Il est vrai, dit M.
Il semble que le lieu de la scène devait être un paysage écarté, silencieux, désert, mais riche ; que la beauté des déesses devait tenir le spectateur et le juge incertains ; qu’on ne pouvait rencontrer le vrai caractère de Paris que par un coup de génie.
Entre tous ces portraits aucun qui arrête, un seul excepté, qui est de Roslin et que je viens d’attribuer à Perronneau, c’est celui de cette femme dont j’ai dit que la gorge était si vraie qu’on ne la croirait pas peinte, c’est à inviter la main comme la chair ; la tête est moins bien, quoique gracieuse et fesant bien la ronde bosse ; les yeux étincelent d’un feu humide ; et puis une multitude de passages fins et bien entendus, un beau faire, une touche amoureuse.
S’il est vrai qu’il n’existe point d’écrivain plus ancien qu’Homère, comme Josèphe le soutient contre Apion le grammairien, si les écrivains que nous pourrions consulter ne sont venus que longtemps après lui, il faut bien que nous employions notre critique métaphysique à trouver dans Homère lui-même et son siècle et sa patrie, en le considérant moins comme auteur de livre, que comme auteur ou fondateur de nation ; et en effet, il a été considéré comme le fondateur de la civilisation grecque.
On a mieux connu notre globe, sa vraie figure, sa place dans l’univers, son mouvement dans l’espace : il en est résulté des vues certaines que les plus éclairés des anciens n’avaient que par divination et par lueurs. […] Rigault a conçu son travail à un point de vue plus étendu que je ne l’aurais fait moi-même : j’en aurais voulu faire, ce me semble, et si l’on me permet cette imagination bien facile après coup, un épisode distinct et tranché de l’histoire littéraire française, une pure et vraie querelle, une fronde en trois actes, avec une sorte d’intérêt et de gradation, avec début, milieu et fin, les complications étrangères y tenant moins de place, et les grands philosophes énigmatiques comme Vico ne faisant tout au plus que s’apercevoir à l’horizon ; car, dès qu’ils interviennent, ils écrasent un peu trop les nôtres.
Ils ne vénèrent, il est vrai, que leurs illustres morts, et se montrent plus qu’indifférents pour les morts ordinaires, même pour les morts qu’ils ont aimés ; rien n’est odieux à mes yeux comme leurs cimetières de village ! […] Non, ce n’est pas moi, et je suis si triste, si vraie, chère âme généreuse, que je ne mérite pas l’ombre de la moquerie, si innocente qu’elle soit de votre part.
Jean Richepin pour ce qu’elle est, et j’en ai joui comme d’une jolie histoire sentimentale, vraie à demi et merveilleusement encadrée. […] Richepin, je voudrais réveiller le souvenir d’un roman de lui, très ferme, très curieux en son originalité réussie, le Cadet, un roman de la terre et de la propriété, qui n’est peut-être pas considéré par tous à sa vraie valeur.
Comment, n’allant presque jamais au théâtre, depuis qu’après un an d’expérience quotidienne, poursuivie par devoir ou plutôt par métier, en 1888, je reconnus dès 1889 que, plus ça changeait plus c’était la même chose, que, si aux reprises du Courrier de Lyon, le régisseur, je suppose, a l’attention gracieuse de rafraîchir les scènes les plus défraîchies, pour les vaudevilles d’usage courant on néglige même ce soin ingénu, qu’on change, il est vrai sur l’affiche Boucheron en Burani, et dans la pièce Molinchart en Dupotard, mais que ces corrections nominales ne font différer en rien les produits nouveaux de l’invariable étalon déposé dans les prisons où le Palais-Royal fait travailler, — comment, avec ce parti pris évident d’indifférence aux manifestations, dramatiques, viens-je, en personnage de prologue, improviser sur cette scène mon petit solo de rhétorique ? […] C’est tellement vrai que les conférences de M.
La vraie cause de la mort était la position contre nature du corps, laquelle entraînait un trouble affreux dans la circulation, de terribles maux de tête et de cœur, et enfin la rigidité des membres. […] L’expression [Greek : gnôstoi] peut, il est vrai, convenir aux « parents. » Luc cependant (II, 44) distingue les [Greek : gnôstoi] des[Greek : sungeneis].
Rien de plus vrai que ces principes, répondoit l’abbé Desfontaines, mais qu’ils sont dangereux dans les conséquences. […] Tout traducteur, il est vrai, a pour ainsi dire, un maître qui est son auteur ; mais « ce maître ne doit pas exercer sur lui un empire oriental & despotique, ni le changer de chaînes comme un vil esclave.
Ils ont construit leurs phrases suivant les mêmes regles de syntaxe que lui, du moins il s’en faut très-peu que cela ne soit absolument vrai. […] Il est si vrai de dire que ce sont les jeux de mots et l’abus des métaphores, qui, par exemple, défigurent la prose de Sidonius Apollinaris, que les loix faites par Majorien et par d’autres empereurs contemporains de cet évêque, paroissent faites du temps des premiers Cesars, parce que les auteurs de ces loix astreints par la dignité de leur ouvrage à ne point sortir d’un stile grave et simple, n’ont pas été exposez au danger d’abuser des figures et de courir après l’esprit.
On cite même victorieusement, à ce propos, ces lignes de Louis Veuillot : « La page raturée, refaite, recopiée, est la bonne ; la page tracée d’un seul jet, sans point ni virgule, sans rature, est l’excellente. » Ceci est peut-être vrai d’un article de journal, où l’excès du travail risque parfois d’atténuer la force d’un premier jet ; mais Louis Veuillot connaissait bien la valeur de la retouche et l’importance du travail, lui qui écrivait aussi ces lignes, que je recommande également à mes adversaires bruxellois : « Aujourd’hui, on est écrivain pour vivre. […] Pour finir de réhabiliter Télémaque, on prétend que Fénelon a écrit comme on écrivait de son temps. « En prose et en vers, dit-on, les écrivains du dix-septième siècle évitaient soigneusement l’éclat, la violence, tout excès d’imagination. » Ceci est peut-être vrai en général, et encore pourrait-on discuter ; mais la preuve que tous les écrivains de son époque n’écrivaient pas comme Fénelon, c’est qu’il y a eu des gens comme Bossuet, qui incarne précisément la violence, l’éclat, l’imagination, qui ne recule devant aucune audace, crée son style et donne à sa langue l’originalité de la Bible et des meilleurs Pères de l’Eglise.
Un plan d’étude ne saurait, d’ailleurs, constituer une science nouvelle, au vrai sens du mot, et M. […] Suit ce paragraphe extraordinaire (p. 168 et sq.) : « Le livre sera reproduit ainsi comme un objet de lecture réelle sur lequel se seront fixés des yeux humains froids, souriants, émerveillés, hagards, ou à demi clos d’une douleur qui se contient, yeux d’hommes, las de vrais spectacles, limpides ou cruels yeux de femme, yeux ternes des oisifs, yeux lumineux d’adolescent qui, se durcissant aux fictions, s’accoutument à la vie.
Il est vrai que ces lettres étaient confidentielles et que ce qu’on y disait était pour le tuyau de l’oreille et non pas pour le porte-voix mugissant… Mais la dame, auteur du livre, n’en a tenu compte. […] … Assurément c’est ce que j’ignore, mais pour les bas-bleus religieux comme elle et comme il y en a encore quelques-uns dans la troupe de ces Bacchantes de la Libre Pensée, je ne serais pas surpris que la Vierge fût l’objet d’un culte vrai, quoique impur dans sa source.
Lorsque, à la dernière page de son volume, qui se ferme quand les États-généraux s’ouvrent et quand ils deviennent les vrais rois devant le roi, déjà, de ce moment, décapité, l’auteur examine, avant de terminer, cette question, qui reviendra d’ici longtemps sous toute plume tourmentée du besoin de l’action politique : la Révolution était-elle inévitable ? […] Comme, au vrai sens de la nature humaine, portraitistes et moralistes ne sont qu’un, s’il fallait par un seul mot caractériser le genre de talent d’Amédée Renée, je dirais qu’il tend à devenir — et qu’il en est bien près — le La Bruyère de l’Histoire.
… Ou il doit recommencer sérieusement, ce qui ne manquerait pas de hardiesse, la comédie de Molière, cette comédie des Précieuses, qui n’a point passé comme le temps qu’elle a peint, et dans laquelle tout est resté aussi vrai et aussi réel que cet éternel bonhomme que Molière met partout, ce Gorgibus qui est Chrysale ailleurs, et Orgon, et même Sganarelle ; car Sganarelle, c’est Gorgibus avec quelques années de moins et une… circonstance de plus ; ou bien — ce qui serait beaucoup plus crâne encore — il doit être, ce livre, la défense enfin arborée des Madelon et des Cathos contre les moqueries de Molière, la négation des ridicules mortels qu’il leur a prêtés, et la cause épousée par un spiritualiste du xixe siècle de ces idéales méconnues qui tendaient à s’élever au dernier bien des choses, et voulaient des sentiments, des mœurs et une langue où tout fût azur, où tout fût éther ! […] Tout périssait sous cette vapeur de la serre chaude de Rambouillet, sous cette asphyxie de madrigaux et de bel esprit, sans cette charmante La Fayette, que toutes leurs mignardises n’avaient pu étioler et qui un jour balaya toutes leurs fausses fleurs avec un bouquet de fleurs vraies (la Princesse de Clèves).
Il est vrai qu’il s’agissait encore d’une victoire de l’Allemagne sur la France, de sorte que, littéraire ou non, cette étude sur Gœthe va paraître une vengeance toujours. […] Il est vrai que l’empereur Napoléon, pendant quelque temps, lui fit un peu tort dans la renommée… Le fameux coup de pistolet de Werther fut légèrement couvert par les tonnerres de l’Empire, qui empêchaient d’entendre autre chose qu’eux.
La gravité donc, la gravité régnait sur toute la ligne… Il y avait bien, il est vrai, une Histoire parlementaire de Buchez et Roux, dans laquelle on soutenait que la Révolution française était, à coups de guillotine, une application drue et supérieure des principes du Christianisme, et ceci ne manquait pas de gaieté au point de vue de l’absurde. […] Eh bien, je vous laisse à penser l’effet que produisit, dans un temps de pareille littérature historique, l’histoire de Carlyle, de ce singulier humouriste anglais qui ne se gênait pas, qui se permettait tout en fait de sans-gêne britannique ; de Carlyle, le hoax anglais incarné, mais incarné dans le vrai, et qui ressemblait, par sa gaieté funèbre, en piochant les tombes de l’Histoire, au fossoyeur de Shakespeare.
Il est vrai que c’étaient Racine et Bossuet. […] Son cheval lui a cassé les reins, il est vrai, mais il a encore des bras terribles, des bras auprès desquels les bras de Rob-Roy ne sont que des fuseaux, et cependant le lion outragé ne rugit même pas et ne fait entendre qu’une parole, non de pardon, mais qui demande pardon !
Il n’est plus, il est vrai, dans la période ascendante d’une célébrité qui monta comme la mer, mais qui commence de s’abaisser et de reculer comme elle, et non pas, comme elle, pour revenir. « Trente ans, — disait le plus positif des esprits de ce siècle positif, — trente ans, voilà ce que dure à peu près toute gloire philosophique allemande ! […] Il est vrai que, dans l’ordre de ses travaux, M.
— comme tous les philosophes, que nos puissances se surajoutent les unes aux autres, quand c’est le contraire qui est vrai. […] Jamais, depuis qu’on écrit des articles de petits journaux (c’en est un de 362 pages que ce livre), on n’a traité avec un laisser-aller plus irrespectueux, avec un détail d’anecdotes plus malhonnêtes (sont-elles vraies ?)
Il est vrai que, lui, ne s’en vante pas, le Dr Renard ! […] Pour qui croit comme lui aux nationalités philosophiques, le spiritualisme cartésien est la vraie philosophie de tradition française.
Çà et là, il est vrai, saint Vincent de Paul avait eu parmi les écrivains religieux, plus ou moins touchés de ses vertus, les panégyristes de l’admiration et de l’amour. […] Voilà qui compense un peu, n’est-il pas vrai ?
Faure, qu’il prouve péremptoirement, dans une excellente page, malgré Bossuet, Daunou et Guizot, son protecteur, que la Pragmatique sanction, dans laquelle les philosophes et les gallicans avaient vu avec tant, de joie une opposition au Saint-Siège, n’est qu’un cancan et un préjugé historique, il est vrai que Guizot n’est point de cet avis ; il résiste à l’opinion justifiée de son lauréat. […] Guizot, qui, dans les citations dont est fait son saint Louis, avait oublié les Établissements de Beugnot, a oublié dans son Calvin un livre, catholique il est vrai, mais capital par la science, le renseignement, la sagacité, le talent : le livre d’Audin, auteur aussi d’une vie superbe de Luther.
La Critique n’attend pas si nonchalamment les livres qui, pour elle, sont une vraie fortune, quand un peu de talent les distingue, et elle court au-devant pour leur faire accueil. […] Quel dommage, n’est-il pas vrai ?
Il est vrai que sa satire n’eut pas toujours cette portée historique restreinte et terrible. […] Le poète, c’est vrai, est ici moins que l’homme, moins que l’historien, plus puissant que le poète, qui a forcé le poète à regarder dans son cœur et à nous en faire l’écorché.
Il est vrai que l’Église est la mère et la sœur des soldats ! […] Il est vrai que, crispée par un scepticisme tardif, cette main n’a pu s’essuyer entièrement de ce Christianisme dans lequel elle a été si longtemps plongée : Notre mot éternel est-il : C’était écrit ?
Pour moi, ce n’est pas strictement vrai, mais cela prouve, du moins, une tendance à mille lieues des tendances et des procédés actuels. […] s’il y a quelque part une personnalité retentissante qui semblait, comme dans les vrais poètes, devoir se reproduire et se chanter elle-même dans toutes ses créations, ou du moins dans les types favoris de sa pensée, c’était bien Richepin, la personnalité de ce mâle Richepin, si fier d’être un mâle, et dont le héros dans Madame André est une femelle pour la faiblesse, un lâche… idéal de lâcheté !
Il est vrai que M. […] Le Docteur Mathéus, vrai comme une grimace, mais n’ayant pas plus de profondeur qu’une grimace, est un Don Quichotte philosophique suivi de son Sancho qui s’en va prêchant la métempsychose, comme Don Quichotte s’en allait en guerre, et qui revient à la maison couvert de horions partout attrapés.
Il est vrai que c’étaient Racine et Bossuet. […] Son cheval lui a cassé les reins, il est vrai, mais il a encore des bras terribles, des bras auprès desquels les bras de Rob-Roy ne sont que des fuseaux, et cependant le lion outragé ne rugit même pas et ne fait entendre qu’une parole, non de pardon, mais qui demande pardon !
Nous n’avons pas à discuter contre lui une théorie qui pose, d’ailleurs, un principe vrai : c’est qu’une œuvre d’art incontestablement belle est toujours assez morale comme cela ! […] Enfin Barberine, la danseuse, est idéale de pirouettes, il est vrai, et n’a pas usé par les jambes, comme le dirait Stendhal, le fluide nerveux qui fait qu’on aime ; mais l’obstination de son amour pour Saint-Bertrand, amour qui aurait dû être combattu par des hontes et des résistances infinies, sa docilité à reprendre son amant chaque fois qu’il lui revient, couvert d’un flot de boue de plus, a quelque chose de si ponctuel qu’elle ne semble plus une femme qui se débat comme l’oiseau fasciné par le monstrueux reptile, mais la poupée mécanique de l’amour.
Envisagée ainsi la critique littéraire n’est plus cet insipide exercice de rhétorique, où l’on distribue le blâme et l’éloge, où l’on donne des prix de composition et où l’on paraphrase sur le Beau en soi, cette splendeur du Vrai, mais une étude de critique matérialiste de l’histoire : dans les pages mortes l’analyste recherche non les beautés du style, mais les émotions des hommes qui les ont écrites et qui les ont lues. […] Chateaubriand s’est franchement expliqué à ce sujet : « On a fait un crime à Dumouriez de la vénalité de ses principes, dit-il ; supposé que ce reproche fût vrai, aurait-il été plus coupable que le reste de son siècle ? […] Mais la nature qu’on avait sous la main, qu’on voyait tous les jours, n’était pas la vraie, la belle nature qui transportait les âmes ; il fallait pour cela une nature nouvelle, inconnue. […] On signait à Paris, en 1801, une pétition « tendant à obtenir du gouvernement que le gros Bourdon de Notre-Dame puisse être sonné pour annoncer les fêtes publiques… Il est temps de faire jouir notre oreille de cette harmonie céleste, qui doit rappeler à tous les vrais Français de bien doux souvenirs… Quel bonheur que le gros Bourdon ait échappé à la proscription qui frappe depuis dix ans toutes les sonneries de la République ». […] Le romantisme qui ne devait formuler qu’en 1830 son fameux axiome, l’art pour l’art, lequel ne devait être appliqué que sous le second Empire par les Parnassiens, est une littérature de classe ; il est vrai que les romantiques ne s’en sont jamais douté, bien que ce soit là son plus sérieux titre à l’attention de l’histoire.
Voilà pourquoi, dans presque toutes les langues, le mot antique est synonyme de vrai beau. […] ” dit-elle, les joues colorées par la divine pudeur, “s’il est vrai qu’en consentant à être ton épouse sans le consentement de mon père adoptif, je ne pèche pas contre la sainte voix du devoir ; s’il est vrai que je puisse, ainsi que tu me le dis, ô mon roi, (et voudrais-tu me tromper ?) […] Dis-tu vrai ? Dis-tu vrai ?
Pourquoi encore des groupes entiers d’espèces alliées semblent-ils apparaître soudain dans les divers étages géologiques, bien que souvent, il est vrai, cette apparition se soit trouvée trompeuse ? […] Quoique je sois pleinement convaincu de la vérité des principes exposés dans ce volume, il est vrai sous une forme trop abrégée, je n’espère nullement entraîner la conviction de certains naturalistes expérimentés, mais dont l’esprit est préoccupé par une multitude de faits considérés pendant une longue suite d’années d’un point de vue directement opposé au mien. […] Tous ceux qui ont déjà été amenés à croire à la mutabilité des espèces rendront un vrai service à la science en exprimant consciencieusement leur conviction : c’est le seul moyen de soulever la masse de préjugés qui pèsent sur cette question. Plusieurs naturalistes éminents ont exprimé depuis peu la croyance qu’une multitude d’espèces admises dans chaque genre ne sont pas de vraies espèces, mais que d’autres sont bien réelles, c’est-à-dire qu’elles ont été indépendamment créées. […] Au moins, est-il vrai que toutes les choses vivantes ont beaucoup d’attributs communs : leur composition chimique, leur structure cellulaire, leurs lois de croissance et leur faculté d’être affectées par des influences nuisibles.
On la remplacerait par des lexicographes, des poëtes, des étymologistes, des romanciers, des historiens, des philosophes et des savants qui recevraient la mission de faire un vrai dictionnaire, d’écrire les origines de la langue française, d’encourager toute tentative nouvelle et sérieuse, de veiller à la liberté du théâtre, de rédiger le Code encore attendu de la propriété littéraire, de préserver partout les intérêts de l’esprit humain, de signaler toute découverte, de faire l’Encyclopédie moderne, d’envoyer des missionnaires à la recherche de toutes les belles choses encore inconnues dans le monde, de traduire incessamment les chefs-d’œuvre des langues étrangères, de formuler la foi la plus haute, de combattre les erreurs et les préjugés qui subsistent encore, de rééditer nos grands poëtes et nos grands prosateurs, enfin de chercher le beau, le vrai et le bien par tous les moyens possibles. […] Ce sera peut-être ainsi que la guerre se fera plus tard contre toutes les nations improductives, en vertu de cet axiome de mécanique, vrai en toutes choses : il ne doit pas y avoir de forces perdues ! […] La vraie gloire d’Arago sera peut-être moins d’avoir découvert tant de belles choses que d’avoir éclairé et vulgarisé les questions les plus ardues ; ce sera là du moins sa gloire populaire, et c’est la meilleure de toutes et la seule enviable. […] Cela est vrai, surtout de la vie littéraire ; l’écrivain qui ne se sent pas à la fois apôtre et soldat fera bien de se taire, il est inutile.
Quant aux modernes, il est très vrai que tous n’ont pas su éviter les deux écueils du genre : obscurité, banalité. […] La critique est destinée à discerner dans le document ce qui peut être accepté comme vrai. […] Pour affirmer une proposition il faut des raisons spéciales de la croire vraie. […] Personne ne songerait à chercher les vrais sentiments d’un homme dans les assurances de respect qu’il écrit à la fin de ses lettres. […] C’est ce qu’on appelle faire « plus vrai que la vérité ».
Ce qu’il faut à cet assoiffé d’un infini perdu, c’est le « paradis artificiel » à défaut de la croyance dans un paradis vrai. […] C’est la famille qui est la vraie cellule sociale et non l’individu. […] On arrive ainsi à concevoir qu’un dogme quelconque, si faux soit-il, est vrai en un certain sens. […] La religion n’est vraie qu’à sa quintessence, et pourtant la trop subtiliser, c’est la détruire. […] La solution consolante a ses chances d’être vraie au même titre que la solution désespérante.
Auguste Vacquerie C’est un poète et un vrai.
Nous aimons à féliciter l’auteur de ne s’être pas borné à une plaquette de quelques sonnets plus ou moins harmonieusement groupés, mais de nous avoir donné un vrai poème.
La Philosophie, qui se vante si hautement d’être la dépositaire des vraies lumieres, auroit dû rejeter un systême si faux en lui-même, & si propre à dégrader l’humanité.
Nous pensons cependant que l’ironie n’est pas toujours le vrai moyen de corriger & d’instruire, & que ce seroit abuser de cette maxime d’Horace, ridiculum acri…. que de l’appliquer sans choix aux choses les plus respectables.
Mais seroit-il vrai, comme l’a voulu faire entendre M.
Ce seul exemple devroit suffire pour engager les Mécènes modernes à mieux accueillir les vrais talens, & à ne pas accorder leur protection & leurs bienfaits à des Auteurs dont ils devroient être eux-mêmes les redoutables fléaux.
A cette occasion, on doit lui savoir plus de gré d’avoir compris que c’étoit la vraie maniere de traduire les Poëtes, qu’on ne doit lui reprocher son imprudence d’avoir entrepris un pareil Ouvrage avec aussi peu de talent pour la versisication.
Moliere, il est vrai, eut aussi la gloire de corriger les Marquis ridicules & les Femmes savantes de son Siecle ; mais ces manies se sont reproduites sous d’autres formes.
S’il eût rejeté de fausses Anecdotes, choisi des faits plus avérés, ses morceaux d’Histoire pourroient passer pour des modeles ; mais sa Conjuration de Venise, celle des Gracques, l’Histoire de Dom Carlos, sont à présent regardées, avec raison, comme des Romans ingénieux, qui ne renferment de vrai que le nom des Personnages, & quelques faits trop ajustés au tour de sa brillante imagination.
C’est un homme franc et vrai.
Le retard qu’il a éprouvé ne peut donc lui avoir été nuisible sous ce rapport ; peut-être est-il vrai de dire plutôt qu’il lui a été favorable, car plusieurs des choses qu’il contient nous paraissent avoir reçu quelque lumière et quelque force de toutes les discussions qui viennent d’avoir lieu sur les théories sociales.
Parfois, il est vrai, nous nous oublions dans notre rêverie ; en se prolongeant, elle prend peu à peu les caractères du véritable rêve. […] Il est trop évident que ce n’est pas ainsi qu’il faut concevoir la vraie poésie. […] De ce qu’un idéal est le nôtre, il ne s’ensuit pas qu’il soit le vrai. […] Il sera bien difficile de donner aux émotions feintes l’intonation de l’émotion vraie. […] Pour le vrai poète, la poésie n’est pas un jeu, mais une chose sérieuse ; il ne craint pas de lui confier ses sentiments les plus chers.
Aujourd’hui c’est encore vrai.
Théophile Gautier Les Deux Saisons de Philoxène Boyer, où l’éloquent orateur du quai Malaquais, qui est aussi un vrai poète, résume ses joies, hélas !
Paul Gérardy est un vrai poète.
L’art est plein de ces fantaisies qui n’ont rien de dangereux pour les vraies natures.
, mais les quelques gouttes qui ne sont pas tombées de cette coupe du pauvre ne lui ont jamais échauffé le front, pour lui communiquer la chaleur profonde, la vraie vie et la fécondité.
Sa marche est simple, mais ses expressions s’élevent quand les circonstances l’exigent ; ses raisonnemens sont toujours d’accord avec la saine Logique & avec les vrais principes de la Littérature.
Ses Madrigaux sont si délicats, si naïfs, l'expression en est si aisée, si naturelle, qu'ils ont garanti son nom de l'oubli, & nous l'ont transmis avec éloge : tant il est vrai qu'il vaut beaucoup mieux ne s'attacher qu'à un seul genre, fût-il d'une classe inférieure, & y exceller, que de traiter un objet au dessus de ses forces, ou d'en traiter plusieurs avec des talens & des succès médiocres.
L'Histoire des Révolutions de Portugal a une marche presque épique, & seroit un vrai chef-d'œuvre, si l'Auteur eût été plus difficile dans le choix des Mémoires sur lesquels il a travaillé.
Les femmes occupées à servir les figures principales sont éteintes avec jugement ; vraies, naturelles et belles, sans causer de distraction.
C’est comme dans un certain tableau flamand du Sacrifice d’Abraham et d’Isaac, où le bouc était si soigné et si vrai qu’il faisait oublier le sacrificateur et la victime.
Réservons notre fouet pour les méchants, les fous dangereux, les ingrats, les hypocrites, les concussionnaires, les tyrans, les fanatiques et les autres fléaux du genre humain ; mais que notre amour pour les arts et les lettres, et pour ceux qui les cultivent, soit vrai et aussi inaltérable que notre amitié.
— On m’a raconté que tu avais donné un soufflet à X…, est-ce vrai ? […] — C’est vrai, fit H… en mettant ses bottes. — Ai-je bu beaucoup ? […] — Il y a quelque chose de vrai, répliqua gravement Adolphe ; — mais tout n’est pas absolument exact. — Ce M. […] — C’est vrai, lui répondit-on ; il y a entre vous deux la différence d’un coupé de régie à un omnibus. […] Il est vrai que c’est justement celui-là qui n’est pas entendu ou pas écouté.
Elle en a tracé un tableau vrai et amusant. […] D’ailleurs, la lumière de la vraie gloire ne rend-elle pas éternel ce qu’elle a touché de son rayon ? […] Il est vrai qu’elle y trouverait trop de changement. […] Sur tout ce rôle, indirect il est vrai, mais efficace de La Pouplinière, M. […] Il est vrai que vous teniez avec vous force vivres et du vin de Canaries.
— Tout ceci restant vrai, il faut reconnaître d’ailleurs que l’idée d’une rupture possible est entrée dans beaucoup d’esprits des deux côtés de la Manche, qu’en France comme en Angleterre on se familiarise insensiblement avec cette possibilité, ce qui n’était pas il y a quelques années.
L’esprit ne plaît que quand il brille dans son vrai genre, & la chaleur fantastique de quelques-uns de nos Poëtes ne supplée point au défaut de naturel & de fécondité qu’on a raison de leur reprocher.
On ne peut se dissimuler qu’il n’y ait dans un grand nombre de morceaux, une enflure & une affectation qui tient plus du Phébus que du vrai beau, auquel on ne peut rien substituer quand on ne l’a pas saisi.
Que cette anecdote soit vraie ou fausse, il est certain que la maturité de l’âge dirigea les talens de ce Jésuite vers leur véritable objet.
L'Auteur paroît avoir eu trop de confiance dans les Libelles imprimés chez les Etrangers ; vrai moyen de débiter des erreurs.
Ses Lettres sur le christianisme de l'Auteur d'Emile, & son dernier Ouvrage, intitulé Confidence philosophique, sont les fruits d'une raison lumineuse & du vrai talent, si nécessaire lorsqu'il s'agit de faire triompher la vérité & de confondre l'erreur.
Même nom de baptême, nom également substitué à son vrai nom de famille ; il a fait, comme lui, époque* dans notre Littérature ; l’un & l’autre sont nés avec beaucoup d’esprit & de talent ; l’un & l’autre ont ambitionné la Monarchie Littéraire, & la manie de dominer leur a également suscité une foule d’ennemis ; tous deux ont habité successivement l’Angleterre, la Hollande, l’Allemagne & la Suisse ; tous deux ont été fêtés à la Cour des Rois, & tous deux, par la suite des événemens, ont été forcés de vivre loin de leur patrie.
la justice protégeant les arts, notre-seigneur au tombeau, sainte Catherine , les deux premiers d’après Le Caravage, le second d’après Le Cortone, tous les trois dessinés par Cochin et gravés par Demarteau, sont à s’y tromper ; ce sont de vrais dessins au crayon.
Quant à lui, Hésiode, il se chargera d’adresser à Persès des paroles vraies. […] Mais je m’empresse d’ajouter que je ne suis pas sûr d’être dans le vrai. […] Il est vrai que Claire put y avoir sa petite fille trois ou quatre semaines. […] Mais son vrai châtiment, ce furent les Allemands qui s’en chargèrent. […] Il est vrai que, dans le cas de M.
En lisant les carnets des chasses, il n’y a pas de vrai chasseur qui n’éprouve un mouvement d’envie. […] Dorénavant pour les premiers personnages du royaume, hommes et femmes, ecclésiastiques et laïques, la grande affaire, le principal emploi de la vie, le vrai travail, sera d’être à toute heure, en tout lieu, sous les yeux du roi, à portée de sa parole ou de son regard. « Qui considérera, dit La Bruyère, que le visage du prince fait toute la félicité du courtisan, qu’il s’occupe et se remplit toute sa vie de le voir et d’en être vu, comprendra un peu comment voir Dieu fait toute la gloire et toute la félicité des saints. » Il y eut alors des prodiges d’assiduité et d’assujettissement volontaire. […] Midi ou une heure sonne avant que cette toilette soit achevée, et le secrétaire, qui sans doute sait par expérience l’impossibilité de rendre un compte détaillé des affaires, a un petit bordereau qu’il remet entre les mains de son maître pour l’instruire de ce qu’il doit dire à l’assemblée des fermiers. » — Oisiveté, désordre, dettes, cérémonial, ton et façons de protecteur, tout cela semble une parodie du vrai monde ; c’est que nous sommes au dernier étage de l’aristocratie. […] À Clairvaux210, Dom Rocourt, très poli envers les hommes, et encore plus galant envers les femmes, ne marche qu’en voiture à quatre chevaux avec un piqueur en avant ; il se fait donner du Monseigneur par ses moines et tient une vraie cour. […] Superbement vêtu, beau, galant, d’une politesse exquise, le moindre de ses sourires était une grâce. « Son visage toujours riant inspirait la confiance ; il avait la vraie physionomie de l’homme destiné à représenter. » Telle est aussi l’attitude et l’occupation des principaux seigneurs laïques, chez eux, en été, lorsque le goût de la chasse et l’attrait de la belle saison les ramènent sur leurs terres.
Thiers ; l’historien pathétique manque, il est vrai ; cependant les scènes de la guerre lui inspirent quelquefois un héroïsme de style et une émotion de pinceau qui rendent merveilleusement les impressions non individuelles, mais collectives, du champ de bataille. […] L’écrivain monte et descend avec le sujet, jamais au-dessus, il est vrai, mais toujours au niveau de l’événement public ou familier qu’il retrace. […] Non, cela n’est pas permis, cela n’est pas humain, cela n’est pas même vrai. […] Les Mémoires si injustement contestés, mais si vrais et si informés du maréchal Marmont ; les correspondances récemment publiées de Napoléon avec son frère Joseph et avec le vice-roi d’Italie, Eugène ; les séances du conseil d’État ; les conversations diplomatiques de Napoléon, rapportées et élucidées par M. […] Égoïsme, c’est le dernier mot de cette histoire ; dévouement, c’est le dernier mot de la vraie grandeur.
Il semble, n’est-il pas vrai ? […] Il y a les choses belles, vraies, instructives, émouvantes. […] Mais le contact avec un vrai public, complet, humain, hommes et femmes, bourgeois et peuple, est peut-être nécessaire à nos romanciers pour qu’ils fassent œuvre vraiment populaire (au meilleur sens du mot) et sociale. […] Mais ne pensez-vous pas que la ligne horizontale, qui sépare le roman-feuilleton du reste du journal, est une pure fiction, qu’à dire vrai il remonte dans les colonnes, que sous des formes diverses il les envahit, les occupe tout entières. […] Son but ne doit-il pas être de communiquer au public ce qu’il croit juste, bon, vrai, comme de lui inculquer les nouvelles découvertes de la science, de la philosophie, ou tout simplement de l’hygiène ?
Il est vrai que la peinture se maintint à Rome en splendeur durant un plus grand nombre d’années. […] Toutes les conjonctures qui décideroient de la destinée des beaux arts, s’il étoit vrai que cette destinée dépendît uniquement des causes morales, concouroient à les faire fleurir quand ils y sont tombez en décadence. […] Il est vrai que plusieurs empereurs furent des tyrans, et que les guerres civiles, par le moïen desquelles un grand nombre de ces princes parvint à l’empire ou le perdit, furent très-fréquentes. […] Il est vrai que ces révolutions tumultueuses arrivoient quelquefois dans Rome, mais elles se terminoient en un jour ou deux, et sans être suivies de ces accidens qui peuvent retarder le progrès des arts et des sciences. […] Il est vrai que le siecle heureux de la Grece a duré plus long-tems que le siecle d’Auguste et que le siecle de Leon X.
Il y aurait encore place, il est vrai, pour une hypothèse de même nature, mais plus subtile. […] N’est-il pas vrai que vous vous apercevez d’une passion profonde, une fois contractée, à ce que les mêmes objets ne produisent plus sur vous la même impression ? […] La pitié vraie consiste moins à craindre la souffrance qu’à la désirer. […] Il est vrai qu’on ne voit pas d’abord comment cette hypothèse simplifie le problème. […] Reste à savoir, il est vrai, pourquoi la ligne sur laquelle nous les échelonnons est verticale plutôt qu’horizontale, et pourquoi nous disons que le son monte dans certains cas, descend dans d’autres.
Combien il serait beau aujourd’hui d’écrire ces vrais droits de l’homme par la main d’un Aristote, d’un Bacon, d’un Montesquieu, d’un Mirabeau ! […] X Le portrait de Louis XVI est vrai, il est respectueux pour le malheur de sa situation. […] Il est vrai qu’à ce moment Robespierre n’en avait pas encore versé, et qu’il avait plaidé au contraire contre la peine de mort. […] Elle est hardie, mais je la crois plus vraie en 1791 que la timide circonspection des Girondins.
Quand on sait toutes les œuvres du temps et qu’on en voit les débris sur toute la terre, on l’appelle de son vrai nom, le grand Créateur, mais aussi le grand destructeur du monde, ou plutôt le grand changeur, le grand rénovateur de tout ; mais le grand progressiste, c’est un contresens à son nom, car il démolit sans cesse tout ce que sans cesse il construit, à commencer par l’homme lui-même qu’il sème et qu’il fauche sans en oublier un seul sur la terre, pour lui apprendre qui est le grand ensevelisseur de la création et le fossoyeur des mondes ! […] Des groupes de jolies pêcheuses, trempant leurs jambes nues dans l’eau transparente, et se jetant, avec de joyeux rires, les gouttelettes de l’eau de leurs filets au visage, forment à chaque tournant sous vos yeux de vrais paysages du Poussin. […] Est-ce vrai ? […] Il semble que des rayons du pur soleil d’Attique pénètrent de toute part ce style, comme il pénètre, au lever du jour, les marbres translucides du Parthénon pour les faire descendre dans l’œil fasciné du voyageur ignorant comme moi, et pour les faire exclamer d’enthousiasme : Voilà le vrai, voilà le beau, voilà la divinité des lignes, voilà l’habitation des dieux sur la terre !
Je l’écrivis alors en note dans mes souvenirs de poète pour faire peut-être un jour un sujet vrai de poème d’une aventure réelle, telle que Graziella, qu’on a tant aimée, ou que Geneviève, qui a fait verser tant de larmes aux cœurs simples. […] On voit bien, du reste, que rien ici ne sent l’effet ou la prétention de l’invention, et que cela est vrai comme la nature. […] c’est bien vrai, que j’en ai bien vu tomber et renaître de ces chères feuilles de notre gros arbre, dit-elle en écartant de sa main amaigrie les mèches de ses cheveux blancs, qui lui tombaient de son front sur les yeux. […] — C’est vrai, dit l’aïeule, que le pauvre Hyeronimo en jouait encore mieux que mon mari et que son père !
Il est vrai que plusieurs auteurs ont confondu, dans le drame grec, l’épilogue avec ce qu’on nommait exode, trompés par la définition d’Aristote. […] Bien des gens sont encore charmés des stances de Polieucte : tant il est vrai que nous ne sommes pas si délicats sur les convenances, et que la coutume donne souvent autant de force aux fausses beautés, que la nature en peut donner aux véritables ! […] Il est vrai que chaque discours fait une magnifique suite de vers, qui s’embellissent encore par la continuité. […] Cinna s’emporte et veut répondre : mouvement naturel et vrai, que Corneille n’a pas manqué de saisir.
De même qu’en nous transportant à l’objet éloigné nous l’apercevons en vraie grandeur et voyons alors rapetissé l’objet que nous venons de quitter, ainsi le physicien, passant de système en système, trouvera toujours le même Temps réel dans les systèmes où il se sera installé et qu’il aura par là même immobilisés, mais devra toujours, selon la perspective de la Relativité, attribuer des Temps plus ou moins ralentis aux systèmes qu’il aura quittés, et qu’il aura par là même mobilisés avec des vitesses plus ou moins considérables. […] Pierre reste où il est, à côté de moi ; je le vois et il se voit lui-même en vraie grandeur. […] Il est vrai que le texte cité nous montre précisément l’impossibilité où l’on se trouve, dans la théorie de la Relativité, d’exprimer mathématiquement cette distinction. […] Est-il vrai que le disque constitue un système ?
Il est vrai que ce n’est pas là la Thessalie, celle de Tempé et des fraîches vallées8.
Philippe Gille Un vrai poète, Jean Rameau, vient de publier la Chanson des étoiles, un de ses plus beaux livres.
Le poète est convaincu — et il le prouve du reste — qu’il n’est point de nuance, si subtile soit-elle, qu’on ne puisse rendre et pour ainsi dire faire toucher au moyen des mètres consacrés que le vrai poète sait toujours modeler sur la pensée.
Rien de plus vrai ni de mieux soutenu que les caracteres.
Il est vrai qu’on n’y trouve rien, ou presque rien de neuf ; mais c’est beaucoup de s’attacher aux vérités connues, de les développer & de les mettre à la portée de tous les Esprits.
Il y examine si l’on peut aspirer à un vrai bonheur sur la terre, jusqu’à quel point ce bonheur dépend de nous, & quel chemin y conduit.
Une femme qui commence ainsi l'éloge d'un Philosophe, n’obtiendra jamais ceux de nos prétendus Sages, mais n’en sera que plus digne de l’approbation des vrais Philosophes.
Ses différens Mémoires sur les objets les plus intéressans de l'Anatomie, de la Physiologie, de la Thérapeutique ; sur l'établissement de la Société Royale de Médecine que le Roi vient de former ; sur les inconvéniens des cimetieres dans les Villes, &c. n'offriront sans doute rien de piquant à la curiosité des Esprits légers & frivoles ; mais la reconnoissance éclairée du vrai Citoyen, dédommagera M. de Vicq. de la privation de ces sortes de suffrages que le Savant utile doit compter pour rien.
Si l'on fait attention aux difficultés du sujet qu'il a entrepris de traiter dans une Langue telle que la nôtre, & combien la Poésie Françoise se prête peu aux expressions techniques d'un Art dont la plupart des regles sont fondées sur l'Optique & l'Anatomie, on lui saura gré d'avoir surmonté de tels obstacles, & on passera sans peine sur le défaut d'intérêt & d'élégance, qu'on lui reproche, en lui tenant compte des vraies beautés qu'il a le plus souvent répandues sur une matiere ingrate par elle-même.
La vraie manière de bien s’en rendre compte et d’en tirer profit pour l’histoire du temps, c’est de voir comment Madame écrivait, dans quel esprit, ce qu’elle était elle-même par l’éducation, par le caractère. […] Il est vrai que, si je suis venue en France, c’est par pure obéissance pour mon père, pour mon oncle et pour ma tante l’électrice de Hanovre ; mon inclination ne m’y portait nullement. […] Bonne et fidèle amie, sûre, vraie, droite, aisée à prévenir et à choquer, fort difficile à ramener ; grossière, dangereuse à faire des sorties publiques ; fort Allemande dans toutes ses mœurs, et franche ; ignorant toute commodité et toute délicatesse pour soi et pour les autres, sobre, sauvage et ayant ses fantaisies.
J’entre à ce sujet dans quelques explications qui me paraissent bien vraies et trop peu appréciées encore aujourd’hui, mais qui n’ont peut-être toute leur valeur que pour l’éducation de quelques élèves particuliers. […] Cette personne honnête et probe croit à son lecteur, à son public, à l’affection qu’elle leur inspire, à l’intérêt que le monde témoigne pour la continuation et l’achèvement de son travail, à la compassion qu’il aura d’une interruption venue d’une cause si douloureuse ; elle se souvient de Cicéron pleurant sa fille Tullia, de Quintilien déplorant la perte d’un fils plein de promesses, et, tout en les imitant, elle verse de vraies larmes ; puis, en finissant, la mère chrétienne se retrouve et se soumet115. […] [NdA] La vraie définition du livre de Florus me paraît être : « une Biographie laudative, brillante et sommaire, du Peuple romain ».
Je voudrais, dans ce rapide exposé et dans l’appréciation des faits principaux, ne choquer aucun sentiment vrai, généreux, ne méconnaître aucun des titres de la conscience humaine ; et pourtant j’ai à maintenir la ligne qui reste la plus droite, la seule française, celle du large et royal chemin. […] Gardons-nous d’oublier que ceux qui n’ont pas réussi ont contre eux bien des apparences et des commencements équivoques qui auraient un tout autre air moyennant une autre issue : un rayon de soleil tombant à propos change bien les aspects. « Mais pour ce que les histoires, dit quelque part Rohan, ne se font que par les victorieux, nous ne voyons ordinairement d’estimes que les enfants de la fortune. » Tout cela est vrai ; et toutefois c’est bien Richelieu qui dans cette lutte a raison, et qui a la conscience de la grande cause qu’il sert, de la noble monarchie qu’il continue, et de la France incomparable qu’il achève. […] La conscience des vaincus pourtant, quand il y a en jeu des sentiments sincères et de vraies croyances, et aussi une portion de droit engagée, a ses forces secrètes, ses ressorts profonds, invincibles, et dont il ne faut parler qu’avec respect.
Qu’on se représente bien la situation vraie et le lieu de chaque personnage. […] Là, il était dans le sens vrai de sa vocation, de son instinct. […] Selon cette chronique dont il se porte garant, les deux personnes qui passaient pour être filles de l’intendant et fidèle domestique de Marolles auraient tenu de plus près à ce dernier ; les gens soi-disant bien informés prétendaient qu’il était le vrai père.
L’épouse elle-même ne put les ignorer, mais elle leur imposa silence, et lorsque le jeune Strogonof se fut résigné à un autre mariage, Mme Swetchine devint l’amie la plus sûre et la plus fidèle de sa femme. » S’il est vrai qu’il y eut une lutte dans le cœur de la jeune fille, et un sacrifice pénible à consommer pour obéir à la décision de son père, si cet amer mécompte, ce renoncement au bonheur dans le mariage, en flétrissant du premier jour l’avenir, la jeta par volonté et de parti pris dans les voies austères du devoir et de la résignation en Dieu, il est impossible d’en rien découvrir dans ce passage du livre de M. de Falloux. […] et qu’est-ce qu’une ombre, qu’un écho, si ce n’est une image ou un son affaiblis, indistincts, mais cependant toujours vrais ? […] Elle se montrait plus vraie et plus franche de nature que le monde artificiel au milieu duquel elle était encadrée.
La Vieille du Deffand ne lui accorde rien de vrai et de sincère. […] Quand on a eu une vraie distinction, on ne meurt jamais entièrement au sein de la société et du régime dont on a été, qui vous a produit et qui vous survit, et où se transmettent tant bien que mal les souvenirs ; mais là où on court le risque à peu-près certain de périr et d’être abîmé tout entier, c’est quand le déluge fatal qui survient tôt ou tard, le tremblement ou le déplacement des idées et des conditions humaines envahit et emporte l’ordre de choses même et tout le quartier de société et de culture qui vous a porté. […] Mais la brillante amie du prince de Conti méritait d’être remise en lumière à son vrai point de vue, d’être tirée du vague et de l’incertitude où flottait sa mémoire.
Étaient-ils vrais pour le positif des faits allégués, comme l’auteur le soutint toujours ? […] Un d’eux proposait la question et l’agitait longtemps avant que de la résoudre ; un autre proposait les difficultés ; un troisième y répondait ; un quatrième examinait les objections et les réponses ; ensuite M. l’archevêque reprenait ce qu’on avait dit, et après avoir discuté avec autant de précision que de netteté ce qu’il y avait de douteux, de certain, de faux et de vrai dans le pour et le contre, il appuyait la résolution du cas avec une surabondance de preuves toutes neuves tirées de l’Écriture, des Conciles, des Pères et de Tite-Live. […] » Voilà la vraie morale humaine, ramenant les choses au juste point, sans exagération, sans haine, sans frayeur et sans terreur.
Or, le secret de la sagesse est de trouver le vrai point de l’amitié que chacun se doit à soi-même, ni plus ni moins. Ce vrai point de l’amour de soi n’est ni dans l’égoïsme proprement dit, ni dans le trop de dévouement non plus. […] il est bien vrai qu’il n’y est pas revenu.
Je sentis, à la vive et fraternelle étreinte de ses deux petites mains cordialement posées dans les miennes, que la réalité de mon rêve était revenue ; puis, s’emparant avec une familiarité de sœur aînée du bras d’Olivier et du mien, s’appuyant également sur l’un et sur l’autre, et versant sur tous les deux, comme, un rayon de vrai soleil, la limpide lumière de son regard direct et franc, comme une personne un peu lasse, elle monta les escaliers du salon. » Est-il besoin de remarquer que Dominique, le narrateur qui est ici le peintre, n’a fait entrer dans son tableau que ce qu’il a eu réellement motif de voir, d’entendre, de retenir, ce qui est en rapport avec son sentiment, — le son des grelots qui lui annonçait l’approche désirée, — le voile bleu qui tout d’abord a frappé son regard ? […] Or, il n’y avait que deux solutions tout à fait vraies à la situation de Dominique et de Madeleine : ou bien la chute de Madeleine, résultat de leur commune imprudence ; ou bien le départ, en effet, de Dominique, trop timide, et qui a usé le plus fort de sa passion, déjà ancienne, dans des luttes stériles ; mais alors la vérité qu’il faudrait dire, c’est que Madeleine chez qui, au contraire, la passion est dans son plein et à son comble, doit lui en vouloir et le mépriser un peu de l’avoir amenée là pour reculer ensuite. […] C’est égal, de quelque côté qu’on la prenne, cette fin laisse, selon moi. à désirer ; et, comme dans un certain nombre de romans vrais, mais auxquels il fallait un dénouement, je suis bien sûr qu’ici, s’il y a quelque réalité dessous, la vérité n’a été suivie que jusqu’à un certain point et jusqu’à un certain endroit.
Il est vrai que le bras de Dieu, qui vous a soutenus dans les guerres passées, n’est pas encore raccourci ; mais si vous faites réflexion qu’un puissant roi s’est joint aux forces de votre prince, que les provisions, les officiers et l’union vous manquent, et que même vos obstinations vous feront abandonner de tous les princes et des États protestants…, vous ne pouvez pas espérer que la Providence divine, qui n’agit pas miraculeusement comme autrefois parmi les Israélites, veuille faire de vos ennemis ce qu’elle fit de Sennacherib ; et la parole de Dieu vous apprend que de se jeter dans les dangers sans prévoir humainement aucun moyen d’en sortir, c’est tenter Dieu qui laisse périr ceux qui aiment témérairement le danger… » On peut se figurer l’effet que dut produire la lecture d’une telle épître sur un auditoire mêlé de personnes timides, de vieillards, de femmes et d’enfants. […] Je sais que, toutes les fois qu’on parle de Catinat, il est de mode de dire beaucoup de mal de Feuquières ; Catinat n’eut pas à se louer de lui en deux circonstances, et il est plus que possible que Feuquières, en effet, par son caractère, et dans la pratique, ait eu quelques-uns des inconvénients qu’on lui a reprochés ; il faut bien croire, puisque tous l’ont dit, qu’il avait des vices de cœur : il n’en est pas moins vrai que, comme écrivain militaire, Feuquières est un esprit supérieur, et que la lecture de ses Mémoires ne soit un des livres qui donnent le plus à réfléchir. […] Muston, quand on a par-devers soi de vrais et précieux textes, s’aviser de les arranger ainsi à la moderne par une fausse idée d’élégance ?
Comme elle nous le dit en vraie fille de La Fontaine, à quelque chère idole en tout temps asservie, elle aimait une fleur, elle adorait quelque arbrisseau ; elle lui parlait à genoux, lui confiait ses peines, jouissait des mêmes printemps ou souffrait des mêmes vents d’hiver. […] Nous qui avons succédé à ce goût, qui en avons d’abord senti les défauts et avons réagi contre, nous commençons à discerner les nôtres ; à force de prétention au vrai et au réel, un certain factice aussi nous a gagnés ; quel effet produiront bientôt nos couleurs, nos rimes, nos images, nos étoffes habituelles ? […] Telle est parmi nous la situation des femmes, et, malgré l’exception qu’a formée le nouveau récipiendaire de l’Académie, je crois que, généralement parlant, il est vrai de dire que, pour atteindre maintenant au degré d’intérêt dont elle est susceptible, l’Élégie doit parler par la bouche des femmes, ou du moins en leur nom ; elles seules, dit-on, savent donner de la grâce aux passions malheureuses : en vérité, on peut leur laisser cet avantage-là. » Nulle femme ne se trouva plus que Mme Valmore dans la situation supposée par Mme Guizot, et aucun poëte élégiaque n’a tiré en effet de son cœur des accents plus plaintifs et plus déchirants.
Pour nous, critique, chargé d’enregistrer à temps ces choses nouvelles, nous tâcherons de n’y jamais manquer, et nous gardant, s’il se peut, de la précipitation enthousiaste qui prophétise inconsidérément des splendeurs par trop nébuleuses, nous ne serons pas des derniers à signaler les vraies apparitions dignes du regard. […] S’il s’attaquait au vrai moyen âge, aux siècles de Hildebrand et de Bernard, il n’accorderait pas assez à l’influence universelle, à la splendeur du soleil catholique ; les exceptions et les points obscurs le distrairaient de la vérité d’ensemble. […] Le procédé d’exécution répond tout à fait à ce qu’on peut attendre : une simplicité parfaite, une force continue ; point de pomposo ni de bavardage ; point de réflexions ni de digressions ; quelque chose de droit qui va au but, qui ne se détourne ni d’un côté ni de l’autre, et pousse devant, en marquant chaque pas, comme un bélier sombre ; point de vapeurs à l’horizon ni de demi-teintes, mais des lignes nettes, des couleurs fortes dans leur sobriété, des ciels un peu crus, des tons graves et bruns ; chaque circonstance essentielle décrite, chaque réalité serrée de près et rendue avec une exactitude sévère ; chaque personnage conséquent à lui-même de tout point ; vrai de geste, de costume, de visage ; concentré et viril dans sa passion, même les femmes ; et derrière ces personnages et ces scènes, l’auteur qui s’efface, qu’on n’entend ni ne voit, dont la sympathie ni l’amour n’éclatent jamais dans le cours du récit par quelque cri irrésistible, et qui n’intervient au plus que tout à la fin, sous un faux air d’insouciance et avec un demi-sourire d’ironie.
L’infortuné rencontre en Allemagne la vraie hospitalité ; en Italie, la bassesse, mais quelquefois des éclairs de sensibilité et de délicatesse ; en Espagne, la morgue et la lâcheté, parfois aussi de la noblesse ; le peuple français, malgré sa barbarie lorsqu’il s’assemble en masse, est le plus charitable, le plus sensible de tous envers le misérable, parce qu’il est sans contredit le moins avide d’or. […] Les romans sont les livres des malheureux : ils nous nourrissent d’illusions, il est vrai ; mais en sont-ils plus remplis que la vie ? […] Joubert avant de mourir, comme une harpe éolienne qui rend quelques beaux sons, et qui n’exécute aucun air. » C’était triste et vrai.
cela m’est égal : elles pourraient être vraies, et elles sont grandes. […] C’est si vrai, que nous sommes enveloppés de mystère ! […] Sully Prudhomme s’écrie dans son enthousiasme candide : Il est tombé pour nous, le rideau merveilleux Où du vrai monde erraient les fausses apparences… Le ciel a fait l’aveu de son mensonge ancien.
Puis il s’agit d’une de ces entreprises qui ont besoin du temps pour être consommées et pour porter leurs vrais fruits. […] C’est autant peut-être par ce souci moral que par amour de la vérité vraie qu’il évite de faire trop large la part des personnages historiques, même des plus séduisants. […] Tous ceux qui l’approchaient, soit dans son modeste appartement de Paris, soit à Villeneuve-Saint-Georges, où sa médiocrité de fortune lui avait pourtant permis d’acquérir la maison et le jardin du sage, l’aimaient pour sa bonté, sa douceur, la simplicité de ses mœurs et l’on peut bien ajouter, — car la chose était exquise chez un vieillard, et l’on sait ici le vrai sens des mots, — pour sa naïveté : disposition d’esprit franche et fière, qui n’excluait ni la connaissance des hommes ni la finesse, mais seulement les défiances et les moqueries stériles et le pessimisme d’amateur.
Quel est, au vrai, le domaine de l’art dans le théâtre ? […] Il est vrai, une petite phrase fut extraite d’un dialogue rapide de Molière : la plupart se plurent à inclure en elle toute la dramatique de ce poète ; puis la paresse des généralisateurs pressés y découvrit le définition universelle du genre. […] Faut-il donc, au théâtre comme ailleurs, renoncer au critérium chancelant du suffrage universel, estimer que la beauté des drames ne se mesure pas aux nombres des représentations ou aux chiffres des encaissements, bien que ces nombres et ces chiffres attestent, d’un témoignage mathématique, irrécusable, le jugement du vrai public ?
