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996. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

L’animal contient tous les matériaux de l’homme, sensations, jugements, images, et, de ces matériaux assemblés par une loi nouvelle, naît la raison, comme des corps minéraux liés par une loi nouvelle naît la vie. […] Dégagé de toute loi, il n’aspire plus à un but, et n’est plus contrarié dans son effort. […] Ajoutez à cette pesanteur naturelle la laideur qui lui vient de la servitude. « Pelé, galeux, rogneux », il subit la loi universelle qui donne aux gens déjà malheureux la plus grosse part de malheurs.

997. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Il veut qu’on ne rime que pour les oreilles : « Il faut des lois sévères, dit-il, — concession que font tous ceux qui vont prendre des licences ; — mais non un vil esclavage. » Comme si rimer maigrement aidait à penser plus fortement ! […] Cette loi chrétienne, quelle est-elle ? […] Au lieu de la loi qui fait sortir les situations des caractères et la catastrophe du combat des passions, je vois quantité de petits expédients et de fils dans la main d’un machiniste très habile. […] C’est à ce propos qu’il écrivait au comte d’Argental : « Tout Paris est devenu Welche. » La même année, il avait écrit, pour la lecture, les Lois de Minos.

998. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

La Fronde, en se dégageant des lois, s’était aussi dégagée des bienséances : ces écarts se suivent inévitablement. […] Elle donne force à la loi, à la foi, au roi, à cet autre mot qui est l’abrégé de toutes nos pensées, le mot moi ; enfin elle donne sa force à la voix. […] Tels sont les vers de César au sénat : Un bruit trop confirmé se répand sur la terre Qu’en vain Rome aux Persans ose faire la guerre ; Qu’un roi seul peut les vaincre et leur donner la loi. […] Le roi sauva le Valois, quoique le François, né Gaulois, fût sacrifié à Francès italien, La loi échappa aussi, parce qu’à la cour on n’en parlait pas ; la foi fut sauvée, parce qu’elle était un mot de ralliement dans ces temps de guerre intestine.

999. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Taine » pp. 305-350

Il a obéi à la loi des forts, qui ont culbuté en eux cet impedimentum belli : — la conscience. […] C’est la convoitise humaine, réprimée, contenue pendant des siècles par des lois comme il en faut aux hommes pour qu’ils puissent vivre ensemble sans se dévorer ; c’est la convoitise humaine qui se lève et qui étend sur tout ses cent mille bras immenses ! […] Il a montré, en racontant cette conspiration dans ses plus menus détails, comment s’est formée des éléments les plus impurs, les plus abjects et les plus atroces, cette cristallisation révolutionnaire qui s’est appelée « le Jacobinisme », et il a prouvé que ce n’était pas là une circonstance, un accident, un phénomène momentané de l’Histoire, mais une horrible loi de la nature humaine ! […] Et, au fait, c’est si bien là une loi de la lâche nature humaine que la majorité se laisse toujours tuer, même sans se défendre, et qu’elle tend toujours passivement la gorge au bourreau qui va l’égorger !

1000. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Quel écrivain, quel moraliste, quel observateur, si spirituel et si original qu’il pût être, avait eu l’idée d’un Esprit des Lois de la vie élégante ? mais d’un Esprit des Lois relevé de plus de généralités et d’épigrammes qu’on n’en trouve dans Montesquieu… Le grand moraliste du xviie  siècle a dans ses Caractères un chapitre du costume qui, par un côté, touche au sujet traité par Balzac, et par un autre s’en éloigne, mais c’était là tout ou à peu près… Qui s’était jamais avisé de superposer des axiomes à tous ces faits, jusque-là sans raison, — on le croyait du moins, — qui constituent, dans une civilisation avancée, la vie élégante, de toutes les manières de vivre la plus difficile à fixer et à caractériser ? […] Il fait la loi, je le veux bien, mais il est obligé de la tirer de la coutume. […] Balzac, avant d’écrire cette épopée tout en épisodes où, malgré l’absence du rythme, la poésie coule à bords aussi pleins que dans le lit transparent des strophes de l’Arioste, Balzac avait vécu longtemps dans la fécondante intimité de Rabelais ; comme la belette de la fable, il s’était engraissé dans ce vaste grenier d’abondance… Or, par une singulière analogie, qui a été une loi de conduite pour l’intelligent éditeur, Gustave Doré a aussi passé avec Rabelais ses premières années d’invention et d’étude.

1001. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Le général Joubert. Extraits de sa correspondance inédite. — Étude sur sa vie, par M. Edmond Chevrier. — II » pp. 161-173

La juste mesure et la proportion dans un portrait sont la première loi de la ressemblance. […] Il était républicain sincère, il aimait la loi et la discipline ; il s’indignait de la connivence des autorités du département qui favorisaient les déserteurs et n’envoyaient pas à l’armée les réfractaires.

1002. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « HOMÈRE. (L’Iliade, traduite par M. Eugène Bareste, et illustrée par M.e Lemud.) —  premier article .  » pp. 326-341

Entre tant de richesses étrangères et modernes dont on est tour à tour tenté et séduit, elle seule donne au critique la vraie loi du goût, à l’écrivain les vrais secrets du style, les procédés sûrs et sévères qui servent de garantie à l’innovation même et à l’audace. […] Il y a plus : ces talents eux-mêmes qui l’honorent, arrivés à une certaine élévation, subissent chacun cette espèce de vent de dispersion qui circule ; ils versent d’un côté ou d’autre ; ils manquent à la loi de leur propre développement et à leur unité particulière.

1003. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Est-ce que, sous le feu même de l’événement du 24 février, à côté du chef du sacerdoce de Paris, Mgr Affre, de vaillante mémoire, nous n’avons pas rouvert les églises sous l’égide des citoyens armés, et mis le Dieu et l’autel libres hors la loi des révolutions et des sacrilèges ? […] Ce n’est pas assez pour le travail d’être le travail, il faut encore qu’il soit un opprobre ; cela le rend plus méritoire aux yeux de cette Providence qui en a fait, pour ceux qui l’acceptent, non seulement une loi, mais une vertu.

1004. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Voyez l’Ennemi des lois. […] À son retour il me confia que la besogne lui avait paru impossible et superflue : en vingt pages de l’Ennemi des lois, tout était dit, et comment !

1005. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Dans les pays neufs, les lois sont moins nombreuses, les relations sociales sont moins codifiées. […] Dans un pays vieux, dans une société policée, la plupart des actes de la vie physique et intellectuelle sont réglés par des lois.

1006. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

Elle a embrassé en France toutes les connaissances humaines ; elle a rangé sous ses lois les sciences et les savants ; et dans les occasions où ceux-ci n’ont pu avoir les femmes pour interlocuteurs, ils ont voulu les avoir pour témoins de leurs discussions12. […] Et qui ne sait par cœur ces autres vers de la même pièce, La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles, ………………………………………………… Le pauvre en sa cabane où le chaume le couvre                Est sujet à ses lois, Et la garde qui veille aux barrières du Louvre                N’en défend pas nos rois ?

1007. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

En critique comme en morale, les anciens ont trouvé toutes les grandes lois : les modernes n’ont fait le plus souvent que raffiner spirituellement sur les détails. […] C’est l’analyse et presque la loi littéraire dans sa perfection rigoureuse et son excellence.

1008. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

Dans l’illustre et grand siècle où nous sommes, n’avoir pas reculé dès le premier jour devant la laborieuse mission de l’écrivain, c’est s’être imposé la loi de ne reculer jamais. […] La raison humaine, d’accord en cela avec la loi Spartiate, oblige, dans certains cas, à dire l’avis qu’on a.

1009. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre V. Les esprits et les masses »

Les chefs-d’œuvre recommandés par le manuel au baccalauréat, les compliments en vers et en prose, les tragédies plafonnant au-dessus de la tête d’un roi quelconque, l’inspiration en habit de cérémonie, les perruques-soleils faisant loi en poésie, les Arts poétiques qui oublient La Fontaine et pour qui Molière est un peut-être, les Planât châtrant les Corneille, les langues bégueules, la pensée entre quatre murs, bornée par Quintilien, Longin, Boileau et La Harpe ; tout cela, quoique l’enseignement officiel et public en soit saturé et rempli, tout cela est du passé. […] Les principes combinés avec la science, toute la quantité possible d’absolu introduite par degrés dans le fait, l’utopie traitée successivement par tous les modes de réalisation, par l’économie politique, par la philosophie, par la physique, par la chimie, par la dynamique, par la logique, par l’art ; l’union remplaçant peu à peu l’antagonisme et l’unité remplaçant l’union, pour religion Dieu, pour prêtre le père, pour prière la vertu, pour champ la terre, pour langue le verbe, pour loi le droit, pour moteur le devoir, pour hygiène le travail, pour économie la paix, pour canevas la vie, pour but le progrès, pour autorité la liberté, pour peuple l’homme, telle est la simplification.

