Seignobos — qui ne faisait d’ailleurs que résumer des thèses présentées par des confrères fort sérieux, et Gaston Paris même — a raison, parfaitement raison ! […] Et s’ils existent de la même manière, qui s’impose, c’est pour la même raison. […] Henry Bordeaux, dans le cas aussi, à plus forte raison, de M. […] Il n’aimait pas, en quoi il avait raison bien davantage, Béranger. […] Emmanuel Berl qui ont raison.
Comme eux, il retourne à l’hellénisme, et pour la même raison : parce que l’hellénisme lui fournit, dans son culte de la beauté, cette unité qu’il recherche et dont il a besoin. […] Autant ses débuts avaient été bruyants, autant sa carrière devint silencieuse, et sa vie s’écoula dans une intimité que la curiosité des critiques n’a presque aucune raison de troubler. […] Qui ferait entendre raison à la vogue ? […] En raison même de ce dilettantisme de caractère, en raison aussi de sa sensibilité si facilement excitée et si facilement satisfaite, M. de Amicis est un de ces écrivains, — rares à l’heure actuelle, — qui trouvent la vie bonne et la savourent en toute saison. […] « La raison, dit-il gravement à ce propos, est toute-puissante quand elle a pour auxiliaire l’amour. » Trélat et Raspail disparaissent.
Morris, peuvent se justifier amplement par des raisons historiques et, chose excellente, au point de vue de l’effet artistique. […] Il va même jusqu’à refaire presque entièrement une pièce, par la raison que la copie manuscrite lui en est arrivée fort mutilée. […] Whistler, pour telle ou telle raison, employait constamment le langage des petits Prophètes. […] Proctor blâmait le poker par une raison assez triviale. […] Je sais que vous avez toujours raison, mais c’est justement là ce qui vous rend si infernalement odieuse !
Barrière n’a pas toujours raison. […] Elle est expérimentale par les mêmes raisons qui la font empirique. […] Il plaît toujours, et c’est la véritable raison du légitime succès qu’il a obtenu. […] Sibylle sacrifie son bonheur et son existence à une raison de conscience. […] Alors aussi l’individualisme régna dans la littérature et pour les mêmes raisons qu’aujourd’hui.
Par la même raison Virgile a dit la triste vieillesse. (…). […] Par la même raison on dit que les persones d’une condition médiocre ne doivent pas se mesurer avec les grands, c’est-à-dire, vivre come les grands, se comparer à eux, come on compare une mesure avec ce qu’on veut mesurer. […] Quand on sait une fois la raison des terminaisons de ces sortes de mots, on peut se contenter de dire que ce sont des substantifs pris adverbialement. […] Je ne ferai guère ici qu’un extrait de ses raisons, et je prendrai même la liberté de me servir souvent de ses termes ; me contentant de tirer mes exemples de la langue latine. […] Voici les principales raisons pour lesquelles il n’y a point de synonimes parfaits.
C’est alors qu’on tenta de les séparer les uns des autres, de mettre en jeu de basses intrigues, de les isoler afin d’en avoir plus facilement raison. […] Ce qui me plaît, ce qui m’enchante, dans la poésie de Maurice Magre, c’est qu’elle a une raison humaine, je dirai presque une raison sociale. […] J’ai plusieurs raisons pour cela. […] Ces messieurs ont hautement raison. […] Ils ont raison encore de tenir Pierre de Ronsard pour l’un des plus grands poètes français.
Cette perte inattendue l’affligea si profondément, que ses amis craignirent un instant pour sa raison. […] Quelle que soit la forme choisie par l’inventeur, dans l’ode comme dans l’épopée, comme dans le drame, chaque partie doit renfermer en elle-même non seulement sa raison d’être, mais encore sa raison d’être là où elle est. […] Ses amis s’en plaignent, et je ne suis pas sûr qu’ils aient raison. […] mais il a raison. […] Quand sa raison se réveille et hasarde une remontrance, il s’enivre et impose silence à sa raison : plongé dans un sommeil stupide, il résiste impassiblement aux lascivetés les plus habiles.
Notez que ce vaste travail ne l’absorbe pas plus que de raison. […] Telle n’est point, tant s’en faut, la raison d’être de Vérité et Poésie. […] Il a raison, seul contre tous. […] Je ne puis qu’expliquer mes raisons. […] Gnad est toute gratuite : il néglige de nous exposer sur quelles bonnes raisons il l’appuie.
L’amour de la gloire et la vertu, qu’il trouvait si absents dans le train de vie moderne, lui paraissaient avec raison l’âme du monde antique en ses beaux temps. […] Lequel des deux a raison ? […] Le style en est simple et uni : La simplicité du style, pense avec raison l’auteur, convient seule lorsque l’expression ne peut atteindre à la grandeur des objets. […] Ainsi, contre les lettres de cachet, que n’a-t-on pas dit, et avec raison, en principe ?
Mme de Coigny n’aime pas assez Shakespeare ; l’original lui donne trop de peine, et elle déteste les traductions impossibles… Je raconte à Mme de Coigny mes lectures anglaises, et elle dit que ces lectures (aidées de Dieu) m’ont donné un esprit original et sain. » Mme de Coigny avait raison ; ces lectures croisées sont un excellent régime et fortifient une jeune nature. […] On put en sourire ; pour moi, et sans me permettre ici d’opinion sur les deux autres femmes d’esprit, je ne vois rien que de simple aux raisons que se donnait Mme de Tracy pour un tel choix de sérieuses occupations et qui devaient être plus longues que la vie : J’ai organisé mon travail, et je suis décidée à traduire tout de bon le livre des Offices de saint Ambroise, dont je n’avais fait que de courts extraits. […] Elle était peu satisfaite, et avec raison, de la collection fragmentaire et monotone de l’abbé Guillon. […] Le jour où elle avait quarante ans, la duchesse de B…31, belle et vertueuse, dans un bal auquel elle assistait, exprimait à une amie sa joie d’être délivrée enfin de cette jeunesse qui oblige à tant de mesures voisines des écueils, et d’avoir hautement acquis les droits de l’âge de raison.
L’éminent critique crut devoir défendre de tout point l’aperçu de Boileau et l’appuya par des raisons réfléchies : il voyait dans Villon un novateur, mais utile et salutaire, un de ces écrivains qui rompent en visière aux écoles artificielles, et qui parlent avec génie le français du peuple ; contrairement à l’opinion qui lui préférait l’élégant et poli Charles d’Orléans, il rattachait à l’écolier de Paris le progrès le plus sensible qu’eût fait la poésie française depuis le Roman de la rose. […] L’innocence des champs, il faut le dire aussi, devait peu sourire aux goûts qu’on lui connaît ; il ne la pouvait souffrir par les mêmes raisons que le fermier d’Horace. […] Il était préoccupé de l’idée de la mort : il avait de bonnes raisons pour cela, des raisons très particulières, sans compter que le Moyen Âge tout entier en avait l’imagination frappée.
Mais il est impossible que dans les dictées d’un homme de guerre d’une vocation aussi décidée il n’y ait pas de bonnes et fines remarques de détail (comme chez Montluc en son temps), des observations pratiques utiles au métier et d’autres qui touchent au moral de l’art et qui sont supérieures : Mes Rêveries en sont semées ; Napoléon, en les lisant, y a fait les deux parts10 ; et le comte Vitzthum a raison d’y signaler, à son tour, de bonnes et même de tout à fait belles pages : ainsi l’exposé de la bataille de Pultava, ainsi un curieux récit de l’affaire de Denain au point de vue du prince Eugène11 ; ainsi des réflexions sur la défaite de Malplaquet, sur la déroute de Ramillies ; de singulières anecdotes sur des paniques d’hommes et de chevaux même après la victoire gagnée, racontées à l’auteur par Villars ; mais surtout un admirable endroit sur l’idée du parfait général d’armée que le comte de Saxe avait vu à peu près réalisé en la personne du prince Eugène. […] Un petit-maître français quitta le service en 1746, disant pour raison qu’il ne voulait plus d’un métier où celui qui y excellait était celui de la Cour qui avait le moins d’esprit. […] Aussi n’est-ce pas l’affaire de tous les hommes ; mais c’est un malheur pour les gens à talent et à génie de ne pouvoir persuader la vérité aux ministres, aux généraux, aux princes même ; car partout on suit la routine, et c’est un défaut pour un homme de passer pour un inventeur, qu’il faut qu’un particulier cache avec soin s’il est sage, parce que l’on s’aliène les esprits ; et il n’est permis qu’à un souverain d’être créateur d’un nouveau système. » Et c’est bien là une des raisons pour lesquelles il aurait tant aimé à être un souverain. […] Maurice s’y opposait de toutes ses forces : il assista même alors à un conseil de guerre où Frédéric et lui joutèrent de raisons et d’adresse ; ils eurent là-dessus bien des prises ensemble.
