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1616. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il paraissait être aux anges, et il riait de son bon rire. […] L’homme but le vin goulûment, mais l’Automne lui parut fade. […] Il paraît que ce fut un autre. […] La rapidité de notre passage me la fait paraître immobile. […] Il paraît qu’il ne fait qu’une bouchée d’un maquereau de bonne dimension.

1617. (1884) Les problèmes de l’esthétique contemporaine pp. -257

En somme, à ce premier point de vue, toute beauté dans les mouvements paraît pouvoir se ramener à l’économie de la force. […] En premier lieu, ce qui nous paraît résulter des importants travaux de MM.  […] Non, les œuvres actuelles de l’industrie paraissent vivre, mais à la façon des monstres. […] Non, et Boileau, qui paraissait le croire, avait tort. […] Toute matière animée paraît même sensible aux diverses intensités lumineuses des différentes régions du spectre.

1618. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Aucune comédie n’avait paru « aux chandelles » qui fût aussi réjouissante. […] Il ne l’avait qu’effleurée dans son Diable boiteux, qui parut en 1707. […] 3º Les Œuvres. — Les Œuvres de Balzac se composent : 1º de 27 livres de Lettres dont les premières ont paru en 1624 et les dernières après sa mort. […] Ils ont paru pour la première fois, séparément, en Hollande, de 1694 à 1701 ; et en un volume, chez Barbin, sous le nom de Perrault d’Armancour, fils de Charles Perrault, en 1697-1698. […] Aussi, pour Corneille, comme d’ailleurs en général pour les grands écrivains, n’indiquerons-nous en fait de sources que ce qu’il nous paraît indispensable d’en connaître.

1619. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Le Bernardin de Saint-Pierre de M. de Lescure a paru le premier, je crois. […] « Votre protégée qui a épousé son serviteur me paraît une aventurière. […] Évidemment les grosses dots lui paraissent assignées, par un décret de la Providence, aux hommes de lettres pauvres ; et il n’admet pas que l’on soit insensible à l’honneur de son choix. […] Un de ses frères est mort fou… Mais enfin les Études de la nature parurent en 1784, et cette fois le succès passa son espérance. […] Renan, rien ne paraît sans doute plus clair, mais, au fond et en réalité, je pense que rien ne l’est moins.

1620. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Ce serait bien le cas de faire paraître certain poème épique que vous eûtes la bonté de m’envoyer, il y a deux ans (La Poloniade, de Frédéric lui-même). […] Il ne paraît essentiel qu’il y ait des gueux ignorants. […] Il paraît donc que Rousseau désirait un code ne contenant que les lois essentielles et aux lacunes duquel devait suppléer l’arbitraire éclairé et intègre du juge lui-même. […] Dès que nous y paraissons, on nous fait disputer ; on nous fait entreprendre, par exemple, de prouver l’utilité de la prière à un homme qui ne croit pas en Dieu : l’entreprise est laborieuse et les rieurs ne sont pas pour nous. […] Si vous êtes philosophe, comme vous paraissez l’être, vous pensez, comme ces Messieurs ; mais vous ne le direz pas.

1621. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

La préméditation, d’ailleurs, n’était pas aussi nette pour lui dans le moment même qu’elle lui a paru depuis et qu’il nous l’a exprimé lorsqu’il y est revenu avec la supériorité du critique contemplateur dans ses mémoires. […] Dans ce qu’il leur écrit durant cet hiver de 1772-1773, qui précède le mariage, il paraît gai, heureux ou du moins libre, et tourmenté du besoin d’aimer et du vague de la passion plutôt que d’aucune particulière blessure. […] Le livre paraît : un des premiers exemplaires arrive à Hanovre. […] Imaginez le désagrément et la peine pour un honnête homme comme Kestner, heureux d’épouser celle qu’il aime depuis des années, l’emmenant comme en triomphe de Wetzlar à Hanovre, la présentant avec orgueil à tous les siens, et remplissant avec considération un emploi honorable, imaginez-le, après dix-huit mois de mariage, recevant de son meilleur ami, en cadeau, ce petit volume, où il est crayonné d’une manière assez reconnaissable sous les traits d’Albert ; où sa fiancée paraît à bien des moments près de lui échapper ; où elle n’est guère retenue que parce qu’elle est supposée déjà liée à lui par un engagement positif. […] Au moment de les publier lui-même, ce fils de Charlotte mourut, mais les autres membres de la famille ont voulu accomplir son vœu, et c’est ainsi que l’ouvrage a paru l’année dernière en Allemagne.

1622. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Tel est le privilège du génie ; la physionomie même par laquelle le génie est une personne, l’humeur, l’abandon, y paraissent armant de conditions du genre. […] Cette sagesse, au lieu d’être dogmatique, est douce et sereine ; elle paraît plutôt la volupté d’un esprit excellent et d’un cœur droit, qu’une conquête inquiète de la raison sur les mauvais penchants. […] Mais on pourrait extraire de ses ouvrages, du milieu de la langue nouvelle où il les reçoit, des échantillons des meilleurs tours de la vieille langue : le neuf et le vieux tout y paraît du même temps. […] Les fautes lui paraissent le prix dont il est bien juste de payer les beautés si diverses et si charmantes des lettres. […] Ce scrupule paraîtra peu conforme à la mention détaillée que j’ai faite des contes et fabliaux des ancêtres de La Fontaine89 ; mais si. j’en ai parlé en effet, c’était moins pour indiquer des lectures à faire que par la nécessité de chercher la langue, et d’en épier, pour ainsi dire, les progrès dans les ouvrages les plus goûtés d’alors.

1623. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Lewes paraît s’attacher principalement à deux points : examiner les théories sur la connaissance, faire ressortir le côté négatif des doctrines. […] Il fait remarquer d’abord que les objets de nos connaissances sont des idées : assertion incontestable, fondée rigoureusement sur les faits de conscience et qui ne peut paraître paradoxale qu’à ceux qui n’ont aucune habitude de ces sortes de questions. […] De même quand on demande : Pourquoi les objets renversés sur la rétine nous paraissent-ils droits ? […] Ceux à qui il vient d’être fait allusion paraissent être Cabanis et Gall. […] Le génie clair et précis de la France rougit pour un temps de sa clarté ; et dans la seule crainte de paraître superficiel et immoral, rejeta l’aide de la science et se mit à marmotter d’une manière pitoyable sur le Moi, l’œil interne, l’Infini, le Vrai, le Beau, le Bien » 237. — Le jugement est sévère, au moins dans la forme ; mais nous nous sommes borné à traduire.

1624. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

La distinction entre les génies subjectifs et les génies objectifs, devenue banale dans l’esthétique allemande, nous paraît quelque peu superficielle. […] Ce qui caractérise le génie de premier ordre, c’est précisément d’être ainsi orchestral et d’avoir à la fois ou successivement les tonalités les plus variées ; de paraître impersonnel non parce qu’il l’est réellement, mais parce qu’il réussit à concentrer et à associer plusieurs individualités dans la sienne propre ; il est capable de faire à tour de rôle prédominer tel sentiment sur tous les autres et à travers tous les autres ; il obtient ainsi plusieurs unités d’âme, plusieurs types qu’il réalise en lui-même et dont il est le lien. […] Etre en histoire littéraire et en critique un disciple de Bacon, me paraît le besoin du temps et une excellente condition première pour juger et goûter ensuite avec plus de sûreté. » Il y avait là quelque exagération. […] Hennequin : « Une œuvre n’aura d’effet esthétique que sur les personnes qui se trouvent posséder une organisation mentale analogue et inférieure à celle qui a servi à créer l’œuvre, et qui peut en être déduite. » Personne, par exemple, n’admet une si cette description description ne lui paraît pas correspondre à la vérité, mais cette vérité est variable, elle est une idée ; elle ne résulte pas de l’expérience exacte, mais de la conception froide ou passionnée, vraie ou illusoire, que l’on se fait des choses et des gens34. […] Il serait facile, ajoute-t-il, de « multiplier ces exemples à un tel point que le cas d’artistes en opposition avec leur milieu social parut être plus fréquent que le contraire ».

1625. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

Sur ceci je n’insisterai pas, tant la chose paraît évidente. […] Il y a les fables qui sont des contes, et quoique je vous en aie parlé trop brièvement à mon gré, je n’en reparlerai pas aujourd’hui ; — il y a les fables que j’appellerai zoologiques, en vous demandant pardon du pédantisme du terme, c’est-à-dire qu’il y a des fables où figurent des animaux et seulement des animaux   il y a, en troisième lieu, les fables que j’appellerai d’un mot encore plus pédantesque, mais il n’y en a pas d’autre, ce me semble, les fables naturistes, c’est-à-dire les fables où l’anecdote n’est qu’un prétexte à une description ou à une narration de la nature, les fables où le fond du petit poème est un aspect ou plusieurs aspects successifs de la nature ; — enfin, il y a des fables qui ne sont plus du tout des fables et qui ne sont que des discours philosophiques ou moraux ; le mot discours peut vous paraître un peu trop fort, un peu trop solennel, encore que La Fontaine l’ait employé lui-même, je dirai : il y a des fables qui sont des causeries philosophiques et morales et qui ne sont presque pas autre chose. […] Parlons donc des fables zoologiques, et voici une nouvelle distinction, une subdivision à laquelle je tiens beaucoup : les fables zoologiques, c’est-à-dire les fables où paraissent des animaux, doivent être sous-partagées en deux classes, les fables où les animaux sont véritablement des hommes, ne sont que des masques de l’humanité, ne sont que des hommes travestis en animaux pour l’intérêt de la moralité ou de la satire que contiendra la fable. […] Le héron, qui est triste, en effet, et qui fréquente les endroits solitaires, me paraît tout à fait bien attrapé. […] Ce qui fait notre infériorité, apparente sans doute, vis-à-vis des animaux, c’est que nous avons la parole, et dès lors toutes les sottises que nous pensons, nous les disons de tout notre cœur et elles paraissent.

