On nous assure pourtant que la disproportion semblait plus grande encore à l’audition qu’à la lecture.
ne semblait-il pas qu’elle l’avait inventé, qu’elle en était la souveraine maîtresse et que, par pure bonté d’âme, elle en dispensait à ses amis la part qu’elle voulait bien leur laisser, sans toutefois appauvrir son rare et fabuleux trésor ?
Mais il me semble que la Prière de Jules Tellier à la mort est un poème que nos anthologistes pourraient dès aujourd’hui recueillir.
Paul Valéry, en effet, s’adonne depuis quelques années à des recherches extra-littéraires et qu’il est malaisé de définir, car elles semblent se fonder sur une confusion préméditée des méthodes des sciences exactes et des instincts artistiques.
Il m’a semblé cependant qu’il y avait ici une opportunité véritable à renouveler ce genre ancien.
La Nature elle-même semble avoir voulu tenir de lui une nouvelle vie, car elle l’a pourvu des plus heureux talens, pour développer ses ouvrages & les faire admirer.
On les compare aux visages modernes, où les traits fins et complexes semblent frissonner sous le contact changeant de sensations ébauchées et d’idées innombrables. […] Il loue la révolution, et sa louange semble un chant de trompette, sorti d’une poitrine d’airain. « Regardez maintenant cette vaste cité, une cité de refuge, la maison patrimoniale de la liberté, ceinte et entourée par la protection de Dieu. […] … Il me semble voir une noble et puissante nation se levant comme un homme fort après le sommeil et secouant les boucles de sa chevelure invincible. […] Mais l’ironie, si poignante qu’elle soit, lui semble faible480. […] Ce qui semblait sa tête — portait l’apparence d’une couronne royale. — Satan approchait maintenant, et de son siége, — le monstre, avançant sur lui, vint aussi vite — avec d’horribles enjambées.
Plusieurs de mes poèmes postérieurs sont frappés à ce coin qui, s’il n’est pas le bon, du moins me semble idoine à ces lieu et place. […] eurent peur ou frisson de ce gamin qui semblait ne pas, mais pas le moins du monde, penser à elles ! […] Quelques personnes semblaient regretter les « grandes luttes » de 1830 et criaient à la décadence. […] La question du vers libre ou non me semble plus pressante. […] Depuis, ces vers et ces théories me semblent puérils ; honnêtes, les vers, mais puérils d’autant plus.
Ils frappaient sur leurs boucliers au point que des flammes rougeâtres semblaient les allumer. […] Le coup qu’il avait reçu lui semblait mortel. […] « Il ne vous a pas semblé suffisant en cette cruelle extrémité de frapper à mort Ruedigêr, le héros ; vous m’avez maintenant enlevé tous mes hommes. […] Il me semble qu’on ne vous a pas conté les faits avec exactitude. […] On semble attendre je ne sais quoi dans le silence.
Pour la saison prochaine, la question d’un théâtre Wagnérien français semble avancer. […] » et ces paroles sont portées par une mélodie qui, sereine et douce, monte et plane sur quelques mesures, durant lesquelles l’angélique présence semble être divulguée à nos yeux. […] On y voit apparaître le rhythme extraordinaire qui, dans le morceau d’ensemble suivant, alors que les assistants, frappés de cette sublime intervention, n’osent résister à une aussi céleste manifestation de l’amour, semble être formé par le contre coup du battement irrégulier de ces cœurs saisis, exaltés, et accablés à la fois. […] Ici, les doctrines ne sont pas moins nombreuses, et ne semblent pas moins opposées. […] Les Latins semblent avoir les premiers senti que les mots, par une séculaire liaison avec des idées émouvantes, avaient acquis eux-mêmes une valeur émotionnelle.
Il est vrai qu’en ce cas les objets semblent présents ou bien près de l’être ; mais est-ce un effet de l’intensité et de la clarté seules ? […] En vertu d’un phénomène d’optique intérieure, toutes mes sensations ou images se disposent d’elles-mêmes en un certain ordre ; c’est une série idéale dont la sensation la plus forte et la plus complète occupe un point et dont les moins intenses et les moins complètes occupent les autres points, avec des caractères différents selon qu’elles sont une attente impulsive ou un résidu passif ; — ligne indéfinie dont une partie semble fuir derrière nous et l’autre devant nous. […] Cette théorie de Kant, avec son intuition pure du temps, nous semble illusoire, car l’intuition pure de la succession et de la possibilité indéfinie des successions est impossible par définition même. […] L’animal même, qui agit par instinct et semble prévoir l’avenir pour s’y adapter, ne prévoit rien et ne s’adapte qu’au présent, qu’à une excitation actuelle, à un ensemble de stimulus, à une cérébration qui demeure inconsciente de l’avenir. […] « Même chez l’homme, il y a des cas maladifs ou toute notion du temps semble disparue, où l’être agit par vision machinale des choses dans l’espace sans distinction de passé et de présent.
Son regard, qui semble éteint, couve sa puissance comme un foyer, endormi sous la cendre, disperse en gerbes, dès qu’on le remue, le soudain réveil de ses éclairs… « Il avait été très beau. […] Ce n’est plus ici l’homme de ces grandes fresques qu’il a peintes toute sa vie, avec ce pinceau infatigable et ailé qui allait quelquefois trop vite et qui semblait capable défaire quatre-vingts lieues à l’heure, comme les ailes du martin-pêcheur. […] S’il y a, en effet, des hommes historiques qui, à force de génie et d’héroïsme, de science religieuse et de science mondaine, semblent allumer le roman dans l’histoire, ce sont les Jésuites, à coup sûr. […] semble sorti des flancs de la grande histoire de Crétineau, ou, pour mieux parler, c’est l’histoire de Crétineau, citée à beaucoup de pages, refaite, mais condensée, mais affinée, mais couronnée de la flamme légère d’une âme et d’un esprit charmants que n’avait pas ce violent brûle-tout de Crétineau. […] Il semblait que le génie catholique, qui est le génie latin, eût tué le génie français.
Non, ce n’était pas du Voltaire, parce que Voltaire était sincère, passionné, possédé jusqu’à son dernier soupir du désir de changer, d’améliorer, de perfectionner les choses autour de lui ; parce qu’il avait le prosélytisme du bon sens ; parce que, jusqu’à sa dernière heure, et tant que son intelligence fut présente, il repoussait avec horreur ce qui lui semblait faux et mensonger ; parce que, dans sa noble fièvre perpétuelle, il était de ceux qui ont droit de dire d’eux-mêmes : Est deus in nobis ; parce que, tant qu’un souffle de vie l’anima, il eut en lui ce que j’appelle le bon démon, l’indignation et l’ardeur. […] La devise du mort qui ornait le catafalque : Re que Diou, qu’on traduisait par : Rien que Dieu, mais qui, selon l’interprétation de la famille, veut dire : Pas d’autre roi que Dieu, semblait une dernière et sanglante ironie aux yeux de la foule. […] Quand M. de Chateaubriand semble vouloir douter de l’existence des Mémoires entiers de M. de Talleyrand, parce qu’il lui aurait fallu pour cela un travail continu dont il l’estime peu capable, il se trompe. […] Je vais donc me borner à ne plus puiser encore dans ce dossier que quelques lettres qui peuvent, autant qu’il me semble, et sans trop d’indiscrétion aujourd’hui pour personne, supporter la lumière et le grand jour, et en apporter même encore un peu, par la vivacité avec laquelle elles ont été écrites, sur quelques-uns des points principaux autour desquels M.
Mais la place est fructueuse : le gouvernement général du Berry vaut 35 000 livres de rente, celui de la Guyenne 120 000, celui du Languedoc 160 000 ; un petit gouvernement particulier, comme celui du Havre, rapporte 35 000 livres, outre les accessoires ; une médiocre lieutenance générale, comme celle du Roussillon, 13 000 à 14 000 livres ; un gouvernement particulier, de 12 000 à 18 000 livres ; et notez que, dans la seule Ile-de-France, il y en a trente-quatre, à Vervins, Senlis, Melun, Fontainebleau, Dourdan, Sens, Limours, Etampes, Dreux, Houdan et autres villes aussi médiocres que pacifiques ; c’est l’état-major des Valois qui depuis Richelieu a cessé de servir, mais que le Trésor paye toujours Considérez ces sinécures dans une seule province, en Languedoc, pays d’États, où il semble que la bourse du contribuable doive être mieux défendue. […] De même la place de secrétaire général des Suisses valant 30 000 livres de rente et donnée à l’abbé Barthélemy ; de même la place de secrétaire général des dragons, valant 20 000 livres par an, occupée tour à tour par Gentil Bernard et par Laujon, deux petits poètes de poche Il serait plus simple de donner l’argent sans la place ; en effet on n’y manque pas ; quand on lit jour par jour les Mémoires, il semble que le Trésor soit une proie. […] À la fin le troupeau écorché découvrira ce qu’on fait de sa laine. « Tôt ou tard118, dit un Parlement dès 1764, le peuple apprendra que les débris de nos finances continuent d’être prodigués en dons si souvent peu mérités, en pensions excessives et multipliées sur les mêmes têtes, en dots et assurances de douaires, en places et appointements inutiles. » Tôt ou tard, il repoussera « ces mains avides qui toujours s’ouvrent et ne se croient jamais pleines, ces gens insatiables qui ne semblent nés que pour tout prendre et ne rien avoir, gens sans pitié comme sans pudeur ». — Et ce jour-là les écorcheurs se trouveront seuls. […] En ce temps-là il semblait aussi étrange de s’ingérer dans les affaires du roi que dans celles d’un particulier.
Indifférents à la victoire ou à la défaite des partis, on semblait se réjouir des malheurs publics. […] « Son extérieur était gracieux, et la rougeur de son visage semblait un symptôme de timidité modeste. » XXX Le sénat, rassuré par la présence d’un fils de Vespasien, se livre devant lui à un de ces éclats de représailles qui signalent la fin d’une proscription, le commencement d’une autre. […] Mais là, les tendres caresses de son fils, qui l’avait reçue avec tant d’empressement et qui l’avait fait asseoir au-dessus de lui-même dans la salle du festin, avaient dissipé de son cœur toute inquiétude : car, par d’intarissables discours, tantôt empreints d’une familiarité puérile, tantôt mêlés de ces retours de gravité qui semblent associer les choses sérieuses aux badinages, Néron prolongea le festin. […] L’aspect tout à coup change autour d’elle ; sa solitude, troublée par des tumultes soudains, semblait lui annoncer les derniers malheurs ; enfin, sa dernière esclave s’enfuyant : — Et toi aussi, tu m’abandonnes ?
Voici où j’en étais resté de cette Critique dans le 70e Entretien : reprenons ce que je disais des partis parlementaires que l’on semble tant regretter. […] Les privilèges se nivellent d’eux-mêmes, la tolérance des cultes fait justice à toutes les consciences, les grands se sacrifient, le peuple s’exalte, les vérités encore en théorie pleuvent de chaque bouche au milieu d’une ivresse qui semble unanime ; on dirait l’explosion d’une révélation civile, éclatant de son propre éclat dans toutes les âmes et pulvérisant d’évidence tous les obstacles à la réformation des institutions du moyen âge. […] Je pouvais donc dire ce qui me semblait la vérité à tous. […] Dans ses accès d’enthousiasme, le sang chaud et méridional de Souberbielle, qui se portait à son front, lui donnait une figure sibyllique d’inspiré de l’échafaud ; ses cheveux blancs se hérissaient avec le frémissement de l’exaltation sur sa tête, et les reflets rouges de ses rideaux de lit cramoisis, transpercés par le soleil du matin et se répercutant sur ce lit de vieillard, semblaient filtrer non de la lueur, mais une teinte de sang.
« Cette jeune reine semblait avoir été créée par la nature pour attirer à jamais l’intérêt et la pitié des siècles sur un de ces drames d’État qui ne sont pas complets quand les infortunes d’une femme ne les achèvent pas. […] « Dans l’ombre encore, et derrière les chefs de l’Assemblée nationale, un homme presque inconnu commençait à se mouvoir, agité d’une pensée inquiète qui semblait lui interdire le silence et le repos ; il tentait en toute occasion la parole, et s’attaquait indifféremment à tous les orateurs, même à Mirabeau. […] Le pouvoir même lui semblait quelque chose de trop réel, de trop vulgaire pour y prétendre. […] La nature semblait avoir créé exprès, et les différents ordres de la société avoir mis en réserve pour cette œuvre, les génies, les caractères et même les vices les plus propres à donner à ce foyer des lumières du temps la grandeur, l’éclat et le mouvement d’un incendie destiné à consumer les débris d’une vieille société, et à en éclairer une nouvelle.
Ils sont doux, les baisers d’enfant : il me semble qu’un lis s’est posé sur ma joue. » V « Aujourd’hui tout mon temps s’est passé en occupations, en affairages ; ni lecture, ni écriture ; journée matérielle. […] C’était le sublime de sa condition, ce me semble, que cette religion du secret que l’éducation ne lui avait pas apprise. […] À cette époque percent çà et là quelques mots qui font entrevoir un goût naissant, mais caché, pour un ami de son frère, M. d’Aurevilly, homme de même race, qui lui donne de temps en temps des nouvelles de son frère et qu’elle semble aimer par reconnaissance. […] Il semble que M. d’Aurevilly avait le cœur engagé ailleurs.
Ses arbres et ses fontaines semblaient le pleurer ; il faut avoir passé comme moi par la dépossession pour connaître l’amertume de la vie. […] Parvenu au but de ses désirs, qui était de renverser les libéraux modérés du ministère, pour créer et protéger un ministère de royalistes auxquels il prêterait son talent, puis, de le renverser ensuite et de se substituer seul à M. de Villèle, il semble d’abord ressentir ou affecter pour madame Récamier une passion de jeunesse sans mesure, qui n’a pour objet que de revenir de ses ambassades à Paris pour s’enivrer de sa passion équivoque auprès d’elle, dans la solitude et dans le désintéressement de son amour ; puis, après le congrès de Vérone et sa nomination au ministère des affaires étrangères, d’autres passions moins platoniques paraissent le refroidir et l’éloigner de madame Récamier. […] On ne semblait occupé qu’à se débarrasser de sa présence à Paris, pour éviter ses rivalités d’ambition qui auraient compliqué les difficultés du règne. […] Ce ministère neutre, et respecté des deux partis, servait de prétexte à Chateaubriand pour ne point ébranler les hommes du cabinet ; mais M. de la Ferronnays étant tombé malade, les rivalités semblèrent près de renaître.
Le jugement que porte le même Roulliard sur ce qu’il avait vu de ses ouvrages originaux « qui me semble, dit-il, estrangement pesant et traisnassier », est rigoureusement vrai, sauf quelques pages de la préface des Vies, qui ne sont pas au-dessous des meilleures qu’on ait écrites au xvie siècle. […] Sainte-Marthe disait qu’Amyot, « en portant la langue au plus haut point de pureté dont elle semblait capable, n’avait guère moins acquis de gloire par cette voie que s’il avait conquis de nouvelles provinces par l’épée, et étendu les limites du royaume130. » Huet le loue « d’avoir apporté dans sa traduction tant d’esprit et tant de bonnes dispositions, tant de subtilité et tant de politesse, qu’on peut dire qu’il a été le premier qui ait montré jusqu’où pouvaient aller les forces et l’étendue de notre langue131. » — « Quelle obligation dit Vaugelas, ne lui a point notre langue, n’y ayant jamais eu personne qui en ait mieux su le génie et le caractère que lui, ni qui ait usé de mots ni de phrases si naturellement françaises, sans aucun mélange des façons de parler des provinces, qui corrompent tous les jours la pureté du vrai langage français ! […] Il semble avoir senti tous les mouvements, passé par toutes les contradictions de notre nature. […] Cet examen qu’ils font d’eux-mêmes, sans règles, sans croyance, favorise la prépondérance de l’imagination, et la porte, tantôt par les raffinements du travail, tantôt par la négligence, vers ces choses indécises et spécieuses où la pensée est souvent déterminée par des consonnances de mots, et où l’esprit, cessant d’agir sur des objets réels, semble tourner sur lui-même.
A considérer l’ensemble des siècles, il semble bien que la science ait eu, en somme, l’avantage et obtenu des agrandissements définitifs ; mais ce n’est pas sans des reculs momentanés, sans des défaites partielles sur des points où elle s’était indûment avancée et où elle ne pourra jamais s’établir. […] Il semble, au premier abord, que la science n’ait sur la poésie qu’une influence désastreuse. […] Ainsi, soit l’examen direct des effets produits par la science sur l’esprit, soit le souvenir des tentatives avortées d’un passé lointain ou voisin, tout semble démontrer que la science réduit sans cesse le domaine et menace même l’existence de sa rivale, et il n’est pas étonnant que certains savants, dignes pendants des littérateurs qui proclament la faillite de la science, aient gaillardement prononcé l’oraison funèbre de la poésie. […] Pourtant il est rude et multiple, le combat qu’ils ont à livrer, combat contre la misère, contre la faim, comme celui que soutinrent Bernard Palissy et tant d’autres, sacrés grands hommes après leur mort ; combat contre l’intolérance, contre une foi ombrageuse et brutale, comme ce fut le cas pour Galilée ; combat perpétuel enfin contre la nature, qui dérobe ses secrets, qui ne se les laisse arracher que par la force et qui se venge semble-t-il, des violences qu’on lui fait, témoin ces physiciens foudroyés par l’électricité qu’ils voulaient surprendre et dompter, ces chimistes mutilés, déchirés par la mitraille de quelque explosion et tombés dans leur laboratoire comme des soldats sur le champ de bataille, ces audacieux partis en plein ciel sur la foi d’un frêle aérostat etrejetés sans vie sur le sol ou dans les flots de l’Océan, à moins qu’ils n’aient disparu pour jamais dans l’espace sans y laisser plus de traces que des étoiles filantes.
Le refrain, énergiquement scandé, de cette chanson semble un écho des vagues qui nous bercent, Iseult se réveille comme en sursaut. […] Les cuivres lancent une phrase saccadée, dont chaque secousse rythme son pas et s’achève par une longue tenue d’une sonorité croissante, subitement interrompue, il semble que l’on entende les battements de ces grands cœurs. […] Il semble que tout ait été réuni pour donner plus d’éclat à cette soirée, qui précédait seulement de quelques semaines les représentations de Fête de Bayreuth. […] Il sembla que toutes les œuvres qui ont précédé Tristan l’annonçaient et le faisaient pressentir ; et je crois que, pour qui connaît bien l’œuvre du maître, il n’y a pas de plus vif bonheur que de retrouver à chaque page ces drames musicaux qui suivirent, et jusque dans Parsifal, le souvenir presque obsédant des harmonies de Tristan.
Il me semble que jusqu’à présent on en a plutôt donné des exemples que des définitions. […] J’ai étendu quelquefois ses fables, et fait entrer, pour ainsi dire, le commentaire dans le texte ; parce que ce qui s’entendoit à demi mot du tems d’Horace, n’est pas aujourd’hui aussi connu ; et il me semble que dans une traduction où l’on veut plaire, le traducteur doit suppléer ainsi à la distance des tems, et tâcher toujours de rendre l’équivalent, aussi bien pour les faits que pour les pensées. […] Quoique nourri des beautés des anciens, il en a rarement paré ses ouvrages : content de s’en être servi à se perfectionner le goût, il semble avoir songé dans la suite à les égaler plutôt qu’à les imiter. […] Ma hardiesse ne va qu’à poser pour principe la possibilité de surpasser nos maîtres ; et il me semble qu’on est enfin parvenu à en convenir : mais quand cette idée seroit aussi fausse qu’elle est vraie, l’illusion ne laisseroit pas d’avoir encore ses avantages.
Ceux-là semblent avoir écrit et mesuré avec le doigt de Dieu les astres, la nature, les animaux, les grandeurs, les formes, les âmes répandues dans les êtres de la création, toute pleine pour eux d’évidence divine, d’intelligence animale et d’amour universel. […] Un écrivain grave, dont nous avons signalé un des premiers la pénétration et la puissance d’analyse dans les autopsies des nations, M. de Tocqueville, vient de retomber, ce me semble, dans cette erreur de point de vue, en écrivant hier son beau livre sur l’ancien régime et la révolution. […] Il nous est difficile de comprendre comment un esprit d’un si grand sang-froid, et comment un coup d’œil d’une si habituelle justesse ont semblé méconnaître à cet égard le caractère, les causes, la portée du plus vaste événement de l’histoire moderne. […] XVI Quoi qu’il en soit, cette révolution, pour laquelle la France depuis deux siècles semblait avoir façonné sa langue claire, forte, polémique, oratoire, se concentra tout à coup avec toutes ses idées et ses nobles passions intellectuelles dans l’Assemblée Constituante, assemblée la plus littéraire qui ait jamais existé, véritable concile œcuménique de la raison humaine en ce moment.
Il me semble que la différence est bien palpable. […] « L’église, dit-il, qu’on trouve la première, afin que l’entrée en soit libre aux séculiers, semble tenir lieu de cette première salle que les Romains appelaient atrium : de là on passait dans une cour environnée de galeries couvertes, à qui l’on donnait le nom de péristyle ; c’est justement le cloître où l’on entre de l’église, et d’où l’on va ensuite dans les autres pièces, comme le chapitre, qui est l’exèdre des anciens ; le réfectoire, qui est le triclinium, et le jardin, qui est derrière tout le reste, comme il était aux maisons antiques. » Note M, page 115. […] Tes muettes leçons aux mortels semblent dire : « Un Dieu périt pour vous ; n’oubliez point ses lois. » Ton aspect imprévu rendit plus d’une fois La paix au repentir, des pleurs à la souffrance, Au crime le remords, au malheur l’espérance. » (Note de l’Éditeur. […] Son regard suit encor ces pieux Solitaires Errant sous les arceaux de leurs noirs monastères ; Dans la brise du soir elle entend leurs soupirs ; En silence elle écoute, immobile, rêveuse, De l’orgue qui gémit la plainte harmonieuse : — Il lui semble qu’au loin d’invisibles concerts > S’élèvent, emportés dans le vague des airs, Et, de l’autel brisé relevant l’édifice, À l’Éternel encore elle offre un sacrifice.
Mais son succès (sans contradicteurs de son vivant) ajoute à son bonheur, — au bonheur littéraire d’un homme qu’on pourrait appeler le Polycrate, tyran de Samos, de la littérature… Le succès des IIIe et IVe volumes de La Légende des Siècles, quand ils parurent, sembla compléter sa destinée. Il fut si grand, même pour lui, accoutumé aux succès, que les réclamiers qui y travaillèrent semblèrent avoir de l’âme, et que ceux qui ont de l’âme et qui en parlèrent, semblèrent des réclamiers. […] Les idées que les ignorants qui lisent reçoivent de la plume des ignorants qui écrivent, les idées qui présentement filtrent partout et grimpent comme l’eau du déluge jusque dans les esprits qui semblent pourtant assez élevés pour leur échapper, sont ici affirmées une fois de plus, et Victor Hugo leur donne, pour les faire monter plus haut, le coup de piston d’un talent qui passe pour un génie.
Deux considérations semblent d’abord s’y opposer, si nous nous en tenons à notre expression de la distance : d’une part, le carré équation est précédé du signe moins au lieu du signe plus, et d’autre part il est affecté d’un coefficient c 2 différent de l’unité. […] Et cela tient au double effet d’endosmose et d’exosmose entre le temps et l’espace, à l’empiétement réciproque de l’un sur l’autre, que semblent traduire les équations de Lorentz : il devient ici nécessaire, pour situer un point, d’indiquer explicitement sa position dans le temps aussi bien que dans l’espace. […] Nous croyons que les images se créent au fur et à mesure de leur apparition, justement parce qu’elles semblent nous apparaître, c’est-à-dire se produire devant nous et pour nous, venir à nous. […] Ils ont parlé de leur Espace-Temps en prenant pour accordés les deux points suivants : 1° Toutes les répartitions qu’on y peut faire en espace et en temps doivent être mises au même rang (il est vrai que ces répartitions ne pourront être faites, dans l’hypothèse de la Relativité, que selon une loi spéciale, sur laquelle nous reviendrons tout à l’heure) ; 2° notre expérience d’événements successifs ne fait qu’illuminer un à un les points d’une ligne donnée tout d’un coup. — Ils semblent n’avoir pas tenu compte de ce que l’expression mathématique du temps, lui communiquant nécessairement en effet les caractères de l’espace et exigeant que la quatrième dimension, quelles que soient ses qualités propres, ait d’abord celles des trois autres, péchera par défaut et par excès tout à la fois, comme nous venons de le montrer.
Il était inutile de soulever les difficultés qui s’attachent, ou qui semblent s’attacher, à l’idée d’accélération : nous n’avons jamais, au cours du livre, affirmé la réciprocité que là où elle est évidente, dans le cas du mouvement uniforme. […] De ce point de vue nouveau, ne comparant plus que du réel à du réel, ou bien alors du représenté à du représenté, on verra reparaître, là où l’accélération semblait avoir apporté la dissymétrie, une parfaite réciprocité. […] Une expression telle que équation semble nous placer hors de tout système de référence, dans l’Absolu, en face d’une entité comparable à l’Idée platonicienne. […] C’est ce que les théoriciens de la Relativité semblent parfois oublier, et c’est d’ailleurs à quoi ils n’ont pas besoin de prendre garde en tant que physiciens, puisque la distinction entre la vision réelle et la vision virtuelle, entre le système de référence qui est réellement adopté et celui qui est simplement représenté comme tel, disparaît nécessairement, comme nous l’avons montré, de l’expression mathématique de la théorie.
Mais voilà que le lendemain à la Chambre des pairs (2 mai), M. de Montalivet est venu parler contre la philosophie et dans un sens qui pouvait sembler favorable au clergé.
Décidément les séances d’Académie française sont plus en vogue que jamais ; et ces sortes de joûtes de beaux esprits semblent devenues une fête aussi nationale en France que les combats de taureaux peuvent l’être en Espagne.
La préoccupation du maître était déjà tournée sur le personnage, et il m’a dit une fois que le sujet l’avait bien des fois tenté, sans qu’il eût jamais eu occasion d’écrire sur lui : « Mais il y a, ajoutait-il, un portrait à faire. » La lettre qu’on va lire, antérieure de près de deux ans à la publication des articles qui ont paru dans le Temps, me semble être le fruit et le résumé d’une opinion qui n’a pas changé : « Ce 9 février 1867.
J’avoue que le Roi Lear me semble être une de celles qui étaient le moins faites pour être représentées… Remercions M.
Il m’a semblé que pour le fond des choses, je n’avais rien à regretter ni à changer.
Depuis la derniere édition de cet Ouvrage, l'Abbé de Reyrac semble s'être fait justice sur son peu de talent pour la versification : il a publié une Hymne au Soleil ; mais il l'a écrite en prose ; & si cette prose sur la source de la lumiere & du feu est dépourvue de verve & de chaleur, elle ne l'est point de clarté, de correction, ni d'images grandes & noblement exprimées.
« Ce sera un des plus douloureux étonnements de l’avenir que, dans de nobles pays qui, au milieu de la prostration de l’Europe, avaient maintenu leur Constitution et semblaient être les derniers et sacrés asiles de la probité et de la liberté, ce sera, disons-nous, l’étonnement de l’avenir que, dans ces pays-là, il ait été fait des lois pour protéger ce que toutes les lois humaines, d’accord avec toutes les lois et divines, ont dans tous les temps appelé crime.
Ces développements, en effet, qui aujourd’hui et de si loin nous semblent des hors-d’œuvre et des digressions dans les odes de Pindare, étaient précisément ce qui, à l’origine, et dans le temps où les souvenirs étaient vivants, formait l’à-propos le plus heureux de ses sujets et qui en devenait l’enrichissement le plus fertile : c’était le contraire du lieu commun vague, de ce qui domine trop fréquemment dans notre ode classique. […] Dans ses œuvres rares, difficiles, toujours remaniées, qu’il prise haut, mais qu’il n’estima jamais assez terminées pour en publier lui-même le recueil, il semble avoir cherché surtout à donner des exemples d’une nouvelle et meilleure manière de faire : on dirait qu’il n’a voulu que changer le procédé et remonter l’instrument plutôt que d’en user largement lui-même. […] Il voit de toutes parts combler d’heur sa famille, La javelle à plein poing tomber sous la faucille, Le vendangeur ployer sous le faix des paniers ; Et semble qu’à l’envi les fertiles montagnes, Les humides vallons et les grasses campagnes S’efforcent à remplir sa cave et ses greniers.
Le président eut le prix en 1707, à l’âge de vingt-deux ans, pour un discours sur ce sujet proposé par l’Académie, « qu’il ne peut y avoir de véritable bonheur pour l’homme que dans la pratique des vertus chrétiennes. » En 1709 il n’eut qu’un accessit sur cet autre sujet, « que rien ne rend l’homme plus véritablement grand que la crainte de Dieu. » Les approbateurs, qui sont le théologal de Paris et le curé de Saint-Eustache, ne peuvent contenir leur admiration pour ce discours, « que la piété et l’éloquence, est-il dit, semblent avoir formé de concert ». […] Le président Hénault n’appartenait point au parti, et semblait même avoir donné des gages au parti contraire34. […] Je ne suis pas au bout de ma liste35 : c’en est plus qu’assez, ce me semble, pour prémunir le public, et aussi pour avertir l’éditeur de vouloir bien, après révision, après collation totale de l’imprimé avec le manuscrit, ajouter au plus vite un ample Errata, accompagné de quelques cartons, à un ouvrage qui, dans son état actuel, fourmille d’erreurs, et est certes le moins digne d’un homme comme le président Hénault, qui a consacré la meilleure part de ses loisirs à étudier l’histoire et à en répandre des notions exactes.
Rohan, déjà gêné au dedans par les siens, dut également souffrir de cette gêne en face de l’ennemi, et peut-être des accusations sourdes qui en venaient parfois à son oreille ; et il semble, nous le verrons, avoir voulu répondre à tout et se satisfaire lui-même lorsqu’il se mit, à son dernier jour, à faire le coup de pique en simple volontaire dans l’armée du duc de Weimar, comme s’il s’était dit : « Cette fois enfin je ne suis plus un général ni un chef de parti, je ne suis qu’un soldat. » Ouvrons maintenant les mémoires de Richelieu, lorsqu’il a à parler des mêmes conjonctures. […] Le sieur de Rohan, plus propre à être procureur dans un palais que chef d’un parti, les avantages duquel il faut procurer par courage en guerre, et en paix par franchise et ingénuité, … continue ses pratiques, et par mille factions fait connaître à un chacun qu’il fait aussi bien durant la paix tout ce qui peut apporter la guerre, comme durant la guerre tout ce qui semble ne convenir qu’à la paix. […] Richelieu et son ardeur en cette périlleuse entreprise, l’affection qu’il met aux choses et qui le consume, éclatent en mille traits de feu dans son récit : Cependant, dit-il en un endroit, tandis que le cardinal employait tout l’esprit que Dieu lui avait donné à faire réussir le siège de La Rochelle à la gloire divine et au bien de l’État, et y travaillait plus que les forces de corps que Dieu lui avait départies ne lui semblaient permettre, on eût dit que la mer et les vents, amis des Anglais et des îles, s’efforçaient à l’encontre et s’opposaient à ses desseins… Prendre La Rochelle avant toute chose, promptement et sans rémission cette fois, c’est là son idée fixe ; c’est, selon lui, le premier remède à tout, et il y faut employer tous les moyens, toutes les inventions imaginables sans en omettre aucune ; car « de la prise de La Rochelle dépend le salut de l’État, le repos de la France, le bonheur et l’autorité du roi pour jamais. » Y aura-t-il un État dans l’État, un allié naturel et permanent de l’étranger parmi nous, un port et une porte ouverte aux flancs du royaume ?
Il semble qu’on ait épuisé tout ce que l’imagination peut fournir d’idées, et, malgré les égarements, on trouve pourtant des choses bien ingénieuses qui, quoique mal employées, font honneur à ceux qui les ont imaginées. […] Il semble qu’on ait tout dit à l’honneur des lettres et pour célébrer la douceur dont elles sont dans les différentes circonstances et aux différents âges de la vie ; il y a longtemps qu’on ne fait plus que paraphraser le passage si connu de Cicéron plaidant pour le poète Archias : « Haec studia adolescentiam alunt, senectutem oblectant… », Frédéric nous offre une variante piquante à cet éloge universel des lettres et de l’étude ; il va jusqu’à prétendre, sans trop de raffinement et d’invraisemblance, que toutes les passions (une fois qu’elles ont jeté leur premier feu) trouvent leur compte dans l’étude et peuvent, en s’y détournant, se donner le change par les livres : Les lettres, écrit-il au prince Henri (31 octobre 1767), sont sans doute la plus douce consolation des esprits raisonnables, car elles rassemblent toutes les passions et les contentent innocemment : — un avare, au lieu de remplir un sac d’argent, remplit sa mémoire de tous les faits qu’il peut entasser ; — un ambitieux fait des conquêtes sur l’erreur, et s’applaudit de dominer par son raisonnement sur les autres ; — un voluptueux trouve dans divers ouvrages de poésie de quoi charmer ses sens et lui inspirer une douce mélancolie ; — un homme haineux et vindicatif se nourrit des injures que les savants se disent dans leurs ouvrages polémiques ; — le paresseux lit des romans et des comédies qui l’amusent sans le fatiguer ; — le politique parcourt les livres d’histoire, où il trouve des hommes de tous les temps aussi fousaf, aussi vains et aussi trompés dans leurs misérables conjectures que les hommes d’à présent : — ainsi, mon cher frère, le goût de la lecture une fois enraciné, chacun y trouve son compte ; mais les plus sages sont ceux qui lisent pour se corriger de leurs défauts, que les moralistes, les philosophes et les historiens leur présentent comme dans un miroir. […] Puis, quand il vit la guerre inévitable, il eut les pronostics les plus sombres ; il lui semblait que Frédéric s’était engagé dans un labyrinthe d’où il aurait peine à sortir, qu’il s’était remis de gaieté de cœur dans une situation extrême : « Je vois que dans peu, lui écrivait-il, tout ce qu’un État a de précieux sera abandonné à la fortune, les biens, la vie, la réputation, la gloire, la sûreté de la société. » Frédéric lui fait vingt réponses meilleures les unes que les autres : On commet, mon cher frère, deux sortes de fautes : les unes par trop de précipitation, les autres par trop de nonchalance.
Voilà déjà trois générations, ce me semble, qui se succèdent et dans lesquelles un nombre assez considérable d’esprits partis de points de vue fort différents se sont fait de Voltaire une assez juste idée, mais une idée qui est restée dans la chambre entre quelques-uns et qui a toujours été remise en question par la jeunesse survenante ; car les jeunes gens, à leur insu, au moment où ils entrent activement dans la vie, cherchent plutôt dans les hommes célèbres du passé et dans les noms en vogue des prétextes à leurs propres passions ou à leurs systèmes, des véhicules à leurs trains d’idées et à leurs ardeurs : soit qu’ils les épousent et les exaltent, soit qu’ils les prennent à partie et les insultent, c’est eux-mêmes encore qu’ils voient à travers ; c’est leur propre idée qu’ils saluent et qu’ils préconisent, c’est l’idée contraire qu’ils rabaissent et qu’ils rudoient. […] On est sous la Régence ; les rangs semblent confondus. […] J’avais cru d’abord que la lettre suivante, qui dans le nouveau recueil est mise à la date de 1724, était de 1726, et devait se rapporter au moment où Voltaire venait d’avoir affaire au chevalier de Rohan et se disposait à quitter la France, ou du moins Paris, avant d’être mis à la Bastille : il y a un accent qui me semblait déceler son âme en cette crise la plus douloureuse de sa vie.
Le Lamennais que nous rencontrions chez M. d’Ortigue, et qui semblait m’avoir tout à fait pardonné, je dois le dire, certains articles polémiques sévères, causait à ravir, parlait art, musique, immortalité de l’âme, et ne sentait pas du tout le fumier. […] Un critique, qui est encore plus légitimiste que religieux, tel que M. de Pontmartin, devrait être, ce semble, plus courtois qu’un autre, et M. de Pontmartin, l’est en effet souvent ; il raconte lui-même agréablement qu’on lui a reproché trop de facilité et de complaisance de jugement, et de se montrer trop coulant à dire : « Beau livre, charmant livre, excellent livre ! […] Marbeau semble lui-même sourire et prendre part à leurs espérances.
Collé, qui, sur la foi de sa renommée, semble de loin un si gai sujet, l’est beaucoup moins quand on s’en approche. […] Quand on avait joué cette dernière pièce, les spectateurs semblaient dans l’ivresse de la gaîté, tandis que, pour le bon Henri, c’était de l’ivresse de cœur et de l’attendrissement. […] Personne n’a badiné avec plus de grâce et de légèreté ; il semble qu’on entend un homme de la Cour : ses plaisanteries sont du meilleur ton.
Voici pourtant une page des Mémoires, sur les invasions étrangères, qui me semble aussi bien pensée que bien écrite. […] En littérature même, il me semble fort supérieur à toute l’Académie qui le jugeait. […] Lui-même il n’écrit pas mal, il n’écrit pas bien non plus ; il semble, à un moment, d’après Cuvier, prêt à abjurer la rhétorique, puis tout aussitôt les fausses fleurs reviennent et abondent sous sa plume.
. — Il me semble que tout le monde a quitté Paris : il n’en arrive point de lettres, de telle sorte que je ne saurai plus comment va le monde, surtout s’il y a censure. — L’affaire Maubreuil, que je lis dans les journaux35, me paraît se réduire à ceci : Donnez-moi de l’argent ou je ferai du scandale. […] C’étaient, pour peu qu’on y songe, deux profils des plus originaux et chez qui tout semblait en relief et en opposition : M. […] Il semble que M. de Chateaubriand ait voulu répondre à ce reproche, qu’il se faisait tout bas à lui-même, dans sa lettre écrite de Rome à M.
Tant qu’elle m’a semblé nouvelle, elle m’a fait désespérer : je commence à l’admettre, j’en parle encore comme d’une chose étonnante et rude, comme on parlait du choléra huit jours encore après le choléra, et bientôt, sans doute, je m’en tairai comme d’une chose triviale et de mauvais goût ; je n’en souffrirai peut-être plus. […] J’ai vu Béranger une fois, je l’ai trouvé excellent, et j’ai beaucoup désiré le revoir et cultiver une connaissance qui me semble précieuse. […] Et non-seulement cela, mais toute espèce d’avance affectueuse ou d’insistance quelconque pour entretenir une liaison qui semblerait me fuir serait pour moi chose odieuse et impossible.
Ce bonhomme, qui semble tout fondant de chaleur dévote, et qu’on prendrait pour un doux illuminé, a le sens ferme et la conscience austère : ne prenez pas son tempérament pour sa doctrine, ni ses manières pour ses principes. […] On n’a qu’un très petit nombre de ses sermons : c’en est assez, avec ses Entretiens spirituels qu’on a recueillis, pour nous faire juger cette éloquence solide et insinuante, qui semble une causerie aisée, soudaine, enlevée jusqu’au pathétique par une émotion intérieure : c’est parfois un commentaire chaleureux de quelque texte sacré, parfois une libre instruction sans ordre apparent, ou divisée sans subtilité. […] On l’a dit protestant : il semble qu’il ait été catholique.
Elle semble se réveiller chez les poètes de la Pléiade française, mais imitée, apprise, affaiblie ; ce n’est vraiment qu’un reflet. […] Jules de Glouvet cite volontiers Théocrite et Virgile et il a des descriptions qui, je ne sais comment, semblent « élégamment » traduites d’une pièce de vers latins : Le soleil dardait ses rayons brûlants sur la plaine desséchée. […] Plus tard on pourrait trouver, comme je l’ai déjà indiqué, que ce braconnier fait tout de même trop de bonnes actions ; mais il semble que sa bonté soit un produit naturel de sa vie en pleine nature, qu’elle soit aussi spontanée que son amour de la forêt.
Il semblait impossible que l’homme eût pu, sans violence ou sans fraude, s’emparer du rayon et capter l’éclair. […] Postérieure ou non aux épopées homériques, la Théogonie d’Hésiode en semble éloignée par une distance presque sidérale. […] C’est dans la Théogonie qu’il est raconté ; mais sa place serait plutôt dans les Travaux et les Jours, ce poème de sueur et de peine, dont chaque vers semble creuser un sillon.
N’approchez pas de trop près ces personnages qui semblent avoir corps et figure ; leur apparence humaine, déjà si fragile, ne résisterait pas au premier contact. […] Leur prière prend toutes les voix de l’adjuration et du gémissement, son rythme haletant semble secoué par de longs sanglots. […] Ne souffre pas que, suppliante, je sois arrachée du pied de ces statues divines, entraînée comme une cavale, saisie par mes bandelettes bigarrées, tirée par mes voiles. » — Une image bucolique semble évoquer leur mère commune dans sa métamorphose douloureuse : — « Regarde-moi, je suis là, suppliante, exilée, errante, comme la vache poursuivie par le loup sur un haut rocher.
Thiers, il me semble qu’il entrait essentiellement dans le génie et le caractère de l’homme quelque chose de gigantesque, qui, en chaque circonstance, tendait presque aussitôt à sortir et qui devait tôt ou tard amener la catastrophe. […] On y voit Napoléon hésiter jusqu’au dernier moment, changer d’avis, ne s’ouvrir tout entier à personne, ne découvrir que des coins de vérité à ses plus intimes agents, vouloir être éclairé et sembler en même temps le craindre. […] Dans une histoire telle que celle qu’il traite aujourd’hui, où il est le premier à passer, et avec les incomparables matériaux qu’il a eus à sa disposition, on aurait dû, ce semble, lui souhaiter une telle méthode, s’il ne l’avait eue de lui-même.
Il semble souvent, en effet, qu’il ne manque chez lui qu’un rayon pour tout éclairer, et l’on dirait volontiers de l’athéisme de Diderot comme il disait de ces deux vues de Vernet, où le moment choisi de la chute du jour avait rembruni et obscurci tous les objets : « À demain, lorsque le soleil sera levé. » Avec tout cela, cependant, on ne fera jamais de Diderot un croyant sans le savoir, ni une manière de déiste selon le sens et l’esprit du mot ; une telle discussion serait ici, d’ailleurs, trop délicate et trop épineuse pour que je l’aborde de près ou de loin. […] On en ferait un excellent chapitre de la force de l’unité. » Diderot en tout ceci est grand critique, et dans cet ordre de critique générale auquel aucun art, sous prétexte de technique, ne saurait se dérober : Il me semble, dit-il, que quand on prend le pinceau, il faudrait avoir quelque idée forte, ingénieuse, délicate ou piquante, et se proposer quelque effet, quelque impression… Il y a bien peu d’artistes qui aient des idées, et il n’y en a presque pas un seul qui puisse s’en passer… Point de milieu, ou des idées intéressantes, un sujet original, ou un faire étonnant. […] J’y trouve mille idées hardies, profondes, vraies peut-être, folles et libertines souvent, une contradiction si faible qu’elle semble une complicité entre les deux personnages, un hasard perpétuel, et nulle conclusion, ou, qui pis est, une impression finale équivoque.
Un tel genre d’observation minutieuse et subtilement moqueuse semblait être réservé aux femmes ; M. […] Ce mot du proverbe, caché dans l’action, semblait d’abord assez important pour qu’on ne le dît pas, et Carmontelle a soin de donner à chacun de ses proverbes un autre titre, en en rejetant le mot tout à la fin du volume, pour que le lecteur puisse le deviner lui-même, s’il est habile. […] Le Père Joseph, L’Intrigant malencontreux, me semblent des plus énergiques, et ceux dans lesquels la pointe de passion se fait le plus vivement sentir.
À ceux qui douteraient de son talent, il suffit, ce me semble, de voir son buste pour comprendre à l’instant qu’une pareille tête ne saurait se joindre avec l’idée de facultés vulgaires. […] Long, maigre, décharné même, il a le front sévère et beau, l’arc et la voûte du sourcil faits pour être le siège d’une pensée, le nez long, fin et mince, la lèvre mince également, et qui semble n’attendre que l’instant de décocher le trait cruel. […] Ce qui reste presque plaisant, et ce qui ne laisse pas de donner une petite leçon littéraire, c’est que les vers, les petites élégies galantes, s’entremêlaient fort bien aux injures, au moins dans les commencements : Dans les premiers temps, ses torts semblaient être involontaires.
Le mobile qu’il comprend le mieux, le seul même qu’il semble admettre, c’est l’intérêt : pourtant le sentiment, la fidélité, la reconnaissance, des parties suffisantes d’honnête homme s’y mêlent ; il a bon cœur. […] Il me semble ici que le rôle des deux côtés est beau : de la part du prince, on aime à voir une dernière fois ce regard étincelant dont l’air de colère n’est ici qu’une preuve suprême d’affection, et on aime aussi cette noble marque du désintéressement de Gourville, qui se montre digne de l’amitié d’un grand homme. […] Ce n’avait été qu’une distraction dans sa vie peu sentimentale et tout affairée, et il semble s’en être peu ressouvenu dans sa vieillesse, comme d’un de ces goûts fugitifs qui passent avec l’âge.
Clavier, et en jetant les yeux autour de lui : « Il me semble que tout ce que j’aime est ici » ; et il demande en mariage la fille aînée de son ami, laquelle était encore dans la première jeunesse. […] Courier fit un Placet au ministre, de ce ton qui semble toujours dire : Je m’en moque ! […] Il a tracé là l’idéal de sa manière, et en se mettant à côté de Pascal, Franklin, Cicéron, Démosthène, tous faiseurs de pamphlets selon lui, il croyait, en définitive, ne prendre que sa place : elle me semble, ne lui en déplaise, un peu au-dessous.
En parlant mal, personne ne se fait mieux écouter ; il me semble qu’en matière de goût nul n’a le tact plus délicat, plus fin, ni plus sûr. […] Les mois qu’il avait passés à Genève auprès de la malade, et dans une intimité de chaque jour, lui semblèrent un dernier bonheur, et qui ne devait jamais se retrouver à ce degré. […] Je me permets d’insister sur Grimm ; la France, ce me semble, lui doit des réparations ; on ne l’a payé trop souvent de ses services et de ses talents voués à notre littérature, que par un jugement tout à fait injuste et, à certains égards, inhospitalier.
À mesure qu’on avance vers le Nord, il semble que le grandissement de la brume grandisse le poëte. […] Au dix-huitième siècle, ce rêve était si lointain qu’il semblait coupable ; on chassait l’abbé de Saint-Pierre de l’académie pour l’avoir fait. […] Louis XIV trouvait Racine bon à coucher dans sa chambre quand il était, lui le roi, malade, faisant-ainsi du poëte le second de son apothicaire, grande protection aux lettres ; mais il ne demandait rien de plus aux beaux esprits, et l’horizon de son alcôve lui semblait suffisant pour eux.
Des jeunes gens de bonne volonté, des intellectuels ce semble, interrogeaient, renseignaient, prêchaient, inscrivaient ces recrues disparates. […] Il semble mettre au-dessus de tout le sentiment de la fierté nationale qu’il se préoccupe de concilier avec l’idéal humanitaire. […] La noblesse de ce titre, les prérogatives qui lui sont attachées et notre éducation semblent les avoir transformés en patriotes.
Nous vivons dans le climat et dans le siècle de la philosophie et de la raison ; les lumières de toutes les sciences semblent se réunir à la fois pour éclairer nos yeux et nous guider dans cet obscur labyrinthe de la vie humaine ; les plus beaux génies de tous les âges réunissent leurs leçons pour nous instruire ; d’immenses bibliothèques sont ouvertes au public ; des multitudes de collèges et d’universités nous offrent dès l’enfance l’expérience et la méditation de quatre mille ans ; l’immortalité, la gloire, la richesse et souvent les honneurs sont le prix des plus dignes dans l’art d’instruire et d’éclairer les hommes : tout concourt à perfectionner notre entendement et à prodiguer à chacun de nous tout ce qui peut former et cultiver la raison : en sommes-nous devenus meilleurs ou plus sages ? […] Le toucher, qui semble nous être donné pour corriger notre vue, nous trompe lui-même en mainte occasion.
Celui-ci semble en être au dernier quart d’heure de résistance. […] Napoléon, qui n’avait désespéré à aucun moment, voyant, tout s’écrouler à la fois, tout manquer sous lui, son armée en débris et son Empire, reculait à pas lents sous une pluie de feu ; il semblait décidé à ne pas survivre, vouloir mourir avec ses grenadiers.
Si nous avions eu l’honneur d’être contemporains des derniers jours du grand Corneille, si nous avions eu à parler de ces productions malheureuses dans lesquelles sa vieillesse se complaisait avec une candeur si naïve, il nous semble que nous n’eussions pas dit toute notre pensée, et que nous n’eussions pas dû la dire. […] Il semble que, dans cette portion du livre, l’auteur se soit proposé le problème d’expliquer les grands effets par les petites causes, les insurrections populaires par la toute-puissance d’une caisse occulte, les révolutions législatives par les couteaux des dames de la Halle, les entraînements de parti par des calculs de peur ou de vanité, les épouvantables convulsions de 93 par l’ascendant malin des trois ogres, Danton, Marat et Robespierre, qui jouent à peu près ici le rôle des nains mystérieux de ses romans.
Une jeune fille sentimentale, exaltée, élevée dans la pratique chrétienne et d’une nature un peu mystique, Claire, est aimée d’un jeune homme éloquent et enthousiaste qui a embrassé le saint-simonisme, et dont l’amour l’entraîne à sa secte sans la convaincre ; le malheur qui les frappe tous les deux semble à l’auteur provoquer une moralité favorable au christianisme. […] Il te semblait encor voir sans cours et sans rive, Comme une eau dans les joncs, flotter l’humanité ; Alors, toujours, partout, sereine ou désolée, Dans la plus froide nuit comme au plus beau soleil, N’as-tu pas cette autre âme à tes destins mêlée, etc., etc.
Il a semblé à l’éminent écrivain que tout un côté de la question était à remettre en lumière et à traiter avec cette sévérité d’analyse et cette autorité de raison qui lui appartiennent, et dont il a donné tant de preuves en ses autres écrits. […] Le ton même s’est amélioré, et depuis lors pareille plaisanterie, revêtue de formes si romaines, semblerait de fort mauvais goût.
Dans le progrès des idées, ce chassé-croisé ne semble pas se produire. […] Le comte de Creutz, ambassadeur de Suède, le marquis de Caraccioli, ambassadeur de Naples, l’abbé Galiani, le prince de Ligne, le prince de Nassau, Stedingk, Fersen sont tout Français de goûts, de langue, d’intelligence : Garaccioli est désespéré quand sa cour le rappelle pour le faire ministre et vice-roi ; il semble qu’il s’enfonce dans la nuit.
I Ce qui distingue et ce qui honore les poète de la seconde génération romantique et plus encore ceux de la troisième, ceux qu’on a appelés les Parnassiens, il me semble que c’est leur grand effort vers la perfection absolue. […] Ce beau guerrier vêtu de lames et de plaques, Sous le bronze, la soie et les brillantes laques, Semble un crustacé noir, gigantesque et vermeil.
Si vous relisez les chroniques du mois dernier, il est probable qu’elles vous sembleront insipides, superflues, et que vous n’y apprendrez rien. […] J’imagine, du reste, qu’il y a dans son fait plus de malice qu’il ne semble et qu’il sera le premier à sourire de mes innocentes remarques.
Il semble enfin que, des opinions confrontées dans le drame, une affirmation se dégage, plus nette qu’on ne l’attendait de M. […] Renan nous semble si compliqué, c’est que, les éléments dont se compose son génie total étant nombreux, divers et quelquefois contradictoires, il les laisse transparaître dans son œuvre avec une parfaite sincérité.
Ils semblent se douter que leur réputation est pour beaucoup plus dans les éloges de Bouhours que le vif sentiment de leurs qualités, et pour peu qu’il vienne à broncher, un demi-désaveu lui apprend qu’entre eux et lui l’amitié n’est que de pure civilité. […] Quand on lit, dans ce même Lamotte, le « suisse d’un jardin » pour une haie, le « voyage sédentaire » pour l’étude de la géographie, « l’hôte de la flatterie » pour un prince flatté, on se croit encore au bon temps où le miroir était « le conseiller des grâces », les statues « des muets illustres » ; où Cathos veut qu’au lieu de : « Voilà un laquais qui demande si vous êtes au logis », on dise : « Voilà un nécessaire qui demande si vous êtes en commodité d’être visible. » Il semble même qu’en cet art puéril de ne rien dire comme les autres, les beaux esprits du dix-huitième siècle aient renchéri sur ceux du dix-septième.
Ces théories semblent des images calquées l’une sur l’autre ; elles s’éclairent mutuellement, en s’empruntant leur langage ; demandez aux électriciens s’ils ne se félicitent pas d’avoir inventé le mot de flux de force, suggéré par l’hydrodynamique et la théorie de la chaleur. […] Il semble qu’il ne peut y avoir deux rigueurs, que la rigueur est ou n’est pas, et que, là où elle n’est pas, il ne peut y avoir de raisonnement.
Loin qu’il cherchât à adoucir les murmures que soulevait son dédain pour les susceptibilités sociales du temps, il semblait prendre plaisir à les exciter. […] L’auteur des Philosophumena semble hésiter (VII, 34 et 35 ; X, 22 et 23).
Les Répons du peuple aux Chapitres et aux Leçons entonnés par les prêtres, dans les anciennes cérémonies de l’Église, semblent un écho de ces alternances. […] Le drame naissant semblait encastré dans le rituel de Bacchus, comme un bas relief archaïque dans le fronton d’un temple ; une innovation capitale, signalée par Hérodote, l’affranchit de cette servitude. — « Les Sycioniens, dit-il, rendaient des honneurs divins à Adraste, et célébraient ses malheurs par des chœurs tragiques, où ils honoraient non plus Bacchus, mais Adraste. » — Progrès immense, conquête décisive.
Plusieurs méthodes ont été employées pour joindre deux idées au moyen de deux mots qui prennent un rapport constant ; celle qui semble aujourd’hui le plus en usage consiste à unir deux substantifs en donnant au second la valeur d’un adjectif ; elle est infiniment vieille et sans doute contemporaine des langues les plus lointaines que nous connaissions. […] Oreillon, c’est pour le peuple toute maladie interne de l’oreille ; cela vaut otite, il semble.
On se rappelle leur théorie de l’impassibilité, formulée par réaction contre le Romantisme, qui leur semblait trop échevelé. […] Mais, bien qu’ils y revinssent toujours comme en leur citadelle inexpugnable, les parnassiens sortirent souvent de la belle tour close où ils adoraient à l’écart l’idole hiératique : témoin Leconte de Lisle, dont la poésie, si impassible qu’elle veuille être, laisse souvent deviner la pensée généreuse et entendre le cœur palpitant ; témoin Sully Prudhomme, si préoccupé de justice et de bonheur, et qui loua André Chénier d’avoir uni Le laurier du poète à la palme du juste ; et Anatole France, dont les Noces corinthiennes ont pu sembler, vingt ans après avoir été écrites, une pièce d’actualité ; et le tendre et nostalgique Dierx, et Catulle Mendès, dont la fantaisie est si moderne, et Coppée, penché sur les humbles, et Heredia enfin, le somptueux conquistador épris des époques reculées et des rivages lointains, qui un jour, se souvenant qu’il était un homme d’aujourd’hui et appartenait à un « peuple libre », consentit à dresser un beau « trophée » en plein Paris, sur le pont Alexandre.
Faguet et Brunetière semblent poser en principe que les beautés de l’écrivain sont visibles pour tous, que ses défauts seuls sont cachés ; comme le devoir d’un bon critique est d’apprendre quelque chose à ses lecteurs, il vaut mieux assurément leur montrer des défauts que de ne rien leur montrer du tout. […] Quant à espérer mieux comprendre le génie d’un auteur dans les moments où ce génie même ne se manifeste cela semble un plus, peu étrange.
