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1636. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — Préface (1859) »

Quand d’autres volumes se seront joints à ceux-ci, de façon à rendre l’œuvre un peu moins incomplète, cette série d’empreintes, vaguement disposées dans un certain ordre chronologique, pourra former une sorte de galerie de la médaille humaine.

1637. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

Et cette liberté, le public la veut telle qu’elle doit être, se conciliant avec l’ordre, dans l’état, avec l’art, dans la littérature.

1638. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

Il est tout un autre ordre d’idées, non moins hautes selon lui, qu’il voudrait avoir le loisir de remuer et d’approfondir à l’occasion de cette pièce de Lucrèce Borgia.

1639. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Joseph Scaliger, et Scioppius. » pp. 139-147

Le plus grand service qu’il ait rendu à la littérature, est d’avoir imaginé le premier une chronologie complette & méthodique, & d’avoir cherché des principes sûrs pour ranger l’histoire en un ordre exact & fondé sur des règles.

1640. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Ce n’est pas que l’auteur ne se fût donné beaucoup de peine pour compiler tout ce qui pouvoit avoir rapport à son but ; mais il manquoit d’ordre & de critique.

1641. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 34, du motif qui fait lire les poësies : que l’on ne cherche pas l’instruction comme dans d’autres livres » pp. 288-295

On a rendu en cela un grand service au public, car on ne lit pas deux fois L’Arioste de suite, et en passant du premier chant au second, et de celui-là aux autres successivement, mais bien en suivant independamment de l’ordre des livres les differentes histoires qu’il a plûtôt incorporées qu’unies ensemble.

1642. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — I. Takisé, Le taureau de la vieille »

Celle-ci, déchue de son rang, n’eut plus que la situation des femmes ordinaires, de celles qui ne doivent jamais se tenir, sans ordre exprès, au côté de leur mari.

1643. (1911) Nos directions

Et dans l’ordre de la critique, poursuivons la tâche de « mise au point » que nous nous sommes bien inconsidérément imposée et qui nous place, sur le champ de bataille, à l’endroit le plus exposé, sous les feux croisés des primaires, des pasticheurs et des esthètes, réconciliés ensemble contre nous ! […] Loin de se soumettre aux faits, il voulut qu’ils vinssent corroborer une idée préconçue : cette idée, par malheur, ne fut pas l’idée de beauté nécessaire, antérieure à toute production de l’art, mais une idée d’ordre scientifique, mais une vérité. […] Sur l’ordre inspiré de Dom Marc, son jeune ami, qui est tout sainteté et prière, il se dénoncera aux juges de la terre ; en plein office, devant le peuple assemblé, il crie son crime. […] Porter à la scène, non pas un conflit d’ordre chrétien, mais la divinité même, les gestes des saints et des anges ! […] De fait, La Fontaine resta longtemps un poète de second ordre, pour vieux libertins ou pour écoliers ; durant trois siècles, son influence demeura nulle ; ce fut comme s’il n’avait pas existé. — Il faut le proclamer enfin : son rôle représentatif fut unique et considérable.

1644. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Quant au reste des objets rassemblés avec ordre et une symétrie élégante dans ce lieu, il consistait en figures, en fragments de figures ou d’ornements antiques moulés en plâtre. […] À peine ces mots étaient-ils prononcés que tout rentrait dans l’ordre et le silence, au point que l’on aurait, à la lettre entendu une souris trotter. […] » Mais impassible comme le soliveau de la fable, l’inaltérable collecteur répondait par un sourire plein de candeur, et tout rentrait dans l’ordre. […] Déjà maître de la France au moment où il venait de préluder au rétablissement des idées monarchiques en instituant l’ordre de la Légion d’honneur, il n’était plus indécis que sur le titre qu’il devait prendre. […] Le conservateur Lenoir avait réuni et classé là, par ordre de temps, les monuments à la fois religieux et historiques que le hasard et le zèle avaient pu soustraire à la destruction.

1645. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

C’est un ordre, Kosmos, une harmonie, un bel arrangement régulier de choses qui subsistent et se transforment par elles-mêmes. […] Il y a un lien entre toutes les formes et toutes les dimensions d’un temple comme entre tous les organes d’un corps vivant, et ils ont trouvé ce lien ; ils ont fixé le module architectural, qui, d’après le diamètre d’une colonne, détermine sa hauteur, par suite son ordre, par suite sa hase, son chapiteau, par suite la distance des colonnes et l’économie générale de l’édifice. […] Ils ressemblent à ces édifices construits avec les débris d’un temple ancien et avec d’autres matériaux ramassés au hasard ; en effet, c’est avec des pierres latines, mutilées, raccordées dans un autre ordre, avec des cailloux du chemin et un platras tel quel, que nous avons fait la bâtisse dans laquelle nous vivons, d’abord un château gothique, aujourd’hui une maison moderne. […] Philoctète blessé a été abandonné dans une île avec ses armes ; on vient le chercher parce qu’on a besoin de ses flèches ; il s’indigne, il refuse, et à la fin, sur l’ordre d’Hercule, il se laisse fléchir. […] Pour les uns, puisque amour signifie sympathie et concorde, l’Amour est le plus universel des dieux et, comme le veut Hésiode, l’auteur de tout ordre et de toute harmonie dans le monde.

1646. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Sur son ordre on hisse une nappe comme drapeau blanc, mais le feu continue toujours ; il est trop tard ! […] Marcel Prévost vient au monde littéraire muni de deux précieuses et rares qualités : l’imagination et l’ordre ; l’une n’est pas moins intéressante que l’autre, et sans être grand prophète, je puis affirmer qu’elles ne peuvent qu’aider puissamment au succès du romancier. […] Les débris du régiment s’étaient formés en carré sous les ordres d’un chef de bataillon ; il fallait essayer de sauver ces braves gens qui allaient infailliblement être hachés par l’ennemi. […] À minuit, un officier vint nous prévenir que le docteur Franck se rendait auprès de M. le maréchal par ordre de l’Empereur il arriva à une heure et demie. […] Lamartine, pendant quelque temps, garda à peu près seul du courage en France, et beaucoup de gens espéraient qu’il trahirait le nouvel ordre de choses ; mais quand ils virent que ce n’était pas un traître, ils lui retirèrent leur estime et leur confiance.

1647. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

« Maud, un peu de rose sur sa peau pâle, revint à la glace de la cheminé, et de quelques coups de doigts remit ses cheveux en ordre et les plis un peu froissés de son corsage. […] « Par quatre qualités morales de premier ordre. […] Lucas lui dit que madame Fourcroy a donné ordre de ne laisser entrer que les professeurs. […] Le procès intenté à l’éditeur de ce livre ne peut s’expliquer que par des raisons de famille d’ordre tout particulier, quand on a lu les Mémoires d’une Inconnue. […] Ordre des marches, leur durée ; lieux de convergence ou de réunion des colonnes ; surprises, attaques de vive force ; mouvements divers et fautes de l’ennemi ; tout, dans cette dictée si subite, était prévu !

1648. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Mais la voix retentissante, comme si Bruant donnait des ordres au milieu d’une tempête, parvint nettement jusqu’à mes oreilles. […] L’ordre de la nature inspire de la confiance au poète. […] « On trouvait dans ces bas-fonds des gens de tous les ordres de la société. […] Les ennemis de l’ordre régulier cherchent à se connaître, et de leur côté leurs adversaires essayent de se rendre compte du caractère des classes dangereuses. […] Ne vous semble-t-il point que c’est là pour les artistes le moyen de se mettre en harmonie avec le nouvel ordre de choses ? 

