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995. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Mais je l’ai dit, partout ailleurs qu’en Angleterre, il est toute une race d’esprits parmi ceux qui se croient littéraires, et qui le sont même en quelque degré, qui ne se doutent pas de la qualité du génie de Sterne, quand il a du génie et que les yeux du bouffon s’emplissent de ses pleurs… C’est contre cette race d’esprits ou plutôt pour cette race d’esprits, que M.  […] IV Ainsi, démontrer la valeur littéraire de Sterne à ceux qui la nient encore plus que raconter son histoire à ceux qui l’ignorent, voilà quel a été le but de M.  […] Le Koran n’ajoutera pas une modeste obole au bagage de trésors que Sterne porte devant la postérité, et ne mettra pas un rayon de plus autour de cette tête pâle et pensive, qui n’a pas besoin d’une auréole ; — qui, comme le marbre dans un coin obscur, s’éclaire de sa propre blancheur et brille à l’écart, un peu solitaire, parmi les grandeurs littéraires de sa patrie, d’un éclat si étrangement doux !

996. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Il est vrai que c’était une œuvre de premier ordre ; mais, en matière littéraire, cela n’a pas d’importance. […] Bref, il fait arriver toute une catégorie sociale à la vie littéraire. — Pour beaucoup M.  […] Aussi bien Feuillet n’a jamais brisé complètement ses premières attaches littéraires. […] Il est pénétré jusque dans les moelles par la convention littéraire. […] Ce sont eux qui se rendent en files déplorables aux soirées littéraires du gymnase Moronval.

997. (1888) Études sur le XIXe siècle

C’était ce qu’on pourrait appeler un sentiment littéraire. […] Les procédés littéraires de M.  […] Il a fait lui-même son éducation littéraire et mené longtemps une vie très retirée. […] À une époque où la production littéraire est presque toujours un travail pénible, une telle manière de travailler ne suffit-elle pas à constituer une petite originalité ? […] Histoire des doctrines littéraires et esthétiques en Allemagne (Paris, 1883).

998. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Il se rapproche de Saint-Gelais dans le genre libre : dans l’épigramme littéraire, il est souverain, et ce qui le distingue, c’est une certaine vigueur et hauteur dans laquelle Le Brun seul l’a égalé ou même surpassé. Les trois plus belles épigrammes littéraires que je connaisse sont. — celle qu’on a lue tout à l’heure de Piron contre Des Fontaines, — celle de J. […] Dans une de ces lettres, du 7 août 1766, il donne, à sa manière, tout un résumé pittoresque de l’histoire littéraire du siècle et de l’invasion voltairienne. […] Si, quand je ne serai plus, il décoche un seul trait contre moi, je recommande à mon légataire littéraire de faire partir toutes les semaines une de ces épigrammes pour Ferney. […] Le réfugié berlinois, Jourdan, dans son Voyage littéraire en France (1733), y mentionne ceci comme une nouvelle : « Un de mes bons amis m’apprit que Piron, poëte de Paris fort estimé, était l’auteur de l’Ode à Priape. » Pour bien des gens, Piron est resté l’auteur de l’Ode à Priape, rien de plus.

999. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Gérusez, ont certainement, et au moins une fois pendant quelque semestre de leur enseignement, traité de cette période littéraire qui comprend la première moitié du xviie  siècle. […] Ç’a été un des malheurs, une des inégalités du développement littéraire de la France, que ce qui est arrivé à plusieurs reprises à notre poésie. […] Mais il est vrai de dire qu’à mérite littéraire égal, il n’est pas indifférent pour une œuvre moderne de vivre ou de ne pas vivre de la vie moderne en naissant : cela se sent encore, même après que l’heure est passée. […] Aussi ne prenons de cet exemple que ce qui convient au genre littéraire sérieux, à la Poésie lyrique élevée dont je parle. […] Le cardinal Du Perron fut son garant littéraire auprès de Henri IV.

1000. (1914) Une année de critique

Chacun tenait pour assurer que ce genre littéraire ne pouvait plus vivre dans l’air contemporain. […] Un Jules Renard peut accomplir son destin littéraire sans le secours de cette intelligence spéculative. […] S’il faut reconnaître à Jules Renard un ancêtre littéraire, c’est celui-là. […] Je ne parlerai pas du tout du talent littéraire de M.  […] Nous le considérons en raison moins de sa valeur littéraire que du document qu’il constitue.

1001. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Et vous, confrère et médecin, qui trouvez d’ailleurs, dites-vous, mes éloges du docteur Paulin justes et mérités, vous venez, après neuf ans, relever, par une diatribe bruyante, qui vise au grotesque et qui prend en s’affichant des airs de mascarade, quelques négligences et des rapidités inévitables de diction : vous venez en faire une sorte d’éclat et comme de découverte dans un journal quotidien, de telle sorte qu’il ne tenait qu’aux lecteurs de l’Événement, ce jour-là, de croire que je m’étais rendu coupable d’un méfait littéraire assez récent, d’une harangue tout à fait ridicule. […] Les curieux en matière de querelles littéraires peuvent voir dans le Figaro du dimanche 10 juin 1866 une réponse qu’un bienveillant anonyme fit, en ma faveur, au docteur Joulin, en relevant chez lui quantité de fautes par manière de représailles.

1002. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

Par le goût littéraire, le xviiie  siècle est, ou se croit classique, continue, ou croit continuer le xviie siècle. […] Aux épithètes littéraires qui qualifient, il substituera l’épithète pittoresque qui montre : il nous fait voir l’ouara rouge et noir au milieu du « feuillage glauque des palétuviers », le savia jaune et gris perché sur le poivrier aux fleurs ternes, dont il mange les graines602.

1003. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

On peut, si on l’aime mieux, étudier en quoi diffèrent et se ressemblent les phases successives d’un genre littéraire. […] On le voit, soit par une comparaison directe des œuvres littéraires entre elles, ce qui est le moyen le plus sûr et le plus fécond en résultats, soit par une application de lois générales ou universelles déjà découvertes, ce qui exige beaucoup de tact et de prudence —. c’est-à-dire le plus souvent par la méthode inductive et quelquefois par la méthode déductive — on peut obtenir quantité de vérités démontrables, qui contiennent et résument une multitude de faits particuliers.

1004. (1865) Du sentiment de l’admiration

Par suite de cette froideur d’Imagination, de cette quiétude littéraire qui vous fait assister au déroulement des merveilles de l’art comme des témoins à demi-insensibles, et non comme des adorateurs émus et transportés. […] Chercheur désintéressé de la perfection littéraire, il la poursuivra dans les modèles mêmes quand il n’a plus auprès de lui la main secourable qui le guide.

1005. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Ils viennent surtout, d’une cause littéraire. […] Et quoique les amours qui suivirent celui-là et se succédèrent les uns aux autres avec une précision et une rapidité presque militaires, fussent des amours plus passionnés, il ne faut jamais perdre de vue qu’ils étaient toujours plus ou moins des amours de bas-bleu, dans lesquels le galimatias philosophique et littéraire se mêlait sans cesse au galimatias involontaire de la passion.

1006. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Alexandre Dumas fils » pp. 281-291

Tel fut le commencement, du reste, de la fortune littéraire de Dumas fils, maintenant parachevée. […] Dumas tous deux par l’absence de principes, de moralité littéraire, de philosophie supérieure, l’un, le père, fut l’inspiration, — non pas la divine, non !

