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2156. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

Théophile Gautier, qui occupe aujourd’hui (1839) un des premiers rangs dans l’école des images et de l’art pour l’art, dans l’école prolongée et renouvelée de M. […] Je conçois un talent de peintre passé à la poésie, et s’en repentant, et par moments regrettant son premier art à la vue de l’inexprimable beauté : Artistes souverains, en copistes fidèles Vous avez reproduit vos superbes modèles !

2157. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XX. Du dix-huitième siècle, jusqu’en 1789 » pp. 389-405

Les philosophes anglais, connus en France, ont été l’une des premières causes de cet esprit d’analyse qui a conduit si loin les écrivains français ; mais, indépendamment de cette cause particulière, le siècle qui succède au siècle de la littérature est dans tous les pays, comme j’ai tâché de le prouver, celui de la pensée. […] Mais si l’art social atteint un jour en France à la certitude d’une science dans ses principes et dans son application, c’est de Montesquieu que l’on doit compter ses premiers pas.

2158. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau, et Joseph Saurin. » pp. 28-46

D’ailleurs Rousseau avoit avoué que les cinq premiers couplets étoient de lui. […] On ne voit, dans Rousseau, qu’un des premiers poëtes de la nation, un poëte victime peut-être de la jalousie.

2159. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

Mais il est parti de l’étude des œuvres complexes, il a négligé les cas simples, et il a donné pour premier temps de l’état émotionnel un sentiment d’exaltation neutre qu’il serait plus légitime d’attribuer au moment de la perception. […] La connaissance des premières têtes suffira dès lors pour connaître le troupeau, la connaissance de la tête pour connaître l’individu.

2160. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIV. L’auteur de Robert Emmet »

Qu’il suffise aujourd’hui de savoir que c’est une femme, une chausse bleue comme Mme de Blocqueville, dont je vais parler après elle, et qui, elle, s’est nommée à son premier livre, car les femmes ont mis la hardiesse, à la place de la pudeur, dans leur envahissement de la littérature. […] Et en effet, cet éternel ruminement sur Lord Byron d’une mémoire qui a deux estomacs et, qui remâche tout ce qu’elle a avalé, finit par être terriblement impatientant… On s’attend toujours, en ces Premières et Dernières Années de lord Byron, à une notion inconnue qui va paraître, à un aperçu, si petit qu’il soit, qui va jaillir et rien ne vient !

2161. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Chamfort »

Chamfort, comme le xviiie  siècle, qui se fit bâtard autant qu’un siècle peut se faire tel, en rompant avec les traditions de son histoire, n’a point, au fond, de notion première : la notion du bien et du mal. […] Or, sans vue première sur l’humanité, toute supériorité qui veut juger les hommes périt étouffée dans un horizon sans lumière.

2162. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Paix et la Trêve de Dieu »

La Paix et la Trêve de Dieu, histoire des premiers développements du Tiers État par l’Église et les Associations. […] Il avait organisé des duels splendides au premier et au dernier sang, élargissant devant la mort la personnalité humaine, et entraînant des tourbillons d’amis dans un cercle chevaleresque de dévouements et de dangers.

2163. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Si j’avais une fille à marier ! » pp. 215-228

Matérialiste autant qu’il puisse l’être de doctrine et d’inspiration première, Weill, qui n’est pas un philosophe à une philosophie, mais un philosophe à plusieurs, n’est pas seulement matérialiste par le fond réel de son livre ; il prétend être encore spiritualiste par l’intention et par le détail. […] À force de regarder sa fille et d’attendre à l’horizon le gendre qui doit y apparaître, il ne voit plus, moraliste raccourci, les autres jeunes filles d’un monde très compliqué, très varié, plein de vocations différentes, et que le seul mariage n’explique pas comme au premier jour de la création.

2164. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Femme au XVIIIe siècle » pp. 309-323

Je crois même que si on remontait jusqu’à cette Femme au xviiie  siècle, leur meilleur livre pourtant, on pourrait y retrouver quelque chose des premiers linéaments, des premiers traits de ce réalisme dont ils ont été les générateurs, et le dégager de ce livre où il n’apparaît pas encore avec cette netteté qui viole le regard… L’abus du détail, l’accumulation des infiniment petits dans la description effrénée, illimitée, aveuglante, qui tient toute la place de l’attention et qui prend celle de la pensée, la matérialité plastique exagérée et impossible en littérature, on pourrait, en cherchant bien, trouver tout cela dans cette Femme au xviiie  siècle, qui, quand elle fut publiée pour la première fois, a passé sans qu’on y vit tout cela.

2165. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Eugène Pelletan » pp. 203-217

Il était enfin un des plus brillants jeunes premiers de cette démocratie qui ne s’est pas embellie en vieillissant, et dont je dirais qu’il est à présent un des pères nobles, s’il y avait des pères nobles en démocratie. […] Lamennais n’avait-il pas son apostasie pour se faire pardonner, par Pelletan, l’éclat de son sacerdoce et la grandeur des premières années de sa foi et de son génie ?

2166. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Jules Soury. Jésus et les Évangiles » pp. 251-264

Renan, quand il arriva à la Vie des Apôtres, sentit bien que ce cri ne recommencerait pas… Il ne frappait alors que sur un tambour défoncé, qu’il avait crevé dès son premier coup de baguette. […] On est entré, du premier pas, d’une telle roideur dans le fanatisme de la haine, qu’on ne peut s’avancer d’un degré de plus dans la frénésie à froid du mensonge et dans le souillement des choses sacrées… Avoir vécu vainement dix-huit cents ans de Christianisme et d’Histoire, pour se retrouver, à la fin de ce xixe  siècle, qu’ils disent lumineux, de l’opinion de la canaille romaine et des plus atroces empereurs de cette canaille sur le compte des Juifs et des chrétiens, c’est encore moins fort d’absurdité et moins transcendant de sottise impudente, que d’avoir posé comme un fait scientifique et démontré la honteuse et humiliante folie du céleste Rédempteur du genre humain.

2167. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « MM. Delondre et Caro. Feuchtersleben et ses critiques. — L’Hygiène de l’âme » pp. 329-343

Caro, du moins d’éducation et de tendance première. […] , depuis ce premier moment, qui n’était pas une aurore puisqu’elle n’a été suivie d’aucun jour, ç’a été toujours la même chose pour M. 

2168. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Guizot »

Et tel Guizot, il faut bien le dire… Son idée première, dans ce livre qu’il aurait bien pu ne pas publier, est assurément Calvin et Duplessis-Mornay. […] Nous n’avons que les deux premiers et le premier volume de l’ouvrage, mais ce que nous avons fait pressentir ce que nous aurons par la suite.

2169. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Ernest Hello »

III À son originalité dans la conception de son livre qui tient à ses idées premières, aux assises mêmes de son esprit, et qu’il met audacieusement, pour la première fois, sous cette forme difficile du conte, pour les faire mieux briller sous cette forme vivante, comme on retourne et l’on fait jouer un diamant à la lumière du jour pour l’épuiser de tous ses feux, Ernest Hello ajoute aujourd’hui une originalité qui n’est plus celle de ses idées, mais de leur expression et de la vie spéciale qu’il sait leur donner, et il obtient ce résultat superbe que l’exécution de l’artiste vaut la conception du penseur ! […] Le dénouement de ce drame psychologique qui vient s’accomplir à l’œil nu, a fait nommer ce sombre conte du mot de Dieu au premier fratricide, mais quel est ce dénouement, au moins aussi étrangement ingénieux et formidable que celui de Ludovic ?

2170. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Maurice de Guérin »

Ici je viens pleurer sur la roche d’Onelle De mon premier amour l’illusion cruelle ; Ici mon cœur souffrant en pleurs vient s’épancher… Mes pleurs vont s’amasser dans le creux du rocher… Si vous passez ici, colombes passagères, Gardez-vous de ces eaux : les larmes sont amères ; parce que de Guérin a quelques-uns de ces vers finis parmi les vers non finis, mais charmants dans leur ébauche, qu’il nous a laissés, il n’est pas pour cela le jumeau posthume d’André Chénier dans un genre différent, et l’appeler l’André Chénier du panthéisme est même une expression contradictoire. […] Sans doute, aux premiers coups qu’il donna de cette plume qui est un pinceau, il rappela l’homme qu’il avait d’abord aimé.

2171. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « José-Maria de Heredia »

On est déjà au bout de l’édition ; et, en attendant le second volume, il en faut une seconde du premier… C’est un succès dont la fatuité d’Alphonse Lemerre, qui doit avoir la fatuité d’un homme heureux, pourrait cependant s’étonner. […] Sur le chemin de cette histoire projetée, il a rencontré le sublime bonhomme, pur comme un croisé des premières croisades, net de l’or qui avait taché tant de mains et corrompu jusqu’aux épées, et il a fait avec lui accointance.

2172. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Alfred de Vigny »

Quoiqu’il fût incommutable de génie, il perdit de son inspiration première. […] Elles ne révèlent pas un de Vigny — Zénon inconnu et sorti du de Vigny — Coleridge et Milton des premières années.

2173. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Gogol. » pp. 367-380

Charrière, un homme du premier ni du second ordre, que Nicolas Gogol, l’auteur des Ames mortes. […] Ce livre a été publié en deux parties et à deux époques, mais la première est la plus curieuse, car le satirique, dans cette première partie, l’est sans esprit de retour ; il brûle son vaisseau, et, dans la seconde, il fait l’effet d’arranger les planches d’une barquette pour s’en revenir !

2174. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXV. Avenir de la poésie lyrique. »

La terre où le sentiment chrétien a tant de ferveur, où la règle religieuse a tant de puissance, est aussi le pays où, comme dans l’Asie et dans l’Europe chrétienne des premiers siècles, l’esclavage domestique, la vente, l’asservissement physique de l’homme sont encore maintenus. […] Quand un idiome a vieilli sur son sol natal, ou que, défiguré dans son passage sous un ciel nouveau, il a perdu l’instinct délicat de sa forme première, sa grâce ou son énergie ; qu’il n’est plus en rapport avec le monde troublé et nouveau dont il est entouré, il n’importe : l’éclair de l’esprit, l’émotion de l’âme se fait jour par toute voie laissée à l’intelligence ; et le génie de l’architecte brille encore dans l’imperfection des matériaux mutilés ou à peine dégrossis qu’il emploie.

2175. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Quand on visite à pied le pays, une chose frappe au premier coup d’œil. […] Quand elle s’égarait en ces souvenirs, indissolublement liés à l’éveil de sa première jeunesse, quand elle se rappelait tant d’enthousiasmes, tant de joies folles, qui alternaient avec les scènes de terreur, sa vie semblait renaître tout entière. […] Je laissai ainsi bifurquer mon premier amour, comme plus tard je laissai bifurquer ma politique, de la façon la plus maladroite. […] Ils ont senti que les duretés que je lui disais n’étaient qu’apparentes, et qu’au premier sourire d’elle, je faiblirais. […] Voilà pourquoi j’aime à penser à ces bons prêtres qui furent mes premiers maîtres, à ces excellents marins qui ne vécurent que du devoir ; à la petite Noémie, qui mourut parce qu’elle était trop belle ; à mon grand-père, qui ne voulut pas acheter de biens nationaux ; au bonhomme Système, qui fut heureux puisqu’il eut son heure d’illusion.

2176. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 novembre 1885. »

Nous sommes dans un paysage printanier, au milieu d’une prairie parsemée des premières fleurs, à la lisière d’une forêt ombreuse, d’où s’échappe une source claire. […] La scène se transforme comme au premier acte. […] Pendant qu’il l’élève au-dessus de sa tête, la coupe se colore comme au premier acte, mais d’un rouge plus ardent. […] Ces impressions premières sont inexactes. […] Deux choses sont particulièrement nouvelles, la grande étude sur Parsifal, ici publiée ; et, en tête du premier volume, deux pages, un « Avant-propos de la deuxième édition », qu’aussi nous citerons intégralement, en laissant toujours à l’auteur toute la responsabilité de ses théories.

2177. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Est-ce que je suis condamné à demeurer, toute ma vie, l’homme qui a publié son premier livre, le jour du Coup d’État ? […] Jeudi 16 février Aujourd’hui, au milieu du malaise de la grippe, j’ai écrit le titre du premier chapitre de mon roman de « Tony Freneuse » (Chérie). […] Puis, malgré lui, l’écrasant succès de ses premiers livres, est l’empoisonnement de sa carrière future. […] Cependant il ne peut s’empêcher de proclamer, qu’il y a des choses qui sont bougrement bien, dans le rôle de Blanche : « Attendez, je ne me rappelle plus les vers, mais ce “Je t’aime” du premier acte, c’est vraiment pas mal. » — Oui, là est la création de la pièce, jette Daudet. […] Ce soir, il nous peint, au moment de l’arrivée d’une petite manicure bossue, une maison de la rue d’Edimbourg, une de ces maisons, peuplées de bas en haut, de cocottes, depuis la cocotte du premier au coupé au mois, jusqu’à la cocotte cherche-dîner sur le boulevard, des étages supérieurs.

2178. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse sociologique »

Ces théories sont probables ; avec de nombreux tempéraments que l’expérience suggèrera, il est possible qu’on finisse par en reconnaître la vérité ; elles ne nous semblent, par contre, ni justes dans leur rigueur, ni exactement vendables, ni par conséquent d’une certitude telle dans l’application, qu’on puisse en tirer parti, comme d’une méthode d’investigation historique ; il nous sera permis de formuler ces opinions en toute liberté, malgré le respect et l’admiration que nous éprouvons pour un des premiers penseurs de ce tempsdb. […] Herber Spencer qui, dans ses Principes de Biologie dh ne distingue l’être vivant de l’être inanimé que par la tendance plus grande du premier à s’adapter aux circonstances extérieures, nous paraissent entièrement défectueuses. […] Ce manque d’universalité dans les goûts est d’autant plus accusé que les admirations sont plus vives, fait dont le contraire paraîtrait à première vue plus vraisemblable, et qui s’explique seulement si l’on considère l’admiration comme formée par une sorte d’adhésion, de dévouement, par la reconnaissance de soi-même en autrui. […] Hennequin est un des premiers à poser précisément la question du devenir de l’œuvre et de l’appréciation changeante de sa valeur. […] Les « études de fortune », devenue par la suite « études de réception », sont les héritières de ces premières réflexions psycho-sociologiques sur la notion de « public ».

2179. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Ce premier moteur non mû, nous sommes donc forcés de nous le figurer comme incorporel. […] Ce premier degré consiste en ce que nous contemplons l’ordre réalisé, l’harmonie réalisée. […] Cet amour du beau restera en lui, de ce premier ébranlement et de cette première secousse. […] Il se trompe en croyant qu’il a l’agréable pour premier objet et prochain et unique. […] Et elle est très sévère sans qu’il y paraisse au premier abord.

2180. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Quelque temps après il se rendit à Ferney, et instruisit Voltaire de l’effet des premières représentations de L’Orphelin de la Chine. […] Ses premiers mots devaient être ; « Généreux inconnu, vous n’avez point combattu pour une criminelle : je suis innocente. […] C’est ce qui arrivait souvent à la comédie, surtout les jours de première représentation. […] Rousseau, dans ses Confessions, avoue que ce fut là sa première folie. […] Ce premier coup d’œil ne produit pas l’amour, mais il lui prépare les voies, et l’aide beaucoup à naître.

2181. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVII » pp. 186-187

En France on a senti cela d’instinct ; tout ce qu’il y a eu de généreux, de sain et d’intègre s’est du premier jour révolté contre eux ; et comme Ordre, je ne sais qu’un éloge qu’on pourrait leur donner avec vérité : il faut les louer de toutes les vertus qu’ils ont suscitées et fomentées contre eux par leur présence. » Il nous semble qu’un tel jugement est acquis à l’histoire et subsistera, nonobstant tout ce que pourra réclamer d’adoucissements particuliers et d’égards l’apologie sincère écrite par un individu vertueux.

2182. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dumas, Alexandre (1824-1895) »

Maurice Tourneux Il avait à peine dix-huit ans quand la Chronique, revue mensuelle (1842), inséra ses premiers vers, réimprimés depuis dans un recueil de poésies, intitulé d’abord Préface de la vie, puis Péchés de jeunesse (1847).

2183. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 256-257

Les hommes, en général, n’approfondissent jamais rien ; l’illusion, la flatterie, les décident ; & par-là le bon goût & la Littérature trouvent leurs premiers destructeurs dans ceux qui pourroient le plus aisément en soutenir les droits & en perpétuer la gloire.

2184. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 18-19

Ses premiers hommages furent consacrés à Madame de Caylus : ce sont aussi les plus jolis Vers * qu’il ait faits.

2185. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 403-404

Son Oraison funebre du Cardinal de Fleury, est un chef-d’œuvre en même temps qu’elle fut son premier essai : les critiques qu’on en a faites n’ont servi qu’à en relever les véritables beautés.

2186. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 523-524

Nous n’en parlons que pour réfuter une erreur qui se trouve dans presque tous nos Dictionnaires Historiques, où l’on attribue à celui-ci la comparaison des Loix Romaines avec celles de Moïse, qui appartient certainement au premier.

2187. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIII. L’Enfer chrétien. »

Première partie, sixième livre.

2188. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Errata. » pp. -

Tome premier.

2189. (1763) Salon de 1763 « Peintures — La Tour » p. 223

J’y étais, chez M. le baron d’Holbach, lorsqu’on lui montra deux pastels de Meings, aujourd’hui, je crois, premier peintre du roi d’Espagne.

2190. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

Les mouvements de son intelligence sont adroits et prompts comme ceux de ses membres ; du premier coup, et sans effort, il met la main sur son idée. […] Avec cet art involontaire d’apercevoir et d’isoler du premier coup et nettement chaque partie de chaque objet, on peut parler, même à vide et toujours. […] Ils effleurent les ridicules, ils se moquent sans éclat, et comme innocemment ; leur style est si uni, qu’au premier aspect on s’y méprend, on n’y voit pas de malice. […] Sachez bien qu’on a pu choisir chez eux, embellir parfois, épurer peut-être, mais que leurs premiers traits sont incomparables. […] William Sawtre, premier lollard brûlé vif.

2191. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

Je suis comme le tigre : si je manque mon premier bond, je rentre en grondant dans ma jungle ; si je le fais juste, il est écrasant1259. » Sans doute il bondit, mais il a sa chaîne : jamais, dans le plus libre élan de ses pensées, il ne se détache de soi. […] Dans ses deux premiers essais, Hours of idleness, English Bards and Scottish Reviewers, il a essayé de la suivre. […] Sheridan l’engageait à se tourner vers l’éloquence, et la vigueur, la logique perçante, la verve extraordinaire, l’argumentation serrée de sa prose, prouvent que parmi les pamphlétaires1264 il eût été au premier rang. […] Du premier coup, chacun fut troublé. […] La guerre commencée, on la fait à toutes armes, en première ligne avec l’effronterie et l’injure.

2192. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Ducoté, Édouard (1870-1929) »

En ce dernier recueil, un poème, Simplice, est de premier ordre.

2193. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gérardy, Paul (1870-1933) »

Son premier volume était fort joli.

2194. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guiraud, Alexandre (1788-1847) »

Mais le public, sans méconnaître ses autres titres çà la renommée, s’est pris d’une affection particulière pour son premier ouvrage ; lui aussi il a eu sa Pauvre Fille : l’Élégie des petits Savoyards… Trois courtes pièces de vers : Le Départ, Paris, le Retour, forment, si le mot n’est pas trop ambitieux, une trilogie touchante.

2195. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Murger, Henry (1822-1861) »

Théophile Gautier Avec Murger s’en va l’originalité la plus brillante qu’ait produite le Petit Journal ; car c’est là qu’il a fait ses premières armes et qu’ont paru d’abord les Scènes de la vie de Bohême qui sous forme de livre et de pièce devaient obtenir un si vif succès.

2196. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valade, Léon (1841-1884) »

Albert Mérat fut un des premiers et non des moins illustres tenants et représentants.

2197. (1894) Propos de littérature « Bibliographie » pp. 144-146

Francis Vielé-Griffin Cueille d’avril, premiers vers, (édité en 1886) chez Vanier.

2198. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 431-433

Le succès qu’elle eut dans sa nouveauté fut si prodigieux, que les Comédiens firent payer le double aux vingt premiers représentations, & que l’ayant remise au simple, l’affluence des Spectateurs devint si grande, qu’ils furent obligés de la remettre au double.

2199. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 433-434

GOURNAY, [Marie Jars de] morte à Paris en 1645, âgée de 80 ans, fut en haute considération parmi nos premiers Académiciens.

2200. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

La fiction suffit aux premières. […] Il faudrait parfois remonter bien haut pour découvrir les sources premières de l’inspiration. […] C’est ma joie maintenant d’éprouver ce premier frisson. […] La vertu du premier feroit son bonheur ; le second chercheroit son bonheur dans celui de tous. […] Leurs premières voix, dites-vous, sont des pleurs ?

2201. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Sans être du premier coup définitive, la sentence est grave, car elle est sincère. […] Nal-des vaudrait deux noires, équivalent exact de la blanche représentée par le nal du premier vers. […] A moins qu’après l’Empire premier on ne remonte d’un coup à l’un des Louis, ou au gothique ou à l’antique. […] Il fut d’ailleurs un des premiers à comprendre la valeur de certaines tentatives et le premier à essayer de les faire comprendre. […] Premier jour : Eden.

2202. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Premier né de la Douleur, l’Amour intense appelle donc l’Enthousiasme et l’Enthousiasme, à son tour, appelle la Beauté suprême. […] Quand parut son premier livre : les Fleurs du Bitume, je n’y compris rien. […] On fera là-dessus toutes les plaisanteries qu’on voudra, je m’en moque comme de ma première bouchée de chair humaine. […] Le grand succès de son livre sur Voltaire, le porta naguère du premier coup aux frises du triomphe. […] J’ai voulu sincèrement vérifier ma première impression et redresser en moi, par les procédés les plus infaillibles de l’orthopédie critique, toutes les gibbosités présumables de mon premier enthousiasme.

2203. (1874) Premiers lundis. Tome II « X. Marmier. Esquisses poétiques »

Comme tous les élégiaques du temps, il est placé au point de vue purement individuel : ce sont des souvenirs d’enfance, des regrets du premier amour, des plaintes sans amertume sur une condition obscure et gênée, des vers harmonieux aux châteaux, aux bois, aux amis qu’il aime ; des vœux de loisir et de rêverie, des confidences de ses goûts qui révèlent une nature aimante et mélancolique.

2204. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Girardin, Delphine de (1804-1855) »

Certes, je ne voudrais pas exclure de la poésie l’élégance, mais, quand je vois celle-ci mise en première ligne, j’ai toujours peur que la façon, la fashion, ne prime la nature, et que l’enveloppe n’emporte le fond.

2205. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gide, André (1869-1951) »

Remy de Gourmont Il y a un certain plaisir à ne pas s’être trompé au premier jugement porté sur le premier livre d’un inconnu, maintenant que M. 

2206. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tellier, Jules (1863-1889) »

Paul Guigou Malgré deux ou trois morceaux de premier ordre, des morceaux tels qu’ils sacrent un poète, malgré de rares qualités d’expression et un instinct délicat du rythme, je dis sans hésitation que Tellier a été moins poète dans ses vers que dans sa prose.

2207. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 222-224

Il faut donc regarder comme des inconséquences les déclamations de nos Philosophes, qui veulent qu’on tolere toutes les façons de penser, parce que leur premier intérêt est d’être tolérés.

2208. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 200-202

MALLEVILLE, [Claude de] né à Paris en 1597, mort en 1647, un des premiers reçus à l’Académie Françoise.

2209. (1767) Salon de 1767 « Dessin. Gravure — Demarteau » p. 335

la justice protégeant les arts, notre-seigneur au tombeau, sainte Catherine , les deux premiers d’après Le Caravage, le second d’après Le Cortone, tous les trois dessinés par Cochin et gravés par Demarteau, sont à s’y tromper ; ce sont de vrais dessins au crayon.

2210. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Il lit son premier texte. […] Pierre Quentin-Bauchart ne devenait pas un historien de premier mérite. […] Elle fut la confidente de ses rêves, de ses amours, de ses projets et de ses premiers ouvrages. […] Il devint donc sujet russe au premier partage. […] Je ne parlerai point de leurs premières amours.

2211. (1923) Au service de la déesse

Sur cette première époque des origines homériques, nous n’avons que de si faibles lueurs !  […] Les uns et les autres admettent comme dogme premier la non-existence d’Homère. […] Voulez-vous qu’elle soit tout le temps à énoncer des vérités premières ? […] Ce fut, aux premiers temps de la guerre, la chance de toute une génération vigoureuse et pensive. […] … Conformément à son premier vœu, M. 

2212. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

— Vaste et terrible point d’interrogation, qui saisit la critique au collet dès le premier pas qu’elle veut faire dans son premier chapitre. […] Raoul Rochette, c’est s’exposer à recevoir un démenti du premier venu, s’il est plus savant que M.  […] J’ignore s’il peut devenir un franc coloriste, mais quelques parties de son tableau le font espérer. — Au premier aspect, l’on cherche dans sa mémoire quelle scène historique il peut représenter. […] « D’après ses premières observations, l’artiste a fait l’Apollon du Belvédère. […] Sans être un peintre de premier ordre, il a une couleur brillante et facile.

2213. (1923) Paul Valéry

Si un écrivain a jamais semblé un aérolithe singulier, tombé dans une langue et dans une littérature auxquelles sa tournure d’esprit, de parole, de syntaxe semblait, au premier abord, étrangère, c’est bien Mallarmé. […] Si, comme c’était possible, et peut-être souhaitable, il eût fait dans la philosophie sa carrière au moins spirituelle, je l’imagine placé à mi-chemin entre Hamelin et Bergson, et oscillant d’une façon originale entre la relation du premier et le schème dynamique du second. […] Le poème au premier abord peut paraître un peu obscur. […] Cela allait même, dans ses premiers poèmes, à de véritables jeux, d’ailleurs aimables. […] Mais cimetière senti, éprouvé, réalisé de l’intérieur : « toit tranquille » du premier et du dernier vers.

2214. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Celui-ci fut son premier modèle et son grand patron en littérature. […] La jeune Indienne , comme il l’appelait, lui dut sa première réputation dans le beau monde. […] Que si M. le Prince, comme vous dites, se montre un peu moins favorable à mes observations, c’est que, dès sa première enfance, il estime cet excellent génie, et que les héros ne reviennent pas aisément. […] Après le détail du débarquement et de la prise de la place, on y lit que, le lendemain, les Maures, qui s’étaient retirés sur les hauteurs, vinrent assaillir une garde avancée ; le duc de Beaufort, accouru au bruit de l’escarmouche, s’étant mis à la tête des Gardes, et le comte de Gadagne à la tête de Malte, repoussèrent vertement les assaillants : « Tous les officiers des Gardes qui étoient en ce poste, dit le bulletin, et ceux qui survinrent, tant de leur corps que de celui de Malle, s’y comportèrent très-dignement… Les chevaliers de Méré et de Chastenay y furent blessés des premiers. » On pourrait conjecturer, d’après la teneur de ce bulletin, que M. […] C’est de ces Conversations que j’ai tiré le plus grand nombre de mes citations, et aussi du premier des traités posthumes, qui a pour titre : de la vraie Honnêteté.

2215. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Mais la tragédie moderne est encombrée de personnages, et les incidents s’y multiplient au gré de l’imagination du poète, parce qu’ici toute chose est bonne, propos hors du sujet, situations extraordinaires, interruptions de l’action dramatique, embarras compliqués de l’intrigue, toute chose est bonne qui peut servir à ce premier dessein du poète moderne : faire vivre des êtres individuels et réels, peindre des caractères 201. […] Qu’arriverait-il, en effet, si les deux premiers éléments, au lieu d’être confondus, restaient distincts et séparés, si les acteurs de la comédie n’étaient purement et simplement que des sots, et si les Dieux se contentaient de sourire soit dans la conscience des spectateurs, soit dans un chœur comique ? […] VII L’Orient n’a rien produit du premier ordre dans l’art dramatique. […] Cherchant des exemples de ces deux espèces de comique, je trouve dans Shakespeare, et particulièrement dans le personnage de Falstaff, le plus beau modèle du premier. […] Ce premier point, Molière l’a bien rempli222.

2216. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

La cour impériale de Vienne désira, une des premières, jouir de cette merveille de précocité et de génie. […] Il accompagne dès à présent dans les concerts publics, il transpose à première vue les morceaux les plus difficiles avec une netteté extraordinaire, au point que les maîtres ne peuvent dissimuler leur basse jalousie contre cet enfant. […] C’est lui qui nous a introduits à la cour, c’est lui qui a soigné notre premier concert. […] Les premières réminiscences des premières amours remontent au cœur du jeune compositeur. […] La symphonie commence ; Raff était à côté de moi, et dès le milieu du premier allegro il y avait un passage que je savais devoir plaire.

2217. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Qu’on s’arrête avec quelque attention sur ce premier principe ; car c’est de là que sont sorties toutes les erreurs d’Aristote. […] Suivant lui, l’étude de l’âme n’est qu’une partie de l’histoire naturelle ; elle n’appartient en rien à la métaphysique, à la philosophie première. […] Évidemment elle ne peut être que la forme du corps, non pas du premier corps venu, comme l’ont dit les Pythagoriciens et quelques autres, mais d’un corps formé par la nature, et doué par elle d’organes qui le rendent capable de vivre. […] La nutrition peut être isolée de toutes les autres ; mais la sensibilité, qui est le caractère propre et premier de l’animal, ne va jamais sans la nutrition ; la locomotion suppose nécessairement la sensibilité, comme celle-ci suppose la nutrition. […] Je veux parler de cette éternité que Platon attribue à l’âme, de cette vie antérieure où l’âme sans le corps a connu directement les Idées dont elle ne fait que se souvenir ici-bas, de ces existences successives par lesquelles l’âme doit passer pour recouvrer sa pureté première, de ces récompenses et de ces peines que lui réserve la justice des dieux, selon qu’elle aura bien ou mal vécu.

2218. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Le promeneur qui ne cherche que son loisir ne voit dans une prairie qu’une surface agréable par sa verdure ou par ses fleurs ; l’œil du botaniste y aperçoit du premier coup un nombre infini de petites plantes et de graminées différentes qu’il distingue et qu’il voit séparément. […] Mais, dites vous-même, n’est-ce pas bien curieux que les sujets du poète chinois soient si moraux et que ceux du premier poète de la France actuelle soient tout le contraire ? […] Mais les enfants de la dernière couvée partent avec leur premier plumage et ne muent que plus tard, dans les contrées méridionales ; aussi, au commencement de septembre, on peut ici prendre des moines mâles qui ont encore leur petite tête rouge comme leur mère. […] Goethe me fit ouvrir toutes les pièces, et me montra la chambre, à l’angle du premier étage, que Schiller avait habitée quelque temps. […] « Sans doute Henri Heine, qui a publié ses premières poésies en 1822. » 25.

2219. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

J’ai évité de le répandre sous cette forme, me défiant d’une traduction incomplète et imparfaite, et craignant de demander aux personnes qui veulent bien s’occuper de mes écrits un jugement prématurée Mais, peu de temps après, j’ai lu cet essai, sous sa première forme, à l’Académie des sciences morales et politiques ; il, y fut écouté avec une attention bienveillante qui m’encourage et dont je m’honore. […] Je ne rendrai jamais qu’imparfaitement l’impression que firent sur moi les amères beautés de cet ouvrage ; elle n’a pas vieilli, mais elle s’est depuis confondue avec tant d’impressions diverses, qu’il me faut un effort pour la ressaisir avec ses premiers charmes et sa vigueur première. […] Au premier coup d’œil, je distinguai ces deux grands hommes, non seulement de la foule, mais l’un de l’autre. […] Ce fut dans des luttes plus sérieuses que Swift acquit sa première renommée en donnant des gages au parti qu’il devait abandonner plus tard. […] Wood… Nos mendiants même seront ruinés par son projet ; leur donner un demi-penny, cela apaise leur soif ou les aide à remplir leur ventre, mais leur donner un demi-penny qui vaut le 12e d’un demi-penny, c’est comme si j’ôtais trois épingles de ma manche pour les leur donner… En un mot, ce demi-penny c’est “la chose maudite” que selon l’Écriture “il est interdit aux enfants d’Israël de toucher”. » Encouragé par le succès de cette première lettre, il est plus hardi dans la seconde.

2220. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Voilà cependant que la jolie fille de mon concierge, enfant de douze à quatorze ans, ouvre la porte de ma chambre au premier rayon d’un mois de printemps, avant l’heure ordinaire où elle m’apportait le journal matinal ; elle jette sur mon lit en souriant une petite lettre cachetée d’un énorme sceau de cire rouge avec une empreinte d’armoiries qui devaient être illustres, car elles étaient indéchiffrables. « Pourquoi riez-vous ainsi finement, Lucy ? […] Avez-vous entendu un oiseau chanteur à peine emplumé, sur le barreau de sa cage, dans votre chambre, à l’aube de son premier printemps ? […] XIII Son petit livre rappelle au premier coup d’œil ces poètes condensés en sonnets d’or et d’ivoire qui, tels que Pétrarque, Michel-Ange, Filicaïa, Monti, incrustent une idée forte, un sentiment patriotique, une larme amoureuse dans un petit nombre de vers robustes, gracieux ou tendres, vers polis comme l’ivoire, que ces poètes miniaturistes façonnent non pour le temps, mais pour l’éternité. […] Quoi qu’il en soit, ses grands yeux, d’un bleu sombre où l’azur et la nuit luttaient, sous de très longs cils, comme l’ombre du bord et le bleu du large sur la mer pour en nuancer l’éclat et la profondeur ; ses grands yeux, dis-je, ne pouvaient plus rien acquérir de plus achevé par les années (que des larmes peut-être) ; ils luisaient comme deux étoiles de première eau sous l’arc d’un front proéminent ; leur seule impression, c’était le génie.

2221. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre V. Le roman romantique »

Hugo veut mettre en lumière, donne aux premiers volumes une grandeur singulière : et cette fois, le poète, si peu psychologue, a su trouver la note juste, marquer délicatement les phases, les progrès, les reculs, les angoisses et les luttes d’une âme qui s’affranchit et s’épure : Jean Valjean, depuis sa rencontre avec l’évêque, jusqu’au moment où il s’immole pour empêcher un innocent d’être sacrifié, Jean Valjean est un beau caractère idéalisé, qui reste vivant et vrai. […] Sans doute, dans les deux premières périodes de sa vie littéraire, le parti pris dogmatique, la foi romantique ont souvent faussé sa vue, et déformé les personnages que la réalité lui présentait. […] Tout ce qui est peinture extérieure, description physique, paysage, ne tient guère de place dans les romans de Stendhal : sa profession, c’est d’être « observateur du cœur humain » ; et il est en effet de première force dans l’observation, dans l’imagination psychologique. […] Il publie, en 1817, Rome, Naples et Florence, et une Histoire de la peinture en Italie ; en 1822, son Essai sur l’Amour, et sa brochure sur Racine et Shakespeare ; en 1827, Armance, son premier roman ; en 1831, le Rouge et le Noir ; en 1838, les Mémoires d’un touriste ; en 1839, la Chartreuse de Parme.Éditions : Calmann Lévy, 22 vol. in-18 (Corresp. inédite, 2 vol.).

2222. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Le Runoïa n’a pas l’ingénuité du premier meurtrier  Et ce sera ton heure, dit-il au Christ. […] Ils se lèvent, gravissent la divine montagne où siège Baghavat et, sortant de l’Illusion qui enveloppe le dieu, entrent en lui et s’unissent à l’Essence première. […] La Légende des Nornes déploie leur théogonie bizarre et grandiose : la naissance d’Ymer et des géants, qui sont les puissances mauvaises ; la naissance des dieux bienfaisants, des Ases, qui domptent Ymer et de son corps forment l’univers ; le rouge déluge que fait son sang ; l’apparition du premier couple humain ; Loki, le dernier-né d’Ymer, et le Serpent, et le Loup Fenris et tous les dieux du Mal vaincus par les Ases bienheureux ; la venue du jeune dieu Balder ; puis la suprême révolte de Loki, du Serpent, de Fenris et des Nains, et la fin misérable du monde  La pensée de l’au-delà hantait ces hommes du Nord dans l’intervalle des tueries : ils étaient tout prêts pour le christianisme et devaient le prendre terriblement au sérieux. […] Puni comme lui pour un crime dont il ne saurait être responsable, il élève, sous une forme moins trafique, la protestation du premier Révolté ; mais il n’a point son espérance vivace, et je crains bien qu’il ne soit en cela un interprète plus fidèle de la pensée du poète.

2223. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Au sortir de leurs fortes études, rencontrant ce que leur outrecuidance juvénile qualifia tout d’abord d’épiceries de l’école de Marot, ils levèrent l’étendard de la révolte contre la poésie en faveur à la cour, et vinrent secouer, dans sa douce oisiveté de premier poète, Saint-Gelais, lequel savourait nonchalamment, et sans presque le faire voir dans ses vers, ces biens de l’esprit dont la possession enthousiasmait la nouvelle école. […] Pillez-moi sans conscience les sacrés trésors de ce temple delphique, ainsi que vous avez faict autrefois. » Le cri de guerre poussé par Du Bellay fut entendu, et rien en effet ne ressemble plus à un pillage que cette première imitation tumultueuse de l’antiquité. […] Le sujet de son premier recueil était Cassandre, une grande dame de la cour qui disait-on, se faisait expliquer par des érudits les galanteries de Ronsard. […] Ces imperfections ne sont pas compensées par un petit nombre de vers comme ceux-ci111 : Vous ne ressemblez pas à nos premiers docteurs, Qui, sans craindre la mort ni les persécuteurs De leur bon gré s’offroient eux-mesmes aux supplices, Sans envoyer pour eux je ne sais quels novices.

2224. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Si elle prétend faire passer au premier rang le désir de plaire ou d’amuser qui est sa principale raison d’être, [si elle devient de la sorte une servante-maîtresse, une alliée qui commande, adieu le profit de son intervention ! […] Elle a compris que son premier devoir est d’être vraie et elle a mis son point d’honneur à devenir exacte jusqu’au scrupule. […] Il semble, au premier abord, que la science n’ait sur la poésie qu’une influence désastreuse. […] Au commencement de notre siècle, dans la pauvreté pseudo-classique du premier Empire, il pleut des poèmes du même genre : pluie d’hiver, triste, froide, monotone.

2225. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Chapitre premier La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. […] Le côté automatique de la mémoire, surtout de la mémoire passive, est mis en lumière par certains faits extraordinaires, où les choses sont conservées et reproduites avec une telle facilité qu’on y reconnaît du premier coup un effet machinal. […] En second lieu, l’excitation violente du premier instant manque au souvenir de la douleur, car ce souvenir n’est qu’une excitation produite par une image et non plus par un objet réel : aucune représentation d’un mal de dents ne peut faire vibrer les nerfs dentaires aussi vivement que le mal même. […] Voir plus haut, chapitre premier.

2226. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Le trait commun aux trois premiers de ces mots populaires c’est la transposition de l’r et de l’e, re devenu er . […] Ecrit ainsi, le mot est un peu moins mauvais ; il rentre dans la logique de la vieille langue, au moins pour sa première syllabe : Constare Coûter Consuetudinem Coutume Conventum Couvent Dinde, Nacre Il est convenu que le premier est exclusivement féminin. […] Le peuple confond ces deux mots, mais sa préférence va au premier, qui est de meilleure lignée. […] Vaugelas fut un observateur de premier ordre.

2227. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre II : Règles relatives à l’observation des faits sociaux »

Il fait des sociétés, et non de l’humanité, l’objet de la science ; seulement, il donne aussitôt des premières une définition qui fait évanouir la chose dont il parle pour mettre à la place la prénotion qu’il en a. […] « Il y a, dit-il, une coopération spontanée qui s’effectue sans préméditation durant la poursuite de fins d’un caractère privé ; il y a aussi une coopération consciemment instituée qui suppose des fins d’intérêt public nettement reconnues19. » Aux premières, il donne le nom de sociétés industrielles ; aux secondes, celui de militaires, et on peut dire de cette distinction qu’elle est l’idée mère de sa sociologie. […] En procédant de cette manière, le sociologue, dès sa première démarche, prend immédiatement pied dans la réalité. […] Il faut donc qu’elle en crée de nouveaux et, pour cela, qu’écartant les notions communes et les mots qui les expriment, elle revienne à la sensation, matière première et nécessaire de tous les concepts.

2228. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LV » pp. 213-214

Il est curieux de voir comme les Débats d’aujourd’hui (4 mai) ont baissé le ton sur cette question universitaire qu’ils épousaient avec tant de ferveur, et comme ils se mettent à ménager leur retraite depuis que M. de Montalivet n’est pas de leur premier avis.

2229. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coolus, Romain (1868-1952) »

On ne fait que l’entrevoir dans les deux premiers actes ; il ne paraît, effectivement, qu’au troisième.

2230. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rameau, Jean (1859-1942) »

Entre autres poésies de premier ordre, je citerai celle-ci : Ressemblance.

2231. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Préface de la seconde édition »

La pensée première de ce livre n’est pas une vue particulière : c’est ma foi aux grandes traditions classiques alors que sa ferveur était pure de toute arrière-pensée offensive, et que je songeais plus à en jouir qu’à la défendre.

2232. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 298-300

Ses premiers pas dans la carriere n’ont pas été heureux : il y a débuté par des Poésies froides & prosaïques, & par un Poëme en prose, intitulé Joseph, dont l’effet le plus sûr est de procurer le sommeil ou l’ennui.

2233. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 6-7

Racan, [Honorat de Beuil, Marquis de] l’un des premiers reçus à l’Académie Françoise, né à la Roche-Racan en Touraine en 1589, mort en 1670.

2234. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 322-324

Ce premier genre de punition fut suivi d'un bannissement, justement mérité par des Vers impies & satiriques qu'il répandit dans le Public.

2235. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre premier. Caractères naturels »

Chapitre premier.

2236. (1763) Salon de 1763 « Peintures — De Machy » pp. 242-243

De Machy Des cinq tableaux que cet artiste a exposés : l’Intérieur de l’église de la Magdeleine, le Péristyle du Louvre vu du côté de la rue Fromenteau et éclairé par une lampe ; les deux Ruines à gouache de la foire Saint-Germain incendiée, et l’Installation de la statue de Louis XV, les quatre premiers ne sont pas sans mérite.

2237. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Le seul malheur en ce premier moment fut qu’en quittant la place ils mirent le feu au bazar où étaient toutes les marchandises et ce qui se vend au poids : « Aussi advint-il de cette chose, dit Joinville, comme si quelqu’un demain mettait le feu, Dieu nous en garde ! […] Après que saint Louis pourtant a rempli, et surabondamment, ce semble, tous les devoirs qui sont les conséquences de son premier malheur, il revient en France (juillet 1254), et Joinville trouve alors qu’il est temps. […] On le voit, Joinville est peintre, au milieu de toutes ses inexpériences premières, il a un sentiment vif qui le sert souvent avec bonheur, et il montre, comme écrivain, de ravissants commencements de talent.

2238. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

La campagne de 1707, sans mal finir, eut pourtant une conclusion peu grandiose ; Villars fut obligé de raccourir à tire-d’aile vers le Rhin pour s’opposer aux troupes impériales qui, remises de leur première frayeur, avaient marché de ce côté sur ses derrières. […] Elle avait du goût pour Villars, et aujourd’hui que toutes les fantasmagories, les amas de sottises et d’horreurs contre Mme de Maintenon sont tombés, c’est assurément une bonne note pour lui que cette amitié constante et cet appui, quelle qu’en soit l’origine première. […] [NdA] Premier maître d’hôtel du roi.

2239. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Ayant obtenu de revenir à Paris en 1770, et employé à la Bibliothèque du roi, il allait peut-être réparer ses premiers échecs et se refaire une réputation plus solide et de meilleur aloi, quand il mourut, à l’âge de quarante-sept ans (1773). […] Avec ces défauts que j’indique à peine et avec ces limites en divers sens, Maupertuis, de son vivant et quand il était là pour payer de sa personne, n’était pas moins un homme très distingué, très propre à plus d’un emploi, et lorsque Frédéric eut conçu le projet de régénérer son Académie de Berlin, il fut l’un des premiers à qui il s’adressa, le seul même qu’il réussit complètement à s’acquérir. […] [NdA] On trouve quelques mois sur Maupertuis dans la correspondance, récemment publiée (1860), de Buffon ; c’est peu, mais c’est dans le ton juste : « J’écrirai au premier jour à Maupertuis, et je tâcherai de lui proposer d’une manière efficace les choses que vous souhaitez.

2240. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

M. de Harlay, serviteur zélé du monarque, portait plus qu’aucun prélat de ce temps le poids et la responsabilité de la Déclaration du Clergé ; les critiques qu’elle souleva au premier moment lui attirèrent des injures personnelles, des libelles sans nombre. […] Quoique les Conférences s’ouvrissent à trois heures après midi, la salle était si remplie dès les neuf heures du matin, qu’il n’y avait plus de places que celles qui étaient gardées pour les personnes du premier rang. […] L’abbé Legendre, qui devait à M. de Harlay d’être chanoine de l’Église de Paris, eut, des premiers, à son égard, le courage de la reconnaissance ; il le loua publiquement le lendemain de sa mort et fit distribuer par les facteurs de lettres un premier Panégyrique qu’il répéta et varia d’année en année.

2241. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Plusieurs mois se sont écoulés depuis son premier appel au roi ; pour motiver ce nouveau recours à la justice, elle vient se plaindre que dans l’intervalle, Rodrigue, moins courtois qu’il ne le devrait, n’a cessé de la braver, de l’insulter ; et elle le dit d’une manière bien pittoresque, dont les romances nous ont déjà donné l’idée : « Je vois passer chaque jour, sans qu’on puisse l’empêcher, celui qui tua mon père, son épée à son côté, couvert de riches habits, sur son poing un épervier, monté sur son beau cheval. […] Je suis ce téméraire ou plutôt ce vaillant… » Lui aussi, le pâle don Sanche, il a chez Corneille son premier mouvement et son éclair. […] Il y a de ces lendemains cruels par lesquels on fait expier à un beau talent son premier succès. — Béranger a fait un bien mauvais vers, mais qui dit une chose juste : « De tout laurier un poison est l’essence. » Les auteurs piqués, les rivaux éclipsés, les Scudéry, les Mairet, — le grand Cardinal (ô douleur !)

2242. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

La Correspondance, peu agréable à première vue, est d’un intérêt sérieux à qui la sait bien lire. […] Disons aussi que la modestie, — trop de modestie, — a pu faire craindre à M. d’Arneth de se hasarder dans une langue étrangère. — Pour que le lecteur français n’ignore rien des titres et des mérites du savant éditeur qui va acquérir une très-grande autorité dans le débat si vivement engagé sur l’authenticité des premières lettres de Marie-Antoinette, il est bon de savoir que M.  […] Il a donné, en dernier lieu, deux premiers volumes sur le règne de Marie-Thérèse.

2243. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

La nouvelle position des deux amants, l’embarras léger des premiers jours, le rendez-vous à la chambre, le bruit de la montre accrochée encore à la même place, le souper à deux dans une seule assiette14, cette seconde nuit qu’ils passent si victorieusement et qui laisse leur ancienne nuit du 23 juin unique et intacte, les raisons pour lesquelles Mlle de Liron ne veut devenir ni la femme d’Ernest ni sa maîtresse, l’aveu qu’elle lui fait de son premier amant, cette vie de chasteté, mêlée de mains baisées, de pleurs sur les mains et d’admirables discours, enfin la maladie croissante, la promesse qu’elle lui fait donner qu’il se mariera, l’agonie et la mort, tout cela forme une moitié de volume pathétique et pudique où l’âme du lecteur s’épure aux émotions les plus vraies comme les plus ennoblies. […] Mlle de Lespinasse, après avoir pleuré amèrement et consacré en idée son Gustave, se prend un jour à M. de Guibert, l’aime avec le remords de se sentir infidèle à son premier ami, et meurt, innocente et consumée, dans les flammes et les soupirs.

2244. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Ce qui est poésie dans la nature physique ou morale, et ce qui n’est pas poésie se fait reconnaître à des caractères que l’homme ne saurait définir avec précision, mais qu’il sent au premier regard et à la première impression, si la nature l’a fait poëte ou simplement poétique. […] I Le bruit de ses heureuses dispositions parvint jusqu’à son oncle, Antoine de Fénelon qui, arrivé au premier grade de l’armée, appela son neveu auprès de lui à Paris. […] Fénelon, l’abbé Fleury, l’abbé de Langeron, l’élite de l’Église et de la littérature sacrée suivaient Bossuet dans sa retraite de Germigny ; ils partageaient ses loisirs sévères, ils recevaient les confidences de ses sermons, de ses oraisons funèbres, de ses traités de polémique ; ils lui soumettaient leurs essais, ils s’enrichissaient de ses entretiens familiers, dans lesquels cet homme de premier mouvement était plus sublime encore que dans sa chaire, parce qu’il était plus naturel.

2245. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Il ne se doute même pas des conjectures de Saint-Evremond ; il ne soupçonne pas la possibilité de la tâche que s’est donnée en ce moment même un érudit de Hollande : quatre ans après les Considérations, paraîtra la Dissertation de Beaufort sur l’incertitude des cinq premiers siècles de l’histoire romaine. […] L’idée première des recherches qui occupèrent une bonne partie de sa vie vint de là, et la forme définitive de son esprit en resta déterminée : Montesquieu sera toujours un juriste ; toutes ses idées historiques, ses vues politiques, ses conceptions philosophiques revêtiront des formes juridiques. […] Le titre de l’ouvrage accuse suffisamment cette étrange inconséquence : De l’esprit des lois, ou du rapport que les lois doivent avoir avec la constitution de chaque gouvernement. les mœurs, le climat, la religion, le commerce, etc. : comme si mœurs, gouvernement, religion, commerce n’étaient pas déterminés plus ou moins par les conditions primitives d’existence, au premier rang desquelles est le climat.

2246. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Il semble à première vue que, plus un critique a d’étendue d’esprit et de puissance de sympathie, moins il doit présenter, à qui veut le définir et le peindre, de traits individuels. […] Un de ses premiers livres, Édel, est un poème mélancolique et un peu naïf, et c’est surtout un poème très « chic ». […] Il ne peut aimer Hélène parce qu’il ne la croit pas quand elle lui dit qu’il est son premier amant ; mais, puisqu’il connaît tant les femmes, il devrait bien sentir que celle-là dit vrai !

2247. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Comment croire que, toute froissée encore de ce premier contact avec l’adultère, elle se rejette sur le dur railleur dont elle subit depuis la veille, l’intimité tyrannique. […] Aux avances qu’elle lui fait, la dame à la capeline ne répond, d’abord, qu’avec une timidité évasive ; ce cœur fermé ne s’ouvre pas au premier appel. […] Mais son premier acte sera de l’enlever à sa mère, pour la forcer de céder à son caprice renaissant.

2248. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Michaud, de l’Académie française. » pp. 20-40

Michaud, de ceux-là dont il a accueilli l’un des premiers et favorisé la jeunesse, et que moi-même je l’ai assez de fois écouté et vu pour pouvoir ressaisir et définir avec sûreté le genre de distinction de sa personne et le grain de son esprit. […] Parvenu à s’échapper de Paris, il alla passer ces années menacées sur les rivages de l’Ain et dans les montagnes du Jura ; c’est ce retour consolant à la nature, cette première saison d’exil et de mélancolique douceur, qu’il a voulu consacrer dans Le Printemps d’un proscrit, poème descriptif, qui n’a de joli que l’intention et le titre. […] Michaud dans ces petits écrits politiques de 1800, et cette première opposition au gouvernement consulaire, l’envoyèrent passer quelques semaines au Temple.

2249. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Par exemple, s’il y a quatre systèmes fondamentaux, comme on l’a dit, — le mysticisme, le scepticisme, le sensualisme, l’idéalisme, — on exclura les trois premiers comme faux, le quatrième seul étant le vrai ; mais l’idéalisme lui-même étant une expression vague qui réunit les systèmes les plus contraires, à savoir l’idéalisme de Plotin et celui de Hegel, celui de Platon et celui de Descartes, on fera encore un choix entre toutes ces formes de l’idéalisme, et on finira par se limiter au pur spiritualisme, entendu dans le sens le plus précis, mais aussi le plus étroit. […] Nous ne pouvons connaître que des parcelles de vérité, nous ne pouvons former que des synthèses partielles ; lors même que nous nous élevons jusqu’au premier principe, nous ne saisissons pas le lien qui l’unit à tout le reste. […] Ce n’est pas là du scepticisme, car je crois que ces vérités partielles sont des vérités ; je crois qu’il y a un principe suprême et premier auquel se rattachent et la raison et l’univers ; mais quant à la mesure, à la limite, à la détermination précise des rapports entre le tout et les parties, entre l’un et le plusieurs, ce sont là autant de conceptions relatives et provisoires comme disent les positivistes, qui eux-mêmes ont raison dans une certaine mesure.

2250. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

L’action du climat paraît à première vue sans relation avec la concurrence vitale ; mais pour autant que le climat peut agir principalement en diminuant les subsistances, il cause une lutte des plus intenses entre les individus, soit de même espèce, soit d’espèces diverses, qui vivent des mêmes aliments. […] Quand on voyage du sud vers le nord, ou qu’on passe d’une région humide à une région sèche, on observe invariablement que quelques espèces deviennent de plus en plus rares, et finissent par disparaître complétement ; et le changement du climat étant quelque chose de frappant à première vue, nous sommes disposés à attribuer entièrement cette disparition à son action directe. […] I est même douteux que toutes le variétés de nos plantes cultivées ou de nos animaux domestiques aient si exactement les mêmes formes, les mêmes habitudes et la même constitution, que les proportions premières d’une masse mélangée puissent se maintenir pendant une demi-douzaine de générations, si rien n’empêche la lutte de s’établir entre elles, comme entre les races sauvages, et si les graines et les petits ne sont annuellement assortis.

2251. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

A première vue on est tenté d’établir des similitudes, d’identifier Diâtrou, l’hyène, au brutal Isengrin et frère lièvre à Goupil le renard, mais l’ouvre médiévale est avant tout une suite de fabliaux satiriques où l’humeur gouailleuse du populaire s’esbaudit à un pastiche de la société féodale. […] Nous reviendrons un peu plus longuement sur tout cela quand, au chapitre IV, nous étudierons les personnages des fables et, plus spécialement les deux grands premiers rôles. […] Trois frères en voyage (gourmantié), exposent mêmes symboles et les deux premiers reproduisent à peu près le même récit.

2252. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Je ne crains pas de l’affirmer, Rivarol était de nature, de premier jet, — hélas ! […] … Le temps a passé depuis ces « Tableaux de la Révolution » qui en peignirent si bien l’affreuse aurore, et qui allumèrent contre elle l’imagination du grand Burke, un des hommes qui l’ont le plus haïe et méprisée, et ces « Tableaux », qui n’ont pas perdu une nuance de leur horrible fraîcheur première, sont restés de l’histoire, — de la définitive, ineffaçable et incorruptible histoire, — quand tout est fini des exaltations et des passions contemporaines d’un journalisme qui n’est plus ! […] S’il n’était plus chrétien comme on lui avait appris à l’être en ses premières années, il avait emporté et gardé de son christianisme ce fort déisme qui allait à son royalisme, — qui est même le royalisme en philosophie, car Dieu, en métaphysique, c’est le Roi !

2253. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — L’inter-nationalisme »

Si les cités actuelles veulent résolument s’engager dans une voie large, il leur faut, en tout premier lieu, abandonner aux siècles morts cette conception barbare, puérile et néfaste, de la patrie considérée comme un monde indépendant du monde lui-même. […] L’isolement des premiers jours n’apparaît plus qu’aux contrées demeurées en enfance intellectuelle, tandis qu’au sein de l’humanité en travail se tisse le trame immense de l’échange et de l’accord.‌ […] Il existe, à première vue, entre les nations ce que nous nommerons des liens matériels, se subdivisant en une multitude d’éléments.

2254. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre I. La demi-relativité »

Il est aisé de voir que, dans ces conditions, le double voyage du premier rayon ne devrait pas avoir la même durée que le double voyage du second 2. […] Telles sont donc, pour revenir à notre première hypothèse, les formules que Paul aura présentes à l’esprit s’il veut passer de son point de vue à celui de Pierre et obtenir ainsi, — tous les observateurs attachés à tous les systèmes mobiles S″, S‴, etc., en ayant fait autant, — une représentation mathématique intégrale de l’univers. […] Étant donné deux dispositifs quelconques, naturels ou artificiels, servant à la mesure du temps, étant donné par conséquent deux mouvements, on pourra appeler zéro n’importe quel point, arbitrairement choisi comme origine, de la trajectoire du premier mobile.

2255. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « À M. le directeur gérant du Moniteur » pp. 345-355

Feydeau un romancier plus ferme, de bien plus de force et d’étendue que ne l’indiquait son premier ouvrage. […] Mais il fallait bien faire payer à l’auteur son premier succès, qui avait été d’entraînement et de surprise : au reste, je ne l’en plains pas ; il est de force à soutenir la lutte, il en a besoin peut-être, et il n’est pas de ces jolis talents qui ne vivent qu’à condition d’être dorlotés.

2256. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

Une singularité de tactique, dans la formation des colonnes d’attaque, disposition exceptionnelle, adoptée ce jour-là par Ney et d’Erlon, sans doute en prévision de la solidité anglaise, devint une faute qui nuisit au développement des manœuvres ; ce trop de précaution de d’Erlon alla contre son but ; on n’avait obtenu dans ce premier et vigoureux effort au centre qu’un résultat incomplet : c’était à recommencer. […] Envoyant le mouvement de Ney et cette première charge brillante de la cavalerie Milhand couronnant les hauteurs du Mont-Saint-Jean, comme on en triomphait autour de lui et qu’on criait déjà victoire.

2257. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

Il n’a jamais eu pour les gouvernements une estime bien décidée ; il ne les a considérés à son premier point de vue que comme un canal possible de transmission, et, dans le cas où ils se refuseraient à transmettre la doctrine supérieure, il les a dénoncés comme un obstacle : on se rappelle les belles invectives du premier tome de l’Indifférence.

2258. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — III »

Il nous reste à montrer maintenant que, dans ce qui concerne plus particulièrement la destinée de l’individu, les psychologistes se trompent dès l’origine en s’installant du premier coup sur un terrain abstrait, métaphysique, et non réel. […] Lui qui l’un des premiers en France a éclaté en pressentiments d’avenir, lui qui écrivait, il y a six ans, cet article de haute portée : Comment les dogmes finissent.

2259. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil. — I »

On peut lire (tome II, p. 415) l’histoire du premier bal qui fut donné après l’installation du président, et la cérémonie grotesque du sopha, sur lequel on fit trôner, bien à contre-cœur sans doute, pendant toute une soirée, le modeste et sensé Washington. […] Avant la fin de la première quinzaine, on les verrait, je gage, du moins les plus agiles, aux réceptions du président : au premier bal après l’installation, il pourrait bien y avoir quelque invention comme celle du sopha qu’on essaierait doucement ; à défaut de trône, on hausserait bien haut et on dorerait bien épais le fauteuil.

