Ce fut son ouvrage personnel, et, bien loin d’y être aidé par son temps, s’il n’eût pensé qu’au succès, peut-être ne l’eût-il pas entrepris. […] Malgré ces défauts où Voltaire est trop de son temps, on a raison de mettre le Siècle aux mains de la jeunesse studieuse. […] Cette fois le temps dicte, Voltaire écrit. […] Le lecteur qui n’y voulait chercher que des notes sur les mœurs du temps, y rencontre l’éloquence ; il n’y trouve pas du moins la déclamation. […] La morale de Voltaire est celle de son temps.
Lucas-Montigny, et aujourd’hui c’est grâce à lui-même et à ses obligeantes communications que nous venons nous servir de quelques pièces dont il n’avait fait dans le temps qu’un usage plus restreint. […] On a déjà pu remarquer l’usage fréquent de ces temps de verbe trop prononcés (prétérits définis, à la seconde personne du pluriel), que n’évitait pas non plus Rousseau. […] Ils se revirent, ils s’expliquèrent, et le temps perdu fut réparé. […] En un mot, je tue le temps. […] Cette précaution était absolument nécessaire, disait-il, pour lui assurer un retour et fermer la bouche à ceux qui auraient pu débiter cette nouvelle assez tôt pour qu’on eût le temps de l’arrêter.
De retour à peine à Blérancourt, et tout en se livrant à toutes sortes de lectures, il eut des amourettes, il fit quelques fredaines, et l’on dit même qu’il fut quelque temps enfermé dans la maison de correction des Pères Picpus de Vailly. […] Ne nous laissons point imposer par une certaine rigueur de système et par une certaine emphase de talent : je trouve en lui l’écolier d’abord, et puis aussitôt le tigre ; dans l’intervalle il n’avait pas eu le temps de devenir homme. […] Il méprisait l’homme, ce « vil roi de l’univers » ; il le croyait sot, destiné de tout temps à toutes les sottises, et il jouissait de le lui dire en face ; il prenait plaisir à salir le genre humain, à la veille de le vouloir régénérer. […] Vers ce temps, Saint-Just, amoureux d’une jeune personne de Blérancourt, manqua sa poursuite, et on la maria à un notaire du pays. […] Ils furent des hommes féroces avant d’avoir eu le temps d’être des hommes distingués.
Pendant ce temps, Boris lisait les journaux étrangers. […] — Mais voyez donc quel temps ! […] Il se dit : J’ai le temps. […] Le temps était superbe. […] Pendant quelque temps, cette chienne eut fort mauvaise mine.
De ces deux successions la première est la plus remarquable ; elle a été souvent décrite 219; arrêtons-nous quelque temps à l’étudier. […] Ils méditent les songes d’un malade du temps passé : le rien n’engendre rien, au rien rien ne retourne ! […] Dans combien de temps ? […] Jeanne d’Arc craignit quelque temps d’être hantée par un mauvais esprit ; l’apparition la rassura peu à peu et pour toujours, par ce fait que son langage était celui des anges. […] » Le texte n’impose pas ce sens : […] est aussi bien adverbe de temps qu’adverbe de lieu, et, dans tous les autres textes que nous citons, jamais la voix ne vient du dehors.
HARDI ou HARDY, [Alexandre] Poëte François qui vivoit du temps d’Henri IV, & pere de quarante Pieces de Théatre, parmi lesquelles il n’y en a pas une bonne. Cet Auteur ne travailloit que pour vivre, & la faim ne donne ni le tact nécessaire pour sentir les beautés, ni le temps de les perfectionner. […] Dans ces temps encore barbares, les Auteurs & les Spectateurs étoient également peu difficiles ; on n’étoit nullement étonné de voir le début d’une Piece s’annoncer dans un lieu, & le dénouement arriver dans un autre vingt ans après.
Car le temps a ratifié vos arrêts. […] C’est une petite portion de ce temps de hâte fiévreuse que M. […] De plus, le temps a marché. […] Et, pendant ce temps, la prise de possession continue de s’affermir en Égypte. […] Quand l’arc a été tendu un certain tems, on le détend pour conserver son élasticité.
Michaut a fait tout le temps. […] C’était le temps du choléra, c’était le temps des émeutes, c’était un temps de terreur publique ; et puis, et puis, les destins et les flots sont changeants. […] Selon la poétique du temps, sinon selon la critique (et encore !) […] Elle l’aurait été du temps de Voltaire. […] Mais Mme Lebrun n’a pas perdu son temps.
On ne doit pas conclure de cet exemple, que jamais (…) ait signifié en latin perdre, ni later tems ou peine. […] On se sert aussi de cette préposition pour marquer le tems : c’est encore par extension, par imitation ; on considère le tems come un lieu, (…). […] Ainsi le nom des diférentes opérations de l’agriculture se prend pour le tems de ces opérations, c’est le conséquent pour l’antécédent, la moisson se prend pour le tems de la moisson, la vendange pour le tems de la vendange ; il est mort pendant la moisson, c’est-à-dire, dans le tems de la moisson. […] ô tems ! […] Il faut des principes : oui sans doute ; mais il en faut en tems et lieu.
Tout va mieux, mais le temps ne permet rien. […] Je vous plains tous beaucoup par le temps qu’il fait. […] Il vient un temps où toutes les cendres sont mêlées. […] occupent-ils et remplissent-ils votre temps ? […] Je n’ai le temps que d’y répondre deux mots.
En décembre 1758, Bernis, qui ne faisait que de tomber du ministère, était donc dans l’exil à Vic-sur-Aisne, près de Soissons, et les premiers temps, malgré sa philosophie et sa douceur d’âme, durent lui être assez pénibles. […] Il était temps que les affaires et le monde revinssent occuper cette vive et brillante intelligence. […] La première lettre qu’on ait de Voltaire à Bernis est du temps même du ministère de ce dernier. […] Le cuisinier de Bernis était déjà célèbre du temps de son ambassade de Venise, et on a vu qu’Algarotti le redoutait pour les tentations de gourmandise qu’il lui devait et auxquelles il ne savait pas résister. […] Je la possède en partie ; avec le temps je la posséderai tout entière.
J’avais dû à un heureux hasard, ou mieux, à une indication délicate, de le lire il y a déjà quelque temps, et j’en avais extrait pour moi quelques belles et douces pensées. […] Elle avait proprement le fancy, ce mélange d’imagination et de fantaisie imprévue ; et, avec la facililé de se retremper aux lectures anglaises comme à la source natale, elle garda de tout temps un cachet d’originalité et d’indépendance. […] L’humanité ne lui paraît pas meilleure de son temps qu’autrefois, mais elle ne lui paraît pas pire. […] Mme de Coigny m’a dit que le temps paraissait passer plus vite quand on l’employait d’une manière uniforme. […] que de charme à voir là, devant moi, cette multitude de gros volumes que je n’aurai jamais le temps de lire jusqu’au bout !
J’ai connu des philosophes de nos jours qui, dans les temps difficiles, mettaient leur philosophie à l’abri derrière le christianisme de Royer-Collard. […] Benjamin Constant, en son temps, n’eut point de gloire et n’en méritait point. […] Est-ce à dire, comme l’illustre historien de l’Empire l’a écrit à l’occasion de la rédaction de l’Acte additionnel, que sa plume était la meilleure du temps, comme celle de Napoléon était la plus grande ? […] Une idée me poursuit depuis quelque temps. […] Molé rencontrait Benjamin Constant dans les derniers temps de la Restauration et lui demandait comment il allait, il en reçut cette réponse : « Je mange ma soupe aux herbes, et je vas au tripot »,
Les premières pages ne sont autre chose qu’un sacrifice, qu’en homme d’esprit il a cru devoir faire, un peu malgré lui, au goût du temps. […] Clovis a été découronné dans ces derniers temps de l’espèce d’auréole et, pour tout dire, de perruque à la Louis XIV, dont avaient cru devoir le décorer les derniers historiens ou compilateurs de nos annales. […] Vers ce temps, en effet, l’Espagne et la Lombardie étaient d’un mauvais exemple pour les Franks, la Lombardie avec ses trente-cinq ducs et ses formes précoces de féodalité, l’Espagne avec ses conciles de Tolède et sa royauté soumise aux évêques. […] En général, l’auteur affectionne les rapprochements avec le temps présent ; ces sortes de comparaisons greffent plus au vif sur le moderne et mordent mieux, pour ainsi dire. […] La Démocratie, de M. de Tocqueville, paraissait avec éclat vers le temps où lui, d’autre part, il commençait à méditer sa Royauté.
Il vivait à Paris en gentilhomme élégant et spirituel, dans ce temps où la noblesse et l’élégance étaient à la fois, comme la restauration elle-même, un retour vers le passé et un élan vers l’avenir. […] Mais ces temps n’arrivaient jamais et je m’impatientais de mon impuissance. […] Son père était sévère comme le temps ; sa mère, tendre comme la soumission ; ses sœurs, belles comme la modestie ; lui, sauvage et insoumis comme la solitude. […] À peine eut-il terminé ce livre, qu’il l’apporta à Paris et le communiqua à quelques amis de son premier temps, les uns mûris par les vicissitudes de la Révolution ; les autres restés jeunes parmi tant de tombeaux. […] Joubert, un de ses amis de ce temps, écrivait confidentiellement à madame de Beaumont, son idole : « Il y a un charme, un talisman que tient un doigt de l’ouvrier.
Même caractère de foi robuste et naïve dans les autres œuvres du temps. […] Cependant l’Église avait bientôt trouvé avantage à absorber, à s’approprier cette philosophie conforme aux dogmes ; si vous cherchez quels sont les philosophes du temps, vous rencontrez le Père Malebranche, Bossuet, Fénelon. […] Tout autre est le Dieu de Louis XIV et de son temps. […] Il y a eu ainsi dans la France de ce temps-là une renaissance littéraire et artistique du catholicisme. […] Mais si, suivant les temps, les lettres ont desservi ou servi la religion, si tour à tour elles ont raillé dans Tartufe l’hypocrisie dévote et dans M.
