Action développe également une maison d’édition, dont elle annonce, sous les sommaires des numéros précédents de la revue, les ouvrages à paraître et publie un article de Duthuit sur Matisse qui se révèle un extrait d’un ouvrage à paraître aux éditions Action. […] On ne saurait leur faire porter la responsabilité de leur naissance si le milieu dans lequel ils se sont développés les a frappés irrémédiablement Intelligents ils voulurent non seulement la possession des biens matériels mais aussi celle des valeurs d’esprit.
La composition intégrale de l’Homme qui rit, son intérêt continûment passionné, les caractères qui doivent s’y développer, y grandir et y tomber avec l’action même, le pathétique final, tout, oui ! […] Il résulte du récit, discuté à mesure qu’il se développe, du nouvel historien d’Alexandre, que pendant toute sa vie de cardinal ce singulier Héliogabale ne commit qu’une seule faute, dont le reprit paternellement Pie II (le grand Piccolomini), et cette faute énorme fut d’être demeuré un peu trop longtemps à un bal où des femmes dansaient sans leurs maris.
Chacune des séries intéressant chacun des personnages se développe d’une manière indépendante ; mais elles se sont rencontrées à un certain moment dans des conditions telles que les actes et les paroles qui font partie de l’une d’elles pussent aussi bien convenir à l’autre. […] » Aussi obtiendra-t-on un effet amusant quand on développera un symbole ou un emblème dans le sens de leur matérialité et qu’on affectera alors de conserver à ce développement la même valeur symbolique qu’à l’emblème.
Je sens qu’elles me flétrissent l’âme et me rabaissent le cœur… » Et il développe sa thèse avec une grande vigueur de conviction, un profond accent de conscience, dans un style animé et tempéré qui est déjà celui d’un jeune et doux vieillard (pardon du mot !
Malheureusement, cette tendance se développa à mesure que l’auteur entra plus avant dans la carrière politique ; son rôle d’opposition, le vague de ses principes, ses emportements le poussaient à la phrase.
à un certain moment, si vous la lisez avec attention, un étrange sentiment se laisse apercevoir : Elle me confondait avec sa propre vie, Voyait tout dans mon âme ; et je faisais partie De ce monde enchanté qui flottait sous ses yeux… Avant moi cette vie était sans souvenir… Et la comparaison développée du beau cygne qui trouble une onde pure dans un bassin, ne voyez-vous pas comme il la caresse ?
Bossuet, dirai-je donc, c’est l’esprit qui embrasse le mieux, le plus lumineusement, le plus souverainement un corps, un ensemble de doctrines morales, politiques, civiles, religieuses, qui excelle à l’exposer avec clarté et avec éclat, avec magnificence, en se plaçant au point de vue le plus élevé ou au centre, à une égale distance de toutes les extrémités ; à en retenir, à en réunir, à en développer tous les ressorts, à en faire marcher tous les mouvements, à en faire bruire et résonner l’harmonie, comme sous la voûte d’une nef les tonnerres d’un orgue immense ; — mais en même temps, c’est un esprit qui n’en sort pas, de cette nef, de cette sphère si bien remplie, qui ne sent pas le besoin d’en sortir, qui n’invente rien au fond, qui n’innove jamais : il hait la nouveauté, l’inquiétude et le changement ; en un mot, c’est le plus magnifique et le plus souverain organe et interprète de ce qui est institué primordialement et établi.
On peut voir notamment la lettre très-belle, très-juste, sur l’éducation domestique d’un petit monsieur gâté dans sa famille, « une sorte de petite momie enfermée dans un vase de soie et qui finit par se croire un petit dieu » (pages 125-128) ; cette lettre, qui est de la fin de 1850, présageait les talents que le Père Lacordaire ne se savait pas encore pour l’éducation de la jeunesse et qu’il a développés dans la dernière partie de sa carrière.
La famille de l’ouvrier vassal, telle qu’elle existe encore dans des contrées du nord et de l’est de l’Europe, se développe dans son humble sphère avec sécurité, et même avec une sorte de majesté.
Tous les critiques distingués en leur temps, je parle des critiques praticiens qui, comme des médecins vraiment hippocratiques, ont combattu les maladies du jour et les contagions régnantes, La Harpe, le docteur Johnson, ont été doués de ce sens juste et vif que la nature sans doute accorde, mais qu’on développe aussi, et que plus d’un esprit bien fait peut, jusqu’à un certain point, perfectionner en soi.
Dans cette lettre tout amicale, le côté affectueux, aimable et obligeant de l’abbé Prevost se développe avec grâce.
La puissance de la raison se développe et s’étend chaque jour à des objets nouveaux.
Mais quand la cause des révolutions est l’exaltation de toutes les idées de liberté, il ne se peut pas que les premiers chefs de l’insurrection conservent de la puissance ; il faut qu’ils excitent le mouvement qui les renversera les premiers ; il faut qu’ils développent les principes qui servent à les juger : enfin, ils peuvent servie leur opinion, mais jamais leur intérêt, et dans une révolution le fanatisme est plus sensé que l’ambition.
Cependant toutes les choses utiles exécutées par son ordre ou développées sous son patronage, routes, ports, canaux, asiles, universités, académies, établissements de piété, de refuge, d’éducation, de science, d’industrie et de commerce, portent sa marque et le proclament bienfaiteur public. — De tels services appellent une récompense proportionnée : on admet que, de père en fils, il contracte mariage avec la France, qu’elle n’agit que par lui, qu’il n’agit que pour elle, et tous les souvenirs anciens, tous les intérêts présents viennent autoriser cette union.
Il a été toute sa vie ce qu’il était à ses débuts : il s’est épanoui, développé, élevé ; il n’a pas changé.
Du point de vue spécialement pédagogique, j’ajouterai que l’explication est l’exercice le plus profitable aussi pour développer les connaissances.
Mais quelques-uns, parmi lesquels Théomène et Faustus, ont pu se réfugier aux catacombes, où l’inquiète Marcia les rejoint et, tombée amoureuse de l’héroïque Théomène, est convertie par lui à la foi du Christ… Tout cela est habilement développé.