Mais là où Du Bellay a raison, c’est dans ce qu’il dit de la richesse du latin, laquelle n’est venue que de culture, de transplantation et de greffe de rameaux grecs sur le vieux tronc primitif taillé et émondé. […] Car lui, qui vient de défendre de traduire les poètes, il finira par traduire en vers deux livres de l’Énéide (le IVe et le VIe), et, dans une Lettre-Préface à un ami, il donnera les raisons qu’il a eues de se contredire ainsi en apparence. Ces raisons, qu’il indique d’une manière aimable et bien naturelle, je les résume plus au net : dix ans se sont écoulés ; dans l’intervalle, Du Bellay a vieilli ; il a passé à Rome des années qui ont compté double ; les ennuis, les affaires, peut-être les plaisirs, l’ont blanchi ; il allègue pour excuse la diminution de la verve, « de cet enthousiasme qui le faisoit librement courir par la carrière de ses inventions », et en même temps il a conservé, dit-il, son goût de la poésie, « de ce doux labeur, jadis seul enchantement de ses ennuis ». […] Par cette part considérable qu’il fait à la volonté, à la raison en matière de langue, il est bien de la nation dont seront Descartes et le grand Arnauld, dont seront M. de Tracy et les idéologues ; il incline vers l’idée de perfectibilité, s’il n’y atteint pas.
A Tromsoe, dernière petite ville du nord en Scandinavie, au milieu des montagnes de glace, chaque hiver on représente la Marraine et le Mariage de raison. […] Philosophiquement a-t-il tort, il aurait encore raison dramatiquement. […] La comédie devient chose bien difficile de nos jours ; il y a toutes sortes de raisons à cela. […] Le Mariage de raison, acte II, scènev.
Je l’ai toujours pensé, pour être un grand critique ou historien littéraire complet, le plus sûr serait de n’avoir concouru en aucune branche, sur aucune partie de l’art (à moins d’avoir excellé dans toutes) ; car autrement on porte dans l’examen du passé ou, à plus forte raison, du présent, une prédilection, une exclusion, nées de cette concurrence179, une susceptibilité d’impatience et d’ennui, qui est le contraire de l’esprit d’eclectisme et d’impartialité exigé dans une telle œuvre. […] Le reflux de l’âme, à l’âge du retour, est en raison le plus souvent de ce qu’a été la marée montante aux heures de la jeunesse : plus l’on s’était avancé, et plus on se retire. […] Or cette part, on le sait, était grande dans l’école littéraire d’alors, et j’ajouterai qu’elle avait assez droit de l’être, en raison des loisirs plus cultivés et des idées en vogue durant la seconde moitié de la Restauration. […] Le Timon d’aujourd’hui, qui avait dès lors l’âge de la raison et même celui de la misanthropie, se serait bien gardé de se mettre du jeu ; s’il avait plus de motif, je l’ignore, je n’imagine que le motif littéraire très-suffisant : il attendait patiemment l’heure d’aborder les choses par le plus gros bout, de jeter à l’aise et crûment sa parole saccadée et cassante ; il se sentait le croc, non pas l’aiguillon.
Mais que le suzerain manque à son vassal, rien aussi n’oblige le vassal à garder une loi que le suzerain n’a pas gardée : patriotisme, salut public, aucune raison ne compte, et la guerre civile éclate, même devant l’ennemi, à moins que l’intérêt réciproque des deux adversaires n’amène, ou que l’intérêt commun des autres barons n’impose un accommodement. […] Il a connu l’homme, et son temps, et sa race, le jour où il a mis en avant cette grande raison, l’honneur, la fidélité au parti, la solidarité des compagnons d’armes. […] Mais à défaut d’« histoires » digues de ce nom, les Mémoires abondent : la voie ouverte par Villehardouin ne sera plus désertée, et l’aptitude de nos Français à ce genre d’ouvrage, dont les raisons au reste ne sont pas difficiles à trouver, commence à se marquer avec éclat. […] Pour d’autres raisons, et particulièrement pour la nouveauté d’un tel caractère dans une telle condition, saint Louis trouva de nombreux biographes.
Il est impossible d’en donner une bonne raison. […] Les mouvements que nous imprimons à nos membres ont pour effet de faire varier les impressions produites sur nos sens par les objets extérieurs ; d’autres causes peuvent également les faire varier ; mais nous sommes amenés à distinguer les changements produits par nos propres mouvements et nous les discernons facilement pour deux raisons : 1° parce qu’ils sont volontaires ; 2° parce qu’ils sont accompagnés de sensations musculaires. […] Si je ne pouvais mouvoir mon œil, aurais-je quelque raison d’admettre que la sensation du rouge au centre de la rétine est à la sensation du rouge au bord de la rétine, comme celle du bleu au centre est à celle du bleu au bord ? […] Il est clair que je n’ai aucune raison pour faire un choix aussi arbitraire parmi toutes les sensations visuelles possibles, pour réunir dans une même classe toutes les sensations de même couleur, quel que soit le point de la rétine affecté.
Le Roy Voilà bien des raisons d’être sceptiques ; devons-nous pousser ce scepticisme jusqu’au bout ou nous arrêter en chemin. […] Voilà donc maintenant notre échelle qui a six échelons, et bien qu’il n’y ait aucune raison pour s’arrêter à ce chiffre, nous nous y tiendrons. […] Je rappelle en outre que notre espace euclidien qui est l’objet propre de la géométrie a été choisi, pour des raisons de commodité, parmi un certain nombre de types qui préexistent dans notre esprit et qu’on appelle groupes. Si nous passons à la Mécanique, nous voyons encore de grands principes dont l’origine est analogue, et comme leur « rayon d’action » pour ainsi dire est moins grand, on n’a plus de raison de les séparer de la Mécanique proprement dite et de regarder cette science comme déductive.
Le vieillard, en perdant ses illusions, ne perd-il pas ses meilleures raisons d’être vertueux ? Illusion divine, illusion providentielle assurément, la vertu n’en est pas moins comme l’amour le résultat d’un charme en dehors de la raison, qui nous entraîne, nous séduit. […] Dans les désordres entraînés par le décret d’émancipation de 1848, elle fut la raison, la prévoyance d’un monde entièrement désorganisé. […] Il a obéi à un ordre supérieur, à un oracle infaillible, à une voix qui commande de la façon la plus claire, sans donner ses raisons.
Voilà bien nos philosophes pris sur le fait, les voilà, comme tous les épicuriens du monde, faisant des questions les plus graves de la destinée et de la morale humaine un spectacle, une pure joute de loisir où le pour et le contre se traitent également à la légère, et tout étonnés ensuite (je parle de ceux qui survécurent, comme l’abbé Morellet) si, un jour, toutes ces théories de huis clos viennent à éclater, et, en tombant dans la rue, à se résumer sur la place de la Révolution dans les fêtes de la Raison et autres déesses. […] au progrès et au triomphe de la raison ; en revanche, il comptait fort sur le gain de cause des folies et des sottises. […] Turgot lui-même, à plus forte raison aux hommes de la secte. […] Ginguené, dans une bonne Notice sur Galiani, s’est attaché à montrer que le petit abbé était patriote au vrai sens du mot ; qu’il n’a cessé, à travers ses plaisanteries, de chercher à être utile, à améliorer la vie humaine autour de lui, et qu’il n’a pas démenti en effet cette maxime de son Chevalier dans ses Dialogues : « La corvée du sage est de faire du bien aux hommes. » Sur ce point, Ginguené me paraît avoir tout à fait raison ; mais il s’avance beaucoup quand il nous assure que, loin d’être incrédule, Galiani fut toujours religieux.
Un jour que Mme de La Fayette le rencontra dans un accoutrement qui tenait des deux sexes, en habit d’homme et avec des pendants d’oreilles et des mouches, cette femme d’esprit et de raison lui dit, sans doute en plaisantant et pour lui faire honte, que ce n’était guère la mode pour les hommes, et qu’il serait mieux tout à fait en femme. […] Cela fait un effet admirable : et souvent, quand je ne dis mot, on croit que je ne veux, pas parler ; au lieu que la bonne raison de mon silence est une ignorance profonde, qu’il est bon de cacher aux yeux des mortels. […] « Nous faisons bien ce voyage-ci à la française », dit-il quelque part, donnant à entendre qu’on n’avait rien prévu à l’avance ; et il a raison. […] Si Choisy trace si bien les portraits d’hommes, à plus forte raison il excelle à ceux des femmes.
Elles ont de commun un goût prononcé pour l’esprit, et pour la raison relevée d’un certain tour distingué, concis et neuf, qu’il ne tient qu’aux personnes peu bienveillantes de confondre avec le recherché et le précieux. […] Aussi, ceux qui avaient leurs raisons pour trouver mauvais qu’il y eût encore de la conversation quelque part, lançaient-ils, quand ils le pouvaient, quelques traits malins contre la maison de Mme de Lambert. […] Elle poussa jusqu’au bout la maladie de l’esprit, car elle choisit pour confesseur l’abbé Couet, qui avait beaucoup d’esprit et qui était connu pour tel. » Mme de Lambert, qui ne se séparait pas volontiers de sa raison et de sa pensée, même dans ces choses de religion, a trouvé de belles paroles à la fin de ce même Traité de la vieillesse, lorsqu’elle a dit : Enfin, les choses sont en repos, lorsqu’elles sont à leur place : la place du cœur de l’homme est le cœur de Dieu. […] Elle répondait fièrement : « Je n’ai jamais eu besoin d’en faire. » On ajoutait qu’elle avait trahi par là une âme tendre et sensible : « Je ne m’en défends pas, répondait-elle ; il n’est plus question que de savoir l’usage que j’en ai su faire. » Cet usage est assez indiqué par ces conseils mêmes, si finement démêlés et si fermement définis : elle éleva son cœur, elle prémunit sa raison, elle évita les occasions et les périls ; elle ménagea ses goûts, et prit sur sa sensibilité pour la rendre durable et aussi longue que la plus longue vie : Quand nous avons le cœur sain, pensait-elle, nous tirons parti de tout, et tout se tourne en plaisirs… On se gâte le goût par les divertissements ; on s’accoutume tellement aux plaisirs ardents qu’on ne peut se rabattre sur les simples.
