Ils ont besoin de jouir du beau ; ils veulent être heureux par les yeux ; ils sentent naturellement par contre-coup le relief et l’énergie de toutes les formes. […] Les besoins de l’imagination sont si vifs que la cour devient une scène. […] Comme chez Rubens, l’allégorie chez lui enfle les proportions hors de toute règle, et soustrait la fantaisie à toute loi, excepté au besoin d’accorder les formes et les couleurs. […] Le sentiment de la beauté fait place au besoin de la vérité. […] Il n’y a pas besoin ici de chercher bien loin cette école ; dans l’interrègne du christianisme, le tour d’esprit qui domine partout est justement le sien.
Il y en a de magnifiques… La Nuit est une œuvre faite pour ceux qui voient douloureusement fuir l’ombre du temps, l’incertitude des choses, et qui, lassés, exhalent la colère de leur mélancolie en des songes et des harmonies où perce un oubli des peines passées conduisant à un besoin de repos dans l’obscurité, dans le silence, dans la mort.
Étrange et admirable conception où s’expriment à la fois les besoins latins de clarté et les inquiétudes orientales ou hercyniennes d’infini ; ici, c’est d’en bas que vient la lumière.
Le besoin se faisant sentir d’une nouvelle École, l’École Romanitas va se former, qui affirme que notre langue se meurt depuis le jour où, après Racine, elle s’est écartée du dialecte roman, père du dialecte français.
Il y a quinze jours que sa Blanchisseuse, à qui il devoit trente pistoles, vint les lui demander, en lui disant qu’elle en avoit besoin pour se marier à un Valet-de-chambre qui la recherchoit.
Postel se vantoit de pouvoir faire le tour du Monde sans avoir besoin d’Interprete : une pareille jactance ne peut qu’annoncer beaucoup de présomption : ses Contemporains eurent la bonté de le croire sur sa parole.
Il a donc pensé que si l’on plaçait le mouvement de l’Ode dans les idées plutôt que dans les mots, si de plus on en asseyait la composition sur une idée fondamentale quelconque qui fût appropriée au sujet, et dont le développement s’appuyât dans toutes ses parties sur le développement de l’événement qu’elle raconterait, en substituant aux couleurs usées et fausses de la mythologie païenne les couleurs neuves et vraies de la théogonie chrétienne, on pourrait jeter dans l’Ode quelque chose de l’intérêt du drame, et lui faire parler en outre ce langage austère, consolant et religieux, dont a besoin une vieille société qui sort, encore toute chancelante, des saturnales de l’athéisme et de l’anarchie.
Pour regarder les tableaux des autres, il semble que j’aie besoin de me faire des yeux ; pour voir ceux de Chardin, je n’ai qu’à garder les yeux que la nature m’a donnés, et m’en bien servir.
Une telle langue convient aux religions pour la raison que nous avons déjà dite, c’est qu’elles ont plus besoin d’être révérées que raisonnées.
Que ses artistes lui en inoculent le goût, cela est vrai ; qu’elle exige d’eux qu’ils satisfassent à ce besoin, cela est non moins vrai ; car si l’artiste abêtit le public, celui-ci le lui rend bien. […] Comme un rêve est placé dans une atmosphère qui lui est propre, de même une conception, devenue composition, a besoin de se mouvoir dans un milieu coloré qui lui soit particulier. […] Et quand ce vœu puéril serait exaucé, de voir une prophétie réalisée, quel bénéfice en tirerais-je, si ce n’est la honte de reconnaître que j’étais une âme faible et possédée du besoin de voir approuver ses convictions ? […] Cette époque était si belle et si féconde, que les artistes en ce temps-là n’oubliaient aucun besoin de l’esprit. […] Qu’est-il besoin d’imagination, par exemple, pour faire un portrait ?
Ai-je besoin de rappeler les vers immortels de Lamartine ? […] Le conteur a besoin des sibylles pour faire son conte, le moraliste proteste. […] Il vit que si Genève avait besoin de lui, il avait, pour sa foi, besoin de Genève. […] L’esprit d’examen n’a pas besoin d’être excité. […] On ne prie pas Dieu pour l’éclairer sur nos besoins.
Il devrait bien se trouver un autre Gui Patin qui en fasse une pour ses Lettres, qui en ont tant besoin. […] Montaigne, en ses Essais, au chapitre xxxive , qui a pour titre : « D’un défaut de nos polices », avait dit : Feu mon père, homme, pour n’être aidé que de l’expérience et du naturel, d’un jugement bien net, m’a dit autrefois qu’il avait désiré mettre en train qu’il veut ès villes certain lieu désigné auquel ceux qui auraient besoin de quelque chose se pussent rendre et faire enregistrer leur affaire à un officier établi pour cet effet : comme « Je cherche à vendre des perles ; Je cherche des perles à vendre ; Tel veut compagnie pour aller à Paris ; Tel s’enquiert d’un serviteur de telle qualité ; Tel, d’un maître ; Tel demande un ouvrier ; Qui ceci, qui cela, chacun selon son besoin ».
Deux ou trois pièces à peine, le Cauchemar, la Tête de mort, présagent le besoin de sensations plus fortes : elles viendront assez tôt. […] On en tirerait au besoin une moralité sur le néant et le mensonge du plaisir : on croit mettre la dent dans une orange, et l’on mord dans la cendre. […] Nous avons besoin en France que certaines liqueurs nous arrivent ainsi transvasées ; sans quoi, elles sont trop fortes et font éclater le flacon.
Faugère le désir qu’il en fît usage pour rétablir la vérité et montrer que la part de gloire qui revenait légitimement à Mme Roland était assez grande sans qu’il fût besoin d’y rien ajouter aux dépens de son mari : « J’acceptai cette mission avec empressement, nous dit le nouvel éditeur, et je m’occupai dès lors à compléter les éléments d’un ouvrage qui sera consacré à faire connaître plus intimement Roland de La Platière, en même temps que la femme supérieure qui ne fut pas tout dans sa destinée, mais qui, en s’unissant à lui, a contribué à donner à son nom un éclat que son seul mérite n’aurait point produit. » Oserai-je dire à M. […] Est-ce qu’elle avait besoin d’un argument nouveau pour l’immortalité ? […] Mais la vraie piété n’a pas besoin de ces ressources mesquines, ni de ces expédients matériels.
Il accorde que la négligence de nos ancêtres, ayant plus à cœur le bien faire que le bien dire, a laissé le français rude et sec, si pauvre et si nu, qu’il a présentement besoin « des ornements et, s’il faut ainsi parler, des plumes d’autrui. » Il ignore notre langue romane française du xiiie siècle, de laquelle Rivarol, par un instinct remarquable, disait : « Il faut qu’une langue s’agite jusqu’à ce qu’elle se repose dans son propre génie, et ce principe explique un fait assez extraordinaire, c’est qu’aux xiiie et xive siècles la langue française était plus près d’une certaine perfection qu’elle ne le fut au xvie . » Combien cette langue du xiiie siècle, et presque européenne alors, avait perdu de terrain au commencement du xvie , on le voit par les termes mêmes de la tentative de Du Bellay ; il importe, pour apprécier équitablement cette tentative, qui fut celle de tous les jeunes esprits doctes et généreux d’alors, de se mettre au point de vue de cette génération même qui entra sur la scène vers 1550 et de ne pas lui demander plus ni autre chose que ce qu’elle pouvait raisonnablement. […] Pour moi, quand je relis aujourd’hui ce petit livre de l’Illustration de Du Bellay, qui nous fait assister à un moment décisif et critique pour la langue et la littérature françaises, je sens le besoin de me bien représenter les circonstances parfaitement claires et définies où il parut et que notre érudition bien récente sur les anciennes sources françaises, sur les regrettables épopées du haut moyen âge, ne saurait, du jour au lendemain, changer et retourner. […] Malgré l’épuration sensible qui s’était faite dans notre poésie depuis Marot et l’aisance aimable qu’il y avait introduite, on n’était point décidément sorti de la fausse voie qui avait ramené notre langue poétique à une sorte d’enfance et qui semblait confiner notre invention dans un cercle de puérilités pédantesques : pour remettre les choses de l’esprit en digne et haute posture, il était besoin d’une entreprise, d’un coup de main vaillant dont Marot et ses amis n’étaient pas capables, de ce que j’appelle un coup de collier vigoureux ; car c’est ainsi que j’envisage cette poétique de Du Bellay et de Ronsard, poétique toute de circonstance, mais qui fut d’une extrême utilité.