2260. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

La tournure ferme, judicieuse et précise de son talent ne lui eût pas permis de chercher dans un faux éclat et des aperçus hasardés un succès qu’il ne voulait devoir qu’aux sérieuses études dont sa première vie l’avait distrait, et auxquelles il s’était remis avec toute sa vigueur. La révolution de juillet, en détachant du National les deux rédacteurs jusqu’alors le plus en vue, laissa seul au premier rang, et démasqua, en quelque sorte, M. 

2261. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

Les Romains de la fin de la République avaient des institutions qui mettaient en jeu les mêmes facultés, les mêmes passions que nous avons vues à l’œuvre ; ils assistaient à des révolutions analogues ; les caractères soumis aux mêmes épreuves prenaient les mêmes formes ; et, en se transportant parmi eux au siècle de Cicéron, on pourrait, au premier abord, se croire encore parmi nous. […] Ce second chapitre fait faire en quelque sorte volte face au premier.

2262. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

Chapitre premier. […] Tout ce que nous prétendons, c’est que si César retenait au monde, son premier soin serait d’avoir du canon dans son armée.

2263. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre IV. L’écrivain (suite) »

Il revient sur ses premiers pas, et se corrige patiemment. On a retrouvé un de ses premiers jets, et l’on a vu que la fable achevée n’a gardé que deux vers de la fable ébauchée.

2264. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens I) MM. Albert Wolff et Émile Blavet »

Admirable journal d’ailleurs, à l’affût de tout ce qui surgit un moment sur l’horizon de Paris ; le journal-barnum, le mieux informé des journaux, c’est-à-dire rempli jusqu’aux bords de choses superflues ; souple et accommodant comme l’aimable valet de comédie dont il porte le nom ; étalant en première page les opinions politiques du comte Almaviva et entr’ouvrant la quatrième aux menues industries du mari de Rosine. […] Vous mettez, je suppose, au commencement du premier : « Paris est la capitale de l’art. » Puis, vers le milieu du second : « Paris est véritablement la ville des artistes » Puis, quelque part dans le troisième : « Le centre de l’art est à Paris. » Et à la fin du quatrième : « Je ne crois pas trop m’avancer en affirmant que Paris est le foyer des arts. » Et dans l’intervalle de ces phrases, rien, des mots.

2265. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Baudelaire, Œuvres posthumes et Correspondances inédites, précédées d’une étude biographique, par Eugène Crépet. »

Au premier acte, nous avons vu arriver chez le comte de Cadolles un soldat français, le trompette Triton, blessé, sanglant, déguenillé. […] On arrive ainsi à quelque chose de merveilleusement artificiel… Oui, je crois que c’est bien là l’effort essentiel du baudelairisme : unir toujours deux ordres de sentiments contraires et, au premier abord, incompatibles, et, au fond, deux conceptions divergentes du monde et de la vie, la chrétienne et l’autre, ou, si vous voulez, le passé et le présent.

2266. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Anatole France, le Lys rouge »

Chaque lecteur substitue ses visions aux nôtres… » Ainsi parle le littérateur Paul Vence, dans un des premiers chapitres du roman. […] C’est devant une fresque de Fra Angelico, où de pâles figures, de peu de matière, expriment l’amour divin, que Jacques et Thérèse se donnent leur premier et brûlant et pesant baiser…    L’image des choses mortes excite leur lugubre ardeur de vivre.

2267. (1888) Demain : questions d’esthétique pp. 5-30

Il débuta avec éclat et produisit du premier coup un chef-d’œuvre : Madame Bovary, Et, qu’on ne s’y trompe pas, le naturalisme était excellent à bien des égards. […] Comme ils ne font, à proprement parler, aucun héritage spirituel et ne subissent guère du temps d’autre atteinte que la dépravation d’une complication superficielle qui toutefois et déjà no leur permet plus de se complaire aux simplicités des premiers Ages, les peuples n’assument pas les graves soucis des générations antécédentes, et ces intelligences restées puériles voudraient toujours des refrains de berceau.

2268. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVIII. Institutions de Jésus. »

Mais il n’est pas douteux qu’elle ne fût de droit commun dans l’Église primitive, et qu’elle ne figurât en première ligne dans l’attention des contemporains 838. […] En tout cas, ce ne fut qu’après sa mort que l’on vit se constituer des églises particulières, et encore cette première constitution se fit-elle purement et simplement sur le modèle des synagogues.

2269. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Ne disons pas davantage que la gloire de la fondation du christianisme doit revenir à la foule des premiers chrétiens, et non à celui que la légende a déifié. […] La dynastie incrédule des Hérodes, d’un autre côté, s’occupait peu des mouvements religieux ; sous les Asmonéens, Jésus eût été probablement arrêté dès ses premiers pas.

2270. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Bossuet lui avait souvent parlé là-dessus avec une liberté digne des premiers siècles et des premiers évêques de l’église ; il avait interrompu le cours de ses liaisons plus d’une fois ; il avait osé poursuivre le roi qui lui avait échappé.

2271. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre V. Chanteuses de salons et de cafés-concerts »

Nul n’ose proclamer cette vérité sentie de tous : José-Maria de Heredia est la plus belle illustration de l’affirmation de Banville — encore un grand poète viager dont les vers furent enterrés en même temps que son cadavre, — que la discipline parnassienne peut faire du premier imbécile venu un versificateur correct et sonore. […] Coppée fut pressenti des premiers.

2272. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1852 » pp. 13-28

C’est là que nous faisons notre première visite à Gavarni. […] * * * — Il me semble que les fonctionnaires sont destitués comme on renvoie les domestiques : aux seconds, on donne huit jours d’avance, aux premiers, la croix.

2273. (1824) Notice sur la vie et les écrits de Chamfort pp. -

Admis, sous le nom de Nicolas, au collège des Grassins, en qualité de boursier, ses premières années n’y eurent rien de remarquable ; il ne commença à se distinguer qu’en Troisième, et termina sa Rhétorique par les plus brillants succès ; il obtint tous les prix. […] Cependant, comme c’était sous le masque du patriotisme et au nom de la liberté, qu’à cette époque déplorable on persécutait les patriotes et qu’on établissait la tyrannie, Chamfort était assez difficile à atteindre : depuis le commencement de la révolution, il marchait sur la même ligne, et en quelque sorte aux premiers rangs de la phalange républicaine ; nul n’avait supporté, avec plus de courage, et ses propres pertes, et les crises violentes qui avaient agité le corps politique, et cette espèce de réforme, ou si l’on veut ce commencement de dégradation sociale, qui, rangeant l’esprit parmi les objets de luxe, privait nécessairement l’amour-propre d’une partie de ses jouissances.

2274. (1818) Essai sur les institutions sociales « Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales » pp. 364-381

Aristote avait reconnu que les règles premières de nos jugements étaient données par la logique et par les formes absolues du langage ; Kant a déduit de ces formes absolues les notions a priori de l’entendement. De Brosses a analysé avec une admirable sagacité les fonctions de l’instrument vocal ; il a pris rang, pour cette prodigieuse analyse, parmi les esprits du premier ordre : mais enfin il n’a défini et expliqué que l’instrument, et non la faculté.

2275. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVIII. Souvenirs d’une Cosaque »

… Les curieux, les commères, les friands de scandale, excités par ce premier, écoutent et en attendent un second ; mais moi, non ! […] Elle rapporte d’Amérique, pour l’empoisonner, un poison de première qualité, qui n’est point un vil poison de blanchisseuse, mais c’est elle qui s’empoisonne.

2276. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Odysse Barot »

Eh bien, c’est ce traducteur de Carlyle, qui s’est interrompu lui-même et dont la traduction étincelle des beautés de l’original, qui nous donne aujourd’hui une histoire de la littérature anglaise, et, malgré son titre, qui dit faux en disant : « de la littérature contemporaine », une histoire intégrale de la littérature en Angleterre, commençant à la première chronique saxonne et au premier poème normand, et allant jusqu’au dernier journal anglais de l’heure présente, jusqu’à la dernière feuille de chou, comme disent avec tant de distinction ces charmants journalistes, ces fameux lapins du journalisme qui se mangent leurs journaux entre eux ! […] Sans doute, quand il en est aux premières pages de son histoire, ou plus tard, quand il touche à cette phase historique où le génie, désintéressé de tout ce qui n’est pas l’effet esthétique, apparaît dans sa plus pure splendeur, sous Élisabeth, par exemple, — car le despotisme des rois n’a jamais empêché le génie de croître et il l’a quelquefois fait fleurir, — Odysse Barot ne peut point ne pas signaler les beautés des œuvres qu’il rencontre, surtout quand ces œuvres sont celles d’hommes comme Chaucer, Marlowe, Shakespeare, Et il les signale, et je crois même qu’il les sent avec énergie ; mais l’intérêt supérieur pour lui n’est pas là.

2277. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rigault » pp. 169-183

Déjà, en 1850, Rigault avait publié la première partie de ce morceau qu’il a complété, en 1858, par une seconde qui ne modifia en rien les jugements de cette première partie et qui ne pouvait pas les modifier. […] Pourquoi aiment-ils ce patito, éternellement épris de femmes qui se moquaient de lui, si ce n’est parce qu’ils s’associent aux premières mélancolies de l’impuissance, et que cette mélancolie, qui devrait être atroce à qui n’a pas en soi la ressource d’une âme, est encore chez lui tempérée ?

2278. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Dans ses premiers volumes du Consulat et l’Empire, personne n’a mieux développé que Thiers les détails et l’action d’ensemble des institutions politiques, administratives et judiciaires du premier Consul ; mais il ne dit pas un mot de la pente forcée de ces institutions vers l’Empire.

2279. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

En effet, son admiration a des manières tellement ingénieuses de se traduire et de s’affirmer, que très souvent on se demande, en le lisant, si l’homme qui a écrit de telles pages, qui brûle un encens de ce fumet pour la plus grande gloire des dames américaines, s’entend lui-même, ou s’il ne serait pas plutôt un mystificateur de premier ordre, un ironique profond, un Masque-de-Fer d’ironie, comme on a prétendu que l’avait été Machiavel-le-Sphinx quand il écrivit la tactique de la Tyrannie. […] La gloire et la force du peuple américain, c’est la bâtardise : « La transplantation des races européennes — dit-il, l’anti-Européen, — a eu pour premier effet sinon de dissoudre entièrement, au moins d’affaiblir le principe de la famille. » Et plus bas, devenant plus explicite, il ajoute : « Le passage de l’Européen outre-mer a toujours eu pour cause une protestation contre l’autorité paternelle, une déclaration d’indépendance individuelle, une sorte d’assimilation à l’état de bâtardise. » Et le singulier penseur, qui lit l’histoire les yeux retournés, non seulement ne voit pas les conséquences éloignées du vice originel de l’Amérique, mais, lui qui parle tant de réalité, il ne voit pas même les réalités présentes ; car, à l’heure qu’il est, tout le monde sait, sans avoir eu besoin d’aller en Amérique, que le peuple américain est un peu gêné en ce moment par son heureuse bâtardise ; que la question de l’indigénat est une des plus grosses questions qui aient jamais été agitées dans les États de l’Union, et que cette question n’est pas autre chose que la nécessité — sous peine de dissolution complète — de se faire une espèce de légitimité contre l’envahissement croissant de toutes les bâtardises de l’Europe, contre le flot montant des immondices qu’elle rejette !

2280. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Madame de Sévigné » pp. 243-257

Camille Rousset est un de ces assassins, du plus grand mérite, qui nous tuent d’ennui, et j’admirais avec quelle peine, quel labeur, quelle conscience, quelle correction et quelle perfection, il avait obtenu celui de son livre, qui véritablement est de première qualité. […] Aucun des côtés, déformés par la Calomnie, de cette honnêteté héroïque (le mot y est et l’épithète aussi), n’a échappé à Hippolyte Babou, qui a redressé et rectifié les lignes de cette majestueuse et touchante figure abîmée par d’imbéciles iconoclastes historiques, et qu’il a rétablie dans sa beauté première… J’espère bien qu’après cela on n’y touchera plus !

2281. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 201-216

Il n’est que le produit du temps ; il est sorti de son fumier… Il est vrai que quand Louis XV, sous la pression universelle, fut allé du premier bond à l’inceste et passa successivement par les bras prostitués des quatre sœurs, cette France, livrée de toute éternité à ce que nous appelons à présent en politique : le centre gauche, c’est-à-dire à la modération bourgeoise dans le mal, trouva trop de Gabrielles comme cela à la clef et se prit à crier contre un sardanapalisme si effroyablement exaspéré, non par vertu, mais par inconséquence de tête changeante et frivole, et pour que l’Histoire eût deux fois à la mépriser. […] L’oubli de son personnage de roi, la délivrance de lui-même, toutes choses que ne lui donnait pas la reine, voilà ce que Louis XV demandait à l’adultère, voilà ce que, toute sa vie, il devait y chercher… » Tel il est, ce portrait que je n’ai pas voulu abréger et que je trouve, presque à ma surprise, dans cette histoire de Madame de Châteauroux, dans le récit des amours de madame de Mailly, de ce premier de tous les adultères qui vont suivre !

2282. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

Seulement, les siens n’étaient pas les nôtres… Il transposait la sainteté… L’héroïsme et le dévouement guerrier à la patrie, cette première des vertus naturelles, avait pris à Michelet tout ce qu’il avait d’enthousiaste et de religieux dans l’âme et tout ce qu’il aurait donné à nos Saints s’il les avait connus, et si l’esprit de parti n’avait pas lamentablement diminué en lui l’historien. […] Ils lui prirent son noble cœur, l’enfermèrent dans une urne d’argent, et le portèrent au premier rang, où il marchait quand il vivait.

2283. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

Machiavel, qui se permettait aussi des comédies, mais non crépusculaires, qui inventait avant Molière un Tartufe d’une bien autre fierté et d’une bien autre profondeur, était un lettré, lui, et un lettré de premier ordre. […] Il grappille à Voltaire, avec son nom d’Adam, la plaisanterie du premier homme du monde.

2284. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Alexandre de Humboldt est, de consentement universel, au xixe  siècle, l’un des premiers hommes de ce siècle qui a encore quarante ans à vivre, et que dis-je ? […] … En effet, il n’avait ni conception première ni philosophie.

2285. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Horace Walpole »

Madame Du Deffand parle, dans une de ses lettres, « des premiers mouvements de sensibilité qui la ravissaient en Walpole ». […] Un moment, la vie les avait séparés, mais ils s’étaient rapprochés par la force des premières années, qui décident toujours des dernières dans nos pauvres cœurs, si craie soient-ils !

2286. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Nicolas Gogol »

Charrière, un homme du premier ni du second ordre, que Nicolas Gogol, l’auteur des Âmes mortes. […] Ce livre a été publié en deux parties et à deux époques, mais la première est la plus curieuse, car le satirique, dans cette première partie, l’est sans esprit de retour : il brûle son vaisseau ; et, dans la seconde, il fait l’effet d’arranger les planches d’une barquette pour s’en revenir.

2287. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « III. Donoso Cortès »

Donoso Cortès, cet écrivain incontestablement supérieur par un talent qui touche au premier ordre, cet orateur qui a poussé ces deux ou trois discours dont l’air que nous avons autour de la tête vibre encore, l’illustre Donoso Cortès… disons-le brutalement, ne serait rien sans le catholicisme, et ce n’est pas certes pour l’abaisser que nous disons cela ! […] Au premier rang de ce monde par les titres et les relations, Donoso Cortès, marquis de Valdegamas, n’y exerça pas toute l’influence à laquelle, de talent et d’âme, il avait droit, et la faute en fut justement au monde de ce temps, haïsseur de toute vigueur et de toute vérité complète !

2288. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Alexandre de Humboldt est, de consentement universel » au dix-neuvième siècle, l’un des premiers hommes de ce siècle qui a encore quarante ans à vivre, et que dis-je ? […] … En effet, il n’avait ni conception première ni philosophie.

2289. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIX. M. Eugène Pelletan »

— Ève eut besoin de sortir du Paradis pour conquérir sa première vertu. […] Certes, c’est ici le cas ou jamais de citer le beau mot du philosophe Jacobi, qui savait, comme Pascal, ce que vaut, sur les questions premières, la philosophie réduite à elle seule : « La philosophie, comme telle seulement, disait-il, est un jeu que l’esprit humain a imaginé pour se désennuyer, mais en l’imaginant, l’esprit n’a pas fait autre chose que d’organiser son ignorance. » Et encore y a-t-il moyen de l’organiser plus ou moins solidement, cette ignorance !

2290. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXX. Saint Anselme de Cantorbéry »

Par la nature de ses facultés, il était destiné à toujours aller devant soi dans le sens de ses premières pentes. […] Du temps d’Anselme également, les Croisades avaient opéré le rapprochement des tendances religieuses de l’Europe et de son premier intérêt terrestre.

2291. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Quel critique enfin a signalé au public, d’une façon quelconque, l’existence d’une traduction qui met à sa portée une œuvre littéraire, comptée au premier rang dans la littérature espagnole, et qui de plus lui fait connaître une de ces prodigieuses individualités, comme on dit maintenant, d’autant plus curieuse qu’elle est inexplicable à la sagacité purement humaine de l’Histoire, mais dont, pour cette raison peut-être, l’Histoire aime peu à s’occuper. […] Mais Térèse en particulier, Térèse surtout fut payée de ses premières folies pour Dieu, en recevant de lui le don de toutes les sagesses.

2292. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Lacordaire. Conférences de Notre-Dame de Paris » pp. 313-328

Pour qui voit l’enchaînement des questions qui doivent logiquement emplir ce cintre immense, il est facile de reconnaître que l’esprit qui l’a projeté a, en conception première, une vigueur intellectuelle dont on n’a pas assez tenu compte, attiré et captivé qu’on était par le style et l’inspiration de l’orateur. […] Semblable à cet autre grand moraliste chrétien, le saint auteur des Confessions, Dieu ne l’a pas appelé à lui tout d’abord, et ces premières années d’une jeunesse dépensée dans les misères voluptueuses du monde, ont tourné au profit de l’âme convertie et lui ont donné une science terrible, la science de ces passions qui nous ravissent à Dieu, quand nous ne nous ravissons pas à elles.

2293. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Cette plume est grave, orthodoxe, renseignée, pleine de droiture, très au courant des obligations de l’histoire et de l’historien, que celui qui s’en sert a exposées avec netteté dans une introduction fort bien faite, mais où il a un peu trop insisté peut-être sur les critiques dont son premier livre a été l’objet. […] L’abbé Christophe ne s’est peut-être pas souvenu, lui, prêtre français, que ce fut le clergé français qui transforma le concile de Bâle en un conciliabule d’insurrection, comme il avait été déjà la cause première du grand schisme d’Occident.

2294. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Le temps qui s’est écoulé depuis cette époque n’a pas diminué la joie d’avoir signalé l’un des premiers un ouvrage qui frappe et tient presque en échec (on le dirait, du moins, à leur silence,) les esprits le plus connus pour s’occuper des hautes spéculations de la pensée. […] » Or, comme dans toute théodicée il n’y a jamais qu’une démonstration, la démonstration de l’existence de Dieu, faite par autant de voies que l’esprit peut en inventer, et impliquant, quand elle est bien faite, non seulement la science de Dieu, mais la science de l’homme s’élevant à Dieu et le rencontrant à l’extrémité de tous les rayons de sa vie, il est évident que le moyen d’appréhender cette vérité première, de s’élever à Dieu, de l’approcher de nous, de nous le démontrer enfin, est toute l’originalité ou toute la vulgarité, toute la force ou toute la faiblesse du traité qui, en ce moment, nous occupe.

2295. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

L’autre jour, un critique, d’un sentiment très ému sur ce poème d’Armelle, Pontmartin, se demandait, et, disait-il, avec mélancolie, ce qu’aurait été le succès d’Achille du Clésieux si son poème d’aujourd’hui avait été publié dans les beaux jours du romantisme, dans cette période de seize années, qui va des Premières Méditations à Jocelyn. […] V Quant à la forme qu’elle a revêtue, cette poésie qui déroutera encore l’esprit byzantin et blasé de ce temps par la simplicité de son expression et par la simplicité des choses décrites, autant que par celle de son inspiration première, je l’ai déjà caractérisée en disant que l’auteur, qu’il le veuille ou non, qu’il le soit d’imitation ou de nature, est un lamartinien.

2296. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Dès ses premières années, il avait jeté sur la flamme de son esprit un boisseau de connaissances qui auraient pu l’éteindre et qui ne l’éteignirent pas. […] À part les satiriques de notre littérature, qui sont tous issus, plus ou moins, depuis Régnier jusqu’à Barbier et Barthélemy (de la Némésis), de l’auteur des Tragiques, de ce premier et terrible fulminateur contre les vices monstrueux d’une époque si exceptionnellement dépravée, il serait certainement possible de retrouver, à deux cents ans de distance, d’autres ressemblances et d’autres traits de famille entre d’Aubigné, ce précurseur de plus grands que lui, et d’autres poètes qui ne sont pas seulement séparés de lui par deux siècles.

2297. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Stendhal et Balzac » pp. 1-16

Mais à cela près de cette nappe de lumière qu’un homme de génie versa, comme un Dieu bienfaisant, sur la tête d’un homme de talent trop obscur, Henri Beyle n’aurait été, aux yeux des hommes de son temps, qu’un dilettante supérieur d’art et de style, et non l’homme qui, dans cette première moitié du xixe  siècle, devait, après Balzac, marcher à la tête des artistes, des observateurs et des écrivains. […] Assurément, l’auteur de la notice est trop exercé et trop compréhensif pour ne pas voir, du premier regard, ce qu’il y avait de véritablement grand dans Beyle : aussi marque-t-il bien la descendance de son génie, qu’il fait venir de La Bruyère et de Saint-Simon ; mais après ce large classement, après le rapport de famille spirituelle saisi avec la justesse d’un naturaliste de la pensée, on voudrait de Beyle, d’un si sérieux artiste, un portrait plus étudié et plus sévère.

2298. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Édouard Gourdon et Antoine Gandon » pp. 79-94

La première place sera toujours pour les œuvres étendues et fortement combinées, pour ces romans où l’esprit bourgeois voit des longueurs, comme il en voit dans Clarisse et dans les deux premiers volumes de tout roman de Walter Scott, mais où le connaisseur sait voir, lui, des secrets d’effet merveilleux. […] Serait-ce plutôt l’événement de la grossesse de Louise et de la mort de son enfant, involontairement tué par suite de l’obstination qu’elle met, étant enceinte, à aller avouer son changement de cœur à son premier amant ?

2299. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Le Sage » pp. 305-321

L’éditeur de Le Sage32 a trouvé là une réputation bien établie, un écrivain réputé pour un des premiers dans l’ordre du roman ; une de ces célébrités faites par le siècle qu’elle amusa et acceptées sans bénéfice d’inventaire par le nôtre, qu’elle n’amuse plus ; un homme enfin qui passe toujours presque pour une des gloires de la Littérature française. […] Il est un des premiers parmi ces amuseurs : car je ne consentirai jamais à les nommer des romanciers, ceux qui précipitent l’art jusqu’aux foules, et le dégradent en le faisant populaire.

2300. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Son premier et son plus grand tort fut de se croire un Véronèse. » Le second fut de ne peindre « que des individualités, des exceptions, des hommes et non l’homme, et de les peindre sans mesure, sans sobriété, avec outrance » et non sagement, comme Lesage, ce Salomon, auteur de Gil Blas ! […] Là où il avait percé l’horizon, à ce qu’il semblait, jusqu’à sa dernière limite, il en creusait un autre encore qui s’ouvrait dans les profondeurs du premier.

2301. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Avec l’immobilité des jugements des hommes, tout dépend longtemps, sinon toujours, du premier moment dans la vie. […] Le contraste des livres qu’il publia avec les romans et les contes qu’il avait publiés, servit énormément à ses premières publications, et en augmenta rétrospectivement la valeur.

2302. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Pour que, de toutes les dissonances il résulte une plus étonnante harmonie, il y a dans ce livre des teintes plus tendres que des nuances, des rêveries d’esprit qui ressemblent à des rêves, des amours d’enfants de douze ans veloutés des premières fleurs que la vie emporte sur ses ailes, et tout cela (ces impondérables) est exprimé, qui le croirait ? […] S’il n’était pas chrétien, s’il ne s’était pas trempé dans cette source de courage et de mépris miséricordieux qu’on appelle le Christianisme, il serait peut-être misanthrope, de cette noble misanthropie d’après trente ans qu’eurent de Latouche et Chamfort, et qui ne donna pas au premier beaucoup de dignité dans la vie, et n’arracha pas le second à la plus abominable mort.

2303. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVI. Des éloges académiques ; des éloges des savants, par M. de Fontenelle, et de quelques autres. »

Il y a une foule d’hommes qui, sans avouer aux autres leur secret, et sans trop se l’avouer à eux-mêmes, se mettent, sans qu’on s’en doute, aux premières places. […] On peut y joindre, quoique dans un ordre un peu inférieur, ceux de Tournefort, de Boherhaave, de Malebranche, du marquis de L’Hôpital, du grand Cassini, de Renau, qui eut le mérite ou le malheur d’inventer les galiotes à bombes ; de Homberg, premier médecin et chimiste du duc d’Orléans, régent ; du fameux géographe de Lisle, qui raccourcit la mer Méditerranée de 300 lieues, et l’Asie de 500 ; et de Ruisch, célèbre anatomiste hollandais, avec qui le czar Pierre passait des jours entiers pour admirer ou pour s’instruire, et dont le cabinet fut transporté de La Haye à Pétersbourg.

2304. (1902) Le chemin de velours. Nouvelles dissociations d’idées

Le premier cahier de chansons, ce fut la mémoire d’une femme ; et ainsi du premier recueil de contes, de la première liasse de documents. […] Que l’on songe à la sensation des premières heures de chemin de fer lors d’un voyage entrepris sans soucis, par caprice. […] Des provinces, jusqu’aux premières années de ce siècle, gardèrent la tradition des unions précoces. […] Première série. […] Les quatre premiers articles sont approuvés pleinement.

2305. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLVI » pp. 183-185

Les chefs-d’œuvre du xviie  siècle deviennent déjà assez anciens pour que la critique s’y applique, et non plus à la manière de La Harpe pour y chercher des modèles et des exemples à proposer aux continuateurs ou imitateurs, mais d’une méthode plus érudite et scientifique, pour y étudier la langue, le vocabulaire, le texte, relever les altérations que ces textes ont déjà subies depuis près de deux siècles qu’on les réimprime, pour y noter les variantes que les auteurs eux-mêmes avaient apportées dans les éditions premières.

2306. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Breton, Jules (1827-1906) »

Il exposait depuis plus de trente ans, lorsqu’il publia son premier recueil de vers.

2307. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Colet, Louise (1810-1876) »

Théodore de Banville Mme Louise Colet, poète d’un grand et vrai talent, a balbutié ses premiers essais dans un temps de névrose romantique où il fallait être pâle, fatal, poitrinaire et lis penché, sous peine de mort.

2308. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Du Camp, Maxime (1822-1894) »

Maxime du Camp, avec moins de fini, se rattache par le côté de Théophile Gautier à l’école de Victor Hugo ; il aime et cultive la description pour elle-même, il la cherche ; un de ses premiers soins a été de visiter cet Orient que le maître n’avait chanté que de loin et sur la foi du rêve… Il y a de beaux vers, surtout des poussées éloquentes.

2309. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Magre, Maurice (1877-1941) »

Maurice Magre, en collaboration avec son frère André, fit imprimer sa première œuvre, Éveils, plaquette de vers à laquelle succéda une pièce lyrique, représentée sur le théâtre du Capitole (Toulouse, 27 avril 1896).

2310. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Ménard, Louis (1822-1901) »

. — Rêveries d’un païen mystique, première édition (1876).

2311. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mockel, Albert (1866-1945) »

L’éveil peureux d’un cœur vierge aux premiers émois de l’amour, à l’amour de l’amour, le culte enfantin et noble de « la petite Elle », la floraison puérile du printemps autour de l’éclosion printanière d’une âme, tels sont les principaux motifs sur lesquels M. 

2312. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Trarieux, Gabriel (1870-1940) »

Émile Faguet Joseph d’Arimathée n’est pas précisément un drame, c’est une étude psychologique très attentive et très fine sur l’état d’esprit des premiers adeptes d’une religion et sur la manière dont un sentiment religieux se forme et se développe peu à peu dans les âmes… J’ai déjà dit qu’il n’est point du tout dramatique, et qu’il ne pourra jamais, au théâtre, soutenir et retenir l’intérêt d’un public un peu nombreux ; mais, comme étude psychologique, Joseph d’Arimathée est excellent… Il s’y trouve de grandes, de profondes beautés.

2313. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre premier. Le problème des antinomies » pp. 1-3

Chapitre premier.

2314. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 227-229

Ils trouveront encore des ressources puissantes dans le Cours de Belles-Lettres du même Auteur, Ouvrage qui n’est que le développement du premier.

2315. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 245-247

On peut donc le regarder dans ce démêlé, comme le Comte de Gormas devenu la victime du premier coup d’essai du jeune Rodrigue.

2316. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 328-330

le Moine a fait encore un autre Ouvrage, intitulé Discours sur les progrès de l’Eloquence de la Chaire, & sur les manieres & l’esprit des Orateurs des premiers Siecles ; autre entreprise qui exigeoit des talens supérieurs aux siens.

2317. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 409-411

Son premier Ouvrage fut un Poëme, intitulé Stagna.

2318. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre premier. De l’Écriture et de son excellence. »

Chapitre premier.

2319. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Dumont le Romain  » pp. 115-116

On prendrait au premier coup d’œil, le monarque pour un Thesée qui revient victorieux du [Minotaure].

2320. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Introduction »

Un heureux concours de circonstances, au premier rang desquelles il est juste de mettre l’acte d’initiative qui a créé en notre faveur un cours régulier de sociologie à la Faculté des lettres de Bordeaux, nous ayant permis de nous consacrer de bonne heure à l’étude de la science sociale et d’en faire même la matière de nos occupations professionnelles, nous avons pu sortir de ces questions trop générales et aborder un certain nombre de problèmes particuliers.

2321. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

De grands corps blancs, flegmatiques, avec des yeux bleus farouches, et des cheveux d’un blond rougeâtre ; des estomacs voraces, repus de viande et de fromage, réchauffés par des liqueurs fortes ; un tempérament froid, tardif pour l’amour16, le goût du foyer domestique, le penchant à l’ivrognerie brutale : ce sont là encore aujourd’hui les traits que l’hérédité et le climat maintiennent dans la race, et ce sont ceux que les historiens romains leur découvrent d’abord dans leur premier pays. […] Ici le tempérament lent et lourd21 reste longtemps enseveli dans la vie brutale ; au premier aspect, nous autres, gens de race latine, nous ne voyons jamais chez eux que de grandes et grosses bêtes, maladroites et ridicules quand elles ne sont pas dangereuses et enragées. […] Un jour qu’Athelstan visitait avec les nobles sa parente Ethelflède, la provision d’hydromel fut épuisée du premier coup par la grandeur des rasades ; mais saint Dunstan, ayant deviné, l’immensité de l’estomac royal, avait muni la maison, en sorte « que les échansons, selon la coutume des fêtes royales, purent toute la journée servir à boire dans des cornes et autres vaisseaux. » Quand les convives étaient rassasiés, la harpe passait de mains en mains, et la rude harmonie de ces voix profondes montait haut sous les voûtes. […] Au premier rang, « un certain sérieux qui les écarte des sentiments frivoles et les mène sur la voie des sentiments élevés32. » Dès l’origine, en Germanie, on les trouve tels, sévères de mœurs, avec des inclinations graves et une dignité virile. […] Voilà le héros tel qu’il est conçu dans cette race à sa première aurore.

2322. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

… Ô cette création, seconde devant Dieu, première devant les hommes ! […] Mais aux premiers mots de littérature, consultation, etc., il prend un air désagréable, migraine, et m’apparaît alors dans une disgrâce réelle. […] Ces morts, ces absents étaient des premiers groupements. […] Moi, j’ai conservé sept ans dans un tiroir mon premier recueil, j’ai brûlé quatre mille vers, j’ai refait la plupart de mes morceaux plusieurs fois. […] Tout à fait au premier rang de ceux-là, et bien qu’étant parmi les moins excentriques, il y a Henri de Régnier.

2323. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Corbière, Tristan (1845-1875) »

C’est là que parurent ses premiers vers, entre autres La Pastorale de Conlie, Veder Napoli (24 mai), Cris d’aveugle (20 septembre), Le Fils de Lamartine et de Graziella, Vésuves et Cie (27 septembre).

2324. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pommier, Amédée (1804-1877) »

. — Premières Armes (1832). — La République ou le Livre de Sang (1836-1837). — Les Assassins (1837). — Océanides et Fantaisies (1839). — Crâneries et Dette de cœur (1842). — Colères, poésies (1844). — Sonnets sur le Salon (1851). — L’Enfer, poème catholique (1853). — Les Russes (1854). — Colifichets et Jeux de rimes (1860).

2325. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soulié, Frédéric (1800-1847) »

Si le véritable public prêta peu d’attention à cette première œuvre de Soulié, il n’en fut pas de même du monde littéraire qui, à cette époque, était à l’affût des moindres publications poétiques.

2326. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — X — Xanrof, Léon (1867-1953) »

Elle commence ainsi : J’abit’ ru’ d’l’École’ de Méd’cine, Au premier, tout comme un bourgeois… Cette chanson m’a donné l’impression très vive de ce qui a remplacé la botte de paille des basochiens de la rue du Fouarre ; la chambre garnie de la Rive gauche, l’acajou écaillé du lit disjoint, le tapis pelé, les draps de coton trop étroits et toujours moites, les serviettes pelucheuses, la cuvette fêlée, l’odeur qui monte de la cour, et toute cette misère égayée parfois d’un punch ou d’un passage de jupe pas chère.

2327. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VI. L’antinomie religieuse » pp. 131-133

Au premier abord il semble qu’on ne puisse parler d’individualisme religieux.

2328. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 380-382

Toujours intrépide lorsqu’il s’agissoit de défendre les anciennes opinions, il s’acharna à réhabiliter les atomes d’Epicure, sans cependant nier, comme lui, l’existence d’une premier Cause, indépendante de toutes les autres.

2329. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 506-508

Ceux qui se sont occupés à compiler des Vers médiocres ou frivoles, sous le titre d’Elite de Poesie, du plus joli des Recueils, du Porte-feuille d’un Homme de Goût, compilations qui toutes démentent leurs titres, auroient dû s’attacher à faire revivre ces premiers fruits de notre bonne Littérature.

2330. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface et poème liminaire des « Contemplations » (1856-1859) — Préface (1859) »

La joie, cette fleur rapide de la jeunesse, s’effeuille page à page dans le tome premier, qui est l’espérance, et disparaît dans le tome second, qui est le deuil.

2331. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre premier. Que la poétique du Christianisme se divise en trois branches : Poésie, Beaux-arts, Littérature ; que les six livres de cette seconde partie traitent spécialement de la Poésie. »

Chapitre premier.

2332. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Errata Du Tome second. » pp. -

Ophellot de la Pause ont donné depuis peu deux traductions de Suetone ; celle du premier est en deux vol.

2333. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 21, de la maniere dont la réputation des poëtes et des peintres s’établit » pp. 320-322

Ce premier temps écoulé, le public apprétie un ouvrage à sa juste valeur, et il lui donne le rang qu’il mérite, ou bien il le condamne à l’oubli.

2334. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Avis du traducteur » pp. -

Si cette première traduction française de la Science nouvelle, résolvait d’une manière satisfaisante les nombreuses difficultés que présente l’original, elle le devrait en grande partie au zèle infatigable de son amitié.

2335. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

. — Premier groupe des sensations du toucher, les sensations musculaires. — Paralysies où elles manquent. — Cas pathologiques. — Second groupe des sensations du toucher, les sensations de la peau. — Paralysies où elles manquent. — Observations de Landry, — Les deux groupes de nerfs sont distincts. — Les deux groupes de sensations sont semblables. — Trois espèces de sensations pour tous les nerfs du toucher. — Sensation de contact, sensation de température, sensation de plaisir et de douleur. — Chacune de ces espèces peut être conservée ou abolie isolément. — Observations sur les malades. — Conditions connues de chaque espèce. — Expériences et observations. — Opinion de Weber. — Ces conditions sont des types distincts d’action pour le même nerf. — Expériences de Fick. — Les caractères différents que nous trouvons dans les sensations totales de contact, de température, de plaisir et de douleur, s’expliquent par l’arrangement différent des mêmes sensations élémentaires. […] Nous voyons, du premier coup et par l’expérience ordinaire, que tel corps excite en nous telle sensation d’odeur ou de saveur, que tel corps excite en nous la sensation de bleu ou de rouge ; mais l’un et l’autre n’éveillent la sensation que par des intermédiaires ; il a fallu faire l’optique pour trouver que le second a comme intermédiaire des ondulations éthérées de telle vitesse et de telle longueur ; il faudrait aussi avoir recours à une science toute faite pour trouver l’intermédiaire par lequel agit le premier. — Cherchons pourtant cet événement dernier et immédiat à la suite directe duquel le nerf olfactif ou les nerfs gustatifs entrent en action. […] Par suite, grâce au premier cas, nous pouvons, jusqu’à un certain point, nous représenter le second. […] Si ce second régulateur manque comme la premier, « ils ne peuvent se tenir debout sans chanceler ou risquer de tomber ; leurs mouvements ont trop ou trop peu d’ampleur ; ils laissent facilement échapper les objets qu’ils ont entre les doigts, ou d’autres fois les brisent par une contraction trop énergique ». […] Nous n’y découvrons point d’autres éléments, et, par cette première réduction, nous ramenons les sensations tactiles à trois types et seulement à trois.

2336. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Les deux premières puissances ne sont qu’affaiblies dans l’homme ; mais la troisième est brisée, et, semblable au serpent du Tasse, elle se traîne après soi, toute honteuse de sa douloureuse impuissance. […] Le poète érotique a dit : Je vois le bien, je l’aime, et le mal me séduit  ; et l’Apôtre si élégamment traduit par Racine a dit : Je ne fais pas le bien, que j’aime, Et je fais le mal, que je hais. » IV Le christianisme lui-même est évidemment sorti de cette universelle tradition du monde, car son premier nom fut Rédemption. […] L’antiquité, au contraire, ce témoin plus rapproché que nous des origines, s’accorde à représenter ses premiers ancêtres comme des créatures douées de plus de jeunesse, de plus de force, de plus de facultés. « Sur ce point, dit-il, il n’y a pas de dissonance : les initiés, les philosophes, les poètes, l’histoire, la fable, l’Asie et l’Europe n’ont qu’une voix. […] Je mets au premier rang une écriture belle et aisée. […] Ma place (de régent de la grande chancellerie) revient à peu près à vice-chancelier, et me met à la tête de la magistrature, au-dessus des premiers présidents.

2337. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Jamais les défauts de l’éducation première n’ont été plus vigoureusement signalés que dans ces pages. […] Une autre réflexion encore, c’est qu’il est moins aisé de guérir radicalement une passion que d’extirper ces vices de premier ordre qui combattent de front la vertu. […] L’empereur Yventi, premier du nom, régnait alors ; les annales de Chine nous le représentent comme un prince très sage et très savant. […] Admirez seulement avec quel art d’écrivain Cicéron embellit l’aridité de son sujet par les charmants péristyles du premier et du second discours sur les Lois : Atticus. […] « Restez donc le disciple du premier philosophe de ce siècle, restez-le aussi longtemps que vous le voudrez, et vous devez le vouloir tant que vous ne vous repentirez pas du temps que vous lui consacrerez.

2338. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Grandet, le père d’Eugénie Grandet, qui, après sa femme, fait de sa fille unique sa première victime. […] Ce jour-là seulement Grandet permettait qu’on allumât le feu dans la salle, et il le faisait éteindre le trente et un mars, sans avoir égard ni aux premiers froids du printemps ni à ceux de l’automne. […] La pauvre fille ne se rendait pas justice ; mais la modestie, ou mieux la crainte, est une des premières vertus de l’amour. […] L’enfance et l’amour furent même chose entre Eugénie et Charles : ce fut la passion première avec tous ses enfantillages, d’autant plus caressants pour leurs cœurs qu’ils étaient enveloppés de mélancolie. […] Elle avait le médecin ordinaire de sa chambre, son grand aumônier, son chambellan, sa première dame d’atours, son premier ministre, son chancelier surtout, un chancelier qui voulait lui tout dire.

2339. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Il ne s’échauffe guère que vers cinq heures, quand il s’est mis au travail à midi… Il ne peut écrire sur du papier blanc, ayant besoin de le couvrir d’idées, à l’instar d’un peintre qui place sur sa toile ses premiers tons… Soudain, comptant le petit nombre de gens qui s’intéressent aux choix d’une épithète, au rythme d’une phrase, au bien fait d’une chose, il s’écrie : « Comprenez-vous l’imbécillité de travailler à ôter les assonances d’une ligne ou les répétitions d’une page ? […] Au premier nous frappons à une porte d’appartement. […] Dimanche 20 février Au coin de sa cheminée, Flaubert nous raconte son premier amour. […] Tout ce qui est élan et de premier mouvement y est averti et corrigé. […] Au premier jour, nous avons cru à une grande vente.

2340. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Au premier abord, de la pitié pour Richelieu semblerait une impertinence ! […] La plupart des hommes faits pour le pouvoir, mais qui ne l’ont pas trouvé, comme un jouet qui attendait leur main, sur la descente de leur berceau, connaissent la cruauté des premières luttes. […] Pour Richelieu, ce grand malheureux que nul n’oserait plaindre, l’amertume des derniers jours fut aussi grande que celle des premiers. […] Oui, c’est là un triste spectacle, et qu’il est inattendu, lorsqu’on se reporte aux premiers écrits de M.  […] … Certes, si la critique est quelque chose de plus qu’une leçon d’anatomie donnée sur le cadavre d’un livre mal fait, si elle a le droit et le devoir de remonter du livre à l’homme, et de regarder dans le cœur et sous l’écorce de l’arbre qui a distillé un pareil poison, il peut être utile de rechercher quelles causes mystérieuses ont pu placer un écrivain à contre-sens de sa nature d’intelligence, de son talent, de ses premiers ouvrages ; car, ironie d’un Dieu qui a d’épouvantables plaisanteries !

2341. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Telles sont les idées premières qu’éveille le très curieux et très captivant livre que M.  […] Parmi ces derniers, sans vouloir en faire un chef d’école, il faut signaler, au premier rang, M.  […] Les hésitations d’une femme mariée qui en est à son premier rendez-vous, ses déceptions quand elle voit de près l’objet aimé, ses retours d’esprit, ses incertitudes, tout est décrit avec une rare habileté de main. […] Sully Prudhomme est mathématique : Onze étant un nombre premier, le rythme de onze syllabes ne peut pas être régularisé. […] En sorte que son œil, juste autant que son esprit, a gardé cette première vision si précieuse et si difficile à conserver pour bien juger.

2342. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Goethe (par les côtés accessibles aux jeunes esprits et à la foule), Schopenhauer et Wagner furent ses premiers maîtres et ses idoles. […] Critique des obstacles : premiers obstacles. […] C’est la chose première. […] Ce moment est certainement le moment de première décadence. […] Et veut-on donc que la mauvaise foi, la paresse et la lâcheté soient les conditions premières de la moralité ? 

2343. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Si maintenant je voulais, pour l’ébattement de mes lecteurs, leur faire un analyse à peu près complète et émaillée de citations du premier de ces chefs-d’œuvre, la croupe de M.  […] Je me suis borné aux cinq premières pages, où irais-je si je continuais ainsi jusqu’à la fin. […] About, dès qu’il aura trouvé un éditeur pour ses premières élucubrations, me disait l’autre jour : « Le roman est la chose du monde la plus facile à faire. […] Je me suis borné aux cinq premières pages, où irais-je si je continuais ainsi jusqu’à la fin ? […] Et ces premiers cris de folie ne feront pas reculer tout homme encore un peu gaulois.

2344. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

Ils ont les manières du premier homme, dans le paradis. […] Au premier volume, un petit enfant. […] De nouveaux documents apparaissent, qui modifient les conclusions premières. […] Il y avait une vieille demeure, ancien asile de mes premières confiances. […] Mais l’impression première avait été profonde et rude.

2345. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Une page de roman, une pièce de vers est un document psychologique de premier ordre. […] J’ai posé cette première et essentielle définition sans la justifier. […] Dans sa première lettre à John Murray, Byron a plaidé avec éloquence la cause de l’artificiel et de l’humain. […] Mais en général l’idée première n’est pas obtenue par réflexion. […] C’est comme dans le travail de la fresque, il faut peindre au premier coup.

2346. (1914) Une année de critique

Alfred Capus donna son premier « Courrier de Paris ». […] Dès son premier article2, M.  […] Jules Lemaître, qui considère les deux premières parties du roman comme les plus fastidieuses. […] que je serais content si ce lecteur-là se lasse des premières pages du roman de Boylesve ! […] Grâce au premier, le monde continue d’exister, mais c’est grâce au second qu’il vaut de ne point disparaître.

2347. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Sur un exemplaire de Vauquelin de la Fresnaie »

Nodier : il s’est vendu 80 fr. à la vente du premier, et 153 fr. à la vente du second.

2348. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Albert (1875-1911) »

Henri de Régnier notamment, qui, l’un des premiers, en discerna le charme, et combien je suis heureux d’avoir trouvé en un confrère de qui j’ignore tout, sauf ses vers, un aussi bon compagnon de pensée pour les heures tristes !

2349. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gilkin, Iwan (1858-1924) »

Le livre contient vraiment des pièces de premier ordre, des sonnets d’une forme impérieuse, impeccable, comme personne maintenant n’est de taille à en faire.

2350. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Goudeau, Émile (1849-1906) »

Jean de Mitty Goudeau avait fondé les Hydropathes, cette réunion de poètes qui marque une date amusante dans les annales de l’art contemporain, et fait partie du premier Chat-Noir, ce milieu fécond qui fut, pour beaucoup, le tremplin de la célébrité.

2351. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Millevoye, Charles (1782-1816) »

De Pongerville Millevoye, cependant, ne s’élève au premier rang que dans l’élégie, le fabliau, la poésie délicatement érotique où l’esprit est toujours l’intermède de la volupté.

2352. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Schuré, Édouard (1841-1929) »

De même que « Richard Wagner n’est pas entré dans la légende en savant ou en curieux, mais en créateur », de même que Richard Wagner, « rejetant les aventures sans fin et tous les accessoires du roman, se place du premier bond au centre même du mythe et de ce point générateur recrée de fond en comble les caractères et l’organisme de son drame », de même enfin « qu’en restituant au mythe sa grandeur primitive, son coloris original, il sait y approprier les passions et les sentiments qui sont les nôtres, parce qu’ils sont éternels, et subordonner le tout à une idée philosophique », — de même Édouard Schuré dégage d’une époque historique ses éléments essentiels, lui recrée une émouvante jeunesse, et la fixe en cet état dans l’imagination humaine.

2353. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soumet, Alexandre (1788-1845) »

Vainement s’y était-il jeté avec sa fougue ordinaire et avait-il figuré des premiers dans la rédaction du Conservateur et de la Muse française ; des liens le rattachaient à l’ancienne école, qui l’empêchaient de marcher avec la nouvelle.

2354. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 421-423

Non, sans doute : il vaut beaucoup mieux marcher d’après les bons modeles, que de s’obstiner à créer des monstres bizarres qui ne sauroient jamais plaire qu’à des esprits frivoles, triste jouet du premier Auteur médiocre qui veut les séduire.

2355. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 480-482

Sa Paraphrase du premier Livre des Instituts de Justinien, ne se ressent, en aucune maniere, de la jeunesse de l’Auteur, qui n’avoit alors que dix-neuf ans.

2356. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre I. Des Livres qui traitent de la Chronologie & de la maniere d’écrire l’Histoire. » pp. 2-4

A la tête du premier volume, est un précis de la Méthode pour étudier l’Histoire.

2357. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre II. Trois espèces de langues et de caractères » pp. 296-298

Cette langue fut nécessaire aux premiers âges, où les hommes ne pouvaient encore articuler.

2358. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Les horoscopes et les almanachs étaient trop pressés ; la fortune est souvent plus lente à se décider dans ses retours qu’elle ne l’a été dans ses premières faveurs. […] Voltaire avait connu Bernis poète et galant ; il l’avait beaucoup vu en société et sous sa première forme dissipée et légère. […] Mais il a le mérite d’avoir senti et signalé, l’un des premiers, ce qui devait corrompre le goût léger, vif et spirituel, et la gaieté originale de notre nation.

2359. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

À la première affaire d’avant-garde qui s’engage de nuit dans les montagnes, les colonnes françaises, par un malentendu, tirent les unes sur les autres ; il s’ensuit une confusion extrême : Dans cette échauffourée, le bataillon rompit ses rangs aux premiers sifflements des balles ; je restai à ma place comme un soldat russe : c’était quelque chose pour un début. […] Les nominations, dans ces premiers temps, se faisaient par l’élection. […] Un officier de la 18e, le capitaine Motte, commandant un fort au débouché du Tyrol, se laisse intimider par les sommations de l’ennemi, lors des premiers succès de Wurmser ; il livre le passage et se rend prisonnier de guerre : Sans cette malheureuse circonstance, le mouvement des Autrichiens eût été retardé de quelques heures.

2360. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Elle lui conseille, à lui et à leurs amis, de ne pas faire d’entreprise à la légère, comme aussi de ne pas désespérer trop tôt ; elle ne préjuge pas absolument, en ce qui la concerne, de ce que l’avenir pourra l’amener à décider ; elle semble revenir sur ce premier refus de fuir, et elle n’y mettrait pas d’obstination, dit-elle, si les circonstances empiraient. […] En rendant à Mme Champagneux le dépôt qu’elle lui avait confié, il lui exprima le vœu que ce monument authentique d’esprit, de talent et de courage, fût conservé un jour dans un établissement public, et on lui doit ainsi d’avoir suggéré l’idée première de ce legs assez récent qui a été fait à la Bibliothèque Impériale. […] Petit-neveu par alliance du premier éditeur, M. 

2361. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Ulric Guttinguer, par son âge et ses débuts, remonte aux premiers temps de notre réveil poétique. […] Compatriote et de cette famille poétique de Vauquelin de La Fresnaye, de Racan et de Segrais, il aurait aimé du premier, s’il l’avait connu, le tendre sonnet de Damète et d’Amaranthe ; la paresse élégante et le goût sans travail du second lui semblaient dévolus, et il eût bien été capable de dire en une idylle, si Segrais ne l’avait fait déjà : O les discours charmants ! […] Voilà ce que me faisait inventer de chimérique, comme réforme et premier retour au bien, une morale riante et mondaine, rigide en honneur, en amitié, mais sur le reste accommodante et fragile.

2362. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Dès sa première satire, pièce assez médiocre, il trouve la rime pleine, riche, curieuse même. […] Représentez-vous sa vie, et vous concevrez de quelles sensations premières était faite l’étoffe où il taillait ses ouvrages. […] Depuis sa première enfance, il vit dans le tumulte de la grande ville ; de sa guérite au-dessus du grenier, dans la maison de la cour du Palais, son oreille perçoit chaque jour la clameur aiguë et matinale des coqs, et tous ces bruits de la cité laborieuse qui s’éveille, les coups de marteau du serrurier voisin, les maçons chantant ou s’injuriant sur leurs échafaudages, les charrettes roulant sur le pavé, les courtauds ouvrant les boutiques avec un grand bruit de volets choqués et de voix, et puis les cloches des vingt-six églises ramassées dans l’étroite enceinte de l’île Notre-Dame.

2363. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

C’est comme une justice du premier degré, qui abandonne à la justice suprême tous les cas qu’elle ne peut pas accommoder. […] Cette première variété, propre à tous les chefs-d’œuvre du dix-septième siècle, est une des beautés du théâtre de Molière104. […] J’ai sous les yeux cette première édition avec la date de 1688.

2364. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

C’est pourquoi le philologue fut jusqu’à présent l’éducateur par excellence : son activité elle-même donne l’exemple d’une monotonie s’élevant jusqu’au grandiose ; sous son égide, le jeune homme apprend à bûcher : première condition pour remplir plus tard, avec excellence, le devoir machinal (comme fonctionnaire de l’État, bon époux, rond de cuir, lecteur de journaux, soldat, etc.) […] Ce dernier individualisme est très supérieur au premier. […] « La cause première de la richesse, dit Tarde, c’est l’invention — Le travail est un faisceau d’actions similaires, d’actes répétés, à l’exemple conscient ou inconscient d’un premier acte qui n’émane nullement du travailleur lui-même, mais d’un inventeur antique ou récent, connu ou inconnu.

2365. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Parmi les écrits qui s’inspirent de cette tendance il convient de placer en première ligne ceux de M.  […] Au premier de nos six échelons, le fait, encore complètement brut, est pour ainsi dire individuel, il est complètement distinct de tous les autres faits possibles. […] Quelque habile que soit l’ouvrier, sa liberté est toujours limitée par les propriétés de la matière première sur laquelle il opère.

2366. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Les romanciers naturalistes, à ce premier tort, en joignirent un autre. […] Si les Poètes de l’École Décadente en étaient restés à ces premières excentricités du début, ils ne tiendraient guère en littérature qu’une place de curiosité. […] Ferdinand Brunetière fut l’un des premiers à interroger l’horizon.

2367. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

J’ose dire qu’au premier coup d’œil se présenteront à nous certains caractères communs à plusieurs de ces œuvres ; nous en remarquerons qui sont universels, d’autres généraux seulement, d’autres particuliers à quelques personnes, d’autres purement individuels. […] Ainsi des tendances, qui sont en sous-ordre dans cette première moitié du règne de Louis XIV, s’apprêtent à reconquérir, après cette trentaine d’années, l’importance qu’elles ont eue auparavant. […] Ainsi, dans l’époque que nous avons résumée plus haut, la poésie dramatique et la littérature religieuse me paraissent avoir droit aux deux premiers rangs, et ce rapprochement seul de deux genres qui se ressemblent si peu, qui sont même, à certains égards, en pleine opposition, fait comprendre à merveille cette société catholique et mondaine qui voltige avec aisance du théâtre au sermon et se partage entre l’Église et les plaisirs du siècle.

2368. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

M. de Chamarante la mène et la ramène à la face de l’univers136. » Je remarque ici qu’en 1680, époque du premier éclat de cette insigne faveur, madame de Maintenon avait quarante-cinq ans ; et cette circonstance fixe la date inconnue d’une lettre à madame de Frontenac, rapportée dans tous les recueils. […] Le roi, en 1672, essayait ses premières séductions, et son but était le plaisir. […] Charamante avait été un des quatre premiers valets de chambre du roi.

2369. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Ne pouvant croire à l’invention, l’inventeur nous paraît un personnage chimérique, et l’effet qu’il va nous produire se ressentira de cette première impression. […] Cette conduite peut paraître sublime, au premier coup d’œil ; et, si Claude Ripert était seulement de bois, je n’y trouverais rien à redire. […] Elle s’indigne qu’on puisse ainsi arracher les enfants des bras de leurs mères pour les jeter aux premiers venus ; elle atteste la justice divine et humaine ; elle parle en pleurant, comme elle se parlerait à elle-même, si elle était seule.

2370. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Il faut entendre Mme de Caylus raconter cette première aventure : « À peine ma mère fut-elle partie de Niort, que ma tante, accoutumée à changer de religion, et qui venait de se convertir pour la seconde ou la troisième fois, partit de son côté et m’emmena à Paris. » Sur la route on rencontre d’autres jeunes filles d’un âge plus fait, et que Mme de Maintenonréclamait aussi pour les convertir. […] Sans flatterie, et à ne voir que la plénitude et la justesse des termes dans l’ordinaire du discours, il aurait été un des premiers académiciens de son royaume. […] Ce qui distingue au premier aspect tous ces portraits de Mme de Caylus, c’est la finesse ; la vigueur et la fermeté qui y sont souvent au fond n’y paraissent que voilées.

2371. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

De l’autre côté, il y avait des intérêts civils, patriotiques aussi, mais surtout positifs, des idées longtemps étouffées et qui voulaient renaître ; idées en travail, intérêts en souffrance, lassitude profonde et besoin de paix, chez quelques-uns d’anciens sentiments qui se réveillaient, c’était tout un ensemble d’opinion déjà puissante et mal définie ; mais surtout, à ces premiers jours de 1814, et en face d’une religion militaire qui épuisait ses derniers miracles, il y avait une raison. […] Cette lettre du maréchal, importante et décisive, fut portée par son premier aide de camp M. de Komierowski. […] [NdA] Non pas qu’on prétende que ce premier gentilhomme (le duc de Duras) ait dit en propres termes : « L’étiquette s’oppose… » Il suffit qu’il ait répondu : « Monsieur, ce n’est pas l’usage de rentrer si vite chez le roi. »

2372. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Dans notre jeunesse, et quand le Moyen Âge était à la mode, je me rappelle avoir entendu regretter, au sujet de Volney, qu’au lieu de ce nom qui siérait aussi bien à un personnage de roman, il n’eût point gardé ce premier nom pittoresque de Chassebœuf, qui rappelait un chevalier et haut baron poursuivant dans la plaine le vilain et piquant les troupeaux de sa lance : mais le commun du monde y voyait naturellement le vilain et le bouvier encore plus que le chevalier. […] Je ne veux pas faire tort à Volney ; je ne prétends point lui imposer la poésie : ce n’est point à Lamartine parcourant les mêmes lieux et les revêtant de ses couleurs trop vastes et de son luxe trop asiatique ; ce n’est pas à Chateaubriand, plus sobre et plus déterminé de contours, mais pittoresque avant tout, que je le comparerai : c’est à un savant de son temps, à un observateur et à un physicien du premier ordre, à l’illustre Saussure visitant, le baromètre et le marteau du géologue à la main, les hautes cimes des Alpes qu’il a comme découvertes. […] « Montrez-moi, lui dit Mirabeau qui y montait, ce que vous avez à dire. » Et jetant les yeux sur le discours, il y saisit une phrase dont il tira parti l’instant d’après, et qui est devenue le mouvement célèbre : « Je vois d’ici cette fenêtre d’où partit l’arquebuse fatale qui a donné le signal du massacre de la Saint-Barthélemy. » Il paraît que l’idée première était de Volney : Mirabeau, s’en emparant et la mettant en situation, en fit un foudre oratoire.

2373. (1889) L’art au point de vue sociologique « Introduction »

Les sensations et les sentiments sont, au premier abord, ce qui divise le plus les hommes ; si on ne « discute » pas des goûts et des couleurs, c’est qu’on les regarde comme personnels, et cependant, il y a un moyen de les socialiser en quelque sorte, de les rendre en grande partie identiques d’individu à individu : c’est l’art. […] Les génies de contemplation et d’art font de même, car la contemplation prétendue n’est qu’une action réduite à son premier stade, maintenue dans le domaine de la pensée et de l’imagination. […] L’art, qui cherche en définitive à nous faire sympathiser avec les individus qu’il nous représente, s’adresse ainsi aux côtés sociaux de notre être ; il doit donc aussi nous représenter ses personnages par leurs côtés sociaux. » Le héros en littérature est avant tout un être social : « soit qu’il défende, soit même qu’il attaque la société, c’est par ses points de contact avec elle qu’il nous intéresse le plus. » Guyau montre que les grands types créés par les auteurs dramatiques ou les romanciers de premier ordre, et qu’il appelle « les grandes individualités de la cité de l’art », sont à la fois profondément réels et cependant symboliques : Hamlet, Alceste, Faust, Werther, Balthazar Claëtz.

