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3910. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

Il écrira des hymnes à la Liberté, à l’Esprit, à Florence. […] Brizeux avait enlevé celle de ce poème, avec une grande légèreté de main, au monde du sentiment et au monde de la sensation, mais ni l’un ni l’autre de ces deux mondes n’y avaient été exprimés de manière à porter dans les esprits, où il éveille d’immortels échos, ce violent coup de l’originalité qui est comme la détonation du génie !

3911. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « SAINTE-BEUVE CHRONIQUEUR » pp. -

. — Pour les jugements littéraires j’ai pensé dès longtemps qu’on ne les aurait tout à fait libres et indépendants sur les hommes de France, qu’en étant à la frontière, à Genève, à Bruxelles, — à Liége. » C'était aussi l’opinion de Voltaire et, avant lui, comme on va le voir, celle d’un esprit de la même famille, Bayle, l’illustre réfugié protestant du xviie siècle, avec lequel Sainte-Beuve avait tant d’affinité3.

3912. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « I » pp. 1-8

Mais à voir comme des gens réputés d’esprit et même de goût y sont pris, je désespère de la finesse de l’art et je rentre plus que jamais dans ma coque pour n’en plus sortir.

3913. (1874) Premiers lundis. Tome I « M.A. Thiers : Histoire de la Révolution française Ve et VIe volumes — I »

Thiers, analysé cette masse confuse de faits, si effrayante à tous égards ; il y pénètre, sans être arrêté par l’horreur ; car son esprit est libre de préoccupation et pur die souvenirs.

3914. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Le Comte Walewski. L’École du Monde »

Il considère son sujet en plein, sans tant de façon, rondement ; il voit ce qu’il en peut faire avec esprit, avec verve, avec bon sens à travers ; son parti pris, il va ; il s’agit, avant tout, que son feuilleton ait vie, qu’il se meuve, qu’il amuse ; son feuilleton, c’est sa pièce à lui, il faut qu’elle réussisse ; il ne l’écrit pas ce feuilleton, il le joue.

3915. (1875) Premiers lundis. Tome III « Le roi Jérôme »

Il a de l’esprit, du caractère, de la décision et assez de connaissance générale du métier pour pouvoir se servir du talent des autres. » Dans une autre lettre du même jour, Napoléon écrivait à Jérôme lui-même : « Mon frère, je vous envoie une lettre du ministre de la marine ; vous y verrez tout le bien que vous pouvez faire à mes flottes par une bonne conduite.

3916. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Et Lamartine ? »

Voltaire a été le plus infatigable interprète et quelquefois l’inventeur des idées essentielles du siècle dernier, et il a très puissamment agi sur l’esprit de ses contemporains.

3917. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « André Theuriet »

L’âge venait, les cheveux noirs de Séverin grisonnaient, son imagination se stérilisait, et son esprit, autrefois si vif, s’atrophiait.

3918. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Rêveries sur un empereur »

Si vous admettez ces trois propositions, qui n’ont, je crois, rien de téméraire, et si vous essayez d’en tirer les conséquences bravement, naïvement et dans un esprit d’optimisme, vous serez vous-même surpris du rêve que vous édifierez peu à peu et comme malgré vous.

3919. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

Qu’on ne se méprenne pas sur l’esprit des réflexions qui vont suivre.

3920. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Heredia, José Maria de (1842-1905) »

Les sociétés savantes des départements lui ont fourni, plusieurs fois, des motifs de poésie : souvent une planche d’archéologie entrevue dans une bibliothèque, un pan de mur, une statue cassée qui git dans l’herbe, un fragment de stèle, une guirlande de palmettes qui court sur une frise, se fixent dans son esprit, l’accompagnent partout, à pied et à cheval, en voiture et en omnibus, au théâtre et dans le monde.

3921. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Magnin, est une extravagante féerie dans laquelle apparaissent la Mort et les Esprits follets.

3922. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre II : Termes abstraits »

Quand un homme se rappelle les particularités d’une bataille ou il commandait, il y a une succession de sensations ou d’idées qui traverse son esprit.

3923. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

C’était un homme du temps d’Hippias, d’esprit et d’éducation despotique.

3924. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Démosthéne, et Eschine. » pp. 42-52

Ils briguoient les occasions de la servir, de jetter les fondemens de cet empire que donnent sur les esprits les talens & la supériorité des lumières.

3925. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Ronsard, et Saint-Gelais. » pp. 120-129

Il avoit son offense tellement présente à son esprit, que, dans les sujets mêmes les plus éloignés de la satyre, il trouvoit le moyen de l’y amener.

