Mais, dans ce livre nouveau, dans ce livre tout de sentiment, de rêverie et de ressouvenir, nous ne pensons pas qu’on puisse reprocher à l’auteur les qualités de sa manière, si appropriées et si seyantes à son sujet. […] Or, supposez pour un moment qu’à ces facultés et ces qualités de talent qui tiennent à une âme où le sentiment surabonde et pourrait devenir si aisément de la foi, l’auteur de la Famille eût réuni le catholicisme d’idées, de préoccupation, d’admiration, le catholicisme doctrinal qui maîtrise si bien la vie et l’esprit de ceux qui y croient et qui l’aiment, ce livre éloquent serait devenu un chef-d’œuvre.
Du Clésieux est un poète à la voix pleine, harmonieuse, étendue, mais qui chante dans un medium dont il ne sort jamais par ces éclats si magnifiques dans Lamartine, qui, en sa qualité de génie poétique absolu, ayant tous les dons, a aussi le don de peindre avec des puissances, des délicatesses et des chastetés de pinceau véritablement raphaélesques, et quoique le musicien soit bien au-dessus du peintre dans son génie. Le poète d’Armelle n’a pas ces qualités prodigieuses, mais il en a de charmantes.
« Après tout, — reprend Limayrac, — cette mauvaise fortune du livre de l’Amour n’est qu’apparente ; car, lorsqu’il aura conquis la popularité qui ne peut lui faire défaut et qui aura été longue à venir seulement, il ne l’aura pas achetée par des concessions, et il sera populaire en conservant sa qualité superfine. » Pour notre compte, nous ne savons pas si un esprit superfin comme Stendhal-Beyle, de cette saveur et de ce haut goût, sera jamais populaire, mais ce que nous savons, c’est qu’il a résolu le problème le plus difficile dans les lettres, comme dans les arts, comme dans la politique, et qui consiste à exercer une grande puissance sans avoir une grande popularité. […] Le livre de l’Amour, — ce chef-d’œuvre de pointillé dans l’observation et de grâce inattendue dans le bien dire, que Sterne aurait admiré, et où les nuances, qui ondoient, chatoient, se fondent et s’évanouissent comme des lueurs d’opale dans le merveilleux observateur du Sentimental Journey, sont nettement fixées sous le regard par un procédé supérieur d’analyse sans rien perdre de leur ténuité et de leurs qualités presque immatérielles, — ce livre d’un agrafeur de nuances (ces mots-là sont faits pour lui seul), ce livre qui a tout dit et fait le tour du cœur, de ce muscle qui renferme l’infini, comme on fait le tour de la terre, de cette misérable petite chose que Voltaire appelait « un globule terraqué », nous ne croyons pas que Paulin Limayrac l’admire et l’aime mieux que nous.
Malgré l’éblouissement des qualités personnelles dont le romancier l’a doué comme une marraine-fée, lord Sommerson ne peut pas écrire une femme de plus sur sa liste, — s’il en fait une, comme en faisaient tous les roués du xviiie siècle. […] Mais Messaline n’est qu’un organe… IV Ainsi donc, répétons-le pour qu’il n’en soit plus question, il n’y a, dans ce livre, de Messaline d’aucune espèce, ni de brune, ni de blonde, et, s’il y en avait, le livre serait bien moins spirituel qu’il n’est, bien moins intéressant, bien moins ironique ; car il est ironique, et je l’ai dit, mais j’insiste : c’est là sa plus charmante qualité.
Aussi est-ce par là qu’il faut expliquer les qualités du livre et ses vices. […] Brucker révéla pour la première fois ses chaudes et intarissables qualités d’observateur et d’écrivain.
Mérimée ressemblait à la plupart des esprits de son temps (j’excepte Balzac) par le manque d’originalité intrépide, il ne ressemblait nullement aux autres esprits de cette époque ardente, dont l’exubérance était la qualité, et l’exagération, le défaut. […] En général, les imitateurs sont dupes de l’admiration qu’ils ont pour leurs modèles, et ils en poussent jusqu’à l’extrême encore plus les défauts que les qualités.
Ce style est d’une qualité unique aujourd’hui, et très rare dans toute l’histoire de notre littérature. […] Dans l’état actuel de notre développement de civilisation, penser, c’est prononcer une phrase intérieure, et les qualités de la pensée font les qualités de cette phrase intérieure. […] Les qualités de son talent lui deviennent un crime, et ce par quoi il avait grandi l’accable. […] La critique historique a seule qualité pour répondre. […] Un système se dégage, dont les qualités et les défauts expliquent la puissance et les insuffisances des analyses qu’il a commandées.
Il est vrai qu’alors on lui refusait généralement cette qualité. […] Est-ce une de ces qualités dont l’abus mènerait à la folie ? […] Nous ne croyons pas, bien qu’il professât un grand respect pour Victor Hugo, qu’il ait jamais été fort sensible aux qualités lyriques du poëte, dont la prose sculptée et colorée à la fois l’émerveillait. […] Ce défaut est sa principale qualité. […] Ce sont là les qualités nécessaires pour être goûté par les masses.
Daudet À une époque où les littérateurs se préoccupent tellement de l’art de peindre qu’ils lui empruntent des procédés, des termes particuliers, il est curieux de voir les peintres entrer dans le domaine de la poésie avec cet éternel souci de la couleur qui peut leur devenir en littérature une qualité ou un écueil.
Les paroles qu’il avoit l’art d’adapter à ces sortes de divertissemens, convenoient parfaitement au caractere des Dieux & des Déesses qui y figuroient, en même temps qu’ils offroient une peinture délicate des mœurs, des inclinations, des qualités des Danseurs qui représentoient ces Divinités.
Bussy, [Roger de Rabutin, Comte de] de l’Académie Françoise, né à Epiri dans le Nivernois en 1618, mort à Autun en 1693 ; Bel-Esprit de la Cour de Louis XIV, & un des plus polis Ecrivains de son siecle ; nous ne disons pas des meilleurs, parce qu’avec de la vivacité dans l’esprit, de la facilité pour écrire, il a peu de littérature, trop de penchant à la satire, plus de finesse que de justesse dans le raisonnement, & sur-tout un ton de prétention qui dépare toutes ses bonnes qualités.
On jouit souvent des avantages d’un bon Livre, sans songer aux qualités qu’il suppose, & aux travaux qu’il a coutés.
Avec une imagination vive & élevée, un esprit plein de finesse & de pénétration, il avoit acquis, par l’étude des bons Modeles, les qualités nécessaires à un bon Ecrivain.
N'eût-il que la gloire d'avoir fondé des Colléges, favorisé le progrès des Lettres, donné l'existence & de sages loix à l'Académie Françoise, il mériteroit une place dans cet Ouvrage : il y a encore des droits en qualité de Littérateur.
Le Sage étoit sourd & fort gai, qualité qui accompagne rarement la surdité.
Ces qualités le distingueront toujours des Ouvrages prétendus philosophiques, qui fatiguent l’esprit par l’emphase du style, & tendent à dissoudre la Société par le danger des systêmes.
Quand le trait seroit vrai, ce dont on peut douter, M. de Voltaire, en qualité d'ami de M.
Hirza, ou les Illinois, se soutient encore sur le Théatre ; mais Socrate n'a fait qu'y paroître, parce qu'il manque des qualités essentielles à une Tragédie.
Le moindre indice sert à l’observateur pour découvrir toute une série de qualités ou de vices. […] « Ses qualités étaient aussi rares que sa beauté : il avait une voix virginale et n’en était que plus affranchi. […] Il saisissait merveilleusement le défaut et le vice en toute chose, et il ne tenait pas compte des qualités qui pouvaient balancer ces défauts. […] D’un côté je vois des qualités natives ; de l’autre des défauts acquis, voulus ; dois-je séparer les qualités des défauts et ne voir que les défauts ? […] Je suis devenu son ami, parce que toutes ces qualités m’ont attiré.