Ce sera lui qui étendra les idées des autres hommes, qui sous la forme du sentiment, développera les pensées qui reposoient au fond de leurs cœurs, & qui placera sur leurs lévres cette expression juste & facile dont il leur aura donné l’exemple.
Francesco Andreini, par exemple se faisait annoncer par son valet de la manière suivante : « Tu diras que je suis le capitaine Spavente de la vallée infernale, surnommé l’endiablé prince de l’ordre de la chevalerie ; Trismégiste, très grand bravache, très grand frappeur, très grand tueur ; dompteur et dominateur de l’univers, fils du tremblement de terre et de la foudre, parent de la mort et ami très étroit du grand diable d’enfer. » Dans La Prigione d’Amore (la Prison d’Amour), de Sforza Oddi nell’academia degli Insensati detto il Forsennato (membre de l’académie des Insensés, surnommé le Furieux), comédie récitée à Pise par les étudiants, pendant le carnaval de 1590, le rôle du capitan est très développé, et se termine par le récit suivant, qui pourra servir de spécimen.
D’après Nietzsche, la beauté est le signe auquel se reconnaissent les nobles exemplaires humains, à un degré supérieur ces « superbes plantes tropicales, ces êtres d’élite qui pourront s’élever jusqu’à une tâche plus noble et jusqu’à une existence plus noble, semblables à cette plante grimpante d’Asie, ivre de soleil — on la nomme Sipo-matador — qui enserre un chêne de ses lianes multiples, tant qu’enfin, bien au-dessus de lui, mais appuyée sur ses branches, elle puisse développer sa couronne dans l’air libre, étalant son bonheur aux regards de tous » (Par-delà le Bien et le Mal).
Et ces virtualités devaient se développer plus tard selon une évolution continue et définie.
Plus tard, elle s’éprend d’une mélodie élégante et simple qu’elle n’avait pas d’abord aperçue, et chaque jour elle fait de nouvelles découvertes ; elle s’étonne de sa première ignorance, et la curiosité se rajeunit à mesure que la pénétration se développe.
Ce n’est pas non plus l’éducation qui a développé en eux l’une des deux tendances et qui a étouffé l’autre.
Des deux sœurs, l’une, nommée Marthe, était une personne obligeante, bonne, empressée 958 ; l’autre, au contraire, nommée Marie, plaisait à Jésus par une sorte de langueur 959, et par ses instincts spéculatifs très développés.
L’orgueil étant désintéressé, elle se laissa aller à ce que pensait et pratiquait le couvent, soit par cette disposition à sympathiser avec des opinions générales, disposition qui formait un des traits de son caractère, soit par cette ambition d’estime, d’affection, de considération qui lui était propre aussi, et qui commençait à se développer en elle.
L’organe de la musique est beaucoup plus développé chez l’âne, le loup et le mouton que chez l’alouette, le pinson et le rossignol.
Mais je veux qu’ils n’aient pas eu dans l’esprit ces réflexions aussi analysées qu’elles l’ont été depuis : on ne peut au moins nier raisonnablement qu’ils n’en aient eu le fond et la substance, et qu’ils les ont développés peu à peu, à mesure qu’ils voyaient le succès bon ou mauvais de leurs spectacles.
Mais je vais vous développer par un ou deux exemples le fil secret et délié qui les a conduits dans le choix délicat de leurs accessoires.
Les passions que ces derniers ouvrages prétendent nous développer, paraissent bien froides à un cœur inaccessible aux passions, et peut-être plus froides encore quand on en a une ; quelle distance on trouve alors entre ce qu’on lit et ce qu’on sent !
Les recherches de musique verbale et le vers libre se sont développés tout à fait en dehors de l’exemple et même de l’influence de Mallarmé.
Il en est de même de la plus grande partie de l’Italie, qui, soumise à des dominations étrangères, et tour à tour envahie, subjuguée, défendue, gouvernée par des Allemands, des Espagnols ou des Français, a perdu pour ainsi dire cette espèce d’intérêt de probité pour son pays, qui développe les talents et crée les efforts en tout genre.
Elle voudrait (nous sommes au beau temps de George Sand) que son amant fût spiritualiste, crût que leur amour se développait sous l’œil bienveillant de Dieu. […] Je ne sais si, rêvant alors Madame Bovary, il a pensé qu’il y avait là une succession ouverte et une suite à prendre, mais tout se passe comme si, en ces années cinquante, décisives pour l’histoire du roman, se développait de Balzac à Flaubert une logique intérieure au roman, comme, de Corneille à Racine, se développe une logique intérieure à la tragédie. […] Et, à la fenêtre de la mairie, Rodolphe développe à l’oreille d’Emma, sans y changer un mot, les vieilles paroles dites et redites des millions de fois, qui font toujours leur effet. […] Il écrivait d’ailleurs, en Orient, que le voyage développait en lui d’une façon extraordinaire le sens du grotesque. […] Il ressemble à Emma Bovary, mais la société développe et approuve chez l’homme la nature qu’elle contraint et condamne chez la femme.
Kahn ne se contente pas d’y analyser et juger les livres récents, mais, à leur sujet, il plaît à développer ses théories personnelles. […] Il est évident que si, au lieu de développer abondamment l’idée, on la resserre, comme nous l’avons vu, avec tous ses considérants, ses modifications, ses variations et ses corollaires, sous la forme la plus brève et la plus condensée, « on est exposé, dit Kahn lui-même, à faire un peu embrouillé en croyant faire complet ». […] Parfois, au lieu d’un spectacle continu dont les incidents se développent insensiblement, une série de petits croquis défilent et chacun d’eux est une seconde, choisie avec soin, de ce devenir interrompu : ainsi la lanterne magique offre en des tableaux successifs les épisodes nombreux de quelque féerie. […] Il s’effraye de l’influence des littératures étrangères sur notre génie propre, — influence qui s’est développée chez nous sous la forme principalement du pessimisme. […] Son premier recueil, les Flamandes72 , est tout imprégné des premières impressions qu’il reçut de cette nature abondante et grasse, où la vie se développe avec plénitude en beauté saine, un peu commune, mais forte et fraîche.
