qui est descendu plus avant dans les profondeurs de la politique ; a mieux tiré de grands résultats des plus petits événements ; a mieux fait à chaque ligne, dans l’histoire d’un homme, l’histoire de l’esprit humain et de tous les siècles ; a mieux surpris la bassesse qui se cache et s’enveloppe ; a mieux démêlé tous les genres de crainte, tous les genres de courage, tous les secrets des passions, tous les motifs des discours, tous les contrastes entre les sentiments et les actions, tous les mouvements que l’âme se dissimule ; a mieux tracé le mélange bizarre des vertus et des vices, l’assemblage des qualités différentes et quelquefois contraires ; la férocité froide et sombre dans Tibère, la férocité ardente dans Caligula, la férocité imbécile dans Claude, la férocité sans frein comme sans honte dans Néron, la férocité hypocrite et timide dans Domitien, les crimes de la domination et ceux de l’esclavage, la fierté qui sert d’un côté pour commander de l’autre, la corruption tranquille et lente, et la corruption impétueuse et hardie, le caractère et l’esprit des révolutions, les vues opposées des chefs, l’instinct féroce et avide du soldat, l’instinct tumultueux et faible de la multitude, et dans Rome la stupidité d’un grand peuple à qui le vaincu, le vainqueur, sont également indifférents, et qui sans choix, sans regret, sans désir, assis aux spectacles, attend froidement qu’on lui annonce son maître ; prêt à battre des mains au hasard à celui qui viendra, et qu’il aurait foulé aux pieds si un autre eût vaincu ?
Avec les stipulations revint ce qui dans l’ancienne jurisprudence romaine avait été appelé proprement cavissæ, par contraction caussæ ; au moyen âge, on tira de la même étymologie le mot cautelæ.
On lit un livre, dès la préface on en tire la connaissance de l’auteur, on entre dans sa pensée ou on la contredit ; à la vingtième page, que de réflexions le livre a déjà fait naître ! […] Voici un trait bien fin sur les évasions qu’on se fait à soi-même dans les cas difficiles : « Je ne sais, dit le héros du roman, si tout le monde est comme moi ; mais quand je me suis longtemps occupé d’un projet qui m’intéresse beaucoup, quand la difficulté que je trouve à en tirer parti m’a contraint à le retourner en différents sens, je me refroidis et n’attache plus aucun prix à la chose à laquelle, l’instant d’auparavant, je croyais n’en pouvoir trop mettre. » Et ailleurs : « Comme il arrive toujours lorsqu’on est occupé d’un projet, si peu important qu’il puisse être, j’oubliai pour un instant tous mes chagrins. » Que dirait de mieux un ironique de quarante-cinq ans, retiré du monde ? […] Bien des pensées durables, recueillies dans les Conseils de Morale, ont été discernées et tirées du milieu de quelque article sur un fade roman, sur un plat vaudeville ; elles y naissaient tout à coup comme une fleur dans la fente d’un mur96.
Un noble proscrit de la famille des Hamilton, nommé Bothwell-Haugh, dont Murray avait laissé la femme expirer de misère au seuil de sa propre demeure donnée par le dictateur à un de ses partisans, jura de venger sa femme et sa patrie du même coup ; il ramassa une poignée de terre qui recouvrait le cercueil de sa femme, la porta sur lui dans sa ceinture comme une éternelle incitation à sa vengeance, se rendit déguisé dans une petite ville que Murray devait traverser en revenant à Édimbourg ; il y tua Murray d’un coup de feu tiré d’un balcon, et, remontant sur un cheval qui l’attendait sur les derrières de la maison, il échappa, par la rapidité de sa course, aux gardes du dictateur. « Moi seul, s’écria Murray en expirant, je pouvais sauver l’Église, le royaume et l’enfant ; l’anarchie va tout dévorer ! […] Une de ces lettres, signée de Babington, disait textuellement à Marie Stuart : « Très-chère souveraine, moy mesme avec dix gentilz hommes et cent aultres de nostre compaignie et suitte, entreprendrons la délivrance de vostre personne royalle des mains de vos ennemys. » Marie Stuart répondait, après des remercîments et des conseils de prudence, par cette lettre qui ne laisse aucun doute sur sa participation de cœur à l’assassinat d’Élisabeth : Nous n’en citerons que le passage sinistre relatif aux six gentilshommes chargés d’exécuter, à Londres, l’acte préliminaire de la révolution : « .… Ces choses estant ainsy préparées, et les forces, tant dedans que dehors le royaulme toutes prestes, il fauldra alors mettre les six gentilshommes en besoigne, et donner ordre que leur desseing estant effectué, je puisse quant et quant estre tirée hors d’icy, et que toutes vos forces soyent en ung mesmes temps en campaigne pour me recevoir pendant qu’on attendra le secours estranger, qu’il fauldra alors haster en toute diligence...... […] » Elle nia avec force le consentement donné par elle au plan d’assassinat d’Élisabeth ; elle insinua, sans le dire formellement, que des secrétaires pouvaient bien avoir ajouté au sens des lettres qu’on leur dictait. « Quand je vins en Écosse, dit-elle à lord Burleigh, chef des ministres, qui l’interrogeait, j’offris à votre maîtresse, par Lethington, une bague en cœur comme gage de mon amitié ; et quand, vaincue par mes rebelles, j’entrai en Angleterre, j’avais reçu à mon tour un gage d’encouragement et de protection. » En disant ces paroles, elle tira de son doigt une bague que lui avait envoyée Élisabeth
Ce combattant du xvie siècle est un écrivain du xviie : sa vie littéraire ne commence guère qu’à l’heure de sa retraite politique ; ses Tragiques paraissent en 1616268, son Histoire universelle de 1616 à 1620, son Baron de Fæneste en 1617 et 1630 ; jusqu’en 1630, où il meurt, il ne cesse de s’escrimer de sa plume, ne pouvant plus tirer l’épée. […] La nouveauté était de réunir fréquemment les mêmes hommes et mêmes femmes, dans une égalité momentanée et dans une liberté parfaite, non point pour la cérémonie, mais pour le plaisir, non point pour un plaisir extérieur et précis, danse, souper, spectacle (quoique ces plaisirs naturellement ne fussent pas exclus), mais pour le simple et essentiel plaisir qui se pouvait tirer de la réunion des esprits, s’excitant mutuellement par le contact, et s’efforçant de produire ce qu’ils avaient de meilleur. […] Il ne reçoit de pension que du roi, de Monsieur, à qui il appartient : cela le tire de pair parmi les écrivains faméliques et parasites.