Quel est, au vrai, le domaine de l’art dans le théâtre ? […] Il est vrai, une petite phrase fut extraite d’un dialogue rapide de Molière : la plupart se plurent à inclure en elle toute la dramatique de ce poète ; puis la paresse des généralisateurs pressés y découvrit la définition universelle du genre. […] Faut-il donc, au théâtre comme ailleurs, renoncer au critérium chancelant du suffrage universel, estimer que la beauté des drames ne se mesure pas aux nombres des représentations ou aux chiffres des encaissements, bien que ces nombres et ces chiffres attestent, d’un témoignage mathématique, irrécusable, le jugement du vrai public ?
Je ne me cache point de toi, mais il est bien vrai que, lorsque mon âme est occupée de ses faiblesses, je ne cherche plus tant à t’appeler. […] Une telle déclaration, placée en regard du récit de Mme Campan, ne laisse pas d’embarrasser, je le répète, et de jeter dans une vraie perplexité ; car on se refuse à admettre que Barnave ait parlé simplement ici comme un avocat qui se croit en droit de nier tout ce qui n’est pas prouvé. […] Elle brusquait la conclusion à plaisir, et substituait à une vraie solution politique un dénouement de théâtre.
J’en connais qui n’ont pas moins d’esprit et de discrétion que de charme et de beauté ; mais ce sont des singularités que la nature, par dessein ou par caprice, se plaît quelquefois à nous donner… Ces femmes extraordinaires semblent avoir emprunté le mérite des hommes, et peut-être qu’elles font une espèce d’infidélité à leur sexe, de passer ainsi de leur naturelle condition aux vrais avantages de la nôtre. […] J’ai quelquefois entendu demander pourquoi j’aimais tant à m’occuper de ces femmes aimables et spirituelles du passé, et à les remettre dans leur vrai jour. […] Elle disait de Mme de Choiseul, qui se coiffait en caricature : « Elle ressemble à un printemps d’hôtellerie comme deux gouttes d’eau. » Elle disait du pauvre petit chevalier de Sévigné, qui, entre elle et la comédienne Champmeslé, s’était engagé à plus qu’il ne pouvait : « C’est une vraie citrouille fricassée dans de la neige. » Son mot si gai : « Oh !
C’est par des expériences fines, raisonnées et suivies, que l’on force la nature à découvrir son secret ; toutes les autres méthodes n’ont jamais réussi, et les vrais physiciens ne peuvent s’empêcher de regarder les anciens systèmes comme d’anciennes rêveries, et sont réduits à lire la plupart des nouveaux comme on lit les romans. […] Il voudrait nous convaincre que « le bonheur est au-dedans de nous-même ; que la jouissance paisible de notre âme est notre seul et vrai bien ». […] À la manière dont il parle « de cet horrible dégoût de soi-même, qui ne nous laisse d’autre désir que celui de cesser d’être », on voit que si cette âme calme et supérieure n’a jamais été atteinte du mal des Rousseau, des Werther et des futurs René, elle n’a pas été sans le reconnaître et sans le dénoncer à sa source : « Dans cet état d’illusion et de ténèbres, dit-il, nous voudrions changer la nature même de notre âme ; elle ne nous a été donnée que pour connaître, nous ne voudrions l’employer qu’à sentir. » Le vrai sage, selon lui, est celui qui sait maîtriser ces fausses prétentions et ces faux désirs : Content de son état, il ne veut être que comme il a toujours été, ne vivre que comme il a toujours vécu ; se suffisant à lui-même, il n’a qu’un faible besoin des autres, il ne peut leur être à charge ; occupé continuellement à exercer les facultés de son âme, il perfectionne son entendement, il cultive son esprit, il acquiert de nouvelles connaissances, et se satisfait à tout instant sans remords, sans dégoût, il jouit de tout l’univers en jouissant de lui-même.
S’il est vrai que Raynouard, comme on l’a dit, ait laissé des mémoires, on doit inviter ceux qui en sont possesseurs à les publier pour éclairer cette première moitié de sa vie, dont quelques points seulement sont connus. […] Il n’avait, au lieu de cela, qu’à dire, ce qui est très vrai, que le grand maître avait eu la faiblesse de faire des aveux, soit par crainte, soit par l’espoir de sauver son ordre, et nous le représenter ensuite rendu au sentiment de l’honneur, par un retour heureux de courage et de vertu, et rétractant ses premiers aveux à l’aspect même du bûcher qui l’attend. […] Dès 1814, il était entré tout entier dans les voies de l’érudition, où l’attendait sa vraie gloire.
Une religion vraie et pratique, qui n’excluait pas, mais qui ramenait à elle les réflexions mêmes de la philosophie, la soutenait et raffermissait dans sa vertu et dans sa prudence. […] Voilà où toute âme raisonnable doit chercher la véritable félicité, obscure, il est vrai, mais tranquille et innocente. […] On a trouvé ces réflexions trop multipliées et trop longues, ce qui peut être vrai pour la dernière partie des Mémoires ; mais elle sait d’ordinaire les entremêler aux circonstances mêmes qui les lui inspirent.
Michaud fut de bonne heure royaliste, voilà le vrai. […] Il est vrai que ces quatorze années paraissent n’être plus rien à l’auteur lorsque plus tard, au lendemain de la chute de l’Empire, il fit réimprimer sa brochure en 1814. […] Sa corruption à lui, toute décente, c’était qu’on le mît à même d’être vrai dans l’histoire et de louer dignement le passé.
À partir de là, on n’a plus que des fragments de récits et la correspondance, laquelle, il est vrai, est aujourd’hui des plus complètes et ne laisse rien à désirer. […] Ç’a été de voir que, dans le temps où il était décidément esprit fort, il a manqué à la fidélité d’un dépôt, et que deux ou trois autres libres penseurs de sa connaissance se sont permis des torts d’argent ou de droiture à son égard : « Je commençai à soupçonner, dit-il, que cette doctrine, bien qu’elle pût être vraie, n’était pas très profitable. » Il revient donc à la religion elle-même par l’utilité. […] Je ne faisais jamais de parties de pêche ni de chasse : il est bien vrai qu’un livre me débauchait quelquefois de mon travail, mais c’était rarement, c’était au logis et sans donner de scandale.
Je ne prends que ces derniers mots, et je les crois vrais. […] On voit luire dans cette correspondance mutuelle comme un éclair d’une de ces amitiés à la Platon, faites pour unir ceux qu’anime un même culte du beau et du vrai. […] Cependant le passage que j’indique, et vingt autres que je pourrais également citer, sont trop directs et trop expressifs pour ne pas ouvrir un jour vrai sur le fond premier de la nature de Frédéric, dussent-ils paraître en contradiction ouverte avec ce qui a suivi.
Ce ne fut que sous Louis XVIII, qui se donnait l’air d’un lettré parce qu’il savait un peu de latin, qu’un Saint-Simon obtint, parce qu’il était Saint-Simon, l’autorisation de publier ces Mémoires, dont quelques fragments, arrachés à la surveillance de leurs eunuques, avaient été publiés déjà, plus mutilés, il est vrai, que la Vénus de Milo, mais dont les mutilations faisaient ardemment désirer la splendeur révélée de leur beauté intégrale. […] Je n’ignore pas, moi, il est vrai, que dans Dubois il y avait aussi deux hommes, plus certains tous deux que ces deux-là que l’on croit voir dans Saint-Simon et qui n’y sont pas ! […] On lui accordait, il est vrai, le génie du plus grand peintre d’histoire qu’ait eu la langue française, mais on avait toujours méconnu en lui le génie politique qu’il avait pourtant au même degré, mais qui, avec les vices et l’esprit de son temps, était resté et devait rester sans emploi.
D’ailleurs, dans ce livre : De l’Allemagne, comme dans la tête de l’auteur, il résulte du mélange de poésie très vraie et de philosophie très fausse qui s’y combinent, je ne sais quoi d’hermaphrodite et de bâtard qui n’est ni la poésie qu’on pouvait espérer, ni la philosophie qu’on devait attendre. […] il n’est pas vrai que la Critique de la raison par Kant, qui a anéanti les preuves de l’existence de Dieu telles que nous les connaissions depuis Anselme de Cantorbéry, ait anéanti en même temps l’idée même de l’existence de Dieu. […] C’est vrai, il eut le caprice de nicher là, ce rossignol dépaysé !
Une âme souffre à travers ses pages, une âme chrétienne, baptisée, pleine de Dieu, une vraie âme, tandis que dans les pages de La Rochefoucauld, de Vauvenargues et même de La Bruyère, il n’y a que des entéléchies d’Aristote, il y a des esprits et peu d’âme, — quoique, d’entre les trois, le plus jeune, qui sentait palpiter ses vingt ans à travers sa philosophie, ait dit que « les grandes pensées viennent du cœur », La Bruyère, le seul chrétien d’entre eux, ne l’était que correctement, comme tous les honnêtes gens de son époque, mais il devait entendre cette religion, dont il admirait l’ordonnance, à peu près comme Le Nôtre entendait ses jardins. […] Lasserre en a conclu le vrai prophète, le vrai prophète comme Isaïe et Baruch, comme Habacuc et comme Jérémie.
M. le pasteur Gaberél, il est vrai, a conçu l’idée, si naturelle en effet, de rechercher tout ce que la Suisse et la Savoie possédaient de documents encore inconnus sur Jean-Jacques. […] nous en accordons-nous mieux sur les premiers devoirs et les vrais biens de la vie humaine ?
Le pire, il le sent bien, c’est que l’outrageuse amante, en s’enfuyant, ne laisse entre ses bras qu’un houx épineux, au lieu du vrai rameau. […] Ce n’était pas modestie vraie ou fausse de sa part, car il reconnaissait assez haut dans la conversation sa valeur et ses supériorités : on peut dire qu’il avait l’orgueil de son œuvre et l’insouciance du succès.
A vrai dire, quand une philosophie en est arrivée là, quelles qu’aient pu être sa valeur et sa vérité au point de départ, il est temps qu’elle finisse et soit détrônée ; car toute philosophie, digne de ce nom, n’existe qu’à la condition d’être sans cesse en question, sur le qui-vive, et de recommencer toujours. […] Ne faisant remonter la philosophie, comme science, que jusqu’à Descartes, le jeune professeur la voyait s’égarant presque aussitôt et ressaisissant seulement la vraie méthode au commencement du dernier siècle, mais avec des préventions exclusives dans les différentes écoles qui s’étaient alors partagé l’Angleterre, la France et l’Allemagne : « Le temps, disait-il, qui recueille, féconde, agrandit les moindres germes de vérité déposés dans les plus humbles analyses, frappe sans pitié, engloutit les hypothèses, même celles du génie.
Un peu plus loin, il est vrai, l’auteur paraît regretter que le patronage qu’exerçaient les grands envers les philosophes soit souvent allé jusqu à l’intimité réciproque ; que devient la compassion, alors ? […] Les mutins se montrèrent alors si disposés à prendre la fuite, qu’ils se fussent assurément dispersés, si un corps de troupes eût paru. » Et ailleurs, « Il est bien vrai que, si la sortie des Suisses (au 10 août) eût été appuyée par un corps suffisant de cavalerie, la Révolution eût pu être terminée ce jour-ci là. » Et ailleurs, « Cinq cents hommes distingués par leur rang et leur bravoure, cinq cents…., cinq cents seulement… de ceux qui cueillaient sous Condé des lauriers stériles ou vivaient de la pitié des nations étrangères, réunis alors (après le 10 août et avant le 21 janvier) dans Paris, auraient été probablement soutenus par les habitants de cette ville, et, en attaquant franchement les fédérés, auraient peut-être, par un coup de main hardi, réussi à leur arracher leur victime. » Et ailleurs, « La facilité avec laquelle les jacobins furent dispersés par les sections (au 1er prairial) fit voir combien, à d’autres époques, avec de l’accord et de la résolution, il eût été aisé de triompher du crime.
Sans doute, si vous entendez par moi la force qui pense, qui veut et qui a la conscience nette, lucide et réfléchie de toutes ses sensations, vous arriverez à l’isoler à peu près complètement des autres forces que vous supposez dans les divers organes ; mais encore, comme vous ne pouvez nier que dans l’homme, tel qu’on l’entend communément, corps et âme, il n’y ait une certaine unité, il s’ensuivra qu’en nous le je ne sais quoi nécessaire qui unit le moi tel que vous l’entendez dans un sens restreint, et les autres forces des divers organes, est le moi supérieur, le vrai moi, l’homme réel et vivant : que devient alors votre dualité ? […] Ils se figurent bien, il est vrai, que cet abîme qui sépare la pensée et le désir spirituel d’avec l’acte matériel est traversé, cette vie durant, par une espèce de pont-levis moyennant lequel le moi peut sortir au dehors ; mais c’est là, selon eux, une puissance viagère et fortuite à laquelle il ne faut pas trop s’habituer, et dont il convient d’user avec discrétion et seulement pour les besoins indispensables.
Des scènes vraies, habiles, du comique de situation, des détails fins et de jolis mots en abondance, des endroits mêmes d’un pathétique assez naturel, tout cela monté à merveille et joué avec ensemble, remplit délicieusement deux heures de soirée, et ne laisse pas jour à la critique qui s’endort sur une agréable impression. […] « Et maintenant, messieurs, vous tous qui êtes qualifiés du nom de philosophes, moralistes, métaphysiciens, politiques et économistes, nous vous interpellons ici directement, et nous vous défions publiquement d’apporter, à l’aide de vos sciences vraies et mensongères, la moindre amélioration au sort de la société et notamment des classes populaires. » Et ailleurs : « Nous dirons à tous les détracteurs du régime sociétaire, que M.
Gogol, en effet, paraît se rattacher avant tout à la fidélité des mœurs, à la reproduction du vrai, du naturel, soit dans le temps présent, soit dans un passé historique ; le génie populaire le préoccupe, et quelque part que son regard se porte, il se plaît à le découvrir et à l’étudier4. […] Viardot d’être connu en France comme celui d’un homme d’un vrai talent, observateur sagace et inexorable de la nature humaine6.
Le mot le plus vrai qu’on ait dit sur elle, est celui de Descartes : la lecture des bons livres est comme une conversation qu’on aurait avec les plus honnêtes gens des siècles passés, et une conversation où ils ne nous livreraient que le meilleur de leurs pensées. Les mathématiciens, comme j’en connais, que les lettres amusent, et qui vont au théâtre ou prennent un livre pour se récréer, sont plus dans le vrai que ces littérateurs, comme j’en connais aussi, qui ne lisent pas, mais dépouillent, et croient faire assez de convertir en fiches tout l’imprimé dont ils s’emparent.
Cependant il serait vrai, je crois, de dire que si beaucoup d’œuvres particulières des écrivains anglais furent chez nous en crédit, aucun mouvement considérable n’a son réel point de départ en Angleterre : nous trouvons dans le courant de notre littérature même, dans les transformations de l’esprit public et des mœurs sociales, dans l’apparition enfin de certaines originalités individuelles, les raisons essentielles de l’évolution du goût et des formes littéraires. […] Il est vrai qu’il ne peut ni ne veut le retenir.
Tout cela est vrai. […] Wolff, Blavet et Millaud, voilà le vrai fond du Figaro.
Peu de privilégiés sont appelés à la goûter pleinement, cela est vrai, mais n’est-ce pas ce qui arrive pour les arts les plus nobles ? […] Il est vrai que les raisonnements de ce genre ne sont pas rigoureux, au sens que l’analyste attache à ce mot.
Le premier, il a proclamé la royauté de l’esprit ; le premier, il a dit, au moins par ses actes : « Mon royaume n’est pas de ce monde. » La fondation de la vraie religion est bien son œuvre. […] Sans contredit, les circonstances furent pour beaucoup dans le succès de cette révolution merveilleuse ; mais les circonstances ne secondent que ce qui est juste et vrai.
Sully-Prudhomme, lui, n’a rien pu dire, car il souffre du désaccord de son âme et de son esprit : de son âme lyrique et romantique dont les « vrais vers ne seront pas lus » ; de son esprit didactique, polytechnicien et parnassien qui traduit en pauvretés les inquiètes richesses profondes. […] Séduit par son charme timide, par ses douleurs presque vaillantes et par ses tremblantes inquiétudes vers le vrai, l’avenir oubliera ses défaillances.
Une poésie non écrite doit avoir des règles de versification toutes différentes des règles de la poésie littéraire, naguère admises sans révolte, aujourd’hui, il est vrai, presque démodées. […] La poésie populaire est le pays de la licence, de toutes les licences : on pourrait même dire que la licence est la seule vraie règle de sa versification.
« Oui, en effet, elle se souvient, ainsi vaincue par une force irrésistible, de ses jours tout-puissants de triomphe et de victoire ; elle se souvient de l’enthousiasme universel, elle se souvient de ses créations splendides, quand elle faisait, de rien quelque chose : une comédie d’un vaudeville, un membre de l’Institut de quelque faiseur de mauvais vers ; elle se souvient de la joie, de la bonne humeur, de l’applaudissement du parterre ; elle se rappelle tous les triomphes entassés là, à ses pieds : ce théâtre glorifié, cette scène agrandie, et les vrais Dieux venant au-devant d’elle, les mains chargées de couronnes. […] « Seulement, dans cette foule brodée de l’Œil-de-Bœuf qui bourdonne incessamment à son oreille, parmi ces jeunes et galants oisifs qui font l’amour pour s’en vanter, et qui se parent d’une maîtresse nouvelle, comme d’un justaucorps à brevet, Célimène finit par découvrir le plus honnête des gentilshommes, le plus vrai des amoureux.
Il est vrai que ce ne seroit pas celle du goût. […] Son style simple & élégant est relevé par des pensées vraies & naturelles, & par de tours heureux.
Riche, il avait eu le vrai luxe d’un homme de lettres : il avait placé ses fonds dans sa bibliothèque ; par malheur ses livres les plus précieux étaient couverts d’armoiries, il fut une époque où c’était un grand crime ; et M. […] Ce serait ici le lieu de parler d’une comédie qui dut causer un grand scandale ; mais je ne la nommerai point, parce que, s’il est certain que cet ouvrage a signalé des sophistes dangereux, il n’est pas moins vrai, que son titre a calomnié des sages.
À l’époque où commença la prédication de Luther, si la question eût pu n’être qu’une question politique, la réformation n’aurait pas eu lieu : cela est si vrai qu’à présent ceux des luthériens et des calvinistes qui pensent, qui regardent au fond des choses, n’hésitent pas à prononcer que les communions protestantes devraient se réunir à la religion catholique. […] qui précipitait au moment même Jacques II du trône où il n’avait pas su s’asseoir : tant il est vrai que le principe qui commence par agiter la société religieuse s’épuise, et devient sans force en passant dans la société civile !
Il est vrai qu’ils ne s’étaient pas librement associés. Il est vrai qu’ils n’avaient pas mis leurs vingt-deux têtes dans le même bonnet, et qu’ils n’étaient, après tout, que les pierres d’une mosaïque intellectuelle, composée par un éditeur… Chacun de ces vingt-deux fragments d’un traducteur intégral avait son petit coin, son alvéole, dans la ruche, sa petite pièce sur laquelle il s’était rué et avait épuisé son petit génie, — et puisque chacun avait choisi le morceau (ode, épode, épître ou satire) qui convenait le plus à son genre d’esprit ou d’imagination, ce n’était pas peut-être, en tant qu’il faille traduire un auteur, la plus mauvaise espèce des traductions que celle qu’ils faisaient à eux tous.
Et ce mot de Joubert est vrai, même physiologiquement, même sur la médaille où cette fine tête ne doit guère peser au cou décharné de vieux romain qui la porte avec tant de noblesse. […] D’essence, malgré les révérences de la présentation, cette préface est un contresens avec l’esprit net, sain et vigoureux du livre de Vian, lequel sait fort bien, quoiqu’il ne le dise pas toujours, où est la vraie force de Montesquieu.
C’était nouveau, c’était original, c’était intéressant, c’était vrai, et si réussi qu’en rééditant ce livre pas un mot n’y a été changé. […] C’était un observateur, un critique, un liseur intrépide, un antiquaire, un érudit, un dilettante de vieux textes, qui avait fourré l’œil et la main dans les historiens, dans les poètes, dans les légistes (les légistes, les vrais historiens de ce peuple romain, de ce peuple de procureurs !)
… Il est vrai que le roi René pèse un peu moins que le roi Louis XI dans la balance de ceux qui sont de poignet à peser les hommes de l’Histoire. […] Sans l’égaler jamais, il est vrai, cet être incomparable dans l’histoire, il le rappela par sa chevaleresque bravoure, sa piété et son courage dans la captivité ; car, victime d’un sort incroyable, René d’Anjou a commencé sa jeunesse et son règne par la captivité !
Il est tombé, lui aussi, amoureux de cette créature si légère d’esprit, de conduite et de tout, qu’il n’a pas osé mettre, il est vrai, dans ses Femmes vertueuses du grand siècle, mais dont il a parlé comme si elle était une vertu, elle qui n’était qu’une coquetterie ! […] Il l’est même si fort qu’il a écrit sur elle de ces mots poétiques et idéalisants qui la déguisent, et que je suis fâché de trouver sous cette plume de goût, qui devrait peindre ressemblant, en parlant d’une femme aussi connue que cette blonde espiègle : « À quinze ans, — dit-il, — Marie (c’est madame de Sévigné) n’avait rien de cette timidité virginale, ou, si l’on veut, de cette gaucherie innocente que les jeunes filles rapportent du couvent dans les plis de leur robe montante. » Et cela, je crois bien que c’est vrai ; mais que dirons-nous de ce qui suit ?
Augustin Thierry n’avait pas, il est vrai, ajouté à sa coupante critique la démonstration d’un grand exemple. […] Car voilà tout le sens vrai de cette Histoire de France d’aujourd’hui, qui s’enveloppe la main dans de la critique incertaine, chimérique ou fausse, pour faire mieux son mauvais coup contre le Moyen Âge et pour qu’on sente moins ainsi la main du voleur.
des historiens, même parmi les ennemis de l’Église, avaient cherché le vrai sous le faux dans cette question de la personnalité des Borgia ; et voici qu’il se trouve que, grâce à la glace historique du comte de Gobineau, qui réfléchit si exactement et si lucidement les choses, la question embrouillée reçoit du jour. […] Dans la superbe scène avec Lucrèce qui commence la première partie de La Renaissance, Alexandre juge, il est vrai, l’ambition de son fils avec trop d’entrailles paternelles et cette admiration politique qui ôte ordinairement les entrailles à ceux qui en ont, excepté, apparemment, aux pères pour leurs fils.
Mais cette date eût été plus spirituelle encore, si le livre avait son vrai nom. […] Et ceci est si vrai, que beaucoup de gentilshommes catholiques se trouvaient dans l’armée de Henri de Navarre le protestant.
Même dans une question d’histoire naturelle, mais qui touche à une autre question bien autrement profonde, il a si peu d’intuition et de certitude à lui qu’il se réclame de Blumenbach, qu’il appelle son maître, et, d’un autre côté, il a si peu de fermeté et de foi en l’adhésion qu’il donne à cet illustre nomenclateur, qu’après avoir reconnu ses cinq races il ajoute : « Il n’en est pas moins vrai qu’aucune différence radicale et typique ne régit ces groupes », comme s’il se repentait déjà ! […] J’aurais pu en ajouter beaucoup d’autres, moins élevées que celles que j’ai données, plus chétives, non moins vraies, et, que dis-je ?
Frivole et libertin, le xviiie siècle peut avoir, malgré son libertinage et sa frivolité, quelques amours violents et vrais, — comme ceux de Mademoiselle de Lespinasse, par exemple, — mais l’effrayante et inexplicable fidélité qui apparaît comme la fatalité du cœur, n’était pas possible avec les âmes de cette époque corrompue. […] Ils y tombent de la plume d’une femme qui ne se doute même pas de leur beauté, tant elle est vraie, et spontanée, et naturelle, cette femme qui n’écrit que pour apaiser son âme, dans ce siècle faux et déclamatoire qui n’avait que l’hypocrisie de la nature dans ses déclamations et qui procédait déjà par avance à l’ampoulé de la Révolution Française !
Même dans une question d’histoire naturelle, mais qui touche à une autre question bien autrement profonde, il a si peu d’intuition et de certitude à lui, qu’il se réclame de Blumenbach, qu’il appelle son maître, et, d’un autre côté, il a si peu de fermeté et de foi en l’adhésion qu’il donne à cet illustre nomenclateur, qu’après avoir reconnu ses cinq races, il ajoute : « Il n’en est pas moins vrai qu’aucune différence radicale et typique ne régit ses groupes », comme s’il se repentait déjà ! […] J’aurais pu en ajouter beaucoup d’autres, moins élevées que celles que j’ai données, plus chétives, non moins vraies, et que dis-je ?
Nous nous soucions fort peu, il est vrai, de l’Espagne de Saint Isidore de Séville, de Saint Ignace de Loyola, de la terre catholique d’Isabelle et de Ximenès, mais, en revanche, nous raffolons depuis trente ans de l’Espagne moresque, de l’Espagne des boléros, des fandangos, des basquines et des castagnettes, et c’est, ma foi ! […] C’est avoir profité que de savoir s’y plaire, a dit un poëte de la lecture d’un autre poëte : mais c’est bien plus vrai de la lecture de Sainte Térèse.
Balzac lui-même, le plus grand et le meilleur de tous, qui amis tout le monde de son temps dans l’immense cercle de sa Comédie humaine soit dans les romans, sous des noms supposés, soit sous les vrais noms, dans ses préfaces, n’a pas, que je me rappelle, écrit une seule fois le nom de Brucker. […] Il est vrai que, comme Walter Scott, il ne faisait pas de chefs-d’œuvre presque rythmés dans leurs apparitions, tant ils paraissaient avec l’exactitude d’un battant de cloche qui sonne les heures.
… Je ne sais rien de lui, sinon qu’il est professeur, comme il nous l’apprend, du reste, dans le titre même de son livre, et qu’il a, malgré son nom allemand, la précision française du langage, et un mépris très français aussi pour les idées allemandes… Il range, en effet, Kant et Hégel — mais trop en passant, il est vrai, — parmi les sophistes dont il écrit l’histoire. […] Funck Brentano, qui devrait croire à la philosophie puisqu’il la professe, le sophiste n’existe point en soi… Le sophiste, c’est toujours un philosophe dépravé qui déprave une philosophie antérieure, qui abuse de cette philosophie, qui en fausse le principe, les idées, le langage, et cela est vrai si la philosophie est elle-même une vérité.
Si ce qu’ils ont écrit est vrai et beau, la critique se brisera ou s’usera sur ce marbre. […] … L’Histoire de la civilisation a fait, il est vrai, beaucoup plus de bruit, et se trouve probablement dans beaucoup plus de bibliothèques.
Je les connais et il les connaît aussi… mais c’est précisément, n’est-il pas vrai ? […] Les nouveaux critiques de l’Idée de Dieu ont remis en valeur des théories qui n’avaient pas le degré de force, de précision et de profondeur, qu’on est en droit d’exiger d’une philosophie, et l’insuffisant redevenait du vrai à la lumière épouvantable du faux complet !
Achille du Clésieux a l’accent des vrais poètes, qui est un accent passionné. […] Le critique de la Gazette de France pose, il est vrai, à l’amant d’Armelle, l’alternative de l’épouser, — elle, — ou de se taire, — lui, — ce qui serait, du coup, la suppression du poème ; mais l’âme ne se prend pas si vite et si facilement que cela dans le petit étau d’un dilemme.
Nous avons eu, il est vrai, quelquefois, des poésies impies et blasphématoires, mais ce n’étaient point des poésies personnelles. […] Dans ses poèmes, qui étaient pour lui, comme pour tous les poètes, la vraie réalité de sa vie, il n’était et ne fut jamais que le beau panthéiste dont les vers — malgré lui et retournés contre lui — sont des adorations de Dieu à travers les adorations de la nature.
Un jour Chateaubriand, dans un commentaire de l’Essai sur les révolutions, se donna publiquement la discipline avec une coquetterie de pénitence qui était de la vanité à l’envers, mais Balzac fut souvent un pénitent plus profond et plus vrai. […] Il est vrai que M.
Isolé comme un chrétien dans ces temps d’épreuve pour les vrais serviteurs de Dieu, il n’est pas, comme Diderot, le centre d’une légion (le diable s’appelle parfois légion) de philosophes qui le regardent comme leur Ordonnateur en chef. […] Dévoré d’une fièvre apostolique (je demande pardon pour la hardiesse du mot), il se servit, dans l’intérêt de sa foi nouvelle, de ce merveilleux don de parole improvisée qui est sa vraie force, sa plus incontestable supériorité.
En effet, s’il pouvait se défaire de ce ton sans gêne qui ne le quitte jamais (littérairement, bien entendu) et qui le conter, la casquette sur la tête et les mains dans ses goussets, il serait ici, nous en convenons, dans son vrai genre, il aurait découvert son filon. […] Il l’a naturellement ; ce n’est pas un système ; tout ce caoutchouc-là est sa vraie peau.
En effet, vrai peut-être, s’il avait été intitulé, par exemple : Les Paysans des environs de Paris, et que l’auteur eût renoncé à ses paysages de Bourgogne ou les eût remplacés, le livre de Balzac n’est plus, sous sa dénomination abstraite et dure, qui étreint mal ce qu’elle veut embrasser, de l’observation libre, impersonnelle et lumineuse ! […] Et d’ailleurs, si pour être vrai il faut être calme, qui jamais fut plus calme que l’auteur du Marquis des Saffras ?
il la photographie, mais elle ne lui insinue jamais dans l’imagination cette lumière interne des vrais peintres, plus vraie que l’autre lumière, a travers laquelle ils peignent tout.
Tout homme qui veut être applaudi, dénature sa pensée ; ou il en cache une partie pour faire davantage briller l’autre, ou il saisit un rapport qui étonne et qui est plus singulier que vrai ; ou il détache ce qui devrait être fondu dans l’ensemble, et le met en saillie, ou pour avoir l’air de s’élever et de voir de plus haut, il généralise un sentiment qui ne conserve sa force qu’autant qu’il est lié à une situation ; ou il ajoute au sentiment même, et pour étonner il exagère, ou par une expression recherchée il veut donner une tournure fine à ce qui devrait être simple, ou il tâche d’unir la finesse à la force pour surprendre par l’assemblage de deux qualités contraires, ou enfin pour arrêter et fixer partout l’attention, il multiplie les détails et néglige la grandeur et la marche de l’ensemble. […] Dans un pays d’esclaves, il fut libre ; et parmi les mensonges des cours, il fut vrai.
Ponsard a tort, de plus, de se mettre du parti des sots ; et Viennet n’est qu’un sot, lequel, il est vrai, a quelquefois la sottise spirituelle.
Grâce à elle on admirera, on comprendra d’autant mieux les chefs-d’œuvre du grand siècle qu’on se les représentera plus franchement à distance, dans le lointain où ils sont, et à leur vrai jour.
M. de Châtillon aura mérité d’être et de rester un vrai poète populaire.
Théodore de Banville Mme Louise Colet, poète d’un grand et vrai talent, a balbutié ses premiers essais dans un temps de névrose romantique où il fallait être pâle, fatal, poitrinaire et lis penché, sous peine de mort.
Dans l’âme du poète, tout est vrai, ce qu’il sent et ce qu’il imagine.
Bernard Jullien Ce qui distingue éminemment les chansons de Désaugiers, et toutes ses productions, c’est la verve, le naturel, la bonne et franche gaîté, la peinture vraie et plaisante des mœurs et des ridicules de tous les états, souvent aussi une fécondité singulière pour tirer une multitude de pensées d’un fond qui ne semblait pas les comporter.
Mais s’il ne m’a pas été donné d’éviter l’excès et de me tenir au vrai point, j’aime mieux qu’on me reproche la superstition, où il entre du moins de la reconnaissance, que l’indifférence, où il y a toujours un peu de vanité.
M. l’Abbé Batteux est du petit nombre des Auteurs qui ont rendu de vrais services à la Littérature.
Quand même il seroit vrai que, dans ses Mémoires, M. de la Beaumelle n’a pas toujours eu l’exactitude historique & la discrétion convenable, on ne peut lui refuser une maniere de raconter vive, intéressante, pittoresque, énergique.
Il est vrai qu’il y regne beaucoup de méthode, beaucoup d’érudition, beaucoup de citations, beaucoup d’observations ; mais les Ouvrages didactiques, surtout de cette espece, exigent encore du goût, de la critique, des vûes bien présentées, & principalement une élocution soignée, propre à animer les préceptes que l’Auteur veut faire goûter.
Il est du nombre des Gens de Lettres estimables, qui ne sont pas de l’Académie Françoise, & qui ne seroient jugés que plus dignes d’en être, par le suffrage du Public, si les vrais talens étoient toujours des titres pour y parvenir.
Après avoir essayé de se rendre utile aux Lettres par un petit Ouvrage, intitulé, le Temple de la Critique, où, parmi des jugements assez sains & vivement exprimés, on en trouve quelques-uns de faux & d’outrés, il a rendu de vrais services au Public par la rédaction de la suite des Lettres édifiantes.
Jamais homme n’aima plus l’étude : il est vrai qu’il n’a pas toujours fait un bon usage de son savoir.
Quand le trait seroit vrai, ce dont on peut douter, M. de Voltaire, en qualité d'ami de M.
Il est vrai que la Philosophie de l’Ecrivain des Mœurs a su du moins respecter quelque chose.
Il est fait pour tourner la tête à deux sortes de gens ; son élégance, sa mignardise, sa galanterie romanesque, sa coquetterie, son goût, sa facilité, sa variété, son éclat, ses carnations fardées ; sa débauche, doivent captiver les petits-maîtres, les petites femmes, les jeunes gens, les gens du monde, la foule de ceux qui sont étrangers au vrai goût, à la vérité, aux idées justes, à la sévérité de l’art ; comment résisteraient-ils au saillant, au libertinage, à l’éclat, aux pompons, aux tétons, aux fesses, à l’épigramme de Boucher.
Mill, il est vrai, s’est assez longuement occupé de la question9 ; mais il n’a fait que passer au crible de sa dialectique ce que Comte en avait dit, sans y rien ajouter de vraiment personnel.
Cela n’est vrai, ni en principe, ni en fait. […] Le vrai critérium qui permet de décider si la vie est réellement arrêtée d’une manière absolue, c’est la durée indéterminée de cet arrêt. […] Et cela est vrai non seulement des êtres arrivés à l’état adulte, mais même pour l’œuf ou l’embryon. […] Ce qui est vrai, c’est que le rôle exact de l’oxygène, que nous croyons savoir, nous est encore inconnu : à peine peut-on le soupçonner. […] Ce que nous venons de voir à propos des végétaux est vrai des animaux.
Ce masque d’érudition, sous lequel étouffait un talent aimable, tombe ; le vrai, le naturel reparaissent, et avec eux l’homme d’esprit et l’homme de goût. […] Il est vrai que ce tout n’appartient pas à l’auteur du Demi-Monde, jugez plutôt ! […] C’est moi qui suis le vrai Jean-Marie Farina ! […] La presse est restée généralement dans le vrai à l’égard de M. […] Il va plus loin, aujourd’hui, dans son feuilleton du Pays : il fait le procès à la versification française. — Il est vrai qu’il en a tant abusé !
— L'exposition de Peinture et de Sculpture est ouverte depuis un mois : tout d’abord, dans le grand salon, on distingue un portrait de cette même princesse Belgiojoso par le peintre Lehman, disciple d’Ingres et artiste d’un vrai talent.
Ces croix d’ailleurs, en France, sont tellement prodiguées qu’elles ont perdu leur prix et leur vrai sens de distinction ; nous ne signalons cette marque d’honneur pour Jasmin qu’à cause du contraste que cela fait avec sa profession ; cette nouvelle sera bien accueillie dans le midi de la France qui voit en lui son poëte populaire.
Elle a de vraies larmes dans la voix.
Mais dès que Auguste Brizeux, préoccupé de symboles, adopte le rythme ternaire des vieilles proses de nos rituels, dès qu’à force de raffinement il croit être devenu un vrai primitif, tout charme s’évanouit, toute lumière et toute clarté disparaissent : il ne reste plus que des vers martelés, ternis, énigmatiques et vides.
Jules Barbey d’Aurevilly Je connaissais le Monselet de tout le monde, le Monselet du journal, du théâtre, du café, du restaurant, le Monselet du boulevard et de Paris, le Monselet légendaire, celui qu’on a représenté les ailes au dos, comme Cupidon, parce qu’il a écrit Monsieur de Cupidon… Je connaissais le Monselet de la gaîté, de la bonne humeur, de la grâce nonchalante, la pierre à feu qu’on peut battre éternellement du briquet pour en tirer d’infatigables étincelles…, mais je ne connaissais pas le Monselet intime, — le Monselet du Monselet, — la quintessence de l’essence, et c’est ce livre, intitulé tout uniment et tout simplement : Poésies complètes de Charles Monselet, qui me l’a fait connaître, qui m’a appris l’autre Monselet dont je ne connaissais que la moitié… Un poète, un poète de plus parmi les vrais poètes, voilà ce qu’apprend ce recueil des Poésies complètes de Monselet, réunissant tous les rayons éparpillés de son talent et nous faisant choisir entre tous celui qui plaît davantage, le plus pénétrant et le plus pur… Certes, on savait bien, bien longtemps avant ce recueil, que Monselet était un chanteur plein de verve et de fantaisie… Il était plus que cela, et ce dernier recueil le met à sa place, parmi les touchants.
Je dis nihilisme : c’est le vrai sentiment de contact des intellectuels d’élite et des instinctifs de l’anarchie.
Il n’en est pas moins vrai que l’idée religieuse n’exclut pas certains sentiments antisociaux ou même qu’elle les favorise.
Il est vrai qu’ils amusent par-là le peuple & les esprits légers ; mais les esprits éclairés n’en reconnoissent que mieux leur foiblesse, & bientôt les sots mêmes seront forcés d’ouvrir les yeux au milieu de la fumée enivrante dont ils les repaissent.
Il est vrai que les talens prématurés de M.
Il écrit avec noblesse, & souvent avec élégance ; il a l’art de présenter les faits d’une maniere intéressante ; on voit qu’il est plein de sagacité dans la Critique, judicieux & quelquefois profond dans ses Réflexions, toujours vrai dans ses Récits.
Il a composé, il est vrai, la Vie d’Epicure, mais en Historien qui sait condamner, lorsqu’il le faut, les égaremens de celui dont il raconte les actions.
Ses vrais Zélateurs ont-ils besoin d’être décidés par les clameurs d’une fausse Philosophie, pour en écarter des fables dont l’ignorance a voulu l’étayer, sans penser qu’un tel secours lui étoit injurieux ?
Avec de la modestie, le vrai talent se défie de la fausse gloire ; avec de la docilité, il profite des avis qui l’éclairent, & parvient, sans intrigue, à la véritable.
Aussi doit-on peu s'étonner que M. de Saint-Lambert ait répondu à cette critique en vrai Militaire.
Tes Ecrits, il est vrai, sans art & languissans, Semblent être formés en dépit du bon sens : Mais ils trouvent pourtant, quoi qu'on en puisse dire, Un Marchand pour les vendre, & des sots pour les lire.
Le vrai, l’unique : la mort ; la perte des êtres chers.
Aristote, il est vrai, a prétendu que le poème épique est tout entier dans la tragédie : mais ne pourrait-on pas croire, au contraire, que c’est le drame qui est tout entier dans l’épopée ?
Le christianisme, au contraire, en nous instruisant de la vraie constitution des êtres surnaturels, nous a montré l’empire de la vertu, éternellement séparé de celui du vice.
Toutes les sortes de goût, un cœur sensible à tous les charmes, une âme susceptible d’une infinité d’enthousiasmes différents, une variété de style qui répondît à la variété des pinceaux ; pouvoir être grand ou voluptueux avec Deshays, simple et vrai avec Chardin, délicat avec Vien, pathétique avec Greuze, produire toutes les illusions possibles avec Vernet.
Matériellement, c’est un vrai joyau typographique.
Il est vrai qu’il n’y a pas seulement chez lui des traits de passion, on y trouve déjà de la sensibilité, qualité moins précise et plustôt moderne ; mais pourtant on est trop empressé d’ordinaire à restreindre le génie ancien ; en l’étudiant mieux et en l’approfondissant, on découvre qu’il avait de vin plus de choses que notre première prévention n’est portée à lui en accorder. […] Dans le vrai pourtant, Médée, tout en cédant à ces fluctuations, ne s’en est pas ainsi rendu compte en moraliste, et Apollonius, plus voisin en cela de la nature, ne lui prête pas cette réflexion. […] Cela est si vrai, que le rôle de l’homme consiste plus souvent alors à le supporter qu’à le partager. […] Le héros aimé de Phèdre ou de Didon est tellement en présence d’une vraie maladie et d’un fléau des Dieux, que, s’il résiste, il a affaire à une héroïne violente et très-aisément à une femme cruelle. […] Dans le cas présent, en détournant à mon dire cette pensée de Pline, je la traduirai plus modestement et dans un sens plus vrai, de manière à tout respecter, à tout ménager : parmi les œuvres des antiques génies, dirai-je simplement, quelques-unes sont plus célèbres, et d’autres le sont moins qui se trouvent belles encore.
Tel était le duc de Saint-Simon, père de l’écrivain, vrai souverain dans son gouvernement de Blaye, respecté du roi lui-même. […] On en trouverait encore quelques-uns dans les cantons reculés, en Bretagne, en Auvergne, vrais commandants de district, et je suis sûr qu’au besoin leurs paysans les suivront autant par respect que par crainte. […] Je n’en ai pas encore vu un s’échauffer contre un soldat-paysan, et j’ai vu en même temps un air de respect filial de la part de ces derniers… C’est le paradis terrestre pour les mœurs, la simplicité, la vraie grandeur patriarcale : des paysans dont l’attitude devant les seigneurs est celle d’un fils tendre devant son père, des seigneurs qui ne parlent à ces paysans dans leur langage grossier et rude que d’un air bon et riant ; on voit un amour réciproque entre les maîtres et les serviteurs » Plus au sud, dans le Bocage, pays tout agricole et sans routes, où les dames voyagent à cheval et dans des voitures à bœufs, où le seigneur n’a pas de fermiers, mais vingt-cinq à trente petits métayers avec lesquels il partage, la primauté des grands ne fait point de peine aux petits. […] Les cent trente et un évêques et archevêques ont ensemble 5 600 000 livres de revenu épiscopal et 1 200 000 livres en abbayes, en moyenne 50 000 livres par tête dans l’imprimé, 100 000 en fait : aussi bien aux yeux des contemporains, au dire des spectateurs qui savaient la vérité vraie, un évêque était « un grand seigneur ayant 100 000 livres de rente73 ». […] « Le sieur de Montmorin, capitaine des chasses de Fontainebleau, tire de sa place des sommes immenses et se conduit en vrai brigand.
Quand ce recul et cet emboîtement sont devenus involontaires, quand nous ne nous souvenons plus qu’ils ont d’abord été purement volontaires, quand enfin nulle autre représentation projetée au même endroit ne surgit pour leur faire obstacle, le souvenir faux est tenu pour vrai. […] Son vrai nom était Virginie Silly, et elle se disait Eugénie de Sully. […] Répétée incessamment, chaque jour plus vive, entretenue par une passion maîtresse, par la vanité, par l’amour, par le scrupule religieux, soutenue par de fausses sensations mal interprétées, confirmée par un groupe d’explications appropriées, elle prend l’ascendant définitif, annule les souvenirs contradictoires ; n’étant plus niée, elle se trouve affirmative ; et le roman, qui d’abord avait été déclaré roman, semble une histoire vraie. — Ainsi notre idée de notre personne est un groupe d’éléments coordonnés dont les associations mutuelles, sans cesse attaquées, sans cesse triomphantes, se maintiennent pendant la veille et la raison, comme la composition d’un organe se maintient pendant la santé et la vie. […] Or, on a vu que la sensation, après qu’elle a cessé, a la propriété de renaître par son image ; en règle générale, presque toute image nette et circonstanciée suppose une sensation antécédente ; de sorte que, si notre jugement est toujours faux en soi, il est presque toujours vrai par contrecoup. […] Tout ce groupe d’idées vraies et de souvenirs exacts forme un réseau singulièrement solide.
Ils sont des opéras : des ouvrages essentiellement de musique, avec paroles, en forme dialoguée et concertante, et accompagnés de spectacle ; la générale ordonnance des pièces et la spéciale ordonnance de chaque scène est soumise, par principe, à l’ordonnance supérieure de formes purement musicales, airs, duos, chœurs, morceaux d’ensemble, finales ; toutes tendances dramatiques, soucis de l’expression, d’une humaine vérité, faisant ces œuvres des opéras plus dramatiques, plus expressifs, plus vrais, les laissent, encore, des opéras, des festivals de concert perfectionnés, des chefs-d’œuvre musicaux, la continuation d’Alceste, d’Euryanthe, d’énormes essais, tourmentés, des floraisons étranges miraculeusement surgies au dessus des banales forêts connues, d’indécises croissances, vagues enfantements de désir. — Tristan et la Tétralogie sont des drames littéraires, avec musique et plastique : le texte littéraire est fondamental de l’œuvre, il est le commencement, le moyen, et la fin ; la représentation scénique l’éclaire seulement, et la musique, aussi, l’éclaire, par son commentaire, sa psychique explication, prodigieuse glose à la parole et à l’acte. […] Il renonce à l’égoïsme, comme à une limite cruelle : il va, maintenant, mettre en ses œuvres l’Unité, ayant acquis le Charme de la vraie Science. […] Il est pourtant facile de se rendre compte de l’admiration, de l’enthousiasme toujours croissant que causent, depuis bientôt vingt ans, les œuvres naguère les plus discutées, même en Allemagne : on les y joue de plus en plus, et elles triomphent non seulement à Vienne, à Munich, à Berlin, mais encore dans quantité de petites villes possédant de vrais théâtres d’opéras, où elles sont aujourd’hui interprétées dans la perfection. […] Il est vrai qu’on se rattrappera encore de temps en temps en dénaturant, toujours avec le même cynisme, Don Juan et le Freyschutz. […] , p. 53. et le second de Schopenhauer qui écrit dans Le Monde comme volonté et représentation : « L’intuition n’est pas seulement la source de toute connaissance, elle est la connaissance même χατεξοχην ; c’est la seule qui soit inconditionnellement vraie, la seule que l’homme s’assimile réellement, qui le pénètre tout entier, et qu’il puisse appeler vraiment sienne.
A vrai dire, Spencer et Taine ont montré qu’il y a dans toutes les sensations un élément quantitatif et un élément dynamique, mais ils n’ont nullement montré que les sensations soient une même qualité diversement développée. […] A vrai dire, puisqu’on invoque la conscience, où existe un état de conscience simple pour la conscience même ? […] C’est là ce qu’il y a de vrai dans ce qu’on a appelé la loi de relativité des sensations. […] On peut lui répondre, il est vrai, qu’en ce cas, il y a toujours comparaison, non d’une première lettre avec une seconde, mais de chaque lettre avec des souvenirs de poids qui, dans la mémoire, forment comme une échelle dynamométrique inscrite à l’avance. […] De deux choses l’une ; ou nous jugeons simplement que la chose est verte quand elle est sur le fond rouge (c’est la théorie de Helmholtz), et, dans ce cas, il y a simplement appréciation, dénomination, classification ; il n’y a pas une sensation constituée par une simple différence ; ou nous sentons réellement l’impression du vert (c’est la théorie de Hering, que nous croyons vraie), parce qu’il y a une composition cérébrale de mouvements aboutissant aux ondulations cérébrales du vert, et alors c’est bien la qualité même de la couleur qui est appréhendée, non son rapport avec une autre couleur.
De l’hôpital, il saute soudain au portrait d’un de ses amis, un vrai peintre, qu’il a rencontré, un jour, dans le jardin du Luxembourg, mangeant sur son pain, des pousses de tilleul du jardin, et si artiste, ajoute-t-il, que lorsque je l’aidais d’une pièce de quarante sous, il achetait trente sous d’eaux-fortes de Tiepolo. […] La Fanfulla de Rome déclare, dans un article colère, que ma sénilité me fait voir des fantasmagories dans le vrai. […] Il est vrai qu’à sa suite, Spuller se met à m’en parler… aimablement, mais comme d’un livre, dont l’auteur lui échappe, lui est fermé, lui est peu intelligible. […] Après deux ou trois tours, elle s’arrête soudain, et dit lentement avec des yeux, où l’espérance a l’air de sourire au milieu des larmes : « Ce matin… j’ai cru pourtant que ça allait n’être pas vrai ! […] … de vraies capotes de soldats, — s’écrie Mme Daudet, — celles qui auront porté cela ne seront jamais des femmes !
Les effets L’ensemble : L’œuvre de Flaubert est double, départie entre le vrai et le beau. […] En l’œuvre maîtresse, la Tentation de saint Antoine, le beau et le vrai s’allient par l’allégorie ; pénétrée de signification et décorée de splendeur, cette œuvre consigne en un dernier effort tout le testament spirituel et mystique de Gustave Flaubert. […] Le souci du vrai et la réussite à le rendre que montrent la psychologie et les descriptions réalistes de Flaubert, le suivent dans ses œuvres d’imagination. […] Aussi quitte-t-il, sans cesse, la réalité que l’acuité de ses sens et les besoins de son esprit le forçaient sans cesse aussi à apercevoir, et s’essaie-t-il à se créer un monde plus enthousiasmant, en abstrayant et en résumant du vrai ses élément épars d’énergie et de beauté sensuelle. […] « Je me borne donc à exposer les choses telles qu’elles m’apparaissent, à exprimer ce qui me semble le vrai.
II Il faut tuer ici, par un mot dur, mais vrai, la vanité de l’homme. […] Mais cette réserve même était dans son vrai rôle de femme, de reine et de mère. […] Créer est un mot impropre ; il n’est donné à personne de créer l’idiome d’une nation : c’est le travail et la gloire de tous ; mais il est vrai de dire que c’est le moment où les grands poètes et les grands écrivains façonnent la langue, lui donnent le pli, la forme, la flexibilité, la sonorité, la couleur, et l’approprient aux usages intellectuels auxquels cette langue est prédestinée par cette providence qui assigne leur mission aux peuples. […] Je souhaite que ce qu’on m’a dit ne soit pas vrai ; mais si vous êtes assez malheureux pour n’avoir pas rompu un commerce qui vous déshonore devant Dieu et devant les hommes, vous ne devez pas penser à nous venir voir ; car vous savez bien que je ne pourrais pas vous parler, vous sachant dans un état si déplorable et si contraire au christianisme. […] S’immoler pour son nom et pour son héritage, D’un enfant d’Israël voilà le vrai partage : Trop heureuse pour lui de hasarder vos jours !
Mais s’il est beau de fleurir, il est plus beau de mûrir, il est plus beau de transformer sa mâle adolescence en forte virilité ; il est plus beau de découvrir des horizons plus sévères, plus tristes, mais plus vrais, sans pâlir et sans se détourner en arrière à mesure qu’on avance dans la route ; il est plus beau de voir, sans reculer et sans pleurer, les roses de l’aurore pâlir et sécher aux feux, et à la sueur du milieu du jour ; il est plus beau d’avancer toujours courageusement en teignant du sang de ses pieds les rudes aspérités du chemin. […] Il y a, en effet, une littérature qui n’a pour objet que le beau, l’utile, le grand, le vrai, le saint. […] Et si on y ajoute enfin les grands esprits littéraires de l’Angleterre qui semblaient avoir fleuri de la même floraison sous les rayons de la paix européenne, esprits qui subissaient le contrecoup intellectuel de la France, et dont la France à son tour subissait l’influence ; si on y ajoute les Canning, les Byron, les Walter Scott les Moore, les Wordsworth, les Coleridge, les poètes des lacs, ces thébaïdes anglaises de la poésie de l’âme, on aura une idée approximative vraie de la situation de la littérature au moment où Alfred de Musset naissait aux vers. […] Il ne nous imitait pas, cela est vrai, mais la nature humaine, dans la première jeunesse, est tellement imitatrice qu’à son insu Alfred de Musset en imitait d’autres que nous. […] Mais enfin pour être vrai il faut reconnaître que l’absence de ces trois conditions qui font seules la grande poésie : l’amour, la foi, le caractère, lui manquent comme elles manquèrent à un homme du dix-septième siècle avec lequel il a une lointaine ressemblance, la Fontaine.
Lors même que ce dernier ordre de faits serait plus exactement et plus généralement vrai qu’il ne me semble l’être en réalité, que prouverait-il, sinon que quelques-unes de nos races existaient en ces contrées il y a plus de quatre ou cinq mille ans ? […] Si toutes les races de Pigeons domestiques descendent du Pigeon Biset, ces faits s’expliquent par le principe bien connu de réversion aux caractères des aïeux, principe, il est vrai, dont j’ai toujours vu l’action renfermée dans les limites de la seule couleur, au moins d’après toutes les observations que j’ai pu faire. […] Mais il est bien loin d’être vrai que le principe lui-même soit une découverte nouvelle. […] Un haut degré de variabilité est évidemment favorable, puisqu’il fournit des matériaux à l’action sélective, bien que des différences purement individuelles soient amplement suffisantes pour permettre, moyennant, il est vrai, un soin extrême, d’accumuler une grande somme de modifications en quelque direction que ce soit. […] Qui ne feront certes pas autorité auprès de nos éleveurs actuels, il est vrai.
Quelques paysagistes, il est vrai, hésiteront à le faire. […] Sortir du réel, c’est en même temps sortir du vrai. […] C’est le contraire qui est vrai. […] Dégoûté de sa propre banalité, l’art revient brusquement au vrai. […] Ce qui n’est pas vrai ici peut l’être là-bas.
Nulle grandeur fausse ou vraie ne se soutient devant lui ; les choses sondées et maniées perdent à l’instant leur prestige et leur valeur. […] Il suppose que l’âme ressemble à un spéculum ou miroir plano-cylindrique, le côté plat représentant les choses comme elles sont, et le côté cylindrique, selon les règles de la catoptrique, devant représenter les choses vraies comme fausses et les choses fausses comme vraies. […] Je ne me rappelle pas une seule ligne de lui qui indique un sentiment vrai de la nature ; il n’apercevait dans les forêts que des bûches et dans les champs que des sacs de grain. […] « Cadénus pouvait louer, estimer, approuver, mais ne comprenait pas ce que c’était qu’aimer991. » Rien de plus vrai, et Stella l’a senti comme les autres. […] Il est vrai, dit-il, qu’il n’y a rien ici dans ce testament qui fasse mention, totidem verbis, des nœuds d’épaule ; mais j’ose conjecturer que nous les y trouverons inclus, totidem syllabis.
Les catholiques réclament pour eux seuls, et les éclectiques se défendent comme ayant seuls la bonne et vraie philosophie : pour les éclectiques, les autres sectes philosophiques ne comptent pas ; pour les catholiques les autres communions dissidentes sont moins que rien.
