Charles Fuster Le texte (de la Glèbe) en beaux vers rudes et pleins est de M.
À l’ordinaire, la plus belle craie possible.
Pierre Quillard Leconte de Lisle se serait plu aux tierces rimes ironiques et féroces de la Justice du mandarin, aux paysages et aux animaux étudiés et décrits en traits sobres et durs, et aux belles strophes où la pensée métaphysique se laisse apercevoir seulement sous un voile d’images éclatantes.
Peut-être y a-t-il de belles choses et parmi les tableaux dont je ne vous ai point parlé, et parmi les sculptures dont je ne vous parle pas ; c’est qu’ils ont été muets et qu’ils ne m’ont rien dit.
Henri Degron Delaroche, qui, des premiers, porta haut la bannière de l’idéalisme, me paraît le parfait chevalier-poète d’une époque belle entre toutes, où rois et pages étaient poètes, et dont — par Durandal !
C’est au pays d’Anjou qu’il dédie filialement son livre, et c’est à lui qu’il doit quelques-unes de ses plus belles envolées.
Charles Fuster Ce sont de beaux morceaux, des morceaux à l’ampleur toute lamartinienne, que la Vie d’un chêne, les Cloches, la Creuse, la Maison abandonnée, Forêts des montagnes, l’Automne.
Théodore de Banville Plus que tous les récents recueils de poèmes, il (Le Livre d’un inconnu) paraît répondre au véritable idéal actuel, car le poète s’y montre réaliste dans le beau sens du mot, et il est facile de voir que toutes ses descriptions sont vues, que tous les sentiments qu’il exprime ont été éprouvés et non supposés.
Cymos, un des beaux poèmes dudit livre.
Une belle rime lui paraît, comme à M. de Banville, au moins égale, sinon supérieure à une grande idée.
Camille de Sainte-Croix Un beau volume de vers par René d’Avril et Paul Briquel : De Messidor à Prairial.
Charles Fuster Il y a, dans ce livre (Les Sensations), une délicieuse pièce sur les Enfants des champs, les beaux petits si frais et si sains.
Rodolphe Darzens La Muse noire, recueil comprenant des poèmes d’un rythme sur qui révèlent déjà, à travers l’admiration de l’auteur pour Baudelaire, une originalité curieuse, dont le caractère fut bientôt affirmé dans un livre ayant pour titre : Rosa mystica, où des pensées d’un ordre élevé sont exprimées en fort beaux vers.
Telle est l’idée qu’on se forme du talent de cette Dame, après la lecture des Belles solitaires.
Il n’en est pas ainsi lorsqu’une action est belle, noble, grande. […] Le cardinal de Retz n’était pas beau ; cependant il n’y eut presque pas une femme qui ne cherchât à lui plaire, et la reine même disait de lui qu’on n’était jamais laid quand on avait les dents belles. […] Il était nuit, il n’y avait point de témoin ; la belle occasion perdue ! […] N’en veut-on faire que de beaux diseurs ? […] Il cite encore, dans la Lettre LXXII, une belle comparaison d’Attale.
Il n’était que ralenti et interrompu ; bientôt, l’occasion recommençant, j’ai repris ma course et poursuivi de plus belle.
Ces vers, pour les sentiments qu’ils expriment, l’angoisse qu’ils traduisent, la passion qu’ils dépeignent, sont des plus beaux que nous connaissions.
Charles Fuster Dans ces sonnets précis, parfois haletants et retenant leur souffle, c’est toute une vie de pensée et d’action, de doute et de recherche ardente, c’est toute une belle et courageuse vie qui se livre à nous.
De là de très belles strophes où vibrent des glaives entrechoqués, où rutilent des couchants de colère, cependant que le poète clame pour les foules et leur montre l’aurore promise : Plus de prophètes, plus d’élus !
Richard, dans un poème liminaire, prie le critique d’être indulgent ; on n’a besoin que d’être juste avec un poète qui sut trouver ces très beaux vers français (il s’agit d’un lion) : Les larges gouttes d’or qui forment ses prunelles Semblent vouloir saisir et renfermer en elles L’image du soleil à son dernier rayon et une délicieuse ballade latine où je note ceci : Vita fugacior rosâ Quae floret mysteriosa In valle Tempe frondosâ.
Après tout, on peut se dispenser d’exiger des hommes en place des choses belles & agréables ; ils sont obligés d’en faire de bonnes & d’utiles ; & M.
LABÉ, [Louise Charly, dite] surnommée la belle Cordiere, parce qu’elle étoit femme d’un Marchand de cordes, née à Lyon en 1526, morte en 1566.
Ce n’est pas non plus parce que Barbou leur a donné une place dans sa belle Collection à côté de ceux du P.
Ici des nymphes enivrent un satyre d’une belle brique, bien dure, bien jaunâtre et bien cuite ; et puis à côté de cette figure qui sort du four d’un potier, nul esprit, nulle finesse, point de mouvement, point d’idée ; mais le coloris de Boucher.
Roland de la Porte Mais on fait cas d’un crucifix peint en bronze par Mr Roland de la Porte ; et en effet ce crucifix est beau, et il est tout à fait hors de la toile.
Tacite, là où il est beau et où il se déploie, est un grand peintre ; il est même, a-t-on dit, le plus grand peintre de l’Antiquité ; mais j’ai tant de peine, je l’avoue, à comprendre chez lui certains contournements de pensée, qu’il m’est difficile de croire que ce soit là l’unique manière de bien dire, ou même l’unique manière de bien voir et de juger. […] Le récit de ce qui se passe à Lille entre le roi fugitif, le duc d’Orléans, et les maréchaux Macdonald et Mortier, est d’une belle gravité.
Vers l’âge de trente ans, combien n’est-il pas actuellement de femmes qui, belles encore, ayant devant elles, ce semble, un riant automne de jeunesse, sentent pourtant en leur cœur l’ennui, la mort, l’impuissance d’aimer et de croire ! […] Il est arrivé de là qu’une œuvre si pleine de puissance et souvent de grâce, mais où ne circule aucun zéphyr mûrissant, a paru extraordinaire plutôt que belle, et a effrayé plutôt que charmé ceux qui admirent sur la foi de leur cœur.
Rossignol et à en tirer la matière d’une étude un peu développée, ce serait sur cette première partie, relative à la belle époque et antérieure à la portion byzantine du sujet, que je m’arrêterais le plus volontiers et que je m’oublierais comme en chemin. […] Rossignol nous fait bien comprendre la transformation que subit peu à peu dans l’imagination des peuples cette sorte de vague prédiction virgilienne, portée sur l’aile des beaux vers et revêtue d’une magique harmonie.
Ce n’est plus seulement une femme que je désire, une femme belle et jeune, comme toutes celles que j’ai précédemment désirées. […] Je dirai tout : oui, un baiser me plairait, un baiser plein de tendresse ; mais surtout la voir, la contempler, rafraîchir mes yeux, ma pensée, en les reposant sur ce jeune front, en laissant courir devant moi cette âme naïve ; parer cette belle enfant d’ornements simples où sa beauté se rehausserait encore, la promener les matins de printemps sous de frais ombrages et jouir de son jeune essor ; la voir heureuse : voilà ce qui me plairait surtout et ce qu’au fond mon cœur demande.
On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) !
Il a la souplesse, l’esprit, la grâce, la couleur, l’imagination fleurie et la langueur mièvre, quand il veut, et même, quand il lui plaît, la précision, la force, et presque partout des rimes ingénieuses et belles. […] Francisque Sarcey Un poète nous est né, et ce qui me charme encore davantage, c’est que ce poète est un homme de théâtre… Cyrano de Bergerac est une très belle œuvre, et le succès d’enthousiasme en a été si prodigieux, que, pour trouver quelque chose de pareil, il faut remonter jusqu’aux récits que nous ont faits, des premières représentations de Victor Hugo, les témoins oculaires.
Je n’ai garde cependant de préconiser le Latin, au point de croire ridiculement qu’il faille donner à cette langue les plus belles années de sa vie, y être consommé pour se mettre en état d’écrire en François. […] Les écrivains de nos jours en qui l’on voyoit encore des étincelles de ce beau feu qui animoit ceux du siècle passé, ont en vain crié contre cette déraison, & voulu sauver le goût égaré en France.
Ainsi il se fit remarquer à la Cour pour un homme civil et honnête, ne se prévalant point de son mérite et de son crédit, s’accommodant à l’humeur de ceux avec qui il était obligé de vivre, ayant l’âme belle, libérale ; en un mot, possédant, et exerçant toutes les qualités d’un parfaitement honnête homme. […] Son Altesse Royale s’applaudit du choix qu’il avait fait d’eux, puisque le Roi les trouvait capables de contribuer à ses plaisirs, et particulièrement à toutes les belles Fêtes qui se faisaient à Versailles, à S.
I Ce serait véritablement un beau sujet à traiter que l’histoire hardiment conçue de l’Académie française. […] ce n’est pas, comme on pourrait le croire, pour les beaux yeux, fermés depuis longtemps, de ces cadavres intellectuels, que l’éditeur de Pélisson et de d’Olivet s’est livré à l’exhumation présente.
si Paul de Saint-Victor, la plus éclatante phrase de la fin de ce siècle, — qui devait être aussi pour Flaubert « un gueuloir » comme Chateaubriand, — n’est pas insupportable aune époque si ravalée et si commune ; si, de hasard, son livre des Deux Masques réussit, cela n’est pas venu assurément de la beauté sentie de ce livre, mais peut-être uniquement de ce que l’auteur était, avant ce livre, en possession d’une réputation si bien faite, dans un autre temps, que tout ce qu’il fait de beau pour l’augmenter dans celui-ci n’est pas capable de la ruiner ! […] C’est un livre qui, par la beauté, peut ressembler à beaucoup de beaux livres, mais qui, par le genre de ce qu’il contient et la spécialité de son exécution, ne ressemble absolument à rien… Il est, à proprement parler, moins et plus que de la Critique ; mais, quel que soit le nom qu’il doive porter, c’est de l’érudition dans des proportions exorbitantes et de la poésie dans de ravissantes proportions.
Il avait extrait — comme il l’avait dit — « le dernier pépin de cette « Grenade », le plus beau fruit des Huertas de l’Espagne, quand Isabelle, ayant mis son confesseur Fernando de Talavera sur le siège de sa conquête, vit Ximénès, et, devinant le grand homme futur caché sous le froc, le choisit pour remplacer l’homme de conseil qu’elle avait perdu. […] Que le docteur Hefele soit donc glorifié pour cette belle intention et émulation de vérité, et pour les efforts de recherches, d’érudition et de conscience que son livre atteste avec succès !
Il y avait en cet ouvrage une belle floraison de jeunesse vigoureuse, un amour de la justice qui révélait éloquemment, malgré les préjugés de l’éducation, cette vive droiture des âmes respectées encore par la vie et que le monde doit plus tard gauchir. […] Il en est des talents qui ne sont pas réellement très forts, comme des femmes qui ne furent jamais réellement belles : vieillir les maigrit, les flétrit et les glace.
Il s’y moqua des siennes et il y contracta la maladie qui y régnait alors, cette petite vérole confluente de philosophie qui y défigurait les plus beaux visages, quand elle ne les aveuglait pas. Heureusement, il sauva ses beaux yeux italiens de la cécité et ils lui restèrent assez perspicaces pour voir le faux de beaucoup de doctrines du temps.
Ce sont les miroirs très fidèles d’une belle âme ingénue.
René Peter au public, se demande « si la prose, le plus beau de tous les langages, le style polymorphe par excellence, n’eût point été entre ses mains une matière plus précieuse encore » que le vers libre.
Les deux Vues de Bayonne que Mr Vernet a données cette année sont belles ; mais il s’en manque beaucoup qu’elles intéressent et qu’elles attirent autant que ses compositions précédentes.
Karl Boès sont remarquables d’abord par la quantité de noms propres qu’ils recèlent, et de noms communs promus à de hautes dignités par la toute-puissance de la majuscule… Je n’ose déclarer d’ailleurs que tout cela suffise à constituer un livre, et encore moins de beaux vers.
Aved Une belle chose, c’est le Portrait du maréchal de Clermont Tonnerre peint par Aved.
Il sert de voix à tout un peuple, dont il rend, en beaux vers lyriques, la grande passion.
Deux sonnets : La Lutte pour l’existence et La Voix des morts, résument, sous la forme la plus belle, deux théories qu’exposent moins sûrement les longs volumes des philosophes de profession.
Des vers, certes, et de forts beaux, qui sans être absolument libres, ne s’embarrassent pas d’un « art poétique » de congrégation.
Son volume est un jardin radieux tout fleuri de jolis vers et de beaux poèmes.
Gaumin étoit encore un des Esprits agréables & des beaux Diseurs de son temps.
Il s’y exprime avec autant de goût que de chaleur, & il y présente les plus beaux traits de l’Eloquence, en découvrant en même temps les causes de sa corruption chez les Romains.
La faute en est aux Dieux, Qui la firent si belle, Et non pas à mes yeux.
Il étoit neveu de ce du Perrier à qui Malherbe adresse les belles Stances qui commencent ainsi : Ta douleur, du Perrier, sera donc éternelle, &c.
Ses fils & ses petits-fils cultiverent avec succès, les uns les Sciences, les autres l’Erudition, plusieurs la belle Littérature & la Poésie.
Pour une mauvaise tragédie sur un des plus beaux sujets et des plus féconds, d’un style boursouflé et barbare, morte à n’en jamais revenir.
Donnés d’abord par Bonaparte consul à une infante d’Espagne, sous le nom de royaume d’Étrurie, puis par Bonaparte empereur à sa sœur Élisa Baciocchi, devenue grande-duchesse de Toscane, ce beau pays continua à être heureux dans toutes ces mains. […] » répondit-il en soupirant et après un long silence, « un homme peut s’estimer heureux quand il réussit à faire une belle action, bien que les apparences n’en soient pas toutes également belles. […] Quatorze mille bombes écrasent ou brûlent la moitié des palais et des églises de la plus belle ville maritime de l’Occident. […] Les ordres monastiques, qui renaissent en Italie comme en Espagne de l’esprit contemplatif et de l’oisiveté endémique de ces beaux climats, reprenaient leur ascendant sur le peuple ; le gouvernement n’admettait dans les sujets aucune liberté des cultes. […] Son nom repose défendu par sa mort, mort trouvée à la poursuite de ce rêve obstiné de la maison de Savoie ; coupable ou non, il est beau de mourir, même de douleur, pour sa patrie !
Aristote en a posé les fondements métaphysiques, et l’on peut douter que, sans ces premières et indestructibles assises, le reste de l’édifice eût pu s’élever aussi solide et aussi beau. […] Le premier livre de l’Histoire des animaux commence par une belle et savante anatomie de l’homme, destiné à servir de type à la construction des animaux inférieurs à l’homme. […] Ils n’ont peint que le corps, ils ont déchiré une des plus belles pages de l’œuvre de Dieu dans sa nature animée ; ils ont ainsi privé le Créateur d’une partie de sa gloire. […] Il est plus beau en résumant Socrate qu’en résumant Aristote. […] « Dans le monde matériel tout entier, quelque beau, quelque régulier qu’il soit, l’observation la plus attentive ne rencontre rien qui puisse nous donner la moindre idée de la loi morale.
Et puisque cette figure de Tristan ne tarda pas à être entraînée dans le giron des légendes de la Table Ronde, déjà si imprégnées d’orientalisme, qu’il fut chanté par les Trouvères et par les Minnesinger, et puisque, surtout, les poètes français des 12e et 13e siècles n’avaient point du tout le respect religieux des mythologies celtiques qu’ils ne comprenaient point, et qu’au contraire ils ont profondément altéré ce qui en restait pour le mettre au diapason de leur époque, en faisant de ces vénérables divinités des preux chevaliers et de belles princesses, pour toutes ces raisons, nous n’apercevons plus aujourd’hui ce mythe de Tristan que comme à travers un épais nuage. […] Que nous importe que certaines peuplades celtiques se soient plues à se présenter Tristan sous les traits d’un porcher que son maître envoie chercher la belle bergère, que, lui, il aime ? […] On voit quelle importance capitale ce trait possède par le fond même de la fable. — Parmi les simples détails je signalerais, pour exemple, ce beau passage du premier acte, lorsque Tristan tend son épée à Isolde pour qu’elle le frappe, qui rappelle singulièrement l’incident semblable entre Tristan et Bélinde dans la première partie du roman français. — Pour le connaisseur de la littérature de Tristan et Isolde, c’est un vrai délice de voir comment dans cette masse informe et embrouillée que nous a léguée le Moyen Age, Wagner a su choisir tout ce qui était beau, sans jamais s’enchevêtrer lui-même. […] On verra alors combien erronée est l’opinion de ceux qui exaltent le poème de Rheingold, par exemple, parce qu’il est beau en lui-même, et trouvent celui de Tristan inférieur. […] » Il se détourne de ce monde, mais pour en chercher et fonder un autre, et Parsifal est la réalisation de ce rêve, de ce but qu’il avait indiqué : « Le but est : l’homme fort et beau ; la Révolution lui donnera la force, l’Art lui donnera la beauté !
Cependant « Le Malade imaginaire n’est pas celle des comédies de Molière que j’aime le mieux, disait-elle ; Tartuffe me plaît davantage. » Et dans une autre lettre : « Je ne puis vous écrire plus long, car on m’appelle pour aller à la Comédie ; je vais voir Le Misanthrope, celle des pièces de Molière qui me fait le plus de plaisir. » Elle admirait Corneille, elle cite La Mort de Pompée ; je ne sais si elle goûta Esther : elle aurait aimé Shakespeare : « J’ai souvent entendu Son Altesse notre père, écrivait-elle à sa demi-sœur, dire qu’il n’y avait pas au monde de plus belles comédies que celles des Anglais. » Après la mort de Monsieur et durant les dernières années de Louis XIV, elle avait adopté un genre de vie tout à fait exact et retiré : « Je suis ici fort délaissée (5 mai 1709), car tous, jeunes et vieux, courent après la faveur ; la Maintenon ne peut me souffrir ; la duchesse de Bourgogne n’aime que ce que cette dame aime. » Elle s’était donc faite absolument ermite au milieu de la Cour : Je ne fraye avec personne si ce n’est avec mes gens ; je suis aussi polie que je peux avec tout le monde, mais je ne contracte avec personne des liaisons particulières, et je vis seule ; je me promène, je vais en voiture ; mais depuis deux heures jusqu’à neuf et demie, je ne vois plus figure humaine ; je lis, j’écris, ou je m’amuse à faire des paniers comme celui que j’ai envoyé à ma tante. […] Elle s’était prise de grande amitié pour un fils naturel du Régent, et qu’il avait eu d’une danseuse de l’Opéra nommée Florence : il lui rappelait feu Monsieur, avec une plus belle taille. […] Massillon, qu’elle avait connu et qu’elle aimait, eut à y prononcer l’oraison funèbre, qui fut trouvée belle.
Mais il en est sorti, et c’est ce beau côté victorieux que je tiens à mettre pour le moment en pleine lumière. […] Mon cher ami, si vous ne faisiez que des vers comme Racine, si vous n’étiez pas bon par excellence comme vous l’êtes, je vous admirerais, mais vous ne posséderiez pas toutes mes pensées comme aujourd’hui, et mes vœux pour votre bonheur ne seraient pas si constamment attachés à mon admiration pour votre beau génie. […] Mais enfin ils ont bien renié le Dieu qui a fait le ciel et la terre, pourquoi ne renieraient-ils pas les hommes en qui ils voient reluire, comme en vous, les plus beaux attributs de cet Être puissant ?
Montluc pourtant, quand les plus grosses têtes eurent donné leur avis et qu’on en vint aux moins qualifiés, trépignait d’impatience et brûlait d’interrompre. « Tout beau ! tout beau ! […] C’est le tableau de ce mémorable fait d’armes et siège toscan, des plus beaux sous le point de vue militaire, héroïque et patriotique, qui se peint admirablement dans le récit de Montluc.
Voilà, certes, une belle grâce, une généreuse concession faite à celui qui fut longtemps réputé le plus adorable des rois, et qui est resté si marqué de bonté jusque dans son expérience prudente et sa politique. […] Il ne serait pas raisonnable que ce beau danseur (le duc de Joyeuse) et ces mignons de cour en emportassent les trois principales têtes, que Dieu a réservées pour conserver les autres avec l’État. […] Henri a de l’esprit, de la gaieté et de la familiarité dans l’esprit ; il appelle l’ennemi le nouveau marié, le beau danseur, toutes choses qui supposent le sourire sous la moustache déjà grisonnante.
Le prince Henri, avant la fin de cette terrible guerre et à la veille de son plus beau succès, retrouve encore ses susceptibilités extrêmes ; sur une observation que lui fait le roi qu’il occupe trop peu de terrain pour ses approvisionnements, et à la nouvelle qu’on lui dépêche le major d’Anhalt avec des ordres pour parer à certaines résistances de généraux peu dociles, le voilà qui s’émeut plus vivement que jamais et qui propose brusquement sa démission (mars 1762). […] Après l’exposé des faits : Il serait superflu, dit-il, de faire ici le panégyrique de Son Altesse Royale : le plus bel éloge qu’on puisse faire d’elle est de rapporter ses actions. […] Je n’ai fait qu’entamer et mener à moitié chemin cette intéressante correspondance entre les deux frères : il me faut en tirer encore et en faire connaître à nos lecteurs de belles et surtout de judicieuses pages.
Le signe des belles et tout à fait grandes âmes est de n’en jamais perdre la conscience ni l’habitude aux heures de la force et de la prospérité. […] Se tuer pour ne pas céder, dans la position de Frédéric, c’était faire acte de fierté encore plus que de courage, surtout de courage patriotique et civil : Les Caton et les Othon, lui disait Voltaire, dont Votre Majesté trouve la mort belle, n’avaient guère autre chose à faire qu’à servir ou qu’à mourir ; encore Othon n’était-il pas sûr qu’on l’eût laissé vivre ; il prévint par une mort volontaire celle qu’on lui eût fait souffrir. […] Vous n’avez qu’à lui rendre justice, et, sans vous écarter de la vérité, vous trouverez la matière la plus ample et la plus belle.
M. de Cazaux avait donc beau jeu pour troubler tout dans le Palais ; et de plus il vivait publiquement avec la fille d’un avocat qu’il avait retirée chez lui. […] Académicien, il se délassait tantôt dans sa jolie maison d’Athis, tantôt dans son hôtel rue Neuve-Saint-Paul, au milieu de ses belles collections et dans la compagnie des savants. […] On a de Foucault un beau portrait gravé par Van Schuppen, peint par Largillière en 1698.
On leur faisait un double et triple crime de leur belle étincelle, de leur noble inconséquence généreuse, si toutefois c’était chez eux inconséquence. […] Les liens de l’estime et de la confraternité ne peuvent plus exister entre nous et ceux qui professent des principes contraires, et si l’honneur pouvait être solidaire entre des hommes qui exercent la même profession à des distances Considérables, je me hâterais de protester contre un pareil abus, et je vous dirais hautement : L’avocat qui « chargé volontairement. de défendre un guerrier traître et rebelle à son roi, s’oublie jusqu’à justifier l’action en elle-même, qui cite comme un titre de gloire pour l’accusé le nom d’une bataille (celle de Waterloo) où il acheva de se rendre criminel en combattant contre son maître ; qui invoque à son secours le témoignage d’autres rebelles et les excite à rappeler les moyens qu’ils avaient pour forcer leur roi à la clémence ; l’avocat qui, s’entourant de honteux détours, de méprisables subterfuges, d’ignobles entraves, enlève ainsi au prévenu, autant qu’il est en lui, son dernier honneur, celui du courage, cet avocat a perdu son titre à nos yeux : je me sépare à jamais de lui. » On a beau dire que tout moyen est bon à un avocat pour sauver son client, M. de Martignac passait ici toute mesure, et il est difficile d’admettre qu’il n’obéissait pas lui-même, en s’exprimant de la sorte, à un accès de la fièvre politique qui sévissait partout autour de lui. […] On voyait en première ligne, en tête de ces partisans des rigueurs salutaires, un Bonald, à l’air respectable et doux, métaphysicien inflexible et qui prenait volontiers son point d’appui, non pas dans l’ancienne monarchie trop voisine encore à son gré, mais par-delà jusque dans la politique sacrée et dans la législation de Moïse : oracle du parti, tout ce qu’il proférait était chose sacro-sainte, et quiconque l’avait une fois contredit était rejeté à l’instant, répudié à jamais par les purs ; — un La Bourdonnaie, l’homme d’action et d’exécution, caractère absolu, dominateur, un peu le rival de Bonald en influence, mais non moins dur, et qui avec du talent, un tour d’indépendance, avec le goût et jusqu’à un certain point la pratique des principes parlementaires, a eu le malheur d’attacher à son nom l’inséparable souvenir de mesures acerbes et de classifications cruelles ; — un Salaberry, non moins ardent, et plus encore, s’il se pouvait ; pamphlétaire de plume comme de parole, d’un blanc écarlate ; — un Duplessis-Grenedan, celui même qui se faisait le champion de la potence et de la pendaison, atroce de langage dans ses motions de député, équitable ailleurs, par une de ces contradictions qui ne sont pas rares, et même assez éclairé, dit-on, comme magistrat sur son siège de justice ; — M. de Bouville, qui eut cela de particulier, entre tous, de se montrer le plus inconsolable de l’évasion de M. de Lavalette ; qui alla de sa personne en vérifier toutes les circonstances sur les lieux mêmes, et qui, au retour, dans sa fièvre de soupçon, cherchait de l’œil des complices en face de lui jusque sur le banc des ministres ; — et pour changer de gamme, tout à côté des précédents, cet onctueux et larmoyant Marcellus, toujours en deuil du trône et de l’autel, d’un ridicule ineffable, dont quelque chose a rejailli jusqu’à la fin sur son estimable fils ; — et un Piet, avocat pitoyable, qui, proposant anodinement la peine de mort pour remplacer celle de la déportation, disait, dans sa naïveté, qu’entre les deux la différence, après tout, se réduisait à bien peu de chose ; ce qui mettait l’Assemblée en belle humeur et n’empêchait pas le triste sire de devenir bientôt, par son salon commode, le centre et l’hôte avoué de tous les bien pensants ; — et un Laborie que j’ai bien connu, toujours en quête, en chuchotage, en petits billets illisibles, courtier de tout le monde, trottant de Talleyrand ou de Beugnot à Daunou, mêlé et tripotant dans les journaux, pas méchant, serviable même, mais trop l’agent d’un parti pour ne pas être inquiétant et parfois nuisible.
On aura remarqué dans toute cette scène ce qui est partout ailleurs dans Térence, le sentiment et l’intelligence de la jeunesse, une parfaite indulgence pour cet âge où la vie est si belle et si propice qu’il lui faut bien passer quelque chose, s’il abonde et s’il excède dans sa joie. […] sinon que, présente avec ce soldat, tu sois comme absente ; que jour et nuit tu m’aimes, que tu me regrettes, que tu rêves de moi, n’attendes que moi, ne penses qu’à moi ; que tu m’espères, etc. » Ce qu’André Chénier a trouvé moyen, en transposant la situation, de traduire dans ces beaux vers d’élégie : Ce que je veux ? […] Je ne sais plus lequel des critiques de ce temps-ci dont je disais : « Il aime le délicat, mais il adore le faible. » Celui-là aura beau être instruit et versé dans les choses de l’Antiquité, il n’est digne qu’à demi de sentir Térence.
. — Mais il n’y réussit pas suffisamment, dira-t-on ; il a beau décrire à merveille la race dans ses traits généraux et ses lignes fondamentales, il a beau caractériser et mettre en relief dans ses peintures puissantes les révolutions des temps et l’atmosphère morale qui règne à de certaines saisons historiques, il a beau démêler avec adresse la complication d’événements et d’aventures particulières dans lesquelles la vie d’un individu est engagée et comme engrenée, il lui échappe encore quelque chose, il lui échappe le plus vif de l’homme, ce qui fait que de vingt hommes ou de cent, ou de mille, soumis en apparence presque aux mêmes conditions intrinsèques ou extérieures, pas un ne se ressemble14, et qu’il en est un seul entre tous qui excelle avec originalité.
Quand la nature crée un homme supérieur et d’une supériorité de premier ordre, quand elle l’a fondu et coulé tout d’un jet dans un de ses plus beaux moules humains, si cet homme, après avoir fourni sa grande carrière, tombe ou sort de la scène dans la plénitude de la vie et de ses facultés, sans que la maladie ou l’âge soit venu l’altérer ou l’affaiblir, il est bien clair qu’il est et qu’il a dû rester le même pendant toute cette durée de son rôle actif, que les événements n’ont fait que le produire, un peu plus tôt ; un peu plus tard, sous ses aspects différents, le montrer et le développer plus ou moins dans quelques-unes de ses dispositions naturelles et donner occasion à ses qualités ou à ses défauts primitifs de se manifester dans tout leur relief ou même dans leur exagération ; mais il y avait en lui, dès le principe, le germe et remboîtement de tout ce qui est sorti. […] Il me paraît inconcevable que l’homme qui a une fortune aisée et un beau nom sacrifie tous ses avantages, toutes ses affections, pour intriguer, et c’est bien là le cas de M. de Stein. […] M. de Stein a fait faire des routes et planter plusieurs beaux arbres, ce qui donne à la campagne l’air d’un jardin anglais. » La jeune, et douce reine croyait que M. de Stein intriguait.
Le calcul n’est beau, n’est utile, que lorsqu’il saisit toutes les exceptions, et régularise toutes les variétés. […] Toutes les idées qui embrassent le sort de plusieurs hommes à la fois, se fondent sur leur intérêt bien entendu ; mais lorsqu’on veut donner à chaque homme, pour guide de sa propre conduite, son intérêt personnel, quand même ce guide ne l’égarerait pas, il en résulterait toujours que l’effet d’une telle opinion serait de tarir dans son âme la source des belles actions. […] Notre organisation, le développement que les habitudes de l’enfance ont donné à cette organisation, voilà la véritable cause des belles actions humaines, des délices que l’âme éprouve en faisant le bien.
On a beau signaler tout le long du règne de Louis XIV de nombreuses imitations et traductions d’œuvres espagnoles, il n’en est pas moins vrai que de 1660 à 1707 aucune grande œuvre n’accuse cette origine. […] C’est d’une belle âme. […] Dans le Paysan parvenu, rien de plus, comiquement humain que la façon dont l’affection pour un beau garçon s’insinue chez une vieille fille dévote.
C’est la matière du beau vers de Térence, qui a été au cœur de toutes les nations Homo sum humani nihil a me alienum puto. […] — En disant ainssi, ou par adventure en sillence ou en soub-gémissements, en soupirs et en plainctes langoureuses, pour ce que la douleur empeschoit de parler, vous, mère piteuse, comme je puis religieusement pencer, embrassiez vostre filz, le plus bel de tous aultres. […] Vous l’embrassiez tendrement et encliniez vostre face espleurée sur ses espaules ou sur son chaste visaige ; puis repreniez vigueur, et commanciez à dire : Adieu, beau filz !
Pourtant La Harpe le critique était bel et bien amoureux. […] La Harpe, à qui la prose ne suffisait plus pour exhaler son enthousiasme, s’écriait en vers : Ton art, belle Genlis, l’emportant sur le nôtre, Ne fait parler qu’un sexe et charme l’un et l’autre. […] VIII (3e éd.), p. 546 :] De plus (au tome III, p. 34, même édition dernière), à l’article de « Mme de Genlis », un correcteur, croyant bien faire, a tout à fait altéré ma pensée et l’a rendue inintelligible : « En repassant les ouvrages de Mme de Genlis, il me semble (me fait-on dire) que Louis-Philippe est de son côté véritablement historique, le seul par lequel elle continuera de mériter quelque attention sérieuse. » Or, j’avais dit : « En repassant les ouvrages de Mme de Genlis, il me semble que Louis-Philippe est son côté véritablement historique, etc… » C’est ainsi qu’au xviie siècle, Madame (mère du Régent) écrivait dans une de ses lettres : « La Montchevreuil est le bel endroit de la Maintenon, et le seul que je trouve louable en elle. » En vertu d’une locution analogue, on peut dire que Louis-Philippe est le côté véritablement historique de Mme de Genlis.
Les raisons d’État qu’eut Louis XIV sont mieux comprises : il les a consignées en peu de mots dans les belles Instructions qu’il dicta pour son fils, et que ce même Pellisson, ancien premier commis de Fouquet et devenu secrétaire du monarque, écrivit de sa main49. […] Fouquet n’était pas beau ; mais un surintendant n’est jamais laid. […] Il y faisait valoir les belles qualités de Fouquet, les importants services qu’il avait rendus sous Mazarin, sa fidélité au sein du Parlement sur la fin de la Fronde, ses ressources de financier dans les temps de guerre, cette vigueur, cette adresse, ce courage, ce génie naturel qu’il compare à un cheval trop emporté, mais généreux : Domptez-le, Sire, mais ne le tuez pas.
Cent louis d’or, une belle montre à répétition enrichie de diamants, plus, « quinze louis en argent blanc », censés destinés à un secrétaire, tout cela fut successivement donné à la femme pour obtenir une audience de son mari, et avec promesse de sa part que tout serait rendu si le procès se perdait. […] Sur les femmes, toutes les fois qu’il a à en parler, il y a de petites hymnes galantes et comme de petits couplets destinés à plaire aux belles et sensibles lectrices ; il a de ces tirades dans le procès Goëzman, il en aura plus tard dans le procès Kornman : « Et je serais ingrat au point de refuser, dans ma vieillesse, mes secours à ce sexe aimé qui rendit ma jeunesse heureuse ! […] Pour ce beau jugement, le Parlement resta assemblé depuis cinq heures du matin jusqu’à près de neuf heures du soir.
Le bien-être, l’utile et le frivole deviennent la règle du bien et du beau. […] « Les institutions communales, disait-il, sont à la liberté ce que les écoles primaires sont à la science : elles la mettent à la portée du peuple, elles lui en font goûter l’usage paisible et l’habituent à s’en servir. » Il conseillait donc de reprendre les choses par la base et d’assurer le sous-sol, au lieu de construire des édifices magnifiques qui tombent par terre l’un après l’autre avec fracas après les plus belles promesses. […] Tocqueville rétablit sa pensée dans la lettre suivante, qui est l’une des plus belles, des plus nobles et des plus instructives de sa correspondance : « Vous me faites voir trop en noir, lui dit-il, l’avenir de ma démocratie.
Ce serait méconnaître la force, la fécondité et l’abondance variée de Catulle Mendès, oublier Heredia et son souci du style et de la belle vision brève ; ignorer Gabriel Vicaire qui a retrouvé aux gerbes de la chanson populaire française quelques frais bouquets de bleuets ! […] Mais la question n’était pas là ; ces beaux talents étaient isolés dans une masse turbulente et grise. […] Roinard, et tant d’autres, — bref les premiers en date de toute la belle pléiade de poètes du Mercure de France, cette Revue qui a commencé presque comme la Vogue, qui a grandi comme la Revue des Deux-Mondes et qui enfin vient d’entrer un peu à l’Académie Française.
Elle est riante, elle est belle, elle est parfumée comme le printemps. […] Il avait beau retenir son cœur, il y était mené de force ; s’il empruntait à sa méthode et à ses preuves des raisons de croire, sa croyance venait de ses souvenirs et de ses aspirations. […] Son Esthétique, avant de définir le beau, dépense un demi-volume sur des beautés qui ne sont pas la vraie beauté, et n’en omet pas une seule.
Edmond Pilon Évidemment, des analogies avec les belles œuvres de M.
Un poète qui a aimé une femme belle et intelligente, un poète que les hasards de la vie ont fait marin, se rappelle et évoque, autour de sa première maîtresse, les errantes amours de sa vie d’escales, et les confronte, et cherche tout ce qu’il y eut eu tous ces caprices et ces amourettes de traces de son plus profond sentiment.
Ses Ouvrages en prose pouvoient avoir quelque valeur, dans un temps où le raisonnement & le goût étoient si loin de leur perfection ; mais en qualité de Poëte, Beze est-il digne de figurer dans la belle édition des Auteurs classiques, imprimés chez Barbou ?
J’avoue que le coloris en est faux ; qu’elle a trop d’éclat ; que l’enfant est de couleur de rose ; qu’il n’y a rien de si ridicule qu’un lit galant en baldaquin dans un sujet pareil ; mais la Vierge est si belle, si amoureuse et si touchante ; il est impossible d’imaginer rien de plus fin, ni de plus espiègle que ce petit saint Jean couché sur le dos, qui tient un épi.
J’ai beau faire : la théorie des lapsus et la théorie des rêves m’apparaissent comme une sorte de double portique qui a été construit après coup par Freud devant le monument qu’il avait élevé. […] Le passage est si beau, si profond qu’il faut encore que je vous le lise. […] on peut dire qu’ils sont complets, qu’ils sont beaux dans leur genre. […] Tout le romantisme consiste à montrer des personnages qui ne comprennent absolument rien à eux-mêmes et qui se dépensent en gestes et en émotions et en sanglots qui leur paraissent d’autant plus beaux qu’ils peuvent moins en rendre compte. […] D’un côté il cherchait un beau sujet philosophique, et n’en trouvait pas, de l’autre il éprouvait des sensations, mais si particulières et si vives qu’il ne voyait pas ce qu’il pourrait jamais en faire.
Je dirais même, au risque d’être noté sévèrement par les laïcitoyens, qu’il serait beau et libéral d’en conserver l’équilibre. […] Il ferait beau voir qu’un indépendant critiquât les directives des chefs ! […] Sganarelle et Martine ont beau se donner du bâton, et Sganarelle lorgner vers les seins de la belle nourrice : les époux se demeurent fidèles. […] Seguin, balancée par un : « Est-il beau, notre chou ! […] Nous avons eu en Barrès et Maurras deux beaux génies traditionalistes.
Des rêves et des choses tracent déjà le profil net d’un poète aux rêves larges et audacieux, mais dont le beau regard profond caresse le contour des choses.
Il s’est inspiré du grand poète et de la belle Grèce, mais sans renoncer à être personnel.
Il y a de beaux vers dans les Gouailleuses.
On lui attribue une Production infame, connue sous le nom d’Aloïsia Toletana ; mais s’il est assez vraisemblable qu’il ait pu ramasser les ordures qui font la base de cet horrible Ouvrage [le plus dangereux pour les mœurs qui ait paru en aucune langue], il n’est guere croyable qu’un homme qui écrivoit si mal en François, ait été capable d’orner de toutes les graces de la belle Latinité ces Dialogues orduriers.
Le même esprit a présidé à la composition de l’Histoire d’Angleterre, qui n’est plus recherchée aujourd’hui que pour les beaux Portraits en gravure dont elle est enrichie.
Soucieux de conserver tout ce qu’a produit ce rare esprit, nous n’avons pas cru devoir nous laisser arrêter par les considérations qui l’auraient arrêté lui-même, et il nous a semblé que, prise isolément, chacune des études que nous présentons aujourd’hui offrait un assez haut intérêt pour honorer encore la mémoire d’Émile Hennequin et pour entretenir les regrets de ceux qui ont vu disparaître avec lui une des plus belles intelligences et l’un des plus purs talents de la jeune génération.
Il est beau, bien peint, et on le dit très ressemblant.
Je n’y ai point trouvé une seule œuvre entièrement belle, capable d’être un exemple parfait à cette théorie de la peinture wagnérienne. […] Les très belles épaules d’une dame que nous montre M. […] Puvis de Chavannes, à dire vrai, m’ont toujours moins ému : un souci, peut-être, trop visible du sujet à décrire, une expression un peu riche, uniforme ; ou bien comme dans ce très beau tableau de l’inspiration chrétienne, un arrangement fautif ; car le majestueux paysage mystique, et les colonnes du cloître, si austères, sont une admirable décoration toute d’ensemble ; et j’y regrette ces personnages dont les expressions saisissent, perçues en détail, mais qui, à distance, raient de lignes trop frustes l’impression totale. […] Telle fut, je pense, l’intention du peintre : nulle n’est plus belle, plus conforme à la théorie de la peinture émotionnelle. […] D’abord le motif religieux apparaît calme, profond, à lentes palpitations, comme l’instinct du plus beau, du plus grand de nos sentiments, mais il est submergé peu à peu par les insinuantes modulations de voix pleines d’énervantes langueurs, d’assoupissantes délices, quoique fébriles et agitées : agaçant mélange de volupté et d’inquiétude !