1626. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « II. M. Capefigue » pp. 9-45

Cependant, quoique à chaque ouvrage qui paraissait, il y eût un dépouillement plus profond des qualités qu’on pouvait remarquer encore dans l’ouvrage qui avait précédé, c’est particulièrement dans ces dernières années que M.  […] Capefigue est de très bonne foi dans le livre, qui nous étonna tant quand il parut. […] Capefigue ne paraissait avoir vécu jusque-là et affiné ses facultés d’historien que pour mieux l’écrire. […] Cela a aussi son éloquence que l’histoire de Mme Du Barry puisse encore paraître un scandale dans le siècle de la Dame aux Camélias, et que M.  […] Ôtez-en les résistances de Louis XIV à la coalition européenne, les deux gouttes de sang versées à Fontenoy, l’épisode de Suffren aux Indes, et les magnifiques années de victoires expiatrices que Bonaparte, qui date le dix-neuvième siècle par une si fière rupture avec le siècle qui l’a précédé, mit par-dessus une tombe qui, sans cela, serait un cloaque, et le dix-huitième siècle vous paraîtra ce qu’il est réellement, un crime et une honte de cent ans.

1627. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Nous supportons des paysages écrits qui eussent paru fastidieux à nos pères ; nous comprenons des juxtapositions de teintes qui leur auraient semblé dénuées d’intérêt et d’à-propos ; nous tolérons le rouge, le jaune, le vert, le bleu, l’or dont tant de pages sont bigarrées ; nous exigeons que les personnages soient nettement posés, et leur geste nous importe autant que leur psychologie. […] Et la raison principale m’en paraît être que le procédé dont il usa est beaucoup plus de notre temps que de celui où il vécut. […] Elle paraît noire, et quand l’œil y plonge, on est tout surpris d’y voir clair… Les figures y flottent dans je ne sais quelle blonde atmosphère qui fait évanouir les contours. » Voici maintenant qu’il écoute le silence : « Le silence est un des charmes les plus subtils de ce pays solitaire et vide. […] La lune se leva ; elle était à son dernier quartier : son disque renversé parut au-dessus des terrasses, mais trop diminué pour éclairer la nuit et pareil à un anneau brisé. […] Si Dominique paraissait aujourd’hui, on trouverait, par comparaison, qu’il a du mouvement, et que c’est déjà bien joli quand les personnages se déplacent.

1628. (1896) Études et portraits littéraires

Nulle démarche ne nous paraîtra oiseuse, nul détail trop infime. […] Toutes ces pages vibrent, et peut-être ce frémissement continu paraîtra-t-il suspect à quelques-uns. […] Il y paraît à quelques-unes des idées soutenues dans Nos fils, qu’il publia à soixante et onze ans. […] Le ciel de l’astronomie lui parut « avoir englouti les cieux promis par Jésus ». […] Ce portrait a paru dans la Quinzaine, le 1er décembre 1893.

1629. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXXXIXe entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

L’invitation de Kriemhilt ne me paraît pas de bon aloi. […] Il lui parut que leurs sens étaient puissants et subtils. […] Qu’on suive de près ses amis, voilà ce qui me paraît bon. […] Oui, cela me paraît sage, car, si je ne m’abuse, ils ont le cœur irrité. […] Quelque étrange que ce fût, cela parut lui faire grand bien.

1630. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

La simultanéité savante lui paraît donc toujours pouvoir se convertir pour lui en simultanéité intuitive, et c’est la raison pour laquelle il l’appelle simultanéité. […] À l’observateur en S′ elles paraissent se conserver, mais elles sont devenues des successions. […] Mais cette simultanéité de trois événements paraît incurvée en passé-présent-avenir quand elle est regardée, par Pierre se représentant Paul, dans le miroir du mouvement. […] L’horloge en A lui paraît donc retarder sur l’horloge en B. […] Il y a toujours une distance, qui, si petite soit-elle pour nous, paraîtrait énorme à un microbe constructeur d’horloges microscopiques.

1631. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Ce document, qui paraît provenir originairement du cardinal Loménie de Brienne, consiste en un recueil manuscrit des lettres particulières de Bernis écrites par lui durant son ministère à M. de Choiseul, alors ambassadeur à Vienne, et qui devait être son successeur aux Affaires étrangères : quelques autres lettres de Bernis à la marquise de Pompadour et au roi, écrites sur la fin de son ministère et dans les premiers moments de sa disgrâce, expliquent les causes de sa retraite et de sa chute plus exactement qu’on ne les savait. […] Ce que paraît bien réellement Bernis d’un bout à l’autre dans ces lettres à Choiseul, c’est un honnête homme qui est au-dessous de la situation, qui est l’auteur désigné et responsable d’une alliance devenue funeste, qui se sent engagé, et qui n’a pas le pouvoir de tenir ni de réparer : On ne meurt pas de douleur, écrit-il à Choiseul (13 décembre 1757), puisque je ne suis pas mort depuis le 8 septembre (époque de la convention étourdie de Klosterzeven). […] Il trouve donc qu’il n’y a ni roi, ni généraux, ni ministres ; et cette expression lui paraît si bonne et si juste qu’il consent qu’on le comprenne lui-même dans la catégorie de ceux qui n’existent pas : Il me semble être le ministre des Affaires étrangères des Limbes. […] Rendons-lui toutefois la justice qu’il ne paraît pas s’être arrêté longtemps sur cette idée qu’il serait lui-même Premier ministre.

1632. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Il met son amour-propre à laisser paraître en nombre autour de lui ses secrétaires comme d’autres le mettraient à les dissimuler et à les effacer. […] Rosny, conduit à Vendôme par son père et présenté par lui à Henri, devant la reine Jeanne d’Albret sa mère, lui débita très bien sa petite harangue avec des protestations de lui être à jamais très fidèle et très obéissant serviteur : Ce que vous lui jurâtes en si beaux termes, lui rappellent ses secrétaires, avec tant de grâce et d’assurance, et un ton de voix si agréable qu’il conçut dès lors de bonnes espérances de vous ; et vous ayant relevé, car vous étiez à genoux, il vous embrassa deux fois et vous dit qu’il admirait votre gentillesse, vu votre âge qui n’était que d’onze années, et que vous lui aviez présenté votre service avec une si grande facilité et étiez de si bonne race qu’il ne doutait point qu’un jour vous n’en fissiez paraître les effets en vrai gentilhomme. […] Sully n’est donc pas un philosophe ; bien qu’il paraisse, en maints cas, beaucoup plus politique que religieux, il est superstitieux comme on l’était volontiers en son temps. […] Ce que fit soigneusement Rosny : dans les diverses alternatives et boutades de cour qui suivirent cette sanglante catastrophe, lorsque Henri était traité avec plus d’égards et que ses domestiques avaient liberté de le venir servir, Rosny ne manquait pas à son devoir ; lorsque le prince était retenu en prison et séparé de ses serviteurs, le jeune homme se tenait à l’écart et dans l’attente : Mais, en quelque condition que vous fussiez, lui disent ses secrétaires ; vous preniez toujours le temps de continuer vos études, surtout de l’histoire (de laquelle vous faisiez déjà des extraits tant pour les mœurs que les choses naturelles), et des mathématiques, lesquelles occupations faisaient paraître votre inclination à la vertu.

1633. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — I. » pp. 41-61

Mme de Sévigné, qui raconte ceci, paraît en conclure avec le commun de la Cour que la nouvelle Madame est « tout étonnée de sa grandeur », et qu’elle parle en personne qui n’est pas accoutumée à un si grand entourage. […] En fille pieuse, elle obéit, mais elle ne put s’empêcher de dire : « Je suis donc l’agneau politique qui vais être sacrifié pour le pays. » L’agneau, quand on la connaît, peut paraître un terme singulièrement choisi pour une si forte victime ; mais la comparaison reste juste, tant le cœur chez elle était tendre et était bon. […] » Au lieu d’une fée légère et d’un être d’enchantement, que vit-on tout d’un coup paraître ? […] C’est ainsi qu’apprenant que cette princesse s’est évanouie de douleur à la nouvelle subite de la mort de l’électeur palatin, son père, Mme de Sévigné badine là-dessus : « Voilà Madame à crier, dit-elle, à pleurer, à faire un bruit étrange, on dit à s’évanouir, je n’en crois rien ; elle me paraît incapable de cette marque de faiblesse ; c’est tout ce que pourra faire la mort que de fixer tous ses esprits. » Fixer tous ses esprits, parce que ses esprits (dans la langue de la physique du temps) étaient toujours en mouvement et en grande agitation.

1634. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Après avoir fait élire Stanislas roi de Pologne, il s’arrêta en Saxe, incertain, à ce qu’il paraissait, de quel côté il tournerait ses armes, de l’empire ou de la Russie. […] Ce qui paraît certain, c’est que l’ennemi eut vingt-cinq mille hommes tués ou blessés, et nous quatorze mille ; que le vainqueur ne fut bien assuré d’avoir gagné la bataille que le lendemain 12 au matin, quand il se vit tout à fait maître du terrain, sur lequel, à la rigueur, nous aurions pu être encore, ou que nous pouvions revenir lui disputer. […] Car notez bien une distinction, très essentielle selon moi : si Louis XIV nous paraît avec raison un peu auguste et solennel, il était naturel aussi, il n’était jamais emphatique, il ne visait pas à l’effet. […] À peine fut-il à table que milord d’Albemarle lui fit dire que la tête de l’armée française paraissait de l’autre côté de l’Escaut, et faisait mine de vouloir l’attaquer.