., alors on a raison de rejeter cette faculté, qu’il est impossible et de constater et de comprendre. […] Ils sont peut-être la raison fondamentale qui nous fait attribuer notre sentiment de contraction extrême à la région de la tête, et l’appeler une conscience d’énergie, au lieu d’une sensation périphérique. » Ces observations de Münsterberg montrent bien que nous ne pouvons accomplir un grand effort d’un membre sans une irradiation de l’onde nerveuse qui entraîne des mouvements sympathiques et synergiques, et cela, principalement du côté du corps qui est en jeu (y compris la tête). […] Ribot : « Il n’y a aucune bonne raison de croire que faction des muscles ait quoi que ce soit à faire avec la production de ce sentiment d’effort. » Il ajoute encore avec raison que, dans le cerveau même, rien n’assure l’existence de centres spécifiquement moteurs.
C’est donc surtout par des raisons morales et sociales que doit s’expliquer, — et aussi se régler, — l’introduction du laid dans l’œuvre d’art réaliste. » L’art réaliste a pour conséquence d’étendre progressivement la sociabilité, en nous faisant sympathiser avec des hommes de toutes sortes, de tous rangs et de toute valeur ; mais il y a là un danger que Guyau met en évidence. […] Zola, avec Balzac, voit avec raison dans le roman une épopée sociale : « Les œuvres écrites sont des expressions sociales, pas davantage ; la Grèce héroïque écrit des épopées ; la France du dix-neuvième siècle écrit des romans. » Le roman, dit Guyau, raconte et analyse des actions dans leurs rapports avec le caractère qui les a produites et avec le milieu social ou naturel où elles se manifestent. […] Les hommes passent et leurs vies avec eux, le sentiment demeure… Ce qui fait que quelques-uns d’entre nous donnent parfois si facilement leur vie pour un sentiment élevé, c’est que ce sentiment leur apparaît en eux-mêmes plus réel que tous les autres faits secondaires de leur existence individuelle ; c’est avec raison que devant lui tout disparaît, s’anéantit. […] Au fond, il demeure convaincu que tout ce qui, dans les choses et les êtres, nous laisse indifférents, ou même nous irrite, est simplement incompris, et qu’il suffirait de trouver la vraie raison des choses pour les regarder d’un œil affectueux ou indulgent.
Si Bain a raison de rejeter l’hypothèse de Spencer qui ramène simplement l’amour des parents pour leur progéniture à l’« amour du faible », s’il a raison de voir dans l’amour maternel le plus primitif une sorte de réponse réflexe à « l’étreinte du petit », c’est que cette étreinte révèle à la mère non pas la faiblesse, mais la force même de la vie ; d’une vie qui, — la mère la plus animale le sent bien encore vaguement, — est sortie d’elle-même, est dans une profonde harmonie avec la sienne propre, et dont toutes les palpitations ne sont pour ainsi dire que le retentissement des battements de son propre cœur. […] Rappelons que la perte de la vue peut déranger l’équilibre général de l’organisme et altérer les centres nerveux : elle produit fréquemment l’aliénation mentale ; des individus, qui étaient devenus ainsi aliénés en perdant la vue, recouvrèrent la raison après avoir recouvré la vue par une opération. […] Si le sentiment de la nature est déjà un sentiment social, à plus forte raison tous les sentiments esthétiques excités par nos semblables auront-ils le caractère de sociabilité.
Toutes nos démonstrations tendent à prouver que cette troisième action diminue et disparaît à mesure que les sociétés évoluent, et cela en raison même du fait primordial que la société est une institution de conservation de l’individu et de l’espèce19 dirigée contre l’opération destructive propre de la natureek. […] La raison de tous ces faits est facile à dire et elle nous permet de rectifier sur un point important la définition, donnée, au début, de l’œuvre d’art. […] Le principe de l’art pour l’art fondé en raison à juste et utile, tant qu’on ne considère que les œuvres en soi, tant qu’on n’a souci que de la liberté et de l’orgueil nécessaires à l’artiste, — peut sembler absurde et dangereux quand on songe que les livres, les statues, les tableaux et les musiques n’existent pas seuls dans un monde vide. […] Une enquête minutieuse sur une centaine de grands hommes de tout ordre et de tout pays fournira probablement des confirmations exactes à nos critiques et permettra de mesurer avec une certaine approximation, l’effet de ces deux forces qui s’exercent, sans doute, mais avec des résultats d’autant moins discernables que la complexité sociale s’accroît, c’est-à-dire, en somme, eu raison inverse de la civilisation.
J’ai toujours regardé l’athéisme comme le plus grand égarement de la raison, parce qu’il est aussi ridicule de dire que l’arrangement du monde ne prouve pas un artisan suprême, qu’il serait impertinent de dire qu’une horloge ne prouve pas un horloger. […] Celui qui nous a créés tous doit être manifesté à tous, et les preuves les plus communes sont les meilleures, par la raison qu’elles sont les plus communes ; il ne faut que des yeux et point d’algèbre pour voir le jour. » (Corresp. gén. […] Peut-être objectera-t-on que les anciens avaient raison de regarder la poésie descriptive comme l’objet accessoire, et non comme l’objet principal du tableau ; je le pense aussi, et l’on a fait de nos jours un étrange abus du genre descriptif ; mais il n’en est pas moins vrai que c’est un moyen de plus entre nos mains, et qu’il a étendu la sphère des images poétiques, sans nous priver de la peinture des mœurs et des passions, telle qu’elle existait pour les anciens. […] » Trois choses contribuent ordinairement à rendre un orateur agréable et efficace : la personne de celui qui parle, la beauté des choses qu’il traite, la manière ingénieuse dont il les explique : et la raison en est évidente ; car l’estime de l’orateur prépare une attention favorable, les belles choses nourrissent l’esprit, et l’adresse de les expliquer d’une manière qui plaise, les fait doucement entrer dans le cœur ; mais de la manière que se représente le prédicateur dont je parle, il est bien aisé de juger qu’il n’a aucun de ces avantages.
L’audace de donner à son poème le même titre que celui du Dante était une raison de plus pour qu’on en parlât. […] En vain la raison le disait-elle après l’expérience. […] L’admiration que vous avez pour le talent qui l’a écrit a sa raison d’être — très positive et très aisée à justifier. […] Amédée Pommier, qui fut toujours un esprit outré, comme disent les esprits modestes, qui ont de bonnes raisons pour l’être, le rappelle en des vers excellents, dans son ancienne manière connue, d’une bonhomie comique et mordante : … Les philistins, les pédants et les cuistres, Qui m’ont en mal déjà noté sur leurs registres Pour avoir cultivé, rimeur émancipé, Le genre mors aux dents ou cheval échappé, Trouvant que de nouveau je prêche et prévarique, Élèveront encore leur voix charivarique, Et se scandalisant de ma ténacité, Crieront au mauvais goût, — à l’excentricité.
Deux raisons à cela. […] Que de raisons de popularité ! […] J’ai dit que Gavarni l’avait complétée ; et, en effet, entraîné par son imagination littéraire, il invente au moins autant qu’il voit, et, pour cette raison, il a beaucoup agi sur les mœurs. […] C’est la raison pour laquelle ses Scènes bachiques resteront un œuvre remarquable ; ses chiffonniers d’ailleurs sont généralement très-ressemblants, et toutes ces guenilles ont l’ampleur et la noblesse presque insaisissable du style tout fait, tel que l’offre la nature dans ses caprices.
Des raisons de différent ordre peuvent expliquer cette fécondation de l’individu par lui-même, par exemple de graves imperfections physiques du sujet, l’influence d’un milieu puritain ou idéaliste, l’habitude de travaux spécialement intellectuels pervertissant la vie corporelle. Mais si des causes multiples peuvent y conduire, nulle raison ne peut la justifier, si ce n’est la maladie, l’emprisonnement, la vie déserte, ou quelque autre motif de cet ordre majeur. […] Panizza, et en cela il eut raison, car c’était là le nerf de la question. […] Nous les admirons et avec raison : ce sont les forts et les victorieux.
C’est peut-être là parmi nous l’époque de cette foule de mots grecs que nous avons adoptés ; c’est pour cette raison peut-être que notre langue, qui, dans son origine, a été formée en partie des débris de la langue romaine, a cependant, pour les mouvements et pour les tours, et quelquefois pour la syntaxe, beaucoup plus d’analogie avec la langue de Démosthène et de Sophocle, qu’avec celle de Cicéron et de Térence. […] Elle s’éloigna de la force et de la hardiesse énergique de l’un, pour prendre je ne sais quoi de plus circonspect et de plus sage, conforme à la raison tranquille qui préside à la plupart de nos écrits. […] Il faut, pour créer, qu’ils aient plus d’imagination que de raison ; il faut qu’ils aient une certaine vigueur d’âme qui les emporte et les entraîne loin de ce qui est ordinaire. […] Mais comme nous sommes peu accessibles aux grandes passions, qui n’ont pas le temps de s’affermir et de descendre profondément dans notre âme, nous portons dans les jugements qui tiennent aux choses de l’esprit, une sorte de raison froide, qui est peu susceptible d’illusions.