Sa belle prose poétique, mère et nourrice de toutes les proses colorées de l’heure actuelle, ne jouit d’aucune estime. […] Il parle, les yeux demi-fermés, avec toutes sortes d’expressions chatte, passant sur sa physionomie qui fait la morte, sur cette chair qui a pris le beau et chaud culottage de la chair d’un syndic de Rembrandt, et quand sa parole s’anime, il y a sur son front un étrange tressautement de la ligne de ses cheveux blancs, qui monte et redescend. […] Me voici donc, comme un chirurgien, qu’on arracherait à d’aimables curiosités, obligé de reprendre la cruelle autopsie moderne, la brutale prose, le travail qui fait mal, et dont tout mon système nerveux souffre, tout le temps que le volume se pense et s’écrit… * * * — Il s’élève, à l’heure qu’il est, une génération de jeunes liseurs de bouquins, aux yeux ne connaissant que le noir de l’imprimé, une génération de petits lettrés, sans passion, sans tempérament, les yeux fermés aux femmes, aux fleurs, aux objets d’art, à tout le beau de la nature, et qui croient qu’ils feront des livres. Les livres, les livres de valeur, ne se font que du contrecoup de toutes les émotions produites par les beautés belles ou laides de la terre, chez une nature exaltée. […] Mon père, un soldat, n’a jamais acheté un objet d’art, mais aux choses qui servaient au ménage, il leur voulait une qualité, une perfection, un beau non ordinaire.
Sa maniere de traduire est fort libre ; il se contente de présenter en détail les pensées du texte ; ce qui fit appeler chacune de ses Traductions, la Belle infidelle.
Son Ovide en belle humeur ne trouve plus des gens d’assez mauvais goût pour le lire ; aussi ce Poëte, si on peut l’appeler ainsi, avoit-il choisi le plus pitoyable de tous les genres, sans avoir les mêmes talens que Scarron, pour se le faire pardonner.
Porcheres fit un Sonnet sur les yeux de la belle Gabrielle d’Estrées, qui lui valut, dit-on, quatorze cents livres de pension.
Il a beau, dans sa Préface, prévenir le Lecteur sur cette singularité, son aveu ne le met point à l'abri de l'accusation de Plagiat, parce qu'il prend un soin marqué de cacher jusqu'à quel point il l'a poussé.
C’est lui qui décide la réputation des grands écrivains, lorsqu’il se trouve joint à l’élévation dans les pensées, à la noblesse dans les sentimens, à la justesse & à la force dans les raisonnemens, à une belle & brillante imagination.
Je suis fâché de ce défaut qui gâte un très beau dessin.
Aussi son lyrisme indépendant a-t-il vite commencé d’éclater d’abord dans le Psautier de l’Amie et dans cette belle pièce, l’Amante du Christ, où tout est étincelle et vie.
— Le Cabaret de la belle étoile, apologue (1893).
. — Les Belles et les Bêtes (1884). — L’Amour à trois (1884). — Quand l’amour va, tout va, nouvelles (1885). — Le Dieu bibelot, articles (1888). — De Paris à Paris (1888). — L’Année littéraire (depuis 1885). — Crime et châtiment, drame, en collaboration avec Hugues Le Roux (1888). — De Paris au cap Nord (1892).
Sainte-Beuve Il y a dans la manière de Madame Tastu la nuance d’animation ménagée ; la blanche pâleur, si tendre et si vivante, où le vers est, pour la pensée, comme le voile de Saphoronie, sans trop la couvrir et sans trop la montrer ; la grâce modeste qui s’efface pudiquement d’elle-même, et enfin cette gloire discrète, tempérée de mystère qui est, à mon sens, la plus belle pour une femme-poète.
que l’on seroit heureux « Dans ce beau lieu digne d’envie, « Si, toujours aimé de Silvie, « L’on pouvoit, toujours amoureux, « Avec elle passer sa vie !
Anacréon, Sapho, Catulle, perdroient tout leur mérite, si on en jugeoit par la maniere dont il a rendu leurs plus beaux morceaux.
Voici mon compliment Pour la plus belle des Fauvettes : Quand elle revient où vous êtes, N’en déplaise à mon oncle, elle a du sentiment.
Il est fâcheux pour sa gloire, que la plus belle de toutes [les Moutons] soit à présent reconnue pour appartenir à Coutel, Poëte qui lui étoit antérieur, comme on peut le voir à son Article.
Il est toujours, sinon glorieux, du moins estimable, de présenter les Grands Hommes par le beau côté.
C’est une fort belle chose que le Berger Phorbas qui détache de l’arbre Œdipe enfant qui y était suspendu par les pieds.
Et que de belles choses aussi dans le reste du volume !
Ce sont peut-être les plus beaux Vers qu’on ait faits depuis Ovide, dont ils retracent la maniere.
N’est-ce pas là une belle maniere d’écrire l’Histoire ?
Il a exposé des fruits, des portraits ; les fruits sont beaux, les portraits sont mauvais.
Cependant comme cela a été fait d’après beau, le premier coup d’œil vous en plaît.
Ils nous refuseraient volontiers le droit dont ils usent, et ne consentiraient point à dire qu’après tout chaque peuple a des sentiments qui lui sont propres, sa manière de concevoir le beau et de reconnaître la nature. Le beau, le grand, le vrai, la nature, sont des dieux partout révérés ; c’est le culte qui diffère. […] Si vous n’osez suivre un si bel exemple, c’est que vous sentez qu’il y a des conventions dans les beaux-arts et qu’elles forment une partie essentielle de la théorie des grands artistes. L’une de ces conventions est qu’une tragédie soit écrite, non seulement dans la langue des spectateurs, mais aussi en vers et en très beaux vers.
(Saint-Thomas d’Aquin) Sir Percivale Whom Arthur and his Knighthood call’d the Pure (Tennyson) Parsifal a vaincu les Filles, leur gentil Babil et la luxure amusante, et sa pente Vers la Chair de garçon vierge que cela tente D’aimer des seins légers et ce gentil babil ; Il a vaincu la Femme belle au cœur subtil, Étalant ses bras frais et sa gorge excitante ; Il a vaincu l’Enfer et rentre sous la tente Avec un lourd trophée à son bras puéril, Avec la lance qui perça le Flanc suprême ! […] c’est Charmant, mais qui recule Devant l’ombre d’un geste oublieux et moqueur… Les hochets promis à la Belle stagnent, frustes Pièges éventés, dans les ténèbres augustes. […] Après plusieurs cruelles années, années de faim et de désillusionnement, et juste au moment où, dans le Hollandais Volant, Wagner reprochait au ciel de ne le laisser ni mourir, ni trouver l’amour qui le sauvât (I, 21-24), à ce moment, une transformation subite, presque fantastique, avait tout changé ; Wagner avait été appelé à Dresde, son opéra Rienzi avait eu un grand succès ; une mort inopinée avait permis de le nommer chef d’orchestre ; après la plus noire misère, il était débarrassé de tous soucis, dans une position assurée, et, ce qui pour l’artiste était bien plus, avec le plus beau théâtre de l’Allemagne à ses ordres pour réaliser toutes ses inspirations (IV, 338). […] Il a écrit de belles pages sur ce Lohengrin ; à plusieurs reprises, et toujours plus profondément, il a entrepris l’analyse psychologique de son héros ; mais il faut bien admettre que dans le drame il n’y a rien de tout cela ; nous savons maintenant pourquoi.
. — La cinquième aura pour assaillant Parthénopéos l’Arcadien, fils d’Atalante, la chasseresse montagnarde : « Un enfant-homme, au beau visage, les joues fleuries d’un duvet naissant. […] On y voit une belle Euménide, sortie à mi-corps de l’abîme, un flambeau de fête à la main, saisir l’attelage par les rênes, comme pour introduire le héros divinisé dans le noir royaume. […] Étéocle sera enseveli dans la terre natale, car il a défendu la ville, et « il est tombé là où il est beau aux jeunes hommes de tomber ». […] Renoncement heureux après tout : il y aurait eu choc d’admirations, partage et controverse peut-être autour d’une figure-adorable, qui demeure unique et d’autant plus belle sur son piédestal isolé.
« Si le beau éternel est ennuyeux », comme l’a dit franchement, toute honte bue, l’auteur de Madame de Pompadour, et s’il n’y a que la fantaisie qui soit digne de plaire, le licou de la théorie conduira bientôt l’historien à l’histoire de… fantaisie, et il y est allé ! […] Et il y avait un beau livre à faire, sévère et pur, sur le xviiie siècle, et dont M. […] « Chevalier (s’appelle-t-il lui-même) des temps écoulés, il défend ces gracieux et beaux portraits de marquises, chefs-d’œuvre de Boucher, de Lencret et de Greuze. » Mais une raison de cette maigreur, l’amour d’une fausse élégance dans les arts, pouvaient-ils voiler à un esprit qui eut longtemps le sentiment de l’histoire, cette autre corruption dans les mœurs, bien plus épouvantable, qui allait faire tomber à quelques années de là toute cette société pourrie sur la planche de l’échafaud et devant laquelle l’historien, l’historien politique, devait enfin se dégriser et se retrouver ? […] Il y avait, pour un esprit qui se serait piqué de moralité, un beau livre à écrire sous ce titre : « Les Maîtresses de Roi », mais ce ne serait la biographie d’aucunes d’elles.
André Theuriet Son livre (Dernières élégances) vous fait l’impression du château de la Belle au bois dormant ; seulement, ce château est une petite maison de la fin du xviiie siècle, et la princesse, endormie pendant une lecture des Contes moraux, s’est réveillée en l’an 1869, vêtue à la mode ancienne, avec un œil de poudre et un soupçon de rouge.
Il avoit des correspondances avec les plus beaux Génies de l’Europe, & malgré les critiques de Boileau, son nom sera honoré dans les siecles futurs. » Voilà comme l’amour-propre des Auteurs médiocres sait tirer parti de tout, pour se consoler de leurs disgraces.
On y trouve des ressources infinies pour l’éclaircissement de l’Histoire, pour l’explication des mots hors d’usage, pour l’intelligence des Auteurs Grecs & Latins, tant des beaux siecles de leur Littérature, que des siecles où cette Littérature commença à s’affoiblir & se dégrader.
N’eût-il fait que la belle Préface du premier volume des Mémoires de l’Académie Royale de Chirurgie de Paris, son nom mériteroit d’être placé à côté de celui de nos habiles Littérateurs.
André Chénier et Bernardin de Saint-Pierre, seuls, demeurent tout à fait à part : vrais et chastes poètes, artistes exquis et délicats, aimant le beau en lui-même, l’adorant sans autre but que de l’adorer, le cultivant avec mollesse, innocence et une ingénuité curieuse, ils étonnent et consolent à l’extrémité de ce siècle, comme des amis qu’on n’attend pas ; ils gardent discrètement et sauvent dans leur sein les dons les plus charmants de la Muse, aux approches de la tourmente sociale. […] Aristocrate d’origine et d’inclination, mais indépendante de nature, loyale et cavalière à la façon de Montrose et de Sombreuil, elle se retourna vers le passé, l’adora, le chanta avec amour, et s’efforça dans son illusion de le retrouver et de le transporter au sein du présent ; le moyen âge fut sa passion, elle en pénétra les beautés, elle en idéalisa les grandeurs ; elle eut le tort de croire qu’il se pouvait reproduire en partie par ses beaux endroits, et en cela elle fut abusée par les fictions de droit divin et d’aristocratie prétendue essentielle qui recouvraient d’un faux lustre le fond démocratique de la société moderne.
Son frère, ce nouveau duc d’Orléans, c’était un beau jeune prince, qui n’avait que trop d’esprit et d’audace, qui caressait tout le monde… Donc rien d’ami ni de sûr. […] Il lui faut un berceau tel que les fils de rois N’en ont point de pareils, si beaux qu’on les suppose.
Alors on abaissa dessus les paupières avec leurs longs cils, et Sylvestre redevint très beau et calme, comme un marbre couché6…… » L’unité d’un roman pourra être plus lâche, ou plus idéale que l’unité d’une pièce de théâtre : celle-ci sera plus étroite et comme plus matérielle. […] On a beau savoir à fond la chose, et où elle se termine : on ne trouve pas l’idée et la phrase de la fin, celles qui doivent achever l’impression et conclure le discours ; on reprend son propos, on revient sur ses pas, on change un peu sa direction, sans pouvoir tomber juste au but.
Coppée a la volonté et l’énergie voulue pour s’atteler à une œuvre, je ne dirai pas plus importante, car le Passant est un petit bijou, mais plus grande, plus vaste, il aura certainement un bel avenir au théâtre. […] C’est d’être, à un degré qui rend la chose originale en ce temps de septentriomanie, — peut-être, il est vrai, finissante, — un beau drame français, écrit en français, avec une ingénuité, une générosité, une chaleur et une clarté toutes françaises, par un Parisien de Paris.
France l’écrivait ce matin : « Il en est des strophes des poètes comme des femmes ; rien n’est plus vain que de les louer : la mieux aimée sera toujours la plus belle… » IV. — Lorrain Voici un bon écrivain et le meilleur chroniqueur de ce temps. […] VII. — Lavedan Décomposer avec une minutie sans finesse les soucis d’un oisif gandin, tracer en grossissement ses occupations, détailler en dialogues des recettes pour dissiper le hâle de la mer et attendrir les barbes rétives, n’est pas assez pour faire un bon livre, et Leur beau physique est loin d’être du meilleur Lavedan.
Dans son beau livre des « Paroles d’un croyant », la colère la plus effrénée et les retours les plus suaves alternent comme en un mirage. […] Les belles maximes de Hillel résumant toute la Loi en l’équité 926, celles de Jésus, fils de Sirach, faisant consister le culte dans la pratique du bien 927, étaient oubliées ou anathématisées 928.
Les plus belles femmes de l’Empire, recrutées dans toutes les provinces, peuplaient et renouvelaient son sérail. […] Les femmes actives et vives de l’Europe, comparées aux belles femelles oisives de l’Asie, frappaient d’ailleurs vivement l’imagination des hommes de l’Iran.
Saisie dans le jour blanc d’un musée ou fixée aux panneaux futilement ornés d’un salon, la toile dont les pigments réfléchissent les diaprures incluses du rayonnement solaire, refleurira par les mots, dans l’accord heurté ou doux à l’œil de ses nuances stridentes ou tragiquement mortes ; et il y aura des cadences de phrase pour la langueur innocente d’un beau corps nu, et des aurores verbales pour l’éveil religieux d’un blond rayon de lumière entre les ténèbres d’un fond où s’effacent de torturés ou humbles visages, et de pénétrantes périodes pour la sagace analyse de quelque froide et mince tète de roi ou de moine surgie du passé, avec ses yeux pleins de pensées mortes et ses traits sillonnés par des passions définitivement réprimées. […] Que l’on conduise ainsi Poe de la table où tout enfant son père adoptif l’exhibait récitant des vers, à cette taverne de Baltimore où il goûta l’ivresse qui le couchait le lendemain dans le ruisseau ; que l’on connaisse de Flaubert la famille de grands médecins dont il était issu, le pays calme et bas dans lequel il passa sa jeunesse, la fougue de son arrivée à Paris, ses voyages, son mal, le rétrécissement progressif de son esprit, le milieu de réalistes dans lequel s’étriquait ce romantique tardif : que de même on décrive la physionomie satanique et scurrile (sic) de Hoffmann, le pli de sa lèvre, l’agilité simiesque de tout son petit corps, ses grimaces et ses mines extatiques, son horreur pour tout le formalisme de la société, ses longues séances de nuit dans les restaurants, à boire du vin, et ce mal qui le mît comme Henri Heine tout recroquevillé dans un cercueil d’enfant ; que l’on compare les débuts militaires de Stendhal et de Tolstoï à leur fin, à l’existence de vieux beau de l’un, à l’abaissement volontaire de l’autre, aux travaux manuels et à la pauvreté grossière ; que l’on complète chacune de ces physionomies, qu’on en forme des séries rationnelles, on aura dressé en pied pour une période, pour un coin du monde littéraire, pour ce domaine tout entier, les figures intégrales du groupe d’hommes qui sont les types parfaits de l’humanité pensante et sentante.
C’est, encore à présent, à cette origine des choses qu’il faudrait remonter pour fixer les limites de la poésie et de la prose ; on a beau lutter contre la tyrannie des lois primitives, il faut toujours en venir à les étudier pour bien connaître ce qui est réellement. […] Les hommes ont beau n’être pas disposés toujours à toute justice, il se forme une conscience générale, une morale publique, qui ont besoin d’être consultées à chaque instant, et dont les arrêts sont sûrs ; à peu près comme dans un parterre composé d’hommes plus ou moins éclairés, il s’établit des jugements et même des impressions qui, en définitive, méritent toute notre estime et toute notre confiance.
L’impartialité dans l’enthousiasme, qui correspond pour l’esprit à ce qu’est la justice dans l’amour pour le caractère, tel est le trait saillant, particulier, impossible à oublier, de cette belle physionomie intellectuelle, — son fer à cheval de Redgauntlet, à ce noble front ! […] Cela nous charme de voir le philosophe, dans Daly (malheureusement il y est), faire toujours paraître l’histoire à travers et derrière l’art, comme derrière un cristal qui la purifie et la rend plus belle !
Jusque-là, il avait mérité de s’appeler de ce beau nom qu’ils ont en Écosse, il était digne de s’appeler du nom de Marmor ; car, marbre il était, et les marbres, sur lesquels tout tombe sans rayer leur surface polie, n’avaient pas plus que lui de froide impassibilité. […] , pour qu’il y ait des dévouements plus beaux.
elle est folle, elle est égarée, cette faible tête, à l’aurore d’une vie qu’elle va perdre, ce qui la bouleverse ; mais elle est belle encore, comme Oreste était beau quand il était en proie aux Furies.
Malgré l’indifférence dont on s’est beaucoup vanté pour une religion finie, que plusieurs considéraient, disaient-ils, comme ils auraient considéré les antiquités d’Herculanum, il s’est pourtant rencontré que le xixe siècle, qui jouait la comédie de la plus haute impartialité à l’endroit de tous les symboles et qui avait la prétention de les ramener à une explication scientifique, s’est élevé de plus belle contre cette religion qui a fait rugir tous les impies, depuis Celse jusqu’à Condorcet, et l’a passionnément attaquée non plus dans sa morale et les conclusions politiques qui en découlent, mais dans le plus fondamental de ses dogmes, — la personnalité divine de Notre-Seigneur Jésus-Christ. […] L’abbé Brispot a réuni et choisi avec un art exquis les fragments épars de cette belle mosaïque intellectuelle étendue, pour ainsi parler, sous les pieds du texte divin.
Baudelaire qui les a cueillies et recueillies, n’a pas dit que ces Fleurs du mal étaient belles, qu’elles sentaient bon, qu’il fallait en orner son front, en emplir ses mains et que c’était là la sagesse. […] On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue, et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakespeare, indifférent à tout, excepté à la beauté comme Gœthe, on va quelque temps ainsi, — misérable et superbe, — comédien à l’aise dans le masque réussi de ses traits grimés ; — mais il arrive que, tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah !
Milton, ce beau jeune homme qui ensorcelait les femmes, même quand il dormait ; Milton, cet Endymion de la poésie anglaise, auprès de qui une inconnue qui passait quand il dormait sur un gazon laissa les fameux vers : Occhi, stelle mortali, Si chiusi m’uccidite, Aperti, che farete 5 ? […] vous chercheriez en vain, dans toutes les histoires littéraires, un exemple plus frappant et plus beau de l’impérissable vocation du génie.
La petite Convenance, cette Blême que Ferdinand Fabre ne devrait pas connaître, lui a lié le poignet avec son bout de fil et l’a empêché d’accomplir un mouvement qu’il fallait pousser à outrance, pour qu’il fût très beau. […] nous n’aurions pas eu la figure de l’abbé Mical, — la plus profonde figure du livre et la plus belle sans en avoir l’air ; — l’abbé Mical, qui croit en Capdepont, qui le veut évêque ; l’abbé Mical, au conseil de prêtre, à l’amitié de prêtre qui va jusqu’aux coups, qui les reçoit et qui les pardonne ; l’abbé Mical, le petit poisson qui conduit ce requin aveugle et qui a plus de mérite que le petit poisson, que le requin ne mangera pas, quand, lui, peut être dévoré par le sien ; l’abbé Mical, enfin, le Père du Tremblay du Richelieu futur, mais autrement sublime, car Richelieu, qui suivait les conseils du Père Joseph, ne le battait pas.
Quand il tisonnait au coin de son feuilleton, il en faisait encore assez bien jaillir des étincelles, mais il n’avait plus ce beau coup de pincettes avec lequel saint Dunstan tordit un jour le nez du diable, ce père de tout drame et de tout vaudeville, comme on sait ! […] Je connais quelque chose de très-beau en littérature, et même ce qu’il y a de plus beau, la chose sans laquelle il n’y a point de génie.
Il fallait les révolutions et les progrès dont nous sommes témoins, et toutes sortes d’émancipations philanthropiques, pour que nous eussions le précieux avantage d’avoir chez nous des moralistes à nos gages et des observateurs passionnés, capables d’écrire, sur le papier pris dans nos tiroirs, leurs observations, en belle écriture américaine, avec plus ou moins d’orthographe. […] Aussi n’ai-je été nullement surpris quand, arrivé à la dernière page de ces prétendus et impudents Mémoires, j’ai vu que la vraie femme de chambre, en supposant qu’elle existe, n’avait pas écrit et s’était contentée de donner ses notes à un littérateur, mâle ou femelle, qui en avait fait cette belle pièce de littérature !
Tous les gestes de notre passé, tous les beaux témoignages d’aujourd’hui que je viens de rassembler, ne sont que les produits d’une même conception très simplifiée de la France, champion du bien sur la terre. […] A l’issue d’une guerre où tous les enfants de la France furent plus beaux que dans aucun siècle, la patrie doit un hommage aux femmes et aux mères des héros, l’enthousiasme glorieux de nos combattants est fait pour une grande part du courage et de l’abnégation des Françaises, et celles-ci, quand la funeste nouvelle tombe dans leurs foyers, sont dignes de recueillir (pour la défense de leur famille et de la patrie) le bulletin de vote du soldat dont l’âme était pareille à la leur.
Ces beaux siècles de la Grèce qui produisirent les héros, firent naître aussi une foule d’écrivains pour relever leurs actions. […] La première moitié a cet agrément qui caractérise presque tous les ouvrages de Lucien ; la dernière est pleine de grandeur ; elle est digne des plus beaux temps de la Grèce.
Aux voix des frères de sa vingtième année, il a su joindre sa personnelle chanson et unir aux hymnes déjà grandioses de plusieurs l’humble et exquise mélodie de ses pipeaux de pâtre… Je crois que ce pastourel a été un peu à l’école du Rêve chez Shakespeare et Henri Heine, à celle des beaux vers chez Léon Cladel et Paul Verlaine, et c’est un peu pour cela que l’on ne pourrait définir absolument les endroits où il lui plaît de s’arrêter.
Vérola, le dégagement de sa personnalité, la clarté et l’élévation de sa pensée, la belle ordonnance de ses conceptions, tout témoigne enfin que, bon poète et bon écrivain, il ne tardera plus à goûter une estime et une admiration unanimes.
Il couchoit tantôt à la belle étoile, tantôt dans les chaises à porteur qui sont au coin des rues ; genre de vie nullement propre à favoriser les dons du génie.
On a aussi de lui un Livre sur l'Art de sentir & de juger en matiere de Goût, dont l'objet est de faire connoître en quoi consiste le Goût qui crée, qui juge, qui admire le vrai & le beau dans les Ouvrages d'esprit, dans les Sciences, les Arts, & les Productions de la Nature.
Un seul trait lui suffisoit pour peindre une action ; cette belle Strophe, sur le passage du Rhin, en est la preuve.
Monsieur Hallé, où est ce beau caractère céleste que Raphaël et Le Sueur ont su donner à leurs anges ?
Il paraît bien que c’est beau, mais surtout solennel, écrit Janin : en bon français ennuyeux.
La plupart de ses productions sont inspirées par le culte du beau et du juste, et elles attestent, sous une forme précise et harmonieuse, son aversion pour la bassesse et la lâcheté ainsi que son profond amour pour les âmes nobles et patriotiques.
Huysmans Les 24 coups de sonnets : Ce livre, composé de quelques feuilles de papier chamois, reliées entre elles par une couverture d’un rose qui se meurt, et imprimé avec une heureuse alternance de fleurons et de culs-de-lampe par le Jouaust du Brabant, Félix Collewaert, s’ouvre sur une belle eau-forte enlevée à la manière de Rops, par le sonneur de ces clochettes d’or, Théodore Hannon.
Maine de Biran sont déjà des méditations ébauchées et mieux qu’ébauchées… Voilà, ce me semble, de la belle poésie philosophique, s’il en fut ; mais, chez Loyson, cette élévation rigoureuse dure peu d’ordinaire ; la corde se détend et l’esprit se remet à jouer.
Mais ses prières sont simples et belles.
Quelle plus jolie pièce dans ce dernier recueil que celle qui a titre : La Belle petite Mendiante, et, dans le recueil précédent, que cette autre pièce sur un chien mort d’ennui après le départ de sa maîtresse ?
Beau, [Charles le] Professeur d’Eloquence au Collége Royal, Secrétaire de l’Académie des Inscriptions & Belles-Lettres, mort à Paris en 1778.
Ils ont beau revêtir leurs paradoxes de l’appareil d’un raisonnement captieux, répandre sur leur style les charmes de l’éloquence, employer toutes les ressources de l’art pour séduire les esprits, l’illusion n’a presque jamais son effet, ou, si elle subsiste quelques momens, la réflexion la proscrit bien vîte, & l’Auteur paradoxal ne recueille que le blâme qui lui est dû.
Il arrivoit même souvent que les Ecoliers quittoient assez volontiers les leçons du Professeurs, pour se rendre auprès de la Belle, qui ne s’inquiétoit rien moins que des formalités.
L’Epitaphe dont il honora le tombeau de la belle Laure, en passant à Avignon, fait honneur à sa Muse : En petit lieu compris, vous pouvez voir Ce qui comprend beaucoup par renommée, Plume, labeur, la langue & le devoir, Furent vaincus par l’Amant de l’aimée.
S’ils ne manquoient pas d’invention & souvent de naturel, ils ne seroient pas indignes de la place qu’ils occupent dans la belle édition des Poëtes Latins, donnée par Barbou.
Les beaux ouvrages de poésie en tout genre, soit en vers, soit en prose, qui ont honoré notre siècle, ont révélé cette vérité, à peine soupçonnée auparavant, que la poésie n’est pas dans la forme des idées, mais dans les idées elles-mêmes.
Trois filles pas trop belles, pas trop jeunes, passant des guirlandes de fleurs autour des bras et des pieds d’un innocent qui les laisse faire.
En ce livre des Œuvres et des Hommes, j’ai eu le bonheur de parler le premier de votre belle Histoire de Christophe Colomb, ce monument élevé à la gloire du plus grand des hommes, payé du Nouveau Monde, qu’il donna à l’Ancien, par l’ingratitude universelle.
L’humoriste renferme un poëte ; tout d’un coup, dans la brume monotone de la prose, au bout d’un raisonnement, un paysage étincelle : beau ou laid, il n’importe ; il suffit qu’il frappe. […] Carlyle lui doit ses plus belles vues, ses leçons sur Shakspeare et sur Dante, ses études sur Gœthe, sur Johnson, sur Burns et sur Rousseau. […] Sitôt qu’un homme a un sentiment profond, une conviction forte, son livre est beau. […] Je voudrais que toute histoire fût, comme celle-ci, un choix de textes munis d’un commentaire ; je donnerais pour une histoire pareille tous les raisonnements réguliers, toutes les belles narrations décolorées de Robertson et de Hume. […] Si l’enthousiasme est beau, les suites et les origines en sont tristes ; il n’est qu’une crise, et la santé vaut mieux.
Ce qu’il y a de singulier, c’est qu’ordinairement ces beaux parleurs sont de très mauvais écrivains. […] On dit d’un homme qui parle bien, qu’il a une belle élocution ; que sa diction est correcte, que son style est élégant, etc. […] Qu’on interroge les écrivains de génie sur les plus beaux endroits de leurs ouvrages ; ils avoueront que ces endroits sont presque toujours ceux qui leur ont le moins coûté, parce qu’ils ont été comme inspirés en les produisant. […] Le morceau que nous venons de citer renferme une idée si noble et si belle, qu’il est assurément très éloquent par lui-même, et je ne crains point de le traduire pour le prouver. […] C’est ainsi, et d’après les mêmes principes, qu’il y a dans tous les arts un beau absolu, et un beau de convention y un goût réel, et un goût arbitraire.
L’expérience a beau dire « c’est faux » et le raisonnement « c’est absurde », l’humanité ne s’en cramponne que davantage à l’absurdité et à l’erreur. […] Bon gré mal gré, le lecteur des beaux livres de M. […] Ces phénomènes mériteraient déjà que la psychologie leur ouvrît un compte spécial ; il se solderait par de beaux bénéfices. […] Nous disions qu’on a beau parler de mentalité primitive, le problème n’en concerne pas moins la psychologie de l’homme actuel. […] Ainsi Mardouk, le dieu de Babylone, s’approprie les attributs de Bel, le grand dieu de Nippour.
Il faut l’aimer, parce qu’il est un beau poète, et qu’il a droit à notre estime et à notre affection.
Baour-Lormian est un de nos meilleurs versificateurs ; son style n’est cependant remarquable par aucun de ces efforts, aucune de ces tentatives qu’on observe dans celui de la plupart de nos poètes à la mode, tout est naturel et simple dans les vers de M. de Lormian… Le fond sur lequel roulent ces Veillées est bien triste et bien sombre : il ne peut plaire qu’aux âmes sensibles et mélancoliques qui aiment à entendre les Muses soupirer des plaintes sublimes et moduler de tendres regrets ; elles y trouveront, dans de beaux vers, l’expression la plus parfaite des sentiments dont elles se nourrissent, et chériront le poète aimable dont les chants mélodieux s’accordent si bien avec cette voix secrète de douleur qui retentit toujours au-dedans d’elles-mêmes.
Sous un vaste chapeau à la va-te-faire-lanlaire, la tête, belle et douce, d’un chouan résolu.
C’est un joli volume de prose et de vers alternés… Avec quel plaisir nous avons lu les belles pages que l’auteur consacre à la Picardie.
Paul Maritain La sève qui fécondait sa belle intelligence ne s’est pas ralentie un instant ; et dans les pages suprêmes qu’il traçait de sa main défaillante, lorsque les ombres sinistres du trépas commençaient à pâlir son front, on retrouve la pureté harmonieuse, la fraîcheur de sentiments et d’images, la noblesse et l’élévation de pensées qui resteront comme les traits caractéristiques de son génie.
Édouard Fournier Son Hommage aux mânes d’ André Chénier est une page éclatante, de laquelle se détache ce beau vers qui est resté : Adieu donc, jeune ami, que je n’ai pas connu.
Elles y habitent, y reçoivent un culte pieux que solennisent des hymnes dignes d’elles, parlent elles-mêmes parfois par la voix de leur hôte, le payent du noble privilège de rester presque seul à posséder l’art du beau vers français.
Il est mort dans une inexprimable misère, sans laisser, à la maison, de quoi acheter un cercueil, sans laisser de quoi acheter un morceau de pain à ceux qui lui survivent……… … être élu, en ce qui a brûlé une des plus belles flammes de la pensée de ce temps………… D’origine ouvrière, Jean Lombard s’était fait tout seul. — …… Jean Lombard avait gardé de son origine prolétaire, affinée par un prodigieux labeur intellectuel, par un âpre désir de savoir, par de tourmentantes facultés de sentir ; il avait gardé la foi carrée du peuple, son enthousiasme robuste, son entêtement brutal, sa certitude simpliste en l’avenir des bienfaisantes justices.
le voici : L’hôtel de Rambouillet nous offre d’abord le spectacle d’une société qui, sous les auspices d’une femme jeune, belle, spirituelle, de naissance illustre, épouse et mère d’une vertu exemplaire, se distingue par la pureté, la décence, la délicatesse de ses mœurs, et se sépare de la cour et des gens du monde de la capitale, tous plus ou moins entraînés dans des habitudes de dissolution et effrontée.
Mais quand on saura que les talens agréables n’ont été, dans cet illustre Auteur, que le germe & le prélude des plus hautes qualités ; quand les siecles futurs seront dans le cas d’admirer, comme notre siecle, un génie formé pour les plus grandes affaires, une ame nourrie des plus beaux sentimens, un cœur, le siége des plus rares vertus ; quand la postérité de toute l’Europe enfin reconnoîtra dans lui le vrai grand homme consacré par le suffrage de toutes les Nations ; alors les couronnes dues à ses talens littéraires ne seront que de foibles guirlandes de fleurs que les Muses auront déposées aux pieds de sa Statue ; & celles qui sont dues à ses succès dans les négociations les plus importantes, à l’administration la plus éclairée & la plus sage dans les fonctions de l’Episcopat, aux monumens multipliés de son zele & de sa générosité, iront d’elles-mêmes se reposer sur sa tête.
Elle a beau faire des tours de force pour justifier sa foiblesse, on n’y découvre plus que les prestiges d’une conscience qui veut s’étourdir sur ses fautes, mais qui n’en imposent point au Juge impartial qui doit les condamner.
Loin de chercher à la rendre facile et à la portée de tout le monde, il en fait une sorte d’escrime où il prend trop d’avantage ; on le quitte mécontent de soi et de lui, et ceux dont il a blessé la vanité s’en vengent en lui donnant la réputation de méchanceté, et en lui refusant les qualités solides du cœur et de l’esprit… M. de Forcalquier n’était fat qu’à moitié, il lui manquait un grain de présomption : « Il ne consulte son goût et ses lumières sur rien ; il adopte les lumières et les sentiments de ceux qu’il croit le plus à la mode et les plus confirmés dans le bel air. » Duclos fut sans doute un de ceux qui le dominèrent pour un temps et qui lui imposèrent dans les choses de l’esprit ; on en sait bien peu sur ce salon de l’hôtel de Brancas. […] Duclos a cinquante-neuf ans : le profil est net, tranché, spirituel, le front beau, l’œil vif, ouvert et assez riant ; la ligne du nez et du menton est prononcée et bien formée sans rien d’excessif ; la lèvre entrouverte et parlante vient de lancer le trait, elle n’a rien de trop mince ; et l’ensemble de la physionomie non plus n’a rien de dur. […] En tout, c’est Duclos vu dans un beau jour, dans la netteté de son bon sens et avant dîner ; c’est bien l’homme qui avait le droit de dire de lui-même, en faisant assez bon marché de ses ouvrages : « Mon talent à moi, c’est l’esprit. » 57.
On le voit dans la guerre de Sept Ans (1757) aide de camp d’abord du duc d’Orléans, avec le grade de brigadier ; puis, maréchal de camp, commander en 1758 sur la Meuse un corps de troupes sous ses ordres ; en 1760 il prit part à l’opération sur Wesel et au beau combat de Clostercamp, où M. de Castries commandait. […] Il était loin de regretter ces temps de trouble et d’agitation féodale où les ambitions avaient toute carrière et où les facultés énergiques luttaient à nu : « Le repos, les plaisirs, dit-il en parlant de ces époques de ligue ou de fronde, avaient fait place au tumulte, à la méfiance, à la terreur, à tout ce que la fureur des conjurations, des cabales, peut inspirer de plus atroce. » Il se félicitait donc de vivre sous un régime qui avait mis fin à ce qui-vive perpétuel, et depuis que tout était réglé par l’autorité d’un maître : Cet état de choses (il écrivait cela aux derniers beaux jours de Louis XVI, en 1784) n’est pas favorable aux grandes pensées, mais il procure un calme sans lequel il n’y a point de bonheur. […] M. de Levis, dans le portrait qu’il a tracé de Besenval, commence en ces termes : Le baron de Besenval était un officier suisse qui avait servi avec distinction pendant la guerre de Sept Ans ; il joignait à l’intrépidité qui de tout temps a caractérisé sa nation ce feu de valeur qui paraît appartenir à la nôtre ; il avait une belle taille, une figure agréable, de l’esprit, de l’audace : que faut-il de plus pour réussir ?
De tous les États et lieux qui faisaient partie de sa vaste monarchie, Charles-Quint choisit exprès, pour cet acte solennel, la capitale des provinces belges, où il était né, où il avait été nourri, qu’il affectionnait particulièrement, et aux institutions desquelles il rendait ainsi le plus bel hommage ; il voulut imprimer, à cette renonciation politique suprême comme un caractère de famille ; et lui, le plus hautain partout ailleurs et le grave des maîtres, il eut ce jour-là des accents de cordialité et presque de bonhomie. […] il viendra, quelques années après, un sage appelé Montaigne qui remettra tout à sa place et à son rang dans l’estime, et qui ayant à développer cette idée, qu’un père sur l’âge, « atterré d’années et de maux, privé par sa faiblesse et faute de santé de la commune société des hommes, se fait tort et aux siens de couver inutilement un grand tas de richesses, et que c’est raison qu’il leur en laisse l’usage puisque la nature l’en prive », ajoutera pour illustrer sa pensée : « La plus belle des actions de l’empereur Charles cinquième fut celle-là, à l’imitation d’aucuns Anciens de son calibre, d’avoir su reconnoître que la raison nous commande assez de nous dépouiller, quand nos robes nous chargent et empêchent, et de nous coucher quand les jambes nous faillent : il résigna ses moyens, grandeur et puissance à son fils, lorsqu’il sentit défaillir en soi la fermeté et la force pour conduire les affaires avec la gloire qu’il y avoit acquise : Solve senescentem… » Mais entrons un peu plus avant dans les raisons qui persuadèrent à une de ces âmes d’ambitieux, si aisément immodérées, d’en agir si sensément et prudemment. […] Elle a peu de dents de devant et gâtées, les chairs belles, la barbe courte, hérissée et blanche.
Ce fut un beau moment dont rien ne saurait effacer l’éclat dans cette première splendeur de l’inauguration du siècle : « Ils ne sont pas encore assez loin pour être oubliés, s’écriait en 1818 un des témoins émus, ces jours alors si nouveaux et si sereins, si inattendus et si consolants, dans lesquels, après tant d’années d’interruption et d’outrages, on vit le culte catholique ramené en pompe dans le même temple où il avait reçu les plus graves insultes, — ramené par la main d’un jeune guerrier qui semblait jusque-là aussi étranger aux choses religieuses qu’il était familiarisé avec la victoire. […] C’est, redirai-je d’après lui à mon tour, c’est être ou avoir été amis, avoir eu, à une certaine heure de jeunesse, des sentiments vifs et purs en commun ; avoir eu volontiers mêmes vues à l’horizon, mêmes perspectives et mêmes vœux, par le seul fait de cohabitation morale dans un même navire ; ou, dans des navires différents, avoir fait route quelque temps de conserve sous les mêmes astres, avoir jeté l’ancre un moment côte à côte dans de belles eaux ; s’être connus et goûtés dans des saisons meilleures ; sentir, même en s’éloignant, qu’on est, malgré tout, de la même escadre, qu’on flotte ensemble, qu’on est à bord d’une même expédition, qui s’appelle pompeusement le siècle, qui comprend environ un quart, de siècle et qui, pour la plupart, n’ira guère au-delà. […] D’autres enfin, qui n’ont rien trahi parce qu’ils n’avaient rien promis, parce que leurs paroles n’excédaient pas leur pensée et que les réserves y étaient toujours présentes, et qui ne prétendirent guère jamais voir dans ces combinaisons réputées divines que les plus belles des espérances humaines, ont passé graduellement à l’observation, à la science, n’espérant plus que de là, tout bien considéré, la réalisation, bien lente et bien incomplète toujours, de ce qui doit affranchir notre espèce de ses lourds et derniers servages.
Le beau moment moral de la reine — un long moment — commence avec les journées d’octobre, c’est-à-dire avec sa captivité. […] On aura beau dire, rien ne sera exagéré, et au contraire tout sera au-dessous de ce que nous avons vu et éprouvé. » Elle écrivait encore au comte de Mercy dans le même temps : « Vous n’avez pas besoin de me dire votre douleur, et je n’exprimerai pas ce que je sens ; il me suffit d’être sûre que vous avez apprécié tout ce que j’éprouve. […] Tout d’abord je dois dire, pour qu’il n’y ait pas à se méprendre sur les éloges si dus à cet état d’une belle âme inaltérable et pure, que l’angélique princesse est au fond dans l’inintelligence politique la plus entière de la situation ; elle voit nettement les faits, et elle les rend comme elle les voit ; mais la raison, la nécessité qui les produit et les enchaîne lui échappe.