3926. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

Porée, dont l’esprit & le caractère se feront regretter long-temps, s’étendirent à plusieurs autres jésuites.

3927. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 29, si les poëtes tragiques sont obligez de se conformer à ce que la geographie, l’histoire et la chronologie nous apprennent positivement » pp. 243-254

Junia Calvina avoit été exilée vers la fin du regne de Claude, comme coupable d’inceste avec son frere, et Neron ne la rappella de son exil que lorsqu’il voulut faire un certain nombre d’actions de bonté, afin d’adoucir les esprits, aigris contre lui par le meurtre de sa mere.

3928. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 30, de la vrai-semblance en peinture, et des égards que les peintres doivent aux traditions reçuës » pp. 255-265

Le spectateur, à qui l’on donne la phisionomie d’un homme d’esprit, ne doit point admirer comme celui qu’on a caracterisé par une phisionomie stupide.

3929. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 41, de la simple récitation et de la déclamation » pp. 406-416

C’est un de ces jugemens que l’esprit fait par une operation qui n’est pas prémeditée, et que nous ne connoissons même que par une refléxion qui nous fait retourner, pour ainsi dire, sur ce qui s’est passé dans nous-mêmes.

3930. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Conclusion »

Mais le rôle de la sociologie à ce point de vue doit justement consister à nous affranchir de tous les partis, non pas tant en opposant une doctrine aux doctrines, qu’en faisant contracter aux esprits, en face de ces questions, une attitude spéciale que la science peut seule donner par le contact direct des choses.

3931. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

(Il se relève ; — l’ombre et Saturet s’avancent — d’un pas rythmé — vers Derville, dont les esprits s’égarent visiblement.)

3932. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVI »

Ceci posé, mon livre s’adressant aux débutants et aux élèves, c’est-à-dire à ceux qui commencent à exercer leur faculté d’invention, j’ai prévenu, en effets ces apprentis écrivains « qu’il y avait des images qu’on peut découvrir plus facilement que d’autres, par l’application de l’esprit et l’effort du travail », à condition toujours d’avoir « du talent et des dispositions imaginatives ».

3933. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Armand Baschet »

II Figurez-vous donc qu’au lieu du précieux, compendieux et sérieux Armand Baschet, qui ne rirait pas pour un empire, nous eussions ici affaire à quelque génie plein d’abandon et de sincérité, à quelque grand caricaturiste historique, — car un caricaturiste peut être un historien, puisque la caricature n’est qu’une certaine manière de regarder la vérité, — figurez-vous donc, par exemple, un esprit comme Thomas Carlyle, que je regarde comme l’Hogarth de l’Histoire, tombant sur l’histoire de Baschet, le Dangeau posthume de Louis XIII, et demandez-vous quels effets grotesques et charmants et quelle conclusion de savoureuse moralité humaine il aurait tirés de ce conte de La Fontaine historique, qui fut une réalité, et, pour les gens intéressés à l’achèvement de ce mariage resté en l’air, la plus plaisante des mélancolies !

3934. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

L’esprit du récit convient au génie italien, et nous avons vu que dès le xive  siècle, et sans doute même dès le xiiie , ce récit devait exister en Italie avec ses traits essentiels. […] L’Historia major de cet auteur, publiée à Londres en 1571 et réimprimée à Zurich en 1586, avait eu dès l’abord un grand succès, surtout parmi les protestants, à cause de l’esprit qui y règne, constamment hostile à la cour de Rome. […] L’inspiration en est d’ailleurs peu conforme à l’esprit d’autres légendes formées autour du récit de la Passion. […] Le troisième précepte est le fondement de la critique ; le premier est peut-être celui de la philosophie, si on l’applique aux choses de l’esprit ; si on l’applique, ainsi que le second, aux choses du cœur, il peut donner, sinon le bonheur, au moins l’absence de tourment. […] Le poète a créé ainsi une sorte de magie nouvelle et charmante, tout imprégnée de l’esprit de son temps, et en faveur de laquelle on lui pardonnera d’avoir affaibli, en la reléguant presque au second plan, l’ingénieuse sagesse du vieux conte.