Néanmoins, le seul fait d’avoir joué exactement ce que Wagner voulait est un titre incomparable de gloire pour un artiste, et les noms de Mmes Materna et Malten, de Schnorr, Gudchus, Scaria et de tant d’autres deviendront plus célèbres, par le seul fait que ceux qui les portaient ont préféré obéir à un maître, que ceux qui essayent de se donner un renom particulier, et suivant l’ignoble argot du cabotinage, de tirer à eux la couverture. […] « Nous reconnûmes bientôt la nécessité, dit-il, de relever les mouvements plastiques en leur donnant un rythme. » Comme le grand éloignement qui se trouve entre l’acteur et le spectateur est supprimé dans le théâtre de Bayreuth (voir plus haut), le premier peut exprimer les mouvements expressifs des émotions intérieures, qui sont alors visibles pour le spectateur. — Aux gestes exagérés des bras, qu’il reprochait à l’instant aux acteurs, Wagner oppose des mouvements plus modérés : « Nous pensâmes, dit-il, qu’une simple élévation du bras ou un mouvement caractéristique de la main ou de la tête, suffirait à exprimer les émotions de l’acteur. » A cette immobilité contre nature du chanteur, à cette situation étrange où se trouvent les acteurs, dans les ensembles des opéras, a cette nécessité enfin de parler devant le public ou de se dérober aux trois-quarts à sa vue, Wagner remédie par une simple attitude, basée sur l’observation de la nature : « Nous tirâmes, dit-il, de la passion même du dialogue le changement de poses que nous cherchions : nous avions observé que les accents les plus pathétiques de la fin d’une phrase donnaient lieu naturellement à un mouvement de la part du chanteur. « En effet, la force de l’expression se porte toujours à la fin d’une phrase, et, même dans la conversation ordinaire, nous faisons involontairement un geste pour ponctuer en quelque sorte le sens de notre discours (tome X, 389 et sq.) « Ce mouvement fait faire à l’acteur un pas en avant et, en attendant la réponse, il tourne à demi le dos au public ; ce mouvement le montre en plein à son partenaire : celui-ci, en commençant sa réponse, fait aussi un pas en avant, et, sans être détourné du public, il se trouve face à face avec le premier. » Ce jeu de scène paraîtra bien simple et indigne d’explication à nos critiques qui n’y verront « qu’un truc » comme un autre. […] L’arrivée de Parsifal semble la tirer de sa torpeur.
Puis, il relut son œuvre, et en tira un esthétique : à partir du 4e chant, il transpose son sujet, et écrit sur la transposition. […] Il avait voulu fonder une secte, et quand tout fut prêt, il s’aperçut qu’elle était orthodoxe, De la vérité d’une légende ou de l’erreur d’un système philosophique, il tirait des conceptions déjà connues du catéchisme. […] Grâce à Liluli, a Llop’ils (l’opinion) et à toute une panoplie de drilles et de drillesses dont les modèles nous sont connus, Romain Rolland explique comment on fait battre les peuples, comment on les fait s’entre-occire à grand tumulte et comment les rapaces et les imbéciles s’arrangent pour tirer profit de ces aventures. — Liluli, c’est de l’Histoire —.
Jusqu’ici, dans cette théorie de la Justice, qui nous fuit comme un farfadet quand nous croyons la tenir, il n’y a de réussi que les batifolages, et pour Proudhon, qui tambourine, tire le pétard et saute pour lui-même, et pour le public, qui le prend juste pour ce qu’il est ! […] Par ses haines ou ses jalousies, il serait, s’il n’était pas mort, devenu millionnaire quelque jour, mais ce qui donne argent et renommée ne donne pas au livre lumière, ne le tire pas, ce livre, de l’inanité, du vide et des ténèbres, quand il y est. […] Je tirerai encore ce coup de pistolet !
Nous n’avons en ce volume que Rodrigue Borgia, mais nous avons aussi le grand seigneur, l’officier, l’homme marié, le cardinal, le prêtre et le légat que fut Borgia avant de monter à la papauté ; et ce Borgia-là est tellement tiré au clair par l’historien et mis dans un jour si lucide, sa vie est tellement dardée de pointes de lumière, cette vie qui dura soixante ans avant son élection et entre laquelle et nous se sont glissés ou étalés tant de mensonges, que le pape qui sort de ce Borgia on est déjà sûr, avant qu il en soit sorti, de son innocence, et que la preuve qu’on voulait faire on la fait toute, seulement avec sa moitié ! […] Quoi qu’il en soit, du reste, la maternité, voilà le sentiment humain, à hauteur des cœurs de la foule, — car les sentiments qui font agir les hommes comme Lantenac ne sont qu’à hauteur de cœur de quelques-uns dans l’humanité, — la maternité, voilà le sentiment dont Victor Hugo, qui, pour le moment, crée des héros vieux et ne met plus d’amour dans ses livres, a voulu tirer des effets dramatiques et touchants… Mais en la peignant avec son matérialisme ordinaire, en l’expliquant avec ce matérialisme qui n’est plus uniquement poétique, mais philosophique par-dessus le marché, cette notion, il l’a déshonorée ! […] S’ils avaient pensé à montrer dans leurs œuvres l’hydre de la Convention française, ils l’auraient ressuscitée dans une de ces journées terribles qui avaient leur monstrueuse beauté, et ils ne se seraient pas contentés de la nomenclature des noms de ses membres, avec des étiquettes tirées des mots qu’ils dirent et dont plus de moitié sont des platitudes et le reste des déclamations !
Il sera toujours temps, quand elles seront beaucoup plus nombreuses, d’en tirer des conclusions. […] L’intérêt se réduit alors à voir comment il s’en tire, comment le retour de la rime, et de la rime riche, ne nuit en rien à la propriété et à la clarté de cette prose qui se donne pour poésie. […] Sarcey, qui voit gros et qui n’y va jamais par quatre chemins, se tire d’affaire en traitant M. […] Mais, au reste, si ses contes n’étaient remarquables que par le sans-gêne de l’auteur, je n’en parlerais point ; et il va sans dire que, voulant les relire ici en bonne compagnie pour en tirer des remarques, je passerai vite où il faudra. […] Je prie seulement qu’on ne prenne point ceci pour une digression ; car tout ce que j’ai dit ou cité, on voit quel avantage M. de Maupassant en peut tirer et quelle innocence lui font les apophtegmes des sages de notre temps.
Les Politiques de village, le Colin-Maillard, sont aussi des sujets d’une grande trivialité ; mais, pour en tirer ce que Wilkie en a tiré, il fallait être un artiste du premier ordre. […] Quelles que soient les conséquences que vous prétendiez tirer de votre histoire, nous les récusons d’avance ; car toute histoire emporte avec elle sa moralité, éclatante ou obscure. […] La plupart des acteurs sont tirés de la dernière classe, et parlent le langage du vice. […] Dans Jocelyn, elle n’est pas traitée plus sévèrement, et pourtant on dirait que le poète a tiré sur elle à boulets ramés. […] Je défie qu’on tire d’une donnée si simple un plus riche parti ; à la bonne heure c’est une perle, un diamant, si vous voulez.
D’abord ce sont toujours des lumières douteuses que celles qu’on tire de l’examen de « l’esprit général », et il ne faudrait s’y lier que sur un bon garant qui ici nous manque. […] Je ne tirerai aucun parti de la fameuse « scène du pauvre », qui fit scandale à l’époque. […] Tout le monde en ce temps-là se prétendait concordataire et s’appuyait sur le Concordat et s’enfermait dans le Concordat comme dans un fort pour tirer sur les « réguliers ». […] Waldeck-Rousseau on pouvait tirer une raison suffisante de proscrire toute l’Église séculière comme toute l’Église régulière, quelque attaché au Concordat que M. […] On s’appuyait sur la loi de 1901 pour en tirer des conséquences qui allaient contre elle.
Flaubert, qui l’avait bien lu, et qui, à force d’admiration, s’était incarné en lui, comprit du premier coup le parti qu’on pouvait tirer de cet art d’écrire. […] Quels pronostics a-t-il tirés de leurs débuts ? […] Voilà le vaste thème d’où un auteur ordinaire eût tiré d’interminables peintures. […] Forçat du feuilleton, obligé d’écrire à jour fixé, il a tiré de son inspiration tout le sang qu’il a pu. […] Le saisissement qu’ils dégagent rend indifférent à l’absence des rythmes phrasés dont Flaubert tirait de si beaux effets.