La généralité de votre panégyrique vient, cher abbé, de quelques idées ou sensations communes excitées dans votre âme par des qualités physiques absolument différentes. — J’entends, l’admiration. — Ajoutez et le plaisir. […] Je me rappellais la foule des grands hommes et des belles femmes dont la qualité qui les avait distingués du reste de leur espèce avait fait le malheur. […] Le goût la demande avec des qualités accessoires qui la rendent agréable. — Combien de bizarreries, de diversités dans la recherche et le choix rafiné de ces accessoires ! […] -l’imagination et le jugement sont deux qualités communes et presque opposées. […] Le jugement est la qualité dominante du philosophe ; l’imagination, la qualité dominante du poëte. — L’esprit philosophique est-il favorable ou défavorable à la poésie ?
Paul de Saint-Victor a des défauts aussi grands que ses qualités, et l’on ne saurait le louer ou le critiquer avec trop de force. […] Il a une autre qualité, fort rare et que je prise fort, — beaucoup d’indépendance ; malheureusement, il en pousse l’abus jusqu’à l’exclusion systématique pour toute œuvre qui naît, pour tout novateur qui pointe. […] En leur qualité de derniers venus et de disciples attardés, MM. […] C’est aussi l’une des qualités du critique du Pays et de la France musicale. […] Muret n’est pas un feuilletoniste brillant, il a des qualités de critique estimables, un sens droit et, — ce qu’il faut priser par-dessus tout, — une rare indépendance.
Et c’est une bonne idée de prescrire qu’on fasse attention à leur qualité, qu’on n’accumule pas sans raison des rimes de même nature et qu’on varie l’effet produit. […] En latin, les voyelles se différencient nettement suivant leur qualité de longues ou de brèves ; cette distinction n’existe pas en français. […] Et, de même que la longueur est très diverse dans la qualité des syllabes, les accents de la phrase sont aussi très inégaux. […] Ces qualités de charme et de modération deviendront rares chez Rimbaud, bientôt emporté par une fougue désordonnée. […] Mais Verhaeren n’y a point encore révélé ses qualités les plus singulières.
Chez tous deux, l’art des vers est un don gratuit et naturel ; pour tous deux, « diversité, c’est la devise » ; ils courtisent, en passant, Melpomène ; ils décorent leurs impressions de voyage des ornements de la métrique et du bel esprit ; ils brassent et rebrassent en mille façons leurs imaginations amoureuses, et, dans leurs livres galants, comme dans les rues d’Abdère affolée, résonnent les litanies voluptueuses de « Cupidon, prince des hommes et des dieux » ; diseurs raffinés, railleurs aisés, complimenteurs faciles, tous deux fuient la solitude, s’égaient à répandre leurs qualités aimables, et s’évertuent à propager, devant les assemblées brillantes, le mérite et la renommée de leurs contemporains et de leurs prédécesseurs.
Sainte-Beuve Monselet a une qualité précieuse : il est dans la veine française.
Il aime l’art et la liberté ; les causes désespérées l’attirent… Le livre est le reflet de l’homme ; on trouve dans ses vers les mêmes qualités d’élévation et de générosité ; la pensée n’y est jamais étroite ou banale ; les strophes s’élancent fièrement vers l’idéal et peignent bien cette vaillante nature de poète polémiste et de penseur.
C’est un homme que la Providence met au dessus des autres, mais qui doit s’y mettre lui-même par son mérite ; qui, chargé du plus grand & du plus difficile de tous les emplois, doit avoir ces qualités éminentes qui sont nécessaires pour régner sur les autres, pour soutenir le poids d’une grande autorité & d’une grande fortune, pour régler l’usage d’un pouvoir indépendant, & pour trouver dans sa propre vertu une loi sévere & impérieuse qui regle ses désirs & ses actions.
Le seul mérite qu’on y reconnoisse, est le nombre & l’harmonie, qualités rares dans les Poëtes, ses contemporains.
Les préceptes n’en sont ni fins ni nouveaux ; tout ce qu’on peut dire, c’est que la versification en est facile & correcte, sans que ces deux qualités puissent faire oublier qu’elle manque de noblesse & d’élégance.
Mais sa légèreté n’était qu’une qualité et nullement un défaut de son esprit. […] XXXII Ma renommée de poète à peine éclos, ma qualité de diplomate français, l’accueil dont j’étais l’objet à la cour du souverain, mon bonheur intérieur, la présence de mes meilleurs amis, le loisir réservé à la poésie de ma vie comme à celle de mes pensées, ma reconnaissance pour tous ces dons de la Providence et mon penchant à la contemplation pieuse qui s’est toujours accru en moi dans les moments heureux de mon existence, comme les parfums de la terre qui s’élèvent mieux sous les rayons du soleil que sous les frimas des mauvais climats, semblaient me promettre une félicité calme dont je remerciais ma destinée ; lorsqu’un événement étrange et inattendu vint changer du jour au lendemain cet agréable état de mon âme en une sorte de proscription sociale qui se déclara soudainement contre moi, et qui me fit craindre un moment de voir ma carrière diplomatique coupée et abrégée au moins en Italie, ce pays du monde dont j’aimais le plus à me faire une patrie d’adoption. […] J’y arrivai deux mois après en qualité de premier secrétaire de légation. […] Ma qualité de représentant d’une puissance étrangère me couvrait ; la qualité de réfugié politique aggravait celle du colonel Pepe.
L’homme commence à devenir de plus en plus une table rase ; il ne transmet à ses descendants qu’un germe indifférencié des aptitudes élémentaires, et les qualités d’une génération tombent à zéro dans la génération suivante… Par suite l’homme civilisé est de plus en plus plastique, indéterminé, malléable, souple, de moins en moins différencié et individualisé, résistant. […] Les races sont trop mélangées pour qu’au sein des peuples blancs on puisse déterminer avec précision les qualités intellectuelles qui correspondaient autrefois aux races bien tranchées. […] Draghicesco sur le rôle de l’individu se résume dans ce singulier raisonnement : l’individu est quelque chose, puisque sans lui le déterminisme social ne se réalise pas ; et d’autre part il n’est rien, puisqu’il n’accomplit une œuvre quelconque qu’à la condition de s’identifier avec la pensée sociale. — Nous répondrons que s’il y a des individus dont l’intelligence n’est en effet qu’un reflet de la mentalité sociale, il y en a aussi d’autres chez qui la formation physiologique est assez ferme pour que l’originalité de pensée qui en résulte résiste à la pression sociale et à la loi qui veut que le nombre prime la qualité. — La seule originalité que M. […] Et il ne fait aucune différence de qualité ni de valeur entre les originalités humaines ; il s’interdit d’établir une hiérarchie entre les intelligences d’après leur puissance, leur étendue ou leur profondeur. […] Selon de Gobineau, la poésie des races blanches supérieures serait la poésie épique ; celle des races noires, la poésie lyrique ; la poésie grecque, mélange de poésie lyrique et de poésie épique n’a pu exister que parce que le peuple grec n’appartenait pas à la race aryane pure et qu’il entrait dans le sang grec à la fois un élément blanc et un élément noir. — La qualité intellectuelle des races blanches supérieures (races nordiques) serait la supériorité du jugement ; la race hindoue se caractériserait par l’imagination débordante et par la puissance d’abstraction ; la race jaune par le sens de l’utilité.
Toutes les qualités, tous les caractères qui définissaient le lyrisme dans la pensée, d’ailleurs un peu confuse encore, de Ronsard et de ses amis, Malherbe, nous venons de le constater nous-mêmes, l’en a comme systématiquement dépouillé. […] Toutes ou presque toutes, si elles ont en finalement pour objet de substituer dans notre littérature les qualités qui font les genres communs aux qualités qui l’ont les genres individuels, elles ont donc eu pour objet aussi d’enseigner à notre littérature les moyens de conquérir cette universalité, dont peut-être avons-nous jadis porté trop haut l’orgueil, mais qu’il ne faudrait pas cependant affecter de mépriser. […] Logique et clarté, précision, beauté de l’ordonnance et netteté du style, toutes ces qualités étaient presque étrangères à nos écrivains du xvie siècle, et il vrai, malheureusement, que nous en faisons aujourd’hui bon marché. […] Car la philosophie consisterait-elle donc à discuter seulement si les qualités de la matière sont en elle ou en nous ? […] La qualité seule en est de quelque prix, et non la quantité.