1635. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Aussi, affectant le costume de simple canonnier, ne se distinguant que par son écharpe et son panache conventionnel, dès qu’il paraissait sur un point menacé, la mitraille ne tardait pas à faire son effet. […] Le roi de Prusse, qui assiégeait la place en personne, y conçut pour Merlin une estime particulière qui paraît avoir été réciproque, et lorsque, des années après, on entrait dans le cabinet de l’ex-conventionnel, on était étonné d’y trouver d’abord le portrait de ce roi. […] Dom Colignon m’avait préparé à cette scène par ses leçons : il ne parut pas s’apercevoir de mon émotion. […] Le premier volume seul avait paru.

1636. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Il paraît que c’est un homme, ce Wellesley !  […] L’ordre en date du 15 novembre, et qui paraît avoir mis quelque temps à atteindre le destinataire, était péremptoire. […] Il ne paraît pas avoir désiré dans l’armée d’invasion un emploi bien actif. […] Il ne paraît pas que l’Empereur lui ait donné tort pour ce conflit, à en juger par ce passage d’une lettre au duc de Bassano, écrite de Viazma (29 août 1812) : « J’ai donné ordre au major général de placer le général Jomini ailleurs. — Parlez fortement au général Hogendorp pour qu’il modère sa fougue et ne donne lieu a aucune plainte. » 48.

1637. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Nous venons de le lire tout entier, et il nous paraît impossible que la jeunesse de l’écrivain ne promît pas une force étonnante quand la pensée l’aurait mûrie. […] « Il paraît donc impossible de raisonner d’après une donnée certaine sur la nature de l’infortune. […] La chute d’une onde, la susurration du vent solitaire, toute cette musique qui s’exhale de la nature, et qui fait qu’on s’imagine entendre les germes sourdre dans la terre et les feuilles croître et se développer, lui parut tenir à cette cause cachée. […] Le vin que le cardinal faisait servir à ses commensaux parut mauvais à Chateaubriand, qui se fit servir une bouteille particulière achetée de ses deniers.

1638. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Les « Lettres persanes » Les Lettres persanes 520 parurent en 1721, avec le succès que pouvaient avoir, sous la Régence, de vives satires entrecoupées de descriptions voluptueuses. Lorsqu’on sut que l’auteur était un président à mortier du parlement de Bordeaux, la légèreté du livre parut plus amusante encore par le contraste qu’elle faisait avec la gravité de la profession du magistrat. […] Il ne se doute même pas des conjectures de Saint-Evremond ; il ne soupçonne pas la possibilité de la tâche que s’est donnée en ce moment même un érudit de Hollande : quatre ans après les Considérations, paraîtra la Dissertation de Beaufort sur l’incertitude des cinq premiers siècles de l’histoire romaine. […] Cette détermination ne pourra se faire complètement que lorsque toutes les œuvres inédites auront paru.

1639. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Les “caractères” me glacent plus encore ; aussi bien savons-nous qu’il en existe si peu en deçà de la rampe… Des petites choses drôles du dialogue, des “mots” salés ou poivrés, le cœur me lève rien que d’en parler… Si j’ai paru m’intéresser à la pantomime, c’est exclusivement parce qu’elle me graciait des “paroles”. […] Seulement, à Bouvard lui soumettant l’empirique réponse de son correspondant, Pécuchet répliquait triomphant : « Mais, imbécile, ce qui t’amuse n’est pas ce qui m’amuse, et les autres et toi-même s’en fatigueront plus tard. » Pécuchet paraît d’or. […] , mais il indiquera, accidentellement, par des points évidents de concordance, ce qui dans l’une et l’autre doctrine me paraît être la vérité. […] À la porte du Grand Café, tout l’été, stationne une foule avide de saisir les notes aigrelettes d’approximatifs tziganes ; — en face du passage des Panoramas, un autre groupe approuve chaque soir la succession d’annonces d’un transparent ; — place du Théâtre-Français, à minuit, une haie respectueuse admire la sortie des sociétaires ; — dans la rue, un cheval glisse, deux cochers se querellent, un agent paraît : c’est assez pour retenir les passants amusés… D’abord, on aime les spectacles et leur cuisine (à preuve, dans les journaux obséquieux, le développement de la rédaction théâtrale : critiques, soireux, échotiers, indiscrétionistes) : au besoin, on se contente du spectacle de tout ce qui se laisse écouter ou regarder.

1640. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Il paraît que le succès fut grand, et peut-être ce premier essai donna-t-il à M.  […] Je parie que cela vous paraît commun ? […] Théodore Leclercq parurent en 1823, et les volumes suivants continuèrent de se publier jusqu’au nombre de neuf ou dix. […] Là même où il pourrait paraître quelque charge, comme dans le proverbe de Madame Sorbet, la limonadière coquette et sentimentale, qui se pose en veuve désolée et qui ne pleure si haut son premier mari que pour en mieux attirer un second, que de traits pris sur la nature !

1641. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Du Marais où elle habitait d’abord, elle était allée au faubourg Saint-Germain où il paraît que se passa le temps de sa plus grande licence. […] Voilà une Ninon jeune, telle qu’elle put paraître en amitié et les jours où elle traversait la société des précieuses, elle qui l’était si peu, elle qui, causant avec la reine Christine, les lui définissait si bien d’un mot : « Les précieuses, ce sont les jansénistes de l’amour. » Mais, avec son esprit d’autant plus divers qu’il était plus à elle, elle savait s’accommoder à tous, et elle trouvait grâce, au besoin, et faveur devant l’hôtel Rambouillet, comme, les jours où il la consultait sur Tartuffe, elle rendait de sa même monnaie à Molière. […] Il paraît que, lorsqu’il se sauva de France en 1664, elle lui devait cent pistoles. […] Saint-Évremond, alors en Hollande (1669), paraît s’ennuyer du retard : Sa bonne foi est grande (écrit-il à un M. d’Hervart qu’il avait vu à La Haye et qui était de retour à Paris), mais mon absence est longue, et, après huit années, il n’y a rien de si aisé que de ne point se souvenir des gens, quand un souvenir coûte cent pistoles.

1642. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Jasmin, en s’élevant à ce genre de compositions nouvelles, suivait encore son naturel sans doute, mais il s’était mis à le diriger, à le perfectionner ; cet homme, qui avait lu peu de livres, avait médité en lisant à celui du cœur et de la nature, et il entrait dans la voie de l’art véritable, où un travail secret et persévérant préside à ce qui paraîtra le plus éloquemment facile et le plus heureusement trouvé. […] Son troisième volume de Poésies, qui est sur le point de paraître, me fournit maint sujet soit dans le genre de l’épître, soit dans celui du poème. […] Pour le style, Jasmin me paraît être une sorte de Manzoni languedocien. […] Nul poète n’a reçu autant d’éloges que lui, et nul ne se gêne moins à paraître les aimer, mais il a cela de particulier que ces éloges ne lui ont fait faire aucune folie : il a porté son ivresse de poète avec un rare bon sens : « Je ne sais aucun faux pas de lui », me disait quelqu’un qui le connaît bien.

1643. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

Or l’idée de commencement est due à la conscience, où nous voyons des choses qui paraissent commencer. […] Il en résulte un effet d’optique tel que ces lignes semblent partir d’un objet particulier qui serait placé en dehors du champ de la connaissance expérimentale, « de même que les objets paraissent être derrière le miroir où on les voit. » III Idée de vérité absolue et universelle Les platonisants font de l’idée de « vérité » le produit d’une « conscience intellectuelle » supérieure à la conscience sensible. — Nous croyons tous, disent-ils, à l’objectivité, à l’existence réelle du monde extérieur ; nous avons donc une conscience intellectuelle qui, en pensant le monde extérieur, l’affranchit de la subjectivité de la conscience sensible et l’érige en vérité. […] 2° — Nous ne trouvons en nous, dit Descartes, que la puissance de progrès ; or la perfection est en acte, non pas seulement en puissance ; donc ridée de perfection ne peut avoir en nous son origine. « Peut-être, s’objecte Descartes à lui-même, que je suis quelque chose de plus que je ne m’imagine, et que toutes les perfections sont en quelque façon en moi en puissance, quoiqu’elles ne se produisent pas encore et ne se fassent point paraître par leurs actions. […] Nous nous paraissons à nous-mêmes un seul moi, doué d’attributs qui se distinguent par leurs effets : intelligence, sensibilité, volonté.

1644. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Les Dialogues sur l’Eloquence, ouvrage posthume de M. de Fénélon, parurent la même année que les Agrémens du langage. […] Papon parut dans une mauvaise circonstance. […] Les mêmes pensées m’étant revenues plus d’une fois, j’ai cru pouvoir répéter avec différens tours, quelques-unes de celles qui m’ont paru les plus importantes.” […] Riccoboni exhorte les jeunes Orateurs à s’exercer long-tems en secret, avant que de paroître en public.

1645. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Il n’y a rien là qui doive surprendre, mais les circonstances ont paru, en France, meilleures que jamais pour continuer le bruit qu’on a fait de ces livres, ainsi suivis d’une conversion. […] Nous n’avons pas non plus un tel fétichisme pour nos propres opinions qu’un homme, par cela seul qu’il les partage, nous paraisse, comme à Saint-Chéron, un historien sans égal. […] Tête faible, mais saine, Hurter aime l’ordre, comme toute tête saine doit l’aimer, et cette autorité des Papes, de ces grands juges de paix de la chrétienté au Moyen Âge, qui pouvaient le réaliser d’une façon si simple et si rapide, lui paraît une belle et regrettable chose. […] Nous en sommes bien fâchés pour l’ambition à la suite de son traducteur, Hurter ne nous paraît être qu’un historien médiocre.

