S’il s’est confiné, maintes fois, dans un charmant cottage anglais où, je suis sûr, il s’est plu à relire, par instants, Wordsworth et Shelley, s’il a tressailli, je pense, aux rauques échos des Niebelungen, le plus souvent il a rêvé de côtes sablonneuses et de rivages bleus où
Au lieu d’évoquer de charmantes amantes et de suaves seigneurs chimériques, nous chanterons les hautes fêtes de l’homme.
Émile Perrin ; et il accomplit un devoir en offrant sa triple reconnaissance à Madame Favart, qui fut avec tant de puissance et de grâce doña Sol avant d’être Marion, et qui, il y a deux ans, vaillante et charmante dans les ténèbres sublimes de Paris assiégé, faisait redire à toutes les bouches ce mot qui est son nom, Stella.
Il est bien évident que la sympathie presque amoureuse de cet écrivain pour les deux célèbres maîtresses de Louis XV n’avait pas été la fascination de la qualité de maîtresse en titre de roi sur un royaliste à fond de train, mais un goût personnel, très vif, tenant à son idiosyncrasie à lui, Capefigue, mais la séduction momentanée de deux charmantes créatures entre toutes, sans aucune conséquence pour plus tard !
Mais le résultat de cette méthode est que rien ne se tient plus debout dans cette poésie fracturée, où de temps en temps, pourtant, passent des strophes charmantes et des vers étonnants de sentiment et de coloris !
Il n’y a dans le monde que deux familles d’esprits, ceux qui ont la puissance du rire, les légers, les aériens, les fiers, les ironiques et les charmants, qui sonnent les fanfares de l’esprit et la marche triomphale des sentiments humains les plus vainqueurs, et les plaintifs, les gémissants, les lourds, les ténébreux, les accroupis dans la lamentation et dans les larmes, les Job enfin, avec plus ou moins de femmes, d’amis, de lèpre et de fumier !
L’ironie de Voltaire est spirituelle et claire, charmante et cruelle.
Modifier la situation du Sénat vis-à-vis du pays et du gouvernement, ouvrir les fenêtres du Corps législatif, image charmante qui ne veut pas dire certainement qu’il faille les ouvrir comme au 18 brumaire à Saint-Cloud, se relâcher du système des avertissements, et toutes les questions, selon Véron, seront résolues !
Comment un tel esprit, rond et éveillé, qui se tient entre deux vins (le nom d’un de ses contes joyeux), et qui ne boit ni d’éther comme Hoffmann, le grêle et le pointu, ni d’opium comme ce frénétique, sombre et froid d’Edgar Poe ; comment ce peintre de genre littéraire, attendri souvent malgré sa gaîté, et qui pleure au fond de son sourire, comme dans cette chose émouvante et charmante : Les Fiancés de Grinderwald ; comment ce moraliste, qui dans dix ans sera bonhomme, la qualité la plus enviable très certainement pour un conteur, a-t-il pu se croire ou voulu être un fantastique, c’est-à-dire le peintre du sinistre, du mystérieux, du morbide et de l’incompréhensible humain ?
L’évêque, son successeur, nous a laissé, à la tête de ses éloges, une description charmante de ce lieu ; on y voit un homme enthousiaste des lettres et du repos, un historien qui a l’imagination d’un poète, un évêque nourri des doux mensonges de la mythologie païenne ; car il nous peint avec transport ses jardins baignés par les flots du lac, l’ombre et la fraîcheur de ses bois, ses coteaux, ses eaux jaillissantes, le silence profond et le calme de sa solitude ; une statue élevée dans ses jardins à la nature ; au-dedans, un salon où présidait Apollon avec sa lyre et les neuf Muses avec leurs attributs ; un autre où présidait Minerve ; sa bibliothèque, qui était sous la garde de Mercure ; ensuite l’appartement des trois Grâces, orné de colonnes doriques et de peintures les plus riantes ; au-dehors, l’étendue pure et transparente du lac, ses détours tortueux, ses rivages ornés d’oliviers et de lauriers ; et, dans l’éloignement, des villes, des promontoires, des coteaux en amphithéâtre, chargés de vignes ; et les hauteurs naissantes des Alpes, couvertes de bois et de pâturages, où l’œil voyait de loin errer des troupeaux.
Il peut aussi admirer çà et là dans ce recueil quelques pièces charmantes, et que la Fontaine seul pouvait embellir.
C’était charmant et beaucoup mieux fréquenté tout de même que les Muses Santones. […] Rien de plus net, de plus joli, comme un Watteau, que les Uns et les Autres ; rien de plus charmant que les Fêtes Galantes. […] Dans ses volumes de vers il y a des chansons qui sont charmantes, et des chansons qui ne sont point assez légères. […] Aelis est charmante. […] C’est un chanteur des plus profondément charmants, ingénu, et, d’autres fois, crédule et religieux — ce qui le gâte.
Clindor Cessez d’être charmant, et faites-vous terrible. […] Ainsi, toute jeune et toute charmante qu’elle est, elle parle naturellement la langue du Palais, comme les Plaideurs de Racine. […] Dans une de ses charmantes lettres, M. […] Vers charmant, plein de tendresse et de grâce. […] Voilà le premier acte : charmant, vif, grandiose, bien coupé, bien posé, et des plus émouvants.
C’étaient des peintres aussi, au milieu de leurs narrations un peu gênées, mais d’une gaucherie charmante et naïve, que les Villehardouin et les Joinville. […] Saint-Simon a parlé en bien des endroits de sa femme, et toujours avec un sentiment touchant de respect et d’affection, l’opposant à tant d’autres femmes ou inutiles ou ambitieuses quand elles sont capables, et la louant en termes charmants de « la perfection d’un sens exquis et juste en tout, mais doux et tranquille, et qui, loin de faire apercevoir ce qu’il vaut, semble toujours l’ignorer soi-même, avec une uniformité de toute la vie de modestie, d’agrément et de vertu ». […] Saint-Simon, à qui ne le voyait qu’en passant et à la rencontre dans ce grand monde, devait faire l’effet, je me l’imagine aisément, d’un personnage remuant, pressé, mystérieux, échauffé, affairé, toujours dans les confidences et les tête-à-tête, quelquefois très amusant dans ses veines et charmant à de certaines heures, et à d’autres heures assez intempestif et incommode.
C’était l’homme qu’il fallait pour comprendre et pour analyser cette charmante nature du poëte cultivé sous un grand roi biblique, devant un grand peuple poli comme son époque de génie renaissant et d’imitation classique ; leur mérite est divers, mais leur entreprise est également recommandable. […] Il y vécut de ses travaux passés et persévérants avec sa charmante épouse, sœur de Virginie ; lui-même, digne frère de Paul. […] XIX Sa chère et charmante femme ne lui survécut pas longtemps.