Il tenait d’ailleurs à sa vraie patrie et au vieux fonds boulonais par les qualités sagaces, avisées, modérées, lucides et circonscrites à la fois, et, dans l’expression si distinguée que ces qualités prirent en sa personne, on aurait pu reconnaître encore, plus qu’il n’aurait cru, quelques formes de l’esprit natal, l’air de famille d’un pays qui n’avait pas eu jusqu’à lui son représentant littéraire, où Voisenon, par bonheur, ne fit que passer, où Charron, hôte plus digne, fut convié une fois, où Le Sage est venu mourir98. […] Daunou répliqua dans le Journal encyclopédique par une lettre100, suivie à distance de deux articles, et il y défendit son opinion contre l’écrivain de qualité en homme qui n’était ni du couvent ni du collége. […] Daunou fit paraître, en 1826, le travail le plus complet qu’on ait sur La Harpe, et dans lequel, sans rien taire des défauts, des légèretés et des palinodies, il insista sur les qualités durables. […] La qualité littéraire et de diction y trouve sans doute son compte, et elle y gagnera sur plus d’un point en finesse de repli, en concision malicieuse. […] Mignet), — cette blessure fut ensuite fermée et guérie par le choix que fit de lui en cette même qualité l’Académie clés inscriptions (1838).
un zèle religieux qui n’était pas plus sincère que celui de son fils, et qui était tout aussi étroit et tout aussi puéril, et un petit nombre de ces qualités ordinaires de ménage et de bienséance, que la moitié des pierres tumulaires réclament chez nous pour les morts qu’elles recouvrent ! […] Le courage, l’esprit d’indépendance, la véracité sont des qualités auxquelles sa constitution et sa situation sont également défavorables. […] Me suffit-il, pour comprendre l’action de Marlborough ou de Jacques, de me rappeler une disposition ou qualité qui l’explique ? […] Ainsi, cette histoire dont les qualités semblent si peu anglaises porte partout la marque d’un talent vraiment anglais. […] Elle a la vie, la clarté, l’unité, qualités qui semblaient toutes françaises.
Les Lettres à mademoiselle Volland, dans lesquelles se trouve le Rêve de d’Alembert, ne sont pas plus vraies dans leurs affirmations que les autres livres philosophiques de l’auteur ; mais elles ont au moins une valeur qu’il faut constater : elles ont au moins le mouvement et la verve, qui sont presque toujours les qualités de Diderot quand il n’est pas ampoulé et déclamateur. […] Il a des qualités d’artiste, comme il avait des qualités scientifiques. […] Mais ce n’est pas seulement dans la forme qu’il a cette qualité première qui crée, et qui, en tout, est le génie : il l’a dans le fond même. […] Tout ce que nous en avons dit, tout ce que nous en avons montré, aboutit à cette conclusion, écrasante pour lui autant que pour ceux qui en font un homme de génie : c’est qu’il est un esprit sans unité, sans solidité, sans consistance, sans toutes les qualités premières et sacrées du génie. […] Il a toutes les qualités prisées haut par les siècles bas.
Et une sorte de critérium esthétique pourrait être établi, qui permettrait de distinguer les œuvres nées d’un penchant, de celles qu’a fabriquées un vouloir, — la qualité esthétique restant réservée. […] Mais elle commettait l’erreur, qu’a bien soulignée Bergson, de passer outre à la différence de qualité des phénomènes. […] On sent Proust lutter sans cesse contre la tentation, qui est la tentation normale, d’attribuer à l’objet aimé, à ses qualités, à ses vertus, à sa beauté une part efficiente dans le sentiment qui s’est attaché à lui. […] Ortega éprouve à lire Proust et dont il note d’ailleurs lui-même la haute qualité. […] Pourtant je n’hésite pas à en faire la première, sinon la plus importante qualité de l’œuvre de Proust.
Le point de vue général de l’utilité collective auquel ils s’élèvent naturellement n’exige d’eux que des qualités impersonnelles de méthode et de clarté, et les laisse étrangers au souci profond de la forme qui a son origine dans l’égoïsme transcendant de l’artiste et du poète. […] Personne ne loue ces qualités chez nous sans regretter tout bas, ou tout haut, que nous n’ayons pas su leur trouver, dans quelque produit plus direct et plus spontané de notre veine, un emploi plus franchement original. […] Les « qualités de vulgarité » qui rendent une oeuvre populaire se retrouvent, selon. […] Nous flattant d’être nous-mêmes pour quelque chose dans le choix des reliques que le hasard nous a livrées, nous leur attribuons un prix unique et extraordinaire, nous les enrichissons de toutes les qualités des ouvrages et des écrivains sans nombre que nous avons perdus. […] C’est apparemment reprendre des idées surannées et des formes abolies, avoir des qualités littéraires qui, n’étant plus de saison, ne correspondent point aux goûts des hommes nouveaux.
On l’accepta, chez l’éditeur Béthune et Plon, en qualité de correcteur d’épreuves : à sa grande surprise, son travail ne fut pas ravalé et rebuté finalement, comme il l’avait été ailleurs. […] Martin Hartmann, aujourd’hui professeur à l’Université et au collège royal de Leipzig, était resté sous le charme des qualités magistrales de Michel Jouffret. […] Les pages que je vais citer diront aux lecteurs la qualité de ces impressions. […] Plus d’un lecteur pourrait y reconnaître des qualités d’homme mûr. […] Il y a bien longtemps qu’un lettré d’une qualité peu commune, M.
Les nécessités de la lutte vitale l’y ayant poussé, il a marché sans hésitation au combat, se forgeant des habiletés neuves, orientant ses qualités de recherche, d’observation aiguë et de sang-froid vers la chasse quotidienne à l’actualité.
Je veux dire les qualités certaines, l’honnête tenue littéraire, l’émotion de bel aloi que dégagent ces pages où Goudeau a mis le meilleur de son beau talent de conteur.
Louis-Xavier de Ricard De poète plus moderne que Paul Redonnel il n’y en a certes pas, — et pourtant il est en même temps la survivance, en ses qualités intimes d’artiste, des troubadours de la grande époque — supposez
Nous ne l’envisagerons point comme Théologien : nous souscrivons au jugement qu’on en a porté à cet égard ; mais en qualité d’homme de Lettres, il nous est permis de le regarder comme le génie le plus heureux, & comme un des meilleurs Ecrivains que nous ayons eus.
Cet Ecrivain n’a d’autre mérite que celui de la méthode, de la simplicité, de l’exactitude, & de la clarté ; mais M. de Voltaire, en bon Juge du style historique, n’auroit-il pas dû préférer ces qualités au brillant, à l’enthousiasme, à l’esprit de systême, qui forment précisément les mauvais Historiens ?
Sa réputation a depuis longtemps engagé l’Académie Françoise à le recevoir au nombre de ses Membres, & nous l’avons vu, avec satisfaction, nous offrir, en qualité de Directeur, les hommages de cette Académie, la premiere fois que nous avons bien voulu l’admettre à nous les présenter, à l’occasion de notre avénement à la Couronne.
Aignan, & plusieurs autres Seigneurs de la Cour, allerent le voir dans sa prison, dès les premiers instans où il eut permission de recevoir des visites : tant il est vrai que les qualités de l’ame font le véritable prix des talens, qui sans elles ne font que de simples Auteurs, & souvent des hommes très-peu estimables !
Celui-ci ressemble aussi ; mêmes qualités et mêmes défauts pour le faire qu’au précédent.