3935. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Malgré la conscience qu’on ne peut s’empêcher d’avoir de ce qu’il y a de passager dans l’éclat du théâtre, il y a aussi quelque chose de grand, de grave et presque religieux dans cette alliance contractée avec l’assemblée dont on est entendu, et c’est une solennelle récompense des fatigues de l’esprit. — Aussi serait-il injuste de ne pas nommer les interprètes à qui l’on a confié ses idées dans un livre qui sera plus durable que les représentations du drame qu’il renferme. […] combien depuis ne s’est-il pas accusé d’avoir plaidé cette cause absurde contre laquelle il s’est armé avec moi et les bons esprits en 1848 ! […] — Où avais-je l’esprit ? […] Leur éclat passé s’affaiblit, je le répète, à mesure que s’accroît, dans les esprits, le dédain de la guerre, et, dans les cœurs, le dégoût de ses cruautés froides.

3936. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Jeudi 10 avril Autrefois il y avait un effort chez les pastellistes pour représenter le charme, l’esprit, le sourire d’une figure de femme ; à présent on dirait que nos pastellistes en faveur, avec leurs roses d’engelures et leurs violets plombés, ne veulent exprimer que l’éreintement, l’ahurissement, le barbouillage de cœur, enfin tous les malaises physiques et moraux d’une physionomie de femme. […] Mardi 13 mai Je parlais à une femme de la société, de la correction de la mise, de la simplicité élégante de la toilette des grandes cocotes… « Oui, oui, me répondait-elle, il y a du vrai dans ce que vous dites… Tenez, moi, quand je me suis mariée, je connaissais très peu, même par les livres, le monde interlope… Eh bien, quand mon mari me menait au théâtre, — nous prenions en général des places de balcon, — bientôt je le voyais jeter un regard sur ces femmes dans les loges… Et comme j’ai toujours eu le sentiment de l’élégance, ces femmes je les trouvais mieux mises que moi… Car vous savez, il n’y a pas seulement la question d’argent, il y a une éducation pour la toilette… et en me comparant à elles je me trouvais une petite provinciale… Puis le regard de mon mari, après être resté là, un certain temps, revenait des loges à moi, un rien méprisant, et avec quelque chose de grognon sur la figure… et ça se passait en général aux pièces de Dumas, qui étaient la glorification de ces femmes… Alors aux parties dramatiques de la pièce… je pleurais… je m’en donnais de pleurer… si bien que mon mari, qui après le spectacle, aimait à entrer chez Riche ou chez Tortoni, me jetait de très mauvaise humeur : « Avec des yeux comme vous en avez, c’est vraiment pas possible de s’asseoir dans un café. » Mercredi 14 mai Me voici au vernissage, où je n’ai pu refuser le déjeuner immangeable, auquel se condamnent, tous les ans, les peintres, par leur domesticité d’esprit pour les choses chic. […] Jeudi 16 octobre En corrigeant les épreuves d’Outamaro, je pensais à la tendance de mon esprit de n’aimer à travailler que d’après du neuf, d’après des matériaux non déflorés par d’autres. […] Renan appartient à la famille des grands penseurs, des contempteurs de beaucoup de convictions humaines, que des esprits plus humbles, des gens comme moi, vénèrent encore un peu, estomaqués, quand ils entendent un penseur de la même famille proclamer que la religion de la patrie, à l’heure présente, est une religion aussi vieille que la religion du Roi sous l’ancienne monarchie.

3937. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Si l’archevêque montra qu’il était homme d’esprit en établissant ces Conférences, il ne le montra pas moins en les terminant à temps et en ne souffrant pas qu’elles fussent mises ensuite par écrit. […] Il y a dans les querelles de Vadius et de Trissotin une acrimonie particulière qui échappe à l’action et au traitement des esprits polis.

3938. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

. — La conscience intellectuelle, la pensée pure, quoique numériquement identique à la conscience sensible, et n’ayant pas par elle-même de contenu particulier, en diffère en ce qu’elle convertit de simples états subjectifs en faits et en êtres qui existent en eux-mêmes et pour tous les esprits : elle est la conscience, non des choses, mais de la vérité ou de l’existence des choses. […] Le postulat auquel nous sommes arrivés est antérieur à la démonstration, antérieur à la connaissance définie ; il est aussi ancien que la nature même de notre esprit.

3939. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Or il ne semble pas qu’on en puisse dire autant de la geste burlesque de l’hyène et du lièvre dans la littérature indigène, encore qu’elle célèbre, elle aussi, le triomphe de l’esprit madré sur la force brutale. […] Cette dénomination a été donnée en souvenir de cette mode des « combles » qui sévit jadis en France… dans un milieu où l’on se montre assez accommodant quant à la qualité de l’esprit.