1010. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

On connaît ces deux lois qui ont pu être exagérées sans doute par l’école empirique et sensualiste, mais qui restent vraies dans leur généralité : l’âme ne pense pas sans images, l’âme ne pense pas sans signes. […] Si l’organe des images et des signes est altéré ou bouleversé, la force pensante ne peut pas à elle toute seule exercer une fonction qui, selon les lois de la nature, exige le concours de forces subordonnées.

1011. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Pour lui, comme pour nous, c’est, entre les autres symptômes de l’agonie des peuples à l’extrémité, le plus honteux indice de l’immense corruption qui gangrène la nation chinoise, — cette nation lymphatique et décrépite, dont la singularité (si grande soit-elle) ne va pas jusqu’à tomber en vertu de lois inconnues, et non plus en vertu des lois éternelles par lesquelles tous les peuples tombent dans l’Histoire !

1012. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Fustel de Coulanges » pp. 15-32

Ils n’y restèrent et ne s’y établirent qu’à la condition de devenir plus ou moins Romains, d’accepter la loi Romaine, de devenir des fonctionnaires de l’Empire. […] Plus tard, l’auteur, sans doute, dégagera de ce qu’il appelle les Institutions de l’ancienne France, l’immense part de cette influence qui les a pénétrées comme l’eau pénètre l’éponge. « La collection de Justinien — dit-il en passant — a eu force de loi jusqu’au milieu du Moyen Âge… » Mais, en ce moment, ce qu’il veut, c’est de marquer notre lignage et de le purifier de cette tache originelle de la conquête, que l’Histoire lui a fait trop longtemps porter.

1013. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

Victimes, toutes deux, de cette loi ironique et terrible qu’il n’y a que la perfection rêvée qui puisse inspirer de l’amour aux âmes capables d’amour, et que « hors l’Être existant par lui-même, il n’y a de beau que ce qui n’est pas !  […] Les boucles folles ont protesté, mais force est demeurée à la loi. » Et de cette même main qui vient de relever ses cheveux et d’en despotiser les boucles, elle écrit : « La solitude est envahissante.

1014. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Le Comte de Gobineau »

C’est un diplomate, et, si je ne me trompe, en fonctions dans ce moment même ; mais qui ne se soumet pas à la loi de ce beau silence conservateur qui régit la diplomatie comme la Trappe. […] J’en fais ce qu’il est, l’hébétement, la destruction et la mort… Je n’aperçois qu’un monde d’insectes de différentes espèces et de tailles diverses, armés de scies, de pinces, de tarières et d’autres instruments de ruine, attachés à jeter à terre mœurs, droits, lois, coutumes, ce que j’ai respecté, ce que j’ai aimé ; un monde qui brûle les villes, abat les cathédrales, ne veut plus de livres, ni de musique, ni de tableaux, et substitue à tout la pomme de terre, le bœuf saignant et le vin bleu.

1015. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Une page de L’Esprit des lois comparée à une page d’Atala suffit à le démontrer. […] Il y a là des mérites qui s’excluent, et c’est à l’ignorance de cette loi élémentaire qu’il faut attribuer l’insuffisance des écrivains comme la faiblesse des orateurs. […] L’un instruit quelques particuliers, combat les sophistes, et meurt pour la vérité ; l’autre défend l’Etat, la liberté, les lois contre les conquérants du monde, et quitte enfin la terre, quand il n’y avoit plus de patrie à servir. […] Voici, au hasard, deux exemples de sa manière : A Rome, gouvernée par les lois, le peuple souffrait que le Sénat eût la direction des affaires. […] L’Esprit des Lois est plus piquant encore.

1016. (1924) Critiques et romanciers

Mais, réplique-t-on, ce n’est pas un principe ; c’est une loi de la nature physique et morale. […] bien, ces lois n’existent pas, ni ce type. […] La troisième loi que M.  […] L’une de ces lois, la troisième, a pris dans son œuvre un magnifique développement. […] Ils ignorent les lois de la logique.

1017. (1929) La société des grands esprits

Une loi, rédigée par Eubule, interdisait, sous une peine très grave, de proposer qu’on employât pour aucun autre usage l’argent destiné aux fêtes publiques. […] Non, en principe, et Démosthène n’arriva qu’à grand peine, après s’être longtemps contenté de timides allusions, à obtenir l’abrogation de la loi d’Eubule. […] Pourquoi le silence des espaces infinis inspirerait-il de la terreur, depuis que nous en connaissons suffisamment les lois ? […] Mais il se raillait des métaphysiciens qui prétendent déduire les lois naturelles de principes a priori : il pratiquait l’expérience, l’empirisme rationnel, la véritable méthode positive. […] Pour lui, les initiatives partent des individus supérieurs (et vraiment il me paraît bien difficile de n’être pas de son avis) ; mais les réalisations sociales sont ensuite soumises à des lois collectives, qu’il appelle les lois de l’imitation.

1018. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Cendres, fumées et ombres paraissaient ici suivre la grande loi. […] Dans cette théorie-là, secourir le faible, c’est aller contre la Loi, la grande loi naturelle ; c’est un crime de lèse-nature. […] Cette loi de la survivance des forts et de la disparition des faibles, non seulement il faut la respecter ; mais il faut en être les ministres. […] — Pourquoi cette vénération superstitieuse à l’égard de la loi naturelle ? […] Ne nous faisons pas trop les collaborateurs de la loi naturelle, qui, hélas !

1019. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LIX » pp. 227-230

Au roi qui le pressait, il y a quelques mois, de soutenir la loi telle que l’avait faite Villemain, et qui lui donnait pour raison qu’il fallait accorder quelque chose au clergé, que c’était encore quelque chose de très-fort qu’un prêtre, Thiers aurait répondu : « Sire, il y a quelque chose de plus fort que le prêtre, je vous assure, c’est le jacobin.

1020. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « a propos de casanova de seingalt  » pp. 510-511

Mais en fait, d’après la loi de l’infirmité et de la lâcheté humaine, dans le manque d’éducation forte et de croyance régnante, ce sont les instincts naturels qui décident en dernier ressort et qui font l’homme.

1021. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 45-49

Il se dispensa, comme Législateur de la Loi, qui force ceux qui vivent dans ce tombeau à ignorer ce qui se passe sur la terre.

1022. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Cochin » p. 332

Et, enragées bêtes que vous êtes, je ne l’exige pas de vous pour faire un nez, une bouche, un œil, mais bien pour saisir dans l’action d’une figure cette loi de sympathie qui dispose de toutes ses parties, et qui en dispose d’une manière qui sera toujours nouvelle pour l’artiste, eût-il été doué de la plus incroyable imagination, et eût-il par devers lui mille ans d’étude.

1023. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Deuxième partie. — L’école critique » pp. 187-250

Certes, s’ils se bornaient à railler ces esprits positifs et raisonneurs, qui, avec le calme sourire du bon sens triomphant, demandent à la poésie une fin pratique en dehors d’elle-même ou l’exposition logique d’une idée claire, renvoyant aux Petites-Maisons les Aristophane et les Shakespeare ; s’ils se bornaient comme Goethe à dire à ces sages : Vous oubliez que l’imagination a ses lois propres auxquelles la raison ne peut pas et ne doit pas toucher, que la fantaisie a la puissance et le droit d’enfanter des créations destinées à rester, pour la raison, des problèmes éternels, et qu’une production poétique est d’autant plus haute, plus large et plus profonde qu’elle échappe davantage à la mesure et à la portée de l’intelligence commune ; s’ils se bornaient à cela, certes il faudrait les remercier. […] Il découvrira que cette loi essentielle du genre est violée ; qu’Arnolphe n’est comique qu’objectivement et pour autrui, qu’il se prend lui-même trop au sérieux, qu’il met à poursuivre son but une âpreté de volonté tout à fait incompatible avec la gaieté comique, et que, par suite, quand finalement il échoue, loin de pouvoir rire, comme les autres, libre et satisfait, il reste l’objet piteux et déconfit d’un rire étranger306. […] Non contente de mépriser ces poêles, elle exigeait, dans l’intolérance de sa passion, que ce mépris fût universel, et semblait le regarder vraiment comme aussi nécessaire qu’une des lois qui régissent le monde. […] Chacune d’elles naît accompagnée de mille autres, dont la moindre l’altère entièrement ; les exceptions s’accumulent sur les exceptions, et réduisent la prétendue loi fondamentale à n’être plus que l’expérience de quelques cas particuliers320 ». […] On vante avec raison les ouvrages des anciens comme des modèles ; les auteurs en sont appelés classiques et forment, parmi les écrivains, comme une noblesse dont les exemples sont des lois pour peuple.