1646. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

L’« animal politique » d’Aristote devient de plus en plus conscient de son rôle social,‌ Les plus significatifs parmi les derniers travaux de la sociologie, en dépit d’énormes divergences, paraissent tendre vers une conception organique de la cité, envisagée désormais comme un « être » véritable, comme un « individu » plus complexe et plus différencié. […] Paul de Lilienfeld, dont la formule nous paraît des plus satisfaisantes, « la société humaine est, comme les organismes naturels, un être réel… elle est un prolongement de la nature… elle est simplement une expression plus haute des forces qui servent de base aux phénomènes naturels46 ». […] A d’autres, l’admission loyale des éléments extérieurs paraît pratiquement impossible. « Vous ne ferez jamais que des éléments hétérogènes se combinent, nous disent-ils ; il ne faut attendre aucune fécondité du contact de races ou d’individus tout à fait divergents. » Mais les races les plus distantes l’une de l’autre par leur histoire, leur passé, leur situation, leurs mœurs n’ont-elles pas un caractère commun, qui les relie malgré tout, celui d’humanité ? […] Si l’on y voit une fusion complète des corps sociaux en une seule nation, la nation humaine, si l’on envisage les affinités d’individus et de groupes sous la forme d’un collectivisme universel, il est naturel que cette expression paraisse absurde ; mais il s’agit de toute autre chose.

1647. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVI » pp. 100-108

Lui qui excelle d’ordinaire dans ces sortes de solennités a paru, cette fois, plus embarrassé et moins vif que de coutume : son discours n’a pas de ces traits par lesquels il sait si bien relever le poli de ses paroles. […] Il avait pu paraître à ses débuts assez dénué de principes politiques, il s’est empressé d’en acquérir.

1648. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

Les lettres de Marie-Autoinette ont pu paraître un peu suspectes, par cela même qu’elles étaient trop ce qu’on pouvait désirer. […] Il vient de faire un tableau peu flatteur de la Cour de Louis XV, et des intrigues qui s’y croisent : « C’est au milieu, dit-il, de ces luttes sourdes et intestines que parut Marie-Antoinette, parée de sa candeur, de ses quinze ans, de sa beauté et de cette noblesse native, tempérée de sensibilité, qui, sans qu’elle y songeât, lui donnait un si grand air et la rendait si touchante.

1649. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « APPENDICE. — M. DE VIGNY, page 67. » pp. -542

Les personnages aussi lui ont paru plus voisins qu’ils ne l’ont réellement été, et, par de légers anachronismes, il est venu à bout de les grouper sans vraisemblance. […] En jugeant M. de Vigny avec cette franchise sévère que nous paraît mériter son talent, nous ne prétendons pas méconnaître la profusion d’esprit qu’il a répandue dans son ouvrage : plus d’une fois sans doute il a réussi, quand l’esprit avec la mémoire suffisait.

1650. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

La prononciation du grec telle qu’elle était en vigueur dans l’ancienne Université, et qu’elle l’est encore dans la nôtre, paraissait aux Grecs modernes tout à fait barbare ; le fait est qu’elle peut être commode pour les dictées de versions grecques que les professeurs font aux écoliers, mais elle ne saurait se donner raisonnablement pour l’écho fidèle de la plus harmonieuse des langues. […] L’Ordonnance royale qui instituait l’École Française d’Athènes parut peu de temps après (13 septembre).

1651. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

Après que les grilles se furent fermées sur elle pour la dernière fois, elle parut seulement se recueillir plus longuement qu’à l’ordinaire. […] L’expression, avant tout, y est large et abondante, jusqu’à paraître un peu vague et diffuse.

1652. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

Cela scandalisa fort les salons et parut misérable et ignoble. […] Il nous a paru piquant — et utile à la biographie de M. 

1653. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

Souvent c’est l’expression soudaine d’une affinité ou d’une convenance inattendues, d’une qualité, d’une propriété, d’un état dont l’objet ne paraissait pas susceptible : Mathan de nos autels infâme déserteur Et de toute vertu zélé persécuteur. […] Mais comme ce qu’on s’attend le moins à trouver dans un objet, c’est ce qui en paraît exclu par la définition, il arrivera que les plus frappantes alliances de mots assembleront des termes contradictoires : Dans une longue enfance ils l’auraient fait vieillir.

1654. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

Ses deux premiers volumes paraissent en 1749 : préparer les volumes suivants, sera l’unique affaire des trente-neuf années qui lui restent à vivre. […] Il y a bien des erreurs, paraît-il, bien des lacunes, bien des affirmations téméraires dans son essai d’explication : il y a bien des vérités aussi, bien des idées neuves et profondes, bien des pressentiments hardis et féconds.

1655. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Pronostics pour l’année 1887. »

Il paraît que j’ai commis d’énormes oublis, et que l’année littéraire a été bien meilleure et plus fertile en œuvres originales que je n’avais cru. […] L’ancien régime lui avait paru lamentable ; la Révolution lui a semblé absurde et hideuse ; l’Empire, qui a consacré les pires conquêtes de la Révolution, le dégoûtera plus encore.

1656. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Guy de Maupassant »

Cela parut nouveau ; et c’était nouveau, en effet. […] De plus en plus il paraît compatir aux objets de ses peintures, et de plus en plus il semble se plaire à nous décrire des passions et des sentiments de telle espèce, que, de les comprendre et de les aimer comme il le fait, cela seul prouverait qu’il a dépassé  sans trop savoir d’ailleurs où il va, — ce naturalisme rudimentaire par où il avait débuté si tranquillement.

1657. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Jean l’Évangéliste paraît le combattre d’une façon détournée 581. […] Aucun des textes parsis qui impliquent vraiment l’idée de prophètes ressuscités et précurseurs n’est ancien ; mais les idées contenues dans ces textes paraissent bien antérieures à l’époque de la rédaction desdits textes.

1658. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Le Latin étoit encore trop en règne ; au lieu qu’il commença à déchoir sous Louis XIV, à mesure que nos grands écrivains parurent & que le génie de notre langue se développa. […] Ménage fit courir ces vers : La pauvre langue Latiale Alloit être troussée en mâle, Si le bel avocat Bélot, Du barreau le plus grand falot, N’en eût pris en main la défense, Et protégé son innocence ; En quoi, certes, & sa bonté, Et son zèle, & sa charité, Se firent d’autant plus paroître, Qu’il n’a l’honneur de la connoître.

1659. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — De la langue Latine. » pp. 147-158

Son livre, néanmoins, parut un attentat contre les idées reçues en Italie. […] En un mot, ses exclamations & ses invectives ne furent pas moindres que celles dont Cicéron se servit à la vue d’une horrible conspiration contre l’état. » Ce discours parut en 1531 ; il fut bientôt suivi d’un autre dans le même goût.

1660. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

Enfin, à son départ, on lui fait de riches présents, si mince qu’ait paru d’abord son équipage ; car on suppose que c’est un dieu qui vient, ainsi déguisé, surprendre le cœur des rois, ou un homme tombé dans l’infortune, et par conséquent le favori de Jupiter. […] Αἰετὸς paraît tenir à l’hébreu HAIT, s’élancer avec fureur, à moins qu’on ne le derive d’ATE, devin ; ATH, prodige : on retrouverait ainsi l’art de la divination dans une étymologie.

1661. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

» Je ne voulais point amuser ; je voulais moins encore être applaudi : j’avais un plus digne objet, celui d’examiner sans partialité la vie et les ouvrages de Sénèque, de venger un grand homme, s’il était calomnié, ou, s’il me paraissait coupable, de gémir de ses faiblesses, et de profiter de ses sages et fortes leçons. […] Cette dédicace ne parut que dans la seconde édition de l’Essai.

1662. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 2, de l’attrait des spectacles propres à exciter en nous une grande émotion. Des gladiateurs » pp. 12-24

D’abord, dit Tite-Live, l’aréne ne parut qu’un objet d’horreur. […] Malgré les efforts des papes pour abolir les combats de taureaux ils subsistent encore, et la nation espagnole, qui se pique de paroître du moins leur obéir avec soumission, n’a point eu dans ce cas-là de déference pour leurs remontrances et pour leurs ordres.

1663. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

Or, autant qu’il seroit injuste de juger du mérite de ceux dont il s’agit sur un seul succès, autant me paroît-il équitable d’en juger sur plusieurs succez, ainsi que par comparaison aux succez de ceux qui auront eu à conduire des entreprises ou des affaires pareilles à celles dont les personnes desquelles il s’agit ici, auront été chargées. […] Il ignore si le general pouvoit écarter, ou du moins s’il devoit prévoir le contre-temps qui fait avorter son entreprise, et qui l’a fait même paroître témeraire après qu’elle est manquée.

1664. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Un piquant morceau écrit en 1807, des Amis dans le malheur, me paraît contenir quelques allusions à cette situation des années précédentes. […] La Chapelle d’Ayton, qui parut peu après les Contradictions, et qui offre bien plus d’intérêt romanesque, me semble avoir bien moins de signification comme début et comme présage du genre futur de l’auteur. […] Si on la compare à la plupart des romans d’alors, la Chapelle d’Ayton paraîtra très-raisonnable, très-sobre d’exaltation et pure de la sensiblerie régnante. […] Dès 1802, nous trouvons un article d’elle à propos d’une réimpression du petit traité de Fénelon ; elle y disait : « Les préceptes sur l’éducation m’ont toujours paru la chose du monde la plus incertaine. […] Le sentiment qu’elle inspire est tel que les termes d’estime et de respect peuvent seuls le rendre, et que c’est presque un manquement envers elle, toujours occupée d’être et si peu de paraître, que de venir prononcer a son sujet les mots d’avenir et de gloire 15 mai 1836.

