En cherchant sérieusement à créer une population agricole, au lieu de laisser presque au hasard et à la misère le soin de retenir dans les campagnes les enfants qu’il y a placés, l’État agrandira le domaine fécondé de la patrie, et pourra donner à la fois et des leçons et des exemples utiles à l’avenir du pays. » Et, plus loin, ajoute-t-il encore : « L’agglomération de grands territoires dans une seule main, par suite des substitutions aristocratiques, étant impossible avec nos mœurs françaises et un passé historique qui remonte aux propriétés morcelées de Tacite, il faut, de toute nécessité, chercher dans la généralisation d’un principe appliqué aujourd’hui dans les manufactures ce que le droit de primogéniture avait jusqu’ici réalisé.
Et laissez-moi énumérer !
… Pourquoi ne pas laisser tranquilles un temps et un homme qui ont eu assez d’historiens comme cela, et qui prouvent, avec la plus désagréable évidence, combien le passé l’emportait, dans ses idées, ses mœurs, ses institutions et ses hommes, sur les hommes, les institutions, les mœurs et les idées sortis de nos glorieuses et modernes révolutions ?
Dans le monde des dernières années qu’il passa à Paris, on le comparait au duc de Richelieu, dont il a laissé un impitoyable portrait, en deux à trois touches.
Nous savons bien, — et lui aussi, probablement — ce qui resterait du christianisme, après cet élargissement à la Diderot ; mais pour les simples de cœur et d’esprit qui se laissent pétrir par la main de toutes les propagandes, un tel langage a sa séduction.
Saint-Bonnet au commencement de son livre, dans des lignes qui, pour être un tocsin, n’en sonnent pas moins aussi tristement qu’une agonie ; — c’est croire éteinte l’antique Envie que la Foi comprimait autrefois dans les âmes… envie amoncelée, en ce moment, comme la Mer, par un vent qui, depuis un siècle, souffle sur elle. » Laissons les Pangloss du progrès se vautrer dans la niaiserie de leur optimisme.
Il est évident qu’un tel homme n’admet ni ancêtres, ni prédécesseurs ; mais il n’est pas moins évident non plus que si la parenté n’est pas reconnue par la volonté, elle subsiste dans la pensée, car, si elle n’y était pas, croyez-le bien, les philosophes modernes, plus ou moins issus de Descartes, auraient laissé bien tranquille dans sa niche de Saint, le grand Anselme de Cantorbéry, et ne lui auraient pas fait cette gloire posthume qu’ils se sont mis à lui faire, moins pour lui encore que pour eux !
Le clergé, lui, en subit l’influence à une grande profondeur, et Dieu sait s’il en retrouva la trace quand Luther reprit la tradition de la révolte où Jean Huss l’avait laissée !
Mais ce que je sais, ce que ce livre m’a bien appris, c’est que Caro est d’un spiritualisme de bonne trempe qui ne s’est pas laissé fausser par les idées populaires, actuellement, en philosophie, et que son livre est, contre ces idées, une superbe manifestation.
Il doit laisser là les vers de tambours de basque et de castagnettes, ce facile Carnaval de l’Espagne, les amabilités aux danseuses et le marivaudage des albums, et se maintenir dans une région plus haute et moins exploitée par les petites gens de la poésie contemporaine qui vivent depuis vingt ans des miettes tombées de la table d’Alfred de Musset.
Avant d’être terminé, il a ennuyé la Nature qui l’a laissé là ; mais il était commencé en poète.
Il est mort tragiquement à trente et un ans, et ce qu’il nous a laissé d’achevé ou d’inachevé est incomparable.
Elle le laissa dans ce manteau couleur de muraille qu’on prend la nuit et qu’il avait pris de jour pour être remarqué, et il eût passé dans un incognito de prince… qu’il était (un vrai prince de la pensée !)
La marquise de Neers est du faubourg Saint-Germain, — l’édificatrice de toutes les paroisses du faubourg Saint-Germain, où l’hypocrisie religieuse existe encore, parce que les mœurs religieuses n’y ont pas encore péri… Arsène Houssaye, qui est un moraliste sérieux sous des formes légères (les sots n’admettent pas que cela puisse être, mais laissons dire les sots !)
La foi aux partis s’en allait de son âme, cette dernière foi que le dix-huitième siècle et la ruine de l’Empire, suivie de la seconde ruine de la Monarchie, avaient laissée pour toute ressource aux générations !
