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2323. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

» Puis le poète s’interroge sur les causes qui produisirent ces dissensions fatales entre les guerriers chefs de la confédération hellénique contre Troie. […] On ne s’étonne, en fermant ce poème, que d’une seule chose : c’est que la nature, l’étude, l’art et le génie aient suffi pour produire en un seul homme un pareil homme, et que les Grecs, qui divinisaient tout, n’aient pas fait d’un pareil homme un dieu !

2324. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Des dettes oubliées se sont réveillées au fond de ma conscience, et ma conversion n’eût-elle produit que cela, nous devrions tous la bénir. […] Il n’y a pas lieu de s’étonner que les collèges des jésuites sous l’ancien régime aient produit tant de païens et de libres penseurs, y compris Voltaire.

2325. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Elle veut le changement, et, dût-elle toujours le prendre pour le progrès, de quel droit lui ôteriez-vous le seul aiguillon qui pousse les nations en avant, et qui produit cette succession d’époques, de mœurs, de formes sociales dont la variété fait la beauté même de la nature humaine ? […] Il y a même plus d’un endroit où ce mélange a produit les plus grandes beautés.

2326. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

» Aussi faut-il dire qu’il ne vit que du produit des morts que l’on trouve dans l’arrondissement. […] Pierre avait été, comme nous l’avons dit, très surpris de l’impression produite sur Boris par la jeune fille. […] Avant d’en venir à cette dernière résolution il voulut, pour essayer de se distraire, revoir Sophie Cirilova ; mais le langage prétentieux, le sourire affecté, la folle coquetterie de la jeune veuve ne produisirent sur lui qu’une impression désagréable. — Quelle différence, s’écria-t-il, avec la vraie simple nature de Viéra, et cependant il ne pouvait renoncer au projet de s’éloigner de Viéra.

2327. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

A son tribunal mystérieux, les pensées viennent démentir les actions : l’hypocrite se déclare ; le caractère se laisse voir sous le rôle ; les vices se dépouillent de cette robe splendide qui les fait prendre par les ignorants pour des qualités ou des privilèges du rang ; la contrition, comme une flamme qu’on approche de la cire, fait fondre tout le cœur et y produit ce trouble plein de douceur que Bossuet a préféré à l’innocence, et qui fait trouver au pécheur du soulagement à se dénoncer lui-même. […] Ce mal est commun à toute l’Europe chrétienne ; il ne paraît pas ni que le protestantisme doive être exclusivement accusé de le produire, ni que le catholicisme ait la force de l’empêcher. […] Bossuet avait donc bien raison de se déclarer ouvertement contre la doctrine du pur amour, et de la condamner pour les effets mêmes que, de l’aveu de Fénelon, elle produisait chez certaines personnes.

2328. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Quelques-unes se sont même si parfaitement assimilé la poésie de certains maîtres qu’elles ont, instinctivement, produit des poèmes presque identiques aux leurs. […] Si le vingtième siècle produit un grand poète, ce poète n’ignorera ni l’ardente nostalgie de Mme de Noailles, ni le paganisme bucolique de Marie Dauguet, ni l’aristocratisme littéraire de Mme de Régnier. […] Ainsi, conclut-il, la Renaissance italienne ne serait pas, « comme le croyaient Burckhardt et d’autres historiens, le produit du peuple qui créa la civilisation romaine, mais celui d’une race nouvelle, apparentée d’une part aux Grecs de la belle époque, de l’autre aux Francs, aux Saxons et aux Angles, qui tous prirent une prépondérance à l’élaboration de notre civilisation moderne… ».

2329. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Ce point de vue quinquagénaire produit dans la critique de M.  […] Un jour, à Guernesey, après déjeuner, les deux hommes se prirent de discussion sur des matières philosophiques et religieuses, et comme Vacquerie poussait très avant sa pointe et rétorquait sans ménagement, à mesure qu’ils se produisaient, tous les arguments d’Hugo, celui-ci, tout rouge presque de colère, de se voir acculé de si près, s’écria : « Eh bien, je vous répondrai dans huit jours », et il monta s’enfermer dans le belvédère qui dominait sa maison et qui lui servait de cabinet de travail, y resta huit jours sans en descendre, y couchant, y mangeant. […] Cette science mêlée à celle de notre littérature classique, dont Racine est le pur prototype, produisit, n’en doutons pas, dès cette époque le Génie du Christianisme, qui fit révolution !

2330. (1896) Le IIe livre des masques. Portraits symbolistes, gloses et documents sur les écrivains d’hier et d’aujourd’hui, les masques…

Barrès de produire une œuvre en trois volumes appelée le Roman de l’énergie nationale, avec les titres de « tableaux » tels que la Justice ! […] Le danger des opinions extrêmes c’est que sorties du cerveau qui les engendra, comme d’une fleur où elles étaient gracieuses, elles s’en vont, germes insensés, se décomposer dans les terrains les plus revêches à produire de la grâce et des fleurs. […] Que l’enfant de la mort, avant de mourir, secoue sa tête, s’il en a la force et qu’il produise dans l’air la rumeur du chêne dont le vent remue la chevelure. […] Là encore il fut curieusement précoce et, à dix-neuf ans, il produisait des pages tout à fait charmantes par la franchise de la philosophie, telles que le Magasin de jouets, avec, déjà, de jolies phrases : « Ces belles Poupées, vêtues de velours et de fourrures et qui laissent traîner derrière elles une énamourante odeur d’iris. » Dans Miracles, l’incroyance au divin est analysée avec une belle sûreté de main et d’intelligence ; presque partout, on sent un esprit maître de soi et qui tient à ne revêtir de la forme que des idées qui valent la forme.