En sa qualité d’élève des jésuites, Geoffroy fut toujours un peu gourmand : on prétend même qu’il donna plus d’un article à l’almanach de M. […] Il fallait que ce fût un personnage assez mince du côté de la qualité et de la considération, mais il se donnait de l’éclat par un bon emploi de ses richesses : il avait ouvert son épargne à plusieurs muses faméliques. […] N’est-il pas étrange, en effet, que le commentateur de Corneille ait eu l’idée de dégrader ce tragique sublime, de lui ravir son titre et son rang de poète, pour le réduire à la qualité de simple historien ? […] ; par conséquent il ne se fût pas refusé la satisfaction de nous apprendre les noms, titres et qualités de ce critique de haute naissance . […] Pour mettre sa pensée dans un plus grand jour, Longin compare Démosthène avec Hypéride ; il entre dans une énumération très détaillée des qualités de ce dernier orateur, dont malheureusement il ne nous reste plus rien.
On y songe peu parce que son génie rejette dans l’ombre ses qualités secondaires. […] La douleur dans Lamartine est d’une qualité artistique tout à fait exquise. […] Chose assez curieuse, la qualité qui lui à l’ordinaire, à savoir la force, c’est alors qu’il la trouve. […] Il n’appartient qu’au génie d’avoir deux qualités qui s’excluent : la correction et l’inspiration. » Je crois bien cependant qu’il amendait un peu ses premières œuvres. […] C’est sa qualité et son défaut.
Il fut six mois dans la magistrature, en qualité d’avocat du roi au siège présidial de Tours ; il en souffrait cruellement, et il nous a exprimé à nu ses angoisses : Dans le temps qu’il fut question de me faire entrer dans la magistrature, j’étais si affecté de l’opposition que cet état avait avec mon genre d’esprit, que de désespoir je fus deux fois tenté de m’ôter la vie. […] Toujours chez Saint-Martin un coin primitif de superstition et, pour tout dire, de puérilité ; ses hautes qualités fleuriront sur une tige quelque peu infirme. […] Le maréchal de Richelieu, la marquise de Coislin, le duc de Bouillon, la duchesse de Bourbon, le duc d’Orléans (Égalité), quantité de princes russes, tout ce monde aristocratique aimait à connaître, à rencontrer M. de Saint-Martin, homme de qualité, ancien militaire et, vers la fin, chevalier de Saint-Louis, très protégé des Montbarrey ; et Saint-Martin, doux, poli, curieux, naïf, toujours digne pourtant, s’y prêtait, sans s’exagérer auprès d’eux son genre d’action et d’influence : « J’abhorre l’esprit du monde, disait-il, et cependant j’aime le monde et la société ; voilà où les trois quarts et demi de mes juges se sont trompés. » Il y a un très joli mot de lui sur les gens du monde qu’il faut prendre au vol pour les convertir : Les gens des grandes villes et surtout des villes de plaisir et de frivolité comme Paris, sont des êtres qu’il faudrait en quelque sorte tirer à la volée, si l’on voulait les atteindre.
La langue française est impuissante à rendre toutes les beautés de la langue grecque. » Ils répondaient : « Peu nous importe », et ajoutaient comme l’abbé de Pons, d’un air de compliment pour Mme Dacier : « Elle a entendu Homère autant qu’on le peut entendre aujourd’hui ; elle sait beaucoup mieux encore la langue française ; elle a rendu le plus élégamment qu’elle a pu, dans notre langue, ce qu’elle a vu, pensé et senti en lisant le grec : cela me suffit, j’ai L’Iliade en substance. » L’erreur, c’était de croire qu’un poète dont l’expression est un tableau, une peinture naïve continuelle, fût fidèlement rendu par une traduction tout occupée d’être suffisamment polie et élégante ; l’erreur, c’était de s’imaginer qu’il n’y avait là qu’une question de plus ou moins d’élégance et de précision, et qu’en supposant l’original doué de ces deux qualités à un plus haut degré que la traduction, on lui rendait toute la justice qu’il pouvait réclamer, il s’agissait bien de cela ! […] il s’agissait avec Homère des qualités vives, brillantes, harmonieuses et musicales des langues adolescentes. […] Ami de la propriété des termes, de l’ordre logique et direct dans le langage, il se disait que l’esprit n’a ses coudées franches et son juste instrument que dans la prose ; « qu’elle seule a droit sur tous genres d’ouvrages indistinctement ; qu'elle a seule l’usage libre de toutes les richesses de l’esprit ; que, n’étant asservie à aucun joug, elle ne trouve jamais d’obstacles à exprimer ce que le génie lui présente ; qu’elle n’est jamais forcée de rejeter les expressions propres et les tours uniques que demandent les idées successives et les sentiments variés que ses sujets embrassent. » Mais, avec les vers, il faut toujours faire quelque concession, quelque sacrifice, tantôt pour la clarté, tantôt pour l’élégance, ces deux qualités dont la prose est toujours comptable : « Quand une pensée se trouve, à quelque chose près, aussi bien exprimée en vers qu’elle pourrait l’être en prose, on applaudit au succès du poète, on lui voue son indulgence, on lui permet de grimacer de temps à autre ; les expressions impropres sont chez lui de légères fautes ; les constructions inusitées deviennent ses privilèges. » Et il en citait des exemples jusque dans Boileau.
Et il me plaît ici, pour diversifier ce sujet un peu grave, de montrer une petite scène d’intérieur, de soulever un coin de la tapisserie qui dérobait la toilette d’une dame de haute qualité au Moyen-Âge. […] Il a une qualité, un mérite qu’on ne peut lui contester : vite on prétend l’enfermer et l’emprisonner dans ce mérite ; on se sert de cette qualité comme d’une arme pour l’écarter et le repousser de tout le reste.
Vous pouvez en prendre la qualité et en recevoir les honneurs. […] Camille Rousset est des plus piquantes et souvent des plus comiques ; ces lettres d’un homme de qualité que Mme de Maintenon appelait « la politesse même » font le plus parfait contraste avec le ton et le sans-façon assez rudes de celles de Catinat. […] Valeur et bon ordre jusqu’en pleine action, c’est le trait qui distingue cette journée : Catinat avait obtenu ce résultat et imprimé son caractère et ses propres qualités à sa victoire.
Or, en mourant, en redevenant de plus en plus un chrétien fidèle et contrit à ses dernières heures, en offrant à Dieu le sacrifice de tout, il eut pourtant un dernier regret, une tentation suprême, et cette tentation, comme il l’appelait en effet, est d’un ordre trop élevé et trop épuré, d’une qualité trop subtile, elle fait trop d’honneur et à lui et à notre littérature en particulier, pour ne pas être connue et racontée, si singulière qu’elle nous puisse paraître. […] Manuel, cultivées, attendries tout exprès et juste à point pour rester à ce degré sensibles aux qualités non voyantes, non perçantes, non fulgurantes, à ce qui effleure et à ce qui n’enfonce pas ? […] qu’on voit bien, dirai-je à mon tour au spirituel Horace de Lagardie — car c’est bien un peu à lui que je pense en ce moment15, — qu’on voit bien, en vous lisant, Monsieur, que vous êtes une femme d’esprit, mais aussi que vous n’êtes des nôtres que par le piquant, la vivacité et le tour, par bien des qualités qu’on vous envie, et que vous n’en avez pas été de tout temps !