Il semble qu’une si triste expérience devrait avoir au moins l’avantage de jeter quelque lumière sur le problème que nous étudions, car si l’on découvrait dans quelles conditions se trouve le cerveau lorsque la pensée s’égare, on pourrait induire de là, par opposition, les conditions normales de l’exercice de la pensée. […] On ne peut contester qu’il n’y ait des cas où le désordre intellectuel a sa cause dans quelque désordre organique en vertu des lois de l’union de l’âme et du corps ; n’y en a-t-il pas d’autres aussi où il semble que le trouble soit exclusivement moral, et où l’organisme n’intervient qu’incidemment et subsidiairement : par exemple, lorsque la folie est causée, ce qui est très-fréquent, par des chagrins domestiques, un amour contrarié, une ambition déçue, des scrupules religieux portés à l’excès.
Il se mit ensuite à moduler de sa voix l’air écrit, et accompagna avec correction et harmonie les sons rendus par le piano56. » Dans la plupart des cas cités, où plusieurs des signes artificiels parole, écriture, dessin57 sont plus ou moins altérés, il semble que la faculté du geste reste intacte. […] J’admettrais volontiers cette explication, mais il me semble qu’elle détruit l’hypothèse, car il s’ensuivrait tout simplement que la localisation à gauche serait une localisation d’habitude, puisque le cerveau droit n’est pas absolument impropre chez quelques personnes à exercer cette fonction.
Ce que dit Quintilien dans un autre endroit semble rendre ma conjecture une chose certaine. […] Les états de l’Asie ont toujours été aussi sujets que les états de l’Europe aux revolutions politiques ; mais il semble que les états de l’Asie aïent été moins sujets que les états de l’Europe aux revolutions morales.
Les tendres soins qu’il avait reçus de l’amitié semblaient avoir adouci l’idée du besoin qu’il en avait eu. […] Chamfort expira le 13 avril 1793, non pas sur un grabat, comme l’ont dit quelques personnes mal instruites ou mal intentionnées, mais dans le modeste asile où ses malheurs l’avaient relégué La terreur était alors si générale, que ce fut un acte de courage que de l’accompagner jusqu’à sa dernière demeure : et celui qui, au temps de sa faveur dans le monde, avait vu se presser autour de lui tant d’hommes se disant ses amis, semblait moins se rendre au champ de repos qu’à la terre de l’exil.
Elle a l’honneur (dit-on) d’être la femme d’un officier, et ses Ménages militaires semblent le dire aussi, mais ils ne le disent pas, comme je l’aurais voulu pour elle. […] Quoique ses romans soient nombreux pour le temps qu’elle écrit et semblent se presser et se monter comme des moutons, sur le dos les uns des autres, Mme de Chandeneux est au fond, — peut-on dire, au fond ?
Elle est donc toujours un mystère… non pas un simple mystère à ténèbres dans lesquelles l’œil cherche sans voir, mais un mystère à éblouissements qui brise la lumière sous les feux luttants des contradictions… Avec un pareil peuple, qui semble échapper au jugement même, avec ce sphinx retors qui a remplacé l’énigme par le mensonge et auprès de qui tous les sphinx de l’Egypte sont des niais à la lèvre pendante, n’y a-t-il pas toujours moyen, si on ne met pas la main sur le flambeau de la vérité, de faire partir, en frottant son esprit contre tant de récits, les allumettes du paradoxe, et d’agir ainsi, fût-ce en la déconcertant, sur l’Imagination prévenue, qui s’attend à tout, excepté à l’ennui, quand on lui parle de la Chine et des Chinois ? […] Nous aurions voulu qu’on eût répondu une fois pour toutes aux esprits les plus forts, les plus imposants, qui ont regardé sans rire ce pays qui semble exciter je ne sais quelle méprisante gaîté, et qu’on eût renversé, par exemple, pour ne plus le voir jamais debout, ce jugement terrible d’un de ces grands esprits qui ont, dans les choses de l’histoire, l’infaillibilité de leurs instincts : « Quand on m’aura montré des sociétés aussi fortes que la judaïque et que la chrétienne (si c’est la chinoise, montrez-le !)
Les civilisations47 I Si, au lieu d’Études sur les civilisations 48, Louis Faliés, dupe de ce grand mot moderne, qui dit moins réellement au fond qu’il ne semble dire, avait écrit sans sourciller : Histoire des civilisations, il aurait, pour les niais de ce temps, un titre de livre superbe et alléchant, et ils auraient tous mis le museau dans son panier. […] Tous, à propos de tout ou de rien, clament ce grand mot de civilisation, qui semble avoir quarante syllabes.
Avant de légiférer pour son propre compte et en son privé nom, il nous a donné, en abrégé, l’histoire du duel en France, et cette histoire démontre, à toute page, l’inanité des législations quand il s’agit de changer et de modifier des mœurs toujours victorieuses d’elles… L’esprit moderne, dont la manie est de croire aux constitutions, qui sont les créations de son orgueil et que le vent de cette girouette a bientôt emporté, l’esprit moderne, qui méprise si outrageusement et si sottement le passé, apprend ici, une fois de plus, que tout dans l’histoire ne se fait pas de main d’homme, et que les coutumes ne s’arrachent pas du fond des peuples comme une touffe de gazon du sol… Saint-Thomas, dont le bon sens (heureusement pour lui) ne me fait point l’effet d’être dévoré par l’esprit moderne, semble l’avoir compris. […] Il faut lire dans le livre de Saint-Thomas tout cet édit de 1679, qui donne plus que n’importe quel acte de sa vie la mesure de la grandeur de Louis XIV… Jamais loi ne fut plus complète, plus largement assise, plus bâtie à chaux et à sable, à ce qu’il semblait, puisque c’était Louis XIV qui tenait la truelle !
Plus tard, sans doute, la Postérité aux yeux secs ne se gêne pas infiniment avec les faire part de gloire qu’on lui adresse, et tranquillement elle les déchire ; mais la postérité ne commence pas le lendemain de la mort d’un homme, et c’est ce lendemain — ce bienheureux lendemain d’une épitaphe neuve — dont il semble que l’on puisse toujours profiter. […] C’est encore le parent pauvre, mais honnête, de La Bruyère, de Boileau, de Molière, mais tempéré de raison, de malice, de gaieté, tempéré trois fois, de sorte qu’en l’aimant les gens de peu de tempérament semblent aimer la tempérance et font ainsi de leur pauvreté une vertu.
Ainsi, la défaite, la captivité et la trahison, voilà les auspices sous lesquels s’ouvrit et s’inaugura le règne de ce roi René, qui semblait né et élevé pour la gloire, et qui n’a pas même la gloire du malheur. […] placé par ses relations de famille et ses alliances au confluent de tous les héritages, quand il perd un royaume (la Sicile), il en gagne un autre (l’Aragon), et les peuples semblent enchantés de lui échoir ; mais cela ne l’avance guères.
Le livre d’Alphonse Jobez : La Femme et l’Enfant, ou Misère entraîne oppression 5, sous un titre beaucoup trop sentimental et déclamatoire, et qui semble exhaler je ne sais trop quel air de socialisme avancé, est une preuve assez claire de ce que nous affirmons. […] L’économiste semble si sûr de son résultat scientifique que son émotion y perd, et qu’avec de l’émotion il aurait fait, peut-être, un livre éloquent, ce qui vaut toujours mieux qu’un livre didactique.
Renée est si littéraire qu’il semble regretter que madame de Montmorency n’ait pas été une des lionnes (c’est le mot de ce temps-là comme du nôtre) de l’hôtel de Rambouillet, et il écrit, pour s’en consoler : « Il est vrai que les beaux jours de cette société n’étaient pas venus encore, et que l’histoire s’est médiocrement occupée de ces premières années. » Ah ! […] Saint Augustin nous touche de plus près que les autres Pères de l’Église ; il semble que sa sainteté se détache et ressort mieux sur l’orage de ses passions.
Martin, qui ajoute encore à tout cela la médiocrité dans la forme, — cette médiocrité, cause des plus hautes fortunes, — nous semble appelée à un avenir immense. […] Prendre à la religion chrétienne, qui nous a pétris dans le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ (qui nous a donné le sein, si nous ne sommes pas sortis de son flanc ; qui est notre nourrice, si elle n’est pas notre mère), prendre à la religion chrétienne la plus belle civilisation qui fut jamais, — la civilisation de la chevalerie, — pour la donner à une société morte, atroce et barbare ; opposer et substituer à cette monarchie faite par des évêques, comme disait Gibbon, une monarchie faite… par des druides, voilà de l’habileté profonde, car elle semble désintéressée et ne prétend être que scientifique !
Ceci nous semble vrai de fond et presque beau de forme. […] Toujours poète, c’est là son défaut, comme Μ. des Mazures : « Je me penche sur ses yeux profonds, — dit-il (les yeux de la chatte), — et il me semble voir là-bas, — tout au fond, — je ne sais quoi qui se débat, comme un malheureux tombé dans un puits et qui s’efforce de remonter, et qui appelle à l’aide, et qui se raccroche aux parois, et qui retombe toujours, — une âme, je le crois.
Désormais, il ne restera rien de ce Lamennais factice, inventé par des ressentiments qui avaient, ce semble, le droit d’exister. […] Tout le temps que Lamennais fut prêtre, ses écrits, qui rappelaient Bossuet et qui semblaient un écho de ses foudres, avaient la hauteur de la chaire chrétienne et la majesté d’un autel, et quand le prêtre eut déchiré sa robe, son génie noir et brillant, comme celui de ce rude Africain que l’on a comparé à un miroir d’ébène, ne parut que plus noir et plus sombre après l’extinction de l’auréole de foi qui l’avait illuminé cinquante ans.
Écrire la profession de foi d’un siècle qui semblait ne plus en avoir ; proclamer la seule croyance restée debout sur toutes les autres, la seule religion qui convienne à des Titans intellectuels de notre force ; proclamer la foi au progrès, la foi scientifique au progrès, imposée à tout ce qui pense, de par l’autorité même de l’histoire ; en trois mots, reprendre en sous-œuvre et refaire l’histoire des civilisations successives, de l’homme et de la création, était n’importe pour quel esprit une tentative dangereusement grandiose. […] Tous leurs systèmes sortent des abîmes d’une psychologie qui leur semblait, en tout sujet, le point de départ inévitable, mais qui les a perdus, parce que qui descend dans l’homme sans la main de Dieu ne remonte plus !
Quand ce moine blanc à la face exsangue, aux lèvres pâles, mettait, en nous parlant des passions, sa main sous le froc qui couvrait sa poitrine domptée et calme et qu’il l’en retirait tout à coup, on croyait voir le sang de sa jeunesse découler de cette main appuyée un instant sur son cœur, et il semblait nous dire : « Je vous connais, mes frères ! […] Des esprits plus sévères que justes ont, je ne l’ignore pas, reproché au révérend père Lacordaire ce qui m’a toujours semblé la meilleure raison de son influence sur les esprits, je veux dire cette hardiesse de langage qui soit quand il s’agit d’idées philosophiques, soit quand il s’agit des passions, n’hésite jamais ni sur le mot, ni sur la pensée, et parle volontiers des choses du monde, et de manière à ce que ce monde, dans l’insolence de son dédain, ne renvoie pas le dominicain à son couvent comme un pauvre religieux fort estimable sans doute, mais qui ne sait rien de la vie !
— qui se font tout seuls au fond des âmes, par une mystérieuse assimilation du sentiment et de la vie, celui que Dargaud a publié sous le simple titre de : La Famille, nous semble un de ces livres-là. […] Est-ce que la civilisation généralisera jamais assez son être pour que les grands coups de tonnerre de l’histoire retentissent plus en lui et réveillent plus d’écho que ces tout petits événements qui tiennent dans les dix pouces de sa poitrine et ne font pas de bruit, à ce qu’il semble, mais qui seuls ont la puissance de faire palpiter plus vite sa tempe et son cœur ?
L’auteur d’Armelle est, avant tout, un poète de sentiment, — une de ces sensibilités d’organisation qui semblent penser moins avec la tête qu’avec la poitrine. […] Ce n’est plus la musique, l’intangible et divine musique de la poésie lamartinienne, qui nous fondait si délicieusement le cœur dans la rêverie et semblait vaporiser eu nous la réalité des douleurs, l’épaisseur noire des mélancolies… L’auteur d’Armelle a ce don mélodieux du chant auquel on préfère une poésie plus physique, et qui, pour arriver à l’âme, passe par un autre organe que l’oreille.
Sous le marbre de son expression, le vers de Lucrèce ne semble-t-il pas trembler un peu de ce qu’il cache et de ce qu’il exprime ? […] On m’a dit qu’elle fut la femme d’un professeur, et elle-même semble, au premier coup d’œil, une de ces femmes qu’on croirait nées avec une écharpe noire autour du cou, comme ces femmes-professeurs qui en portaient une, autrefois, dans certaines contrées de l’Italie.
Si on lisait pour la première fois Francis Wey, si on ne savait pas à quel système d’idées cet esprit convaincu et ferme s’appuie d’ordinaire, on éprouverait une anxiété singulière en lisant les premières pages de ce livre, écrites avec une impartialité dont l’auteur semble faire une énigme. […] Comme chez de Latouche et Chamfort, ce qui domine chez lui, c’est l’esprit, l’esprit, ce roi en France, qui fera un succès plus grand certainement que celui de Christian à cette chose ravissante, l’Été de la Saint-Martin, mise là, à la fin du volume, à ce qu’il semble pour le finir, et qui en sera la fortune !
Or, il semble que ce soit avec délice et avec recherche que Gravillon a commis cette imprudence-là. […] Mais, quoi qu’il fasse, il y mettra ce fil doré de poésie qui, mêlé à toutes les trames de la vie et de la pensée, semble, en y passant, y glisser comme le scintillement d’une étoile.
Il semble qu’il y était lorsqu’ils l’ont créé.
— Depuis quelque temps, et surtout depuis les deux dernières années, il se fait dans la littérature française et dans la critique un mouvement curieux qui semble annoncer qu’on entre dans une phase et dans une vogue nouvelle.
Sainte-Beuve a voulu sans doute faire allusion à la chanson très-injuste de Béranger intitulée Paillasse (1816), qu’on a dit être dirigée contre Desaugiers ; celui-ci, s’il y a répondu, n’y aurait répondu qu’avec bien peu de fiel par la chanson intitulée le Commis indépendant, qui semblait faire allusion elle-même à la fausse position de Béranger, alors employé dans les bureaux de l’instruction publique.
Henri Barbusse semble tout à fait étranger au mode de concevoir qui fut habituel à la plupart des poètes de l’âge précédent… Par la volonté des dieux propices, il échappa à la contagion d’idées très précieuses par elles-mêmes, mais que l’indécente familiarité des sots avait avilies, comme toujours… De là ce livre où l’on ne retrouve pas l’air de famille ordinaire aux livres de début qui s’impriment en France et en Belgique.
Il a cet accent incisif qui fait que la voix qui parle bas semble descendre au plus profond de nous-mêmes et s’y graver.
Hugo », puis la pléiade des Parnassiens ; mais il ne faisait que de rares tentatives sur un domaine qui lui semblait gardé par d’insurmontables difficultés.
Théophile Gautier M. de Châtillon, bonne fortune que lui envieront tous les poètes, a composé plus d’une de ces chansons qui semblent faites par tout le monde et n’avoir jamais eu d’auteur, telles qu’en inventent les carriers en tournant leur grande roue rouge, les charretiers au tintement des grelots de leur long attelage, les compagnons en brandissant leur canne enrubannée sur le chemin du tour de France, les villageois en versant leur botte pleine de raisin dans la cuve de la vendange, la jeune fille en tirant son aiguille près de la fenêtre que l’hirondelle libre vient agacer de son aile.
Presque tous les vers semblent tombés de la plume d’André Chénier.
Publiciste et critique littéraire, la tournure légère et gauloise de son esprit ne semblait pas révéler en lui le véritable poète qu’il est.
Il semble qu’il soit sorti meurtri de sa lutte avec cette pieuvre énorme et horrible appelée le Travail littéraire, et ses beaux cheveux sont de ceux qui consolent les gens chauves d’être chauves, car on voit que cette noire, lourde, charmante et fabuleuse chevelure le dévore !
Si l’Historien semble quelquefois s’écarter de son sujet, ce n’est que pour y répandre un jour plus lumineux, en rappelant des objets qui tendent à l’éclaircissement du sujet principal.
Les personnes que préoccupent ces graves questions d’art et de poésie ont semblé choisir un moment ses ouvrages comme une arène, pour y lutter.
Ceux qui revenaient de la Terre Sainte, de Sainte-Reine, du Mont-Saint-Michel, de Notre-Dame-du-Puy, et d’autres lieux semblables, composaient des cantiques sur leurs voyages, auxquels ils mêlaient le récit de la vie et de la mort de Jésus-Christ, d’une manière véritablement très grossière, mais que la simplicité de ces temps-là semblait rendre pathétique.
Il n’y a pas une position dans la vie pour laquelle on ne puisse rencontrer, dans la Bible, un verset qui semble dicté tout exprès.
Ils ont ce me semble, la même imagination, le même goût, le même style, le même coloris.
Il semble que le sentiment religieux ait commencé par là. […] Faire de l’homme un dieu nous semble lecontre-pied de la religion. […] Il semble que toute mutation de propriété eût besoin d’être autorisée par la religion. […] Aux yeux des anciens, il ne semblait pas que les suffrages des hommes fussent suffisants pour établir le chef de la cité. […] Il semblait qu’on ne se préoccupât ni de son caractère ni de son intelligence.
— l’Impératrice avait pris soin de marquer les limites précises où il lui semblait que dût s’astreindre l’activité féminine : « Moins les femmes apprennent, plus elles ont de prix. […] Que ne peut-on les suivre ces amants, qui, dans un regard tout mouillé de tendresse, semblaient fondre leur âme et tout à l’heure uniront leur être d’un élan passionné ! […] La destinée pourtant semble prendre pitié d’un si constant amour. […] Femme, doublement femme, elle aboutit aux conclusions de Nietzsche, bien qu’elle semble y contredire. […] Il semble qu’elle soit obligée de prendre à témoin quelqu’un de ceux qui contribuèrent à la formation de son esprit.
En approuvant mes ouvrages, et en m’encourageant à les continuer, il semblait m’associer à son ministère. […] Il me semblait n’avoir plus mie goutte de mon sang qui m’appartînt. […] C’est, ce me semble, au saisissant à répondre des suites d’une saisie mal faite. […] L’esprit du nôtre semble être celui de la liberté. […] Il semble en vérité que toute chose, le bien comme le mal, ait son temps de maturité.
C’est un point de vue qui nous semble avoir échappé à tous ses critiques. […] Son style, plein de pompe et d’harmonie, manque de nuances, de sensibilité et de douceur, tandis que celui de Bernardin de Saint-Pierre, simple comme la nature, semble destiné à la peindre dans sa grâce et dans sa sublimité. […] »3 Ne semble-t-il pas que l’âme du maître ait passé dans celle du disciple ? […] Elle ignorait la nature du sentiment qu’elle avait pour lui ; était-ce un dieu qui lui apparaissait sur la terre dans une forme qui n’avait point d’âge et dont la chevelure blonde semblait parer l’immortalité ? […] il m’a semblé, cette nuit, voir Virginie vêtue de blanc, au milieu de bocages et de jardins délicieux.
Je n’étais pas tout froid ou tout glace pour défendre le pape, comme Eck et ses pareils, qui, véritablement, me semblaient se faire les défenseurs du pape plutôt à cause de leur ventre que parce qu’ils prenaient la chose sérieusement. Il y a plus : encore aujourd’hui il me semble qu’ils se moquent du pape, en épicuriens. […] — « Alors, dit Luther, je me sentis comme rené, et il sembla que j’entrais à portes ouvertes dans le paradis. » Que reste-t-il à faire après cette rénovation du cœur ? […] Il me sembla qu’ils se liguaient tous ensemble pour me bannir du monde. […] Les événements et les discours semblent naître et s’ordonner en lui sans son concours.
Éloigné, par état, de toute prétention littéraire, l’auteur a dit sans art et sans éloquence ce qui lui semble la vérité.
Hippolyte Babou Le fils spirituel du curé d’Arzanno me semble encore plus le descendant d’un autre Breton, de René.
Dujardin écrivit cette extraordinaire trilogie d’Antonia, où plus rien de réel ne subsiste, qui finit par une ode triomphale à l’Absolu et qui semblait donc faite à peine pour les austères et sublimes joies de la lecture solitaire.
Leygues ne s’est, semble-t-il, proposé pour objet que de plaire à la petite tribu des délicats.
Que de vers il éparpilla sous ce beau ciel, que d’improvisations à chaque coin de cette terre bénie, où il semblait aller comme le féerique épagneul des contes de La Fontaine, qui court en secouant des pierreries !
Amédée Pommier, un talent très distinct et très particulier entre tous, dans cette époque qui ne sait pas rire et où les plus grands poètes, Victor Hugo, de Vigny, Lamartine, Auguste Barbier, sont si tristes ou du moins si graves, qu’ils semblent avoir changé le génie français.
Au premier abord il semble qu’on ne puisse parler d’individualisme religieux.
Et pourquoi lui fait-il écraser du talon Masque hideux, dont la bouche effroyable Semble ouverte pour aboyer ?
Il me semble pourtant qu’on peut dire de lui ce que Longin dit d’Hypéride, qu’il est toujours à jeun, & qu’il n’a rien qui remue ni qui échauffe : en un mot, qu’il n’a point cette force de style & cette vivacité d’expression qu’on cherche dans les Ouvrages, & qui les font durer.
Tes Ecrits, il est vrai, sans art & languissans, Semblent être formés en dépit du bon sens : Mais ils trouvent pourtant, quoi qu'on en puisse dire, Un Marchand pour les vendre, & des sots pour les lire.
Aussi semble-t-elle opportune la publication d’un glossaire capable d’aplanir le malentendu et de simplifier l’initiation.
Il ne pouvait atteindre ce but qu’en supprimant, abrégeant ou transposant les passages qui en reproduisaient d’autres sous une forme moins heureuse, ou qui semblaient appelés ailleurs par la liaison des idées.
Une mouche survient et des chevaux s’approche, Prétend les animer par son bourdonnement, Pique l’un, pique l’autre et pense à tout moment Qu’elle fait aller la machine ; S’assied sur le timon, sur le nez du cocher ; Aussitôt que le char chemine, Et qu’elle voit les gens marcher, Elle s’en attribue uniquement la gloire, Va, vient, fait l’empressée ; il semble que ce soit Un sergent de bataille, allant à chaque endroit Faire avancer ses gens et, hâter la victoire. […] Une grenouille vit un boeuf Qui lui sembla de belle taille. […] Il erre çà et là, léger, ailé, sacré, comme dit Platon, dans les prairies poétiques, et, à ce qu’il semble, à l’aventure, mais avec un choix et des préférences qu’il n’aperçoit pas. […] Mais il semble que le destin n’ait autre chose à faire en ce monde qu’à séparer les amis. […] L’homme aussitôt le retira et en fit sortir la couleuvre, lui disant qu’elle pouvait aller où bon lui semblerait, pourvu qu’elle ne nuisît plus aux hommes, après en avoir reçu un si grand bienfait.
On ne pouvait pas dire non plus à quel âge on l’aurait mieux aimée, car chacune des années qu’elle avait traversées semblait avoir laissé une beauté propre à la saison de la vie qui apporte et remporte quelque chose à la femme ; en sorte qu’on ne voyait pas en elle une date, mais une permanence de la beauté accomplie. […] Ce costume semblait être tombé des doigts distraits de la Mode tout exprès pour une personne de cet âge ; l’art de la femme alors est de s’effacer de peur que sa parure ne l’efface ; heure du demi-jour dans les soirs d’automne où l’on n’allume pas encore la lampe pour jouir de ce qu’on appelle familièrement de l’entre chien et loup du jour mourant. […] La France, fauchée à nu par la Révolution, décimée de grandeur intellectuelle et de liberté par l’Empire, semblait pressée d’éclore sous la Restauration, comme si la nature eût compris que la saison serait courte et qu’il fallait se hâter de fleurir. […] Elle semblait prédestinée par là à être un jour l’amie de M. de Chateaubriand, le poète des sensations religieuses plus que des convictions théologiques. […] Tout le monde semblait avoir à communiquer à tout le monde un superflu de bonheur qui allait jusqu’au délire de vivre.
Là se présentent des appuis de fenêtre usés, noircis, dont les délicates sculptures se voient à peine, et qui semblent trop légers pour le pot d’argile brune d’où s’élancent les œillets ou les rosiers d’une pauvre ouvrière. […] Les avaricieux en avaient une sorte de certitude en voyant les yeux du bonhomme, auxquels le métal jaune semblait avoir communiqué ses teintes. […] Il n’allait jamais chez personne, ne voulait ni recevoir ni donner à dîner ; il ne faisait jamais de bruit, et semblait économiser tout, même le mouvement. […] À l’âge de vingt-deux ans, la pauvre fille n’avait pu se placer chez personne, tant sa figure semblait repoussante ; et certes ce sentiment était bien injuste : sa figure eût été fort admirée sur les épaules d’un grenadier de la garde ; mais en tout il faut, dit-on, l’à-propos. […] « — Étais-je libre, oui ou non, d’en faire ce que bon me semblait ?
Cette philosophie a un accent de familiarité à la fois confidentielle et sublime qui semble rapprocher la voix de l’homme de l’oreille de Dieu, et la voix de Dieu de l’oreille de l’homme. […] Il est difficile de juger au vrai si c’est le bon ou le mauvais esprit qui vous pousse à désirer ceci ou cela, ou si c’est un mouvement de votre esprit ; plusieurs ont été trompés à la fin, qui semblaient d’abord conduits par le bon esprit. […] XII Le livre qui contient cette philosophie dans les temps modernes nous semble une des plus hautes expressions de l’esprit humain par la parole écrite. […] Ils semblaient, pendant leur vie, être quelque chose, et maintenant on n’en parle plus. […] XXIX Est-ce la philosophie antique (j’excepte celle de l’Inde, qui semble découler de l’arbre de vie planté dans l’Éden de l’Himalaya) ?
Il semble que l’esprit d’examen se précipitât avec fureur dans la voie étroite qui seule lui restait ouverte. […] On se gardait de changer, de corriger un mot aux manuscrits ; on n’osait contredire des assertions infaillibles ; il semblait qu’il n’y eût plus rien à découvrir après lui et qu’on fût réduit pour jamais à coudre des commentaires admiratifs à cet Évangile philosophique. […] Elles reparaissent, depuis une quinzaine d’années, avec une abondance qui semble promettre, pour le début du xxe siècle, une profonde transformation sociale qui pourrait bien être l’organisation de la démocratie française. […] Il semble qu’ils soient élevés pour les orageux débats du Forum, pour les gloires retentissantes de la tribune. […] Ce dernier enseignement peut sembler superflu, si l’on pense que cette lettre est écrite par Camille Desmoulins et adressée à Robespierre. — « Il n’y avait pas grand effort, écrit un autre162 (c’est Charles Nodier), à passer des études du collège aux débats du Forum.
Mais vous semblez bien pressé d’étudier. […] Vous êtes, ce me semble, un peu en contradiction avec vous-même. […] Puis il nous semble que Beethoven, éperdu de cette profonde joie intime, jette au monde extérieur un regard pénétré d’une indicible sérénité. […] Les conceptions du Maître presque entièrement pénétrées de la plus sublime sérénité, appartiennent, comme nous l’avons vu, spécialement, à cette période de son isolement bienheureux, où l’arrivée de la pleine surdité semble l’avoir entièrement dérobé au monde de la douleur. […] Sur les scènes soumises à l’influence de la mode, le théâtre était devenu une affaire de pure spéculation. « L’héritage classique » était dissipé ; la musique seule semblait prospérer ; mais dans l’opéra moderne, Rossini triomphait sur Beethoven, et Meyerbeer sur Weber.
Elle a été le Romantisme, et le Réalisme, et le Naturalisme, et le Dilettantisme ; elle semble devenir, aujourd’hui, décidément, le Pessimisme. […] C’est pourtant la stricte vérité : ainsi que l’on considère le réveil de Brunnhilde, l’une des meilleures scènes de la partition française, comme musique et comme livret, et celle sur laquelle elle semble avoir été calquée, c’est-à-dire cette resplendissante scène dernière de Siegfried ! […] C’est déjà trop que les librettistes aient semblé copier leur livret sur les scènes principales de la Tétralogie, du commencement au dénoument. […] De même encore, cette représentation consciente de l’Idée du Monde dans le Drame semble être faite au moyen de cette loi intérieure de Musique, qui agit, mais inconsciente, chez le Dramaturge, à la façon de cette loi, d’ailleurs inconsciente, de la Causalité, qui nous sert à l’Aperception du Monde de l’Apparence. […] Nous avons nommé la musique une Révélation du rêve rêvant l’essence du monde ; et Shakespeare nous semble, maintenant, vivre, dans la Veille, le Rêve de Beethoven.
Pourquoi l’animal qui a peur semble-t-il « faire le mort » ? […] Si d’ailleurs la vue, l’ouïe et l’odorat semblent fonctionner à distance, c’est une simple apparence, puisqu’il y a toujours un milieu en contact immédiat avec l’organe. […] Les sensations cutanées semblent dépourvues d’accommodation, mais c’est peut-être une simple apparence. […] IV Subjectivité de l’idée d’espace Il semble à première vue que l’on pourrait se figurer un monde sans espace, en supprimant par l’imagination ce qu’ont de particulier les sensations motrices et en ne conservant que les idées d’activité et de passivité, de temps, avec les notions dérivées de succession et de coexistence. […] La théorie proposée par Sergi pour expliquer la perception par ces ondes nerveuses centrifuges, revenant des centres vers les organes sensoriels, si elle n’est pas encore démontrée, nous semble du moins très plausible ; en tout cas, le contraire n’est pas non plus démontré.
C’est qu’en Savoie, où toute imposition est assise sur les fonds, la population est telle que tout le pays ne semble qu’une grande ville. […] J’avais jetté hors du sallon des ouvrages que j’ai retrouvés seuls, isolés, et pour lesquels il m’a semblé que j’avais eu trop de dédain. […] Le phénomène s’explique beaucoup mieux, ce me semble, par l’inspiration des grands modèles toujours présens en Italie. […] Cette pyramide de lumière qui se discerne si bien dans tous les lieux qui ne sont éclairés que par elle, et qui semble comprise entre des ténèbres en deçà et en delà d’elle, est supérieurement imitée. […] Qui est-ce qui sait ce que nature même semble ignorer, introduire les formes de l’âge avancé et conserver la vie de la jeunesse ?
. — Sur le milieu du second, une femme nue et debout, tord ses cheveux d’où dégouttent les derniers pleurs de l’eau salutaire et fécondante ; une autre, nue à moitié couchée, semble comme une chrysalide, encore enveloppée dans la dernière vapeur de sa métamorphose. — Ces deux femmes, d’une forme délicate, sont vaporeusement, outrageusement blanches ; elles commencent pour ainsi dire à reparaître. — Celle qui est debout a l’avantage de séparer et de diviser symétriquement le tableau. […] Appert L’Assomption de la Vierge a des qualités analogues — bonne peinture — mais la couleur, quoique vraie couleur, est un peu commune. — Il nous semble que nous connaissons un tableau du Poussin, situé dans la même galerie, non loin de la même place, et à peu près de la même dimension, avec lequel celui-ci a quelque ressemblance. […] Bref, il nous semble que M. […] Corot, il nous semble qu’il y a ici un petit préjugé à relever. — Tous les demi-savants, après avoir consciencieusement admiré un tableau de Corot, et lui avoir loyalement payé leur tribut d’éloges, trouvent que cela pèche par l’exécution, et s’accordent en ceci, que définitivement M. […] Wickemberg peint toujours très-bien ses Effets d’hiver ; mais nous croyons que les bons Flamands dont il semble préoccupé ont une manière plus large.
Il semblait qu’un sujet ainsi traité ne dût fournir qu’un acte. Mais c’est le caractère du vrai génie, de répandre sa fécondité sur un sujet stérile, et de varier ce qui semble uniforme. […] Si on osait encore chercher dans le cœur humain la raison de cette tiédeur du public aux représentations du Misanthrope, peut-être les trouverait-on dans l’intrigue de la pièce, dont les beautés ingénieuses et fines ne sont pas également vives et intéressantes ; dans ces conversations même, qui sont des morceaux inimitables, mais qui n’étant pas toujours nécessaires à la pièce, peut-être refroidissent un peu l’action, pendant qu’elles font admirer l’auteur ; enfin dans le dénouement, qui, tout bien amené et tout sage qu’il est, semble être attendu du public sans inquiétude, et qui venant après une intrigue peu attachante, ne peut avoir rien de piquant. […] Les vers libres sont d’autant plus malaisés à faire, qu’ils semblent plus faciles. […] Cette comédie, qui est mise par les connaisseurs dans le rang du Tartuffe et du Misanthrope, attaquait un ridicule qui ne semblait propre à réjouir ni le peuple, ni la cour, à qui ce ridicule paraissait être également étranger.
La raison en est simple, et c’est en insistant sur elle que je ferai, me semble-t-il, le mieux comprendre la nature propre et le caractère authentique de la critique professionnelle. […] En réalité la tradition est tellement invétérée qu’elle semble presque inhérente au genre lui-même. […] Cette simplicité de mœurs semble ramener l’âge d’or. […] Une autre famille d’esprits critiques, allemands, anglais, français, ont, semble-t-il, et dans une moindre mesure, fixé le goût en matière de littérature shakespearienne et romantique. […] Il ne semble pas que la critique classique, même après la querelle des Anciens et des Modernes, ait sérieusement utilisé cette idée de génération.
Ce sont bien des confidences, en effet, ces poèmes où le rythme semble dérouler tout ce qui, dans la nature, souffre, s’effraie et s’atténue : l’automne et les suprêmes parfums passant dans le sillage des départs ailés ; les couchants dont des nuages en fuite pansent la gloire meurtrie ; les yeux stagnants des vieilles résignant, songe à songe, leur vie ; les vaisseaux que cerne la brume marine ; les pleurs que font tinter dans l’air les clochers exhalant l’Angélus ; — et la mélancolie du Désir, nostalgique et toujours inassouvi, qui supplante aux fins de l’étreinte la fougue lassée du déduit.
Marc Legrand « Lorsque nous contemplons l’antiquité avec le désir sincère de la prendre pour modèle, il nous semble que, dès ce moment seulement, nous comprenons notre dignité. » Ce mot de Goethe se vérifie à lire le recueil que M.
Le poète nous apprend que sa bien-aimée, paysanne comme la Marie de Brizeux, avait dix-huit ans et se nommait Anne-Marie… Le poète semble bien croire que, si l’amour est bon, la mort est meilleure.
Sainte-Beuve Si l’on considère aujourd’hui le talent et les poésies d’Hégésippe Moreau de sang-froid et sans autre préoccupation que celle de l’art et de la vérité, voici ce qu’on trouvera, ce me semble : Moreau est un poète ; il l’est par le cœur, par l’imagination, par le style, mais, chez lui, rien de tout cela, lorsqu’il mourut, n’était tout à fait achevé et accompli.
Ses Successeurs suivent aujourd’hui les mêmes traces, si l’on en excepte celui qu’on a chargé de la partie purement littéraire de ce Journal, qui semble avoir pris à tâche, depuis quelque temps, de ne louer que les Ouvrages des Auteurs Philosophes, & de critiquer avec amertume tout ce qui ne porte pas la livrée philosophique.
Au reste, si nous jugeons cet Orateur avec sévérité, c’est pour préserver de ses défauts M. l’Abbé Boulogne, un des ses Eleves & son Compatriote, qui semble l’avoir pris pour modele dans sa composition, & dont les talens, mieux dirigés, nous paroissent propres à le surpasser.
Il me sembla donc que, sans rejeter inconsidérément les observations (qualifiées mal à propos de règles) grammaticales, il fallait du moins ajouter un nouveau principe à ceux qui guident l’étude des langues, le principe esthétique.
Il lui a semblé que la cause de cette monotonie était dans l’abus des apostrophes, des exclamations, des prosopopées et autres figures véhémentes que l’on prodiguait dans l’Ode ; moyens de chaleur qui glacent lorsqu’ils sont trop multipliés, et étourdissent au lieu d’émouvoir.
Pour regarder les tableaux des autres, il semble que j’aie besoin de me faire des yeux ; pour voir ceux de Chardin, je n’ai qu’à garder les yeux que la nature m’a donnés, et m’en bien servir.
Il m’a semblé qu’il y avait du goût, même de la poésie, dans cette composition ; du luxe, de la couleur, qu’une urne dont je n’ai pas parlé et qui est parmi les fruits, et que le vase étaient bien peints ; le vase de belle forme et de belle proportion, le ramage de verdure jetté avec élégance, et les fleurs et les fruits bien disposés pour l’effet.
Dans les cas exceptionnels où une vague spontanéité s’y manifeste, il semble qu’on assiste au réveil accidentel d’une activité normalement endormie. […] Il semble que le reste du corps ait soutenu le système nerveux jusqu’à la dernière extrémité, se traitant lui-même comme un simple moyen dont celui-ci serait la fin. […] De ces deux facultés, la première semble d’abord bien préférable à l’autre. […] ou, au contraire, ce qu’il y a de proprement vital dans le vivant ne semble-t-il pas reculer au fur et à mesure qu’on pousse plus loin le détail des parties juxtaposées ? […] L’intuition, au premier abord, semble bien préférable à l’intelligence, puisque la vie et la conscience y restent intérieures à elles-mêmes.
Mais d’autre part le désordre, qui nous paraît être moins que de l’ordre, serait, semble-t-il, de droit. […] Et cet état de choses, je croirai y penser, parce qu’il est impliqué, semble-t-il, dans la contingence même de l’ordre, qui est un fait incontestable. […] Elle aurait pu, elle aurait dû, semble-t-il, être aussi intuition. […] Il semble qu’à conquérir la matière, et à se reconquérir sur elle-même, la conscience ait dû épuiser le meilleur de sa force. […] Car, avec elle, nous ne nous sentons plus isolés dans l’humanité, l’humanité ne nous semble pas non plus isolée dans la nature qu’elle domine.
Je ne sais trop si M. de Meilhan est exact en ce point et si l’on peut dire que l’Antiquité grecque et romaine ressemble à un génie mort jeune et intercepté avant le temps : il me semble au contraire que les Grecs, et les Romains qu’en ont hérité, ont eu leur cours naturel d’existence et leur âge tout rempli ; qu’ils ont eu, eux aussi, leur épuisement et leur décadence sous des formes monstrueuses ou subtiles, et que, si la civilisation avait à être utilement continuée et renouvelée, ce ne pouvait plus être à la fin par eux. […] Il reconnaît que « la Révolution de la France semble être celle de l’esprit humain » ; et il cherche en quoi cette Révolution peut consister. […] Ce livre me semble un des meilleurs de cette littérature de l’émigration, et il est instructif encore aujourd’hui.
Il me semble que dans ces pages d’Argenson s’élève, et qu’après avoir donné l’idée de quelque homme de bien et de quelque Turgot ministre, il va jusqu’à embrasser l’idéal d’un Richelieu et d’un Pitt, d’un de ces puissants serviteurs du monarque, du public et de la patrie, et qui ne distinguent plus leur égoïsme personnel de la grandeur et de l’intérêt universel ; et il y oppose moins encore son propre frère que la race de ces hommes politiques du xviiie siècle, qui avaient presque tous en eux du Maurepas, c’est-à-dire quelque chose de radicalement léger et frivole, de fat, de moqueur, de non sérieux, et, avec de l’habileté quelquefois et beaucoup d’esprit, le contraire du grand18. […] Dans le monde, dans les lettres, depuis Fontenelle, La Motte, Marivaux, Duclos, Maupertuis, jusqu’à Voltaire lui-même ; depuis les Richelieu, les d’Ayen, les Duras, les Forcalquier, les Maurepas, jusqu’à M. de Choiseul, c’était un genre que la finesse, surtout la finesse caustique, l’épigramme continuelle, l’ironie, épouvantail du simple et du bien, ennemie mortelle du grand ; « et la politesse semblait ne réprimer toute violence extérieure que pour faire germer davantage la noirceur intérieure ». […] — Il me semble qu’il n’y a plus aujourd’hui d’hommes d’esprit et de conversation, comme dans ma jeunesse.
Les républicains n’ont pas pris le change : si quelques droits précieux ont été passagèrement suspendus, si quelques formes ont été violées, si quelques parties de la liberté ont été froissées, nous en accusons le royalisme ; c’est lui qui nous a poussés dans ces défilés où le danger semblait motiver l’oubli momentané de la loi. […] — Lorsque, dix-huit ans après, Napoléon, à son retour de l’île d’Elbe, fit appeler Benjamin Constant aux Tuileries (14 avril 1815) et le désigna pour dresser et rédiger l’Acte additionnel, il semble vraiment n’avoir fait que renouer cette relation ancienne, en être tout d’un coup revenu en idée à ce Benjamin Constant antérieur, et avoir mis à néant et en complet oubli quatorze années d’hostilité déclarée et de guerre. […] Armand Carrel, dans le National du 12 décembre 1830, consacra quelques lignes à la mort de Benjamin Constant ; mais cet article où le journaliste se représente, lui et son parti, comme si pressés par les événements, qu’on n’a pas même le temps de pleurer et de célébrer ses morts, semble trop avoir pour but d’éluder un plus complet éloge.
C’est une dette que je me reprochais de n’avoir pas encore payée à l’un de nos confrères les plus distingués en art et en poésie, connu et aimé de tous, pas assez connu et apprécié, ce me semble, dans quelques-unes de ses branches les plus rares et les plus perfectionnées. […] Tout cela est fin, ironique, moqueur ; et l’ironie y est si bien distillée et filée que celui qui la répand semble parfois le même que celui aux dépens de qui elle se joue. […] Je ne voudrais pas faire le prophète, mais il me semble que Théophile Gautier est mûr pour l’Académie ou que l’Académie est mûre pour Gautier.
Ces architectes laïques, dans leur fièvre de construction et d’art, semblaient avoir pris pour devise et avoir inscrit sur leur bannière, comme cet intrépide voyageur de la poésie de Longfellow : Excelsior ! […] Que t’en semble-t-il, je t’en prie ? […] Je ne sais si je puis avoir un avis en matière si interdite aux profanes, mais il me semble que tressoir ici veut dire tout autre chose encore que démêloir : ce doit être quelque chose de plus fin.
Je m’explique bien vite : l’art dont nous sommes ne s’en va pas, si vous le voulez ; mais il se généralise et il s’étend de plus en plus et à un tel degré, ce me semble, qu’il s’efface déjà à vue d’œil et que ce sera de moins en moins une distinction d’y exceller. […] On lui donne la naissance, et il vous la rend ; car il fait renaître votre âme de ses cendres, de ses débris… Il la ranime, il la recrée, il la transporte… Avec ses petits cris d’oiseau joyeux, il semble lui donner des ailes. […] Deschanel, semble avoir tenu en effet à me réfuter presque aussitôt, et quelques mots de bienveillance, que j’ai surpris un matin sous sa plume, m’ont prouvé que, même dans ses sévérités habituelles de ton, il n’avait pas autant de parti pris que je l’avais supposé.
Pour nous, il nous a semblé que dans ce grand dépouillement du passé, qui se fait de toutes parts et sur toutes les existences, c’était peut-être l’occasion de confier au public ce que depuis longtemps nous savions de la vie première, de l’enfance, des débuts et de l’éducation morale du poëte, notre ami, dont le nom se popularise de jour en jour. […] L’incertitude planant sur les premières années d’un grand homme semblera peut-être à certaines gens plus poétique : pour moi, je ne vois pas ce que perdraient Corneille et Molière à ce que leurs commencements fussent mieux connus. […] Les romans, les vers, la littérature, étaient devenus l’aliment des conversations, des loisirs ; et mille indices, éclos comme un mirage à l’horizon, et réfléchis à la surface de la société, semblaient promettre un âge de paisible développement où la voix des poëtes serait entendue.
La poésie de Boileau2 Un « homme d’esprit » disait de la poésie de Boileau : « Il y a deux sortes de vers dans Boileau : les plus nombreux qui semblent d’un bon élève de troisième, les moins nombreux qui semblent d’un bon élève de rhétorique. » — « L’homme d’esprit qui parle ainsi, riposte Sainte-Beuve, ne sent pas Boileau poète, et, j’irai plus loin, il ne doit sentir aucun poète en tant que poète. » Car où est le mérite de sentir la poésie de La Fontaine, ou de Chénier, ou de V. […] Même il ne recule pas devant la conséquence extrême où semble devoir toujours descendre l’art réaliste : l’expression de la réalité vulgairement hideuse ou répugnante.
François Ier est assez ignorant, léger, superficiel : il semble qu’en fait d’art il ait eu surtout le sens du décor, surtout du décor mondain et fastueux. […] Les dominicains, pour l’intérêt des études théologiques et de leurs missions lointaines, semblent s’être préoccupés du grec, comme de l’hébreu : on a d’eux quelques traductions faites sur les originaux. […] Ces essais, semble-t-il, ne se soutiennent pas ; et Tifernas, qui mourut quelques années après en Italie, ne fut pas remplacé.
J’ai dit que l’ame aime la variété ; cependant dans la plûpart des choses elle aime à voir une espece de symmétrie ; il semble que cela renferme quelque contradiction : voici comment j’explique cela. […] Il me semble que c’est un effet principalement fondé sur la surprise. […] Rien n’est plus propre à faire sentir cette magie & ce pouvoir des graces, qui semblent être données à une personne par un pouvoir invisible, & qui sont distinguées de la beauté même.
Le domaine économique semble par définition indifférent aux religions et aux morales et par là-même soustrait à la mainmise de l’Esprit prêtre, ce grand ennemi de l’individualité. […] Faut-il aller toutefois jusqu’à nier complètement l’originalité individuelle dans l’invention industrielle comme semble le faire M. […] — On doit faire ici, ce semble, une remarque analogue à celle que nous avons faite précédemment à propos d’une opposition d’intérêts relevée par Fourier dans la production.
Nominaliste de doctrine, mais réaliste de cœur, il semble n’échapper au nominalisme absolu que par un acte de foi désespéré. […] Mais je me plains d’abord que la frontière n’ait été tracée ni d’une manière exacte, ni d’une manière précise ; et ensuite que l’auteur ait semblé sous-entendre que le fait brut, n’étant pas scientifique, est en dehors de la science. […] Après ce qui précède, il semble superflu de rechercher si le fait brut est en dehors de la science, car il ne peut pas y avoir, ni science sans fait scientifique, ni fait scientifique sans fait brut, puisque le premier n’est que la traduction du second.
En quittant l’hôpital, il semblait que nous fussions déjà de vieux amis. […] Baju fut si décrié qu’il me semble bon d’insister et d’opposer à ses détracteurs l’opinion de Paul Verlaine. […] « Nous postposerons, à la suite, des variantes contradictoires propres, comme il nous semble, pour atténuer les lacunes et masquer les effondrements, heureux si nous érigeâmes ce “Grande signum et insigne” qu’atteste, dans une prose épiphanique, le Missel de Cluny, si nous pûmes restituer aux Lettres humaines ces Reliquaires jusqu’alors épars : les Rythmes effeuillés du Divin Jeune Homme, pareils aux clous d’or que sème, en la frappant du pied, l’Hippogriphe conculcateur de l’Omnipotente Béotie.
Il semble que, Dieu ayant donné la raison aux hommes, cette raison doive les avertir de ne pas s’avilir à imiter les animaux, surtout quand la nature ne leur a donné ni armes pour tuer leurs semblables ni instinct qui les porte à sucer leur sang. » Ces mêmes obstinés, trouvant étrange qu’on offrît pour modèles à l’humanité les loups et les ours, ont dit encore : Quand même l’histoire prouverait que de grands empires d’autrefois se sont formés par ce vol à main armée qu’on appelle la conquête, quand même de grands empires d’aujourd’hui ne seraient qu’une agglomération de provinces ou de colonies soudées de force ensemble, s’ensuit-il que le passé puisse servir de règle à l’avenir et qu’il soit permis de confondre ce qui a été ou ce qui est avec ce qui doit être ? […] Il semble que l’on s’achemine doucement vers cette conclusion : le livre est justiciable de la conscience des lecteurs ; il ne relève de la loi qu’en des cas très exceptionnels, par exemple quand il prend le caractère d’une tentative avérée de corruption sur des mineurs. […] Il y a là comme une contagion d’émotions qui circule dans les rangs d’une foule et qui semble à certains moments créer une âme unique à cet être multiple.
L’art lui devient suspect ; tout ce qui brille lui semble mauvais ; les grands mouvements comme le grand éclat sont proscrits. […] Il semble que la littérature désagrège lentement en la religion ce qu’elle a de dogmatique et d’impératif, ce qui en est comme la charpente osseuse. Il semble en même temps qu’elle dégage et rende de plus en plus visible ce qui en est l’âme, l’essence, je veux dire le sentiment religieux qu’éveille soit notre ignorance de l’origine et de la fin des êtres, soit le contraste de notre existence éphémère et de notre faiblesse avec la perfection et l’éternité que nous rêvons.
Les écrivains dramatiques du temps semblent convaincus que l’homme est le même dans tous les siècles et sous toutes les latitudes ; frappés par cette moitié de vérité, que le fond des sentiments ne change guère au cours des siècles, ils négligent de parti pris l’autre moitié, à savoir, que la forme, la combinaison et l’intensité de ces mêmes sentiments sont dans une mue incessante. […] L’action semble se passer n’importe où, n’importe quand, entre des âmes qui n’ont des corps que par une vieille habitude ; le décor est réduit au minimum ; la mise en scène est simplifiée à l’extrême ; l’extérieur des personnages n’est pas ce qui doit intéresser, leur vie interne a seule droit à l’attention ; et encore dans la peinture de leurs pensées et de leurs sentiments ne veut-on exprimer par des formules définitives que l’essence de la nature humaine. […] Mais, en ce cas même, il semble que l’historien doive dans chaque époque, jeter en avant les genres qui ont alors le mieux réussi.
Plus sa tendresse pour son fils augmente, plus il semble que son amour pour la mère diminue ; ce n’est plus que comme un premier goût. […] Elle semblait leur payer une dette en s’élevant par le mérite qu’elle avait acquis dans leur commerce et leur intimité ; et cette société illustre se sentait dignement récompensée de l’honnêteté de ses mœurs, de la culture de ses facultés, par le prix qu’en recevait une d’elles. […] Cela ne sied plus : il porte une perruque, l’habit serré, le bas uni, et il est dévot. » Il le représente assistant à la célébration des saints mystères, « le dos tourné directement aux autels, les faces élevées vers leur roi que l’on voit à genoux sur une tribune, marque d’une sorte de subordination, puisqu’ils semblent adorer le prince, et le prince adorer Dieu. » Les mœurs dévotes ne seront pas moins remarquables à la ville qu’à la cour.
Philiberte se ressent de ce voisinage ; à ce mot seul, il me semble voir un bonnet qui s’envole du côté des moulins à vent. […] Mozart vendait bien sa musique, et Mozart, il me semble, était bien un aussi grand seigneur que M. […] Il me semble qu’après tant de critiques et de contestations, vous pourrez nous croire lorsque nous vous répéterons que cette comédie mal faite est née viable, malgré tout, et qu’elle contient des scènes charmantes, d’heureux détails et des fusées de saillies qui étincellent aux oreilles.
Mon point de vue d’ailleurs est restreint, et, sans fuir ce qui me semble à dire en politique, je me bornerai le plus possible à ce qui est de la langue et du goût. […] Il me semble que rien ne répand de la clarté dans les idées d’un auteur, comme les rapprochements, les images. […] Camille se croyait lui-même une des plus solides parties de ce rocher inébranlable qui semblait dire aux flots : « Vous n’irez pas plus loin !
Il écrivait au jour le jour, par besoin, par nécessité, s’aidant de tous les moyens à sa portée : « Il semble que ma fatale destinée soit d’être toujours obligé de tout faire en vingt-quatre heures. » Pourtant, à travers les inégalités et les obstacles, sa puissante nature intérieure suivait sa pente et poussait sa voie. […] Je laisse quelques phrases communes sur son « sixième lustre », sur le « livre de la vie » d’où il est « retranché », de même que plus haut j’ai laissé passer le « bec dévorant du vautour » auquel il est « livré », le coup de foudre qui « a ouvert la nuée », etc. : ce sont de ces images qui semblent usées chez l’écrivain, mais qui, larges et pleines, et sonores, ont toujours leur effet dans la bouche de l’orateur. […] » Le souffle poétique, ce qui est rare chez Mirabeau, semble avoir passé en cet endroit, et en cet autre encore : « Si vous me redonnez la liberté, même restreinte, que je vous demande, la prison m’aura rendu sage ; car le Temps, qui court sur ma tête d’un pied bien moins léger que sur celle des autres hommes, m’a éveillé de mes rêves. » Ailleurs, parlant non plus à son père, mais de son père, il dira par un genre d’image qui rappelle les précédentes : « Il a commencé par vouloir m’asservir, et, ne pouvant y réussir, il a mieux aimé me briser que de me laisser croître auprès de lui, de peur que je n’élevasse ma tête tandis que les années baissent la sienne. » On a refusé l’imagination proprement dite à Mirabeau ; il a certainement l’imagination oratoire, celle qui consiste à évoquer les grands noms historiques, les figures et les groupes célèbres, et à les mettre en scène dans la perspective du moment : mais, dans les passages que je viens de citer, il montre qu’il n’était pas dénué de cette autre imagination plus légère, et qui se sent de la poésie.
Tout semble indiquer que ce fut là l’effet que produisit sur Mme de Lambert le mauvais exemple de sa mère. […] Ses petits écrits parurent de son vivant et d’abord sans sa participation, bien que, par le soin extrême de rédaction qu’elle y avait mis, elle semble avoir eu en vue le public. […] Il semble que l’âme du voluptueux lui soit à charge. » Et à sa fille, sur le même sujet, et dans une recommandation pareille : « Fuyez les spectacles, les représentations passionnées.
Le président répond à ses propositions point par point, avec exactitude et précision, en homme d’affaires et en y mêlant de l’homme d’esprit ; il touche très bien l’endroit délicat, et qui fait désirer à Voltaire de n’être pas tout entier à la merci de Genève : « Il faut être chez soi… Il ne faut pas être chez les autres… Vous ne sauriez croire combien cette république me fait aimer les monarchies. » À la réponse précise et catégorique du président, Voltaire semble oublier ce qu’il a proposé lui-même ; il recule, il hésite, et substitue comme par négligence d’autres propositions aux premières. […] Mais, au moment où elle allait éclater et où déjà le président lui avait écrit une lettre polie et ferme, Voltaire, selon un procédé qui lui était habituel, se jeta dans une question plus générale, et qui semblait intéresser l’humanité : Il ne s’agit plus ici, monsieur, écrivait-il de Ferney (30 janvier 1761), il ne s’agit plus de Charles Baudy et de quatre moules de bois (notez comme, sans en avoir l’air, il glisse quatre au lieu de quatorze), il est question du bien public, de la vengeance du sang répandu, de la ruine d’un homme que vous protégez, du crime d’un curé qui est le fléau de la province, et du sacrilège joint à l’assassinat… Hélas ! […] Il me semble que, dans ses lettres à Voltaire, et quand il est question des chances plus ou moins favorables du marché à vie, il revient un peu trop fréquemment sur l’éventualité, toujours désagréable, de la mort.
Je ne me sens pas de corps, et ma cervelle me semble à l’état de gaz. […] * * * — C’est curieux, ces aquarelles de Gustave Moreau, ces aquarelles d’orfèvre-poète, qui semblent lavées avec le rutilement des trésors des Mille et Une Nuits. […] Dimanche 26 juin Quand on devient vieux, il se glisse dans vos yeux quelque chose, qui enlève de la vie vivante aux femmes et aux hommes, sur lesquels vont vos regards, et aujourd’hui il me semblait voir sur mon chemin, dans de la lumière ensoleillée, les gens non tels qu’ils étaient, mais ainsi qu’on verrait passer des hommes et des femmes à travers les rideaux de tulle d’une croisée.