2374. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

Quand on se rappelle que cette qualité est si rare en Allemagne, qu’il ne la partage qu’avec Lessing, que Goethe lui-même gâte ses romans par d’interminables suites, que le second Meister fait regretter la vérité sereine et profonde du premier, que Jean Paul est illisible, et Immermann incohérent, Hoffmann diffus et lâche, on aperçoit combien est rare et d’emprunt le mérite que s’est acquis Heine par la juste mesure de ses écrits. […] Le poète raconte la joie des premières adorations, un cœur débordant prenant à témoin de sa félicité le printemps et le monde ; des doutes arrêtent cet essor passionné ; la bien-aimée est plus belle que bonne ; ses perfidies détruisent une à une toutes les promesses de ses yeux ; l’amant, abîmé de douleur, ne pouvant être aussi oublieux que sa maîtresse, se plaît à aigrir sa souffrance par ces éternelles plaintes qu’échangent les amants déçus. […] Ne s’étant presque pas modifié pendant sa vie, — l’Intermezzo de sa première jeunesse est beau de la même façon que le Nouveau printemps et que Lazare, — Heine ne perdit rien à son déclin.

2375. (1694) Des ouvrages de l’esprit

J’ai cru autrefois, et dans ma première jeunesse, que ces endroits étaient clairs et intelligibles pour les acteurs, pour le parterre et l’amphithéâtre, que leurs auteurs s’entendaient eux-mêmes, et qu’avec toute l’attention que je donnais à leur récit, j’avais tort de n’y rien entendre : je suis détrompé. […] Marot, par son tour et par son style, semble avoir écrit depuis Ronsard : il n’y a guère, entre ce premier et nous, que la différence de quelques mots. […] Corneille ne peut être égalé dans les endroits où il excelle, il a pour lors un caractère original et inimitable ; mais il est inégal ; ses premières comédies sont sèches, languissantes, et ne laissaient pas espérer qu’il dût ensuite aller si loin ; comme ses dernières font qu’on s’étonne qu’il ait pu tomber de si haut.

2376. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Première partie. […] On ne doit donc plus s’étonner de cette confusion des genres, cause première de notre décadence générale, Encore ne faudrait-il point nous abuser sur les mots. […] Première génération adulte d’esprits formés par un socialisme dégagé des brumes utopiques et pénétré de claire science, il faut que nous portions témoignage par notre moralité meilleure, notre intellectualité plus nourrie, notre sensibilité toujours aussi vive mais mieux disciplinée des bienfaits que peut conférer à l’homme l’adhésion ardente et méthodique à une théorie rationaliste de l’Univers, de l’individu et de la Société10 » (15 mai 1903).

2377. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Le soir d’une de ses premières (on venait de baisser la toile) je l’ai entendu demander avec des clameurs furieuses par une salle en délire. […] Le Capitolium est une antiquité du premier Empire, — non l’Empire de César, — mais l’Empire de Napoléon ; Le Capitolium est contemporain, — non des commentaires de bello gallico, — mais des tragédies de M. de Lancival et de M. de La Harpe. […] À partir du jour où mai, le mois des roses et des grippes, a donné sa première feuille, jusqu’au jour où septembre donne son dernier soleil, vous entendez le chœur des courriéristes d’été entonner, — comme un seul journaliste, — le grand refrain de la saison : « Tout Paris est aux Eaux ! 

2378. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

André Germain, alors directeur du Double Bouquet où il avait accueilli dès 1913 des poèmes de Benoit, sera le seul acheteur en 1914 de Diadumène premier recueil du futur auteur de L’Atlantide. […] L’allusion à Giraudoux peut renvoyer à ses chroniques littéraires des Feuillets d’art : au premier numéro d’août 1919 il énumère les poètes morts à la guerre et au n° 4 de décembre 1919 il célèbre l’anniversaire de la mort de Charles-Louis Philippe et d’un « poète illustre ». […] Tokine opère quelques coupes, notamment du premier paragraphe et du point 4 terminant le programme de ce « théâtre aérien », coupant également les derniers mots du point 3 : « commerciale et industrielle ».

2379. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

— Au premier abord, il semble qu’on n’aperçoive pas de points de contact entre ces irréconciliables. […] Toutefois, il faut reconnaître que rien, dans le mouvement des institutions, modernes ne permet de prévoir l’opération difficilement concevable qui consisterait à distribuer, en parts égales, les richesses de la nation : si les théories socialistes agitent la conscience publique, c’est bien plutôt lorsqu’elles dénoncent la disproportion qui subsiste entre certains travaux et certains salaires, et demandent la mise en pratique de la maxime : « À chacun selon ses œuvres. » Reste l’égalitarisme politique, qui semble en effet, au premier abord, difficilement conciliable avec l’idée de la diversité des hommes. […] Au premier, elles réservent des honneurs interdits au second, et au second des peines inapplicables au premier30. — Et enfin, là même où les lois décrètent l’égalité, croit-on que les mœurs l’acceptent facilement ?

2380. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XX » pp. 84-86

Plus je creusais par l’étude, par l’érudition, par les chroniques et les chartes, plus je voyais au fond des choses, pour premier principe organisateur, le sentiment et l’idée, le cœur de l’homme, mon cœur !

2381. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXII » pp. 91-93

En arrivant à Brest, son premier mot, en voyant la foule sur le port, a été : Que de blancs ! 

2382. (1874) Premiers lundis. Tome II « De l’expédition d’Afrique en 1830. Par M. E. d’Ault-Dumesnil, ex-officier d’ordonnance de M. de Bourmont. »

Les événements qui survinrent au retour, le jour faux et l’obscurcissement injuste où fut rejetée cette expédition glorieuse, les préjugés, parfois calomnieux, qui la dénaturaient, engagèrent M. d’Ault à ne pas attendre ; et, tout en ajournant son premier projet plus vaste, il inséra dans l’Avenir une série d’articles remarquables, où, avec une bonne foi et une indépendance pleine de mesure, il chercha à replacer à leur vrai point de vue les faits et les hommes.

2383. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre premier. De la stérilité d’esprit et de ses causes »

Chapitre premier.

2384. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Angellier, Auguste (1848-1911) »

Il comprend cent soixante-dix sonnets développant tout un roman d’amour qui commence par la floraison des aveux et des premières tendresses, se continue au bord des flots bleus, dans les monts, s’attriste d’une querelle, se poursuit en rêveries, devant la mélancolie des vagues grises, se termine enfin par le sacrifice, le deuil et l’acceptation virile qui n’est pas l’oubli… C’est bien l’histoire commune et éternelle des cœurs… C’est un véritable écrin que l’Amie perdue, un écrin plein de colliers et de bracelets pour l’adorée, et aussi de pleurs s’égrenant en rosaire harmonieux… C’est un des plus nobles livres d’amour que j’aie lus, parce qu’il est plein d’adorations et exempt de bassesses, parce que la joie et la douleur y sont chantées sur un mode toujours élevé, entre ciel et terre, comme le vol des cygnes qui ne s’abaisse pas même quand leur aile s’ensanglante d’une blessure… Je vous assure qu’il est là tel sonnet que les amants de tous les âges à venir, même le plus lointains, aimeront à relire, où ils retrouveront leur propre pensée et leur propre rêve, comme le doux André Chénier souhaitait qu’il en fût de ses vers d’amour… [Le Journal (26 juillet 1896).]

2385. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Meurice, Paul (1818-1905) »

Fondateur de l’Événement de 1848, il a payé de neuf mois de prison cette audace, et pendant toute la durée du second Empire il s’est montré au premier rang parmi les inflexibles défenseurs du droit violé.

2386. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponchon, Raoul (1848-1937) »

Son calme regard passe en revue, non sans quelque hautaine goguenardise, courses et salons, audiences et séances, obsèques et premières, retenant tous détails nécessaires sans négliger d’aucune sorte l’ensemble à brosser largement.

2387. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Séverin, Fernand (1867-1931) »

Dans les deux premières, l’inspiration est païenne ; dans la troisième, le sentiment chrétien domine.

2388. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre premier. La question de fait et la question de goût » pp. 30-31

Chapitre premier.

2389. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 150-153

Son premier soin doit être pour le vrai, & sa derniere inquiétude pour les murmures.

2390. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XV. Du Purgatoire. »

Le purgatoire surpasse en poésie le ciel et l’enfer, en ce qu’il présente un avenir qui manque aux deux premiers.

2391. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre premier. Musique. — De l’influence du Christianisme dans la musique. »

Chapitre premier.

2392. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Boucher » pp. 196-197

Je connais quelques-uns de ses premiers morceaux qu’il appelle aujourd’hui des croûtes, et qu’il rachèterait volontiers pour les brûler.

2393. (1767) Salon de 1767 « Sculpture — Vassé » pp. 323-324

Elle est assise et de repos, la jambe droite croisée sur la jambe gauche, le bras gauche nu, tombant mollement, et la main allant se poser sur le bord de son bouclier ; le bras droit aussi nu, amené avec le même naturel, la même grâce, la même mollesse et presque parallèlement au premier, vers la cuisse où la main tient négligemment une couronne.

2394. (1897) Aspects pp. -215

Naturellement, entravés de cent ficelles, au premier pas, ils tombent sur le nez. […] Bakounine combat au premier rang des insurgés. […] Il ne lui reste plus guère qu’un ardent esprit de charité assez semblable à celui des premiers chrétiens, fort étranger à la presque unanimité des catholiques actuels. […] Il n’aurait, à coup sûr, jamais pensé à le formuler à l’époque où ses premiers livres ne se vendaient pas, s’éteignaient dans l’indifférence générale. […] Il faut même lui laisser dire que ses premiers vers « étaient plutôt sublimes que beaux » et comparer M. 

2395. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

La philosophie a besoin d’un écrivain qui se donne pour premier emploi le soin de la répandre, qui ne puisse la contenir en lui-même, qui l’épanche hors de soi à la façon d’une fontaine regorgeante, qui la verse à tous, tous les jours et sous toutes les formes, à larges flots, en fines gouttelettes, sans jamais tarir ni se ralentir, par tous les orifices et tous les canaux, prose, poésie, grands et petits vers, théâtre, histoire, romans, pamphlets, plaidoyers, traités, brochures, dictionnaire, correspondance, en public, en secret, pour qu’elle pénètre à toute profondeur et dans tous les terrains : c’est Voltaire  « J’ai fait plus en mon temps, dit-il quelque part, que Luther et Calvin », et en cela il se trompe. […] Amuser, s’amuser, « faire passer son âme par tous les modes imaginables », comme un foyer ardent où l’on jette tour à tour les substances les plus diverses pour lui faire rendre toutes les flammes, tous les pétillements et tous les parfums, voilà son premier instinct. « La vie, dit-il encore, est un enfant qu’il faut bercer jusqu’à ce qu’il s’endorme. » Il n’y eut jamais de créature mortelle plus excitée et plus excitante, plus impropre au silence et plus hostile à l’ennui471, mieux douée pour la conversation, plus visiblement destinée à devenir la reine d’un siècle sociable où, avec six jolis contes, trente bons mots et un peu d’usage, un homme avait son passeport mondain et la certitude d’être bien accueilli partout. […] Aussi son premier discours contre les arts et les lettres « prend tout de suite par-dessus les nues ». […] Le matelot dans le naufrage, Récit de Paquette. —  L’Ingénu , premiers chapitres.

2396. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Seulement il en ajoute chez nous une seconde « commune à nous et aux anges, fille du ciel, trésor à part, capable de suivre en l’air les phalanges célestes, lumière faible et tendre pendant nos premiers ans, mais qui finit par percer les ténèbres de la matière. » Ces gracieuses rêveries, imitées de Platon, vraie philosophie de poëte, peignent son sentiment plutôt que sa croyance. […] Elles sont telles qu’au premier jour, elles ne portent point la marque de calculs soutenus ni de labeurs héréditaires. […] II Il l’a frayée du premier coup, toute grande, sans efforts ni recherches ; il y entrait naturellement, parce qu’il était rêveur, et il y avançait parce qu’il s’y trouvait bien. « Il était touché des fleurs, des doux sons, des beaux jours. » « Le monde entier pour lui était plein de délices. » Un ruisseau suffisait pour l’occuper et l’enchanter. « Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie !  […] Le zoologiste et l’orateur travaillent par leurs énumérations et leurs groupements à nous donner une sensation finale ; il s’installe du premier coup dans cette sensation pour nous en développer les suites.

2397. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Quand l’enfant, sans soupçon, fut assis par terre, occupé à tresser sa première natte, j’ouvris la seconde porte donnant sur la cour du cloître, une corbeille de criblure de froment à la main pour les ramiers, et je me dirigeai vers le puits, pour tirer l’eau dans les auges et pour en remplir les cruches des prisonniers. […] Le meurtrier, qui avait paru au premier moment à sa lucarne, les deux mains crispées à ses barreaux, ne s’y montrait plus ; j’en fus réjouie malgré l’impatience que j’avais de le voir ; je compris qu’il avait reconnu l’instrument de son père, et qu’il s’attendait à quelque chose de moi, semblable à la surprise qu’il avait eue la nuit, du haut de la tour, en entendant l’air d’Hyeronimo et de Fior d’Aliza, que l’un de nous deux seul pouvait jouer à l’autre, puisque nous ne l’avions appris à personne. […] Je m’approchai donc avec plus de confiance de la sombre lucarne, assombrie encore par le noir pilier, et je jetai un regard furtif à travers les barreaux de fer du premier grillage ; je ne vis que deux yeux fixes qui me regardaient du fond du cachot, tout au fond de la nuit régnant derrière la seconde grille. […] Mais lui, plus fort, plus homme, plus courageux, revenu de son premier étonnement, parla le premier.

2398. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Et en effet notre voltairien est un helléniste de première force. […] Au milieu de l’incrédulité révolutionnaire, Lamennais avait gardé sa foi : à vingt-deux ans, il faisait sa première communion, avec une irrave simplicité de petit enfant. […] Son premier mémoire : Qu’est-ce que la propriété ? […] Puis il reprit ses travaux littéraires, qui l’occupèrent jusqu’à sa mort (1874), avec le gouvernement de l’église calviniste française, où il se montra sévèrement orthodoxe. — Il épousa en 1812 Pauline de Meulan (1773-1827), en 1828 Mlle Dillon (1804-1833), nièce de sa première femme.Éditions : Pour l’œuvre historique de Guizot, cf. p. 1000.

2399. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Masabatès, l’eunuque favori du roi, se vantait d’avoir coupé la tête du jeune prince : elle propose à son fils une partie de dés, perd du premier coup mille dariques, demande sa revanche. […] C’est alors que se déploie, sous la lumière d’un chant rayonnant, la plus belle bataille navale de l’antiquité. — Le Jour se lève, poussant ses chevaux blancs dans le ciel, et son premier rayon fait jaillir par mille voix, de la flotte hellène, le Pœan sacré. […] « Au premier choc, le torrent de l’armée persique ne se rompit pas ; mais quand la cohue de nos nefs fut resserrée dans les passes étroites, au lieu de s’entr’aider, elles s’entretuèrent de leurs proues d’airain, et les rangées des rames pendaient brisées sur les flots. […] Aux premières plaintes d’Atossa, il lui a rappelé que « la destinée des hommes est de souffrir, et que des maux innombrables sortent pour eux de la terre et de la mer, quand ils ont longtemps vécu ».

2400. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

Première lettre. […] D’un autre côté, les personnes qui se sont attachées dès le commencement à la fortune du candidat sont en si grand nombre, le traitement militaire, même des premiers grades, est si peu considérable, que je n’aurais pas le temps d’attendre les nouveaux arrangements qui doivent donner une autre face aux affaires. […] Hennin, premier commis des Affaires étrangères, à récrire à Pétersbourg pour savoir de vos nouvelles ; et comme je n’en recevais point, l’occasion s’est présentée d’employer tout mon argent comptant dans l’acquisition d’une petite maison avec un petit jardin, à Paris, rue de la Reine-Blanche, près de la rue des Gobelins. […] Je mets le vôtre au premier rang et vous prie de me donner des marques de retour, en me donnant de vos nouvelles.

2401. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Edgar Allan Poe  »

Quelque chose d’étranger et de prestigieux s’est insinué, aux premiers paragraphes, dans l’âme du lecteur : étreint et enlacé, ployé dans la posture intellectuelle assignée, il subit d’avance le choc de l’émotion que le poète prémédite. […] La façon dont Pym et son compagnon étaient vêtus et attachés sur l’embarcation, à leur première course en mer, les sauve. […] C’est là le phénomène premier de son organisation cérébrale, dont toute explication est impossible, sauf les raisons vagues pour l’individu de l’hérédité de la race, de l’éducation, du milieu. […] Cet être, issu du mariage d’une comédienne et d’un gentillâtre que sa famille renia, ayant pour frère aîné un demi-fou et pour sœur puinée une idiote, laissé orphelin à trois ans, adopté par une famille riche et passant sa jeunesse dans ces orgueilleux états du Sud, où se recrutèrent les esclavagistes, élevé sans affection dans l’attente d’une grande fortune, dissolu, endetté, désavoué par un père adoptif, ayant mené à deux reprises pendant deux ans une vie d’aventures et de vagabondages inconnus, fut ramassé mourant de faim à Baltimore, par un vieux journaliste que ses premiers essais avaient étonné, Il vient ici une éclaircie de quelques années.

2402. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Cette première impression me resta toujours ; elle était pour moi sur un piédestal, isolée dans son génie ; je la regardais d’en bas, il faut regarder d’en haut ce qu’on aime. […] Son âme, chargée de premiers mouvements, était pleine d’explosion ; dans les éruptions de son cœur elle brisait tout, elle faisait scène, elle choquait les scrupules ; elle scandalisait les pusillanimités de salon : c’était son seul tort ; mais ce tort était racheté par tant de vigueur de sentiment et par tant d’élégance de conversation, qu’on lui pardonnait tout, et qu’on finissait par aimer en elle jusqu’à ses défauts. […] Quelque temps avant la révolution de 1848, elle s’éloigna de Paris au premier murmure de la tempête qui couvait dans les âmes. […] Cette froideur a été mon premier désillusionnement dans la vie.

2403. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Il y a une histoire de lieutenante générale de Château-Thierry, il y en a une autre d’une certaine abbesse, il y en a d’autres encore sur les châtelaines du voisinage, il y a La Fontaine — premier trait de distraction — sortant, au milieu de la nuit, en bottes blanches et une lanterne allumée par un clair de lune magnifique, pour aller à un rendez-vous nocturne. […] A l’égard du premier, je n’ai rien à lui dire. […] La Fontaine et Molière, qui représentent si bien, si parfaitement l’esprit français et l’esprit de cette époque, ont été, du premier coup en sympathie profonde et ils n’ont pas cessé d’être en sympathie parfaite jusqu’à la fin, qui a été plus rapide pour Molière que pour La Fontaine, comme vous savez. […] Le premier recueil des Fables est de 1668, à savoir les six premiers livres.

2404. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Rousseau, qui nous l’apprend, n’indique pas toutefois le nom et la condition de la personne qui fit commettre au premier aumônier de Madame cette grave infraction à ses habitudes flegmatiques et régulières. […] Il aimait et estimait le bon abbé et n’avait pas à un haut degré le culte de Louis XIV ; il aurait autant aimé que l’Académie revînt sur sa première décision ultra-royaliste sans le consulter, et qu’elle lui fit grâce de cette tracasserie mesquine. « Lavez votre linge sale en famille, messieurs » ; il ne dit pas la chose, mais c’était le sens.

2405. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « M. Viguier »

Il sentait la manière de chaque grand auteur avec une singulière vivacité d’impressions et, on peut dire littéralement, jusqu’au bout des ongles ; son geste même l’indiquait : il avait hérité de la sensibilité esthétique de l’un de ses premier ? […] Il redevenait étudiant comme au premier jour133.

2406. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Théodore de Banville a été un des premiers poètes de ce temps qui aient suivi les traces de Chénier aux pentes fleuries de l’Hymette où Béranger n’éveilla pas les abeilles, un des premiers à faire sur des sujets antiques des vers nouveaux, ce qui fut la gloire vraie de Chénier.

2407. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VIII. La crise actuelle de la Physique mathématique. »

Ce second électron subira donc, avec un retard, l’action du premier, mais certainement à ce moment il ne réagira pas sur lui puisqu’autour de ce premier électron rien ne bouge plus.

2408. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

Mais que je retrouve bien plus dans vos sublimes folies les besoins et les instincts suprasensibles de l’humanité que dans ces pâles existences que n’a jamais traversées le rayon de l’idéal, qui, depuis leur premier jusqu’à leur dernier moment, se sont déroulées jour par jour exactes et cadrées, comme les feuillets d’un livre de comptoir ! […] Il semble au premier coup d’œil qu’elle n’aurait aucune chance de fortune.

2409. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre IV. Cause immédiate d’une œuvre littéraire. L’auteur. Moyens de le connaître » pp. 57-67

Ne mettons en regard, si l’on veut, que les deux premières, puisque la troisième n’existe encore que pour un nombre infime de nos contemporains. […] Lorsque Lamartine18 écrit : « C’est Ossian, après le Tasse, qui me révéla ce monde des images et des sentiments que j’aimai tant depuis à évoquer avec leurs voix… Ossian fut l’Homère de mes premières années ; je lui dois une partie de la mélancolie de mes pinceaux… » — voilà une filiation poétique qu’il serait désormais bien hardi de contester.

2410. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre II » pp. 12-29

. — Première société qui s’y rassemble. […] Il peignit dans une pièce de théâtre et sa passion et l’indifférence de celle qui en était l’objet ; mais il supprima ensuite les deux premiers actes, pour ne pas donner, dit-il, à la marquise le plaisir de voir ses malheureux amours décrits par lui-même.

2411. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Avertissement sur la seconde édition. » pp. 23-54

Les Oreilles ont été suivies d’une Lettre, supposée écrite par un pere à son fils, faisant l’Auteur & le Bel-esprit à Paris ; rapsodie où le Bon-homme qui sermone, auroit besoin, pour premier avis, de celui de ne pas si platement extravaguer. […] Qu’un Anonyme, qui ne trouve de Grands Hommes que dans les Bénédictins & dans Port-Royal, vienne, après cela, se plaindre* que nous n’ayons pas indiqué tous les Ouvrages de ceux dont nous parlons, & que nous ayons oublié certains Auteurs qu’il semble tendrement affectionner : nous répondrons au premier grief, que notre projet n’a jamais été & ne pouvoit être de faire une Bibliographie.

2412. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Disciple alors de M. de Lamennais et rédacteur très actif du journal L’Avenir, il y faisait ses premières armes en réclamant, au nom de la Charte, cette entière liberté d’enseignement qu’il n’a cessé de revendiquer depuis. […] Il a conservé dans sa vivacité première le sentiment du juste et de l’injuste.

2413. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces diverses — Préface du « Rhin » (1842) »

C’était là son objet unique, comme le reconnaîtront ceux de ses lecteurs qui voudront bien feuilleter les premières pages de ce premier volume. […] Dans la Lettre première, au lieu de : la maison est pleine de voix qui ordonnent, il faut lire : la maison est pleine de voix qui jordonnent.

2414. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre V. Les âmes »

première question. […] Maintenant revenons, — car toutes les questions qui se rattachent au mystère sont le cercle et l’on n’en peut sortir, — revenons à notre point de départ et à notre interrogation première : Qu’est-ce qu’un génie ?

2415. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Police générale d’une Université et police, particulière d’un collège. » pp. 521-532

A huit heures et demie, ils entreront dans les classes du premier cours d’études, chacun dans sa classe séparée et sous son professeur, et ils y resteront jusqu’à dix heures et demie. […] A six heures trois quarts, répétition chez les maîtres des leçons des deux premiers cours d’études, jusqu’à sept heures trois quarts.

2416. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre IV : Règles relatives à la constitution des types sociaux »

I Il peut sembler, au premier abord, qu’il n’y ait pas d’autre manière de procéder que d’étudier chaque société en particulier, d’en faire une monographie aussi exacte et aussi complète que possible, puis de comparer toutes ces monographies entre elles, de voir par où elles concordent et par où elles divergent, et alors, suivant l’importance relative de ces similitudes et de ces divergences, de classer les peuples dans des groupes semblables ou différents. […] Notre classification doit donc commencer par des sociétés du premier ordre, c’est-à-dire du plus simple51. » Malheureusement, pour mettre ce principe en pratique, il faudrait commencer par définir avec précision ce que l’on entend par société simple.

2417. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Ainsi, le caractère et l’unité dans la vie, voilà les qualités premières qui frappent en Léon XIII, et qui sont si grandes que tout d’abord elles empêchent de voir en lui autre chose. […] Il vit, comme Grégoire XVI, au premier regard, la supériorité de Mgr Pecci, et dans la circonstance surchargée et prodigieusement difficile d’un royaume nouvellement fondé, il eut souvent recours aux conseils de ce jeune nonce, qui, avant d’être diplomate, avait glorieusement prouvé qu’il était surtout un homme de gouvernement effectif, et dont la force, comme la vraie force, avait toujours été assez grande pour être moelleuse.

2418. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Quel critique enfin a signalé au public, d’une façon quelconque, l’existence d’une traduction qui met à sa portée une œuvre littéraire comptée au premier rang dans la littérature espagnole, et qui, de plus, lui fait connaître une de ces prodigieuses individualités, comme on dit maintenant, d’autant plus curieuse qu’elle est inexplicable à la sagacité purement humaine de l’Histoire, mais dont, pour cette raison peut-être, l’Histoire aime peu à s’occuper. […] Mais Térèse en particulier, Térèse surtout, fut payée de ses premières folies pour Dieu en recevant de lui le don de toutes les sagesses.

2419. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VI. M. Roselly de Lorgues. Histoire de Christophe Colomb » pp. 140-156

Ainsi ce n’était pas un mathématicien du premier ordre. […] Roselly de Lorgues nous raconte que dans son premier voyage Colomb trouva devant lui une vaste mer d’herbes, mais il passa, et quand il revint, il ne la retrouva plus.

2420. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Ainsi, un des premiers, il y a déjà bien des années, Alfred de Musset l’avait dansée, cette Sainte-Manon, dans des vers qui ne le compromettent pas, car ils sont superbes, — et d’ailleurs un poète de génie est toujours un danseur… par les ailes ! […] Cette fille de dix-sept ans, qu’il faudrait surveiller, car elle a des accrocs déjà à son tour de gorge, et qu’on envoie au couvent pour lui dompter le tempérament, s’en va par les coches, avec un domestique, parle avec le premier venu dans les cours d’auberge, et soupe avec ce premier venu, le même soir !

2421. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

A un échelon plus élevé il place ceux qui ont obéissance affectueuse pour un souverain avec cette première forme de patriotisme, c’est-à-dire de désintéressement, qui s’appelle l’honneur. […] Ces premières lois leur acquièrent la liberté ; les secondes la propriété.  » Or, il ne faut pas décider par les lois politiques ce qui doit être décidé par les lois civiles […] La justice, c’est sans doute l’égalité ; et le droit n’est que la consécration par la loi d’une première inégalité, que cette première inégalité vienne d’une faveur de Dieu, du fait de première occupation ou ce qui est plus probable, de la force. […] Le gouvernement répliqua par l’exil du premier président et de quatre conseillers (1732). […] Il commence par mettre les crimes contre la religion au premier rang de tous les crimes : « Il y a quatre sortes de crimes.

2422. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « IX » pp. 33-36

Le hasard du génie y pourvoira… Un bel âge littéraire complet, ou du moins une vraie gloire de poëte du premier ordre, serait un bonheur et un coup de fortune pour tous ceux de valeur qui l’auraient précédé.

2423. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIII » pp. 244-246

Érudit inventif et original, il est apprécié ainsi par la Revue des Deux Mondes : « L'écrivain à qui Cabanis adressait sa fameuse Lettre des Causes premières, l’ami dont Manzoni écoutait l’inspiration et à qui il se faisait honneur de dédier sa meilleure pièce, l’homme que madame de Staël consultait sur la littérature allemande, qui donnait à M.

2424. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Sur les Jeune France. (Se rapporte à l’article Théophile Gautier, page 280.) »

Le hasard me fait retrouver une preuve certaine de l’effarouchement véritable que produisit dans le monde même de Victor Hugo et chez une partie de ses premiers amis l’invasion, en apparence barbare, de ces jeunes recrues et de cette génération romantique toute nouvelle.

2425. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Ackermann, Louise (1813-1890) »

— Premières poésies (1874). — Poésies philosophiques (1874). — Les Pensées d’une solitaire [précédées d’une autobiographie] (1883).

2426. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Houssaye, Arsène (1815-1896) »

Houssaye revint l’un des premiers aux bois et aux sources du Parnasse, au naturalisme des Grecs, immense et pur comme le lever d’une aurore.

2427. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 7-11

COLLÉ, [Charles] Secrétaire ordinaire & Lecteur de M. le Duc d’Orléans, premier Prince du Sang, né à Paris en 1709.

2428. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 69-73

On a voulu justifier Madame Deshoulieres sur ce larcin, en accusant l’Auteur des Promenades d’être le vrai Plagiaire ; mais on oublioit que l’Edition des Poésies de Coutel a précédé de plusieurs années l’impression des premiers Ouvrages de Madame Deshoulieres.

2429. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 264-267

A ce premier mérite, elle a joint celui d’un style naturel, élégant, correct, tel qu’il convient à ces sortes d’Ouvrages.

2430. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre V. Beau côté de l’Histoire moderne. »

Ici, ce sont les Germains : peuples où la corruption des grands n’a jamais influé sur les petits, où l’indifférence des premiers pour la patrie n’empêche point les seconds de l’aimer ; peuples où l’esprit de révolte et de fidélité, d’esclavage et d’indépendance, ne s’est jamais démenti depuis les jours de Tacite.

2431. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 23, quelques remarques sur le poëme épique, observation touchant le lieu et le tems où il faut prendre l’action » pp. 179-182

Que ceux qui ne voudroient pas faire le choix du sujet d’un poëme épique, tel que je le propose, alleguent donc leur veritable excuse : c’est que le secours de la poësie des anciens leur étant necessaire, pour rendre leur verve feconde, ils aiment mieux traiter les mêmes sujets que les poëtes grecs et les poëtes latins ont traitez, que des sujets modernes où ils ne pourroient pas s’aider aussi facilement de la poësie du stile et de l’invention des premiers.

2432. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

« Ces raisons, que Cacault développa avec autant d’éloquence que de franchise et de bonne foi, me parurent, à première vue, avoir un très grand poids. […] La différence des premières lignes me fit examiner tout le reste avec le soin le plus scrupuleux, et je m’assurai que cet exemplaire non-seulement contenait le projet que le Pape avait refusé d’accepter sans ses corrections, et dont le refus avait été cause de l’ordre intimé à l’agent français de quitter Rome, mais, en outre, qu’il le modifiait en plusieurs endroits, car on y avait inséré certains points déjà rejetés comme inadmissibles avant que ce projet eût été envoyé à Rome. […] Toute cette première partie du pontificat ne fut qu’une longue et difficile diplomatie entre les exigences injurieuses et les prétentions menaçantes de l’empire et la faiblesse consciencieuse du pape. […] Je n’avais jamais voulu sacrifier les intérêts du Trésor à la cupidité du premier et la bienséance à la coquetterie de la seconde. […] Nous déclarions ensuite qu’il n’y avait jamais eu de complot entre les cardinaux ; que la conduite tenue par nous résultait de nos sentiments propres, manifestés tout au plus dans des entretiens confidentiels ; que l’idée de voir le Pape exclu de cette affaire avait été la véritable cause de notre abstention ; qu’en agissant de la sorte, nous n’avions pas prétendu nous ériger en juges, ni semer dans le public des doutes sur la validité du premier mariage, ou sur la légitimité des enfants qui naîtraient du second ; qu’enfin il nous restait à prier Sa Majesté de bien se convaincre de notre obéissance.

2433. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Nous demeurions au premier étage de la grande maison qui fait le coin en face du Bœuf-Rouge, près la porte de France. […] » Mais tout à coup, le 8 janvier, on mit une grande affiche à la mairie, où l’on voyait que l’empereur allait lever, avec un sénatus-consulte, comme on disait dans ce temps-là, d’abord 150,000 conscrits de 1813, ensuite 100 cohortes du premier ban de 1812, qui se croyaient déjà réchappées, ensuite 100,000 conscrits de 1809 à 1812, et ainsi de suite jusqu’à la fin, de sorte que tous les trous seraient bouchés, et que même nous aurions une plus grande armée qu’avant d’aller en Russie. […] Goulden, je comprends qu’il n’aime pas de partir. » Le tambour battait à tous les coins de la rue ; le capitaine Vidal ajouta : « Nous avons encore vingt minutes pour lever le pied. » Et, me lançant un coup d’œil : « Ne manquons pas au premier appel, jeune homme », fit-il en serrant la main de M.  […] Au coin du boulanger Spitz, une vieille, au premier, cria de sa fenêtre, d’une voix étranglée : « Kasper ! […] Il n’y a que quelques premiers pas de la route de Phalsbourg à Dresde qui soient du ton du roman.

2434. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Au premier acte, tout le rôle de Mme Portal ne porte pas, et je sens le trac de Mme Daudet, qui est devant moi, dans le travail nerveux de son dos. […] Daudet raconte qu’à l’âge de douze ans, après une absence de chez lui — c’était, je crois, sa première frasque amoureuse — rentrant à la maison, la tête perdue, et s’attendant à une terrible raclée, la porte ouverte par sa mère, il lui venait soudainement l’inspiration de lui jeter : « Le pape est mort !  […] Le lendemain, il annonçait que le pape, qu’on avait cru mort, allait mieux, et grâce à cette mirobolante invention, il échappait à l’emportement et aux sévices du premier moment. […] Jeudi 22 septembre Première de Jacques Damour. […] Et comme Deshayes me demande à la place de l’exemplaire sur hollande, un exemplaire sur japon, ainsi que Burty en a reçu un du premier volume, et que je lui dis que je ne sais pas, si vraiment maintenant je pourrai lui en procurer un, il m’engage à ne pas lui faire cette réponse, mais à lui faire espérer un exemplaire, comme il le désire, parce qu’il craint que dans l’état nerveux où il se trouve, ma réponse n’amène une crise.

2435. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIe entretien. Boileau » pp. 241-326

A-t-il nui à notre croissance comme nation intellectuelle, ou a-t-il dirigé notre sève égarée et surabondante vers une conformation durable de la langue et de la pensée, en réprimant cette sève de la France et en la contenant dans les règles éternelles du bon sens et du bon goût, ces deux nécessités premières et ces deux qualités natives du génie français ? […] À cela près, Juvénal, soit dans l’imprécation contre les vices, soit dans la peinture des vertus pures et douces qui font contraste aux horreurs de ces vices, était véritablement un écrivain de premier ordre dans la force comme dans la grâce. […] On sent plus, dans ces vers du premier disciple de Boileau, la sautillante inspiration d’Horace que le pas grave et lourd de Boileau lui-même ; mais on voit que Voltaire ne craignait pas plus que nous de confesser une sérieuse estime pour les services littéraires de celui qu’il nomme l’oracle du goût, dans un temps où le génie français était né avec Corneille, et où il allait périr, sans Boileau, dans les mignardises italiennes ou dans les rodomontades espagnoles de l’hôtel de Rambouillet. […] Ce début, qui caressa délicieusement les oreilles de Louis XIV, valut du premier coup à Boileau l’amnistie de la cour sur tout ce qu’il pourrait écrire contre les rimeurs en crédit du temps. […] XVI Les qualités véritablement antiques du style de Boileau, qualités neuves à force d’être antiques, apparurent ainsi dès ses premiers vers.

2436. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

À vingt ans, César commit son premier crime et ce fut le chef-d’œuvre des crimes. […] Mais c’est un homme de premier mouvement, en qui toutes les impressions, même les plus fortes, sont fugitives. […] Leurs premiers fondements datent de deux siècles. […] Car c’est là que furent établies, au temps du roi Louis XI, les presses du premier imprimeur parisien. […] Son premier roman, je devrais dire son premier poème (car ce sont là vraiment des poèmes) est le Dragon impérial, un livre tout brodé de soie et d’or, et d’un style limpide dans son éclat.

2437. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Que dire de cette chimère de cinq sortes d’amour, dont les quatre premières sont mêlées, dans des proportions décroissantes, d’intérêt personnel, et dont la dernière seulement est pure de tout motif humain ? […] Les personnages du premier rang, après le roi, seront vêtus de blanc, avec une frange d’or au bas de leurs habits ; ils auront, outre une médaille, un anneau d’or au doigt avec le portrait du prince. […] Il en voulait de composés, comme dans la langue grecque, où du moins une admirable syntaxe règle toutes ces combinaisons, et comme dans la langue allemande, qui les permet au premier venu et qui souffre tout de tout le monde. […] L’ouvrage est plein de jugements courts et complets sur les genres, et de portraits frappants des auteurs célèbres, tels que ceux de Cicéron et de Tacite, vives esquisses d’un pinceau qui peignait à fresque et ne revenait point sur son premier travail. […] Tout livre qui nous en donne des images sensibles trouve en nous une préparation et une conformité d’éducation première.

2438. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

L’une d’elles, en manquant de respect, tout bas, très fort à sa mère, qui veut l’empêcher de boire du champagne, me conte sa première passion de couvent, son premier amour pour un lézard qui la regardait avec son œil doux et ami de l’homme, un lézard qui était toujours en elle et sur elle, et qui passait, à tout moment, la tête par l’ouverture de son corsage pour la regarder et disparaître. […] Il a ouvert un grand meuble à hauteur d’appui, où se trouve une curieuse collection de livres érotiques, admirablement reliés, et tout en me tendant un Méibomius, Utilité de la flagellation dans les plaisirs de l’amour et du mariage, relié par un des premiers relieurs de Paris avec des fers intérieurs représentant des phallus, des têtes de mort, des instruments de torture, dont il a donné les dessins, il nous dit : « Ah ! […] Il n’y a pas pour moi de plus belles années que les quinze premières années du règne de Louis XVI. […] Paris a le cerveau, comme l’homme, en haut ; et ce qui court, ce qui se sert de ses jambes : boutiques, entresol, est en bas ; et ce qui digère est au premier : — la maison est un individu. […] Nous sommes introduits au premier, dans un salon de forme ronde, aux panneaux de soie pourpre, décorés de glaces gravées dans l’élégants cadres.

2439. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

D’où résulterait que les images passées proprement dites se conservent autrement, et que nous devons, par conséquent, formuler cette première hypothèse : I. […] L’image s’en est nécessairement imprimée du premier coup dans la mémoire, puisque les autres lectures constituent, par définition même, des souvenirs différents. […] Soit A la perception première ; les circonstances concomitantes B, C, D y restent associées par contiguïté. […] Dans les amnésies du premier genre, qui sont presque toutes consécutives à un choc violent, nous inclinerions à croire que les souvenirs apparemment abolis sont réellement présents, et non seulement présents, mais agissants. […] On comprend, d’une part, que l’image auditive remémorée mette en branle les mêmes éléments nerveux que la perception première, et que le souvenir se transforme ainsi graduellement en perception.

2440. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Alphonse Karr. Ce qu’il y a dans une bouteille d’encre, Geneviève. »

Mais, dans l’intervalle qui sépare la mort de madame Lauter et son enterrement, lorsqu’on en est aux vraies larmes, comment glisser sous le titre de Premier jour de Mai un de ces chapitres bigarrés qui ont le masque d’une parodie ?

2441. (1875) Premiers lundis. Tome III « Armand Carrel. Son duel avec Laborie »

. — Relire, sur le duel d’Armand Carrel avec Laborie, la Chronique littéraire du 15 février 1833 (Premiers Lundis, t. 

2442. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Donnay, Maurice (1859-1945) »

Car, pour plaire au premier, les vieux adolescents pessimistes et symbolistes y sont traités avec un généreux mépris, et, pour plaire au second, un vague esprit évangélique y circule, un Christ ami du monde moderne y apparaît, et l’aube des temps nouveaux y est saluée.

2443. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé au nom de l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux funérailles de M. .Villemain »

Villemain n’eut pas de plus constante pensée que de faire rendre aux couvents grecs les chefs-d’œuvre qu’ils pouvaient receler encore, et, si cette investigation, conçue et dirigée par lui, prouva que les chefs-d’œuvre inédits sont devenus bien rares, elle rendit au moins à la science des textes de première importance pour l’histoire de l’esprit humain.

2444. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 497-500

A juger de cette Traduction par les cent premiers Vers qui nous en restent, & que nous devons à ses amis, c’eût été un des meilleurs Ouvrages de ce genre.

2445. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 121-125

Les Traductions du premier de ces deux Poëtes, par M.

2446. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre IV. Des Sujets de Tableaux. »

Et ces costumes des Pères et des premiers chrétiens, costumes qui sont passés à nos Religieux, ne sont autres que la robe des anciens philosophes grecs, appelée περιϐόλαιον ou pallium.

2447. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Pierre » pp. 200-201

Pierre Monsieur Pierre, chevalier de l’Ordre du Roi, premier peintre de monseigneur le duc d’Orléans et professeur de l’Académie de peinture, vous ne savez plus ce que vous faites, et vous avez bien plus de tort qu’un autre.

2448. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Bien certainement ces dessins ont inspiré les fonds moyenâgeux des premières illustrations de Doré. […] À ce sujet, Daudet conte, qu’il était en sixième à neuf ans, et si petit, si petit, qu’il portait encore un pantalon fendu, et se tenait toujours le derrière contre les murs, afin que les grands ne lui tirassent pas dehors son pan de chemise, mais tout petit qu’il était, il se trouvait toujours dans les trois ou quatre premiers. […] Là-dessus contradiction et picotage entre le mari et la femme, — et Zola ne buvait pas au premier déjeuner, et continuait le régime pendant trois mois. […] Ce soir, chez Daudet, sur ma déploration du manque d’argent, pendant toute ma jeunesse, Daudet et Drumont parlent en chœur, et content l’affreuse lutte de leurs premières années, avec le logeur, la crémerie, le fripier. […] Un public de première, comme jamais on n’en a vu à l’Odéon, assure Porel.

2449. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Samedi 10 janvier Je donne ce soir à dîner à Ajalbert, à Antoine, et à Janvier et à Mlle Nau, les deux premiers rôles de La Fille Élisa. […] Dubreuilh comptant les mille premiers mots de Manette Salomon, répartis en sept groupes : Êtres et Choses (substantifs et prénoms), Qualités (adjectifs qualificatifs), Déterminations, Actions, Modifications, Relations, Connexions, Interjections, et les rapprochant des premiers mille mots du Discours de la méthode, de Descartes, des premiers mille mots de l’Esprit des lois, de Montesquieu, des premiers mille mots de Télémaque, de Fénelon, etc., etc., me trouve beaucoup plus riche en Déterminations (adjectifs et articles) qu’en Connexions (les mots qui servent à lier les êtres et les choses) et déclarant que je suis l’écrivain qui s’éloigne le plus de Descartes, il me classe, en la haute et respectable compagnie de Bossuet et de Chateaubriand. […] Ces jours-ci, un des premiers jours de vaillance de ma convalescence, j’ai été à Versailles, chez Moser, et j’ai acheté de merveilleux arbustes, qui vraiment d’un coin du jardin font un tableau de coloriste. […] Il existe, à ce qu’il paraît, des documents anciens qui établissent le mystère, dont entouraient les marchandises d’art, les marchands des premiers temps.

2450. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Au premier jour, au dernier jour, dans tout l’intervalle, il garde intact le système entier de ses idées claires, et la vigueur logique de son cerveau soutient la vigueur virile de son cœur. […] Au premier rang combattit Milton, prédestiné à la barbarie et à la grandeur par sa nature personnelle et par les mœurs environnantes, capable de manifester en haut relief la logique, le style et l’esprit du siècle. […] Pareil aux créatures énormes demi-formées, enfants des premiers âges, il est encore à moitié homme et à moitié limon. […] Ici du premier élan, nous sommes dans les cieux. […] » dit Dieu, et soudain la lumière — éthérée, première des choses, quintessence pure, —  s’élança de l’abime, et de son orient natal — commença à voyager à travers l’obscurité aérienne, —  enfermée dans un nuage rayonnant.

2451. (1932) Le clavecin de Diderot

Cette déception, s’ajoutant à la réapparition de la tuberculose rénale dont il se croyait guéri, l’aurait poussé à se suicider au gaz, geste qui reproduit de façon étonnante celui du personnage principal de Détours, son premier roman, écrit onze ans plus tôt. […] D’une pierre, deux coups : les bords du Léman sont également chers à Mme de Noailles qui écrivit, à Amphion, ses premiers vers et à M.  […] Qui, de l’ensemble originel, détache, pour l’étude, un élément, ne tardera point à juger cet élément (et comme de l’ensemble, l’homme commence par s’extraire lui-même on voit à qui va sa première adoration) doué de vie en soi, et ainsi, lui accordera la priorité, sans doute même, pouvoir absolu sur l’ensemble dont il est extrait. […] Première possibilité : se venger des acacias. […] Ainsi parce que les cervelles sont mal décapées du christianisme et de ses croûtes, à la fin de ce premier tiers du XXe siècle, l’Encyclopédie apparaît vraiment à refaire.

2452. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Il y en aura d’autres ; supplices sur supplices, et les vrais martyrs à côté du vrai Christ, résignés, silencieux, avec le doux regard des premiers fidèles. […] Il faut que l’homme descende en son cœur, par-dessous l’obéissance littérale et la régularité juridique ; que du royaume de la loi il pénètre dans celui de la grâce ; que de la rectitude imposée, il passe à la générosité spontanée ; que par-dessous sa première nature, qui le portait vers l’égoïsme et les choses de la terre, une seconde nature se développe, qui le porte vers le sacrifice et les choses du ciel. […] La grave et vibrante parole les ébranle du premier coup ; ils l’entendent par l’imagination et par le cœur ; ils ne sont pas, comme nous, asservis à la régularité de la logique, et le vieux texte, si heurté, si fier et si terrible, peut garder dans leur langue sa sauvagerie et sa majesté. […] Cela me fit grandement rougir de l’infamie de ma première vie. […] Nous comprenons du premier coup le mot purification du cœur ; Bunyan ne l’entend pleinement qu’après l’avoir traduit par cet apologue421. « L’interprète prit Chrétien par la main et le conduisit dans une très-grande chambre qui était pleine de poussière, parce qu’elle n’avait jamais été balayée.

2453. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — [Véron.] » pp. 530-531

Vous avez dit ce qui était à dire : il aimait l’esprit et il en avait ; il avait un grand sens, — ce bon sens qui se trouve au fond de tout bonheur : il y mêlait, comme vous l’observez très bien, quelque légèreté (mot qui étonne à première vue) et de l’inconstance.

2454. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [« Pages extraites d’un cahier de notes et anecdotes »] » pp. 439-440

Je veux noter ici, chemin faisant, mille petits détails que ma mémoire perdrait et qui me plairont un jour comme souvenirs. » Ces premières notes sont presque toutes relatives au monde de Mme Récamier et aux personnages que j’y voyais ou qu’elle avait connus.

2455. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVII » pp. 109-112

Cette jeune reine s’est prise d’une très-vive amitié pour la princesse Clémentine, et de là son premier projet qu’elle a mûri dans sa petite tête et qui éclot aujourd’hui en dépit de toutes les diplomaties.

2456. (1874) Premiers lundis. Tome II « Sextus. Par Madame H. Allart. »

Ces deux êtres choisis sont destinés l’un à l’autre, et, après fut le première venant de quelque malentendu, ils doivent tout vaincre pour s’unir.

2457. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Cros, Charles (1842-1888) »

De la taille des plus hauts entre les écrivains de premier ordre, il a parfois sur eux ce quasi avantage et cette presque infériorité de se voir compris, mal, à la vérité, dans la plupart des cas, et c’est heureux et honorable, par des lecteurs d’ordinaire rebelles à telles œuvres de valeur exceptionnelle en art et en philosophie.

2458. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Préface » pp. -

Ce journal a été commencé le 2 décembre 1851, jour de la mise en vente de notre premier livre, qui parut le jour du coup d’État.

2459. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Autobiographie » pp. 169-176

Ce journal a été commencé le 2 décembre 1851, jour de la mise en vente de notre premier livre qui parut le jour du coup d’État.

2460. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre X. Machines poétiques. — Vénus dans les bois de Carthage, Raphaël au berceau d’Éden. »

Elle avait l’air et le visage d’une vierge, et elle était armée à la manière des filles de Sparte, etc. etc. » Cette poésie est délicieuse ; mais le chantre d’Éden en a beaucoup approché lorsqu’il a peint l’arrivée de l’ange Raphaël au bocage de nos premiers pères.

2461. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre premier. Du Christianisme dans la manière d’écrire l’histoire. »

Chapitre premier.

2462. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre II. Causes générales qui ont empêché les écrivains modernes de réussir dans l’histoire. — Première cause : beautés des sujets antiques. »

. — Première cause : beautés des sujets antiques.

2463. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XI. Des Livres sur la Politique & le Droit Public. » pp. 315-319

LE Droit naturel étant le fondement du Droit Public, il faudroit indiquer les ouvrages qui traitent du premier, avant que de venir à ceux qui n’ont que le second pour objet.

2464. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XV. Le fils du sérigne »

Cette première chose c’était une sorte de grande case.

2465. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Mais la sévérité des premiers Romains donna à ce mot, elegantia, un sens odieux. […] Bourdaloüe ; il fut un des premiers qui firent parler la raison. […] François premier ne fut malheureux que dans sa jeunesse, lorsque tout étoit gouverné par des favoris de son âge, & il rendit son royaume florissant dans un âge plus avancé. […] Ils quitterent sous Louis le Jeune l’usage de laisser croître la barbe, & le reprirent sous François premier, & on ne commença à se raser entierement que sous Louis XIV. […] Les Romains, tout sérieux qu’ils étoient, n’ont pas moins enveloppé de fables l’histoire de leurs premiers siecles.

2466. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

La religion, fluide aux premiers siècles, se fige en un cristal roide, et le contact grossier des barbares vient poser par-dessus une couche d’idolâtrie : on voit paraître la théocratie et l’inquisition, le monopole du clergé et l’interdiction des Écritures, le culte des reliques et l’achat des indulgences. […] Dans les poëmes, dans les festins, dans les tapisseries, dans presque toutes les cérémonies, ils apparaissent, non plus restaurés par la pédanterie, mais ranimés par la sympathie, et doués par les arts d’une vie aussi florissante et presque aussi profonde que celle qu’ils avaient dans leur premier berceau. […] Lord Berner, lord Sheffield, sir Thomas Wyatt, et au premier rang, Surrey, sont, comme Pétrarque, des soupirants plaintifs et platoniques ; c’est l’amour pur que Surrey exprime, et sa dame, la belle Géraldine, comme Béatrix et Laure, est une madone idéale et un enfant de treize ans. […] Il est la source première de la vie et l’âme éternelle des choses. […] Le sentiment de la puissance et de la prospérité humaine a fourni à la Renaissance son premier ressort, son modèle idéal, sa matière poétique, son caractère propre, et maintenant il lui fournit son expression définitive, sa doctrine scientifique et son objet final.

2467. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Chaque préposition a sa première signification ; elle a sa destination principale, son premier sens propre ; et ensuite par extension, par imitation, par abus, en un mot par catachrèse, on la fait servir à marquer d’autres raports qui ont quelque analogie avec la destination principale de la préposition, et qui sont sufisamment indiqués par le sens du mot qui est lié à cette préposition ; par exemple : la préposition in est une préposition de lieu, c’est-à-dire, que son premier usage est de marquer la circonstance générale d’être dans un lieu : César fut tué dans le sénat, entrer dans une maison, serrer dans une cassette. […] Et Virgile, (…) ; et encore au premier livre des géorgiques, voulant parler du vin cuit ou du résiné que fait une ménagère de la campagne, il dit qu’elle se sert de Vulcain pour dissiper l’humidité du vin doux. (…). […] La métaphore est très ordinaire : en voici encore quelques exemples : on dit dans le sens propre s’enivrer de quelque liqueur ; et l’on dit par métaphore s’enivrer de plaisirs : la bone fortune enivre les sots, c’est-à-dire, qu’elle leur fait perdre la raison, et leur fait oublier leur premier état. […] En éfet, ces mots n’est que, du premier membre, marquent une négation, ainsi ils ne peuvent pas se construire encore avec un devoir, qui est dans un sens afirmatif au second membre ; autrement il sembleroit que Corneille, contre son intention, eut voulu mépriser également l’amour et l’honeur. […] Le Jeune de l’oratoire, fameux missionaire, s’apeloit Jean ; il étoit devenu aveugle : il fut nomé pour prêcher le carême à Marseille aux acoules : voici le texte de son premier sermon : (…).

2468. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

On connaît le charme de ses premiers ouvrages. […] Entre ces feuillets, plus d’un morceau a conservé sa première vivacité. […] J’ai revu souvent Mallarmé depuis ma première visite. […] … Où sont les neiges de mon premier hiver d& Paris ? […] La patronne est française et son premier mari l’était également… vous comprenez ! 

2469. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Pourtant au premier abord on sent qu’il y a de lui à nous quelque distance. […] Rod avait fait choix pour son premier récit. […] Rosny publiait son premier livre : Nell Horn. […] Il s’essaie dès ses premiers pas à son rôle de conquérant. […] De là ses premiers livres.

2470. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 218-221

Mes premiers vers sont d’un enfant, Les seconds d’un adolescent, Les derniers à peine d’un homme.

2471. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Strada, José de (1821-1902) »

. — L’Épopée humaine : La Mort des Dieux (1866) ; la Mêlée des races (1874) ; la Genèse universelle (1890) ; le Premier Pontife (1890) ; les Races (1890) ; Premier cycle des civilisations : Sardanapale (1891) ; Deuxième cycle de la civilisation : Jésus (1899). — Charlemagne (1893). — La Pallas des peuples (1893). — Abeylar (1894). — La Loi de l’histoire (1894). — Jeanne d’Arc (1895). — Borgia (1896). — Jésus et l’Ère de la science (1896). — Philippe le Bel (1896). — Don Juan (1897). — Pascal et Descartes (1897). — Rabelais (1897). — La Religion de la science et l’Esprit pur (1897). — Ultimum Organum (1897).

2472. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » pp. 34-39

On a avancé qu’il l’avoit presque achevée, sans savoir que Grégoire de Tours étoit un de nos premiers Historiens.

2473. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Épilogue »

Épilogue Il faut finir ici cette première série des Bas-bleus au xixe  siècle, qui sera suivie de plusieurs autres, si le mouvement qui emporte les femmes vers la littérature, ne s’arrête pas… Et il ne s’arrêtera pas.

2474. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Saint Louis était un saint et bon roi : or on sait par Joinville l’histoire du savant juif, du rabbin, auquel eut affaire un vieux et féal chevalier dans un colloque qui allait se tenir entre clercs et juifs au monastère de Cluny ; aux premières questions du chevalier qui demanda dès le début à intervenir et qui, entrant en lice, le somma d’emblée de dire s’il croyait en la Vierge mère du Sauveur, le juif ayant répondu non, le chevalier s’emporta, le frappa à la tempe de sa canne ou de sa béquille, et le renversa roide étendu par terre, ce qui mit fin naturellement à la conférence. […] N’est-il pas certain qu’on peut avoir telle ou telle opinion, plus ou moins hypothétique ou fondée, sur l’origine et la nature des choses (de natura rerum) sur la formation première du monde, sur la naissance ou l’éternité de l’univers, sur l’organisation même du corps humain, sa structure, les lois elles conditions des diverses fonctions (y compris celles du cerveau), sans être pour cela ni moins honnête homme, ni moins bon citoyen, ni moins irréprochable dans la pratique des devoirs civils et sociaux ? […] Donc M. le professeur Sée, au moment où il monta dans sa chaire le 22 mars 1867, à sa première leçon, vit éclater un grand tumulte. […] Trois mois environ après cette première leçon, une lettre de M. le ministre de l’intérieur fut adressée à M. le ministre de l’instruction publique pour lui signaler les faits en question.

2475. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Il se sentit soulagé de la confusion de ses idées et de l’incertitude de ses jugements par ce mode de dialogue ; et, bien qu’il soit resté sensible, et qu’il soit devenu homme d’esprit par la longueur de ses détentions, et par ses pensées retournées en dedans à force de rêveries, il fut heureux de n’avoir pas à faire lui-même le triage formidable de sensations et de raisonnements dont il avait eu peur à ma première proposition, et il me dit : « Parlez, Monsieur ; je ne saurais pas parler, mais je saurai peut-être répondre. » « — Eh bien ! […] D’ailleurs, en admettant qu’un jury, sauvage appréciateur des circonstances, de l’urgence, de la pitié du misérable, l’eût condamné à cinq ans de travaux forcés pour cette bonne action d’un oncle devenu un moment fou de miséricorde pour sa famille, quand la loi de 1795 ne le condamnait qu’à un an de prison ; quand on l’aurait ensuite condamné à mort pour le vol d’une pièce de quarante sous à un enfant qui n’avait de témoin que ses larmes ; quand toutes ces pénalités romanesques seraient aussi vraies qu’elles sont heureusement fausses, y avait-il là quelque chose qui fût de nature à changer en bête féroce un pauvre homme injustement condamné, et à en faire un assassin d’occasion du seul homme de Dieu qu’il eût rencontré à son premier pas sur sa route, l’évêque de Digne ? […] Oui, toute la biographie quelquefois un peu puérile, un peu niaise même, de l’évêque Myriel, de sa sœur, de sa dame de compagnie, la description de sa pauvreté volontaire, de son dévouement à Dieu et aux pauvres, ces privilégiés de la miséricorde, de son hôpital, de ses meubles, de son jardinet, de sa messe sur l’autel de bois, de ses visites pastorales parmi les pasteurs des Hautes-Alpes, tout cela a un charme, une vérité un peu exagérée, un peu ostentatoire, un peu déclamée, mais en réalité très touchante et fidèlement peinte par un peintre de premier ordre. […] Nettement, leur historiographe, qui, malgré les Girondins, malgré le drapeau rouge repoussé les armes à la main, malgré l’abolition de la guillotine, proposée et arrachée au peuple, pour premier acte de la résipiscence populaire, le 27 février 1848, n’en persiste pas moins à faire de moi un buveur de sang.

2476. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Au premier regard, nous aurions été tenté de penser comme lui ; mais, en regardant de plus près et en considérant, en politique, la situation générale de l’Europe, et la situation particulière de l’Écosse en ce moment, nous sommes resté convaincu que le parti catholique, adopté par le roi, était le seul parti de salut pour l’Écosse, si l’Écosse avait pu être sauvée. […] À peine la première reine Marie avait-elle été investie de la régence, qu’il avait publié contre elle un pamphlet de réprobation intitulé : Premier son de la trompette contre le gouvernement des femmes. […] Les récits adressés par l’ambassadeur français à sa cour représentent ce mariage comme l’union de deux amants s’effaçant l’un l’autre par leurs charmes, et s’enivrant dans des fêtes prolongées du premier bonheur de leur vie. […] XX On ne sait pour quel crime précoce, par quelle proscription de la maison paternelle, ou par quelle fuite volontaire avec les brigands il s’était enrôlé, dans sa première jeunesse, avec les corsaires de l’océan qui teignaient alors de sang les côtes, les îles et les vagues de la mer du Nord.