On a beau se défier, se défendre : cette passion brûlante vous prend. […] Dans cette partie, il n’y a rien peut-être de plus beau que le tableau du xive et du xve siècle. […] On a publié depuis sa mort quelques carnets de notes de voyage, où les belles descriptions, les fortes émotions ne manquent pas : on sait ce que Michelet peut en ce genre.
Avec ses énormes défauts, dur, égoïste, moqueur, cruel, étroit, subtil, sophiste, le peuple juif est cependant l’auteur eu plus beau mouvement d’enthousiasme désintéressé dont parle l’histoire. […] Les bains de Tibériade, qui sont aujourd’hui un affreux séjour, ont été autrefois le plus bel endroit de la Galilée (Jos., Ant. […] Jud., III, x, 8) vante les beaux arbres de la plaine de Génésareth, où il n’y en a plus un seul.
Telle est l’inspiration générale de Vauvenargues, celle par laquelle il rompt avec les moralistes du siècle précédent comme avec ceux de son siècle, et qui lui arrachera cette belle parole digne d’un ancien : « Nous sommes susceptibles d’amitié, de justice, d’humanité, de compassion et de raison. […] Aussi, quoique aucun écrivain n’ait plus agi sur lui que Pascal, quoiqu’il l’ait étudié et quelquefois imité quant au style, qu’il l’ait célébré magnifiquement comme le plus étonnant génie et le plus fait pour confondre, « comme l’homme de la terre qui savait mettre la vérité dans un plus beau jour et raisonner avec le plus de force », il se sépare de lui à l’origine sur un point capital, et l’on peut dire qu’il tend à être le réformateur de Pascal bien plus encore que son élève. […] Il l’a pourtant, cette conception de l’ordre universel, et, jusque dans ses fragments de pensées, il le prouve par d’assez belles marques.
Son autre frère le médecin, depuis célèbre architecte, se mit aussi du jeu et fit de beaux dessins à l’encre de Chine pour illustrer le manuscrit. […] Poésie d’opéra, peinture de décors, Perrault ne conçoit rien de plus beau : c’est le côté faible de son goût. […] Le premier recueil des Œuvres de Perrault avait été donné par lui dans un beau manuscrit et sous forme d’album à la bibliothèque du château de Versailles, comme pour y être voué à la divinité du lieu.
François de Sales avait une pénitente, Mme de Charmoisy, une belle âme qui avait désiré sa direction : il dressa pour elle une sorte de mémorial pendant un carême ; à travers ses autres occupations, il écrivait à la hâte quelques instructions et conseils qu’elle conservait et amassait précieusement. […] Pour donner à saint François de Sales tout son beau sens, il suffit souvent de dégager la pensée morale des emblèmes trop nombreux et des comparaisons trop jolies auxquelles il la mêle. […] On conçoit, dans le temps, le succès d’un tel livre qui prenait les cœurs par la tendresse, attirait l’esprit par les belles images, et satisfaisait la raison par le fruit moral qu’on en recueillait34.
Or, l’élève était une belle, grande femme en chemise, ayant sur le dos la redingote du monsieur, et toute recouverte et voilée dans le bas de sa personne d’une vieille tapisserie qu’elle raccommodait pour la collection du bibeloteur sexagénaire. […] C’est vraiment très beau sa propriété, et je n’en avais gardé qu’un souvenir assez incomplet. […] Alphonse Rothschild a un beau mot pour se défendre, dans le premier instant, contre un objet qu’on lui fait trop cher : « Non, non, dit-il, c’est immoral à ce prix !
Mais, un beau jour, la lente infiltration des milieux où elle vivait isolée, comme dans un Versailles minuscule, désagrégea le rempart à l’abri duquel la bourgeoisie espérait vivre éternellement. […] Elle croira que les bourgeois de la seconde moitié du siècle étaient des vases de pureté, comme nous croyons que Pyrrhus y regardait à deux fois avant de faire subir à ses captives, fût-ce à Andromaque, le sort réservé autrefois aux belles femmes des héros morts. […] Rappeler le nom de chacune des œuvres qui suivent, c’est enregistrer un succès : Vaudeville (1859) : les Lionnes pauvres, en collaboration avec Foussier ; Gymnase (1859) : Un beau Mariage ; Comédie-Française (1861) : les Effrontés ; Comédie-Française (1863) : Maître Guérin ; Comédie-Française (1866) : Lions et Renards ; Odéon (1869) : la Contagion, avec Got, de la Comédie-Française, dans le principal rôle ; Vaudeville (1876) : Madame Caverlet ; Comédie-Française (1878) : les Fourchambault, qui furent la dernière œuvre d’Émile Augier et qu’il retoucha, il y a quelques années quand elle fut reprise avec un succès que l’on n’a pas oublié.
Elles se répandent déja sur les belles lettres, et elles en feront disparoître les vieux préjugez, ainsi qu’elles les ont fait disparoître des sciences naturelles. […] Monsieur Pascal trouva cette explication tout-à-fait belle, mais comme elle n’étoit qu’une simple conjecture, il fit plusieurs expériences pour en connoître la verité ou la fausseté, et l’une de ces tentatives fut la célebre expérience faite sur le puis de Domme en mil six cens quarante-huit. […] N’ont-ils pas dit en termes exprès, que la philosophie étoit la mere des beaux arts.
même bêtes, qui se sont fixées sur cette belle tête voilée historique, mais dont le voile de veuve, pieusement gardé, laissera toujours apercevoir la beauté, le caractère et le courage ! […] Quelle belle et dramatique scène il a oublié de nous écrire, lui qui nous en a écrit de si belles, et cela parce qu’il avait un mal caché, un mal qui l’humiliait, son infirmité secrète !
« Mais ce feu sacré qui anime les nations, — dit-il, à la fin d’un des plus beaux chapitres de son Étude sur la Souveraineté, que nous avons là sous les yeux, — est-ce toi qui peux l’allumer, homme imperceptible ? […] À mon sens, très humble, mais très convaincu, philosophiquement ou plutôt théologiquement, ce que de Maistre a exprimé dans tous ses livres est absolument vrai, et, littérairement, c’est absolument beau, — et d’une beauté à lui, qui n’imite et ne rappelle personne…·Ce livre-ci n’ajoute rien à cette Immensité, mais n’en diminue rien non plus, il devait être publié (tout ce qu’une pareille plume a tracé appartient au monde), et il l’a été avec intelligence. […] Ils ont refait une gloire à de Maistre en précisant celle qu’on lui doit, en empêchant la vermine des idées communes de ronger les belles et pures lignes de cette noble et lumineuse figure.
On connaît de lui ce mot employé dans une de nos plus belles tragédies : « Ta religion t’a ordonné de m’assassiner ; la mienne m’ordonne de te pardonner et de te plaindre. » Ce mot, dont on se souvient, est fort au-dessus d’une oraison funèbre qu’on oublie. […] On oublia que Marie Stuart, peu de temps après que son mari eût fait tuer son amant sous ses yeux, avait épousé l’assassin même de son mari ; et l’on ne vit que la plus belle femme de son siècle, fille, veuve, mère de roi, et reine elle-même, qui avait péri sous le fer d’un bourreau. […] Un conseiller au parlement de Paris, vingt ans après, lui fit élever un mausolée de marbre, orné d’inscriptions, avec une très belle statue, faite par le meilleur artiste du temps.
On avait applaudi comme une belle œuvre d’art le Guillaume Tell de Schiller : mais sa tragédie des Brigands charmait aussi beaucoup d’esprits faux en Allemagne, comme autorisant la révolte contre une société où ils ne croyaient pas avoir assez bonne part. […] Ce beau caractère de prosélytisme, allié dans Réginald Héber à toute l’étendue du savoir, à toute la délicatesse du goût le plus exquis, ne pouvait que l’inspirer heureusement pour la poésie comme pour l’éloquence. […] Pendant que sur le bocage, le bétel si sauvage et si beau agite sa cime dans l’air, le faisan magnifique, avec sa queue traînante et ses ailes étendues, s’élance d’un rapide essor, et aussi le volatile aux cent couleurs, dont les dames d’Ava prisent tant le plumage. » Peut-être, lecteur français, ces noms étrangers, cet amas de vives couleurs, vous semblent-ils monotones, comme les cieux qu’ils rappellent ; mais l’âme du poëte va reparaître dans quelques vers tout anglais de sentiment et de paysage : « Jamais si riches ombrages et pelouses, si verdoyantes n’ont tressailli aux pas de nos danses britanniques.
La foule y court, et aussi le beau monde, moins bon juge sans doute que ce primitif parterre d’étudiants.
Quand l’haleine du vent, sur son beau sein voilé, Entr’ouvre à tous les yeux sa tremblante couronne, Et baise en le frôlant son calice étoilé …………………………………………….
Théophile Gautier La nature des tropiques souvent décrite, rarement chantée, revit dans ces paysages, presque tous empruntés à l’Île Bourbon, l’Île natale du poète, l’une des plus belles des mers de l’Inde.
Charles Morice Il a fait de très beaux vers, d’une étrange et métallique sonorité, vers bardés de grands mots inflexibles, adverbes et verbes préférés, qui prêtent à la page de vers une attitude raide qui est un caractère.
Anatole France J’entends par bien aimer les vers, en aimer peu, n’en aimer que d’exquis et sentir ce qu’ils contiennent d’âme et de destinée ; car les plus belles formes ne valent que par l’esprit qui les anime.
Édouard Fournier Quand parurent dans les recueils, dans les keepsakes de 1827 à 1829, des vers d’une fort belle allure et d’un grand sentiment, signés Jean Polonius , le monde des poètes fut assez vivement surpris.
Ruijters n’a point l’étourderie, la pétulance et le rire de ses années ; son idyllisme n’est point emprunté ou appris par cœur, le poète est bel et bien amoureux et ce qu’il écrit, il a dû vivement l’éprouver.
Bien souvent l’amitié s’enflamme, Et je sens qu’il est mal-aisé Que l’ami d’une belle Dame Ne soit un Amant déguisé.
De ce dernier genre, est celle qu’il adresse au Comte de Nevers, dont le but est de prouver qu’il n’y a point de véritable noblesse sans vertu : Non pas vertu de laquelle est vestu L’homme arrogant, qu’on dit vertu mondaine, Qui semble belle, & ne vaut un festu, Pour ce qu’elle est de tout orgueil fontaine.
Faut-il que l'art de penser, le plus beau partage des Hommes, devienne une source de ridicule, & que les Gens d'esprit, rendus souvent, par leurs querelles, le jouet des sots, soient les bouffons du Public, dont ils devroient être les Maîtres » ?
Cette fois il a trouvé juste et il est tombé à belles dents sur sa proie.
Beau sujet, admirablement choisi !
La langue est belle, la passion est vraie ; il faut y croire.
Émile Faguet Alain Chartier, de M. de Borrelli, est une erreur artistique compensée par beaucoup de patriotisme et quelques beaux vers.
Dans le recueil que nous donne aujourd’hui le nouveau poète que j’ai le plaisir de vous présenter, vous trouverez l’émotion, la belle candeur, tour à tour forte et charmante de la jeunesse — la jeunesse !
Quant à la dernière pièce, elle est très fière et d’une belle venue ; il la faudrait dire toute ; c’est une sorte de Marseillaise du révolté idéal.
Nulle conception qui retienne, nulle évocation qui captive ; ni image séduisante ou belle, ni sensation curieuse, rare ou simplement naïve, d’une charmante naïveté.
Voici de beaux vers : Jette cet or de deuil où tes lèvres touchèrent, dans le miroir du sang, le reflet de leur fleur mélodieuse et douce à blesser !
Le Prélat eut beau alléguer qu’il s’étoit fait une loi de ne louer jamais de Roturiers, on lui répondit que les Lettres n’admettent d’autre titre que les talens, & que la Roture, plus nombreuse à l’Académie que la Noblesse, pourroit en user de même à son égard & à celui de tous les Nobles aussi peu civils que lui.
Il a beau soutenir qu’il s’est débité deux mille exemplaires de son Recueil ; il n’a pas fait attention, sans doute, que deux mille Acheteurs ne supposent pas toujours deux mille Lecteurs, & encore moins deux mille Approbateurs.
Travaille utilement pour la Postérité, Abandonne la Fable, & prends soin de l’Histoire ; Ton esprit, plein de force & brillant de clarté, Par ce beau changement augmentera sa gloire.
A la lecture de ce morceau & de plusieurs autres de ce Ballet, qui ne sont pas moins beaux, il paroîtra étrange que M.
Cependant le Public revoit avec plaisir celle-ci, parce que le sujet en est beau ; parce ce qu'il y a de l'action, une conduite assez réguliere ; parce que les sentimens en sont bien approfondis, & qu'il y regne en général un ton d'intérêt & de chaleur qui annonce de vrais talens La Scene d'Oreste & de Pylade est de la plus grande noblesse & du pathétique le plus attendrissant.
La Théorie & la pratique du Jardinage, où l’on traite à fonds des beaux Jardins, appellés les Jardins de propreté, comme sont les parterres, les bosquets, les boulingrins, &c. in-4°., à Paris 1739., est un ouvrage utile.
Entre tous ces portraits aucun qui arrête, un seul excepté, qui est de Roslin et que je viens d’attribuer à Perronneau, c’est celui de cette femme dont j’ai dit que la gorge était si vraie qu’on ne la croirait pas peinte, c’est à inviter la main comme la chair ; la tête est moins bien, quoique gracieuse et fesant bien la ronde bosse ; les yeux étincelent d’un feu humide ; et puis une multitude de passages fins et bien entendus, un beau faire, une touche amoureuse.
Oui, il y eut et il dut y avoir de ces commencements de querelle — et chez les Grecs au moment de leur maturité déjà déclinante et la plus fleurie, au lendemain d’Alexandre, lorsque, regardant en arrière, ils se jugeaient à la fois riches par héritage et pouvant encore ajouter à la gloire des ancêtres — ; et chez les Romains surtout, à cette époque dominante de l’empire, au sein de cette unité puissante qui avait engendré des esprits universels comme elle-même, au temps des Sénèque, des Pline, et je dirais des Tacite si ce dernier n’était si pessimiste et morose : mais les plus belles paroles qui aient été prononcées sur cette question des anciens et des modernes, c’est peut-être encore ce grand et si ingénieux écrivain Sénèque qui les a dites, et on ne peut rien faire de mieux aujourd’hui que de les répéter : J’honore donc, disait-il à son jeune ami Lucilius, j’honore les découvertes de la sagesse et leurs auteurs ; j’aime à y entrer comme dans un héritage laissé à tous. […] Sénèque parle quelque part, dans ces mêmes lettres à Lucilius où on lit ces beaux passages, d’un jeune homme qui était si modeste et si classique en son temps, que s’il avait cru en composant écrire quelque chose qui surpassât les anciens ou les devanciers, il se serait retenu, de peur de commettre une sorte de sacrilège.
»On applaudissait un instant ces belles paroles, puis on en revenait aux récriminations. […] Homme était un homme simple et austère ; Goujon était jeune, beau et doué de qualités heureuses ; Bourbotte, aussi jeune que Goujon, joignait à un rare courage l’éducation la plus soignée ; Soubrany était un ancien noble sincèrement dévoué à la cause de la Révolution.
Ils ont transporté sur leur théâtre tout ce qu’il y avait de beau dans l’imagination des poètes, dans les caractères antiques, dans le culte du paganisme ; et le siècle de Périclès étant beaucoup plus avancé en philosophie que le siècle d’Homère, les pièces de théâtre ont aussi dans ce genre acquis plus de profondeur. […] Nos situations tragiques les plus belles et les plus simples sont tirées du grec.
Elle ne connaît pas l’homme en général, mais l’homme du monde161, et ne connaissant pas l’homme naturel, elle a beau dessiner des types abstraits, elle ne fait que des portraits d’individus162, et non l’image éternelle de l’homme, comme Shakespeare. […] L’Impromptu de Versailles est une belle chose171.
Catulle Mendès, morceaux certes d’élévation, nourris de souvenirs amusants et à qui ne manquent point les hauts points de vue, ont beau n’être que les coupures de ses livres de critique et d’histoire musicale, quand il les lit lui-même on l’acclame ; mais tout seul, auprès de son feu, on ne songerait pas à les lire, parce qu’on ne lit pas, parce qu’on est trop paresseux. […] Ces danois, ces norvégiens, ces slaves (je ne parle pas d’Ostrowski, d’Ibsen, de Bjornson, dont nous savons des œuvres si belles), mais les autres, les moindres, les barbari minores, ont leur intérêt.
Quand la réflexion nous a menés au dernier terme du doute, ce qu’il y a d’affirmation spontanée du bien et du beau dans la conscience féminine nous enchante et tranche pour nous la question. […] La femme belle et vertueuse est le mirage qui peuple de lacs et d’allées de saules notre grand désert moral.
Une belle ordonnance synthétique grandirait singulièrement la valeur littéraire du volume. […] Car la guerre devient « le premier, le plus beau des devoirs, aussitôt qu’elle défend les champs, les villes, la race même, les trésors et le passé d’un peuple ».
Les philosophes auront beau mettre tous les ménagements possibles dans leurs rapports avec la religion, ils n’empêcheront pas leurs semblables de se détacher comme ils se sont détachés eux-mêmes : si vous n’avez pas la foi, pourquoi voulez-vous que je l’aie ? […] Le déiste ne ressemble pas mal à un philosophe qui se contenterait de démontrer l’existence du beau, mais qui ne serait jamais sorti de son cabinet pour contempler les beautés de la nature et de l’art.
Cette belle symphonie donne même l’idée de celles dont Ciceron et Quintilien disent que les pythagoriciens se servoient pour appaiser, avant que de mettre la tête sur le chevet, les idées tumultueuses que les mouvemens de la journée laissent dans l’imagination, de même qu’ils emploïoient des symphonies d’un caractere opposé pour mieux mettre les esprits en mouvement lorsqu’ils s’éveilloient, et pour se rendre ainsi plus propres à l’application. […] Enfin ces symphonies qui nous semblent si belles, quand elles sont emploïées comme l’imitation d’un certain bruit, nous paroîtroient insipides, elles nous paroîtroient mauvaises, si l’on les emploïoit comme l’imitation d’un autre bruit.
Ce second vers, dira-t-on, est nécessaire pour exprimer tout ce que sent le vieil Horace ; sans doute il doit préférer la mort de son fils au déshonneur de son nom ; mais il doit encore de plus souhaiter que la valeur de ce fils le fasse échapper au péril, et qu’animé par un beau désespoir, il se défende seul contre trois. […] La simplicité de nos aïeux était peut-être plus fortement remuée par les pièces monstrueuses de notre ancien théâtre, que nous ne le sommes aujourd’hui par la plus belle de nos pièces dramatiques ; les nations moins éclairées que la nôtre ne sont pas moins heureuses, parce qu’avec moins de désirs elles ont aussi moins de besoins, et que des plaisirs grossiers ou moins raffinés leur suffisent : cependant nous ne voudrions pas changer nos lumières pour l’ignorance de ces nations et pour celle de nos ancêtres.
Lord Byron, à lui seul, vaut tous les poëtes et les philosophes allemands que Mme de Staël a jaugés d’une main trop protectrice et trop caressante dans ce livre de l’Allemagne, où il n’y a que ce qui n’est pas l’Allemagne qui soit beau ! […] Elle est pourtant allée en Angleterre dans l’intérêt de ces deux volumes, mais elle n’en a rien rapporté… Elle a beau citer les plus splendides vers de lord Byron, à toutes places, pour nous empêcher de fermer le livre et de la planter là, nous voyons mieux à ce soleil des vers de, Byron, qu’elle n’est que la lune de tout le monde.
Il les trouve belles, quoique hétérodoxes, ces choses. […] — cette femme, au désespoir apocalyptique, est un bas-bleu religieux de la plus belle, c’est-à-dire de la plus haïssable espèce.
Mais il y avait plus beau, et je parle à un homme littéraire ; oui ! littérairement même, il y avait plus beau.
On a beau s’être voué au culte sévère de l’Histoire et s’efforcer de grandir en soi ce sentiment de l’impartialité qui fait de l’homme plus qu’un homme, on est entraîné par la nature de son esprit vers les sujets qui ont avec cet esprit de mystérieuses analogies. […] Moret n’a point ce que j’oserais nommer la faculté suraiguë de l’Aperçu, le plus beau don que Dieu puisse faire à ceux qui doivent écrire l’histoire.
Vous rappelez-vous cette peinture faite par un de ses admirateurs, ou peut-être par lui-même, le plus grand de tous ceux qu’il eut jamais, où il est représenté patinant sur je ne sais quelle rivière : « jeune et beau comme un Dieu dans la pelisse rouge de sa mère » ? […] Haletant, frémissant, ses belles oreilles rouges violettes de colère, Sainte-Beuve, dénonciateur par une admiration qui fait tout pardonner, alla se plaindre au ministre dont il était le Triboulet.
L’âge est venu ; d’autres révolutions aussi et d’autres républiques, après la belle, proclamée en 1848, la république du genre humain et de l’imagination de Lamartine, qui avait rêvé d’être le Président des États-Unis Européens. […] Et si ce n’était encore qu’un vieux républicain de la première heure, sur lequel Lamartine aurait laissé son rêve, comme Lekain laissa son talent sur La Rive, certainement ce ne serait pas très imposant d’intelligence, mais ce serait touchant, comme une folie de sentiment, que cette fidélité obstinée aux illusions de ses beaux jours.
C’est une belle idole de salon qui n’est jamais descendue de son autel. […] … V Et cela finit par être beau à force de bassesse et de douleur dans la bassesse !
Swedenborg avait lancé, comme un météore boréal, les folies de ce mysticisme protestant dont Balzac a tiré un si grand parti dans une de ses plus belles œuvres, mais qui, dans Swedenborg, fait pitié même comme invention poétique, et qui n’en trouva pas moins beaucoup d’esprits disposés à l’accepter. […] Venu par la fantaisie, il s’en retournera par la fantaisie, rien ne pouvant vivre en dehors des lois arrêtées et inflexibles du beau, et l’art, après tout, n’étant pas si grand.
que dirait-il, le grand poète, s’il vivait à cette heure du siècle et s’il apprenait tout à coup qu’en France, ce pays de convenance et de goût, il est livré dans une de ses plus belles œuvres aux faiseurs de flonflons, et, comme il les appelait : aux violonneurs ! […] Ce chapitre est, selon moi, une des plus belles choses de cette histoire, où Walter Scott, plus grand que M.
L’abbé Monnin n’a jamais entendu, ni personne que ceux auxquels le Curé d’Ars s’adressait dans ce tête-à-tête sublime de la confession entre le prêtre et son pénitent, les paroles irrésistibles qui ont dû lui tomber des lèvres, à cet Inspiré de la conscience, mais il l’a entendu souvent dans ses instructions et ses catéchismes, et ce qu’il s’en rappelle et en cite est d’une beauté de langage qui défie les plus beaux langages de la terre. […] Écrasante leçon, pour le dire en passant, donnée à ceux qui aiment le beau !
Car elle eut un succès immense, et qu’on peut s’expliquer d’ailleurs, un de ces succès oratoires qui, comme les succès dramatiques, sont les moins beaux, mais les plus éclatants des succès ! […] Il parla de l’antagonisme fatal des idées, aussi bien dans l’histoire que dans la pensée, dans la conscience de l’homme que dans l’humanité ; enfin il amnistia la guerre, fit une théorie sur les grands hommes qui leur arrachait ce qu’il y a de plus beau en eux : leur libre individualité ; et, adroitement, se coulant de ces hauteurs où il s’était laissé enlever, au niveau abaissé de son auditoire, sentant bien qu’il avait affaire à un genre de public qui aurait donné toutes les spéculations métaphysiques pour une chanson de Béranger, il arriva en dernier ordre, par une subtilité de dialectique, à la Charte, cette chimère de l’époque d’alors, et posa comme l’idéal de sa philosophie la monarchie constitutionnelle, aux cris d’enthousiasme de tous ces Prudhommes de vingt ans !
Excepté l’adorable pièce de vers qui fait suite à la pièce, déjà connue, à Ninon, et qui est adressée à la même Ninon : Avec tout votre esprit, la belle indifférente, Avec tous vos grands airs de rigueur nonchalante, etc. ; excepté une phrase superbe du Poète déchu (un roman détruit), — mais Alfred de Musset n’est pas à cela près d’une belle phrase !
Assurément, quelle que soit la plume qui sera chargée d’écrire l’Introduction sur La Fontaine dans la belle édition de Lemerre, il lui sera bien difficile de lutter avec ce livre-là ! […] Il le dit lui-même : « Je suis chose légère. » Les femmes qui l’aimèrent, l’aimèrent surtout comme de belles marraines qui lui firent chanter sa romance à Madame jusqu’à sa dernière heure, à ce Chérubin attardé qui devint une barbe grise avant de cesser d’être un enfant, mais qui finit, tout en la chantant, par rire de sa romance.
— il eut cette fierté de ne pas se plaindre qui n’est pas la résignation, mais qui est plus belle que la résignation, parce qu’elle est plus douloureuse… Amédée Pommier, que la Revue des Deux-Mondes, cette boutique de publicité, avait accepté pendant quelque temps comme un de ses poètes » quoiqu’il en fût un, tomba dans l’oubli quand d’autres poètes, bien inférieurs à lui, tapageaient. […] Mais quelquefois n’a-t-on pas dit aussi que l’Évangile n’avait pas le style d’une belle prose ?
Je fus le fauconnier de ce faucon… Depuis ce moment-là, qui a été son plus beau moment, M. […] Si je cherchais dans l’ordre physique une ressemblance avec son talent, je dirais qu’il me fait penser à l’élève, héroïquement râblé, du Centaure Chiron, dans le beau tableau de L’Éducation d’Achille.
Certes, tout cela est assez haut, assez pur, assez lumineux, assez beau pour que l’imagination en tire des effets d’une beauté touchante ou grandiose. […] La scène est simple, courte et belle, quoiqu’il y ait six mots affectés qui jurent dans cette simplicité.
C’est une femme qui a la force musculaire du maréchal de Saxe, une beauté plus infrangible que celle de Ninon, qui n’alla modestement qu’à quatre-vingts ans en restant belle, la science occulte d’un Ruggieri, et la férocité voluptueuse d’un Héliogabale, avec une mysticité qui fait plus horreur que cette férocité voluptueuse, car les crimes spirituels sont les plus grands, l’Esprit devant être toujours à la tête de toutes les hiérarchies ! […] ce que nous avons entendu n’était plus si beau !
Nous n’avons pas à discuter contre lui une théorie qui pose, d’ailleurs, un principe vrai : c’est qu’une œuvre d’art incontestablement belle est toujours assez morale comme cela ! […] Je n’en nie point l’ignoble vérité, mais je dis qu’on a beau aimer l’exactitude, il est un point où elle devient insupportable.
Cette femme, une des plus belles de son siècle, aima les sciences, non par ostentation, mais par goût. […] n’écris pas pour un homme, mais pour les hommes : attache ta réputation aux intérêts éternels du genre humain : alors la postérité reconnaissante démêlera tes écrits dans les bibliothèques ; alors ton buste sera honoré et peut-être baigné de larmes chez des peuples qui ne t’auront jamais vu, et ton génie, toujours utile, selon la belle expression d’un de nos poètes, sera contemporain de tous les âges, et citoyen de tous les lieux.
L’amitié de Racine et de Bourdaloue, et les beaux vers de Despréaux, ne contribueront pas moins à sa gloire que cet éloge funèbre, et apprendront à la postérité que l’orateur a parlé comme son siècle. […] Quinze ans après l’oraison funèbre de Turenne, Fléchier traita un autre sujet, aussi beau peut-être, quoique d’un genre différent ; c’était l’éloge du fameux duc de Montausier.
Non pas que nos belles actrices fussent l’objet de la réprobation. […] Avant de répondre à ces questions, rappelons-nous les moments où, à notre époque, la belle passion des lettres fut manifeste. […] Si le mariage était beau, cela vaudrait mieux, peut-être. […] Mais, jusqu’ici, vous avez au moins reçu, en échange, ou de nobles exhortations au patriotisme et au travail, ou de beaux aperçus de philosophie et d’histoire, dans les formes les plus élevées de l’éloquence. […] Ne la livrez pas au désordre et à la tempête. » Vous direz aux autres : « N’empêchez pas l’humanité de faire le beau rêve du progrès et de la justice. » Aux uns : « Laissez-nous respirer » ; aux autres : « Laissez-nous espérer. » Et vous êtes, vous, messieurs, merveilleusement aptes à jouer ce rôle.
Ils n’ont pas le port droit des ormes, Ni des chênes les hauts cimiers, Ils sont trapus, noirs et difformes… Pourtant, qu’ils sont beaux, mes pommiers !
Disciple bien-aimé de Gustave Flaubert, il a gardé les belles notes réalistes du mâle écrivain normand, et, pour sa part, ce quelque chose en plus, la vie dans le dialogue et le grand art du raccourci.
Elle sort plus belle du creuset terrible ; elle rend maintenant un son de métal, affreusement triste, mais singulièrement pur ; elle s’exprime avec candeur, franchise et simplicité.
Louis Denise Léon Riotor publie sous ce titre : Le Pêcheur d’anguilles, une fort belle légende hollandaise, qu’il a traitée en une suite de tableaux parfaitement adaptés à l’agencement du sujet primitif, En dehors du récit et seulement par l’allure générale de l’œuvre, cela fait penser à L’Albertus, de Théophile Gautier.
Palaprat a beau assurer qu’elle n’est pas mal versifiée, qu’elle est assez noblement écrite, cela n’empêche point qu’elle ne soit mal imaginée, mal conduite, & c’en est assez pour justifier l’anathême.
Il est intitulé Callipœdia, c’est-à-dire, l’Art de faire de beaux Garçons.
Ils ont beau les faire entretenir de moutons, de chiens & de houlettes, le raffinement du reste de leur discours les décele & les trahit.
On y apprend à connaître de près le grand homme et même (ce qui est moins beau) Marie-Louise.
Jules Jouy a beau dire dans un refrain : Les vieux, les vieux, Sont très ennuyeux, Qu’ils s’aiment entre eux !
Dans ce recueil, comme en quelques pièces qu’il a données à différentes revues, on trouve une connaissance délicate de la langue, une belle ampleur de rythme, et, sous une forme artistique et sévère, un sentiment philosophique et religieux de la destinée.
Il excite, quand il se met au piano et que de sa belle voix, forte et bien timbrée il accompagne les notes, tout ce qu’il y a de meilleur au fond de nous-mêmes.
Danchet l’arrêta au début, & lui dit, Maison est un mot trop foible ; il faudroit mettre Palais, Beau lieu, &c.
Lafontaine, qui lui a prodigué des éloges dans plusieurs de ses Fables, dans le beau Discours, entre autres, où il réfute le systême de Descartes sur l'ame des bêtes, ne l'a jamais louée sur le talent des Vers ; ce qu'il n'eût pas manqué de faire, si elle en avoit été douée.
Tes Vers sont beaux quand tu les dis ; Mais ce n’est rien quand je les lis : Tu ne peux pas toujours en dire, Fais-en donc que je puisse lire.
Cependant, il est à désirer que les sculpteurs bannissent à l’avenir de leurs compositions funèbres ces squelettes qu’ils ont placés au monument ; ce n’est point là le génie du christianisme, qui peint le trépas si beau pour le juste.
Vis-à-vis et à droite, le pape et ses assistants forment, en s’étendant vers le fond et sur le devant, toute l’assemblée, dont le personnage le plus voisin du spectateur est un prélat, la tête appuyée sur sa main, qui écoute, et qui écoute bien ; qui a un beau caractère de tête, qui est drapé largement, qui est bien peint, mais qui nuit à tout.
Vous aurez sans doute remarqué, comme moi, que quoique le Salon de cette année offrît beaucoup de belles productions, il y en avait une multitude de médiocres et de misérables, et qu’à tout prendre, il était moins riche que le précédent ; que ceux qui étaient bons, sont restés bons ; qu’à l’exception de La Grenée, ceux qui étaient médiocres, sont encore médiocres, et que les mauvais ne valent pas mieux qu’autrefois.
— Il y a, dans ce même numéro, des vers de Lamartine7, quelques-uns assez beaux et le tout en somme assez mauvais pourtant.
Pourtant Dumas la lui avait faite si belle qu’après réflexion et ayant choisi ses points, il a pris le parti de répondre.
Et vous les y avez mises avec votre obstination de montagnard auvergnat qui n’économise pas les belles rimes.
Hugues Rebell Les poèmes du Premier Livre pastoral sont vraiment d’une belle et forte venue.
Edmond Pilon Son livre, Vierges, compte de beaux passages et est écrit en délicates demi-teintes et en précieux quatrains fort travaillés.
Sa poésie restera comme un beau danger, attirant et souvent fatal.
On ne peut se dissimuler qu’il n’y ait dans un grand nombre de morceaux, une enflure & une affectation qui tient plus du Phébus que du vrai beau, auquel on ne peut rien substituer quand on ne l’a pas saisi.
Œuvres morales & diversifiées en Histoires pleines de beaux exemples, enrichies d’enseignemens vertueux, & embellies de plusieurs Sentences & Discours, &c.
Celle du Maréchal de Luxembourg, celle du Duc & de la Duchesse de Bourgogne, dont le texte est aussi heureux que le sujet en étoit affligeant, seront toujours regardées comme un des plus beaux monumens de l’éloquence de la Chaire.
Le Tasse a décrit une procession dans la Jérusalem, et c’est un des plus beaux tableaux de son poème.
Avec tous ces défauts, c’est un grand et beau tableau.
La belle, l’utile invention que cette manière de graver !
Le père Tolomei eut le chapeau vacant : cela donna beau jeu aux faiseurs d’épigrammes & d’estampes(*). […] Du reste, il les leurroit de paroles & de belles promesses. […] Le poëte leur fit les plus belles promesses, mais il n’en tint aucune. […] Mais Furetiere eut beau crier ; tous ses placets, toutes ses remontrances au chancelier & au roi, n’aboutirent à rien. […] Norbert de rompre une si belle union.
Écoutez cet hymne de triomphe saluant la défaite finale de la Réforme en France ; je ne puis résister à la joie de transcrire tout le morceau, tant il est imprégné de saveur : « Prenez vos plumes sacrées, vous qui composez les annales de l’Église : agiles instruments « d’un prompt écrivain et d’une main diligente » hâtez-vous de mettre Louis avec les Constantin et les Théodose… Nos pères n’avaient pas vu, comme nous, une hérésie invétérée tomber tout à coup ; les troupeaux égarés revenir en foule, et nos églises trop étroites pour les recevoir ; leurs faux pasteurs les abandonner, sans même en attendre l’ordre, et heureux d’avoir à leur alléguer leur bannissement pour excuse ; tout calme dans un si grand mouvement ; l’univers étonné de voir dans un événement si nouveau la marque la plus assurée, comme le plus bel usage de l’autorité, et le mérite du prince plus reconnu et plus révéré que son autorité même. […] Dieu seul a pu faire cette merveille : Roi du ciel, conservez le roi de la terre : c’est le vœu des Églises ; c’est le vœu des Évêques »… Quand le sage chancelier reçut l’ordre de dresser ce pieux édit qui donne le dernier coup à l’hérésie, il avait déjà ressenti l’atteinte de la maladie dont il est mort… Et il dit en scellant la révocation du fameux édit de Nantes, qu’après ce triomphe de la foi et un si beau monument de la piété du roi, il ne se souciait plus de finir ses jours… » Page mémorable, chef-d’œuvre du langage dévot, monument de rhétorique stupéfiante ! […] S’il me fallait vraiment considérer cette prose comme l’une des plus belles floraisons de la langue française, j’avouerais hardiment préférer à ce langage d’insupportable apparat, celui qu’emploie dans la rue le passant inculte et brutal. […] Aux yeux des premiers on faisait miroiter de riches alliances et des faveurs spéciales, tandis qu’on circonvenait les seconds, comme il advint du vieux ministre Ferri dont Bossuet tenta en vain la conversion ; ce qui fit inspira au ministre Bernegger cette phrase bien caractéristique : « Ces beaux projets d’accord ne me semblent, désormais, que de beaux songes ; et, quelquefois, la peau du lion, ne servant plus de rien, on prend celle du renard. […] L’insupportable péronnelle qu’est la Sévigné s’écrie en parlant de la Révocation : « C’est la plus grande et la plus belle chose qui ait été imaginée et exécutée. » Fléchier, Massillon, l’abbé Tallemand, de l’Académie font éclater leur enthousiasme au même sujet.
Pour comprendre comment le sentiment du beau comporte lui-même des degrés, il faudrait le soumettre à une minutieuse analyse. Peut-être la peine qu’on éprouve à le définir tient-elle surtout à ce que l’on considère les beautés de la nature comme antérieures à celles de l’art : les procédés de l’art ne sont plus alors que des moyens par lesquels l’artiste exprime le beau, et l’essence du beau demeure mystérieuse. Mais on pourrait se demander si la nature est belle autrement que par la rencontre heureuse de certains procédés de notre art, et si, en un certain sens, l’art ne précéderait pas la nature. Sans même aller aussi loin, il semble plus conforme aux règles d’une saine méthode d’étudier d’abord le beau dans les oeuvres où il a été produit par un effort conscient, et de descendre ensuite par transitions insensibles de l’art à la nature, qui est artiste à sa manière. […] Et cette sympathie se produit en particulier quand la nature nous présente des êtres aux proportions normales, tels que notre attention se divise également entre toutes les parties de la figure sans se fixer sur aucune d’elles : notre faculté de percevoir se trouvant alors bercée par cette espèce d’harmonie, rien n’arrête plus le libre essor de la sensibilité, qui n’attend jamais que la chute de l’obstacle pour être émue sympathiquement. — Il résulte de cette analyse que le sentiment du beau n’est pas un sentiment spécial, mais que tout sentiment éprouvé par nous revêtira un caractère esthétique, pourvu qu’il ait été suggéré, et non pas causé.
qu’il avait donné de belles et grandioses espérances ! […] Magnin accorde à ces essais de la religieuse de Gandersheim plus d’importance qu’ils n’en eurent réellement dans l’histoire du théâtre : ces six légendes, que la docte femme mit de son mieux en beau latin de Térence, n’étaient probablement dans la pensée du pieux auteur qu’une imitation toute littéraire, une étude classique sans aucune idée de représentation. […] A défaut du grand et du beau, on assiste par lui à la naissance, au progrès lent, à la formation successive d’une branche des plus remarquables de la production et de l’imagination humaines. […] On se figure peu, et dans quelques années on ne se figurera plus du tout ce qu’était la Bibliothèque du roi dans sa première et tranquille beauté, avec la morne tristesse de sa cour rectangulaire, avec le jardin austère, fermé d’une clôture, qui en occupait une moitié et où l’on n’entrait pas, la vasque de pierre verdâtre au milieu, d’où un maigre filet d’eau jaillissait à peine ; puis les escaliers solennels, les salles antiques et les galeries de ce beau palais Mazarin, conservées presque comme aux jours où s’y promenait M. le Cardinal et où il s’y faisait rouler dans son fauteuil déjà mortuaire entre deux rangées de chefs-d’œuvre et de magnificences.
XII Dès son enfance il était remarquablement beau ; non de cette beauté ostentative qui s’étale et qui s’affiche sur la physionomie, mais de cette beauté modeste, pleine de pensée et voilée de réticences, qui s’insinue dans l’âme par le regard. […] Quand je le connus, il touchait à la vieillesse ; mais cette vieillesse avait toute la grâce même de la jeunesse, la douceur, la sérénité, l’accueil souriant des belles années. […] Il entendit pour la première fois à Naples les plus beaux morceaux du jeune Cimarosa ; il en reçut une telle impression qu’elle s’immobilisa dans son cœur. […] Bel exemple pour les ministres d’une institution dont le présent se détache et qui ne peut vivre que d’honnêtes et habiles ajournements de la fatalité ; heureuse condition des pouvoirs résignés qui ne peuvent vivre que de leur innocence !