1007. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

Un des critiques de France, qui remue le plus de faits et d’idées, Philarète Chasles, avait déjà voulu percer l’obscurité qui couvre ce personnage littéraire, réel ou fictif, d’Avellaneda, et il a entassé une science énorme sur la pointe d’aiguille d’une sagacité par trop fine peut-être… Selon nous, c’était une peine de trop. […] Rappelant l’illusion de ce Don Quichotte avec lequel sa pensée est si familière, il transforme cette grossière continuation d’une œuvre supérieure en une espèce de Dulcinée du Toboso littéraire.

1008. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Ce n’est plus l’Histoire de la Littérature anglaise, qui, nul dans l’idée générale sur laquelle il repose, n’en est pas moins un livre très intéressant dans sa partie littéraire, et d’un écrivain qui martèle son style, mais qui, à force de le marteler, le rend brillant et solide. […] C’est lui-même, Taine, le critique littéraire qui s’était si agréablement balancé entre Tite-Live et La Fontaine ; lui, les lunettes professorales du palais des Beaux-Arts et le binocle des Musées d’Italie ; lui, le poète fantaisiste des petits cochons roses, c’est lui-même qui a renoncé à la littérature, au binocle, aux petits cochons, à la fantaisie, qui s’est changé en philosophe ardu et qui a pris pour nourrice la philosophie au lait d’ânesse !

1009. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Nogent-Saint-Laurens qui dîne aujourd’hui et qui fait partie de la commission de la propriété littéraire, déclare qu’il est pour sa perpétuité. […] Toute discussion littéraire à ceci : J’ai plus de goût que vous ! […] 8 octobre C’est étonnant comme notre chemin littéraire se sera fait par le haut et pas du tout par le bas. […] Quand vous décrivez du nu, ça lui paraît en quelque sorte de l’onanisme littéraire sous le prétexte de la ligne… Vous venez de le proclamer tout à l’heure, vous ne cherchez pas à mettre de la sensualité là-dedans. […] De toutes les femmes que j’ai vues, c’est celle que je serais le plus orgueilleux d’occuper, près de laquelle je serais le plus humilié de ne pas paraître un être distingué, enfin par laquelle il me serait le plus dur de n’être pas estimé à ma valeur littéraire.

1010. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

La critique littéraire n’est pas son rayon. […] on sait bien, par exemple, que les conditions de la lecture littéraire sont incompatibles avec une précision excessive du langage. […] il s’agit, commence-t-il, d’un problème de critique littéraire, non de dogmatique ou de critique philosophique… nous sommes critiques. […] (du moins la poésie dite savante, qui d’ailleurs est encore plus littéraire ou conventionnelle que savante). […] Jean Dorsenne, dans un délicieux article sur la poésie pure à… Tahiti (figaro littéraire du 19 décembre).

1011. (1898) Essai sur Goethe

Sans doute, ce roman eut ses enthousiastes ; mais il déplut à Wieland, qui, depuis la mort de Schiller, était après Goethe la plus haute personnalité littéraire de l’Allemagne. […] Rien de plus « français », en effet, que les idées littéraires du jeune Goethe. […] Paul Bourget pendant la première partie de sa vie littéraire, comme avec la théorie de la « culture du moi » que professe M.  […] Il ne l’était pas même en ce temps-là, où la vieille Allemagne ne l’attirait que par son éclat pittoresque, où son « nationalisme » était un sentiment essentiellement littéraire. […] Or, il n’existe aucune balance de précision, aucun étalon de commune mesure, aucun instrument pour peser et connaître la valeur absolue des œuvres littéraires.

1012. (1864) Études sur Shakespeare

J’essayerai d’en indiquer les causes ; je n’insiste en ce moment que sur le fait même, et pour en tirer une seule conséquence ; c’est que la critique littéraire a changé de terrain et ne saurait demeurer dans les limites où elle se renfermait jadis. […] De jour en jour plus accréditée, elle devint enfin un objet d’inquiétude pour la sévérité religieuse et d’ambition pour la pédanterie littéraire. […] Plusieurs indiquent des relations littéraires, habituelles, et intimes. […] Son nom ne se trouve mêlé dans aucune querelle littéraire ; et sans les malignes allusions de l’envieux Ben-Johnson, à peine une critique s’associerait-elle aux éloges qui consacrent sa supériorité. […] Dans la secousse littéraire qui l’agite, l’Europe continentale tourne les yeux vers Shakespeare.

1013. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Mais j’ai cru, messieurs, qu’il fallait répondre à votre intérêt par l’oubli de toute prétention littéraire. […] Ils n’auront pas pour nous un intérêt littéraire, mais anecdotique et moral. […] Ce phénomène littéraire s’explique aisément. […] Mais ce qui doit occuper l’historien, nous ne pouvons l’essayer dans ces revues littéraires. […] Le-provençal devint pour eux la langue littéraire.

1014. (1895) La vie et les livres. Deuxième série pp. -364

Il ne faut pas écouter sur tout ceci les raffinés littéraires de nos jours. […] Quelle singulière façon d’écrire l’histoire littéraire ! […] Il faut parler littérairement des choses littéraires. […] Joris-Karl Huysmans fréquentait les cénacles littéraires et les lieux où l’on s’amuse. […] C’est une malédiction littéraire contre la littérature.

1015. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Elle tient aujourd’hui auprès du public sérieux la place laissée libre par plusieurs autres genres littéraires. […] L’époque romantique est tout à fait à la mode parmi les curieux d’histoire littéraire. […] Bayle, plus connu dans le monde littéraire sous le pseudonyme de Frédéric Styndall ». […] Le mouvement littéraire, issu des exemples de Chateaubriand, n’est-il pas lui-même marqué par un retour au christianisme ? […] C’est par elle-même que vaut une œuvre littéraire, non par la réalité dont elle est significative.

1016. (1893) Alfred de Musset

On se rappelle que la famille d’Alfred de Musset n’aimait point la nouvelle école littéraire. […] D’autre part, c’est un poème « où se presse du ridicule à en fournir à une école littéraire tout entière ». […] Il me donnera l’ambition littéraire ou la dévotion…. […] Les idées et les formes littéraires de la veille choquent toujours, parce qu’elles sont une gêne, et qu’on a hâte de s’en délivrer. […] Études littéraires.

1017. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

En effet, nous avons besoin, pour faire cette analyse en toute conscience, d’écarter pour un temps les questions littéraires qu’il soulève. […] À chacun son œuvre : les uns blâment dans le siècle ses passions politiques ; les autres, la corruption de ses goûts littéraires. […] Il faut bien l’avouer, de toutes les conditions qu’une langue peut subir dans les temps de rénovation littéraire, celle-là serait la plus irrémédiable et la plus triste. […] Mais nos jeunes auteurs ne croient pas qu’ils n’ont plus qu’à conduire le deuil d’une décadence littéraire. […] À la condition de se modérer, de se contenir, qui n’est pas moins la règle de l’intelligence que celle du cœur, qui régit le monde littéraire comme le monde politique.