1649. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Les Réflexions sur quelques poètes, que nous publions aujourd’hui, contiennent des études choisies, revues et mises en ordre d’après ses propres instructions. […] Je suis pour ma part assez choqué qu’il soit nécessaire en ce monde de bouleverser quelquefois l’ordre. […] Ce devin avait reçu l’ordre d’évoquer l’ombre de Laïus. […] Il y a dans le poème d’Adonis des beautés de premier ordre, quoique lourdement parées. […] La raison me disait que mes mains étaient lasses, Mais un ordre est venu plus puissant et plus fort Que la raison ; cet ordre accompagné de grâces, Ne laissant rien de libre au cœur ni dans l’esprit, M’a fait passer le but que je m’étais prescrit.

1650. (1925) Proses datées

Il sentait qu’une littérature, une poésie sans ordre, sans mesure, sans tradition, est incapable de faire succéder aux recherches et aux tentatives des œuvres de durée et de perfection. […] Il s’était imposé l’ordre, la mesure, et il apportait à la poésie française un chant d’une harmonie toute hellénique et une architecture poétique d’une sage et haute noblesse. […] Son art consistait dans la combinaison de ces éléments d’observation réaliste et dans leur aboutissement à un extraordinaire comique, fait de bouffonnerie, d’ironie et aussi d’ordre et de logique. […] Il a le goût de la mesure dans la nouveauté, le sens de l’ordre, parce que l’ordre est une élégance et que, dans sa pensée comme dans sa tenue, ce jeune seigneur aux yeux clairvoyants, aux manières courtoises et polies, teintées d’ironie et aiguisées de sarcasme, déteste la vulgarité, le laisser-aller, le débraillé. […] Nous sommes en présence d’un recueil de poésies, admirables du reste, et réparties en divers groupes, selon un ordre assez arbitraire et un classement assez artificiel.

1651. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Il prend ma monture par la bride, nous guide et nous sert des rafraîchissements. « Il faut, nous dit-il, lire beaucoup d’auteurs du premier, du deuxième et du troisième ordre. » On commencera par les grands crûs, afin de se façonner un critère pour déguster les autres « qui pourront alors être lus sans péril ». […] Je n’aurais pas pris la mauvaise habitude de lire sans discernement sans souci des trois ordres, allant jusqu’au dixième, jusqu’au centième peut-être ! […] Pour tous les autres mots composés de cet ordre, il y a apposition et les deux éléments gagneront à être réunis : timbreposte, cheflieu, choufleur. […] Mais il faut laisser faire, sans conseils, sans ordres surtout, de crainte de gauchir un geste naturel. Le mouler spontané est admirable ; le mouler par ordre serait grotesque, et j’en rirais.

1652. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — P.-S. » pp. 38-40

Je reprends ma lettre où je l’ai interrompue le matin, pour vous dire que ce prédicateur est charmant par sa solidité, son onction, son ordre, sa netteté et sa vivacité d’élocution, et, au milieu de tout cela, par son incomparable modestie.

1653. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

Si nous n’avons pas tout ce que nous désirons du Génie, nous avons du moins quelque chose ; mais ce qu’il y a de mieux, à mon avis, ce sont les bons termes sur lesquels il est maintenant avec notre Henri ; il est désormais à ses ordres, il ira partout où on l’appellera, et quand on l’appellera.

1654. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IX. Précision, brièveté, netteté »

L’ordre des mots et des propositions, la construction des phrases et des périodes contribuent pour beaucoup à la netteté : elle s’affaiblit, si les rapports grammaticaux des mots ne sont pas apparents, si les propositions incidentes et subordonnées s’enchevêtrent et se contrarient, ou s’accrochent avec peine aux principales, enfin si l’on oblige le lecteur à débrouiller son texte comme un écolier sa version.

1655. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

Il est excellent de croire le plus possible à ces coïncidences dans l’ordre social.

1656. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Chirurgie. » pp. 215-222

On conçoit, en voyant faire l’opérateur, un ordre d’activité qui vous est complètement étranger, — aussi étranger que celui du grand compositeur ou du grand mathématicien.

1657. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Éphémérides poétiques, 1891-1900 » pp. 179-187

René Ghil : L’Ordre altruiste.

1658. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

On acquiesça à leur demande ; des ordres furent donnés pour qu’on hâtât la mort des trois condamnés, et qu’on les détachât de la croix.

1659. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Hartley »

Très-préoccupé de donner à son exposition un bel ordre géométrique, il néglige trop souvent des détails qui seraient frappants et probants.

1660. (1887) La Terre. À Émile Zola (manifeste du Figaro)

Certes, la surprise fut pénible de voir Zola déserter, émigrer à Médan, consacrant les efforts — légers à cette époque —, qu’eût demandés un organe de lutte et d’affermissement, à des satisfactions d’un ordre infiniment moins esthétique.

1661. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « V »

« Sa vie passée dans le luxe, dit Bossuet, ne lui faisait point sentir la durée, tant elle coulait doucement17. » C’est le mot ordinaire ; mais si je veux, spontanément par trouvaille, ou volontairement par effort, si je veux donne ; à ce mot plus de hardiesse, l’accoupler à des pensées imprévues, ce simple verbe peut devenir admirable, la plume de Bossuet : « Laissez couler sur le prochain cet amour que vous avez pour vous-même18. » Et ailleurs « Dieu a tant d’amour pour les hommes et sa nature est si libérale qu’on peut dire qu’il semble qu’il se fasse quelque violence quand il retient pour un temps ses bienfaits et qu’il les empêche de couler sur nous avec une entière profusion19. » Et toujours de Bossuet dans cet ordre d’idées : « Les générations des hommes s’écoulent comme des torrents. »‌ Encore une fois, ces trouvailles, ces images, ces transpositions de sens peuvent n’avoir pas coûté d’effort à Bossuet.

1662. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

Jamais en France, à aucune époque de notre histoire, ni l’Église, ni surtout les ordres monastiques n’ont eu cette dévotion irraisonnée à la force que l’on voit aux prêtres et aux moines allemands.‌

1663. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Georges Ohnet sont exactement, dans l’ordre littéraire, ce que sont, dans l’ordre plastique, les têtes de cire des coiffeurs. […] Quel est cet ordre ? […] La première raison est d’ordre chronologique. […] Lemoyne est d’ordre esthétique et vaut qu’on s’y arrête. […] Il exécute très habilement les ordres du souverain.

1664. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Dans tous les ordres de la recherche ce sont trouvailles et filons d’or. […] Encore, pour des motifs d’ordre intime, avons-nous omis tel contemporain dont l’œuvre n’est qu’un hymne à la pitié. […] Pierrette chez les Ragon est un épisode de même ordre. […] Elles ont produit dans le premier ordre des métaphysiciens sublimes, dans le second des poètes non moins sublimes. […] C’est peut-être le genre qui réclame davantage l’ordre, la méthode, la tenue.

1665. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Mossop exécuta l’ordre de son ami. […] Je reçois ici l’ordre de remettre le noble duc de Clarence entre vos mains. […] Corneille, dans Cinna, a dit : Il est vrai que du ciel la prudence infinie Départ à chaque peuple un différent génie ; Mais il n’est pas moins vrai que cet ordre des cieux Change selon les temps comme selon les lieux. […] C’est par ordre des médecins qu’il s’en allait en Grèce, quand Horace, son ami, lui adressait cet adieu si tendre ! […] Étant rentré chez lui, il fut saisi d’une sorte de fièvre pernicieuse, qui l’emporta dans la tombe. » Se sentant mourir, il donna ordre de faire partir sa maîtresse, à qui il laissa par testament de quoi vivre honnêtement.