La grande masse de la littérature, tout ce fonds libre et flottant qu’on désigne un peu vaguement sous ce nom, n’a plus senti au dedans et n’a plus accusé au dehors que les mobiles réels, à savoir une émulation effrénée des amours-propres, et un besoin pressant de vivre : la littérature industrielle s’est de plus en plus démasquée. […] Nous sommes persuadé qu’une quantité de membres sont de notre avis au fond, et qu’ils sauront, au besoin, résister aux tentatives d’envahissement immodéré. […] On n’a pas hésité à glisser dans l’intervalle de ces portraits quelques articles de pure critique et même de polémique, tels que celui-ci, qui furent écrits dans la Revue des Deux Mondes, pour répondre à des besoins ou parer à des dangers du moment.
Puis vient un moment où, en s’éloignant des objets, on sent le besoin de se décider dans le point de vue et d’en finir. […] Je me figure (car j’ai besoin d’une explication) que, pendant ces années de laborieuse absence où l’auteur préparait son important travail, il nous aura crus plus atteints que nous ne l’étions en effet de cette fièvre du symbolisme historique. […] Mais ce droit qui naît, qui se fabrique à vue d’œil, qui tire toute sa force de l’utilité et de la fonction, est faible à d’autres égards : il a besoin de consécration et de complément religieux.
Par ce bénéfice d’immortalité qui les distingue de leurs congénères anonymes dont le poème a besoin quelquefois, tous les animaux ! […] C’est la faim, je le sais, la gloutonnerie qui les poussent hors de chez eux : il y a pourtant aussi, au moins chez quelques-uns, chez Renart, chez Ysengrin, chez Tibert, une inquiétude d’humeur, un besoin de courir fortune, de chercher le péril, qui est en quelque façon une transposition de l’idéal chevaleresque. […] Est-il besoin de dire que, selon cette conception, la seule excuse de la victime est d’être aussi peu honnête que le vainqueur ?
Ceux qui s’en tiennent aux faits de la nature humaine, sans se permettre de qualification sur la valeur des choses, ne peuvent nier au moins que la science ne soit le premier besoin de l’humanité. […] Une civilisation affairée comme la nôtre est loin d’être favorable à l’exaltation de ces besoins spéculatifs. […] Je n’insiste pas sur ce point, et je consens à ce qu’on le tienne pour chimérique ; car, aux yeux de plusieurs bons esprits à qui je veux plaire, ceci ne paraîtrait pas de bon aloi, et, d’ailleurs, je n’en ai pas besoin pour ma thèse.
Il relègue les termes techniques et rébarbatifs dans les gros livres et dans les dictionnaires plus gros encore où peuvent aller les chercher ceux qui en ont besoin : il condamne également les mots qui ont cours aux halles et qui gardent l’odeur du peuple. […] Il s’écrie un instant : « J’ai besoin de tout mon respect pour ne pas éclater de colère. » Mais ne craignez rien ; l’éruption reste à l’état de menace. […] Racine a besoin de faire savoir qu’Atalide est cousine de Bajazet.
Il écrivait au jour le jour, par besoin, par nécessité, s’aidant de tous les moyens à sa portée : « Il semble que ma fatale destinée soit d’être toujours obligé de tout faire en vingt-quatre heures. » Pourtant, à travers les inégalités et les obstacles, sa puissante nature intérieure suivait sa pente et poussait sa voie. […] Avec du crédit, il n’a rien fait pour elle ; avec de l’ordre, il l’a ruinée, sans tenir ni son état ni son rang ; il s’est isolé au milieu des siens ; il a tapissé de remords les avenues de son tombeau, et creusé celui de son nom. » L’image est grande ; pour être complètement acceptée, elle aurait besoin d’être étalée du haut de la tribune, d’être appuyée et comme démontrée du geste. […] Dans cette vie de solitude et de silence à laquelle il était condamné, il avait besoin de causer, de s’épancher comme il pouvait, et de verser en toute occasion, et par toutes les issues, le trop-plein de ses pensées sur toute matière.
et même, Triste, j’ai tant besoin d’un confident qui m’aime, Me parle avec douceur et me trompe, qu’avant De clore au jour mes yeux battus d’un si long vent, Je veux faire à tes bords un saint pèlerinage, Revoir tous les buissons si chers à mon jeune âge, Dormir encore au bruit de tes roseaux chanteurs, Et causer d’avenir avec tes flots menteurs. […] Fuis sans trembler : veuf d’une sainte amie Quand du plaisir j’ai senti le besoin, De mes erreurs, toi, colombe endormie, Tu n’as été complice ni témoin. […] La faiblesse tendre qui a besoin d’appui, la souffrance et le martyre d’un être délicat, se retrouvent mêlés à de l’espièglerie et à de la lutinerie gracieuse dans La Souris blanche ; c’est le plus joli conte de fées et le plus attendrissant ; c’est moins naïf que Perrault, mais aussi aimable, aussi léger, et cela ne se peut lire jusqu’à la fin sans une larme dans un sourire.
Sa mère, la marquise de Bonneval, avait jeté les yeux sur Mlle Judith de Biron, sa parente, l’un des vingt-six enfants du duc de Biron, très protégé du Régent, et qui, avec une telle famille, avait besoin de l’être. […] Songez pourtant que j’ai besoin d’être soutenue par vous dans la situation où me met le péril où vous êtes, que je me retrace sans cesse ; car je vous aime, mon cher cousin, avec de ces sentiments que l’inclination a formés, qu’elle entretient, et dans lesquels elle insinue tout ce qui a jamais produit l’union la plus tendre et la plus solide. […] Voltaire, qui, lorsqu’il a raison, l’a avec une gaieté et une grâce qui n’est qu’à lui, a jugé Bonneval à fond, en disant : Tout ce qui m’étonne, c’est qu’ayant été exilé dans l’Asie Mineure, il n’alla pas servir le sophi de Perse, Thamas Kouli Khan ; il aurait pu avoir le plaisir d’aller à la Chine, en se brouillant successivement avec tous les ministres : sa tête me paraît avoir eu plus besoin de cervelle que d’un turban.
De l’autre côté, il y avait des intérêts civils, patriotiques aussi, mais surtout positifs, des idées longtemps étouffées et qui voulaient renaître ; idées en travail, intérêts en souffrance, lassitude profonde et besoin de paix, chez quelques-uns d’anciens sentiments qui se réveillaient, c’était tout un ensemble d’opinion déjà puissante et mal définie ; mais surtout, à ces premiers jours de 1814, et en face d’une religion militaire qui épuisait ses derniers miracles, il y avait une raison. […] Dans toute cette suite rapide de déterminations et d’actes si décisifs, on voit à chaque instant Marmont agir sous l’impression de sentiments vifs et sincères, qu’il ne croit pas avoir besoin de justifier. […] Ici, il est permis de dire que, malgré les connaissances scientifiques très étendues du maréchal et ses talents d’exécution, il aurait eu besoin de quelque contrepoids et de quelque contrôle.