L’original, très charmant, très intelligent, très distingué, qui a eu cette idée excentrique, m’est amené aujourd’hui par Hérédia, et s’est d’avance préparé, dans sa toilette, une âme ad hoc, pour la visite. […] Le vieux vaudevilliste, très paillard de sa nature, la décidait à venir lui ôter ses chaussettes, le soir, dans sa chambre… La charmante fille était cousue dans un sac. […] » Dimanche 17 décembre Il est de par le monde, un certain nombre de femmes tendres et toquées, dont c’est charmant d’être l’ami intime, l’ami de cœur, mais dont je ne voudrais à aucun prix être l’amant.
les doux sons les charmantes rimes ! […] Il est encore mieux sauvé par les parties de description familière et, si l’on peut contester sur le sujet, il faut avouer que le cadre est charmant. […] L’esprit lui sort des yeux, et ses yeux sont charmants. […] Mais l’effort même en est charmant. « L’originalité en art me plaît, même erronée », dirons-nous avec Mme Daudet. […] Il connaîtrait l’enivrement mortel, la vie affolante et jamais apaisée de ceux qui sont trop charmants et qui traînent tous les cœurs après soi.
L’aventure lui paraît fort agréable, et si plaisante, qu’il en fait une charmante comédie. […] — C’est vrai, reprit le cardinal, ils ont tous joué d’une façon pitoyable. » Cette pensée consola Richelieu qui devint d’une humeur charmante et les retint à souper pour parler encore de Mirame. […] Deux amis de ce poëte s’entendirent et se firent annoncer l’un après l’autre chez elle ; mademoiselle de Gournay fut charmante pour le premier faux Racan. […] Destiné d’abord à l’autel, il jeta bien vite le froc aux orties afin d’être tout à sa passion pour l’une des plus charmantes actrices de cette époque, la Belle-Rose. […] En treize ans, le poëte du grand siècle avait donné à la scène neuf tragédies admirables et une charmante comédie.
En effet, Nadaud a joint à ses chansonnettes de charmantes mélodies, et ces airs prêtent aux paroles des grâces qu’elles n’ont pas. […] Son cousin, M. du Pontavice de Heussey, a tracé un charmant et touchant tableau de cette période de sa vie. […] Charmante, adorable, exquise cette Neuvaine ! […] On ajoute à l’histoire un trait charmant. […] C’est charmant de vivre.
Mademoiselle De Brie était, sans conteste, une aussi excellente actrice qu’une charmante femme. […] Dans la seconde, quel tableau touchant et vrai des dépits, des raccommodements amoureux, et de tous ces riens charmants, brillante aurore du bonheur ! […] Ce prince y fut accompagné De maint courtisan bien peigné, De dames charmantes et sages Et de plusieurs mignons visages. […] La correspondance charmante d’une femme dont Bussy lui-même n’a jamais cherché à attaquer les mœurs, de madame de Sévigné, nous l’offre mainte et mainte fois, même dans les lettres adressées à sa fille. […] Cette production charmante a été regardée par tous les littérateurs comme l’essai heureux d’un genre frais et animé.
Il y a eu, depuis Malherbe, peu de nos poètes qui l’aient égalé dans cet art charmant des Anciens, de rendre poétiquement des détails géographiques : rien ne donne plus d’âme et de vie à un tableau. » Et déjà pâle d’effroi lui paraît divin. — De ces remarques d’André Chénier sur Malherbe, bon nombre sont exquises, toutes sentent l’homme du métier et l’élève délicat des Anciens ; mais quelques-unes, je l’ai dit, semblent bien jeunes et ne sont pas encore d’un maître. […] Oui, Malherbe eût pu gâter La Fontaine dont le charmant mérite, au contraire, est d’avoir ce qui fait vivre la poésie, ce qui la rend toute moderne, toute française, toute familière et usuelle à chacun, pour la morale, pour les sentiments, pour les images puisées directement autour de lui, dans la campagne et dans la nature. […] Mais comme le tout est relevé et ennobli par cette strophe charmante : Réservez le repos à ces vieilles années Par qui le sang est refroidi : Tout le plaisir des jours est en leurs matinées148 ; La nuit est déjà proche à qui passe midi. […] Devenu vieux, sa plus grande peine était dans la privation de ce qui lui semblait, comme à La Fontaine, le plus charmant des biens ; il l’a dit dans une lettre à Balzac (1625) avec une vivacité ingénue et une chaleur qui compense bien la délicatesse : « Toutes choses, à la vérité, sont admirables en elles (le donné) ; et Dieu, qui s’est repenti d’avoir fait l’homme, ne s’est jamais repenti d’avoir fait la femme.
I « Après une soirée passée avec Addison, dit Steele, j’ai souvent réfléchi que j’avais eu le plaisir de causer avec un proche parent de Térence ou de Catulle, qui avait tout leur esprit et tout leur naturel, et par-dessus eux une invention et un agrément893 plus exquis et plus délicieux qu’on ne vit jamais en personne. » Et Pope, rival d’Addison, et rival aigri, ajoutait : « Sa conversation a quelque chose de plus charmant que tout ce que j’ai jamais vu en aucun homme. » Ces mots expriment tout le talent d’Addison ; ses écrits sont des causeries, chefs-d’œuvre de l’urbanité et de la raison anglaises ; presque tous les détails de son caractère et de sa vie ont contribué à nourrir cette urbanité et cette raison. […] Tel est le ton charmant du monde. […] Auprès de Tillotson, c’est le plus charmant homme du monde. […] Quand Addison les salue, ce qui lui arrive souvent, c’est d’un air grave, et sa révérence est toujours accompagnée d’un avertissement ; voyez ce mot sur les toilettes trop éclatantes : « Je contemplai ce petit groupe bigarré avec autant de plaisir qu’une planche de tulipes, et je me demandai d’abord si ce n’était pas une ambassade de reines indiennes ; mais, les ayant regardées de face, je me détrompai à l’instant et je vis tant de beauté dans chaque visage que je les reconnus pour anglais ; nul autre pays n’eût pu produire de telles joues, de telles lèvres et de tels yeux934. » Dans cette raillerie discrète, tempérée par une admiration presque officielle, vous apercevez la manière anglaise de traiter les femmes ; l’homme, vis-à-vis d’elles, est toujours un prédicateur laïque ; elles sont pour lui des enfants charmants ou des ménagères utiles, jamais des reines de salon ou des égales comme chez nous.