1666. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Friedrich ne s’annonce pas comme un romancier de premier ordre. […] Poétiquement, il n’y a rien qui prête à des beautés d’un ordre plus élevé que cette antithèse absolue du bien et du mal. […] Freytag ne font pas un pas sans bouleverser l’ordre de l’univers. […] De même que l’ordre et la propreté embellissent la maison la plus pauvre, l’harmonie paisible des sentiments fait resplendir les situations les plus ternes. […] qu’elle aime de plus en plus à se reconnaître dans l’amour du travail, les habitudes d’ordre, la dignité de la vie de famille, le progrès lent et sûr.

1667. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Une page de roman, une pièce de vers est un document psychologique de premier ordre. […] Il arrive assez souvent que ces périodes se confondent, ou se succèdent dans un ordre différent. […] Dans tous les cas les représentations auxquelles on nous convie sont de même ordre. […] Le difficile, c’est de l’astreindre à développer les idées dans l’ordre qu’on s’est fixé d’avance. […] Enfin et surtout, dans le rythme poétique, nous jouissons de la régularité, de la mise en ordre, de la cadence des pensées elles-mêmes.

1668. (1914) Une année de critique

Qui donc aujourd’hui ose encore unir l’idée de beauté à une conception de l’ordre ? […] Au lieu d’augmenter l’inquiétude des esprits, elle crée de l’ordre et de la paix. […] De la considération de l’ordre je tire la beauté de la vertu, et sa bonté de l’utilité commune. […] Les fautes de Napoléon sont d’ordre politique ou militaire. […] De l’ordre du désir, passons à l’ordre de la charité : c’est un instinct de bonté qui mène Jésus vers les humbles ; c’est un idéal découvert dans les livres qui attire les jeunes bourgeois vers les Universités populaires et le héros de M. 

1669. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Je crois utile de prévenir le lecteur que cette étude, d’un ordre purement littéraire, a été écrite avant les récents événements et ne présente avec eux aucun rapport. […] Il voulait chanter la vie universelle, qui est la marche du chaos vers l’ordre et vers l’harmonie. […] Au chaos romantique cet homme a su opposer l’équilibre, l’ordre et d’architecturales proportions. […] Il se préoccupe avant tout de régler, selon un ordre naturel, l’entrée, le geste, l’action et les paroles de ses personnages. […] Tout ce qui s’écarte de l’ordre universel l’exaspère profondément, le choque comme un manque de goût ou encore comme une faute d’accord.

1670. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Je n’attaquerai pas votre gouvernement ; je pourrai même avoir à le défendre comme volontaire de l’ordre, mais je ne m’y rallierai jamais par un intérêt. » Ceci fut dit dans les formes indirectes et respectueuses commandées par l’usage à un simple député parlant à un roi. XXI Je n’avais pas tardé à défendre en effet presque seul ce gouvernement de raison si déloyalement et si impolitiquement attaqué par ce qu’on a appelé la coalition parlementaire ; il n’y avait pas même besoin de l’intérêt évident de l’ordre en France et de la paix en Europe pour me décider à le défendre ; il suffisait de l’indignation d’honnête homme. […] Elles expliquent la profonde tristesse civique qui saisit Béranger quand, à la place de l’unanime et patriotique enthousiasme qui soulevait le peuple et l’Assemblée nationale au-dessus de terre en 1848, il vit l’Assemblée législative jouer, comme une assemblée d’enfants en cheveux blancs, à l’utopie, à la Terreur, à la Montagne, à la réaction, à l’orléanisme, au militarisme, à l’anarchie, à tous les jeux où l’on perd la liberté, la dignité, l’ordre social et la patrie. […] Combien de fois moi-même, dans des réunions d’un ordre moins plébéien, à la campagne, avec le riche cultivateur, le curé, le notaire, le médecin, l’officier en retraite groupés autour d’une table rustique à la fin du jour, combien de fois n’ai-je pas entendu le coryphée libéral du canton entonner au dessert, d’une voix chevrotante, la chanson du Dieu des bonnes gens, du Vieux Sergent, de la Bonne Vieille, tandis que la table tout entière répétait en chœur, excepté moi, le refrain aviné, et qu’une larme d’enthousiasme mal essuyée sur la manche du vieil uniforme tombait entre la poire et la noix dans le verre du vétéran ! […] Il avait trouvé plus facile et plus sûr de faire tout le bien qu’il pouvait faire, homme par homme, dans un cercle privé autour de soi, que de faire un bien abstrait, incertain et problématique aux nations et à l’humanité dans l’ordre social ou politique.

1671. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Là, tandis que les uns perdaient autour d’un tapis verd les plus belles heures du jour, les plus belles journées, leur argent et leur gaieté, que d’autres, le fusil sur l’épaule, s’excédaient de fatigue à suivre leurs chiens à travers champs ; que quelques-uns allaient s’égarer dans les détours d’un parc dont, heureusement pour les jeunes compagnes de leurs erreurs, les arbres sont fort discrets ; que les graves personnages faisaient encore retentir à sept heures du soir la salle à manger de leurs cris tumultueux sur les nouveaux principes des économistes, l’utilité ou l’inutilité de la philosophie, la religion, les mœurs, les acteurs, les actrices, le gouvernement, la préférence des deux musiques, les beaux-arts, les lettres et autres questions importantes dont ils cherchaient toujours la solution au fond des bouteilles, et regagnaient, enroués, chancelans, le fond de leur appartement, dont ils avaient peine à retrouver la porte, et se remettaient, dans un fauteuil, de la chaleur et du zèle avec lesquels ils avaient sacrifié, leurs poumons, leur estomac et leur raison pour introduire le plus bel ordre possible dans toutes les branches de l’administration ; j’allais, accompagné de l’instituteur des enfans de la maison, de ses deux élèves, de mon bâton et de mes tablettes, visiter les plus beaux sites du monde. […] Ce bel ordre qui vous enchante dans l’univers ne peut être autre qu’il est. […] Ce que je sais, c’est qu’elle est tellement liée à l’ordre fatal de la vie du poëte et de l’artiste qu’elle n’a pas pu venir ni plus tôt ni plus tard, et qu’il est absurde de la supposer précisément la même dans un autre être, dans une autre vie, dans un autre ordre de choses. […] Tout s’exécute dans un ordre contraire, si l’action des intestins sur la tête est plus forte que ne le peut être celle des objets mêmes : un imbécille dans la fièvre, une fille hystérique ou vaporeuse, sera grande, fière, haute, éloquente, nil mortale sonans ; … la fièvre tombe, l’hystérisme cesse, et la sottise renaît.

1672. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Dans le Mémoire de quelques gens de lettres vivants en 1662, dressé par ordre de M.  […] On lit, au tome ixe de ses Œuvres complètes, un écrit intitulé : Réflexions sur les différents caractères des hommes, et qui, bien qu’on s’explique peu le motif qui le lui aurait fait composer, se rapporte assez bien à l’ordre d’idées, d’habitudes sociales et d’inclinations littéraires, où l’on sait que Fléchier a vécu et auquel il resta fidèle jusqu’à la fin. […] La déclaration du roi portant établissement des Grands Jours à Clermont, datée du 31 août 1665, fut vérifiée et enregistrée au parlement le 5 septembre, et le même jour le roi adressa aux échevins et habitants de Clermont une lettre où il était dit : Chers et bien amez, la licence qu’une longue guerre a introduite dans nos provinces, et l’oppression que les pauvres en souffrent, nous ayant fait résoudre d’établir en notre ville de Clermont en Auvergne une cour, vulgairement appelée des Grands Jours, composée des gens de haute probité et d’une expérience consommée, pour, en l’étendue du ressort que nous lui avons prescrit, connaître et juger de tous les crimes, punir ceux qui en seront coupables, et faire puissamment régner la justice ; à présent qu’ils s’en vont pour vaquer à la fonction de leurs charges, et satisfaire à nos ordres, nous voulons et vous mandons que vous ayez à leur préparer les logements qui leur seront nécessaires, etc.