Que de moralistes étendent au loin le champ de l’observation, développent les préceptes avec ampleur, et demeurent stériles dès qu’il s’agit de fournir à la vie humaine des mobiles déterminants ! […] La vie de Rabelais contribua, sans doute, à développer l’esprit d’observation satirique et dégagée de préjugés qui fait le fond de ses ouvrages. […] Cette idée est la seule qui enveloppe tout l’homme et qui développe tout l’homme ; ce principe est le seul qui éclaire et domine tout. […] C’était l’enveloppe du fruit qui se formait et grossissait sous l’écorce ; à mesure que le fruit se développait, la coque mûrissait ; elle a éclaté enfin, et ses fragments épars gisent à nos pieds. […] Il en est ainsi, en un sens, des idées religieuses qu’a fait naître ou qu’a développées en nous l’insensible influence de nos parents, de nos lectures, de l’atmosphère qui nous entoure.
Erckmann-Chatrian a nombre d’idées, et de jolies ; mais il semble ignorer l’art de les développer. […] Erckmann-Chatrian de ne pas développer ses idées ; mais je ne sais vraiment s’il fera bien d’entendre mon reproche. […] Feuillet développe la partie nerveuse de son style au détriment de la partie musculaire. […] Si la Révolution française avait développé les sentiments nobles au degré où le critique auquel nous soumettons ces observations croit qu’elle les a développés, il est une foule d’institutions dont nous pourrions dégrever notre budget. […] Dans ce passage, il a repris le thème musical que dans le Conte d’hiver le prince Florizel développe devant Perdita.
En second lieu, il a réduit les rôles de Bénédict et de Béatrix, et quelque peu développé celui de Claudio ; en d’autres termes, il a réduit la part de la comédie et développé celle du drame. […] Dumas aime à développer. […] Il naît aussi des odeurs que la chaleur développe, de la saveur des mets, et des vapeurs qui envahissent le cerveau. […] Henry Fouquier qui a souvent développé ces idées-là par la plume hardie et souple de Colombine. […] Maujan n’ait pas un peu plus développé la dernière partie de son drame, cette éternelle histoire des montagnards et des girondins.
Cela commence — et cela se développe — à la façon d’un conte moral. […] Dans un conte que j’ai lu, et qui développait un lieu commun analogue à celui de M. […] Oui, c’est une thèse, mais était-ce une thèse qui pût être développée sous la forme d’une action dramatique ? […] Une idée morale, toute simple, y est développée en une action ingénieuse. […] Mais il les développe sous une forme dure, provocante et blessante à plaisir.
Et alors, par un de ces lâches revirements dont la jeune école pessimiste nous a développé tant de fois de si remarquables exemples, Georges se résignerait peu à peu à n’envisager que les bénéfices de la situation. […] Dans le drame ainsi conçu, la passion de Phèdre n’est qu’un « moyen. » Son rôle est peu développé, et le poète ne craint pas de la rendre abominable : c’est elle qui dénonce elle-même Hippolyte par une lettre qu’elle écrit à son mari avant de se pendre. […] Ce beau sujet est développé avec une ampleur et une éloquence singulières. […] Le drame n’est pas assez développé, ni les caractères et les sentiments des personnages, pour que nous en soyons sérieusement émus. […] Car si le cabotinage paraît s’être développé de nos jours, c’est dans la mesure où s’est perfectionné l’outillage de la publicité et de la réclame, ni plus ni moins.
On dirait parfois que la nature sociale, quand elle veut produire un type très complet, lui ménage des rencontres faites pour le développer dans le sens qu’elle désire. […] J’essaierai de justifier l’assertion que j’énonçais tout à l’heure, sur les rapports de cette poésie et de sa vie, en montrant ce que fut sa personnalité et dans quelles circonstances elle se développa. […] Drames et vaudevilles ne lui sont qu’un prétexte à développer la féerie de ses visions. […] Les curiosités coupables qui la jettent à la faute n’auraient pas été réveillées, si elle n’avait ni gâté son esprit à des lectures romanesques, ni développé en elle un besoin de modeler sa destinée d’après ses rêves et non d’après les données inévitables de son sort. […] À ce point de vue l’on a le droit de dire que l’école issue de Balzac, à travers Flaubert et Goncourt, continue de développer son principe de documentation exacte et de stricte exactitude.
C’est de cette réformation, de cette idée d’un schisme possible, qu’est né le livre très développé, je n’ose pas dire le roman, de M. […] Brichanteau n’est pas un comédien, c’est le comédien en général, car, quel qu’il soit, si pourvu ou si dénué de talent que le ciel l’ait fait naître, il n’existe pas un homme marchant sur les planches d’un théâtre qui n’ait en lui un Brichanteau plus ou moins développé. […] J’avais développé en moi une force, un mouvement qui avait sa bienfaisance tangible. » Voilà, je crois, résolu le problème du chauffage à bon marché. […] » Ces gitanas semblent se mouvoir selon une cadence dont l’atavisme les a dotées et que développa l’accoutumance de certaines musiques. […] On y verra aussi se développer un véritable roman d’amour qui n’est qu’un récit fait de stricte vérité.
L’une veut que le poète n’emprunte à l’histoire ou à la légende que des cadres plus intéressants en eux-mêmes, où il développera les passions et les espérances de son temps. […] Destiné qu’il était à incarner en quelque sorte la conscience agitée de son siècle, à être comme le symbole vivant, comme le clairon d’or des idées ondoyantes, des espérances, des passions, des transformations successives de l’esprit contemporain, il devait, avec la même sincérité et la même ardeur, développer ses merveilleux dons lyriques, de ses premières odes à ses derniers poèmes, par une ascension toujours plus haute et plus éclatante. […] Mais Victor Hugo a développé son étrange conception avec tant de verve, d’éloquence et de couleur, qu’il faut le remercier, au nom de la Poésie, d’avoir prêté cette charité terrible à cet insensé féroce qui puisait la haine de l’humanité dans l’imbécillité d’une foi monstrueuse.
