-être qu’on y parle beaucoup de progrès. Bien des gens, il est vrai, en parlent de confiance, et seraient fort embarrassés d’éclaircir les vagues idées que ce mot éveille en eux ; réjouissons-nous toutefois que, même mal ou peu compris, il soit sur toutes les lèvres : on en peut conclure qu’il exprime une tendance sérieuse de toutes les âmes. […] Ou qu’il ne soit plus question de la loi du progrès, ou cessez de parler de la liberté. […] Mais certainement, il a fait faire de nombreuses dissections ; il parle des yeux intérieurs de la taupe, des viscères du lion et de plusieurs reptiles. […] De fait, la plupart des naturalistes ou des physiologistes qui ont parlé de l’Histoire des animaux, reprochent plus ou moins à son auteur d’avoir attribué tant d’importance au principe des causes finales.

2554. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

On avait déjà parlé d’Homère à plus d’une reprise, et particulièrement dans le fort de la fameuse querelle entre Perrault et Despréaux (1693). […] Lorsque sa traduction parut, ils se dirent : « Voilà donc cet Homère dont on parle tant », et ils firent bientôt toutes les critiques qu’une première impression suggère quand on ne se met pas au point de vue de l’Antiquité ou qu’à défaut d’une connaissance véritable on n’est pas retenu par le respect de la tradition. […] La Motte, en s’exprimant ainsi, parlait comme un homme froid et d’esprit dégagé, qui n’a pas la chaleur d’une conviction, et qu’un sentiment vif ne tourmente pas.

2555. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Après des années, un jour qu’il était accusé d’être volage et peu profond dans ses sentiments, Maucroix en convient d’assez bonne grâce : À propos, écrivait-il à une femme d’esprit qui l’attaquait là-dessus, vous me reprochez que bien souvent ç’ont été les sens qui ont emporté mon cœur ; pour cette fois-là (Il parle d’une liaison nouvelle), vous ne devinez pas trop mal, ma chère ; quand il y a un peu d’amour en campagne, cela arrive assez souvent : car, quoi ! […] Règle générale : pour les poètes et gens de lettres qui se retirent en province après un premier éclat (je parle toujours de la province telle qu’elle était alors, aujourd’hui j’admets que tout est changé), pour ces esprits et ces talents qui ne se renouvellent pas, qui se continuent seulement et qui vivent jusqu’à la fin sur le même fonds, il faut toujours en revenir, pour les bien connaître, à la date de leur floraison première. […] Je parlerai peu des traductions de Maucroix, bien qu’elles fussent très estimées dans le temps.

2556. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Je ne parle pas seulement de cette tumeur qu’on opère, et à laquelle il faut revenir deux fois ; mais, même après, il a souvent la goutte, la fièvre, et Dangeau est continuellement occupé à nous dire que le roi va mieux. […] Quand le roi Jacques II réfugié en France et Louis XIV qui lui donne l’hospitalité s’enferment dans le cabinet à Versailles ou se parlent bas dans l’embrasure d’une croisée, on sait par Dangeau qu’ils ont conféré et parlé bas, mais il se garde bien de vouloir deviner ce qui s’est dit.

2557. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Or ce grand bouillon de colère et indignation étant aucunement refroidi, et là-dessus ayant ouï parler des gens de toute sorte, consultant à part moi souvent de ce qu’en conscience il en faut tenir et croire, enfin je me suis aperçu bien changé… Il est à remarquer que la date de cette lettre, qui est d’avril 1589, coïncide avec les premiers temps de la connaissance que fit Charron de Montaigne37 : je n’irai pas jusqu’à conjecturer que, dès les premiers entretiens, Montaigne fut pour quelque chose dans ce changement de Charron. […] Joubert) a dit, pour donner à entendre ce qu’il y a de divin dans le christianisme : « On ne peut ni parler contre le christianisme sans colère, ni parler de lui sans amour. » C’est cet amour qu’on ne rencontre point dans les écrits religieux de Charron.

2558. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Quand il a surtout à parler des productions nouvelles, il est presque toujours à côté. […] Belmontet vient d’annoncer, de poser, comme on dit, sa candidature par une lettre pleine d’un beau feu, où il parle en vétéran de la poésie, en homme qui est entré dans la carrière par une Fête sous Néron, en compagnie de Soumet, et qui n’a cessé de produire et de mériter depuis : Grand Art, j’ai combattu quarante ans pour ta gloire !  […] Et quand même, après examen et franche discussion, « il ne sortirait pas de résultat bien différent de celui qu’on peut attendre du monde d’aujourd’hui, ce serait du moins une satisfaction accordée à la minorité de l’Académie ; car voir surgir sans cesse des candidats imprévus, qui ne relèvent que de leur caprice et du bon plaisir d’une majorité qui les suscite ou qui les adopte sans jamais donner de raisons ni d’explication ; subir ces choix de confrères nouveaux, sans avoir eu soi-même voix au chapitre (car un vote muet n’est pas une voix), sans avoir été mis préalablement à même de parler et de répondre, de dire ce qu’on pense et de faire dire aux autres ce qu’ils pensent aussi, sans avoir été bien et dûment vaincu ou (qui sait ?)

2559. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Elle vous supplie de bien examiner la nourrice à son arrivée, et, si son lait n’est pas suffisant, de lui retirer sur-le-champ notre enfant et de le donner à cette autre dont vous aviez parlé. […] tout est sauvé ; on a pensé avec l’esprit d’un autre et parlé avec ses paroles. […] Racine avait une autre sœur encore dont l’abbé de La Roque ne parle pas, qui se fit religieuse à Port-Royal, la sœur Marie de Sainte-Geneviève Racine, de laquelle on ne dit rien sinon qu’elle mourut dans de grands sentiments de piété.

2560. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Vous (c’est à Rousseau qu’il parlait), vous achèverez de haïr tous les hommes, et lui (Diderot), finira de les aimer. […] Dans son mélange de rêverie et d’épreuve, de réalité et de chimère, il songeait par moments à la Corse dont Rousseau était censé faire la Constitution et qui semblait sur le point de se régénérer : « En un mot, cher ami, je cherche un pays où je n’entende point le peuple se plaindre du gouvernement, où l’on puisse parler avec plaisir et des lois et de leur exécution, où l’étranger n’ait rien à craindre des citoyens, ni ceux-ci de leurs régisseurs. […] Je sens qu’au fond je suis indisciplinable… Je ne peux ni sentir sur parole, ni écrire d’après autrui… » Poète, il n’aspire qu’à manifester la nature dans ses ouvrages en vers, et il ne s’aperçoit pas qu’il ne la manifestera jamais plus pleinement, avec plus de couleur et de chaleur, qu’à ce moment même où il en forme le dessein et où il en parle ainsi.

2561. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

La prudence est encore plus nécessaire aux princes qu’aux simples particuliers… » Et il parlait avec sensibilité de la prochaine réunion des États Généraux, exhortant chacun de ceux qui y étalent appelés à faire effort pour le bien dans sa ligne et dans sa mesure, à concourir au règlement de la chose publique, au rétablissement de l’ordre dans les diverses parties de l’administration, « afin de redonner à notre bon roi, disait-il, la tranquillité et le bonheur qu’il a perdus et dont il est si digne. » Celui qui lui aurait prédit alors, et ce jour-là, que trois ans et demi après, nommé membre d’une Convention avec mandat de juger ce même roi, il aurait hâte d’en finir au plus tôt avec lui et de faire le plus sommairement tomber sa tête, — celui qui lui aurait prédit que son premier discours à cette Convention nationale serait non plus pour louer ce bon roi, mais pour célébrer « le bon peuple » qui l’y avait porté et qui venait de lui conférer à ses collègues et à lui une mission terrible, souveraine, une mission de nivellement estimée par lui légitime, irrésistible et régénératrice, l’aurait certainement bien étonné. […] Homme obscur, ignoré dans la république des lettres ; jeté, par cette force invisible qui maîtrise nos destinées, dans les agitations d’une vie errante et toujours malheureuse ; appelé, par un concours de circonstances extraordinaires, à des emplois redoutables, où le moment de la réflexion était sans cesse absorbé par la nécessité d’agir ; remplissant encore aujourd’hui des fonctions administratives, bien plus par l’amour de la justice et l’instinct du devoir que par la connaissance approfondie des principes sur lesquels nos grands maîtres ont établi l’art si difficile de l’administration publique ; demeuré, par une captivité longue et douloureuse, presque entièrement étranger aux nouveaux progrès que des savants recommandables ont fait faire à la science, mon premier devoir, Citoyens, est de faire ici l’aveu public de mon insuffisance, et de vous déclarer que tout ce que je puis offrir à cette Société respectable est l’hommage sincère, mais sans doute impuissant, de ma bonne volonté… » Et se voyant amené, par l’ordre des idées qu’il développait dans ce discours, à parler de la Révolution française, explosion et couronnement du xviiie  siècle, de « cette Révolution à jamais étonnante qui, déplaçant tout, renversant tout, après des essais pénibles, souvent infructueux, quelquefois opposés, avait fini par tout remettre à sa véritable place », il s’écriait, cette fois avec le plein sentiment de son sujet et avec une véritable éloquence : « La Révolution ! […] J’ai sous les yeux une lettre de Jean-Bon, datée de Castres, du 17 mai 1787, dans laquelle, s’adressant à sa sœur et à son beau-frère, il leur parle de ce jeune enfant, et en toute cordialité : « Tu sais combien j’ai été enchanté de ton petit bonhomme ; je me nourris de l’espoir de lui être un jour utile, et de contribuer peut-être à en faire un honnête homme.

2562. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Mais ce n’est pas du latin savant, du latin cicéronien, c’est du latin vulgaire parlé par le peuple et graduellement altéré, que sont sortis, après des siècles de tâtonnement, les différents dialectes provinciaux dont était celui de l’Île-de-France, lequel a fini par se subordonner et par supplanter les autres ; lui seul est devenu la langue, les autres sont restés ou redevenus des patois58. […] Les mots en ayant été prononcés et parlés par le peuple, des siècles durant, avant d’être notés et écrits, toutes ou presque toutes les lettres inutiles ont eu tout le temps de tomber et de disparaître. […] Je ne crois pas qu’il puisse y avoir d’objection contre cette heureuse idée toute pratique et qui parle aux yeux.

2563. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Je ne parle toujours que de ce qui n’était pas déjà en train de luire sous la Restauration. […] Duvergier de Hauranne, si net et si fin en littérature, nous parle, comme autrefois, de l’Irlande ; que M. Vitet nous parle encore des beaux-arts avec cet enthousiasme que son érudition nourrit et justifie.

2564. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Maître François Rabelais, l’auteur, a quarante ans ou environ : c’est un de ces tard-instruits dont nous avons parlé ; et même il lui a fallu plus d’ardeur, plus de volonté qu’à personne pour étudier, puisqu’une erreur du sort l’avait fait moine, et moine mendiant. […] Rien qui touche à la Sorbonne : le théologien Hippothadée parle gravement, simplement, clairement, selon le texte sacré. […] Et, d’abord, pour n’en plus parler, l’obscénité énorme de son livre.

2565. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Science et Philosophie Taine, dont j’ai parlé, Renan, dont je parlerai, l’Anglais Darwin921, qui ne m’appartient pas, voilà les trois grands modificateurs des esprits contemporains : c’est d’eux, de l’un plus, de l’autre moins, assez souvent de tous les trois tant bien que mal amalgamés et fondus, c’est d’eux que nous tenons la plupart de nos idées générales. […] Mais actuellement ou ne peut en parler que comme œuvres récentes et fraîches.

2566. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Pour parler, si je puis, avec plus de précision, ces deux mille pages m’ont, suggéré, m’ont fait imaginer un trop grand nombre de perceptions inattendues ; et ces perceptions étaient accompagnées de trop de plaisir et en même temps de trop de peine, de trop de pitié, de trop de désirs indéfinis et irréalisables… Mon âme est comme un instrument qui aurait trop vibré et à qui le prolongement muet des vibrations passées serait douloureux. […] Je ne crois à rien ni à personne ; je n’aime personne ni rien ; je n’ai ni foi ni espérance… Vous direz : Ces propos manquent un peu de nouveauté ; ceci est du plus vénérable romantisme ; Loti parle ici comme Lara, Manfred et le Corsaire, plus brutalement, voilà tout  Oui ; mais Pierre Loti, élevé par bonheur en dehors de la littérature, est ici byronien sans le savoir et avec une entière sincérité. […] Les gens du peuple, les esprits simples adorent les romances qui leur parlent de choses qu’ils n’ont point vues, de lagunes et de gondoles, ou qui leur présentent un Orient de vignettes avec caravanes, minarets et yatagans.

2567. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Il n’y avait pas d’apparence que le moraliste qui a poussé le soin jaloux de la dignité de l’homme jusqu’à ôter arbitrairement aux animaux toute propriété ressemblant du plus loin à la pensée, s’interdît de parler du devoir à l’âme réintégrée par lui dans ses droits, et raffermie dans sa foi en elle-même. […] Et quand il ajoute : « Si l’on écrit comme l’on pense (mettez : si l’on parle), si l’on est convaincu de ce qu’on veut persuader, cette bonne foi avec soi-même, qui fait la bienséance pour les autres et la vérité du style (mettez : du langage), lui fera produire tout son effet… » le précepte s’adresse-t-il aux auteurs seulement ou à tout honnête homme qui veut amener les autres à son opinion ? […] Je viens de parler du jardin de Montbard.

2568. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Il serait temps, aujourd’hui que l’expérience a suffisamment parlé, et que les hommes de mérite qui se sont chargés par pur zèle de ces humbles lectures ont assez montré dans quel sens utile et désintéressé ils les conçoivent, que de son côté aussi le public a montré dans quel esprit de bienséance et d’attention il les vient chercher, il serait temps, je crois, de donner à cette forme d’enseignement la consistance, l’ensemble, l’organisation enfin qui peut, seule, en assurer le plein effet et la durée. […] Quand vous avez à parler d’un auteur, commencez par le lire vous-même attentivement, notez les endroits caractéristiques, prenez bien vos points, et venez ensuite lire et dérouler des pages habilement rapprochées de cet auteur, qui va ainsi, moyennant une très légère intervention de votre part, se traduire et se peindre lui-même dans l’esprit de vos auditeurs. […] Un jour qu’on aurait lu une page de Voltaire où quelque trait peu religieux se serait glissé, on lirait cet Éloge du général Drouot dont nous parlions dernièrement, et qui prouverait que la religion et le patriotisme se concilient très bien, et dans le guerrier qu’on loue et à la fois dans l’orateur qui le célèbre.

2569. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Il racontait souvent avec énergie l’impression qu’il reçut de l’état de terreur qui pesait alors sur la grande cité : « Cet état de prostration et de stupeur était tel (c’est lui qui parle), que si l’on avait dit à un condamné : Tu iras dans ta maison et là tu attendras que la charrette passe demain matin pour y monter, il serait allé et il y serait monté. » Ce qui n’est pas moins remarquable chez quelqu’un qui avait senti à ce degré l’horreur des crimes, il ne fut point dégoûté de la liberté ; il n’entra point, au sortir de là, dans la crainte et l’aversion des progrès modérés et des lumières. […] À toutes les qualités qui sont nécessaires à l’orateur, Droz demande que son caractère unisse encore la sensibilité : « Beaucoup de force d’âme au premier coup d’œil, dit-il, paraît l’exclure : mais l’élévation est le point qui les unit. » L’élévation d’âme n’est pas tout encore, si l’orateur n’y joint réellement la vertu ; Droz y insiste, et non point par des lieux communs de morale, mais par des observations pratiques incontestables : « Croyez qu’il n’est chez aucun peuple assez d’immoralité, dit-il, pour que la réputation de celui qui parle soit indifférente à ceux qui l’écoutent. » Lorsque plus tard, historien de la Révolution, il aura à parler de Mirabeau, dont il appréciait si bien la grandeur, combien il aura occasion de vérifier ce côté d’autorité morale si nécessaire, par où il a manqué !

2570. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Il sort bientôt du cercle étroit que lui prescrit le dogme, pour entrer dans les régions immenses que lui ouvre l’opinion. » Le jeune homme, nourri dans la tradition et dans la pratique religieuse, paraît préoccupé des querelles et des dissensions théologiques qui agitaient encore à ce moment plusieurs classes de la société : « Un enthousiaste, dit-il spirituellement, ne cherche point dans les ouvrages divins ce qu’il faut croire, mais ce qu’il croit ; il n’y démêle point ce qui s’y trouve, mais ce qu’il y cherche… Les livres sacrés sont comme un pays où les hommes de tous les partis vont comme au pillage, où ils s’attaquent souvent avec les mêmes armes et livrent bien des combats d’où tous croient sortir également victorieux69. » On devine, à la manière dont il parle du « judicieux abbé Fleury », qu’il n’est disposé à donner dans aucun extrême en fait de doctrine ecclésiastique, de même qu’on le trouve très en garde contre les écrits de Rousseau. […] Un autre écrit, intitulé : Il est temps de parler, ou Mémoire pour la commune d’Arles, est également de ces premiers mois de 1795. […] L’artiste (si l’on ose employer ce mot en pareille matière), le metteur en œuvre chez Portalis fait un peu défaut quand il écrit : l’honnête homme n’en était que plus à nu quand il parlait.

2571. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Aucune de ces définitions n’a encore satisfait pleinement tous les naturalistes ; et cependant chaque naturaliste sait au moins vaguement ce qu’il entend quand il parle d’une espèce. […] Je veux parler de ces genres qu’on a nommés protéiques ou polymorphes. […] Il aura une tendance générale à faire beaucoup d’espèces, parce que, comme l’amateur de Pigeons ou d’autres volatiles dont j’ai déjà parlé, il sera sous l’impression de la différence des formes qu’il a constamment sous les yeux ; et il n’aura par contre, pour corriger cette première impression, qu’une connaissance superficielle et un sentiment moins vif des variations analogues des autres groupes en d’autres contrées.

2572. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « [Avertissement de l'auteur] » p. 1

En commençant par un morceau sur Mme de Sévigné, on n’a pas prétendu donner un portrait étudié de cette personne incomparable : ce ne sont que quelques pages légères, autrefois improvisées au courant de la plume après une lecture des Lettres, et antérieures aux recherches récemment publiées ; mais on les a replacées ici bien plutôt à titre d’hommage, et parce qu’il est impossible d’essayer de parler des femmes sans se mettre d’abord en goût et comme en humeur par Mme de Sévigné.

2573. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Marrot, Paul (1850-1909) »

Le poète y parle de la nature, de l’homme, des bêtes, avec des accents attendris et sincères dans leur conviction robuste.

2574. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 183

Nous ne parlons pas de son Baron de Fœneste, qui n’a pas, à beaucoup près, le même agrément.

2575. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 343

La Préface en est bien écrite ; l’esprit & la raison y parlent le langage qui leur convient.

2576. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 238

François de Sales, de Madame de Chantal, & de l’Abbé de Rancé, sont parsemées de traits, qui, aux défauts près dont nous avons parlé, sont encore mieux sentir les dispositions qu’il avoit pour ce genre d’ouvrages.

2577. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 456

De tous les Auteurs dont il est parlé dans cette Collection, à peine douze sont connus dans la République des Lettres ; & les Mémoires qui regardent la vie de tous ces Auteurs ignorés, sont écrits d’un style si bas & si rampant, qu’on n’en peut soutenir la lecture.

2578. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » p. 301

On ne parle pas de la manie de M.

2579. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Contemplations » (1856-1859) — Un jour, je vis, debout au bord des flots mouvants (1859) »

Un jour je vis, debout au bord des flots mouvants, Passer, gonflant ses voiles, Un rapide navire enveloppé de vents, De vagues et d’étoiles ; Et j’entendis, penché sur l’abîme des cieux, Que l’autre abîme touche, Me parler à l’oreille une voix dont mes yeux Ne voyaient pas la bouche : — Poëte, tu fais bien !

2580. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Encore beaucoup de critiques continuent-ils à considérer et traiter ses merveilleuses comédies (quand ils en parlent) à la façon de gracieux badinages. […] Flaubert a excité contre lui la pruderie agressive dont je viens de parler, avec son meilleur ouvrage, Madame Bovary. […] Les théologiens parlent fréquemment de la joie mystique. […] A la Chambre, le contact avec les adversaires est tolérable parce qu’on a le loisir de leur jouer des tours et de leur parler franc. […] Je ne parle que de la foule française, ignorant celle des autres pays.

2581. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Toisoul, Arthur »

oui, bien trop peu parlé.

2582. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » p. 539

Nous ne parlerons pas de sa Continuation de l’Histoire de sa Société, où la richesse de l’imagination & l’élégance de l’expression se font autant sentir, que les préjugés ultramontains qui lui attirerent la condamnation du Parlement de Paris.

2583. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 205

Les Journalistes en ont parlé successivement avec des éloges que le Public semble avoir justifiés, par l’accueil qu’il a fait à cette Collection.

2584. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

Elle parlera aussi haut que les précédentes, en souveraine légitime à qui la dictature appartient de naissance, et contre laquelle toute révolte est un crime ou une folie. […] Il lui faut un culte, une légende, des cérémonies, afin de parler au peuple, aux femmes, aux enfants, aux simples, à tout homme engagé dans la vie pratique, à l’esprit humain lui-même dont les idées, involontairement, se traduisent en images. […] Mais il parlait comme un oracle, par sentences et en énigmes ; il courait, comme sur des charbons ardents, toutes les fois qu’il touchait aux choses de son pays et de son temps. […] Il est dans la nature de l’égalité de s’accroître ; c’est pourquoi l’autorité des uns a grandi en même temps que la dépendance des autres, tant qu’enfin, les deux conditions étant arrivées à l’extrême, la sujétion héréditaire et perpétuelle du peuple a semblé de droit divin comme le despotisme héréditaire et perpétuel du roi. — Voilà l’état présent, et, s’il change, c’est en pis. « Car423 toute l’occupation des rois ou de ceux qu’ils chargent de leurs fonctions se rapporte à deux seuls objets, étendre leur domination au dehors, et la rendre plus absolue au dedans. » Quand ils allèguent un autre but, c’est prétexte. « Les mots bien public, bonheur des sujets, gloire de la nation, si lourdement employés dans les édits publics, n’annoncent jamais que des ordres funestes, et le peuple gémit d’avance, quand ses maîtres lui parlent de leurs soins paternels. » — Mais, arrivé à ce terme fatal, « le contrat du gouvernement est dissous ; le despote n’est maître qu’aussi longtemps qu’il est le plus fort, et, sitôt qu’on peut l’expulser, il n’a point à réclamer contre la violence ». […] Partie II, livre IX, 368. « Je ne comprends pas comment on ose parler dans un cercle… Je me hâte de balbutier promptement des paroles sans idées, trop heureux quand elles ne signifient rien du tout… J’aimerais la société tout comme un autre, si je n’étais sûr de m’y montrer, non seulement à mon désavantage, mais tout autre que je ne suis. » — Cf. 

2585. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

C’est un homme qui a plus de bonheur à admirer les autres qu’à être admiré lui-même ; qui demande pardon de son mérite à ceux qui en ont souvent moins que de prétention, et qui, ne briguant aucun renom pour lui, forme ce milieu anonyme, atmosphère vivante de ceux qui parlent ou écrivent, la galerie qui applaudit, la critique, le parterre des lettres, sans lequel il n’y aurait point de lettres dans un pays, le nom collectif, un des noms de ce public d’élite enfin qui n’affecte aucune gloire, mais qui la donne à une nation, dont la première gloire est d’aimer ceux qui d’une part de leurs noms lui font un surnom national et immortel. […] XXXI « Quelques Français, nés sous cet heureux climat, m’accueillirent avec tout ce qu’ils pouvaient se rappeler de notre langue, qui fut celle de leurs pères, mais qu’eux-mêmes ne parlent plus aujourd’hui : quelques mots usuels leur sont venus par tradition. […] XXXIV « Lady Stanhope me demanda mon nom : je vis que les journaux qu’on lui envoyait de temps en temps, malgré ses ordres, ajouta-t-elle, le lui avaient déjà prononcé ; j’ajoutai que des fonctions m’attachaient à la résidence de Constantinople, d’où je venais ; et elle me parla de quelques hommes d’État anglais que j’avais dû y voir. […] Mais soyez franc, ajouta-t-elle après un moment de silence : avez-vous ordre de me parler d’Ali-Bey ? […] Quelques Arabes me servent ici ; je parle leur langue, et leurs soins me suffisent.”

2586. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

— Animal fantastique dont il est parlé au livre de Job. […] — Prêtre pauvre ou cagot duquel on parle avec mépris. […] Ce ne fut qu’en 1874 que fusa pour ainsi parler son volume peut-être le plus original. […] Et puis en tes parlers sillés de nuls falots. […] De la cuisine à la salle à manger elle trébille, s’arrête quand lui parle une servante ou un ouvrier.

2587. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Vous aurez devant vous un homme qui a voulu se raidir dans une certaine attitude, et si l’on pouvait parler ainsi, faire grimacer son corps. […] Quand nous parlons d’une beauté et même d’une laideur expressives, quand nous disons qu’un visage a de l’expression, il s’agit d’une expression stable peut-être, mais que nous devinons mobile. […] Elle fait parler l’avocat, le juge, le médecin, comme si c’était peu de chose que la santé et la justice, l’essentiel étant qu’il y ait des médecins, des avocats, des juges, et que les formes extérieures de la profession soient respectées scrupuleusement. […] Peut-être fallait-il que cette machine à juger nous apparût en même temps comme une machine à parler. […] Quand Molière nous présente les deux docteurs ridicules de l’Amour médecin, Bahis et Macroton, il fait parler l’un d’eux très lentement, scandant son discours syllabe par syllabe, tandis que l’autre bredouille.

2588. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XL » p. 166

Nous tâchons (nous Revue suisse) d’en parler comme il est permis au dehors et le dos tourné, sans faux respect comme sans amertume, selon l’occasion, selon même le caprice et l’humeur.

2589. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 464

Nous ne parlons pas de ses Tragédies, qui sont de véritables Drames de Collége.

2590. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 515

Ses dernieres Nouvelles prouvent que les défauts dont nous venons de parler, ne sont point incurables, & peuvent être regardées comme le fruit d'une plume qui sait animer par le sentiment les richesses de l'imagination.

2591. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gaubert, Ernest (1880-1945) »

Paul Briquel L’auteur, dans son envoi à Laurent Tailhade, nous parle de sa dix-septième année.

2592. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « À mes élèves de l’université de Lausanne »

À mes élèves de l’université de Lausanne Je dédie, en les quittant non sans regret, ce livre, qui fut parlé devant eux avant d’être écrit pour le grand public.

2593. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 167

.*** si long, si lent, si lourd, Qui ne parle pas, mais qui beugle, Juge de peinture en aveugle, Et de musique comme un sourd ; Ce pédant à fâcheuse mine, De ridicules si bardé, Dit qu’il a le secret des vers du grand Racine : Jamais secret ne fut si bien gardé.

2594. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 60

Nous ne parlons pas des Pieces fugitives de ce Poëte, assez indignes d’être recueillies.

2595. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » p. 352

Nous ne parlons pas de ses autres Ouvrages.

2596. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 156

Il fut pere de Simon Arnaud, Marquis de Pompone, Ministre & Secrétaire d’Etat, qui, par son crédit, ne put empêcher [comme l’a remarqué M. de Voltaire] ni les disputes ni les disgraces de son oncle, dont nous allons parler.

2597. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 6

Ses vers les plus médiocres conservent toujours le coloris de cette versification heureuse dont nous avons parlé ; mais la versification, comme on fait, n’est qu’une partie insuffisante du Génie poétique.

2598. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 138

Il falloit se borner à l’exposition & à la correction des façons de parler impropres, les ranger dans un ordre méthodique & commode, & n’y insérer que des remarques indispensables.

2599. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 486

Nos meilleurs Grammairiens ont parlé avec éloge de ses Ouvrages, qui concernent tous notre Langue, si on en excepte des Mémoires pour servir à l’Histoire de la Province d’Artois.

2600. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

c’est un galant homme auquel je suis promise. » Le lien qui unissait alors Charlotte et Kestner était tout moral et tacite, et Charlotte n’en aurait point parlé ainsi à première vue. […] Voilà pour l’auteur. — Mais les lecteurs, au contraire (je parle des premiers lecteurs, de ceux de 1774), qui trouvent dans le prodigieux petit livre tous leurs sentiments, jusque-là confus, exprimés au vif et en traits de feu, s’y prennent, ne s’en détachent plus, passent, sans s’en apercevoir, du Werther-Goethe au Werther-Jérusalem, et sont ainsi conduits, par cette contagion du talent et de l’exemple, à l’idée du suicide. […] … je t’enverrai prochainement un livre, appelle-le comme tu voudras, des prières ou un trésor, pour te rappeler matin et soir les bons souvenirs de l’amitié et de l’amour. » Que ce soit à Lotte qu’il parle ainsi et qu’il semble adresser particulièrement son livre, on le conçoit : il espère plus d’indulgence et de grâce auprès d’elle qu’auprès de Kestner. […] Mais il apprendra avec plaisir que j’ai écrit à son cher ami, car je ne saurais vous dire combien il a toujours parlé de vous et de votre famille.

2601. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Ne parlons donc plus de liberté dans le sens que Rousseau et sa secte de 1791, et même la secte de La Fayette en 1792, et la secte parlementaire de 1830, et la secte radicale des polémistes de 1848, l’ont entendue. […] Et pourquoi tant parler d’une chose qui n’existe que dans les mots ? […] VIII De toutes ces natures de gouvernement inspirées à l’humanité par cette souveraineté de la nature qui parle dans nos instincts, aucun ne nous semble plus voisin de la perfection que le gouvernement créé ou réformé par le législateur rationnel de l’extrême Orient, le divin philosophe politique Confutzée, dans cet empire de la Chine, plus vaste que l’Europe, plus antique que notre antiquité, plus peuplé que deux de nos continents, plus sage que nos jeunes sagesses. […] Sayous son biographe, l’objet de son livre intitulé la Religion essentielle à tous les hommes, livre dont Voltaire eut connaissance et dont il parle avec estime, livre qui fut communiqué à J.

2602. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) I Quoi qu’il en soit de ce vœu, comme de tant d’autres, le livre de M. de Marcellus est un des livres de jeunesse qui sont les plus doux à emporter dans son bagage de voyageur ou à feuilleter dans son âge avancé, quand on veut se donner une odeur du printemps de la vie ; on y vogue, on y change d’horizon à tous les levers de l’aurore ; on y chante à demi-voix les vers mémoratifs de ses études, on y parle la plus riche et la plus sonore des langues ; et, par-dessus tout, on y cause avec un compagnon de route toujours instruit, toujours spirituel, toujours tempéré et souriant, qui semble avoir en lui la précoce et froide sagesse du vieillard à côté des belles illusions de la vie. […] Je ne parle pas ici par ressentiment d’auteur, car je suis le seul poète du temps et le seul homme politique de son époque qui soit, comme poète, placé par lui dans la compagnie immortelle d’Homère, de Virgile, de Racine, et, comme homme de tribune et de hautes affaires, au rang des hommes de bon sens. […] Nous voulons parler de son dernier ouvrage, à peine publié, non encore connu, saisi par la mort sur le seuil de sa publicité : les Grecs anciens et les Grecs modernes ; ouvrage très neuf, très original et très philosophique en même temps que très poétique ; trésor véritable découvert par lui dans les littératures presque fabuleuses de l’arrière-Grèce. […] C’est le kalos endios dont nous parlent les vieux géographes du Bosphore.

2603. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

— Mon collaborateur parlera du beau festival César Franck. […] Wagner, par contre, parle volontiers à tout propos ce langage ; on le retrouvera même dans ses écrits politiques (par exemple, VIII, 32). […] Mais nous n’avons à parler ici que de ce qui concerne l’art dramatique. […] Il faut encore féliciter l’auteur de l’honnête et belle hardiesse avec laquelle il nous parle de certains Diafoirus de la chronique et du feuilleton, grotesques pontifes que révère la niaiserie ambiante : il était temps de raconter au public leurs sottises et leurs polissonneries.

2604. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Abercrombie raconte qu’une dame de Londres fut conduite mourante à la campagne ; on lui amena sa petite fille, qui ne parlait pas encore et qui, après une courte entrevue avec la mère, fut reconduite à la ville. […] Cette diminution supprime le choc intérieur, la transition brusque, le sentiment de la surprise dont parle Bain. […] Trousseau parle d’un musicien continuant de faire sa partie de violon dans un orchestre pendant un accès de vertige épileptique avec perte de conscience momentanée. […] Macaulay parle d’un écrivain anglais dont la mémoire était à la fois extrêmement puissante et extrêmement faible au déclin de sa vie.

2605. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Comme la tortue de la fable, dans les airs, entre les deux canards, qui voulut parler, lâcha le bâton et tomba, M.  […] Celui qui la nie aura témoigné pour elle, comme ces Juifs dont a parlé Pascal, qui, témoins des miracles de la Passion, témoignèrent pour eux sans se convertir, ce qui donnait au témoignage plus d’impartiale et de foudroyante autorité. […] Renan a dit quelque part que Néron ressemblait aux héros détraqués de Victor Hugo, et lui, cet homme d’un goût ordinairement si ferme, il en parle dans un style qui se détraque, en Hugo ! […] Renan, l’a empêché de se laisser aller aux entraînements du grand écrivain qu’il aurait été, probablement, s’il avait été un autre homme que l’homme au « grattoir » dont j’ai parlé plus haut.

2606. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 447

Ce qui le distingue véritablement, c’est la facilité qu’il avoit pour parler en public, & son talent rare pour toucher ses Auditeurs.

2607. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 482-483

Ses Poésies ne valent pas la peine qu’on en parle.

2608. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 359-360

Nous parlerons toujours avec estime de ceux qui, comme lui, se sont occupés avec succès de l’instruction de la Jeunesse.

2609. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — Q. — article » p. 568

Nous ne parlons pas de ses Ouvrages de Médecine ; ils ne sont point de notre ressort.

2610. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

La comédie de Molière est trop imbibée de satire, pour me donner souvent la sensation du rire gai, si je puis parler ainsi. […] c’est que, bien que je ne sois pas encore de la société des Bonnes lettres, je suis un ignorant, et de plus j’ai entrepris de parler sans avoir une idée ; j’espère que cette noble audace me fera recevoir aux Bonnes lettres.

2611. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

Pascal, qui a fait une si profonde réflexion sur le travail de l’écrivain, et qui, là comme en toute chose, a vu plus nettement et plus loin que personne, a remarqué la peine que donne cette recherche nécessaire : « La dernière chose qu’on trouve en faisant un ouvrage est de savoir celle qu’il faut mettre la première. » Et soit qu’on ait parlé, ou entendu les autres parler, n’a-t-on pas pu remarquer souvent comme il est difficile de finir ?

2612. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

La langue bannit donc les éléments sensibles, émotifs ou pittoresques ; on cherche à parler comme tout le monde ; on groupe les éléments du langage selon les lois universelles de l’usage, plutôt que selon la loi particulière de la personnalité. […] Les armées du roi sont battues par un Prussien : mais ce Prussien parle français, et il est plus pareil à nous qu’au grenadier qui meurt pour lui.

2613. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

Le visage de François Coppée est vraiment ovale, ce qui est plus rare qu’on ne pense, et sa bouche bien dessinée est tout à fait celle du jeune homme qui parle une langue harmonieuse. […] Moins politique que Béranger ; moins subtil et moins précieux, moins alambiqué que Sainte-Beuve ; plus sincère, comme connaissant mieux les choses dont il parlait, les ayant observées de plus près, plus attentivement, les goûtant, les aimant davantage, il a vraiment, en ce sens, étendu le champ de la poésie contemporaine ; il y a comme acclimaté des sujets qu’on en croyait indignes pour leur simplicité ; et il a surtout, en les traitant, presque toujours évité l’écueil du prosaïsme ou celui de l’insignifiance.

2614. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXI. Le littérateur chez les peintres » pp. 269-282

Je ne parle pas de la régulière exposition de pastellistes ou d’aquarellistes ou de peintres-graveurs ; car il ne s’agit pas là de peinture à proprement parler, et de plus l’exposition n’est particulière qu’en nom. […] On parle couramment, en 1896, de Renoir, de Degas, de Camille Pissarro comme d’artistes d’avant-garde.

2615. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Josèphe en parle avec la même admiration que de la Galilée, et l’appelle comme cette dernière province un « pays divin 1010. » Jésus, après avoir accompli cette espèce de pèlerinage aux lieux de sa première activité prophétique, revint à son séjour chéri de Béthanie, où se passa un fait singulier qui semble avoir eu sur la fin de sa vie des conséquences décisives 1011. […] Les personnes qui en avaient été témoins se répandirent dans la ville, et en parlèrent beaucoup.

2616. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre premier. L’idée force du monde extérieur »

Pour prendre un autre exemple, l’enfant à qui sa mère parle éprouve passivement une sensation qu’il n’a pas antérieurement pensée et voulue. […] Nous ne disons donc pas d’abord moi ; nous dirions plutôt nous, si nous pouvions parler et traduire en mots notre disposition cérébrale.

2617. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre neuvième. »

Parlez au diable, employez la magie est encore un vers répréhensible, en ce que La Fontaine a l’air de supposer qu’il y ait une magie et qu’on puisse parler au diable.

2618. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Ne parlez pas d’Homère à M. de Gourmont, Il ne connaît pas Homère. « Quel Homère ? […] Au surplus et à parler franc, les motifs mêmes qui empêchent nos adversaires d’admettre l’imitation d’Homère sont précisément ceux qui nous décideraient à la conseiller, « Le style homérique, dit-on, représentatif d’une manière de voir la vie, est en contradiction absolue avec nos tendances synesthésiques. » Mais c’est justement pour cela, c’est précisément parce qu’Homère a « une manière primitive de voir la vie » et d’écrire en sensations et non en métaphores ; c’est essentiellement parce que ses procédés semblent contredire nos habitudes et nos tendances, qu’il faut conseiller aux écrivains descriptifs d’aller se retremper à cette inépuisable source.

2619. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Royalistes et Républicains »

Un ventre ne voit pas… Il est si bien ce que je dis, que dans son étude sur la Restauration, quand il parle de la célèbre réunion Piet, il rapporte avec un accent très scandalisé les moqueries de Chateaubriand. […] Thureau-Dangin est d’un juste milieu assez impérissable pour avoir la fraîcheur du temps où l’on parlait de fonder des libertés publiques.

2620. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Habile architecte, grand archéologue, et plus grand critique d’art encore, Daly avait triple mission, de par ses trois spécialités, de nous parler de cette organisation des concours, la plus grande question pratique d’art et d’État qui à cette heure puisse être agitée, et il l’a fait dans un livre que je n’appellerai pas court, puisqu’il dit tout ce qu’il faut dire et que nulle part je n’ai vu la substance tout entière du sujet qu’on traite tenir moins de place dans une langue plus forte et plus claire. […] Dans l’impossibilité où nous sommes de nous plonger dans le technique et le détail de son mémoire sans rompre le faisceau étroit de nos attributions littéraires, nous parlerons du moins de l’homme, qui mérite si bien une page dans l’histoire de la littérature contemporaine, puisque, par le style, il y entre, et qu’il y confine par les arts.

2621. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Maintenon » pp. 27-40

Parmi ces travaux historiques que nous appelions un jour le bon sens du xixe  siècle, il convient de parler du livre de Théophile Lavallée sur la Maison royale de Saint-Cyr 6. […] Dominé par le cadre de son sujet, Lavallée n’avait à parler que de la fondatrice de Saint-Cyr et de cette illustre éducatrice qui, pendant de si longues années, y déploya tant d’activité et d’intelligence.

2622. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Si on lit son livre d’aujourd’hui comme nous venons de le lire, après celui d’un autre que nous allons nommer, on reconnaît en son ouvrage bien moins présente la Correspondance qu’il affirme que la vieille biographie de Southey dont il ne parle pas. […] V Tel il fut Nelson et tel fut sa vie, mélange inouï des deux infinis, dont parle Pascal, — le bien et le mal,  — dont est fait cet autre infini qu’on appelle la nature humaine.

2623. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Henri de L’Épinois » pp. 83-97

I C’est au lendemain du jour où Victor Hugo, cette grande bouche ouverte à toutes les oreilles du xixe  siècle, qui l’écoutait avec tremblement, venait de nous vomir son Pape contre le Pape, qu’il eût été bon de parler de ce Gouvernement des Papes. […] Or, selon moi, ce pouvoir remonte beaucoup plus haut, et, pour parler plus exactement, il ne se date d’aucune loi, mais il vient de la nature de la chose qu’on appelle le Christianisme.

2624. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Si on lit son livre après celui d’un autre que nous allons nommer, on reconnaît, en son ouvrage, bien moins présente la Correspondance qu’il affirme que la vieille biographie de Southey dont il ne parle pas. […] V Tel il fut, Nelson, et tel fut sa vie, mélange inouï des deux infinis, dont parle Pascal, — le bien et le mal, — dont est fait cet autre infini qu’on appelle la nature humaine.

2625. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ch. de Rémusat. Abélard, drame philosophique » pp. 237-250

Le crime commis, tous ces gens bien élevés n’en parlent plus : ni le démantelé Abélard, qui n’a plus maintenant à penser qu’à son Concile ; ni Héloïse, la prieure du Paraclet, qui laisse là son couvent (ô Moyen Âge !) […] Et, pour ne parler que de son drame, regardez de quelle odieuse détrempe historique il y a barbouillé le concile de Sens !

2626. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Et je parle du cri littéraire, — car le cri qui ne s’écrit point, c’est le cri de l’humanité tout entière, qui n’a jamais, parce qu’elle souffre, été désespérée de vivre ! […] J’ai dit que je voudrais savoir ce que M. de Bismarck, cette fière intelligence casquée, comme aurait parlé saint Jérôme, pense de Schopenhauer et de sa métaphysique ?

2627. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Léon Aubineau. La Vie du bienheureux mendiant et pèlerin Benoît-Joseph Labre » pp. 361-375

I Le livre dont je vais vous parler doit être d’un intérêt puissant pour tout le monde, — sans exception, pour tout le monde. […] Aubineau de replacer le grand mendiant chrétien dans sa véritable lumière, mais je sais bien que c’est là une raison pour moi d’en parler aux Habits noirs de l’Impiété, aux messieurs de la Libre Pensée, qui admirent Diogène pour peu qu’il soit païen, cynique et porc (mais pas d’Épicure), et qu’il crache sur les tapis d’Aristippe, mais qui ne veulent plus d’un Diogène chrétien doux et pur, et qui s’agenouille noblement devant un autel.

2628. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « A. Dumas. La Question du Divorce » pp. 377-390

IV Si ce qu’il a fait avait été du moins un beau livre, si la discussion à laquelle il s’était livré avait, à défaut de vérité sur le fond, montré les qualités d’un esprit fécond et vigoureux, je l’aurais signalé, malgré mon désespoir historique, parce que je parle ici littérature. […] », mais il l’imite sans en parler… Les dilettanti de l’impiété, qui ont des exigences, ont trouvé que ce n’était pas digne d’un des grands esprits du xixe  siècle, — du siècle immense des Darwin et des Renan ! 

2629. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Brispot »

» et ceux-là qui parlent du droit de la créature au bonheur. […] L’abbé Brispot a réuni et choisi avec un art exquis les fragments épars de cette belle mosaïque intellectuelle étendue, pour ainsi parler, sous les pieds du texte divin.

2630. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

La Bible Illustrée Par Gustave Doré35 I Gustave Doré, qui s’est rappelé qu’il y a quelques années j’avais rendu compte des Contes drolatiques, interprétés et illustrés par lui avec un talent qui eût réjoui Balzac lui-même, m’a envoyé sa Bible 36 et m’a mis par là dans l’obligation d’en parler. […] Toutes ces illustrations, qui serviraient à la renommée de Gustave Doré si cette renommée n’était déjà faite, nous continuent le Doré que nous connaissons, mais ne nous le changent pas, ne nous le transfigurent point, et, puisque nous parlons de la Bible, qu’on nous permette cette image biblique : c’était ici une transfiguration qu’il fallait.

2631. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Henri Cantel26 Il y a en ce moment, sur le premier plan de la publicité occupé par les revues à grosse armature, un recueil modeste qui s’appelle la Revue française, et qui est bien nommé ; car il parle un très bon français et il est l’expression de l’amour des lettres, qui a été jusqu’à ce jour une passion française. […] Comme la plupart des écrivains de ce temps, qui parlent d’individualité d’autant qu’il n’y en a aucune, Cantel a fait du syncrétisme, qui n’est pas, croyez-le !

2632. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Lamartine »

Ou pour mieux et plus exactement parler, l’Idéal dans le naturel. […] Le poète incomparable des Harmonies dont personne ne parle plus, devra-t-il à ses Mémoires inédits un regain de bruit sur sa tombe ?

2633. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

Organisé pour la vie matérielle, sensualiste bruyant et ardent qui se souciait fort peu des choses de la pensée, quoiqu’il en parle dans ses livres, surtout dans les derniers, M.  […] Avant qu’une génération soit écoulée, peut-être on n’en parlera pas plus que de ce Rétif de La Bretonne, par exemple, qui fut aussi un grand producteur, qui fut aussi le Diderot du peuple et des mauvais lieux et l’annonciateur à sa manière du Socialisme contemporain.

2634. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Notre grande force est d’être un peuple de terriens qui ne parlent pas, qui vivent sur des bribes de catéchisme et d’école primaire. […] Après l’Évangile, le curé parla, et quand il eut terminé, il vint par un mouvement du cœur au banc du capitaine, l’inviter à prendre la parole.

2635. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 147

Nous ne parlerons pas de ses talens sous les trois premiers titres ; nous ne les connoissons pas.

2636. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 168-169

Le style des Lettres prétendues interceptées n’est pas celui des personnages qu’il fait parler ; il est celui de l’Auteur, c’est-à-dire, qu’il est plat, froid, sans justesse, sans variété.

2637. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 274

La Pluralité des Mondes, Guliver, Micromégas, en sont une preuve certaine ; mais nous ne savons pas en quoi Moliere lui a de pareilles obligations, à moins qu’on ne prétende parler d’une scene des Femmes savantes, qui paroît être une imitation d’une scene du Pédant joué.

2638. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 61

Elle ne s’attache point à des définitions métaphysiques de la vertu, elle ne s’occupe qu’à en inspirer le goût, & sa maniere d’en parler est très-propre à la faire aimer.

2639. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 433-434

Le Roi parle : à sa parole, Plus vîte qu'un trait ne vole, On voit nager nos Guerriers, Et leur ardeur est vive, Que déjà sur l'autre rive Ils ont cueilli les lauriers.

2640. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Conclusion. »

Je ne parle point de celles qui ne concernent point la langue, la versification, etc ; je n’insiste que sur celles qui intéressent la morale, objet beaucoup plus important.

2641. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Chardin  » p. 143

Chardin est homme d’esprit, et personne peut-être ne parle mieux que lui de la peinture.

2642. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Rien de plus touchant, quand on a lu sa vie, que son Essai sur la bonté ; on voit que sans s’en douter il parle de lui-même. « Les plus grands esprits, dit-il, que j’ai rencontrés étaient des hommes éminents par leur humanité. […] Il était si faible que d’abord il ne put parler. […] Il se moque des femmes qui reçoivent les visiteurs à leur toilette et parlent haut au théâtre […] Addison lui donne tout ce qu’il désire ; ses écrits sont la pure source du style classique ; jamais en Angleterre on n’a parlé de meilleur ton. […] Il a l’air de s’écouter parler.

2643. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « III — I » pp. 12-13

Au reste, à la façon plus modérée dont on parle de Hugo, et aussi à la façon moins grotesque qu’il a mêlée à ses grands vers de vieillards, on peut déjà s’apercevoir qu’il est d’un Corps (l’Académie) ; on se respecte mutuellement.