1673. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Les beaux raisonneurs viennent après, et sur le papier ils mettent de l’ordre à tout cela. […] Celui-ci était mort dès 1662 ; mais la mise en ordre et la publication de ses Pensées furent retardées par suite des querelles jansénistes jusqu’à l’époque dite de la paix de l’Église (1669). […] Mais une grave affection morale, un grand trouble de sensibilité était intervenu vers 1829, et avait produit une vraie déviation dans l’ordre de mes idées.

1674. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (5e partie) » pp. 65-128

Il s’était retiré, avec sa pieuse fille, dans un petit et obscur appartement de la rue des morts à Paris, la rue Mazarine ; il y vivait de misère et de souvenirs dans cette résignation courageuse et gaie que la religion donne à ceux qui, comme lui, n’ont rien qui les rattache à la terre, excepté l’ordre de Dieu, qui ne les relève pas encore de leur consigne d’honnêtes gens. […] Or quel ordre social pourrait reposer solidement sur un pareil mensonge ? […] On n’a vu encore qu’une révolution, arrêtée dans sa fougue et refoulée en arrière par sa propre prudence, rentrer dans l’ordre et dans le juste sous la parole de ses chefs : c’est la révolution de 1848, plus calomniée pour sa modération par ceux qu’elle a sauvés que la Convention pour ses crimes.

1675. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

Parmi tous ces moines, ces pénitents et ces prêtres qui vont venir tous les jours pour t’exhorter et te préparer à la mort par les sacrements, il faut dire que tu préfères les frères de l’ordre des Camaldules, qui t’ont enseigné la religion dans ton enfance, et que tu serais plus résigné et plus content si l’on pouvait t’accorder pour confesseur le vieux frère Hilario, du couvent de la montagne, dont tu as l’habitude, et qui daignera bien descendre pendant quelques semaines à Lucques pour adoucir tes derniers moments ; le bargello m’a dit qu’on ne refusait rien aux condamnés de ce qui peut leur ouvrir le paradis en sortant de la prison ; la présence de cet ami de la cabane dans ton cachot et dans la ville de Lucques, où il est connu et aimé, qui sait ? […] Il s’en alla demander asile à un couvent voisin de son ordre, promettant à la femme du bargello de revenir tous les matins dire la messe, et tous les soirs donner la bénédiction au jeune criminel. […] CCXLII Le lendemain du jour où le père Hilario nous avait déposés dans la niche obscure, sous l’escalier du couvent de Lucques, près de la prison où l’on servait la soupe des pauvres, il vint nous reprendre avec une permission du juge pour aller revoir tant que nous voudrions le condamné à mort dans sa prison parce que nous étions sa seule famille ; le bargello avait l’ordre de nous ouvrir la porte à toute heure du jour, pourvu que le confesseur de l’homicide, frère Hilario, fût avec nous.

1676. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

« À cet ordre du libérateur, tous les Juifs, et jusqu’au moindre d’entre eux, doivent rassembler des matériaux pour hâter la reconstruction de l’édifice. […] « J’avais voulu quitter la terre avant l’ordre du Tout-Puissant ; c’était un grand crime : Dieu m’avait envoyé Amélie à la fois pour me sauver et pour me punir. […] L’ordre était donné pour le départ de la flotte ; déjà plusieurs vaisseaux avaient appareillé au baisser du soleil ; je m’étais arrangé pour passer la dernière nuit à terre, afin d’écrire ma lettre d’adieux à Amélie.

1677. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Retranchez le titre de chevalier qui est une frivolité qui ne convient point à ma fortune, puisque je n’ai aucun ordre de chevalerie. […] Si mon livre a cours dans votre pays et que quelque libraire veuille en prendre une certaine quantité, en payant comptant ou simplement sur votre ordre, je lui ferai une remise d’un cinquième, c’est-à-dire je lui donnerai mes trois volumes pour 8 livres, pris en feuilles au magasin chez Didot le jeune. […] Je suis bien surpris, monsieur et ancien ami, de ce que vous ne m’avez point donné avis de la réception : 1º des 900 livres que j’ai remises par votre ordre au mois de juin chez M. 

1678. (1772) Éloge de Racine pp. -

Dans nos gouvernemens modernes, il est de l’ordre politique que le pouvoir suprême, qui maintient tout, soit la première des grandeurs, que l’ambition des hommes de talent soit d’attirer les regards des hommes d’état, que la gloire du génie soit d’être distingué par le souverain, et d’obtenir des récompenses de celui qui seul les distribue à tous les genres de mérite, et qui a le plus d’intérêt à les encourager. […] L’académie française, qui honore les talens littéraires en les recevant dans son sein, a trouvé un moyen heureux et noble d’honorer aussi les talens d’un autre ordre, en leur décernant des éloges publics au nom de la postérité. […] Britannicus offrait un ordre de beautés qui n’était pas dans Andromaque .

1679. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Toutefois, il fait mieux les vers, et n’aurait pas demandé à Rome la destruction de l’ordre des Jésuites. […] Au point de vue de l’Art et de la sensation esthétique, elles perdraient donc beaucoup à n’être pas lues dans l’ordre où le poète, qui sait bien ce qu’il fait, les a rangées. […] Est-ce une raison pour retrancher de la poésie moderne tout un ordre de compositions qui a ses précédents, ses chefs-d’œuvre, j’allais dire ses classiques, et qui d’ailleurs répond si directement à une série de passions et de phénomènes ?

1680. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Remarquez, de plus, que l’ordre des corps célestes est immuable et que les destinées humaines sont changeantes et pleines de péripéties. […] Vous avez enfin, dans le même ordre d’idées et dans la même catégorie de fables philosophiques, comme je les intitulerais si toutes les fables de La Fontaine n’étaient pas des fables philosophiques, vous avez enfin le fameux Discours à Mme de La Sablière, dont je vous donnerai seulement un petit aperçu pour la très bonne raison que vous le connaissez et qu’il s’agit seulement de vous montrer, par un exemple, comment La Fontaine raisonne et fait œuvre de dialecticien dans ses fables, ou plutôt dans ses discours philosophiques. […] Voilà la hiérarchie ; voilà l’échelle ; et voilà comment La Fontaine plaide, déjà, voilà comment il expose, voilà le La Fontaine dialecticien, dialecticien infiniment exact et précis, infiniment habile aussi, d’une façon presque insensible, presque inconsciente, mais parfaitement forte, dans l’ordre qu’il donne à ses preuves.

1681. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

L’homme n’étant point un individu isolé et solitaire, et devant toujours vivre au sein de la société, il en résulte que sa puissance et ses développements possibles sont dans la société ; il en résulte encore que la société est souvent un supplément à l’imperfection de ses organes ; il en résulte enfin que la plupart des instincts mêmes de l’homme, si une telle expression est permise, sont placés hors de lui, se trouvent dans la société, ce qui nous ramène encore une fois à cette doctrine de la solidarité, doctrine qui serait ici susceptible de sortir de l’ordre des vérités spéculatives pour entrer dans l’ordre des vérités d’expérience, pour prendre rang parmi les faits historiques. […] Au reste, sans entrer dans un tel ordre de recherches qui ne laisserait pas assez de prise à la discussion, je puis m’arrêter quelques instants sur les traces incontestables d’usages antiques.