Il fut besoin, pour qu’elle réussît, que l’auteur la mît en quatre actes, qu’il se mît en quatre, comme on disait, ou plus simplement qu’il ôtât, comme il le dit lui-même, une cinquième roue à son carrosse. […] Beaumarchais tint bon ; il exigea, non pas une somme payable argent comptant (qu’on lui offrait bien volontiers), mais un compte exact et clair, un chiffre légitime qu’on refusait poliment ; il l’exigeait moins pour lui encore qui n’en avait pas besoin, que pour ses confrères les gens de lettres, jusque-là opprimés et dépouillés. […] En attendant, l’effet était produit, et ç’avait été pendant quelques jours, dans le grand monde, une nouvelle réclame en faveur de ce Figaro qui en avait si peu besoin.
Pour l’expliquer, il n’est besoin que de la théorie de l’association ; un proverbe en amène un autre ; un cliché traîne après lui toutes ses conséquences et toutes ses guenilles verbales. […] Pour réaliser sa description il n’a besoin que des mots et de l’usage familier de la langue ; la construction de sa phrase est déterminée par sa vision ; il ne pourrait employer des clichés que si ces clichés concordaient parfaitement avec la vision mentale qu’il évoque intérieurement. […] Les sphères sont nombreuses et leur nombre augmente à mesure que, dans les médiocres foules parlementaires, s’accroît, par défaut d’intelligence, le besoin de l’imitation.
Lorsque les hommes ont formé ces sons artificiels, toutes les fois qu’ils ont fait une nouvelle langue, ils ont dû, suivant l’instinct de la nature, faire ce que font encore aujourdhui les hommes qui ne sçauroient trouver le mot dont ils ont besoin pour exprimer quelque chose. […] Cependant les phrases françoises auroient encore plus de besoin de l’inversion pour devenir harmonieuses que les phrases latines n’en avoient besoin.
En agissant ainsi avec une nature aussi fantasmagorique que celle d’Attila, qui est moins un homme qu’une grande chose, moins un être qu’il soit besoin d’étudier avec la patience et le détail du microscope qu’un météore digne du télescope, qui nous fait voir dans les étoiles M. […] À part quelques raffinements d’énervé dont il n’eut jamais besoin, Attila vaut les Césars, comme il vaut les conquérants tartares, comme il vaut les sultans, en libertinage à outrance, en despotisme de goût, en difficulté d’assouvissement. […] Devant le malheur qui le frappa si jeune, cet artiste savant qui avait, pour travailler, plus besoin de ses yeux que personne et qui sut s’en passer, à force de volonté, d’attention, d’amour héroïque pour l’art et la science ; devant ce malheur, plus grand pour lui que pour un poète, — car un poète aveugle se replie sur ses sentiments et ses souvenirs, et ils éclatent !
Il laisse cela au terrible Dante, qui a besoin de nous raconter les infortunes de la Pia ou comment les Françoise de Rimini succombent, pour nous intéresser à son fabuleux enfer. […] Elle a exhalé le dernier soupir qu’elle gardât dans le trésor de ses harmonies les plus secrètes, sous la pression magistrale, despotique et inspirée d’un très grand artiste qui joue des mots comme Paganini du violon et qui, comme Paganini, joue sur une seule corde, car il fait des vers d’une seule syllabe dans des poëmes qui durent plus longtemps que l’exécution d’une sonate ; homme étonnant qui n’a besoin que d’une syllabe pour vous enchanter, si vous avez en vous écho de poète, — qui serait Liszt encore sur une épinette et Tulou dans un mirliton. […] Amédée Pommier, cet artiste acharné qui n’a pas besoin de l’impulsion des autres, à des effets nouveaux et à des tentatives nouvelles, nous lui conseillons plutôt, maintenant qu’il a prouvé qu’il pouvait être un grand maître dans l’art des vers pour les vers, de remonter de cette poésie de l’expression pure vers la poésie plus mâle de la pensée et de préférer désormais aux difficultés, cherchées pour les vaincre, du rythme, les inspirations victorieuses des sentiments auxquels il est impossible de résister !
Si, d’aventure, vous le questionnez, soyez sûr qu’il vous faudra prendre l’exact contraire de sa réponse, si vous ne voulez pas commettre une erreur, et cela toujours par le même besoin invincible de cacher la vérité afin de la conserver plus rare et plus personnelle. […] J’admets cette chasteté bienfaisante, pour une période subordonnée à la vigueur mentale de l’individu qui peut la pratiquer impunément, et tous les travailleurs intellectuels connaissent, par expérience personnelle, ces besoins momentanés de solitude et de claustration. […] Grabowsky entend par des « sens en repos », l’état de perpétuelle excitation qu’engendre l’abstinence, et par un « esprit libre », le cerveau que titille incessamment besoin sexuel !
J’ai besoin de distinguer dès aujourd’hui son uniforme et son allure ordinaire. […] Elle n’a pas besoin de donner beaucoup de son âme et de son esprit, puisqu’elle sait l’art de vendre l’esprit et l’âme d’autrui. […] Il a acquis le besoin de marcher et de penser en bande, est devenu incapable de l’orgueil d’être seul, il changera de parti, ne se résignera jamais à être lui-même. […] « L’homme de génie proprement dit n’a pas toujours besoin de livres pour s’aider ; — quant à moi, je serai brave comme Jeanne d’Arc que Dieu seul inspira ». […] « La nature l’a pourvue de tous les appareils nécessaires à ses instincts, à ses plans, à ses besoins.
Mais il s’est taillé un domaine dans lequel personne n’est au-dessus ni à côté de lui ; qu’aurait-il eu besoin d’être jaloux ? […] Avant tout, il est dominé par le besoin d’observer, par la nécessité de rendre ses observations telles qu’elles sont, dans leur extrême justesse. […] Or l’exactitude et la justesse sont la passion, l’instinct, le besoin de Molière : il est juste et exact avant tout, surtout dans le langage qu’il prête aux personnages qu’il crée. […] Étudiez-la de près, et vous verrez qu’avec ses formes douces, sa politesse extrême, elle n’est pas elle-même moins livrée à tous les instincts de la nature brute qu’Angélique et que Dorimène ; qu’elle n’est pas d’un cœur moins dépravé par l’égoïsme et la coquetterie, par la soif du plaisir et par le besoin tout féminin de se contenter, d’agir à sa guise ; je dis besoin, bien entendu, chez les femmes que ni l’éducation, ni les bonnes maximes, ni l’exemple n’ont élevées, cultivées, formées. […] Il n’est pas besoin non plus, à partir de ce mariage, de chercher où Molière puise cette cruelle science de la jalousie et de la passion qui s’abusent elles-mêmes en cherchant à faire croire qu’elles peuvent se vaincre, mais qui ne le peuvent ni ne le veulent.
C’est ce besoin qui le fait gratter, changer et refaire si souvent son dernier tableau : car depuis son dernier voyage à Paris et l’immense succès de ses Moissonneurs, il avait perdu la naïve bonhomie de Rome.
Par malheur il n’en est point absolument ainsi ; ce qu’on recueille dans de gros volumes n’est pas sauvé par là même, et ce qui reste dans des feuilles éparses n’est pas tellement perdu que cela ne pèse encore après vous pour surcharger au besoin votre démarche littéraire et, plus tard, votre mémoire (si mémoire il y a), de mille réminiscences traînantes et confuses.
Nous n’avons pas besoin de renouveler ici l’expression de nos vœux et de notre entière sympathie pour ce noble esprit, judicieux, élégant, ami des lettres, nourri par elles de bonne heure, et l’ayant prouvé par deux ouvrages que ses Mémoires, dès longtemps écrits, devront un jour couronner.
Il aurait pu lui-même écrire en vers, car la muse, vous le savez, lui en a dicté d’harmonieux ; mais le besoin d’écrire avec rapidité dans les agitations de ce siècle dévorant lui en a été le loisir.
Victor Hugo … Paul Meurice, un esprit lumineux et fier, un des plus nobles hommes de notre temps… De nos jours, l’écrivain doit être au besoin un combattant ; malheur au talent à travers lequel on ne voit pas une conscience !