1024. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Il faut se souvenir, pour bien comprendre ce mariage précédé d’un long noviciat domestique, que Goethe, aux yeux de la ville de Weimar, n’était pas seulement un poète, un ministre, un favori du souverain, mais une sorte de dieu antique au-dessus des mœurs et des lois, un être d’exception qui avait ses mœurs et ses lois à part du reste de l’humanité. […] Quand je voyais le peuple se rendre en foule à l’église, quand j’entendais les membres d’une nombreuse communion de croyants confondre leurs voix dans une même prière : Oui, me disais-je, elle est divine cette loi que les meilleurs des hommes professent, qui dompte l’esprit et console le cœur. […] Conserver la beauté dans la douleur, ne dégrader jamais l’homme intellectuel par le déchirement de ses sensations, montrer toujours l’intelligence impassible survivant au cœur torturé, voilà le comble de l’art antique, voilà la loi du beau ; c’est cette loi du beau dans l’art que quelques grands artistes de notre époque ont voulu nier et renverser en cherchant l’expression dans la seule vérité imitative, en peignant le laid avec autant de recherche que le beau, et en inventant ce paradoxe artistique et littéraire qu’ils ont appelé l’art pour l’art !

1025. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

. — Mais, dit-on, la majorité sans cesse déplacée par un discours ou par une intrigue fait la loi ? […] XXIV On sentait dans ces paroles hardies et convaincues un grand fonds de foi dans l’éternelle sagesse, qui s’ajourne quelquefois, mais qui ne se dément jamais. « On ne voudrait pas m’entendre aujourd’hui, nous disait-il encore, mais le moment n’est pas loin où l’on m’entendra ; car les nations se sauvent toujours et se perdent toujours, et quand elles veulent décidément se sauver elles remontent aux lois de Dieu ! Ces lois de Dieu, c’est moi qui les sais, ajoutait Balzac ; sous un régime ou sous un autre, vous reviendrez à la loi des lois, l’unité de volonté ! 

1026. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Rapports de la population avec les gouvernements, les lois et la religion ; constitution économique du commerce ; proportion des peines aux délits ; réduction de toutes les lois françaises en un code unique ; la liberté, pour attirer les étrangers par l’opulence qui la suit toujours ; l’égalité, pour porter l’abondance et la vie dans tout le corps politique ; la tolérance religieuse, pour assurer l’autorité du prince et la stabilité de l’Etat : voilà quelques-unes des nouveautés que Montesquieu proclame avec l’air de n’y penser que par plaisir, répandant à la fois les doutes, les vœux de réforme, les critiques déguisées du temps présent, tout, excepté des craintes sur le prix dont la France devait payer un jour ces conquêtes. […] Heureusement justice a été faite par Montesquieu lui-même de ces froides violences contre Louis XIV, envers lequel il n’est resté que sévère, et de ses légèretés contre le christianisme que l’Esprit des lois a vengé des Lettres persanes. […] Ce qui, au dix-septième siècle, a fait défaut à l’histoire, c’est que l’idée même n’en pouvait venir à un homme de génie, non par l’effet de quelque défense de Louis XIV qui se fût aussi bien qu’Auguste accommodé d’un Tite-Live, mais par une loi des choses de l’esprit, qui faisait naître le génie de l’érudition avant le génie du récit, et les préparateurs de l’histoire avant l’histoire. […] La devise du dix-huitième est : Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux ; maxime qui mènera loin, qui fera craindre à l’auteur de l’Esprit des lois d’être trop sérieux, à Buffon d’être trop savant ; qui persuadera à bon nombre de gens que tout ce qui les amuse est bon, et que le genre de Pascal et de Bossuet n’est pas bon, puisqu’ils s’y ennuient.

1027. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

Les infirmes naissent jaloux : c’est la loi de la nature ; ils se vengent sur les êtres complets du malheur et de l’imperfection de leur être ; leur consolation, c’est de ravaler ce qui les dépasse. […] Mais attendez un peu, et écoutez avec quelle amertume il accuse les lois du Destin et la lenteur des Parques à couper la trame de sa vie, quand il voit la chevelure de son cher Archiloque pétiller sous la flamme du bûcher funèbre ! […] S’il y en a dans ses épîtres à Louis XIV, c’est que ce roi était placé dans l’esprit de ses courtisans hors la loi mortelle et par ses poètes hors de la vérité. […] Dans les temps bien heureux du monde en son enfance, Chacun mettait sa gloire en sa seule innocence, Chacun vivait content et sous d’égales lois ; Le mérite y faisait la noblesse et les rois, Et, sans chercher l’appui d’une naissance illustre, Un héros de soi-même empruntait tout son lustre ; Mais enfin par le temps le mérite avili Vit l’honneur en roture et le vice ennobli, Et l’orgueil, d’un faux titre appuyant sa faiblesse, Maîtrisa les humains sous le nom de noblesse. […] vous ne l’atteignez pas, ou vous le dépassez. » Et s’il arrive que ces hommes de critique, ces logiciens des arts, ces logiciens de la langue, soient eux-mêmes capables à un certain degré de joindre l’exemple à la leçon et de produire des œuvres de talent irréprochables, leur talent accroît leur autorité, et les nations reconnaissent longtemps leurs lois.

1028. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Les nuages, obéissant aux lois de la pesanteur, tomberaient perpendiculairement sur la terre ou monteraient en pyramides dans les airs ; l’instant d’après, l’atmosphère serait trop épaisse ou trop raréfiée pour les organes de la respiration ; la lune, trop près ou trop loin de nous, tour à tour serait invisible, tour à tour se montrerait sanglante, couverte de taches énormes, ou remplissant seule de son orbe démesuré le dôme céleste. […] « Il y a quelques lois relatives aux cris des animaux, qui, ce nous semble, n’ont point encore été observées, et qui mériteraient bien de l’être. […] Cette loi est fort étonnante, et cache peut-être un secret terrible. Observons que les monstres parmi les hommes suivent la loi des bêtes carnassières. […] « C’est ici le lieu de remarquer une autre loi de la nature.

1029. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IX : Insuffisance des documents géologiques »

Ainsi, pour donner un exemple de cette loi, le Pigeon-Paon et le Pigeon grosse-gorge descendent tous les deux du Pigeon Biset. […] Le principe de concurrence entre les organismes voisins, ou entre les descendants et leurs ancêtres, a dû rendre un pareil cas très rare ; car c’est une loi générale que les formes vivantes nouvelles et progressives tendent à supplanter les vieilles formes demeurées fixes. […] Les circonstances dans lesquelles les couches de sédiment se déposent sont probablement beaucoup plus complexes qu’on ne le croit généralement ; mais toutes pourraient être ramenées à quelques lois générales, ou plutôt à des rapports entre la vitesse d’oscillation du sol et la vitesse d’accumulation des sédiments. Ainsi, lorsque le sol s’abaisse, si la vitesse d’affaissement est supérieure à la vitesse d’accumulation, non seulement les formes organiques doivent changer de nature et diminuer de nombre, mais la vitesse d’accumulation elle-même doit augmenter progressivement en raison même des lois de la pesanteur, puisque l’inclinaison du courant qui apporte les alluvions est plus forte. […] La formation, qui s’accumule ainsi, participera donc de la nature minéralogique des terrains dénudés ; mais aussitôt que la mer atteindra la ligne d’affleurement des deux terrains superposés, toutes choses demeurant, du reste, dans le même état et la région entière continuant de s’affaisser avec la même vitesse, il en résultera cependant un changement dans la nature minéralogique du dépôt en voie de s’accumuler, et probablement aussi une différence dans la vitesse d’accumulation, provenant d’une différence dans la vitesse de désagrégation des nouvelles formations côtières, qui peuvent être plus ou moins dures que les anciennes Mais il est probable que pendant qu’une formation quelconque se dépose au sein de la mer, plusieurs de ces lois se combinent entre elles de manière à fournir un résultat extrêmement complexe et d’une analyse très délicate ; quant aux causes qui ont concouru à l’obtenir.