Les autres qualités qui élèvent au sublime sont des dons de la nature et de l’expérience. » « Je répondis que j’acceptais l’augure, et que je profiterais de ses leçons ; il m’embrassa une seconde fois, et je rentrai dans mon rang. » Il y rentrait pour en sortir bientôt par ses hauts faits8. […] Je tâcherai aussi d’engager un homme raisonnable à faire un tour en Saxe ; mais les Français sont paresseux de sortir de Paris : j’entends ceux qui valent quelque chose, et ils sont au désespoir quand il s’agit d’aller seulement sur la frontière. » Il nous connaissait bien : et c’est ainsi qu’il est bon quelquefois de ne pas être de la nation qu’on sert et où l’on sera appelé à commander : on sait les défauts, on les corrige ; on combine les qualités et les mérites de deux races. J’aime à croire que le comte de Saxe, au fond, rendait toute justice aux qualités françaises : l’élan, le brillant, le ressort, l’intrépidité insouciante dont la nation est capable ; il en sut, en effet, très bien user et jouer dans les combats, et nul ne mena de front plus agréablement l’Opéra et la victoire : il a été en ce sens, un des plus Français de nos généraux14 ; mais dans ses lettres, dans celles surtout qu’il écrivait à ses compatriotes, il se plaît de préférence à marquer nos faibles et nos défauts.
Ney écrivait de Gunzburg à l’Empereur, le 20 vendémiaire an xiv (12 octobre 1805), au lendemain de son altercation violente avec Murat et quand il avait pu apprécier l’avantage d’avoir à son côté Jomini : « Je supplie Votre Majesté de vouloir bien faire employer près de moi en qualité d’aide de camp M. […] Les vieux généraux de la guerre de Sept Ans, exhumés après tant d’années et pris pour guides, se trouvèrent à court ; ils n’avaient rien appris depuis : « l’âge avait glacé chez eux les qualités qui leur avaient valu du renom, et ne leur avait pas donné le génie, car le génie n’est jamais le fruit de l’âge ni de l’expérience. » Les jeunes, « le prince de Hohenlohe, et Massenbach, son bras droit, avaient tout juste assez d’esprit et de science pour prendre de la guerre ce qu’il y avait de plus faux. » Les manœuvres leur cachaient les vrais mouvements. […] « Le soussigné a servi dans ces différents grades pendant les campagnes de 1799 et 1800, en qualité d’adjoint au ministre de la guerre et à l’état-major général.
assez fâcheusement et abondamment de s’y introduire ; mais on s’y laisse moins prendre qu’ailleurs ; on l’y sent tout aussitôt sous les déguisements et les emprunts qu’il tente ; on le rejette avec dégoût, ou plutôt il va naturellement au fond ; et, tandis que, sous l’écorce de la prose, bien des talents équivoques en qualité surnagent, tandis qu’ils atteignent à une contrefaçon assez difficile à démêler, et qu’avec le travail, l’instruction, l’imitation de ce qu’on lit, la répétition assez bien débitée de ce qu’on entend, avec tous ces mérites surchargés, on parvient souvent à une sorte de compilation de fond ou de style, décente, et qui fait fort honnëte contenance, en poésie la qualité fondamentale se dénote aussitôt, la substance des esprits s’y fait toucher dans le plus fin de l’étoffe ; aussi très-peu suffit pour qu’on ait rang, sinon parmi les grands, du moins entre les délicats, et qu’on soit, comme tel, distingué de la muse, de cette muse intérieure qui console : ce qui, j’en conviens, n’empêche pas d’être parfaitement ignoré du vulgaire, comme disent les poëtes, c’est-à-dire du public. […] M. de Balzac, qui a sur ces points tant de qualités et de parties d’observation heureuse, devra admirer cette sobriété, cette précision de trait, qui est le goût suprême du genre.
Sans avoir eu à se mesurer à ces conjonctures tout à fait extrêmes, les deux frères Ségur, le comte et le vicomte, avec les nuances particulières qui les distinguaient, surent garder, eux aussi, leur bonne grâce et toutes leurs qualités d’esprit, plume en main, dans l’adversité. Ce que ne gardèrent pas moins, en général, les personnages de cette époque et de ce rang qui survécurent et dont la vieillesse honorée s’est prolongée jusqu’à nous, c’est une fidélité remarquable, sinon à tous les principes, du moins à l’esprit des doctrines et des mœurs dont s’était imbue leur jeunesse ; c’est le don de sociabilité, la pratique affable, tolérante, presque affectueuse, vraiment libérale, sans ombre de misanthropie et d’amertume, une sorte de confiance souriante et deux fois aimable après tant de déceptions, et ce trait qui, dans l’homme excellent dont nous parlons, formait plus qu’une qualité vague et était devenu le fond même du caractère et une vertu, la bienveillance. […] En louant les qualités saines de jugement, de composition et de diction qui ne cessent de recommander ce long et utile travail, nous n’essayerons pas de le discuter par comparaison avec tant d’autres plus modernes qui ont eu pour but et même pour prétention de renouveler presque tous les aspects d’un si vaste champ.
Il ne s’agit pas de cette harmonie imitative dont on a si ridiculement abusé, mais d’une fine correspondance des qualités sensibles du vers au caractère intime de la pensée. […] Voici maintenant trois vers, où non les rimes seules, mais tous les mots, sont choisis pour la qualité expressive de leur son : Sous les coups redoublés tous les bancs retentissent ; Les murs en sont émus ; les voûtes en mugissent ; Et l’orgue même en pousse un long gémissement. […] Il n’y a même pas d’esprit dans tout cela, ou s’il y en a, c’est de l’esprit de peintre, un esprit qui n’est pas dans les idées, leurs qualités et leurs rapports : il est dans le coup de crayon, dans le trait qui accuse un contour expressif, dans le rendu dont la vigoureuse fidélité fait le comique.
sort du plus intime fond de la race, et en représente les plus générales qualités. […] Voici dans tout ce petit drame une grande chose qui apparaît, et qui sera l’une des qualités éminentes, peut-être la plus incontestable supériorité de notre génie et de notre littérature. […] Hors des deux singuliers fabliaux de Gautier le Long, il ne faut chercher dans le reste du recueil que les qualités qui apparaissaient dans le Roman de Renart, et qui se retrouvent ici à travers les mêmes défauts.
Il faut donc chercher les qualités de Marguerite dans l’Heptaméron, ou l’Histoire des amants fortunés. […] Il est une qualité que tout le monde se flatte d’avoir, dans une bonne mesure ; qu’on donne et refuse aux gens un peu au hasard : le nom en est dans toutes les bouches, la chose est encore et sera toujours à définir : c’est l’esprit. […] J’en dirai autant de cet art de la flatterie qui s’attache au solide, qui loue les personnes des qualités qu’elles devraient avoir, et qui ne ménage pas moins la pudeur du panégyriste que celle du héros.
Il importe assez peu pour la qualité de l’ouvrage que l’auteur en ait pris ici ou là le canevas, qu’il y ait inséré tel ou tel épisode d’emprunt : le mérite n’est pas dans l’invention générale, mais dans la conduite, dans le ménagement de chaque scène et de chaque tableau, dans le détail du propos et du récit, dans l’air aisé et le tour d’enjouement qui unit tout cela. […] On parle d’une première liaison galante qu’il aurait eue avec une femme de qualité. […] Gil Blas est au fond candide et assez honnête, crédule, vain, prenant aisément à l’hameçon, trompé d’abord sous toutes les formes, par un parasite de rencontre qui le loue, par un valet qui fait le dévot, par les femmes ; il est la dupe de ses défauts et quelquefois de ses qualités.
Il passa quelque temps en Espagne, à Valladolid, en qualité de secrétaire général de l’administration française. […] Dans les diverses occasions qu’il eut d’approcher du maître d’alors et de l’entendre, soit au Conseil d’État, soit ailleurs, il fut frappé des défauts plus que des qualités ; il vit et nota surtout, de cette grandeur déclinante, les éclats, les écarts, les brusqueries, sans apercevoir assez les éclairs de génie et de haut bon sens qui jaillissaient et se faisaient jour : c’était là de sa part une prévention que lui-même reconnaît aujourd’hui. […] Au milieu de toutes les parties sérieuses et élevées de ce discours, je remarque un exemple d’une des qualités et des formes de l’esprit de M. de Broglie, la raillerie et l’ironie.