2331. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Quelques-uns d’entre les nôtres, — et quel groupe en aucun temps a produit plus de quelques grands artistes ? […] Ce groupe de jeunes hommes a-t-il produit des œuvres remarquables, a-t-il bien servi la cause de la poésie, a-t-il été utile, n’a-t-il pas été sans influence sur la littérature contemporaine ? […] C’est précisément le contraire qui se produisit ! […] C’est la République des Lettres qui a publié les premières pages de Léon Hennique, de Guy de Maupassant, de Huysmans, de Paul Alexis, et qui est fière de l’avoir fait, puisqu’elle a concouru à produire des artistes d’une réelle puissance qu’il serait aussi absurde de dédaigner aujourd’hui qu’il était niais de mépriser autrefois les premiers Parnassiens. […] Sur ces entrefaites, il se produisit un événement considérable.

2332. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

« Comme elles sont, dit-il, le produit de circonstances particulières, je leur constitue dans la famille, un état civil particulier, à peu près celui des enfants reconnus, relativement aux enfants légitimes. » Mais en tête de chacune de ces trois pièces, il raconte, dans la forme la plus exquise, comment elles ont vu le jour et comment elles ont donné lieu parfois, entre leurs premiers auteurs et lui, à des conflits que personne ne regrette maintenant. […] Je me dirais : Tout ne finit pas pour nous avec la vie, tout rentre dans l’ordre à la mort. » Et malgré cette belle profession de foi, Rousseau a été classé l’autre jour au nombre des athées ; je sais bien qu’il y a loin de reconnaître Dieu à accepter des miracles comme ceux que Lourdes a la réputation de voir journellement, mais en quoi les miracles qui sont rapportés diffèrent-ils tant des merveilles inexpliquées que la nature produit incessamment ? […] Et, quelque chose encore s’étant fondu, un craquement s’étant produit, l’âme qui retenait ensemble tant de métaux et tant de pierres s’étant en allée de ce corps, les mains augustes s’entrouvrirent et le Sceptre éclata sur le pavé de mosaïque en même temps que la Victoire faite d’ivoire et d’or. […] Notre première pensée fut que la fusillade allait continuer ; je mis donc mes éperons dans le ventre de mon cheval et, saisissant le cheval de mon père par la bride, pendant que mes deux frères le frappaient par derrière avec leurs épées, nous l’entraînâmes rapidement à travers l’immense désordre qui se produisait : chevaux sans cavaliers ou emportant des blessés vacillants, rangs rompus, gens en blouse se précipitant sur mon père, peur toucher lui ou son cheval, avec des : « Vive le Roi !  […] L’amour tient d’ailleurs une assez grande place dans ces pages où se retrouve toute la couleur d’une époque ; témoin cet épisode d’un bal chez Talleyrand : « Un fait me rappelle encore ce bal : c’est l’effet que produisit l’aîné des Trois Colbert, au moment où il entra dans la galerie de l’hôtel de la rue du Bac.

2333. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

Il nous la rend dans ses lettres avec un peu de cahotement, mais sans ennui, et il en est un dernier produit des plus vivants.

2334. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

L’amour est un soleil qui éclaire ce qu’il trouve : dans les belles âmes, il produit des jours brillants de vie et de lumière ; dans les âmes vides, c’est un éclair dans les ténèbres. 

2335. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

On voit là tout ce que la liberté d’esprit, la franchise et la vérité des faits peuvent produire d’excellent.

2336. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [IV] »

Sur le rapport qu’il en revint faire aussitôt à l’empereur Alexandre : « Vous êtes trop vif, lui dit le monarque ; on ne prend pas les mouches avec du vinaigre : il faudra tâcher de raccommoder cela. » Rien ne se raccommoda pourtant, et l’on sut que le premier mot de Languenau à Radetzky avait été : « Il faut enterrer ce Jomini ; sinon, on lui attribuera tout ce que nous ferons de bien. » — Le mauvais vouloir de ce côté et les tracasseries à son égard furent sans trêve et se produisirent dans les moindres détails de service et de la plus mesquine manière : pour son logement, pour l’ordonnance de cavalerie qui lui était nécessaire et qu’on ne lui donnait pas, etc.

2337. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

On est obligé de reconnaître que les sentiments de l’homme sont exposés à l’effet d’un travail caché ; fièvre du temps qui produit la lassitude, dissipe l’illusion, mine nos passions, fane nos amours et change nos cœurs, comme elle change nos cheveux et nos années.

2338. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

Cet esprit infatigable produit sans cesse, et, qualité grandement distinctive, il se montre abondant, prodigue et généreux, comme tous les génies.

2339. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

L’âme est par conséquent le génie essentiel du poète lyrique ou de l’orateur, car le poète ou l’orateur ne produiront d’émotions religieuses, amoureuses ou patriotiques qu’à proportion de ce qu’ils auront été eux-mêmes émus.

2340. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Au lieu de se plaire, comme auparavant, au milieu des fêtes magnifiques, du tumulte de la ville et des embarras des affaires publiques, il sentit naître en lui un attrait inconnu pour le silence et la solitude ; et il se plaisait à associer l’idée de sa maîtresse aux impressions que produisait sur son âme le spectacle varié de la nature champêtre17.

2341. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

En effet, quelque profane qu’apparaisse souvent l’esprit des mystères, ils n’en sont pas moins le produit d’une intention pieuse et destinés à l’édification.

2342. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Les idées de Montaigne Mais enfin voilà le produit net de sa vaste et curieuse enquête : à travers tous ces faits, témoignages et arguments qui se choquent confusément, ceci seul apparaît, que les hommes ne sont d’accord sur rien, qu’ils ne savent rien : en politique, en législation, en morale, en religion, en métaphysique, les peuples donnent des démentis aux peuples, les siècles aux siècles ; le vulgaire se divise, et les savants s’accusent de rêverie ou d’ânerie.

2343. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Un fait plus important se produisit : Rachel808 débuta à la Comédie-Française ; et de 1838 à 1845, Camille, Pauline, Hermione, Monime, Esther, Bérénice, Roxane, Phèdre, Athalie reparurent.