3940. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Ils naissent de ce que deux représentations de la Relativité, l’une radicale et conceptuelle, l’autre atténuée et imagée, s’accompagnent à notre insu dans notre esprit, et de ce que le concept subit la contamination de l’image. […] Telles sont donc, pour revenir à notre première hypothèse, les formules que Paul aura présentes à l’esprit s’il veut passer de son point de vue à celui de Pierre et obtenir ainsi, — tous les observateurs attachés à tous les systèmes mobiles S″, S‴, etc., en ayant fait autant, — une représentation mathématique intégrale de l’univers.

3941. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Le poëte tragique, en particulier, était à l’aise et suffisamment inspiré, dans cette vaste enceinte et cette infinie variété de la représentation tragique, telle que l’esprit la concevait alors, pouvant essayer tous les spectacles, depuis les splendeurs des rois jusqu’à la mendicité des bannis, depuis la terreur la plus éloquente jusqu’à la bouffonnerie, depuis la majesté d’Agamemnon et le délire religieux de Cassandre jusqu’à la fureur d’Oreste et au sommeil des Euménides trompées par Apollon, depuis les Choéphores jusqu’au Cyclope, Le poëte tragique, avec cette fécondité d’un art nouveau, multipliait ses œuvres pour les grandes fêtes de chaque année ; mais il ne s’exerçait pas ailleurs et pour une moindre occasion que les Panathénées et que la Grèce accourue dans Athènes. […] « Bœotum in crasso jurares aere natum109 » Elle se conserve, elle se répète par-delà l’époque où elle était si fort démentie par le savoir et l’inventive sagacité de Plutarque, dans le déclin de l’esprit grec.

3942. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat. (suite et fin) »

On a même poussé un peu loin la revendication, je l’avoue, et l’esprit de conquête dans un autre sens, lorsqu’on est allé, pour quelque ressemblance de pensée entre Pascal et Bossuet, jusqu’à prétendre que Bossuet avait pu et dû avoir Pascal pour auditeur de tel ou tel de ses sermons.

3943. (1874) Premiers lundis. Tome I « [Préface] »

Il faut prévoir les objections et les critiques que font naître toujours des publications comme celle-ci : on ne manquera pas de trouver que nous en avons « trop mis », que nous ne nous sommes pas assez souvenu de l’esprit général de cet Avertissement, auquel nous avons pris en commençant une note justificative.

3944. (1874) Premiers lundis. Tome I « Deux révolutions — I. De la France en 1789 et de la France en 1830 »

Au reste, les conséquences des bonnes idées ne manquent pas ; assez d’esprits logiques les déduiront ; et, malgré les fausses vues, les indécisions et les intérêts qui viendront à la traverse, notre révolution pacifique d’aujourd’hui aura son cours, ainsi que l’autre révolution turbulente a eu le sien, il y a quarante ans.

3945. (1874) Premiers lundis. Tome I « Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme. Deuxième édition. »

Diderot a dit quelque part : « Une seule qualité physique peut conduire l’esprit qui s’en occupe à une infinité de choses diverses.

3946. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre V »

 »92 … « Rien ne se fane plus vite dans une langue que les mots sans racine vivante : ils sont des corps étrangers que l’organisme rejette, chaque fois qu’il en a le pouvoir, à moins qu’il ne parvienne à se les assimiler… Déjà les médecins qui ont de l’esprit n’osent plus guère appeler carpe le poignet, ni décrire une écorchure au pouce en termes destinés sans doute à rehausser l’état de duelliste, mais aussi à ridiculiser l’état de chirurgien. »93 ⁂ L’outrance de la terminologie technique est d’ailleurs aussi néfaste à la littérature médicale qu’opposée aux tendances d’impersonnalité chères aux naturalistes.

3947. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale. »

L’éducation, sans doute, influe beaucoup sur l’esprit et le caractère, mais il est plus aisé d’inspirer à son élève ses opinions que ses volontés ; le moi de votre enfant se compose de vos leçons, des livres que vous lui avez donnés, des personnes dont vous l’avez entouré, mais quoique vous puissiez reconnaître partout vos traces, vos ordres n’ont plus le même empire ; vous avez formé un homme, mais ce qu’il a pris de vous est devenu lui, et sert autant que ses propres réflexions à composer son indépendance : enfin, les générations successives étant souvent appelées par la durée de la vie de l’homme à exister simultanément, les pères et les enfants, dans la réciprocité de sentiments qu’ils veulent les uns des autres, oublient presque toujours de quel différent point de vue ils considèrent le monde ; la glace, qui renverse les objets qu’elle présente, les dénature moins que l’âge qui les place dans l’avenir ou dans le passé.