Elle y laisse à peine des velléités.
Élevée au couvent, dans la communauté de Bérulle, elle y a laissé une amie d’enfance qui vient de prononcer ses vœux et qui incessamment lui rappelle dans ses lettres cette vie de cloître au sein de laquelle elle, Éliane, a passé les premières années de la sienne, et dont, âme pieuse et profonde, elle a emporté le regret.
Nous en avons la preuve dans le commentaire, ou plutôt dans la justification que Rabelais a donnée de son Laissez faire, et qui est « que gens libères, bien nés, bien instruits, conversant en compagnies honnêtes, ont par nature un instinct et aiguillon qui toujours les pousse à faits vertueux et retire de vice ». […] Elle n’avait pas goûté aux séductions de l’indépendance et de l’art pour s’en laisser désormais sevrer. […] La valeur littéraire du Roman. — Abondance, richesse et complexité de l’imagination de Rabelais ; — et que possédant au plus haut degré le don de voir, celui de peindre, et celui de conter, — il a eu même le don d’inventer de véritables mythes. — Allégorie, Mythe et Symbole. — L’humour de Rabelais. — Le don du rire. — Le style de Rabelais, et qu’il convient de distinguer deux époques dans son style ; — dont la première est la meilleure. — De quelques procédés de Rabelais. — Le don de l’invention verbale ; — comment Rabelais s’y laisse entraîner ; — et, en s’y abandonnant, s’élève parfois jusqu’au lyrisme. — Qu’il ne semble pas que Rabelais ait fait école, et pourquoi ? […] Bazin, Histoire de France sous le règne de Louis XIII]. — Il n’a pas non plus laissé de trace bien profonde dans l’histoire de l’Église ; — n’ayant été fait évêque de Lisieux qu’à plus de soixante ans ; — mais il a beaucoup aimé les lettres ; — et nul avant lui n’a fait faire plus de progrès à l’éloquence française ; — par ses traductions d’Eschine, de Démosthène, de Cicéron [Pour et Contre Ctésiphon et Pour Milon] ; — par la collection de ses Arrêts rendus en robe rouge ; — et par le sentiment très délicat de ce qui manquait encore à la langue [Cf. son Traité de l’éloquence française, et des raisons pourquoi elle est demeurée si basse].
Aucun animal, pas même le chat, le chien, ne fait cette étude continuelle de tous les corps qui sont à sa portée : toute la journée l’enfant dont je parle (douze mois) tâte, palpe, retourne, fait tomber, goûte, expérimente ce qui tombe sous sa main ; quel que soit l’objet, balle, poupée, hochet, jouet, une fois qu’il est suffisamment connu, elle le laisse, il n’est plus nouveau, elle n’a plus rien à en apprendre, il ne l’intéresse plus. […] Bien mieux, avant-hier, voyant un chevreau d’un mois qui bêlait, elle a dit oua-oua, le nommant d’après le chien, qui est la forme la plus voisine, et non d’après le cheval, qui est trop grand, ou d’après le chat, qui a une tout autre allure175. — Voilà le trait distinctif de l’homme ; deux perceptions successives fort dissemblables laissent néanmoins un résidu commun qui est une impression, une sollicitation, une impulsion distincte dont l’effet final est telle expression inventée ou suggérée, c’est-à-dire tel geste, tel cri, telle articulation, tel nom.
Paul Verlaine notamment, — quelques pages laissaient deviner l’auteur de la Chevauchée. […] Ceux-ci, après avoir libéré le rythme, l’ont ensuite laissé trop souvent dégénérer, s’amoindrir, se désagréger, au point qu’un grand nombre d’entre eux paraissent avoir oublié la force propulsive qu’il donne au vers, dont il demeure en somme le véritable fondement.
Les journaux ont souvent parlé d’un Buddha(les Vainqueurs) que le Maître aurait laissé inachevé ; l’esquisse qu’on a trouvée dans ses papiers est tout ce qui en a été écrit : — Parsifal a remplacé le Buddha, en l’achevant. […] laissez que je dorme mon oubli, mon léthargique assoupissement du mal : n’éveillez pas le Malade !
De quel autre nom appeler un homme qui n’a ni libre-arbitre ni volonté, et qui se laisse manger par toutes les chenilles de la création ? […] Saint Antoine — nous dit Flaubert, qui, lui, nous laisse (heureusement !)