2477. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

« Elle parut, dit la Chronique d’Édimbourg, à sa fenêtre qui donne sur Hightgat, s’adressant au peuple d’une voix forte et disant comment elle avait été jetée en prison par ses propres sujets qui l’avaient trahie ; elle se présenta plusieurs fois à la même fenêtre, dans un misérable état, ses cheveux épars sur ses épaules et sur son sein ; le corps nu et découvert presque jusqu’à la ceinture. « Par cette main royale », dit-elle à lord Ruthven et à Lindsay, qui avaient aidé au meurtre jamais pardonné de son premier favori, Rizzio, « j’aurai vos têtes, tôt ou tard !  […] L’historien que nous citons et qui a visité ses ruines décrit ainsi cette première prison de la reine : « Ce séjour de Lochleven, sur lequel le roman et la poésie ont répandu des lueurs si charmantes, l’histoire plus vraie ne peut le peindre que dans sa nudité et dans ses horreurs. […] Murray et les Écossais y produisirent les preuves de la complicité de Marie Stuart dans le meurtre de son mari, ses sonnets d’amour à Bothwell, les lettres de ce favori renfermées dans une cassette d’argent ciselé aux armes de son premier mari François II. […] Sa première pensée fut l’éternité.

2478. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Edmond Pilon pour ses premiers vers (la Maison d’Exil) et M.  […] Bertrand, cependant ses premiers vers portent l’éclatant stigmate romantique L’arbre et les Vents parmi l’échevèlement d’images tumultueuses se ressent de Hugo. […] Parmi les plus caractéristiques de maintenant son effort déjà notoire le place audacieusement des premiers. […] Ma bouche a possédé ta bouche féminine Et mon être a frémi sous tes baisers d’amant, Car je suis l’Être double et mon âme androgyne Adore en toi la vierge et le Prince Charmant… Mme Lucie Delarue-Mardrus : Dès ses premiers vers M. 

2479. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

La plupart des lettres des littérateurs et beaux esprits du temps de Balzac sont taillées sur son patron : ainsi celles de Maynard, de M. de Plassac, du chevalier de Méré ; mais plus on se rapproche de la Cour et de Voiture, plus le badinage et une certaine familiarité recherchée s’y mêlent et tendent à corriger la solennité du premier maître. […] Si vous doutez du premier, vous n’avez qu’à lire ses Adages, ses Paraphrases sur le Nouveau Testament et ses Épîtres. […] Parlant du premier président Molé qui appuie la Cour, il dira sa « brigue » et sa « cabale ».

2480. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Revenu d’Italie en France en 1686, Lassay trouva des ennuis domestiques : il avait une fille du premier lit qu’il avait confiée en partant à Mme de La Fayette ; celle-ci qui écrivait de si agréables romans, mais qui n’entendait pas moins bien les affaires positives, jugea que cette pupille était un bon parti pour son fils, et elle était près d’arranger ce mariage contre le gré du père qu’elle cherchait à tenir éloigné. […] Élevée à Maubuisson, placée ensuite à l’Abbaye-aux-Bois où elle s’ennuyait, Mlle de Châteaubriant, dès ses premiers pas dans le monde de Chantilly, y sentit se développer des instincts de dissipation, de bel esprit et de coquetterie qui désolèrent Lassay avant même qu’il en fût victime : On est trop heureux, lui disait-il, de trouver une seule personne sur qui l’on puisse compter, et vous l’avez trouvée ; vous devez du moins en faire cas par la rareté ; il me semble pourtant que vos lettres commencent à être bien courtes, et qu’elles ressemblent à celles que vous m’écrivez quand vous êtes désaccoutumée de moi ; vous avez un défaut effroyable, c’est que, dès qu’on vous perd de vue, vous oubliez comme une épingle un pauvre homme qui tout le jour n’est occupé que de vous. […] De plus, il est paresseux ; il craint les affaires, et il aime le plaisir ; peut-être que de grands objets pourraient l’obliger à se vaincre là-dessus, mais on ne se donne ni la fermeté ni le discernement ; et, quand ces deux choses manquent, quelques perfections qu’on ait d’ailleurs, on n’est pas un homme du premier ordre.

2481. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

En même temps, comme il prévoyait une guerre générale prochaine, il observait de près le caractère des généraux de l’empire, qu’il connaissait déjà depuis son premier voyage de 1685, et auxquels il comptait bien avoir affaire, surtout le prince Louis de Bade et le prince Eugène ; et il ne se perdait point de vue en les dépeignant. […] » — « Soyez tranquille, répondit affectueusement le monarque ; vous apercevrez aux premières occasions à quel point je suis content de vous. », La guerre recommençait, et Villars allait retrouver son véritable élément. […] Villars, dès son premier billet au roi, daté du 14 et du camp de Friedlingen, disait dans un post-scriptum : « Je dois rendre justice aussi à M. de Magnac. » Ce n’était pas assez dire.

2482. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. VINET. » pp. 1-32

Lorsque, dans ses écrits littéraires, imprimés à Bâle, destinés en partie à la jeunesse allemande et dédiés à des membres du gouvernement de son pays, il dit du siècle de Louis XIV notre littérature, on est un peu surpris au premier abord, et l’on est bientôt plus surpris que la littérature française, en retour, ne l’ait pas déjà revendiqué et n’ait pas dit de lui nôtre. […] A Bâle, il professe depuis prés de vingt ans11, et le fruit de son enseignement littéraire se retrouve en substance dans les trois portions de sa Chrestomathie, dont les deux premiers discours préliminaires sont d’importantes dissertations, et dont le troisième est un précis historique de toute la littérature française, morceau capital de l’auteur et chef-d’œuvre du genre. […] Vinet, d’une manière moins éparse heureusement, représente et réalise, en écrivain de premier ordre, tout l’autre côté de prose ingénieuse, d’originale et savante culture.

2483. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

C’est leur première et extérieure nouveauté. […] Les romans bretons vinrent à point nommé traduire la transformation de la société : on les voit dans les terrains que quelque rayon du Midi a échauffés : c’est au second mari d’Aliénor, c’est à Henri II d’Angleterre, que le plus ample recueil de lais qu’on possède, œuvre d’une femme, Marie de France, est dédié : c’est de la fille d’Aliénor et de son premier mari, Louis VII de France, c’est de la comtesse Marie de Champagne que le plus brillant versificateur de romans bretons, Chrétien de Troyes, a reçu le sujet de Lancelot. […] Il fait asseoir ses chevaliers à la Table ronde, où il n’y a ni premier ni dernier : et retenu comme un autre grand et galant roi, par sa grandeur, il les laisse remplir tous les poèmes de leur vaillance et de leurs faits merveilleux.

2484. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Michel, les 4 669 premiers ont été composés dans le premier tiers du xiie  siècle par Guillaume de Lorris ; le reste a été écrit environ quarante ans plus tard par Jean de Meung (vers 1277). […] Le Roman de la Rose, dans l’intention de son premier auteur, devait être un art d’aimer, et le code de l’amour courtois. […] Sa situation est celle des premiers réformateurs du xvie  siècle, de ces humanistes chrétiens qui croient servir Jésus-Christ en se servant de leur raison, et qui très sincèrement, très pieusement, espèrent la réforme de l’Église du progrès de la philosophie.

2485. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

S’il est plus facile d’écrire un roman qui se fasse lire qu’une pièce qui se fasse écouter, rien n’est meilleur ni plus rare qu’un très bon roman ; et un roman de premier ordre sera toujours plus riche d’observations et reproduira plus complètement la vie qu’un drame même excellent. ) Or, l’œuvre dramatique est comme pressée par deux nécessités contradictoires. […] Est-ce qu’aux premiers sons de cet orchestre il ne vous semble pas voir toute une société se levant d’un bond et se ruant à la danse ? […] Au premier coup d’archet qui sur la scène mettait en branle les dieux de l’Olympe et des Enfers, il semblait que la foule fût secouée d’un grand choc et que le siècle tout entier, gouvernements, institutions, mœurs et lois, tournât dans une prodigieuse et universelle sarabande.

2486. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Je l’ai profondément et religieusement admiré dans mon adolescence et ma première jeunesse. […] On peut sans doute distinguer le Hugo d’avant les Contemplations et celui d’après, mais c’est tout ; et si vous cherchez à saisir ses « manières » successives, vous trouverez que ce sont justement celles que le dictionnaire Bouillet signale chez je ne sais quel grand peintre : « Première manière : il se cherche ; deuxième manière : il s’est trouvé ; troisième manière : il se dépasse. » Ainsi, la poésie de Hugo s’enrichit d’un vocabulaire de plus en plus vaste, se fait un bestiarium de mots et d’images toujours plus fourmillant, plus rugissant et plus fauve. […] Il est temps de ne tenir compte à Victor Hugo que de ses œuvres, et par là de le remettre à son rang — c’est-à-dire au premier rang.

2487. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

Aussi ma première question en arrivant à Saint-Sulpice fut pour vous demander afin d’apprendre la cause de ce silence, et plus encore afin de m’entretenir avec vous. […] J’avais perdu le besoin de savoir, de scruter, de critiquer ; il me semblait qu’il m’eût suffi d’aimer et de sentir ; mais je sentais bien qu’au premier jour où le cœur cesserait de battre si fort, la tête recommencerait à crier famine. […] Il faut donc se préparer à tout, et se tenir prêt à déployer sa voile au premier vent qui souffle 27… Il faut aussi que je vous parle, mon ami, d’un fait intellectuel qui m’a beaucoup soutenu et consolé en ces moments pénibles ; ce sont mes rapports avec M. 

2488. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Pour peu que, l’accès redoublant toujours, je m’écriasse : Fléaux du genre humain, illustres tyrans de vos semblables, hommes qui n’en avez que le titre, Rois, Princes, Monarques, Empereurs, Chefs, Souverains, vous tous enfin, qui, en vous élevant sur le trône & au dessus de vos semblables, avez perdu les idées d’égalité, d’équité, de sociabilité, de vérité, je vous assigne au Tribunal de la Raison ; écoutez : si ce globe malheureux a été votre proie, ce n’est point à la sagesse de vos prédécesseurs ni aux vertus des premiers humains que vous en êtes redevables, c’est à la stupidité, à la crainte, à la barbarie, à la persidie, & à la superstition : voilà vos titres Le Prophete Philosophe, Part.  […] On sait que la plupart des Pamphlets qui ont paru contre la Magistrature, dans le temps de la disgrace des Parlemens, ont été composés par des Ecrivains Philosophes, & que les cinq ou six premiers étoient de la façon de leur auguste Coryphée. […] Croira-t-on que, pour procurer du débit à son Ouvrage, qui n’en avoit point sous son premier titre, il ait osé le changer, pour lui donner le titre du mien ?

2489. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Samedi 18 janvier Première de L’Assommoir. […] Mercredi 4 juin Aujourd’hui, dans mon jardin en fleurs, son petit corps maigre perdu dans sa robe à queue, Mme de Nittis parlait, tout au fond d’un grand fauteuil, où elle ne tenait guère plus de place qu’un enfant, parlait, avec des interruptions, des silences, de pâles sourires ; parlait des premiers temps de son bonheur avec son mari, dans un certain carré de roses trémières, aux environs de la Malmaison, et qu’il avait fallu vendre, un jour de mauvaises affaires. […] Une épreuve du Haut d’un battant de porte, épreuve du premier état, avec le fond blanc, a été, sous le nº 30, de la vente Burty, poussée par moi à 350 francs, et achetée 400 francs par M. 

2490. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Au premier moment de la mobilisation, le 4 août 1914 un instituteur de Paris, secrétaire général de la Jeunesse républicaine du troisième arrondissement, M.  […] Le 9 janvier 1915, à cinq heures et demie du matin, au lendemain du premier combat de Crouy et lors de la prise de l’éperon 132, un sous-officier demanda un volontaire pour inspecter les abords de la tranchée. […] Dès le 12 août 1914, ces premiers mots, un billet rapide : «  Je pars dans un quart d’heure, 28e d’infanterie, 36e compagnie, Evreux… Si nous étions vaincus, c’est qu’il n’y aurait pas de justice, et vivre en un monde sans justice, ce n’est pas la peine… » Quel superbe frémissement de roseau pensant !‌

2491. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Quelques-uns s’élèvent même jusqu’à la composition et jusqu’aux premiers éléments de la psychologie, à ce point qu’on peut distinguer dans leurs œuvres le marquis d’avec le baron, le financier d’avec le traître, le charretier d’avec le chemineau, à d’autres signes que la coupe de l’habit et que le rappel des caractères physiques. […] Qu’on se rappelle le début du premier volume, le vol chez Mgr Myriel et le pardon de l’évêque, la lutte intérieure, chez Jean Valjean, entre l’instinct mauvais et la conscience qui s’éveille : quel est l’ouvrier, l’apprenti enfermé avec son livre, un soir de dimanche, qui ne comprendra pas cela ? […] Le nom de celui qui l’émettait pourra faire sourire, car le spirituel fantaisiste qui eut ses premiers succès au Chat-Noir, avant de devenir l’un de nos hommes de théâtre les plus modernes et les plus mondains, ne passe pas encore pour un auteur avant tout préoccupé du problème social.

2492. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

« Sous l’action combinée de la jurisprudence et des lois récentes, la concession de la personnalité civile s’étend peu à peu à toutes les associations ; il sera bientôt évident que le vieux principe est usé, et qu’il faut lui substituer le principe opposé de la personnalité de plein droit162 », — Ainsi nos institutions mêmes, malgré leurs tendances premières, laissent apercevoir le progrès des forces sociales contre lesquelles elles ne peuvent lutter. […] Au contraire, si les différents côtés de sa personne ressortissent à des sociétés différentes, il n’est plus si facile à l’esprit de le classer du premier coup et une fois pour toutes ; nous établissons plus malaisément entre sa valeur et la valeur reconnue de telle collectivité cette solidarité qui nous empêche, comme le veut l’égalitarisme, de rendre à chacun ce qui lui est personnellement dû. […] Il faut remonter jusqu’aux premiers temps de l’empire romain pour constater un fait semblable, et pour trouver à ce fait des causes à peu près identiques. » 169.

2493. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Chapitre premier. […] Au fond, il paraîtrait ne le goûter qu’à demi, l’admirer surtout par respect humain, et peut-être ne l’avoir pas lu tout entier ; car, dans la suite de ses réponses à Perrault sur la controverse homérique, il n’emprunte rien, ni pour l’histoire conjecturale des premiers poëtes grecs, ni pour l’analyse du sentiment poétique, à bien des traits originaux, à bien des témoignages précieux de Pindare, qui partout, dans ses hymnes, se montre le premier croyant à l’authenticité d’Homère et comme le prêtre de son temple. […] Cette première étude peut d’ailleurs nous aider à juger ce que Pindare fut pour l’antiquité, et comment Cicéron a dit : « Parmi les poëtes, je parle des Grecs24, on ne nomme pas seulement Homère, ou Archiloque, ou Sophocle, ou Pindare, mais aussi les seconds après eux, ou même ceux qui sont inférieurs aux seconds. » Le grand orateur romain avait senti l’âme éloquente du poëte ; et lui, qui dit ailleurs qu’il faut avoir du temps à perdre pour lire les poëtes lyriques », il ne conçoit le rang de Pindare qu’à côté d’Homère.

2494. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Dans les négociations qu’il entreprenait, et qui souvent eussent semblé inutiles à d’autres et désespérées dès le début, il ne craignait pas de se mettre en campagne et d’essayer d’attacher sa trame, malgré la distance et les inégalités des prétentions, « considérant qu’un bon marché ne se conclut du premier coup ; que les hommes ne demeurent ordinairement à un mot ; que, pour en achever un, il le faut commencer… ». […] À la fin nous vîmes Flessingue, première ville de Zélande ; et quelque devoir que fissent les matelots, il était sept heures de nuit que nous étions encore à trois milles du port, où les vaisseaux ne pouvaient entrer qu’au lendemain et au retour de la marée qui nous venait de faillir ; cela n’empêcha point que cet homme sans peur, contre le conseil du pilote, ne se mît à la nuit et par un mauvais temps dans la chaloupe du vaisseau, duquel on tira quelques coups de pièces pour avertir que l’ambassadeur arrivait.

2495. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

L’habit monacal fut renvoyé à Saint-Germain-des-Prés… Il avoit laissé dans sa cellule trois lettres pour le Père général, le Père prieur, et un religieux de ses amis. » C’est une des deux premières lettres qui a été conservée dans les paquets de dom Grenier, et que nous donnons ici. […] Ce supérieur général, grossier, sans naissance, sans mérite, aux manières dures, et qui ne fait nul cas des savants parce qu’il ignore jusqu’aux premiers éléments des sciences, n’est autre peut-être que celui à qui Prévost adressait cette lettre railleuse et à demi menaçante en partant ; je le soupçonne fort d’être le général de la Congrégation de Saint-Maur, dom Alidon en personne.

2496. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Comment il s’intéresse au premier aspect à ces deux jeunes personnes étrangères, comment il les remet dans leur chemin qu’elles avaient perdu, comment il les rencontre de temps en temps et se trouve peu à peu et sans le vouloir mêlé à leur destinée : tout cela est raconté avec une simplicité et un détail ingénu qui finit par piquer la curiosité elle-même. […] Le moment où Gertrude lui apprend la grossesse de Rosa et où son premier sentiment, au milieu du surcroît d’anxiété qui lui en revient, est d’aller à la jeune mère et de la bénir, arrache des larmes par sa sublimité simple.

2497. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

« Les Tartarins de la douleur », les appelait Daudet en y mettant au premier rang les ataxiques au début, dont lui-même. […] Narquois et acéré, il note la sympathie première de l’entourage pour le débutant en ces interminables douleurs, l’indifférence finale de tous pour ces dénoûments funèbres qui ont des longueurs.

2498. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

L’un des premiers chagrins de la vanité est de trouver en elle-même et la cause de ses malheurs et le besoin de les cacher. […] Enfin, en France, on est entouré d’hommes, qui tous se disent le centre de cet immense tourbillon ; on est entouré d’hommes, qui tous auraient préservé la France de ses malheurs, si on les avait nommés aux premières places du gouvernement, mais qui tous, par le même sentiment, se refusent à se confier à la supériorité, à reconnaître l’ascendant du génie ou de la vertu.

2499. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Au commencement, pendant les quatre premiers siècles, il avait fait la religion et l’Église : pesons ces deux mots pour en sentir tout le poids. […] D’autre part, dans un État qui peu à peu se dépeuplait, se dissolvait et fatalement devenait une proie, il avait formé une société vivante ; guidée par une discipline et des lois, ralliée autour d’un but et d’une doctrine, soutenue par le dévouement des chefs et l’obéissance des fidèles, seule capable de subsister sous le flot de barbares que l’Empire en ruine laissait entrer par toutes ses brèches : voilà l’Église. — Sur ces deux premières fondations, il continue à bâtir, et, à partir de l’invasion, pendant plus de cinq cents ans, il sauve ce qu’on peut encore sauver de la culture humaine.

2500. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Sous prétexte de correction et de sagesse, on a fréquemment offert en exemple aux élèves les pseudo-classiques du xviiie  siècle et du premier Empire. […] Ils trouveront plus de matière dans le xvie et dans le xviie  siècle que dans le xviiie  ; de ces deux premiers, il n’est presque rien à proscrire, sauf les exigences de la moralité ; de l’autre, il n’est presque rien qu’on puisse lire sans défiance : trois ou quatre ouvrages peut-être, de trois ou quatre écrivains.

2501. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

« Toute l’opération, dit-il, consiste à découvrir, par des comparaisons nombreuses et des éliminations progressives, les traits communs qui appartiennent à toutes les œuvres d’art, en même temps que les traits distinctifs par lesquels les œuvres d’art se séparent des autres produits de l’esprit humain. » Considérant donc les cinq grands arts, peinture, sculpture et poésie, architecture et musique, se fondant sur des faits que fournissent l’expérience ordinaire, l’histoire des grands hommes, celle des arts et des lettres, observant tantôt l’œuvre de Michel-Ange ou celle de Corneille, tantôt les peintures de Pompéi ou les mosaïques de Ravenne, il fait cette première induction, que l’objet de l’œuvre d’art semble être l’imitation de la nature. […] On élargit le sens d’un mot ; on y met ce qui n’y était pas ; et, sans s’apercevoir qu’on a introduit des éléments nouveaux dans la question, on la résout par les principes qui ne conviennent qu’aux premières données.

2502. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre II. La critique »

Une puissance de création médiocre ; un peu de jalousie, de malignité à l’égard des grands contemporains, où l’on sent un dépit de n’avoir pas percé soi-même au premier rang ; un excès de sévérité pour les vaincus du combat politique qui ne sont pas satisfaits de leur défaite, une insistance à les convertir, où le journaliste officiel, payé, protégé, se découvre trop, et qui fait que des Lundis, à les lire tout d’une suite, émane un déplaisant parfum de servilité ; certain goût de commérages et d’investigations scabreuses, où l’on devine que, sous prétexte d’exactitude historique, se satisfait une imagination inapaisée de vieux libertin : voilà le mal qu’on peut dire de Sainte-Beuve857 . […] (Premiers Lundis), 1875 et suiv. ; Table, 1881, in-8. ; Nouveaux Lundis, 10 vol. in-18, C.

2503. (1925) Méthodes de l’histoire littéraire « III. Quelques mots sur l’explication de textes »

Mais cette première question se subdivise en deux autres : car pour déterminer la valeur d’un exercice, il faut en définir : 1° le but, 2° la méthode. […] Il sera bon de partir de là pour aller à la recherche du sens originel, du sens de l’auteur, et puis du sens du premier public, et des sens de tous les publics, français et étrangers, que le livre a successivement rencontrés.

2504. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

I À première vue, il est heureux pour un poète d’avoir fait un jour un sonnet, une pièce d’anthologie, que tout le monde connaît et récite. […] Il est certain que la fin du premier vers et tout le second forment une cheville ou que, tout au moins, si le poète avait écrit en prose, il n’aurait guère senti le besoin d’apostropher ici son cœur.

2505. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens II) Henry Fouquier »

Henry Fouquier écrit au Gil Blas sous ces deux noms) ont à la fois, sur l’amour, les idées des premiers hommes et celles des délicieux Français du XVIIIe siècle. […] Mais c’est là le contraire de l’entraînement d’un « tempérament », et la vanité, chose toute cérébrale, n’a rien à voir avec l’émotion primesautière de don Juan, quand son regard se croise avec celui d’une femme, qu’il voit désormais seule là où il s’est rencontré avec elle… Ne faisons pas à l’amoureux l’injure de mettre de la vanité dans ce besoin de plaire, de connaître et de posséder, que nous flairons en lui à première vue, odor d’amore.

2506. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Les enfants du second mari ressemblent au premier mari. […] Formée par l’homme dans sa première jeunesse, à son tour elle agit sur lui.

2507. (1766) Le bonheur des gens de lettres : discours [graphies originales] « Le Bonheur des gens de lettres. — Premiere partie. » pp. 12-34

Il ne sent plus que d’une maniere incertaine, & il devient le jouet infortuné du premier caprice qu’il vient de se forger. […] Ce Sexe l’ornement de la terre destiné à élever nos premiers ans, sera-t il toujours condamné à la frivolité ?

2508. (1863) Molière et la comédie italienne « Textes et documents » pp. 353-376

Magnin a faite des deux premiers sonnets du Teatro celeste de Giov. […] 1578 2 Pour toutes les serrures à fermer les loges… 70 » À Sauvage, pour la menuiserie faite à Saint-Germain… 266 8 À Ducreux, pour fourniture de 80 aunes de toile pour boucher les fenêtres des musiciens, comédiens, etc., et autres frais… 180 3 À Paysan, pour la poudre, pommade, y compris ses peines, celles de ses garçons, et les frais de leur voyage à Chambord… 210 » Pour toutes les voitures généralement quelconques… 9008 » Pour trois bannes qui ont servi à couvrir les charrettes où étaient les habits… 50 8 Pour tous les Suisses qui ont servi, tant à Chambord qu’à Saint-Germain, à garder les portes du théâtre… 153 » Au sieur de Lulli, pour ses copistes, leur entretien et nourriture, la somme de… 800 » Pour les ports, rapports et entretiens d’instruments… 196 » Pour les dessins et peines du sieur Gissez… 483 » Pour les peines d’avertisseurs, huissiers et autres gens nécessaires… 300 » Aux concierges de Chambord et de Saint-Germain, à raison de 100 liv. chacun… 200 » Pour tous les menus frais imprévus, suivant le mémoire ci-attaché… 403 » Somme totale du contenu au présent état… 49404 18 Nous, Louis-Marie d’Aumont de Rochebaron, duc et pair de France, premier gentilhomme de la chambre du roi, certifions avoir ordonné la dépense contenue au présent état, et l’avoir arrêtée pour Sa Majesté à la somme de quarante-neuf mille quatre cent quatre livres dix-huit sous.

2509. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

L’idée fondamentale de Jésus fut, dès son premier jour, l’établissement du royaume de Dieu. […] Quelques pauvres attardés qui gardent encore, en pleine époque réfléchie, les espérances des premiers disciples deviennent des hérétiques (Ébionites, Millénaires), perdus dans les bas-fonds du christianisme.

2510. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre I : Des sens, des appétits et des instincts. »

. — La force qui anime l’organisme humain et entretient les courants du cerveau, a son origine dans la grande source première de force vivifiante, le soleil159. » Si nos moyens d’observation et de mesure étaient parfaits, nous pourrions voir comment se consomme la nourriture dans l’être humain, en attribuer une partie à la chaleur animale, une autre à l’action des viscères, une autre à l’activité du cerveau, et ainsi de suite. […] L’auteur traite les deux premiers points en simple physiologiste ; et j’ai regretté, pour ma part, que le langage ne soit étudié nulle part dans cet ouvrage, comme faculté psychologique.

2511. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Son premier mot a déjà le tranchant du glaive : — « Toi aussi, je te cherche : lui, il a payé, c’est fait. » Elle le pleure et elle se lamente : — « Malheur à moi ! […] Le parricide se consomme, et ici encore le talion répète la mise en scène du premier crime.

2512. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Journal de la campagne de Russie en 1812, par M. de Fezensac, lieutenant général. (1849.) » pp. 260-274

Même dans ces premiers instants de la retraite, c’était une tâche difficile de faire observer l’ordre et la discipline. […] Dès ces premiers jours, la retraite ressemblait à une déroute.

2513. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Probablement rien d’immoral au premier et au second acte. […] Qui lui dira de quoi eut été suivie cette première représentation ?

2514. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Mais bientôt il revint à son premier sentiment. […] Les vers d’Alain lui procurèrent l’estime & l’affection de Marguerite d’Ecosse, première femme du dauphin de France depuis Louis XI.

2515. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre VI : Règles relatives à l’administration de la preuve »

Que de fois il est arrivé à la science de réduire à l’unité des causes dont la diversité, au premier abord, paraissait irréductible ! […] La concomitance peut être due non à ce qu’un des phénomènes est la cause de l’autre, mais à ce qu’ils sont tous deux des effets d’une même cause, ou bien encore à ce qu’il existe entre eux un troisième phénomène, intercalé mais inaperçu, qui est l’effet du premier et la cause du second.

2516. (1761) Apologie de l’étude

On objectera qu’il est condamné au travail ; mais, puisqu’il y est condamné, ce n’était donc pas sa première destination. […] Vous êtes excusable d’avoir essayé de lire à la fois tant de poètes, d’orateurs et de romans, mais non pas de les avoir lus jusqu’au bout ; vos premières lectures en ce genre auraient dû vous persuader que les vrais ouvrages d’agrément sont aussi rares que les gens vraiment aimables.

2517. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

La sœur Emmerich35 On s’étonnera peut-être de ce nom, mis à cette place, pour clore cette première série des Bas-bleus ou des femmes littéraires du xixe  siècle… « Pourquoi celle-là, ici ?  […] C’est une loi, — et une loi absolue, — que le sexe de la femme soit autant dans sa tête qu’ailleurs, et que le génie, quand elle en a, soit en elle, comme tout le resté, et pour cette raison, ne puisse, en force première et naturelle, lutter contre le génie de l’homme, qui est et qui doit, en définitive, rester le maître de la Création.

2518. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XV. M. Dargaud » pp. 323-339

Aux termes où nous sommes parvenus, et bien probablement toujours, — car je ne vois pas ce qu’il y a de plus dans le monde que l’éternelle question, sous toutes les formes, de l’Autorité et de la Liberté ; que leur lutte ou que leur accord, — l’histoire de la liberté religieuse, cette première liberté qui renferme en son sein toutes les autres, est et continuera d’être d’un immense intérêt pour les hommes, qu’ils l’admettent ou qu’ils la repoussent, qu’ils la maudissent ou qu’ils l’adorent. […] III Tel est le caractère, très saisissant au premier coup d’œil, du livre de M. 

2519. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Eugène Fromentin ; Maxime du Camp »

C’est la froideur blême, nerveuse, maigre, d’un vaporeux étrange en ces climats d’énergie ; mais c’est le sorbet des ardents, car un mari tua sa première femme pour la suivre, et, quitté par elle, il s’en venge, avec l’adresse féroce d’un centaure, en lui fendant le front, au milieu d’une fête, avec les deux pieds de son cheval ! […] , et cette bouche, n’y en eût-il qu’une seule, n’oubliera pas le nom du premier historien de la Commune et dira le nom de du Camp, que ses ennemis, qui en rugissent, sentent, dès tout à l’heure, immortel.

2520. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Pouvant être préfet du palais, c’est-à-dire avoir une des premières places de la cour, il aima mieux rester orateur et homme de lettres. […] Pour connaître l’esprit des différents siècles, il n’est pas inutile d’observer que Mamertin, qui prononça cet éloge, parvint, par ses talents, aux premières dignités ; il occupa longtemps avec distinction le rang de sénateur ; et quand Julien monta sur le trône, il lui donna la place de surintendant général des finances de l’empire.

2521. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXI » pp. 87-90

Au bout des trois premiers quarts d’heure, ce jeu bruyant commence à fendre la tête, et les délicats n’y tiennent plus.

2522. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « APPENDICE. — M. SCRIBE, page 118. » pp. 494-496

Scribe, dans sa première manière du Gymnase, procédait par deux actes, l’action courait plus vite, et les préparatifs se voyaient moins.

2523. (1874) Premiers lundis. Tome II « Le poète Fontaney »

Auguste Préault sur cette sympathique figure de poète, et que n’eût point rejeté l’auteur des Portraits contemporains et des Premiers Lundis. c’est qu’il y a eu un très beau portrait, genre Titien, de Fontaney par le peintre Louis Boulanger.

2524. (1875) Premiers lundis. Tome III « Viollet-Le-Duc »

Viollet-Le-Duc y signalait dès lors à l’attention bon nombre de poëtes distingués etoriginaux du XVIe siècle, tels que d’Aubigné ; il excita plus tard et favorisa, l’un des premiers, les travaux qui ont été poussés de ce côté par plusieurs d’entre nous.

2525. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. de Latena : Étude de l’homme »

C’est une citadelle qui a courageusement repoussé les assauts, et que la famine force enfin de se rendre. » « Une femme nous semble un peu moins jolie quand nous avons entendu contester sa beauté. » Je ne sais si l’auteur a raison de refuser aux femmes la faculté d’être amies entre elles ; il ne la leur refuse du reste que dans leur première jeunesse et quand une autre sorte de passion plus vive est en jeu.

2526. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Barbier, Auguste (1805-1882) »

Or, une partie de la gloire d’Auguste Barbier lui vient des circonstances au milieu desquelles il jeta ses premières poésies.

2527. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Blémont, Émile (1839-1927) »

Surtout il trouve, du premier coup, ingénieusement, le trait caractéristique.

2528. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pilon, Edmond (1874-1945) »

Mais je m’attarde à ces Poèmes de mes soirs, et déjà dans de jeunes revues Edmond Pilon publie les premiers vers de sa Maison d’exil, plus libres, plus francs encore et plus aimables que ceux des Poèmes de mes soirs, et qui détruisent les légères critiques qu’on pourrait adresser à son premier livre, puisque dépassées.

2529. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — Q — Quillard, Pierre (1864-1912) »

Pierre Quillard a réuni ses premières poésies sous un titre qui serait, pour plus d’un, présomptueux : La Gloire du Verbe.

2530. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVI. Consultation pour un apprenti romancier » pp. 196-200

Envoyez-moi, quand vous l’aurez écrit et imprimé, votre premier roman dûment dédicacé.

2531. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre premier. Nécessité d’une histoire d’ensemble » pp. 9-11

Chapitre premier.

2532. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 521-526

Ce n’est certainement pas pour avoir fait celui qui termine un Quatrain à la louange du Maréchal de Saxe, où le Poëte Géometre, après avoir mis en pieces deux Héros de l’antiquité, César & Scipion, dit que Maurice eut pour sa part, La tête du premier, & le bras du second.

2533. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Homère, et le grammairien Thestorides. » pp. 2-6

Malgré son premier nom, on ne sçait pas au juste le temps ni le lieu de sa naissance.

2534. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre III. Partie historique de la Peinture chez les Modernes. »

Les deux premières propositions ont été amplement développées dans notre examen de la poésie : nous ne nous occuperons donc que de la troisième.

2535. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Julliart » pp. 176-177

Moi, Monsieur Juliart, dont ce n’est pas le métier, je montrerais sur une colline les portes de Thèbes ; on verrait au devant de ces portes la statue de Memnon ; autour de cette statue des personnes de tout état attirées par la curiosité d’entendre la statue résonner aux premiers rayons du soleil ; des philosophes assis traceraient sur le sable des figures astronomiques ; des femmes, des enfans seraient étendus et endormis, d’autres auraient les yeux attachés sur le lieu du lever du soleil ; on en verrait dans le lointain qui hâteraient leur marche, de crainte d’arriver trop tard.

2536. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 47, quels vers sont les plus propres à être mis en musique » pp. 479-483

Ainsi le reproche qu’on faisoit à Monsieur Quinault quand il composa ses premiers opera, que ses vers étoient dénuez de ces images et de ces peintures qui font le sublime de la poësie, se trouve un reproche mal fondé.

2537. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une conspiration sous Abdul-Théo. Vaudeville turc en trois journées, mêlé d’orientales — Troisième journée. Tout s’explique » pp. 234-240

. — Les quatre premiers sont très abattus. — Monselet-Pacha semble en proie à une douce folie et joue avec ses chaînes.

2538. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Pierre Mancel de Bacilly »

Le livre que Pierre Mancel de Bacilly a récemment publié porte sur sa première page ces deux mots mystérieux et terribles : Du Pouvoir et de la Liberté 17, dont l’alliance renferme toute la politique de ces derniers temps.

2539. (1895) Hommes et livres

Il a manqué, à notre premier tragique, le génie, surtout le génie littéraire. […] Le théâtre du moyen âge finit, et le théâtre moderne commence : il ne passe rien du premier dans le second. […] Nos premiers classiques écrivent sous Henri IV. […] Ce premier volume sera suivi, nous dit-on, de six ou sept autres. […] Qui nous empêchera de concevoir un cinquième tome, ou bien cinq, dix, douze épisodes nouveaux à intercaler au milieu des quatre premiers ?

2540. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

C’est ainsi qu’il a pénétré autrefois dans les extases des ascètes indiens et dans les philosophies de nos deux premiers siècles. […] Il met cette littérature au premier rang. […] Voilà les deux doctrines qui circulent à travers les écrits des deux premiers penseurs du siècle, Hegel et Gœthe. […] Les Français ne peuvent atteindre du premier coup, comme les Allemands, les hautes conceptions d’ensemble. […] Gœthe au premier rang.

2541. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Ce que nous venons de dire du sens précis, par rapport au sens vague, nous le dirons du sens propre par rapport au sens métaphorique ; la définition ne doit jamais tomber que sur le sens propre, et le sens métaphorique ne doit y être ajouté que comme une suite et une dépendance du premier. […] L’usage des premiers peut faciliter jusqu’à un certain point l’étude des langues mortes ; et à l’égard des autres, ils ne serviraient, si on s’y bornait, qu’à apprendre très imparfaitement la langue : l’étude des bons auteurs dans cette langue, et le commerce de ceux qui la parlent bien, sont le seul moyen d’y faire de véritables et solides progrès. […] On doit éviter les élisions dures, et elles le sont ordinairement au premier et au sixième pied. […] Tous les peuples ont une musique ; le plaisir qui naît de la mélodie du chant a donc son fondement dans la nature : et il y a d’ailleurs des traits de mélodie et d’harmonie qui plaisent indistinctement et du premier coup à toutes les nations ; il y a donc du réel dans le plaisir musical : mais il y a d’autres plaisirs plus détournés et un style musical particulier à chaque peuple, qui demandent que l’oreille y soit plus ou moins accoutumée ; il entre donc dans ce plaisir de l’habitude. […] On trouvera sur ce sujet un plus grand détail dans les ouvrages de Cicéron, de Quintilien, etc., surtout dans l’ouvrage du premier de ces deux écrivains qui a pour titre Orator, et dans lequel il traite à fond du nombre et de l’harmonie du discours.

2542. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Peut-être les reprendra-t-il plus tard dans d’autres livres, pour composer avec elles des personnages nouveaux qui apparaîtront comme des extraits ou plutôt comme des compléments du premier ; mais presque toujours ceux-ci auront quelque chose d’étriqué en comparaison du personnage originel. […] Ce premier coup d’œil jeté sur le monde organisé va nous permettre de déterminer en termes plus précis ce qui unit les deux règnes, et aussi ce qui les sépare. […] Elle saute alors sur l’œuf, qui va lui servir de support dans le miel, dévore l’œuf en quelques jours, et, installée sur la coquille, subit sa première métamorphose. […] Son premier métier avait beau être de fabriquer des instruments ; cette fabrication n’est possible que par l’emploi de certains moyens qui ne sont pas taillés à la mesure exacte de leur objet, qui le dépassent, et qui permettent ainsi à l’intelligence un travail supplémentaire, c’est-à-dire désintéressé. […] L’intuition, au premier abord, semble bien préférable à l’intelligence, puisque la vie et la conscience y restent intérieures à elles-mêmes.

2543. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

Ainsi les premier, comiques Latins hasarderent la satyre personnelle, mais jamais la satyre politique. […] Qu’on se représente Electre dans son premier monologue, traînant de véritables chaînes dont elle se voit accablée : quelle différence dans l’illusion & l’intérêt ! […] Du premier genre sont les dialogues de Lucien, & du second ceux de Platon. […] Mais l’allégorie ainsi réduite à une action simple, à une moralité précise, est communément attribuée à Esope, comme à son premier inventeur. […] La Poésie, dans sa course rapide, semble avoir tout moissonné ; mais la Peinture, dont la carriere est à-peu-près la même, en est encore aux premiers pas.

2544. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Ponsard » pp. 301-305

Et d’abord, il s’est présenté lui-même, tel qu’il est, avec son propre accent, avec ses sentiments et ses doctrines ; il n’a pas emprunté aux traditions académiques les exordes tant de fois renouvelés : il a parlé à sa manière, modestement, honnêtement, traçant de l’homme de lettres et du poète le caractère et le rôle qu’il conçoit, et s’y peignant lui-même avec cette sincérité élevée qui vient du cœur : on a senti dès ses premières paroles quelqu’un qui ne se mettait ni au-dessus ni au-dessous de ce qu’il devait être.

2545. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LI » pp. 198-202

Son premier volume de l’Histoire des jésuites a, dit-on, un vif intérêt.

2546. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXII » pp. 286-290

C'est un chapitre de l’ouvrage qui paraît en même temps : Histoire de la littérature française ; les deux premiers volumes sont en vente.

2547. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVI » pp. 301-305

Thiers doit paraître chaque matin ; les deux premiers volumes ont déjà paru en Amérique.

2548. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Louis XIV et le duc de Bourgogne, par M. Michelet. (suite et fin.) »

Michelet a eu d’admirables pages dans ses autres livres, dans celui du Peuple, dans celui du Prêtre, dans son Histoire de la Révolution (au tome premier, par exemple, la terreur des campagnes), s’il a eu des pages qu’une fois lues on retient à jamais, il en a de charmantes dans ce volume même.

2549. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ch.-V. de Bonstetten : L’homme du midi et l’homme du nord, ou l’influence du climat »

Élevé en Suisse où il reçut une éducation libre, rêveuse et solitaire, que n’aurait pas désavouée Rousseau, devenu plus tard le disciple et l’ami de Bonnet, qui dès l’abord s’empara, comme il le dit, de toute son âme, et depuis transporté dans les différentes contrées du nord et sous le ciel de l’Italie, il dut garder dans le commerce des hommes les habitudes intellectuelles de sa vie première, et surtout un goût décidé pour l’étude de soi-même et des autres.

2550. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur une pétition de directeurs de théâtres contre les auteurs, compositeurs et éditeurs de musique »

Premier Rapport de M. 

2551. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubanel, Théodore (1829-1886) »

N’est-il pas évident, à première vue, qu’un tel poème s’adresse à des esprits cultivés ?

2552. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Madeleine, Jacques (1859-1941) »

Oui, on ne peut s’empêcher de penser que ce poète est un terrible homme, un peu bien dur pour lui-même et un peu bien sévère pour sa première née.

2553. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 527-532

S’appliquer de bonne heure à la lecture des Historiens & des Philosophes, pour apprendre des premiers l’origine & l’usage des loix, des seconds, la maniere de penser & de raisonner ; tels furent les moyens qu’il jugea propres à le mettre en état de fournir une carriere où l’esprit ne sauroit se soutenir lui seul.

2554. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 519-526

Le nom de son premier mari lui fut sans doute plus cher que celui de ses successeurs, puisqu’elle le mit constamment à la tête de tous ses Ouvrages.

2555. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 532-537

POMPIGNAN, [Jean-Jacques le Franc, Marquis de] ancien premier Président de la Cour des Aides de Montauban, sa patrie, de l’Académie Françoise, de celle des Jeux Floraux, &c. né en 1709.

2556. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 240-246

Aussi faut-il remarquer qu'il étoit jeune alors, & que ce fut son premier Ouvrage.

2557. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Étienne Dolet, et François Floridus. » pp. 114-119

Nous avons de lui la vie de François I, jusqu’en 1539, sans compter des harangues, des traductions, beaucoup de critiques, quatre livres de poësies, intitulées Premier & second enfer, & des lettres dans un goût singulier.

2558. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre VII. Des Saints. »

Les premiers apôtres, prêchant l’Évangile aux premiers fidèles dans les catacombes ou sous le dattier de Béthanie, n’ont pas paru à Michel-Ange et à Raphaël des sujets si peu favorables au génie.

2559. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre IX. Application des principes établis dans les chapitres précédents. Caractère de Satan. »

… Mais si je me repentais, si, par un acte de la grâce divine, je remontais à ma première place ?

2560. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 49, qu’il est inutile de disputer si la partie du dessein et de l’expression, est préferable à celle du coloris » pp. 486-491

Un autre homme, dont les yeux ne sont point conformez aussi heureusement, mais dont le coeur est plus sensible que celui du premier, trouve dans les expressions touchantes un attrait superieur au plaisir que lui donnent l’harmonie et la verité des couleurs locales.

2561. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre X. De la chronologie poétique » pp. 235-238

Déterminés dans le choix de leurs premières demeures par le besoin de trouver de l’eau et des aliments, ils ne peuvent se fixer d’abord sur le rivage de la mer, et les premières sociétés s’établissent dans l’intérieur des terres.

2562. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

Tomber du Théâtre-Français à Montparnasse, à ces voix cassées par les petits verres, à ces habits d’écrivain public au dos de vos jeunes premiers, à ces inintelligences du dire… en fin à la caricature de la merveilleuse mise en scène qui a été. […] L’oppression de la pose de ces petits êtres, leur ramassement, les gestes d’instinct de l’enfance dans son premier lit, les ratatinements frileux, les croisements étroits de bras et de jambes, les attitudes inconscientes de sommeil et de prière, cette ébauche naïve de la vie rudimentaire, cette expression de souffrance d’un corps angéliquement douloureux ! […] Dans cette famille, une fille portant le nom d’Élodie, encore plus folle de théâtre, plus assoiffée de premières, que sa mère et ses tantes, et qui, à La Contagion, faisait queue au milieu d’étudiants, depuis dix heures du matin, se faisant garder sa place, pendant qu’elle déjeunait dans un café voisin, et dînant avec des gâteaux que les étudiants lui allaient chercher. […] Un journaliste américain, amené à Magny par Renan, nous raconte que son premier article dans une revue de là-bas, un article sur Platon, lui a été payé 5 dollars, à toucher sur la banque des cordonniers de Boston. […] Et je pense à cette première atteinte de la mort qui l’a touché à mon bras — ô ironie !

2563. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers (3e partie) » pp. 249-336

On l’a raillé quelquefois de cette personnalité militaire qui lui fait confondre son rôle d’écrivain avec le rôle du grand capitaine dont il raconte ou dont il critique les exploits ; pourquoi l’accuser de ce qui fait un de ses premiers mérites : s’identifier avec le génie des batailles ? […] Au premier ordre, Murat était accouru au galop. — “Eh bien, lui dit Napoléon, nous laisseras-tu dévorer par ces gens-là ? […] « Comme un fleuve qui a commencé à percer une digue l’emporte bientôt tout entière, la masse de nos escadrons, ayant une fois entamé l’infanterie des Russes, achève en peu d’instants de renverser leur première ligne. […] La société est au premier venu quand ce premier venu se dévoue à elle et non à lui-même ; voilà la loi de la conscience quand il n’y a plus que la conscience pour loi.

2564. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCIXe entretien. Benvenuto Cellini (1re partie) » pp. 153-232

III Son père, qui, indépendant de son état d’architecte, était sculpteur en ivoire, et très habile musicien sur la flûte, entra dans la compagnie des musiciens de la ville et fut aimé des premiers Médicis, ces citoyens élevés par les richesses à la tyrannie volontaire de leur patrie. […] Cet ouvrage fut cause que le divin Michel-Ange fut chargé de faire la grande chapelle du pape Jules, dont il n’acheva que la moitié, son talent, depuis, ne pouvant répondre à celui de ses premières études. […] Santi venait de mourir, laissant son atelier à son fils ; son premier ouvrier, nommé Lucagnolo, gouvernait la maison. […] Mon premier mari, qui aimait beaucoup Benvenuto, à cause de ses talents et de ses bonnes qualités, avait raison de vouloir le retenir à Florence, et de l’empêcher de revenir à Rome ; et elle s’en alla en murmurant des paroles fort aigres. […] À leur première entrevue, ce prince fit présent au pape d’un beau diamant qui avait coûté douze mille écus, et que je devais monter sur un anneau à la mesure de son doigt ; mais Sa Sainteté voulut auparavant que je lui portasse le livre, quoique imparfait encore.

2565. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

Eh bien, ces choses-là l’ont eu au moins dans les six premiers volumes ! […] À l’âge où l’on flambe encore d’ambition folle, il a mieux aimé aller en second qu’aller en premier. […] Du reste, ainsi qu’il l’a écrit dans une des préfaces des six premiers volumes à la décharge de A.  […] il faut abréger et je dis : la traduction de François Hugo, dont ces premiers volumes sont la fleur et mieux que la promesse, à supposer qu’il l’achève avec le soin de ces six volumes, sera évidemment une œuvre capitale, qui honorerait tout homme, quel qu’il fût, et avec laquelle la Critique et la littérature seront obligées de compter. […] Son bâtard Edmond, qui a tous les dons de la nature, qui a même l’amour de son père et de son frère le légitime ; Edmond, qui est beau, spirituel, vaillant, aimé au premier regard de ces deux tigresses, Goneril et Régane ; Edmond, qui a toutes les fortunes, qui commande l’armée, donne des batailles et les gagne, est un Iago bien plus diabolique que le Iago de Venise, le petit enseigne qui se mord d’envie le poing dans un coin… Il n’a qu’un défaut : la bâtardise, mais cela suffit pour lui fausser l’âme, et c’est à la lueur sinistre de l’âme de ce bâtard auquel son père, aveuglé comme Lear, a sacrifié son fils légitime, pur et noble comme sa naissance, que nous voyons se dérouler cette tragédie aveuglée de la Paternité, plus effroyable que celle d’Œdipe, le grand aveugle grec, et où le Roi Lear a pour pendant dans le malheur mérité de sa vie, et pour vis-à-vis, Glocester !

2566. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Or elle n’était chez Spencer que la généralisation d’une thèse, présentée dans ses premiers travaux, sur le progrès social : l’étude des sociétés l’avait d’abord exclusivement préoccupé ; il ne devait venir que plus tard aux phénomènes de la vie. […] Il faut que tous se battent contre tous, comme firent les hordes des premiers temps. […] Si le pays ne possède pas la force motrice pour actionner des machines, le fer pour en construire, des matières premières pour la fabrication, elle tâchera de les emprunter à l’étranger. […] Mais le schéma que nous venons de tracer marque suffisamment les causes essentielles : accroissement de population, perte de débouchés, privation de combustible et de matières premières. […] Que sera-ce, quand viendront des problèmes presque aussi graves, celui de la répartition des matières premières, celui de la plus ou moins libre circulation des produits, plus généralement celui de faire droit à des exigences antagonistes présentées de part et d’autre comme vitales ?

2567. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

C’est que son premier sentiment, en faveur de la Princesse de Clèves, n’avait été qu’un feu de paille. […] Mme de La Fayette n’était plus dans sa première fleur, et quant à l’auteur des Maximes, l’âge l’avait mûri. […] Et comme Cubières s’étonnait et rappelait leur première rencontre, le romancier lui dit : — Que voulez-vous ? […] Ses premiers ouvrages lui rapportèrent peu, et il fut victime des contrefacteurs. […] L’infortuné Glatigny y débutait dans le rôle du Premier Sénateur.

2568. (1899) Arabesques pp. 1-223

Raynaud cisèle d’agréables pastiches qui ressemblent aux bijoux du premier empire. […] Grâce à la Réforme, premier essor de la liberté individuelle, grâce aux chefs-d’œuvre grecs retrouvés, grâce à ce flot de lumière sans lequel nous serions de pauvres sauvages abrutis sous la discipline imbécile des moines et du Grand-Lama des Sept Collines, le catholicisme subit sa première défaite. […] Plusieurs ont regardé autour d’eux, et ils donnent le résultat de leurs premières expériences. […] Ne rien respecter des choses qu’on nous donne pour respectables, les décomposer en leurs éléments premiers, voilà le second point. […] La personnalité de Nietzsche ne se laisse pas embrasser du premier coup d’œil.

2569. (1932) Les idées politiques de la France

Poincaré a été l’homme d’État du nouvel opportunisme, comme Ferry avait été l’homme d’État du premier opportunisme. […] L’éducation de la jeunesse, les œuvres de jeunesse figurent au premier rang de ses préoccupations et de ses occupations. […] Leibniz donne une formule du premier libéralisme quand il dit : « Je ne méprise presque rien !  […] Comités et sociétés populaires, légaux ou spontanés, ont été la seule force locale organisée, pendant de longs mois, dans un pays centralisé où les fameux leviers étaient au premier qui pouvait les saisir. […] « Je vois très nettement se dessiner à mes yeux ce que devra être, ce que sera, j’espère, le jeune Français de demain, le citoyen de notre République aux premiers jours du siècle qui va s’ouvrir.

2570. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

Canova, né dans cette carrière, avait eu pour premier jouet de son enfance, à l’âge de cinq ans, le maillet et le ciseau : le métier avait commencé pour lui avant l’art. Ses premiers jeux cependant avaient été de petits chefs-d’œuvre dans l’atelier de son père. […] Les Propylées, le temple d’Érechthée ou celui des Cariatides, sont à côté du Parthénon ; chefs-d’œuvre eux-mêmes, mais noyés dans ce chef-d’œuvre : l’âme, frappée d’un coup trop fort à l’aspect du premier de ces édifices, n’a plus de force pour admirer les autres. […] LXVI Je ne sens point de tristesse ici ; l’âme est légère, quoique méditative ; ma pensée embrasse l’ordre des volontés divines, des destinées humaines ; elle admire qu’il ait été donné à l’homme de s’élever si haut dans les arts et dans une civilisation matérielle ; elle conçoit que Dieu ait brisé ensuite ce moule admirable d’une pensée incomplète ; que l’unité de Dieu, reconnue enfin par Socrate dans ces mêmes lieux, ait retiré le souffle de vie de toutes ces religions qu’avait enfantées l’imagination des premiers temps ; que ces temples se soient écroulés sur leurs dieux : la pensée du Dieu unique jetée dans l’esprit humain vaut mieux que ces demeuras de marbre où l’on n’adorait que son ombre.

2571. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

À la fin de ma troisième année de rhétorique j’obtins les onze premiers prix de ma classe. […] Il y menait la vie aimable et dissipée des gentilshommes oisifs du temps, comme on le voit dans le charmant Voyage autour de ma chambre, son premier délassement littéraire pendant quinze jours d’arrêt à Turin. […] Le prodigieux succès de son premier et léger ouvrage, à Turin (le Voyage autour de ma chambre), ne l’avait pas porté à recommencer. […] Mon premier mouvement fut de lever les yeux vers le ciel pour le remercier de m’avoir préservé du plus grand des malheurs.

2572. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Le grand ministre en sentit lui-même les effets tout le premier, alors qu’ayant changé quelques phrases dans la lettre que lui avait adressée, sur son invitation, la société Conrart, il lui fut dit que si ces changements étaient un ordre, la compagnie y déférerait ; mais que les phrases, dans leur première rédaction, avaient paru à tous les membres assez nobles et assez françaises. […] Ce qui donna confiance en l’institution nouvelle, c’est la parfaite mesure qui marqua tous les actes relatifs à sa fondation, et ses premiers travaux. On n’y voit percer aucun esprit de domination sur la langue, ni cette prétention de tout régenter, que lui reprochaient certains auteurs laissés en dehors de ses premières listes. […] Mais la pensée qui lui a donné naissance et l’esprit de ses premiers travaux la rendent digne d’avoir une place parmi les choses qui durent ; cette pensée et cet esprit ont compté parmi les forces de l’esprit français à cette époque, et même en cessant de le servir, ils n’ont pas cessé de lui être conformes.

2573. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

La ressemblance et la différence sont des rapports tout extrinsèques, pour un troisième terme qui laisse les deux premiers tels qu’ils étaient : rien ne modifie moins les choses que de les comparer, ainsi qu’un spectateur de courses compare de loin la vitesse des chevaux. […] En d’autres termes, les lois vraiment psychologiques ne sont plus une pure coordination causale de phénomènes dans le temps ; nous ne nous contentons plus de ranger le phénomène A au premier moment, le phénomène B au second moment, etc., et d’ajouter que, dans les mêmes circonstances, le même ordre se reproduira. […] J’ai entendu un son, premier fait ; le souvenir de ce son persiste, second fait ; je désire connaître son acuité, troisième fait ; les souvenirs d’autres sons se réveillent, quatrième fait ; j’aperçois des différences et ressemblances, cinquième fait ; les noms des notes de la gamme se présentent, sixième fait ; l’un de ces noms s’associe au souvenir du son, septième fait. […] VII Dans un premier volume, nous étudierons ce qu’on est convenu d’appeler la vie sensible, qui n’est autre pour nous que le processus appétitif à son premier degré : sensation, émotion et réaction motrice.

2574. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

je me rappelle maintenant, comme si un voile tombait de mon esprit, toutes les circonstances de ma première entrevue avec Sacountala ! […] Tel un miroir dont la surface est ternie ne peut recevoir l’image d’un objet qui s’y peint ensuite avec la plus grande fidélité, dès qu’on lui a rendu son premier poli. […] Nous trouvons ces règles du drame indien profondément analysées dans une étude de M. le baron d’Eckstein, qui a mêlé un des premiers la philosophie à la traduction. […] Toujours à ma mémoire se représentent tes charmes enfantins, ton visage frais comme le lotus, orné tour à tour de sourires ou de larmes, tes premiers efforts pour exprimer ta pensée par des paroles.

2575. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

M. de la Baumelle doit en donner au premier jour une édition avec des remarques critiques, pleines de goût & de finesse. […] Ses vers ne sont pas toujours coulans, sa diction est très-incorrecte, son éloquence est quelquefois d’un déclamateur ; les plaidoyers qu’on trouve dans quelques-unes de ses piéces ont fait dire qu’il étoit plus fait pour son premier métier (celui d’Avocat) que pour le second ; mais au milieu de ses plus grands défauts, il est sublime. […] Telles sont le Grondeur de Brueys & Palaprat, & l’Avocat Pathelin du premier ; piéces dignes de Moliere, dictées par une imagination vive & plaisante. […] On désireroit aussi que ces hardiesses d’enthousiasme que trop de correction affoiblit, ce premier coup de pinceau, qui donne la vie au tableau, se rencontrassent plus souvent chez lui.

2576. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Elle apparaît dans l’élaboration première de l’œuvre. […] En première ligne figure la vanité professionnelle. […] Notre premier mouvement est de nous associer à ce jeu. […] Ici encore notre premier mouvement est d’accepter l’invitation à la paresse.

2577. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Lettres de Madame de Sévigné »

On a commence par Pascal : on nous a rendu, en bouleversant notre texte d’habitude, toute la hardiesse et l’incohérence première de ses Pensées ; ç’a été une révolution. […] Première question : Aucun des grands morceaux le plus souvent cités et devenus classiques de Mme de Sévigné (tels que le début de lettre sur le mariage de Mademoiselle, la lettre sur la douleur de Mme de Longueville et son entrevue avec Mlle de Vertus après la mort du comte de Saint-Paul, le récit de la mort de Vatel, etc.), aucun de ces endroits saillants se trouve-t-il atteint et renversé dans la nouvelle édition ?

2578. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Après avoir, par ses premières œuvres, payé sa dette à la patrie allemande en vrai fils du Nord, il était allé « s’asseoir au banquet des Grecs », et il ne s’en était plus guère écarté. […] Appelé à Erfurt en 1808, à l’époque de l’entrevue des souverains, et présenté à l’empereur le 2 octobre, l’empereur, après l’avoir regardé quelques instants avec attention, lui avait dit pour premier mot : « Vous êtes un homme. » Et lorsque, l’entretien fini, Gœthe se fut retiré, Napoléon répéta, en s’adressant à Berthier et à Daru, qui étaient présents Voilà : un « homme ! 

2579. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite.) »

J’ai reçu, Monsieur le maréchal, votre première lettre du 10. […] Quantité d’officiers généraux ou de colonels tombèrent des premiers frappés dans ces attaques meurtrières.

2580. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Nicolas-Germain Léonard, né à la Guadeloupe en 1744, vint très-jeune en France, y passa la plus grande partie des années de sa vie, mais il retourna plusieurs fois dans sa patrie première. […] Campenon, a pieusement recueilli les Œvres complètes de l’oncle qui fut son premier maître et son ami.

2581. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre V. La Fontaine »

Il ne contient ni ambition, ni avarice, ni intérêt : il est tout spontané et de premier mouvement. […] La Fontaine fait ses débuts dans la littérature à trente-trois ans, par l’Eunuque (1654) ; il a plus de quarante ans quand il écrit Joconde, son premier Conte ; il a quarante-sept et cinquante-sept ans, quand il publie ses deux principaux recueils de Fables.