3948. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

La philosophie n’est pas de l’insensibilité, quoiqu’elle diminue l’atteinte des vives douleurs il faut une grande force d’âme et d’esprit pour arriver à cette philosophie dont je vante ici les secours ; et l’insensibilité est l’habitude du caractère, et non le résultat d’un triomphe.

3949. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

Cela même marque l’emploi et les limites de l’antithèse ; si les idées ne se sont pas violemment rencontrées dans l’esprit, le cliquetis des mots est vain : le bruit qu’ils font est la fin dernière de leur choc ; c’est ferrailler, ce n’est plus s’escrimer.

3950. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Kahn, Gustave (1859-1936) »

Évidemment, il assigne à la poésie le rôle d’une musique spéciale, et la veut consacrée à l’expression d’états de l’âme spéciaux : de ces larges et troubles coulées d’images, par instants envahissant l’esprit, incapables d’être notées dans une prose, et constituant, pour la psychologie, l’essence même des émotions… La forme musicale de M. 

3951. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

Zola embêté par les jeunes Un poète d’esprit, Henri de Régnier, discute au long le talent d’Émile Zola.

3952. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

… Sont-ils animés d’un si noir esprit !

3953. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VIII »

Une dame Autrice, se trouve dans une pièce du Mercure de juin 1726. » Dictionnaire néologique a l’usage des Beaux Esprits du siècle (1727), par l’abbé Desfontaines.

3954. (1888) La critique scientifique « Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie »

Simplicité d’esprit.

3955. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Au milieu de cette agitation des esprits & de l’incertitude où l’on étoit comment la dispute finiroit, Charpentier entreprit de la faire décider en faveur de notre langue.

3956. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre VI. Suite des Moralistes. »

que Pascal voulait défendre la religion ; que La Bruyère faisait son chapitre des Esprits forts, et Massillon son sermon de la Vérité d’un avenir ; que Bossuet, enfin, lançait ces paroles foudroyantes sur les athées ?

3957. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 2, de l’attrait des spectacles propres à exciter en nous une grande émotion. Des gladiateurs » pp. 12-24

La raison d’une prédilection tellement opposée à ses interêts, c’est que les jeux qui laissent une grande part dans l’évenement à l’habileté du joüeur, exigent une contention d’esprit plus suivie : et qu’ils ne tiennent pas l’ame dans une émotion continuelle ainsi que le jeu des landsquenets, la bassette et les autres jeux où les évenemens dépendent entierement du hazard : à ces derniers tous les coups sont décisifs, et chaque évenement fait perdre ou gagner quelque chose.

3958. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Aucun d’eux n’étoit même engagé dans l’emploi d’instruire la jeunesse, ni dans les autres fonctions, qui conduisent insensiblement un homme d’esprit jusques sur le Parnasse.

3959. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 24, objection contre la solidité des jugemens du public, et réponse à cette objection » pp. 354-365

Le public ignore si le gain de la bataille est l’effet du plan du general, ou s’il est dû à la présence d’esprit d’un officier subalterne.

3960. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 30, objection tirée des bons ouvrages que le public a paru désapprouver, comme des mauvais qu’il a loüez, et réponse à cette objection » pp. 409-421

Quant à la Phedre de Pradon, on se souvient encore qu’une cabale composée de plusieurs autres, dans lesquelles entroient des personnes également considerables par leur esprit et par le rang qu’elles tenoient dans le monde, avoit conspiré pour élever la Phedre de Pradon et pour humilier celle de Racine.

3961. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XV »

Faguet est l’instantanéité même ; c’est du style parlé par un homme de beaucoup d’esprit.

3962. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Wallon »

Cela paraît modéré, qui est la politesse à laquelle les lâches d’esprit sont le plus sensibles.

3963. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

Ces esprits grossiers encore croyaient de telles cérémonies indispensables, pour s’assurer de la volonté des autres, dans les rapports d’intérêt, tandis qu’aujourd’hui que l’intelligence des hommes est plus ouverte, il suffit de simples paroles et même de signes.

3964. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Lorsque les universités d’Italie commencèrent à enseigner les lois romaines d’après les livres de Justinien, qui les présente d’une manière conforme au droit naturel des peuples civilisés, les esprits déjà plus ouverts s’attachèrent aux règles de l’équité naturelle dans l’étude de la jurisprudence, cette équité égale les nobles et les plébéiens dans la société, comme ils sont égaux dans la nature.