1018. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

La date de cette canzone à Angelo Mai (1820) était celle également du Carmagnola de Manzoni ; le drapeau d’une réforme littéraire flottait donc enfin, et toute une jeune milice s’ébranlait alentour. […] Il est bien vrai que j’ai souvent l’honneur de recevoir des visites littéraires ; mais elles ne sont pas du tout philologiques, et, en général, on peut dire que, si l’on sait ici un peu plus de latin que dans la haute Italie, le grec est presque ignoré, et la philologie presque entièrement abandonnée en faveur de l’archéologie. […] Theil l’avait remarqué dans un article du journal la Paix (4 mars 1837), où il parlait de Leopardi à merveille, mais devant un public distrait et dans un lieu trop peu littéraire. […] Ce recueil littéraire, le meilleur de l’Italie, fut supprimé par un décret du grand-duc au commencement de 1833, après douze années environ d’existence. […] J’avais cru d’abord que c’était à cette époque même et pendant son voyage à Rome que Leopardi avait eu maille à partir avec Manzi ; mais celui-ci était mort en février 1821, et la vengeance de Leopardi remonte à l’année 1817 et se rattache à une polémique littéraire dans laquelle Manzi s’était montré grossier.

1019. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

En 1878, le comte Léon Tolstoï avait compris de quelle plus haute perfection était capable, maintenant, la forme littéraire ; et il avait réalisé cette perfection. […] Il s’occupe, seulement, à la Religion, condamne et détruit son œuvre littéraire, écrit le traité religieux : Ma Religion42, prépare un livre de controverse religieuse, traduit les Évangiles43.  […] Cette traduction n’est pas excellente, cela saute aux yeux ; l’auteur ne paraît pas s’être assez soucié de la valeur littéraire du poème : sa traduction est un pur livret d’opéra. […] Au point de vue littéraire, entre les deux textes, le choix ne peut être indécis ; celui de M.  […] Nous avons sous les yeux, avec le texte allemand, — et nous citerons — une traduction française anonyme, très excellente — publiée dans les livraisons du 1er et du 15 novembre 1881 de la Revue Littéraire et Artistique.

1020. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

De ce huitième, on voyait tout-Paris, et pendant que le futur commissaire de police s’amusait à pisser dans les cheminées des locataires, lui, Zola restait en contemplation, et devant la capitale étalée sous ses yeux, il se glissait, dans sa cervelle de débutant littéraire, la pensée de la conquête de Paris. […] Cette assertion, qu’elle soit fausse ou imparfaitement vraie, me fait toutefois réfléchir, et aujourd’hui, cet éreintement impitoyable de Manette Salomon, par Wolff, que je croyais seulement littéraire, et auquel je n’avais point un moment associé le judaïsme de l’auteur, — je suis bien forcé d’y voir un peu de youtrerie. […] Prêtre distingué, flatté de ce baptême littéraire, en ce temps d’anticatholicisme, mais mettant la réserve d’un homme du monde, dans les compliments adressés au père, au parrain. […] Il s’excuse en disant, que dans la pièce et dans mon roman, il y a des prétentions littéraires. […] Si quelqu’un fait un jour ma biographie, qu’il se persuade qu’il serait d’un grand intérêt pour l’histoire littéraire et la réconfortation des victimes de la critique des siècles futurs, de donner sur chacun de nos livres, les extraits les plus violents, les plus forcenés, les plus négateurs de notre talent.

1021. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

C’est cette heureuse coïncidence de bonnes fortunes littéraires qui vit et qui fit naître Racine, c’est-à-dire la perfection incarnée de la langue poétique en France ! […] Les avis de l’imprimeur sont ordinairement des éloges qu’ils se donnent à eux-mêmes ; et l’on scellerait à la chancellerie des privilèges fort éloquents, si leurs livres s’imprimaient avec privilège. » Ces outrages à ses seconds pères étaient d’autant plus impardonnables que ces solitaires étaient en ce moment en suspicion et en persécution devant la cour, et que l’injure littéraire pouvait se transformer contre eux en sévices du gouvernement. […] Les bienfaits du roi, qui se renouvelaient sous la forme de gratification littéraire à chacune de ses pièces, et qui se convertirent bientôt après en une pension de 2, 000 livres, somme considérable pour le temps, donnaient une grande aisance à la famille. […] D’ailleurs, excepté l’éloquence de la chaire qui éblouissait alors les temples dans la parole et dans la personne de Bossuet, l’éloquence civique et littéraire n’était pas née alors en France ; elle ne devait naître qu’avec la liberté. […] L’originalité littéraire de l’Europe moderne, c’est la Bible et le christianisme.

1022. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

C’est le plaisir en tout genre (et puisque nous ne parlons ici que de littérature), c’est le plaisir littéraire qui est chargé de rendre à l’esprit cette élasticité, cette gaieté de notre ressort moral, nécessaire à l’homme de toute condition pour faire, comme disait Mirabeau, son métier gaiement. […] La jeune école littéraire du réalisme qui s’évertue aujourd’hui à le réhabiliter, ne parviendra qu’à se salir l’imagination sans parvenir à le laver. […] La respiration des âmes, suspendue par les proscriptions de 1793, par la guerre et par le gouvernement militaire, avait été rendue à la France, on peut même dire à l’Europe : une nouvelle génération d’esprits élevés dans le silence et dans l’ombre était apparue sur toutes les scènes littéraires, à la fois monarchique avec M. de Chateaubriand, libérale avec Mme de Staël, théocratique avec M. de Bonald, féodale avec M. de Montlosier, sacerdotale avec M. de Maistre, classique avec Casimir Delavigne et Soumet, historique avec M.  […] Et si on y ajoute enfin les grands esprits littéraires de l’Angleterre qui semblaient avoir fleuri de la même floraison sous les rayons de la paix européenne, esprits qui subissaient le contrecoup intellectuel de la France, et dont la France à son tour subissait l’influence ; si on y ajoute les Canning, les Byron, les Walter Scott les Moore, les Wordsworth, les Coleridge, les poètes des lacs, ces thébaïdes anglaises de la poésie de l’âme, on aura une idée approximative vraie de la situation de la littérature au moment où Alfred de Musset naissait aux vers. […] Voilà de quoi tu te rends complice : tu désertes les lettres pour les chiffres, tu affectes, à l’exemple de tes corrupteurs en prose et en vers, le dédain du beau, l’estime exclusive de l’utile, l’insouciance des institutions qui font l’avenir, le mépris pour ces noms littéraires et politiques qui te restent encore comme des reproches vivants de ta mollesse, écrivains, orateurs, philosophes, poètes, qui n’ont de vieux que leurs services, leur expérience et leurs gloires !

1023. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

Ce fut lui qui le recommanda à Chapelain qui était, à cette date, la grande autorité littéraire et le procureur général des grâces. Fléchier aimait à faire des vers latins : il songea à s’en servir pour sa réputation et pour sa fortune littéraire ; cette ancienne littérature scolastique, qui a encore eu, depuis, quelques rares retours, n’avait pas cessé de fleurir à cette date, avant que les illustres poètes français du règne de Louis XIV eussent décidé l’entière victoire des genres modernes, Fléchier avait adressé au cardinal Mazarin une pièce de félicitation en vers latins (Carmen eucharisticum) sur la paix des Pyrénées (1660) ; il en fit une autre l’année suivante, sur la naissance du Dauphin (Genethliacon). […] Ceci se rattache à la remarque la plus essentielle dans une appréciation littéraire de Fléchier : il appartient, par le goût et par la manière à la société de l’hôtel de Rambouillet, et aux gens de lettres de la première Académie dont il était en quelque sorte l’élève ; c’est là, c’est dans ce double cercle qu’il prit son pli à l’heure où son talent se forma, et il le garda toujours, même en se développant par la suite et en s’élevant ; mais il ne se renouvela point. […] On lit, au tome ixe de ses Œuvres complètes, un écrit intitulé : Réflexions sur les différents caractères des hommes, et qui, bien qu’on s’explique peu le motif qui le lui aurait fait composer, se rapporte assez bien à l’ordre d’idées, d’habitudes sociales et d’inclinations littéraires, où l’on sait que Fléchier a vécu et auquel il resta fidèle jusqu’à la fin. […] Il s’est bien peint à nous dans sa première forme littéraire lorsque, dès les premiers jours de son arrivée à Clermont, étant allé faire une visite à Vichy, il y rencontre des religieuses, des dames, un capucin à demi mondain, et des précieuses de province. « Faire des vers et venir de Paris, ce sont deux choses qui donnent bien de la réputation dans ces lieux éloignés. » Or Fléchier réunissait ces flatteuses conditions, ayant déjà publié des vers qu’on avait distingués dans les recueils du temps, et de plus étant prédicateur déjà fort goûté.