Le 10 septembre, elle écrivait de Fontainebleau à madame de Saint-Géran : « Madame de Montespan s’est jetée dans la plus grande dévotion ; il est bien temps qu’elle nous édifie. […] Le roi, gardant toutes ses troupes, quand l’Empire d’Espagne, la Hollande, licenciaient les leurs, « fit de la paix, dit Voltaire, un temps de conquête ». […] Dans le même temps, Huningue, Sar-Louis, Sarrebruck, Mont-Royal, plus de cent citadelles étaient fortifiées par Vauban. […] Mais le temps approchait où il faudrait qu’il s’amendât aussi. […] Savoir les êtres de la chapelle… savoir où l’on est vu et où l’on n’est pas vu, rêver dans l’église à Dieu et à ses affaires… voilà le plus bel effort de la dévotion du temps.
Que se passait-il, durant ce temps-là, dans l’âme sincère et tendre, dans l’âme repentante qui s’abreuvait ainsi comme à plaisir de l’amertume du calice, afin de se laisser punir par où elle avait péché ? […] On a essayé, dans ces derniers temps, de douter que ce petit écrit fût en effet de Mme de La Vallière44 (1) ; mais ce seul mot de miséricorde, ainsi placé avec une intention manifeste, ne devient-il pas comme une signature ? […] Toute la Cour est édifiée et étonnée de sa tranquillité et de sa joie, qui s’augmente à mesure que le temps approche. […] Plus il avait vu Mme de La Vallière dans le temps de son noviciat, plus il avait été frappé de sa force et de son essor, de son entier renouvellement de cœur. […] De telles dispositions, quelle que soit la forme dont elles s’enveloppent, sont à jamais précieuses, et elles mènent dans tous les temps à la sublimité de la morale.
Parmi les personnages anecdotiques du commencement du xviiie siècle, il n’en est pas qui ait plus excité la curiosité en son temps que le comte de Bonneval, brillant à la guerre, versatile en amitiés, tour à tour au service de France et à celui de l’empereur, terrible aux Turcs sous le prince Eugène, puis Turc lui-même et pacha à plusieurs queues. […] Colonel de l’école de Vendôme, il ne sut pas se ranger à temps sous la discipline. […] Quant à Mlle de Biron, comtesse de Bonneval, elle ne le prit pas si légèrement : il ne lui avait pas fallu un long temps pour s’attacher d’un goût très vif à ce brillant et volage aventurier, pour l’aimer même, bien qu’elle osât à peine se permettre un tel mot. […] La comtesse de Bonneval mourut en avril 1741, veuve comme elle disait, malade de tout temps et infirme. […] On se croirait reporté au temps des Caylus et des Simiane, autant par la fleur des sentiments que par celle du langage.
La question, dans ces derniers temps, s’est ranimée avec une singulière vivacité, mais je ne suis point tenté d’y entrer le moins du monde. […] On a besoin, pour bien sentir ces mérites un peu usés de Rollin, de se reporter aux critiques qui lui furent adressées dans le temps par quelques-uns de ses collègues de l’Université. […] Les enfants de cette génération nouvelle portent sur le front la dureté des temps où ils sont nés. […] Les ruines les environnent, et ils passent devant elles sans éprouver seulement la curiosité ordinaire à un voyageur : ils ont déjà oublié ces temps d’une éternelle mémoire. Génération vraiment nouvelle, et qui sera toujours distincte et marquée d’un caractère singulier qui la sépare des temps anciens et des temps à venir !
» Que de fois ces mots nous ont rappelé la scène touchante où Paul et Virginie, assis près de la source de la rivière des Lataniers, s’entretiennent pour la dernière fois, et où le vieillard, à la vue de la Croix du Sud, les avertit qu’il est temps de se séparer ! […] Leurs jeux paisibles, la solitude du lieu, le bruit de la mer me donnaient une image de ces premiers temps où les filles de Noé, descendues sur une terre nouvelle, firent encore part, aux espèces douces et familières, du toit, de la table et du lit. […] Il s’occupa de rédiger son Voyage ; il vit quelques gens de lettres, Rousseau, d’Alembert ; il eut quelque temps du succès dans le monde des encyclopédistes. Condorcet s’intéressait à lui et en écrivit à Turgot ; il dut être présenté à celui-ci au commencement de son ministère (juillet 1774) ; Turgot était ministre de la Marine, et Bernardin sollicitait depuis quelque temps pour être envoyé par terre aux Indes avec une mission d’observation et de découverte. […] Je n’ai absolument pas eu le temps de répondre à vos dernières lettres ; je m’en occuperai ces jours-ci.
Derrière moi était Égine ; devant, Mégare ; à droite le Pirée, à gauche Corinthe, toutes villes qui avaient été dans un temps si florissantes, et qui maintenant, renversées et détruites, sont gisantes devant nos yeux. […] Volney, qui professe en bien des endroits qu’il n’y a rien de plus sage que le doute, va ici beaucoup plus loin ; il explique, comme s’il le savait de science certaine, l’origine, selon lui astronomique, des religions ; il raconte les mystères des temps primitifs comme s’il y avait assisté. […] Volney, ami de Jefferson et de l’école de Franklin, se trouva avoir contre lui John Adams, élu président en 1797 ; on le rendit suspect comme Français, comme agent supposé du Directoire ; et, dans le même temps, un savant chimiste qui se mêlait ardemment de théologie, le Priestley, le dénonçait, pour le livre des Ruines, comme coupable d’incrédulité. […] Après le retour d’Égypte, Volney se trouve un des plus actifs parmi ceux qui concoururent au 18 Brumaire ; il fut quelque temps de l’intimité du général Bonaparte et du Premier consul. […] On y trouvera une belle méditation, purement morale, et qui, en comprenant tout ce qu’il y a de triste dans la destinée humaine, ne se fixe pas aux images lugubres, mais s’en détache à temps : la consolation est au bout, et du côté seulement où elle peut être.
la desinance marque le tems, la personne, le nombre et le mode. […] Si les latins étoient obligez de s’aider d’un verbe auxiliaire pour conjuguer quelques tems du passif, nous sommes presque toujours obligez d’y en mettre deux. […] Les auteurs latins sont remplis de ces phrases imitatives, qui ont été admirées et citées avec éloge par les écrivains du bon tems. Elles ont été loüées par les romains du tems d’Auguste, qui étoient juges competens de ces beautez. […] Ciceron dit que de son temps la prose avoit déja sa cadence mesurée comme les vers.
Mais, dira-t-on, si d’une façon générale, il est vrai que les populations les plus denses se concentrent, dans l’espace, à l’Occident, comme, dans le temps, à l’époque moderne, cette règle n’admet-elle pas d’éclatantes exceptions ? […] Les temps modernes, où l’égalitarisme passe à l’acte, sont aussi ceux où les concentrations de la population dans les grandes villes deviennent la loi. […] Déjà, sous l’Empire romain, on sait que les communications avaient atteint une fréquence et une rapidité qui semblent avoir été oubliées jusqu’au réveil des temps modernes73. […] Si nous mesurons les distances non plus aux espaces qu’elles recouvrent, mais (ce qui importe en effet à la vie sociale) aux temps qu’il faut pour les parcourir, nous voyons l’aire des nations modernes se contracter en quelque sorte et se resserrer sous nos yeux. […] Ce n’est pas par hasard que, suivant Denis, la morale antique au temps d’Alexandre devient à la fois universelle et plus personnelle.
Aux temps actuels de continuer cet effort. […] Il aime la vie, son siècle, les hommes de son temps, et, bien entendu, les femmes de son temps. […] Je n’y ai pourtant pas perdu tout mon temps. […] Il fut un temps où il triomphait dans l’unanimité. Il fut un temps où il était universellement démodé.
Il est cependant fort remarquable qu’à l’époque où Anne fut accusée de conspirer avec Monsieur contre le roi, les mémoires du temps lui imputent une intrigue galante avec le duc de Buckingham, ambassadeur du roi d’Angleterre en France et son favori. […] Donnons donc quelques détails sur ce personnage si célèbre dans son temps. Ne voulant pas souscrire au jugement porté sur Voiture par une multitude d’écrivains qui ne l’ont pas lu, j’ai courageusement entrepris de le lire, et voici ce que j’ai recueilli de ma lecture : Voiture, dans sa première jeunesse, écrivit à la manière du temps, avec recherche et affectation. […] Le mauvais temps nous importune ; Demain sera nouvelle lune.
Tout un mois, chaque année, au sortir des noires et mélancoliques études de la vie contemporaine, il était le travail dans lequel se recréait, comme en de riantes vacances, leur goût du temps passé. […] À cet avant-dernier fascicule devait succéder, l’année suivante, un travail général sur la sculpture du temps, où se serait détachée, comme l’expression la plus originale de la sculpture rococo, la petite figure du sculpteur Clodion. […] Il y avait déjà quelque temps qu’il entendait, sans y prendre garde, crier du papier derrière lui, quand il se retourna. […] Préface de la première édition (1881)54 En ce temps, où les choses, dont le poète latin a signalé la mélancolique vie latente, sont associées si largement par la description littéraire moderne, à l’histoire de l’Humanité, pourquoi n’écrirait-on pas les mémoires des choses, au milieu desquelles s’est écoulée une existence d’homme ?
Nous avons de tout temps emprunté des mots aux divers peuples du monde, mais le français possédait alors une volonté d’assimilation qu’il a négligée en grande partie. […] Si à dix ans de latin on substituait dans les collèges dix ans d’anglais et d’allemand ; si ces deux langues devenaient familières et aux lettrés de ce temps-là et aux fonctionnaires et aux commerçants ; si, par l’utilité retirée tout d’abord de ces études, nous étions parvenus à l’état de peuple bilingue ou trilingue ; si encore nous faisions participer les femmes et — pourquoi pas ? […] Jules Lemaître juge ainsi que du temps perdu les années passées au collège à « ne pas apprendre le latin » ; mais il ne s’agit pas d’apprendre le latin : il s’agit de ne pas désapprendre le français. Il vaut mieux perdre son temps que de l’employer à des exercices de déformation intellectuelle.