2644. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Penquer, Mme = Salaün-Penquer, Léocadie (1817-1889) »

Sainte-Beuve De vous je ne parlerai non plus, harmonieux poète de la vie domestique et des joies du Foyer (les Chants du foyer), Madame Auguste Penquer, qui avez, depuis, étendu votre vol et enhardi votre essor dans les Révélations poétiques (1865) ; âme et lyre également bien douées, à la note large et pleine, aux cordes sensibles et nombreuses ; que rien de particulièrement breton ne distingue, si ce n’est l’amour du pays natal ; qui avez mérité d’être saluée comme une jeune sœur de ceux que vous nommez « le Cygne de Mâcon » et « l’Aigle de Guernesey », et qui n’avez qu’à vous garder d’un éblouissement trop lyrique en présence des demi-dieux.

2645. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Veyrat, Jean-Pierre (1810-1844) »

Il est toujours très difficile de parler à Dieu autrement que dans la prière, en disant son Pater ou en s’écriant : Altitudo !

2646. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 109

Aussi Madame de Sevigné & M. de Bussy Rabutin ne mettent-ils pas de bornes à leurs éloges, quand ils parlent, dans leurs Lettres, de cet excellent Traité.

2647. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 239-240

Nous ne parlons pas des Eloges Historiques qu’il a faits de plusieurs Membres de l’Académie des Inscriptions ; nous dirons seulement que, sans avoir le mérite de ceux de M. de Fontenelle, ils sont dans le genre qui leur convient, & présentent très-sagement le caractere des Académiciens qui en font le sujet.

2648. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 211-212

A quinze ans finit la culture ; Le bouton alors devient fleur : C’est à quinze ans que la Nature Parle à nos sens, nous donne un cœur.

2649. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — O. — article » p. 435

Nous ne parlerons point de ses Ouvrages sur des matieres de Religion, que nous ne connoissons que par le titre.

2650. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « À mon illustre ami, le comte Roselly de Lorgues » p. 

En ce livre des Œuvres et des Hommes, j’ai eu le bonheur de parler le premier de votre belle Histoire de Christophe Colomb, ce monument élevé à la gloire du plus grand des hommes, payé du Nouveau Monde, qu’il donna à l’Ancien, par l’ingratitude universelle.

2651. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Préface »

Quoique la littérature française tienne pour nous, Français, la plus large place dans la littérature de notre temps, et que cet ouvrage soit plus particulièrement consacré à la littérature française, cependant, quand, dans les autres littératures contemporaines, marquera, à tort ou à raison, une œuvre ou un homme, nous les regarderons par-dessus leur frontière… À quoi bon, d’ailleurs, parler de frontière ?

2652. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Au contraire, l’évolution dont nous parlons ne s’accomplit jamais dans le sens d’une association, mais d’une dissociation, jamais vers la convergence, mais vers la divergence des efforts. […] On l’observe chez le petit enfant, du jour où il commence à parler. […] Tandis que l’intelligence traite toutes choses mécaniquement, l’instinct procède, si l’on peut parler ainsi, organiquement. […] De ces deux systèmes, le premier a l’avantage de pouvoir, sans soulever d’objection grave, parler de transmission héréditaire, car la modification accidentelle qu’il met à l’origine de l’instinct ne serait pas acquise par l’individu, mais inhérente au germe. […] Mais ce ne serait là qu’une manière de parler.

2653. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Deschamps, Antony (1800-1869) »

On y sent un cœur ému et, lorsqu’il nous parle de ses douleurs, qui ont été grandes, il excite notre intérêt et notre sympathie.

2654. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Favre, Jules (1809-1880) »

Sainte-Beuve C’eut été peut-être une indiscrétion à moi, mais qu’on aurait excusée, de parler encore d’un petit recueil, d’une plaquette qui ne porte que ce titre unique, ΨΥΧΗ (Âme), et dont la poésie naturelle, coulant de source, a quelque chose de la fraîcheur d’une fontaine rustique.

2655. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte, Sébastien-Charles (1860-1934) »

Çà et là, la parenté apparaît plus directe qu’il ne sied ; je ne veux point parler de l’identité rythmique de certaines strophes, mais du mouvement même de l’imprécation des captifs ; cela rappelle trop l’anathème de Kasandra et l’emportement haineux du Corbeau et des Siècles maudits.

2656. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Legrand, Marc (1865-1908) »

Elles y habitent, y reçoivent un culte pieux que solennisent des hymnes dignes d’elles, parlent elles-mêmes parfois par la voix de leur hôte, le payent du noble privilège de rester presque seul à posséder l’art du beau vers français.

2657. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rictus, Jehan (1867-1933) »

Remy de Gourmont Les Soliloques du pauvre exigeaient peut-être un peu d’argot, celui qui, familier à tous, est sur la limite de la vraie langue ; pourquoi en avoir rendu la lecture si ardue à qui n’a pas fréquenté les milieux où l’on parle pour n’être pas compris de ces « mess », « flics » ou « cognes » ?

2658. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint Maur, Hector de (1808-1879) »

On parle toujours des sept cordes de la lyre… mais je crois que la sienne en a plus de sept.

2659. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 403

Le meilleur Ouvrage, ou, pour parler plus exactement, le moins mauvais qu’on ait de cet Auteur, est celui qui a pour titre : Tacite, avec des Notes historiques & politiques, pour servir de continuation à ce que M.

2660. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 408

Dans l’ Apothéose du Docteur Procope, en six Chants & en Vers, la Poésie parle le langage du Docteur Diafoirus ; mais avec assez d’esprit & de talent, pour faire regretter que le Poëte ait choisi des sujets si bizarres.

2661. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 359

Sans les Vers** de Boileau, qui parlent de lui, sa mémoire seroit peut-être oubliée ; car ses Poésies, comme ces Pieces fugitives que nos petits Auteurs voient réguliérement périr le lendemain de leur naissance, ne sont pas dignes d’entrer dans aucun Recueil intéressant.

2662. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 393-394

Au reste, nous avions déjà parlé de cette Muse sous le nom de Castelnau ; mais comme elle est plus connue sous celui de Murat, & que d’ailleurs nous n’avions dit qu’un mot de ses Productions, nous avons cru devoir consacrer ce nouvel article à sa mémoire.

2663. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Vers la fin de l’année, ayant rejoint avec son corps M. de Turenne, il eut part aux bontés et à l’amitié de ce grand homme, qui se plaisait à le faire parler sur les choses de guerre et à lui donner jour dans ses desseins. […] Le monde en parla beaucoup ; on avait dans le principe loué et blâmé en tous sensr, comme c’est l’usage : les uns prenaient parti pour La Fare d’avoir quitté le service pour un si beau motif, les autres lui contestaient ce mérite. […] Telle sera à son dernier terme la paresse de La Fare : on hésiterait à en parler de la sorte, si l’on n’avait les preuves les plus fortes à l’appui, il faut que son exemple donne toute la moralité qu’il renferme.

2664. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Arago soutenait une thèse, celle des sciences contre les langues anciennes savantes : tant qu’il parlait science il avait raison, et il ne devenait choquant que lorsqu’il attaquait à outrance ce qu’il eût suffi de circonscrire et de limiter. […] Et pour la chimie, par exemple, telle que doivent l’apprendre les élèves de la section littéraire, en seconde et en rhétorique, laissons parler le programme : Après ces premiers pas (les premières définitions et notions données en troisième), les études se spécialisent ; mais qu’on se garde d’aller trop loin. […] [NdA] Je voulais parler de la chaire de Poésie latine au Collège de France à laquelle je venais d’être nommé, sur la présentation presque unanime du Collège même et de l’Académie des inscriptions.

2665. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Puisque j’ai parlé de Lamennais à cette date de 1833, et tel qu’il paraissait encore aux yeux de ce cercle fidèle, comment ne pas indiquer le portrait de lui que Guérin a tracé dans une lettre du 16 mai à M. de Bayne de Rayssac, l’un de ses amis du Midi ? […] Tous ces menus détails de la vie intime, dont l’enchaînement constitue la journée, sont pour moi autant de nuances d’un charme continu qui va se développant d’un bout de journée à l’autre : — le salut du matin qui renouvelle en quelque sorte le plaisir de la première arrivée, car la formule avec laquelle on s’aborde est à peu près la même, et d’ailleurs la séparation de la nuit imite assez bien les séparations plus longues, comme elles étant pleine de dangers et d’incertitude ; — le déjeuner, repas dans lequel on fête immédiatement le bonheur de s’être retrouvés ; — la promenade qui suit, sorte de salut et d’adoration que nous allons rendre à la nature, car à mon avis, après avoir adoré Dieu directement dans la prière du matin, il est bon d’aller plier un genou devant cette puissance mystérieuse qu’il a livrée aux adorations secrètes de quelques hommes ; — notre rentrée et notre clôture dans une chambre toute lambrissée à l’antique, donnant sur la mer, inaccessible au bruit du ménage ; en un mot, vrai sanctuaire de travail ; — le dîner qui s’annonce non par le son de la cloche qui sent trop le collège ou la grande maison, mais par une voix douce qui nous appelle d’en bas ; la gaieté, les vives plaisanteries, les conversations brisées en mille pièces qui flottent sans cesse sur la table durant ce repas : le feu pétillant de branches sèches autour duquel nous pressons nos chaises après ce signe de croix qui porte au ciel nos actions de grâces ; les douces choses qui se disent à la chaleur, du feu qui bruit tandis que nous causons ; — et, s’il fait soleil, la promenade au bord de la mer qui voit venir à elle une mère portant son enfant dans ses bras, le père de cet enfant et un étranger, ces deux-ci un bâton à la main ; les petites lèvres de la petite fille qui parle en même temps que les flots, quelquefois les larmes qu’elle verse, et les cris de la douleur enfantine sur le rivage de la mer ; nos pensées à nous, en voyant la mère et l’enfant qui se sourient ou l’enfant qui pleure et la mère qui lâche de l’apaiser avec la douceur de ses caresses et de sa voix, et l’océan qui va toujours roulant son train de vagues et de bruits ; les branches mortes que nous coupons dans le taillis pour nous allumer au retour un feu vif et prompt ; ce petit travail de bûcheron qui nous rapproche de la nature par un contact immédiat et me rappelle l’ardeur de M.  […] On parle des lakistes et de leur poésie, et La Morvonnais, vers ce temps même, en était fort préoccupé, au point d’aller visiter Wordsworth à sa résidence de Rydal Mount, près des lacs du Westmoreland, et de rester en correspondance3 avec ce grand et pacifique esprit, avec ce patriarche de la muse intime.

2666. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Et je ne parle plus de Théodore Leclercq avec sa griffe féminine, de ses M. Mitis, de ses Père Joseph ; je ne parle pas même de Béranger avec ses Missionnaires et ses Hommes noirs, déjà un peu effacés ; mais lorsque plus tard un romancier célèbre, à l’imagination robuste, a jeté dans la circulation le type odieux de Rodin qui, toutes les fois qu’on le lui représente encore, émeut le peuple bien autrement que Tartuffe parce que c’est un type plus réellement contemporain, il ne fit que s’inspirer des animosités et des rancunes de sa jeunesse. […] Cette partie des Mémoires d’un témoin fort peu considérable sans doute, mais dont les amis curent grande influence, n’est pas sans quelque intérêt pour l’histoire du temps. — En vérité, on rougit pour son pays de penser quelle a pu être à un moment, et à l’aide d’une active amie (Mme du Cayla), l’influence politique d’un sot panaché et d’un niais comme ce vicomte Sosthènes ; on hésiterait à, parler ainsi d’un galant homme, si lui-même il n’avait pris à tâche de se dresser son monument et comme sa pyramide ridiculement solennelle, dans ses futiles et interminables Mémoires.

2667. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Je ne parle que du principal de son œuvre et du genre où il a surtout excellé, non de quelques imitations ou réminiscences qui purent s’introduire de droite ou de gauche dans quelques-uns de ses tableaux accessoires. […] On parle toujours de croyance dans l’art, on admire cette disposition chez quelques peintres anciens et pieux qui ont rendu dévotement ce qu’ils sentaient. […] Il ressentit vivement et profondément ce que la France éprouva à cette heure de gloire indicible et d’infortuné ; il l’exprima sous toutes les formes, promptes, aisées, touchantes, saisissantes, qui parlaient aux yeux et allaient au cœur de tous.

2668. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois par M. Camille Rousset. Victor-Amédée, duc de Savoie. (suite et fin.) »

Et dès l’abord, disons-nous bien de qui nous parlons : aucun des adversaires de Louis XIV, y compris le prince d’Orange, ne fut plus nuisible au glorieux monarque et n’apporta un appoint plus fâcheux, plus malencontreux, dans la coalition européenne qui se forma contre lui et qu’avaient provoquée les violences et les hauteurs du grand roi et de son ministre, nul ne pesa plus à contretemps pour nous et plus à notre détriment dans la balance, que ce petit souverain qui, dans son plus grand effort, n’avait au plus qu’un budget de six millions et une force militaire de dix mille hommes ; nul, à un moment donné, ne prit Louis XIV plus en flanc, au défaut de la cuirasse, par le côté faible. […] Louvois, mieux avisé, en présence de ce naturel fermé de si bonne heure et de cette précoce dissimulation du jeune duc, et quand on lui parlait des variations de physionomie et de sentiments qu’il laissait apercevoir pour ce mariage de Portugal, écrivait à son agent : « Je crains également le chagrin et la gaieté de M. le duc de Savoie. » Le jeune prince, une fois majeur, n’eut plus qu’une pensée : prendre le pouvoir, mais aussi cacher ses desseins. […] Un jour, il arriva qu’un noble Piémontais, le marquis Dronero, ambassadeur extraordinaire de Savoie en Portugal, où il avait célébré la cérémonie des fiançailles, étant de retour à Turin, fut apostrophé en plein palais, en pleine Cour, par l’ambassadeur de Louis XIV, comme accusé d’avoir mal parlé de la France et d’être entré en liaison avec ses ennemis.

2669. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Je désirerais parler de lui sans l’aborder comme un politique actif, ou du moins sans le suivre sur le terrain de la polémique présente. […]  » Ceux qui sont si empressés à refuser aux hommes engagés dans la vie active et dans l’âpreté des luttes publiques la faculté de sentir et de souffrir n’ont pas lu Émile, où se rencontrent, au milieu d’une certaine exaltation de tête, tant de pensées justes, délicates ou amères nées du cœur : « A l’âge où les facultés sont usées, où une expérience stérile a détruit les plus douces illusions, l’homme, en société avec son égoïsme, peut rechercher l’isolement et s’y complaire ; mais, à vingt ans, les affections qu’il faut comprimer sont une fosse où l’on est enterré vivant. » « Cette proscription qui désole mon existence ne cessera entièrement que lorsque j’aurai des enfants que je vous devrai (il s’adresse à celle qu’il considère déjà comme sa compagne dans la vie) ; je le sens, j’ai besoin de recevoir le nom de père pour oublier que le nom de fils ne me fut jamais donné. » Émile parle de source et, quand il le pourrait, il n’a à s’inspirer d’aucun auteur ancien ; la tradition, je l’ai dit, ne le surcharge pas ; elle commence pour lui à Jean-Jacques, et guère au-delà : c’est assez dans le cas présent. […] L’estime est la plus forte de toutes les sympathies. » La religion n’est pas absente dans Émile ; sans parler de l’abbé de La Tour qui la représente dignement par la plus pure morale, le nom de Dieu y revient souvent et y est invoqué par la bouche d’Émile : « Il est impossible à l’homme qui médite souvent sur lui-même de ne pas remonter à la cause qui l’a fait naître ; toutes les grandes pensées aboutissent à Dieu… « Dieu existe !

2670. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Le monde de l’art, au contraire, contient les nobles âmes, les aines mélancoliques, les âmes désespérées, les âmes fières et gouailleuses, — comme Watteau, qui échappe aux amitiés des grands et parle de l’hôpital ainsi que d’un refuge ; comme Lemoyne, qui se suicide ; comme Gabriel de Saint-Aubin, qui boude l’officiel, les Académies, et suit son génie dans la rue… Aujourd’hui nous avons changé cela : ce sont les lettres qui ont pris cette libre misanthropie de l’art. » Je le répète, cette page n’est pas juste. […] Hommes d’observation, de sincérité et de hardiesse, ils se sont fait une doctrine à leur usage : ils se sont dit de ne pas répéter ce qui a été dit et fait par d’autres ; ils vont au vif dans leurs tableaux, ils pénètrent jusqu’au fond et aux bas-fonds ; ils veulent noter la réalité jusqu’à un degré où on ne l’avait pas fait encore ; ils tiennent, par exemple, à copier et à reproduire la conversation du jour et du moment, les manières de dire et de parler si différentes de la façon d’écrire, et que les auteurs, d’ordinaire, ne traduisent jamais qu’incomplètement, artificiellement ; ils ne reculent pas au besoin devant la bassesse des mots, fussent-ils dans une jolie bouche et du jargon tout pur, confinant à l’argot ; ils imitent, sans rien effacer, sans faire grâce de rien ; ils haïssent la convention avant tout ; pas d’école : « Aussitôt qu’il y a l’école de quelque chose, ce quelque chose n’est plus vivant. » Ils haïssent la fausse image et le ponsif du beau : « Il y a un beau, disent-ils, un beau ennuyeux, qui ressemble à un pensum du beau. » Très-bien : Je les comprends, je les approuve, je les suis volontiers, ou à très-peu près, jusque-là. […] Voici un petit rêve d’élégie bien française, bien moderne, qui vaut certes toutes les réminiscences des Ovide et des Tibulle : c’est léger, délicat, d’une tendresse de dilettante, d’un regret de xviiie  siècle dans le xixe  ; un idéal rapide de bonheur d’après Fragonard et Denon : « J’ai toujours rêvé ceci, — et ceci ne m’arrivera jamais : Je voudrais, la nuit, entrer par une petite porte que je vois, à serrure rouillée, collée, cachée dans un mur ; je voudrais entrer dans un parc que je ne connaîtrais pas, petit, étroit, mystérieux ; peu ou point de lune ; un petit pavillon ; dedans, une femme que je n’aurais jamais vue et qui ressemblerait à un portrait que j’aurais vu ; un souper froid, point d’embarras, une causerie où l’on ne parlerait d’aucune des choses du moment, ni de l’année présente, un sourire de Belle au bois dormant, point de domestique… Et s’en aller, sans rien savoir, comme d’un bonheur où l’on a été mené les yeux bandés, et ne pas même chercher la femme, la maison, la porte, parce qu’il faut être discret avec un rêve… Mais jamais, jamais cela ne m’arrivera !

2671. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Ainsi sainte Élisabeth, dont nous venons de parler, avait, au dire de son biographe, des conversations régulières avec saint Jean l’évangéliste et avec la Vierge, et elle en rendait au réveil un compte exact, qu’on a pu noter. […] Dès le premier jour où il arrive dans une maison, il se lance dans un sujet, il parle — fort bien, — pendant une heure, sur l’Italie, sur Rome, sur les cathédrales : imprimé, ce serait mieux encore. […] Pendant qu’il parle ainsi sans discontinuer, d’une voix claire, les yeux baissés, une espèce de sourire vague à sa bouche (assez gracieux dans son dédain) annonce cette profonde et douce satisfaction, cette intime et parfaite certitude qu’il a de lui-même.

2672. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

remy n’ait pas été à cette époque en âge de se former un avis ; on peut conjecturer, au ton dont il en parle, que cette supposition ne lui aurait pas déplu ; ce qui est bien certain, c’est que M. […] Il n’y a qu’un petit malheur, c’est que Chénier ne parle pas du Riphée montagne, mais de Riphée, l’un des Centaures, ce qui est un peu différent. […] il en parle à son aise et comme enivré des sources.

2673. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

Je n’ai pas à insister sur l’importance de la métaphore : sans elle, il est impossible de parler ou d’écrire. […] Quand nous parlons d’exprimer une pensée, nous ne pensons point nous comparer au sculpteur qui tire une figure d’un bloc de marbre. […] Sinon, en voulant y faire reparaître le sens métaphorique, on s’exposerait à parler le langage des Précieuses ridicules.

2674. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Il n’est pas tendre : quand il parle d’amour pour son compte personnel, il mêle un peu de sensualité très matérielle à la galanterie mièvre, à la rhétorique éclatante : il ne s’aliène pas assez pour connaître les grandes passions ; de sa hauteur de poète pensif, il se plaît trop à regarder l’amour de la femme « comme un chien à ses pieds 870 ». […] Mais, dans les Feuilles d’automne et les premiers recueils, avec quelle simplicité charmante il parle des enfants ! […] On a parlé d’épopée à propos de la Légende des siècles : il faut s’entendre.

2675. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Ecoutez-le parler du père Astier-Réhu : « Ah ! […] Il peut y avoir de la bonhomie et il y a toujours de la candeur dans leur pédantisme et dans leur étroitesse d’esprit… Enfin, n’en parlons plus. […] J’ai attendu, pour vous reparler de l’Immortel, qu’on en parlât un peu moins et que l’on pût enfin s’apercevoir qu’il y a peut-être dans le dernier roman de M. 

2676. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Émile Zola, l’Œuvre. »

Et ce reclus, cet homme de cabinet qui s’impose des « matières » à mettre en romans, c’est lui qui vient nous parler d’observation directe, scientifique, de vérité intégrale, implacable, et autres rengaines ! […] Ils parlent peinture ou littérature avec les mêmes cris, les mêmes tapes sur l’épaule, les mêmes yeux hors de la tête, et presque le même style que les ouvriers zingueurs discutant de leur métier dans la noce à Coupeau, ou qu’un garçon de l’abattoir expliquant les finesses de son art devant le comptoir d’un marchand de vin. « … Bongrand l’arrêtait par un bouton de son paletot en lui répétant que cette sacrée peinture était un métier du tonnerre de Dieu. » — « Ça y est, mon vieux, crève-les tous ! […] Et tous ces sauvages qui parlent de conquérir, d’avaler Paris ont, avec leurs façons de rouliers, des trésors inouïs de candeur.

2677. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Parler des poètes est toujours une chose bien délicate, et surtout quand on l’a été un peu soi-même. […] Dans ses pièces plus développées, parmi lesquelles on remarque l’Hymne à la jeunesse, il a de la distinction toujours, de la grâce, mais une grâce un peu artificielle, un peu roide et cassante, si l’on peut ainsi parler : là est le défaut. […] ce soleil te parle en lumières sublimes ; Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ; Et retourne à pas lents vers les cités infimes, Le cœur trempé sept fois dans le néant divin !

2678. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Une quantité de Piémontais, de Polonais, anciens militaires de l’Empire, et un moindre nombre de Français, se trouvaient réunis dans cette ville ; ils y furent organisés en légion, sous l’aigle et le drapeau tricolore, par le colonel Pacchiarotti, officier piémontais d’un grand caractère, et dont Carrel ne s’est jamais souvenu depuis qu’avec un sentiment profond : il le citait toujours quand il parlait des hommes créés pour commander aux autres hommes. […] « Ils vinrent sur la Bidassoa agiter inutilement aux yeux de nos soldats des couleurs oubliées, et, avant d’enterrer ce drapeau qui trompait leurs espérances, ils crurent lui devoir cet honneur d’être encore une fois mitraillés sous lui. » C’est Carrel qui parle de la sorte. […] Mais, auparavant, j’ai à parler d’un article qu’il donna à la Revue de Paris en juin 1830, et qui, sous ce titre : « Une mort volontaire », contenait des réflexions inspirées par le suicide du jeune et malheureux Sautelet.

2679. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

Je parlerai de quelques autres amitiés de Frédéric qui ont laissé un vivant témoignage d’elles-mêmes dans sa correspondance, à commencer par son étroite et tendre liaison avec Jordan. […] Se tournant autour de lui et cherchant à qui parler, il trouvait à peine quelques débris fatigués de sa société première, ou des académiciens-grammairiens de Berlin qui pouvaient être de quelque utilité, mais de nul agrément. Dans cette disette réelle, ayant essayé vainement d’amener d’Alembert, il y eut un seul homme qui lui fut d’une cordiale ressource pendant de longues années encore, et qui continua de lui procurer le sentiment et l’exercice de cette amitié à laquelle il était destiné par la nature : je veux parler de Milord Maréchal, le noble Écossais, le frère du brave maréchal Keith, tué au service du roi, et le protecteur de Jean-Jacques dans la principauté de Neuchâtel.

2680. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Dans le vers classique, ce déplacement n’est pas très rare : Mais vous || qui me parlez | d’une voix menaçante (Iphigénie) Vous ne répondez point | mon fils || mon propre fils (Phèdre) Il est très fréquent dans le vers romantique. […] Au moment où je parle, oh, mortelle pensée. […] D’ailleurs de son temps, l’e féminin parlait peut-être encore un peu, surtout dans la déclamation.

2681. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Encore qu’il affranchisse plus tard sa pensée de la gêne du rythme et de la mesure, il ne cessera plus de parler la langue ferme, sobre, correcte et un peu brutale, qui lui fait une place à part parmi ses rivaux ou ses émules. […] Il m’en parlait toujours avec respect. […] À quoi bon, d’ailleurs, parler de l’écrivain ?

2682. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

on découvre du premier coup de quel phénomène il a parlé ? […] Et cependant, après avoir lu tout le passage, on trouve qu’elle renferme un sens très-simple et très-vrai que voici : « Quand vous avez la colique ou la migraine, vos raisonnements ont moins de clarté, votre attention moins de durée, vos conclusions moins d’assurance que lorsque vous êtes en bonne santé. » M. de Biran parle comme l’étudiant de Rabelais qui « pindarisait en latin » devant Panurge : mais vous savez le latin, même pindarique. […] Cela est si étonnant, qu’il faut le laisser parler : « Cette volonté n’est pas différente de moi.

2683. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Lucrèce, nous ne voulons parler ici que de poésie, pour la verve, la grandeur, la magnificence, demeure le premier poëte de Rome. […] Par l’ordre des idées, elle ne parlait point à la foule ; par la disposition même du poëte, elle s’adressait rarement à l’âme, et ne pouvait lui donner ni passion, ni grandeur ; elle n’était pas lyrique. […] Mais il faut nous recueillir un peu et bien étudier le prix du naturel dans l’art, pour parler aujourd’hui d’Horace.

2684. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il lui rappela que les morts parlent et que leur voix est impérieuse. […] Napoléon n’aima point cela ; l’opinion s’émut, l’on parla de guerre. […] Elle se met à parler d’autre chose : c’est le dernier renoncement. […] Il parlait peu de lui. […] Et il parla du radium, qui bouleversait la physique.

2685. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Morhardt, Mathias (1863-1939) »

Mathias Morhardt ; livre d’amour chaste, ardent et discret ; malgré la langue pas toujours assez sure, à notre gré, le rythme comme parlé des strophes berce et entraîne de l’inquiétude à la joie, du rêve au baiser.

2686. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 515-516

On n’y trouve point, à la vérité, ces traits de force qui étonnent l’Auditeur, ces tableaux énergiques qui le frappent, ces grands mouvemens qui l’entraînent : mais il est aussi très-éloigné de cette affectation de descriptions frivoles, plus propres à amuser qu’à instruire ; de ces portraits où l’on s’occupe plus du coloris, que de la vérité ; de cette recherche d’esprit qui éteint le feu de l’action, & invite à croire qu’on n’est pas plus persuadé soi-même, qu’on ne s’inquiete de persuader les autres ; de ces pensées plus fines que solides ; de ces tours plus brillans que naturels ; de ces expressions plus mondaines qu’oratoires ; ressources indignes de la majesté de la Chaire, & plus ajustées au ton des fauteuils académiques, où le sommeil de celui qui parle, est le précurseur de celui des personnes qui écoutent.

2687. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 250-251

Nous ne parlerons que de son Cours de Philosophie à l'usage des Gens du monde, car ses Ouvrages de Mathématiques ne sont pas du ressort de celui-ci.

2688. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 262-263

Ses Ouvrages de Littérature ne valent pas, à beaucoup près, ceux de Jules-César Scaliger, son pere, dont nous ne parlons pas, parce qu'il appartient plutôt à l'Italie qu'à la France : celui-ci nous a laissé, entre autres, un assez bon Traité sur la Poétique.

2689. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 11, que les beautez de l’execution ne rendent pas seules un poëme un bon ouvrage, comme elles rendent un tableau un ouvrage precieux » pp. 71-72

Section 11, que les beautez de l’execution ne rendent pas seules un poëme un bon ouvrage, comme elles rendent un tableau un ouvrage precieux Il n’en est pas des poëtes, qui n’ont d’autre merite que celui d’exceller dans la versification, et qui ne sçavent pas nous dépeindre aucun objet capable de nous toucher ; mais qui, pour me servir de l’expression d’Horace, ne mettent sur le papier que des niaiseries harmonieuses, comme des peintres dont je viens de parler.

2690. (1864) Études sur Shakespeare

À peine dans le cours des succès du poète démêle-t-on quelques traces de l’homme, et rien ne nous reste de ces premiers temps où lui seul aurait pu nous parler de lui. […] Parler, rire, tourner le dos aux acteurs quand la pièce ou l’auteur déplaît, ce sont les devoirs du spectateur en possession des honneurs de la scène. […] Un autre sonnet parle de torts mutuels pardonnés, mais dont la douleur est encore présente31. […] Évidemment ces héros, qui ne font rien pour le public que sentir, et parler sous ses yeux, n’en seront compris et accueillis qu’autant qu’ils se rencontreront avec lui dans leur manière de concevoir, de sentir, de parler, et l’effet dramatique ne peut résulter que de leur aptitude à s’unir dans les mêmes impressions. […] Ce n’est point là l’œuvre du poëte appelé à la puissance et réservé à la gloire ; il agit sur une plus grande échelle et sait parler aux intelligences supérieures comme aux facultés générales et simples de tous les hommes.

2691. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVII » pp. 264-265

G. de Molènes continue dans les Débats (8 octobre) ses feuilletons sur ou contre Mérimée, dont le Semeur, dans les derniers temps, a si judicieusement parlé, et que M.

2692. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorian, Tola (1841-1918) »

Philippe Gille On a trop parlé des Poèmes lyriques de Mme Tola Dorian pour que je ne les signale pas spécialement.

2693. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Doucet, Camille (1812-1895) »

Les comédies d’Augier et de Ponsard en sont pleines, pour ne parler que de ceux-là, et en laissant de côté les Étienne, les Andrieux, les Collin d’Harleville, et tout le répertoire de second ordre de la fin du xviiie  siècle.

2694. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Le Mouël, Eugène (1859-1934) »

Le Mouël, tout en parlant, comme Brizeux, le français le plus pur, nous donne la sensation de la poésie bretonne aussi complète, aussi intense que s’il parlait bas-breton.

2695. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Magre, André (1873-1949) »

Tu mentirais à me parler, vois-tu.

2696. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 316-317

L’Editeur auroit au moins dû supprimer cette égologie ; il n’est pas permis de parler de soi-même avec autant de complaisance.

2697. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 428-429

Tout a l’humeur gasconne en un Auteur Gascon, Calprenede & Juba parlent du même ton.

2698. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 363-365

Nous ne parlons point de sa Rhétorique des Demoiselles, ni de sa Poétique à l’usage des Dames : ces Ouvrages sont d’une médiocrité qui humilie sa plume.

2699. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 357-358

Il ne faut pas le confondre avec un Auteur du même nom, à qui nous devons une excellente Grammaire, intitulée, l'Art de bien parler François.

2700. (1759) Salon de 1759 « Salon de 1759 — Sculpture, Vassié, Pajou, Mignot » p. 104

Il vit, il pense, il regarde, il voit, il entend, il va parler.

2701. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre II. — De la poésie comique. Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul » pp. 97-110

Pensées d’un humoriste ou Mosaïque extraite de la Poétique de Jean-Paul Or, ces vapeurs dont je vous parle, venant à passer du côté gauche où est le foie, au côté droit où est le cœur, il se trouve que le poumon, que nous appelons en latin armyan, ayant communication avec le cerveau, que nous nommons en grec nasmus, par le moyen de la veine cave que nous appelons en hébreu cubile, rencontre en son chemin lesdites vapeurs qui remplissent les ventricules de l’omoplate ; et, parce que lesdites vapeurs ont une certaine malignité, qui est causée par l’âcreté des humeurs engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs… ossabandus, nequeis, nequer, potarinum, quipsa milus. […] Car, pour s’élever jusqu’à cet humour dont je vous parle, le comique… comprenez bien ce raisonnement, je vous prie, le comique venant à passer de la région objective où l’ombre et la lumière se découpent nettement sous les rayons du soleil plastique, dans la région subjective… écoutez bien ceci, je vous conjure ; dans la région subjective où tout vacille et danse aux romantiques clartés de la lune ; le comique, dis-je, doit, pour s’élever jusqu’à l’humour, produire au lieu du sublime ou de la manifestation de l’infini… soyez attentif, s’il vous plaît, une manifestation du fini dans l’infini, c’est-à-dire une infinité de contraste, en un mot une négation de l’infini173.

2702. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre IV »

Quelques années avant la Révolution788, « on parlait déjà » dans l’armée, « on raisonnait, on se plaignait, et, les idées nouvelles fermentant dans les têtes, une correspondance s’établit entre deux régiments. […] Bientôt elles prirent un ton philosophique, elles dissertèrent, elles parlèrent des ministres, du gouvernement, des changements désirés, et n’en furent que plus répandues ».

2703. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

L’excuse des éditeurs, c’est que (pour parler comme M.  […] Ils n’osent pas nommer leur chambre, ils ne parlent pas assez de ce qui les entoure. — Ducis semble avoir oublié qu’il n’est point de sensibilité sans détails.

2704. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Préface »

Beaucoup de personnes dont je parle peuvent vivre encore ; or, ceux qui ne sont point familiarisés avec la publicité en ont une sorte de crainte. […] Parlant d’un passé qui m’est cher, j’en ai parlé avec sympathie ; je ne voudrais pas cependant que cela produisit de malentendu et que l’on me prit pour un bien grand réactionnaire.

2705. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Pour les philosophes dont je parle, le problème se pose ainsi : Le fond périra-t-il avec la forme ? […] On parle sans cesse de la chute des religions.

2706. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Dans les produits simples de l’art plastique, dans la poésie de mots, le plaisir paraît dépendre immédiatement de l’excitation ; seules les œuvres dramatiques, parce que leur matériel est l’action humaine, appellent nécessairement un cortège d’émotions ordinaires, pénibles ou joyeuses, qui n’y prennent cependant, pour parler la langue de M.  […] Parlons d’abord de la méthode.

2707. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Qu’il suffise aujourd’hui de savoir que c’est une femme, une chausse bleue comme Mme de Blocqueville, dont je vais parler après elle, et qui, elle, s’est nommée à son premier livre, car les femmes ont mis la hardiesse, à la place de la pudeur, dans leur envahissement de la littérature. […] Je parlais, il y a quelques jours, des caquetages littéraires de ces deux volumes à une femme qui a des caquets plus aimables.

2708. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Louis XVI et sa cour »

Pour un homme de monarchie et d’entrailles (et Renée est l’un et l’autre), il est difficile, en effet, de parler de Louis XVI. […] Ouvrez où vous voudrez ce livre de Louis XVI et sa Cour, et voyez si partout l’écrivain, l’écrivain dont nous avons parlé au commencement de ce chapitre, ne fait pas descendre l’expression comme la lumière sur les côtés les plus ravalés de ce caractère tout à la fois inerte et brutal, sur cet homme épais, tout physique, qui oubliait son métier de roi dans des métiers mieux faits pour lui !

2709. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Ch.-L. Livet »

L’une est cette madame Cornuel dont j’ai parlé plus haut, une madame Pernelle, terrible et charmante, qui a laissé autant de mots que Rivarol, mais d’un tout autre calibre, moins fastueux, mais plus meurtriers. […] Les grands hommes qui donnèrent à la langue de Louis XIV, je ne dis pas son caractère définitif, — car une langue ne finit jamais que quand on ne la parle plus, — mais les chefs-d’œuvre qui l’assirent et la posèrent dans sa majesté, sont sortis des grands écrivains du xvie  siècle, qui en a de si grands, et non pas des précieuses, ces bréhaignes, qui ont tué des poètes, mais qui n’en ont jamais fait un.

2710. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

À la page 165 de son livre, Semichon parle de l’impuissance du roi dans cette question de trêve de Dieu et d’association pour la paix, et à la tête de toutes ces coalitions pacifiques de communes ou de confréries, nous trouvons (et même dans l’histoire de Semichon) de grands féodaux, sujets du roi, portant sa bannière, délégués par lui. […] Il a étudié les conciles du temps et il a traduit çà et là, avec beaucoup de bonheur, les magnifiques langages qu’on y parlait.

2711. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire de la Révolution »

II Tout livre a sa philosophie, qu’il la taise ou la parle, la voile ou la montre, comme tout homme a sa métaphysique, même ceux qui méprisent le plus la métaphysique et qui croient le moins en avoir. […] Castille, il faut bien le dire, n’a pas cette bouche de pierre dont parle Diderot, et qu’il exigeait de ceux qui croient au Destin.

2712. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

I J’attendais la nouvelle édition de ce livre pour parler de l’auteur de La Fille Élisa, — de cette production jalouse et désespérée, sur laquelle j’ai gardé le silence par respect pour l’homme qui l’a écrite. J’attendais ce livre, qui m’en fera parler mieux… MM. de Goncourt, qu’on pourrait appeler M. de Goncourt, tant ces deux adorables frères n’étaient qu’un, sont, en fait, — qu’on en convienne ou qu’on n’en convienne pas ! 

2713. (1880) Goethe et Diderot « Introduction »

Mais elle a mis au service de sa gloire sa langue, qu’on entend et qu’on parle partout. […] Un fervent de Barbey d’Aurevilly avait coupé, il ne sait malheureusement plus dans quel journal, cette curieuse note : « Au mois d’octobre 1802, Goethe écrivait à Schiller : « Je vous attends à Weimar ; nous causerons littérature et « nous parlerons de la France.

2714. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

Jusqu’ici, tous ceux qui ont parlé (en France, du moins,) de l’Amérique, l’ont fait avec les sentiments qu’inspirent aux âmes vulgaires deux choses qui mettent à terre beaucoup de genoux : — la force matérielle et la réussite… Ils ont adoré le Taureau d’or. […] L’anarchie d’un peuple qui ne s’entend pas lui-même parlerait-elle fatalement, comme une contagion funeste, dans l’esprit de ceux qui le contemplent ?

2715. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame de Créqui »

Sans beauté, mais non sans expression, elle n’avait pas toujours enfermé sous ce petit bonnet à bec, dont nous parle Sainte-Beuve, ce profil de faucon dont elle avait aussi la griffe et l’œil d’escarboucle, et elle aurait pu, certes ! […] Quand elle se prit de goût et d’intelligence pour M. de Meilhan, il avait, lui, quarante-six ans, l’âge où l’homme resté le plus beau parle moins à l’imagination qu’à la pensée, et elle en avait soixante-huit, mais soixante-huit si sereins et si fermes, que la dépravation de tête, le néant de tout et l’ennui, l’horrible ennui d’une créature qui vit sans Dieu, dans le cachot de la cécité, ne firent pas d’elle une Madame Du Deffand, amoureuse d’un autre Horace Walpole !

2716. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexis de Tocqueville »

Voilà pour la forme, c’est-à-dire pour ce qui fait la vie des livres et leur durée, quand les idées sur lesquelles ils reposent sont décrépites ou mortes ; mais pour le fond, c’est aussi les idées de tout le monde qui lui créent son originalité, à ce penseur, comme c’est la courte vue de tout ce monde qui se chausse de lunettes d’écaille qu’il promène sur les événements contemporains et la politique, qui devait les dominer… Seulement, penser et parler comme tout le monde pense et parle à une certaine hauteur de société, explique peut-être suffisamment aux esprits profonds que tout ce monde, qui se reconnaît en de Tocqueville, lui ait fait un honneur si exceptionnel !

2717. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Byron »

Grenier, qu’il est le premier peut-être de tous ceux qui ont parlé de Byron qui ait signalé cette profonde grécité de sa poésie, oubliée par M.  […] et ce n’est plus de la forme que je parle ici… Byron est peut-être le plus grand poète des sentiments désintéressés et chastes.

2718. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Et ce n’est pas là une folie comme celle dont Béranger, le petit bourgeoisaillon impie, a parlé en deux vers célèbres, — blasphème qui passe ! […] Soury, cet animal à sang blanc dans le talent (pour parler comme lui), n’a pas à son service une particule de colère.

2719. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Athanase Renard. Les Philosophes et la Philosophie » pp. 431-446

À parler rigoureusement, on peut dire, sans trembler, qu’il n’y a plus de Philosophie. […] À partir de sa thèse « inaugurale », pour parler comme lui, il a toujours poussé dans le même sens ses observations et ses idées.

2720. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « A. P. Floquet »

La Vie en question était la première mise en œuvre, régulière et suivie, des nombreux documents qu’on avait sur Bossuet, et, de plus, c’était l’ouvrage d’un homme qui, vu par les dehors de son état, avait qualité pour parler congrûment d’un évêque, puisque cet homme était cardinal. […] Là, il eut son désert, sa Pathmos, mais une Pathmos tranquille, ce Carmel dont il parla un jour dans son oraison de Marie-Thérèse avec un accent qui troubla ces gens de la cour et leur fit entrevoir tout à coup la douceur des pieuses retraites dans des horizons éloignés.

2721. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

il écrit Ève et Marie, le Gâteau des Rois, la Recherche, etc… Je parlais plus haut d’arabesques ; mais Ernest Hello est lui-même une arabesque ! […] Nous avons déjà (V. la IIe série des Œuvres et des Hommes) signalé le curieux talent d’Ernest Hello, sur lequel tant de gens se taisent qui devraient parler, et nous avons montré les pointes de génie qui apparaissent à travers son talent, comme les pointes de la fleur à travers l’enveloppe de son bouton.

2722. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIX. Panégyriques ou éloges composés par l’empereur Julien. »

Plus le prince a de réputation, plus cet intérêt augmente ; on aime à voir un homme admiré dans sa cour et sur les champs de bataille, écrire et penser dans son cabinet, et parler en philosophe aux peuples qu’il sait gouverner en roi. […] Tel est, dans le premier, un morceau sur l’éducation des princes, où Julien parle de la nécessité de former leur corps avec leur âme.

2723. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIV. Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. »

Je t’ai vu toujours le plus infortuné des hommes, et le plus tranquille. » Et après avoir parlé de son goût, de sa philosophie et de son éloquence, il ajoute : « Comment avais-tu pris un essor si haut dans le siècle des petitesses ? […] La suite est un mélange de raison et de sensibilité, de douceur et de force ; c’est le sentiment qui sait instruire, c’est la philosophie qui sait parler à l’âme.

2724. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Homme excellent, aimable, aimant, dont le nom ne laisse pas une seule amertume sur les lèvres quand on en parle, j’ai eu le bonheur d’être en correspondance diplomatique avec lui pendant un an dans des circonstances très difficiles, et je n’ai eu qu’à m’éclairer de ses lumières et à me féliciter de sa confiance. […] Il avait parlé ici d’une certaine lettre » (lettre par laquelle le duc de Laval donnait avec autant de noblesse que de patriotisme sa démission à Louis-Philippe), « lettre que M. de Lamartine a lue ici et louée ici avec une exaltation poétique ; il comptait en imiter la conduite et l’esprit ; il est allé en Bourgogne, où les séductions du pouvoir nouveau viendront le chercher. […] XVII À l’époque où madame Récamier le connut et lui permit de l’aimer, il avait déjà écrit une espèce de poème en prose, Antigone, sorte de Séthos ou de Télémaque dans le style de M. de Chateaubriand ; on parlait de lui à voix basse comme d’un génie inconnu et mystérieux qui couvait quelque grand dessein dans sa pensée ; il couvait, en effet, de beaux rêves, des rêves de Platon chrétien, rêves qui ne devaient jamais prendre assez de corps pour former des réalités ou pour organiser des doctrines. […] La conversation y était aimable, souple, à demi-voix, un peu froide, d’un goût très pur, d’un ton de cour, rarement animée, mais d’une tiédeur toujours douce qui enseignait à bien écouter plus qu’à bien parler. M. de Chateaubriand imposait le respect par son silence ; il songeait plus qu’il ne parlait : c’était l’esprit le moins improvisateur qui ait jamais existé ; il laissait échapper de temps en temps un axiome et se taisait pour en méditer un autre ; de là, sans doute, la recherche laborieuse de ses plus beaux écrits.

2725. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (2e partie). Littérature de l’Allemagne. » pp. 289-364

Il ne parla que de la nature qui allait bientôt fermer ses yeux pour jamais. […] « Hier, écrit son confident Varnhagen, hier Humboldt a parlé avec beaucoup d’enjouement des lettres qu’il a reçues ; un certain nombre de dames d’Elberfeld se sont engagées à travailler à sa conversion au moyen de lettres anonymes, et lui ont annoncé leur intention ; ces lettres arrivent de temps en temps. […] J’irai bientôt vous voir et vous parler de lui. […] Les remarquables progrès que l’étude philosophique des langues a faits en Allemagne depuis moins d’un demi-siècle, facilitent les recherches sur leur caractère national, sur ce qu’elles paraissent devoir à la parenté des peuples qui les parlent. […] Voici comment il en parle : « Puisque nous sommes revenu aux prosateurs, nous nous arrêterons avec plaisir sur la création qui a valu à Bernardin de Saint-Pierre la meilleure partie de sa gloire.

2726. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Misérable, parle. […] Seigneur, ne parlez pas ainsi : Quelque vil que puisse paraître l’état auquel nous avons été destinés par nos pères, nous ne devons pas nous y soustraire ; et d’ailleurs, quoique l’action de donner la mort à un animal soit, avec justice, considérée comme cruelle, cependant il n’est pas rare de trouver dans le boucher lui-même une âme tendre et accessible à la compassion. […] X Il y a dans le théâtre indien, ajoutent les commentateurs, une singularité que n’offre aucun théâtre moderne, et qui atteste assez le prodigieux développement de l’éducation publique chez ces peuples, c’est que les personnages parlent plusieurs idiomes dans le même drame. […] Rama lui parle comme dans un songe indécis : « Sita !  […] « Laissez-le pleurer, disent ses serviteurs ; ceux qui souffrent doivent parler de leurs souffrances.

2727. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Foulon de Vaulx, André (1873-1951) »

Il s’est fait, pour parler ainsi et pour user d’une expression du moyen âge, un joli chapel de fleurs, composé des mêmes guirlandes et où brillent les mêmes couleurs.

2728. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rambosson, Yvanhoé (1872-1943) »

Une citation ne peut suffire à donner un exemple de cette manière, non plus qu’un fragment de symphonie ne révèle l’intention d’un musicien… Jusqu’ici, j’ai beaucoup plus parlé de la forme que du fond du livre de M. 

2729. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Des Rieux, Lionel (1870-1915) »

Ce sont là d’excellents exercices préparatoires pour le jour où M. des Rieux aura de l’émotion ; et l’on parle de supprimer les études classiques !

2730. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 80-81

Est-il facile de bien écrire, quand on fait parler le vice ?

2731. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 437-439

Un jour qu’il doubloit Ponteuil dans les rôles de Rois, il fut si mal reçu du Parterre, que, s’avançant sur le bord du Théatre, il lui parla ainsi : « Messieurs, si M.

2732. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 523-524

Nous n’en parlons que pour réfuter une erreur qui se trouve dans presque tous nos Dictionnaires Historiques, où l’on attribue à celui-ci la comparaison des Loix Romaines avec celles de Moïse, qui appartient certainement au premier.

2733. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 222-223

Nous ne parlons pas des autres Ouvrages de M. de Saint-Réal. ; en exceptant son Traité de la valeur, qui est un chef-d’œuvre de raison & de bon goût, le reste ne vaut pas mieux que son Eloge de Madame de Mazarin, composé plutôt pour la gloire de cette Dame, que pour celle de l’Ecrivain.

2734. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 362-363

Cette Traduction, à laquelle il a, dit-on, la principale part, lui a attiré les anathêmes du Patriarche que les Lettres & la Philosophie viennent de perdre : M. de Voltaire, offensé de ce qu’on n’a pas parlé de ses Tragédies dans le Discours qui précede celles du Poëte Anglois, ne put retenir son ressentiment, comme il est aisé d’en juger par plusieurs de ses Lettres, & entre autres, par celle qui est imprimée dans la seconde édition du Bureau d’Esprit, où il traite M.

2735. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Tour » p. 223

Il mange sans parler ; puis tout à coup il se lève, va revoir les deux pastels, et ne reparaît plus.