Dans ces parties accessoires de son ouvrage, et où il se permet toutes sortes de fleurs de rhétorique et de licences oratoires, il laisse bien voir aussi le sentiment d’élévation et d’enthousiasme qu’il y porte ; et pour revenir à un rapprochement que bien des endroits justifieraient, il y a en lui, chroniqueur et historien, quelque chose d’un Froissart passionné.
La poésie parée, civilisée, celle des époques brillantes, ne lui paraissait, comme à Mérimée, qu’une poésie de secondes ou de troisièmes noces : il la laissait à de moins curieux et à de moins jaloux que lui.
Les peuples du Nord ont existé, pendant plusieurs siècles, dans un état tout à la fois social et barbare, qui a dû longtemps laisser parmi les hommes beaucoup de souvenirs grossiers et féroces.
Dans les états où la loi despotique frappe silencieusement sur les têtes, la considération appartient précisément à ce silence, qui laisse tout supposer au gré de la crainte ou de l’espoir ; mais quand le gouvernement entre avec la nation dans l’examen de ses intérêts, la noblesse et la simplicité des expressions qu’il emploie peuvent seules lui valoir la confiance nationale.
Plus modéré dans sa propre cause que dans celle de son ami Racine, il ne se laissa pas engager dans la voie des polémiques virulentes et des diffamations injurieuses, comme il le fit dans l’affaire de Phèdre.
Il laisse les graves poètes et les penseurs profonds ; Aristote.
Dans les articles rapides de ses dernières années, il s’est laissé aller à causer, à se souvenir ; il s’est mis à l’aise, laissant jouer son esprit et sa sensibilité, suivant les images de sa vie et de la vie qui s’évoquaient en lui.
Voyageur des contrées qui sont par-delà l’histoire, soudain transporté ici et qui, à peine dépaysé, exempt d’étonnements, continue d’apercevoir, à travers les choses présentes, l’enchantement de la patrie primitive, toujours ouverte à son souvenir… Venu comme pour clore une époque, alors qu’on s’imaginait assister à la disparition progressive du romantisme, il en concentra les suprêmes lueurs défaillantes, plus intenses de leur sûre agonie, et nous laissa ce spectacle imprévu d’un trophée d’artifice merveilleux.
Maurice Le Blond Un fort méchant poète, qui nous a laissé pourtant d’excellentes critiques — Charles Baudelaire… [La Revue naturiste (mai 1900).]
Le désordre se met dans la noce, grâce à Isabelle, et c’est ensuite une sarabande comique qui ne laisse pas aux spectateurs le temps de respirer jusqu’à la fin du troisième acte.
Laissons ces désirs pousser librement vers, la conscience d’eux-mêmes.
Malgré des efforts qui méritent l’estime15, les classifications proposées laissent encore à désirer.
Bain ; quand on voit combien la dernière l’emporte en richesse de faits observés, en précision, en exactitude descriptive, on ne peut s’empêcher de concevoir une bonne opinion de la méthode expérimentale en psychologie, — d’une méthode qui, prenant la tache où les devanciers l’ont laissée, profite des résultats acquis, du progrès des années, des découvertes, en ajoute de nouveaux et accroît ainsi la science, au lieu de la recommencer toujours.
Stuart Mill, qui fait remarquer justement combien la méthode des sciences morales et sociales est peu avancée, s’est attaqué résolûment à celle de la psychologie : il y revient à plusieurs reprises67 et sa pensée ne laisse rien à désirer en clarté, sur ce point.
Les faits de conscience ayant la propriété de durer, de laisser leur trace, et de réapparaître, de là résultent la mémoire et l’imagination.
Ceux qui se laissent satisfaire par une telle hypothèse ne me paraissent pas bien exigeants.
Ne pas laisser un étudiant avancer un pas dans la carrière qu’il ne sache ce qui précède aussi bien qu’il est capable de l’apprendre.
Quand on connoît quelle étoit la délicatesse des grecs en matiere d’éloquence, et sur-tout à quel point ils étoient choquez par une mauvaise prononciation, on n’a point de peine à concevoir que quelques-unes de leurs villes, n’aïent été assez jalouses de la reputation de n’avoir en toutes choses que des manieres élegantes et polies, pour ne vouloir pas laisser au crieur public chargé de promulguer les loix, la liberté de les reciter à sa mode, au hazard que souvent il donnât aux phrases, aux mots mêmes qu’il prononceroit, un ton capable de faire rire des hommes nez mocqueurs.