Il semble qu’il y ait de l’importunité dans une trop grande présence. […] Il semble qu’il ait une commission à faire de quelqu’un qui n’est pas l’homme. […] Le canon éclate, le rideau tombe, on découvre la statue qui semble dire : Enfin !
C’est celle en effet qui a eu long-tems le plus de cours pour l’usage ordinaire, mais elle a été, ce semble, entraînée dans la chûte des Jésuites, quoiqu’elle méritât d’être conservée par l’esprit d’analyse qui y regne. […] Il est louable de savoir bien écrire sa propre langue ; mais il ne l’est pas moins, ce semble, de la bien prononcer ; & c’est ce qu’on rencontre difficilement sur-tout en Province. […] Quelques-unes peut-être sont trop subtiles, d’autres en petit nombre, sembleront un peu arbitraires ; mais la plûpart sont également simples & naturelles.
Au-devant du massif, jeune homme s’avançant bêtement vers une vieille qui le regarde et semble lui dire : " c’est l’oiseau de ma fille. " au pied du bassin, vers la gauche, cette fille est étendue à terre, la tête et la partie supérieure du corps tournés vers le porteur d’oiseau et le bras droit appuyé sur sa cage ouverte. […] Ils regardent l’un et l’autre vers le même côté, ils semblent écouter et ils écoutent en effet un jeune musicien qui joue à quelque distance d’une espèce de mandoline. […] Il me semble que celui où le jeune homme lit la lettre, où il s’attendrit, où le cœur lui bat, où il retient la vieille par le bras, où le trouble et la joie se confondent sur son visage, où la vieille qui s’y connaît l’observe malignement valait beaucoup mieux à rendre.
Quand je lui échappai enfin, à vingt-cinq ans, mon ignorance et mes scrupules me barraient plus d’un joli sentier : Anatole France, et Apollinaire me semblaient coupables et lointains autant qu’une Cléo de Mérodeg ou qu’une Emilienne d’Alençonh. […] Il semblait s’étonner de cette justice et ajoutait un peu douloureusement : « Il paraît que vous m’avez attaqué dans les Ecrits Nouveauxv ». […] Rien ne berce mon cœur oppressé ni l’abri presque inespéré de ce manoir de Brestenbergw qui vous accueille avec ses fenêtres d’idylle et ses délicatesses de boiseries anciennes, ni au bout du lac cet antique fief prodigieux qui sommeille sur les eaux comme la Silhouette intacte d’un Géant-Chevalier ni tout près de moi la présence d’une amie attentive, née au pays des tulipes et qui portant au bout d’une longue tige un peu raide le délicieux calice de son visage, semble la sœur même de ces fleurs maladroites et belles.
Vinet sur Bourdaloue ; sa vue sur le jésuitisme, qui n’est qu’une aggravation du catholicisme, me semble très-juste, très-féconde ; c’est ce qui peut s’observer en France aujourd’hui.
Aucun témoignage, en effet, ne nous semble mériter plus de poids que celui de M. d’Ault, et par la situation intime de laquelle il a vu, et par l’esprit éclairé autant qu’attentif qu’il y a porté, et enfin par la véracité de sa parole.
La seconde place vacante à l’Académie par la mort de M. l’archevêque de Paris a suscité jusqu’ici peu de compétiteurs : il semble qu’on ait senti qu’une haute décence venait ici se mêler à la littérature et la dominer en quelque sorte, pour restreindre les choix.
Fernand Séverin font souvenir de ceux de Racine et de Shelley, de Chénier et de Keats et quelquefois de ceux de Lamartine ; mais, comme la déplorable bien que judicieuse manière de comparer une œuvre peinte à une œuvre écrite prévaut quelquefois et exprime d’une façon plus exacte les beautés qui les caractérisent, il nous semblerait donner une idée des poèmes de M.
Il me semble plus modeste et plus sage de nous en tenir à la méthode inductive, de partir pour le moment de faits bien et dûment constatés, en nous élevant petit à petit à ces faits généralisés que l’on appelle des lois.
Nous connoissons de lui plusieurs Ouvrages de Poésie qui nous ont paru très-estimables, mais dont la gloire semble le toucher peu.
Toute chose dont l’esprit peut mesurer l’étendue est petite : le cercle, qui chez les anciens exprimait l’éternité, pouvait être une image grande et vraie ; cependant il nous semble qu’elle tue l’imagination, en la forçant de tourner dans ce cerceau redoutable.
Une fois occupé de ce travail, j’ai voulu développer quelques autres idées qui me sont survenues et ne m’ont pas semblé sans une certaine utilité.
Un livre qui, pour ainsi dire, déploïeroit le coeur humain dans l’instant où il est attendri par un poëme, ou touché par un tableau, donneroit des vûës très-étenduës et des lumieres justes à nos artisans sur l’effet general de leurs ouvrages qu’il semble que la plûpart d’entre eux aïent tant de peine à prévoir.
L’immobilité ne tarda guère à leur sembler insupportable.
Il n’en reste pas moins vrai qu’à se tenir dans les limites de l’art grec et de cette incomparable poésie proclamée si unanimement un modèle de grandeur et de grâce, on peut aller très-loin, beaucoup plus loin qu’on ne le suppose d’ordinaire ; des traductions senties, fidèles, fidèles à l’esprit non moins qu’à la lettre des textes, et légèrement combinées avec les nécessités comme aussi avec les ressources de notre propre langue, feraient faire à celle-ci des pas très-hardis, très-heureux et, ce me semble, très-légitimement autorisés. […] La poésie française, qui fait, à travers tout, l’objet favori de mes pensées, et dont la régénération n’a cessé, à aucun instant, de m’être présente, y gagnerait peut-être plus qu’il ne semble. […] La petite Timo dura peu de temps, à ce qu’il semble, et ne lui tint guère au cœur ; elle vieillit vite, et il se vengea ou de ses rigueurs, ou plutôt de ses infidélités avec le beau Diodore, par une manière d’épode sanglante, digne d’Archiloque ou d’Horace à Canidie : il la compare pièce pour pièce à un vaisseau qui ne peut plus soutenir la mer. […] Le ton de Méléagre semble s’épurer pour la célébrer : « Les Muses aux doux accents avec la lyre, et la parole sensée avec la Persuasion, et l’Amour guidant en char la beauté, t’ont donné en partage, ô Zénophila, le sceptre des Désirs ; les trois Grâces t’ont donné leurs dons. » Et il explique de toutes les manières, il commente avec complaisance ce triple don, cette voix mélodieuse qui le pénètre, cette forme divine qui darde le désir, ce charme surtout qui l’arrête : beauté, muse et grâce.
Jusqu’à ce moment fécond, tous les germes semblaient sécher et les efforts échouer. […] Ne doit-il pas lui sembler qu’il a agi ? […] La morale lui semble être chose différente de la politique : et il ne prétend que faire de la politique. […] Elle a balayé la poussière d’une littérature morte ; elle a relevé le génie de la race qui semblait épuisé ou affaissé.
Il me semblait que les blés croissaient à mesure que j’avançais ; j’aperçus des plantes d’une autre espèce, et au troisième jour je vis des forêts où il croissait des chênes66. […] Vous auriez pu, ce me semble, y joindre les circonstances qui ont accompagné ce vol, et les soupçons légitimes que raisonnablement vous pouvez former. […] Il me semble qu’il y aurait de la cruauté à profiter sans discrétion de votre amitié. […] Les Français ont donné à cette île le nom de Cythère, parce qu’elle semble consacrée à l’Amour.
Frissonnant sous son deuil, la chaste et maigre Elvire, Près de l’époux perfide et qui fut son amant, Semblait lui réclamer un suprême sourire Où brillât la douceur de son premier serment. […] Baudelaire qui, de génie, semble le frère puîné de son cher Edgar Poe, avait déjà éparpillé, çà et là, quelques-unes des poésies qu’il réunit et qu’il publie. […] je le déclare, la présence d’une moutonnerie si persistante, le poète qui met la main sur mon cœur, dût-il l’égratigner un peu, irriter mes nerfs et me faire sauter sur mon siège, me semblera toujours préférable à cette poésie, irréprochable sans doute, mais insipide, sans parfum et sans couleur, et qui vous coule entre les mains comme de l’eau. […] On dira que parfois le ton est poussé au noir, ou au rouge, et que le poète semble se complaire à irriter les plaies où il a glissé la sonde.
Pour sentir combien ce besoin est profond et impérieux, il suffit de penser un instant aux effets physiologiques de l’étonnement, et de considérer que la sensation la plus terrible que nous puissions éprouver est celle qui se produit toutes les fois qu’un phénomène nous semble s’accomplir contradictoirement aux lois naturelles qui nous sont familières. […] Elle me semble, en effet, exiger préalablement un travail très important et d’une nature toute particulière, qui n’a pas encore été fait, celui de former, d’après les théories scientifiques proprement dites, les conceptions spéciales destinées à servir de bases directes aux procédés généraux de la pratique. […] Ainsi, par exemple, il me semble incontestable que, dans le système général des sciences, l’astronomie doit être placée avant la physique proprement dite, et néanmoins plusieurs branches de celle-ci, surtout l’optique, sont indispensables à l’exposition complète de la première. […] Cette considération me semble d’une telle importance, que je ne crois pas possible de comprendre réellement, sans y avoir égard, l’histoire de l’esprit humain.
Vous savez comme la fin de la fable est rapidement menée, brusquement précipitée ; la nature devient hostile, l’atmosphère est pleine de clameurs, l’univers semble s’acharner contre les êtres, contre les animaux et contre les végétaux ; l’orgueilleux est brisé et l’humble se tire d’affaire ; le calme revient. […] Il me semble vous entendre me demander tout d’abord : Quelle est la place de La Fontaine, dans l’école dont il faisait partie ? […] Il a compris, lui, le maître de la versification correcte et de la versification, ce semble, un peu rigide, il a compris que l’irrégularité des vers telle que l’a pratiquée La Fontaine, était d’une très grande beauté. […] Ailleurs, il félicite La Fontaine de cet instinct poétique et il a bien raison c’est-à-dire de cette spontanéité poétique qui, dit Voltaire, à tort, ne semble devoir rien à l’art et qui est comme une faculté de la nature.
Malgré les différences de temps et d’hommes, l’un semble avoir engendré l’autre à quatre siècles de distance ; car si sous Léon X, pour des causes trop longues à déduire, le principe de l’Église romaine a reçu cet effroyable échec de Luther et de sa Réforme, sous Clément XIV il en reçut un autre, presque aussi profond, dans la personne de ceux qui s’étaient dévoués à réparer le premier. […] Comme le vent détache des pics des montagnes ces blocs de neige qui tombant en ramassent d’autres dans leur chute, les entraînent et les brisent pour éclater tous ensemble dans quelque avalanche formidable, l’esprit humain, naturellement enclin au désordre, secoua et fit choir bien des révoltes sur sa route, bien des hérésies que le temps entraîna avec lui, mais qui, rapprochées et mêlées dans cet entraînement même, semblèrent au xve siècle se précipiter et éclater en une seule qui les valait toutes, et qui s’appela le Protestantisme. […] il semblait qu’en approchant davantage de la catastrophe, il était dans les voies de Dieu que le souverain pontificat épuisât toutes les nuances de la faiblesse. […] Il semblait, par sa volonté, par sa parole et par sa beauté puissante et majestueuse, être l’expression vivante de la force de son gouvernement.
C’est quand vous êtes dans ces tons justes que vous me semblez le plus vous-même, et qu’il me plaît surtout de vous reconnaître. […] Achille Millien est, ce me semble, un des plus sincères, des plus franchement agrestes, et ses recueils estimés de quiconque les a lus mériteraient d’être plus connus ici.
Il comparait spontanément les écrivains des diverses nations, il les rapprochait d’une manière inattendue et avec une sorte de recherche ingénieuse qui chez lui était naïve ; ce qui aurait pu sembler de la subtilité n’était que la fleur suprême du goût. […] Et en effet, pour qui l’a vu, ses grands yeux saillants, à fleur de tête, semblaient avides de regarder et comme naturellement voués à une continuelle lecture.
La douleur parle seule en eux ; l’idée dominante a fait disparaître toutes les idées communes de la vie ; tous les organes sont dérangés, hors ceux de la souffrance ; et ce touchant délire de l’être malheureux semble l’affranchir de la réserve timide, qui défend de s’offrir sans contrainte à la pitié. […] Il me semble néanmoins qu’en lisant cette tragédie, on distingue parfaitement dans Hamlet l’égarement réel à travers l’égarement affecté.
Tout le siècle est prêt avec lui, semble-t-il. […] Il semble même que nous rétrogradions à Timocrate : Roméo, en sa vraie qualité de Montaigu, tue le fils de Capulet, et Capulet, pour venger son fils, s’adresse à Roméo, son fils adoptif sous le nom de Dolvedo.
Mais il a fait les Églogues et les Limbes, et c’est par là qu’il semble se séparer de son temps. […] Cela a l’air des choses antiques, sans rien d’artificiel : c’est une poésie légère, limpide, plastique, baignée de lumière, aux formes harmonieuses et faciles, qui semblent spontanément écloses, un art sûr et sobre, qui se dérobe partout, et jamais ne défaut.
Il me semblait qu’en effet il nous en devait une, ou même deux, en sa qualité d’ouvrier du « devoir présent » et de professeur de rhétorique. […] Georges Rodenbach Il semble que Baudelaire ait prévu son propre cas quand il écrivit : « Les nations sont comme les familles : elles n’ont de grands hommes que malgré elles ».
Maurice Barrès et Paul Adam I « J’ai adoré Taine, me disait un jour Maurice Barrès, et les raisons de mon culte me semblent aussi sérieuses qu’au premier jour. […] Une préoccupation sociale et littéraire, formulée sans éclat, cela semble de l’ironie, — car on m’a montré cette phrase comme telle.
Personne dans les rues, qui semblent les couloirs de cryptes funéraires. […] Ces cordons de feu semblent préparés pour une fête d’ombres.
Il semble qu’on se satisfasse d’une explication purement verbale ; qu’on se rapproche de la vide et doctorale réponse du Malade imaginaire, quand on lui demande pourquoi l’opium fait dormir ; « quia est in eo virtus dormitiva, cujus est natura sensus assopire ». ― Oui, sans aucun doute, l’œuvre est telle, parce que l’auteur avait les aptitudes nécessaires pour là faire telle. […] Une quintessence de misanthropie, un élixir de pessimisme, d’autant plus amer, semble-t-il, qu’il est emmiellé de gaîté.
Si imparfaite que soit la science de l’esprit, je n’hésiterai pas à affirmer qu’elle est beaucoup plus avancée que la partie correspondante de la physiologie ; et abandonner la première pour la seconde me semble une infraction aux véritables règles de la philosophie inductive71. » Voilà donc l’observation directe établie nettement contre le positivisme72. […] Il est juste de reconnaître que les positivistes contemporains ne semblent pas adopter la doctrine d’Aug.
Parler froidement de ce qui nous a semblé médiocre ; ridiculiser l’extravagance & la prétention ; accabler d’indignation ou de mépris le délire, l’inconséquence & la perversité : telle a été constamment notre marche. […] Qu’un Anonyme, qui ne trouve de Grands Hommes que dans les Bénédictins & dans Port-Royal, vienne, après cela, se plaindre* que nous n’ayons pas indiqué tous les Ouvrages de ceux dont nous parlons, & que nous ayons oublié certains Auteurs qu’il semble tendrement affectionner : nous répondrons au premier grief, que notre projet n’a jamais été & ne pouvoit être de faire une Bibliographie.
En réfléchissant à ce qu’étaient ce qu’on appelle les grands siècles et pourquoi ils l’ont été, toujours il m’a semblé qu’indépendamment des beaux génies et des talents sans lesquels la matière aurait fait faute, il s’était rencontré quelqu’un qui avait contenu, dirigé, rallié autour de lui. […] Au milieu d’une situation si désespérée, ce semble, je persiste pourtant à croire qu’il ne serait pas impossible, si la société politique dure et se rassoit, de voir se rétablir un certain ordre où la voix de l’opinion redeviendrait peu à peu distincte.
Il semble qu’on lise sur le fronton d’un certain art : On n’entre pas. […] Combler la mesure, faire déborder le vase, exagérer l’horreur du fait du prince, accroître l’écrasement pour révolter l’opprimé, faire rejaillir l’idolâtrie en exécration, pousser les masses à bout, telle semble être sa politique.
. — Aucune analyse, si détaillée soit-elle, ne peut donner aucune idée de ces cinq drames ; ils ne rappellent quoi que ce soit, et l’on est étonné qu’ils existent ; ils semblent palpiter et vivre, avec des organes nouveaux, agiter des bras inconnus, respirer avec des branchies, penser avec les sens, et sentir avec les objets ; — mais ils vivent pourtant ; ils vivent d’une vie rouge et violente, pour étonner, rebuter et exaspérer le grand nombre, pour enthousiasmer quelques-uns. » La Dame à la Faux de M. […] Cependant il semblerait ici, comme partout, qu’il y eut un retour vers la simplicité et la vérité.
Il semblait donc que la réalité sociale ne pouvait être l’objet que d’une philosophie abstraite et vague ou de monographies purement descriptives. […] I Il peut sembler, au premier abord, qu’il n’y ait pas d’autre manière de procéder que d’étudier chaque société en particulier, d’en faire une monographie aussi exacte et aussi complète que possible, puis de comparer toutes ces monographies entre elles, de voir par où elles concordent et par où elles divergent, et alors, suivant l’importance relative de ces similitudes et de ces divergences, de classer les peuples dans des groupes semblables ou différents.
L’art de lire les livres d’idées me semble être celui-ci. […] Il semblerait alors que son œuvre fût ce tableau dont parlait Musset, « où l’on voit qu’un monsieur bien sage s’est appliqué ».
Maintenant, je le sais, la poésie semble être exilée de la société : tôt ou tard elle rentrera dans son domaine, tôt ou tard nous redeviendrons attentifs aux sons échappés de la lyre des poètes. […] Oui, encore une fois, il me semble voir Bossuet s’enfoncer avec Isaïe et Jérémie dans la nuit des traditions antiques ; et le voile de l’inusité commencer à tomber sur sa grande stature.
Deux surtout parmi eux semblent avoir fixé la renommée, qui s’en va parfois comme elle est venue, et sans avoir plus de raisons pour s’en retourner que pour venir. […] Il nous semble que Mérimée a traduit quelque chose de Pouchkine, dans ce style ferme et sobre de Mérimée qui donne à la pensée la densité peut-être un peu sèche du métal.
Et c’est peut-être là, du reste, l’apparente durée de ce peuple étrange, qui est mort de la mort de l’âme, de la mort sociale, et qui semble vivre toujours parce qu’il n’a pas été dévoré par la conquête ou par la faim. […] La Science chinoise, qui semblait auguste comme une fille de Mage, a besoin d’un lambeau de la soutane d’un jésuite pour s’envelopper, et ne sait pas faire même un almanach.
Il semblait avoir été trempé par des eaux moins troubles et plus toniques. […] Pour bien raconter cette brûlante existence, si vite foudroyée, il semble qu’on aurait besoin du sentiment du poète qui a écrit les poèmes les plus chers à l’imagination contemporaine.
Les temps modernes ne sont pas tellement beaux pour la littérature qu’elle ne puisse supporter beaucoup de choses cruelles et qu’elle n’y soit même accoutumée ; mais la condition d’avoir Buloz pour correcteur, — non plus d’épreuves, mais de son style et de sa pensée, — lui sembla cependant trop dure pour la supporter, et on vit en très peu de temps tout ce groupe de talents que je viens de nommer se détacher de la Revue des Deux Mondes 24, s’égrener et complètement disparaître d’un recueil dont la rédaction, pour qui avait le sentiment de sa valeur propre ou de son œuvre, était une douleur, quand ce n’était pas une indignité. […] Véron, ce joyeux Pococurante de la médecine, ce docteur qui n’exerce pas et qui semble porter toute sa clientèle dans sa cravate, a de la rondeur pour un Turcaret.
Elles ne donnent pas rigoureusement et immanquablement toujours ce qu’on semblait en droit d’attendre d’elles. […] À voir le portrait mis en frontispice du volume de Teste, Léon XIII semble porter ses années comme sa tiare, et même cette tiare, alourdie de ce qu’on lui a ôté, doit à son front peser davantage… Il a la maigreur nerveuse des hommes qui sont faits pour résister au temps comme à autre chose.
Nous avons eu cette fameuse préface qui semble, aux trembleurs devant le talent de Dumas, le dernier mot de toute critique possible sur ce livre, irrévocablement immortalisé, et qui semble dire aux trembleurs : Si on s’y frotte, on s’y piquera !
» ajoute-t-elle, dans un mot qui est le plus joli sourire… Tout cela est dit aussi avec cette grâce d’expression que ne connaissent pas les bas-bleus, et qui semble demander pardon pour la profondeur de la pensée. […] dans lesquelles la femme qui les a écrites semble avoir eu à son service toutes les manières d’exprimer l’amour ?
Il semble que ce même dieu qui a donné Rome aux nations, vous eût donnés à Rome. […] qui pouvait lui faire un crime de parler de ses grandes actions, dans ces moments où l’âme réclamant contre l’injustice des hommes, semble élevée au-dessus d’elle-même par le sentiment et le caractère auguste du malheur ?
Ce n’est pas ainsi, ce me semble, qu’il faut juger des hommes tels que Hugo ; ce n’est pas avec cette obstination qu’il faut refuser de franchir leur porte, quand ils veulent bien nous l’ouvrir.
Hérold est l’un des plus objectifs parmi les poètes nouveaux ; il ne se raconte guère lui-même ; il lui faut des thèmes étrangers à sa vie, et il en choisit même qui semblent étrangers à ses croyances ; ses reines n’en sont pas moins belles ni ses saintes moins pures.
Théophile Gautier Un poète qui, dès sa jeunesse avait pris un rôle élevé, un rôle de précurseur, et qui a su introduire du naturel et de la fraîcheur dans une poésie qui jusque-là semblait trop craindre ces mêmes qualités, l’auteur du Cid d’Andalousie et du Poème de la Grèce, M.
Lemaître semble surtout amoureux de la vraisemblance.
Quand on a lu un Discours de Bourdaloue, & qu’on va les entendre ensuite, il semble que l’éloquence de la Chaire ait changé d’objet.
Voici comme il décrit le Colosse de Rhodes : Que l’Isle où le Soleil chaque jour se récrée, Ne vante plus l’image à ce Dieu consacrée, Ce superbe Colosse en qui l’art des humains Consomma tant de jours, & lassa tant de mains, Dont la tête élevée au delà du tonnerre, Et les pieds embrassant & la mer & la terre, Sembloient, en leur stature épouvantable aux yeux, Joindre ensemble la mer, & la terre & les cieux.
Voltaire lui-même ne se défend pas d’avoir cherché son succès dans la puissance de ce charme, puisqu’il écrit, en parlant de Zaïre : « Je tâcherai de jeter dans cet ouvrage tout ce que la religion chrétienne semble avoir de plus pathétique et de plus intéressant 17. » Un antique Croisé, chargé de malheur et de gloire, le vieux Lusignan, resté fidèle à sa religion au fond des cachots, supplie une jeune fille amoureuse d’écouter la voix du Dieu de ses pères : scène merveilleuse, dont le ressort gît tout entier dans la morale évangélique et dans les sentiments chrétiens : Mon Dieu !
Il reste à parler d’un état de l’âme, qui, ce nous semble, n’a pas encore été bien observé : c’est celui qui précède le développement des passions, lorsque nos facultés, jeunes, actives, entières mais renfermées, ne se sont exercées que sur elles-mêmes, sans but et sans objet.
Quelquefois une caravane, arrêtée dans ces déserts, y multiplie les effets pittoresques : le costume oriental allie bien sa noblesse à la noblesse de ces ruines ; et les chameaux semblent en accroître les dimensions, lorsque, couchés entre des fragments de maçonnerie, ils ne laissent voir que leurs têtes fauves et leurs dos bossus.
Mais c’est aux épaules surtout que l’art semble s’être épuisé ; combien il a fallu d’études, de séances et de longues séances, de modèles et même de connaissance anatomique du dessous de la peau !
Le Rhin et le Danube sont des Léthés qui semblent ne rouler que des songes. […] « Bientôt cependant, dit Goethe, je devins inquiet et rêveur ; il me sembla que j’avais trouvé tout ce qui manquait à mon bonheur dans la fiancée d’un autre. […] Ils fêtent la résurrection du Seigneur, et eux-mêmes semblent des ressuscités du fond de leurs demeures, de leurs chambres étroites, de leurs servitudes de négoce ou de métiers, de leurs bouges infects, de leurs rues fangeuses, de la nuit livide, de leurs cathédrales. […] Il semble frappé de respect à la vue de Marguerite étincelante de bijoux ; il raconte à la voisine que son mari absent est mort à Padoue, laissant un trésor, et comment il peut lui amener un témoin de sa mort, le soir, dans son petit jardin derrière la maison, pourvu que la charmante Marguerite s’y trouve aussi à la nuit tombante. […] Interroge les prêtres ou les sages, et leur réponse ne te semblera qu’une raillerie à l’adresse de celui qui leur aura fait cette question.
Ils se conseillent au lieu de se critiquer ; la gloire de l’un et la gloire de l’autre ne semblent être qu’une même gloire. […] Goethe, provoqué par Schiller, avait consenti à ce rôle de collaborateur, qui semblait incompatible avec son rang, mais qui pouvait être utile à la fortune de son ami. […] Sa robe semblait l’entourer de plis caressants ; cela venait de la douceur de ses mouvements. […] En vérité, il n’y a pas de marché si populeux et si animé ; tout le monde semblait fort bien s’y reconnaître ; chacun allait chercher sous les fleurs une petite auberge où se retirer, puis on en ressortait ; on rencontrait le voisin ; on passait les uns à côté des autres en bourdonnant, comme si on eût voulu se dire où se trouve la bonne bière. […] Je ne veux pas les nommer, leurs œuvres les nomment ; ils s’annonçaient, avec la jactance de l’orgueil, comme les régénérateurs de la littérature française ; le monde intellectuel semblait n’avoir pas existé avant eux ; ils ne se reconnaissaient ni antécédents, ni modèles, ni ancêtres, ni égaux dans le monde de l’esprit.
VII Ce départ de M. de Chateaubriand pour Rome semble tout à coup réchauffer sa correspondance avec madame Récamier de tous les souvenirs des premières tendresses. […] IX Ces billets de M. de Chateaubriand à madame Récamier pendant la route et pendant son ambassade à Rome semblent, par leur fréquence et par leur épanchement, vouloir regagner le temps perdu à Londres et à Paris. […] Demain je serai en Italie ; il me semble que je me sépare une autre fois de vous. […] Il en est de même de tous les écrivains, voyageurs ou poètes, qui datent leurs pensées de cette terre ; il semble que ce nom de Rome répété sans cesse par eux donne à leurs fugitives personnalités quelque chose de grand et d’éternel comme Rome, et flatte en eux jusqu’à la vanité du tombeau. […] Je ne l’ai connue que par ses amis et je ne l’ai admirée que par sa fille, madame la duchesse de Rauzan, très jeune femme alors, en qui sa mère semblait, dit-on, revivre.
Tout semblait mort au loin, tous les êtres se cachaient, se blottissaient dans quelque trou ; on n’entendait que la glace crier sous vos pieds. […] Il me semblait d’avance courir dans les bois, ayant à mes trousses des gendarmes criant : « Halte ! […] Elle avait un bonnet à rubans noirs, les bras nus jusqu’aux coudes, une grosse jupe de laine bleue soutenue par des bretelles, et semblait triste. […] Mes pieds me faisaient encore un peu mal, mais ce n’était rien en comparaison des autres jours ; quand j’eus mis des bas propres, il me sembla renaître, j’étais solide sur mes jambes, et je me dis en moi-même : « Joseph, si cela continue, tu deviendras un gaillard ; il n’y a que le premier jour qui coûte. » Je m’habillai dans ces heureuses dispositions. […] Il me semble bien avoir entendu depuis comme un roulement d’orage, des cris, des commandements, et même avoir vu défiler dans le ciel la cime de grands sapins au milieu de la nuit ; mais tout cela pour moi n’est qu’un rêve.
Dès qu’on parle en termes généraux, il semble qu’il recouvre Rousseau, qu’il le double, et souvent se confonde avec lui. […] Il accepte l’arrêt que semble lui signifier la Providence : il décide de ne plus rentrer chez son graveur, ni chez son oncle. […] Pareillement, l’idée de progrès, la grande idée du siècle, anime toute l’œuvre de Jean-Jacques ; il ne semble en nier la réalité que pour en proclamer plus hautement la possibilité, plus impérieusement la nécessité. […] Car, en premier lieu, le don absolu que les citoyens font d’eux-mêmes à l’État semble être incompatible avec la forte constitution de la vie morale intérieure ; jamais la conscience de Wolmar ou de Julie ne saura donner à la volonté générale, à la loi, un droit absolu de lui prescrire et de la régler : les dogmes de la religion civile ou l’oppriment, s’ils parlent autrement qu’elle, ou n’existent pas, s’ils parlent comme elle. […] La forme seule est raide, mécanique, artificielle : elle semble diviser l’âme et la vie en compartiments symétriques par des cloisons étanches qui ne laissent point de pénétration réciproque.
Il y a bien longtemps que Fénelon, dans sa Lettre à l’Académie française, semble avoir reconnu cette infériorité de la poésie française, en comparaison de la poésie des Anciens.
Quand on lit ces jolis chapitres courants, décousus, qui semblent des feuilletons négligemment effeuillés d’un journal, on se demande pourquoi l’auteur n’a pas daigné faire un livre, surtout le pouvant à si peu de frais.
France semble surtout destiné à exercer son art sur les petites choses.
Il nous a semblé que l’esprit de liberté n’est pas de sa nature et nécessairement plutôt négatif qu’affirmatif, qu’il n’est autre chose que la volonté de ne décider qu’après examen : ce qui ne peut pas préjuger d’avance le résultat de cet examen.
Quelquefois égaré dans sa route, un vaisseau caché sous ses voiles arrondies, comme un Esprit des eaux voilé de ses ailes, sillonne les vagues désertes ; sous le souffle de l’aquilon, il semble se prosterner à chaque pas, et saluer les mers qui baignent les débris du temple de Dieu.
La femme de La Grenée vous semblera plus belle ; mais c’est celle de Vien que vous aimerez.
Il me semble que ma pensée est plus neuve, plus rare et plus énergique que celle de Falconet.
Il semble au contraire qu’ils veuillent diminuer la gloire de Corneille ; & loin de le respecter comme leur maître, & de l’imiter comme leur modèle ; loin d’étudier leur art dans ses chef-d’œuvres & dans ses excellens discours, ils osent lui trouver des défauts, que souvent il n’a pas, & lui disputer même le génie de l’invention. […] Il semble que la nature l’ait fait naître exprès dans le siècle du goût, pour en enseigner le culte, le préserver de la corruption, le perpétuer, & pour chasser de son temple tous ceux qui voudroient le profaner. […] Les commencemens de ce siècle, sembloient s’annoncer par de plus heureux présages. […] Il se forma particulièrement sur les Grecs qu’il aimoit, qu’il avoit étudiés & approfondis ; il semble sur-tout qu’il ait pris Eschyle & Sophocle pour modèles & pour maîtres. […] Depuis que, mécontens de nous-mêmes, nous nous sommes pris d’enthousiasme & d’admiration pour tout ce qui est étranger ; depuis que l’Anglomanie s’est emparée de nous, il semble qu’on veuille, à quelque prix que ce soit, renverser toutes les idées reçues.
Cette dynastie, dont les racines dans le pays semblaient si profondes, n’eut pas le 4 septembre un seul défenseur. […] Pourquoi la Provence a-t-elle été entraînée dans le tourbillon de la Carolingie, où rien ne semblait d’abord faire penser qu’elle dût être portée ? […] La guerre déclarée au mois de juillet 1870 est donc une aberration personnelle, l’explosion ou plutôt le retour offensif d’une idée depuis longtemps latente dans l’esprit de Napoléon III, idée que les goûts pacifiques du pays l’obligeaient de dissimuler, et à laquelle il semble qu’il avait lui-même presque renoncé. […] Le territoire qui lui restait était tout au plus le cinquième de ce qui nous reste ; ce territoire était le plus pauvre de l’Europe, et les conditions militaires qui lui étaient faites semblaient de nature à le condamner pour jamais à l’impuissance. […] La question est complexe, et, pour la résoudre, il faut s’être fait une idée précise du mouvement qui semble emporter vers un but inconnu tout le monde européen.
Il ne me semble pas que dans l’ordre esthétique, pour m’en tenir à celui-ci, qui que ce soit en puisse repousser les conclusions d’ensemble. […] Elles le seraient plutôt à l’excès, à ce qu’il me semble… Mais je reviendrai sur ce point et je dois poursuivre mon exposé. […] Elles semblent faites pour être dansées sur la musique du texte, une sorte d’improvisation libre et réglée où le mot et le bond naîtraient ensemble de concert. […] Et cependant, le « claudélisme » ne semble pas devoir fleurir sur la scène d’ici longtemps. […] Trop de virtualités, trop de routes diverses, également praticables peut-il sembler.
Le duc d’Orléans, l’autre année, se tue là où il n’y avait aucun danger, ce semble : une route unie, des chevaux qui, deux minutes après, allaient s’apaiser d’eux-mêmes.
Pourtant il nous semble que, dans ce genre de roman austère, comme elle l’appelle, je crois, madame Allart se pourrait créer une véritable originalité ; mais il lui faudrait se souvenir que si, dans le genre tendre et aventureux, il est permis, en composant, de laisser courir sa plume, qui va d’elle-même alors aux digressions faciles, aux grâces variées et abondantes, il devient indispensable, en abordant un ordre de sentiments plus contenu et plus réservé, de nourrir son expression et de marquer ses effets.
Pierre Louÿs ne pourront qu’étendre cet amour à ses poèmes, tant l’harmonie et la grâce sensuelle des phrases d’Aphrodite s’y retrouvent, avec le même souci de la forme et la même évocation aussi d’une beauté dont le culte semble s’être perdu.
Albert Mérat excelle à produire, avec l’harmonie prestigieuse des mots, l’illusion des choses ; il semble à première vue qu’une idée habite des sonnets si élégamment construits.
Il semble pourtant aujourd’hui que ces plaisirs retentissants soient achevés, et que le petit livre : À travers les groins, que le poète écrivit au cours d’une affaire qui fit récemment quelque bruit, doive rester sa dernière expression dans le genre où il s’illustra.
Elles nous semblent être de deux espèces : les unes tiennent à l’histoire, les autres à l’historien.
Le massacre s’exécute sur une place publique, au centre de laquelle sur un piédestal une figure qui semble ordonner de la main.
Les faits que ces volumes exposent ne sont pas, d’ailleurs, de ces faits déjà connus, déflorés et cités dans des publications à la portée de toutes les mains ; ce sont des faits pour la première fois recueillis, — ce qui constitue le vrai mérite de l’érudition de détail à laquelle Fleury paraît voué, — ce sont des documents saisis à la double source de la tradition écrite et de la tradition orale, la meilleure des traditions lorsque l’histoire est toute fraîche encore et qu’elle semble saigner dans toutes les mémoires.
Presque toutes sont en chemise ; plusieurs semblent sortir du lit ; le peignoir froissé colle sur la gorge, et semble défait par une nuit de débauche ; la robe de dessous, toute chiffonnée, tombe sur les hanches ; les pieds froissent la soie qui chatoie et luit. […] Çà et là subsiste une image heureuse, débris de la poésie qui vient de périr ; mais tout le tissu de l’œuvre semble d’un Scarron, aussi ignoble que l’autre et plus méchant. […] Dans cet affaissement universel, il semblait que personne n’avait plus de cœur. […] » Elle s’en va enfin, ayant tout extorqué, et Lucy fait l’innocente, semble croire que Gripe est un maître à danser, et lui demande sa leçon. […] comme elle semble capable de suppléer à tout, même au génie !
Un faucon sur une branche de chêne, une patte rebroussée contre lui dans un mouvement de prise de vol, avec le regard d’un oeil qui semble percevoir une proie dans le ciel. […] Deux canards mandarins, dans des mouvements de nage où le dessin cartilagineux de leurs pattes semble exécuté par un dessinateur spécialiste du canard. […] Une autre suite, dont on ne connaîtrait que deux planches (H. 50, L. 28), et qui semble une série des Mois de l’année, à deux planches, que j’ai rencontrées seulement dans la collection Hayashi. […] Il semble qu’alors l’artiste, qui a 87 ans, redoute la responsabilité de l’illustration d’un livre tout entier, et il se contente d’une espèce d’introduction dessinée, faite par de petits croquis jetés dans un trait, mais des plus spirituels. […] Oiseaux sur un baquet renversé, près d’un oeillet et de marguerites : les marguerites gouachées de blanc avec un tel art qu’elles semblent brodées.
Il vous semble qu’une atmosphère magique a marché vers vous et vous enveloppe. […] La matière vivante rendait ondoyant ce qui nous semble trop rigide. […] En matière d’art, j’avoue que je ne hais pas l’outrance ; la modération ne m’a jamais semblé le signe d’une nature artistique vigoureuse. […] Granier de Cassagnac lui-même me semble l’avoir oubliée. […] Il me semble qu’il doive mettre le feu au théâtre.
La réaction semble complète sur toute la ligne.
Elle a semblé vivre à de certains moments sous de grands papes ; mais c’étaient des cabinets superposés : comme nation, elle n’a cessé d’être morte. » Et encore : « Rome est morte et bien morte.
Viennet n’est pas de ceux qui se plaisent à attaquer les faibles et les grandeurs qui semblent en péril.
Pudeur craintive des instants de puberté, pudeur, toute rose devant les roses et les lèvres, défaillances, souffrances voluptueuses qui ne siègent point dans l’âme, mais dont tout l’organisme semble être envahi ; troubles puérils, sommeils lourds, rêves fleuris où chantent, silencieuses, les danses évanouies des temps jadis ; c’est de ces émois-là que Fernand Gregh a composé son livre.
Van Lerberghe note ainsi sur l’amour, l’ingénuité de l’amour, sur la mort, sur l’attente de l’espérance de la découverte, des lieds imprécis et charmants, où les syllabes semblent du silence enchanté, et c’est ainsi : La Ménagère, Dans la pénombre (un poème de seize absolument charmant), La Barque d’or que connaissent bien les lettrés : Mais une qui était blonde, Qui dormait à l’avant, Dont les cheveux tombaient dans l’onde, Comme du soleil levant Nous rapportait sous ses paupières La lumière.
Elle semble l’illustration vivante de tous ces poèmes, obsolètes et polychromes, en train d’éclore de toutes parts, pleins de lys, d’alérions, de clairs de lune, de sphinx et de centaures, et elle captivera les chevaucheurs de nuées et de chimères par la grâce imprévue et troublante de ses travestis, évoquant la vision de l’Androgyne, du Surêtre asexué, de l’Ange impollu, ce qui lui vaudra l’hommage d’un poète exquis et précieux, l’arbitre des élégances, le nouveau Pétrone, l’un des adeptes de l’esthétique nouvelle, chez qui Huysmans a pris l’idée de son Des Esseintes : le comte Robert de Montesquiou : REVIVISCENCE2 Les Héroïnes disparaissent en cohortes Comme si les chassait un étrange aquilon : Sombre Lorenzaccio, pâle Hamlet, blanc Aiglon, Un jeune homme renaît des jeunes femmes mortes.
Dans mes défaillances intérieures, toutes les fois que mon idéal scientifique a semblé s’obscurcir, en pensant à vous j’ai vu se dissiper tous les nuages, vous avez été la réponse à tous mes doutes.
Ne semble-t-il pas cependant [& plusieurs personnes sont de cet avis], que le ton d’éloquence qui y regne n’en eût été que plus estimable, si les ornemens y étoient moins prodigués, les répétitions & les paraphrases plus rares ?
Il semble en effet qu’elle ait sa source en un sentiment profond de la nature humaine, et, pour cette raison, elle peut nous révéler quelque chose d’important touchant le mécanisme de la vie.
Des subdivisions ont ensuite semblé utiles.
Il semble qu’on entende les gorges de l’Ida répéter le son des tonnerres : Δεινὸν δ’ἐϐρόντησε πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε.
Il semble qu’il lui faille d’abord se traduire le premier mot à lui-même.
Il semble que ces solitaires résidences inspirent à leurs possesseurs quelque chose du repos, des loisirs studieux, des goûts conservateurs, des contemplations philosophiques qui caractérisent ces hommes de paix. […] Il me semblait, en parcourant ces deux volumes, que je naviguais moi-même, comme dans ma jeunesse, sur ces flots classiques, et qu’au réveil des nuits pendant lesquelles le flot mouvant fait franchir les distances, le brouillard du matin, dissipé au souffle du vent d’été, tirait le rideau du ciel sur l’une ou l’autre de ces îles, et les faisait repasser sous mes yeux avec leur nom, leur histoire, leur poésie, leurs costumes, leur population : pittoresques étoiles de la mer bleue, resplendissantes au matin sur le fond clair de ce ciel d’eau. […] Mon oreille, accoutumée aux sons rapides et doux de la langue grecque, aux articulations lentes et sonores de l’idiome turc, se trouvait entièrement étrangère au ton de l’arabe vulgaire, et semblait frappée par instant de quelques phrases harmonieuses au milieu des cris d’un jargon guttural. […] J’essayai d’intéresser à mon tour sa curiosité ; et je sollicitai la permission de la voir par un billet très laconique, où je n’ajoutais ni mon nom, ni aucune des politesses de convention en Europe ; le billet même semblait tenir quelque chose de la rudesse du désert ; il ne contenait que ces mots : « “Un jeune Français, passant à Saïde, prie lady Esther Stanhope de lui permettre de la voir.”
Il semble qu’elle connaissait le lieu où, une fois débarquée, elle se serait réfugiée, car on voyait et l’on voit encore rôder dans un petit village nommé Kinross, près des bords du loch, George Douglas, avec deux serviteurs de Marie, jadis très-dévoués et paraissant l’être toujours. » George Douglas, le plus jeune des fils de cette maison, était en effet éperdument épris de la captive ; le fanatisme de la beauté, de la pitié, du rang, le dévouait à tous les hasards, pour lui rendre la liberté et le trône. […] Il était tellement illuminé d’un ravissement doux, tellement baigné de la grâce de Dieu, qu’il « semblait rire aux anges. » Élisabeth Curle, une de ses filles d’honneur, raconte que la reine dormit et pria ; elle pria plus qu’elle ne dormit, à la lueur d’une petite lampe d’argent que Henri II lui avait donnée, et qu’elle avait gardée dans toutes ses fortunes. […] « Quand elle fut parée, elle passa devant l’un de ses deux grands miroirs incrustés de nacre, et sembla se considérer avec commisération. […] Le sang semble laver le sang dans son histoire ; on dirait que son crime coule de ses veines avec le sien ; on n’absout pas, mais on compatit ; compatir ainsi, ce n’est pas absoudre, mais c’est presque aimer ; on cherche des excuses dans les mœurs féroces et dissolues du siècle, dans l’éducation à la fois dépravée, sanguinaire et fanatique de la cour des Valois, dans la jeunesse, dans la beauté, dans l’amour, et l’on est tenté de dire comme M.
Une pierre gravée — fantaisie exquise — lui fait cette barbe de quatre ailes d’abeilles ouvertes en éventail aux coins de ses lèvres, et sa bouche semble ainsi la fente d’une ruche ouverte aux essaims. […] Les astres s’élargissent pour mieux illuminer la fête ; la lune grossit démesurément dans le ciel ; les tambours à grelots qui ronflent, semblent l’attirer vers la terre, comme ceux des sorcières de la Thessalie. […] Son morne prédécesseur attendait patiemment les âmes qu’Hermès lui amenait, dirigées par sa verge d’or ; lui, il les chasse et il les rabat vers sa nécropole, il est le « grand veneur des morts », — Ο μέγας άγρευων. — Moins effrayant pourtant que le lugubre Pluton ; la mort donnée par lui semble presque aussi douce que celle de l’ivresse. […] L’inceste était le rêve de ces immondes religions d’Asie ; la caverne de Loth semble l’officine où leurs théogonies s’élaborent.
S’ils nient tout à priori il faut malgré cette négation un peu prématurée il me semble, reconnaître qu’ils sont pleins de conviction pour ces ornements dont on fait les enfants et avec lesquels ils font joujou. […] Ayant vécu jusque-là dans l’Amérique du Sud, il savait sans doute l’Anglais, car les assez nombreux clichés dont se tachent les Chants sont presque tous des clichés romantiques anglais, et les auteurs qui semblent avoir eu sur lui une influence : Milton, Lewis, Poe, Maturin (non par les romans dont parle Remy de Gourmontf mais par ses drames) Misckiewichzg et Byron, puis le marquis de Sade. […] Ce sont même quelquefois des anecdotes au sentiment fabriqué : le conseil de protéger ses ongles pendant quinze jours puis de les enfoncer avec jouissance, bave et lenteur dans la poitrine d’un poupon glapissant est d’un sadisme enfantin, d’un baudelairisme d’employé de la Compagnie des Chemins de fer ; et la scène de famille — écrite d’abord sous forme de théâtre — est visiblement façonnée : l’« enfant qui souffre » ayant été utilisé déjà, comment le présenter à nouveau sans qu’il semble un peu usé aux coudes ? […] — Pierre Benoit (Albin Michel). — Pierre Benoît me semble un romancier « dangereux ».
Tantôt enfin c’est une série d’événements tout idéale qu’il intercalera dans la série réelle, par exemple un passé qu’on voudrait cacher, et qui fait sans cesse irruption dans le présent, et qu’on arrive chaque fois à réconcilier avec les situations qu’il semblait devoir bouleverser. […] Au sens le plus large du mot, il semble qu’on appelle esprit une certaine manière dramatique de penser. […] Soit, par exemple, ce mot d’un personnage de Labiche : « Il n’y a que Dieu qui ait le droit de tuer son semblable. » On semble bien profiter ici de deux propositions qui nous sont familières : « C’est Dieu qui dispose de la vie des hommes », et : « C’est un crime, pour l’homme, que de tuer son semblable. » Mais les deux propositions sont combinées de manière à tromper notre oreille et à nous donner l’impression d’une de ces phrases qu’on répète et qu’on accepte machinalement. […] Et l’on pourrait, semble-t-il, en distinguer deux formes principales, selon qu’elle porte sur la grandeur des objets ou sur leur valeur.
Il a sur les cérémonies, et même sur des points de dogme, des poussées de hardiesse qui semblent ne plus vouloir s’arrêter ; mais cela ne se tient pas. […] En politique, Gui Patin a plus que des échappées : il semble dans un état d’opposition et de fronde continuelle, il blâme tout ; cela commence sous Richelieu et ne cesse pas un instant sous Mazarin. […] Miron était de la famille de celui dont Montesquieu a dit magnifiquement : « Il semble que l’âme de Miron, prévôt des marchands, fût celle de tout le peuple. » Gui Patin aimait à aller passer avec ses deux voisins les après soupers : On nous appelle les trois docteurs du quartier, dit-il.
La littérature chevaleresque elle-même, que nous voyons s’épanouir pour la première fois dans sa précoce et brillante expansion au midi de notre France, au bord de la Méditerranée, semble avoir été effleurée, caressée de quelque souffle lointain venu des antiques rivages et qui a pu apporter quelque invisible semence. […] Sans doute Isocrate, en son célèbre Panégyrique, avait raison de dire à sa date, à la veille d’Alexandre : « Notre ville a laissé si loin derrière elle, en pensée et en éloquence, les autres hommes, que ses élèves sont devenus les maîtres des autres, et elle a fait si bien que le nom de Grecs ne semble plus être la désignation d’une race, mais celle de l’intelligence même, et qu’on appelle Grecs ceux qui ont part plutôt encore à notre culture qu’à notre nature. » Périclès, avec plus d’autorité, disait la même chose dans cet admirable panégyrique d’Athènes qu’il fit magnifiquement entrer au cœur de son éloge funèbre des guerriers morts pour la patrie. […] L’homme de goût, quand même il n’est pas destiné à enseigner, et s’il avait tout son loisir, devrait pour lui seul, revenir, tous les quatre ou cinq ans, ce me semble, sur ses anciennes et meilleures admirations, les vérifier, les remettre en question comme nouvelles, c’est-à-dire les réveiller, les rafraîchir, au risque même de voir s’y faire, çà et là, quelque dérangement : l’essentiel est qu’elles soient vives.
En prononçant ce cruel adieu, mon cœur est oppressé ; il me semble que j’aime plus que jamais le petit nombre d’amis que je laisse en France… » Il laissait des amis non seulement dans le civil, tels que celui à qui il écrivait, mais aussi dans le militaire, et de vraiment intimes : je ne citerai que le général Guilleminot. […] Nous ne cherchions en tout ceci que des leçons stratégiques : il me semble que nous rencontrons insensiblement une leçon morale. […] M. de Senfft fut chargé, à ce moment, par M. de Metternich d’aller mettre en train à Berne la restauration aristocratique, et de chauffer une véritable contre-révolution, qui semblait n’attendre, pour éclater, que l’expiration de l’influence française.
La perte de sa chaire, en 1693, lui fut moins fâcheuse à supporter qu’il n’aurait semblé, et, dans la modération de ses goûts, il y vit surtout l’occasion de loisir et d’étude libre qui lui en revenait ; il se félicite presque d’échapper aux conflits, cabales et entremangeries professorales qui règnent dans toutes les académies. […] Quoiqu’il avertisse quelque part128 de ne pas trop se fier aux lettres d’un auteur comme à de bons témoins de ses pensées, plusieurs de celles où il parle de la perte de sa place respirent un ton de modération qui ne semble pas tenir seulement à une humeur calme, à une philosophie modeste, mais bien à une soumission mieux fondée et à un véritable esprit de christianisme. […] Après cela, la religion inquiète médiocrement Bayle ; il ne se retranche par scrupule aucun raisonnement qui lui semble juste, aucune lecture qui lui paraît divertissante.
Les livres sont les pyramides des pensées de l’homme, ou plutôt les livres sacrés sont les temples intellectuels qui semblent avoir poussé d’eux-mêmes et sans architectes du sol, pour contenir les idées de l’humanité sur Dieu ou les dieux. […] Un torrent traverse la vallée en serpentant à peine ; son lit, desséché à l’époque où je le traversai, semble rouler des galets et des rochers au lieu d’ondes. […] … « Il est temps », dit-il lui-même à la fin de ces interminables digressions qui semblent l’éloigner de sa route, « il est temps que mes mains cessent de lancer ces poignées de flèches qui volent loin du but que je veux atteindre !
Le mélodrame ne reste « classique » que par la rectitude rapide de son action et par la grosse honnêteté bourgeoise de sa morale : au reste, par ses effets de pathétique brutal, par sa prose tour à tour triviale ou boursouflée, par le mélange des genres, par les sujets modernes ou exotiques, par l’exploitation du répertoire allemand ou anglais, il semble bien être un romantisme de la veille796. […] Il se compose ainsi une atmosphère idéale, où l’être qu’il est aujourd’hui lui semble plus complet, plus à sa place. […] J’en pourrais presque dire autant de Ponsard807, dont le succès sembla donner le coup mortel au théâtre de la nouvelle école.
Pour être un bon peintre des mœurs cléricales, il me semble qu’il faudrait réunir au moins trois conditions. […] Des façons d’être qui semblent toutes simples aux prêtres et aux fidèles pieux, et auxquelles ils ne prennent pas garde parce qu’elles leur sont familières et naturelles, si on les voit du dehors, apparaissent singulières, fortement caractéristiques, et révèlent des âmes extrêmement différentes de celles de la grande majorité des hommes. […] Ces romans sur les curés semblent écrits par un curé : c’est merveilleux.
Il semble qu’il ait déployé toutes ses voies pour m’envelopper de toutes parts ; et il n’en fallait pas tant contre un pauvre enfant qui n’y voyait pas malice. […] J’avais perdu le besoin de savoir, de scruter, de critiquer ; il me semblait qu’il m’eût suffi d’aimer et de sentir ; mais je sentais bien qu’au premier jour où le cœur cesserait de battre si fort, la tête recommencerait à crier famine. […] Il n’avait pas cru devoir se refuser une faculté que tout le monde s’accordait et qui semblait tolérée par la loi du monopole de l’enseignement universitaire, afin de diminuer l’odieux de sa prescription. « Quoi qu’il en soit, ajoute-t-il, je lui en veux beaucoup ce m’avoir forcé à mentir ; et le directeur de l’École normale qui venait, après cela, me vanter la libéralité de l’Université !
Depuis deux ans et demi, nos jeunes soldats reçoivent les leçons de la guerre, et sous de tels marteaux, dans une telle fournaise, les différences et les divisions qui hier nous semblaient capitales ont complètement disparu. […] L’immolation, l’esprit de sacrifice nous semblaient inconciliables avec l’adoration de cette enchanteresse. […] La page semble bien « un peu littéraire », mais c’est un texte.
Ces pseudopodes sont des organes véritables, et par conséquent des mécanismes ; mais ce sont des organes temporaires, créés pour la circonstance, et qui manifestent déjà, semble-t-il, un rudiment de choix. […] Les variations d’intensité de notre conscience semblent donc bien correspondre à la somme plus ou moins considérable de choix ou, si vous voulez, de création, que nous distribuons sur notre conduite. […] Vue du dehors, la nature apparaît comme une immense efflorescence d’imprévisible nouveauté ; la force qui l’anime semble créer avec amour, pour rien, pour le plaisir, la variété sans fin des espèces végétales et animales ; à chacune elle confère la valeur absolue d’une grande œuvre d’art ; on dirait qu’elle s’attache à la première venue autant qu’aux autres, autant qu’à l’homme.
Par là nous semblions revenir au réalisme. […] Renoncez au contraire à établir a priori entre eux cette contrariété factice : vous allez voir tomber une à une toutes les barrières qui semblaient les séparer. […] Vous en rencontrez, il est vrai, un second : les changements homogènes et calculables sur lesquels la science opère semblent appartenir à des éléments multiples et indépendants, tels que les atomes, dont ils ne seraient que l’accident ; cette multiplicité va s’interposer entre la perception et son objet.
Dans la perte de l’œuvre d’Eschyle, dans l’insuffisance des témoignages qui la rappellent, on ne peut attribuer au Prométhée délivré d’autre caractère que cette élévation philosophique, émanée de Pythagore, qui nous a frappé dans Pindare, et qui semblait une tentative de réforme du polythéisme. […] Malgré cette simple douceur d’expression, à laquelle il se plaît, et ces personnages plus humains, dont il nous occupe, l’accent lyrique lui revient souvent ; mais il semble que, tempéré par la flûte, cet accent serve pour lui, non pas à l’effet redoublé du drame, mais à la diversion, au repos de l’âme du spectateur. […] Au rivage de Munychium furent attachés les câbles, pour descendre ; et dès lors, sous le coup d’impures amours, elle a été frappée dans l’âme de la terrible maladie d’Aphrodite ; et, soumise à un cruel malheur, elle attachera elle-même aux voûtes nuptiales le cordon fatal qui va serrer son cou d’albâtre, par effroi de l’implacable déesse, par désir jaloux de bonne renommée, et pour écarter de son âme les peines de l’amour. » Sous les détours, et comme sous les plis onduleux de cette poésie, le dénouement même prédit ne semble-t-il pas se voiler à demi, avec cet art suprême des Grecs de ne pas épuiser l’horreur et de garder toujours la dignité et presque la grâce austère dans la douleur ?