1682. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Henri III empêche donc qu’on ne réprime vigoureusement l’émeute dès le principe : il avait expressément défendu à ses capitaines d’enfoncer les bourgeois, « et il avait tant de peur que l’impatience des soldats et le désir de butiner ne leur fissent oublier ses ordres qu’il leur envoyait de ses officiers de moment en moment pour les réitérer. […] Qu’on se figure bien ce que pouvait être l’ordre et l’habitude d’idées d’un homme qui venait de publier l’année d’auparavant son in-folio historique sur le xvie  siècle, et des nombreux lecteurs parisiens qui l’avaient goûté.

1683. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Né en 1644 d’une noble famille du Vivarais, fils d’un père homme de mérite et qui avait laissé de bons souvenirs, il entra dans le monde à dix-huit ans (1662), l’année même où Louis XIV, affranchi de la tutelle de Mazarin, préludait à sa royauté sérieuse : « Ma figure, dit-il, qui n’était pas déplaisante, quoique je ne fusse pas du premier ordre des gens bien faits, mes manières, mon humeur et mon esprit qui étaient doux, faisaient un tout qui plaisait à tout le monde, et peu de gens en y entrant ont été mieux reçus. » Mme de Montausier, cette personne de considération, lui témoignait de l’amitié en souvenir de son père, et l’appuyait de son crédit. […] Si vous l’aimez, vous reviendrez incessamment voir s’il n’y a pas moyen d’y mettre quelque ordre : entre vous et moi, je le crois totalement perdu.

1684. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Bien imprudent et insensé celui qui, en quelque ordre que ce soit, appelle de ses vœux l’excès du mal sous prétexte d’un total et prochain redressement, et qui se plaint lorsqu’à la tête des pouvoirs humains (pour ne parler ici qu’humainement) se rencontrent la modération et la sagesse ! […] Il n’est pas commode pour le lecteur que ces volumes, qui sont un supplément à la correspondance générale, renferment eux-mêmes deux suppléments subsidiaires ; dans une réimpression on devrait mettre ordre à ce dérangement.

1685. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

En faisant cette retraite en bon ordre, il redevient tout à fait pareil au Vauvenargues ordinaire, qu’on se figure plus voisin du stoïcien que d’un coureur de fortune et d’un hasardeur d’entreprises. […] Malheur aussi à qui, dans l’ordre de la pensée, n’a pas été une fois ou stoïcien à lier, ou platonicien ébloui, ou péripatéticien forcené, ou toute autre chose, mais enfin quelque chose d’élevé, d’ardent et de difficile !

1686. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Rousset, commentant ce même endroit, l’a été également, que j’ai lieu de m’étonner qu’ensuite il ne ménage pas plus les expressions au sujet d’un roi magnanime ; qu’il se plaise parfois à le montrer dans un embarras qui touche au comique (tome Ier, p. 418) ; qu’il parle de ses éruptions de vanité, et pour un projet dans lequel il le surprend au dépourvu, projet un peu trop ambitieux, mais qui a grand air, il s’égaye de ce qu’il appelle sa déconvenue (tome Ier, p. 419) ; qu’enfin, pour l’avoir surpris, un autre jour, dans une grande variation d’ordres et de contre-ordres donnés coup sur coup (tome Ier, p. 489), il se moque tout à fait de lui. […] Mais, comme phénomène non moins mémorable, il remarque que « dans les diverses classes et jusque dans les rangs les plus élevés de l’ordre social, des hommes se sont produits qui en ont rassemblé en eux tous les traits caractéristiques, au point d’identifier leur nom avec l’idée même de ces rangs et de ces classes, et d’en paraître comme la personnification vivante. » Et il cite pour exemple Louis XIV, que la Nature créa, dit-il, l’homme souverain par excellence, le type des monarques, le roi le plus vraiment roi qui ait jamais porté la couronne.

1687. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Cependant, tout en errant de porte en porte avec l’air d’abandon d’un mauvais sujet et là démarche incertaine d’un homme ivre, je me retrouvai tout à coup, sans le savoir, dans le marché aux comestibles… » Et quand, errant ainsi à travers la ville, il est venu à rencontrer une dame de qualité, Byrrhène, qui se trouve être une amie de sa famille ; quand cette dame, l’ayant conduit jusque chez elle et le voulant retenir pour hôte, essaye du moins de le mettre en garde contre l’hospitalité du vieux ladre chez qui il est descendu et dont la femme, lui dit-elle, est une magicienne du premier ordre et de la pire espèce, Lucius, à cette nouvelle inattendue, qu’il se trouve logé chez une magicienne, est saisi d’un plus violent désir de chercher précisément ce qu’on lui recommande defuir ; il ne sait que prendre, comme on dit, ses jambes à son cou pour courir de toutes ses forces au danger. […] « Psyché, nous dit la fable ingénieuse et naïve, et qui prend un certain air oriental à cet endroit, Psyché ne songe pas même à porter les mains à ce monceau confus et inextricable ; mais consternée de la barbarie d’un tel ordre, elle garde un silence de stupeur.

1688. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Je le sais, la doctrine du trop, de l’exagération dite légitime, de la monstruosité même, prise pour marque du génie, est à l’ordre du jour : je demande à n’en être que sous toute réserve ; j’habite volontiers en deçà, et j’ai gardé de mes vieilles habitudes littéraires le besoin de ne pas me fatiguer et même le désir de me plaire à ce que j’admire. […] en sortant de l’ordre de création, de cette création aveugle et un peu fumeuse, en daignant entrer dans la sphère sereine et tempérée des idées morales, des pensées justes, lucides, des réflexions élevées ou fines qui sont proprement l’objet et, comme dirait Montaigne, le gibier des philosophes et des sages, ne raillons pas trop ce curieux et aimable Pope d’avoir écouté si soigneusement la voix de son démon à lui et de son génie, d’avoir prêté l’oreille aux inspirations purement abstraites et spirituelles qui s’élèvent dans la solitude du cabinet ou dans l’entretien à deux quand on se promène en quelque allée de Tibur ou de Tusculum ; et quand l’esprit, tout en restant calme, se sent excité par l’émulation ou la douce contradiction d’un ami, ne nous scandalisons pas si lui-même, venant avec une sorte d’ingénuité nous initier à sa préoccupation littéraire constante, il nous fait la confidence que voici : « Une fois que Swift et moi nous étions ensemble à la campagne pour quelque temps, il m’arriva un jour de lui dire que si l’on prenait note des pensées qui viennent à l’esprit, à l’improviste, quand on se promène dans les champs ou qu’on flâne dans son cabinet, il y en aurait peut-être quelques-unes qui vaudraient bien celles qui ont été le plus méditées.

1689. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

À présent il y a moins de monde : la garde nationale y a mis ordre. […] Il y avait, sans doute, des têtes dans l’Assemblée, une entre autres, qui sentaient où l’on allait et que la monarchie, déjà désemparée, était près de s’abîmer si l’on n’y mettait au plus tôt bon ordre.

1690. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Et puis l’ordre d’idées et de sentiments qu’éveille la Joconde n’a aucun rapport prochain ni lointain avec le puritanisme religieux. […] Ce sont des courses à la montagne, des courses aux cruches, des courses à l’Âne, des courses en sac et des danses locales ; le tout est joli, amusant et se passe avec un ordre parfait.