Parmi les joyaux destinés à faire briller ces enchères, et qui en formaient (pour ainsi dire) le bouquet, figurait, — les amateurs ne l’ont pas oublié, — un Vauquelin de la Fresnaie, ce livre, ce rare avis de la bibliophilie, sans lequel il n’y aurait pas de vraie vente à sensation, et dont on dit toujours, à chaque nouvel exemplaire qui en reparaît, qu’on n’en connaît que trois ou quatre au monde.
Il y a là trop de dédain de la règle étroite, trop d’indépendance à se plier au joug religieusement accepté par les vrais artistes.
L’homme, bon ou mauvais, y agit rarement selon sa vraie nature ; mille liens l’étouffent, mille hasards l’éparpillent.
Robert de La Villehervé est un poète vrai.
Il est vrai que cette liberté de prononcer sur les Ecrivains, qui, en général, ne demandent que des Panégyristes, lui attira des disgraces, & en occasionna la suppression pour quelque temps : mais l’autorité comprit bientôt qu’il n’étoit pas moins essentiel de maintenir les loix de la Littérature, que celle de la subordination dans les autres ordres de l’Etat ; qu’il sera toujours avantageux aux Littérateurs d’être instruits, redressés, & contenus dans les bornes qu’ils ne doivent pas franchir ; que le bon usage des connoissances & des talens est un objet essentiel à l’intérêt & aux agrémens de la société ; que l’abus de ces deux puissans ressorts, dignes de toute l’attention de la Politique, entraîne toujours des suites dangereuses ; qu’un esprit éclairé, courageux, inflexible, mérite de l’encouragement, & ne doit point être livré à d’injustes persécutions.
Le Méchant sera toujours, de l’aveu de nos Connoisseurs, une de nos excellentes Comédies, & un vrai modèle de versification.
Il est vrai que si quelque chose pouvoit flatter son amour-propre & ajouter à la bonté de sa cause, ce seroit la maniere dont on a attaqué ses idées & combattu ses raisonnemens.
Peut-être a-t-on eu raison de lui reprocher trop de penchant à la critique, trop d'affectation à combattre certaines traditions accréditées par la multitude & le poids des témoignages, trop de facilité à tourner les textes à l'appui de ses idées, trop de complaisance dans les tableaux qu'il trace des abus qui lui déplaisent, trop d'amertume dans les censures ; mais en convenant de quelques-uns de ces défauts, il n'en est pas moins vrai, que si une plus longue carriere lui eût permis d'exécuter l'Ouvrage en entier, il auroit eu la gloire de nous avoir laissé une Histoire aussi estimable par la recherche des faits, leur ordonnance & leur variété, que par le mérite du style, qui est simple, aisé, naturel, & piquant, sans jamais s'éloigner de l'élégance & de la pureté, qui sont le partage d'un excellent Ecrivain.
Il est pourtant vrai qu’il a été le premier, parmi nous, ce qu’on appelle un Auteur Bel-Esprit.
Il a donc pensé que si l’on plaçait le mouvement de l’Ode dans les idées plutôt que dans les mots, si de plus on en asseyait la composition sur une idée fondamentale quelconque qui fût appropriée au sujet, et dont le développement s’appuyât dans toutes ses parties sur le développement de l’événement qu’elle raconterait, en substituant aux couleurs usées et fausses de la mythologie païenne les couleurs neuves et vraies de la théogonie chrétienne, on pourrait jeter dans l’Ode quelque chose de l’intérêt du drame, et lui faire parler en outre ce langage austère, consolant et religieux, dont a besoin une vieille société qui sort, encore toute chancelante, des saturnales de l’athéisme et de l’anarchie.
Sophocle fait mourir Jocaste, il est vrai, au moment où elle apprend son crime, mais Euripide la fait vivre longtemps après.
C’est une vigueur de couleur incroyable, une harmonie générale, un effet piquant et vrai, de belles masses, une magie de faire à désespérer, un ragoût dans l’assortiment et l’ordonnance. éloignez-vous, approchez-vous, même illusion, point de confusion, point de symmétrie non plus, point de papillotage ; l’œil est toujours recréé, parce qu’il y a calme et repos.
Il est fortement colorié, les fruits sont vrais, le vase blanchâtre est admirable par la variété des tons gris, rouges, noirs, jaunes et autres accidens de la cuisson.
Il est si vrai que ce sont ces images qui sont cause qu’on se plaît tant à lire les georgiques, que l’attention se relâche sur les vers qui donnent les preceptes que le titre a promis.
Fondements du vrai.
Ils se tromperont ; ce que je rapporte est très vrai : les gens honnêtes, les bons citoyens gémirent, en 1793, d’être forcés d’assister aux luttes de ces hommes de sang, qui, en nous déshonorant aux yeux des nations civilisées, finirent par mettre le comble à leurs forfaits en assassinant un prince vertueux, qui ne pouvait être accusé que d’une seule chose, de ne pas savoir défendre sa couronne, et de n’avoir pas assez de tête pour présider à la réforme d’un passé gros d’abus et de haines. […] Cette histoire est étrange, mais elle est vraie. […] Cet acteur qui ne voit qu’un coin du grand drame, jusque dans sa circonspection et son extrême réserve de jugement, apprend ou confirme bien des faits qui jettent du jour sur les vraies causes de notre désastre.
Nous avons le dernier mot de la vraie chronique à son sujet. […] Philippe II, serré de près et mis en demeure de se décider pour rendre réponse à son cousin d’Autriche, différait sans donner les vraies raisons. […] Villemain, lu à la séance du 23 juillet 1863 : « Une étude d’histoire bien faite et dictée par un grand scrupule de vérité, une réhabilitation — partielle, il est vrai, — de Philippe II, obtient la même distinction (il venait d’être question d’un livre sur Turgot).
L’Anthologie, telle qu’il nous la donne dans sa vraie forme, se divise en plusieurs livres et se compose uniquement d’épigrammes. […] Il est vrai qu’il était difficile à rendre à cause de la forme allégorique du commencement. […] Dehèque ; et notamment, tome Ier, p. 173, l’épigramme 316, qui paraît être une Épitaphe de Timon le Misanthrope, offre un vrai contre-sens.
Rien ne relève ce jeune homme comme ces deux femmes qui se disputent son cœur. » La remarque est vraie, mais il n’est pas étonnant toutefois que l’infante, chez Corneille, à la représentation, paraisse inutile, puisque dans la pièce, telle même qu’il l’a conçue, tout tend à la rapidité et au plus grand effet par le resserrement. […] Elle n’admet point, malgré les motifs d’espérance qu’essaye de lui donner la princesse, que l’affaire entre son père et Rodrigue puisse s’accommoder ; elle aussi a la religion du point d’honneur : « Les accommodements ne font rien en ce point : Les affronts à l’honneur ne se réparent point… » Chimène est comme les vraies femmes : elle aime les hommes qui se battent fort, qui se tuent, qui sont plus généreux que sages, plus héros que philosophes. […] Sa langue est la vraie langue du grand Corneille : c’est la pure moelle du lion ; c’est la sève du vieux chêne.
Il est vrai que les ennemis auraient pu faire des démarches qui l’auraient abrégée ; mais celles de notre armée ont pu contribuer à leur en ôter les vues. […] Il parlait du cœur plutôt que des lèvres. — Catinat ressentit en effet, avec un esprit d’humilité et un vrai trouble, ce « comble d’élévation » que le roi mettait dans sa famille ; sa correspondance avec son frère, à ce moment, est touchante et d’un naturel charmant. […] Tessé ayant reproché à M. de Saint-Thomas la ruse du duc et le panneau dans lequel il avait voulu faire tomber Catinat à propos du bombardement de Pignerol, comme si un mouvement en avant du général français eût suffi pour l’en détourner, Saint-Thomas l’interrompit et lui dit : « Moi, je vais vous conter l’histoire de la bataille que nous avons perdue, et je vous jure par tout ce qu’il y a de plus saint et de plus sacré que je vous parlerai vrai.
Il est un épisode pourtant de sa carrière amoureuse qui est une vraie tache et qu’on voudrait effacer, mais il ne faut point non plus en exagérer la noirceur. […] Je compte, que ces dames s’amuseront fort bien ; j’ai un corps d’officiers très bien choisi… » A sa sœur, la princesse de Holstein, quinze jours après et pendant le séjour même de ces dames, il en parlait de plus en plus gaillardement, en vrai voisin de Rabelais, plaisantant toujours sur ses houlans, qu’il comparait à des moines reclus. […] Le dernier mot du maréchal de Saxe est le jugement le plus vrai : sa vie fut en effet un beau songe.
Ces chemins, il est vrai, tournent et changent en avançant ; chaque siècle se voit tenté de refaire à son usage l’histoire du passé. […] Il est vrai que, si l’on n’y prend pas garde, la multiplicité des lumières va y refaire jusqu’à un certain point l’effet de l’obscurité primitive. […] En croyant les faire païens, Longus, ou l’auteur, quel qu’il soit, de Daphnis, faisait Dionysophane et Cléariste chrétiens à son insu. » Ce sont de vraies oasis que de telles pages en si grave sujet.
Je ne sais si toute cette théorie, mi-partie poétique et mi-partie critique, est fort claire ; mais je la crois fort vraie, et tant que les biographes des grands poëtes ne l’auront pas présente à l’esprit, ils feront des livres utiles, exacts, estimables sans doute, mais non des œuvres de haute critique et d’art ; ils rassembleront des anecdotes, détermineront des dates, exposeront des querelles littéraires : ce sera l’affaire du lecteur d’en faire jaillir le sens et d’y souffler la vie ; ils seront des chroniqueurs, non des statuaires ; ils tiendront les registres du temple, et ne seront pas les prêtres du dieu. […] Sa dictature allait cesser, il est vrai ; Théophile, par sa tragédie de Pyrame et Thisbé, y avait déjà porté coup ; Mairet, Rotrou, Scudery, étaient près d’arriver à la scène. […] Voltaire, dans son commentaire, a montré sur ce point comme sur d’autres une souveraine injustice et une assez grande ignorance des vraies origines de notre langue.
Quelle que soit la fantaisie qui se joue dans l’invention de cette société d’animaux, et quand elle n’aurait été créée que pour fournir un divertissement sans fatigue et sans amertume par le spectacle d’une agitation sans conséquence et sans gravité, il n’en serait pas moins vrai que le monde où luttent Renart et Ysengrin s’est organisé à la ressemblance de celui que connaissaient narrateurs et auditeurs. […] sinon aussi, peut-être, d’un sentiment plus ou moins distinct que toutes ces vilenies, ces ordures, sont un jeu d’esprit, une construction fantaisiste de l’imagination, et que ce n’est pas là le vrai monde dont on est. […] Comme on n’y saisit pas d’intention de faire vrai, on n’y trouve guère aussi trace d’observation : quand le trait est juste, c’est d’instinct, par une bonne fortune de l’œil et de la main.
En dépit du mot si vrai de Schopenhauer : « En morale la bonne volonté est tout, en art, elle n’est rien » on verra la société couronner l’effort laborieux, le mérite médiocre et respectueux du goût général plutôt que l’originalité heureuse, hardie et dédaigneuse du goût moyen, de l’esthétique de tout le monde. […] Ou plutôt la seule, la vraie valeur était alors la personnalité belle, forte et harmonieuse, l’homme complet. […] C’est à cet accroissement de puissance collective que chaque homme doit travailler et travaillera désormais de plus en plus, chacun se rendant compte qu’il bénéficie des inventions et des richesses produites collectivement et qu’ainsi il vaut mieux être un citoyen quelconque d’une grande ville moderne bien pourvue de toutes les commodités et de tous les agréments d’une civilisation raffinée, que d’être le chef d’un petit village sauvage, misérable et sans sécurité. — Tout cela est vrai.
Mais je ne veux pas discuter moi-même, et j’aimerais simplement à montrer dans son vrai jour cet homme docte, aimable, poli, qui sut tout, tout ce qui pouvait être su alors, et qui est la dernière grande figure, et l’une des plus fines, de ces savants robustes d’un autre âge. […] Huet, en goûtant la poésie, avait fait de bonne heure une réflexion sur ce que bien peu de gens sont nés, en effet, pour la sentir : « Il y a encore plus de poètes que de vrais juges des poètes et de la poésie. » Il revient souvent sur cette idée, qu’on retrouverait, je crois, également chez Montaigne. […] Je n’ai pu que l’effleurer en passant, mais j’ai tâché de ne hasarder aucun trait qui ne fut exact et vrai sur un personnage si considérable en son temps et de loin si original.
Les conseils à son fils parurent pour la première fois en 1726 dans les Mémoires de littérature du père Desmolets, sous le titre de Lettre d’une dame à son fils sur la vraie gloire. […] Ailleurs, dans un petit Traité de la vieillesse, elle parlera de la dévotion, non pas comme d’un faible, mais comme d’un soutien à mesure qu’on avance en âge : « C’est un sentiment décent et le seul nécessaire… La dévotion est un sentiment décent dans les femmes, et convenable à tous les sexes. » Cette manière d’envisager la religion est irréprochable au point de vue social et moral ; mais le vrai chrétien demande davantage, et je conçois que le digne M. de La Rivière n’ait pas été entièrement satisfait, à cet égard, des dispositions de son amie. […] On dirait qu’elle se ressouvient de ce même Vauvenargues qui pourtant n’est venu qu’après, quand elle dit : « Je vous exhorterai bien plus, mon fils, à travailler sur votre cœur qu’à perfectionner votre esprit : la vraie grandeur de l’homme est dans le cœur. » D’un autre côté, si elle devance ses successeurs sur quelques points, elle répète ses devanciers sur quelques autres, et il ne serait pas difficile de retrouver dans son texte des pensées toutes pures de Pascal, de La Bruyère et de La Rochefoucauld27.
Toujours il débutera vivement, brillamment, mêlant l’esprit à l’audace, la repartie à la bravoure ; il se montrera capable, des plus prompts à l’occasion, plein de promesses qu’il ne tient qu’à lui, ce semble, de réaliser : puis tout à coup, à un certain moment, une affaire d’honneur, de vrai ou de faux point d’honneur, l’arrêtera court, le fera sortir de la route tracée et le lancera dans une sphère d’action différente : il a en lui comme une force excentrique secrète qui le déjoue. […] Tandis qu’à la même époque, tous les désirs, tous les caprices passionnés ou sensuels s’exprimaient hautement avec impudence, il est touchant de voir ici un sentiment vrai, un attachement sincère qu’autorise le devoir, n’oser se produire qu’avec tremblement et pudeur, et une crainte marquée d’être repoussé : Je vous embrasse de tout mon cœur, malgré votre cruel silence. […] Il est vrai qu’il garde, à travers tout, de l’honnête homme, c’est-à-dire de l’homme aimable ; mais cet honnête homme, à quoi sert-il ?
N’ayant en tout ceci d’autre désir que d’être vrai et d’autre rôle que d’exposer fidèlement un caractère auquel le mot de traître ne convient pas, un de ceux auxquels il s’applique le moins, je demande à bien définir la question politique d’alors, telle que nos souvenirs calmés nous la laissent voir à cette distance, et je veux d’abord l’élever à sa juste hauteur. […] Le maréchal lui-même ne voulut pas laisser le colonel sans appui : « J’étais à Châtillon, dit-il, occupé de mes affaires, approuvant complètement les assertions de Fabvier, toutes entièrement vraies, mais bien tourmenté par l’idée de le voir se mettre en avant pour défendre mes actes, et se battre pour moi, tandis que je restais à l’écart. » Il eut l’idée alors d’écrire une lettre au duc de Richelieu, président du Conseil, en le prenant à témoin des faits et en lui rappelant ce que le gouvernement savait bien ; il fit en sorte que cette lettre imprimée fût répandue dans tout Paris au moment même où elle était remise au ministre. […] — Non, c’est vrai, répondirent les deux généraux.
Mais en prenant parti pour ce qu’il y avait de noblement et de raisonnablement attrayant dans cette cour du Palais-Royal, il s’attira l’inimitié de Monsieur et de son favori le chevalier de Lorraine, et il en résulta pour lui une vraie catastrophe et ce que Mme de Sévigné appelle ses malheurs. […] Cet agréable épisode des Mémoires de Choisy était connu dès le milieu du xviiie siècle, et je conçois que, sur cet aperçu, on ait eu envie de lire les vrais Mémoires de Cosnac. […] « C’est un homme, disait en terminant l’abbé de Choisy, d’une vivacité surprenante, d’une éloquence qui ne laisse pas la liberté de douter de ses paroles, bien que, à la quantité qu’il en dit, il ne soit pas possible qu’elles soient toutes vraies.
Nulle idée ne lui paraissait plus vraie ou fausse mais vraie et fausse tour à tour ou tout ensemble. […] Car il y a deux sens au mot classique, ainsi que l’a marqué Sainte-Beuve : « Le mot classicus se trouve employé dans Aulu-Gelle et appliqué aux écrivains ; un écrivain de valeur et de marque, classicus assiduusque scriptor, un écrivain qui compte, qui a du bien au soleil… Un vrai classique, comme j’aimerais à l’entendre définir, c’est un auteur qui a enrichi l’esprit humain, qui en a réellement augmenté le trésor, qui lui a fait faire un pas de plus, qui a découvert quelque vérité morale non équivoque ou ressaisi quelque passion éternelle… qui a rendu sa pensée, ou son observation, sous une forme n’importe laquelle, mais large et grande, fine et sensée, saine et belle en soi, qui a parlé à tous dans un style à lui, et qui se trouve celui de tout le monde, dans un style nouveau sans néologisme, nouveau et antique, aisément contemporain de tous les âges.
Peut-être objectera-t-on que les anciens avaient raison de regarder la poésie descriptive comme l’objet accessoire, et non comme l’objet principal du tableau ; je le pense aussi, et l’on a fait de nos jours un étrange abus du genre descriptif ; mais il n’en est pas moins vrai que c’est un moyen de plus entre nos mains, et qu’il a étendu la sphère des images poétiques, sans nous priver de la peinture des mœurs et des passions, telle qu’elle existait pour les anciens. […] Enfin, tous ces sujets, tirés de la fable, que l’on trouve dans les ruines d’Herculanum, prouvent que la mythologie dérobait aux peintres le vrai paysage, comme elle cachait aux poètes la vraie nature.
Tous ont assez bien connu les vices de notre éducation publique, aucun d’eux qui nous ait indiqué les vrais moyens de la rectifier ; nulle distinction entre ce qu’il importe à tous de savoir et ce qu’il n’importe d’enseigner qu’à quelques-uns ; nul égard ni à l’utilité plus ou moins générale des connaissances, ni à l’ordre des études qui devrait en être le corollaire. […] L’admiration, générale qu’il obtint sans la mériter soutint le désir de savoir ; le goût des futilités scolastiques passa, celui de la vraie science parut, et tous les grands hommes des siècles suivants sortirent d’autour de ces chaires qu’avaient autrefois occupées Thomas d’Aquin, Albert le Grand, Abeilard, Jean Scot, et qu’occupent aujourd’hui des maîtres à peu près leurs contemporains d’études. […] L’esprit humain semble avoir jeté sa gourme ; la futilité des études scolastiques est reconnue ; la fureur systématique est tombée ; il n’est plus question d’aristotélisme, ni de cartésianisme, ni de malebranchisme, ni de leibnitzianisme ; le goût de la vraie science règne de toutes parts ; les connaissances en tout genre ont été portées à un très-haut degré de perfection.
Il est vrai que les regles de la poësie latine sont en bien plus grand nombre que les regles de la poësie françoise, à cause qu’elles entrent plus dans le détail de la versification que les regles de la poesie françoise ; mais comme ces regles se dessignent, pour ainsi dire, comme on en fait la figure, en se servant des caracteres differents qui marquent la quantité des syllabes, elles sont aisées à comprendre et faciles à retenir. […] Ces regles, il est vrai, ne prescrivent pas quel doit être le son de chaque syllabe. […] Il est vrai que cette uniformité de rithme n’a point empêché le succès de nos poëmes dramatiques en France et dans les pays étrangers ; mais ces poëmes qui n’ont que deux mille vers sont assez excellens pour le soutenir contre ce dégoût.
Je disais que j’aurais aimé à mettre en regard des poésies si senties mais si funèbres de Leopardi, et qui serrent le cœur, quelques poésies naturelles et également vraies qui le dilatent et le consolent.
Les événements qui survinrent au retour, le jour faux et l’obscurcissement injuste où fut rejetée cette expédition glorieuse, les préjugés, parfois calomnieux, qui la dénaturaient, engagèrent M. d’Ault à ne pas attendre ; et, tout en ajournant son premier projet plus vaste, il inséra dans l’Avenir une série d’articles remarquables, où, avec une bonne foi et une indépendance pleine de mesure, il chercha à replacer à leur vrai point de vue les faits et les hommes.
C’est le romantisme et son éclat, le réalisme vrai.
Tant que les Auteurs médiocres auront la ressource de suppléer au défaut de mérite par le manége des petites séductions de Société, la Littérature sera médiocre, parce que le vrai talent, qui dédaigne les manœuvres, sera toujours opprimé & méconnu.
Il est vrai qu’il a fait quelques Contes dont les enfans s’amusent, & qu’on peut lire encore dans un âge avancé, pour affoiblir un moment d’ennui ; mais un homme qui fait tomber un aune de boudin par la cheminée, qui occupe le grand Jupiter à attacher ce boudin au nez d’une Héroïne, n’a pas prétendu travailler pour les Gens de goût, encore moins se destiner par-là à figurer parmi les Coopérateurs du grand chef-d’œuvre de l’esprit humain.
Raynal, [N.ABCD l’Abbé] né à Saint-Géniés, Diocese de Rhodez, en 1715, des Académies de Londres & de Berlin ; Ecrivain plus ingénieux que solide dans un genre où la solidité, sur-tout celle qui porte au vrai, doit être préférée à toute autre chose.
Il n'est pas possible qu'ils se dissimulent leurs méprises, à la vue de l'oubli où sont tombées & où tombent tous les jours quantité de Pieces, applaudies d'abord avec enthousiasme, & rejetées ensuite avec dégoût : tant la réflexion & le retour des vrais principes sont ennemis des Productions contraires à la raison & au bon goût !
Toute chose dont l’esprit peut mesurer l’étendue est petite : le cercle, qui chez les anciens exprimait l’éternité, pouvait être une image grande et vraie ; cependant il nous semble qu’elle tue l’imagination, en la forçant de tourner dans ce cerceau redoutable.
Il est vrai qu’à travers les regrets qu’ils montraient de toutes les douleurs qu’ils avaient causées, perçait je ne sais quelle satisfaction de fatuité ; ils aimaient à se peindre comme ayant, de même qu’Adolphe, été poursuivis par les opiniâtres affections qu’ils avaient inspirées, et victimes de l’amour immense qu’on avait conçu pour eux.
Le tout est d’un ton vrai et suave.
dit-il notre pari ne nous interdit pas de nous raconter quelque histoire pour rendre le temps moins long, n’est-il pas vrai, frère singe ?
Rien n’est plus vrai et rien n’est mieux prouvé maintenant.
Il est bien vrai que le despotisme s’installe sur les ruines de la liberté ; mais il les a trouvées toutes faites. […] Il est vrai que mélodrame est une injure fort à la mode (?) […] Pendant la retraite de Russie, est-il vrai que Daru l’ait complimenté de s’être chaque jour fait la barbe ? […] Lafargue, ont reçu une bonne éducation, mais que l’absence de fortune oblige au travail et met en lutte avec les vrais besoins. […] Il est vrai de dire qu’il ne l’avait pas choisi : il s’y était laissé reléguer, faute de mieux et sans résignation.
Ses plus profondes impressions, lui-même s’en fait gloire, datent d’alors et donnent le sens vrai de son talent. […] Je veux citer celle-ci presque tout entière80 : « On dit qu’il s’endort. » — Caroline, Est-il vrai qu’à Fontainebleau Ce puissant maître de château, Devant qui l’Europe s’incline, Que lui-même, que l’Empereur, Parmi tous les soins de l’empire, Sache même que je respire, Et me flattez-vous d’une erreur ? […] Selon l’usage de l’Empire, où les lettres se coordonnaient volontiers aux affaires, il occupait dans l’administration bienveillante de Français de Nantes une place assez considérable au Havre, une de ces places, il est vrai, données tout exprès pour très-peu assujettir ; il passait une bonne partie de sa vie à Rouen ou à Paris. […] En redescendant du cothurne de l’Empire, on goûtait fort chez lui quelque chose de senti, de naturel et de vrai dans la diction, d’assez voisin de la prose, avec du feu poétique pourtant et des veines de chaleur.
On y voit au vrai les dispositions de Bernardin au moment où il quitte la Russie, ses préoccupations bien moins romanesques qu’on ne l’a supposé ; les premiers symptômes de l’écrivain encore inexpérimenté et qui veut poindre ; l’utopiste et l’homme à systèmes qui se trahit çà et là ; l’amoureux, assez peu enthousiaste d’ailleurs ; l’ami reconnaissant et fidèle ; le bonhomme qui rêve en tout temps une chaumière et le bonheur de la famille ; le délicat blessé et le misanthrope qui va s’ouvrir aux aigreurs ; puis, à la fin, l’écrivain tout d’un coup célèbre, mais qui garde de ses susceptibilités, et qui porte jusque dans ses scrupules de probité et dans le paiement de ses dettes d’honneur une application et une affectation minutieuses, un coin de maladie. […] J’ai écrit d’ici au chevalier de Chazot des choses affligeantes, mais vraies. […] J’ai l’honneur d’être avec une vraie amitié, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur, De Saint-Pierre. […] Sa Majesté qui donne des royaumes à des étrangers, pourrait bien faire présent d’une île à un de ses anciens serviteurs83, quoique, à vous dire vrai, j’en sois aussi dégoûté que Sancho après son gouvernement.
Il est vrai que ce n’est pas là encore une bien grande popularité ! […] Cela est vrai d’expérience encore plus pour la royauté des royautés, pour cette souveraineté unique qui représente divinement sur la terre, dans ce qu’il a d’absolu et d’incompatible, le principe de l’autorité. […] Les Théatins remplacèrent le clergé paroissial dans les paroisses où il manquait. » Ce fut là la réforme vraie en face de la réforme menteuse, mais quelle que fût l’énergie du mouvement qui éclata dans l’Église pour échapper aux dangers qui avaient surgi, il n’eût pas été suffisant si Dieu n’avait envoyé son esprit à l’un des plus grands hommes qui se soient élevés jusqu’à la sainteté. […] Un tel homme était un vrai prêtre, et, au point de vue de la fermeté même, nous ne savons pas d’éloge plus grand.
C’est par une sorte d’abus, mais qui avait sa raison, que l’on a compris encore sous le nom de romantiques les poètes, comme André Chénier, qui sont amateurs de la beauté grecque et qui, par là même, sembleraient plutôt classiques ; mais les soi-disant classiques modernes étant alors, la plupart, fort peu instruits des vraies sources et se tenant à des imitations de seconde ou de troisième main, ç’a été se séparer d’eux d’une manière tranchée que de revenir aux sources mêmes, au sentiment des premiers maîtres, et d’y retremper son style ou son goût. […] Je pourrais indiquer encore plus d’une de ces pièces, achevées dans leur brièveté, les quelques vers adressés à Charles Baudelaire, des odelettes (comme les intitule l’auteur) qui sont de vrais bijoux d’exécution, à Théophile Gautier, aux frères de Goncourt, etc.
Les guerres civiles et l’esprit philosophique ont corrigé de ce faux goût ; car le malheur, dont les impressions ne sont que trop vraies, exclut les sentiments affectés, et la raison fait disparaître les expressions qui manquent de justesse. […] Lorsque Othello proteste devant le sénat de Venise, que le seul art qu’il ait employé pour séduire Desdemona, c’est le récit des périls auxquels il avait été exposé46, comme ce qu’il dit est trouvé vrai par toutes les femmes !
Le vrai crime aux yeux de ces gens-là, c’est d’être sans crime : ils vous haïssent par dépit de n’avoir rien à vous pardonner. […] Mais la postérité seule appelle les choses par leur vrai nom ; les contemporains les appellent par le nom qui les déshonore.
Avec du cœur on fait de nobles imprudences ; avec des mots on soulève des peuples, c’est vrai ; mais avec des mots on ne refait pas des frontières ! […] Mais si l’on considère de l’humanité son âme, son intelligence, sa moralité, sa destinée évidemment supérieure à cette vie et à cette mort entre lesquelles elle s’agite, sa connaissance de Dieu, l’hommage qu’elle rend à ce maître suprême de ses destinées individuelles ou collectives, la transition entre le fini et l’infini dont elle paraît être le nœud par sa double nature de corps et de pensée, sa conscience, faculté involontaire, révélation, non de la vérité, mais de la justice, son instinct évidemment religieux, son inquiétude sacrée qui lui fait chercher son Dieu, avant tout créature sacerdotale, chargée spécialement par l’Auteur des êtres de lui rapporter en holocauste les prémices de ce globe, la dîme de l’intelligence, la gerbe de l’autel, l’encens des choses créées, la foi, l’amour, l’hymne des créations muettes, la parole qui révèle, le cri qui implore, l’obéissance qui anéantit le néant devant l’Être unique, le chant intérieur qui célèbre l’enthousiasme, qui soulève comme une aile divine l’humanité alourdie par le poids de la matière, et qui la précipite dans le foyer de sa spiritualité pour y déposer son principe de mort et pour y revêtir d’échelons en échelons sa vraie vie, son immortalité dans son union à son principe immortel !
Shakespeare l’enchantait, le vrai Shakespeare, et tout Shakespeare. […] Il semble même que nous rétrogradions à Timocrate : Roméo, en sa vraie qualité de Montaigu, tue le fils de Capulet, et Capulet, pour venger son fils, s’adresse à Roméo, son fils adoptif sous le nom de Dolvedo.
Française, elle l’est par la clarté, par la concision, par la netteté si franche des termes qu’elle emploie, par une science de composition, par un amour de l’ordre et de la règle qui, très rigoureusement, procèdent du xviie siècle ; originale, nui ne le lui a contesté ; ç’a été le grand éloge et le grand reproche que lui ont sans cesse adressés ses amis et ses ennemis ; nouvelle, j’insiste là-dessus ; elle a été, elle est, elle restera étonnamment nouvelle et primesautière ; ceci est sa gloire, la meilleure et la plus vraie, dont rien ne peut la déshériter. […] Les imitateurs de Baudelaire n’ont pas assez vu que la perversité de leur maître ne consistait au fond que dans la perversion de ses sens et de son goût, dans une aliénation périodique de lui-même, dont il est vrai, d’ailleurs, qu’il avait le tort de se glorifier.
Ce que nous avons dit plus haut du rôle réduit de l’autorité est surtout vrai en démocratie. […] C’est avec elles surtout qu’est vrai le mot : Si tu veux commander, commence par obéir.
Et cela est vrai non-seulement de nos semblables, mais même des animaux. […] Sans doute une « analyse des phénomènes de l’esprit humain » doit s’en tenir aux faits ; mais la liberté, qu’on la considère comme vraie ou comme illusoire, est une question de fait aussi, et il n’est guère possible de la reléguer dans le domaine de la métaphysique.
Le vrai talent non plus n’a point à se repentir de ces contrariétés qu’il s’impose. […] M. de Montalembert a donc encore à gagner dans l’avenir, surtout s’il est vrai, comme l’a remarqué l’antique Solon dans de beaux vers qu’on a de lui, que l’accord parfait de la pensée et de l’éloquence ne se rencontre avec plénitude que de quarante-deux à cinquante-six ans.
On voit bien en effet que la science ne parvient à se constituer qu’en tenant pour vraies des propositions et des conceptions qu’une analyse plus pénétrante doit montrer par la suite illusoires. […] Ce sont ces unités qui, se retrouvant combinées entre elles selon les assemblages, il est vrai, le plus divers, en des systèmes de connaissance plus complexes, réussissent à former par leur fixité un lien entre ces divers systèmes et les maintiennent tous sur un même plan de connaissance.
Qu’on ne l’oublie pas, le socialisme, le vrai, a pour but l’élévation des masses à la dignité civique, et pour préoccupation principale, par conséquent, l’élaboration morale et intellectuelle. […] Le voisinage de la nature le rend propre à l’émotion sainte du vrai.
C’est un très-beau tableau, sage sans être froid ; une grande variété de figures charmantes, toutes aussi vraies, aussi soignées que des portraits ; et des draperies qu’il faut voir. […] Je demanderai d’abord : le fait est-il vrai ?
Il est vrai que ce mot de contrainte, par lequel nous les définissons, risque d’effaroucher les zélés partisans d’un individualisme absolu. […] Il est vrai que, d’après M.
Ce qui suit n’est qu’une phrase nombreuse ; du reste, elle l’est à souhait, et sans affectation ni raffinement, par où elle est un vrai modèle : « Vous verrez dans une seule vie toutes les extrémités des choses humaines, | la félicité sans bornes aussi bien que les misères, | une longue et paisible jouissance d’une des plus nobles couronnes de l’Univers, | tout ce que peuvent donner de plus glorieux la naissance et la grandeur accumulée sur une seule tête, | qui ensuite est exposée à tous les outrages de la fortune ; | la bonne cause d’abord suivie de bon succès | et, depuis, des retours soudains, des changements inouïs, | la rébellion longtemps retenue, à la fin tout à fait maîtresse, | nul frein à la licence ; les lois abolies ; la majesté violée par des attentats jusqu’alors inconnus, | l’usurpation et la tyrannie sous le nom de liberté, | une reine fugitive qui ne trouve aucune retraite dans trois royaumes | et à qui sa propre patrie n’est plus qu’un triste lieu d’exil, | neuf voyages sur mer entrepris par une princesse malgré les tempêtes, | l’océan étonné de se voir traversé tant de fois en des appareils si divers et pour des causes si différentes, | un trône indignement renversé et miraculeusement rétabli. » Cette période est composée de membres de phrase d’une longueur inégale, mais non pas très inégale, de membres de phrase qui vont d’une longueur de vingt syllabes environ à une longueur de trente syllabes environ et c’est-à-dire qui sont réglées par le rythme de l’haleine sans s’astreindre à en remplir toujours toute la tenue, et qui ainsi se soutiennent bien les uns les autres et satisfont le besoin qu’a l’oreille de continuité à la fois et de variété, de rythme et de rythme qui ne soit pas monotone. […] Et, quand je me récite à moi-même, je scande : Passer | des jours entiers et des nuits | à cheval, Quand on se récite des vers, on les possède plus intimement en quelque sorte ; on les couve en soi ; il vous semble qu’on les fasse et on les fait selon le rythme vrai qu’ils doivent avoir, que la pensée qu’ils expriment doit leur donner.
S’il est vrai, comme je le crois, que la divergence des opinions diverses qui se disputent aujourd’hui l’empire de la société commence immédiatement à l’origine de la pensée, nous allons être obligés de creuser jusque-là pour expliquer cette divergence ; car, je ne puis assez le répéter, la lutte des intérêts contraires, quelque active qu’on puisse la supposer, ne suffirait pas toute seule pour amener les résultats dont nous sommes témoins. […] Cependant, si l’on m’a bien compris, on a pu voir déjà que cette théorie de la séparation de la pensée et de la parole, admise par moi comme moyen d’explication de plusieurs phénomènes, et surtout comme moyen de conciliation entre les partis, on a pu voir, dis-je, que je considère cette théorie comme fausse, si on veut l’appliquer aux faits qui tiennent à l’origine des sociétés, et comme vraie si on ne veut l’appliquer qu’aux faits qui tiennent à l’existence actuelle de la société.
Il restait étonnant, il est vrai. […] c’est cette diminution de Colomb par M. de Humboldt qui a peut-être décidé M. de Lorgues à restituer le vrai caractère à cette physionomie surnaturelle en histoire.
Cela s’était, il est vrai, un peu calmé en ces derniers temps ; mais cela a repris et c’est reparti de plus belle ! […] Il constate : « Constater une chose, — dit-il pour excuser l’immoralité du livre de Prévost, — n’est pas la glorifier », et, content de cette distinction presque naïve, il ajoute, comme s’il était médecin, et il se croit toujours un peu médecin, Dumas : « Le médecin constate la phtisie et il n’en fait pas moins tout ce qu’il faut pour la guérir. » Il est vrai qu’il ne la guérit pas.
Pour notre compte, nous ne connaissons pas de composition littéraire d’un talent plus vrai et qui soit en même temps plus dénuée d’enthousiasme, plus vide de cœur ; d’un sang-froid plus cruel. […] Cet homme de tempérament et de tournure, qui a l’usage des femmes perdues, et qui n’est qu’un vrai drôle au fond, a trouvé la femme du médecin jolie, et à la première vue, à une séance de Comices agricoles, il lui débite toutes les bêtises et toutes les vulgarités dont se compose cette chose facile, dont les hommes devraient être moins fiers : la séduction.
La rupture s’est donc effectuée ici d’elle-même entre la qualité et la quantité,, entre la vraie durée et la pure étendue. […] C’est dans cette confusion de la vraie durée avec son symbole que résident, selon nous, la force et la faiblesse du kantisme tout à la fois.
La nature, il est vrai, ne nous donne que peu d’instants pour vivre, mais le souvenir d’une mort illustre est éternel : et si la gloire n’avait que la durée rapide et passagère de la vie, quel serait l’homme assez insensé pour l’acheter aux dépens de tant de périls et de travaux ? […] Il est vrai qu’il se loua lui-même dans des moments plus froids14.
Tels étaient encore dans ces siècles, qui pourtant ne sont pas l’époque la plus brillante dans l’histoire de l’esprit humain, le respect et l’enthousiasme des princes pour les vrais philosophes. […] tu vas entendre un orateur libre et vrai, même en te louant, un orateur qui ne dira pas un mot dont son front ait à rougir ; et plus bas : « Je vous atteste tous, ô vous qui marchez dans la même carrière que moi !
Le hasard du génie y pourvoira… Un bel âge littéraire complet, ou du moins une vraie gloire de poëte du premier ordre, serait un bonheur et un coup de fortune pour tous ceux de valeur qui l’auraient précédé.
C'est une vraie perte.
Il n’est pas moins vrai que cette Préface de M. de Meilhan est un morceau de prix, digne d’être conservé ; et comme ce premier volume des Annales de Tacite, traduit par lui, est devenu à peu près introuvable54, nous avons pensé qu’il n’était pas indigne de l’Académie des Bibliophiles de vouloir bien autoriser et patronner la réimpression du Discours préliminaire.
Édouard Fournier Il échapperait à notre temps, s’il était resté ce que son âge, — il naquit en 1785, — voulait qu’il fût d’abord : un arrière-classique, un poète de l’Empire, rimant des Odes sur la Guerre de Prusse, sur la Campagne de 1807 et des tragédies telles qu’Ulysse et Pallas, fils d’Évandre ; mais il lui appartient, par la part qu’il prit au mouvement rénovateur, avec sa pièce de Marie Stuart assez fièrement imitée de celle de Schiller et surtout avec son brillant Voyage en Grèce, l’œuvre la plus sincère, la plus vraie de couleur et la plus éclatante qui ait été inspirée chez nous par la guerre des Hellènes.
Il me semble que la grande impression de solitude infinie a trouvé ici sa vraie forme, ou tout au moins une forme qui l’exprime approximativement encore, mais presque aussi fidèlement que possible.
On a de celui-ci un Poëme de huit cents vers, dédié à Madame la Duchesse d’Aiguillon, où la force de la poésie & l’aisance de la versification annoncent le vrai talent de l’Epopée, dans laquelle il eût réussi mieux que bien d’autres qui ont osé courir cette carriere.
On a voulu justifier Madame Deshoulieres sur ce larcin, en accusant l’Auteur des Promenades d’être le vrai Plagiaire ; mais on oublioit que l’Edition des Poésies de Coutel a précédé de plusieurs années l’impression des premiers Ouvrages de Madame Deshoulieres.
Il est vrai qu’il y soutient des paradoxes ; mais ces paradoxes n’ont rien qui puisse faire croire qu’il ait douté des vérités de la Religion, comme un des Coryphées de la Philosophie n’a pas craint de l’assurer.
Auroit-il eu enfin la simplicité d’assurer, qu’il n’est rien sorti des mains de M. de Voltaire, qui ne respire l’amour du vrai, si l’Auteur de l’Histoire générale, du Siecle de Louis XIV, du Siecle de Louis XV, & de cent autres Histoires, n’eût dirigé sa plume, ou plutôt ne l’eût aveuglé sur la sottise qu’il avançoit ?
Telles sont les vraies causes de la grande fortune des Essais.
Son dessein est régulier, ses caracteres sont vrais, ses ornemens sont dispensés à propos, sa versification est douce & facile, mais elle manque de vigueur & de coloris.
haud facile emergunt, … etc. maxime vraie par toute la terre.
Les amateurs, dont il ne faut ni surfaire ni dépriser le jugement, les artistes, les seuls vrais juges, mettent la figure d’Allegrain sur la ligne même du Mercure de Pigalle.
Je ne m’y ferai jamais, jamais je ne cesserai de regarder l’allégorie comme la ressource d’une tête stérile, faible, incapable de tirer parti de la réalité, et appellant l’hiéroglyphe à son secours ; d’où il résulte un galimatias de personnes vraies et d’êtres imaginaires qui me choque, compositions dignes des temps gothiques et non des nôtres.
Cela est vrai même en parlant des tableaux, qui sont précieux par le merite seul de l’execution.
. — Elle est une hallucination vraie. — Détail des preuves. — Son premier moment est une sensation, et cette sensation, par elle-même, suffit pour susciter le simulacre du corps extérieur présent ou absent. — Après la perception, il y a en nous, avec l’image de la sensation éprouvée, un simulacre de l’objet perçu, et cette représentation tend à devenir hallucinatoire. — En beaucoup de cas, l’objet apparent diffère de l’objet réel. — Trois indices du simulacre. — Confondu ou non confondu en totalité ou en partie avec l’objet réel, il suit toujours la sensation. […] Par conséquent, s’il y a effectivement des personnages debout dans la rue, la sensation que j’éprouverai en les regardant suscitera en moi, comme tout à l’heure, des fantômes de personnages debout dans la rue, et forcément, comme tout à l’heure, ces fantômes purement intérieurs me paraîtront objets extérieurs, c’est-à-dire personnages réels et vrais. […] Le fait intérieur qui correspond à la distance extérieure de six pouces est une impression engendrée par le raccourcissement progressif du muscle, c’est-à-dire une vraie sensation musculaire ; c’est l’impression produite par un effort musculaire d’une certaine durée ; une plus grande distance appellerait un effort d’une durée plus longue… » — « Or, quand on a le moyen de distinguer la longueur ou distance en une direction, on a le moyen de distinguer l’étendue en une direction quelconque, qu’il s’agisse de longueur, de largeur ou de hauteur, la perception ayant exactement le même caractère. […] Il est vrai que nous ne pouvons nous faire aucune idée de ce que peut être une telle chose ; la notion que nous en avons est purement négative ; mais l’idée de substance, si l’on en ôte les impressions faites sur nos sens, est purement négative. […] Les astronomes et les physiciens déclarent que les êtres vivants, et, à plus forte raison, les êtres sentants, sont d’origine récente sur notre terre et en général dans notre système solaire. — Par conséquent, si la théorie de Bain et de Stuart Mill est vraie, avant l’apparition des êtres sentants, rien n’existait ; il n’y avait aucune chose réelle ou actuelle, mais seulement des possibilités de sensations, attendant pour se convertir en sensations l’apparition des êtres sentants.
Bonald, fût vraie, il fallait que Dieu eût créé les rois infaillibles, d’une autre chair que celle des peuples ; pour que la seconde de ces théories, celle de M. de Maistre, fût applicable, il fallait que Dieu, souverain visible et présent partout, gouvernât lui-même les sociétés civiles par des oracles surnaturels contre l’autorité desquels le doute fût un blasphème et la désobéissance un sacrilège. […] XXII Ce caractère distingue Confucius des sophistes grecs ; un autre caractère le distingue des autres législateurs de l’Inde, de l’Égypte, de la grande Grèce et des deux Asies, c’est qu’il ne fait point intervenir le ciel et les prodiges dans l’autorité qu’il affecte sur les hommes ; il n’étale point l’inspiration surnaturelle de Zoroastre, de Pythagore, du prophète arabe, pas même le génie conseiller et un peu frauduleux de Socrate ; il ne se substitue pas aux lois absolues de la nature, il ne se proclame ni divin, ni ange, ni demi dieu ; il ne sonde le passé que par l’étude, il ne lit dans l’avenir que par la logique qui enchaîne les effets aux causes ; il se confesse homme faible, ignorant, borné comme nous ; seulement, à l’aide de cette clarté purement intellectuelle et toute humaine qui vient pour la vérité de l’intelligence et pour la morale de la conscience, il recherche le vrai et conseille le bien. […] « 4º La droiture qui cherche en tout le vrai sans falsifier la vérité ni à soi-même ni aux autres. […] « Le vrai philosophe cherche à se rendre utile à l’État n’importe de quelle manière. […] La saine doctrine avait disparu, elle était entièrement oubliée ; j’ai tâché de la restaurer et de rétablir l’empire du vrai et du bien ; je n’ai pu y réussir !
VI « Le 28 août 1749 », dit-il lui-même dans son mémorial domestique, « je vins au monde à Francfort-sur-le-Main, pendant que l’horloge sonnait midi. » Il était né dans une ville libre ; heureusement né, ni trop haut, où l’on est facilement corrompu par l’orgueil de la naissance, ni trop bas, où l’on est facilement avili par la servilité d’une condition inférieure ; il était né à ce degré précis de l’échelle sociale où l’on voit juste autant d’hommes au-dessus de soi qu’au-dessous, et où l’on participe, par égale portion, de la dignité des classes aristocratiques et de l’activité des classes plébéiennes ; heureux milieu qui est le vrai point d’optique de la vie humaine. […] Les premières impressions sont les vraies muses de notre âme. […] Ce livre était plein cependant de puérilités qui touchaient au ridicule, de naïvetés qui touchaient à la niaiserie, de germanismes de mœurs qui touchaient à la caricature ; c’est vrai, mais le feu y était. […] Ceci admis, le rôle du mal, caché sous la forme de Méphistophélès, devient vrai comme le monde réel et pittoresque comme l’incarnation de toute perversité. […] Sa vraie nature intellectuelle, son panthéisme véritablement indien, c’est-à-dire une divinisation vague de l’œuvre au lieu de l’ouvrier ; une immersion les yeux fermés, à tout risque de l’âme, dans le sein de la nature matérielle et intellectuelle, éclatent dans les monologues de Faust comme dans son dialogue avec le génie du doute et du mal.
Un vrai poète homérique en ce temps-ci ; un poète né, comme les hommes de Deucalion, d’un caillou de la Crau ; un poète primitif dans notre âge de décadence ; un poète grec à Avignon ; un poète qui crée une langue d’un idiome comme Pétrarque a créé l’italien ; un poète qui d’un patois vulgaire fait un langage classique d’images et d’harmonie ravissant l’imagination et l’oreille ; un poète qui joue sur la guimbarde de son village des symphonies de Mozart et de Beethoven ; un poète de vingt-cinq ans qui, du premier jet, laisse couler de sa veine, à flots purs et mélodieux, une épopée agreste où les scènes descriptives de l’Odyssée d’Homère et les scènes innocemment passionnées du Daphnis et Chloé de Longus, mêlées aux saintetés et aux tristesses du christianisme, sont chantées avec la grâce de Longus et avec la majestueuse simplicité de l’aveugle de Chio, est-ce là un miracle ? […] répond-il, de mon temps j’étais un chanteur, c’est vrai, mais les miroirs aujourd’hui sont brisés ! […] — « C’est bien vrai, Mademoiselle, dit le jeune apprenti ; mais la soif s’étanche aussi bien par l’agacement d’une groseille aux dents que par l’eau de toute la cruche ; et si, pour trouver de l’ouvrage, il faut essuyer les injures du temps, tout de même le voyage a ses moments de plaisir, et l’ombre sur la route fait oublier le chaud. » Le récit que Vincent fait de ses voyages à la jeune fille est incomparable en grâce, en vérité, en nouveauté et cependant en poésie. […] c’est vrai ! […] Ô poésie d’un vrai poète !
Il y a telle mélodie de Rossini, entendue dans une barque portant deux fiancés sur une mer lumineuse, par une belle lune d’été, dans le golfe de Naples, qui m’a fait revoir mille fois plus vraie dans l’imagination la comtesse Léna, que tous les portraits et toutes les descriptions du monde. […] Sa beauté était une transparence ; on voyait au fond de son cœur, et tout ce qu’on y voyait était si bon, si tendre, si intelligent, si serein, si souriant et si compatissant à la fois, qu’on ne savait plus, en la regardant, si c’était l’enveloppe ou la personne qu’on admirait involontairement et unanimement en elle ; ou, pour mieux dire, on ne pensait plus à admirer, on s’attendrissait : l’attendrissement est la vraie forme, la forme pathétique de l’admiration. […] « Car l’un, ajouta-t-il, croit combattre pour la vertu, et combat pour la calomnie ; l’autre ignore s’il est dans le vrai ou dans le faux, et combat, par une magnanime générosité, pour arracher à la flétrissure et à la mort une si parfaite beauté. […] — C’est vrai, répondit Léna, il serait moins artiste peut-être ainsi, mais il serait plus homme et par cela même plus pathétique ; et tenez, voulez-vous que je vous dise pourquoi son chant de Ginevra nous touche et nous ravit plus que toutes les amusantes folies que nous avons lues jusque-là ? […] Maman, est-ce qu’il y a beaucoup d’Ariodant, beaucoup de Renaud et beaucoup de Ginevra dans le vrai monde ?
Par quoi remplacerons-nous ce siècle de vrai génie littéraire ? […] L’art vrai est en dehors des foules. […] Mais le vrai sage préférera toujours le doute scientifique à la certitude religieuse. […] Au reste, du point de vue strictement national où se placent inconsciemment tant de bons esprits, il est vrai que d’autres siècles, notamment le xviie , offrent un caractère spécifiquement français, tandis que le xixe présente un caractère proprement humain. […] Mais il est vrai aussi que ce temps dans sa frénésie à s’affranchir de toute discipline et sa superstition pour ce qu’il a appelé la Science, sans trop savoir ce qu’il entendait par là, a compromis son génie, altéré son art, et conduit le monde à l’abêtissement.
le vrai, le vrai tout bête, c’est toujours plus fort que les imaginations du génie. […] Un vrai carnaval d’invités… Paradol, Flaubert, Gautier, Girardin, lugubre et cassé, avec sa tête de mort et sa mèche posée comme un accroche-cœur sur un crâne. […] Et nous pensons aux secrets de la naissance et de la formation de ce vrai enfant de vous-même, une création de la pensée, véritablement pareille, en son miracle et son mystère, à la création de la vie d’un être. […] Que c’est donc beau la vraie émotion et le poignant de la réalité d’une sincère douleur !
Il me confie que la princesse écrit des Mémoires, et que c’est lui qui l’a décidée, en lui disant que si elle n’en faisait pas, on en ferait de faux qui passeraient pour vrais. […] Un hôtel où l’on est servi par de jolies prostituées travesties en virginales Suissesses, et où, après dîner, l’on vous gratifie d’une vraie cascade, illuminée de feux de bengale. […] La princesse, d’un œil à demi entrouvert, regarde un moment faire, puis tout-à-coup, avec un vrai coup de patte de chat, elle ramène à elle la boîte d’aquarelle, arrache une feuille du bloc de Whatman, et la voilà à barbouiller, à barbouiller. […] Devant la porte qui mène au lac d’Enghien, un vrai capharnaüm. […] Quand on a eu un échec, comme nous en avons eu, tous les deux, il faut, pour la revanche, être sûrs d’être joués par de vrais acteurs. » Il me paraît un peu embarrassé, et puis, après un silence, il accouche de : « Je suis au Gymnase, maintenant… ce n’est pas moi, c’est Peregallo qui a voulu la présenter. » Et il ajoute : « Il y a cinq robes dans ma pièce, et là, les femmes peuvent en acheter. » Il y a cinq robes dans ma pièce… Ô fascination du théâtre !
Gerhart Hauptmann Haute la face sur l’horizon, pasteur voyeur de miracles, les sourcils d’aigle ou de pont chevauchant l’onde des lèvres sensuelles et le pentagonal écu du menton volontaire, il pioche et déterre le vrai par-delà l’écorce de fer des contraires, au centre de Zola et d’Ibsen — quoique pourquoi restreindre à eux, moins modèles que pairs de vision innée, sa complexité ? […] Il est vrai (très) que l’éternel est recelé en chaque particulier, que chaque particulier est l’éternel avec quelque épiderme de masque, et que j’aime mieux l’artiste qui, au lieu d’éternel abstrait offert, se contente d’accentuer — si peu — l’éternel âme versé : du ciel et de la mémoire ; dans ces transparents, corps de contingence. […] Mentionnons pourtant deux de ces visions encore inconnues : l’une parce qu’elle n’est point terminée (qui rejoindra un de ces jours la Sainte Cécile chez Le Barc : une famille de Bretons, des figures plus grandes qu’à l’ordinaire) ; l’autre sur une lettre à M. de Gourmont, voici deux ans, un bien vrai Filiger10 : je découpe deux morceaux au hasard de l’encadrement, car on sait que Filiger, œuvres assez reconnaissables, les aime signer en plus sur la bordure (j’ai gardé sa ponctuation rythmée de lied) : « La petite vierge en tête de ma lettre a été faite à votre intention, voilà quelques jours déjà… Vous voyez que je n’ai pas attendu de recevoir de vos nouvelles pour penser à vous ? […] On se le procure, simplement et d’une manière symboliquement exacte avec une toile pas peinte ou un envers de décor, chacun pénétrant l’endroit qu’il veut, ou mieux, si l’auteur a su ce qu’il voulut, le vrai décor exosmosé sur la scène. […] Il y a Elvire aussi, il est vrai ; mais deux et un trois, voilà tout… et trois.
Il avait donc, au vrai, besoin d’avoir écrit. […] Anecdote vraie. […] Serait-il moins vrai ? […] Et il est vrai qu’on fait de la beauté avec de la laideur. […] À la vraie armée !
Or en italien, grâce à Dante et à la faculté qu’a tout poëte moderne de se rapporter à ces hauts exemples et de s’élever au-dessus du niveau du jour, la poésie a gardé son rang suprême, ou du moins elle le recouvre toutes les fois qu’un vrai poëte se rencontre.
après avoir dévoré, relu ce livre par lequel il avait eu la révélation du vrai langage qu’il était destiné à parler, Glatigny fut du coup, immédiatement et tout de suite, l’admirable rimeur, l’étonnant forgeur de rythmes, l’ouvrier excellent victorieux de toutes les difficultés, l’ingénieux et subtil artiste qu’on a admiré dans les Vignes folles, dans les Flèches d’or, dans le Fer rouge, dans le Bois, dans Vers les saules, dans l’Illustre Brisacier.