Il évoquait l’âme des morts et l’esprit des temps passés. […] Qui va loin dans l’espace va loin dans le temps. […] Léon Cahun : vous n’y perdrez ni votre temps ni votre peine. […] Il fallait que le budget fût « bouclé » à temps et vite. […] Nous perdons notre temps en reproches inefficaces et en élans inutiles.
On est tout étonné de le voir prendre sérieusement à partie Alexandre, et le morigéner en deux ou trois circonstances, comme civil et galant hors de propos ; il essaye tout aussitôt de se justifier de l’étrange idée : « Que si l’on m’allègue que c’étoit la bienséance de ce temps-là, ce n’est rien à dire ; les grâces d’un siècle sont celles de tous les temps. […] C’est tout un petit roman finement touché, tendre et discret, un tableau peint de couleurs du temps, qui, à demi passées, font sourire et plaisent encore. […] et ne m’avouerez-vous pas que nous sommes dans un temps où l’on ne se doit pas trop mêler d’écrire ? […] Mme de Sablé et M. de La Rochefoucauld, en leur temps, trouvaient plaisir à s’entretenir avec lui : est-ce à nous d’être si difficiles ? […] Que les plus honnêtes gens ont donc de peine à ne pas être de leur temps et à ne pas se sentir de la coutume !
Le temps nous le dira. […] J’eus toujours un temps fait exprès. […] Je dis tout de suite : — J’aurai le temps de te lire, va ! […] quel temps il fait ! […] quel temps il fait !
Toutefois, il y a quelque chose de changé : le temps. La question revient donc à savoir si le temps, à lui seul, exerce une influence. Or, reniant qui s’est brûlé une première fois n’a aucune raison pour supposer une telle influence, et d’ailleurs il ne conçoit pas même le temps. […] Tels sont les deux stades de toute induction : 1° conception d’une similitude dans l’avenir malgré la différence de temps, ou hypothèse ; 2° vérification de la non-influence du temps et de la similitude, puis affirmation générale. […] Elle est aussi le grand moyen d’adaptation au temps.
Trop préoccupé du Cénacle qu’il avait chanté autrefois, il lui a donné dans ma vie littéraire plus d’importance qu’il n’en eut dans le temps de ces réunions rares et légères. […] Ratisbonne est trop jeune pour avoir suivi et connu M. de Vigny dans la plus grande partie de sa carrière, et il ne se pose point cette question : M. de Vigny, nature de tout temps élevée et digne, n’a-t-il pas lui-même changé avec les années, et n’a-t-il pas cessé, à un certain moment, d’être ce qu’on appelle aimable ? Je me rappelle qu’à l’Académie où nous entendions M. de Vigny plus souvent et plus longuement que nous ne l’aurions désiré (car il s’obstinait la plupart du temps à des choses ou impossibles ou inutiles ou déjà résolues,), il m’arriva plus d’une fois de laisser voir mon impatience ; sur quoi notre doux et indulgent confrère, M. […] Je ris encore en pensant que j’ai passé, il y a quelque temps, deux heures avec vous sans vous rien dire de votre bel article sur Racine, et je venais d’en parler toute la matinée à quatre personnes de différentes opinions, à qui je disais ce que j’en pense. […] Victor Hugo, et à côte de lui dans la sphère littéraire, est peut-être la plus à même aujourd’hui de bien juger M. de Vigny, l’ayant vu de tout temps et connu très anciennement dès les plus belles années : « J’ai lu et relu votre Étude sur de Vigny.
Cet héritage de la tradition n’a pas seulement enrichi les croyants et les dociles ; tous y ont participé, et pendant un long temps ceux mêmes qui se sont le plus écartés de l’unité de foi n’ont jamais renié les principes essentiels de la philosophie chrétienne. […] Ils ne manquèrent pas au christianisme, et sous l’unité inflexible des traditions générales, plusieurs surent se créer des variétés fécondes d’idées et de formes, s’ouvrir, selon les lieux et les temps, des perspectives inattendues. […] Il nous prend où nous sommes, chemine quelque temps avec les plus simples, et ne s’élève que par les côtés où le cœur surtout peut s’élever. […] Mais c’est aussi une espèce d’originalité bien rare et désirable, que celle qui s’accommode si aisément des idées reçues, des sentiments consacrés, des préjugés de jeunes filles et de vieillards ; qui parle de la mort comme en pense l’humble femme qui prie, comme il en est parlé depuis un temps immémorial dans l’église ou dans la famille, et qui trouve en répétant ces doctrines de tous les jours une sublimité sans efforts et pourtant inouïe jusqu’à présent. […] Il répond quelque part à l’un de ses amis qui l’interroge : Tu demandes de moi les phases de ma vie, Le compte de mes jours ; — mes jours, je les oublie… Il avait déjà dit ailleurs : Ces temps sont déjà loin : que l’oubli les dévore ; Ce qui n’est plus pour l’homme, a-t-il jamais été ?
Inepte ou capable, il serait à propos qu’un sujet s’y arrêtât pendant un certain intervalle de temps. […] Je crois qu’il faudrait commencer l’étude de l’histoire par celle de sa nation, et celle-ci ainsi que toutes les autres, par les temps les plus voisins en remontant jusqu’aux siècles de la fable, ou la mythologie. […] Celle du jésuite Petau, Rationarium Temporum90 , est peut-être le meilleur livre sur la connaissance des temps. […] J’ai cité Xénophon ; il ne sera question que de l’étendre et de l’approprier à nos temps. […] « Cette idée était très-populaire du temps de Diderot ; il nous est impossible de concevoir une manière raisonnable de l’appliquer.
Gabrille d’Estrées et Henri IV39 I Il y a quelque temps que Capefigue, l’historien religieux de la monarchie et de la politique françaises, aborda tout à coup une singulière spécialité historique, et deux livres, l’un sur madame du Barry, l’autre sur madame de Pompadour, dirent fort expressivement alors quelle était cette spécialité… Ce fut un scandale, mais un scandale gai. […] Si l’impartialité est de rigueur pour l’historien tout le temps qu’il raconte les faits, scrute les causes et peint les caractères, une fois cette triple trame de l’histoire impassiblement déroulée, il reste la conclusion dernière, le jugement suprême à prononcer ; et cette conclusion et ce jugement ont toujours autant de chaleur, de passion et de vie, qu’il y en a dans la conscience et le sentiment moral de l’historien. […] Très concluant et supérieur de bon sens en tout ce qui touche à la politique de Henri IV, aux difficultés de son temps, aux luttes des partis et aux impossibilités d’une situation connue et fréquente dans l’histoire et qui doit toujours y amener les mêmes catastrophes, il ne l’est plus au même degré en tout ce qui touche aux passions de ce premier roi Bourbon, qui introduisit la bâtardise dans la maison royale de France et qui abaissa la notion sainte de la famille aux yeux de son peuple. […] Henri, que les gravures du temps représentent sous la figure d’un bouc, Henri, le Faune couronné, n’était pas seulement le libertin affolé qui courait après toutes les femmes, au dire de toutes les chroniques de l’époque, de tous les mémoires, de toutes les chansons. […] Tout le temps qu’il vécut, il ne cessa d’être cet infatigable prometteur de mariage dont il faisait sa séduction, promettant du même coup le divorce, puisqu’il était marié, et que pour se donner il était bien obligé de se reprendre… Capefigue, qui ne se charge de nous raconter dans son livre sur Gabrielle d’Estrées que le plus long et le plus scandaleux adultère de cet homme d’adultères, nous a fait le compte de ces promesses de mariages menteuses, appeaux de cet oiseleur, qui durent certainement mettre plus bas que tous ses autres actes, dans l’opinion de ses contemporains, le don Juan royal chez lequel rien n’était sincère, si ce n’est les convoitises et les intérêts.
N’est-il pas temps de se débarrasser de cette littérature à faux effet, de cette fantasmagorie théâtrale ? […] L’esprit d’un temps ne se transmet pas comme un héritage. […] … Parce que les anciens ont fait de grandes choses pour leur temps, faut-il les imiter sans cesse, doit-on être grec jusqu’à la fin des siècles ? […] Ils ne lisent que pour tuer le temps. […] Cependant si je ne me trompe pas sur les esprits de ce temps, on s’y habituera.
Lu aujourd’hui, Bourdaloue nous paraît avant tout fructueux : c’est le caractère principal qu’il eut aussi de son temps. […] Figurez-vous un doctrinaire de ce temps-là, le plus ingénieux et le plus délicat, la fleur du genre, mais tombé ou monté d’une mondanité exquise dans une dévotion non moins exquise et tout exclusive. […] Nul n’expliquait mieux que lui et d’une manière plus lumineuse (au moins pendant le temps où on l’entendait) ce que c’était que la grâce, que le quiétisme, et toutes ces subtilités et ces hérésies des oisifs et des doctes : il brillait à développer tous ces labyrinthes de l’esprit. […] Le théologien et futur évêque anglican Burnet, qui était venu en France peu de temps auparavant (1683), et qui y avait vu les hommes les plus distingués en doctrine et en piété (sans oublier M. de Tréville qui venait de reparaître dans le monde), n’avait pas manqué de chercher Bourdaloue : Je fus mené par un évêque, dit-il, aux Jésuites de la rue Saint-Antoine ; j’y vis le père Bourdaloue, estimé le plus grand prédicateur de son temps et l’ornement de son ordre. […] Il refusa dans un temps la direction de la conscience de Mme de Maintenon, direction qui, certes, n’était point à mépriser, mais qui l’eût enlevé à d’autres devoirs.
Bachaumont était le fils d’un président à mortier au parlement de Paris, et il fut quelque temps conseiller clerc au même parlement, homme d’esprit avant tout et de plaisir, frondeur durant la Fronde, chansonnier sans prétention, et qui se convertit dans sa vieillesse. […] On sait qu’il fut enfermé quelque temps à Saint-Lazare pour inconduite : la sévérité de deux tantes, sœurs de son père et moins indulgentes que lui, y entra pour beaucoup. […] Dans Homère, même du temps de cette Grèce à demi sauvage, quelle beauté simple de lignes ! […] Dans le temps on a dû faire de ce passage un air à chanter sur le luth, comme de certains couplets de Maucroix. […] Les anciens prétendaient à tort que les temps des solstices étaient des temps de calme.