1665. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Lorsque paraît l’estampe publiée au profit des Calas, « toute la France, et même toute l’Europe, s’empresse de souscrire, l’impératrice de Russie, pour 5 000 livres532. » — « L’agriculture, l’économie, les réformes, la philosophie, écrit Walpole, sont de bon ton, même à la cour. » — Le président Dupaty ayant fait un mémoire pour trois innocents condamnés à la « roue », on ne parle plus que de cela dans le monde ; « ces conversations de société, dit une correspondante de Gustave III533, ne sont plus oiseuses, puisque c’est par elles que l’opinion publique se forme. Les paroles sont devenues des actions, et tous les cœurs sensibles vantent avec transport un mémoire que l’humanité anime et qui paraît plein de talent, parce qu’il est plein d’âme ». […] Riants frondeurs des modes anciennes, de l’orgueil féodal de nos pères et de leurs graves étiquettes, tout ce qui était antique nous paraissait gênant et ridicule. […] Ce n’étaient que combats de plume et de paroles qui ne nous paraissaient pouvoir faire aucun dommage à la supériorité d’existence dont nous jouissions et qu’une possession de plusieurs siècles nous faisait croire inébranlable. […] Rien ne peut y être statué sans l’assentiment du roi. » (M. de Barentin, Mémoires, 187.) — Adresse de l’Assemblée nationale à ses commettants, 2 octobre 1789 : « Une grande révolution, dont le projet eût paru chimérique il y a quelques mois, s’est opérée au milieu de nous. »

1666. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Nous partageons entièrement cette opinion de Goethe sur Homère ; il nous paraît non pas plus grand, mais aussi grand que nature, c’est-à-dire un demi-dieu. […] J’avais le cœur lourd, mais le soleil parut plus beau que jamais et le courage me revint. […] “Laissez-moi, dit-elle ; celui qui désormais doit me commander dans la maison de sa mère ne doit pas paraître me servir. […] Par une étrange et heureuse coïncidence, la duchesse Amélie de Weimar, jeune encore et qui voyageait avec son fils, parut partager dès la première rencontre l’attrait de ce prince pour le poète. […] De ce jour Goethe dévoua sa vie à la princesse Amélie et au duc Charles-Auguste ; l’une parut être sa Léonore d’Est à la cour de Ferrare, l’autre rappela à cette cour le Tasse aimé de la mère, favori du fils.

1667. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

La solution du problème paraît simple, et beaucoup douteraient même qu’il y ait là quelque problème. […] Mais ce genre de spécialisation morale et de conflits est bien pins universellement répandu qu’on ne me paraît l’avoir cru, et sous bien plus de formes variées et partout éparses. […] Et moins la raison de la survivance est visible, plus elle paraît sacrée. […] La morale étant l’art de bien vivre, il paraît trop évident qu’elle n’a d’autre valeur morale — je ne dis rien ici de sa valeur esthétique — que celle que lui donne la vie même. […] C’est un point que les sociologistes modernes paraissent tenir pour négligeable.

1668. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

On la reprendra parce que la réalité sera plus comme ça, ou qu’elle paraîtra plus comme ça, ou qu’on la trouvera plus comme ça. […] Descartes promet une méthode de certitude et aussitôt après et presque en même temps il tombe dans des propositions qui bientôt nous paraissent scandaleuses. Ou plutôt il parvient à des propositions qui bientôt nous paraissent scandaleuses. […] Cette proposition de Descartes que les cieux, les astres, une terre, de l’eau, de l’air, du feu, des minéraux et quelques autres telles choses seraient les plus communes de toutes et les plus simples, et par conséquent les plus aisées à connaître nous paraît aussitôt saugrenue. […] Si ces voiles font des faux plis à l’intérieur de la malle, rien n’en paraît sur le couvercle.

1669. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Quelques-unes des consolations qu’elle renferme peuvent paraître faibles. […] Tout lui parut à reconstruire, depuis les bâtiments, où le marteau ne laissa d’entier que les murs, jusqu’au plan des études, que M.  […] La jeunesse destinée à l’état ecclésiastique et la jeunesse destinée au premier rang social lui paraissaient devoir être élevées de la même manière. […] Ces études leur paraissaient quelque chose de tout à fait bas, comparées aux exercices littéraires qu’on leur présentait comme le but suprême de l’esprit humain. […] Écrire sans avoir à dire quelque chose de pensé personnellement me paraissait dès lors le jeu d’esprit le plus fastidieux.

1670. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Il blessait leur tristesse en laissant trop paraître                    Son orgueil ingénu. […] « Mais ce qui paraît absolument neuf chez lui, c’est son dessein de faire entrer dans la poésie tous les thèmes de la vie moderne et, pour tout dire, de réconcilier l’art et la vie. […] Lui qui avait paru un instant à l’avant-garde des poètes individualistes qui mêlent anarchie et socialisme, esprit dionysien et solidarité sociale dans le plus réjouissant amalgame, s’excepta bien vite de cette erreur pour revenir au large chemin rectiligne de la tradition. […] La dure tyrannie lui parut créer à l’artiste des loisirs meilleurs que la condescendance des sociétés républicaines. […] Émile Despax a donné, avec la Maison des Glycines, un des plus beaux recueils de poèmes parus depuis longtemps, et c’est celui-là même que l’on jugea indigne du prix Sully-Prudhomme !

1671. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Par exemple, il a mieux vu que personne, jusqu’ici, dans la confusion des événements, la grandeur de Catherine de Médicis, pour laquelle il a fait ce qu’Urbain Legeay — cet historien d’initiative dont le livre nous frappa tant quand il parut — a fait récemment pour Louis XI1, ce Louis XI que Catherine de Médicis a continué, mais dans des circonstances encore plus grandes et plus funestes. […] Or, malgré leurs entraînantes gloires militaires, cette femme paraît plus homme que ces hommes, parce qu’elle a l’unité de son ambition et qu’eux sont entre leur ambition et leur foi. […] Il paraît qu’on aime avec cela… Et c’est avec cela que Philippe II a aimé Dieu et son Église. […] On a beaucoup parlé de Philippe II, et on l’a costumé bien des fois avec des phrases de mélodrame, cet homme impénétré qu’on croyait éclairer, quand on le cachait un peu plus… Pour moi, j’ai dit ici, en un seul mot, ce qu’il me paraît être et ce qui venge de tout : ce fut un amoureux de Dieu comme on l’était au Moyen Âge et un serviteur de Dieu absolu, — absolu comme l’amour ! […] Après cette histoire, d’une vérité qui ne bronche pas, il n’y a pas moyen de conserver la moindre illusion sur ceux-là qui, auréolisés par les rayons de leur Cause, nous paraissaient aussi grands qu’elle.

1672. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Ce marquis était, à ce qu’il paraît, un vieux bonhomme, assez naïf pour se plaindre que M.  […] Tout s’explique désormais, de ce qui avait paru inexplicable. […] Au commencement, Voltaire est très froid ; il paraît fort effrayé de la responsabilité de l’entreprise. […] Vous paraît-elle moins essentielle et moins sainte, moins divine et moins humaine ? […] Si celui-là vous semble criminel, celui-ci vous paraîtra-t-il moins coupable ?

1673. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Elle profita trop de sa victoire, ou du moins elle parut attacher trop de prix à prouver qu’elle l’avait obtenue. […] Mérimée me paraît à la fois la plus poétique et la plus probable. […] Rien ne lui paraît au-dessus de la délicatesse et de l’honneur. […] Delaage, et surtout signaler en lui ce qui me paraît le distinguer des autres thaumaturges. […] Il ne parut rien regretter.

1674. (1902) La poésie nouvelle

Il en avait composé encore un troisième qui, sous le titre Des fleurs de bonne volonté, dut paraître en 1887 ; mais Laforgue, changeant d’intention, décida de garder à part lui ce recueil et de le remanier. […] » C’est ainsi qu’en 1896, au banquet par lequel on fêtait, à l’occasion de la Pluie et le beau temps qui paraissait, la poésie de Gustave Kahn, Stéphane Mallarmé termina son toast charmant et concis, caractérisant ainsi l’heureuse initiative de ce poète.‌ […] Toujours est-il que les Stances, dont les deux premiers livres parurent en 1899 quatre suivants en 1901, marquent un changement complet dans sa poésie71. […] Les Soirs, les Débâcles, les Flambeaux noirs, qui parurent entre 1887 et 189075, forment une étonnante trilogie de rêve ardent et d’inquiétante fantasmagorie. […] Les rires et les bruits légers de la vie s’apaisent dans le silence, et s’il s’éveille un chant de flûte dans le crépuscule, la mélodie plaintive en paraît plus triste encore d’être musicale et chantante.‌

1675. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Enfin, voici ces mémoires, voici ce journal de Le Dieu qui paraissent ; et, avant tout, il faut remercier M. l’abbé Guettée d’avoir mis le public à même de s’en faire une exacte et complète idée. […] Il paraît s’être donné d’assez bonne heure ce rôle d’historiographe de Bossuet, et dans les dernières années il s’était fait purement et simplement son Dangeau. […] On ne se lasse pas de repasser devant cette grande figure, qui offre la plus juste proportion avec l’époque où elle parut et où l’on peut dire qu’elle régna.