2582. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

ACTE PREMIER. […] Cette scène faisait certainement partie du premier canevas de Scaramouche, pédant scrupuleux, quoique Cailhava l’attribue à un personnage nommé Don Gilli (Don Gilles), il n’est pas besoin de dire que la situation analysée ci-dessus formait un des éléments d’une intrigue plus ou moins compliquée.

2583. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Ainsi il est évident, presque au premier coup d’œil, que Racine se plaît à suivre, dans les méandres du cœur humain et surtout du cœur féminin, l’amour-passion, comme dit Stendhal, l’amour tragique avec son cortège de fureurs, de jalousies, d’emportements allant jusqu’au meurtre et au suicide. […] Je parle de ses romans première manière.

2584. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre II : L’intelligence »

Une impression qui dure constamment, sans variations, cesse de nous affecter ; mais s’il s’en produit une autre et que cette première impression revienne ensuite, alors nous le reconnaissons, nous avons conscience d’une ressemblance. […] Voici des exemples du premier cas : Nous sentons l’odeur d’un liquide, cette sensation seule ne suffit pas à nous en rappeler le nom ; mais nous le goûtons ensuite, et le rappel s’opère par ces sensations réunies.

2585. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Raphaël, pages de la vingtième année, par M. de Lamartine. » pp. 63-78

Je ne relève ces premiers détails que pour montrer que nous ne pouvons nous attendre, dans ce récit en prose, à trouver toute la vérité et la réalité sur un sujet qui, simplement exposé, nous intéresserait tant. […] Arsène Houssaye, qui s’est fait leur interprète dans Le Constitutionnel, au premier moment de la publication de Raphaël.

2586. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Après avoir prêché son premier avent à Versailles, il reçut cet éloge de la bouche même de Louis XIV : Mon père, quand j’ai entendu les autres prédicateurs, je suis content d’eux ; pour vous, toutes les fois que je vous ai entendu, j’ai été mécontent de moi-même. […] La mémoire manqua au premier ; la crainte saisit les deux autres, & leur fit éprouver le même sort, au point d’être longtemps à se remettre.

2587. (1899) Psychologie des titres (article de la Revue des Revues) pp. 595-606

Simplement de ceci : que les commentateurs d’Aristote qui mirent en ordre et réunirent ses écrits, placèrent d’abord ses traités de physique, et à la suite (μετὰ τὰ φυσικά) ils mirent ses traités sur les Causes premières. […] Sa première pièce — que plus de cent autres allaient suivre, — s’appelait Seligo ou le Nègre généreux.

2588. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

Aux premiers temps de sa jeunesse. […] Seulement, comme les femmes les plus belles, qui font de leur beauté leur première esclave, n’ont pas éternellement à leurs ordres tout leur regard ou toute leur voix pour s’en servir à point nommé, les grands artistes, ces femmes de la Pensée, n’ont pas non plus toujours à commandement l’inspiration qui les fait eux-mêmes… Mais alors, ce ne sont plus eux !

2589. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Quand il veut faire travailler à Pauline La logique de Condillac, lui faire apprendre par coeur L’art poétique de Boileau, dont il dira ensuite pis que pendre, ses conseils partent évidemment d’un fonds moins important, moins vraiment stendhalien que lorsqu’il veut lui faire prendre, en 1805, l’habitude d’analyser les personnes qui l’entourent (« l’étude est désagréable, mais c’est en disséquant des malades que le médecin apprend à sauver cette beauté touchante ») ou lorsqu’il contracte dans ses premières relations montaines l’aptitude à traduire par une algèbre psychologique les valeurs les unes dans les autres (" notre regard d’aigle voit, dans un butor de Paris, de combien de degrés il aurait été plus butor en province, et, dans un esprit de province, de combien de degrés il vaudrait mieux à Paris. " ) c’est à cette époque que Stendhal s’accoutume (héritier ici de Montesquieu qui ne paraît point, je crois, dans ses lectures) à rattacher instantanément un trait sentimental à un état social, à mettre en rapport par une vue rapide le système politique d’un pays avec ses façons de sentir. […] Pierre Janet a fait une étude clinique de cristallisation pathologique ; on tirerait des deux premiers chapitres de l’Essai sur les données immédiates de la conscience un schème élégant et profond de la cristallisation ; et c’est cette même cristallisation, appliquée à l’ordre même de l’amour qu’étudie en Allemagne avec un pédantisme qui ne doit pas nous faire méconnaître de profonds coups de sonde, l’école de Freud.

2590. (1940) Quatre études pp. -154

Si encore nous détestions fermement cette perversité première ! […] L’amour tailla, dit-on, le crayon du premier dessinateur. » Car c’est aux passions fortes que l’on doit les merveilles des arts, comme les chefs-d’œuvre de la poésie ; et d’où viennent les grandes actions, les exploits héroïques, les sacrifices illustres ? […] Les passions57, Charles Bonnet les cherchera jusque dans leur origine première, jusque dans les fibres qui composent les organes de nos sens. […] Peut-être n’ont-elles pas perdu tout sentiment, toute mémoire de leur premier état. […] Considérations sur les corps organisés, Première partie, chap. 

2591. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — Notice sur M. G. Duplessis. » pp. 516-517

Quand de jeunes esprits partaient de cette impulsion première, donnée par M. de Fontanes, pour se porter bien au-delà, M. 

2592. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXXI » pp. 323-327

Tout homme qui compte ou qui veut compter a son journal à lui. » — M. de Rémusat vient de publier le volume premier d’un ouvrage sur Abélard et sa philosophie.

2593. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Début d’un article sur l’histoire de César »

Mais si l’un de ces seconds Césars s’avisait, par culte, de vouloir écrire l’histoire du premier, gare à l’application naïve et crue qu’il ferait de son système !

2594. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Note »

Je n’avais pas été le premier à le rechercher au début de notre liaison ; lui-même m’avait fait, par Victor Hugo, des avances dès le temps des Consolations ; je l’avais connu prêtre et disant encore la messe, ultramontain et pur romain de doctrine : je l’avais pris avec vivacité et sympathie par tous les points desquels je pouvais me rapprocher et qui m’offraient un moyen de correspondre ; je m’étais efforcé de multiplier ces « points d’attouchement, » comme les appelle Lavater dans son manuel de l’amitié ; je n’avais eu, dès son premier pas dans le libéralisme, que d’excellents et chauds procédés envers lui et lui avais hautement rendu, je puis dire, de bons offices littéraires.

2595. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MARIA » pp. 538-542

Sur un front de quinze ans la chevelure est belle, Elle est de l’arbre en fleur la grâce naturelle, Le luxe du printemps et son premier amour : Le sourire la suit et voltige alentour ; La mère en est heureuse, et dans sa chaste joie Seule en sait les trésors et seule les déploie ; Les cœurs des jeunes gens, en passant remués, Sont pris aux frais bandeaux décemment renoués ; Y poser une fleur est la gloire suprême : Qui la pose une fois la détache lui-même.

2596. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — I »

Dans un second article nous entrerons dans quelques détails sur cette première livraison.

2597. (1874) Premiers lundis. Tome I « Charles »

Ce langage confus que nous parlent les choses n’a jamais plus de mystère et de volupté qu’au premier éveil de la passion, lorsque notre âme, s’ignorant encore, s’essaye déjà à interroger ses impressions nouvelles.

2598. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

Il y a en français des ouvrages où l’on trouve des beautés du premier ordre, sans le mélange du mauvais goût.

2599. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Béranger, Pierre-Jean de (1780-1857) »

Béranger a joué le rôle le plus perfide, le plus coupable et le plus vil ; qu’il doit figurer au premier rang de ceux qui ont fait du mal à l’humanité, à leur époque et à leur pays ; que ce mal, il l’a fait sciemment, froidement, non pas par entraînement et par passion… mais avec calcul, en versant la goutte de poison là où il savait qu’elle serait plus corrosive et plus meurtrière et en prenant pour auxiliaire, dans son œuvre criminelle, tout ce que l’esprit de parti a de plus bas, de plus méchant et de plus bête.

2600. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bouchor, Maurice (1855-1929) »

Premier compartiment : L’Enfant prodigue.

2601. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Ghil, René (1862-1925) »

C’est en rendant compte de ce premier livre que M. 

2602. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rimbaud, Arthur (1854-1891) »

Je ne suis pas assez sûr de la date exacte du Sonnet des voyelles pour avancer autrement qu’en hypothèse que Rimbaud a parfaitement pu écrire ce sonnet, non en province, mais à Paris ; que, s’il l’a écrit à Paris, un de ses premiers amis dans cette ville ayant été Charles Cros, très au fait de toutes ces questions, il a pu contrôler, avec la science, réelle et imaginative à la fois, de Charles Cros, certaines idées à lui, se clarifier certains rapprochements à lui personnels, noter un son et une couleur.

2603. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vicaire, Gabriel (1848-1900) »

Mais déjà et dès cette première œuvre, il dépasse son sujet ; il le remplit tout et par-delà.

2604. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVII » pp. 193-197

Mais Racine et Boileau avaient déjà attiré les regards de Louis XIV et l’attention des connaisseurs ; le premier par son ode aux Nymphes de la Seine, au sujet du mariage du roi ; l’autre, par sa première satire, où il invite la munificence royale à se répandre sur les poètes.

2605. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 348-354

A-t-il pu imaginer qu’on adopteroit ses decisions, lorsqu’on l’a vu vingt fois s’efforcer de prouver que ce premier Poëte de notre Nation n’est pas si infaillible qu’on le pense ; que ses Ouvrages ne sont pas exempts de fautes contre la Langue & le goût ; qu’il a avancé des erreurs & des mensonges ; qu’il est injuste dans presque toutes ses critiques, indécent & atroce dans ses diatribes ; que tous ses Opéra sont détestables ; que plusieurs de ses Comédies n’ont d’autre mérite que celui de la versification ; que quelques-unes de ses Tragédies sont médiocres ; que ses Histoires sont remplies de faussetés, ses Satires de calomnies, ses Romans d’impiétés ?

2606. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Préface »

Pour ne point dérouter le lecteur et éviter toute difficulté, j’ai pris soin d’ailleurs, à chaque première fois qu’un dieu paraît dans ce livre, d’accoler son nom latin à son vrai nom grec.

2607. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — III »

Métaphysiquement, le geste analytique selon lequel l’Etre se divise en objet et en sujet est proprement le geste créateur de la réalité phénoménale et ce premier mouvement, brisant le sceau de l’unité, fait jaillir la source d’un mouvement sans fin.

2608. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « De la peinture. A propos d’une lettre de M. J.-F. Raffaëlli » pp. 230-235

Que dirait-on d’un critique littéraire qui placerait Dostoieski en première ligne du mouvement des lettres contemporaines ?

2609. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Théâtre français. » pp. 30-34

Dans la Conception à personnages (c’est le titre d’une des premières moralités jouées sur le Théâtre français, et imprimée in-4º gothique, à Paris, chez Allain Lotrian) ; on fait ainsi parler Joseph : Mon soulcy ne se peut deffaire.

2610. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre VIII. La Fille. — Iphigénie. »

Au reste, c’est dans l’Écriture qu’on trouve l’histoire de Caïn et d’Abel, cette grande et première tragédie qu’ait vue le monde ; nous parlerons ailleurs de Joseph et de ses frères.

2611. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Un petit corollaire de ce qui précède [Mon mot sur l’architecture] » pp. 77-79

Ajoutez à l’une des deux premières qualités quelque circonstance rare, éclatante ; et le vrai sera beau, et le bon sera beau.

2612. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface »

Qu’il ait toujours présent à l’esprit que les manières de penser auxquelles il est le plus fait sont plutôt contraires que favorables à l’étude scientifique des phénomènes sociaux et, par conséquent, qu’il se mette en garde contre ses premières impressions.

2613. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Eugène Chapus »

Il brillerait au premier rang si nous avions encore une littérature de cape et d’épée, cette littérature morte maintenant et qui fut longtemps l’âme de la « France-soldat », chevaleresque, amoureuse, religieuse, convaincue comme elle !

2614. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

Il donna ses obélisques à Rome, ses lois à la Grèce, ses institutions religieuses à une partie de l’Orient, ses colonies et ses usages à plusieurs pays de l’Asie et de l’Europe ; il n’eut presque sur tout que des idées vastes ; ses ruines même nous étonnent, et ses pyramides, qui subsistent depuis quatre mille ans, semblent faire toucher le voyageur aux premiers siècles du monde.

2615. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Les revers de la fin de 1813 et la chute du premier Empire produisirent sur Sismondi une impression que plusieurs de ses amis n’avaient pas prévue, et qui était cependant assez naturelle chez un homme en qui le cœur jouait le principal rôle. […] Quant à la nation, de même et par un mouvement de sympathie généreuse, il se sentait redevenir Français à mesure que la France était plus malheureuse et plus écrasée ; il aimait à se confondre avec nous dans une même douleur unanime : « J’ai toujours la même aversion, disait-il (mai 1814), pour la toute-puissance partout où elle se trouve, parce qu’en effet je la vois partout également immodérée dans son ambition et son orgueil… Je crains pour les plus forts l’ivresse du pouvoir à laquelle si peu de têtes résistent ; je la crains encore après la modération, vraiment digne des plus grands éloges, du premier moment. […] Il a eu le mérite d’y puiser, l’un des premiers, avant les systèmes modernes et tant de découvertes réelles ou prétendues.

2616. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Observations sur la tragédie romantique Depuis dix ans, quelques Français et beaucoup d’étrangers ont entrepris d’abolir parmi nous un système dramatique où, s’il faut les en croire, il ne reste aux auteurs rien à inventer ; aux spectateurs, aucune émotion nouvelle à recevoir. « À quoi bon, disent-ils aux premiers, vous traîner sur les traces de Corneille ? […] Enfin le style du premier admettra tour à tour l’emphase de la poésie et les familiarités de la prose ; celui du second, soumis à des lois austères, restera toujours poétique, sans jamais cesser d’être l’expression la plus naturelle et par conséquent la plus élégante des pensées et des sentiments de chaque personnage. […] Lebrun, Acte III, Scène première.

2617. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Il laissa la tragédie politique, la psychologie des sentiments médiocres et des caractères froids ; mais il chassa de la scène la fade galanterie On lui a reproché d’avoir modernisé tous ses sujets, et l’on n’a voulu voir en lui que le peintre des moeurs de cour, affinées et polies : il est vrai que quelques-uns de ses jeunes premiers, Xipharès ou Bajazet, Tendres, galants, doux et discrets, ont un peu l’air de courtisans français, très idéalisés. […] A côté d’elle, Néron, une âme mauvaise, égoïste, vaniteuse, lâche, en qui l’amour est une fureur sensuelle, un transport de l’imagination, sans tendresse, sans estime, sans pitié : il va à son premier crime, poussé par son instinct, fouetté par la jalousie, retenu par ses peurs, peur de sa mère, peur de son gouverneur, peur des mille voix du peuple, enlevé enfin par l’aigreur de sa vanité, sans étonnement après le crime, et d’une belle impudence, mais affolé soudain d’une peur toute physique, dans la détente de ses nerfs après l’action, et déprimé de voir la femme pour qui il avait fait le coup, lui échapper. […] Deux vers ou trois plus bas, Monime ouvre la bouche, et son premier mot, c’est : Èphèse et l’Ionie  ; une soudaine et lumineuse évocation de la Grèce asiatique, avec tout ce qu’elle contient pour nous de prestigieux souvenirs.

2618. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Mon cher Éditeur, Pour compléter vos publications documentaires sur le Symbolisme, vous voulez réimprimer les articles que je fis paraître au moment même des premières controverses. […] Oui, ils sont les dignes fils de ce grand et noble poète tant bafoué et calomnié de son vivant, et si mal connu encore à cette heure ; de ce pur artiste qui écrivait : « … La poésie, pour peu qu’on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d’enthousiasme, n’a pas d’autre but qu’elle-même ; elle ne peut pas en avoir d’autre et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème. » Et, en remontant jusqu’aux premières années du siècle, on trouverait un autre ancêtre, Alfred de Vigny, l’auteur de Moïse, de La Colère de Samson, de La Maison du berger et de ce délicieux mystère où … les rêves pieux et les saintes louanges, Et tous les anges purs et tous les grands archanges… chantent sur leurs harpes d’or la naissance d’Éloa, cette ange charmante née d’une larme de Jésus. […] Théodore de Banville Érato Scène Première Le Détracteur.

2619. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

Au premier acte il arrive, il déclare son amour ; au troisième, Elsa lui pose la question défendue, et il part, tuant par ce fait celle qu’il avait été envoyé pour défendre. […] Émil Heckel, qui fut l’un des premiers, des plus dévoués et des plus influents Wagnéristes. […] Ce premier moment passé, la revue s’adressera à un public débarrassé des préjugés antiwagnériens, à ceux qui « doivent devenir des wagnéristes », c’est-à-dire qui souhaitent créer selon les préceptes esthétiques de Wagner.

2620. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

Les Personnages de la Discorde, du Fanatisme, & de la Politique, sont sans doute puisés dans le systême du merveilleux ; mais on sent au premier coup d'œil, qu'ils ont une maniere d'exister & d'agir, dans son Poëme, absolument contraire à toute vraisemblance. […] On convient sans doute que l'Auteur de Mérope, d'Alzire, de Mahomet, est digne du premier rang, après ces deux Peres de la Tragédie ; on sait qu'il s'est fait un genre qui paroît lui être propre : mais les Esprits judicieux & éclairés savent en même temps qu'il ne doit ce genre qu'aux Tragiques qui l'avoient précédé, sans en excepter l'Auteur d'Atrée & de Rhadamiste, qu'on peut lui opposer comme un Rival redoutable. […] Nous conviendrons que Candide & le Huron sont de son invention, & que l’invention, du premier sur-tout, est originale ; mais nous sommes obligés d’ajouter que ces deux Romans, dépourvus de machines & de nœuds, n’offrent qu’une suite d’événemens décousus & le plus souvent invraisemblables ; que la hardiesse & l’obscénité en forment l’intérêt principal ; & que ces défauts ne sauroient être rachetés par l’agrément des détails & les graces du style.

2621. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Polybe, dans son Histoire générale de la république romaine, aux quatre derniers chapitres du premier livre, raconte avec sa précision accoutumée la guerre des mercenaires contre les Carthaginois. […] Immobile, éperdu, il contemple l’apparition merveilleuse, et quand Salammbô s’éveille, quand l’horreur succède chez la mystique vierge au premier éblouissement que lui a causé le voile divin, quand elle repousse Mâtho, quand elle appelle au secours, quand les esclaves accourent armés de leurs casse-tête, Mâtho, accompagné de Spendius, s’élance de nouveau par la ville, et au milieu d’une population folle de rage, à travers les imprécations impuissantes et les flèches mal lancées, il arrive triomphant aux portes des remparts, car le voile de Tanit le protège. […] En quittant le terrain de son premier roman, M. 

2622. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Espion superbe pour un drame, mais terrible pour une ville assaillie : Étéocle devrait le faire bâillonner dès ses premiers mots. […] L’imagination les terminerait volontiers par les croupes de bêtes fantastiques que la Fable prêtait aux premiers Titans. […] Qu’on ne me blâme point en ceci ; j’aurai le courage d’agir et d’achever mon action. » Un nouveau drame semble commencer avec ces paroles ; Eschyle l’a brusquement arrêté à son premier pas, et il ne paraît point qu’il l’ait remis en action dans une autre pièce.

2623. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Comessantes, disaient les Romains en parlant des héros du premier roman comique. Des gourmands, des oisifs, des buveurs, des amis de la joie et de la bombance, tel fut le nom des premiers comédiens. […] Elle devrait quelque pitié à l’amour de ce pauvre Arnolphe…, elle se jette à la tête du premier venu qui lui parle.

2624. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Les deux premières ne sont donc en réalité qu’une exposition, et cette exposition contient plus de quatre mille vers. […] Les tragédies qui ont eu le plus de succès en France sont ou purement d’invention, parce qu’alors elles n’exigent que très-peu de notions préalables, ou tirées soit de la mythologie grecque, soit de l’histoire romaine, parce que l’étude de cette mythologie et de cette histoire fait partie de notre première éducation. […] Il se retrace toute l’histoire de sa jeunesse ; des souvenirs mêlés de remords l’assiègent ; il éprouve une crainte vague ; son bonheur lui avait paru longtemps attaché à la conservation de ce premier don d’une amitié maintenant abjurée.

2625. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIII. »

Tels sont en particulier ces hymnes mis sous le nom d’Orphée, fabrication ancienne, puisque Platon en cite quelques vers, mais évidemment reprise et accrue plusieurs fois, à l’époque des trois premiers Ptolémées, et dans cette ville d’Alexandrie, où Clément et saint Justin martyr les recueillirent plus tard comme un germe antique de la foi naturelle, qu’on aimait alors à rapprocher des vérités de la foi révélée. […] Le second n’est pas seulement une surcharge lyrique du premier : on y sent aussi ce travail anonyme de la pensée morale dans un peuple. […] Par ce mélange de croyances diverses qui étaient alors le trésor commun de l’esprit poétique, ils se sont souvenus de la belle prière du stoïcien Cléanthe, disant à son Jupiter : « Nulle œuvre ne se fait sur la a terre en dehors de toi, ô Dieu, ni dans les vastes conte tours du céleste éther, ni sur la mer, hormis ce que les méchants peuvent enfanter dans leur âme. » Évidemment, sous l’impression de ces nobles élans de l’antique spiritualisme païen, le nouveau réviseur de l’hymne orphique dit précisément ici le contraire des premières paroles, qu’il transcrit et qu’il développe.

2626. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

I Ce ne fut pas sans peine, et au premier regard il semble qu’à cette révolution, dont elle est si fière, l’Angleterre n’ait rien gagné. L’aspect des choses sous Guillaume, Anne et les deux premiers Georges, est repoussant ; on est tenté de juger comme Swift : on se dit que s’il a peint le Yahou, c’est qu’il l’a vu ; nu ou traîné en carrosse, le Yahou n’est pas plus beau. […] Encore aujourd’hui, dans la défiance et la tristesse des mœurs modernes, c’est à table, pendant le café, qu’apparaissent la haute politique et la philosophie première. […] Quand le Parlement déclare le trône vacant, son premier argument est que le roi a violé « le contrat originel » par lequel il était roi. […] Il était mathématicien du premier ordre, et avait cédé sa chaire à Newton.

2627. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

De ce premier point de vue, la vie sociale nous apparaît comme un système d’habitudes plus ou moins fortement enracinées qui répondent aux besoins de la communauté. […] Encore une fois, ce n’est pas par une dilatation de soi qu’on passera du premier état au second. […] Au premier coup d’œil, la conscience aperçoit entre les deux premiers sentiments et le troisième une différence de nature. […] Ceux qui parlent ainsi ont pour premier tort de s’en tenir aux banalités qui ont cours sur la femme, alors qu’il serait si facile d’observer. […] Mais ce ne sera que son premier mouvement.

2628. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Voici comme l’Anglais comprend l’amour, et cela à l’époque de sa première manière, dit M.  […] Albéric Second, a deux places vacantes de premier et de second comique, qui les veut ? […] Lanfrey me fait l’effet de ces soldats qui, à leur première bataille, attrapent la médaille militaire, et qui enivrés de cela, comptant sur leur premier succès, finissent par passer leur vie à la salle de police. […] Néanmoins dans ces premières productions on peut deviner l’homme : à côté d’une Préface enthousiaste à Delacroix, se trouve M.  […] Champfleury ; l’arrangement, la charpente, se montrent à chaque pas ; c’est un excellent premier roman.

2629. (1774) Correspondance générale

Rien à objecter à voire premier acte. […] Si ce premier drame me procure l’avantage d’entrer avec vous, monsieur, en société de travail, je serai trop flatté pour ne pas la continuer. […] Le temps ne leur ôtera rien de leurs bonnes qualités ; faites qu’il ne leur ôte rien de la bienveillance du premier instant. […] Vous pouvez donc le solliciter en mon nom, au premier comité. […] Ces trois premières lettres se rattachent à la brouille qui éclata entre Diderot et Rousseau, à propos du Fils naturel, et qui est racontée en détail dans le neuvième livre des Confessions, où l’on trouve des fragments des deux premières.

2630. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Aussi Mme de Staël est-elle au premier rang dans ce parti de l’Institut qui applaudit au 18 Brumaire. […] S’agit-il de sa vision des premiers temps du monde ? […] Ne pourrons-nous pénétrer jusqu’à la cause première et mettre sous nos pieds les terreurs de l’Achéron ? […] Elle s’engoue du premier beau parleur qui prend la peine de la flatter, et succombe infailliblement à la séduction. […] Au besoin il se vante d’ignorer jusqu’au premier mot des sujets dont il disserte.

2631. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre premier. Que personne à l’avance ne redoute assez le malheur. »

Chapitre premier.

2632. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VI. Exordes. — Péroraisons. — Transitions. »

Il ne faut pas lier ces idées, il suffit de les juxtaposer, et que leur liaison à l’idée première soit toujours sensible.

2633. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Stéphane Mallarmé »

Et alors, me souvenant d’avoir été charmé par ses premiers vers, ce m’est un vrai chagrin de ne pas entendre parfaitement les derniers, et j’ai envie de lui en demander pardon.

2634. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — K — Karr, Alphonse (1808-1890) »

Ce premier ouvrage était originairement un poème ; bien conseillé, Alphonse Karr convertit des vers en prose et renonça dès lors à la poésie.

2635. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Mais partout, et dans les plus cursives piécettes, se révèlent les qualités qu’ils contiennent ; et je crois que le vrai souvenir à donner à ce volume premier serait d’en garder dans sa mémoire quelques strophes qui sont des commencements de poèmes infinis, des débuts de sensations immortelles.

2636. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

Victor de Laprade, par son poème de Psyché (1841), par celui d’Éleusis (1843), par les odes et les pièces qu’il a composées alors et depuis, s’est placé au premier rang dans l’ordre de la poésie platonique et philosophique.

2637. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Saint-Georges de Bouhélier (1876-1947) »

Jean Viollis Saint-Georges de Bouhélier nous donne son premier livre de vers.

2638. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVI. Des Livres nécessaires pour connoître sa Religion. » pp. 346-352

Colbert, Evêque de cette ville, étoit un homme du premier mérite.

2639. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Taraval » pp. 282-283

M’indignerai-je avec ceux-ci, ou joindrai-je ma joie à celle des premiers ?

2640. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 36, de la rime » pp. 340-346

On n’entrevoit donc cette beauté qui passe si vîte, qu’au bout de deux vers, et après avoir entendu le dernier mot du second vers qui rime au premier.

2641. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIII »

Henri Mazel dans la Revue du Midi, elles sont à la portée du premier professeur venu.

2642. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVII »

Et je veux bien encore que vaincre une résistance soit un « cliché » de premier ordre, mais par quoi le remplacer ?

2643. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Son premier livre fut La Chanson des gueux, qui restera dans notre littérature, à une place meilleure que les satires de Mathurin Régnier. […] Émile Bergerat deux pages lyriques de premier ordre. […] Son nom n’est jamais cité parmi ceux qui ornent les théâtres, les soirs des premières, et les foules illustres, les jours des grands enterrements. […] On ne revient pas facilement sur les idées universellement admises, et chacun des hommes de lettres porte toujours la marque des impressions premières et des premiers jugements. […] Taine qui, du premier coup d’œil, avait deviné l’avenir en ce jeune homme, était allé spontanément vers lui, à M. 

2644. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Camille Lemonnier a marqué sa place au premier rang des littérateurs belges. […] Ils sont la cause de nos premiers rêves. Il inspirent nos premières craintes et nos premières espérances. […] Il a atteint du premier coup, et tout naturellement, la suprême sagesse. […] Je reconnais du premier coup d’œil un vrai bibliophile à la manière dont il touche un livre.

2645. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Elle quitta la maison de madame Récamier pour revenir avec une pleine sécurité à son premier asile. […] le général Bonaparte s’est fait de la Convention. » Pendant longtemps, les Jacobins voulaient qu’un homme eût voté la mort du roi pour être premier magistrat de la République : c’était ce qu’ils appelaient avoir donné des gages à la révolution. […] XLIV Elle se hâta de profiter de la liberté de la pensée et de la parole pour publier son premier titre de gloire, ce beau livre de l’Allemagne que Napoléon avait fait impitoyablement lacérer par ses censeurs. […] La poésie dramatique est admirable dans nos premiers écrivains ; la poésie descriptive, et surtout la poésie didactique a été portée chez les Français à un très-haut degré de perfection ; mais il ne paraît pas qu’ils soient appelés jusqu’à présent à se distinguer dans la poésie lyrique ou épique, telle que les anciens et les étrangers la conçoivent.

2646. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre II. L’antinomie psychologique l’antinomie dans la vie intellectuelle » pp. 5-69

Draghicesco, en effet, le cerveau, organe de luxe par rapport au milieu physique, apparaît comme un organe de première nécessité par rapport au milieu social2. […] Éducation, hérédité, ces deux termes lui apparaissent comme antinomiques ; il veut supprimer le second au profit du premier. […] À première vue, l’existence d’une vérité objective ne semble pas incompatible avec le pragmatisme. […] D’après le comte de Gobineau, le cerveau humain n’a pas une capacité plus grande chez aucune des races existantes, qu’aux premiers jours de la civilisation.

2647. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

La faveur d’une femme illustre et pieuse m’en procura une autre bien plus centrale aux premières loges en face, presque à côté de l’amphithéâtre préparé, pour cette solennité, à la famille des rois. […] D’adorateurs zélés à peine un petit nombre Ose des premiers temps nous retracer quelque ombre. […] Racine s’était trop épuisé de génie dans ce premier acte pour se retrouver, dans le chœur, égal à lui-même. […] Mais de vos premiers ans quelles mains ont pris soin ?

2648. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Descendez de là, regardez sous les arches et voyez dans le lointain, à une grande distance de ce premier pont, un second pont de pierre qui coupe la profondeur de l’espace en deux, laissant entre l’une et l’autre fabrique une énorme distance. […] Celles-ci soutiennent une large chaussée qui conduit en montant, le long des premières, jusqu’au sommet des arcades inférieures du devant. […] Ce Boucher que je viens de renfermer dans nos ruelles et chez les courtisanes, a fait au retour de Rome des tableaux qu’il faut voir ainsi que les dessins qu’il a composés, lorsqu’il est revenu de caprice à son premier style qu’il a pris en dédain, et tout cela à la porte d’une cuisine. […] Eh bien, ces puissans de la terre qui croyaient bâtir pour l’éternité, qui se sont fait de si superbes demeures et qui les destinaient dans leurs folles pensées à une suite ininterrompue de descendans héritiers de leurs noms, de leurs titres et de leur opulence, il ne reste de leurs travaux, de leurs énormes dépenses, de leurs grandes vues que des débris qui servent d’asyle à la partie la plus indigente, la plus malheureuse de l’espèce humaine, plus utiles en ruines qu’ils ne le furent dans leur première splendeur.

2649. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Buffon lui accorde le génie créateur qui tire tout de sa propre substance : « Il n’existera jamais, lui dit-il, de Voltaire second » ; c’était une réplique au compliment de Voltaire qui avait appelé Archimède de Syracuse Archimède premier, pour donner à entendre que Buffon était Archimède second ; et faisant ainsi à son rival de Ferney les honneurs du génie, Buffon ne se réserve pour lui que le talent, lequel, si grand qu’il soit, dit-il, « ne peut produire que par imitation et d’après la matière. » Cette lettre à Voltaire, comme plus tard celles qui seront adressées à l’impératrice Catherine, passe la mesure ; Buffon y est deux fois solennel ; il y fait de la double et triple hyperbole, et l’homme qui, à son époque, avait le plus de sens et de jugement, nous fait sentir par là que ces qualités solides d’une éminente intelligence ne sont pas du tout la même chose que le tact et le goût. […] Puis, quand ce fils est marié à une jeune femme, qui paraît d’abord douée de simplicité et de candeur, mais qui bientôt s’émancipe et devient la maîtresse avouée d’un prince du sang, colonel du régiment dans lequel le jeune mari était alors capitaine, quelle noble lettre du père à son fils, au premier éclat qui lui en arrive, quelle suite rigide de prescriptions sans réplique !

2650. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Il recommençait sa vie : il se revoyait à Brienne, à Toulon, au fort de l’Éguillette, sa première victoire ; puis, après une disgrâce passagère qui faillit faire de lui le plus bizarre en apparence et le plus homme à projets d’entre les officiers généraux non employés, et certainement le plus incommode des mécontents, il se montrait reprenant bientôt le vent de la fortune, consulté, mis à sa place et à même enfin de se produire tout entier, gravissant à vingt-sept ans comme général en chef ces rampes escarpées d’où l’on découvre tout d’un coup l’Italie, cette Italie de tout temps l’objet de ses méditations, Italiam ! […] … » Bientôt, la navigation se prolongeant, il céda aux prières et se mit à dicter à M. de Las Cases sa première campagne d’Italie, et au général Gourgaud la campagne de 1815, c’est-à-dire son chef-d’œuvre militaire incontesté et son dernier malheur immérité.

2651. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine. (suite et fin.) »

Il y en a une à Port-Royal parmi les voiles blancs pour se préparer à sa première communion, et une d’onze ans près de la mère, avec le cadet de la famille, qui approche de sept ans. […] Il était assez naturel, en effet, que Racine sensible, tendre, ouvert aux passions, timide en même temps et peu courageux, s’effrayât en vieillissant des touchantes faiblesses auxquelles il s’était livré, qu’il revînt en idée à l’innocence de ses premiers jours, qu’il se replongeât tant qu’il le pouvait en arrière, se reprochât ses fautes passées en se les exagérant, et noyât tout son amour-propre dans ses larmes.

2652. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

Je termine ici cette première partie, mais avant de commencer celle qui va suivre, je veux résumer ce que je viens de développer. […] Malheur donc aux chefs qui, en étouffant dans leurs partisans, tout ce qui est humain, tout ce qui est remuable enfin par l’imagination, ou le sentiment, en font des assassins raisonneurs, qui marchant au crime par la métaphysique, et les immolant au premier arrangement de syllabes qui sera pour eux de la conviction.

2653. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

À la mort du premier Dauphin313, pendant que les gens de la chambre se jettent au-devant du roi pour l’empêcher d’entrer, la reine se précipite à genoux contre ses genoux, et lui crie en pleurant : « Ah ! […] On interprète « les harmonies de la Nature » comme des attentions délicates de la Providence ; en instituant l’amour filial, le Créateur a « daigné nous choisir pour première vertu notre plus doux plaisir314 »  À l’idylle qu’on imagine au ciel, correspond l’idylle qu’on pratique sur la terre.

2654. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

Au premier moment, comme l’a très bien vu Condillac, il n’est rien que la sensation de saveur ; au second moment, rien que la souffrance ; au troisième moment, rien que le souvenir du concert. — Non qu’il soit un simple total ; car le verbe est, qui joint le sujet à l’attribut, énonce non seulement que l’attribut est inclus dans le sujet comme une portion dans un tout, mais encore que l’existence du tout précède sa division. […] Or il n’y a point de différence entre un système nerveux ainsi composé et le système nerveux d’un mammifère, sinon que les segments du premier sont plus complets et plus indépendants que ceux du second.

2655. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Alphonse Daudet  »

C’est au point qu’on pourrait diviser tous ses récits ou tableaux, depuis ses Lettres de mon moulin jusqu’à son premier grand roman, en cinq ou six groupes qui porteraient les noms des pays ou des milieux qu’il a le mieux connus et où il a fait ses plus longs séjours : Nîmes et la Provence, l’Algérie et la Corse, Paris enfin, Paris bohème, Paris populaire, Paris mondain, Paris interlope, Paris pendant le siège. […] Je reprendrai plus tard en la remaniant l’étude que j’ai eu l’occasion d’écrire sur ses romans : j’attendrai pour cela l’apparition du premier roman que M. 

2656. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Dès sa première visite il eût été rebuté. […] Qui est plus apte à la chose qu’un homme politique habitué à solliciter dès son premier mandat ?

2657. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

En effet, la langue française ne recevra toute sa perfection qu’en allant chez ses voisins pour commercer et pour reconnaître ses vraies richesses ; en fouillant dans l’antiquité à qui elle doit son premier levain, et en cherchant les limites qui la séparent des autres langues. […] La Genèse, en disant que Dieu fit l’homme à son image, semble indiquer aussi cette première portion de l’homme.

2658. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Ducis. » pp. 456-473

Sa première pièce donnée au Théâtre-Français fut la tragédie d’Amélise, de laquelle Collé dit en son Journal (janvier 1768) : Les Comédiens-Français ont donné, le samedi 9 du courant, la première représentation d’Amélise, tragédie d’un M. d’Ussy, auteur inconnu. […] Thomas, malade de la poitrine, était allé prolonger sa vie aux rayons du soleil de Provence ; Ducis, pendant ce temps, et au lendemain du succès du Roi Léar, était cruellement frappé dans son bonheur domestique : il perdait ses deux filles, il avait perdu sa première femme ; il ne lui restait plus que sa mère, et il remarquait à ce sujet, en faisant un retour sur lui-même et en se comparant à son ami Thomas, soigné par sa sœur : Il y a une espèce d’hymen tout fait entre les sœurs qui ne se marient pas et les frères libres et poètes, un recommencement de maternité et d’enfance entre les mères veuves et leurs fils poètes, sans engagements.

2659. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Th. Dostoïewski »

Le lent et sourd accroissement de l’angoisse morale de Raskolnikoff, le vertige et l’oppression de son projet, qu’il apercevait vague et cependant fatal dans le délabrement de ses forces, son sourd malaise une fois le sang versé, et l’étrange sensation de retranchement qui le prend, le lâche et le tient quand il revoit sa mère et sa sœur, la cruauté de se sentir interdit à leurs caresses et de ne pouvoir leur parler que les yeux détournés vers l’ombre ; puis la terreur croissante et une sorte d’ironique rudesse s’installant dans son âme, qui l’introduisent à revisiter le lieu du crime, et à machiner de singulières mystifications qui le terrifient tout à coup lui-même — ces choses lacèrent son âme et rompent sa volonté ; ainsi abattu et ulcéré, il est amené d’instinct à visiter Sonia, et à s’entretenir avec elle en phrases dures, qu’arrête tout à coup le sanglot de sa pitié pour elle, pour lui et pour tous, en une crise où il sent à la fois l’effondrement de son orgueil et la douceur de n’être plus hostile ; des retours de dureté, la sombre rage de ses premières années de bague, l’angoisse amère d’un cœur vide et murmurant, conduisent à la fin de ce sombre livre, jusqu’à ce qu’en une matinée de printemps, au bord des eaux passantes d’un fleuve, que continue au loin la fuite indécise de la steppe, il sente, avec la force d’eaux jaillissantes, l’amour sourdre en lui, et l’abattre aux pieds de celle qui l’avait soulagé du faix de sa haine. […] De même que le développement d’un thème se distingue de celui-ci par un plus enchevêtré fouillis de notes, l’on sent en Raskolnikoff un trop rapide et sursautant et sinueux flux de pensée, au lieu de la stupéfaction première et de la peur seconde qui devraient le lanciner monotonement.

2660. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Ce serait la seule machine que les âges auraient laissée dans l’état où l’ont mise ses premiers inventeurs. […] Assurément il faut observer les faits sans idée préconçue, autrement on ne verrait que ce qu’on voudrait voir ; mais cette première observation, dégagée de l’hypothèse, suggère elle-même une hypothèse, et c’est cette hypothèse qui provoque l’expérience et qui la conduit.

2661. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Le spectateur, au contraire, part de ce qu’il voit et de ce qu’il entend d’abord ; et il passe de là aux progrès et au dénouement de l’action, comme à des suites naturelles du premier état où on lui a exposé les choses. […] On trouve, dans les œuvres de Racine, le canevas du premier acte d’Iphigénie en Tauride, qui peut servir de modèle.

2662. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Mais comme on devait revenir vite contre cette impression première, et comme on aurait peu dû s’en étonner ! […] Le plus souvent incapable d’une synthèse quelconque, la Critique se contente de déchirer avec les petites épingles de l’analyse un livre quand il est d’ensemble, quand il a la prétention d’être lié en toutes ses parties et d’être parti d’une conception première, comme, par exemple, ces poésies de M. 

2663. (1900) Le lecteur de romans pp. 141-164

Un grand nombre de romanciers ont eu l’intelligence de cette obligation première et s’y sont conformés. […] Supposons un livre de premier ordre aux mains d’un lecteur digne de lui.

2664. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Ce premier type n’ayant pas de syllabe forte à la médiane détonne parmi les autres. […] Les première et quatrième rimes : gonds au pluriel, estragon au singulier, ne sont-elles pas aussi riches que si ce dernier mot était terminé par un s ?

2665. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

En commençant, il a rendu au premier empereur une justice à quelques égards éclatante, et il est impossible de ne pas remarquer combien cette grande figure de Napoléon gagne chaque jour dans la perspective : ceux qui l’on combattu à l’origine n’ont plus, même quand ils le jugent, que le langage magnifique de l’histoire.

2666. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PAUL HUET, Diorama Montesquieu. » pp. 243-248

Rien sur le premier plan, hormis quelques vêtements laissés : une blouse, des instruments de travail, une chèvre couchée auprès ; puis, au premier fond, derrière le monticule du premier plan, une espèce de ravin fourré d’arbres, et, dessous, quelque paysan qui sommeille ; plus haut, la côte du château, blanche, nue, calcaire, avec les ruines sévères qui la couronnent ; mais à droite, cette côte blanche s’amollissant en croupes verdoyantes, souples, mamelonnées, et au sommet de l’une de ces croupes, des génisses qui paissent, et un rayon incertain de soleil qui tombe et qui joue.

2667. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

Cette horreur de la persécution, liée en lui aux ineffaçables images de l’enfance, demeure l’idée fixe, la pensée dominante de toute sa vie ; elle lui dicta ses premiers écrits, comme ses dernières paroles.

2668. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Gilbert Augustin-Thierry »

Premier acte.

2669. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dupont, Pierre (1821-1870) »

Charles Baudelaire C’est à cette grâce, à cette tendresse féminine, que Pierre Dupont est redevable de ses premiers chants.

2670. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une petite revue ésotérique » pp. 111-116

Premier numéro : novembre 1891.

2671. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Le christianisme, qui lui dut l’acte définitif de sa fondation, lui dut aussi ses premiers martyrs.

2672. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Chapitre premier.

2673. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IX » pp. 77-82

Mais elle n’avait encore rien publié alors ; ses premiers écrits n’ont paru qu’après le mariage de mademoiselle de Rambouillet et la mort de Louis XIII, en 1643 : elle fut jusque-là accueillie à l’hôtel de Rambouillet, non comme auteur, mais comme fille d’esprit, convenablement élevée, sœur d’un homme de lettres fort répandu, et aussi comme une personne peu favorisée de la fortune, dont la société, agréable à Julie qui était du même âge, n’était pas sans quelque avantage pour elle-même33.

2674. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 196-203

La Nature en eux, lassée d'incommodités & de peines, s'abandonne aux premiers plaisirs qu'elle rencontre ; alors ce qui avoit paru vertueux, se présente avec un air rude & difficile, & l'ame, qui croit s'être détrompée d'une vieille erreur, se complaît en elle-même de son nouveau goût pour les choses agréables.

2675. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Appendice. Note concernant M. Laurent-Pichat, et Hégésippe Moreau. (Se rapporte à la page 395.) » pp. 541-544

Après avoir rompu ainsi avec les seuls hommes qui pouvaient me servir, et, par conséquent, avec mes premiers projets, je restai longtemps indécis et découragé.

2676. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — II »

Chez les poètes, chez les artistes de tous ordres, que possède à quelque degré le Génie de la Connaissance, il existe une tendance à faire de leurs émotions des spectacles, et, cette transformation de leur activité les dispense parfois de la satisfaire, d’une façon durable, sous sa première incarnation.

2677. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre II »

. — Les mots détournés de leur sens premier. — Les mots à sens nul et les mots à sens multiples. — Le mot est un signe et non une définition.

2678. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre IV. De quelques poèmes français et étrangers. »

Son premier personnage est un Dieu ; cela seul suffirait pour détruire l’intérêt tragique.

2679. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

N’importe, cette première réserve faite et cette précaution prise avec nous-même, nous reconnaîtrons en lui un poète digne de Henri IV, de cet Henri avec qui un nouvel ordre commence. […] Depuis lors, nos grands lyriques (et nous en possédons) n’ont pu, dans l’Ode proprement dite, triompher, malgré leur audace, de ce premier caractère de convention. […] Marche, va les détruire, éteins-en la semence… Je m’arrête le moins possible à cette première partie, dont la violence, pour nous, se justifie à peine par le patriotisme du poëte ; Malherbe, comme Richelieu, voulait une seule France sous un seul sceptre. […] Je suis vaincu du temps, je cède à ses outrages ; Mon esprit seulement, exempt de sa rigueur, A de quoi témoigner en ses derniers ouvrages     Sa première vigueur. […] Un jour, peu après la publication du premier recueil des Lettres de Balzac, on s’en était fort entretenu chez Mme Des Loges, dans une compagnie choisie où se trouvaient, entre autres gens de marque, Racan, Vaugelas et Malherbe ; on avait loué, on avait critiqué.

2680. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Dickens a fait trois ou quatre portraits de fous, très-plaisants au premier coup d’œil, mais si vrais, qu’au fond ils sont horribles. […] Dans Nicolas Nickleby, vous montrerez deux honnêtes jeunes gens, semblables à tous les jeunes gens, épousant deux honnêtes jeunes filles, semblables à toutes les jeunes filles ; dans Martin Chuzzlewit, vous montrerez encore deux honnêtes jeunes gens, parfaitement semblables aux deux premiers, épousant aussi deux honnêtes jeunes filles, parfaitement semblables aux deux premières ; dans Dombey and son, il n’y aura qu’un honnête jeune homme et une honnête jeune fille. […] II Retournons la liste : par opposition à ces caractères factices et mauvais que produisent les institutions nationales, vous trouvez des êtres bons tels que les fait la nature, et au premier rang les enfants. […] Le hasard d’une position insulaire, la nécessité du commerce, la possession abondante des matériaux premiers de l’industrie ont développé les facultés pratiques et l’esprit positif.

2681. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIIe entretien. Cicéron (2e partie) » pp. 161-256

Ses premiers discours contre le proconsul Verrès, spoliateur et assassin de la Sicile, sont un modèle d’éloquence accusatrice. […] « Tant que la vie de Crassus avait été occupée dans les travaux du forum, il était distingué par les services qu’il rendait aux particuliers et par la supériorité de son génie, et non pas encore par les avantages et les honneurs attachés aux grandes places ; et l’année qui suivit son consulat, lorsque, d’un consentement universel, il allait jouir du premier crédit dans le gouvernement de l’État, la mort lui ravit tout à coup le fruit du passé et l’espérance de l’avenir ! […] Mais ce n’est pas sans sujet que je m’intéresse à ce qui le regarde : j’y suis obligé par le souvenir de son aïeul Cépion, que j’ai toujours tenu en grande estime, comme vous le savez, et qui, selon moi, serait maintenant un des premiers hommes de la république s’il vivait, et j’ai continuellement devant les yeux Lucullus, ce modèle accompli, à qui les liens de l’amitié et une communauté parfaite de sentiments et de vues m’unissent si tendrement. — Vous faites bien, me dit Caton, de conserver chèrement la mémoire de deux hommes qui vous ont recommandé leurs enfants par leurs testaments, et je suis charmé de voir que vous aimez le jeune Lucullus. […] Lisez ces lignes du premier livre des Tusculanes : « Thémistocle pouvait couler ses jours dans le repos, Epaminondas le pouvait, et, sans chercher des exemples dans l’antiquité ou parmi les étrangers, moi-même, je le pouvais. […] Tel était Cicéron au moment où il écrivait cette première Tusculane.

2682. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Il y avait aussi, dans mon esprit troublé, une déformation de ma chambre, devenue plus grande, et descendue du premier au rez-de-chaussée. […] C’est en sortant du premier, que j’ai attrapé ma fluxion de poitrine. […] La salle est toute petite, et le monde parisien, si affamé de ce spectacle, qu’on n’aperçoit pas un pouce de la tenture usée des banquettes d’en bas, un pouce du bois des gradins de collège des grandes tribunes du premier étage, tant se pressent et se tassent dessus, des fesses nobiliaires, doctrinaires, millionnaires, héroïques. […] Enfin elle se décide à monter ma carte, et me jette, en redescendant : « Au premier, le nº 4 dans le corridor. » Un petit escalier, un plus petit corridor, et encore une petite porte peinte en ocre, sur laquelle est la clef. […] Leur premier soin est de cacher la somme entre le matelas et la paillasse, dans une pauvre petite chambre d’un hôtel, près des Messageries.

2683. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

Il doit dépendre aussi de la nature et du nombre des premiers émigrants, ainsi que de leurs actions et réactions dans la concurrence mutuelle qu’ils se sont faite au sujet des moyens d’existence : les relations d’organisme à organisme ayant toujours les effets les plus puissants, ainsi que je l’ai déjà rappelé souvent. […] D’après ce seul principe de l’hérédité des modifications, nous pouvons donc comprendre pourquoi des sections de genres, des genres entiers ou même des familles sont si souvent, et avec une évidence si frappante au premier coup d’œil, confinés dans les mêmes régions. […] Les êtres ainsi abandonnés sur ces rivages peuvent être comparés à ces races humaines sauvages, qui, chassées dans les montagnes de chaque contrée, y survivent, comme en des forteresses, pour y perpétuer la trace et le souvenir, plein d’intérêt pour nous, des premiers habitants des basses terres environnantes. […] Enfin, si l’espèce, la variété, ou même le genre vient à être peu à peu supplanté dans les plaines par d’autres concurrents, la présence des mêmes variétés ou des mêmes espèces, demeurées sur des montagnes distantes, semble au premier abord inexplicable. […] Notre première édition portait ici, d’après la troisième édition anglaise : « Nous avons aussi quelques raisons de croire à une ancienne action glaciaire dans la Nouvelle-Zélande, et les mêmes plantes…, etc. » Et plus loin, après « même histoire » on lisait : « Enfin si l’on peut se fier à la description qui en a été publiée, nous aurions des preuves évidentes de l’action glaciaire dans la partie sud-est de l’Australie. » 152.

2684. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « [Appendice] » pp. 417-422

On peut voir encore, dans un recueil de lettres inédites donné par Serieys, en 1802, trois lettres ingénieuses et galantes de Fléchier à Mlle de La Vigne, un bel esprit et une savante du temps ; et d’autres lettres du même genre et à la même, avec les réponses, au tome premier de la Revue rétrospective (1833), et provenant du tome xiiie des manuscrits de Conrart.

2685. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine de Boileau »

Par un des beaux matins des premiers jours d’automne, Le long de ces coteaux qu’un bois léger couronne, Nous allions, repassant par ton même chemin Et le reconnaissant, ton Épître à la main.

2686. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mort de M. Vinet »

Vinet un critique littéraire du premier ordre, et c’est à ce titre qu’il nous touche particulièrement.

2687. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame du Hausset, femme de chambre de madame de Pompadour. »

Il y eut donc beaucoup de faste et de jactance dans ces premiers excès, et bientôt, comme en tout excès, survint l’épuisement.

2688. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de Dampmartin, Maréchal de camp »

Ignominieusement refoulés vers ce peuple dont ils étaient sortis, et qui leur tendait les bras, les guerriers s’y jetèrent au premier appel.

2689. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

Né avec des affections vives et tendres, passionné pour les vers, il eût été probablement poète, si la Révolution n’était pas venue ; l’un des premiers, il s’y jeta ; dès le 12 juillet, il était populaire, et depuis, journaliste et clubiste sans cesse haletant, il se vantait d’avoir toujours eu six mois d’avance sur l’opinion publique ; tour à tour ami de Mirabeau et de Brissot, il les dépassa dès qu’il les jugea trop lents, et ne s’arrêta qu’à Danton.

2690. (1874) Premiers lundis. Tome I « Bonaparte et les Grecs, par Madame Louise SW.-Belloc. »

Bonaparte et les Grecs, ce sont là sans doute deux grands événements européens, qui figurent en commun au premier rang dans l’histoire de ces vingt-cinq dernières années.

2691. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Bœrne. Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M. Guiran. »

Bœrne était accouru en France au premier bruit de notre révolution de juillet ; il a vu notre cocarde tricolore dans l’éclatante fraîcheur de sa renaissance, nos pavés encore mouvants, notre drapeau non encore sali.

2692. (1875) Premiers lundis. Tome III « Émile Augier : Un Homme de bien »

Seulement, quel que soit l’essor de jeunesse, il importe de se rendre compte des difficultés aussi, de se bien dire qu’on n’atteint pas le but du premier coup ; qu’un champ ouvert, et où l’on entre sans assaut, n’est pas plus facile à parcourir peut-être ; que l’obstacle véritable et la limite sont principalement en nous, et que c’est avec son propre talent qu’on a surtout affaire, pour l’exercer, pour l’aguerrir, pour en tirer, sans le forcer, tout ce qu’il contient.

2693. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VI. Recherche des effets produits par une œuvre littéraire » pp. 76-80

Au premier abord, on dirait qu’il est chimérique de vouloir extraire quoi que ce soit de certain de l’infinie variété des opinions et impressions individuelles que suscite un roman, une pièce de théâtre, un poème, un discours, etc.

2694. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface et note de « Notre-Dame de Paris » (1831-1832) — Note ajoutée à l’édition définitive (1832) »

Une fois que le livre est publié, une fois que le sexe de l’œuvre, virile ou non, a été reconnu et proclamé, une fois que l’enfant a poussé son premier cri, il est né, le voilà, il est ainsi fait, père ni mère n’y peuvent plus rien, il appartient à l’air et au soleil, laissez-le vivre ou mourir comme il est.

2695. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Sophocle, et Euripide. » pp. 12-19

Rotrou, contemporain du premier de nos tragiques François, & prédécesseur de l’autre, les éclaira tous deux dans leur carrière.

2696. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Girac, et Costar. » pp. 208-216

Celui-ci voit la critique un des premiers, & la communique à d’autres.

2697. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre premier. Que la Mythologie rapetissait la nature ; que les Anciens n’avaient point de Poésie proprement dite descriptive. »

Chapitre premier.

2698. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 6, des artisans sans génie » pp. 58-66

Ses premiers essais se trouvent souvent aussi beaux que les ouvrages qu’il fait dans les temps de sa maturité.

2699. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

Celles du premier genre qu’ils appelloient togatae ou les comedies à longues robes, étoient très-serieuses.

2700. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 11, les romains partageoient souvent la déclamation théatrale entre deux acteurs, dont l’un prononçoit tandis que l’autre faisoit des gestes » pp. 174-184

Les cantiques ou monologues sont les endroits d’une piece dans lesquels un acteur parle étant seul, ou dans lesquels, supposé qu’il y ait un second acteur sur la scéne, le second personnage ne dialogue point avec le premier, et cela de maniere que si ce second personnage dit quelque chose, il ne le dise qu’en forme d’ aparté, c’est-à-dire, sans adresser la parole au premier.

2701. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VI »

Taine aurait tout simplement « retrouvé son premier instinct littéraire, étouffé par ses œuvres de début, de sorte que le style descriptif lui aurait été aussi naturel que le style abstrait ».‌

2702. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Méry »

Il a traité tous les sujets, et il a montré dans tous une capacité d’un ordre élevé, quand ce n’a pas été une capacité de premier ordre.

2703. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Au contraire, les prélats payent peu de chose, et « encore est-on dans l’usage de présenter aux évêques la quittance de leur taxe, aux étrennes du premier de l’an124 ». — Nulle issue pour les curés. […] Si les deux premiers ordres sont contraints de se réunir aux communes, c’est qu’au moment critique les curés font défection. […] Les charges de judicature sont les plus assujetties aux services rendus ; et cependant combien le crédit et la recommandation n’influent-ils pas sur la nomination des intendants, des premiers présidents », et des autres   Necker, entrant aux affaires, trouve 28 millions de pensions sur le Trésor royal, et, sitôt qu’il tombe, c’est une débâcle d’argent déversé par millions sur les gens de cour.

2704. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Ce qui rend la charge accablante, c’est que les plus forts et les plus capables de la porter sont parvenus à s’y soustraire, et la misère a pour première cause l’étendue des exemptions. […] En Bourgogne699, toutes les dépenses de la maréchaussée, des haras et des fêtes publiques, toutes les sommes affectées aux cours de chimie, botanique, anatomie et accouchements, à l’encouragement des arts, à l’abonnement des droits du sceau, à l’affranchissement des ports de lettres, aux gratifications des chefs et subalternes du commandement, aux appointements des officiers des états, au secrétariat du ministre, aux frais de perception et même aux aumônes, bref 1 800 000 livres dépensées en services publics, sont à la charge du Tiers ; les deux premiers ordres n’en payent pas un sou. […] Les notaires d’Angoulême sont affranchis de la corvée, de la collecte, du logement des gens de guerre, et ni leurs fils, ni leurs premiers clercs ne tirent à la milice.

2705. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

II Quand son premier amour de famille ici-bas, son frère Maurice, fut mort entre ses bras au Cayla, et qu’elle-même fut morte après son père, on retrouva dans ses papiers ces dernières notes de son journal adressées à ce cher mort Maurice, et on les recueillit pour notre édification intellectuelle comme des reliques que la flamme aurait profanées. […] Je lisais hier au soir Bernardin, au premier volume des Études, qu’il commence par un fraisier, ce fraisier qu’il décrit avec tant de charme, tant d’esprit, tant de cœur, qui ferait, dit-il, écrire des volumes sans fin, dont l’étude suffirait pour remplir la vie du plus savant naturaliste par les rapports de cette plante avec tous les règnes de la nature. […] ici elle a incrusté du premier coup le Sauveur des hommes dans l’âme et dans les yeux de l’humanité !

2706. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Ces quatre-vingt-dix vers enferment en leur mélodie toute son âme et toute son histoire : ils laissent entendre ses aspirations premières et disent ses acceptations secondes. […] Un poète vint, qui avait toutes les qualités de Racan à un degré supérieur et qui y joignait quelques mérites nouveaux ; qui aimait d’une sincérité première et spontanée, et qui, d’un accent plus pénétré, chantait comme les plus précieux des biens, ce qui n’était pour Racan que des consolations. […] Sa logique subtile et ingénieuse apporterait à une doctrine aimée bien des conséquences intéressantes ; mais comme il serait heureux qu’on lui fournît les principes premiers… Rien n’est plus curieux que la transition que traverse Mauclair depuis quelques années et je sais peu de spectacles plus beaux que son pèlerinage : parti d’un individualisme dont la noblesse le touche encore mais qui exige décidément trop de vigueur isolée et raidie, il va, non sans regret pour ce qu’il laisse, vers un altruisme qui semble lui promettre des joies moins rudes et de laisser son sacrifice moins inutile.