Sarcey en a donné deux raisons. […] » Mais j’estime qu’il y avait une autre raison au malaise des spectateurs. […] Mais je n’ai le temps de rechercher ni les raisons ni les conséquences de cet évident parti pris de Racine. […] que le public avait raison ! […] Evincé sans raison, Qui me tendit la main ?
Jules Renard ne veut pas que la phrase chante et il en donne pour raison qu’il faut être naturel. […] Et elles ont raison, nom de Dieu ! […] — « Tous raison ! […] Adieu la raison raisonnante et raisonnable ! […] La raison en est très claire pour moi.
A part, d’ailleurs, un léger ton de persiflage qui ne nuisait pas à l’agrément, les raisons et arguments sur lesquels il appuyait son assertion ne manquaient ni de solidité ni d’évidence. […] L’exemple de Paul-Louis Courier vient d’être réfuté par des raisons trop solides et trop ingénieuses, pour être renouvelé de longtemps ; et d’ailleurs cette sorte d’espièglerie érudite, de laquelle il se tirait si bien, ne convenait qu’à lui seul ; mais, sans se réduire, ainsi qu’il le faisait, aux ressources du vieux langage, on ne doit pas absolument se les interdire.
La raison forte, l’éloquence mâle peuvent choisir, peuvent s’éclairer dans ces développements où le cœur humain se montre avec abandon. […] La connaissance de la morale a dû se perfectionner avec les progrès de la raison humaine.
La bonté ne demande pas, comme l’ambition, un retour à ce qu’elle donne ; mais elle offre cependant aussi une manière d’étendre son existence et d’influer sur le sort de plusieurs ; la bonté ne fait pas, comme l’amour, du besoin d’être aimé son mobile et son espoir ; mais elle permet aussi de se livrer aux douces émotions du cœur, et de vivre ailleurs que dans sa propre destinée : enfin, tout ce qu’il y a de généreux dans les passions se trouve dans l’exercice de la bonté, et cet exercice, celui de la plus parfaite raison, est encore quelquefois l’ombre des illusions de l’esprit et du cœur. […] Si vous rencontrez Almont, quand votre âme est découragée, sa vive attention à vos discours vous persuade que vous êtes dans une situation qui captive l’intérêt, tandis que, fatigué de votre peine, vous étiez convaincu, avant de le voir, de l’ennui qu’elle devait causer aux autres ; vous ne l’écouterez jamais sans que son attendrissement pour vos chagrins, ne vous rende l’émotion dont votre âme desséchée était devenue incapable ; enfin, vous ne causerez point avec lui, sans qu’il ne vous offre un motif de courage, et qu’ôtant à votre douleur ce qu’elle a de fixe, il n’occupe votre imagination par un différent point de vue, par une nouvelle manière de considérer votre destinée ; on peut agir sur soi par la raison, mais c’est d’un autre que vient l’espérance.
Mais au fait, d’ignorer complètement la langue de Shakespeare et de n’avoir jamais passé le détroit, est-ce bien une raison pour ne point connaître l’Angleterre ? […] Je vois que c’est le peuple le plus rapace et le plus égoïste du monde ; celui où le partage des biens est le plus effroyablement inégal, et dont l’état social est le plus éloigné de l’esprit de l’Évangile, de cet Évangile qu’il professe si haut ; celui chez qui l’abîme est le plus profond entre la foi et les actes ; le peuple protestant par excellence, c’est-à-dire le plus entêté de ce mensonge de mettre de la raison dans les choses qui n’en comportent pas… Nous sommes, certes, un peuple bien malade ; mais, tout compte fait, nous avons infiniment moins d’hypocrisie dans notre catholicisme ou dans notre incroyance, dans nos mœurs, dans nos institutions, même dans notre cabotinage ou dans nos folies révolutionnaires.
Eh bien, j’avais raison autrefois et je n’ai pas tort aujourd’hui. J’avais raison autrefois et ce qui se passe maintenant en est une preuve nouvelle.
L’auteur doit le dire ici franchement, comme il le déclara alors dans l’intimité aux personnes qui faisaient cette démarche près de lui, et notamment à la grande actrice qui avait jeté tant d’éclat sur le rôle de doña Sol : ce fut précisément cette raison, la probabilité d’un succès de réaction politique, qui le détermina à garder pour quelque temps encore, son ouvrage en portefeuille. […] Et à ce phénomène, il y avait une raison bien simple : la censure murait le théâtre.
L’une étoit écrite dans un stile extravagant, & l’autre étoit pleine de raison, d’esprit & de sel. […] De toutes ces accusations, dont la moindre feroit regarder Bayle comme un monstre, si l’on ignoroit dans quel égarement de raison tomba son adversaire, il n’en est qu’une qui mérite qu’on s’y arrête, celle d’impiété.
C’est avec raison qu’Ourliac ajoute que le roman de César Birotteau « fut composé en vingt jours par M. de Balzac, malgré l’imprimerie, composé en vingt jours par l’imprimerie, malgré M. de Balzac1. » Un ancien éditeur, M. […] En voyant revenir les épreuves si diaboliquement chargées de corrections, plus d’un compositeur d’imprimerie dut regretter le temps où ses devanciers portaient l’épée : avec plus de raison que Vatel, un typographe eût pu se transpercer de part en part en jetant un coup d’œil inquiet sur des hiéroglyphes qui n’appartenaient pas plus au mantchou qu’au français.
C’est le premier des Philosophes françois, qui ait donné des graces à la raison. […] Ce grand homme nous a laissé un arbre encyclopédique, où se trouve la division générale de la science humaine en histoire, Poésie & Philosophie, selon les trois facultés de l’entendement, mémoire, imagination & raison.
Le chevalier Temple qui a été frappé de la difference du caractere des bataves et des hollandois, et qui a voulu en rendre raison, attribuë cette difference au changement de nourriture. […] On a donc raison d’accuser le climat de la disette de génies et d’esprits propres à certaines choses, qui se fait remarquer chez certaines nations.
Section 23, que la voïe de discussion n’est pas aussi bonne pour connoître le mérite des poëmes et des tableaux, que celle du sentiment Plus les hommes avancent en âge et plus leur raison se perfectionne, moins ils ont de foi pour tous les raisonnemens philosophiques, et plus ils ont de confiance dans le sentiment et dans la pratique. […] Il n’y en a presque point, ajoûte-t-il, dont on ne puisse contester la validité par de bonnes raisons.
C’est par la même raison que Porphyre n’a point ainsi qu’Aristides, fait de l’art du chant un art musical particulier. […] Quintilien écrit par la même raison que non seulement il faut sçavoir la musique pour être orateur ; mais qu’on ne sçauroit même être bon grammairien sans l’avoir apprise, puisqu’on ne pouvoit pas bien enseigner la grammaire sans montrer l’usage dont y étoient le metre et le rithme.
Étudier la raison d’un succès est toujours une belle question en critique… S’il est un livre pour lequel le journalisme ait battu de tous ses tambours, — et aux champs encore, — c’est ce livre des Réfractaires 24… L’auteur en fut un, m’a-t-on dit ; ce qui prouve, Dieu merci ! […] Comme Callot, il a mis dans sa peinture ses souvenirs personnels, et il a raison.
c’est chez Hebel que cette réalité est plus concentrée, en raison même de la nature limitée et pour ainsi dire raccourcie de sa composition. […] D’autres critiques, aussi Allemands du sud que Rapp, ont prétendu que, pour cette raison d’origine et de terroir, Hebel ne pourrait avoir ailleurs que dans son pays le succès et la sympathie qu’il mérite.
Dans un pays de la forte nationalité du nôtre, qui est tout l’univers avant d’être français, et dont les gentilshommes — s’il y a encore des gentilshommes — mettent pour courir les culottes d’un jockey anglais, il y a dix poètes pour le moins, à cette heure, de la force ou plutôt de la faiblesse de Leopardi, et dont on ne s’occupe pas, avec raison, du reste, mais par la seule raison qu’ils ne sont pas des Italiens !
Il y a des hommes qui se vantent de la mépriser ; et pour qu’on n’en doute pas, ils le répètent : c’est une raison de plus pour ne les point croire. […] Mais ne nous flattons point, il y a peu de ces âmes qui se suffisent et marchent d’un pas ferme sous l’œil de la raison qui les guide, ou de Dieu qui les regarde.