C’était vraiment d’une opposition charmante, sur l’antiquaille des murs, et pour ainsi dire, sur la pourriture des tapisseries, ces deux frais enfants, assis sur deux petites chaises, l’un en face de l’autre, le petit garçon avec son visage et son teint à la Murillo, la petite fille sous son petit bonnet blanc : tous deux entourés des jeux de petits chiens, qui semblaient former avec eux une famille du même âge. […] C’est charmant, toutes ces choses brillantes, scintillantes, chatoyantes, riant dans le rouge de la pièce, sous ce plafond de velours noir, où des chiens de Fô s’attaquent dans un champ de pivoines roses. […] Il cause d’une manière bonhomme, charmante, s’amusant de ce qu’il raconte, et coupant quelquefois son récit d’un rire sonore, qui se répète deux fois dans sa bouche. […] Une autre voix. — Oh, la séductrice famille que cette famille Sarah Bernhardt… Vous n’avez pas connu la charmante petite Régina, morte à dix-neuf ans… Une autre voix. — Oui, on estime à quatre-vingts millions de rente, la fortune que les jésuites possèdent en France, et cela est établi par une enquête secrète, faite tout dernièrement… C’était assez difficile, ils n’ont que des actions au porteur… le gouvernement a fait des recherches, pour arriver à savoir quelles étaient les personnes qui touchaient ces titres.
Ce patapouf allemand était absolument incapable de mettre debout le moindre Arlequin, et Florian en a fait de charmants. […] Elle a pris là-dessus, ou là-dessous, ou là-dedans, cette petite Mignon qui n’y est qu’une larve, et soufflé deux ou trois phrases charmantes sur ce pauvre petit être presque inorganisé de Goethe, et elle en a fait cette création de rose malade qui est la seule chose vivante de ce chaos d’êtres sans figures qui roulent, on ne sait plus dans quoi, au milieu de cette cohue de notions, de connaissances et de théories qui font l’effet d’un sabbat de fous dans du bric-à-brac renversé. […] L’une sur le bruit d’un cor qui s’élevait d’un vallon « comme une vapeur embaumée », et l’autre sur une jeune fille qui était plus charmante à la promenade qu’à la maison et qui semblait « rapporter au logis le lumineux éther dans lequel on eût dit qu’elle nageait toujours ». […] Les détails de sa dernière entrevue avec cette jeune Milanaise pouvaient être charmants, mais il ne les a pas vus, ce guetteur de statues et de peintures, qui tournait autour des moindres bibelots d’atelier pour en admirer les incertaines perfections.
Elle avait un fils, qui fut, plus tard, le charmant prince Eugène, et qu’elle réduisait, sans y prendre garde (car elle était aussi incapable de malice que de gravité), à être le témoin, très ingénu, presque le confident de ses escapades. […] Vous vous rappelez, dans l’Avare, cette scène charmante : « C’est là, ma fille, ce que j’ai résolu… Je te donne au seigneur Anselme. […] Ils s’attardèrent là-bas jusqu’à l’heure indécise et charmante du crépuscule. […] Sur ces lacs glissent de charmantes barques, ornées de banderoles. […] C’est pourquoi on trouvera une source d’émotion vraiment humaine dans l’exotisme attendri et charmant de Myriam Harry.
Le voilà donc dans toute sa gloire et sa pureté, dressé sur son piédestal de marbre, entouré de toutes les inscriptions et de tous les bas-reliefs qui lui conviennent, ce charmant poëte florissant de jeunesse, ce dernier de nos classiques, tout entier restauré et reconquis.
Ceux-ci pourtant avaient leur revanche : après avoir entendu le Siècle de Louis le Grand, La Fontaine rimait sa charmante Epître à Huet, où il faisait hommage de la perfection de son œuvre aux anciens, où il les proclamait ses maîtres, où il disait nettement leur mérite essentiel, le naturel, et le péché mignon des modernes, l’esprit.
Il les considère comme des êtres inférieurs et charmants, dont la seule mission est de « conspirer aux fins de la nature » et, par l’attrait qu’elles exercent sur l’homme, d’assurer la perpétuité de l’espèce.
Parce qu’il avait dans sa jeunesse contemplé de près la splendeur des montagnes et des lacs, vécu dans leur, intimité, respiré dans l’air pur l’âme des paysages alpestres ; parce qu’il avait parcouru à pied la Suisse et la Savoie, deux pays où des contrastes grandioses et charmants parlaient plus qu’ailleurs aux yeux et aux cœurs, où les fêtes, les usages, la vie de tous les jours avaient encore la saveur d’une agreste simplicité ; parce qu’enfin cet être si sensible, écrivant en un moment où la sensibilité se réveillait en France, rencontrait des lecteurs préparés aux émotions qu’il allait leur communiquer.
J’entends déjà vos réclamations « prolonger pendant les vacances les soucis de l’année scolaire, c’était pure folie. » J’accepte ce mot comme un éloge à l’adresse des écoliers d’autrefois, « dulce est desipere in loco », a dit Horace. « La folie est charmante à son heure. » Je dirai plus.
Le petit jeune homme en pié, habillé à l’ancienne mode d’Angleterre est très-beau de draperie, de position naturelle et aisée, charmant par sa simplicité, son ingénuité, d’une belle palette ; satin et bottes à ravir ; étoffes qui ne sont pas plus vraies dans le magasin de soirie.
la chute, ni ce monde tombé à la fin, ni un monde nouveau qui s’est élevé, ni le temps qui fait guenille de tout et qui a passé sur ses œuvres légères, rien n’a eu pouvoir de flétrissure sur cette gaîté inaltérablement charmante !
… Il est vrai que tous les jours une idée est commune et que le talent s’en empare et sait revêtir cette idée de détails, grandioses ou charmants, qui la font disparaître comme disparaît le bois de la bobine sous le fil d’or qu’on peut enrouler à l’entour.
III Le Pays bleu, expression charmante pour dire la fantaisie !
Pierre Dupont et qui le domine, il aurait conduit son talent jusqu’à devenir une bien charmante chose, originale de naturel et de simplicité.
C’est là du romantique ; il est charmant, divin !
Peut-être est-ce ce qu’il y a de meilleur et de plus suave dans l’amour, que ces yeux qui se cherchent et se trouvent, et s’isolent et se mêlent, au milieu de tant de monde, seuls au monde, un moment… Et ce jeu est surtout charmant, quand la femme est obligée de vous regarder, sans en avoir l’air, vous jette un sourire sous sa lorgnette, met son manteau et ses fourrures lentement, sur le bord de sa loge, et vous jette un regard, gai, triste et doux. […] N’est-ce pas là vraiment, un charmant trait d’esprit pour un surintendant des beaux-arts de l’Empire. […] Il faut aller les joindre au bout de stations de chemin de fer, à Courcelles, à Passy, à Auteuil, en tous ces endroits de villégiature, où ces hommes ont de charmantes habitations avec le décor d’un bout de nature. […] Soirée charmante, prolongée jusqu’à deux heures du matin, où nous trouvons toutes les douceurs de la famille mêlées à tous les chatouillements de l’exotique. […] Une leçon coupée de petites révoltes charmantes et de bougonnements pleins de grâce, au milieu de laquelle tombe soudainement une envie de manger du cocomero.