2736. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

À quelque heure qu’on s’adressât à lui, il était toujours prêt à parler, à écrire ou à agir. […] Legouvé un bon exemple que je vais donner assez au long pour bien mettre en lumière le mécanisme dont je parle. […] Je ne parlerai guère non plus des phrases incohérentes qu’on recueille chez quelques écrivains. […] « Quelques minutes après, nous marchions côte à côte sans parler. […] Je parle bien entendu de l’instinct amené à l’automatisme, de ce qu’il y a de plus et de mieux organisé dans les instincts.

2737. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Parlez au paysan, au socialiste de l’Internationale, de la France, de son passé, de son génie, il ne comprendra pas un tel langage. […] Je parle par expérience. […] Quant aux pertes d’hommes, s’il était permis de parler d’un pareil sujet avec une froideur qui a l’air cruel, je dirais qu’elles sont à peine sensibles. […] Que si l’on veut parler d’une décentralisation plus profonde, qui ferait de la France une fédération d’États analogue aux États-Unis d’Amérique, il faut s’entendre. […] Nous avait-on assez parlé de la décadence de cette Allemagne qu’on présentait comme une officine d’erreurs énervantes, de dangereuses subtilités.

2738. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVIII » pp. 74-75

On a parlé des Souvenirs sur l’Empire de M. de Meneval, ancien secrétaire particulier de l’empereur : il n’y a pas d’habitude de composer un livre, et ceux qui ne lisent que pour avoir un récit agréable et continu peuvent y trouver du mécompte ; mais il y a beaucoup d’anecdotes précieuses, originales, que garantissent la position et la probité de l’auteur.

2739. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — J — Jouy, Jules (1855-1897) »

Philippe Gille Je ne parlerai que d’un chansonnier, mais d’un chansonnier de race, de M. 

2740. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Nolhac, Pierre de (1859-1936) »

C’était la poésie d’études, pour ainsi parler.

2741. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 214-216

Ceux qui aiment tant à mettre au jour ce qu’on appelle des Recueils de Poésies, auroient dû puiser dans celui dont nous parlons.

2742. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 419-420

A l’excellent Livre dont nous venons de parler, M. l’Abbé Nonote en a fait succéder un autre également estimable & dans son motif & dans la maniere dont il est traité ; tel est le Dictionnaire anti-philosophique.

2743. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 183-184

Ce Satirique n’a pas été aussi équitable, en exagérant la pauvreté de ce Poëte : Saint-Amand n’eut du Ciel que sa veine en partage ; L’habit qu’il eut sur lui fut son seul héritage : Un lit & deux placets composoient tout son bien ; Ou, pour mieux en parler, Saint-Amand n’avoit rien.

2744. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 286-288

& ajouta tout de suite : C'est du chant que je parle.

2745. (1763) Salon de 1763 « Conclusion » p. 255

Je puis m’être trompé dans mes jugements, soit par défaut de connaissance, soit par défaut de goût ; mais je proteste que je ne connais aucun des artistes dont j’ai parlé, autrement que par leurs ouvrages, et qu’il n’y a pas un mot dans ces feuilles que la haine ou la flatterie ait dicté.

2746. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Amand » p. 279

Plusieurs mauvais dessins dont je ne parlerais pas, sans un de ces traits d’absurdité sur lesquels il faut arrêter les yeux des enfans.

2747. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXV » pp. 254-255

L'Académie nous trouverait sans doute bien Suisses de parler ainsi.

2748. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Reboul, Jean (1796-1864) »

Je l’ai trouvé dans sa boulangerie ; je me suis adressé à lui sans savoir à qui je parlais, ne le distinguant pas de ses compagnons de Cérès.

2749. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rivoire, André (1872-1930) »

Des silhouettes de jeunes filles y défilent, en pâles théories, et ce n’est pas toujours sans mélodie qu’elles y parlent avec des voix claires.

2750. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 89-91

Nous ne parlons pas du Recueil de ses Poésies fugitives, dont Barbou a donné une édition magnifique, où les Connoisseurs trouvent plus d’esprit, de délicatesse & de sentiment, qu’il n’en faudroit pour faire une grande réputation à quiconque se seroit borné à ce seul genre.

2751. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 319-320

M. de Maupertuis promit de le faire parler M. de Lagny, lui cria-t-il, le quarré de douze ?

2752. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 444-446

Nous ne parlerons pas des autres vices qui ont déshonoré sa conduite.

2753. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 513-514

Nous ne parlerons point de ses Ouvrages de Jurisprudence, souvent cités dans les matieres criminelles, & qui font même autorité auprès des Tribunaux, honneur dont peu d'Auteurs ont joui de leur vivant : ces Ouvrages ne sont pas du ressort du nôtre ; mais sa Réfutation des principes hasardés dans le Traité, d'ailleurs estimable, des Délits & des Peines, traduit de l'Italien, lui donne autant de droit de figurer parmi les Littérateurs, que parmi les Jurisconsultes.

2754. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre IX. Caractères sociaux. — Le Prêtre. »

Nous parlerons de toutes ces fêtes dans la partie du culte.

2755. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 8, des differens genres de la poësie et de leur caractere » pp. 62-63

S’il est permis de parler ainsi, l’esprit est d’un commerce plus difficile que le coeur.

2756. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Il passa son enfance avec eux en tête-à-tête, et se trouva versificateur dès qu’il sut parler. […] Pope raturait, ajoutait, refondait, parlait franc et tranchait ferme. […] Remarquez les coups de grosse caisse, j’entends les grands moyens ; on appelle ainsi tout ce que dit un personnage qui veut délirer et ne délire pas ; par exemple, parler aux rocs et aux murailles, prier Abeilard absent de venir, s’imaginer qu’il est présent, apostropher la Grâce, la Vertu, « la fraîche Espérance, riante fille du ciel, et la Foi, notre immortalité anticipée1110 », entendre les morts qui lui parlent, dire aux anges de « préparer leurs bosquets de roses, leurs palmes célestes et leurs fleurs qui ne se flétrissent pas1111. » C’est ici la symphonie finale avec modulation de l’orgue céleste : je suppose qu’en l’écoutant Abeilard a crié bravo. […] Dire des galanteries, badiner avec les dames, parler élégamment de leur chocolat ou de leur éventail, railler les sots, juger la dernière tragédie, manier la fadeur ou l’épigramme, c’est là, ce semble, l’emploi naturel d’un esprit comme celui-ci, peu passionné, très-vaniteux, passé maître en fait de style, et qui soigne ses vers comme un petit-maître soigne son habit. […] Nous continuons par conscience, et, dans la peinture de la Mélancolie et de son palais, nous trouvons des figures bien autrement étranges : « une jarre qui soupire, un pâté d’oie qui parle, des hommes qui, travaillés par l’imagination, se disent en mal d’enfant, des filles qui se croient changées en bouteilles et demandent à grands cris un bouchon1117. » Nous nous disons alors que nous sommes en Chine ; qu’à une si grande distance de Paris et de Voltaire il ne faut s’étonner de rien, que ces gens ont d’autres oreilles que les nôtres, et qu’à Pékin un mandarin goûte avec délices un concert de chaudrons.

2757. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

Et c’est ainsi que l’Européen en vient à avoir quelques pouces cubes de cervelle de plus que le Papou ; que des sauvages incapables de dépasser, en comptant ; le nombre de leurs doigts et qui parlent une langue informe, ont pour successeurs, dans la suite des siècles, des Newton et des Shakespeare147. […] D’ordinaire, quoique bien à tort, on en parle comme d’un sentiment simple, tandis qu’en fait c’est le plus composé et par conséquent le plus puissant de tous les sentiments. […] Toute l’œuvre de la psychologie analytique, c’est de prouver cette vérité ou, pour mieux parler, de la découvrir ; car c’est un voyage de découverte. […] La transition est également facile de la classification à la perception ; car il y a identité de nature entre ces deux procédés, qui à rigoureusement parler sont inséparables. […] Et si nous considérons quel effet doit produire sur notre conscience de l’espace, une excitation par laquelle des expériences oubliées sont ressuscitées vivement et en grande abondance, nous verrons que cela causera l’illusion dont il parle.

2758. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

Ils y verront par quelles séries d’événements et de dégoût de la monarchie d’Orléans et du gouvernement à suffrage restreint dit parlementaire, je fus induit à composer cette Histoire des Girondins si violemment et souvent si injustement accusée, et dans quel esprit je la juge, je la justifie ou je la condamne aujourd’hui où l’âge qui apaise tout et où la mort qui n’a plus d’ambition sur la terre laissent parler la conscience de l’écrivain et de l’homme politique, comme la postérité parlera de lui si elle daigne en parler, car nos œuvres et nos livres meurent souvent avant nous. […] Il n’avait jamais songé jusque-là à se faire un mérite de ce hasard qui l’avait lié à cette époque avec les Girondins ; il parlait peu ; il n’écrivait rien.

2759. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Cette affectation se retrouve jusque dans la langue, qui est vieille et étudiée jusqu’à la contorsion, au lieu d’être abandonnée et confiante comme la langue qu’on se parle à soi-même dans ces notes du cœur ou dans ces confidences secrètes à Dieu ou aux hommes. […] On ne connaît que par les sourdes rumeurs des salons les noms, les aventures, les scandales, les déchirements de cette époque de sa vie ; mais les faits et les demi-confidences parlent un langage qu’il est impossible de ne pas croire. […] M. de Chateaubriand donna sa démission et voulut parler au roi ; le roi refusa de le recevoir. […] LXX Le premier de ses ouvrages fut l’Essai sur les Révolutions, dont nous avons parlé ; on pourrait mieux le qualifier : Essai sur Chateaubriand lui-même.

2760. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Les notions dont nous venons de parler, ce sont ces notiones vulgares ou praenotiones 15 qu’il signale à la base de toutes les sciences16 où elles prennent la place des faits17. […] Il fait des sociétés, et non de l’humanité, l’objet de la science ; seulement, il donne aussitôt des premières une définition qui fait évanouir la chose dont il parle pour mettre à la place la prénotion qu’il en a. […] Encore ces spéculations abstraites ne constituent-elles pas une science, à parler exactement, puisqu’elles ont pour objet de déterminer non ce qui est, en fait, la règle suprême de la moralité, mais ce qu’elle doit être. […] Précisément parce qu’il y est traité de choses dont nous parlons sans cesse, comme la famille, la propriété, le crime, etc., il paraît le plus souvent inutile au sociologue d’en donner une définition préalable et rigoureuse.

2761. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

C’est un commencement, cela… C’est un progrès et c’est une idée juste, et, avant de parler du talent de son exécution, nous en tiendrons compte, et grand compte à M.  […] … et elle croit pouvoir l’être encore, quand elle a dit à son amant, en parlant de son mari, la phrase qui met le feu au drame : « Tu pourras facilement le lier avec nous. » Avant cette phrase, Fanny était adultère, et lui aussi, car il la savait mariée, quoiqu’ils n’en parlassent jamais : silence de complice ! […] VIII Daniel est un livre de contradiction bien plus que de conscience, et quand je dis conscience, je l’entends dans les deux sens du mot et je parle au double point de vue de la morale et de l’art. […] Et je ne parle même pas du mutisme de moralité dont ce livre est frappé dans son ensemble.

2762. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « III — II » pp. 14-15

Il n’y parle pas des Centaures, le grand fait mythologique local.

2763. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LV » pp. 213-214

Mais voilà que le lendemain à la Chambre des pairs (2 mai), M. de Montalivet est venu parler contre la philosophie et dans un sens qui pouvait sembler favorable au clergé.

2764. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rameau, Jean (1859-1942) »

Jean Rameau chante quand il veut parler, et c’est tant mieux, ses accents n’en sont que plus pénétrants.

2765. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 105-106

Dans une autre circonstance, Dancourt étant sur le point de tomber dans un escalier qu’il ne voyoit pas, le même Monarque, à qui il parloit dans ce moment, le retint par le bras, en lui disant : Prenez garde, Dancourt, vous allez tomber ; puis se retournant vers les Seigneurs qui l’environnoient ; il faut convenir , leur dit-il, que cet homme parle bien .

2766. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 337-339

C’est en ces termes qu’il parle de M.

2767. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 430-432

Dans les trois Ouvrages dont nous venons de parler, il paroît instruit, judicieux, méthodique, & capable de rendre ses connoissances utiles ; ses idées sont nettes, son style est simple.

2768. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Châtiments » (1853-1870) — Préface de 1853 »

Le flambeau rayonne ; si on l’éteint, si on l’engloutit dans les ténèbres, le flambeau devient une voix, et l’on ne fait pas la nuit sur la parole ; si l’on met un bâillon à la bouche qui parle, la parole se change en lumière, et l’on ne bâillonne pas la lumière.

2769. (1763) Salon de 1763 « Peintures — De Machy » pp. 242-243

Je n’en parlerais pas, sans un incident singulier que l’artiste a rappelé dans son tableau.

2770. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XIV. Le procès funèbre de la bouche »

C’était elle qui parlait pour moi quand j’éprouvais le besoin de me donner un peu de mouvement.

2771. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Ces gens de goût, Montaigne et Horace, quand ils nous parlent d’eux et qu’ils se jugent, doivent être écoutés avec intelligence et sourire, avec quelque chose de ce sourire fin qu’eux-mêmes ils ont en nous parlant. […] La lettre est là qui subsiste et parle plus clair qu’on ne voudrait. […] Sans parler des graves raisons qu’il avait d’être absent et éloigné, protection des siens, pillage de sa maison, il ne faisait défaut à l’appel que pour deux ou trois mois au plus, in extremis, pour ainsi dire, et tout à la fin d’une seconde magistrature dont il était quasi dépouillé dès lors, et où un autre, déjà nommé, l’allait remplacer.

2772. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

Autant vaut donc ne pas parler de couleur et déclarer que c’est très beau ; libre à ceux qui n’ont pas vu Boghari d’en fixer le ton d’après la préférence de leur esprit. » Je remarque à la fois chez le peintre écrivain et sa répugnance à employer un ton cru, et son autre répugnance à créer ou à introduire un nom technique pour un ton nouveau : l’indice du procédé et du scrupule de M.  […]   Nous avons à parler du roman de M. Fromentin, et à en parler comme il convient, à loisir et tout à notre aise.

2773. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

A prendre en effet les trois derniers siècles à leur année 43, on n’aurait guère pu deviner, en littérature (pour ne parler que de cela), tout ce qu’ils ont enfanté de plus original et de plus grand. […] Mais ces générations, dont nous parlons ici, et desquelles nous nous glorifions d’être, ne sont pas tombées ; elles vivent encore, elles n’ont pas tout à fait abdiqué et peuvent dire un dernier mot. […] Comme je ne me pique pas le moins du monde d’être agréable aujourd’hui, je dirai, même aux dames, toute ma pensée : « Tout le monde (c’est La Bruyère qui parle)185 connoît cette longue levée qui borne et qui resserre le lit de la Seine, du côté où elle entre à Paris avec la Marne qu’elle vient de recevoir : les hommes s’y baignent au pied pendant les chaleurs de la canicule ; on les voit de fort près se jeter dans l’eau, on les en voit sortir, c’est un amusement.

2774. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

C’est un trésor, en un mot, pour ces bons esprits et qui connaissent les entrailles, dont Mlle Aïssé parle en un endroit. […] Les amants que chaque femme prend et laisse à la file ; les fureurs au théâtre pour ou contre la Lemaure et la Pelissier ; le duc d’Épernon, qui, par manie de chirurgie, va trépanant à droite et à gauche, et tue les gens pour passer son caprice d’opérateur ; la mode soudaine des découpures, comme plus tard celle du parfilage, mais poussée au point de découper des estampes qui coûtent jusqu’à 100 livres la pièce : « Si cela continue, ils découperont des Raphaël ; » la manière dont on accueille les bruits de guerre : « On parle de guerre ; nos cavaliers la souhaitent beaucoup, et nos dames s’en affligent médiocrement ; il y a longtemps qu’elles n’ont goûté l’assaisonnement des craintes et des plaisirs des campagnes : elles désirent de voir comme elles seront affligées de l’absence de leurs amants ; » on entend tous ces récits fidèles, on assiste à cette décomposition du grand règne, à ce gaspillage des sentiments, de l’honneur et de la fortune publique ; on s’écrie avec la généreuse Mlle Aïssé : « A propos, il y a une vilaine affaire qui fait dresser les cheveux à la tête ; elle est trop infâme pour l’écrire ; mais tout ce qui arrive dans cette monarchie annonce bien sa destruction. […] Ainsi, au lieu de parler de l’impuissance de son frère aîné, D’Urfé suppose que l’amant prétendu est une fille déguisée en garçon ; ainsi, au lieu de la petite vérole, que prend par dévouement la princesse de Condé, il suppose une beauté qui se déchire le visage avec la pointe d’un diamant.

2775. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Pour ne parler que de la religion, la Cité antique a fait éclater l’insuffisance de l’œuvre de Montesquieu. […] Pour parler du gouvernement républicain, Montesquieu a étudié Rome, les cités grecques ; il a sous les yeux les cantons suisses, Venise, Raguse. […] Il parlait des Jésuites avec des ménagements étudiés, d’un ton moitié figue, moitié raisin.

2776. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

C’est la rage, Monsieur, qui est en ce moment l’objet de vos études ; vous en cherchez l’organisme microscopique, vous le trouverez ; l’humanité vous devra la suppression d’un mal horrible, et aussi d’une triste anomalie, je veux parler de la défiance qui se mêle toujours un peu pour nous aux caresses de l’animal dans lequel la nature nous montre le mieux son sourire bienveillant. […] J’ai peur qu’on n’en soit trop sûr, et, comme la mystique dont parle Joinville, je voudrais par moments brûler le paradis par amour de Dieu. […] À la vue de tant de bonnes choses qu’enseignent les lettres, en apparence frivoles, vous arriverez à penser que le doute discret, le sourire, l’esprit de finesse dont parle Pascal, ont bien aussi leur prix.

2777. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Or, ce triage, qui est déjà un jugement sommaire, l’historien l’accomplit par cela seul qu’il parle des uns et non des autres, qu’il met ceux-ci sur le devant du tableau et laisse ceux-là à l’arrière-plan. […] Nous revenons à la double analyse dont nous avons parlé plus haut, l’analyse interne et l’analyse externe. […] Au nom de ce principe, nous pouvons approuver les formes les plus différentes : la phrase ample et majestueuse de Bossuet déroulant les destinées des empires et le caquetage vif, sautillant, coupé, le style parlé de Marivaux analysant les menus états d’esprit d’une jeune fille ; les vers aisés, inégaux et sinueux, qui se moulent avec tant de souplesse sur la pensée de La Fontaine, et les larges vagues de mélodieux alexandrins où se berce mollement la rêverie de Lamartine.

2778. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Son originalité est dans une figure qui, jusqu’ici, n’avait pas été montrée au théâtre : celle de la mère corrompant naïvement son fils et jouant auprès de lui le rôle de la malesuada fames, dont parle Virgile. […] Elle touche à des pudeurs de l’âme aussi sensibles que les mystères du corps ; elle révèle, — et c’est une mère qui parle à son fils ! […] Hubert, — verbe rude, habits amples, cheveux coupés en brosse ; — il parle d’or ce fermier modèle.

2779. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. Tome IXe. » pp. 138-158

En apprenant ce désastre du général Dupont, Napoléon, qui était alors à Bordeaux, entra en fureur ; dans le premier moment de colère, il parlait de le faire fusiller, lui et tous les auteurs de la capitulation. […] Il leur parla du christianisme, de Tacite, de cet historien, l’effroi des tyrans, dont il prononçait le nom sans peur, disait-il en souriant ; soutint que Tacite avait chargé un peu le sombre tableau de son temps, et qu’il n’était pas un peintre assez simple pour être tout à fait vrai. […] Le troisième livre de ce IXe volume est intitulé Somosierra, mais son vrai titre devrait être Saragosse, du nom de ce siège extraordinaire qui fut l’une de ces défaites triomphantes dont parle Montaigne.

2780. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Jamais il ne parle des Grecs qu’avec mépris et dédain comme d’une nation de femmes et d’enfants , ne songeant qu’au plaisir, et qui, dans leurs arts, « ôtèrent la pudeur même à la chasteté » 55 : ou encore comme d’une « nation d’athlètes » devenue bien vite un peuple de rhéteurs et de sophistes, et qui, en philosophie, « ne cherchèrent jamais la sagesse que hors des voies de la raison ». […] Quand M. de Bonald parle de Bossuet, il se sent presque son contemporain, il l’appelle habituellement M.  […] Quand on lui parlait de la différence de succès qu’il y avait eu entre la Législation primitive et le Génie du christianisme publiés dans le même temps, il disait : « C’est tout simple : j’ai donné ma drogue en nature, et lui, il l’a donnée avec du sucre. » 58.

2781. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

Arrivé à la barre de la Convention, qu’il trouva tout en désordre, puis admis aux honneurs de la séance dont il profita peu, il raconte qu’un gros et joyeux conventionnel lui dit, en le voyant sortir : « Prenez le plus long pour retourner vers vos commettants, et, toutes les fois que vous passerez devant une section, entrez ; parlez de la mission que vous venez de remplir, et de l’accueil que vous avez reçu… Vantez surtout l’assurance que vous avez vue parmi nous. » — « Sans doute, lui répondis-je ; cela me formera si je veux un jour écrire l’histoire. » M.  […] D’un autre côté, ceux qui s’arment de ce qu’un homme d’esprit a fait pour en conclure qu’il ne saurait faire autre chose, ces personnes-là, sous l’Empire ; ne manquaient pas de répéter, quand on leur parlait des écrits sérieux de M.  […] [NdA] Comme il m’est arrivé de parler bien des fois des mêmes hommes et que c’est par suite de ce commerce réitéré que je me hasarde ainsi à les juger en définitive, j’indiquerai encore quelques lignes de moi sur la nature de talent et d’esprit de M. 

2782. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Parler aujourd’hui du duc de Raguse n’est pas une difficulté. […] Pendant l’armistice qui partage en deux cette campagne et dans les semaines qui précèdent la bataille de Leipzig, Marmont est continuellement rapproché de Napoléon, qui l’appelle, le consulte, admet la discussion sur les plans à suivre et passe outre, emporté par un mouvement plus fort d’impatience ardente et de passion : Son esprit supérieur lui a certainement alors montré les avantages d’un système de temporisation, mais un foyer intérieur le brûlait ; un instinct aveugle l’entraînait quelquefois contre l’évidence, parlait plus haut et commandait. […] Il le lui devait ; car, par un retour singulier du sort, ce fut Marmont, si maltraité finalement par Napoléon, qui, le seul de ses maréchaux, eut pour mission comme spéciale de voir son fils, de lui parler de son père, de lui démontrer, cartes en main, cette gloire militaire qui jusque-là n’était, pour l’enfant de Vienne, qu’un culte et qu’une religion.

2783. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — II. (Suite et fin.) » pp. 341-361

Tout au fond de l’église, une espèce d’armoire, etc. » Quand Courier a parlé ainsi de la confession, il voulait faire un tableau ; il se souvenait des prêtres d’Italie, et il connaissait peu ceux de France ; il avait toujours présents Daphnis et Chloé, et (religion même à part) il oubliait moralement les vertus et le voile spirituel que la foi fait descendre à certaines heures, et qui s’interposent jusque dans les choses naturelles. Pour ce qui est de la Cour, toutes les fois qu’il a eu à en parler, il a fait aussi son tableau, un même tableau hideux, d’une seule couleur, gravé et noirci avec soin, sans compensation et sans nuance. […] Voyez ce qui se passe autour de vous dans vos métairies, dans vos bois ou sous vos toits, et apprenez à mieux parler et plus décemment, sinon de Louis XIV, du moins de Mme de La Vallière.

2784. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Il parle intarissablement d’amour à la jeune fille, accepte ses demi-rendez-vous, puis se lie avec le fiancé qu’elle méprise, et quand enfin elle l’attend en pleine campagne, décidée à briser avec sa vie, à le suivre une fois pour toutes, pour la bonne ou la mauvaise fortune, il lui persuade, dans un pitoyable écroulement de tout son être, la soumission aux fatalités de la destinée, et la renvoie à son château, avec des déclamations creuses sur l’amertume de la vie. […] Il s’est affublé d’une défroque ridicule ; il va chercher le peuple dans ses tavernes, mais il ne sait ni lui parler, ni l’aimer. […] Mais si je veux essayer de parler, ça ne va plus du tout.

2785. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Telles quelles, ces dix pages, où il écoute le peuple juif parler, montrent son idée fixe, son obsession des souffrances et des espoirs d’Israël, et son regard tourné vers la Palestine. […] J’aimerais avoir sur l’activité guerrière des israélites d’Algérie des précisions que je n’ai pu me procurer… ‌ Quelqu’un d’autorisé à parler en leurs noms m’écrit :‌ « Ils servent, pour la plupart, dans les zouaves et s’y trouvaient (jusqu’à ces derniers temps) dans la proportion d’un quart. […] Enfin, la « revanche » dont ils ont tant parlé, dont leur cœur débordait !

2786. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

L’expérience dont nous parlons n’a donc jamais été réalisée. […] Pour le temps comme pour l’espace, j’aurai passé de mon point de vue au tien. » Ainsi parlerait Paul. […] D’autre part, quand nous parlons du zéro d’une horloge, et de l’opération par laquelle on déterminera la place du zéro sur une autre horloge pour obtenir la concordance entre les deux, c’est uniquement pour fixer les idées que nous faisons intervenir des cadrans et des aiguilles.

2787. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Si on songe, d’ailleurs, à cette orchestique, ou danse mêlée de chants, qui formait une des représentations de la scène antique, et si d’autre part on remarque, dans la liste non contestée des chants du poëte thébain, un ordre de poésies lié, sous le nom d’Hyporchèmes, aux danses religieuses et guerrières, on concevra sans peine que, dans la critique indigeste de Suidas, ce titre ait pu se confondre avec l’idée du drame orchestique, et que la mention en ait ainsi créé, par double emploi, un théâtre de Pindare dont l’antiquité n’avait pas ouï parler. […] « J’ai sous le bras, dans mon carquois », dit-il avec sa forme originale, « bien des traits qui parlent aux intelligences, mais qui, pour la foule, ont besoin d’interprètes. — 111 Tends ton arc vers le but, ô mon âme ! […] L’orgueil cependant s’est élevé contre sa louange, lui faisant obstacle sans justice, et voulant par des bouches insensées avoir parlé, et attacher ainsi quelque tare secrète aux vertus des bons.

2788. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Comme il parle de tout ce qu’il sait, et qu’il n’a point nommé Pindare, Eschyle ni Sophocle, je croirais que, peu versé dans leur langue, de la poésie grecque il ne connaissait guère qu’Homère, le poëte souverain. […] Ici viennent à nous encore, comme des précurseurs du Dante, ou du moins comme des initiateurs de la langue qu’allait parler son génie, ces poëtes franciscains dont un rare talent de nos jours, un éloquent érudit, a retrouvé d’heureux échos. […] Né vers la fin du douzième siècle, dans un village de cette Ombrie dont l’épicurien Horace avait célébré les vertes forêts et les ruisseaux limpides, François d’Assise, mort dès 1226 consumé de la fièvre ardente de l’enthousiasme et de la charité, avait, dans la courte durée de son apostolat, tout employé pour parler au peuple, depuis la poésie jusqu’aux miracles.

2789. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Lui, il n’a su que haïr la vie, du moment, pour parler son langage, qu'elle n’était plus la jeunesse sacrée. […] Dieu parle, il faut qu’on lui réponde.

2790. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

Lorsque je parlais, il y a quelques mois, dans Le Moniteur (20 avril 1857), des mémoires et Souvenirs du général Pelleport, je cherchais un nom, un type qui résumât avec gloire, aux yeux de tous, cette race d’hommes simples, purs, intrépides, obéissants et intelligents, les premiers du second ordre, les premiers lieutenants du général en chef, ses principaux exécutants et ses bras droits un jour d’action, et qui, tout entiers à l’honneur et au devoir, ne sont appliqués qu’à verser utilement leur sang et à bien servir. […] Après la capitulation, et en mettant le pied en France, Friant écrivit au général Bonaparte, premier consul, une lettre où il n’accusait personne, mais où sa réserve seule parlait assez : Vous avez sans doute appris les malheurs de l’armée d’Orient et la perte de la colonie, et vous aurez appris également combien les divisions qui ont régné entre plusieurs de nous y ont contribué.

2791. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Appendice sur La Fontaine »

Avant de parler du travail important de M.  […] N’oublions point, toutefois, que bien des rapports d’inclinations et même de talent le liaient à Chapelle et à Chaulieu ; que, jusqu’au temps de sa conversion, il venait fréquemment deviser et boire sous les marronniers du Temple, à la même table où s’assirent plus tard Jean-Baptiste Rousseau et le jeune Voltaire ; et que ce dernier surtout, vif, brillant, frivole, puisa au sein de cette société joyeuse, où circulait l’esprit des deux Régences, certaines habitudes gauloises de licence, de malice et de gaieté, qui firent de lui, selon le mot de Chaulieu, un successeur de Villon, quoiqu’à dire vrai Voltaire n’eût peut-être jamais lu Villon, et que, pour un convive du Temple, il parlât trop lestement de La Fontaine… 196.

2792. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — I »

Si nous avions eu l’honneur d’être contemporains des derniers jours du grand Corneille, si nous avions eu à parler de ces productions malheureuses dans lesquelles sa vieillesse se complaisait avec une candeur si naïve, il nous semble que nous n’eussions pas dit toute notre pensée, et que nous n’eussions pas dû la dire. […] Il n’y aurait qu’un cas où toutes ces distinctions, qu’on trouvera peut-être subtiles, mais qui se rattachent, selon nous, à la partie morale de la critique, deviendraient aussi funestes que ridicules, et où la vérité seule devrait parler, dure, amère, inexorable.

2793. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

Mistress Trollope, qui a parlé à la légère des rasades et orgies de Monticello, est encore ici convaincue de caquetage impudent. […] Les deux lettres dont nous parlons forment le manuel républicain le plus convaincant et le plus substantiel qu’on puisse étudier en tout pays.

2794. (1875) Premiers lundis. Tome III « Nicolas Gogol : Nouvelles russes, traduites par M. Louis Viardot. »

Pour l’Angleterre, pour l’Allemagne, pour l’Italie, le fait est évident ; l’Espagne essaie d’une sorte de renaissance et voudrait faire parler d’elle. […] Il m’en parla à fond et de manière à me convaincre du talent original et supérieur de ce Belli, qui est resté si parfaitement connu à tous les voyageurs.

2795. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Préface de la seconde édition » pp. 3-24

Voltaire aurait désavoué, je crois, cette phrase du Mercure, qui paraîtra dénuée de vérité à tous les Anglais, comme à tous ceux qui ont étudié la littérature anglaise : « On serait étonné de voir que la renommée de Shakespeare ne s’est si fort accrue, en Angleterre même, que depuis les Éloges de Voltaire. » Addison, Dryden, les auteurs les plus célèbres de la littérature anglaise, ont vanté Shakespeare avec enthousiasme, longtemps avant que Voltaire en eût parlé. […] J’offre d’avance la traduction de toutes ces sortes de critiques dans les vers de Molière, que je rappelle ici : Non, non, je ne veux point d’un esprit qui soit haut, Et femme qui compose en sait plus qu’il ne faut ; Je prétends que la mienne, en clartés peu sublime, Même ne sache pas ce que c’est qu’une rime ; Et c’est assez pour elle, à vous en bien parler, Que savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer.

2796. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XV. De l’imagination des Anglais dans leurs poésies et leurs romans » pp. 307-323

Mais n’est-ce point assez de savoir parler la langue des affections profondes ; faut-il attacher beaucoup de prix à tout le reste ? […] parlez de vos joies, vous qu’une larme soudaine surprend souvent quand vous regardez autour de vous, et que rien ne frappe vos regards que des tableaux de félicité ; toutes les affections variées de la nature se pressent sur votre cœur.

2797. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

Ce n’est que par là qu’une étude du genre de celle-ci peut être sincère et vivante ; et l’on ne peut espérer d’intéresser les autres aux choses dont on parle que par le goût qu’on marque soi-même y prendre. […] On pouvait autrefois se permettre bien des excursions, quand les xvie , xviie et xviiie  siècles constituaient seuls à peu près toute la littérature dont on parlait ; on étoffait le peu qu’on savait du moyen âge français, par le peu qu’on savait du moyen âge provençal.

2798. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Frédéric II591 est à peine allemand de langue et d’intelligence : il ne parle que français, il fait venir Maupertuis. […] L’impératrice parle un français bizarre, brusque, incorrect, original ; elle écrit des comédies en français ; elle traduit Bélisaire en russe.

2799. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre V. Le théâtre des Gelosi (suite) » pp. 81-102

Isabelle a vu Oratio parler à la comédienne ; elle lui reproche de ne pas tenir sa promesse. […] Se peut-il, dans le ciel même, Trouver de plus douce crème Que celle de son parler ?

2800. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVII. Romans d’histoire, d’aventures et de voyages : Gebhart, Lemaître, Radiot, Élémir Bourges, Loti » pp. 201-217

— Pourquoi, vous qui parlez avec tant d’ingéniosité et de gentillesse de Racine, de Marivaux et de Meilhac que vous savez bien, calomniez-vous gratuitement l’art moderne que vous ne connaissez pas, et dont vous ne voyez, au boulevard, que les ridicules spécimens ? […] Ce n’est pas un styliste, c’est un discoureur, mais qui ne parle que pour dire quelque chose.

2801. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

. — Spiritualisme, Messianisme, ce sont deux « stades de l’illusion » dont parle M. de Hartmann. […] Volonté générale, intérêt général, solidarité, ce sont là autant de fantômes idéologiques qui hantent et dominent l’individu de leur ombre redoutable, semblables au spectre Religion dont parle Lucrèce.

2802. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre III : Théorie psychologique de la matière et de l’esprit. »

« Si donc nous parlons de l’esprit comme d’une série de sentiments, nous sommes obligés d’ajouter, pour être complet, une série de sentiments qui se connaît elle-même comme passée et comme future. […] « Au fond le plus sage de beaucoup c’est d’accepter le fait inexplicable, sans théorie sur le comment ; et quand nous sommes obligés d’en parler en termes qui impliquent quelque théorie, il faut le faire avec plus de réserve. » III Cette théorie de l’esprit et de la matière, qui dépasse à quelques égards la psychologie purement expérimentale, paraît avoir soulevé de vives discussions en Angleterre, si l’on en juge par le grand nombre de livres, brochures, articles de journaux et de revues que M. 

2803. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Villemain n’est plus ce lecteur profane dont il a parlé. […] Je veux parler des femmes qui ont écrit, et il en est un grand nombre qui remplissent la seconde moitié du xviie  siècle et la première partie du xviiie .

2804. (1902) L’humanisme. Figaro

Ils ont abusé du bizarre, de l’abstrus, ils ont souvent parlé un jargon qui n’avait rien de français, ils ont épaissi des ténèbres factices sur des idées qui ne valaient pas toujours les honneurs du mystère. […] Votre justice ne peut être que cette justice immanente, dont on parle sans y croire, parce qu’en effet les hommes sont quelquefois punis par où ils ont péché ; mais ce n’est qu’un hasard, qui n’a jamais effrayé les coquins ; ils n’ont pas plus peur de la justice immanente que de la justice éternelle ; peut-être même, dans son mystère, l’éternelle leur inspire-t-elle plus d’effroi que l’immanente, et c’est bien le cas de rappeler ce fameux dîner où Voltaire avait convié ses amis, Diderot, Helvétius, d’Alembert, d’Holbach, toute l’Encyclopédie.

2805. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

On devine que nous voulons parler des bords du Rhin. […] Voilà la première partie et, pour ainsi parler, la première face de l’idée qui lui vint.

2806. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre I : Une doctrine littéraire »

Au contraire, tout ce qui n’intéresse qu’un temps particulier, un lieu particulier, quelques hommes, quelques professions, tout ce qui a besoin de commentaires pour être compris et goûté (je ne parle pas de l’intelligence des textes), tout ce qui se rapporte à des usages disparus, à des habitudes spéciales et locales, peut plaire à des érudits, ou a pu plaire dans un temps donné, mais n’est pas universellement, éternellement beau. […] Il ne faut point oublier que la littérature est un art, que ce qui distingue l’art de la science, ce n’est pas seulement la nature des vérités qu’il exprime, c’est encore la manière dont il les exprime, que son principal objet est de rendre le vrai ou l’intelligible par des formes sensibles, en un mot de parler au cœur, aux sens, à l’imagination en même temps qu’à l’esprit.

2807. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

Et voilà le reproche que je fais à ce livre tout d’abord, — sans préjudice des autres qui viendront après, — parce que les autres regarderont plus le temps où de pareils livres se publient, que la femme ou les femmes qui osent les publier… Je ne suis pas assez niaisement pédant pour parler morale à une Cosaque qui fait sauter son désir, — comme son cheval, — par-dessus toutes les barrières, sous lesquelles les autres femmes, qui ne sont pas Cosaques, coulent parfois subtilement le leur. […] ce n’est pas elle qui jamais, comme certains sauvages, dans leur frénésie, aurait, avec ses dents, coupé sa langue pour la cracher à la face de son ennemi ; elle aime mieux la garder pour parler contre lui et faire des conférences, — car elle en fait, à ce qu’il paraît, ce qui n’est pas du tout équestre, du tout amazone, du tout Alfieri, du tout cosaque, — mais ce qui est parfaitement parisien, parfaitement bas-bleu, et parfaitement conforme au genre d’âme qu’elle a, — une âme d’actrice, qui préfère à tout, à tous les amours comme à toutes les vengeances, les yeux des galeries et les applaudissements des parterres !

2808. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’ancien Régime et la Révolution »

Du reste, cette simplification, ou, pour mieux parler, ce rapetissement de l’histoire n’est guères essayé qu’en tremblant ! […] Montesquieu, dont nous avons beaucoup parlé parce qu’il a longtemps empêché Tocqueville de dormir, et surtout parce que ses amis ont prétendu qu’il le ressuscite, Montesquieu ne lui a pas donné cette phrase courte, ingénieuse, imagée, qui sent l’épigramme, il est vrai, mais qui nous réveille en nous piquant et nous enlève par le trait à la monotonie.

2809. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le colonel Ardant du Picq »

Et voilà les raisons pour lesquelles je parlerai de ce livre, qui, tout en étant un livre de métier et d’instruction pratique pour les officiers de l’armée française, entre pourtant par l’esprit qui l’anime dans la philosophie du temps ; mais, Dieu merci ! […] Et, en effet, je l’ai dit plus haut, mais il faut le répéter à ceux qui ont appelé la guerre et son art du nom avilissant de militarisme pour mieux l’insulter, tout se passe, dans tous les mondes possibles, comme dans le monde de la guerre ; et ce que dit l’auteur des Études sur le Combat de la discipline des armées, on peut le dire de toutes les institutions de l’humanité, — religion, législation, gouvernement et art même, car l’art a ses règles, — qui toutes ont leurs disciplines, ces institutions, ou, pour parler mieux, qui ne sont que des disciplines sans lesquelles l’homme, faible créature, s’abolit, s’efface et se réduit au rien qu’il est , comme disait Bossuet !

2810. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Grâce à un sens critique et une sûreté d’érudition dont nous parlerons tout à l’heure, il nous aide merveilleusement à séparer l’art et l’artiste des réalités de l’Histoire. […] Cette religion du vrai a été chez eux soumise aux profanations de l’amour artistique du beau, et Thucydide et Hérodote lui-même, l’Homère en prose, comme on l’a dit, nous ont parlé de la Grèce bien plus comme ils la comprenaient que comme elle fut.

2811. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « L’Angleterre depuis l’avènement de Jacques II »

En vain nous parle-t-il, mais en passant, d’une monarchie tempérée du xiiie  siècle, qui s’était conservée intacte jusqu’au xviie , et assure-t-il que tous les principes qui triomphèrent dans la révolution de 1688 étaient sinon relatés formellement et catégoriquement dans un acte spécial, au moins épars dans d’anciens et vénérables statuts. […] On a souvent parlé de la pruderie des femmes anglaises, mais, en fait de bégueulisme, les whigs pourraient donner des leçons aux femmes les moins vraies et les moins naturelles de leur pays !

2812. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

… Rappelez-vous cet Urbain Legeay, qui, d’un revers de plume, — mais d’une plume aiguisée pendant trente ans, — décapita, dans sa forte Histoire de Louis XI, tous les historiens qui avaient parlé de ce grand roi, plus grand qu’aucun d’eux ne l’avait dit… Il pouvait les remplacer tous ! […] Je ne parle pas de la surnaturelle Jeanne d’Arc, qui n’est pas une femme, mais un Séraphin armé de l’épée du Seigneur.

2813. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme et l’Enfant » pp. 11-26

quand nous disons l’Économie politique, nous n’entendons nullement cette physiologie, ou, pour mieux parler, cette anatomie sociale qui décrit et examine des faits ; mais nous entendons cette science datée d’Adam Smith, qui a l’orgueil de ses axiomes, qui s’imagine créer la vie avec de simples combinaisons, et affirme que la loi des sociétés tient toute dans le développement de la richesse. […] Partout les hommes ont parlé de jouir.

2814. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Il est tombé, lui aussi, amoureux de cette créature si légère d’esprit, de conduite et de tout, qu’il n’a pas osé mettre, il est vrai, dans ses Femmes vertueuses du grand siècle, mais dont il a parlé comme si elle était une vertu, elle qui n’était qu’une coquetterie ! […] Excepté son mari, Sévigné, qui la traita comme ces sortes de femmes — tout vanité, mutinerie, gaîté et caprices, — doivent être traitées pour qu’elles aiment : avec la cravache des procédés indifférents, impertinents et cruels ; excepté son mari, pour lequel elle eut cet amour par pique dont parle Stendhal dans ses diverses classifications de l’amour, elle n’aima personne que sa fille, et encore quand elle était loin !

2815. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « IV. M. Henri Martin. Histoire de France » pp. 97-110

I Ce n’est pas un petit embarras pour la Critique, obligée de resserrer ses observations dans le cadre étroit d’un chapitre, que de parler d’un ouvrage qui compte en ce moment quinze énormes volumes, et cependant il le faut ; c’est de nécessité. […] Il a la bonté de parler moderne et de raconter l’histoire sans en faire un carnaval.

2816. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

… On a parlé de la douleur d’avoir perdu l’Impératrice, de cette affection blessée par la mort et qui saigna toujours dans l’âme de ce fils de Jeanne-la-Folle, en qui l’amour conjugal semblait une passion héréditaire, mais la Douleur a son idée fixe et ne revient pas toucher, de ses mains préoccupées, les amusettes de l’Ambition. On a parlé enfin de sentiments religieux, mais pourquoi la Philosophie, qui a été logique, n’a-t-elle pas eu raison, et pourquoi Charles-Quint ne s’est-il pas réellement fait moine ?

2817. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Quant à nous, qui ne croyons pas qu’une telle justification est possible, nous laisserons l’apostat à l’Histoire, qui saura bien comment le prendre et le traiter, et nous ne parlerons ici que du Lamennais découvert en lisant ses lettres. […] La colère qui y monte comme une flamme, qui y saisit tout, qui y éclaire tout, — mais qui y décompose tout aussi quelquefois, — la colère, qui n’a pas encore cessé dans la plus grande partie de ces deux volumes d’être une sainte colère, est le caractère dominant de cette fulgurante Correspondance, qui fait penser au mot profond des Écritures, quand elles parlent de « la colère de l’Agneau ».

2818. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Le livre dont nous allons parler a été annoncé quand il parut comme une bonne nouvelle philosophique. […] Ballanche, qu’on peut citer sans trop descendre quand on parle de Lamennais, Ballanche, qui a de si grandes parties d’artiste, n’est pas plus, au fond, un philosophe, qu’un somnambule, fût-il très lucide, n’est un observateur.

2819. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

Et sans cela, est-ce que je vous en aurais parlé ? Est-ce que je vous aurais parlé de cette femme qui n’est plus une femme et qui a consommé sur elle le suicide de son sexe ?

2820. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Ceux qui la parlent le mieux sont plus spirituels entre barrières que hors barrières… Mais, en province, on ne doit guères comprendre que la moitié de ce qu’ils disent. […] J’ai quelquefois parlé, en mes critiques des Œuvres et des Hommes au xixe  siècle, de l’auteur des Jugements nouveaux et des Patriciennes de l’amour 28, et ce que j’en ai dit, je le pense toujours.

2821. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Comme les idées sont indépendantes de la chronologie et de la forme purement matérielle sous laquelle elles arrivent au public, nous n’avons pas attendu le livre et nous parlons de ce travail aujourd’hui. […] Où en a-t-il parlé ?

2822. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

On parlait d’un chalet divin. […] Flaubert n’en parle même pas, et M. 

2823. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules De La Madenène » pp. 173-187

Ils sont esthétiquement moins beaux, et par conséquent ils s’adressent moins à l’imagination que les pâtres de Miréio, ces figures de bas-reliefs qui vivent, mais ils parlent plus à la pensée. […] Tragique ou comique (et quelquefois du plus profond comique), ce dialogue est celui d’un homme qui a mieux que l’instinct de la grande langue que le théâtre doit parler et de ses concisions sévères.

2824. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IV » pp. 16-18

— On parle beaucoup d’une tragédie de Lucrèce (Lucrèce et Tarquin) qui doit être donnée à l’Odéon.

2825. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXV » pp. 144-146

— On parle d’une visite que M.

2826. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXIV » pp. 337-339

N'oublions pas que les chroniques de Sainte-Beuve à la Revue suisse étaient anonymes, ce qui permettait à l’auteur de parler de lui-même à la troisième personne, comme s’il s’agissait d’un autre.

2827. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Buloz et le Messager de Paris. »

Fonder, à une époque de dissolution et de charlatanisme, une entreprise littéraire élevée, consciencieuse, durable, unir la plupart des talents solides ou brillants, résister aux médiocrités conjurées, à leurs insinuations, à leurs menaces, à leurs grosses vengeances, paraître s’en apercevoir le moins possible et redoubler d’efforts vers le mieux, c’est là un rôle que les entrepreneurs de la Revue (pour parler le langage du Messager) doivent s’honorer d’avoir conçu, et où il ne leur reste qu’à s’affermir.

2828. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chênedollé, Charles-Julien Lioult de (1769-1833) »

Ainsi, depuis le dix-huitième siècle, et spécialement depuis Voltaire, la poésie française a parlé le langage des philosophes, et même a pénétré dans le domaine des sciences physiques.

2829. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Croisset, Francis de (1877-1937) »

Fernand Séverin Je regrette cependant, pour ma part, que ce livre (Les Nuits de quinze ans) où la volupté charnelle parle seule, soit dépourvu de tristesse, de mélancolie, ou, du moins, de gravité (car les pièces de la fin, où l’auteur a mis quelque chose qui ressemble à des remords, n’ont guère l’accent de la sincérité).

2830. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gille, Philippe (1831-1901) »

Je parlais tout à l’heure des imitations de l’Anthologie grecque.

2831. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Magre, Maurice (1877-1941) »

S’il nous parle des campagnes, c’est pour les louer, et des villes, pour les flétrir.

2832. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Veuillot, Louis (1813-1883) »

Veuillot parle des lettrés en cuistre et en pédant.

2833. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Préface de la première édition »

Rien, à mon jugement, ne pourrait remplacer les parties du cours de La Harpe, où ce critique parle de ce qu’il sait, et ne fait point de théories à l’usage de ses préventions ou pour donner le change sur les défauts de ses œuvres originales.

2834. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 275-277

Il suffit en effet de lire l’Ouvrage dont nous parlons, pour sentir combien sont frivoles, contradictoires & absurdes, les raisonnemens des Impies ; & combien sont solides, raisonnables & consolans les principes sur lesquels le Christianisme est établi.

2835. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 400-402

L’Auteur des Caracteres se borne à saisir les objets, à les présenter, & les objets parlent d’eux-mêmes.

2836. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 414-416

L’Histoire amoureuse des Gaules, & cette Légende scandaleuse dont Boileau parle* dans sa huitieme satire, exciterent en lui des regrets, qui le mettent au dessus des Auteurs coupables qui ont suivi la même carriere, sans s’être repentis comme lui.