2707. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

« La différence entre un mouvement volontaire et un mouvement involontaire de la jambe, dit Spencer, c’est que, tandis que le mouvement involontaire se produit sans conscience antécédente du mouvement à faire, le mouvement volontaire ne se produit qu’après qu’il a été représenté dans la conscience. » Selon nous, cette première caractéristique est insuffisante ; si je suis sur un précipice, je puis me représenter d’avance ma chute, ce qui ne la rend pas volontaire. […] Nous nous voyons donc nous-mêmes condition première relativement à l’effet et relativement au moyen employé. […] Il n’y a volition proprement dite, nous venons de le montrer, que dans les circonstances suivantes : 1° quand le désir est décisif ; 2° quand il porte à la fois sur la fin et les moyens ; 3° quand il se conçoit et se désire lui-même comme premier moyen et dernière fin ; 4° quand il a, pour toutes ces raisons, conscience de son indépendance par rapport aux objets dont la réalisation dépend de lui-même, et qu’il se développe ainsi sous l’idée du moi comme relativement libre, ou même, par illusion d’optique, absolument libre.

2708. (1904) En méthode à l’œuvre

S’il est commode, pour la matérielle activité des humanités surmenées ne demandant au langage quotidien que transmettre vite des idées à moitié devinées par le regard, que les mots soient surtout une sorte de gesticulation, une suite de graphiques parlés : ce ne peut être une sanction à l’inattention apportée au premier et générateur élément des langues, sinon à sa presque suppression. […] De même qu’entre le geste muet et l’émotion l’analogie se dénonce, de même les sensations de douleur, de plaisir, de stupeur, de quiétude, se traduiront en la sorte de geste sonore qu’est, en première parole, le son guttural. […]   Parlons en premier lieu, de la nature du Vers : le vers premier et résumant étant le vers de douze pieds. — Il en est ainsi pour lui, parce que, équivalent du vers-principe en toutes les métriques anciennes et modernes, lui aussi se ramène à une unité de mesure qui est le temps nécessaire à l’expiration : il tient sa nature métrique organiquement, des nécessités de l’appareil vocal.

2709. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Il y a entre la Notre-Dame de Paris, dont l’idée première a frappé certainement la tête de M.  […] VIII Ainsi, première cause du succès de M.  […] — des adultères, des enfants battus et mourant sous les coups, des ménages à trois, des soûleries, des bâtards abandonnés, des premières communions impies, des hommes entretenus comme des femmes, de vieux concubins repris par de vieilles concubines, la prostitution, le raccrochage, les morts de faim, les croque-morts plaisantins, et, pour achever le tout, la catastrophe finale : un delirium tremens, cette chose terrible, qui devient comique tant l’auteur l’a ratée !

2710. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Elle dirait presque d’un ton demi-sérieux, demi-badin, avec Voltaire, « que les dieux n’ont établi les rois que pour donner tous les jours des fêtes, pourvu qu’elles soient diversifiées ; que la vie est trop courte pour en user autrement ; que les procès, les intrigues, la guerre, les disputes des prêtres, qui consument la vie humaine, sont des choses absurdes et horribles, que l’homme n’est né que pour la joie », et que, parmi les choses nécessaires, il faut mettre au premier rang « le superflu ». […] Aucune familiarité n’est permise, sauf sous le voile de l’amitié, et le vocabulaire de l’amour est aussi prohibé que ses rites au premier aspect semblent l’être. » — Même chez Crébillon fils, même chez Laclos, même aux moments les plus vifs, les personnages ne parlent qu’en termes mesurés, irréprochables. […] À Aix et Marseille, dans tout le beau monde, chez le comte de Valbelle, je ne vois que concerts, divertissements, bals, galanteries, théâtres de société avec la comtesse de Mirabeau pour première actrice. […] Le quartier des dames est pourvu de tout ce qu’il faut pour la toilette ; rien ne leur manque, et l’on dit même qu’aucune d’elles n’a besoin d’amener son officier  Je citerais vingt prélats non moins galants, le second cardinal de Rohan, héros du collier, M. de Jarente, évêque d’Orléans, qui tient la feuille des bénéfices, le jeune M. de Grimaldi, évêque du Mans, M. de Breteuil, évêque de Montauban, M. de Cicé, archevêque de Bordeaux, le cardinal de Montmorency, grand aumônier, M. de Talleyrand, évêque d’Autun, M. de Conzié, évêque d’Arras284, au premier rang l’abbé de Saint-Germain des Prés, comte de Clermont, prince du sang, qui, ayant trois cent soixante-dix mille livres de rente, trouve moyen de se ruiner deux fois, joue la comédie chez lui à la ville et à la campagne, écrit à Collé en style de parade, et, dans sa maison abbatiale de Berny, installe une danseuse, Mlle Leduc, pour faire les honneurs de sa table. — Nulle hypocrisie : chez M. 

2711. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

À l’âge de dix ans, son père le mena à Vaucluse ; ces rochers, ces abîmes, ces eaux, cette solitude, frappèrent son imagination d’un tel charme, que son âme s’attacha du premier regard à ces lieux, avec lesquels il a associé son nom, et que Vaucluse devint le rêve de son enfance ; il étudia tour à tour à Montpellier, à Bologne, sous les maîtres toscans ; il négligea bientôt toutes ses études pour la poésie qui était née avec lui de l’amitié de son père avec Dante. […] Le voici : « Vous qui prêtez l’oreille dans ces rimes éparses à l’écho de ces soupirs dont je nourrissais mon cœur dans mon premier juvénile enivrement ! […] La pompe fut digne du peuple romain et du premier des poètes vivants ; le Capitole revit les jours antiques ; le procès-verbal de la cérémonie, que nous avons sous les yeux, porte : « Pétrarque a mérité le titre de grand poète et de grand historien, et, en conséquence, tant par l’autorité du roi Robert de Naples que par celle du sénat et du peuple romain, on lui a décerné le droit de porter la couronne de laurier, de hêtre ou de myrte, à son choix ; enfin on le déclare citoyen romain, en récompense de l’amour qu’il a constamment manifesté pour Rome, le peuple, la république, etc. » Cette gloire officielle ne fit rien à son bonheur et déchaîna contre lui plus d’envie. […] Ce songe était prophétique, Laure était morte de la peste à Avignon, le 6 avril, anniversaire de sa première rencontre avec son poète dans l’église de Sainte-Claire.

2712. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIIe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin » pp. 225-319

Sa fille aînée, Eugénie de Guérin, avait été naturellement sa première élève ; il lui avait appris tout ce qu’il savait : l’adoration de sa mère absente, le culte quotidien de sa mémoire à l’église et au cimetière d’Andillac, les soins assidus des pauvres, des vieillards, des enfants orphelins dans les maisons du voisinage. […] Je n’en suis qu’aux premières pages. […] Elle l’avait élevé, elle avait été témoin de ses progrès dans ses premières études ; elle avait conçu de lui une de ces grandes idées qui montrent un grand homme dans un enfant à des parents trop prévenus en faveur de leur sang. […] On conçoit combien d’amertume devait faire bouillonner dans cette âme le souvenir de cette première condition et le contraste avec cet humble métier de répétiteur de collège dont le salaire était à peine une chambre haute dans un quartier de Paris, et un morceau de pain trempé de fiel.

2713. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIe entretien. Ossian fils de Fingal, (suite) »

Au matin, mon premier regard embrassait les mers ; le soir, mon dernier coup d’œil était sur les vagues. […] Il lui éleva un tombeau sur le rivage, de même qu’à sa première épouse, et il a préparé au même lieu les pierres qui doivent former le sien. […] Je ne récuse donc pas le génie d’imagination du premier Napoléon en matière de goût poétique. […] XX Eh bien, ce grand poëte fut un des premiers à sentir avec enthousiasme la grandeur et la sauvage mélancolie des chants du barde écossais.

2714. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Ce fut alors que les Dieux frappèrent leur premier coup sur les Perses. […] La petite troupe allait, sans doute, se rendre à première vue, devant l’immensité de son armée déployée. […] Un mur d’airain vivant les refoula et les étreignit ; ce premier corps fut exterminé. […] Mais Hégésistratos dut promettre qu’il monterait à bord du premier vaisseau, comme son pilote de bon présage et son oracle vivant.

2715. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

Chapitre premier Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur I. […] Préoccupés tantôt de la spéculation tantôt de la pratique, les philosophes ont étudié surtout l’intelligence, d’où semble venir toute lumière, et la volonté d’où semble sortir toute action ; mais le grand ressort de l’intelligence et de la volonté n’est-il pas l’émotion agréable ou douloureuse, qui est une des premières et des plus radicales manifestations de la vie même ? […] Ces trois dernières conditions sont les moins importantes et peuvent se ramener aux deux premières, entre lesquelles subsiste une sorte de rivalité. […] La vraie loi première, c’est que le plaisir est lié à l’activité vitale la plus intense possible et la plus efficace, qui deviendra, d’ailleurs, la vraie condition de supériorité dans la lutte pour l’existence.

2716. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1864 » pp. 173-235

Elle est plus animée, plus vivante, plus causante qu’à notre première visite. […] Cela tenait à des maux d’estomac, et ceux-ci venaient du nombre de choses diverses que je faisais, des travaux et des études multiples du professorat… Edwards, qui me soignait, disait à ma première femme : « Il se pourrait qu’il devînt fou ou qu’il mourût. » Un séjour de six semaines en Italie n’amenait aucun mieux. […] J’ai cru à une bande de gorilles, grandis dans leurs habits de première communion. […] Moi, vous savez, je ne suis pas au premier venu, mais quand j’ai su que c’était lui, toute ma journée, il l’a eue… Si j’avais su votre adresse, je vous aurais écrit, c’est bien malheureux que je n’aie pas su votre adresse ! 

2717. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Nous acceptions du premier coup la proposition de Sainte-Beuve, très touchés et reconnaissants de cette courtoisie de la réponse. […] Au premier mot de cette lettre je devinais quelque cancan d’ennemi… Allons, jusqu’à la fin, même au bord de sa tombe, Sainte-Beuve sera le Sainte-Beuve de toute sa vie, l’homme toujours mené dans sa critique par les infiniment petits, les minces considérations, les questions personnelles, la pression des opinions domestiques autour de lui9. […] Pas d’émotion, une fois l’action engagée, mais avant, par exemple, aux premiers coups de fusil qui se tirent sur les lignes d’un camp, quand on est couché encore, alors un sentiment de compression de la poitrine, avec, au fond de soi, une sorte de tristesse. […] 20 août Il vient ici, ce soir, un monsieur, qui, pour premières paroles, dit à la princesse : « Rien n’est plus ennuyeux que d’être aimé ! 

2718. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

La première, c’est que les sujets réels sont infiniment plus difficiles à traiter, et qu’ils exigent un goût étonnant de vérité ; la seconde, c’est que les jeunes élèves préferent et doivent préférer les scènes où ils peuvent transporter les figures d’après lesquelles ils ont fait leurs premières études. […] C’est à quelque distance du premier de ces deux édifices que les barques se sont rencontrées. […] Premier instant, premier tableau, celui où Mars las de carnage se rejette entre les bras de Vénus.

2719. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

On aurait ainsi, non pas précisément un document historique ajouté à tant d’autres, mais une grande chronique de mœurs, un ardent commérage de société par celle qu’on peut appeler le Gui Patin ou le Tallemant des Réaux de la fin du xviie  siècle et des premières années du xviiie  ; on aurait un livre vivant, spirituel et brutal, qui ferait pendant et vis-à-vis à Saint-Simon sur plus d’un point. […] Il a parlé d’elle avec vérité et justice, comme d’une nature mâle un peu parente de la sienne ; tout ce qu’on a lu et ce qu’on lit dans les nombreuses lettres où Madame se déclare et se montre à tous les yeux, n’est en quelque sorte que la démonstration et le commentaire du jugement premier donné par Saint-Simon.

2720. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Règle générale : pour les poètes et gens de lettres qui se retirent en province après un premier éclat (je parle toujours de la province telle qu’elle était alors, aujourd’hui j’admets que tout est changé), pour ces esprits et ces talents qui ne se renouvellent pas, qui se continuent seulement et qui vivent jusqu’à la fin sur le même fonds, il faut toujours en revenir, pour les bien connaître, à la date de leur floraison première. […] Le sénéchal siégeait de droit au premier rang parmi les conseillers de ville.

2721. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Les événements purent changer le langage et modifier l’expression extérieure du prince Henri, mais on peut dire que cette glace première qui enveloppait son cœur du côté de son royal frère ne fondit jamais. […] Frédéric, vers le même temps, déclarait à son frère qu’il s’était proposé de ne point l’abandonner à lui-même avant de lui voir un caractère fixe et assuré. — Ces premières mortifications, ces rudes remontrances laissèrent des traces indélébiles dans une nature plus réfléchie et plus fine que généreuse.

2722. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

Nous le trouvons ici dans ses premiers morceaux imprimés, — deux Discours de distribution de prix, l’un prononcé au lycée de Versailles en 1851, l’autre au lycée Louis-le-Grand en 4854. […] Ma première pensée, à cette nouvelle si peu prévue, fut de me rappeler le vers du poëte : Vive pius, moriere tamen… !

2723. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Mme de Staël, qui a eu sa ligne droite et continue, ou du moins sa courbe d’un développement suivi et manifeste, s’en écartait parfois : elle avait des premiers mouvements irréguliers, irrésistibles, et elle ne perd pas à ce qu’on l’y surprenne. Ainsi, au lendemain du premier signal d’opposition donné par Benjamin Constant au sein du Tribunat, pourquoi n’avoir pas indiqué, puisqu’elle a été publiée ailleurs43, la lettre inquiète, tumultueuse, adressée par Mme de Staël à Rœderer (9 janvier 1800), pour s’expliquer, pour se justifier, pour offrir encore la trêve et la paix, pour dire que ce n’est pas la guerre qu’on a entendu déclarer.

2724. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

L’abbé de La Roque dédie son livre, qu’il appelle un « monument de famille », à sa mère, la baronne de La Roque, encore existante et qui est assez âgée elle-même pour avoir connu dans son enfance et sa première jeunesse la veuve de Louis Racine, sa bisaïeule. […] Le comte Joseph de Maistre, dans une de ses Soirées de Saint-Pétersbourg, s’est tenu à cette vue première.

2725. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

C’est ainsi qu’au temps où se composait la Nouvelle Héloïse, lui parlant du prochain mariage d’une jeune fille, il la montrait dans sa pudeur, se désolant à l’approche d’un époux : « C’est, disait-il, une eau pure qui commence à se troubler au premier souffle du vent. » Et il ajoutait, comme pour le piquer au jeu : « Dites de belles choses là-dessus. » Rousseau, en effet, répondant à l’appel, s’emparait de cette pensée et de cette image virginale, et l’employait dans la Nouvelle Héloïse à l’occasion du mariage de Claire (deuxième partie, lettre XV) : « Et, en vérité, elle est si belle, disait-il, que j’aurais cru la gâter en y changeant autre chose que quelques termes. » Il aurait même mieux fait de n’y pas changer un seul mot. Une autre fois, dans le même temps du séjour de Rousseau à l’Ermitage, Deleyre, au retour de quelque absence et de quelque poursuite de fortune, écrivait à celui dont l’amitié était sa première ambition : « Rappelez-moi, cher citoyen, dans votre retraite, sur vos bancs de gazon, au pied du grand escalier à six marches, qui s’élève devant votre porte.

2726. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Guizot, dans cet ouvrage de sa jeunesse, a eu pour aide et pour auxiliaire, il le dit, cette première et si méritante compagne de sa vie, l’ingénieuse et studieuse Pauline de Meulan. […] Selon lui, l’intention première de la pièce qu’on vient de lire était toute différente ; pour la bien saisir, il suffit de supprimer la dernière stance où il est parlé du grison, et qui lui semble « visiblement plaquée. » En lisant la pièce ainsi épurée et réduite, il devient, selon lui, évident que ces vers ne peuvent avoir été adressés que par une femme à une autre femme.

2727. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

La position de l’Italie, au centre du bassin de la Méditerranée, sur les bords de laquelle se groupe toute la civilisation antique, lui assure aussi dans les temps anciens une plus haute fortune. » Il y a beau jour que ces fonctions propres et spéciales aux divers pays dans leur originalité première sont épuisées. […] Il s’est attaché à y bien saisir et à y marquer la nuance de caractère de chacun des premiers empereurs : cette diversité de caractères personnels décide, en effet, du degré de transformation dans le gouvernement, qui est surtout alors le gouvernement d’un seul.

2728. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Certes, s’il ne s’agit que d’apprécier les ressources et la portée du génie individuel, l’étendue de ressort qu’on lui pouvait supposer, les applications plus ou moins larges qui s’en pouvaient faire, nous dirons que M. de La Mennais dans son ordre, et M. de Lamartine dans le sien, ont témoigné une flexibilité, une vigueur ou une grâce, une amplitude en divers sens, que leurs premières œuvres ne démontraient pas. […] Mais, ainsi que je l’ai posé en commençant, depuis trois ou quatre années, les choses politiques s’étant graduellement apaisées ou affaissées en ce qu’elles avaient d’habituellement imminent et absorbant, on a le loisir, on se regarde ; rien ne s’est recomposé littérairement et avec le feu des premières œuvres ; du moins les individus se retrouvent, s’essayent ; il y a une sorte de retour des uns à leurs anciens travaux, il y a persistance et perfectionnement chez d’autres, un peu de désabusement chez tous, mais en somme une disposition assez favorable et qui s’intéresse avec assez de sincérité.

2729. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Zola, des huit volumes tassés et brefs auxquels se réduit l’œuvre totale de Flaubert et nous aurons cette première indication que l’observation directe, capitale pour Flaubert, n’eut qu’une part restreinte dans les incursions scientifiques de M.  […] Sans doute enfin, il y en a qui sont disposés à accorder au premier venu des titres illustres et qui se croient complaisamment les auteurs des inventions les plus merveilleuses ; ce sont des gens affectés de paralysie générale.

2730. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Rien n’est plus funeste à l’amélioration des mœurs, l’un des premiers buts que les institutions républicaines doivent se proposer. […] Avant la révolution, l’on avait souvent remarqué qu’un François, étranger à la société des premières classes, se faisait reconnaître comme inférieur dès qu’il voulait plaisanter ; tandis qu’un Anglais, ayant toujours de la gravité et de la simplicité dans les manières, vous pouviez plus difficilement savoir en l’écoutant à quel rang de la société il appartenait.

2731. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Chapitre premier. […] Celui-ci va donc profiter de l’ardeur et de la conviction qui s’attachent au premier.

2732. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

C’est en 1864 que le traité de Vienne consacre sa maîtrise, bientôt suivi par la victoire de Sadowa (1866), premier coup de tonnerre de l’orage qui s’amasse à nos frontières et dont les esprits clairvoyants prennent un juste sujet d’alarmes. […] Les mes sont toujours pleines de drapeaux et d’orchestres, mais à cette joie d’emprunt manque la conviction des premiers jours, Les gens s’amusent encore.

2733. (1890) L’avenir de la science « V »

Je suis persuadé que, si cette école célèbre fût restée dans la ligne de Saint-Simon, qui, bien que superficiel par défaut d’éducation première, avait réellement l’esprit scientifique, et sous la direction de Bazard, qui était bien certainement un philosophe dans la plus belle acception du mot, elle fût devenue la philosophie originale de la France au XIXe siècle. […] Ainsi reviendra le sacerdoce poétique des premiers civilisateurs.

2734. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Parmi les écrivains abhorrés pour avoir été utiles, Voltaire et Rousseau sont au premier rang. […] — frisson et brûlement, quelque chose qui fait qu’on est un peu dérouté, tout en étant fortement saisi ; les seuls esprits du premier ordre, les seuls génies suprêmes, sujets à des absences dans l’infini, donnent au lecteur cette sensation singulière, stupeur pour la plupart, extase pour quelques-uns.

2735. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Mais non pas au premier effort. […] Vous jugerez de cette lutte acharnée entre l’esprit qui ne croit pas et l’âme qui veut croire : « Bonaparte meurt en disant : Tête d’armée, et repassant ses premières batailles dans sa mémoire ; Canning, en parlant d’affaires ; Cuvier, en s’analysant lui-même et disant : La tête s’engage… « Et Dieu ?

2736. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Que furent ses premiers initiateurs, les Holman Hunt et les Rossetti ? […] Possédant une imagination et une langue d’une richesse extraordinaire, une sensibilisé et une originalité exceptionnelles, observateur et psychologue de premier ordre, d’une activité, d’une universalité étonnante, le moindre spectacle de nature le fait vibrer tout entier.

2737. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Chapitre premier. […] Ce genre est le plus continu des trois, pour des raisons techniques, psychologiques et sociales que je n’ai pas à développer ici ; pourtant il est moins continu qu’il ne semble au premier abord.

2738. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Pour comble, l’un exalta les planètes, êtres intelligents doués de la vie aromale, celui-ci l’escadron des anges swédenborgiens, celui-là la circumnavigation des âmes à travers les astres, un autre le passage des pères dans le corps des fils, un autre le culte officiel de l’humanité abstraite, et « l’évocation cérébrale des morts chéris. » Sauf les deux premiers siècles de notre ère, jamais le bourdonnement des songes métaphysiques ne fut si fort et si continu ; jamais on n’eut plus d’inclination pour croire non sa raison, mais son cœur ; jamais on n’eut tant de goût pour le style abstrait et sublime qui fait de la raison la dupe du cœur. […] Cousin, un des premiers, s’est réformé, et emploie la langue de Descartes, qui ramènera peut-être la langue de Voltaire.

2739. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

En vérité, je vous le dis, le ponsardisme est éternel, l’école du Bon Sens remonte aux premiers âges du monde, — mais son règne ne fut jamais mieux établi, plus universel et plus florissant que de nos jours. […] Que deviennent ses héros devant les pères-nobles de la Constituante et les jeunes premiers de la Convention ? […] Il se peut d’ailleurs que l’auteur, s’il donne une suite à son travail, — le volume dont nous nous occupons ne comprend que la Constituante et la Législative, — comble les lacunes de sa première partie. […] Barbara soit un virtuose de premier ordre et qu’il ait remporté tous les prix possibles de violon au Conservatoire, mon avis est qu’il ferait bien de faire servir l’influence civilisatrice de son instrument à décrotter un peu l’âme de ses personnages et à polir les mœurs du monde qu’il peint. […] Ce premier personnage, très réel et très authentique dans l’individualité littéraire de M. de Pontmartin, a, comme de raison, des airs suprêmement surannés, et exhale un parfum de l’autre siècle, conservé dans un bonheur du jour.

2740. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettre sur l’orthographe » pp. 427-431

C’est un signe de première éducation, et celles même qui n’en ont pas eu tiennent à s’en donner le semblant.

2741. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LVIII » pp. 220-226

L'abbé Dupanloup, encouragé par le succès de sa première lettre au duc de Broglie, en a publié une deuxième, qui a moins réussi : personne ne sait s’arrêter à temps et ne pas abuser. — Le Rancé de Chateaubriand a été une déception ; les articles de M.

2742. (1874) Premiers lundis. Tome I « Dumouriez et la Révolution française, par M. Ledieu. »

Les habitudes de sa vie première s’effaçaient avec les années ; et celui qui n’aurait été qu’un second Belle-Isle sous l’ancien régime, devenait chaque jour plus ressemblant au vainqueur de Jemmapes.

2743. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Philosophie du costume contemporain » pp. 154-161

Et des artifices de détail sont venus compléter ce premier artifice.

2744. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Casuistique. » pp. 184-190

Délivrer la femme, avec son consentement et par des moyens qui, dans ce premier moment, ne présentent aucun danger pour elle, c’est supprimer un je ne sais quoi de pas encore vivant ou qui, dans l’échelle de la vie, occupe le plus bas degré, est tout proche de la vie purement végétative ; et c’est, d’autre part, conjurer une terrifiante possibilité d’angoisse et de souffrance, épargner à la mère et au père putatif de ce je ne sais quoi des années de géhenne, et de ces douleurs sans recours, qui rendent injuste et méchant.

2745. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) »

Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de (1838-1889) [Bibliographie] Premières poésies (1856-1858). — Isis (1863)

2746. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

L’ami de Quanto (le roi) en parlait comme de sa première ou seconde amie : il lui avait envoyé un illustre (Le Nôtre) pour rendre sa maison admirablement belle.

2747. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre IX »

Lirlie, outre son phénomène de nationalisation, offre un fait récent de soudure de l’article (les exemples anciens sont assez nombreux, lierre, luette, loriot), la forme première ayant certainement été irlie.

2748. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

Il n’ose se flatter que tout le monde ait compris du premier coup ce drame, dont le Romancero general est la véritable clef.

2749. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Joseph Scaliger, et Scioppius. » pp. 139-147

Avec ce même ton d’assurance, dont Scioppius déclaroit tous les Scaligers roturiers, il se disoit lui-même né gentilhomme, & sorti d’une des premières maisons du Palatinat.

2750. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VI. Des dictionnaires Historiques » pp. 220-228

Les premier qui a donné un ouvrage en ce genre, n’est point Moréri, comme le prétend M. de V.

2751. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Examen du clair-obscur » pp. 34-38

Deux sortes de peintures : l’une qui plaçant l’œil tout aussi près du tableau qu’il est possible sans le priver de sa faculté de voir distinctement, rend les objets dans tous les détails qu’il aperçoit à cette distance, et rend ces détails avec autant de scrupule que les formes principales, en sorte qu’à mesure que le spectateur s’éloigne du tableau, à mesure il perd de ces détails, jusqu’à ce qu’enfin il arrive à une distance où tout disparaisse ; en sorte qu’en s’approchant de cette distance où tout est confondu, les formes commencent peu à peu à se faire discerner et successivement les détails à se recouvrer, jusqu’à ce que l’œil replacé en son premier et moindre éloignement, il voit dans les objets du tableau les variétés les plus légères et les plus minutieuses.

2752. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Troisième faculté d’une Université. Faculté de droit. » pp. 506-510

Première année d’études.

2753. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 31, que le jugement du public ne se retracte point, et qu’il se perfectionne toujours » pp. 422-431

Ainsi deux ou trois années suffisent bien au public pour connoître si le poëme nouveau est bon ou s’il est médiocre, mais il lui faut peut-être un siecle pour en connoître tout le mérite, supposé qu’il soit un ouvrage du premier ordre dans son espece.

2754. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 39, qu’il est des professions où le succès dépend plus du génie que du secours que l’art peut donner, et d’autres où le succès dépend plus du secours qu’on tire de l’art que du génie. On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre » pp. 558-567

On ne doit pas inferer qu’un siecle surpasse un autre siecle dans les professions du premier genre, parce qu’il le surpasse dans les professions du second genre Il ne faut pas entendre de tous les écrivains de l’antiquité ce que je dis ici des poetes, des historiens et des orateurs excellens.

2755. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

Première partie.

2756. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Émile Augier »

Il savait que l’on en fait toujours, si médiocre soit-on, avec une comédie politique, et, du premier coup, dès qu’il a eu fait la sienne, lui, l’auteur du Gendre de M. 

2757. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

À cette distance et dans la perspective historique, je ne vois plus en lui qu’une machine spirituelle, munie de ressorts donnés, lancée par une impulsion première, heurtée par diverses circonstances : je calcule le jeu de ses moteurs, je ressens avec elle les coups des obstacles, je vois d’avance la courbe que son mouvement va décrire ; je n’éprouve pour elle ni aversion ni dégoût ; j’ai laissé ces sentiments à la porte de l’histoire, et je goûte le plaisir très-profond et très-pur de voir agir une âme selon une loi définie, dans un milieu fixé, avec toute la variété des passions humaines, avec la suite et l’enchaînement que la construction intérieure de l’homme impose au développement extérieur de ses passions. […] Thiers, dans ses deux grandes histoires, a mis à la portée du premier venu les questions les plus embrouillées de stratégie et de finances ; s’il voulait faire un cours d’économie politique au commissionnaire du coin, je suis sûr qu’il se ferait comprendre ; et des écoliers de seconde ont pu lire l’Histoire de la civilisation par M.  […] À la seconde, il paraît trop vrai ; on a tout vu du premier coup, et l’on s’ennuie. […] À l’instant il ajoute que Wellington, cent ans plus tard, fut reçu en pareilles circonstances avec un cérémonial copié du premier : quel Anglais ne s’intéresse pas à Wellington ? […] Il n’est pas véritablement philosophe : la médiocrité de ses premiers chapitres sur l’ancienne histoire d’Angleterre le prouve assez ; mais sa force de raisonnement, ses habitudes de classification et d’ordre mettent l’unité dans son histoire.

2758. (1910) Rousseau contre Molière

Il le lui dit sous le couvert d’une figure de rhétorique si limpide, si diaphane, qu’Oronte comprend du premier coup. […] L’idée première de « le Philinte de Molière ou la Suite du Misanthrope » ne vient pas de la fameuse note de Rousseau. […] » Cette très amusante première édition du fameux : « Je veux vivre !  […] Certes, il est bourgeois, et très bourgeois, de naissance, de tempérament, d’éducation, de premier habitat et de premiers entours ; mais il devient bourgeois de plus en plus et bourgeois de Paris de plus en plus en avançant. Dans ses premières pièces, on a assez dit qu’il y a une certaine fantaisie d’artiste qui ne se retrouve plus dans les dernières.

2759. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Au premier abord cela rentre dans un cas assez ordinaire, l’opposition de deux générations, les autorités officielles représentant, comme cela est nécessaire, la génération plus ancienne. […] Son premier voyage n’avait été qu’une reconnaissance sur Alger, sa banlieue et Blidah. […] Il éclot dans une journée passée en plein air, à la campagne, un jour des premiers soleils d’avril. […] Et telles pages de critique publiées par lui, comme son article sur Rousseau, sont réellement de premier ordre. […] « Le sauvage qui est en nous et qui fait notre étoffe première doit être discipliné, policé, civilisé, pour donner un homme.

2760. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Pitt a compris du premier coup d’œil que Bonarparte avait du gigantesque dans l’ambition, et qu’on ne pouvait s’en remettre à sa modération pour pacifier le monde.

2761. (1875) Premiers lundis. Tome III «  Chateaubriand »

Le petit livre de René garde l’honneur d’avoir, le premier, et du premier coup, trouvé une expression nette et précise à ce qui semblait indéfinissable ; il a même donné cette expression tellement noble, flatteuse et séduisante, qu’il a pu sembler dangereux à son heure.

2762. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre I »

Chapitre I Les qualités cliniques La vertu première de tout observateur est l’impassibilité ; impassibilité du chimiste devant la réaction nouvelle qui va miner ou étayer son hypothèse ; impassibilité du médecin devant le mal qu’il doit méthodiquement analyser9.

2763. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VII. De la propriété des termes. — Répétition des mots. — Synonymes. — Du langage noble »

La langue française a le mérite de distinguer les synonymes avec une lumineuse précision : elle le doit en grande partie à ces précieux et à ces premiers académiciens, dont se moquait un peu légèrement Saint-Ëvremond, et aussi à ce goût d’analyse morale qui a poussé tant d’écrivains, tant de gens du monde même, à étudier le cœur humain dans ses plus délicats mouvements et ses plus imperceptibles ressorts.

2764. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 3. Causes générales de diversité littéraire. »

L’importance du premier dans la vie nationale est mal représentée par la place qu’il occupe dans la littérature française, quoiqu’il lui ait fourni plusieurs de ses chefs-d’œuvre les plus considérables, et certains genres même, qui n’ont pas d’analogie dans les littératures anciennes, comme l’éloquence religieuse.

2765. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Jean Lahor (Henri Cazalis). »

Quand mon esprit aspire à la pleine lumière, Je sens tout un passé qui le tient enchaîné ; Je sens rouler en moi l’obscurité première : La terre était si sombre, aux temps où je suis né !

2766. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « La Solidarité »

de première classe), vous aurez maintes occasions d’être secourables aux pauvres gens, de faire payer pour eux les riches, de réparer ainsi, dans une petite mesure, l’inégalité des conditions et d’appliquer pour votre compte l’impôt progressif sur le revenu  Notaires (car il y en a ici qui seront notaires), vous pourrez être, un peu, les directeurs de conscience de vos clients et insinuer quelque souci du juste dans les contrats dont vous aurez le dépôt  Avocats ou avoués, vous pourrez souvent par des interprétations d’une généreuse habileté, substituer les commandements de l’équité naturelle, ou même de la pitié, aux prescriptions littérales de la loi, qui est impersonnelle, et qui ne prévoit pas les exceptions  Professeurs, vous formerez les cœurs autant que les esprits ; vous… enfin vous ferez comme vous avez vu faire dans cette maison  Artistes ou écrivains, vous vous rappellerez le mot de La Bruyère, que « l’homme de lettres est trivial (vous savez dans quel sens il l’entend) comme la borne au coin des places » ; vous ne fermerez pas sur vous la porte de votre « tour d’ivoire », et vous songerez aussi que tout ce que vous exprimez, soit par des moyens plastiques, soit par le discours, a son retentissement, bon ou mauvais, chez d’autres hommes et que vous en êtes responsables  Hommes de négoce ou de finance, vous serez exactement probes ; vous ne penserez pas qu’il y ait deux morales, ni qu’il vous soit permis de subordonner votre probité à des hasards, de jouer avec ce que vous n’avez pas, d’être honnête à pile ou face  Industriels, vous pardonnerez beaucoup à l’aveuglement, aux illusions brutales des souffrants ; vous ne fuirez pas leur contact, vous les contraindrez de croire à votre bonne volonté, tant vos actes la feront éclater à leurs yeux ; vous vous résignerez à mettre trente ou quarante ans à faire fortune et à ne pas la faire si grosse : car c’est là qu’il en faudra venir  Hommes politiques, j’allais dire que vous ferez à peu près le contraire de presque tous vos prédécesseurs, mais ce serait une épigramme trop aisée.

2767. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les Zutistes » pp. 19-27

Ce dernier, dans tout l’éclat de son premier printemps, était la vedette du lieu.

2768. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Odes et Ballades » (1822-1853) — Préface de 1826 »

L’auteur, en les composant, a essayé de donner quelque idée de ce que pouvaient être les poëmes des premiers troubadours du moyen-âge, de ces rapsodes chrétiens qui n’avaient au monde que leur épée et leur guitare, et s’en allaient de château en château, payant l’hospitalité avec des chants.

2769. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

Si, pour Marie-Thérèse et pour le chancelier de France, ce ne sont plus les mouvements des premiers éloges, les idées du panégyriste sont-elles prises dans un cercle moins large, dans une nature moins profonde ?

2770. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Il faut placer au premier rang ces dévotions populaires qui consistent en de certaines croyances et de certains rites pratiqués par la foule, sans être ni avoués, ni absolument proscrits par l’Église.

2771. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « V »

Il était très capable de trouver du premier coup les choses les plus sublimes ; mais, ses ratures nous le démontrent, il en a trouvé d’aussi belles par le procédé, le travail, le métier, les combinaisons de l’exécution.

2772. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « I. Historiographes et historiens » pp. 1-8

Elle pensait sans doute, et avec raison, que rien n’était d’une importance sociale plus profonde que d’écrire l’histoire, et qu’il en fallait défendre le droit par une institution contre les atteintes du premier venu, qui se délivre à lui-même mandat et brevet d’historien.

2773. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

Thétis au premier livre, conseille à Achille la plus mauvaise action qu’il pût jamais faire ; c’est-à-dire, de se retirer sur ses vaisseaux ; et de laisser périr les grecs qui n’étoient pas coupables de l’injustice d’Agamemnon. […] Dès que la morale s’est éclaircie, dès qu’il a paru des philosophes, on a vû des censures d’Homere ; et quoique sa réputation se soit soutenuë depuis ces censures, ce crédit ne vient pas de la vérité de ses jugemens ; et ce n’est qu’un préjugé d’éducation fondé sur des applaudissemens, qui, à remonter jusqu’aux premiers suffrages, ne sont la plûpart que des échos les uns des autres. […] Sur-tout, Virgile ayant bien voulu imiter Homere, et avouer son imitation, sans faire valoir ce qu’il y ajoûtoit d’invention, de justesse et d’élégance, le préjugé en acquit encore plus d’empire, et la longue possession du premier rang, fut prise enfin pour un droit incontestable d’Homere. […] J’ai poussé souvent la hardiesse plus loin, j’ai retranché des livres entiers, j’ai changé la disposition des choses, j’ai osé même inventer : et c’est de cette conduite, si téméraire au premier aspect, qu’il me reste à rendre raison. […] Je me suis du moins affermi dans ces pensées, par le plaisir que cet endroit m’a paru faire à ceux qui l’ont entendu. à l’égard des défauts, je n’ai pas cru devoir retrancher ceux qui ne s’apperçoivent que par la réflexion, et qui ont au premier aspect de l’éclat et de la beauté ; le poëme s’accommode assez de ces défauts-là, et ils n’empêchent pas qu’on ne réussisse ; parce que le lecteur une fois touché, ne se demande gueres à lui-même, s’il a assez de raisons de l’être.

2774. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Rigaud Kair, capitaine au long cours, me témoignant son regret de ne pouvoir assister à mon banquet, sous la menace de reprendre la mer, au premier jour, et m’offrant « en remerciement de sa respectueuse gratitude pour les joies intellectuelles, que mes œuvres, compagnes fidèles de tous ses voyages, lui ont procurées », m’offrant un dessin de Pouthier, l’Anatole de Manette Salomon. […] Un jeune divorcé disait à un de mes amis : « Aujourd’hui, la généralité des jeunes filles supérieures, regarde le mariage comme un essai, un essai sans chance de durée : ces demoiselles ne se cachant pas de dire, que lors de ce mariage, elles n’ont pas la connaissance des hommes, et que cette première union, n’est qu’un apprentissage, une étude pratique de l’homme dans le mari : apprentissage qui les met en état de faire un choix judicieux, au second tour, au second mariage. » Tout à la fin de la soirée, Daudet me jette de son fauteuil, où il écrit : — Au dîner de Fasquelle de vendredi dernier, les Charpentier vous ont-ils dit quelque chose ? […] Oui, il a vendu pour 14 000 francs de pointes-sèches, disant qu’à sa première exposition, chez Durand-Ruel, il en avait vendu pour 30 francs. […] Gigoux se révèle dans quelques portraits, entre autres, dans un portrait de Delacroix, comme un lithographe de premier ordre, et Achille Devéria, parmi de nombreux portraits, offre à nos regards deux très curieux et très remarquables portraits de Mérimée et de Dumas père. […] ces deux inspirations mal mariées, et donnant à notre premier livre, le caractère d’une œuvre à deux voix, à deux plumes.

2775. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Tantôt il met la césure après les trois premières syllabes : C’est dommage : | il avait le cœur trop au métier, etc., etc. […] Assuérus est un roi d’Orient, aussi polygame qu’on le puisse être ; ses eunuques lui recrutent partout de belles filles, et, quand elles ont mariné six mois dans la myrrhe et six autres mois dans les aromates, on les introduit chez le roi… Or c’est là la matière du charmant et chaste récit du premier acte  Esther est une Juive féroce qui se venge en faisant massacrer soixante-quinze mille Persans : Racine l’a transformée en colombe gémissante, et ce vers d’Assuérus passe inaperçu : Je leur livre le sang de tous leurs ennemis. […] Il se peut que ce contraste même ravisse certains lecteurs, justement parce qu’il échappe à première vue et qu’on se sait gré de le découvrir, parce que Racine peut-être ne s’en doutait pas toujours, et qu’on se croit beaucoup d’esprit de démêler ce dont il n’avait pas conscience.

2776. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Dans les Revenants, Mme Alving, dont la vie a été jusque-là une vie de foi et d’immolation chrétienne, bouleversée par l’atroce injustice de la destinée d’un fils condamné à la maladie et à la folie par les vices de son père, secoue subitement le joug de ses anciennes croyances et, du premier coup, va si loin dans cette indépendance retrouvée que, à un moment, elle n’hésite pas à pousser dans les bras du malade une servante qu’elle sait être sa sœur naturelle. […] Or, tout ce que je viens de dire (je ne parle que des idées, puisque c’est de ses idées plus encore que de sa forme que l’on fait honneur à Ibsen), n’est-ce pas précisément la substance des premiers romans de George Sand ? […] Je ne choisis pas ; j’ouvre son premier roman, et je lis (page 152) : « Indiana opposait aux intérêts de la civilisation érigés en principes les idées droites et les lois simples du bon sens et de l’humanité ; ses objections avaient un caractère de franchise sauvage qui embarrassait quelquefois Raymon et qui le charmait toujours par son originalité enfantine… » Et sur Ralph : « Il avait une croyance, une seule, qui était plus forte que les mille croyances de Raymon.

2777. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Quant aux premiers degrés de la cléricature, je lui avais obéi. […] À un certain âge, il se réveille ; il veut agir… Impossible… ses bras et ses mains sont pris dans d’inextricables réseaux ; c’est Dieu même qui le serre, et la cruelle opinion est là, faisant un irrévocable arrêt des velléités de son enfance, et elle rira de lui s’il veut quitter le jouet qui amusa ses premières années. […] En suivant la vérité au prix de tous les sacrifices, j’étais convaincu de le suivre et d’obéir au premier de ses enseignements.

2778. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Année 1878 Mardi 1er janvier 1878 Ce jour, ce premier jour de l’an d’une nouvelle année, se lève chez moi, comme dans une salle d’hôpital. […] Le public d’abord gentil au premier acte, se fâche au second, et hue le troisième, qu’il a peine à laisser finir. […] Cependant, à ma première visite j’avais avisé, à la section de la Chine, un objet que je trouvais un des plus beaux du Champ de Mars, un de ces objets à la richesse barbare et précieuse, digne d’une galerie d’Apollon exotique.

2779. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

III Et nous disons que la cause du catholicisme est beaucoup plus engagée qu’on ne croit dans ce qui, au premier coup d’œil, ne paraît qu’une question d’histoire. […] les parlements n’étaient aimés ni respectés des philosophes ; cependant ils s’entendirent au premier mot contre le formidable Institut. […] Quand la popularité des premiers jours, que les gouvernements lui créèrent d’autant plus aisément qu’ils s’accordaient avec les multitudes, se fut évanouie, Clément XIV put s’apercevoir du néant de ses espérances, si jamais il en avait conçu.

2780. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

C’est un poète et un peintre de terroir comme tous les peintres et les poètes pénétrants, la loi étant de ne bien peindre que les choses qu’on a vues, qui se sont enfoncées en nous dès l’enfance, et dans lesquelles nous avons fait boire nos premiers regards. […] Quand le monde, dépravé par L’Assommoir, qui lui a donné la fringale de l’ordure, retourne au second vomissement de son auteur, espérant y trouver des malpropretés qui n’y sont même pas, car le champ de la malpropreté n’est pas très vaste et Zola l’a tellement épuisé dans son premier roman que, dans celui-ci, on ne trouve plus que quelques redites de porcheries trop connues, déposées entre des vulgarités et des platitudes qui ne le sont pas moins, Alphonse Daudet, lui, remonte la pente où l’on pouvait craindre qu’il ne glissât, et s’éloigne autant que possible de l’observation basse (et honteusement facile) qui est la curiosité de ce temps à tête renversée. […] L’auteur des Rois en exil n’aura pas assurément un succès à la Zola, — le succès du premier venu qui nous parlerait abjectement de quelque fille, l’idolâtrie du temps où le Veau d’Or a été remplacé par des vaches dorées… Mais il aura son succès, néanmoins, pour une triple raison : c’est qu’il est moderne, parisien, et qu’il montre audacieusement et presque cyniquement la Royauté sous la fille encore, la fille partout et toujours !

2781. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

L’un des premiers, il fut de ces hommes de lettres, intrépides et hardis causeurs, qui passaient leur vie dans la société, y marquaient d’abord leur place, l’y maintenaient de pied ferme tant qu’ils étaient présents, mais s’y dissipaient et ne devaient point laisser d’ouvrage égal à leur renommée ni peut-être à leur valeur. […] Il est pourtant vrai qu’ayant fort bien étudié dans ma première jeunesse, j’avais un assez bon fonds de littérature que j’entretenais toujours par goût, sans imaginer que je dusse un jour en faire ma profession.

2782. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Car La Bruyère, en parlant de Tréville d’une manière si serrée et si incisive, semble avoir quelque chose de particulier à venger sur lui : on dirait qu’il a appris que ce juge dégoûté des ouvrages de l’esprit a ouvert un jour une des premières éditions des Caractères et a jeté le livre après en avoir lu quelques pages, en disant : « N’est-ce que cela ?  […] » Des deux portraits originaux qu’on a de Bourdaloue, il en est un qui, plus répandu et reproduit en tête des Œuvres, pourrait, ce me semble, à première vue, induire en erreur ; de ce que, dans ce portrait fait après la mort, Bourdaloue est représenté les yeux exactement fermés et les mains jointes, « dans la posture d’un homme qui médite », on en a trop conclu que c’était là son attitude et sa tenue habituelle ou constante en prêchant.

2783. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

On a eu des voyages en vers et en prose sur le même ton et d’après le même patron ; La Fontaine, Regnard, Hamilton, Le Franc de Pompignan, Desmahis, Voltaire, Bouliers, Bertin, Parny (j’en oublie encore), se sont mis à voyager en vers et en prose en se ressouvenant plus ou moins du premier modèle, et il en est résulté un genre artificiel et factice. […] En 1656, c’est-à-dire dix ans avant que Boileau publiât ses premières satires, et trois ans avant Les Précieuses ridicules de Molière, on était dans la pleine littérature des Scudéry, des Sarasin, des Pellisson, Scarron, Chapelain, Gilles Boileau, Ménage, et de tous ces beaux esprits dont le goût n’était pas également sain et pur.

2784. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

« M. de Besenval, a dit le vicomte de Ségur, héritier et premier éditeur de ses Mémoires, joignait à la taille la plus imposante une figure pleine de charmes dans sa jeunesse, et de dignité dans un âge avancé. » Son organisation était forte et robuste, en même temps que fine et distinguée. […] Quand il prévit que M. de Choiseul ne tarderait pas à tomber, il fut des premiers à résigner son emploi d’inspecteur des Suisses, qui ne lui promettait plus d’agrément : « Je me suis toujours étonné, remarque-t-il à ce propos, que les hommes qui font tant de choses pour avoir, ne sentent que bien rarement qu’il est des époques où il faut abandonner.

2785. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Voilà les deux systèmes en présence, et le petit chevalier exactement placé entre la méthode de Vauvenargues et celle de son frère, qui n’est pas du tout une méthode, mais un pur abandon à l’humeur et à la nature première. […] Les deux premiers n’ont que l’esprit de leur siècle, et les mœurs de leur patrie ; mais le génie de César est si flexible à toutes les mœurs, à tous les hommes, à tous les temps, qu’il l’emporte.

2786. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Quelques cas singuliers, quelques anecdotes citées et répétées sur la foi des premiers auteurs, suffisent-elles pour permettre de tirer une conclusion aussi générale et aussi défavorable à la faculté judicieuse du grand roi, faculté si véritablement judicieuse en effet, qu’elle l’a conduit à discerner les hommes les plus capables, en chaque genre, et à les employer à propos ? […] Avec quelle vérité et quelle discrétion il indique son premier mouvement de douleur à lui-même, en apprenant sa blessure !

2787. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Ducis faisait une pièce comme il fait une scène, il serait notre premier tragique70. » Et dans ses moments de plus grande franchise La Harpe ajoutait encore : « C’est bien heureux que cet homme n’ait pas le sens commun, il nous écraserait tous. » Je voudrais insister sur les beautés de ces lettres de Ducis, dont la collection ferait un trésor moral et poétique ; on y joindrait les lettres de Thomas fort belles, fort douces et bien moins tendues de ton qu’on ne le suppose. […] Ducis, avec qui il avait quelque parenté de talent et d’origine, a dit dans un portrait qu’il a donné de lui : « Il aimait passionnément Molière, Montaigne et Shakespeare ; il y trouvait ce fonds immense de naturel, de raison,  de force, de grâce, de variété, de profondeur et de naïveté qui caractérise ces grands hommes ; aussi, était-il né avec un sens exquis et une âme excellente : c’était tout naturellement qu’il voyait juste, comme c’était tout bonnement qu’il était bon. » On est sous Louis XVI, aux premières et belles années, sous un jeune roi plein de mœurs et de bon sens.

2788. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

., etc. » Il vous montre, en un mot, Diaz tel qu’il était en cette première manière ; à force d’être exact, il le contrefait et le grime : voyez, jugez ensuite ! […] La peinture anglaise, à l’état d’école libre et individuelle, produisit sur lui dès l’abord une très-grande impression, et il a été des premiers en 1855 à lui rendre justice, tout en luttant de lustre et d’éclat avec elle, dans une série d’articles de son meilleur et de son plus neuf vocabulaire.

2789. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Le portrait par Tocqué, moins agréable peut-être au premier aspect, est plus original : elle est plus jeune, plus en mouvement, un peu théâtrale. […] Madame, répondit la femme de chambre impatientée, si elle revenait, ce ne serait pas Votre Majesté qui aurait sa première visite. » On ne règne pas véritablement quand on a de ces faiblesses et qu’on s’attire de ces réponses.

2790. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) »

Les princes et les officiers s’étaient fort vaillamment conduits, mais le régiment des Gardes avait lâché pied tout d’abord, et, aux premières décharges de l’ennemi, s’était jeté dans le Mein sans que rien pût l’arrêter. […] On aura remarqué comme il parle de toutes ces intrigues et cabales, moins en roi qu’il est et qui d’un seul mot peut tout réduire à néant, que comme un homme qui se croise les bras et n’est aux premières loges que pour regarder. — La vérité, sur ce point historique, c’est que la pénitence du maréchal de Broglie ne fut que bien peu de chose ; on peut dire qu’elle ne compta pas et ne fut prise au sérieux ni à la Cour ni dans une partie du public : on vient d’entendre Mme de Tencin ; Barbier, dans son Journal, dit positivement : « On croit que la disgrâce n’est qu’une feinte. » De là l’erreur de Frédéric, très excusable.

2791. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

» L’abbé de Vermond, dans ces premiers temps, joue le rôle d’un moniteur assez importun, comme lui-même il se qualifie. […] Hors de là, elle ne réfléchit encore guère, et l’usage qu’elle a fait jusqu’ici de son indépendance le prouve assez, puisqu’il n’a porté absolument que sur des objets d’amusement et de frivolité ; mais le temps de la réflexion ne lardera vraisemblablement plus longtemps à venir… » J’ai indiqué, dans cette seconde édition de M. d’Arneth, tout ce qui est fait pour intéresser ceux qui avaient déjà été si frappés de l’importance historique de sa publication première.

2792. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

Il devait en être nommé généralissime, nous dit d’Argenson : M. de Belle-Isle eût été son premier lieutenant général, et en réalité il eût tout fait. […] Il avait à ses côtés, dans les deux premiers sièges, M. de Beauvau, maréchal de camp, excellent conseiller, qui fut tué à l’attaque d’Ypres, et imprudemment, par des coups de fusil français.

2793. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre IV. Des figures : métaphores, métonymies, périphrases »

« Mais de grâce, Monsieur, ne soyez pas inexorable à ce fauteuil qui vous tend les bras il y a un quart d’heure, contentez un peu l’envie qu’il a de vous embrasser. » La véritable métaphore présente à la fois deux objets à l’imagination, l’un qui est dans le sens propre du mot, l’autre qui par le moyen du premier s’éveille dans la pensée. […] La règle de Condillac, « ne rien ajouter qui ne soit dans l’analogie du premier trope », ne subsiste pas, après les exemples que j’ai donnés ; et d’autre part, toutes les discordances ne sont point acceptables ; il y a une certaine harmonie dont il faut observer la secrète finesse.

2794. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

La définition de la comédie conduisit naturellement Marivaux à circonscrire son observation au premier de ces moments. […] Les faiblesses, les impuissances de l’exécution n’annulent point l’importance de l’idée première.

2795. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Toute métaphore dans une telle organisation évolue, s’organise, s’étend : l’objet propre ou l’idée première reculent ; et naïvement, spontanément il retrouve, dans ce pâtre promontoire qui garde les moutons sinistres de la mer 874, la forme d’imagination qui, sur les côtes tourmentées de la Sicile, avait animé l’informe Polyphème et la blanche Galatée. […] Il n’en est guère qui, grâce à la probité du métier, n’aient eu la bonne fortune de donner la forme qui dure à quelque sujet bien rencontré ; et l’on formera, l’on a formé déjà de charmantes anthologies, où tout est de premier ordre, parce que chacun fournit très peu.

2796. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Déjà du temps de Job, elle était fort ébranlée ; les vieillards de Théman qui la professaient étaient des hommes arriérés, et le jeune Elihu, qui intervient pour les combattre, ose émettre dès son premier mot cette pensée essentiellement révolutionnaire : la sagesse n’est plus dans les vieillards 154 ! […] L’Algérie, aux premiers temps de l’occupation française, voyait se lever, chaque printemps, des inspirés, qui se déclaraient invulnérables et envoyés de Dieu pour chasser les infidèles ; l’année suivante, leur mort était oubliée, et leur successeur ne trouvait pas une moindre foi.

2797. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits de Fénelon. (1850.) » pp. 1-21

À ce premier don de pénétration instinctive et irrésistible, Saint-Simon en joignait un autre qui ne se trouve pas souvent non plus à ce degré de puissance, et dont le tour hardi le constitue unique en son genre : ce qu’il avait comme arraché avec cette curiosité acharnée, il le rendait par écrit avec le même feu, avec la même ardeur et presque la même fureur de pinceau. […] Nous en savons maintenant là-dessus, à certains égards, plus que n’en savait Saint-Simon : nous avons les lettres confidentielles que Fénelon adressa de tout temps au jeune prince, les mémoires qu’il rédigea pour lui, les plans de réforme, toutes pièces alors secrètes, aujourd’hui divulguées, et qui, en permettant de laisser à l’ambition humaine la place qu’il faut toujours faire aux défauts de chacun jusque dans ses vertus, montrent celles-ci du moins au premier rang, et mettent désormais dans tout son jour l’âme patriotique et généreuse de Fénelon.

2798. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

II Rapport du plaisir et de la peine à l’appétition On dispute encore de nos jours, comme au temps des épicuriens et des stoïciens, pour savoir si le plaisir résulte de l’inclination active, ou l’inclination active du plaisir, s’il existe en nous des tendances innées antérieures au sentiment et causes du sentiment même, ou si c’est au contraire le sentiment qui est la cause première des tendances. […] L’activité primordiale est alors l’expansion première de l’être et de la vie, et il faut bien poser d’abord l’être avec cette expansion active : « Au commencement, dit Faust, était l’action. » Aussi ne pouvons-nous nous empêcher de placer dans tous les êtres, même dans les forces les plus aveugles de la nature, une certaine activité, alors même que nous nous les figurons insensibles.

2799. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

Je dirai seulement aux partisans du premier : Soyez vrais, soyez-le, s’il vous est possible, plus que vos maîtres et les nôtres ; mais n’exagérez pas même cette qualité que vous mettez avec raison au-dessus de toutes les autres. […] Il en est quelques autres encore qui sont dignes de marcher à leur suite, et à qui, pour se placer au premier rang, il ne manque que de se défier davantage des séductions de la flatterie, des suggestions de l’amour-propre et des illusions d’un triomphe de coterie.

2800. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Mais je ne sache pas que la condamnation judiciaire qui l’a frappé ait supprimé le livre ; je ne sache pas qu’elle puisse l’ôter des mains qui l’ont acheté et de la mémoire de ceux qui l’ont lu ; je ne sache pas, enfin, que cette condamnation doive empêcher la Critique littéraire de rendre son jugement aussi, non sur la chose jugée, qu’il faut toujours respecter pour les raisons sociales les plus hautes, mais sur les mérites intellectuels d’un poète au début de la vie4 et aux premiers accents d’un talent qui chantera très ferme plus tard, si j’en crois la puissance de cette jeune poitrine. […] Rappelez-vous les Contes drolatiques de Balzac, à coup sûr la plus étonnante de ses œuvres, mais que personne n’oserait appeler « une œuvre de génie », parce que l’inspiration première et la langue — une merveille d’archaïsme ! 

2801. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Ce ne sera peut-être pas sa première parole, mais ce sera sa seconde. […] Lorsqu’un jeune écrivain, né en quelque coin de province, arrive à Paris, son premier soin est de décrier son petit pays, pour bien montrer qu’il n’en est plus ; il renie ces humbles braves gens parmi lesquels il a vécu ; il se moque d’eux qui l’ont servi ou supporté ; il croit, par cette ingratitude, augmenter ses chances de naturalisation.

2802. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIII » pp. 133-140

Son plus grand défaut, vous l’avez dit, est de ne pas distinguer net et d’un coup d’œil inexorable l’endroit où finit le délicat élégant et où commence l’élégant commun : il accorde un peu trop à celui-ci ; mais, en somme, il est au premier rang dans la seconde ligne critique qui vient après Villemain.

2803. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

« Chateaubriand. » Et maintenant qu’on s’étonne, si l’on veut, et qu’on se scandalise qu’après des années écoulées, en ne cessant de placer M. de Chateaubriand au premier rang littéraire du siècle, j’aie écrit sur lui, dans les deux volumes dont il est le sujet et le centre, comme en pensaient et en parlaient dans la familiarité tous ses amis et connaissances, toutes les personnes de la société en dehors de sa coterie, M.

2804. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Voilà le cadre à la fois composé et vrai, où depuis qu’elle a laissé sa première manière d’élégie libre, pour se soucier de plus d’art, Mme Valmore nous semble réussir le mieux.

2805. (1874) Premiers lundis. Tome I « M.A. Thiers : Histoire de la Révolution française Ve et VIe volumes — I »

Son premier acte est de dresser en huit jours une Constitution, qu’elle expédie et fait adopter aux départements, sous trois jours après la réception, mais qu’elle suspend presque aussitôt, en déclarant le gouvernement révolutionnaire jusqu’à la paix.

2806. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

Dans cette première partie de sa vie littéraire, Scott ne fit pourtant que continuer et soutenir avec éclat le mouvement imprimé à la poésie anglaise à la fin du siècle par Beattie, Gowper, les ballades de Percy.

2807. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Nous ne parlerons pas des deux premières nouvelles, la Femme supérieure, déjà publiée dans un journal, et la Maison Nueingen, à laquelle, sans doute à cause d’un certain argot dont usent les personnages, il nous a été impossible de rien saisir.

2808. (1875) Premiers lundis. Tome III «  La Diana  »

M. de Persigny qui, il y a neuf ans, présentait à la signature de l’empereur un plan d’inventaire sommaire de toutes les Archives de l’Empire et organisait ce travail qui n’a cessé depuis de se poursuivre et qui vient de produire ses premiers résultats imprimés, a compris où est le point de la difficulté et suggéré un moyen qui peut être d’un utile exemple.

2809. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « André Theuriet »

C’est cette parcimonie même qui donnait tant de ragoût aux moindres semblants de vie plus aisée, aux petites douceurs exceptionnelles, aux crêpes du carnaval, aux cadeaux modestes du premier de l’an, aux deux sous des jours d’« assemblée » !

2810. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Rêveries sur un empereur »

Mais, s’il la faisait, il pourrait se glorifier d’avoir été, moralement, le plus grand des pasteurs d’hommes, d’avoir accompli un acte prodigieusement méritoire et original, et d’avoir, le premier de tous, rompu avec la vieille politique égoïste et inauguré les temps nouveaux… Notez que si une âme droite, simple et bonne, qui ne serait point de race royale, qui ne serait retenue ni par l’éducation ni par la tradition, si un véritable enfant de Dieu se trouvait subitement, comme dans les contes, élevé sur le premier trône de l’Europe, toutes ces choses extraordinaires et folles, il les ferait, du premier coup, avec sérénité.