L’artiste, qui, en Diderot, se mêle au philosophe, — heureusement pour le philosophe, — viendra plus tard ; mais il est déjà ici, pourtant, dans l’Entretien avec la maréchale de B… œuvre charmante, quoique infectée de cette philosophie qui gâte jusqu’au meilleur du génie de Diderot. […] Il n’avait pas de Sterne, cet enchanteur, le risqué charmant du trait, qui effleure l’indécence sans jamais y entrer, tandis que lui, Diderot, y entra toujours, et même avec de grosses bottes, pour y enfoncer davantage. […] La Révolution, il est vrai, qui raccourcissait tout, a raccourci ces vers pour les chanter sur un mode plus vif et plus pratique que Diderot ; elle a dit, elle, avec une décision charmante : Et du boyau du dernier prêtre Serrons le cou du dernier roi ! […] Ce sont des lettres sur les choses de la vie, du sentiment, de la société, qui sont l’ordinaire sujet des lettres de tous ceux qui nous en ont donné de charmantes, — et même d’immortellement charmantes ; et nous allons voir ce que ces choses deviennent sous cette plume de Diderot, qui, si elle n’est pas une plume de paon lui passant, quand il écrit, par-dessus la tête, n’est plus qu’un tronçon dans sa main.
Le partisan de la liberté féminine est honoré, respecté, aimé et finalement épousé, quoique vieillard, par une jeune fille charmante. […] C’est plaisir de copier Voltaire quand il a raison, parce que, quand cela lui arrive il est la raison habillée du style le plus charmant du monde. […] Le Seigneur Jupiter est le dernier des drôles et il est présenté par Molière comme charmant et comme le personnage le plus sympathique du monde. […] La première est charmante : elle ne demande que de l’admiration et que des compliments. […] Somme toute elle est charmante.
lieux charmants, témoins de nos jeux ingénus ! […] Elles diront : « Il ne vient là que pour demander cette jeune fille si douce, si charmante ; il est abominable, ce vieux prêtre ! […] Albert Lambert fils est d’une jeunesse charmante et, presque, n’a pour défaut que d’être trop jeune, dans Hippolyte. […] J’emmenais avec moi deux charmants causeurs, capables de m’enlever la fatigue du chemin. […] Somme toute, la Boule est une charmante pièce, qui appartient décidément au répertoire de la comédie-vaudeville et qu’il est à croire qu’on jouera toujours.
C’est aussi en cette même année 94 que se publiait par les soins du comte Joseph, parrain et tuteur du livre, le charmant Voyage autour de ma Chambre de son aimable frère. […] est charmant, vrai, piquant. […] On m’a lu, il y a quelques années, une belle lettre de lui, qu’il écrivit à une dame de Vienne en réponse à des représentations et à des conseils qu’elle lui avait adressés sur certains défauts de son caractère ; la manière dont il s’exécutait et s’excusait m’a paru à la fois aimable et ferme, d’une vérité tout à fait charmante. […] Il y avait même fait des corrections et ajouté des développements qui nuisaient singulièrement à l’atticisme de ce charmant opuscule ; mais il eut assez de confiance dans le goût d’une femme, d’une amie, qu’il voyait alors beaucoup à Lausanne, pour sacrifier ses corrections et rétablir le Voyage, à peu de chose près, dans sa simplicité primitive. […] L’empereur Alexandre lui témoigna par mille distinctions flatteuses et charmantes, comme il savait aisément les rendre, tout le cas qu’il faisait de lui.
J’aime ce récit pittoresque du mariage de la fille d’un haut baron avec le duc de Soubise, dont elle a heurté le corps dans la cour du Louvre, et qu’elle épouse, mourant, à l’hôtel de Saint-Eustache ; j’aime la touchante histoire de la vie et de la mort de la frégate la Sérieuse, racontée par son capitaine, pièce charmante qui termine le recueil, la dernière faite et la meilleure. […] — Charmant recueil ; de l’imagination, de la grâce, une heureuse nature de poète ! […] Ces-joyeuses maisons qui s’épandent dans la campagne, pour y chercher de la verdure et de l’air, ou peut-être pour échapper à quelques droits d’octroi du temps, ne sont-elles pas charmantes ? […] Jusqu’ici les services de Jules Janin ont été négatifs ; il a révisé quelques réputations contestées, il a troublé quelques quiétudes académiques : c’est peu de chose ; il rappelle toutes les semaines au vaudeville, dans de charmants feuilletons, qu’il est mortel, et que la gloire du vaudevilliste marche en progression inverse de ses profits : c’est peu de chose encore. […] Vous-même, dites-le-moi, auriez-vous déchiré, je ne dis pas votre charmante réponse, je ne dis pas un de vos bons feuilletons, mais quelques feuillets seulement de vos œuvres les plus légères, pour ne pas faire ombre à ces deux actes que je n’ai point prévus ?
Il y a une page charmante qui est autant de Louis XI que de Commynes, comme on va le voir, sur la manière dont un ministre doit vivre avec un souverain. […] Et c’est ainsi en effet que se sont faits, comme tout seuls, ces charmants Mémoires de Commynes. […] Le poète familier, le poète causeur est charmant. […] Aussi Marot est-il charmant dans le madrigal proprement dit, qui n’est qu’un compliment bien tourné. […] Blond aux yeux bleus, élancé et souple, élégant, joli causeur, danseur charmant, il avait devant lui une admirable carrière d’homme inutile.
La plupart paraissaient étrangers et du nombre de ceux que Protagoras emmène de toutes les villes où il passe, en les charmant de sa voix comme Orphée ; et eux, charmés, le suivent au son de sa voix. […] Mais cette moquerie est fine, ces piqûres sont légères, et ce sourire, divin ou ironique, est toujours délicat et charmant. […] Cette piété de l’ancienne Grèce survivait encore dans la jeunesse ignorante et respectueuse, souvenir charmant du passé, qui n’était pour ce beau front qu’une grâce de plus. […] Ces charmantes fleurs de politesse et de décence nous feront oublier ce charretier en habit brodé. […] D’un bout à l’autre de son livre, brille une sérénité charmante ; ses personnages semblent glisser au milieu d’un air limpide et lumineux.
Son ami Boccace venait de Florence le visiter ; Boccace n’osait pas lui lire son Décaméron, recueil de contes charmants, mais légers, dont il avait amusé et scandalisé l’Italie pendant sa jeunesse. […] On ne lit pas sans un vif intérêt domestique la charmante lettre que Boccace écrit de Pavie à Pétrarque. […] Son âme s’échappe tout entière par ses yeux et se répand comme une atmosphère de flamme autour des traits de cette charmante apparition.