1030. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Au moins ne devraient-ils, pas violer les lois qu’ils nous ont données. […] Ici, c’est « la loi de transformation ». […] Mais selon quelle « loi » ? […] dit-il avec solennité, aucun de nous ne respecte d’autre loi que celle que nous nous donnons nous-mêmes. » Et encore : « Je n’accepte d’autre loi que celle que je me donne à moi-même : en moi est la morale, la loi et le devoir. […] Au dernier acte, Gerhart avoue à Hélène, assez piteusement, que « la loi » est plus forte que lui et qu’il retombe « sous la loi ».

1031. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Après avoir donné des lois aux Athéniens, qui lui en avaient demandé, il s’était décidé à s’expatrier et à voyager pendant dix ans, sous le prétexte de visiter d’autres régions, mais réellement pour n’être point forcé à changer quelque chose à ces lois. […] Il se présenta au palais du roi, et le supplia de le purifier suivant le mode d’expiation établi par les lois du pays. […] Anciennement, tous les habitants contribuèrent en commun à la fondation des pilotis qui soutiennent les planchers ; mais ils ont pourvu depuis à leur entretien par une loi particulière, qui oblige tout homme, quand il épouse une femme, et il peut en épouser plusieurs, à fournir trois de ces pilotis, pris dans une montagne nommé l’Orbélus. […] — Nos coutumes, répondit Amyntas, sont bien différentes ; elles veulent que les femmes restent toujours séparées des hommes ; cependant, puisque vos lois permettent le contraire, et que vous êtes actuellement nos maîtres, il faut bien vous satisfaire. » En disant ces mots, Amyntas ordonna que l’on fît entrer les femmes, qui vinrent se ranger et se placer vis-à-vis des Perses. […] À sa mort, les Lacédémoniens voulurent, comme la loi le prescrivait, prendre pour roi l’aîné de ces enfants ; mais, ne pouvant les distinguer et n’ayant conséquemment aucune raison pour choisir l’un de préférence à l’autre, ils résolurent de consulter celle qui les avait mis au jour.

1032. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

On y ferait à chaque pas, en se baissant, son butin de moraliste : « Chaque femme se croit volée de tout l’amour qu’on a pour une autre. » — « Madame Lauter, encore sur ce point, était comme toutes les femmes, — excepté vous, madame ; — elle ne plaçait l’infidélité que dans la dernière faveur. » — « On ne se dit : Je vous aime, en propres termes, que quand on a épuisé toutes les autres manières de le dire ; et il y en a tant que l’on n’arrive quelquefois à dire le mot que lorsqu’on ne sent plus la chose et que le mot est devenu un mensonge. » — « La justice du monde, comme la justice des lois, ne découvre presque jamais les crimes que lorsqu’ils n’existent pas encore, ou lorsqu’ils n’existent plus. » — Mais je m’arrête, de peur du sourire de l’auteur, pendant que je me baisse à ramasser ainsi les aphorismes qu’il sème en s’en moquant tout le premier : il me ferait niche par derrière.

1033. (1875) Premiers lundis. Tome III « Armand Carrel. Son duel avec Laborie »

Conséquent dans ses doctrines, il a réclamé pour tous l’usage et la protection des lois ; il entendait que chacun pût librement exprimer son amour ou sa haine, et que la faction même qui avait voulu anéantir la presse s’en servit pour sa défense.

1034. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pioch, Georges (1874-1953) »

J’ai ressenti une joie d’âme, une beauté de cœur, une sincérité de gestes, d’actes, de grâce devant ce petit livre qu’est Toi, de beauté et de bonté si pure, douce et grave… Si nous passons à la Légende blasphémée, le chant du poète se change en un cri d’orgueil et de gloire, en une force et une vaillance de son être rebelle aux codes, aux lois, aux disciplines.

1035. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre IV. Des Sujets de Tableaux. »

Euphranor peignit les douze dieux, Thésée donnant des lois, et les batailles de Cadmée, de Leuctres et de Mantinée.

1036. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Il resterait aussi à ramener les lois de l’association à des lois physiologiques, le mécanisme psychologique au mécanisme cérébral qui le supporte : mais nous sommes bien loin de cet idéal. […] II, § 4) montrent que l’attention est soumise à la loi du rythme. […] On sait que le seul fait de fixer son attention sur une partie du corps, le cœur, l’estomac, la vessie, les intestins, amène à la conscience des sensations insolites : ce qui est un cas de cette loi générale que tout état de conscience vif tend à s’actualiser. […] Elle est reconnue depuis Hobbes au moins : « Idem sentire semper et non sentire, ad idem recidunt » ; mais cette loi est enfreinte chez quelques individus exceptionnels, dans des cas très rares et pendant très peu de temps. […] C’est une loi biologique bien connue que la dissolution suit l’ordre inverse de l’évolution, que son travail destructeur marche du complexe au simple, du moins automatique au plus automatique.

1037. (1932) Le clavecin de Diderot

C’est à croire que tous ces détails amoncelés doivent, seulement, servir à masquer, de leur ombre, la loi d’universelle réciprocité. […] Il serait légitime, au nom de la loi d’universelle réciprocité, de retourner cette explication causale. […] Engels qui cite cette phrase de Hegel la commente en ces termes : La liberté n’est pas dans une indépendance illusoire par rapport aux lois de la nature, mais dans la connaissance de ces lois et dans la possibilité, fondée sur cette connaissance, de les faire agir, afin d’atteindre des fins déterminées. Cela se rapporte aussi bien aux lois qui régissent la nature extérieure qu’à celles qui régissent l’être matériel et moral de l’homme même, c’est-à-dire à deux catégories de lois qu’il est, tout au plus, permis de séparer dans nos idées, non dans la réalité. […] Déesse de la Justice, de la loi et de l’équité.

1038. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre premier, premières origines du théâtre grec »

La danse l’initie à cette seconde vue ; elle transfigure le corps en lui donnant deux ailes, l’élan et le rythme ; elle le dégage, pour un instant, des tristes lois de la pesanteur.

1039. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Ce serait une raison suffisante pour la déclarer souverainement agréable, si le moindre effort était notre suprême idéal, et la loi même de notre activité. Singulière loi pour une activité ! […] La suite des sentiments qu’il prêtera à ses personnages ne pourra manquer d’être conforme aux lois de la psychologie, puisqu’il aura fait jouer ces lois en lui-même. […] « Le génie doit créer comme l’imagination travaille, obéissant à une loi, poursuivant un but sans avoir conscience de l’un ni de l’autre. […] En général, on pourrait poser cette loi, que l’aisance du style est plutôt en raison inverse de sa puissance d’évocation.

1040. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Newton, à ce que l’on raconte, disait avoir trouvé la loi de la gravitation universelle « en y pensant toujours ». […] Le sentiment est une des conditions ordinaires de l’idée créatrice, et les lois de la psychologie générale permettaient de le prévoir. […] Tout n’y est pas entièrement systématisé et soumis à tous égards, à des lois absolues de finalité. […] Voir aussi la lettre à Haeckel publiée dans l’Histoire de la création des êtres organisés d’après les lois naturelles. […] Lettre publiée par Haeckel, dans l’Histoire de la création des êtres organisés d’après les lois naturelles, trad.

1041. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

En termes moins sacrés, faut-il déplorer cette espèce de loi non écrite, mais d’autant plus impérieuse, qui veut que tout écrivain de quelque éclat soit exproprié de sa vie privée ? Cette loi est de ce siècle et c’est le journalisme qui l’a faite. […] Il est vrai que nos lois imbéciles s’opposent à ce genre de feuilleton littéraire qui serait certainement plus amusant que l’autre. […] Je viens de parler des lois. […] Je me suis imposé la loi sévère d’en parler ici.