Oui, et peut-être veut-il tirer parti pour me damner de ma faiblesse et de ma mélancolie, car il est puissant avec des âmes de la nature de la mienne. […] Il a discuté cette question dans la préface de la Visite de noces, et il s’en est tiré en distinguant un véritable et un faux amour. […] En fait, son œuvre a pour principe intellectuel quelques-unes des théories philosophiques les plus nouvelles de ce temps ; et de ces théories, en même temps que du contact avec la civilisation présente, il a tiré une mélancolie d’une rare noblesse. […] Nul n’excelle plus que lui à tirer un effet d’irrésistible tristesse du contraste entre l’illusion qui s’évanouit et la réalité qui s’impose. […] La première, c’est que des talents de premier ordre ont adopté cette formule et en ont tiré de très beaux livres.
Nous pouvons tirer quelques conclusions des idées exposées dans le chapitre précédent. […] Par exemple, si la mise en scène comporte une cheminée, on y joindra une garniture, pendule, vases, flambeaux, etc., sans que cela tire à conséquence, puisque cela forme pour l’œil un ensemble auquel il est habitué. […] Tous les jours, nous croisons dans la rue des personnes qui portent un revolver sur elles et auxquelles il pourrait arriver d’être en situation de le tirer de leur poche. […] Sitôt que l’œil examine la mise en scène pour en tirer une induction sur le développement de l’action, tout rentre dans la décoration peinte ; et le matériel figuratif ne se trouve en réalité composé que d’un très petit nombre d’objets. […] Au son de cette musique guerrière, tous les courages s’affermissent ; les cœurs se haussent et volent au-devant de ce roi qui s’apprête à tirer l’épée pour ressaisir sa couronne.
Peu de temps après, un homme, dont le nom de famille était Mignot, et Mondorge celui de comédien, se trouvant dans une triste situation, prit la résolution d’aller à Auteuil, où Molière avait une maison et où il était actuellement, pour tâcher d’en tirer quelques secours pour les besoins pressants d’une famille qui était dans une misère affreuse. […] On ne s’aveugle point par de vaines défaites ; Le monde n’est point dupe ; et j’en vois qui sont faites À pouvoir inspirer de tendres sentiments, Qui chez elles pourtant ne fixent point d’amants : Et de là nous pouvons tirer des conséquences Qu’on n’acquiert point leurs cœurs sans de grandes avances ; Qu’aucun, pour nos beaux yeux, n’est notre soupirant, Et qu’il faut acheter tous les soins qu’on nous rend. […] Cette métaphore expressive, tirée du bruit de la cloche, se trouve aussi dans la Fontaine. […] Ces exemples sont tirés du Dictionnaire de l’Académie, édition de 1694. […] Quel sublime comique le poëte a tiré ici du combat des deux passions hideuses qui agitent ce scélérat !
Il écrit avec force, mais sans ornement : de fréquentes comparaisons, mais quelquefois tirées de trop loin, animent ses peintures ; tout est clair & développé avec netteté, mais quelquefois avec trop d’étendue. […] L’histoire de la vie de Ciceron, tirée de ses écrits & des monumens de son siécle, avec les preuves & des éclaircissemens, composée par l’Abbé Prevot sur l’ouvrage anglois de M. […] Ces mémoires sont tirés du Mercure de Vittorio Siri, qui a été traduit en partie par M. […] Mais nous avions besoin d’une pareille entreprise, nous n’avions point de bonne histoire d’Allemagne ; vous sçavez combien la moins mauvaise, celle de Heiss est imparfaite : n’êtes-vous pas trop heureux qu’il se trouve un homme au monde qui donne sa vie à la retraite, à la lecture, &c. pour avoir l’honneur de vous conduire dans les détours de ce curieux labyrinthe, où vous ne seriez jamais entré sans lui, ou dont vous ne vous seriez jamais tiré. […] les consulter quelquefois dans le besoin pour en tirer quelque lumiere, ainsi qu’un architecte emploie des décombres dans un édifice.
Cette dernière allégorie, de marmiton, de Raton qui tire les marrons du feu, est un peu obscure pour le vulgaire profane : ces messieurs les philosophes avaient entre eux un argot comme la troupe de Cartouche. Les facéties que Voltaire publiait contre la religion étaient les marrons que Raton tirait du feu au risque de se griller les pattes, et les marmitons étaient ceux qui ne trouvaient point plaisant qu’on dérangeât leur feu pour tirer les marrons. […] ils se pillent les uns les autres de temps immémorial ; ils reproduisent sous toutes sortes de formes les mêmes fictions ; quelquefois ils puisent dans leur imagination déréglée, et alors ils en tirent des monstres à qui la nouveauté donne beaucoup de vogue. […] Le duc de La Vallière, époux d’une autre de ses filles, très scandalisé d’une telle prière, tira sa belle-mère par la manche, et lui dit : Madame, les gendres en sont-ils ? […] Le succès de l’imitateur ne doit pas faire oublier ce qu’il doit à son modèle, et même, en le perfectionnant, il ne le surpasse pas en mérite réel ; c’est beaucoup qu’il l’égale, et que ce qu’il tire de son propre fond puisse balancer ce qu’il emprunte.
Tout à coup, vous êtes venu dans le camp, vous avez sonné de la trompette, vous avez tiré votre longue épée, vous avez frappé à droite et à gauche, vous nous avez dit à tous : « Ah ! […] Rousseau aussi en a fait, et d’Alembert aussi en a fait un, le prospectus tant admiré de l’Encyclopédie ; ce même d’Alembert qui avait tiré, un jour, cent écus de son libraire, et à qui sa femme disait en soupirant : « Quoi ! […] Épreuve horrible, et, quand, deux ou trois heures après, on vint pour la tirer de son cachot… elle était folle ! […] Dans une note destinée à accompagner les livres qu’il mettait en vente aussitôt qu’il n’avait plus de science à en tirer, M. […] Vous avez cent moyens de la connaître : — ses pieds, sa chaussure, — rien qu’à la façon dont son bas est tiré sur sa jambe, — vous savez qui vous parle !
Jadis le vieux Pan tirait des nuages de ce fourneau osseux. […] Il n’avait pas son pareil pour tirer de son cor un son clair, mon camarade. […] Seulement l’un pouvait, d’une douce aventure sans conséquence, tirer un roman immortel. […] Tiersot s’en est tiré en en parlant le moins possible. […] Et de cette faculté maîtresse il tirait tout ce qu’il était vraisemblable, rationnel et logique qu’elle contînt.
Tirez ou rentrez la lorgnette, mettez-la à votre point. […] Je n’ai jamais pu m’en tirer, quelque intéressant que fût en lui-même le personnage du pauvre Tom. […] Il y soutient du mieux qu’il peut le personnage d’un satirique ennuyé de se voir obligé à louer, et par là trouve le moyen de s’en tirer passablement. […] Tirés de cette léthargie par le tumulte des humeurs qui s’élevaient en eux, ils s’imaginaient que c’était la divinité qui descendait, qui les visitait, qui les travaillait… Oh ! […] « — Mais, sans cette terrible formule, sans ce coup de pistolet tiré en l’air, le livre, qui est charmant, eût été bien moins lu !
Emmanuel des Essarts, dans une adaptation d’Œdipe à Colone, qui est fort estimable, s’en est un peu mieux tiré, ce me semble. […] Eh bien, c’est magnifique : il s’en est très proprement tiré. […] Elle aurait tiré des larmes des pierres ; et, des spectateurs experts, elle tirait des larmes d’admiration, celles qui sont les plus douces et les plus chères. […] « Ensuite il trouve moyen de nous apaiser et de tirer de nous cet aveu qui fait tant de peine » dit Madelon. — « Ah oui ! […] Jules Renard et de la pièce qu’il a tirée de l’Ecornifleur (Monsieur Vernet).