Il doit abandonner ces ressources aux esprits médiocres, qui ont besoin de ce genre de conquetterie pour attirer les regards du Public sur leurs Productions.
Il parle à la vérité fort au long de l’Art du Théatre, de l’origine du Drame, de ses especes, des trois unités, des caracteres, des mœurs, des bienséances ; mais ce n’est pas là ce dont on avoit besoin : Aristote & ses Commentateurs avoient assez détaillé ces différentes parties de la Poésie dramatique.
Dans un autre Ouvrage, qui est aussi une espece de Rhétorique, publiée en 1666, cet Auteur donne cet avis à la fin de sa Préface : Ceux qui auront besoin de quelques Discours, Harangues, Lettres, Complimens, &c, pourront s'adresser à moi ; je loge dans la Place Dauphine, à la Renommée, deuxieme appartement.
En traitant de l’influence du christianisme dans les arts, il n’est besoin ni de subtilité, ni d’éloquence ; les monuments sont là pour répondre aux détracteurs du culte évangélique.
Ce qui fâche, c’est que ces talents naissans qui ont décoré notre sallon cette année iront en s’éteignant ; ce sont de prétendus maîtres qui auraient grand besoin de retourner à l’école sous des maîtres sévères qui les châtiassent.
Mais aussi pourquoi étrangler sa pensée dans un pareil nœud coulant quand on a assez de talent pour avoir besoin d’indépendance, quand on est fait pour nous donner un livre étoffé et corsé au lieu des maigreurs d’un Mémoire, — fût-il même couronné par l’Académie ?
A la différence de sa mère qui se prodiguait à tous et dont toutes les heures étaient envahies, elle sentait le besoin de se recueillir et de se réserver. […] Elle avait, en un mot, le catholicisme individuel ; elle croyait au divin crucifié, à sa mère, à l’efficacité de son intervention, mais d’un élan direct et sans se sentir le besoin d’aucun intermédiaire auprès d’eux. — Je donnerai quelques passages encore de ses lettres d’après 1848 ; celles-ci sont adressées à ses parents de Rouen. […] Sans être plus méchants que nous, les riches ne peuvent absolument pas comprendre que l’on n’ait pas toujours assez pour les besoins les plus humbles de la vie. […] Je sais par une triste expérience que ces jeunes et tendres âmes ont besoin de bonheur ou de le rêver, et que leur première nourriture doit être une indulgence inaltérable.
Dieu l’a créée infatigable, inépuisable, innombrable dans les végétations, moins nombreuse, moins palpable, moins fourmillante dans les animaux, excepté les insectes, parce que l’intelligence les anime, et que la nourriture plus recherchée leur manquerait dans leurs pâturages terrestres ; mais il leur mesure les aliments et l’intelligence à proportion de leurs masses, de leurs besoins ; entre eux et l’homme il a placé la barrière des langues qui se parlent, mais qui ne se comprennent pas entre elles, excepté les animaux domestiques, premiers esclaves et tendres amis de l’homme. […] « Le raisonnement a besoin de faits pour démontrer ; le sens intime croit, voit, conclut, affirme sans aucun argument qu’un regard ! […] Je trouve aussi sous sa plume le mot dont j’avais besoin et que la nature divine du sujet me suggère pour mon Cosmos, à moi. […] Il n’a pas besoin d’en savoir davantage ; son âme est satisfaite, son esprit est en repos.
La statue colossale de Moïse, dont la tête, reproduite depuis dans toutes les langues du dessin, s’est gravée dans la pensée des hommes comme une œuvre de la nature, n’a pas besoin d’être décrite pour être immortelle. […] L’entretien de Michel-Ange avec lui-même avait besoin de ce silence où l’homme s’entend penser. […] » Il n’eut pas besoin d’être soutenu par ses amis, il expira sans effort et comme on s’endort, le 17 février 1564, au coucher du soleil. […] Mais l’artiste qui manie le bloc et qui taille le marbre participe à la fois de l’esprit et de la matière, du poëte et de l’artisan ; Dieu lui donne dans sa structure et dans son visage quelque chose de la masse et de l’aplomb de ses blocs ; et cette force que le philosophe ou le poëte n’ont besoin d’avoir que dans les organes de la pensée, le statuaire doit l’avoir répartie dans tous les membres, depuis le front qui conçoit jusqu’au bras qui soulève et jusqu’à la main qui taille le marbre.
Elle était follement sensible ; elle avait un grand besoin d’être aimée, — et elle faisait des vers. […] Elle était seule au monde, avec un cœur meurtri, mais toujours un infini besoin d’aimer et d’être aimée, un besoin surtout d’être bonne à quelqu’un, de se dévouer… On devine sans peine ces nuances de sentiments, ce qu’il y eut d’admiration, d’enthousiasme, — et de respect, — dans l’amour de Valmore, et de demi-maternité et de tendresse protectrice chez Mlle Desbordes. […] En 1852, mariée, heureuse, semble-t-il (du moins ce jour-là), et guérie de ce que son adolescence avait eu de bizarre et de farouche, elle écrit de Saint-Denis-d’Anjou, où elle était en villégiature, à son frère Hippolyte : « Dans quelques jours, nous serons ensemble, cher frère, et il faut tout le besoin que nous avons de nous voir, pour nous consoler de rentrer dans ce Paris qui nous fait peur.
Au théâtre, les belles pièces ne font pas recette : ai-je besoin de vous citer des exemples ? […] Pour les Français non fatigués, pour ceux qui n’ont pas besoin de vacances, le livre est toujours là, jamais assez inquiet. […] Du moins, laissez-moi cet espoir… Georges Lecomte Il n’est pas douteux qu’au Théâtre, le spectateur aidé par le jeu des acteurs, la matérialisation du décor et les expressives ressources de la mise en scène, n’a pas besoin de faire, pour comprendre, un effort aussi grand que pour suivre, aux pages d’un livre, l’évolution des idées et des sentiments, l’affirmation vivante des caractères. […] Mais en général le goût du théâtre correspond uniquement à ce besoin surtout physique que nous éprouvons tous, par moment, de nous rendre dans des endroits fréquentés.
Si les Romantiques avaient dû, pour amoindrir la monotonie de la strophe, entrelacer souvent par des dispositions contrariées les mouvements de la phrase et l’armature fixe du vers, il n’est plus besoin d’un tel artifice dans les techniques d’aujourd’hui. […] », mais il lui est permis de protéger les lettres, les arts et l’industrie, d’envoyer des ambassadeurs, de s’entourer d’une noblesse encore jalouse de pur renom, de dissoudre au besoin une chambre des députés turbulente ; et dans l’apparat glacé des cérémonies officielles, lorsque musiques et discours célèbrent les fastes de la nation, la séculaire mémoire de sa race et sa hautaine stature imposent encore par leur grandeur. […] Il faut y insister d’autant plus qu’il sait au besoin, — ou peut-être suivant le gré d’une heure inattendue, — tracer de tels vers aussi bien que personne, une souple musique délicieuse comme celle-ci : Au bois des frênes nous avons pleuré. […] Vielé-Griffin ne lira point cela sans protester ; il ne comprend pas qu’il soit besoin de règles, non pas imposées : apprises dans le travail et créées par lui ; mais ses écrits manquent précisément un peu des qualités objectives des justes bornes et de l’harmonie ; ils sont de belles paroles prononcées par une voix ; ils ne sont pas toujours la voix vivante.