Souvent il me semble qu’elles me font signe ; mais, lorsque je m’élance vers elles, de charmants souvenirs me rappellent ce que je possède encore, et la vie me paraît aussi belle que si j’étais encore dans l’âge de l’espérance. […] « Mon très cher enfant, écrit-il, de Pétersbourg, à sa fille Constance, qu’il n’avait pas vue naître, et dont il se faisait une charmante image, justifiée par la nature et par l’intelligence, mon très cher enfant, il faut absolument que j’aie le plaisir de t’écrire, puisque Dieu ne veut pas encore me donner celui de te voir. […] Jamais je n’oublierai l’impression qu’il faisait sur ses neveux et sur moi quand, dans l’ombre du crépuscule, après des journées d’été passées dans le silence de son cabinet de travail, il se promenait, entouré de ses charmantes filles, sous les platanes de la vallée de Servolex, qui l’avaient vu petit enfant et qui le revoyaient grand vieillard, revenu du Caucase aux Alpes pour se reposer et mourir.
Un curé l’abrite ; un gentilhomme savoyard, convertisseur de calvinistes, le sermonne et l’adresse à une charmante convertie, madame de Warens, qui gouverne une petite communauté de néophytes à Annecy, femme d’étrange nature, de figure séduisante, de mysticisme amoureux, de génie contradictoire, de bonté adorable, d’intrigue naïve, de faiblesse maternelle, de générosité angélique au milieu des plus pressantes angoisses de fortune. […] Il emporte, dans son cœur ému, sa conversion déjà faite dans l’image et dans le tendre accueil de la charmante femme ; son imagination est souillée par les sordides exemples de débauche dont il est témoin parmi les faux convertis de l’hospice des faux catéchumènes de Turin ; il troque sa religion contre un vil salaire. […] Il s’attache à la fortune et à la personne de cette charmante protectrice ; elle l’emmène avec elle à Chambéry dans la retraite délicieusement occupée des Charmettes ; elle y achève l’éducation littéraire de son protégé.
Avec ses lisses bandeaux noirs sur sa douce face mate, une fleur rouge dans les cheveux, lente, surprise et pure, elle inspire à Flaubert ses plus charmantes pages. […] L’étrange et bas palais de Constantin précède le festin farouche de Nabuchodonosor ; l’apparition de la reine de Saba galante et vieillote en son charme de chèvre ; dans le temple des hérésiarques la beauté flétrie, monacale et livide des femmes montanistes, le culte horrible des ophites, conduisent à l’évocation d’Apollonius de Thyane qu’un charme maintient suspendu sur l’abîme, planant et montant en sa noble robe de thaumaturge ; le défilé des théogonies et sur la frise qu’a formée le pullulement des dieux brahmaniques, le Bouddha apparaissant assis, la tète ceinte d’un halo et sa large main levée ; le catafalque des adonisiennes, Aphrodite, puis l’immortel dialogue de la luxure et de la mort où les mots sont tantôt liquides de beauté, tantôt lourds de tristesse ; et ces dernières pages où tous les monstres se dégagent et se confondent en un protoplasme ’ qui est la vie même quelle grandiose suite d’épisodes, dont chacun figure une plus charmante ou rayonnante ou tragique beauté. […] Le mystère, le symbolisme : Cet artiste explicite et précis qui excelle à montrer la beauté sans voile par des phrases qui l’expriment toute, sait aussi, dans des occasions plus rares mais marquantes, susciter la délicieuse émotion qui résulte de la réticence, de la prétérition du mystère suggéré, sait avec un art profond et charmant s’arrêter au bord des images et des pensées auxquelles la parole est trop pesante.
C’est une femme, charmante si l’on veut, même quand elle est perverse, mais c’est une femme, et ce n’est pas nous qui avons inventé cette comparaison de M. […] Michelet, le professeur élégant, coloré, svelte, magnétique, a dépravé des facultés plus charmantes que puissantes, il est vrai, mais réelles, et a sacrifié ce qu’on doit respecter jusqu’à la dernière heure, l’austère vérité de l’histoire, l’impartialité de l’enseignement ! […] » Son athéisme n’est pas une philosophie, c’est une ivresse ; c’est toujours cette même et éternelle ivresse qui l’a fait révolutionnaire et qui, d’excès en excès, développant en lui je ne sais quelle violente hystérie, a métamorphosé la bouquetière historique, charmante au début, quoique trop fleurie, et qui a laissé tomber toutes les roses de sa corbeille dans le sang, en une fausse Théroigne de Méricourt, l’amazone écarlate de l’histoire !
serais-je assez heureux pour sentir encore une fois en ma vie le plaisir charmant d’aimer et d’être aimé49, et serait-ce à vous que je le devrais ? […] Il l’y montre avec toutes ses grâces dans l’esprit et dans la personne, avec sa douceur charmante dans l’humeur et son soin continuel de plaire, en un mot, le plus aimable des hommes, et tel qu’on voit le Conti de Saint-Simon ; puis il ajoute d’une manière neuve et très judicieusement, au moins selon toute vraisemblance : Mais je suis persuadé qu’il est à la place du monde qui lui convient le mieux, et, s’il en occupe quelque jour une plus considérable, il perdra de sa réputation et diminuera l’opinion qu’on a de lui ; car il est bien éloigné d’avoir les qualités nécessaires pour commander une armée ou pour gouverner un État : il ne connaît ni les hommes ni les affaires, et n’en juge jamais par lui-même ; il n’a point d’opinion qui lui soit propre… ; il ne saisit point la vérité52 ; on lui ôte ses sentiments et ses pensées, et souvent il n’a que celles qu’on lui a données, qu’il s’approprie si bien et qu’il explique avec tant de grâce et de netteté qu’il n’y a que les gens qui ont de bons yeux et qui l’approfondissent avec soin qui n’y soient pas trompés : on peut même dire qu’il les embellit.
Quand on parcourt leurs œuvres décousues, inégales, sans composition et sans dessein, on est souvent surpris de trouver un morceau charmant, une idylle, une épigramme heureuse : tous ces gens-là ont fait en leur vie une bonne petite pièce : mais la seconde ne s’y rencontre pas. […] Nos pères aimaient cette émotion suffisante, vive, non prolongée ; Bertaut a des couplets de cette sorte charmants, de vraies naïvetés enchantées.
De style, il en avait sans s’en douter, sans y viser, sans se tourmenter à la lutte comme Courier, La Bruyère ou Montaigne lui-même ; il en avait suffisamment, malgré ses longueurs et ses parenthèses, grâce à ses expressions charmantes et de source. […] Quand vous aurez connu personnellement plus de personnes célèbres par leurs écrits, vous verrez que ce n’est pas si grand’chose que de composer un bon livre… » C’est dans une lettre suivante à ce même frère cadet qui se mêlait de le vouloir pousser à je ne sais quelle cour, qu’on lit ce propos charmant : « Si vous me demandez pourquoi j’aime l’obscurité et un état médiocre et tranquille, je vous assure que je n’en sais rien….