Soulié doit donner, lui aussi, une édition de Molière), d’un biographe curieux et consciencieux qui se dit : « On a bien peu de choses authentiques sur les premiers temps de Molière ; on a tiré des registres de l’état civil tout ce qu’on pouvait espérer d’y rencontrer en fait d’actes de naissance, de mariage ou de décès. […] Cette maison des Halles fut démolie lors du percement de la rue Rambuteau, et elle n’est pas même celle qu’on a, jusqu’à ces derniers temps, qualifiée obstinément de maison de Molière et qu’on a décorée, à cette fin, d’un buste sur la façade aussi bien que d’une inscription désignative70. […] Soulié a reconquis de certain et de plus intéressant sur les premiers temps de Molière. […] C’est ne pas aimer d’abord tout ce qui est incompatible avec Molière, tout ce qui lui était contraire en son temps, ce qui lui eût été insupportable du nôtre. […] Aimer Molière, c’est être également à l’abri et à mille lieues de cet autre fanatisme politique, froid, sec et cruel, qui ne rit pas, qui sent son sectaire, qui, sous prétexte de puritanisme, trouve moyen de pétrir et de combiner tous les fiels, et d’unir dans une doctrine amère les haines, les rancunes et les jacobinismes de tous les temps.
Je puis paraître porter bien loin la susceptibilité littéraire, mais j’aimerais mieux, si j’étais jeune, et par respect même pour la littérature, un tout autre emploi que celui-là de mon temps et d’un si bel âge ; la jeunesse offre tant d’autres distractions ! […] n’eut en son temps aucun effet littéraire ni autre, aucun retentissement ni aucune sorte d’influence : aujourd’hui c’est un simple témoignage de la manière dont écrivaient les grands seigneurs quand ils s’en donnaient la peine, vers 165090. […] Un homme de ce temps et de cette race, un contemporain de la Régence et de la Fronde, que M. […] Quant à ce qui est de Mme de Sablé, si l’on consulte les témoignages du temps, il y a éloge et éloge : il y a l’éloge extérieur, banal, convenu ; il y a le jugement secret plus intime. […] C’est par des témoignages mêmes du temps et du dedans que j’ai fait sentir quelques-uns des petits ennuis, des tracas légèrement ridicules, qu’apportait au grave monastère le voisinage de la marquise, et comment les inconvénients compensaient peut-être les avantages.
comment ne pas être tenté à tout instant et en chaque occasion de retomber, même quand on aurait cru dans un temps, et sous une influence bienfaisante, trouver la guérison morale et le bonheur ? […] Ce que j’aime surtout dans cette pièce dont le canevas est un peu artificiel et romanesque comme la plupart des canevas dramatiques, c’est que la sève moderne y circule et qu’on a bien affaire à des personnages de notre temps qui ont vécu et qui vivent. […] Si la vertu conjugale d’Herman triomphe dans la lutte avec Pompéa, la voilà sauvée et raffermie, au moins pour un bon temps. […] Ainsi, dit le poëte, au temps des Césars, une jeune chrétienne était amenée dans le cirque ; ses yeux, mouillés de pleurs, levés vers le ciel, y cherchaient un appui, ses mains essayaient de dérober ses charmes aux regards des spectateurs ! […] On saurait à quoi s’en tenir sans écouter les calomnies et les noirceurs délatrices qui de tout temps se sont attachées aux agapes secrètes, mais qui alors appelaient à leur aide le geôlier et le bourreau.
De tout temps je me suis senti attiré par elle ; mais la publication des deux derniers volumes de l’ouvrage de M. […] Le célèbre abbé Pucelle, conseiller clerc au Parlement de Paris, une des hautes vertus, une vertu proverbiale de son temps, et le modèle des magistrats parlementaires, que les Jansénites ont appelé cet homme incomparable, était par sa mère un propre neveu de Catinat. […] Quant à la défensive même, tant qu’il n’y avait pas de gelée, Saint-Ghislain était à l’abri d’une approche ; mais en temps de gelée, Catinat était autorisé à requérir des garnisons voisines jusqu’à mille mousquetaires, afin d’aider à casser la glace ; tout était prévu : « Vous pouvez même, dans le temps des fortes gelées, faire venir deux ou trois cents paysans des environs pour aider aux troupes à casser la glace. […] De gouverneur de Saint-Ghislain, Catinat redevint en 1678 major général dans l’armée du roi aux sièges de Gand et d’Ypres ; puis il fut nommé gouverneur de Dunkerque, mais pour peu de temps. […] Il faut que ce soit le temps qui fournisse les occasions d’obtenir ce que Sa Majesté désire.
Chéruel me paraît aussi trop insister sur la bravoure du maréchal ; elle était loin d’être proverbiale en son temps : c’est un point sur lequel Saint-Simon n’invente rien et se fait l’écho des bruits de ville et de Cour. […] Saint-Hilaire a raconté fort en détail la cérémonie de la dédicace, qui se fit le 28 mars 1686 : « Je ne crois pas, dit-il, qu’il se soit jamais rien fait de pareil chez les anciens Romains, même dans le temps de la plus grande adulation. […] Il a rassemblé quantité de témoignages du temps qui sont tous à la louange de ce premier président, et notamment des passages de Mme de Sévigné où il est appelé une belle âme. […] Saint-Simon, à mes yeux, est un bienfaiteur pour tout homme qui vit par la curiosité de la pensée et qui habite dans les souvenirs ; il a reculé le passé de la mémoire ; il a presque doublé le temps où nous avons vécu. […] Il a véritablement arraché des milliers d’êtres à l’oubli et à la nuit des temps ; à la place d’une sèche nomenclature, il a fait éclore et fourmiller tout un monde.
Cette dernière ressemblance me sourit d’autant plus, qu’on m’assure que depuis quelque temps M. […] Il serait temps, ce nous semble, que de ces trois personnes, l’imprimeur, l’éditeur ou l’auteur, l’une au moins daignât relire avec quelque soin avant de livrer un volume au public. […] Gautier donne, sans le vouloir, raison à Malherbe qui aurait dit certainement à Théophile : « Votre pièce est de plus de moitié trop longue ; vous ne savez pas vous arrêter à temps ni effacer ; rien de trop : réduisez la muse aux règles du devoir. » Il y a plus : M. […] Cet épicuréisme, notez-le bien, caché assez souvent sous de grands airs de croyance et de religiosité, a été la plaie secrète de la poésie en ce temps-ci ; il s’étend plus loin qu’on ne croit, il a gagné et corrompu les plus hauts talents, et je n’en prétends exempter personne. […] Parlant du poëme de la Pucelle, si vanté en son temps et non encore réhabilité du nôtre, Montesquieu disait : « On ne saurait croire jusqu’où est allée dans ce siècle la décadence de l’admiration. » En faisant intervenir ces autorités de haut bord, je crois montrer assez le cas sérieux que je fais du talent de M.
En attendant, il doit, pour bien comprendre la sensation, la séparer de cet accompagnement, laisser de côté tous les appendices que le temps vient souder sur elle, la considérer simple et brute. — Enfin, il faut la distinguer, au moins provisoirement, de l’état du nerf et des centres nerveux qui, par leur ébranlement, la font naître. […] Le psychologue doit chercher si, en joignant telle sensation élémentaire avec une, deux, trois autres sensations élémentaires, en les rapprochant dans le temps, en leur donnant une durée plus longue ou plus courte, en leur communiquant une intensité moindre ou plus grande, il ne parvient pas à construire ces blocs de sensations que saisit la conscience brute et qui, irréductibles pour elle, ne diffèrent cependant que par la durée, la proximité, la grandeur et le nombre de leurs éléments. […] Si on la compare à la sensation élémentaire correspondante d’un son plus aigu, elle occupe plus d’étendue dans le temps. De plus, son maximum ou renflement est plus éloigné dans le temps du maximum ou renflement de la suivante. […] C’est que les maxima plus resserrés et les molécules plus courtes de la sensation occupent moins de temps, quoique en même nombre.
Aux changements du lieu correspondait souvent l’écoulement plus ou moins long du temps, une heure, un jour, un mois, une année, ou plus, selon que voulait et indiquait le poète. […] Les Italiens les avaient extraites d’Aristote, celle de l’action du moins, et celle du temps. […] Il s’en est servi pour resserrer le poème dramatique dans l’espace et dans le temps, c’est-à-dire pour placer l’intérêt dans l’action morale et dans le mouvement des caractères plutôt que dans l’agitation des corps. […] Il n’avait laisse autour des deux amants que les personnages nécessaires à l’explication de leur fortune : s’il a gardé l’infante, c’est par une erreur imputable aux préjugés mondains de son temps. […] G, Lanson, le Théâtre classique au temps d’Alexandre Hardy, dans Hommes et Livres, in-12, 1895.
M. de Tocqueville, légitimiste et chrétien, a tâché de comprendre son temps, cette France nouvelle qui rejetait la légitimité et faisait la guerre à l’Église. […] Mais Tocqueville n’eut pas le temps de donner ce complément de son ouvrage. […] Le fond de style est du temps de Louis-Philippe : on sent qu’il écrit entre Béranger et Thiers. […] Au début, il y a des races, et dans les temps barbares, la race est un facteur considérable de l’histoire : plus on va, plus la race est faible et plus elle s’efface. […] Il a donc précédé Guizot et Villemain : il est le premier. — Augustin Thierry (1795-1856), au sortir de l’École normale, fut quelque temps saint-simonien.