1676. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

J’ai eu quelquefois l’idée de traiter, dans une série particulière, des principaux de mes confrères en critique, de dire mon avis vrai sur chacun d’eux ; puis, au moment de prendre la plume, j’ai toujours été retenu par cette idée qu’étant obligé de refuser à chacun quelque chose, quelque qualité essentielle, d’en arriver, après une part d’éloges et une justice largement rendue, à un mais inévitable (car enfin nous-mêmes les critiques, redresseurs de tous, nous ne sommes point parfaits), je paraîtrais dénigrer des écrivains qui me valent au moins et que j’honore, et me mettre, contre mon intention, au-dessus de la plupart. […] Je n’avais pas attendu, pour les conserver, que M. de Sacy eût recueilli ses articles ; j’en ai sous les yeux la plupart, classés par moi au fur et à mesure qu’ils paraissaient, et avec des annotations rapides. […] L’opinion définitive de M. de Sacy sur le Télémaque me paraît, à dire vrai, un peu exagérée.

1677. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Ces objections pourraient décourager pendant quelque temps mon espérance ; néanmoins il me paraît impossible que tout ce qui est bien en soi n’acquière pas à la fin un grand ascendant, et je crois toujours que ce sont les orateurs ou les écrivains qu’il faut accuser, lorsque des discours prononcés au milieu d’un très grand nombre d’hommes, ou des livres qui ont le public entier pour juge, ne produisent aucun effet. […] L’éloquence appartenant plus aux sentiments qu’aux idées, paraît moins susceptible que la philosophie de progrès indéfinis. […] Néanmoins il en est d’elle comme de tous les biens que permet notre destinée : ils ont tous des inconvénients, que l’on fait ressortir seuls, si le vent de la faction souffle dans ce sens ; mais en se livrant ainsi à l’examen des choses, quel don de la nature paraîtrait exempt de maux ?

1678. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

L’essentiel est que ces mots cherchés, et qui ne s’imposaient pas plutôt que d’autres, paraissent venus spontanément, ou que, s’ils semblent tirés d’un peu loin, ce défaut de naturel soit compensé par le plaisir que donne le sentiment de la difficulté vaincue, ou par quelque effet de rythme, d’harmonie, de sonorité. […] Ce « je ne sais quoi », ne serait-ce pas le goût, la crainte de paraître trop content de son esprit, le discernement rapide du point qu’il ne faut pas dépasser sous peine de devenir affecté et ridicule ? […] Ses ancêtres, les Solar, de Gênes, ont, paraît-il, apporté à Lyon l’industrie des velours brochés d’or et d’argent.

1679. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre premier. La critique et la vie littéraire » pp. 1-18

Soit un volume de vers, paru hier. […] Dire qu’un livre m’a paru bon, dire qu’il m’a amusé et s’est laissé lire en trois heures, c’est dans l’ordre du jugement ou du fait, dire une même chose. […] IV Un doux maniaque m’écrit chaque quinzaine « Fais-en donc autant. » Mon honorable correspondant ne paraît pas avoir une idée claire de la critique.

1680. (1890) L’avenir de la science « XXI »

L’ennemi était toujours à dix lieues ; tous les ans on le voyait paraître, tous les ans il fallait aller guerroyer contre lui. […] Sitôt que le moindre nuage paraît à l’horizon, chacun se renferme, se flétrit sous la peur : « Que faire en des temps comme ceux-ci ? […] Quand l’humanité sera arrivée à son état rationnel, mais alors seulement, les révolutions paraîtront détestables, et on devra plaindre le siècle qui en aura eu besoin.

1681. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXVI » pp. 279-297

Ici je remarquerai encore une phrase, qui paraît de peu de sens, et à laquelle j’en trouve beaucoup : « Il y a trois ans que le n’aurais pas vu cette délicatesse. […] Il me paraît donc évident que madame Scarron n’avait nullement la crainte qu’elle exprime, celle qu’on lui tendit un piège. […] La religion seule donnait le moyen de se défendre sans déplaire, de refuser sans offense, de rester inflexible sans paraître indifférente.

1682. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Mais le flegme impassible de Jacques paraît encore plus dénaturé. […] Ce fils qui vient ramener son père au devoir paraît le coupable ; le père, fourvoyé chez une courtisane, reprend l’autorité du chef de famille. […] Il n’est pas coupable, mais il le paraît, ce qui revient à peu près au même.

1683. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Ces embellissemens, cette magie, cette ame qu’elle met dans tout, leur paroît une chose superflue, nuisible & criminelle. […] Vanière les a quelquefois employées : mais il s’en est repenti ; elles lui parurent des puérilités. […] Il fit paroître une longue liste de ceux qui avoient chanté sur le ton d’Anacréon, de Tibulle & d’Ovide.

1684. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Quoique l’intuition suraiguë de la Visionnaire ne défaille nulle part, non plus que l’expression, sous la plume qui écrit pour elle, cependant, à cause probablement du pathétique de la passion du Sauveur, qui écrase tous les pathétiques de toutes les tragédies humaines, le Récit de la Passion paraît supérieur à la Vie de Notre-Seigneur Jésus-Christ et à celle de sa Mère. […] » Et vraiment pour nous qui les admirons aujourd’hui comme l’originalité la plus extraordinaire et la plus puissante, le plus incroyable à nos yeux n’est pas d’avoir créé dans l’histoire ou vu ce qui, de fait, n’y est pas (car c’est la même chose), mais c’est de n’avoir pas brouillé les lignes en écrivant dans l’entre-deux ; c’est de n’avoir pas faussé l’histoire connue, en y ajoutant ; c’est d’avoir pu, par exemple, l’Évangile étant donné, l’Évangile qu’on peut, même sans être chrétien, sans avoir l’âme bien haute, sans être Jean-Jacques, trouver le plus beau livre qui ait jamais paru parmi les hommes, ajouter aux faits qu’il renferme ; à son esprit, à son langage, et cela sans que l’imagination se soulève avertie et dise précisément comme on dit du Père Lacordaire sur la Madeleine : « Prenons garde ! […] [Article original paru dans Le Pays, 17 octobre 1860.]

1685. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Dargaud doit être distingué par la Critique, car voilà dix ans qu’il a paru et il n’a pas vieilli d’une heure ! […] … Quand elle parut, ce fut un soulèvement d’articles de journaux et une tempête de discussions de toute espèce. […] La beauté et la laideur morale tiennent une telle place dans les hommes, même les plus éclatants par le génie et par la gloire, que toutes ces figures qui passent rayonnantes, ténébreuses ou indécises, dans cette étendue du xvie  siècle, lequel semble plus grand par l’effet de tout ce qu’il contient dans sa longueur encombrée, paraissent, sous la main de ce grand connaisseur en beauté morale, avoir des lumières ou des ombres de plus !

1686. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Récamier »

À ces Souvenirs, qui ne sont pas d’elle, mais sur elle, on a, il est vrai, mêlé des lettres, et je suis bien sûr que ce ne sont pas les plus curieuses de la collection, celles-là, par exemple, qui exprimèrent avec le plus d’éloquence les sentiments que cette femme délicieuse et vertueuse sut, à ce qu’il paraît, toujours désespérer. […] c’était une originalité, et, quoique ce mot-là puisse paraître singulier appliqué à une femme d’une telle harmonie et de nuances si délicatement fondues, c’était une adorable originalité qui se détachait en douceur, en finesse, en immatérialité, sur la société la plus éclatante, la plus physique et la plus militaire qui ait peut-être jamais existé. […] Eh bien, je m’en vais vous le dire, pourquoi, car, pour être ennuyé, il ne faut pas être dupe : c’est que ces choses-là font à l’éditeur l’effet d’être très intéressantes, très importantes, absolument comme les détails que Garat nous donnait sur Suard, et que personne ne lit plus, paraissaient très importants au pauvre Garat !

1687. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre II. La relativité complète »

Telle nous paraissait en effet être la fonction du métaphysicien : il doit pénétrer à l’intérieur des choses ; et l’essence vraie, la réalité profonde d’un mouvement, ne peut jamais lui être mieux révélée que lorsqu’il accomplit le mouvement lui-même, lorsqu’il le perçoit sans doute encore du dehors comme tous les autres mouvements, mais le saisit en outre du dedans comme un effort, dont la trace seule était visible. […] C’est ainsi que le dynamisme newtonien parut couper court au développement du mécanisme cartésien. […] Nous devrons maintenant définir d’une manière générale certains termes dont le sens nous avait paru suffisamment indiqué jusqu’ici, dans chaque cas particulier, par l’usage même que nous en faisions.

1688. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

Avant d’examiner ce qu’on doit croire de cette antiquité, il faut avouer qu’elle ne paraît pas avoir profité beaucoup aux Égyptiens. […] Dans cet âge divin paraît d’abord le premier Hermès. […] Sans doute la Providence voulait, comme l’observe Lactance, empêcher que la religion du vrai Dieu ne fût profanée par les communications de son peuple avec les Gentils. — Tout ce qui précède est confirmé par le témoignage du peuple Hébreux lui-même, qui prétendait qu’à l’époque où parut la version des Septante, les ténèbres couvrirent le monde pendant trois jours, et qui, en expiation, observait un jeûne solennel, le 8 de tébet ou décembre.

1689. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Fiorentino vient de prêcher un converti : son sermon, pour s’être fait attendre, me paraît donc excellent, — sauf un peu d’emphase. […] Son feuilleton sur la Czarine, dont nous étions fort en peine, a paru, mais seulement dans l’édition des départements. […] Mais comment exiger d’eux la modération qui paraît manquer à leur juge ? […] Comme le moment paraît heureusement choisi pour cette confidence ! […] Elle parut une dernière fois pour dire à ses lecteurs qu’elle ne paraîtrait plus, attendu qu’elle venait d’être tuée en Orient.