Ce dernier Ouvrage est écrit avec cette précieuse simplicité, qui n’exclut ni l’élévation des pensées, ni la noblesse des expressions, & il donne à l’Auteur le droit de figurer dans la classe très-peu nombreuse des Ecrivains qui sont demeurés invinciblement attachés aux vrais principes de la morale & du goût.
Toutes les classes d’esprits y apprendront à régler, les uns leurs prétentions, les autres leur enthousiasme ; ceux qui s’érigent en maîtres, à ne pas sacrifier la reconnoissance à la vanité, à savoir rendre hommage à leurs prédécesseurs, à ne pas regarder comme un bien propre & personnel ce qu’ils ont recueilli sur des fonds étrangers ; ceux qui les admirent trop facilement, comprendront qu’il est essentiel de ne pas croire sur parole, de se tenir en garde contre les manéges de la présomption, & de s’instruire avant de vouloir assigner les rangs & fixer les réputations ; le vrai Philosophe enfin en tirera de nouveaux motifs de s’éclairer & d’être modeste, en apprenant que le cercle des idées humaines est étroit, & que l’agiter sans cesse, n’est ni l’étendre, ni le renouveler.
Son enthousiasme, dont la vivacité se communiquoit à toute sa personne, annonçoit en lui le vrai génie de la Poésie.
Et si le changement est nécessaire, comment distinguer ce qui change de ce qui reste éternellement vrai ?
Les chairs sont vraies ; les séducteurs encore frais et verts.
Sarcey me disait, vers la fin de sa vie, il est vrai : « Comme je suis las de lire les livres pour savoir ce que j’en dirai !
Ce livre unique est celui d’un vrai poète, au charme étrange et réel, qui procède de Baudelaire et des Parnassiens, mais qui n’imite personne.
Soyez sûrs que les cendres de Gautier ont frémi de joie, à l’apparition de ce livre, et que, dans le paradis des lettrés, l’ombre de Flaubert hurle, à l’heure qu’il est, des phrases de Pierre Louÿs, les soumet à l’infaillible épreuve de son gueuloir, et qu’elles la subissent victorieusement… Enfin voilà donc un jeune, un vrai jeune — Pierre Louÿs n’a pas vingt-six ans — qui nous donne un beau livre ; un livre écrit dans une langue impeccable, avec les formules classiques et les mots de tout le monde, mais rénovés et rajeunis à force de goût et d’art ; un livre très savant et où se révèle, à chaque page, une connaissance approfondie de l’antiquité et de la littérature grecque, mais sans pédantisme aucun et ne sentant jamais l’huile et l’effort ; un livre dont la table contient sans doute un symbole ingénieux et poétique, mais un symbole parfaitement clair ; un livre, enfin, qui est vraiment issu de notre tradition et animé de notre génie et dans lequel la beauté, la force et la grâce se montrent toujours en plein soleil, et inondées d’éclatante lumière !
Le vrai portrait de Guillaume Henri de Nassau, nouvel Absalon, nouvel Hérode, nouveau Néron, nouveau Cromwel.
De tous les traits de génie qui sont partis de ce Grand Homme, celui que les vrais connoisseurs jugent le plus digne de l’immortaliser, est l’application qu’il a su faire de l’Algebre à la Géométrie.
., où l’on trouve beaucoup d’anecdotes vraies & quelques-unes de fausses.
Les robes sont de vrai satin ; le vêtement du père fait bien la soie.
répond le savant marabout, celui-ci a dit vrai en se donnant ce nom.
Il est vrai que ces messieurs récusent aussi Taine.
Les faits que ces volumes exposent ne sont pas, d’ailleurs, de ces faits déjà connus, déflorés et cités dans des publications à la portée de toutes les mains ; ce sont des faits pour la première fois recueillis, — ce qui constitue le vrai mérite de l’érudition de détail à laquelle Fleury paraît voué, — ce sont des documents saisis à la double source de la tradition écrite et de la tradition orale, la meilleure des traditions lorsque l’histoire est toute fraîche encore et qu’elle semble saigner dans toutes les mémoires.
Une impression très soignée ressemblant à de la vraie aquarelle, avec le marron comme couleur dominante dans les robes des femmes. […] Or, si mon rêve ne peut pas faire un vrai danseur, ça fait tout de même un album. […] Un pont de cordage avec un filet dessous : un vrai pont d’acrobates. […] Du mariage naquit un vrai vaurien dont les escroqueries toujours payées par Hokousaï furent une des causes de sa misère pendant ses dernières années. […] Quand il aura cent ans, il entrera dans le nombre des vrais dessinateurs.
A toutes ces critiques je répondais peu ; il y avait du vrai dans ces objections ; ce que j’aurais pu surtout répondre à l’avantage de ce classique moderne, de ce néoclassique opposé à l’ancien classique tout francisé et plus effacé, je ne l’osais trop par condescendance, et parce qu’il aurait fallu dire qu’il y avait là derrière un nouveau Malherbe nommé André Chénier.
Ce dernier volume surtout, par ce qu’il reproduit de si agréablement connu et par ce qu’il ajoute d’inédit, est un vrai cadeau pour le public.
. ; ces notes vraies, tendres, profondes, nées du cœur et toutes chantantes, nous paraissent, aujourd’hui encore, autrement enviables que bien des mérites lentement acquis.
Le saint- simonisme, sous ce rapport, a eu l’immense mérite de soulever et de poser avec audace les vraies questions, celles qui ressortent de l’examen réel de la société d’à présent, et bien que ses solutions aient été hasardées et mystiques parfois jusqu’à la folie, il a déchiré le voile d’une fausse pudeur et a montré au christianisme attiédi ce qu’on oubliait trop et ce qu’il fallait guérir. — M.
L’art d’écrire s’apprend donc en même temps qu’on apprend la littérature, l’histoire, les sciences, par cela même qu’on les apprend, en même temps qu’on avance dans la vie, par cela même qu’on vit : l’étude et l’expérience sont les vraies sources de l’invention et du style.
Le vrai, c’est ce qui plaît ; le bon, c’est ce qu’on aime.
Mais lisez Rêve, lisez Voyages, lisez tant d’autres pièces, sans oublier ce Menuet, déjà célèbre, et vous direz avec moi : « Voilà un vrai poète !
Il ne faut pas chercher à comparer cette œuvre dramatique au beau poème de Victor Hugo sur le même sujet ; le maître est le maître ; mais un sentiment vrai appartient à tous, et cette pensée du pardon pour Caïn est aussi personnelle à M.
Il est vrai que, parfois, ils y gagnent toute une valeur suggestive, que ce sont comme quelques beaux accords frappés, comme une phrase initiale donnée dont on nous laisse libre de nous figurer le développement.
Sarah Bernhardt Mais si les poètes, à l’instigation de Sarah Bernhardt, se sont trop vite adaptés aux mœurs du théâtre il n’en est pas moins vrai qu’ils ont reçu d’elle, une secousse salutaire et qu’elle les a tirés de la torpeur de leur Tour d’ivoire où ils s’enfermaient trop volontiers, en leur rappelant qu’il y avait autour d’eux des oreilles attentives à conquérir.
« C'est avec un vrai plaisir, Monsieur, que je donne ce témoignage de votre Ouvrage, très-flatté d'avoir cette occasion de rendre justice à vos talens, & de vous marquer le parfait & sincere dévouement avec lequel j'ai l'honneur d'être, &c. » Outre ce suffrage si flatteur de la part d'un homme en place, & sur-tout d'un Etranger qui s'exprime si bien dans notre Langue, M.
Caractère du vrai Dieu.
Condillac s’écrie : « Les métaphysiciens mes devanciers se sont perdus dans les mondes chimériques, moi seul j’ai trouvé le vrai ; ma science est de la plus grande utilité.
Qu’on traite, si l’on veut, cette explication de subtilité, il sera toujours vrai de dire que dès que notre cerveau n’a pas été habitué dans l’enfance à nous representer promtement certaines idées aussi-tôt que certains sons viennent frapper nos oreilles, ces mots font sur nous une impression et plus foible et plus lente que les mots auxquels nos organes sont en habitude d’obéir dès l’enfance.
Alors la vieille lui déclara ceci : « La femme qui est chez toi comme ta femme n’est pas la vraie fille du roi.
Ils furent, il est vrai, les trois plus vigoureux hommes de peine que l’érudition et la philologie aient produits au xvie siècle ; mais est-ce assez, au xixe siècle, pour qu’on leur fasse une encadrure disproportionnée avec ce qu’ils furent en réalité et ce qu’ils sont aujourd’hui dans la mémoire des hommes ?
Sous les religions positives qui sont fausses, il y a la religion naturelle qui est vraie. […] Voltaire veut que ce rêve soit vrai, parce qu’autrement il ne peut expliquer le bel arrangement du monde et qu’une horloge suppose un horloger ; il faudrait d’abord prouver que le monde est une horloge et chercher si l’arrangement, tel quel, incomplet, qu’on y observe ne s’explique pas mieux par une supposition plus simple et plus conforme à l’expérience, celle d’une matière éternelle en qui le mouvement est éternel. […] Il n’a pas de rôle à jouer, il n’est pas comédien. » — Sciences, beaux-arts, arts de luxe, philosophie, littérature, tout cela n’est bon qu’à efféminer et dissiper l’âme ; tout cela n’est fait que pour le petit troupeau d’insectes brillants ou bruyants qui bourdonnent au sommet de la société et sucent toute la substance publique En fait de sciences, une seule est nécessaire, celle de nos devoirs, et, sans tant de subtilité ou d’études, le sentiment intime suffit pour nous l’enseigner. — En fait d’arts, il n’y a de tolérables que ceux qui, fournissant à nos premiers besoins, nous donnent du pain pour nous nourrir, un toit pour nous abriter, un vêtement pour nous couvrir, des armes pour nous défendre En fait de vie, il n’en est qu’une saine, celle que l’on mène aux champs, sans apprêt, sans éclat, en famille, dans les occupations de la culture, sur les provisions que fournit la terre, parmi des voisins qu’on traite en égaux et des serviteurs qu’on traite en amis En fait de classes, il n’y en a qu’une respectable, celle des hommes qui travaillent, surtout celle des hommes qui travaillent de leurs mains, artisans, laboureurs, les seuls qui soient véritablement utiles, les seuls qui, rapprochés par leur condition de l’état naturel, gardent, sous une enveloppe rude, la chaleur, la bonté et la droiture des instincts primitifs Appelez donc de leur vrai nom cette élégance, ce luxe, cette urbanité, cette délicatesse littéraire, ce dévergondage philosophique que le préjugé admire comme la fleur de la vie humaine ; ils n’en sont que la moisissure. […] Car elle ne s’établit qu’en détruisant l’égalité primitive, et ses deux institutions principales, la propriété et le gouvernement, sont des usurpations. « Le premier420 qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile.
Il est vrai que l’immense majorité des hommes pense par idées toutes faites. […] Mais il est vrai aussi, de même et partout, il est vrai que l’immense majorité des hommes voit par visions toutes faites. […] Il a beau être neuf, il n’est pas pour cela un vrai arbre, un arbre dans la campagne.
Mme de Staël que quelque trait de plume avait blessée, s’en plaignait à lui en femme, avec bonne grâce, et lui disait un de ces mots qui n’accusent d’ailleurs autre chose en Roederer que l’indépendance d’un esprit critique et judicieux : « Je ne suis pas le premier des êtres qui vous ont aimé qui se soient plaints de l’impossibilité de fixer dans votre cœur un jugement durable. » C’est qu’en effet ce qui mérite le nom de jugement durable ne se fixe point dans le cœur, mais dans l’esprit, et encore, pour peu qu’on cherche le vrai, la balance y recommence toujours. […] Roederer avait besoin d’une occasion éclatante qui lui permît de dessiner sa ligne et de mettre en lumière, autrement encore que par des écrits, ses vrais sentiments. […] Roederer accepta et servit loyalement l’Empire ; il en reçut des honneurs et des dignités ; il eut, en 1815, ce sentiment vrai qui le rattacha, par intérêt national comme par devoir et reconnaissance, à l’empereur reparu ; mais son moment préféré et hors de comparaison fut toujours l’heure du Consulat.
On peut dire de tout vrai génie ce qu’on a dit de l’amour : que c’est un grand recommenceur. […] Il eut à essuyer, dans le cours de sa longue carrière, plus d’une attaque vigoureuse, à commencer par celles des Racine, des Despréaux et des La Bruyère : il s’en tira moyennant prudence, patience, dignité, et par la force d’un vrai mérite. […] Il est vrai que ce Gaulois savait par cœur son La Fontaine10.
Voilà ce qu’il était juste de dire à la décharge de la société et du pouvoir : ce qui n’empêche pas tout le reste d’être vrai et tous les détails douloureux qu’on va lire de subsister dans leur amère réalité. […] Ondine, dont le vrai nom était Hyacinthe, mais qu’on avait toujours appelée Ondine de son nom d’enfant, était poétique aussi et même poète ; elle tenait de sa mère le don du chant ; elle mourut à trente ans, le 12 février 1853. […] Félix, souviens-toi bien : il est impossible que cette bonne grand-mère, et papa, et mon oncle Constant (le peintre), ne descendent pas de cette ligne dont les traits sont si différents de la race vraie Flandre. » C’est miracle qu’elle puisse étudier à travers une vie si tiraillée, si morcelée.
Il a dit n’en avoir proposé aucun, et cela est vrai ; le roi les avait choisis l’un et l’autre, toujours d’après Mme Dubarry. […] J’ai bien plus joui depuis, quand j’ai su le vrai motif de sa conduite, d’avoir empêché la visite qu’il voulait favoriser. […] Quatorze personnes, dont chacune a le droit d’approcher et de visiter un malade, me paraissaient un vrai supplice.
« Les vrais honnêtes gens, dit Nicole d’après Pascal, ne veulent point d’enseigne. […] Encore est-il vrai que souvent il les omet, et que, dans les autres cas, il n’en introduit qu’un petit nombre, parce qu’il évite de donner à des caractères généraux une richesse et une complexité qui embarrasseraient l’action. […] Car je ne connais presque personne aujourd’hui qu’on puisse véritablement appeler savant. » — Du Cange, quelques bénédictins comme Mabillon, plus tard l’académicien Fréret, Bréquigny, le président Bouhier, à Dijon, bref les vrais érudits, restent sans influence.
. — Je présume que vous l’aurez déjà traduit en latin, comme vous me l’aviez promis ; car il n’y a pas d’occupation à laquelle je me dévoue avec autant d’ardeur qu’à celle qui peut me découvrir la route du vrai bonheur. […] Il appuie son opinion par une telle variété d’exemples, qu’il est aisé d’apercevoir que, bien que le but de Landino, sous le nom d’Alberti, fût d’établir les purs dogmes du platonisme, c’est-à-dire que la contemplation abstraite de la vérité constitue seule l’essence du vrai bonheur, Laurent avait élevé des objections auxquelles l’ingénuité du philosophe, dans la suite de l’entretien, n’ôte presque rien de leur force. […] Il la signala à cette époque par un poëme sur le vrai bonheur, sous la forme d’un entretien champêtre entre un pasteur de Toscane et un philosophe.
A la place de la dame irréelle, il voit une vraie femme, qui remplira sa nuit bourgeoisement, prosaïquement, qui, dit-il, … Sera peut être endormie Et à toi ne pensera guère. […] Jean Clopinel est un vrai bourgeois, qui n’entend rien aux raffinements de l’amour courtois, ou qui n’y voit que ridicule fadaise : aussi, dès les premiers vers qu’il écrit, imprime-t-il à sa matière un tout autre caractère, un caractère tout pratique et positif. […] Au reste quiconque, en toute chose, ramènerait sa pensée et conformerait ses actes aux commandements de cette toute bonne et puissante nature, celui-là serait assuré de tenir et le vrai et le bien.
Tandis que les Pères Porée et Tournemine avaient formé le goût du petit Arouet, Ninon, Châteauneuf, les libertins du Temple furent les vrais éducateurs de son esprit ; cela promettait un beau docteur d’irréligion. […] Il était ennemi de la religion : et pourvu qu’une explication fût rationnelle, il l’acceptait aisément pour vraie, avec plus de fantaisie que de méthode. […] Ce n’est pas là qu’il faut chercher le libre, le naturel, le vrai Voltaire.
À cause que de vraies œuvres ont jailli, indépendamment d’un débat de forme et, ne les reconnût-on, la qualité du silence, qui les remplacerait, à l’entour d’un instrument surmené, est précieuse. […] Avec véracité, qu’est-ce, les Lettres, que cette mentale poursuite, menée, en tant que le discours, afin de définir ou de faire, à l’égard de soi-même, preuve que le spectacle répond à une imaginative compréhension, il est vrai, dans l’espoir de s’y mirer. […] la vraie qui, indéfectiblement, fonctionne, gît dans ce séjour de quelques esprits, je ne sais, à leur éloge, comment les désigner, gratuits, étrangers, peut-être vains — ou littéraires.
Du reste, il est juste d’ajouter que, parmi les princesses et les bourgeoises d’alors, on rencontre à côté des viragos de vraies héroïnes ; que les Ninon de Lenclos et les Marion Delorme ont pour pendant les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul ; qu’en matière de diplomatie, de courage, de dévouement, d’esprit, il ne manque pas en ce temps-là, comme dit quelque part, Fontenelle, « de femmes qui valent des hommes ». […] Je l’entends, il est vrai, qui ordonne. […] Ce sont le plus souvent des femmes revêches, acariâtres, impérieuses, de vraies belles-mères, conformes au type classique de ces martyres de la comédie., Mais on dirait qu’à cette maternité revêche il a voulu opposer son propre idéal et travailler ainsi pour sa part à la transformation des mœurs.
Le quatrième acte a une scène délicieuse, celle de la conversion d’un jeune cœur, ramené à l’amour vrai que les faux attraits de la vanité lui avaient fait méconnaître. […] Elle se rouvre aux sentiments purs et vrais comme à la lumière. […] Tel est ce drame sain et fort, saisissant et vrai, d’une exécution supérieure, d’une moralité haute et neuve.
Il n’est point jaloux, il ne souffre point de l’absence et cette passion imaginaire ne se traduit par aucun des actes par lesquels les passions vraies s’expriment et se procurent la possession de leur objet. […] Il a tout apprêté dans sa vie en vue de cette éventualité qui ne se réalise pas, et ce faux espoir le dissuade de tenter tout effort pour tirer parti de facultés plus modestes, qu’il renie, dont il est doué, et qui l’eussent mis dans la vie à sa vraie place. […] La haine du réel est à, vrai dire si forte chez Bovary, qu’elle pourrait la contraindra à répudier son propre rêve, s’il venait, par impossible, à prendre lui-même la forme d’une réalité.
Il y a du vrai dans ce que disait cette vieille femme. […] et je n’y comprends rien, mais c’était comme ça… Il y a un moment dans le galop, où le pied gauche ne laissait plus de trace, ne laissait que cette petite marque presque invisible. » Et voilà l’original garçon, qui se met à parler du galop du cheval, avec une grande science, des aperçus nouveaux, des divagations amusantes, tout en me faisant passer sous les yeux des croquetons, où il s’est essayé à saisir la réalité du galop : « C’est le diable, vois-tu, cette jambe est vraie, et elle paraît bête, c’est juste et ça semble faux. […] Maspero, lui, raconte la fin de Jacques, qui tombé malade, comme mineur, et recueilli par des naturels du pays, avait épousé une fille très belle, mais une vraie guanche, qui ne savait que monter à cheval.
Nous voyons encore que le Curé et le Mort est une aventure vraie, une aventure qui est arrivée du temps de La Fontaine. […] L’histoire bizarre, singulière, est, paraît-il, vraie : un rat volant un œuf et se faisant tirer par la queue comme un chariot par un autre rat. […] Doumic il y a quelques fables, — je reconnais qu’il y en a peu il y a quelques fables où La Fontaine a recommandé quelque chose qui peut nous persuader qu’il est un vrai moraliste.
Mais dans ce mélange même, combien de nuances doivent nous échapper, attendu notre ignorance de la vraie prononciation ? […] En effet, le vrai mérite d’un écrivain est d’avoir un style qui soit à lui ; le mérite au contraire d’un latiniste tel qu’on le suppose, serait d’avoir un style qui ne lui appartînt pas, et qui fût, pour ainsi dire, un centon de vingt styles différents. […] Nous sentons, il est vrai, la différence d’un style simple à un style épigrammatique, d’un style périodique et arrondi d’avec un style coupé ; il suffit pour cela de savoir la langue très imparfaitement.
Je vais me battre, faire la guerre, la vraie guerre, la guerre sainte, qui a déjà eu depuis dix-sept mois tant de victimes, mes amis, mes camarades, mes compatriotes… Quel que soit le destin qui m’attende, je ne veux pas m’arrêter à interroger l’avenir. […] Ces enfants, qu’un passant superficiel croirait enfermés dans une vapeur d’enthousiasme, possèdent une sagesse vraie. […] Acceptation du sacrifice, sentiment d’une haute présence à côté d’eux, les voilà le plus souvent, et s’il fallait une image pour les symboliser, je n’en vois pas de plus vraie que celle qui sort d’une phrase que Bernard Lavergne, le treizième enfant du peintre verrier Claudius Lavergne, écrit à sa famille : « … Ce soir, départ pour la tranchée.
Une foule d’écrivains s’y essayent ; plusieurs y gagnent une fortune, une réputation, on pourrait dire une gloire d’une espèce particulière ; ils voient leur nom et leurs œuvres pénétrer dans des milieux où n’ont jamais pénétré ceux des maîtres de la littérature française ; ils intéressent, ils font pleurer, ils égayent, ils ennuient un peuple entier ; ils sont les vrais créateurs et les vrais soutiens d’une certaine presse, investis d’une puissance plus immédiate sur ses destinées que tous les écrivains politiques, les économistes, les critiques, les reporters et les correspondants de la rédaction, et je me rappelle que l’administrateur général d’un des plus importants petits journaux de Paris me disait que, dans la première semaine après le commencement d’un feuilleton, le tirage du journal montait ou s’abaissait de cinquante mille, de quatre-vingt mille exemplaires par jour, selon que le feuilleton plaisait ou ne plaisait pas. […] Et cela est vrai en France, en Belgique, en Allemagne, en Italie, dans presque toute l’Europe.
Il est vrai que je ne vois pas non plus de fait décisif qui tranche la question, comme il arrive en physique et en chimie. […] Sur certaines lignes d’évolution, celles du monde végétal en particulier, automatisme et inconscience sont la règle ; la liberté immanente à la force évolutive se manifeste encore, il est vrai, par la création de formes imprévues qui sont de véritables oeuvres d’art ; mais ces imprévisibles formes, une fois créées, se répètent machinalement : l’individu ne choisit pas. […] Richesse et considération entrent évidemment pour beaucoup dans la satisfaction qu’il ressent, mais elles lui apportent des plaisirs plutôt que de la joie, et ce qu’il goûte de joie vraie est le sentiment d’avoir monté une entreprise qui marche, d’avoir appelé quelque chose à la vie.
S’il en est ainsi dans le dialogue, cela est encore plus vrai du génie lyrique des deux poëtes. […] Au vrai, sans chercher un autre genre de tragédie lyrique chez les Grecs que leurs premiers essais tragiques, il faut reconnaître que pour eux le drame, à tous les degrés, depuis la tragédie surnaturelle, l’allégorie fantasque, jusqu’aux Silles et aux parodies bouffonnes, garda toujours beaucoup de l’instinct lyrique et parcourait tous les tons de l’hymne religieux, du chant de victoire, de la plaintive élégie ou de la chanson insultante. […] Nous a qui portons par derrière cette trompe aiguë, nous et sommes les seuls Attiques, les vrais nobles et les indigènes du pays, race belliqueuse et qui servit puissamment Athènes dans la guerre, quand vint le barbare, étouffant de fumée la ville et brûlant les campagnes, dans sa rage de nous enlever de force les rayons de la ruche.
Il aurait su, comme l’a dit l’un des plus enchanteurs, le Tasse, après Lucrèce, que le monde court avant tout là où la muse de la persuasion a versé le plus de ses douceurs, que la vérité en soi est souvent un remède amer, et qu’à l’enfant malade, c’est-à-dire à l’homme, il faut emmieller tant soit peu le bord du vase où il boira la guérison et la vie : Cosi all’ egro fanciul… Cela, je le sais, est un peu moins vrai qu’autrefois, mais cela n’a pas tout à fait cessé de l’être. […] Il ne disputait plus, il est vrai, mais il ne cessait de raisonner et de démontrer toujours.
Il est bien vrai qu’on a reculé jusqu’à présent devant une traduction littéraire et toute fidèle de l’Iliade ; il faudrait y appliquer avec esprit la méthode dont M. […] night (c’est le nom du hasardeux reconstructeur) a mis d’ailleurs en tète de son Homère d’ingénieux et intéressants Prolégomènes, où il donne les vrais arguments pour l’unité de composition de l’Iliade et de l’Odyssée.
L’appareil des symptômes qui s’y déroulent, les hallucinations, les tristesses, les craintes qui en font un terrible drame de Phobie… la Phobie de l’invisible, tout cela est vrai, effrayamment vrai.
Nul n’a parlé de l’amitié comme lui, avec une émotion si vraie et si intime. […] Il oubliait tout de suite le vrai caractère des choses, et les voyait telles qu’il se les figurait.
Il arrive que, dans cette liberté vagabonde qu’on donnait à sa pensée, lorsqu’on rêvait sur le sujet à traiter, on a rencontré des idées gracieuses, spirituelles, originales : elles ne tiennent peut-être pas de très près au sujet ; il faudra se détourner un peu pour les montrer au lecteur ; elles ne sont pas non plus toujours d’accord avec les vraies raisons ou les faits essentiels, avec le ton ou le sens général du développement. […] Là est le vrai critérium : il faut recevoir ce dont on ne peut pas se passer.
Il est vrai qu’il est en effet l’auteur des Deux Cortèges ; mais, heureusement pour lui, il a fait beaucoup mieux. Il est vrai aussi que M.
Et la plume est jetée : M. le secrétaire accourt, humble page, à son lit. » Notez qu’ici le petit page a trente-six ans, qui, il est vrai, « en valent quinze. » Il n’est pas toujours plaisant de voir ce grand lyrique faire ainsi le gamin. […] On la dit capricieuse ; ce n’est pas vrai : elle est au contraire régulière, « très soumise aux puissances de la nature. » Sur l’adultère, le grand poète semble peu complet, soit insuffisance d’information, soit indulgence et tendre partialité.
Mais les romanciers, les polygraphes, variés, ceux qui sont rédacteurs à une librairie, comme d’autres le sont à un ministère, combien sensible est leur épiderme littéraire Au vrai, il y a malentendu ; la plupart des écrivains contemporains se font de la critique un concept étrangement faussé. […] Lefranc me poussait dans cette voie : Une critique trop indulgente, disait-il, encourage la médiocrité aux dépens du vrai talent.
Babylone était devenue depuis quelque temps un vrai foyer de bouddhisme ; Boudasp (Bodhisattva) était réputé un sage Chaldéen et le fondateur du sabisme. […] Mais s’il est vrai, comme ils le disent, que Jean reconnut tout d’abord Jésus et lui fît grand accueil, il faut supposer que Jésus était déjà un maître assez renommé.
Les synagogues étaient ainsi de vraies petites républiques indépendantes ; elles avaient une juridiction étendue. […] Il est vrai que Tell-Hum, qu’on identifie d’ordinaire avec Capharnahum, offre des restes d’assez beaux monuments.
Il est vrai que certains docteurs, tels que Hillel, Gamaliel, sont donnés comme étant de la race de David. […] XVII, qui expriment bien un côté de l’état psychologique de Jésus, quoiqu’on ne puisse les envisager comme de vrais documents historiques.
Sa tante de Villette la retira une seconde fois chez elle, et la ramena au culte protestant, moins, il est vrai, par l’enseignement de sa doctrine que par l’exemple de ses vertus et de sa piété. […] Il n’est pourtant point vrai qu’elle fut réduite à la charité de la paroisse Saint-Eustache, comme le dit le duc de Saint-Simon, qui ne lui épargne aucun outrage.
Voilà la vraie réponse à ces gens d’esprit raffinés qui ont voulu voir dans l’affection de Mme de Sévigné pour sa fille une affectation et une contenance. […] J’ai les yeux assez grands ; je ne les ai ni bleus ni bruns ; mais, entre ces deux couleurs, ils en ont une agréable et particulière ; je ne les ouvre jamais tout entiers, et quoique, dans cette manière de les tenir un peu fermés, il n’y ait aucune affectation, il est pourtant vrai que ce m’est un charme qui me rend le regard le plus doux et le plus tendre du monde.
Il n’est que trop vrai qu’il y a au troisième acte de cette pièce un vers ou la sagacité maladroite de quelques familiers du palais a découvert une allusion (je vous demande un peu, moi, une allusion !) […] Il n’est que trop vrai que ce vers a suffi pour que l’affiche déconcertée du Théâtre-Français reçut l’ordre de ne plus offrir une seule fois a la curiosité du public la petite phrase séditieuse : le Roi s’amuse.
En effet, tout ce que nous savons des mœurs, des habitudes, des instincts propres aux poissons, nous oblige à regarder ces animaux comme généralement inférieurs aux insectes, et à les placer fort au-dessous des fourmis et des abeilles, tandis que leur système nerveux, comme celui de tous les vertébrés, offre de nombreux caractères qui le rapprochent du système nerveux de l’homme. » De cette considération, Leuret conclut, à l’inverse de Gratiolet, « qu’il ne faut pas attribuer à la forme de la substance encéphalique une très grande importance11. » Sans sortir de l’ordre des mammifères, il est très difficile d’attribuer une valeur absolue à la forme cérébrale, car s’il est vrai que le singe a un type de cerveau tout à fait semblable à celui de l’homme, en revanche, nous dit Lyell, « l’intelligence extraordinaire du chien et de l’éléphant, quoique le type de leur cerveau s’éloigne tant de celui de l’homme, cette intelligence est là pour nous convaincre que nous sommes bien loin de comprendre la nature réelle des relations qui existent entre l’intelligence et la structure du cerveau » 12. […] Leuret reconnaît aussi qu’il y a là un fait qui mérite d’être pris en grande considération, et il est très vrai que tous les animaux dont le cervelet est recouvert par le cerveau sont des animaux intelligents, et que beaucoup d’autres, où il est découvert, sont plus ou moins stupides.
… Il n’y avait là, n’est-il pas vrai ? […] Cuvillier-Fleury aurait dit une chose vraie, ou du moins une chose qu’il pourrait honorablement soutenir.
On l’y voit plus ressemblant, plus vrai, plus nature que dans les livres où il est et où on le cherche. […] Elle n’a eu qu’une page, il est vrai ; mais cette page couvre toute sa vie, et l’histoire n’oubliera pas ces mots charmants : “Vous m’aimez, vous êtes roi, et je pars !”
— Vraie nature du temps d’Einstein. — Transition à la théorie de l’Espace-Temps. […] Elles lui équivalent, justement parce que la réalité vraie est l’égalité primitive, c’est-à-dire la simultanéité des moments indiqués par les deux horloges, et non pas la succession, purement fictive et conventionnelle, qu’engendreraient le mouvement simplement pensé du système et la dislocation des lignes de lumière qui s’ensuivrait.
Par l’appel qu’il a lancé au sentiment, à l’intuition, à la conscience profonde, il a encouragé une certaine manière de penser que l’on trouvait déjà chez Pascal (dirigée, il est vrai, dans un sens tout différent), mais qui n’avait pas encore droit de cité en philosophie. […] Il est temps de mettre ce penseur à sa vraie place, — une des premières, — parmi les philosophes du XIXe siècle.
Je n’ai pu encore vérifier le vrai du bruit, n’ayant pas été à l’Abbaye-aux-bois, mais il doit y avoir quelque chose ; et comme bruit, vous le pouvez dire.
Il est vrai que les poils du lion l’enveloppent souvent, de telle sorte qu’on s’y trompe… Certes, les Ïambes et surtout Il Pianto renferment d’admirables choses.
Elles sont toutes, au dénouement, d’un large pathétique, animées d’un bout à l’autre par une passion vraie, pleine de choses exquises et fortes.
M. de Guerne est un vrai grand poète, le plus remarquable sans contredit depuis la génération parnassienne.
. — Si elles rappellent, pour vrai, la grandeur des odes malherbiennes, elles sont néanmoins d’une originalité absolument personnelle.
Dudley-Hardy, voilà le vrai maître de la nouvelle affiche.
Mais, dès qu’on passe à la recherche des causes et des effets, que de difficultés, et souvent quelle impossibilité de saisir le vrai !
Quand on est né avec le sentiment du vrai, on y revient toujours, quoiqu’un enthousiasme mal entendu puisse nous en éloigner quelquefois.
Il a écrit pour des Esprits solides, pour des Chrétiens jaloux de connoître leur Religion dans son origine, dans ses progrès, dans ses vrais caracteres ; pour les ames droites qui lisent dans la vûe d’acquérir des connoissances utiles & de devenir meilleures ; pour les hommes de toutes les conditions qui n’ont ni le loisir, ni la facilité, ni le talent de puiser dans les sources & d’en écarter ce que la prévention, l’ignorance & la superstition ont pu y mêler de faux, d’excessif & d’indigne de la divinité du dogme & de la sainteté du culte.
Il est vrai que la Langue seroit restée dans une barbarie ridicule, si son style avoit servi de modele à ceux qui l'ont suivi ; mais on trouve dans ses Ouvrages une verve qui étonne, & des traits d'esprit, qui, revêtus d'expressions moins baroques, feroient honneur aux meilleurs Poëtes de ce Siecle.
Ose répandre encor sur ces vérités saintes, Les voiles enchanteurs de tes images feintes ; La noble fiction, en flattant les Esprits, Charme & conduit au vrai par des chemins fleuris, Orne la vérité des attraits de la Fable, Et l’offre à nos regards plus belle & plus aimable.
Il eut mieux fait de s’en tenir toujours aux tableaux vrais & touchans qu’il trace de la vertu, de la justice, de la fidélité, de la modération.
les vrais chrétiens auroient tant de vertus !
Il est vrai qu’on n’y apprend que des particularités relatives à l’auteur ; mais cet auteur a tant de réputation que ses minuties deviennent des choses importantes.
Et vous ne songez pas que ces arbres doivent être touchés fortement, qu’il y a une certaine poésie à les imaginer selon la nature du sujet, sveltes et élégans, ou brisés, rompus, gercés, caducs, hideux ; qu’ici pressés et touffus, il faut que la masse en soit grande et belle ; que là rares et séparés, il faut que l’air et la lumière circulent entre leurs branches et leurs troncs ; que cette terrasse veut être chaudement peinte ; que ces eaux imitant la limpidité des eaux naturelles, doivent me montrer comme dans une glace l’image affaiblie de la scène environnante ; que la lumière doit trembler à leur surface ; qu’elles doivent écumer et blanchir à la rencontre des obstacles ; qu’il faut savoir rendre cette écume ; donner aux montagnes un aspect imposant ; les entr’ouvrir, en suspendre la cime ruineuse au-dessus de ma tête, y creuser des cavernes, les dépouiller dans cet endroit, dans cet autre les revêtir de mousse, hérisser leur sommet d’arbustes, y pratiquer des inégalités poétiques ; me rappeller par elles les ravages du temps, l’instabilité des choses, et la vétusté du monde ; que l’effet de vos lumières doit être piquant ; que les campagnes non bornées doivent, en se dégradant, s’étendre jusqu’où l’horizon confine avec le ciel, et l’horizon s’enfoncer à une distance infinie ; que les campagnes bornées ont aussi leur magie ; que les ruines doivent être solennelles, les fabriques déceler une imagination pittoresque et féconde ; les figures intéresser, les animaux être vrais ; et que chacune de ces choses n’est rien, si l’ensemble n’est enchanteur ; si composé de plusieurs sites épars et charmans dans la nature, il ne m’offre une vue romanesque telle qu’il y en a peut-être une possible sur la terre.
(Ce n’était pas vrai.
Seulement, l’art des vrais mots ! […] On dira : la vraie élégance se moque de l’élégance. […] La vraie élégance est, pour un écrivain, d’écrire bien. […] Mais, la vraie douleur, c’est l’incomparable beauté des meilleurs poèmes de Musset. […] Ils n’ont pas de « sentiments vrais ».
La société a pour fondement le drap. « Car, comment sans habits pourrions-nous posséder la faculté maîtresse, le siége de l’âme, la vraie glande pinéale du corps social, je veux dire une bourse ? […] Les puritains, qui sont les vrais ancêtres de Carlyle, s’y trouvaient tout portés. […] Il dit vrai : les esprits comme le sien sont les plus féconds. […] Ils cherchaient le vrai, le juste, et leurs longues prières, leurs prédications nasales, leurs citations bibliques, leurs larmes, leurs angoisses, ne font que marquer la sincérité et l’ardeur avec lesquelles ils s’y portaient. […] Notre constitution pose en principe que, pour découvrir le vrai et le bien, il n’y a qu’à faire voter deux millions d’imbéciles.
Celui-ci fait illusion, car ce n’est point l’œil qu’il trompe, c’est l’esprit, et cela à la lettre ; son récit de la grande peste a passé plus d’une fois pour vrai, et lord Chatam prenait ses Mémoires d’un Cavalier pour une histoire authentique. Aussi bien il y aspirait. « L’éditeur », disent les vieilles éditions de Robinson, « croit que ce livre est une vraie histoire de faits. […] Dans ce corps de soudard, sous cette épaisse cuirasse de tapageur, il y a un vrai cœur de femme qui se fond, qu’un rien trouble lorsqu’il s’agit de ce qu’il aime, timide dans sa tendresse, inépuisable en dévouement, en confiance, en abnégation, en effusions. […] La poésie est vraie comme la prose, et s’il y a des mangeurs et des boxeurs, il y a aussi des artistes et des chevaliers. […] Ses vérités sont trop vraies ; nous savions d’avance ses préceptes par cœur.
Et non seulement, si l’on omettait l’élément italien, on méconnaîtrait le vrai caractère du mouvement de la Renaissance, mais c’est la formation aussi du classicisme qu’on aurait peine à s’expliquer, et ce sont les raisons de sa longue domination. […] Il est vrai que, de l’exercice de cette liberté même, et de ce fond d’individualisme, une autre idée se dégage, que l’on peut appeler l’idée maîtresse de la Renaissance, et une idée dont les étrangers eux-mêmes conviennent que François Rabelais a été la vivante incarnation : c’est l’idée de la bonté ou de la divinité de la Nature. […] Car, d’où vient l’intérêt que nous prenons à tous ces personnages, et quelle en est au vrai la nature ? […] 4º Le vrai Rabelais. — Que, bien loin d’avoir eu rien du bouffon ni du révolutionnaire de la légende, Rabelais a été le plus adroit des hommes, et le plus prudent. — Ses relations avec les du Bellay, le cardinal de Châtillon, François Ier et Henri II ; — Ses brouilleries avec Calvin, et avec Étienne Dolet [Cf. […] vrai Dieu !
Elle éclaire Diderot d’une lueur adoucie ; mais sous les velours du pastel filial le vrai Diderot n’apparaît pas dans la réalité de sa nature. […] Mais, bien loin d’admettre cet axiome, il est, selon moi, un argument contre la science, qui, si elle est vraie, ne doit pas être la révolte de tous les instincts de nos âmes et l’épouvante ou le dégoût de l’humanité. […] Ils étaient impersonnels et vivaient dans l’isolante contemplation de leurs œuvres et de leurs modèles… C’étaient des concentrés sublimes, visant perpétuellement à quelque résultat esthétique, plus ou moins réussi, plus ou moins vrai, plus ou moins grandiose. […] En ces dernières années, il est vrai, deux hommes, d’un mérite inégal, — l’un poète, mais un peu visionnaire, qui voyait des beautés là où il n’y en avait pas, et l’autre doué d’une sympathie naturelle pour toutes les platitudes, — Baudelaire et M. […] La Révolution, il est vrai, qui raccourcissait tout, a raccourci ces vers pour les chanter sur un mode plus vif et plus pratique que Diderot ; elle a dit, elle, avec une décision charmante : Et du boyau du dernier prêtre Serrons le cou du dernier roi !
Mais nos grands auteurs dramatiques français y ont reçu, de la part d’un libre disciple, de vrais, de sincères, de pathétiques hommages.
Les vrais chefs savent au besoin varier, changer le front de bataille, accommoder les dispositions et l’assaut selon les difficultés du moment.
Il y a du vrai chrétien dans une telle pratique.
Quel dommage qu’une prétention presque continue gâte tout cela, et que la sensibilité simple et vraie manque sous ces vernis si souvent flatteurs !
Serait-ce que ceux à qui la vraie jeunesse a manqué en sa saison sont plus sujets que d’autres à ces après-coup et à ces revenez-y de jeunesse ?
Moyennant ce système de petites notes qui courent sous le texte, je rends à celui-ci son vrai sens ; la note est plus familière et donne la facilité de baisser d’un ton.
Certain comme je le suis d’être dans le vrai relativement à ce caractère célèbre, sur lequel j’ai recueilli nombre de témoignages intimes, j’avoue avoir éprouvé quelque impatience en entendant ce concert de choses fausses et convenues, dites et répétées par des gens qui n’étaient pas tous juges au même degré.
Quoique M. de Bonstetten n’ait exprimé nulle part ces considérations, il semble les supposer tacitement ; et les observations de détail, si ingénieuses et si vraies, qui remplissent son livre, s’y rangent.
Il est vrai qu’elle savait l’ostéologie, la saignée, l’équitation, le jardinage, le billard, les cartes, la peinture, qu’on la comparait au roi David pour la harpe et la danse, qu’elle jouait aux proverbes mieux que n’eût fait Salomon, et qu’elle représentait ou composait de petites comédies.
Race plus raisonnable que morale, parce qu’elle est gouvernée par la notion du vrai plutôt que du bien, plus facile à persuader par la justice que par la charité ; indocile, même quand elle est gouvernable, tenant plus à la liber té de parler qu’au droit d’agir, et encline à railler toujours l’autorité pour manifester l’indépendance de son esprit : elle a le plus vif sentiment de l’unité, d’où vient que la tolérance intellectuelle lui est peu familière, et qu’elle est moutonnière, esclave de la mode et de l’opinion, mais tyrannique aussi, pour imposer à autrui la mode et l’opinion, chacun voulant ou penser avec tout le monde ou faire penser tout le inonde avec soi.
Édouard Thierry Il lisait toujours et s’efforçait rarement de produire ; mais ce qu’il écrivait était simple et excellent, ingénieux avec le plus grand air de naturel, et spirituel sans se piquer de le paraître… Tout cela est précis et délicat, ingénieux et sincère, toujours intéressant, toujours original, mais de cette originalité vraie et qui s’ignore, plein de ce charme funeste, et qui ne fut mauvais qu’à lui-même, l’enchantement du rêve répandu sur la vie.
Je m’obstine à soutenir qu’il a eu un jour du génie — du génie, malade, il est vrai — dans Joseph Delorme, mais il n’a recommencé jamais.
Après avoir étouffé le goût des beautés vraies & solides, il ouvre une libre carriere aux prétentions les plus bizarres.
Les Victimes, arrachées aux flammes, ont trouvé un asile dans ses Sanctuaires : ses Ministres ont été leurs consolateurs & leurs nourriciers : ses vrais Disciples leurs bienfaiteurs & leur soutien.
Preuve qu’il est indifférent pour les Esprits bornés qu’une Langue soit vivante, comme il l’est pour les vrais Génies qu’elle soit morte.
Si nous voulions d'abord en critiquer le titre, nous dirions que le mot Maximes ne sauroit convenir qu'à des vérités évidentes & consacrées par une adoption générale, non à des pensées qui peuvent être vraies, mais qui sont nouvelles, & ne doivent être regardées que comme le fruit de la méditation d'un esprit qui réfléchit pour lui même, sans avoir droit de fixer les idées d'autrui.
C'est aux vrais Littérateurs à s'élever contre la mode, & à venger le mérite oublié.
Il attaqua vivement l’auteur, Italien de naissance, un de ces sçavans, il est vrai, sans esprit & sans goût, mais considérés à cause de leur application & de leurs recherches, qui ne sortent des bornes de la modération, que lorsqu’on ne garde aucun ménagement pour eux.
D’Aucour commence par convenir de tout le bien qui s’y trouve : mais, après avoir analysé l’ouvrage, après en avoir décomposé toutes les parties, séparé le vrai du faux, le solide du superficiel, le beau du brillant, on voit clairement que le mauvais domine, que les défauts l’emportent sur les beautés, & que l’éloge se réduit à rien.
Le principe de nos amitiés n’est point dans ce monde : deux êtres qui s’aiment ici-bas sont seulement dans la route du Ciel, où ils arriveront ensemble, si la vertu les dirige ; de manière que cette forte expression des poètes, exhaler son âme dans celle de son ami, est littéralement vraie pour deux chrétiens.
Milton lui-même avait partagé cet esprit de perdition ; et, pour imaginer un Satan aussi détestable, il fallait que le poète en eût vu l’image dans ces réprouvés, qui firent si longtemps de leur patrie le vrai séjour des démons.
Il est vrai que ce sont de ces choses qu’on sent mieux, qu’on ne les exprime.
C’est la couleur de chair la plus vraie ; peut-être y désirerait-on un peu plus de vigueur.
Il est vrai que souvent ce changement nous a été insensible, et que nous ne pouvons même nous en appercevoir qu’à l’aide de la refléxion, parce qu’il s’est fait peu à peu et imperceptiblement.
C’est particulièrement un descriptif que Dusolier, et je le crois même trop préoccupé (théoriquement) de description ; mais le sentiment le sauve des affreuses matérialités contemporaines… En ce moment encore, ce qui l’attendrit, il est vrai, c’est plus les choses que les personnes » Le salon de son père est plus tendrement traité que son père dans son livre, et pourtant c’est le charme du père qui fait le charme de ce salon.
Il peut être vrai en ce sens que Bacchus, dieu de la vendange, ait commandé à Eschyle de composer des tragédies.
Il est vrai que ce n’est qu’en ces lieux-là qu’il se trouve une si grande affluence de peuple, et qu’on va fort à l’aise dans les autres endroits de la ville. […] Il arriva, au mois d’octobre, que, dans une audience d’ambassadeurs, Janikan trouvant le roi chagrin contre le premier ministre, sur un sujet qu’on raconte diversement, il commença à l’accuser de plusieurs choses, les unes vraies et les autres fausses, que le prince écouta assez aigrement. […] Je crois qu’il ne sera pas mal à propos d’entrer un peu plus dans le détail de ce grand marché, qui est le plus universel que j’aie vu, et une vraie foire. […] Ce sont de vrais labyrinthes que ces sortes d’édifices. […] Son logis, qui n’est pas grand, mais qui est un vrai bijou, consiste en une grande chambre, deux salles et trois petits pavillons, chacun avec deux degrés, en cabinets et en niches: tout cela de différentes figures, un endroit étant carré, l’autre triangulaire, un autre fait en croix, l’autre hexagone.
Farnèse disait vrai ; il avait été autrefois incarcéré dans le château pour avoir falsifié des brefs lorsqu’il en était secrétaire. […] « Le nouveau châtelain, oubliant que son frère en mourant m’avait fait présent de toutes ses dépenses pour moi, voulut en agir comme un vrai barrigel et ses semblables, et me força de les lui rembourser ; ce qui me coûta beaucoup d’argent. […] Il est vrai que le proverbe dit qu’à force d’aller on rencontre le mauvais pas, mais les malheurs n’arrivent jamais de la même manière. » VI Benvenuto se livra alors tout entier à son génie et à sa verve. […] Un procès scandaleux qu’on lui intenta par vengeance, sous prétexte des infâmes amours dont on l’avait accusé en Italie, souleva tellement sa colère, que, l’ayant gagné, il se vengea à coups de dague de ses accusateurs, et les fit repentir cruellement de leur accusation vraie ou fausse. […] Je lui dis ensuite : Mon glorieux maître, vrai rémunérateur des talents et de ceux qui les professent, je vous demande un congé de huit jours, pour un pèlerinage que je veux faire, afin de remercier Dieu, qui m’a prêté son secours, et m’a donné assez de force pour venir à bout de ma statue.
Comme Weber, pour l’opéra, Goethe, pour la tragédie, revient aux vraies sources : les traditions populaires, dans Goetz, et l’art grec, dans Iphigénie ; et, de nouveau, avec Faust, comme avec le drame de Schiller, le romantisme historique envahit le théâtre. […] Il distingue celui des lecteurs de journaux, celui des amateurs de théâtre, des académistes, des tragiques, et leur oppose le vrai public, supérieur au temps et au monde sensible. […] Les Maîtres Chanteurs agissent plutôt sur l’estomac… Il est vrai qu’il y a une saucisse qui joue un grand rôle au dernier acte. […] Aucun livre peut-être ne montre sous un jour plus vrai le poète-musicien des Nibelungen. […] Il est vrai qu’à l’époque où fut représenté Fidelio, on vit surgir au théâtre l’énergique Goetz de Goethe… Un demi-siècle après, la musique allemande, issue de Bach et de Beethoven, devait se manifester dans toute sa plénitude, et produire l’art nouveau : le drame musical.
Il est vrai que les instincts domestiques, ainsi qu’on peut les appeler, sont généralement moins fixes que les instincts naturels ; mais aussi ils ont été soumis à une sélection moins rigoureuse, et se sont transmis héréditairement depuis une époque beaucoup moins reculée sous des conditions de vie moins constantes. […] Si nous cherchons à établir une série, peu étendue, il est vrai, de degrés transitoires, nous trouvons l’un des termes extrêmes représenté par les Bourdons, qui déposent leur miel dans leurs vieux cocons, en y ajoutant quelquefois de courts tubes de cire. […] Il faudrait, il est vrai, supposer encore que la Mélipone disposât toutes ses cellules de niveau, comme elle le fait déjà de ses cellules cylindriques ; et de plus, ceci est peut-être moins aisé, qu’elle pût de quelque manière juger exactement de la distance à laquelle elle doit rester de ses compagnes de travail, lorsque plusieurs de ces insectes construisent ensemble leurs sphères. […] Mais supposons que cette dernière circonstance seulement détermine, comme cela doit arriver souvent, le nombre de Bourdons qui peuvent vivre en une contrée quelconque ; supposons encore, contrairement, il est vrai, aux faits observés dans nos contrées, que la communauté hiverne, et conséquemment qu’elle ait besoin d’une ample provision de miel : on ne peut douter qu’en pareil cas toute modification d’instinct qui amènerait nos Bourdons à construire leurs cellules assez près les unes des autres pour que leurs contours sphériques interfèrent un peu, leur serait de grand avantage, en ce qu’une cloison mitoyenne entre deux cellules contiguës leur épargnerait un peu de cire. […] Les Lapins n’ont guère, il est vrai, été gardés en domesticité que pour servir d’aliments, mais ils ont été le plus souvent gardés par de pauvres familles, ou du moins par des familles de paysans, et le soin en a presque toujours été laissé aux femmes et aux enfants.
… la vraie campagne ! […] D’ailleurs, ma vraie marraine n’était pas là, elle était représentée seulement par une remplaçante provisoire. […] Quand c’était chez ma grand-mère, que je passais mes jours de sortie, ils étaient alors pour moi une vraie pénitence. […] On me demanda une fois, s’il était vrai que mon père avait deux femmes ! […] — C’est vrai, grand-père, tu as fait cela ?
Le vrai curare paraît conserver son activité d’une manière indéfinie, même à l’état de solution dans l’eau. […] Jusqu’ici les voyageurs, il est vrai, nous ont fourni le curare, mais avec lui ils ne nous ont rapporté que des récits et des descriptions contradictoires de procédés de préparation. […] C’est l’observation de ces faits et de beaucoup d’autres du même genre qui a donné naissance à l’idée philosophiquement vraie que chaque animal reflète dans son évolution embryonnaire les organismes qui lui sont inférieurs. […] Ce qui est vrai, c’est que la nature ou l’essence de tous les phénomènes, qu’ils soient vitaux ou minéraux, nous reste complétement inconnue. […] La vraie science ne supprime rien, elle cherche toujours et regarde en face et sans se troubler les choses qu’elle ne comprend pas encore.
Je frémis de tout ce que vous êtes menacée de perdre en vrai bonheur, et moi en amitié. […] C’est un des hommes de ce siècle qui m’a inspiré le plus d’éloignement ; sa popularité d’occasion ne fut jamais qu’un mensonge convenu de parti, car il n’y eut jamais de popularité juste et vraie sans vertu publique. […] Ce fut aussi, il faut en convenir, un vrai mérite à madame Récamier de deviner l’âme de Ballanche sous cette forme disgraciée et presque grotesque, et de se laisser aimer et suivre jusqu’à la mort par ce doux Socrate lyonnais. […] Le découragement et la tristesse ramènent seuls M. de Chateaubriand au ton vrai de la tendresse.
Telle est l’impression que ce double caractère de ses traits avait toujours produite involontairement sur moi : un savant véritable, enclin au mépris de la race humaine et dans lequel la science seule était vraie ; mais une science bornée, comme une science moderne, qui faisait calculer, mais qui ne faisait point penser, et qu’on pouvait écrire en chiffres au lieu de l’écrire en enthousiasme et en contemplation. […] Que l’on suive la classification de mon maître Blumenbach en cinq races (Caucasique, Mongolique, Américaine, Éthiopique et Malaie), ou bien qu’avec Prichard on reconnaisse sept races (Iranienne, Touranienne, Américaine, des Hottentots et Bouschmans, des Nègres, des Papous et des Alfourous), il n’en est pas moins vrai qu’aucune différence radicale et typique, aucun principe de division naturel et rigoureux ne régit de tels groupes. […] On sait, il est vrai, qu’il a fait de nombreux emprunts au Phèdre de Platon, dans le traité des Lois et dans celui de l’Orateur ; mais l’imitation n’a rien fait perdre de son individualité propre à la peinture du sol italique. […] L’exilé ne vit pas, il est vrai, cette partie des steppes qui, recouvertes dans l’été de plantes vigoureuses hautes de quatre à six pieds, offre, à chaque souffle du vent, la gracieuse image d’une mer de fleurs agitée.