Se sentir en face d’un penseur, toujours en lutte courtoise et bienveillante, sentir qu’il a raison et n’en convenir qu’à la dernière extrémité, mais en convenir franchement, sentir qu’il a tort et se savoir gré de le sentir, mais à la dernière extrémité encore et en se disant toujours que, s’il était là, il ne nous laisserait pas peut-être en pleine sécurité de victoire et aurait sans doute quelque redoutable retour offensif ; lui prêter, même en les tirant de lui ou de vous, quelque argument de réserve à vous réduire ou à vous embarrasser : voilà l’exercice qui constituera pour vous une bonne hygiène intellectuelle.
Prendre tant de peine pour prouver qu’un ouvrage est mauvais, c’est presque laisser croire qu’il peut n’être pas tout à fait médiocre.
Ce n’est point même encore l’objet de ce chapitre, parce que je dois, pour le moment, laisser la question indécise jusqu’à ce qu’elle sorte d’elle-même de la discussion comme conséquence rigoureuse.
— ou que la Portinari ne fût pas morte à douze ans, mais qu’elle eût vécu sur le cœur du Dante, — et supposez qu’on vînt vous dire, tout à coup, ce matin, que toutes les deux ont écrit, — l’une sur Pétrarque, l’autre sur Dante, — avec quelle violence d’intérêt ne vous jetteriez-vous pas sur le livre qu’elles auraient laissé !
Beaumont-Vassy est un de ces esprits qui peuvent toucher impunément à beaucoup de sujets et les laisser exactement à la place où ils les ont pris.
Dominé par cet Antonelli qui lui ressemblait si peu, et sans que l’histoire puisse encore expliquer cette domination mystérieuse, Pie IX laissa Mgr Pecci trente-deux ans d’épiscopat à Pérouse, dans ce confinement d’un diocèse qui a été pour lui un royaume, et dans lequel il s’apprenait laborieusement à être pape, sous l’œil de Dieu, et sans savoir qu’après Pie IX ce serait lui qui le deviendrait !
L’Innocent III du comte de Gasparin n’est qu’un discours sur le pontificat d’Innocent III, condamné d’avance par un a priori illusoire, et dérisoire aussi… Ce pontificat glorieux, le plus glorieux — quoique exécrable — de tous les pontificats de l’Église romaine, de l’aveu du comte de Gasparin, ne pouvait pas, il faut en convenir, être raconté en quelques minutes de Conférence, avec toutes les négligences d’une parole qui se hâte, avec tous les à peu près de la circonstance, tous les faits laissés, vu leur nombre, forcément, dans l’ombre d’un discours.
Quand il s’agit des hommes historiques, il faut laisser la biographie aux curieux, mais ne s’en rapporter qu’aux grands et indéniables faits de l’histoire.
… Ce pironien se frotte maintenant à la sandale de Madame Louise de France, qui pourrait bien lui laisser des excoriations aux oreilles.
Il n’en est rien, d’ailleurs, et voici un reproche qui affectera plus Banville que tous ceux que jusqu’ici nous lui avons adressés… Quand on n’a rien « sous la mamelle gauche », — comme disait Diderot, un matérialiste, mais qui n’avait pas la conception de la poésie de Banville, — quand on ne pense qu’à la langue et qu’on ne se préoccupe, avec passion, que de la rime, on ne laisse pas subsister des vers comme ceux-ci dans l’écusson de ses œuvres complètes, et il y en a beaucoup de pareils : Comment dire ton nom, ton nom, géant Homère !
Ce qui me fait, ce sont ces lettres où elle a laissé l’empreinte tour à tour charmante et brûlante de son âme, et ces lettres-là, je les ai, et, à elles seules, elles m’en apprennent plus que ces déchirures d’histoire qui ne sont peut-être qu’un conte.
Il prouve qu’on peut étreindre un type dans sa pensée, le porter des années peut-être dans cette cohabitation intellectuelle qui embrase la plupart des esprits, puis le laisser choir de son cerveau, organisé, vivant, sans avoir été ému une seule fois de la nature qu’on lui a donnée ou de la destinée qu’on lui a faite.