1690. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Les Cirripèdes me parurent longtemps faire exception à cet égard ; mais, grâce à un heureux hasard, j’ai déjà pu prouver autre part que deux individus, tous deux hermaphrodites et capables de se féconder eux-mêmes, se croisent cependant quelquefois. […] Il me paraît donc suffisamment établi par ces considérations que, comme de nouvelles espèces se sont formées dans le cours des temps par sélection naturelle, d’autres doivent aussi devenir de plus en plus rares et finalement s’éteindre. […] En définitive, c’est la norme adoptée par Von Baer, qui me paraît le plus généralement applicable et la meilleure. […] Parmi ses objections, quelques-unes me semblent de peu d’importance ; d’autres proviennent de malentendus ; et j’ai répondu incidemment, en divers passages de cet ouvrage, à celles qui m’ont paru avoir quelque valeur. […] On conçoit combien souvent, du reste, en pareille matière, ce terme peut rendre une idée fausse, ainsi une espèce peut paraître indigène dans sa patrie natale par suite de sa rapide extension en d’autres contrées ; par contre, une espèce peut paraître aborigène en une contrée, par suite seulement de son extinction ou de son existence inconnue dans sa vraie patrie d’origine.

1691. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Pour la première fois de sa vie, Fontenelle est spirituel sans paraître y songer. […] Elles font paraître La Bruyère profond. […] De quelque biais qu’on le prenne, il paraît extraordinaire. […] Les théories de Buffon paraissent extravagantes. […] Ce qu’il paraît concevoir comme idéal de civilisation est peu engageant.

1692. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Racontons ce qu’on sait de ce mystère ; cela nous aidera à comprendre le prodigieux effet des peintures de ce jeune homme, dès qu’elles parurent aux regards du public. […] La douce intimité dans laquelle il vivait avec le prince et la princesse suffisait à son existence ; lui-même paraissait nécessaire à leur bonheur. […] Quelques écrivains, selon nous trop austères, ont paru reprocher amèrement à la princesse Charlotte trop de complaisance à laisser naître cet amour dans le cœur de son maître et de son ami ; rien ne justifie à nos yeux ce reproche : elle était trop exclusivement attachée au prince son mari, un des hommes les plus séduisants de l’Italie, pour songer seulement à la nature des sentiments qu’elle pouvait inspirer à un pauvre artiste, fils d’un châlet du Jura et enfoui dans les ruines de Rome. […] Tout cela lui parut ou trop abstrait, ou trop conventionnel, ou trop mystique, ou trop sensuel : il conçoit, plus près de terre, une félicité rurale et domestique plus accessible à l’universalité de l’espèce humaine, félicité fondée non sur les chimères d’esprit ou de cœur, mais sur les instincts innés de l’homme et sur les réalités péniblement douces de la vie. […] Le costume de ce jeune homme même, quoique conforme à celui des paysans des montagnes de Rome, paraît aussi antique et aussi sculptural que s’il était copié sur une médaille d’Athènes ou d’Argos.

1693. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

« Dès les premiers jours, notre ministre me présenta dans plusieurs maisons ; et, soit à cause des spectacles publics, soit pour le nombre des fêtes particulières et la variété des amusements, le carnaval me parut plus brillant et plus agréable qu’aucun de ceux que j’eusse encore vus à Turin. […] La proposition me plut fort, et il me parut alors que, de toutes les servitudes, c’était la moins servile. […] Le très vif désir que j’éprouvais de mériter l’estime de cet homme rare donna tout-à-coup comme un nouveau ressort à mon esprit, et à mon intelligence une vivacité qui ne me laissait ni paix ni trêve, tant que je n’avais pas composé une œuvre qui fût ou me parût digne de lui. […] Mais quand j’ai imprimé ce livre, je n’ai pas voulu, avec le froid des années et le pédantisme de mon petit savoir, étouffer le feu de la jeunesse, et la généreuse, la légitime indignation que j’y vois briller à chaque page, et dont l’éclat n’ôte rien à une sorte de franche et véhémente logique qui me paraît y dominer le reste. […] À l’heure convenue, le duc et le maréchal sont là, munis d’instructions et de notes ; Charles-Édouard ne paraît pas.

1694. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Ce malheur troubla plus que je ne saurais le dire le reste du temps déjà si court que nous passâmes ensemble ; et, à mesure que le terme approchait, cette nouvelle séparation me paraissait bien plus amère et plus horrible. […] Elle était vêtue fort élégamment, et ne parut pas embarrassée le moins du monde. […] Il paraît qu’elle avait connu le premier en Italie. […] Alfieri ne parut pas et disparut avec elle peu de temps après. […] Le soir, il paraissait mieux, et ne voulut pas se mettre au lit, ne croyant pas pouvoir le supporter.

1695. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

La qualité maîtresse de l’éloquence, l’action, qui paraît avoir été éminente en Bourdaloue, ajoutait à cet effet. […] Ces excès de la morale de Massillon parurent à beaucoup de gens des éclats de zèle indiscret, ou, ce qui est plus fâcheux, des figures d’éloquence. […] Combien qui croient le contraire, et à qui Massillon paraît à la fois un théologien plus traitable et un moraliste plus indulgent ! […] Vauvenargues me paraît plus original comme critique que comme moraliste. […] Cette justice nous paraît aujourd’hui facile ; elle ne l’était pas au temps de Vauvenargues.

1696. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Les Thraces paraissaient tout fauves, avec leurs brodequins en cuir de cerf et leurs casaques en peau de renard. […] L’ouvrage paraissait solide, ayant été construit par les Égyptiens, ces manœuvres des hypogées et des pyramides. […] Cette vision parut aux deux Grecs un présage certain de la défaite de Xerxès. […] Une chouette, qui vint s’abattre sur le haut d’un mat, parut à tous la figure ailée de Pallas donnant le signal. […] Cependant cette crainte aurait dû vous paraître indigne, à vous qui connaissez l’âme d’Athènes.

1697. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — III. Le Poëme épique, ou l’Épopée. » pp. 275-353

Le ton de moraliste eût été déplacé dans de pareils ouvrages ; &, s’il y paroît quelquefois, ce n’est que pour peu de temps. […] Sa comédie des Visionnaires passa pour un chef-d’œuvre ; c’est que Molière n’avoit pas encore paru. […] Celui d’Énée lui paroît être dans la belle nature & dans le véritable héroïsme. […] Il dit que le plus anciens de tous fut celui qui parut au milieu de ce siècle, sous le titre de Philoména, ou la bien aimée. […] Il a paru mille copies de ces horribles originaux, très-éloignées du mérite de quelques-uns, & qui n’en ont que le mauvais.

1698. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

Je sais qu’elle paraîtra une offense aux Italiens, qui professaient à contretemps une unité sans lien, et une émancipation sans émancipateurs. […] Dante, Pétrarque, Machiavel, les Pazzi, les Médicis, les Politien, les Michel-Ange, et mille autres dont les noms surgissaient dans ma mémoire, me paraissaient regarder aux fenêtres de ces palais sombres dont les rues sont bordées et obscurcies. […] Mais je ne pensais pas ainsi alors, et le tombeau de marbre d’Alfieri, sculpté par Canova, et contemplé par Florence, me paraissait une apothéose suffisante pour payer toute une longue existence de travail, de vertu et de génie. […] J’ai toujours craint de paraître affecté en me montrant ému. […] Chacune de ces contrées paraissait avoir son représentant dans un des interlocuteurs qui plaidait la cause de sa capitale devant la reine détrônée d’un pays que les Romains appelaient, il y a peu de siècles, barbare.

1699. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

« Pendant », dit-il, « que je glissais dans un enfoncement du sol » (allusion sans doute à ses adversités), « s’offrit à mes yeux Celui qui par un long silence paraissait avoir perdu l’usage de la parole. » Cela désigne Virgile, par allusion à la longue ignorance de ces siècles qui avaient oublié la langue latine. […] ” » « Mes yeux », continue le poète, « tombèrent sur la claire fontaine ; mais, en m’y reconnaissant, je les reportai sur l’herbe, tant la honte me chargea le front. — Telle qu’une mère paraît sévère à son fils, telle elle me paraissait alors, parce que la saveur d’une compassion supérieure est mêlée d’une certaine amertume ; — comme la neige soufflée et amoncelée par les vents du nord se congèle sur les épaules de l’Italie, — puis, liquéfiée, se fond sous elle-même, lorsque la terre qu’elle ne recouvre plus l’amollit de sa respiration, comme la cire se fond à la flamme ; — ainsi restai-je sans larmes ni soupirs avant d’avoir entendu le chant de ceux qui accompagnaient toujours de leur harmonie les évolutions des astres éternels. […] » On croit lire l’Imitation de Jésus-Christ, qui allait paraître bientôt après, poème moral plus chrétien et plus pathétique que celui de Dante. […] « La foi », dit-il, « est la substance des choses espérées et l’argument des choses invisibles, et cela en vérité me paraît la quiddité, l’essence de la foi ; et de cette foi il convient de syllogiser, sans en avoir d’autre vue, puisque l’intention y tient lieu de preuve. […] Et l’une par l’autre paraissait se réfléchir comme Iris dans une autre Iris, et le troisième ressemblait à un feu qui rayonne également d’ici et de là !

1700. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

C’est ainsi que dans l’étude des phénomènes les plus simples, la science expérimentale a saisi certains rapports qui paraissent absolus. […] Toutefois les corps vivants paraissent de prime abord se soustraire à l’action de l’expérimentateur. […] Cette réponse paraît plaisante ou absurde ; elle est cependant la seule qu’on pourrait faire. […] C’est pourquoi j’ai réuni dans ce qui va suivre un certain nombre d’exemples qui m’ont paru les plus convenables pour atteindre mon but. […] Il paraît impossible même d’éviter d’une manière absolue ces sortes d’erreurs.