2344. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

C’est peut-être, après tout, qu’ils n’aiment pas le théâtre ; et j’en ai rencontré en effet qui disaient franchement que le théâtre est un art inférieur parce qu’il est soumis à des conventions plus étroites et plus nombreuses que les autres arts, parce qu’il est forcé de s’adresser à la foule, parce que l’intérêt d’une pièce « bien faite » est un intérêt de curiosité un peu vulgaire, et parce que, d’autre part, l’œuvre dramatique tend à produire une illusion aussi complète que possible : en sorte que l’art dramatique est à la fois le seul de tous les arts qui ait la prétention de nous mettre la réalité même sous les yeux, et celui à qui sa forme impose les plus graves altérations de cette réalité.

2345. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

… Moi, pécheur (tu le sais, je péchai souvent en ta présence, Malum coram te feci, comme dit le roi David)… » Le sentiment d’une vie surnaturelle, se mêlant intimement aux passions humaines, produit ainsi chez les prêtres des états d’esprit fort singuliers.

2346. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Ce n’est pas lire l’Esprit des lois que de s’y donner, dans une rapide lecture, le spectacle le plus éblouissant qu’un écrivain ait produit avec des faits et des idées ; il faut pénétrer, par la réflexion, dans ces maximes qui résument en si peu de mots de longs raisonnements et des méditations assidues.

2347. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Ainsi, dans cette pastorale, tout arrive en son lieu, à son moment ; tout sert à l’impression dernière de pureté, d’innocence et de poésie, la plus douce et la plus douloureuse qu’il ait été donné à un livre de produire.

2348. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Le vent jette les feuilles à terre, mais la féconde forêt en produit d’autres.

2349. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Elle fit tout pour produire Voltaire et pour le faire agréer de Louis XV, que le pétulant poète repoussait si fort par la vivacité et la familiarité même de ses louanges.

2350. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Il ne faut jamais oublier, en le jugeant plus tard, cette indifférence fondamentale sur laquelle germèrent, depuis, toutes les passions, toutes les espérances et les irritations politiques, et les plus magnifiques phrases qu’ait jamais produites talent d’écrivain.

2351. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Bussy appartient à cette génération des Saint-Évremond, des La Rochefoucauld, des Retz, tous trois plus âgés que lui de quelques années à peine, génération qui était déjà produite et mûrie avant la majorité de Louis XIV.

2352. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Un publique sympathique, applaudisseur, au milieu duquel les inimitiés sourdes n’osent pas se produire.

2353. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Nous nions que le spectacle des supplices produise l’effet qu’on en attend.

2354. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

En attendant que ce progrès soit accompli, l’enfant paraît précoce, il paraît dire ou penser des choses au-dessus de son âge, quand il dit ce qu’il ne peut comprendre et quand on voit clairement qu’il comprend en lui-même certaines choses et ne sait comment les dire ; en réalité, rien n’est plus enfantin ; il n’y a là de précoce que la hardiesse à parler quand même ; chez les enfants timides, les mêmes faits doivent se produire, mais ils font moins de bruit et n’attirent pas l’attention.

2355. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Yérébéré : onomatopée rendant l’impression visuelle produite par un objet qu’on balance =  ?

2356. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

» Fille de gentilhomme pauvre qui aimait son Cayla comme un grand terrien dépossédé aime le champ qu’il a sauvé des terres paternelles, et serrait noblement autour de soi et de ses enfants le reste déchiré du manteau seigneurial dans lequel ils devaient vivre tous abrités contre les derniers malheurs qui peuvent affliger les grandes races, Eugénie de Guérin eut une de ces éducations dont la simplicité, quand on la rapproche du miracle qu’elle a produit, n’étonnera guère que les esprits superficiels.

2357. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

En poésie, les mêmes causes ont produit les mêmes effets.

2358. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Mais celui qui est sûr, absolument sûr, d’avoir produit une œuvre viable et durable, celui-là n’a plus que faire de l’éloge et se sent au-dessus de la gloire, parce qu’il est créateur, parce qu’il le sait, et parce que la joie qu’il en éprouve est une joie divine.

2359. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

admettre l’avènement miraculeux de l’homme, le produire sans enfance, avec tous les dons de l’âge viril en naissant, pour n’essayer sur lui qu’une leçon de physiologie, développer sa vie matérielle, sans ouvrir son âme et l’inonder de lumière et de joie, sans un rayon du ciel ni un retour vers Dieu ?

2360. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Voyez-vous l’effet que produirait là une pièce de Marivaux, ou quelque drame de la vie intime ? […] Elle est constamment préoccupée de l’effet qu’elle produit sur les autres ; elle se regarde ; même seule, elle pose pour une galerie invisible qu’elle porte partout en elle-même. […] Mais, lorsqu’ils n’admirent pas Edmond Kean, Edmond Kean est immédiatement persuadé que « c’est l’impuissance de produire qui les a jetés dans la critique ». […] … » Je n’ai pas besoin de vous dire que l’attendrissement du sévère François se produit au moment de l’endurcissement du suave Blandinet. […] Il eût peu produire alors un bien plus grand effet, et nul n’aurait eu envie soit d’en sourire, soit de s’en scandaliser… Donc, un peu brusquement, Fériaud ouvre ses bras à Germaine. « Mais, dit-elle, nous allons être malheureux !

2361. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Les deux phénomènes se produisent, et à cet égard on ne peut rien pronostiquer. […] Produis les lettres de grâce et il est sauvé !  […] Mais cet acte est un peu vide, parce que Perraud n’y est représenté que dans l’extérieur de ses fonctions, et que cela ne nous renseigne en rien sur le fond de son être et sur les modifications qui ont pu s’y produire. […] Si vous aviez pris le parti raisonnable et décisif, aucun, songez-y, aucun des différents malheurs qui vous arrivent dans la pièce ne se serait produit. […] Rien de plus grave que ce qui précède, et même absolument rien de grave ne vient porter à l’extrême les différends d’Aubier et de Judith ; mais un petit fait se produit qui fait déborder le vase.