2811. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Pour encourager les riches. » pp. 168-175

C’est que les personnes très riches sont privilégiées de plus de façons encore qu’il ne paraît à première vue ; c’est que, en même temps que la charité sous sa forme la plus élémentaire, qui est l’aumône en argent, semble devoir être plus facile aux gens qui en ont beaucoup, ceux-ci, à mérite égal — et en vertu de leur richesse même, qui les signale à l’attention et leur permet des largesses d’un chiffre imposant — sont singulièrement plus assurés de la reconnaissance publique que les gens de condition médiocre ou petite, et, ainsi, ne manquent guère de recevoir, dès ici-bas, la récompense de leur bonne volonté.

2812. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Silvestre, Armand (1837-1901) »

Le titre même de cette première partie du recueil de M. 

2813. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

Nous reproduisons ce dessin qui donne une idée du costume des premiers rôles féminins dans la troupe des Fedeli.

2814. (1911) La valeur de la science « Deuxième partie : Les sciences physiques — Chapitre VII. L’Histoire de la Physique mathématique. »

Dans ses premières années surtout, l’enfant ressemblait à sa mère d’une manière frappante.

2815. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

Jusque-là ils ne font que payer leurs dettes de premier établissement.

2816. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIX » pp. 207-214

Mais il était moraliste, et surtout moral, quand il disait au roi dans sa première épître : …………… Laissons là les sièges, les batailles ; Qu’un autre aille en rimant renverser les murailles, Et souvent sur tes pas, marchant sans ton aveu, S’aille couvrir de sang, de poussière et de feu ; À quoi bon d’une muse au carnage animée Échauffer ta valeur déjà trop allumée ?

2817. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXX » pp. 330-337

Le roi avait déclaré, en voyant la douleur que ressentait madame Scarron de la mort du premier de ces enfants, qu’il serait doux d’être aimé par madame Scarron.

2818. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 439-450

Peut-être la Nation, revenue de son premier enthousiasme, verra-t-elle tout-à-coup s’élever au milieu d’elle un nouvel Aristophane ou un nouveau Lucien, qui achevera de lui ouvrir les yeux, & de la guérir d’une contagion, dont les effets ont passé rapidement du burlesque au tragique.

2819. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

Chapitre VI,première guerre médique I. — Débarquement de la flotte persane. — Défection de Sparte. — Apparition du dieu Pan au messager d’Athènes. — Miltiade.

2820. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préfaces des « Orientales » (1829) — Préface de l’édition originale »

Ne voyez-vous pas que l’idée première est horrible, grotesque, absurde (n’importe !)

2821. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Démosthéne, et Eschine. » pp. 42-52

Il étoit monté sur le théâtre dans sa jeunesse ; & l’action de l’orateur se ressentit toujours de sa première profession.

2822. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Virgile, et Bavius, Mœvius, Bathille, &c. &c. » pp. 53-62

Au premier vers de la première églogue, on substitua celui-ci : Tityre, si toga calda tibi est, quo tegmine fagi ?

2823. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — L’Empereur Néron, et les trois plus grands poëtes de son siècle, Lucain, Perse & Juvénal. » pp. 69-78

Au premier soupçon qu’on eut de cette conjuration, on arrêta Lucain.

2824. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Voiture, et Benserade. » pp. 197-207

Depuis ce temps-là je n’avois pas changé d’avis, & je me reposois de bonne foi dans ma première opinion.

2825. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean-Baptiste Rousseau et M. de Voltaire. » pp. 47-58

Il le consulta sur ses premiers essais, & lui envoya, dans les pays étrangers, deux odes composées pour le prix de poësie de l’académie Françoise : elles ne furent point couronnées.

2826. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre II. Chimie et Histoire naturelle. »

Et qui donc est dans ce secret, sinon cette intelligence première qui existe de toute éternité ?

2827. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 27, que les sujets ne sont pas épuisez pour les poëtes, qu’on peut encore trouver de nouveaux caracteres dans la comedie » pp. 227-236

L’experience aide encore beaucoup à trouver la difference qui est réellement entre des objets qui au premier coup d’oeil nous paroissent les mêmes.

2828. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 29, si les poëtes tragiques sont obligez de se conformer à ce que la geographie, l’histoire et la chronologie nous apprennent positivement » pp. 243-254

Racine d’avoir fait un si grand nombre de fautes contre une histoire autant averée, et generalement aussi connuë que l’histoire des premiers empereurs des romains, comme d’être tombé dans des erreurs de geographie qu’il pouvoit aisément s’épargner.

2829. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 41, de la simple récitation et de la déclamation » pp. 406-416

Aussi voïons-nous que tous les poëtes, ou par instinct ou par connoissance de leurs interêts, aiment mieux réciter leurs vers que de les donner à lire, même aux premiers confidens de leurs productions.

2830. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 42, de notre maniere de réciter la tragédie et la comedie » pp. 417-428

Si les comédiens d’un païs plaisent plus aux étrangers que les comédiens des autres païs, c’est que ces premiers comediens seront formez d’après une nation, qui naturellement aura plus de gentillesse dans les manieres, et plus d’agrément dans l’élocution, que les autres nations.

2831. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 46, quelques refléxions sur la musique des italiens, que les italiens n’ont cultivé cet art qu’après les françois et les flamands » pp. 464-478

Ce poëte le cite donc sous le nom d’Orlando Lasso, et il nous dit qu’il fut un des premiers réparateurs de la musique.

2832. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Deuxième tableau » pp. 196-209

Scène première

2833. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — IV »

L’idéal, c’est que le paysan puisse manger de la viande et que mon cordonnier, ayant amassé trois mille francs de rente, puisse envoyer son fils à l’École de Droit… »‌ Voilà quelques extraits des trente-trois premières pages ; il y en a trois cent cinquante de ce ton.‌

2834. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

Tu vis du ciel, tu dois disputer709. » Encouragé, il dispute ; mais sainte Catherine argumente vigoureusement : « La raison combat contre votre chère religion, —  car plusieurs dieux feraient plusieurs infinis ; —  ceci était connu des premiers philosophes, —  qui sous différents noms n’en adoraient qu’un seul, —  quoique vos vains poëtes se soient ensuite trompés — en faisant un dieu de chaque attribut. » Apollonius se gratte un peu l’oreille, et finit par répondre qu’il y a de grandes vérités et de bonnes règles morales dans le paganisme. […] J’ose dire qu’en l’imitant je me suis surpassé moi-même dans cette pièce, et qu’entre autres je préfère la scène entre Antoine et Ventidius, au premier acte, à tout ce que j’ai écrit dans ce genre. » Il avait raison ; si sa Cléopatre est manquée, si cette défaillance de la conception détourne l’intérêt et gâte l’ensemble, si la rhétorique nouvelle et l’emphase ancienne viennent parfois suspendre l’émotion et détruire la vraisemblance, en somme pourtant le drame se tient debout, et qui plus est, il marche. […] Il élève au premier rang « l’admirable Boileau, dont les expressions sont nobles, le rhythme excellent, les pensées justes, le langage pur, dont la satire est perçante et dont les idées sont serrées, qui, lorsqu’il emprunte aux anciens, les paye avec usure de son propre fonds, en monnaie aussi bonne et de cours presque universel748. » Il a la roideur des poëtes logiciens, trop réguliers et raisonnables, blâmant l’Arioste, « qui n’a su ni faire un plan proportionné, ni garder quelque unité d’action, ou quelque limite de temps, ou quelque mesure dans son énorme fable, dont le style est exubérant, sans majesté ni décence, et dont les aventures sortent des bornes du naturel et du possible749. » Il ne comprend pas mieux la finesse que la fantaisie. […] Longtemps ce travail fut considéré comme sa première gloire ; de même à Rome, sous Cicéron, dans la disette originelle de la poésie nationale, les traducteurs des pièces grecques étaient aussi loués que les inventeurs. […] Les vigoureuses périodes, les antithèses réfléchies oppriment ici ces aimables fantômes ; les phrases classiques les accablent dans leurs plis trop serrés : on ne les voit plus ; pour les retrouver, on se retourne vers leur premier père ; on quitte la lumière trop crue d’un âge savant et viril ; on ne les suit bien que dans leur premier style, dans l’aurore de la pensée crédule, sous la vapeur qui joue autour de leurs formes vagues, avec toutes les rougeurs et tous les sourires du matin.

2835. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Aux fenêtres du premier étage, des blouses et des redingotes s’étagent jusqu’aux meneaux supérieurs : le premier rang, assis les jambes pendantes en dehors de l’édifice, et semblable à un gigantesque paradis de titis, dans un décor de la Renaissance. […] Le palais du Sénat, les portes grandes ouvertes, montre aux yeux de qui y pénètre, son raide et solennel mobilier rouge au bois blanc et or, semblable à une salle de spectacle du premier Empire, retrouvé dans le vide d’un palais abandonné, après une représentation de Talma. […] Et l’on va dans une absence de soi-même, semblable à celle de l’enfant, à la lecture de ses premiers livres, l’on va par les grands espaces et les grandes aventures de l’impossible, héros d’une fiction d’une heure. […] Louis Blanc y fait sa première apparition avec son physique ecclésiastique, et dans une redingote qui joue la lévite. […] J’ai en face de moi, au restaurant, cette bonne bête du monde des lettres qu’on appelle X***, expliquant un plan de campagne de sa composition au premier venu, qui a le malheur de se trouver à côté de lui.

2836. (1813) Réflexions sur le suicide

Première section. […] On pourrait persister dans cette existence par la crainte d’en sortir ; mais si ce seul motif nous retenait sur la terre, tous ceux qui ont vaincu la terreur par des habitudes militaires, toutes les personnes dont l’imagination est plus frappée du fantôme de la vie que de celui de la mort, s’épargneraient les derniers jours qui répètent d’une voix si rauque les airs brillants des premiers. […] Ceux qui cherchent le pouvoir et la fortune désirent bien cependant qu’on leur croie des qualités morales et surtout des facultés supérieures ; mais c’est un but secondaire qui doit céder au premier ; car une certaine connaissance dépravée de la race humaine apprend que les solides avantages de cette vie sont ceux qui nous asservissent les intérêts des hommes plus encore que leur estime. […] Si je me dérobais au malheur éclatant qui m’est destiné, je ne fortifierais point par mon exemple l’espérance de ceux que mon sort doit émouvoir ; les anciens élevaient leur âme par la contemplation de leurs propres forces, les chrétiens ont un témoin et c’est devant Lui qu’il faut vivre et mourir ; les anciens voulaient glorifier la nature humaine, les chrétiens ne se regardent que comme la manifestation de Dieu sur la terre ; les anciens mettaient au premier rang des vertus la mort qui soustrait au pouvoir des oppresseurs, les chrétiens estiment davantage le dévouement qui nous soumet aux volontés de la Providence.

2837. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Il ne sait pas qu’elle était une des premières à qui ils avaient fait part en novembre 1785 du mariage de leur fille avec l’ambassadeur de Suède : « Je n’ai jamais rencontré Mme de Staël que deux fois dans ma vie, lui fait-il dire, et c’était premièrement à l’hôtel de Bouliers, où j’arrive un soir au milieu d’une belle conversation de Mlle Necker avec M.  […] II. — Première vie de Mme de Créqui. — Devoir ; régularité ; religion. — Expérience et désabusement.

2838. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté Tomes iii et iv 45· Lundi, 30 mars 1857· J’ai précédemment parlé dans Le Moniteur 46 des deux premiers volumes de cet ouvrage : la lecture des deux derniers qui viennent de paraître, et qui complètent la publication du journal de Le Dieu, suggère quelques réflexions qu’il est impossible à la critique de dissimuler. […] qui allons faire une visite à Fénelon : J’étais donc dans la grande salle du billard, près de la cheminée : dès que je l’y vis entrer, j’approchai en grand respect ; il me parut au premier abord froid et mortifié, mais doux et civil, m’invitant à entrer avec bonté et sans empressement. « Je profite, lui dis-je, monseigneur, de la permission qu’il a plu à Votre Grandeur de me donner de venir ici lui rendre mes respects, quand j’en aurais la liberté. » C’est ce que je dis d’un ton modeste, mais intelligible ; j’ajoutai plus bas, et comme à l’oreille, que je lui apportais des nouvelles et des lettres de Mme de La Maisonfort. « Vous me faites plaisir, dit-il ; venez, entrez. » Alors parut M. l’abbé de Beaumont, qui me salua avec embrassades, d’une manière fort aisée et fort cordiale.

2839. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Il parle en un endroit et « de la décadence de ce corps qu’il a tant aimé », de la prétention qu’il avait eue « d’être placé au premier rang par les qualités agréables et solides, par la beauté du corps comme de l’esprit ». […] Par son premier ouvrage public, couronné par l’Institut (Influence de l’habitude sur la faculté de penser, 1802), Maine de Biran s’était rallié à l’école, alors régnante, des idéologues de la fin du xviiie  siècle ; mais il ne s’y rattacha jamais que transitoirement, et bientôt, ne consultant que son sens intime, il passa outre.

2840. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Chapelain donc, écrivant au docte Nicolas Heinsius, « secrétaire latin de messieurs des États à la Haye », portait ce jugement péremptoire qui embrassait et sapait l’entreprise du fécond traducteur dans les douze premières années, qui sont encore les moins mauvaises de toutes (2 janvier 1659) : Cette traduction française de Stace par l’abbé de Marolles est un de ces maux dont notre langue est affligée. […] Ils avaient d’abord été en bons termes ; mais Marolles, lui ayant demandé des avis sur sa traduction de Virgile, s’était choqué de ceux qu’il avait reçus, et, comme il ne pouvait se retenir sur tout ce qu’il avait dans l’esprit et que sa tête fuyait en quelque sorte, il s’était mis à harceler Chapelain de sa plume à la rencontre, à lui chercher noise sur une ancienne traduction de Guzman d’Alfarache que celui-ci avait faite dans sa jeunesse, et depuis il était entré (chose plus grave) dans la conspiration de La Ménardière et de Linières contre La Pucelle, jusqu’à être « le promoteur du libelle du premier et son correcteur d’imprimerie ».

2841. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Simond, l’auteur du Voyage en Italie, nous a présenté également Fabre sous cet aspect, — un connaisseur dans les arts qui dit des choses singulières, surprenantes au premier abord, et qui se trouvent vraies. […] M. de Chateaubriand, à son premier voyage d’Italie, vit la comtesse et lui fut présenté en 1803, dans le temps même de la mort d’Alfieri ; il a, depuis, dans une page désobligeante de ses Mémoires, affecté trop ouvertement de la sacrifier à Mme Récamier.

2842. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre I. La littérature sous Henri IV »

Il s’attacha à Henri III, qui le nomma son lecteur et conseiller au Parlement (de Grenoble ; après la mort de Henri III, il se rallia à Henri IV, qui le fit premier aumônier de la reine en 1600, et évêque de Séez en 1607. […] Dupleix (qui meurt en 1661), donne sa première édition en 1621 ; la science qu’il mêle à sa rhétorique vient d’André Duchesne. — A consulter : A.

2843. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Les cent premières pages du Forestier sont vraiment savoureuses : l’enfance de Jean Renaud, pauvre abandonné qui n’a d’autre mère ni d’autre institutrice que la forêt ; sa communion avec les arbres et les plantes ; la poursuite du sanglier ; le désir qui le secoue, qui l’étrangle, d’avoir un fusil… C’est bien à l’enfance d’un jeune faune que nous assistons, et la pénétration de la petite créature par le milieu où elle se développe est aussi intime et profonde qu’il se peut. […] Il a su, dès sa première apparition, la fixer dans une attitude qu’on ne peut plus oublier : Une femme tenait la barre du gouvernail.

2844. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Il me suffit d’affirmer qu’à première vue il ne paraît pas déraisonnable de chercher la solution du problème ailleurs que dans la tendance et l’aptitude qu’ont les hommes à imiter leurs semblables. […] Un esprit dévie de sa direction première, comme une aiguille aimantée, par le voisinage d’un courant magnétique puissant.

2845. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

Si quelque devin de ce genre d’augures avait existé dans les premiers âges, que de visions et que de prodiges il aurait vu tournoyer dans les spirales fumantes du premier flambeau ! […] Le bâton générateur qui en tirait l’étincelle était nommé Pramantha, ce qui ajoutait au premier vocable le sens « d’arracher », de « ravir ».

2846. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Quelle avait été son éducation première ? […] Elle avait fait graver sur ses jetons cette maxime : « L’économie est la source de l’indépendance et de la liberté. » Et cette autre : « Il ne faut pas laisser croître l’herbe sur le chemin de l’amitié. » Son esprit était de ces esprits fins dont Pascal a parlé, qui sont accoutumés à juger au premier abord et tout d’une vue, et qui ne reviennent guère à ce qu’ils ont une fois manqué.

2847. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Avec Machiavel, on est toujours plus voisin de la corruption naturelle, de la cupidité première ; Machiavel se méfie, et Montesquieu ne se méfie pas. […] Le premier livre qui traite des lois en général, en les prenant dans l’acception la plus étendue, et par rapport à tous les êtres de l’univers, est bien vague ; et, si l’on osait dire, on sent dans ce premier livre un homme embarrassé, de même qu’on sent un homme fatigué et un peu haletant dans les derniers.

2848. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Grimm, à peine établi en France, commença par donner dans le Mercure quelques lettres sur la littérature de son pays : il y nommait vers la fin et y saluait déjà le jeune Klopstock pour ses premiers chants de La Messiade ; il y prédisait à son pays l’éclosion d’un printemps nouveau : « C’est ainsi, disait-il, que, depuis environ trente ans, l’Allemagne est devenue une volière de petits piseaux qui n’attendent que la saison pour chanter. […] Grimm, dans une page écrite en 1762, et où il fait de Rousseau un portrait aussi neuf que vrai, le montre dans sa première forme, tel qu’il l’avait connu avant la célébrité, et puis au moment de sa transformation subite qu’opéra le succès de son discours à l’Académie de Dijon : Jusque-là, dit-il, il avait été complimenteur, galant et recherché, d’un commerce même mielleux et fatigant à force de tournures : tout à coup il prit le manteau de cynique, et, n’ayant point de naturel dans le caractère, il se livra à l’autre excès ; mais, en lançant ses sarcasmes, il savait toujours faire des exceptions en faveur de ceux avec lesquels il vivait, et il garda, avec son ton brusque et cynique, beaucoup de ce raffinement et de cet art de faire des compliments recherchés, surtout dans son commerce avec les femmes.

2849. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Dans tout art, comme dans la peinture, il y a des effets de raccourci, d’ombre et de lumière, des questions de premier et de second plan. […] Les grands types créés par les auteurs dramatiques et les romanciers de premier ordre, et qu’on pourrait appeler les grandes individualités de la cité de l’art, sont à la fois profondément réels et cependant symboliques.

2850. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Enfin il l’a magistralement repris dans Terres vierges, sans un oubli de détail, avec une pénétration psychologique, une maturité d’art, qui mettent ce livre du petit nombre des romans supérieurs du siècle ; l’atrophie éclate avec tous ses symptômes définis ; elle mine peu à peu les conditions premières de la vie et finit par détruire fatalement l’organisme, qu’elle ravage. […] Dans cette invasion d’idées adventices, il a perdu la condition première de toute vie sociale, l’aptitude à se tenir dans les rangs de ses compatriotes, l’instinct par lequel chaque individu se concerte avec d’autres pour un avantage dont une part lui reviendra.

2851. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Au fond, ce n’est pas là grand chose pour moi, qui méprise les opinions collectives et toutes les espèces de rassemblements, — ceux des Instituts comme ceux de la rue, — mais, je suis forcé de le dire : le mérite du livre existe, quoique reconnu et même couronné… En publiant les Lettres et Dépêches de l’ambassade d’Espagne 54, Drumont est un des premiers à bénéficier de la levée de ces scellés incompréhensibles mis, pendant si longtemps, sur les papiers du duc de Saint-Simon par d’imbécilles gouvernements. […] Ce sont ces coutumes, supérieures à toute loi écrite, à tous ces papiers qu’on appelle « des constitutions », que l’épée du premier venu déchire quand ce n’est pas la main populaire, moins belle qu’une épée, ou la gueule, la basse gueule des tribuns !

2852. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Pour cela besoin serait d’une tête de premier ordre ; car où la vérité n’est pas les ressources de l’esprit doivent être immenses ; et il n’y a point de ces têtes-là dans le parti ultramontain, parmi ces hommes passionnés qui sont comme la mauvaise monnaie de l’esprit et des opinions de Joseph de Maistre. […] Eh bien, examinons le livre même qui vaut à Hurter la gloire dangereuse devant laquelle on voudrait faire une hécatombe des premiers historiens français !

2853. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Il est de la race du grand poète, impie au stoïcisme, qui disait : « Je les attends, les plus enragés stoïques, à leur première chute de cheval. » Ce n’est qu’un épicurien, sentant trop la douleur pour la nier, — mais un épicurien de la Pensée, un voluptueux de l’Idéal et de la Forme, ayant la sensibilité nerveuse de la femme et l’imagination des poètes qui s’ajoute à cette sensibilité terrible… Et, dans les livres où il parle de ses souffrances avec une expression tout à la fois délicieuse et cruelle, il ne songe pas une minute à se poser comme un résistant de force morale et de volonté héroïque… En ces livres, parfumés de douleur, il n’est que ce qu’il a été toute sa vie, dans ses livres de bonheur et de jeunesse, — c’est-à-dire bien moins une créature morale qu’une charmante créature intellectuelle, intellectuelle jusqu’au dernier soupir. […] Cette première partie du chapitre date de mars 1855.

2854. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Et tel paraît être, à première vue, le cas des faits qui intéressent la « recherche psychique », ou tout au moins de beaucoup d’entre eux. […] Je reconnais d’ailleurs que cette mimique est de première importance.

2855. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XIX » pp. 76-83

Il a beaucoup vécu ; dans sa première jeunesse, il a été aide-chirurgien de marine.

2856. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — II »

Cette fois, il n’y a pas moyen d’y échapper ; qu’on nous fasse seulement la grâce de penser qu’il n’y a rien de notre faute dans l’opposition, jusqu’au bout uniforme, que le second portrait va offrir à côté du premier.

2857. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

Mérimée s’est montré, vis-à-vis de l’univers et de la cause première, quelle qu’elle soit, poli, retenu et dédaigneux, comme il était avec les hommes dans un salon.

2858. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Contre une légende »

L’Avenir de la Science est sans doute un des premiers livres où une entreprise qui passait, il y a cent ans, pour irréligieuse, ait été tentée chez nous religieusement et ait ainsi repris son vrai caractère.

2859. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mallarmé, Stéphane (1842-1898) »

Mallarmé a cessé d’être clair, après l’avoir été dans les magnifiques poèmes de sa première manière, c’est qu’il a voulu employer la poésie à des fins plus hautes.

2860. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

Si, personnellement, nous nous plaisons à fortifier comme première vertu d’artiste, cette sévérité jamais satisfaite, préservatrice des inutiles accouchements et des relevailles mélancoliques, ne veuillons pas généraliser cette exigence particulière jusque en faire la loi intransgressible de la mise au monde artistique.

2861. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

Le Tout-Paris, délivré du cauchemar de Ravachol et de sa bande exterminée, sourd aux premiers grondements de l’affaire Dreyfus, le Tout-Paris s’amuse.

2862. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XII. Ambassade de Jean prisonnier vers Jésus  Mort de Jean  Rapports de son école avec celle de Jésus. »

Sa fille Salomé, née de son premier mariage, et comme elle ambitieuse et dissolue, entra dans ses desseins.

2863. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 39-51

Cet esprit, malgré l’appareil de réflexion & de dignité qu’il s’efforce de se donner, n’a jamais pu se débarrasser d’un je ne sais quel air de petitesse qui en décrédite les créations ; ces connoissances, pour être annoncées d’une maniere affectée & présomptueuse, tombent inévitablement dans les disgraces attachées â l’ignorance & au pédantisme ; ce talent, pour n’avoir pas été sagement cultivé, pour afficher trop de confiance, décele continuellement sa foiblesse, & révolte plus qu’il n’attache ; en deux mots, on peut, d’après l’expression de son premier Maître, M. de Voltaire, comparer l’esprit de M. de la Harpe, à un four qui ne cuit point.

2864. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

Au temps de mes premiers écrits, M. 

2865. (1888) La critique scientifique « Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie »

Il se base cependant sur une lecture prolongée, sur un amas de notes, et sur un article paru en décembre 1884, dans la Revue indépendante (première série).

2866. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — La vision d’où est sorti ce livre (1857) »

La Légende des siècles, tome premier, in Œuvres complètes de Victor Hugo.

2867. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Jean de Meun, et les femmes de la cour de Philippe-le-Bel. » pp. 95-104

La mort avoit empêché Guillaume de Lorris d’achever ce poëme, le seul ouvrage qu’on lût & qu’on goûtât avant François premier.

2868. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

Ils se rendent des premiers à la maison du président, & mettent la conversation sur Montmaur.

2869. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Sans cette protectrice déclarée des lettres & des arts, le nom immortel de Milton n’eût pas été plus utile à sa fille, que ne l’est à leurs descendans celui de quelques-uns de nos premiers écrivains.

2870. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

Dès 1636, M. de la Chambre, l’un des premiers académiciens François, s’étoit déclaré l’apologiste de notre langue.

2871. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

La force intérieure, secrète, première, leur échappe, et ils n’atteignent que des symboles grossiers et imparfaits.

2872. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Cette première renaissance latine se voulait essentiellement méridionale, ne l’oublions point.

2873. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

On attribue ici à ce prince une maxime odieuse, citée dans l’avertissement du premier volume des œuvres de Sénèque traduites par La Grange, Paris, 1778 (page 24), et dont une Société, autrefois célèbre, est généralement accusée d’être l’auteur.

2874. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Lépicié » pp. 275-278

Parcourez toutes les fonctions de la vie, toutes les sciences, tous les arts, la danse, la musique, la lutte, la course, et vous reconnaîtrez dans les organes une aptitude propre à ces fonctions ; et de même qu’il y a une organisation de bras, de cuisses, de jambes, de corps propre à l’état de porte-faix, soyez sûr qu’il y a une organisation de tête propre à l’état de peintre, de poëte et d’orateur, organisation qui nous est inconnue, mais qui n’en est pas moins réelle, et sans laquelle on ne s’élève jamais au premier rang ; c’est un boiteux qui veut être coureur.

2875. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XI »

Gautier et du Camp l’obligèrent à renoncer a sa première Tentation de saint Antoine, et on le força de changer son style pour écrire Madame Bovary.

2876. (1907) L’évolution créatrice « Introduction »

Il est vrai qu’elle se heurte en route à de si formidables difficultés, elle voit sa logique aboutir ici à de si étranges contradictions, que bien vite elle renonce à son ambition première.

2877. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre III. Des éloges chez tous les premiers peuples. »

La raison en est simple : dans ces premiers temps, l’homme, plus indépendant et plus fier, était plus près de l’égalité ; la faiblesse et le besoin ne s’étaient point encore vendus à l’orgueil, et le maître, en enchaînant l’esclave, ne lui avait point encore dit : « Loue-moi, car je suis grand, et je daignerai te protéger, si tu me flattes. » On sent qu’alors pour être loué, il fallait des droits réels, et ces droits ne purent être que des services rendus aux hommes.

2878. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Nous voyons de même chez les Romains qu’au premier jugement où, selon Cicéron, il s’agit de la vie d’un citoyen, le roi Tullus Hostilius nomma des commissaires ou duumvirs pour juger Horace.

2879. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

En lui voyant le visage d’un ange, il s’imagine qu’elle en a l’âme aussi : Là-haut, dans sa vertu, dans sa beauté première, Veille, sans tache encore, un ange de lumière ; Un être chaste et doux, à qui sur les chemins, Les passants à genoux devraient tendre les mains… Marion ne comprend pas très bien ce langage, différent de celui qu’elle a entendu jusqu’à ce jour. […] Elle était, en réalité, subordonnée à ses grandes stratégies littéraires, et parfois elle dut en souffrir, comme toute chose de premier ordre qu’on réduit à l’état de chose secondaire et qu’on sacrifie à un but préféré. […] Il a su transmuter la substance de tout en substance poétique, ce qui est la condition expresse et première de l’art, l’unique moyen d’échapper au didactisme rimé, cette négation absolue de toute poésie ; il a forgé, soixante années durant, des vers d’or sur une enclume d’airain ; sa vie entière a été un chant multiple et sonore où toutes les passions, toutes les tendresses, toutes les sensations, toutes les colères généreuses qui ont agité, ému, traversé l’âme humaine dans le cours de ce siècle, ont trouvé une expression souveraine.

2880. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Il est heureux de se trouver plus de « mérite » que celui qui arrive sans peine au premier rang. […] Les vérités premières portent avec elles leur raison d’être. Or la justice, la distinction du bien et du mal dans les relations des hommes entre eux est la vérité première de la morale5. » Voilà la doctrine rigoureusement présentée.

2881. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Je me plaignis aussitôt de cette indignité ; & sur mes plaintes, le Rédacteur de l'Almanach ou Etrennes du Parnasse, imprima dans son premier Recueil, page 124, la Note suivante, que l'Auteur de la Lettre auroit pu connoître aussi bien que les deux Contes. […] Madame, A près avoir eu l’honneur d’être choisi pour tracer le Tableau historique des actions de Votre Majesté Impériale, mon premier empressement doit être de le lui présenter. […] Mon premier soin, depuis mon retour, a été de découvrir votre demeure, pour vous faire connoître mes sentimens.

2882. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Quelqu’un parle d’une lettre écrite par lui à Paganini, le lendemain de sa première audition, lettre dans laquelle le maestro est tout entier. Il lui disait qu’il n’avait pleuré que trois fois dans sa vie : une première fois, lorsqu’il avait eu son premier opéra sifflé ; une seconde fois, lorsque, dans une partie avec ses amis, il avait laissé tomber dans le lac de Garde une dinde truffée ; enfin la troisième fois, en l’entendant la veille. […] Dimanche 12 novembre Au fond, je n’ai pas grande sympathie pour ces femmes du dix-huitième siècle, ces femmes sans premier mouvement, sans foi, sans croyance à un sentiment bon et désintéressé, toute saturées, à l’exception de deux ou trois, de positivisme et de scepticisme.

2883. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

Ou bien encore il faudra penser à une grande route forestière, avec des croix ou carrefours qui la jalonnent de loin en loin : à chaque carrefour on tournera autour de la croix, on poussera une reconnaissance dans les voies qui s’ouvrent, après quoi l’on reviendra, à la direction première. […] Nous aurons une nouvelle série d’images risibles, qui s’obtiendront, pour ainsi dire, en estompant les contours des premières, et qui conduiront à cette nouvelle loi : Nous rions toutes les fois qu’une personne nous donne l’impression d’une chose. […] Perrichon est très ému au moment de faire son premier voyage.

2884. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Pendant dix-huit ans il reconnut que la liberté d’enseignement était dans la Charte et s’engagea à la faire passer dans la loi au premier jour. […] Les hautes classes d’une nation sont, comme les pays frontières, non pas plus patriotes, mais patriotes avec plus d’inquiétude, comme premières proies de l’invasion. […] Bref, la loi fut votée en seconde lecture telle qu’elle l’avait été en première. […] Propos de Don Juan au premier acte de la pièce de Molière, propos du Joueur dans Regnard, propos de Thausettes dans la Denise de Dumas fils : « Oh ! […] Il fallait, pour l’exercer, une puissance militaire et navale de premier ordre.

2885. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Ainsi premier, dernier, & les autres noms de nombre ordinal, ne sont que des adjectifs métaphysiques. […] On dit aussi, dans les citations, livre premier, chapitre second ; hors de là, on dit le premier livre, le second livre. […] Et Virgile au premier Liv. de l’Enéide, v. 754. […] C. au premier chapitre de S. […] Si l’adjectif est un nom de nombre ordinal, tel que premier, second, &c.

2886. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre II. Le théâtre. » pp. 2-96

Leur première idée est d’en venir aux injures, aux coups, de se satisfaire. […] Kyd, un des premiers, meurt dans la misère. […] C’est dans ces bas-fonds, sur ces fumiers, parmi ces dévergondages et ces violences, que poussa le génie dramatique, entre autres celui du premier, d’un des plus puissants, du vrai fondateur, Christopher Marlowe. […] Au premier regard, on croit qu’on n’avance point, on ne sent point à chaque phrase qu’on a fait un pas. […] Ton premier sera d’égorger quelque enfant à la mamelle.

2887. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — II » pp. 112-130

Il a dit d’une manière piquante, et qui se rapporte bien à sa première timidité et gaucherie naturelle : Je ne veux pas être loué, mais approuvé seulement ; voilà l’aliment de mes succès, et si je vivais tout de suite avec des gens dont je sentisse l’approbation continuelle et pas autre chose ni moins, je ne sais pas jusqu’où j’irais. […] Son premier étonnement passé, il redevint aisément, le lendemain de sa sortie du ministère, ce qu’il était la veille, un homme studieux, un grand lecteur, l’étant avec délices, faisant de son cabinet son royaume et son monde, et plein de pensées et d’observations sur les livres et sur les choses· En lisant ce qu’il a ainsi écrit pour lui seul et dont on a le recueil depuis 1742 jusqu’en 1756, au milieu des mille variétés de chaque jour, je suis frappé d’une remarque fréquente et suivie, d’une plainte qui revient sans cesse sous sa plume jusqu’en 1750 : elle tient de près à ce que nous l’avons déjà vu dire à propos de son frère sur le genre frivole et léger, sur l’esprit de moquerie et de malice qui détruit tout, et sur l’absence de cœur et d’amour du bien.

2888. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Parlant au roi des conseils de guerre et de ces délibérations où le général en chef met aux voix une entreprise : Depuis que Votre Majesté me l’a défendu, écrivait Villars quelques mois après, je consulte médiocrement, et seulement par honnêteté ; et plût à Dieu ne l’avoir pas fait à Bühl, ou que mes premiers ordres eussent été suivis le 23 avril, jour qui me donnera des regrets toute ma vie ! […] Cette union des premiers jours devait peu durer.

2889. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il y a vingt-cinq ans environ, il mourait dans le canton de Vaud un homme du premier mérite comme intelligence religieuse, philosophique et littéraire, et aussi comme talent et grâce de parole, dans la conversation surtout. […] Deschanel est « le conférencier par excellence », qu’il a créé ce genre ou, qui mieux est, cette profession, l’un des premiers, et avant qu’elle fût de mode.

2890. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

En mettant le pied sur la terre d’exil, Malouet ne sait pas se défendre des premières illusions du proscrit et de l’émigré : il croit que c’est pour peu de temps, et que l’excès du mal en amènera le remède. […] Malouet. » Un capitaine de vaisseau, qui était son aide de camp, arriva une heure avant lui et vint me prévenir que je trouverais le ministre fort irrité. — « Fort bien, lui dis-je, monsieur, il se calmera ; je suis fort aise qu’il vienne voir par lui-même ce que nous avons fait. — Effectivement, ma première entrevue à son auberge fut très froide : il ne me parla de rien, ni moi non plus, il était huit heures du soir : il me donna rendez-vous pour le lendemain matin à sept heures ; il y arriva à cinq, je le laissai tout visiter sans paraître avant l’heure convenue ; j’allai le trouver à sept heures juste : il avait fait sa tournée.

2891. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. » p. 232

Entre ses amitiés de femmes Mme Valmore en avait eu une toute première, tout angélique, Albertine (Gantier), qu’elle a célébrée dans ses vers et qui fut ravie dans la fleur de la jeunesse. […] Félix Ravaisson) : Mme Valmore en était au premier enthousiasme.

2892. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Quant au point de vue extérieur et européen, ce livre d’un diplomate instruit et qui avait tenu en main quelques-uns des premiers fils, commençait pour la première fois en France à tirer un coin du voile que les Mémoires d’un Homme d’État ont, bien plus tard, soulevé par l’autre côté. […] « Je n’ai pas de fortune à vous léguer ; celle que je tenais de mes pères m’a été enlevée par la Révolution, et j’ai été privé par le Gouvernement royal de presque toute celle que je devais à mes travaux et aux services rendus à ma patrie… « Je vous lègue ce manuscrit : il est tel que je l’ai dicté du premier jet, sans ponctuation, sans corrections ; le public a l’ouvrage tel que je l’ai corrigé ; mais j’ai voulu déposer dans vos mains ce manuscrit comme je l’ai dicté, et je désire que l’aîné de ma famille le conserve toujours religieusement.

2893. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre I. Roman de Renart et Fabliaux »

Il y a ainsi dans la conception première du Roman de Renart, dans celle de l’action et des personnages, une immoralité foncière, qui n’a fait que s’épanouir et s’aggraver à mesure que les branches s’ajoutaient aux branches. […] Dans l’autre est détaillée la peinture que La Fontaine a ramassée dans l’admirable Fable qu’il a donnée sous le même titre : le désespoir de la veuve qui ne veut pas survivre à un époux chéri, l’indignation au premier mot qu’on lui dit d’un second mariage, l’insensible adoucissement du deuil, la renaissance du sourire, de la coquetterie, l’impatience enfin du veuvage, sont nettement, spirituellement indiqués par le conteur ; son récit, un peu prolixe et languissant dans la seconde partie, est dans tout le début d’une vivacité singulièrement expressive.

2894. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Le fait est considérable, et ce premier apport de l’Espagne ne pouvait être passé sous silence : car Amadis ne fut pas seulement au temps de François Ier et de Henri II le code des belles manières et de l’honneur mondain, il ranima le roman idéaliste, et devint le point de départ d’une évolution qui nous conduit, par d’Urfé et Mlle de Scudéry, jusqu’à George Sand et à Feuillet. […] Les huit premiers seuls (1549-1548) ont été traduits par d’Herberay des Essarts, ils comprennent : Amadis de Gaule (I-IV) ; Esplandian (V) ; Perion et Lisuard de Grèce (VI) ; Amadis de Grèce (VII et VIII).

2895. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Les ouvrages de Raphael frappent peu au premier coup-d’oeil ; il imite si bien la nature, que l’on n’en est d’abord pas plus étonné que si l’on voyoit l’objet même, lequel ne causeroit point de surprise : mais une expression extraordinaire, un coloris plus fort, une attitude bisarre d’un peintre moins bon, nous saisit du premier coup-d’oeil, parce qu’on n’a pas coûtume de la voir ailleurs.

2896. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Bourget, l’on y sera quand même contraint, en constatant qu’il a très peu évolué depuis ses premières œuvres, lesquelles auraient tout l’air d’être des produits de sa maturité, n’était l’hésitation de facture que l’on y observe tout juste, qui les place à leur ordre. […] Et cela ne veut nullement dire qu’il n’ait été très loin du premier coup, puisque c’est à l’ampleur du saut qu’il doit d’avoir été remarqué, ni qu’observateur né, s’il en fut, et sachant tirer des choses tout ce qu’elles peuvent en apprendre à qui est spécialement conformé pour en condenser le sens, dans son esprit, en formules d’une généralisation savante, il n’ait révélé une intelligence extraordinairement précoce, et ouverte à un degré d’universalité, si tant est que, comme il arrive fatalement aux natures compliquées, cette intelligence est restée passive, en ce qu’elle a reçu et démêlé, sans que, par spécialisation de génie, elle ait réussi à créer par là-dessus.

2897. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Ainsi, au moral, nos illusions intérieures sur la liberté, sur la cause première, ont engendré la religion, la morale, le droit, toutes choses utiles, naturelles à l’homme, et même vraies si l’on veut, mais d’une vérité purement relative et toute subordonnée à la configuration, à l’illusion première.

2898. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

L’obligation où se trouve le poète de chercher l’expression, lui fait souvent rencontrer la plus énergique et la plus propre, qu’il n’eût peut-être pas trouvée s’il eût écrit en prose, parce que la paresse naturelle l’eût porté à se contenter du premier mot qui se serait offert à sa plume. […] Comme dans la musique l’agrément de la mélodie vient non seulement du rapport des sons, mais de celui que les phrases de chant doivent avoir entre elles, de même l’harmonie oratoire (plus analogue qu’on ne pense à l’harmonie musicale) consiste à ne pas mettre trop d’inégalité entre les membres d’une même phrase, et surtout à ne pas faire ses derniers membres trop courts par rapport aux premiers ; à éviter également les périodes trop longues, et les phrases trop étranglées et pour ainsi dire à demi closes ; le style qui fait perdre haleine, et celui qui oblige à chaque instant de la reprendre, et qui ressemble à une sorte de marqueterie ; à savoir enfin entremêler les périodes arrondies et soutenues, avec d’autres qui le soient moins, et qui servent comme de repos à l’oreille.

2899. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Nous aimons mieux examiner le fond même d’un livre qui pèche dans sa notion première. […] Probablement et d’après ce qui se pratiquait par une sorte d’échange entre la Barbarie et la Civilisation, tandis que Aétius faisait ses premières armes chez les Huns, Attila faisait les siennes chez les Romains, étudiant les vices de cette société comme le chasseur étudie les allures d’une proie : faiblesse de l’élément romain et force de l’élément barbare dans les armées, incapacité des empereurs, corruption des hommes d’État, absence de ressort moral sur les sujets, en un mot, tout ce qu’il sut si bien exploiter plus tard et qui servit de levier à son audace et à son génie. » La phraséologie moderne à part, il y a l’éclair du vrai dans ces paroles.

2900. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Pour son génie, il est incontestable, mais ses inventions n’ont rien confisqué de l’idée chrétienne, qui reste à la disposition du premier venu et qui, malgré l’effort du talent très-énergique et très-fier auquel nous applaudissons aujourd’hui, attend encore, attend toujours un poète de proportion avec sa grandeur ! […] Le nouveau poète de l’Enfer est une imagination plastique du premier ordre.

2901. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Massacres, emprisonnements, arrestations, perquisitions, procès, assommades de la police, tous ces épisodes des premiers temps du gouvernement de 1830 reparaissent à chaque instant ; qu’on en juge : La Liberté, jeune et belle, assoupie dans un dangereux sommeil, coiffée de son bonnet phrygien, ne pense guère au danger qui la menace. […] A première vue, le produit apparaît comme extraordinaire ; mais quand tout Monsieur Prudhomme a été dit, Henri Monnier n’avait plus rien à dire.

2902. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Il a pour premier résultat de nous rendre difficile la connaissance particulière de chacun d’eux. […] L’habitude, que seule notre civilisation nous permet, de vivre au milieu d’un nombre considérable d’individus qui changent, et défilent en quelque sorte devant nous pour se substituer les uns aux autres dans les mêmes places, n’est sans doute pas étrangère à l’assouplissement de nos conceptions juridiques : elle nous prépare à reconnaître des droits au premier « passant » venu, c’est-à-dire à tous les êtres, quels qu’ils soient, qui sont hommes.

2903. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « AUGUSTE BARBIER, Il Pianto, poëme, 2e édition » pp. 235-242

il a maudit l’homme du premier Empire : tout péché lui est à l’instant remis ; toute justice est rendue au poëte : il sera nommé, il est mûr.

2904. (1874) Premiers lundis. Tome I « Madame de Maintenon et la Princesse des Ursins — I »

On la voit, pendant les dix années qui suivent, au premier rang dans les affaires.

2905. (1874) Premiers lundis. Tome I « Walter Scott : Vie de Napoléon Bonaparte — II »

Lorsque le soleil parut sur l’horizon et frappa de ses premiers feux les pyramides, tous posèrent leurs armes, et firent une halte spontanée pour contempler le spectacle sublime dont ils étaient témoins.

2906. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre II. La langue française au xvie siècle »

Ce soudain grossissement et cette régularisation téméraire eurent pour premier effet de rendre la langue plus trouble.

2907. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Par la séduction de son esprit, par la sincérité de sa conviction, par sa facilité brillante de versificateur, et l’éclat de ses premiers poèmes, Voltaire réduisit les théories de La Motte à passer pour des paradoxes sans conséquence.

2908. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

N’a-t-il pas démontré, d’une façon éclatante, qu’aux tumultueux sentiments qui agitaient la jeunesse, vers 1835, nous devions chercher une origine parmi les glorieux exploits et les héroïques guerres du Premier Empire ?

2909. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

La culture de l’individu est devenue, chez nous, une nécessité de premier ordre.

2910. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre V : Rapports du physique et du moral. »

Sur ce point voir Herbert Spencer : Premiers Principes, §§ 71-72, et Principes de Psychologie, § 47.

2911. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre premier. Prostitués »

Chapitre premier.

2912. (1897) Manifeste naturiste (Le Figaro) pp. 4-5

Aux premières époques du monde, Hésiode fortifiait l’âme des laboureurs, et le chant qu’exhalait sa flûte les instruisit en contant leurs travaux.

2913. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Il les préviendra d’abord que ce mot, seconde édition, est ici assez impropre, et que le titre de première édition est réellement celui qui convient à cette réimpression, attendu que les quatre liasses inégales de papier grisâtre maculé de noir et de blanc, dans lesquelles le public indulgent a bien voulu voir jusqu’ici les quatre volumes de Han d’Islande, avaient été tellement déshonorées d’incongruités typographiques par un imprimeur barbare, que le déplorable auteur, en parcourant sa méconnaissable production, était incessamment livré au supplice d’un père auquel on rendrait son enfant mutilé et tatoué par la main d’un iroquois du lac Ontario.

2914. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VIII. La mécanique cérébrale »

Supposons cette cellule modifiée par une première sensation ; lorsqu’elle reviendra à l’état de repos, elle ne sera pas absolument dans le même état qu’elle était primitivement ; il restera quelque chose de l’impression première et une tendance à la reproduire de nouveau.

2915. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XV. Des ouvrages sur les différentes parties de la Philosophie. » pp. 333-345

Les sept premiers volumes de ce Dictionnaire furent livrés en effet entre les années 1751.

2916. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 7, nouvelles preuves que la declamation théatrale des anciens étoit composée, et qu’elle s’écrivoit en notes. Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens » pp. 112-126

Dans le livre premier des loix, Ciceron se fait dire par Atticus.

2917. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Μ. Jules Levallois » pp. 191-201

Or, un matin, en y allant, ce Jean Lapin de Jules Levallois rencontra sur sa route des fourmis, et tout à coup, ô l’amour au premier regard !

2918. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Hebel »

Fils d’un tisserand du Palatinat, son père, qui avait émigré, s’était marié dans cette douce contrée, le pays de la bonhomie vraie qu’on appelle l’Oberland badois, et c’est là, entre le Rhin et les hauteurs boisées de la Forêt Noire, que ce poète de la bonhomie — car tel est le caractère distinctif de la poésie de Hebel et son originalité supérieure — nourrit son génie de ces premières impressions qu’on devait toujours y retrouver, et qui entrent dans la pensée d’un homme profondément organisé comme le goût du thym dans le miel de l’abeille et la saveur des serpolets vierges dans la chair sauvage des chevreuils.

2919. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

Helléniste de premier ordre, il faisait des vers italiens comme il eût pu faire des vers grecs.

2920. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Proudhon et Couture »

La gloire éternelle du premier des Bonaparte, c’est d’avoir étouffé toute la métaphysique révolutionnaire dans sa main pratique et sensée.

2921. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Comte de Gramont »

Évidemment, l’auteur des Chants du Passé a compris qu’il devait se détourner de ses admirations et de ses réalisations premières, et tendre, enfin, à cet idéal d’expression.

2922. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Belmontet »

Quel que fût le poète, en effet, nous ne pouvions laisser passer, sans le signaler, un livre qui portait sur sa première page un titre à la hauteur duquel ce serait assez, pour la gloire d’un homme, de monter et de se maintenir !

2923. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Erckmann-Chatrian » pp. 95-105

Telles sont, au vrai, les facultés naturelles, premières, développées déjà, et qu’il doit développer davantage.

2924. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre premier. De la louange et de l’amour de la gloire. »

Chapitre premier.

2925. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

Ceux-ci sont au nombre de cent quatre-vingts, ce qui, joint aux premières, forme une suite complète de près de trois cent vingt éloges.

2926. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre IX. »

va dire à Lacédémone que nous sommes morts ici, en obéissant à ses lois. » Ailleurs c’est encore la même pensée, avec des formes plus poétiques, cette première résistance sur le seuil de la Grèce étant comme l’exemple toujours présent à la nation102 : « Ces hommes, en donnant à leur patrie une gloire ineffaçable, se sont plongés eux-mêmes dans la nuit du trépas ; mais dans la mort ils ne mouraient pas, puisque du séjour d’Adès leur vertu triomphante les ramène au grand jour. » Ou bien encore : « La terre glorieuse a couvert, ô Léonidas !

2927. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Un boutiquier s’est fait un ingénieux blindage avec un étagement de planches, garnies de sacs de terre, qui va jusqu’au premier étage de la maison. […] Au coin de la rue Soufflot, le balcon de l’appartement du premier, arraché de la pierre, pend dans le vide, menaçant. […] J’ai été un des premiers à apprécier le peintre, mais je ne connais pas le bonhomme. […] Le lieutenant, lui, était resté immobile à côté du premier mort, tranquille comme un homme qui méditerait dans un jardin. […] Et je m’aperçois tout à coup que, dans un moment de distraction, il a déchiré toutes les marges des premières pages.

2928. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Or il semble, au premier coup d’œil, que les objections abondent contre notre manière de juger la période poétique actuelle. […] Ses premières Méditations sont de tous ses ouvrages celui où les croyances chrétiennes se font le plus sentir. […] Et quand le fantôme a disparu, ils n’ont fait, ni l’un ni l’autre, comme ceux dont nous parlions tout à l’heure, ils ne se sont pas attachés à un autre fantôme, essayant de donner à celui-ci la ressemblance du premier.

2929. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Il remettait entre les mains de ce saint homme au cœur tout frémissant encore des passions vaincues de la veille ; et c’est peut-être sous l’impression des premières douceurs que la parole de M. de Sacy avait fait couler dans son âme, qu’il écrivait sur un parchemin, en manière de mémorial, ces mots si pathétiques : « Joie, joie, pleurs de joie ! […] Ni Bossuet, ni Fénelon, ni Leibniz, n’ont pensé à concilier la philosophie avec la foi ; mais tandis que, pour les deux premiers, la philosophie est un ordre de notions élevées qu’il ne faut pas ignorer, quoiqu’il n’y ait à en tirer aucune preuve auxiliaire de la foi ; pour le second, la foi n’est peut-être qu’une tradition respectable à laquelle on fait sagement de croire, mais qui n’ajoute rien à la force des preuves naturelles de la philosophie. […] C’est là que, revenant sur tous les griefs dont il s’est joué dans les dix premières lettres, il en ôte le ridicule pour en faire voir l’odieux à nu, et s’indigne en chrétien et en moraliste de ce qu’il avait raillé en homme d’esprit.

2930. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre II. Le rôle de la morale » pp. 28-80

Il ne faut pas croire, en effet, que l’autorité dispense d’obéir, ni même qu’elle diffère de l’obéissance autant qu’il le peut sembler au premier coup d’œil. […] Les circonstances qui nous font citoyen d’un pays, membre d’une famille, qui nous font naître catholique ou musulman, riche ou pauvre, vigoureux ou faible, enfin notre choix même sur un certain nombre de points, viendront ensuite compléter, préciser et développer ce premier système d’obligations. […] Et cela est nécessaire, comme il est naturel, pour d’autres raisons, que les philosophes soient, à cet égard, au premier rang des spécialistes.

2931. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XII : Distribution géographique (suite) »

En beaucoup d’autres cas, et même entre les divers districts d’un même continent, le droit de premier occupant a probablement joué un rôle important en mettant obstacle au mélange des espèces proche-alliées sous les mêmes conditions de vie. […] Harcourt. » L’auteur a modifié une première fois ce passage et sa rectification a été insérée dans la première édition allemande et dans notre première édition française, qui portait : « Madère ne possède non plus qu’un seul oiseau particulier, que plusieurs regardent comme une simple variété ; mais aussi, etc. », le reste comme précédemment. […] Notre première édition portait : « Pourtant l’on m’a assuré qu’une grenouille vit sur les montagnes de la Nouvelle-Zélande, et je suppose que cette exception, si elle est réelle, peut s’expliquer par l’action glaciaire.

2932. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Alors la forme est devenue tout pour elle, son premier et son dernier mot, son alpha et son oméga. […] En acceptant tout entier l’héritage du judaïsme, en prenant pour premier point de départ les livres hébreux et toutes leurs erreurs naturelles, elle creusait sa tombe en même temps qu’elle bâtissait son berceau. […] Un dernier mot : les poëtes antiques, tourmentés déjà par les regrets du passé ont placé l’âge d’or derrière nous aux premiers temps de la terre.

2933. (1870) La science et la conscience « Chapitre III : L’histoire »

Pourquoi Rome a-t-elle conquis le monde, pourquoi l’empire a-t-il succédé à la république, quelles sont les vraies causes, les causes premières de la grandeur et de la décadence romaines ? […] En historien curieux et érudit, Augustin Thierry a cherché et découvert les vraies origines des choses ; sous les faits politiques des premiers temps de l’histoire d’Angleterre ou de l’histoire de France, il a vu les nécessités ethnographiques qui dominent et expliquent ces faits ; il a vu les traces de la longue lutte des races entre les Normands et les Saxons, les traces de la conquête franque sous les dynasties mérovingienne et carlovingienne, et dans toute la période du régime féodal33. […] Toute œuvre esthétique, comme toute institution politique, est l’expression d’une idée, laquelle vient elle-même d’une idée plus générale, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on arrive à l’idée première, à l’élément simple, comme diraient les chimistes, qui constitue le fond de l’être historique.

2934. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Chapitre II : le théâtre Et d’ailleurs, quelle qu’ait pu être l’opinion particulière de Gœthe sur son théâtre, le théâtre a été mis en premier dans ses Œuvres par l’opinion générale de l’Europe, comme, parmi les pièces qui le composent, la plus admirée, la plus retentissante, a été Faust. […] Quant à Claire, malgré des grâces naïves ici et là et de jolies faiblesses de femme, c’est toujours la femme élémentaire, la femme à son premier degré, dont nous avons parlé déjà et que Gœthe campe partout. […] — et que rien n’est spontané et naturel dans Gœthe, cet acteur d’opéra, toujours devant une glace, et dont la pensée fixe fut, toute sa vie, d’ajouter à son éducation première et à ses effets de renommée. […] Gœthe, qui fut plus petit que le talent qu’il avait, quoique ce talent ne fût pas, comme on l’a vu, très grand, n’a ni beaucoup de critiques ni beaucoup de biographes, et si cela étonne au premier coup d’œil avec sa célébrité, cela se comprend au second.

2935. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Poésies d’André Chénier »

Becq de Fouquières, jeune officier, avait conçu cette idée d’homme de goût et d’érudit dans le temps où, « un André Chénier à la main, il trompait les longues oisivetés de la vie militaire » ; devenu libre, il s’est empressé de se mettre à l’œuvre, et, d’abord, de se pourvoir de tous les instruments indispensables à l’exécution, parmi lesquels il faut compter au premier rang une connaissance des plus fines de la langue grecque.

2936. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Un cas de pédanterie. (Se rapporte à l’article Vaugelas, page 394). »

Tel est l’usage ; et c’est ainsi qu’à propos de l’École normale dans sa première nouveauté, j’ai été conduit à parler de la « ferveur de la création. » Enfin (et c’est là le seul côté sérieux de la discussion présente) ce docteur, grammairien improvisé, prend pour des fautes de langue ce qui n’est, à vrai dire, que le caractère et la marque d’an style ; il impute à la grammaire ce qui tient à la manière d’un écrivain.

2937. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Nous trouvons cette sorte d’amour énergiquement exprimée dans une pièce de vers inédits adressée à un jeune homme qui se plaignait d’avoir passé l’âge d’aimer : Va, si tu veux aimer, tu n’as point passé l’âge ; Si le calme te pèse, espère encore l’orage ; Ton printemps fut trop doux, attends les mois d’été ; Vienne, vienne l’ardeur de la virilité, Et, sans plus t’exhaler en pleurs imaginaires, Sous des torrents de feu, au milieu des tonnerres, Le cœur par tous les points saignant, tu sentiras, Au seuil de la beauté, sous ses pieds, dans ses bras, Tout ce qu’avait d’heureux ton indolente peine Au prix de cet excès de la souffrance humaine ; Car l’amour vrai, tardif, qui mûrit en son temps, Vois-tu, n’est pas semblable à celui de vingt ans, Que jette la jeunesse en sa première sève, Au blondi duvet, vermeil et doré comme un rêve ; C’est un amour profond, amer, désespéré, C’est le dernier, l’unique ; on dit moins, j’en mourrai ; On en meurt ; — un amour armé de jalousie, Consumant tout, honneur et gloire et poésie ; Sans douceurs et sans miel, capable de poison, Et pour toute la vie égarant la raison.

2938. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Poésie — I. Hymnes sacrées par Édouard Turquety. »

Voici, par exemple, une petite pièce qui a un bouquet d’anthologie chrétienne, autant qu’en un genre tout contraire une petite épigramme de l’anthologie grecque peut sentir son Hymette et son Musée : Le pèlerin Regardant une étoile au ciel épanouie, Un jeune homme marchait ; son léger manteau bleu Diminuait toujours : ce manteau, c’est la vie, Le voyageur c’est l’âme, et l’étoile c’est Dieu, Mais les essais de vers blancs, qui terminent le volume, ne sont pas heureux ; mais on n’échappe jamais tout à fait, dans cette langue française adoptive, à des accents du premier terroir.

2939. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

Il faudrait accueillir la première lueur du repentir comme un engagement éternel, et lier par leurs premiers pas ceux qui, peut-être, les commençaient au hasard ; mais à peine un individu a-t-il assez de force sur lui-même pour suivre une telle conduite, sans se démentir.

2940. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Si ces deux amis, au contraire, n’ont point de premier objet, ils voudront obtenir, l’un de l’autre, cette préférence suprême.

2941. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Il faut une grande puissance de caractère pour se déterminer aux premiers essais, mais les succès qu’ils assurent deviennent une sorte d’habitude, qui amortit lentement les peines de l’âme.

2942. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XII. Lo Ipocrito et Le Tartuffe » pp. 209-224

Personne ne se souvient de Lo Ipocrito, et nous sommes des premiers, peut-être, à faire un parallèle que les deux œuvres appelaient si naturellement.

2943. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

Prévost n’arrive pas tout à fait premier en s’occupant de ces apprenties hystériques.

2944. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Jules Laforgue » pp. 36-47

Première partie : ce seront les sanglots de la pensée, du cerveau, de la conscience de la terre.

2945. (1890) L’avenir de la science « XI »

Si les nations modernes pouvaient trouver en elles-mêmes un levain intellectuel suffisant, une source vive et première d’inspirations originales, il faudrait bien se garder de troubler par le mélange de l’antique cette veine de production nouvelle.

2946. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

En tout cas, le raisonnement de l’auteur, incontestable au point de vue des causes premières, nous paraît manquer de solidité en ce qui concerne les causes secondes : or, l’objet propre de toute science qui se sépare de la métaphysique, c’est la recherche de ces causes immédiates et prochaines.

2947. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

En 1672, le nombre des enfants de madame de Montespan s’étant accru du comte de Vexin et de madame de Nantes, il se fit un second arrangement tout différent du premier pour leur habitation.