Toutes les fois cependant que la démangeaison me revenait (et elle me revenait de temps en temps), quand j’étais tenté d’entamer la série, d’ouvrir la tranchée à tout hasard, c’était par M. de Sacy que j’étais bien résolu de commencer : sur celui-là, l’opinion me semblait faite ; j’allais, me disais-je, à coup sûr ; il n’y avait ni à ajouter ni à rabattre, il n’y avait pas de péril. […] Parler d’un catalogue, c’est peu inspirant, ce semble ; et pourtant, si M. de Sacy a jamais été neuf, fin, varié, imprévu, s’il a eu de l’accident et de la bonne fortune d’écrivain, un grain d’humour, ç’a été ce jour-là.
Je disais tout à l’heure que la nature semblait s’essayer, dans cette dernière moitié du règne de Louis XIV, à façonner des cerveaux un peu différents de ce qu’ils avaient été dans la première : il faut ajouter qu’elle y était fort aidée par ce grand auxiliaire et coopérateur nommé Descartes, qui était venu changer ou tout au tout la méthode de raisonner. […] Au fur et à mesure qu’il s’appliquait à un sujet, selon sa méthode d’examen étrangère à toute considération historique, il était frappé de ce que les idées, les plus raisonnables selon lui, étaient le moins en usage, et que, sur chaque point, le genre humain semblait encore dans l’enfance.
» Beau cri, mais qui dépasse, ce me semble, la portée de l’amour, qui suppose dans le cœur une rage de bonheur antérieure à l’amour, et laquelle aussi lui survivra. […] Léger sommeil d’un cœur tranquillisé… Ce mot expressif et neuf ainsi placé, tranquillisé, choquait surtout ces habiles prosateurs et leur semblait prosaïque.
Je viens de lire ses Lettres posthumes, publiées par un de ses amis et disciples, l’abbé Perreyve, qui semble lui avoir emprunté quelque chose de sa parole et de son glaive : il faut voir avec quelle fermeté, avec quelle certitude le panégyriste enflammé lui décerne son titre de saint, lui assigne son rang et son rôle d’apôtre, et le propose pour modèle aux jeunes générations catholiques de l’avenir. […] Certainement un prêtre peut monter à cheval pour l’exercice de son ministère ; il y a des pays de montagnes où c’est la seule manière de voyager, et des évêques même ne se font pas scrupule de parcourir ainsi les parties abruptes de leur diocèse ; mais monter à cheval pour son plaisir, comme les fils de famille riches, qui vont passer la soirée au bois de Boulogne, je vous avoue que la chose me semble hardie dans un religieux.
D’ingénieux érudits semblent avoir eu regret à ce travail d’Aristarque qui résumait si heureusement et accomplissait tous ceux des grammairiens ses prédécesseurs. […] Ce genre d’éloge pourra sembler un peu exagéré sans doute ; on n’en est plus tout à fait là aujourd’hui, non plus qu’à rechercher la règle fondamentale des cinq actes et des trois unités dans Sophocle et dans Eschyle.
Il lui semble « que son estomac, qui se refusait à toute nourriture, digérerait cet affreux mets et que son palais s’en réjouirait comme d’un régal ». […] Le premier semble avoir renoncé bien vite à ses tentatives : « Qu’il ait essayé une ou deux fois du haschisch55 comme expérience physiologique, cela est possible et même probable ; mais il n’en a pas fait un usage continu… Il ne vint que rarement et en simple observateur aux séances de l’hôtel Pimodan, où notre cercle se réunissait pour prendre le “Dawamesk”, séances que nous avons décrites autrefois dans la Revue des Deux-Mondes, sous ce titre “le Club des Haschischins” en y mêlant le récit de nos propres hallucinations ».
Ils ont pour ennemis le hasard, qui a une marche très régulière quand on le calcule dans un certain espace de temps et avec une vaste application ; le hasard qui ramène à peu près les mêmes chances de succès et de revers, et semble s’être chargé de répartir également le bonheur entre les hommes. […] On sait que son espoir était de s’immortaliser par des services publics, que les couronnes de la renommée furent le seul prix dont il poursuivit l’honneur ; il semble que les hommes en l’abandonnant courent des risques personnels.
« Toute l’opération, dit-il, consiste à découvrir, par des comparaisons nombreuses et des éliminations progressives, les traits communs qui appartiennent à toutes les œuvres d’art, en même temps que les traits distinctifs par lesquels les œuvres d’art se séparent des autres produits de l’esprit humain. » Considérant donc les cinq grands arts, peinture, sculpture et poésie, architecture et musique, se fondant sur des faits que fournissent l’expérience ordinaire, l’histoire des grands hommes, celle des arts et des lettres, observant tantôt l’œuvre de Michel-Ange ou celle de Corneille, tantôt les peintures de Pompéi ou les mosaïques de Ravenne, il fait cette première induction, que l’objet de l’œuvre d’art semble être l’imitation de la nature. Mais certains faits semblent contredire à cette assertion : les preuves que donnent le moulage, la photographie et la sténographie, la comparaison de certaines œuvres d’art, comme les portraits de Denner et ceux de Van Dyck, le parti pris d’inexactitude qu’on remarque dans l’art souvent le plus élevé, la comparaison de la prose et de la poésie, des deux Iphigénies de Gœthe où la beauté est en proportion inverse de l’exactitude, tout cela témoigne que le but de l’art n’est pas l’imitation rigoureuse et absolue.
Il sait tout ou du moins devine tout et semble s’être tout assimilé. […] Il me semble que nous mettons ordinairement un peu de nous dans l’idée que nous nous faisons de don Juan : celui de M.
Swinburne Pour mettre une couronne au front d’une chanson, Il semblait qu’en passant son pied semât des roses, Et que sa main cueillît comme des fleurs écloses Les étoiles au fond du ciel en floraison. […] Être accusé de manquer de cœur est le sort commun de tous les artistes non effrontés, qui ne font pas de leur cœur métier et marchandise, et qui ne l’accommodent pas en mélodie pour piano ; peut-être faut-il qu’on soit resté simple et instinctif pour deviner l’être aimant et divinement tendre, en lisant le Triomphe de Pétrarque et l’héroïque Thermodon ; mais il me semble difficile que le premier venu puisse lire sans pleurer les strophes émues et déchirantes inspirées à Théophile Gautier par la mort de sa mère.
L’unité qu’on s’imagine exister dans le pouvoir volontaire et qui est suggérée par l’apparence qu’elle présente à l’âge mûr, alors que nous semblons capables sur le plus petit souhait de produire un acte, est le résumé et le comble d’un vaste ensemble d’associations de détail, dent l’histoire a été perdue de vue ou oubliée183. » Examinons comment se bâtit pièce à pièce l’édifice de notre volonté, en passant en revue les sensations et sentiments de diverses sortes184. […] Je regrette, pour ma part, que l’auteur ait été si sommaire sur les phénomènes qui font la transition de la psychologie normale à la psychologie morbide (rêves, sommeil magnétique, etc.), et qu’il semblait si bien en état d’étudier.
Vous paraissez née pour les plaisirs, lui disait Mme de La Fayette, et il semble qu’ils soient faits pour vous. […] Un homme de ses amis (l’abbé Arnauld), qui avait aussi peu d’imagination que possible, en a trouvé pour la peindre, lorsqu’il nous dit : Il me semble que je la vois encore telle qu’elle me parut la première fois que j’eus l’honneur de la voir, arrivant dans le fond de son carrosse tout ouvert, au milieu de monsieur son fils et de mademoiselle sa fille : tous trois tels que les poètes représentent Latone au milieu du jeune Apollon et de la jeune Diane, tant il éclatait d’agrément dans la mère et dans les enfants !
Seulement, il semble que l’aimable lutin Ariel se soit déguisé pour le surprendre, et que, sans se nommer, il se soit glissé dans sa prose. […] La manière en semble faite exprès pour expliquer le mot de Voltaire : La grâce en s’exprimant vaut mieux que ce qu’on dit.
Si maintenant, après avoir établi que l’acte ministériel est odieux, inqualifiable, impossible en droit, nous voulons bien descendre pour un moment à le discuter comme fait matériel et à chercher de quels éléments ce fait semble devoir être composé, la première question qui se présente est celle — ci, et il n’est personne qui ne se la soit faite : ― Quel peut être le motif d’une pareille mesure ? […] Nous le redisons expressément, ce n’est pas avec la police que nous discutons ici, nous ne lui faisons pas tant d’honneur, c’est avec la partie du public à laquelle cette discussion peut sembler nécessaire.
Si le cerveau est l’organe de la pensée et des fonctions intellectuelles, il semble naturel que l’on puisse mesurer l’intelligence des différentes espèces animales en comparant leur cerveau, et les faits donnent jusqu’à un certain point raison à cette conjecture. […] C’est ce qu’il a fait lui-même dans un savant mémoire17 où il établit, contre l’opinion reçue, que le degré du développement de l’intelligence, loin d’être en raison directe de l’étendue relative de la surface du cerveau, semble bien plutôt en raison inverse18.
Chapitre VI Les localisations cérébrales Certains savants, persuadés que le cerveau est l’organe de la pensée, mais frappés des démentis bizarres que l’expérience semble donner à cette théorie, ont été par là conduits à supposer que la plupart des erreurs commises venaient de ce que l’on voulait toujours considérer le cerveau en bloc, au lieu d’y voir un assemblage d’organes différents, associés pour un but commun. […] Sans doute l’encéphale, comme nous l’avons vu, est un organe complexe, et c’est là qu’on pourra, avec le plus de succès, établir certaines localisations ; mais si l’on se borne aux hémisphères cérébraux, ils semblent bien être un seul et même organe, ou du moins un double organe homogène, semblable aux deux poumons, aux deux yeux, etc.
L’esclave marche la tête inclinée ; il semble toujours la présenter à un glaive prêt à le frapper. […] Il semble qu’on vous propose là d’aller coucher avec la mère de votre dieu.
Il nous a semblé que les détails que nous y ajoutions avaient leur intérêt, et c’est là notre seule excuse.
Une telle situation étant trouvée, il ne s’est plus agi que de l’encadrer, de l’amener : les quatre actes qui précèdent peuvent sembler un peu longs pour cette fin.
Une autre fois qu’elle allait aussi chez la reine, c’était dans des jours moins heureux, la princesse lui dit : « J’ai rêvé de vous cette nuit, ma chère Rose ; il me semblait que vous m’apportiez une quantité de rubans de toutes couleurs, et que j’en choisissais plusieurs ; mais, dès qu’ils se trouvaient dans mes mains, ils devenaient noirs… » L’éditeur a compris qu’il n’y avait pas là de quoi faire un volume : il a donc grossi le sien de notes sur le comte de Charolais, le duc d’Orléans, MM. de Choiseul et de Maurepas, qui ne se rattachent aucunement au texte ; ils sont à peine nommés dans l’ouvrage, et voilà qu’on nous donne en notes toute leur vie privée et publique.
Sa vocation, ce semble, si elle avait pu se développer naturellement, eût été le commerce des poètes, des artistes, parmi lesquels il n’aurait pris, à titre de poète lui-même, qu’une place modeste ; il se faisait de l’art une si haute idée, il avait un tel dédain du goût vulgaire, qu’il n’admettait guère les essais incomplets et qu’il ne voulait que les œuvres sûres.
Si nous avions à joindre quelque remarque critique générale aux éloges de détail que mérite presque constamment le modeste et ingénieux travail, ce serait surtout en ce que l’auteur, qui sait si bien les époques poétiques antérieures, semble méconnaître et vouloir ignorer trop absolument celle-ci.
C’est une citadelle qui a courageusement repoussé les assauts, et que la famine force enfin de se rendre. » « Une femme nous semble un peu moins jolie quand nous avons entendu contester sa beauté. » Je ne sais si l’auteur a raison de refuser aux femmes la faculté d’être amies entre elles ; il ne la leur refuse du reste que dans leur première jeunesse et quand une autre sorte de passion plus vive est en jeu.
Lorsqu’il tenait son regard fixé sur elles et que quelqu’un entrait dans la chambre, l’arrivant était momentanément caché par l’image et semblait passer derrière elle lorsqu’il arrivait au point où elle était ; mais, si le regard se portait sur l’arrivant dès son entrée dans la pièce et demeurait attaché sur lui pendant sa marche, celui-ci paraissait passer devant l’image et la dérobait un instant à la vue du malade, lorsqu’il arrivait au point où elle se trouvait. — Jusqu’ici, la vue seule était hallucinée.
Sans doute la fable, le plus humble des genres poétiques, ressemble aux petites plantes perdues dans une grande forêt ; les yeux fixés sur les arbres immenses qui croissent autour d’elle, on l’oublie, ou, si l’on baisse les yeux, elle ne semble qu’un point.
Émile Zola Il me semble que Cyrano de Bergerac, que Théophile Gautier a mis dans ses Grotesques, est un ancêtre de M.
Émile Blémont excelle à décrire en poésie, ainsi qu’on faisait jadis, les tableaux de nos peintres, auxquels ses vers semblent rendre leurs mouvements et leurs couleurs ; signalons, avant de finir, une pièce charmante : « Le Volant », un élégant Watteau en quatrains.
Un souffle de mort avait fauché à son tour le musicien, et ce souvenir funèbre ajouta, semble-t-il, à l’émotion poignante du drame… Poète né au pays du soleil, Éphraïm Mikhaël a la mélancolie des hommes du Nord ; sa prescience de la mort obsède parfois.
Pierre Quillard, dont les rimes quelquefois semblent forgées sur l’enclume cyclopéenne de Leconte de Lisle.
Là, le jeune poète me semble apporter tout simplement à nos lettres ce genre de poésie qui leur manquait, au témoignage des meilleurs juges du xviie siècle.
Or voici une affiche de Lautrec, sa dernière : une femme insignifiante de visage, élancée, bien faite et fort élégante parmi ses plumes et ses fourrures, semble, de son manchon tendu, indiquer un chemin à un imaginaire questionneur.
On connaît le mot de Mme de Sévigné sur les Essais de Nicole, qui lui semblaient trop délayés et un peu longs à déguster : « Je voudrais qu’on en fit un bouillon pour l’avaler. » Il faudra de même que l’avenir fasse un consommé de toute cette nourriture intellectuelle qui serait capable, sous sa forme présente, de surcharger et de gâter l’estomac le plus robuste.
Parfois, le fleuve semble faire halte dans la profondeur d’un lac où il s’épure, miroite et s’endort.
Pour ceux qui sont plus voisins de nous, il semble que nous soyons accablés, écrasés, étouffés sous un monceau de renseignements et que notre plus grand obstacle soit l’énormité même du fatras à débrouiller.
« Quand je dîne à Versailles, disoit-il à ses amis, il me semble que je mange à l’office : on croit voir des Valets qui ne s’entretiennent que de ce que font leurs Maîtres ».
Ils ne semblent pas être sortis de la même main.
Il y a même dans l’original un effet singulier que nous n’avons pu rendre, et qui tient, pour ainsi dire, au défaut général du morceau : les longueurs que nous avons retranchées semblent allonger la course du prince des ténèbres, et donner au lecteur un sentiment vague de cet infini au travers duquel il a passé.
Regardez comme ce long sillon de lumière éclaire cette verdure, se joue entre les brins de l’herbe, et semble leur donner de la transparence.
. — Monselet-Pacha semble en proie à une douce folie et joue avec ses chaînes.
Il semblait qu’il allât périr étouffé dans les nœuds dégoûtants de la guerre civile.
La preuve en est que, après six cents ans, Dante Alighieri trouve encore des lecteurs ; un seul de ses tercets est plus significatif, me semble-t-il, que tout le procès de Mme Humbert.
Agamemnon tue lui-même les deux agneaux dont le sang doit consacrer le traité fait avec Priam ; tant on attachait alors une idée magnifique à une action qui nous semble maintenant celle d’un boucher !
Il y a vingt scènes en un acte ; on tombe sans préparation de l’une à l’autre, de la tragédie à la bouffonnerie ; et le plus souvent, il semble que l’action ne marche pas ; les personnages s’attardent à causer, à rêver, à étaler leur caractère. […] Même le dialogue et le discours, qui, par excellence, semblent devoir être des courants réguliers et continus d’idées entraînantes, demeurent en place tout stagnants, ou s’éparpillent en déviations et en vagabondages. […] Il semble que la tragédie ne puisse aller au-delà. […] Il envoie des assassins contre Antonio, et cependant il vient à elle dans l’obscurité avec des paroles affectueuses, semble se réconcilier avec elle et subitement lui montre des figures de cire couvertes de blessures, qu’elle prend pour son mari et ses enfants égorgés. […] Je ne suis pas encore folle… Le ciel sur ma tête semble d’airain fondu, et la terre de soufre enflammé, et pourtant je ne suis pas folle.
Il semblait qu’après Malherbe il n’y eût plus qu’à perfectionner l’art d’écrire en vers selon les règles qu’il avait tracées. […] Il y avait d’ailleurs dans la poésie qui allait disparaître du bon mêlé au mauvais, et si la mode avait gardé des partisans, c’est grâce au « grain de bon sens » que, même avant le conseil de Balthazar Gracian, nos Français savaient mettre jusque dans des jeux d’esprit qui semblent l’exclure. […] Vous semble-t-il que Boileau n’ait pas eu l’âme aussi tendre que d’Alembert, duquel on disait : « Il n’est pas donné à tout le monde d’être si sec », et qu’il n’ait pas vu aussi loin dans son art que Marmontel ? […] Il n’arrive pas toujours à sentir vivement en prose, et il semble qu’il s’y détende l’esprit, après les nobles fatigues de la poésie. […] Il semble que l’œuvre imprimée lui eût donné des scrupules, et qu’il fût inquiet sur son premier jugement.
Les voyages de son Gulliver sembleront un journal de bord. […] On sourit de voir la poésie ravalée jusqu’à cet emploi ; il semble qu’on assiste à une mascarade ; c’est une reine travestie en dindonnière. […] Il semble y défendre l’Église d’Angleterre ; mais quelle Église et quel symbole ne sont pas enveloppés dans son attaque ? […] Néanmoins il fit encore cette objection : pourquoi leur père leur aurait-il défendu de porter un manche à balai sur leurs habits, avertissement qui ne semblait pas naturel ni convenable ? […] Que nos intérêts et nos passions semblent ridicules, rabaissés à la petitesse de Lilliput, ou comparés à l’énormité de Brodingnag ?
Il a parlé de son prédécesseur en des termes que je me permettrai tout bas de trouver indulgents, mais qui étaient convenables dans la circonstance et qui n’ont semblé que justes.
Sa brochure fait le plus grand tort à la cause qu’il soutient, et semble le ranger définitivement parmi les esprits qui ne mûriront pas.
L'entrée de ces hommes nouveaux semble donner le signal d’une révolution au sein de la docte compagnie : le vieux parti, dit académique, des rédacteurs du Constitutionnel et de ceux qui se croyaient voltairiens, a décidément le dessous.
Victor Hugo, elle semblait d’avance, par le ton de son épigramme qui voulait être injurieuse et qui n’était que flatteuse pour M.
Seulement il se mêle à tout cela, et de plus en plus, ce me semble, trop de préoccupation des rapports sexuels, trop d’allusions à la bagatelle, comme on dit.
Quoique M. de Bonstetten n’ait exprimé nulle part ces considérations, il semble les supposer tacitement ; et les observations de détail, si ingénieuses et si vraies, qui remplissent son livre, s’y rangent.
Il semblerait plus raisonnable d’admettre ce que demandent en troisième lieu les pétitionnaires, qu’un tribunal civil ou commercial soit appelé à juger des contestations entre auteurs et directeurs.
Notre nation, ce me semble, est moins sensible que sensuelle et moins sensuelle qu’intellectuelle : plus capable d’enthousiasme que de passion, peu rêveuse, peu poétique, médiocrement artiste, et, selon le degré d’abstraction et de précision que comportent les arts, plus douée pour l’architecture que pour la musique, curieuse surtout de notions intelligibles, logicienne, constructive et généralisatrice, peu métaphysicienne ni mystique, mais positive et réaliste jusque dans les plus vifs élans de la foi et dans les plus aventureuses courses de la pensée.
Leur éclat est celui des armes, leur cadence semble réglée sur celle d’une marche guerrière.
Il n’y a pas à dire, ces vers semblent être écrits de ce matin par un symboliste demeuré respectueux de la forme.
Évidemment, Le Monde où l’on s’ennuie ne semble pas, au premier abord, sortir de la même plume que ce recueil intitulé : Amours et haines, et pourtant, en y regardant bien, on trouvera des tournures d’esprit, une façon de voir, piquante même dans le lyrisme, qui démontrent bien que l’auteur dramatique et le poète ne font qu’un.
Adolphe Brisson On pourrait, à ce qu’il me semble, rapprocher le talent descriptif d’André Theuriet du génie limpide, gracieux et tendre de Jules Breton.
Si cette image semble le rêve d’un autre âge, j’en suis fâché pour le nôtre.
Cette heureuse clarté, son plus solide appui, Et que l’Etranger même admiroit malgré lui ; Cet ordre lumineux, le nombre, & la cadence, Semblent abandonner nos Vers, notre Eloquence.
Comment ont appris leur Langue M. de Voltaire, le propagateur de ce paradoxe, & M. d’Alembert qui semble se faire une loi de ne penser que d’après ce Poëte ?
Dans l’état où sont aujourd’hui toutes ces questions profondes qui touchent aux racines mêmes de la société, il semblait depuis longtemps à l’auteur de ce drame qu’il pourrait y avoir utilité et grandeur à développer sur le théâtre quelque chose de pareil à l’idée que voici.
Dans la première, aucun des personnages n’a dessein de traverser l’action, qui semble devoir aller d’elle-même à sa fin, mais qui néanmoins se trouve interrompue par des événements que le pur hasard paraît avoir amenés.
Homère semble avoir été particulièrement doué de génie, Virgile de sentiment, le Tasse d’imagination.
Les anciens n’arrêtaient pas longtemps les yeux sur l’enfance ; il semble qu’ils trouvaient quelque chose de trop naïf dans le langage du berceau.
Je demeurerai dans une paix profonde (elle se leva ici avec un air de dignité, que l’esprit de religion semblait encore augmenter) ; et lorsque l’ange de la mort paraîtra, je lui tendrai la main.
Le Law 2 de Cochut, écrivain de revue, et qui semble en porter la marque dans toutes ses productions, est un travail de revue beaucoup plus qu’un ouvrage sui generis, ayant sa vie propre et son originalité.
Je ne voudrais pas être trop fade, mais le romancier me semble là en bouton.
C’est là une question qui n’a, ce semble, rien de trop tardif ni de trop prématuré.
Sans doute la colère d’Achille lui semble un sujet plus convenable pour un jeune homme, les aventures du prudent Ulysse pour un vieillard.
Rappelez-vous Froissart, et comment les égorgements, les assassinats, les pestes, les tueries de Jacques, tout l’entassement des misères humaines disparaît chez lui dans la belle humeur uniforme, tellement que les figures furieuses et grimaçantes ne semblent plus que des ornements et des broderies choisies pour mettre en relief l’écheveau des soies nuancées, et colorées qui fait la trame de son récit. […] L’amour semble infini en ce temps ; il joue avec la mort, c’est qu’il fait toute la vie ; hors de la vie supérieure et délicieuse qu’il enfante, il semble qu’il n’y ait plus rien. […] — Et comme j’étais assise, écoutant de cette façon les oiseaux, Il me sembla que j’entendais soudainement des voix, Les plus douces et les plus délicieuses Que jamais homme, je le crois vraiment, Eût entendues de sa vie ; car leur harmonie Et leur doux accord faisaient une si excellente musique, Que les voix ressemblaient vraiment à celles des anges193. […] — Et la rivière près de laquelle j’étais assis, Faisait un tel bruit en coulant, Et si bien d’accord avec l’harmonie des oiseaux, Qu’il me semblait que c’était la meilleure mélodie Qui pût être entendue par aucun homme. […] Chacun y semble un précurseur de Cervantès.
À l’exception d’Hamlet, qui échappe à toute définition par son extrême complexité, les caractères virils me semblent de beaucoup supérieurs aux figures féminines. […] Une telle célébrité, débordant nos frontières et acclamée par des peuples dont pas un ne nous aime et dont plusieurs nous détestent cordialement, démontre assez, ce me semble, que le patriotisme de Béranger n’entre pour rien dans l’admiration incompréhensible qu’on lui voue. […] En France, à ce qu’il semble, cette époque maîtresse, cet âge d’or littéraire embrasse deux siècles, le dix-septième et le dix-huitième. […] Il semble que tout a été pensé et dit, et qu’il ne reste aux poètes futurs qu’à répéter incessamment le même ensemble d’idées et de sentiments dans une langue de plus en plus affaiblie, banale et décolorée. […] L’éclat du style et l’éloquence lyrique des personnages semblaient aux adversaires du Poète l’unique mérite et à la fois le défaut fondamental de ces œuvres si pleines pourtant de situations dramatiques.
La majesté royale remplit ces vastes galeries, et il semble que l’impression s’en fasse encore sentir dans celles des parties de ce prodigieux édifice qu’il n’a pas été nécessaire de transformer pour les conserver. […] L’œil fixé sur les destinées du roi, et comme dans la contemplation de cet idéal, Racine semble suivre dans son théâtre la vie de Louis XIV. […] Les deux antiquités sont de moitié dans le Discours sur l’histoire universelle, et l’esprit propre à chacune semble y avoir dit son dernier mot. […] Puissant, magnifique, veut-il prendre ses résolutions, la droite raison est sa conseillère ; après, il se soutient, il se suit lui-même ; il faut que tout cède à sa fermeté et sa vigueur invincible262. » Douze ans après, son discours semble s’élever encore. […] Ceux qui l’ont le mieux loué sont les plus grands parmi les grands hommes de son siècle ; il semble que l’admiration pour le prince y ait été en proportion du génie et de la gloire.
Car, pour le fond et pour la forme, elle semble être le fait d’une race épuisée, débilitée et corrompue sans inspiration, sans grandeur, réduite à ne pas lever les yeux au-dessus d’elle-même, à se prendre pour unique objectif, à se mirer dans ses bassesses, ses` platitudes, ses vices, ses folies, ses hontes, voire même ses crimes s’attachant à ne faire ressortir des sujets qu’elle traite que les côtés scandaleux, grossiers, repoussants, jusqu’à ceux qui comprennent les servitudes viles et secrètes de la vie organique, appelées par les latins postscenia, et que, jusqu’ici, nous nous efforcions de dissimuler avec soin à la vue du monde, lequel, du reste, n’a rien à gagner à les voir, les connaissant pour son propre compte et par son expérience quotidienne. […] Le premier écrivain réaliste, si ma mémoire ne me fait pas défaut, est, il me semble, M. […] Zola remplit une mission ; il est le scrupuleux observateur des lois de la nature ; et, sous une forme accessible à tous, il en vulgarise la connaissance ; explique et justifie par des théories scientifiques, interprétées à sa façon, les faits incongrus dont il se fait l’historien, et ses incongruités de langage : théorie de l’hérédité pour expliquer la dégénérescence fatale d’une famille, théorie de l’influence des milieux ou conditions ambiantes pour justifier les inventaires interminables que le naturalisme appelle descriptions nécessaires théorie des rapports du physique et du moral pour légitimer les relations analytiques de l’accomplissement des fonctions inférieures de l’organisme relations indispensables, suivant l’auteur, à l’intelligence de certains actes qui semblent d’abord, au sens du lecteur, relever de la morale, tandis qu’ils ne sont que les conséquences logiques de certaines dispositions physiologiques. […] La chimie seule semble devoir fournir à la peinture des compositions et des combinaisons de couleurs ignorées des anciens maîtres. […] Et cela est si vrai qu’au jour de la débâcle et du sinistre où tout semblait s’effondrer, la nation française diminuée en territoire, en population, en argent, s’est relevée toute seule par son courage, son intelligence et son héroïsme.
Si polie que soit la société de Paris, elle n’en approche pas174 ; comparée à la cour, elle semble provinciale. […] Pourtant l’ambassadeur Mercy181, homme fort appliqué, semble trouver que cela est suffisant ; du moins il juge que Louis XVI « a beaucoup d’ordre, qu’il ne perd pas de temps aux choses inutiles » ; en effet son prédécesseur travaillait beaucoup moins, à peine une heure par jour Ainsi les trois quarts de son temps sont livrés à la parade Le même cortège est autour de lui, au botté, au débotté, quand il s’habille de nouveau pour monter à cheval, quand il rentre pour prendre l’habit de soirée, quand il revient dans sa chambre pour se mettre au lit […] De 1775 à 1789191, récapitulant lui-même ce qu’il a fait, il trouve « cent quatre chasses au sanglier, cent trente-quatre au cerf, deux cent soixante-six au chevreuil, trente-trois hourailleries, mille vingt-cinq tirés », en tout quinze cent soixante-deux jours de chasse, c’est-à-dire une chasse au moins tous les trois jours ; outre cela, cent quarante-neuf voyages sans chasse, et deux cent vingt-trois promenades à cheval ou en voiture. « Pendant quatre mois de l’année192 il va à Rambouillet deux fois par semaine et n’en revient qu’après avoir soupé, c’est-à-dire à trois heures du matin » Cette habitude invétérée finit par se tourner en manie et même en quelque chose de pis. « Il n’y a pas d’exemple, écrit Arthur Young, le 26 juin 1789, d’une nonchalance et d’une stupidité pareilles à celles de la cour ; le moment demanderait la plus grande décision, et hier, pendant qu’on discutait s’il serait doge de Venise ou roi de France, le roi était à la chasse. » Son journal semble celui d’un piqueur. […] Nulle privation plus intolérable ; on retrouve la trace de son chagrin jusque dans la protestation qu’il rédigera avant de partir pour Varennes : transporté dans Paris, sédentaire aux Tuileries, « où, loin de trouver les commodités auxquelles il était accoutumé, il n’a pas même rencontré les agréments que se procurent les personnes aisées », il lui semblera que sa couronne a perdu son plus beau fleuron. […] Midi ou une heure sonne avant que cette toilette soit achevée, et le secrétaire, qui sans doute sait par expérience l’impossibilité de rendre un compte détaillé des affaires, a un petit bordereau qu’il remet entre les mains de son maître pour l’instruire de ce qu’il doit dire à l’assemblée des fermiers. » — Oisiveté, désordre, dettes, cérémonial, ton et façons de protecteur, tout cela semble une parodie du vrai monde ; c’est que nous sommes au dernier étage de l’aristocratie.
Quelque chose de sardonique dans son sourire se mêlait, sur ses lèvres, à un désir visible de séduction ; ce sourire semblait indiquer en lui l’arrière-pensée de se jouer des hommes en les charmant ou en les gouvernant. […] Il prit, avec sa dextérité souveraine et avec sa convenance innée, l’attitude, les manières, le ton d’un ministre supérieur à son poste, et qui, en acceptant la direction extérieure de la république, semblait autant la protéger que la servir. […] Pichegru, George, Moreau, l’un transfuge de la république, l’autre séide de la royauté, le dernier héros dépaysé dans une intrigue, lui semblent des instruments de crime façonnés par le cabinet de Londres pour substituer le poignard à la guerre loyale. […] À l’âge de quatre-vingts ans, rassasié de fortune, de dignité, de renommée, ce n’était certes pas une ambition vulgaire qui pouvait le porter à sortir de son repos pour exposer sa personne et son nom aux outrages des partis bonapartistes, des partis royalistes, des partis républicains et des partis perturbateurs du monde, en défendant contre eux tous la paix, contre laquelle tous alors semblaient conspirer. […] Casimir Périer, il laissait voir sur son visage, pâle, ridé, et cependant toujours gracieux, de vieux diplomate, une auréole de satisfaction honnête et puissante, qui semblait dire : Cette diplomatie, tant calomniée par l’ignorance du vulgaire, a aussi sa foi ; car elle a aussi sa vertu.
quand mademoiselle Mars prit congé du théâtre et de la vie, il nous sembla que c’était là un de ces bruits inattendus qui annoncent des choses impossibles, tant nous étions habitués à ne pas douter de cette grâce inépuisable et de cette jeunesse éternelle ! […] Il me semble que je la vois d’ici cette couronne. […] Cette représentation, où Marivaux et sa légitime interprète se montraient dans tout leur éclat, pour la dernière fois, fut empreinte de je ne sais quelle fièvre inquiète avec toutes les agitations de la fièvre ; et le public et les comédiens semblaient animés des mêmes regrets ; les comédiens jouaient mal, le public écoutait mal, Tartuffe (on jouait encore Tartuffe !) […] On l’écoutait bouche béante, on la regardait, à la brûler, et tous ces regards, semblaient dire à leur tour : — C’est impossible, cette femme ne joue pas pour la dernière fois ! […] En ces moments elle était gaie et souriante, elle aimait qu’on la vînt voir au Théâtre-Italien, au théâtre de l’Opéra, dans sa loge, et c’était encore un grand charme d’entendre cette voix qui semblait rappeler toutes les mélodies envolées.
II Cependant, avant de vous dérouler ces vers admirables qui semblent avoir conservé dans leur harmonie et dans leur couleur les ondulations sonores de la vague contre les flancs du vaisseau, le rythme des rames d’où dégoutte l’onde amère, les frémissements des brises du ciel dans les cyprès, les mugissements des troupeaux sur les montagnes de l’Ionie ou de l’Albanie, et les reflets des feux de bergers dans les anses du rivage, permettez-moi de vous faire une remarque qui appartient moins à la rhétorique qu’à l’observation du cœur humain : c’est que, pour bien comprendre et bien sentir Homère dans l’Odyssée, il faut être né et avoir vécu dans des conditions de vie rurale, patriarcale ou maritime, analogues à celles dans lesquelles le poète de la nature a puisé ses paysages, ses mœurs, ses aventures et ses sentiments. […] Ne vous semble-t-il pas que vous assistez à la réception que votre père ou votre oncle font à un de leurs voisins de distinction, quand ils le reçoivent au château, fatigué d’un voyage ou d’une chasse ? […] » Et nous ajournâmes, tout étonnés, au lendemain la lecture de ce livre délicieux, où il nous semblait nous lire nous-mêmes. […] « À ces mots elle le frappe de sa baguette ; elle ride la peau unie et fine d’Ulysse sur ses membres ; elle dégarnit sa tête de ses blonds cheveux et lui donne toute l’apparence d’un vieillard cassé par l’âge ; elle répand un nuage sur ses yeux autrefois si transparents ; elle le revêt d’un manteau en haillons, d’une tunique déchirée et noircie par la fumée ; elle lui jette sur les épaules la peau râpée d’un cerf agile ; elle met dans ses mains une besace toute rapiécée : cette besace est suspendue par une corde qui lui sert de bandoulière. » — « Que vous semble de la fidélité de cette description d’un vieux mendiant ? […] lui dit-il, vous ne semblez pas inhabile dans l’art du jardinage et dans le soin de ce jardin, car il n’est ici aucune plante, ni le figuier, ni la vigne, ni l’olivier, ni le poirier, ni les planches de légumes, qui ne soit bien entretenue.
Nous n’en savons rien, et, à vrai dire, il semble permis d’en douter. […] L’état du manuscrit semble indiquer que, sa conférence faite, J. […] Cela accable Angélique, il me semble. […] La nature, très prévoyante en cela, n’a pas voulu, ce semble, que les hommes songeassent trop à la fin fatale de leur vie. […] Il me semble qu’il l’a peint deux fois, une autre fois et sous une autre forme dans Orgon, du Tartuffe.
Praxitèle semble avoir fait son Aphrodite accroupie pour se donner l’occasion de modeler curieusement les plis et les bourrelets de la chair comprimée. […] Il semble, à le lire, qu’on se soit arrêté au détour d’une rue et qu’on voie se succéder un à un les personnages d’une procession dont la file échappe aux yeux. […] Ne semble-t-il pas qu’il faille tant de cérémonie pour parler à madame ? […] L’image qui nous semble la plus juste pour peindre la manière dont on procéda à la reconstruction générale de la société n’est pas beaucoup plus neuve. […] Cependant l’armée de Napoléon dut compter plus d’un aimable et joyeux garçon comme le capitaine Ramballe que Tolstoï dessine, ce semble, avec la résolution d’être sincère.
J’en conserve ainsi depuis plus de dix ans qui semble n’avoir rien perdu sensiblement de ses propriétés toxiques, bien qu’il se soit produit des moisissures en grande quantité à la surface du liquide. […] Cependant la beauté de la question et les lueurs que la physiologie me semble déjà pouvoir y jeter, tout cela me détermine et m’encourage. […] J’envisagerai ainsi la physiologie du cœur d’une manière générale, mais en m’attachant plus particulièrement aux points qui me semblent propres à éclairer la physiologie du cœur de l’homme. […] Il semble qu’il n’y ait rien à répondre à de pareils raisonnements, parce qu’ils ne sont eux-mêmes que la négation et l’absence de tout esprit scientifique. […] Il importe donc moins de connaître l’immense variété des manifestations vitales que la nature semble ne pouvoir jamais épuiser que de déterminer rigoureusement les propriétés de tissus qui leur donnent naissance.
Hugo dans presque toute son œuvre, c’est, me semble-t-il, la préférence donnée à l’harmonie sur la symétrie. […] La terre natale lui est clémente, apaisante : elle lui semble l’aimer, et il lui rend un fort amour. […] Un voyage à Naples en 1811, un séjour aux gardes du corps en 1814, des excursions en Savoie et dans les Alpes, et le voici aux eaux d’Aix en 1816 : là il fait la connaissance de Mme Charles, la jeune femme d’un vieux physicien, phtisique et nerveuse, point vaporeuse ni exaltée, semble-t-il, charmante « avec ses bandeaux noirs et ses beaux yeux battus » ; elle mourut en 1818, chrétienne, le crucifix aux mains. […] Comme toutes ces formes narratives et dramatiques lui servaient à enfermer, à révéler son intime état de souffrance ou de volonté, ainsi ses poèmes, où il semblait devoir s’exprimer plus directement, ne sont lyriques aussi que par l’émotion subjective qui les a fait germer : ce sont des légendes mystiques, des contes épiques, des récits dramatiques.
Une généralisation de pareilles croyances et de semblables pratiques eût évidemment fait disparaître assez rapidement toute imperfection humaine, mais le résultat obtenu n’eût point semblé désirable. […] Il ne faut pas croire, en effet, que l’autorité dispense d’obéir, ni même qu’elle diffère de l’obéissance autant qu’il le peut sembler au premier coup d’œil. […] Et le premier venu peut donner des ordres à qui bon lui semble, mais on rit de lui si ses ordres ne sont point écoutés. […] Nous ne le percevons que très imparfaitement et très grossièrement, et nous associons à l’impression que nous en prenons ainsi bien des idées et bien des sentiments qui nous semblent à tort lui être indissolublement attachés.
Au mois d’octobre donc, à l’ouverture de la saison, l’affaire du Lohengrin paraissait en très bonne voie ; aucune opposition sérieuse n’avait été tentée ; la très grande publicité qui avait été faite aux projets du directeur de l’Opéra-Comique n’avait eu que d’excellents résultats, et les représentations semblaient assurées pour février ou mars. […] Aussi bien qu’à vous, mon cher Carvalho, il m’a semblé que la mort de Richard Wagner devait effacer le passé, et que nous n’avions plus à nous occuper que de l’avenir auquel l’œuvre du compositeur appartient désormais. […] Il leur a semblé, avec raison, que Paris dépassait toute mesure dans son ressentiment et qu’il n’y pourrait pas persévérer sans se montrer barbare envers ce mort au même degré que Wagner l’a été pour la capitale agonisante ; les esprits sages ont jugé que, si Wagner a été bête un jour, ce n’est pas une raison pour que nous devenions des niais à perpétuité et que cette vengeance envers l’œuvre immortelle des travers d’un homme retourné à la poussière était, au fond, indigne de notre intelligence et de notre générosité. […] mon ami : mais ton patriotisme me semble quelque peu entaché d’intolérance.
Les fleuves les plus vastes n’offrent plus que de légers filets d’eau, coulant, à peine visibles, dans leurs lits rétrécis ; et, comme si elle était poussée par une force puissante, la terre semble monter rapidement vers moi. » On voit, à cette description du char prêté au héros par Indra, ce qu’on voit plus formellement encore dans les traditions de la Chine primitive, que cette antiquité avait ses navires aériens et ses aéronautes. […] C’est un enfant (mais un enfant qui déjà semble déployer la vigueur d’un homme) ; il se révolte contre deux jeunes filles de l’ermitage qui cherchent en vain à le faire obéir. […] Quelle affection elle semble encore prête à témoigner au barbare qui l’a condamnée à un si terrible abandon ! […] Kalidasa, se rapprochant de la noble et douce pureté de Sophocle, n’a rien de cette dégénérescence, de cette vulgarité d’intrigues qu’Euripide semble emprunter d’avance au roman moderne plutôt qu’à l’antique épopée.
Telle est, semble-t-il, la première différence essentielle entre la haute comédie et le drame. […] Il semble aussi qu’un appel ait été lancé en nous à des souvenirs ataviques infiniment anciens, si profonds, si étrangers à notre vie actuelle, que cette vie nous apparaît pendant quelques instants comme quelque chose d’irréel ou de convenu, dont il va falloir faire un nouvel apprentissage. […] Toutes ces théories renferment sans doute une part de vérité ; mais d’abord elles ne s’appliquent qu’à certains effets comiques assez gros, et, même dans les cas où elles s’appliquent, elles négligent, semble-t-il, l’élément caractéristique du risible, c’est-à-dire le genre tout particulier d’absurdité que le comique contient quand il contient de l’absurde. […] Il y a encore des obsessions comiques, qui se rapprochent beaucoup, semble-t-il, des obsessions de rêve.
« La seule chose qui est favorable à M. de Blainville, ajoute Dangeau, c’est qu’il aura la queue de son manteau plus longue d’une aune que celle de M. de Sainctot ; et ainsi les charges ne sont pas égales, mais elles ne sont pas subordonnées. » Il semble à quelqu’un de spirituel avec qui je lis ce passage, que Dangeau, cette fois, a été à une ligne près de trouver cela ridicule, mais qu’il n’a pas osé. […] Je ne me souviens point que les Romains en aient vu un tel ; car leurs armées n’ont guère passé, ce me semble, quarante ou tout au plus cinquante mille hommes ; et il y avait hier six vingt mille hommes ensemble sur quatre lignes. » Il faut lire toute cette description.
Le duc de Luynes, l’auteur des mémoires, s’était donc proposé un travail bien minutieux, bien peu élevé, ce semble, et sans haute portée : il ne visait qu’à être (incognito) un collecteur d’anecdotes, — pas même d’anecdotes —, de faits quelconques journaliers se passant à la Cour et sous ses yeux. […] Ce passage ne semble-t-il pas indiquer qu’à cette date de 1738 et autre part qu’à la Cour, lorsqu’on n’était pas en cérémonie, on dînait encore avec le chapeau sur la tête ?
Pourquoi semblé-je ignorer, quand réellement j’en fais cas, et les délicats et les sensibles, les Deltuf et les Paul Perret, et les terribles dans le réel, les Barbara ; et Mme Figuier, le peintre des mœurs languedociennes, le Longus ou le Bernardin de Saint-Pierre de la Camargue ; et Claude Vignon, un observateur parisien et fin des mœurs de province ? […] Il semblait qu’on passât d’une chambre étouffante à une pièce où il y avait de l’air et où l’on respirait.
Doré semble s’être attaché plus particulièrement à rendre. […] au milieu de ces mets exquis et de ces boissons glacées, il me semblait que j’avais à souffrir les misères de la faim, parce que je n’en jouissais pas avec la même liberté que s’ils m’eussent appartenu ; car l’obligation de reconnaître les bienfaits et les grâces qu’on reçoit sont comme des entraves qui ne laissent pas l’esprit s’exercer librement.
Napoléon en reconstituant le grand-duché de Varsovie après la paix de Tilsitt (1807), et en l’accroissant considérablement après celle de Vienne (1809), semblait encore n’avoir fait qu’un essai et n’avoir pris qu’une demi-mesure. Il avait donné la nouvelle couronne ducale au roi de Saxe, le plus proche voisin, prince aimé et vénéré, mais qui n’était pas tout à fait un roi de Pologne : ce roi, il semblait que l’Empereur refit pu donner directement de sa main, s’il ne voulait se déclarer tel lui-même et céder au cri national.
. — Mêlant des idées mystiques et des pensées de l’ordre providentiel à ses observations d’homme politique, il voyait, l’année suivante (1812) et lors de la gigantesque expédition entreprise pour refouler la Russie, il voyait, disait-il, dans « cette réunion monstrueuse » de toutes les puissances de l’Europe entraînées malgré elles dans une sphère d’attraction irrésistible et marchant en contradiction avec leurs propres intérêts à une guerre où elles n’avaient rien tant à redouter que le triomphe, « un caractère d’immoralité et de superbe, qui semblait appeler cette puissance vengeresse nommée par les Grecs du nom de Némésis » et dont le spectre apparaît, par intervalles, dans l’histoire comme le ministre des « jugements divins. » Il lisait après l’événement, dans l’excès même des instruments et des forces déployées, une cause finale providentielle en vue d’un résultat désiré et prévu : car telle grandeur d’élévation, telle profondeur de ruine. […] » J’eus bien de la peine à ramener au degré de précision nécessaire ces renseignements, qui semblaient toujours avoir été pris à l’aide d’un microscope. » On ne saurait mieux dire.
Mlle de Guérin écrit une bonne partie de ses lettres, et des meilleures, des plus agréables, à sa jeune amie Louise de Bayne dont elle avait vu éclore la rieuse enfance, celle même à qui son frère Maurice semble avoir songé dans de premiers vers qui recèlent un sentiment tendre. […] C’est bonheur vraiment que de prier dans ces grandes maisons de Dieu, où il semble que la dévotion s’agrandit. » Elle a hérité je ne sais quoi du Moyen-Age et de ses saintes avec leur passion pour la prière, pour la bienheureuse solitude, pour la fuite du monde et la vie cachée.
Toutes ces précautions prises, voici la lettre entière, qui me semble déjà contenir en soi le relâchement et la décadence de celui qui n’aura été héros qu’un instant : M. le comte de Clermont à M. d’Élèvemont. […] Laujon, dans cette carrière facile, — pas si facile qu’il semblerait, — se proposait pour maître et pour modèle, il le reconnaît, l’ingénieux Benserade, ce véritable inventeur des ballets modernes et qui, à toutes les critiques dont il se voyait l’objet en son temps de la part du rigide Despréaux, avait pour réponse : « J’ai du moins imaginé un plaisir. » Collé, d’une humeur moins douce que Laujon, et qui sur la fin n’avait de gaieté que dans ses œuvres, fut aussi appelé à Berny.
On parle toujours de corruption à propos du xviiie siècle : cette corruption, ce semble, la voilà bien, nous la touchons ici du doigt dans un exemple qui n’a, d’ailleurs, rien de personnellement odieux et qui peut se considérer sans trop de dégoût. […] Sa mission, après le scandale des maraudes et pillages effrontément exercés, même en pays soumis, semblait être d’abord de discipline autant et plus que de guerre.
Beaucoup d’écrivains se croient alors le droit d’inventer sans cesse des mots nouveaux ; et ce qui semble de l’abondance, amène la confusion. […] Le régime féodal nuit extrêmement à l’intérêt des événements et des caractères ; il semble qu’on se représente, dans ce siècle guerrier, tous les grands hommes revêtus de la même armure, et presque aussi semblables entre eux que leurs casques et leurs boucliers.
Car, quoiqu’il semble que votre juridiction ne s’étende pas plus loin que la comédie et que les théâtres, je ne pense pas que les savants s’en puissent affranchir, puisque leur profession, aussi bien que toutes les autres que nous voyons, n’est qu’une comédie, et que toute retendue du monde n’est qu’un vaste théâtre où chacun joue son différent rôle. […] “Il me semble, dit-elle, que je vois Trivelin qui dit à Scaramouche : Que je t’aurais dit de belles choses, si tu avais eu assez d’esprit pour me contredire !”
En une époque où, par la décadence des études d’adolescence et la désuétude de lire, cet amateur est rare, l’écrivain lui-même semble précieux. […] Les banalités ne semblent claires que parce qu’on ne s’en approche plus.
M. de Lamartine lui-même n’avait pas été si bien accueilli de lord Byron que M. de Musset semble le croire : Byron, dans ses Mémoires, ne parle de cette belle épître sur L’Homme, des premières Méditations, que très à la légère et comme de l’œuvre d’un quidam qui a jugé à propos de le comparer au démon et de l’appeler chantre d’enfer. […] Ce n’est d’ailleurs jamais un déshonneur pour une femme d’avoir été aimée et chantée par un vrai poète, même quand elle semble ensuite en être maudite.
Il vient de nous peindre cette jouissance spirituelle du premier ordre, qui commence par Pythagore et par Archimède, qui passe par Aristote, et qui arrive et monte jusqu’aux saints : il semble lui-même, en l’envisageant dans ce suprême exemple, n’avoir fait que monter un degré de plus à l’autel. […] Le monde marche ; il se développe de plus en plus dans les voies qui semblent le plus opposées à celles de Pascal, dans le sens des intérêts positifs, de la nature physique travaillée et soumise, et du triomphe humain par l’industrie.
» On a fait à cette théorie, d’ailleurs incomplète, des objections qui ne nous semblent pas porter sur le point décisif. — Ou bien, a-t-on dit, dans la reproduction imparfaite de la première expérience par la mémoire de ranimai, il n’y a rien de plus que dans la première ; en ce cas la tendance, qui n’existe pas dans la première expérience, n’existe pas non plus dans la copie affaiblie, mais exacte, de cette première expérience ; ou bien, au contraire, vous admettez dans la remémoration une tendance à achever l’acte commencé, et alors cette tendance est un élément nouveau que vous avez introduit subrepticement et non déduit. — Voici ce qu’on peut répondre. […] En effet, il reconnaît que, « les plus primordiales expressions de la peine semblent n’être qu’autant d’efforts pour échapper à la cause de cette peine ; elles contiennent au moins le dessein aveugle d’échapper à un mal défini50. » N’est-ce pas là une description du mouvement appétitif, non pas seulement expressif ?
I L’idée du moi On éprouve la même difficulté à construire la conscience continue avec des sensations qui, pour l’analyse abstraite, semblent détachées, qu’à construire une ligne avec des points, un mouvement continu avec des moments successifs. […] Lorsque, dans l’état nouveau de la conscience, il reste encore un souvenir de l’ancien état, l’être s’apparaît toujours à lui-même comme un ; s’il y a une scission plus complète, il semble scindé en deux et peut alors attribuer à un autre ce qu’il a fait lui-même.
Cette grande éloquence, si ridicule quand elle est déplacée, semble faite pour traiter l’objet le plus important de l’homme. […] Cet espace ne lui semble pas suffisant pour plaire, persuader & toucher.
Les souvenirs la blessent ; elle semble craindre que des principes anciens ou vieillis ne soient entachés de féodalité. […] Il semblerait donc que nous n’avons plus de poésie à attendre.
C’est la décrépitude et presque l’agonie : il semble que les plus énergiques efforts pour restaurer cette ruine doivent demeurer sans effet. […] Agiter ces graves problèmes autour d’un roman et de quelques toiles, semblera peut-être, à quelques-uns, puéril.
La dolichocéphalie ne semble avoir garanti de la démocratie aucun peuple moderne. […] * ** L’explication idéologique semblera plus solide.
Pour comprendre, il suffit de comparer la situation politique des deux pays ; en France : Philippe-Auguste, saint Louis et Philippe le Bel ; en Italie : la catastrophe de Frédéric II ; il semblait désigné pour faire de l’Italie une nation ; les lettres et les sciences florissaient à sa cour, et sa mémoire est encore bénie par Dante ; mais le pape l’a vaincu, Manfred tombe à Bénévent, et Conradin livre sa tête blonde au bourreau. […] Sa découverte de l’antiquité semble miraculeuse et ne s’explique que par le génie italien, par les malheurs mêmes de ce génie qui, dépouillé de toute vie nationale, se replie sur lui-même et se crée un monde nouveau dans le domaine de l’esprit.
Il semble que tout d’un coup on se soit trouvé des ailes ; sur ces ailes nouvelles, on s’élance à travers l’histoire et la nature ; on touche à tout, on ne doute de rien, on croit à sa force, on n’est point inquiété par la réflexion, on n’est pas attristé par l’expérience ; on se porte et on s’élance tout entier, de tout son cœur et de toute sa force, à la conquête de la vérité. […] L’air manque, la vue se trouble ; on n’est plus en pays humain, on n’aperçoit d’abord qu’un entassement d’abstractions formidables, solitude métaphysique où il ne semble pas qu’un esprit vivant puisse habiter ; à travers l’Être et le Néant, le Devenir, la Limite et l’Essence, on roule, la poitrine oppressée, ne sachant si jamais on retrouvera le sol uni et la terre.
Il répandit sur toute sa personne, et mit dans ses regards même, une affectation de grandeur qui avait un peu besoin de sa réputation et de son rang pour ne pas étonner, et semblait vouloir commander le respect plutôt que l’attendre. […] Ce prince eut deux ministres célèbres ; Colbert, qui enrichit l’État par ses travaux, et dont les erreurs même furent celles d’un citoyen et d’un grand homme ; Louvois, dont l’esprit étendu et prompt semblait né pour la guerre, et servit son maître en désolant l’Europe.
C’est ainsi que dans Andromaque, inspirée de tout Euripide plutôt qu’imitée d’une de ses pièces, Ennius prêtait à la veuve d’Hector ces pathétiques paroles, dont le chant lugubre semblait retentir encore dans l’âme de Cicéron, loin du Forum et du théâtre, et lui faisaient dire : « Ô le grand poëte, bien qu’il soit dédaigné par ces chanteurs qui fredonnent les airs d’Euphorion ! […] La justice envers le passé, la liberté de souvenirs que Pollion avait, à ce qu’il semble, portées dans l’histoire, auraient paru sans doute trop hardies sur la scène.
Il nous semble qu’aujourd’hui, à la distance de plus de trente années, nous en pouvons parler nous-mêmes avec une vraie impartialité. […] La Chine semble comme un monde à part dans l’Orient. […] Ce sont deux mondes qui ne semblent avoir rien de commun. […] Il me semble qu’un tel résultat vaut bien la peine d’être recherché. […] Il semble que ces considérations justifient déjà suffisamment notre entreprise.
C’est là que j’appris la triste nouvelle de la capitulation de Paris et de la chute de Napoléon, qui me semblait entraîner celle de la France entière.
C'était évidemment un parterre instruit, car aux moindres velléités de s’étonner ou de se scandaliser, la masse semblait répondre : Mais c’est ainsi dans l’histoire, mais il faut que cela soit ainsi.
De loin, à nous humbles esprits, il nous semble que, malgré tout, la partie n’est point perdue pour la cause des Lettres honnêtes et sévères, et que ce drapeau si bruyamment déployé par des spéculateurs intrépides peut au contraire servir de signal à tous les esprits modérés et sains, à tous les talents restés sérieux et dignes, pour s’unir, se serrer en groupe, et pour résister à un coup de main qui tend à changer ainsi de fond en comble le régime et les conditions vraies de la littérature.
Il a publié assez récemment, chez Hetzel, deux petits volumes sur la Rhétorique même et sur la Mythologie, et en rajeunissant par la forme des sujets dont le fond semble épuisé, il s’y montre plus dégagé de ton et plus alerte qu’on ne l’est volontiers dans l’Université, il n’a pas prétendu creuser, il s’est joué sans pédanterie à la surface : on sent un auteur maître de sa matière et qui en dispose à son gré.