Leurs chants ont beau être délicieux à mon oreille, le fond, le fond éternel de mon cœur est le doute et la tristesse. […] Quel argument nous fourniraient aujourd’hui tant de beaux ouvrages à l’appui de notre thèse ! […] Werther s’abîme ainsi au milieu des plus beaux dons qui puissent décorer l’âme humaine. Mais malgré cette ruine d’une âme dont les éléments sont sublimes, ces éléments n’en restent pas moins beaux en eux-mêmes.
La musique, dit-on, ne doit pas peindre, mais exprimer des sentiments ; et l’on fait pour le prouver de beaux raisonnements. […] Puis, sous une réflexion soudaine, le beau rêve est changé : ces âges délicieux, oui, ils sont lointains, désormais finis. […] Je publierai une invitation s’adressant aux musiciens et choristes et leur demandant de venir pour trois jours à Bayreuth, en nombre et quantité suffisants, pour donner Sous ma direction, dans le bel édifice de l’Opéra, une exécution modèle de la Neuvième Symphonie. »am IV Pose de la première pierre 1° Communication aux Patrons. […] Dans la Bibliographie de notre prochain numéro nous rendrons compte de ce volume qui est le complément du très bel et très utile ouvrage de M.
Quant à notre style, il est encore bien trop plaqué du plus beau romantisme de 1830, de son clinquant, de son similor. […] Et mon ambition, je l’avoue, serait que mon livre donnât la curiosité de lire les travaux sur la folie pénitentiaire 9, amenât à rechercher le chiffre des imbéciles qui existent aujourd’hui dans les prisons de Clermont, de Montpellier, de Cadillac, de Doullens, de Rennes, d’Auberive ; fît, en dernier ressort, examiner et juger la belle illusion de l’amendement moral par le silence ; que mon livre enfin eût l’art de parler au cœur et à l’émotion de nos législateurs. […] Le public… trois ou quatre hommes, pas plus, tous les trente ans, lui retournent ses catéchismes du beau, lui changent, du tout au tout, ses goûts de littérature et d’art, et font adorer à la génération qui s’élève ce que la génération précédente réputait exécrable. […] Tâchons donc d’écrire médiocrement, d’écrire mal, même plutôt que ne pas écrire du tout ; mais qu’il soit bien entendu qu’il n’existe pas un patron de style unique, ainsi que l’enseignent les professeurs de l’éternel beau, mais que le style de La Bruyère, le style de Bossuet, le style de Saint-Simon, le style de Bernardin de Saint-Pierre, le style de Diderot, tout divers et dissemblables qu’ils soient, sont des styles d’égale valeur, des styles d’écrivains parfaits.
Étonnante fidélité de sensation pour des Français, qui ont si longtemps passé pour de beaux infidèles ! […] Il y a, dans cette Légende, des passages d’une grande magnificence, mais il n’y a pas une pièce (je dis : une seule,) d’une beauté soutenue jusqu’à la fin, et il y en a quelques-unes (La Ville disparue) où l’on ne compte pas plus de six beaux vers. […] Le Nestor était devenu visible dans l’Achille… Mais être Nestor, c’est encore une belle chose, et il aurait été plus respectueux de s’en taire que de dire qu’il ne l’était pas ! […] Et encore, s’il n’y avait que cela, il aurait fait éclater la flûte et cela pouvait être beau !
Tous les philosophes, depuis Aristote jusqu’à Hegel, ont remarqué la supériorité de la vue et de l’ouïe sur les autres sens, en observant que la vue et l’ouïe sont proprement les sens du beau. […] Aucun animal n’a le sentiment du beau. […] En sorte qu’à parler rigoureusement l’ouïe et la vue devraient être considérées comme les organes et non les facultés du beau. […] 25 » Et c’est parce qu’il applique à l’observation de l’homme l’œil de la conscience, que Maine de Biran, sans renouveler l’hypothèse scolastique des forces occultes, parle constamment, dans ses belles analyses, de force, de cause, d’effort, de tendance, tous mots vides de sens dans la langue de la physique, mais dont sa psychologie peut d’autant moins se passer qu’ils sont les seuls qui puissent exprimer le principe même de sa philosophie de l’esprit humain.
Jules Lacroix de nous avoir rendu possible, on les transportant au théâtre, les belles scènes du Roi Lear.
Heureusement, cette fois, il s’agit d’un bel et bon ouvrage, de l’œuvre d’un véritable poète, des Légendes des bois et Chansons marines, de M.
Philippe Gille Un vrai poète, Jean Rameau, vient de publier la Chanson des étoiles, un de ses plus beaux livres.
Le sujet en est beau, le plan vaste & bien rempli, l’action grande, instructive & morale.
On peut lire avec fruit quelques-uns de ses Ouvrages de Physique, de Littérature & de Morale ; car il s’est également exercé dans les Sciences & dans les Belles Lettres.
En effet, il y a des morceaux dans les Odes de Racan, qui ne le cedent point aux plus beaux Vers de Malherbe ; telles sont les deux Strophes que voici : Que te sert de chercher les tempêtes de Mars, Pour mourir tout en vie au milieu des hasards Où la gloire te mene ?
On avait beau lui faire lire Loysel, Mézeray à l’article Avocat de son Dictionnaire historique, il répugnait à ces travaux sur des objets de contestation la plupart si ingrats ou si minces. […] Pour bien juger des hommes de ce temps, pour faire équitablement la part de l’éloge ou du blâme, pour ne pas appeler sage tel acte ou telle résistance isolée qui, en son lieu, n’était qu’imprudence et folie, il importe (et Roederer l’a dit dans une très belle page, mais trop longue pour être rapportée) de se bien rendre compte du courant général, immense, qui entraînait alors la nation. […] Cette page de Roederer est très belle.
Ici, nous avons encore affaire à un journal et à des confidences posthumes, mais il s’agit du journal et registre d’une belle âme, d’une haute intelligence, et le choix a été fait par un homme de mérite, digne parent par le cœur et par la pensée de celui qu’il présente et introduit. […] Je me promenais seul, quelques moments avant le coucher du soleil ; le temps était très beau ; la fraîcheur des objets, le charme qu’offre leur ensemble dans cette brillante époque du printemps qui se fait si bien sentir à l’âme, mais qu’on affaiblit toujours en cherchant à la décrire ; tout ce qui frappait mes sens portait à mon cœur je ne sais quoi de doux et de triste ; les larmes étaient au bord de mes paupières. […] Mais ces subtilités sont celles d’une nature élevée, délicate ; ces tourments sont d’une noble espèce, et l’humanité a de tout temps estimé ceux qui y furent sujets et qui se sont montrés capables de ces belles croix.
Il écrivait à Louvois, le 5 mars (1686), dans le premier mouvement de sa reconnaissance : « Je ne saurais rien dire, Monseigneur, que vous exprimer mes sentiments sur l’honneur que vous m’avez procuré d’un si beau commandement. […] C’est à la suite de tous ces faits notables et de ces beaux services que, l’alliance avec le duc de Savoie paraissant très compromise, Catinat fut fait général de l’armée d’Italie (mars 1690). […] Il remporta deux victoires en bataille rangée, celle de Staffarde (18 août 1690), et celle de La Marsaille (4 octobre 1693), eut quantité de beaux sièges, notamment celui de Nice et de Montmélian, n’éprouva que des échecs sans grande conséquence, ne compromit jamais rien, suffit à tout et maintint les affaires en tel point que le duc de Savoie revenu à résipiscence put lui dire en toute bonne grâce « qu’il avait reçu de lui des leçons et corrections dont il espérait profiter à l’avenir pour le service du roi. » Lorsque l’on considère l’ensemble de cette guerre après la conclusion, il semble qu’elle fasse un tout qui aurait perdu à être conduit autrement et qui est bien en harmonie avec les personnages en présence et avec les résultats obtenus.
Pendant que les hommes en possession de la vogue et de la faveur publique continuaient plus ou moins heureusement d’en user ou d’en abuser, que trop souvent ils traînaient sans relâche, sans discrétion, qu’ils appesantissaient leur genre, ou qu’ils le bouleversaient brusquement un beau matin plutôt que de le renouveler, quelles œuvres vraiment nouvelles, quelles apparitions inattendues sont venues varier et rafraîchir le tableau ? […] De même, pour les belles lectrices, il y a je ne sais quelle attraction, mais ici moins naïve et plus perfide, sous ces combinaisons qu’elles pressent avec anxiété sans les bien démêler. — Reprenant donc ma pensée première, j’oserai affirmer, sans crainte d’être démenti, que Byron et De Sade (je demande pardon du rapprochement) ont peut-être été les deux plus grands inspirateurs de nos modernes, l’un affiché et visible, l’autre clandestin, — pas trop clandestin. […] Si tel écrivain habile a, par places, le style vide, enflé, intarissable, chargé tout d’un coup de grandes expressions néologiques ou scientifiques venues on ne sait d’où, c’est qu’il s’est accoutumé de bonne heure à battre sa phrase, à la tripler et quadrupler (pro nummis), en y mettant le moins de pensée possible : on a beau se surveiller ensuite, il en reste toujours quelque chose.
La vérité est, ce me semble, que les spécialités n’ont de sens qu’en vue des généralités, mais que les généralités à leur tour ne sont possibles que par les spécialités ; la vérité, c’est qu’il y a une science vitale, qui est le tout de l’homme, et que cette science a besoin de s’asseoir sur toutes les sciences particulières, qui sont belles en elles-mêmes, mais belles surtout dans leur ensemble. […] Si je ne croyais que tout est saint, que tout importe à la poursuite du beau et du vrai, je regarderais comme perdu le temps donné à autre chose qu’à la recherche spéciale.
L’unité géographique de l’Europe a beau être brisée en une quantité d’États, n’y a-t-il point des éléments communs à ces États comme aux membres d’un même corps ? […] Pour qu’une conception du beau passe d’un groupe d’hommes à un autre groupe d’hommes, il faut qu’il y ait déjà entre eux certaines analogies ; une idée, comme une plante, ne s’acclimate hors de sa terre natale que si elle rencontre un sol pour ainsi dire prédisposé à la recevoir. […] § 2. — Un peuple n’imite pas seulement les peuples étrangers ; il s’imite aussi lui-même ; il a beau parfois se piquer de rompre la tradition ; il autorise cette rupture même par des exemples traditionnels ; il cherche dans son passé des précédents aux innovations qu’il hasarde.
Thiers les a caractérisés dans une de ces pages comme il sait en écrire en tel sujet : C’était, dit-il en parlant du corps de Wellington, de la très belle infanterie, ayant toutes les qualités de l’armée anglaise. […] On rend généralement hommage et justice a cette grande composition historique et aux belles qualités qui s’y déploient ; mais, selon moi, on ne lui en rend pas encore assez, et l’avenir en dira plus. […] Ce récit d’opérations, presque toujours intéressant à suivre, et où le général Gouvion Saint-Cyr a son épisode à part pour sa belle campagne de Catalogne, est entremêlé et relevé de pages très spirituelles sur la royauté de Joseph et son entourage.
Il tenait tout charlatanisme en mépris ; il avait un beau dédain de la popularité, et par les côtés élevés. […] Ajoutez que, suivant lui, « le flâneur est bien logé, dans un beau quartier, à proximité des boulevards ; qu’il a réuni dans son logis tout ce qui compose le confortable. […] Il m’eût été facile de donner de lui un portrait en apparence plus favorable de tout point, et aussi plus effacé ; mais je crois que la plus grande faveur qu’on puisse faire à un homme distingué et qui a de belles et hautes parties, le plus vrai service à rendre à sa mémoire d’homme de Lettres, c’est-à-dire d’homme qui veut, en définitive, qu’on se souvienne de lui, c’est de le montrer le plus au vif qu’on peut, et le plus saillant dans les lignes de la vérité.
J’étais persuadé que tout était perdu, et notre liberté, et les plus belles espérances du genre humain, si l’Assemblée nationale cessait d’être un moment, devant la nation, l’objet le plus digne de son respect, de son amour et de toutes ses attentes. […] Mallet n’était point ainsi : il appartenait à l’école historique et morale qui est exacte et sévère, et qui n’entre point dans ces compositions, dans ces mélanges où l’imagination et une fausse sensibilité, sous de beaux prétextes, se mettent au service des peurs, des lâchetés et des intérêts : Les contemporains et la postérité, disait-il en exposant ses principes et sa méthode de rédaction, doivent sans doute juger une Assemblée législative sur ses actes, et non sur ses discours : ils imitent en cela l’histoire et la loi, qui se borne à prononcer sur les actions des hommes. […] Sayous a très bien analysé et extrait les principales et belles parties de la rédaction de Mallet au Mercure.
Né à Paris le 10 avril39 1767, fils d’un riche restaurateur qui tenait de plus un somptueux hôtel garni, et d’une mère fort belle, le septième de seize enfants, il put voir, dès son enfance, l’ancien grand monde de fort près, et il s’accoutuma à l’observer d’autant mieux qu’il était à la fois tout à côté et en dehors : il le voyait passer devant lui. […] Frédéric est un jeune homme, fils d’une grande dame déjà vieille et d’un jeune et beau valet de chambre : cela sent son Directoire à chaque page. Il y a pourtant d’assez belles scènes et très vraies d’observation et d’analyse quand ce jeune homme, à qui l’on a caché sa naissance, paraît pour la première fois dans la maison de sa bienfaitrice, et que celle-ci l’observe avec amour, jalousie et honte, tandis que le père, debout et respectueux, placé derrière, le regarde avec fierté.
De même, Mazarin, à l’heure de sa mort, désigne-t-il Colbert à Louis XIV par ce mot si connu : « Sire, je vous dois tout, et je crois m’acquitter en partie en vous donnant Colbert » ; l’écrivain, gâtant la belle simplicité du mot, et dénaturant l’inspiration toute politique de Mazarin, dira : « Dans ce moment terrible où l’Éternité qui s’ouvre à nos yeux étouffe nos passions, et nous presse de dévouer un dernier instant à la justice et à la vérité, Mazarin adressa ces paroles à Louis XIV… » Les médisants prétendaient avoir trouvé de la ressemblance entre la manière du nouvel écrivain et celle de Thomas, avec qui on le savait très lié ; si toutes les phrases avaient été dans cette forme, la médisance aurait pu prendre crédit ; mais la plupart des défauts de M. […] Il y avait, d’ailleurs, quelques belles pensées, mais rendues dans une langue gênée et contrainte : « À chaque instant le bien public, disait-il, lui demande le sacrifice de son intérêt, de ses affections et même de sa gloire. […] » Le même Voltaire écrivant à l’abbé Morellet et voulant, il est vrai, le flatter comme ami de Turgot et comme adversaire de Necker, relevait dans l’ouvrage une suite de phrases étranges : Je ne vous dirai point, d’après un beau livre nouveau, que les calculs de la nature sont plus grands que les nôtres ; que nous la calomnions légèrement ; … qu’un œil vigilant, capable de suivre la variété des circonstances, peut fonder sur une harmonie le plus grand bien de l’État ; qu’il faut suivre la vérité par un intérêt énergique, en se conformant à sa route onduleuse, parce que l’architecture sociale se refuse à l’unité des moyens, et que la simplicité d’une conception est précieuse à la paresse, etc.
On a beau dire, il y a du regret à n’être plus ministre, surtout quand on l’a été comme l’était M. […] disait-il, tous les hommes sans doute sont égaux devant vous, lorsqu’ils communiquent avec votre bonté, lorsqu’ils vous adressent leurs plaintes, et lorsque leur bonheur occupe votre pensée ; mais, si vous avez permis qu’il y eût une image de vous sur la terre, si vous avez permis du moins à des êtres finis de s’élever jusqu’à la conception de votre existence éternelle, c’est à l’homme dans sa perfection que vous avez accordé cette précieuse prérogative ; c’est à l’homme parvenu par degrés à développer le beau système de ses facultés morales ; c’est à l’homme enfin, lorsqu’il se montre dans toute la gloire de son esprit. […] Voltaire, qui n’a fait qu’assister à la naissance de ce style et qui s’en est raillé, ne l’a pas vu dans son développement et dans tout son beau ; il était venu à temps, dans sa jeunesse, pour corriger le goût public du précieux de Fontenelle : il a fait défaut, un siècle après, pour percer à jour cette forme de bel esprit plus sérieuse, et pour faire opposition, par son exemple, à des Fontenelle bien autrement prépondérants.
Tout type de grâce vraiment attirante doit mériter qu’on lui applique les vers du poète : Ton accent est plus doux que ta voix : ton sourire Plus joli que ta bouche, et ton regard plus beau Que tes yeux : la lumière efface le flambeau. […] Certainement la rareté des éléments et le poli de la surface peuvent constituer de très belles qualités, mais, si on en faisait le tout de l’art, littérature et poésie ne seraient plus que l’habileté à construire des décors ; la mise en scène primerait la vie. […] Peu importe donc, au fond, qu’un être soit beau, pourvu que vous me le rendiez sympathique.
Chose curieuse et vraiment digne d’attention que l’introduction de cet élément insaisissable du beau jusque dans les œuvres destinées à représenter à l’homme sa propre laideur morale et physique ! […] Une des choses les plus remarquables comme comique absolu, et, pour ainsi dire, comme métaphysique du comique absolu, était certainement le début de cette belle pièce, un prologue plein d’une haute esthétique. […] Dans le conte intitulé : Daucus Carota, le Roi des Carottes, et par quelques traducteurs la Fiancée du roi, quand la grande troupe des Carottes arrive dans la cour de la ferme où demeure la fiancée, rien n’est plus beau à voir.
Il prêterait volontiers sa plume, mais non sa langue, à la plus belle cause du monde. […] J’ai une grande confiance en vos jugements ; elle est, naturellement indulgente, et vous naturellement, un peu austère (comme il est beau, comme il est bon, comme il est nécessaire et même indispensable de l’être à votre âge, ne fût-ce que pour s’accoutumera ne pas se faire bon marché à soi-même de sa propre approbation) ; mais vous êtes tous deux justes, et vous n’allez jamais chercher dans votre humeur les règles qu’il faut prendre dans sa raison.
La belle âme, l’âme virginale de Pellico a pu tout pardonner, tout excuser, et bénir encore ; il s’en est revenu, après dix années de captivité féroce, comme un agneau tondu qui ne redemande pas sa laine. […] Il n’a jamais eu pour les gouvernements une estime bien décidée ; il ne les a considérés à son premier point de vue que comme un canal possible de transmission, et, dans le cas où ils se refuseraient à transmettre la doctrine supérieure, il les a dénoncés comme un obstacle : on se rappelle les belles invectives du premier tome de l’Indifférence.
Elle se mettait à aimer la vie : elle rêvait la vie comme une fête et comme une œuvre d’art, bonne et belle, elle y réintégrait la bienfaisante douceur de ces biens naturels que l’antiquité avait tant adorés, la lumière, l’espace, les ombrages, les eaux, les fleurs ; elle y jetait toutes les commodités, toutes les splendeurs de la richesse et du luxe, tous les agréments de la société. […] On pourrait dire en deux mots que, au contact de l’Italie, et sous l’influence de l’antiquité, le bon sens français a dégagé d’abord l’idée de vérité rationnelle, puis celle de beauté esthétique, et que, demandant à sa littérature une vérité belle et une beauté vraie, il en a circonscrit le domaine aux sujets dans lesquels la coïncidence ou bien l’identité de ces deux idées se trouve le plus naturellement réalisée.
Il y a de belles traductions peut-être. […] Pour vous avoir trouvée belle, un soir, sur ce canapé, j’ai été assailli d’une nuée de pensées violentes.
Sacrifie-toi à la société qui est infiniment plus grande, plus durable, plus féconde, plus puissante et plus belle que toi. […] Il est naturel que des gens qui restent dans la théorie enseignent une morale austère, élevée, difficile et belle.
En Achaïe, deux amants, Ménalippos et Comœtho, ayant profané le parvis de son temple, la Déesse, non contente de la mort des coupables, exigea qu’un garçon et qu’une fille, le plus beau et la plus belle du pays, fussent immolés, chaque année, dans le sanctuaire, en réparation du sacrilège qui l’avait souillé.
C’était, quand je l’ai connu un beau vieillard à cheveux d’argent, rayonnant de linge blanc, ayant la grande politesse galante du gentilhomme, la mine tout à la fois bienveillante et haute, la face d’un Bourbon, la grâce d’un Choiseul, et le sourire toujours jeune auprès des femmes. […] — Le chemin de fer et sa vitesse relative, voilà un beau progrès, si vous avez décuplé chez l’homme le désir de la vitesse !
Il se dit d’un autre côté que, s’il était nécessaire qu’on vît la servitude se traîner sous les pieds des burgraves, il était nécessaire aussi qu’on vît la souveraineté éclater au-dessus d’eux ; il se dit qu’il fallait qu’au milieu de ces princes bandits un empereur apparût ; que dans une œuvre de ce genre, si le poète avait le droit, pour peindre l’époque, d’emprunter à l’histoire ce qu’elle enseigne, il avait également le droit d’employer, pour faire mouvoir ses personnages, ce que la légende autorise ; qu’il serait beau peut-être de réveiller pour un moment et de faire sortir des profondeurs mystérieuses où il est enseveli le glorieux messie militaire que l’Allemagne attend encore, le dormeur impérial de Kaiserslautern, et de jeter, terrible et foudroyant, au milieu des géants du Rhin, le Jupiter du douzième siècle, Frédéric Barberousse. […] Faire constamment effort vers le grand, donner aux esprits le vrai, aux âmes le beau, aux cœurs l’amour ; ne jamais offrir aux multitudes un spectacle qui ne soit une idée : voilà ce que le poëte doit au peuple.
Lévêque (la Science du beau) nous a donné un bel essai d’esthétique.
Elle n’a pas, à défaut du discernement qui lui manque, ce que j’appelle la caresse des œuvres que Mme de Staël rend plus belles, en les caressant. […] Cette femme, qui ne crut jamais à l’orgueilleuse indépendance de la femme, a fait dans ses livres la plus belle apothéose qu’il y ait de la fidélité conjugale et du mariage.
Mais ce phénomène est… un phénomène, c’est-à-dire, une chose exceptionnellement rare, et ce n’est pas ordinairement de ce côté que s’envole ce bel oiseau bleu de bas-bleu, qui est au xixe siècle le bel oiseau bleu, couleur du temps !
Puisqu’on a songé à le donner aux divers écrits de Daumas, qu’on nous permette de dire quelques mots sur cette espèce de panoplie littéraire, faite avec des livres beaux et étincelants comme des armes, et qui devront tenir une si noble place dans la littérature historique et militaire de notre temps. […] Cette veine ouverte d’un peuple vaincu, par laquelle s’écoulait un sang si vermeil encore de jeunesse, ces mœurs patriarcales et hospitalières, cette fierté grandiose qui fait dire perpétuellement à l’Arabe : « Élargis ton âme », précisément le contraire du mot chinois et civilisé : « Rapetisse ton cœur », que l’abbé Huc nous apprend, les dernières tentes, qui vont se lever et se ployer au soleil couchant de la poésie devant la civilisation, cette mer de pierres qui s’avance, tout ce vaste ensemble nous frappa de deux sensations et d’une double mélancolie, — la sensation de ce qui est éternellement beau, et de ce qui va s’évanouir.
En effet, si, dans son livre sur les Césars, où il s’agit bien moins de ces hommes, qui totalisèrent dans leur personnalité monstrueuse les vices et les grandeurs de leur temps, que de la société même qu’ils dominaient, de cette plante sanglante et pourrie par le sang qui l’avait abreuvée et dont eux, les Césars, étaient la fleur immense, éclatante et vénéneuse, Champagny, pour nous en montrer les racines, creuse plusieurs civilisations ; si, dans son livre, l’érudit ne défaille jamais ; si l’antiquaire, aux yeux de lynx, voit ce qu’il y a de faits inobservés derrière un bas-relief ou un lambeau d’inscription ; s’il y a tour à tour en lui, pour les besoins de son histoire, du Champollion et du Cuvier ; et si, enfin, planant sur le tout, pénétrant tout, le moraliste achève de clarifier un sujet où l’énormité des choses les rend presque incompréhensibles, pouvons-nous dire que l’homme politique se montre, dans ce beau livre, au même degré que l’antiquaire, le moraliste et l’érudit ? […] Cette œuvre n’en restera pas moins une grande et belle chose, la première lumière souveraine qui ait lui sur l’ensemble du monde romain.
Une science si fausse et si viciée dans son origine a beau être jugée, par les esprits pénétrants et fermes, comme déjà vieille d’une décrépitude de deux jours, elle n’en paraît pas moins jeune et pleine d’avenir aux jouvenceaux du xixe siècle, et elle exerce une influence dangereuse sur les esprits qui débutent dans la vie intellectuelle, et qui vont prendre leur premier pli dans ce premier livre dont on dépend un peu toujours ! […] Il a constaté que la division des propriétés, cette vermine du plus beau sol, qui le ronge parcelle à parcelle, n’existe pas dans ce fort pays de droit d’aînesse, et que la grande propriété peut aisément y faire les frais de la grande culture qui féconde.
Mirabeau l’apoplectique, le pourpré, le chevelu, qui prélassait alors à la tribune son épouvantable bedaine que son génie faisait trouver belle (ô omnipotence du génie !) […] Quand il boude, elle lui tend l’appeau de ses beaux bras, frais comme l’indifférence, et que le pauvre timbré aimait à baiser !
un Olympien, un dieu, un Jupiter, — ce livre va les exalter de plus belle, les faire titiller et danser plus fort la danse de Saint-Guy de leurs admirations. […] Le livre d’Eckermann est plein de ces belles choses, mais il contient plus encore de sagacité et de finesse.
Prendre à la religion chrétienne, qui nous a pétris dans le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ (qui nous a donné le sein, si nous ne sommes pas sortis de son flanc ; qui est notre nourrice, si elle n’est pas notre mère), prendre à la religion chrétienne la plus belle civilisation qui fut jamais, — la civilisation de la chevalerie, — pour la donner à une société morte, atroce et barbare ; opposer et substituer à cette monarchie faite par des évêques, comme disait Gibbon, une monarchie faite… par des druides, voilà de l’habileté profonde, car elle semble désintéressée et ne prétend être que scientifique ! […] Martin, de vouloir bien lui faire la preuve de cette incroyable théorie qui fait la Gaule plus belle et meilleure que la France d’après César, Clovis, et nos saints et glorieux évêques !
Sa politique, à lui, son action sur les hommes, c’était l’exercice des plus belles et en même temps des plus charmantes vertus ; car, j’en demande bien pardon à Messieurs les pécheurs, les vertus peuvent être charmantes… Fra Angelico, pour les peindre, se mettait à genoux. […] II Rien de plus beau, en effet, que ce poème religieux de la vie de Saint Louis, et surtout rien de plus sans ombre.
Le xviiie siècle a préparé et il a fini par accomplir la Révolution française et quand nous n’aurions pas d’autre raison que ce beau chef-d’œuvre, cette raison suffirait pour nous faire mépriser ce siècle vil, malgré l’éclat de ses talents et de ses vices, et dont on peut demander s’il fut plus criminel que lâche, ou plus lâche encore que criminel. […] Entre elles toutes, la plus belle, la plus terrible, la plus diabolique, — car il y a du diable en elle et du pire diable : de celui de l’enfer de glace, — c’est cette duchesse de Châteauroux dont le nom timbre le volume, c’est cette ambitieuse conseillée par Richelieu et qui aurait conseillé Richelieu ; car elle était, dans la coquetterie sans limites, dans l’allumement froid et combiné des tentations, dans l’art enragé de toutes les roueries, bien autrement forte que lui.
Le siècle a beau être aux impertinences, repoussons celle-ci, pour le compte de la littérature ! […] Quoique fort entichée de noblesse, cette marquise a compris qu’il y avait un mariage à faire entre son fils et mademoiselle Caroline Adam, et elle s’aide, pour arriver à la réussite de ce beau projet, d’un certain baron, sigisbé discret de sa jeunesse, ami ou plutôt parasite de Μ.
Le hasard avait épaissi autour de lui cette obscurité qui rend les hommes plus grands, quand ils sont grands, comme l’ombre fait les diamants plus beaux. […] Comte donne à ce que nous, chrétiens, appelons de ce beau nom de charité, tombé du dictionnaire des Anges dans la langue des hommes, le nom grotesque, inventé par lui, d’altruisme.
Certes, c’est ici le cas ou jamais de citer le beau mot du philosophe Jacobi, qui savait, comme Pascal, ce que vaut, sur les questions premières, la philosophie réduite à elle seule : « La philosophie, comme telle seulement, disait-il, est un jeu que l’esprit humain a imaginé pour se désennuyer, mais en l’imaginant, l’esprit n’a pas fait autre chose que d’organiser son ignorance. » Et encore y a-t-il moyen de l’organiser plus ou moins solidement, cette ignorance ! […] En vain transpose-t-il Dieu et s’efforce-t-il d’en remplacer l’amour par l’amour de l’humanité ; en vain s’enferme-t-il dans cette prison des siècles dont il a beau reculer les murs, il n’a jamais l’espace qui conviendrait à l’énergie de son âme immortelle.
Les littératures n’ont point trop de ces livres vrais qui disent la vie et nous montrent à nu la racine de cette plante amère, dont les fleurs ne nous paraissent jamais plus belles que quand une fois elles sont flétries et qu’il n’y a plus à en cueillir. […] Il a compris enfin que, de tous les passés de l’homme, la première partie de l’existence, écoulée au sein d’une famille si vite dévorée par la mort, était le passé le plus touchant et le plus beau, et il nous a raconté le sien.
Ligueur, il eût été incomparablement un poète plus puissant et plus beau. […] — Et aussi à cet endroit, où il dit des femmes qui déguisent leur envie : D’un propos contrefait tout autre que le cueur, Cachent pour t’affiner la cause qui les meine, En la même façon que la fine Clymenne Qui du beau Francion disoit mal à sa sœur.
Ce brigadier était, tout simplement… un brigadier de cette admirable armée de héros inconnus dont de Vigny ne nous a donné que les officiers dans son beau livre de Grandeur et servitude militaires. […] Gandon a beau faire et chercher des effets d’écrivain, Jean Gigon n’est pas gai, il n’est pas léger, il n’est pas spirituel.
Quand il est un diamant, car il l’est parfois, il l’est de qualité éblouissante, le plus souvent bizarrement taillé ; et s’il n’est pas diamant, il est toujours de très beau strass, plus brillant peut-être ; car les beaux diamants ne sont pas ceux qui brillent le plus.
Plus l’œuvre est belle, plus le critique est fort qui la pénètre et qui la juge. […] Disproportionné avec la nature humaine, avec les talents les plus beaux de son époque et de toutes les époques qui eurent des côtés plus parfaits, mais qui ne furent pas plus puissants ; à quarante ans majeur à peine, mort à cinquante dans une plénitude de midi pour nous, qui n’était pour lui qu’une aurore, il était de conception infatigable.
et lui aussi, qui n’imite pas Henri Heine, et c’est là le plus bel éloge que l’on puisse donner à un humouriste à l’heure qu’il est ! […] Ainsi, un La Bruyère jeune homme, un La Bruyère Damis, quand La Bruyère ne le fut jamais, quand La Bruyère est le plus beau talent d’automne qui ait jamais épandu sur les choses humaines des rayons désarmés, tout souriants de mélancolie ; ainsi, un La Bruyère en colère, — aussi en colère que lord Byron dans sa fameuse satire contre la fille de chambre qui l’avait brouillé avec sa femme, et qui était probablement une dévote de l’Église officielle d’Angleterre, — tel est l’auteur de ce petit livre des Dévotes, dont la seule sincérité est le ressentiment qui l’inspira.
Cet art était né dans les plus beaux siècles de la Grèce, et convenait à l’imagination ardente et légère d’un peuple que le sentiment et la pensée frappaient rapidement, et dont la langue féconde et facile semblait courir au-devant des idées. […] Placées dans les plus beaux temps à la porte de la servitude et sous la main des satrapes, à peine avaient-elles respiré l’air de la liberté.
Il avait beau n’être pas encore formulé : il se posait lui-même en droit, avant d’être posé en fait. […] Il a beau s’être chargé de plus de science et de plus de philosophie ; il n’en continue pas moins à accomplir sa fonction. […] Mais la vérité est qu’il a beau se représenter la stabilité comme une complexité de changement, ou comme un aspect particulier du changement, il a beau, n’importe comment, résoudre en changement la stabilité : il n’en distinguera pas moins, comme tout le monde, stabilité et changement. […] Je m’aperçus, un beau jour, que le temps n’y servait à rien, qu’il ne faisait rien. […] Autour de lui se fût empressée l’élite de notre jeunesse, toujours prête à s’enflammer pour de nobles idées exprimées dans un beau langage.
Je ne lui demandais que d’être ce qu’il est toujours : noble, simple, majestueux ; il a été grand et beau.
Villemain, qui malheureusement n’avait pas toujours une volonté égale à ses lumières ; mais ce que nous n’avons jamais contesté ni méconnu, c’est qu’il est le plus grand littérateur proprement dit du temps ; c’est que s’il fallait chercher une définition précise de ce que c’est que talent, il ne faudrait pas le demander à un autre que lui ; c’est que, enfin, comme professeur en ces belles années 1826-1830, il a donné à la jeunesse et au public lettré les plus nobles fêtes de l’intelligence qui, dans ce genre de critique et d’histoire littéraire, aient jamais honoré une époque et un pays.
Le poème se présente à lui sous forme de dialogue, parce que sa pensée, complexe, est faite de plusieurs sentiments qui se heurtent ou se poursuivent et finissent par s’entrelacer en beaux groupes synthétiques Les Poèmes dialogués rappellent souvent les Dialogues philosophiques de M.
Aussi fut-elle tout cela, comme l’exigeaient impérieusement la mode et les convenances ; mais quels démentis cruels donnaient à ce parti pris nécessaire son beau front droit, ses grands yeux plus éveillés que les cloches de matines, son petit nez retroussé comme ceux qui changent les lois d’un empire, et l’arc de sa jolie bouche, et son menton rose, et les énormes boucles de cheveux clairs, lumineux, couleur d’or, tombant à profusion sur un buste dont les blanches, éclatantes et superbes richesses chantaient glorieusement à tue-tête la gloire de Rubens, ivre de rose !
Les meilleurs poèmes de M. de Croisset sont de beaux monstres ; il y a de l’horreur dans le frisson d’art qu’ils nous arrachent.
Maxime du Camp, avec moins de fini, se rattache par le côté de Théophile Gautier à l’école de Victor Hugo ; il aime et cultive la description pour elle-même, il la cherche ; un de ses premiers soins a été de visiter cet Orient que le maître n’avait chanté que de loin et sur la foi du rêve… Il y a de beaux vers, surtout des poussées éloquentes.
Passionnel, il a écrit : Les Tendresses, le Cœur, Du fond de l’âme, Louise ; spiritualiste, il a composé : L’Âme pensive, les Enthousiasmes, les Sonnets, — dont quelques-uns sont très beaux, un entre autres intitulé : La Bonne souffrance, que je n’ai point oublié ; — L’Âme des choses, où palpite encore et surtout l’âme des hommes.
Le Dépotoir, l’un des plus beaux poèmes du livre, trop long pour être cité en entier, et trop homogène pour qu’on en détache un fragment) ; mais il note aussi, comme le doit faire tout bon poète, les apparences fugaces des objets et des hommes, et les similitudes qui ne sont pas perçues dès l’abord.
Jean Lorrain, il y a de bien beaux sonnets, celui d’Hylas, par exemple, qui a toute la pureté d’un marbre grec.
Regrets et espérance, c’est tout le cœur de l’adolescent, et c’est tout ce livre, où s’avoue avec une ingénuité qui fait penser à Verlaine, en hésitant, mais avec de beaux éclats soudains, une âme à la fois simple et romanesque, mélancolique et ardente.
Aristote, dans sa Poétique, avoit réduit le but de la Poésie à l’imitation de la Nature ; M. l’Abbé Batteux, d’après l’Essai sur le Beau du P.
Il étoit naturel que l’Abbé Desfontaines fût sensible à la dégradation des Lettres ; personne ne connoissoit mieux que lui les regles & les raisons des regles ; personne ne les développoit avec plus de finesse, d’agrément & de clarté ; personne ne saisissoit avec autant de précision les différens degrés du beau & les moindres nuances du ridicule ; l’œil sans cesse ouvert sur les moindres défauts, il les sentoit vivement, & ne faisoit grace à rien.
Gibert, est peut-être le meilleur Livre que nous ayons sur le bel art de persuader & de convaincre.
Ces sortes de spectacles parurent si beaux dans ces siècles ignorants, que l’on en fit les principaux ornements des réceptions des princes, quand ils entraient dans les villes ; et comme on chantait noël, noël, au lieu des cris de vive le roi, on représentait dans les rues la Samaritaine, le Mauvais Riche, la Conception de la sainte Vierge, la Passion de Jésus-Christ, et plusieurs autres mystères, pour les entrées des rois.
La plaidoirie a d’ailleurs été fort éloquente et fort belle ; M.
Le beau antique corrige à propos le joli et l’empêche de tourner au coquet… Dans les Élévations, l’auteur peut laisser ouvrir à son lyrisme des ailes qui se seraient brûlées aux bougies d’un salon ; il vole à plein ciel, chassant devant lui l’essaim de strophes et ne redescend que sur les cimes.
Manuel a la franchise et la vigueur ; Boileau, qui aimait les antithèses, n’a jamais rien trouvé d’aussi beau comme alliance et opposition de mots que ces deux vers sur une fille de quinze ans que le vice précoce va rendre mère : Elle portait effrontément Le poids sacré de cette honte.
Alphonse Daudet Amédée Pommier, un merveilleux artisan en mots et en rimes, l’ami des Dondey et des Pétrus Borel, l’auteur de l’Enfer , de Crâneries et Dette de cœur, beaux livres aux titres flamboyants, régal des lettrés, effroi des académies, et pleins de vers bruyants et colorés comme une volière d’oiseaux des tropiques… C’est en collaboration avec Amédée Pommier que Balzac, toujours tourmenté de l’idée d’écrire une grande comédie classique, avait entrepris Orgon, cinq actes en vers, faisant suite à Tartuffe.
Plaire au roi, servir ses propres amis, assurer un libre essor à leurs talents et au sien, plaire à Montausier même, furent trois succès que Molière me paraît s’être promis d’allier, en faisant le bel ouvrage dont nous parlons ; et j’aime à penser qu’il se proposa une alliance si difficile, parce que l’accomplissement de ce dessein ajoutait le mérite de la difficulté vaincue au mérite du talent le plus élevé.
Son Traité de la Sagesse l’a fait ranger, par le Jésuite Garasse, au nombre des Incrédules ; & les Philosophes de nos jours, sur ce beau témoignage, se sont empresses de se l’associer, tant il est vrai qu’ils savent tirer parti de tout.
Il paroît que cette anecdote n’a été imaginée que pour faire dire un bon mot, ou plutôt un mauvais rebus* au Cardinal de Richelieu : Quoi qu’il en soit, cette longue Paraphrase ne valoit pas un Evêché ; on n’y trouve par-tout que des fleurs d’or sur le Ciel étalées, des miracles roulans, de vivans écueils, & mille autres expressions semblables que le bon sens rejette, & que n’admit jamais la belle Poésie.
Cet homme ne voyoit rien de si beau que la vie pastorale ; c’est pourquoi, sans sortir de la ville, il chercha à contenter la bizarrerie de son goût pour les champs.
Ils ont beau dire, que le choc des Esprits produit la lumiere, il est certaines matieres sur lesquelles le choc des Esprits produit l’embrasement.
Christine ne lui donna rien, & ce n'est pas le plus beau trait de la vie de cette Princesse.
Non seulement les messagers du Très Haut portent ses décrets d’un bout de l’univers à l’autre ; non seulement ils sont les invisibles gardiens des hommes, ou prennent, pour se manifester à eux, les formes les plus aimables ; mais encore la religion nous permet d’attacher des anges protecteurs à la belle nature, ainsi qu’aux sentiments vertueux.
Il lui est arrivé en histoire ce qui lui arrive toujours en poésie : c’est qu’en déclamant contre la religion, ses plus belles pages sont des pages chrétiennes, témoin ce portrait de saint Louis : « Louis IX, dit-il, paraissait un prince destiné à réformer l’Europe, si elle avait pu l’être, à rendre la France triomphante et policée, et à être en tout le modèle des hommes.
Avec tout cela, mon ami, de quoi faire une belle tapisserie.