1024. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Sur le pâle buste de Pallas, juste au-dessus de la porte de ma chambre ; Et ses yeux ont toute la semblance de ceux d’un démon qui rêve, Et la lumière de la lampe glissant sur lui, jette son ombre sur le sol ; Et mon âme hors de cette ombre qui gît flottante sur le sol, Ne sera soulevée, jamais plus, En ces artifices, les plus apparents, Poe se montre l’homme de toutes les ruses littéraires, habile à composer et à stiller d’une main sûre la délicate émotion qui transporte le lecteur hors de lui-même, et le charme en une vie étrangère plus intense et plus belle. […] Il revêt d’une forme littéraire ce froid plaisir, intense chez les spéculatifs, que cause la solution d’un problème en tant que tel, aux géomètres, aux métaphysiciens et aux stratégistes. […] C’est donc dans une anomalie de ce mécanisme cérébral que l’on appelle l’associationisme, qu’il faut chercher la cause profonde du phénomène littéraire apparent chez Poe. […] Poe perçoit le rapport défini9 de cause à effet entre les moyens littéraires à employer et l’effet émotionnel fictif à produire, entre la constitution interne des personnages et leurs actes, entre un fait et ses conséquences possibles, entre toutes les parties de l’œuvre, entre ses propres facultés et leur emploi loisible, enfin, dans l’Eurêka, entre certaines hypothèses et certaines lois actuelles. […] Sans fièvre d’inspiration, sans cette identification avec l’œuvre que pratiquent la plupart des auteurs, une merveille de mécanique littéraire a été produite, un admirable appareil à émouvoir, d’une action infaillible, intense et perpétuelle.

1025. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Ayant été nommé rapporteur au Sénat pour la loi votée par le Corps législatif sur la Propriété littéraire, qu’on évita toutefois d’appeler de ce nom, je lus mon Rapport dans la séance du vendredi, 6 juillet 1866 ; le voici : Messieurs les Sénateurs, la loi sur les droits des héritiers et des ayants cause des auteurs, votée le 27 juin dernier par le Corps législatif, est assurément une loi qui vous arrive dans les conditions les meilleures selon lesquelles une loi puisse vous êtes soumise : mûrie, prudente, libérale, pesée à diverses reprises, discutée en tous sens, avec science, talent, éclat et conviction. […] Il y a eu de grands siècles littéraires : nul né les salue et ne les admire plus profondément que moi ; mais de nos jours la littérature a pris un développement plus suivi, plus régulier, en rapport avec une société moyenne ou démocratique qui consomme prodigieusement. […] En fait, les grands projets dits de Propriété littéraire, soumis à des Commissions ou à des Chambres, le projet de 1825, celui de 1844 devant la Chambre des députés et celle des pairs, la question reprise à fond par ordre de l’Empereur, et soumise en 1864 à une Commission présidée par M. le comte Walewski, n’ont pu aboutir et se traduire en loi, malgré les lumières et les talents combinés, qui, certes, n’y ont pas fait faute. […] J’ai été un peu grondé par quelques organes de la presse catholique pour cette réminiscence du Vicaire de Wakefield : que serait-ce si je m’étais laissé aller à un souvenir littéraire beaucoup plus voisin et si j’avais fait quelque allusion à un personnage d’un des meilleurs romans modernes, l’abbé Courbezon, que l’auteur, M. 

1026. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Il me reste à vous supplier de prendre sur vous mes vifs remerciements et mon respectueux refus ; c’est à votre adorable bonté que j’ai dû la distinction d’un homme illustre qui m’ignorait, et c’est à vous, madame, que mon âme demeure éternellement acquise. » Dans cette même lettre toutefois, sachant les démarches de Mme Récamier pour lui faire obtenir une pension régulière par l’entremise du vicomte de La Rochefoucauld, Mme Valmore ajoutait : « Je vous la devrai, madame, et avec joie, si quelque jour on accorde à votre demande ce dont vous ne me jugez pas indigne ; je voudrais avoir bien du talent pour justifier votre protection qui m’honore, et pour mériter l’encouragement vraiment littéraire que vous entrevoyez dans l’avenir ; je serai contente alors de l’obtenir de vous, et je n’aurai ni assez d’orgueil ni assez d’humilité pour m’y soustraire… » Mais lorsque cette petite pension fut obtenue, — une pension au nom du roi, — ce fut de la part de l’humble et généreux poète un sentiment de peine et de résistance morale à l’aller toucher. […] Elle lisait aussi Pascal, dont les Pensées occupaient fort en ces années la critique littéraire. […] Froussard, chef d’institution à Grenoble, chez qui son fils était en pension : « J’ai lu l’article littéraire que vous m’avez signalé. […] … » — Et à ce seul point de vue du talent littéraire et poétique, qui se révèle en tout ce qui s’échappait de sa plume, vers ou prose, qu’on me permette de joindre encore un dernier témoignage, comme appréciation de cet art exquis et naturel qu’elle portait en elle.

1027. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Les histoires littéraires aiment les dates précises. […] L’histoire littéraire, pour peu qu’elle soit didactique, comme celle de M.  […] Les Conversations étaient alors un genre littéraire comme les Lettres, comme les Portraits. […] Au point de vue littéraire, il a nui à Saint-Évremond qu’il en fût ainsi.

1028. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

., ne sont entendus que par une poignée de gens ; le littérateur, l’orateur s’adressent à l’univers354. » — Sous une pression si forte, il faut bien que l’esprit prenne le tour oratoire et littéraire, et s’accommode aux exigences, aux convenances, aux goûts, au degré d’attention et d’instruction de son public. […] Toute la littérature classique porte l’empreinte de ce talent ; il n’y a pas de genre où il ne pénètre et n’introduise les qualités d’un bon discours  Il domine dans les genres qui, par eux-mêmes, ne sont qu’à demi littéraires, mais qui, grâce à lui, le deviennent, et il transforme en belles œuvres d’art des écrits que leur matière semblait reléguer parmi les livres de science, parmi les instruments d’action, parmi les documents d’histoire, traités philosophiques, exposés de doctrine, sermons, polémique, dissertations et démonstrations, dictionnaires mêmes, depuis Descartes jusqu’à Condillac, depuis Bossuet jusqu’à Buffon et Voltaire, depuis Pascal jusqu’à Rousseau et Beaumarchais, bref la prose presque tout entière, même les dépêches officielles et la correspondance diplomatique, même les correspondances intimes, et, depuis Mme de Sévigné jusqu’à Mme du Deffand, tant de lettres parfaites échappées à la plume de femmes qui n’y songeaient pas  Il domine dans les genres qui, par eux-mêmes, sont littéraires, mais qui reçoivent de lui un tour oratoire. […] Par insuffisance d’esprit et par amour-propre littéraire, ils omettent le détail caractéristique, le fait vivant, l’exemple circonstancié, le spécimen significatif, probant et complet.