1042. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Les lois du monde ne changent pas : elles suivent un ordre invariable et constant. […] Quand le commentaire a altéré la loi et en a fait une chaîne au lieu d’une garantie, remontez à l’esprit de la loi, à la justice. La loi, rajeunie plutôt que changée, reprendra la vie qu’elle avait perdue. […] c’est qu’une étroite et fausse application n’en a pris que le dehors, que la lettre qui tue, et a voulu faire une loi perpétuelle de ce qui n’était que la loi des circonstances. […] Mais en regard de la loi qui inflige à tout enfantement la souffrance, une autre loi proportionne la fécondité d’un travail à ses douleurs.

1043. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Il est satisfait par des lois de fréquence. […] Les spiritualistes disent : « Il nous est impossible de découvrir la loi morale parmi les lois de la vie ; mais nous y croyons cependant, car… etc. » Suivent les raisonnements que l’on connaît. […] Je suis surpris qu’il n’ait pas raillé, au sujet de cette Loi unique, des adversaires qui se raillent de l’idée de Dieu ; car Dieu, Loi, ce sont les deux masques ou d’une même vérité, ou d’un même néant. […] Si l’on veut relever, par exemple, que, comme nous l’avons dit au début de cet article, la loi morale n’est pas une loi de la nature, rien de plus juste. Resterait à prouver la réalité de la loi morale, comme on prouve la réalité de la loi de la pesanteur.

1044. (1902) Propos littéraires. Première série

Derrière les choses et les régissant, elle voit non des êtres, mais des lois, et elle s’applique de tout son cœur à ce qu’on n’aille pas, par un retour offensif de la métaphysique, prendre maintenant ces lois pour des êtres. […] La fixité des lois naturelles est évidente ; mais elle n’est encore et ne sera jamais que relative. Une loi est la répétition constante d’un même fait. […] Et ce n’est pas une loi que je t’impose ; c’est la loi qui est en toi, c’est ta loi naturelle. […] toutes les lois éternelles qui règnent autour de sa maison ; interprétant sans le comprendre [hé ?

1045. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

À l’historien qui pâlit sur eux, les recueils d’ordonnances, les codes et les constitutions ne livrent que des lois inertes. […] Celle-ci, organisée par le décret de 1808, venait d’être supprimée et rasée par la loi du 15 mars 1850 et par le décret du 19 mars 1852. […] Baudelaire n’a pas été le maître d’empêcher cette loi suprême de la poésie d’agir en lui et d’engendrer ses conséquences. […] C’est encore, en effet, une des lois du bel esprit, de ne s’émouvoir de rien. […] Divertir est sa loi suprême ; il n’observe que le divertissant ; il va et nous porte là où l’on se divertit sans grimace.

1046. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

. — La Loi de l’histoire (1894). — Jeanne d’Arc (1895). — Borgia (1896). — Jésus et l’Ère de la science (1896). — Philippe le Bel (1896). — Don Juan (1897). — Pascal et Descartes (1897). — Rabelais (1897). — La Religion de la science et l’Esprit pur (1897). — Ultimum Organum (1897).

1047. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — II »

Elle consiste à appliquer aux modes de la vie phénoménale une conception qui exclut la vie phénoménale, la loi d’un autre état que nous ne pouvons imaginer et décrire qu’en niant à son sujet faut ce que nous savons de la vie ordinaire, — en niant qu’il soit soumis aux conditions du temps, de l’espace, de la cause et que la diversité y ait place.

1048. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Il a contre lui l’humanité nouvelle, qui, dans les salons les plus élégants, l’accuse de maintenir les restes surannés d’une époque barbare, impôts mal assis, mal répartis et mal perçus, lois sanguinaires, procédures aveugles, supplices atroces, persécution des protestants, lettres de cachet, prisons d’État […] L’ironie des Lettres persanes est aussi mesurée que délicate ; l’Esprit des Lois est conservateur. […] Vivons-nous sous la loi d’un maître absolu, ou sommes-nous régis par un pouvoir limité et contrôlé ?  […] En 1771, dit le moqueur Besenval après l’exil du Parlement, « les assemblées de société ou de plaisir étaient devenues de petits États Généraux, où les femmes, transformées en législateurs, établissaient des prémisses et débitaient avec assurance des maximes de droit public. » La comtesse d’Egmont, correspondante du roi de Suède, lui envoie un mémoire sur les lois fondamentales de la France, en faveur du Parlement, dernier défenseur des libertés nationales, contre les attentats du chancelier Maupeou. « M. le chancelier, dit-elle529, a, depuis six mois, fait apprendre l’histoire de France à des gens qui seraient morts sans l’avoir sue. » — « Je n’en doute pas, sire, ajoute-t-elle ; vous n’abuserez pas de ce pouvoir qu’un peuple enivré vous a confié sans limites… Puisse votre règne devenir l’époque du rétablissement du gouvernement libre et indépendant, mais n’être jamais la source d’une autorité absolue. » Nombre d’autres femmes du premier rang, Mmes de la Marck, de Boufflers, de Brienne, de Mesmes, de Luxembourg, de Croy, pensent et écrivent de même

1049. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

Il a abandonné les amants aux lois naturelles de l’amour. […] Le public fit la loi : il imposa d’abord la clarté, l’unique et admirable clarté de nos chefs-d’œuvre classiques ; il obligea les auteurs à ménager sa peine sans plaindre la leur, à savoir nettement ce qu’ils voulaient dire, et à le dire sûrement. […] Il fut difficile aussi de parler à ce public de ce qui n’était pas lui : et par là la matière littéraire se restreignit encore ; l’homme, mais l’homme de la société, soumis aux rapports, aux lois, aux accidents sociaux, ayant affaire un peu a Dieu, beaucoup aux hommes, nullement à la nature, fut l’original nécessaire de tous les portraits. […] En revanche, jamais le goût des Espagnols n’a fait loi ; et dans le temps même où on les pillait le plus, on ne se gênait guère pour les taxer d’irrégularité ou d’extravagance277.

1050. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Il n’est pas une époque où cet à-propos paraisse plus manifestement une loi de l’esprit français, qu’au lendemain de la gloire de Balzac. […] Il en eut de si étranges dans la nuit du 10 novembre 1619, qu’au dire du même Baillet, si Descartes n’avait déclaré qu’il ne buvait pas de vin, on eût pu croire qu’avant de se coucher il en avait fait excès, « d’autant plus, ajoute naïvement le biographe, que le soir était la veille de Saint-Martin20. » Après quelques années passées soit dans des voyages, où il étudiait les mœurs, et par la vue de leur diversité et de leurs contradictions, se fortifiait dans son dessein de chercher la vérité en lui-même, soit à la guerre, où il s’appliquait tout à la fois à étudier les passions que développe la vie des camps, et les lois mécaniques qui font mouvoir les machines de guerre ; après quelque séjour à Paris, où il cacha si bien sa retraite que ses amis même ne l’y découvrirent qu’au bout de deux ans, il se fixa en Hollande, comme le pays qui entreprenait le moins sur sa liberté, et dont le climat, selon ses expressions, lui envoyait le moins de vapeurs. […] Telle est en effet la force de cette méthode, telle en est la conformité avec l’esprit français, qu’il y eut, au temps de Descartes, des superstitieux de ce beau génie qui prirent pour le législateur même de la nature des choses celui qui ne faisait qu’en reconnaître les lois. […] Si Descartes a été marqué le premier de ce grand caractère, et s’il en fait par son exemple une loi de notre littérature, il n’y a point d’exagération à dire qu’il est plus original qu’aucun des écrivains ses devanciers.

1051. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

qu’il n’y avait qu’une faute de comptabilité à corriger pour que le monde actuel fût immédiatement renouvelé dans ses fondements et ses entrailles, lui cachait les lois morales et physiologiques de la nature humaine. […] Seulement, et ceci est d’un ragoût délicieux, l’homme apparaît, et, je l’ai dit, le bonhomme, et je pourrais ajouter le gros bonhomme, à travers cet effroyable révolutionnaire qui compte bien faire sauter un de ces jours la société tout entière : religion, lois et mœurs ! […] Inconséquent qui s’était mis parfaitement à l’aise vis-à-vis de ses inconséquences, en faisant du principe de la contradiction une loi du monde. […] C’est le même désordre et c’est la même loi.