Il consiste à tirer la certitude de l’incertitude par une sorte de coup d’état psychologique. […] Je n’entends qu’avec mes oreilles, des oreilles qu’on a tant tirées… » Tout Jules Vallès tient dans ces quelques lignes avec ses puissances de vision et ses insuffisances. […] De cette impression première, demeurée ineffaçable sur son souvenir, M. d’Aurevilly a tiré l’Ensorcelée et le Chevalier des Touches. […] Le reste, c’est du métier » c’est-à-dire un monde spécial auquel je tire mon chapeau, mais ce métier, voulez-vous me dire combien le possèdent, encore un coup ? […] Il les tire pour me montrer une page.
Ce n’est donc pas un reproche à faire à un poëte que la vanité ; cela s’en va sans dire ; et il faut bien nous la pardonner, si l’on veut tirer de nous quelque chose. […] Il y a, j’ose le dire, quelque adresse à tirer ainsi avantage des obstacles mêmes ; mais, le critique est dispensé de tous ces égards. […] Comment à ce premier reproche ne se hâte-t-il pas de la tirer d’erreur ! […] D’un côté il tire de lui-même les principes et les exemples qui doivent le guider ; et c’est par son propre secours qu’il pourroit réüssir à le vaincre dans un sujet particulier. […] Le fruit qu’il tire de son examen sert bien-tôt à le relever de sa chute ; et si ce qu’il s’est dit à lui-même étoit écrit, ne pourroit-il pas être pour ses confreres de la même utilité qu’il l’est pour lui-même ?
Voici les gas, qui tirent sur les avirons ou qui halent le lourd filet jusqu’au bout de la drisse. […] Trouvant dans un ouvrage de Burnouf la légende de Kounâla, il l’a librement modifiée et il en a tiré le drame le plus poignant, la leçon de bonté la plus émouvante. […] Giraud avait à sa portée le trésor autobiographique intitulé le Roman d’un enfant ; il n’a pu se défendre d’y puiser et il en a tiré cent indications d’un prix inestimable. […] Le dirai-je en passant, et tirerai-je vanité d’un avantage peu enviable, celui d’avoir eu mes vingt ans longtemps avant M. […] Enfin, chaque pièce est datée scrupuleusement : nous verrons le parti qu’on peut, qu’on doit tirer de cette indication.
L’importance de la tragédie se tire de la dignité des personnages et de la grandeur de leurs intérêts. […] C’est une scène tirée du Bourgeois gentilhomme. […] Elle fait plus : quand la reine ose l’accuser d’avoir armé Absalon contre son père, elle ne lui répond qu’en remettant au roi une lettre par laquelle il apprend ce qu’on trame contre lui et ce qu’on tente pour la tirer elle-même de ses mains. […] Le style de sentiment est celui qui tire sa force et sa beauté, de la force même et de la beauté des sentiments et des pensées qu’il exprime. […] Molière a tiré des contrastes encore plus forts du mélange des comiques.
À Dieu ne plaise que je cherche à tirer aucun parti contre la religion de cette indifférence religieuse, si vainement combattue ! […] Mais toujours sa présence d’esprit, sa décision silencieuse et froide ou violente et impétueuse, selon le vent qui soufflait dans le désert, le tirèrent d’embarras ; quand il ne réussit pas à frapper de stupeur ses ennemis, il les culbute et il passe. […] Je vis partir les hommes qu’on expédia ; et quand ils furent à une centaine de pas, je les rappelai, et je dis à mon maître d’hôtel de leur bien expliquer que c’était du lait de vache, et non de buffle ou de chèvre, qu’il me fallait, et qu’ils devaient le faire tirer devant eux. » C’est ainsi que Jacquemont gagnait du temps. […] Ils étaient nus, affamés ; maintenant, bien que le sol de leurs petites vallées soit pauvre, et que leurs montagnes soient stériles, tous les bras étant employés à la culture, ils en tirent de la nourriture et des vêtements en abondance ; et ils apprécient tellement les immenses avantages que le gouvernement anglais leur a procurés, qu’ils lui paient volontiers un tribut qui est déjà de 500 000 francs, et qui s’accroîtra chaque année avec la richesse du pays. » C’est ainsi que procède la politique du gouvernement anglais dans l’Inde. […] Telle est, si je ne me suis pas trompé, la moralité qu’il faut tirer du Secrétaire intime.
Ma vie n’en est qu’un tissu ; je ne dirai pas que j’aie comblé de biens certaines gens, mais j’ai rendu des services gratuits ; je me suis acquis quelques amis par là, mais je n’y ai jamais compté ; je n’ai compté que sur ceux avec qui la sympathie et le cœur m’ont lié, mais non les bienfaits, et de ceux-là il est prodigieux quels mauvais offices j’en ai souvent tirés. […] Il entend cette langue mauvaise dans le sens de l’éloquence et de l’élocution, qui ne répond pas au reste ; et comme c’est en partie affaire d’habitude, il convient que lui et son frère s’en tirent mieux que le reste de la famille.
Mme de Coigny, un peu à cause de son gendre et aussi par tout ce qu’elle avait vu dans la Révolution, par reconnaissance pour celui qui nous en avait tirés, était grande admiratrice, et plus qu’on ne l’était d’ordinaire dans son monde, de l’Empereur et de son génie. […] Je parle au point de vue du public, et je ne doute pas que de ces trois volumes qui sont presque inédits on n’en pût tirer un qui plairait à tout le monde, et qui placerait à un bon rang dans notre littérature morale le nom de Mme de Tracy.
À la première affaire d’avant-garde qui s’engage de nuit dans les montagnes, les colonnes françaises, par un malentendu, tirent les unes sur les autres ; il s’ensuit une confusion extrême : Dans cette échauffourée, le bataillon rompit ses rangs aux premiers sifflements des balles ; je restai à ma place comme un soldat russe : c’était quelque chose pour un début. […] Necker ne prévoyait point l’expédition d’Égypte ; mais il vit un jeune officier qui lui parut plus sérieux et plus réfléchi que beaucoup d’autres, et il voulut lui procurer une lecture solide, qui montrait, dans un parfait exemple, comment on peut tirer profit de ses observations en tout voyage.
Campaux, qui en juge comme nous, a tiré de cette jolie ballade plus d’une conséquence sur les goûts, sur l’éducation première et les habitudes du poète. […] Je ne saurais, je l’avoue, admirer beaucoup cette prose symétrique dans laquelle la rime donne le mot, de gré ou de force, et tire tout à soi ; mais enfin le premier mouvement, l’accent et, pour ainsi dire, le geste sont là.
Ses premières années d’émancipation se passèrent à vaguer dans les ateliers des artistes et à baguenauder à tort et à travers ; il voyait aussi quelques-uns des poètes dits du Cénacle, et il en tirait la plupart de ses jugements littéraires futurs. […] Cela vous signale, et les trois quarts des badauds sont tentés de dire : « Voilà un homme qui s’y entend. » C’était la souveraine jouissance de Gustave Planche, et il se la procurait à tout prix, d’autres sont heureux et flattés des affections ou des sympathies qu’ils inspirent : lui, il tirait gloire des répulsions mêmes et des aversions qu’il provoquait.
La nécessité, en somme, lui a été plus mère que marâtre ; elle l’a forcé, dans cette voie toute nouvelle où il faisait chaque jour un pas de plus, à tirer de lui et de son talent l’œuvre unique, légère, dispersée, innombrable, rieuse, aimable et satirique, profonde en définitive, qui assure à son nom dès aujourd’hui et chez nos neveux ce souvenir net, distinct, le plus à envier de tous pour l’artiste. […] Les éditeurs le poussaient vers le commun, il s’en tirait par le comique : il se voyait obligé ainsi de combiner les diverses exigences, celles du dehors et celles du dedans, les siennes propres, et d’être à la fois comique, pittoresque et profond, mais en attrapant toujours un côté vulgaire : ce dernier côté, il ne faisait que l’atteindre et l’effleurer.