2362. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

Si donc Vigny a peu produit, et s’il a laissé dans ses papiers tant de projets de poèmes qu’il n’a pas eu le courage ou la force de réaliser, c’est que le problème de la poésie, — qu’on me pardonne pour une fois ce rapprochement de mots !  […] Et de là cette conséquence : que, fût-elle un « produit » de la race, du moment ou du milieu, l’individualité, rien qu’en s’y mêlant, modifie l’action des grandes causes. […] Je dois avouer d’ailleurs que je ne puis rien produire ou citer d’eux qui justifiât l’éloge que j’aimerais à en faire, et qu’aussi je n’en fais point. […] Ni notre tragédie classique, en un siècle et demi, n’en a produit autant, ni le roman anglais en cent ans. […] Spronck n’hésite pas à l’appeler « le caractère peut-être le plus original qu’ait produit notre époque ».

2363. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Mais s’il est intéressant de les voir agir dans leur rôle de puissances malfaisantes, il est intéressant aussi de savoir comment ils se sont formés, et c’est l’objet propre du roman, ou du moins de ce que jusqu’ici le roman a produit de plus rares chefs-d’œuvre. […] Si l’on ne reconnaissait pas qu’elles sont capables, à elles seules, de produire les effets de toutes les autres ensemble, — c’est un mot de Marivaux, — il faudrait avouer cependant qu’aucunes, en aucun temps, n’exercent plus universellement leur empire. […] Le troisième et le quatrième parurent ensemble à Paris à la fin de 1728 ou au commencement de 1729 : c’est avec l’argent qu’ils produisirent que Prévost put sortir de France et faire, comme on l’a vu, les eaux de Tunbridge et de Bath. […] Ne pourrait-on pas dire en effet que la forme du roman par lettres est à la forme du récit personnel ce qu’une partition d’orchestre, où vingt instruments, qui conservent leur individualité, s’unissent pour produire un effet d’ensemble, est à la même partition, réduite pour piano ? […] Telle est l’impression que produit, selon la juste comparaison de Sainte-Beuve, la Marianne de Marivaux : aussi maigre, aussi sèche, aussi décharnée qu’une figure anatomique, avec tout ce qu’il faut pour vivre, et rien d’absent que la vie.

2364. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Le bourgeois est un être de formation récente, inconnu à l’antiquité, produit des grandes monarchies bien administrées, et, parmi toutes les espèces d’hommes que la société façonne, la moins capable d’exciter quelque intérêt. […] La grande affaire de l’esprit humain, quelque voie qu’il prenne, est partout la connaissance des lois et des causes ; il n’est pas content tant qu’il n’a pas démêlé dans l’amas des événements épars les puissances permanentes et génératrices qui produisent et renouvellent le pêle-mêle changeant dont il est assailli.

2365. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

La création qui produit des faits nouveaux, et celle qui tire de faits connus des applications nouvelles, la hardiesse réglée par le goût, l’esprit d’ordre et d’unité, telles sont les qualités du gouvernement de Louis XIV. […] Il y eut un jour où, à l’exemple de la société qui cherchait à se dégager de l’état de faction, la comédie rompit cette union forcée avec la tragédie, et Corneille essaya de la produire seule sur la scène où il avait fait jouer Polyeucte.

2366. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

» Là-dessus, Toudouze me peint le hourvari produit dans la maison de Frantz Jourdain, par la remise du banquet, vendredi dernier. […] Sur mon merci, il me répond, avec un aimable sourire : « C’est moi, qui vous remercie de m’avoir ouvert les yeux, d’en avoir fait tomber les écailles… j’étais tout à l’art ancien… c’est vous qui m’avez fait aimer le xviiie  siècle. » Il se refuse à me donner son nom, et cause jusqu’à Passy, d’une façon originale, en homme du métier, du bâtiment, déclarant qu’il n’y a que les époques ignorantes et pas éclectiques, pour produire de bonnes choses, des choses passionnées, tandis que dans les époques connaisseuses de tout, il y a une indifférence pour tout.

2367. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Les foudres lancés contre l’ex-oratorien ne produisirent leur effet qu’en 1713 ; année à jamais remarquable dans la chrétienté, par l’arrivée de la fameuse constitution. […] Un spectacle digne d’un philosophe, c’est la contrariété des effets que produisit cette même bulle. […] Il produit les originaux qu’on a défigurés. […] La lettre ne produisit rien. […] Plusieurs même d’entr’eux écrivirent en sa faveur : ils produisirent de nouveaux mémoires, pour assurer à Thomas à Kempis & à son ordre, la gloire que celui de saint Bénoît vouloit leur ravir.

2368. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

. —  Pourquoi cette culture et cette littérature n’ont pas produit d’œuvres durables. —  En quoi elles sont opposées au caractère anglais. —  Transformation du goût et des mœurs. […] L’honnêteté n’y est pas le fruit des instincts sociables, mais le produit de la réflexion personnelle ; c’est pourquoi alors l’honnêteté était absente. […] Il y a une correspondance forcée entre l’esprit d’un écrivain, le monde qui l’entoure et les personnages qu’il produit ; car c’est dans ce monde qu’il prend les matériaux dont il les fait. […] « Si la familiarité de nos amours avait produit les conséquences que vous redoutiez, sur qui auriez-vous fait tomber le nom de père avec plus d’apparence que sur un mari682 ? 

2369. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

J’imagine qu’ils ont produit sur lui (avec moins d’horreur peut-être et plus d’ennui) le même effet que les acteurs annamites ont produit sur moi l’autre jour. […] Par quoi est-il produit ? […] Une phrase de ce discours m’a frappé entre beaucoup d’autres : « Nous avons une grande nouveauté à vous montrer durant cette législature : des hommes qui sont eux-mêmes, et cette nouveauté seule est peut-être appelée à produire de grands effets. » Être soi-même !