1052. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Classique ou non, les lois du vers semblent devoir se coordonner aux conditions physiologiques de la mémoire. […] Le vers moderne est fait en horreur de ces lois et de ces coutumes que nous venons de rappeler, et le vers de M.  […] Ce sera une simple exposition de vers littérairement criminels, car le beau a ses lois inviolables. […] Et, s’obstinant à ce jet continu de vers, il s’écrie dans une ivresse de convulsionnaire : Donc les lois de notre problème, Je les aurai !

1053. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

La nature veut qu’il y ait des spectacles, et la religion n’est qu’une perfection de la loi naturelle. […] Un orateur qui manquerait à cette loi de convenance en serait à l’instant averti et puni par son auditoire. Il y a plus de mérite à un écrivain d’observer cette même loi du fond de son cabinet, et c’est en cela que Marais a fait un heureux et délicat détournement du sens.

1054. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Des changement secrets s’accomplissent en eux, au sein de leur génie, et quelquefois le transforment ; ils subissent ces changements comme des lois, sans s’y mêler, sans y aider artificiellement, pas plus que l’homme ne hâte le temps où ses cheveux blanchissent, l’oiseau la mue de son plumage, ou l’arbre les changements de couleur de ses feuilles aux diverses saisons ; et, procédant ainsi d’après de grandes lois intérieures et une puissante donnée originelle, ils arrivent à laisser trace de leur force en des œuvres sublimes, monumentales, d’un ordre réel et stable sous une irrégularité apparente comme dans la nature, d’ailleurs entrecoupées d’accidents, hérissées de cimes, creusées de profondeurs : voilà pour les uns. […] Commençons par l’architecture du temple dans Athalie : chez les Hébreux, tout était figure, symbole, et l’importance des formes se rattachait à l’esprit de la loi.

1055. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Introduction »

Avant d’aller plus loin l’on demanderait, peut-être, une définition du bonheur ; le bonheur, tel qu’on le souhaite, est la réunion de tous les contraires, c’est pour les individus, l’espoir sans la crainte, l’activité sans l’inquiétude, la gloire sans la calomnie, l’amour sans l’inconstance, l’imagination qui embellirait à nos yeux ce qu’on possède, et flétrirait le souvenir de ce qu’on aurait perdu ; enfin, l’inverse de la nature morale, le bien de tous les états, de tous les talents, de tous les plaisirs, séparé du mal qui les accompagne ; le bonheur des nations serait aussi de concilier ensemble la liberté des républiques et le calme des monarchies, l’émulation des talents et le silence des factions, l’esprit militaire au-dehors et le respect des lois au-dedans : le bonheur, tel que l’homme le conçoit, c’est ce qui est impossible en tout genre ; et le bonheur, tel qu’on peut l’obtenir, le bonheur sur lequel la réflexion et la volonté de l’homme peuvent agir, ne s’acquiert que par l’étude de tous les moyens les plus sûrs pour éviter les grandes peines. […] Loin donc de ceux qui ont quelque valeur personnelle, toutes les dénominations d’esclaves et de factieux, de conspirateurs et d’anarchistes, prodiguées aux simples opinions ; les actions doivent être soumises aux lois : mais l’univers moral appartient à la pensée ; quiconque se sert de cette arme, méprise toutes les autres, et l’homme qui l’emploie est par cela seul incapable de s’abaisser à d’autres moyens. — Plusieurs ouvrages de très bons auteurs renferment des raisons en faveur de l’hérédité modifiée, ou comme en Angleterre, c’est-à-dire, composant deux branches du gouvernement, dont le troisième pouvoir est purement représentatif ; ou comme à Rome, lorsque la puissance politique était divisée entre la démocratie et l’aristocratie, le peuple et le sénat ; il faudrait donc déduire tous les motifs qui ont fait croire que la balance de ces intérêts opposés, pouvait seule donner de la stabilité aux gouvernements ; que l’homme qui se croit des talents, ou se voit de l’autorité, tendant naturellement, d’abord aux distinctions personnelles, et ensuite aux distinctions héréditaires, il vaut mieux créer légalement ce qu’il conquerra de force. […] Attendez, vous, génération contemporaine, éloignez encore de vous les haines, les proscriptions et la mort ; nul devoir ne pourrait exiger de tels sacrifices, et tous les devoirs, au contraire, font une loi de les éviter.

1056. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Chez Hume, Gibbon, Robertson qui sont de l’école française et tout de suite adoptés en France, dans les recherches de Dubos et de Mably sur notre moyen âge, dans le Louis XI de Duclos, dans l’Anacharsis de Barthélemy, même dans l’Essai sur les mœurs et dans le Siècle de Louis XIV de Voltaire, même dans la Grandeur des Romains, et l’Esprit des Lois de Montesquieu, quelle étrange lacune ! […] Parcourez les harangues de tribune et le club, les rapports, les motifs de loi, les pamphlets, tant d’écrits inspirés par des événements présents et poignants ; nulle idée de la créature humaine telle qu’on l’a sous les yeux, dans les champs et dans la rue ; on se la figure toujours comme un automate simple, dont le mécanisme est connu. […] Au moyen d’un contrat, Rousseau fonde l’association politique, et, de cette seule donnée, il déduit la constitution, le gouvernement et les lois de toute société équitable.

1057. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIIe entretien. Poésie sacrée. David, berger et roi » pp. 225-279

Quant à moi, j’avoue que je souhaiterais pour tous une telle Constitution, car elle seule réalise ce que tous les hommes désirent, ce que tous les politiques sages ont cherché à leur donner, ce que Moïse seul sut concevoir et exécuter, c’est-à-dire une organisation sociale qui fait comprendre au peuple que c’est « la loi, et non l’homme, qui règne, que la nation doit librement accepter ce gouvernement divin de la raison et de la loi, et l’exercer sans tyrannie, que nous n’avons pas été créés pour être enchaînés et contraints comme des esclaves, mais pour être guidés et conseillés par une puissance invisible, sage et providentielle. » Telle était la Constitution théocratique de Moïse. La loi régnait seule ; fondée sur la volonté de Dieu, et soutenue par la voix unanime du peuple, elle avait son trône dans le temple national.

1058. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Jean-Jacques Rousseau ne fut qu’un écrivain chimérique, rédigeant bien des phrases, incapable de rédiger une loi. […] La supériorité n’est point un abus, c’est une loi de Dieu, volontaire et mobile dans la démocratie, immobile et tyrannique dans la monarchie absolue. […] Joseph II, Léopold, influencés par la douceur traditionnelle du gouvernement des Médicis, y régnèrent par des lois de Platon.

1059. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Elle recevait tout l’univers en son âme et le renvoyait en formes idéales : vraie antithèse du génie dur et pratique de Rome, dont le rôle est de façonner la réalité par l’épée et par la loi. […] Ne lui demandez pas ce que c’est que ces pays d’où l’on ne revient pas, ces ponts tranchants comme l’épée, ces chevaliers qui emmènent les femmes ou les filles, et retiennent tous ceux qui entrent en leurs châteaux, cette loi de ces étranges lieux, que si l’un une fois en sort, tout le monde en sort ; ce sont terres féodales et coutumes singulières ; s’il ne croit pas à leur réalité — comme il se peut faire. — ce sont fictions pures, dont il s’amuse et nous veut amuser. […] L’Arioste, comme le titre même de son Roland furieux l’indique, n’a fait qu’une étincelante parodie, où l’involontaire extravagance de nos trouvères se transforme en bouffonnerie consciente ; et Cervantès écrit son Don Quichotte pour combattre les ravages que faisait dans de chaudes cervelles d’hidalgos la contagieuse chevalerie des Amadis, légitimes fils des Yvain et des Lancelot, plus fous que leurs pères, ainsi que le voulait la loi d’hérédité.

1060. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Au fil de cette action ainsi distribuée par personnages se rattachent aisément tous les préceptes de l’amour courtois, tantôt traduits en faits, tantôt promulgués dogmatiquement par un des acteurs, surtout par Amour qui, comme suzerain, dicte ses lois à l’amant. […] Les moines mendient : le travail est la loi de nature. Les moines font vœu de célibat : la loi de nature, c’est l’amour.

1061. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Enfin, comme il est arrivé dans les épopées cycliques, où l’on a remonté les temps en passant des fils aux pères, le drame de la nouvelle loi a suscité le drame de l’ancienne loi : on pense que le Mystère du Vieil Testament s’est organisé sous l’influence de la Passion de Gréban. […] Le peuple faisait la loi : car il ne voyait pas seulement, il commandait, et il jouait les pièces.