1691. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Aujourd’hui il a tenu à justifier au plus tôt le choix de M. le maréchal ministre en publiant par son ordre une Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, laquelle nous montre ce roi si décrié sous un jour un peu plus avantageux qu’on n’est accoutumé de le voir ; on y surprend non seulement des jugements justes, mais d’honorables velléités et des désirs de bien faire ; on y saisit l’instant remarquable et fugitif où Louis XV fut tenté d’être quelqu’un dans son gouvernement et où il faillit devenir roi. […] Son fils aîné, le duc d’Ayen, s’est montré lui-même, en quelques essais, un écrivain politique éclairé et mûr sur les questions le plus à l’ordre du jour en notre temps69.

1692. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

La question des lettres de Marie-Antoinette est à l’ordre du jour. […] Marie-Antoinette appuyait peu ce mentor en sous ordre : elle supportait l’abbé, voilà tout.

1693. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Tout est dans l’ordre. […] Tout cela est dans l’ordre, et je ne vois pas que personne ait manqué de tact ni ait eu besoin d’une leçon.

1694. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Distinguons pourtant, en cet ordre de pièces, un très-beau chant intitulé les Oiseaux voyageurs, ou les Polonais en France, qui respire le pathétique, et qui atteint au sublime dans sa simplicité. […] Mais, après une absence, il revient, et, cédant aux ordres d’un père avare, il épouse Angèle ; il l’épouse, pensant toujours à Marguerite.

1695. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Je n’entends parler ici que de ce qui, dans l’ordre de l’esprit, n’était pas hostile au principe de la Restauration, de ce qui ne se plaçait pas en dehors, l’attaquant avec audace ou la minant avec ruse, mais de ce qui se développait en elle tout en essayant de la modifier, de ce qui pouvait lui devenir un ornement et un appui, si elle-même la première n’avait pas, un matin, mis le feu aux poudres. […] De même que du sein des rangs royalistes une voix éloquente s’élevait par accès, qui conviait à une chevaleresque alliance la légitimité et la liberté, et qui, dans l’ordre politique, invoquait un idéal de monarchie selon la Charte, de même, tout à côté, et avec plus de réussite, dans la haute compagnie, il se trouvait une femme rare, qui opérait naturellement autour d’elle un compromis merveilleux entre le goût, le ton d’autrefois et les puissances nouvelles.

1696. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVe entretien. Littérature grecque. L’Iliade et l’Odyssée d’Homère » pp. 31-64

Le jugement est le quatrième, parce qu’il nous enseigne seul dans quel ordre, dans quelle proportion, dans quels rapports, dans quelle juste harmonie nous devons combiner et coordonner entre eux ces souvenirs, ces fantômes, ces drames, ces sentiments imaginaires ou historiques, pour les rendre le plus conformes possible à la réalité, à la nature, à la vraisemblance, afin qu’ils produisent sur nous-mêmes et sur les autres une impression aussi entière que si l’art était vérité. […] je vous répondrai que je n’en sais rien, et qu’il faut le demander à celui qui a fait les sens et l’oreille de l’homme plus voluptueusement impressionnés par la cadence, par la symétrie, par la mesure et par la mélodie des sons et des mots, que par les sons et les mots inharmoniques jetés au hasard ; je vous répondrai que le rythme et l’harmonie sont deux lois mystérieuses de la nature qui constituent la souveraine beauté ou l’ordre dans la parole.

1697. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

On dit qu’elle m’interrogea, que je lui répondis, qu’elle fut attendrie, qu’elle envoya d’urgence un ordre, non pas de faire grâce, mais de suspendre l’exécution jusqu’au retour de son mari et de ramener Hyeronimo comme meurtrier dans son cachot. […] Mais l’ordre était superflu ; c’était un gros chien et une chienne qui n’étaient pas du tout méchants, ils parurent tout de suite comprendre que je n’étais pas plus méchante qu’eux ; ils flairèrent, sans gronder seulement, mes pieds nus, et en léchèrent la poussière, tellement que je priai la portière de ne pas les enchaîner, mais de me les laisser pour compagnie dans la nuit.

1698. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Mais la source immédiate du drame, c’était la variation de l’office du jour, les prières ou le récit qui rappelaient l’acte divin, le saint, ou le martyr, dont l’office du jour consacrait particulièrement la mémoire ; c’était l’Evangile, les Actes des apôtres, ces délicieux poèmes de la religion naissante, que l’usage de l’Église découpait pour servir à l’éducation du peuple selon l’ordre de l’année chrétienne. […] Que non seulement lui, mais que tous les personnages soient instruits à parler posément, et à faire les gestes convenables pour les choses qu’ils disent ; qu’ils n’ajoutent ni ne retranchent aucune syllabe dans la mesure des vers, mais que tous prononcent d’une façon ferme, et qu’on dise dans l’ordre tout ce qui est à dire. » Cela est d’un auteur ou d’un metteur en scène qui a le sens et l’amour-propre de son art.

1699. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Juda, fils de Sariphée, Mathias, fils de Margaloth, deux docteurs de la loi fort célèbres, formèrent ainsi un parti d’agression hardie contre l’ordre établi, qui se continua après leur supplice 177. […] De tout temps, cette division en deux parties opposées d’intérêt et d’esprit avait été pour la nation hébraïque un principe de fécondité dans l’ordre moral.

1700. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Ô pensée restée puérile et qui s’amuse, jusque dans la vieillesse, aux plus naïfs enfantillages… « Aujourd’hui encore, dis-tu, en février 1901, je suis suspendu de mon grade d’officier dans l’ordre de la Légion d’honneur. » Tu consentirais donc de nouveau à la honte de cet honneur légal, tu consentirais donc de nouveau à porter la marque rouge des généraux et des juges de conseils de guerre. […] Bergeret le lui dit nettement : « Toi aussi tu adores l’injustice par respect pour l’ordre social… Toi aussi tu es le jouet des apparences.

1701. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Pensées, essais, maximes, et correspondance de M. Joubert. (2 vol.) » pp. 159-178

Sur Pigalle et la statuaire moderne opposée à l’antique, sur la peinture, on aurait, de lui, à citer des pensées du même ordre, des pages entières qui marquent à la fois très nettement en quoi il procède de Diderot et en quoi il s’en sépare. […] Paul Raynal, n’avait pris le soin pieux de recueillir ces fragments, de les enchâsser dans un certain ordre, et d’en faire comme une suite de pierres précieuses.

1702. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres de la marquise Du Deffand. » pp. 412-431

À ces douceurs d’un ordre si raisonné, le président répond par des galanteries de sa façon, et qui ne sont pas toutes très délicates. […] S’il est malade, s’il n’écrit pas assez souvent, elle le menace agréablement des plus violentes extrémités : Remarquez bien, dit-elle, que ce ne sont point des lettres que j’exige, mais de simples bulletins : si vous me refusez cette complaisance, aussitôt je dirai à Viart (son secrétaire) : Partez, prenez vos bottes, allez à tire-d’aile à Londres, publiez dans toutes les rues que vous y arrivez de ma part, que vous avez ordre de résider auprès d’Horace Walpole, qu’il est mon tuteur, que je suis sa pupille, que j’ai pour lui une passion effrénée, et que peut-être j’arriverai incessamment moi-même ; que je m’établirai à Strawberry-Hill, et qu’il n’y a point de scandale que je ne sois prête à donner.

1703. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Le Chateaubriand romanesque et amoureux. » pp. 143-162

En ce qui touche ses amours, par exemple, les amours qu’il a inspirés et les caprices ardents qu’il a ressentis (car il n’a guère jamais ressenti autre chose), il est très discret, par soi-disant bon goût, par chevalerie, par convenance demi-mondaine, demi-religieuse, parce qu’aussi, écrivant ses Mémoires sous l’influence et le regard de celle qu’il nommait Béatrix et qui devait y avoir la place d’honneur, de Mme Récamier, il était censé ne plus aimer qu’elle et n’avoir jamais eu auparavant que des attachements d’un ordre moindre et très inégal ou inférieur. […] Puis le soir (n’allant jamais dans le monde), il rentrait au logis en puissance de Mme de Chateaubriand, laquelle alors avait son tour, et qui le faisait dîner avec de vieux royalistes, avec des prédicateurs, des évêques et des archevêques : il redevenait l’auteur du Génie du christianisme jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire jusqu’au lendemain matin.