Si, pour une raison ou pour une autre, l’excitation ne passe plus, il serait étrange que la perception correspondante eût lieu encore, puisque cette perception mettrait alors notre corps en relation avec des points de l’espace qui ne l’inviteraient plus directement à faire un choix. […] On peut donc dire que le détail de la perception se moule exactement sur celui des nerfs dits sensitifs, mais que la perception, dans son ensemble, a sa véritable raison d’être dans la tendance du corps à se mouvoir. […] et quelle est la raison spéciale qui fait qu’un phénomène dont je n’étais d’abord que le spectateur indifférent acquiert tout à coup pour moi un intérêt vital ? […] Nous avions donc raison de dire que la coïncidence de la perception avec l’objet perçu existe en droit plutôt qu’en fait. […] Il est donc de l’essence du matérialisme d’affirmer la parfaite relativité des qualités sensibles, et ce n’est pas sans raison que cette thèse, à laquelle Démocrite a donné sa formule précise, se trouve être aussi ancienne que le matérialisme.
On s’est jeté aujourd’hui dans un excès tout contraire, et l’image tient le dé du style poétique, comme c’était la raison précédemment. Mais ni la raison, à proprement parler, ni l’image, en ceci, ne doivent régir. […] — Acton pourrait bien avoir raison : qu’en dites-vous ? […] Les soi-disant classiques et vengeurs du grand Siècle le suffoquent ; Geoffroy, dans ses injures contre Voltaire et sa grossièreté foncière de cuistre, ne lui paraît, avec raison, qu’un violateur de plus. […] En 1814, au Sénat, il signa la déchéance, mais ce ne fut qu’avec une vive émotion, et en prenant beaucoup sur lui ; il fallut que M. de Talleyrand le tînt quelque temps à part, et, par les raisons de salut public, le décidât.
Vous avez eu raison tout de suite en face certaines personnalités devant lesquelles d’autres critiques hésitaient. […] Rodenbach a pour raison l’empêchement qu’il apporte à l’intelligence de ses idées. […] La raison n’a point tant de vertu. […] Un autre avait fait placer un orchestre près de la guillotine ; Lebon a nié le fait, mais il pouvait avoir ses raisons pour cela. […] C’est là qu’est la raison du succès du beau et amusant volume que M.
Si dans le dernier cas, devant cette raison mobile, trempée de moquerie, chatouilleuse de bon sens et de sens malin, détachée du fond, aisément fuyante si on la presse, quelques efforts méritants, quelques nouveautés qui avaient leur prix s’émoussent, et quelques verités non essayées se découragent, combien aussi de fausses vues opiniâtres viennent échouer ! […] L’esprit net et concis du grand professeur y répugnait et avec raison. […] Toute la part de bonnes raisons que vous aviez a passé chez lui, tant il est prompt à entendre, à devancer, et vous êtes réduit à l’assertion absurde. […] Villemain, entre autres raisons plausibles, aura à répondre que de telles distinctions, en les supposant quelque peu vraies, sont du cabinet et de l’atelier bien plus que de la large scène de l’enseignement, et qu’elles s’adaptent mal au point de vue de la critique distribuable à tous et de l’amphithéâtre. […] l’exception est toujours possible, et il y a raison de plus, aux esprits qui ont le sentiment éveillé, de se garantir près des sources, et de combattre, non en prêchant, mais en pratiquant.
Je n’eus que l’honneur d’avoir pris, avec tous mes collègues, l’initiative d’une pensée juste qui était dans la raison publique. […] Le grand Frédéric de Prusse, l’impératrice Catherine II de Russie, l’Angleterre, implacable quoique caressante, lui parurent avec raison bien autrement hostiles à la grandeur de la France que l’impératrice Marie-Thérèse d’Autriche, veuve héroïque, à demi dépouillée de ses États, et défendant, par la main de ses fidèles Hongrois, son trône et l’héritage de ses enfants contre le démembrement de l’Allemagne. […] M. de Talleyrand (on l’a vu), même après Austerlitz, Wagram et le traité léonin de Presbourg, se hâta de saisir la première circonstance décisive et la première lueur de haute raison dans Napoléon pour renouer, par un lien indissoluble, le mariage de Napoléon avec Marie-Louise, l’alliance entre les deux monarchies. […] Ces vues étaient si justes que l’Autriche se trouva entraînée à nous suivre en Russie, même dans notre folie : à plus forte raison nous eût-elle suivis dans notre raison et dans notre droit.
Quant aux vrais principes d’une république unanime appelant toutes les classes et tous les citoyens sans exception à apporter, par le suffrage universel, leur part juste de souveraineté naturelle dans une première assemblée, pour que cette première assemblée dictatoriale régularisât à loisir les degrés divers de ce suffrage universel, pour que la souveraineté brutale du nombre, équilibrée par la souveraineté morale de la lumière et de la raison, donnât la majorité au droit général qui fait de l’intelligence une condition de tout droit humain ; je ne les répudie pas davantage. […] — La peur inventa les dieux , a dit le poète : la peur inventa les maîtres des peuples, dit avec plus de raison l’homme d’État. […] Une grande pensée, un code de la raison, saisit un peuple intelligent, enthousiaste, aventureux, la France. […] Ces principes, qui étaient ceux de la vraie philosophie politique de l’Assemblée constituante, ceux que les Mirabeau, les Barnave, les Clermont-Tonnerre, les Lally-Tollendal, les Bailly, les Mounier, les Montmorency, les Cazalès, les Vergniaud, avaient si magnifiquement débattus ou formulés dans leur éloquence de raison, me passionnaient encore à distance et me paraissaient le but dépassé, mais le but idéal de la Révolution, auquel il fallait ramener le peuple par l’opinion avant de l’y ramener un jour par le fait, si les événements échappaient à l’ambitieuse et intrigante faction de la fausse révolution et de la royauté d’expédient de 1830. […] XVIII De plus, et ici je me frappe la poitrine, le public a eu un peu raison contre moi.
Le mal d’Obermann, c’est que ne croyant plus à la religion, ne pouvant rien par sa raison, il s’épuise, se ronge, use sa vie dans l’ennui ; il n’agit point, parce que la vie et le but de la vie lui sont incompréhensibles. […] Cette singulière peinture d’une volonté impuissante pour des raisons métaphysiques n’eut aucun succès en 1804 : le roman de Senancour dut attendre 1830 pour être en vogue, je ne dis pas pour être compris, car les romantiques y virent surtout l’inertie désespérée qu’ils sentaient en eux, sans regarder aux doctrines et au tempérament qui faisaient Obermann tout à fait distinct de René ou de Lélia. […] Ce système, qui n’en est pas un, a ses inconvénients : le pire est la prolixité ; quand on n’a pas marqué d’avance le terme où l’on doit arriver, il n’y a pas de raison pour s’arrêter ; il n’y en a pas non plus pour borner l’étendue de chaque partie, par son rapport à un ensemble qui n’existe pas. […] Élève de Rousseau, gagnée par la fièvre romantique, blessée par la dure expérience de son mariage, elle fait l’amour souverain et sacré, sans mesure et sans frein ; elle condamne la société qui opprime la passion par l’intérêt, la raison et la loi. […] Mais elle ne s’astreint pas à la suivre ; elle s’en éloigne insensiblement par le développement des situations et des caractères ; et c’est encore une raison qui fait que ses commencements sont souvent ce qu’il y a de meilleur dans ses œuvres ; ils retiennent plus de réalité et de vie.
ce n’est plus là le poète (trop rare) de La Bataille d’Eylau du même volume, de cette bataille qui le fait sublime comme elle par la simplicité la grandeur sévère, la concision rapide, et cela par la raison qu’elle est une réalité qui lui prend l’âme et l’emplit toute, et qui ne lui permet pas, à cet homme de mots, un mot de trop. […] Les Chansons des rues, de ces rues à la physionomie qui s’en va et que la Civilisation, cette boueuse qui emporte au bout de son balai toutes les poésies du passé, finira par cirer comme le parquet des corridors d’un ministère, — et les Chansons des bois, des bois, cette dernière aristocratie à qui on abattra la tête comme à l’autre, et pour les mêmes raisons. […] Seulement, à tort ou à raison, Hugo est une puissance. L’avenir pourra bien, un jour, rogner un pan de sa trop vaste gloire, mais, pour le moment, elle subsiste encore et brille de toute la splendeur de l’esprit de ceux qui l’acceptent… Or, pour cette raison et cette unique raison, je parlerai de son Pape, de ce poème qui, par le fait de la renommée de son auteur et par les idées qu’il exprime, pourrait bien avoir le triste honneur d’être dangereux.
La sensibilité comprend la raison elle-même, qui n’est que de la sensibilité cristallisée. […] Beaunier sur la « poésie nouvelle »31 sera estimé pour plusieurs raisons. […] Il avait dès alors et il a gardé ce besoin qu’éprouvent les véritables esprits critiques de s’expliquer ce qui est nouveau et d’en chercher la raison. […] Mais ce n’est pas une raison pour les massacrer. […] Quel enchantement d’entendre mal parler, de prendre sur le fait la victoire de la physiologie sur la raison !
Tout art qui n’a pas en soi sa raison d’être se condamne à n’être plus. […] Ces raisons-ci sont-elles préférables, que donne à la suite M. […] Et il a bien raison ! […] Il y verra pour quelles raisons M. […] Voir, pour la raison peut-être, la note 1 de la page 152.