1029. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre neuvième »

De la partie de critique littéraire. — § IX. […] Avant d’arriver à la Correspondance, j’ai plaisir à mentionner quelques écrits de Voltaire qui, pour être des actes encore plus que des ouvrages d’esprit, n’en sont pas moins marqués en plus d’un endroit de la beauté littéraire. […] De la critique littéraire dans la Correspondance. S’il y avait à préférer dans l’excellent, je préférerais parmi ces lettres celles dont le sujet est littéraire.

1030. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

On peut lire sa première intrigue avec la jeune veuve de qualité qu’il rencontre à Guise, son autre intrigue avec la belle comtesse qu’il voit à Moulins, et les scènes bizarres et un peu grotesques du château délabré qu’il décrit avec complaisance et avec un véritable talent littéraire. […] Treize mois de Bastille, une carrière brisée, dix-sept ans d’un exil contraint, dix autres années d’un exil soi-disant volontaire, une disgrâce perpétuelle, dans laquelle il mourut en 1693, telles furent les suites de cette grave faute morale et littéraire, qui, par le malheur et les résultats, a fait comparer la destinée du pauvre Bussy à celle d’Ovide. […] De toutes ses vocations à demi manquées, et dont aucune n’a eu pleine carrière, c’est encore son instinct littéraire qui l’a le moins trompé. […] [NdA] Une simple remarque résume les goûts littéraires un peu gâtés de Bussy : il aimait fort Ovide, il n’avait pas lu Horace, et il s’amusait, dans l’extrême vieillesse, à traduire un petit conte latin et libertin du poète Théophile.

1031. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

On peut lire dans les Mémoires de Goethe le récit du séjour qu’il fit dans cette ville savante, et assister au mouvement littéraire tout germanique qui s’y agitait dans un cercle choisi d’étudiants. […] Il l’accompagnait, en le publiant, d’une lettre explicative qui peut faire juger des hardiesses et des espiègleries littéraires du temps : Je vous envoie, madame, disait Dorat, l’extrait (il aurait pu dire la presque totalité) de cette singulière brochure, que le hasard a fait tomber entre mes mains, et qui, malgré la confusion des idées, l’oubli de tous les principes et de toutes les règles du théâtre, m’a paru mériter votre attention. […] Il aurait voulu, cette fois encore, concilier dans une œuvre littéraire le génie de ses deux patries, l’Allemagne et la France.

1032. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

La première partie du moins, qui contient la narration de sa vie jusqu’à l’âge de cinquante-cinq ans, est tout à fait intéressante ; on est bien aise d’y trouver quantité d’anecdotes littéraires ou historiques qui ne sont point ailleurs. […] Cet homme paisible, aux goûts tout littéraires, né pour le cabinet et pour la bibliothèque, ou pour une promenade modérée dans l’entretien de quelques amis, était sorti d’un des plus vaillants hommes de son temps, du brave Claude de Marolles, capitaine des Cent-Suisses de la garde du roi, célèbre par le combat singulier à la lance et la joute mortelle qu’il engagea devant les tranchées de Paris, le jour même de la mort de Henri III et le premier jour du règne de Henri IV, contre Marivaut, un des plus braves gentilshommes de l’armée du roi. […] C’est pour payer son écot dans ces réunions littéraires, qu’il commit sa première traduction, celle de Lucain, son premier crime, qui devait être suivi de tant d’autres.

1033. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Dans l’intervalle et pendant son séjour à Meudon, l’enfant s’était remis aux lectures littéraires et aux études classiques ; il y avait été guidé ou aidé par un voisin de campagne, l’abbé Bintot. […] Je passe sur bien des enfantillages romanesques du début et qui tiennent une grande place, mais une place à demi voilée pour nous, dans l’adolescence d’Étienne ; j’arrive à ce qui nous intéresse véritablement, l’atelier de David sous le Directoire, et ensuite les souvenirs littéraires proprement dits, pendant la durée de la Restauration. […] Il a fait un joli roman, Mademoiselle de Liron, son seul titre vraiment littéraire : son héroïne n’est pas une héroïne, c’est une fille aimable et sensée qui excelle aux soins du ménage et à la pâtisserie du pays, une campagnarde un peu philosophe qui a aimé et failli une première fois, et qui aimera et cédera encore une seconde ; intéressante et sensible, bien qu’un peu grasse23.

1034. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Ajoutez à ces réflexions générales, que les longues et patientes recherches qu’exigeaient le dépouillement et l’examen des anciens manuscrits, convenaient particulièrement à la vie monastique ; et ce sont les moines, en effet, qui se sont le plus activement occupés des études littéraires. […] L’Espagne, aussi étrangère que l’Italie aux travaux philosophiques, fut détournée de toute émulation littéraire par la tyrannie oppressive et sombre de l’inquisition ; elle ne profita point des inépuisables sources d’invention poétique que les Arabes apportaient avec eux. […] Les lumières se réunissaient dans un seul foyer : le goût pouvait s’y former aussi ; et c’était d’un même tribunal que partaient tous les jugements littéraires.

1035. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

On en est là, et l’on peut reprocher aux meilleurs travaux actuels des critiques biographes, deux défauts : les indications psychologiques qu’ils extraient de l’examen superficiel d’œuvres littéraires sont trop générales et trop peu précises pour être considérées comme scientifiques ; d’autre part, ils ont tort d’employer simultanément dans leurs essais et en vue de déterminer l’individualité d’un artiste, l’histoire de sa carrière, l’ethnologie, les notions de l’hérédité et de l’influence des milieux, avec l’analyse directe de ses œuvres. […] Dans les deux cas, ces émotions sont celles-là mêmes qu’il importe de déterminer chez l’artiste qu’on étudie, et, de fait, la plupart des œuvres littéraires, qui appartiennent à ce genre sont autobiographiques ; dans les deux cas on peut conclure directement à l’existence permanente chez l’auteur des émotions de l’œuvre, et déduire de celle-ci les conditions mentales qu’elles supposent. […] — Nous venons de voir en vertu de quels principes on peut, de l’examen d’une œuvre littéraire, extraire des notions sur l’entendement qui l’a créée.

1036. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES » pp. 456-468

Cette vérité est bonne à rappeler dans un temps où les vocations littéraires ont été considérées comme superflues, et où tout le monde au besoin se croit appelé au métier. […] L’époque devient grossière, elle n’estime que le gros qu’elle prend pour le grand ; elle se prend à l’étiquette, à la montre, à ce qui peut faire du bruit ou être utile positivement : l’esprit littéraire véritable est tout le contraire de cela.

1037. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — I »

Grimm, dans sa Correspondance littéraire ; d’Holbach, dans ses prédications d’athéisme ; Raynal, dans son Histoire des deux Indes détournèrent à leur profit plus d’une féconde artère de ce grand fleuve dont ils étaient riverains. […] Dans son article sur la Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV (Portraits littéraires, tome III), M. 