3965. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 5-79

Voyez, au contraire, avec quel acharnement, instinctif aussi, le cabinet de Londres et l’esprit antifrançais de l’Angleterre poursuivent, depuis quelques années, l’amoindrissement systématique et la destruction, si elle était possible, de l’Autriche. […] Cet esprit de revendication d’un haut rang dans le monde était toutefois plus sensible dans l’aristocratie italienne et dans les classes lettrées que dans les peuples. […] Car ne nous faisons pas d’illusion sur l’éternelle reconnaissance et sur l’indissoluble alliance entre la France et la monarchie piémontaise de l’Italie une : les rois hommes d’honneur, les ministres qui se respectent, peuvent être reconnaissants par honneur, par pudeur, par intérêt momentané ; mais les rois meurent, les ministres passent, les cabinets restent avec l’esprit de leur situation géographique en Europe.

3966. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IV »

C’est à cette époque que la question Lohengrin recommence à préoccuper les esprits. […] Ses sujets légendaires me semblent puérils, et son génie, enserré dans les liens étroits du leitmotiv, me paraît moins fécond que lorsque, sans esprit de système, il écrivait Lohengrin, qui, à mon avis, restera son chef-d’œuvre devant la postérité. […] A quoi bon partir en guerre maintenant que la haute valeur du maître n’est guère plus contestée que par quelques esprits rétrogrades et routiniers ?

3967. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Je ne partage pas cette opinion et je crois que le même morceau, écrit à quatre époques différentes, dans des dispositions d’esprit dissemblables, aura dans chacune de ses élaborations, s’il est écrit par un homme de talent, une excellence, une perfection autre, mais adéquate. […] Mardi 21 mars La toute-puissance de l’Académie sur l’esprit de la France, n’a jamais été plus complètement exprimée que par le mot d’un gendarme à Renan. […] Là ce fut autre chose, l’acier pénétrait dans les chairs comme dans une pomme qui jute…, oui, une pomme pleine de suc. » Mercredi 27 décembre Aujourd’hui que mon livre de La Fille Élisa est presque terminé, commence à apparaître et à se dessiner vaguement dans mon esprit le roman, avec lequel je rêve de faire mes adieux à l’imagination.

3968. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Au diable le Chateaubriand, le Forbin et autres marchands d’esprit qui n’ont su s’exalter que sur des restes de pierre et qui n’ont pas compris que les scènes qui se représentaient à chaque minute sous leurs yeux étaient la représentation vivante de l’Ancien et du Nouveau Testament !  […] Lorsque plus tard, tout rempli de ce qui lui semblait sa découverte, Horace Vernet voulut faire prévaloir ses idées devant l’Institut, lorsqu’il soutint son opinion, sa thèse sur certains rapports qui existent entre le costume des anciens Hébreux et celui des Arabes modernes, il trouva les esprits prévenus.

3969. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

On assiste à la naissance visible de leur amour, et leur rivalité future viendra se rattacher dans notre esprit à un souvenir, à un spectacle bien présent. […] C’est spirituel, c’est ce que j’appelle le pot au lait de l’infante ; mais c’est de l’esprit perdu.

3970. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Molière a donc cette fois la véritable initiative, il aborde la critique des mœurs contemporaines, il y exerce son propre esprit d’observation, il est lui-même et doit fort peu aux autres. […] En revanche, rien n’est plus français que l’esprit qui anime d’un bout à l’autre le dialogue ; on y trouve le tour naïf et des réminiscences nombreuses de nos conteurs du seizième siècle.

3971. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Mais on trouverait toujours entre A et B et entre B et C de nouveaux éléments D et E tels que :   A = D, D = B, A < B ; B = E, E = C, B < C, et la difficulté n’aurait fait que reculer et la nébuleuse ne serait toujours pas résolue ; c’est l’esprit seul qui peut la résoudre et c’est le continu mathématique qui est la nébuleuse résolue en étoiles. […] On voit, d’ailleurs, que cette définition ne s’applique pas seulement à l’espace, que dans tout ce qui tombe sous nos sens, nous retrouvons les caractères du continu physique, ce qui permettrait la même classification ; il serait aisé d’y trouver des exemples de continus de quatre, de cinq dimensions, au sens de la définition précédente ; ces exemples se présentent d’eux-mêmes à l’esprit.

3972. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Pierre Dupont aussi a bien compris et vivement rendu cet esprit de joie, d’émulation et de sympathie, dans sa Chanson de la soie, dans celle du Tisserand et dans d’autres. […] Pierre Dupont me le peignent comme un esprit doux, poétique, aimant naturellement le bien, aimant sincèrement la nature, les champs.

3973. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

I, p. 30), « des idées de sensation, des idées de mouvement, voilà les facteurs élémentaires dont notre esprit est construit ». […] L’esprit humain n’est pas, comme dit M. 