IV Si vous êtes dépourvus de parti pris, si vous cherchez dans les grands spectacles artistiques quelque chose de plus que le plaisir de l’oreille et des yeux, — si vous osez blâmer Rossini de ses paresses et Meyerbeer de ses concessions, si le drame lyrique, tel qu’il fut permis à Scribe de le concevoir, ne satisfait pas vos aspirations, si vous êtes pleins d’un enthousiasme sincère pour le vrai art dramatique qui a donné le Prométhée enchaîné à la Grèce, Macbeth à l’Angleterre, les Burgraves à la France : entrez résolument dans l’œuvre de Richard Wagner et, en vérité, d’admirables jouissances, accrues par le charme de la surprise, seront le prix de votre initiation. […] C’est une vraie page de Rabelais mise au théâtre et traduite musicalement avec une verve nonpareille. […] Ce qu’il y a de plus encourageant, c’est que le goût pour la musique wagnérienne commence à se disséminer parmi le vrai peuple. La haute aristocratie n’y comprend pas mot, la bourgeoisie ne veut entendre que des oratorios, des antiennes, des glees et des cantates ; mais le vrai peuple n’est content que si les programmes de ses concerts contiennent au moins un morceau de Wagner, et ce morceau est généralement le plus applaudi.
. — Tannhæuser aspire des profondeurs de la sensualité à l’amour vrai, et c’est encore l’amour et le sacrifice d’une femme qui le sauve de la damnation du Vénusberg. […] Il est vrai que le style est plus châtié que dans l’Anneau du Nibelung, que le tissu harmonique a plus de transparence et de fluidité, que le coloris instrumental est d’un fondu merveilleux. […] On peut avancer que les efforts des poètes de cette époque pour idéaliser le théâtre se fondaient sur une conception erronée ; mais on ne bannira pas pour cette raison leurs œuvres de la scène, et l’acteur devra apprendre à les dire. — Maintenant que le but est atteint, et que nous avons, dans le drame musical, l’idéalisation du théâtre, le drame parlé est rendu à sa vraie destination de drame strictement Réaliste. […] Pour que le Théâtre de Fête de Bayreuth fût un vrai Théâtre-Modèle, il faudrait apporter des modifications, des perfections au système d’éclairage, et supprimer, avant tout, la lumière de la rampe ; car, la lumière peut venir de tous côtés, excepté, à de très rares exceptions près, de la terre.
C’est là une hypothèse vraisemblable, il est vrai, mais une pure hypothèse. […] Il en est de même pour la figure de la courtisane qu’il faut présenter tout autrement à un débauché ou à un rêveur romanesque ; cela est si vrai que parfois le type illusoire l’emporte, même chez des lecteurs renseignés, sur l’expérience la plus répétée. […] Cela est vrai ; mais une perception n’est nullement un acte simple, passif, constant pour tous devant un objet identique ; les facultés les plus hautes, la mémoire, l’association des idées y participent ; on doit l’assimiler rigoureusement à une opération aussi compliquée qu’un raisonnement17 de sorte que, dès qu’il s’agit de perceptions complexes et esthétiques, les différences individuelles deviennent énormes. […] On pourra, il est vrai, dire à cela qu’à part les artistes et les écrivains, la plupart des gens n’aiment pas, à leurs moments de loisir, se plonger dans des préoccupations ou des souvenirs analogues à ceux qui constituent le fond de leur activité habituelle, que des commerçants, des politiciens, des médecins choisissent des livres, des tableaux, des musiques, opposés de ton et de tendance aux dispositions dont ils doivent user dans leur vie active.
Sur quoi tu t’écrias en souriant : « Il est donc bien vrai qu’on ne se fie qu’à ceux qu’on aime, et tous deux vous êtes habitants des mêmes bois ! […] Le roi n’a pas hésité à reconnaître pour vraies toutes les circonstances relatives à la manière dont le pêcheur a retrouvé l’anneau, telles qu’il nous en fait le récit. […] il est donc vrai que c’était involontairement que le fils de mon seigneur m’a rejetée de son sein, puisqu’il ne pouvait me reconnaître ! […] — Ce jeune homme doit posséder des armes célestes, dit un autre : « Cela est vrai, répond un troisième ; car voyez, par un changement terrible qui est effrayant pour l’œil, l’obscurité succède à l’éclair éblouissant.
Comme nous le verrons plus loin, elle présente un aspect sui generis, qui n’est pas celui de la reconnaissance vraie. […] Il est vrai que c’est là une manière vague de s’exprimer, et qu’il faudrait indiquer avec précision, dans des cas où rien de visible n’a disparu de la conscience, en quoi la conscience est diminuée. […] Quand on parle de « fausse reconnaissance », ou devrait spécifier qu’il s’agit d’un processus qui ne contrefait pas réellement la reconnaissance vraie et qui n’en donne pas l’illusion. […] Et c’est à peine si l’on peut parler de fausse reconnaissance, puisqu’il n’y a pas de reconnaissance vraie, d’un genre ou d’un autre, dont celle-ci serait l’exacte contrefaçon.
La statue du président Jeannin et celle de sa femme subsistent sur leur tombeau dans la cathédrale d’Aulun ; l’épitaphe d’Anne Gueniot la loue, en des termes expressifs et qui doivent être vrais, des vertus domestiques, simples et fortes, par lesquelles elle fut une digne compagne de son époux32. […] Ainsi, à cette date des premiers jours de 1589, on a la situation vraie du président Jeannin.
Un jour Cagliostro lui envoya demander comme à son préparateur (car il en faisait quelquefois l’office) je ne sais quelle poudre nécessaire pour une opération : Ramond se contenta de prendre une prise de tabac et la mélangea de cendre, de manière à donner au tout l’apparence de la poudre demandée, et la poudre ensuite opéra comme si elle avait été la vraie. […] Il y a toujours de la composition dans les paysages de Ramond ; le plus souvent il n’y a que la couleur vraie donnée par le sujet.
Ce serait un vrai malheur qu’une si excellente créature ne passât que comme une ombre charmante. […] Ainsi la description du château de Maintenon, malgré l’intérêt qui s’attache à un si noble séjour, méritait d’être supprimée : la plume de M. de Chateaubriand, en ces derniers écrits, n’est plus elle-même. — L’observation faite, il n’en est pas moins vrai que ces deux volumes nous offrent sur une femme qui fut un modèle de beauté et de bonté, et sur le monde qu’elle eut le charme et l’art de grouper jusqu’à la fin autour d’elle, une quantité de pièces intimes, agréables, imprévues, qui permettent aux nouveaux venus, s’ils en sont curieux, de vivre pendant quelques soirées dans une intimité inespérée et des plus choisies.
La vraie et juste disposition à leur égard est un premier fonds de respect, et tout au moins beaucoup de sérieux, de circonspection, d’attention, une patiente et longue étude de la société, de la langue, un grand compte à tenir des jugements des Anciens les uns sur les autres, ce qui nous est un avertissement de ne pas aller à l’étourdie, de ne pas procéder à leur égard avec un esprit tout neuf en partant de nos idées d’aujourd’hui. […] C’est celle de cet enfant qui dit à sa mère : « N’est-ce pas que ce n’est pas vrai ?
En-me permettant de parler ici avec quelque étendue d’un savant illustre, et autrement encore que pour lui rendre un pur et simple hommage, en essayant d’indiquer à l’aide de témoignages recueillis, et par le peu que j’ai pu moi-même observer, sa vraie portée et sa mesure, j’ai besoin qu’on ne se méprenne pas un instant sur ma pensée. […] Arago serait à faire, et, en en retranchant même ce qui ne paraîtrait pas digne de tous deux, il y aurait lieu d’y caractériser deux natures d’esprit et de tempérament tout à fait opposées, et qui devaient presque nécessairement en venir à se contredire et à se combattre : — Arago, ardent, puissant, robuste, doué de génie et capable d’invention, mais qui en fut trop distrait par d’autres qualités qui le tentèrent, par le besoin d’influer, par le talent d’exposer et d’enseigner, par un zèle aussi qu’on peut dire généreux à populariser la science, à en ouvrir à tous les voies et moyens, à en répandre et en propager les résultats généraux ou les applications utiles ; — Biot, esprit étendu, mais nature plus curieuse et plus déliée que riche et féconde, au sourire fin, à la lèvre mince, à la dent aiguë et mordante, dédaigneux du public sur lequel il avait peu de prise, jaloux de garder la science pour les seuls et vrais savants, pour ceux qu’il estimait dignes de ce nom.
La nécessité à laquelle la poésie ne peut se soustraire d’être forme et mouvement, projette dans le désert de cette poésie où ni la nature ni la vie ne pénètrent, tout un peuple d’abstractions qui ont charge d’imiter les formes de la nature et le mouvement de la vie : Prix, Soulas, Franchise, Merci, Doux-Semblant, Orgueil viennent s’ébattre et combattre sur le terrain où jadis les Catulle et les Properce se montraient eux-mêmes, jetant les cris de leurs âmes blessées et montraient leurs Lesbia et leurs Cintia, non des idées de femmes, mais de vrais cœurs et de vrais tempéraments de femmes.
A vrai dire, le lyrisme est partout dans ces fables : l’individualité du poète s’épanche avec une grâce charmante, une individualité qui n’a rien de romantique, de fougueux, de tapageur, qui est toute en finesse ironique, en sensibilité discrète. […] Toutes les conventions mondaines y fleurissent, comme dans les Églogues ou l’Athis de Segrais425, où l’on trouvait tant de « douceur, tendresse et sentiment » : rien de plus froid, de plus vide, que ces vers purs et coulants, où la galanterie ingénieuse ne laisse pénétrer aucun parfum de la vraie nature, aucun accent de la vivante humanité.
La rédaction qui en est donnée par Cailhava est, il est vrai, plus moderne ; à défaut d’autre, nous devons nous contenter de la reproduire ; mais il nous sera permis de rétablir les noms de la troupe qui joua à Paris de 1662 à 1671. […] Je joue déjà assez bien le rôle de l’Ermite ; et d’ailleurs ce serait un vrai moyen de me délivrer de l’importunité de mes créanciers, qui ne cessent de me persécuter. » Les quelques lignes de la fameuse préface que nous venons de rappeler suffisent à nous avertir que les chefs-d’œuvre de la comédie française, L’École des femmes, Le Misanthrope, Le Tartuffe, L’Avare, se succédaient sur le même théâtre où Scaramouche et Dominique faisaient à qui mieux mieux leurs culbutes « et autres singeries agréables, comme dit Gherardi, qui sont du jeu italien ».
Nous n’avons parlé jusqu’ici que d’un seul de nos sens ; il est vrai que c’est, dans l’enquête que nous poursuivons, le plus important par la multitude et la diversité des impressions qu’il nous fournit. […] D’autres, il est vrai, par prudence ou par goût du mystère, se voilent à demi, usent de réticences, veulent être devinés : du nombre sont Rabelais et Fontenelle.
Musset et ses imitateurs ont déifié la passion ; ils ont répété avec enthousiasme : Rien n’est bon que d’aimer, n’est vrai que de souffrir. […] Mais, s’il est vrai qu’une alternance régulière ramène tour à tour le règne d’états d’esprit et de procédés contraires, du réalisme et de l’idéalisme, de la raison et de l’imagination, de l’analyse et de la synthèse, de l’optimisme et du pessimisme, etc., il semble que la littérature, revenue au pôle qui fut son point de départ après avoir atteint l’autre, devrait se retrouver dans la situation même où elle était quand commençait l’oscillation.
L’inclinaison des axes, accompagnée d’une image rétinale donnée, suggère d’abord la grandeur ; de la grandeur ainsi donnée et de la grandeur rétinale nous inférons la vraie grandeur. » Peut-être quelque intraitable adversaire de la métaphysique reprocherait-il à M. […] Dans l’étude comparative des constitutions sociales et politiques, comprise à la manière d’Aristote, Vico, Montesquieu, Condorcet, Hume, de Tocqueville, il faut « un esprit pénétrant, en d’autres termes une forte faculté identifiante, qui puisse réunir et extraire les ressemblances de l’obscurité des différences176. » Le progrès d’une classification consiste à associer, dans un même groupe, des êtres semblables malgré des dissemblances apparentes, à passer des identités superficielles aux identités fondamentales, de la division d’Aristote en animaux terrestres, marins et aériens, à la division de Cuvier, fondée sur la vraie nature et non sur des ressemblances accidentelles.
Il est clair, pour tous ceux qui ont des yeux, que sans les Anglais, la raison et la philosophie seraient encore dans l’enfance la plus méprisable en France, et que leurs vrais fondateurs parmi nous, Montesquieu et Voltaire, ont été les écoliers et les sectateurs des philosophes et des grands hommes d’Angleterre. […] Par Grimm, par le prince Henri de Prusse, par les Nassau-Saarbrttck, par les visites assez fréquentes de jeunes Allemands qu’il signale dans sa correspondance, et même par sa traversée de l’Allemagne pour se rendre en Russie, Diderot pouvait connaître assez bien un pays qu’il n’avait pas habité, il est vrai, mais que ceux qui y avaient séjourné assez longtemps, comme Voltaire, ne paraissent pas avoir apprécié comme lui.
Et l’on pourrait redire ici avec l’humoriste allemand Lichtenberg : « C’est aujourd’hui la mode de mettre sur tous les romans : Histoire vraie. […] La boutique de l’apothicaire spirituel. — Encensoirs fumans de pensées mystiques. — Le brise-tête du dragon infernal. — Le faisceau de myrrhe (Angers, 1525). — La chaîne d’or des vrais croyans. — Les sept trompettes pour éveiller les pêcheurs. — La pieuse alouette avec son tire-lire, par le père Antoine la Chaussée (Valenciennes, 1638). — Le roman en rimes des trois pèlerinages ; le premier de l’homme durant qu’est en vie ; le second de l’âme séparée du corps, le tiers de N.
Les Derniers Abbés et les Derniers Marquis, sous la plume républicaine de Mme Louise Colet, s’ils n’étaient pas vrais — et ils ne pouvaient pas l’être, — pouvaient, du moins, être formidables. […] je ne me fie pas à ces récits qui, s’ils étaient vrais, ne prouveraient que l’épouvantable anarchie des intelligences et la nuit qui a remplacé, dans la conscience humaine, l’impérieuse lumière de la fierté et des devoirs !
Voilà pourquoi je dis que la conception catholique est, par sa nature même, anti-vitale, puisqu’elle anéantit en nous tout ce qui constitue la vie, qu’elle nous oriente vers la mort, qui est, suivant elle, la porte de la vraie vie. […] Il est vrai que M.
Les vraies valeurs, elles, n’ont pas changé. […] À dire le vrai, il avait de l’humanité une conception moins barbare, plus conciliante. […] C’est plus souvent, à dire le vrai, le pédagogue plus que l’artiste qui nous parle. […] Il n’attendit pas longtemps, il est vrai. […] Quand on l’a bien lu, cela étonne moins, il est vrai.
Amateur des livres dans le vrai sens du mot, il les connaissait à la fois par le fond et par les particularités qui les distinguent.
Que si vous l’eussiez fait intervenir un peu plus souvent, en deux ou trois endroits bien distincts, cela eût suffi pour que votre pensée se dégageât, pour que tous ces rêves du mal, toutes ces formes obscures et tous ces bizarres entrelacements où s’est lassée votre fantaisie, parussent dans leur vrai jour, c’est-à-dire à demi dispersés déjà et prêts à s’enfuir devant la lumière.
Et cela, jusqu’à un certain point, est vrai : car, même avec tous ces défauts, avec toutes ces lacunes et ces creux qui se révèlent dans leurs pensées habituelles et dans la forme de leur caractère, la société ébranlée est encore trop heureuse de les avoir rencontrés un jour et de s’être ralliée à deux ou trois des qualités souveraines qui sont en eux : elle doit désirer de les conserver le plus longtemps possible, et tant qu’il porte et s’appuie sur leurs épaules même inégales, il semble que l’État dans son penchant ait encore trouvé son meilleur soutien.
Pour elles, elles ne raisonnaient pas, elles vivaient, elles ne se croyaient pas d’une autre nature que les autres herbes voisines, moins favorisées ; et ces herbes-là, quand on les pressait bien, avaient, je vous assure, leur parfum aussi, pas toujours agréable, il est vrai ; mais enfin c’était le leur.
Il est vrai qu’il a vu, le matin, en passant près du fort de Karency, les croisées du donjon où vit la malheureuse Agnès de Méranie, épouse répudiée de Philippe Auguste, et qu’il soupire depuis ce temps sur Agnès, car il a conçu ses souffrances.
On a beaucoup ri, il est vrai, de certaines histoires, de celle de mademoiselle Victoire, par exemple, ou du sacré chien ; mais elle aussi a souri peut-être de la simplicité du lecteur ; et, comme pour mieux accréditer encore les folles et enfantines gentillesses de ses jeunes années, elle en a fait une ces jours derniers, et des meilleures.
Quant à Charles, il ne s’aperçoit pas d’abord de Léonide : son père, qui est un Grec et un vrai Grec du siècle de Miltiade, a fait de lui un Romain, comme dit Morzande ; notre Romain est fou de gloire, de liberté, de littérature même, et la pauvre Léonide a besoin de lui découvrir son amour avant qu’il songe à l’aimer.
Bien des récits divers circulent déjà sur cette entrevue, qui s’est prolongée, dit-on, près de trois quarts d’heure, et dont les détails, si la rumeur est vraie, ne manqueraient ni de piquant, ni de nouveauté, ni d’importance.
Quand vous rappelez des objets dégoûtants, vous excitez une impression fâcheuse, qu’on fuirait avec soin dans la réalité ; quand vous changez la terreur morale en effroi physique, par la représentation de scènes horribles en elles-mêmes, vous perdez tout le charme de l’imitation, vous ne donnez qu’une commotion nerveuse, et vous pouvez manquer jusqu’à ce pénible effet, si vous avez voulu le pousser trop loin : car au théâtre, comme dans la vie, quand l’exagération est aperçue, on ne tient plus compte même du vrai.
Du feu, de la vie dans les tableaux, de grandes idées dans les images, des mouvemens rapides dans les sentimens, des élans d’imagination qui étonnent, des traits sublimes dans le langage, qui séduisent, sont pour lui des ressorts familiers qui font éprouver à l’ame des secousses qui la maîtrisent, la captivent, l’arrachent à elle-même, & la remplissent de cet enthousiasme que le vrai génie peut seul communiquer.
Depuis Aristophane jusqu’à nous, le pinceau de Thalie n’a jamais été que le fléau du ridicule, & quiconque voudra lui donner un autre caractere, sera également proscrit & par Thalie & par ses vrais partisans.
Elles offrent en effet une tournure d’esprit agréable, de la finesse, des détails piquans, des comparaisons ingénieuses, des images riantes, un coloris brillant, une touche délicate & facile, & une peinture assez vraie des travers aimables qui caractérisent notre Nation.
Pour ne point dérouter le lecteur et éviter toute difficulté, j’ai pris soin d’ailleurs, à chaque première fois qu’un dieu paraît dans ce livre, d’accoler son nom latin à son vrai nom grec.
Lorsqu’on demandoit à Racan si cela étoit vrai : Oui dà , disoit-il, il en est quelque chose.
Voilà de vrais blasphèmes en bon français ; et Joseph allait quitter son épouse, si l’ange Gabriel ne l’eût averti de n’en rien faire.
Il n’y a pas jusqu’à cet œil effroyable dont Théocrite n’ait su tirer un trait touchant : tant est vraie la remarque d’Aristote, si bien rendue par ce Despréaux, qui eut du génie à force d’avoir de la raison : D’un pinceau délicat l’artifice agréable Du plus affreux objet fait un objet aimable.
Nous pouvions trancher la question d’une manière simple et péremptoire ; car, fût-il certain, comme il est douteux, que le christianisme ne pût fournir un merveilleux aussi riche que celui de la fable, encore est-il vrai qu’il y a une certaine poésie de l’âme, une sorte d’imagination du cœur, dont on ne trouve aucune trace dans la mythologie.
Ce bras gauche est vrai, je le crois ; mais la position de la figure le fait paraître petit et maigre.
Si vous ne connaissez pas cet éloquent, impérieux et adroit scélérat, lisez Homere et Virgile, jusqu’à ce que les idées de ces deux grands poètes, fermentant dans votre imagination, vous aient donné la vraie physionomie de ce personnage.
Je sçais bien que le faux est quelquefois plus vrai-semblable que le vrai.
À cette époque, il est vrai, l’Amérique n’avait pas encore publié la Case de l’Oncle Tom, mais cet ouvrage, qui est moins un livre qu’autre chose, serait-il même un livre grand comme sa renommée, qu’un livre isolé ne prouve rien de plus que la force individuelle de celui qui l’a écrit, et la littérature américaine n’en resterait pas moins une littérature d’avortement, l’amas confus d’organes ébauchés qui ne constituent pas la vie.
S’il est vrai que les nations sont constituées par une poussière de fellahs, Taine en prend trop aisément son parti ; il a trop peur que la raison pure intervienne et dérange ces sommeils, cette belle ordonnance animale… Mais à peine ai-je écrit ces lignes et ces mots « servilité, servage » que, sans pouvoir rien en effacer, je proclame combien je suis injuste envers un homme qui, le seul, avec Fustel de Coulanges, et mieux que Fustel de Coulanges, m’a fait toucher des réalités dans l’histoire de mon pays.
Alors on ne louait pas l’humanité d’un général qui avait été cruel, le désintéressement d’un magistrat qui avait vendu les lois : tout était simple et vrai.
Ces fatigues de courses aux frontières du Maroc et dans le désert mettaient sur les dents plus d’un compagnon de voyage, mais laissaient Horace frais et dispos presque comme auparavant : « Quant à moi, la lame du fleuret est toujours droite et ne se rouille pas. » C’était vrai encore, et pourtant on peut prévoir que le terme de la joie approche ; on est aux dernières belles heures de l’après-midi. […] Enfin j’ai obtenu de voir ce qu’il m’importe de connaître. » Que de soins pour être vrai en toute chose ! […] vous oubliez… » — « C’est vrai, réplique Horace, en changeant aussitôt d’idée, pardon !
Le premier, il s’est retourné contre le xviiie siècle et lui a montré le bouclier inattendu, éblouissant de lumière, et dont quelques parties étaient de vrai diamant. […] Parce que chaque soir revient funèbre et sombre, chaque matinée de soleil ne nous rend-elle pas un peu de vrai printemps ? […] Mais n’est-ce pas en fait de douleur surtout qu’il est vrai de dire avec M.
Les femmes, femmelettes et jusqu’aux femmes de chambre s’y feraient hacher… Ce parti s’est grossi des honnêtes gens du royaume qui détestent les persécutions et l’injustice. » — Aussi, quand toutes les chambres de magistrature, jointes aux avocats, donnent leur démission et défilent hors du palais « au milieu d’un monde infini, le public dit : Voilà de vrais Romains, les pères de la patrie ; on bat des mains au passage des deux conseillers Pucelle et Menguy et on leur jette des couronnes » […] Ils s’engagent dans les tracasseries, dans les glorioles, dans les petitesses de la vie littéraire, bien pis, de la vie théâtrale, puisque, sur cent théâtres de société, ils sont acteurs et jouent avec les vrais acteurs. […] Il n’est pas vrai de dire, comme les nobles d’après Montesquieu, que la constitution existe, que ses grands traits ne doivent point être altérés, qu’il s’agit seulement de réformer les abus, que les États Généraux n’ont qu’un pouvoir limité, qu’ils sont incompétents pour substituer à la monarchie un autre régime.
Je fus prodigieusement étonné en lisant quelques-uns de ses numéros de le trouver au contraire aussi ferme que raisonnable dans ses principes, tout à fait dans mes idées, et persuadant de toute son éloquence au peuple agité que pousser la révolution à la guerre à l’extérieur et à la terreur au dedans, c’était la perdre par une réaction prompte et inévitable, et que les hommes d’ordre étaient les vrais révolutionnaires. […] Je ne dis pas à madame d’*** les vrais motifs de mon mécontentement, pour ne pas lui confier mes sentiments de réserve envers mon collègue, et je cessai de me rendre chez elle. […] Ce qu’il y a avait de vrai était qu’ayant été depuis le 27 février en position et en mesure de connaître M.
Qu’est-ce qui aurait osé peindre, il y a vingt ans, une femme en robe vraiment jaune ; ça n’a pu se tenter qu’après la « Salomé » japonaise de Regnault, et cette introduction autoritaire dans l’optique de l’Europe de la couleur impériale de l’Extrême-Orient, oui, c’est une vraie révolution en la chromatique du tableau et de la mode. […] C’est une confession très curieuse et très vraie de la jeune fille, parfaitement heureuse. […] Un parc qui rappelle en grand le Petit-Trianon, et dans lequel coule une vraie rivière, une cour d’honneur digne d’un Marly, des amas de curiosités, parmi lesquelles il y a une collection de livres et de reliures qui vaut plus d’un million, des armoires toutes pleines de vieilles dentelles, dans lesquelles, il y a de quoi fabriquer des robes de 30 000 francs, etc., etc., etc.
Ce qui distingue encore les annales des Juifs de celles des autres Nations, c’est qu’elles sont vraies dans tous les points & qu’il n’est pas permis d’en révoquer en doute un seul événement. […] Il est vrai que les Jésuites y ont trouvé le poison de la doctrine jansénienne ; mais qu’il nous soit permis de dire avec un auteur que c’est insulter aux approbateurs de livres, que de trouver des erreurs dans des ouvrages dont le ministère public à permis l’impression, après les avoir fait revoir. […] C’est un des meilleurs ouvrages de cet auteur, qui mêle à des anecdotes vraies des choses hazardées.
Pour l’auteur des Dialogues philosophiques, c’est là le vrai. […] Et non pas la science philosophique, — parce que la science philosophique raisonne et que la vraie science ne raisonne pas, — mais la science qui compte les grains de poussière, la science qui suppute, la science atomistique, hypothétique, amphigourique, hiératique même, — les savants, pour M. […] Ses sujets, il est vrai, n’exigeaient pas beaucoup qu’il les eût.
Ce sera un magnifique retour à notre vrai destin. […] Le vrai voyage commence. […] Hassan — de son vrai nom, Yourghi — est né à Elbassan près de Monastir, en Albanie. […] On doit parler sincèrement de ceux qui ont donné leur vie à la recherche désintéressée du vrai. […] Je ne suis pas inquiet, quand il faudra partir pour une vraie bataille, de la section du lieutenant Art Roë.
Est-il vrai d’abord qu’elle offre pour l’expression artistique des ressources merveilleuses ? […] Mais il faut restituer son vrai nom à ce qu’on voudrait décorer du titre de « pardon ». […] L’esprit entendu dans la signification vraie du mot, est fait d’abord de bon sens. […] Cela est vrai surtout pour M. de Curel. […] Cette splendeur de jeunesse vraie était sa qualité la plus « précieuse.
Letronne était battu et que c’était bien le vrai cœur de saint Louis qu’il gardait bon gré mal gré, dans l’armoire des Archives.
À ce jeu-là, on risque de dérouter d’abord son lecteur et de le lancer sur une fausse piste, d’où on le ramènera dans la vraie voie, déjà fatigué et de mauvaise humeur.
Dès que l’idée en est venue à son dernier degré de perfection, le mot éclôt, se présente et la revêt. » Cela est vrai, mais au fond cela ne dit pas grand’chose.
Et alors, me souvenant d’avoir été charmé par ses premiers vers, ce m’est un vrai chagrin de ne pas entendre parfaitement les derniers, et j’ai envie de lui en demander pardon.
Maintenant, il faut dire que cette technique de l’alexandrin, il est vrai, admettant des coupes diverses, a dû contribuer à fausser l’expression de quelques aspects de ses idées ; ses rimes, et comment pourrait-il en être autrement ?
Un souffle a passé, un besoin de bâter la justice, de vivre la vie vraie, pour réaliser le plus de bonheur possible.
« Pour vous dire le vrai, je n’ai point grand goût pour cet auteur25. » Le changement qui s’opéra dans le goût de Voiture me paraît remarquable comme témoignage de celui qui dominait à l’hôtel de Rambouillet, et me semble prouver que les principaux personnages de cette société, au lieu d’être des modèles de mauvais langage, contribuaient à corriger et à épurer les ridicules qui depuis L’Astrée s’étaient propagés parmi les beaux esprits.
S’il nous est permis de faire quelques réflexions sur son caractere, nous serons autorisés à dire, que l’amour de la célébrité & trop de penchant à se laisser séduire par des insinuations artificieuses, ont été la vraie cause de l’abus qu’il a fait de ses talens, propres d’ailleurs à le faire estimer.
Ne vaudroit-il pas mieux attendre patiemment qu’il reparût un Poëte comique, que d’accueillir si bénignement tant de Pieces bâtardes, propres tout au plus à étouffer le germe de la seule génération que le vrai goût puisse avouer ?
Rousseau avoit reçu du Ciel cette heureuse influence qui forme les vrais Poëtes.
Croit-on, au reste, que ce soit abaisser la peinture que de la réduire à son domaine propre, ce domaine que lui ont conquis le génie de ces palettes immortelles : Véronèse, Titien, Rubens, Rembrandt, Vélasquez, grands peintres, vrais peintres !
Et quand même la vraie origine d’écope serait la forme anglaise scoope, le mot n’en serait pas plus mauvais.
Ce n’est pas qu’on ait toujours été de bonne foi dans les disputes, qu’on ait toujours voulu s’éclaircir, démêler le vrai, entendre & faire entendre la raison.
En ne peignant plus que la vraie nature, elle voulut tout peindre, et surchargea ses tableaux d’objets trop petits, ou de circonstances bizarres.
car voilà, ce me semble, la vraie gymnastique de Cythere, l’éducation que Venus donne à ses enfants.
mon ami, qui est-ce qui trouvera la vraie figure d’Euridice ?
Il est vrai que nos bergers et nos païsans sont si grossiers, qu’on ne sçauroit peindre d’après eux les personnages des églogues ; mais nos païsans ne sont pas les seuls qui puissent emprunter des agrémens de la campagne les figures de leurs discours.
Il est vrai que les nations européennes dont je parle, sont devenues dans la suite sçavantes et lettrées.
Techener l’accompagne, il est vrai, d’un petit volume à part, renfermant une protestation écrite par A.
Il est vrai que le plus grand nombre de ses poèmes sont écrits en « style direct », si l’on peut dire. […] Poincaré si la géométrie euclidienne est vraie. […] Il est vrai que d’autres encore ont l’air d’avoir bâti sans prudence et comme au hasard. […] Il réussira s’il possède ce don particulier : le génie du passé authentique, l’imagination vraie. […] » C’est vrai.
Les compagnons de Bérule furent tous remplis de son esprit : c’étoit de vrais modèles de la perfection sacerdotale. […] Hennebel revint de Rome dans les Pays-bas, en vrai pèlerin, mendiant. […] « Ce peuple a conservé près de deux mille ans la connoissance du vrai Dieu. […] Il est vrai que les lettres ne furent jamais étrangères au corps de la chirurgie, mais elles y furent moins florissantes. […] Les changemens continuels de Santeuil furent pour le public une vraie comédie.
Ampère Le vrai savant, l’inventeur, dans les lois de l’univers et dans les choses naturelles, en venant au monde est doué d’une organisation particulière comme le poëte, le musicien. […] Les contrastes qui frappent chez Laplace, Lagrange, Monge et Cuvier, ce sont, par exemple, leurs prétentions ou leurs qualités d’hommes d’État, d’hommes politiques influents, ce sont les titres et les dignités dont ils recouvrent et quelquefois affublent leur vrai génie. […] Il disait donc vrai en comptant pour beaucoup chez lui le sentiment libéral que le premier éclat de tonnerre de 89 avait Enflammé. […] Admirable jeunesse, âge audacieux, saison féconde, où tout s’exalte et cœxiste à la fois, qui aime et qui médite, qui scrute et découvre, et qui chante, qui suffit à tout ; qui ne laisse rien d’inexploré de ce qui la tente, et qui est tentée de tout ce qui est vrai ou beau !
On voit que ce poète, comme tous les vrais poètes, adorait la campagne et la peignait comme il l’aimait. […] Écoutez quelques stances de ce chant des vrais amants. […] Il sait jouer avec la vie ; il effleure la nature, il ne l’épuise pas ; il sait que le cœur humain est un instrument à deux cordes dont l’une est tristesse, l’autre gaieté, et, en touchant ces deux cordes tour à tour, il produit une harmonie tempérée et douce qui est précisément l’équilibre vrai de cette vie, mêlée de gémissements et d’éclats de rire. […] Cette prétendue philosophie n’est donc pas vraie, puisqu’elle est le contrepied de la nature.
La gaîté reprend ses droits avec le duc de Beaufort, le vrai chef des Frondeurs. […] Ils ont étudié curieusement les lois, les actes publics, les formules judiciaires, les contrats privés ; ils ont discuté, classé, analysé les textes, fait dans les actes le partage du vrai et du faux avec une étonnante sagacité ; mais le sens politique de tout cela, mais ce qu’il y a de vivant pour l’imagination sous cette écriture morte, mais la vue de la société elle-même et de ses éléments divers, soit jeunes, soit vieux, soit barbares, soit civilisés, leur échappe, et de là résultent les vides et l’insuffisance de leurs travaux. […] Elle est interdite, et voici en quels termes Napoléon motive cette mesure : « L’auteur a fait d’Henri IV un vrai Philinte et du duc de Guise un Figaro : ce qui est par trop choquant. […] Quand Alfred de Vigny dans Stello allègue l’exemple d’André Chénier pour prouver que le poète est malheureux dans un pays où le pouvoir est aux mains du peuple, il étend abusivement à un état social qui serait régulier et organisé ce qui a pu être vrai dans un moment de crise aiguë et de lutte désespérée.
. — « Gardez-vous de croire, répond Beaumanoir, que j’aie amené ici toute la chevalerie de Bretagne, car ni Laval, ni Rochefort, ni Rohan et bien d’autres n’y sont ; mais il est bien vrai que j’ai avec moi une part de cette chevalerie et la fleur des écuyers… » Bombourg reprend la bravade et l’invective. […] Pour donner à La Fontaine son vrai rang, il ne faudrait plus aujourd’hui le louer comme du temps de Chamfort, mais il convient de l’apprécier en se souvenant du Moyen Âge qu’il n’a connu d’ailleurs que par ses derniers héritiers et qu’il n’a fait, sans s’en douter, qu’égaler à sa manière.
C’était tout à fait aussi le sentiment du président Jeannin, qui avait pour principe « que la force et violence n’enseigne jamais le chemin de la piété et du vrai culte et adoration de Dieu », et qui avait vu de près l’écueil où si souvent ses contemporains avaient fait naufrage. […] Il se préparait à aller jouir du repos en sa maison de Montjeu près d’Autun, et d’où l’on a une des plus belles vues sur la ville et le pays, lorsqu’il mourut à Paris, le 31 octobre 1622. disent toutes les biographies ; cependant, comme il y a des lettres de lui qu’on présente comme datées des deux premiers mois de 1623, j’incline à croire que la vraie date de sa mort est des derniers jours de février ou peut-être de mars de cette même année.
» Il est vrai qu’elle ajoutait aussitôt, s’adressant à ce même ami de son frère, qu’affligeait le veuvage du cœur : « Si vous vous figurez dans vos tristesses une belle campagne avec une douce amitié, et que cela vous console, on a toujours cela avec son bon ange, le céleste ami ; consolation un peu spirituelle, si vous voulez, mais n’est-ce pas la meilleure ? […] Dieu veuille que tout soit vrai !
C’est un livre vrai. […] Mais Marolles n’était pas encore satisfait ; en matière de catalogue, il était ambitieux comme César et comme tous les vrais collectionneurs, ces insatiables conquérants, qui n’aspirent qu’à se compléter : rien ne lui semblait fait tant qu’il restait quelque chose à faire.
Casimir Perier : vrai point de départ du système négatif et défensif ; résistance pure et simple au-dedans, politique de la paix franchement et hardiment pratiquée au-dehors. […] C’était la puissance de l’homme, bien supérieure à celle de l’orateur. » Le contraire est vrai de M.
Il est vrai que, vers le même temps, on évacuait Ancône et qu’on adhérait au traité des vingt-quatre articles pour les limites territoriales de la Belgique. […] : faute assez rare de nos jours, et que, pour dire vrai, je me pardonne en la reconnaissant. » Ainsi il conclut en disant comme le poète : Pour en blâmer l’effet, la cause en est trop belle ; et il se console.
J’avais écrit sur Tocqueville dans le Moniteur et en le faisant j’avais eu en vue deux choses : témoigner d’abord, dans le journal même du Gouvernement, de mon respect et de mon estime pour un adversaire de haut mérite ; et, en second lieu, à la veille d’une grande solennité littéraire, au moment où l’on allait peut-être essayer de nous donner un faux Tocqueville, j’avais tenu a en présenter un vrai et à prendre, autant que je le pouvais, la mesure de l’homme, avant qu’il passât à l’état de demi-dieu ou de pur génie par le fait de l’apothéose académique. […] … La question générale ainsi posée, en ces termes abstraits, serait d’une solution peut-être trop commode ; mais la vraie solution pratique consiste à savoir si telle nation, dans telles circonstances données, avec son humeur, son génie, son passé récent, son culte de souvenirs, ses besoins d’ordre et de réparation, ses autres besoins innés et non moins réels d’initiative, de prépondérance et de grandeur, peut et veut se gouverner de la première manière, si elle en est avide, désireuse et capable, si ce gouvernement de soi par soi-même n’aboutirait pas à la ruine de tout gouvernement, à l’anarchie et à la subversion.
Dans le volume que j’annonce et que je ne parcourrai point en détail, je saisis ce qui me paraît le mieux et le plus vrai, le personnage du duc de Bourgogne, de ce petit-fils de Louis XIV, l’objet de tant d’espérances, tant promis au monde, tant regretté et pleuré, et j’en viens parler à mon tour après M. […] Voilà de vraies leçons, qui doivent agir et opérer, si jamais les leçons opèrent.
Ce n’était nullement un génie dans le vrai sens du mot, ce n’était qu’un élève, le plus brillant des élèves ; il eût été le premier au collège dans toutes les facultés, humanités, rhétorique, philosophie, et même plus tard un des premiers en théologie, s’il avait composé avec les élèves du séminaire. […] Ce moyen, c’est, avec les États Généraux très réduits, se tenant de cinq en cinq ans, et la tenue chaque année d’États provinciaux particuliers, l’établissement de sept Conseils supérieurs remplaçant les secrétaires d’État et composés en grande partie de ducs et pairs ; l’abolition de la réforme militaire introduite par Louvois ; la remise en l’honneur et sur pied de l’ancienne et vraie noblesse, soigneusement distinguée de la bâtarde et de la fausse : enfin tout un gouvernement aristocratique, auquel la lecture de Saint-Simon nous a de longue main familiarisés sans nous y convertir.
Ce Moreau dans l’atelier de qui il se trouvait d’abord par hasard, et qui n’était pas un vrai maître, était un paresseux ; de plus il avait pour l’architecture un goût et un talent plus prononcés que pour la peinture, et il se partagea bientôt entre les deux. […] J’y veux suppléer ; j’imagine donc que David, qui dit si bien son fait à chacun, aurait pu parler à peu près en ces termes au petit Étienne, s’il l’avait vu plus avancé et peignant déjà : « Toi, tu es bien jeune, mais je vois déjà ta disposition : quand tu veux faire du noble, ça ne va pas ; tu fais de l’académique, du froid, du copié, du connu ; non ; — mais voilà de petits coins dans ton tableau, et sur ton garde-main de petites figures qui sont vraies, qui sont naïves. — C’est fin, c’est malin ; si tu regardes et si tu copies ce que tu vois, tu pourras bien faire.
Malgré tout et dussé-je trahir mon côté profane, mon côté faible, il m’est impossible, à parler franc, d’admirer autant qu’on le fait cette sécheresse extrême de la première partie du Discours sur l’Histoire universelle ; elle serait un vrai défaut, si cette première partie était capitale et le fonds même du Discours. […] J’avoue que j’admire cette première partie au moins autant que les deux autres. » Cette première partie ainsi expliquée, et les grands événements de l’histoire ancienne étant une fois distribués chronologiquement et par époques, de manière à venir se ranger, pour ainsi dire, « chacun sous son étendard,) » on est préparé et l’on n’a plus qu’à entrer avec Bossuet, le grand généralissime, dans ce qui fait l’objet principal et le vrai dessein du livre, à savoir les considérations sur la suite du peuple de Dieu, et sur celle des grands empires.
C’est ainsi que ce journal d’opposition et réputé hostile, qui donnait à la fois asile à un républicain proscrit et à un sénateur de la gauche de l’Empire, entend et pratique le vrai principe de la liberté de la presse, quand les voix s’élèvent d’en haut, — non plus des régions officielles, mais des sommités du talent et de la pensée. — M’est-il permis de parler ainsi de mon maître, et M. […] Le maître de la maison ne se considérait, disait-il lui-même, que « comme le maître du cabaret », où l’on avait, il est vrai, cet avantage de plus sur les autres cabarets, que l’on pouvait être bien sûr que personne n’écoutait aux portes.
il y aura des gens qui diront que je n’ai pas aimé mon frère, que les vraies affections ne sont pas descriptives. […] Sur la recommandation de Flaubert, les frères de Goncourt purent fréquenter quelque temps le service de Velpeau à la Charité, y faire des études sur « le vrai, le vif, le saignant » 21.
Mais non, pourrait-on dire, le jugement de la multitude est impartial, puisqu’aucune passion envieuse et personnelle ne l’inspire ; son impulsion toujours vraie, doit être juste ; mais par cela même que ces mouvements sont naturels et spontanés, ils appartiennent à l’imagination ; un ridicule détruit à ses yeux l’éclat d’une vertu ; un soupçon peut la dominer par la terreur ; des promesses exagérées l’emportent sur des services prudents, les plaintes d’un seul, l’émeuvent plus fortement que la silencieuse reconnaissance du grand nombre ; enfin, mobile, parce qu’elle est passionnée ; passionnée, parce que les hommes réunis ne se communiquent qu’à l’aide de cette électricité, et ne mettent en commun que leurs sentiments ; ce ne sont pas les lumières de chacun, mais l’impulsion générale qui produit un résultat, et cette impulsion, c’est l’individu le plus exalté qui la donne. […] S’il est donc vrai que choisir le malheur est un mot qui implique contradiction en lui-même ; la passion de la gloire, comme tous les sentiments, doit être jugée par son influence sur le bonheur.
. — D’abord le naturel en est exclu ; tout y est arrangé, apprêté, le décor, le costume, l’attitude, le son de voix, les paroles, les idées et jusqu’aux sentiments. « La rareté d’un sentiment vrai est si grande, disait M. de V., que, lorsque je reviens de Versailles, je m’arrête quelquefois dans les rues à regarder un chien ronger un os297. » L’homme, s’étant livré tout entier au monde, n’avait gardé pour soi aucune portion de sa personne, et les convenances, comme autant de lianes, avaient enlacé toute la substance de son être et tout le détail de son action. […] Un jour que la comtesse Amélie de Boufflers parlait un peu légèrement de son mari, sa belle-mère lui dit : « Vous oubliez que vous parlez de mon fils Il est vrai, maman, je croyais ne parler que de votre gendre ».
C’est souvent vrai, mais ils ne nous l’ont rapporté que parce que nous avions eu la maladresse de le perdre. […] Une forte, fine psychologie, vécue et sentie, non livresque et scénique, d’où l’émotion sortait d’elle-même sans violences et sans ficelles, voilà le mérite éminent des trois œuvres principales976 qu’il a écrites, où par surcroît il a mis toutes les grâces de son esprit et sa forme exquise de style : Révoltée, d’abord, où des parties supérieures semblaient réaliser soudain le théâtre qu’on cherchait, expression intense et simple de la vie intérieure : le Député Leveau (1891), étude vraie encore, peut-être plus facile et plus grosse ; le Mariage blanc (1891), hypothèse psychologique d’une infinie délicatesse et d’une profondeur morale qui ont été méconnues.
Janin affectionne soit surtout celle de fantaisie et de broderie, elle lui a servi plus d’une fois à recouvrir l’autre, la vraie critique digne de ce nom. […] Janin, décidément, est un vrai critique, quand il s’en donne le soin et qu’il se sent libre, la bride sur le cou.
Dans ce moment, même, qu’ils daignent, je les en prie, ne pas prendre ou donner le change sur ma pensée : je ne viens pas ici conseiller d’épouser le pouvoir, mais simplement de ne pas le nier avec obstination, de ne pas bouder la société qui l’a ratifié, le fond et le vrai de la société de notre temps. […] Mais rien n’est plus vrai pourtant, votre porte ne s’ouvre plus que pour un petit nombre ; il faut peu à peu s’y faire.
La vision des plus grises réalités est impitoyablement nette ; la force graphique du style en fait saillir aux yeux les ternes linéaments, — et à cette évidence se joint un sentiment du mystérieux, du spectral et de l’hallucinatoire, qui par un merveilleux alliage, infuse, au vrai, tout le noir effroi du rêve. […] En d’interminables soliloques en de lentes conversations où chaque interlocuteur prononce des sortes de discours, sans cesse la même face d’une âme est montrée, en ses détails, il est vrai, infiniment menus.
On n’en connaît ni l’histoire, ni les principes, ni la vraie originalité. […] Le spiritualisme lui-même, souvent trop timide et qui craint trop d’ennuyer, plus occupé d’ailleurs de se défendre que de développer ses doctrines, n’a pas rendu jusqu’ici à son vrai maître, Maine de Biran, tout l’honneur qui lui était dû28.
Comment échapper à ce mari qui tue ses femmes, à ce Pépin, vrai Barbe-Bleue ?
Mais si sa matière n’est peut-être pas intacte, du moins n’est-elle pas encore si rebattue ; et ces fiertés me plaisent quand elles sont soutenues, comme ici, par un vrai talent.
Mais ce vrai triomphe de mardi soir, non, nous ne nous y attendions point.
S’il est vrai, comme le dit une parole magnifique, qu’« aimer c’est comprendre », nul n’aura compris à ce point.
L’homme arrive ainsi à la pureté, à la noblesse à la vraie gloire.
Le vrai coupable de la mort de Jésus finit sa vie au comble des honneurs et de la considération, sans avoir douté un instant qu’il eût rendu un grand service à la nation.
A vrai dire, l’historien d’une langue et d’une littérature devrait être universel au profit de l’histoire spéciale qu’il construit ; il devrait connaître les relations sans nombre que l’une et, l’autre soutiennent, les actions et réactions sans nombre que l’une et l’autre exercent et subissent dans leur contact perpétuel avec la science, l’art, la religion, en un mot avec toutes les manifestations diverses de la vie nationale.
Il est vrai que l’érudition de ce Savant a dû leur être incommode, par son zele à relever quantité de bévues répandues dans leurs Ecrits & à redresser les falsifications qu’ils se sont permises pour appuyer leurs systêmes.
Ses expressions sont vives, justes, pittoresques, pleines d’imagination, de délicatesse ; ses pensées, fines, ingénieuses, profondes ; ses réflexions, lumineuses, & le plus souvent vraies.
La vraie maladie d’Hégésippe Moreau était cette noble fièvre qui pousse vers l’inconnu ; c’est notre maladie à tous.
Il n’a pas su montrer dans cette « volonté de vivre » qui, selon lui, fait le fond commun de tous les êtres, la vraie origine de nos idées universelles et nécessaires, des formes à la fois cérébrales et mentales à travers lesquelles nous apercevons toutes choses.
Il est donc vrai que, dans cette hypothèse, chacune des attitudes du moi ne subsiste, et ne laisse subsister avec elle quelque réalité, qu’autant qu’elle ne parvient pas à un règne absolu, qu’autant qu’elle demeure limitée et définie par l’existence de son contraire.
Dans l’absolu, c’est vrai ; mais les langues ne sont pas dans l’absolu, puisqu’elles vivent, se meuvent, s’accroissent, meurent.
Et alors viennent les vrais artistes français, La Fontaine, Watteau, les auteurs, les vaudevillistes, les chansonniers, tous gens qui cherchent à égayer, demeurent, écrivant à point nommé pour les « langoureux malades ou autrement faschez et désolez. » *** Aujourd’hui beaucoup de choses ont varié, et la question de Panurge se pose plus inquiétante.
Ils étoient tous deux de la même province que Rotrou & Corneille : tant il est vrai que les grands & les petits génies sont de tous les climats.
Cet écrivain eut été plus judicieux, si, loin d’assigner des entraves au génie, de tant parler des règles établies, de crier qu’elles étoient toutes violées dans le Berger fidèle, il eut relevé les vrais défauts de cette pastorale.
Les modernes sont en général plus savants, plus délicats, plus déliés, souvent même plus intéressants dans leurs compositions que les anciens ; mais ceux-ci sont plus simples, plus augustes, plus tragiques, plus abondants, et surtout plus vrais que les modernes.
Enfin, cette ombre d’une mère qui se baisse vers le lit de sa fille, comme pour s’y cacher, et qui se transforme tout à coup en os et en chairs meurtris, est une de ces beautés vagues, de ces circonstances effrayantes de la vraie nature du fantôme.
Il est vrai qu’il paroîtra d’abord impossible que plusieurs personnes puissent declamer en choeur, même en supposant que leur declamation fut concertée.
Et comme l’ensemble d’une composition littéraire est toujours plus vaste que l’étroit espace ou l’étroite durée d’un tableau, il se trouve que L’Assassinat du Pont-Rouge n’a pas que la beauté solitaire du principal personnage, tête merveilleuse de désordre et d’anarchie depuis son crime, Satan vrai, Satan d’homme, à qui Barbara s’est bien gardé de donner même un pouce de plus que la taille humaine !
À défaut de ce sens et de cette unité qui sont l’organisme de toute pensée, nous avons cherché au moins un peu d’observation vraie et nouvelle, et nous n’en avons pas trouvé davantage.
Chez un ancien peuple, il y avait une loi qui ordonnait de graver sur un monument public, toutes les grandes actions que faisait le prince ; on élevait une colonne dans le temple, on la montrait au prince le premier jour de son règne, et on lui disait : « Voici le marbre où l’on doit graver le bien que tu feras ; voilà le burin dont on doit se servir ; que la postérité vienne lire ici ton bonheur et le nôtre. » D’abord on n’y grava rien que de vrai ; un prince eut le malheur de ne faire aucun bien à ses peuples, il mourut sans qu’un seul caractère fût tracé.
En effet, l’histoire est la simple énonciation du vrai, dont la poésie est une imitation exagérée.
Eh bien, c’est quand il a tout fait pour se préparer, quand il s’est amassé des fonds de science et d’érudition considérables dans tous les sens, qu’il a sondé et fouillé les littératures étrangères pour en rapporter des notions précises et tous les termes élevés et lumineux de comparaison, qu’il s’est attaché à diversifier son goût, à l’étendre et à l’éclairer par les connaissances accessoires des beaux-arts étudiés dans leurs chefs-d’œuvre, qu’il n’a négligé ni voyages, ni lectures sur place, ni vérifications de toute nature ; c’est quand il a, pendant des années, travaillé, affermi et assoupli son organe et sa parole de manière à remplir un vaste auditoire, à le tenir attentif, suspendu à ses lèvres, et à l’associer à ses impressions sérieuses, à sa gravité consciencieuse et concentrée, d’où il tirait parfois des sources de chaleur morale et d’admiration émue ; c’est alors, quand tous ces stages et comme ces degrés d’apprentissage sont terminés, quand il se sent prêt et digne de passer maître, quand il a noué sa ceinture, serré et fortifié ses reins pour la grande lutte, pour le vrai début et l’inauguration suprême, c’est alors que le courageux et patient athlète, qui n’avait jamais faibli, qui pour un homme d’étude avait tout l’aspect d’un de ces hommes primitifs du nord, solides et robustes, ἒμπεδος, une tête énorme sur des épaules carrées (et lui-même en plaisantait bien souvent155), c’est alors que du jour au lendemain ce fils prudent du travail et de la sagesse, atteint d’un mal secret sans cause connue, tout d’un coup s’affaisse, pâlit et tombe. […] Un humaniste qui a vu la Grèce remet les choses classiques à leur vrai point. […] Lebrun, « des pages où respire le vrai parfum de l’Antiquité ». […] Gandar avait bien le sentiment vrai de ce genre semi-oratoire, car un professeur n’est qu’un demi-orateur. […] Tout aussitôt après ceux qui en furent les renommées brillantes et les gloires, on dira qu’il en a été l’un des talents les plus vrais, un des caractères les plus purs, une des vertus enfin et un exemple.
Sur toute cette même partie de la chaîne des Cordillères, il n’existe pas aujourd’hui de vrais glaciers, même à des hauteurs beaucoup plus considérables. […] Mais passons et admettons que les évanouissements traditionnels du soleil pendant quelques heures aient un fondement vrai, et que l’interposition d’un nuage cosmique circulant à la façon des comètes entre la terre et le soleil en rendrait compte, ce qui nous paraît loin d’être vrai, mais ce que nous n’avons pas le temps de discuter ici. […] Mais il serait résulté de cela beaucoup d’obscurité sur la terre, c’est vrai, mais toute autre chose qu’un grand froid ; car une substance gazeuse ou vaporeuse, interposée entre le soleil et la terre, serait beaucoup plus conductrice que le vide, et communiquerait à notre atmosphère une chaleur telle, qu’au lieu de tout glacer à la surface de notre globe, elle y aurait tout chauffé, tout cuit. […] Nous ignorons, il est vrai, si elle est conductrice, mais nous savons par contre qu’une comète n’intercepte pas même les rayons lumineux des étoiles, et qu’à plus forte raison elle pourrait passer entre la terre et le soleil sans nous priver ni de la chaleur ni de la lumière de cet astre.
Ce n’est pas à croire, et il n’y a pas moins d’inspiration pour le vrai poète à chanter une victoire fièrement achetée qu’une défaite généreuse.
Il est vrai que la probité, nous assure-t-elle, ne lui a pas permis de tout répéter.
Elle a raison d’insister sur cette époque de sa vie et sur les travaux qui la remplirent : on ne peut méconnaître qu’elle eut sur ce sujet des idées justes et vraies sortant des règles de la routine et dont l’application demandait une constance qui ne l’a point effrayée.
Il est vrai que ces places étaient peu considérées dans le monde, parce qu’on n’y voyait que le salaire des services ; elles étaient néanmoins une consolation et un but pour un cœur plébéien avide d’espérance ; et d’ailleurs l’exemple de Fabert n’était-il pas là, attestant que la gloire avait une fois été permise ?
Le goût manqua donc à leur langage en même temps et par la même raison que la moralité à leurs actes, et, comme ils furent humains sans vertu, ils furent vrais avec emphase.
Ses accents étaient si vrais et si conformes aux passions des cœurs, il y avait dans ses chants tant de jeunesse, un si profond enivrement de la jouissance, une incurie si profonde de l’avenir !
Je me disais tout cela en regardant ce front bosselé qui, certes, manque beaucoup moins d’énergie que de vraie noblesse et de grandeur ; cet œil inégal et mobile sous un sourcil disgracieux ; cette dent vive, en saillie, prompte à la morsure ; et je me demandais comment ce masque vivant d’orateur allait s’employer dans la harangue académique d’usage, quand M. de Jouy a déclaré la séance ouverte, et M.