1038. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Ces articles, écrits tous à l’occasion de quelque représentation particulière, sans être des biographies ni des appréciations complètes, étincellent de vues neuves, de détails agréablement érudits, de comparaisons diverses, et prennent rang d’abord parmi les pièces et les jugements à consulter pour la connaissance littéraire de notre grand siècle. […] Un tel paradoxe, si contraire à la conscience littéraire de l’élite du public d’alors, à l’admirable Épître de Boileau, et de plus si impossible à démontrer aujourd’hui comme à réfuter, m’a fâché, je l’avoue, venant d’un esprit aussi net et aussi droit que M. 

1039. (1874) Premiers lundis. Tome II « Henri Heine. De la France. »

Sous la Restauration, on se figurait beaucoup trop l’Allemagne littéraire et poétique soumise sans contestation aux pieds de Goethe, l’Allemagne philosophique obéissant de plein gré aux formules de Kant ou de Hégel, l’Allemagne politique sans velléité ni chance de se déclarer. […] Ils ont été des détracteurs et des destructeurs littéraires avant d’être des novateurs politiques : témoins M. 

1040. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre I. Un retardataire : Saint-Simon »

Mettons à part le génie littéraire que d’Argenson ne pouvait soupçonner : la vie et les écrits de l’homme démontrent la justesse de ce jugement. […] Aucune intention littéraire n’intervient dans le choix de l’expression.

1041. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VI. Le charmeur Anatole France » pp. 60-71

Il sait plus que l’histoire littéraire française. […] C’est de la chasteté littéraire.

1042. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XI. Trois bons médanistes : Henry Céard, Joris-Karl Huysmans, Lucien Descaves » pp. 145-156

C’était la méthode des classiques, que Céard lit et aime : il adore Pascal et Bossuet pour ce qu’ils ont piétiné la superbe de l’animal humain ; aussi Nicole et Vauvenargues, esprits plus modérés, mais dont la douceur narquoise le ravit ; et avant tous, Choderlos de Laclos, l’auteur des Liaisons dangereuses, que Céard déclare le plus parfait des psychologues, et dont il dira la vie et l’œuvre dans le livre d’histoire littéraire qu’il lui consacrera. […] Cet éclat pénétrant du style qui nous force à voir par des clartés nouvelles et inédites, les détails de sa pensée a étonné des lecteurs d’En route, ceux du moins qui sont mal familiers des habitudes littéraires de Huysmans.

1043. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Rome et la Judée »

I Si ce livre de Rome et la Judée eût été le début littéraire de son auteur, qu’est-ce que la critique en aurait dit ? […] Dans ce grand sujet de Rome et la Judée, dans ce vis-à-vis énorme, mais si facile à la rhétorique et aux déclamations, du monde de l’ancien Testament aboli, de la Synagogue dispersée par l’épée romaine, et de la chaire de Saint-Pierre érigée debout, dans l’apocalypse d’un monde nouveau, il aurait fallu une touche si mâle et si ferme, il aurait fallu quelque reflet surnaturel de saint Paul et de saint Jean réunis, formant le rayon d’une inspiration plus que pittoresque et plus que littéraire, et, au lieu de cela, nous avons un peintre grêle de salon, — presque un feuilletoniste d’histoire, quelque chose comme un Pontmartin historique ; car Champagny, dans ce dernier livre, a beaucoup de Pontmartin !

1044. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Ce fut, pour parler exactement, son unique forme littéraire, rivée comme un masque d’acier sur sa pensée. […] Il a pour tout talent l’uniformité dans l’ironie, et pour toute ressource, dans sa lutte contre une société qu’il haïssait, la forme littéraire la plus hypocrite, l’ironie n’étant jamais que cela.

1045. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Saint Thomas d’Aquin1 [Le Pays, 19 avril 1859] I Si l’Académie des sciences morales et politiques n’avait pas pris sur elle de mettre au concours saint Thomas d’Aquin et sa doctrine, quel livre ou quel journal, avec la superficialité de nos mœurs littéraires, eût osé jamais parler d’un tel sujet ? […] C’est un philosophe qui chasse de race, un philosophe de père en fils, dont le père eut autrefois aussi son prix d’académie, et qui a voulu continuer cette gloire paternelle… Certes, ce n’est pas avec de telles préoccupations que l’on peut dépasser par la fierté ou la soudaineté de l’aperçu, par l’indépendance, par un style vivant et anti-officiel, les conditions du programme de l’Académie, cet établissement de haute bienfaisance littéraire qui n’existe que pour mettre en lumière les talents qui, tout seuls, ne s’y mettraient pas.

1046. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Enfantin n’a jamais eu de talent littéraire. […] À cet âge, le talent littéraire ne vient guère quand il n’est pas venu.

1047. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Lefèvre-Deumier »

Il est même de la première heure de ce point du jour littéraire qui eut l’ardeur du midi à l’aurore, et à midi l’épuisement du soir. […] Les Confidences, qui remontent tout à fait à sa première période de jeunesse, sont un recueil d’élégies violentes, où une grande passion qui n’était pas une fiction ou une pose littéraire disait son secret.

1048. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

Sa gloire littéraire est très-légitime et c’est sa légitimité que nous voulons montrer aujourd’hui. […] Gautier un tel phénomène d’expression et de style, que la gloire littéraire, ce talent du talent, n’est certes pas trop pour le payer.

1049. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Louis Bouilhet. Festons et Astragales. »

Sans être un Scipion littéraire, il pourra y remercier les Dieux ! […] Louis Bouilhet n’est présentement aux yeux de la Critique, qui ne croit pas à la solidité des succès que les bourgeois bâtissent, rien de plus que la cinquième roue au char du romantisme qui dételle… Je sais bien qu’il ne nous croira pas, ni pour le romantisme ni pour lui… Il ne croira jamais, parce que nous le lui disons, qu’il n’est qu’un Victor Hugo de dixième venue, un enfant robuste qui n’a pas craint de toucher au cor de ce Roland qui a sonné dans Les Contemplations, son Roncevaux littéraire, et s’est mis à en sonner comme s’il était Roland lui-même, devant crever au bout, non de désespoir, mais de l’entreprise, quoiqu’il ait eu foi, comme un enfant, en sa trompette !

1050. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Mais encore une fois laissons la question littéraire, puisque vous voilà tous contre moi. […] Vous venez de lire tous ces hommages rendus à son génie littéraire. […] Goethe, le plus grand artiste littéraire qui ait jamais existé, n’a pas su ou n’a pas voulu le faire. […] En 1819, il déclara à ses parents sa vocation littéraire. […] Cette intimité était bien précieuse pour un aspirant littéraire.

1051. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

. ; — ni de la critique littéraire, élevée par M.  […] Il y a plus enfin : dans ces deux sortes de productions littéraires, je n’ai parlé que de celles qui ont eu un caractère plus ou moins malfaisant, mon sujet n’étant pas une étude littéraire et mon but la recherche du bien, mais une étude morale et la recherche du mal qui a été fait aux idées et aux mœurs. […] Il a fait plus : il a proclamé comme une renaissance littéraire, l’avènement de l’école dont ce roman est l’expression la plus récente. […] Tous les genres littéraires y ont plus ou moins participé. […] Quelle inépuisable matière à l’amplification littéraire et au paradoxe philosophique !

1052. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Devoluy, Pierre (1862-1932) »

[Enquête sur l’évolution littéraire, par M. 