Enfin, chez les athéniens, les spectacles donnés par les magistrats en certains temps de l’année, étaient des fêtes pompeuses et magnifiques où se signalait la brillante rivalité de tous les arts, et où les sens, séduits de toutes les manières, rendaient l’esprit des juges moins sévère et moins difficile ; ici, la satiété, qui naît d’une jouissance de tous les jours, doit ajouter beaucoup à la sévérité du spectateur, lui donner un besoin plus impérieux d’émotions fortes et nouvelles ; et de toutes ces considérations, on peut conclure que l’art des Corneille et des Racine devait être plus étendu, plus varié et plus difficile que l’art des Euripide et des Sophocle. […] Il conçut que le plus grand besoin qu’apportent les spectateurs au théâtre, le plus grand plaisir qu’ils puissent y goûter, est de se trouver dans ce qu’ils voient ; que si l’homme aime à être élevé, il aime encore mieux être attendri, peut-être parce qu’il est plus sûr de sa faiblesse que de sa vertu ; que le sentiment de l’admiration s’émousse et s’affaiblit aisément ; que les larmes douces qu’elle fait répandre quelquefois sont en un moment séchées, au lieu que la pitié pénètre plus avant dans le coeur, y porte une émotion qui croît sans cesse et que l’on aime à nourrir, fait couler des larmes délicieuses que l’on ne se lasse point de répandre, et dont l’auteur tragique peut sans cesse rouvrir la source, quand une fois il l’a trouvée. […] âmes sensibles et presque toujours malheureuses, qui avez un besoin continuel d’émotion et d’attendrissement, c’est Racine qui est votre poëte, et qui le sera toujours : c’est lui qui reproduit en vous toutes les impressions dont vous aimez à vous nourrir ; c’est lui dont l’imagination répond toujours à la vôtre, qui peut en suivre l’activité et les mouvemens, en remplir l’avidité insatiable ; c’est avec lui que vous aimerez à pleurer ; c’est à vous qu’il a confié le dépôt de sa gloire ; et vous la défendrez sans doute, pour prix des larmes qu’il vous fait répandre. […] Sera-ce l’impérieux besoin d’une imagination active, qui se consume elle-même, et qui cherche à se répandre au dehors, ou ce retour secret, cette invincible pente qui ramène toujours vers la gloire ceux qui l’ont une fois connue ?
Ils semblent avoir plus besoin que les autres du cœur maternel ; les Benjamins sont une vieille histoire, ils sont aussi vrais dans la civilisation qu’au désert. […] Les grands accents ont besoin de grands espaces, de grands mouvements de l’âme, de grandes passions ; une jeune fille, élevée dans cette cage dorée des hôtels de Paris, ne peut élever sa voix qu’à la portée de la société étroite et raffinée qui l’entoure : si Sapho eût été une jeune fille de bonne compagnie dans la cour de quelque roi des Perses, nous n’aurions pas ces dix vers, ces dix charbons de feux, allumés dans son cœur, et qui brûlent depuis tant de siècles les yeux qui les lisent. […] …………………………………………………… Voilà le poète ; la femme reparaît à la fin du chant : J’ai besoin, pour chanter, du ciel de la patrie : C’est là qu’il faut aimer, c’est là qu’il faut mourir. […] Pour chasser de ses mers l’héritier de Pompée, Et reprendre sur lui la Sicile usurpée, Il a besoin d’Antoine… il presse son retour.
Tout cela, je n’ai pas besoin vraiment d’insister, c’est une merveille d’exposition dialectique, et avec cette souplesse, cette aisance absolument admirables que vous avez suffisamment appréciées pendant cette lecture. […] Je n’ai pas besoin de vous rappeler le Berger et la Mer, par exemple. […] Je n’ai pas besoin de vous rappeler, dans la fable des Lapins, cette peinture du crépuscule du matin qui est si charmante et qui, comme vous le savez, chez La Fontaine, était un thème qu’il a traité à plusieurs reprises…. […] Je n’ai guère besoin de vous citer, après la biographie de La Fontaine que je vous ai faite, les hommages rendus à La Fontaine par Mme de Sévigné, par Mme de Thianges, par Mme de La Sablière, c’est-à-dire par les femmes les plus intellectuelles, les plus distinguées de son temps.
Juge auditeur à Versailles avant la révolution de juillet 1830, il prend part aux travaux du ministère public ; il est plusieurs fois appelé à parler devant la Cour d’assises : En général, écrivait-il à son début (23 juillet 1827), il y a chez moi un besoin de primer qui tourmentera cruellement ma vie. […] Voulant exprimer le besoin qu’il a de la conversation de son ami, dans la solitude de la campagne où il est pour le moment, il dira : « Il y a trois hommes avec lesquels je vis tous les jours un peu, c’est Pascal, Montesquieu et Rousseau : il m’en manque un quatrième, qui est toi. » Et la phrase qui suit ne corrige par aucun sourire la solennité de cette déclaration ; bien au contraire elle la motive sérieusement.
J’avoue qu’en relisant dans ce volume plusieurs des pièces politiques déjà imprimées, et en lisant pour la première fois certaines pièces politiques et sociales plus nouvelles, j’ai été singulièrement frappé, après le premier éblouissement, de tout ce qu’il y avait chez le poëte de propos délibéré, de thème voulu, de besoin d’assortir le siècle à sa donnée poétique particulière, ou, si l’on veut, d’assortir sa propre poésie à une tournure d’idées de plus en plus ordinaire au siècle. […] Il est fâcheux que, par son besoin immodéré de suivre l’analogie de l’image matérielle jusque dans ses moindres circonstances, M.
La vie sensuelle et la vie intellectuelle ont besoin d’être illuminées, réchauffées par la participation du cœur. […] Elle a senti d’abord le besoin d’être aimée ; puis elle a aimé, d’un amour absurde, ridicule, tourmenté ; toutes les sécheresses de son cœur se sont fondues : jamais elle n’a plus vécu, et plus délicieusement, que depuis qu’elle est hors de la raison, hors de toutes les convenances, depuis qu’elle a ouvert en elle d’intimes sources de tendresse et de douleur.
Est-il besoin de dire que l’ […] mais j’aime mieux l’y voir rire que de l’y voir gambader… Nous arrivons à ces Idylles prussiennes qui ont fait tout à coup surgir de Banville comme un Banville qu’on ne connaissait pas… Toutes les pièces de ce recueil d’Idylles sont superbes et d’un pathétique d’autant plus grand que le désespoir y est plus fort que l’espérance ; qu’il y a bien ici, à quelques rares moments, des volontés, des redressements et des enragements d’espérance, mais tout cela a l’air de s’étouffer dans le cœur et la voix du poète, et on épouse sa sensation… Les hommes sont si faibles et ont tant besoin d’espérer, que c’est peut-être ce qui a fait un tort relatif aux Idylles prussiennes de M.
Cet homme prendra sur lui de refréner désormais ses penchants altruistes qu’il juge trompeurs, et cela en faisant violence, au besoin, à sa propre sensibilité. — Ce cas n’a rien d’impossible. […] Les besoins de la vie y sont trop réduits pour que la pauvreté y soit dure à supporter.
S’il en est ainsi, pour voir le monde revenir en arrière, nous n’avons plus besoin de l’œil infiniment subtil du démon de Maxwell, notre microscope nous suffit. […] Ainsi les masses mécaniques doivent varier d’après les mêmes lois que les masses électro-dynamiques ; elles ne peuvent donc pas être constantes Ai-je besoin de faire observer que la chute du principe de Lavoisier entraîne celle du principe de Newton.
On s’accorde assez à reconnaître, en théorie du moins, que la moyenne des Français se distingue de la moyenne des Espagnols ou des Allemands par la taille, la complexion, le visage, la constitution physique ou morale ; même dans la pratique, à qui de nous n’est-il pas arrivé, en présence d’un inconnu, de dire au premier abord, sans qu’il ait eu besoin d’ouvrir la bouche : « Cet homme est Italien ! […] Je ne crois pas avoir besoin de détailler davantage le rôle considérable que joue la sensibilité dans la deuxième moitié du xviiie siècle.
Il faut qu’il sache au besoin rendre un service direct et mettre la main à la manœuvre. […] On pourrait au besoin montrer aux curieux, s’il y en avait pour de si petites choses, toutes les pièces de ce journal d’un voyageur authentiquement timbrées et datées par la poste.
qui est juge du besoin actuel de l’humanité ? […] Les lumières dont une humanité a besoin, il viendrait une heure où tu ne pourrais plus les lui fournir !