M. de Balzac fut bien un peintre de mœurs de ce temps-ci, et il en est peut-être le plus original, le plus approprié et le plus pénétrant. […] Oui, M. de Balzac a peint les mœurs de son temps, et son succès même en serait une des plus curieuses peintures. […] Aujourd’hui, par suite de l’immense travail que l’écrivain s’impose et que la société lui impose à courte échéance, par suite de la nécessité où il est de frapper vite et fort, il n’a pas le temps d’être si platonique ni si délicat. […] Ce n’est pas un blâme que je lui adresse, c’est un trait qui affecte et caractérise toute la littérature pittoresque de ce temps-ci. […] Tous les artistes du temps furent ses amis, et il les a presque tous magnifiquement placés dans ses œuvres.
D’abord, la contiguïté de fait dans l’espace et dans le temps est chose tout extérieure : il faut, pour qu’il y ait liaison d’idées, que la contiguïté devienne cérébrale et mentale. […] Le vrai problème de l’association consiste donc à déterminer pourquoi et comment deux images qui se sont rencontrées dans le temps ont pu se lier. […] La contiguïté des phénomènes dans le temps ne peut donc lier les choses pour nous que par l’intermédiaire d’une contiguïté dans l’étendue du cerveau. […] Le plaisir, quand l’excitation a duré un certain temps, fait naître le besoin que le plaisir même ait un terme ; si bien qu’alors, dans la mesure où croît le plaisir, diminue le pouvoir de le ressentir encore. […] Aussi, des ressemblances les plus extérieures et les plus superficielles, comme celles qui tiennent à de simples coïncidences de temps ou de lieu, la pensée dégage peu à peu des ressemblances plus intimes et plus profondes.
Sa jeunesse n’attendit pas longtemps une renommée qui vient souvent si tard à ceux qui la méritent le plus, il fut célèbre dans un temps où la gloire était facile et coulait à pleins bords, à la portée de ceux qui en avaient soif et qui n’avaient qu’à se baisser pour prendre dans leur main de cette eau brillante qui passait. […] Mérimée, avec son Vase étrusque (une Nouvelle qui est peut-être sa meilleure œuvre) et son Théâtre de Clara Gazul, date de la première heure de ce romantisme béni, si favorable à tous ceux-là qui se sentaient, dans ce temps-là, un peu de vie dans la tête ou dans la poitrine. Stendhal, qu’il a imité et qu’il n’égala jamais d’aucune manière, Stendhal, qui s’était mêlé aux polémiques du temps et qui venait de publier son étrange chef-d’œuvre de Rouge et Noir, avait eu pour lui les bontés que le génie a pour le talent, mais l’homme qui travailla le plus, dans ce temps-là et depuis, à le faire célèbre, fut, nous l’avons dit plus haut, Gustave Planche, presque oublié maintenant, mais qui tenait alors, à la Revue des Deux-Mondes, le bâton haut d’une critique redoutée. […] … Mais toujours est-il que le hargneux despote de la Revue des Deux-Mondes ne repoussa aucun de ces incroyables articles, et que les deux portefaix s’entendirent pour porter Mérimée au sommet de la littérature du temps. […] Il ne s’émeut guères de sa chute, si ce n’est parce que cette chute l’atteint dans le bien-être de son égoïsme… Mais tout le temps qu’il dure, il le regarde comme un frondeur mécontent, sans reconnaissance, sans principes et sans aperçus, qui ne voit plus à trois pas de lui !
Il l’avait, cet accent, comme sa pensée elle-même, au temps où il écrivait ses premières pages, et c’est sur ce point que la Critique qui étudie les origines de l’esprit d’un homme doit visiblement insister. […] Dans un temps qui, comme le nôtre, affecte de ne plus croire à rien qu’à l’Histoire, on devrait, si on était conséquent, honorer profondément ce Joseph de Maistre, dont on a fait un utopiste de surnaturalité religieuse, comme l’esprit qui a le plus développé et approfondi dans ses œuvres le sens de l’Histoire. […] … Dans un temps où la Lâcheté d’esprit, devenue sybarite, tremble devant son pli de rose, on semble être cruel quand on a des principes nets et un style net qui les affirme. […] C’est une question que le temps ne peut plus résoudre. […] J. de Maistre cédant au temps comme Talleyrand lui-même, mais pour des raisons que n’avait pas Talleyrand, dans cette tête où l’athéisme en toute chose avait fait un vide silencieux ; de Maistre se pliant à la circonstance au lieu de se faire misérablement briser par elle, ce qui serait le suicide politique, aussi criminel que l’autre aux yeux de Dieu !
Je connais des gens d’esprit qui tremblent devant la science de Renan, mais de cette science, moi, je me moque très bien tout le temps que je n’en ai pas les preuves, et vraiment je ne les ai pas ! […] Idée prodigieusement comique, qui ne pouvait pousser que dans une tête du xixe siècle, par ce temps d’Écoles descriptives et d’amateurs de tableaux. […] Et d’autant que l’Église, en ces derniers temps, avait déjà entendu bruire contre elle ces plumes protestantes, — la petite pluie après les tonnerres éteints de Luther, — et n’en avait pas sourcillé. […] Il n’est, enfin, qu’un des mille rongeurs de cette vermine éternelle qui s’imagine dévorer, dans un temps donné, le grand lion. […] Défait, l’Église, c’est Jésus-Christ dans la durée, bien autrement facile à reconnaître que le Jésus-Christ dans le temps.
Mais quand il voulut échanger l’humble et loyale monnaie contre le faux or littéraire de son temps, ce qu’il tint du siècle ne remplaça pas ce qu’il lui donna. […] Elle avait aimé cet enfant, qui a vieilli sans devenir un homme ; et la pureté dans la faiblesse, cette chose si rare dans des temps d’inspiration grossière, l’empêchait de dire qu’il n’était plus ! […] Il parut à temps, et ce fut là aussi son succès, encore plus que le talent qu’il promettait. […] La Sérénité, cette idéale qualité de la pensée forte, n’appartient ni aux âmes de ces temps troublés ni à leurs orageuses littératures. […] Combien de temps ?
Le temps passe, les expériences se succèdent. […] Les mêmes mouvements ont eu lieu, les mêmes substitutions, aux temps primitifs, aux temps préhistoriques, et, certainement, aux temps géologiques. […] La chimie est ce qu’elle était aux temps précambriens. […] Nous pouvons ne pas manger : pendant combien de temps ? […] Mais tuer le temps, est-ce donc le but de la vie ?
« Marquer tous les pas de l’Art de guérir, soit qu’ils l’approchent, soit qu’ils l’éloignent de la perfection ; annoncer en quel temps & par qui il fut accéléré ou retardé dans sa marche ; présenter les découvertes vraiment originales, les vûes propres de chaque Inventeur ; disposer les inventions dans l’ordre de leur naissance ; indiquer où elles se trouvent, afin d’épargner au Lecteur qui sait qu’elle existe ; la peine de les chercher, & à celui qui l’ignore, celle de les inventer ; montrer comment une découverte a produit d’autres découvertes ; rapporter les inventions de tout genre à leurs véritables Auteurs ; déterminer le temps, le lieu, & les circonstances qui ont vu naître ces Auteurs, & recueillir les fruits les plus frappans de leur vie ; faire connoître le rang que la Chirurgie a tenu dans tous les temps parmi les autres Arts, le degré d’estime accordé à ceux qui l’ont professée, & le mérite personnel de ses promoteurs » : telle est la tâche étendue & pénible que M.
L’humanité a fait, dans le cours des temps, bien des découvertes analogues. […] Le temps fort, multipliant ainsi l’accent tonique, constituera la césure. […] Dans cette phrase la sixième note (hémistiche) tombe sur le temps fort de la première mesure, et la douzième sur le temps fort de la seconde. […] Dès qu’il possède ses douze temps divisés par deux temps forts, le vers moderne est organisé. […] Legouvé, « L’art poétique d’autrefois et l’art poétique d’aujourd’hui » (dans le Temps).
Il faut avoir désormais égard à la condition, au temps ou à la circonstance, à l’âge, au sexe. […] Rien de plus encore, et il faut se garder de confondre les temps ! […] [Cf. sur Montausier, Montausier et son temps, par Amédée Roux ; Paris, 1860.] […] Cournot, Considérations sur la marche des idées dans les temps modernes, t. […] Feugère, Bourdaloue, sa prédication et son temps, Paris, 1874 ; — le P.
Son père et sa mère, morts avant le temps, le laissèrent sous la garde de tuteurs qui spolièrent leur pupille. […] Pétrarque se résigna, par amitié, à perdre pour quelque temps la présence de Laure. […] Pétrarque et lui auraient dû naître au temps des Scipions. […] Telle était l’Italie du temps de Rienzi et de Pétrarque, hélas ! […] Vers qui regardes-tu en arrière dans ce temps qui ne peut plus revenir ?
Peu de temps après elle mourut elle-même, la main dans la main de madame Récamier. […] Vous voyez que le temps et les distances n’y font rien. […] — Quand vous n’auriez que le temps de m’écrire : Je me porte bien et je vous aime, cela me suffirait. […] Il marque par une tendresse de souvenir la borne du temps entre deux années. […] Le poète reparaît cependant de temps à autre.
Et Francis croit, que d’ici à très peu de temps, l’armée doit devenir le corps influent de l’État, et avoir la haute main dans le gouvernement. […] Elle veut, la France, qu’à la rémunération tarifée du travail ou du service, il s’ajoute pour le mercenaire, un peu de joie, un peu de bon temps, un peu d’ivresse. […] Elle ne comprend pas, que c’est une carrière de faire des femmes à peu près distinguées, et que les gens qui travaillent, et qui ne sont pas mariés, ne trouvent pas le temps de se procurer cet à peu près. […] » Le petit livre est une Madame Gervaisais de la petite édition Charpentier : un léger dédommagement de tous les échecs de ces temps. […] Un temps de misère effroyable, pendant laquelle ils avaient, tous deux, la toquade d’aller coucher, l’été, dans les bois de Meudon, emportant un pain, un morceau de fromage, et la couverture du lit de leur hôtel.