2370. (1902) Le critique mort jeune

Les conditions où a été produite une œuvre ne l’attachent pas comme elles attachaient Taine. […] La justice absolue, le principe du mérite personnel seraient vainement invoqués contre les lois de la « physique sociale » : car l’expérience montre que toute infraction à ces sortes de lois se résout en malheurs et en crimes. 2° Une morale fondée sur la seule « conscience », ou sur des principes abstraits (Droit, Justice, etc…), une « morale indépendante » en un mot, est incapable de produire le bien, comme fait toute morale appuyée sur une religion positive. […] Lanson écrit très justement : « Pour Voltaire, Dieu est une idée, produit du raisonnement philosophique, ou suggestion de l’utilité sociale : pour Rousseau, Dieu est. […] Et certes ce romanesque atténué, discret, plaît un instant : c’est l’effet que produisent les romances du temps jadis.

2371. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Cette passion que décidément il faut, par ces temps de poètes plus, cent fois plus glacés, plus art pour art embêtant, que ces parnassiens tarit conspués, pourtant, d’aucuns si obstinés encore à vivre, à produire, à être encore et toujours mieux que tant de petits braillards à froid, épileptiques à l’heure et à la minute et criant « Deus, ecce Deus ! […] Un livre comme il ne s’en est pas produit depuis longtemps. […] Leurs hachures, par exemple, ressemblaient à un inextricable réseau de lignes disproportionnées : l’estompe, qu’ils mouillaient continuellement de leur langue, produisait des barbouillages ou des trous dans le papier : le fusain était principalement employé à souiller leur figure et à les salir eux-mêmes d’une manière effroyable ; et ils grignotaient la mie de pain destinée à effacer les incorrections. […] J’en conclus que son génie fut le fruit de toutes ces épreuves ; il ne naquit pas, mais émergea naïf et pur, de ses infortunes et de ses joies ; il n’en fut pas le produit, mais il y prit son essor.

2372. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

C’est le secret des artistes populaires de produire cet effet. […] Elle nous a rendu compte, dans son Histoire de ma vie, de l’impression produite sur elle par Pierre Leroux, en toute candeur, mais, à cause même de sa candeur, avec une malice involontaire qui est à mourir de rire, si l’on me permet une innocente hyperbole. […] Il ne faut pas considérer si la Révolution fait le bonheur ou le malheur des hommes ; c’est un des grands moyens dont se sert le destin pour produire des changements dans le genre humain. […] J’ai tort de dire : « Si nombreux que soient les prix. » C’est parce qu’ils sont très nombreux que cet embarras existe et que se produisent ces remords. […] Il est assez naturel que le mensonge soit comme la langue, la langue s’employant surtout à le produire.

2373. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Les énergies que le premier Empire avait suscitées, et qu’il occupa et qu’il laissa ensuite sans besogne, multiplièrent leur fécondité, produisirent un monde nouveau et Balzac, le romancier de ce monde nouveau. […] Il ne leur inflige point un esclavage : il leur laisse, et même il leur assure, la suffisante et l’innocente liberté qui permet aux plus vives singularités de se produire. […] Est-il évident que l’intelligence soit « le produit normal du cerveau », qu’elle n’en soit pas une maladie, une manie ancienne ? […] L’architecte ne produit pas la pierre, ni le bois, ni le fer ; il emploie le fer, le bois, la pierre, et il bâtit, et il est l’auteur du monument. […] Et c’était, au moment où se produisait, dans la poésie et la prose françaises, une réaction très vive contre le positivisme littéraire, contre le roman d’observation pure et simple et contre la poésie d’analyse un peu sèche.

2374. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Dans une pièce fameuse des Feuilles d’automne, Victor Hugo définit ainsi la, manière dont, chez lui, se produit ce phénomène de la production poétique : Tout souffle, tout rayon, ou propice ou fatal, Fait reluire et vibrer mon âme de cristal, Mon âme aux mille voix, que le Dieu que j’adore Mit au centre de tout comme un écho sonore. […] Vous savez le phénomène qui s’est produit chez nous au sujet du nom et de la personne de Napoléon. […] Et si avec la plume on doit peindre, c’est condamner la poésie à une infériorité certaine, parce que jamais, avec les vers les plus pittoresques et les plus évocateurs, on n’arrivera à produire un effet aussi saisissant, aussi intense qu’avec la vision même de l’objet, que nous devons soit au tableau, soit à la statue.

2375. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Chacun de ces verbes a sa raison à produire ; chacun mérite au moins d’être entendu.

2376. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Noble vie, magnanime destinée, à coup sûr, que celle qui se trouve tout naturellement et comme forcément amenée à produire l’épopée de son siècle en se racontant elle-même, tant elle a été mêlée à tout, à la nature, aux catastrophes, aux hommes, tant son rôle extérieur a été grand, bien qu’elle ait gardé plus d’un mystère !

2377. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Il est touchant de voir quel respect d’amour mistress Hutchinson porte à son noble époux, avec quelle modestie elle lui attribue toutes ses propres vertus. « Ce qu’elle était, c’était lui tant qu’il était présent ; et ce qu’elle est maintenant n’en est plus qu’une image décolorée. » Mais mistress Hutchinson et Mme Roland diffèrent autant d’ailleurs que les deux Révolutions qui les ont produites.

2378. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Messieurs, si l’on pouvait faire abstraction des remarquables discours en sens divers qui ont rempli les dernières séances, et si l’on s’en tenait uniquement à l’impression produite par le sage et prudent rapport qui a précédé, on voterait la loi présente sans trop d’observations, comme un progrès relatif, très-modéré, et l’on oublierait trop aisément les circonstances dans lesquelles cette loi a surgi, les incidents qui en ont accompagné la présentation, la discussion première, ce qu’elle promettait, ce qu’elle est devenue.