On en tirerait au besoin une moralité sur le néant et le mensonge du plaisir : on croit mettre la dent dans une orange, et l’on mord dans la cendre. […] Il a peint sur place et d’après’nature les jeunes France ; il les a pris sur le vif, il les a tirés à bout portant et a épuisé en trois ou quatre tableaux la physiologie du genre.
Il semble qu’un rideau y soit tiré sur tout le passé. […] Les approvisionnements que je comptais tirer de l’arrondissement de Spire et dont partie était déjà chargée sur le Rhin auront de la peine à passer.
Dupont, avant de sortir de la prison, me tira à part et me dit ceci : « Quel homme, monsieur, que votre général ! […] Le Dépôt de la Guerre possède sur lui le dossier le plus complet, d’où l’on tirerait une notice d’un caractère tout à fait neuf et original.
Il paraît bien qu’après le premier tumulte toute la fin de la lettre avait été entendue assez patiemment ; Robespierre tira de là son exorde : « J’ignore quelle impression a faite sur vos esprits la lettre dont vous venez d’entendre la lecture ; quanta moi, l’Assemblée ne m’a jamais paru autant au-dessus de ses ennemis qu’au moment où je l’ai vue écouter avec une tranquillité si expressive la censure la plus véhémente de sa conduite et de la Révolution… Je ne sais, mais cette lettre me paraît instructive dans un sens bien différent de celui où elle a été écrite… Je suis bien éloigné de vouloir diriger la sévérité, je ne dis pas de l’Assemblée, mais de l’opinion publique, sur un homme qui conserve un grand nom ; je trouve pour lui une excuse suffisante dans une circonstance qu’il vous a rappelée, je veux dire son grand âge. […] Jay sur Raynal, qui est en tête de la dernière édition de l’Histoire philosophique des deux Indes, Notice vague et générale comme on les faisait en ce temps-là, ne contient qu’une seule anecdote neuve tirée d’une lettre de M. de Lally au comte Portalis : on y voit l’abbé Raynal et M. de Lally au naturel, tous deux gens à démonstrations, à grands sentiments et à embrassades.
Qu’il s’en tire comme il pourra ! […] J’ai combiné dans tout ce récit les expressions mêmes de Jomini, tirées tant de la Notice du colonel Lecomte que de la Vie politique et militaire de Napoléon, et du Traité des grandes Opérations militaires.
C’est précisément le contraire qui est vrai historiquement : les langues sont nées comme plantes et herbes, avec toutes sortes de diversités, et la fantaisie des hommes qui s’y joue ne peut tirer d’elles, en définitive, que ce qu’elles permettent et ce qu’elles contiennent. […] Il faut l’entendre parler de ces « rameaux francs et domestiques, magistralement tirés de la langue grecque ».
L’auteur d’Arthur, au chapitre des femmes et de l’amour, se pose l’objection, la discute à merveille, et, toutefois, s’en tire peut-être incomplétement dans l’application. […] Puisque j’ai remué des feuilles oubliées, j’en tirerai encore un seul passage qui servira à encadrer une autre élégie : la passion qui va saisir le héros en est déjà aux préliminaires ; c’est lui toujours qui raconte : « … Le dimanche, elle recevait volontiers du monde de la ville ; j’y fus invité, par un petit mot de sa main, pour le second dimanche qu’elle y passa : il ne devait y avoir que moi, m’écrivait-elle.
ce n’est pas l’automne, c’est un coup de soleil, disait-il ; c’est ce pauvre arbuste des îles qui se dépouille avant l’heure. » Mais, le soir, quand les nuages eurent fui, et qu’il vit vers les collines, sur un horizon transparent et froid, la lune naissante, il comprit que c’était l’automne, venu cette année-là plus tôt, et il en tirait présage, se demandant et demandant à ce croissant, à ce ciel pâli, à la nuit, si c’était déjà aussi l’automne de l’amour. […] Et, pour continuer sa plainte et la tirer tout entière, il aurait fallu les pleurs d’Orphée.
A cette époque unique dans la vie, le génie, qui, depuis quelque temps adulte et viril, habitait avec inquiétude, avec tristesse, en sa conscience, et qui avait peine à s’empêcher d’éclater, est tout d’un coup tiré de lui-même au bruit des acclamations, et s’épanouit à l’aurore d’un triomphe. […] » Une fois il s’adresse à Louis XIV qui a fait représenter à Versailles Sertorius, Œdipe et Rodogune ; il implore la même faveur pour Othon, Pulchérie, Suréna, et croit qu’un seul regard du maître les tirerait du tombeau ; il se compare au vieux Sophocle accusé de démence et lisant œdipe pour réponse ; puis il ajoute : Je n’irai pas si loin, et si mes quinze lustres Font encor quelque peine aux modernes illustres, S’il en est de fâcheux jusqu’à s’en chagriner, Je n’aurai pas longtemps à les importuner.
Il se récite donc en détail à son ami ; il se plaint de son esprit qui le maîtrise par accès, qui le surmène : madame Victorine de Chastenay disait, en effet, de lui qu’il avait l’air d’une âme qui a rencontré par hasard un corps, et qui s’en tire comme elle peut. […] » Mais, comme critique littéraire, il en faut tirer encore certains mots qui s’ajouteraient bien au chapitre des Ouvrages de l’Esprit de La Bruyère, et dont quelques-uns vont droit à nos travers d’aujourd’hui : « Pour bien écrire, il faut une facilité naturelle et une difficulté acquise. » « Il est des mots amis de la mémoire ; ce sont ceux-là qu’il faut employer.
Voici le montage de Renart, dont les pacifiques hommes de Dieu ne tireront guère plus de satisfaction que de Rainoart au tinel. […] Les Fabliaux 76 sont des contes plaisants en vers dont les sujets sont en général tirés de la vie commune et physiquement, sinon moralement et psychologiquement, vraisemblables.
Car, que sont les plus forts et les plus sages, sinon des acteurs qui se connaissent un peu mieux eux-mêmes, mais qui sont mus aussi par des forces fatales et qui ne verront jamais toutes les ficelles qui les tirent ? […] Ainsi quand le bonhomme est subitement tiré de ses réflexions par M.
Dans notre maniere d’être actuelle, notre ame goûte trois sortes de plaisirs ; il y en a qu’elle tire du fond de son existence même, d’autres qui résultent de son union avec le corps, d’autres enfin qui sont fondés sur les plis & les préjugés que de certaines institutions, de certains usages, de certaines habitudes lui ont fait prendre. […] Les anciens n’avoient pas bien demêlé ceci ; ils regardoient comme des qualités positives toutes les qualités relatives de notre ame ; ce qui fait que ces dialogues où Platon fait raisonner Socrate, ces dialogues si admires des anciens, sont aujourd’hui insoûtenables, parce qu’ils sont fondés sur une philosophie fausse : car tous ces raisonnemens tirés sur le bon, le beau, le parfait, le sage, le fou, le dur, le mou, le sec, l’humide, traités comme des choses positives, ne signifient plus rien.
Ses deux devanciers n’avaient pensé qu’à se rendre compte à eux-mêmes, celui-ci de ses souvenirs et de la morale qu’il en voulait tirer, celui-là de ses motifs d’abdiquer et de se réfugier dans la foi. […] Tels passages ressemblent à certains tableaux qu’on cite dans l’histoire de l’art ; il manque à ces tableaux, parfaits dans les détails, un objet principal dont tous les accessoires tirent leur prix.
