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653. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Poujoulat, Paulin Paris, Janin, Rabou, s’y joignirent ; je ne nomme que ceux de notre connaissance. […] Michaud poète, j’ajouterai cette remarque que je dois à un critique moraliste de ma connaissance : « Il y a des hommes qui n’ont pas assez de poésie pour l’exprimer par le talent et pour en faire preuve dans leur jeunesse : et pourtant cette poésie n’est pas entièrement perdue pour eux.

654. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Ce qui s’accroît pour nous à mesure que nous avançons dans la vie, et ce qui s’accroît constamment pour l’humanité en général, c’est beaucoup moins la masse des sensations brutes que celle des idées, des connaissances, qui elles-mêmes réagissent sur les sentiments. […] De même, la crudité d’expression qui caractérise l’art contemporain répond à un certain état social caractérisé par l’avènement des connaissances positives où chacun est si fier de ce savoir naissant, qu’il l’étalé, veut le mot le plus tranchant et le plus violent, la définition précise en même temps que la vision brutale des objets44.

655. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

D’autre part, il est évident que ces travaux sur l’effet émotionnel des œuvres, sur les émotions esthétiques, c’est-à-dire les émotions les plus définies de toutes dans leur cause et dans leurs caractères, seront d’un grand secours pour constituer une partie à peine esquissée de la psychologie : la connaissance générale des émotions. […] Henry pense même pouvoir établir que toutes nos connaissances scientifiques, le résultat systématisé de notre sensibilité, dépend de même de notre constitution organique, ce qui serait assurément une découverte de premier ordre.

656. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Il voulait (soi-disant), dans un but élevé de connaissance, dégager l’idée religieuse de ce qui la fait une religion positive à telle heure de l’histoire, opposer le sentiment éternel à la forme passagère, et en le lisant on n’a jamais plus senti que c’était impossible ; que, la forme enlevée, l’esprit suivait, et qu’après tout, malgré le progrès et à part la vérité divine, socialement, la dernière des superstitions valait encore mieux que la première des philosophies ! […] Comme tous les savants qui n’ont point la hauteur de la vue adéquate à l’état de leurs connaissances, il aime les bagatelles difficiles.

657. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Cela n’était pas possible, parce que, à l’aube des temps modernes, la science mathématique existait déjà, et qu’il fallait nécessairement commencer par tirer d’elle tout ce qu’elle pouvait donner pour la connaissance du monde où nous vivons : on ne lâche pas la proie pour ce qui n’est peut-être qu’une ombre. […] Car, sans doute, si l’on eût dépensé de ce côté la somme de travail, de talent et de génie qui a été consacrée aux sciences de la matière, la connaissance de l’esprit eût pu être poussée très loin ; mais quelque chose lui eût toujours manqué, qui est d’un prix inestimable et sans quoi le reste perd beaucoup de sa valeur . la précision, la rigueur, le souci de la preuve, l’habitude de distinguer entre ce qui est simplement possible ou probable et ce qui est certain.

658. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « [Addenda] »

Gaston Paris, dans la Revue critique du 6 octobre 1866 ; il s’agit de ces découvertes à la fois imprévues et trop prévues, qui viennent satisfaire si agréablement à un vœu secret du lecteur ; le jeune et savant critique disait à ce propos : « Quand des documents, de quelque nature qu’ils soient, se présentant sans garanties absolues, sont justement ceux que, dans l’état de nos connaissances, nous aurions pu fabriquer ou que nous aurions simplement attendus, ces documents sont presque toujours faux.

659. (1874) Premiers lundis. Tome I « [Préface] »

Sainte-Beuve, insérés dans Le Globe à partir de l’année 1824, nous ne faisons que réaliser un projet exprimé par lui dans la dernière édition des Portraits Contemporains, peu de mois avant sa mort (1869) : « Je me propose pourtant, dit-il, si je vis, de donne dans un volume à part la suite de mes articles au Globe ; on me dit que ce ne serait pas sans intérêt, et je me suis laissé persuadera. » Mais nous ne nous sommes pas borné seulement aux articles du Globe, qui sont le point de départ et comme la préface de cette publication, et nous avons recherché dans d’autres recueils postérieurs tout ce qui, à notre connaissance, était encore épars de l’œuvre du maître.

660. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Et d’abord, il est incontestable, qu’en général, l’instant qui suit dépend beaucoup de celui qui précède ; que pour qui saurait bien l’un, l’autre ne serait plus guère un mystère ; et qu’un être auquel serait accordée la connaissance pleine et entière du présent n’aurait pas grand effort à faire pour y voir immédiatement et comme par intuition l’avenir.

661. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. Lettres philosophiques adressées à un Berlinois »

Dans les six dernières années de la Restauration, après l’épuisement des générations aux prises dès 1815, après la mauvaise réussite des tentatives violentes de la jeunesse et le triomphe indéfini d’un pouvoir hypocrite et corrupteur, il s’était formé, à la fois par désespoir du présent et par besoin d’espérance lointaine à l’horizon, une école de philosophie politique qui avait entrepris la réforme et l’émancipation du pays au moyen des idées ; c’est-à-dire en répandant toutes sortes de connaissances, d’études et de théories propres à féconder l’avenir.

662. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre V. Figures de construction et figures de pensées. — Alliances de mots et antithèses »

On comprendra aisément que l’emploi en est délicat, puisqu’il faut que le lecteur soit en état d’ajouter et de retrancher, en qualité et en quantité, au sens rigoureux des mots, précisément ce qui leur manque pour équivaloir à la pensée de l’écrivain, dont il n’a point de connaissance directe, et dont il faut lui faire deviner le degré précis et la nuance exacte.

663. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VI. De l’emploi des figures et de la condition qui les rend légitimes : la nécessité »

Tout au plus a-t-on lié en eux le nom de chaque écrivain à une certaine impression vague et confuse : mais on ne leur a mis dans l’esprit aucune véritable connaissance.

664. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1851 » pp. 1-9

— et par un geste qui lui était habituel, croisant sa redingote sur le ventre, comme on sangle un ceinturon, il prenait congé de nous, et allait porter la triomphante nouvelle du quartier Notre-Dame-de-Lorette au faubourg Saint-Germain, en tous les logis de sa connaissance encore mal éveillés.

665. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Les symbolistes entre autres se distinguaient par une culture sérieuse, des connaissances littéraires supérieures à celles des écrivains qui les raillaient.

666. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

L’hébreu, concis, énergique, presque sans inflexions dans ses verbes, exprimant vingt nuances de la pensée par la seule apposition d’une lettre, annonce l’idiome d’un peuple qui, par une alliance remarquable, unit à la simplicité primitive une connaissance approfondie des hommes.

667. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre II. Des Orateurs. — Les Pères de l’Église. »

Comment un moine, renfermé dans son cloître, a-t-il trouvé cette mesure d’expression, a-t-il acquis cette fine connaissance de l’homme, au milieu d’un siècle où les passions étaient grossières, et le goût plus grossier encore ?

668. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

Votre tâche, moins agréable que la mienne, n’était guère moins difficile à remplir : elle exigeait une connaissance approfondie de la langue, des usages, des coutumes, des mœurs, de l’état des sciences et des arts au temps de Sénèque.

669. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Rappelez-vous toutes les études, toutes les connaissances nécessaires à un bon peintre, à un peintre né, et vous sentirez combien il est difficile d’être un bon juge, un juge né en peinture.

670. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

De la manière Sujet difficile, trop difficile peut-être, pour celui qui n’en sait pas plus que moi ; matière à réflexions fines et profondes, qui demande une grande étendue de connaissances, et surtout une liberté d’esprit que je n’ai pas.

671. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre III. Trois espèces de jurisprudences, d’autorités, de raisons ; corollaires relatifs à la politique et au droit des Romains » pp. 299-308

Trois espèces de jurisprudences ou sagesses Sagesse divine appelée théologie mystique, mots qui dans leur sens étymologique veulent dire, science du langage divin, connaissance des mystères de la divination.

672. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Cicéron remarque que de son temps il restait à Rome bien peu de choses qui fussent ex jure optimo ; et dans les lois romaines du dernier âge, il ne reste plus de connaissance des biens de ce genre.

673. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

On lit un livre, dès la préface on en tire la connaissance de l’auteur, on entre dans sa pensée ou on la contredit ; à la vingtième page, que de réflexions le livre a déjà fait naître ! […] Dès les premiers feuilletons du Publiciste, à la date de floréal an X, sous le titre de Pensées détachées, s’en trouvent quelques-unes du cachet le plus net, du tour le mieux creusé, — très-fines à la fois et très-étendues, très-piquantes et très-générales ; par exemple : « Un mot spirituel n’a de mérite pour nous que lorsqu’il nous présente une idée que nous n’avions pas conçue ; et un mot de sensibilité, lorsqu’il nous retrace un sentiment que nous avons éprouvé : c’est la différence d’une nouvelle connaissance à un ancien ami. » Et cette autre : « La gloire est le superflu de l’honneur ; et, comme toute autre espèce de superflu, celui-là s’acquiert souvent aux dépens du nécessaire. — L’honneur est moins sévère que la vertu ; la gloire est plus facile à contenter que l’honneur : c’est que, plus un homme nous éblouit par sa libéralité, moins nous songeons à demander s’il a payé ses dettes. » Elle entre à tout moment dans le vrai par le paradoxal, dans le sensé par le piquant, par la pointe pour ainsi dire ; il y a du Sénèque dans cette première allure de son esprit, du Sénèque avec bien moins d’imagination et de couleur, mais avec bien plus de sûreté au fond et de justesse : une sorte d’humeur y donne l’accent. […] Et ici, tout en gardant la direction dans l’influence, l’esprit victorieux dut subir et ressentir une part essentielle dans le détail, en diminution d’idées absolues, en connaissance précoce du monde et maniement de la société et des hommes.

674. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

L’expérience, interne ou externe, est l’unique source de nos connaissances. […] Entre la raison et l’expérience, il y a donc ici encore contradiction absolue : d’où il résulte que la liberté n’est qu’un noumène, c’est-à-dire un objet de conception, non de connaissance, comme toutes les autres thèses de l’ordre métaphysique. […] Enfin nous n’aimons pas le mot dont se sert la science contemporaine pour exprimer le résultat de cette révolution qu’elle tente d’opérer dans le domaine entier des connaissances humaines.

675. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Je ne concevais point qu’on pût avoir la moindre connaissance des hommes et répéter des niaiseries aussi puériles que la fameuse phrase sur l’accord des sept officiers du conseil et des cinq ministres de la guerre. […] Je sais des peintres qui ont autrement d’idées, de conceptions, de connaissances de la beauté délicate que d’autres peintres dont les tableaux moins riches iront à la postérité. […] Il faut aux gens cultivés, pour emmagasiner commodément leurs idées et leurs connaissances, un petit nombre de types littéraires dont chacun représente éminemment quelque chose. […] Volontiers ils écrivent sur la vanité de la gloire des choses belles et justes en soi, mais qui nous donnent rarement l’impression de la franchise et qui n’attestent pas une vraie connaissance d’eux-mêmes. […] Et qu’elle s’évanouît hardiment avec ma connaissance quand ce doux son ne touchera plus mes oreilles… Quel que je sois, je le veux être ailleurs qu’en papier111 ».

676. (1923) Nouvelles études et autres figures

Jouvency « expliquait l’importance du grec pour l’érudition, l’histoire de l’art, la connaissance de la religion et la lutte contre l’hérésie ». […] Il acquérait toutes les connaissances d’un excellent humaniste et en même temps il s’enthousiasmait pour les sciences, surtout pour la chimie. […] Ce qui est faux, ce que démentent chaque jour la connaissance de l’homme et les événements, ne peut être profond. […] Il étale à nos yeux une somme incroyable de connaissances et il fait tout ce qu’il peut pour nous en dissimuler l’origine. […] Et il est assez probable que la connaissance du Prométhée est entrée dans sa conception du Satyre.

677. (1887) George Sand

Mais elle augmentait rapidement son capital de connaissances, qui fut bientôt considérable, bien qu’assez mal classé. […] On avait aperçu, parmi les premières lignes, quelques mots de funeste augure, je ne sais quelle théorie de la connaissance, de la sensation et de leur rapport qui est le sentiment, et l’on tremblait que M.P. […] Aussi est-ce avec une parfaite sincérité qu’elle raconte dans sa correspondance qu’elle est en train de refaire connaissance avec quelques-uns de ses romans les plus célèbres. […] Excellents conseils et qu’elle avait, toute sa vie, appliqués pour son propre compte, ne cessant pas de porter, dans les ordres les plus divers des connaissances humaines, sa mobile et enthousiaste curiosité. […] La connaissance était faite ; les lettres devinrent de plus en plus fréquentes ; elles devaient durer autant que la vie de George Sand.

678. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Dès que la pression cesse, dès que la pièce d’os est relevée, la connaissance et la mémoire reviennent fréquemment ; on a même vu des malades reprendre la série de leurs idées au point juste où la lésion l’avait interrompue. » Après une commotion cérébrale129, « il y a parfois perte complète de l’intelligence. […] S’ils deviennent impropres à tel système d’actions, tel système d’images, et partant tel groupe d’idées ou de connaissances, fait défaut. […] Si leur action s’annule, toute image, et partant toute idée ou connaissance s’annule ; le malade tombe dans cet état d’engourdissement et de stupeur profonde où le retranchement des mêmes lobes met les animaux. […] Transmise par les fibres rayonnantes des couches optiques, l’action qui, dans les tubercules quadrijumeaux et la protubérance annulaire, a éveillé la sensation brute, arrive par les fibres de la substance blanche aux cellules de l’écorce cérébrale, et, par les fibres intermédiaires, se propage d’un point à l’autre de la substance grise ; cette action des cellules corticales est la condition suffisante et nécessaire des images, partant de toute connaissance ou idée. — Le scalpel, le microscope et l’observation physiologique ne peuvent pas aller plus loin sans tomber dans les hypothèses ; nous ne pouvons ni définir cette action, ni préciser cette propagation, et tout ce que nous savons, c’est qu’il s’agit ici d’un mouvement moléculaire. […] Nous savons que toutes les idées, toutes les connaissances, toutes les opérations de l’esprit se réduisent à des images associées, que toutes ces associations ont pour cause la propriété que les images ont de renaître, et que les images elles-mêmes sont des sensations qui renaissent spontanément.

679. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Lundi 30 janvier Le général russe Annenkoff, cet ingénieur extraordinaire, qui a fait huit cents kilomètres de chemin de fer en trois mois, qui a fait le chemin de fer allant à Samarcande, disait à une personne de ma connaissance, que dans cette ancienne cité, maintenant sous la domination absolue des Juifs, qui ont monopolisé tout le commerce à leur profit, on ignore qu’il y a en Europe un homme politique du nom de Bismarck, on ignore qu’il y a un pays qui s’appelle la France, on sait seulement qu’il y a, dans la vague Europe, un particulier immensément riche, nommé Rothschild. […] Mais à Rome, plus d’argent, et les voyageurs sans le sou, quand un peintre dont ils avaient fait connaissance, aide Raffaëlli à vendre un tableau, avec l’argent duquel il peut gagner Naples, où un hasard heureux le met en rapport avec une famille anglaise, qui lui demande des leçons pour deux grandes filles. […] Lundi 5 mars Une juive répondait à une dame de sa connaissance l’avertissant d’une liaison de son mari avec son amie intime : « Non, je ne crois pas que mon mari coure, mais s’il court, j’aime mieux que ce soit avec mon amie. » La juive se révélait dans cette phrase. […] Au fond ce sont bien certainement le voyage de Philippe Sichel, et plus tard le voyage de Bing, qui ont fait faire connaissance intime à l’Europe avec le Japon, et qui ont vulgarisé l’art de l’Empire du Soleil, en Occident. […] Dimanche 7 octobre Voici Dumény, qui entre chez moi, l’air gauche, et qui, après beaucoup de circonlocutions, me demande si je voudrais bien lui confier le manuscrit de Germinie Lacerteux, dont Porel ne veut lui donner connaissance que par la lecture aux acteurs.

680. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Mais, par une voie moins directe et plus lente, tout le monde aura de vous la connaissance et l’impression que j’en reçois aujourd’hui. […] Guttinguer ; puis-je vous prier de lui faire parvenir ma lettre, après en avoir pris connaissance ? […] La connaissance de soi-même, non pas du soi individuel et comparatif, mais du soi absolu, du soi humain, de l’homme en un mot, est le commencement de la sagesse. […] Il est vrai qu’avec une connaissance qui nous élève, l’Évangile en apporte une autre qui nous abat. […] Nous venons de parler de grâce ; mais la grâce elle-même profite à la connaissance.

681. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

La connaissance des causes ôterait de nos cœurs tout le fiel que l’ignorance y amasse, et mettrait à la place une tristesse virile et indulgente. […] Le commencement d’une telle connaissance devrait être une confession. […] Thiers me parla comme à une vieille connaissance, et moi je lui assurai que j’avais prétexté une convenance de règlement pour me ménager une occasion de le voir. […] C’est à cette opinion flatteuse de mon crédit que je dus de faire sa connaissance. […] En dépit de ce titre qui semble promettre une thèse, je ne donne ici que quelques particularités, à ma connaissance personnelle, pour servir au portrait de ces deux hommes illustres.

682. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

La connaissance qu’il eut de la nature de son esprit m’explique l’infaillibilité de ses jugements sur ses contemporains. […] La connaissance de lui-même, en le délivrant de la vanité, l’avait soustrait à la double servitude des écrivains qui s’ignorent : l’influence des personnes, et le tour d’imagination du moment. […] Où est la liberté véritable, sinon dans la connaissance de soi-même ? […] Il parle de quatre amis, dont la connaissance avait commencé par le Parnasse, et qui avaient lié une sorte de société « d’où l’on avait banni, dit-il, les conversations réglées et tout ce qui sent la conférence académique. […] Il nous enseigne l’honneur, la probité, la connaissance de soi-même, le bonheur par la vertu.

683. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Vous êtes encore dans la fleur de votre âge : que ferez-vous de votre génie, de vos connaissances acquises, de tous vos talents ? […] Ce n’est que depuis, et après connaissance plus ample, qu’il a reconnu qu’il s’était mépris sur ce point, et qu’il est revenu à de plus justes sentiments sur l’homme et sur le pontife.

684. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Ce directeur imprévu de l’enseignement, qui s’était formé lui-même, qui n’avait point hérité des anciennes traditions classiques, et qui n’était pas non plus du groupe polytechnicien proprement dit, mais homme d’esprit, rempli d’observations et d’idées fines, un peu particulières, se mit aussitôt en devoir de les appliquer : J’avais depuis longtemps remarqué, dit-il, les caractères qui distinguent l’esprit des géomètres et des physiciens, de celui des hommes appliqués aux affaires, et de celui des personnes vouées aux arts d’imagination ; dans les premiers (je ne parle que généralement), exactitude et sécheresse ; dans les seconds, souplesse allant quelquefois jusqu’à la subtilité, finesse allant quelquefois jusqu’à l’artifice ; dans les troisièmes, élégance, verve, exaltation portée jusqu’à un certain dérèglement… Ce que je projetais d’après ces observations, ajoute-t-il, était : 1º de faire marcher de front, dès les plus basses classes des collèges, les trois genres de connaissances, littéraires, physiques et mathématiques, morales et politiques, en mesurant à l’intelligence des enfants dans chaque classe les notions de chaque science ; 2º de faire enseigner dans chaque classe, même les plus basses, les trois sciences par trois professeurs différents, dont chacun serait spécialement consacré à l’une des trois… Le but était défaire cesser le divorce entre les diverses facultés de l’esprit, de les rétablir dans leur alliance et leur équilibre, et d’arriver à une moyenne habituelle plutôt que de favoriser telle ou telle vocation dominante. […] C’est l’honneur de Roederer de nous initier ainsi à cette intime connaissance.

685. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Revenant habiter à Paris l’année suivante, vers octobre 1793 : J’ai la douce consolation, dit-il, d’y éprouver que l’on peut trouver Dieu partout, que partout où on trouve son Dieu on ne manque de rien, on ne craint rien, on est au-dessus de tout, enfin que l’on peut obtenir toutes les connaissances qui nous sont nécessaires sur notre propre conduite si on les demande avec confiance. […] Saint-Martin vit La Harpe depuis sa conversion ; il le trouva plus sincère qu’éclairé ; mais cette connaissance eut peu de suite.

686. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

De cette sorte, et si l’on s’en tenait à cette règle, la connaissance des faits irait s’accroissant en réalité ; on entendrait successivement bien des témoins, mais des témoins toujours utiles ; on ne recommencerait pas sans cesse d’éternels récits qui n’ont de prix que chez les narrateurs vraiment originaux et compétents, en attendant qu’ils aient rencontré l’artiste définitif et suprême. […] Necker l’avait-il devinée, ou en avait-il connaissance ?

687. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

MM. de Goncourt sont deux frères jeunes encore, qui ont débuté dans les lettres il y a une douzaine d’années ; qui se sont dès le premier jour jetés en pleine eau pour être plus sûrs d’apprendre à nager ; qui y ont très-bien réussi ; qui ne se sont jamais séparés, qui ont étudié, écrit, vécu ensemble ; qui ont mis tout en commun, y compris leur amour-propre d’auteur ; que cette union si étroite et qui leur semble si facile distingue et honore ; qui ont fait chaque jour de mieux en mieux ; qui, adonnés aux arts, aux curiosités, aux collections tant de livres que d’estampes, ont acquis du xviiie  siècle en particulier une connaissance intime, approfondie, secrète, aussi délicate et bien sentie que détaillée. […] Enfin, Mme du Deffand elle-même, celle qui doute le plus de ses amis et de l’amitié, est réduite à revenir sur ses préventions, et un jour que la maréchale est malade, elle écrit à l’abbé Barthélémy : « La maréchale est mieux, mais pas assez bien pour s’établir à Auteuil… Savez-vous, l’abbé, que s’il arrivait malheur à cette maréchale, c’en serait un très-grand pour moi, et qu’elle est peut être de mes connaissances celle qui m’aime le mieux.

688. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

Cet officier, recommandable par l’étendue de ses connaissances et de son zèle, peut être employé très utilement dans les armées de Votre Majesté. […] Jomini arrivait à ces conclusions par l’étude même de l’échiquier et par la connaissance des principes qui avaient jusqu’alors inspiré Napoléon dans ses guerres.

689. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Chatouilleux et prompt, il ne laissait rien passer, à sa connaissance, sans le réfuter. […] il en est le malheureux fils, et, pour me servir de l’expression allemande qui dit que le temps présent est gros (enceinte) de l’avenir, je vous assurerai que, si la progéniture va ainsi en dégénérant, nous ne perdrons pas grand’chose à quitter le monde sans faire connaissance avec elle.

690. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Les poètes décadents Ce fut à l’hôpital Tenon, où la jeunesse lettrée se rendait, comme en pèlerinage, auprès de Paul Verlaine, que je fis, un dimanche de l’été 1886, la connaissance d’Anatole Baju. […] « Il fit alors la connaissance de Maurice du Plessys, le poète gentilhomme, avec lequel il fonda le Décadent.

691. (1890) L’avenir de la science « II »

Un petit procédé pour se former le bon sens, une façon de se bien poser dans la vie et d’acquérir d’utiles et curieuses connaissances. […] Par toutes les voies nous arrivons donc à proclamer le droit qu’a la raison de réformer la société par la science rationnelle et la connaissance théorique de ce qui est.

692. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Dans sa noble maison, qui avait au frontispice ce mot : Salve, il exerçait l’hospitalité envers les étrangers, les recevant indistinctement, causant avec eux dans leur langue, faisant servir chacun de sujet à son étude, à sa connaissance, n’ayant d’autre but en toute chose que l’agrandissement de son goût : serein, calme, sans fiel, sans envie. […] Il est enchanté et ravi de voir un si grand individu que Beethoven venir augmenter sa collection et sa connaissance : « J’ai eu bien du plaisir, dit-il, à voir se refléter en moi cette image d’un génie original. » Ce grand miroir de l’intelligence de Goethe tressaille involontairement, quand un nouvel objet digne de lui s’y réfléchit.

693. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Il s’agit de se priver à jamais de tous les plaisirs de l’imagination, de tout le goût du merveilleux ; il s’agit de vider tout le sac du savoir (et l’homme voudrait tout savoir) ; de nier ou de douter toujours et de tout, et de rester dans l’appauvrissement de toutes les idées, des connaissances, des sciences sublimes. […] Il faut les avoir bien étudiés pour se mêler de les gouverner. » Il déniait cette connaissance et cet art à M. 

694. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

S’il était question de parler d’affaires importantes, on voyait les plus habiles et les plus éclairés étonnés de ses connaissances, persuadés qu’il en savait plus qu’eux, et charmés de la manière dont il s’exprimait. […] C’est ainsi qu’il faut entendre cet autre passage de l’éloge, où il est dit : « Dès qu’on avait fait connaissance avec elle, on quittait sans y penser ses maîtresses, parce qu’elles commençaient à plaire moins ; et il était difficile de vivre dans sa société sans devenir son ami et son amant. » Ces expressions vives du peintre platonique ne sont que pour mieux rendre cette joie de l’esprit et cette pure ivresse de la grâce qu’on ressentait insensiblement près d’elle.

695. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La duchesse du Maine. » pp. 206-228

Curieuse et crédule, elle a voulu s’instruire de toutes les différentes connaissances ; mais elle s’est contentée de leur superficie. […] L’auteur du portrait continue de nous montrer ainsi tous les vices naïfs de sa princesse, toutes ses qualités sans âme et sans lien, sa religion sans piété, sa profusion sans générosité, beaucoup de connaissances sans aucun vrai savoir, « tous les empressements de l’amitié sans en avoir les sentiments », pas le moindre soupçon de la réciprocité et de la sympathie humaine : « On n’a point de conversation avec elle ; elle ne se soucie pas d’être entendue, il lui suffit d’être écoutée. » Et à la voir ainsi se montrer à nu non par franchise, mais parce qu’elle n’a en elle aucun principe d’égards et d’attention pour autrui, Mlle de Launay conclut en citant ce mot qui exprime le résultat de toute son étude, et qu’elle aurait bien trouvé d’elle-même : Elle (la duchesse du Maine) a fait dire à une personne de beaucoup d’esprit que les princes étaient en morale ce que les monstres sont dans la physique ; on voit en eux à découvert la plupart des vices qui sont imperceptibles dans les autres hommes.

696. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Mais les idées philosophiques du siècle l’avaient peu à peu refroidi de cette ardeur de la guerre ; voyant son père d’ailleurs ne songer qu’à lui fermer toutes les carrières régulièrement tracées, il s’était replié sur lui-même, et son esprit « affamé de toutes sortes de connaissances » s’était jeté sur d’autres études qu’il avait approfondies. […] Il ne s’applique rien, mais saisit tout… De quelque art, science, littérature, antiquité, connaissance et langue quelconque que vous lui parliez, il en sait trois fois plus, enlève tout, brouille tout, mais il affirme avec une sécurité et une chaleur qui en imposent… Bon diable au demeurant, et, au fond, n’étant qu’un fantôme en bien comme en mal.

697. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Les poètes sont une race à part, une race des plus intéressantes quand elle est sincère, quand l’imitation et la singerie (comme il arrive si souvent) ne s’y mêlent pas ; mais, dans aucun temps, cette race délicate ou sublime n’a paru se distinguer par une connaissance bien exacte et bien pratique de la réalité. […] Si Mme Angebert tient plus à la vérité qu’à la fausse exaltation, elle peut aisément s’informer à son tour auprès des personnes de Provins qui nous ont le mieux initié à la connaissance de ce touchant mais trop faible caractère ; elle peut, par exemple, demander à Mme Guérard communication des lettres de Moreau écrites en janvier 1834, et elle verra qu’il faut se résoudre, quand on a le sens juste et bienveillant, à ne voir dans le chantre de la Voulzie qu’un poète.

698. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Mirabeau déjà célèbre, et des plus en vue comme écrivain politique, avait fait, en 1788, la connaissance du comte de La Marck, grand seigneur belge au service de la France. […] Les trois principaux personnages en jeu sont la reine, Mirabeau et le comte de La Marck lui-même, ce dernier bien digne d’être associé aux deux autres par son jugement excellent, sa finesse et sa fermeté d’observation, sa connaissance des hommes et des choses, par son dévouement au malheur d’une reine et à l’amitié d’un grand homme, et qui justifie pleinement aujourd’hui aux yeux de la postérité ce qu’il écrivait un jour à Mirabeau : « Dieu ne m’a mis sur la terre que pour aimer et surveiller votre gloire. » Rien, en effet, de plus honorable pour la réputation politique de Mirabeau que le contenu de ces diverses notes et l’esprit général qui les anime.

699. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Je la trouvai savante sans pédanterie, animée dans la conversation, pure dans les sentiments, et élégante dans les manières ; et cette première émotion soudaine ne fit que se fortifier par l’habitude et l’observation d’une connaissance plus familière. […] Et en effet, qu’on veuille y réfléchir un peu, à part l’honnête Thomas, avec qui elle fit connaissance tout d’abord, et qui répondait aux parties sérieuses et un peu solennelles de son âme ; à part Marmontel encore, qui eut le mérite de la bien sentir, et plus tard Buffon, qui sut apprécier son hommage et qui lui rendait la pareille en admiration30, quels étaient les gens de lettres à qui elle avait affaire, et qu’elle avait à cœur de traiter habituellement et de grouper autour d’elle ?

700. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Mais son organisation, même dans sa fougue, ne se laissa jamais détourner du travail opiniâtre qui devait le conduire au but : Cet auteur est une preuve, a dit La Harpe (son rival), de ce que peut le travail obstiné et la force des organes… Il était né avec de l’esprit, et, se levant tous les jours à cinq heures du matin, étudiant jusqu’au soir, il avait acquis des connaissances littéraires. […] Il le fait sentir dans sa note par une ironie très fine : Dans mon voyage de Venise, pendant l’hiver de 1799, écrit le comte de Maistre, j’ai fait connaissance avec le célèbre cardinal Maury.

701. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Et embrassant lui-même d’un coup d’œil toute sa vie, il se rappelait avec fierté les deux grandes guerres auxquelles il avait pris part depuis 1688 jusqu’en 1714, celles de Hongrie et de Sicile où il s’était distingué en chef depuis 1716 jusqu’en 1719, la connaissance où il avait été des conseils et des résolutions importantes prises par les plus grands personnages politiques dans tout le temps de cette vie active à l’étranger ; il se représentait ce que pourrait être un tableau ainsi tracé de sa main : Vous jugerez bien, ajoutait-il, que les mémoires d’un homme tel que moi auraient plus de consistance que les romans qu’on m’a faussement attribués. […] Mais il est des moments où elle s’aperçoit de son illusion, et que son cœur fait trop de chemin ; car, après tout, elle le connaît à peine ; elle anticipe sur les temps pour l’aimer ; dix jours de connaissance dans la vie, et puis c’est tout ; le reste n’a été qu’un rêve : Un cœur comme le mien est un meuble bien inutile pour l’agrément de la vie, et bien à charge dans toutes ces circonstances.

702. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

* * * Aux premiers jours où, dans les agrégations d’hommes, l’homme éprouve le besoin d’interroger le passé et de se survivre à lui-même dans l’avenir ; quand la famille humaine réunie commence à vouloir remonter jusqu’à ses origines, et s’essaye à fonder l’héritage des traditions, à nouer la chaîne des connaissances qui unissent et associent les générations aux générations, ce premier instinct, cette première révélation de l’histoire, s’annonce par la curiosité et la crédulité de l’enfance. […] [Addition de la troisième édition (1885)] Depuis la publication de cette préface de la seconde édition48, j’ai eu connaissance d’un article de l’Amateur d’autographes (août 1878) dans lequel M. 

703. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Mais pour ne pas être dérangée dans son sommeil par des importuns, elle allait dormir chez des connaissances. […] Mercredi 17 août Une femme de ma connaissance disait à un de mes amis, que la jeune fille épousant un homme, qu’elle ne connaissait pas du tout, en avait quelquefois, soudainement, la devinaille morale, dans le moment où, en chemise, il se dirigeait vers son lit.

704. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Le naturalisme, avec sa passion absorbante du frisson nouveau, échouait bientôt à la même erreur, se traînait entre les deux pôles du bizarre et du vulgaire, sans parvenir à nous révéler la vie ; car toutes ces écoles avaient oublié que pour traduire la vie, il faut la porter en soi d’abord, ensuite, par une connaissance précise de sa langue et de son métier, la révéler le plus simplement possible. […] La poésie, phénomène subjectif, est la volupté de la connaissance.

705. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Pierre Benoit, rédacteur au ministère de l’Instruction publique à partir de 1910, fait la connaissance avant la guerre de Francis Carco et rencontre Guillaume Apollinaire. […] André Breton a fait la connaissance d’Apollinaire en mai 1916, après avoir correspondu avec lui à partir de décembre 1915, et il l’a ensuite rencontré presque tous les jours, jusqu’à sa mort.

706. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

Les connaissances dont se nourrit le séminariste sont basées sur un mensonge systématique, sur un viol méthodique de la réalité. […] Il me semble oiseux de répéter que la pratique de l’amour physique est non moins essentiellement nécessaire à la santé et à l’équilibre humain, qu’à la connaissance de la vie et du monde.

707. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

et faudrait-il, en effet, dédaigner toute étude qui n’aurait pas un rapport immédiat avec la connaissance des devoirs et la pratique des vertus ? […] Il y montre une grande connaissance du cœur de l’homme, et des différents états de la société. […] est-ce la connaissance approfondie des devoirs ? […] Entre les faits, les plus importants ou les plus féconds ne se déroberont-ils pas à jamais à notre connaissance par la faiblesse de nos organes et l’imperfection de nos instruments ? […] Cette médiocrité dans tous les genres est la suite d’une curiosité effrénée et d’une fortune si modique qu’il ne m’a jamais été permis de me livrer tout entier à une seule branche de la connaissance humaine.

708. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Pauthier était soldat, il y a plus de 40 ans, dans le régiment où M. de Vigny était capitaine : « C’est en 1823 que je fis la connaissance de De Vigny.

709. (1874) Premiers lundis. Tome II « Adam Mickiewicz. Le Livre des pèlerins polonais. »

Il n’est à ma connaissance, par ce temps-ci, aucun point de vue assez central pour qu’on puisse embrasser, en s’y posant, l’infinie variété qui se déroule dans la plaine.

710. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

La multiplicité des connaissances acquises, des enquêtes à conduire rend les hommes universels de plus en plus rares.

711. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

Nous ne sommes pas de grands savants, nos connaissances sont peu étendues.

712. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Donnons une analyse sommaire de cette pièce, où nous nous trouverons, du reste, en pays de connaissance.

713. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

Ils se sont vu placer devant les yeux des modèles parfaits, mettre en main des méthodes — merveilleux instruments de mentalité ; — ils se sont vu montrer des raccourcis, ouvrir des portes dérobées et soudain ils se trouvèrent de plain-pied avec un territoire où fleurissaient l’art, la science et le goût, où s’épanouissaient déjà la connaissance et la beauté.

714. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

Je me contenterai de signaler la plus récente qui, à ma connaissance, ait été proposée, c’est celle de M. 

715. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

La voici : Le juge, appelé Cadi, prend une connaissance succincte de l’affaire, fait donner la bastonnade à celui qui lui paraît avoir tort, et ce tort se réduit souvent à n’avoir pas donné de l’argent au juge comme a fait son adversaire : puis il renvoie les deux parties.

716. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Vernier le compare à Pic de la Mirandole, cet hydrocéphale de connaissances vaines, qui est mort de sa monstruosité stérile.

717. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Louandre »

vaste sujet, qu’avec son énorme connaissance du Moyen Âge Louandre pouvait traiter mieux que personne, et qu’il a étriqué, on doit bien le dire, dans le moule que le rationalisme lui a fait.

718. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VII. D’Isocrate et de ses éloges. »

ou bien un philosophe qui était tout à la fois physicien, géomètre, naturaliste, politique, dialecticien, qui avait porté l’analyse dans toutes les opérations de l’esprit, assigné l’origine et la marche de nos idées, cherché dans les passions humaines toutes les règles de l’éloquence et du goût, et en qui le concours et l’union de toutes ces connaissances devaient former un esprit vaste et une imagination qui agrandissait tous les arts en réfléchissant leur lumière les uns sur les autres, ne devait-il pas en effet avoir moins d’estime pour un orateur qui avait plus d’harmonie que d’idées, et pour un maître d’éloquence qui savait mieux les règles de l’art, que l’origine et le fondement des arts même et des règles ?

719. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VII. De la physique poétique » pp. 221-230

À la tête, ils rapportaient toutes les connaissances, et comme elles étaient chez eux toutes d’imagination, ils placèrent dans la tête la mémoire, dont les Latins employaient le nom pour désigner l’imagination.

720. (1900) La culture des idées

Avait-il connaissance de sa pensée ? […] Or, c’est tout au plus si l’instruction peut témoigner pour une des formes particulières de la mémoire ou pour une connaissance littérale les lieux communs du Décalogue. […] Le latin nous apporta la civilisation antique ; l’italien porterait aux hommes futurs la connaissance où le souvenir des civilisations modernes. […] Les parents jugent la connaissance de l’anglais et de l’allemand plus utile à leurs enfants au point de vue commercial. […] Or, il y a vingt ans la connaissance de l’anglais était absolument indispensable à Jersey ; aujourd’hui le français suffit.

721. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Il y a pourtant une beauté dans de tels aphorismes, c’est qu’ils grandissent, à mesure que grandissent nos connaissances. […] On sait que Bernard Palissy soutint au sujet des fossiles les mêmes idées que Léonard : en avait-il eu connaissance ? […] Je sais aussi qu’il est des jeunes filles, d’un tempérament ardent, qui n’attendent pas le mariage pour faire connaissance avec l’œuvre de la chair. […] La montagne est un monde, non plus mystérieux, sans doute, mais encore très difficile et qui n’accueille pas indifféremment tous ceux qui veulent faire sa connaissance. […] Il expose franchement la seule philosophie qui puisse cohabiter dans une tête bien faite avec l’état de nos connaissances scientifiques.

722. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Un grand roi et un grand pape, Louis IX et Innocent III, l’un en exigeant du clergé plus de connaissances et de lumières, l’autre en encourageant les doctes et en fondant les premiers établissements littéraires, font faire un progrès notable à l’esprit français. Les croisades, en mettant en contact les nations occidentales, d’abord entre elles, ensuite avec les Grecs, les Arabes, l’Asie et l’Afrique, rendent plus général et plus rapide le commerce des connaissances. […] Thomas Pisan fit instruire sa fille en toutes sortes de connaissances, et surtout au latin, qu’elle sut mieux qu’homme de son temps.

723. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

Par l’audace et la simplicité de ses conceptions tragiques, par son intime connaissance des passions humaines, par son vers musical, par sa musique poétique, par l’invention d’une nouvelle forme mélodique qu’on a appelée la mélodie continue et qui fait que le chanteur chante sans avoir l’air de le faire exprès, par son merveilleux orchestre, qui joue à peu près le rôle du chœur dans la tragédie antique et qui, toujours mêlé à l’action, la corrobore, l’explique, en centuple l’intensité par des rappels analogues ou antithétiques à chaque passion du drame, Richard Wagner vous transportera extasiés dans un milieu inconnu, où le sujet dramatique, vous pénétrant avec une puissance incomparable par tous les sens à la fois, vous fera subir des émotions encore inéprouvées. […] Personne, à ma connaissance, ne s’était avisé de l’examiner. […] Le mot est important car Wagner développe sa théorie de la décadence et de la régénération dans ses derniers écrits, principalement Religion et Art, À quoi sert cette connaissance ?

724. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

C’est cette différence qu’on exprime par le mot général de conscience ; mais il ne faut pas entendre par là, malgré l’étymologie, une science de soi, une connaissance, une façon quelconque d’être son objet à soi-même, d’être représenté à soi-même. […] La conscience, en un mot, est l’immédiation des fonctions intérieures et subjectives ; elle n’est pas l’observation, elle n’est pas la réflexion, elle n’est pas la pensée, elle n’est pas la connaissance ; elle est la fonction psychique considérée dans son caractère de subjectivité irréductible. […] Tous les éléments qu’on trouve dans la connaissance sont des éléments qu’on trouve dans l’esprit, et, sous ce rapport, ils font partie des objets de la science psychologique ; aussi étudierons-nous la genèse et la formation des idées.

725. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Mon père y apportait cette franchise brève et sobre de pensées et d’impressions qui caractérisaient son âme et son esprit ; M. de Vaudran, des connaissances nettes et intarissables ; le jeune vicaire, la modestie et cependant l’ardeur de son âge. […] Cette connaissance si approfondie et si universelle des sciences, des lettres, de la diplomatie, des cours et des hommes, ne s’expliquait pas autrement que par des conjectures. […] On chuchotait, sans le dire tout haut, qu’il avait été employé par la diplomatie secrète de Louis XV dans le nord de l’Europe ; qu’il avait vécu longtemps à Berlin et à Pétersbourg dans l’intimité confidentielle de Catherine II et du grand Frédéric ; qu’il avait été lié avec les politiques, les philosophes, les écrivains de cette dernière cour, et qu’il avait puisé là cette universalité de connaissances, cette fleur d’élocution et cette élégance exquise de manières dont il faisait preuve quand il revenait dans le monde.

726. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre V. Le souvenir du présent et la fausse reconnaissance »

Mais ce n’est que l’attitude de la connaissance ; c’en est la forme sans la matière. […] C’est donc à peine si l’on peut parler ici d’illusion, puisque la connaissance illusoire est l’imitation d’une connaissance réelle, et que le phénomène auquel nous avons affaire n’imite aucun autre phénomène de notre expérience.

727. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Ernest-Charles a de l’esprit ; quoique politicien, il a des connaissances, et quoique homme d’État, il a des idées. […] Je sais bien que cette impression vient surtout de ce que nous les lisons en français, ou de ce que nous les lisons en italien avec une insuffisante connaissance de la langue italienne. […] La multiplicité des connaissances humaines a fait que les sciences aussi se sont divisées et subdivisées à l’infini. […] Et il me semble bien que celui-là, de temps en temps, de plus en plus rarement, qui, par des connaissances multipliées, et par une forte synthèse de ces connaissances diverses, donne seulement l’illusion d’être encyclopédique et « réintègre », ne fût-ce qu’incomplètement, ne fût-ce qu’en apparence, la science humaine, est salué homme de génie. […] Le savoir, c’est la connaissance de la vie, ou — car qui connaîtra la vie ? 

728. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Mais quand il s’agit de morts déjà anciens, et dont la dépouille est à tout le monde, comment venir prétendre qu’on les possède mieux, qu’on a la tradition de leur manière et la clef de leur esprit, plutôt que le premier venu qui en parlera avec aplomb et d’un air de connaissance ? […] Mais il a dû à cette nourriture première, si bien donnée et si bien reçue, son goût marqué pour les nobles sources de l’antiquité, sa connaissance approfondie de la plus belle et de la plus étendue des langues politiques, cet amour pour Cicéron qui est comme synonyme du pur amour des lettres elles-mêmes ; et, quelques années après (1821), il payait à M.  […] Le jeune homme fut aussitôt saisi d’un attrait invincible ; il était venu par curiosité, il revint par amour, et se jeta à corps perdu dans cette source nouvelle de connaissances. […] Ce qui a pu nuire ainsi à l’entier développement extérieur et à l’effet solennel de l’ensemble aura tourné plus sûrement au profit de la distinction exquise, de la connaissance infinie et de l’agrément.

729. (1925) La fin de l’art

Mais au-dessus de la connaissance des lois, il y a le sentiment. […] J’y ai gagné du moins, car il n’est pas une sottise qui ne nous vale quelque compensation, une certaine connaissance d’une littérature dont je n’aurais pas eu l’idée si j’étais toujours resté chez moi. […] Mais la solitude du moment, la fraîcheur excessive de la température l’ont fait bénéficier d’un état d’esprit spécial, de sorte que j’en suis à la page 480, ni plus ni moins, ce qui m’a permis de faire ample et suffisante connaissance avec^la plus extraordinaire turpitude que l’on ait encore publiée sous une couverture jaune^ paille. […] On y voit cependant que la connaissance du français cessait vers Bellac : plus loin, le paysan ne parle que son patois.

730. (1774) Correspondance générale

Lorsqu’on en portait la connaissance aux parents, la même terreur leur faisait blâmer ce qu’ils approuvaient. […] J’ai fait huit ou neuf cents lieues à soixante ans ; me voilà loin de ma femme, de ma fille, de mes parents, de mes amis et connaissances ; tout cela pour rendre hommage à une grande souveraine, ma bienfaitrice ! […] Elle nomma pour me conduire un galant homme plein d’honnêteté, de connaissances et d’esprit. […] Grâce aux bontés du prince de Galitzin, je souffre moins de la prolongation de mon exil ; je laisse crier ma femme, mes enfants, mes amis et mes connaissances et je m’occupe sans cesse de l’édition de votre ouvrage. […] Loin d’accroître mes connaissances, s’il dépendait de moi, j’en ferais une grande réforme.

731. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Modifiés par l’hérédité, par une sommé sans cesse croissante de connaissances transmises ou acquises, nous avons passé par des états de conscience inconnus aux hommes que n’a pas visités la civilisation. […] Une troisième condition indispensable est la connaissance des milieux : la même œuvre qui réussit rue Richelieu ne réussira pas boulevard du Temple. […] Il est, en effet, nécessaire de tenir compte de la connaissance que nous avons de ce milieu ou de cette époque et des rapports que les idées, les mœurs, les costumes peuvent avoir avec les nôtres. […] Quelle que soit la distance ou quel que soit le temps, d’ailleurs, on descend du général au particulier en proportion de la connaissance que nous possédons du milieu représenté. […] Sans doute, s’il s’agit du passé de notre propre race, nous posséderons un ensemble de connaissances plus certaines que s’il s’agissait d’un peuple étranger, même contemporain.

732. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Becq de Fouquières, jeune officier, avait conçu cette idée d’homme de goût et d’érudit dans le temps où, « un André Chénier à la main, il trompait les longues oisivetés de la vie militaire » ; devenu libre, il s’est empressé de se mettre à l’œuvre, et, d’abord, de se pourvoir de tous les instruments indispensables à l’exécution, parmi lesquels il faut compter au premier rang une connaissance des plus fines de la langue grecque.

733. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Pour elles, la page blanche de l’esprit n’aura reçu tout d’abord que des notions justes, et l’introduction à la connaissance du beau se passera de ratures.

734. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

Avec la connaissance approfondie qu’a M. 

735. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

» pour que Grosclaude inventât une faute d’orthographe, les « connaissances zutiles », qui raille à la fois les dernières réformes de l’enseignement et la prononciation du Conservatoire ?

736. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Instituer entre les œuvres des comparaisons multiples, en les rapprochant tantôt d’après tel de leurs caractères, tantôt d’après tel autre, est un infaillible moyen d’étendre ses connaissances.

737. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre quatrième. L’aperception et son influence sur la liaison des idées »

L’aperception empirique, dit Kant, donne l’unité au contenu des sensations, l’aperception transcendantale est une forme pure : c’est la conscience que toutes nos représentations, pour être pensées, doivent être en relation avec le je pense ; c’est la condition fondamentale de toute connaissance.

738. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes pensées bizarres sur le dessin » pp. 11-18

Puisque je n’ai que l’extérieur à montrer, j’aimerais bien autant qu’on m’accoutumât à le bien voir ; et qu’on me dispensât d’une connaissance perfide qu’il faut que j’oublie.

739. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Le premier fut pour un jeune prélat romain quelle appelle du nom de Jérôme, et qui la séduisit à cette heure de la vie où les jeunes filles se prennent à autre chose qu’à de la froideur d’intelligence et à une étendue de connaissances qu’elles ne peuvent pas mesurer.

740. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Philippe II »

Ce livre a la puissance personnelle des facultés qui font le talent, mais il a l’impuissance de son siècle, — d’un siècle à qui manque radicalement le sens des choses religieuses, et il en faut au moins la connaissance et la compréhension pour en parler dans une histoire où elles tiennent une si grande place.

741. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Ainsi notre état cérébral contient plus ou moins de notre état mental, selon que nous tendons à extérioriser notre vie psychologique en action ou à l’intérioriser en connaissance pure.

742. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

« Ils étaient royalistes, mais ils étaient philosophes ; une profonde connaissance de la nature humaine les avait dépris de la chimère d’une perfection absolue, ils savaient tolérer des abus en les déplorant, obéir à des lois en les improuvant. […] Il acquit la connaissance de la langue et de la littérature allemandes, et voua à Klopstock un culte qui ne savait pas encore s’étendre jusqu’à Gœthe113. […] La cause doit vous plaire, Un voyageur de ma connaissance vous portera toutes les nouvelles de Suisse que vous désirez. […] Tâche de me procurer bientôt la même jouissance, qui me sera très-précieuse… etc. » Mme Récamier, peu après son arrivée, s’empressait à son tour d’écrire ; sur ces entrefaites, il y avait eu séance publique de l’académie de Lyon le 1er mai, et Camille y avait lu son discours de réception, le même dont Mme de Staël avait eu connaissance dans son passage à Lyon, et dont il avait déjà été donné lecture à l’académie dans trois séances privées : « Chaumont, 17 mai (1810). […] De la Génération des connaissances humaines, mémoire qui a partagé le prix de l’Académie des sciences de Berlin, 1802.

743. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

La Philologie était à ses yeux « la connaissance des faits de l’esprit ». […] La philologie technique, la critique des détails sont choses excellentes, à une condition, c’est qu’on les fasse servir à un but, qui est la connaissance de l’histoire et de l’esprit humain ». […] Il n’y a pas beaucoup de moyens d’échapper à cette mortelle angoisse, que nous inflige une connaissance trop précise de la nature des choses. […] Les connaissances de Durtal sur les origines et sur l’évolution de la musique sacrée sont infinies. […] Son érudition sur ce sujet est au moins égale à sa connaissance du plain-chant.

744. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

C’est donc son crime même que le criminel voudrait annuler, en supprimant toute connaissance qu’en pourrait avoir une conscience humaine. Mais sa connaissance à lui subsiste, et voici que de plus en plus elle le rejette hors de cette société où il espérait se maintenir en effaçant les traces de son crime. […] Le naturel est en grande partie recouvert par l’acquis ; mais il persiste, à peu près immuable, à travers les siècles : habitudes et connaissances sont loin d’imprégner l’organisme et de se transmettre héréditairement, comme on se l’était imaginé. […] Socrate va plus loin encore ; de la vertu même il fait une science ; il identifie la pratique du bien avec la connaissance qu’on en possède ; il prépare ainsi la doctrine qui absorbera la vie morale dans l’exercice rationnel de la pensée. […] Inutile d’analyser en détail ce cas particulier d’une illusion très générale, peu remarquée des philosophes, qui a vicié bon nombre de doctrines métaphysiques et qui pose à la théorie de la connaissance des problèmes insolubles.

745. (1891) Esquisses contemporaines

Secrétan a donc raison de chercher dans l’obligation la pierre d’assise sur laquelle doit s’élever tout ensemble le système de la vie et celui de la connaissance ; il a raison d’y voir l’origine commune de la certitude scientifique et de la certitude morale, la norme de toute vraie méthode. […] On avait renouvelé les méthodes de la connaissance, on renouvelait le principe de la conduite, et cette double rénovation initiait aux mystères d’un monde que l’on découvrait tous les jours plus réel et plus beau, et dont les perspectives innombrables se déroulaient jusqu’à l’infini. […] C’est ici la clef de voûte du système de la conduite et du système de la connaissance. […] Il était à prévoir que ce maître de l’intellectualisme attirerait fortement celui qui professait la même théorie de la connaissance et qu’inspirait un amour égal de la synthèse dialectique. […] Les sources de la connaissance et les méthodes.

746. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Il n’y a pas de type intellectuel, l’intelligence pure ne pouvant entrer directement en contact avec la vie ; tout son labeur, quelle qu’en soit la complexité apparente, se borne à prendre et reprendre éternellement connaissance du principe d’identité. […] Il a trop souvent renvoyé les images nouvelles qui venaient à lui pour faire accueil à de vieilles connaissances : pure bonté d’âme, car il était plus riche qu’aucun autre de ses contemporains. […] Depuis un siècle et demi, les connaissances scientifiques ont augmenté énormément ; l’esprit scientifique a rétrogradé ; il n’y a plus de contact immédiat entre ceux qui lisent et ceux qui créent la science, et (je cite pour la seconde fois la réflexion capitale de Buffon) : « On n’acquiert aucune connaissance transmissible qu’en voyant par soi-même ; les ouvrages de seconde main amusent l’intelligence et ne stimulent pas son activité. […] Sa connaissance superficielle de la langue se trouble d’abord devant fier-à-bras. […] La connaissance de l’étymologie, donne une vie nouvelle à certains mots français, obscurs, effacés, comme les figures des vieilles monnaies.

747. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Taine était un positiviste pessimiste, effrayé de bonne heure de la perversité humaine et de la cruauté de la nature, très convaincu, du reste, que tout au-delà est fermé à la connaissance de l’homme, et par conséquent, au sein de la nature hostile et de l’humanité effrayante, et n’ayant point le recours d’une espérance, restait sombre et triste, dans une sorte d’accablement moral qui ne pouvait être le fondement d’aucune doctrine vivifiante et salutaire. […] D’autre part, que toutes les révolutions soient des révolutions économiques, « des dégagements de capitaux 11 », et que par conséquent l’histoire vraie soit l’histoire de l’économie politique, et que la philosophie de l’histoire soit la connaissance des conditions économiques aux différents temps… c’est une idée fausse ; il y a des forces morales indépendantes des besoins ; il y a des secousses nationales ou humaines indépendantes de la répartition des richesses ; il y a des révolutions religieuses, c’est-à-dire morales, et presque purement morales ; mais il y a cependant une très grande part de vérité dans l’axiome de Proudhon, et, dans tous les temps où les religions n’ont pas été fortes et où l’instinct religieux a été rare et individuel, les révolutions ont été purement économiques. […] Ce qu’il veut, c’est acquérir non pas seulement la connaissance, mais la familiarité d’un auteur.

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