1053. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Maurice, Remy = Diard, Maurice (1864-19..) »

Charles Fuster Il y a bien du factice et du clinquant dans ce livre, à la forme bien littéraire d’ailleurs et à la langue étincelante de paillettes.

1054. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Ropartz, Guy (1864-1955) »

[La Bataille littéraire (1891).]

1055. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » p. 148

Il a remporté douze Prix à l’Académie des Jeux Floraux, & deux à celle de Marseille, sans que toutes ces Couronnes aient pu lui faire une réputation dans la Littérature ; tant il est vrai que les Tribunaux littéraires ont peu d’influence sur le suffrage du Public !

1056. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Je crois que la critique ou plutôt l’essai littéraire, est une forme exquise de l’histoire. […] Ils ont terminé les querelles littéraires que le romantisme avait furieusement allumées. […] Le fanatisme littéraire ne réveillerait plus d’échos. […] Il faut lui ouvrir à deux battants les salons littéraires et l’Académie française. […] Il n’avait pas d’ambitions littéraires.

1057. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Produits dans des jours de décadence littéraire, ils sont cependant remarquables par le style et l’éloquence. […] Je ne sais si l’Académie serait aujourd’hui propre au même usage ; car les révolutions du goût pénètrent dans les corps littéraires, comme dans le public. […] Ces désavantages naturels lui attirèrent souvent de grossiers sarcasmes, mêlés à des critiques littéraires ; son humeur s’en aigrissait encore. […] Probablement il inclinait poulies Whigs ou pour les Torys, suivant qu’il était plus ou moins blessé par les jugements littéraires de l’un ou de l’autre parti. […] On lui a prodigué le reproche de timidité, de médiocrité ; et la nouvelle école littéraire, surtout, a paru le rejeter assez dédaigneusement.

1058. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

. —  Cause des décadences et des renaissances littéraires. […] De telles énormités indiquent la fin d’un âge littéraire. […] Ainsi s’accomplissent les révolutions littéraires. […] Il y a d’heureuses antithèses, des épithètes d’ornement, de belles comparaisons travaillées, et tous les artifices de l’esprit littéraire. […] Impossible de voir ensemble plus de coquinerie morale et de correction littéraire.

1059. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Canivet, Charles (1839-1911) »

Auguste Lacaussade Ses vers écrits et composés de temps à autre, entre deux articles de journal, ne sont guère qu’une distraction ou plutôt une récréation littéraire prise et reprise à de rares intervalles.

1060. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Meusy, Victor (1856-1922) »

[La Vie littéraire, 3e série (1891).]

1061. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Il n’était pas coupable, personnellement, de cette injustice littéraire. […] C’est un roman par bien des endroits que leur vie littéraire, un roman quelquefois fantasque comme les charmantes épopées d’Alexandre Dumas. […] Tout est permis aux orateurs profanes ou sacrés qui sont, sinon tous, du moins la plupart, de très piètres virtuoses : mais nous, ouvriers littéraires, purement littéraires, nous devons être précis, nous devons toujours trouver l’expression absolue, ou bien renoncer à tenir la plume et finir gâcheurs. […] Comme il y a des demi-dieux dans les légendes religieuses, il y a dans la vie littéraire des demi-génies. […] Une autre erreur serait de croire que nos réunions littéraires fussent des séances dogmatiques et moroses.

1062. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

L’homme célèbre le fera grand d’Espagne littéraire, en lui accordant le droit de rester couvert devant lui. […] Le Jérémie est un fruit sec littéraire, et, le plus ordiremont, — il greffe sur l’impuissance, cette maladie honteuse de l’intelligence qu’on appelle l’envie. […] Le public ne s’en préoccupe pas, — le chef-d’œuvre n’est feuilleté que par le vent, qui court des bordées dans les nécropoles littéraires des quais. […] Tous entourent le triomphateur et font de lui une espèce de Laocoon de l’amitié littéraire. […] Mais cependant, au milieu des concessions qu’il croit devoir faire encore à son passé, on sent qu’il médite une émancipation complète de toute servitude littéraire.

1063. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article »

Il est connu par plusieurs bagatelles littéraires en prose & en vers, écrites d’un style aussi pétillant d’esprit que de gaieté.

1064. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 187

Son Livre des Loix civiles dans leur ordre naturel, excellent dans son espece, très-estimé de ceux qui étudient le Droit & la Morale, n’est point dépourvu du mérite littéraire, par la maniere pure & lumineuse dont il est écrit, & sur-tout par l’Introduction qui est à la tête de l’Ouvrage.

1065. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 392

Fréron, il a enrichi l’Année Littéraire de plusieurs articles écrits avec autant de sagesse que de goût, & capables de consoler les Amateurs de la bonne critique de la perte de ce Journaliste, si ces articles étoient en plus grand nombre.

1066. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 447

Visclede, [Antoine-Louis Chaalmond de la] Secrétaire perpétuel de l’Académie de Marseille, né à Tarascon en 1692, mort à Marseille en 1760 ; Bel-Esprit de Province, dont le nom, quoiqu’inscrit sur le Registre triomphal de presque toutes les Académies littéraires de France, n’a pu l’être au Temple de Mémoire.

1067. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article »

M. l’Abbé Irailh y a puisé ce que l’Auteur dit de meilleur sur les Gens de Lettres, pour ne faire usage dans ses Querelles Littéraires.

1068. (1894) Critique de combat

N’en déplaise aux gens qui raisonnent de la sorte, le moment n’est pas mauvais pour s’occuper des choses littéraires. […] Faut-il croire à un accès de boulangisme littéraire ? […] Quoiqu’elle pousse trop au noir le type de Malauve, personnification démesurée de l’esprit d’analyse, elle a des qualités littéraires distinguées. […] Mais tout ce qu’il nous est permis de faire en ce court espace d’un article, c’est de noter la marche générale des phénomènes littéraires. […] Terrible question, je le sais, à laquelle pourtant on ne saurait échapper, dès qu’on admet dans l’histoire littéraire des apogées, des déclins, des renaissances !

1069. (1898) Émile Zola devant les jeunes (articles de La Plume) pp. 106-203

Je crois utile de prévenir le lecteur que cette étude, d’un ordre purement littéraire, a été écrite avant les récents événements et ne présente avec eux aucun rapport. […] On fit de sa personnalité littéraire d’iniques portraits. […] Il fallait marcher à l’assaut de la chancelante bastille littéraire qui avait alors Ponsard comme gouverneur et tous les marguilliers de la critique officielle, pour invalides et garde-suisse. […] Et vous semblez croire que le tumulte qui accueillit l’évolution naturaliste résultait de sa valeur littéraire et sociale. […] Saint-Georges de Bouhélier, votre maître, pour qui j’ai d’ailleurs une grande estime littéraire, plus artificielles, plus exagérées que ce poème du chevalier, dans le merveilleux Tel qu’en songe, de M. 

1070. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

Il n’a point, pour attirer sur lui l’intérêt des opinions politiques, l’avantage du veto de la censure administrative, ni même, pour lui concilier tout d’abord la sympathie littéraire des hommes de goût, l’honneur d’avoir été officiellement rejeté par un comité de lecture infaillible. […] Il n’a jamais pris grand souci de la fortune de ses ouvrages, et il s’effraye peu du qu’en dira-t-on littéraire. […] À la vérité, plusieurs des principaux champions des « saines doctrines littéraires » lui ont fait l’honneur de lui jeter le gant, jusque dans sa profonde obscurité, à lui, simple et imperceptible spectateur de cette curieuse mêlée. […] C’est en vain que nos Josués littéraires crient à la langue de s’arrêter ; les langues ni le soleil ne s’arrêtent plus. […] Il y a aujourd’hui l’ancien régime littéraire comme l’ancien régime politique.