Fantine avait tout de suite perdu de vue Favourite, Zéphine et Dahlia ; le lien brisé du côté des hommes s’était défait du côté des femmes ; on les eût bien étonnées, quinze jours après, si on leur eût dit qu’elles étaient amies ; cela n’avait plus de raison d’être. […] Il s’avoua qu’il avait commis une action extrême et blâmable ; qu’on ne lui eût peut-être pas refusé ce pain, s’il l’avait demandé ; que dans tous les cas il eût mieux valu l’attendre, soit de la pitié, soit du travail ; que ce n’est pas tout à fait une raison sans réplique de dire : Peut-on attendre quand on a faim ? […] « La colère peut être folle et absurde ; on peut être irrité à tort ; on n’est indigné que lorsqu’on a raison au fond par quelque côté. […] Sa raison, à la fois plus mûre et plus troublée qu’autrefois, se révoltait. […] On a eu raison de vous dire que Jean Valjean était un malheureux très méchant : toute la faute n’est peut-être pas à lui.
On ne veut plus de son gâteau ; ce n’est pas une raison pour le donner. […] Il ne faut pas, sous prétexte de retour à la raison, aller trop avant dans la descente. […] Tout ce qu’il y a de raison, de bon sens, de lumière dans l’intelligence humaine, doit se rallier et protester contre ces doctrines qui seraient le suicide de l’humanité. […] — Cela finira, répondis-je à mes interlocuteurs alarmés, par quatre lois que le temps comporte et que la raison publique avoue : Une loi qui donne son droit politique à chacune des classes sociales par une part proportionnelle au suffrage ; Une loi qui assure, non le droit au travail, mais le droit de vivre à tout homme que le ciel envoie sur la terre pour y vivre. […] La révolution de 1848 fut en majorité la révolution des hommes d’État, et la réalité acceptée, servie et défendue par l’Assemblée constituante, la raison et le courage de la France.
Un peu monté de ton, mais c’est Sainte-Beuve qui avait raison, mille fois raison. […] C’est vrai ; mais c’est que, quand un livre me pince la fibre, je me flatte que j’en aurai bientôt raison. […] Pauvre Vinet 1 Et comme Sainte-Beuve avait raison ! […] peut-être une des moins contestables ; la raison elle-même cesse d’être raison quand elle veut se maintenir contre l’erreur de tous ; c’est un de ces cas où l’on peut répéter après le Démosthène de l’Assemblée constituante que « quand tout le monde a tort, tout le monde a raison. » Pour les esprits très individuels, il y a ici une limite faiblement marquée, assez recouverte, et facile à dépasser faute de la voir. […] Pourquoi ces rapports d’amour que la nature, que la raison réclament entre Dieu et nous, pourquoi ces rapports n’existent-ils pas ?
Ou, si cette raison ne paraît pas suffisante, pourquoi se refuserait-on à croire que la Providence couvre de son égide une classe d’hommes qui sont les instruments de sa bienfaisance au milieu des fléaux de l’humanité ? […] M. de Humboldt lui-même, qui a dit en son Cosmos : « Buffon, écrivain grave et élevé, embrassant à la fois le monde planétaire et l’organisme animal, les phénomènes de la lumière et ceux du magnétisme, a été dans ses expériences physiques plus au fond des choses que ne le soupçonnaient ses contemporains » ; M. de Humboldt, en parlant ainsi, avait oublié l’hommage éclairé rendu à Buffon par Vicq d’Azyr, et que le sien propre ne fait que confirmer par des raisons scientifiques nouvelles61. […] Sanchez avait plusieurs raisons pour se croire au nombre des proscrits.
Cet homme si hardi, si remuant, qui peut-être avait raison et voyait juste dans le cas présent, convertit Joubert à ses vues dès les premiers entretiens. […] Dans un conseil de guerre auquel furent appelés Moreau, Saint-Cyr, Pérignon, ainsi que Dessolles, chef d’état-major de Moreau, et Suchet, chef d’état-major de Joubert, toutes les raisons furent données, toutes les considérations furent mises sous les yeux de celui qu’il importait de convaincre : Rien ne vous oblige à livrer une bataille ; l’ennemi finit le siège de la citadelle de Tortone ; mais cette place ne peut tomber en son pouvoir par un siège : il est à désirer qu’il le continue ; il y brûlerait toutes ses munitions avant de pouvoir s’en emparer. […] Nous pensons qu’il vaut mieux rentrer dans les montagnes, d’où l’on n’aurait pas dû sortir, et se préparer à s’y défendre ; car les raisons qui doivent nous porter à ne point livrer une bataille avant la jonction de l’armée des Alpes doivent décider l’ennemi à nous attaquer avant qu’elle soit effectuée ; mais les positions que nous devons occuper nous sont bien connues ; ce n’est pas une affaire de quelques heures qui pourra décider les succès de l’ennemi ; là, il ne s’agira pas d’une seule bataille, mais de vingt combats plus ou moins acharnés, sur des points difficiles, où leur nombreuse artillerie et leur cavalerie se trouveront à peu près paralysées.
Augustin Thierry, qui se faisait beaucoup lire, un jour qu’il entendait ces Stances au chêne, arrêta son lecteur au vers que je viens de citer, et fit observer, en souriant de son fin sourire d’aveugle, qu’il n’y avait pas de raison pour qu’on ne dît pas à une citrouille : Pour ta rotondité, je t’aime entre nos sœurs. […] Toutefois on fit semblant de croire qu’elles auraient pu sérieusement concourir, et l’on se mit dès lors à les pousser et à les louer un peu plus que de raison. […] Ceux qui aiment ces sortes de considérations dites esthétiques, et qui croient que le lis est beau pour huitraisons et non pour neuf4, ceux-là pourront trouver que les cinq raisons alléguées par M. de Laprade contre les machines sont assez ingénieuses.
Sur tous les points de la querelle, Perrault et Fontenelle qui lui vint promptement en aide me paraissent avoir raison, — sur tous, excepté un seul, l’art grec, la poésie et peut-être l’éloquence. […] Chez un Allemand, le conte de fées serait plus fantastique, plus féerique de tout point, non corrigé par la raison. […] Son imagination et sa raison se combattent ; c’est l’heure du crépuscule qui finit et de l’aube blanchissante.
Mme de Sévigné, je l’ai dit plus d’une fois, semble s’être dédoublée dans ses deux enfants ; le chevalier léger, étourdi, ayant la grâce, et Mme de Grignan, intelligente, mais un peu froide, ayant pris pour elle la raison. Leur mère avait tout ; on ne lui conteste pas la grâce, mais à ceux qui voudraient lui refuser le sérieux et la raison, il n’est pas mal d’avoir à montrer Mme de Grignan, c’est-à-dire la raison toute seule sur le grand pied et dans toute sa pompe.
Pour lui donner raison, il faudrait, en effet, admettre avec lui que l’intelligence de cette histoire juive et des Écritures sur lesquelles elle repose est du ressort à peu près exclusif de la théologie, de la tradition, telle que les Pères l’ont autrefois comprise et accommodée, et que la connaissance directe de la langue, la discussion des textes en eux-mêmes n’est plus aujourd’hui que très-secondaire, à tel point que tout ce que cet examen produirait de contraire à la tradition devrait être de prime abord rejeté. […] De même sur les Macédoniens et sur Alexandre : chez Bossuet, c’est une première et large vue ; l’homme est bien compris dans son ensemble et posé avec son vrai caractère en termes magnifiques ; l’historien orateur est égal à son sujet, à son héros ; ce portrait d’Alexandre est un portrait d’oraison funèbre ; il a le mouvement et comme le souffle oratoire : chez Montesquieu, les raisons de la politique et du génie d’Alexandre sont bien autrement recherchées et déduites ; c’est bien autrement expliqué ; chaque parole frappe comme un résultat, et l’expression est vive, figurée ; le tout gravé en airain : c’est un long bas-relief d’Alexandre. […] Mais il est juste aussitôt d’ajouter qu’il n’y a pas là de quoi décourager ceux qui ne sont nullement rivaux du grand évêque, qui procèdent d’un autre esprit et qui, sans sortir du domaine des faits positifs et du champ visuel des causes secondes, ne prétendent qu’au genre de vérité sublunaire qui est à la portée de notre recherche et de notre raison.
Vuillart donne pour raison divers soins qui l’ont partagé, des épreuves à corriger pour les éditions d’ouvrages du Père Quesnel et d’autres amis, et il ajoute : « Mon ami M. […] Racine désirait, je le trouvai de plus si formé et plein de tant de raison, de bons sentiments et de bon goût, qu’après avoir pris langue du père et de la mère qui m’applaudirent, je fis la proposition à M. […] En l’écoutant, le maréchal de La Feuillade, qui connaissait déjà la pièce, demanda raison à Dangeau de son omission, et Dangeau répondit que c’était par le conseil de Racine qu’il avait supprimé ces louanges de M. de Louvois.