Un pareil caractère serait peut-être moins comique qu’odieux ; il serait vrai du moins quant aux mœurs du jour, tandis que ce M.
Sinon, je suis bien forcé de les maintenir provisoirement, et je prie ces adolescents de considérer qu’il ne tient qu’à eux de les faire paraître vraies ou calomnieuses.
Je vais maintenant vous dire le vrai, le grand défaut de ce drame, celui qui est en quelque sorte répandu dans l’œuvre tout entière, et qui m’en a gâté le plaisir ; il n’est pas clair.
Chez la plupart, un dédain de la Nature se montra visiblement, dédain justifié, il est vrai, par la décadence réaliste, mais dédain quand même.
Et, en effet, où est-il l’historien qui oserait déclarer aujourd’hui que la recherche du vrai n’est pas sa première et essentielle préoccupation ?
Toute société, avant d’être réalisée, existe à l’état de rêve, de conception, de désir ; et cela devient de plus en plus vrai à mesure que les peuples prennent d’eux-mêmes et de leurs besoins une conscience plus claire.
Ses plans, furent réguliers ; ses caractères beaux, nobles & soutenus ; ses peintures vives ; ses pensées sublimes & vraies ; sa diction belle, majestueuse, coulante.
Il appelle Costar menteur, étourdi, calomniateur, vrai pied-plat, grand chicaneur, insolent, ignorant, fripon, homme à pendre.
Revenons aux idées religieuses, si nous attachons quelque prix aux œuvres du génie : la religion est la vraie philosophie des beaux-arts, parce qu’elle ne sépare point, comme la sagesse humaine, la poésie de la morale, et la tendresse de la vertu.
La couleur vraie.
Mais vous savez à quoi servent les leçons, et l’on voit tous les jours combien il est aisé à la sagesse d’éclairer une nation sur ses vrais intérêts, et de la réunir pour le parti de la justice et de la raison.
Il est vrai qu’il est des poëtes dramatiques ignorans dans leur art, et qui sans connoissance des moeurs, représentent souvent le vice comme une grandeur d’ame, et la vertu comme une petitesse d’esprit et de coeur.
Il faut choisir : être artiste ou orateur… Il faut peindre « l’homme à la façon des artistes et en même temps le reconstruire à la façon des raisonneurs… Si cela est vrai, il faut donc changer de style.
Vingt fois il touche à ces brûlantes questions ; vingt fois il est sur le point de réformer nos idées sur le juste et l’injuste, sur le tien et le mien, mais il s’arrête, ce vrai philosophe !
Rouillé de n’avoir pas participé au traité de Vienne ; c’est pourquoi « on donne une pension de 6 000 livres à sa nièce, Mme de Castellane, et une autre de 10 000 à sa fille, Mme de Beuvron, fort riche » « M. de Puisieux jouit d’environ 76 ou 77 000 livres de rente des bienfaits du roi ; il est vrai qu’il a un bien considérable ; mais le revenu de ce bien est incertain, étant pour la plupart en vignes. » — « On vient de donner une pension de 10 000 livres à la marquise de Lède parce qu’elle a déplu à Madame Infante et pour qu’elle se retire. » — Les plus opulents tendent la main et prennent. « On a calculé que, la semaine dernière, il y eut pour 128 000 livres de pension données à des dames de la cour, tandis que depuis deux ans on n’a pas donné la moindre pension à des officiers : 8 000 livres à la duchesse de Chevreuse dont le mari a de 4 à 500 000 livres de rente, 12 000 livres à Mme de Luynes pour qu’elle ne soit pas jalouse, 10 000 à la duchesse de Brancas, 10 000 à la duchesse douairière de Brancas, mère de la précédente, etc. » En tête de ces sangsues sont les princes du sang. « Le roi vient de donner un million cinq cent mille livres à M. le prince de Conti pour payer ses dettes, dont un million sous prétexte de le dédommager du tort qu’on lui a fait par la vente d’Orange, et 500 000 livres de grâce. » « M. le duc d’Orléans avait ci-devant 50 000 écus de pension comme pauvre et en attendant la succession de son père. […] Au contraire, « les vrais pasteurs des âmes, les coopérateurs dans le saint ministère ont à peine une subsistance ». La première classe, « tirée de la noblesse et de la bonne bourgeoisie, n’a que les prétentions sans vrai ministère.
Aussi ne mettrai-je pas grand-chose ici ; mais je veux marquer un beau jour, calme, doux et frais, une vraie matinée de printemps. […] Cela finit par une réflexion triste et vraie comme tout ce qui est triste. […] C’est vrai, je le sens, et que mon être s’harmonise avec les fleurs, les oiseaux, les bois, l’air, le ciel, tout ce qui vit dehors, grandes ou gracieuses œuvres de Dieu. » XXIV Et voyez maintenant comme elle aime les bêtes !
Les vraies douleurs, comme le vrai attachement, sont au désert. […] Je vais partir avec les souvenirs les plus agréables et les plus doux, tant du dedans que du dehors : famille charmante où je suis adoptée, où j’ai reçu les témoignages les plus touchants d’affection, affection si vraie puisqu’elle est désintéressée.
. — C’est vrai, répliqua-t-il, voilà bientôt dix ans que vous êtes venu pour le Concordat. […] Les longs rapports qu’il avait eus dès sa jeunesse avec les hommes d’État de tous les gouvernements, à commencer par le prince régent, avec Canning, Stuart, Castlereagh, en Angleterre ; Talleyrand, Fouché, Napoléon, en France ; Gentz, Hiebluer, dans le Nord ; l’empereur Alexandre, de Maistre, en Russie ; Capo d’Istria, en Grèce ; Cimarosa, à Naples, le grand musicien, ami et successeur de Mozart, prédécesseur de Rossini ; Pozzo di Borgo, Decazes, sous la restauration ; Matthieu de Montmorency, le duc de Laval, Chateaubriand, Marcellus, dans l’ambassade de France à Rome ; Metternich et son école, en Autriche ; Hardenberg, en Prusse : lui avaient enseigné que le vrai christianisme se compose, sans acception, de ces idées générales qui, sans se formaliser pour ou contre tel ou tel dogme, généralisent le bien, la civilisation, la paix sous un nom commun, et font marcher le monde pacifié non dans l’étroit sentier des sectes, mais dans la large et libre voie du progrès incontesté sous toutes ces dénominations. […] Les habitudes de vie de Consalvi confirmant l’une ou l’autre de ces interprétations, je n’oserais pas affirmer laquelle est la plus vraie.
Il faut avoir des amis partout, dit le peuple, même en prison ; n’est-ce pas vrai, monsieur ? […] — C’est vrai, dit le bargello. […] CLXXIII Tout cela était vrai encore.
Il n’y a de durable que le vrai bien choisi, il n’y a d’éternel que la nature épurée par le goût. […] Ainz qu’est un vrai plaisir dont la trame est filée Comme ondins emperlés sont un vrai diamant.
— C’est vrai, on ne demande de sacrifice qu’à ceux qu’on aime. […] … Écoutez-moi… Oui, il y a quelqu’un de coupable dans tout ça, c’est moi… Je vous ai provoqué… Cette fenêtre, je ne voulais pas y aller, je me mettais en colère contre moi-même, et j’y allais… C’est vrai, je vous ai provoqué, j’ai excité chez vous un petit sentiment… Allez, ce n’est pas une chose bien grave tout cela, chez vous… Je déménagerai, et ça ne laissera pas une grande trace… Tout de même, j’ai bien du plaisir à vous voir de près, moi qui ne vous vois que de si loin… Saluez-moi et partez… Voilà mon mari ! […] Un marchand de vin dont la lanterne porte, sur un fond bleu, un pierrot en blanc avec au-dessus : Au vrai Pierrot.
Il l’inonde pendant trente ans de sentiments vrais, d’idées fausses, de romans systématiques et de systèmes politiques plus romanesques que ses romans ; mais il l’enivre en même temps du plus beau style qu’aucune langue ait jamais parlé depuis les Dialogues de Platon. […] La nation est plus grande que nature ; les obstacles disparaissent, on ne voit que le but, on ne proclame que des principes ; ils sont vrais et divins comme les théories : on ne foule pas la terre, on marche sur les nues. […] Elle n’en sortira pas quand la vraie postérité sera levée pour cette assemblée tragique.
Et puis, quelques mois plus tard, on dit que ce n’était pas vrai ; et puis, on n’a plus rien dit du tout. » — « Hélas ! père Dutemps », lui ai-je répondu, il y a du vrai et du faux dans tous ces bruits de nos agitations lointaines qui sont montés jusqu’à ces déserts, comme le bruit du canon de Lyon y monte quand c’est le vent du midi, sans que l’on puisse savoir d’ici si c’est le canon d’alarme ou le canon de fête. […] » — « Ils sont morts de tristesse et de vieillesse, loin de leur soleil et loin de moi. » — « Mais est-il bien vrai que vous allez vendre ces prés, ces vignes, ces bois, cette bonne maison que le soleil faisait reluire comme les murs d’une église au fond du pays ?
Cela est vrai, répond saint Chrysostome ; et ce doit être pour nous un motif bien pressant de glorifier Dieu, de ce qu’il oblige un ennemi si formidable de venir rendre lui-même hommage, et à la puissance de l’Église, et à sa clémence : à sa puissance, puisque c’est la guerre qu’il lui a faite, qui lui a attiré sa disgrâce ; à sa clémence, puisque, malgré tous les maux qu’elle en a reçus, oubliant tout le passé, elle lui ouvre son sein, elle le cache sous ses ailes, elle le couvre de sa protection comme d’un bouclier, et le reçoit dans l’asile sacré des autels, que lui-même avait plusieurs fois entrepris d’abolir. […] Combien n’ai-je pas entendu, par de ridicules propos, condamner vos plus belles actions, et vous traiter d’hommes qui avaient usurpé une réputation dans un siècle d’ignorance qui manquait de vrais appréciateurs du mérite ! […] Tout, jusqu’aux vérités, trompe dans ses écrits ; Et du faux et du vrai ce mélange adultère Est d’un sophiste adroit le premier caractère.
Mais elles aiment mieux l’appartement que le grand air ; en ce temps-là le vrai soleil, c’est la clarté des bougies, et le plus beau ciel est un plafond peint ; y en a-t-il un moins sujet aux intempéries, plus commode pour causer, badiner On cause donc et l’on badine, en paroles avec les amis présents, par lettres avec les amis absents. […] La prodigalité des tables est étonnante, « non pas seulement aux jours de gala, mais dans les soupers de chaque semaine, j’ai presque dit de chaque jour » Au milieu de tous ces donneurs de fêtes, le plus illustre de tous, le président de Brosses, si grave sur les fleurs de lys, si intrépide dans ses remontrances, si laborieux280, si érudit, est un boute-en-train merveilleux, un vrai Gaulois, d’une verve étincelante, intarissable en plaisanteries salées : devant ses amis, il ôte sa perruque, sa robe et même quelque chose de plus. Nul ne songe à s’en scandaliser : personne n’imagine qu’un habit doive être un éteignoir, et cela est vrai de tous les habits, en premier lieu de la robe. « Quand je suis entré dans le monde, en 1785, écrit un parlementaire281, je me suis vu présenter en quelque sorte parallèlement chez les femmes et chez les maîtresses des amis de ma famille, passant la soirée du lundi chez l’une, celle du mardi chez l’autre. […] Il était dans le vrai, ces deux extrêmes déshonorent par leur scandale. » (Sénac de Meilhan, Considérations sur les mœurs.
Les hommes qui croient que l’esprit de déception et de supercherie est capable de ces prodiges sont dans l’erreur, ils méconnaissent la portée du génie humain ; les vraies beautés d’Ossian sont dans les mœurs plus que dans l’intelligence. […] La vraie critique se refuse à admettre l’impossible ; la conscience de l’esprit humain a son évidence, comme la conscience du cœur. […] il est donc vrai que tu n’es plus ! […] Nous n’avons jamais considéré le premier des Bonaparte comme une autorité en matière de goût poétique, ni de haute raison philosophique et diplomatique, mais nous l’avons toujours reconnu le plus grand écrivain de son temps, et l’homme de la plus forte imagination, toutes les fois que ses passions ambitieuses ne l’emportaient pas à mille lieues, du triste et du vrai.
Je m’ennuyais de ce néant de mensonges ; le vrai m’attirait : je le pressentais dans la nature et dans son Auteur. […] À chaque moment de la journée, le soleil se lève, brille à son zénith et se couche sur le monde ; ou plutôt nos sens nous abusent, et il n’y a ni orient, ni midi, ni occident vrai : tout se réduit à un point fixe d’où le flambeau du jour fait éclater à la fois trois lumières en une seule substance. […] me demandèrent mes camarades. — Moi, répondis-je, je pense comme vous ; c’est bien beau, mais ce n’est pas du vrai beau encore. — Et pourquoi ? […] Bien qu’André Chénier, dans son volume de vers, ne soit qu’un Grec du paganisme, et par conséquent un délicieux pastiche, un pseudo-Anacréon d’une fausse antiquité, l’élégie de la Jeune Captive avait l’accent vrai, grandiose et pathétique de la poésie de l’âme.
sont-ce de vrais incrédules, des hommes qui, dans une solitude opiniâtre et chagrine, dans une réflexion pleine d’obscurités et de ténèbres, se soient fait à eux-mêmes les objections, puis les réponses, et soient arrivés laborieusement à ce qu’ils croient des résultats ? […] Je ne sais rien de plus beau ni de plus vrai que le sermon pour le troisième dimanche de carême, qui traite des passions et de leurs suites, de la satiété incurable, de ce vide immense et précoce qui était alors le malheur de quelques-uns, et qu’on a vu depuis la maladie d’un grand nombre.
Malgré les succès partiels et de détail des armes françaises en Italie, on était resté sur le souvenir de la grande défaite de Pavie : une vraie revanche, une bataille rangée, était chose désirée, et il semblait qu’il était temps enfin de remporter une victoire qui allât rejoindre celle de Marignan. […] » Non ; la vertu, la vraie valeur consiste à être toujours en rapport avec le danger : elle change de forme, non de nature ; on est calme et immobile sous le feu, soit qu’on l’emploie et qu’on le dirige soi-même avec art, soit qu’on l’essuie sans le pouvoir éviter ; de même qu’on était ardent, l’épée ou la pique au poing.
Cela est vrai surtout des époques où l’écriture était chose à part et réservée aux seuls clercs. […] Ces conseils ou ces vœux de d’Aubigné et des vrais amis de Henri pour que leur maître devînt un prince tout à fait à la hauteur de son mérite et de sa destinée, ne tardèrent point à se trouver justifiés et remplis.
Avant de partir pour ce dernier voyage de Bourgogne, Santeul avait été en visite à la Trappe ; « il avait trouvé du goût pour tout ce qu’il y avait vu » ; mais ce goût avait été passager comme tout ce qui faisait impression sur cette organisation mobile ; et l’abbé de Rancé, en apprenant sa mort, que lui annonçait l’abbé Nicaise, écrivait (3 octobre 1697) : Il est vrai, monsieur, que je n’ai point reçu le paquet que vous me mandez que vous m’avez envoyé, et que ces paroles, Santolius Burgundus, me sont toutes nouvelles. […] [NdA] Je n’en citerai que cette strophe, qui est d’un sentiment vrai : Cum vacant omnes operi, siletur ; Est suum pensum, sua cuique cura ; Si quis auditur sonus, est precantûm Estque canentûm.
Si vous pouviez préparer l’esprit des Français à s’expliquer envers vous des conditions de la paix, pour que l’on pût juger de leurs intentions et voir s’il y aurait quelque chose à faire avec eux ; si vous les priiez de vous confier leurs demandes, assurant de n’en point faire un mauvais usage, et leur répondant des bonnes dispositions dans lesquelles j’étais, peut-être verrait-on si ce traité est vrai, qu’on les suppose avoir fait avec les Autrichiens, et du moins pourrait-on juger par leurs propositions à quoi l’on peut s’attendre d’eux en cas de besoin. […] Ce ne sont pas des phrases, cela est vrai… Mon cœur et mon âme sont à Baireuth, chez vous, et mon corps chétif végète ici, sur les grands chemins et dans les camps.
L’amitié qui unit à l’instant ces deux hommes, l’un déjà si distingué et l’autre tout à l’heure illustre, cette alliance presque sacrée qu’ils se jurèrent et dont une correspondance publiée en allemand a immortalisé le souvenir, avait quelque chose de solennel et de théâtral qui est bien du temps ; mais elle garde, aux yeux même d’une postérité plus froide, de l’élévation, de la grandeur, une vraie beauté morale, je ne sais quoi d’antique, un cachet de Pline le Jeune et de Tacite avec une teinte de l’enthousiasme du Nord. […] Un voyage d’Italie en 1773 et 1774 l’initia au monde des arts et au sentiment de la vraie beauté : il y vit et y connut, chemin faisant, tout ce qu’il y avait de distingué et de célèbre, depuis le pape Ganganelli auquel il fut présenté, jusqu’au comte Firmian, premier ministre de l’Autriche dans le Milanais et en réalité vice-roi de la Lombardie, qui l’accueillit avec amitié.
Elle mange quatre fois le jour de la viande ; il est vrai que son déjeuner et sa collation sont ses meilleurs repas. […] Il est bien plus large et bien plus long que le Pont-Neuf de Paris : et l’on ne peut s’empêcher de savoir bon gré à celui qui conseilla à ce prince de vendre ce pont ou d’acheter une rivière… » Ce Mançanarès tout poudreux est revenu fort à propos en idée au savant et délicat Boissonade dans je ne sais plus quel commentaire, pour lui servir à justifier une expression pareille qu’on rencontre chez les auteurs anciens et qui semblait invraisemblable ; ainsi, le pulverulenta flumina de Stace est vrai au pied de la lettre. — Un jour qu’un spirituel voyageur français (Dumas fils) était à Madrid, et que, mourant de soif, on lui apporta un verre d’eau, c’est-à-dire ce qu’on a de plus rare : « Allez porter cela au Mançanarès, dit-il, ça pourra lui faire plaisir.
Il y a eu incontestablement en ces siècles reculés une première époque assez simple et sévère, fervente, se suffisant à elle-même, et dont on peut retrouver à certain degré le sentiment, l’esprit d’édification et d’adoration, en se replaçant par la pensée en présence de cette liturgie vivante, à distance respectueuse de l’autel, au vrai point de vue des fidèles d’alors et des célébrants. […] Mais la première condition de l’esprit critique bien entendu est (sans cependant tout niveler dans son estime) de reprendre, chaque grand fleuve à sa source, chaque grande production et végétation humaine à sa racine, et de la suivre dans son vrai sens et comme de droit fil pour la bien posséder tout entière et être ensuite à même d’en juger tout à fait pertinemment, par comparaison avec d’autres, et en pleine connaissance de cause.
Si Foucault n’avait fait que des expéditions de ce genre, suivies de légers mensonges pour chatouiller l’orgueil du maître, péché bien véniel, — s’il n’avait eu pour l’ordinaire qu’à s’occuper du règlement de la justice, de sa distribution équitable et intègre (ainsi qu’il le fit) et d’autres mesures de ce genre conformes aux vrais principes et à l’Ordonnance de 1667, nous le louerions comme un digne et fidèle élève de Colbert et de Pussort. […] Les conversions Il faut convenir que l’histoire est difficile à écrire et que le vrai, à distance, est bien délicat à démêler au milieu des témoignages les plus divers et, à première vue, contradictoires.
Il ne tenait qu’à moi, il est vrai, de conclure que le cerveau qui avait engendré ces nouvelles chimères était « infirme et malade » ; mais il ne me l’a pas dit. […] Il y a bien du vrai dans ce qu’ont dit les trois précédents ; mais l’originalité de M.
J’indiquerai ici, ne pouvant discuter le détail, ce qui me semble vrai, plausible, acceptable, dans l’ensemble des vues de M. de Girardin, et ce qui me paraît n’être encore que de la pure algèbre, de la mécanique sociale toute rationnelle. […] Le vrai nom de la presse, ce n’est pas la presse, c’est l’oubli.
Mais ces comparaisons idéales clochent toujours par quelque côté, et elles ne sont vraies qu’un moment. […] La nouvelle reine arrivait dans le monde le plus gâté, le plus embrouillé d’intrigues, le plus capable d’abominations de toute sorte, et il lui eût fallu un vrai génie pour s’y reconnaître de bonne heure et y prendre la place qu’on aurait hésité peut-être à lui disputer ; mais elle n’était pas une Élisabeth de Parme ; elle n’avait que de la droiture et de la vertu.
Tremblement alcoolique partant des membres et envahissant le tronc : « Ce jour-là, les jambes sautaient à leur tour, le tremblement était descendu des mains dans les pieds ; un vrai polichinelle dont on aurait tiré les fils, rigolant des membres, le tronc raide comme du bois. […] Chose bien remarquable et qui à elle seule ferait reconnaître la fiction, le romancier est venu échouer sur le même écueil que les simulateurs ; eux aussi, afin de faire mieux croire qu’ils sont fous, multiplient les extravagances de toutes sortes dans leurs propos et dans leurs actes, sans se douter qu’ils se rendent coupables de dissonnances révélatrices et qu’il leur suffit d’afficher, au même moment, des formes de folie qui, chez les vrais malades, s’excluent mutuellement, pour montrer que chez eux la folie n’existe pas.
L’éloquence judiciaire est bien médiocre encore, bien verbeuse, bien prétentieuse, reflet tantôt pâle et tantôt criard des styles et des idées dont la littérature enivrait le public : et plutôt que de feuilleter les mémoires d’Élie de Beaumont, de Linguet, de Loyseau de Mauléon, des avocats de métier, on fera mieux de relire ce que Voltaire écrivit pour les Galas et ses autres protégés, ou les Mémoires de Beaumarchais, et les mémoires ou plaidoyers de Mirabeau dans le procès en séparation qu’il soutint contre sa femme : les écrits de ces avocats d’occasion sont les vrais chefs-d’œuvre de l’éloquence judiciaire. […] A vrai dire, il y a dans ces grands effets, à notre goût, un peu d’emphase, un geste trop magnifique, trop de son ; c’était le goût du temps.
Jean Richepin est un écuyer de cirque, ou plutôt un beau saltimbanque — non pas un de ces pauvres merlifiches, hâves, décharnés, lamentables sous leurs paillons dédorés, les épaules étroites, les omoplates perçant le maillot de coton rosâtre étoilé de reprises mais un vrai roi de Bohême, le torse large, les lèvres rouges, la peau ambrée, les yeux de vieil or, les lourds cheveux noirs cerclés d’or, costumé d’or et de velours, fier, cambré, les biceps roulants, jonglant d’un air inspiré avec des poignards et des boules de métal ; poignards en fer-blanc et boules creuses, mais qui luisent et qui sonnent. […] Presque à chaque page, quand on est tout près de croire le poète emporté par un sentiment vrai, un mot malpropre vous éclabousse, ou une facétie lubrique, qui vous avertit que le poète s’amuse.
Le Disciple reste le moins mauvais de ses livres, le seul qui contienne, avec un sentiment vrai, un peu d’analyse exacte. […] Son analyse psychologique, vantée de quelques myopes, révèle indifféremment du vrai banal ou du faux, ne vise en réalité qu’à multiplier les lignes.
Pline n’est pas le moins du monde un Aristote, c’est-à-dire un génie directement observateur et original, critiquant l’objet de ses expériences ou de ses lectures, et aspirant à découvrir les vraies lois. […] Mais si l’anecdote n’est pas vraie, elle était digne de l’être ; et Pline, qui sentait ainsi, nous l’a conservée.
Droz, sans le dire et sans y songer, est par instinct de l’école ou de la famille écossaise ; il a ses vrais parents de ce côté-là. […] Français (de Nantes), qui cachait un vrai mécène sous son titre de directeur général des droits réunis.
Il est revenu plus d’une fois, dans des pages dignes d’un vrai politique et d’un historien, sur ce que c’est que l’heure de l’entraînement dans une nation, et sur le parti qu’on en peut tirer pour de grandes choses : Il y a de profonds politiques, dit-il avec raillerie (26 septembre 1831), qui ne croient pas qu’on puisse faire autre chose que du désordre par l’entraînement, et qui prétendent que c’est la ressource de l’incapacité… Il y a aussi, dans l’opposition, des hommes qui ont lu l’histoire, et qui se sont persuadé qu’en politique comme en guerre, ce qui distingue le génie de la capacité vulgaire, c’est de saisir l’entraînement et de s’en servir. […] Il s’est peint lui-même au vrai dans une lettre familière de ce temps, et qu’il écrivait à un de ses plus anciens amis, M.
Gaugiran-Nanteuil, on distinguait une intention morale, un effort vers un genre plus vrai, vers la peinture de mœurs réelles ; il y a dans plus d’une scène comme un premier tracé de bonne comédie. […] Pourtant, au milieu de tout ce qu’il disait de vrai, il y avait un coin de dissimulation et un côté faible.
Il y a eu, c’est vrai, des époques où l’on pensait autrement ; dans ces temps-là les choses sur lesquelles on marchait le prenaient quelquefois mal, et se soulevaient ; mais c’était l’ancien genre, ridicule maintenant, et il faut laisser dire les fâcheux et les grognons affirmant qu’il y avait plus de notion du droit, de la justice et de l’honneur dans les pavés d’autrefois que dans les hommes d’aujourd’hui. […] Après tout, achevons d’en convenir et complétons le réquisitoire, il y a du vrai dans les reproches qu’on leur fait.
N’est-il pas vrai que c’est là votre pensée ? […] Cela est vrai.
Il ne faut pas que les œuvres de ces ouvriers, de valeur relative, nous soient un prétexte pour publier de l’« inédit », faire de l’érudition, encombrer de fatras les manuels et les mémoires ; non, il faut les mettre à leur rang, dire leur vraie valeur, qui n’est pas esthétique mais historique et génétique ; ces œuvres doivent se résumer en lignes d’évolution ascendante ou descendante, et contribuer à une synthèse d’idées. […] Quelques exemples : la vie durable de certains fabliaux, de certaines farces, n’est pas dans les turpitudes, dans les invectives, elle est dans les « situations » comiques, dans tels caractères nettement dessinés ; ce qui nous charme dans les Satires d’Arioste, c’est Arioste lui-même ; et ce qui domine dans Les Tragiques, dans Les Châtiments, ce n’est pas la haine, c’est la foi. — La satire n’est pas un genre au sens vrai du mot, elle n’est qu’un élément ; pour lui donner la forme et la durée, il faut l’art d’un individu, le souffle lyrique, ou épique, ou dramatique.
Cette substitution est le vrai progrès des sciences positives ; tout leur travail et tout leur succès depuis trois siècles consistent à transformer les grosses masses d’objets qu’aperçoit l’expérience vulgaire en un catalogue circonstancié et détaillé de faits chaque jour plus décomposés et plus nombreux. […] Elle en possédera un, par exemple, le jour où elle aura prouvé que la perception extérieure est une hallucination vraie.
Il est vrai que voilà bien des années déjà qu’il ne s’est point produit d’œuvre poétique qui ait appelé à un haut degré l’attention du grand public et qui lui ait fait saluer une jeune gloire.
Après tout ce qui a été écrit et peint ou colorié sur ces sujets, il n’y a plus qu’une grande exactitude et une scrupuleuse recherche du vrai qui puisse attacher encore.
S’il est vrai que chaque époque se forge de la sorte des dieux mortels à son image et maltraite ou ignore des hommes de valeur réservés à l’admiration des générations suivantes, il est nécessaire de réduire le rôle excessif attribué trop fréquemment à ces fortes individualités qui dominent du haut de leur gloire le siècle où elles ont vécu.
Selon nous, le vrai thème simple, que toute motion et toute émotion suppose, c’est l’appétition.
C’étoit un frénétique d’une espèce nouvelle, débitant de sang-froid les médisances & les calomnies les plus atroces, un vrai fléau du genre humain.
Je vous avais demandé mon père de tous les jours, et vous ne m’avez envoyé que mon père des dimanches… C’est par la même raison que M. de La Tour, si vrai, si sublime d’ailleurs, n’a fait du portrait de M.
Le droit romain est la source des vrais principes sur toutes les espèces de contrats qui sont du droit des gens ; c’est la raison et l’équité qui les a dictés, il n’y a point de nation policée qui ne doive les adopter.
qui est-ce qui donnera aux déesses leurs vraies physionomies ?
Dans le vrai, il n’y en a aucun qui n’ait quelque talent, et en comparaison de qui un homme du monde qui peint par amusement ou par goût, un peintre du pont notre-dame, même un académicien de st Luc ne soit un barbouilleur.
Il est vrai que les défauts qui resultent de cet embarras ne sont remarquez que par un petit nombre de personnes assez instruites pour les connoître ; mais il arrive que, pour faire valoir leur érudition, elles exagerent souvent l’importance des défauts, et il ne se trouve que trop de gens qui se plaisent à repeter leur critique.
Il est vrai néanmoins pour continuer la figure, qu’on trouve quelquefois de l’or le plus pur, à côté de ce clinquant.
Il est vrai que le langage de Ronsard n’est pas du françois ; mais on ne pensoit pas alors qu’il fût possible d’écrire à la fois poetiquement et correctement dans notre langue.
Il n’y a pas jusqu’à Déodat, le redoutable fils du tonnelier, personnellement insulté là-dedans, qui n’ait levé son puissant maillet, pour le détourner, il est vrai, en voyant quelle pauvre tête il allait écraser.
Macaulay porte dans les sciences morales cet esprit de circonspection, ce besoin de certitude et cet instinct du vrai qui composent l’esprit pratique, et qui, depuis Bacon, font dans les sciences le mérite et la puissance de sa nation. […] Je porterai volontiers le reproche d’être descendu au-dessous de la dignité de l’histoire, si je réussis à mettre sous les yeux des Anglais du dix-neuvième siècle un tableau vrai de la vie de leurs ancêtres1382. » Il a tenu parole. […] Que les articles résumés tout à l’heure soient gênants, puérils, incompatibles entre eux, incompatibles avec la vraie théorie de la liberté religieuse, chacun doit le reconnaître. […] À la seconde, il paraît trop vrai ; on a tout vu du premier coup, et l’on s’ennuie. […] Qu’il se rembarque ; il lui faut entreprendre une seconde traversée aussi longue pour parvenir sur Carlyle, par exemple, sur un esprit foncièrement germanique, sur le vrai sol anglais.
Il n’en reste pas moins vrai que les mains de femmes ont pour former un jeune homme des délicatesses que les autres n’ont pas. […] En revanche, peut-être serait-il inexact d’appeler Victor Hugo le poète de la famille, mais, en tout cas, il est très vrai de dire qu’il est le poète de sa famille. […] Ce qui est vrai, c’est que dans l’air de Paris les choses prennent une apparence brillante, légère. […] Mais, Mesdames et Messieurs, c’est de la jeunesse qu’il est vrai de dire que nous l’aimons jusque dans ses défauts. […] C’est vrai.
Cette fin fut un vrai chef-d’œuvre.
Il s’en est acquitté avec une bonne grâce et une dextérité de parole qui ne lui a pas fait défaut en d’autres circonstances plus graves et dans de vraies luttes, où il avait en face des adversaires : ici il n’avait en présence que des amis ou des curieux.
Les vrais talents s’y risquent peu d’ordinaire ; ils y préludaient volontiers autrefois.
Le Tite-Live a remplacé les chroniques du moyen âge ; il est vrai que les dramaturges romantiques en France avaient si mal lu et étudié ces chroniques qu’ils n’en avaient tiré que le grossier et le repoussant.
Sans doute il est trop vrai de dire que la langue, dans ce qu’elle avait d’excellent, se déforme, se perd de jour en jour ; qu’elle est à la merci de tous, tiraillée, gonflée, bigarrée en cent façons, et qu’au train dont on la mène, on ne peut savoir, d’ici à cinquante ans, ou seulement à vingt-cinq, ce qui en arrivera.
Et, par exemple, il est bien vrai que l’égalité des citoyens est inscrite dans nos lois, qu’il n’y a plus de castes et que, en théorie, tout est devenu accessible à tous.
Le titre de spécialiste, loin d’indiquer une supériorité, signifie trop souvent que celui qui se pare de ce titre, ne connaissant en effet que l’objet de sa « spécialité », risque de le connaître mal, s’il est vrai que toutes les parties et fonctions du corps soient liées entre elles et dépendantes les unes des autres.
L’ensemble de ses compositions dramatiques, quoique dénué d’un vrai cachet d’originalité, demeure néanmoins individuel dans son laborieux éclectisme.
Il est vrai que je l’aime tant que j’aurais peur à la fin d’aimer en lui jusqu’à un défaut.
Elle est pleine d’erreurs ou bien dépassée dans ce qu’elle contient de vrai.
Or la conscience humaine, éclairée et améliorée, protestait contre les expiations barbares du passé ; l’idéal qu’elle se faisait de la vraie justice n’était plus d’accord avec les sauvages représailles personnifiées par les Érynnies.
Les pas du vrai croyant ne sont jamais solitaires ; un bon ange veille à ses côtés, il lui donne des conseils dans ses songes, il le défend contre le mauvais ange.
——— Or, il est bien vrai que Zola semble excessivement préoccupé (et ceux d’entre nous qui l’ont entendu causer ne l’ignorent pas) de la question de vente ; mais il est notoire aussi qu’il a vécu de bonne heure à l’écart et qu’il a exagéré la continence, d’abord par nécessité, ensuite par principe.
Il est vrai que je ne donne pas facilement à un littérateur le titre d’homme de génie ; Tite-Live, à mon avis, n’est qu’un bel et majestueux écrivain ; Tacite est un homme de génie.
Et ce travail, que nous avons vu se poursuivre, ce travail critique de la libre pensée appliqué à l’histoire, a tellement mordu sur nous tous, esprits contemporains, que nous ne lisons plus aujourd’hui nos anciens historiographes déconsidérés et que nous ignorons profondément les mérites de ces hommes, à qui nous serons obligés d’aller redemander quelque jour la vraie trame de l’histoire, disparue sous les festons dont on l’a brodée et les couleurs menteuses dont on l’a peinte.
Les protestants, de leur côté, disent que la vraie tradition de la Réforme est en France, que le salut de la France, c’est le salut du protestantisme, et le Comité protestant de propagande française, dans sa « Réponse à l’appel allemand aux chrétiens évangéliques de l’étranger », déclare : « Nous sommes résolus à marcher cœur à cœur avec nos frères d’Angleterre, et coude à coude avec nos amis d’Amérique, de la Suisse romande, de Hollande, des Pays scandinaves, ayant la certitude de représenter avec eux la tradition la plus pure de la Réforme du xvie siècle, cette qui entend unir toujours plus étroitement à la pitié évangélique la pratique de la justice, le respect de l’indépendance d’autrui et le souci de la grande fraternité humaine ».
Ce vernis, qui à Paris est la couleur vraie, n’est ici qu’un placage choquant. […] — Je ne bois jamais de liqueurs fortes, excepté quand j’ai la colique. — Justement l’excuse des dames à la mode : une personne de qualité a toujours la colique810. » N’est-ce pas le vrai ton de la bonne compagnie ? […] Entre la vase du fond et l’écume de la surface roulait le grand fleuve national, qui, s’épurant par son mouvement propre, laissait déjà voir par intervalles sa couleur vraie, pour étaler bientôt la régularité puissante de sa course et la limpidité salubre de son eau. […] Ce Prayer book, qui se transmet par héritage avec la vieille Bible de famille, fait entendre à tous, au plus lourd paysan, à l’ouvrier des mines, l’accent solennel de la prière vraie. […] C’est pourquoi, si un homme juge à propos de sembler bon, qu’il le soit effectivement, et alors sa bonté apparaîtra de façon à ce que personne n’en doute, de sorte que, tout compte fait, la sincérité est la vraie sagesse828. » On est tenté de croire un homme qui parle ainsi ; on se dit : « Cela est vrai, il a raison, il faut agir comme il le dit. » L’impression qu’on reçoit est morale, non littéraire ; le discours est efficace, non oratoire ; il ne donne point un plaisir, il conduit vers une action.
A vrai dire, chez tout homme sain, il y a presque toujours une idée dominante qui règle sa conduite : le plaisir, l’argent, l’ambition, le salut de son âme. […] L’histoire tant citée d’Archimède, pendant la prise de Syracuse, vraie ou fausse en fait, est vraie psychologiquement. […] Les vraies causes de la vie affective doivent être cherchées bien plus bas dans l’intimité de l’organisme. […] Pour la conscience, ces impulsions sont sans cause, sans motifs raisonnables, parce que leur vraie cause, parce que les conditions de leur genèse sont au-dessous d’elle et qu’elle ne connaît que les résultats de ce travail inconscient. […] Griesinger, mém. cité Pour comprendre la vraie valeur de l’observation, il faut remarquer qu’il s’agit d’un métaphysicien malgré lui.
Grand, mince, grave et modeste de maintien, le profil maigre et aquilin comme un buste de Cicéron, le front élevé, les tempes creuses, les joues nerveuses dont on voyait trembler les fibres, la bouche fine, les lèvres modelées pour la réflexion comme pour la parole, le geste sobre et serré au corps comme celui d’un homme qui pense plus qu’il ne déclame, prodigieusement instruit dans tout ce qui éclaire et ennoblit l’esprit humain, n’estimant dans la vie que le vrai, le juste, l’honnête, sans ambition pour lui-même et n’aspirant en secret au sein des grandeurs qu’à l’ombre d’un des pins-liége de sa métairie, dans les landes de Bordeaux, où il aimait à s’ensevelir, un livre à la main, M. […] Je trouvai en lui, comme toujours, la simplicité dans la vraie grandeur. […] J’écris mes mémoires ; je les écris vrais, je veux qu’ils ne paraissent que longtemps après moi. […] — « C’est vrai pourtant !… c’est vrai !
Il y a une cause intérieure qui a tourné l’esprit des fidèles vers ces graves et monotones mélodies, une cause plus large que son effet, je veux dire l’idée générale du vrai culte extérieur que l’homme doit à Dieu ; c’est elle qui a modelé l’architecture du temple, abattu les statues, écarté les tableaux, détruit les ornements, écourté les cérémonies, enfermé les assistants dans de hauts bancs qui leur bouchent la vue, et gouverné les mille détails des décorations, des postures et de tous les dehors. […] On touche ici le fond de l’homme ; car pour expliquer cette conception, il faut considérer la race elle-même, c’est-à-dire le Germain et l’homme du Nord, sa structure de caractère et d’esprit, ses façons les plus générales de penser et de sentir, cette lenteur et cette froideur de la sensation qui l’empêchent de tomber violemment et facilement sous l’empire du plaisir sensible, cette rudesse du goût, cette irrégularité et ces soubresauts de la conception, qui arrêtent en lui la naissance des belles ordonnances et des formes harmonieuses, ce dédain des apparences, ce besoin du vrai, cette attache aux idées abstraites et nues, qui développe en lui la conscience au détriment du reste. […] Que le lecteur considère quelques-unes de ces grandes créations de l’esprit dans l’Inde, en Scandinavie, en Perse, à Rome, en Grèce, et il verra que partout l’art est une sorte de philosophie devenue sensible, la religion une sorte de poëme tenu pour vrai, la philosophie une sorte d’art et de religion, desséchée et réduite aux idées pures.
c’étaient de bons moments, monsieur, et puis je lui répondais ensuite sur tout ce qu’il me demandait de mon pauvre et beau Hyeronimo, le vrai portrait en force de sa cousine en grâce : comme quoi sa taille dépassait de la main la tête de la jeune fille, comme quoi ses cheveux moins bouclés étaient noirs comme les ailes de nos corneilles sur la première neige ; comme quoi son front était plus large et plus haut, ses joues plus pâles et plus bronzées par le soleil ; ses yeux aussi fendus, mais plus pensifs sous ses sourcils ; sa bouche plus grave, quoique aussi douce ; son menton plus carré et plus garni de duvet ; son cou, ses épaules, sa taille plus formés. […] Nous baissâmes la tête et nous dîmes à l’homme de loi qui venait nous retrancher les trois quarts du bien : — Puisque les juges de Lucques, qui sont si savants, le disent, il faut bien que cela soit vrai. […] c’est trop vrai, ajouta-t-il en levant les mains au ciel et en regardant les feuilles mortes qui n’avaient plus la force de supporter le poids de leurs lourdes grappes flétries.
Mirabeau, le vrai ministre de cette démolition, bafouait M. […] Une gironde aristocrate, c’était sa vraie nature. […] Tout fut inutile : les vrais Girondins, dépassés eux-mêmes par les Jacobins le 10 août, furent contraints de se précipiter avant leur heure dans la république d’anarchie, au lieu de la république de principes, puis entraînés jusqu’à l’échafaud du roi et de là jusqu’à leur propre échafaud.
C’est un vrai miracle qu’en si peu de temps la pierre informe et brute se soit transfigurée en une telle perfection de vie, d’attitude, d’expression, de langueur, de pathétique et de piété. […] « Si je ne puis détacher mes regards de ses yeux, c’est qu’en eux seuls je découvre ma vraie lumière, la lumière qui m’éclaire la route vers mon Dieu. […] « Et s’il est vrai que tu ne vives que des sanglots à la fois doux et amers des mortels, que peux-tu attendre désormais d’un cœur stérilisé par la vieillesse ?
» XXX C’est ainsi que, de descriptions en descriptions magnifiques, l’auteur arrive à la fin de son livre où la poésie occupe plus d’espace que la religion, et dont le vrai titre serait le Christianisme poétique. […] « Il est vrai qu’Amélie et moi nous jouissions plus que personne de ces idées graves et tendres, car nous avions tous les deux un peu de tristesse au fond du cœur : nous tenions cela de Dieu ou de notre mère. […] Et encore est-il vrai que bien des boni des hommes attachent leur destinée à des choses d’aussi peu de valeur que mes feuilles de saule.
Qu’il rencontre un sentiment vrai (et il l’a eu, le même que chez tous les grands lettrés du temps : le patriotisme et la pitié du peuple), alors il écrira les plus fermes et les plus nobles pages de prose qu’on ait avant La Boétie et L’Hôpital : des pages qui n’ont guère plus vieilli que les meilleures du xvie siècle. […] Ensuite il n’est pas vrai qu’il se passe de toute moralité. […] Et si l’on concevait encore des doutes sur l’œuvre qu’elle a fait, il suffirait, pour s’épargner des anathèmes naïfs et une déploration superflue, de se demander à qui l’oubli du vrai et du bon moyen âge, est imputable.
Le, défaut de Courier, c’est qu’on sent trop cet art, et l’effort de l’écrivain : nous aimerions un peu plus d’abandon ; et pourtant, en son genre, il fut un vrai artiste, et tout à fait original. […] Il était bibliophile, amoureux de rares bouquins, fureteur de paperasses inédites ; il dut à ce goût une trouvaille précieuse : il aperçut le vrai texte des Pensées dans le manuscrit jusque-là négligé, et, le premier, il nous rendit tout Pascal. […] La révolution de Juillet le fit pair de France, membre du conseil supérieur de l’instruction publique, directeur de l’École normale, ministre de l’instruction publique.Éditions : Cours de philosophie professé à la Faculté des Lettres pendant l’année 1818, 1836, in-8 (Du vrai, du beau et du bien, 1853, in-8) ; Cours d’histoire de la philosophie, 1826 (revu 1810 et 1863) ; Cours d’hist. de la phil. moderne, 1841, in-8 ; Cours d’hist. de la phil. morale au xviiie s., 1810-41 ; Fragments philosophiques, 1826, in-8 ; édition de Descartes, 11 vol. in-8, 1826 ; traduction de Platon, 1825-1840, 13 vol. in-8.
Après les premières strophes, les instruments à vent reprennent, très doucement et d’un mouvement très ralenti, quelques traits de la vraie chanson du cordonnier, comme si l’homme détournait son regard de la besogne manuelle vers en haut, et se perdait en de douces gracieuses rêveries. […] Il est vrai que le français a une musique plus délicate, et moins monotonale par conséquent ; mais cela suffit pour relever à nos yeux l’opéra français et nous faire oublier le néant artificiel de nos entrepreneurs de musique. […] En revanche, il y a eu une reprise de la Walkure : l’orchestre, sons Schuch, est incomparable ; Mlle Malten non seulement excellente chanteuse, mais vraie tragédienne ; le reste suffisant.
Il est vrai qu’on a trouvé dans les papiers du sieur Niepz un mémoire de ce polisson pour bouleverser sa taupinière, et je vous réponds que si Jean-Jacques s’avisait de venir, il courrait grand risque de monter à une échelle qui ne serait pas celle de la Fortune. […] Il est bien vrai que ce ne sont là que des paroles ; que si Jean-Jacques était venu à Genève pour y tenter une insurrection, et s’était vu obligé de se réfugier à Ferney, et que si on avait dit tout d’un coup à Voltaire à table, en train de se déchaîner contre lui : « Le voilà qui entre !
On sent à quel point Vauban, comme tous les vrais artistes, a en lui la fibre de l’honneur ; je parle présentement de l’honneur du métier. […] Cette lettre du 15 décembre 1671 est à encadrer dans un cadre d’or ; elle est à mettre à côté de telle page de L’Hôpital, de telle allocution de Gerson, de telle réponse de ces vieux et grands parlementaires Achille de Harlay ou de La Vacquerie ; c’est l’éloquence du cœur, toute pure et toute crue, et qui n’y va pas par quatre chemins : « Il est de la dernière conséquence d’approfondir cette affaire, tant à l’égard du préjudice que le service du roi en peut recevoir, si ces Messieurs ont dit vrai, que de la justice que vous devez à ceux qui, pour faire leur devoir trop exactement, sont injustement calomniés.
C’est dans cette traversée du Tyrol, à l’arrivée à Brixen, que se trouve dans le Journal une première page tout à fait agréable, et qui nous montre au vrai le Montaigne habituel que nous connaissons, mais avec ce redoublement de belle humeur et de sérénité que lui donne le voyage : « Brixen, — très belle petite ville, au travers de laquelle passe cette rivière (d’Eisock) sous un pont de bois : c’est un évêché. […] (N’est-il pas vrai que Montaigne communique de sa gaieté d’expression à son secrétaire ?)
Il y remet à leur vrai rang le Père de La Rue, le Père Gaillard, un peu surfaits alors ; il laisse le Père Bourdaloue à la première place où l’estime publique l’avait d’abord porté, quoiqu’il prétende n’avoir pas eu à se louer personnellement de lui ; voici ce qu’il en dit : « Peut-être n’y a-t-il pas eu de prédicateur plus suivi que le Père Bourdaloue, — j’ajoute, ni qui ait plus mérité de l’être. […] Et si on le considère en lui-même, c’est un personnage, sinon un caractère, tout plein de belles qualités, avec un seul défaut, capital il est vrai, et qui finit par dominer trop insolemment et par éclipser le reste.
La situation est celle-ci : deux inconnus qui ignorent réciproquement leur vrai nom, qui supposent ou soupçonnent seulement leur situation sociale exacte, et dont toute la liaison se passe dans le mystère, dans une sorte d’enchantement furtif et rapide qu’ils dérobent à leurs entours. […] Le triste n’est pas vrai, car il suffit de le nier.
Serait-il vrai que les peuples ne savent gré à un souverain de sa bonté que quand il a commencé par leur prouver sa force et par montrer à tous qu’il pouvait se faire craindre ? […] Je ne peux pas dire qu’il me traite en dessous et en enfant, et qu’il ait de la défiance pour moi : au contraire ; il lui échappait l’autre jour un long discours devant moi et comme s’il parlait à lui-même sur les améliorations à introduire dans les finances et dans la justice ; il disait que je devais l’aider, que je devais être la bienfaisance du trône et le faire aimer, qu’il voulait être aimé ; mais il n’a pas énuméré ses moyens d’action, soit qu’il ne les ait pas encore combinés, soit qu’il les garde pour ses ministres ; il leur écrit beaucoup ; c’est au vrai un homme qui est tout en lui, qui a l’air d’être fort inquiet de la tâche qui lui est tombée tout à coup sur la tête, qui veut gouverner en père.
N’isolent-ils point comme à plaisir ce qui est extrême et pénible dans l’impression causée, ce qui est exclusivement vrai d’une vérité triste, nue, affreuse ? […] La partie pittoresque domine chez MM. de Goncourt ; ils ont eu toute raison de mettre le mot Sensations au titre de leur livre : ce sont de vrais tableaux à la plume qu’ils font.
La Fontaine et Mme de Sévigné, sur une scène moins large, ont eu un sentiment si fin et si vrai des choses et de la vie de leur temps, chacun à sa manière, La Fontaine, plus rapproché de la nature, Mme de Sévigné plus mêlée à la société ; et ce sentiment exquis, ils l’ont tellement exprimé au vif dans leurs écrits, qu’ils se trouvent placés sans effort à côté et fort peu au-dessous de leur illustre contemporain. […] D’ailleurs, Mme de Sévigné était parfaitement sincère, ouverte, et ennemie des faux-semblants ; c’est même à elle, une des premières, qu’on doit d’avoir dit une personne vraie ; elle aurait inventé cette expression pour sa fille, si M. de La Rochefoucauld ne l’avait déjà trouvée pour Mme de La Fayette : elle se plaît du moins à l’appliquer à ce qu’elle aime.
Marie-Joseph Chénier a écrit sur Mme de Souza, avec la précision élégante qui le caractérise, quelques lignes d’éloges applicables particulièrement à Eugène : « Ces jolis romans, dit-il, n’offrent pas, il est vrai, le développement des grandes passions ; on n’y doit pas chercher non plus l’étude approfondie des travers de l’espèce humaine ; on est sûr au moins d’y trouver partout des aperçus très-fins sur la société, des tableaux vrais et bien terminés, un style orné avec mesure, la correction d’un bon livre et l’aisance d’une conversation fleurie…, l’esprit qui ne dit rien de vulgaire, et le goût qui ne dit rien de trop. » Mais indépendamment de ces louanges générales, qui appartiennent à toute une classe de maîtres, il faut dire d’Eugène de Rothelin qu’il peint le côté d’un siècle, un côté brillant, chaste, poétique, qu’on n’était guère habitué à y reconnaître.
Quand je m’éveillai, j’étais dans un vrai paradis, au milieu d’un appartement tout d’or, de peintures, de glaces et de statues, qui toutes semblaient me regarder, entourée des belles suivantes de la duchesse, qui me faisaient respirer un flacon d’odeur délicieuse, et en présence d’une jeune et admirablement belle femme qui pleurait d’attendrissement près de mon chevet. […] Elle le regardait sans cesse comme pour voir si c’était un miracle ou un vrai enfant des hommes !
… Mais les cœurs de lion sont les vrais cœurs de père. […] Pourquoi cite-t-on ce vers comme burlesque : Le vrai feu d’artifice est d’être magnanime ?
La précision pittoresque de certaines descriptions ne doit pas nous faire illusion : la plus simple, la plus vraie, la plus réaliste, est toujours une « légende morale »877, le sujet apparent n’étant que l’équivalent concret du sujet fondamental. […] Aussi, dès qu’il est maître du moins de son talent, la métaphore n’est-elle jamais banale chez lui : toujours rafraîchie à sa source, renouvelée par une sensation directe, elle peut être bizarre, ridicule, elle est toujours vraie et naturelle.
Ce qu’on a dit un peu complaisamment des gondoliers de Venise chantant les octaves du Tasse serait plus vrai des gens du peuple, en Perse, récitant les vers de Ferdousi. […] Cette fière prédiction se trouve vraie de Ferdousi comme de Dante.
C’est à La Mare au diable seulement que commencent nos vraies géorgiques ; elles se continuent dans François le Champi, dans La Petite Fadette. […] Je dirai du talent vrai, comme on l’a dit de l’amour, que c’est un grand recommenceur.
D’Antin, tout plat courtisan qu’il est, a donc une idée morale supérieure ; et, puisque j’en suis ici, non pas à le réhabiliter, mais à le montrer au vrai et sans que nous en puissions tirer orgueil, qu’on sache bien que la forme du courtisan n’a fait que changer ; elle a changé comme la forme même du souverain. […] C’était lui qui avait dit de d’Antin ce mot décisif : « Voilà comme un vrai courtisan doit être, sans humeur et sans honneur. » Il semblait que d’Antin eût fait son temps, et il se disposait à pratiquer enfin sa morale de retraite : Je voyais, dit-il (dans les huit jours qui précédèrent la mort du roi), je voyais tout le monde courre au soleil levant ; les gens attachés de longue main à M. le duc d’Orléans épanouissaient leur visage.
Non ; Richelieu donna alors, même aux gens de guerre, de meilleurs conseils, et qui ne furent point suivis ; mais ce qui est la vraie explication, selon moi, c’est qu’il n’était point de cœur avec les confédérés. […] La théorie de Richelieu est dans ces paroles ; il est vrai, comme il nous l’a dit ailleurs, que, s’il fallait absolument choisir, il jugeait la punition plus nécessaire encore que la récompense, et il la faisait marcher devant.
Oui, il a eu le toupet de nous offrir, dans sa pitié profonde, Victor-Amédée, le seul et vrai roi des races latines. […] Cette Italie qu’il croyait, après sa rénovation, reprendre un élan, et redevenir quelque peu l’Italie du xvie siècle, il constate tristement qu’elle imite maintenant les États-Unis, et est obligé de déclarer que les vrais et désintéressés savants qu’elle possède encore, sont des savants de la vieille génération : « On sait très bien, dit-il, comment se fait une vocation, c’est par l’action sur l’imagination des enfants, des jeunes gens, du rôle que joue dans les conversations autour d’eux, un individu de leur famille ou de leur connaissance.
Cette immense Seine, sur laquelle les mâts des bateaux, qu’on ne voit pas, passent comme dans un fond de théâtre ; ces grands arbres aux formes tourmentées par les vents de la mer ; ce parc en espalier ; cette longue allée-terrasse en plein midi, cette allée péripatéticienne, en font un vrai logis d’homme de lettres — le logis de Flaubert, après avoir été au xviiie siècle, la maison conventuelle d’une société de Bénédictins. […] » Jeudi 30 décembre Aujourd’hui, au sujet de mon livre (La Faustin), et pour avoir l’aspect vrai d’une répétition, j’ai passé toute la journée à prendre des notes à la répétition de Jack de Daudet.
Il est vrai qu’ils n’agissent ainsi que pour empêcher que pareil don soit fait à quelque autre homme. […] Peut-être, il est vrai, ces sarcasmes ont-ils pour but de stimuler la vanité de ceux qui font passer leur intérêt propre avant leur amour-propre.