2379. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il produit des émotions et des images, non des idées : et il ordonne, il exprime ces émotions et ces images, non pas selon la loi du vrai, mais selon la loi du beau.

2380. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Elle le souligne, elle le soulève jusqu’à produire cette émotion intense et sincère que, seules, procurent les grandes œuvres.

2381. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

La clarté qui ne laisserait rien à désirer y est suspecte de manque de profondeur, et l’on préfère à une lecture qui produit immédiatement son effet, celle qui donne à rêver.

2382. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Tantôt c’est l’effet de la paresse, si difficile à vaincre quand on ne produit que de tête et pour la mode ; tantôt c’est l’illusion même d’un vain travail pour surmonter quelques difficultés d’arrangement ou de mécanisme auxquelles la mode attache du prix.

2383. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Cette disposition a inspiré deux écrivains, qui, nés dans la seconde moitié du xvie  siècle, ont produit leurs meilleurs ouvrages dans les premières années du xviie  : Charron et François de Sales.

2384. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Août 1886. »

De l’effet moral produit par l’agencement du théâtre, il a été souvent question.

2385. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Il est permis de croire que, dans ce temps-là, il songeait aussi au positif et au débit ; on dit que ce fut avec le produit de la vente de ces Mémoires de Mme Manson qu’il put assurer sa modeste aisance et acquérir sa petite maison d’Aulnay, cet ermitage de la Vallée-aux-Loups.

2386. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Rien n’est consolant pour l’homme de lettres comme de produire, rien ne réconcilie davantage avec les autres et avec soi-même.

2387. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Sans doute, quelle que soit la métaphore, son âge ou son habitat, elle a toujours été une création personnelle ; ni les mots ni les idées ne peuvent être sérieusement considérés comme le produit naturel de cet être mythique qu’on appelle le Peuple.

2388. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

La Fontaine l’a été, une fois aussi, et, vous y songez bien, c’est dans l’épilogue des Deux Pigeons, qu’il est absolument superflu de citer, qu’il est inutile de lire, puisqu’il est dans toutes les mémoires, mais qu’il est indispensable pourtant de produire ici, de lire en cette circonstance, parce que c’est un hommage à rendre à La Fontaine comme poète de l’amour.

2389. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIX. M. Cousin » pp. 427-462

Que ce soit le vice ou la vertu qui le lisent, il leur produira le même effet : il est ennuyeux.

2390. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Ils ne sauraient habiter longtemps en nous sans que ce phénomène se produise.

2391. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

On peut défier les naturalistes eux-mêmes de jamais produire des monstres plus horribles, plus abominables qu’une Agrippine, un Néron, une Athalie, une lady Macbeth ou un Richard III.

2392. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Il les imite d’abord ; mais sa foi naïve lui donne sur ce monde des cieux d’autres accents d’une douceur incomparable, et le charme de l’amour divin élève encore l’inspiration même du talent par cette idée des béatitudes célestes qui lui est présente et familière : « Douce et lumineuse contrée, dit-il, prés fleuris que ne brûlent ni la gelée ni le soleil, sol fertile qui produis la consolation éternelle !

2393. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

L’étang, le marais ou fagne, a produit les annequins et les lumerettes, qui, pareils à des feux follets, dansent la nuit devant les voyageurs égarés et les entraînent dans les joncs, où ils se noient. […] Un de ses compatriotes, qui appartient au parti catholique, reconnaissant là un des traits du caractère dauphinois, a dit, à propos de notre éloquent père : « Le montagnard côtoie volontiers les précipices et prend plaisir à l’effroi de ceux qui le regardent de la plaine ; mais il a le pas sûr ; il ne tombe pas.. » Un des traits les plus intéressants du caractère de ce solitaire est précisément le goût de l’effet, l’art de la mise en scène, le talent de se produire. […] Il va, si l’on n’y prend garde, jusqu’à tenir pour non avenu tout ce qui ne s’est pas produit dans un laboratoire. […] Si Pascal, dont le génie n’a pas eu de supérieurs, avait rencontré comme Leibniz le principe des différentielles, sans parler de révolution dans la science, il aurait choisi, pour les produire, les conséquences précises les moins voisines de l’évidence, s’il n’avait préféré, comme il l’a fait souvent, laisser disparaître avec lui la trace de ses méditations. […] Son mal dont il sentait les effets dans la tête, intéressait les nerfs et produisait des troubles graves dans les fonctions des sens.

2394. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Mais s’il s’avisait de vouloir déchiffrer le texte, et surtout, après tant d’éditeurs, s’il essayait à son tour de s’orienter parmi ces ruines, de rapprocher, de raccorder, de relier entre eux tous ces lambeaux épars, de les ordonner enfin dans l’ensemble d’un plan où chacun parût occuper sa vraie place et produisît sur l’esprit toute son impression, c’est alors qu’il verrait à plein l’énigme multiple, complexe, insoluble. […] mais je ne sais si le monument de Pascal eût produit sur nous cette forte impression que produit l’ouvrage inachevé. […] Le tout est de bien voir que leur système dramatique est le même, que les règles posées par Boileau n’en sont que la traduction didactique, et que, si Boileau, certainement, a tort d’y voir le seul système dramatique possible, il ne reste pas moins que ce système a produit des chefs-d’œuvre et que, pour en juger, il faut commencer par en connaître les lois. […] Il écrit l’Homme aux quarante écus et raisonne sur le produit net. […] Beaucoup de tragédies, la Henriade, quantité de petits vers ; en prose quelques préfaces seulement, l’Histoire de Charles XII, et les Lettres philosophiques, étaient tout ce qu’il eût encore produit.