Quand on a remporté la victoire sur des lions, des léopards et des tigres, on compte tous ceux dont on a fait couler le sang dans les forêts : quand on a vaincu des hommes, il faut compter tous ceux qu’on a sauvés ; encore n’extermine-t-on pas entièrement les bêtes féroces, on en laisse subsister la race dans les déserts ; et une nation d’hommes, (qu’on les appelle barbares, ils n’en sont pas moins des hommes) une nation tout entière, soumise et tremblante à ses pieds ; il eût donc fallu l’exterminer et la détruire ?
Le changement du climat de l’Europe a été si total que, dans le nord de l’Italie, des moraines gigantesques, laissées par d’anciens glaciers, sont aujourd’hui couvertes de vignes et de champs de maïs. […] Le long de l’Himalaya, sur des points éloignés de 500 milles, des glaciers ont laissé les marques de leur lente descente dans les vallées ; et, dans le Sikkim, le docteur Hooker a vu croître du Maïs sur de gigantesques moraines. […] Comme le flux dépose en lignes horizontales les débris qu’il apporte sur les grèves, tout en s’élevant toujours de plus en plus haut sur les côtes où la marée a sa plus grande force ; de même les flots de l’existence ont laissé leurs débris vivants sur les sommets de nos montagnes, suivant une ligne qui s’élève doucement depuis les basses terres arctiques jusque sous l’équateur où elle atteint sa plus grande hauteur.
Il s’ensuit, comme on l’a souvent remarqué, qu’une espèce peut s’éloigner de ses alliées sous plusieurs rapports, à la fois de grande importance physiologique et de valeur presque universelle, et cependant ne nous laisser aucun doute sur le rang qu’elle doit occuper. […] Les Cirripèdes en offrent un frappant exemple : l’illustre Cuvier lui-même ne s’est pas aperçu qu’une Balane était en réalité un crustacé, bien qu’un seul coup d’œil jeté sur la larve ne puisse laisser aucun doute à ce sujet. […] Nous sommes si accoutumés à voir des différences de structure entre l’embryon et l’adulte, en même temps que de grandes ressemblances entre les embryons d’animaux très différents dans la même classe, que nous pouvons aisément nous laisser entraîner à considérer ces rapports comme une conséquence nécessaire des lois de la croissance.
Tout cela n’est rien aux yeux du législateur immoral pour qui tout le spiritualisme social, et même sentimental, consiste à nier toute loi morale et tout sentiment, et à ne voir dans la divine loi de filiation de l’être pensant que le phénomène d’une sève nourricière, d’une chair humaine, qui, quand elle a passé d’une veine à une autre veine, ne laisse à l’espèce renouvelée que le devoir de fleurir un jour sur les débris desséchés et indifférents de l’espèce qui fleurissait hier dans le même sillon ! […] Sans l’hérédité la propriété n’est plus qu’un court égoïsme, un usufruit qui laisse périr la meilleure partie de l’homme, l’avenir !
Moi, je laisse de côté les mots et j’en reviens tout bonnement à ce que j’ai fait, il y a un demi-siècle, quand mon père m’a mené chez vous pour la première fois : je vous embrasse bien respectueusement et bien tendrement aussi. […] Cependant on laissait dans l’ombre de subtils écrivains, comme Gérard de Nerval et Pétrus Borel.
Vous en êtes réduit à dessiner deux lignes égales, c’est-à-dire que vous représentez seulement les lignes et laissez à l’esprit le soin de percevoir, s’il en est capable, l’égalité. […] Si je regarde un carré, il y a dans les impressions mêmes qu’il produit, dans les résidus de ces impressions au sein de ma conscience, dans l’intensité de ces impressions, dans la réaction motrice qui suit ces impressions, dans l’intensité et dans la durée de cette réaction, dans les résidus qu’elle laisse elle-même, enfin dans l’intérêt que peuvent offrir ces résidus et dans l’attention qui en résulte, il y a là, dis-je, tous les éléments nécessaires pour produire un sentiment d’égalité, de répétition symétrique.
Toutefois, ni le naturalisme, ni l’école psychologique ne disparurent sans laisser des traces de leur influence. […] L’indulgence d’ailleurs n’empêche point chez lui la pénétration, et, s’il est toujours prêt à défendre et à excuser les coupables dans la passion, sa lucidité laisse intactes toutes ses facultés de jugement.