2837. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 408-410

Nous ne parlons pas de ses Notes sur les Provinciales, ni de ses Ecrits en faveur de Jansénius & contre les Jésuites.

2838. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 42-44

Nous parlerons encore de son Histoire de Turenne, moins pour en approuver l’ordonnance, que pour y rendre justice à des paralleles ingénieux, aux portraits bien dessinés, à la narration simple, noble & aisée, qui rendent cet Ouvrage supérieur aux Productions de nos Biographes modernes, sans en excepter l’Histoire de Louis XI, par M. 

2839. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 253-255

Il paroîtra singulier que cet Apologiste, après avoir employé tant de raisonnemens pour le justifier, parle ensuite de sa conversion, de maniere à donner une idée peu favorable de sa droiture.

2840. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 346-348

Nous ne parlons pas de ses Poésies, qui furent estimées de son temps, & qui sont aujourd'hui peu dignes d'être recherchées.

2841. (1897) Aspects pp. -215

On en parla dans la ville entière. […] Et, en effet, pourquoi parlerait-il autrement ?’ […] S’ils parlent, c’est pour cracher du poison. […] Nous marchons, cela suffit. » Ainsi parlent des gens. […] Saint-Georges de Bouhélier de qui le parlerai tout à l’heure.

2842. (1902) La poésie nouvelle

Et, réagissant contre les Parnassiens, comme avaient fait les Romantiques contre les Classiques, les poètes dont je parle disloquèrent l’alexandrin plutôt qu’ils ne créèrent (à leurs débuts) un vers nouveau.‌ […] Je ne parlerai pas ; je ne penserai rien. ‌ […] Si le style littéraire ne lui offre qu’une expression bien connue dans les élégies, par exemple, il s’adressera au parler populaire vulgaire même, et, plutôt que de tomber dans le lyrisme de tel Coppée, entre autres, il écrira : « Ah ! […] tout est ineffable, n’en parlons plus !  […] Et Moréas ne veut pas qu’on lui objecte « la difficulté de réintégrer un antique parler ».

2843. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIII » pp. 206-208

Ni Ingres, ni Delaroche, ni Scheffer, n’ont exposé ; on parle beaucoup pourtant d’un tableau de Scheffer presque achevé, et qui se voit dans son atelier : saint Augustin et sainte Monique, au moment de la mort de celle-ci.

2844. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dujardin, Édouard (1861-1949) »

Dujardin parlent par couplets.

2845. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXI » pp. 220-221

Plaire au roi, servir ses propres amis, assurer un libre essor à leurs talents et au sien, plaire à Montausier même, furent trois succès que Molière me paraît s’être promis d’allier, en faisant le bel ouvrage dont nous parlons ; et j’aime à penser qu’il se proposa une alliance si difficile, parce que l’accomplissement de ce dessein ajoutait le mérite de la difficulté vaincue au mérite du talent le plus élevé.

2846. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 354-356

Par mes bienfaits, j’enchaînerai leurs cœurs ; par tes leçons sublimes, tu les épureras ; par mes soins, je contiendrai les vices ; par ta force divine, tu feras germer les vertus ; j’encouragerai les arts, tu formeras les mœurs ; je ferai respecter la justice, tu en inspireras l’amour ; tu parleras quand les Loix se tairont ; & si jamais l’oubli des saints devoirs, si l’ivresse de la puissance pouvoit jamais m’égarer moi-même, alors tonne du haut des Cieux, remplis mon ame d’un effroi salutaire, rappelle-moi à mes sermens ; & que, traîné devant ton Tribunal, je reconnoisse qu’en toi seule les Princes ont un Juge, & les Peuples un vengeur ».

2847. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 13-15

Sans gloser sur le mystere Des Madrigaux qu’elle a faits, Ne lui parlons désormais Qu’en la langue de sa mere.

2848. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 179-181

Je ris, poursuit-il encore, de voir ces Orateurs, qui, boursoufflés comme des Maures, ouvrent la bouche comme s’ils vouloient parler à leurs oreilles, & dont les mâchoires se choquent dans la colere comme deux beliers.

2849. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 340-342

Depuis que leur malheureux Auteur a osé parler de regles & de goût à des Poëtes bizarres & volontaires, de clarté & de méthode à des Prosateurs décousus & nébuleux, de force & de chaleur à des Ecrivains froids & symétriques, de bons sens & de précision à des Moralistes enthousiastes & confus, de justesse & de raison à des Philosophes inconséquens & téméraires ; dès-lors notre Siecle, ce Siecle, grace à leurs prouesses, le plus ingénieux, le plus éclairé, le plus merveilleux, le plus heureux des Siecles, s’est vu, d’après leurs déclarations, méconnu dans ses richesses, calomnié dans ses lumieres, ouvrage dans ses prodiges, troublé dans sa felicité ; dès-lors des milliers de bouches éloquentes se sont ouvertes à la plainte, aux clameurs, à la plaisanterie ; dès-lors l’Abbé SABATIER n’a plus été qu’un Cuistre, qu’un polisson, qu’un méchant Critique & un Critique méchant.

2850. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 416-419

Sans s’assujettir aussi scrupuleusement à son Original, l’Auteur dont nous parlons s’est permis de refondre, d’ajouter, de retrancher, toutes les fois qu’il l’a jugé nécessaire à la perfection de son travail, & on peut dire qu’il l’a fait avec autant de discernement que de succès.

2851. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 2-5

Etoit-ce dans les transports d’une ivresse plus que cynique, qu’il lui convenoit de faire parler la raison ?

2852. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 392-394

Les deux Ouvrages dont nous venons de parler, ont une marche libre, noble, qui prouve que l’Auteur a su se rendre maître des événemens, & les disposer de la façon la plus propre à faire effet.

2853. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre premier. Que la poétique du Christianisme se divise en trois branches : Poésie, Beaux-arts, Littérature ; que les six livres de cette seconde partie traitent spécialement de la Poésie. »

Le bonheur des élus, chanté par l’Homère chrétien, nous mène naturellement à parler des effets du christianisme dans la poésie.

2854. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VIII. Des Anges. »

Tel est le merveilleux qu’on peut tirer de nos saints, sans parler des diverses histoires de leur vie.

2855. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Challe  » pp. 141-142

Il parle.

2856. (1763) Salon de 1763 « [À mon ami Monsieur Grimm. » pp. 171-182

Je vous parlerai des tableaux exposés cette année à mesure que le livret qu’on distribue à la porte du Salon, me les offrira.

2857. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Machy » pp. 174-175

En général les morceaux de Machy sont gris ou d’un jaune de paille ; ce sont des ruines toutes neuves. à parler rigoureusement, il ne peint pas, c’est une estampe qu’il enlumine précieusement, avec un goût et une propreté exquise, aussi ses tableaux ont-ils toujours un œil dur et sec.

2858. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Je n’en ai pas encore vu un s’échauffer contre un soldat-paysan, et j’ai vu en même temps un air de respect filial de la part de ces derniers… C’est le paradis terrestre pour les mœurs, la simplicité, la vraie grandeur patriarcale : des paysans dont l’attitude devant les seigneurs est celle d’un fils tendre devant son père, des seigneurs qui ne parlent à ces paysans dans leur langage grossier et rude que d’un air bon et riant ; on voit un amour réciproque entre les maîtres et les serviteurs »  Plus au sud, dans le Bocage, pays tout agricole et sans routes, où les dames voyagent à cheval et dans des voitures à bœufs, où le seigneur n’a pas de fermiers, mais vingt-cinq à trente petits métayers avec lesquels il partage, la primauté des grands ne fait point de peine aux petits. […] En Franche-Comté, la confrérie dont nous parlions tout à l’heure est un spectacle comique : « après la messe, ils s’en retournent chacun chez eux, les uns à pied, les autres sur leurs Rossinantes ». […] On avait une seule gazette, appelée Gazette de France, qui paraissait deux fois par semaine, voilà pour le mouvement des esprits. » Des magistrats de Paris, exilés à Bourges en 1753 et 1754, en font le tableau suivant : « Une ville où l’on ne trouve personne à qui parler à son aise de quoi que ce soit de sensé et de raisonnable ; des nobles qui meurent les trois quarts de faim, entichés de leur origine, tenant à l’écart la robe et la finance, et trouvant singulier que la fille d’un receveur des tailles, devenue la femme d’un conseiller au Parlement de Paris, se permette d’avoir de l’esprit et du monde ; des bourgeois de l’ignorance la plus crasse, seul appui de l’espèce de léthargie où sont plongés les esprits de la plupart des habitants ; des femmes bigotes et prétentieuses, fort adonnées au jeu et à la galanterie80 » ; dans ce monde étriqué et engourdi, parmi ces MM.  […] Entre Strasbourg et Besançon, pas une gazette ; « à Besançon, il n’y a que la Gazette de France, pour laquelle un homme qui a le sens commun ne donnerait pas un sou dans le moment actuel, et le Courrier militaire, vieux de quinze jours ; des gens bien mis parlent des choses qui sont arrivées il y a deux ou trois semaines, et leurs discours démontrent qu’ils ne savent rien de ce qui se passe aujourd’hui ». […] La noblesse française n’a pas plus l’idée de se livrer à l’agriculture ou d’en faire un sujet de conversation, sauf en théorie, et comme on parlerait d’un métier ou d’un engin de marine, que de toute autre chose contraire à ses habitudes et à ses occupations journalières. » Par tradition, mode et parti pris, ils ne sont et ne veulent être que gens du monde ; leur seule affaire est la causerie et la chasse.

2859. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

« Ses larmes seules, dit le poète, baignant les roses et les lis de son beau corps, attestaient qu’elle était animée. » Roger, à l’aspect de ces yeux éplorés, se souvient de sa chère Bradamante ; son coursier replie ses ailes ; Roger parle avec une respectueuse compassion, mêlée d’une galanterie chevaleresque, à Angélique : « Ô beauté céleste, faite pour porter seulement les fers avec lesquels l’amour mène ceux qu’il a enchaînés ! […] « Qu’on cesse de parler de Phyllis, de Néère, d’Amaryllis, ou de la fugitive Galatée, dont la beauté ne put jamais rivaliser avec tant de charme, etc., etc. » Elle choisit dans le troupeau la plus rapide des juments et songe à reprendre la route de l’Orient. […] Zerbin et Isabelle, deux amants dont nous avons déjà parlé dans le commencement des aventures de Roger, arrivent ensemble dans le beau lieu où Roland a perdu le sens et jeté ses armes. […] Roger, s’accommodant assez bien de cette habitation de l’ermite et d’une chère frugale, passa plusieurs jours avec le saint anachorète, qui, non-seulement lui parlait de tout ce qui tient à la religion, mais l’instruisait aussi sur son départ prochain, et même sur la postérité que le ciel lui destinait. […] Argie sentit le plus ardent désir de posséder un petit chien si charmant, et envoya sa nourrice pour parler au pèlerin, auquel elle fit offrir un prix considérable.

2860. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (1re partie) » pp. 81-159

Aujourd’hui que nous avons à parler à propos d’Audubon de la cause américaine, nous le faisons en tremblant, car nous craindrions également ou d’être injuste envers un grand peuple naissant dans l’Amérique du Nord, ou d’être injuste envers l’autre moitié de ce peuple qui soutient une mauvaise cause dans l’Amérique du Sud. […] La Fayette vivait, parlait et votait alors. […] Ce phénomène est apparu cependant ; c’est de quoi nous voulons vous parler aujourd’hui. […] Pendant que les gens de lettres, race vaniteuse et parlière, entraient dans cette arène de la conversation où ils se disputaient le prix de l’épigramme et le laurier du pédantisme, l’homme dont je veux parler restait debout, le front haut, l’œil libre et fier, silencieux, modeste, écoutant d’un air quelquefois dédaigneux, et non caustique, les prouesses esthétiques dont le tumulte semblait l’étonner. […] Ils parlaient anglais ; l’Indien ne comprenait pas un mot de cette langue.

2861. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

N’auriez-vous pas, parlons franchement, quelque but moins avouable ? […] Mais vous ne parlez pas de la musique, qui a bien quelque importance cependant lorsqu’il s’agit du drame lyrique. […] Qui vous parle de restreindre tout un art admirable à une chanson de petite fille ? […] Mais précisément, dans cette œuvre, règne, incontestablement, cette Volonté de l’artiste créateur, qui est placée sous les choses et qui les ordonne ; et nous trouvons son expression immédiate lorsque Beethoven, s’adressant aux transports furieux, qui reparaissent constamment après chaque accalmie, les appelle, comme avec le cri d’angoisse de l’homme s’éveillant hors d’un rêve terrible, et leur crie le Mot réellement parlé dont le sens idéal n’est autre que : « Et, pourtant, l’homme est bon !  […]   Les soirées Wagnériennes intimes, dont la Revue a parlé la dernière fois, ont été continuées, ce mois encore ; la dernière était donnée dans un des premiers et des plus élégants salons de Paris, le 31 mai.

2862. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Et vous, vers qui montaient mes désirs éperdus, Chères âmes, parlez, je vous ai tant aimées ! […] Nous ne parlerions pas des Blasphèmes si on n’avait point représenté ce livre comme un « poème philosophique », et si, à l’étranger, on n’avait pas pris au sérieux les Blasphèmes comme un « signe des temps246 ». […] J’oublias que je conte une histoire ; Mais en parlant de moi, lecteur, je fais l’aveu, Je parle d’Olivier qui me ressemble un peu. […] Puis le poète entre dans une église, au mois de Marie, et il entend le sermon d’un prêtre : Je l’entendis longtemps parler d’une voix dure, Mêlant son dogme trouble à la morale pure Et, dans son rêve noir et respirant l’effroi, Jetant les mots d’amour, d’espérance et de foi, Pareil à l’orateur qui, sous le drapeau rouge, Parlait aux malheureux réunis dans le bouge De progrès, de bonheur et de fraternité.

2863. (1840) Kant et sa philosophie. Revue des Deux Mondes

Mais l’histoire d’une nation est essentiellement une, et, à parler rigoureusement, il est presque impossible de bien comprendre la situation morale de l’Allemagne à la fin du xviiie  siècle, si l’on ne connaît dans une certaine mesure les temps qui ont précédé et préparé celui qu’on étudie ; en sorte qu’il me paraît nécessaire de présenter ici une esquisse rapide de l’histoire de la civilisation germanique depuis ses plus faibles commencemens jusqu’à l’époque où Kant a paru, afin de faire bien saisir l’esprit fondamental et permanent de la grande nation à laquelle notre philosophe appartient, et dont il est le représentant. […] Dans ces limites vit et parle la même langue une nation profondément originale dont l’existence subit assez peu les influences des peuples voisins. […] Deux hommes commencèrent cette révolution, deux Allemands, deux hommes du Nord, dont l’un protesta avec une éloquence passionnée contre le despotisme religieux, et l’autre appuya cette protestation de son épée : je veux parler de Luther et de Gustave-Adolphe. […] Mais au lieu d’interpréter Kant, il vaut mieux le laisser ici parler lui-même. […] Le rapport n’étant plus le même, le jugement qui l’exprime n’est donc plus de la même espèce que ceux dont nous avons parlé tout à l’heure.

2864. (1739) Vie de Molière

On sait que chez les Athéniens, les auteurs jouaient souvent dans leurs pièces, et qu’ils n’étaient point déshonorés pour parler avec grâce en public devant leurs concitoyens. […] Du moins c’est ce que l’on trouve dans le Ménagiana ; et il est assez vraisemblable que Chapelain, homme alors très-estimé, et cependant le plus mauvais poëte qui ait jamais été, parlait lui-même le jargon des Précieuses ridicules chez madame de Longueville, qui présidait, à ce que dit le cardinal de Retz, à ces combats spirituels dans lesquels on était parvenu à ne se point entendre. […] Il eut un grand succès sur ce théâtre irrégulier ; on ne se révolta point contre le monstrueux assemblage de bouffonnerie et de religion, de plaisanterie et d’horreur, ni contre les prodiges extravagants qui font le sujet de cette pièce : une statue qui marche et qui parle, et les flammes de l’enfer qui engloutissent un débauché sur le théâtre d’Arlequin, ne soulevèrent point les esprits : soit qu’en effet il y ait dans cette pièce quelque intérêt, soit que le jeu des comédiens l’embellit ; soit plutôt que le peuple, à qui Le Festin de Pierre plaît beaucoup plus qu’aux honnêtes gens, aime cette espèce de merveilleux. […] On peut hardiment avancer, que les discours de Cléante, dans lesquels la vertu vraie et éclairée est opposée à la dévotion imbécile d’Orgon, sont, à quelques expressions près, le plus fort et le plus élégant sermon que nous ayons en notre langue ; et c’est peut-être ce qui révolta davantage ceux qui parlaient moins bien dans la chaire, que Molière au théâtre. Voyez surtout cet endroit : Allez, tous vos discours ne me font point de peur ; Je sais comme je parle, et le ciel voit mon cœur : Il est de faux dévots, ainsi que de faux braves, etc.

2865. (1921) Esquisses critiques. Première série

C’est fort mal parler. […] Est-ce par moquerie qu’il parle de nombril ciselé par Lalique ? […] — C’est la Vie qui parle ainsi, poursuivent-ils, et que j’observe. […] Nous ne parlerons point des coq-à-l’âne qu’ils mettent dans la bouche d’étrangers qui baragouinent le français. […] Nous ne voulons point parler du nombre et de la sonorité de la phrase, ni de ce qui constitue la musicalité littéraire.

2866. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Le problème a résoudre ici n’est pas sans analogie avec celui de la restitution des textes, dont il a été parlé plus haut. […] Ou bien on croit sans examen un Athénien qui parle mal des Athéniens, un protestant qui accuse d’autres protestants. […] Comment étudier les institutions ou l’évolution de la France sans parler de la conquête des Gaules par César et de l’invasion des Barbares ? […] (S’il y avait eu des assemblées régulières du peuple franc, Grégoire de Tours n’aurait pu concevoir et décrire la vie des rois francs sans en parler.) […] — Quelle langue doit-on parler ?

2867. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Sur un exemplaire de Vauquelin de la Fresnaie »

« Il est probable qu’il est sorti de la bibliothèque du cardinal lors de la grande vente qui se fit par arrêt du Parlement et dont parle Gui Patin dans sa lettre du 30 janvier 1652. » Ce bijou de bibliothèque s’est vendu, à la dispersion des livres de M. 

2868. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gilkin, Iwan (1858-1924) »

Je veux parler de ce délicieux Dessert de fruits, une véritable trouvaille.

2869. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

Millevoye, le même dont nous venons de parler, vient de donner au public un recueil de ses poésies.

2870. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Redonnel, Paul (1860-1935) »

Je ne parlerai donc pas autrement de cette œuvre, et ne veux en trancher aucun détail ni fragment, pas plus que je ne puis offrir un pouce de la stature, ni un seul jour de l’âge du poète.

2871. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 421-423

Sans parler des Canevas & des Opéra Comiques qu’il a donnés aux Italiens, où ces bagatelles ont été accueillies du Public, trois de ses Comédies, le Tuteur dupé, le Mariage interrompu, & les Etrennes de l’Amour, ont eu du succès sur le Théatre de la Nation.

2872. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 76-79

Nous ne parlons pas de ses autres Tragédies : on y voit constamment briller le grand maître, au milieu même des défauts qui lui échappent & qu’on a un peu trop exagérés.

2873. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 474-476

Pour y parvenir avec succès, il commence par établir & prouver que cette maladie est accidentelle, contagieuse, & non naturelle à l’homme ; qu’elle n’a point existé de tout temps, puisque les Médecins de l’antiquité n’en ont point parlé, & que ce n’est que vers le milieu du sixieme Siecle qu’elle a été apportée dans nos contrées, comme la peste & la lepre l’ont été plusieurs fois, sur-tout durant les croisades.

2874. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 544-547

L’affluence étoit si grande quand il donnoit des leçons, qu’il étoit obligé de rassembler ses Auditeurs dans une cour, & de leur parler d’une fenêtre, les Salles du Collége n’étant pas capables de contenir tout ce monde.

2875. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 548-551

Dans ses autres Discours, il parle rarement au cœur ; jamais ou presque jamais de ces expressions vigoureuses, de ces images frappantes, de ces traits hardis qui supposent une ame fortement pénétrée de son sujet, & capable de maîtriser les autres ames Il a paru trop oublier que les hommes déferent moins à la raison qu’à leurs passions ; que ce n’est qu’en agitant leur cœur, qu’on parvient à les dominer ; que l’homme éloquent n’est pas celui qui raisonne avec justesse, mais celui qui rend avec énergie ce qu’il sent avec vivacité ; celui qui nous échauffe par la chaleur du sentiment & de l’imagination, non celui qui nous instruit & nous éclaire par la lumiere & la vérité de ses raisonnemens.

2876. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 453-456

Du moment que la fiere Parque Nous a fait entrer dans la barque Où l’on ne reçoit point les corps, Et la Gloire & la Renommée Ne sont que songe & que fumée, Et ne vont point jusques aux Morts ; Au delà des bords du Cocyte, Il n’est plus parlé de mérite, Ni de vaillance, ni de sang ; L’ombre d’Achille ou de Thersite, La plus grande & la plus petite Vont toutes en un même rang.

2877. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre III. La Phèdre de Racine. »

Ni l’une ni l’autre ne parle, comme la Phèdre de Racine : Moi jalouse !

2878. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Greuze  » pp. 157-158

J’aime assez dans un tableau un personnage qui parle au spectateur sans sortir du sujet.

2879. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Chardin » pp. 220-221

Il faut que vous sachiez encore que cet artiste a le sens droit, et parle à merveille de son art.

2880. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Chardin » pp. 128-129

On parlera de La Tour, mais on verra Chardin. ô La Tour, memento, homo, … etc.

2881. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Bellengé » p. 204

Il m’a semblé qu’il y avait du goût, même de la poésie, dans cette composition ; du luxe, de la couleur, qu’une urne dont je n’ai pas parlé et qui est parmi les fruits, et que le vase étaient bien peints ; le vase de belle forme et de belle proportion, le ramage de verdure jetté avec élégance, et les fleurs et les fruits bien disposés pour l’effet.

2882. (1860) Ceci n’est pas un livre « À M. Henri Tolra » pp. 1-4

Nous sommes loin des œuvres « harmonieuses » dont parlait M. 

2883. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Préface »

Aussi convient-il d’encourager tous ceux qui, appelés par leurs fonctions à vivre au contact de populations aussi mal connues de nous que le sont encore les Noirs de l’Afrique Occidentale, ont eu la patience et le talent d’écouter parler les indigènes et de recueillir de leur bouche les contes merveilleux ou légendaires, les fables d’animaux, les apologues satiriques qui constituent le fond de la littérature orale de ces peuplades privées de littérature écrite.

2884. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XI. Le plus brave des trois. »

Kéléké n’attend même pas que son camarade ait fini de parler.

2885. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Et en effet, par cela seul que Napoléon était censé parler et se raconter lui-même, le ton général était donné, l’histoire devenait alors forcément indulgente ; elle l’était, sous peine de déroger aux convenances premières. […] Jomini, dans cet ouvrage, s’est donné le plaisir de faire parler sur son propre compte Napoléon et de lui prêter à son sujet les expressions indulgentes qu’il aurait lui-même désirées. […] Il a déjà parlé, si l’on s’en souvient, de ce boulet charitable qu’il invoque, dans une lettre à M. de Monnier du 15 octobre 1810.

2886. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Je pourrai dire un jour, lorsque la nuit douteuse Fera parler, les soirs, ma vieillesse conteuse, Comment ce haut destin de gloire et de terreur, Qui remuait le monde aux pas de l’Empereur, Dans son souffle orageux m’emportant sans défense, À tous les vents de l’air fit flotter mon enfance ; Car, lorsque l’aquilon bat ses flots palpitants, L’Océan convulsif tourmente en même temps Le navire à trois ponts qui tonne avec l’orage Et la feuille échappée aux arbres du rivage ! […] Dans le Dernier Jour d’un Condamné, il s’est plu à rappeler le vieux puisard, la charmante Pepita l’Espagnole, et le tome II des Voyages de Spallanzani ; ailleurs il parle de l’escarpolette sous les marronniers ;le dôme gris et écrasé du Val-de-Grâce, si mélancolique à voir entre la verdure des arbres, lui apparaît sans doute encore toutes les fois qu’il se représente des jardins de couvent : c’est aussi dans ce lieu de rêverie qu’il commença de connaître et d’aimer cette autre Pepita non moins charmante, la jeune enfant qui, plus tard, devint sa femme. […] La chevalerie dorée, le joli Moyen-Âge de châtelaines, de pages et de marraines, le christianisme de chapelles et d’ermites, les pauvres orphelins, les petits mendiants faisaient fureur et se partageaient le fonds général des sujets, sans parler des innombrables mélancolies personnelles.

2887. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Le personnage trop célèbre et d’une capacité aussi incontestable que malheureusement dirigée, qui a eu cette idée hardie, prétendait tuer ce qu’on appelait le monopole de quelques grands journaux ; mais il n’a fait que mettre tout le monde et lui-même dans des conditions plus ou moins illusoires, et où il devient de plus en plus difficile, à ne parler même que de la littérature, de se tirer d’affaire avec vérité, avec franchise. […] Et n’est-ce pas courir de grands risques que de parler ainsi ? […] Au reste, nous parlons d’autant plus à l’aise de cette Société des Gens de Lettres, que, le grand nombre nous en étant parfaitement inconnu, une portion suffisante du moins nous semble offrir, par les noms, toute sorte de garanties.

2888. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

On n’a qu’une manière encore d’en parler avec quelque à-propos, c’est de les bien connaître. […] Je veux parler de l’Hérodote du moyen âge, de celui que présageait Joinville, de Froissart, dont Gray, écrivant à Warton en 1760, disait : « Froissart est un de mes livres favoris. […] « M. de Barante se fait chroniqueur dans son Histoire des Ducs de Bourgogne, laissant, dit-il, parler les faits, laissant les temps se raconter eux-mêmes, mais leur soufflant tout bas tout ce qu’ils doivent dire. » (Cours de littérature de M.

2889. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

 » — « Je vous supplie de considérer qu’on en a fait d’autres (maréchaux) qui n’avaient pas gagné des batailles si avantageuses que celle-ci : il est vrai qu’il ne commandait pas l’armée, mais il a si bien servi que je vous avoue lui devoir une grande partie de l’honneur que j’ai eu. » Et Espenan et le duc de Longueville parlent exactement de la même façon. « Gassion aussi, dit M. le duc d’Aumale, avait écrit à Mazarin ; dans sa lettre, courte d’ailleurs, il avait trouvé moyen de ne parler que de lui-même. » Voyez-vous percer la malveillance ? Si Gassion ne parle que de lui, c’est peut-être qu’il eût été fort empêché de faire de son général en chef un éloge sans réserves.

2890. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

Les Italiens nous méprisaient, et ne songeaient guère à nous faire participer à ces biens de l’esprit dont ils jouissaient tout seuls, ni à nous passer ce flambeau de la vie, dont parle Lucrèce. […] Pareils à ces Juifs dont parle Pascal, qui gardaient d’autant plus fidèlement le dépôt des divines promesses, qu’ils en comprenaient moins le sens, les catholiques, du fond de leur ignorance, avaient défendu la tradition sans la comprendre, par les vaines arguties de la scolastique et par la violence. […] Parler d’amour, même aux dames du plus haut rang, de si bas qu’on le fît, c’était le droit de tout poète, et un reste des mœurs chevaleresques.

2891. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Elle lui parle de M.  […] Ainsi toute la gentilhommière de Philiberte parle de son mieux la langue forte en gueule des farces de Molière, mêlée au mièvre jargon des petits-maîtres. […] Frédérique parle à son tour, mais elle ne pleure plus, la brave enfant, elle ne connaît plus ce misérable, elle ne l’aime plus ; l’a-t-elle jamais aimé ?

2892. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Des hommes peuvent parler une journée entière, et toute leur vie, sans proférer une phrase qui n’ait pas été dite. […] Didon a écrit dans un livre récemment loué : « Celui qui vous parle s’est plongé jusqu’à la moelle dans son siècle et dans son pays. » On a recueilli dans un journal grave ceci : « Anéantir les fruits du passé, c’est enlever à l’avenir son piédestal. » Où donc ai-je lu : « C’est avec le fer rouge qu’il faut nettoyer ces écuries d’Augias !  […] Quand nous parlons, nous ne pouvons être compris que si nos paroles sont admises comme les représentantes non de ce que nous disons, mais de ce que les autres croient que nous disons ; nous n’échangeons que des reflets.

2893. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

L’esthopsychologie, la science des œuvres d’art considérées comme signes, accompagnée de la synthèse biographique et historique que nous venons d’esquisser, dépeint des hommes réels, des hommes de fortune médiocre ou élevée, ayant vraiment vécu dans un entourage véritable, ayant coudoyé d’autres hommes en chair et en os, étant enfin des créatures humaines, avec, pour parler comme Shylock, des yeux, des mains, des organes, des dimensions, des sens, des affections., des passions, tout comme les vivants que l’on rencontre aujourd’hui sous nos yeux. […] Alors qu’il ne l’a pas encore cité explicitement, Hennequin parle ici la langue de Gabriel Tarde. […] Au contraire, Tarde parlera plus volontiers du caractère anonyme, non charismatique, de l’innovation : « un nombre considérable d’idées petites ou grandes, faciles ou difficiles, le plus souvent inaperçues à leur naissance, rarement glorieuses, en général anonymes » (ibid.

2894. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Il parle. […] Plus sur la droite et sur le devant on voit un vieillard, la main droite posée sur le bras de Caesar ; l’autre dans l’action d’un homme qui parle. […] Nous en parlerons à son tour.

2895. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

Toutefois sans la facilité de trouver ce chant, cette espèce de musique, on n’écrit ni en vers ni en prose : je doute même qu’on parle bien ; sans l’habitude de la sentir ou de la rendre, on ne sait pas lire ; et qui est-ce qui sait lire ? […] Cela est bien pour ce que cela est, et parlons de Loutherbourg. […] Je ne vous parlerai point de l’ Arcadie de celui-ci, ni de son inscription sublime : je vivais aussi dans la délicieuse Arcadie ; mais voici ce qu’il a montré dans un autre paysage plus sublime peut-être, et moins connu ; c’est celui-ci qui sait aussi, quand il lui plaît, vous jetter du milieu d’une scène champêtre l’épouvante et l’effroi !

2896. (1903) Le problème de l’avenir latin

Le Latin parle le plus souvent lorsqu’il faudrait agir. […] Ici la besogne devient plus complexe par l’adjonction de l’élément intellectuel — dont nous parlerons tout à l’heure — à l’éducation qui n’est que nourriture. […] Je veux parler de la question de la « liberté de l’enseignement ». […] Je veux parler de ceux-là qui fondent sur le temps et sur ce qu’on appelle le « progrès des lumières » un espoir absolu. […] Ceux qui parlent démesurément n’ont plus de forces pour l’action ou pour l’étude.

2897. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — [Note.] » pp. 444-445

Plus tard, il est vrai, il devient triste et dégoûté de la vie ; mais, au milieu de ses souffrances d’esprit et de corps, la chose qui l’occupe le plus, celle dont il parle sans cesse, c’est toujours sa chère peinture ; c’est toujours son tableau des Pêcheurs.

2898. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XX » pp. 84-86

» Ceci est assez bien dit, sauf l’emphase ; mais que penser, lorsque venant à parler de l’art chrétien, de l’art gothique, de la cathédrale où Goëthe vit surtout une morte imitation de la nature, une cristallisation infinie, et où Hugo vit surtout le lai]d et le diable, Michelet ajoute : « L'un et l’autre regarda le dehors plus que le dedans, tel résultat plus que la cause.

2899. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXII » pp. 91-93

Dans la disette de toute nouveauté et quand on s’est demandé des nouvelles d’Espagne, on parle de la jeunette princesse de Joinville (la sœur de l’empereur du Brésil) qui nous est arrivée ces jours-ci.

2900. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « APPENDICE. — LEOPARDI, page 363. » pp. 472-473

. —  Pour toi quand tout est mort, ami, tout vit pour moi : Ce déclin que l’Automne étale avec richesse Me parle, à moi, d’un temps de fête et d’allégresse, Du meilleur des saints jours, — alors qu’heureux enfants, Sur les bancs de la classe, en nos vœux innocents, Les feuilles qui tombaient ne nous disaient encore Que le très-doux Noël et sa prochaine aurore.

2901. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Revue littéraire. Victor Hugo. — M. Molé. — Les Guêpes »

Et puis il y a fort à craindre que ces Guêpes ne pullulent ; on parle déjà d’imitations ; allons !

2902. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre premier. De la stérilité d’esprit et de ses causes »

C’est là vraiment l’état de paralysie volontaire où l’on se met par le désir de laisser parler en soi la nature, et, loin de s’inquiéter de produire si peu, il faudrait plutôt s’émerveiller de produire encore quelque chose.

2903. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chateaubriand, François René de (1768-1848) »

Auguste Dorchain Le maître prosateur d’Atala et des Mémoires s’était cru d’abord destiné à la poésie… De ses rares poésies lyriques — vous parler d’un Moïse applaudi chez Mme Récamier, mais sifflé au théâtre — on n’a retenu que quelques stances gracieuses.

2904. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Faramond, Maurice de (1862-1923) »

La terre, un jour, parla par eux.

2905. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 179-182

Il parle à la vérité fort au long de l’Art du Théatre, de l’origine du Drame, de ses especes, des trois unités, des caracteres, des mœurs, des bienséances ; mais ce n’est pas là ce dont on avoit besoin : Aristote & ses Commentateurs avoient assez détaillé ces différentes parties de la Poésie dramatique.

2906. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 440-443

Il y a eu plusieurs Littérateurs de ce nom, qu’il ne faut pas confondre avec ceux dont nous venons de parler.

2907. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 100-103

C’est de la Traduction ou imitation de la Pharsale de Lucain, que nous voulons parler.

2908. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 150-153

Au contraire, quand il s’agit de parler des Vivans, l’amour-propre s’éveille, les orages grondent, & les écueils se multiplient de tous côtés.

2909. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 308-311

C’est un Géometre qui parle, & non un Orateur qui persuade.

2910. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 162-165

Qu'on se plaigne que nous parlions des Auteurs ignorés, & que nous nous élevions contre les usurpations des mauvais, tandis qu'on les voit tous les jours obtenir des succès éclatans !

2911. (1824) Préface d’Adolphe

Je ne sais si j’ai réussi ; ce qui me ferait croire au moins à un certain mérite de vérité, c’est que presque tous ceux de mes lecteurs que j’ai rencontrés m’ont parlé d’eux-mêmes comme ayant été dans la position de mon héros.

2912. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Boucher » pp. 196-197

… Non… Ni moi non plus, et voilà pourquoi je m’essaie comme il me plaît, dans une chose qui n’a point de modèle en nature… Monsieur Boucher, vous n’êtes pas bon philosophe, si vous ignorez qu’en quelque lieu du monde que vous alliez, et qu’on vous parle de Dieu, ce soit autre chose que l’homme.

2913. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Avant-propos » pp. 1-5

Les ecrivains qui raisonnent sur des matieres, s’il étoit permis de parler ainsi, moins palpables, errent souvent avec impunité.

2914. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Je ne parle pas seulement des convenances banales qui consistent à ne pas outrager les bonnes mœurs. […] Je ne parle bien entendu que des rôles importants, et je ne tiens pas compte des cas fortuits ou de force majeure. […] Ce déplacement aurait en outre l’avantage de forcer à l’enlèvement d’un hémicycle dont nous parlerons plus loin. […] Nous avons parlé plus haut de son influence sur le goût publie, de son importance au point de vue du plaisir le plus pur qu’il nous soit donné d’éprouver au théâtre. […] Mais ce sera en même temps la fin du théâtre parlé et le retour aux drames mimés.

2915. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

appelleront-ils cette histoire, pour parler comme eux de ce qu’il y a de plus enthousiaste, et de plus beau, et de plus sacré : « une blague, dans laquelle on s’est monté le coup » ? […] Et lui seul, de sa rude voix de puritain, avait parlé d’autre chose que de littérature politique, quand il s’était agi de juger la Révolution française et de déterminer son origine… Il avait entre-aperçu, sortant de sa bauge, la Bête humaine que M.  […] Le Journalisme qui parla de lui était trop superficiel pour discuter ses idées, et on le laissa dans ses systèmes comme si on eût craint d’y toucher. […] Quand on ne peut pas répondre à ceux qui parlent, le mieux est de les étouffer, et on les étouffe, ou du moins on croit les étouffer, en ne leur répondant pas !

2916. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Resterait à vérifier cette loi sur les formes les plus hautes de l’effort intellectuel : je veux parler de l’effort d’invention. […] Parler ainsi serait admettre qu’on peut percevoir exactement le mouvement de la valse quand on ne sait pas valser. […] Il ne peut le faire qu’en évoquant une à une les représentations de ces sensations ou, pour parler comme Bastian, les « images kinesthésiques » des mouvements partiels, élémentaires, composant le mouvement total : ces souvenirs de sensations motrices, à mesure qu’ils se revivifient, se convertissent en sensations motrices réelles et par conséquent en mouvements exécutés. […] Mais, d’abord, le schéma dont nous parlons n’a rien de mystérieux ni même d’hypothétique ; il n’a rien non plus qui puisse choquer les tendances d’une psychologie habituée, sinon à résoudre toutes nos représentations en images, du moins à définir toute représentation par rapport à des images, réelles ou possibles.

2917. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. Louis de Viel-Castel » pp. 355-368

La raison en est simple : un hasard, une surprise, une catastrophe imprévue suffit pour reporter sur le trône des princes dont le nom parle encore à bien des imaginations qui se tournent naturellement vers eux dans un jour de crise ; mais, pour s’y maintenir, pour faire une juste part entre les intérêts et les principes dont ils sont les représentants et ceux qui se sont créés sans eux ou contre eux, pour se concilier, pour rassurer la masse de la population qui, s’étant momentanément attachée à un autre drapeau, ne peut les voir revenir qu’avec crainte et défiance, il faut un mélange d’intelligence, de sagacité, de fermeté et d’adresse que bien peu d’hommes ont possédé, comme Henri IV, au degré suffisant69. […] Il voulait bien, d’ailleurs, ne point parler trop injurieusement de ceux-ci, des 25 millions d’hommes qui formaient la masse de la nation : « Il est bien reconnu, disait-il, que les régnicoles, comme les émigrés, appelaient de tous leurs vœux un heureux changement, lors même qu’ils n’osaient pas encore l’espérer. » Ainsi, Français de 1792 qui couriez à la frontière, vous qui sauviez la patrie menacée, vous qui, à la suite des armées refoulées de la coalition, passiez le Rhin et l’Escaut et les Alpes, qui combattiez à Rivoli, à Zurich, aux pyramides et autres lieux, vous étiez des régnicoles ; il est bon de savoir le nom qu’on a.

2918. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Une autre fois, c’était Goethe : et si alors vous l’interrompiez brusquement dans sa lecture, il fallait entendre comme, tout plein de son auteur, il vous en parlait ; la source coulait d’elle-même ; les remarques les plus fines, les plus délicates de style se succédaient sur ses lèvres, et vous aviez une conférence improvisée. […] En tout de même : ces belles et illustres études de Goethe, de Schiller, de Shakspeare, de Dante, de Galderon, dont tant de plumes brillantes, dont tant de chaires sonores nous parlaient magnifiquement, mais un peu superficiellement, lui, il ne croyait jamais les posséder assez, il les faisait et les recommençait sans cesse dans une lecture assidue, les yeux collés sur les difficultés du texte autant que sur les beautés.

2919. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

non, tout cela n’est pas menteur ; c’est la voix de Dieu même qui parle par ces instruments magnifiques, où, pendant le saint moment, a disparu toute souillure. — Nous renvoyons bien vite le lecteur, excité par notre analyse, à ce grand morceau de poésie ; nous n’y voudrions retrancher ou corriger que deux endroits. […] qui plus haut, nous l’avons vu, lui a fait comparer l’harmonie de l’orgue à l’eau d’une éponge, et parler du sourire fatal de la résignation à propos de Pétrarque, lui a inspiré d’introduire dans la composition de son volume deux couleurs qui se heurtent, deux encens qui se repoussent.

2920. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

L’esprit gaulois Je voudrais, pour parler de La Fontaine, faire comme lui quand il allait à l’Académie, « prendre le plus long ». […] Parler lui veut d’une besogne, Où crois que peu conquerrerois Si la besogne vous nommois.

2921. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Profondément indifférente à toutes ces œuvres de l’esprit français qui ne parlaient qu’à son esprit, secouée par instants et réveillée au contact de Shakespeare, elle a le goût incurable cependant : son intelligence n’est ouverte qu’à Voltaire. […] Il nous fait rire quand il nous parle des « jeux de tonnerre », unis aux « jeux de flûte » dans son « clavecin poétique », ou de « ce je ne sais quoi d’indompté » qui soulève son âme honnête : il ne se flattait pas pourtant ; mais il ne s’est pas répandu dans son œuvre.

2922. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Mais qu’il ait desséché sa verve poétique (ce que nous ne pensons pas) parce qu’il a exprimé et tordu le cœur de l’homme lorsqu’il n’est plus qu’une éponge pourrie, ou qu’il l’ait, au contraire, sur-vidée d’une première écume, il est tenu de se taire maintenant, car il a dit les mots suprêmes sur le mal de la vie, ou de parler un autre langage. […] Jules Laforgue Ce grain de poésie unique où fermente toujours (même quand les mots parlent d’autre chose) la nostalgie des quais froids de la Seine aux rives vicieuses et mal aux cheveux pour la jeunesse passée aux Indes… Ça lui fait trouver une gamme d’images qui n’est ni l’image renforcée de Hugo, ni l’image déliquescente d’instinct des décadents : quelque chose d’inimitable, de sentimental… Baudelaire : chat, Indou, Yankee, épiscopal, alchimiste.

2923. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Leconte de Lisle, Charles-Marie (1818-1894) »

Leconte de Lisle a le malheur de n’être pas chrétien, il aurait pu, du moins, s’abstenir d’un titre (Dies iræ) qui rappelle à toutes les mémoires la plus sublime, la plus terrible de nos prières funèbres ; il aurait pu se souvenir que la poésie a mieux à faire qu’à enlever à la vie la croyance et l’espérance de la mort : ceci soit dit sans rien ôter au mérite de cette pièce où se traduit, d’une façon vraiment saisissante, non plus le désabusement humain dont parlait M.  […] Ce poète impersonnel, qui s’est appliqué avec un héroïque entêtement à rester absent de son œuvre, comme Dieu de la création, qui n’a jamais soufflé mot de lui-même et de ce qui l’entoure, qui a voulu taire son âme et qui, cachant son propre secret, rêva d’exprimer celui du monde, qui a fait parler les dieux, les vierges et les héros de tous les âges et de tous les temps, en s’efforçant de les maintenir dans leur passé profond, qui montre tour à tour, joyeux et fier de l’étrangeté de leur forme et de leur âme, Bhagavat, Cunacepa, Hy-pathie, Niobé, Tiphaine et Komor, Naboth, Quai’n, Néféroura, le barde de Temrah, Angantyr, Hialmar, Sigurd, Gudrune, Velléda, Nurmahal, Djihan-Ara, dom Guy, Mouça-el-Kébyr, Kenwarc’h, Mohâmed-ben-Amar-al-Mançour, l’abbé Hieronymus, la Xiraéna, les pirates malais et le condor des Cordillères, et le jaguar des pampas, et le colibri des collines, et les chiens du Cap, et les requins de l’Atlantique, ce poète, finalement, ne peint que lui, ne montre que sa propre pensée, et, seul présent dans son œuvre, ne révèle sous toutes ces formes qu’une chose : l’âme de Leconte de Lisle.

2924. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Les jeunes gens et les jeunes filles s’expliquent sur tout cela avec une simplicité tout italienne, et nous rappellent ces dames romaines dont parle Stendhal, qui, fermant leur porte à tous les visiteurs, font dire pour excuse que la signora est innamorata. […] Cinthio, entrant dans les vues de son ami, parla du capitaine à sa sœur qui montra des sentiments favorables.

2925. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Sans parler des conditions physiques comme le climat, on comprend que les conditions de vie sociale, la profession, le rang, l’état de fortune, les relations, l’isolement ou la vie de société fassent triompher dans la conduite ordinaire d’un individu tel ou tel ordre de considérations, telles, ou telles, raisons d’agir et impriment à sa volonté et à son caractère telle courbure particulière. […] La démocratie diminue autant que possible l’initiative des hommes supérieure et son idéal semble bien être le chef nègre dont parle de Gobineau.

2926. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

On a beaucoup parlé dans notre siècle de la transmission héréditaire de certains caractères qui se fait dans un peuple de génération à génération. […] Les choses de la matière, pour parler avec Molière, agissent souvent Sur les productions d’esprit et de lumière, et l’historien n’a pas le droit de dédaigner, comme faisaient les Femmes Savantes, la partie animale si intimement liée à la partie spirituelle.

2927. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre I : De la méthode en psychologie »

Puisque nous avons donc la bonne fortune de trouver, dès le début, la question traitée par un logicien de profession, nous en pouvons parler à l’aise et essayer de ne rien oublier. […] C’est là ce qu’on entend ou ce qu’on devrait entendre quand on parle de sciences qui ne sont pas des sciences exactes.

2928. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Évolution de la critique »

Elle fut l’examen des écrits classiques ou contemporains, selon le goût de celui qui entreprenait d’en parler, et encore selon le goût d’une coterie et selon certaines traditions. […] Il renonce tout d’abord, tacitement mais en pratique, à blâmer ou à louer les œuvres et les écrivains dont il parle.

2929. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Ces socialistes à côté du socialisme dérivent de Joseph de Maistre et d’Ancillon, sans s’en douter peut-être ; car l’ingénuité de ces théoriciens ralliés au fait accompli a, ou croit avoir, des intentions démocratiques, et parle énergiquement des « principes de 89 ». […] Nous nous rappelons avoir entendu dire en pleine académie, à un académicien mort aujourd’hui, qu’on n’avait parlé français en France qu’au dix-septième siècle, et cela pendant douze années ; nous ne savons plus lesquelles.

2930. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre I : La science politique au xixe  siècle »

Lui-même était plein de fierté et ne supportait pas aisément l’injustice ; et, dans son exil d’ambassadeur à Saint-Pétersbourg, il parle constamment au roi de Piémont le langage à la fois le plus fidèle et le plus hardi ; enfin, on sent vivre en lui le vieil esprit des parlements. […] Il est une question qu’il a touchée avec pénétration et profondeur, et où il a laissé sa trace : je veux parler des rapports de l’Église et de l’État : à lui appartient la première prédication éclatante d’une idée chère à notre temps : la séparation de l’Église et de l’État.

2931. (1904) La foi nouvelle du poète et sa doctrine. L’intégralisme (manifeste de la Revue bleue) pp. 83-87

Et peut-être aussi, à cette heure où si volontiers on parle de décadence, sommes-nous à deux pas d’un siècle de Périclès. […] En invoquant les temps présents, nous leur demandons tout simplement la permission de parler comme eux.

2932. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

Je ne suis pas obligé de parler français avec mes compatriotes, ni d’employer les monnaies légales ; mais il est impossible que je fasse autrement. […] Ces manières d’être s’imposent à l’individu tout comme les manières de faire dont nous avons parlé.

2933. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

Mais, d’abord, pour des raisons que nous ne pouvons développer ici, nous croyons que la formation de ces petits groupes familiaux est postérieure au clan ; puis, elles ne constituent pas, à parler exactement, des segments sociaux parce qu’elles ne sont pas des divisions politiques. […] III Ces règles répondent implicitement à une question que le lecteur s’est peut-être posée en nous voyant parler d’espèces sociales comme s’il y en avait, sans en avoir directement établi l’existence.

2934. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Ne répondez pas Allemagne — quand on vous parle France. […] Mais l’œil de la Vierge brille, mais son regard parle, mais on voit courir un sang rouge dans ses veines5. » Et c’est la plus belle — parce que rien n’est beau comme la vie.