Imprimé en Hollande cinquante ans après la mort de l’héroïne, vingt-sept ans après celle de l’auteur, ce livre était semé de fautes hollandaises, les plus belles fautes qui puissent étaler leur sottise sur le sens ou la langue d’un ouvrage.
Je n’ai pu saisir que les deux premiers : Hôtes légers des bois, compagnons des beaux jours, Je dirai vos travaux, vos plaisirs, vos amours… Mais qu’est-il besoin de poëme ? […] Pour savoir le Nodier d’alors, c’est bien moins le Nodier d’aujourd’hui, trop lassé de s’entendre, qu’il eût fallu interroger, que le témoin mémoratif et glorieux d’un tel ami, lorsque dans la belle promenade de Chamars, si pleine de souvenirs (avant que le Génie militaire eût gâté Chamars), il s’épanchait en abondants et naïfs récits, et faisait revivre sous les grands feuillages d’automne les confidences des printemps d’autrefois, désespoirs ardents, philtres mortels, consolations promptes, complots, terreurs crédules, fuites errantes, une fenêtre escaladée, les années légères. […] On distinguera cette belle page sur l’hiver, datée du 10 octobre : « Oui, je le répète, l’hiver dans toute son indigence, l’hiver avec ses astres pâles et ses phénomènes désastreux, me promet plus de ravissements que l’orgueilleuse profusion des beaux jours… » Si cette page se fût trouvée aussi bien dans l’Émile ou dans le Génie du Christianisme, elle aurait été mainte fois citée. […] Le simple, c’est le beau que j’aime, Qui, sans frais, sans tours éclatants, Fait le charme de tous les temps.
Ils peuvent, quoique ce soit assez rare, reconnaître dès l’abord la grandeur de la tragédie où ils ont été enveloppés ; ils y verront même parfois je ne sais quoi de vertigineux et de surhumain ; mais pourtant, soit effarement prolongé, soit bouillonnement excessif de colère et de haine, leurs sentiments ont grand peine à se traduire en beaux développements littéraires. […] Élu membre de l’Académie française, il avait écrit dans son discours de réception cette phrase, en faisant, suivant l’usage, l’éloge de son prédécesseur qui était Marie-Joseph Chénier : « La liberté est si naturellement l’amie des sciences et des lettres qu’elle se réfugie auprès d’elles, lorsqu’elle est bannie, du milieu des peuples. » Il avait eu beau prendre ses précautions, mêler à ses paroles un hommage à César ; quand l’Empereur eut entre les mains le discours qui devait lui être soumis avant d’être prononcé, il entra dans une colère frénétique. […] Laissant là ta morale, Tu peux, comme au vieux temps, chanter la pastorale, Les roses, le sainfoin, le pasteur Corydon, La belle Amaryllis et son mol abandon, Le miel de l’Age d’or, les jeux dans les prairies Tous nos hommes d’Etat aiment les bergeries Rien de tel pour calmer les noires passions Et nous donner l’horreur des révolutions. […] On ne se pique plus de ménagements ni de beau langage. […] La poésie trouvait là un magnifique thème à lyriques effusions et l’histoire le plus beau sujet de méditation.
5 Vous voudrez donc bien trouver bel et beau Que ces voisins partagent le gâteau. […] — A : S’il y avait de pareilles lois en Angleterre, ou je ferais une belle conspiration pour les abolir, ou je fuirais de mon île après y avoir mis le feu. — C : Cependant il est bon que tout le monde ne dise pas ce qu’il pense. […] Car enfin il se forme ainsi une, deux, trois communautés d’opinions ; et, pour être peut-être d’un jour (et elles ne seront pas d’un jour) ces communautés d’opinions n’en sont pas moins bel et bien des associations. […] Voilà une belle confusion des pouvoirs, voilà une belle uniformité. […] Le nouveau Parlement, du reste, déçut un peu les belles espérances de Voltaire.
Que les bons citoyens trouvent le million, moi je me charge de trouver les hommes… » Ces hommes (les collaborateurs du journal) seraient au fond le véritable pouvoir moral de la nation, les administrateurs de la pensée publique, le concile permanent de la civilisation moderne… Il y a en ce temps-ci quelque chose de plus beau que d’être ministre de la Chambre ou de la Couronne, c’est d’être ministre de l’opinion !
Toutefois, par quelques pièces vraiment belles, on peut présumer qu’il s’affranchira selon son désir… M.
que tous les grands de la terre y sont arrangés de la belle manière !
Henry Bérenger Visiblement, le symbolisme légendaire où atteignit Wagner dans ses plus belles œuvres a été l’atmosphère génératrice du symbolisme historique réalisé par Schuré dans son Théâtre de l’âme.
Remy de Gourmont Le beau nom de poète, Clair Tisseur, et que noblement lyonnais !
Il est vrai que son Poëme des Passions n’est pas tout à fait dans le goût des Poésies du beau siecle d’Auguste.
M. de Voltaire, qui a adressé une Epître à l’Auteur de cette infame Production, pour lui reprocher ses excès, auroit dû se garantir lui-même de ceux dans lesquels il est tombé, & que ces beaux Vers, sur la nécessité d’un Dieu, ne sont pas capables de lui faire pardonner.
Fût-il d’Hector ou d’Alexandre, Est aussi facile à répandre Que l’est celui du plus bas rang ; Que, d’une force sans seconde, La Mort sait ses traits élancer, Et qu’un peu de plomb peut casser La plus belle tête du monde ; Qui l’a bonne y doit regarder.
Je pense d’ailleurs qu’il ne faut jamais hésiter à faire entrer la science dans la littérature ou la littérature dans la science ; le temps des belles ignorances est passé ; on doit accueillir dans son cerveau tout ce qu’il peut contenir de notions et se souvenir que le domaine intellectuel est un paysage illimité et non une suite de petits jardinets clos des murs de la méfiance et du dédain.
C’est un beau dessin que celui du Fermier incendié.
C’est une vigueur de couleur incroyable, une harmonie générale, un effet piquant et vrai, de belles masses, une magie de faire à désespérer, un ragoût dans l’assortiment et l’ordonnance. éloignez-vous, approchez-vous, même illusion, point de confusion, point de symmétrie non plus, point de papillotage ; l’œil est toujours recréé, parce qu’il y a calme et repos.
Mais il est impossible que dans les dictées d’un homme de guerre d’une vocation aussi décidée il n’y ait pas de bonnes et fines remarques de détail (comme chez Montluc en son temps), des observations pratiques utiles au métier et d’autres qui touchent au moral de l’art et qui sont supérieures : Mes Rêveries en sont semées ; Napoléon, en les lisant, y a fait les deux parts10 ; et le comte Vitzthum a raison d’y signaler, à son tour, de bonnes et même de tout à fait belles pages : ainsi l’exposé de la bataille de Pultava, ainsi un curieux récit de l’affaire de Denain au point de vue du prince Eugène11 ; ainsi des réflexions sur la défaite de Malplaquet, sur la déroute de Ramillies ; de singulières anecdotes sur des paniques d’hommes et de chevaux même après la victoire gagnée, racontées à l’auteur par Villars ; mais surtout un admirable endroit sur l’idée du parfait général d’armée que le comte de Saxe avait vu à peu près réalisé en la personne du prince Eugène. […] Il eut beau écrire jusqu’au dernier moment au comte de Bruhl : « Prenez de mes idées ce qu’il vous plaira…, mais livrez-vous entièrement à la France, car les choses à demi faites ne valent rien » ; le roi de Pologne n’entra qu’à demi et d’un pied boiteux dans l’alliance française ; ses troupes assemblées se concertèrent plus volontiers avec Frédéric qu’avec nos généraux. […] M. de Schulenburg en connaît la force. » Au lendemain de sa plus belle victoire, Maurice aime à faire hommage du résultat à son premier maître et parrain.
Sans doute, dans le monde réel, il n’y a pas tant de millions ni tant de beaux colonels que cela ; mais cette comédie est l’idéal pas trop invraisemblable, le roman à hauteur d’appui de toute notre vie de balcon, d’entresol, de comptoir ; toute la classe moyenne et assez distinguée de la société ne rêve rien de mieux. […] S’il fallait pourtant proposer absolument ma conjecture, je dirais qu’un de ses grands arts est de prendre en tout le contre-pied juste de ce qui semble et de ce qu’on attend (le plus beau Jour de la Vie). […] Jouffroy (qu’il nous pardonne de le trahir), au plus beau de ses platoniques leçons, et dans son esthétique de 1826, placer très-haut l’Héritière.
Quand nous lisons : Tes bons mots, autrefois délices des ruelles, Approuvés chez les grands, applaudis chez les belles, Hors de mode aujourd’hui chez nos plus grands badins, Sont des collets montés ou des vertugadins : nous ne pouvons nous figurer que cela a la même valeur, relativement aux habitudes du langage et du goût de son siècle, qu’ont à notre égard les vers de V. […] L’Épître sur l’Amour de Dieu est un beau morceau de raison philosophique et de théologie parfois éloquente, où il n’y a pas un grain de poésie religieuse. […] Cela n’est nulle part plus sensible que dans l’Épître à Seignelay, où sont semées ces maximes du réalisme classique : « Rien n’est beau que le vrai.
Les malins, à certaines marques, ont vite fait de reconnaître « la fabrique de Ferney » : Voltaire nie comme un beau diable ; cela ne trompe personne, et amuse tout le monde. […] Un beau jour circulèrent des dialogues « traduits de l’anglais552 », qui démontraient que l’Esprit des Lois est un « labyrinthe sans fil, un recueil de saillies », un livre plein de fausses citations, où l’auteur prenait « presque toujours son imagination pour sa mémoire ». […] Ses petits mots perfides n’amoindrirent pas l’Histoire naturelle, et il ne parut pas à son avantage quand il entreprit une lutte ouverte : il essaya de contredire une des plus belles hypothèses de Buffon, qui voyait dans les coquillages et les poissons trouvés au haut des Alpes une preuve du séjour des eaux de la mer en des temps reculés ; Voltaire soutenait que les coquillages étaient tombés des chapeaux des pèlerins qui revenaient de la Terre Sainte, et que les arêtes de poissons étaient les restes de leur déjeuner.
. — Ils ne paraissaient pas moins amples ni plus grands que ceux qui sont dans mon beau Saint Jean, pour servir de fonts baptismaux : — L’un desquels, il n’y a pas encore beaucoup d’années, je brisai parce qu’un enfant s’y noyait ; et que cela soit occasion pour tout homme de se détromper. » L’un de gli quali, anchor non é molt’ anni Rupp’ io per un che dentro vannegava : E questo sia suggel ch’ ogni huomo sganni. […] En ce temps-là, les dieux jeunes et beaux, éloquents et nobles qui peuplent les poèmes et les sculptures helléniques, n’existaient encore qu’à l’état brut. […] Entre les sculptures gravées sur le bouclier d’Achille qu’Hésiode a décrit, on voit « les hommes marchant, conduits par Arès et par Athéné ; tous deux en or, vêtus d’or, beaux et grands comme il convient à des dieux, car les hommes étaient plus petits ».
M. de Lally, rien n’est beau que le vrai ! […] Deux ans auparavant, il avait été moins poli envers cet énergumène, lorsqu’il lui disait, dans une occasion où il était en polémique avec lui : Tu auras beau me dire des injures, Marat, comme tu fais depuis six mois, je te déclare que, tant que je te verrai extravaguer dans le sens de la Révolution, je persisterai à te louer, parce que je pense que nous devons défendre la liberté, comme la ville de Saint-Malo, non seulement avec des hommes, mais avec des chiens 12. […] Je pourrais citer encore la page suivante de ce numéro 5 du Vieux Cordelier, laquelle est plus irréprochable pourtant, et réellement éloquente : elle commence par ces mots : « Occupons-nous, mes collègues, non pas à défendre notre vie comme des malades… » C’est même la seule vraiment belle de ce Vieux Cordelier, qui, dans la plus désastreuse des crises où ait passé une grande nation, mérite assurément de rester comme un signal généreux de retour et de repentir, mais qui n’obtiendra jamais place parmi les œuvres dont peut s’honorer l’esprit humain.
Pour compléter tous les avantages de sa charge, l’abbé de Cosnac, une fois en pied, s’était si bien arrangé, que si, dans ses courtes absences, quelqu’un parlait un peu privément au prince, les domestiques, je me trompe, les valets, l’en venaient avertir aussitôt : « Je m’étais si bien établi dans sa chambre, que tout ce qu’il y avait de valets me rendait compte de ce qui s’y passait. » Tout cela n’est pas beau, tout cela n’est pas grand, et pourtant ces récits font essentiellement partie de ce qu’on appelle le Grand Siècle. […] La nature ayant formé cette âme et ce personnage héroïque du Grand Condé, il semble qu’il ne lui était pas resté assez d’étoffe pour faire un grand homme ni même un bel homme : il en était résulté ce prince chétif, rachitique, spirituel, muable de volonté, capricieux avec violence, qui n’avait que des éclairs en tout, en amour, en valeur, en religion, et qui fut toujours dominé par ses entours. […] Le prince de Conti s’était attaché dans cette ville à une maîtresse aussi belle qu’elle était sotte, Mme de Calvimont.
Tout ceci redevient prudent et sage ; et, en terminant ses leçons, il a un beau mouvement contre la Terreur, une péroraison humaine et presque éloquente : De modernes Lycurgues nous ont parlé de pain et de fer. […] Cette page me paraît le beau idéal dans le genre de la statistique48. […] On y trouvera une belle méditation, purement morale, et qui, en comprenant tout ce qu’il y a de triste dans la destinée humaine, ne se fixe pas aux images lugubres, mais s’en détache à temps : la consolation est au bout, et du côté seulement où elle peut être.
Si je ressens tout à coup une piqûre, elle a beau se fondre immédiatement avec mon état général, la conscience du changement est ex abrupto, la transition n’a été ni prévue ni pressentie. […] Les sensations de chaque moment ont beau se mêler aussitôt au continuum sensoriel, elles n’en ont pas moins, à leur apparition, des qualités tranchées qui leur confèrent une sorte d’individualité. […] M. de Hartmann a beau dire qu’il n’y a point de connexions mécaniques concevables à l’aide desquelles le mouvement puisse se transmettre d’un point du cerveau à l’autre, nous ne trouvons là, une fois le premier mouvement supposé, qu’un problème de propagation mécanique.
Précisément en ce que les sensations et sentiments supérieurs auront un caractère à la fois plus intense et plus expansif, par conséquent plus social : — « La solidarité sociale est le principe de l’émotion esthétique la plus haute et la plus complexe. » Les plaisirs qui n’ont rien d’impersonnel n’ont, rien de durable ni de beau : « Le plaisir qui aurait, au contraire, un caractère tout à fait universel, serait étemel ; et étant l’amour, il serait la grâce. […] Tout grand homme se sent providence, parce qu’il sent son propre génie. » On retrouvera dans ce livre les qualités maîtresses de Guyau : l’analyse pénétrante et en même temps la largeur des idées, un mélange de profondeur et de poésie, cette rectitude d’esprit jointe à la chaleur du cœur qui fait qu’on pourrait lui appliquer à lui-même ses deux beaux vers : Droit comme un rayon de lumière, Et comme lui vibrant et chaud. […] Nous avons vu que, selon lui, nous devons sympathiser avec l’œuvre d’art comme avec les œuvres de la nature, « car la pensée humaine, comme l’individualité même d’un être, a besoin d’être aimée pour être comprise ; » jusque dans la lecture d’un simple livre soyons donc de bonne volonté : « l’affection éclaire » ; et il ajoute ces belles paroles, qu’on peut appliquer à son propre ouvrage sur l’art : « Le livre ami est comme un œil ouvert que la mort même ne ferme pas, et où se fait toujours visible, en un rayon de lumière, la pensée la plus profonde d’un être humain. » Alfred Fouillée 1.
Tous ces beaux livres d’éducation publique bien fermés, la première réflexion qui s’est offerte à ma pensée, c’est qu’autant d’hommes éclairés à qui le problème de Sa Majesté Impériale aurait été proposé, autant de solutions différentes. […] Toutes ses belles connaissances lui seraient infiniment utiles s’il s’appelait Mœvius ou Sempronius et que nous rétrogradions aux temps d’Honorius ou d’Arcadius ; c’est là qu’il plaiderait, supérieurement sa cause. […] Si le plan général est au-dessus des ressources du moment, attendre d’un avenir plus favorable son entière et parfaite exécution, mais ne rien abandonner au caprice de l’avenir ; en user avec une maison d’éducation publique comme en use un architecte intelligent avec un propriétaire borné dans ses moyens ; si celui-ci n’a point de quoi fournir subitement aux frais de tout l’édifice, l’autre creuse des fondements, pose les premières pierres, élève une aile, et cette aile est celle qu’il fallait d’abord élever ; et lorsqu’il est forcé de suspendre son travail, il laissé à la partie construite des pierres d’attente qui se remarquent, et entre les mains du propriétaire un plan général auquel, à la reprise du bâtiment, on se conformera sous peine de ne retirer de la dépense qu’on a faite et de celle qu’on fera qu’un amas confus de pièces belles ou laides, mais contradictoires entre elles et ne formant qu’un mauvais ensemble.
De l’expiation sur une échelle énorme sont sorties les nations païennes pour devenir des nations chrétiennes ; et quand les nations chrétiennes, à leur tour, auront sombré dans tous les vices, elles n’auront, pour se relever et se refaire, rien de meilleur, de plus puissant et de plus beau. […] Sa grande valeur est d’être peintre, d’avoir sinon le style de l’histoire, au moins un très remarquable style d’histoire, ce style par lequel, en toutes choses, les œuvres durent, car on recommence l’histoire, on peut la recommencer cinquante fois sous d’autres arcs de lumière, avec des aperçus ou des documents de plus, mais on a beau la refaire, on la relit toujours quand elle est littérairement écrite ! […] Amédée Thierry et son érudition d’historien ne sont ni moins beaux, ni moins pleins, ni moins vastes que ceux qui tentèrent l’imagination fraternelle.
D’où qu’on prenne son point de vue dans cette époque qui eut l’activité d’une belle matinée historique, mais qui devait rencontrer l’orage à midi et l’orage qu’elle avait formé, on ne trouve que débris d’édifices à moitié bâtis, affaissés dans un ciment humide encore, et que les architectes ne reprendront pas : car on ne reprend rien en histoire. […] nous n’entendons pas seulement un gouvernement, mais une époque, — rechercher comme le botaniste cherche dans la fleur le point noir qui doit la faire périr, rechercher le point d’erreur ou de faiblesse par lequel tout ce qui semblait si vivant devait s’altérer et durer si peu, qu’à quelques années de distance, c’était fini ou à peu près de ce qui paraissait éternel, n’est-ce pas là un magnifique sujet d’histoire, plus beau, selon nous, et plus tentant pour une forte pensée, que l’histoire d’une époque qui eût construit des œuvres durables et accompli tout son destin ? […] Belle revanche de l’âme sur l’esprit, de la conscience sur la pensée !
À peine encore peut-on lui donner le nom de littérature, tant elle se met au service d’une certaine science et d’une certaine école, tant elle néglige le beau, qui est pourtant la substance de l’art, tant elle excite la passion plutôt qu’elle n’alimente la pensée. […] ne sonde jamais, qu’elle soit humble ou fière, Une âme en lui disant : Belle Âme, quelle es-tu ? […] Elle touche à toutes les branches de la littérature : poésie, roman, nouvelles, études, critique, elle se développe régulière et mesurée comme une belle architecture. […] L’âme, désarmée au premier choc, se laisse saisir sans résistance ; navrée de tant de blessures, elle s’éteint doucement et tristement avec les belles chimères qui la faisaient vivre. […] L’acceptation des choses telles qu’elles sont, l’habitude de les prendre comme les inéluctables conditions de la vie, est une assez belle recette de résignation.
Vigny n’a pas laissé de plus beaux vers, qui lui ressemblent davantage, ni qui donnent de ce qu’il fut une plus noble idée. […] Je ne sache pas qu’il y ait non plus de plus beaux vers que ceux de Leconte de Lisle : j’entends encore de plus « classiques ». […] Namouna] ; — pour ne rien dire d’une phraséologie qui sent encore son dix-huitième siècle ; — si d’ailleurs elles n’étaient belles de l’« orgueil de vivre » qui s’y trahit ; — et de l’ardeur de passion sans objet [Cf. […] Un beau mariage, Maître Guérin], événements politiques [Cf. […] Poirier, 1854 ; — Édouard Foussier pour Les Lionnes pauvres, 1858, et pour Un beau mariage, 1859 ; — enfin Eugène Labiche pour Le Prix Martin, 1876.
Ce doit être assez agréable : il y a de jolies pages de moraliste du beau monde.
. — Au déclin des étés, Ce feuillage, là-bas, dont la frange étincelle, Et qui, plus jaunissant, rend la forêt plus belle Quand un soleil oblique y prolonge ses feux ; Tout ce voile enrichi ne présage à tes yeux Que l’hiver, — l’hiver morne, aride.
Les Chants de la Pluie et du Soleil, visiblement inspirés de Whitman quant à leur sentiment de modernité lyrique, renferment des proses vraiment belles, d’une élévation et d’une énergie saine, d’un éclat d’images qui intéresseront les artistes.
Un fort, parce que, pouvant acquérir de bonne heure, en publiant plusieurs milliers de très beaux vers qu’il cache, la réputation d’un bon poète, il a eu le courage de les rejeter de son œuvre et d’attendre qu’il se fût dégagé des influences directes… Âme extraordinairement vibrante, exquise voyageuse qui s’envole, frêle et rapide, vers les solitudes de l’éther, et, parvenue aux confins dont elle a l’éternelle nostalgie, défaillante à mourir devant l’atmosphère si rare, se grise et se pâme à ouïr des chants et des musiques que nul n’entendit.
On entend la romance de la Grande Duchesse, l’air des « Soldats de plomb » : Le grenadier était bel homme Il provenait de Nuremberg ; La princesse arrivait de Rome Et sortait du chemin de fer.
Loret dit dans sa Gazette, en assez mauvais langage, en parlant de ce jeune Poëte : Je crois, quand Apollon eût épousé Minerve, Qu’ils n’eussent pu tous deux faire un si bel Esprit.
C’est précisément contre la soumission de certains Juges & les applaudissemens du Parterre abusé, que le Zélateur du bon, du vrai, du beau, doit s’élever avec le plus de force.
Nos temples, moins petits que ceux d’Athènes, et moins gigantesques que ceux de Memphis, se tiennent dans ce sage milieu où règnent le beau et le goût par excellence.
Le corps d’Anacréon est bien modelé, le bras qui tient la coupe fin de touche, quoique défectueux de dessin ; les étoffes étendues sur ses genoux sont belles ; la jambe droite qui porte le pied en avant sort du tableau.
Recommencer Troie, mais cette fois pour ravoir Homère, c’était beau. […] Il donnait souvent à cette foule le beau rôle. […] Ces beaux arbres sont des traîtres. […] Indépendamment du fait Évergète et Omar que nous avons rappelé, et qui, très réel au fond, est peut-être légendaire dans plus d’un détail, la perte de tant de belles œuvres de l’antiquité ne s’explique que trop par le petit nombre des exemplaires.
Or, la vulgarité n’est jamais belle, et la manière dont on la peint ne l’ennoblissant point, ne peut pas l’embellir. […] Dans sa haine pour l’héroïsme et dans son amour pour la vulgarité, il n’aurait pas dû donner au drôle de son livre un nom porté par ce qu’il y a de plus beau parmi les hommes, un poète et un héros ! […] Les bouffons ont toujours beau jeu avec ce qui est sublime, parce que « du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas », disait l’Empereur Napoléon, et que les bouffons ne manquent jamais de faire faire au sublime ce pas-là. […] Ainsi, de l’enfance d’esprit dans la conception, et dans l’exécution de l’enfantillage, ne voilà-t-il pas un beau résultat littéraire pour un homme à qui on octroyait un talent dont la prétention était surtout d’être mâle !
C’est le nabab français, sanguin, de belle humeur, insolent de bienveillance, facile, ouvert, répandu, répandant ; d’une duperie aimable et commode, mais pas bête pourtant, car il se sait dupe et il est le bon prince de sa duperie ; sceptique, corrompu, mais pas trop, pas assez pour n’avoir point, de temps en temps, une larme à l’œil et un bon sourire sur ses grosses lèvres ; repu d’or, indigéré de billets de banque, et n’ayant plus que l’ambition d’être député, dans cette société où c’est là le seul bâton de maréchal qui reste dans les pauvres gibernes de l’ambition. […] La belle réponse à Nana que ces Rois en exil ! […] Mais le roman peut être beau, que celui qui l’écrit croie aux Rois ou qu’il n’y croie plus. […] C’est le sceptique moderne en tout, excepté en art peut-être ; incrédule à tout, excepté à ce qui est beau.
Ce besoin d’un Narcisse71, que Louis XVIII rapportait de l’exil, et qui s’afficha jusque dans les plus belles heures de son règne, n’est pas plus séparable de l’idée qu’on se peut faire de la politique de ce roi, que l’habitude d’un ministère occulte, confidentiel, en opposition avec celui qu’il acceptait extérieurement pour la forme, n’est séparable de l’idée qu’on se doit faire de la politique de Monsieur, comte d’Artois. […] Dans la formation de la Maison civile du roi et de la Maison militaire, l’Ancien Régime ressuscité s’étale et se pavane dans tout son beau ; vingt-cinq ans de notre histoire sont supprimés et comme non avenus.
Ceux-ci n’iront pas, à leur exemple, s’emplir de viandes et de boissons brûlantes pour inonder leurs veines par un afflux soudain de sang grossier, pour porter dans leur cerveau la stupeur ou la violence ; on les voit à la porte de leur chaumière, qui mangent debout un peu de pain et leur soupe ; leur vin ne met dans leurs têtes que la vivacité et la belle humeur. […] Toutes les impressions s’atténuent ; le parfum est si faible que souvent on ne le sent plus ; à genoux devant leur dame, ils chuchotent des mièvreries et des gentillesses ; ils aiment avec esprit et politesse ; ils arrangent ingénieusement en bouquets « les paroles peintes », toutes les fleurs « du langage frais et joli » ; ils savent noter au passage les sentiments fugitifs, la mélancolie molle, la rêverie incertaine ; ils sont aussi élégants, aussi beaux diseurs, aussi charmants que les aimables abbés du dix-huitième siècle : tant cette légèreté de main est propre à la race, et prompte à paraître sous les armures et parmi les massacres du moyen âge, aussi bien que parmi les révérences et sous les douillettes musquées de la dernière cour !
Ce n’est pas cette mesure timide des gens de goût poli qui masquent ou nient volontiers les réalités laides, et qui aiment à voir en beau les écrivains dont ils s’occupent. […] Partout ailleurs que devant vous, Messieurs, je pourrais craindre qu’on ne m’accusât d’avoir changé l’idée de Larroumet, d’avoir ôté à sa figure le brillant, la séduction de l’esprit, de la belle humeur, de la sociabilité, de la vivacité amusante, de lui avoir donné trop de sérieux et d’application grave.
Son portrait à trente ans prouvait qu’elle avait été belle et mérite l’apostrophe de Germain Nouveau : Femme de militaire et mère de poète, Il vous restait un bruit de bataille et de vers. […] Sa ténacité laborieuse et son intrépide désintéressement méritent tout au moins le respect… Nous n’étions pas encore remis de la secousse nerveuse, de l’ébranlement que donnent les beaux vers, lorsque la porte s’ouvrit timidement, laissant se profiler dans la pénombre une figure fiévreuse et inquiète.
Il se trouve tous les jours des imitateurs pour traduire en belles phrases des sentiments qu’ils n’éprouvent pas. […] Je sortis de sa maison aussi indigné qu’attendri et déplorant le sort de ces belles contrées à qui la nature n’a prodigué ses dons que pour en faire la proie des barbares publicains. » On sait, après cela, et de science certaine, l’une des causes qui firent de Rousseau un ancêtre du socialisme moderne.
M. de Voguéci est essentiellement un moraliste dans ses belles études sur les écrivains russes. […] Les manifestations qu’elle analyse : livres, partitions, tableaux, statues, monuments, ont en commun le caractère d’être « esthétiques », de tendre à être belles et à émouvoir.
Il en a toujours été ainsi chez les anciens, au moins dans les beaux jours et jusqu’au moment où les études politiques furent rendues tout à fait vaines et inutiles, en Grèce par la conquête romaine, à Rome par la perte de la liberté. […] Les plus belles paroles qui aient jamais été prononcées sur ce que l’on peut appeler les grandes conquêtes de 89 sont sorties de sa bouche.
Les belles voix sont-elles aussi communes en Auvergne qu’en Languedoc ? […] On peut bien croire que les premiers qu’ils y transporterent pour faire race, étoient des plus beaux de l’Andalousie où se faisoit l’embarquement.
D’abord c’est un livre sur le plus beau sujet d’histoire, et qui en serait le plus singulier s’il y avait des sujets singuliers en histoire et si tout n’arrivait pas ! […] Une femme jeune, noble et belle, se dévoua à sa destinée et l’épousa, quoiqu’il fût étranger et pauvre et qu’il eût sur le front des cheveux blancs.
C’est l’anonyme de l’humilité… On dirait un de ces Anges qui font la cuisine du couvent dans le beau tableau de Murillo, et qui, après l’avoir faite, se renvoient au ciel ! […] Elle a dit, dans leur pure beauté, les faits, qui furent, pour Madame Louise de France, l’accomplissement de ses devoirs, et que le tordeur de textes au compte de la Revue des Deux Mondes, ce travailleur en difformités, a hideusement déformés, — comme un de ces sinistres bateleurs qui font avec de beaux enfants des monstres, et qui vivent de ces monstruosités !
qui doit à la Critique la plus belle portion de sa gloire, s’il avait pensé ce qu’il disait, il aurait dû se crever les yeux avec sa plume, comme Œdipe, après la découverte de son crime, avec l’agrafe de son manteau. […] L’écrivain qui a enlevé d’une main si sûre et si habile ce petit chef-d’œuvre de récit et de drame : Un beau brin de fille, n’a pas besoin de collationner de vieilles histoires pour nous intéresser et nous émouvoir.
C’est un Benvenuto Cellini littéraire ; mais qui dit littéraire dit un Benvenuto bien autrement compliqué et profond qu’un simple Benvenuto plastique… Par la précision, la torsion, le mordant du mot, Léon Gozlan a des consanguinités avec Théophile Gautier, qui a cru faire une belle chose de dédoubler l’art intellectuel d’écrire et de le descendre presque au niveau d’un art plastique. […] La préoccupation si inférieure du théâtre dont il a toujours été fêlé, à toutes les époques de sa vie, depuis l’instant de sa jeunesse où il ne voyait qu’un sujet heureux de vaudeville dans ces Intimes que Raymond Brucker et Michel Masson lui infligèrent comme un roman terrible en l’y faisant travailler avec eux, jusqu’à l’heure où, en pleine maturité, il ne craignit pas de s’amincir dans de petites pièces plus petites que tout ce qu’il avait jamais écrit, lui, le travailleur si souvent en petit cependant ; la préoccupation du théâtre lui fit maintes fois terminer en queue de poisson ses plus belles œuvres commencées en têtes de sirènes (voyez son Notaire de Chantilly, son Dragon rouge, ses Nuits du Père Lachaise, sa Famille Lambert, etc., etc.).
Il était beau à Cicéron, au retour de son bannissement, d’invoquer ces dieux du Capitole, qu’il avait préservés des flammes étant consul, ce sénat qu’il avait sauvé du carnage, ce peuple romain qu’il avait dérobé au joug et à la servitude, et de montrer d’un autre côté son nom effacé, ses monuments détruits, ses maisons démolies et réduites en cendres pour prix de ses bienfaits. Il était beau d’attester sur les ruines même de ses palais, l’heure et le jour où le sénat et le peuple l’avait proclamé le père de la patrie.
M. de Ravignan prêchait trois fois par jour : à une heure pour les femmes du beau monde, le soir pour les hommes.
Arthur Ponroy qui a publié incognito un volume de poésies intitulé : Formes et Couleurs, où il y a quelques beaux vers, mais de l’école de Victor Hugo, d’ailleurs avec beaucoup de prétention et d’emphase.
Auguste Le Prévost, l’antiquaire normand, était, ainsi que son compatriote l’aimable poète Ulric Guttinguer, des plus anciens amis littéraires de Hugo, des amis qui dataient de 1824 environ, qui s’étaient ralliés à lui pour tant de belles odes et de jolies ballades, pour ses inspirations du Moyen-Age et du gothique, pour ses colères et anathèmes contre la Bande noire, etc.
Celle qui a pour titre, A mon Père, est d’une belle haleine et d’une sensibilité pénétrante.
. — La Belle Rafaela (1875). — Les Mille et Une Nuits parisiennes (1876). — Les Confessions.
Il y avait en effet dans les Médaillons, au milieu de pièces de premier ordre, des inégalités et des hasards (qui, d’ailleurs, donnaient au livre un air de jeunesse, et n’étaient pas déplaisants), trop d’habiletés faciles, de « belles chevilles » et de bric-à-brac parnassien.
Si l’on ne recherche dans les Poésies que le grand, le beau, les graces, la délicatesse, on ne fera pas grand cas des siennes ; mais si quelques traits d’esprit, de naturel, d’ingénuité sont capables, comme nous le croyons, de trouver grace aux yeux du Lecteur le plus difficile, la Muse Limonadiere pourra être regardée comme la dixieme, en laissant toutefois un très-grand intervalle entre elle & ses nobles Sœurs.
Après avoir fait voir les deux armées aux prises, & avoir peint d’une maniere énergique la défaite du Duc, il lui adresse ainsi la parole : Grand Héros, qu’un excès d’amour & de valeur Engage aveuglément dans le dernier malheur, Tous tes autres exploits ont mérité de vivre ; Ils vivront à jamais sur le marbre & le cuivre : Tes sublimes vertus, dignes d’un meilleur sort, Effacent, à nos yeux, la honte de ta mort ; Et les siecles futurs, francs de haine & d’envie, Ne doivent pas juger de l’état de ta vie, Par l’instant malheureux qui surprit tes beaux jours D’une éclipse fatale au milieu de leur cours.
Le Pour & le Contre, le Journal Etranger auquel il a travaillé, donnent une idée assez favorable de ses talens, en matiere de saine & belle Littérature, pour faire croire qu’il eût pu honorer les Lettres, sans avoir aucun reproche à redouter pour sa gloire.
On y voit encore une espèce d’arbre, dont le feuillage échevelé et les fruits en cristaux, forment, avec les débris pendants, de beaux accords de tristesse.
Plût à Dieu qu’un si bel exemple fût imité dans le reste de l’Europe, & qu’en désarmant la chicane par des bonnes loix, on assurât le bonheur & les possessions de tous les citoyens.
Je rencontre sur mon chemin une femme belle comme un ange ; je veux coucher avec elle, j’y couche ; j’en ai quatre enfants, et me voilà forcé d’abandonner les mathématiques que j’aimais, Homère et Virgile que je portais toujours dans ma poche, le théâtre pour lequel j’avais du goût ; trop heureux d’entreprendre l’ encyclopédie à laquelle j’aurai sacrifié vingt-cinq ans de ma vie.
Rends-moi bien cet instant ; laisse là tous ces monstres symboliques ; surtout donne de la profondeur à ta scène ; que tes figures ne soient pas à mes yeux des cartons découpés, et tu seras simple, clair, grand et beau.
La mort est le supplice de l’être vivant : se faire de ce supplice un devoir, c’est beau et grand ; mais se faire de ce supplice une joie, ce n’est pas se grandir, c’est mentir. […] En présence de tous ses courtisans il se reprocha le tort qu’il avait eu de ne pas l’employer assez, et dit en peu de mots tout ce qu’on pouvait dire de plus honorable en faveur de celui qu’il regrettait. « Le ciel suprême, dit-il, est irrité contre moi ; il m’a enlevé le trésor le plus précieux de mon royaume en m’enlevant le sage qui en faisait la principale gloire et le plus bel ornement. » Ce magnifique éloge, tout mérité qu’il était, aurait pu être regardé comme un tribut que ce prince payait à la coutume, s’il ne l’eût fait suivre par quelque chose de plus durable que les paroles. […] Que de traits encore il faudrait ajouter pour crayonner en entier la belle doctrine du Chou-king ! […] « Le style seul dans lequel il est écrit, indépendamment de sa sagesse, en démontre l’antiquité à quiconque a lu les beaux ouvrages des écrivains de toutes les dynasties chinoises. […] Je n’avais élevé Na-la-che au rang d’impératrice que parce que ce rang lui était dû préférablement à mes autres femmes ; ce n’est pas qu’elle fût plus belle ou que je l’aimasse plus que les autres.
Ne reparais plus en ma présence, et tiens-toi pour content de n’être point châtié d’un pareil conseil. » Une belle vengeance sculpturale, la seule exercée après la victoire, fut la création de l’ordre Persique. […] Le mot d’ordre de la journée de Mycale fut Hébé, la déesse de la Jeunesse « aux beaux pieds », comme la surnomment les poètes, la servante céleste que Héra avait conçue en respirant une rose. […] Que de loisir et que de bonheur supposent les Dialogues de Platon, lentement promenés aux bords de l’llissus, ou groupés sous une colonne du Gymnase, devant un auditoire de beaux éphèbes couronnés de joncs ! […] L’architecture de l’Acropole, d’une perfection si simple et si pure, dont chaque ligne a la souplesse d’un beau rythme, aurait-elle pu naître à l’ombre des Babels massives de l’Asie ? […] Si nous les voyons si fiers et si beaux, c’est qu’ils furent conçus au sein du bonheur, fils de l’orgueil et de la joie d’un peuple affranchi.
Ainsi toute nation, eût-elle échappé aux causes extérieures de destruction, est condamnée à mourir tôt ou tard de sa belle mort. […] Et pourtant, en lisant l’Histoire des animaux d’Aristote dans la belle traduction de M. […] C’est le progrès à rebours ; c’est la méconnaissance complète de la marche suivie par la nature ; c’est précisément l’inverse de la méthode adoptée par Aristote dans sa belle théorie de l’âme. […] Comment ne pas rappeler cette page, l’une des plus belles qu’ait inspirées la philosophie de la nature ? […] Le beau et le divin sont toujours, par leur nature propre, causes du mieux dans les choses qui ne sont simplement que possibles.
J’achevais de le lire mercredi matin, tandis que se faisait aux faubourgs populeux cette descente anniversaire qui, d’un seul flot, refoule notre humanité perfectible aux beaux jours de l’antique Sardanapale, et je me disais, en entendant ces échos lointains : « N’est-ce donc pas une débauche aussi que tant de grâce, de sensibilité, d’esprit fin et d’observation morale, s’employant et s’affichant uniquement pour mettre du noir sur du blanc, comme on dit, et pour vider l’écritoire ?
. — Le poème des beaux jours (1862). — Le Cyclope (1863).
Il n’a pas effacé de son front ce grand et beau reflet de Dieu, qui s’y débat contre les ombres du doute quand tous les autres l’ont éteint sur le leur.
J’avais précédemment retenu de belles stances de lui sur Ronsard ; je trouve, dans le dernier recueil, quelques notes douces, presque pures, la Chanson ignorée, les vers à la Vallée du Denacre.
Je dirai plus : il y a ici des fragments dignes des plus beaux chapitres de l’Adorant (Sixtine)… Cela me confirme dans l’appréciation très digne que je me suis formée de M. de Gourmont, à savoir : que c’est un prosateur exquis qui a des douceurs de poète et des grandeurs de philosophe.
Ce livre est beau, c’est un cri d’amour, c’est un cœur qui vibre d’immensité, c’est une âme éprise de la musique des êtres et des choses, c’est l’œuvre véritable, l’œuvre d’un poète, l’œuvre d’un Homme, et nous remercions M.
Les Saints doivent écrire pour les Saints : imitant leurs vertus, on les loue mieux que par des paroles & de belles Hymnes.
Les plus belles que l’on connaisse dans ce genre, sont celles que l’on voit en Angleterre, au bord des lacs du Cumberland, dans les montagnes d’Écosse, et jusque dans les Orcades.
Belle forme qui ne contient rien. […] Défions les sophistes d’en trouver un plus beau. […] Que lui chaut le bel esprit ou le vide beau langage. […] Ces jours qu’on a dépeints comme ternes et vains, ils sont au contraire beaux et radieux. […] Elle veut l’homme intégral et beau dans la Vie, tourné vers la Vie, selon la Vie, heureux de la Vie et ses méthodes l’assurent de la Vérité et de la Justice.