2395. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il produisit plus tard des strophes plus fortes. […] Hugo, écrit-il, loin d’avoir en rien l’organisation grecque, est plutôt comme un Franc énergique et subtil, devenu vite habile et passé maître aux richesses latines de la décadence, un Goth revenu d’Espagne, qui s’est fait Romain, très raffiné même en grammaire, savant en style du Bas-Empire et à toute l’ornementation byzantine1. » Sainte-Beuve a dit encore de Victor Hugo : « Par manque de ce tact que j’appellerai grec ou attique, et qui n’est pas moins français, il ne recule jamais devant le choquant de l’expression, quand il doit en résulter quelque similitude matérielle plus rigoureuse qu’il pousse à outrance. » Enfin, après un éloge pompeux de la Cloche, une des plus belles œuvres de Victor Hugo, le maître critique conclut : « Ce beffroi altier, écrasant, où il a placé la cloche à laquelle il se compare, représente lui-même à merveille l’aspect principal et central de son œuvre : de toutes parts le vaste horizon, un riche paysage, des chaumières et des toits bizarres entassés. » J’aime la substance d’une pareille critique, mais non le ton aigre qu’elle prend, ni les circonstances où elle se produisit. […] C’est celle où il y a un hymne à Artémis, qui produisit tant d’effet sur le théâtre, et qui ne se trouve point dans Euripide. […] Cette rue, fort resserrée, est déjà d’un aspect saisissant ; les murs se dressent blafards et grenus, des toits s’avancent, des portes l’ouvrent sur des couloirs ténébreux, avec une échappée de verdure en plein jour au fond, qui ne laisse pas de produire un singulier effet de contraste. […] qu’un lit incestueux Ait pu jamais produire enfant si vertueux ?

2396. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Au reste, à elle l’honneur d’avoir produit les deux plus admirables poëtes des littératures d’imitation, d’étude et de goût, ces types châtiés et achevés, Virgile, Horace ! […] Durant les quatorze années qui suivirent son installation à Paris, et jusqu’à l’heure de sa mort, en 1673, Molière ne cessa de produire.

2397. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Il disait joliment, que je ne sais quel cercle de province lui avait fait écrire par son secrétaire, qu’un schisme s’était produit entre les membres, à propos de la manière, dont on devait prononcer son nom, et que de forts paris avaient été engagés… Interrogation à laquelle il répondait : « Comment prononce-t-on chez vous schisme ?  […] Et je pensais en moi-même, aux effets littérairement et peut-être physiquement fantastiques, que pourraient produire chez les humains l’injection de testicules de féroces, l’injection de lions, l’injection de tigres.

2398. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Ce fut la cause des dissensions qui se produisirent à l’intérieur de l’ordre, du vivant même de François, et surtout après sa mort, séparant les zélateurs de ceux qui demandaient des accommodements. […] Léon Bloy est un des personnages les plus singuliers de ce temps, qui a produit un assez bon nombre d’excentriques. […] Bien loin qu’il soit le produit d’une mode passagère, et quoiqu’il y ait encore contre lui quelques cabales, on lui rend mieux justice, en somme, aujourd’hui que de son temps. […] que les drames passionnels de ce genre ne se produisent jamais chez les ignorants et que les intellectuels en détiennent strictement le monopole. […] En tout cas, et quoi que l’on pense de ces différentes théories, il est certain que l’analyse chronologique et anecdotique des faits, curieuse et divertissante en soi, n’éclaircit rien et produit même une légère impression d’ahurissement.

2399. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Nous avons plus d’un témoignage de l’effet que produisit cette manière nouvelle d’écrire. […] J’en pourrais produire, si c’en était ici le lieu, de notables exemples. […] » Mais, de tous les raisonnements de Spinosa, celui qu’il ne cesse de combattre, dont on pourrait presque dire que son Discours entier n’est qu’une perpétuelle contrepartie, c’est celui qui fait le fond de l’Éthique aussi bien que du Traité théologico-politique : « Si un phénomène se produisait dans l’univers qui est contraire aux lois générales de la nature, il serait également contraire au décret de Dieu et si Dieu lui-même agissait contre les lois de la nature, il agirait contre sa propre essence, ce qui est le comble de l’absurdité… Je conclus donc qu’il n’arrive rien dans la nature qui soit contraire à ses lois universelles, rien qui ne soit d’accord avec ces lois et qui n’en résulte… Et ces lois, bien que nous ne les connaissions pas toujours, la nature les suit toujours et par conséquent elle ne s’écarte jamais de son cours immuable. » C’est ce que Bossuet, comme on le pense bien, refuse énergiquement d’accorder : « Moïse, et les anciens Pères dont Moïse a recueilli les traditions, nous donnent d’autres pensées. […] Mais, quand il le faudra, ils produiront aussi un effet tout contraire : ils opposeront les notions, ils feront contraster les principes ; ils attaqueront, ébranleront, renverseront secrètement quelques opinions ridicules qu’on n’oserait insulter ouvertement. […] « Amassons donc toujours, au hasard de ce qui en arrivera, des vérités de mathématiques et de physique. » S’il y en a par elles-mêmes d’apparemment inutiles, nous verrons qu’il est rare que « le concours de plusieurs vérités ne produise pas un usage ».

2400. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

« La société romaine, au temps de l’empire romain, produisait peu d’enfants ; elle en arrivait à ne plus mettre sur pied de soldats nationaux. […] Ainsi raisonnent les politiciens et les moralistes qui se préoccupent de la quantité de force que peut produire le mécanisme social. […] Je n’ignore pas que le massacre d’un champ de roses ne suffit pas toujours à produire une goutte de quintessence. […] Est-ce de lui-même qu’il parle, lorsqu’il dit : « Alors il sentit soudain, il sentit par une sorte d’intuition que cet être-là n’était plus seulement une femme destinée à perpétuer la race, mais le produit, bizarre et mystérieux, de tous nos désirs compliqués, amassés en nous par les siècles, détournés de leur but primitif et divin, errant vers une beauté mystique entrevue et insaisissable ?  […] Tous ces établissements furent réunis sous le nom de la Sainte Maison, dotés de nombreux privilèges, enrichis par le produit des amendes et des confiscations et consacrés à Notre-Dame des Sept Douleurs.