Fénelon est charmant et coquet comme une femme : toute sa force est dans ce don et ce désir de plaire. […] Il est le plus charmant, le plus fin, le plus sûr des critiques, partout où sa nature se trouve conforme à l’œuvre dont il parle.
Il lui échappe de dire : « Elle était charmante, mais je n’étais pas d’humeur à y éprouver du plaisir », et il conclut : « Tout cela est trop compliqué. […] » C’est à la même image que Théophile Gautier offre son encens : Chimère ardente, effort suprême De l’Art et de la Volupté Monstre charmant, comme je t’aime, Avec ta multiple beauté !
Quelle pluie de mirabelles et que c’était bon… Ô Jean-Jacques, voilà qui vaut mieux encore que votre cerisier d’Annecy et les deux demoiselles charmantes. […] On ne peut lire sans une admiration qui va jusqu’à la douleur, telle lettre où l’enfant laisse voir comment il vient d’être bouleversé par une première communion de village, et puis s’interrompt, étant remonté aux tranchées, pour réclamer des siens le calme et l’énergie ; — telle autre lettre de charmante gratitude, où cet enfant qui donne sa vie s’inquiète du bien-être qu’il doit aux petites sommes que lui envoient les siens et dont il craint que le modeste foyer ne souffre ; — cette lettre enfin pour la fête de son père, à qui il écrit, oublieux de son propre sacrifice : « Croyez bien que je comprends la peine que doit éprouver un père en voyant partir pour le grand inconnu de la guerre un fils de vingt ans, qu’il a élevé à force de travail, de souci, d’économie… » Et toute la suite.
La Commission n’a pas eu à examiner si les auteurs qui ont eu des ouvrages représentés en 1853 sur la scène française ne se sont pas jugés plus sévèrement qu’elle ne l’eût fait elle-même ; mais il nous semble entrevoir, si on osait porter son regard au-delà de 1853 et sans anticiper sur les jugements futurs, que le Théâtre-Français, si riche de tout temps en charmantes et vives productions, ne se dérobera pas toujours si obstinément aux autres conditions indiquées.
C’était un petit bossu, grand ami de La Motte, homme d’une éloquence charmante quand il s’animait en parlant.
Dans cette mêlée injurieuse des temps, combien est-il de ces anciens poëtes, Panyasis que les critiques plaçaient très-haut à la suite d’Homère, Varius qu’on ne séparait pas de Virgile, Philétas que Théocrite désespérait jamais d’égaler, Euphorion avec son Gallus, combien, et des meilleurs et des plus charmants, qui ont ainsi succombé sans retour, et n’ont laissé qu’un nom que les érudits seuls remuent encore parfois aujourd’hui !
La vie, le sentiment de la réalité, y respirent ; de frais paysages, l’intelligence poétique symbolique de la nature, une conversation animée et sur tous les tons, l’existence sociale du xviiie siècle dans toute sa délicatesse et sa liberté, des figures déjà connues et d’autres qui le sont du moment qu’il les peint, d’Holbach et le père Hoop, Grimm et Leroy, Galiani le cynique ; puis ces femmes qui entendent le mot pour rire et qui toutefois savent aimer plus et mieux qu’on ne prétend ; la tendre et voluptueuse madame d’Épinay, la poitrine à demi nue, des boucles éparses sur la gorge et sur ses épaules, les autres retenues avec un cordon bleu qui lui serre le front, la bouche entr’ouverte aux paroles de Grimm, et les yeux chargés de langueurs ; madame d’Houdetot, si charmante après boire, et qui s’enivrait si spirituellement à table avec le vin blanc que buvait son voisin ; madame d’Aine, gaie, grasse et rieuse, toujours aux prises avec le père Hoop, et madame d’Holbach, si fine et si belle, au teint vermeil, coiffée en cheveux, avec une espèce d’habit de marmotte, d’un taffetas rouge couvert partout d’une gaze à travers la blancheur de laquelle on voyait percer çà et là la couleur de rose ; et au milieu de tout ce monde une causerie si mélangée, parfois frivole, souvent souillée d’agréables ordures, et tout d’un coup redevenant si sublime ; des entretiens d’art, de poésie, de philosophie et d’amour ; la grandeur et la vanité de la gloire, le cœur humain et ses abîmes, les nations diverses et leurs mœurs, la nature et ce que peut être Dieu, l’espace et le temps, la mort et la vie ; puis, plus au fond encore et plus avant dans l’âme de notre philosophe, l’amitié de Grimm et l’amour de Sophie ; cet amour chez Diderot, aussi vrai, aussi pur, aussi idéal par moments que l’amour dans le sens éthéré de Dante, de Pétrarque ou de notre Lamartine ; cet amour dominant et effaçant tout le reste, se complaisant en lui-même et en ses fraîches images ; laissant là plus d’une fois la philosophie, les salons et tous ces raffinements de la pensée et du bien-être, pour des souvenirs bourgeois de la maison paternelle, de la famille, du coin du feu de province ou du toit champêtre d’un bon curé, à peu près comme fera plus tard Werther amoureux de Charlotte : voilà, et avec mille autres accidents encore, ce qu’on rencontre à chaque ligne dans ces lettres délicieuses, véritable trésor retrouvé ; voilà ce qui émeut, pénètre et attendrit ; ce qui nous initie à l’intérieur le plus secret de Diderot, et nous le fait comprendre, aimer, à la façon qu’il aurait voulu, comme s’il était vivant, comme si nous l’avions pratiqué.
Dites que cette littérature est ignorante, sans critique, se jetant à l’étourdie à travers tout, pleine de méprises, de quiproquo et de bévues que personne ne relève, ne prenant les choses et les hommes graves du passé que dans un caprice du moment, s’en faisant une contenance, un trait de couleur, un sujet de charmante et folle fantaisie ; et quand il s’agit d’être érudite, l’étant d’une érudition d’hier, toute de parade, soufflée et flatueuse ; et voilà qu’on peut vous nommer, même dans les jeunes, des esprits patients, analytiques, circonspects, en quête de l’antique et lointaine érudition, de celle à laquelle on n’arrive qu’à travers les langues, les années et les préparations silencieuses d’un régime de Port-Royal.
Mais c’était un charmant, parfois’divin et souvent diabolique esprit.
Le charmant récit où Voltaire nous peint les différentes destinées de Jeannot et de Colin est le modèle accompli de ce genre de moralité : tout est combiné pour l’instruction que veut donner l’auteur ; c’est le procédé même de l’apologue, un conseil donné par l’exemple des personnages qu’on invente : mais ici plus rien de merveilleux ; tout est vraisemblable, c’est la nature même et la vie.
Le titre est charmant, le livre est supérieur.
Les environs, d’ailleurs, sont charmants, et nul endroit du monde ne fut si bien fait pour les rêves de l’absolu bonheur.