1701. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Mais, en ces matières, lorsqu’on est concis et clair, on paraît souvent superficiel. […] Mais Mably et Daunou avaient là-dessus des idées qui paraissent, aujourd’hui, singulières. […] Un fait qui paraît très invraisemblable à celui qui le rapporte a plus de chances d’être exact. […] C’est pourquoi les grands hommes de l’antiquité nous paraissent bien plus logiques que nos contemporains. […] Ce renouvellement des générations paraît être, de nos jours, la cause la plus active de révolution.

1702. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Son œuvre en effet nous paraîtra d’autant plus mesquine que nous en démêlerons mieux l’artifice. […] J’ai dit qu’une rêverie, pour nous paraître poétique, devait nous donner le sentiment du beau à quelque degré. […] Le printemps inquiet paraît à l’horizon. […] L’automobile paraît moins poétique que la diligence ; le steamer ne parle pas encore à l’imagination comme l’antique navire à voiles. […] Il nous paraît impossible en définitive d’exclure le sentiment de la définition de la poésie.

1703. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

C’est qu’un moment de l’esprit a paru et disparu, celui de la conception primesautière et créatrice. […] Enfin les poëtes et les artistes paraissent et avec eux le sentiment du beau, c’est-à-dire la sensation de l’ensemble. […] Bien loin de là : de telles espérances devaient paraître alors des révoltes de l’orgueil ou des suggestions de la chair. […] Le monde, qui paraissait un amas de puissances instinctives, ne semble plus qu’une machine de rouages engrenés. […] Son second ouvrage, Euphues and his England, parut l’an suivant, 1581.

1704. (1933) De mon temps…

Depuis plusieurs années, France s’abstenait de paraître aux séances de la Compagnie et de prendre part à ses votes. […] Henry Meilhac y fréquentait assidûment, et Charles Haas, le futur Swan de Marcel Proust, y paraissait volontiers. […] La musique y était représentée par Augusta Holmès, et le docteur Evans avait la discrétion de n’y pas paraître. […] Un grand garçon paraît. […] Solidement piété, il paraissait vigoureux et souple, malgré les ravages précoces de la misère et de l’alcool.

1705. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Son père, qui était capable de mieux, doué, à ce qu’il paraît, d’une certaine éloquence, et qui parlait d’or , nous dit son fils, s’était enterré dans la campagne à faire les affaires du seigneur du lieu et de la noblesse. […] Ces demi-conquêtes du bon sens, qui aujourd’hui et de loin paraissent peu de chose, ont beaucoup coûté à obtenir. […] Ce propos a paru assez léger à M.  […] [NdA] Cette circonstance de la jeunesse de Gui Patin, dont son dernier biographe paraît vouloir douter, je ne sais pourquoi, est attestée non seulement par Bayle, mais par des contemporains plus directs.

1706. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Étienne de La Boétie. L’ami de Montaigne. » pp. 140-161

Cet exemple paraît à Montaigne devoir consoler de tout mécompte d’ambition si on en avait ; mais on ne voit point que La Boétie ait nulle part exprimé un regret pareil en ce qui le concernait. […] Magistrat, époux, n’étaient les malheurs de la patrie, il paraît satisfait de son sort. […] Dans cette amitié entre deux âmes déjà si faites et si égales, il y a ceci pourtant à remarquer que si quelque supériorité semble, d’un côté, c’est plutôt de celui de La Boétie, en ce sens que c’est lui qui exhorte son ami et qui, l’aîné des deux, paraît aussi le plus ferme dans la voie de la vertu et de la pure morale. […] La Bruyère, qui a dit ce beau mot : « Il y a un goût dans la pure amitié où ne peuvent atteindre ceux qui sont nés médiocres », ne paraît pas admettre cette formation prompte et soudaine du même sentiment : L’amour, dit-il, naît brusquement, sans autre réflexion, par tempérament ou par faiblesse : un trait de beauté nous fixe, nous détermine.

1707. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Au surplus, elle paraissait à Meudon tout ce que Mme de Maintenon était à Versailles, gardant son fauteuil devant le duc et la duchesse de Bourgogne et le duc de Berry, qui venaient souvent la voir, les nommant familièrement le duc, la duchesse, sans addition du monsieur, ni de madame, en parlant d’eux devant eux. […] L’adroite Chausseraye saisit le moment et répondit au roi « qu’il était bien bon de se laisser tourmenter de la sorte à faire chose contre son gré, son sens, sa volonté ; que ces bons messieurs ne se souciaient que de leur affaire et point du tout de sa santé, aux dépens de laquelle ils voulaient l’amener à tout ce qu’ils désiraient ; qu’en sa place, content de ce qu’il avait fait, elle ne songerait qu’à vivre et à vivre en repos, les laisserait battre tant que bon leur semblerait, sans s’en mêler davantage ni en prendre un moment de souci, bien loin de s’agiter comme il faisait, d’en perdre son repos et d’altérer sa santé, comme il n’y paraissait que trop à son visage ; que, pour elle, elle n’entendait rien ni ne voulait entendre à toutes ces questions d’école ; qu’elle ne se souciait pas plus d’un des deux partis que de l’autre ; qu’elle n’était touchée que de sa vie, de sa tranquillité, de sa santé… ». […] Duclos historien n’a qu’un procédé, il n’est qu’un abréviateur ; il l’est avec trait, je l’ai dit, quand il a affaire à l’abbé Le Grand ; il l’est avec un certain goût et avec un adoucissement relatif quand il a affaire à Saint-Simon ; dans l’un et dans l’autre cas pourtant, il n’a pas toutes les qualités de son office secondaire, et il ne porte au suprême degré ni les soins délicats du narrateur, ni même les scrupules du peintre qui dessine d’après un autre, et de l’écrivain qui observe les tons : il va au plus gros, au plus pressé, à ce qui lui paraît suffire ; c’est un homme sensé, expéditif et concis, et qui se contente raisonnablement ; il a de la vigueur naturelle et de la fermeté sans profondeur ; nulle part il ne marche seul dans un sujet, et jamais il ne livre avec toutes les forces de sa méditation et de son talent une de ces grandes batailles qui honorent ceux qui les engagent, et qui illustrent ceux qui les gagnent. […] Duclos n’est jamais resté que ce qu’il avait paru d’abord, et il a plutôt diminué en continuant.

1708. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

» Il se demande pourquoi ces livres traduits de l’anglais ont tant d’attrait pour lui ; il s’aperçoit bien de ce qui y manque pour l’ordre, pour la méthode, et combien « à décliner les choses par les règles » les écrivains français paraissent supérieurs ; il sent le besoin de s’expliquer cette action si réelle sur les esprits sérieux : C’est qu’ils raisonnent avec grande force, dit-il, et qu’il n’y a jamais de lieux communs comme dans nos auteurs, même comme dans ceux des nôtres qui raisonnent le plus à l’anglaise. […] Il ne paraît pas se douter qu’ici il parle comme Pascal ; une telle rencontre est rare chez lui. […] On n’en était pas là encore ; on était à l’affût de ses fautes, qui ne se faisaient jamais attendre ; on n’eût pas été fâché de voir qu’il baissât de talent et d’esprit, et à tout hasard on s’empressait de le dire ; l’ouvrage peu agréable intitulé : Annales de l’empire offrait un prétexte, et à ce propos d’Argenson écrivait (juillet 1754) : L’on m’avait dit qu’il paraissait fort baissé dans cet ouvrage, et véritablement il devrait l’être, Voltaire ayant soixante ans et son corps ayant été le théâtre de tant d’agitations. […] La figure du premier est triste, un peu sévère, réfléchie, la lèvre plus fermée qu’on ne croirait ; l’idée de bonté qu’il avait n’y paraît pas.

1709. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Un savant allemand, Bœttiger, a fait tout un livre là-dessus38 ; même depuis la collection Campana et les innombrables bijoux d’usage rassemblés aujourd’hui sous nos yeux, le livre de Bœttiger ne nous paraît pas trop arriéré. […] Je suppose donc que j’ouvre le Dictionnaire, non plus du Mobilier, mais des Ustensiles, au mot Tressoir, — ce dernier Dictionnaire n’a point encore paru, mais il est sous presse, et, comme on dit, en préparation : — qu’y trouvé-je ? […] Il pourra paraître jusqu’ici assez difficile de comprendre comment M.  […] Ce faux romain pris de toutes pièces et alourdi lui paraît, ou peu s’en faut, une barbarie masquée.

1710. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Après une première explosion de mécontentement, le premier Consul aurait dit : « Jean-Bon Saint-André a voulu faire son petit Simplon. » Le récit est piquant, mais je dois dire que ce mode de procédé sommaire et d’initiative dictatoriale, emprunté à d’autres temps, ne paraît en rien conforme à tout ce que j’ai vu de la Correspondance administrative de Jean-Bon : il n’y a pas trace de coup de tête. […] Mais le soir au théâtre, le rencontrant et l’allant saluer dans sa loge, il n’y resta qu’un instant et parut vouloir sortir ; le maréchal lui demandant pourquoi il partait si tôt : « J’ai mon rapport à faire et à envoyer cette nuit même à Paris », répondit Jean-Bon. […] On retrouvait dans le préfet de Mayence le vieux conventionnel du Comité de salut public, avec sa frugalité et sa laboriosité toute républicaine. » Au dîner de l’Empereur où le préfet était invité et en attendant que le maître eût paru, il faut entendre Jean-Bon sous son costume de préfet le plus modeste possible, et, sauf l’habit, tout en noir, bas noirs, cravate noire, rendre raillerie pour raillerie à la troupe dorée qui souriait de sa tenue et de son peu de cérémonie. […] Bref, il convient de lire tout ce vivant et fin portrait, à côté duquel celui que j’ai tracé ne peut plus guère paraître qu’un ensemble de pièces à l’appui.

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