Les gens de lettres, comme vous le dites, lui doivent de la reconnaissance pour cette fondation de la Revue de Paris en 1829 : il leur offrait de la place, et une belle place, élégante, en lumière, et un prix honorable qui n’existait pas auparavant et qui ne s’est pas élevé depuis, du moins pour ce cadre des revues qu’on a fait au contraire de plus en plus compact et dévorant. — Et puis n’est-ce donc rien que la vie sociale et les qualités qui en font l’agrément ?
Mathieu de Montmorency avait été aussi fort touché, quoiqu’elle n’eût jamais été belle.
Ces deux personnes idéales et vraiment belles n’ont d’air ni d’espace qui les entoure, et où elles puissent se déployer.
Enfin fouillez les publications exclusivement consacrées aux belles et bonnes lettres, d’il y a quelque temps, la Renaissance, la Revue du monde nouveau, plus récemment, la Décadence, etc.
Soyez sûrs que les cendres de Gautier ont frémi de joie, à l’apparition de ce livre, et que, dans le paradis des lettrés, l’ombre de Flaubert hurle, à l’heure qu’il est, des phrases de Pierre Louÿs, les soumet à l’infaillible épreuve de son gueuloir, et qu’elles la subissent victorieusement… Enfin voilà donc un jeune, un vrai jeune — Pierre Louÿs n’a pas vingt-six ans — qui nous donne un beau livre ; un livre écrit dans une langue impeccable, avec les formules classiques et les mots de tout le monde, mais rénovés et rajeunis à force de goût et d’art ; un livre très savant et où se révèle, à chaque page, une connaissance approfondie de l’antiquité et de la littérature grecque, mais sans pédantisme aucun et ne sentant jamais l’huile et l’effort ; un livre dont la table contient sans doute un symbole ingénieux et poétique, mais un symbole parfaitement clair ; un livre, enfin, qui est vraiment issu de notre tradition et animé de notre génie et dans lequel la beauté, la force et la grâce se montrent toujours en plein soleil, et inondées d’éclatante lumière !
Théodore de Banville Voici un des plus beaux et des plus curieux livres de poèmes qui aient été écrits depuis longtemps (Le Jardin des rêves), un livre qui s’impose à l’attention, car il est bien de ce temps, de cette heure même, et il contient au plus haut degré les qualités essentielles à la jeune génération artiste et poète, c’est-à-dire, à la fois, la délicatesse la plus raffinée et la plus excessive, et le paroxysme, l’intensité, la prodigieuse splendeur de la couleur éblouie.
Il est donc indifférent pour sa gloire qu’il ait créé des systêmes qu’on ne peut regarder que comme de beaux Romans ; qu’il se soit trompé dans son Hypothèse des Tourbillons & dans ce qu’il a écrit sur l’ame des bêtes.
Mais ne sait-on pas que tous ces beaux Siecles ont dégénéré, quand ces météores ont paru ?
Nourri de la lecture des Anciens, dont il paroît s'être pénétré ; appuyé sur les principes invariables de la nature, qui sont ceux du vrai & du beau ; toujours armé du flambeau de la raison, l'Auteur parcourt d'un pas noble & ferme les différens âges du Génie Littéraire de la France, découvre les causes qui l'ont retenu long-temps captif dans les chaînes de l'ignorance & du mauvais goût, & nous montre par quels secours il en a triomphé.
Quels plus beaux hymnes au Soleil, que les paysages de Monet, de Signac, de Cros ?
Rien n’est beau comme les soupirs que nos maux arrachent à la religion.
D’abord, le fait supposé par cette objection n’est pas d’une vérité rigoureuse, puisqu’un des plus beaux monuments historiques qui existent chez les hommes, le Discours sur l’histoire universelle, a été dicté par l’esprit du christianisme.
Le soir, quand le bilakoro rassembla ses moutons pour regagner le village, Ybilis prit la forme d’une femme très belle et le suivit ainsi jusqu’à la case de ses parents.
Saint-Marc est plus leste de ton, plus badin, persifleur, bel esprit et belle plume ; pour prendre idée du style et de la manière de Saint-Marc, lisez dans les Débats de vendredi (26 mai) l’article en tête contre la Gazette : c’est du pur Saint-Marc : caillette maligne et de grand esprit ; il porte d’ailleurs dans cette question l’intérêt personnel et d’amour-propre d’un universitaire. — Je crois pourtant, malgré les présomptions, que le gros des articles, ceux du milieu de la querelle, sont de Sacy16.
A travers cela un filet courant de voyageurs et de beau monde.
Les hommes qui savent durer ont leur lendemain et leur revanche : “On aura beau dire, disait encore M.
Mais une âme fine et philosophique qui ait senti ce que la présence de l’homme met d’intérêt dans les choses inanimées, ce que l’indifférente sérénité de la nature a de navrant, quand disparaît ce bonhomme qui allait, venait, bêchait, taillait, introduisant le mouvement, la variété, la vie, peuplant ce désert à lui seul, âme de ce petit inonde ; une imagination imbue de poésie païenne, qui exprime la tristesse de cette impassibilité même, et mette en deuil pour le vieux jardinier les fleurs éternellement belles et souriantes, peuvent seules dicter cette brève parole, où l’on entend un écho d’Homère et de Virgile.
L’inspiration en est fort belle, encore que mélancoliquement désabusée.
Maurice Maeterlinck C’est bien neuf et bien beau d’avoir eu l’idée et le courage de commencer par l’âme.
Ce qui demeure, à la louange de Sarah Bernhardt, c’est qu’elle a répandu le goût des beaux vers que transfigure la musique de sa voix, la flamme de son génie et la noblesse de son maintien.
Si la matiere principale de l’Histoire n’est pas la Vie des Princes, le but principal qu’on doit se proposer en l’écrivant, c’est de les instruire : & c’est une raison de rapporter tout aux affaires publiques, & de leur faire connoître qu’il n’y a rien de beau ou de bon à exécuter, que ce qui tend à détourner un mal ou à procurer un bien public. » Les Littérateurs cultivés reconnoîtront d’abord dans ces maximes, bien des principes qui nous ont été débités récemment comme des découvertes ; & si l’on jugeoit d’après elles certains Historiens qui s’en sont fait honneur, pourroient-ils seulement mériter ce titre ?
On voit ici la conception du grand dans son principe : le reste n’en est qu’une ombre, comme l’intelligence créée n’est qu’une faible émanation de l’intelligence créatrice ; comme la fiction, quand elle est belle, n’est encore que l’ombre de la vérité, et tire tout son mérite d’un fond de ressemblance. » 66.
Loin de borner à quatre ou cinq dégrez la temperature convenable à la culture des sciences et des beaux arts, je crois que cette temperature peut comprendre vingt ou vingt-cinq dégrez de latitude.
L’auteur de Werther, s’il a jamais un moment ressemblé à son héros, serait une belle preuve de cet apaisement graduel, dont on pourrait citer d’autres exemples moins contestables. […] C’est lorsque Pierre, encouragé par le médiocre enthousiasme de son maître devant la colonnade du Louvre, lui dit : « C’est beau sûrement ; mais, avec la permission de monsieur, on le trouve surtout ainsi parce qu’il faut venir de loin. […] Mlle de Meulan, sous le masque du Disputeur, releva le raisonneur opiniâtre avec un persiflage amer et sensé : « Il faut bien se disputer, monsieur : sans cela, la vie a beau être courte, elle serait en vérité trop longue… C’est un trésor pour moi que votre raisonnement contre le déisme… Quoi ! […] Essentiel à méditer, comme conseil, dans toute éducation qui voudra préparer des hommes solides à notre pénible société moderne, ce livre renferme encore, en manière d’exposition, les plus belles pages morales, les plus sincères et les plus convaincues, qu’à côté de quelques pages de M.
Quand Bergson oppose le tout fait au se faisant, (et je voudrais bien savoir comment il pourrait dire en d’autres termes), et il faut tout de même bien de la mauvaise volonté pour ne pas reconnaître dans ce participe passé et dans ce participe présent les héritiers de deux beaux participes grecs moyens-passifs), il fait une opposition, il reconnaît une contrariété métaphysique de l’ordre de l’ordre même de la durée et portant sur l’opposition, sur la contrariété profonde, essentielle, métaphysique, du présent au futur et du présent au passé. […] Il a beau être neuf, il n’est pas pour cela un vrai arbre, un arbre dans la campagne. […] Et je vois aujourd’hui que dans l’astronomie et la mécanique et la physique célestes on revient à l’hypothèse des tourbillons cartésiens, et j’en suis fort heureux, car ç’aura été un beau coup de génie, (mais de la divination du génie), et je serai plus heureux encore quand on y sera revenu pour la physique générale. […] Et voilà une belle application, et non la moins importante, des tables de présence, et d’absence et des variations concomitantes.
M. de Mayran, autre Savant de ce Cercle qui vivoit alors, prit ensuite la parole : Les ennemis de M. de Voltaire ont beau dire & beau faire, dit-il, ils ne viendront jamais à bout de lui ôter le mérite de l'universalité des talens. […] La portion du beau Sexe qui se pique de Philosophie, c’est-à-dire, une douzaine de femmes passablement folles, précisément depuis qu’elles se mêlent de philosopher, ont crié & crient encore tous les jours à l'injustice, au blasphême. […] Cette Lettre a été publiée la même année 1773, dans le Journal des Beaux Arts, dans le Mercure de France, & dans plusieurs autres Feuilles périodiques.
Et le beau varlet Constant chevauchait un cheval baillet… […] Callipédique Adj. — Qui concerne la procréation systématique de beaux enfants. […] Callipyge Adj. — Qui a de belles fesses. […] Et la belle princesse portait une riche robe de soie où l’on voyait brodés à fin or des pards et des dragons, des serpents volants et des escramors…
L’histoire de Forneron ne va pas même jusqu’à la dernière victoire de don Juan, qui mourut, non de celle-là, mais après la floraison de celle-là, en en laissant bien d’autres en boutons qui ne devaient jamais s’ouvrir sur la belle tige de sa jeunesse ! […] Or l’amour est une chose si rare et si belle qu’il suffit à la gloire de la vie, et qu’il a suffi à la sienne… Ainsi, l’amour, le croirait-on ? […] Et ne fût-il que cela, ce serait assez beau. […] Son talent, s’il en avait eu, aurait bénéficié du malheur auguste et mystérieux de la Cause de Dieu perdue par les hommes au xvie siècle ; car c’est presque une loi de l’Histoire, avec la mélancolie naturelle à l’âme humaine, que les Causes perdues nous prennent plus fortement le cœur que les Causes triomphantes, et soient plus belles à raconter !
Ni l’analyse, qui date de plus loin qu’eux, ni la nature, qui n’est pas le Naturalisme, ni l’étude, qu’on en faisait bien avant eux, ni même cette description dont ils sont seulement capables et dont ils ont l’enragement comme les eunuques ont l’enragement de leur impuissance, ni le roman « sans beauté imaginative » qui est le plus beau des romans pour M. de Goncourt, — car il y en a diablement de ces romans-là, dans le monde. […] La Faustin, quoique d’un tout autre ton que La Fille Élisa, ce roman de La Faustin, qui aurait pu être beau et profond, porte çà et là les traces de ce mal du temps qui devient une contagion, et qu’ils ont appelé « le Naturalisme », pour ne pas lui donner son nom propre, qui serait une malpropreté… C’est la première fois, par parenthèse, que ces Grossiers, qui aiment et qui recherchent les mots abjects, ont reculé devant celui qui nommerait bien leur système. […] Edmond de Goncourt a eu la pensée d’écrire le roman de la comédienne, et cela pouvait être un beau livre, pourvu qu’il fût profond ; car c’était une idée, et une idée neuve. […] Son art couvre sa loyauté et le visage n’est plus qu’un masque, — mais il est plus beau que le vrai visage, et l’amour même ne s’y reconnaît plus.
Boissonade savait le grec comme je viens de le définir, et à ce titre (n’en déplaise au grand Molière), il méritait sinon les baisers des belles, du moins tous les respects et le plus humble coup de chapeau des profanes ou demi-profanes. […] Saint-Ange, traduisant Ovide qui fait parler le Soleil amoureux : Par moi seul on voit tout ; seul je vois tout au monde, Mais je ne vis jamais rien de si beau que vous… » Les vers cités ne remplissent même pas tous la condition voulue d’être d’un bout à l’autre monosyllabiques16. […] Je ne puis croire d’abord que vous me refusiez l’ornement que je sollicite pour mon livre, et, dans tous les cas, bien que j’aie la conscience de m’être souvent lourdement mépris et surtout d’être passablement ignorant dans l’histoire de la philosophie où vous tenez le sceptre, Wyttenbach (in qua tu régnas, Wyttenbachi), j’aime à croire que vous êtes trop généreux pour songer à faire de moi un sujet de risée : ce n’est pas là le caractère que je vous connais. » Un érudit plus ferré que Boissonade, et plus crâne aussi, eût répondu aux amis de Wyttenbach : « Je l’attends l’arme au poing et je serai toujours prêt à le servir. » Un beau duel avec un illustre est une bonne fortune pour tout débutant qui aspire à se faire un nom.
Il ne se peut de plus belles pages, en fait de considérations contemporaines, que ce qu’on va lire et qu’il écrivait à M. […] Louis de Kergorlay, sa disposition intérieure, son hésitation entre plusieurs projets et le plan final auquel il s’arrête, est, pour moi, des plus essentielles : elle dispenserait, au besoin, de tout autre document sur Tocqueville ; elle est le portrait le plus parfait, le miroir fidèle de son esprit : « … Au milieu de toutes ces belles choses, lui dit-il (15 décembre 1850), je ne tarderais cependant pas à m’ennuyer si je ne parvenais à me créer une forte occupation d’esprit. […] J’ai lu des articles sur Tocqueville qui étaient plus bienveillants, je n’en ai pas lu un seul qui sût, aussi bien que les vôtres, mettre en relief ce qui dans ses écrits est vraiment beau, ce qui plaît en eux, ce qui charme : sympathie intellectuelle, confraternité d’artiste, quelque nom qu’on donne au sentiment qui vous fait agir, c’est encore de la bienveillance, et la plus sûre, car elle vient de l’instinct plus que de la volonté.
La jeunesse pourtant, cette puissance d’illusion et de tendresse dont elle est douée, cette gaieté naturelle qui en formait alors le plus bel apanage et dont notre poëte avait reçu du ciel une si heureuse mesure, toutes ces ressources intérieures triomphèrent, et la période nécessiteuse qu’il traversait brilla bientôt à ses yeux de mille grâces. […] que la jeunesse est une belle chose, puisqu’elle peut répandre du charme jusque sur la vieillesse, cet âge si déshérité et si pauvre ! […] Aujourd’hui donc qu’à la France étonnée Par tant d’efforts la palme enfin gagnée Ne laisse voir qu’un triste et maigre fruit ; Quand le combat recommence à grand bruit ; Toi, sans dégoût, à ton passé fidèle, Sans repentir (car la cause était belle, Elle était sainte, et dut nous enflammer), Toi, désormais, tu sais où te calmer.
Les gens qui en parlaient se contentaient de dire que c’était bien, mais les trois quarts n’en parlaient ni n’y pensaient ; et cette indifférence, ce froid pour une action réellement aussi belle, aussi touchante, que l’on eût tant goûtée et vantée de particuliers, ne venait pas de l’occupation où était toute la Cour de la maladie du roi ; elle n’était produite que par la plate et mince existence de Mesdames, que l’on connaissait sans envie du bien, sans âme, sans caractère, sans franchise, sans amour pour leur père. […] L’effet était bien différent dans le peuple que trente ans auparavant, où le même roi, malade à Metz, aurait réellement trouvé dans sa capitale un millier d’hommes assez fous pour sacrifier leur vie pour sauver la sienne, et où tout son peuple, d’une voix unanime, lui avait donné, on ne sait pas trop pourquoi, le beau nom de Bien-aimé , dont il n’a jamais senti la douceur et le prix. […] Louis XIV avait dit, dans ses Instructions au Dauphin, une belle parole trop méconnue par son indigne petit-fils : « Les empires, mon fils, ne se conservent que comme ils s’acquièrent : c’est-à-dire par la vigueur, par la vigilance et par le travail. » 283.
Les belles actions ne sont que de beaux dehors. […] Elle vit d’une petite pension, et des cadeaux de quelques amis, qu’elle s’ingénie à payer par des services : à l’Hôtel d’Albret, à l’Hôtel de Richelieu, chez les Montchevreuil, elle porte sa belle humeur, son activité, son humilité, tenant peu de place, et faisant toutes les besognes.
Francisque Sarcey I Je m’empare d’une phrase de Beaumarchais, dont je change quelques mots et dont je garde le rythme : « Un homme gros, gris, rond, bon, toujours allègre et de belle humeur. » Tel on se représente M. […] L’axiome très défendable « que l’art doit rester étranger à la morale » (car c’est assez qu’il cherche le beau), n’est pas tout à fait vrai au théâtre, parce que rien n’est moins artiste qu’une grande foule. […] Rien n’empêche d’ailleurs qu’un drame parfait soit par surcroît une œuvre de belle littérature : on en a vu des exemples aux deux derniers siècles et de nos jours.
Comme si l’écrivain avait antérieurement à sa vertu, ou d’une généralité, dérivé un bien, notre coutume, singulière et belle, pourvu que complétée, en coupe à court délai la transmission : avec cette vue, que l’héritage, passé le temps, se reporte de la filiation naturelle à la lignée par l’esprit. […] N’en préférez-vous pas, décorativement ou pour une signification plus belle, la place dans le palais même du Livre, à la Bibliothèque Nationale ? […] Semblable occupation suffit, comparer les aspects et leur nombre tel qu’il frôle notre négligence : y éveillant, pour décor, l’ambiguïté de quelques figures belles, aux intersections.
Il était joli homme, même beau de visage, et bien fait de sa personne. […] Saint-Just, qui n’est qu’un imitateur, commence son chant troisième par un vœu, par un élan tout pareil de sensibilité : Je veux bâtir une belle chimère ; Cela m’amuse et remplit mon loisir. […] Pourtant d’autres hommes très corrompus du siècle ne furent point cruels quand l’heure sanglante fut venue ; il y en eut même, comme Louvet, qui eurent de beaux élans d’humanité.
Il l’a même aimée jusqu’à un certain point : cela est plus beau encore. […] Il en parle avec un sens très-juste et très-fin dans cette belle lettre à M. de Corcelles : « Comme vous, mon cher ami, je n’ai jamais eu beaucoup de goût pour la métaphysique, peut-être parce que je ne m’y suis jamais livré sérieusement, et parce qu’il m’a toujours paru que le bon sens amenait aussi bien qu’elle au but qu’elle se propose ; mais néanmoins je ne puis m’empêcher de reconnaître qu’elle a eu un attrait singulier pour plusieurs des plus grands et même des plus religieux génies qui aient paru dans le monde, en dépit de ce que dit Voltaire, que la métaphysique est un roman sur l’âme. […] Elle a inspiré ces belles maximes éparses dans sa correspondance : « En toutes choses, il faut viser à la perfection ; — ce monde appartient à l’énergie ; — la grande maladie de l’âme, c’est le froid. » Sa vie même a été une confirmation de ses doctrines ; c’était une nature noble et haute, admirablement sincère, ayant toujours devant les yeux la grandeur morale ; c’était une personne, une âme, un caractère.
Son trop d’esprit s’épand en trop de belles choses, Tous métaux y sont or, toutes fleurs y sont roses. […] Approche-t-il du but, quitte-t-il ce séjour, Rien ne trouble sa fin : c’est le soir d’un beau jour. […] Vous savez la fable que je vous ai déjà citée et qui commence par ces très beaux mots : Il se faut entr’aider ; c’est la loi de nature.
Si la main, purement chrétienne et presque ascète de sa sœur Marie nous a cueilli quelques feuilles de ce beau lis double, la main poétique de Guérin a complété la corolle. […] Dieu, qui avait le dessein de l’accomplir, qui creusait, comme le potier, avec sa main puissante et douce, ce vase précieux où ses divines préférences devaient reposer, ne voulut pas qu’elle fût jamais rien de plus qu’une sœur mère et une vierge mère ; mais n’est-ce pas là ce qu’il y a de plus beau dans les sentiments de la femme et les mystères de sa destinée ? […] Mais la campagnarde du Cayla descendait des plus belles porteuses de faucon qui traversent, gantées de daim, corsetées d’hermine et robe traînante, les Chroniques du moyen âge.
La matière est nécessité, la conscience est liberté ; mais elles ont beau s’opposer l’une à l’autre, la vie trouve moyen de les réconcilier. […] Le cerveau de l’homme a beau ressembler, en effet, à celui de l’animal : il a ceci de particulier qu’il fournit le moyen d’opposer à chaque habitude contractée une autre habitude et à tout automatisme — un automatisme antagoniste. […] Ils ont beau être au point culminant de l’évolution, ils sont le plus près des origines et rendent sensible à nos yeux l’impulsion qui vient du fond.
Parlant de l’évêque politique en Bossuet, et des considérations de cabinet qui influèrent si fort sur sa conduite, sur ses discours officiels en toute circonstance, cet homme d’esprit disait il y a plus de trente ans : « Après tout, c’est un conseiller d’État. » Tout récemment, et se reportant à ce trésor de beaux lieux communs qui sont le fonds inépuisable de son éloquence, il l’appelait encore « le sublime orateur des idées communes ». […] Quand on a une si belle sonnerie, on n’a pas besoin de chercher midi à quatorze heures.
Pourtant il ne suffit pas qu’une idée soit dolente pour être belle. […] Il lui arrive enfin de se réveiller « tout valide, un beau matin ».
Quand on aime véritablement la musique, il est rare qu’on écoute les paroles des beaux airs. […] Il ne s’ensuit pas que, pour faire de beaux vers, il fallût de nos jours renoncer aux pensées philosophiques que nous avons acquises.
Toute œuvre d’art est intéressante et peut être belle, du moment qu’elle est le commentaire sincère, ému, vivant, d’une individualité qui ose être elle-même. — Les questions d’écoles sont ici secondaires. […] Bray : Du beau.
Comme elles aperçoivent en dedans un monde supérieur plus grand, plus beau, plus varié ; comme elles ont peuplé leur conscience des souvenirs d’une vie imaginaire ; comme elles comparent incessamment le spectacle de leurs journées au spectacle de leurs rêveries, le dédain et l’impertinence ne sont chez elles qu’une forme particulière de la douleur. […] Or, pour réaliser ce vœu d’Adolphe, pour étancher la soif de cette vanité qui le dévore, une femme belle et jeune, vivant dans le secret de la famille, élevée dans les doctrines de l’obéissance et du devoir, épargnée de la calomnie, nourrie dans un bonheur paisible, et défiant les tempêtes qu’elle ne prévoit pas, ne peut lutter avec Ellénore.
Les innocents aphorismes de son premier âge prophétique, en partie empruntés aux rabbis antérieurs, les belles prédications morales de sa seconde période aboutissent à une politique décidée. […] Pour le galiléen idéaliste, d’ailleurs, le titre de « fils de David » était suffisamment justifié, si celui à qui on le décernait relevait la gloire de sa race et ramenait les beaux jours d’Israël.
Ses belles prédications, dont l’effet était toujours calculé sur la jeunesse de l’imagination et la pureté de la conscience morale des auditeurs, tombaient ici sur la pierre. […] Car vous ressemblez à des sépulcres blanchis 986, qui du dehors semblent beaux, mais qui au dedans sont pleins d’os de morts et de toute sorte de pourriture.
Elle avait tous les traits du visage agréables et surtout la bouche, des yeux et un regard enchanteurs, une taille élégante, qu’elle conserva belle et noble jusqu’à cinquante ans. En 1650, quand elle parut dans le monde, à son retour de la Martinique, âgée de quatorze ans, on la citait sous le nom de la belle Indienne.
Peut-être serait-il beau, loyal et noble de résister à un despotisme si asiatique. […] Saltabadil a dit : J'ai ma sœur, une jeune et belle créature, Qui chez nous aux passants dit la bonne aventure ; Votre homme la viendrait consulter une nuit.
Voilà vraiment un beau profit ! […] Or, l’élève répondra que cela lui a beaucoup plu et que c’est très beau.
J’ai recueilli dans cet ordre d’idées une opinion, que je considère comme infiniment précieuse et qu’il eût été cruel d’abandonner à l’oubli : c’est celle d’un directeur d’institution qui, dans un discours de distribution de prix, parlant de l’enseignement des langues vivantes, prétendait avec un bel accent de conviction patriotique, que leur étude était d’un mince intérêt pour la France, attendu qu’elle avait tout à perdre et rien à gagner en étudiant les œuvres étrangères !! […] Ils ont pu constater qu’il y avait quelque chose de pourri dans le beau pays de France, et ils l’avouent parfois.
Un Descartes a beau rompre avec la philosophie des anciens : son œuvre conserve les qualités d’ordre et de mesure qui furent caractéristiques de la pensée grecque. […] Nous en dirions autant du beau livre de Hannequin sur la théorie des atomes. — Dans les travaux de Le Dantec on trouve une interprétation et une extension mécanistiques de la science positive.
C’était un signe du temps : au lieu de le réfuter, on regorgeait ; il avait beau crier, la chose était faite. […] Vous lisez un beau roman, vous avez le sentiment de votre attention.
D’ailleurs, ma muse acquitte un devoir ; elle rend ce qu’elle doit à la vertu, à la patrie, au genre humain, à la nature immortelle et souveraine qui lui a donné, comme à sa prêtresse, la charge honorable de chanter des hymnes en l’honneur de tout ce qu’elle forme de grand et de beau dans l’univers. » On voit quel est le ton et la noblesse de ces éloges ; la vigueur d’âme qui y règne, vaut bien notre délicatesse et notre goût. […] Cette idée digne des anciens Grecs, qui croyaient que le génie des grands hommes veillait toujours au milieu d’eux, et que leur âme était présente parmi leurs concitoyens pour animer et soutenir leurs travaux, est peut-être le plus bel hommage qui ait été rendu au législateur de la Russie.
Sainte-Beuve amena très-énergiquement le nom du beau roi Nicomède : « Pourquoi, ajouta-t-il, ces vices de César sont-ils dissimulés dans ce livre ?
Viollet-Le-Duc ne manque pas : Semblables au François qui, durant son jeune aage, Et du Tibre et du Pô fraye le beau rivage : Car, bien que nuict et jour ses esprits soyent flattez Du pipeur escadron des douces voluptez, Il ne peut oublier le lieu de sa naissance ; Ains, chasque heure du jour, il tourne vers la France Et son cœur et son œil, se faschant qu’il ne voit La fumée à flots gris voltiger sur son toict.
Cousin, Du vrai, du beau et du bien.
Il pensait que la disposition des plis du tissu se prêtait à la figurer, et il était persuadé que, s’il faisait le moindre mouvement, les modifications apportées aux plis de la couverture entraîneraient l’évanouissement de cette belle main.
Conclusion J’ai voulu montrer la formation complète d’une oeuvre poétique et chercher par un exemple en quoi consiste le beau et comment il naît.
Mais c’est que toutes les facultés de ce rare talent se font équilibre et se tiennent d’une étroite manière ; et, même à l’occasion de ces feuilles légères des Memoranda, c’est ce talent tout entier qu’il convient d’évoquer… Quoi qu’il en soit des causes dont ces habitudes ont été l’effet visible, il est certain que, pareil à ce lord Byron qu’il aime tant, M. d’Aurevilly aura vécu dans notre dix-neuvième siècle à l’état de révolte permanente et de protestation continue… M. d’Aurevilly est, au plus beau et au plus exact sens de ce mot, un poète, — un créateur ; même sa poésie est aussi voisine de celle des Anglais que sa Normandie est voisine de l’Angleterre.
qu’elle est belle à voir !
Remy de Gourmont Puisqu’il ne nous laissa que de trop brèves pages, l’œuvre seulement de quelques années ; puisqu’il est mort à l’âge où plus d’un beau génie dormait encore, parfum inconnu, dans le calice fermé de la fleur, Mikhaël ne devrait pas être jugé, mais seulement aimé… Parallèlement à ses poèmes, Mikhaël avait écrit des contes en prose ; ils tiennent dans le petit volume des Œuvres, juste autant, juste aussi peu de place que les vers… Il suffit d’avoir écrit ce peu de vers et ce peu de prose : la postérité n’en demanderait pas davantage, s’il y avait encore place pour les préférés des dieux dans le-musée que nous enrichissons vainement pour elle et que les barbares futurs n’auront peut-être jamais la curiosité d’ouvrir.
L’affichage moderne L’affiche illustrée (œuvre imprimée, qu’il faut donc mentionner ici) dont les oisifs regardent la pose toute fraîche et toute humide, admirant comment le mauvais et mince et tortillé chiffon sorti de la blouse grise affecte vite sur le renforcement du mur une allure de tableau et sous la décharge du pinceau un bel air verni, l’affiche illustrée est au juste, à cette heure, une industrie charmante qu’on est en train de gâcher.
Son Histoire Ecclésiastique, qui finit au Concile de Constance, est un des plus beaux & des plus utiles monumens élevés à la gloire du Christianisme, & le titre d’une célébrité durable.
C’est ainsi que Despréaux l’annonce pour le créateur de la belle Poésie parmi nous : Enfin Malherbe vint, & le premier, en France, Fit sentir dans ses Vers une juste cadence, D’un mot mis en sa place enseigna le pouvoir, Et réduisit sa Muse aux regles du devoir.
Après un fâcheux soir, vient un beau lendemain ; Et le grand Jupiter, de cette même main Dont il lance la foudre, il prend la pleine coupe, Et s'assied tout joyeux au milieu de la troupe.
Tanevot consistent en deux Tragédies non représentées, l'une intitulée Séthos, l'autre, Adam & Eve ; en des Fables, des Contes, des Epîtres, des Chansons, & autres petites Poésies, dont la derniere Edition forme 3 volumes in-12, Ses deux Tragédies offrent de beaux morceaux.
Taine dans ses beaux travaux.
Voltaire est bien ingrat d’avoir calomnié un culte qui lui a fourni ses plus beaux titres à l’immortalité.
On aura beau bâtir des temples grecs bien élégants, bien éclairés, pour rassembler le bon peuple de saint Louis, et lui faire adorer un Dieu métaphysique, il regrettera toujours ces Notre-Dame de Reims et de Paris, ces basiliques, toutes moussues, toutes remplies des générations des décédés et des âmes de ses pères ; il regrettera toujours la tombe de quelques messieurs de Montmorency, sur laquelle il souloit se mettre à genoux durant la messe, sans oublier les sacrées fontaines où il fut porté à sa naissance.
Dès que nous avons eu fait des opera, l’esprit philosophique, qui est excellent pour mettre en évidence la vérité, pourvû qu’il chemine à la suite de l’expérience, nous a fait trouver que les vers les plus remplis d’images, et generalement parlant les plus beaux, ne sont pas les plus propres à réussir en musique.
. — Bon, répond-il j’ai beau avoir faim, il me reste assez de force pour lui creuser une tombe.
Toutes ces choses sont des phénomènes ou états d’esprit suivis ou accompagnés de faits sensibles. » Ainsi nous avons beau nous tourner de tous côtés, nous restons dans le même cercle. […] L’expérience a beau faire, elle ne peut supprimer ces diversités qui la fondent. D’autre part, l’expérience a beau faire, elle ne peut se soustraire aux conditions dans lesquelles elle agit. […] Comme il arrive toujours en pareil cas, chacun des deux avait fait réfléchir l’autre, et aucun des deux n’avait persuadé l’autre ; mais ces réflexions furent courtes : devant une belle matinée d’août, tous les raisonnements tombent. […] A les voir virginales et timides dans ce voile doré, on pensait aux joues empourprées, aux beaux yeux modestes d’une jeune fille qui pour la première fois met son collier de pierreries.
Ce dernier pèlerinage de Chateaubriand, ce sera après tout et pour tout résultat une belle page nouvelle des Mémoires.
Belle raison !
Le moment, je l’avoue, n’est pas beau ; ces années de 1690 à 1715 ne sont pas des plus triomphantes pour le glorieux monarque.
En achevant de revoir et de relire des pages où j’ai autrefois déposé tant d’espérances, où j’ai placé tant de vœux sur des noms brillants qui n’en ont réalisé qu’une partie, je me surprends à redire, et je ne puis m’empêcher de citer, pour moralité finale, ces beaux vers de Virgile, si empreints de gravité et de justesse sévère, et applicables à la décadence de toutes les aristocraties, à celle de tous les talents qu’un travail et une vigilance perpétuelle n’entretiennent pas : Vidi lecta diu et multo spectata labore Degenerare tamen, ni vis humana quotannis Maxima quæque manu legeret.
La ville où l’on séjourne a beau être embrouillée, inégale, tortueuse, sans ordre et sans plan, pleine de carrefours, de tréteaux de charlatans, de passages et de ruelles, de monuments inachevés dont le pierres encombrent les places, d’arcs de triomphe sans chars ni statues de vainqueurs, de clochers et de coupoles sans croix : quand le soleil est couché, quand, du haut des collines prochaines, le voyageur qui n’est pas entré dans cette ville, et qui n’y a pas vécu, l’aperçoit à l’horizon dessinant sa silhouette déjà sombre sur le ciel encore rougi du couchant, il la voit toute différente ; il y distingue des étages naturels, des accidents dominants, des masses imposantes et combinées ; les édifices, que la distance et l’obscurité achèvent et idéalisent à ses yeux, lui apparaissent selon des hauteurs bien diverses.
. — La Plus Belle Fille du monde, conte dialogué en vers libres (1898).
C’est un beau triomphe pour Mme Judith Gautier, la vaillante fille d’un père à jamais illustre dans les lettres françaises.
Leur pinceau est souvent ému, mais il n’oublie jamais de demeurer élégant, et leurs plus belles œuvres sont merveilleusement correctes et pures.
Le nôtre qui croit assez lourdement qu’on peut tout faire avec de l’esprit & des maximes, devroit se rappeler que l’esprit ne peut jamais donner qu’un foible droit à l’estime, & que des volumes de belles maximes ne valent pas un acte de générosité.
Un style délicat & correct, un petit ton de minauderie, une morale légere & tout-à-fait du bel air, les rendent un Code amusant pour les têtes frivoles, sans qu’il puisse prétendre au suffrage des ames sensées.
Qui ne seroit saisi d'enthousiasme à la lecture de cette belle description du Coursier du Prince de Condé, qu'on trouve dans une Strophe de la derniere ?
Est-on sûr que bèle soit l’exact équivalent phonétique de belle, que frè remplace frais ?
Ainsi les plus beaux talens furent gâtés par les inclinations les plus violentes, & par tous les écarts imaginables.
D’Aucour commence par convenir de tout le bien qui s’y trouve : mais, après avoir analysé l’ouvrage, après en avoir décomposé toutes les parties, séparé le vrai du faux, le solide du superficiel, le beau du brillant, on voit clairement que le mauvais domine, que les défauts l’emportent sur les beautés, & que l’éloge se réduit à rien.
Mais c’est en traitant de la Comédie chez les Modernes, que l’on donnera une connaissance plus étendue des principes de ce bel art, et des moyens imaginés pour varier l’instruction et les amusements que la bonne comédie doit offrir à la société chez une nation policée.
Or, de tels préceptes sont directement opposés au cri de l’orgueil : on y voit la nature corrigée, la nature plus belle, la nature évangélique.
Pourquoi les passions qui tiennent au courage sont-elles plus belles chez les modernes que chez les anciens ?
Pour nous, qui à la vérité ne sommes pas poète, il nous semble que ces enfants de la vision feraient d’assez beaux groupes sur les nuées : nous les peindrions avec une tête flamboyante ; une barbe argentée descendrait sur leur poitrine immortelle, et l’esprit divin éclaterait dans leurs regards.
C’est ce qui doit ôter toute confiance à la Vie d’Homère qu’a composée Plutarque, et à celle qu’on attribue souvent à Hérodote, et dans laquelle l’auteur a rempli un volume de tant de détails minutieux et de tant de belles aventures. — 9.
Les Capouans le furent par la mollesse de leur beau climat, et par la fertilité de la Campanie heureuse.
— La Belle au Bois-Dormant, féerie lyrique, en 3 actes, en collaboration avec M. […] Paris, Ollendorff, 1901. — Le Masque, comédie en quatre actes (Vaudeville, 1902). — Résurrection, drame en cinq actes, adapté de Léon Tolstoï (Odéon, 14 nov. 1902, Porte Saint-Martin, 25 janvier 1905), Fasquelle, 1905, in-18. — Le Beau Voyage, poésies, avec un portrait de l’auteur par lui-même, Fasquelle, 1904, in-18. — Maman Colibri comédie, en 4 actes (Vaudeville, 1904), Fasquelle, 1905, in-18. […] 1902, in-18. — L’Enfant à la Balustrade, Calmann-Lévy, 1903. — Le Bel Avenir, id. […] — Le Choeur des Muses, Mercure de France, 1895. — La Belle Saison, 1905. […] Œuvres. — La Belle Paule (en coll. avec Gh.
C’est le beau phénomène de la solidarité du genre humain. […] Voyez, en effet, avec quelle animosité, indigne d’un si beau génie, M. de Chateaubriand, dans ses Mémoires, traîne complaisamment sur la claie le nom de M. de Talleyrand, souillé et marqué par de petites furies qui ne vivent que l’espace d’une petite colère ! […] Il faut lire, dans les Mémoires de M. de Ségur, la rencontre de M. de Talleyrand dans le marché aux légumes de New-York avec la belle madame de la Tour du Pin, devenue fermière dans le voisinage, assise sur son âne, en costume de paysanne, et apportant ses légumes et ses fruits à vendre aux citadins d’une république. Nous avons entendu nous-même ce récit, à la fois pastoral et romain, du temps des proscriptions, de la bouche de cette belle matrone française, devenue, après la restauration, ambassadrice de France auprès d’une grande cour de famille. […] Ce fut pendant ces courtes et belles années que la France diplomatique, interprétée au dehors par l’esprit de la civilisation pacifique, recueillit sans violence de mains ou de paroles tous les résultats légitimes des exploits de la république, du Directoire, et du vainqueur d’Italie.
Mais les beaux, les touchants, les remuants dessins, ce sont les dessins du crucifiement, dessins très nombreux donnant presque, heure par heure, l’agonie du crucifié en haut du Golgotha, et les affaissements des saintes femmes, et l’étreinte amoureuse des bras de la Madeleine autour du bois de la croix. […] les propos de corridors, la belle collection de haineuses imbécillités qu’il y aurait à ramasser. […] Puis, c’est la religion encore plus bêtement fanatique d’une coloration sang de bœuf ou foie de mulet, dans une poterie, et l’on arrive à aimer cela, mieux qu’une forte pensée, qu’une belle phrase. […] Un jour qu’il s’était rencontré avec Gavarret, et qu’il s’était montré très causant, très charmant, quand il fut sorti, après un long silence, Royer-Collard s’écriait : « Un homme fatal cependant, l’homme qui sort d’ici, le premier ministre qui a acheté un député français à beaux deniers comptants ! […] il y aurait un beau livre vengeur à faire de toutes les erreurs et de toutes les injustices de la critique, depuis Balzac jusqu’à Flaubert.
Sensible au sort de ces âmes neuves, et par conséquent si propres à recevoir les impressions du beau, du grand et du vrai, il n’aurait que trop d’occasion de répéter à leurs maîtres cette maxime jusqu’à présent appliquée aux mœurs seules, que l’enfance ne saurait être trop respectée. […] Un homme qui se sent digne par ses talents et son génie de devenir célèbre, n’a qu’à laisser faire la voix publique, ne point s’empresser à lui dicter ce qu’elle doit dire, et attendre, si l’on peut parler ainsi, que la renommée vienne prendre ses ordres ; bientôt elle imposera silence à toutes les voix subalternes, comme la force du son fondamental dans un bel accord anéantit toutes les dissonances qui tendent à altérer son harmonie. […] On a beau se flatter que les étrangers sont une espèce de postérité vivante dont le suffrage impartial en imposera à des compatriotes aveugles ou de mauvaise foi ; on ne pense pas que plus on se rapproche des étrangers, plus ils perdent ce caractère de postérité, pour lequel la distance des lieux est du moins nécessaire, au défaut de la distance des temps. […] C’est là sans doute le plus beau rôle qu’on puisse jouer auprès des hommes. […] Corneille, La Fontaine et beaucoup d’autres ont été sans elles ; et sans elles apparemment Racine aurait fait ses tragédies, et Despréaux son Art Poétique ; sans elles notre siècle a produit la Henriade, l’Esprit des Lois, Hippolyte et Aricie, et plusieurs beaux ouvrages des mêmes auteurs et de quelques autres.