Le propre du temps est de s’écouler ; le temps déjà écoulé est le passé, et nous appelons présent l’instant où il s’écoule. […] Le même instinct, en vertu duquel nous ouvrons indéfiniment devant nous l’espace, fait que nous refermons derrière nous le temps à mesure qu’il s’écoule. […] Les mêmes raisons qui font que nos perceptions se disposent en continuité rigoureuse dans l’espace font donc que nos souvenirs s’éclairent d’une manière discontinue dans le temps. […] Laissant à chaque image sa date dans le temps et sa place dans l’espace, il verrait par où elle diffère des autres et non par où elle leur ressemble. […] Car tout événement dont le souvenir s’est imprimé dans la mémoire, si simple qu’on le suppose, a occupé un certain temps.
C’est vers ce temps qu’il commença d’écrire. […] Ingres, le kaléidoscope des temps nouveaux. […] Jamais ce mot, depuis ce temps, ne m’est sorti du cœur. […] On savait admirer en ce temps-là ! […] En ce temps-là, il se faisait imprimer à Bruxelles.
Combien les temps sont changés et les tarifs modifiés pour les théâtres ! […] Il était temps, car il ne put achever son rôle. […] Le succès qu’eut en tout temps le sujet de cette pièce, est prodigieux. […] A ce compte-là, le grand ministre eût passé son temps à rimer tant bien que mal. […] Aujourd’hui, que les temps sont changés pour le théâtre !
Que de temps perdu ! […] Ses raisons pour conquérir ces grades le plus vite possible et pour se faire tuer, s’il le faut, à les mériter, il les dit ingénument, il ne les va point puiser dans de hautes régions métaphysiques : ce sont les motifs éternels qui, dès le temps d’Homère, dès le temps de Tyrtée, agissaient sur le cœur des hommes, et qui font de ceux qui y vibrent le mieux des héros. […] … Patience, notre temps et notre tour viendront ! […] Le général Saint-Arnaud arrive en congé à Paris, tout juste à temps pour assister à la révolution de Février (1848), Il y court quelques dangers du côté des quais, et est retenu quelque temps prisonnier à l’Hôtel de ville. […] Il n’est pas insensible à ces souvenirs des temps anciens.
Ô temps ! […] L’homme de génie universel a pour contemporains tous ceux qu’il admire : c’est la société des fidèles à travers les temps. […] Cette tradition pourtant n’a rien d’authentique, si ce n’est la naissance de la fille de Pétrarque à peu près vers ce temps. […] Pétrarque attribua tout à la faiblesse de son fils, l’éloigna quelque temps de lui ; puis il pardonna. […] L’amitié en ce temps était une passion entre les esprits capables de se comprendre : on mourait de regret comme on meurt aujourd’hui d’envie.
Ce mariage, qui ne produisit point d’enfants, n’ayant pas trop réussi, madame de Warens, poussée par quelque chagrin domestique, prit le temps que le roi Victor-Amédée était à Évian, pour passer le lac et venir se jeter aux pieds de ce prince, abandonnant ainsi son mari, sa famille et son pays par une étourderie assez semblable à la mienne, et qu’elle a eu tout le temps de pleurer aussi. […] Il en était temps, car il consommait ses derniers quinze louis dans une presque indigence à Paris. […] Il n’en reçoit pas moins son salaire des mains de M. de Montaigu quelque temps après son retour à Paris. […] Elle avait été célèbre surtout par des faiblesses qui avaient scandalisé même ce temps de scandale. […] Dieu n’a pas voulu que, dans la science expérimentale par excellence, qui est la politique, la société pût réaliser ses rêves et se passer de l’épreuve du temps, de la connaissance des hommes, des leçons de l’histoire et du contrôle des réalités.
Il avait conservé ce goût de musique et cet instrument du temps de sa jeunesse où il avait été fifre dans un régiment du roi de Sardaigne. […] Tel était l’homme avec lequel j’avais à faire mon noviciat diplomatique dans une circonstance où l’on apprenait beaucoup en peu de temps. Les révolutions suppléent au temps en concentrant beaucoup d’événements dans quelques mois. […] Quelquefois, j’y portais mon album et des crayons ; moi-même, Pétrarque inférieur pour une autre terre et un autre temps, j’écrivais quelque harmonie ou quelque méditation. […] La rumeur fut grande, et je fus quelque temps proscrit par toutes les opinions.
Là j’ai tout mon temps à moi ; je le dépense délicieusement avec quelques amis ; soyez de ce nombre. […] Que les temps sont changés ! […] Racine s’y rapproche, autant que les temps et la langue le permettent, de la componction de David. […] Il ne s’occupa plus que d’idées tristes, et, quelque temps après, il fut attaqué d’une fièvre assez violente. […] Tous les temps sont coupables de pareils crimes envers la postérité.
Tiré, tout le temps qu’il vécut, aux quatre chevaux des choses les plus contraires, c’est un sublime écartelé ! Il le fut par son temps, scindé lui-même en deux tendances ennemies. […] « L’église de Saint-Vincent, dit-il, achetée par Chaux (un sans-culotte du temps) pour la société des Jacobins de Nantes, devint une vraie église où vinrent jurer les martyrs. » Traduisons cela. […] pourrira avant de mûrir, et qui unit aujourd’hui, dans une histoire criminellement innocente, les enfantillages à tous les sophismes et l’enthousiasme d’un Eliacim des Fêtes de la Fédération aux atrocités impies d’un Jacobin des derniers temps ! […] C’est une question de temps, peut-être, mais les hommes de talent doivent un jour ou l’autre revenir à la vérité.
Dans le temps que Mme de Grammont se réfugiait ainsi avec assez de peine, mais avec sincérité, vers la pensée religieuse, il y avait des exemples à l’entour ou de conversions ou de rechutes, et qui faisaient bruit. […] À cette modification de famille et d’orgueil, il s’en joignait en ce temps-là une autre pour Mme de Grammont, une mortification plus intime et plus secrète, qui tenait à la personne et à la beauté. […] Pendant qu’il lui écrivait ces lettres de demi-consolation, Fénelon était encore à Versailles, attaché à l’éducation du duc de Bourgogne, et il ne pouvait dérober que des quarts d’heure de son temps. […] L’idée de Dieu, c’est-à-dire d’une cause supérieure et première qui nous domine et nous environne, est une idée toute naturelle et selon la perspective humaine de tous les temps. […] S’il a l’esprit sérieux, il le dérobe souvent, il a l’enfance de l’imagination ; la langue de son temps y prête, et il en use comme d’un privilège qui lui serait singulier.
On déprécie trop Villars depuis quelque temps. […] Son père, qui avait poussé assez loin sa fortune, jusqu’à être lieutenant général et ambassadeur, avait eu à souffrir des revirements politiques du temps et des suites de la Fronde. […] Le père de Villars y était, dès ce temps-là, ambassadeur. […] L’année suivante, Villars continua de servir encore quelque temps en Allemagne sous Turenne, qui l’apprécia, et qui dit qu’il le fallait faire colonel le plus tôt possible ; puis il passa en Flandre, sous Condé, de qui il eut pareillement l’honneur d’être distingué. […] Plus tard, quand il commanda en chef, dans les marches qu’il entreprenait on avait remarqué qu’en général il faisait beau temps, et les soldats, quand ils voyaient le soleil dès le matin, appelaient cela un temps de Villars.
Guérin avait déjà eu le temps d’être imité par d’autres poètes, qui semblaient tout originaux de cette imitation, et lui-même il n’était pas publié et mis en lumière. […] C’est au sortir de là, après avoir hésité quelque temps, après être retourné dans sa famille, y avoir revu ses sœurs, et les amies de ses sœurs, que, troublé, sensible et même, on le devine, secrètement blessé, il alla chercher à La Chênaie du repos, un oubli, plus encore qu’il n’y apportait une vocation religieuse, bien traversée déjà et bien incertaine. […] L’heure à laquelle Guérin y arriva était des plus mémorables, des plus décisives pour le maître ; on peut le dire avec certitude et précision, aujourd’hui que l’on a lu la correspondance intime de Lamennais durant ce temps. […] Encore un pas du Temps qui s’achève. […] Il a des vers de détail très heureux, très francs, mais sa phrase traîne, s’allonge, se complique prosaïquement ; il ne sait pas assez la couper, l’arrêter à temps, et, après un certain nombre de vers accidentés, irréguliers, redonner le ton plein et marquer la cadence.
Solar l’appela à Paris quand il fonda l’Époque, cette feuille immense pour le temps. […] Il le définit comme ayant été « le premier feuilletoniste de genre de son temps » ; ce qui est très-juste. […] La gaîté et le naturel furent de tout temps sa note dominante. […] C’est encore dans Voltaire qu’il faut chercher la vraie et vive critique littéraire de ce temps-là ; c’est dans Grimm, c’est dans La Harpe lui-même. […] Dorat qui était, dès ce temps-là, un de ses protégés.
Les premières guerres de la Révolution, nées d’un sublime élan, enfantées des entrailles du sol pour le défendre, pour repousser l’agression des rois, nous reportèrent un moment aux beaux jours de l’héroïsme antique ; elles dégénérèrent vite, même en se perfectionnant, mais aussi en s’agrandissant outre mesure au gré du génie et de l’ambition du plus prodigieux comme du plus immodéré capitaine des temps modernes. […] Quelques jours après (il sut tout cela depuis par Maret), pendant que la paix se négociait, l’Empereur était à Schœnbrunn, et, se trouvant dans un de ses rares quarts d’heure de loisir, il dit à Maret : « Lisez-moi un peu ce chapitre de l’ouvrage apporté à Austerlitz par un officier du maréchal Ney. » Et, après avoir écouté quelque temps ; « Et qu’on dise maintenant que le siècle ne marche pas ! […] Les divers Mémoires de Monglat, de Saint-Hilaire, l’Histoire militaire du règne de Louis le Grand, par Quincy, donnent assez couramment au lecteur l’intelligence des mouvements qu’ils racontent et qu’ils exposent ; mais c’est surtout Feuquières qui est le grand critique de cette époque, et qui passe au crible les opérations de tous les généraux de son temps, sans faire grâce à aucun. […] Je reconnaîtrai même que Frédéric n’était point dans une situation à jouer un si gros jeu, et qu’en bornant ses plans à gagner du temps et à empêcher tout concert entre ses formidables ennemis, il prit le parti le plus sage. » Ce qu’il avait retiré à Frédéric comme général, il le lui rendait amplement comme politique et comme caractère. […] Ils ont tort : il eût été arrêté par les places d’Olmütz et de Brünn : arrivé au Danube, il y eût trouvé toutes les forces de la monarchie réunies pour lui en disputer le passage, dans le temps que l’insurrection hongroise se fût portée sur ses flancs.