Et cela, jusqu’à un certain point, est vrai : car, même avec tous ces défauts, avec toutes ces lacunes et ces creux qui se révèlent dans leurs pensées habituelles et dans la forme de leur caractère, la société ébranlée est encore trop heureuse de les avoir rencontrés un jour et de s’être ralliée à deux ou trois des qualités souveraines qui sont en eux : elle doit désirer de les conserver le plus longtemps possible, et tant qu’il porte et s’appuie sur leurs épaules même inégales, il semble que l’État dans son penchant ait encore trouvé son meilleur soutien.
Dès le lendemain donc il se rend à Karency, et s’introduit dans le château pour y voir la princesse ; mais, avide qu’il est de sensations fortes, il n’est point assez ému en la voyant ; il semble pressentir que celle qu’il a vue n’est qu’une fausse Agnès.
Ce principe de conduite, si constant chez madame de Genlis, quoique se produisant sous des formes si variables, suivant la diversité des temps, dévoile suffisamment, ce me semble, son intention récente.
Théophile Gautier notre rôle de juge et de donneur de conseils puisse sembler encore plus délicat, puisqu’on a bien voulu mêler de loin notre nom et notre exemple à son talent, il y a quelque chose qui met à Taise, c’est un sentiment envers lui et envers ses mérites poétiques, un sentiment de bon vouloir équitable, dont nous sommes sûr et dont nous espérons, malgré quelque sévérité, qu’il ne doutera pas.
Au théâtre, elle devenait volontiers une clameur ; on pouvait en craindre l’éclat faute d’issues naturelles et suffisantes, et l’applaudissement montait assez haut pour sembler une explosion.
On va nous éventrer nos Champs-Élysées, mettre à bas ce bon vieux Palais de l’Industrie auquel nous étions faits et qui semblait la grande serre de ce beau jardin.
Vous êtes poète, j’ai voulu surtout marquer votre place, à ce titre, dans la grande littérature, honorer en vous cette constance qui vous porte à chercher les succès difficiles, et vous inviter à marcher résolument dans ce véritable domaine de l’art, que les auteurs comme le public semblent tentés d’abandonner : non que je porte à la comédie en vers une préférence académique et que je lui croie plus de dignité qu’à la comédie en prose ; une grande comédie en prose est assurément une œuvre très littéraire, surtout si elle est l’œuvre d’un seul auteur ; mais la comédie en vers a cet avantage d’une langue particulière qui parle à la mémoire, et d’un art choisi, précis, délicat, et d’autant plus difficile que les esprits auxquels il s’adresse sont plus cultivés.
Il me semble que non.
Les sentimens que l’Ecrivain leur inspire, surtout dans ses Elévations & ses Méditations, semblent agrandir & multiplier leur existence, & sont bien supérieurs aux, froids mouvemens que peut exciter une imagination péniblement exaltée, ou une vaine fermentation philosophique.
quoi de plus éloigné de la nature, que des Pieces où les larmes & les ris semblent se disputer la préférence ?
Je ferois grande injure à mes Vers & à moi, Si, en parlant de l’or, je ne parlois de toi, Qui as le nom doré, mon Dorat ; car cette Hymne, De qui les vers sont d’or, d’un autre homme n’est digne Que toi, dont le nom, la Muse & le parler Semblent l’or que ton fleuve, Orence, fait couler.
Elle semble avoir formé celui-ci pour l’éloquence.
En faisant abstraction du génie particulier des deux poètes, et ne comparant qu’homme à homme, il nous semble que les personnages de la Jérusalem sont supérieurs à ceux de l’Iliade.
Cependant Bernardin de Saint-Pierre nous semble avoir surpassé les bucoliastes de l’Italie et de la Grèce.
La raison, la saine morale et l’éloquence nous semblent encore du côté du prêtre chrétien.
Ses regards semblent y chercher son Dieu.
Andromaque est prosternée aux pieds du soldat, et semble plutôt supplier que disputer son enfant.
J’ai vu peindre La Tour, il est tranquille et froid ; il ne se tourmente point ; il ne souffre point, il ne halète point, il ne fait aucune de ces contorsions du modeleur enthousiaste, sur le visage duquel on voit se succéder les images qu’il se propose de rendre, et qui semblent passer de son âme sur son front et de son front sur la terre ou sur sa toile.
Il nous semble donc que, surtout par ce temps de mysticisme renaissant, une pareille entreprise peut et doit être accueillie sans inquiétude et même avec sympathie par tous ceux qui, tout en se séparant de nous sur certains points, partagent notre foi dans l’avenir de la raison.
Si Gérard de Nerval avait seulement écrit les Excentriques au front du livre où sont réunis les articles faits pour les journaux ou pour des revues, ces biographies, tout au plus spirituelles, qui n’ont que l’intérêt raccourci des anecdotes et dont le titre, souvent déplacé, semblait promettre davantage, on n’aurait peut-être rien à objecter contre son titre, quoiqu’il pût trouver sans grand peine des types d’excentricités plus frappants, plus dramatiques, plus exceptionnels enfin, que les types qu’il nous a décrits.
Les Chasses royales surtout nous semblent un de ces ravissants caprices d’intelligence auxquels on revient, après les avoir lus, ramené par un charme.
C’était un siècle didactique et corrompu auquel répondaient parfaitement, ce semble, le Tableau de Paris, c’est-à-dire la topographie et la statistique de toutes choses, et ce moraliste sans croyances livré, comme un autre moraliste (Duclos) auquel il ressemble, à ces instincts d’honnêteté grossière qui ne sont rien quand la religion ne les a pas fortifiés.
Taine me semble incomparable.
Il donna ses obélisques à Rome, ses lois à la Grèce, ses institutions religieuses à une partie de l’Orient, ses colonies et ses usages à plusieurs pays de l’Asie et de l’Europe ; il n’eut presque sur tout que des idées vastes ; ses ruines même nous étonnent, et ses pyramides, qui subsistent depuis quatre mille ans, semblent faire toucher le voyageur aux premiers siècles du monde.
Non, il ne semble point un candidat à cette peur de l’action, que ses critiques croient reconnaître chez lui. […] Il me semblait rôder, comme Faust, autour de la maison de prière, où l’office des trépassés se célébrait sur le cercueil de Marguerite morte et sauvée. […] Je soupçonne même que l’idée de consacrer une biographie à leur falot compatriote ne leur semble pas la moins vaine des sphères de savon associées pour eux à la figure du Penseroso. […] La justice suppose la noblesse de l’âme et le désintéressement. — Une fédération de petits peuples libres, qui ne demandent que l’indépendance, semble la patrie naturelle des idées historiques plus humaines, le sol des théories épurées de civilisation. […] Toute la dramaturgie sémitique m’est apparue comme une œuvre d’imagination… Il me semble que ce qui me reste de toutes mes études, c’est une nouvelle phénoménologie de l’esprit, l’intuition de l’universelle métamorphose… Toute croyance spéciale est une raideur et une obtusité, mais cette consistance est nécessaire à son heure.
Ces deux mois de séjour, de maladie, de convalescence, auprès d’une personne supérieure et affectueuse, semblèrent modifier sa nature et lui communiquer quelque chose de plus calme, de plus heureux. […] je l’ignore ; mais je n’en désespérerai que lorsque nous nous serons arrêtés au mal. » Remarquez ce nous par lequel il s’associe tout à fait à la France ; il me semble dans tout ceci que le politique, le tribun se dégage et commence à poindre. […] Il me semble que vous la jugez un peu sévèrement. […] Dans un portrait d’elle par elle-même, Mme de Charrière semble être un un moins certaine de sa beauté : « Vous me demanderez peut-être si Zélinde est belle, ou jolie, ou passable ? […] Quoi qu’on puisse dire, elle ne fait, pour le ton et pour le tour d’esprit, que devancer les nôtres, qui semblent venir exprès pour la confirmer. — (On m’assure, depuis que tout ceci est écrit, que la lettre n’est qu’un pastiche, du fait d’un M.
Et cependant, par l’originalité de son génie, il a coulé dans la tragédie un esprit nouveau, il l’a modifiée intérieurement de telle sorte qu’il nous semble le créateur d’un système dramatique. […] Racine produit toujours ses caractères en travail, jamais dans un état purement sentimental : il semble que ce soit une nécessité dans le théâtre français, de ne rien montrer qui ne soit action. […] Les personnages de Racine sont plus près de nous que ceux de Corneille : du moins, il nous le semble, quoique peut-être les grandes passions ne soient guère moins rares que les grandes volontés.
Il est impossible de peindre avec plus de précision, avec une réalité plus poignante, plus brutale, l’avilissement de cette malheureuse femme, que semblent excuser pourtant les circonstances de sa vie. […] Et que dites-vous de phrases comme celle-ci : « Il semblait perdu dans un de ces bonheurs complets, n’appartenant sans doute qu’aux occupations médiocres, qui amusent l’intelligence par des difficultés faciles et l’assouvissent en une réalisation au-delà de laquelle il n’y a pas à rêver » ? […] L’école qui semblait se former à la suite de ce scandale devait répugner aussi à une âme quelque peu fière.
il me semble que je deviens plus cruel et moins accessible aux bons sentiments de l’humanité12 ? » Tels sont les obstacles, voilà les objections, et il nous eût semblé que nous trahissions un devoir en acceptant ces définitions complaisantes qui font de la comédie un utile enseignement, une leçon éclairée, une morale abondante, en dépit de ses origines : le vice, l’insolence, la violence et le besoin de nuire ! […] Il semble à vous ouïr parler que les règles de l’art soient les plus grands mystères du monde, et cependant ce ne sont que quelques observations aisées que le bon sens a faites sur ce qui peut ôter le plaisir que l’on prend à ces sortes de poèmes.
Ce discours, très-méthodique d’ailleurs, semble se diviser naturellement en deux parties. […] Quoique le titre ne semble annoncer qu’une narration historique des différens changemens arrivés dans la doctrine des Protestans ; leurs erreurs y sont mises dans un si grand jour, & elles y sont discutées avec tant de solidité, que l’on peut regarder cet ouvrage comme une histoire, & en même tems comme une réfutation complette du Protestantisme. […] Il les expose avec une grande netteté, & le détail des circonstances semble plûtôt les embellir que les charger.
Mais cela ne me semble rien du tout au point de vue de la profondeur des passions. […] On s’estime, on se cherche, on s’aime en un moment : Tout ce qu’on s’entre-dit persuade aisément ; Et, sans s’inquiéter d’aucunes peurs frivoles, La foi semble courir au devant des paroles : La langue, en peu de mots, en explique beaucoup ; Les yeux, plus éloquents, font tout voir tout d’un coup ; Et de quoi qu’à l’envi tous les deux nous instruisent, Le cœur en entend plus que tous les deux n’en disent. Ce sont des vers absolument merveilleux, d´une part, et qui, d’autre part, me semblent être absolument révélateurs d’un homme profondément et très sincèrement passionné.
Cette soi-disant vertu de Mme de Hautefort qui semble assez facile a paru immense à M. […] Dans ce temps où Richelieu et Mazarin avaient contre eux les linottes coiffées, il n’y a rien, ce nous semble, de plus petit, de plus nauséabond, que cette conspiration des filles de chambre contre les hommes qui voulaient l’ordre dans la maison et la nationalité dans le pays. […] C’est ainsi que l’homme politique et le philosophe reparaissent tout à coup au moment où l’on devait, à ce qu’il semblait, le moins s’y attendre, et quand on les disait l’un et l’autre depuis longtemps morts de volupté dans les biographies d’alcôves d’où, si nous l’en croyons, M.
Haïssables autant que jamais, dangereuses comme au premier jour, car la passion, éternelle comme l’homme, s’empare de l’erreur et s’en fait une arme dans la brutalité de ses desseins, elles ne sont plus cependant, ainsi qu’elles l’étaient autrefois, nécessaires de cette nécessité providentielle dont parle l’Évangile quand il dit ces graves paroles citées par saint Augustin : « Il faut qu’il y ait des hérésies (oportet hæreses esse), parce que ce sont les hérésies qui forcent la vérité à des démonstrations nouvelles. » Au contraire, ces filles de l’orgueil semblent avoir terminé le travail de contradiction que Dieu impose quelquefois à l’homme révolté dans l’intérêt de la vérité méconnue. […] Un simple fellow du collège d’Oriel semblait seul contrebalancer, à force de génie et de caractère, l’impression de respect que produisait dans ce monde si officiel d’une université anglaise, le savant professeur d’hébreu. […] Depuis quelque temps, le Dr Pusey semble s’être placé à côté des événements ; il est abîmé dans une étude persévérante et sévère.
Je finirai cet article par un passage de Suétone qui semble être fait exprès pour appuyer le sentiment que je viens d’exposer. […] Il semble qu’abstrait marque une inattention habituelle, & distrait en marque une passagere à l’occasion de quelque objet extérieur. […] Il me semble, que l’on peut conclurre de ce passage, que les signes, les notes, les accens étoient connus & pratiqués dès avant Ciceron, au moins par les copistes habiles. […] Voici des exemples de l’un & de l’autre, & premierement du sens total qui est le sujet de la proposition, ce qui, ce me semble, n’est pas assez remarqué. […] Quoique la langue Françoise s’énonce communément dans un ordre qui semble prévenir toute amphibologie ; cependant nous n’en avons que trop d’exemples, surtout dans les transactions, les actes, les testamens, &c.
Il me semble que j’ai déjà défini autrefois M.
Il me semble que l’on pourrait, sous le titre de On dit sur Lucrèce, mettre à la file une assez jolie série de petits mots de nos illustres, une brochette de Judicia recentiorum.
. — D'ailleurs, il est le rhapsode triomphal du Midi et y remporte des succès qui semblent fabuleux de loin, mais qu’explique le caractère de ces populations en même temps que celui du poëte.
« Elle parlait pourtant assez bien espagnol, nous dit l’auteur du récit, mais elle n’en prononça pas un mot.Il semble que dans les grandes douleurs, on revient à la langue naturelle, comme on se réfugie dans le sein d’un ami. » L’arrivée de la jeune Mercedès à Cadix, puis à Madrid où elle retrouve sa mère, sa famille ; l’état de la société peu avant l’invasion des Français ; les accidents gracieux qui formaient de légers orages ou des intérêts passagers dans cette existence de jeune fille, puis l’invasion de Murat, la fuite de Madrid, le retour, la cour de Joseph, et le mariage ; tels sont les événements compris dans ces deux premiers volumes de Souvenirs.
Les indifférents, les connaissances intimes mêmes, vous représentent, par leurs manières avec vous, le tableau raccourci de vos infortunes : à chaque instant, les mots, les expressions les plus simples, vous apprennent de nouveau ce que vous savez déjà, mais ce qui frappe à chaque fois comme inattendu ; si vous faites des projets, ils retombent toujours sur la peine dominante ; elle est partout, il semble qu’elle rende impraticable les résolutions mêmes qui doivent y avoir le moins de rapport ; c’est contre cette peine alors qu’on dirige ses efforts, on adopte des plans insensés pour la surmonter, et l’impossibilité de chacun d’eux, démontrée par la réflexion, est un nouveau revers au-dedans de soi.
Ces deux considérations ont amené l’auteur à un plan bizarre, disproportionné, qui semble défier les méthodes traditionnelles et les préceptes de l’école, mais d’une habileté supérieure, singulièrement ajusté à tous les besoins de la cause, et, dans le mépris de toutes les règles oratoires, fidèle à la loi suprême, qui est de persuader.
Ainsi sont comblés les intervalles que le dictionnaire semble laisser entre les mots, et la langue a une infinie dégradation de teintes pour rendre l’infinie modification des idées et des sentiments.
Plus vrai encore fut l’Alphonse Karr de la première jeunesse, maigre, nerveux, vétu d’une blanche robe de moine, irrité par le spectacle de la Bêtise humaine, et ne portant alors qu’une légère et noire moustache de Scaramouche, qui semblait ponctuer la poésie de son génie railleur, venu en droite ligne d’
Alphonse de Lamartine Les vers de Laprade m’avaient semblé avoir la transparence sereine, profonde, étoilée, des songes de
Daudet semble écrire au courant.
« Pour vous dire le vrai, je n’ai point grand goût pour cet auteur25. » Le changement qui s’opéra dans le goût de Voiture me paraît remarquable comme témoignage de celui qui dominait à l’hôtel de Rambouillet, et me semble prouver que les principaux personnages de cette société, au lieu d’être des modèles de mauvais langage, contribuaient à corriger et à épurer les ridicules qui depuis L’Astrée s’étaient propagés parmi les beaux esprits.
Ces défauts doivent-ils empêcher de rendre justice aux vraies beautés qui y brillent souvent, & auxquelles le Critique semble n’avoir pas assez fait d’attention ?
Shakspeare, comme Michel-Ange, semble avoir été créé pour résoudre ce problème étrange dont le simple énoncé paraît absurde : — rester toujours dans la nature, tout en en sortant quelquefois. — Shakspeare exagère les proportions, mais il maintient les rapports.
Voilà, ce me semble, les auteurs qui doivent suffire à un laïque, à moins qu’il ne voulût avoir un cours de morale pour toute l’année, & alors il lui faudroit une Année Chrétienne.
Il semble qu’il faudrait bannir la plupart des chaux, toutes les substances salines, et n’admettre que des terres pures et bien lavées.
De ces deux femmes celle qu’on voit par le dos, montre le ciel de la main et semble dire à sa compagne : voilà le fils de Jupiter.
Je le félicitai, en lui recommandant de ne pas se faire d’amis, la Bibliothèque nationale regorgeant d’aimables causeurs qui semblent ne pas aimer la lecture des autres et qui se relayent pour vous empêcher de prendre connaissance du livre que vous venez d’ouvrir.
Il semble cependant assez naturel que, pour travailler soi-même, ou veuille savoir comment les autres travaillent.
. — Telle sera, dit Dryden, la nouvelle tragédie, fort voisine, ce semble, de la tragédie française, d’autant plus qu’il cite ici Bossu et Rapin comme s’il les prenait pour précepteurs. […] Sans doute c’est un plébéien, un soldat rude et railleur, qui a la franchise et les plaisanteries de son métier, maladroit parfois, qu’un habile eunuque de sérail pourra duper, « héros au crâne épais », et qui, par simplicité d’âme, par grossièreté d’éducation, ramènera Antoine sans s’en douter dans le rets qui semblait brisé. […] Lorsqu’il se croit trahi, il s’abandonne et ne sait plus que mourir. « Que César arpente seul ce monde ; je suis las de mon rôle. — Ma torche est finie, et le monde est devant moi — comme un noir désert à l’approche de la nuit. — Je veux me coucher, ne pas vaguer davantage736. » De pareils vers font penser aux lugubres rêves d’Othello, de Macbeth, d’Hamlet lui-même ; par-dessus le monceau des tirades ronflantes et des personnages en carton peint, il semble que le poëte soit allé toucher l’ancien drame, pour en rapporter le frémissement. […] Ces traductions alors semblaient d’aussi grandes œuvres que des compositions originales. […] Les collines pleines de soleil brillaient dans le lointain sous les rayons splendides, et, dans les prairies au-dessous d’elles, les ruisseaux polis semblaient rouler de l’or liquide.
Mardi 2 janvier Dans le chemin de fer, en face de moi, un monsieur au teint de papier mâché, aux traits nerveusement tiraillés, aux yeux doucement ironiques, et qui, d’après ses paroles, semble un compositeur de musique. […] L’église était complètement noire, mais à la lueur d’une allumette qu’il a allumée, il a pu voir le mort, dont la figure exsangue, était pareille à une figure de cire, et dont le bas du corps semblait une bouillie, sur laquelle se répandaient ses entrailles. […] Jeudi 28 juillet Vraiment, il me semble que la femme a une peau d’été, une peau qui a la lumière veloutée de la fleur, au moment où la rose met son rose tendre dans la verdure. […] Mais la demande a été faite d’un air si extraordinaire, que la maîtresse a dit à une amie : « Je ne sais pas, mais il me semble qu’elle ne reviendra pas. » En effet elle ne revenait pas, et le lendemain elle envoyait de Mantes, une lettre où elle disait, qu’ayant perdu ses économies, elle allait se jeter à l’eau, et qu’elle ne s’était pas noyée à Paris, parce qu’elle ne voulait pas être exposée à la Morgue. […] L’eau du fleuve, toute remuante, toute vagueuse, et où les lueurs d’émeraude et les lueurs de rubis des bateaux, semblent mettre les ondes bigarrées d’une étoffe zinzolin.
Il semble qu’on lui dise : « J’ai honte de vous attaquer ; vous êtes si faible, que même avec un appui vous tombez ; vos raisons sont votre opprobre, et vos excuses sont votre condamnation. » Aussi, plus l’ironie est grave, plus elle est forte ; plus on met de soin à défendre son ennemi, plus on l’avilit ; plus on paraît l’aider, plus on l’écrase. […] » Le dialogue continue sur le même ton : après le mouton d’Écosse, le cochon noir de Kent ; ces bêtes semblent la famille de sir Pitt, tant il s’y intéresse. […] Il nous semble entendre des instructions de collége ou des manuels de séminaire. […] D’autre part, les longues réflexions, qui semblaient banales et déplacées sous la plume de l’écrivain, deviennent naturelles et attachantes dans la bouche du personnage. […] Jusqu’à la dernière heure de sa vie, Esmond se rappellera les regards et la voix de la dame, les bagues de ses belles mains, jusqu’au parfum de sa robe, le rayonnement de ses yeux éclairés par la bonté et la surprise, un sourire épanoui sur ses lèvres, et le soleil faisant autour de ses cheveux une auréole d’or… Il semblait, dans la pensée de l’enfant, qu’il y eût dans chaque geste et dans chaque regard de cette belle créature une douceur angélique, une lumière de bonté.
Je dois dire, quoique cela puisse sembler disproportionné aujourd’hui, que c’est l’abbé de La Mennais qui le premier demanda à Hugo de faire ma connaissance. […] Cousin, d’être délivré du lien qui pouvait sembler une obligation, et d’avoir quitté la Mazarine. […] Victor Hugo, qui était alors directeur ou président. — L’instabilité qui, après la Révolution de février 1848, semblait devoir présider pour longtemps aux destinées de la France, détermina M. […] « Il me semble que c’est assez pour une fois et que je suis rassasié d’en prendre
Rousseau semblait préparé par les circonstances, par le temps, par sa nature au rôle de tribun des sentiments justes et des idées fausses qui allaient se livrer dans le monde la lutte révolutionnaire à laquelle nous assistons encore depuis soixante ans. […] Il va à Genève : il semble désirer de s’y fixer. […] Ce style, qui n’était ni grec, ni latin, ni français, mais helvétique, ravit par sa nouveauté toutes les oreilles : musique alpestre qui semblait un écho des montagnes, des lacs et des torrents de l’Helvétie. […] Incapable d’activité dans la foule, incapable de repos dans la solitude, recueilli par la famille de Girardin, à Ermenonville, dans un dernier ermitage, il y meurt d’une mort problématique, naturelle selon les uns, volontaire selon les autres : le mystère après la folie. — Le moins raisonnable et le plus grand des écrivains des idées des temps modernes repose, jeté par le hasard, sous des peupliers, dans une petite île d’un jardin anglais, aux portes d’une capitale, lui qui, dans sa mort comme dans sa vie, sembla le plus misanthrope des hommes en société, et le plus incapable de se passer de leur enthousiasme.
La réussite était certaine, en effet, auprès de ceux de son parti ; il semblait donc qu’elle ne devait pas l’être moins près de ceux du parti contraire. […] On pensa que cet homme, n’inspirant pas de jalousie et ne soulevant pas de défiances, ni par sa dignité, ni par aucune autre distinction, pourrait préparer les choses de façon que celui à qui il devait souffler la pensée semblât presque en être l’auteur. […] Le plaisir infini qu’il en ressentit n’égala pas son étonnement et en même temps sa crainte très fondée que les choses n’arrivassent pas à bon terme, tant lui semblaient insurmontables les obstacles extrinsèques contre Chiaramonti. […] « Plus l’entreprise de couronner Chiaramonti semblait ardue à cause des obstacles extrinsèques, plus aussi cette difficulté flattait son amour-propre.
Rien ne semblait annoncer, à Turin, la fermentation sourde d’une révolution prochaine qui couvait sous les sociétés secrètes et dans les conjurations ambitieuses des amis du prince de Carignan, depuis le roi Charles-Albert. […] XXXII Ma renommée de poète à peine éclos, ma qualité de diplomate français, l’accueil dont j’étais l’objet à la cour du souverain, mon bonheur intérieur, la présence de mes meilleurs amis, le loisir réservé à la poésie de ma vie comme à celle de mes pensées, ma reconnaissance pour tous ces dons de la Providence et mon penchant à la contemplation pieuse qui s’est toujours accru en moi dans les moments heureux de mon existence, comme les parfums de la terre qui s’élèvent mieux sous les rayons du soleil que sous les frimas des mauvais climats, semblaient me promettre une félicité calme dont je remerciais ma destinée ; lorsqu’un événement étrange et inattendu vint changer du jour au lendemain cet agréable état de mon âme en une sorte de proscription sociale qui se déclara soudainement contre moi, et qui me fit craindre un moment de voir ma carrière diplomatique coupée et abrégée au moins en Italie, ce pays du monde dont j’aimais le plus à me faire une patrie d’adoption. […] Harold s’éveille ; il voit grandir dans le lointain Les contours azurés de l’horizon romain ; Il voit sortir grondant, du lit fangeux du Tibre, Un flot qui semble enfin bouillonner d’être libre, Et Soracte, dressant son sommet dans les airs, Seul se montrer debout où tomba l’univers. […] À la sombre lueur de cet immense phare, Harold longe les bords où frémit le Ténare ; Où l’Élysée antique, en un désert changé, Étalant les débris de son sol ravagé, Du céleste séjour dont il offrait l’image Semble avoir conservé les astres sans nuage.
Voilà ce qui me semble candidement de lui pour ce qui regarde son mérite dans la poésie française. […] on n’est pas si loin les uns des autres, et tout le monde, ce me semble, devrait enfin se trouver d’accord10.
Le style, le ton, la manière de Voltaire lui paraissent choses aimables et charmantes ; souvent elle blâmera le fond, mais il lui semble difficile de critiquer le tour, et encore plus difficile de l’imiter. […] Mais il semble aussi que c’est surtout pour les qualités mâles et fermes qu’elle le goûta.
Ces lettres lui semblaient apparemment piquantes. […] Il écrit dans un genre après tout peu élevé, qui semble facile, et qui est médiocrement honorable.
Il semble souvent employer son bon sens et son esprit séparément, et l’un au défaut de l’autre, plutôt que de se servir de l’un et de l’autre conjointement, pour mettre dans leur jour les sentiments du cœur qui font le poète. […] Le rôle de Genève n’a pas changé, et le côté par lequel elle intéresse l’Europe savante et pensante n’a fait, ce me semble, que se rajeunir.
Il semble avoir quelque peu modifié son point de vue en vieillissant. […] Le début semble un peu vague, un peu général, même un peu solennel : l’auteur enfle un peu sa voix en commençant.
Il semble s’être proposé une gageure impossible et qu’il a pourtant tenue, d’écrire l’histoire avec une suite d’éclairs. […] Ce portrait ou Caractère dans le goût de La Bruyère, qui aurait pu sembler à quelques égards un jeu d’esprit et un exercice de littérature, aura désormais à nos yeux tout son sens et sa signification, éclairé qu’il est par la peinture flamboyante de Saint-Simon, qui y jette comme de sanglants reflets.
C. de Lafayette quand il nous dit heureusement en vers de ces choses qui ne semblaient pouvoir être dites qu’en prose, par les auteurs d’ouvrages d’agriculture, M. […] Depuis que ces animaux ont été vus à Bethléem dans la crèche du divin Enfant, il semble qu’ils se soient rapprochés et élevés d’un degré dans l’ordre de la domesticité et de la société humaine : La vache !
Jules Sandeau, un ancien ami qu’il n’a pas vu depuis longtemps, et pour lequel sa tendresse semble s’être tout d’un coup réchauffée à cette occasion. […] Je ne savais pas, je l’avoue, M. de Pontmartin en si piètre état et en si mauvaise posture ; je le croyais sur un meilleur pied dans tous ses mondes ; il me semblait qu’il avait, littérairement, une réputation assez en rapport avec ses mérites, qu’il n’avait pas grand-chose à demander de plus ; et quant à l’Académie, son désir ou son regret aujourd’hui avoué, j’estimais à vue de pays que, du train dont nous y allons et pour peu que nous mourions encore, il avait chance d’y arriver à son tour, — après M.
Enfin, si le je impatiente souvent, si le moi est haïssable, comme dit Pascal, Étienne, cette variété du moi et du je, semble avoir tourné la difficulté : il est assez aimable et assez avenant. […] Ce rouge et ce cou blanc frappèrent tout à coup l’imagination d’Étienne, excitée déjà par les réflexions que la visite de David lui avait suggérées, et il lui sembla voir tomber la jolie tête de cette jeune femme.
La première partie du roman, qui parut en 1605, semble d’abord avoir dû être définitive ; l’auteur pouvait s’y tenir sans la continuer. […] Et toutes ces opinions ainsi énumérées et passées en revue, je ne puis m’empêcher d’ajouter encore : Une des plus grandes vanités de la gloire, même de la gloire littéraire, qui de toutes semble pourtant la plus authentique, c’est qu’un de ses premiers effets consiste, si elle vous saisit une fois, à vous changer plus ou moins et à vous défigurer.
Deux légères fautes qu’il avait commises dans les derniers temps y avaient été peu senties : l’une, c’était d’avoir composé et publié un poëme français, Hélène, qui ne donnait pas sa mesure, qui semblait pourtant la donner, et qui pouvait faire dire à ses critiques d’ici qu’il n’avait de talent qu’en patois et grâce à son patois ; l’autre faute, c’était d’avoir adressé un Poëme-Épître à M. […] Le ministre de l’Instruction publique, M. de Salvandy, lui écrivit, tout électrisé, au sortir de la séance : « Monsieur, je double le prix… Je regrette de ne pouvoir mieux vous prouver l’estime que m’ont inspirée vos patriotiques vers : eux aussi semblent sculptés en granit. » Sur des sujets moins ambitieux et moins solennels, Boulay-Paty avait pendant des années remporté toutes les formes et les variétés de prix que l’Académie des Jeux floraux peut décerner : ces fleurs artificielles (souci, églantine, amarante, etc.), étaient rangées chez lui et conservées sous verre, chacune dans son bocal.
C’est lui, en effet, et lui seul, dans la première moitié du xviiie siècle, qui, par la nature tendre et passionnée de son âme, par le rôle qu’il assigne dans la vie au sentiment, à la passion, semble continuer Fénelon et annoncer Rousseau ; et l’on pourrait dire que son rôle a été de déchristianiser les idées, les tendances de Fénelon. […] Souvent, d’autre part, les intentions oppressives du pouvoir civil étaient neutralisées par la politesse des agents, qui semblaient s’excuser de faire leur devoir par la façon dont ils le faisaient : des lieutenants de police, des commis de ministère, des censeurs royaux, des intendants, des avocats généraux, des conseillers de Parlement étaient gagnés aux idées des philosophes, se faisaient protecteurs de leurs personnes, atténuaient le danger de leurs publications.
Marie resta de la sorte le chef de la famille, et c’est ce qui explique pourquoi son fils, quand on voulait le distinguer de ses nombreux homonymes, était le plus souvent appelé « fils de Marie 203. » Il semble que, devenue par la mort de son mari étrangère à Nazareth, elle se retira à Cana 204, dont elle pouvait être originaire. […] Une haute notion de la divinité, qu’il ne dut pas au judaïsme, et qui semble avoir été de toutes pièces la création de sa grande âme, fut en quelque sorte le principe de toute sa force.
Il semble ne les avoir pas complétées par cette éducation que l’on se donne à soi-même et qui est la seule qui vaille, ayant, dès la vingtième année, été forcé de gagner sa vie d’abord comme employé de librairie, ensuite comme écrivain. […] L’horreur de la vérité apparaît à ceci qu’avec une documentation assez consciencieuse et sérieuse, jamais, non jamais, ni un homme ni une femme ne nous apparaît dans un roman de Zola tel qu’il nous fasse dire : « C’est cela, je le connais. » Jamais d’aucun de ces personnages on ne s’avisera de dire : « Il semble qu’on l’a vu et que c’est un portrait. » Mauvais critérium ?
Le premier, sans composer une œuvre, a maintenant publié le livre qui semble le dépositaire de son rêve philosophique : Le Bonheur. […] Mais la vie intellectuelle, il me semble, s’activera demain, et les années plus vite se rempliront, et ce n’est pas en vain que mon rêve prend forme en la science… Et qu’importe : j’ai le temps, et mon temps viendra.
Cette indépendance absolue a son charme, et offre, ce me semble, quelques garanties d’honnêteté. […] Je restais là, les yeux fixes, choqué de cette inconvenance, lorsque tout à coup… Il m’a semblé voir, à travers la brume qui montait de mon cigare, les lignes trembler sur le papier et s’agiter d’une façon tout à fait insolite, et des phrases entières rouler sur elles-mêmes… Ô spectacle saugrenu !
Il semble à ces esprits inquiets que hors du cercle social ils se trouveraient plus à l’aise. […] Ainsi le système de l’égalité est venu s’appliquer au monde intellectuel : il semblerait qu’on veut y substituer aussi la division indéfinie des propriétés au droit d’aînesse.
Quand il dit ses vers ou qu’il les chante, avec cette voix stridente qui semble ne plus sortir d’entrailles humaines, il a ce que Voltaire exigeait qu’on eût quand on jouait la tragédie : il a, positivement, le diable au corps. […] Rollinat n’a rien dans le monde de l’air macabre de Paganini ni de la chevelure de Liszt, qui semblait, Samson musical, jouer du piano avec ses cheveux.
D’un autre côté, en religion, il nous a toujours semblé n’avoir guères que celle du Titien ou de Léonard de Vinci. […] Eh bien, franchement, est-elle dans ces Lettres, que rien ne relie les unes aux autres, et dont quelques-unes (par exemple celle sur Jules de la Madelène, dont la mort interrompt le critique autant que l’auteur, ) semblent des fragments inachevés !
Cousin une doctrine capitale sur laquelle il établit sa théodicée, qui lui semble le fondement de la morale et de la science, avec laquelle il réfute les sensualistes, la seule entre toutes les siennes qui renferme autre chose que les maximes du sens commun : la théorie de la raison ; elle est sa place d’armes. […] Elle en est, non la collection, car ce mot semble indiquer un tout fabriqué de parties primitivement séparées, mais l’ensemble primitif, et les qualités ne sont que des parties de cet ensemble ultérieurement séparées.
Cette polémique, toutefois, si pénible quant à la forme, soulevait une question fondamentale qui nous semble devoir être réservée.
Il apprend que la maison habitée jadis par Victor Hugo, et qu’il lui semblait convenable d’habiter à son tour, est occupée par une famille anglaise.
Il serait à souhaiter qu’elle fût revêtue d’un caractère critique que n’ont pas eu les éditions précédentes, qui semblent avoir été entreprises surtout dans un esprit de panégyrique et d’hommage rendu à la mémoire du poète.
Le recueil de ses chansons représente tout un petit monde où l’homme fait entendre plus de soupirs que de cris de gaîté et où la nature, dont notre poète sent admirablement l’immortelle fraîcheur, semble avoir mission de consoler, d’apaiser, de dorloter le pauvre et l’abandonné.
Elle ne peut en tout cas être ni antérieure à l’an 29, la prédication de Jean et de Jésus ayant commencé l’an 28 1219, ni postérieure à l’an 35, puisque l’an 36, et, ce semble, avant Pâque, Pilate et Kaïapha perdirent l’un et l’autre leurs fonctions 1220.
Il semble que l’on regardât L’éloignement de madame de Montespan comme une consolation, une satisfaction, une vengeance qui était due à madame de Montausier : ce dernier tribut de l’estime et de l’affection des gens de bien arrivait trop tard.
Un homme, continue-t-il, qui sait mêler les plaisirs & les affaires, n'en est jamais possédé ; il les quitte, il les reprend, quand bon lui semble.
Bécane, mot de la langue des serruriers, semble parallèle à béquille (quille à bec, canne à bec).
Les mots grecs : il semble que, vomis par les cartons de Flaxman, des guerriers vêtus d’un seul casque à balai fassent la cour à des marquises ou à des grisettes ; qu’ils rentrent dans leurs cartons, qu’ils réintègrent leurs musées et continuent, rouges autour des vases noirs, leurs éternels gestes, ou que, résignés à la loi du milieu, ils se fassent, par le costume et par l’accent, les fils du peuple où ils se sont introduits.
On y voit son valet, rendant cette justice à son maître, d’être estimé des bons écrivains, & de n’avoir pour ennemis, Qu’un tas de jeunes veaux, Un tas de rimasseurs nouveaux, Qui cuident eslever leur nom Blasmant les hommes de renom ; Et leur semble qu’en ce faisant, Par la ville on ira disant : Puisqu’à Marot ceux-cy s’attachent, Il n’est possible qu’ilz n’en sçachent.
Néanmoins nous différons encore ici des critiques : l’épisode d’Inès nous semble pur, touchant, mais bien loin d’avoir les développements dont il était susceptible.
L’art d’écrire semble avoir suivi l’art de la peinture : la palette du poète moderne se couvre d’une variété infinie de teintes et de nuances ; le poète antique compose ses tableaux avec les trois couleurs de Polygnote.
La même perfection se remarque dans les vers des deux poètes : toutefois la poésie de Racine nous semble plus belle.
Le but de Platon est toujours de conserver dans son état les parties d’un art qui sont presqu’incapables de nuire, lorsqu’il proscrit celles qui lui semblent trop dangereuses.
Mais comme la cause qui fait cette difference entre les nations est sujette à plusieurs altérations, il semble qu’il doive arriver qu’en Italie certaines generations auront plus de talens pour exceller dans ces arts, que d’autres generations n’en pourront avoir.
Mais parce que la chose semble impossible sur la premiere apprehension, il ne s’ensuit pas qu’elle soit telle réellement.
Les ailes ne sont pas fixes mais semblent un produit de l’industrie des yébem.
C’est un travailleur à ce qu’il nous semble.
L’imagination écartée, il semblait pourtant que la faculté qui observe devait voir plus clair.
On n’ignore pas que toutes les odes de Pindare sont des éloges de ce genre, et je m’y arrêterai peu ; leur impétuosité, leurs écarts, leur désordre, et surtout les longs détours par lesquels il passe pour trouver ou fuir son sujet, tout cela est connu ; il semble que Pindare a peur de rencontrer ses héros, et qu’il les chante, à condition de n’en point parler.
Il semble que cette nation d’esclaves fût jalouse de ne pas laisser passer un jour sans bassesses, et qu’elle voulût, pour ainsi dire, imprimer la trace de ses chaînes sur chaque partie du temps qui s’écoulait.
Toutes célèbrent religieusement les mariages, et semblent par là regarder les unions illégitimes comme une sorte de bestialité, quoique moins coupable.
. — Il semble s’élever jusqu’au ciel par le sublime de la pensée ; nous avons expliqué déjà ce mérite d’Homère, livre II, page 225.
Ils sèment le froment dont les grains brûlés leur ont semblé une nourriture agréable.
L’arrêt qui brisa le vieux théâtre en faveur du théâtre nouveau est à coup sûr un arrêt mémorable, et il nous semble que la comédie de Molière n’avait pas besoin d’être défendue par de pareils moyens. […] Il lui semble toujours que le bonhomme en va sortir, suivi de son premier laquais, de son second laquais. […] Après Falstaff, qui appartenait déjà à ce que la bouffonnerie anglaise a de plus distingué, il me semble qu’il était peut-être inutile de nous donner le capitaine Paroles. […] Ces détails-là sortent des mœurs, ce me semble, et l’on ne dira pas que Crébillon fils ait jamais lu et traduit Térence. […] Et du Légataire universel, que vous semble ?
Ce caractère si peu naturel, ce nous semble à nous autres de sang-froid, était pourtant devenu si naïf chez eux, qu’ils ne le démentirent jamais ; tels ils avaient été à la tribune et au club, tels ils furent à la barre et sur la charrette, se drapant et déclamant encore ; gladiateurs du peuple, ils luttèrent dans l’arène jusqu’au bout, et tombèrent avec grâce.
Décidément, doué d’une âme d’artiste, et pressé de la produire, tour à tour peintre, sculpteur, graveur, c’est-à-dire toujours poète, il semblait essayer tous les langages imparfaits de la poésie, comme s’il n’en trouvait aucun d’assez expressif et qui lui allât à son gré.
Arrivant à parler de lui-même et de l’éloquence de barreau et de tribune, l’orateur, que la froideur de l’auditoire semblait de plus en plus gagner, s’est retrouvé un moment : il caractérisait l’improvisation, il la montrait inégale, incorrecte peut-être, mais indispensable, irrésistible dans les luttes publiques, toujours sur la brèche, le glaive acéré et nu : « L’orateur, s’est-il écrié alors, n’a pas un cahier à la main, il ne lit pas, son œil ne suit pas des lignes, son geste n’y est pas enchaîné ; mais il vit, il regarde, il s’anime de l’impression universelle, etc., etc. » Et, tout en parlant ainsi, son doigt froissait le papier, son regard le dédaignait, et, l’oubliant durant quelques minutes, il s’est mis à lancer de rapides étincelles que le public lui a rendues en longs applaudissements.
En France comme ailleurs, il semble que l’esprit humain subisse une éclipse.
L’esprit d’école me semble, ici, mauvais, parce que c’est, ici, l’esprit d’un groupe artificiel, et qu’il est moins efficace pour ceux qui sont de ce groupe que contre ceux, bien plus nombreux, qui n’en sont pas.
Il me semblait marcher à tâtons derrière un guide porteur d’une lanterne sourde.
Il semble qu’ils eussent perdu la moitié de leur mérite en repassant les Alpes.
Sans être un Hercule, il file aux pieds d’une Omphale qui ne lui permettrait même pas de s’y asseoir, si elle était vivante ; mais nous n’en aurons pas moins probablement l’occasion de nous replier sur ses anciens travaux à propos de quelque édition de ses œuvres, et alors, il aura le jugement auquel il a droit comme Lamennais, Royer-Collard, Ballanche et tant d’autres qui — à quatre pas dans le passé, — semblent déjà s’enfoncer dans l’ombre d’un siècle.
Nous le souhaitons pour notre compte, et dans l’intérêt même de l’Histoire, à laquelle nous désirons que Méry revienne parce qu’il nous semble organisé pour l’écrire ; — de l’Histoire, cette dernière occupation des grands esprits quand ils ont atteint l’apogée de leurs facultés complètement développées et mûries, cette pourpre impériale de leurs jours de force éprouvée, et que Méry vient, par son livre Sur Constantinople, de commencer à revêtir !
De cette triple source nous verrons sortir les principes de l’histoire de la nature humaine, principes identiques avec ceux de l’histoire universelle qui semblent manquer jusqu’ici.
Il suffit de repasser l’histoire de ses crues périodiques pour montrer à l’homme du Tiers que, seul ou presque seul, il a payé et paye698 pour la construction des ponts, chaussées, canaux et palais de justice, pour le rachat des offices, pour l’établissement et l’entretien des maisons de refuge, des asiles d’aliénés, des pépinières, des postes aux chevaux, des académies d’escrime et d’équitation, pour l’entreprise des boues et pavés de Paris, pour les appointements des lieutenants généraux, gouverneurs et commandants de province, pour les honoraires des baillis, sénéchaux et vice-baillis, pour les traitements des bureaux de finances, des bureaux d’élection et des commissaires envoyés dans les provinces, pour les salaires de la maréchaussée, des chevaliers du guet, et pour je ne sais combien d’autres choses Dans les pays d’États, où la taille semble devoir être mieux répartie, l’inégalité est pareille. […] En Provence, où les communautés s’imposent librement et devraient, ce semble, ménager le pauvre, « la plupart des villes, notamment Aix, Marseille et Toulon724, ne payent leurs impositions » locales et générales « que par le droit de piquet ». […] Et il est si mauvais, que Malouet, l’intendant de la marine, le refuse pour ses employés « Sire, disait en chaire M. de la Fare, évêque de Nancy, le 4 mai 1789, sire, le peuple sur lequel vous régnez a donné des preuves non équivoques de sa patience… C’est un peuple martyr, à qui la vie semble n’avoir été laissée que pour le faire souffrir plus longtemps. » VIII.
Relisons-le pour y sympathiser avec une sensibilité pathétique qui n’existait pas au même degré dans les années tendres de l’écrivain, et qui semble en vieillissant participer davantage à cette mélancolie de l’espèce humaine, à cette tristesse des choses mortelles, à ce mentem mortalia tangunt , à ce sublime lacrimæ rerum de Virgile, qui, lui aussi, avait vu des révolutions, des proscriptions, des déceptions humaines. […] VI Telle est la majesté de tes concerts suprêmes, Que tu sembles savoir comment les anges mêmes Sur les harpes du ciel laissent errer leurs doigts : On dirait que Dieu même, inspirant ton audace, Parfois dans le désert t’apparaît face à face, Et qu’il te parle avec la voix ! […] « Oui, une société qui admet la misère… oui, une humanité qui admet la guerre, me semblent une société, une humanité inférieures, et c’est vers la société d’en haut, vers l’humanité d’en haut que je tends, société sans rois, humanité sans frontières… « Je veux universaliser la propriété, ce qui est le contraire de l’abolir, en supprimant le parasitisme, c’est-à-dire arriver à ce but : tout homme propriétaire et aucun homme maître.
CLVII Une partie de la nuit se passa pourtant ainsi, moitié à table, moitié en danse ; les mariés semblaient s’impatienter cependant de la table et de la musique pour regagner le village où ils allaient maintenant résider avec les nouveaux parents ; la femme du bargello cherchait vainement à prolonger la veillée, pour retenir un peu plus de temps sa fille ; elle souriait de la bouche et pleurait des yeux sur sa maison bientôt vide. […] La femme semblait dire oui, et le mari dire : Fais ce que tu voudras, peut-être bien que ton idée sera la bonne. […] L’air finissait et recommençait par cinq ou six petits soupirs, l’un triste, l’autre gai, de manière que cela semblait ne rien signifier du tout, et que cependant cela faisait rêver, pleurer et se taire comme à l’Adoration devant le Saint-Sacrement, le soir, après les litanies, à la chapelle de San-Stefano, dans notre montagne, quand l’orgue joue de contentement dans le vague de l’air.
Dans un poëme allégorique que Bertaut fit à l’occasion de sa mort, la France, étant allée se plaindre à Jupiter du malheur de Pavie, le dieu, qui dînait chez Thétis, sous un roc, près de Toulon, la console par ces mots : Cependant, pour montrer qu’ici-bas je n’envoie Nulle pure douleur ni nulle pure joie, Sache que ce mesme an qui maintenant escrit D’un encre si sanglant son nom en ton esprit, Ce mesme an qui te semble à bon droit deplorable, Te sera quelque jour doucement mémorable, D’autant que dans le sein du terroir vendosmois Avant que par le ciel se soient tournés sept mois, Un enfant te naistra, dont la plume latine Egalera ta gloire la gloire divine. […] Il me semble voir le monstre d’Horace. […] Rabelais, dans un passage où il semble prédire Ronsard, tourne le mot au sens ironique « Ce guallant cuyde ainsi pindariser. » Liv.
Si, au moment où vous éprouvez des contrariétés, il vous semble peu généreux de ma part de saisir une occasion de combattre votre faux système en littérature, rappelez-vous le passé, les insultes faites à nos grands maîtres et à tous nous autres vieillards que vous et les vôtres appelez si élégamment les ganaches de l’empire. […] Comme rien n’a justifié vos nouvelles doctrines, comme on ne doit, classiquement parlant, à vos nouvelles muses que des ouvrages indignes de l’attention publique, j’ai dû profiter de ce moment d’anarchie et d’aveuglement pour soulever le bandeau qui semble encore s’épaissir sur vos yeux, et pour vous offrir les conseils d’un vieillard dont le travail et l’expérience ne peuvent être contestés. […] Il me semble que ce n’est pas dans un tribunal qu’il doit développer sans motif toute l’étendue de son patriotisme.
En effet, lorsque la faute de grammaire ou d’intelligibilité n’est pas dans la langue de Villemain ; quand il a le hasard d’une pureté dont il semble avoir la recherche, il traîne toujours je ne sais quelle glaise visqueuse autour de sa pensée, et il nous empêtre dans des phrases de ce terne et de cette lourdeur : « La pensée toute française — dit-il au commencement d’un de ses rapports — qui, pour susciter d’éloquents travaux sur notre histoire, a réservé au talent une sorte de majorat annuellement électif, reçoit de nouveau la destination que lui avait indiquée dès les premiers jours le suffrage public. » On n’a jamais attendu en se travaillant davantage une éloquence qui ne veut pas venir ! […] Cependant un livre pareil, un livre sur Pindare, semblait l’occasion d’un vrai chant du cygne pour une critique en train de mourir et qui devait s’y résigner. […] Ces traductions choisies, mais qui sont faites avec la fidélité de l’expression, le respect du tour, la conservation pieuse de la couleur, auraient dû dégriser à ce qu’il semble Villemain de cette admiration démesurée pour Pindare, étonnante chez lui comme une ivresse si elle ne s’expliquait par quelque chose qui explique tout, — l’analogie de nature entre le critique et le poète, proportion gardée entre la force de l’un et de l’autre.
Et puis : « Que de jeunes gens sauvés par cette mort qui semble les anéantir ! […] La vie à la campagne me semble être la plus normale, la plus féconde pour travailler, la plus propice pour offrir aux miens un véritable foyer, une demeure qui ne soit pas un appartement d’occasion, la plus hygiénique pour le physique et le moral d’une famille, celle enfin où l’on peut donner à sa maison le plus de sens. […] Il semble que notre vocabulaire formé sur les coteaux modérés de la vie et approprié à nos occupations quotidiennes manque de termes pour nommer ces états extraordinaires et solennels.
Ils ont profité plutôt d’une certaine confusion de l’état-civil pour substituer en cours de procès à un prévenu dont la cause leur semblait peu sûre un magnifique innocent inscrit sous la même dénomination et propre à procurer des triomphes à leur éloquence. […] La position que j’y ai prise peut, j’en conviens, sembler téméraire. […] Et il me semble que ces synonymes se moquent un peu du monde, en particulier de la part d’un homme qui a su, d’autres fois, tout prendre passionnément et même fanatiquement au sérieux. […] Berdaïeff, ce contact divin qu’elle semble avoir perdu. […] Mais, au cours de cette unique année, que la catastrophe de sa mort termina, la confiance de Lekeu me fit si abondamment participer aux trésors de sa profonde et riche nature que notre liaison me semble à présent avoir occupé toute une période de ma vie.
C… me fit remarquer que les fonds ne fuyaient pas assez loin et que les personnages semblaient un peu plaqués sur la décoration qui les entoure. […] La simplicité de regard et d’attitude s’accorde heureusement avec cette couleur chaude et mollement dorée qui me semble faite pour traduire les douces pensées du soir. […] Quelques-uns des effets qu’il a souvent rendus me semblent des extraits du bonheur de l’hiver. […] Meryon ; un délire mystérieux a brouillé ces facultés qui semblaient aussi solides que brillantes. […] En parcourant ces amusants albums de voyage il me semble toujours que je revois, que je reconnais ce que je n’ai jamais vu.
Pierre Il me semble qu’Anatole France ne se gêna pas. […] Même à notre époque soi-disant démocratique, la situation n’est peut-être pas aussi complètement retournée que vous semblez le croire. […] Paul Abus de confiance, tromperie sur la marchandise, usurpation de fonctions, attentat contre l’esprit dont les destinées semblaient tant vous intéresser il y a cinq minutes. […] Paul Il me semble que personne ne s’en prive.
C’est un peuple qui paraît antédiluvien et qui semble rapporter une civilisation et une littérature antédiluviennes comme lui, à sa nouvelle patrie au pied du Thibet. […] “Il y aura toujours assez d’hommes enclins à gouverner les autres hommes, leur répondait-il, il n’y en aura jamais assez pour leur enseigner les règles morales de la vie privée et de la vie publique.” » Sa réputation de science et de sagesse groupa bientôt autour de lui un petit nombre de ces hommes de bonne volonté qui ont un goût naturel pour la supériorité de l’esprit ou de l’âme et que la Providence semble appeler spécialement dans tous les pays et dans tous les temps à faire écho et cortège aux grandes intelligences. […] Le Thibet, qui sépare l’Inde de la Chine, semble en effet séparer aussi en deux zones géographiques les facultés de l’esprit humain : dans les Indes comme dans l’Arabie et la Grèce, l’imagination ; dans la Chine et dans la Tartarie, la raison. […] On s’anéantit devant cette révélation, cette expérience et cette éloquence énonçant il y a vingt siècles, au fond d’une Asie inconnue, des principes sociaux et politiques qui semblent exhumés du sépulcre d’une humanité aussi savante et aussi expérimentée que la nôtre ; on se demande comment les bienheureux rêveurs d’un progrès récent, continu et indéfini peuvent concilier leur théorie avec tant de sagesse au commencement et tant de décadence de doctrines à la fin ?
Il devient tout à fait urgent, ce me semble, d’élargir le tourbillon de l’humanité : autrement des individus pourraient atteindre le ciel quand la masse se traînerait encore sur terre. […] Que l’on parcoure toutes les antinomies nécessaires de la politique actuelle, on reconnaîtra, ce me semble, que la réhabilitation intellectuelle du peuple est le remède à toutes et que les institutions les plus libérales seront les plus dangereuses tant que durera ce qu’on a si bien appelé l’esclavage de l’ignorance. […] Moi qui suis cultivé, je ne trouve pas de mal en moi, et spontanément, en toute chose, je me porte à ce qui me semble le plus beau. […] Qu’on remonte à l’origine de toutes les réformes, elles sembleront régulièrement inexécutables.
Ce naturel, il l’avait de son vivant dans sa personne : aujourd’hui il ne semble pas toujours l’avoir dans son style qui n’est que de la conversation écrite, ni dans ses lettres même ou dans les mots qu’on cite de lui, dans ce qui ne vit plus. […] Il était d’avis que. dans tous les grands moments de l’histoire qui se prolongent et qui se fixent, « tout tient à un seul homme », ou à un très petit nombre ; les règnes, même les plus durs, lui semblaient offrir plus de chances aux talents et aux grands hommes que l’anarchie : Les Scipions, dit-il, étaient de grands aristocrates ; Périclès était une espèce de roi.
Il me semble que le caractère de Bailly se dessine ici sous sa propre plume : hâtons-nous d’ajouter que cet homme si sensible, si touché, si peu au fait, ce semble, des mille circonstances compliquées et confuses de la société de son époque, et qui manque certainement de génie et de coup d’œil politique, ne manquera nullement de fermeté et de force de résistance dès que le devoir et la conscience lui parleront.
Dès 1587, nous voyons Henri se plaindre à la comtesse qu’elle le néglige : Plus je vais en avant, et plus il semble que vous tâchiez à me faire paraître combien peu je suis non seulement en votre bonne grâce, mais encore en votre mémoire. […] Il y a des moments de réconciliation et d’accord où il semble que tout soit effacé ; Henri, qui a besoin de consolation et de douceur en ses peines politiques, voudrait croire à la durée de ces bons instants : Mon cœur, je suis plus homme de bien que ne pensez.
Et de plus, quelque chose de l’âme de ceux qu’il expose, et dont il nous exprime les œuvres et la vie, semble le soutenir jusque dans ce travail assez ingrat d’annotateur. […] Au reste, sans être Santeul, on comprend la joie, l’enivrement presque légitime qui devait inonder son cœur lorsque lui, fragile, mais croyant et fidèle, perdu dans la foule, il entendait le chœur entier des lévites et de l’assistance entonner quelqu’une de ces hymnes aux nobles accents, dont l’une au moins, le Stupete gentes, a été comme touchée du souffle sacré et mérite, ce me semble, de vivre. — Dans ce vent soudain sorti du sanctuaire, et qui tend aujourd’hui à tout balayer de Santeul et à n’y rien laisser de sa mémoire, s’il était permis de faire entendre un humble vœu littéraire, je demanderais grâce pour une seule hymne de lui, et pour celle-là.