1704. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Histoire du chancelier d’Aguesseau, par M. Boullée. (1848.) » pp. 407-427

En même temps, la netteté et la justesse des méthodes introduisait avec facilité et disposait avec ordre tout ce savoir dans ce jeune, dans ce bel et à la fois solide esprit. […] S’il lui arrive, dans les commencements, de traiter quelque sujet politique et économique à l’ordre du jour, ce n’est que par acquit de conscience et par manière de passe-temps, et il compare avec une grâce toute chrétienne ce travail inutile à ces corbeilles que tressaient les solitaires de la Thébaïde pour occuper leurs loisirs, et qu’ils jetaient souvent au feu à la fin de la semaine, quand ils ne trouvaient pas à en faire usage.

1705. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Colbert fit le tour du jardin, donna ses ordres et ne parla point d’en fermer l’entrée à qui que ce soit. […] Ce qu’avait fait Descartes en philosophie, d’autres le faisaient dans l’ordre des lettres ; et ces hommes d’un goût léger et scabreux, mais hardi, Perrault, Fontenelle, y concouraient vivement à leur manière.

1706. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — III. (Suite et fin.) » pp. 242-260

Énonçant les motifs, réels ou non, qu’il avait eus pour entrer dans la discussion, il alla droit, avant tout, à l’adversaire, et le frappant de l’épée au visage, selon le conseil de César, il le raillait sur cette prétention au patriotisme, au désintéressement et au bien public, de laquelle Beaumarchais aimait (et assez sincèrement, je le crois) à recouvrir ses propres affaires et ses spéculations d’intérêt : Tels furent mes motifs, s’écriait-il déjà en orateur, en maître puissant dans la réplique et dans l’invective ; et peut-être ne sont-ils pas dignes du siècle où tout se fait pour l’honneur, pour la gloire, et rien pour l’argent ; où les chevaliers d’industrie, les charlatans, les baladins, les proxénètes n’eurent jamais d’autre ambition que la gloire sans la moindre considération de profit ; où le trafic à la ville, l’agiotage à la Cour, l’intrigue qui vit d’exactions et de prodigalités, n’ont d’autre but que l’honneur sans aucune vue d’intérêt ; où l’on arme pour l’Amérique trente vaisseaux chargés de fournitures avariées, de munitions éventées, de vieux fusils que l’on revend pour neufs, le tout pour la gloire de contribuer à rendre libre un des mondes, et nullement pour les retours de cette expédition désintéressée… ; où l’on profane les chefs-d’œuvre d’un grand homme (allusion à l’édition de Voltaire par Beaumarchais), en leur associant tous les juvenilia, tous les senilia, toutes les rêveries qui, dans sa longue carrière, lui sont échappées ; le tout pour la gloire et nullement pour le profit d’être l’éditeur de cette collection monstrueuse ; où pour faire un peu de bruit, et, par conséquent, par amour de la gloire et haine du profit, on change le Théâtre-Français en tréteaux, et la scène comique en école de mauvaises mœurs ; on déchire, on insulte, on outrage tous les ordres de l’État, toutes les classes de citoyens, toutes les lois, toutes les règles, toutes les bienséances… Voilà donc Mirabeau devenu le vengeur des bienséances et des bonnes mœurs contre Beaumarchais, et Figaro passant mal son temps entre les mains du puissant athlète, qui le retourne et l’enlève de terre au premier choc. […] Entreprend-il de se justifier auprès de la Commune de Paris des sots griefs qu’on lui impute, comme d’avoir accaparé des armes, d’avoir des souterrains dans sa maison du boulevard, même d’avoir trompé autrefois les Américains par ses fournitures, il dira ingénument, en imitant les gageures et les défis à l’anglaise : Je déclare que je donnerai mille écus à celui qui prouvera que j’aie jamais eu chez moi, depuis que j’ai aidé généreusement l’Amérique à recouvrer sa liberté, d’autres fusils que ceux qui m’étaient utiles à la chasse ; Autres mille écus si l’on prouve la moindre relation de ce genre entre moi et M. de Flesselles… Je déclare que je paierai mille écus à qui prouvera que j’ai des souterrains chez moi qui communiquent à la Bastille… Que je donnerai deux mille écus à celui qui prouvera que j’aie eu la moindre liaison avec aucun de ceux qu’on désigne aujourd’hui sous le nom des aristocrates… Et je déclare, pour finir, que je donnerai dix mille écus à celui qui prouvera que j’ai avili la nation française par ma cupidité quand je secourus l’Amérique… Cette façon de tout évaluer en argent me paraît déceler un ordre de sentiments et d’habitudes qui était nouveau en littérature, et qui s’y naturalisa trop aisément.

1707. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — I. » pp. 186-205

Au milieu des changements merveilleux qui s’accomplissent et qui inaugurent de toutes parts une ère de paix et de régularité, la littérature ne saurait souffrir : pour peu qu’elle se ressemble à elle-même et à ce qu’elle a été dans les beaux temps, elle aime l’ordre, le travail, une société plus active qu’orageuse, assise et florissante, et qui n’est plus uniquement occupée chaque jour à s’empêcher de périr. […] Barthélemy avait songé d’abord à faire voyager un étranger, un Français, en Italie, vers le temps de Léon X, et à peindre par ce moyen la pleine et riche Renaissance ; mais, à la réflexion, il se trouva moins propre à un tel sujet, qui le tirait de son domaine favori et le jetait dans un monde d’art, de poésie moderne et de peinture, dans tout un ordre de sujets qui lui étaient médiocrement familiers, et il transporta alors cette idée en Grèce, en supposant un Scythe qui la visiterait vers le temps de Philippe.

1708. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand (1846-1853). — II. (Fin.) » pp. 476-495

L’amitié de Frédéric pour ce pur littérateur et cet honnête homme simple a quelque chose qui rentre tout à fait dans l’ordre des amitiés vraies entre particuliers. […] Ce jeune roi victorieux, et malgré tout, à cette date, plus philosophe et plus homme de lettres encore qu’autre chose, écrivant ses billets soigneux et attentifs, sa première pensée après la victoire, à un bon et digne bibliophile son ami, qui n’a rien de brillant et qui ne lui est utile que dans l’ordre de l’esprit et des jouissances morales, c’est touchant, c’est honorable pour la nature humaine et pour la nature même des héros.

1709. (1767) Salon de 1767 « Adressé à mon ami Mr Grimm » pp. 52-65

Obtenez des personnes opulentes, auxquelles vous destinez mes cahiers, l’ordre ou la permission de faire prendre des esquisses de tous les morceaux dont j’aurai à les entretenir ; et je vous réponds d’un sallon tout nouveau. […] Je voudrais donc que Mr le directeur des académies obtînt un ordre du roi qui enjoignît, sous peine d’être exclu, à tout artiste, d’envoyer au sallon deux morceaux au moins, au peintre deux tableaux, au sculpteur une statue ou deux modèles.