2935. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Et, puisque nous parlons tant d’histoire, il se montra surtout historien par ce côté encore qu’aucune considération ne put voiler ou diminuer, dans son livre, ce qu’il crut être la vérité. […] Politiquement, il n’y a point de peuple, ni pour le présent ni pour l’avenir, chez lequel l’aristocratie parle une langue étrangère, et, socialement, il n’y a à Saint-Pétersbourg que des Kalmouks sans originalité.

2936. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Si le trop illustre M. de Humboldt a parlé de Colomb à propos de l’Amérique, sa relation de la découverte n’est pas une histoire. […] Le grand homme est un mystique ; le livre qui parle de lui est mystique.

2937. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Quand les historiens qui auront parlé de la Ligue avant ou après lui (peu importe), mais comme lui, seront tous convaincus d’erreur, de mauvaise foi ou d’ignorance, quand leurs assertions, réduites à néant, sous le souffle d’une Critique puissante, ne feront plus nuée sur les faits, et ne cacheront plus le vrai des choses, l’influence de Voltaire déshonorée se retrouvera encore dans une foule de têtes, comme un tic incorrigible dont l’esprit français ne guérira pas, tant, cet esprit, il l’a détraqué ! […] On a le droit de s’étonner du silence des historiens qui ne parlent jamais de l’industrie protestante qu’à propos de la révocation de l’édit de Nantes, sous Louis XIV, et négligent de poser au xvie  siècle cette question de vie et de mort qui donne un intérêt si suprême, un instant si marqué, une âme si forte à l’intérêt catholique !

2938. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Toutes les fois qu’il y parle du catholicisme, ce n’est pas seulement avec un respect qui est plus que de la convenance, mais c’est avec une telle intelligence qu’on croirait presque à la sagesse de la Foi. […] Certes, la longue chaîne du mysticisme a bien des anneaux ; mais depuis le Fakir de l’Inde livré aux voluptés et aux martyres de l’extase jusqu’à ces Illuminés des voies intérieures dont parle Saint-Martin, en parlant de lui-même, tous les mystiques ne sont guères, en fin de compte, que les victimes plus ou moins foudroyées du sentiment religieux, trop fort pour l’homme, quand il se confie sans réserve à sa chétive et traître personnalité.

2939. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Il invoque également et les dieux et les hommes, persuade un peuple, anime un bataillon, parle en législateur ou en guerrier. […] C’était vers ce temps que l’esprit énergique et curieux de Pline l’Ancien s’était réduit à composer un livre de grammaire, un traité sur les façons de parler douteuses.

2940. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

Cette circonstance m’a contrarié encore plus qu’à l’ordinaire, à cause du besoin que j’éprouvais de lui parler de vous et de nos douces causeries.

2941. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « a propos de casanova de seingalt  » pp. 510-511

Je ne réponds pas de la rigoureuse exactitude philosophique de cette manière de voir et de dire ; je ne parlais là qu’en littérateur et d’après l’opinion spécieuse généralement reçue.

2942. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Ackermann, Louise (1813-1890) »

Madame Ackermann se rapproche du xviie  siècle, elle est bien du nôtre par le sentiment qui respire dans les pièces où elle parle en son propre nom.

2943. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 2-5

S’il est de la même force que celui dont nous venons de parler, on ne peut trop répéter que ce Poëte a droit de se plaindre de l’oubli général où ses Ouvrages sont ensevelis.

2944. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 7-11

Nous ne doutons pas que les quatre dont nous venons de parler, n’eussent le plus grand succès, avec les corrections que M.

2945. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 364-367

Il s’avança sur les bords du Théatre, & parla ainsi au Parterre : « Messieurs, il me revient de tous côtés qu’on trouve que le principal caractere de la Piece, que vous venez de voir, n’est point dans la vraisemblance qu’exige le Théatre ; tout ce que je puis avoir l’honneur de vous assurer, c’est qu’il m’a fallu diminuer beaucoup de la vérité, pour le rendre tel que je l’ai représenté ».

2946. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre V. Suite du Père. — Lusignan. »

Ton Dieu que tu trahis, ton Dieu que tu blasphèmes, Pour toi, pour l’univers, est mort en ces lieux mêmes, En ces lieux où mon bras le servit tant de fois, En ces lieux où son sang te parle par ma voix.

2947. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IX. Du vague des passions. »

Il reste à parler d’un état de l’âme, qui, ce nous semble, n’a pas encore été bien observé : c’est celui qui précède le développement des passions, lorsque nos facultés, jeunes, actives, entières mais renfermées, ne se sont exercées que sur elles-mêmes, sans but et sans objet.

2948. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XII. Des livres de jurisprudence » pp. 320-324

Je ne parlerai que des livres qui peuvent être l’objet de la curiosité d’une personne qui ne s’est pas spécialement consacrée à la Jurisprudence.

2949. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Brenet » p. 257

Tenez, monsieur, vous ressemblez comme deux gouttes d’eau à un certain Christ de Brenet qui est maintenant au sallon… — Et l’autre tout courroucé : parlez donc, monsieur, est-ce que vous me prenez pour un jean-foutre ?

2950. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Cochin » p. 332

Bernard l’a saisi par cette main armée ; Suger le retient de l’autre, parle, représente, prie, sollicite et sollicite en vain.

2951. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Nous avons parlé de Dante, de Machiavel ; nous vous parlerons bientôt de Pétrarque, du Tasse. […] Ce qu’il y a de plus extraordinaire encore, c’est d’intéresser vivement pour les héros et les héroïnes dont il parle, quoiqu’il y en ait un nombre prodigieux. […] Leurs légers frémissements à la moindre brise d’été remplissaient l’air et la grotte d’harmonies fugitives, semblables à des plaintes d’eau ou à des chuchotements de voix humaines qui se parlent tout bas. […] …” » Ariodant renonce en apparence à se tuer ; mais le lendemain matin il disparut, au grand étonnement du roi et de la cour, sans qu’on entendît plus parler de lui en Écosse.

2952. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

L’étendue matérielle n’est plus, ne peut plus être cette étendue multiple dont parle le géomètre ; elle ressemble bien plutôt à l’extension indivisée de notre représentation. […] La question est de savoir si, dans cette « diversité des phénomènes » dont Kant a parlé, la masse confuse à tendance extensive pourrait être saisie en deçà de l’espace homogène sur lequel elle s’applique et par l’intermédiaire duquel nous la subdivisons, — de même que notre vie intérieure peut se détacher du temps indéfini et vide pour redevenir durée pure. […] On parlera encore d’atomes ; l’atome conservera même son individualité pour notre esprit qui l’isole ; mais la solidité et l’inertie de l’atome se dissoudront soit en mouvements, soit en lignes de force, dont la solidarité réciproque rétablira la continuité universelle. […] La durée vécue par notre conscience est une durée au rythme déterminé, bien différente de ce temps dont parle le physicien et qui peut emmagasiner, dans un intervalle donné, un nombre aussi grand qu’on voudra de phénomènes. […] Concevons-nous que ce contenu augmente, et quand nous parlons d’un temps indéfiniment divisible, est-ce bien à cette durée que nous pensons ?

2953. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Elle y parlait du bon air et de la solitude. […] Je vous en prie, ne parlez de moi que pour dire combien mes filles sont bonnes. […] Aux approches de la distribution des prix, je redoublais mes prières, je parlais de triomphes pressentis. […] mais quelle voix de cygne appelant ses compagnes, quand elle parlait de ses chagrins ! […] Quand cessa le rêve où m’avait plongé la longue contemplation de mon idole, et pendant lequel un domestique vint et lui parla, je l’entendis causant du comte.

2954. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Supposez qu’un critique, ayant à parler des auteurs dramatiques du mois, se trouve avoir, avec tous, commerce d’amitié ou de camaraderie. […] Si Catherine refuse, ce n’est pas du tout parce qu’elle est une fille raisonnable, je veux dire une fille à qui l’idée ne serait jamais venue d’aimer un duc (car, outre que, dans la réalité, l’occasion en est si rare que ce n’est pas la peine d’en parler, ces idées-là ne viennent que quand on le veut bien). […] Et Müller n’a toujours pas parlé. […] Je les ai entrevus, et cela m’a peu réussi… Et mon seul vœu, c’est, après quelques années d’exil nécessaire, de reprendre ici cette vie pâle et douce, où j’avais la lâcheté de me croire malheureuse. » Bref, elle s’est ressaisie ; la foi, le courage et la paix lui sont revenus ; et elle a définitivement compris que ce fameux « droit au bonheur », dont de bouillants Norvégiens lui ont peut-être parlé, est un mot dépourvu de sens pour une chrétienne. […] Mais Manon parlait une langue décente et jolie ; Marguerite ne redoutait pas l’élégance du style, une élégance aujourd’hui un peu surannée ; et Sapho s’exprimait, en général, comme une fille intelligente qui s’est frottée à des écrivains et à des artistes.

2955. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Lamartine.] » pp. 534-535

Paul Verlaine qui avait loué Les Rayons jaunes de Joseph Delorme dans le journal L’Art, mais qui avait parlé légèrement de Lamartine.

2956. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

On pourrait parler de beaucoup de romans : celui de M. 

2957. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bonnières, Robert de (1850-1905) »

En vers français, il présente de légendaires anecdotes de Fées, de Saints, de Rois, Héros divers, que, sur un fond changeant, J’ai de mes mains vêtues d’or et d’argent, Et que ma voix, afin de mieux vous plaire, Ne fait parler qu’en une langue claire.

2958. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dorchain, Auguste (1857-1930) »

Et l’éblouissement de ses yeux a fait parler son cœur… Il a aimé, il a chanté.

2959. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Glatigny, Albert (1839-1873) »

après avoir dévoré, relu ce livre par lequel il avait eu la révélation du vrai langage qu’il était destiné à parler, Glatigny fut du coup, immédiatement et tout de suite, l’admirable rimeur, l’étonnant forgeur de rythmes, l’ouvrier excellent victorieux de toutes les difficultés, l’ingénieux et subtil artiste qu’on a admiré dans les Vignes folles, dans les Flèches d’or, dans le Fer rouge, dans le Bois, dans Vers les saules, dans l’Illustre Brisacier.

2960. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XX. Conclusion » pp. 499-500

Et ses avertissements, quand il parlera ainsi, ne seront plus de vagues et hasardeuses intuitions ; ils seront fondés sur les faits positifs et sur les lois de l’esprit humain.

2961. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 451-455

Et c’est l’homme qui parle ainsi, que l’on déclare l’Apologiste de la S.

2962. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 230-234

Nous ne parlerons pas de ses Opuscules poétiques, non plus que de ses petites Productions en prose, qui ne paroissent être que le fruit de ses délassemens, & annoncent néanmoins l’homme sage & l’esprit cultivé : nous nous arrêterons avec plaisir à son Ouvrage principal, qui a pour titre : Recherches sur l’origine des découvertes attribuées aux Modernes.

2963. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 121-125

Le Traducteur, pour s’être attaché à rendre ce Poëte mot à mot, lui fait parler un langage tudesque & très-souvent inintelligible.

2964. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre IV. Des Sujets de Tableaux. »

2º Ce qui prouve que le christianisme parle plus au génie que la fable, c’est qu’en général nos grands peintres ont mieux réussi dans les fonds sacrés que dans les fonds profanes.

2965. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Grenée » pp. 206-207

Monsieur de La Grenée, je vous parle avec franchise, parce que je vous aime, et que je suis content de votre Susanne, mais très content : Si vous m’en croyez, vous vous en tiendrez aux tableaux de chevalet, et vous laisserez-là ces énormes compositions qui demandent de grands fronts et quelqu’une de ces têtes énormes que Raphaël, le Titien, Le Sueur ont portées sur leurs épaules, et dont Deshays a quelques traits.

2966. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Falconet » pp. 250-251

Le groupe précieux dont je veux vous parler, il est assez inutile de vous dire que c’est le Pigmalion au pied de sa statue qui s’anime.

2967. (1912) L’art de lire « Avant-propos »

Pour parler comme Bonald, qui voyait tout par trois et dans chaque triade un médiateur, la lecture se compose de trois personnages : l’auteur, le lecteur ; et le critique est le médiateur.

2968. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Nul ne proteste contre les agriculteurs, lorsqu’ils parlent des puissants effets de leur sélection systématique ; cependant, en pareil cas, les différences individuelles qu’ils choisissent dans un but particulier doivent avoir été produites préalablement par la nature. […] Dans le sens littéral du mot, il n’est pas douteux que le terme de sélection naturelle ne soit un contresens ; mais qui a jamais protesté contre les chimistes lorsqu’ils parlent des affinités électives des diverses substances élémentaires62 ? Et cependant, à parler strictement, on ne peut dire non plus qu’un acide élise la base avec laquelle il se combine de préférence. On a dit que je parlais de la sélection naturelle comme d’une puissance divine ; mais qui trouve mauvais qu’un auteur parle de l’attraction ou de la gravitation comme réglant les mouvements des planètes ? […] Je n’en citerai qu’un, non qu’il soit des plus remarquables, mais parce qu’il servira de plus à montrer comment peut s’effectuer par degrés la séparation des sexes dans les plantes dont nous allons avoir à parler.

2969. (1932) Le clavecin de Diderot

Courtot, pastichant Crevel, parlera ainsi de son vocabulaire : « Ce vocabulaire dont l’agressive érection ne parvient point à vaincre l’épaisse virginité de l’habitude, éjaculant au seuil inentamé de l’honorabilité quotidienne ». […] Je parle de Thomas d’Aquin. […] Mais laissons la parole à André Breton : Parler de Dieu, penser à Dieu, c’est à tous égards, donner sa mesure. […] Or voici qu’on ose parler d’une volonté violemment paranoïaque de systématiser la confusion et de contribuer au discrédit total du monde de la Réalité. […] Elle parlait de précision, d’instruments, d’expérience, mais au lieu de montre, elle offrait un cadran, avec deux aiguilles peintes à même le carton.

2970. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Riposte à Taxile Delord » pp. 401-403

Jeune homme, qui vous destinez aux lettres et qui en attendez douceur et honneur, écoutez de la bouche de quelqu’un qui les connaît bien et qui les a pratiquées et aimées depuis près de cinquante ans, — écoutez et retenez en votre cœur ces conseils et cette moralité : Soyez appliqué dès votre tendre enfance aux livres et aux études ; passez votre tendre jeunesse dans l’etude encore et dans la mélancolie de rêves à demi-étouffés ; adonnez-vous dans la solitude à exprimer naïvement et hardiment ce que vous ressentez, et ambitionnez, au prix de votre douleur, de doter, s’il se peut, la poésie de votre pays de quelque veine intime, encore inexplorée ; — recherchez les plus nobles amitiés, et portez-y la bienveillance et la sincérité d’une âme ouverte et désireuse avant tout d’admirer ; versez dans la critique, émule et sœur de votre poésie, vos effusions, votre sympathie et le plus pur de votre substance ; louez, servez de votre parole, déjà écoutée, les talents nouveaux, d’abord si combattus, et ne commencez à vous retirer d’eux que du jour où eux-mêmes se retirent de la droite voie et manquent à leurs promesses ; restez alors modéré et réservé envers eux ; mettez une distance convenable, respectueuse, des années entières de réflexion et d’intervalle entre vos jeunes espérances et vos derniers regrets ; — variez sans cesse vos études, cultivez en tous sens votre intelligence, ne la cantonnez ni dans un parti, ni dans une école, ni dans une seule idée ; ouvrez-lui des jours sur tous les horizons ; portez-vous avec une sorte d’inquiétude amicale et généreuse vers tout ce qui est moins connu, vers tout ce qui mérite de l’être, et consacrez-y une curiosité exacte et en même temps émue ; — ayez de la conscience et du sérieux en tout ; évitez la vanterie et jusqu’à l’ombre du charlatanisme ; — devant les grands amours-propres tyranniques et dévorants qui croient que tout leur est dû, gardez constamment la seconde ligne : maintenez votre indépendance et votre humble dignité ; prêtez-vous pour un temps, s’il le faut, mais ne vous aliénez pas ; — n’approchez des personnages le plus en renom et le plus en crédit de votre temps, de ceux qui ont en main le pouvoir, qu’avec une modestie décente et digne ; acceptez peu, ne demandez rien ; tenez-vous à votre place, content d’observer ; mais payez quelquefois par les bonnes grâces de l’esprit ce que la fortune injuste vous a refusé de rendre sous une autre forme plus commode et moins délicate ; — voyez la société et ce qu’on appelle le monde pour en faire profiter les lettres ; cultivez les lettres en vue du monde, et en tâchant de leur donner le tour et l’agrément sans lequel elles ne vivent pas ; cédez parfois, si le cœur vous en dit, si une douce violence vous y oblige, à une complaisance aimable et de bon goût, jamais à l’intérêt ni au grossier trafic des amours-propres ; restez judicieux et clairvoyant jusque dans vos faiblesses, et si vous ne dites pas tout le vrai, n’écrivez jamais le faux ; — que la fatigue n’aille à aucun moment vous saisir ; ne vous croyez jamais arrivé ; à l’âge où d’autres se reposent, redoublez de courage et d’ardeur ; recommencez comme un débutant, courez une seconde et une troisième carrière, renouvelez-vous ; donnez au public, jour par jour, le résultat clair et manifeste de vos lectures, de vos comparaisons amassées, de vos jugements plus mûris et plus vrais ; faites que la vérité elle-même profite de la perte de vos illusions ; ne craignez pas de vous prodiguer ainsi et de livrer la mesure de votre force aux confrères du même métier qui savent le poids continu d’une œuvre fréquente, en apparence si légère… Et tout cela pour qu’approchant du terme, du but final où l’estime publique est la seule couronne, les jours où l’on parlera de vous avec le moins de passion et de haine, et où l’on se croira très clément et indulgent, dans une feuille tirée à des milliers d’exemplaires et qui s’adresse à tout un peuple de lecteurs qui ne vous ont pas lu, qui ne vous liront jamais, qui ne vous connaissent que de nom, vous serviez à défrayer les gaietés et, pour dire le mot, les gamineries d’un loustic libéral appelé Taxile Delord.

2971. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cros, Charles (1842-1888) »

Lisez encore ces choses, ni poèmes en prose (titre et forme bien affadis depuis ces maîtres, Aloysius Bertrand, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, Arthur Rimbaud), ni contes, ni récits, ni même histoires, le Hareng saur, angélique enfantillage justement célèbre, et le Meuble, que j’ai toutes raisons d’environner de sympathies même intrinsèques pour ainsi parler, l’ayant possédé, ce meuble, du temps où je possédais quelque chose au soleil de tout le monde.

2972. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Elskamp, Max (1862-1931) »

Max Elskamp a touché de plus près qu’aucun, dans son parler et dans ses gestes, le simple.

2973. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mérat, Albert (1840-1909) »

Le poète a su, et il n’y a pas de courage plus rare, se priver de tout ce qui serait développement superflu et ornement inutile ; mais chacune de ses strophes se termine par un trait vif et brillant comme une pointe de flèche, et indispensable quand on parle à des Français, pour qui tout doit être spirituel !

2974. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 94-98

Il parle avec d'autant plus de liberté & de force, que les défauts sont aujourd'hui plus communs & l'audace plus révoltante.

2975. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 100-104

N'en parlons plus : le vouer au mépris, C'est le porter encore à trop haut prix.

2976. (1893) Thème à variations. Notes sur un art futur (L’Académie française) pp. 10-13

Mais il ne convient pas que j’en parle plus longtemps ; car ne sont-ce de superficielles cervelles, celles qui froissent la pensée, pour des détails typographiques ?

2977. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre premier, premières origines du théâtre grec »

Le drame naissant se mouvait, comme l’enfant, avant de parler.

2978. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — [Note.] » pp. 83-84

J’ai beaucoup parlé agriculture avec M. de Montesquieu.

2979. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — De l’état de savant. » pp. 519-520

Il y a deux sortes d’écoles publiques : les petites écoles ouvertes à tous les enfants du peuple au moment où ils peuvent parler et marcher ; là ils doivent trouver des maîtres, des livres et du pain, des maîtres qui leur montrent à lire, à écrire et les premiers principes de la religion et de l’arithmétique ; des livres dont ils ne seraient peut-être pas en état de se pourvoir ; du pain111 qui autorise le législateur à forcer les parents les plus pauvres d’y envoyer leurs enfants.

2980. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVII. La flûte d’ybilis »

Il s’imagina que c’était le cadavre qui parlait.

2981. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre IV. Pourquoi le génie d’Homère dans la poésie héroïque ne peut jamais être égalé. Observations sur la comédie et la tragédie » pp. 264-267

C’est que les caractères poétiques dont Horace admire dans ses ouvrages l’incomparable vérité, se rapportèrent à ces genres créés par l’imagination (generi fantastici), dont nous avons parlé dans la métaphysique poétique.

2982. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Aimé Martin. De l’éducation des mères de famille, ou de la civilisation du genre humain par les femmes. »

Après lui on n’a parlé différemment qu’en sortant plus ou moins du christianisme.

2983. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour. »

C’est uniquement de cette passion que j’ai voulu parler ; j’ai rejeté toute autre manière de considérer l’amour ; j’ai recueilli, pour composer les chapitres précédents, ce que j’ai remarqué dans l’histoire ou dans le monde ; en écrivant celui-ci, je me suis laissée aller à mes seules impressions ; j’ai rêvé plutôt qu’observé, que ceux qui se ressemblent se comprennent.

2984. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre V. Caractère du vrai Dieu. »

En vain ils s’uniroient pour lui faire la guerre : Pour dissiper leur ligue, il n’a qu’à se montrer ; Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer, Au seul son de sa voix la mer fuit, le ciel tremble : Il voit comme un néant tout l’univers ensemble ; Et les faibles mortels, vains jouets du trépas, Sont tous devant ses yeux comme s’ils n’étoient pas66.

2985. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre III. Des Philosophes chrétiens. — Métaphysiciens. »

Les exemples viennent à l’appui des principes ; et une religion qui réclame Bacon, Newton, Bayle, Clarke, Leibnitz, Grotius, Pascal, Arnauld, Nicole, Malebranche, La Bruyère (sans parler des Pères de l’Église, ni de Bossuet, ni de Fénélon, ni de Massillon, ni de Bourdaloue, que nous voulons bien ne compter ici que comme orateurs), une telle religion peut se vanter d’être favorable à la philosophie.

2986. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Préface »

Tout le monde enfin a parlé de poésie, personne n’a dit scientifiquement ce que c’était… La notion complète n’en a pas été déterminée.

2987. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mai 1886. »

Dans la rénovation Wagnérienne il y a en effet deux degrés ; l’un, tout extérieur, est l’abandon du cadre de l’opéra, l’institution de la forme du drame lyrique ; un second, plus intime, est ce retour dont nous parlions à l’expression psychologique. […] Et si je n’étais pas engagé, par le souvenir de Wagner, à parler ici de l’art seul, je voudrais esquisser cette critique, enfin sérieuse et sans préjugés, je tiendrais compte de la notoriété commerciale, du prix que possèdent aujourd’hui, du prix probable que posséderont demain telles signatures. […] Nous parlons de l’école Française, Allemande ou Italienne, mais l’école Anglaise, comme celles des Pays-Bas, a depuis longtemps cessé d’exister. […] Je suis bien aise d’avoir cette occasion d’attirer l’attention de vos lecteurs vers un nom dont ils entendront encore parler.

2988. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Delille ne fit que rimer gentiment Les Trois Règnes. » Dans l’ardeur de curiosité et d’invention poétique qui entraînait André Chénier vers ces nouveaux sujets, il avait tout prévu, même les inévitables objections qu’on ne manquerait pas de tirer de l’impuissance prétendue de la langue française à faire parler en vers Newton ou Buffon. […] Et qu’enfin Calliope, élève d’Uranie, Montant sa lyre d’or sur un plus noble ton, En langage des dieux fasse parler Newton ! […] Quand nous parlons de cause, de substance et de fin, nous employons des notions et des principes qui ne sont applicables « qu’aux objets dont l’essence est assimilable à l’essence humaine ». […] Je ne parle même pas de la sanction, mais de l’origine et du prix de cette idée, qu’on nous dit étrangère au monde comme à Dieu, s’il y en a un.

2989. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Sans parler de Hofman Peerlkamp, l’ingénieux, l’osé, le téméraire en conjectures, celui qui enlève à Virgile non seulement des vers çà et là, mais des épisodes tout entiers, il y a tout un bataillon régulier, Forbiger, Paldam, Haupt, Ladewig, … Dübner (chez nous, petite édition Didot), Ribbeck, et enfin M.  […] Au chant XX de l’Iliade, chant terrible et sublime où Jupiter déchaîne les dieux, leur donne toute licence de se mêler aux guerriers et de les protéger selon leurs prédilections et leurs caprices, sauf à lui de rester assis en spectateur au sommet de l’Olympe, dans ce chant XX où bouillonne toute l’âme de l’Iliade, Achille à la colère duquel Neptune vient de soustraire Énée, Achille exaspéré exhale sa fureur en menaces ; il parle de tout massacrer, et de son côté Hector essaye de rassurer les Troyens, et d’une voix puissante il les exhorte à marcher contre Achille : « Achille, s’écrie-t-il, ne mettra pas à effet toutes ses paroles. […] Seulement cette répétition qui, chez Homère faisant parler Hector, accentuait un sentiment héroïque et belliqueux, Virgile, qui n’oublie rien et qui ne fait rien comme un autre, Virgile, en s’en emparant, la transpose aussitôt sur le mode sensible et pathétique ; il la dépayse si je puis dire, pour qu’elle ne soit pas trop reconnaissable : voilà un des traits de son art ; le coup de clairon redoublé est devenu, grâce à lui, un écho de flûte plaintive ; il a soin de le reporter, ainsi adouci, et de le confondre dans son imitation du guerrier mort, gisant si loin de son berceau : cette imitation s’en relève et prend un tour original qui n’est plus de l’Homère : c’est du Virgile, et l’on a un admirable exemple de plus du genre de beauté poétique qui lui est propre et qui se désigne de son nom.

2990. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Au dehors ce fut surtout de l’étonnement ; on n’admettait pas qu’un prêtre parlât sur ce ton aux puissances et qu’il se posât plus haut qu’elles avec cette audace d’aveu. […] Jamais la lecture de Diderot ne le mit en larmes et ne se lia dans sa jeune tête avec des rêves de vertu ; jamais les préceptes de d’Alembert sur la bienfaisance ne remplacèrent pour son cœur avide de charité l’Épître divine de saint Paul ; Brissot, Roland, les Girondins, ne lui parlèrent à aucune époque comme des frères aînés et des martyrs. […] Mais ayant en face de lui un pouvoir temporel qui se disait à tout propos très-chrétien, et un parti libéral, révolutionnaire, à qui il supposait au contraire des intentions très-antichrétiennes, il n’eut d’autre marche à suivre que d’opposer d’un côté aux champions de la souveraineté du peuple quand même la souveraineté de l’ordre d’esprit et de justice, et, d’un autre côté, de parler aux défenseurs soi-disant chrétiens de l’obéissance passive le langage catholique sur l’admissibilité des pouvoirs et la suprématie d’une seule loi.

2991. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

On a assassiné sur les chemins des femmes qui portaient du pain… M. le duc d’Orléans porta l’autre jour au conseil un morceau de pain, le mit devant la table du roi et dit : « Sire, voilà de quel pain se nourrissent aujourd’hui vos sujets… » — « Dans mon canton de Touraine, il y a déjà plus d’un an que les hommes mangent de l’herbe »  De toutes parts la misère se rapproche ; « on en parle à Versailles plus que jamais. […] Les femmes n’ayant presque pas de lait, les enfants d’un an mangent de ce pain dont je vous ai parlé ; aussi une fille de quatre ans a le ventre gros comme une femme enceinte… Les seigles ont été gelés cette année, le jour de Pâques ; il y a peu de froment ; des douze métairies qu’a ma mère, il y en a peut-être dans quatre. […] Une femme avec deux enfants au maillot, « sans lait, sans un pouce de terre », à qui l’on a tué ainsi deux chèvres, son unique ressource, une autre à qui l’on a tué sa chèvre unique et qui est à l’aumône avec son fils, viennent pleurer à la porte du château ; l’une reçoit douze livres, l’autre est admise comme servante, et désormais « ce village donne de grands coups de chapeau, avec une physionomie bien riante »  En effet, ils ne sont pas habitués aux bienfaits ; pâtir et le lot de tout ce pauvre monde. « Ils croient inévitable, comme la pluie et la grêle, la nécessité d’être opprimés par le plus fort, le plus riche, le plus accrédité, et c’est ce qui leur imprime, s’il est permis de parler ainsi, un caractère de souffre-douleur. » En Auvergne, pays féodal, tout couvert de grands domaines ecclésiastiques et seigneuriaux, la misère est égale.

2992. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre premier. De l’illusion » pp. 3-31

« Nous avons connu, dit Carpenter, une jeune fille, qui, dans le temps qu’elle allait à l’école, se mettait souvent à parler une heure ou deux après s’être endormie. […] Mais, pour tous les sons ordinaires, elle semblait parfaitement insensible… et, si l’interlocuteur lui adressait des questions ou observations qui n’entraient pas dans le cours de ses idées, elles ne faisaient aucune impression… Le cas bien connu de l’officier dont parle le docteur James Gregory appartient à cette classe intermédiaire, plus voisine, croyons-nous, du somnambulisme que du rêve ordinaire. […] N… parle moins facilement que les autres.

2993. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

De sa cour parlent d’abord, à sa cour reviennent enfin les chercheurs d’aventures : il est là pour leur donner congé, pour leur souhaiter la bienvenue, majestueux, gracieux, inerte. […] Il ne songe pas un moment que derrière l’extérieure bizarrerie des faits il y ait une pensée vraie, un sentiment sérieux : il serait bien étonné si on lui disait qu’il nous a parlé de l’empire des morts, et de héros qui, comme Hercule et comme Orphée, ont été Illuc unde negant redire quemquam, et forcé l’avare roi des morts à lâcher sa proie. Pareillement, notre homme de Champagne ne croit pas un instant aux bêtes qui parlent, ni aux services et société commune des bêtes et des hommes.

2994. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Voltaire508 commence à faire parler de lui en 1714 : il meurt dans une apothéose en 1778. […] Mais il ne s’enfonce pas dans la retraite pour disparaître ; c’est au contraire pour agir plus, pour parler plus haut et plus clair. […] Mais tout cela est négligeable, au prix de deux grandes œuvres, que Voltaire acheva en Prusse, et qui sont les expressions éclatantes de sa philosophie à cette date : je veux parler du Siècle de Louis XIV (1751) et de l’Abrégé de l’Histoire Universelle (1753).

2995. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Pasquier parle de sa nature remuante pour l’avancement de sa religion. […] Mais que pourrais-je dire de la langue de Calvin qui ne dût être froid, après le bel éloge qu’en a fait Bossuet, lequel lui donne, outre la gloire d’avoir aussi bien écrit en latin qu’homme de son siècle, celle d’avoir excellé à parler la langue de son pays73 ? […] Les radicaux, pour ne parler que des spéculatifs, ne sont le plus souvent que des esprits étroits qui raisonnent bien.

2996. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Dans le langage exact que doit parler la philosophie, la cause est donc « la somme des conditions positives et négatives prises ensemble, le total des contingences de toute nature que le conséquent suit invariablement, quand elles sont réalisées. » Cependant cette définition de la cause n’est encore que partielle. […] Or, cette conscience de l’effort dont on parle, c’est la conscience de cet état de conflit. […] Mill, outre l’aveugle-né de Platner, en cite deux autres, l’un qui fut opéré par le Dr Franz de Leipzig en 1841 ; l’autre plus récemment et dont parle le professeur Fraser dans la North British Review.

2997. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Ce fut à qui parlerait, à qui gémirait, à qui lèverait les mains au ciel. […] Si on l’avait proposée, cette souhaitable abolition, non à propos de quatre ministres tombés des Tuileries à Vincennes, mais à propos du premier voleur de grands chemins venu, à propos d’un de ces misérables que vous regardez à peine quand ils passent près de vous dans la rue, auxquels vous ne parlez pas, dont vous évitez instinctivement le coudoiement poudreux ; malheureux dont l’enfance déguenillée a couru pieds nus dans la boue des carrefours, grelottant l’hiver au rebord des quais, se chauffant au soupirail des cuisines de M.  […] Le jour où il avait entendu les faiseurs de lois parler humanité, philanthropie, progrès, il s’était cru perdu.

2998. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il est toujours très difficile de parler à Dieu autrement que dans la prière, en disant son Pater ou en s’écriant : Altitudo ! […] Mais d’autres fois l’ancien lutteur se révoltait ; toutes ses plaies saignaient, son âme ulcérée parlait et criait par la bouche de ses blessures.

2999. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

» Frochot ne fit jamais comme d’autres qui après coup s’en vantèrent, et qui, en manière de créanciers, vinrent revendiquer ensuite leur part de fourniture dans cette glorieuse éloquence : il ne parla jamais, pour son compte, de ces bons offices de secrétaire bénévole, de ces humbles prêts de copie à fonds perdu, qui lui semblaient une dette naturelle envers le génie, et son biographe qui les recherche avec soin a quelque peine aujourd’hui à en déterminer l’exacte mesure. […] Je m’éloignerai moins malheureux après t’y avoir fait mes adieux, après t’avoir parlé encore une fois de mon fils, qui seul m’occupe et doit m’occuper.

3000. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MADAME TASTU (Poésies nouvelles.) » pp. 158-176

Dans son recueil nouveau, elle parle encore de ce talent, qui n’est, dit-elle, qu’une lutte intime d’ardents pensers et de frêles accords. […] Ces deux dames, Mme Émile de Girardin et Mme Tastu, depuis leur application au réel, ont essayé quelquefois de mettre la poésie à la portée de l’enfance et de lui faire parler le langage de la morale ou de la prière.

3001. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

il m’écrivait à moi-même ces lignes aimables et familières, dans lesquelles il s’exagérait beaucoup trop sans doute la nature du service dont il parlait ; mais, même à ce titre, elles me sont précieuses, elles m’honorent, elles me vengeraient au besoin de certains reproches qu’on me fait parfois de m’aller prendre d’abord à des talents moins en vue ; elles le peignent enfin dans sa modestie sincère et dans sa façon allègre de porter ses maux : « Bonjour, … monsieur, vous ne me reconnaissez point ! […] Il y a un vrai charme à ce parler du bon vieillard, chez qui la candeur est toujours éclairée par la charité et par les lumières de l’Évangile.

3002. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Par exemple, la théorie d’une langue, celle du grec, suppose une foule de combinaisons abstraites fort au-dessus des connaissances métaphysiques que possédaient les écrivains, qui parlaient cependant cette langue avec tant de charme et de pureté ; mais le langage est l’instrument nécessaire pour acquérir tous les autres développements ; et, par une sorte de prodige, cet instrument existe, sans qu’à la même époque, aucun homme puisse atteindre, dans quelque autre sujet que ce soit, à la puissance d’abstraction qu’exige la composition d’une grammaire ; les auteurs grecs ne doivent point être considérés comme des penseurs aussi profonds que le ferait supposer la métaphysique de leur langue. […] Il n’est pas fatigant, parce qu’il ne vous présente jamais d’idées abstraites, et que vous voyagez avec lui à travers une suite d’images plus ou moins agréables, mais qui parlent toujours aux yeux.

3003. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Je ne parle pas des « regards qui se tendent en grande fixité », ni des pleurs qui « se font brèche dans de grands yeux doux » (ce ne sont peut-être que des incertitudes de langue ou des sacrifices à la rime). Et je ne parle pas non plus des simples mignardises, qui sont innombrables.

3004. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Il fixe alors cette vaste étendue du Ciel, cette immense Nature, qui, fiere dans toutes ses productions n’a point fait d’esclaves, elle n’a point bâti de murs, elle n’a point forgé de chaînes ; cet oiseau qui sur une aîle hardie, franchit l’espace, cet animal des bois qui erre sans guide au gré de son instinct, l’ouragan qui passe, tout parle éloquemment à son cœur, & il apperçoit au milieu de l’Univers la liberté, & il s’écrie : c’est à toi que j’adresse mes vœux, ame des nobles travaux, mere des vertus & des talens ; toi qui formes les ames vigoureuses, les esprits élevés & lumineux ; toi qui ne faisant point d’opprimé, ne fais point d’oppresseur ; toi dont la main sacrée grave dans le cœur de l’homme le caractère primitif de la Justice ; c’est à toi que je voue mes jours, conduis mes pas & ma langue ; je le sens, tu éleveras ma pensée, tu la rendras digne de l’Univers. […] Je l’entends, cette voix forte & puissante, qui, comme un tonnerre qui roule dans la nue réveille les esprits les plus engourdis ; non ce n’est plus un homme, c’est un Dieu tutelaire qui s’est chargé des intérêts de la patrie, & qui défend la cause honorable de l’humanité ; d’une main il foudroye le vice, de l’autre il dresse des Autels à la vertu, déploye toute l’indignation d’une ame sensible contre d’injustes Tyrans, il rejette le cri insensé de l’opinion pour faire parler la voix immortelle de la raison.

3005. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre III. La commedia dell’arte en France » pp. 31-58

Les acteurs français ne pouvaient lutter avec ces étrangers : « La comédie telle que ceux-ci la jouaient, dit Brantôme, était chose que l’on n’avait encore vue et rare en France, car, par avant, on ne parlait que des farceurs, des conards de Rouen, des joueurs de la Bazoche et autres sortes de badins. » Ce qui devait offrir surtout un vif attrait, c’était la présence d’actrices élégantes jouant les rôles féminins, tandis que les rôles de femmes étaient tenus chez nous par des hommes. […] Il parlait cinq langues outre l’italien : le français, l’espagnol, l’esclavon, le grec et même le turc.

3006. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Poësia è una pitlura ch’è loquace, E se pittura è poësia ch’è muta : Merta fede chi parla, e non chi tace. […] C’était, sans doute, le pendant de la pièce des Quatre Arlequins, dont nous avons déjà parlé.

3007. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

On l’admirait, on le choyait, on trouvait qu’il parlait bien et que ses raisons étaient convaincantes. […] Cinq petites villes, dont l’humanité parlera éternellement autant que de Rome et d’Athènes, étaient, du temps de Jésus, disséminées dans l’espace qui s’étend du village de Medjdel à Tell-Hum.

3008. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXV » pp. 259-278

Elle parle, dans son xie  entretien, du temps où elle n’était meublée que de meubles d’emprunt , et dans le ive on voit pourtant que les gens de sa société allaient la visiter. […] Lorsqu’elle y vient à parler de la personne du roi, elle remplit trois pages de détails.

3009. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

M. de Fezensac, nourri de souvenirs littéraires, a eu le droit de mettre en tête de son écrit ces vers touchants du plus pieux des poètes antiques, de Virgile faisant parler son héros : « Iliaci cineres, et flamma extrema meorum… », ce qu’il traduit ainsi, en l’appropriant à la situation : Ô cendres d’Ilion ! […] Voltaire et Vauvenargues en ont parlé, mais trop oratoirement, et l’on aimerait mieux des faits précis.

3010. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

A mesure que le système nerveux se perfectionne (c’est toujours Gall qui parle), lorsque paraît un petit cerveau au-dessus de l’œsophage, paraissent aussi quelques instincts, quelques aptitudes innées. […] Nous n’avons parlé jusqu’ici que de la forme du cerveau en général.

3011. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Sans parler des équipées des nièces de Mazarin, qui gardèrent toujours un peu l’air aventurier de monsieur leur oncle, il y a telle anecdote dans cette piquante histoire qui donne une idée singulière du ton et du goût du grand siècle dans sa jeunesse. […] Saint-Évremond, cet homme supérieur dont personne ne parle, ce pauvre assassiné par Voltaire et par Montesquieu, qui l’ont outrageusement volé, est jugé avec une fermeté de raison et une justice qu’il faut honorer ; car les injustices littéraires ne valent pas mieux que les autres, et le courage en littérature est aussi une vertu.

3012. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Il passait devant la Sorbonne vers 1824, et un jeune étudiant de sa connaissance, qui sortait d’un cours célèbre, l’arrêtait, le prenait par le bouton de la redingote, et lui parlait ainsi : « Bonjour, cher monsieur, comment vous portez-vous ? […] Depuis dix leçons déjà, il parlait de métaphysique, sans avoir défini ni le mot ni la chose ; plusieurs auditeurs, embarrassés, et voulant à toute force une formule pour la mettre en tête de leurs cahiers, le pressaient d’interrogations.

3013. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Je parle de deux vérités historiques, dont l’une nous a été conservée par Hérodote : 1º Ils divisaient tout le temps antérieurement écoulé en trois âges, âge des dieux, âge des héros, âge des hommes ; 2º pendant ces trois âges, trois langues correspondantes se parlèrent, langue hiéroglyphique ou sacrée, langue symbolique ou héroïque, langue vulgaire, celle dans laquelle les hommes expriment par des signes convenus les besoins ordinaires de la vie.

3014. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Une discussion dans les bureaux du Constitutionnel »

Je ne suis pas libre de parler de ce livre dans le Constitutionnel, comme je le voudrais : c’est un livre qui ne vaut que par les documents qu’y ont envoyés les savants.

3015. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de mademoiselle Bertin sur la reine Marie-Antoinette »

Que les hommes qui vivent dans une révolution, et qui en sont ou spectateurs éclairés ou acteurs principaux, lèguent à la postérité le dépôt fidèle de leurs souvenirs, c’est un devoir que nous réclamons d’eux ; que ceux mêmes qui, dans une situation secondaire, n’ont vu qu’un coin du vaste tableau et n’en ont observé que quelques scènes, nous apportent leur petit tribut de révélations, il sera encore reçu avec bienveillance ; et si surtout l’auteur nous peint l’intérieur d’une cour dans un temps où les affaires publiques n’étaient guère que des affaires privées, s’il nous montre au naturel d’augustes personnages dans cette transition cruelle de l’extrême fortune à l’extrême misère, notre curiosité avide pardonnera, agrandira les moindres détails ; impunément l’auteur nous entretiendra de lui, pourvu qu’il nous parle des autres ; à la faveur d’un mot heureux, on passera à madame Campan tous les riens de l’antichambre et du boudoir : mais que s’en vienne à nous d’un pas délibéré, force rubans et papiers à la main, mademoiselle Rose Bertin, modiste de la reine, enseigne du Trait galant, adressant ses Mémoires aux siècles à venir, la gravité du lecteur n’y tiendra pas ; et, pour mon compte, je suis tenté d’abord de demander le montant du mémoire.

3016. (1875) Premiers lundis. Tome III « Viollet-Le-Duc »

Il parle plus d’une fois de cette génération anti-poétique, et il désespère en un endroit de faire apprécier d’elle le sonnet, comme si le sonnet n’était pas un des fleurons les mieux greffés aujourd’hui.

3017. (1861) La Fontaine et ses fables « Conclusion »

C’est parler bien longtemps que d’écrire un volume à propos de fables.

3018. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbey d’Aurevilly, Jules (1808-1889) »

Et vous reconnaîtrez tout de suite, dans celui qui parle, celui que vous aurez lu.

3019. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

L’éditeur y parle des tours de force plaisans ou bizarres de la littérature présente, et à voir, selon lui, le nouveau poète armé de la massue, « vous diriez un athlète sans draperies, entraîné tout à coup dans un cirque de théâtre, parmi des danseurs couverts de paillettes et étincelants d’or faux ».

3020. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

Très tardivement et très modestement aussi, au moment où il est de rite de ne parler de cet autre dieu mort qu’avec un léger sourire, il s’avoue l’un des épigones d’Hugo le Père, par qui, tout jeune, enfermé dans un collège de l’Île-de-France, ou mieux, comme il dit, « dans la cage de Loyola », il eut, impérieuse et inoubliable, la révélation de la poésie lyrique : Et soudain c’était dans nos ombres Un éblouissement pareil À celui des prisonniers sombre Qui remontent vers le soleil, Quand, frémissants, malgré le maître, Les pensums et ses quos ego.

3021. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pilon, Edmond (1874-1945) »

Pilon parle de Toutes ces voiles qui s’étalent sur l’eau brune.

3022. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Roumanille, Joseph (1818-1891) »

C’est parce que cet exemple est particulièrement salutaire en un temps de désarroi et de lassitude comme le nôtre, que j’ai cru pouvoir donner à Roumanille une place dans ma modeste galerie, et montrer en lui, non pas le troubadour de légende, d’Opéra-Comique et de vignette, mais l’homme de bien, le poète de talent, se résignant à parler la langue de ceux qu’il veut convertir, et à renfermer sa popularité dans un étroit espace, pour la rendre plus utile et plus solide.

3023. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVI. Consultation pour un apprenti romancier » pp. 196-200

* * * Maintenant, madame votre mère parle de la forme et du fond.

3024. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre III. Les questions que l’historien doit se poser. » pp. 16-17

D’une part, il doit les envisager en large et en long, si l’on peut ainsi parler, ou, si l’on préfère, étendus dans l’espace et déroulés dans le temps, dans leur existence simultanée et dans leurs développements successifs.

3025. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VII. Objections à l’étude scientifique d’une œuvre littéraire » pp. 81-83

Nous avons à nous demander maintenant si l’historien peut se borner à constater des faits ; s’il n’est pas obligé en une certaine mesure de juger les œuvres dont il parle ; si dès lors n’intervient pas une question de goût qu’il faut poser et résoudre.

3026. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 521-526

M. de Montmercy a composé en son honneur un Poëme, qui ne le cede pas pour la longueur à ceux dont nous venons de parler.

3027. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 145-150

L’Histoire n’est que le récit fidele des événemens ; ces événemens parlent d’eux-mêmes, & on doit en écarter tout ce qui sent le panégyrique ou l’apologie.

3028. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 202-207

On fait qu’il s’étoit arrogé le droit de parler d’un ton sec & dur aux personnes de la plus haute considération, qui avoient la patience & la bonté de l’écouter.

3029. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 220-226

Après sa mort, il en parla sans déguisement & sans respect.

3030. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 303-308

On ne doit pas négliger de parler de son Traité du choix & de la méthode des Etudes, où il décrit la marche convenable à chaque Science en particulier ; ni de son Livre des Devoirs des Maîtres & des Domestiques, où une philosophie chrétienne prescrit aux un des regles de conduite conformes à l’ordre & à l’humanité, & aux autres des leçons propres à régler leur dépendance & à rendre leur sort plus heureux.

3031. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 122-127

Boileau a très-bien jugé ce Poëte ; quand il a dit après avoir parlé de Marot : Ronsard, qui le suivit, par une autre méthode, Réglant tout, brouillant tout, fit un Art à sa mode, Et toutefois long-temps eut un heureux destin ; Mais sa Muse, en François, parlant Grec & Latin, Vit dans l'âge suivant, par un retour grotesque, Tomber de ses grands mots le faste pédantesque.

3032. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Liste des écrivains » pp. -655

Liste des écrivains Dont on a parlé dans ce Volume.

3033. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VII. Le Fils. — Gusman. »

L’autorité qu’emploie Alvarez est d’une autre espèce : il met en oubli son âge et son pouvoir paternel, pour ne parler qu’au nom de la religion.

3034. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Loutherbourg » pp. 224-226

Mais ceux qui parlent ainsi, ne sont pas artistes.

3035. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Troisième journée. Tout s’explique » pp. 234-240

L’esprit du prophète parle par ta bouche. — Voyons, Bernar-med, interroge un peu Villemot-Pacha.

3036. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre III. Du temps où vécut Homère » pp. 260-263

Nous pourrions même le rapprocher encore, car Homère parle de l’Égypte, et l’on dit que Psammétique, dont le règne est postérieur à celui de Numa, fut le premier roi d’Égypte qui ouvrit cette contrée aux Grecs ; mais une foule de passages de l’Odyssée montrent que la Grèce était depuis longtemps ouverte aux marchands phéniciens, dont les Grecs aimaient déjà les récits non moins que les marchandises, à peu près comme l’Europe accueille maintenant tout ce qui vient des Indes.