1071. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Denise, Louis (1863-1914) »

[Enquête sur l’évolution littéraire, p. 140 (1891).]

1072. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article »

Cet Auteur réunit au savoir & au talent de bien écrire, des qualités sociales qui donnent un nouveau prix à son mérite littéraire.

1073. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Forget, Jules (1859-19..) »

[L’Année littéraire (7 juin 1887).]

1074. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Damedor, Raphaël »

Francis-Vielé-Griffin Les vers de Damedor ne valent ni plus ni moins que la moitié des vers des Châtiments ; la satire politique en vers est presque toujours insupportable et difficilement littéraire.

1075. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pittié, Francis (1829-1886) »

En parcourant les pages heureuses de ce petit volume, on reconnaît que l’auteur appartient à la famille littéraire de Brizeux, de Charles Dovalle et d’Hégésippe Moreau, dont les vers discrètement émus chantent longtemps dans la mémoire.

1076. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » p. 323

La maniere noble, facile, & souvent élégante avec laquelle ils sont écrits, eût été capable d’embellir & de faire goûter des Productions purement littéraires, s’il s’y fût attaché.

1077. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 400

Ces Ouvrages offrent de temps en temps quelques traits heureux, peu propres toutefois à soutenir une réputation dans le monde littéraire.

1078. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Lélia (1833) »

George Sand, Lélia (1833) On doit être frappé du singulier mouvement moral et littéraire qui se déclare en France chez les femmes, d’une manière croissante, depuis les dernières années. […] De quelque manière qu’on veuille interpréter ces symptômes évidents, qu’on y voie, comme les plus illuminés semblent le croire, l’annonce de je ne sais quelle femme miraculeuse destinée à tout pacifier ; qu’on y voie simplement, comme certains esprits plus positifs, la nécessité de réformer trois ou quatre articles du Code civil, nous pensons qu’il doit y avoir sous ce singulier phénomène littéraire une indication sociale assez grave ; nous aimons surtout à y voir un noble effort de la femme pour entrer en partage intellectuel plus égal avec l’homme, pour manier toutes sortes d’idées et s’exprimer au besoin en sérieux langage.

1079. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Virgile et Constantin le Grand par M. J.-P. Rossignol. »

Rossignol en vient à l’appréciation littéraire, et le coup d’œil qu’il jette sur la composition d’une seule églogue le mène aux considérations les plus intéressantes sur ce genre même de poésie, sur ce qu’étaient sa forme distincte et son rhythme particulier chez les Grecs, sur ce qu’il devint, chez les Romains, déjà moins délicats d’oreille, et qui se contentèrent d’un à peu près d’harmonie. […] Rossignol, ne séparez pas cette forme du fond ; ou, si vous l’oubliez un instant, si vous parvenez à écarter cette molle et suave mélodie pour ne vous attacher qu’à la pensée, vous serez frappé du défaut d’unité dans le lieu et dans le sujet, du vague de la scène, et du caractère bien plus littéraire que réel de ces bergeries.

1080. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Pensées »

— -Ce que je voudrais constituer, c’est l’histoire naturelle littéraire. […] Aujourd’hui, l’histoire littéraire se fait comme l’histoire naturelle, par des observations et par des collections.

1081. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — George Sand. Cosima. »

La première représentation de Cosima a eu lieu devant le public le plus nombreux, le plus choisi et le plus divers, le plus littéraire et le plus mondain qui se puisse imaginer. […] Deux ou trois fois notamment, quelques murmures soulevés ont fait peu d’honneur au goût littéraire de ceux qui se les permettaient.

1082. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre II. Jean Calvin »

Importance littéraire de l’Institution. […] Sayous, Études littéraires sur les écrivains français de la Réformation.

1083. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Réponse à M. Dubout. » pp. 305-316

La lecture devant le Comité est une nécessité injurieuse que l’on subit ; mais il faudrait être bien humble pour reconnaître la juridiction littéraire de cette assemblée. […] Vous m’avez invité à entendre votre pièce en qualité de critique ; par là (soyons de bonne foi), vous avez sollicité mon jugement sur elle et m’avez signifié implicitement que vous m’autorisiez à le produire, quel qu’il fût, — à la seule condition qu’il ne portât que sur votre ouvrage et qu’il demeurât purement littéraire.

1084. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Régnier, Henri de (1864-1936) »

Anatole France, quand parut Tel qu’en songe et qu’il rédigeait au Temps sa Vie littéraire, garda un silence qui surprit, M.  […] Mais tout cela c’est l’un des « recommencements » de l’histoire littéraire, et nous n’y insisterons pas.

1085. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rostand, Edmond (1868-1918) »

Rien de plus malaisé et de plus décevant que le métier de prophète ; mais il est des astronomes littéraires qui se piquent volontiers de découvrir les étoiles. […] Et, timide, hésitant devant la grande bataille littéraire, doutant du succès et doutant de soi-même, il se demandait, poète de vingt ans, en ses heures d’angoisses, s’il n’était pas, comme tant de pauvres diables partis pour la conquête des Toisons d’or et rentrés au logis, trempés par la pluie, crottés par la bouc, Colletets de la triste Bohème, un impuissant lui aussi, un demi-poète, un songe creux, un raté !

1086. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le cardinal Ximénès »

Certainement, il était ridicule d’en faire, comme le xviiie  siècle, — cette harpie qui a tout gâté, — de la géométrie littéraire, mais, employé largement et sans petitesse d’antithèse, c’était peut-être la plus frappante manière d’éclairer l’histoire, que de réunir sous l’angle aigu du compas deux grandes physionomies, et d’en opposer les analogies et les contrastes ! […] … Sisson et Crampon avaient, en publiant le Ximénès d’Hefele, des intentions excellentes, nous n’en doutons pas, mais quoi qu’ils aient eu la grosse exactitude des faits qui suffit au contentement d’un auteur heureux de se voir reproduit, tant bien que mal, dans un idiome étranger, cela n’est point assez, pourtant, pour donner une idée des mérites littéraires de cet homme, s’il en a dans sa propre langue.

1087. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Chastel, Doisy, Mézières »

Nul concurrent ne pouvait ou n’aurait osé s’y tromper… Des hommes si profondément littéraires, connaissaient trop l’histoire pour supposer que l’esprit de parti ou de secte la violât dans un travail qu’ils devaient juger et couronner. […] Ce livre, dont le titre étreint dans l’esprit et précise la question davantage (Assistance comparée dans l’ère païenne et l’ère chrétienne), n’a pas seulement, comme nous le disions plus haut, sa valeur individuelle et littéraire, mais il a la valeur générale, impersonnelle, absolue, de la vérité.

1088. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

Nous ne ferions pas de l’entomologie littéraire, et nous laisserions sécher et périr les insectes. […] Le destin d’Augier — partout où vous le supposiez dans l’histoire littéraire — serait d’être toujours le caméléon de quelqu’un ; mais le caméléon malade, qui ne prend que la moitié de la couleur qu’il emprunte, et qui la dissout et la ternit en nous la renvoyant.

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