Si la nymphe eût été belle, l’amour charmant, le satyre de grand caractère, elle en eût fait ce qu’on en pouvait faire de pis ou de mieux, que son tableau eût été admis, sauf à le retirer sur la réclamation publique ; car enfin n’avons-nous pas vu au sallon, il y a sept à huit ans, une femme toute nue étendue sur des oreillers, jambes deçà, jambes delà, offrant la tête la plus voluptueuse, le plus beau dos, les plus belles fesses, invitant au plaisir et y invitant par l’attitude la plus facile, la plus commode, à ce qu’on dit même la plus naturelle, ou du moins la plus avantageuse ?
Du reste, figure charmante, bien composée, bien drapée ; le linge qui dérobe sa cuisse et sa jambe à miracle ; jolis pieds, jolies mains, jolie tête.
Le livre de Champagny était un livre élevé et charmant, un livre César sur les Césars !
Malheureusement, il a succombé par deux qualités charmantes, qui sont presque des vertus : le respect de ses prédécesseurs et la modestie.
Auguste Vitu écrirait d’une manière charmante, très piquante, et pour le moment très utile, l’histoire comique de cette Révolution dont on nous a dit les horreurs et les infamies, mais dont les ridicules, perdus dans les horreurs, sont moins connus.
Tourgueneff sont charmantes, et son traducteur a montré un tel talent d’expression qu’on dirait le livre écrit primitivement en français, tant on y sent bien l’originalité de l’auteur.
Un homme, un poète, un Juif aussi, réussi comme un Juif lorsqu’ils sont réussis : Henri Heine a parlé dignement de Lessing, avec cette imagination charmante qui fait de la vérité, sans la fausser et sans même l’atteindre, une chose belle comme une illusion.
C’est tout simplement divin ; car le talent qui circule dans cette composition charmante est divinisé par la douleur.
La seule pièce élégiaque du recueil est le Manchy, — un souvenir créole, — et tous les détails de ce morceau, qui sont charmants et délicieusement rendus, sont descriptifs.
Nous raturerons hardiment la moitié au moins de ce volume de trois cents pages, et nous dirons quel charmant livre, quel pur et profond volume on ferait avec l’autre moitié !
Il n’y a pas d’analyse à faire de cette œuvre charmante, brûlante et chaste, dont les détails sont ravissants.
Il y a deux grandes classes de voyageurs en ce monde, et qui dominent, en les séparant, tous les genres et sous-genres, que Sterne, avec le génie des nuances humaines qui était le sien, a énumérées dans sa charmante et célèbre préface.
Sa poésie moqueuse devient douce et charmante.
Nous perdîmes en cela ce charmant coup-d’œil qui présente des parterres portatifs, lorsque tant de femmes charmantes viennent à quitter leurs places pour s’en aller. […] qu’est devenu ce charmant ouvrage, le vent l’aura-t-il emporté, ou ne sera-t-il point tombé entre les mains d’un ignorant ; cela m’alarme. […] Votre parc de Londres tout négligé qu’il est, deviendroit un jardin charmant, s’il étoit rempli de français. […] comment ce charmant usage a-t-il donc pu cesser ? […] Il y a, peut-être, autant de personnes honnêtes & charmantes, que de personnes suspectes & maussades.
Ils la trouvent si charmante qu’ils la poursuivent partout où ils la trouvent. […] Ses personnages sont d’une bonté charmante. […] Elles sont d’une frivolité charmante. […] Du reste, elles sont charmantes. […] C’est même alors qu’il est tout à fait charmant, et spirituel.
On cause du discours de Renan à l’Académie, et comme je me laisse aller à avouer toute la révolte de la franchise de mon esprit et de mon caractère, à propos du tortillage contradictoire de sa pensée, du oui et du non, que contient chacune de ses phrases parlée ou écrite, Mme Daudet, en une de ses charmantes ingénuités qu’elle a parfois, laisse tomber, comme si elle se parlait à elle-même : « Oui vraiment, il n’a pas le sentiment de l’affirmation ! […] Au milieu de ce récit, soudain Rosny qui est à ma droite, se lève, et me porte un toast d’une amicalité très charmante, où il malmène, presque avec des gros mots, les éreinteurs de mes deux pièces, et cela est dit par l’auteur du Bilatéral, d’une voix tendrement émotionnée. […] Une innovation charmante pour donner de la fraîcheur à une pièce et qui vient, m’a-t-on dit, de Russie : deux obélisques de glace sur des consoles, jouant des morceaux de cristal de roche d’un format inconnu. […] Il a rencontré quelqu’un de retour de la Cochinchine, qui lui a dit que ce qu’a écrit Baudelaire sur la fumerie de l’opium, c’est de la pure blague, que ça procure au contraire un bien-être charmant, et l’embaucheur lui donne une pipe et une robe cochinchinoise. […] Quant à l’histoire du mariage qui s’est réalisé, elle est vraiment charmante.
Et voilà donc comment en des éclats de rire joyeux, et… demi-solitaires, le probe poète qui fut parfois un grand sceptique d’amour, devenu Théocrite, s’improvise — en des vers toujours réguliers, et toujours charmants d’ailleurs — le Virgile de la bicyclette ! […] « C’est un grand tort que vous eûtes De ne point savoir vous taire. » La musique fut charmante et bien moderne Et morose comme il sied : l’air des Neiges d’antan. […] Petit salon Empire, d’un goût charmant et suranné. […] Entre plusieurs qui y excellent, M. de Régnier a supérieurement enseigne d’exemple (et bien que ses vers réguliers me semblent préférables) qu’on pouvait produire de nobles et charmants poèmes, aux gracieuses idées, aux images neuves, aux vers précieux, sans toujours les rimer. […] « Toutes les libertés qu’on les prenne, écrit-il, pourvu que le résultat soit charmant ou superbe.
Le maître les a racontés à ses disciples en ces entretiens charmants et familiers où il se livre avec bonté : c’est pour que les disciples les racontent à leur tour. […] Il y a là de charmantes scènes de comédie et des détails ravissants. […] Lemaître a naturellement rencontré dans le monde un grand nombre de jeunes personnes charmantes, avec lesquelles il a plus ou moins valsé. […] C’est lui-même qui dit de ses odalisques qu’elles sont petites ; moi, j’ajoute qu’elles sont toutes charmantes, ou presque toutes. […] Sardou a tiré, de la donnée qu’il empruntait, une scène charmante, traitée avec une délicatesse remarquable.