L’âme humaine, chose importante à dire dans la minute où nous sommes, a plus besoin encore d’idéal que de réel. […] C’est pourquoi la littérature est un besoin des sociétés.
Destutt de Tracy, qui est un excellent économiste, comprend très-bien le caractère des sociétés modernes, sociétés laborieuses, industrielles, commerçantes, qui ont besoin d’ordre et de liberté, et non de lois somptuaires. […] L’idée qui domine dans cette seconde période est celle-ci : la société est livrée à l’anarchie ; elle a besoin, d’être organisée.
Ceux qui sçavent le latin ne sçauroient se rassasier de lire Horace et Virgile, tandis que ceux qui ne peuvent lire ces poëtes que dans les traductions, y trouvent un plaisir si médiocre qu’ils ont besoin de faire un effort pour achever la lecture de l’éneïde. […] Que ceux qui auroient encore besoin de se convaincre à quel point un mot mis pour un autre énerve la vigueur d’une phrase, qui même ne sort pas de la langue où elle a été composée, lisent le vingt-troisiéme chapitre de la poëtique d’Aristote.
Ce qui suit n’est qu’une phrase nombreuse ; du reste, elle l’est à souhait, et sans affectation ni raffinement, par où elle est un vrai modèle : « Vous verrez dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines, | la félicité sans bornes aussi bien que les misères, | une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’Univers, | tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulée sur une seule tête, | qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune ; | la bonne cause d’abord suivie de bon succès | et, depuis, des retours soudains, des changements inouïs, | la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse, | nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus, | l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté, | une reine fugitive qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes | et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil, | neuf voyages sur mer entrepris par une princesse malgré les tempêtes, | l’océan étonné de se voir traversé tant de fois en des appareils si divers et pour des causes si différentes, | un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli. » Cette période est composée de membres de phrase d’une longueur inégale, mais non pas très inégale, de membres de phrase qui vont d’une longueur de vingt syllabes environ à une longueur de trente syllabes environ et c’est-à-dire qui sont réglées par le rythme de l’haleine sans s’astreindre à en remplir toujours toute la tenue, et qui ainsi se soutiennent bien les uns les autres et satisfont le besoin qu’a l’oreille de continuité à la fois et de variété, de rythme et de rythme qui ne soit pas monotone. […] Et je n’ai pas besoin d’ajouter qu’ici, comme il doit être, le nombre et l’harmonie concourent, l’harmonie ne contrarie pas le nombre et au contraire s’associe avec lui intimement et la voix s’arrête, selon le nombre, sur le mot inévitables, comme, selon l’harmonie, le mot inévitables doit être vigoureusement accentué.
Le succès de nos livres, les encouragements qui nous sont venus de tous côtés, les approbations nombreuses que nous ont données professeurs, écrivains et artistes, adouciraient au besoin notre amertume, si l’on pouvait en avoir contre un adversaire qui vous sort si publiquement de l’obscurité. […] Il est très possible que le besoin d’exactitude ait poussé Pascal à travailler plus particulièrement la langue théologique des Provinciales ; mais c’est dans les Pensées que nous avons choisi nos corrections, et nous en avons donné qui sont poussées jusqu’à cinq rédactions essentiellement littéraires. « M.
L’histoire, qui met la main sur toutes les artères d’une société, ne saurait naître que quand une société existe assez pour avoir le besoin de se raconter et de se connaître. […] Du reste, avons-nous besoin de le regretter ?
Pour apparaître dans sa splendeur presque mystique, tant elle est pure et religieuse aux yeux de la postérité, Lamartine n’a besoin ni d’une statue, fût-elle de Michel-Ange lui-même, ni d’une biographie, fût-elle de n’importe qui ! […] Sa gloire, à laquelle de petits ouvriers d’un jour se sont mis présentement à travailler pour qu’il restât sur eux un peu de la limaille d’or de cette gloire, qu’ils frottent pour la faire reluire, comme si elle en avait besoin !
Tout en maintenant la force supérieure de l’intelligence de Colomb, prise au sens humain, et qu’il aurait pu, ce nous semble, abandonner davantage, car, si l’esprit de Dieu est un homme, que fait le reste et qu’est-il besoin d’autre chose ? […] Le style aussi a besoin de retouches.
Armand Baschet, il ne fut pas besoin de tout cela ! […] Cette publication illustrée n’avait besoin ni du luxe d’impression, ni des beaux dessins de Kaulbach, ni de tout l’éclat extérieur dont les éditeurs l’ont ornée, pour être un livre de haute et vaste prise sur le public.
Pourquoi les premiers mots qui vous frappent dans un écrit, ayant la prétention d’être une solution chrétienne à la grande question du temps présent, sont-ils une définition orde et païenne de la notion de Droit : « Le Droit est la résultante des besoins de la nature » ? […] La Circé des partis lui verse le philtre de l’Éloge pour faire de lui un compagnon d’Ulysse… ce qui n’irait pas mal à ce jurisconsulte des besoins de la Nature !
Madame Bovary, dont les besoins de volupté se réveillent plus âpres du sein des langueurs de la souffrance, recommence avec Léon l’intimité dont elle a joui quelque temps avec Rodolphe. […] Nous n’avons pas besoin de la pardonner.
L’imagination a besoin d’unité. Elle a besoin, pour gagner ses batailles, de concentrer ses forces sur un point donné, comme le génie de la guerre pour gagner les siennes, et l’invention de Gobineau les éparpille !
Nous avons pris au pied de la lettre, le joyeux paradoxe de Théophile Gautier : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature. — L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines. » Et nous avons conformé notre jugement à ce précepte, d’après lequel il serait impossible à un meuble, à une habitation, à une étoffe, de satisfaire aux exigences de la beauté. […] Le besoin de créations nouvelles suscita des artistes originaux, qui délaissèrent brusquement les formules anciennes.
Pourquoi tant de besoin et si peu de succès de l’éducation dans la jeunesse ? […] Quels sont nos besoins et nos désirs naturels ? […] pourquoi vos terres sont-elles plus cultivées que les besoins naturels ne l’exigent ? […] Êtes-vous des êtres obscurs qui n’aurez besoin d’apologistes ni pendant votre vie ni après votre mort ? […] Avec ces qualités-là vous ne vous concilierez pas une indulgence dont j’appréhende que vous n’ayez souvent besoin.
Cette circonstance m’a contrarié encore plus qu’à l’ordinaire, à cause du besoin que j’éprouvais de lui parler de vous et de nos douces causeries.
N’en soyez point jaloux, innocens animaux ; Contre tant d’ennemis ce n’est point un remede ; Elle fait, ou plutôt elle agrandit nos maux, Lorsque, dans un besoin, nous implorons son aide.
La candeur de son ame, l’égalité de son caractere, & la gaieté de son esprit, ne laissoient pas soupçonner qu’il eût besoin de rien.
À peine rentré à Paris, je me sentais un grand besoin d’activité, comme après une forte année d’étude et de solitude ; mais je ne savais à quoi m’appliquer.
Formée pour nos misères et pour nos besoins, la religion chrétienne nous offre sans cesse le double tableau des chagrins de la terre et des joies célestes ; et, par ce moyen, elle fait dans le cœur une source de maux présents et d’espérances lointaines, d’où découlent d’inépuisables rêveries.
Les besoins de la vie qui disposent impérieusement de nous égarent les talens qu’ils appliquent à des choses qui leur sont étrangères et dégradent souvent ceux que le hazard a bien employés.
« — Tu n’as pas besoin d’avoir peur, répliqua la vieille.