3037. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

MURALTUS parla de la salive dans un Vade-mecum d’anatomie, et s’attribua la découverte des conduits sublinguaux. […] ALBINUS parle des conduits molaires et palatins, et réclame pour sienne la découverte du canal de Nuck. […] Nous en avons déjà parlé à propos de la salive parotidienne. […] Il suffira de citer les faits, leurs résultats parleront d’eux-mêmes, sans qu’il soit besoin d’aucun commentaire. […] CLOPTON HAVERS parla du pancréas et donna une théorie merveilleuse de la digestion.

3038. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Il ne parle pas en historien, mais en contemporain ; il semble que sa vie et son honneur sont en jeu, qu’il plaide pour lui-même, qu’il est membre du Long Parlement, qu’il entend à la porte les mousquets et les épées des gardes envoyés pour arrêter Pym et Hampden. […] Il était membre du parlement, et parlait si bien, dit-on, qu’on l’écoutait pour le seul plaisir de l’entendre. […] Parler en public, c’est vulgariser les idées ; c’est tirer la vérité des hauteurs où elle habite avec quelques penseurs pour la faire descendre au milieu de la foule ; c’est la mettre au niveau des esprits communs qui, sans cette intervention, ne l’auraient jamais aperçue que de loin, et bien au-dessus d’eux. […] Ces généreuses paroles partent du cœur ; la source est pleine, elle a beau couler, elle ne tarit pas ; dès que l’écrivain parle de la cause qu’il aime, dès qu’il voit se lever devant lui la Liberté, l’Humanité et la Justice, la Poésie naît d’elle-même dans son âme, et vient poser sa couronne sur le front de ses nobles sœurs. […] Les uns ont raconté l’histoire des races, d’autres celle des classes, d’autres celle des gouvernements, d’autres celle des sentiments, des idées et des mœurs ; Macaulay les raconte toutes : « J’accomplirais bien imparfaitement la tâche que j’ai entreprise, si je ne parlais que des batailles et des siéges, de l’élévation et de la chute des gouvernements, des intrigues du palais, des débats du parlement.

3039. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVII » pp. 153-157

Il a parlé des morts anciennes opposées aux morts chrétiennes, Darius, Caton, Socrate, Alexandre, que sais-je ?

3040. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLI » pp. 167-171

— Voyez dans les Débats de ce matin (4 janvier) le discours du roi en réponse à celui de Villemain ; le roi s’y montre bien moins universitaire que son ministre, et ne parle que de la nécessité d’un enseignement religieux.

3041. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet. (suite et fin.) »

Michelet, ailleurs, a durement parlé de Louis XVI, on peut dire qu’il lui a fait réparation ici en la personne du duc de Bourgogne, cette ébauche et cette épreuve anticipée du même caractère, et une épreuve bien plus soignée, bien plus fine de traits assurément.

3042. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — II »

« Enfin, nous avoue-t-elle ingénument, je n’ai été étrangère à rien, j’ai pu parler passablement de tout ; mais je n’ai su parfaitement que ce qui se rapporte aux beaux-arts, à la littérature et à l’étude du cœur humain. » Je ne m’arrête pas à des anecdotes bien longues dont madame de Genlis nourrit habilement son récit : comment dans ses retraites au couvent elle barbouillait la nuit les vieilles religieuses, comment elle mystifiait le chevalier Tirtame, ou frappait aux vitres des paysans du village.

3043. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gautier, Judith (1845-1917) »

Elle parle, sans efforts, une langue imagée où éclatent les couleurs de l’Orient ; elle en a surpris le secret au foyer de famille, en écoutant causer son illustre père et aussi en traduisant pour son propre compte tant de récits empruntés aux romanciers et aux poètes de la Chine.

3044. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pailleron, Édouard (1834-1899) »

Dans le tableau d’un prétoire de police correctionnelle, tous les détails sont d’une réalité pittoresque et âpre : Un Christ au-dessus d’eux regardait tout cela ; En face, tout debout, l’homme se tenait là, Son mouchoir à la main pour cacher sa figure ; C’était un pauvre diable à la tâte un peu dure ; Il avait l’air stupide et sombre, il parlait bas ; Il était sous le coup de cet écrasement De démentir des gens ayant fait leurs études !

3045. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 527-532

Si, comme l’a dit Ciceron, le parfait Orateur est un homme de probité qui sait bien parler, Vir bonus dicendi peritus, on peut assurer que cette définition ne convint jamais mieux qu’au célebre M.

3046. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 296-302

Avec un Livre à la main, vous êtes transporté dans des siéges & dans des batailles ; c’est l’Orateur qui vous charme, & vous n’êtes occupé que du Héros ; c’est Fléchier qui parle, & vous ne voyez que le grand Turenne ; l’Art cache l’Orateur, & ne montre que le grand Capitaine ou le grand Magistrat ».

3047. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 317-322

Si l’Ecrivain dont nous parlons étoit réduit à la seule gloire d’avoir mis au jour de pareilles Productions, sa célébrité auroit fini avec sa vie, & même avant.

3048. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 519-526

Si sa Muse eût toujours parlé un langage aussi religieux, il eût eu la gloire, non pas de faire des Odes comparables à celles de Rousseau & de M.

3049. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 381-387

Cette Piece est généralement foible de versification & de coloris, sans parler de plusieurs défauts qui en gâtent l’économie.

3050. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 51-56

N’en voit-on pas plusieurs parmi ceux qui écrivent assez correctement dans ces Langues étrangeres, en convenant eux-mêmes qu’il leur seroit imposible de les parler supportablement, à cause de la prononciation dont ils n’ont aucune habitude ?

3051. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Introduction » pp. 5-10

Considérable, car la liste est longue de ceux qui entre dix-huit et trente-six ans on écrit des pages intéressantes, ont participé au mouvement littéraire de ce temps, si fécond en cénacles, si fertile en personnalités curieuses ; dangereux enfin, parce que, malgré deux ans de recherches, nous avons commis des oublis inévitables et surtout parce qu’ayant combattu, nous aussi, dans les rangs de cette jeunesse, nous n’avons pourtant pas hésité à mettre de côté toute camaraderie, toute confraternité, pour présenter un tableau sincère et précis de cette « jeune littérature » dont on parle tant et qu’on connaît si peu.

3052. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la comédie chez les Anciens. » pp. 25-29

Ce n’était d’abord qu’un personnage qui parlait dans les entr’actes ; on en ajouta successivement deux, puis trois, enfin tant de personnages, que ces comédies anciennes n’étaient presque qu’un chœur perpétuel, qui faisait aux spectateurs des leçons de vertu.

3053. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VI. La Mère. — Andromaque. »

L’antiquité ne parle pas de la sorte, car elle n’imite que les sentiments naturels : or, les sentiments exprimés dans ces vers de Racine ne sont point purement dans la nature ; ils contredisent au contraire la voix du cœur.

3054. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre premier. Que le Christianisme a changé les rapports des passions en changeant les bases du vice et de la vertu. »

On sent qu’en traitant des premiers il nous a été impossible de ne pas toucher un peu aux secondes, mais ici nous nous proposons d’en parler plus amplement.

3055. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre IV. Pourquoi les Français n’ont que des mémoires. »

D’une autre part, ne pouvant parler de nous à découvert, nous nous cachons derrière nos personnages.

3056. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Hallé  » pp. 127-130

Mais auparavant j’observerai qu’à parler à la rigueur un peintre quelquefois par un tour de tête particulier préférera un moment tranquille à un moment agité [.]

3057. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 39, en quel sens on peut dire que la nature se soit enrichie depuis Raphaël » pp. 387-392

Mais les anciens eux-mêmes ne connoissoient pas les arbres et les animaux dont nous venons de parler.

3058. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 49, qu’il est inutile de disputer si la partie du dessein et de l’expression, est préferable à celle du coloris » pp. 486-491

L’homme dont je parle aimera mieux à soixante ans les comédies de Moliere, qui lui remettront si bien devant les yeux le monde qu’il a vû, et qui lui fourniront des occasions si fréquentes de faire des refléxions sur ce qu’il aura observé dans le cours de sa vie, qu’il n’aimera les tragédies de Racine, pour lesquelles il avoit tant de goût, lorsqu’il étoit occupé des passions que ces pieces nous dépeignent.

3059. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Law »

Par suite de ses préoccupations d’économiste, sans doute, Cochut a voulu surtout tracer l’idée nette du système, et il l’a pris à part, l’isolant de tous les faits généraux et ne l’expliquant que par l’état où les prodigalités de Louis XIV avaient mis les finances et la monarchie ; et, pour parler la langue économique, il s’est très bien tiré de ce dix-huitième d’épingle historique.

3060. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre VI. Observations philologiques, qui serviront à la découverte de véritable Homère » pp. 274-277

Aristarque corrigea les poèmes d’Homère, et pourtant, sans parler de cette foule de licences dans la mesure, on trouve encore dans la variété de ses dialectes, ce mélange discordant d’expressions hétérogènes, qui étaient sans doute autant d’idiotismes des divers peuples de la Grèce. — 8.

3061. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre I. Introduction. Trois sortes de natures, de mœurs, de droits naturels, de gouvernements » pp. 291-295

Pour que les hommes déjà entrés dans la société pussent se communiquer les mœurs, droits et gouvernements dont nous venons de parler, il se forma trois sortes de langues et de caractères.

3062. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre septième. Les altérations et transformations de la conscience et de la volonté — Chapitre deuxième. Troubles et désagrégations de la conscience. L’hypnotisme et les idées-forces »

Une hystérique qui perd complètement le souvenir de toute espèce d’images verbales, ou qui perd les images kinesthésiques répondant aux mouvements d’un membre, ne peut plus parler ou ne peut plus remuer ce membre. […] Ce rapport, dont nous avons déjà parlé plus haut, consiste dans l’idée et l’impression permanentes laissées par les relations que l’hypnotisme a établies entre les deux personnes. […] Nous ne pensons point, en effet, sans prononcer mentalement des paroles, et nous ne les prononçons pas mentalement sans les prononcer aussi physiquement avec le larynx ; penser, c’est parler tout bas. […] Mais parlons auparavant de certains cas qui se rapprochent de l’état normal et où, à notre avis, on invoque trop tôt ces dédoublements du moi. […] Une même lésion produit donc des effets très différents sur l’intelligence et la mémoire selon qu’elle frappe des individus qui, pour penser et parler intérieurement, usent habituellement de telle ou telle catégorie d’images.

3063. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Avec ces dispositions natives, renforcées du désir de faire parler de soi quand même, il fit de la sélection à rebours. […] Il vous parle à propos des amours d’une maritorne et d’un ramasseur de crottin, des grandes noces de la nature, du rut gigantesque et cyclopéen, etc., etc. […] Ni la physiologie qui s’efforce de pénétrer les causes des phénomènes physiques et moraux de la vie, ― nous en avons parlé il n’y a qu’un instant, ― ni la vapeur, ni les merveilles de l’électricité et de la transmission des forces ne peuvent en rien enrichir l’art ni la littérature. […] Diderot parle d’un idéal qui ne s’acquiert pas et que l’écrivain ou l’artiste apporte en naissant. […] Après avoir fermé le volume, lorsqu’on retombe sur soi-même, dans le calme plat de tous les jours, on se sent à vide je parle ici des impressions de la jeunesse, dans ce cas, elle seule nous intéresse puisqu’il s’agit de former sa conscience, son intelligence et son cœur.

3064. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Vous ne pourrez rétablir cet ordre qu’en évoquant à votre tour un deus ex machina, en supposant, par une hypothèse arbitraire, je ne sais quelle harmonie préétablie entre les choses et l’esprit, ou tout au moins, pour parler comme Kant, entre la sensibilité et l’entendement. […] Pour parler avec plus de précision, il est difficile d’admettre que l’électrisation de la langue, par exemple, n’occasionne pas des modifications chimiques ; or ce sont ces modifications que nous appelons, dans tous les cas, des saveurs. […] Bornons-nous à faire remarquer que les sensations dont on parle ici ne sont pas des images perçues par nous hors de notre corps, mais plutôt des affections localisées dans notre corps même. […] Quand nous parlons de la sensation comme d’un état intérieur, nous voulons dire qu’elle surgit dans notre corps. […] Les sensations dont on parle sont inextensives.

3065. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

II Or ces diplomaties parlent et écrivent ; leurs manifestes, leurs protocoles, leurs dépêches, leurs notes, sont leur littérature : grande littérature en action des rois, des assemblées, des peuples, qui bouleverse ou reconstruit les nations ; qui fait droit aux faibles, résistance aux oppresseurs ; qui lance la guerre, justice de la mort, ou qui maintient la paix, la paix, première propriété de l’espèce humaine, puisque c’est la propriété de la vie. […] On sentait en l’écoutant que c’était l’homme qui parlerait le mieux à l’oreille de toutes les puissances, peuples, tribuns, femmes, empereurs, rois. […] M. de Talleyrand, ainsi annoncé et présenté par elle, n’eut qu’à parler pour tout fasciner. […] Sa force était de tout comprendre, mais non de tout dominer, même le peuple ; c’était une intelligence suprême, mais une intelligence à demi-voix ; il ne parlait qu’à l’oreille, comme la persuasion ; il n’écrivait même bien qu’avec réflexion, lenteur et clarté, mais sans chaleur. […] Pitt ; il parle avec légèreté de ces deux hommes d’État, seuls peut-être au niveau de leur siècle et au niveau l’un de l’autre.

3066. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

— il faut venir en la terrible question, et, une fois, parler librement de ces malheureuses pages. […] Nous pensâmes que non… Nous crûmes qu’il fallait admirer et détester l’auteur de Lohengrin, cesser d’être son ami sans cesser d’être son apôtre, et se borner à ne plus lui tendre les mains qui l’applaudissaient… » Ainsi parlait M.  […] Cependant, quiconque a lu les Évangiles sait que Jésus n’y dit rien de semblable ou parle très vaguement à ce sujet. […] Jésus, encore, vous en félicite, mais il vous parle ensuite de votre bonheur pratique et terrestre ; et vous pouvez suivre sa doctrine sans perdre vos métaphysiques illusions. […] Sans parler de la traduction en prose des Quatre poèmes, qui date de 1860, il existait depuis 1870 une traduction faite en vers pour la musique, celle de M. 

3067. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre quatrième. Éléments sensitifs et appétitifs des opérations intellectuelles — Chapitre deuxième. Les opérations intellectuelles. — Leur rapport à l’appétition et à la motion. »

Outre l’inspiration spontanée dont nous parlions tout à l’heure, il peut donc exister une inspiration réfléchie qui, au lieu de se faire dans l’obscurité de l’inconscience, s’accomplit au grand jour de la conscience. […] L’être animé, encore une fois, commence par sentir et réagir ; or, toute sensation aperçue et suivie d’une réaction aperçue devient parle fait même un jugement ; le lien réel de la sensation à la réaction n’a besoin que de se réfléchir dans la conscience pour devenir lien intellectuel. […] Affirmer n’est autre chose qu’agir ou réagir avec conscience ; et réciproquement, agir ou réagir avec conscience, c’est affirmer, c’est donner parle fait une valeur réelle à sa pensée, puisqu’on la réalise en mouvements et qu’on y conforme son activité104. […] Pour affirmer que le feu brûle, l’enfant qui ne sait pas parler écarte sa main du feu, s’il en est près, ou accomplit par l’imagination ce mouvement, s’il en est loin. Quand il sait parler, tout se réduit à de simples mots, qui deviennent les substituts de ses actions comme de ses sensations.

3068. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

De quoi donc parlaient-ils, ces amants ? […] Il y a des bouffées de vent qui parlent plus distinctement que d’autres. […] Demandez à l’impotent de marcher, à l’aveugle de voir, au muet de parler, au vieillard de rajeunir ! […] Misère de la vertu qui se sent honnie, persécutée sur la terre, et qui n’a pour récompense que la calomnie, et pour consolation que la voix faible et lointaine de la conscience, qui lui parle bas, comme une voix qu’on discerne à peine, et qui lui dit les secrets de Dieu !

3069. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Ce poète lyrique, un des trois ou quatre grands de notre siècle, n’a presque jamais parlé de lui. […] Le poète parle avec effusion, avec amour des enfants : ils sont le pivot de sa conception sentimentale de la famille. Il parle avec attendrissement de son père, et de lui-même. […] Lorsqu’il parle de lui, en prose, il rêve encore et poétise : faits, lieux, dates, il brouille tout.

3070. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

C’est ainsi que la mère et le fils parlaient, quand les sanglots du brahmane et les plaintes de sa femme éclatent avec un cri déchirant ; aussitôt Kounti s’élance dans l’appartement d’où sortent les voix : ainsi la génisse accourt aux cris de son nourrisson. […] « Cependant la littérature sanscrite, grâce aux travaux des savants anglais dans l’Inde, acquérait de jour en jour une plus grande extension, et leurs mémoires de plus en plus intéressants, consignés dans le premier recueil des Asiatic-Researches, finirent par éveiller ma curiosité, au point que je me déterminai un beau jour (c’était vers la fin de 1806) à essayer de comprendre quelque chose à l’indigeste compilation dont je viens de parler, et je me suis mis à bégayer l’alphabet. […] Mais la traduction de ce curieux ouvrage par le Nestor de la littérature sanscrite, le célèbre Wilkins, était déjà depuis longtemps entre les mains des savants ; et comme la Bibliothèque du roi possédait un manuscrit de l’original indien, ce fut là naturellement le texte que j’adoptai, en me servant pour le déchiffrer, en guise de dictionnaire, de la traduction anglaise dont je viens de parler. […] Mais ne crois pas que je parle en plaisantant ; car, d’après ce que j’ai entendu plusieurs fois de la bouche du vénérable Canoua lui-même, un pareil signe ne peut être pour toi que l’annonce de l’événement le plus heureux.

3071. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

C’est de lui que Napoléon, l’historien de guerre par excellence, a dit dans son récit du siège de Toulon, après avoir parlé des choix ineptes de généraux en chef qui avaient précédé : « Le vœu du soldat fut enfin exaucé : le brave Dugommier prit, le 20 novembre (1793), le commandement de l’armée ; il avait quarante ans de service ; c’était un des riches colons de la Martinique9, officier retiré ; au moment de la Révolution, il se mit à la tête des patriotes et défendit la ville de Saint-Pierre ; chassé de l’île, lorsque les Anglais y entrèrent, il perdit tous ses biens. […]  » Arrivé à l’armée des Pyrénées, il parlait sans cesse de son commandant d’artillerie de Toulon, et imprimait de lui la plus haute idée dans l’esprit des généraux et officiers qui, depuis, passèrent de l’armée d’Espagne à celle d’Italie ; « de Perpignan, il lui envoyait des courriers à Nice lorsqu’il remportait des succès.

3072. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Mélanges scientifiques et littéraires, (suite et fin.) »

En-me permettant de parler ici avec quelque étendue d’un savant illustre, et autrement encore que pour lui rendre un pur et simple hommage, en essayant d’indiquer à l’aide de témoignages recueillis, et par le peu que j’ai pu moi-même observer, sa vraie portée et sa mesure, j’ai besoin qu’on ne se méprenne pas un instant sur ma pensée. […] Je ne puis que courir sur des sujets où j’ai si peu le droit de parler en mon nom.

3073. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Se voyant de loisir et complètement livrés à eux-mêmes, comptant leurs forces et sentant croître leurs besoins, ils s’exaltèrent dans leurs prétentions ; la masse fermenta, des chefs ambitieux soufflèrent l’esprit de sédition, et lorsque Hannon, qui commandait pour les Carthaginois en Afrique, se fut rendu à Sicca et qu’au lieu de payer la totalité de la solde promise, il parla de réductions et de sacrifier une partie de la dette, on peut imaginer comme il fut reçu. […] Aux Grecs elle parlait grec, puis elle se tournait vers les Ligures, vers les Campanéens, vers les Nègres, et chacun en l’écoutant retrouvait dans cette voix la douceur de sa patrie.

3074. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Je le sens aujourd’hui et reconnais ma faute en venant parler si tard des romans, des scènes et proverbes de M.  […] Le dialogue est moins bien ; il y a trop de style ou de ce qu’on appelle ainsi : les personnages parlent trop comme on écrit quand on se soigne ; c’est du style habillé et paré.

3075. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

On est dans les préparatifs d’un festin ; Simon, le père de famille, et un père des plus indulgents, parle à Sosie, un affranchi, un bon et loyal serviteur. […] On parle toujours du vis comica ; l’expression est tirée de cette épigramme latine de César.

3076. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte. »

Doré, et je viens bien tard pour me joindre à tous ceux qui en ont parlé si pertinemment. « Voilà un beau prometteur, dirait Sancho ; il paye ses étrennes à la Saint-Jean ; pourquoi pas à la Noël ? […] Doré a donc refait un Don Quichotte espagnol : il l’a défrancisé, déflorianisé le plus possible, et, en le rendant si neuf, il ravive en nous les sources de fraîcheur, de joie même et de poésie, qui sortent chaque fois de cette incomparable lecture ; il nous y convie, en renouvelant les impressions que trop d’habitude émousse ; et, pour ne parler que de moi, il me donne envie, en m’aidant de M. 

3077. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand »

Je m’arrête ; quelques lecteurs croiraient peut-être que je confonds la fermeté, la tenue, la constance avec la chaleur, l’enthousiasme, la fougue : Amène cède aux circonstances, à la raison, et croit pouvoir offrir quelques sacrifices à la paix, sans descendre des principes dont il fait la base de sa morale et de sa conduite… » La morale d’Amène, pas plus que celle de Laclos, gardons-nous d’en trop parler ! […] Son premier abord en général était très-froid ; il parlait très peu, il écoutait avec une grande attention ; sa physionomie, dont les traits étaient un peu gonflés, semblait annoncer de la mollesse, et une voix mâle et grave paraissait contraster avec cette physionomie.

3078. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre IV. De l’amour. »

Si, au contraire, il a existé dans la vie un heureux moment où l’on était aimé ; si l’être qu’on avait choisi était sensible, était généreux, était semblable à ce qu’on croit être, et que le temps, l’inconstance de l’imagination, qui détache même le cœur, un autre objet, moins digne de sa tendresse, vous ait ravi cet amour dont dépendait toute votre existence, qu’il est dévorant le malheur qu’une telle destruction de la vie fait éprouver ; le premier instant où ces caractères, qui tant de fois avaient tracé les serments les plus sacrés de l’amour, gravent en traits d’airain que vous avez cessé d’être aimé ; alors, que comparant ensemble les lettres de la même main, vos yeux peuvent à peine croire que l’époque, elle seule, en explique la différence, lorsque cette voix, dont les accents vous suivaient dans la solitude, retentissaient à votre âme ébranlée, et semblaient rendre présents encore les plus doux souvenirs ; lorsque cette voix vous parle, sans émotion, sans être brisée, sans trahir un mouvement du cœur, ah ! […] Je crains qu’on ne m’accuse d’avoir parlé trop souvent, dans le cours de cet ouvrage, du suicide comme d’un acte digne de louanges ; je ne l’ai point examiné sous le rapport toujours respectable des principes religieux, mais politiquement, je crois que les républiques ne peuvent se passer du sentiment qui portait les Anciens à se donner la mort ; et dans les situations particulières, les âmes passionnées qui s’abandonnent à leur nature, ont besoin d’envisager cette ressource pour ne pas se dépraver dans le malheur, et plus encore, peut-être, au milieu des efforts qu’elles tentent pour l’éviter.

3079. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VII. De l’esprit de parti. »

L’ambition sait se plier à chacune des circonstances pour profiter de toutes, la vengeance même peut retarder, ou détourner sa marche ; mais l’esprit de parti est comme les forces aveugles de la nature, qui vont toujours dans la même direction : cette impulsion une fois donnée à la pensée, elle prend un caractère de roideur qui lui ôte, pour ainsi dire, ses attributs intellectuels ; on croit se heurter contre quelque chose de physique, lorsqu’on parle à des hommes qui se précipitent dans la ligne de leur opinion. […] Après avoir esquisse le tableau de l’esprit de parti, il entre dans mon sujet de parler du bonheur que cette passion peut promettre.

3080. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Rochefort et ce que nous savons forcément de ses habitudes et de ses goûts, ce qui dans sa vie privée est au grand jour  et d’autre part ses opinions et son rôle politique : vous reconnaîtrez que, lorsque je parle d’un problème à résoudre, je ne l’invente point pas amour du mystérieux. […] Et presque toujours ce développement se fait sous la forme dramatique (dialogue ou discours), qui ajoute au comique en faisant vivre et parler l’absurde, en le supposant réalisé.

3081. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VII. L’antinomie pédagogique » pp. 135-157

. — Même les pédagogues anarchistes, ceux qui parlent d’éducation libertaire, d’auto-éducation, comme M.  […] Ce qui parle aux yeux, le costume par exemple, a peut-être plus d’influence.

3082. (1890) L’avenir de la science « XII »

Je ne parle pas des inscriptions persanes, qui sont toutes expliquées ; je parle seulement des inscriptions médiques, assyriennes et babyloniennes, que ceux mêmes qui y ont consacré de laborieuses heures reconnaissent indéchiffrées.

3083. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Si l’on ne perd point de vue que les diverses facultés ne sont aussi que des causes inconnues de phénomènes connus, qu’elles ne sont qu’un moyen commode de classer les faits et d’en parler ; si l’on ne tombe pas dans le défaut si commun d’en faire des entités substantielles, des sortes de personnages qui tantôt s’accordent, tantôt se querellent, et forment dans l’intelligence une petite république ; on ne voit point ce qu’il y aurait de répréhensible dans cette distribution en facultés, très conforme aux règles d’une saine méthode et d’une bonne classification naturelle. […] Nous ne pouvons parler que d’un monde présenté à notre esprit.

3084. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Personne ne pouvait mieux rendre les légers et coquets caprices d’une âme de fillette, la demi-pâmoison d’une femme amoureuse, la longue douceur de la passion satisfaite : En la paix du grand hôtel, au millieu de la mort odorante de fleurs, dont la chute molle des feuilles, sur le marbre des consoles, scandait l’insensible écoulement du temps, tandis que tous deux étaient accotés l’un à l’autre la chair de leurs mains fondue ensemble, des heures remplies des bienheureux riens de l’adoration passaient dans un far-niente de félicité, où parler leur semblait un effort. […] Mais il a étéconquis aussi parle romantisme septentrional qui nous a envahis, par Poë, de Quincey, Heine, par ce que Balzac a innové.

3085. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — Notice sur M. G. Duplessis. » pp. 516-517

Il lisait d’un bout à l’autre, sans ennui, sans impatience, la plume à la main, faisait des extraits pour lui, et n’en parlait jamais qu’à l’occasion, si on le questionnait et pour rendre service.

3086. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Baudelaire.] » pp. 528-529

Vous êtes bien un poète de l’école de l’art, et il y aurait, à l’occasion de ce livre, si l’on parlait entre soi, beaucoup de remarques à faire.

3087. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXIV » pp. 294-298

Saint-Marc Girardin, vers la fin de son discours, avait assez délicatement touché cette situation en disant : « Et pardonnez-moi, messieurs, si le souvenir de nos jeunes princes50me ramène naturellement vers ces écoles d’où ils sont sortis, vers ces lieux où j’ai mes plus doux devoirs, où il m’est donné de vivre avec les jeunes gens, et d’observer l’avenir de la patrie à travers le leur ; là aussi je vois la jeunesse toujours favorable aux bons sentiments et aux nobles pensées, toujours aisément émue quand on lui parle des saintes obligations de la famille ou de la gloire de la France ; bienveillante, j’ai droit de le croire, pour ceux qui l’instruisent, pour ceux même qui l’avertissent.

3088. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Début d’un article sur l’histoire de César »

Il parle, il dicte, il agit, et toujours avec la même supériorité aisée ; élégant, éloquent, prodigue, le premier au Forum ou dans les soupers, futur roi du genre humain ou roi des convives, il a le génie d’Alcibiade, mais il y joint une ambition constante et fixe qu’Alcibiade n’avait pas.

3089. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — I »

A parler sérieusement, il n’est qu’un cas où le personnage vivant ait plein droit d’invoquer avec éclat et franchise l’attention publique sur l’intimité de ses pensées et de sa vie ; c’est quand ce personnage est public lui-même, que ses actes extérieurs sont dévolus à l’opinion, et qu’il les discute par-devant elle : ses mémoires ne sont rien alors qu’un plaidoyer qu’il lance dans les débats, et le procès se poursuit jusqu’à ce que vienne l’histoire.

3090. (1875) Premiers lundis. Tome III « Maurice de Guérin. Lettre d’un vieux ami de province »

Vous connaissez l’Orphée, et je n’ai point à vous en parler ; mais à Ballanche, à Quinet (dans son Voyage en Grèce), il manque un peu trop, pour correctif de leur philosophie concevant et refaisant la Grèce, quelque chose de cette qualité grecque fine, simple et subtile, négligée et élégante, railleuse et réelle, de Paul-Louis Courier, ce vrai Grec, dont la figure, la bouche surtout, fendue jusqu’aux oreilles, ressemblait un peu à celle d’un faune.

3091. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Objections d’un moraliste contre l’exposition de 1900. » pp. 162-167

Chaque Exposition nous laisse plus prêts aux spectacles violents de cirque et d’arène, aux jeux romains ou byzantins… Oui, je parle en moraliste effaré.

3092. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVI » pp. 188-192

Quoique j’aie déjà parlé de l’établissement de plusieurs, je vais reproduire leurs noms dans une liste complète.

3093. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XII. Demain »

Je ne parle même pas de l’ignominie des honneurs et je néglige de dire notre mépris pour quiconque se distingue des autres par des signes qu’il a platement reçus des autres et porte — petite ou grande livrée — une décoration ou un habit à palmes vertes.

3094. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 493-499

Mais sans parler de Térence, où nous trouverions des scènes aussi touchantes & aussi pathétiques que dans les Pieces de M. de la Chaussée, on ne peut pas nier que les Poëtes qui ont précédé Corneille & Moliere n’aient composé une infinité de Drames de cette espece, qui ont toujours trouvé des contradicteurs parmi les gens de goût.

3095. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

Qui ne sait cependant que ce sont les plus ardens Prédicateurs de la modération, de la tolérance ; qu’ils n’ouvrent la bouche que pour recommander la modestie, & jamais pour parler d’eux-mêmes ; que tous leurs Ecrits déposent en faveur du respect qu’ils ont pour la Religion, la Nation, les Loix, & toute autre espece d’autorité ?

3096. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Liste des écrivains » pp. 547-563

Liste des écrivains Dont on a parlé dans ce Volume.

3097. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Théâtre français. » pp. 30-34

Dans la Conception à personnages (c’est le titre d’une des premières moralités jouées sur le Théâtre français, et imprimée in-4º gothique, à Paris, chez Allain Lotrian) ; on fait ainsi parler Joseph : Mon soulcy ne se peut deffaire.

3098. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre XI. Le Guerrier. — Définition du beau idéal. »

Il est étrange, et cependant rigoureusement vrai que tandis que nos pères étaient des barbares pour tout le reste, la morale, au moyen de l’Évangile, s’était élevée chez eux à son dernier point de perfection : de sorte que l’on vit des hommes, si nous osons parler ainsi, à la fois sauvages par le corps, et civilisés par l’âme.

3099. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Carle Vanloo  » pp. 117-119

Il y a encore de Mr Carle Vanloo deux tableaux représentant des jeux d’enfants, que je néglige, parce que je ne finirais point, s’il fallait vous parler de tout.

3100. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 14, qu’il est même des sujets specialement propres à certains genres de poësie et de peinture. Du sujet propre à la tragedie » pp. 108-114

Nous pouvons dire la même chose des meurtriers de Cesar, parce qu’ils avoient été élevez dans la maxime que les voïes violentes étoient permises contre un citoïen qui vouloit faire des sujets de ses égaux ; et qui, pour parler le langage des romains, affectoit la tyrannie.

3101. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Première journée (1865). Les soucis du pouvoir » pp. 215-224

Mon maître exige que je parle ?

3102. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Gérard de Nerval »

Tout ce que nous voulons dire, c’est qu’il y avait trois manières d’en parler et que Nerval les a manquées toutes les trois.

3103. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes de l’Évangile » pp. 89-93

Il est des penseurs dans les infiniment petits qui ont beaucoup parlé des nuances infinies de la femme, et qui nous en ont compté les variétés sans les épuiser.

3104. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

Ce n’était donc point alors une cérémonie vaine, où un orateur que personne ne croyait, venait parler de vertus qu’il ne croyait pas davantage, tâchait de se passionner un instant pour ce qui était quelquefois l’objet du mépris public et du sien, et entassant avec harmonie des mensonges mercenaires, flattait longuement les morts, pour être loué lui-même ou récompensé par les vivants.

3105. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Il ne sait d’où il vient, et tout le monde le regarde ; il ignore quelle langue il parle, et toute la terre l’écoute. […] C’est la Bible des derniers temps ; il n’y a plus qu’une voix dans la nature, un homme grand nous a parlé. […] Le mystère qui donne à l’écrivain le droit de dire : Je chante, lui manqua ; il ne fit jamais que parler et écrire, le chant inspiré faillit sur ses lèvres.

3106. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Il est des gens qui se plaisent à parler sur un ton d’ironie injurieuse ou condescendante de tout ce qu’admirent les autres. Ils diffèrent des dogmatiques dont je parlais tout à l’heure en ce qu’ils parlent parfois d’eux-mêmes sur le même ton.

3107. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Tannhaeuser et Lohengrin revenaient chaque quinzaine au répertoire ; la grâce exquise de madame Mallinger — elle jouait si bien qu’on ne s’apercevait pas qu’elle n’avait plus de voix — faisait accepter deux ou trois fois dans la saison les Maîtres chanteurs de Nuremberg ; mais l’année précédente, on n’avait pu exécuter que deux fois Tristan et Iseult, que le public habituel de l’Opernhaus trouvait trop long ; et, quant à la tétralogie, on en parlait comme d’une grosse erreur, à travers les opuscules de M.  […] Mais… ma maigre bourse d’étudiant suffisait à peine à mes dépenses de théâtre et de Kneipe : je ne parle pas du nécessaire, que j’avais réduit autant qu’il est matériellement possible. […] Mais nous, la multitude, que tient une héréditaire ignorance du technique, une héréditaire paresse intellectuelle, qu’une éducation primitive et rustique laisse grossiers, nous qui ne savons pas entendre les partitions seulement lues, — car de même qu’il fallait aux hommes, il y a dix siècles, parler le poème, il nous faut encore, aujourd’hui, que des voix et des instruments nous chantent et nous jouent la symphonie ; — ne pouvant pas lire le Livre de musique et de paroles, nous avons besoin, pour connaître l’Œuvre d’art, du théâtre matériel.

3108. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Michel Bréal, dans sa récente Sémantique 143, écrit, à propos de la singularité de certaines métaphores : « Si l’on disait qu’il existe un idiome où le même mot qui désigne le lézard signifie aussi un bras musculeux, parce que le tressaillement des muscles sous la peau a été comparé à un lézard qui passe, cette explication serait accueillie avec doute, ou bien croirait-on qu’il est parlé des imaginations de quelque peuple sauvage. […] L’explication des folkloristes est que la belette, étant un animal dont on a peur, on ne prononce jamais son nom, car, croyance universelle, quand on parle du loup, on en voit la queue, quand on invoque le diable, le diable paraît ; prononcer le vrai nom de la belette, c’est attirer la méchante bête et c’est aussi, par cela même, la contrarier, puisqu’on la dérangée, l’exciter à la dévastation. […] Le verbe grailler, sonner du cor, est resté comme terme de vénerie, mais il a pris d’autre part le sens second et contradictoire de « parler d’une voix enrouée ».

3109. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

D’abord, elle soulève des questions dont, nous aurons à parler plus loin et qui ne peuvent être abordées que quand on est déjà assez avancé dans la science ; car elle implique, en somme, une explication presque complète des phénomènes, puisqu’elle suppose déterminées ou leurs causes ou leurs fonctions. […] Nous avons nous-même commis l’erreur de parler ainsi du criminel, faute d’avoir appliqué notre règle (Division du travail social, p. 395. 396). […] Nous ne songerions même pas à protester contre une telle interprétation, si nous ne savions à quelles étranges accusations on s’expose et à quels malentendus, quand on entreprend d’étudier les faits moraux objectivement et d’en parler dans une langue qui n’est pas celle du vulgaire.

3110. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Moraliste vaincu par le rococo, qui parle de Dieu et de l’ordre, en regardant le médaillon de madame de Pompadour et en trouvant Louis XV diablement heureux, il résume cependant, un peu trop comiquement pour un écrivain qui depuis trente ans s’efforce d’être grave, la pensée qui est le fond de la lâcheté humaine : Si on pouvait se sauver en se damnant, je serais canonisé demain ! […] En d’autres termes, si l’on conçoit sans peine que les ennemis de la vieille monarchie puissent rétrospectivement s’intéresser à ce roi, suicide de sa race, qui l’a frappée en sa personne, à cette fête de Sardanapale incendiaire qui a dévoré ses convives, à ce souper de soixante ans qu’on appelle le règne de Louis XV et qui semblait rendre après lui tout règne de ses descendants impossible, conçoit-on aussi facilement que les hommes, vassaux fidèles du passé, qui ont reconnu que ce n’était pas le passé seul, mais l’avenir pour eux, qui périssait dans un tel désastre ; puissent en parler autrement que pour le déplorer et le maudire ? […] C’est ainsi, par exemple, qu’il nous parle, à deux reprises, de ce projet qu’on eut dans les dernières années du règne de Louis XV de faire cesser par un mariage le scandale public que le roi donnait à ses peuples.

3111. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Cet exemple parlait plus haut que tous les appels faits à la chrétienté ; et, de presque tous les États d’Italie, des vaisseaux de guerre et des troupes s’étaient réunis, avec les galères de Rome, à la flotte vénitienne, dans l’automne de 1571. […] Les palais, les jardins, les Césars, ont péri ; et aussi les pierres qui parlaient d’eux. […] Sous l’amas des épithètes et la barbarie d’un néologisme tout grec et tout latin, le poëte perd cette veine française et ces tours nerveux et naïfs que Malherbe plus tard recueillait dans le parler vivant de la foule, en les ennoblissant par le nombre et l’harmonie.

3112. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVI » pp. 147-152

Il parle haut les yeux baissés, et il lance le dédain avec politesse.

3113. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXI » pp. 237-241

Sainte-Beuve sur Daunou nous a appris à bien fixer nos idées sur un savant et un écrivain dont on avait beaucoup parlé dans ces derniers temps, depuis sa mort ; il en avait été fait tant d’éloges qu’on se demandait naturellement ce qui avait manqué à un homme qui avait été aussi profond érudit et aussi habile écrivain pour arriver à plus de célébrité et à plus de résultats notoires.

3114. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Comtesse Merlin. Souvenirs d’un créole. »

« Elle parlait pourtant assez bien espagnol, nous dit l’auteur du récit, mais elle n’en prononça pas un mot.Il semble que dans les grandes douleurs, on revient à la langue naturelle, comme on se réfugie dans le sein d’un ami. » L’arrivée de la jeune Mercedès à Cadix, puis à Madrid où elle retrouve sa mère, sa famille ; l’état de la société peu avant l’invasion des Français ; les accidents gracieux qui formaient de légers orages ou des intérêts passagers dans cette existence de jeune fille, puis l’invasion de Murat, la fuite de Madrid, le retour, la cour de Joseph, et le mariage ; tels sont les événements compris dans ces deux premiers volumes de Souvenirs.

3115. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note III. Sur l’accélération du jeu des cellules corticales » pp. 400-404

Ainsi je me trouvai d’abord dans une forêt, que je m’imaginai être celle dont parle le Dante au début de son poème.

3116. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VI. Exordes. — Péroraisons. — Transitions. »

Il faut que le cœur seul parle dans l’élégie.

3117. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre premier. Du rapport des idées et des mots »

Mais jusque-là nous avons travaillé pour nous, pensé pour nous, avec nos mots, nos phrases à nous : nous nous sommes parlé une langue sommaire, un jargon inintelligible à tout autre.

3118. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre II. Du sens et de la valeur des mots »

Racine fait dire à Burrhus : Je parlerai, madame, avec la liberté D’un soldat qui sait mal farder la vérité.

3119. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Karr, Alphonse (1808-1890) »

Et puis il y a fort à craindre que ces Guêpes ne pullulent ; on parle déjà d’imitations ; allons !

3120. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Remy de Gourmont De ses vers, beaucoup sont comme roussis par une glaciale affectation de naïveté, parler d’enfant trop chéri, de petite fille trop écoutée, — mais digne aussi d’un vrai besoin d’affection et d’une pure douceur de cœur, — adolescent de génie qui eut voulu encore poser sur les genoux de sa mère son « front équatorial, serre d’anomalies » ; mais beaucoup ont la beauté des topazes flambées, la mélancolie des opales, la fraîcheur des pierres de lune, et telles pages… ont la grâce triste, mais tout de même consolante, des aveux éternels.

3121. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rodenbach, Georges (1855-1898) »

C’est quand il parle des eaux calmes, des eaux presque mortes, et qu’il assimile les silencieux aquariums aux cerveaux humains, où les idées glissent ou rampent, où les actinies s’entr’ouvrent un instant, c’est par le détail heureux qu’il est poète.

3122. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIII. Beau trio » pp. 164-169

Il paraît qu’il est d’usage de s’exprimer en termes particuliers quand l’on parle maintenant de cet écrivain.

3123. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

Selon Voltaire, Anne d’Autriche avait apporté à la cour de France une galanterie noble et fière qu’elle tenait du génie espagnol, et y avait joint les grâces, la douceur et une liberté décente qui n’était qu’en France : l’anecdote des férets d’aiguillettes en diamants qu’elle avait reçus du ici, et qu’elle donna presque aussitôt au duc de Buckingham, les vers où Voiture lui parle à découvert de son amour pour ce charmant Anglais et le plaisir qu’elle prit à les lire, le soin qu’elle mit à les garder, ces détails attestés par madame de Motteville annoncent dans la reine toute l’inconsidération d’un goût très vif, et sortent des bornes de cette galanterie noble et fière et de cette liberté décente que Voltaire lui attribue.

3124. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Liste des écrivains Dont on a parlé dans ce Volume. » pp. 537-552

Liste des écrivains Dont on a parlé dans ce Volume.

3125. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 23-32

d’Alembert ; de n’avoir pas mis ce Philosophe au dessus de Descartes & de Newton ; de n’avoir pas parlé des Problêmes qu’il a résolus, des Principes qu’il a trouvés, des Calculs qu’il a imaginés, ce qu’il appelle autant de découvertes, & les plus grandes qui aient été faites dans ce siecle.

3126. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 489-496

., il n’est pas permis d’en rire : c’est un fatras morne, langoureux, indigeste ; une triste doléance de M. de Voltaire, qui y parle en son propre nom.

3127. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 133-139

Il est certain qu'on n'y retrouve pas cette noblesse, cette élégance soutenue, cette même force de génie qui caractérise ses Poésies lyriques ; mais on seroit injuste de ne pas y admirer une raison supérieure, une poésie nerveuse, une facilité de style, une sûreté de goût, qui décelent le grand Maître, sur-tout dans les matieres où il parle de son Art.

3128. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Art français » pp. 243-257

Parle-t-elle au cerveau ?

3129. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Marie Tudor » (1833) »

L’auteur qui parle ici n’a que la première, il le sait.

3130. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Avant-Propos. » pp. -

Ces raisons nous ont engagé à parler de toutes sortes de querelles, des personnelles comme des autres, en choisissant néanmoins celles qui nous ont paru les plus dignes d’attention, ou par le nom des auteurs, ou par leur objet.

3131. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Louis-Michel Vanloo » pp. 191-195

Tant que les peintres portraitistes ne me feront que des ressemblances, sans compositions, j’en parlerai peu ; mais lorsqu’ils auront une fois senti que pour intéresser, il faut une action, alors ils auront tout le talent du peintre d’histoire, et ils me plairont indépendamment du mérite de la ressemblance.

3132. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Taraval » pp. 282-283

Outre les dessins dont j’ai parlé, il y en a d’autres de ce dernier artiste, à la sanguine et sur papier bleu, qui sont jolis et d’un bon crayon, il y a de l’esprit et du caractère.

3133. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 31, de la disposition du plan. Qu’il faut diviser l’ordonnance des tableaux en composition poëtique et en composition pittoresque » pp. 266-272

On y apprend distinctement à quel point de merite chaque peintre dont il parle est parvenu en chacune des quatre parties dans lesquelles l’art de la peinture peut se diviser ; et ces parties sont la composition, le dessein, l’expression et le coloris.

3134. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 50, de la sculpture, du talent qu’elle demande, et de l’art des bas-reliefs » pp. 492-498

Pour parler de la sculpture moderne, tels sont le tombeau du cardinal De Richelieu, et l’enlevement de Proserpine par Girardon, la fontaine de la place Navonne, et l’extase de sainte Therese par Le Bernin, comme le grand bas-relief de l’Algarde qui représente saint Pierre et saint Paul en l’air ménaçants Attila, qui venoit à Rome pour la saccager.

3135. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 27, qu’on doit plus d’égard aux jugemens des peintres qu’à ceux des poëtes. De l’art de reconnoître la main des peintres » pp. 382-388

Les experts dans l’art de connoître la main des grands maîtres, ne sont bien d’accord entr’eux que sur ces tableaux célebres, qui, pour parler ainsi, ont déja fait leur fortune, et dont tout le monde sçait l’histoire.

3136. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIII »

Très peu d’écrivains, et je parle des plus grands, ont commencé par être vraiment originaux.

3137. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Remarque finale. Le Temps de la Relativité restreinte et l’Espace de la Relativité généralisée »

Quand le physicien de la Relativité généralisée détermine la structure de l’Espace, il parle d’un Espace où il est effectivement placé.

3138. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Nous voulons parler de la conjecture, citée comme presque certaine, qui attribue à Thomas Kyd une tragédie écrite, dit-on, six ou sept ans avant celle de Shakespeare, sur le sujet de Hamlet. […] Et cependant, plusieurs documents antérieurs à l’an 1600 parlaient d’une tragédie de Hamlet. […] Mais pour en revenir au premier Hamlet et à la phrase qui nous occupe, il est singulier qu’on y cherche une allusion précise aux débuts des enfants de Saint-Paul, si l’on remarque que Shakespeare parle en même temps des théâtres privés. […] Parmi les tragédies de Shakespeare que l’opinion a placées au premier rang, Jules César est celle dont les commentateurs ont parlé le plus froidement. […] Elle fut admise, en effet, sous le nom de Romulo, dans la maison de son infidèle amant ; et comme Julia, dans les Deux Gentilshommes de Vérone, elle fut bientôt chargée d’aller parler à sa rivale de l’amour de son maître.

3139. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Poinsot parle quelque part, du spiritualisme « un peu vague » de Han Rynerq, et c’est, à ce qui précède, un argument plein de gaité si l’on considère l’absolue perfection et la rigidité de cette métaphysique mathématique où Psychodore se meut et nous entraîne par Han Ryner. […] Outre son œuvre philosophique dont je viens de parler Han Ryner publia d’ailleurs aussi jadis des romans et des livres de polémiques violentes. […] Que servirait de parler de genres, de classification ? […] Je ne parle pas du petit extrait d’Officiel qui termine l’œuvre. […] Donc, on ne parlera pas de « style expressionniste ».

3140. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

Horace ne parle pas de sa mère, morte sans doute pendant qu’il était en bas âge, esclave peut-être avant l’affranchissement de la famille ; mais il témoigne pour ce modèle des pères toute la tendresse et toute la reconnaissance qu’une mère laisse ordinairement dans la mémoire et dans le cœur de l’enfant. […] Rien n’indique qu’il se soit jamais mêlé à la politique de son temps ; il n’était pas soldat, il n’était pas citoyen de Rome, il ne savait pas parler, il était timide comme un pasteur des bords du lac de Garde, il n’avait d’autre ambition que d’imiter Théocrite et Homère, le premier dans ses Églogues, le second dans son Iliade. […] Il parlait sans cesse à Mécène d’Horace et à Horace de Mécène ; il voulait rejoindre ses deux amis. […] Un jour Virgile, l’excellent Virgile, vous parla de moi ; Varius en fit autant ; tous deux vous dirent ce que j’étais.