Mme de Maintenony est au naturel, avec ses qualités, mais sans flatterie, et on pourrait même, par-ci par-là, découvrir sous la louange quelque trace de malice. […] Puis, avec l’usage et le temps, il en vint à exprimer plus encore, et à ne pas signifier seulement une qualité du langage et de l’esprit, mais aussi une sorte de vertu et de qualité sociale et morale qui rend un homme aimable aux autres, qui embellit et assure le commerce de la vie.
Dans une polémique avec La Harpe, il ne craindra pas de dire : Je m’efforce de réhabiliter ce mot délation… Nous avons besoin dans les circonstances que ce mot délation soit en honneur, et nous ne laisserons pas M. de La Harpe, en sa qualité d’académicien, abuser de son autorité sur le Dictionnaire, et charger d’opprobre un mot parce qu’il déplaît à M. […] au ministère de la Justice en qualité de secrétaire général. […] Quand il aurait conscience de ces qualités-là, il serait obligé d’imiter d’autant plus en paroles le dévergondage d’alentour, qu’il essaie pour la première fois de s’y soustraire en action.
cet homme dont Mlle de Lespinasse disait : « La figure de M. de Condorcet annonce la qualité la plus distinctive et la plus absolue de son âme, c’est la bonté » ; celui dont Grimm disait encore : C’est un très bon esprit, plein de raison et de philosophie ; sur son visage résident le calme et la paix ; la bonté brille dans ses yeux : il aurait plus de tort qu’un autre de n’être pas honnête homme, parce qu’il tromperait davantage par sa physionomie, qui annonce les qualités les plus paisibles et les plus douces… ; quoi ! […] Orateur, il avait un langage abstrait, terne et monotone comme son débit ; journaliste, il ne rencontre jamais un trait brillant, jamais une image vive ni une étincelle ; la précision et une certaine ironie froide sont, en ce genre, les seules qualités qu’on puisse lui trouver.
La première qualité de l’homme né pour mener et asservir les hommes, c’est de connaître les hommes. Sans cette qualité, il ne serait pas ce qu’il est. […] Il ne la connut en effet qu’en 1814, et cette idée de séparation et de privation paternelle revient souvent sous sa plume, paroles et expressions les plus vives et qui vont au cœur : « L’idée de partir de ce monde sans te connaître, lui écrit-il, est une des plus épouvantables qui puissent se présenter à mon imagination. » Il avait une autre fille aînée qui était également loin de lui, et qui était alors à marier, avec toutes sortes de qualités, mais sans fortune ; c’est en pensant à elle qu’il s’écriait d’une manière charmante : « Ah !
On lui contesta son droit à porter ce nom, et il reprit celui de Rivarol : il fit bien ; c’est un nom sonore, éclatant, qui éveille l’écho et qui s’accorde bien avec la qualité de son esprit. […] Insistant sur la qualité essentielle de la langue française, qui est la clarté, tellement que, quand cette langue traduit un auteur, elle l’explique véritablement, il ajoutait : Si on ne lui trouve pas les diminutifs et les mignardises de la langue italienne, son allure est plus mâle. […] Cette parole aux mains d’un seul semble bientôt une usurpation, et Rivarol, tranchant, abondant dans son sens, imposant silence aux autres, n’a rien fait pour échapper au reproche de fatuité qui se mêle inévitablement jusque dans l’éloge de ses qualités les plus belles.
Pendant qu’on discutait là-dessus, M. de Talleyrand fit si bien, qu’on apprit tout à coup que le vieux maréchal Jourdan, en sa qualité d’ancien républicain, avait pris le premier à Rouen et fait prendre à son corps d’armée la cocarde blanche, ce qui tranchait de fait la question. […] Envoyé pendant l’été de 1826 à la cour de Russie pour y assister en qualité d’ambassadeur extraordinaire au couronnement de l’empereur Nicolas, il a laissé dans cette ambassade de quatre mois, tant à Moscou qu’à Pétersbourg, des souvenirs qui n’ont pas seulement ébloui les yeux, mais qui lui ont conquis une estime durable pour ses qualités personnelles.
Il combina ces qualités diverses et les réalisa dans des personnages vivants, dans un seul surtout qu’il anima et doua d’une vie puissante et d’une fertilité de ressources inépuisable. […] Rien ne manqua à la solennité ni à l’éclat de cette première représentation : Ç’a été sans doute aujourd’hui, disent les Mémoires secrets, pour le sieur de Beaumarchais qui aime si fort le bruit et le scandale, une grande satisfaction de traîner à sa suite, non seulement les amateurs et curieux ordinaires, mais toute la Cour, mais les princes du sang, mais les princes de la famille royale ; de recevoir quarante lettres en une heure de gens de toute espèce qui le sollicitaient pour avoir des billets d’auteur et lui servir de battoirs ; de voir Mme la duchesse de Bourbon envoyer dès onze heures des valets de pied, au guichet, attendre la distribution des billets indiquée pour quatre heures seulement ; de voir des Cordons bleus confondus dans la foule, se coudoyant, se pressant avec les Savoyards, afin d’en avoir ; de voir des femmes de qualité, oubliant toute décence et toute pudeur, s’enfermer dans les loges des actrices dès le matin, y dîner et se mettre sous leur protection, dans l’espoir d’entrer les premières ; de voir enfin la garde dispersée, des portes enfoncées, des grilles de fer même n’y pouvant résister, et brisées sous les efforts des assaillants. […] Quand on veut pourtant bien apprécier les qualités propres du talent de Beaumarchais, et ses limites du côté de la poésie et de l’idéal, il convient de lire, après ces scènes de la comtesse et de Chérubin, celles du premier chant du Don Juan de Byron, où ce jeune Don Juan à l’état de Chérubin engage sa première aventure avec l’amie de sa mère et la femme de Don Alfonso, avec Doña Julia.
Il a des qualités, sans doute, mais des qualités secondaires. […] Si le premier de ces ouvrages ne révélait, comme on l’a vu, aucune qualité forte et personnelle, telle qu’elle était, cependant, il avait été écrit sous l’influence de ces principes religieux qui importent plus, que l’originalité littéraire, et qui, si rare qu’elle soit dans notre temps, sont plus rares qu’elle.
Amédée Pommier a les qualités supérieures qui devaient naturellement trouver leur emploi dans un sujet comme celui qu’il a abordé, et elles l’ont trouvé avec usure ; elles l’ont trouvé avec magnificence : nous le prouverons par des citations. […] Il a les qualités d’expression en ronde-bosse, que les poètes de ce temps ont placées si haut, et de plus il a la correction qu’ils n’ont pas, — la correction irréprochable et sévère qui écrit des strophes comme celle-ci : Des rouges tenailles les pincent, Des râpes entament leur chair, Et leurs dents convulsives grincent Comme du fer contre du fer ! […] Mais ces qualités supérieures ne sont pas celles sur lesquelles nous avons voulu insister.
Peut-être doit-il à ce goût des vers quelques-unes de ses magnifiques qualités, le rythme, la mélodie des phrases ; mais il lui doit peut-être aussi maint défaut dont il trouvait l’exemple chez les versificateurs de son temps : le culte de la périphrase, l’abus des comparaisons, une certaine aversion pour le mot propre, très souvent remplacé par le terme réputé noble.
Maurice de Faramond est certainement un poète intéressant ; il a, ce qui est la plus belle qualité du poète, une note personnelle, et cela nous promet, de sa part, un curieux développement.
Alfred Vallette Un modeste et un fort, doué de la qualité la plus rare qui soit : l’intelligence.
On ne peut nier qu’il ne l’ait eu plein de gaieté, de politesse, de modération, qualités qui transpirent dans ses Ecrits, & bien supérieures au mérite de faire de bons Ouvrages ; mais sont-ce-là des titres pour prétendre aux honneurs de la Philosophie ?
Il ne faut jamais oublier que le genre historique exclut les ornemens recherchés ; que le naturel, une noble simplicité, la chaleur du style, & avant tout, le discernement & l’amour de la vérité, sont les seules qualités qu’il admet.