C’est ainsi également que, hors d’état de choisir, mais forcé de choisir, on jette en l’air une pièce de monnaie pour tirer à pile ou face. […] Si la science ne réussissait pas, elle ne pourrait servir de règle d’action ; d’où tirerait-elle sa valeur ?
Et cela ne veut nullement dire qu’il n’ait été très loin du premier coup, puisque c’est à l’ampleur du saut qu’il doit d’avoir été remarqué, ni qu’observateur né, s’il en fut, et sachant tirer des choses tout ce qu’elles peuvent en apprendre à qui est spécialement conformé pour en condenser le sens, dans son esprit, en formules d’une généralisation savante, il n’ait révélé une intelligence extraordinairement précoce, et ouverte à un degré d’universalité, si tant est que, comme il arrive fatalement aux natures compliquées, cette intelligence est restée passive, en ce qu’elle a reçu et démêlé, sans que, par spécialisation de génie, elle ait réussi à créer par là-dessus. […] Savoir tirer parti d’une prédisposition naturelle de l’esprit à considérer toutes choses avec un regard double, — le regard animé du spectateur et celui impassible du classificateur, — est un signe de maîtrise ; et le phénomène est assez rare, parmi les romanciers, pour qu’on ne s’en étonne pas au sujet de M.
La pièce pourrait finir là : l’auteur, au troisième acte, a su pourtant tirer des effets nouveaux d’une action qui paraissait épuisée. […] Son intelligence, tirée à quatre épingles, ne fait pas un pli.
On nous a tirés d’un extrême ; nous ne nous laisserons point jeter dans l’extrême opposé ; on nous a dégagés de mille et mille petites préventions ; nous ne nous laisserons point emmailloter dans des préventions d’une autre nature. […] Guizot, lequel en a trop peu profité : « Gouvernez votre ministère et la Chambre, lui écrivait-il de Coppet en 1844, ou laissez-les se tirer d’affaire.
Le dimanche 12 juillet 1789, deux jours avant la prise de la Bastille, ce fut Desmoulins qui, au Palais-Royal, monta sur une table, annonça aux Parisiens le renvoi de Necker, et fit cette scène, si souvent racontée, où il tira Pépée, montra des pistolets et arbora une cocarde verte comme signe d’émancipation et d’espérance. […] Mirabeau, avec sa supériorité, comprit d’abord le parti qu’on pouvait tirer de ce jeune homme ardent, et la nécessité du moins de ne pas s’en faire un ennemi ; il le prit avec lui à Versailles, l’eut pendant une quinzaine pour secrétaire, Je soignai ensuite à distance, et lui imprima tellement l’idée de son génie, que, plus tard, tout à fait émancipé et en pleine révolte, Camille respecta toujours le grand tribun, alors même qu’il mêlait à l’admiration quelque insulte inévitable.
que, par des devoirs indispensables, je reste encore dans le monde, pour y souffrir sur ce même échafaud où je vous ai tant offensé, si vous voulez tirer de mon péché ma punition même, en faisant devenir les bourreaux de mon cœur ceux que j’en avais faits les idoles : « Paratum cor meum, Deus (mon cœur est tout prêt, ô Seigneur !). […] Deux ou trois passages dénotent seulement une expression assez figurée et assez vive : Il est vrai, Seigneur, que si l’oraison d’une carmélite qui est retirée dans la solitude, et qui n’a plus qu’à se remplir de vous, est comme une douce cassolette qu’il ne faut qu’approcher du feu pour rendre une odeur très suave, celle d’une pauvre créature qui est encore attachée à la terre, et qui ne fait proprement que ramper dans le chemin de la vertu, est comme ces eaux bourbeuses qu’il faut distiller peu à peu pour en tirer une utile liqueur.
À quelque temps de là, M. de La Marck fit dire un mot à la reine au sujet de ses liaisons déjà intimes et remarquées avec Mirabeau ; il faisait pressentir discrètement quel était son espoir en les entretenant, et qu’il y avait peut-être à tirer parti d’un tel homme, dans l’intérêt même de la monarchie. […] Il s’en tirait, comme il fit toujours, avec des mots, des compliments, des demi-partis, éludant les difficultés avec une grande habileté de détail, les ajournant, ne les prévenant et ne les embrassant jamais ; « n’ayant pas la force de composer un bon ministère, ni le courage d’en former un trop mauvais ; également incapable de manquer de foi et de tenir parole à temps » ; plus amoureux de louange que de pouvoir réel et d’action ; ménager avant tout de sa gloire et de sa vertu, soigneux de sa chasteté.
Tout apprendre, tout savoir, depuis les propriétés des simples et la confection des confitures, jusqu’à l’anatomie du cœur humain, être de bonne heure sur le pied d’une perfection et d’une merveille, tirer de tout ce qui passe dans la société matière à roman, à portrait, à dissertation morale, à compliment et à leçon, unir un fonds de pédantisme à une extrême finesse d’observation et à un parfait usage du monde, ce sont des traits qui leur sont assez communs à toutes les deux ; les différences pourtant ne sont pas moins essentielles à noter. […] Il est bon pourtant de savoir que ces Conversations, au moins toutes les premières, sont textuellement tirées de Cyrus, de Clélie, et de ses autres romans.
J’ai été vingt-cinq ans sans entrer dans sa maison, hors une fois que j’allai la voir pour la préparer à son voyage de l’éternité (c’est-à-dire pour la faire confesser)… Elle m’a pourtant conservé son estime et son amitié jusqu’à la fin… Elle venait me voir et m’écrivait de temps en temps : mes réponses tiraient toujours sur sa conscience. […] Elle répondait fièrement : « Je n’ai jamais eu besoin d’en faire. » On ajoutait qu’elle avait trahi par là une âme tendre et sensible : « Je ne m’en défends pas, répondait-elle ; il n’est plus question que de savoir l’usage que j’en ai su faire. » Cet usage est assez indiqué par ces conseils mêmes, si finement démêlés et si fermement définis : elle éleva son cœur, elle prémunit sa raison, elle évita les occasions et les périls ; elle ménagea ses goûts, et prit sur sa sensibilité pour la rendre durable et aussi longue que la plus longue vie : Quand nous avons le cœur sain, pensait-elle, nous tirons parti de tout, et tout se tourne en plaisirs… On se gâte le goût par les divertissements ; on s’accoutume tellement aux plaisirs ardents qu’on ne peut se rabattre sur les simples.
Comment voulez-vous sortir d’un état qui vous peine, si vous repoussez les mains qui peuvent vous en tirer ? […] Comment voulez-vous sortir d’un état qui vous peine si vous repoussez les mains qui peuvent vous en tirer ?
À côté de cela, Voltaire n’a garde d’oublier quatre mille petits ceps de Bourgogne que le Président doit lui envoyer, et s’il peut même, au lieu de quatre mille auxquels il a droit, en tirer cinq mille, il n’en sera pas fâché : « Pour Dieu ! […] Le jour où Voltaire a fait son entrée seigneuriale en son château de Tourney, il était en habit de gala, avec ses deux nièces (Mme de Fontaine et Mme Denis), toutes en diamants ; le curé l’avait harangué, le fermier lui avait offert un repas splendide, les sujets avaient fait des décharges de mousqueterie, et tiré boîtes, canons, grenades ; on avait emprunté pour cela l’artillerie de Genève et l’homme pour la servir.