Ce sont ces propriétés qui nous sont spéciales qu’il faut développer et mettre en évidence il est bienséant et convenable, quand il s’agit de littérature et non de médecine, de laisser le reste dans l’ombre la plus épaisse. […] En cela il a imité Balzac et il a assaisonné le tout avec quelques-unes de ses qualités personnelles seulement, il n’a rien découvert que l’auteur de la Comédie humaine n’ait signalé et développé avant lui. […] Le roman est déjà un mode de lecture inférieur, plus propre à égarer l’esprit qu’à l’éclairer, soit qu’il dépeigne la vie en rose, soit qu’il la représente en noir ; il développe chez les uns, le goût des intrigues amoureuses ou d’une sentimalité outrée ; chez les autres, le besoin de sensations et d’émotions violentes, ne considérant l’existence qu’autant qu’elle fournit une suite de péripéties variées.
Comment une sensation devient-elle une image ; l’image, une idée ; comment l’idée se développe-t-elle ; comment prend-elle la forme qui nous semble la meilleure ; comment, s’il s’agit d’écriture, la mémoire verbale est-elle mise à contribution ? […] Parfois, l’organisme premier disparaît, entièrement dévoré par les colonies égoïstes qui s’y développent. […] Tarde ait développé sa philosophie sociale : « L’imitation régit le monde des hommes, comme l’attraction celui des choses. » Dans le domaine particulier de l’art et de la littérature, cette loi est très sensible. […] Depuis Constantin jusqu’à la Renaissance, le catholicisme a développé normalement les deux principes qui le constituent et, sans l’intervention de Luther, il est très probable que le principe païen, d’art et de beauté, eût acquis autant de force que le principe évangélique, de renoncement et de mortification. […] « Et là-dessus Victor Hugo émit justement la même pensée que Nietzsche devait développer plus tard : “Un jour viendra où l’Europe ne connaîtra que des Européens, et non plus des Français, des Allemands, des Russes.
Son but, bien moins rigoureux, est plutôt de développer cinq ou six motifs de ne pas croire mes recettes de ta rhétorique. […] La leçon commence et développe ce principe ; il faut lire. […] Les sens se développent par cette éducation naturelle que donne la vie. […] Flaubert incorporait toute sa sensibilité à ses œuvres ; et par sensibilité j’entends, ici comme partout, le pouvoir général de sentir tel qu’il est inégalement développé en chaque être humain. […] L’introduction expose principalement les principes du vers libre, étude que l’auteur reprend et développe, au cours de ses portraits, quand il arrive aux principaux protagonistes de cette méthode.
Les plans que Saint-Simon développa au duc d’Orléans pour une réforme du gouvernement ne furent qu’en partie suivis. […] Dans ses Mémoires, Saint-Simon reprend ses premiers jets de portraits, les développe et se donne tout espace.
Les études classiques qu’avait voulues le père étaient terminées ; l’âge de la profession tant désirée était venu ; la peinture allait ouvrir, développer enfin ses horizons promis devant le jeune homme, qui, de tout temps, avait croqué, dessiné, imité. […] Ce Champin est une figure toute locale, comme qui dirait un ancien jacobin de Genève ; moyennant les lettres qu’il lui prête, l’auteur a cherché à représenter le vieil idiome populaire de la cité et de la rue dans tout son caractère, tandis que, par les lettres de Reybaz, il a voulu exprimer la langue des anciens de village, dans les cantons retirés où se conserve un français plus vieilli que celui des villes et plus coloré quelquefois. « Ce serait, dit-il de cette dernière, ma langue naturelle, si on se choisissait sa langue. » Sous cette histoire développée des deux fiancés, il y a donc une étude approfondie de style, si je l’osais dire, tout comme dans les Fiancés de Manzoni, auxquels l’auteur a dû plus d’une fois penser ; mais c’est le style genevois, tant municipal que rural, qui s’y trouve expressément reproduit dans toutes ses nuances, et cela circonscrit le succès.
Wilder ne développe pas vraiment l’influence des formes musicales elles-mêmes. […] Le mot est important car Wagner développe sa théorie de la décadence et de la régénération dans ses derniers écrits, principalement Religion et Art, À quoi sert cette connaissance ?
Albert Wolff, dans le Figaro, développe le thème : A M. […] Les autres, sans doute, consacrent « leur temps, leur intelligence, toutes leurs forces », à développer l’influence des pays voisins.
D’autre part, la faculté de discernement ne s’est développée qu’en vue du choix ; si nous avons conscience des différences, principalement sensitives, c’est que ces différences sensitives entraînent des différences réactives. […] En même temps, nous éprouvons des sensations vagues de tension dans l’organe de l’ouïe, qui s’accommode comme pour écouter ; nous avons simultanément des sensations venues des muscles du larynx, de la poitrine, etc. ; ajoutez-y la sensation de notre cerveau en travail et d’une certaine chaleur qui se développe.
Descartes a beau dire : « L’étonnement est antérieur à toutes les autres passions, puisqu’il peut se produire avant que nous sachions aucunement si tel objet nous est convenable ou ne l’est pas » ; Descartes raisonne d’après les résultats présents de notre organisation très développée, devenue de plus en plus intellectuelle ; s’il avait connu la théorie de l’évolution, il eût compris qu’à l’origine l’étonnement dut être un mouvement de défensive, avec effort protecteur. […] C’est ainsi qu’on a vu quelquefois, entre mari et femme, se développer une certaine ressemblance de visage.
Cette règle de l’unité d’action dans le drame admet néanmoins dans la pièce une diversion légère qu’on appelle l’épisode, pourvu que l’épisode se rattache plus ou moins directement à l’action principale, et que l’épisode serve seulement à suspendre un peu le sujet, mais aussi à le développer. […] Là, où la rivière s’écoulait, s’étend une rive verdoyante ; ici, où les arbres s’enlaçaient pour repousser la clarté du jour, une plaine ouverte se développe aux rayons du soleil… À peine puis-je croire que ce lien est le même ; cependant toujours ces puissantes barrières s’élèvent dans les airs en bornant le pays, toujours les mêmes montagnes vont mêler avec le ciel leurs superbes sommets !
Mais ce qu’il dit des progrès de la Poésie & du langage, n’est pas assez développé. […] Personne ne développe avec plus de finesse les replis les plus cachés du cœur humain.