Rousseau se désaccoquina du café et désavoua les couplets dans le monde ; mais on en parlait toujours ; de temps à autre de nouveaux couplets clandestins se retrouvaient sur les tables, sous les portes ; cette petite guerre dura dix ans et ouvrit le siècle. […] Un poëte lyrique, c’est une âme à nu qui passe et chante au milieu du monde ; et selon les temps, et les souffles divers, et les divers tons où elle est montée, cette âme peut rendre bien des espèces de sons. […] En supposant cette conversion sincère, on s’étonne que Rousseau n’ait pas plus tiré parti pour sa poésie de cette nature de sentiments ; c’était peut-être en effet la seule corde lyrique qui fût capable de vibrer en ces temps-là. […] Tu dis : le temps se hâte, ou revient sur ses pas. […] Sa correspondance durant ce temps d’exil avec Rollin, Racine fils, Brossette, M. de Chauvelin et le baron de Breteuil, a des parties qui recommandent son goût et qui tendent à relever son caractère.
Le génie des actions est dispensé d’attendre la tardive justice que le temps traîne à sa suite ; il fait marcher sa gloire en avant, comme la colonne enflammée, qui jadis éclairait la marche des Israélites. […] Mais de quelque manière qu’on considère ces réflexions, je reviens aux considérations générales qui s’appliquent à tous les pays et à tous les temps sur les obstacles et les malheurs attachés à la passion de la gloire. […] Le spectacle de la France a rendu ces observations plus sensibles ; mais, dans tous les temps, l’amant de la gloire a été soumis au joug démocratique ; c’est de la nation seule qu’il recevait ses pouvoirs ; c’est par son élection qu’il obtenait sa couronne ; et quels que fussent ses droits à la porter, quand le peuple retirait ses suffrages au génie, il pouvait protester, mais il ne régnait plus. […] Cette passion ne connaît que l’avenir, ne possède que l’espérance ; et si on l’a souvent présentée comme l’une des plus fortes preuves de l’immortalité de l’âme, c’est parce qu’elle semble vouloir régner sur l’infini de l’espace, et l’éternité des temps. […] Tant d’actions composent la vie d’un homme célèbre, qu’il est impossible qu’il ait assez de force dans la philosophie, ou dans l’orgueil, pour ne reprocher aucune faute à son esprit : le passé, prenant dans sa pensée la place qu’occupait l’avenir, son imagination vient se briser contre ce temps immuable, et lui fait parcourir en arrière, des abymes aussi vastes que l’étaient, en avant, les heureux champs de l’espérance.
Le fait est que nous devenons très drôles depuis quelque temps. […] Non seulement donc, c’est une anxiété sans raison, une panique inouïe de la part d’un écrivain qui, quoique femme, passait pour avoir la virilité du courage, mais c’est aussi envers son temps et la Critique de son temps une ingratitude, plus injustifiable encore, qui lui a fait commettre ce dernier livre. […] Ma foi, qu’elle me laisse le lui dire : Dans un temps plus fort et plus organisé que le nôtre, moins dépravé par les fausses délicatesses du sophisme, c’est ce que nous devrions être tous, nous qui faisons de la critique ! […] Louis Veuillot, ce rude contempteur des temps modernes, eut aussi sa petite faiblesse pour le talent, en tant que talent, de l’insolente ennemie du Catholicisme. […] Ce sont aussi les qualités d’un autre écrivain de ce temps, la coqueluche aussi des bourgeois, qui aussi, comme Mme Sand, a ses prétentions d’artiste.
Moralement on est tenté de dire de soi et de son temps bien du mal, mais pour l’esprit on ne prétend pas céder, et on a toutes sortes de bonnes raisons pour se prouver à soi-même qu’on en a un peu plus que ses devanciers. « Je suis fier pour mon temps, je suis fier pour mon siècle, mon pays… » Combien de fois n’avons-nous pas entendu ce langage, essentiellement moderne, dans la bouche de ceux même qui savaient et prisaient le mieux l’Antiquité ! […] Et en effet, qu’on y songe un peu : pour que le combat entre l’Antiquité et les temps modernes se pût engager dans toute son étendue et sur toute la ligne, il fallait deux conditions essentielles, l’une qu’il y eût une Antiquité bien connue, bien en vue, bien distincte et comme échelonnée sur les hauteurs du passé, l’autre qu’il y eût une époque moderne, bien émancipée, bien brillante et florissante, un grand siècle déjà et qui parût tel aux contemporains. […] Oui, il y eut et il dut y avoir de ces commencements de querelle — et chez les Grecs au moment de leur maturité déjà déclinante et la plus fleurie, au lendemain d’Alexandre, lorsque, regardant en arrière, ils se jugeaient à la fois riches par héritage et pouvant encore ajouter à la gloire des ancêtres — ; et chez les Romains surtout, à cette époque dominante de l’empire, au sein de cette unité puissante qui avait engendré des esprits universels comme elle-même, au temps des Sénèque, des Pline, et je dirais des Tacite si ce dernier n’était si pessimiste et morose : mais les plus belles paroles qui aient été prononcées sur cette question des anciens et des modernes, c’est peut-être encore ce grand et si ingénieux écrivain Sénèque qui les a dites, et on ne peut rien faire de mieux aujourd’hui que de les répéter : J’honore donc, disait-il à son jeune ami Lucilius, j’honore les découvertes de la sagesse et leurs auteurs ; j’aime à y entrer comme dans un héritage laissé à tous. […] Sénèque parle quelque part, dans ces mêmes lettres à Lucilius où on lit ces beaux passages, d’un jeune homme qui était si modeste et si classique en son temps, que s’il avait cru en composant écrire quelque chose qui surpassât les anciens ou les devanciers, il se serait retenu, de peur de commettre une sorte de sacrilège. […] Un des personnages qui, au xviiie siècle, représente assez bien la première de ces deux classes, c’est-à-dire le public des salons et des cafés, c’est le spirituel et sémillant abbé de Pons, surnommé de son temps le bossu de M. de La Motte.
Les lettres des Liaisons dangereuses sont de petites merveilles même d’écriture, mais du temps de Laclos la moindre femmelette griffonnait joliment. […] Les choses allaient plus correctement aux temps où quelques milliers d’amateurs savaient lire et composaient tout le public. […] C’est affaire de temps. […] Même il ne tomba pas à la renverse quand il découvrit un boudoir, comme fit, aux temps qu’il préparait des adolescents au bachot, tel actuel académicien, à monocle aujourd’hui. […] Capus d’incisives fantaisies sur les hommes et les choses du temps.
Il en est de même du judaïsme, qui a certainement plus d’adhérents aujourd’hui qu’au temps d’Abraham. […] Les religions positives conserveront, selon toute apparence, pendant un temps indéterminé, leur empire sur une foule d’âmes, avec des vicissitudes de progrès et de décadence, de chute apparente et de résurrection inattendue, et il n’est pas à craindre que d’ici à longtemps l’humanité manque de secours religieux. […] Bien plus, ajoutera-t-on, cette sorte de déisme est si vague qu’il peut envelopper toute autre chose que le déisme même, à savoir le panthéisme et jusqu’à cette forme d’athéisme poétique et sentimental qui est propre à notre temps. […] De même que Luther et Calvin se sont aujourd’hui réconciliés, au point qu’on voit journellement les pasteurs d’une Église passer dans l’autre et y exercer leur ministère, pourquoi, sans aucun sacrifice d’opinion propre, ne verrait-on pas une réconciliation s’opérer entre des opinions qui la plupart du temps ne se combattent que dans leurs excès ? […] La même transformation pourrait se faire évidemment et plus facilement encore dans le judaïsme, et par là pourrait se concevoir dans l’avenir la réunion de la synagogue et du temps chrétien.
I Il y a déjà plusieurs années que cette traduction de Carlyle, interrompue quelque temps, a été reprise et terminée. […] Enfin, il y avait aussi, dans ce temps-là, Michelet, qui faisait son Histoire de France, et qui avait, lui, plus de talent, comme on dit si joliment, à son petit doigt, que les autres — Chateaubriand excepté — dans toutes leurs personnes. […] Cela fut presque un scandale, avec le bégueulisme littéraire du temps et l’endroit où pareille chose fut publiée… Ce fut, si je ne me trompe, et je ne crois point me tromper, dans la Revue des Deux-Mondes, cette pédante des pédantes, que se fit la première importation de Carlyle, si peu pédant, lui ! […] Seulement, Rabelais caricaturise, d’un bout à l’autre de ses œuvres, les hommes, les choses, les mœurs et l’esprit humain de son temps, en des compositions étranges qui sont des Épopées comiques, des Iliades et des Odyssées d’un Homère ivre, ou plutôt d’un Bacchus aimé des Muses et traîné par des tigres ; car les plaisanteries de Rabelais sont d’assez fières tigresses ! […] Pourquoi donc revenir perpétuellement sur cette épithète pendant le temps que dure son histoire ?
comment, dans le temps, on aimait sa tante. […] Seulement, il mit du temps à tomber de ses mains charmantes ! […] L’époque de Madame Récamier, cependant, ne se recommandait pas précisément par un bégueulisme supérieur… C’était la formidable époque où la cavalerie de Murat escaladait des forteresses, et c’est de ce temps-là que Madame Récamier fut chastement et presque hiératiquement la mystérieuse et impénétrable Isis sous ses sept bandelettes, et pas un, même de ceux qui dans ce temps-là revenaient d’Égypte, n’a pu se vanter de l’avoir désentortillée d’une seule ! […] … » La beauté de Madame Récamier est insaisissable, et les récits qu’on en a faits à ceux qui ne l’ont pas vue sont comme les portraits qu’on en voit… C’est le camée des beautés du temps, commun à en devenir vulgaire : le camée de Pauline Borghèse, de Madame de Rovigo, de Madame de Custine, de Mademoiselle Georges, de Mademoiselle Mars. […] Elle lui dit qu’il n’était plus Benjamin Constant, qu’il se dissolvait, qu’il tombait par morceaux, qu’il était changé à faire peur, qu’il perdait son talent, qu’il n’avait plus d’esprit, qu’il devenait bête et idiot, lui, le Voltaire du temps !