Il ne publia rien de son vivant ; il ne disposa rien pour l’avenir ; heureux de jouir à l’instant même, il mit une négligence de galant homme à assurer le sort futur de ses œuvres, et il sembla ne viser qu’à une gloire, à faire que ceux qui l’avaient connu et goûté dissent après lui : « Il n’y a eu, il n’y aura jamais qu’un Voiture. » La livrée qu’avait l’esprit en son temps, il la prit, il la donna aux autres en renchérissant, et se contentant de la marquer d’un tour unique qui était le sien. […] Voiture me semble avoir eu plus d’étoffe que l’aimable abbé, si grand versificateur et resté un si espiègle enfant.
Voici une pièce où les deux tons, celui de la tristesse et celui de la douceur, me semblent ménagés et confondus dans une teinte de mélancolie touchante. […] Lerambert, nature si distinguée, semble l’avoir compris ; n’a pas renoncé à la poésie, mais il l’a réduite à être désormais pour lui une jouissance délicate et personnelle de l’homme sensible et de l’homme de goût : Non, plus de vers écrits par moi pour être lus.
Léo Joubert16, dont la parole érudite, exacte, agréable, n’a pas encore acquis, par le trop de modestie de l’auteur, toute l’autorité, ce semble, qu’elle devrait avoir. […] Sous un ciel clair où les nuages blancs semblent des éclats de marbre, au milieu d’une mer semée d’îles, s’étend ce petit pays, hérissé de montagnes et de rochers sculptés, coupé de ruisseaux, pénétré de golfes sinueux, bordé de côtes anguleuses, de promontoires aux arêtes vives.
Cependant un désir sourd de ne pas paraître toujours dominé lui faisait prendre quelquefois des airs glacés et des regards de maître, qui imprimaient la terreur aux plus audacieux et déconcertaient ceux qui se croyaient le plus avant dans sa confiance : dans ces moments, sa faiblesse semblait vouloir s’étayer de tout ce que le pouvoir a d’imposant ; mais les ministres qui le connaissaient bien savaient qu’il ne fallait que gagner du temps et qu’en multipliant les intrigues, la persévérance les ferait toujours venir à bout de leurs desseins. […] Ce ne fut pas sans peine qu’on parvint à établir une familiarité complète entre un prince excessivement timide et une femme à laquelle sa naissance du moins imposait quelques bienséances… Tout le monde sait quelles suites elle eut, quel empire le goût pour les femmes exerça sur Louis XV ; combien la variété lui devint nécessaire, et combien peu la délicatesse et toutes les jouissances des âmes sensibles entrèrent dans ses amusements multipliés. » Ce qu’on vient de lire est exact, presque à la lettre ; cette reine, dont la destinée de loin paraît celle d’une femme délaissée, donna en effet au roi, avant l’éclat des désordres, jusqu’à dix enfants : deux garçons seulement, dont un seul vécut ; tout le reste n’était que des filles, et Louis XV avait fini par ne plus compter sur autre chose avec la reine : il semblait voir dans cette monotonie l’image de leurs froides amours.
Je ne sais si nos troubles civils, où tant d’adieux ont été les derniers, ajoutent à mon impression en lisant ce récit ; mais il me semble qu’il en est peu de plus touchants. […] Loin d’avoir rien à retrancher à la valeur des termes, il semble, au contraire, qu’ils supposent au-delà de ce qu’ils expriment Les Romains donnent beaucoup trop de développements à leurs idées ; mais ce qui appartient aux sentiments est toujours exprimé avec concision.
Il y a un état moral distinct pour chacune de ces formations et pour chacune de leurs branches ; il y en a un pour l’art en général et pour chaque sorte d’art ; pour l’architecture, pour la peinture, pour la sculpture, pour la musique, pour la poésie ; chacune a sa loi, et c’est en vertu de cette loi qu’on la voit se lever au hasard, à ce qu’il semble, et toute seule parmi les avortements de ses voisines, comme la peinture en Flandre et en Hollande au xviie siècle, comme la poésie en Angleterre au xvie siècle, comme la musique en Allemagne au xviiie siècle. […] Au début de la période moderne, le premier de ces éléments semble entièrement absorbé par l’autre : le goût de la culture antique a disparu avec l’empire romain, et au commencement du viie siècle, il est presque éteint.
Ce qui semble naïveté chez eux n’est qu’une grâce et une fleur de langage qui orne leur maturité, et d’où leur expérience, si consommée qu’elle soit, prend à nos yeux je ne sais quel air de nouveauté précoce, qui la rend agréable et piquante, et qui l’insinue. […] Après avoir mis en regard, par exemple, les malheurs qui frappèrent, vers le même temps, la maison de France et celle de Castille : « Et semble, dit-il, que Notre Seigneur ait regardé ces deux maisons de son visage rigoureux, et qu’il ne veut point qu’un royaume se moque de l’autre. » À partir de la mort de Louis XI, les Mémoires de Commynes perdent sensiblement en intérêt.
Ceux qui ouvriront ces volumes y trouveront à chaque page des pensées qui sembleront à notre adresse ; et l’on a besoin de se rappeler certaines modifications essentielles qui se sont produites dans la société depuis cinquante ans, pour ne pas se laisser aller à ce trop d’analogie et de ressemblance. […] Vous êtes le maître, monsieur, de faire part de mes sentiments à M. le prince de Condé et à qui vous semblera bon.
Patru, en lisant L’Astrée de d’Urfé et en l’admirant, n’y avait pas puisé, ce semble, la constance ni l’élévation romanesque en matière d’amour ; il était resté de la pure lignée de nos aïeux, peu platonique et médiocrement fidèle, un enfant de la Cité. […] Ce mot, qui portait moins encore sur ces dames que sur M. de Rohan qui les accompagnait, était, de près, beaucoup plus malin d’allusion qu’il ne nous semble.
Et c’était encore un maigre garçon, aux longs cheveux gras, nommé Eggis, qui en voulait personnellement à l’Académie ; et c’était Delaage, l’Ubiquité faite homme et la Banalité faite poignée de main, un garçon pâteux, poisseux, gluant, et qui semblait un glaire bienveillant ; et c’était l’ami Forgues, un Méridional congelé, ayant quelque chose d’une glace frite de la cuisine chinoise, et qui apportait, d’un air diplomatique, des articles artistiquement pointus ; et c’était Louis Énault, orné de ses manchettes et de sa tournure contournée et gracieusée de chanteur de romances de salon ; enfin Beauvoir, se répandait souvent dans les bureaux comme une mousse de champagne, pétillant et débordant, et parlant de tuer les avoués de sa femme, et jetant en l’air de vagues invitations à des dîners chimériques. […] Sa femme, fine, délicate, nerveuse, avec de beaux grands yeux noirs, semble une sorte de réduction de Mme Roland dont elle a l’exaltation républicaine, mais dans un petit corps plein de grâce parisienne, toutefois de la grâce un peu rêche de la bourgeoise distinguée.
Je ne songe pas à leur en vouloir ; mais il me semble que peut-être il vaudrait mieux qu’ils s’adressassent à un autre art qu’à la littérature. […] Au XVIe siècle, un humaniste est un homme que le problème religieux, ou plus exactement ce qu’il y a de problèmes dans le sentiment religieux et dans la croyance, ne torture pas ; au XVIIe siècle, « le partisan des anciens » est un homme que la gloire de Louis le Grand, encore qu’elle le touche, n’éblouit point et n’hypnotise pas ; au XVIIIe siècle, l’homme de goût (très rare) est celui qui n’est pas très persuadé que l’univers vient pour la première fois d’ouvrir les yeux à la raison éternelle et que le monde date d’hier, d’aujourd’hui ou plutôt de demain ; au XIXe siècle, le classique, vraiment digne de ce nom, est celui qui n’est pas comme subjugué par les Hugo et les Lamartine et qui s’aperçoit, de tout ce qu’il y a, Dieu merci, de classique dans Hugo, Lamartine et Musset, et qui garde assez de liberté d’esprit pour lire Homère pour Homère lui-même et non pas en tant qu’homme qui annonce Hugo et qui semble quelquefois être son disciple.
Cette page a cela de remarquable, qu’elle semble présenter aussi tout à fait l’analyse de notre Charte actuelle. […] On peut s’égarer, il me semble, sur ce qu’est réellement l’opinion ; mais il est impossible, je le crois, de s’égarer sur l’appréciation des mœurs : or c’est encore par les mœurs qu’il faut juger une nation.
Mais c’est aux mamans et aux bonnes de la faire pratiquer aux enfants ; il semble superflu et il est presque de mauvais goût à un moraliste de venir la conseiller.
Et l’Espagnole Conchita aussi, elle garde son secret et son mystère, mais elle porte et agite autrement que Jobbie l’orage intérieur ; elle semble avoir emprunté à l’antique Sapho sur son promontoire un éclair de sa flamme : Conchita « Et moi, je garde aussi mon mystère et mon voile.
Il semble, par endroits, que la Trappe ait des jours sur les coulisses de l’Opéra. — Mais le respect, aussi, nous interdit d’en dire davantage.
Je me résous d’autant plus volontiers que je ne voudrois pas, par ma rupture avec lui, vous engager à en faire autant de votre côté, comme il semble que vous m’écriviez de vouloir faire.
Qu’il nous peigne Sully et ses Mémoires, Retz et les siens, MM. de Vendôme et la cour du Temple, qu’il compare entre eux, comme gens de lettres et du monde, Fontenelle, Hénault et Montesquieu, tous trois vivants et le dernier n’ayant pas produit l’Esprit des lois, qu’il juge Voltaire dès 1736, et Rousseau dès 1755, toujours sa façon est la même ; c’est le jugement qui le mène à l’esprit ; il ne s’y élève pas, mais y semble porté, et pour ainsi dire y descend.
Sa nouvelle comédie, La Tutrice, doit prendre place parmi ces agréables croquis toujours bien reçus du public, pour lequel ils semblent écrits expressément, et qui occupent dans le répertoire si varié de l’auteur une place bien distincte à côté de ses productions plus sérieuses, Bertrand et Raton, l’Ambitieux et la Camaraderie.
Brunetière, après avoir cité une description d’un romancier contemporain, je puis voir effectivement toutes ces choses… Ce sont des tableaux… dont nous n’avons pas besoin d’avoir vu les modèles, pour louer la ressemblance, puisqu’ils ne sont, après tout, que des associations nouvelles d’éléments anciens, de formes familières et de couleurs accoutumées… Nous sommes rentrés ici dans la vérité de l’art, qui consiste à décrire les choses les plus particulières par les termes les plus généraux, et d’autant plus généraux, qu’il s’agit de nous communiquer l’impression de choses plus particulières. » Il semble que nous soyons ramenés au fameux précepte de Buffon, qui recommande d’avoir attention à ne nommer les choses que par les termes les plus généraux.
Un corps de femme qui semble ainsi presque affranchi des lois ordinaires de la pesanteur n’apparaît plus comme un instrument de volupté.
Si votre esprit semble, à bien des égards, comme une moyenne délicate de l’esprit français, c’est peut-être que votre province est, historiquement, la province centrale par excellence. — Ici, plus aisément que partout ailleurs, on conçoit ce que signifiait déjà la Chanson de Roland quand elle parlait de « France la doulce ».
Et il est vrai qu’il est de l’époque insigne et qu’il semble toujours habillé d’un pourpoint de velours.
Alors, il lui prit un très grand regret de n’avoir vu l’enterrement de Victor Hugo, — et il marchait, songeant à cela, — ses yeux se dilataient, il croyait entendre le piétinement de la foule et, parfois, se sentait comme coudoyé, — et afin de se donner mieux l’illusion Vie la cohue, il grimpa sur un arbre ; — dans la nuit, il lui semblait voir s’avancer l’interminable cortège.
Nous ne dirons rien de la Lettre sur les Aveugles, ni de celle sur les Sourds, qui semblent faites pour n’être lues ni entendues.
Ce qui peut sembler aujourd’hui un développement excessif s’ajustera plus tard à l’ensemble.
Ces détails de critique peuvent ne pas être sans intérêt ni sans enseignements, mais ils sembleraient minutieux aujourd’hui ; la liberté de l’art est admise, la question principale est résolue, à quoi bon s’arrêter aux questions secondaires ?
L’une a prospéré, l’autre a été frappée d’une lettre de cachet ; l’idée qui fait le fond de la première restera longtemps encore peut-être voilée par mille préventions à bien des regards ; l’idée qui a engendré la seconde semble être chaque soir, si aucune illusion ne nous aveugle, comprise et acceptée par une foule intelligente et sympathique ; habent sua fata ; mais quoi qu’il en soit de ces deux pièces, qui n’ont d’autre mérite d’ailleurs que l’attention dont le public a bien voulu les entourer, elles sont sœurs jumelles, elles se sont touchées en germe, la couronnée et la proscrite, comme Louis XIV et le masque de fer.
Tant d’horreurs, publiées sur la famille de Scioppius, ne lui semblèrent qu’une invitation à mieux faire.
Qu’il soit jeune, vigoureux, et d’une beauté rustique ; qu’il soit assis sur un bout de rocher ; que de vieux arbres qui ont pris racine sur ce rocher et qui le couronnent, entrelacent leurs branches touffues au-dessus de sa tête ; que le soleil penche vers son couchant ; que ses rayons, dorant le sommet des montagnes et la sommité des arbres viennent éclairer pour un moment encore le lieu de la scène ; que les trois déesses soient en présence de Paris ; que Venus semble de préférence arrêter ses regards ; qu’elles soient toutes les trois si belles, que je ne sache moi-même à qui accorder la pomme ; que chacune ait sa beauté particulière ; qu’elles soient toutes nues ; que Venus ait seulement son ceste, Pallas son casque ; Junon son bandeau.
Il s’est tout doucement approché d’elle sans qu’elle semblât l’apercevoir.
Je crois qu’il vient de mourir sans s’être rendu un compte fort exact du cul-de-sac où nous a menés la forte impulsion qu’il nous donna sous le Second Empire, — de 1848 à 1875, car c’est là, ce me semble, la période philosophique où il faut le situer.
Et il me semble intéressant de mettre, dans ce moment, sous les yeux du public, une page puissante et inédite, où le grand écrivain examine quelle est, en France, la condition des sociétés autres que l’État et marque la qualité morbide d’un tel régime.
Puisque nous voulons la soumettre à une étude aussi objective qu’il est possible, il semble que nous devrions, pour la définir, laisser parler « les faits » : de la confrontation des principes qui dirigent les différentes sociétés égalitaires son essence devrait, en quelque sorte, jaillir toute seule. — Mais à quels signes reconnaîtrons-nous ces sociétés égalitaires si nous n’avons établi, au préalable, ce qui est pour nous l’égalité ?
Vous tirerez de là, si bon vous semble, des conclusions non seulement sur les abeilles et leurs ruches, mais sur tous les insectes, et peut-être aussi sur tous les animaux.” » Je n’insiste pas aujourd’hui sur ce que ce programme aujourd’hui nous paraît présenter d’ambitieux, de présomptueux, de peu scientifique même ; quelque jour nous nous demanderons s’il est permis d’assimiler ainsi les sciences historiques aux sciences naturelles, de les référer ainsi aux sciences plus abstraites, chimiques, physiques, mathématiques ; aujourd’hui je ne veux qu’examiner la forme même du connaissement, le parcours, le tracé, ce commencement le plus étranger, le plus éloigné, cet acheminement, ce détour, ce circuit le plus long, le plus excentrique, le plus circonférentiel, et du programme je passe au livre même, au livre glorieux, au livre exemple, au livre type ; on y verra, première partie, l’artiste, chapitre premier, l’esprit gaulois, que c’est très délibérément que l’auteur prend le chemin le plus long ; l’acheminement le plus long, le mot n’est pas de moi, mais de lui : « Je voudrais, pour parler de La Fontaine, faire comme lui quand il allait à l’Académie, “prendre le plus long”. […] Il semble que de tous côtés les sensations et les idées affluent pour vous expliquer ce que c’est que le Français. […] Tout y semblait maniable et civilisé ; tout y était sur un petit modèle, en proportions commodes, avec un air de finesse et d’agrément. […] Mais que la niasse infinie produise une sorte d’exsudation générale, à laquelle, faute de mieux et par suite d’un anthropomorphisme inévitable, nous donnons le nom de conscience, c’est ce que les faits généraux de la nature semblent indiquer. […] Sans doute la fable, le plus humble des genres poétiques, ressemble aux petites plantes perdues dans une grande forêt ; les yeux fixés sur les arbres immenses qui croissent autour d’elle, on l’oublie, ou, si l’on baisse les yeux, elle ne semble qu’un point.
Andrieux a fait, avec un talent qui pouvait sembler de médiocre haleine, ce que bien des talents plus forts ont trouvé trop long et trop lourd ; il a fourni une carrière non interrompue de dix-huit années de professorat ; et, comme il le disait lui-même à sa dernière leçon, il est mort presque sur la brèche.
Ils disent des banalités avec un air de finesse qui semble promettre ; on cherche, on attend, et rien n’arrive.
Cette propriété, cette équivalence exacte de la pensée et de l’expression, font qu’on ne conçoit point que l’écrivain, pensant ainsi, eût pu s’exprimer différemment, et qu’il semble à tous que, le fond étant tel, la forme devait être telle aussi par une inévitable conséquence.
Rien ne paraît s’interposer entre l’esprit du lecteur et celui de l’écrivain, pour en gêner ou en rompre la communication ; il semble qu’on voie les choses mêmes, et non par l’intermédiaire des mots.
Ce n’est peut-être pas sa faute, mais il y a dans son livre, au lieu des involontaires et simples effusions religieuses qu’on y aimerait, il y a comme des morceaux de prêche, très emphatiques et compassés, et qui, dans le récit d’une entreprise commandée par des intérêts si évidemment et si pleinement terrestres, étonnent et semblent plaqués.
Car nous avons beau savoir que les fauteurs de révolte ont toujours participé largement de l’égoïsme contre lequel ils s’insurgeaient ; que, si la justice et la charité appellent quelquefois les révolutions, c’est la haine et l’envie qui les accomplissent, et que, par exemple, ce sont les meneurs de grèves qui, nés capitalistes, eussent été les plus durs patrons : il semble parfois que, les révolutions faites, il en revienne tout de même quelque chose, au bout d’un certain temps, aux résignés, aux humbles de cœur, bien qu’elles n’aient été faites ni par eux ni même, au fond, pour eux ; et il arrive ainsi que les violents et les féroces paraissent finalement avoir travaillé pour la justice… Ou peut-être que je m’abuse, et que le bénéfice humain acquis par des moyens révolutionnaires eût pu l’être, et mieux, par un progrès uniquement légal et pacifique.
Il semble que Paul Fort se rapproche de Gustave Kahn par les images.
L’un, français, éprouvait la plus grande difficulté à se débrouiller ; quand il ne se traînait pas terre à terre, il subissait les influences les plus diverses et semblait osciller dans le vide.
Il sembla, comme on voit, que d’Urfé fût venu au monde pour reproduire les délices de l’amour platonique et dégoûter des grossièretés de l’amour physique.
Gardiennes de la vie humaine, protectrices des droits de la famille, de la foi jurée, du foyer des hôtes, les Érynnies semblaient mériter la reconnaissance due aux services ingrats strictement rendus.
La nature semble avoir fait l’homme le plus fort pour un moment faible, et l’homme le plus faible pour un moment fort.
Elle commettait bien à cette charge, selon nous, immense, d’écrire l’histoire, des hommes éprouvés et capables, qui semblaient avoir conquis une telle position, de haute lice, par l’élévation du talent et du caractère et cette conséquence de l’esprit qu’on ne connaît plus et qui est autant l’honneur de la vie que de la pensée.
. — Cette vérité semble admise par les docteurs du droit moderne, lorsqu’ils disent : universitates sub rege habentur loco privatorum ; c’est qu’en effet la plus grande partie des citoyens ne s’occupe plus du bien public.
Mille incidents surgissent, qui semblent trancher sur ce qui les précède, ne point se rattacher à ce qui les suit. […] Continuité de changement, conservation du passé dans le présent, durée vraie, l’être vivant semble donc bien partager ces attributs avec la conscience. […] Enfin, s’il y a un cas où l’on semble avoir le droit d’invoquer l’adaptation, c’est celui-ci. […] Disons donc comment le problème nous paraît se poser, et dans quel sens il nous semble qu’on pourrait chercher à le résoudre. […] Il semble d’ailleurs résulter des dernières observations que la transformation de l’Arternia soit un phénomène plus complexe qu’on ne l’avait cru d’abord.
Chacun semble s’oublier pour se donner à lui et l’adorer. « Tous les yeux, dit Louis XIV lui-même, sont fixés sur lui seul, et c’est à lui seul que s’adressent tous les voeux. […] « Il semble qu’on livre en gros aux premiers de la cour l’air de hauteur, de fierté, de commandement, afin qu’ils le distribuent en détail dans les provinces. […] Les bonnes villes, bourgeoisies et corps de métiers, ont envoyé leur députation de ridicules, et La Fontaine, qui semble un bourgeois quand il raille les nobles, semble un noble quand il raille les bourgeois. […] Cependant que mon front, au Caucase pareil, Brave l’effort de la tempête, Tout vous est aquilon, tout me semble zéphir.
L’invention m’en semble même selon l’art, et je n’y ai rien trouvé qui me donne scrupule, sinon que vous y introduisez la Renommée comme une divinité qui pénètre dans les choses futures, quoique sa fonction ne soit que de parler des événements présents ou passés. […] mais vous, monsieur Fléchier, vous êtes le nôtre. » Il me semble que j’entends le rire et les paroles. […] [NdA] Il semble même qu’il ait jusqu’à un certain point tenu compte de son observation au sujet de la Renommée dont il a fait l’interprète de l’avenir ; car dans la pièce, telle qu’elle est imprimée, il a pris soin de ne nous représenter la déesse que comme se faisant l’écho des premiers bruits répandus et des premières rumeurs du destin ; les oracles transpirent déjà, elle répète ce qu’elle a entendu : Toto tum pectore prona Volvit centum oculos, et centum subrigit aures, Impatiens strepere, et magnos inquirit inortus, Exploratque aditus fati, primaevaque captat Auspicia, et velox collecti nuncia veri, Quae didicit, pandit patriis oracula regnis.
Quand, dans un homme, vous avez observé et noté un, deux, trois, puis une multitude de sentiments, cela vous suffit-il, et votre connaissance vous semble-t-elle complète ? […] Ce sont là les plus efficaces entre les causes observables qui modèlent l’homme primitif ; elles sont aux nations ce que l’éducation, la profession, la condition, le séjour sont aux individus, et elles semblent tout comprendre, puisqu’elles comprennent toutes les puissances extérieures qui façonnent la matière humaine, et par lesquelles le dehors agit sur le dedans. […] Il y a un état moral distinct pour chacune de ces formations et pour chacune de leurs branches ; il y en a un, pour l’art en général, et pour chaque sorte d’art, pour l’architecture, pour la peinture, pour la sculpture, pour la musique, pour la poésie ; chacune a son germe spécial dans le large champ de la psychologie humaine ; chacune a sa loi, et c’est en vertu de cette loi qu’on la voit se lever au hasard, à ce qu’il semble, et toute seule parmi les avortements de ses voisines, comme la peinture en Flandre et en Hollande au dix-septième siècle, comme la poésie en Angleterre au seizième siècle, comme la musique en Allemagne au dix-huitième siècle.
Et surtout le rythme sans art est expressif : ce n’est pas le déroulement magnifiquement égal de l’alexandrin homérique : distribuée à travers ces couplets qui la laissent tomber et la reprennent, rétrogradant et redoublant sans cesse pour se continuer et se compléter, la narration s’avance inégalement et, de laisse en laisse, d’arrêt en arrêt, monte comme par étages ; et cette discontinuité même devait, semble-t-il, communiquer une dramatique intensité à la déclamation du jongleur. […] Ils ont surtout — et en cela ils semblent révéler l’aptitude éminente de la race — ils ont le sens du drame et du roman : sans poésie, sans style, leur art est là, dans le dessin des actions, et l’imitation de la remuante humanité. […] Et l’épisode d’Aude ne semble pas faire partie de la légende primitive.
Il semble que leur fécondité soit épuisée, sauf pour le mal. […] Sans doute le christianisme, si actif et si fécond même de nos jours, n’est pas épuisé au xive siècle : la foi est aussi ardente que jamais Mais l’Eglise, avec ses institutions et sa hiérarchie, semble prendre à tâche de tromper, de désespérer ses croyants. […] Il semble que la moralité sombre, et si l’honnêteté bourgeoise, si la philosophie chrétienne ou antique la maintiennent encore dans quelques parties du xive siècle, le siècle suivant touchera le fond du nihilisme moral.
Il semble que Beckmesser n’ait pas été jugé digne de ce motif. […] Le motif s’élargit et semble se solidifier en passant à la personnalité de Sachs, comme il s’était assoupli, féminisé en quelque sorte par sa chromatisation délicate, pour appartenir à Eva. […] Remarquons le motif mi-si-ré qui termine la première phrase : il semble que même dans Beckmesser l’amour, ou ce qui veut paraître tel, doive s’exprimer par ces notes jeunes et ardentes.
La grande poésie française de notre époque (toujours abstraction faite du théâtre) nous semble donc représentée par MM. […] Parce qu’une partition semble obscure à des yeux peu exercés, elle n’en sera pas moins belle à l’oreille quand elle sera exécutée avec un sentiment juste. […] Nous manifestons notre sentiment sur l’état actuel de la littérature et de la poésie en France, parce qu’il nous semble que la plus faible voix peut lancer quelques paroles utiles ; du reste, nous ne parlons que d’après notre profonde conviction, sans nous occuper du plus ou moins de succès des ouvrages que nous estimons, sans chercher à flatter l’opinion de la foule ni même à nous mettre en opposition avec elle.
Il semble bien, en effet, que la vie de l’homme n’est point en proportion, pour la durée, avec tout l’ensemble de son existence et de ses facultés. […] Il me semble que sur cette route on rencontrerait bien des obstacles. […] Les peintures que font les anciens historiens des mœurs, des habitudes, des institutions de ces peuples, semblent avoir été écrites aujourd’hui par des voyageurs qui en arrivent.
Pour toutes ces raisons, il semblait cacher dans les entrailles de son esprit quelque chose comme un révolutionnaire en puissance, qui devait, un jour, en sortir. […] Taine leur verse et les force à boire, leur semble amère. […] Une si formidable analyse semble promettre une synthèse plus formidable encore… Mais ici, il n’a pensé qu’à jeter le fondement de toute histoire future.
… Je ne croyais pas à la main chrétienne, et il me semblait que j’en avais le droit. […] Ce rapetissement, ou pour mieux dire ce rabougrissement de Flaubert, est si profondément incroyable que la Critique semble obligée, pour l’honneur de ce qu’elle avance, d’appuyer ses affirmations par des exemples, et ce n’est, certes ! […] C’est la bêtise mignarde des déclarations de cette idiote, qui semble parler à un bébé idiot en parlant à saint Antoine.
Littérairement, son goût était sain et sûr : Elle est si bon critique, non par théorie, mais par nature, disait Cowper, et elle a un sentiment si net de ce qui est bon ou mauvais dans une composition, que lorsque dans le doute je lui soumets (ce qu’en pareil cas je ne manque jamais de faire) deux sortes d’expression qui semblent avoir également droit à ma préférence, elle se décide, sans que je l’aie jamais vue se tromper, pour la plus droite et la meilleure. […] À son point de vue religieux, on l’a remarqué, un petit détail lui semble, en effet, aussi important qu’un grand objet : tous s’égalisent par rapport à Dieu qui brille et se révèle aussi merveilleusement dans les uns que dans les autres.
Voltaire n’était point jaloux ; il était passionné, injuste, et dans le cas présent il obéissait en aveugle à toutes ses antipathies de goût et d’humeur contre l’homme qui ne badinait jamais, qui tournait tout, non en raillerie, mais en amertume ; qui écrivait avec emphase, et dont l’élévation même devait lui sembler emphase ; qui déclamait en républicain contre les arts, les spectacles : « Souvenez-vous que ce malheureux petit Jean-Jacques, le transfuge, m’écrivit il y a un an : Vous corrompez ma république pour prix de l’asile qu’elle vous a donné. […] Cela honore sa vieillesse ; cela explique, qu’on ait fini par rattacher à son nom une renommée plus sérieuse et plus grandiose que ne semblaient l’autoriser tant d’incartades de conduite et d’inconséquences, et cela aussi fait regretter qu’il ne se soit pas toujours souvenu de ce qu’il écrivit une fois à un libraire de Hollande, Marc-Michel Rey, qui lui attribuait dans son catalogue des ouvrages indignes de lui : Mon nom ne rendra pas ces ouvrages meilleurs, et n’en facilitera pas la vente.
Le chancelier d’Aguesseau, félicitant Rollin de son Traité des études, dont le français est excellent, quoique jusqu’alors le savant recteur et professeur n’eût composé que des opuscules latins, lui disait agréablement : « Vous parlez le français comme si c’était votre langue naturelle. » Ce n’est certes pas à Casaubon qu’on aurait pu faire le même compliment : quand il parlait le français, on aurait dit que c’était un paysan, et le peu qu’il en met dans son journal est tout à fait informe ; c’est seulement quand il parlait latin qu’il semblait parler sa langue. […] De quels travaux le charge-t-il, et sur quels sujets nouveaux va-t-il diriger cette érudition dont le champ bien assez vaste, ce semble, était tout trouvé ?
Il me semblait que, par la puissance infernale de certains murmures, tout devait avoir été métamorphosé. […] Apulée, qui s’est piqué de nous transmettre celle-ci dans toute sa grâce, a semblé vouloir nous garder de toute illusion, en la mettant dans la bouche d’une vieille en enfance ou peu s’en faut, à qui le vin a délié la langue, et en la faisant conter dans une caverne de brigands, tandis que celui qui l’écoute est lui-même censé réduit à l’état d’âne.
L’Assemblée est le foyer du mal ; elle tend à s’emparer de tous les pouvoirs et à annihiler complètement le roi : il m’avait semblé qu’on aurait dû essayer de composer avec les meneurs et de les gagner. […] Il a écrit à un de ses amis (M. de La Marck) en qui j’ai beaucoup de confiance et qui est un galant homme, très dévoué, une lettre explicative que l’on m’apporte à l’instant et qui me semble fort peu de nature à rien expliquer ni excuser.
Son seul tort, philosophe comme il était et ne voulant point simuler ce qu’il ne pensait pas, c’est, par son ton badin, d’avoir semblé souvent parodier la grandeur du sujet. […] Pour moi, quand je suis seul à contempler ces millions de mondes, cette ordonnance merveilleuse, connue dans de certaines limites et pressentie par-delà ou ignorée, il me semble que je n’ai pas besoin d’amasser tant d’autorités, tant de noms propres ou d’idées accessoires au service de mes rêves ; et tout en concevant qu’il y a autant de manières de sentir, d’être affecté et d’adorer, qu’il y a d’intelligences et de regards, je crois qu’il en est une non moins légitime, et je ne la cherche que dans cette contemplation même et dans ce qu’elle a d’auguste.
Il semble, en effet, qu’après cette brouille et ce raccommodement le comte de Clermont se soit piqué d’un redoublement de zèle durant tous les mois qui suivent. […] Barbier, dans son Journal, cite ce mot et le met après la prise de Namur ; il me semble que, s’il a été dit dans cette campagne de 1746, il n’a pu l’être qu’après la prise d’Anvers.
Sans compter même les reproches publics que lui adressa plus d’une fois Napoléon à ce sujet et qui équivalent à un démenti, il semble que Talleyrand n’avait pu dès le principe se prononcer aussi absolument qu’il l’a prétendu contre toute intervention dans les affaires d’Espagne : sans cela, l’empereur ne lui aurait pas écrit de Bayonne, comme il le faisait (25 avril 1808) : « Je continue mes dispositions militaires en Espagne. […] Il semble qu’il soit fait allusion à cette scène de 1814 dans un mot de Napoléon à M.
Simple comme elle était, il semble qu’elle aurait pu s’ignorer toujours. […] Dans cette ruine successive des organes, son cœur sembla redoubler jusqu’au bout d’ardeur et de jeunesse.
Joignons-y Molière, quoiqu’il semble devoir plus à sa droiture d’instinct et de génie qu’à l’imitation des anciens : il les connaissait pourtant, il les étudiait, il les aimait, même ce robuste Plaute qui répugnait à la délicatesse de son temps. […] Charles Perrault ne sembla pas d’abord pressé d’accepter l’héritage de Desmarets, et la chose se passa d’abord en escarmouches entre ses deux frères et Despréaux ou Racine, jusqu’à ce que, rendu par la disgrâce à la littérature, il donna son Saint Paulin, orné d’une Préface où l’Art poétique était saisi par son côté faible, je veux dire par son insoutenable théorie du merveilleux païen.
TRISSOTIN Pour cette grande faim qu’à mes yeux on expose, Un plat seul de huit vers me semble peu de chose. […] Cette recrue continuelle du genre humain, je veux dire les enfants qui naissent, à mesure qu’ils croissent et qu’ils s’avancent, semblent nous pousser de l’épaule et nous dire : Retirez-vous, c’est maintenant notre tour.
Peut-être est-ce un effet du hasard qui a si arbitrairement détruit ou conservé les œuvres anciennes, si la production dramatique du xiiie et du xive semble dévier le développement de la poésie dramatique. […] Il semble que l’auteur ait visé à la fois la lecture, la récitation par un jongleur unique, et la représentation par personnages.
Or, dans toute la seconde partie du roman, il fait un tas de choses fort au-dessus de la probité moyenne, et qui semblent même partir d’une âme vraiment haute. […] Même il y a, dans les rencontres de ce père et de ce fils, qui n’ont pas une idée en commun, un dramatique froid navrant qui serre le cœur (et qui serait peut-être doublé si l’auteur semblait moins persuadé qu’Astier-Réhu n’est qu’une horrible vieille bête)… Mais enfin cette unité secrète, intérieure du livre, M.
Pasquier lui répond que si l’on pouvait librement choisir, et que si l’on était à commencer sa carrière, il faudrait appliquer ici le précepte des médecins sur la peste : Partir tôt, aller loin, et revenir tard : « Mais puisque chacun de nous a passé plus de la moitié de son âge, même que vous, depuis dix-sept ou dix-huit ans en çà, avez été appelé aux plus belles charges de notre robe, il me semble qu’il nous faut résoudre de vivre et mourir comme bons citoyens avec notre État. » Le conseil qu’il donnait là à Pibrac, il le pratiqua aussi pour lui-même : on le vit dans la seconde moitié de sa carrière, lorsqu’il eut passé du barreau dans les rangs de la haute magistrature et qu’il fut devenu avocat général en la Cour des comptes (1585), en remplir tous les devoirs, y compris l’exil, et s’attacher invariablement à toutes les fortunes qui ballottèrent, durant la Ligue, les débris du Parlement et des cours souveraines de la France. […] Il y avait là-dedans un principe organique qui semblait fait pour donner vie et consistance à une classe moyenne, à cette classe que nous avons vue essayer mainte fois de se constituer et de se reformer depuis sous divers noms, mais qui n’a plus su retrouver solidité en elle, ni moralité élevée.
En ce moment de licence effrénée où le peuple a beaucoup moins besoin d’être excité que contenu, ces barbares excès, à quelque parti qu’on les prête, me semblent dangereux à présenter au peuple, et propres à justifier les siens à ses yeux. […] Tel est, ce me semble, le point actuel où en est la critique sur Beaumarchais, à la veille des documents nouveaux que M. de Loménie doit y introduire.
Il me semblait insuffisant de mettre au sonnet la tête en bas, de jouer sur le rythme, d’agrandir les perspectives de la symétrie. […] Vielé-Griffin, après avoir hésité, semble-t-il, s’élança joyeusement au plus fort de la bataille.
Les personnes les moins attentives remarquent, en voïant la statuë dont je parle, que cet esclave qui se courbe et qui se montre dans la posture convenable pour aiguiser le fer qu’il tient, afin de paroître uniquement occupé de ce travail, est néanmoins distrait, et qu’il donne son attention, non pas à ce qu’il semble faire, mais à ce qu’il entend. […] Il semble que les recits de Pline et ceux de plusieurs auteurs anciens dussent nous persuader que les grecs et les romains excellassent dans le coloris ; mais avant que de se laisser persuader, il faut faire refléxion que les hommes parlent ordinairement du coloris par rapport à ce qu’ils peuvent avoir vû.
Il semble que la destinée se soit plû à mortifier les philosophes modernes, en faisant arriver le hazard qui a donné lieu à l’invention des lunettes de longue vûë, avant le temps qu’ils marquent pour l’époque du renouvellement des esprits. […] La verité s’est présentée à eux par hazard, et il semble même que ce soit encore par hazard qu’ils l’aïent reconnuë.
Comment ces deux caractères, qui, au premier abord, semblent contradictoires, peuvent-ils se concilier ? […] L’homme qui les éprouve a l’impression qu’il est dominé par des forces qu’il ne reconnaît pas comme siennes, qui le mènent, dont il n’est pas le maître, et tout le milieu dans lequel il est plongé lui semble sillonné par des forces du même genre.
Les journaux et les revues se sont renvoyés l’écho de leurs admirations, et l’opinion publique, que ces journaux ne font pas toujours, ils semblent la faire, cette fois, tant ils sont d’accord avec elle ! […] Ici la passion de groupe, de coterie, de parti, et l’opposition politique, ne semblent plus rien dans cette absence de justice ou de sagacité.
Il semblait que la société parisienne, légèrement hébétée depuis nos malheurs et désaccoutumée des gens d’esprit, tout à coup en retrouvait un qui lui redonnait la sensation que donne l’esprit, cette faculté ineffablement charmante, qui n’est pas le talent et que le plus grand talent, et même le génie, n’ont pas toujours ! […] Quand elles ont paru, on s’est jeté à ces lettres d’un caractère intime et qui semblaient promettre des révélations d’autant plus sûres qu’elles étaient posthumes… Mais, une fois lues, ces lettres sont tombées des mains stupéfaites et on ne les ramassera point !
Il semblerait que non, à lire les romans. […] Les romanciers retardent donc quand ils nous peignent ces soirées de province où des hommes, qui semblent descendus des cadres d’un musée, s’entretiennent de niaiseries de village avec des femmes prétentieuses, sans grâce et sans esprit.
Toutefois il faut reconnaître que ce parallélisme est loin d’être toujours et partout aussi évident, et qu’au contraire il semble se rencontrer, dans les sociétés modernes, plus d’un cas singulièrement défavorable à notre thèse. […] Cette conclusion semble contredire brutalement une théorie sociologique fort connue, suivant laquelle l’évolution des sociétés les ferait passer du « type militaire » au « type industriel » et, du même coup, du despotisme à la démocratie.
Le dédain est d’autant plus fort, qu’il semble plus contenu, Après avoir exposé la confusion des qualités premières et des qualités secondes : « C’est à cette erreur, dit M. […] Les objets rêvés vous sembleront aussi réels et aussi consistants que vous-même.
Ni faits précis, ni exemples distincts, jamais d’exordes nets, des courses à droite et à gauche à travers des citations inutiles et des questions accessoires, de grands mots qui semblent des vessies enflées d’air. […] D’autres, arrivés au bord, n’osaient descendre ; le trou leur semblait trop noir ; mieux valait accepter la doctrine que tenter l’aventure.
Notre siècle, après les excès philosophiques qui ont signalé la fin du précédent, est devenu prudent à bon droit dans ces considérations générales ; les cœurs honnêtes ont peur de toute témérité, et il semble même qu’on aime à s’en tenir, dans cette sphère élevée, aux apparences lumineuses, aux traditions générales et aux impressions premières du sentiment, plutôt que de les décomposer et de creuser trop avant, comme si l’on n’était pas sûr de pouvoir recomposer ensuite ce qu’on aurait trop indiscrètement analysé.
Voilà le cadre à la fois composé et vrai, où depuis qu’elle a laissé sa première manière d’élégie libre, pour se soucier de plus d’art, Mme Valmore nous semble réussir le mieux.
Nous aurions eu aussi une Promenade à Saint-Cloud par le frère de Marie-Joseph, car André eût été le partisan, ce me semble, de l’ordre sans l’usurpation, de la gloire sans la tyrannie, des lauriers soumis aux lois.
Le fanatisme héroïque des armées était lié avec le fanatisme brutal des populaces ; c’était la même exaltation, appliquée à d’autres objets et à des situations différentes ; les accès de l’un semblaient régler ceux de l’autre, et tous deux se balançaient, enchaînés par une espèce d’alternative ; ainsi chaque revers militaire réveillait de plus vives fureurs intestines, et chaque redoublement de cruauté présageait une victoire prochaine.
Pour nous, l’impression a été surtout pénible : cette longue discussion de la pauvreté et de la richesse d’un écrivain nous a semblé triste.
Je développerai dans une note de la seconde Partie de cet ouvrage quelles règles il me semble raisonnable d’adopter aujourd’hui relativement aux mots nouveaux.
II « Il me semble, dit-il, que c’était hier, et c’était cependant au commencement de 1788.
Ainsi les snobs du commun ont pour guides des façons de snobs inventifs et supérieurs ; et, au point où nous sommes parvenus, le snobisme ne nous apparaît plus que comme un des noms particuliers de l’universelle illusion par laquelle l’humanité dure et semble même marcher.
C’est que les personnes très riches sont privilégiées de plus de façons encore qu’il ne paraît à première vue ; c’est que, en même temps que la charité sous sa forme la plus élémentaire, qui est l’aumône en argent, semble devoir être plus facile aux gens qui en ont beaucoup, ceux-ci, à mérite égal — et en vertu de leur richesse même, qui les signale à l’attention et leur permet des largesses d’un chiffre imposant — sont singulièrement plus assurés de la reconnaissance publique que les gens de condition médiocre ou petite, et, ainsi, ne manquent guère de recevoir, dès ici-bas, la récompense de leur bonne volonté.
… Et telle est l’impression à lire les Lèvres closes, que le tempérament de ce tendre matérialiste semble mentir aux rigueurs de sa philosophie.
Seul, le magnifique Chant de Satan semble indiquer la volonté décisive du poète de se hausser à un art plus violent et plus puissant.
Ce qui pourrait sembler contradictoire, c’est que les pièces de Giovanni-Battista Andreini ne laissent pas d’être aussi licencieuses que celles des Gelosi ; mais, comme dit Beltrame, c’était l’usage de l’art.
Il me semble qu’on ne saurait bien travailler, ni même bien s’amuser, que si on est un honnête homme.
Il me semble donc clair que, en 1673, la jalousie de madame de Montespan était en pleine irritation, et la jalousie de madame de Montespan est tout ensemble l’accusation et la preuve du trop d’amitié du roi pour cette glorieuse de Scarron.
C’est à ceux qui connoissent les droits de la Muse comique, à décider s’il a outrepassé les bornes prescrites : nous nous contenterons de dire qu’il nous semble, au contraire ; n’avoir pas tiré un assez grand parti de son sujet.
Ce petit peuple qui se dévoue à la patrie commune, ces dix mille contre deux cent mille, qui marchent en avant sans regarder derrière eux, cette victoire qui semble divine tant elle est rapide, quel plus noble et plus pur triomphe !
Ils sembloient tous avoir le mot, afin de tâcher de lui nuire, & de faire le malheur de sa vie.
Toutes les attentions semblèrent se fixer sur lui.
Les trois derniers vers qui contiennent la moralité de la fable, n’en indiquent pas assez, ce me semble, toute la portée.
Cette lettre, sans date, publiée pour la première fois dans l’édition de Naigeon, nous semble le complément naturel de ce qui précède.
Elle est si peu un plaisir : elle nous fait sentir si peu l’harmonie du vers, que l’instinct nous porte à prononcer tout haut les vers que nous ne lisons que pour nous-mêmes, lorsqu’il nous semble que ces vers doivent être nombreux et harmonieux.
Voilà pourquoi l’on habille aujourd’hui communément ces personnages de vêtemens imaginez à plaisir, et dont la premiere idée est prise d’après l’habit de guerre des anciens romains, habit noble par lui-même, et qui semble avoir quelque part à la gloire du peuple qui le portoit.
Voilà pourquoi leur esprit semble les abandonner quelquefois, et quelquefois les tirer par l’oreille, suivant la phrase d’Horace, pour les obliger d’écrire ou de peindre.
L’étenduë que le travail semble donner aux génies n’est qu’une étenduë apparente.
je vais encore rapporter un endroit de Macrobe qui pourroit paroître inutile, parce qu’il ne dit que la même chose que les passages de Quintilien et de Longin qu’on vient de lire, mais il m’a semblé propre à fermer la bouche à ceux qui voudroient douter que les anciens songeassent à tirer de la musique toutes les expressions que nous voulons en tirer, et qu’ils eussent communément de cet art la même idée qu’en avoit Lulli.
Tout cet appareil de précautions peut sembler bien laborieux pour une science qui, jusqu’ici, ne réclamait guère, de ceux qui s’y consacraient, qu’une culture générale et philosophique ; et il est, en effet, certain que la mise en pratique d’une telle méthode ne saurait avoir pour effet de vulgariser la curiosité des choses sociologiques.
Cela non plus ne me semble point tout à fait absurde.
Pour la littérature, le mal est moins désespéré, à ce qu’il semble, quoiqu’il ait aussi sa profondeur.
Scott et Balzac (Balzac surtout, plus grand que Scott par ce côté) ont inventé des manières si supérieures de couper le jeu et de donner les cartes dans cette fameuse partie d’imagination, qu’après eux la difficulté a pris des proportions qui semblent la rendre invincible.
C’est à propos de ces Récits qu’on a récemment rapproché leur auteur de madame Sand, et l’erreur de ce rapprochement pourrait avoir cours si on ne l’arrêtait au passage, parce qu’elle semble être un éloge pour l’une et pour l’autre.
Assurément, la pâle et délicate Mme de La Fayette, cette fille d’une société factice et qui n’a appris ce qu’elle sait de la nature humaine qu’en écoutant à travers les draperies des convenances à la porte de quelques cœurs, semble une bien grêle observatrice, quand on la compare à des esprits comme Defoë et Richardson, ces génies énergiques qui plongent, eux, dans l’humanité à une si grande profondeur, et qui la brassent comme on brasse un bain.
Cette conception, qui semblait tout d’abord une vue de brasserie, propre aux rapins et aux Pétrus Borel, est arrivée peu à peu à couper la France en deux, et constitue, selon moi, un des signes les plus caractéristiques de la dissociation profonde de notre pays.)
Il me semble donc impossible qu’un malentendu subsiste à cet égard.
. — Or, cette difficulté si grave se rencontre dans presque tous les cas du mouvement, car presque tout mouvement est l’effet d’un concours de forces, et les effets respectifs des diverses forces se trouvent mêlés en lui à un tel point qu’on ne peut les séparer sans le détruire, en sorte qu’il semble impossible de savoir quelle part chaque force a dans la production de ce mouvement. […] Si on ne les démontre point, c’est qu’on les déclare évidentes par elles-mêmes ; du moins il semble au lecteur attentif que, pour les admettre, il n’a pas besoin de preuve : il lui suffit de les comprendre. […] Au bas de l’échelle, il y en a qui semblent insignifiants ; c’est que l’analyse demandée y est toute faite ; les termes de l’attribut se trouvent par avance dans les termes du sujet ; le lecteur ne trouve point la proposition instructive ; il juge qu’on lui dit deux fois la même chose. […] Or tous les jours nous voyons des corps passer du mouvement au repos ou du repos au mouvement, à ce qu’il semble, spontanément, et sans l’intervention appréciable d’une condition nouvelle. […] VII D’autres axiomes, moins fructueux, méritent aussi d’être démontrés, à cause de leur portée immense et de la prodigieuse envergure qu’ils semblent donner tout d’un coup à la connaissance humaine.
Mais, avant de le suivre à la cour de François Ier , ce prince que la triple passion de la guerre, des arts et de l’amour égalait à Henri IV, à Louis XIV et aux Valois, racontons par sa bouche une anecdote qui semble donner la clef de quelques-uns de ses goûts secrets, très communs en ce temps-là dans cette corruption de la Grèce et de l’Italie. […] Cet homme sembla me demander pardon devant ceux qui peu de temps après me vengèrent, moi et tant d’autres qui avaient été assassinés par lui. […] Le duc, pendant que je parlais, se tournait tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, et semblait m’écouter avec peine ; et moi, je m’affligeais en pensant à l’état magnifique que j’avais laissé en France. […] Obligé de combattre contre tant d’accidents imprévus, mes forces ne purent plus y résister, et je fus saisi d’une grosse fièvre qui m’obligea d’aller, tout désespéré, me jeter sur mon lit, après avoir renouvelé mes avertissements à mes gens, qui étaient au nombre de dix, et surtout à Bernardino, mon premier garçon, auquel je dis : Observe bien tout ce que j’ai ordonné de faire ; car je sens le plus grand mal que j’aie jamais éprouvé ; il me semble que je vais mourir.
L’espace s’enflait et devenait d’une grandeur infinie, inexprimable. » Il n’est pas du tout rare, chez les sujets nerveux, d’avoir des perceptions illusoires, dans lesquelles le corps semble s’étendre énormément, au point même de couvrir un acre de terrain. […] Dans la description de ses songes causés par l’opium, « alors que la mer lui apparaissait pavée d’innombrables figures, suppliantes, courroucées, désespérées, surgissant par myriades, par générations, par siècles, — alors qu’une architecture imaginaire se présentait à lui avec une vivacité et un éclat insupportable, ayant la faculté de grandir et de reproduire à l’infini », alors donc que les impressions mentales étaient extrêmement nombreuses et très distinctes, de Quincey nous dit qu’il lui a quelquefois semblé « avoir vécu 70 ou 100 ans dans une seule nuit » ; bien plus, « qu’il a eu alors des sentiments qui lui paraissaient avoir duré mille ans, ou plutôt un laps de temps qui excédait les limites de toute expérience humaine. » N’arrive-t-il pas, pendant un assoupissement de quelques minutes, de faire des rêves qui paraissent durer un temps considérable ? […] Pour le développement de l’esprit, comme pour le développement de la société, il semble que ce soit une loi que le progrès vers la forme de gouvernement la plus élevée se fasse en passant par des formes dont chacune établit un pouvoir qui n’est qu’un peu moins tyrannique que le pouvoir qu’elle remplace. […] En décrivant ainsi le culte de ce qui a supprimé les superstitions, et est devenu un objet de superstition finale, nous somme plus près de la vérité littérale qu’il ne semble d’abord.
» Je répondais : « Parce que la littérature se renouvelle comme toutes les choses de la terre… et qu’il n’y a que les gens qui sont à la tête de ces renouvellements, qui survivent… parce que, sans vous en douter, vous n’admirez, vous-même, que les révolutionnaires de la littérature dans le passé, parce que… tenez, prenons un exemple, parce que Racine, le grand, l’illustre Racine a été chuté, sifflé par les enthousiastes de Pradon, par les souteneurs du vieux théâtre, et que ce Racine avec lequel on éreinte les auteurs dramatiques modernes, était en ce temps un révolutionnaire, tout comme quelques-uns le sont aujourd’hui. » Jeudi 16 janvier Pillaut avec son dilettantisme musical de lettré et de penseur, cause de Wagner, et dit que sa forme musicale fait penser à un monde futur, et que ses sonorités sont des sonorités qui semblent fabriquées pour les oreilles de l’humanité qui viendra après nous. […] Et d’après les paroles du dîneur, il me semble que Dostoïevsky, est dans ces années, l’auteur le plus russe, l’auteur reproduisant le plus fidèlement l’âme de ses compatriotes. […] Il ne me semble pas destiné à faire de vieux os. […] Et il me semble qu’un jour, en ce cimetière aux portes de la ville, où notre ami repose, quelque lecteur, encore sous l’hallucination attendrie et pieuse de sa lecture, cherchera distraitement aux alentours de la tombe de l’illustre écrivain, la pierre de Madame Bovary.
Elle apprend que ses funérailles auront lieu le lendemain ; elle se promet de se trouver debout, chapeau bas, tout entière, dussent les rues être trop étroites, à la suite de son convoi, non pas pour que la famille du vieillard note la présence d’un million de visages anonymes dans le cortège, mais pour que le soleil la voie payer un tribut de conscience, de respect et de patriotisme à ce cercueil qui lui semble renfermer quelque chose de mort dans l’image de la patrie. […] Quand une concierge, qui semblait sentir la dignité et la responsabilité de gardienne du repos d’un philosophe favori du peuple, vous avait indiqué sa demeure, vous tourniez, à droite en entrant dans la cour, sous une petite voûte conduisant à des écuries ; vous rencontriez sous la voûte le premier degré d’un escalier de bois ; cet escalier vous conduisait de palier en palier, par des marches douces, comme il convient à l’âge essoufflé, jusqu’au dernier palier, sous les toits, où vous n’aviez plus au-dessus de vous que les tuiles et le ciel. […] Quelles furent les vicissitudes de cet attachement contrarié par leur âge et par leur misère ; comment triompha-t-il de longs obstacles ; comment, sous le nom plébéien de Lisette, Béranger célébra-t-il constamment la même personne poétisée dans ses chansons ; comment Judith sembla-t-elle disparaître pendant quelques années, non de son cœur, mais de la vie de son poète ; comment la vit-on reparaître dans son âge mûr ; comment un mariage à demi secret, à demi avoué dans une lettre équivoque et transparente cependant de Béranger au public, laissa-t-il ses amis dans une ambiguïté d’affirmation ou de doute sur la nature de cette vieille amitié ; comment Judith et son poète finirent-ils pourtant par se réunir sous le même toit pour mourir ensemble ; c’est ce qu’il n’appartient qu’aux historiens de la vie de Béranger de savoir et de dire. […] Non, et tout m’y semble nouveau.
Ironie, causticité rentrée, pénétration compréhensive, explication déliée et naturelle de beaucoup de faits qu’il réduit à paraître simples, d’extraordinaires qu’ils avaient semblé, ce sont ses qualités, dont quelques-unes touchent à des défauts. […] Au pis, et n’eût-il rien obtenu, la Chambre lui semblait du moins un agréable café, un club instructif, une école utile pour un historien.
Il semblait que ce fût une ironie du sort d’avoir donné pour seconde femme à Monsieur, à ce prince si mou et si efféminé, une personne qui par ses goûts ressemblait le plus à un homme et qui avait le regret de ne pas être née garçon. […] Cela dit et ces éclaircissements donnés sur la communion particulière dans laquelle Madame avait été d’abord élevée, je demande à maintenir le nom et la trace de Luther dans les endroits où je le cite : il est certain que la princesse semble tenir de lui pour un reste de franche liberté, de large interprétation et d’indépendance, plutôt que de l’esprit rigoureux de Calvin.
Nous sommes jeunes, mon cher Mirabeau ; et, quoique la vie soit courte, elle peut sembler bien longue, dans de certains engagements ; aussi, je crois qu’on n’en doit prendre que par raison, et le plus tard qu’on peut. […] Est-il besoin de remarquer qu’il suffirait d’un mot lâché par lui sur sa plaie secrète, sur ce qui l’empêche d’aller à Paris, pour que Mirabeau, qui sans doute ne demanderait pas mieux et qui semble provoquer la confidence, lui offrît sa bourse ?
Mais on remarquera, avant tout, ce voyage que la veuve du Prétendant, du feu roi soi-disant légitime, ne craignit pas de faire en Angleterre, c’est-à-dire dans le pays où il semble qu’elle dût le moins aller. […] Il y a mis sans nécessité, ce me semble, quelques taches et trop d’ombres.