Cela n’empêche pas qu’elle peut laisser, et laisse en réalité subsister un nombre considérable d’êtres d’une structure simple et peu développée, mais parfaitement adaptés néanmoins à de simples conditions de vie. […] Conséquemment, quelques naturalistes ont soutenu que les mollusques étaient autrefois plus développés et plus élevés qu’aujourd’hui ; mais on pourrait étayer plus fortement la conclusion toute contraire de ce que les mollusques inférieurs sont aujourd’hui beaucoup réduits en nombre, et d’autant plus que les Céphalopodes vivants, quoique très peu nombreux, sont d’une organisation plus élevée que leurs anciens représentants.
Suivez bien ses phrases ampoulées, développez ses traînantes périphrases, soulevez ses images vieillies, et vous trouverez quelques pauvres allusions qu’on débite courageusement, car il n’y a pas de danger à les dire ; vous y verrez à chaque phrase, à chaque mot, l’éloge du temps où il avait voix délibérative dans les affaires du pays ; vous y sentirez, cachée sous des réticences, l’attaque envieuse contre tout ce qui est jeune, contre tout ce qui vit, contre tout ce qui a de l’avenir ; c’est la malédiction de la mort contre la vie ; c’est l’exaltation de tout ce qui est médiocre, mesquin, incolore, ordinaire, connu, ressassé, pauvre et croulant ! […] À côté du mouvement scientifique dont nous venons de parler, et parallèlement à lui, se développe le mouvement industriel dont la puissante éclosion est due surtout aux travaux magnifiques des écoles philosophiques modernes.
[NdA] Dans des leçons que j’ai eu depuis lors à faire à l’École normale au sujet de ce même Villehardouin, je développais un peu plus ce point de vue, et j’ajoutais : Il est un mot sur lequel il faut insister encore, et pour le réfuter, et pour nous faire mieux pénétrer dans l’esprit de ces temps, de ce Moyen Âge occidental et français véritablement moderne : c’est que les chefs et capitaines des croisés, auraient été de purs barbares.
Mais le sujet principal est bien embrassé et développé ; Buffon y est caractérisé par cet amour du grand qui le distingue en toutes choses.
Dès le premier instant qu’il eut à commander à d’autres, dès qu’il eut à porter enseigne, dit-il, il voulut savoir ce qui est du devoir de celui qui commande, et se faire sage par l’exemple des fautes d’autrui : « Premièrement j’appris à me chasser du jeu, du vin et de l’avarice, connaissant bien que tous capitaines qui seraient de cette complexion n’étaient pas pour parvenir à être grands hommes. » Il développe ces trois chefs, et particulièrement, et avec une verve singulière, les inconvénients de l’avarice en un capitaine : « Car si vous vous laissez dominer à l’avarice, vous n’aurez jamais auprès de vous soldat qui vaille, car tous les bons hommes vous fuiront, disant que vous aimez plus un écu qu’un vaillant homme… » Il ne veut pas qu’un homme de guerre, pareil à un citadin ménager, songe toujours à l’avenir et à ce qu’il deviendra en cas de malheur ; le guerrier est enfant de l’État et du prince, et il pose en maxime « qu’à un homme de bien et vaillant, jamais rien ne manque. » — Après ces trois vices qui sont à éviter à tout prix, car ils sont ennemis de l’honneur, il en touche plus rapidement un quatrième dans lequel, sans raffiner sur les sentiments, il conseille du moins toute modération et sobriété : C’est l’amour des femmes : ne vous y engagez pas, cela est du tout contraire à un bon cœur.
Dans ces tours d’opinions où chaque académicien développe son avis, j’ai vu les hommes politiques qui y prenaient part motiver excellemment, et avec ce bon sens libre qui est la critique des honnêtes gens du monde, leur jugement détaillé sur des ouvrages dramatiques ou autres dont on avait à mesurer le mérite et à graduer le rang.
Ces portraits et caractères composés si savamment, mais composés et concertés, auraient pris plus de naturel et de vie ; les originaux vrais auraient apparu, se seraient développés avec ampleur, abandon, et je ne sais quel charme qui leur manque ; je le suppose toujours à l’abri du trop de facilité et du laisser-aller.
Le désir extrême qu’avait Vauvenargues de venir à Paris, et pour cela son besoin de trouver 2000 livres à tout prix, nous le montrent dans une singulière veine d’inquiétude et dans une espèce de fièvre qui lui fait écrire à Saint-Vincens des choses assez étranges comme lorsqu’on en est aux expédients, des choses qui dérangent un peu l’idée du Vauvenargues-Grandisson auquel on était généralement accoutumé, et qui n’avait jamais été mieux développé que dans le discours d’un des derniers et des plus honorables concurrents, M.
Feydeau qui, ainsi que ses autres travaux l’attestent, à la faculté visuelle très développée, qui a la mémoire visuelle.
Le livre liie , notamment, qui s’intitule « Brienne et Montmirail », ces 170 pages qui embrassent moins d’un mois, qui développent surtout ces huit brillantes journées (10-18 février) de victoires arrachées coup sur coup, de succès enchaînés, Champaubert, Montmirail, Château-Thierry, Vauchamps, jusqu’à Montereau où le temps d’arrêt recommence, ces bonnes journées dans lesquelles Napoléon put croire au retour de son soleil et sourire aux dernières faveurs de la fortune, n’ont rien qui les égale, et M.
C’est toute une croisade : on se demande à quel propos, et contre qui elle est dirigée : car l’industrie moderne, tout occupée à se développer, à conquérir le monde et à régner sur notre planète, ne pense guère pour le moment à se traduire en poésie.
Mais nous ne prenons pas si méthodiquement les choses ; nous n’accordons pas tant à ces grands desseins qu’on développe sur le papier, à ces vues que les gens d’esprit ne sont pas embarrassés de trouver après coup.
Le poëte, comme homme, comme citoyen, doit aimer sa patrie ; mais la patrie de sa puissance poétique, de son influence poétique, c’est le Bon, le Noble, le Beau, qui n’appartiennent à aucune province spéciale, à aucun pays spécial, et qu’il saisit et développe là où il les trouve.
Les nouvelles lettres n’ajouteront rien d’essentiel à l’idée qu’on avait pu se faire d’elle, mais elles contribueront à développer l’aimable portrait, ce modèle de belle âme religieuse et poétique, et à le mettre de plus en plus dans tout son jour.