3974. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

. — Un piquant parallèle, et tout à fait académique, entre M. de Tocqueville et son successeur, et l’accord, l’harmonie finale de leurs deux esprits, résultant du contraste même de leurs vocations et de leurs destinées, cette vue ingénieuse semblait terminer à souhait un discours constamment applaudi.

3975. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

En reconnaissant que la plupart des traductions ne fournissent que trop de preuves à l’appui de ce système, nous nous garderons bien de l’accueillir en des termes aussi tranchants, aussi dédaigneux ; nous ne le pourrions sans la plus grande injustice et qu’en faisant violence au vrai sens qu’il avait dans l’esprit de Dussault.

3976. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

Il prête d’admirables cantiques à ce petit nombre d’âmes secrètes et incorruptibles qui ont gardé dans toute sa pureté la foi des anciens jours ; mais il n’exprime pas tout ce qu’il y a d’inquiet et de remuant dans les esprits et dans les cœurs de ce siècle, même les plus sincères, même les plus affamés de croyances.

3977. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — II »

Mais au-dessous et dans les limites de la doctrine universelle, la liberté humaine, l’esprit de curiosité et d’intelligence, le génie enfin se sont exercés ; il y eut des théologiens, des philosophes, des poètes qui essayèrent de prêter des formes particulières, tantôt ingénieuses et subtiles, tantôt magnifiques et brillantes, à ce qu’ils croyaient la vérité.

3978. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Il s’en servit pour révéler une préoccupation de l’esprit, un état de l’âme, un sentiment, une passion ; pour faire éclater un caractère du premier mot et du premier geste.

3979. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Il faudrait pour cela une hardiesse d’imagination, une force d’esprit dont on ne trouve guère d’exemples que parmi les inventifs bourreaux du Japon, et peut-être de quelque autre pays.

3980. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Encore de la mauvaise morale : on peut trop louer sa maîtresse, et tout éloge qui n’a pas l’air d’échapper à un sentiment vrai, ou d’être une galanterie aimable d’un esprit facile, déplaît souvent même à celle qui en est l’objet.

3981. (1879) Balzac, sa méthode de travail

Un écrivain de la petite bande des gens d’esprit inféodés à Balzac, Édouard Ourliac, qui fit preuve de verve dans les petits journaux avant de verser dans la littérature de chouannerie cléricale, a conté avec beaucoup d’entrain la pénible gestation de César Birotteau.

3982. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Greuze » pp. 234-241

Il a de l’esprit et de la sensibilité.

3983. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Satire contre le luxe, à la manière de Perse » pp. 122-126

Astuce, mauvaise foi, nulle grande vertu, nul héroïsme, une foule de petits vices, enfans de l’esprit économique et de la vie contentieuse.

3984. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 40, si le pouvoir de la peinture sur les hommes est plus grand que le pouvoir de la poësie » pp. 393-405

Si notre esprit n’y est pas trompé, nos sens du moins y sont abusez.

3985. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Premier tableau » pp. 180-195

Vendre des mots aux gens d’esprit du journalisme ?

3986. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Le mouvement des esprits, qui est l’opinion, peut soulever la société, mais il faut que la religion reste immobile comme Dieu même.

3987. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

Mais toi, avec le calme de ton esprit enfantin, tu dors dans cette triste demeure scellée de clous d’airain, à cette lueur nocturne, dans cette sombre obscurité.

3988. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Son roman sur le nez, vous savez, c’est une épigramme de Voltaire, vous vous rappelez ça… Si, si, je vous assure que Lamartine a de l’esprit. […] Tenez, on parlait devant lui de Broglie, on disait que c’était un bon esprit : — « Oui, un bon esprit faux », fit-il. […] Sauf la vaisselle plate marquée aux armes de l’Empire, sauf la gravité et l’impassibilité des laquais, vrais laquais de maisons princières, on ne se croirait guère chez une altesse, tant il règne en cet aimable logis une liberté d’esprit et de parole.

3989. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Le critique, un docteur Joulin, que ses amis appellent un homme d’esprit, me dénonçait pour ce discours comme faisant honte à l’Académie française, comme ne sachant pas un mot de français, sinon à la réflexion et à tête reposée, comme ne pouvant écrire couramment deux lignes sans pataquès ; et il notait dans ce seul discours jusqu’à cinquante-trois fautes de langue et de goût.