Là, comme un Ange assis, jeune, triste et charmant, Une forme céleste apparut vaguement. […] Il chercha un sujet dans l’histoire de sa province ; il le trouva dans le fils charmant, ingrat et tragique du maréchal d’Effiat, ce Cinq-Mars tour à tour favori de Louis XIII, rival à la fois et jouet du cardinal de Richelieu ; — son jouet et bientôt sa victime. — Le sujet était très riche, la politique s’y mêlait à l’amour. […] Il fit un tour sur l’échafaud, et considéra haut et bas toute cette grande assemblée, d’un visage assuré et qui ne témoignait aucune peur, et d’un maintien grave et gracieux ; puis il fit un autre tour, saluant le peuple de tous côtés, sans paraître reconnaître aucun de nous, mais avec une face majestueuse et charmante ; puis il se mit à genoux, levant les yeux au ciel, adorant Dieu et lui recommandant sa fin : comme il baisait le crucifix, le Père cria au peuple de prier Dieu pour lui, et M. le Grand, ouvrant les bras, joignant les mains, tenant toujours son crucifix, fit la même demande au peuple. […] … Vous avez une famille charmante ; aimez-vous vos enfants ?
Il accompagnait souvent ce charmant troupeau d’adolescentes à la campagne, quand madame la comtesse L. […] C’était un ravissant spectacle que celui de ce vieillard encore vert et beau dictant ses notes à ce disciple, de cette femme belle comme un souvenir ressuscité des bananiers de l’Île de France sur le tombeau de Virginie, prenant quelquefois la plume pour achever les peintures de son mari, et de ces charmants enfants jouant entre eux, tandis que le pieux disciple contemplait cette scène de famille et écrivait gravement les dernières inspirations dictées par le maître. […] Aimé Martin et sa charmante femme formaient le fond de cette société de philosophes. […] Tantôt, elle se reprochait la fin prématurée de sa charmante petite-nièce, et la perte de sa mère qui s’en était suivie ; tantôt, elle s’applaudissait d’avoir repoussé loin d’elle deux malheureuses qui, disait-elle, avaient déshonoré sa maison par la bassesse de leurs inclinations.
si vous aviez vu comme nous ce logis-ci dans le temps qu’il était meublé si voluptueusement, et qu’il y avait cinq ou six jeunes filles admirablement belles, et leur maîtresse encore plus belle, vous l’auriez trouvé bien plus charmant qu’il ne vous paraît. » La porte du logis était couverte de grosses lames de fer, parce qu’une nuit, de jeunes seigneurs y ayant voulu entrer malgré la dame, et n’en pouvant venir à bout, ils firent apporter un tas de bois devant la porte et y mirent le feu, ce qui obligea la maîtresse de faire faire une porte de fer. […] Les ailes de cette charmante allée sont de beaux et spacieux jardins, dont chacun a deux pavillons, l’un fort grand, situé au milieu du jardin, consistant en une salle ouverte de tous côtés, et en des chambres et des cabinets aux angles ; l’autre élevé sur le portail du jardin, ouvert au devant et aux côtés, afin de voir plus aisément tous ceux qui vont et viennent dans l’allée. […] Ce n’est pas tout: à la moitié que la rivière traverse cette charmante allée, elle est plus longue au-delà de l’eau qu’en deçà. […] Le troisième bassin est à huit faces, et de cent vingt-huit pas de tour, ayant à ses côtés le jardin du Trône et le jardin du Rossignol, dans lequel il y a un salon charmant.
Thiers est charmant. — Mais un jour, sans conspiration aucune, sans que les mécontents du dedans se soient entendus avec l’exilé de l’île d’Elbe, par le seul fait de cette sympathie, de cette communication électrique qui s’établit à distance dans les atmosphères embrasées, Napoléon a senti que le moment de quitter ces jeux et ces passe-temps, bons pour les champs élyséens de Virgile, est venu, et qu’il faut, bon gré malgré, jeter une dernières fois les dés du sort.
Et pourtant il y a de charmantes pièces dans les recueils de M. de Belloy, notamment celle-ci, un petit chef-d’œuvre, que Brizeux savait par cœur et qu’il aimait à réciter.
. — « Tu ne subis point la vieillesse », — dit à la cigale le poëte de Téos, — « frêle enfant de la terre, toi qui aimes les chansons. » Et dans un autre feuilleton encore : « Les rides, si jamais elles viennent, iront à sa petite figure spirituelle et impertinente comme les craquelures à la porcelaine. » Ces charmants hasards de plume valent pour moi de plus grands traits, et je ne veux pas que le feuilleton, sous prétexte qu’il devient livre et qu’il se fait plus grave, me les ôte et me les supprime.
Il est probable que, malgré la différence des âges, il aurait fini par épouser sa cousine : car elle était devenue une charmante jeune fille, et par la mort de ce frère aîné, qu’environnait une injuste préférence, sir Ralph était devenu un riche héritier ; mais, durant un voyage lointain qu’il fit à cette époque, la soumise Indiana fut mariée par son père à un ancien colonel français, le baron Delmare, alors négociant très-riche de Bourbon.
Parmi les personnages et portraits charmants déjà en foule échappés à sa plume, nous en savons un dont nous voudrions lui inculquer le souvenir, parce qu’en même temps qu’il est proche parent de Lélia pour les principales circonstances, il a, dans le caractère et dans l’expression, la mesure, la grâce, la nuance qu’on aime et qui attire tout lecteur : ce personnage est celui de Lavinia, que l’auteur a peinte dans une Vieille Histoire.
Je ne suis pas un si fervent adorateur de Théocrite que l’était Huet, qui nous apprend lui-même que, dans sa jeunesse, chaque année au printemps, il relisait le poëte de Sicile ; j’ai pourtant fait plus d’une fois le charmant pèlerinage, et chaque fois, après avoir admiré la vivacité spirituelle et ingénue des personnages, la grâce piquante et naïve du dialogue, la vérité des peintures, je me suis préoccupé de la construction du vers, de ces ressorts cachés que le poëte met en jeu pour produire plusieurs de ses effets. » Le résultat de ces observations multipliées et patientes, c’est que le dactyle peut s’appeler l’âme de la poésie bucolique , et que, sans parler du cinquième pied où il est de rigueur, les deux autres places qu’il affectionne dans le vers pastoral sont le troisième pied et le quatrième, avec cette circonstance que le dactyle du quatrième pied termine ordinairement un mot, comme pour être plus saillant et pour mieux détacher sa cadence.
Les parties contestables et critiquables de ce talent supérieur sont confondues avec ses pages les plus charmantes.
Et puis, il y avait bien des femmes du monde, charmantes, spirituelles, bonnes au fond et même très indulgentes quelquefois, mais railleuses au dehors et très prononcées contre tout scandale de la scène ; elles n’eussent pas été si fâchées d’en voir un, et elles espéraient bien en faire justice à coup d’épigrammes, avec cette espèce de cant si naturel et si facile au beau monde de tous les pays.
La vie des hommes de génie présente presque toujours le ravissant spectacle d’une vaste capacité intellectuelle jointe à un sens poétique très élevé et à une charmante bonté d’âme, si bien que leur vie, dans sa calme et suave placidité, est presque toujours leur plus bel ouvrage et forme une partie essentielle de leurs oeuvres complètes.