3141. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 mai 1885. »

Aussi, ressemble-t-il toujours, à un homme possédé par un démon intérieur : ce démon, vraiment, il l’avait en son âme, et de lui, plus que de tout autre, on peut dire — ce que Schopenhauer disait, en général, des musiciens : celui là parle la suprême sagesse, par un langage si profond et surnaturel, que son intelligence même n’en comprend pas la portée ! […] Or, il convient, de même, que nous nous tournions aujourd’hui vers ce musicien, Beethoven ; car, par lui, aussi bien que par ces hommes, l’esprit Allemand a sauvé de la plus profonde torpeur l’esprit de toutes les nations ; par lui, plus que par ces hommes, puisqu’il a parlé le langage le plus clair à toutes les nations. […] Il est tout à écouter les Harmonies de son Être intérieur ; il habite, à jamais, ce monde profond : c’est de là qu’il parle au monde externe — à ce monde qui n’a plus rien à lui dire. […] Le Voyageur — Tu parles de la Walküre, — Brünnhilde, la Vierge ?

3142. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Dès qu’il parle de l’une d’elles, son style s’adoucit, chatoie et chante. […] Ils ne se parlaient pas trop, perdus qu’ils étaient dans l’envahissement de leur rêverie. […] Et l’émoi mystique de la prêtresse phénicienne s’efforçant sous les symboles des dieux et les mythes des théogonies de saisir l’essence de l’être et la signification de ses sourdes ardeurs, puis Hamilcar dans le silence diurne de la maison du Suffète-de-la-Mer, se prosternant sur le sol gazé de sable, et adorant silencieusement les Abaddirs, sous la lumière « effrayante et pacifique » du soleil, qui passe étrange par les feuilles de laitier noir des baies  d’autres scènes ou lunaires ou souterraines, sont décrites en phrases obscures, distantes, qui parlent à certains esprits une langue comme oubliée mais comprise, et suscitant dans les limbes de l’âme des émotions muettes. […] Que l’on rapproche de cette réflexion, le désacord fréquent noté plus haut entre l’expression et l’exprimé, notamment dans les réalistes où les mots sont sans cesse au-dessus des choses ; enfin que l’on tienne compte de ce fait extraordinaire que Flaubert à écrit les œuvres les plus diverses avec le même style, que sa Lettre à la municipalité de Rouen est conçue comme le discours de Hanon dans le temple de Moloch, qfle Frédéric Moreau parle de Mme Arnoux comme saint Antoine d’Ammonaria ; il paraîtra évident qu’en Flaubert, au-dessus de la division fondamentale de son esprit également sollicité par le beau et par le réel, une tendance supérieure et unique existait, celle d’assembler en une certaine forme de phrase, certaines catégories de mots.

3143. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourg, par M. Michelet. (suite.) »

Il apprit ensuite l’espagnol et l’italien, et il aurait appris le grec si l’on eut voulu, pour mieux entendre les bons auteurs, particulièrement les poètes… » Écoutez La Fontaine qui, dévot alors et bien près de sa fin, fut admis auprès du jeune prince et reçut de ses bienfaits ; il parle comme l’abbé Fleury, et célèbre « ce goût exquis, ce jugement si solide », qui l’élève si fort au-dessus de son âge. […] Et encore, à propos des occasions prochaines de péché qu’il importe de s’interdire : « Il tenait que c’en était ordinairement une dangereuse d’aller à la comédie, au bal et autres semblables spectacles ; aussi ne s’y trouvait-il jamais depuis longtemps : sur quoi je comptais si fort, que quand j’avais à lui parler de quelque chose dont il m’avait fait l’honneur de me charger, je m’informais si, ce jour-là, il y avait comédie ou bal ; j’étais sûr, en ce cas, de le trouver dans son appartement. » Et ceci qui complète et qui achève : « L’on sait qu’il s’est répandu un bruit, mais bien fondé, l’année dernière (1714), que les comédiens, après la mort de Monseigneur, ayant demandé à notre prince l’honneur de sa protection, surtout pour obtenir du roi une seconde troupe, il leur répondit qu’ils ne devaient nullement compter sur sa protection, qu’il n’était pas en pouvoir d’empêcher leurs exercices, mais ne pouvait se dispenser de leur dire qu’il était indigne qu’il les fissent, particulièrement fêtes et dimanches. » Ce ne sont pas là des calomnies, ce sont des éloges20.

3144. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

De plus, Hannon se conduit comme un être à peu près stupide, avec une aveugle imprudence ; la partie logique, ici comme ailleurs dans l’ouvrage, est très-faible, tandis que la partie pittoresque et qui parle aux yeux prend toute l’attention et prédomine. […] J’aurai peut-être à discuter, à ce propos, l’opinion de quelqu’un de mes confrères en critique, qui a parlé de l’ouvrage.

3145. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Si l’on voulait se donner le spectacle de l’incertitude et de la fragilité du goût, même chez les plus savants hommes, et même en ces matières classiques, il suivrait de lire le jugement que porte le docte Huet de ce joli roman ; c’est dans sa Lettre à Segrais, en tête de  ; il vient de parler de deux mauvais romans composés par des Grecs byzantins : « Je fais à peu près le même jugement, dit-il, des Pastorales du sophiste Longus ; car, encore que la plupart des savants des derniers siècles les aient louées pour leur élégance et leur agrément, joint à la simplicité convenable au sujet, néanmoins je n’y trouve rien de tout cela que la simplicité, qui va quelquefois jusqu’à la puérilité et à la niaiserie. […] Un critique distingué13 a récemment parlé d’une manière fort remarquable de ce livre de Daphnis et Chloé.

3146. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Un peu plus tard, quand elle sait parler, elle entre en colère contre sa gouvernante qui, au bord d’un étang, prétend l’empêcher de monter sur un cygne ; car Sibylle voulait absolument chevaucher l’un des cygnes qui voguaient sur la pièce d’eau, et faire ainsi le tour de l’étang. […] Je sais qu’il y a en tout ceci bien du jeu, que l’art est une chose fort différente de la nature, que ce qui s’appelle roman en particulier est fait pour plaire et amuser à tout prix, et le plus souvent moyennant illusion : je ne voudrais pourtant pas qu’on y mentît par trop, qu’on y donnât des idées par trop fausses et chimériques. et j’ai présent à l’esprit en ce moment la boutade d’un moraliste un peu misanthrope, qui écrivait pour lui seul après la lecture de quelqu’un de ces romans à la Sibylle ou à la Scudéry : « Quand je me reporte en idée aux débuts de l’espèce humaine sur cette terre, à cette longue vie sauvage dans les forêts, à ces siècles de misère et de dureté de l’âge de pierre qui précéda l’âge de bronze et l’âge même de fer ; quand je vois, avant l’arrivée même des Celtes, les habitants des Gaules, nos ancêtres les plus anciens, rabougris, affamés et anthropophages à leurs jours de fête le long des fleuves, dans le creux des rochers ou dans les rares clairières ; — puis, quand je me transporte à l’autre extrémité de la civilisation raffinée, dans le salon de l’hôtel de Rambouillet ou des précieuses spiritualistes de nos jours, chez Mme de Longneville ou chez Mme de…, où l’on parle comme si l’on était descendu de la race des anges, je me dis : L’humanité n’est qu’une parvenue qui rougit de ses origines et qui les renie.

3147. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite et fin.) »

» Monik répondit alors à l’oiseau qui lui parlait de la sorte : « Ne crains rien, l’eau troublée sans tarder redevient claire et limpide ; Mais hélas ! […] Eugène Vermersch aux sonnets printaniers d’Avril, mai, juin, de deux jeunes anonymes. — C’eût été peut-être une indiscrétion à moi, mais qu’on aurait excusée, de parler encore d’un petit recueil, d’une plaquette qui ne porte que ce titre unique ΨΥΧΗ (Ame), et dont la poésie naturelle, coulant de source, a quelque chose de la fraîcheur d’une fontaine rustique.

3148. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre onzième. »

« Ce que contiennent les Maximes, dit-il, n’est autre chose que l’abrégé d’une morale conforme aux pensées de plusieurs Pères de l’Église, et l’auteur a pensé qu’il lui était permis de parler de l’homme comme les Pères en ont parlé. » Et il ajoute : « L’auteur de ces réflexions n’a considéré les hommes que dans cet état déplorable de la nature corrompue par le péché. » Il n’y a pas, en effet, dans les Maximes, un soupçon ni une insinuation contre la nature humaine qu’on ne trouve non seulement dans les Pères, mais dans les grands prédicateurs du temps.

3149. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre V. Premiers aphorismes de Jésus. — Ses idées d’un Dieu Père et d’une religion pure  Premiers disciples. »

Jésus n’a pas de visions ; Dieu ne lui parle pas comme à quelqu’un hors de lui ; Dieu est en lui ; il se sent avec Dieu, et il tire de son cœur ce qu’il dit de son Père. […] Il ne parlait pas contre la loi mosaïque, mais il est clair qu’il en voyait l’insuffisance, et il le laissait entendre.

3150. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Parlons d’elle ici plus qu’elle ne l’a fait elle-même. […] Elle ne parlait jamais des choses pénibles et saignantes de sa jeunesse, sinon à très peu de personnes de son intimité.

3151. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Ce serait ici le cas, si j’avais quelque compétence pour cela, de parler de lui comme physicien et de bien marquer sa place et, en quelque sorte, son niveau entre les grands noms. […] Il est dans l’Assemblée le chef de l’opposition, c’est-à-dire qu’il continue d’y parler pour les intérêts de la population contre les privilèges des propriétaires, fils de Penn, représentés par le gouverneur.

3152. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « J. K. Huysmans » pp. 186-212

Il n’est personne, parmi les romanciers, qui connaisse mieux Paris dans ses banlieues, ses quartiers excentriques, ses lieux de plaisir et de travail, dans ses aspects changeants de toutes heures, qui sache mieux les intérieurs divers des myriades de maisons parmi lesquelles serpentent ou s’alignent ses rues, qui porte mieux enregistrés dans son cerveau, les physionomies, la démarche, la tournure, les gestes, la voix, le parler, de ses catégories superposées d’habitants. […] Huysmans est seul à posséder, l’art de rendre véridiquement la conversation, d’écrire en style parlé les dires d’un concierge, ou les bavardages de deux artistes ; assurément le réalisme de M. 

3153. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai Nous n’avons qu’une certaine mesure de sagacité. […] Tes personnages sont muets, si tu veux ; mais ils font que je me parle et que je m’entretiens avec moi-même.

3154. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

À parler rigoureusement, dans l’état actuel de nos connaissances, la question ainsi posée ne saurait recevoir de solution catégorique. […] Il est vrai que les psychologues parlent parfois des lois de l’association des idées, comme si elles étaient les mêmes pour toutes les espèces de représentations individuelles.

3155. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre II. Marche progressive de l’esprit humain » pp. 41-66

Et, comme rien ne peut être abandonné à des chances contingentes, nous serons bien obligés d’admettre une direction constante et immédiate, au moins pour les peuples dont nous parlons. […] Ils parlent en leur propre nom, au lieu d’invoquer les muses, c’est-à-dire le génie des traditions.

3156. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Nous venons de parler des intransigeants de la poésie dont M.  […] Le seul inconvénient du Symbolisme, c’est qu’il réclame, de la part de ses adeptes, un talent spécial, cette sorte d’aptitude à « l’évolution rythmique » dont il vient d’être parlé.

3157. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VII : Théorie de la raison par M. Cousin »

Vous dites vrai, si vous parlez du rapport. Vous dites faux, si vous parlez des termes.

3158. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

Ce plaisir, nous devons le dire, a été mêlé de regret pour une nombreuse partie de l’auditoire ; on écoutait, on saisissait quelques mots, on sentait que quantité de choses justes, délicates et fines passaient tout près de là ; on les devinait au sourire même de celui qui parlait, et à la satisfaction de tous ceux qui se trouvaient assez voisins pour en jouir ; on était bien sûr de ne pas se tromper en joignant ses applaudissements aux leurs, mais on éprouvait, en réalité, un peu du supplice de Tantale.

3159. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVI » pp. 64-69

Nous (la Revue suisse) n’avons pas à le juger politiquement ; mais, à entendre dans cette bouche éloquente ce torrent de magnifiques paroles en sens tout contraire au courant d’hier, nous nous sommes rappelé involontairement ces vers d’Homère (Hiade, XX, c’est Énée qui parle) : « La langue des hommes est flexible, et elle a toutes sortes de discours — de toutes les couleurs, — et le pâturage des paroles s’étend çà et là. » Le noble Pégase a déjà parcouru en bien des sens le pâturage immense, tant sur la rive droite que sur la rive gauche, depuis le jour où d’un coup de son ongle sonore il faisait jaillir au début l’ode sur le duc de Bordeaux : Il est né l’Enfant du miracle.

3160. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXVIII » pp. 158-163

Janin dans son feuilleton (du lundi 18) en a parlé avec une légèreté scandaleuse, en prodiguant l’insulte à l’un des hommes les plus distingués de la littérature d’alors.

3161. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

1830 Ce Diorama, dont il a été déjà parlé ici86, renferme la vue d’une rue de Rouen, par M.

3162. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires sur Voltaire. et sur ses ouvrages, par Longchamp et Wagnière, ses secrétaires. »

Mais il n’est pas moins vrai non plus que si une foule de choses intimes et véritablement inappréciables nous sont là dévoilées, que s’il nous est raconté par exemple de quelle façon la marquise du Châtelet faisait sa toilette, ou, pour parler tout grossièrement, passait sa chemise devant ses gens, dans quel embarras se trouva un jour M. 

3163. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

Ce fut un beau jour pour lui que celui où la liberté des cultes fut proclamée ; ce jour-là, il parla longuement et gravement ; ses paroles furent dignes et contenues ; elles devaient retentir bien haut dans sa bouche, et y recevoir une signification bien profonde pour qui savait que le malheur avait passé par là.

3164. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur : Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome III. »

Celui de tous qui semble lui avoir laissé de plus chers souvenirs est le célèbre prince de Ligne, si étonnant par ses saillies, ses impromptus, et les grâces intarissables de ses lettres et de sa conversation, L’on devine et l’on sent presque revivre sous la plume de M. de Ségur l’attrait de ces causeries brillantes et superficielles dont le seul but était de plaire, où l’on parlait de tout sans prétendre rien prouver, où l’on posait tour à tour, avec une érudition finement moqueuse ou adulatrice, de la France à l’Attique, de l’Angle ferre à Carthage, de l’empire de Cyrus à celui de Catherine.

3165. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre premier. Idée générale de la seconde Partie » pp. 406-413

Toutes les fois que je parle des modifications et des améliorations que l’on peut espérer dans la littérature française, je suppose toujours l’existence et la durée de la liberté et de l’égalité politique.

3166. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bornier, Henri de (1825-1901) »

L’amour de la patrie est ici l’âme même et comme la respiration de l’œuvre… Ce qui manque dans la Fille de Roland, ce ne sont pas précisément les beaux vers (tous ceux qui devaient jaillir des situations, M. de Bornier les a trouvés) ; ce qui manque, ce sont les nappes largement épandues et tour à tour les retentissantes cataractes d’alexandrins des Burgraves ; c’est l’abondance jamais épuisée et l’éclat souverain des images, le lyrisme et le pittoresque énorme, et comme la gesticulation d’armures ; c’est la longueur de l’haleine épique, le jaillissement continu du verbe et, pour ainsi parler, l’incapacité d’être essoufflé ; c’est ce qui fait enfin que, quoi qu’on en puisse dire et quoi que j’en aie dit moi-même, Victor Hugo est dieu.

3167. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupont, Pierre (1821-1870) »

Quand il parle du bœuf et de l’âne, il s’inspire lui-même des pensées naïves qu’il prête à ses paysans de la nuit de Noël, au retour de la messe de minuit.

3168. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une petite revue ésotérique » pp. 111-116

“Le commerce avec les grands morts, la méditation des livres testamentaires de la puissance magique… la force de toute force c’est l’adhésion au plan divin.” » Il est impossible de parler en détail de toutes les autres petites revues qui pullulaient à cette époque.

3169. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VI »

Je parlerai des mots étrangers dans un autre chapitre.

3170. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « La course à la mort » pp. 214-219

On n’en parle guère et cependant cette œuvre est encore un indice, à l’heure actuelle, de l’état d’esprit d’une partie des jeunes gens, de leurs vœux artistiques et du but auquel ils vont.

3171. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVIII. Des Livres sur l’Art Militaire & sur les sciences qui y ont rapport. » pp. 370-378

Le plus connu est le Polybe du Chevalier de Folard dont nous parlerons ailleurs.

3172. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 19, qu’il faut attribuer aux variations de l’air dans le même païs la difference qui s’y remarque entre le génie de ses habitans en des siecles differens » pp. 305-312

Est-ce d’aujourd’hui que les peres et les meres choïent trop leurs enfans, et les enfans de toute condition n’étoient-ils pas élevez par leurs parens dans les tems dont je parle, ainsi que le sont ceux d’aujourd’hui ?

3173. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Bathild Bouniol »

L’image, qui presque partout (et même en philosophie) a culbuté l’idée, l’image, dans ce poète dépaysé, n’a ni la puissance ni l’imprévu qui nous enlèvent ; on la connaît, on l’a déjà vue… Enfin, ce rhythme dont nous parlions tout à l’heure, et qui est d’un travail si agencé et si merveilleux sous la plume de Gramont, cette guirlande flexible et forte que tout poète moderne semble tenu d’enlacer et de sertir autour de sa pensée, tant les travaux sur le rhythme et la langue du mètre ont été multipliés en ces derniers temps, Bouniol, s’il ne le dédaigne, semble l’oublier ; et c’est ainsi qu’il se présente tout d’abord, modeste et hardi, dans son livre, dénué des trois forces de la poésie telle que l’Imagination l’aime et la veut au xixe  siècle.

3174. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Charles Barbara » pp. 183-188

Nous parlions plus haut de l’énorme place qu’occupe déjà le roman dans la littérature moderne et de la difficulté de l’écrire d’une manière nouvelle et piquante.

3175. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — III »

Je remarque avec tout le monde que Drumont parle le plus possible aux reporters de sa petite maison de Soissy.

3176. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre V. Observations philosophiques devant servir à la découverte du véritable Homère » pp. 268-273

. — C’était encore une nécessité que les premières nations parlassent en vers héroïques (livre II, page 158). — 15.

3177. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Jules Sandeau » pp. 322-326

Sandeau avait parlé du roman avec modestie pour son propre compte, mais avec une sorte de fierté pour le genre : il avait eu le bon goût de paraître étonné et confus d’être le premier romancier proprement dit appelé à l’honneur de siéger à l’Académie, lorsqu’autrefois ni Le Sage ni l’abbé Prévost n’y avaient été admis, et que, de nos jours, M. de Balzac et d’autres encore avaient brillé par leur absence.

3178. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Appendice] » pp. 417-422

» Chez les morts, sans cérémonie, On se parle ainsi brusquement, Et dès qu’on sort de cette vie On ne fait plus de compliment.

3179. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLV » pp. 176-182

M. de Ravignan n’arrivera pas à prouver que les jésuites soient une bonne chose en France ; mais il forcera ceux qui parlent en conscience à y regarder à deux fois et à distinguer ce qui est respectable.

3180. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

La pièce suivante nous a paru l’une des plus heureusement reproduites ; c’est le Tombeau du Klephte : Le soleil se couchait ; Dimas parle, il ordonne : — « Enfants, apportez l’eau pour le repas du soir.

3181. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

Il lui échappe, ce nous semble, de parler trop lestement des siens.

3182. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

Puis, faites attention que l’aptitude aux sciences mathématiques et physiques (je parle d’une aptitude moyenne et je connais d’ailleurs les exceptions) est la faculté qui témoigne le moins sûrement en faveur des autres dons de l’esprit et qui s’allie le mieux avec la médiocrité sur tout le reste.

3183. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

On le conduisit à Charlemagne — je parle du lycée — où il acheva ses études sous la férule enguirlandée de M. 

3184. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

Je n’ai parlé jusqu’ici que des effets littéraires de la littérature : mais elle en a d’autres qu’on ne saurait oublier.

3185. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Liste des écrivains » pp. 581-598

Liste des écrivains Dont on a parlé dans ce Volume.

3186. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

Costar lui tient les propos les plus offensans & les plus ridicules, ne lui parle que « de l’accabler à coups de langue & de plume, de faire revenir l’usage de cet ancien tems, où de jeunes Romains de condition se promenoient par les rues tout le long du jour, cachant sous leurs robes de longs fouets pour châtier l’insolence de ceux qui n’approuvoient pas le poëte Lucilius, s’ils étoient assez malheureux que de se rencontrer en leur chemin ».

3187. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

Dans les jardins d’Alcinoüs, il fait couler des fontaines et fleurir des arbres utiles ; il parle ailleurs de la colline battue des vents et couverte de figuiers , et il représente la fumée des palais de Circé s’élevant au-dessus d’une forêt de chênes.

3188. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 44, que les poëmes dramatiques purgent les passions » pp. 435-443

L’auteur dont je parle, expose ce mistere d’iniquité sur la scene comique, sans le rendre plus odieux que Terence cherche à rendre odieux les tours de jeunesse des eschines et des pamphiles, que le boüillant de l’âge précipite malgré leurs remords dans des foiblesses que le monde excuse, et dont les peres eux-mêmes ne sont pas toûjours aussi desesperez qu’ils le disent.

3189. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Comme les personnes dont je parle, destinées pour être la pepiniere des artisans médiocres, n’ont pas les yeux ouverts par le génie, notre imitateur ne sçauroit appercevoir dans la nature même ce qu’il y faut choisir pour l’imiter.

3190. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ii »

On parle du lendemain, de l’attaque, de la vie, de la mort, du bon Dieu, et l’on se sépare après avoir fait ensemble la prière du soir. » (Bulletin de l’Association de la jeunesse catholique française.)

3191. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Argument » pp. 93-99

Les premiers hommes ont dû parler successivement trois langues, l’hiéroglyphique, la symbolique et la vulgaire.

3192. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

Te souviens-tu que je me comparais à Monique pleurant sur Augustin, quand nous parlions de mes afflictions pour ton âme, cette chère âme dans l’erreur ? […] J’allais cesser de le faire, il y avait trop d’amertume à lui parler dans la tombe ; mais puisque vous êtes là, frère vivant, et avez plaisir de m’entendre, je continue ma causerie intime ; je rattache à vous ce qui restait là, tombé brisé par la mort. […] ” où nous parlâmes tant de sa vie ; — la soirée, le bal où je dansai pour la première et dernière fois.

3193. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Prenant en outre les patois de l’ancienne France pour des dialectes, il conseilla d’y faire des emprunts des mots les plus significatifs, « sans se soucier, disait-il si les vocables sont gascons, poitevins, normands, manceaux, lyonnais, ou d’autres pays pourvu qu’ils signifient ce que l’on veut dire96. » Et toutefois, par une contradiction honorable, il reconnaissait le principe de l’unité du langage : « Aujourd’huy, disait-il, pour ce que nostre France n’obéist qu’à un seul roy, nous sommes contraints, si nous voulons parvenir à quelque honneur, de parler son langage97. » Ronsard ne suivit pas cette vue, qui était juste. […] Des hommes du plus grand savoir, un cardinal Duperron, fort bon écrivain lui-même dans les matières de théologie, le louaient, mort, « d’avoir annoncé et exposé aux hommes de sa nation les mystères de la poésie ; d’avoir fait parler le premier la muse en françois, et le premier estendu la gloire de nos paroles et les limites de notre langue109. » Ôtez la double exagération de l’oraison funèbre, et de l’éloge dans la bouche d’un contemporain, c’est avoir au moins du bonheur que de donner cette idée à sa nation, et de la laisser, en mourant, pleine de cette estime et de cette ambition pour sa langue110. […] Sainte-Beuve, dans son Histoire de la poésie au xvie  siècle, a parlé en détail, avec beaucoup de précision et de savoir ingénieux, des perfectionnements matériels que Ronsard a opérés dans la langue poétique.

3194. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

. — « Ainsi que dans la Fantastique, un thème principal (c’est Berlioz lui-même qui parle) se reproduit dans l’œuvre entière, mais avec cette différence que, là-bas, l’« Idée fixe » s’interpose obstinément, comme une idée passionnée épisodique, au milieu des scènes qui lui sont étrangères et leur fait diversion, tandis que le chant d’Harold se superpose aux autres thèmes de l’orchestre, avec lesquels il contraste par son mouvement et son caractère, sans en interrompre le développement. […] Les souvenirs des scènes précédentes, d’un si bel effet, dans ce morceau peuvent être considérés comme un pastiche du fameux épisode du Final de la neuvième, dont je viens de parler ; Franz Liszt les a splendidement caractérisés et interprétés, comme du reste le rôle entier du motif de l’alto, dans sa célèbre analyse de « Harold »60. […] Qu’on lise tels airs de Richard cœur de Lion, « Je crains de lui parler la nuit … » « La danse n’est pas ce que j’aime … » les notes y ont la précision merveilleuse de mots ; et puis c’est un âge délicat et léger qui s’épand, tandis que sont inquiètement dandinées les phrases douces.

3195. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre premier. La perception extérieure et les idées dont se compose l’idée de corps » pp. 69-122

Je ne parle pas seulement de celles qui proviennent des sensations purement subjectives ; il est trop clair qu’ici l’objet apparent se distingue de l’objet réel, puisque l’objet réel n’est pas. Je parle de celles qui proviennent de sensations mal interprétées ; en ce cas, il y a un objet réel, mais il diffère de l’objet apparent. […] Dans presque tous les couples que nous rencontrons dans la nature, les deux termes liés à titre d’antécédent et de conséquent ne sont pas des sensations, mais ces groupes dont nous parlions ; une très petite portion de chaque groupe est sensation actuelle ; sa plus grande portion consiste en possibilités permanentes de sensation, possibilités qui nous sont attestées par un nombre petit et variable de sensations actuellement présentes. […] Aujourd’hui, nous l’avons ramené à un minimum ; nous avons supprimé jusqu’aux derniers vestiges de l’erreur primitive ; nous ne croyons plus qu’il y ait dans les corps bruts des attractions, des répulsions, des efforts taillés sur le patron des états moraux que chez nous nous désignons par ces mots quand nous parlons ainsi, nous savons que c’est par à peu près et par métaphore.

3196. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Je sortis immédiatement derrière elle ; je n’eus cependant pas le courage de lui parler, je me bornai à la saluer ; elle me répondit par un léger signe de tête. » IX À une seconde réunion dans la même maison, les deux cousins de Gretchen prièrent Goethe d’écrire des vers amoureux au nom d’une jeune fille à un jeune homme qu’ils voulaient tromper par cette feinte déclaration d’amour. […] L’Esprit lui parle un langage lyrique comme les étoiles du firmament, mystérieux comme les sept sceaux de l’abîme. […] Et tu me pardonnes la liberté que j’ai prise de t’aborder et de te parler l’autre jour, au moment où tu sortais de l’église ? […] En tous lieux tous les cœurs que la clarté des cieux illumine parlent ainsi chacun dans sa langue ; pourquoi ne le ferais-je pas, moi, dans la mienne ?

3197. (1903) La renaissance classique pp. -

* S’il est une chose notoire en ce moment et, dans tous les cas, digne de remarque, c’est qu’un grand nombre de bons esprits se sentent de plus en plus attirés par les doctrines littéraires (pour ne pas parler de la politique) qui, sur la plupart des points, contredisent les doctrines du siècle précédent. […] Nous ne parlons pas évidemment ici des petits réalistes qui font leur besogne de scribes à peu près de la même façon à toutes les époques. […] Diderot s’emportait avec raison contre la peinture et la sculpture de son temps, qui versaient dans les rébus allégoriques et ne savaient plus parler leur langue propre. […] Pour cette besogne, nous ferons appel de nouveau et toujours à cet instinct de choix qui est l’instinct classique par excellence : nous ne pouvons plus nous permettre d’innovations verbales, à moins de parler un idiome inintelligible ou intelligible pour nous seuls, oubliant, comme les décadents, que la langue, produit de la collaboration de tous, est le premier lien social.

3198. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

J’ignore si en effet cette comparaison dont parle Léopold Robert a pu froisser un instant l’illustre artiste qui avait le sentiment de sa valeur, de sa force, et le secret de cette fécondité croissante que se réservait sa maturité sans vieillesse, fécondité qui a si peu perdu pour attendre et qui éclate aujourd’hui à tous les yeux. […] Il veut introduire dans ses tableaux de la pensée et de ce qui donne à réfléchir ; il n’est pas pour la peinture qui parle moins au cœur qu’aux yeux.

3199. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Et pour ne parler que de la paix de Lunéville et de ce qui a suivi, n’est-ce donc rien que d’avoir si efficacement préludé à la délivrance de l’Italie, d’avoir préparé, à l’abri d’une royauté hasardée, mais provisoirement tutélaire, cette unité, cette résurrection politique d’une nation ? […] Armand Lefebvre, et je le laisse parler ; on est en 1806, au lendemain de la paix de Presbourg : « Dans la terrible situation que nous ont faite nos fautes (à la paix de Lunéville), les violences de nos ennemis et nos désastres maritimes (Trafalgar), nous sommes jetés en dehors des voies de la politique régulière.

3200. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Je paye un tribut personnel de reconnaissance en saisissant l’occasion d’en parler. […] Il y avait vingt-cinq ans qu’il n’avait mangé de pain, ni bu de vin ; Malouet lui fit faire un bon repas qui réveilla ses souvenirs : « Il me parla de la perruque noire de Louis xiv, qu’il appelait un beau et grand prince, de l’air martial du maréchal de Villars, de la contenance modeste du maréchal de Gatinat, de la bonté de Fénelon, à la porte duquel il avait monté la garde à Cambrai.

3201. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

La Fontaine lisait beaucoup, non-seulement les modernes Italiens et Gaulois, mais les anciens, dans les textes ou en traduction : il s’en glorifie à tout propos : Térence est dans mes mains, je m’instruis dans Horace ; Homère et son rival sont mes dieux du Parnasse ; Je le dis aux rochers, etc… Je chéris l’Arioste et j’estime le Tasse ; Plein de Machiavel, entêté de Bocace, J’en parle si souvent qu’on en est étourdi ; J’en lis qui sont du nord et qui sont du midi. […] J’en ai aussi parlé en ce sens dans le Tableau de la Poésie française au xvie siècle.

3202. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

Cicéron, dans ses Offices, parle du décorum, c’est-à-dire, des formes extérieures de la vertu, comme faisant partie de la vertu même ; il enseigne, comme un devoir de morale, les divers moyens d’imposer le respect, par la pureté du langage, par l’élégance de la prononciation. […] Avant Ennius, les Romains possédaient des orateurs célèbres, dont Cicéron parle avec admiration, les Gracques, les Appius, etc.

3203. (1890) L’avenir de la science « V »

À l’instant, la langue s’altère, on ne parle plus pour tout le monde, on affecte les formes mystiques, une part de superstition et de crédulité apparaît tout d’un coup, on ne sait d’où, dans les doctrines qui semblaient les plus rationnelles, la rêverie se mêle à la science dans un indiscernable tissu. […] Je parle surtout ici de la France.

3204. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Au reste, à notre place nous laisserons parler ici un meilleur juge. […] Laissons parler maintenant M. 

3205. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Déjà, en 1832, un romancier, oublié maintenant et qui valait mieux que beaucoup de ceux dont on parle, Horace de Vielcastel, impatienté de voir le faubourg Saint-Germain, dont il était, donner sa démission de l’action politique et se refuser à devenir le parti tory de la France, après en avoir été le parti jacobite, voulut nous en faire une forte peinture dans des romans qui portèrent hardiment ce nom. […] En ces romans de Μ. de Vielcastel, qui avaient la prétention d’être des livres de caste et des satires de cette caste, ce qui devait affiler le trait et exaspérer la couleur, on parlait identiquement la même langue mondaine que le roman de Feuillet, et on y rencontrait les mêmes inanités que dans la chronique de Bachaumont.

3206. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Ses traits, ses bras, son corps, tout parlait. […] L’endroit et la circonstance demandaient un lieu commun officiel et banal ; il parla d’un ton passionné et sincère.

3207. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

Nous causerons, et, s’il se dit quelque chose d’utile, vous en ferez ce qu’il vous plaira. » Le soir venu, il me prit la main avec sa grâce ordinaire, m’installa dans un fauteuil, me versa du thé, m’avertit d’en boire beaucoup, disant qu’il voulait me tenir éveillé, qu’il en avait besoin, qu’il allait faire le professeur, que c’était la première fois de sa vie, et que d’avance il m’en demandait pardon. « Je ne vous parlerai que d’analyse. […] Portez-la dans le monde moral ; essayez de vous entendre quand vous parlez de la destinée d’un peuple, du génie d’une nation, des forces vives de la société, de l’influence d’un climat ou d’un siècle, de l’expansion d’une race, de la puissance des anciennes institutions.

3208. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Il se tait volontiers et laisse parler les gens qui sont avec lui ; il est extrêmement tolérant, patient même, ne cherchant point à prendre le premier rôle ni à imposer ses idées. […] Lorsqu’il parle, il bégaye d’abord et répète plusieurs fois les mêmes mots ; ses phrases sont embarrassées ; il ne regarde pas son interlocuteur en face ; il ressemble à ces oiseaux aux grandes ailes qui ont peine à prendre leur vol. 

3209. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Rêves et réalités, par Mme M. B. (Blanchecotte), ouvrière et poète. » pp. 327-332

afin qu’on ne regarde pas Si je me sens troublée auprès d’un front limpide, Et sombre auprès de cœurs qui se parlent tout bas.

3210. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires du marquis d’Argenson, ministre sous Louis XV »

Mais il y a un certain charme à louer les hommes honnêtes et utiles ; si ces hommes ont été puissants en restant bons, il y a devoir à le faire ; et quant à celui dont nous parlons, la postérité & tous ces titres lui doit bien un ressouvenir.

3211. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

Si l’on parle d’Anacréon, même aux gens les moins lettrés, tout le monde le connaît : c’est un vieillard à barbe longue et blanche, qui passe sa vie sous des platanes, la tête couronnée de roses, la coupe en main, et au milieu de jeunes esclaves d’Ionie.

3212. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Malaise moral. » pp. 176-183

* * * Mais, pour que notre gouvernement parlât ainsi, il fallait qu’il y fût encouragé par quelque grand mouvement d’opinion publique.

3213. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Moréas, Jean (1856-1910) »

Il y montra plus de curiosité d’art et de goût de forme que d’esprit critique et de philosophie… Son livre, son Pèlerin passionné, vaut qu’on en parle, d’abord parce qu’on y trouve çà et là de l’aimable et même de l’exquis… Pour ma part, la prosodie de M. 

3214. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Lutèce » pp. 28-35

Il lui fallait renoncer au boudoir de satin rose, aux sphinx qui parlent, aux tortues incrustées, aux ameublements suggestifs, mais il lui restait les parfums, l’orgue de bouche, les dentistes, les lupanars… et les lectures décadentes.

3215. (1887) Discours et conférences « Appendice à la précédente conférence »

Pour parler franchement, je doute un peu qu’ils le fassent.

3216. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre premier. Impossibilité de s’en tenir à l’étude de quelques grandes œuvres » pp. 108-111

Moi seul je tirerai de l’autre côté, et je vous amènerai tous à moi, même avec la mer et la terre, si telle est ma volonté. » C’était parler en souverain du monde.

3217. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

L’ami de Quanto (le roi) en parlait comme de sa première ou seconde amie : il lui avait envoyé un illustre (Le Nôtre) pour rendre sa maison admirablement belle.

3218. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 181-190

M. de Voltaire, si en état d’en sentir le prix, auroit dû en parler avec plus d’égards ; par-là il se seroit épargné le blâme du ridicule qu’il a cherché à répandre sur cet illustre Métaphysicien.

3219. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Il faut prévenir pourtant le public que presque tous les faits & toutes les anecdotes rapportées par les deux écrivains, se trouvent dans le Dictionnaire historique, ou histoire abrégée des hommes qui se sont fait un nom par le génie, les talens, les vertus, les erreurs, &c. dont nous avons parlé dans l’alinéa précédent.

3220. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième faculté d’une Université. Faculté de droit. » pp. 506-510

Je vais anticiper ici sur la police des écoles, dont je me suis proposé de parler séparément.

3221. (1761) Salon de 1761 « Peinture — M. Pierre » pp. 122-126

Mais je n’ai parlé que de l’ordonnance du tableau, que du site, que du paysage, que du local ; mais qui est-ce qui imaginera le caractère et la tête de Paris ?

3222. (1767) Salon de 1767 « Peintures — [autres peintres] » pp. 317-320

Je ne parle pas de celle qui dit son rosaire, qui fait de sa cour un couvent, et qui n’est pourtant pas une petite femme ; mais de celle qui donne des lois à son pays qui n’en avait point ; qui appelle autour d’elle les sciences et les arts, qui fonde les établissemens les plus utiles, qui a su se faire considérer dans toutes les cours de l’Europe, contenir les unes, dominer les autres, qui finira par amener le polonais fanatique à la tolérance ; qui aurait pu ouvrir la porte de son empire à cinquante mille polonais, et qui a mieux aimé avoir cinquante mille sujets en Pologne ; car vous le savez tout aussi bien que moi, mon ami, ces dissidens persécutés deviendront persécuteurs, lorsqu’ils seront les plus forts, et n’en seront pas moins alors protégés par les russes.

3223. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 3, que le merite principal des poëmes et des tableaux consiste à imiter les objets qui auroient excité en nous des passions réelles. Les passions que ces imitations font naître en nous ne sont que superficielles » pp. 25-33

On peut même penser que le berger visionnaire dont je viens de parler, n’auroit jamais pris ni pannetiere, ni houlette sans quelque bergere qu’il voïoit tous les jours ; il est vrai seulement que sa passion n’auroit pas produit des effets aussi bizarres, si, pour me servir de cette expression, elle n’eût été entée sur les chimeres dont la lecture de l’Astrée avoit rempli son imagination.

3224. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 4, objection contre la proposition précedente, et réponse à l’objection » pp. 35-43

Quand je dis le hazard, j’entens chaque occasion prise en particulier, car ces occasions se présentent si fréquemment, qu’il faut que le hazard qui en fait profiter l’enfant dont je parle, arrive un peu plus-tôt ou un peu plus tard.

3225. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVIII. La bague aux souhaits »

La guinnârou a ainsi parlé au chien sans qu’Ahmed sache rien de ce qui s’est passé.

3226. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Renan — II »

Renan d’ironie, alors qu’il parlait le plus gravement du monde.‌

3227. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VI »

Donc, si nous parlions d’autre chose ?‌

3228. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre I. Définition des idées égalitaires »

Puisque nous voulons la soumettre à une étude aussi objective qu’il est possible, il semble que nous devrions, pour la définir, laisser parler « les faits » : de la confrontation des principes qui dirigent les différentes sociétés égalitaires son essence devrait, en quelque sorte, jaillir toute seule. — Mais à quels signes reconnaîtrons-nous ces sociétés égalitaires si nous n’avons établi, au préalable, ce qui est pour nous l’égalité ?

3229. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

Dans ce grand silence, et parmi ces comparses monotones, voici un maître qui s’avance et qui parle. […] L’un d’eux, professeur de grec, a parlé si profondément de l’inspiration, de la création et des causes finales, qu’on l’a disgracié. […] En parlant de la classe entière, c’est-à-dire de tous les individus, j’ai parlé de chaque individu, et notamment du prince Albert, qui est l’un d’eux. Je ne dis donc rien de nouveau maintenant que j’en parle. […] Quand Mill dit que le contact du fer et de l’air humide produit la rouille, ou que la chaleur dilate les corps, il ne parle pas du lien mystérieux par lequel les métaphysiciens attachent la cause à l’effet.

3230. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome I

Nous pourrions vous parler d’autres moyens de dosage, mais j’aime mieux y revenir plus tard, si nous le trouvons nécessaire. […] Ces diverses circonstances seront très importantes à considérer plus tard, quand nous parlerons de la destruction du sucre dans l’organisme animal. […] Nous aurions encore à vous parler de l’action du système nerveux sur cette fonction, mais nous nous réservons de l’étudier plus tard, à propos des diabètes artificiels. […] Le fait que nous venons de vous montrer nous mène à vous parler d’une théorie qui suppose que la destruction du sucre s’opère par une oxydation dans les poumons. […] Nous reprenons maintenant l’histoire du sucre au point où nous l’avons laissée ; et nous allons vous parler de ses usages dans l’économie animale.

3231. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

. — L'autre jour un barbier rasait un pair de France ; on parlait du Juif Errant ; le barbier, grand admirateur des Mystères de Paris, et qui l’est bien moins des derniers feuilletons, s’écria : « C'est bien mauvais, je ne reconnais pas mon Sue.

3232. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXVI » pp. 256-263

Il a même emprunté à Millevoye ce trait malicieux qui termine une Épitre à un poëte amateur ; ce dernier avait demandé bonnement à Latouche une préface en vers pour mettre en tête de son recueil de poésies, et le malin introducteur mystificateur lui disait : Imprimez-les vos vers et qu’on n’en parle plus !

3233. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Patin a parlé à merveille sur sa tombe, bien qu’avec l’extrême indulgence qui est de rigueur en de tels moments.

3234. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Andrieux »

Nous serions peu à même d’en parler au long, les ayant trop inégalement entendus, et rien d’ailleurs n’en ayant été imprimé jusqu’ici.

3235. (1874) Premiers lundis. Tome II « Étienne Jay. Réception à l’Académie française. »

On parle pour la prochaine fois d’un homme politique encore, rien de mieux ; quelques-uns désignent M. 

3236. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 3. Causes générales de diversité littéraire. »

Mais de plus au moyen âge, l’Église a sa langue qui n’est pas la langue française : elle parle, elle écrit le latin ; du moins ne confie-t-elle au français que les moindres manifestations de sa pensée, les plus vulgaires ou qui avaient le plus besoin d’être vulgarisées.

3237. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

C’est Brahma qui parle : Le soleil est ma chair, le soleil est mon cœur,          Le cœur du ciel, mon cœur saignant qui vous fait vivre.        

3238. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Des avantages attachés à la profession de révolutionnaire. » pp. 200-207

* * * Et voici la merveille : en retour de ces avantages, l’esprit dont je parle n’impose à ceux qui en sont animés aucune vertu ni aucun sacrifice particulièrement difficile.

3239. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delavigne, Casimir (1793-1843) »

Édouard Fournier Tandis qu’il multipliait au grand jour, en s’en faisant gloire, les éditions de ses Messéniennes, si peu lisibles aujourd’hui, avec leur versification de l’Empire, où la phraséologie du rhéteur parle plus haut que le cœur du patriote, il cachait obscurément dans un recueil son admirable ballade l’Âme du Purgatoire ; dans le coin d’une note, sa romance de la Brigantine où Mme Pauline Duchambge la découvrit pour la mettre en musique ; et je ne sais où, son adorable pièce de Néra, que Scudo ramassait de même pour y appliquer une de ses plus pures mélodies.

3240. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Desbordes-Valmore, Marceline (1786-1859) »

D’autres ont parlé dans leurs vers de Dieu, de Jésus-Christ et des anges, mais à titre de poésie, sans conséquence mauvaise ni bonne ; et cela même était triste.

3241. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fort, Paul (1872-1960) »

René Boylesve Celui qui, à mon sens, a le mieux parlé de Paul Fort, c’est Henry Ghéon, qui l’a comparé à nos cathédrales gothiques.

3242. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VII. Le théâtre français contemporain des Gelosi » pp. 119-127

Ce fut la fin de la farce de ces beaux jeux, mais non de ceux que voulurent jouer, après, les conseillers des aides, commissaires et sergents, lesquels, se prétendant injuriés, se joignirent ensemble et envoyèrent en prison MM. les joueurs ; mais ils furent mis dehors le jour même, par exprès commandement du roi, qui appela les autres sots, disant Sa Majesté que, s’il fallait parler d’intérêt, il en avait reçu plus qu’eux tous, mais qu’il leur avait pardonné et pardonnerait de bon cœur, d’autant qu’ils l’avaient fait rire jusqu’aux larmes.

3243. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « La réforme prosodique » pp. 120-128

que ton joug est pesant, disent-ils… Parle !

3244. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Le roman dont je veux parler ici était L’Astrée du marquis d’Urfé.

3245. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre Premier »

Ils sont mal formés ; on n’a pas tenu compte, en les transposant, des modifications spontanées que la prononciation leur aurait fait subir si le peuple les avait connus et parlés ; on les jeta brutalement dans la langue, sans écouter aucun des conseils de l’analogie et on infesta ainsi le français de la finale action, qui peu à peu a détruit le pouvoir de aison, finale normale, moins lourde et plus définitive.

3246. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

On entend tous les jours, à propos de productions littéraires, parler de la dignité de tel genre, des convenances de tel autre, des limites de celui-ci, des latitudes de celui-là ; la tragédie interdit ce que le roman permet ; la chanson tolère ce que l’ode défend, etc.

3247. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Malherbe, avec différens auteurs. » pp. 148-156

On ajoute que, son confesseur lui représentant le bonheur de l’autre vie avec des expressions basses & peu correctes, Malherbe l’interrompit, en lui disant : Ne m’en parlez plus, votre mauvais stile m’en dégoûteroit.

3248. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « V »

Mais parlons bien ; qu’est-ce que cela prouve ?

3249. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

Nous avons le droit de parler de saints français et de tradition catholique française, car la grâce ne détruit pas la nature, mais simplement la perfectionne en gardant ce qu’il y avait de bon dans l’individualité.

3250. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VI. Autres preuves tirées de la manière dont chaque forme de la société se combine avec la précédente. — Réfutation de Bodin » pp. 334-341

Mais les jurisconsultes romains avaient bien compris la loi royale dont nous parlons.

3251. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Je ne parle point de MM.  […] Ils étaient nés dans ces nuits de Paris dont parle Bonaparte, — nuits triomphales et furieuses, consacrées par Vénus elle-même, pour réparer, dans les orgies des noces, les sanglantes brèches de la Victoire. […] Il parlait à Dieu d’égal à égal ; il le traitait comme un ci-devant. […] Je voudrais vous parler des mêmes choses, mais non pas absolument dans le même sens ; et c’est parce que je trouve quelques contradictions entre vos premières colonnes et les dernières qu’une explication me paraît utile entre nous. […] Vous parlez d’Eschyle, oubliant que dans les républiques antiques une aristocratie régnait sur des esclaves.

3252. (1903) Articles de la Revue bleue (1903) pp. 175-627

Il en est à ce stade du « grand dégoût » dont parle Nietzsche. […] Je sais bien qu’il ne faut pas se faire illusion, et qu’une voix qui s’élève aujourd’hui pour parler d’art, parmi la rumeur affairée des hommes, est une bien faible voix. […] Enfin, puisque nous parlons de poésie, il n’est pas indifférent que le sentiment des quatre plus grands lyriques du xixe  siècle, aussi étrangers que possible l’un à l’autre, que Shelley, Goethe, Mickiewicz et Hugo, aient professé, à ce sujet, des opinions presque identiques. […] Mais je ne veux même pas envisager cette hypothèse ici, puisque je parle du moment présent, et que cette grave réforme, qui d’ailleurs n’est peut-être pas conforme au génie de la langue française, ne pourrait se concevoir comme possible que dans un temps assez lointain. […] Je veux parler de cette forme intermédiaire, mais non bâtarde, entre la prose et le vers, que l’on peut appeler le verbe euphonique ou eurythmique.

3253. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

C’est ainsi qu’il parlait de lui-même en des termes simples et réservés. […] Sans parler des meubles élégants, les murailles étaient revêtues de riches tapisseries de Flandre et décorées de plusieurs tableaux de sainteté ou de famille, dus au Titien, ce peintre favori de l’empereur et dont il avait même un jour, dit-on, ramassé le pinceau.

3254. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Nos célèbres historiens, Thiers, Lamartine, Michelet, Louis Blanc, avaient tour à tour parlé d’elle et fait entendre les accents de la patrie, de la poésie et de l’histoire. […] Mais ce n’était qu’un sentiment, non une passion, — non la passion véritable contre laquelle elle avait eu à lutter et dont elle parle en ses Mémoires comme d’une chose actuelle, disant de l’orage où elle vit et où elle se sent comme enveloppée qu’elle a besoin de toute la vigueur d’un pour sauver à peine l’âge mûr.