3990. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

La nature morale dans les esprits ardents tend toujours à quelque chose de complet, et l’on veut étonner par le crime, quand il n’y a plus de grandeur possible que dans son excès ; l’agrandissement de soi, ce désir qui, d’une manière quelconque, est toujours le principe de toute action au-dehors, l’agrandissement de soi se retrouve dans l’effroi qu’on fait naître.

3991. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Que l’esprit d’Alfred de Vigny se mesure à une plus haute douleur !

3992. (1898) Le vers libre (préface de L’Archipel en fleurs) pp. 7-20

Tu seras un esprit libre usant librement d’un moyen personnel d’expression, hormis toute Éducation et toute Tradition — tu feras ce que tu voudras. »

3993. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — V »

Tandis que le philosophe, dupe de la croyance en. une vérité objective, se fonde, pour maintenir la suppression du culte, sur ce fait que la religion catholique, comme toute autre forme religieuse, est fausse et constitue une superstition, l’esprit clairvoyant du politique sachant que la superstition, le préjugé, la croyance sont l’étoffe et l’unique tissu du réel, se préoccupe uniquement de rechercher quelle forme du préjugé est utile à la réalité française dont il identifie avec le sien l’intérêt.

3994. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Voyez cette foule d’esprits incoercibles et véloces sortis de la tête de Bouchardon et accourants à la voix d’ Ulisse qui évoque l’ombre de Tirésias .

3995. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Pouvoit-il faire d’Agnès Sorel une fille violente et sanguinaire, ou une personne sans élevation d’esprit, et qui auroit conseillé à Charles VII de vivre avec elle dans l’obscurité ?

3996. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Mais de Rousseau-femme, il n’y en avait pas, et même la notion en manquait à l’esprit humain, constitué tel qu’il était alors.

3997. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Ce qu’il y a de plus étonnant dans ce poëme inaccoutumé, c’est qu’il est peint avec une rapidité extrême, et quand on songe à la beauté du dessin, il y a là de quoi confondre l’esprit.

3998. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

C’est un je ne sais quoi dont on est transporté ; Et moins on le comprend, plus on est enchanté,      J’en ai fait l’autre jour une épreuve cruelle : J’étais dans un salon, dont la dame encor belle Depuis dix ou trente ans tient un bureau d’esprit, Et fait de nos auteurs la gloire ou le crédit.

3999. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Hugo, s’il se rencontrait déjà dans Notre-Dame de Paris : un comique d’imagination, sans esprit, sans finesse et sans idées, robuste, vulgaire, un peu lourd, tout renfermé dans les éléments sensibles du style et du vers, dans l’image et dans la rime, quelque chose de copieux et de coloré dont on ne saurait nier la puissance. […] Delavigne Don Juan d’Autriche (1835) est un compromis entre ce genre et le drame romantique : c’est un mélange de scènes pathétiques, invraisemblables ou fausses, et de gaietés vaudevillesques où l’esprit est laborieux et lourd, mais les effets faciles et sûrs.

4000. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

Peut-être les contes sont-ils — en principe — leur œuvre, ce qui expliquerait que, sur ce point, la littérature ne soit pas le reflet toujours fidèle de l’esprit de la race qui en fait son moyen d’expression. […] Les notes de la légende compléteront ce qu’il y a d’un peu sommaire dans cette étude hâtive de l’esprit chevaleresque chez les Torodo.

4001. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

Les Allemands sont assurément les plus admirables travailleurs classiques que l’on puisse imaginer ; depuis qu’ils se sont mis à défricher le champ de l’antiquité, ils ont laissé bien peu à faire pour le détail et le positif des recherches ; ils ont exploré, commenté, élucidé les grandes œuvres ; ils en sont maintenant aux bribes et aux fragments, et ils portent là-dedans un esprit de précision et d’analyse qu’on serait plutôt tenté de leur refuser lorsqu’ils parlent et pensent en leur propre nom.

4002. (1875) Premiers lundis. Tome III « Profession de foi »

Nous fûmes, grâce à Dieu, mieux inspiré ; nous vîmes, dès l’abord, de quoi il s’agissait ; nos idées antérieures revinrent à l’assaut dans notre esprit ; nos pressentiments s’accumulèrent et s’éclaircirent.

4003. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

L’École romane avait revendiqué les droits de la Tradition, Charles Morice revendique les droits de l’Esprit français, puis c’est Fernand Gregh qui revendique les droits de l’Humanisme.

4004. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

D’autre part, l’esprit peut agir sur lui-même, et par suite, il est modifié dans son évolution par une seconde série de causes que j’appelle, faute de mieux, psychiques ou mentales. — Le génie est une longue patience, a dit Buffon.

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