Sa tradition est la seule vraie, la seule belle, la seule digne de l’avenir. […] Attribue-t-on la même valeur à l’individu qui n’a pas su diriger son existence qu’à celui qui a fait sa vie grande et belle ? […] Il y aurait l’avantage d’un édifice souvent beau, situé au centre de la commune, rendu vénérable et familier par la tradition des âges. […] Que peut-on souhaiter de plus beau que le triomphe de la vie ? […] La France a superbement manqué l’une des plus belles carrières nationales dont l’occasion ait été offerte par le sort.
C’est un beau titre de gloire pour Varenius, que sa Géographie générale et comparée ait pu fixer à un haut degré l’attention de Newton. […] C’est là, en effet, ce qu’il y a dans l’homme de touchant et de beau, cette double aspiration vers ce qu’il désire et vers ce qu’il a perdu ; c’est elle qui le préserve du danger de s’attacher d’une manière exclusive au moment présent. […] Le plaisir naïf que fait éprouver la forme articulée de certains continents ou des mers intérieures sur les cartes géographiques, l’espoir de contempler ces belles constellations australes que n’offre jamais à nos yeux la voûte de notre ciel, les images des palmiers de la Palestine ou des cèdres du Liban que renferment les livres saints, peuvent faire germer au fond d’une âme d’enfant l’amour des expéditions lointaines. […] Dans ce tableau que nous avons eu déjà l’occasion de signaler ailleurs, Ovide montre le sol se soulevant en forme de colline par la force des vapeurs intérieurement comprimées, comme une vessie gonflée, ou comme une outre formée de la peau d’un chevreau. » XVII Pline l’Ancien décrit en prose la nature ; les Indes orientales et la Perse offrent des modèles de belles descriptions.
Possesseur d’une belle fortune, il pouvait le faire honorablement sans avoir l’intention de jeter son argent par la portière de sa voiture : il alla d’abord à Vienne où il rencontra le prince Eugène, ce Coriolan, qui n’avait pas épargné sa patrie ; de là il passa en Hongrie et ensuite en Italie ; il connut à Venise l’Écossais Law, tout meurtri des ricochets de son système, bombe éclatée entre ses mains, mais qui n’était pas un financier vulgaire ; il s’y entretint aussi avec le comte de Bonneval, aventurier destiné à mourir pacha. […] « Celle belle action serait toujours demeurée ignorée, si les gens d’affaires de Montesquieu n’eussent trouvé, après sa mort, une note écrite de sa main, indiquant qu’une somme de sept mille cinq cents francs avait été envoyée par lui à M. […] « Si nous faisons attention aux dernières guerres, qui sont celles que nous avons le plus sous nos yeux, et dans lesquelles nous pouvons mieux voir de certains effets légers, imperceptibles de loin ; nous citerons bien que les peuples du Nord transportés dans les pays du Midi, n’y ont pas fait d’aussi belles actions que leurs compatriotes, qui, combattant dans leur propre climat, y jouissaient de tout leur courage. […] Rousseau écrivaient de plus beaux rêves ; mais c’étaient des rêves plus dangereux que des réalités.
Grâce aux beaux travaux dont cette question a été l’objet depuis trente ans, un problème qu’on eût jugé autrefois inabordable est arrivé à une solution qui assurément laisse place encore à bien des incertitudes, mais qui suffit pleinement aux besoins de l’histoire. […] La plus belle chose du monde est ainsi sortie d’une élaboration obscure et complètement populaire. […] Pour ne s’attacher à aucune des formes qui captivent l’adoration des hommes, on ne renonce pas à goûter ce qu’elles contiennent de bon et de beau. […] C’est ainsi que le beau récit Jean, VIII, 1-11 a toujours flotté sans trouver sa place fixe dans le cadre des évangiles reçus.
Descartes a beau dire : « L’étonnement est antérieur à toutes les autres passions, puisqu’il peut se produire avant que nous sachions aucunement si tel objet nous est convenable ou ne l’est pas » ; Descartes raisonne d’après les résultats présents de notre organisation très développée, devenue de plus en plus intellectuelle ; s’il avait connu la théorie de l’évolution, il eût compris qu’à l’origine l’étonnement dut être un mouvement de défensive, avec effort protecteur. […] Les anciens estimèrent la flûte un instrument incomparable, parce qu’ils aimaient surtout le beau simple ; les modernes préfèrent le violon avec ses accents humains et tragiques. […] « Le culte et l’amour ardent du beau sont des vertus qui nous appartiennent ; notre honte est d’avoir été contraints d’obéir pendant des siècles ; c’est pour cela que notre mimique, tout en étant belle et passionnée, reste défiante et n’est pas toujours franche… Le Toscan est le plus Italien de tous les Italiens, et, par conséquent, le plus défiant et le plus réservé de tous ; le Napolitain fait avec les bras des gestes de télégraphe ; le Romagnol est rude et franc ; le Romain, dans ses mouvements dignes de la statuaire, garde toujours gravées en caractères invisibles les lettres fatidiques S.
Oui, oui, soyons justes, il y a du mal, mais il y a du bien dans la vie, et l’on peut dire de l’existence ce que j’ai dit moi-même de notre patrie il y a peu d’années : La France a de beaux moments et de vilaines années. — Ni à sa patrie, ni à Dieu, ni aux hommes, il ne faut nier les beaux moments ! […] Demandez-le au soldat qui consume les plus belles années de sa jeunesse à passer la même arme de son bras droit à son bras gauche, à mesurer son pas en cadence sur le pas d’un autre automate pensant, à tuer sans haine, à être tué sans que la gloire même sache son nom, ou à traîner ses membres mutilés sur un champ de bataille pour une ration de pain trempée de son sang ! […] Adieu, mes beaux coursiers, oisifs dans mes prairies !
Voltaire avait beau lui écrire, toujours en cette même année 1760 : « Vous êtes ferme et actif, vous aimez le bien public ; vous êtes mon homme, et je vous aime de tout mon cœur. L’Académie n’a jamais eu un secrétaire tel que vous » ; il avait beau ajouter : « Parlez, agissez, écrivez hardiment ; le temps est venu… » Duclos ne répondit à ces exhortations qu’à demi et ne marcha que son pas.
Ce jour, pour Vicq d’Azyr, fut peut-être le plus beau de sa vie, et ce fut une des dernières fêtes brillantes de l’ancienne société française. […] La reine elle-même venait, à la mort de Lassone, de choisir Vicq d’Azyr pour son médecin ; tout le favorisait, et, à peine arrivé à l’âge de quarante ans, il se voyait, dans toutes les directions, au sommet de la plus belle et de la plus enviable carrière.
Ses belles qualités elles-mêmes, son honnêteté, sa droiture, sa candeur, la chaleur et la pureté de son civisme donnaient prise sur lui, donnaient envie et moyen aux principaux chefs des partis de le tirer à eux sous le prétexte du bien public. […] Le mot de dépit, d’ailleurs, n’est pas très juste : quand on a mesuré, comme tous le peuvent faire aujourd’hui, la belle carrière fournie par le maréchal Suchet, on conçoit le prix que mettait Joubert à conserver un tel chef d’état-major, et combien il fut blessé de se voir retirer un homme de ce mérite et de son étroite confiance, duquel le Directoire le disait engoué et qu’on traitait comme suspect.
Doré, et je viens bien tard pour me joindre à tous ceux qui en ont parlé si pertinemment. « Voilà un beau prometteur, dirait Sancho ; il paye ses étrennes à la Saint-Jean ; pourquoi pas à la Noël ? […] Sa vie littéraire commence à ce moment ; il avait trente-sept ans ; marié, sans fortune, homme d’imagination, n’ayant gagné à sa première vie militaire que de l’estime et des blessures, il se dit, après son début de Galatée, qu’il y avait à faire de belles choses dans les lettres, et particulièrement à entreprendre pour le théâtre qui était resté comme dans l’enfance.
L’alliance est tout à fait belle du côté de Mme de Moramber : sa mère était cousine germaine du président de Périgny, père de Mme Daguesseau et de La Houssaye, et alliée des Montholon, Séguier, Le Picard, Le Coigneux, Angran, etc. […] Mais la réflexion que vous faites, monsieur, sur cette belle circonstance de l’histoire de ces anciens enfants des Saints, convient tout à fait à la haute idée qu’une religion aussi éclairée que la vôtre donne de l’image de Dieu qui est dans l’homme, et de l’alliance que Jésus-Christ a élevée à ia dignité de sacrement… » Et il prenait de là occasion pour citer, à son tour, plus d’une parole de l’Écriture se rapportant à l’union mystique du Verbe avec la nature humaine et du Sauveur avec son Église, toutes choses divines dont le mariage humain, en tant que sacrement, n’est que l’ombre et la figure.
Je me dis malgré moi : — Un homme qui souffre de la grande misère du peuple et de toutes les horribles iniquités sociales et qui fait profession de ne point s’y résigner, j’ai beau faire, je ne puis me le représenter sous les espèces d’un boulevardier qui fait des mots. […] C’est une belle proportion : qui donc est sûr d’avoir raison plus souvent que cela ?
Ce qui fit dire à un grand prince qui le voyait jouer à Rome : “Scaramuccia non parla e dice gran cose, Scaramouche ne parle point, et il dit les plus belles choses du monde.” […] “Il me semble, dit-elle, que je vois Trivelin qui dit à Scaramouche : Que je t’aurais dit de belles choses, si tu avais eu assez d’esprit pour me contredire !”
Il feint de croire que la charité seule le guide vers la belle dormeuse et veut pousser très loin ses soins charitables, quand son élève arrive. […] La belle répond qu’en attendant il voulait l’embrasser et qu’elle avait toutes les peines du monde à se défendre.
Et, quand la Bretagne ne sera plus, la France sera ; et, quand la France ne sera plus, l’humanité sera encore, et éternellement l’on dira : « Autrefois, il y eut un noble pays, sympathique à toutes les belles choses, dont la destinée fut de souffrir pour l’humanité et de combattre pour elle. » Ce jour-là, le plus humble paysan, qui n’a eu que deux pas à faire de sa cabane au tombeau, vivra comme nous dans ce grand nom immortel 111 ; il aura fourni sa petite part à cette grande résultante. […] La production périodique devient déjà chez nous tellement exubérante que l’oubli s’y exerce sur d’immenses proportions et engloutit les belles choses comme les médiocres.
Au moment où un éclair jaillit de la nue, nous avons beau regarder dans notre conscience, nous n’y trouvons rien qui explique pourquoi nous avons la sensation de lumière soudaine. […] — On nous dit cela, mais les mouvements ont beau être explicables mécaniquement par des mouvements antérieurs, cette explication mécanique laisse en dehors la représentation, l’émotion, l’appétition, la motion même.
Ajoutez encore à ces anomalies individuelles d’organisation cérébrale, les caractères généraux de toute âme d’artiste et d’écrivain, la vive sensibilité, le don plastique du mot expressif, le don dramatique de la coordination des incidents, l’infinie ténacité de la mémoire pour les perceptions de l’œil, toutes les multiples conditions qui permettent de réaliser cette chose en apparence si simple, un beau livre. […] Ce portrait est une des plus belles pages de ce siècle.
Au lieu de donner six mois et plus à l’étude de la logique et de la métaphysique, et au bel art de l’argumentation, je crois qu’on ferait beaucoup mieux de s’appliquer tout de suite aux mathématiques, dont c’est le propre de rendre le raisonnement plus exact et l’esprit plus juste. Dans la faculté de philosophie on enseigne encore la morale, les humanités ou belles-lettres, l’éloquence, les antiquités, tout ce qui dépend de la belle littérature.
Cette origine terrestre est en même temps son plus beau titre de noblesse. […] Il l’a jugée la plus belle, la plus pure, la plus sûre, la plus capable de le rendre heureux.
Aussi supposez qu’un orateur, un beau jour, par entraînement, par imagination, par jeunesse, se soit trouvé panthéiste. […] Ces deux noms que nous avons choisis sont beaux et populaires.
C’était les armes à la main, c’était à Hochstet, à Malplaquet, à Turin, et non sur un théâtre d’opéra, qu’il était beau au prince Eugène de se venger de Louis XIV. […] On remarque sur les lois, qu’en diminuant l’abus des procédures, et réglant la forme des tribunaux, il laissa subsister le vice de cent législations opposées, et ne fit qu’ébaucher un ouvrage immense, qui, parmi nous, attend encore le zèle d’un grand homme ; sur l’agriculture, qu’il connut peu les vrais principes qui l’encouragent, principes découverts par Sully, employés dans les belles années de Henri IV, oubliés sous le ministère orageux et brillant de Richelieu, retrouvés ensuite par Fénelon, et développés avec succès dans ce siècle, où les grands besoins font chercher les grandes ressources ; sur le commerce, qu’il eut peut-être sur cet objet des vues beaucoup plus vastes que solides ; que ses vues même étant en contradiction avec ses besoins, d’un côté il voulait le favoriser, et de l’autre il le chargeait d’entraves ; sur les manufactures, qu’il les encouragea avec grandeur, mais qu’il fit quelquefois de ces arts utiles le fléau de l’État, en immolant le laboureur à l’artisan ; enfin, sur la partie militaire, que sa perfection même nous donna une gloire éclatante et dangereuse, qu’elle arma la France contre l’Europe, et l’Europe contre la France, et fut récompensée et punie par trente ans de carnage.
Son ouvrage sur l’Éducation par les mères de famille, publié il y a une dizaine d’années, renferme quelques belles pages ou du moins élégantes, mais peu d’idées.
Ses progrès rapides promettaient un artiste de talent, lorsqu’une ophthalmie cruelle vint l’arrêter au plus fort de son travail, au plus beau de son rêve.
Un beau trait, au milieu de négligences grossières, peut frapper davantage l’esprit ; mais l’ensemble y perd plus que ne peut y gagner l’exception.
On va nous éventrer nos Champs-Élysées, mettre à bas ce bon vieux Palais de l’Industrie auquel nous étions faits et qui semblait la grande serre de ce beau jardin.
Le premier avait éclaté, irrésistible, avec la Ciguë ; il nous a donné coup sur coup l’Aventurière, Gabrielle, Philiberte ; il a fini par la Pierre de touche, ayant eu cependant encore, depuis la Pierre de touche, deux belles explosions de la nature primitive : la Jeunesse et Paul Forestier.
D’ailleurs, je sais de lui, dans ses Légendes d’âme et de sang, de beaux vers.
Madame était belle, aimable, coquette.
Il étend ses largesses sur les savants étrangers ; il établit l’Académie des inscriptions et belles lettres, l’Académie de sculpture et de peinture ; il fonde le Cabinet des médailles.
Il a eu beau dire que le goût & la gloire des Lettres étoient intéressés à cette sévérité ; que les défauts des Auteurs célebres sont beaucoup plus dangereux que ceux des Auteurs médiocres, qu’on n’est jamais tenté de prendre pour modeles ; qu’il est essentiel d’arrêter les usurpations des Tyrans littéraires, qui abusent de leur réputation pour renverser les Loix & faire respecter jusqu’à leurs écarts : de pareilles raisons ne sauroient justifier ces attentats toujours impardonnables, si on fait attention aux génies qu’ils attaquent.
Il m’a rapatrié dans le monde antique, il m’a ramené aux sources sacrées ; j’y ai puisé les plus pures joies qui puissent rafraîchir et ravir l’esprit. « Les Grecs » — a dit Goethe dans un mot célèbre — « ont fait le plus beau songe de la vie. » Ce songe, je l’ai refait avec eux ; et il me semble que je m’en réveille en écrivant les dernières lignes de ces pages pleines de leur gloire et de leur génie.
Cette sçavante fille étoit d’un caractère tout opposé à celui de la belle & célèbre Lyonnoise.
» C’est un beau mot que celui-là, prononcé en regardant le cercueil de Louis le Grand 194.
» Daouda, qui n’avait pas goûté de ces galettes depuis son départ du village, héla la vieille, lui en acheta deux et les mangea à belles dents.
L’homme du dictionnaire qui fit trembler l’Académie, le pamphlétaire d’une si belle rage, qui mordait et rugissait si bien, aurait péri, comme tant de savants, — les maçons de la langue, que la langue qu’ils construisent dévore, — n’était un roman à peine achevé, échappé à sa veine, et qu’il méprisait peut-être quand il le comparait à ses vastes travaux de philologue et de linguiste !
Si l’air est très beau et nous a touchés très fort, nous ajoutons que nous avons été transportés, enlevés, ravis, que nous avons oublié le monde et nous-mêmes, que pendant plusieurs minutes notre âme était comme morte et insensible à tout, saut aux sons. — Et, de fait, il y a des exemples nombreux où, sous l’empire d’une idée dominante, toutes les autres sensations, même violentes, deviennent nulles ; telle est l’histoire de Pascal, qui, une nuit, pour oublier de grandes douleurs de dents, résolvait le problème de la cycloïde ; telle est celle d’Archimède, qui, occupé à tracer des figures géométriques, n’avait pas entendu la prise de Syracuse. […] Il en est de même d’un monument, d’une rue, d’un paysage, aperçus plusieurs fois, à différentes heures de la journée, au soir, au matin, par un temps gris, par la pluie, sous un beau soleil, si on les compare au même monument, au même paysage, à la même rue regardés pendant trois minutes, puis remplacés aussitôt par des objets tout différents. […] Dans l’ancien état, elle a une belle écriture ; dans le nouveau, elle n’a qu’une pauvre écriture maladroite, ayant eu trop peu de temps pour s’exercer.
Et, à voir les choses en beau, des recueils de ce genre intéressent, l’orgueil d’une nation, en lui montrant l’antiquité de ses origines littéraires et la multitude de ses écrivains. […] Partout où l’écrivain est en rapport d’idées avec le public, le public se subordonnât-il à l’écrivain, il y a un beau spectacle pour l’esprit humain. Mais peut-être ce spectacle est-il plus beau encore là où le public, au lieu de se placer au point de vue de l’écrivain, force l’écrivain à se placer au point de vue général.
Elle est agréable, pleine d’élévation & de majesté, mais sans excès & sans enflure ; elle est vive & animée, propre à exciter des mouvemens & à les appaiser ; elle est pleine de regles & de sentences morales ; les harangues en sont belles & persuasives, & quand il faut soutenir les deux partis opposés, il est fécond en raisons plausibles pour l’un & pour l’autre. […] Saurin, Rocques & Beausobre, avec de belles figures, in-fol. la Haye 1727. […] P. de l’Eglise qui renferme l’histoire abrégée de leur vie, l’analyse de leurs principaux ouvrages, les endroits les plus remarquables de leur doctrine sur le dogme, la morale & la discipline, & les plus belles sentences spirituelles contenues dans leurs écrits : ouvrage utile à M.
Qui t’a dit qu’une forme est plus belle qu’une autre ? […] « Camarade, je suis confus Qu’une jeune et belle bergère Conte aux échos les appétits gloutons Qui t’ont fait manger ses moutons. […] Ils savent en hiver élever leurs maisons, Passent les étangs sur des ponts, Fruit de leur art, savant ouvrage ; Et nos pareils ont beau le voir, Jusqu’à présent tout leur savoir Est de passer l’onde à la nage.
Renan, le beau pied, les enfile toutes, ces pantoufles éculées qu’il écule un peu davantage, et qui pourraient encore servir à quelque chose si on donnait avec elles la savate à la philosophie ; car c’est avec les livres vains de ses philosophes que cette grande vaniteuse de Philosophie est encore le mieux souffletée ! […] Il aura beau faire l’athée, la démocratie ne se prendra point aux coquetteries athées que lui fait M. […] Renan, qui l’appelle le meilleur des princes ayant jamais régné sur terre pour l’honneur et le bonheur du genre humain, et la quintessence rectifiée de la pure essence des Antonins, après laquelle il aurait fallu briser le flacon, car c’était le Commode incommode, le monstrueux Commode qui était au fond, n’a trouvé rien de mieux à faire que d’entourer des arabesques de son admiration et de son style les Pensées dans lesquelles Marc-Aurèle nous a révélé les supériorités de sa belle âme, une de ces âmes à la Boissier, qui pouvaient dispenser le monde de la morale chrétienne si elles avaient pondu et multiplié.
Il y reste des portions de vérité ; l’élément catholique faussé et brisé y respire : belles ruines sauvées dans un dessein caché aux hommes, mais clair à Dieu, et avec lesquelles, vous le verrez, on pourra un jour reconstruire ! […] En 1833 retentit, comme le premier coup de canon d’une grande bataille, le premier numéro des Tracts for the times, qui ouvrit une des plus belles polémiques qui aient jamais été faites en dehors de la vérité. […] Le Dr Pusey, qui un instant a partagé cette coupe de l’injure pour la lancer à la face de l’Église, épouse de Jésus-Christ, le Dr Pusey a renoncé à ces attaques violentes, inspirées beaucoup plus par ses préjugés d’éducation que par sa belle âme, juste comme la science et pure comme la lumière.
Grâce à lui, ils ont la ressource des beaux coups d’épée, des mots braves, de certaines façons cavalières de sortir d’une difficulté, qui plaisent infiniment à tant de bonnes gens emprisonnés et emmurés dans la perpétuelle incertitude. […] Qui pourrait ne pas trouver qu’il est beau d’étudier une intelligence aux prises avec les problèmes les plus vivants qui soient ; la dépense prodigieuse d’énergie que suppose une affaire prospère ; la lutte contre la concurrence, et les angoisses, et l’orgueil des triomphes rapides ; l’obéissance d’un personnel nombreux aux ordres d’un seul homme ; ces milliers d’industries, qui sont autant de petits États dans l’État, ayant chacun sa politique extérieure et intérieure, sa dynastie, ses drames ? […] C’est le fond vivace, sous l’amas des préjugés, c’est la vieille générosité française, c’est la belle fraternité chrétienne inconsciente peut-être, qui s’éveille et va au secours.
On ne voit pas toutefois que les Grecs & les Romains du beau siecle de Rome & de la Grece aient connu ce genre ; au moins il n’en existe aucune preuve. […] Depuis on décora les premiers du beau titre d’Enchanteurs, titre que le vulgaire a réduit par la suite à celui de Sorcier. […] On a vu plus d’une fois le beau sexe disputer au nôtre quelques palmes littéraires.
Si ces pages stimulent chez eux le goût inné du beau et grand théâtre et leur prouvent que leurs frères s’y intéressent encore, qu’ils travaillent à le relever en esprit de foi et de poésie, je n’aurai pas perdu ma peine ni mon temps. […] L’homme à sa place, Dieu à sa place, l’univers évoqué par les plus beaux accents et, sous la main de Dieu, les âmes qui s’affrontent. […] C’était faire la part trop belle à l’initiative du metteur en scène ; certains, du moins, en abusèrent. […] Raynal qui a trop abusé de l’éloquence dans des œuvres austères et d’un bel envol. Jean Variot, si vivant : sa Belle de Haguenau est un chef-d’œuvre.
Belle pâture !
Les belles formes en tout genre plaisaient à leurs yeux ; mais leur âme n’était point avertie par une scrupuleuse délicatesse des égards qu’on doit observer.
On a beau, comme Pline le Jeune, s’étudier à glisser parfois un peu d’incohérence : le procédé se devine, et nous ne sommes pas dupes.
Autorisé par son sujet, le poète négligeait l’habit noir traditionnel, élidait la voyelle du même droit qu’un vaudevilliste, sacrifiant quand il lui plaisait la rime à l’œil… L’Imitation de Notre-Dame la Lune, tantôt parlant à Séléné, tantôt à cette bonne lune, à une lune d’autres paysages, à des lunatiques, à des lunaires, d’un art plus concentré que les Complaintes, et semé au long de belles chansons personnelles sans égotisme, et de grands vers picturaux s’amoncelant aux petits détails… Et formulons, en terminant, que M.
Villemain L’enthousiasme du beau ne peut-il pas donner l’inspiration, comme la charité donne l’héroïsme ?
La confuse tendresse qui troublait l’esprit d’un jeune homme n’a plus besoin, pour s’exprimer, d’emprunter une mythologie rustique, mais trouve sa raison comme son but dans la femme qu’il sut élire ; c’est une destinée qui se fixe et définitivement s’attache ; il est heureux qu’une aussi favorable aventure nous ait valu de beaux vers.
Beau trio I Dernier roman de M.
[Pierre] 234 Beau.
Vilipender les langues étrangères n’est pas mon but, non plus que de déprécier le grec ; mais il faut que les domaines linguistiques soient nettement délimités : les mots grecs sont beaux dans les poètes grecs et les mots anglais dans Shakespeare ou dans Carlyle.
La vérité contient la moralité, le grand contient le beau.
Il est bon que ceux qui débutent dans la littérature & dans les beaux-arts, en voyant les plus beaux génies, enviés, persécutés, malheureux, apprennent à connoître la carrière où ils entrent, & qu’ils n’oublient pas ces vers de Fontenelle : Dans la lice où tu vas courir, Songe un peu combien tu hasardes.
Et vous lui fait un beau sermon.
Les personnages sont aussi simples que l’intrigue : ce sont deux beaux enfants dont on aperçoit le berceau et la tombe, deux fidèles esclaves et deux pieuses maîtresses.
un ouvrage, dit Monsieur Despreaux, a beau être approuvé d’un petit nombre de connoisseurs, … etc. .
Mais les autres corrections qui transforment, allument, précipitent, celles-là sont leur secret, et on aura beau les constater sur leur manuscrit, on ne les enseignera pas.
» Or, non seulement je ne le proscris pas, ce genre de phrases, mais j’ai déclaré formellement ceci, de peur qu’on ne se méprenne : « Cela ne veut pas dire qu’on doive proscrire ces expressions, Il y a des cas où il les faut, où elles sont très belles et où rien ne peut les remplacer… On peut se permettre ces locations et on les trouve chez les meilleurs écrivains ; mais c’est la continuité qui crée la banalité et le caractère incolore du style. » Pourquoi nos adversaires tronquent-ils toujours notre pensée et ne rapportent-ils que la moitié de nos opinions ?
Jusque dans le tombeau, il se souvient de l’enlèvement de Briséis ; il faut que la belle et malheureuse Polixène soit immolée sur son tombeau, et apaise par l’effusion du sang innocent ses cendres altérées de vengeance.
Il y a une belle pièce « La Terre nue », et d’autres vraiment pavées de mots pittoresques (pour me servir d’un adjectif éculé, mais qu’on a à peine remplacé!) […] Froid, élégant et gracieux, Baudelaire s’approcha et dans un salut de haut ton, ainsi qu’il eût présenté un drageoir, il invita les Belles à picorer en son cornet quelque peu graisseux ! […] Verlaine déambule de l’hôpital au café François Ier : dans le trajet, il fait des helminthes dont quelques-uns sont, à la vérité, très beaux. […] René Ghil aura beau s’égosiller, on ne tournera la tête à ses vers, non plus qu’à ceux de MM. […] On a beau banqueter en chœur, comme l’ont fait les admirateurs de M.
Fontenelle naquit assez tôt pour que les belles années du règne fameux brillassent sous ses yeux, et vécut assez longtemps pour voir les plus beaux titres de gloire du dix-huitième siècle : Neveu de Corneille, il s’essaya d’abord sur la scène tragique. […] Ce sont deux belles conceptions dramatiques, animées d’une éloquence grave, pénétrante et sublime. […] M. de Monclar et M. de Castillon, à Aix, rappelèrent les beaux temps de la magistrature par la gravité et l’élévation de leur éloquence. […] Cependant ce mouvement universel présentait au premier aperçu un assez beau spectacle. […] Ce n’est pas seulement vous qui me demandez de louer un confrère que vous avez perdu : la France entière ordonne que j’honore le souvenir d’une belle action.
Nous en avons beau connaître les auteurs, les œuvres ne laissent pas pour cela d’être toujours anonymes, à la manière, disions-nous, de ces tragédies de La Harpe, — qui pourraient être de Marmontel, et réciproquement. […] L’ont-ils eux-mêmes senti ; et « ne pouvant la faire belle », est-ce pour cela qu’ils l’ont faite « artificieuse » en la surchargeant de complications infinies et de déplorables ornements ? […] 2º Le développement du Roman de Renart. — Popularité des Isopets ou recueils de Fables plus ou moins « ésopiques », — prouvée par le nombre qui nous en est parvenu. — Comment leur diffusion a dû être une provocation à observer de plus près le caractère des animaux familiers ; — et comment ainsi s’est formée l’« Épopée animale ». — Commentaire d’un mot de saint Augustin : Vitium hominis natura pecoris ; — on s’est aperçu que nous avons sans doute perfectionné nos vices, mais qu’ils sont en nous, et entre eux, comme des « animaux » qui se combattent [Cf. une belle page de Bossuet dans ses Élévations sur les mystères, IVe semaine, VIIIe élévation] ; — et, à ce propos, de l’emploi des apologues ou des « exemples » animaux dans les sermonnaires du Moyen Âge. […] Qu’il a en effet toutes les qualités d’un grand poète et d’un poète lyrique ; — et même celles d’un homme d’esprit ; — quoique son esprit soit généralement de bien mauvais ton ; — et qu’on plaisante comme lui dans les bouges [Cf. la ballade de la Belle Heaumière et celle de la Grosse Margot]. — Mais il est touchant dans l’expression de son repentir [Cf.
Mais, à mon point de vue, nous devons la variabilité à la même cause qui produit la stérilité ; et la variabilité est la source de tous les plus beaux produits de nos jardins. […] Alors je croisai l’un des métis Barbe-Paon avec un métis Barbe-Spot, et ils me donnèrent un oiseau d’un aussi beau bleu qu’aucun Pigeon de race sauvage, ayant le croupion blanc, la double barre noire des deux ailes, et les plumes externes de la queue barrées de noir et bordées de blanc. […] Les mêmes progrès résultent pour les plantes de la sélection inconsciente des plus beaux individus qu’ils soient ou non suffisamment modifiés pour être considérés dès leur première apparence comme autant de variétés distinctes, et qu’il y ait eu ou non croisement entre deux espèces ou deux races. […] Quelqu’un conserve et fait reproduire un individu qui présente quelque modification peu sensible, ou prend plus de soin qu’un autre pour apparier ensemble ses plus beaux sujets, et ainsi les améliore encore.
. — M. d’Agen (l’évêque d’Agen, Mascaron), qui avait prêché tout le carême, acheva ses prédications par un des plus beaux sermons et un des plus beaux compliments au roi qu’on puisse faire ; c’est toujours ce jour-là que les prédicateurs font leur compliment d’adieu au roi.
On souffre involontairement de voir un homme qui parle un si beau français exprimer des sentiments qui sont si peu nôtres ; mais enfin, pour peu qu’on y réfléchisse, il est dans son rôle, il est bien lui, le représentant d’un souverain à demi dépouillé, l’homme de l’ancien droit divin et l’ennemi de la Révolution, sous quelque forme qu’elle se montre. […] Pourquoi deux grandes puissances ne feraient-elles pas une fois au profit de l’humanité la plus belle et la plus utile des expériences, celle d’une liberté de commerce de bonne foi, convenue pour un certain terme et sans aucun dessein de se circonvenir mutuellement ?
Les principaux chefs victorieux étaient résolus à ne pas devenir des révolutionnaires, même en ayant fait bel et bien une révolution. […] … Je fais ma partie de roi, que mes ministres fassent la leur comme ministres ; si nous savons jouer, nous nous mettrons d’accord. » On assure qu’il dit un autre jour, moins noblement : « ils ont beau faire, ils ne m’empêcheront pas de mener mon fiacre. » Il disait, en parlant de Casimir Perier, qu’il avait trouvé sous sa main bien à propos : « Savez-vous que si je n’avais trouvé M.
On y distingue un bel endroit sur les subtilités de cette Grèce curieuse, et sur cette autre philosophie toute pratique, mâle et frugale, des Romains, et qui les rendit maîtres du monde. […] Tous ces grands noms, en effet, tous ces grands événements du monde romain, du monde oriental ancien, à cette époque de crise, tout cela n’est pour Bossuet qu’une préparation, une belle et sévère avenue d’un aspect auguste, qui aboutit à la naissance de Jésus-Christ.
On avait beau objecter que M. […] Cher Ulric, vous êtes donc incurable ; vous êtes resté l’homme de nos belles et jeunes années, de nos ardeurs qui ne vivent plus qu’en vous et en un autre ami que peut-être vous avez oublié, Victor Pavie d’Angers, celui-là encore un fidèle, un chapelain resté pieux de notre chapelle ardente !
D’autre part, elle le précède et lui survit ; elle est donc permanente, tandis qu’il est passager ; il a beau se répéter, changer, elle est toujours une et la même ; on peut la comparer à une source inépuisable dont il est un flot. […] De la même façon, le moi demeure un et continu ; on ne peut pas dire qu’il soit la série de ses événements ajoutés bout à bout, puisqu’il n’est divisé en événements que pour l’observation ; et cependant il équivaut à la série de ses événements ; eux ôtés, il ne serait plus rien ; ils le constituent. — Quand nous l’en séparons, nous faisons comme l’homme qui dirait, en parcourant tour à tour les divisions de la planche : « Cette planche est ici un carré, tout à l’heure elle était un losange, là-bas elle sera un triangle ; j’ai beau avancer, reculer, me rappeler le passé, prévoir l’avenir, je trouve toujours la planche invariable, identique, unique, pendant que ses divisions varient ; donc elle en diffère, elle est un être distinct et subsistant, c’est-à-dire une substance indépendante dont les losanges, le triangle, le carré, ne sont que les états successifs. » Par une illusion d’optique, cet homme crée une substance vide qui est la planche en soi.
Il enseigne à la poésie que le monde et la vie lui appartiennent, et que des plus familières comme des attristantes réalités elle peut sortir en ses plus belles formes. […] Il y a de beaux morceaux dans Du Bartas : mais il n’y a que des « morceaux ».
Mais il n’y a en somme qu’une œuvre de Marmontel qui appartienne aujourd’hui à ce que j’appellerais la littérature vivante : ce sont ces Mémoires si naïfs, où il nous décrit sa carrière de beau gars limousin lancé à travers la plus libre société qui fût jamais, où il promène avec un si parfait contentement de soi-même sa robuste médiocrité parmi les cercles les plus distingués de ce siècle intelligent : corps, esprit, moralité, tout est solide, massif, insuffisamment raffiné chez ce paysan parvenu de la littérature. […] Proscrit, Condorcet gardait toute sa sérénité, toutes ses espérances ; il traçait rapidement le tableau des progrès de la raison, retardés en vain par les tyrans et les prêtres, et donnait un aperçu des belles destinées que sa victoire promettait à l’homme, indéfiniment perfectible.
Elle ne conçoit rien de plus beau que la faculté de former et de formuler des idées : il n’y a pas de supériorité qu’elle admire plus en autrui, et dont elle soit plus fière en elle. […] Le livre de l’Allemagne (1810) est vraiment un beau et fort livre, si on ne cherche dans un livre que de la pensée : c’est le livre par lequel Mme de Staël vivra.
Ne dites pas : C’est beau de langage, mais c’est faux de pensée : ce sont là de vaines paroles ; les grands écrivains se trouveraient fort peu dédommagés du reproche d’avoir mal pensé par la louange d’avoir bien dit. […] Mais si nous ne sommes pas de ceux qui croient faire la part assez belle à l’écrivain en le louant du bien dire, ou qui se gardent d’être de l’avis de quelqu’un comme d’une servitude, revenons à cette pensée, et regardons-y de plus près.
À voir l’ardeur que mit Franklin à cette question qu’il considérait comme nationale, on comprend que quinze ans plus tard, lorsque la rupture éclata entre les colonies et la mère patrie, il ait eu un moment de vive douleur, et que, sans en être ébranlé dans sa détermination, il ait du moins versé quelques larmes ; car il avait, en son âge le plus viril, contribué lui-même à consolider cette grandeur ; et il put dire dans une dernière lettre à lord Howe (juillet 1776) : Longtemps je me suis efforcé, avec un zèle sincère et infatigable, de préserver de tout accident d’éclat ce beau et noble vase de porcelaine, l’empire britannique ; car je savais qu’une fois brisé, les morceaux n’en pourraient garder même la part de force et la valeur qu’ils avaient quand ils ne formaient qu’un seul tout, et qu’une réunion parfaite en serait à peine à espérer désormais. […] Désormais, le beau vase de porcelaine, comme il rappelait, est brisé ; il en fait son deuil.
Le heros durant sa jeunesse s’étoit trouvé lié d’interêt avec les ennemis de l’état, et il avoit fait une partie de ses belles actions quand il ne portoit pas les armes pour sa patrie. […] Cette muse arrachoit des feüillets du livre qu’elle jettoit par terre, et on lisoit sur ces feüillets, secours de Cambrai, secours de Valenciennes, retraite de devant Arras ; enfin le titre de toutes les belles actions du prince De Condé durant son séjour dans les Païs-Bas, actions dont tout étoit loüable à l’exception de l’écharpe qu’il portoit quand il les fit.
Guizot nous a tout récemment montré dans sa belle étude sur sir Robert Peel combien une telle politique peut avoir de patriotisme et de véritable grandeur.
Elles sont affligeantes, elles sont profondément immorales, ces sortes d’orgie d’un beau génie en délire ; et quand, dix années plus tard, aux approches d’une mort inévitablement prochaine, on voit éclater de point en point la contrepartie de ces scènes indécentes, quand un prêtre en habit court, introduit dans la chambre du moribond, l’obsède de ses dévotes violences, quand le même Wagnière caché, comme autrefois, derrière une porte, non plus pour rire d’un moine imbécile, mais pour sauver son maître d’un moine hypocrite, écoute tremblant, la main sur son couteau, et s’élance aux cris du vieillard, on tire d’un rapprochement si naturel et si terrible une condamnation plus sévère encore de ces jongleries philosophiques qui provoquent et semblent absoudre les persécutions religieuses.
Ce fut un beau jour pour lui que celui où la liberté des cultes fut proclamée ; ce jour-là, il parla longuement et gravement ; ses paroles furent dignes et contenues ; elles devaient retentir bien haut dans sa bouche, et y recevoir une signification bien profonde pour qui savait que le malheur avait passé par là.
Le prince Henri avait de grandes vertus ; ses lumières, son humanité, sa justice l’avaient popularisé en Europe, et, auprès de la gloire de Frédéric, la sienne, moins brillante, semblait incomparablement plus pure : et ce même prince, sans songer à mal, invente la plus odieuse des iniquités politiques ; à l’occasion, il en cause avec Catherine, il en cause avec son frère ; la partie s’arrange, il s’en félicite, et, dans sa retraite de philosophe, s’en berce comme d’un doux et beau souvenir !
J’ai beau faire, cette race jaune ne m’inspire aucune pensée bienveillante ; la race noire, qu’on dit moins intelligente, me paraît beaucoup plus proche de moi.
Oui, cela est beau.
Madame de Beaumont avait connu André Chénier chez « la belle Madame Hocquart » et avait su apprécier sa vive et puissante organisation poétique.
Nous ne voulons pas dire qu’elle n’a pas inspiré de beaux cris.
Il fut le premier triomphe de la révolution, la victoire du sentiment populaire, l’avènement des simples de cœur, l’inauguration du beau comme le peuple l’entend.
La belle dame (madame de Montespan) ayant été à confesse à un prêtre qui lui a refusé l’absolution, elle en a été extrêmement surprise ; elle s’en est plainte au roi, qui très surpris lui-même, n’a pas voulu condamner ce prêtre sans savoir de M. de Montausier, dont il respecte la probité, et de M.
De petits Auteurs froids & composés auront beau disserter, raisonner, subtiliser, ressasser ces mots imposans de vûes justes & fines, de discernement sûr, de sentiment, de convenance, de sensibilité ; le Héros de notre Tragédie sera toujours en droit de dire, au sujet de ses sentimens & de sa Poésie : Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis.
Belle musique au dessert.
La Fontaine, par ce mot de la bouche des dieux, indique leurs représentans, qui avaient soin de choisir les victimes les plus belles et les plus grasses.