A l’entendre nous développer le secret de ce peuple-roi dans sa discipline, dans son ordre et sa tactique, dans son courage exempt du faux point d’honneur, comparer ensemble la phalange macédonienne et la légion romaine, puis pénétrer dans les conseils de son Sénat, dans cette conduite si forte au dehors, si ferme au dedans, Bossuet se montre historien philosophe, comme auparavant il était historien prophète.
Duveyrier a développé des idées neuves, très ingénieuses, et qui, pour ceux qui réfléchissent, donnent à penser pour bien longtemps.
Voilà donc à peu près quinze ans, terme moyen, qu’elle se développe en plein air et vit au soleil.
Il faut qu’une sorte de fermentation, causée par des événements extraordinaires, développe ce sentiment, dont le germe existe toujours chez un grand nombre d’hommes, mais peut mourir avec eux sans qu’ils aient jamais eu l’occasion de le reconnaître.
Cette théorie avait déjà été énoncée dans la Revue de l’instruction publique (novembre 1855 ; juillet, août et septembre 1856), puis publiée dans les Philosophes classiques au xixe siècle en France (1856), chapitres 3, 9 et 13, puis reprise et développée dans la préface de la 2e édition du même ouvrage (1860), enfin exposée et précisée une dernière fois dans une étude sur Stuart Mill (Revue des Deux Mondes, mars 1861), qui a précédé les vues concordantes de Stuart Mill sur le même sujet.
Il développait enfin l’importance de la technique.
Si, lors du mouvement symboliste, à peine terminé depuis trois ans après avoir occupé douze années, lors de cette confuse aspiration de la jeunesse française vers une réunion de tous les arts sous l’influence de Wagner et de l’internationalisme, un critique de haut sens moral s’était levé pour arrêter les polémiques inutiles et substituer la logique aux dédains des critiques et aux saillies des nouveaux venus, il aurait précisé l’un des plus curieux mouvements intellectuels du siècle, et peut-être développé deux ou trois conséquences fécondes de cette crise pleine d’intentions et de promesses ; il y avait là un rôle considérable et bienfaisant à remplir, le rôle de Heine dans le second romantisme allemand, après Schlegel et Tieck, le rôle de Baudelaire, de Gautier et de Nerval, en 1840, le rôle de Taine dans les débuts du rationalisme, le rôle de William Morris dans les tentatives de socialisation d’art qui suivirent le préraphaélisme, le rôle professoral de César Franck dans l’école symphonique après Wagner ; ce rôle, personne ne se présenta pour le tenir, et si le symbolisme a avorté, s’est restreint à un dilettantisme de chapelle alors qu’il était parti pour une bien plus grande tentative, c’est à cause des obstinées plaisanteries des critiques superficiels, à cause du manque d’intelligence logique dans l’école, autant et plus qu’à cause des défauts eux-mêmes des symbolistes.
Des canevas qui le composent, il ressort que la pantomime, c’est-à-dire ce qui consistait en postures, grimaces, sauts et jeux de scène, s’était alors développée considérablement au détriment des autres parties de la comédie de l’art.
Ils développent des germes qui ont commencé à percer chez leurs devanciers.
Franck excelle à développer de larges pensées musicales — qui sont parfois de vraies pensées philosophiques et de sublimes élans religieux — dans ces dialogues d’un petit nombre d’instruments, qui peuvent ainsi traduire, avec la plénitude de leurs ressources individuelles, tout ce qui s’y trouve de poésie intime.
Walckenaer, qui est resté modèle dans cette forme développée et pourtant limitée encore, est l’Histoire de la vie et des ouvrages de La Fontaine (1820).
Ce grand poëte eut toujours dans le cœur un germe de religion, lequel se développa parfaitement sur la fin de sa vie, & la rendit exemplaire.
Mais il va plus loin que Fénélon ; il trouve encore ridicule cette coutume de prêcher sur un texte, d’en faire une espèce de devise ou d’énigme que le discours développe.
Ce calcul me semble d’une rigoureuse exactitude : j’aimerais à développer, comme je l’ai fait pour la prose, la perpétuelle fécondité de notre muse plusieurs fois séculaire : mais le temps ne me permet d’insister que sur l’un des titres de notre poésie française, le plus contesté d’ailleurs, je veux parler du mécanisme de notre versification.
Ces sortes de fondations peuvent avoir leurs avantages, en ce que l’enfant d’un artisan, d’un pauvre homme dépourvu de toute espèce de moyens, peut apporter en naissant des dispositions si heureuses, qu’il n’y ait rien de mieux que de venir à son secours, et de lui donner les moyens de développer les dons de la nature.
Dans les choses sacrées, elle se développa à l’aise.
Les règles que je prescris ici devraient être longuement développées : ce serait la matière d’un livre tout entier.
On remarque sur les lois, qu’en diminuant l’abus des procédures, et réglant la forme des tribunaux, il laissa subsister le vice de cent législations opposées, et ne fit qu’ébaucher un ouvrage immense, qui, parmi nous, attend encore le zèle d’un grand homme ; sur l’agriculture, qu’il connut peu les vrais principes qui l’encouragent, principes découverts par Sully, employés dans les belles années de Henri IV, oubliés sous le ministère orageux et brillant de Richelieu, retrouvés ensuite par Fénelon, et développés avec succès dans ce siècle, où les grands besoins font chercher les grandes ressources ; sur le commerce, qu’il eut peut-être sur cet objet des vues beaucoup plus vastes que solides ; que ses vues même étant en contradiction avec ses besoins, d’un côté il voulait le favoriser, et de l’autre il le chargeait d’entraves ; sur les manufactures, qu’il les encouragea avec grandeur, mais qu’il fit quelquefois de ces arts utiles le fléau de l’État, en immolant le laboureur à l’artisan ; enfin, sur la partie militaire, que sa perfection même nous donna une gloire éclatante et dangereuse, qu’elle arma la France contre l’Europe, et l’Europe contre la France, et fut récompensée et punie par trente ans de carnage.