Fromentin un peintre heureux, naturel et comme natal ; à en juger par cette application toute nouvelle qui semble une métamorphose, cela ne m’étonnerait pas si bientôt, à l’un des prochains salons, on voyait de lui, sortant de son pinceau comme ici de sa plume, des paysages français de Normandie ou de Touraine, ou de cette même Sèvre niortaise, pour faire pendant et contraste aux précédents tableaux de l’Algérie. […] Puis on n’en rencontrait plus que l’année suivante, à la même époque, au même lieu, à ce point qu’il semblait que c’était le même émigrant qui revenait. » Tout ceci est du chasseur autant que du naturaliste ; ce qui suit est particulièrement du peintre : « Des tourterelles de bois arrivaient en mai, en même temps que les coucous.
Le bon roi qui s’en doute, et qu’on a averti de cet amour, imagine, à l’instant, une feinte qui semble même un peu forte pour lui. […] Ici, l’infante est dans son cabinet et se livre à l’un de ces monologues qui sembleraient jolis sans doute et spirituels, si l’on y prêtait attention.
Le plan de Malouet consistait, d’abord, à en avoir un, à ne pas affronter cette grande crise « sans aucun préparatif de défense, sans aucune combinaison ; à savoir bien nettement ce qu’on voulait concéder, jusqu’où l’on voulait porter les réformes, à le dire, à le déclarer hautement, de manière à retrouver le tout en substance dans le texte des cahiers de bailliages, ce qui, selon l’état de l’opinion en province, lui semblait alors fort possible ; à ne pas s’en remettre pour ces points essentiels à une réunion de douze cents législateurs tirés de toutes les classes, la plupart sans expérience, sans habitude de discussion et de méditation sur ces graves matières, exposés à tous les souffles de l’opinion extérieure, et livrés au flux et reflux des grandes assemblées. […] Le tort de l’abbé est dans la sauce qu’il y a mise, que surtout il y a fait mettre de toutes mains par ses amis, et qui jamais ne lui semblait d’un ragoût philosophique assez relevé.
Ces deux caractères semblèrent se reconnaître en se rencontrant ; ces deux cœurs s’attachèrent avec la force d’une révélation. […] La Providence semble ainsi réserver à ses favoris deux femmes providentielles : l’une, à l’entrée de la vie pour les enivrer d’un premier amour ; l’autre, au déclin des jours pour faire respecter l’intérieur.
Montesquieu, qui se souvient parfois des causes physiques, semble ignorer absolument que la matière sur laquelle travaillent les législateurs, l’humanité vivante, contient en puissance une infinité d’énergie, qu’elle n’est pas seulement le champ de bataille que la loi dispute à la nature, qu’elle peut trancher à chaque instant le différend par ses forces, ses tendances intérieures, et qu’enfin c’est elle, et elle seule, qui fait la loi puissante ou inefficace. […] Dans la suite du xviiie siècle, Montesquieu a semblé perdre du terrain ; d’autres l’ont dépassé, ont étouffé sa voix.
Mais comme entre les classes laborieuses et les classes très cultivées, il y a une grande différence de susceptibilité intellectuelle et émotionnelle, le contraste, à la réflexion, paraît moins grand qu’il ne semblait d’abord. […] Que l’on remarque aussi que plusieurs nations, qui ne semblent avoir eu aucun rapport entre elles, ont adopté pour base de leur numération dix (les dix doigts) ou cinq (les cinq doigts d’une main) ou vingt (les doigts et les orteils) ; ce qui montre que les doigts ont été l’unité originelle de numération.
Entre la bouche qui prononce et l’oreille qui reçoit une telle confidence, il semble que ce ne serait pas trop de la triple grille d’un confessionnal. […] Ce n’est plus cette prose endimanchée qui ne semblait n’emprunter les rythmes de la poésie que pour railler ses idées ; c’est une langue souple et ferme qui marche avec allure, et parfois prend de l’essor et s’envole.
Il semblait voir une princesse qui jouait la comédie pour son plaisir. […] Mlle Le Couvreur ne trouva point d’abord cette histoire aussi invraisemblable qu’elle nous le semble aujourd’hui.
» Mme de La Tour met à un endroit un mot terrible, consultassiez, et Rousseau semble l’y autoriser quand il écrit : « Je ne supporterais pas l’idée que vous attribuassiez à négligence… » Que dirait Fénelon ? […] Cette organisation blessée ne semblait que mieux disposée à produire quelques-uns de ses fruits les plus délicieux.
Comme caractère et comme homme, il semble avoir eu plus de qualités réelles et positives qu’aimables ; mais gardons-nous de le juger d’après Rousseau. […] Sa contenance au-dehors était froide, polie, et pouvait sembler de la roideur ou de la morgue à ceux qui ne le connaissaient pas ; mais dans la familiarité il était, dit-on, la gaieté même, franc jusqu’à l’abandon, et certainement fidèle et dévoué jusqu’à la fin pour ceux qu’il avait une fois choisis.
De tels exemples, où tant de sentiments délicats et généreux se confondent des deux parts dans un sentiment religieux supérieur, semblent ramener la poésie à ses plus nobles origines et ne se peuvent raconter sans émotion. […] Jasmin fit avec elle comme avec le prêtre de Vergt ; il fit des tournées heureuses et fructueuses, et l’ivresse même du poète, qui semblait, avant tout, heureux de réciter ses vers, n’était ici qu’une délicatesse de plus.
Il fit imprimer à Bruxelles, en 1793, des Considérations sur la nature de la Révolution de France, petit écrit qui fit sensation en Europe, et dont Burke, après l’avoir lu, déclara qu’il lui semblait l’avoir fait. […] Mallet, à vingt et un ans, fit donc une brochure qui, eu égard aux conditions de la petite république, pouvait sembler révolutionnaire : il embrassait avec générosité la cause des nombreux habitants dits natifs (comme qui dirait le tiers état du lieu) qui n’étaient point représentés.
Il en résulte un effet d’optique tel que ces lignes semblent partir d’un objet particulier qui serait placé en dehors du champ de la connaissance expérimentale, « de même que les objets paraissent être derrière le miroir où on les voit. » III Idée de vérité absolue et universelle Les platonisants font de l’idée de « vérité » le produit d’une « conscience intellectuelle » supérieure à la conscience sensible. — Nous croyons tous, disent-ils, à l’objectivité, à l’existence réelle du monde extérieur ; nous avons donc une conscience intellectuelle qui, en pensant le monde extérieur, l’affranchit de la subjectivité de la conscience sensible et l’érige en vérité. […] C’est cette conscience radicale, en dehors de laquelle nous ne pouvons rien concevoir, c’est cette expérience nécessaire à toutes les autres qu’on a érigée en « Raison », sans voir que, si elle semble atteindre des objets universels, c’est uniquement parce qu’elle atteint ce qu’il y a de fondamental dans le « sujet » même ; si bien que le contraire demeure pour lui inconcevable, n’étant ni réalisé ni réalisable en sa conscience.
Zola n’échappent pas à la formule que lui-même a donnée justement de toute œuvre d’art : « La nature vue à travers un tempérament. » II Tous les caractères que présente l’humanité ne semblent pas à M. […] Il semble qu’en toutes ces occasions, M. ola touche aux spectacles prétendus honteux, en vertu de droits supérieurs, comme accomplissant une mission de grand révélateur de la vie, chargé d’en découvrir les sources charnelles.
Dans une science qui a pour objet l’absolu, il n’y a pas de milieu, à ce qu’il semble, entre la vérité et l’erreur : dans cette science, on ne prétend pas seulement découvrir des vérités, mais on croit atteindre et posséder la vérité. […] Ainsi Descartes semble vouloir oublier qu’aucun philosophe l’ait précédé ; il ne tient aucun compte de Platon, ni d’Aristote, ni du moyen âge.
Ce talent, qui va peut-être tout à l’heure vous faire oublier, à force d’émotion, ses ressemblances et ses analogies, il semble que vous le connaissiez que vous en ayez joui déjà. […] La vision de la simple femme doit, à ce qu’il semble, étancher mieux que la création du génie, la soif dévorante de connaître, qui prend la créature raisonnable et immortelle devant le mur de son tombeau !
Il y avait le hardi faquin, le coquin héroïque, qui, avant d’être prêtre, n’eut que la seule qualité d’être brave au feu du canon comme il l’était au feu des filles ; mais prêtre et cardinal, et cardinal pour son argent, pour que cela fût plus miraculeux, le faquin et le coquin disparurent, et le ministre qui se mit alors à pousser sous cette majestueuse barrette que Richelieu avait portée, le ministre aurait été grand, s’il avait vécu, — si la mort n’avait coupé l’herbe sous le pied à sa gloire naissante, avec une faulx longtemps aiguisée par ses vices… Seulement, cet homme-là, dans Dubois, le passionné, le haineux, l’ambitieux, le jaloux Saint-Simon, ne pouvait pas le voir, et ni Drumont non plus, puisqu’il émet le doute qui ferait de Dubois le satanique que tiennent à voir en lui tous les superficiels de l’Histoire, c’est-à-dire que, par une haine d’une machiavélique profondeur contre Saint-Simon, Dubois aurait subi, sans protester, l’ambassade donnée à Saint-Simon par le Régent, parce que Saint-Simon, son ennemi, devait immanquablement s’y ruiner… Ni Saint-Simon ni son publicateur ne révèlent donc la vérité sur les étonnantes, les renversantes dépêches à Dubois ; et le mot de l’énigme sur l’homme le plus entier qui fut jamais et qui semble se rompre tout à coup en deux dans une contradiction mortelle, est un mot qui reste encore à deviner. […] Nulle d’affaires, comme je l’ai dit plus haut, l’ambassade d’Espagne n’eut d’autre importance politique que des mariages entre des enfants, et sans ces stupéfiantes adorations à Dubois, qui jurent si cruellement avec le caractère connu de Saint-Simon, de cet homme qui semblait fait d’un seul morceau comme un bloc de granit volcanisé, il n’y aurait rien à y chercher… Le portrait du roi et de la reine d’Espagne, l’esquisse du grand portrait des Mémoires, ne fait point partie des dépêches de l’ambassadeur, et il est rejeté à la fin du volume.
Les siens, à la moindre impression, se tordaient et résonnaient, comme ces cordes à violon sur lesquelles le Diable semblait jouer des sonates, plus enragées que ce fameux trille qu’il joua, un soir, sur le violon de Tartini ! […] Et quand on songe que de tels supplices sont mêlés, dans cette Correspondance, à d’ignobles questions d’argent, à des possibilités ou à des perspectives de misère pour la femme qu’il aime, quand il ne sera plus, à des débats honteux d’affaires et de famille, toute cette prose abjecte jetée à travers la poésie de ces nobles et grandioses souffrances, le cœur se soulève, il semble que toute cette Correspondance soit, par toutes ces basses horreurs, profanée !
Dans le paradis terrestre (qu’on le suppose passé ou à venir, souvenir ou prophétie, comme les théologiens ou comme les socialistes), dans le paradis terrestre, c’est-à-dire dans le milieu où il semblait à l’homme que toutes les choses créées étaient bonnes, la joie n’était pas dans le rire. […] Il m’a semblé que le signe distinctif de ce genre de comique était la violence.
Ces demoiselles de Saint-Cyr, contemporaines de madame de Caylus, sont de vraies lorettes comme on dit ; il semble que Dumas ait détaché un chapitre du livre qu’il publie sous ce titre.
Et de plus encore, si l’on ôte le vernis et le prestige du génie moderne, Cousin pourrait sembler proprement un sophiste, le plus éloquent des sophistes dans le sens antique et favorable du mot, comme Villemain serait le plus éloquent rhéteur dans le sens antique et favorable aussi.
Il faut faire de cela, ce me semble, une question de fait et pas autre chose.
Au surplus, il nous semble que ceux qui poursuivent M.
Leur emploi systématique ressort chez lui, nous semble-t-il, de deux procédés.
Il me semble qu’il faut du courage à l’écrivain presque autant qu’au guerrier ; l’un ne doit pas plus songer aux journalistes que l’autre à l’hôpital.
Considérée dans son juste emploi, non dans son excès, l’antithèse ramasse dans une phrase courte et condensée les pensées qu’elle oppose : moins il y a de mots, plus le contraste ressort, et il semble qu’en l’étendant on met entre les idées un tampon qui en affaiblit le choc.
Ainsi qui sait aimer se rend de tout capable : Il réduit à l’effet ce qui semble incroyable.
Georges-Louis Leclerc. comte de Buffon (1707-1788), fils d’un conseiller au Parlement de Bourgogne, voyage en Angleterre et en Italie avec un jeune lord anglais, et semble d’abord s’appliquer aux mathématiques.
L’ancien régime lui avait paru lamentable ; la Révolution lui a semblé absurde et hideuse ; l’Empire, qui a consacré les pires conquêtes de la Révolution, le dégoûtera plus encore.
Par la nature de ses travaux, il semblait destiné à n’être connu que d’un groupe d’hommes assez restreint.
Et il procède avec intelligence, combinant bien les faibles et les fortes ; seulement il se maintient trop dans l’atmosphère pure du lyrisme, oh détonne cet accent de prose qu’il indique pourtant expressément par la suppression de la capitale initiale, mais qu’il semble pourtant encore démentir par cette autre suppression des détails de la ponctuation.
Laurent Tailhade à l’hôpital C’est à visiter les poètes que j’ai connu tous les hôpitaux de Paris : Laennec avec ses toits de prieuré, sa façade d’ancienne abbaye ; Broussais, qui semble, bâti sur pilotis, une bourgade de l’époque lacustre ; Necker aux murs nus et froids de caserne, mais où chante dans la cour une éternelle eau plaintive ; Saint-Louis, dont les tourelles Louis XIII pointent si joliment derrière les feuillages de l’avenue ; l’Hôtel-Dieu, qui ordonne parmi les colonnades et les degrés de pierre, la pompe païenne d’un décor antique… C’est précisément à l’Hôtel-Dieu que je viens de voir Laurent Tailhade, à peine remis d’une douloureuse et grave opération.
Il me semble que la science ne retrouvera sa dignité qu’en se posant définitivement au grand et large point de vue de sa fin véritable.
La profonde vérité de l’esprit grec vient, ce me semble, de ce que la richesse ne constituait, dans cette belle civilisation, qu’un mobile à part, mais non une condition nécessaire de toute autre ambition.
Un des poèmes sibyllins 582 semble provenir de cette école.
D’autres, tels que Fénelon et Rousseau, estiment que la pièce blesse la monde, en ce qu’elle semble autoriser toutes les ruses d’une jeune femme pour se soustraire aux honnêtes désirs d’un vieillard.
Depuis qu’on est inondé d’Ecrits philosophiques, les vices semblent se multiplier & prendre un caractere qui les rend encore plus odieux.
Mais depuis quelques années il semble à l’écart, loin de nous.
Ces mots sont d’ailleurs sur la limite et on ne sait encore ce qu’ils deviendront : tramway semble s’acheminer vers tramoué plutôt que vers tranvé 75, quant à meeting, le peuple prononce résolument métingue, entraîné par l’analogie.
Toutes les autres y sembloient absurdes.
Quant aux prétendues contradictions que semblent présenter les observations scientifiques, elles tiennent sans doute à ce que l’on considère isolément des conditions qui n’ont de valeur que par leur ensemble.
Ces deux conjugaisons hébraïque et grecque, l’une si simple et si courte, l’autre si composée et si longue, semblent porter l’empreinte de l’esprit et des mœurs des peuples qui les ont formées : la première retrace le langage concis du patriarche qui va seul visiter son voisin au puits du palmier ; la seconde rappelle la prolixe éloquence du Pélasge qui se présente à la porte de son hôte.
Les métaphysiciens parlent de cette pensée abstraite, qui n’a aucune propriété de la matière, qui touche à tout sans se déplacer, qui vit d’elle-même, qui ne peut périr, parce qu’elle est indivisible, et qui prouve péremptoirement l’immortalité de l’âme : cette définition de la pensée semble avoir été suggérée aux métaphysiciens par les écrits de Pascal.
Le caractere de la poësie du stile a toujours decidé du bon ou du mauvais succès des poëmes, même de ceux qui par leur étenduë semblent dépendre le plus de l’oeconomie du plan, de la distribution de l’action et de la décence des moeurs.
Il semble même que la providence n’ait voulu rendre certains talens et certaines inclinations plus communes parmi un certain peuple que parmi d’autres peuples, qu’afin de mettre entre les nations la dépendance réciproque qu’elle a pris tant de soin d’établir entre les particuliers.
Des emplois, ou trop élevez ou trop bas, une éducation qui semble éloigner l’homme de génie de s’appliquer aux choses pour lesquelles il est né, rien ne sçauroit l’empêcher de montrer du moins qu’elle étoit sa destinée, quand même il ne la remplit pas.
Le public ne sçait pas si le general n’a pas amené lui-même en resserrant l’ennemi ou bien en lui donnant des occasions de tomber dans une confiance témeraire, le hazard qui semble avoir été l’unique cause du succès de ce general, et si l’avantage qu’il tire de ce hazard n’est pas dû aux précautions que sa prévoïance avoit prises d’avance pour en profiter.
Nous le remercions infiniment, cet excellent critique, de vouloir bien nous révéler que l’art d’écrire exige un labeur effroyable, après que nous avons consacré 300 pages à indiquer cet effroyable labeur, ce qui, par parenthèse, ne me semble pas le meilleur moyen de démontrer qu’« un grimaud peut devenir un Chateaubriand ».
Mais une religion qui progresse me semble tout aussi étonnante qu’un temple qui se promènerait… Cela ne se voit guères, n’est-il pas vrai ?
Polémiste de tempérament, fait pour toutes les luttes, tous les combats, toutes les mêlées, et sentant cette vocation pour la guerre bouillonner en lui comme bouillonne cette sorte de vocation dans les âmes, quand elle y est, il a de bonne heure demandé instamment à ceux qui semblaient penser comme lui sa place sur leurs champs de bataille, mais ils lui ont toujours fermé l’entrée de leur camp.
Madame Sand a fait le sien comme Feuillet ; seulement ce bruit, qui ne vient pas du mérite intrinsèque des œuvres, s’est promptement dissipé, et quoique nous ne soyons pas très loin du moment où il s’est produit, il semble qu’il y ait longtemps déjà qu’on ne l’entend plus !
Corollaire relatif à la sagesse politique des anciens Romains Ici se présente une question à laquelle il semble bien difficile de répondre : lorsque Rome était encore peu avancée dans la civilisation, ses citoyens passaient pour de sages politiques ; et dans le siècle le plus éclairé de l’empire, Ulpien se plaint qu’ un petit nombre d’hommes expérimentés possèdent la science du gouvernement .
Il me semble que l’amie d’Alfieri, celle qui consacre désormais sa vie à rendre un culte à la mémoire de ce grand homme, sera prévenue en faveur d’un ouvrage d’un de ses plus zélés admirateurs, d’un ouvrage où elle retrouvera plusieurs des pensées et des sentiments qu’Alfieri a développés avec tant d’âme et d’éloquence. […] Ainsi on assure qu’il est très indépendant de caractère, qu’il parle avec une grande liberté et un grand courage ; cependant il y a dans les Martyrs des passages indignes de ces principes, il y en a où il semble avoir cherché des allusions pour flatter. […] Un voile naturel quoique invisible semblait répandu sur cet ensemble.
On semblait moins préparer au dauphin une épouse qu’une maîtresse. […] Il semblait subordonner sa soumission comme sujet aux conditions exprimées par la Bible et le psautier sur le plat de l’offrande. […] Tremblant pour son trône, pour sa liberté, pour sa vie et pour celle de l’enfant qu’elle portait dans son sein, elle entreprit de séduire à son tour l’époux outragé dont la colère semblait s’être tout à coup éteinte dans le sang de son rival.
Par moments, sous le tissu plus léger de métaphores une armature d’analyse transparaît, semble-t-il. […] … devenu l’exclusive propriété, il semble, de quelques dyscoles bateleurs. […] Avec la jetée qui, dans le flamboi du soleil, semble trépider et se volatilise.
On m’a dit qu’il fut professeur, et le livre sur les Débats du Parlement anglais semble affirmer effectivement qu’il l’a été. […] Malheureusement, dans une histoire où le Catholicisme tient une si grande place qu’il semble tenir toute la place, il faudrait le sens profond et nécessaire du Catholicisme, et il manque à Forneron. […] L’auteur des Guise semble même n’avoir écrit ces trois magnifiques biographies sur ces trois héros, que pour faire ressortir davantage la supériorité toujours présente de Catherine et la logique inébranlable de son caractère, au milieu de tous les équilibres risqués de ses infatigables négociations.
Classique ou non, les lois du vers semblent devoir se coordonner aux conditions physiologiques de la mémoire. […] Hugo, introduisait tout à coup dans ses drames en prose, lorsque l’âme de ses personnages semblait s’élever au-dessus des vulgarités de la vie, le vers n’a jamais chez le poète d’Hernani et des Burgraves cette destination grandiose. […] Qu’il se contemple ainsi, si bon lui semble, mais que ce soit la dernière de ses Contemplations !
Poitrine taillée pour les plus longs souffles, et qui semble asthmatique dans l’alinéa-Girardin ! […] Par un revirement dont Dieu et Hugo ont seuls le secret, le soleil de la monarchie, qui ne lui semblait plus qu’un soleil de petite Provence, bon seulement pour réchauffer de pauvres vieux, est revenu jouer autour des lèvres sonores du Memnon de tous les soleils, et il leur a redonné une harmonie qui, ma foi ! […] Évidemment ils sont sacrifiés au royaliste Lantenac, et le livre semble une Légende des Siècles de plus, — la légende du dernier siècle de l’antique et grande Monarchie française, — qu’Hugo l’ait voulu ou ne l’ait pas voulu !
Je n’ai pas à développer tous les mérites et les perfections que Roederer reconnaît en Louis XII ; il en fait je ne sais quel type accompli, il semble, en vérité, que du moment que Bonaparte, premier consul, ne s’était point tenu dans sa forme première et avait brisé le cadre où il s’était plu d’abord à l’enfermer, Roederer s’était, de regret, rejeté en arrière, et qu’il avait cherché loin des régions historiques brillantes, loin de la sphère de l’admiration et de la gloire, et, comme il dit, « dans l’obscure profondeur d’un gouvernement utile », un héros d’un nouveau genre, pour se consoler et se dédommager de celui qu’il n’avait pu fixer. […] Roederer67 : Faut-il donc porter dans la discussion littéraire cette âcreté qui en dénature l’esprit, et qui semblait autrefois réservée pour les disputes de grammaire ou pour les controverses théologiques ?
Dans d’autres temps, au contraire, on le trouvait muet, laconique ; un nuage semblait avoir couvert son âme, et, dans certains jours, on sentait auprès de lui comme un froid glacial, comme un vent qui a couru sur la neige et les frimas, et qui coupe. […] sa présence enivrait, et chacune de ses paroles semblait élargir le cœur48. » C’est bien là l’effet que produisent en général la lecture et le commerce de Gœthe : étendre les vues ; élargir l’intelligence ; — Eckermann, qui l’a aimé, ajoute : élargir le cœur.
dans l’appréciation de ces œuvres spéciales où le procédé est toute une science, où l’exécution tient une si grande place, et qu’un littérateur, c’est-à-dire un homme qui n’a jamais touché le pinceau ni le ciseau, ne doit, ce semble, aborder qu’avec une circonspection extrême, quelle outrecuidance ! […] Cependant j’accepte tout pour être à même de m’arrêter comme bon me semblera sur la route, et même de m’en écarter pour visiter certaines localités intéressantes… » Horace Vernet participait au prestige et aux honneurs qui s’attachent volontiers en France à tout ce qui est militaire : on essaya de le lui faire payer comme artiste.
Le mariage entre Rodrigue et Chimène, malgré la rivalité de don Sanche qui n’est là que pour la montre, semble convenu d’avance ; le comte y donne les mains. […] très-belle scène, sauf les détails de mauvais goût dont on a fait son deuil dès longtemps, et qui, de loin, ne semblent plus guère que de piquants effets de couleur locale.
Mais, si l’ouvrage de Jomini me semble juste et suffisant sur la politique, il devient supérieur dès que l’histoire militaire commence. […] Dans le temps où il était occupé à mener à fin son grand ouvrage, de fâcheuses et légères paroles tombées de la tribune française et prononcées par des généraux distingués, membres de l’opposition, tantôt par le général Sébastiani, tantôt par le général Foy, semblaient indiquer qu’il n’y avait plus, de la part des puissances, à compter ni sur la Suisse ni avec la Suisse.
Il y a même des passages qu’on relit par deux fois, tant ils semblent singuliers à force de personnalité blessante et de maligne insinuation, de la part d’un chevalier, d’un preux s’adressant à une femme. […] « Je dirai encore, écrivait M. de Chateaubriand dans sa Préface d’Atala, je dirai que mon but n’a pas été d’arracher beaucoup de larmes ; il me semble que c’est une dangereuse erreur avancée, comme tant d’autres, par M. de Voltaire, que les bons ouvrages sont ceux qui font le plus pleurer.
Puis, vers 1180, un poète allemand, Henri le Glichezare, faisait de l’histoire de Renart un poème suivi, qui semble attester que les récits français tendaient déjà à se grouper dans un certain ordre. […] Quand les deux compères, maintes fois, se mettent en route ensemble pour chercher fortune, c’est-à-dire une dupe et une proie, il me semble voir Robert Macaire avec Bertrand : le bandit rusé s’amuse aux dépens du bandit naïf, et c’est une tentation trop forte pour lui que celle de mal faire, fût-ce à son associé, surtout à lui : car la confiance légitime de la dupe, la trahison de l’amitié ou de la foi jurée, ce sont ragoûts délicats pour un raffiné trompeur.
Boileau définit un certain nombre de genres fixes, où la couleur, l’impression peuvent varier, non le mètre ; il énonce minutieusement les règles du sonnet, pour qui il semble avoir la dévotion d’un précieux, ou d’un Parnassien. […] Il ne faut pas par conséquent attacher trop de sens, ni un mauvais sens, à toutes les expressions de Boileau qui nous semblent des dérogations à la probité ordinaire de son naturalisme.
Il semblerait que l’objet principal du romancier devrait être l’étude de l’individu en qui se continue la névrose héréditaire : mais pas du tout. […] Anatole France918 a fait passer, semble-t-il, dans le roman l’influence de Renan, avec plus de dilettantisme qu’il n’y en eut réellement chez celui-ci.
Rien ne me semblait plus beau, plus noble, plus passionné et plus élégant que ces histoires d’amour. […] La malfaisance ne semble un droit qu’aux âmes nées méchantes et perverses.
De ces deux premières œuvres, ce qui semble échapper à toute revendication précise, ce sont les scènes qui justifient le titre de la seconde, les scènes de la querelle et de la réconciliation d’Éraste et de Lucile, de Gros-René et de Marinette. […] Ce qui semble évident, c’est que Sganarelle sort, comme Scapin et comme plus tard Sbrigani, de la féconde lignée du Lombard Brighella.
Des érudits de trente ans, comme La Boétie, mouraient à la façon des héros de Plutarque, en prononçant de graves discours, qu’ils semblaient réciter de mémoire, comme une leçon apprise aux écoles. […] Boccace semble plus sérieux, et plus persuadé de la vérité de ce qu’il raconte.
Les Pensées semblent vouloir déshonorer quiconque oserait se trouver content de sa part de cette sagesse humaine que Pascal secoue comme un préjugé, mais qui tient, quoi qu’il fasse, à sa chair et à ses os. […] Suard dit avec raison « qu’en lisant avec attention les Caractères de La Bruyère, il semble qu’on est moins frappé des pensées que du style, et que les tournures et les expressions paraissent avoir quelque chose de plus brillant, de plus fin, de plus inattendu, que le fond des choses mêmes. » Mais il a tort d’ajouter que c’est moins « l’homme de génie qu’on admire alors que le grand écrivain. » Qu’est-ce donc dans les lettres qu’un grand écrivain qui n’est pas un homme de génie ?
. — La notion de point Il semble maintenant que la question que nous nous posions au début est résolue. […] Je n’aurais que quatre sensations qualitativement différentes, et si l’on me demandait si elles sont liées par la proportion que je viens d’énoncer, la question me semblerait ridicule, tout comme si l’on me demandait s’il y a une proportion analogue entre une sensation auditive, une sensation tactile et une sensation olfactive.
Dans ma chambre nue et froide, abstène et vêtu pauvrement, je comprends, ce me semble, la beauté d’une manière assez élevée. […] Il semble que les affaires extérieures soient le but premier de la vie, que la fin de la plus grande partie du genre humain soit de vivre sous l’empire pressant et continu de la préoccupation du pain du jour, en sorte que la vie n’aurait d’autre but que de s’alimenter elle-même.
Remercions madame Gros d’avoir fait revivre dans notre âge, devenu étranger aux grands secrets de l’âme, les merveilles de conversion qui semblaient réservées aux temps où la grâce vivante se promenait sur la terre avec ses trésors d’indulgence et de pardon. […] Comme tous les fondateurs charitables, M. l’abbé Carton dépasse souvent la mesure de ce que semblerait commander la prudence humaine.
Mais en ce qui concerne la littérature, la politique et la morale, ces choses plus ouvertes, et sur lesquelles, à ce qu’il semble, tout esprit cultive et attentif peut se croire en droit d’avoir un avis, son Éloge me paraît prêter à bien des remarques, dont je ne ferai ici que quelques-unes. […] Turgot ne s’en tient pas, en fait de morale, à une pure impression mobile de sensibilité physique, il a des principes plus fixes : « Je suis en morale, dit-il d’une manière charmante, grand ennemi de l’indifférence et grand ami de l’indulgence, dont j’ai souvent autant besoin qu’un autre. » Condorcet, dans son besoin d’activité et de propagation extérieure, paraît croire qu’on ne peut éviter certains vices peu dangereux sans risquer de perdre de plus grandes vertus : « En général, les gens scrupuleux, pense-t-il, ne sont pas propres aux grandes choses. » Turgot ici l’arrête tout court ; il semble deviner l’homme de parti et de propagande qui perce déjà, et il lui dit : « La morale roule encore plus sur les devoirs que sur les vertus actives… Tous les devoirs sont d’accord entre eux.
Aussitôt que l’aurore de votre grâce commencera à poindre, je commencerai d’agir et de travailler à l’œuvre de mon salut… en me contentant d’avancer et de croître dans votre amour comme l’aurore, doucement et imperceptiblement… Il est naturel de rapprocher ces paroles de celles mêmes que Bossuet écrivait au sujet de Mme de La Vallière, à la veille de son entière conversion : « Il me semble, disait-il, qu’elle avance un peu ses affaires à sa manière, doucement et lentement. » Ainsi sa démarche habituelle, même dans le chemin du salut, était une douce lenteur, et comme un air de molle nonchalance, jusqu’à ce que l’amour lui eût donné les ailes qui enlèvent. […] Bossuet suivait cette alternative de retards et de progrès avec une sollicitude paternelle : « Il me semble, disait-il de l’humble convertie, que, sans qu’elle fasse aucun mouvement, ses affaires avancent.
Il semblait qu’elle n’eût qu’à choisir, et l’on ne peut montrer son travers altier avec plus de naïveté qu’elle ne le fait elle-même à propos d’une grande fête qui eut lieu au Palais-Royal sur la fin de l’hiver de 1646, et pour laquelle la reine mère voulut la parer : L’on fut trois jours entiers à accommoder ma parure ; ma robe était toute chamarrée de diamants avec des houppes incarnat, blanc et noir ; j’avais sur moi toutes les pierreries de la Couronne et de la reine d’Angleterre, qui en avait encore en ce temps-là quelques-unes de reste. […] Mademoiselle avait quarante-deux ans ; elle avait manqué tant et de si grands mariages, qu’elle semblait n’avoir plus qu’à demeurer dans cet état indépendant et libre de la plus riche princesse de France, lorsqu’elle commença (1669) à remarquer M. de Lauzun, favori du roi, et plus jeune qu’elle de plusieurs années.
Il est certain, disait Mlle de Scudéry, qu’il y a des femmes qui parlent bien, qui écrivent mal, et qui écrivent mal purement par leur faute… C’est, selon moi, une erreur insupportable à toutes les femmes, ajoute-t-elle, de vouloir bien parler et de vouloir mal écrire… La plupart des dames semblent écrire pour n’être pas entendues, tant il y a peu de liaison en leurs paroles, et tant leur orthographe est bizarre. […] Encore une fois, voilà de la raison, et il y en a beaucoup dans les livres de Mlle de Scudéry, mêlée, il est vrai, à beaucoup trop de raisonnement et de dissertation, et aussi noyée dans ce qui nous semble aujourd’hui des extravagances romanesques.
Il me semble que ce noble commentaire du xve chapitre de Bélisaire est fait pour désarmer à jamais la polémique (si elle était tentée de renaître à ce propos), et pour tenir l’ironie en respect. […] Dans les lettres que lui écrit Voltaire, le maître semble condescendre à ces dispositions du disciple, lorsqu’après s’être raillé des diverses cabales, des factions théologiques et autres, il ajoute : « Les chefs de ma faction sont Horace, Virgile et Cicéron. » Il lui écrit encore, comme en voulant correspondre de tout point à ses goûts : « J’entends dire que dans Paris tout est faction, frivolité et méchanceté.
Le principe de l’art pour l’art fondé en raison à juste et utile, tant qu’on ne considère que les œuvres en soi, tant qu’on n’a souci que de la liberté et de l’orgueil nécessaires à l’artiste, — peut sembler absurde et dangereux quand on songe que les livres, les statues, les tableaux et les musiques n’existent pas seuls dans un monde vide. […] Ce rapport dépend, selon nous, du principe de l’imitation entre organismes psychiques semblables, qui est une variété particulière du fait de la répétition, et qui semble être la forme de ce fait, propre à la société humaine, beaucoup plus que l’hérédité.
Pas le moindre soupçon que quelques-unes, nécessaires dans toutes les conditions de la société, et ne tenant à d’autres que par un fil trop long et trop délié, semblent exiger et exigent un cours séparé qui marche parallèlement au premier. […] L’esprit humain semble avoir jeté sa gourme ; la futilité des études scolastiques est reconnue ; la fureur systématique est tombée ; il n’est plus question d’aristotélisme, ni de cartésianisme, ni de malebranchisme, ni de leibnitzianisme ; le goût de la vraie science règne de toutes parts ; les connaissances en tout genre ont été portées à un très-haut degré de perfection.
Elle a soulevé tous les peuples contre leur gouvernement, et depuis que ces gouvernements semblent avoir repris les rênes de leurs peuples, elle a condensé dans les cœurs cette haine de l’autorité qui est une préparation à d’autres révoltes. […] Aussi, dans toutes ces figures qui nous semblaient si familières et qu’il fait passer devant nous, trouvons-nous des physionomies que nous ne connaissions qu’à moitié et dont le trait principal s’était perdu dans une lumière plus trompeuse que l’ombre.
nous n’entendons pas seulement un gouvernement, mais une époque, — rechercher comme le botaniste cherche dans la fleur le point noir qui doit la faire périr, rechercher le point d’erreur ou de faiblesse par lequel tout ce qui semblait si vivant devait s’altérer et durer si peu, qu’à quelques années de distance, c’était fini ou à peu près de ce qui paraissait éternel, n’est-ce pas là un magnifique sujet d’histoire, plus beau, selon nous, et plus tentant pour une forte pensée, que l’histoire d’une époque qui eût construit des œuvres durables et accompli tout son destin ? […] Spéculant sans doute sur tous ces amours-propres qu’il flatte, l’historien de la Littérature semble être de l’avis du Fabuliste : « Mieux vaut goujat debout qu’empereur enterré », et on le conçoit, si c’est moins l’histoire du passé qu’il écrit que l’histoire d’un avenir qu’il espère… Sans cela, comment expliquerait-on que, dans cette histoire, pleine de titubations singulières, certains talents et certaines renommées tinssent hardiment et presque effrontément la place à laquelle d’autres talents et d’autres renommées auraient droit ?
Pommier a détaillés avec une opulence et un fini qui semblent avoir épuisé les ressources et les combinaisons des démons eux-mêmes, ce qui frappe, ce n’est plus l’invention, ce n’est plus même ce dessin, si pur et si net sur son fond de flamme, des souffrances horribles des damnés, c’est le sentiment qui circule à travers ces formes étranges et ces épouvantements matériels ! […] » tant ces tourbillons éblouissants semblent inépuisables !
Il semblait croire, plus qu’il ne devait être permis depuis les déceptions de 89, à la puissance de la vérité pure, à l’influence d’une idée juste une fois imprimée quelque part.
L’intention politique leur semblait, en général, une partie essentielle de toute composition littéraire, et il fallait bien qu’il en fût ainsi, puisque, selon M.
L’impression de ce genre de style pourrait se comparer à l’effet que produit la révélation d’un grand secret ; il vous semble aussi que beaucoup de pensées ont précédé la pensée qu’on vous exprime, que chaque idée se rapporte à des méditations profondes, et qu’un mot vous permet tout à coup de porter vos regards dans les régions immenses que le génie a parcourues.
Il semble avoir introduit atome, enthousiasme, gangrène, horizon, panégyrique, prosodie, pédagogue ; il dit éphores, aréopage, mage, ostracisme, hiéroglyphes, iambe, trimètre, tètramêtre, dactyle, trochée, etc.
Il me semble que je puis ici parler de moi-même sans manquer à la modestie, puisque mon cas est évidemment celui du plus grand nombre de mes chers concitoyens.
Toute cette tradition comique, qui semblait ne rien produire que d’éphémère, ne fut ainsi ni inutile ni perdue ; et Molière, en la faisant contribuer à son œuvre, fit rejaillir sur elle un peu de l’éclatante lumière dont celle-ci est éclairée.
Il y a donc là une question préjudicielle, et à ce qu’il semble l’expérience seule peut la résoudre.
Bain a publié un livre : On the study of character including an estimate of phrenology, 1861, dans le but de raviver les études analytiques sur le caractère humain, a qui semblent avoir suivi le déclin de la phrénologie. » Après avoir passé en revue les très rares travaux consacrés à la science du caractère avant Gall (Théophraste, la Bruyère, Fourier), et après avoir consacré une moitié de l’ouvrage à la critique détaillée et impartiale des classifications phrénologiques, M.
Elles lui sembloient être du plus mauvais goût.
Cet auteur, un des meilleurs dialecticiens qui ait jamais existé, semble vouloir introduire le pyrrhonisme dans toutes les sciences.
Ils ne passent pas du païs qu’ils habitent dans les contrées voisines où l’air nous semble être le même que l’air auquel ils sont si fort attachez.
Si la conformité d’opinion n’est pas établie parmi eux aussi-tôt qu’il semble qu’elle devroit l’être, c’est que les hommes en opinant sur un poëme ou sur un tableau, ne se bornent pas toujours à dire ce qu’ils sentent et à rapporter quelle impression il fait sur eux.
Chose curieuse, l’émotion sentimentale fut, ce m’a semblé, tout aussi forte, et de plus je m’aperçus d’un mérite incroyable de composition, d’un art, assurément tout instinctif, des préparations des dispositions prises en vue d’amener un effet final, ou en vue d’éclairer d’avance certaines particularités de caractère par où s’expliquent les incidents et les péripéties ; je m’aperçus, en un mot, que le roman, s’il n’était pas aussi bien écrit que je l’eusse désiré, était aussi bien construit qu’une nouvelle de Maupassant.
Notre rhétorique vous semble artificielle parce que vous n’allez pas au fond des choses.
Je ne sais si je me trompe, mais il me semblé qu’il était bien nécessaire qu’il restât un dernier asile à la parole, pour que sa force vivifiante renouvelât continuellement la génération des idées.
Or, toujours enlevé par la toute-puissante Fonction intime dont il a semblé déjà deux fois avoir senti si prodigieusement l’influence, Capefigue continuera-t-il d’être, dans sa nouvelle histoire, l’historien qu’il fut dans sa Madame du Barry ou sa Madame de Pompadour ?
Quoiqu’il fût né à Bâle, à quelques lieues de la frontière de France, nous ne connaissions pas plus Hebel que s’il avait été quelque poète norvégien ou danois, un de ces vaporeux génies des Fiords solitaires, comme il y en a, sans nul doute, de perdus, excepté pour Dieu seul, qui les écoute penser, dans ces pays silencieux où les neiges polaires semblent assourdir jusqu’aux pas de la Gloire, et où Byron mourrait sans écho comme Manfred !
La sorcellerie, telle que l’entendait le Moyen Âge, semblait jugée à tout jamais.
Ce qui a entraîné Véron vers les idées toutes faites de sa brochure, c’est que les idées dont il ne voulait plus l’ont pris au mot ; c’est que le silence, cette belle chose qui semble facile et qui ne l’est pas, est impossible à certaines natures expansives.
Il a la qualité la plus aimablement et la plus estimablement allemande : la cordialité ; et quand il aura vécu davantage, quand il aura éteint bien des tons crus qui lui restent, quoiqu’il ait déjà commencé de les adoucir, — car l’enlumineur de L’Illustre Docteur Mathéus a cédé la place au peintre dans les nouveaux Contes, — quand il aura passé sur les tableaux de genre, pour lesquels il nous semble fait, l’ombre enfumée de la délicieuse bonhomie, il aura atteint le vrai de son talent et acquis sa valeur plénière.
Le problème semblera d’autant plus important que l’esprit protestant apparaît non pas seulement chez Taine, mais chez ceux qui l’entouraient, chez Bourget (cf.
Il semble en effet que la vertu et le génie souvent opprimés, se réfugient loin du monde réel, dans ce monde imaginaire, comme dans un asile où la justice est rétablie.
Hâte-toi d’arriver, que je transmette à ton oreille le courage qui m’anime, et que ma langue valeureuse dompte tout ce qui pourrait arrêter ta route vers ce cercle d’or dont les destins et cette assistance surnaturelle semblent, d’accord, vouloir te couronner. — (Entre un serviteur.) […] C’est mon projet sanguinaire qui prend cette forme à mes yeux. — Maintenant sur la moitié du monde la nature semble morte, et des songes funestes abusent le sommeil enveloppé de rideaux. […] Il m’a semblé entendre une voix crier : « Plus de sommeil !
« On ne trouvera point ici ces traits saillants qui semblent caractériser les ouvrages d’aujourd’hui. […] Je passerai ensuite aux autres rapports qui semblent être plus particuliers. » XII Montesquieu distingue dans le deuxième chapitre les gouvernements en trois natures : premièrement, la république, oubliant qu’il y a autant de natures de gouvernements dans la république que dans la monarchie. […] « Dans les climats du Nord, à peine le physique de l’amour a-t-il la force de se rendre bien sensible ; dans les climats tempérés, l’amour, accompagné de mille accessoires, se rend agréable par des choses qui d’abord semblent être lui-même et ne sont pas encore lui : dans les climats plus chauds, on aime l’amour pour lui-même, et il est la cause unique du bonheur, il est la vie.
De nouvelles discussions se sont élevées récemment sur ce sujet toujours actuel ; la situation respective des divers partis semble s’être précisée. […] Voilà ce qui semble tout « simple » à M. […] Cette idée du temps nous semble mythique ; fût-elle réalisée, elle ne constituerait pas pour cela une véritable liberté, mais une sorte de hasard vivant.
L’inactivité surchauffait son tempérament ardent, « il lui semblait que la vie redoublait au fond de son cœur, qu’il aurait la puissance de créer des mondes ». […] Chateaubriand, par une de ces inspirations du génie, transporta ses lecteurs par-delà l’Atlantique, sur les bords du Meschacébé ; — Mississipi aurait semblé trop connu et aurait rappelé les Mississippiens de Law, — dans une nature réellement naturelle puisqu’on ne l’avait jamais vue et qu’on ne s’en faisait aucune idée. […] Volney avait fait retentir ses Ruines « des lugubres cris des chacals », l’auteur d’Atala lâche dans ses solitudes toute une ménagerie de monstres glapissants, hurlants, de serpents à sonnettes, de caribous, de carcajous, de petits tigres et « d’ours enivrés de raisins » ; il plonge dans les eaux du Meschacébé des « bisons à la barbe antique et majestueuse » ; il couche « sous les tamarins des crocodiles à l’odeur d’ambre », qui rugissent au coucher du soleil… (Une remarque en passant : ces crocodiles à l’odeur ambrée, — musquée serait plus exact, — ne semblent-ils pas présager cette littérature du nez que Senancour, et plus tard Baudelairea et Zola, devaient porter à une si haute perfection ?)
La même chose a été comme l’aiguillon de ses grandes qualités et la cause de ses erreurs, soit de doctrine, soit de conduite : c’est cette confiance au sens propre qu’il semble représenter dans le dix-septième siècle, comme Bossuet représente le sens commun, la tradition. […] Il y a de l’humeur et de la fortune jusque dans ses vues les plus justes ; et il semble que la vérité, pour cet esprit supérieur, soit moins cet idéal dont la recherche anime et console la vie, qu’un moyen de faire triompher la personne. […] Nous sommes presque plus souvent à Versailles qu’à Salente, et tantôt il semble voir Télémaque recevant des conseils pour régner sur la France du dix-huitième siècle, tantôt le duc de Bourgogne instruit à gouverner quelque jour l’île d’Ithaque. […] C’est ce même ciel dont tout le Télémaque est éclairé, c’est cette présence du génie grec à toutes les pages, ce sont toutes ces images agréables ou sérieuses par lesquelles l’antiquité nous a initiés à la connaissance de la vie, qui donnent un mérite d’éternelle nouveauté à ce livre charmant, espèce de vase antique où la main de Fénelon semble avoir composé un bouquet des plus belles fleurs de la Grèce.
Mieux distribué scéniquement, et de scènes de plus d’haleine, quoique ces scènes semblent encore plus plaquées sur le sujet que tirées du sujet, Egmont est aussi plus intéressant par le fond du sujet que Goetz de Berlichingen. […] Enfin Stella, — où, pour la première et l’unique fois, le muscle qui est le cœur de Gœthe semble avoir tressailli, — Stella, la passion gâtée par la métaphysique et par la quintessence, l’épicuréisme du sentiment, qui est toujours de l’épicuréisme encore, c’est-à-dire un point de vue inférieur, une inspiration sans transcendance et sans grandeur, Stella, pillerie de Werther, qui finit comme Werther par un suicide, idée retournée de Werther où l’amant se tue, non parce qu’il n’est pas aimé d’une femme, mais parce qu’il est aimé de deux ; Stella, Torquato Tasso, Iphigénie, ont été composés — et c’est bien le mot — à l’aide de ces procédés de mémoire, d’investigation, de retouche, de pointillé, de tortillé, qui sont les procédés de Gœthe, lesquels ont leur genre de valeur, sans doute, mais ne sont point la grande manière du génie. […] Il me semblait que je ne toucherais pas à ce Dieu de Gœthe avec cet athéisme sans que la religion qu’on a pour lui se révoltât. […] L’une sur le bruit d’un cor qui s’élevait d’un vallon « comme une vapeur embaumée », et l’autre sur une jeune fille qui était plus charmante à la promenade qu’à la maison et qui semblait « rapporter au logis le lumineux éther dans lequel on eût dit qu’elle nageait toujours ».
En considérant de plus près les termes de l’arrêté du 12 octobre 1851, il a semblé par moments à la commission que les circonstances sociales, très différentes d’alors, dans lesquelles nous vivons, permettraient peut-être aujourd’hui d’exprimer un conseil autre et de parler un langage différent.
Il semblait que quelqu’un au dehors l’attendait.
La part équitable ne me semble pas faite à la sagesse morale d’Horace.
Les hommes sont là pour craindre, s’ils ne sont pas là pour aimer ; la terreur qu’on inspire, flatte et rassure, isole et enivre, et avilissant les victimes, semble absoudre leur tyran.
Il semblait pourtant que cette haute personnalité fût à l’abri des soupçons, etc… » Et plus loin, après avoir rapporté un propos de M.
En ceci, le poète nous semble manquer de cette habileté manuelle de composition qui a manqué à Virgile dans l’Énéide et qui n’a manqué jamais ni au Tasse ni à l’Arioste.
Hugo Il nous semble incontestable que le talent de M. de Vigny a singulièrement grandi depuis l’apparition d’Héléna.
Il me semble que c’est à vous qu’il fait allusion.
Ces solutions satisfont aux problèmes constants que lui semble soulever la vie moderne.
Pour nous, il nous semble que l’on place la philologie dans une sphère beaucoup plus élevée et plus sûre en lui donnant une valeur scientifique et philosophique pour l’histoire de l’esprit humain, qu’en la réduisant à n’être qu’un moyen d’éducation et de culture littéraire.
Me reconnaît-on pas un sentiment : de faiblesse dans ces hommages inquiets et timides qu’il rend à ses maîtresses, et qui semblent moins solliciter leur affection que leur appui ?
Petit, dans la vie de Montausier, « venaient y chercher cette noble simplicité et cette liberté honnête qui semblent être bannies du palais des rois.
Il me semble évident que quand madame Scarron se retira de la société qu’elle fréquentait, sans dire pourquoi, et se retira dans une grande maison isolée, avec des gens et un carrosse, il se trouva quelque mauvaise langue qui répandit, à petit bruit, ou que madame Scarron était grosse, qu’elle l’était du fait du roi, qu’elle avait fait cet affront à madame de Montespan, ou qu’après avoir cédé au roi, dans l’espérance de supplanter madame de Montespan, elle avait été déçue ; que le roi ayant passé sa fantaisie, était retourné à madame de Montespan avec plus d’ardeur qu’avant, et que le roi avait donné à la belle abusée une maison pour y cacher son dépit, sa honte, le repentir de son ingratitude envers sa bienfaitrice, et qu’elle cachait sa honte et son ingratitude dans une maison que le roi lui donnait en attendant qu’elle allât expier sa faute et cacher son infamie dans quelque refuge comme la Trappe.
Ce voyage semblait d’abord n’avoir point eu de succès, et elle s’en affligeait à Maintenon.
« Mais, objecte Wundt, on ne peut établir de rapport constant et mesurable entre l’action déterminante des motifs extérieurs et la réaction de l’aperception intérieure : la loi de la matière est la conservation de l’énergie ; la loi de l’esprit est une production illimitée d’énergie88. » Nous ne saurions entrer ici dans une discussion sur le déterminisme universel ; mais, prises à la lettre, les propositions de Wundt nous semblent insoutenables ; le déterminisme psychologique est sans doute beaucoup plus flexible, plus indéfini, plus incalculable que le déterminisme physiologique ; ce n’en est pas moins, à nos yeux, un déterminisme.
S’il existait une vérité objective on pourrait penser que l’adhésion à cette croyance, qui nous semble aujourd’hui singulière, retarda l’avènement d’une forme sociale conforme à cette vérité.
Cet avantage me semble être plutôt la récompense du faire que l’effet de la qualité des couleurs.
Il semble que Claudien auroit eu peine à croire une chose à laquelle les provençaux ne daignent pas faire attention, s’il ne fut jamais sorti de l’égypte, où l’on croit qu’il étoit né.
Il semble que les regles qu’on a étudiées alors deviennent en nous une portion de la lumiere naturelle.
… Eh bien, cette plaisanterie, qui est, en fin de compte, tout le livre, cette plaisanterie qui pourrait être originale et appartenir au tour d’esprit de l’écrivain, cette plaisanterie qui n’est pas française, puisqu’elle n’est pas gaie, il me semble que j’en connais l’accent, et qu’ailleurs je l’ai entendue !
Le Racine fils du romantisme, plus heureux que l’autre, qui n’osa pas toucher aux tragédies, est arrivé au bruit par le drame, comme son père… Cela parut naturel et presque juste… En fait de théâtre, Alexandre Dumas fils est tellement né là-dedans, il est tellement l’enfant de cette balle, et le théâtre de ces derniers temps doit tant à son père, que ce théâtre semblait comme tenu de le faire réussir… Il n’y a pas manqué.
cette admirable figure de Don Quichotte, d’où sort tant de mélancolie qui se répand dans tout le livre et pénètre jusqu’aux endroits où il semble être le plus gai, cette figure et ce sentiment, supérieurs dans l’œuvre de Cervantes à tous les personnages qui y vivent et à tous les sentiments qui s’y expriment, voilà précisément ce qui manque à l’œuvre de son continuateur.
Pour nous, en effet, Dupont-White n’est pas tout le monde, et nous l’avons dit avec assez d’expression, ce semble, tout en signalant les faussetés, les confusions et le danger de son livre de l’Individu et l’État.
Mais c’est encore beau d’être turquoise, surtout quand il semblait qu’on n’était qu’un fragment de ruine, imposante et calcinée, dans les chemins pierreux de Jérusalem à Jéricho !
Huysmans, l’auteur des Sœurs Vatard, semblait devoir rester parmi les photographes sans âme et sans idées qui font école, à cette heure ; mais il paraît qu’il avait de l’âme pour son compte plus qu’on n’en a dans le groupe d’écrivains dont il fait partie, et c’est par là qu’il se sépare d’eux.
Voilà que dès les premières pages de son roman Paul Meurice, asservi aux folles idées de sa préface, nous peint son immense Césara, son « Chevalier de l’Esprit », son homme d’État des temps futurs et qui s’est dévoué à en devancer et à en préparer l’heure, couché sur un canapé, à quarante-cinq ans, — l’âge d’Arnolphe dans la comédie, — avec la chanteuse Miriam, sa maîtresse, qu’il tient par la nuque, « sous ses boucles brunes », et à laquelle il débite toutes les puérilités de l’amour qui nous semblent si bêtes après quarante ans !
Libre de sa nature, elle semble consacrée à la vérité, comme la poésie au mensonge.
et vos yeux secs et froids Semblent me demander si je parle iroquois !
sont du meilleur goût de langue et de poésie, et semblent appartenir à l’âge de Catulle et d’Horace.
Il n’y a pas touché avec la légèreté ailée de Voltaire, qui n’appuyait sur rien, comme la flamme sur les tempes de Iule (dans Virgile) ; il n’y a pas touché avec cette ubiquité de feu qui semble partout, tant il passe vite, et qui éclaire sans dévorer… Diderot y a touché d’une main plus lourde, — de la main de l’endoctrinant et du pédant que malheureusement il avait. […] Les conversations qu’on trouve dans ses œuvres sembleraient annoncer qu’il avait le ferraillement du dialogue et la botte de la réplique, choses si importantes à la scène ; mais, justement, ce qui lui donnait une valeur relative dans les conversations introduites par lui jusque dans ses romans, c’est qu’il pouvait y être Diderot, puisqu’il s’y mettait en scène, et que, dans ses pièces, au contraire, il ne pouvait sans détonner rester Diderot. […] Pour lui, l’important, c’est de trouver un grand sujet et une grande idée, et toujours, dans tous ses Salons, c’est au point de vue de l’idée qu’il discute le tableau qu’il a sous les yeux, ou qu’il l’invente quand le sujet abordé par le peintre lui semble manquer d’idéalité ou de grandeur. […] Il y parle aussi, et beaucoup plus au long, de la vie qu’il mène éloigné d’elle et de la société qui l’entoure chez le baron d’Holbach ; et, comme cette société est très spirituelle et très brillante, il semble qu’on ait le droit de s’attendre à tout autre chose qu’à ce qu’on trouve en ces lettres, parfaitement indignes de tout homme qui n’aurait pas été Diderot mais qui aurait eu ne fût-ce qu’une étincelle de ce qui fait le génie de cette chose à part qu’on appelle la correspondance. […] A quoi réduit-elle cet immense Diderot, qui semblait avoir les fastueux trésors du roi Xerxès dans la pensée ?
Lorsque j’ai commencé ce grand travail de révision sur moi-même, au premier abord il me semblait que j’entreprenais une œuvre impossible. […] à peine eus-je pris la résolution de pénétrer dans ce vaste champ du repos définitif où mon œuvre était déposée, il me sembla que ma tentative n’était pas tout à fait une tâche désespérée. […] Il semble que votre jeunesse vous revient, parée et charmante à l’unisson. […] Il me semble que je l’entends déjà qui s’écrie : — « Mais puisque toute cette vieille société française est à jamais perdue, et puisque, de votre propre aveu, pas un témoin ne reste du Versailles de Louis XIV, où voulez-vous que je cherche mes modèles ? […] Elle n’avait aucun souci de plaire, elle était belle sans y prendre garde ; assise ou debout, elle était charmante et semblait n’y entendre aucune finesse.