Un Orateur, par exemple, aura dit qu'un Ministre plénipotentiaire doit avoir ces trois qualités, la probité, la capacité, & le courage ; pour déguiser cette division, le plagiaire n'aura qu'à changer d'abord l'ordre de ces trois mots, & dire : le courage, la capacité, la probité ; mais comme ce déguisement ne suffiroit pas, il doit changer aussi les expressions, & mettre la fermeté au lieu du courage, la vertu au lieu de la probité, & à la capacité substituer la science ; enfin, pour cacher encore mieux son vol, il faudra qu'il dise que l'Ambassadeur doit être ferme, vertueux, & habile.
Son autre Poëme sur le Génie, le Goût & l'Esprit, fait connoître qu'il ne possede aucune de ces trois qualités qu'il a voulu célébrer.
De là toute institution qui sert à purifier l’âme, à en écarter le trouble et les dissonances, à y faire naître la vertu, est, par cette qualité même, propice à la plus belle musique, ou à l’imitation la plus parfaite du beau.
Seulement, comme rien n’est moins tangible qu’une influence, comme rien ne peut faire plus aisément mirage à la pensée, il faut apporter dans l’étude qu’on s’en propose les qualités des esprits positifs poussées jusqu’à l’outrance.
Il y avait dans cet ouvrage un caractère qui, avec les rares qualités de l’auteur, devait lui assurer un grand succès ; il enrôlait l’esprit moderne au service des idées chrétiennes. […] Les enseignements lui arrivent d’autant plus sévères, qu’en sa qualité de reine de la civilisation, elle avait charge d’âmes : Et nunc, reges, intelligite. […] Il y a sans doute, dans cette doctrine, quelque chose d’un peu absolu, et c’est là en général le défaut d’une des qualités de l’intelligence de ce grand philosophe. […] C’est cette collection de qualités que vous touchez, voyez, quand l’objet est présent ; et quand l’objet est absent, c’est le souvenir des qualités que vous avez touchées et vues. » Or comme, selon Condillac, les qualités des corps ne sont que des sensations, si le moin’est qu’une collection de sensations, le monde physique et le monde intellectuel s’évanouissent à la fois, et la sensation qui, séparée de l’être, est un néant elle-même, surnage seule sur les abîmes sans fonds et sans rives du néant. […] On a parlé, dans la langue politique, de la pression de l’atmosphère extérieure sur les assemblées ; il y a aussi une pression de l’atmosphère sur les écrivains : leur siècle leur doit en partie ses qualités et ses défauts, mais ils doivent aussi en partie leurs défauts et leurs qualités à leur siècle ; c’est un flux et reflux qui va et vient du poëte au public et du public au poëte.
Or, ce goût irréprochable et cette science, qui s’appuie sur une longue expérience, sont les deux qualités maîtresses de son administrateur actuel. […] En se plaçant à un point de vue très général, on peut dire qu’il y a deux sortes d’imaginations ; premièrement, celle qui est surtout séduite par les contours et les formes, les rapports des formes entre elles, leur agencement, les qualités extérieures et superficielles des objets ; deuxièmement, celle qui se laisse charmer par la couleur, les effets d’ombre et de lumière, les rapports de nature entre les objets, leurs qualités substantielles et leur agencement pittoresque dans les profondeurs de l’espace. […] C’est qu’en effet c’est une qualité chez un militaire d’être bref, énergique, et d’avoir en même temps le cœur bon et sensible, et que par conséquent on peut rire des exagérations burlesques de ces mêmes qualités. […] La distance, en effet, ne nous permet pas d’apprécier le poli du marbre, la transparence de l’ivoire, la qualité fibreuse du bois, la trame soyeuse des étoffes, non plus que l’habileté du tissage ou du brochage. […] Mais cette concordance tient, en outre, à la prédisposition nerveuse qui est la source de la sensibilité, à l’inclination morale, à la qualité et au timbre de la voix, à l’expression du regard et à la plasticité générale.
L’espèce de lenteur difficultueuse, qu’on peut remarquer dans l’auteur, tient plutôt même à ce procédé scrupuleux et à la qualité de l’exécution qu’à l’enfantement de l’idée ; car chez lui la conception est de longtemps préexistante ; la composition, l’ordonnance se dessine d’abord, et il réserve en portefeuille bien des plans tout tracés d’ouvrages et de poëmes, pour le détail desquels le temps avare devra souvent manquer. […] Et si cela donnait idée de comparer aujourd’hui les deux poëtes dans leur forme actuelle de talent, on trouverait, ce me semble, que quand l’un, comme aux approches de l’embouchure, prolonge à nappes de plus en plus débordées une onde vaste, épanouie, inondante parfois l’autre au contraire distille de près une eau à qualités rares, chargée de sels précieux, et aussitôt cristallisée dans la fraîcheur de la grotte en aiguilles multiples, bigarrées, ingénieuses, étincelantes. […] Quand ils veulent le faire, ils la retaillent et la gâtent. » Je n’ai garde, on le conçoit, de prétendre avoir atteint du premier coup la ressemblance sur De Vigny ; c’était une nature des plus compliquées dans sa finesse et qui, par ses qualités et ses défauts, ses supériorités et ses ridicules, fait encore problème pour moi aujourd’hui ; mais, quoique le poëte en sût probablement plus long que personne sur ses secrets de composition, on va voir que, juge et partie comme il était, il n’a pas tout à fait raison contre son critique. […] Vous avez été juste en le montrant gardant le milieu de la chaussée entre les qualités extrêmes des originaux.
Son père, qui y remplissait les fonctions de procureur du roi, passa peu après en cette même qualité au tribunal d’Abbeville, où il s’est vu depuis fixé comme juge. […] Charles Labitte, qui était un esprit resté naturel parmi les jeunes (qualité des plus rares aujourd’hui), dans le livre utile où il apporte toutes sortes de preuves nouvelles en aide à la saine tradition, fait justice de ces travers en sens opposé. […] Auguste Bernard, déjà connu par ses recherches sur les D’Urfé , fut exécutée avec beaucoup de soin, d’exactitude et de conscience, qualités qui distinguent cet investigateur laborieux. […] « Il est mort, s’écriait Pline en pleurant un de ses jeunes amis240, et ce qui n’est pas seulement triste, mais lamentable, il est mort loin d’un frère bien-aimé, loin d’une mère, loin des siens… procul a paire amantissimo, procul a matre… Que n’eût-il pas atteint, si ses qualités heureuses eussent achevé de mûrir !
C’est par des qualités humaines qu’elle peint les animaux. […] N’a-t-il pas la qualité indispensable, le don unique et royal entre tous ? […] Son long museau effilé et fendu, ses yeux brillants et intelligents, indiquent tout d’abord un fripon, mais un fripon de qualité et de mérite. […] Il est sobre et sur la quantité et sur la qualité de la nourriture ; il se contente des herbes les plus dures et les plus désagréables que le cheval et les autres animaux lui laissent et dédaignent.
Je suis persuadé que la beauté du plumage et du chant, comme toutes leurs autres qualités spécifiques, leur sont dévolues pour leur propre plaisir et pour leur avantage. […] « Le matérialisme, en effet, n’est arrivé à cette conception de matière pure que par l’abstraction, c’est-à-dire par la séparation graduelle de toutes les qualités ou propriétés qu’on observe aux divers degrés de l’échelle des êtres. Il a dépouillé, en idée, la substance sensible, de toutes les vertus que la substance supérieure ou vivifiante lui avait communiquées : de la sensibilité et de la contractilité de l’animal, des qualités végétatives, des propriétés chimiques et de la plupart des propriétés physiques des minéraux ; et nous a dit ensuite de cette substance inférieure, réduite à l’étendue et à l’inertie : voilà la matière dans son état primitif. […] Dieu, en appliquant sa pensée ou sa volonté à la matière ou au néant sorti de ses mains, lui a imprimé ses qualités ou ses lois : étendue, poids, grandeur relative, et sa forme, et ses limites, et sa gravitation, et sa vie, et sa mort, et sa transformation quand sa vie est accomplie.