« Si je revenais à la vie, disait Mirabeau, je ferais un bon mémoire sur l’art d’être garde-malade : c’est Frochot qui m’en a suggéré l’idée. » Et à un moment où, la fièvre s’apaisant au matin, Mirabeau faisait approcher son lit de la fenêtre, il dit à Frochot en regardant le soleil qui commençait à luire : « Mon ami, si ce n’est pas là Dieu, c’est son cousin germain. » Et le priant de lui soulever la tête : « Je voudrais pouvoir te la laisser en héritage. » Frochot refusa tout legs testamentaire.
vous cherchez les traces que l’humanité a laissées dans sa marche ; vous voulez saisir la direction et le but du mystérieux voyage ; vous aspirez à en assigner la raison et la loi ; et dès le premier pas que vous faites dans cette recherche, voilà que vous ne tenez aucun compte des points radieux et des sommets où elle s’est posée avec complaisance ; vous ne daignez voir ni l’Himalaya, ni l’Ithome et le Lycée, ni le Sina, ni le Calvaire, ni le Capitole ; mais vous vous inquiétez beaucoup de quelque vallée obscure, de quelques jardins philosophiques, où elle ne s’est pas même arrêtée !
Pindare donne ce nom à l’art de triompher dans les courses de char aux jeux olympiques : ainsi les succès, les plaisirs, la volonté des dieux, les devoirs de l’homme, tout se confondait dans ces têtes ardentes, et l’existence sensitive laissait seule des traces profondes.
Sa conversation est composée de parenthèses, principal objet de toutes ses phrases ; il voudrait laisser échapper ce qu’il a le plus grand besoin de dire ; il essaye de se montrer fatigué de tout ce qu’il envie ; pour se faire croire à son aise, il tombe dans les manières familières ; il s’y confirme, parce que personne ne compte assez avec lui pour les repousser, et tout ce dont il est flatté dans le monde est un composé du peu d’importance qu’on met à lui, et du soin qu’on a de ménager ses ridicules pour ne pas perdre le plaisir de s’en moquer.
III Laissons là cette extension du procédé, et considérons-le une dernière fois à son origine.
Juvénal ne sera point laissé de côté : mais il y faut un bon commentaire et beaucoup de coupures.
On se laisse tromper à l’apparence ; on prend pour réel ce qui ne l’est pas, comme dans l’histoire de la dont d’or, et l’on donne la raison de ce qui n’existe pas.
On peut toujours indiquer ce qu’on laisse volontairement de côté.
De telles âmes ne se laisseront pas persuader aisément de la supériorité intellectuelle et morale de la société ; elles continueront à voir dans cette dernière une machinerie plus ou moins habile destinée à mater et à duper les individus et le sentiment qu’elles éprouveront vis-à-vis d’elle sera surtout la défiance.
Nous les laisserons se convertir, et nous en appellerons de Voltaire malade à Voltaire en santé.
Mais ses déclarations sur la proximité de la catastrophe ne laissent lieu à aucune équivoque 796. « La génération présente, disait-il, ne passera pas sans que tout cela s’accomplisse.
» Ce n’est pas que plusieurs bonnes âmes, ici comme en Galilée, ne se laissassent toucher.
Pour conserver l’affection du prince en même temps que son estime, pour ne pas mentir au sentiment qu’il avait inspiré sans y céder, il fallait qu’en résistant à ses désirs, on laissai voir une pressante disposition à y céder, mais en même temps une soumission profonde à une puissance qui ordonne d’y résister ; il fallait, en faisant souffrir de sa résistance, qu’il fût certain qu’on en souffrait soi-même.
» — « Ne laisse point périr en nous la race de PéIops : ainsi tu vivras, bien que tu sois mort. » — « Les enfants sauvent la renommée du père qui n’est plus, pareils au liège qui porte le rets et l’empêche de s’enfoncer dans l’abîme. » Cette fois l’Ombre est assurément réveillée ; sortie du sépulcre, elle enveloppe son vengeur ; le spectre ne fait plus qu’un avec le vivant. — Avant d’agir, Oreste veut savoir pourquoi ces libations envoyées au mort, « don misérable si fort au-dessous du crime ».
Malgré le pédantisme des fausses sciences et les restes de barbarie, la disposition et le tour particulier à l’esprit français ne laissaient pas de se faire jour, et les natures originales prenaient le dessus.