Les jeunes gens n’ayant point encore assez d’idées acquises, ont besoin de détail ; & tout ce qui suppose des idées acquises, ne sert qu’à les étonner, à les décourager, & à les rebuter. […] Ces deux phrases sont liées par la conjonction si ; c’est comme s’il y avoit, la société pourvoira à vos besoins, si vous y êtes utile. […] Que le grand nombre de ces réformateurs fait voir que notre orthographe a besoin de réforme. […] Par conséquent dans un nombre infini d’occasions, nous avons besoin de nous instruire les uns les autres, & de nous en rapporter à nos observations mutuelles. […] Si par figure on donne à un nom propre une signification de nom d’espece, & qu’on applique ensuite cette signification, alors on aura besoin de l’article.
À ceux qui ont besoin de trouver des taches au soleil, elle accorde sans peine que la reconnaissance finale est maladroitement expliquée, que les longs discours de Chrysalde sont inutiles, ennuyeux, et non seulement cela, mais qu’ils offensent trop le sens moral pour ne pas choquer le goût. […] Uranie leur dira-t-elle : Vous êtes des aveugles qui me priez de vous montrer le soleil ; allez-vous faire ouvrir les yeux, et vous n’aurez pas besoin que je vous le montre ? […] Alors, plein de confiance en toi et n’ayant plus besoin de guide, regarde en ton âme, tu y découvriras la beauté. […] Par une subtilité pleine de candeur, qui était bien dans la nature de son génie, Corneille avait besoin de trouver dans les anciens des exemples et des règles pour faire autrement que les anciens, et il voulait leur rester soumis en leur désobéissant ; voici comment il justifie l’une de ses pièces d’être sans modèle dans l’antiquité : « L’amour de la nouveauté était l’humeur des Grecs dès le temps d’Eschyle, et, si je ne me trompe, c’était aussi celle des Romains, Nec minimum meruere decus, vestigia græca Ausi deserere. […] Par cela même que le jugement de goût ne peut être déterminé par des concepts et des préceptes, le goût est précisément de toutes les facultés et de tous les talents celui qui a le plus besoin d’apprendre par des exemples ce qui, dans le progrès de la culture, a obtenu le plus long assentiment, s’il ne veut pas redevenir bientôt inculte et retomber dans grossièreté de ses premiers essais.
Quand nous sommes ainsi devenus sensibles à la dimension, nous n’avons plus besoin d’employer les mesures de longueur, et c’est là un talent acquis qui facilite beaucoup d’opérations mécaniques ; par exemple, pour dessiner, peindre, graver, et dans les arts plastiques, il faut absolument avoir acquis ce discernement des plus délicates différences. » Reste un troisième point de vue ; car il y a non seulement divers degrés d’intensité et de durée, mais divers degrés de vélocité dans nos mouvements musculaires, et la même contraction des mêmes muscles éveille en nous deux sensations musculaires différentes, selon qu’elle est rapide ou lente. […] Mes sensations présentes sont généralement de peu d’importance et, de plus, fugitives ; au contraire, les possibilités sont permanentes, ce qui est le caractère par lequel notre notion de la matière ou de la substance se distingue principalement de notre notion de la sensation. — Ces possibilités, qui, avec une condition de plus, deviennent des certitudes30, ont besoin d’un nom spécial qui les distingue des possibilités pures, vagues, dont l’expérience n’a pas déterminé les conditions et sur lesquelles nous ne pouvons compter. […] Les sensations conçues ne se présentent pas habituellement à nous comme des sensations actuellement éprouvées, car non seulement une quelconque d’elles ou une quantité quelconque d’entre elles peut être supposée absente, mais encore aucune d’elles n’a besoin d’être présente. […] Par cette translation, de simple possibilité qu’il était, il devient chose effective au même titre que nous-mêmes, et nous lui reconnaissons une existence distincte, indépendante de la nôtre, puisque les événements qui la constituent, quoique constatés par nous, n’ont pas besoin de nos événements pour se produire et se succéder. […] Cela lui suffit pour éviter le danger, pourvoir à ses besoins, diriger ses démarches.
Je l’ai connu intimement, et je n’ai rien vu d’humain en lui que la forme mortelle : c’était un de ces caractères où la vertu est si naturelle et si modeste qu’elle n’a besoin d’aucun effort et d’aucune ostentation pour se tenir debout dans toutes les fortunes. […] La fondation de Trieste, l’incorporation de cette ville maritime à l’Allemagne, les développements rapides de cette ville hanséatique, l’accroissement des industries, des navigations, du commerce de l’Allemagne avec l’Orient, industrie, navigation, commerce qui ont besoin de s’écouler tous les jours en plus grande masse par l’Adriatique, rendent extrêmement problématique la renaissance d’une Venise maritime en face de l’Allemagne ; l’accroissement du Piémont comme royaume unique de l’Italie septentrionale rend la renaissance de la Venise de terre ferme plus difficile encore. […] L’esprit de ce gouvernement, tout rétrograde alors, fut l’esprit théocratique du fameux comte Joseph de Maistre, paradoxe éloquent, mais paradoxe vivant du monde ramené par la force, et au besoin par l’inquisition, au moyen âge. […] Je n’ai pas besoin de dire que je refusai la visite, et que je me rendis le soir même au palais Pitti pour présenter mes respects au royal exilé. […] L’Italie, sans esprit militaire au Midi, aura besoin d’une armée toute faite dans l’Italie subalpine.
Et Valère de répondre : Tu sais jusqu’où vont mes besoins. […] La vraie comédie n’a pas la prétention de nous mettre de nos personnes sur la scène pour nous intéresser ou nous instruire ; mais la leçon, quoique indirecte et impersonnelle, n’en va pas moins toucher celui qui en a besoin. […] Quant à ce Basile qui vit de ses complaisances pour les vices d’autrui, c’est un original dont les copies se renouvellent aussi souvent que ceux qui ont besoin de leurs services. […] Dans d’agréables remarques sur ses Étourdis, Andrieux, longtemps après la mort de son ami, racontant qu’il avait dû à Collin un de ses vers les plus applaudis : « Je m’arrête, dit-il, pour ne pas mouiller de mes pleurs les pages où je parle du plus gai de mes ouvrages65. » La gaieté vraie, celle qui n’a besoin, pour assaisonnement, du chagrin de personne, la bonne humeur de deux jeunes poètes à qui les jolis vers arrivent sans effort, tel est le caractère et presque toute l’invention de la première pièce née de cette amitié, les Étourdis d’Andrieux. […] Il n’est pas besoin d’aller chercher la prose de Collin pour trouver sa langue en défaut.
L’œuvre de Béranger fournirait, au besoin, mille preuves du profit qu’il a tiré de cette contrainte heureuse. […] On peut cependant se demander s’il n’a pas tordu les faits pour les besoins de sa thèse. […] Est-on en présence d’un manoir du moyen âge, perché sur une montagne comme un nid d’aigle, emprisonné dans une triple enceinte, formé de murs si épais qu’un réduit de plusieurs mètres carrés est parfois taillé dans leur épaisseur ; pénètre-t-on dans les hautes salles, froides et nues, où la lumière et les meubles étaient également rares ; on reconnait dès l’abord une demeure calculée en vue de la sécurité, adaptée aux besoins d’une société où la guerre sévissait partout et toujours ; on se représente aisément en ce château-fort une vie large, puissante, batailleuse, mais aussi triste, d’horizon court, peu élégante, où les plaisirs de l’esprit et les goûts délicats trouvent une place des plus restreintes. […] Et en effet le jour où la société polie naît en France, le jour où la vie mondaine s’organise, il faut un nouveau genre d’habitation qui réponde aux besoins nouveaux. […] C’est la femme politique, suivant avec passion les débats du Parlement, buvant les discours des orateurs, écrivant au besoin un article sur les affaires publiques.