À la porte de la France, il y a des contrées où la sujétion féodale, plus pesante qu’en France, semble plus légère, parce que, dans l’autre plateau de la balance, les bienfaits contrepèsent les charges. […] En effet, le gouvernement local, aux mains de rustres brutalisés par des plumitifs, est devenu une chose roturière, paperassière, et cette chose lui semble sale. « On blesserait son orgueil en l’invitant à s’y livrer. […] Boutin de la Coulommière, fils d’un receveur général des finances, se récria à la vue de ce mécanisme ingénieux dont il se plaisait à faire jouer les ressorts, et se tournant vers l’abbé de Canillac : « Cela, dit-il, est admirable sans doute ; mais ce qui me semble plus admirable encore, c’est que Son Éminence, étant au-dessus des faiblesses humaines, veuille bien s’y accommoder. » Mot précieux et seul capable de montrer le rang, la position d’un prélat grand seigneur en province.
En approchant de la demeure de mon père, un de mes amis me montra sur la montagne des nuages qui ressemblaient à une grande figure d’homme qui disparaîtrait vers le soir, et il me sembla que le ciel m’offrait ainsi le symbole de la perte que je venais de faire. […] cette dernière prière d’un homme qui avait joué un si grand rôle en France, demandant pour toute grâce le retour de ses enfants dans le lieu de leur naissance et l’oubli des imprudences qu’une fille, jeune encore alors, avait pu commettre, tout me semblait irrésistible ; et, bien que je connusse le caractère de l’homme, il m’arriva ce qui, je crois, est dans la nature de ceux qui désirent ardemment la cessation d’une grande peine : j’espérai contre toute espérance. […] Le monument qui renferme les cendres de mon père et de ma mère, et dans lequel, si le bon Dieu le permet, les miennes doivent être déposées, était une des principales causes de mes regrets en m’éloignant des lieux que j’habitais ; mais je trouvais presque toujours, en m’en approchant, une sorte de force qui me semblait venir d’en haut.
Mais ce masque romain, qui semblait moulé sur ses traits quand il était sur la scène, tombait de lui-même quand il était en robe de chambre, et ne laissait voir qu’un front large, des yeux grands et doux, une bouche mélancolique et fine, des joues un peu pendantes et un peu flasques, d’une blancheur mate, des muscles au repos comme les ressorts d’un instrument détendus. […] Joas les touchera par sa noble pudeur Où semble de son rang reluire la splendeur ; Et Dieu, par sa voix même appuyant notre exemple, De plus près à leur cœur parlera dans son temple. […] De vos songes menteurs l’imposture est visible, À moins que la pitié, qui semble vous troubler, Ne soit ce coup fatal qui vous faisait trembler.
semble dire : “Quiconque me devine en mourra.” » Nous pouvons être parfaitement tranquilles, M. […] Quelquefois, pendant qu’il vivait, il s’est servi de la peine de mort, cet homme clair, mais il a toujours dit, ce semble, assez distinctement pourquoi. […] Au premier abord, de la pitié pour Richelieu semblerait une impertinence !
Il laisse deux millions de biens à sa fille unique, mariée au président Gilbert… » Il me semble que l’épithète d’illustre, appliquée à Dongois, commence à s’expliquer ; il y a greffier et greffier. […] Il me semble aussi que l’industrie la plus artificieuse des auteurs ne le peut tromper.
Le fourbe et fanatique Savonarole, qui voulait prendre pied sur un cadavre pour se montrer plus dévoué au peuple, osa troubler son agonie en venant lui offrir sa bénédiction dans des termes qui semblaient révoquer en doute sa foi chrétienne ; il l’interrogea sur ses sentiments. […] pendant le traitement pour ses douleurs, une fièvre se déclara, et la plus perfide de toutes ; elle se glissa peu à peu, et finit par envahir non pas seulement, comme il arrive souvent, les artères et les veines, mais les membres, les viscères, les nerfs, les os et leur moelle. — Subtile, latente et d’abord peu sensible, elle se montra bientôt ouvertement ; comme elle n’avait pas été traitée avec les soins et la promptitude qu’elle réclamait, elle affaiblit et abattit tellement le malade, que non seulement ses forces, mais son corps lui-même semblaient se fondre : c’est pourquoi la veille du jour où il paya son tribut à la nature, malade et couché dans la villa Careggi, il fut tellement frappé tout à coup, qu’il ne laissa aucun espoir de salut.
Si l’on songe que de ces 150 pièces, 61 nous sont connues par le recueil imprimé du British Muséum, et 72 par le manuscrit La Vallière, que les premières semblent s’être jouées dans la région lyonnaise, et les autres en Normandie, qu’enfin la plupart de ces pièces ne sont pas, dans leur forme conservée, antérieures au xvie siècle, on concevra qu’il n’y a guère d’induction à tirer, de l’ensemble des œuvres que nous avons, sur révolution du théâtre comique. […] Il semble que la farce a hérité du public des fabliaux.
Le troisième livre, tout nouveau, montrait le progrès de l’âge de l’auteur : il est plus grave (n’entendez pas plus réservé), plus posé, que les deux premiers, les contes y tiennent moins de place, les idées s’y élancent moins en pointes, s’étalent davantage, semblent plus fermes, plus arrêtées. […] Nulle utilité publique ou privée ne lui semble excuser la fausseté.
A côté d’eux, derrière eux, paraîtront Bourdaloue et Malebranche, La Bruyère et Fénelon, et que l’étude des grands esprits et des chefs-d’œuvre : les courants contraires s’enfoncent et disparaissent, et les forces hostiles semblent paralysées. […] Il lui suffit de se donner l’air de renoncer à tout, de sembler ne garder du passé ni une espérance, ni un regret, ni un ressentiment.
Seulement, dans Gil Blas, elle est si discrète, qu’elle semble comme échappée à l’auteur à son insu. […] Mais l’ancien me semble avoir un grand avantage sur le moderne.
Il avait rendu à notre pays l’émotion littéraire dont la faculté même semblait perdue parmi tant d’autres ruines. […] C’est le Chateaubriand d’avant la politique, dans le temps qu’il faisait parler de quelqu’un qui n’était pas Napoléon, de quelque chose qui n’était ni des batailles gagnées, ni des reconstructions de la société civile, et qu’il semblait mener en France le chœur des lettres ressuscitées.
Ce n’est plus un vieillard morose, un Géronte ou un Harpagon, qu’on berne et dupe sans scrupule, parce qu’il semble prendre à tâche de rendre ridicule ou odieuse la dignité paternelle. […] En même temps que le respect des enfants a diminué, la tendresse des parents pour eux semble avoir augmenté.
Que de fois il nous a rappelé ce vers, qui semble fait pour lui à la lettre : Le vicomte indigné sortait au second acte ! […] Enfin, l’un des membres du comité de rédaction, et qui, n’étant pas homme de lettres, semblait moins suspect comme critique, proposa à M. de Chateaubriand de supprimer la dernière partie de la phrase, en lui montrant qu’elle ferait ainsi plus d’effet.
A cet égard, le babillage de l’enfant nous fait souvent illusion ; il semble que chez lui la parole précède la pensée et qu’il a dans l’esprit moins d’idées que de mots. […] De Bonald semble avoir été de ces privilégiés ; du moins, en le lisant, on le suppose volontiers ; un esprit étroit et absolu, qui n’a jamais eu qu’un petit nombre d’idées, qui, une fois trouvée la formule concise de chacune d’elles, s’est désormais cité lui-même comme un credo, et qui, ayant, en quelque sorte, emprisonné sa pensée dans ses propres sentences, n’a jamais rencontré sous sa plume le commentaire varié, abondant, persuasif, par lequel il eût éclairé ses lecteurs sur la part de vérité contenue dans ses aphorismes, un tel esprit devait croire à la simultanéité du signe et de l’idée, et même à une harmonie préétablie entre eux de toute éternité ; il constitue donc parmi les écrivains une de ces exceptions qui confirment la règle.
Découverte étrange et poignante que celle qui prétend mettre à jour dans l’antique nature et dans la vieille humanité un visage et un cœur jusqu’alors inconnus… Pour éclairer ce qui semble un mystère, je laisse la parole à ces hommes qui ont embrassé d’une telle étreinte le monde vivant, qu’il est sorti de leurs bras débordant de jeunesse et d’ivresse. […] Feuilles et fleurs, tige et racine, la plante entière, humaine ou végétale, participant à la même beauté, c’est-à-dire à la même vie ; n’est-ce pas là, ce me semble, centupler la beauté de la fleur elle-même, que de la sentir liée à la beauté de la racine, à l’incalculable splendeur des moindres folioles ?
À chaque moment de notre vie intérieure correspond ainsi un moment de notre corps, et de toute la matière environnante, qui lui serait « simultané » : cette matière semble alors participer de notre durée consciente 17. […] Mais toutes choses ne nous sembleraient pas se dérouler avec le fil, chaque moment actuel de l’univers ne serait pas pour nous le bout du fil, si nous n’avions pas à notre disposition le concept de simultanéité.
Son christianisme actif le sauve peut-être en cela de quelques-unes des tendances de son esprit ; il croit avec ferveur au progrès social, au travail ininterrompu de l’esprit divin dans l’humanité ; il énumère sans ambiguïté les résultats ou instruments acquis et déjà victorieux, la presse, le jury, le principe électif. « Je suis tellement convaincu, » s’écrie-t-il quelque part, « du triomphe définitif des principes de 89, que je ne les considérerais pas comme compromis pour longtemps, quand, par suite de vicissitudes placées en dehors de nos prévisions, je verrais les Prussiens campés de nouveau dans la cour du Louvre, et les chevaux de l’Ukraine se désaltérer aux bassins de marbre des Tuileries. » Historiquement, et en tout ce qui concerne le mouvement, les phases et les hommes de la Restauration, les jugements de M. de Carné nous semblent approfondis et satisfaisants, du moins dans leur ensemble et eu égard à son point de vue.
L’auteur, appelé par les devoirs de sa haute charge domestique à assister à la dernière maladie de Louis XV, en note tous les détails et les alentours avec cette vérité entière et inexorable qui ne fait grâce de rien ; le sentiment qui l’anime n’est pas une curiosité pure, et, dans ce qui semblerait même repoussant, sa probité s’inspire à une source plus haute : témoin de l’agonie d’un monarque et d’une monarchie, il veut flétrir ce qui en a corrompu la sève et ce qui en pourrit le tronc.
Sa préférence si naturelle pour l’industrie agricole sur l’industrie manufacturière, son aversion et sa méfiance d’un gouvernement central dont l’Europe lui avait appris les abus, et que les fédéralistes voulaient installer fortement, le rôle d’opposition qu’il soutint contre eux peur la cause de la moralité politique, tout cela le conduisit à repousser avec une sévérité absolue des institutions et des entreprises qui, bien que mêlées en naissant à beaucoup d’imprudence et de licence, semblent pourtant liées de plus en plus au développement des sociétés modernes.
Desmarest s’étend peu sur les conspirations militaires du Consulat qu’on a rattachées aux Philadelphes et au nom mystérieux d’Oudet ; il a l’air d’y croire médiocrement, et, dans l’exposé qu’il donne de l’équipée audacieuse de Mallet, il atténue, ce nous semble, l’importance qu’elle aurait pu acquérir.
L’énorme extravagance mystique du chaudronnier Bunyan le ravit : Milton lui semble un peu fade et un peu ridicule ; les orgies de lord Byron l’enivrent tout à fait : Walter Scott, trop moral, l’ennuie.
Car une liaison existe dans leur esprit entre ces circonstances et le fait : la réalité se représente en bloc dans leur imagination, et il leur semble impossible qu’elle ne soit pas tout ce qu’elle est.
Il semble qu’en son style les mots du Petit Larousse prennent une valeur pantominale d’évocation.
Cette origine peu romantique semble lui avoir épargné tels ridicules préjugés de la dix-huitième année dont parfois on se débarrasse mal.
Déjà Horace avait dit : « Ut pictura poesis », et Rimbaud semblait convaincu que l’Image seule est poétique.
Il semble s’être dit à lui-même : « J'ai des connoissances, de la facilité ; mon ame s’enflamme avec promptitude, & mon esprit se plie aisément à tout ; mon imagination abonde en ressources, & les argumens se présentent en foule pour appuyer toutes mes conceptions ; je puis donc m’écarter des routes ordinaires.
Il semble que cette dispute eut dû être étouffée dans sa naissance.
Il me semble que ce fait devait réveiller, dans l’esprit de l’auteur, des idées d’une toute autre importance.
Voilà ce qu’a fait Raphaël, qui semble, nouveau Promethée, avoir dérobé le feu céleste pour les animer.
Même celles qui semblent les plus petites sont quelquefois les plus grandes ; car des moindres il peut jaillir tout à coup, raccroc inattendu, le rayon qui éclaire intégralement enfin et arrête nettement la physionomie d’un homme ou d’une chose.
Il le fut toute sa vie, mais surtout un jour, dans un procès dont les détails semblent fantastiques quand on pense au temps où une telle cause se produisit.
Charrière à travestir le chasseur invisible en seigneur russe écrivant visiblement ses Mémoires, et à faire prendre à son livre, sans craindre la réfutation par le livre lui-même, « ce caractère de témoignage de l’aristocratie russe sur la situation du pays qu’elle domine », qui semble être toute la question du livre à Paris, pour le traducteur !
Il semble, lui qui avait fait vœu de pauvreté dans la vie, avoir fait vœu aussi de pauvreté en invention.
Cet inconnu qui semblait, tant il nous était inconnu !
Nous nous disions : L’originalité, retardée par la jeunesse et les admirations, va peut-être éclater dans les vers de ce jeune homme qui a l’art des vers ; elle va remplir les larges moules de son rythme, qui semblent préparés pour elle.
Cette idée — militaire — d’une conspiration, a fasciné le polémiste, qui allait continuer de faire la guerre à tout ce qu’il hait, en la racontant… C’était si bien cela, et si peu la vocation du romancier qui le décidait, que le livre lui-même — ce Roman d’une conspiration — ne semble qu’un prétexte pour lancer toutes les bordées d’un esprit de parti accumulé, exaspéré depuis des années au fond d’un homme, et d’un homme qui a les sentiments très profonds.
C’est un écrivain véritable, qui a le don de la goutte de lumière tombant de la plume, et chez qui l’on peut constater deux qualités qui semblent s’exclure et qui peuvent faire un jour d’un homme un des maîtres de l’expression : la concentration et la transparence.
En se servant de la plus belle langue de l’univers, Platon ajouta encore à sa beauté : il semble qu’il eût contemplé et vu de près cette beauté éternelle dont il parle sans cesse, et que, par une méditation profonde, il l’eût transportée dans ses écrits.
Voilà, à ce qu’il semble, le caractère de l’éloquence romaine au temps de Scipion-l’Africain ; mais les états populaires venant à se corrompre, la philosophie suit cette corruption, tombe dans le scepticisme, et se met, par un écart de la science, à calomnier la vérité.
Tel est, ce semble, cet hymne matinal composé sur un des mètres élégants d’Horace : « Ô nuit, ténèbres217, sombres vapeurs, confus et trouble apanage du monde !
Il semblait, en vérité, que ce jeune homme, lorsqu’il nous revint, avec son noble port, son profil pâle, son mouvement de lèvre un peu silencieux, un peu dédaigneux, fût un contemporain retrouvé des Capulets et des Montaigus.
Toutefois, au bruit de la réaction morale qui semble depuis quelque temps s’organiser, et à laquelle l’article reproduit par la Revue britannique vient prêter sa grosse voix, nous concevons qu’il y ait de quoi mettre hors des gonds une littérature, même un peu plus patiente que ne l’est la nôtre.
Si l’on a attendu jusqu’à ce jour, il semble que ce retard même ait été une sagesse, afin de mieux faire et d’agir en pleine lumière et en toute sérénité.
S’il vous est arrivé jamais de concevoir l’idée d’un enfantillage, d’une équipée, d’une folie, pure fantaisie de l’esprit inquiet et désœuvré, et de passer à l’exécution sans autre raison que l’idée conçue, sans entraînement, sans plaisir, mais fatalement, sans pouvoir résister ; — si vous avez repoussé parfois de toutes les forces de votre volonté une tentation vive, si vous en avez triomphé, et si vous avez succombé à l’instant précis où la tentation semblait s’évanouir de l’âme, où l’apaisement des désirs tumultueux se faisait, où la volonté, sans ennemi, désarmait ; — si vous avez cru, après une émotion vive, ou un acte important, être transformé, régénéré, naître à une vie nouvelle, et si vous vous êtes attristé bientôt de vous sentir le même et de continuer l’ancienne vie ; — si par un mouvement de générosité spontanée ou d’affection vous avez pardonné une offense, et si vous avez par orgueil persisté dans le pardon en vous efforçant de l’exercer comme une vengeance ; — si vous avez pu remarquer que les bonnes actions dont on vous louait n’avaient pas toujours de très louables motifs, que la médiocrité continue dans le bien est moins aisée que la perfection d’un moment, et qu’un grand sacrifice s’accomplit mieux par orgueil qu’un petit devoir par conscience, qu’il coûte moins de donner que de rendre, qu’on aime mieux ses obligés que ses bienfaiteurs, et ses protégés que ses protecteurs ; — si vous avez trouvé que dans toute amitié il y a celle qui aime et celle qui est aimée, et que la réciprocité parfaite est rare, que beaucoup d’amitiés ont de tout autres causes que l’amitié, et sont des ligues d’intérêts, de vanité, d’antipathie, de coquetterie ; que les ressemblances d’humeur facilitent la camaraderie, et les différences l’intimité ; — si vous avez senti qu’un grand désir n’est guère satisfait sans désenchantement, et que le plaisir possédé n’atteint jamais le plaisir rêvé ; — si vous avez parfois, dans les plus vives émotions, au milieu des plus sincères douleurs, senti le plaisir d’être un personnage et de soutenir tous les regards du public ; — si vous avez parfois brouillé votre existence pour la conformer à un rêve, si vous avez souffert d’avoir voulu jouer dans la réalité le personnage que vous désiriez être, si vous avez voulu dramatiser vos affections, et mettre dans la paisible égalité de votre cœur les agitations des livres, si vous avez agrandi votre geste, mouillé votre voix, concerté vos attitudes, débité des phrases livresques, faussé votre sentiment, votre volonté, vos actes par l’imitation d’un idéal étranger et déraisonnable ; — si enfin vous avez pu noter que vous étiez parfois content de vous, indulgent aux autres, affectueux, gai, ou rude, sévère, jaloux, colère, mélancolique, sans savoir pourquoi, sans autre cause que l’état du temps et la hauteur du baromètre ; — si tout cela, et que d’autres choses encore !
Vraiment, cela n’est pas de jeu, quoi qu’il en ait semblé à nos doux juges.
Jules Lemaître Il y a deux choses dans Charles VII : un drame d’amour qui semble directement inspiré d’Andromaque, quoique, peut-être, l’auteur n’y ait point songé, et un morceau d’histoire de France accommodé à la Dumas.
Il suffit de lire l’analyse que donnent de ce scénario les auteurs de l’Histoire de l’ancien théâtre italien, pour se convaincre que les traits de ressemblance qu’il présente avec la fameuse comédie sont d’abord tout à fait insignifiants, qu’en outre ils ne tiennent nullement, dans la farce italienne, au fond du sujet et y semblent au contraire introduits après coup ; d’où l’on peut conclure à peu près certainement que Il Basilico di Bernagasso s’est enrichi de ces traits aux dépens du Tartuffe.
Oui, dans ce Paris de 1891, au ciel inclément, dans ce Paris, dévasté de cyclones, où l’on gèle en mai ; et où l’excès de la sécheresse, en juin, force la municipalité à substituer, dans plusieurs arrondissements, l’eau de Seine à l’eau potable ; dans ce Paris, où les troubles atmosphériques semblent expliquer l’effervescence des esprits ; dans ce Paris, désemparé, en proie à la fièvre et aux orages politiques, aux rues barrées d’agents et encombrées de tumultueuses manifestations démagogiques ou chauvines, de cortèges de grèves incessants (garçons de cafés, employés d’omnibus et de chemin de fer) ; dans ce Paris, où l’année a commencé par l’exécution de Michel Eyraud et où chaque soir des camelots hurlent un crime retentissant (Assassinats de Cholet et de la petite Neut, affaires Bemicat, Souffrain, Doré et Berlant, Pezon, Sorré, de Moor.
Si le but de la science était de compter les taches de l’aile d’un papillon ou d’énumérer dans une langue souvent barbare les diverses espèces de la flore d’un pays, il vaudrait mieux, ce semble, revenir à la définition platonicienne et déclarer qu’il n’y a pas de science de ce qui passe.
Il en est d’autres, où, au lieu d’exprimer en son nom ce qu’il pense, ce qu’il sent, ce qu’il désire, il prend pour intermédiaires des personnages qu’il fait parler et agir et derrière lesquels il semble parfois s’effacer et disparaître.
Il fait lui-même allusion à sa qualité de fils d’un maître coutelier à Paris, dans une épigramme Latine qu’il envoya à un de ses amis, accompagnée d’un couteau & de cette réflexion : « Ce présent vous semblera plus digne de Vulcain que des Muses.
Ce qui était cause de cette inégalité dans ses ouvrages, dont quelques-uns semblent négligés en comparaison des autres, c’est qu’il était obligé d’assujettir son génie à des sujets qu’on lui prescrivait, et de travailler avec une très grande précipitation, soit par les Ordres du Roi, soit par la nécessité des affaires de la Troupe, sans que son travail le détournât de l’extrême application, et des études particulières qu’il faisait sur tous les grands rôles qu’il se donnait dans ses Pièces.
Il fait penser son lecteur même dans les endroits où il semble vouloir l’égarer.
Il me semble que vous n’êtes pas trop à ce que vous lisez. — Il est vrai ; comme votre Baudouin ne m’intéresse aucunement, je revenais malgré moi sur Casanove. — Eh bien, Casanove ?
Leur inaction vient souvent de la crainte qu’ils ont des peines que leur coûtent des ouvrages dignes d’eux, quand il semble que c’est la paresse qui les tient dans l’oisiveté.
Ainsi, quoique l’ouvrage de M. de Bonald semble s’appliquer à un ordre de choses qui n’existe plus, cet ouvrage n’en est pas moins d’une très grande importance et d’une utilité incontestable, parce que la vérité est toujours la vérité, parce que le don primitif de la parole n’a pas cessé d’être l’origine de nos connaissances.
On les croit vivantes et elles semblent vivre ; elles ont des sciences, des gouvernements, des littératures, des industries ; elles sont encore des sociétés.
Seulement, étiolés par cette diplomatie dans laquelle on avait déporté leur énergie, ils assistent, l’âme assombrie et l’esprit désarmé, aux événements qui passent devant eux et dont ils mesurent la portée avec la tristesse de l’impuissance ; et comme si ce n’était pas assez de les voir diminués par la diplomatie, cette rogneuse d’hommes, il faut qu’un autre diplomate comme eux, — et s’il ne l’est pas, il est digne de l’être, — le comte Adhémar d’Antioche, intervienne à chaque instant dans leur Correspondance et la coupe où bon lui semble, pour obéir, affaiblissement sur affaiblissement !
… Pélisson et d’Olivet étaient, à coup sûr, des hommes de talent, d’un talent relatif et divers, que leur tâche d’historiens de l’Académie n’aurait pas dû décontenancer à ce qu’il semble ; et pourtant, il faut bien l’avouer, ils ne se sont ni l’un ni l’autre montrés de niveau avec elle, Pélisson surtout, Pélisson, que le nouvel éditeur, dans sa préface, met bien au-dessus de d’Olivet, et que nous nous permettrons, nous, de mettre bien au-dessous.
Jules Janin et Théophile Gautier, très différents et très inégaux de talent, l’un écrivant comme on peint au pastel, l’autre, le Benvenuto Cellini de la langue, comme on grave sur l’acier, régnaient sur le feuilleton dramatique qu’ils avaient transformé en y introduisant une imagination inconnue, quand, tout à coup, entre eux surgit et apparut un jeune homme dont le talent semblait fait de l’éclat de l’un et de l’autre, ralliés et concentrés dans le sien.
— pour un Tibère, parce qu’il eut quelques sévérités dans un temps qui les méritait toutes ; Loys Unze (appelons-le ainsi toujours ; il me semble mieux lui sous ce nom !)
les hommes qui pouvaient tout, à ce qu’il semblait, contre la Révolution, se laissèrent atteindre et pénétrer par elle.
Camille Desmoulins ne l’eut jamais… Il l’eut si peu qu’on ne sent pas pour lui, quand il semble le plus coupable ou le plus pusillanime, l’âpre mépris qu’on a pour un homme.
« Il me semble voir par la plus récente des lettres de M. de Haller — écrit Silvio à la comtesse Masino di Mombello — qu’en voulant un peu me justifier vous avez, sans le savoir, dépassé les termes exacts de la vérité.
… Il était, comme Galiani, de ceux-là qui portent une science énorme, qui leur semble naturelle tant ils se la sont assimilée vite !
Qui ne croirait qu’il est un de ces radicaux courageux, un de ces panthéistes qui semblent les progressistes réels en philosophie, puisqu’ils sont les derniers venus ?
La femme, écrit-il, doit jouer un rôle égal à celui de l’homme dans une civilisation bien faite, « mais ce jour semble ajourné à l’époque où ne domineront plus l’audace, la valeur guerrière, incompatibles avec sa nature douce et résignée… seulement, soyons tranquilles, ce jour arrivera… » Dites-vous-le bien, messieurs les officiers de spahis !
« Il me semble voir par la plus récente des lettres de M. de Haller, — écrit Silvio à la comtesse Masino di Mombello, — qu’en voulant un peu me justifier, vous avez, sans le savoir, dépassé les termes exacts de la vérité.
… Telle est la question que nous ne craignons pas de poser devant sa jeune gloire… Comme les diverses manifestations de l’esprit n’en changent jamais la nature, la place d’Augier dans la poésie lyrique et élégiaque nous semble devoir être identiquement la même que dans la poésie dramatique, — moins les retentissements d’un succès, toujours plus sonores à la scène qu’ailleurs !
Écrite en provençal, dans ce langage qui semble l’écho de tous les dialectes du monde italique, cette longue bucolique, où l’air qui vient de Grèce sur les flots de la Méditerranée a déferlé et se maintient grec sur les larges pipeaux de ce singulier pâtre du pays des Troubadours, peut soulever plus d’une question, mais non celle du talent.
Et semble la railler d’aller si tristement.
Il me semble que j’en ai senti l’amertume dans la douceur résignée de ses vers.
il me semble que j’en serais plus sûr.
Fleur intarissable de fraîcheur et de parfum, dont La Fontaine fut l’abeille, Boccace est une imagination d’une telle légèreté, dans le sens de l’air et de la lumière, que La Fontaine, son imitateur, le buveur en cette coupe diaphane, que notre incomparable La Fontaine, malgré ses dons souverains de grâce et de langage, semble grossier dans sa gaieté charmante, quand on entend son rire gaulois et qu’on le compare au sourire éthéré de la fantaisie de Boccace !
Duranty, aurait une beauté amère et touchante, suspendue qu’elle est si longtemps entre sa pitié pour des parents qu’elle afflige et le loyal honneur d’une promesse faite a un homme qui a semblé l’abandonner !
Les noms d’Hercule, d’Évandre et d’Énée passèrent donc de la Grèce dans le Latium, par l’effet de quatre causes que nous trouverons dans les mœurs et le caractère des nations : 1º les peuples encore barbares sont attachés aux coutumes de leur pays, mais à mesure qu’ils commencent à se civiliser, ils prennent du goût pour les façons de parler des étrangers, comme pour leurs marchandises et leurs manières ; c’est ce qui explique pourquoi les Latins changèrent leur Dius Fidius pour l’Hercule des Grecs, et leur jurement national Medius Fidius pour Mehercule, Mecastor, Edepol. 2º La vanité des nations, nous l’avons souvent répété, les porte à se donner l’illustration d’une origine étrangère, surtout lorsque les traditions de leurs âges barbares semblent favoriser cette croyance ; ainsi, au moyen âge, Jean Villani nous raconte que Fiesole fut fondé par Atlas, et qu’un roi troyen du nom de Priam régna en Germanie ; ainsi les Latins méconnurent sans peine leur véritable fondateur, pour lui substituer Hercule, fondateur de la société chez les Grecs, et changèrent le caractère de leurs bergers-poètes pour celui de l’Arcadien Évandre. 3º Lorsque les nations remarquent des choses étrangères, qu’elles ne peuvent bien expliquer avec des mots de leur langue, elles ont nécessairement recours aux mots des langues étrangères. 4º Enfin, les premiers peuples, incapables d’abstraire d’un sujet les qualités qui lui sont propres, nomment les sujets pour désigner les qualités, c’est ce que prouvent d’une manière certaine plusieurs expressions de la langue latine.
Les ennemis de ce livre lui parurent les siens mécontent des jésuites, incapable de dissimuler avec eux, il sembla chercher toutes les occasions de les mortifier. […] Le journaliste sembla fermer les yeux sur les principales beautés de l’ouvrage. […] Il semble cependant que, de ce côté-là, ses preuves étoient faites. […] Il y eut alors deux églises dans la ville qui sembloient former deux religions différentes. […] Son témoignage semble avoir d’autant plus de force, que le révérend père Custode ne se doutoit pas de l’usage qu’on feroit un jour de ses portraits.
Ce fait, qui semble incroyable, est cependant vrai ; je consens à toute espèce de démenti si l’on peut me prouver que j’ai reçu une offre quelconque pour ces deux millions et demi de valeur morte dans mes mains. […] Aussi porte-t-elle la conviction jusqu’au fond de l’âme, et semble-t-elle moins révéler le vrai que le faire jaillir du fond du cœur. […] Quoique mes forces et la constitution robuste de mon tempérament semblent me mettre à l’abri des infirmités, je dois cependant être très attentif ; de jour en jour je dois être plus sur mes gardes pour pouvoir remplir dignement les desseins du Ciel sur ma personne, lorsqu’il m’a confié le gouvernement de cet empire.
« Il me semble, lui dis-je, Général, que nous perdons du temps, car il ne s’agit nullement de moi dans cette affaire. […] Il semble donc que dans cette circonstance la politique ne gêne aucunement la bienfaisance. […] Le temps semble glisser sur cette femme comme l’eau sur la toile cirée.
Elle encourage les arts qui succèdent aux industries ; Florence se couvre de monuments, véritable diadème de l’Italie moderne ; elle semble gouvernée pour l’honneur de l’esprit humain par une dynastie de Périclès ; sa langue devient la langue classique de l’Italie régénérée ; ses mœurs s’adoucissent comme ses lois ; son peuple, déshabitué des guerres civiles, reste actif sans être turbulent ; il cultive, il fabrique, il navigue, il commerce, il bâtit, il sculpte, il peint, il discute, il chante, il jouit d’un régime tempéré et serein comme son climat ; les collines de l’Arno, couvertes de palais, de villages, de fabriques, d’oliviers, de vignobles, de mûriers, qui lui versent l’huile, le vin, la soie, deviennent pendant trois siècles l’Arcadie industrielle du monde ! […] Elle n’a pas eu le courage de rétablir sa glorieuse république ; Florence, dans la peur d’être autrichienne, semble destinée à se faire piémontaise : un remords de dignité la refera tôt ou tard toscane pour se relever italienne. […] Les flots semblent inspirer plus d’héroïsme que la terre aux peuples nés au sein des mers.
Somme toute, j’y ai gagné, ce me semble, une physionomie et une allure tragiques, où peut-être il y a fort à reprendre, mais qui, à coup sûr, sont de moi. […] Instruite sans pédantisme, passionnée pour les arts sans nulle affectation, Louise de Stolberg semblait faite pour régner avec grâce sur l’aristocratie intellectuelle de son époque, dans les plus pures régions de la société polie. […] C’était un prince philosophe, extrêmement libéral d’institutions dans un pays où il semblait faire l’essai des principes de la révolution française, tempérée par un despotisme populaire sans danger.
Au mois de septembre 1794, sur un rapport de Lakanal, où il est dit que « le Contrat social semble avoir été fait pour être prononcé en présence du genre humain, et pour lui apprendre ce qu’il a été et ce qu’il a perdu », la Convention décrétait l’apothéose de J. […] L’utopiste ne trouve rien à conserver de la société établie : usages, traditions, principes, institutions, tout lui en semble hors de service ; à peine se résigne-t-il à n’y pas mettre le feu. […] Il lui semble plus moral de dire à Émile : « Les pauvres ont bien voulu qu’il y eût des riches » ; affreux mot qui pourra donner aux pauvres l’idée de retirer la concession, ou, s’ils sont trop sensés pour écouter cette provocation, voilà la charité abolie et la pauvreté aggravée.
Il semble, en effet, que cette existence des deux unités opposées, l’unité dans la convergence et l’unité dans la divergence, n’ait pu être obtenue à un semblable degré que pour l’union de la parole et de la musique, sur la scène. […] Ici se séparent les deux penseurs : Schopenhauer conclut à l’Ascétisme : « La volonté se détourne du monde ; il éprouve une répulsion de l’espèce dont il est un produit ; il nie le vouloir et punit la tromperie du corps (la propagation de l’espèce) par la Chasteté. » Wagner semble s’être arrêté à la période du dévouement. […] Sa mère, Herzeleide (souffrance du cœur), le berçait en pleurant : « Ihm weckt’am Morgen — der heisse Thau der Mutter Thraenen (la chaude rosée des larmes de sa mère le réveillait au matin). » Il l’a quittée et elle est morte de douleur : « Ihm brach das Leid das Herz, und — Herzeleide starb. » Sur le territoire du Gral, par caprice d’enfant, il tue un cygne et trouble ainsi la tranquillité sacrée de la nature, qui est comme un asile salutaire pour l’homme souffrant. « (Il volait (le cygne), dit Gurnemauz, au-dessus du lac, qu’il consacrait pour le bain salutaire.) » C’est à ce moment que la nouvelle de la mort de sa mère, lui est annoncée brusquement, et avec elle, apparaît pour la première fois chez lui la douleur, et, comme la première fois qu’elle atteint l’homme, elle lui semble une blessure physique.
Jésus mort repose sur l’herbe, le haut du corps soutenu par Joseph d’Arimathie ; la Vierge11, stupide de douleur, s’est pris le visage dans les mains et regarde son fils ; la tête du Mauvais Larron, du haut de la croix, semble un soleil noir. […] En vérité, la Vierge ne fut pas présente à la Descente de Croix, mais la mère de Jacques Boecklin me semble plutôt avoir pensé à la Vierge (NdE) 12. […] En vérité, la Vierge ne fut pas présente à la Descente de Croix, mais la mère de Jacques Boecklin me semble plutôt avoir pensé à la Vierge (NdE) 12.
Il n’y résiste plus, il éclate en un premier gémissement qui semble emporter les digues de son âme. […] Comment, en effet, mettre, comme il le fait, en parallèle avec ce drame, ceux de Sophocle ou d’Eschyle que le docteur Lowth semble même préférer au drame de Job comme une œuvre d’art ? […] L’aspiration de la félicité le tourmente, et chacun des organes qui semblent avoir été créés pour lui demander et lui procurer du bonheur ne lui rapportent que des déceptions, des souffrances, des tortures de l’âme et du corps.
La France a peu d’imagination poétique ; elle semble réserver cette qualité surhumaine de l’humanité, l’enthousiasme, pour ses actes plus que pour ses œuvres. […] Il me semble entendre un buveur d’eau parler de l’ivresse. […] Enfin M. de Cambrai me paraît beaucoup meilleur poète que théologien ; de sorte que, si, par son livre des Maximes, il me semble très peu comparable à saint Augustin, je le trouve, par son roman, digne d’être mis en parallèle avec Héliodore, l’auteur du roman grec de Théagène et Chariclée.
Il regarda donc pendant longtemps et jusqu’au vertige dans la profondeur de son âme, de sa foi, de ses amours, de ses haines, de ses vengeances, et il se dit : « Je ferai voir l’invisible, et je le rendrai si visible, par la puissance de ma foi et par la vigueur de mes pinceaux, que la terre et le ciel sembleront s’ouvrir aux yeux des hommes, et que je jouirai d’abord en ce temps, puis, par anticipation, dans l’éternité, de cette justice éternelle qui sera à la fois ma félicité et ma vengeance. […] Il me sembla que le rideau du monde matériel et du monde moral venait de se déchirer tout à coup devant les yeux de mon intelligence ; je sentis mon esprit faire une sorte d’explosion soudaine en moi et s’élever très haut dans un firmament moral, comme la vapeur d’un gaz plus léger que l’atmosphère, dont on vient de déboucher le vase de cristal, et qui s’élance avec une légère fumée dans l’éther. […] Le christianisme alors, en Italie, à Florence surtout, se dégageait mal de la philosophie platonique, avec laquelle il sembla un moment prêt à se confondre sous les Médicis.
Sur le rivage, à quelque distance du groupe d’Andromède et de Persée, un second amour tient l’autre extrémité de la guirlande de fleurs qui va serpentant par derrière les deux amants ; en sorte qu’il semble que le projet des deux amours soient de les enlasser. […] Il me semble que celui qui entend ces mots, qui est votre maître, pour avoir osé un pareil attentat, doit avoir les yeux baissés. […] Il me semble un peu guindé et roide.
VIII De toutes ces natures de gouvernement inspirées à l’humanité par cette souveraineté de la nature qui parle dans nos instincts, aucun ne nous semble plus voisin de la perfection que le gouvernement créé ou réformé par le législateur rationnel de l’extrême Orient, le divin philosophe politique Confutzée, dans cet empire de la Chine, plus vaste que l’Europe, plus antique que notre antiquité, plus peuplé que deux de nos continents, plus sage que nos jeunes sagesses. […] Confucius semble avoir été illuminé divinement par un reflet, par un crépuscule de cette divine révélation sociale qui précéda le siècle des grandes eaux.
Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) I Quoi qu’il en soit de ce vœu, comme de tant d’autres, le livre de M. de Marcellus est un des livres de jeunesse qui sont les plus doux à emporter dans son bagage de voyageur ou à feuilleter dans son âge avancé, quand on veut se donner une odeur du printemps de la vie ; on y vogue, on y change d’horizon à tous les levers de l’aurore ; on y chante à demi-voix les vers mémoratifs de ses études, on y parle la plus riche et la plus sonore des langues ; et, par-dessus tout, on y cause avec un compagnon de route toujours instruit, toujours spirituel, toujours tempéré et souriant, qui semble avoir en lui la précoce et froide sagesse du vieillard à côté des belles illusions de la vie. […] On les voyait glisser sur les eaux comme des fumées transparentes, puis se condenser au-dessus, et s’arrêter immobiles à la moitié des collines du détroit ; de sorte que par-dessous leur couche épaisse j’apercevais en Asie la base de la montagne du Géant, dont la cime semblait s’unir à l’Europe par un pont de nuages argentés.
Un torrent de mots, souvent inintelligibles s’échappe de sa mémoire surchargée, qui semble se répandre tout entière sur le papier, sans l’intervention de sa volonté. […] Rien, en effet, ne ressemble plus à l’abondance intarissable d’un homme aviné, que certains passages, en trop grand nombre, où Rabelais roule une multitude de mots forgés, parmi lesquels il balbutie quelques paroles d’or, d’une langue qui semble épaissie par le vin.
semblent dire les penseurs de cette époque. […] Dans le temps même qu’il écrivait son traité De la Sagesse, faisant bâtir une petite maison à Condom, en l’an 1600, il y mit sur la porte : « Je ne sçai. » Entre cette devise et celle de Montaigne, il y a cette différence que Charron semble y avouer qu’il a été par moments incommodé de l’ignorance qui fait les délices de Montaigne. « Que sais-je ?
Prétendre que l’expérience, qui est le produit de sa sensation et des lois de la conscience, produit elle-même ces lois, cela semble d’abord une absurdité ; mais la contradiction n’est que verbale. […] Le sujet et l’objet se combinent dans la même connaissance, comme l’acide et la base se combinent dans le sel203. » II Entrons maintenant dans l’histoire proprement dite. — Comme elle est surtout dogmatique et critique et qu’elle n’a été bien souvent pour l’auteur qu’une occasion d’exposer ses propres idées, nous aurions pu sans trop d’effort réunir ces fragments de doctrine épars et en faire un tout : il nous a semblé qu’il valait mieux respecter l’ordre suivi par l’auteur.
Les imaginations qui lisent Octave Feuillet et qui sont plus fortes que la sienne — et elles ne sont pas rares, ces imaginations, — peuvent rêver sur ses livres et leur donner une valeur qu’ils n’ont pas, en appuyant sur ce qui est inappuyé dans ces compositions, à moitié ou au quart venues, où l’auteur semble avoir eu pour visée, quoiqu’il n’ait probablement jamais pensé à cette précaution inutile, d’éviter cette chose qui dérange tant en France : l’abominable inconvénient d’une forte individualité ! […] Le roman des Amours de Philippe s’ouvre comme Monsieur de Camors, avec une largeur et une simplicité étonnantes sous cette plume chinoise de Feuillet, bonne, à ce qu’il semble, pour calligraphier des éventails.
Rousseau nous semble un admirable et savant écrivain, un vigoureux philosophe, plutôt qu’un grand poète ; Voltaire, comme artiste, ne triomphe plus que dans la moquerie, c’est-à-dire dans un genre de poésie qui est antipoétique par excellence.
Ce n’est pas tout encore : l’opinion semble dégager les hommes de tous les devoirs envers une femme à laquelle un esprit supérieur serait reconnu : on peut être ingrat, perfide, méchant envers elle, sans que l’opinion se charge de la venger.
François Coppée est un surprenant versificateur, non qu’il n’ait peut-être quelques égaux dans l’art de faire les vers, mais cet art, à ce qu’il me semble, se remarque chez lui plus à loisir, comme s’il était plus indépendant du fond.
(Même, chacun en son genre, ils laissent voir d’étranges défaillances, inaperçues semble-t-il de leur annaliste : Voici le spécialiste du linge, celui qui se fait blanchir en Dauphiné ; il étale son trousseau, et M.
Trois ou quatre modes me semblent plus intéressants : 1º Le décor public, fresques modernes des grandes surfaces, en harmonie avec l’architecture et la destination de l’édifice ; 2º Le décor intime, utilisation des murs de nos appartements modernes pour des colorations agréables, sans le ressassement immobile d’un sujet de fait-divers ; 3º La fixation sur la toile d’impressions visuelles de peinture, sans apposition ménagère, conservée dans des châssis, ou roulée à des poulies mobiles à nos grés ; 4º L’ornementation d’objets de luxe qu’on pourrait retirer aux maroquiniers de la rue de la Paix et confier à des artistes auxquels je recommanderais personnellement la peinture sur maroquin qui nous a fait en d’autres siècles les belles reliures de maioli.
Surtout, où trouvera-t-il ce recours quand l’État, scion la tendance qu’il semble manifester, aura résorbe tous les pouvoirs et toutes les fonctions sociales, quand il sera devenu le seul éducateur, le seul employeur, le seul administrateur, quand tous les citoyens seront ses fonctionnaires ?
La vraie science ne s’inquiète pas de l’humilité des moyens, ni même du peu de résultats que semblent amener les premières recherches.
Je crois, comme les censeurs de l’hôtel Rambouillet, que les entretiens et les correspondances rendaient la plupart du temps sur la valeur d’un mot ; mais elles ne m’en semblent pas plus méprisables.
Dans l’intervalle, cette race s’était dispersée en colonies florissantes, sur les rives de l’lonie et de l’Italie, et ces essaims semblaient avoir emporté avec eux le miel et l’industrie de la ruche.
Il me semble que les princes qui servent un grand souverain dans ses guerres, sont rarement dans le cas de Raton.
Il ne faudrait pas exagérer et faire des salons une puissance dont on semble dire à un gouvernement : « Ah !
Lorsque, dès le début du livre, aux premières nouvelles du désastre de l’Empereur, ils prennent le chemin de fer et quittent la Suisse, elle écrit de ces quinetteries : « Le convoi va s’élancer, il semble que les battements de mon cœur s’arrêtent.
Elle semble à moitié séduite par cette société dont elle a pris le ton aisé, qui lui donne, à elle, une séduction de simplicité infinie.
car Joseph de Maistre est certainement le seul homme au monde qui ait fait passer tous les sentiments de la vie, les plus offensés et les plus résistants, à travers la réalité d’un respect qui ne se démentit jamais, quand tout aurait dû, à ce qu’il semble, le faire éclater.
Il a bien mis, il est vrai, dans son titre : Royalistes et Républicains, ce qui semble faire un équilibre et ce qui n’est qu’un trompe-l’œil, mais c’est particulièrement dans le parti royaliste qu’il a contemplé les partis extrêmes ; c’est pour le parti royaliste qu’il a été d’une sévérité implacable et menaçante, glissant beaucoup plus sur les républicains, comme il convenait, du reste, à de petites entrailles parlementaires qui doivent se sentir des miséricordes de parenté pour tout ce qui touche à la révolution !
Cette théorie, d’une si originale simplicité qu’elle plonge l’esprit dans l’étonnement qu’inspirent ces vers qui semblent si faciles à trouver, et pour lesquels cependant il ne fallait rien moins que du génie, cette théorie, que son auteur a exposée dans son écrit intitulé : Symbolisme dans l’Architecture, est intégralement, pour qui sait l’y voir, en cet axiome, d’une concentration si profonde ; « L’art tout entier est symbolique de l’état matériel, moral et intellectuel de l’humanité aux diverses époques de son développement. » Mais, de cette profonde concentration, Daly l’a puissamment tirée.
Cherchez de ces traits dans les critiques modernes, dans Sainte-Beuve qui se tortille et dans Planche qui gèle, et qui semblent pourtant tous deux avoir découvert la Critique.
Il semble que noblesse implique un commencement d’originalité.
Mais la vie du grand Amiral n’a pas été que sa fonction, et son individualité est plus compliquée… Ce héros, et presque ce saint du pays des Excentricités profondes, a des singularités qui semblent incompréhensibles !
Quand les historiens ont montré cela, ils ont tout montré, à ce qu’il semble ; Ils ont épuisé le sujet.
Il est même allé jusque-là d’opposer l’un à l’autre, comme des Ménechmes de la même corruption littéraire, « qui semblent se copier, tant ils se ressemblent !
Mais la vie du grand Amiral n’a pas été que sa fonction, et son individualité est plus compliquée… Ce héros et presque ce saint du pays des Excentricités profondes, a des singularités qui semblent incompréhensibles.
Honoré Bonhomme, qui pourtant la confirme par les Lettres inédites qu’il publie, mais qui semble regarder cette autre vocation comme un par-dessus le marché du talent de chansonnier dans Collé, tandis qu’au contraire c’était le talent du chansonnier qui était par-dessus le marché, dans cet homme apte aux choses sévères.
Le côté extérieur, pittoresque, esthétique des choses leur semble le grand côté de la vie, et voilà leur excuse !
ma sœur, vous faites la discrète, Et vous n’y touchez pas, tant vous semblez doucette !
L’auteur y semble pressé, il a hâte d’arriver à ce qui est pour lui la grande affaire : — la philosophie.
Il semblait que la pureté de son âme eût revêtu ce corps, et gardé des saletés de la terre cette chair qui s’y exposait et se trempait aux fanges avec la soif de l’abjection !
En soi et à le prendre au pied de la lettre, — de sa lettre si naïve et si pénétrante, — cet ouvrage ne semble qu’un récit, exact et touchant, de la Mission dont le pieux évêque de Victoria a été l’un des plus courageux apôtres.
Il n’y a donc pas moyen pour la Critique de se cantonner, comme on semble l’exiger, dans l’inspiration même du poète, et de le juger dans l’isolement abstrait de cette inspiration.
Auguste Vacquerie 41 I Je tiens à le dire, et d’autant plus que l’auteur, en baisse depuis Les Contemplations et ses dernières œuvres poétiques, se relève ici et semble faire un de ces progrès qu’à son âge on ne fait guères plus… Je tiens encore à le dire pour l’honneur de ma sagacité, parce que les trop rares critiques qui en ont déjà parlé ont été absolument dupes du pseudonyme dont Victor Hugo s’est servi pour cacher son aveuglante personnalité.
Autran a cet air de cheveux blancs, et ils lui semblent venus dans la peine du labeur et des veilles de l’étude.
Baudelaire qui, de génie, semble le frère puîné de son cher Edgar Poe, avait déjà éparpillé, çà et là, quelques-unes des poésies qu’il réunit et qu’il publie.
Et son doux et sensible Ternisien, le secrétaire de l’évêque de Roquebrun, et son courageux et sanguin Lavernède, et son épuisé de courage, le vieil archiprêtre Clamouse, et son plat et servile Turlot, et son supérieur des Capucins, et son cardinal Maffei, cette tête chauve et chenue, mais si fine, et à travers laquelle il semble que l’on aperçoit le grand cerveau politique de l’Église… Tous sont vrais, très étudiés, très pensés et très conséquents à eux-mêmes, dans leurs tonalités diverses.
Et si ce n’était pas une vraie femme de chambre (comme je le voudrais) qui eût écrit ces Mémoires, timbrés de sa qualité, de son impayable qualité, et qui, pour cela, semblaient nous promettre des révélations auxquelles le génie lui-même ne pourrait pas se substituer, je me disais que c’était au moins un esprit hardi, pénétrant, riche en expériences de tout genre, amères ou bouffonnes, consommé dans l’observation de la vie, cette étude qui nous mange le cœur, pour vouloir jouer ce difficile rôle de femme de chambre qui veut tout dire dans un livre, que ce livre soit, d’ailleurs, d’un moraliste de fonction, ou d’un romancier !
Edgar Poe, le fils de l’aventure et de l’aventure infortunée, est aussi le plus souvent un aventurier d’inventions malheureuses, quoiqu’il y ait quelques-uns de ses contes qui, le genre admis de cette littérature matérialiste et fébrile, semblent réussis.
Sans valoir la millième partie du bruit qu’on lui a fait, Renan a bien ce qu’il faut, semble-t-il, pour illusionner, je ne dis pas les évêques, dont les mains calmes et consacrées doivent savoir exactement le poids ou la légèreté de l’erreur, mais du moins ce gros public, dont l’instinct est faillible, — mauvais juge d’une science assez grande pour tromper et d’un style assez travaillé pour paraître beau.
En général, ces grandes vues du ministère, qui s’occupent de projets d’humanité, et qui, par des établissements utiles, cherchent à tirer le plus grand parti possible et de la terre et des hommes, semblent lui avoir été peu connues.
III Jetons maintenant les yeux sur les lois où l’intermédiaire explicatif semble au premier aspect d’une tout autre espèce. — Tout corps vibrant dont les vibrations sont comprises entre certaines limites connues de lenteur et de vitesse excite en nous la sensation de son. […] Ce sont là deux indices, l’un positif, l’autre négatif, l’un qui est favorable à notre supposition, l’autre qui semble lui être défavorable. — Mais cette défaveur n’est qu’apparente. […] Ici, Helmholtz semble croire que cette contrainte a pour cause dernière la structure de notre esprit. — Avec lui et avec Claude Bernard, nous reconnaissons en fait la contrainte ; mais nous ne pensons point qu’elle ait pour cause dernière la structure de notre esprit ; car nous avons déjà vu bien des nécessités de croire analogues. […] Au premier aspect, il semble qu’en certains cas le moment et l’emplacement aient de l’influence; par exemple, à la seconde minute, un corps pesant tombe plus vite qu’à la première; le même pendule oscille autrement au fond d’une mine et au sommet de la montagne adjacente.
au lieu d’approfondir son sujet, semble avoir fait son capital d’embellir les ornemens postiches qu’il y ajoute. […] Toujours impartial, il semble être l’organe des jugemens de la postérité. […] Il me semble que notre sage de Thou ne donne guéres dans ce phœbus, qu’on prenoit autrefois pour du sublime, mais qu’à présent on nomme avec raison galimatias. […] Son dessein étant de faire entrer dans son histoire d’Italie celle de 1242. ans, ce fonds, déjà si considérable, semble s’accroître encore à mesure que l’on avance, à cause d’une multitude d’Etats qui depuis la chûte de l’Empire Romain s’élévent & tombent successivement dans cette partie de l’Europe.
Il m’arrive bien des fois de vouloir rendre compte de mes visitations de ce genre, à propos de la moindre circonstance artistique qui semble s’y rattacher.
. — L’architecte héroïque se cache derrière son œuvre, qui semble s’élever toute seule aux sons de sa musique, comme Thèbes aux doux accords de la lyre d’Amphion.
Or, il me semble, sauf erreur, que c’est l’habile rhétoricien, d’une netteté d’esprit toute aryenne, qui a écrit presque entièrement les deux premiers actes, et que le Touranien a mis la main au dernier plus qu’il n’aurait fallu… On voit ici en plein ce qu’il y a d’un peu puéril parmi le beau génie naturel de M.
Même dans les faubourgs d’élite, authentiques ou snobs, Saint-Germain ou Saint-Honoré, il semble bien que plusieurs forcent leur naturel et s’excitent pour manifester un goût décidé d’un divertissement si médiocre.
Elle se dévoua à consoler de respectables douleurs, au lieu de rechercher des plaisirs ou des avantages personnels : en entrant dans le monde, elle sembla vouloir s’y placer sous un vénérable patronage qui la préservât des écarts et des calomnies.
Ils s’enthousiasment pour Gambetta, pour Chanzy et pour Faidherbe qui voulaient et qui, semble-t-il, auraient réussi si leur don complet et leur tenace énergie n’avaient été rendus inutiles par la faiblesse résignée des deux autres.
Voyez ces prêtres, ils semblent affaissés sous le poids de leurs lourds vêtemens ; s’ils ont du caractère, il est ignoble.
Le suffrage de nos voisins, aussi libre et aussi désinteressé que le suffrage de la postérité pourra l’être, me semble un garand de son approbation.
Lord Byron qui, comme quelques-uns de ses héros, est resté par bien des côtés un mystère, après ce livre, continuera d’en être un… Il semblait cependant qu’une femme, une nature de femme, ne devait pas être entièrement incapable de comprendre quelque chose à cette âme de lord Byron, à cette âme violente et douce, égoïste et magnanime, contradictoire comme toutes les femmes de la terre, et qui avait les deux sexes comme Tirésias.
Il nous eût tout expliqué dans cette chronique obscure encore en tant d’endroits, et, au lieu d’un réquisitoire qui semble impartial, parce qu’il a le ton doux, contre quelques anarchiques féodaux au xie siècle, nous aurions eu l’histoire de la Paix de Dieu comme elle s’est vraiment faite, de compte à demi, par l’Église et par la Féodalité.
— il est bien évident que l’auteur de la Révolution n’emménagera jamais dans les limites qu’il s’est tracées l’immense récit et l’immense détail de ces soixante années, dont les jours, par la plénitude des événements, semblent avoir plus de vingt-quatre heures.
Même humainement, toute cette poésie de haillons, comme il dit, nous a toujours semblé très belle ; mais religieusement, c’est une pourpre.
L’expression de Saint-Simon semble pétiller de plus de génie naturel, de plus de génie de naissance, à travers son incorrection, insoucieuse et hardie !
Mais ce style, qui roule comme un fleuve, semble n’en avoir pas besoin.
Il semblait taillé pour l’action encore plus que pour la pensée.
Si, comme le disent nos Saints Livres, à nous autres chrétiens, Dieu nous a faits à son image, il semble qu’il ait mis plus de lui dans le cœur de l’homme que dans son intelligence, — et c’est pour cela que la Correspondance de Balzac touche, surtout, par les lettres du cœur qui y sont écrites.