Mais par la manière dont vous présentez les faits, dont vous les développez, dont vous les rapprochez les uns des autres, par les grandes actions comparées aux grands obstacles, par l’influence d’un homme sur sa nation, par les traits énergiques et mâles avec lesquels vous peignez ses vertus, par les traits touchants sous lesquels vous montrez la reconnaissance ou des particuliers ou des peuples, par le mépris et l’horreur que vous répandez sur ses ennemis, enfin, par les retours que vous faites sur votre siècle, sur ses besoins, sur ses faiblesses, sur les services qu’un grand homme pourrait rendre, et qu’on attend sans espérer, vous excitez les âmes, vous les réveillez de leur léthargie, vous contribuez du moins à entretenir encore dans un petit nombre l’enthousiasme des choses honnêtes et grandes.
Ce sont eux qui ont développé tous ces heureux principes qui donnent lieu aux Nations d’espérer une plus grande félicité, & soit qu’ils écrivent l’histoire, soit qu’ils traitent la morale, ils sont servir les événemens passés à la situation actuelle des événemens. […] Comme il est impossible que les premiers linéamens n’aient pas pré-existé avant la découverte moderne, l’ingratitude se manifeste envers l’inventeur, & ce n’est qu’après mille contradictions qu’on lui fait essuyer, qu’alors on lui rend une justice tardive ; encore cette justice est-elle concentrée dans un petit nombre de Juges, & sa renommée est pour ainsi dire un secret, qui ne se développera que dans la génération suivante(11). […] Parce que le malheureux n’a que ses vingt-quatre heures pour me développer le cœur d’un ambitieux, d’un amant, d’un jaloux, d’un tyran ; & où sont les gradations nécessaires ? […] Qui lira dans ce point de vue ses Comédies avec attention, trouvera que les caractères, tout fortement prononcés qu’ils soient, s’expriment dans la plus grande partie de leurs rôles exactement comme les autres, & ne développent leurs qualités essentielles & dominantes, qu’occasionnellement, suivant que les circonstances naturelles y donnent lieu, sans paroître jamais forcés. […] Il y a des Philosophes profonds pour cette classe distinguée ; elle n’est point faite non plus pour la populace grossière & ignorante, qui, dans certains Gouvernemens, n’a point le germe de ce qui est beau & honnête ; elle est faite plutôt pour parler à la classe mitoyenne, qui a des idées de l’utile, de l’honnête, & de l’agréable ; idées confuses que le Poète Dramatique développe sous un aspect riant, qui n’exclut pas le sérieux.
L’homme peut sans doute rêver ou philosopher, mais il doit vivre d’abord ; nul doute que notre structure psychologique ne tienne à la nécessité de conserver et de développer la vie individuelle et sociale. […] Si nous voyons deux ou trois grandes lignes d’évolution se continuer librement à côté de voies qui finissent en impasse, et si, le long de ces lignes, se développe de plus en plus un caractère essentiel, nous pouvons conjecturer que la poussée vitale présentait d’abord ces caractères à l’état d’implication réciproque : instinct et intelligence, qui atteignent leur point culminant aux extrémités des deux principales lignes de l’évolution animale, devront ainsi être pris l’un dans l’autre, avant leur dédoublement, non pas composés ensemble mais constitutifs d’une réalité simple sur laquelle intelligence et instinct ne seraient que des points de vue. […] Les formes intermédiaires, qui se développèrent dans les civilisations antiques, ne pourraient qu’induire en erreur la philosophie de la religion si elles faisaient croire qu’on a passé d’une extrémité à l’autre par voie de perfectionnement graduel : erreur sans doute naturelle, qui s’explique par le fait que la religion statique s’est survécu en partie à elle-même dans la religion dynamique. […] Par le fait, nous passons sans peine du roman d’aujourd’hui à des contes plus ou moins anciens, aux légendes, au folklore, et du folklore à la mythologie, qui n’est pas la même chose, mais qui s’est constituée de la même manière ; la mythologie, à son tour, ne fait que développer en histoire la personnalité des dieux, et cette dernière création n’est que l’extension d’une autre, plus simple, celle des « puissances semi-personnelles » ou « présences efficaces » qui sont, croyons-nous, à l’origine de la religion. […] Nous avons développé cette conception du hasard dans un tours professé au Collège de France en 1898, à propos du Peri heimarmenès d’Alexandre d’Aphrodisiade.
En un mot, des générations jeunes, si elles avaient eu le temps de grandir sous un régime honnêtement directorial ou modérément consulaire, auraient pu développer en elles cette inspiration renouvelée, poétique, sentimentale, et pourtant d’accord avec les résultats de la philosophie et des lumières modernes, tandis qu’il n’y a eu de mouvement littéraire qu’à l’aide d’une réaction catholique, monarchique et chevaleresque, qui a scindé de nobles facultés dans la pensée moderne : le divorce n’a pas cessé encore. […] Une idée neuve et féconde, fort mise en œuvre dans ces derniers temps, développée par le Saint-Simonisme et ailleurs, appartient en propre à Mme de Staël : c’est que, par la Révolution française, il y a eu véritable invasion de Barbares, mais à l’intérieur de la société, et qu’il s’agit de civiliser et de fondre le résultat, un peu brut encore, sous une loi de liberté et d’égalité. […] Le jeune auteur, au milieu de la plus parfaite politesse et d’hommages fréquents à l’imagination de celle qu’il combat, y prend position contre le système et les principes professés par elle : « Mme de Staël donne à la philosophie ce que j’attribue à la religion… Vous n’ignorez pas que ma folie à moi est de voir Jésus-Christ partout, comme Mme de Staël la perfectibilité… Je suis fâché que Mme de Staël ne nous ait pas développé religieusement le système des passions ; la perfectibilité n’était pas, selon moi, l’instrument dont il fallait se servir pour mesurer des faiblesses. » Et ailleurs : « Quelquefois Mme de Staël paraît chrétienne ; l’instant d’après, la philosophie reprend le dessus. […] Le sophisme des idées repousse, l’érudition ne satisfait pas, et le cœur est trop sacrifié à la pensée… Votre talent n’est qu’à demi développé, la philosophie l’étouffe.