Il a un milieu à tenir, pour contenter à la fois les spectateurs ou les lecteurs qui n’aiment point à voir heurter les idées reçues, & les poëtes eux-mêmes, auxquels il faut laisser ces grands traits, ces coups de force & de lumière, cette heureuse hardiesse, par laquelle seule il passe à la postérité.
Un anatomiste un peu distingué ne peut réellement jeter les yeux sur ces figures sans éprouver un sentiment pénible, tant elles sont peu conformes à celles que la nature nous offre. » Je laisse à décider aux anatomistes si M.
Piganiol de la Force a donné une description historique de la France qui laisse peu à désirer.
C’est cette plume qui ne s’est jamais amollie, même quand elle a voulu être tendre, que la Correspondance de Stendhal montrera mieux encore que les livres qu’il nous a laissés.
Il fallait montrer que parmi ces Souvenirs, le plus grand de tous, c’était, à qui ose parler pour elle, le souvenir qu’elle a dû laisser !
C’est cette plume qui ne s’est jamais amollie, même quand elle a voulu être tendre, que la Correspondance de Stendhal montrera mieux encore que les livres qu’il nous a laissés.
Voilà, en effet, quoique parfois les gens d’esprits s’en mêlent, une littérature d’un genre très commun pour l’instant, et d’une facilité si déplorable qu’elle peut se laisser prendre par tous les sots !
Mais alors, puisque la ligne de lumière s’allonge, tout en restant elle-même, quand on imagine en mouvement et qu’on laisse pourtant au repos le système où elle s’observe, nous aurons des Temps multiples, équivalents ; et l’hypothèse de la pluralité des Temps, caractéristique de la théorie de la Relativité, nous apparaîtra comme conditionnant aussi bien l’évolution de la physique en général.
Clemenceau ne put trouver de lecteurs, et laisser de côté un journaliste alors célèbre, dont les symbolistes firent à bon droit une de leurs têtes de turc, Henry Fouquier ?
L’histoire grecque, dont il est le principal flambeau, nous a laissés dans l’incertitude sur son siècle et sur sa patrie.
« C’est elle qui prépare et anime la fête, orne de guirlandes la chambre nuptiale72, dépeint la beauté des jeunes vierges, fait avancer Aphrodite sur le char des Grâces entouré du chœur des Amours, attache avec une tige d’hyacinthe les cheveux de la déesse qui se partagent sur ses tempes, et laisse flotter les autres au souffle de l’air.
Aussitôt emportés les battants laissèrent vide un large espace, en faisant rouler des deux côtés dans les écrous les gonds d’airain incrustés au bois par des barres et des chevilles ; et soudain, par ces portes, les vierges lancèrent le char et les coursiers.
Depuis son enfance, il s’était laissé grandir très librement, sans soucis et sans préoccupations métaphysiques. […] Sully Prudhomme pourra me dire, après ma réponse, comme il l’a laissé entendre il y a quelques années à M. […] Nous laisserons de côté ici la question du dictionnaire pour nous en tenir à celle de la poétique, assez complexe par elle-même.
Enfin, on demandait une nouvelle ou pathétique, ou délicate, ou piquante, dont le sujet naturellement était laissé à l’inspiration des concurrents.
Roger jeune, aimable, élégant et gracieux, un peu faible, a été distingué et aimé par Fanny, qui, en femme du monde habile et aussi expérimentée que tendre, a pris sur elle toutes les difficultés de la situation et ne lui en veut laisser que les douceurs.
Molé ne se le laissa pas dire, et ne souffrit pas qu’on déplaçât ainsi le respect : Paris, ce 14 septembre 1837.
Si Edgar Poe, Dickens, Balzac, Henri Heine, Horace Vernet, Victor Hugo, Doré, bien interrogés, avaient laissé de pareils mémoires, nous aurions là des renseignements du plus grand prix.
Un affranchissement trop brusque laisse les esprits désemparés.
Plus d’une fois, sans doute, un ouvrage est fait pour laisser une impression double ou multiple, comme telle fable de La Fontaine qui se termine par deux morales.
En longue robe droite, tombant, sans un pli, Sephore vers la berge plate, dans l’attente Fatale du départ, — et Lohengrin, pâli, Le regard s’abîmant dans les moires du fleuve, Où le flot nouveau-né chasse le flot ancien, A l’heure de laisser l’Épouse, vierge et veuve, Se lamente au passé qui devait être sien !
Ceci nous laisse entrevoir l’esthétique de l’auteur.