2401. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Exemple : les trois dames du château de Boisrose et l’« effet » instantané que produit leur beau physique sur le tempérament du petit duc, chasseur en quête de fin gibier. […] Je crois que cette scène, représentée aux yeux, sur un théâtre, produirait, comme on dit, un grand effet. […] C’est un produit qui appelle la serre, l’exposition, l’étalage. […] Après les généralisations hâtives, brillantes et inutiles de l’école de Raynouard, de Fauriel, d’Ampère et de Villemain, alors que l’intelligence du moyen âge était compromise par l’à-peu-près et le clinquant romantiques, il fallait que cette réaction érudite se produisit. […] Paul Adam : Le symbolisme vient de produire, dans l’Aréthuse, de Henri de Régnier, ce poème parfait de l’Homme et la sirène.

2402. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIe entretien. Trois heureuses journées littéraires » pp. 161-221

L’individualité seule produit l’intérêt dans un poème : une doctrine ne personnifie qu’une vérité.

2403. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Le préjugé français des hommes spéciaux, c’est-à-dire des hommes qui ne savent faire qu’une seule chose, ce préjugé, la plus grande bêtise nationale de ce temps-ci, ce préjugé inventé par la médiocrité pour s’en faire un rempart contre la concurrence du talent multiple, ce préjugé, émané de l’École polytechnique, qui produit d’excellents outils et peu d’hommes complets, ce préjugé, dis-je, qui m’était déjà connu, qui règne encore à l’heure où j’écris, et qui sera un jour relégué parmi les mémorables inepties de notre siècle, ce préjugé, je le répète, me faisait craindre qu’un peu de célébrité poétique, répandu mal à propos sur mon jeune nom, ne me fît rejeter comme un intrus de toute candidature diplomatique, carrière que je préférais mille fois à quelques battements de mains ou à quelques battements de cœur des poètes ou des femmes des salons de mon temps.

2404. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Mais cela, je ferais mal, je crois, de le produire, et la conscience se met entre la plume et mon papier.

2405. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

« J’ai été assez heureux pour fournir à Mgr Bernetti toutes les preuves du contraire, et il vous dira lui-même l’effet que mes paroles ont produit sur son esprit.

2406. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Clotilde, accablée de tant de pertes, isolée dans le Vivarais, et moins capable sans doute de produire que de recueillir et de corriger, dut commencer à cette époque les Mémoires dont nous parlons, et dont les premiers livres contenaient l’histoire de l’ancienne poésie française : elle s’occupa aussi de revoir ses premiers ouvrages, travail qu’elle continua toute sa vie, et qui peut expliquer leur perfection.

2407. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

La faculté de produire et de moduler des sons par les organes de la voix nous a été donnée avec l’intelligence, avec la vie : la parole est un don de Dieu.

2408. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Au milieu de tant de Mémoires que produit le xvie  siècle, les plus intéressants, peut-être les seuls durables, sont ces Mémoires de la vie intérieure, de la pensée d’un homme.

2409. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Conclusion »

Peut-être en eût-il mérité un plus enviable, s’il eût fait la différence entre produire beaucoup et travailler.

2410. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Des désordres de plus en plus graves se produisaient dans cette organisation forte et qui ne souffrait pas d’être déviée.

2411. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Les époques riches produisent des impuissances relatives qui restent intéressantes : Sainte-Beuve, furieux de n’être pas poète, cocufie Hugo avec une papelardise amusante et insulte Vigny avec une malice moralement infâme et intellectuellement, jolie.

2412. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Les circonstances au milieu desquelles l’hostilité d’Olivier se produit discréditent encore sa moralité.

2413. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

* * * — L’amour dans le rêve qui est toujours charnel et toujours produit par un contact, un attouchement, a cela de curieux que, si vous prenez le sein d’une femme, c’est comme si votre cœur la pelotait et que dans la sensation sensuelle apportée par un songe aux gens, se mêle une idéalité d’une douceur, d’un céleste, d’un au-delà des sens physiques, d’un ravissement ineffablement spirituel.

2414. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Dans la presse, en ces derniers temps, s’est produite une certaine opinion s’élevant contre l’effort d’écrire, opinion qui a amené un ébranlement dans quelques convictions mal affermies de notre petit monde.

2415. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

L’idée, considérée dans sa grande acception humaine, n’est ni française, ni anglaise, ni nationale, ni locale ; le monde pense et produit partout ; chaque nation civilisée et littéraire apporte son contingent à ce qu’on appelle l’idée.

2416. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Tant que le chemin dura, je ne parlai d’autre chose que des commodités de la guerre : en effet, si elle produit des voleurs, elle les occupe à cette époque-là [c’était ainsi], ce qui est un grand bien pour tout le monde, et particulièrement pour moi, qui crains naturellement de les rencontrer.

2417. (1929) Amiel ou la part du rêve

L’excitation relative du 6 octobre 1860 produit en lui de la pensée. « L’intérêt vif de l’expérience est essentiellement intellectuel ; je puis enfin raisonner sur la femme, sciemment… Je vois le sexe entier avec le calme d’un mari… La jolie veuve a été comme je l’attendais ; et je puis encore mieux me mettre à la place d’une femme. […] Il est vrai que ce démon dépose un cône de déjection, un produit de démolition, qui appartient au relief terrestre au même titre que les formations volcaniques du lyrisme ou les épaisseurs neptuniennes du roman : le Journal. […] Est-il donc étrange et contradictoire que Teste soit déclaré génie latent supérieur aux génies patents, du fait qu’il dédaigne de produire une peau ?

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