Dans toute son éducation et dans toute sa jeunesse, dans ses lectures profanes et dans ses études sacrées, dans ses actions et dans ses maximes, perce déjà sa pensée dominante et permanente, la résolution de développer et dégager en lui-même l’homme idéal. […] Plus conséquent et plus maître de lui-même, Milton développe jusqu’au bout les fils qu’ils rompent. […] Pour exprimer un pareil sentiment, ce n’était pas assez des images, et de la poésie qui ne s’adresse qu’aux yeux ; il fallait encore des sons, et cette poésie plus intime qui, purgée de représentations corporelles, va toucher l’âme : il était musicien ; ses hymnes roulaient avec la lenteur d’une mélopée et la gravité d’une déclamation ; et lui-même semblait peindre son art en ces vers incomparables qui se développent comme l’harmonie solennelle d’un motet : Dans la profondeur des nuits, quand l’assoupissement494 — a enchaîné les sens des mortels, j’écoute — l’harmonie des sirènes célestes — qui, assises sur les neuf sphères enroulées, — chantent pour celles qui tiennent les ciseaux de la vie, — et font tourner les fuseaux de diamant — où s’enroule la destinée des dieux et des hommes. — Telle est la douce contrainte de l’harmonie sacrée — pour charmer les filles de la Nécessité, — pour maintenir la Nature chancelante dans sa loi, — et pour conduire la danse mesurée de ce bas monde — aux accents célestes que nul ne peut entendre, — nul formé de terre humaine ; tant que son oreille grossière n’est point purifiée495. […] C’étaient des amusements de château ; il en faisait des enseignements de magnanimité et de constance : l’un d’eux, le Comus, largement développé, avec une originalité entière et une élévation de style extraordinaire, est peut-être son chef-d’œuvre, et n’est que l’éloge de la vertu.
C’est ce dont la critique littéraire se soucie le moins ; il serait trop long d’en développer ici les causes. […] Observons d’abord que cette thèse reprend, avec plus de rudesse, celle que Brunetière exposa dans une célèbre conférence sur Tartuffe, développa dans son article sur la Philosophie de Molière. […] Si Bossuet avait conservé dans son Histoire toute la flamme imagée de ses premiers Sermons, si cette flamme avait fait partie de sa bonne conscience, s’il l’avait cultivée et développée, les deux livres se ressembleraient bien davantage. […] Elle s’est développée en fonction de la vie de société, et comme la vie de société et de conversation n’a nulle part été plus brillante et plus fine que dans la France des xviie , xviiie et xixe siècles, il est naturel que la critique spontanée y ait particulièrement brillé. […] Il s’y répandait d’ailleurs de façon oratoire, et il a abondamment « développé ».
Je voyais bien déjà les principales idées à développer. […] Les maladies, la persécution avaient développé ses sentiments religieux. […] Il y eut mille ennuis (beaucoup par sa faute) et ce fut là que commença à se développer en lui, de façon inquiétante, la folie de la persécution. […] Lui-même s’était développé tout seul, non pas, il est vrai, tout à fait en dehors de la société, mais un peu en marge et, dans tous les cas, en dehors de la famille et en dehors du collège. […] Il est bien encore de croire que faire un homme, ce n’est pas fabriquer une machine, mais développer un être vivant.
Tout humaniste est alexandrin, plus certaines tendances et penchants propres ; c’est un alexandrin développé et complété. […] Il ne risque point, lui, dans ces conditions, de délayer quand il développe et de surcharger quand il amplifie. […] C’est dans cette atmosphère que grandit et se développe Henriette, petite souveraine par la beauté, la bonté, l’élévation de caractère et le talent. […] Surtout c’est développer, entretenir et comme nourrir cette impression première pour la transformer en un prétendu jugement qui est faire fausse route. […] On pourrait remarquer encore que ce qui s’est développé dans le monde depuis ce que nous savons d’histoire, c’est la personne humaine, c’est l’individu, autrefois noyé dans l’État, s’en distinguant progressivement de plus en plus.
Aujourd’hui, où je sais un interviewer à la cantonade, je jette rapidement sur le papier les idées que je veux développer. […] Et Montesquiou est très intéressant à entendre développer la façon de peindre de Whistler, auquel il a donné dix-sept séances, pendant un mois de séjour à Londres. […] Et je m’enfonce au milieu de ces effigies d’une humanité antérieure à Jésus-Christ de 2 500 ans, je m’enfonce parmi ces femmes jaunes, à la taille menue, aux hanches peu développées, aux cuisses charnues, à la chevelure pareille à celle de la fille de Seti II, dont le noir des cheveux était le noir de la nuit , vêtues d’une robe-chemise ouverte en triangle au milieu de la poitrine, les bras ornés de bracelets composés de douze anneaux, et qui, coquetterie bizarre, ont le dessous des yeux maquillés d’une bande de couleur verte.
Enfin il comptait pour le troisième de ces événements décisifs la prise de la Bastille, qui avait développé et exalté d’abord son sentiment libéral. […] Dès 1809, au sortir de la séance de l’Institut du lundi 27 février (j’ai sous les yeux sa note écrite et développée), il n’hésitait pas, d’après les expériences rapportées par MM.
Le poëte, chez Nodier, est déjà bien avancé, bien en train de mûrir : une circonstance particulière vint développer en lui le philologue, le lexicographe, et lui permit dès lors de pousser de front ce goût vif à côté de ses autres prédilections un peu contrastantes. […] Dans le plus suivi et le plus philosophique de ses jeux érudits, dans ses Éléments de Linguistique, Nodier a développé un système entier de formation des langues, l’histoire imagée du mot depuis sa première éclosion sur les lèvres de l’homme jusqu’à l’invention de l’écriture et à l’achèvement des idiomes.
. — Il est certain que le verbe nimer (to nim), signifiant manger, se serait développé en lui, si son esprit en mûrissant n’avait adopté la langue courante qui s’offrait à lui toute faite. » — L’initiative de l’enfant se manifeste encore par l’usage incorrect qu’il fait de nos mots en leur donnant un sens qu’ils n’ont point pour nous et qu’il invente. […] Développées en spirale sur la tige, elles se resserrent au sommet en verticilles horizontaux superposés, dont les divers étages sont les diverses parties de la fleur.