1062. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Qu’on lise les dernières pages des Essais : ce n’est pas la profession de loi d’un sceptique : « J’aime la vie, et la cultive, telle qu’il a plu à Dieu nous l’octroyer. […] Il démontrera que les lois ne représentent pas la justice, mais la coutume, afin qu’on n’ait point le désir turbulent de les changer. […] Il prend la peine de mettre la morale au-dessus de la politique, et de réduire les hommes d’État aux strictes règles de la vie privée : il rejette absolument la loi du salut public, par laquelle on autorise tout ; et dans le service des princes, il défend qu’on se donne jusqu’à donner son innocence et sa vertu.

1063. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre IV. L’espace et ses trois dimensions. »

Si nous avions voulu vérifier d’autres lois, nous aurions pu aussi y parvenir, en donnant d’autres coups de pouce analogues ? […] — Mais bien entendu, répondra-t-on, il faut qu’on suppose que ces parois restent immobiles. — Oui, mais il est évident que moi, j’ai le droit de bouger ; et alors les parois que nous supposons en repos absolu seront en mouvement relatif par rapport à moi. — Oui, mais un pareil mouvement relatif ne peut pas être quelconque, quand des objets sont en repos, leur mouvement relatif par rapport à des axes quelconques est celui d’un corps solide invariable ; or, les mouvements apparents que vous imaginez ne sont pas conformes aux lois du mouvement d’un solide invariable. — Oui, mais c’est l’expérience qui nous a appris les lois du mouvement d’un solide invariable ; rien n’empêcherait d’imaginer qu’elles fussent différentes.

1064. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Chevrier dans la Revue indépendante (nºs d’août 1884 et de février 1885) réclame la liberté de la chair comme corollaire de la liberté de conscience et propose que tout être humain soit maître souverain de son être et de son corps comme de sa pensée, que le goût de l’individu soit la seule loi de ses passions et décrète que la morale, définie règle des mœurs, est une atteinte à la liberté. […] Pourtant, René Ghil sait que l’homme n’a pas reçu sa loi des mains du créateur. […] Il jette de la boue sur le commencement, sur la condition première de notre vie. » À merveille, et je comprendrais cela dans la bouche d’un énergumène décidé, coûte que coûte, à « vivre sa vie » et à suivre en dépit du gendarme et des lois, ses inclinations orageuses, mais que signifie cette protestation chez Nietzsche qui nous ramène à l’ascétisme et prescrit l’abstinence avec rigueur ?

1065. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Nous sommes très-éloignés de vouloir lui supposer de pareilles vûes ; mais nous ne pouvons dissimuler que ce n'est pas en cherchant à prouver l'accord de la Philosophie avec la Religion, par soixante & treize Discours historiques & critiques, sur la Révélation, le Polytéisme, la Loi Mosaïque, les divers systêmes des anciens Philosophes, & sur d'autres sujets semblables, traités avant lui, que M. l'Abbé Yvon pourra se flatter d'arrêter les progrès de la Philosophie moderne, & de ramener aux principes religieux les esprits qui s'en sont écartés. […] Tels sont les effets que la Loi Chrétienne a produits chez les Peuples les plus barbares, lorsqu’on leur a annoncé les regles de perfection qu’elle enseigne. […] Comme l’ordre de la Société exige pour son propre soutien de la subordination, de la dépendance, de la fatigue ; comme la corruption de l’humanité répand sur le général & sur les particuliers, des afflictions, des peines, des travaux, des oppressions, des injustices : quel homme pourroit se soumettre aux rigueurs d’un partage si cruel à la Nature, sans une lumiere qui lui apprît à supporter les amertumes de son sort ; sans un contrepoids qui réprimât les soulévemens d’une sensibilité trop souvent juste ; sans une loi de soumission qui lui fît accepter, par des vûes sur-humaines, tout ce qui peut blesser son esprit & révolter son cœur ?

1066. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Tandis que ceux du second rang ont le pouvoir de se diversifier en imitant des modèles différents, le grand homme, qui n’imite point, demeure asservi à la loi impérieuse de son génie. […] Et il semble, en effet, que, transportant dans la philosophie sa vision d’artiste, Flaubert ait constaté dans l’homme un Bovarysme irrémissible qui fait de l’erreur et du mensonge la loi de sa nature, un mal d’imagination et de pensée qui l’oblige à méconnaître toute réalité pour céder à la fascination de l’irréel, qui le contraint à concevoir, hors de la portée de son intelligence et le ses sens, un au-delà dont la perspective s’éloigne après chaque effort fait pour l’atteindre. […] Il imagine donc l’Être avec ses lois, selon le vœu de sa présomption et voici l’éclosion fantastique des religions et des métaphysiques.

1067. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

« Puisse, dit-il126, la fortune m’assister dans mon soin de garder toujours la pureté des paroles et des actions, les soumettant aux lois suprêmes, filles célestes, dont l’Olympe seul est le père, que nulle origine mortelle n’a enfantées, et que l’oubli n’endormira jamais ! Un grand Dieu a inspiré ces lois ; et il ne vieillit pas. […] Apollon ne se reconnaît plus à ses honneurs : les Dieux s’en vont. » Cette invocation devant le peuple d’Athènes, cet appel à l’éternité de la loi morale, cette demande aux Dieux de manifester leur justice, n’était-ce pas l’hymne sacré dans toute sa puissance, transporté sur le théâtre et y continuant l’instruction commencée dans les temples ?

1068. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Le règne de Louis XIV avait trop duré : la dernière partie de ce règne produisit un bon nombre d’esprits, très sensibles aux défauts, aux abus et aux excès d’un si long régime, qui passèrent à une politique tout opposée et rêvèrent une amélioration sociale moyennant la paix, par de bonnes lois, par des réformes dans l’État et par toutes sortes de procédés et d’ingrédients philantrophiques. […] Après trois ou quatre ans donnés à la physique, à laquelle il eût été propre peut-être plus qu’à aucun autre objet, désirant surtout faire servir ses progrès personnels au bonheur des hommes, il suivit l’exemple de Pascal et de Socrate, il passa à l’étude de la morale ; et comme celle-ci ne trouve guère son application en grand et son développement qu’à l’aide des lois et des institutions civiles, il fut conduit nécessairement à s’occuper de politique : car nul esprit n’était plus docile que le sien à mettre en pratique et à suivre jusqu’au bout la série de conséquences qui s’offraient comme justes.

1069. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Également ennemi des anarchistes et des royalistes, la loi lui sert toujours de boussole. […] Passy, dans l’étude consciencieuse qu’il a faite, s’attache à montrer ce que fut, au sortir de là, le préfet de la Seine sous le Consulat et l’Empire ; quelles ressources et quels obstacles il rencontrait pour l’accomplissement de sa tâche dans les lois nouvelles, dans la nature du gouvernement et dans le caractère du maître : « C’est le seul moyen, dit-il, de rendre une équitable justice à l’homme qui, avec du labeur, du bon sens, de l’honnêteté, sut faire des qualités supérieures. » Il y eut plus d’un moment distinct et plus d’une étape durant ces douze années d’administration : le Conseil général, composé de vingt-quatre membres nommés par Napoléon, n’eut pas tout à fait le rôle qu’on semblait lui destiner d’abord.

1070. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

C’est, par une loi mentale analogue à la loi physique de l’équivalence des forces, en transmuer le retentissement douloureux en un autre mode de vibrer, la création esthétique, où l’énergie totale n’a nullement diminué.

1071. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

D’autre part, dans un État qui peu à peu se dépeuplait, se dissolvait et fatalement devenait une proie, il avait formé une société vivante ; guidée par une discipline et des lois, ralliée autour d’un but et d’une doctrine, soutenue par le dévouement des chefs et l’obéissance des fidèles, seule capable de subsister sous le flot de barbares que l’Empire en ruine laissait entrer par toutes ses brèches : voilà l’Église. — Sur ces deux premières fondations, il continue à bâtir, et, à partir de l’invasion, pendant plus de cinq cents ans, il sauve ce qu’on peut encore sauver de la culture humaine. […] Secrétaires, conseillers, théologiens, ils participent aux édits, ils ont la main dans le gouvernement, ils travaillent par son entremise à mettre un peu d’ordre dans le désordre immense, à rendre la loi plus raisonnable et plus humaine, à rétablir, ou à maintenir la piété, l’instruction, la justice, la propriété et surtout le mariage.