Mon fils est dans un état qui ne me plaît point à moi, et pour d’autres raisons, mais qui peut lui convenir, et dans lequel, au fond, l’on n’a que les misères pour lesquelles les hommes sont faits. […] « Je sens que mes écrits auraient pu être utiles, si je les avais fait connaître davantage ; mais faire beaucoup de pas pour le succès me paraît peu digne des arts mêmes, à plus forte raison de l’art par excellence, celui d’écrire pour le bonheur des hommes. […] À plus forte raison des livres dont le sujet et la manière conviennent très-peu au xixe siècle français ne peuvent-ils faire sensation dans le public… « S’il me survient assez tôt des circonstances qui me mettent en état de vivre, je me féliciterai fort d’être resté étranger au commérage du monde ; de n’avoir point eu de rapport en général avec ceux pour qui vivre, c’est être en place ; de n’avoir vu que de loin les meneurs :de n’avoir pas ajouté à mes misères leurs vaines passions et de n’avoir pas mis la main à leur petit feu d’artifice… (Ici une lacune.)
Mais ce n’est là qu’une raison de plus pour nous de surprendre la fibre à nu et de pénétrer en ce point le plus reculé du cœur. […] Voilà donc une de ces pièces qui charmaient et enlevaient la jeune cour de Louis XIV à son heure la plus brillante, et l’on s’en demande les raisons, et, tout en jouissant du charme quelque peu amolli des vers, on se reporte aux allusions d’autrefois. […] Geoffroy remarque avec raison que Titus serait sifflé, s’il agissait ainsi au théâtre, « et Rousseau, ajoute-t-il, mérite de l’être pour avoir consigné cette opinion dans un livre de philosophie. » Tout se tient en morale : c’est pour n’avoir pas senti cette délicatesse particulière, cette religion de dignité et d’honneur qui enchaîne Titus, que Jean-Jacques a gâté certaines de ses plus belles pages par je ne sais quoi de choquant et de vulgaire qui se retrouve dans sa vie, et que l’amant de madame de Warens, le mari de Thérèse, n’a pas résisté à nous retracer complaisamment des situations dignes d’oubli.
. — On a pu alors entrer dans l’examen des idées et des propositions générales qui composent les sciences proprement dites, profiter des fines et exactes recherches de Stuart Mill sur l’induction, établir contre Kant et Stuart Mill une théorie nouvelle des propositions nécessaires, étudier sur une série d’exemples ce qu’on nomme la raison explicative d’une loi, et aboutir à des vues d’ensemble sur la science et la nature, en s’arrêtant devant le problème métaphysique qui est le premier et le dernier de tous. […] Il faut donc que le lecteur veuille bien examiner et vérifier lui-même les théories présentées ici sur les illusions naturelles de la conscience, sur les signes et la substitution, sur les images et leurs réducteurs, sur les sensations totales et élémentaires, sur les formes rudimentaires de la sensation, sur l’échelonnement des centres sensitifs, sur les lobes cérébraux considérés comme répétiteurs et multiplicateurs, sur le mécanisme cérébral de la persistance, de l’association et de la réviviscence des images, sur la sensation et le mouvement moléculaire des cellules considérés comme un seul événement à double aspect, sur les facultés, les forces et les substances considérées comme des illusions métaphysiques2, sur le mécanisme général de la connaissance, sur la perception extérieure envisagée comme une hallucination véridique, sur la mémoire envisagée comme une illusion véridique, sur la conscience envisagée comme le second moment d’une illusion réprimée, sur la manière dont se forme la notion du moi, sur la construction et l’emploi des cadres préalables, sur la nature et la valeur des axiomes, sur les caractères et la position de l’intermédiaire explicatif, sur la valeur et la portée de l’axiome de raison explicative. — En de pareils sujets, une théorie, surtout lorsqu’elle est fort éloignée des doctrines régnantes, ne devient claire que par des exemples ; je les ai donnés nombreux et détaillés ; que le lecteur prenne la peine de les peser un à un ; peut-être alors ce qu’au premier regard il trouvait obscur et paradoxal lui semblera clair ou même prouvé. […] Meynert, poursuivent aujourd’hui ces recherches anatomiques au moyen de préparations délicates et de forts grossissements, et certainement ils ont raison : car la géographie de l’encéphale est encore dans l’enfance ; on en démêle à peu près les grandes lignes, deux ou trois massifs notables, l’arête du partage des eaux ; mais le réseau des routes, des sentiers et des stations, l’innombrable population remuante qui sans cesse y circule, y lutte et s’y groupe, tout ce détail, prodigieusement multiple et fin, échappe au physiologiste.
L’autre est la faculté modératrice, celle qui refrène les élans et les écarts de la première, qui essaie de lui imposer des règles et des limites : on la nomme la raison. […] Par exemple, un plaidoyer, un sermon, un discours ou un pamphlet politique n’ont pas pour unique ni même pour principale raison d’être, de charmer : c’est par surcroît qu’ils veulent plaire. […] Elle peut emporter les esprits au-delà du monde sensible, offrir des visions de choses surhumaines, s’élancer sur les ailes du rêve dans des régions inaccessibles à la science et à la raison.
» Byron a raison de parler ainsi pour lui et les siens ; mais il y a en regard et au-dessus l’école de Virgile, de celui qui voulait brûler son poème, parce qu’il ne le trouvait pas de tout point assez parfait. […] Ils ont pris le genre et le tic ; mais la flamme, la passion, l’élévation et le lyrisme, ils se sont bien gardés, et pour de bonnes raisons, de les lui emprunter. […] Mais il est temps de finir, et sans trop en demander, sans y mettre plus de façons que M. de Musset lui-même, je finirai par un vers de lui qui coupe court à bien des raisons : Que dis-je ?
James Ward remarque avec raison que ce résultat suspensif produit par la peine sert à ce qu’on pourrait appeler l’éducation intérieure de l’animal, mais qu’il ne lui apprend encore que fort peu de chose sur le dehors et qu’il sert peu à étendre les relations de l’individu avec son milieu. […] La critique du savoir découvre deux limites : ce qui est au-delà de notre atteinte, et ce qui est trop près de nous pour être posé devant nous : « parce qu’on ne peut voir ses yeux, ce n’est pas une raison pour dire qu’on n’a pas d’yeux » ; de même l’activité de la pensée ne peut se voir elle-même comme un objet. […] C’est pour cette raison que l’existence même de cette activité a pu être niée ; mais l’impossibilité de représenter sous la forme d’un état particulier ce qui est le fond commun de tous nos états, ne prouve nullement que l’activité n’existe point et même n’ait pas conscience de son existence.
En vain la veuve de l’infatigable & insipide Scudéri, croyant avoir une belle occasion de venger les manes de son époux ridiculisé tant de fois, écrivit-elle souvent à Bussi, pour l’engager à demander raison de l’insulte qu’elle disoit lui avoir été faite. […] Il décria celles de Quinault, le représenta comme un versificateur doucereux & détestable, plus occupé de la rime que de la raison. […] Dans le jugement que les journalistes portèrent des ouvrages de la vieillesse de Despréaux, ils avoient sans doute raison.
Telle est la saillie du misantrope qui, rendant un compte serieux des raisons qui l’empêchent de s’établir à la cour, ajoute après une déduction des contraintes réelles et gênantes qu’on s’épargne en n’y vivant point. […] Quand bien même les loix de la tragedie, fondées sur de bonnes raisons, ne défendroient point de mettre sur le théatre des évenemens tels que ceux dont nous avons parlé, le poëte sensé éviteroit toujours de les y mettre. […] Horace passe avec raison pour le plus judicieux des auteurs qui ont donné des enseignemens aux poëtes.
Dans tous les genres de littérature, la raison a fait un petit nombre de règles, le caprice les a étendues, et le pédantisme en a forgé des fers que le préjugé respecte, et que le talent n’ose briser. […] La raison est un juge sévère qu’il faut craindre, l’oreille un juge orgueilleux qu’il faut ménager. […] Si quelquefois je me suis écarté ailleurs du sens qui pourrait être adopté par d’autres, quelquefois même de celui qui a été suivi par la foule des commentateurs et des traducteurs, je crois avoir eu pour cela de bonnes raisons.
. — Au moment où la France s’acheminait vers une longue décadence (d’ailleurs utile et nécessaire à d’autres points de vue), l’Italie, débarrassée de certaines contingences par son malheur même, créait Pétrarque, marchait à la Renaissance, et se préparait par là une gloire nouvelle et des raisons nouvelles de servitude. […] Le principe nouveau, de la raison universelle et de la souveraineté absolue, ne se réalisera pas davantage ; tous les Médicis, les d’Este, les Gonzaga ne représentent que des efforts dispersés, en de petites unités, et ne valent pas, tous ensemble, le seul Louis XIV. — Les débuts permettaient pourtant les plus grandes espérances ; ils sont lyriques : Laurent de Médicis, Politien, Leonardo Giustiniani, Sannazzaro (dont l’Arcadia est nettement lyrique), Boiardo dans son admirable Canzoniere ; le lyrisme est sensible encore dans l’Orlando furioso et jusque dans la Gerusalemme liberata. […] C’est la période épique, qui, pour les raisons que nous verrons bientôt, se prolonge jusqu’à aujourd’hui, mêlée au drame.
Mais la même raison qui a dû faire tomber tous ces genres d’éloges déclames ou chantés, écrits ou parlés, ou ridicules ou ennuyeux, ou vils ou du moins très inutiles à tout le monde, excepté à celui à qui on les paie, a dû au contraire accréditer les panégyriques des grands hommes qu’on peut louer sans honte, parce qu’on les loue sans intérêt, et qui, dans des temps plus heureux, ayant servi l’humanité et l’État, offrent de grandes vertus à nos mœurs, ou de grands talents à notre faiblesse. […] Voilà les raisons qu’on apporte pour bannir l’éloquence des éloges des grands hommes. […] Non, sans doute ; mais ce sont autant de raisons pour s’attacher à bien distinguer la vraie de la fausse ; d’abord il n’y a point d’éloquence sans idées.