Baudelaire est depuis longtemps familiarisé avec tous les secrets de la métrique et toutes les délicatesses du langage ; esprit ouvert et écrivain laborieusement distingué, il nous paraît avoir condensé dans le morceau suivant quelques-unes de ses meilleures qualités. […] Baudelaire, on savait qu’il existait quelque part, dans les entrailles fécondes de cette ville qui contiennent tant de germes pour l’avenir, un poète original, un esprit bien trempé, trop poète ou trop artiste selon quelques-uns, mais dont les qualités vivaces et surabondantes devaient faire diversion à l’ennui et à la médiocrité générale. […] Baudelaire, profondément imagée, vivace et vivante, possède à un haut degré ces qualités d’intensité et de spontanéité que je demande au poète moderne. […] Cette qualité est frappante dès le second morceau, intitulé Bénédiction, où l’auteur présente l’action fécondante du malheur sur la vie du Poète : il naît, et sa mère se désole d’avoir porté ce fruit sauvage, cet enfant si peu semblable aux autres et dont la destinée lui échappe ; il grandit, et sa femme le prend en dérision et en haine ; elle l’insulte, le trompe et le ruine ; mais le Poète, à travers ces misères, continue de marcher vers son idéal, et la pièce se termine par un cantique doux et grave comme un final d’Haydn : Vers le Ciel où son œil voit un trône splendide, Le Poëte serein lève ses bras pieux, Et les vastes éclairs de son esprit lucide Lui dérobent l’aspect des peuples furieux : « — Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance Comme un divin remède à nos impuretés, Et comme la meilleure et la plus pure essence Qui prépare les forts aux saintes voluptés !
la Critique n’a jamais — il me semble — assez insisté sur ces qualités et sur leur importance. […] Mais, en littérature, plus l’œuvre et le talent seront profonds, plus nous retrouverons ces deux qualités divinisantes. […] Or, ce sont ces deux qualités incommunicables, et après lesquelles il n’y a plus rien à citer dans les formes et les mérites de la pensée, que Balzac a montrées dans les Contes drolatiques comme il ne les a jamais montrées, du moins au même degré. Dans La Comédie humaine, on rencontre bien çà et là des types et des tableaux d’une bonhomie adorable, mais ce n’est pas là le ton ordinaire de l’écrivain ou la qualité la plus en relief de l’inventeur.
Le roi de Pont n’est pas colossal comme les Romains de Corneille, il est de grandeur naturelle ; il a des vices et n’a point de vertus ; mais il possède ces qualités brillantes et dangereuses qu’on est convenu de prendre pour des vertus, dans le monde et surtout au théâtre. […] Observez surtout que ce n’est pas ici une de ces absurdités grossières dont l’art gémit, dont la raison s’indigne ; ce n’est qu’une fidélité trop scrupuleuse, un excès de naturel, d’exactitude et de vérité ; qualités si précieuses, qu’il faut peut-être féliciter et non pas condamner l’auteur qui les pousse trop loin. […] était-ce la confiance publique qui l’avait rendu, en sa qualité de prêtre, dépositaire des secrets des familles ? […] Je ne sais pourquoi la simplicité, la modestie, qui honorent le vrai courage et relèvent la gloire des grands hommes, sont regardées comme des qualités froides et ignobles au théâtre. […] À peine avait-on commencé à représenter les Amants brouillés de Quinault, à l’hôtel de Bourgogne, qu’on vit paraître au Palais-Royal les Amants brouillés du sieur Devisé, jeune auteur alors peu connu, et qui depuis, en qualité de rédacteur du Mercure galant, devint presque aussi fameux que Trissotin.
Cette qualité qu’avait Henri IV, ce roi conquérant du sien, de tout faire, de tout voir par soi-même, et d’être infatigable comme César et comme tous les grands hommes, cette nature de diable à quatre est bien sentie et rendue par d’Aubigné. […] Le roi avait toutes ces choses, hormis la libéralité ; mais en la place de cette pièce, sa qualité arborait des espérances de l’avenir qui faisaient avaler les duretés du présent.
Si elle avait vécu dans le monde, on aurait parlé d’elle comme d’une précieuse du bon temps et de la meilleure qualité. […] Quoi qu’il en soit de cette conjecture, qui, de ma part, n’implique pas un blâme, cette respectable personne que nous nous représentons toujours à genoux, en oraison, comme dans le beau tableau de Philippe de Champagne, avait des qualités de spiritualité, de tendresse, d’onction, d’indulgence, d’égalité et d’enjouement dont, à travers un premier air d’étrangeté, il transpire quelque chose dans ses lettres.
Nous sommes avec un esprit sage, prudent, modéré, doué des qualités civiles ; il a ses préférences, ses convictions ; il ne les cache pas, il les professe ; mais nous sommes aussi avec un esprit droit qui ne procède point par voies obliques ; lui du moins, en écrivant l’histoire, il ne songe à faire de niches à personne (ce qui est indigne d’esprits éclairés et mûrs, ce qui fait ressembler des hommes réputés graves, des hommes à cheveux gris et à cheveux blancs, à de vieux écoliers malins tout occupés à jouer de méchants tours à leur jeune professeur) ; il ne pense pas sans cesse à deux ou trois choses à la fois, il ne regarde pas toujours le présent ou l’avenir dans le passé : il étudie ce passé avec scrupule, avec étendue et impartialité, et il nous permet de faire avec lui, ou même sans lui, toutes sortes de réflexions sur le même sujet. […] Il y rend justice aux qualités réelles et apparentes de ce monarque, mais il indique avec raison un trait de caractère en lui, essentiel, invétéré et bien nuisible, contraire à la dignité des hommes comme au sérieux des choses, le besoin d’un favori, c’est-à-dire ce qui devait compromettre, même aux meilleurs moments, la politique de ce roi.
Les grâces de la femme chez elle ne souffraient pas des qualités sérieuses qu’elle possédait ; elle était la convenance même. […] Ainsi, dans la note qui est à la page 123 du tome VIII, et dans laquelle je remarquais que depuis quelque temps on en est venu en littérature à faire de l’exagération une vertu et à instituer une théorie en l’honneur des génies outrés, une des phrases doit être rectifiée comme il suit : « C’était aussi la théorie déclarée de Balzac, qui n’admettait pas que Pascal pût demander à l’âme des grands hommes l’équilibre et l’entre-deux entre deux vertus ou qualités extrêmes et contraires.
Quelque jeune ami, — et il en avait de cet âge, et un particulièrement bien digne de lui134, — devrait se donner pour tâche pieuse de recueillir dans ses divers écrits, et aussi dans les lettres pleines d’effusion et nourries de détails qu’il adressait à ses amis de France durant ses voyages d’Allemagne et d’Italie, des extraits, des pensées, des jugements, de quoi rappeler et fixer dans la mémoire quelques traits au moins de la physionomie de cet homme excellent dont les qualités morales et la candeur égalaient la haute intelligence. […] Indépendamment des défauts et des torts corrélatifs, pour ainsi dire, à ses qualités, comme chez Rousseau, il en a de gratuits et par surérogation comme menteur, mal élevé, ami de Richelieu, sans décence et sans dignité dans sa grandeur.
Elle ne sert qu’à l’analyse : ses qualités les plus exquises la rendent impuissante aux synthèses. […] Il semble même que nous rétrogradions à Timocrate : Roméo, en sa vraie qualité de Montaigu, tue le fils de Capulet, et Capulet, pour venger son fils, s’adresse à Roméo, son fils adoptif sous le nom de Dolvedo.
Comment cet écrivain avait-il agi sur les esprits, et révélait-il sa qualité intime par son action ? […] J’ai goûté, si je n’y insiste pas, les qualités charmantes et légères que tout le monde a connues.