3255. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Grote, un premier Homère de l’Achilléide, un autre Homère d’une Iliade première et restreinte : puis est venu un Homère plus grand et plus ample, le véritable, les embrassant tous deux et les enserrant de son onde puissante comme le fleuve Océan ; puis il y a eu un autre Homère plus doux, plus apaisé, plus lent, plus pareil au soleil couchant dont parle Longin, l’Homère de l’Odyssée. […] Le juge Graham ici, et même tout Français que vous avez pu entendre, est lent en comparaison de lui, et ce qui est remarquable, c’est que, malgré cette précipitation, il parle fort distinctement.

3256. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Nous autres critiques qui, à défaut d’ouvrages, nous faisons souvent des questions (car c’est notre devoir comme aussi notre plaisir), nous nous demandons, ou, pour parler plus simplement, Messieurs, je me suis demandé quelquefois : Que serait-il arrivé si un poëte dramatique éminent de cette école que vous m’accorderez la permission de ne pas définir, mais que j’appellerai franchement l’école classique, si, au moment du plus grand assaut contraire et jusqu’au plus fort d’un entraînement qu’on jugera comme on le voudra, mais qui certainement a eu lieu, si, dis-je, ce poëte dramatique, en possession jusque-là de la faveur publique, avait résisté plutôt que cédé, s’il n’en avait tiré occasion et motif que pour remonter davantage à ses sources à lui, et redoubler de netteté dans la couleur, de simplicité dans les moyens, d’unité dans l’action, attentif à creuser de plus en plus, pour nous les rendre grandioses, ennoblies et dans l’austère attitude tragique, les passions vraies de la nature humaine ; si ce poëte n’avait usé du changement d’alentour que pour se modifier, lui, en ce sens-là, en ce sens unique, de plus en plus classique (dans la franche acception du mot), je me le suis demandé souvent, que serait-il arrivé ? […] Sa persévérance si remarquable et cette force réelle dont j’ai parlé consistaient plutôt à suivre sa ligne en tenant compte habilement des obstacles, et même à s’en faire au besoin des points d’appui, des occasions de diversité.

3257. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

il n’y était pas, il dut rester tout seul maintenant dans son cachot, les fers aux pieds et aux mains, pendant environ six semaines, jusqu’à ce que les chasses impériales en Bohême fussent closes, et que le duc fût rentré dans ses États pour écouter le rapport de son ministre sur l’affaire ; elle préoccupait tellement tout le duché depuis que les sbires avaient été sur le point de fusiller une jeune sposa pour son amant, qu’on ne parlait plus d’autre chose. […] Nous restâmes une partie de la matinée à parler tout bas ou à nous taire en nous regardant.

3258. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre I. La tragédie de Jodelle à Corneille »

« Je dis que les règles du théâtre ne sont pas fondées en autorité, mais en raison. » Celui qui parle ainsi est l’un des plus entêtés défenseurs des règles, c’est l’abbé d’Aubignac dans sa Pratique du théâtre 313. […] Et le développement de cette action, la suspension pathétique du dénouement vient de ce que chacun des deux amants trouve en lui-même un sentiment qui l’oblige à défaire ou retarder son bonheur, et de ce que chacun d’eux trouve aussi dans l’autre un sentiment qui s’oppose à sa volonté : chez tous les deux, la piété filiale combat l’amour ; et le devoir parle à Rodrigue quand Chimène n’a encore qu’à suivre son amour, à Chimène quand Rodrigue peut de nouveau écouter son amour.

3259. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Jalousés par l’Opéra, la Comédie-Française et les Italiens, qui ne s’entendirent jamais que contre eux, les théâtres des Foires Saint-Germain et Saint-Laurent furent vexés de mille façons, condamnés à ne pas chanter, ou à ne pas parler, ou à ne pas dialoguer, parfois fermés ou démolis, toujours fréquentés ; ils eurent leurs auteurs attitrés, diversement et inégalement illustres, Regnard, Lesage, Piron, Dominique, Vadé, Favart492. […] Après Destouches, il ne faut plus parler de la comédie de caractère.

3260. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

Les deux œuvres austères dont nous avons parlé, ne montrent pas toute la physionomie de Tocqueville. […] En lisant l’Imitation, tout enfant il avait « senti Dieu » : il resta toute sa vie un inspiré, et les livres qui parlèrent le plus à son cœur furent toujours les livres des voyants et des prophètes, l’Imitation, la Bible, les Mémoires de Luther ; même il sera tendre à Mme Guyon.

3261. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

Dans son éducation domestique à Bonnefons, le jeune d’Antin n’avait pas manqué d’apprendre par les gens de la maison, surtout par les femmes de chambre, l’aventure de sa mère : Comme elles comptaient que j’en profiterais, dit-il, et, par conséquent, qu’elles en auraient leur part, elles me parlaient toujours, à l’insu de mon père, du roi, de la Cour, des grands biens et fortunes qui m’attendaient. […] On parle souvent de la différence d’esprit qui règne entre les différents siècles.

3262. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

En résumé, et pour parler sans métaphore : Prendre le Laid de préférence au Beau ; quand on rencontre le Beau, en faire quelque chose de Laid, — voilà le procédé réaliste […] ) Pourtant, à franchement parler, cela ne me choque pas beaucoup… si je ne changeais rien ?

3263. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

La voix du sang — cette voix du sang dont le mélodrame a tant abusé — parle éloquemment au cœur des jeunes noirs, si l’on en croit le conte intitulé « L’épreuve de la paternité », où les fils adultérins, bien qu’ignorant leur origine réelle, font franchir délibérément à leurs chevaux le corps du mari de leur mère, alors que les véritables fils se refusent à cette épreuve, malgré tous leurs efforts pour obéir à l’ordre formel de leur père. […] On parle des pieds petits de S.

3264. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

Or, à l’exception de quelques poètes — exception partout — emportés par cette belle démence dont parle Shakespeare, et dont le génie traîne la volonté après soi, comme le cheval sauvage traîna Brunehault, la littérature désintéressée a toujours fort peu existé en Angleterre, dans ce pays de l’intérêt dont Bentham a théorisé les pratiques ; et Macaulay eut l’ambition de son pays. […] avec ces furieuses maladies anglaises dont je parlais au commencement de ce chapitre, et que n’aurait jamais eues le lumineux bon sens de Macaulay s’il était demeuré fidèle à ses naturelles facultés.

3265. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [M. de Latena, Étude de l’homme.] » pp. 523-526

La partie de l’ouvrage dans laquelle M. de Latena se montre le plus lui-même, et avec ses avantages, est celle où il a pied en terre et où il parle de ce monde où il a vécu, de ces sentiments moraux qu’il a éprouvés ou observés avec justesse et délicatesse.

3266. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Témoin des troubles civils de Lyon en 1834, Mme Valmore a pris part à tous ces malheurs avec le dévouement d’un poëte et d’une femme : Je me laisse entraîner où l’on entend des chaînes ; Je juge avec mes pleurs, j’absous avec mes peines ; J’élève mon cœur veuf au Dieu des malheureux ; C’est mon seul droit au ciel, et j’y frappe pour eux Elle frappa à d’autres portes encore ; et son humble voix, enhardie dès qu’il le fallut, rencontra des cœurs dignes de l’entendre quand elle parla d’amnistie.

3267. (1874) Premiers lundis. Tome I « M.A. Thiers : Histoire de la Révolution française Ve et VIe volumes — I »

Jusque-là, les mesures avaient été unanimes et spontanées, du moins de la part de la Convention ; Cambon avait parlé comme Saint-Just, et Danton comme Robespierre.

3268. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. L’Angleterre en 1688 et la France en 1830 »

Mais, si on allait plus avant, si on parlait de ces similitudes extérieures, les unes nécessaires et dans l’essence de toute Révolution analogue, les autres purement capricieuses et accidentelles, pour arriver à des conséquences logiques et pour conclure politiquement de la situation anglaise en 1688 à la situation française en 1830, on se méprendrait fort ; on embrouillerait le point de vue actuel, qui est d’une clarté admirable ; et comme cette confusion et cette méprise sont assez ordinaires depuis quelques jours, nous croyons utile de prémunir là-dessus certains esprits amoureux de ressemblances.

3269. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

Ces sortes de génies, qui ont le don de s’oublier eux-mêmes et de se transformer en une infinité de personnages qu’ils font vivre, parler et agir en mille manières pathétiques ou divertissantes, sont souvent capables de passions fort ardentes pour leur propre compte, quoiqu’ils ne les expriment jamais directement.

3270. (1874) Premiers lundis. Tome II « Revue littéraire et philosophique »

Paulin Paris, poursuivant ses utiles travaux sur la littérature française au moyen âge, nous a donné, après le roman de Berte aux grans piés, dont nous avons parlé en son temps, le Romancero français, ou Choix des chansons des anciens trouvères, que nous n’avons pas annoncé encore.

3271. (1874) Premiers lundis. Tome II « Deux préfaces »

J’ai souvent envié aux Anglais quelques-unes des belles biographies de Johnson, celle de Parnell par Goldsmith, aux Allemands celle de Hœlly par Voss ; je ne parle pas des autres ouvrages en ce genre plus considérables.

3272. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Nous ne parlerons pas des deux premières nouvelles, la Femme supérieure, déjà publiée dans un journal, et la Maison Nueingen, à laquelle, sans doute à cause d’un certain argot dont usent les personnages, il nous a été impossible de rien saisir.

3273. (1875) Premiers lundis. Tome III « Le roi Jérôme »

Ce sont là des témoignages qui parlent assez.

3274. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Tous les intérêts de la vie étaient soumis au monarque ; mais, au nom de la mort, on pouvait encore lui parler d’égalité.

3275. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Et Lamartine ? »

Et aussitôt, les hommes reconnaissent que cette merveille leur est née : un poète vraiment inspiré, un poète comme ceux des âges antiques, ce « quelque chose de léger, d’ailé et de divin » dont parle Platon.

3276. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Choses d’autrefois »

Le cœur de ces petites est condamné à ne parler qu’après le mariage.

3277. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les derniers rois »

Au moment où il parlait des deux millions de sa liste civile, les six autres rois détrônés s’étaient approchés de lui d’un air de déférence… »   (Candide, appendice au chapitre XXVI.)

3278. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Retté, Adolphe (1863-1930) »

Adolphe Retté nous parle des plantes, il est admirable.

3279. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Pol-Roux (1861-1940) »

car, au milieu d’un décor superbe et d’irréel, des personnages magnifiés passent, se meuvent, parlent, s’aiment et souffrent.

3280. (1863) Molière et la comédie italienne « Préface » pp. -

Sans parler de notre vieux fonds français qui lui fut d’une grande ressource, il y a encore le théâtre espagnol qu’il ne négligea point.

3281. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VII. L’Histoire de la Physique mathématique. »

. — Néanmoins, il est arrivé un jour où la conception des forces centrales n’a plus paru suffisante, et c’est la première de ces crises dont je vous parlais tout à l’heure.

3282. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

Il y a des sujets délicats ; il est convenu qu’on n’en parle pas.

3283. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre II : Termes abstraits »

« Quand le mot infini n’est pas employé métaphoriquement, comme quand nous parlons des perfections infinies de Dieu (auquel cas il est non pas un nom d’idée, mais un nom pour un manque d’idées), il ne s’applique qu’au nombre, à l’étendue et à la durée. » Nous augmentons les nombres en ajoutant un à un, un à deux, etc., et en donnant un nom à chaque agrégat.

3284. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 124-134

Quand nous disons Poésie, nous ne prétendons pas la réduire à la simple versification : on sait en particulier que Mallebranche n’a fait que deux vers en sa vie, qui l’ont même rendu ridicule : nous parlons de cette Poésie, qui bien loin d’être ennemie de la prose, en est l’ame & l’ornement.

3285. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de l’édition originale »

Parlez-moi d’une belle littérature tirée au cordeau !

3286. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Virgile, et Bavius, Mœvius, Bathille, &c. &c. » pp. 53-62

« Vous êtes muet, lui dit-il un jour ; & quand vous auriez une langue, vous ne vous défendriez pas mieux. » Virgile, piqué, se contenta de répondre : « Mes ouvrages parlent pour moi. » Auguste applaudit à la repartie, & dit à Filistus : « Si vous connoissiez l’avantage du silence, vous le garderiez toujours. » Cornificius, autre insecte odieux, déchiroit Virgile.

3287. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’Empereur Néron, et les trois plus grands poëtes de son siècle, Lucain, Perse & Juvénal. » pp. 69-78

Je parle d’un tyran plus tyran encore que Denys, & plus amateur des vers & de la musique.

3288. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 18, qu’il faut attribuer la difference qui est entre l’air de differens païs, à la nature des émanations de la terre qui sont differentes en diverses regions » pp. 295-304

Mais, comme nous l’avons dit, il est des maladies épidemiques qui, pour parler ainsi, sortent du sein de la terre insensiblement et sans qu’il y soit arrivé aucun changement dont on s’apperçoive.

3289. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

Cette demoiselle Trochu me trotte par la tête… Le directeur du Théâtre-Lyrique m’en parlait hier encore… Ah !

3290. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Il est le symbole de l’individu, comme la langue est le symbole de la nation qui la parle, et nulle image n’est plus fidèle.

3291. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Extrait du tome XVI de l’Encyclopédie moderne, dont Didot est l’âme et la main et dont nous parlerons un jour quand il s’agira de la juger dans son ensemble, cet Essai sur la Typographie, qui forme un volume de près de quatre cents pages sur deux colonnes, est un livre spécial qui embrasse sous toutes ses faces l’art dont il traite.

3292. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Les dîners littéraires »

III Et la première, c’est la mort de l’esprit en France, ou du moins sa longue léthargie, pour parler comme ceux-là qui s’imaginent qu’en se cotisant d’un bon mot tous les mois, — ce qui n’est pas ruineux, — ils vont tout à l’heure le ressusciter et l’envoyer jouer à la fossette, comme le petit garçon de Sganarelle.

3293. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

Il a bien tourné, comme on dit vulgairement, autour du pot, et même de tous les pots, depuis les petits pots où buvaient les pies-grièches de cet oiseleur couronné, qui ne valait pas ses faucons, jusqu’au pot de chambre (révérence parler !)

3294. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Préface » pp. -

Cousin, cette pie voleuse philosophique ; — il parlait apparemment de la sienne prise à Descartes, à Reid, à Hegel, et il oubliait ces grands théologiens qui ne désossaient pas la leur de l’idée de Dieu, — non, ce n’est pas la philosophie, mais c’est le Roman qui est d’hier dans l’histoire littéraire.

3295. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

Taine les examine de l’œil dont Henry Monnier collectionnait les traits de Joseph Prudhomme, avec la sympathie d’un Flaubert faisant parler les gens de Rouen pour orner son Homais, son Bouvard et son Pécuchet, avec l’accablement que le « bourgeois » donnait à Gautier.‌

3296. (1915) La philosophie française « II »

Comme elle s’est toujours astreinte à parler le langage de tout le monde, elle n’a pas été le privilège d’une espèce de caste philosophique ; elle est restée soumise au contrôle de tous ; elle n’a jamais rompu avec le sens commun.

3297. (1813) Réflexions sur le suicide

Quant au Suicide causé par un moment de délire, par un accès de désespoir, il se peut que le divin Législateur des hommes n’ait pas eu l’occasion d’en parler au milieu des Juifs qui n’offraient guère d’exemples de ce genre d’égarement. […] Dès que vous avez atteint l’âge mur, vous entendez déjà de toutes parts parler de votre mort. […] Un événement récemment arrivé à Berlin peut donner l’idée de la singulière exaltation dont les Allemands sont susceptibles2), les motifs particuliers qui ont pu égarer deux individus quelconques sont de peu d’importance ; mais l’enthousiasme avec lequel on a parlé d’un fait pour lequel on devait tout au plus réclamer l’indulgence, mérite la plus sérieuse attention. […] Je voulais ne lui parler que de ces illustres morts dont les écrits m’ont ouvert une carrière de réflexions sans bornes.

3298. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Les visites de nuit que tu faisais dans ma chambre pour savoir si j’étais sain et sauf et chaudement couché ; tes largesses du matin avant le départ pour l’école, le biscuit ou la prune confite ; l’eau odorante que ta main prodiguait à mes joues jusqu’à ce qu’elles fussent brillantes de fraîcheur et luisantes, tout cela, et ce qui fait plus chérir que tout encore, ce courant continu d’amour que rien en toi n’interrompait, que ne troublèrent jamais ces débordements et ces sécheresses que crée une humeur inégale ; tous ces souvenirs, toujours lisibles dans les pages de ma mémoire et qui le seront jusqu’à mon dernier âge, ajoutent le plaisir au devoir, me font une joie de te rendre de tels honneurs que le peuvent mes vers ; un bien fragile témoignage peut-être, mais sincère, et qui ne sera point méprisé au ciel, quand il passerait inaperçu ici-bas… Si le Temps pouvait, retournant son vol, ramener les heures où jouant avec les fleurs brodées sur ta robe, — violette, œillet et jasmin, — je les dessinais sur le papier avec des piqûres d’épingle (et toi, pendant ce temps-là, tu étais encore plus heureuse que moi, tu me parlais d’une voix douce et tu me passais la main dans les cheveux, et tu me souriais) ; si ces jours rares et fortunés pouvaient renaître, s’il suffisait d’un souhait pour les ramener, en souhaiterais-je le retour ? […] La famille Unwin se composait du père, de Mme Unwin, plus âgée que Cowper de sept ans, et qui devint pour lui comme une mère, du fils dont je viens de parler et d’une fille : Ce sont les plus aimables gens qu’on puisse imaginer, écrivait Cowper à un de ses amis dès les premiers temps de cette relation ; ils sont tout à fait sociables, et en même temps aussi affranchis que possible de toutes ces civilités cérémonieuses, ordinaires au monde comme il faut de province.

3299. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

J’en parlerai aujourd’hui avec plus de liberté que je ne l’avais fait précédemment, quand ses mémoires n’étaient que manuscrits et non exposés encore à la pleine lumière qui fait saillir tous les défauts. […] Il estime qu’on le pouvait au moment de la paix de 1735, à la suite des succès de nos armes : « On le pouvait assurément, dit-il, et on aurait eu toute l’Europe pour soi si, agissant avec candeur, on eût fortifié le tiers-parti des dépouilles de la maison d’Autriche en Italie, sans en revêtir la maison de Bourbon aucunement. » Le désintéressement pour soi et pour les siens aurait donné le droit de parler haut et ferme.

3300. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Nous ne devions pas y trouver des Saragosse, parce que toutes les maisons, construites en bois peint, étaient à la merci d’une torche ou d’un obus ; mais des obstacles d’un autre genre, et non moins redoutables, nous attendaient… » Tous les plans de stratégie et de grande guerre échouèrent dans cette funeste campagne ; sur un échiquier aussi vaste et sans cadre déterminé (c’est encore Jomini qui parle), les calculs les plus probables ne rendaient plus. […] Il ne paraît pas que l’Empereur lui ait donné tort pour ce conflit, à en juger par ce passage d’une lettre au duc de Bassano, écrite de Viazma (29 août 1812) : « J’ai donné ordre au major général de placer le général Jomini ailleurs. — Parlez fortement au général Hogendorp pour qu’il modère sa fougue et ne donne lieu a aucune plainte. » 48.

3301. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Mais ici un sort particulier, une fatalité étrange marque et distingue l’infortune du poëte dont nous parlons : il a ses stigmates à lui. […] La fable antique parle d’un berger ou chevrier, Comatas, qui, pour avoir trop souvent sacrifié de ses chèvres aux Muses, fut puni par son maître et enfermé dans un coffre où il devait mourir de faim ; mais les abeilles vinrent et le nourrirent de leur miel.

3302. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Les personnages obscurs de Shakespeare parlent en prose, ses scènes de transition sont en prose ; et lors même qu’il se sert de la langue des vers, ces vers n’étant point rimés, n’exigent point, comme en français, une splendeur poétique presque continue. […] La connaissance de la logique rend plus capable de faire parler la passion.

3303. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Paul Bourget 70 I Je ne me souviens pas d’avoir jamais senti d’embarras comparable à celui que j’éprouve au moment de parler de l’œuvre et de la personne littéraire de M.  […] Au reste, il isole ces œuvres, néglige le plus souvent la personne même des écrivains ; ou, s’il en parle, c’est pour leur attribuer, au nom du libre arbitre, le mérite ou le déshonneur d’avoir servi ou trahi l’idéal littéraire dont il a posé au commencement la définition.

3304. (1890) L’avenir de la science « XIII »

On lira peu les auteurs de notre siècle ; mais, qu’ils s’en consolent, on en parlera beaucoup dans l’histoire de l’esprit humain. […] Ceux qui ont étudié Aristote trouvent que Ritter a mal résumé Aristote, ceux qui ont étudié le stoïcisme trouvent qu’il a parlé superficiellement du stoïcisme.

3305. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Il fait remarquer d’ailleurs que s’il y a en réalité des causes complexes, là où nous en avons parlé comme de causes simples, il reste cependant vrai que ces causes sont bien moins complexes que leurs résultats. […] Puisque la science, par son processus d’évolution, sort de la connaissance commune, de celle que nous donnent la raison et les sens réduits à eux-mêmes ; et que la connaissance commune sort elle-même des simples perceptions, la genèse de la science devrait, à rigoureusement parler, prendre pour point de départ l’origine même de la connaissance.

3306. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Pourquoi en parles-tu à l’Eau et à la Lumière ?  […] Il parla ainsi et il rit. » — Ce rire marque d’un trait sardonique toute l’histoire, telle qu’elle est contée par Hésiode.

3307. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Il se rappelle, en les voyant, les femmes farouches des pays étranges, dont lui a parlé peut-être quelque Argonaute revenu de loin. — « Votre type est celui qu’à Cypre le père frappe au sein de la mère. […] » — « À parer ces figures d’ornements nouveaux. » — Tu parles par énigmes. » — « Nous nous pendrons aussitôt aux statues des dieux. » — Terrible image qui rappelle les servantes d’Ithaque, qu’Homère nous montre dans l’Odyssée, pendues, à la file, au câble tendu entre les colonnes du palais d’Ulysse. — « De même que les grives aux ailes ployées et les colombes se prennent dans un filet, au milieu des buissons du champ clos de murs où elles sont entrées, et y trouvent un lit funeste ; de même ces femmes avaient le cou serré dans un lacet, afin de mourir misérablement, et leurs pieds ne s’agitèrent point longtemps. » — Cette fois, Pélasgos n’hésite plus, l’horreur le saisit.

3308. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

« Il n’y a aucune science, ajoute-t-on, qui ne parle de ce que les choses sont en elles-mêmes, en dehors de toute perception actuelle. […] — Mais le psychologue empiriste, continue-t-on, parle lui-même de ce qui se passe dans sa propre conscience « comme de quelque chose de vrai en soi, et qu’il désire voir admis comme tel par tout le monde, y compris moi-même » ; il se place donc et me place avec lui au point de vue de l’absolu, au moment même où il prétend m’en exclure. — Non pas ; il se place au point de vue d’une relation possible et conditionnelle : s’il était à ma place, il sentirait ce que j’ai senti, et, si j’étais à sa place, si je faisais les observations et raisonnements qu’il fait, je penserais comme lui.

3309. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

C’est ainsi que l’on sera forcé de parler d’émotions, de grandeur, de mystère, de vérité, d’horreur, de curiosité, d’effort, de compassion, de misanthropie, etc. […] Nous avons nous-même reconnu cette variabilité de l’appréciation quantitative des œuvres d’art, quand nous avons parlé des tentatives faites pour la mesurer exactement chez diverses personnes.

3310. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Ce n’est point ici l’instant d’en parler. […] Dryden parla de Shakespeare une fois pour le déclarer « hors d’usage. » Lord Shaftesbury le qualifia « esprit passé de mode. » Dryden et Shaftesbury étaient deux oracles.

3311. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Tous les théologiens ont parlé des voies mystérieuses de la Providence. […] On ne le jugea ni hautain, ni insociable, ni malade ; et lorsqu’on parlait de lui en son absence, la sympathie ne manquait jamais au respect.

3312. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

Par malheur, le langage résiste souvent à la pensée et se plie avec peine à l’inspiration : de là quelque chose de prétentieux, ou, comme d’autres disent, de romantique, surtout dans les préambules où l’auteur parle en son nom, plusieurs fois même dans le dialogue ; lorsque Cinq-Mars et Marie de Gonzague s’entretiennent, on s’aperçoit trop que M. de Vigny est en tiers avec eux.

3313. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

Que dans un état de société si calme et sensé, au milieu d’une modération si profonde et d’une intelligence si impartiale, on vienne maintenant conseiller à ceux qui demandent haut les conséquences politiques des événements de juillet, de ne pas pousser à l’anarchie ; qu’on leur vienne parler à l’oreille du 10 août et des excès républicains ; que, s’ils persistent, on signale leurs doctrines comme imprudentes et pernicieuses : c’est presque une moquerie ; c’est faire une étrange confusion des choses et des temps.

3314. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIV. De la plaisanterie anglaise » pp. 296-306

Nous avons parlé des malheurs qui sont résultés pour les Athéniens de leur goût immodéré pour la plaisanterie ; et la France nous fournirait un grand exemple à l’appui de celui-là, si la puissance des événements de la révolution avait laissé les caractères à leur développement naturel.

3315. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre III. Ce que c’est que le Romanticisme » pp. 44-54

Il parle éloquemment, et il est fort goûté.

3316. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

Avec de telles ressources, on devient presque le contemporain des hommes dont on fait l’histoire, et plus d’une fois, aux Archives, en suivant sur le papier jauni leurs vieilles écritures, j’étais tenté de leur parler tout haut.

3317. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

Mais vous ne m’avez point dit si quelque jeune homme apportera dans le roman ou au théâtre une « formule nouvelle », pour parler la belle langue d’aujourd’hui, ni s’il sortira quelque chose d’intelligible du travail ténébreux des bons poètes symbolistes….

3318. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « L’exposition Bodinier »

Je vous parlerai peu des artistes vivants.

3319. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Kahn, Gustave (1859-1936) »

Nous attendrons toutefois, pour parler plus longuement de M. 

3320. (1890) L’avenir de la science « VII »

Hâtons-nous de le dire : il sera injuste d’exiger du savant la conscience toujours immédiate du but de son travail, et il y aurait mauvais goût à vouloir qu’il en parlât expressément à tout propos ; ce serait l’obliger à mettre en tête de tous ses ouvrages des prolégomènes identiques.

3321. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

À partir de ce moment, Jésus ne parla plus de Jean qu’avec un redoublement d’admiration.

3322. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 312-324

Cet Auteur étoit ennemi de toutes prétention, & n’avoit, dit M. de Buffon *, nul empressement de se faire valoir, nul penchant à parler de soi, nul désir ni apparent ni caché de se mettre au dessus des autres.

3323. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

On imagina de le prendre par son foible, de le mortifier par l’endroit qui lui seroit le plus sensible ; c’est-à-dire, de l’empêcher de parler.

3324. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

L’assemblée, devant laquelle il parla, étoit nombreuse & choisie ; mais il n’entraîna pas tout le monde dans son sentiment.

3325. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Mais, si tel qu’il est, il parvient à révéler des noms nouveaux à nos lecteurs, à piquer la curiosité du public, à l’inciter à connaître mieux cette Nouvelle littérature dont on lui parle tant et qu’il ignore, nous serons largement payés de nos peines.

3326. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre VIII. La religion chrétienne considérée elle-même comme passion. »

Enfin, Corneille a déployé la puissance de la passion chrétienne, dans ce dialogue admirable et toujours applaudi, comme parle Voltaire.

3327. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Ce prêtre parle de la main et se tait de la bouche.

3328. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

Au moment où je vous parle, je suis à côté de son lit ; je le vois, j’entends sa plainte, je touche ses genoux froids ; je pense qu’un jour… ah !

3329. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

La Fontaine revêtu d’une charge dans les eaux et forests, étoit destiné par son emploi à faire planter et couper des arbres, et non point à les faire parler.

3330. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

Dès que les sciences dont j’ai parlé ont operé en vertu de leurs principes, dès qu’elles ont produit quelque chose qui doit être utile ou agréable aux hommes en general, nous connoissons alors sans autre lumiere que celle du sentiment, si le sçavant a réussi.

3331. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XI »

Pélissier, c’est là tout mon livre ; il n’a vu que cela, cela seul l’a frappé, il ne parle que de cela, et il conclut en disant que mon ouvrage est destiné à « faire croire que le génie des grands écrivains se mesure à la diligence avec laquelle ils pourchassent les répétitions ou exterminent les auxiliaires ».

3332. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

Faguet est l’instantanéité même ; c’est du style parlé par un homme de beaucoup d’esprit.

3333. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Wallon »

Si elle n’avait été qu’un magnifique livre, nous n’en aurions point parlé avec l’accent que nous y mettons.

3334. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Léon Bloy »

Léon Bloy47 L’auteur de la préface que voici fut un des premiers qui parlèrent du beau livre d’histoire — cause et occasion de cet autre livre qu’on publie aujourd’hui48.

3335. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Victor Giraud, à qui l’on doit de solides leçons sur Pascal, dans un « Essai sur Taine » (qu’il distribue dans son cours de l’Université de Fribourg), nous parle, lui aussi, de ces tantes.

3336. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Ses vengeances, dont nous parlerons plus tard, sont marquées d’une férocité singulière. […] Le jeune homme en parle, sur l’oreiller, à une courtisane qui l’aimait ; la femme s’indigne et s’alarme. — Sans doute son beau-père, sa mère aussi, peut-être, veulent se défaire de lui pour n’avoir pas à rendre leurs comptes de tutelle. […] On arrête la prêtresse des « Bacchanales », la torture la fait parler ; un cloaque sanglant s’ouvre au milieu de Rome terrifiée.

3337. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

On parle d’une certaine affaire de houilles dont sa réputation est sortie tout embarbouillée, à telles enseignes que sa famille, à lui, M. de Trélan, a perdu cinquante mille francs dans les charbons frelatés de M.  […] Il faut qu’il parle, il faut qu’il s’explique. […] Comme si le fatal privilège des passions qu’allument « les yeux pleins d’adultères » dont parle saint Paul, n’était pas précisément d’anéantir pour longtemps, dans l’âme qu’elles foudroient, la possibilité des chastes amours.

3338. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Après cette peinture un peu embellie de sa vie, elle ajoute, revenant à son cher objet, à cette autre existence qui l’occupe : « Mais, sais-tu que tu me parles bien légèrement du sacrifice de la tienne, et que tu sembles l’avoir résolu fort indépendamment de moi ? […] — Les métaphysiciens et les amants vulgaires parlent beaucoup de persévérance ; mais c’est celle de la conduite qui est plus rare et plus difficile que celle des affections.

3339. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

J’ai souvent aimé à me figurer, moyennant quelques images qui parlent aux yeux, ces degrés successifs d’approximation, en quelque sorte décroissante, par où passe inévitablement l’histoire, toujours refaite à l’usage et dans l’intérêt des vivants. […] Quoi qu’il en soit, et pour ne parler ici que des autorités éminentes, on aimerait à savoir ce que pense, par exemple, l’historien de la Civilisation sur les chapitres parallèles qui traitent de la transformation romaine ; ce que l’historien du Paganisme en Occident trouve à redire peut-être dans le tableau reproduit de ces mêmes luttes des deux mondes païen et chrétien ; ce qu’oppose sans doute l’auteur des Récits mérovingiens à cette inégalité de rôle un peu brusque entre Frédégonde et Brunehaut, et comment enfin l’historien dès longtemps désigné de Grégoire VII apprécie la peinture de Rome féodale à la veille de ce pontife2.

3340. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

C’est ce qui doit nous rassurer aujourd’hui que nous avons à parler de M. de Ségur. […] Ce que ne gardèrent pas moins, en général, les personnages de cette époque et de ce rang qui survécurent et dont la vieillesse honorée s’est prolongée jusqu’à nous, c’est une fidélité remarquable, sinon à tous les principes, du moins à l’esprit des doctrines et des mœurs dont s’était imbue leur jeunesse ; c’est le don de sociabilité, la pratique affable, tolérante, presque affectueuse, vraiment libérale, sans ombre de misanthropie et d’amertume, une sorte de confiance souriante et deux fois aimable après tant de déceptions, et ce trait qui, dans l’homme excellent dont nous parlons, formait plus qu’une qualité vague et était devenu le fond même du caractère et une vertu, la bienveillance.

3341. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Les défauts cependant s’accroissent ; et sans parler des obscénités, je ne retrouve plus, dans les morceaux que j’ai cités, ni dans le reste du roman, l’exquise mesure qui fait la valeur de l’épisode de Pinte et de Copée. […] Ils ont su esquisser un vilain, faire parler une commère : surtout, et c’est par là qu’ils ont donné l’illusion de la vérité, ils ont eu le sens des mœurs d’exception et des mœurs ignobles.

3342. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Brunetière, pour établir la valeur d’un poète, il suffit presque de l’interroger sur trois points : comment a-t-il parlé de la nature ? […] Marot n’a guère parlé de la nature, sauf quelques jolies réminiscences de sa rustique enfance, de son Querey natal.

3343. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Arago d’un écrivain qui, ayant à parler du géomètre Fontaine, l’appellerait chaque fois, par mégarde, La Fontaine ? […] Daunou ne parlait jamais de Condorcet que comme du type de l’homme éclairé (style du xviiie  siècle).

3344. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Bien plus, quand nous pensons à ce que nous ne voulons pas faire, à ce que nous déclarons énergiquement ne pas vouloir, l’acte d’attention par lequel nous pensons la chose est déjà un premier et provisoire consentement ; nous consentons à la regarder, sinon à l’exécuter ; nous entrons en pour parler avec elle. […] Mais parler ainsi, c’est passer du point de vue psychologique et physiologique au point de vue philosophique et métaphysique, je veux dire au problème des rapports généraux entre le mental et le physique.

3345. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Préface de l’Histoire de la société pendant le Directoire (1855)37 L’histoire de la Société française pendant la Révolution, n’a qu’à se louer du public et de la critique : le public l’a lue ; la critique en a parlé. […] Ne devant rien au passé, ne demandant rien à l’avenir, il nous a été permis de parler du siècle de Louis XV, sans injures comme sans flatteries.

3346. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Tous les poètes ont parlé de l’amour ; personne ne s’est inspiré aussi violemment et d’une façon plus persévérante, de l’indignation ou du désespoir que cause une affection déçue. […] L’auteur n’y parle que de lui-même, s’analyse et se déchire, mais le cœur qui palpite sous ses doigts est le cœur de tous et si Heine se montre dans ses doux et méchants vers, il s’y montre humain.

3347. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Quinze ans plus tard, on assiste à ce spectacle curieux, d’anciens libertaires, — nous parlerons au sens littéraire, — redevenus les gardiens de la tradition, tandis que le public commence à admettre des innovations désormais caduques. […] Car il y a deux sens au mot classique, ainsi que l’a marqué Sainte-Beuve : « Le mot classicus se trouve employé dans Aulu-Gelle et appliqué aux écrivains ; un écrivain de valeur et de marque, classicus assiduusque scriptor, un écrivain qui compte, qui a du bien au soleil… Un vrai classique, comme j’aimerais à l’entendre définir, c’est un auteur qui a enrichi l’esprit humain, qui en a réellement augmenté le trésor, qui lui a fait faire un pas de plus, qui a découvert quelque vérité morale non équivoque ou ressaisi quelque passion éternelle… qui a rendu sa pensée, ou son observation, sous une forme n’importe laquelle, mais large et grande, fine et sensée, saine et belle en soi, qui a parlé à tous dans un style à lui, et qui se trouve celui de tout le monde, dans un style nouveau sans néologisme, nouveau et antique, aisément contemporain de tous les âges.

3348. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Sa raison qu’il croyait ensevelie parle au fond de lui-même. « Est-ce vivre en vérité, se disait-il, que de poursuivre, avec un cadenas au cœur, des œillères à la raison, une perfection chimérique ? […] Je parle du prêtre qui, en même temps que l’abstinence sexuelle, rejette les creuses formules qui lui furent imposées ; quant à celui qui prétend obéir à une règle qui lui prescrit la chasteté, tout en ne la pratiquant pas, son cas ne peut relever que de la tartuferie.

3349. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

On commence heureusement à se mettre en garde contre ces façons de faire parler les faits. […] Seuls les rapports des groupes sont réglés ; à quel titre parler ici de l’égalité civile, juridique, économique, politique des personnes ?

3350. (1874) Premiers lundis. Tome II « La Revue encyclopédique. Publiée par MM. H. Carnot et P. Leroux »

Mais dans leur recherche du positif, dans leur préoccupation exclusive d’un bien-être assurément fort désirable, les inventeurs et sectateurs des systèmes dont nous parlons se sont, dès l’abord, laissé emporter à un dédain peu motivé pour les droits politiques, les institutions et les garanties, objet de combat et de conquête depuis quarante ans : peu s’en faut qu’ils ne voient dans ces profitables luttes de simples querelles de mots.

3351. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VII. De la littérature latine, depuis la mort d’Auguste jusqu’au règne des Antonins » pp. 176-187

Les premiers qui écrivent et parlent une belle langue, se laissent charmer par l’harmonie des phrases ; et Cicéron ni ses auditeurs ne sentaient pas encore le besoin d’un style plus fort d’idées.

3352. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la bienfaisance. »

Voyez Almont, sa fortune est restreinte, mais jamais un être malheureux ne s’est adressé à lui sans que, dans cet instant, il ne se soit trouvé les moyens de venir à son aide, sans que, du moins, un secours momentané n’ait épargné à celui qui prie, le regret d’avoir imploré en vain ; il n’a point de crédit, mais on l’estime, mais son courage est connu ; il ne parle jamais que pour l’intérêt d’un autre ; il a toujours une ressource à présenter à l’infortune, et il fait plus pour elle que le ministre le plus puissant, parce qu’il y consacre sa pensée tout entière.

3353. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre VII. Éducation de la sensibilité »

Aussi quand on avait à écrire, comme lorsqu’on parlait, on y allait de tout son cœur et de tout son esprit ; on faisait donner toutes ses forces, et par cet élan vigoureux et spontané, on trouvait naturellement les mots qui représentaient les choses.

3354. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

Saint-Georges de Bouhélier et à ses partisans d’avoir, les premiers, parlé d’une génération nouvelle.

3355. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Contes de Noël »

Il a, d’une taloche, renvoyé dans sa soupente la petite Athénaïs qui parlait d’aller à la messe de minuit.

3356. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Dans La Supplica, dont nous parlerons plus loin, il invoque, en témoignage du zèle qu’il déploya dans son service, son capitaine l’illustre duc-cardinal de La Valette ; il est évidemment tout glorieux d’avoir joué ce rôle guerrier.

3357. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

Du moins, je parle franchement, oubliant que ma parole est payée et que peut-être, à cause de ma franchise, on refusera de m’écouter et de me donner le nécessaire.

3358. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

À ce terrible avis, le pauvre auteur Obstupuit ; steteruntque comæ ; et vox faucibus hæsit ; c’est-à-dire qu’il n’a trouvé d’autre expédient que de laisser dans les limbes, d’où il se préparait à la tirer, cette dissertation, vierge non encor née 2, comme parle Jean-Baptiste Rousseau, sur laquelle grondait une si juste et si rude critique.

3359. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Feuilles d’automne » (1831) »

À l’adolescent, elle parle de l’amour ; au père, de la famille ; au vieillard, du passé ; et, quoi qu’on fasse, quelles que soient les révolutions futures, soit qu’elles prennent les sociétés caduques aux entrailles, soit qu’elles leur écorchent seulement l’épiderme, à travers tous les changements politiques possibles, il y aura toujours des enfants, des mères, des jeunes filles, des vieillards, des hommes enfin, qui aimeront, qui se réjouiront, qui souffriront.

3360. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préfaces de « Marion de Lorme » (1831-1873) »

… — Laisse-les parler, jeune homme !

3361. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

Je ne puis retrouver dans ces phénomènes ces oscillations, ces alternatives, ces va-et-vient, ces deux sens différents, dont l’auteur nous parle et qui ramèneraient le mécanisme de la mémoire aux lois de l’élasticité.

3362. (1879) Balzac, sa méthode de travail

On a beaucoup parlé des sommes énormes que le romancier dissipa.

3363. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mon mot sur l’architecture » pp. 70-76

Et il y a sur la toile du peintre, deux, trois, quatre figures semblables ; elles y sont environnées d’une foule d’autres figures d’hommes d’un aussi beau caractère, toutes concourent de la manière la plus grande, la plus simple, la plus vraie, à une action extraordinaire, intéressante ; et rien ne m’appelle, rien ne me parle, rien ne m’arrête !

3364. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

… ne me parlez pas de ces moines armés… mais là cet or, ce luxe qui vous blesse, ces repas somptueux, ces meubles recherchés… — Il n’y en a point, d’accord ; mais ces pauvres, ces malheureux ilotes, n’en avez-vous point pitié ?

3365. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « IV »

Non, nous ne les confondons pas, et nous savons les distinguer, bien que nous les conseillions l’une et l’autre, et que nous ayons souvent parlé des deux à la fois.

3366. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Entre les époques dont nous parlons, celle où nous sommes arrivés à cela de remarquable que, quoique toutes nos traditions soient finies, nous ne sommes point dans l’attente d’une révélation.

3367. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

Il cite avec admiration la page de Werther où ce comédien de Goethe fait le bouddhiste de la nature et parle de s’abîmer et de succomber, lui, Goethe (monsieur le conseiller !)

3368. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

La langue qu’il parle est de toute beauté, à part le sentiment qui y palpite ou l’émotion qui s’y répand ou qui s’y concentre.

3369. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

on parle de l’âme grande et désolée de Leopardi ; on le compare au Dante et aux Prophètes.

3370. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

Il est des livres qui tiennent plus de place que d’autres par le bruit qu’ils font, et dont il est par conséquent plus longtemps l’heure de parler.

3371. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

Malgré ces quelques livres cependant, auxquels la Critique d’un journal, qui s’écrit toujours un peu debout, devait de s’asseoir pour en parler plus à l’aise, comme dit Montesquieu d’Alexandre, malgré ces productions trop clairsemées et plus distinguées que les autres, tous ceux qui suivent le mouvement littéraire contemporain ont pu s’assurer que la littérature n’a point encore reçu des événements politiques qui ont changé la face de notre pays, et l’ont pénétré de meilleures influences, ce qu’ils se permettaient d’espérer.

3372. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Tel fut l’Empire, et telle est sa poésie, ou, pour mieux parler, telle est, jusqu’à ce jour, la plus grande poésie du xixe  siècle.

3373. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Enfin, s’écouter parler est une expression quotidienne. […] Nous parlons de l’instinct. […] La doctrine dont nous parlons explique ainsi toute la connaissance. […] Cet idéal dont on nous parle doit avoir une nature déterminée. […] C’est de ces derniers que nous allons parler.

3374. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Tardo non furon mai grazie divine  ; « Les grâces du ciel ne se font jamais attendre. » « Je parle ainsi parce qu’il me semblait avoir non pas perdu, mais égaré vos bonnes grâces, car vous avez tant tardé à m’écrire que je ne pouvais interpréter la cause de ce silence… J’ai craint qu’on ne vous eût prévenu contre moi en vous disant que j’étais un mauvais économe… J’ai été tout réconforté par votre dernière lettre du 23 du mois passé ; j’y ai vu avec bien du plaisir que vous ne vous occupiez plus qu’à votre aise des affaires d’État. […] « Il faut de plus, ajoute-t-il, que le nouveau prince vienne résider dans ses nouvelles conquêtes, et que les conquérants parlent la même langue que les conquis. […] Lisez cette phrase : « Les cruautés, dit-il, sont bien employées (si toutefois le mot bien peut être jamais appliqué à ce qui est mal) quand on les commet d’un seul coup et en masse, etc. » Vous voyez, par la parenthèse, qu’il parlait du succès, et non de l’innocence des cruautés.

3375. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

« Il parlait peu. […] » (Une des plus belles pages de la langue que nous parlons !) […] Il semble que c’est Danton qui parle ou Kléber qui rugit. » XXVI Ce n’est pas là de la critique littéraire seulement ; nous n’en faisons pas : ce livre a bien une autre portée que des phrases.

3376. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre X : De la succession géologique des êtres organisés »

— Nous n’avons encore parlé qu’incidemment de la disparition des espèces et de leurs divers groupes. […] Cependant, lorsqu’on dit que les faunes marines ont changé simultanément à la surface du monde entier, il ne faut pas supposer qu’on veuille parler du même millier, ou cent-millier d’années, ou même que cette expression ait en aucune façon un sens chronologique précis. […] Il est possible que ce soit un progrès pour l’espèce, ou, pour parler plus exactement, une condition de succès, un avantage dans la concurrence vitale, mais c’est bien certainement une décadence pour les individus.

3377. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIV : Récapitulation et conclusion »

De plus, la plupart des variétés qui ont donné lieu à des expériences ont été produites à l’état de domesticité ; or, comme la domesticité, et je ne veux pas parler ici seulement de la réclusion, paraît tendre à diminuer la stérilité, nous ne pouvons nous attendre aussi à ce qu’elle la produise. […] Je ne puis croire qu’une fausse théorie puisse expliquer, comme le fait la loi de sélection naturelle, les diverses grandes séries de faits dont j’ai parlé. […] Les systématistes pourront poursuivre leur travail comme aujourd’hui ; mais ils ne seront plus incessamment poursuivis par des doutes insolubles sur l’essence spécifique de telle ou telle forme : et je suis certain que ce ne sera pas un léger soulagement ; j’en parle par expérience.

3378. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Si elles ont revêtu pour vous une expression quelconque, si elles vous ont fait sentir ou penser, alors parlez. […] Car, au fond, la justification du réalisme, c’est que tout parle et que tout mérite d’être entendu : le difficile est de savoir entendre. […] Si donc il vient à le transporter en pays inconnu, à lui parler uniquement de ce qu’il ignore, la besogne se simplifie : le lecteur ne saura, ne verra, n’entendra que ce qui lui sera dit et montré ; n’associera que les idées voulues par l’écrivain : rien ne viendra à rencontre des effets ménagés ; il sera en quelque sorte au pouvoir de l’écrivain. […] Reculez-la maintenant dans le temps, pensez à ce même roseau (nartex) dont parle Hésiode, et dans lequel Prométhée apporta le feu du ciel, vous voilà en pleine poésie classique.

3379. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Si nous possédions l’arbre généalogique complet de l’humanité, un groupement généalogique des races humaines nous fournirait certainement aussi la meilleure classification des idiomes divers qui se parlent aujourd’hui dans le monde ; et si toutes les langues mortes, avec tous les dialectes intermédiaires et lentement changeants, devaient y trouver leur place, un tel groupement serait le seul possible. […] Les naturalistes parlent souvent du crâne comme étant formé de vertèbres métamorphosées ; de même les mâchoires des crabes proviennent, d’après eux, de la métamorphose d’un nombre égal de pattes, et les étamines et les pistils des fleurs, de la métamorphose d’un même nombre de feuilles. Mais, ainsi que l’a remarqué le professeur Huxley, il serait probablement plus correct de parler du crâne et des vertèbres, des mâchoires et des pattes, etc., comme provenant, non pas de la métamorphose de l’un de ces organes en l’autre, mais comme formés, les uns et les autres, de quelque élément commun primordial. […] Une fois ces deux principes admis comme suffisamment prouvés, ils suffiront, je crois, à expliquer tous les faits principaux de l’embryologie dont j’ai parlé précédemment.

3380. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Mais un talent étranger, si habile qu’il soit, peut-il arriver à posséder un idiome comme le nôtre et à le parler en des vers (soit classiques, soit romantiques) assez librement et naturellement pour s’y produire en pleine originalité ?

3381. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VI. De la littérature latine sous le règne d’Auguste » pp. 164-175

Lorsque je parlerai de la littérature des modernes, et en particulier de celle du dix-huitième siècle, où l’amour a été peint dans Tancrède, La Nouvelle Héloïse, Werther et les poètes anglais, etc., je montrerai comment le talent exprime avec d’autant plus de force et de chaleur les affections sensibles, que la réflexion et la philosophie ont élevé plus haut la pensée.

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