Quand il nous définit la qualité du sol de l’Égypte et en quoi ce sol se distingue du désert d’Afrique, ce « terreau noir, gras et léger », qu’entraîne et que dépose le Nil ; quand il nous retrace aussi la nature des vents chauds du désert, leur chaleur sèche, dont « l’impression peut se comparer à celle qu’on reçoit de la bouche d’un four banal, au moment qu’on en tire le pain » ; l’aspect inquiétant de l’air dès qu’ils se mettent à souffler ; cet air « qui n’est pas nébuleux, mais gris et poudreux, et réellement plein d’une poussière très déliée qui ne se dépose pas et qui pénètre partout » ; le soleil « qui n’offre plus qu’un disque violacé » ; dans toutes ces descriptions, dont il faut voir en place l’ensemble et le détail, Volney atteint à une véritable beauté (si cette expression est permise, appliquée à une telle rigueur de lignes), une beauté physique, médicale en quelque sorte, et qui rappelle la touche d’Hippocrate dans son Traité de l’air, des lieux et des eaux. […] « Montrez-moi, lui dit Mirabeau qui y montait, ce que vous avez à dire. » Et jetant les yeux sur le discours, il y saisit une phrase dont il tira parti l’instant d’après, et qui est devenue le mouvement célèbre : « Je vois d’ici cette fenêtre d’où partit l’arquebuse fatale qui a donné le signal du massacre de la Saint-Barthélemy. » Il paraît que l’idée première était de Volney : Mirabeau, s’en emparant et la mettant en situation, en fit un foudre oratoire.
Elle tirera de l’anecdote le bronze ou l’argile de ses figures. […] Toutefois, n’ayant point derrière nous le manuscrit autographe, nous n’avons osé hasarder aucun extrait ; nous nous sommes contentés de tirer de ces mémoires les faits qui amplifient, certifient, contredisent, avec un accent de vérité incontestable, les récits déjà publiés.
Il y a aussi, dans l’art, un élément de plaisir tiré d’une antipathie mêlée parfois de crainte légère, que compense le sentiment de l’illusion. […] L’émotion artistique est donc, en définitive, l’émotion sociale que nous fait éprouver une vie analogue à la nôtre et rapprochée de la nôtre par l’artiste : au plaisir direct des sensations agréables (sensation du rythme des sons ou de l’harmonie des couleurs) s’ajoute tout le plaisir que nous tirons de la stimulation sympathique de notre vie dans la société avec les êtres d’imagination évoqués par l’artiste.
Tirez-vous donc de vous-même ! […] Il a été à l’Université ; il a la sauvagerie danoise édulcorée de politesse italienne ; il est petit, gras, un peu lymphatique ; il tire bien l’épée, mais s’essouffle aisément.
J’aime mieux une bataille tirée de l’histoire qu’une bataille d’imagination ; il y a dans la première des personnages principaux que je connais et que je cherche. […] Et vous voilà tiré de Loutherbourg à qui certes on ne saurait refuser un grand talent.
Une vie déjà presque enfuie n’était plus capable de résister au choc de ces achevées et impitoyables phrases qui la tiraient dans l’au-delà. […] Nous en tirons l’essentiel des indications ci-dessous.
Nous le retrouvons chaque jour, ce credo tiré à quelques millions d’exemplaires. […] Les grands chefs de la finance internationale virent, immédiatement, tout le parti qu’ils pouvaient tirer de ce terrible malentendu. […] Le but de la psychologie est de tirer en pleine lumière précisément ce qui, sans elle, demeurerait dans la pénombre, ou dans l’ombre. […] Je n’en tire aucune vanité. […] Il n’y avait plus qu’à tirer les conséquences d’une aussi irréfutable démonstration de la non existence de Dieu.
Je ne veux pas vous dissimuler l’espèce d’effroi qui m’a saisi en me voyant tirer du demi-jour qui me convenait si bien vers une lumière si vive et si inattendue ; ce sentiment est excusable : il y va de trop pour moi, sous toutes sortes de sérieux rapports, d’être jugé avec une si extrême bienveillance dans un article dont vous êtes l’auteur et que vous avez signé.
Hugo parle en son nom dans ses poésies, qu’il ne cherche plus à déguiser ses accents, mais qu’il les tire du profond de son âme, il réussit bien autrement.
Aujourd’hui, c’est un coin politique et historique ; demain, une poésie ou une rêverie mélancolique ; après-demain, quelque roman sanguinaire ou licencieux, puis tout d’un coup une chaste et grave et religieuse production ; il faut que la pauvre critique aille toujours à travers cela, il faut qu’elle s’en tire, qu’elle s’en teigne tour à tour, qu’elle voie assez de chaque objet pour en jaser pertinemment et d’un ton approprié.
Mais à quel prix M. de Balzac a-t-il fait sa découverte et en a-t-il tiré parti ?
Comment la langue s’éclaircit : exemples tirés de Calvin.
Et ce sont, pour ainsi dire, des formules comiques que Molière emprunte aux Italiens, sauf à centupler la valeur de ce qu’il emprunte par le parti qu’il en tire, par l’usage qu’il en fait.
On reprend le mot sceptique de Voltaire : « Quand on est aimé d’une jolie femme, on se tire toujours d’affaire », mais on épingle à côté cette pensée de Joubert qui va devenir l’évangile symboliste : « Les beaux vers sont ceux qui s’exhalent comme des sons ou des parfums. » La querelle des idéalistes et des réalistes s’y poursuit.
Ce n’est partout, sur le sol de la vieille Europe, que guerres religieuses, guerres civiles, guerres pour un dogme, guerres pour un sacrement, guerres pour une idée, de peuple à peuple, de roi à roi, d’homme à homme, que cliquetis d’épées toujours tirées et de docteurs toujours irrités, que commotions politiques, que chutes et écroulements des choses anciennes, que bruyant et sonore avènement des nouveautés ; en même temps, ce n’est dans l’art que chefs-d’œuvre.
« Un cavalier, en pareil cas, dit M. l’abbé d’Olivet, tire l’épée ; un homme de robe intente un procès ; un poëte composeroit une satyre : chacun a ses armes.
Tout cela signifie qu’un poète peut tirer quelqu’avantage de ses travaux.
De là des milliers de corrections, des intercalations de feuillets manuscrits, un dénouement entièrement nouveau, tous les pétards que ce Ruggieri tirait sur ses épreuves, toutes les bombes que l’homme, sans cesse en état de défense, lançait sur les marges pour protéger une œuvre qu’il ne jugeait pas suffisamment défendue.
La loi en est pourtant bien simple, et le premier teinturier à qui vous portez un échantillon d’étoffe nuancée, jette la pièce d’étoffe blanche dans sa chaudière, et sait l’en tirer teinte comme vous l’avez désirée.
Qui est le grand peintre, ou de Raphael que vous allez chercher en Italie, et devant lequel vous passeriez sans le reconnaître, si l’on ne vous tirait pas par la manche, et qu’on ne vous dît pas Le voilà ; ou de Rembrand, du Titien, de Rubens, de Vandeick et de tel autre grand coloriste qui vous appelle de loin, et vous attache par une si forte, si frappante imitation de la nature que vous ne pouvez plus en arracher les yeux ?
Ils tirent leur force du rapport que la nature elle-même a pris soin de mettre entre les objets extérieurs et nos organes, afin de procurer notre conservation.
Section 16, objection tirée du caractere des romains et des hollandois, réponse à l’objection On m’objectera peut-être que nous connoissons aujourd’hui deux peuples à qui le caractere que les anciens écrivains donnent à leurs dévanciers, ne convient plus présentement.