1710. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Macaulay »

je ne demande pas à Lord Macaulay, le protestant anglais, et qui veut être conséquent en avant comme en arrière aux principes de la Constitution de 1688, d’avoir sur la souveraineté les opinions de Joseph de Maistre, mais pourtant il y a autre chose de plus noble et de plus chrétien, et, si nous sortons de l’ordre sentimental pour entrer dans l’ordre rationnel, de plus mâle et de plus profond à invoquer contre un Roi, même coupable, que la loi du talion et l’utilité, qui composent, à peu près, toute la morale de Lord Macaulay sur cette question et sur toutes les autres.

1711. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Au point de vue de l’art et de la sensation esthétique, elles perdraient donc beaucoup à n’être pas lues dans l’ordre où le poète, qui sait bien ce qu’il fait, les a rangées. […] — quelle matière à curiosité et à dissertations pour tous les genres de badauds, mais surtout pour les « badauds de l’ordre intellectuel  », comme les appelle Baudelaire.

1712. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

On peut être trompé, surtout en fait d’âmes, dans ce monde épais et sans transparence, mais jusqu’à nouvel ordre il me fait l’effet d’en avoir une, ce M.  […] Le Trissotin était monté jusqu’au Satan, et l’ensorcellement de son talent si formidable, que, quand on lit ses vers, sa rage et ses rugissements contre Dieu et sa création et l’ordre du monde n’apparaissent plus comme la plus insensée des folies, et qu’on sent avec épouvante passer en soi comme le frisson partagé des colères du Sacrilège !

1713. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

« Ce dernier trait, dit Sainte-Beuve, (tel que M. de Balzac l’emploie) peut être vrai d’un artiste sculpteur ou peintre qui, au lieu de se mettre à l’œuvre, passe son temps à disserter et à raisonner ; mais, dans l’ordre de la pensée, cette parole du romancier, qui revient souvent sous la plume de toute une école de jeunes littérateurs, est à la fois (je leur en demande bien pardon) une injustice et une erreur.

1714. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIII » pp. 133-140

Le recteur du collége de Nancy n’ayant pas permis à l’abbé Lacordaire d’y venir faire des prédications, l’aumônier a reçu ordre de son supérieur ecclésiastique de quitter cet établissement : pour n’être que provisoire, la mesure n’en est pas moins un défi, une menace, et non plus en paroles seulement.

1715. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Lenormant, trouvèrent que c’était y aller un peu vite, et ils ne désespéraient pas encore de le rattacher au nouvel ordre de choses.

1716. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. L’Angleterre en 1688 et la France en 1830 »

Cromwell arrêta les excès et rétablit l’ordre ; mais l’espèce d’égalité religieuse contrainte qui subsista sous sa dictature n’est nullement comparable à notre égalité civile sous Napoléon, et ne porta d’ailleurs aucun fruit de tolérance.

1717. (1874) Premiers lundis. Tome I « Hoffmann : Contes nocturnes »

Aussi, dès qu’il se borne à peindre l’art et les artistes dans ce moyen âge, où il y avait du moins harmonie et stabilité pour les âmes, quelque chose de calme, de doré et de solennel succède aux délirantes émotions qu’il tirait des désordres du présent ; depuis l’atelier de maître Martin le tonnelier, qui est un artiste, jusqu’à la cour du digne landgrave de Thuringe, où se réunissent autour de la jeune comtesse Mathilde, luth et harpe en main, les sept grands maîtres du chant, partout dans cet ordre établi, on sent que le talent n’est plus égaré au hasard, et que l’œuvre de chacun s’accomplit paisiblement ; s’il y a lutte encore par instants dans l’âme de l’artiste, le bon et pieux génie finit du moins par triompher, et celui qui a reçu un don en naissant ne demeure pas inévitablement en proie au tumulte de son cœur.

1718. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre V. Résumé. »

À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé  Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile  Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social  Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue  Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion  À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois.

1719. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les derniers rois »

Il s’est échappé de la royauté, comme un moine incroyant de son monastère, pour retourner à la nature, pour vivre vraiment selon sa pensée et selon son cœur, pour jouir librement du vaste monde, sans avoir à rendre des comptes spéciaux, à Dieu et aux hommes, d’une tâche à la légitimité de laquelle il ne croyait plus… Partout l’ordre ancien chancelle.

1720. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Bilan des dernières divulgations littéraires. » pp. 191-199

Et c’est pour nous un allégement de constater que ces extases, ces tortures, ces cris, ces sanglots de George et d’Alfred, et ce mirifique essai d’amour à trois, tout cela, aussitôt « vécu », et avant même d’être fini, s’est sagement transformé en « copie », et en copie de premier ordre, puisque ce fut celle de Jacques et des Lettres d’un voyageur, des Nuits et de On ne badine pas avec l’amour, en attendant la Confession d’un Enfant du siècle.

1721. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Merrill, Stuart (1863-1915) »

Presque toujours la construction de la phrase parallèlement à l’ordre des sensations, le rythme, les sonorités de voyelles et de consonnes, tout cela s’unit harmonieusement pour suggérer une image… Le Jeu des épées qui termine la première série des poèmes de M. 

1722. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre II. « Faire de la littérature » » pp. 19-26

On voit que d’un premier ordre de producteurs seraient un dramaturge comme Eschyle, un poète comme Baudelaire, un romancier comme Stendhal ; du second, un historien comme Droysen, un esthète comme Guyau ; du troisième, M. 

1723. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

Et, dans l’ordre purement scientifique, à quelles vues arrivera-t-on sur la race, l’embryon, l’espèce, l’individu, la vie, la conscience ?

1724. (1882) Qu’est-ce qu’une nation ? « I »

Ce fut une grande association, synonyme d’ordre, de paix et de civilisation.

1725. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XII » pp. 100-108

Elles avaient sous leurs ordres et pour aides de camp, d’autres femmes de qualité.

1726. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Vous me demanderez d’où vient cela : c’est que l’orgueil de l’amie (madame Scarron) la rend révoltée contre les ordres de madame de Montespan : elle n’aime pas à obéir.

1727. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 18, que nos voisins disent que nos poëtes mettent trop d’amour dans leurs tragedies » pp. 132-142

Vouloir assujetir ces sentimens à des principes, vouloir les ranger dans un ordre certain, c’est vouloir qu’un frenetique ait des visions suivies dans ses delires.

1728. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 29, si les poëtes tragiques sont obligez de se conformer à ce que la geographie, l’histoire et la chronologie nous apprennent positivement » pp. 243-254

Il fut soupçonné sous l’empire de Vespasien, le pere et le prédecesseur de Titus, d’intelligence avec les parthes, et il fut obligé de se sauver chez eux avec ses fils, dont l’Antiochus de Racine étoit un, pour éviter de tomber entre les mains de Cesennius Poetus qui avoit ordre de les enlever.

1729. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Les dîners littéraires »

Le Romantisme, qui n’eut jamais de gens d’esprit à son service (il n’eut que des gens de talent), le Réalisme, qui n’a ni les uns ni les autres, le Réalisme qui est le Romantisme du ruisseau lorsque le ruisseau n’est pas pur, sont deux faits d’ordre littéraire également mortels à plus d’une faculté de l’intelligence, et qui doivent, dans un temps donné, ruiner l’intelligence tout entière.

1730. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Auguste Nicolas »

L’idée de ce livre est la solidarité de toutes les erreurs entre elles, qui s’engendrent et s’enchaînent comme toutes les vérités, par conséquent la scission profonde et qui doit rester éternelle entre ces deux ordres de faits.

1731. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Léon Cladel »

L’auteur de la Fête votive de saint Bartholomée Porte-glaive — un nom de tableau bien plus que de livre — n’est, à exactement parler, ni un inventeur dans l’ordre du roman ou du drame, ni un esprit d’aperçu qui voit les idées par-dessus les images, ni un écrivain… littéraire.

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