2948. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXV » pp. 402-412

Mais tout est si peu stable, qu’avant que vous ayez cette lettre, il y aura eu des nuages et des rayons de soleil. » Madame de Sévigné voyait de loin, voyait juste, et du premier coup d’œil.

2949. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

Clément s’efforce de prouver que le Poëme de la Peinture n’est qu’une amplification de quelques passages de celui de du Fresnoy * sur le même sujet, & d’élever ce dernier au dessus du premier, sous prétexte qu’il le trouve plus instructif & plus original.

2950. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Aussi la Thébaïde & Alexandre, qui furent ses premiers essais, ont-ils été suivis d’Andromaque, de Bajazet, qui, à leur tour, & par les mêmes moyens, furent surpassés par Mithridate, Phédre, Athalie.

2951. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

Dans son premier transport, il parla de les faire assommer.

2952. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et l’abbé Desfontaines. » pp. 59-72

Cette maligne disposition de notre prétendu Aristarque à l’égard du premier écrivain de la nation, ne parut pas à celui-ci devoir mériter de l’indulgence.

2953. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Je crois que la morale du premier Apologue aurait pu être : connaissez bien la nature du péril dans lequel vous allez vous engager.

2954. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Arrivé aux premières générations, et continuant à nommer les races, il dit : Cainan qui fuit Henos, qui fuit Seth, qui fuit Adam, qui fuit Dei.

2955. (1762) Réflexions sur l’ode

Celui qu’on place avec justice au premier rang, est supérieur dans l’harmonie et dans le choix des mots : des juges, peut-être sévères, désireraient qu’il pensât davantage ; la partie du sentiment est chez lui encore plus faible.

2956. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XVI. Mme de Saman »

Certes, n’était-ce pas là, sans cette première liaison, sinon du bas-bleuisme pur, du bas-bleuisme pourtant dans toute sa gloire ?

2957. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’insurrection normande en 1793 »

Eh bien, ce sont les souvenirs de cette lointaine et première époque de sa vie que Vaultier avait écrits avec un détachement de tout, avec une absence de prétention si rare, que cela est presque de l’originalité dans ce temps où les grenouilles de l’individualisme crèvent dans tous les livres pour se donner des airs de bœuf insupportable !

2958. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

Résultat étrange au premier coup d’œil, mais simple et fécond !

2959. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Et en effet, de génie spontané, d’impression première et même de nostalgie, de tête retournée vers les champs, M. 

2960. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XI. Des éloges funèbres sous les empereurs, et de quelques éloges de particuliers. »

Les Romains de ces temps-là applaudirent à l’éloge de Poppée, comme d’autres Romains, six cents ans auparavant, avaient applaudi à l’éloge du premier des Brutus.

2961. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIV. Panégyrique de Trajan, par Pline le jeune. »

Pline est assez connu ; on sait qu’il fut un des premiers orateurs de son siècle.

2962. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XVII. »

À peine était-il né, et, rampant sur terre, avait-il jeté un faible cri, que dans son sein Calliope le reçut, et dépouilla pour la première fois le long deuil d’Orphée : Enfant, dit-elle, consacré désormais aux Muses, et bientôt supérieur aux poëtes antiques, ce ne sont ni les fleuves, ni les bêtes féroces, ni les forêts gétiques, que tu remueras de ta lyre ; mais les Sept Collines, le Tibre du dieu Mars, les chevaliers et le sénat vêtu de la pourpre, tu les entraîneras par l’éloquence de ton chant. » Le poëte alors rappelait ces premiers essais de Lucain qui lui valurent la jalousie de Néron, et ce poëme inachevé qui lui mérita la mort.

2963. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Il emploie deux mois à fabriquer ses deux premières jarres ; il met cinq mois à construire son premier canot ; ensuite, « par une quantité prodigieuse de travail », il aplanit le terrain depuis son chantier jusqu’à la mer ; puis, ne pouvant amener son canot jusqu’à la mer, il tente d’amener la mer jusqu’à son canot, et commence à creuser un canal ; enfin, calculant qu’il lui faudrait dix ou douze ans pour achever l’œuvre, il construit à un autre endroit un autre canot, avec un autre canal long d’un demi-mille, profond de quatre pieds, large de six. […] Ce premier roman est une fleur, une de ces fleurs qui n’éclosent que dans une imagination vierge, à l’aurore de l’invention primesautière, dont le charme et la fraîcheur surpassent tout ce que la maturité de l’art et du génie peut cultiver ou arranger plus tard. […] Son premier héros, Joseph, est le frère de Paméla et résiste aux propositions de sa maîtresse, comme Paméla à celles de son maître. […] C’est avec eux qu’il compose ses premiers personnages.

2964. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Parmi les connaissances nombreuses que le physiologiste doit posséder, l’anatomie se place sans contredit au premier rang. […] Magendie est un des premiers qui aient obtenu du suc pancréatique. […] Chez l’homme, l’un de ces conduits vient s’ouvrir avec le canal cholédoque ; l’autre, beaucoup plus petit, s’ouvre plus ou moins loin au-dessus de l’ouverture du premier. […] C’est ainsi, comme nous le savons déjà, que l’analyse des premières portions du suc pancréatique qui coule d’une fistule temporaire sera souvent bien différente du suc qui coulera le lendemain. […] Première période. — Suc pancréatique frais ne donnant aucune réaction rouge par l’addition directe du chlore.

2965. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIe entretien. L’Arioste (2e partie) » pp. 81-160

« Elle ne consent pas à le laisser repartir tant qu’il n’est pas rétabli en parfaite santé, tant la tendre pitié qu’elle a éprouvée à son premier aspect, étendu sur la terre, puis, après le premier étonnement, tant sa beauté, sa grâce, ses manières, lui mordent le cœur d’une lime invisible : elle sent cette lime lui ronger peu à peu le cœur, qui se consume enfin tout entier d’une flamme amoureuse. […] Isabelle, tremblante, assiste au combat ; Zerbin a sa cuirasse fendue de la tête au cœur par l’épée de Mandricaud ; mais ce premier coup, dit le poète, ne pénètre qu’à peine au-dessous de la peau de Zerbin ; son sang tiède dessine en coulant une longue ligne de pourpre sur sa cuirasse éclatante. […] Ainsi finit par un démasquement général ce poème rempli de travestissements et d’imbroglios tantôt héroïques, tantôt comiques ; les derniers chants qui rendent à chacun et à chacune son nom, sa gloire, son amant, son amante, ressemblent à ce dernier jour du carnaval de Venise, et à ce premier jour de pénitence où tous les masques tombent à la fois de tous les visages, et où les costumes de fantaisie et les déguisements des saturnales font place à la vérité des figures et au bon sens.

2966. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVI. La littérature et l’éducation publique. Les académies, les cénacles. » pp. 407-442

Notre génération a vu le prix d’honneur de rhétorique, si longtemps réservé au discours latin, passer à la composition française, et la langue nationale, illustrée par tant de chefs-d’œuvre, monter enfin au premier rang. […] On rencontrerait toutefois sur la liste des lauréats plus d’un nom devenu illustre : Victor Hugo, Sainte-Beuve, Villemain et bien d’autres ont trouvé dans ces premiers succès, non pas une simple satisfaction de vanité, mais une invitation à mieux faire et à s’engager plus avant dans la carrière des lettres. […] Anatole France, Loti, Bourget, Lemaître, pour ne citer que les plus connus, y ont eu large part ; que beaucoup de travaux solides et utiles, mais peu susceptibles d’être goûtés par le commun des lecteurs, ont dû les moyens de s’achever à ces libéralités intelligentes ; qu’enfin, pour beaucoup d’écrivains novices, ces distinctions, accompagnées d’une petite somme d’argent ont été la vie, l’indépendance, le loisir de travailler assurés pour plusieurs mois, l’accès ouvert aux revues, aux journaux, aux théâtres, bref une aide précieuse aux jours difficiles des premiers pas vers la lumière.

2967. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Ce qui est poésie dans la nature physique ou morale, et ce qui n’est pas poésie, se fait reconnaître à des caractères que l’homme ne saurait définir avec précision, mais qu’il sent au premier regard et à la première impression, si la nature l’a fait poète ou simplement poétique. […] XX « La poésie mystique de l’Inde », nous écrit un de ces savants orientalistes qui a percé un des premiers pour l’Allemagne et pour la France les ténèbres de la langue sanscrite (le baron d’Eckstein), « la poésie mystique a pour texte habituel l’amour passionné et extatique de l’âme pour son créateur. […] C’est la jeunesse de la création, coulant avec une sève de vie qu’on voit et qu’on entend sourdre aux rayons des premiers soleils.

2968. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Il n’était pas de ces talents qui doivent réussir, dans leur première poussée, par des essais de création et d’art : il n’a rien fait en art (que je connaisse), hormis plus tard une toute petite nouvelle (la Laitière d’Auteuil), qu’il a donnée comme échantillon d’histoire simple, et qui est la faiblesse même157. […] Nisard une partie de son système français, et une partie très-justifiable, cette prédilection qu’il couronnera plus tard avec solennité dans la personne de Buffon, se marque nettement au premier pas.

2969. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Nous avons fort reculé, monsieur le Président, sur le Sénat du premier Empire, qui comptait parmi ses membres La Place, La Grange, Sieyès, Volney, Cabanis, Tracy… Ne serait-il donc plus permis d’être de la religion philosophique de ces hommes ? […] Je regrette d’autant plus sincèrement que cette formalité première n’ait pas été remplie qu’elle m’aurait dispensé de vous adresser directement en communication cette seconde lettre de notre collègue M. 

2970. (1892) Boileau « Chapitre IV. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » » pp. 89-120

Mais alors, imagination, génie, don du ciel, de quelque nom qu’on veuille appeler cette source première de poésie, d’où vient que Boileau n’en parle jamais ? […] Mais prenez-y garde, la raison de Boileau n’est pas cette chose revêche dont la froideur des vieillards éteint l’enthousiasme de la jeunesse, et que l’utilitarisme des bourgeois évoque pour condamner les poètes et les artistes : ce n’est pas la raison qui envoie Chatterton au suicide, et fait épouser cinq cent mille francs de dot aux jeunes premiers de Scribe.

2971. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Huit ans après, les Essais reparurent à Paris dans une « cinquième édition augmentée d’un troisième livre et de six cents additions aux deux premiers ». […] Le troisième livre, tout nouveau, montrait le progrès de l’âge de l’auteur : il est plus grave (n’entendez pas plus réservé), plus posé, que les deux premiers, les contes y tiennent moins de place, les idées s’y élancent moins en pointes, s’étalent davantage, semblent plus fermes, plus arrêtées.

2972. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Un des premiers, et de cela encore son parti lui sut mauvais gré, le duc de la Rochefoucauld350 comprit que la royauté avait partie gagnée contre la noblesse, et se résigna à recevoir la compensation quelle offrait au lieu de l’influence politique annulée, la sécurité oisive de la vie mondaine, brillamment rehaussée de l’exercice désintéressé des forces intellectuelles. […] Toute cette correspondance est d’un écrivain de premier ordre : Mme de Maintenon a une propriété, une netteté, une brièveté sans sécheresse, une justesse aisée, une grâce de bon sens naturel et limpide, qui faisait rendre les armes à Saint-Simon même.

2973. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Ferdinand Fabre 103 Voici un solitaire dans la littérature d’aujourd’hui, un homme qui n’est pas de Paris, qui vient d’un pays perdu, un montagnard robuste et sérieux, un sauvage à l’imagination puissante qui ne raconte pas les histoires de tout le monde, qui écrit avec labeur et conviction des livres drus, imparfaits et beaux, et d’une saveur si forte que peu de personnes les goûtent du premier coup. […] Voici ce qu’on chante à une « première messe » : Vous, anges de la loi de grâce, Venez tomber à ses genoux, Et devant ce prêtre qui passe, Anges du ciel, prosternez-vous.

2974. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

Il n’y avait en tête des premières éditions de cet ouvrage, publié d’abord sans nom d’auteur, que les quelques lignes qu’on va lire : « Il y a deux manières de se rendre compte de l’existence de ce livre. […] Si on l’avait proposée, cette souhaitable abolition, non à propos de quatre ministres tombés des Tuileries à Vincennes, mais à propos du premier voleur de grands chemins venu, à propos d’un de ces misérables que vous regardez à peine quand ils passent près de vous dans la rue, auxquels vous ne parlez pas, dont vous évitez instinctivement le coudoiement poudreux ; malheureux dont l’enfance déguenillée a couru pieds nus dans la boue des carrefours, grelottant l’hiver au rebord des quais, se chauffant au soupirail des cuisines de M. 

2975. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Avant d’entrer plus décidément en matière, je tiens à constater une impression première sentie par beaucoup de personnes, et qu’elles se rappelleront inévitablement, sitôt qu’elles seront entrées dans le sanctuaire attribué aux œuvres de M.  […] On croit découvrir par-ci par-là des échantillons de progrès ; mais si de certains tableaux plus récents témoignent que certaines importantes qualités ont été poussées à outrance, l’esprit impartial perçoit avec confusion que dès ses premières productions, dès sa jeunesse (Dante et Virgile aux enfers est de 1822), M. 

2976. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Mon premier texte n’appartient pas à ces dernières années comme les suivants, puisqu’il date du 31 août 1837, mais je le donne en complément de quelques vers d’un poète américain, — M.  […] Un autre exemple :‌ Je marche sur la route ; un homme qui vient vers moi m’arrête et me touchant le bras, me dit : « Vous ne passerez pas par ce chemin. » Naturellement, mon premier acte est de m’opposer à cette volonté extérieure et de dire : « Je prendrai le chemin qu’il me plaira de prendre. » Aucun de nous, à moins d’être timide de tempérament ou trop faible de nature, ne pourrait agir autrement.

2977. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Elle a pour fonction première d’évoquer toutes les perceptions passées analogues à une perception présente, de nous rappeler ce qui a précédé et ce qui a suivi, de nous suggérer ainsi la décision la plus utile. […] Il faudra donc, dans cette théorie, que le souvenir naisse de la répétition atténuée du phénomène cérébral qui occasionnait la perception première, et consiste simplement dans une perception affaiblie.

2978. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Appendice. [Rapport sur les primes à donner aux ouvrages dramatiques.] » pp. 497-502

Le second Théâtre-Français se présentait en première ligne à l’examen de la Commission ; il s’y présentait par un ouvrage déjà connu de tous et d’un but moral avoué.

2979. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

On ne se montre si coulant à l’égard des pertes incalculables de ce premier héritage, que parce que désormais on se croit soi-même et les siens à l’abri.

2980. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Relation inédite de la dernière maladie de Louis XV. »

Ce fut lui qui, grâce à cette intime charge de grand-maître de la garde-robe, pénétrant de nuit jusqu’à Louis XVI, le faisant réveiller pour lui apprendre la prise de la Bastille, et lui entendant dire comme première parole : C’est une révolte !

2981. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. IXe et Xe volumes »

Cependant le Directoire, composé de Burras, Rewbell, La Révellière, ses premiers membres, et de Treilhard et Merlin, qui avaient remplacé Carnot et Barthélemy, pouvait tenir quelque temps et opposer une résistance compacte aux empiétements des Conseils.

2982. (1874) Premiers lundis. Tome II « Thomas Jefferson. Mélanges politiques et philosophiques, extraits de ses Mémoires et de sa correspondance, avec une introduction par M. Conseil — II »

Condorcet, dans son bel éloge de Franklin, où perce toutefois une velléité de réticence, n’a pu s’empêcher de dire de ce dernier : « Il croyait à une morale fondée sur la nature de l’homme, indépendante de toutes les opinions spéculatives, antérieure à toutes les conventions ; il pensait que nos âmes reçoivent dans une autre vie la récompense de leurs vertus et de leurs fautes ; il croyait à l’existence d’un Dieu bienfaisant et juste, à qui il rendait dans le secret de sa conscience un hommage libre et pur. » Tel fut aussi Jefferson, tel Washington ; tels ont dû être, en effet, sur cette terre d’Amérique, en présence de cette vaste nature à demi défrichée, au sein d’une société récente, probe, industrieuse, où les sectes contraires se neutralisaient, tels ont dû être ces grands et stables personnages, nourris à l’aise, au large, sous un ciel aéré, loin du bagage des traditions, hors des encombrements de l’histoire, et dont pour quelques-uns, comme pour Washington, par exemple, l’éducation première s’était bornée à la lecture, l’écriture et l’arithmétique élémentaire, à laquelle plus tard il avait ajouté l’arpentage.

2983. (1874) Premiers lundis. Tome II « Loève-Veimars. Le Népenthès, contes, nouvelles et critiques »

Sachant bien plusieurs langues, rompu aux littératures étrangères dont, le premier, il a produit parmi nous de fantastiques chefs-d’œuvre, habile à se souvenir et à démasquer les larcins, s’inspirant lui-même de ses lectures et l’avouant, laborieux au logis, ingénieux et facile à tout dire, propre à tout, ne se faisant guère d’illusion, croyant peu, capable d’admirer le passé, quoique d’une érudition trop spirituelle pour être constamment révérente, et avec cela toujours maître de sa plume, l’arrêtant, la dirigeant à volonté, un peu recherché et joli par endroits, comme quand l’esprit domine, il a gardé quelque chose de très français à travers son premier bagage d’outre-Rhin et a aiguisé sa finesse au milieu des génies allemands qui avaient ou n’avaient pas de fil : qu’on se souvienne en effet qu’il a passé par Vandervelde avant de donner la main à M. 

2984. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. De l’influence de la philosophie du xviiie  siècle sur la législation et la sociabilité du xixe . »

La pensée première de Chateaubriand, au moment où il écrivait son Essai sur les Révolutions, est contenue dans les notes manuscrites du fameux exemplaire confidentiel, qui fit tant de bruit à la vente de la bibliothèque de M. 

2985. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

Ce n’était plus sa première manière, ce n’était pas encore sa formule définitive.

2986. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XV » pp. 175-187

Chapitre XV Observations générales sur les six premières périodes du xviie  siècle.

2987. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre III. Soubrettes et bonnes à tout faire »

Même en sa jeunesse première, dans la gloire de sa beauté blonde, quand il portait fièrement la tête d’un Christ qui rêve d’être Madeleine : cet être à deux faces jouisseuses aima surtout les besognes crépusculaires et équivoques.

2988. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre onzième. »

Madame la duchesse du Maine, occupée d’idées plus ambitieuses, lui disait : Vous apprendrez au premier moment que M. le duc d’Orléans est le maître du royaume, et vous de l’académie française.

2989. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XIV »

Deux novateurs de cet ordre, deux créateurs de cette puissance ont pu imposer leurs œuvres, comme points de départ et premiers modèles d’une évolution littéraire dont l’origine et les conséquences sont ineffaçables.

2990. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Troisième partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées politiques. » pp. 350-362

Le système de patronage et de clientèle, qui fut la base des premières institutions romaines, et qui fut un des éléments du régime féodal, à cette différence près que le régime féodal, au lieu d’avoir pour lien de simples relations civiles, et de produire des effets uniformes, reposait sur des bénéfices militaires, et sur une hiérarchie dans la vassalité, le système de patronage et de clientèle, disons-nous, est hors de toutes les convenances sociales actuelles.

2991. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Philippiques de la Grange-Chancel »

Jean Racine, le doux Jean Racine, avait été, de par le roi, chargé de corriger sa première tragédie, et il l’avait caressée.

2992. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Bruyère » pp. 111-122

I Les réimpressions d’anciens livres se sont multipliées, et nous avons des premiers applaudi à cette initiative de la librairie intelligente.

2993. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vitu » pp. 103-115

— Au premier coup d’œil, un joli titre, qui fait rêver, mais qui n’indique rien de précis.

2994. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Sand »

III Ce n’est guère que vers les trois quarts de ce premier volume d’une Correspondance qui ressemble presque à une trahison de la part de ceux qui la publient, tant elle ravale de toutes manières Madame Sand, comme talent et comme caractère, qu’elle se met à raconter son embarquement sur cette mer orageuse, où, par parenthèse, elle n’a jamais eu, elle, que du beau temps.

2995. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Dante »

Quelle que soit la grandeur du maître en poésie qu’il a devant lui, le jeune homme obscur a dit avec une virilité prématurée ce qui lui semblait le vrai sur le Dante tout entier, auteur et homme, et bien loin de le mesurer avec le mètre enflammé de ceux qui en font un génie complexe et presque universel, et un double grand homme aussi auguste par la force du caractère que par la force de la pensée, le critique à ses premières armes a dédaigné ces exagérations, ces italianismes de l’enthousiasme, et il n’a vu dans l’auteur de la Divine Comédie qu’un poète à la manière des plus grands, mais, notez-le bien !

2996. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

Son esprit était élevé, son idéal grandiose, l’horizon de ses idées très vaste ; mais sa qualité première entre toutes, c’était une puissance de souplesse encore plus étonnante que la force elle-même.

2997. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « I. Saint Thomas d’Aquin »

Saint Thomas d’Aquin, c’est la nature se faisant écho à elle-même, à travers les temps, recommençant un homme comme une création et remoulant un Aristote sur l’exemplaire qu’elle avait gardé du premier.

2998. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIII. P. Enfantin »

Enfantin ouvre son livre ; et ces huit premiers paragraphes, dont nous abrégeons le contenu, tout en en signalant l’idée, contiennent l’essence de sa brochure.

2999. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

, et qu’il intitule Les Affinités secrètes, et voyez si, dès ces magnifiques premières pages, il n’a pas épousé le Panthéisme mieux que le Doge n’épousait la mer, car le Doge n’y jetait que son anneau, tandis que le poète d’Émaux et Camées, en épousant le Panthéisme, s’y jette tout entier !

3000. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Gères. Le Roitelet, verselets. »

Lire peu les livres contemporains, qui ont déteint sur l’imagination publique et qui l’ont imprégnée, fermer ses livres, se faire un lazaret contre eux et leurs influences, enfin reconquérir cette originalité première, cette hermine bien tachée, mais qui n’en mourra pas, voilà quels doivent être la tactique et le but de M. 

3001. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Paul Bourget »

Eh bien, Théophile Gautier a été un des premiers à protester contre le génie de lord Byron !

3002. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Ranc » pp. 243-254

Ces qualités, qui feront peut-être un jour de Ranc un polémiste de premier ordre, et qui donnent à ses feuilletons de théâtre une simplicité et une sévérité d’expression (je ne dis pas d’opinion) à laquelle les feuilletons de théâtre ne nous ont pas accoutumés ; ces qualités sont-elles de celles qui annoncent et promettent le romancier ?

3003. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Deltuf » pp. 203-214

Assurément nous ne comparerons pas à l’auteur de Marianne, des fausses Confidences, des Jeux de l’Amour et du Hasard et de tant de chefs-d’œuvre où l’art est retors jusqu’à l’artifice, un auteur à l’aurore de ses premières pages, qui a du sentiment comme Chérubin dans sa romance, et qui, comme Chérubin, est très-joli garçon en femme, ainsi qu’il l’a prouvé dans sa Confession d’Antoinette, dont tout à l’heure nous allons vous parler.

3004. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « J.-J. Ampère ; A. Regnault ; Édouard Salvador »

À la rigueur, il ne devrait venir qu’à la seconde ; car c’est Marseille et non pas l’Orient qui est la pensée première et centrale de ce livre ; c’est Marseille, la clef du monde dans le présent, dans le passé et dans l’avenir.

3005. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre VIII. De Platon considéré comme panégyriste de Socrate. »

les dieux le savent, mais aucun homme ne le sait. » Tel est ce premier discours de Platon, où il a développé l’âme de Socrate ; il y règne une éloquence douce et noble, le courage de la vertu, le respect pour la divinité et pour soi-même.

3006. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

« C’est le prix de nos journées ; c’est l’art dont nous vivons ; c’est notre première œuvre, quand le soleil ranimé se lève. » Les strophes suivantes languissent et deviennent bizarres, dans quelques détails sur la lutte nocturne de Jacob contre un ange.

3007. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Avec Suzanne, plus encore qu’avec Les Morticoles et Le Voyage de Shakespeare, il s’est complètement débarrassé de ce qui, dans ses autres œuvres, parmi des beautés de premier ordre et des inventions personnelles, subsistait des lectures de sa première jeunesse. […] Vous le voyez, c’est à la portée de quiconque… et c’est le secret de Polichinelle, et c’est l’enfance de la psychologie ; et il faut bien que les choses soient telles, autrement, comment aurait-il pu arriver que tout le monde parlât du premier livre de M.  […] Il y avait, dans ce premier livre de M.  […] Du premier coup, ils révélaient un écrivain de la bonne race, en même temps qu’un tempérament ultra-moderne. […] Cette impression qui pesa lourdement sur ses premières années a toujours persisté en lui.

3008. (1892) Essais sur la littérature contemporaine

N’appuyons pas sur ces observations… Aussi bien n’ont-elles trait qu’aux premières pages du livre de M.  […] Ce sentiment, l’un des premiers qu’il exprime en prenant possession de son nouveau séjour, indique d’abord la note et donne en quelque sorte la tonalité du poème. […] Ils ne sont pas encore assez éloignés de leur première existence, assez détachés de leur ancien corps de mort, pour que le malheur d’autrui n’entre pas de quelque chose dans la composition de leur félicité. […] Sully Prudhomme, et son premier titre de poète, que d’avoir enfoncé plus avant que personne dans ce domaine de la vie intérieure. […] Spronck n’en restera pas sur ce premier début.

3009. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Première journée   La vue d’une vaste forêt de sapins, la vue des grands bois, rappelle celle de l’Océan. […] Vous me vîntes aussi à la mémoire, vous, mes amis de vingt ans, compagnons de mes premiers essais dans la vie. […] Le maréchal m’a dit dans la ville : « Décampe, Alexandritch, sors de notre district ; nous te donnerons un passeport de première qualité. » Mais vous autres, gens de Sviatoïé, j’ai eu pitié de vous ; vous ne trouveriez plus un aussi fin voleur. […] Quoiqu’écrivain supérieur à Balzac dans la perfection des détails et dans le portrait des personnages, hommes ou femmes, il n’atteignit pas du premier coup la grandeur de son cadre, il ne sut pas ramener comme nos romanciers la diversité des caractères à l’unité dramatique. […] Son premier souci est de se faire des partisans dans la famille Kalitine.

3010. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviiie entretien. Littérature germanique. Les Nibelungen »

Les Nibelungen Poëme épique primitif I Les archives des grands peuples ont toutes pour première page une épopée. […] II Les Nibelungen furent chantés et écrits, à ce que l’on croit, dans les trois ou quatre premiers siècles du christianisme. […] Gœthe, Schiller, Lessing, Schlegel, Weiland, en propagèrent la popularité ; les Nibelungen furent réinstallés à la première place et au premier rang, parmi les monuments germaniques ; ils y sont restés depuis. […] Ma femme Brunhilt vient de m’apprendre la nouvelle que tu t’es vanté d’avoir été son premier époux. […] Auprès de son premier époux elle n’avait pas acquis, j’imagine, le service de tant de guerriers.

3011. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

Je te reviens avec le printemps, avec le beau soleil… — Écoute, Kobus, les abeilles bourdonnent autour des premières fleurs, les premières feuilles murmurent, la première alouette gazouille dans le ciel bleu, la première caille court dans les sillons. — Et je reviens t’embrasser ! — Maintenant, Kobus, les misères de l’hiver sont oubliées. — Maintenant, je vais encore courir de village en village joyeusement, dans la poussière des chemins ou sous la pluie chaude des orages. — Mais je n’ai pas voulu passer sans te voir, Kobus ; je viens te chanter mon chant d’amour, mon premier salut au printemps. » Tout cela, le violon de Iôsef le disait, et bien d’autres choses encore, plus profondes ; de ces choses qui vous rappellent les vieux souvenirs de la jeunesse, et qui sont pour nous… pour nous seuls. […] Au petit jour, quand le coq lançait son cri dans la vallée encore toute grise, et qu’au loin, bien loin, les échos du Bichelberg lui répondaient dans le silence ; quand Mopsel se retournait dans sa niche, après avoir lancé deux ou trois aboiements ; quand la haute grive faisait entendre sa première note dans les bois sonores ; puis, quand tout se taisait de nouveau quelques secondes, et que les feuilles se mettaient à frissonner sans que l’on ait jamais su pourquoi, et comme pour saluer, elles aussi, le père de la lumière et de la vie, et qu’une sorte de pâleur s’étendait dans le ciel, alors Kobus s’éveillait ; il avait entendu ces choses avant d’ouvrir les yeux et regardait. […] Au premier mot, Kobus tombe évanoui du seul contre-coup de ce renversement de sa pensée.

3012. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Le premier soin de Napoléon, en débarquant à cette île d’Elbe dont on l’a fait souverain, son premier coup d’œil se porte sur la ville jadis fortifiée de Portoferraio, qu’il s’applique à remettre en état de défense ; il en fait réparer les remparts, y réunit l’artillerie dispersée dans l’île, y rassemble des dépôts de vivres, de munitions.

3013. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

Qu’on s’imagine une littérature qui serait de nature à satisfaire à première vue, bon Dieu !

3014. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre V. Des personnages dans les récits et dans les dialogues : invention et développement des caractères »

Il y a vingt portraits de Fénelon qui ne se ressemblent point, et l’on peut en faire vingt autres qui ne ressembleront point aux premiers.

3015. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Musset, Alfred de (1810-1857) »

Il toucha du premier coup sur son instrument des cordes de jeunesse, de sensibilité d’esprit, d’ironie de cœur, qui se moquaient hardiment de nous et du monde.

3016. (1890) L’avenir de la science « I »

L’acte le plus matériel de la vie, celui de la nourriture, ne reçut-il pas des premiers chrétiens une admirable signification mystique ?

3017. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Japonisme » pp. 261-283

Marquis, le chocolatier, collectionneur d’un goût supérieur dans l’exotique, et qui a été un des premiers à posséder les plus beaux et les plus curieux objets japonais.

3018. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Fontenelle, et le père Baltus. » pp. 2-16

Cette première dissertation philosophique d’un de nos plus beaux génies, est terminée par un chapitre sur les sorts.

3019. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre huitième. »

Ce premier Apologue est parfait ; non qu’il soit aussi brillant, aussi riche de poésie, aussi varié, que le sont quantité d’autres.

3020. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre XVII. Morale, Livres de Caractéres. » pp. 353-369

Il est sans contredit un de nos premiers auteurs pour la prose ; notre langue paroît avoir dans ses écrits un caractère particulier, qu’on ne lui connoissoit pas encore.

3021. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Baudouin » pp. 198-202

Je reviens sur mon premier jugement ; tout ceci bien peint, mais très-bien peint, n’est qu’un amas de contradictions, point de vérité, point de vrai goût.

3022. (1799) Jugements sur Rousseau [posth.]

Ce livre m’a paru, en général, plein d’éclairs et de fumée, de chaleur et de détails puérils, de lumière et de contradiction, de logique et d’écarts ; en mille endroits l’ouvrage d’un écrivain du premier ordre, et en quelques-uns celui d’un enfant.

3023. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

Depuis 1700 cependant, l’Académie a continué à vivre, mais Livet, n’ayant pas trouvé d’autres chroniques sur l’Académie qu’il pût réimprimer comme les deux premières, n’a pas osé continuer de son chef et de sa plume l’histoire commencée par ces illustres devanciers qui ont imposé à sa jeune modestie.

3024. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Lenient » pp. 287-299

Lenient ne connaît-il, malgré les textes qu’il a grignotés, que très imparfaitement le Moyen Âge, et il en convient, d’ailleurs, aux premiers mots de sa préface, avec une très curieuse bonne foi.

3025. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution d’Angleterre »

Et dans les sociétés les plus complexes, les plus étoffées, les plus surchargées de civilisation, tout se passe identiquement comme dans les sociétés les plus primitives, les plus simples : la famille, par exemple, cette première des sociétés… que dis-je ?

3026. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le docteur Revelière » pp. 381-394

C’est moins une histoire — comme le dit, du reste, son sous-titre, — qu’un Cours tout entier philosophique et critique de l’histoire moderne ; c’est une démonstration en sens contraire de tous les problèmes agités, à cette heure, par l’esprit révolutionnaire, et dont la solution dernière serait, sous le nom imposteur de progrès, de faire rétrograder la civilisation du monde… Après avoir, dans ses premières pages, comme donné le dictionnaire de la langue qu’il va parler en fixant l’origine et en déterminant la grandeur de la Monarchie française, en traitant de « la providence des dynasties inamovibles », de la propriété, du droit divin, dont il dit : « La primogéniture, le droit successif, la légitimité, le droit divin, ne sont qu’une même expression, une même vérité, une loi de raison », le métaphysicien politique aborde vaillamment l’Histoire.

3027. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Camille Desmoulins » pp. 31-44

Fruit vert, gracieusement noué, qui ne devait jamais mûrir, il resta, sans l’amour et sans l’enthousiasme des premières années, l’éternel gamin rageur, moqueur et pleureur, qui constitue cette espèce charmante d’animaux adorés à Paris.

3028. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

Ci-devant jeune homme qui met du rouge, marquis de Bois-Sec qui, à soixante-dix ans, s’enflamme pour Madame d’Albany, et, comme dit ce dandy superbe de Taillandier, dans sa langue élégante… et prud’hommes que, comptant au premier rang de ses adorateurs, Bonstetten, espèce de dilettante littéraire, qui a fait un Voyage au pays du Latium, compte bien plus par ses camaraderies que par ses ouvrages.

3029. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Le livre que nous annonçons a même pour sous-titre : Première partie ; — de la Morale chez les Chinois.

3030. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Francis Lacombe »

Dans cette vaste constitution, il sera juste de voir figurer un syndicat chargé de représenter chaque profession au sein de la société générale ; de surveiller officiellement l’éducation des apprentis dans le ressort de chaque groupe industriel ; de juger tous les différends des fabricants entre eux ou les différends des chefs d’ateliers avec les ouvriers, afin que le moindre oubli des lois de l’humanité de la part du premier envers le dernier soit frappé d’une réprobation générale et flétri par le stigmate du déshonneur ; de veiller à l’exécution de la loi constitutive librement consentie et à la distribution des secours accordés aux travailleurs pauvres et nécessiteux sur la caisse de la communauté, qu’alimenteront les versements pécuniaires et fixes de tous les associés ; de blâmer, de condamner à une amende quelconque, et même au besoin d’exclure de l’association, tel fabricant ou chef d’atelier qui, par une production mauvaise ou quelque autre délit commis, soit envers les ouvriers soit envers les acheteurs, compromettrait les intérêts moraux ou matériels de toute une industrie. » Certes !

3031. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Armand Hayem »

Excité par ce premier succès, Armand Hayem a voulu courir une autre bague.

3032. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

dont l’amant se fait gladiateur et se trouve en face d’un inceste quand il s’agit d’épouser la femme qu’il aime… Mais cette histoire, qui aurait pu être dramatique et touchante, surtout à l’heure où le christianisme, sortant comme une aurore des Catacombes, commençait de jeter, avec ses premiers rayons, dans les âmes, les troubles d’une vertu et d’une pudeur inconnus à cet effroyable monde romain qui finissait, cette histoire n’est pour Bouilhet qu’un prétexte : son vrai but, c’est de nous décrire le luxe inouï et les derniers excès d’une société dont les vices sont restés l’idéal du crime, et qui tombe, ivre-morte du sang dont elle a nourri ses murènes, sous la table de Lucullus.

3033. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Mistral. Mirèio »

Le poète de Mirèio est un André Chénier, mais c’est un André Chénier gigantesque qui ne tiendrait pas dans les quadri où lient le génie du premier.

3034. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Duranty » pp. 228-238

La réponse serait si cruelle que je ne veux pas la faire à un jeune homme qui montre certainement, à sa première invention, plus de talent que n’en eut jamais celui qu’il a par trop nommé son maître.

3035. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

Apparemment ce premier lyrique de Sparte, tout en fortifiant de l’accent laconien les sons qu’il apportait de la côte d’Asie, ne dominait pas assez pour imposer sa diction à la Grèce.

3036. (1929) Dialogues critiques

Entre eux, il y a certes des contrastes qui frappent à première vue, qui retiennent même toute l’attention des badauds ou des techniciens, mais qui s’atténuent en profondeur. […] Ils manquaient au premier devoir des vrais artistes, qui consiste à être désintéressé. […] » Notez que Jules Huret était un très bon journaliste, un grand reporter de premier ordre.

3037. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Cette diminution de l’activité a elle-même pour premier effet l’impuissance et la stérilité. […] C’est lui supposer véritablement le don de prescience que de lui demander de ressentir une impression poétique alors qu’il ne lui est rien dit de ce qui l’a fait naître ; car, en réalité, les impressions qui nous viennent des choses ont leur cause première en nous-mêmes, et, pour les faire partager à qui que ce soit, il faut commencer par lui découvrir l’état de conscience qui les a déterminées. […] La Sensitive, première partie.

3038. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Jamais le charme mutin, léger et doux de la petite fille et de la jeune fille n’a été plus délicatement figuré qu’en ces séduisantes créatures, la Natasha et la Sonia de La Guerre et la Paix La première surtout est admirable avec ses joueries, ses petites passions, sa grâce de danseuse minuscule et son gosier d’oiseau chanteur, son premier bal, sa pleine et saine et tendre participation à l’existence de famille, ses câlineries, ses étourdissantes conversations avec sa mère, son premier amour pour le prince André, la saute subite d’ennui, de malaise, de perverse et d’égarée passion qui la détourna de son fiancé, puis sa tristesse de plante froissée, sa reprise à la vie et ce sublime revoir de son aimé agonisant et muet dans l’ombre de la mort, aux pieds de qui elle se blottit et s’apaise ; et certes Anna Karénine ne lui est pas inférieure, l’honnête femme, belle, mûre pour de hautes amours, les yeux un peu fous, rencontrant Wronski dans un bal, se donnant, se reprenant, se compromettant, fuyant enfin avec son amant et prise dès lors de l’irrémissible malaise de la créature incertaine sur son seul bien, traînant avec cet homme pourtant délicat l’existence affreuse de la femme adultère et qui se perdant par son incertitude même, battant des bras autour d’elle dans le vide, succombe enfin dans un suicide fébrile. […] Au ton des premiers romans, à l’absence de ces passages frémissants de passion où l’auteur, emporté par l’attrait de ses visions, précipite et dompte son style, à l’insouciance des développements, à toute la conduite lente et lasse de l’œuvre, on sent l’abîme qui se creuse entre l’auteur et son domaine.

3039. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Paul Bourget nous paraît avoir obéi aux mêmes tendances dans son premier recueil de vers. […] Cet auteur presque parfait mais moyen, a rencontré de vives amitiés parmi les écrivains de l’époque impériale ; il n’a guère influé sur aucun d’eux, sauf, peut-être Prosper Mérimée, auquel il put apprendre dans une certaine mesure à modifier la forme de sa nouvelle, à passer du récit compassé de ses premières œuvres à une ordonnance plus libre. […] Ceux du premier de ces auteurs, sont, nous l’avons vu, débordants et fiévreux de pitié, de terreur, de mysticisme.

3040. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Quoique philosophiquement elle ne fasse encore là que se juxtaposer, la Musique (je somme qu’on insinue d’où elle poind, son sens premier et sa fatalité,) pénètre et enveloppe le Drame de par l’éblouissante volonté du jongleur inclus dans le mage ; de fait, on peut dire qu’elle s’y allie : pas d’ingénuité ou de profondeur qu’avec un éveil enthousiaste il ne prodigue dans ce dessein, sauf que le principe même de la présence de la Musique échappe. […] À la fin de cette première partie, M. 

3041. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre I : L’histoire de la philosophie »

Quoi qu’on puisse penser de ces interprétations, elles montrent du moins que l’auteur prend plus au sérieux, qu’on n’aurait cru peut-être, ces premiers essais de la pensée philosophique. […] Cela surprendra au premier abord celui qui n’a jamais réfléchi sur ce point.

3042. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Au premier, un interminable corridor avec des chambres de chaque côté, des cellules grandes comme rien, fermées par les persiennes démantelées d’une petite fenêtre et contenant pour tout mobilier, un lit, une commode, une chaise, et par terre, un pot à l’eau et une cuvette. […] Des antipathies et des sympathies à première vue, et vives et braves, et des sourires d’une complicité délicieuse pour ceux qui la comprennent, et des figures longues, comme dans le fond d’une cuiller, pour les raseurs, les jeunes gens à citations, les bêtes ; et mal à l’aise dans le mensonge du monde, disant ce qui lui vient, comme il lui vient, avec une entente singulière de l’esprit d’atelier, avec un tour de mots tintamarresque : — cette gaieté de surface venant d’un fond d’âme mélancolique, où passent des visions de blanc enterrement et reviennent des notes de la marche funèbre de Chopin.

3043. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Ernest Renan, qui est au fond un couard intellectuel, peut se croire quelque chose comme un porte-foudre, mais le coup de tonnerre dans la publicité de son premier volume ne se répéta pas, et il n’y eut plus que la petite pluie qui suit parfois un grand coup de tonnerre, — la petite pluie des volumes suivants… Jésus-Christ tombé, en effet, à n’être plus qu’un homme, à quoi les Apôtres tombaient-ils ? […] Par intérêt pour son avenir et par reconnaissance pour son passé, il sauvera de la vermine de ses doutes — la maladie pédiculaire de sa pensée — cette première et dernière idée, qui ne lui appartient pas mais qu’il a ramassée au courant du siècle et des fleuves de l’érudition allemande, et qui l’a fait ce qu’il est encore, c’est-à-dire, pour les niais de l’incrédulité, un penseur, et pour les médiocres en littérature, un délicieux écrivain.

3044. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Si Michelet avait eu un califourchon moins funeste, s’il avait ajouté un scandale au premier, si, dans ce livre, écrit pour les femmes, il était descendu un peu plus avant en ces détails physiquement immondes, qu’il a une fois traversés, pour nous montrer où, selon sa science, gît l’amour, nous n’eussions pas ajouté au scandale en nous révoltant contre son éclat et nous nous serions tu, ne sachant pas d’ailleurs de quelle langue nous servir pour répéter honnêtement les choses que Michelet nous dit hardiment de sa jeune et innocente bouche scientifique, faite d’un bronze récemment coulé. […] Un jour eut lieu le premier tressaillement hardi de cette passion qu’on voyait pour la première fois dans l’Histoire, et ce premier tressaillement hardi fut, le croira-t-on ?

3045. (1773) Discours sur l’origine, les progrès et le genre des romans pp. -

On pourroit soutenir, avec plus de vraisemblance, que l’Espagne nous doit ses premiers Romans ; & l’on peut avancer avec certitude qu’on faisoit des Romans parmi nous avant qu’aucun Espagnol eût encore essayé d’en faire. […] Celles-ci se ressembloient à-peu-près toutes ; leur pouvoir étoit le même, leur caractere également mauvais, & elles n’usoient guere du premier que pour satisfaire le second.

3046. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

Elle était humaine, et sa première impression en apprenant le meurtre fut de sentir ce qu’il avait d’odieux, et aussi quelle tache ineffaçable il en rejaillirait sur elle.

3047. (1874) Premiers lundis. Tome II « Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. »

« Car je n’ignore pas, dit-il, quelle est l’influence exercée par la nature du pays et les faits antécédents sur les constitutions politiques, et je regarderais comme un grand malheur pour le genre humain que la liberté dût en tous lieux se produire sous les mêmes traits. » Un de ses premiers chapitres porte sur ce qu’il appelle le point de départ, sur l’origine même des divers États américains et l’esprit infusé en eux dès le commencement.

3048. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre II. Le Rire » pp. 28-42

Elle doit employer sa toute-puissance à faire qu’aux deux premières représentations des ouvrages nouveaux donnés aux grands théâtres, il n’y ait absolument aucun billet donné.

3049. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Ces premières affirmations seront de vagues extraits du substantiel naturalisme de la Renaissance, des résidus équivoques de toutes les philosophies et de toutes les religions du passé, ou des négations arbitraires de l’opinion traditionnelle et populaire : ainsi cette maxime que « l’homme est bon » ; on peut y voir un vestige du naturalisme de Rabelais et de Molière, et en même temps une hostile contradiction du dogme de la chute.

3050. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

On est tenté, à première vue, de ne pas plaindre du tout M. 

3051. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Enfin, la chrétienté directement issue du premier mouvement galiléen (Nazaréens, Ébionim, etc.), laquelle se continua longtemps dans la Batanée et le Hauran, parlait un dialecte sémitique (Eusèbe, De situ et nomin. loc. hebr., au mot [Greek : Chôba] ; Epiph., Adv. hær., XXIX, 7, 9 ; XXX, 3 ; S.

3052. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Josèphe en parle avec la même admiration que de la Galilée, et l’appelle comme cette dernière province un « pays divin 1010. » Jésus, après avoir accompli cette espèce de pèlerinage aux lieux de sa première activité prophétique, revint à son séjour chéri de Béthanie, où se passa un fait singulier qui semble avoir eu sur la fin de sa vie des conséquences décisives 1011.

3053. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

» Son premier acte fut d’envoyer aux cités grecques des hérauts chargés de leur réclamer la poignée de terre et la cruche d’eau, hommage formel de vassalité, symbole parlant de la sujétion.

3054. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 22, que le public juge bien des poëmes et des tableaux en general. Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages » pp. 323-340

Monsieur Despreaux se fonde sur cette raison pour avancer que la plûpart des critiques de profession qui suppléent par la connoissance des regles à la finesse du sentiment qui leur manque bien souvent, ne jugent pas aussi sainement du mérite des ouvrages excellens, que les esprits du premier ordre en jugent sans avoir étudié les regles autant que les premiers.

3055. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

Ce qu’il y avait d’immédiat dans cette première transmission contribuait à lui conserver quelque chose de son énergie primitive.

3056. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VIII. Mme Edgar Quinet »

Lorsque, dès le début du livre, aux premières nouvelles du désastre de l’Empereur, ils prennent le chemin de fer et quittent la Suisse, elle écrit de ces quinetteries : « Le convoi va s’élancer, il semble que les battements de mon cœur s’arrêtent.

3057. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

(car on se perd dans le quatrième dessous de ces sortes d’âmes), voulant peut-être expier cette communion dans laquelle elle avait enseveli son premier crime sous un crime plus grand, elle refusa le trône et le pardon avec une rigidité d’orgueil et de ressentiment inexorables, et elle acheva lentement sa vie dans la farouche grandeur de sa prison.

3058. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Joseph de Maistre »

La Correspondance diplomatique, interrompue en 1811, dans ces deux premiers volumes qui nous donnèrent un de Maistre d’invention encore plus que de découverte, va, avec les deux volumes nouveaux, de 1800 à 1817 ; c’est-à-dire qu’elle embrasse en définitive les plus grands événements du siècle qui a changé la Tradition européenne.

3059. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « César Daly »

Entreprise énorme et difficile, que César Daly, après douze années et à travers tous les obstacles, a menée à bonne fin avec un talent qui tient du miracle, et qui, comme artiste réalisant, l’a, du premier coup, très grandement classé.

3060. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Et vraiment, si l’imagination humaine est ainsi faite que, dans les poèmes de lord Byron, par exemple, elle pardonne même au crime en faveur d’un noble sentiment que l’âme a gardé dans sa pureté première, si la fidélité de Conrad le Corsaire est plus belle enchâssée dans cette vie de bandit, comme un diamant qui rayonnerait mieux dans une monture noire, cette fidélité dans l‘amour qu’il avait, lui aussi, profitera au pauvre Villon.

3061. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

Jules Girard, tout ce qui suit son introduction dans les quatre chapitres de son commentaire n’est qu’une conséquence nécessaire de cette première démonstration.

3062. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Ch. de Barthélémy » pp. 359-372

C’était ma première impression quand j’ai ouvert le livre, et la dernière quand je l’ai fermé.

3063. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La révocation de l’Édit de Nantes »

Pour Louis XIV donc, comme pour tous les hommes qui ont l’ambition très légitime de leur supériorité et qui essayent de grandir le pouvoir en le concentrant, telle était la question première et celle qui, dans l’adoption d’une mesure rapetissée par la haine, devait faire fléchir toutes les autres considérations.

3064. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Lettres d’une mère à son fils » pp. 157-170

, et de la nécessité de résister à sa première inclination, vous avez fait tout le tour de cette monumentale collection d’idées sur laquelle repose l’éducation comme l’entend Hyacinthe Corne.

3065. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

Ce génie qui lui fit tout deviner bien plutôt qu’apprendre, dès qu’il fut allé à la mer et dès les plus bas grades, resplendissait tellement en lui que tous disaient : « Il y a dans ce petit officier le premier marin de l’Angleterre », comme aussi, en cet homme tout spontané, cette absence inouïe de volonté plongea souvent l’âme dans des découragements d’une faiblesse presque corporelle et le jeta dans des bouderies d’enfant aux premières injustices de son pays.

3066. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Abailard et Héloïse »

Oddoul tient pour des âmes de premier ordre en fait d’amour les deux lettrés mâle et femelle du xiie  siècle.

3067. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Madame Du Deffand »

il y a là une exception et presque un phénomène, incompréhensible au premier coup d’œil, mais qu’au second on peut expliquer.

3068. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

Ce génie, qui lui fît tout deviner bien plutôt qu’apprendre, dès qu’il fut allé à la mer et dès les plus bas grades, resplendissait tellement en lui que tous disaient : « Il y a dans ce petit officier le premier marin de l’Angleterre », comme aussi, en cet homme tout spontané, cette absence inouïe de volonté plongea souvent l’âme dans des découragements d’une faiblesse presque corporelle et le jeta dans des bouderies d’enfant aux premières injustices de son pays.

3069. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Collé »

Voilà ce que de nature, — de constitution première, — fut Collé, le faiseur de parades, qui a tant noué de rubans rouges à la queue de Jocrisse !

3070. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « X. Doudan »

Par quoi donc a-t-il eu l’esprit bouché, cet homme d’esprit pourtant, cet homme qui n’avait pas attendu, comme Goethe, que le temps le fît spectateur, qui l’était dès sa première jeunesse et qui même ne voulut jamais être que cela ?

3071. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIX. Abailard »

Oddoul tient pour des âmes de premier ordre en fait d’amour les deux lettrés mâle et femelle du douzième siècle.

3072. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Caro. Le Pessimisme au XIXe siècle » pp. 297-311

Pour être lu, il a caché tout d’abord la face de ces deux sinistres Pierrots philosophiques, — sinistres, mais amusants pour ceux-là qui se paient de tout avec le ridicule dont ils rient, — prévoyant bien que pour nous amener à ces deux gaillards, inouïs d’extravagance, qui sont, au fond, le but de son livre, il était nécessaire de faire un détour, et il a ouvert son crochet jusqu’aux premiers jours de la création.

3073. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Georges Caumont. Jugements d’un mourant sur la vie » pp. 417-429

Nous sommes ici bien loin de Joseph Delorme, qui écrivit des Consolations, et qui, depuis, a passé cinquante ans à faire de la petite dentelle littéraire… Georges Caumont, qui ne fait pas de vers, il est vrai, mais dont la prose est « de premier jet et de source colorée dans son sang, noyée dans ses larmes, pourprée dans ses plaies, sa bile et son fiel, ayant des monstres de style pour exprimer des monstres de souffrance », Georges Caumont est une bien autre personnalité que Joseph Delorme et tous les Mélancoliques et les Souffrants de ce siècle, et c’est sa force de personnalité qui le rend intéressant et pathétiquement sympathique, malgré les farouches et délirantes aberrations de sa pensée.

3074. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Mgr Rudesindo Salvado »

On se rappelle le bruit que fit naguères cette première gloire littéraire de l’Amérique, qui éclata tout à coup comme un aloès qui fleurit et dont la fleur est déjà tombée… Des philanthropes, Narcisses humanitaires qui trouvaient l’humanité jolie en se regardant, prirent sur le poing et présentèrent à l’Europe attendrie cette Mistress Edgeworth américaine, et placèrent son livre sous la protection d’une telle émeute de sensibilité insurgée, que si la critique littéraire avait osé planter son scalpel dans cette œuvre esthétiquement médiocre, les Wilberforce du journalisme auraient crié au scandale, comme si on eût voulu toucher littérairement à l’Imitation de Jésus-Christ.

3075. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Docteur Favrot »

Ils se sont fiés aux premiers signes de putréfaction, qui ne prouvent pas toujours la mort, disent les médecins, dans le jeu de casse-tête de leurs opinions ignorantes et contradictoires.

3076. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gérard Du Boulan »

c’est le fils de l’occasion et d’un de ces hasards de la vie qui pouvaient n’être pas, et qui, alors, auraient supprimé le génie… Pascal, par exemple, le prodigieux Pascal, le divinateur d’Euclide, qui, sans avoir appris les mathématiques, trouva, en maniant des jetons dans le grenier de son père, les trois premiers livres de la géométrie ; Pascal, qui dans l’ordre des idées a une profondeur qui donne le vertige et qui même le lui a donné, ne serait plus, selon ces théories interprétatrices, le Pascal connu, le grand Pascal, s’il n’avait pas été janséniste !

3077. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Ainsi, comme je l’ai dit déjà, l’absence d’une originalité vivante et le manque absolu de forte invention, voilà les deux décourageantes sensations que vous donne, dès ses premières pages, ce roman du Capitaine Fracasse, et qu’il vous continue par la suite !

3078. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « L’Abbé *** »

Il a, je le sais très bien, des qualités inquiétantes au premier aspect.

3079. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre xi‌ »

Ce manteau s’est usé peu à peu ; il a chez presque tous disparu aujourd’hui ; c’est pourquoi la masse paraît moins brillante qu’aux premiers jours, mais je crois qu’un changement essentiel et profond ne s’est pas moins opéré, et il continue son œuvre.

3080. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Ils l’ont peint comme un esprit souple et puissant, qui, malgré les ennemis et les rivaux, parvint aux premières places, et s’y soutint malgré les factions ; qui opposait sans cesse le génie à la haine, et l’activité aux complots ; qui, environné de ses ennemis, qu’il fallait combattre, avait en même temps les yeux ouverts sur tous les peuples ; qui saisissait d’un coup d’œil la marche des États, les intérêts des rois, les intérêts cachés des ministres, les jalousies sourdes ; qui dirigeait tous les événements par les passions ; qui, par des voies différentes, marchant toujours au même but, distribuait à son gré le mouvez ment ou le repos, calmait la France et bouleversait l’Europe ; qui, dans son grand projet de combattre l’Autriche, sut opposer la Hollande à l’Espagne, la Suède à l’Empire, l’Allemagne à l’Allemagne, et l’Italie à l’Italie ; qui, enfin, achetait partout des alliés, des généraux et des armées, et soudoyait, d’un bout de l’Europe à l’autre, la haine et l’intérêt. 

3081. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Urbain Grandier est condamné comme magicien et brûlé vif en 1634 : son premier crime était d’avoir disputé, dans des écoles de théologie, le rang à l’abbé Duplessis-Richelieu.

3082. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XII. »

Platon, dont le génie s’essaya dans des dithyrambes avant d’avoir entendu Socrate, gardait évidemment plus d’un souvenir de la poésie dorienne de Pindare ; et, alors même qu’il eut renoncé à cette ambition poétique de sa jeunesse et jeté au feu ses premiers vers, il en retint cette inspiration lyrique dont il a parfois animé les débuts ou les épilogues de ses entretiens philosophiques.

3083. (1925) Dissociations

Un rhéteur du premier ou du second siècle imagina de codifier cette notion et d’en établir le canon. […] Au premier abord, cette pratique paraît absolument folle, un procès supposant que l’accusé aurait pu ne pas commettre l’acte qui lui est reproché. […] Certes, elle en fut la cause première, mais elle manqua d’argent pour passer des désirs aux actes. […] Quand revinrent les Bourbons, tout était encore debout et ce n’est qu’à ce moment que se réalisa le grand vandalisme, celui qui à Rouen, par exemple, a remplacé par la triste caserne qu’on appelle l’Hôtel de Ville le délicieux Logis abbatial de Saint-Ouen, qui datait des premières années du seizième siècle. […] Néanmoins, on reconnaîtra que cette dernière histoire est assez caractéristique d’une incapacité générale qui va de l’art à la maçonnerie, à la menuiserie et au choix même des terrains et des matières premières.

3084. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Vainement les goûts se modifient, les inclinations changent ainsi que le caractère ; il faut rester la même puisqu’on vous croit la même ; il faut tâcher d’avoir quelques succès nouveaux puisqu’on vous hait encore pour les succès passés ; il faut traîner cette chaîne des souvenirs de vos premières années, des jugements qu’on a portés sur vous, de l’existence enfin telle qu’on vous la suppose, telle qu’on croit que vous la voulez.

3085. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

Les quarante premiers académiciens furent : Godeau, Gombauld, Chapelain, les deux Habert, Conrart, Serizay, Malleville, Faret, Desmarets, Boisrobert, Bautru, les deux Du Chastelet, Silhon, Sirmond, Bourzeys, Meziriac, Maynard, Colletet, Gomberville, Saint-Amand, Colomby, Baudoin, l’Estoile, de Porchères, Baro, Racan, Servien, Balzac, Bardin, Boissat, Vaugelas, Voiture, Laugier, Montmort, La Chambre, Seguier, Giry, Granier 299.

3086. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Stendhal, son journal, 1801-1814, publié par MM. Casimir Stryienski et François de Nion. »

Si vous voulez comprendre quel abîme il peut y avoir à la fois entre deux générations et entre deux âmes, lisez le journal de Stendhal, cette confession d’un jeune homme du premier Empire ; puis lisez, par exemple, Sous l’œil des barbares, ce journal d’un jeune homme de la troisième république, et comparez ces deux jeunesses.

3087. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIV. Conférence sur la conférence » pp. 291-305

Premier tableau ; décor très intime ; il est cinq heures (Personnages : un monsieur, une dame) : la dame, simplement : « Quelle bonne idée tu as eue d’acheter un second peigne. » Deuxième tableau (personnages : la même Dame, un autre Monsieur ; on est à table) : la dame, toujours simplement : « Figure-toi, mon chéri, que j’ai retourné le Louvre, le Printemps, et le Bon Marché sans trouver la nuance de doublure que je voulais.

3088. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

Luc, toujours intermédiaire entre les deux premiers synoptiques et Jean, place aussi, mais à distance, « tous ses amis. » (XXIII, 49.)

3089. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 272-292

de la Harpe, Mercure de France, Avril 1772, premier vol.

3090. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Un homme de génie, & qu’on a vu remplir une des premières places du ministère, dans la préface de sa traduction en prose des essais de Pope sur la critique & sur l’homme, blâme la liberté qu’on avoit prise d’ôter quelque chose au Gulliver.

3091. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre V : La religion — Chapitre III : Le problème religieux »

Le problème est donc beaucoup moins redoutable qu’on ne pourrait le croire au premier abord.

3092. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

La rapidité du premier donne de la majesté, du poids et du repos au commencement du second ; et la majesté, le poids, le repos de ce commencement accélèrent la rapidité de la fin.

3093. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 45, de la musique proprement dite » pp. 444-463

Mais il paroît par la date mise au bas de sa préface qu’il l’avoit faite dès 1671 précisément quand Lulli travailloit à son premier opera.

3094. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IV. Mme Émile de Girardin »

Par là, elle n’est plus prince de Ligne, mais la femme des Rêves du prince de Ligne ; cette femme qu’après avoir été page et officier à sa première bataille, il voulait être, avant d’être cardinal, entre vingt et vingt-cinq ans, je crois.

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