15 février Le père Barrière des Débats nous parlait du besoin de distractions grandioses, d’émotions furibondes, dans les temps révolutionnaires. […] Je reste là jusqu’à onze heures… Le goût de la campagne chez l’homme, à certains moments, est le besoin de mourir un peu. […] Elle n’a nul besoin d’impressionner, nul désir de toucher, nulle ambition d’occuper un homme. […] » * * * — Le commerce est l’art d’abuser du besoin ou du désir, que quelqu’un a de quelque chose. […] * * * — Maintenant que le haut du pavé appartient aux gniafs, aux pignoufs, à des canuts de Lyon devenus millionnaires, à des grands coulissiers de la coulisse, les choses n’ont plus besoin d’être fines, d’être délicates, d’être exquises, il ne leur faut plus que l’apparence de la richesse et de la cherté.
Le besoin qu’elles ont d’être toujours en vue, sous peine d’oubli du public, leur fait traiter la maladie, la mort avec des dédains et des mépris sublimes de légèreté et de hauteur. […] Moi là-dessus, comme je me récrie et que j’affirme, que la classe la plus intelligente que j’avais rencontrée dans ma vie, était celle des internes, Blanchard me donne raison sur ce point, mais il ajoute, qu’aussitôt leurs études finies, le besoin de gagner de l’argent — l’argent que gagne un médecin, un chirurgien étant la cote de sa valeur — le besoin de gagner de l’argent, le retire de tout travail, de toute étude, émousse son observation par l’abêtissement de visites rapides et successives, par la fatigue même des étages montés. […] Je n’ai pas besoin de vous dire, que je ne suis absolument qu’un copiste, que je ne veux peser en rien sur la liberté de sa manière… Mais attendez. » Il se lève et va chercher un petit cahier relié, et nous nous renfonçons dans le divan, et il commence la lecture. […] De mon temps, il y en avait des baquets dans les hôpitaux… J’en ai eu besoin dernièrement, pour mon cours, je n’ai pu m’en procurer… Et sans un vieux médecin, vous savez Pasteur ?
Il a le besoin de compenser la petitesse de son territoire par une immense et forte personnalité. […] ……………………………………………………… On le presse de produire encore ; il répond ……………………………………………………… Cependant tout décroît, et moi-même, à qui l’âge D’aucune ride encor n’a flétri le visage, Déjà moins plein de feu, pour animer ma voix J’ai besoin du silence et de l’ombre des bois. […] XXVIII La France était jeune dans les lettres quand il parut ; elle pouvait se jeter dans les excès de jeunesse et de sève, écarts antipathiques à son génie national, génie vrai, sensé, modéré, logique, délicat, génie qui avait besoin, comme la jeunesse, d’un instituteur sévère et un peu froid. […] Non, la France avait, avec son inexpérience, cette universelle aptitude qui allait lui donner, homme à homme, selon l’heure et selon le besoin, non pas la supériorité, mais la direction de l’esprit de l’Europe. […] Homme de règle et de monarchie dans les lettres, Boileau sentit le besoin d’un gouvernement des lettres : il fonda le gouvernement du goût.
Elle avait de bonne heure épuisé les désirs, Ignorant le besoin, et jamais, sur la terre, Sinon pour l’adoucir, n’ayant vu de misère. […] Console-moi ce soir, je me meurs d’espérance ; J’ai besoin de prier pour vivre jusqu’au jour. […] Les moissons pour mûrir ont besoin de rosée ; Pour vivre et pour sentir l’homme a besoin des pleurs. […] Cet amour, bien qu’il aspire à la possession de la Béatrice visible à laquelle on a voué un culte pur, n’a pas besoin pour être heureux de ces plaisirs doux et amers dans lesquels tu cherchas jusqu’ici la sensualité plutôt que l’immortelle volupté des Pétrarques, des Tasses, des Dantes, seule aspiration digne de celui qui a une âme à satisfaire dans le plus divin sentiment de sa nature.
En attendant la Révolution salutaire que ce spectacle si pitoyablement faux ne peut manquer d’amener, les créatures que n’a jamais animées le souffle de la liberté, et cependant en passe de ne plus pouvoir se satisfaire de leurs piètres conditions, sous le coup chaque jour de quelque mésaventure anecdotique, après tout un jeu compliqué d’aller et retour, de minutes agitées puis abattues, tentent encore à s’acharner à ne pas désespérer d’elles-mêmes, de leurs velléités, de leurs besoins. […] En vérité, tout cet attirail de messe noire ne pouvait produire des miracles et le secours qu’il demandait à tant de gestes, de lieux, d’êtres artificiels suffisait à prouver combien il était traître à soi-même celui qui osait parler d’un culte du moi, alors que son esprit, insuffisant à ses grands desseins, pour vivre, avait besoin d’un âne, d’une petite fille, d’un jardin. […] Voilà pourquoi point n’est besoin d’attendre la Chambre des députés, la Ligue des patriotes pour juger de l’homme, pour le définir des fausses pierres dont il se limite, comme Aigues-Mortes de ses remparts. […] Par besoin d’épuration, Paul Valéry proposait dernièrement de réunir en volumebe un aussi grand nombre que possible de débuts de romans de l’insanité desquels il espérait beaucoup. […] Mais l’esthétisme de l’apparence n’est d’ailleurs pas le seul à craindre et nous pourrions appeler le « mauvais tour joué par Dostoïevsky » certain besoin d’excentricité sentimental, désir d’affirmer de mauvais penchants, hâte à répéter : « Nous aussi nous pouvons faire des cochonneries. » Ces sinistres farces n’ont rien à voir avec le merveilleux auquel tant ont voulu les assimiler et dont la production littéraire artistique contemporaine offre de bien étranges exemples.
Pour s’expliquer une attitude aussi paradoxale, une vision aussi notoirement déformée et faussée du réel, il faut chercher autre chose qu’une mode littéraire, un besoin charlatanesque de se singulariser et d’étonner le philistin. […] Est-il besoin d’ajouter que, dans ce bilan littéraire, nous ne tenons compte que du résultat global, négligeant les gains partiels qui sont entrés pour toujours et qui se sont comme perdus dans la richesse publique. […] Enfin et surtout, parce que la guerre renferme en soi un élément mystique qui transporte les masses, qui répond aux instincts les plus profonds de notre nature, depuis le besoin du carnage jusqu’à la soif du sacrifice, — et qu’il est impossible de déraciner les uns sans arracher les autres en même temps. […] Est-il besoin de dire que nous ne faisons point de la race le privilège d’une caste ? […] À cause de cela et d’autres raisons plus vitales qu’il n’est pas besoin de dire, — ô Latins, Espagnols, Italiens, nos frères, et vous, Roumains, Hellènes, qui renaissez à la lumière après une si longue éclipse ; et vous, Slaves, dont la conscience religieuse est parente de la nôtre, qui nous apportez le trésor intact de votre jeunesse et l’immensité de votre force, — serrez vos rangs, unissez-vous !
Molière était bien heureux de n’avoir pas besoin de nous le dire. […] Seulement, nos aïeux, esprits plus alertes, n’avaient besoin d’être avertis que par des mots fort simples pour se figurer les objets. […] Elle n’a pas besoin d’un public ; que dis-je ? […] C’est elle qui, au besoin, interdira aux dramaturges de travestir et de défigurer l’histoire au-delà d’une certaine mesure. […] Parce que les nécessités de l’art s’accordent ici avec les besoins sentimentaux d’un public populaire.
Est-il besoin de dire que ceux qui l’avaient lu l’estimaient infiniment ; mais que ceux qui en avaient entendu parler avaient pour lui un fétichisme ? […] Peut-être n’ai-je pas besoin de dire que cette gaieté-là est peu de mon goût. […] Il aurait voulu sans doute que je disse : « Elle avait besoin d’être nettoyée. » « Montre sale » était nouveau pour lui. […] Je n’ai pas besoin de vous dire que j’estime que cet article est plein de talent et qu’il est faux d’un bout à l’autre. […] Je n’ai pas besoin, du reste, de faire remarquer que c’est symbolique et à quel point c’est symbolique.