1072. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Chercher la loi du monde est même une folie : il n’y a qu’à la subir. […] Si les hommes savaient encore aimer les femmes, si les femmes connaissaient leur rôle et s’y tenaient pour le remplir tout entier, on aurait une cité idéale, fondée sur la plus délicate interprétation des bonnes lois de nature.

1073. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Toutefois, si la bête féroce n’est pas morte en elle et n’y est qu’endormie, ne peut-on pas dire que ses réveils se sont quelque peu espacés de notre temps, et que, s’il n’y a peut-être pas moins de cruauté latente dans l’âme des foules, il y en a moins de déclarée dans les lois et dans les mœurs ? […] Tous les esclaves de Pedanius sont, selon l’atroce loi romaine, arrêtés et condamnés.

1074. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

Contre cette loi, le poète n’est pas sans s’être rebellé, mais, en somme, il la subit, et le drame de sa vie lui a fait la douloureuse atmosphère nécessaire au drame de son œuvre, — le simple duel du rêve et de la vie, de l’esprit et de la chair. […] Un Socrate instinctif, ou mieux, un faune, un satyre, un être à demi brute, à demi dieu, qui s’effraye comme une force naturelle qui n’est soumise à aucune loi connue.

1075. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre V. L’antinomie esthétique » pp. 109-129

« L’art, d’après Guyau, est social à trois points de vue différents : par son origine ; par son but ; enfin par son essence même ou sa loi interne. » (Guyau, L’Art au point de vue sociologique (F.  […] Ici, comme l’indique le nom même de l’art (Kunst), ce qui compte, c’est le pouvoir. » La bonne volonté, la volonté morale, c’est la volonté se conformant à la loi, à la discipline commune.

1076. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XIII. Conclusions » pp. 271-291

Il obéit à des lois propres et irréductibles à celles de la psychologie individuelle114. […] Durkheim nous paraît différer de Spencer en ce qu’il n’admet pas, comme ce philosophe, une solution globale, unique et universelle du problème des antinomies, solution obtenue par le jeu mécanique de la loi d’évolution et valant pour l’humanité entière devenue finalement altruiste.

1077. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Il remplace sa surface de Riemann par une surface métallique dont la conductibilité électrique varie suivant certaines lois. […] Cette seconde vérité n’est pas démontrée mathématiquement, mais elle ne peut pas l’être, pas plus que ne peuvent l’être les lois empiriques des Sciences physiques et naturelles.

1078. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VIII. Jésus à Capharnahum. »

On s’y réunissait le jour du sabbat pour la prière et pour la lecture de la Loi et des Prophètes. […] Comme toutes les corporations municipales jusqu’à une époque avancée de l’empire romain, elles faisaient des décrets honorifiques 392, votaient des résolutions ayant force de loi pour la communauté, prononçaient des peines corporelles dont l’exécuteur ordinaire était le hazzan 393.

1079. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Cette apothéose souterraine n’était pas un privilège, mais une loi commune ; elle transfigurait les bons et les méchants également. « L’air plein de dieux », dit quelque part Homère : la terre n’était pas moins pleine de divinités. […] La colère s’en échappe et noircit ma face. » — Puis c’est l’antique loi du talion dont elles font retentir l’alternance fatale : — « Le sang versé réclame un autre sang.

1080. (1761) Apologie de l’étude

Dans cet état comme dans les autres, quelques prédestinés échappent à la loi commune ; et chacun se flatte qu’il sera le prédestiné : sans cela, il faudrait être imbécile pour ne pas brûler ses livres, à commencer par ceux qu’on pourrait avoir faits. […] Un imbécile assura que je réduisais tout à la loi naturelle.

1081. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

Pour qui consent à réfléchir, la Critique est le jugement d’un esprit ferme et sagace sur les œuvres de l’esprit, d’après la connaissance des lois qui le régissent et les principes qui en découlent. Or, Jules Janin, tête sans métaphysique supérieure, ayant le bon sens et le discernement mais sans haute portée et sans grande profondeur, se vengeant de cette médiocrité par une imagination adorablement colorée et par la plus vive sensibilité d’écrivain, n’avait ni cette fermeté de jugement, ni cette connaissance des lois de l’esprit, ni ces principes qui constituent la Critique et son mâle génie.

1082. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

du sentiment que produisent en lui la régularité des lois de la nature et la marche calculée des astres, à l’idée d’un ordonnateur suprême ? […] Descartes rejetait l’argument des causes finales, Leibnitz celui que Descartes tirait de l’idée d’infini, Kant toutes les démonstrations, excepté celle qu’il découvrait dans la loi morale.

1083. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

À l’exemple de Trajan, il soumit à la loi un pouvoir qui, par la force secrète de la nature et des choses, ne tend que trop souvent à s’affranchir de la loi.

1084. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Elle était une république ; elle avait des institutions libres, des partis politiques, des guerres civiles ; et, quand elle fut lasse de tant d’épreuves, elle eut pour maîtres, d’abord un sage, puis, longtemps après, le peuple athénien, qui, dans sa victoire, l’admit au partage de ses lois généralement humaines et modérées, et lui rendit plus, en exemples de grandeur, en amour du travail et de la gloire, qu’il ne lui ôtait en stérile indépendance. […] L’affinité de leurs âmes était merveilleuse ; tous deux purs, de mœurs délicates, et divers dans leurs travaux, selon la loi de la nature : elle, par son fuseau, s’élevant à l’art de Minerve, et lui, dans ses labeurs, recueillant les dons du dieu Mercure ; elle ayant sa lyre, et lui passionné pour les livres ; elle aimée d’Aphrodite, et lui d’Apollon ; lui le premier des jeunes gens ; elle privilégiée parmi les filles. » Enfin Sapho, dans des paroles perdues dont s’est inspiré Catulle, comparait la jeune fille à ce fruit défendu, et « conservé dans sa fleur pour celui qui doit le cueillir ».

1085. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XVII » pp. 70-73

Teste, qui s’en iraient échouer dans des siéges à la Cour de cassation ; et on prendrait des hommes plus frais et moins criblés d’échecs (car ces deux ministres ont vu manquer en leurs mains presque tous leurs projets de lois).

1086. (1861) La Fontaine et ses fables « Conclusion »

Mais, si on l’ouvre pour examiner l’arrangement intérieur de ses organes on y trouve un ordre aussi compliqué que dans les vastes chênes qui la couvrent de leur ombre ; on la décompose plus aisément ; on la met mieux en expérience ; et l’on peut découvrir en elles les lois générales, selon lesquelles toute plante végète et se soutient.

1087. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guerne, André de (1853-1912) »

— apparaissait Et sur l’honneur aux fers, le droit qui fléchissait, La vertu polluée et la loi violée, La pensée arrachée à la nue étoilée, Silencieux posait son pied chaussé d’airain.

1088. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXII. L’affichage moderne » pp. 283-287

La publicité comme toute industrie un peu intelligemment, un peu américainement conduite, subit l’évolution d’une loi économique : la division du travail.

1089. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre III. Les questions que l’historien doit se poser. » pp. 16-17

Traduisons tout cela en langage plus simple : Par la complexité, par la solidarité, par la mobilité du vaste ensemble que l’historien d’une littérature embrasse, il est obligé : D’abord de distinguer, dans la suite ininterrompue des âges, des époques enfermées entre des dates aussi précises que faire se peut ; Ensuite de trouver la formule générale de la littérature pendant chacune de ces époques ; Puis d’indiquer, ses attaches, lors de ces mêmes époques, avec tous les phénomènes d’ordre divers au milieu desquels elle évolue ; Enfin, d’expliquer par quelles transitions et, si possible, par quelles causes et suivant quelles lois elle a passé de l’une à l’autre.

1090. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VII. Objections à l’étude scientifique d’une œuvre littéraire » pp. 81-83

Descartes a imaginé sa théorie des tourbillons qui a fait loi pendant près de cent ans, qui a perdu ensuite toute l’autorité pour retrouver aujourd’hui, dit-on, quelque créance : personne songera-t-il pour cela à rayer l’astronomie du nombre des sciences ?

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