Ainsi, à ses propres yeux et aux yeux encharmés des hommes de son temps, elle était la réalité dont Mme de Staël avait fait le rêve, et elle était davantage encore, elle était les deux rêves à la fois de Mme de Staël, car elle avait le génie de Corinne et la beauté de Lucile Edgermond. […] Selon nous, Mme de Girardin, dans ces lettres charmantes, est beaucoup plus femme d’esprit qu’elle n’avait été poète du temps de Mlle Delphine Gay ; mais être femme d’esprit, c’est plus et c’est moins que d’avoir du talent, et nous n’avons à juger aujourd’hui que le talent de Mme de Girardin et ses poésies. Les amis de son salon, qui, dans ce temps-là, il faut bien le dire, étaient les premiers esprits de France, se crurent obligés à faire du génie de ce talent — très relatif — et ils n’y manquèrent point ! […] Du reste, c’était le temps de la pose. […] Avant 1828, en effet, Mme Delphine Gay ressemble infiniment à ce que fut, vers le même temps, Mme Desbordes-Valmore, qui a fini par toucher son idéal dans une pureté d’éther.
I Alphonse Lemerre, l’heureux et brave éditeur qui, chaque jour, prend une place plus large dans la publicité et dans la préoccupation de ceux qui, par ce temps industriel et maudit, pensent encore à la littérature, achève de publier, en ce moment, une édition des Œuvres de La Fontaine. […] Spécialement, dans ce temps-ci, deux hommes se sont occupés plus que personne de La Fontaine. […] Il fut recherché, choyé, adoré par les plus hautes sociétés de son temps. Il était, lui, le pauvre, le luxe de ces gens riches ; car, dans ce temps-là, les gens riches faisaient cas du génie, et personne ne fut plus peut-être agréé et aimé des femmes que cet homme qui mettait ses bas à l’envers… Les témoignages sur ce point abondent, et le pudibond Walckenaer en a des rougeurs qui surprennent de traverser ainsi son vieux maroquin. […] Nous verrons comme elle s’en tirera… En attendant, l’éditeur a publié en eaux-fortes par les plus habiles aquafortistes de ce temps, les dessins d’Oudry sur La Fontaine ; Oudry, l’animalier du xviiie siècle, spirituel, fin, ayant du Watteau dans les fables tendres, et du Poussin dans quelques-uns de ses paysages de deux pouces, quand le sujet de la fable est grandiose.
Idée chimérique et fausse, et risible même, qui n’est pas, elle, éveillée, comme le monde selon Pichat, de ce matin, puisqu’elle traîne partout dans tous les livres modernes, où, fat pour le compte de son temps, Pichat l’a ramassée. […] Il l’a roulée dans ce haillon… Fanatique de démocratie, fanatique d’orgueil de lui-même, sous prétexte de respect et d’admiration pour la grandeur des facultés humaines que tous les philosophes prennent pour la grandeur de leur personne, Laurent Pichat n’a pas craint de mettre la poésie de son âme dans ce qui aurait dû la tuer, et il a osé dire à l’Imagination que le temps est venu de se taire devant la raison triomphante ! […] Ce n’est pas même un rêve : c’est la réalité de ces temps misérablement avilis ; c’est le rationalisme de la bête ratiocinante, et qui, toutes ses autres facultés éteintes, ne veut plus que ratiociner. […] Dans ce livre-là, car ses autres livres me sont inconnus, il est bien, nonobstant, de la race des derniers venus de ce temps ; il doit être compté parmi ceux-là qui ont succédé à ce religieux et incomparable Lamartine, que, dans leur impiété, ils n’ont jamais égalé en génie. […] À côté de ces vers, qui ne sont que charmants, ce que je veux citer est d’une inspiration plus âpre et plus fière… C’est Le Lac bleu, cette description si bonne à citer dans un temps de description puérilement microscopique et acharnée.
Il se promena par le temps et l’espace, amusé des civilisations anciennes ou lointaines. […] L’un des plus admirables peintres de ce temps disait à je ne sais plus qui, avec une brusquerie orgueilleuse : — De mon temps, monsieur, on n’arrivait pas ! […] Quand il eut seize ans, son père l’envoya passer le temps d’une convalescence à Patras. […] Un peu plus tard, au cours de cette même harangue, il disait en passant : « Nous autres pour qui le temps ne compte pas… » Ces esprits-là sont situés hors du temps et hors de l’espace. […] Andréadès a publiés dans le Temps au mois d’avril 1910.
Son livre est l’écho de son cœur et l’écho de son temps. […] Les temps se répètent plus qu’on ne croit ; le monde tourne, mais ne change pas. […] Jamais le lointain des lieux et des temps ne fut plus merveilleusement rapproché de l’œil et de l’imagination ; on porte l’Italie d’Horace dans sa main. […] Pendant que nous parlons le temps jaloux a déjà fui. […] L’esprit n’est que la partie fugitive de l’homme ; il s’évapore avec les mœurs, les vices, les ridicules des temps et des lieux pour lesquels on a écrit.
peut-être l’empire d’anciennes habitudes ne permet-il pas que cet événement puisse amener de long temps ni une institution féconde, ni un résultat philosophique. […] Dans le cours de cet ouvrage j’ai montré comment le mélange des peuples du Nord et de ceux du Midi avait causé pendant un temps la barbarie, quoiqu’il en fût résulté, par la suite, de très grands progrès pour les lumières et la civilisation. […] Mais sans analyser les résultats de ce temps horrible qu’il faut considérer comme tout à fait en dehors du cercle que parcourent les événements de la vie, comme un phénomène monstrueux que rien de régulier n’explique ni ne produit, il est dans la nature même de la révolution d’arrêter, pendant quelques années, les progrès des lumières, et de leur donner ensuite une impulsion nouvelle. […] Il me reste maintenant à examiner, d’après l’influence que les lois, les religions et les mœurs ont exercée de tout temps sur la littérature, quels changements les institutions nouvelles, en France, pourraient apporter dans le caractère des écrits.
Il est néanmoins certain, et il sera prouvé que la guerre de Molière et de ses amis contre ce qu’ils appelaient les précieuses, a été fort malentendue dans le siècle dernier, qu’elle l’est toujours plus mal, à mesure que nous avançons ; il est de fait que l’unique intention de Molière a été d’attaquer les affectations et l’hypocrisie des Peckes (ou Pécores) provinciales et bourgeoises ; qu’il respectait, non pas l’hôtel de Rambouillet qui ne subsistait plus de son temps, mais les personnages qui en restaient, notamment le gendre de la marquise, ce duc de Montausier, dont il emprunta plusieurs traits pour peindre l’austérité de principes et de goût, et pour en orner le liant caractère de son Misanthrope. […] La gloire de Molière et celle des femmes illustres du temps sont intéressées à ce que la postérité reconnaisse la différence de leur tâche, qui n’avait rien d’opposé, l’une étant de purger la société d’un ridicule, l’autre d’y introduire un mérite nouveau ; cette tâche, il faut leur savoir gré de l’avoir également bien remplie. […] On attribue exclusivement à Molière, à Racine, à Boileau et aux écrivains de leur temps, l’épuration de la langue et sa beauté. […] La 2e comprendra l’espace de 1610, temps où commencent le règne de Louis XIII, la régence de Marie de Médicis, la célébrité et l’éclat de l’hôtel de Rambouillet, jusqu’en 1621, époque du ministère du cardinal de Richelieu.
Les évenemens dépeints dans ce poëme, sont arrivez en des tems où le commun des hommes étoit persuadé de leur existence. Ces divinitez sont même des personnages historiques dans les poëmes des écrivains modernes qui choisissent leur scene et leurs acteurs dans les tems du paganisme. Ils peuvent donc, en traitant de pareils sujets emploïer ces divinitez comme des acteurs principaux, mais qu’ils observent de ne point confondre avec elles les personnages, qui, comme la Discorde et la Renommée, n’étoient déja que des personnages allegoriques dans ces tems-là. […] Monsieur Quinault a montré comment il y falloit traiter ces actions allegoriques et les allusions qu’on y pouvoit faire aux évenemens recens dans les tems où ses prologues étoient répresentez.
Les romanciers du même temps s’imaginaient écrire des histoires véritables, et le Boiardo, l’Arioste, nés dans un siècle éclairé par la philosophie, tirèrent les sujets de leur poème de la chronique de l’archevêque Turpin. […] D’après cette explication des caractères poétiques, les allégories poétiques qui y sont rattachées, ne doivent avoir qu’un sens relatif à l’histoire des premiers temps de la Grèce. — 9. […] Ces premiers hommes, qu’on peut considérer comme représentant l’enfance de l’humanité, durent posséder à un degré merveilleux la faculté de la mémoire, et sans doute il en fut ainsi par une volonté expresse de la Providence ; car, au temps d’Homère, et quelque temps encore après lui, l’écriture vulgaire n’avait pas encore été trouvée (Josèphe, Contre Apion).
On meurt avant d’avoir eu le temps de se reconnaître. […] La plupart du temps, le pamphlet ne survit pas à l’actualité. […] Ceci se passait en des temps lointains. […] Ceci se passait en des temps lointains. […] Le reste de son temps se passait en exercices physiques.
Entre temps, M. […] L’eau se sauve comme le temps. […] Flaubert, en son temps, eut à réagir. […] Il leur faut du temps. […] Sous la Grèce des temps homériques, M.