L’homme de génie dont je viens de parler avoit conçû par la seule force de son imagination que le spectacle pouvoit tirer du pathetique, même de l’action muette des choeurs, car je ne pense pas que cette idée lui fut venuë par le moïen des écrits des anciens, dont les passages qui regardent la danse des choeurs n’avoient pas encore été entendus, comme nous venons de les expliquer.
Il a accepté les Mémoires de Marmont pour juger l’auteur de ces Mémoires, et le Marmont qu’il en a tiré, c’est précisément celui-là qui ne voudrait pas s’y reconnaître !
Pour donner une idée de cette indifférence à conclure, il raconte quelque part, avec une lestesse de plume et un faire de romancier moderne, l’histoire de cette femme à trois maris vivants qu’il appelle Jante, qui voyait la meilleure compagnie d’Athènes, et il ne tire pas une seule conclusion — une conclusion quelconque !
par le coup d’État 2, a déjà plusieurs mois d’existence ; mais il tire du talent, et plus encore de la famosité de son auteur, une importance telle qu’on pourrait y revenir même de plus loin que nous ne sommes aujourd’hui.
Rationaliste plus ou moins, malgré sa distinction d’intelligence, Louandre n’a pas compris tout ce qu’il pouvait tirer du sujet de son livre ; mais un poète ne s’y serait pas trompé.
Je connaissais le Monselet de la gaieté, de la bonne humeur, de la grâce nonchalante, la pierre à feu qu’on peut battre éternellement du briquet pour en tirer d’infatigables étincelles ; je connaissais l’historien de Grimod de la Reynière, — qui est mort sans l’avoir eu à souper, le malheureux !
Courageux contre notre opinion, il a continué de marcher dans cette voie où l’on ne s’en tire qu’avec des ailes, et il nous donne, absolument comme si nous n’avions rien dit, deux volumes, — que dis-je ?
Ces citations sont tirées de l’article de Taine sur Jean Reynaud (Essais de critique et d’histoire, éditions actuelles).
(Il tire son épée et court sur lui.) […] (Il tire son épée. […] … Monseigneur, il vous reste un œil — pour voir le sang que je lui ai tiré. […] Ils jouent sur les mots, ils en tourmentent le sens, ils en tirent des conséquences absurdes et risibles, ils se les renvoient comme avec des raquettes, coup sur coup, en faisant assaut de singularité et d’invention. […] Jeunes gens, soldats et artistes, ils tirent un feu d’artifice de phrases et gambadent tout à l’entour.
C’est dans un ouvrage de Lénine qu’il trouvera l’analyse de cette image tirée du Rêve de d’Alembert et reprise dans La Lettre sur les aveugles. […] Le roman tirait parti de tout. […] Et si, en attendant, est désirée, baisée, voire épousée quelque négresse de bordel, que ni honte, ni vanité ne soient tirées d’un commerce qui n’a besoin de visa, non plus que d’excuse, puisque s’en trouve au moins donné un plaisir épithélial à ne point dédaigner. […] Or, ces êtres qui ont tiré sur leurs sens les rideaux du renoncement, qui ont fermé les fenêtres par où le monde extérieur venait jusqu’à eux, ils ont beau se réjouir de penser que pas un écho, pas un reflet ne viendra troubler l’obscur silence de leur orgueil, chaque pore de leur peau ne s’en ouvre pas moins à la rencontre dont ils ne veulent pas. […] De ces ébats forcenés, sordides, somme de tout ce qu’elle décrète péché, afin d’en élaborer quelque damnante notion, l’Église tira profit.
Point de physicien qui connoisse mieux l’optique, & qui sache en tirer un meilleur parti. […] Nos environs de Paris tirent moins leurs agrémens des bosquets, que de cette aménité de mœurs qu’on voit épanouie sur les visages de ceux qui s’y promenent ; car c’est de-là, mylord, qu’un agréable local tire son plus grand avantage. […] La garance, lui dis-je, devroit être plus multipliée, & je m’étonne que le profit qu’on en tire n’engage pas des cultivateurs à la prendre sous leur protection. […] Ces animaux même en sont friands, & des pépins on en tire une huile, qui, dans la campagne, peut être d’une grande utilité. […] N’est-il pas risible, en effet, qu’on tire de Londres des accoutremens, des équipages plus ridicules les uns que les autres ?
Chacun sait bien que ce mariage de Gaston avec Madeleine peut tirer à cent mille exemplaires tout le bien, tout le mal de l’univers. […] Baïf, Dubellay, Jean Daurat et les poëtes de la pléiade tiraient un si excellent parti. […] Nous rendions l’effet qu’avaient produit sur nous les Fleurs du mal par une analogie tirée d’un auteur américain que certes Baudelaire avait dû connaître. […] Quelle conclusion tirer de ce long travail sur la poésie ? […] Elle a remué des vérités malsaines ; mais elle en a tiré des œuvres remarquables, et, après tout, ce n’est jamais sans profit que l’on étudie la vérité.
Certes, il serait injuste d’établir un lien de cause à effet entre des doctrines philosophiques et les conséquences que leurs adeptes en tirent. […] Quoi d’étonnant si de durs sectateurs n’en tirent plus que l’apothéose de leur orgueil ? […] Pareillement, un étudiant qui a la vocation médicale est tiré d’affaire, dès qu’il arrive à l’internat. […] On prête à Lénine cette phrase, en réponse à une objection contre son programme, tirée de la réalité : « Tant pis pour la réalité ! […] Ces derniers sont achevés à coups de crosse et de baïonnette, pour éviter que les coquins ne nous tirent dans le dos.
Haraucourt un écrivain plus adroit eût tiré sans peine la matière de deux ou trois livres. […] Jules Lemaître a tiré mille et mille idées, et comme une philosophie éparse dans des feuilles détachées. […] La leçon qu’il en tire est bien simple, c’est qu’il faut aimer, et puis aimer encore. […] Ce n’est point là une littérature si dédaignable, et il faut tout au moins tirer hors de pair M. […] Le brigadier n’obtenant de lui que cette réponse, se piète, ajuste, tire… Le coup rate.
Pour me renseigner, je tire de la vieille armoire un autre vieux livre : « Les Vies des saints pour tous les jours de l’année, par le R. […] Les deux sous jetés dans le tronc, vous tirez une poignée, et une aiguille vous renseigne sur votre force musculaire. […] Certes, l’événement n’est pas considérable, et il n’y a presque aucune conséquence à en tirer. […] Il a des lettres de Musset à George Sand et de George Sand à Musset où il apparaît clairement que… Mais je suis honnête homme, vous ne tirerez pas de moi un seul mot de plus. […] … feræ omnes… » Je ne tire point de conclusion.
Quant à la morale à tirer de cet ouvrage, qu’en dire, sinon rien ? […] Ce fut immédiatement en-deçà des fortifications nord de Paris, dans un bastion d’octroi flanqué de deux pavillons en l’un desquels je « tirai » six semaines relativement heureuses, très choyées et qui passèrent trop vite sans doute pour très bien faire, même moralement, je le crains. […] Les salles d’audiences sont plus légèrement meublées encore que les nôtres et tirent sur la note noire ; sombre les rideaux énormes aux amples verrières ; sombre la nuance du bois dont sont construits le siège de la Cour et celui du Ministère public ; sombres les tentures des murailles démesurément hautes. […] Donc ce « dangereux » Raizonville était poursuivi sous la prévention d’avoir tiré sur une pierreuse, Louise Mouranvale, qu’il ne trouvait pas assez docile (ô pudeur), un coup de revolver. […] Le sel attique souvent (quoique un peu trop souvent) excite son humeur gauloise, très gauloise quand il le faut : Tirez, tirez, tirez (Les Plaideurs).