On s’ouvrait les veines, dit-il quelque part, pour sauver la caisse, et c’était vrai, puisqu’en se tuant on évitait le jugement, et par conséquent la confiscation ; mais l’expression n’est-elle pas d’autant plus méprisante qu’elle est plus basse ? […] Ce n’est pas, il est vrai, tout à fait « le bleu du ciel » que les idées, qui doivent être toujours des notions précises et des réalités ; mais ces seules réalités ne constituent pas, dans notre pays, de critique efficace.
La vraie réponse à l’étonnement qu’inspirent ces prêtres guerriers, c’est l’abbé Paul Bouyer qui la donne en révélant son angoisse. Adjudant au 69e d’infanterie, il a obtenu une superbe citation à l’ordre de l’armée, la croix de guerre, la médaille militaire et la médaille anglaise. « Prie Dieu, écrit-il à un ami, pour que je porte allègrement la croix qui donne droit à la vraie récompense, la croix de souffrances, celle du Christ. » Telle est leur sublime ambition secrète.
Ils ont peint d’après nature, au contraire ; ils ont possédé, l’un et l’autre, la faculté géniale de voir et de rendre leur vision avec des mots, leurs types sont vrais et ils sont de la province. […] Et si, par exemple, vous allez au mois d’août dans les marais salants de la Loire-Inférieure, vous assisterez à un mariage, un seul, en grand costume local, à un vrai mariage de paludier et de paludière, mais qu’on peut dire toujours le même, car les costumes, en nombre limité, jamais renouvelés, servent à toute la paroisse, se prêtent entre voisins et voisines, entre parents ou camarades, et ne sortent des coffres qu’un seul jour d’été, sous les yeux agrandis des badauds qui payent les frais de la noce.
Mais quel charme parfois, quel accent rapide et vrai dans les moindres souvenirs de son voyage d’Asie ! […] À la passion de la liberté et de la gloire elle viendra substituer le culte de la fortune, l’idolâtrie de la victoire ; puis, par un contraste séduisant et vrai, elle célébrera l’amour du repos, la passion de l’insouciance.
En recueillant ses remarques sur le cœur, sur les femmes, et sur les sujets qui touchent aux passions, il s’est surtout inquiété d’être dans le vrai et de ne point dépasser dans son expression la mesure de ses propres jugements : « Je me suis rarement inquiété, dit-il, de savoir si d’autres m’avaient devancé, ni jusqu’où ils avaient pénétré : ma crainte était plutôt de m’égarer que de montrer comme nouvelle une voie déjà parcourue.
Il est vrai que ces résultats si évidents sont amenés par les déductions les plus ingénieuses et les plus imprévues du monde : c’est une des formes de l’esprit de l’écrivain.
C’est une vraie satisfaction de suivre l’historien, démêlant ainsi le fil des choses, exposant le jeu des partis, les lois de leur marché, et, pour ainsi dire, le mécanisme de ces temps-là.
Laurent est consolante pour l’orgueil humain : reste à savoir si elle est complètement vraie.
, le devoir des générations nouvelles, leur piété bien entendue envers les mânes de ces hommes dont la grandeur et les vrais bienfaits ont racheté les faiblesses, consiste, au défaut du génie que Dieu seul dispense, à ne pas s’endormir dans un lâche sommeil ni dans des intérêts étroits et vulgaires, à ne pas s’égarer dans de chétives ambitions, à ne pas croupir au giron de quelque pouvoir corrompu et corrupteur, mais à marcher avec constance, développant leur pensée, défendant leur droit, n’abdiquant aucune portion de la vérité, la cherchant dans la méditation et l’étude, la répandant par la parole, et fidèles à tout ce qui relève l’homme et l’honore.
— Il est vrai, je la trouve détestable, morbleu !
Sans doute, est-il, là-bas, des tâches nécessaires — révolte, gestes de justice — qu’il ne faut point délaisser : Ô mon Dieu, je m’agenouille au coin du feu ; Et j’ose vous demander où est mon vrai devoir : Est-ce dans la joie de votre création, ô Dieu, Ou là-bas dans la ville où le soleil est noir ?
Camille Mauclair Un berger ivre de soleil et de thym, mais dont les moutons auraient égaré leurs bêlements sur le chemin de la lumineuse Damas, c’est peut-être tout Saint-Pol-Roux, poète simple à la ferveur gaie, en qui se recèle un adorateur farouche de la Pourpre… Voici un homme au cœur vrai, pour qui le monde visible existe, tumultueux traineur d’images de pierreries dans la sèche politesse de nos logiques latines, j’ai dit ailleurs : le Monticelli des lettres.
Massenet, en mettant ses vers en musique, a restitué à sa pensée sa vraie forme.
Dans les derniers temps de l’Empire, il y eut, chez les âmes élevées, chez les évêques éclairés, chez les lettrés, un vrai sentiment de « la paix romaine », opposée au chaos menaçant de la barbarie.
Il est vrai que ceux qui jouissent de la faculté de voir, ne peuvent concevoir une chose étendue sans la concevoir colorée ; ils joignent par association aux qualités tactiles les qualités visuelles, qui même deviennent prédominantes.
Il est vrai que de nouvelles taxes imposées par la régente et Mazarin furent l’occasion de cette guerre.
Assujettir les fictions, les images, la hardiesse, les écarts de la Poésie au ton lourd & pénible de la vérité, c’est ôter à l’esprit humain ces charmes séducteurs qui l’attachent, le captivent & lui font goûter le vrai qu’ils ont embelli.
Pope eut un chagrin mortel de cette aventure vraie ou supposée.
Il est vrai qu’il se trompa sur la tête d’Alexandre dans le premier qu’il fit.
Il est vrai, suivant son sentiment, que les poëtes françois évitent avec trop d’affectation de donner du spectacle.
Il est seulement vrai que dans les païs meridionaux, le temps de la pluïe et des chaleurs n’est pas aussi déreglé que dans notre païs.
et de vrai ne voyons-nous pas que le son des instrumens à vent remuë l’ame… etc.
Puisque la loi de causalité a été vérifiée dans les autres règnes de la nature, que, progressivement, elle a étendu son empire du monde physico-chimique au monde biologique, de celui-ci au monde psychologique, on est en droit d’admettre qu’elle est également vraie du monde social ; et il est possible d’ajouter aujourd’hui que les recherches entreprises sur la base de ce postulat tendent à le confirmer.
Ceci est resté vrai.
Puisqu’il le détachait du travail collectif dans lequel il était placé, l’auteur de l’essai devait, ce nous semble, en modifier les formes premières et répandre dans ce squelette étiqueté de dictionnaire, auquel il ne manque, il est vrai, ni une articulation ni un os, la chair, le mouvement et la chaleur d’un livre intéressant et animé.
I Pendant que la comédie s’en va mourant sur tous les théâtres de l’Europe, pendant que toutes les pièces qu’on y joue ressemblent — tant elles se copient les unes les autres — au gant retourné de l’escamoteur qui a la prétention de faire des tours différents toujours avec le même gant, il se publie parfois, trop rarement, il est vrai, avec un sang-froid et un sérieux imperturbable, des livres d’un comique profond et achevé qui ne sont plus de la comédie de convention, mais de la bonne et brave comédie de nature humaine.
Ce sont des républicains comme les autres, des paysans très vrais, très étudiés, très sus, — des terriens acharnés qui ne pensent qu’à la terre, heureusement pour eux et pour nous !
Si c’est vrai, on ne sera à même de s’en faire une idée claire que dans un délai minimum d’un siècle ; les générations pas plus que les individus ne se peuvent juger.
Toutes ces transactions sont restées inexpliquées et louches : les Mémoires de M. de Talleyrand en donnent sans doute le vrai mot. […] C’est le dictionnaire universel en action de la diplomatie de deux siècles ; ce sont les archives de la France exhumées et sortant avec leurs mystères et leurs interprétations vraies de ces cartons, catacombes révélatrices de nos affaires étrangères. […] Que M. de Talleyrand ait été interrogé par le premier consul pour savoir si l’enlèvement d’une poignée de conspirateurs inconnus sur le territoire de Bade, à quelques pas de la frontière française, entraînerait une guerre générale de la Russie, de la Prusse, de l’Autriche contre la France, et que le ministre des affaires étrangères ait répondu au premier consul qu’un si grand incendie ne serait pas allumé par une si faible étincelle, voilà le vraisemblable, et, selon toute apparence, voilà le vrai. […] Quant à moi, sans honorer, dans le prince de Talleyrand, des personnalités peu honorables et des versatilités de services qui diminuent immensément la dignité de la vie et le prix même de ces services, je n’ai pu m’empêcher de professer toujours la plus haute estime pour le diplomate de la vraie révolution de 89, le diplomate de la paix, le pondérateur de l’équilibre, le conservateur économe de la vie des peuples au milieu de ces prodigues du sang d’autrui, qu’on appelle les gagneurs de batailles ; et, toutes les fois qu’il y a eu, depuis les obsèques de ce grand négociateur, une de ces crises européennes que les ambitions dénouent avec des alliances ou tranchent avec l’épée, je n’ai pu m’empêcher de me demander curieusement à moi-même : Qu’aurait conseillé à son pays, dans cette circonstance, M. de Talleyrand ?
Mais, quand Platon voulut transporter sur la terre ses rêves impossibles et introduire ses fantaisies dans le domaine des réalités, Aristote le plaignit, repoussa modestement ses doctrines politiques, aigrit son maître, qui tenait plus à ses chimères qu’aux vraies doctrines de Socrate, et s’éloigna respectueusement de lui. […] Et j’en dis autant de toutes leurs autres vertus ; car ceci est encore bien plus vrai, quand on se donne la peine d’examiner les choses en détail. […] « Aussi n’en a-t-on jamais vu entre ces extrêmes de vraie république, ou du moins, en a-t-on vu rarement et pour bien peu de temps. […] Ce qui est vrai, c’est que les chefs de la cité peuvent, quand ils ont perdu leur fortune, recourir à une révolution, et que, quand des citoyens obscurs perdent la leur, l’État n’en reste pas moins fort tranquille.
J’ai déjà établi80, il est vrai sans pouvoir donner la longue liste des preuves que j’ai rassemblées à ce sujet, que le système reproducteur est éminemment susceptible d’être troublé dans ses fonctions par un changement dans les conditions de vie, et que le désordre de ce système chez les parents me paraît être la cause principale de la nature variable et plastique des descendants. […] Comme il est extrêmement commun chez les espèces du même genre d’habiter des contrées très chaudes ou très froides, s’il est vrai, comme je le crois, que toutes les espèces d’un même genre soient les descendants modifiés d’un parent commun, il faut que l’acclimatation puisse s’effectuer aisément pendant la durée d’une longue suite de générations. […] Il est encore vrai que beaucoup de plantes grasses ne peuvent endurer un climat humide. […] Cette explication n’est que partiellement et indirectement vraie.
Or, je crois avoir découvert le vrai coupable, l’auteur responsable de la violation de l’Édit de Nantes, des Dragonnades, de la Révocation et de l’émigration. […] Des enfants de sept ans étaient donc jugés capables de discerner le vrai du faux, et de trancher les questions sur lesquelles un Claude et un Bossuet étaient divisés. […] Science signifie avant tout : impartialité, liberté, méthode dans la recherche du vrai. […] A cette époque, ce sont les protestants qui représentent la vraie France, industrieuse et sagace, d’esprit ouvert et de forte activité.
Roederer, dans sa Chronique des cinquante jours, a fait ce qu’il y a de mieux à défaut du burin vengeur : il a raconté le vrai, jour par jour, par ordre chronologique, « sans art, sans arrangement, sans ambition d’effet oratoire, logique, dramatique, romantique ». […] (Voir sa vraie opinion sur les Girondins dans le Journal de Paris des 12, 13 et 14 septembre 1795, lorsqu’il eut sa polémique avec Louvet.)
En mon particulier, j’ai eu toutes sortes de sujets d’être contente de lui, et il est très vrai que son départ me fâche beaucoup. […] Mme de Genlis (une assez méchante langue, il est vrai) nous le dit ; elle raconte que Gibbon épris de Mme de Crousaz, depuis Mme de Montolieu (l’auteur des romans), et s’étant un jour oublié jusqu’à tomber à ses pieds, fut assez mal reçu dans sa déclaration ; mais on avait beau lui dire de se relever, il demeurait à genoux. — « Mais relevez-vous donc, monsieur !
Ce n’est pas seulement un caractère de vérité et de réalité, le vrai est ce qu’il peut ; c’est subalterne et bas. […] Il était en vraie conversation inutile avec deux dames, leur parlant fort négligemment et toujours la tête allant de côté et d’autre de la chambre, sans jamais finir.
Les discours ou morceaux d’éloquence à couronner chaque année n’étaient d’abord, d’après la fondation première de Balzac, que des sermons moraux, de vrais sermons sur un texte donné de l’Écriture, et le discours qui avait le prix ne paraissait qu’avec l’approbation de deux docteurs de Sorbonne. […] On oublie que, par ces concours qu’elle ouvre à l’émulation des jeunes auteurs, l’Académie semble dire : « Jeune homme, avancez, et là, sur ce parquet uni, au son d’une flûte très simple, mais au son d’une flûte, exécutez devant nous un pas harmonieux ; débitez-nous un discours élégant, agréable, justement mesuré, où tout soit en cadence et qui fasse un tout ; où la pensée et l’expression s’accordent, s’enchaînent ; dont les membres aient du liant, de la souplesse, du nombre ; un discours animé d’un seul et même souffle, ayant fraîcheur et légèreté ; qui laisse voir le svelte et le gracieux de votre âge ; dans lequel, s’il se montre quelque embarras, ce soit celui de la pudeur ; quelque chose de vif, de court, de proportionné, de décent, qui fasse naître cette impression heureuse que procure aux vrais amis des lettres la grâce nouvelle de l’esprit et le brillant prélude du talent. » — Ainsi j’entends cet idéal de début académique, dont il ne se rencontre plus guère d’exemple.
Nous nous flattons particulièrement, sinon d’avoir inventé l’histoire, du moins d’en avoir retrouvé la vraie clef, et nous en usons : nous en abusons aussi ; nous remettons perpétuellement en question ce qu’on pouvait croire réglé et jugé. […] Une muraille très élevée en masquait et en fermait l’intérieur ; une porte, une vraie porte de ville, que surmontait un pavillon sans jour sur la campagne, donnait entrée sur une cour, ou plutôt sur une place magnifique.
On aime incomparablement mieux ce récit que celui de Théramène ; la rhétorique y paraît moins ou plutôt elle n’y paraît pas, et il y a de plus vraies beautés. […] Admirable scène, vrai tableau de sainteté, mais d’un caractère tout national et tout espagnol.
Mais il a une vraie valeur comme témoin et annotateur à certains moments de l’action, et il convient de lui savoir gré de n’avoir point quitté l’Assemblée après les 5 et 6 octobre, à l’exemple de Mounier et de quelques autres. […] Depuis que les preuves du contraire ont abondé et qu’on a eu les papiers du comte de La Marck, ce passage de l’Histoire de la Révolution n’a pas été modifié : l’illustre historien revoit peu ses ouvrages, il aime à les laisser dans leur première improvisation ; il est douteux qu’il ait jamais relu son Histoire de la Révolution, pleine d’inexactitudes pour les détails (c’était inévitable au moment où il l’écrivit), mais qui reste vraie dans les ensembles et par la touche juste et large qu’il a su donner des principaux moments de ce grand drame.
Sachons voir les hommes sans parti pris et par tous leurs aspects ; écoutons-les parler sur leur vrai ton. […] Cela est vrai si, par figure, on entend l’ensemble de la physionomie. — « Les traits, a dit La Bruyère, découvrent la complexion et les mœurs », et il ajoute : « mais la mine désigne les biens de fortune ».
Jomini put lire dans le Manuscrit de 1812 du baron Fain (t. 1er, p. 266) le passage qui le concernait45, et il y a répondu avec un accent de poignante amertume dans une note d’un de ses écrits46 : « Le Manuscrit de Fain, a-t-il dit, serait un vrai chef-d’œuvre s’il n’était pas entaché d’une partialité inconcevable, … si cet habile écrivain avait préféré le rôle d’historien à celui de panégyriste. […] On voit encore par la Correspondance de Napoléon, qu’il fut d’abord induit en erreur sur le vrai résultat de la bataille de Talavera ; on lui avait adressé des rapports complaisants et mensongers ; ce n’est que le 25 juin 1809 que l’Empereur écrivait de Schœnbrunn à Clarice, ministre de la guerre : « Le fait est que j’ai perdu la bataille de Talavera. » Ceci peut préciser la date de la conversation avec Jomini.
« C’est bien vrai, mon lieutenant, répond l’autre ; la preuve, c’est que les sacs de farine étaient attachés avec des cordons bleus. […] On rappelle les exploits de Mandrin en 1754756, sa troupe de cent cinquante hommes qui apporte des ballots de contrebande et ne rançonne que les commis, ses quatre expéditions qui durent sept mois à travers la Franche-Comté, le Lyonnais, le Bourbonnais, l’Auvergne et la Bourgogne, les vingt-sept villes où il entre sans résistance, délivre les détenus et vend ses marchandises ; il fallut, pour le vaincre, former un camp devant Valence et envoyer 2 000 hommes ; on ne le prit que par trahison, et encore aujourd’hui des familles du pays s’honorent de sa parenté, disant qu’il fut un libérateur Nul symptôme plus grave : quand le peuple préfère les ennemis de la loi aux défenseurs de la loi, la société se décompose et les vers s’y mettent Ajoutez à ceux-ci les vrais brigands, assassins et voleurs. « En 1782, la justice prévôtale de Montargis instruit le procès de Hulin et de plus de 200 de ses complices qui, depuis dix ans, par des entreprises combinées, désolaient une partie du royaume757. » — Mercier compte en France « une armée de plus de 10 000 brigands et vagabonds », contre lesquels la maréchaussée, composée de 3 756 hommes, est toujours en marche. « Tous les jours on se plaint, dit l’assemblée provinciale de la Haute-Guyenne, qu’il n’y ait aucune police dans la campagne. » Le seigneur absent n’y veille pas ; ses juges et officiers de justice se gardent bien d’instrumenter gratuitement contre un criminel insolvable, et « ses terres deviennent l’asile de tous les scélérats du canton758 » Ainsi chaque abus enfante un danger, la négligence mal placée comme la rigueur excessive, la féodalité relâchée comme la monarchie trop tendue.
XIV Voilà pourquoi les vrais poëtes chantent la vérité et la vertu, pendant que les poëtes inférieurs chantent les sophismes et le vice ! […] Ils touchent la corde fausse et courte au lieu de la corde vraie et éternelle.
Il est vrai qu’il a reçu l’instruction des événements : il a vu s’achever le long et lourd règne de Louis XIV, il écrit dans le fort de la réaction qui suivit la mort du grand roi ; et il y aide, pour son compte, de tout son cœur. […] Vérités de fait et d’occasion, mais non pas constantes et universelles, ni surtout nécessaires : les propositions contradictoires sont aussi vraies et aussi souvent vérifiées.
Je pourrais ajouter étourdiment : comme la déesse Vénus suscitant l’idée de Beauté par ses seules formes merveilleuses ; mais on objecterait avec raison à ce dernier exemple que toute œuvre d’art est donc symbolique, puisque, étant belle, elle doit susciter l’idée de beauté…, cela est vrai, tout juste comme la tour Eiffel est le symbole de la hauteur. […] Ce mot, emblème, paraît être compris de façons bien diverses, il est vrai.
Le Casino d’Étretat, où l’action se passe, est un vrai champ de combat social. […] Mais, avant tout, elle est vraie, et il y a plus d’émotion au théâtre pour une petite pécheresse vulgaire et vivante que pour mille héroïnes, sans tache, qui n’ont jamais existé.
Mais, dès cette première lettre, il prend ses précautions et se peint déjà avec ses variations bizarres : « J’espère, madame, malgré le début de votre lettre, que vous n’êtes point auteur, que vous n’eûtes jamais intention de l’être, et que ce n’est point un combat d’esprit auquel vous me provoquez, genre d’escrime pour lequel j’ai autant d’aversion que d’incapacité. » Il entre alors très au sérieux dans ce jeu prolongé des Claire, des Julie et des Saint-Preux ; il ne fait pas semblant, comme ce serait de bon goût à un écrivain bien appris, de traiter légèrement les personnages de son invention ; il continue de leur porter respect, et d’en parler dans le tête-à-tête comme s’ils étaient de vrais modèles : À l’éditeur d’une Julie, vous en annoncez une autre, une réellement existante, dont vous êtes la Claire. […] Les vraies amantes, la Religieuse portugaise, par exemple, songeait-elle à cela ?
Toutes les fois qu’il veut exprimer un sentiment un peu profond et vrai, il est puni, la passion et la poésie manquent à son langage. […] Lauzun ne fut rien de tel, et Besenval, un rival, il est vrai, mais qui n’en est pas moins clairvoyant, l’a très bien défini : Homme romanesque, n’ayant pu être héroïque, comme lui disait une femme ; voyant mal, s’étant fait aventurier au lieu d’être un grand seigneur et d’avoir un jour les gardes-françaises, auxquels il avait préféré un petit régiment de hussards ; du reste, plein de bravoure, de grâce dans l’esprit, d’élégance dans la tournure.
« Tout homme qui est mal informé, remarque-t-il, ne peut s’empêcher de mal raisonner. » Et par une conclusion digne d’un moraliste, il ajoute finement : « Je crois que quiconque serait bien averti et bien persuadé de tout ce qui est, ne ferait jamais que ce qu’il doit. » Il trouve un plaisir vrai dans l’application et l’information même ; il jouit de débrouiller ce qui était obscur : J’ai déjà commencé, écrit-il le soir de l’arrestation de Fouquet, à goûter le plaisir qu’il y a de travailler soi-même aux finances, ayant, dans le peu d’application que j’y ai donné cette après-dînée, remarqué des choses importantes dans lesquelles je ne voyais goutte ; et l’on ne doit pas douter que je ne continue. […] Le seul Louis XIV nous offre ce style dans toute sa vraie plénitude et sa perfection, et comme dans sa juste et royale stature.
Un des meilleurs témoins de ce temps-là, Mme Du Deffand, dont M. et Mme Necker firent la connaissance. en 1773, nous les a peints, la femme et le mari, et surtout le dernier, d’une façon vraie et qui ne laisse rien à désirer au point de vue de la société : « Ils ont voulu me connaître, dit-elle, parce qu’on m’a donné auprès d’eux la réputation d’un bel esprit qui n’aime point les beaux esprits ; cela leur paraît une rareté digne de curiosité. » Elle se reproche d’abord d’avoir cédé à leur désir, puis bientôt, quand elle a connu M. […] » Le même Voltaire écrivant à l’abbé Morellet et voulant, il est vrai, le flatter comme ami de Turgot et comme adversaire de Necker, relevait dans l’ouvrage une suite de phrases étranges : Je ne vous dirai point, d’après un beau livre nouveau, que les calculs de la nature sont plus grands que les nôtres ; que nous la calomnions légèrement ; … qu’un œil vigilant, capable de suivre la variété des circonstances, peut fonder sur une harmonie le plus grand bien de l’État ; qu’il faut suivre la vérité par un intérêt énergique, en se conformant à sa route onduleuse, parce que l’architecture sociale se refuse à l’unité des moyens, et que la simplicité d’une conception est précieuse à la paresse, etc.
Il est vrai qu’il n’y avait pas loin de Henri VIII à un sultan. […] La deuxième partie de Henri VI est intitulée : « La Première partie de la guerre entre York et Lancastre. » La troisième partie est intitulée : « La Vraie tragédie de Richard, duc d’York. » Tout ceci fait comprendre pourquoi il est resté tant d’obscurité sur les époques où Shakespeare composa ses drames, et pourquoi il est difficile d’en fixer les dates avec précision.
Cependant son idée a fructifié, et aujourd’hui, sans qu’il y ait un vrai général digne de ce nom, l’armée catholique est assez bien rangée en bataille, réclamant cette liberté d’enseignement qui, une fois obtenue, lui rendrait toute sa sphère d’action et sa carrière d’avenir.
Notre comédie n’a rien donné d’aussi vrai depuis trente ans, que l’Ajo nellimbarazzo de M. le comte Giraud de Rome.
Chacun disait de son modèle : « Voilà la vraie demeure de l’homme, la seule qu’un homme de sens puisse habiter ».
Majestueux dans sa figure, dans ses attitudes, dans son style, il l’était aussi dans son caractère : il avait une vraie noblesse d’âme, beaucoup de bon sens, de solidité, d’honnêteté, point de vanité, aucun sentiment bas ou mesquin.
Il faut, pour le bien même du contribuable, tâcher de faire cette part aussi grosse que possible, mais non en donnant au contribuable les vraies raisons qu’il ne comprendrait pas 122.
Il me reprochait comme une hypocrisie une façon allègre de prendre la vie, dont il ne voyait pas les vraies causes.
La vraie école de celui-ci, à demi fondue avec le christianisme, passa à l’état de petite hérésie chrétienne et s’éteignit obscurément.
Il y a du vrai dans cela.
La croyance en l’unité de la personne, moyen de cette individuation, qui est elle-même le moyen de la connaissance, se fonde sur l’identité originelle et métaphysiquement vraie de ces deux principes d’action et de contemplation qui semblent absorber toute la substance de l’être.
Ces histoires, vraies ou fausses, composeroient un assez gros volume : mais il ne faut pas croire légèrement toutes ces petites anecdotes qu’on repère tous les jours, & qu’on n’a jamais bien prouvées.
Ce dernier, le vrai Pitaval de son siècle, voulant prouver que notre langue ne céde en rien à celle des Romains, eut l’imbécillité de citer ses propres écrits.
A la tête des confédérés étoit le fameux Erasme, le plus bel-esprit de son siècle, un des restaurateurs des lettres, l’ennemi irréconciliable de l’absurde jargon de l’école, & le père de la vraie philosophie.
On trouve, dans ceux qui furent appellés les deux lumières du barreau, des applications forcées, un assemblage d’idées singulières & de mots emphatiques, un ton insupportable de déclamateur ; quelques belles images, il est vrai, mais souvent hors de place ; le naturel sacrifié à l’art, & l’état de la question presque toujours perdu de vue.
Une des choses les plus fortes que Rousseau ait hasardées en politique, se lit dans le Discours sur l’inégalité des conditions : « Le premier, dit-il, qui, ayant clos un terrain, s’avisa de dire : Ceci est à moi, fut le vrai fondateur de la société civile. » Or, c’est presque mot pour mot l’effrayante idée que le solitaire de Port-Royal exprime avec une tout autre énergie : « Ce chien est à moi, disaient ces pauvres enfants ; c’est ma place au soleil : voilà le commencement et l’image de l’usurpation de toute la terre. » Et voilà une de ces pensées qui font trembler pour Pascal.
Cependant il est vrai que la majeure partie du génie se compose de cette espèce de souvenirs.
La gloire m’a paru belle, la lumière forte et vraie ; le cheval assez beau, mais faible de touche et sans humeur.
Il est vrai que les dattes de ses pieces qu’on a mises dans une édition posthume de ses ouvrages disent le contraire ; mais ces dattes souvent démenties, même par la piece de poësie, à la tête de laquelle on les a placées, ne me paroissent d’aucun poids.
Le monde ne connoissoit gueres alors le genre de comique noble qui commet ensemble des caracteres vrais, mais differens, de maniere qu’il en resulte des incidens divertissans, sans que les personnages aïent songé à être plaisans.
Mais une religion qui progresse me semble tout aussi étonnante qu’un temple qui se promènerait… Cela ne se voit guères, n’est-il pas vrai ?
Or, ce qui est arrivé à un ouvrage qui ne soulevait rien moins que l’épouvantable question de l’honneur ou de l’infamie de Notre Seigneur-Jésus-Christ, — car la Vie de Jésus, par Renan, pose cette question sacrilège, — devait arriver encore plus vite, n’est-il pas vrai ?
S’il est vrai que les nations sont constituées par une poussière de fellahs, cet homme savant et vénérable en prend trop aisément son parti ; il a trop peur que la raison pure intervienne et dérange ces sommeils, cette belle ordonnance animale… Mais, à peine ai-je écrit ce mot « servilité » que je l’efface et je reviens au terme exact : discipline.
Il est trop vrai qu’il n’apprend pas à les estimer ; mais on serait trop heureux que leur commerce à cet égard ne fût pas plus dangereux que Tacite même.
III Où était, en effet, le vrai et permanent danger de l’Écosse ? […] Voici votre mari, c’est lui qui est notre chef. — Est-ce vrai ? […] Sans prêter aux termes de la correspondance, vraie ou apocryphe, de Marie Stuart avec Bothwell plus d’autorité historique que cette correspondance contestée n’en mérite, il est évident qu’une correspondance à peu près de cette nature a existé entre la reine et son séducteur, et que si elle n’a pas écrit ce que contiennent ces lettres non autographes, par conséquent suspectes, elle a agi dans tous les préliminaires de cette tragédie de manière à ne laisser aucun doute sur sa participation au piége où elle s’était chargée de ramener l’infortuné et amoureux Darnley.
Nous ne croyons que ce qui se prouve, nous ne sentons que ce qui se touche ; la poésie est morte avec le spiritualisme dont elle était née ; et ils disaient vrai ; elle était morte dans leurs âmes, morte dans leurs intelligences, morte en eux et autour d’eux. […] Et moi j’étais là aussi pour chanter toutes ces choses ; pour étudier les siècles à leur berceau, pour remonter jusqu’à sa source le cours inconnu d’une civilisation, d’une religion, pour m’inspirer de l’esprit des lieux et du sens caché des histoires et des monuments sur ces bords qui furent le point de départ du monde moderne, et pour nourrir d’une sagesse plus réelle et d’une philosophie plus vraie, la poésie grave et pensée de l’époque avancée où nous vivons ! […] Mais sera-t-elle morte pour être plus vraie, plus sincère, plus réelle qu’elle ne le fut jamais ?
Aux fous eux-mêmes, la folie apparaît comme quelque chose de très ordinaire et très commun, car elle est très vraie. […] La théologie mystique est la vraie science. […] Une note, p. 39, précise que Séraphin, qui a adressé spontanément le manuscrit à la revue, serait un champion de course à pied, auteur de plusieurs chansons, vrais « chefs-d’œuvre » selon leur auteur.
C’est invraisemblable ; mais c’est vrai. […] La citoyenne Beauharnais, sans être douée d’une vraie beauté, avait de la grâce. […] Une femme du monde, du vrai monde, une survivante de l’ancienne aristocratie ! […] C’est vrai. […] Il a retrouvé la vraie patrie de son esprit et de son cœur.
Mais la vraie cause est la force de sentiment religieux chez les concitoyens de sainte Catherine. […] Je fais un roman sur les faubourgs, et en relisant mes premiers chapitres, ce matin, je me suis dit : le dialogue est bon, parce qu’il est vrai, mais le récit autour de ce dialogue, c’est du style d’homme de lettres. […] Cette conclusion intellectuelle que Balzac exigeait de l’ouvrier de la plume suppose un parti pris de la volonté, et pour qu’elle soit valable, il faut qu’elle soit fondée, comme vos décisions à vous, sur des observations vraies. […] Cette mise en scène est celle d’une situation qu’il souligne et qu’il outre, comme si elle n’était pas vraie, et elle est vraie. […] Ainsi s’explique, aux heures angoissantes qui ont suivi Charleroi, l’atmosphère de calme qui émanait de cette personnalité que l’on sentait si consciencieuse et si vraie.
Il ne se trompe certainement pas lorsqu’il montre les grands, les nobles, le haut clergé, les femmes à la mode, ceux qu’on appellera aristocrates quelques mois plus tard, commencer par être les vrais démocrates, désirer un changement dans le gouvernement, y pousser à l’aveugle pour se procurer chacun plus de crédit dans sa sphère, se comporter en un mot comme des enfants qui, en maniant des armes à feu, se blessent et blessent les autres : « Ces aristocrates, dit-il, sont les véritables auteurs de la Révolution ; ils ont enflammé les esprits dans la capitale et les provinces par leur exemple et leurs discours, et n’ont pu ensuite arrêter ou ralentir le mouvement qu’ils avaient excité. » La bourgeoisie française a fait depuis, et sous nos yeux, ce que l’aristocratie avait fait alors ; ç’a été la même répétition, et selon le même esprit, à un autre étage. […] Je me crois toujours supérieur à ce que l’on connaît de moi, et prêt à l’abandonner… C’est ici que, professant cette absolue indifférence pour le fond de toute chose et pour la vérité en elle-même, il laisse échapper cet aveu que nous avons déjà recueilli et qui juge tout l’homme : « Rien n’a jamais fait effet sur moi comme vrai, mais comme bien trouvé. » Et il continue de se dessiner en se mirant : Je suis vivement paresseux, ce qui me donne deux inconvénients, celui de la paresse et celui de l’ardeur.
Qu’elle ne craigne jamais que mon intérêt particulier ait la moindre part à mes actions : j’ose dire que je suis né véritable et vertueux. » Villars ici se pavoise trop ; il donne évidemment à ce mot de vertu l’acception toute personnelle qui sied à Villars : mais il n’est que dans le vrai lorsqu’après la victoire d’Hochstett, réclamant son congé du roi et se plaignant de n’être plus écouté, souffrant de tant de fautes, et de celles qu’on fait sous ses yeux et de celles qu’on va faire, il lui échappe ce mot qui trouverait si souvent son emploi : « Heureux, Sire, heureux les indolents ! […] Villars allait se retrouver à sa vraie place : toutefois, cette mission des Cévennes et le caractère qu’il y déploya ne le diminuent point à nos yeux.
Il y a en effet, par-ci par-là, des gaietés inimprimables, de vraies gamineries, de ces choses qu’on ne trouve point du tout dans les lettres à la Chateaubriand, qui feraient le régal d’un Scarron, et qui sentent le peintre de troupes. […] Ces lettres de Russie, jointes à celles d’Orient et à quelques-unes d’Afrique, mériteraient de trouver un éditeur ami, homme de goût et de discrétion, ne s’arrêtant qu’aux vraies bienséances, qui choisirait, ne retrancherait que le nécessaire, qui surtout ne changerait rien et restituerait à peine quelques mots pour la correction.
Qu’il me soit permis, messieurs, de m’honorer à vos yeux d’une mission que je dois à l’amitié de cet homme célèbre… » Ce rapprochement de Raynal et de Franklin ne pouvait passer que grâce à l’illusion de l’amitié : Franklin, véritable patriarche, par un mélange unique de simplicité, de finesse et de douce ironie, avait offert à quiconque l’avait approché dans sa vieillesse le modèle du sage, conseillant à demi-voix et souriant, un des vrais pères ou parrains de la société de l’avenir. […] Maiouet, dans cette affaire et pour cette petite pièce montée à loisir, ne sut donc point se placer au vrai point de vue du public et du théâtre.
Je suis charmé que le premier ouvrage qui démontre les vrais principes de guerre appartienne à mon règne. […] Les vieux généraux de la guerre de Sept Ans, exhumés après tant d’années et pris pour guides, se trouvèrent à court ; ils n’avaient rien appris depuis : « l’âge avait glacé chez eux les qualités qui leur avaient valu du renom, et ne leur avait pas donné le génie, car le génie n’est jamais le fruit de l’âge ni de l’expérience. » Les jeunes, « le prince de Hohenlohe, et Massenbach, son bras droit, avaient tout juste assez d’esprit et de science pour prendre de la guerre ce qu’il y avait de plus faux. » Les manœuvres leur cachaient les vrais mouvements.
Elle était connue, assez mal connue, il est vrai, très-mal famée, et elle semblait condamnée sans appel ; il a fallu un certain effort de curiosité et une sorte de courage de goût pour revenir jusqu’à elle et y pénétrer. […] Edélestand du Méril a assigné avec une entière précision leur vraie place aux essais des Jodelle, des Grévin, et à la forme plus complète de Garnier ; M.
On en retrouve le regret en même temps que l’expression en plus d’une page des Mémoires de M. de Ségur ; car combien, sous cette plume facile, d’aperçus historiques profonds et vrais ! […] S’il est vrai, comme on l’a dit, que plus tard, les circonstances européennes étant changées, Catherine, pour mieux déjouer la mission de M. de Ségur à Berlin, ait envoyé au roi de Prusse les billets confidentiels dans lesquels l’ambassadeur de France avait autrefois raillé les amours de ce neveu du grand Frédéric, elle ne fit en cela sans doute que suivre les pratiques constantes d’une politique peu scrupuleuse ; mais elle put bien y mêler aussi tout bas le plaisir de se venger d’un ancien dédain.
S’il est vrai que l’on ait fait cette fameuse allée de Moscou à Petersbourg, le voyageur doit périr d’ennui renfermé entre les deux rangs de cette allée ; & celui qui aura voyagé long-tems dans les Alpes, en descendra dégoûte des situations les plus heureuses & des points de vûe les plus charmans. […] Voyez, je vous prie, la multiplicité des causes ; nous aimons mieux voir un jardin bien arrangé, qu’une confusion d’arbres ; 1°. parce que notre vûe qui seroit arrêtée ne l’est pas ; 2°. chaque allée est une, & forme une grande chose, au lieu que dans la confusion, chaque arbre est une chose & une petite chose ; 3°. nous voyons un arrangement que nous n’avons pas coûtume de voir ; 4°. nous savons bon gré de la peine que l’on a pris ; 5°. nous admirons le soin que l’on a de combattre sans cesse la nature, qui par des productions qu’on ne lui demande pas, cherche à tout confondre : ce qui est si vrai, qu’un jardin négligé nous est insupportable ; quelquefois la difficulté de l’ouvrage nous plaît, quelquefois c’est la facilité ; & comme dans un jardin magnifique nous admirons la grandeur & la dépense du maître, nous voyons quelquefois avec plaisir qu’on a eu l’art de nous plaire avec peu de dépense & de travail.
Chacun sait qu’en France, durant ces trente-cinq années, tous les genres littéraires ont vu triompher avec éclat, sous le nom de réalisme ou de naturalisme, la tendance à subordonner le beau au vrai, l’art à la science. […] Il importe, dans chaque période, de se demander quelles questions de droit public, pénal, civil, etc., ont préoccupé les contemporains ; quelles théories générales ont été alors acceptées pour vraies ; quelles conditions ont été faites par la loi aux différentes formes de la pensée et aux écrivains eux-mêmes considérés comme producteurs ; enfin quelles œuvres ont été suscités par l’activité spéciale des cours de justice.
Là, sa vertu éclate avec tous ses autres mérites ; là, nul soupçon d’intérêt personnel ne peut l’atteindre ; là fut même le pénible sacrifice de ses sentiments, s’il est vrai, comme on n’en peut douter et comme le disait sa clairvoyante rivale, qu’elle aimât ce roi dont elle remettait la reine en possession, et que les désirs qu’elle reconduisit vers la couche conjugale, s’étaient allumés ou éveillés pour elle. […] J’écris pour les historiens, et je me crois plus obligé à une exactitude scrupuleuse que si j’étais historien moi-même ; or il est de fait que je n’ai trouvé aucun document historique sur le personnel de madame de Maintenon à l’âge de quarante-cinq ans ; mais comme j’aime autant qu’un autre à me la figurer agréable, j’emprunterai ici la peinture que madame de Genlis en a faite : j’aimerais à la croire vraie, quoique je sois eu droit de la regarder comme un ouvrage d’imagination.
Et il dit vrai : l’amour et l’amitié se rencontrant aux pieds d’une femme, c’est le lion et l’agneau qui viennent boire à l’onde de la même source : l’un mangera l’autre ; et l’histoire naturelle est là pour vous dire que le mangeur ne sera ni l’amitié ni l’agneau. […] Encore s’il était franc dans son cynisme et vrai dans sa turpitude ; mais on ne sait par quel bout prendre ce caractère faux, lâche et mou, qui se décompose à vue d’œil, pour ainsi dire, et tombe en pourriture d’un moment à l’autre.
Necker a dit de cette affaire quelques mots qui la montrent sans exagération et sous son vrai jour : parlant des diverses tentatives qui furent faites par ses collègues pour adoucir et désarmer quelques députés : On eut une fois l’idée, dit M. […] Mais la vraie date des Ruines est bien celle qui s’étend depuis la Constitution de 1791 jusqu’à la fête de l’Être suprême, et qui redescend de là à travers le Directoire : leur moment comprend tout l’interrègne social jusqu’au rétablissement des cultes et au Concordat.
Il n’en est pas moins vrai qu’une seconde est toujours une durée, qu’un millimètre est toujours une étendue, que la pensée d’une action est toujours une action, que l’idée d’un mouvement est toujours ce mouvement commencé ; s’il est arrêté ensuite, cela ne l’empêche point d’avoir existé tout d’abord. […] Mais nous avons vu que la réciproque est vraie aussi, quoiqu’on l’oublie sans cesse.
Pour cette nouvelle histoire, il nous a fallu découvrir les nouvelles sources du Vrai, demander nos documents aux journaux, aux brochures, à tout ce monde de papier mort et méprisé jusqu’ici, aux autographes, aux gravures, aux dessins, aux tableaux, à tous les monuments intimes qu’une époque laisse derrière elle pour être sa confession et sa résurrection. […] C’est l’histoire intime ; c’est ce roman vrai que la postérité appellera peut-être un jour l’histoire humaine.
On la reconnaît à ces détails précis et vrais, à ces touches de pourpre qui mettent le sang de créatures vives aux ombres bleuâtres des romantiques de Berlin et de Stuttgard, à la simplicité et à la fermeté de la langue, à un retour constant au décor primitif de toute poésie, l’oiseau, la fleur, le ciel, — à l’apparition des figures traditionnelles de la légende allemande, la Loreley, l’empereur Barbe-rousse, le Tannhaeuser, l’image miraculeuse de la cathédrale de Cologne. […] La diversité constante de son moi eut en sa pensée et en sa vie le résultat que l’on pouvait prévoir : le scepticisme, l’incurie du vrai dans l’ordre de l’esprit et du véritable dans l’ordre de la pensée.
Monsieur Le Prince, vous avez cherché un effet piquant, mais il faut d’abord être vrai dans son technique et clair dans sa composition. […] Qu’elle est naturelle et vraie de position !
Le rencontre-t-il dans la rue, il lui achète des boîtes d’allumettes par douzaines : c’est une de ses consolations de songer qu’il aide un gentilhomme « à redorer son blason. » Filouze, grand contempteur, n’accorde son admiration qu’au journaliste JACQUES MONLEAU Il est vrai que Jacques Monleau l’appelle « crapule » quand il le coudoie — faisant le jeudi sur les Allées Neuves. […] Au lieu de bons et vrais Espagnols, je n’avais devant moi que du plaqué !
Mais — ô notre maître Rouveyred, — sur ce chemin délicat que vous avez ouvert à nos curiosités froissées par la pesanteur et l’insincérité des critiques professionnels — ne nous avez-vous pas enseigné que tout fait vrai, doré d’un peu de sentiment, peut avoir son prix et son parfum ? […] Cléo de Mérode (1875-1966), de son vrai nom Cléopâtre Diane de Mérode, danseuse étoile.
Après tout, je l’ai dit et j’insiste, c’était un homme d’esprit et de talent, auquel on pardonnait ses prétentions, ses affectations, ses bouches-en-cœur intellectuelles, son cailletage, son maquillage, tout ce qu’il devait aux bas-bleus au sein desquels il a toute sa vie mitonné, et on les lui pardonnait parce qu’il aimait l’esprit avec la passion vraie qui fait tout pardonner, parce qu’il avait l’humeur facile, la bonne humeur, le goût large sans bégueulisme, l’appétit fringant des faits curieux et des idées nouvelles, et la dégustation des nuances. […] qui n’a jamais été dit, Chasles a du dépit que cette histoire ne soit pas vraie, et je le conçois bien, parbleu !
« Etait-ce vraie gloire ? […] Là ne se bornent pas les emprunts de cette muse étrangère que notre poésie nouvelle était allée chercher sous ces palmiers indigènes et dans les nuits étincelantes du tropique : d’autres vers de Lamartine et de Victor Hugo, une pièce même de Parny, tout innocente il est vrai, se trouvent mêlés aux inspirations de dona Gomez.
Ce second volume contient d’ailleurs les ouvrages en prose qui sont ses vrais titres, et qui lui avaient valu dans les douze premières années du siècle une réputation si brillante et si pleine d’espérances.
Le style, qui frappe et enlève le grand nombre des lecteurs, lui a surtout manqué ; et, chez elle, la pensée, souvent belle et vraie, n’a presque jamais pu se dégager de ses voiles.
il est bien vrai qu’à une distance éloignée, la fidélité du romancier, et même celle de l’historien, ne saurait être qu’approximative.
il est trop vrai, ton éclipse est bien sombre ; La terre sur ton astre a projeté son ombre ; Nous marchons dans un siècle où tout tombe à grand bruit.
Que l’on vous demande si vous aimez de même façon votre mère, votre chien, votre bel habit, et votre poète favori, vous direz non sans doute : mais quant à dire la différence de ces affections et de ces goûts, quant à en distinguer la nuance et la portée, vous en seriez bien empêché, n’est-il pas vrai ?
Il est vrai que le style d’Amyot est un des plus charmants styles du xvie siècle, dans sa grâce un peu surabondante et son naturel aisé.
La nature, dont le vrai rôle est d’être toujours le rythme de l’art, apparaît réellement chez lui inspiratrice divine, source et mère d’émotion, en qui convergent toute chanson et tout cœur.
Molière ne se ralentit pas jusqu’au dernier jour ; il n’aurait pu, à dire vrai, écouter les conseils de Boileau, rester dans la haute comédie, sans compromettre la prospérité de son théâtre.
« Sainte-Beuve. » Il faut noter aussi cette pensée, cueillie dans les échos, à propos d’une inscription lue sur le mur de clôture du cimetière Montparnasse : « Liberté, Égalité, Fraternité » : — « Dans combien de siècles cette devise strictement vraie pour les morts sera-t-elle enfin une vérité pour les vivants ?
Trois hommes au moins l’ont connu depuis que les prétendus intellectuels ont perverti l’intelligence humaine, depuis que les sophistes, vendeurs de fausse science, ont triomphé des Socrate, donneurs de vraie sagesse.
Il est vrai que nous réclamons l’occasion d’offrir à notre énergie un emploi plus naturel, où nous pourrions la dépenser magnifiquement.
Il ne dit pas que telle religion est fausse ; mais il ne dit pas non plus qu’elle soit vraie.
Le journaliste est dans le vrai quand il dit que César Birotteau a été « composé, écrit et corrigé à quinze reprises par M. de Balzac en vingt jours, et déchiffré, débrouillé et réimprimé quinze fois dans le même délai. » Il est des artistes qui ne sont jamais contents de leur œuvre : d’eux on a dit qu’il fallait enlever de force la peinture du chevalet.
Le Traité de l’Aurore Boréale, par M. de Mairan, est un vrai modèle dans son genre.
Et il y a sur la toile du peintre, deux, trois, quatre figures semblables ; elles y sont environnées d’une foule d’autres figures d’hommes d’un aussi beau caractère, toutes concourent de la manière la plus grande, la plus simple, la plus vraie, à une action extraordinaire, intéressante ; et rien ne m’appelle, rien ne me parle, rien ne m’arrête !
Toutes ces operations, il est vrai, sont bien-tôt faites ; mais il est un principe incontestable dans la méchanique, c’est que la multiplicité des ressorts affoiblit toûjours le mouvement, parce qu’un ressort ne communique jamais à un autre tout le mouvement qu’il a reçû.
Il est vrai qu’au sentiment des meilleurs critiques le traité contre les spectacles que je viens de citer, n’est pas de saint Cyprien, ainsi son autorité ne seroit point d’un poids bien considerable, s’il s’agissoit d’une question de théologie.
Il est vrai que l’habitude d’assister aux spectacles l’avoit rendu si délicat qu’il trouvoit à redire même aux infléxions et aux accords faux lorsqu’on les repetoit trop souvent, quoique ces accords produisent un bon effet lorsqu’ils sont menagez avec art.
Une vraie canaille !
C’est vrai.
De tout cet Henri IV de Pont-Neuf, d’illusions et de préjugés, il reste le vrai, le Henri de Capefigue, cet Henri d’une duplicité gausseuse, de cette duplicité qu’il opposa à tout dans la vie et même à lui : car, sans l’indiscrétion de sa raillerie, il eût été facilement hypocrite.
Cicéron, il est vrai, nous dit que la poésie d’Anacréon roulait toute sur l’amour. » Mais un docte et ingénieux Hellène, l’empereur Julien98, désignait Anacréon comme ayant fait beaucoup de poésies, les unes sérieuses et graves, les autres agréables et riantes ; et il le nommait à côté d’Alcée et d’Archiloque, avec la seule différence de sa vie prospère et voluptueuse aux rudes épreuves, aux passions violentes ressenties par les deux poëtes de Lesbos et de Paros.
D’ailleurs cette prétention reste parfaitement illusoire : au vrai, personne n’est plus partial que ceux qui se disent impartiaux. […] Il est vrai que, depuis longtemps, le ridicule ne tue plus en France, sans quoi nombre de gens seraient morts qui se portent à merveille. — Mais M. […] Au vrai, chaque fois qu’il y a contrainte, momentanée ou permanente, exercée au nom d’un intérêt commun ou d’un intérêt particulier, le corps social tombe malade ; des éléments qui le constituent, les uns s’atrophient, les autres s’hypertrophient. […] Il est vrai, aussi, que parler d’amour, c’est s’exposer à la malveillance générale. […] Il lui restera, il est vrai, la ressource de se châtrer ou d’étrangler sa femme et de jeter ses enfants à l’eau… Et les Bourgeois se lamenteront, disant que la France se dépeuple.
parce que c’est le plus vrai. […] XVII Voilà un beau livre en effet : un livre où la science et le poète, le technique et l’idéal, la plume et le ciseau, se tiennent, se complètent, s’interprètent l’un l’autre dans cette langue du beau qui est l’idiome connu de tous les arts de l’esprit ; langue sacrée que le génie parle en naissant, et que la vraie critique, à force d’étude, comprend et fait comprendre au vulgaire. […] Gropius joint, à l’érudition la plus consciencieuse et la plus approfondie de l’antiquité, ce caractère de naïve bonhomie et de grâce inoffensive qui est le type des vrais et dignes enfants de l’Allemagne savante.
J’avoue que, si j’avais à l’écrire aujourd’hui, je la ferais peut-être plus magistralement, mais je ne la ferais peut-être pas avec plus de sentiment du vrai sous la plume. […] Caton se révolte, le mendiant obéit ; obéir à Dieu, voilà la vrai gloire ! […] J’ai trouvé les hommes bons et le sort cruel ; voilà le vrai.
C’est la température vraie de ce globe où l’on meurt, mais aussi de ce globe où l’on vit ; de ce globe où l’on souffre, mais aussi de ce globe où l’on aime ! […] Qui est-ce qui n’a pas expérimenté qu’au retour d’un voyage de long cours, ou même d’une simple promenade au grand air et sous le ciel, on ne rapportait pas à sa demeure les idées qu’on en avait emportées, mais qu’on sentait en soi-même un certain renouvellement de pensée et de cœur qui faisait voir les choses sous un aspect plus étendu et par conséquent plus juste et plus vrai ? […] XXVIII Maintenant, oublions ces faibles vers, et lisons Job ; et voyons par quel admirable circuit d’une pensée qui fait le tour du monde intellectuel le grand poète et le grand philosophe passe de la foi au doute, du doute au blasphème, du blasphème à la certitude, et du désespoir d’esprit à cette résignation raisonnée, à ce consentement de l’homme à Dieu, seule sagesse des vrais sages, seule vérité du cœur comme elle est la seule vérité de l’esprit.
Bazin, romans et récits du temps de la guerre, ont cette analogie, le souci du document vrai. […] » Il est vrai. […] Il est vrai que les mots sont des signes de réalité ; le vocabulaire nouveau indique une réalité nouvelle. […] Sa vraie ingénuité le préserva. […] La vraie mère préférait abandonner son enfant plutôt que de le voir périr.
Il célèbre en strophes ou en hexamètres la paix de Ryswick ou le système du docteur Burnet ; il compose de petits poëmes ingénieux sur les marionnettes, sur la guerre des pygmées et des grues ; il apprend à louer et à badiner, en latin, il est vrai, mais avec tant de succès que ses vers le recommandent aux bienfaits des ministres et parviennent jusqu’à Boileau. […] Une phrase vraie vaut cent périodes nombreuses ; l’une est un document qui fixe pour toujours un mouvement du cœur ou des sens ; l’autre est un joujou bon pour amuser des têtes vides de versificateurs ; je donnerais vingt pages de Fléchier pour trois lignes de Saint-Simon. […] Il ne remonte pas à la source du beau du premier coup, comme les vrais artistes, par la violence et la lucidité de l’inspiration naturelle ; il s’arrête dans les régions moyennes, parmi les préceptes, sous la conduite du goût et du sens commun. […] Son éducation, qui l’a encombré de préceptes, n’a point détruit en lui la virginité du sentiment vrai.
Tout notre mérite, s’il y en a, dans ce commentaire, sera de vous présenter ces deux monuments de l’esprit humain en Grèce dans leur vrai jour et de ne pas nous interposer entre Homère et vous. Le vrai commentaire du génie, c’est son ouvrage. […] XIII Ces scènes, les unes publiques, les autres domestiques, de ce sixième chant ; ces amours voluptueuses dans la chambre d’Hélène ; ces amours chastes dans le palais d’Andromaque ; ces adieux sur la tour de la porte Scées ; ce cœur d’épouse qui fléchit sous ses alarmes ; ce cœur d’époux qui s’affermit tout en s’attendrissant sous le sentiment de son devoir ; cette habileté instinctive de la mère, qui se fait suivre par la nourrice et par l’enfant pour doubler sa puissance d’amante par le prestige de sa maternité ; ce dialogue, dont chaque mot est pris dans les instincts les plus vrais, les plus délicats et les plus saints de la nature ; cette passion légitimée par la chaste union des deux époux ; cette éloquence qui coule sans vaines figures et sans fausse déclamation des deux cœurs ; cet épisode puéril et attendrissant à la fois de l’enfant effrayé du panache et se replongeant dans le sein de la nourrice en se détournant des bras de son père ; ce père qui berce l’enfant de ces mêmes bras forts qui vont tout à l’heure lancer le javelot d’airain contre Achille ; le pressentiment sinistre de cette épouse, qui se rappelle tout à coup et comme involontairement que c’est ce même Achille qui a tué jadis son père et ses sept frères ; enfin jusqu’à ces ormeaux plantés autour de la tombe de ce père d’Andromaque qui s’élancent tout à coup de son souvenir comme des flèches de cyprès dans un ciel serein ; puis les larmes mal contenues qui voilent les yeux ; puis le départ en sanglotant, et ce visage qui se retourne tout en pleurs pour apercevoir une dernière fois celui qui emporte son âme ; puis ce retour dans sa maison vide de son mari, mais pleine de femmes indifférentes, et cette présence d’Andromaque, seule avec l’enfant et la nourrice, excitant, par la compassion qu’elle inspire, sans parler, plus de sanglots que la chute et l’incendie d’Ilion n’en feront bientôt éclater sur la colline des Figuiers, ce sont là autant de coups de pinceau qui égalent le peintre à la nature et qui font du poète plus qu’un homme, un interprète véritablement divin entre la nature humaine et le cœur humain ! […] de tous mes beaux-frères ô toi le plus aimé de mon cœur, puisqu’il est trop vrai que Pâris est mon époux, et qu’il m’a ravie pour me conduire en Ilion.