Mais ce qui doit étonner la raison, c’est que des hommes nourris aux grandes traditions de la Grèce, de pénétrants et gracieux génies aient été les chantres de cette apothéose, aient consacré par leurs louanges ce que flétrissaient leurs maximes. […] Après lui, toutefois, Pallas a les premiers honneurs. » Ce qui manque au poëte de crédulité naïve et religieuse, il le remplace par une raison plus haute, par cette noble et précise image, sinon du Dieu unique, au moins du Dieu suprême. […] Sans doute, en écartant des poésies lyriques d’Horace ce que le temps a convaincu de mensonge, ce qui blesse la pudeur, ce qui touche moins la raison que les sens, on réduit beaucoup ce précieux écrin de purs et limpides diamants, trésor de l’art hellénique retravaillé par le génie romain.
C’est donc dans les différences des sentiments qui animent les deux littératures qu’il faut chercher la raison des différences de leurs fortunes. […] L’hôtelier et don Quichotte ont raison l’un et l’autre. […] La chevalerie errante est donc en un sens toujours vivante, et don Quichotte a eu raison de croire à son existence. […] Leur philosophie est la raison de leur poésie et leur poésie la raison de leur philosophie. […] » Pour toutes ces raisons, Henri Néville ne changeait jamais d’amis et de camarades, et cinq ou six personnes composaient pour lui l’humanité tout entière.
Et, en effet, tout le long de son étude, il l’écarte respectueusement, et il a bien raison. […] Ce fut le mariage d’un idéaliste et d’un chrétien ; mariage non de passion, mais de haute raison, de tendresse et d’estime. […] Deschanel a parfaitement raison de se souvenir qu’il fut professeur de rhétorique. […] C’est ta raison, miroir de la raison suprême, Où se peint dans la nuit quelque ombre de lui-même. […] C’est donc à la raison de définir Dieu.
Cette façon détournée des vendeurs de latin à donner raison aux espérantistes n’est-elle pas ingénieuse ? […] Même il ne posait pas la question, il affirmait, il disait : « J’ai la certitude morale que Stendhal, etc… » Et le malheureux donnait ses raisons. […] Et pour bien des raisons cela n’a aucune importance. […] Est-ce la vraie raison ? […] Il faut convenir qu’il a raison et qu’il n’y a que cela de bon dans le « premier Faust ».
Je ne prétends pas affirmer ici qu’on ne saurait donner aucune autre raison de la classification des caractères des êtres organisés en groupes subordonnés à d’autres groupes. […] Je crois fortement que tel est le guide qu’on a inconsciemment suivi ; et je ne saurais m’expliquer autrement la raison des diverses règles que nos meilleurs systématistes ont suivies. […] C’est en raison des rapports généalogiques que nous classons les individus des deux sexes et de tous les âges dans une même espèce, bien qu’ils aient parfois peu de caractères communs. […] Il n’est pourtant aucune raison valable pour que toutes les parties de l’aile des Chauves-souris ou de la nageoire des Tortues ne se retrouvent pas esquissées avec leurs proportions naturelles, aussitôt que les organes de l’embryon commencent à être visibles. […] Lorsqu’on y réfléchit, on se sent frappé d’étonnement ; car cette même raison, qui rend en nous un éclatant témoignage aux adaptations si parfaites de la plupart des organes à leurs fonctions, témoigne avec une égale force de l’inutilité et de l’imperfection des organes atrophiés ou rudimentaires.
Il les avait adressées, les neuf premières, à un philosophe aux trois quarts convaincu, mais dont la raison, habituée au positif, reculait devant la transformation de l’école en temple, de la science en dogme, de l’industrie en culte, des beaux-arts et de la philanthropie en religion ; les cinq dernières, à un millénaire écossais, protestant qui aspirait à l’unité, mais qui méconnaissait dans le catholicisme la constitution sociale du christianisme, n’y voyait qu’une corruption de l’Église primitive, et croyait au rétablissement prochain, et au règne indéfini de l’antique société évangélique. […] Puis s’arrachant au vague, il en vint à s’occuper scientifiquement et historiquement des religions révélées, et c’est au fort de ces études opiniâtres dans lesquelles s’absorbait sa précoce pensée, que, le nouveau christianisme de Saint-Simon lui étant apparu sous son véritable jour, il se fit une révolution en lui ; que ses études, jusque-là confuses, s’enchaînèrent ; que le chaos du passé se déroula harmonieusement à ses yeux, et qu’il saisit la raison divine des choses, s’écriant à la vue de l’Église de toutes parts croulante et de la synagogue encore debout : « Oui, nous marchons vers une grande, vers une immense unité : la société humaine, du point de vue de l’homme ; le règne de Dieu sur la terre, du point de vue divin ; ce règne que les fidèles appellent tous les jours par leurs prières depuis dix-huit ceints ans.
Les raisons que j’ai essayé de démêler n’expliquent pas, en somme, la joie bizarre que me donne l’énorme et placide déraison de ces facéties ; et peut-être aurez-vous beaucoup de peine à comprendre mon admiration et à me la pardonner, et y soupçonnerez-vous quelque gageure… Mais non, il n’y en a point… Je relis l’interview que Grosclaude est allé prendre à la plus ancienne locomotive de France, à l’occasion du cinquantenaire des chemins, de fer, et je n’y résiste pas plus qu’à la première lecture. […] Grévy, et nous montre M. de Freycinet s’apprêtant à découper le gâteau : « M. de Freycinet, dit-il, avec cette gravité qu’il apporte même aux choses sérieuses… » Cette simple phrase, remarquez-le, est un puits de profondeur, puisqu’on y suppose couramment admise une pensée qui passe elle-même pour surprenante et profonde, à savoir que c’est aux choses futiles que nous apportons le plus de gravité… N’ai-je pas raison de conclure que le délire de Grosclaude est le délire d’un sage ?
Elle voulut se trouver à l’arrivée du roi, par la même raison qui décidait madame de Montespan à empêcher qu’elle s’y trouvât. […] Et les deux femmes, ayant toujours quelque raison de s’accuser l’une l’autre de ce qu’il y avait de fâcheux dans leur situation, étaient continuellement en guerre ouverte l’une contre l’autre, ou dans un état de défiance qui n’était pas la paix.
Il est difficile, après cela, de se rendre aux raisons par lesquelles M. […] Aussi est-ce par cette raison qu’un autre M.
Un religieux Manceau, dom André de saint Denis, auteur pitoyable, composa rapidement un petit écrit absurde, dénué d’esprit & de raison, mais très-bien conditionné pour les injures. […] C’étoit une raison pour le déchirer : les vérités blessent plus que tout le reste.
Madame de Sévigné, à qui la langue est redevable d’avoir un caractère de plus, cette femme unique pour le stile épistolaire & pour conter agréablement, dit toujours que Racine n’ ira pas loin : c’est qu’elle le desiroit, ainsi que tous ceux de son parti, lequel, à la honte des talens & de la raison humaine, fut très-nombreux. […] En vain, au plus fort de l’orage, élevé contre Racine, son ami Despréaux fit tout ce qu’il put, en général habile & désespéré, pour ramener la multitude & faire entendre raison.
Cette simplicité de langage, en raison inverse de la magnificence des faits, nous semble le dernier effort du génie. […] Le style le plus recherché ne peindrait pas la vanité de la vie avec la même force que ce peu de mots : « Il vit peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misères. » Au reste, tout le monde connaît ce passage où Dieu daigne justifier sa puissance devant Job, en confondant la raison de l’homme ; c’est pourquoi nous n’en parlons point ici.
Ce n’est pas que vous refusiez une adhésion respectueuse à ces chefs-d’œuvre des âges favorisés où nous cherchons avec vous les modèles de la raison élégante et les secrets de l’éternelle beauté. […] Croyez-le, cette raison à courte vue ne peut faire de vous la forte race d’élèves que demande un pays tel que le nôtre.
Si sa pensée habituelle est triste, sombre et noire, s’il fait toujours nuit dans sa tête mélancolique et dans son lugubre atelier, s’il bannit le jour de sa chambre, s’il cherche la solitude et les ténèbres, n’aurez-vous pas raison de vous attendre à une scène vigoureuse peut-être, mais obscure, terne et sombre ? […] On dit qu’il y a des couleurs amies et des couleurs ennemies ; et l’on a raison si l’on entend qu’il y en a qui s’allient si difficilement, qui tranchent tellement les unes à côté des autres que l’air et la lumière, ces deux harmonistes universels, peuvent à peine nous en rendre le voisinage immédiat supportable.
Nous ne croyons plus à l’aristocratie, c’est-à-dire aux privilèges de la naissance et nous avons raison. […] et qui le prennent par l’unique, impertinente, mais souveraine raison, que vous êtes la progéniture de monsieur votre père, et que monsieur votre père s’appelle, par exemple, Théophile Gautier ou Alexandre Dumas.