L’histoire, ou Hérodote I Hérodote passe pour le premier (en ordre de date) des historiens grecs, cela n’est certainement pas vrai ; car Homère, dont il a écrit la biographie, est bien plus ancien qu’Hérodote, et l’histoire a, sans contredit, précédé la poésie et surtout la poésie parfaite. […] Voyage historique, littéraire, religieux, à travers le monde alors connu des Grecs, ce serait le vrai nom de ce qu’on appelle son Histoire. […] Voulant ensuite délibérer sur ce qu’il devait faire de Cyrus, il appela près de lui les mêmes mages qu’il avait autrefois consultés, et leur demanda quel était le vrai sens de l’interprétation qu’ils avaient donnée à son rêve. […] « En écoutant ce récit, le roi ne put se figurer, ce qui était vrai pourtant, que ces Grecs s’attendaient bien à périr, mais ne voulaient perdre la vie qu’après l’avoir ôtée au plus grand nombre possible d’ennemis, et ne vit que de l’absurdité dans leur conduite.
En même temps qu’il a été si soigneux de rattacher à chaque page, à chaque vers, tout ce qui s’y rapporte directement ou indirectement chez les Anciens ou même chez les modernes, le nouvel éditeur ne tire point trop son auteur du côté des textes et des commentaires, et il ne prétend point le ranger au nombre des poëtes purement d’art et d’étude ; il relève avec un soin pareil, il sent avec une vivacité égale et il nous montre le côté tout moderne en lui, et comme quoi il vit et ne cesse d’être présent, de tendre une main cordiale et chaude aux générations de l’avenir : « Chénier, remarque-t-il très justement, ne se fait l’imitateur des Anciens que pour devenir leur rival. » À Homère, à Théocrite, à Virgile, à Horace, il essaye de dérober la langue riche et pleine d’images, la diction poétique, la forme, de la concilier avec la suavité d’un Racine, et quand il en est suffisamment maître, c’est uniquement pour y verser et ses vrais sentiments à lui, et les sentiments et les pensées et les espérances du siècle éclairé qui aspire à un plus grand affranchissement des hommes.
En même temps que des chroniques et des mémoires sans nombre jettent chaque jour des clartés nouvelles sur notre histoire passée ou contemporaine, notre curiosité, dont les besoins s’accroissent, se transporte au-delà des mers vers des nations encore mal connues, et s’enquiert aux voyageurs de ces grandes contrées du monde, réclamant d’eux du vrai et du nouveau, et accueillant avidement leurs récits.
La portion du peuple juif qui a résisté au règne spirituel du Messie, se rendra en voyant venir son règne temporel, et toutes les prophéties seront accomplies, car toutes les prophéties sont vraies. » La justification du mosaïsme ressort avec éclat des travaux d’Eugène.
Voilà les vraies découvertes qu’il a faites, et pour lesquelles la littérature lui est redevable.
bien vrai ?
Un vrai poète était né, un poète dont la littérature française devait s’honorer autant que la littérature provençale.
Les tons en littérature sont d’autant plus beaux qu’ils sont plus vrais et plus purs ; à l’érudit, au critique appartiennent l’universalité et l’intelligence des formes les plus diverses ; au contraire, une note étrangère ne pourra qu’inquiéter et troubler le poète original et créateur.
Suit-on, durant quelques siècles le développement du vers français de douze syllabes ; on remarque facilement que chez les poètes de la Pléiade il est souple, libre, aisé, qu’il se permet beaucoup d’enjambements et de rejets en même temps qu’il est richement rime ; qu’à partir de Malherbe et de Boileau, surtout au xviiie siècle, une césure presque immuable le divise en deux parties égales, tandis que la rime devient souvent pauvre et banale ; que les romantiques, en disloquant, comme ils disaient, « ce grand niais d’alexandrin », rendent à la rime une plénitude de sonorité dont elle avait perdu l’habitude ; que Musset semble, il est vrai, faire exception en lançant aux partisans de la consonne d’appui cette moqueuse profession de foi : C’est un bon clou de plus qu’on met à la pensée ; mais qu’aussi ses vers, sauf dans ses poésies de jeunesse où il s’abandonne à sa fantaisie gamine, sont restés, bien plus que ceux de Victor Hugo ou de Sainte-Beuve, fidèles à la coupe classique.
Les variations en probabilité sont entièrement dues aux variations dans l’état de notre propre connaissance ; et cela est également vrai pour les phénomènes physiques et pour les phénomènes moraux.
Il y a assurément dans ces théories, qui rappellent le progrès de Condillac à Laromiguière, une part de vérité ; mais il faut s’entendre sur la vraie nature de la force déployée dans l’attention et l’aperception.
D’un point de vue de connaissance on né de* mande donc pas si une réalité est conforme à une vérité objective, ni si une vérité est vraie.
C’est dans ces écrits périodiques que Desfontaines a paru aux yeux de ses partisans l’Aristarque de nos jours : c’étoit à leur gré un critique judicieux, qui avoit le tact sûr, avec un talent singulier pour saisir les beautés & les endroits foibles d’un ouvrage ; pour les présenter au public dans leur vrai point de vue, pour les lui présenter d’une manière élégante & enjouée ; un observateur qui mettoit de l’intérêt dans les moindres choses, qui sçavoit l’art d’amuser & d’instruire, de fondre habilement, dans l’occasion, toute cette érudition qu’il avoit puisée dans les meilleurs écrivains anciens & modernes.
» et les noms qu’il donne sont les vrais noms des êtres.
Mais ni l’amour de Pénélope et d’Ulysse, ni celui de Didon pour Énée, ni celui d’Alceste pour Admète, ne peut être comparé au sentiment qu’éprouvent l’un pour l’autre les deux nobles personnages de Milton : la vraie religion a pu seule donner le caractère d’une tendresse aussi sainte, aussi sublime.
On n’y dit pas tout ; mais tout ce qu’on y dit est vrai.
Et Beaumarchais, avec les deux chefs-d’œuvre de légèreté dont il orna le théâtre, et le troisième (ses Mémoires), dont il orna la littérature, eut tout son génie en gaîté, dans la plus vraie et la plus vive acception du mot, — et ni la satire politique qu’il aiguisait, de toutes les satires la plus cruelle, ni le craquement d’un monde qui s’en venait bas et dont il précipita, lui aussi !
Mais de ce qu’un livre est grave, il n’est pas nécessairement ennuyeux, comme de ce qu’il est ennuyeux, il n’est pas nécessairement vrai.
Pourquoi cette seconde édition n’aurait-elle pas été un retour vers le vrai, d’un esprit vigoureux averti par ceux qui l’aiment ou par sa propre réflexion ?
Molé et de Mme d’Haussonville — de vrais portraits, c’est-à-dire la reconstruction idéale des individus ; seulement nous croyons utile de redresser quelques préjugés singuliers qui ont cours sur le compte de M.
Mais j’ajouterai, pour être juste, que ce même homme qui a paru si faible dans son exil, mourut avec le plus grand courage ; tant il est vrai qu’on peut unir la faiblesse avec la grandeur, et être tour à tour intrépide et lâche.
Un prince peut-être peut inspirer la haine sans la mériter et la sentir ; mais à coup sûr il ne peut être aimé, s’il n’aime lui-même42. » On voit dans tous ces morceaux quelle est l’âme et le tour d’esprit de l’orateur ; ce sont des pensées toujours vraies, et quelquefois fortes, aiguisées en épigrammes, et relevées toujours par un contraste ou de mots, ou d’idées.
L’auteur insère dans un cadre vrai des événements fictifs. […] C’est vrai, mais non pas au sens où l’épaisse balourdise du populaire entend ces paroles. […] Il est vrai. […] C’est vrai depuis qu’Adam et Ève, chassés du Paradis, se sont consolés de tout, même de la colère céleste, par un regard échangé. […] Les vrais savants commencent toujours par de menues recherches et finissent par de vastes enquêtes.
Mais réduite à la figure, et au sens de la figure, elle est profonde et réelle et vraie. […] Telles sont les vraies saintetés et c’est à cela qu’elles se reconnaissent. […] C’est-à-dire le vrai héroïsme militaire français. […] En psychologie, en métaphysique nous sacrifions le vrai présent, le présent réel à l’instant de tout à l’heure, à l’être de tout à l’heure, et ainsi nous réduisons le vrai présent, l’être réel à l’état de passé. […] Il est même le seul prodigue, le vrai prodigue, l’avare d’argent est prodigue de ce qu’il a vendu pour avoir de l’argent.
Mais, si l’enfant au seuil, ou quelque vieille assise, Venait rompre d’un mot le songe qu’il songeait, Avec intérêt vrai comme il interrogeait ! […] Avec intérêt vrai comme il interrogeait ! […] Sainte-Beuve n’a jamais cherché à remonter plus haut dans sa généalogie ; il ne se croyait pas noble, et s’il a voulu, il y a quelques années, s’assurer de la particule paternelle, qui a été omise devant son nom sur son propre acte de naissance à lui-même, deux mois et demi après la mort de son père, s’il a écrit en 1805 à M. le maire de Moreuil qui a bien voulu lui communiquer très obligeamment le document nécessaire, avec les extraits de naissance de ses oncles et tantes, c’est qu’il avait besoin de faire constater le vrai nom de son père pour la régularisation d’un acte notarié (il s’agissait, s’il m’en souvient bien, car il est bon de préciser pour faire taire les malveillants de plus d’une espèce, d’une rente perpétuelle provenant de sa mère à Boulogne-sur-Mer). — Sur l’acte de mariage de ses parents, qui est daté du 30 ventôse an XII de la République (21 mars 1804, — déjà Napoléon perçait sous Bonaparte), M. de Sainte-Beuve père est bien positivement appelé citoyen Charles-François de Sainte-Beuve, ce qui expliquerait à la rigueur que le de peut faire partie du nom sans impliquer nécessairement la qualité nobiliaire. — Mais M.
. — On voit que la sensation de douleur exige pour se produire une condition de plus que la sensation de contact ; d’où il suit qu’elle peut être abolie aisément sans entraîner l’abolition de la sensation du contact, et que le contraire n’est pas vrai ; ce qui est conforme à l’expérience. […] Par cette correspondance, les événements du dedans cadrent avec ceux du dehors, et les sensations, qui sont les éléments de nos idées, se trouvent naturellement et d’avance ajustées aux choses, ce qui permettra plus tard à nos idées d’être conformes aux choses et partant vraies. — D’autre part, on a vu que les images sont des substituts de sensations passées, futures, possibles, que les noms individuels sont des substituts d’images et de sensations momentanément absentes, que les noms généraux les plus simples sont des substituts d’images et de sensations impossibles, que les noms généraux plus composés sont des substituts d’autres noms, et ainsi de suite. — Il semble donc que la nature se soit donné à tâche d’instituer en nous des représentants de ses événements, et qu’elle y soit parvenue par les voies les plus économiques. […] Cela est si vrai que la main plongée dans l’eau ne perçoit point l’humidité, non plus que, plongée dans l’huile, elle ne perçoit l’oléagineux.
Avant ses empereurs Rome avait ses plus sublimes orateurs et pas un de ses vrais poètes. […] Le Poussin a merveilleusement compris et rendu ces paysages d’Ustica ; c’est le vrai peintre de la Sabine ; il y passait ses étés pour y retremper ses pinceaux dans les grandes ombres noires, dans le ciel bleu, dans les lacs dormants de ces montagnes classiques. […] Oui, la retraite pèse à qui n’en sait rien faire ; Mais l’esprit qui s’occupe y goûte un vrai bonheur.
Son faux Contrat social et le vrai contrat social (1re partie) I La politique spéculative a été en tout temps l’exercice le plus important et le plus passionnant des hautes intelligences parmi les écrivains (j’en excepte toutefois les religions, exercice plus relevé encore des spéculations humaines). […] Il y a peu de vraie morale, mais il y a une ardente piété dans son style. […] Mais, tout jeune que j’étais, et tout poète qu’on me reprochait d’être, j’avais un puissant sentiment du vrai ou du faux dans la politique ; quoique très dévoué aux progrès rationnels des idées et des institutions sociales, j’étais un ennemi né des utopies, ces mirages qu’on présente aux peuples comme des perspectives, et qui les égarent sur leur route, dans des déserts sans fruits et sans eaux.
Sans doute, il y a Villon, François Villon, « né de Paris emprès Pontoise », vrai gibier de potence, mais vrai poète aussi, grand poète même, oserait-on dire ; et quelques-unes de ses Ballades ne sont assurément pas pour démentir ce que ce nom de poète, quand il est mérité, signifie de grâce et de force de style, de sincérité d’émotion, d’originalité de sentiment et d’idées. […] Les Enfances Guillaume], qui ont pour objet est de donner aux héros une origine et des débuts dont les merveilles s’accordent avec la grandeur de leurs exploits. — Comparaison des poèmes de ce genre avec les poèmes cycliques de la poésie grecque ; — et avec les « généalogies » sémitiques. — Que nos dernières Chansons de geste sont déjà, dans le vrai sens du mot, des épopées littéraires ; — non moins artificielles qu’en d’autres temps une Henriade ou une Pétréide ; — mais que l’inspiration vraiment sincère se retrouve, en même temps que la cause reparaît, dans les chansons qui forment le Cycle de la Croisade [Ex. la Chanson du Chevalier au Cygne].
Amyrault ; il ajoute, il est vrai, par correctif : s’il n’y a pas plus sujet de pleurer que de se divertir, en voyant les faiblesses de l’homme. […] En d’autres endroits voisins des précédents, nous le savons, l’expression est toute philosophique ; mais avec Bayle, pour rester dans le vrai, il ne convient pas de presser les choses ; il faut laisser cœxister à son heure et à son lieu ce qui pour lui ne s’entre-choquait pas129.
C’était le cas dans l’armée permanente qu’on appelle Sparte ; là les enfants, vrais enfants de troupe, obéissaient tous également à tous les hommes faits […] Selon le nouveau législateur, « rien n’est plus contraire que le christianisme à l’esprit social… : une société de vrais chrétiens ne serait plus une société d’hommes. » Car « la patrie du chrétien n’est pas de ce monde ».
Jean de Tînan l’éprouve, qui suppose : « Il n’y a sans doute que la débauche de vraie, parce que c’est elle qui laisse le moins de rancœur. » Il en vient à « souhaiter le charme des sens… de l’ivresse bestiale quand la pensée ne s’y mêle plus ». […] Il est vrai que l’Amour est le thème éternel de toute poésie et qu’à l’inverse de sa pratique, immuable dès l’origine, son expression littéraire diffère et varie au cours des âges, au point de marquer la valeur du groupe social.
Quoique les Ecrivains philosophes aient démérité de toutes les classes de la Société, sur-tout des Gens de Lettres* qui tiennent aux principes du vrai goût, j’avoue que je serois sensible à cette accusation si elle étoit fondée ; mais il ne me sera pas difficile de m’en justifier. […] On peut en juger par ce passage horrible : Des milliers d’hommes dépouillés de tout par la dureté de leurs Maîtres, enhardis par le sentiment de la liberté, & encouragés par le vrai droit naturel, oseront enfin un jour réclamer hautement leurs droits.
Un mot lui échappe pourtant qui trahit le meurtre ; le fer impatient perce sa guirlande : — « Pour le reste, ma vigilance ne sera point en défaut, et j’accomplirai ce que veut la destinée, avec l’aide des dieux. » La réponse d’Agamemnon est brève et défiante : — « Fille de Léda, tu as parlé dans la mesure de mon absence, longuement ; mais les vraies louanges ce sont celles dont les étrangers nous honorent. » — L’homme de l’Iliade est choqué de ces flatteries orientales, il veut être salué, non pas adoré. […] De là le Démon furieux lancé sur cette race, de là le meurtre qu’en ce moment même prépare « la femelle qui va tuer le mâle, l’odieuse chienne qui le flattait tout à l’heure avec un visage souriant et de longs discours ». — Qu’on ne la croie point, c’est son sort ; elle est habituée aux haussements d’épaules et aux moqueries incrédules : ils verront bientôt si elle a dit vrai.
Car ce serait une vraie duperie que d’attribuer l’insulte de ce Clarkson, et le combat qu’elle provoque, à la révolte d’une conscience indignée par les méfaits conjugaux du duc de Septmonts. […] Encore une fois, la scène est belle, malgré les sifflets qui l’ont couverte ; elle est vraie et elle est humaine.
Ce qu’il a eu dessein de faire, ce qu’il voudrait que la postérité vît dans son œuvre, si jamais elle s’occupe de si peu, ce n’est pas la défense spéciale, et toujours facile, et toujours transitoire, de tel ou tel criminel choisi, de tel ou tel accusé d’élection ; c’est la plaidoirie générale et permanente pour tous les accusés présents et à venir ; c’est le grand point de droit de l’humanité allégué et plaidé à toute voix devant la société, qui est la grande cour de cassation ; c’est cette suprême fin de non-recevoir, abhorrescere a sanguine , construite à tout jamais en avant de tous les procès criminels ; c’est la sombre et fatale question qui palpite obscurément au fond de toutes les causes capitales sous les triples épaisseurs de pathos dont l’enveloppe la rhétorique sanglante des gens du roi ; c’est la question de vie et de mort, dis-je, déshabillée, dénudée, dépouillée des entortillages sonores du parquet, brutalement mise au jour, et posée où il faut qu’on la voie, où il faut qu’elle soit, où elle est réellement, dans son vrai milieu, dans son milieu horrible, non au tribunal, mais à l’échafaud, non chez le juge, mais chez le bourreau. […] N’est-il pas vrai que, tandis qu’il écrit, sous sa table, dans l’ombre, il a probablement le bourreau accroupi à ses pieds, et qu’il arrête de temps en temps sa plume pour lui dire, comme le maître à son chien : — Paix là !
C’est un signe, n’est-il pas vrai ? […] Ces derniers composent le troupeau mortel ; et vrai dire, l’élite intellectuelle existe seule ».
Dans ce sens, on peut regarder comme vraie la tradition selon laquelle on ne consultait que la nature dans l’élection des rois des premiers âges. […] Demander le droit des mariages, c’était donc demander le droit de cité, dont ils étaient le principe naturel ; cela est si vrai, que le jurisconsulte Modestinus définit le mariage de la manière suivante : omnis divini et humani juris communicatio .
Les premiers Pères, il est vrai, avaient noté dans la République comme imités de ces livres la recommandation exclusive et absolue de la poésie lyrique consacrée à la religion, le blâme de toute autre poésie, cette idée enfin de soumettre le chant et la musique à des juges désignés, aux conservateurs des lois, comme dans Israël, où des magistrats veillaient au choix des hymnes et au maintien des mêmes tons dans le chant. […] Aujourd’hui nulle érudition n’oserait déterminer la vraie forme du vers hébreu et le rhythme, non plus que le chant de cette poésie sublime.
Il y avait en moi, dans ces années, un trop-plein de sensibilité et d’enthousiasme, un besoin d’admirer et de pousser à l’idéal chaque objet de mon culte, tellement qu’il n’aurait pas été inutile, pour continuer de paraître vrai, que l’objet disparût presque aussitôt, et moi-même peu après.
Ce mot d’ennui, pris dans l’acception la plus générale et la plus philosophique, est le trait distinctif et le mal d’Oberman ; ç’a été en partie le mal du siècle, et Oberman se trouve ainsi l’un des livres les plus vrais de ce siècle, l’un des plus sincères témoignages, dans lequel bien des âmes peuvent se reconnaître.
On imprime de plus en plus, il est vrai, mais il ne se perdra rien de ce qu’on aura imprimé.
La vraie morale à en tirer, c’est, sans s’exagérer le présent, et tout en y reconnaissant bien des grossièretés et des vices, de ne jamais pourtant regretter sérieusement un passé où de telles monstruosités étaient possibles, étaient inévitables dans l’ordre habituel.
Mais la réaction qui continuait les enhardit ; voyant les jacobins poursuivis, immolés sans relâche et sans pitié, ils se hasardèrent à relever leur vrai drapeau et à combattre pour leur propre compte.
Témoin des farouches bizarreries du calvinisme, en butte lui-même aux calomnies de certains prédicants, il sépare de leur doctrine dure la vraie religion de Jésus, qu’il réduit à la croyance de Dieu, de l’immortalité, et à l’amour des hommes.
Dans un temps où nous sommes affligés de la plaie des Mémoires, où le vrai et le faux, l’authentique et l’apocryphe, se confondent de plus en plus et deviennent presque impossibles à discerner ; quand le moindre contemporain et témoin du drame impérial s’autorise de quelques souvenirs, qui tiendraient en peu de pages, pour recommencer la chronique générale et desserrer volume sur volume ; il est précieux de trouver un homme qui a vu longtemps et de près, qui a manié et surveillé les plus secrets ressorts, et qui raconte avec sobriété les seules portions dont il se juge bien instruit.
Sous la Restauration, on lui en aurait voulu de venir se montrer et nous dire ses railleries sur les dieux que de loin nous vénérions : il eût été un vrai trouble-fête ; on l’eût tancé, on l’eût fait taire, on l’eût appelé voltairien, on l’eût proclamé mesquin et arriéré : bien lui a pris de venir un peu plus tard.
La poitrine était peinte très-chaudement, avec des passages et des méplats tout à fait vrais.
Je ne sais de qui ; mais vrai, vivant, parlant, original.
Les quarante oies viennent de couronner une mauvaise pièce d’un petit Sabatin Langeac, pièce plus jeune encore que l’auteur, pièce dont on fait honneur à Marmontel, qui pourrait dire comme le paysan de Mme De Sévigné accusé par une fille de lui avoir fait un enfant : je ne l’ai pas fait ; mais il est vrai que je n’y ai pas nui ; pièce que Marmontel a lue à l’assemblée publique, sans que la séduction de sa déclamation en ait pu dérober la pauvreté ; pièce qui a ôté le prix à un certain M. de Rhulières, qui avait envoyé au concours une excellente satire sur l’inutilité des disputes, excellente pour le ton et pour les choses, et qu’on a cru devoir exclure pour cause de personnalités.
Si Raphaël avoit fait plusieurs tableaux d’un coloris aussi vrai et aussi riche, il seroit cité entre les plus excellens coloristes.
Quant aux avis des personnes intelligentes, il est vrai qu’ils peuvent empêcher les peintres et les poëtes de faire des fautes ; mais comme ils ne suggerent pas les expressions ni la poësie du stile, ils ne sçauroient suppléer au génie.
Nous dirons pourquoi tout à l’heure ; mais nous commençons par l’affirmer, sans craindre qu’on le nie ou qu’on le conteste : la critique vraie, — sympathique et sévère, — qui s’adresse au public de tous les lieux et de tous les temps, et non plus au petit public du carrefour ou du quart d’heure ; la critique, ce symbole d’ordre universel, est complètement étrangère à notre temps de mœurs lâches et d’individualités mesquines.
On sent, il est vrai, dans cette obscurité, l’étouffement d’une douleur, mais d’une douleur discrète et pour laquelle l’inconsciente a retrouvé la lucide conscience de ce qu’elle tait.
Il voit le capucin de l’Église romaine avec un dégoût, plein d’entrailles, il est vrai, car M.
Ceux qui viendront demain ne seront peut-être pas fâchés, si l’hiver ou la nuit dure encore, de retrouver, pour rallumer leur falourde ou leur lampe, quelques charbons sous nos cendres… » Certainement, tout cela est vrai, triste, bien tourné, joli dans sa tristesse, mais ne se verrait pas sans le commentaire préalable ; et dans ce Couvre-feu, puisque ainsi le livre est nommé, c’est le feu du titre qui serait couvert, c’est-à-dire sa lumière.
Il les juge un peu à la vapeur, mais aussi bien qu’un esprit attentif puisse faire dans ce lancé de locomotive ou de steamer que l’on appelle maintenant voyager, et en attendant la découverte d’un moyen d’observation supérieure en rapport avec la rapidité des voyages ; car la vapeur, qui nous donne la vitesse des aigles, ne nous en donne pas le regard… Quoi qu’il en soit, des notions exactes en bien des choses, mêlées à des souvenirs classiques dont nous aimerons toujours l’écho, un style animé, qui a quelquefois, il est vrai, comme une éruption d’épithètes, — mais certaines marques ne nuisent pas à certains visages expressifs, — telles sont tes qualités d’un livre sans prétentions et dont l’auteur, d’un goût parfait, ne s’exagère pas d’ailleurs la portée : « J’ai vu — dit-il — Athènes avec bonheur, Constantinople avec étonnement, le Caire avec une vive curiosité.
Le Romain, fier et courageux, voyant approcher les tyrans, choisit la mort pour barrière ; alors il crut avoir trouvé une ressource contre le malheur : et par un sentiment bizarre, mais vrai, le pouvoir de se donner la mort fit braver la mort même.
Tout ce que nous venons de dire, tout ce que nous allons dire encore, découle de cette définition que nous avons donnée dans les axiomes, du vrai et du certain dans les lois et conventions.
Mais ce sont les plus impies des hommes ; ils se moquent de la vraie religion, ils nous raillent nous autres chrétiens, parce que nous croyons tout dans l’Écriture… Il y a un mot en Italie qu’ils disent quand ils vont à l’église : « Allons nous conformer à l’erreur populaire. » « Si nous étions obligés, disent-ils encore, de croire en tout la parole de Dieu, nous serions les plus misérables des hommes, et nous ne pourrions jamais avoir un moment de gaieté ; il faut prendre une mine convenable et ne pas tout croire. » C’est ce que fit le pape Léon X, qui, entendant disputer sur l’immortalité et la mortalité de l’âme, se rangea au dernier avis. « Car, dit-il, ce serait terrible de croire à une vie future. […] Il y en aura d’autres ; supplices sur supplices, et les vrais martyrs à côté du vrai Christ, résignés, silencieux, avec le doux regard des premiers fidèles. […] » Ce sont là les vraies paroles de la loyauté et de la conscience. […] En revanche, et justement en vertu de cette même structure d’esprit, Taylor imagine les objets, non pas vaguement et faiblement par quelque indistincte conception générale, mais précisément, tout entiers, tels qu’ils sont, avec leur couleur sensible, avec leur forme propre, avec la multitude de détails vrais et particuliers qui les distinguent dans leur espèce. […] Comment le vrai sentiment religieux a-t-il pu s’accommoder d’allures si mondaines et si franches ?
Figurez-vous, dans cet air brumeux, parmi ces frimas et ces tempêtes, dans ces marécages et ces forêts, des sauvages demi-nus, sortes de bêtes de proie, pêcheurs et chasseurs, mais surtout chasseurs d’hommes ; ce sont eux, Saxons, Angles, Jutes, Frisons aussi13, et plus tard Danois, qui au cinquième et au neuvième siècle, avec leurs épées et leurs grandes haches, prirent et gardèrent l’île de Bretagne.Pays rude et brumeux, semblable au leur, sauf pour la profondeur de sa mer et la commodité de ses côtes, qui plus tard appellera les vraies flottes et les grands navires : la verte Angleterre, ce mot ici vient d’abord aux lèvres, et dit tout. […] Là il passait sa vie à écouter les morceaux de l’Écriture, qu’on lui expliquait en saxon, « les ruminant comme un animal pur, et les mettant en vers très-doux. » Ainsi naît la vraie poésie ; ceux-ci prient avec toute l’émotion d’une âme neuve ; ils adorent, ils sont à genoux ; moins ils savent, plus ils sentent. […] Encore celle-ci est peut-être trop relevée pour eux : « Cette fable apprend à tout homme qui veut fuir les ténèbres de l’enfer et arriver à la lumière du vrai bien, à ne point regarder ses anciens vices, de façon à les pratiquer derechef aussi pleinement qu’auparavant. […] Mais cet esprit exclu du sentiment du beau n’en est que plus propre au sentiment du vrai.
Le spectacle d’hommes remarquables par le caractère, l’intelligence, le talent, pensant différemment les uns des autres, se le disant vivement, rivaux sans doute, mais rivaux pas aussi implacables que ces généraux qui, en Espagne, immolaient des armées à leurs jalousies ; occupés sans cesse des plus graves intérêts des nations, et élevés souvent par la grandeur de ces intérêts à la plus haute éloquence ; groupés autour de quelques esprits supérieurs, jamais asservis à un seul ; offrant de la sorte mille physionomies, animées, vivantes, vraies comme l’est toujours la nature en liberté ; — ce spectacle intellectuel et moral commençait à saisir et à captiver fortement la France.
Thiers, disons-le à son honneur, et quels que puissent être ses regrets politiques, n’est point de ces esprits-là : il aime le vrai, le naturel ; il a le goût des faits, il en a l’intelligence ; il ne résiste pas à ce qu’il voit, à ce qu’il sait, et il le rend comme il le voit, sans aucune exagération et sans enflure.
Il est merveilleux de voir combien, en ce temps-ci, une idée vraie ou fausse, une fois trouvée, devient précieuse.
Je ne redirai pas ici comment l’amour si profond et si vrai qu’avaient les Romains pour la campagne ne les inclinait pourtant point à l’églogue pastorale ; c’était un amour mâle et pratique, tout adonné à la culture, et dont les loisirs mêmes, si bien décrits dans les Géorgiques, se ressentaient encore des rudes travaux de chaque jour.
Les anciens philosophes ont obtenu, dans leur temps, une réputation beaucoup plus éclatante que celle des modernes ; mais il n’est pas moins vrai que les modernes, dans la métaphysique, la morale et les sciences, sont infiniment supérieurs aux anciens.
La perfection de quelques-unes de ces poésies prouve, sans doute, le génie de leurs auteurs ; mais il n’en est pas moins certain qu’en Italie les mêmes hommes n’auraient pas composé les mêmes écrits, quand ils auraient ressenti la même passion ; tant il est vrai que les ouvrages littéraires ayant le succès pour but, l’on y retrouve communément moins de traces du caractère personnel de l’écrivain, que de l’esprit général de sa nation et de son siècle.
Quand vous avez fait, comme élève de William Schlegel, une Leçon sur la comédie ; quand vous avez écrit, comme émule de Jean-Paul, des Pensées sur la poésie comique, nous avons bien vu que vous vous moquiez du monde, assez maladroitement, il est vrai, avec un mélange d’idées graves et sensées qui plusieurs fois nous a fait douter de vos intentions ironiques.
Qu’il est vrai, vivant, ce bon Père, si profondément candide et jésuite à la fois !
Les autres œuvres françaises, d’un tour moins oratoire, représentent plus au naturel peut-être le vrai génie de Calvin.
Il est vrai que beaucoup de juristes, aujourd’hui, protestent contre le caractère mécanique de l’administration de la justice et réclament l’individualisation de la peine.
Cette expression n’était pas étrangère au poète ; toutefois, son air vrai fut plutôt cavalier et cape espagnole, ou bien encore paysan selon nos Joyeux Devis, moitié gothique, moitié renaissance.
Cette assertion seroit juste, si le premier principe étoit vrai, & si les inconvéniens qui résultent de la nécessité de faire entrer les termes techniques, tournoient à exclure le Poëme didactique de notre Littérature.
… ou plutôt Quengo Tadao… car il y a une défense d’indiquer les vrais noms des ronins, et ils sont représentés avec les noms défigurés qu’ils ont au théâtre. » Et disant cela, Hayashi avait le doigt sur la planche, où est imprimé, en couleur, un guerrier au casque bleu, au vêtement noir et blanc doublé de bleu, la tête baissée, les deux mains sur le bois d’une lance, un pied en l’air, un autre appuyé à plat sur le sol, et portant un furieux coup de haut en bas.
Grand sujet de curiosité pour les utopistes de tous les genres, — et, dans ce temps-là, le catholicisme n’en manquait pas, — une révolution à Rome, une révolution qui allait, croyait-elle, jeter la barque de saint Pierre dans les aventures, fit lever et rallia, comme le coup de trompette du Josaphat des vivants, tous les fous superbes de l’univers, tous les bohèmes de la fortune, de l’esprit et de la beauté pour les rasseoir, il est vrai, un peu rudement, quand la machine chargée par Lamennais, Gioberti et tant d’autres, éclata, mais montrant, à travers ses débris, Rossi poignardé, le Pape en fuite et Mazzini régnant dans Rome assiégée.
Puis, les Mémoires du cardinal de Bernis, qui, du moins, en dehors de la diplomatie, nous ont appris une chose qu’on ne savait pas : c’est que cette Babet la Bouquetière était, sous ses bouquets, un homme d’État, impossible, il est vrai, dans une monarchie impossible et qui frappait tout de son impossibilité.
Malgré le fléchissement des mœurs, l’abbé d’Olivet reste toujours, il est vrai, autant que Pélisson, l’homme de sa corporation littéraire, parlant d’elle devant elle, ce qui rappelle le mot si comique de Vernet dans le Père de la Débutante : « Ma fille, dites donc quelque chose de Monsieur à Monsieur !
— Eh bien, aujourd’hui, voici que Saint-Victor, impatienté, publie enfin un vrai livre, un livre avec son unité de sujet, de composition et de portée : — c’est Les Deux Masques, Il faut croire que l’on se taira, à présent !
Ils ont des mœurs plus sévères, plus détachées de ce globe, qu’ils foulent aux pieds les yeux au ciel, lorsqu’ils sont de vrais prêtres Même à part la vertu des sacrements, qui sont des efficacités et des puissances d’un ordre surnaturel, et dont nous n’avons pas à nous occuper ici, les prêtres ont plus d’obligations que nous et plus de tenue ; car la valeur humaine se mesure à l’étendue des devoirs.
Il fallait qu’un jour enfin l’ordre se refit et que la Reine fût la vraie maîtresse !
Il fallait qu’un jour enfin l’ordre se refit et que la Reine fût la vraie maîtresse.
La solution vers laquelle ils inclinent manifestement n’est pas la plus vraie, mais c’est la plus saine, la plus utile, surtout à cette heure, où nous sommes trop disposés à accorder plus d’influence aux choses qu’aux hommes, aux circonstances qu’à la volonté, et où nous donnons notre démission d’êtres libres et agissants, en faveur de je ne sais quelle commode et lâche fatalité.
Tous les fronts, il est vrai, ne sont pas également faits pour s’embellir des glorieux chevrons de la pensée, de ces rides qui vont bien aux talents éprouvés comme aux mâles visages.
c’est là assez, l’est-il pas vrai ?
», au lieu de nous donner de vraies lettres inspirées, comme Mesdames de Souza et de Staël savaient en écrire à ceux qui avaient le bonheur d’être aimés d’elles ou de leur plaire, — car on n’écrit bien les lettres qu’à ces conditions !
Dans ces cinq cent soixante pages, y a-t-il autre chose que des généralités vagues dans une excellente direction, il est vrai, mais n’aboutissant pas au conseil précis que le législateur veut entendre, puisque, dans la magnanimité de son intelligence, il vient s’asseoir là, devant vous ?
Lacombe, et rien n’est plus vrai.
Encore une fois, tel fut alors le mérite de l’Académie, et nous voulons le reconnaître, car il y a un autre mérite que nous lui aurions souhaité et qui lui manqua… Après cet éclair de bon sens, rare à l’époque où il brilla, et qui lui fit mettre au concours une question historique dont elle discernait très bien la portée, elle retomba bientôt sous la paralysie des préjugés ambiants et l’empire de cette philosophie dont elle repoussait les dernières conséquences, il est vrai, mais dont elle acceptait les premières, comme si la roue de l’inflexible logique, une fois en branle, s’arrêtait !
À la place de ces caricatures historiques, il y a la figure du grand homme, doux et inspiré, qui apprit aux Arabes la miséricorde et l’aumône, et dont le cimeterre, qu’il a fini par tirer dans les intérêts de sa foi, n’a pas aveuglé de son éclat Barthélemy Saint-Hilaire, puisqu’il a écrit fermement cette parole vraie : c’est que le livre du Coran a fait plus que le sabre pour la domination du monde.
Il est vrai que malheureusement je tenais, pour mon compte, aux coquilles de l’huître autant qu’à la perle.
Pour notre compte, nous aimerions mieux, il est vrai, une origine moins connue et moins authentiquée.
Pour moi — et c’est à cette observation que je veux en venir, — il est une sorte d’hommes qui me semblent tout désignés pour assumer d’aussi hautes fonctions : l’élite, la vraie et forte élite, dans chaque nation.
Il fut président et trésorier de France à Poitiers, et de plus orateur, poète, jurisconsulte, historien, servit sous quatre rois, fut sur le point d’être secrétaire d’État sous Henri III, mérita l’estime et l’amitié de Henri IV, se distingua aux États de Blois par son courage, à l’assemblée des notables de Rouen par ses lumières, dans une place d’intendant des finances par son intégrité ; et mêla toute sa vie l’activité courageuse des affaires, à ce goût des lettres que l’ignorance et quelquefois la prévention calomnient, que les vrais hommes d’état estiment, et qui donne encore plus de ressort et d’intrépidité aux âmes nobles.
. — Garde des limites, des ordres politiques, des lois La succession constante et non interrompue des révolutions politiques liées les unes aux autres par un si étroit enchaînement de causes et d’effets, doit nous forcer d’admettre comme vrais les principes de la Science nouvelle.
À dire le vrai, il n’a pas de parties ; bien qu’il cède à la fois à des expansions opposées, il est unique, il va seul et pur, il passe par tous les points et les justifie en les touchant. […] La logique vraie n’est pas l’enchaînement de propositions séparées, mais la croissance, le grossissement, l’enrichissement perpétuels d’une seule vérité, en quoi toutes les autres peu à peu semblent éclore. […] Ne serait-il pas le vrai chef-d’œuvre du symbolisme ? […] Il est vrai que c’est encore de grands élans de plaisir que s’anime cette musique ; tout le délice espagnol coule entre les bords du poème. […] Ses paroles quand il rencontre la vraie Isabelle, cette sorte de lassitude polie que tout de suite il oppose à ses provocations, indiquent assez combien il souhaitait peu cette entrevue tant recherchée.
La vraie date authentique de ces poèmes néo-grecs de M. de Vigny est celle de leur publication, et il n’y a pas lieu, pour l’historien littéraire qui tient à être exact, de recourir aux dates antérieures et un peu arbitraires que le poète a cru devoir leur assigner depuis. […] Quoique bien novice et inexpérimenté alors en matière d’histoire et en jugement politique, quoique mal édifié sur la vraie grandeur de Richelieu, j’en savais assez déjà pour relever dans cet ingénieux roman la fausseté de la couleur, le travestissement des caractères, les anachronismes de ton perpétuels : non, quoi que de complaisants amis pussent dire, non, ce n’était pas là du Walter Scott français ; M. de Vigny n’eut jamais, pour réussir à pareil rôle, la première des conditions, le sentiment et la vue de la réalité, — j’entends aussi cette seconde vue qui s’applique au passé. […] Le discours de réception de M. de Vigny à l’Académie française est devenu le sujet de mille commentaires et presque d’une légende : étant parfaitement informé de tout ce qui se rapporte à cet événement littéraire, je demande à dire ce que je sais, en invoquant au besoin d’autres témoins qui pourront dire si je m’écarte en rien du vrai et si j’exagère.
Sous cet effort, elle s’affaiblit, elle s’atténue, elle n’est plus qu’une ombre ; nous l’appelons image, fantôme, apparence, et, si vive ou si claire qu’elle puisse être, il suffit de cette négation qui lui est jointe pour la vider de sa substance, pour la déloger de son emplacement apparent, pour la distinguer de la vraie sensation. […] Baillarger rêva une nuit que telle personne était nommée directeur d’un certain journal ; le matin, il croyait la chose vraie et en parla à plusieurs personnes, qui apprirent la nouvelle avec intérêt ; toute la matinée, l’effet du rêve persista, aussi fort que celui d’une sensation véritable ; vers, trois heures seulement, comme il montait en voiture, l’illusion se dissipa ; il comprit qu’il avait rêvé ; ainsi le groupe réducteur n’avait repris son ascendant qu’au bout d’une demi-journée. — À cet égard, la minutie et l’intensité d’une image volontaire ont parfois la même puissance que le rêve. […] Ce dernier fait était vrai. » L’idée de la chronologie et de l’ordre des siècles s’était effacée et ne faisait plus son office habituel.
Un vrai tempérament poétique n’en manque jamais. […] Quel triste contraste que celui de la grande ville affairée, indifférente, et d’un homme seul poursuivi par une douleur vraie ! […] Y eut-il jamais accent plus vibrant et plus vrai ?
Je ne m’en glorifie pas, car il n’y a point de gloire dans le hasard ; mais je m’en suis toujours félicité, car la poésie et la beauté ont été toujours à mes yeux les vraies noblesses des femmes. […] « Apprenez, dit-il à un de ses admirateurs, une chose incroyable et pourtant vraie : c’est que j’ai livré aux flammes (vulcano) plus d’un millier de poèmes épars ou de lettres familières ; non pas que je n’y trouvasse de l’intérêt et de l’agrément, mais parce qu’ils contenaient plus d’affaires publiques ou domestiques que d’agrément pour le lecteur ! […] « On ne voudra pas me croire, mais ce que je dis est vrai.
On voyait que le père de famille ne s’établissait pas d’une manière permanente dans le domicile où la mort était venue lui ravir la meilleure moitié de lui-même, mais qu’il se tenait prêt à partir aussitôt qu’il plairait à Dieu, et que ses enfants, dont il était tout à la fois le père et la mère, pourraient se passer de lui ; son vrai séjour était au cimetière d’Andillac, où il allait entendre la messe tous les matins, les genoux sur la pierre de sa femme. […] c’est bien vrai ; mon cœur n’est pas muet au milieu de ces agonies, et ne sent que plus vivement tout ce qui lui porte vie. […] « D’où me peuvent venir, en effet, que d’en haut tant de choses tendres, élevées, douces, vraies, pures, dont mon cœur s’emplit quand je te parle !
C’est dans ce lieu que, pour la première fois, je vis, sous son vrai jour, toute la force de la tendresse paternelle chez les oiseaux ; c’est là que j’étudiai les mœurs du pewee ; c’est là que j’appris, de manière à ne plus l’oublier, que détruire le nid d’un oiseau ou lui arracher ses œufs et ses petits, c’est un acte d’une grande cruauté. […] Cette règle d’observation, je l’ai toujours reconnue à la preuve, pour être réciproquement vraie, comme on dit en arithmétique : qu’on me donne la nature d’un terrain quelconque, boisé ou découvert, haut ou bas, sec ou mouillé, en pente vers le nord ou vers le sud, et quelle qu’en soit la végétation, grands arbres, essences spéciales ou simples broussailles ; et d’après ces seules indications, je me fais fort de vous dire, presque à coup sûr, quelle est la nature de ses habitants. […] Il m’assura que le bruit que j’avais fait en traversant le bayou l’avait empêché de tuer un beau daim. « Il est vrai, ajouta-t-il, que mon vieux mousquet rate bien souvent. » Les fugitifs, quand ils m’eurent confié leur secret, se levèrent tous deux de leur siège, et les yeux pleins de larmes : « Bon maître, au nom de Dieu, faites quelque chose pour nous et nos enfants !
« C’est pourquoi, la tête inclinée devant vous, j’ai craint de proférer jusqu’ici devant vous ma pensée ; « Car j’espérais que l’âge, qui a le droit d’être prolixe de paroles, parlerait à ma place, et que le grand nombre des années multipliait et enseignait la vraie philosophie (la sagesse). […] Mais c’est par là aussi qu’elle éprouve la douleur toute intellectuelle de sa condition d’ici-bas et qu’elle prend l’horreur de cette existence, la passion d’en sortir, l’amour de la vraie vie, de la liberté, de l’immortalité, de l’éternité de Dieu enfin, jusqu’au désespoir, jusqu’au délire, jusqu’au suicide. […] Ces idées sont pour moi vraisemblables ; mais sont-elles vraies ?
En public, il ne mange pas… c’est vrai ! […] J’arrive à une anecdote, quelque peu apocryphe peut-être, mais qui est fort populaire, et si répandue qu’elle est devenue plus vraie qu’une vérité ; la voici : M. […] Muret a dernièrement failli se marier ; bien que l’anecdote, vraie suivant les uns, soit apocryphe suivant les autres, je la rapporte : L’auteur du Chevalier de Saint-Pons avait loué de moitié avec un peintre de ses amis un appartement dans un quartier très retiré. […] Était-ce le vrai Drouineau, ou bien un mystificateur ? […] Le secrétaire, enthousiasmé du succès de son œuvre, ne trahit pas, il est vrai, le secret qui avait présidé à l’enfantement du livre, mais il songea qu’il valait mieux clouer son nom au front de ses œuvres, que de les voir retentir sous celui d’un autre, fût-ce une princesse.
« Pour moi, disait Vaugelas, je révère la vénérable Antiquité et les sentiments des doctes ; mais, d’autre part, je ne puis que je ne me rende à cette raison invincible, qui veut que chaque langue soit maîtresse chez soi, surtout dans un empire florissant et une monarchie prédominante et auguste comme est celle de France. » Vaugelas, bien d’accord en cela avec lui-même, pensait que « la plus grande de toutes les erreurs, en matière d’écrire, était de croire, comme faisaient plusieurs, qu’il ne faut pas écrire comme l’on parle. » Il est vrai que cette maxime d’écrire comme l’on parle doit être entendue sainement, selon lui, et moyennant quelque explication délicate. […] L’orateur Calvus, chez les anciens, nous est représenté comme atteint de cette superstition qui le faisait ressembler à un malade imaginaire : pour trop craindre d’amasser du mauvais sang, on se tire des veines le plus pur et le meilleur. — Il compare encore ces écrivains uniquement élégants, qui prennent tant de peine aux mots, aux nombres, et si peu à la pensée, à ceux « qui s’amusent à cribler de la terre avec un grand soin pour n’y mettre ensuite que des tulipes et des anémones » ; belles fleurs, il est vrai, agréables à la vue, mais de peu de durée et de nul rapport.
. — Cela est tellement vrai, que si, contrariant la tendance naturelle des images à répéter l’ordre des sensations, je fais effort pour remonter la série à rebours, je puis, après des sensations postérieures, évoquer en moi les sensations antérieures, sitôt que je tombe sur le point de contact où elles touchent celles qui les ont suivies. […] Elle ne pouvait désigner aucune chose par la vraie dénomination, et, en essayant de le faire, elle commettait les plus singulières méprises.
Il produit des émotions et des images, non des idées : et il ordonne, il exprime ces émotions et ces images, non pas selon la loi du vrai, mais selon la loi du beau. […] A vrai dire, ces choses-là ne sont presque plus de la littérature : on en est enchanté dans la mesure justement où l’on est sensible à la peinture.
Notes sur Lohengrin Mes succès comme « compositeur d’opéra » reposent, en grande partie, sur un malentendu qui rend directement impossible le vrai succès, le seul que je souhaitais. […] Le vrai drame, l’évolution qui mène de la foi au doute, se passe en dehors de lui.
ce n’est pas flatté, mais c’est si vrai. […] La rime et la gaudriole, ça excuse, ça autorise les choses les plus cochonnes ; — mais que si vous vous avisez de parler en prose et de tenter le cru, le vrai, le philosophique : les Legonidec sont là.
L’explication des folkloristes est que la belette, étant un animal dont on a peur, on ne prononce jamais son nom, car, croyance universelle, quand on parle du loup, on en voit la queue, quand on invoque le diable, le diable paraît ; prononcer le vrai nom de la belette, c’est attirer la méchante bête et c’est aussi, par cela même, la contrarier, puisqu’on la dérangée, l’exciter à la dévastation. […] Il m’est agréable de rencontrer l’idéalisme verbal à l’état de tradition populaire et j’admets d’autant plus volontiers l’explication qu’elle n’explique rien, — en ce sens qu’il reste à nous faire comprendre comment le même euphémisme se retrouve dans les temps et les pays les plus éloignés ; il reste aussi à découvrir les vrais noms de la belette, si nous n’en sommes plus, comme les Grecs, à la confondre avec le chat.
La parole imaginaire est surtout intéressante à titre de transition, de moyen terme, entre la parole extérieure et cet élément vocal de la pensée réfléchie qui est la vraie parole intérieure ; elle nous permet de rattacher celle-ci à son premier modèle et de remonter à ses origines. […] D’autres fois, non contente d’être à la base de l’édifice, la mémoire en a construit elle-même les premiers étages sans le secours de l’imagination ; d’autres fois enfin, l’édifice tout entier est mémoriel, et l’imagination n’y a aucune part ; il est vrai qu’alors l’édifice est toujours de dimensions restreintes, car l’énergie constructive de la mémoire est assez faible.
Le propre de Nodier, son vrai don, était d’être inévitablement aimé.
Ou la morale serait une idée fausse, ou il est vrai que plus on s’éclaire, plus on s’y attache.
Il n’y a là-dedans, de vrai, que la première assertion.
Il y a peu de gens qui aient le courage d’avouer que, bien comprises, ces règles valent encore aujourd’hui, et que les plus indépendants, s’ils ont un vrai sentiment de l’art, suivent d’instinct les lois qu’ils méprisent par théorie.
Dans les querelles des Jésuites et des Jansénistes, de Bossuet et de Fénelon, le vrai vaincu est la religion.
Il est vrai que plus tard, lorsqu’il vit le public s’intéresser à ce Shakespeare que lui-même avait révélé, le vieux classique qui était en lui se révolta.
« Elle aime toujours son cher Philadelphe ; il est vrai qu’afin de faire vie qui dure, ils ne se voient pas si souvent : au lieu de douze heures, par exemple, il n’en passe plus chez elle que sept ou huit.
Les raisonnements que l’on poursuit à leur occasion peuvent être justes ou erronés, mais elles-mêmes ne sont ni vraies, ni fausses, elles existent.
Le livre sera reproduit ainsi comme un objet de lecture réelle sur lequel se seront fixés des yeux humains froids, souriants, émerveillés, hagards, ou à demi clos d’une douleur qui se contient, yeux d’hommes las de vrais spectacles, limpides ou cruels yeux de femme, yeux ternes des oisifs, yeux lumineux d’adolescent qui, se durcissant aux fictions, s’accoutument à la vie.
Jamais un vrai poëte, jamais le Tasse, Despréaux, Racine & Pope, n’eurent de pareilles idées.
Les autres négociations qui suivirent, comme, par exemple, le mariage de Louis XIV et le traité des Pyrénées, quoique plus heureuses et plus brillantes, n’eurent pas, non plus, en ce qui concerne Lionne, le caractère d’action et de domination personnelle qui rapporte à un homme cette espèce de gloire qui est la vraie gloire, et qu’on ne partage avec personne… Lionne a toujours partagé avec quelqu’un… J’ai dit les facultés qu’il avait ; mais les résultats auxquels il arriva par elles ne furent jamais en équation avec ces facultés.
La Critique pose donc ici un desideratum, qui est une vraie condamnation.
… Fersen, jusqu’à cette heure, n’avait, dans l’histoire, qu’une place mystérieusement éclairée d’un jour faux, et c’est sur cette place que ce livre va verser un jour vrai… Il a été recueilli par un homme du noble sang de Fersen et fier de son lignage ; et certainement, et avant tout, cet homme aura pensé à ce qui fait l’honneur de son illustre parent, à ce dévouement qu’il montra au Roi et à la Reine de France, abandonnés, captifs, et finalement traînés à l’échafaud par leur peuple !
Ce n’est, il est vrai, que la première partie d’un ouvrage qui doit embrasser, sous un titre plus vaste, toute l’histoire de cette maison de Saint-Cyr, d’abord maison royale, ensuite maison militaire ; mais ce fragment lui-même est un tout qui a sa plénitude et sa rondeur.
Mais il ne faut pas surtout, quand on est un esprit fait, de constitution normale, pour le vrai, comme Corne, prendre ces pipeaux enflés des troubadours contemporains pour la voix de la vérité.
Dans ce livre de M. de L’Épinois, nous n’avons point affaire, il est vrai, à un historien complet de l’Église, qui ait retracé, comme Rohrbacher, en de vastes proportions, le tableau synthétique de l’Église catholique dans son dogme, ses doctrines, ses mœurs et les majestueuses personnalités de ses pontifes, de ses grands hommes et de ses Saints.
Il est vrai que depuis le prince de Ligne, et même depuis de Champagny, nous· avons vécu, ce qui a permis à l’auteur d’À travers l’Antiquité d’employer une langue plus verte et plus crue… Seulement, langue à part, ce que ne pouvaient avoir ni Renan, le Brid’oison du doute, ni de Champagny, du faubourg Saint-Germain, où l’on n’est guères Gaulois, si on y est Français, c’est la plaisanterie !
Mais sous cette crapule, la passion — la passion hideuse, il est vrai, mais au moins la passion, — existait, tandis que nous ne sommes plus — nous et nos livres — que de la pourriture puant dans de la glace.
Il est vrai que ce n’est pas chez beaucoup de gens !
Il n’a pas, il est vrai, l’audace hypocrite de ce révolté, ni sa violence, ni sa rétorsion de dialectique, ni le scandale qui fut sa gloire, ni saint Bernard qui fut son adversaire ni Héloïse… ni ce malheur inexprimable ici et pleuré par les grisettes, et dont sa philosophie ne l’a pas consolé.
Il est vrai que l’amour de Dieu est l’amour que nous comprenons le moins de tous les amours mystérieux du cœur de l’homme… Mais voyons, messieurs les penseurs !
On le voit suffisamment à ces dessins si vrais dont l’ouvrage de l’abbé Brispot est orné, et qui en rendent la gravité et plus aimable et plus touchante ; que disons-nous ?
… Ainsi quelques-unes des parties du Samson, la Reconnaissance de Joseph par ses frères, le Jugement de Salomon, — où la vraie mère a une manière si passionnée de se jeter et de se traîner sur les genoux devant l’homme qui va fendre son enfant d’un seul coup de sabre, — mais dont le dessinateur se souviendra trop dans la Mort d’Athalie.
Rappelez-vous, si vous le pouvez, les articles de madame Sand (qui n’est pas, il est vrai, plus matérialiste qu’autre chose), et ceux de plusieurs autres phrasiers philosophiques comme elle, sur l’extrême convenance qu’il y aurait maintenant à brûler les morts au lieu de les enterrer ; pauvres articles, du reste, qui n’étaient, après tout, que de l’archéologie païenne et de l’impertinence contre l’Église !