Aulon, 23 d’Auvigni, 167 B BAillet, 79, 142 Balzac, 264 Barral, 225 Barre, 185 Barreme, 331 Basin, 336 Basnage, 38, 177 Bassompierre, 158 Bastide, 363 Baudot de Julli, 142 Baumelle, 164, 363, 365 Bautzée, 281 Bauval, 231 Bayle, 221, 230 le Beau, 126 Beaumont, 257 Beaurieu, 337 Beausobre, 53 Belidor, 371, 376 du Bellai, 152 Bellefond, 24 Bembe, 193 Benoit, 53 Bentivoglio, 177 Bergier, 349 Bernier, 16 Berruyer, 35 Berville, 152 Bezout, 374 Bion, 375 Le Blanc, 28 La Bleterie, 127 Le Blond, 371 Blondel, 378 Bocage (Mme.)
Le poëte qui fait la description d’un temple n’est, selon lui, que le copiste de l’architecte qui l’a fait élever ; j’en tombe d’accord, et que j’aimerois mieux être, par exemple, l’architecte qui a fait bâtir l’église de saint Pierre de Rome, que le poëte qui en auroit fait en vers une belle description.
C’est en quoi consiste le sublime du pseaume : in exitu Israel de Aegypto , et de quelques autres dont les personnes de goût sont aussi touchées que des plus beaux endroits de l’iliade et de l’éneïde.
Les personnes âgées soutiennent encore qu’une certaine cour étoit composée de femmes plus belles et d’hommes mieux faits qu’une autre cour peuplée des descendans de ceux-là.
Vous niez l’inspiration. » À cela nous avons répondu notamment dans notre dernier livre, page 11 : « Non, le travail n’est pas et ne peut pas être la négation de l’inspiration, parce que les ratures sont au fond bel et lien de véritables inspirations successives.
Malheureusement c’était l’Amérique et les américains, et l’Amérique n’est poétique, intéressante et belle que sans eux.
S’il est un camelot du roi à ce banquet et qu’il entonne son chant d’allégresse et de lutte, le refrain prophétique s’élargit, gagne toute la table : Demain, sur nos tombeaux, Les blés seront plus beaux.
Aussi l’indiscrétion du Figaro, la publication de ces très beaux sonnets, je ne la trouve pas très grave.
[Le nom d’or passa ensuite aux belles laines.
Tu ne saurais pas aujourd’hui que les plus belles philosophies n’ont que des jours d’explosion et des années de fumée, fumée à travers laquelle on ne reconnaît plus rien que des décombres ; que les peuples, comme des banqueroutiers de la vérité, ne tiennent jamais ce qu’ils promettent ; que les princes les meilleurs ne recueillent que l’assassinat, comme Henri IV, ou le martyre, comme Louis XVI ; que les réformateurs les plus bienfaisants ont pour ennemis les utopistes les plus absurdes ; que les gouvernements héréditaires subissent les dérisions de la nature, qui ne sanctionne pas toujours l’hérédité du génie ou des vertus ; que les gouvernements parlementaires subissent la domination de l’intrigue, la fascination du talent, l’aristocratie de l’avocat, qui prête sa voix à toutes les causes pourvu que l’on applaudisse, et qui est aux assemblées ce que la caste militaire est aux despotes, pourvu qu’ils les payent en grades et en gloire ; que les gouvernements absolus font porter à tous la responsabilité des fautes d’une seule tête ; que les gouvernements à trois pouvoirs sont souvent la lutte de trois factions organisées qui consument le temps des peuples en vaines querelles, qui n’ont d’autre mérite que d’empêcher les grands maux, mais d’empêcher aussi les grandes améliorations, et qui finissent par des Gracques ou par des Césars, ces héritiers naturels des anarchies ou des servitudes ; que les républiques sont la convocation du peuple entier au jour d’écroulement de toute chose pour tout soutenir, le tocsin du salut commun dans l’incendie des révolutions qui menace de consumer l’édifice social ; mais que si ces républiques sauvent tout, elles ne fondent rien, à moins d’une lumière qui n’éclaire pas souvent le fond des masses, d’une capacité qui manque encore au peuple, et d’une vertu publique qui manque plus encore aux classes gouvernementales. […] Les théories sont les beaux songes des hommes de bien ; il est glorieux d’être successivement trompé par elles ; ces déceptions sont les douleurs sans doute, mais non les remords de l’esprit. […] Le second mobile qui me sollicitait intérieurement à écrire cette histoire à la fois dramatique et critique de la Révolution française, était, je l’avoue, un mobile humain, une ambition d’artiste, une soif de gloire d’écrivain toute semblable à la pensée d’un peintre qui entreprend une page historique ou un portrait, et qui n’a pas pour objet seulement de faire ressemblant, mais de faire beau, afin que dans le tableau ou dans le portrait on ne voie pas uniquement l’intérêt du sujet, mais qu’on voie aussi le génie du pinceau et la gloire du peintre. […] La dignité et la grâce se confondaient sur son beau visage ; c’était la séduction de l’aristocratie compatible avec la liberté moderne. […] Seul contre tous, c’est un beau rôle quand on a la raison avec soi.
« Hérodote d’Halicarnasse expose ici le résultat de ses recherches, afin que le souvenir des événements passés ne se perde pas avec le temps ; que les grandes et mémorables actions, soit des Grecs, soit des barbares, aient une juste célébrité, et que la cause des guerres qui ont éclaté entre eux soit connue. » Il attribue toutes ces causes à des enlèvements de belles femmes, telles qu’Hélène, Médée. […] De plus (toujours dans la même supposition) il jouit de toutes ses facultés, il est d’une bonne santé, exempt de maux, content de ses enfants, d’une belle figure ; et, si, indépendamment de tant d’avantages, il termine bien sa carrière, il sera celui que vous cherchez, et digne d’être appelé heureux ; mais, avant sa mort, il faut suspendre notre jugement et l’appeler, jusque-là, l’homme favorisé de la fortune, et non l’homme heureux. […] Les Mysiens, satisfaits, allaient se retirer ; mais Atys, qui avait entendu leur demande, apprenant que son père s’y était refusé, entra et parla en ces termes : « Ô mon père, c’était autrefois mon plus beau droit et mon plus noble privilége d’aller chercher la gloire à la guerre ou dans les chasses périlleuses. […] « Un jour, après avoir épié le moment où Darius venait s’asseoir dans le faubourg des Lydiens, ils imaginèrent de la parer des plus beaux habillements qu’ils purent se procurer et de l’envoyer chercher de l’eau, portant sur sa tête une cruche, en même temps qu’elle conduisait un cheval dont la bride était passée dans son bras, et qu’elle filait une quenouille de lin. Quand cette belle femme parut, elle excita vivement l’attention de Darius, l’attirail dans lequel elle se montrait n’étant dans les mœurs ni des femmes perses, ni de celles de Lydie, ni enfin d’aucun peuple de l’Asie.
L’homme passionné sait cela ; il vit avec lui-même ; si sa pensée parle haut, il sait que c’est en lui, et qu’elle est ce qu’elle doit être, intérieure comme son objet : elle aura beau crier, il lui refusera avec persistance l’extériorité, comme au sentiment qu’elle traduit. […] » Ce mot me fit ressauter… Je me mis à courir vers la Seine… Je sauvai l’homme, sans difficulté… « Qu’est-ce qui m’a fait faire ma belle action ? […] Étant déterministe, il n’hésitait pas à reporter à la divinité, d’une façon plus ou moins formelle, l’honneur de ses pensées les plus heureuses, soit en matière de spéculation, soit en matière pratique ; toute spontanéité était à ses yeux une inspiration quand elle donnait naissance à quelque chose de beau et de bien ; comment surtout n’aurait-il pas reconnu à ses idées une origine divine, quand elles étaient relatives à l’avenir, chose cachée aux mortels, et que l’événement les confirmait ? […] Socrate ne croyait guère à des dieux personnels ; s’il eut eu pareille croyance, sans doute il eût identifié la voix du divin avec celle d’Apollon, qui avait, par l’organe de la Pythie, garanti sa sagesse et encouragé son apostolat207, et, sous l’influence d’une telle conviction, la voix eût sans doute pris une autre allure : Socrate eût eu de véritables révélations, en belle et bonne prose, ou même en vers ; l’oracle se fût nommé ; peut-être même le dieu eût apparu sous une forme visible. […] [Horace, Epîtres, Livre I, Epître I, v. 7-9 (Paris, Les Belles Lettres, 1995, 9e éd., p. 37) : « Il est une voix qui, fréquemment, fait retentir ces mots à mon oreille épurée : ‘Aie le bon sens de dételer à temps ton cheval qui vieillit, de peur que, au milieu des rires, il ne bronche à la fin et ne fasse haleter ses flancs. » (le poète exprime ainsi son sentiment d’avoir vieilli et de devoir maintenant laisser « les vers et tous les jeux futiles » de la poésie lyrique pour se tourner vers la philosophie morale).]
D’abord le mysticisme — car c’est à lui que nous pensons — a beau transporter l’âme sur un autre plan : il ne lui en assure pas moins, sous une forme éminente, la sécurité et la sérénité que la religion statique a pour fonction de procurer. […] Le charme n’en a pas moins opéré ; et comme il arrive quand un artiste de génie a produit une Oeuvre qui nous dépasse, dont nous ne réussissons pas à nous assimiler l’esprit, mais qui nous fait sentir la vulgarité de nos précédentes admirations, ainsi la religion statique a beau subsister, elle n’est déjà plus entièrement ce qu’elle était, elle n’ose surtout plus s’avouer quand le vrai grand mysticisme a paru. […] Incapable de s’élever aussi haut, elle esquissera le geste, elle prendra l’attitude, et, dans ses discours, elle réservera la plus belle place à des formules qui n’arrivent pas à se remplir pour elle de tout leur sens, comme ces fauteuils restés vides qu’on avait préparés pour de grands personnages dans une cérémonie. […] Disons plus précisément : l’union avec Dieu a beau être étroite, elle ne serait définitive que si elle était totale. […] Elles ont beau ne pas s’exclure absolument, elles se distinguent radicalement.
. — Le Cinq Mai ou Napoléon à Sainte-Hélène, Le Vieux Sergent, Le Vieux Drapeau, Le Chant du Cosaque, Waterloo, quels plus beaux hymnes, quels accents plus vibrants sont-ils jamais sortis en aucun temps d’une âme nationale et guerrière !
Il est beau que le même homme qui ouvrit le siècle en 1801 par le Génie du Christianisme soit celui qui, après quarante-trois ans, fournisse encore la nouveauté à la saison de 1844.
Vinet n’a pas eu le même bonheur que Topffer ; il a vu son cher pays en proie aux violents, la culture de quinze années détruite en un jour, ses meilleurs amis dispersés ; il a bu tout le calice d’amertume dont était capable sa nature tendre, et il est à croire que, tout en sentant qu’il en souffrait et qu’il en mourait, sa belle âme en tirait un nouveau sujet de rendre grâces et de bénir.
C’est une veine inégale, capricieuse, qui court et roule bons et méchants mots, érudition et lazzi, dictons du peuple et centons latins : il y a du l’Intimé aux mauvais endroits ; aux excellents, c’est beau comme le paysan du Danube, mais comme le paysan du Danube qui aurait fait ses études du temps d’Étienne Pasquier, à l’Université de Paris.
Mais il a, chez Charpentier, un beau volume, Les Névroses, qui devrait être dédié à Monseigneur Satan.
Lire des mémoires, s’amuser à dépouiller, en prenant des notes, les archives du siècle le plus spirituel, le plus dramatique, le plus galant, le plus copieux, pour en tirer de beaux volumes de curiosité érudite, combien en seraient demeurés là !
Vous aurez du talent, quand il n’y en aura plus ; de la gaieté, quand on médira d’elle ; vous aimerez la gloire, l’honneur, le bien, le beau, quand il sera convenu que ce sont là de pures vanités.
Il aurait beau garder la ferme volonté de dire tout ce qu’il verra, il n’est plus en état de bien voir.
Parmi les historiens et les philosophes, Xénophon, Tacite, Plutarque, Platon et Pline le jeune58 se font remarquer par quelques beaux tableaux.
On conçoit que Voltaire n’ait vu dans les feux d’un enfer chrétien que des objets burlesques ; cependant ne vaut-il pas mieux pour le poète y trouver le comte Ugolin, et matière à des vers aussi beaux, à des épisodes aussi tragiques ?
Les publicistes quotidiens de Paris et de Londres l’ont adopté avec l’enthousiasme des nouvelles découvertes et des généreux patriotismes ; c’est un beau cri de guerre, mais est-ce un principe ? […] Nous ne connaissons rien de plus beau dans l’organisation sociale qu’une armée donnant son sang pour la patrie. […] L’Espagne, autrefois si militaire, si navale, si terrible par son infanterie et par ses flottes, n’existait plus, comme Espagne, qu’en Amérique ; en Europe, elle était notre alliée à tout prix contre la maison d’Autriche dépossédée du midi ; les Pays-Bas autrichiens n’étaient pour ainsi dire qu’une colonie continentale, trop séparée de l’Autriche pour tenir longtemps à l’Empire ; les Italiens des papes étaient les ennemis naturels et invétérés de l’Autriche, vieux Italiens de souche, détestant le joug des Germains, toujours pour eux des barbares ; le beau royaume de Naples et de la Sicile était devenu espagnol bourbonien, et par conséquent français ; la Toscane appartenait encore à un dernier des Médicis, Parme à l’Espagne, Venise et Gênes s’appartenaient à elles-mêmes ; le Piémont, puissance alors insignifiante, oscillait entre l’Autriche et nous, toujours plus entraîné vers le plus fort.
Plus vous me montrez de chances de succès, s’il me convenait de vivre, plus beau et plus méritoire, à moi, me sera-t-il de mourir ! […] « Est-ce que je souffrirai que, pour ma cause, tant de belle jeunesse romaine, tant de braves armées, égorgées de nouveau les unes par les autres, soient enlevées à la république ? […] « Cependant, par une monstrueuse émulation des sénateurs, on vota des prières publiques dans tous les sanctuaires, des jeux annuels, des fêtes à Minerve, en commémoration du jour où le prétendu complot d’Agrippine avait été prévenu, et le jour de la naissance d’Agrippine fut mis au nombre des jours néfastes. » LIII « Pætus Thraséa, qui avait l’habitude de flétrir les bassesses ordinaires de son silence, ou de les laisser passer avec un bref et dédaigneux consentement, sortit alors du sénat, se vouant ainsi lui-même au dernier péril, sans donner aux autres le courage de la liberté. »… LIV Quelle condition du beau dans l’histoire manque dans ce récit de Tacite ?
Nous avons vu plus haut la belle hypothèse de Spencer sur la « genèse des nerfs », que plusieurs découvertes récentes ont paru confirmer ; Spencer aurait pu employer des considérations analogues pour expliquer comment l’organe de la mémoire s’est peu à peu formé dans le cerveau et dans tout le système nerveux. […] On aura beau invoquer des lois « biologiques » pour se dispenser d’introduire l’état « psychique » et pour le réduire à une sorte de « luxe », cet état est dès le début nécessaire ; il est, avec le mouvement, un des « facteurs » du souvenir. « L’habitude ou disposition fonctionnelle », chez l’être vivant, suppose elle-même des émotions plus ou moins élémentaires et des efforts élémentaires entre lesquels s’est établi un lien par l’exercice. […] Ribot, les facultés affectives s’éteignent bien plus lentement que les facultés intellectuelles72. » C’est qu’elles sont ce qu’il y a en nous de plus profond et de plus intime ; les états affectifs ont beau être vagues et indescriptibles pour l’intelligence, ils sont le fond dont l’intelligence réfléchie ne saisit que la forme.
Rappelons-nous encore à ce propos les paroles de Pascal : « Les parties du monde ont un tel enchaînement l’une avec l’autre que je crois impossible de connaître l’une sans l’autre et sans le tout. » Il précise plus loin sa pensée : « La flamme ne subsiste point sans l’air : donc, pour connaître l’une il faut connaître l’autre. » La théorie moderne de l’unité des forces physiques, ou, dans l’ordre des sciences naturelles, les progrès de l’anatomie et de la physiologie comparées sont de belles « illustrations » de cette liaison, de cette connexité, de cette solidarité et de cette « relativité » de nos connaissances. […] Nous ne la connaissons pas, cette diversité ; l’apparence en tombe seule sous nos sens ; mais nous pouvons affirmer qu’elle existe ; et sans nous embarrasser ici de subtilités assez inutiles, c’est ce qui nous suffit pour être en droit d’affirmer, ou de « poser », ainsi qu’on dit, « l’objectivité du monde extérieur. » Il n’y a pas, on le sait, de problème que la philosophie, depuis son origine, ait plus souvent agité, ni, si l’on en croyait du moins les historiens, résolu plus diversement, et, certes, c’est un bel exemple de l’art de compliquer ou d’embrouiller les questions. […] Infiniment féconde en applications pratiques, — du genre de celles que Renan affectait volontiers de mépriser, — et, peut-être, d’une autre part, en spéculations dont l’ampleur sera toujours le plus beau témoignage de la puissance de l’esprit humain, la science ne « justifiera » jamais son fondement, et tous les problèmes qu’elle résoudra ne l’avanceront pas plus dans l’avenir que dans le passé, vers la solution de ceux qu’au temps de Descartes ou de Condorcet, elle se croyait en droit d’espérer de trancher.
« Dans les clubs, il n’est pas rare de voir des joueurs de quatrième force qui se réveillent un beau matin avec cette faculté. » — Quelques joueurs atteignent une étendue et une lucidité d’imagination tout à fait prodigieuses. […] Lorsqu’on a écouté un beau timbre plein et frappant, par exemple une note haute et prolongée de violoncelle, une note moyenne et prolongée de clarinette ou de cor, si tout d’un coup ce son cesse, on continue pendant quelques secondes à l’entendre mentalement, et quoique, au bout de quelques secondes, son image s’affaiblisse et s’obscurcisse, on continue, pour peu que le plaisir ait été vif, à la répéter intérieurement avec une justesse singulière, sans laisser échapper presque aucune parcelle de son velouté et de son mordant. […] Mais quand une image, acquérant une intensité extraordinaire, annule la sensation particulière qui est son réducteur spécial, l’ordre des souvenirs a beau subsister et les jugements ont beau se produire, nous avons une hallucination ; à la vérité, nous nous savons hallucinés, mais l’image n’en paraît pas moins extérieure ; nos autres sensations et nos autres images forment encore un groupe équilibré, mais ce réducteur est insuffisant, car il n’est pas spécial45. — « Le docteur Gregory était allé dans le Nord par mer pour visiter une dame, sa proche parente, à qui il s’intéressait vivement et qui était dans un état avancé de consomption.
Elle pourrait dire avec Faust : « Si jamais je goûte la plénitude du repos, que ce soit fait de moi ; si jamais je dis à l’heure présente : attarde-toi, tu es assez belle ! […] Si, au moment où je goûte des mets savoureux, j’entends tout à coup une belle musique, si, en outre, mes yeux sont charmés par le spectacle inattendu de danses gracieuses, il y a là un surcroît qui ajoute un plaisir à d’autres plaisirs, sans que j’aie besoin de passer par la porte de la souffrance. […] La jouissance actuelle, comme celle de beaux sons ou de belles couleurs, en tant que complète et considérée en elle-même, ne provoque pas le désir d’autre chose, elle est satisfaite de soi ; est-ce à dire qu’elle soit alors passive et liée à l’inertie ?
Une fiction romanesque, c’est la qualification que peut mériter le récit de Saint-Réal avec son cortège d’assemblées nocturnes, de discours éloquents et de caractères inventés ; il n’a rien vu là-dedans, en effet, que l’occasion de faire un beau pendant à la Conjuration de Catilina par Salluste. […] Daru, dans le premier moment, répondant peu et ne paraissant pas entendre : « Comte Daru, lui dit Louis XVIII, puisque vous n’entendez plus Horace, je vais vous le traduire en beaux vers français. » Et avec toute sa coquetterie royale, il se mit à réciter à l’auteur le passage de sa traduction même.
Il le dit quelque part très ingénieusement (j’y rajeunis à peine quelques mots) : Il semble que pour planter et installer le christianisme en un peuple mécréant et infidèle comme maintenant est la Chine, ce serait une très belle méthode de commencer par ces propositions et persuasions : Que tout le savoir du monde n’est que vanité et mensonge ; — Que le monde est tout confit, déchiré et vilainé d’opinions fantasques, forgées en son propre cerveau ; — Que Dieu a bien créé l’homme pour connaître la vérité, mais qu’il ne la peut connaître de soi, ni par aucun moyen humain, et qu’il faut que Dieu même, au sein duquel elle réside, et qui en a fait venir l’envie à l’homme, la révèle comme il a fait, etc., etc. […] Honnête homme, écrivain probe, et par-dessus tout admirateur passionné de Montaigne, Charron est aussi loin d’une telle ambition qu’incapable d’un pareil procédé ; il ne vise qu’à mettre les pensées qu’il admire et qu’il accueille dans un plus beau jour et dans un ordre plus exact, pour les répandre et les faire réussir auprès d’un plus grand nombre d’esprits ; il les range mieux pour les faire pénétrer.
Là où il y a excès dans le précepte et un air de folie, ce délire qui est un délire de tendresse pour les hommes, est un des plus beaux qui soient jamais sortis d’une âme exaltée et compatissante. […] Aux âmes simples, aux fidèles qui vivent rangés et soumis autour de la houlette pastorale, je ne conseillerai pas de le lire ; mais on sait que le nombre de ces fidèles et de ces humbles n’est pas infini ; et pour tous les autres, sceptiques, indifférents, hommes d’étude et d’examen, gens du monde, gens d’affaires, pour peu que vous ayez un coin sérieux de vacant et de libre en vous, je dirai avec confiance : Lisez et méditez, lisez et relisez ces beaux chapitres, Éducation de Jésus, Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus, Prédications du lac et apprenez le respect, l’amour et l’intelligence de ces choses religieuses auxquelles il n’est plus temps d’appliquer la raillerie et le sourire.
Cet homme charmant et instruit, cette jeune fille aimable et belle, comme si une divinité jalouse les choisissait entre tous, sont impitoyablement frappés. […] Le genre humain, depuis qu’il est sorti des forêts, n’a plus envie de loger en plein vent ni de dormir à la belle étoile : aucune demeure ne lui semble assez magnifique pour lui.
Je relève dans ce Mémoire un heureux coup de crayon donné en passant, et qui caractérise en beau M. de Choiseul : « M. le duc de Choiseul, un des hommes de notre siècle qui a eu le plus d’avenir dans l’esprit ; qui déjà, en 1769, prévoyait la séparation de l’Amérique d’avec l’Angleterre et craignait le partage de la Pologne, cherchait dès cette époque à préparer par des négociations la cession de l’Égypte à la France, pour se trouver prêt à remplacer, par les mêmes productions et par un commerce plus étendu, les colonies américaines le jour où elles nous échapperaient… » Voilà un éloge relevé par un joli mot : un joli mot, en France, a toujours chance de l’emporter sur un jugement. […] Cette place était naturellement due à Talleyrand ; mais, pour ne pas trop froisser l’opinion publique, fort indisposée contre lui, surtout pour les affaires d’Amérique, Reinhard fut conservé dans les premiers moments. » Et après cela, innocents et lettrés que nous sommes, n’insistons plus trop sur les beaux Mémoires de l’an V, sur celui, en particulier, qui traité si bien du moral et de l’esprit commercial de ces mêmes États-Unis ; avis à nous !
Son goût déclaré pour le beau sexe ne rendait son commerce dangereux aux femmes que lorsqu’elles le voulaient bien. […] Par bonheur, une jeune femme riche et belle, madame d’Hervart, s’attacha au poëte, lui offrit l’attrait de sa maison, et devint pour lui, à force de soins et de prévenances, une autre La Sablière.
Un beau jour, tentative de suicide à la suite d’hallucinations. […] Il a eu beau emprunter à ce qu’il a vu ou à ce qu’il a lu bien des traits exacts en eux-mêmes, ces traits rapprochés les uns des autres ne font pas un tout réel ; sans doute, chacun d’eux peut être observé isolément dans la réalité, mais leur réunion est disparate et choquante.
Sans doute Salluste et Cicéron même n’étaient pas les plus grands caractères de l’époque où ils ont vécu : mais des écrivains d’un tel talent se pénétraient de l’esprit d’un si beau siècle ; et Rome vit tout entière dans leurs écrits. […] Brutus, dans ses lettres, ne s’occupait point de l’art d’écrire : il n’avait pour but que de servir les intérêts politiques de son pays ; et cependant la lettre qu’il adresse à Cicéron, pour lui reprocher les flatteries qu’il prodiguait au jeune Octave, est peut-être ce qui a été écrit de plus beau dans la prose latine.
L’aperçu fin et juste du petit côté d’un grand caractère, des faiblesses d’un beau talent, trouble jusqu’à cette confiance en ses propres forces, dont le génie a souvent besoin ; et la plus légère piqûre d’une raillerie froide et indifférente peut faire mourir dans un cœur généreux la vive espérance qui l’encourageait à l’enthousiasme de la gloire et de la vertu. […] Un bel usage d’Angleterre interdit aux hommes que leur profession oblige à verser le sang des animaux, la faculté d’exercer des fonctions judiciaires.
Le lecteur a sans doute visité des galeries de tableaux rangés par écoles ; après deux heures de promenade parmi des peintures de Titien, de Tintoret, de Bonifazio et de Véronèse, si l’on sort et si l’on s’assied sur un banc, les yeux fermés, on a d’abord des souvenirs ; on revoit intérieurement telle rose et blonde figure demi-penchée, tel grand vieillard majestueusement drapé dans sa simarre de soie, des colliers de perles sur des bras nus, des cheveux roux crêpelés sur une nuque de neige, des colonnades de marbre veiné qui montent dans un ciel ouvert, çà et là une mine gaie de petite fille, un beau sourire de déesse, une ample rondeur d’épaule satinée, la pourpre d’une étoffe rouge sur un fond vert, bref cent résurrections partielles et désordonnées de l’expérience récente. À ce moment, si l’on cherche le trait dominant qui règne dans ce monde divers, on ne trouve rien ; on sent bien que tout cela est beau, mais on ne démêle pas encore de quelle beauté ; on est agité par vingt tendances naissantes et aussitôt détruites ; on essaye les mots de voluptueux, de riche, de facile, d’abondant ; ils ne conviennent pas ou ne conviennent qu’à demi.
Cela est parfaitement simple et beau. […] Toute sa vie de savant, d’écrivain, d’homme de cabinet, est le résultat d’un acte, d’un acte volontaire et libre qui représente une belle dépense d’énergie.
Il songe au suicide « beau ». […] Le dernier mot appartient à Remy de Gourmont : « Là où la poésie de Mallarmé est belle, elle le demeure incomparablement. » * * * Jules Laforgue estime que Mallarmé ne relève que de la conscience parnassienne dont il fut « l’apothéose » et M.
Tant qu’on a considéré le Beau littéraire comme un absolu, ou, plus exactement peut-être, tant qu’on n’a pas tenté l’analyse du Beau littéraire, la critique a pu demeurer ce qu’elle avait été à ses débuts, ce qu’on la voit dans les « Examens » de Corneille et de ses contemporains, dans le « Spectator » d’Addison, dans la « Dramaturgie de Hambourg » de Lessing : une discussion conduite en vue de rechercher si l’œuvre étudiée s’éloigne ou se rapproche d’un certain type d’œuvre admis comme type idéal ; si elle respecte ou viole certaines règles, tirées de l’examen des chefs-d’œuvre antiques et acceptées par une convention d’ailleurs tout arbitraire ; ou même, simplement, si elle plaît ou déplaît, soit au critique lui-même, soit à un groupe de personnes qu’il croit représenter, et qu’il appelle suivant les époques les « bons esprits » les « lettrés », le « public ».
Il arrive même à ce beau converti de voler dans les lieux saints. […] que c’est beau, plastique, sculptural !
Il y a quelqu’un à qui il ressemble bien plus qu’à Massillon, c’est Garat, le beau diseur en toute matière, Garat, l’orateur académique et le professeur d’idéologie à l’Athénée. […] Pariset eut à louer Cuvier lui-même après la mort du grand naturaliste, et cet éloge offre d’intéressantes, de belles parties.
Depuis le 13 Vendémiaire (jour de la victoire de la Convention par le canon de Bonaparte), le découragement est général : ce qui n’empêche pas le beau monde d’aller à la Comédie en passant sur les pavés encore teints du sang de leurs parents ou voisins tués par la mitraille de Barras. […] Et Mallet insiste en plus d’un endroit sur ce fanatisme d’égalité qui fait le fond de ce qu’il appelle la religion révolutionnaire. 2º Il n’est pas moins obligé de reconnaître, comme trait d’exception à cet égoïsme de la masse du public, le sentiment militaire dévoué : le soldat, l’officier a beau avoir son arrière-pensée, « des différences d’opinions et de motifs n’entraînent aucune différence dans la manière de combattre : un esprit, un sentiment communs animent tous les soldats.
Comme la plus belle des facultés humaines est la volonté, il a pu montrer dans le gouvernement, et à un assez haut degré, une espèce de volonté qui, dans l’opposition, ne semblait que de l’esprit de harcèlement. […] Durant ces années 1831-1832, Carrel s’était fait une belle existence, et la première dans la presse de l’opposition ; il jouissait à cet égard par le talent, par le succès dans l’opinion, par l’ascendant marqué qu’il prenait chaque jour, et par la contradiction même qui allait à sa nature amie de la lutte.
Le beau côté de ce livre, c’est la vie qu’on y sent, et il faut saluer la vie, dans ce néant de générations mortes ! […] Ne voilà-t-il pas un beau côté de mœurs ?
Ruskin ne semble pas comprendre qu’une forme réellement belle renferme, du fait même de sa beauté, le sentiment et la pensée, et que vouloir mettre dans la nature une idée indépendante d’elle, c’est l’amoindrir en la falsifiant. Les choses sont belles et grandes par elles-mêmes, et l’intellectualité la plus profonde, n’empêchera jamais une œuvre d’être mauvaise, si la réalité se trouve trahie.
Il est certain encore que les systèmes les plus grandioses sont rapetissés par la plupart de ceux qui les appliquent ; la routine les rend peu à peu si rigides, si étroits, si ridiculement arbitraires, qu’un beau jour on n’en voit plus que les erreurs. […] Or, les règles et les formes ont bel et bien fini par remplacer les lois et les genres, l’esprit paresseux de l’homme préférant toujours le facile au difficile, la ressemblance extérieure à la parenté profonde.
Jamais avènement ne donna de plus belles espérances que celui du vertueux Louis XVI.
Il y a quelque honneur à lui de n’avoir été au commencement du dix-huitième siècle ni un courtisan dissolu, ni un philosophe de bel air, ni un parlementaire étroit, mais de s’être montré dès l’abord citoyen sérieux sous la Régence, économiste sous le système, et plus tard ministre intègre sous Pompadour.
Mais un exemple en ces matières est toujours délicat à imaginer : on a beau faire, on sent que tout est convenu, factice, arrangé pour le besoin de la démonstration.
Une d’elles a eu l’autre soir un bien beau cri de piété filiale.
Et puis, j’ai beau me raisonner, ces chrétiens, si peu recommandables qu’ils soient, me sont cependant plus proches que les Turcs.
Si la police avait les facilités d’investigation du Diable boiteux et la volonté de s’en servir… quelle belle rafle de « femmes du monde » elle pourrait faire !
Elle fut jadis puissante et belle ; elle ne se vendit peut-être jamais guère, en grande courtisane qu’elle fut ; mais elle aura l’éternelle gloire de s’être donnée tout entière aux poètes de l’école nouvelle.
Le cheik Gemmal-Eddin est le plus beau cas de protestation ethnique contre la conquête religieuse, que l’on puisse citer.
Ignorent-ils que les siecles de Périclès, d’Auguste, de Léon X, n’ont cessé d’être les beaux siecles de la Littérure & de la saine raison, que quand l’esprit philosophique a commencé à égarer & à abrutir les autres genres d’esprit ?
Il joignoit à cette belle érudition un entêtement singulier.
Homere fut un géometre auprès de lui, et l’on sçait le beau nom que le cardinal D’Est donna au ramas informe d’histoires mal tissues ensemble qui composent le Roland furieux.
Noble terre de ma patrie, la Providence a trop fait pour toi ; elle n’abandonnera point son ouvrage, et tu resteras le beau pays de France.
Lorsque j’affirme : « Cette table est blanche, cet homme est blond », l’attitude de mon esprit n’est pas la même que si j’affirme : « Cette table est belle, cet homme est respectable. » Sans doute, dans un cas comme dans l’autre, je juge ; mais la position de l’objet vis-à-vis du sujet n’est pas la même dans les deux jugements.
Toutes ces choses sont des phénomènes ou états d’esprit suivis ou accompagnés de faits sensibles. » Ainsi nous avons beau nous tourner de tous côtés, nous restons dans le même cercle. […] L’expérience a beau faire, elle ne peut supprimer ces diversités qui la fondent. — D’autre part, l’expérience a beau faire, elle ne peut se soustraire aux conditions dans lesquelles elle agit. […] En ceci, Mill dit vrai ; le hasard se rencontre au terme de toutes nos connaissances comme au commencement de toutes nos données : nous avons beau faire, nous ne pouvons que remonter, et par conjecture encore, jusqu’à un état initial ; mais cet état dépend d’un précédent, qui dépend d’un autre, et ainsi de suite, en sorte que nous sommes obligés de l’accepter comme une pure donnée, et de renoncer à le déduire, quoique nous sachions qu’il doive être déduit. […] Comme il arrive toujours en pareil cas, chacun des deux avait fait réfléchir l’autre, et aucun des deux n’avait persuadé l’autre ; mais ces réflexions furent courtes : devant une belle matinée d’août, tous les raisonnements tombent. […] À les voir virginales et timides dans ce voile doré, on pensait aux joues empourprées, aux beaux yeux modestes d’une jeune fille qui pour la première fois met son collier de pierreries.
Ceux-là prétendent que la vérité peut abîmer les belles choses, parce qu’ils n’ont su voir ni ce qu’est cette beauté en elle-même, ni l’embellir dans son sens véritable, sans la déformer ou la contrefaire. […] Les plus beaux gestes, ce sont les grands coups de lance de l’éternel Don Quichotte, qui pourchasse les ailes des moulins de la terre. […] Un fait connu et significatif est que les poètes ont presque tous une belle écriture, aussi soignée, mais plus artiste que celle des sergents fourriers. […] Francis de Miomandre Domaine public Que cette expression est belle ! […] Pierre-Quint lui accorde une belle place dans son André Gide, annoncé dès 1928, paru en 1932 chez Stock (André Gide, sa vie, son œuvre, chapitre V).
philosophe spiritualiste, champion désintéressé de la morale du devoir, éloquent apôtre du Beau, du Bien et du Vrai, je te prends la main dans le sac ; quand ta passion favorite est enjeu, tu ne te gênes pas plus que cela !
Voilà un beau champ ouvert aux amateurs du scepticisme historique.
Andrieux se montre comme aux pieds du grand Corneille et lui demandant la permission d’ôter, en soufflant, quelques grains de poussière à son beau cothurne.
Je lui en veux de ne pas nous laisser goûter avec sécurité les belles choses qu’il a faites.
Des réflexions si justes et si élevées de mon ami Corréard, je vous engage particulièrement à retenir ceci, que nous ne sommes pas des isolés dans le temps ; que tout ce que la vie a pour nous soit de commodité, soit de noblesse, c’est à nos pères, à nos aïeux, à nos ancêtres que nous le devons ; que nous devons aux morts la culture même d’esprit qui nous permet, sur certains points, de penser autrement qu’eux et mieux, je l’espère et qu’enfin, suivant le beau mot d’Auguste Comte, l’humanité est composée de plus de morts que de vivants.
Car nous avons beau savoir que les fauteurs de révolte ont toujours participé largement de l’égoïsme contre lequel ils s’insurgeaient ; que, si la justice et la charité appellent quelquefois les révolutions, c’est la haine et l’envie qui les accomplissent, et que, par exemple, ce sont les meneurs de grèves qui, nés capitalistes, eussent été les plus durs patrons : il semble parfois que, les révolutions faites, il en revienne tout de même quelque chose, au bout d’un certain temps, aux résignés, aux humbles de cœur, bien qu’elles n’aient été faites ni par eux ni même, au fond, pour eux ; et il arrive ainsi que les violents et les féroces paraissent finalement avoir travaillé pour la justice… Ou peut-être que je m’abuse, et que le bénéfice humain acquis par des moyens révolutionnaires eût pu l’être, et mieux, par un progrès uniquement légal et pacifique.
Oui, dans le premier et célèbre portrait, malgré la robe de moyen âge de pendule, malgré la coiffure à la Ninon, malgré la lyre venue de chez le luthier, la grande Marceline, avec ses beaux yeux enflammés et humides, avec ce front droit et ces sourcils fièrement tracés, avec ce nez si caractérisé, aux bosses hardies et spirituelles, avec ce menton pointu, finement pensif, ces lèvres épaisses et si arquées, ce col énergique, attire, charme et retient le regard, qui se sent en face d’une pensée et d’une âme.
Je crois très réellement voir ressusciter en Paul Fort l’âme ancienne de la France, toute pure, sans mélange aucun : généreuse, ardente, étourdie, éperdue de beaux désirs, ignorante de la conception de beauté qui nous vint plus tard d’Italie, religieuse et maligne, hardie et libre jusqu’à la témérité, avec des frousses, des peurs nerveuses du diable ou de son ombre, enfin spirituelle, facétieuse et familière.
Sans s’embarrasser d’une barrière inutile, il donna au vers ternaire le droit de cité : Il a vaincu — la Femme belle — au cœur subtil… Néoptolème — âme charmante — et chaste tête… Et sur mon cœur — qu’il pénétrait — plein de pitié… Ces braves gens — que le Journal — rend un peu sots… Quoi que j’en aie — et que je rie — ou que je pleure… Rien de meilleur — à respirer — que votre odeur… Pour supporter — tant de douleur — démesurée… Pour, disais-tu, — les encadrer — bien gentiment… Cette coupe nouvelle de vers, d’où l’on allait tirer des effets si imprévus, offrait toutes les garanties d’une réforme née viable, puisqu’elle était l’épanouissement naturel d’une idée lentement mûrie et qu’elle avait subi le contrôle à la fois du Génie et du Temps.
Émile Blémont : La Belle Aventure.
Très-préoccupé de donner à son exposition un bel ordre géométrique, il néglige trop souvent des détails qui seraient frappants et probants.
Le frère aîné de d’Urfé avait épousé cette belle par arrangement de famille ; et d’Urfé, désespéré, s’était fait chevalier de Malte.
Aux belles la parole.
Tout consiste en quelques oppositions vulgaires de la beauté, de la jeunesse, de la grandeur et de la mort ; et c’est pourtant sur ce fond stérile que Bossuet a bâti un des plus beaux monuments de l’éloquence ; c’est de là qu’il est parti pour montrer la misère de l’homme par son côté périssable, et sa grandeur par son côté immortel.
On espérait mieux que de coucher sur le champ de bataille, on attendait la suite de l’élan, on espérait de la belle vie infusée au livre, au théâtre, bouleversant les caducités de l’art.
Mais, ajoûte-t’il, tandis qu’on chassoit les sçavans comme bouches inutiles, et qu’on leur prescrivoit même un temps fort court pour sortir, on ne dit mot aux gens de théatre ni à tous ceux qui voulurent bien se mettre à l’abri de ce beau titre.
Il est impossible de lire avec intérêt des éloges démentis à chaque instant par l’histoire : cependant ceux de Claudien offrent en eux-mêmes de beaux détails.
Dès que la somnolence se fait sentir, l’hypnotiseur dit : — « Vous ne pouvez plus ouvrir les yeux » ; dans le cerveau déjà affaibli et en train de se vider, cette affirmation entraîne l’idée d’une complète impuissance : le sujet a beau faire effort pour ouvrir les yeux, il n’y parvient plus. […] Bernheim aura beau répéter à quelqu’un : « Vous ne pouvez plus remuer votre bras » ; si le cerveau ne s’engourdit pas en partie par quelque procédé à la fois physiologique et psychologique, la suggestion n’aura aucun effet appréciable ; il faut que, dans l’écorce cérébrale, se produise une inhibition comparable à l’arrêt, du cœur sous l’influence de l’irritation du nerf pneumo-gastrique. […] Une fois hypnotisé, ce sujet était à la merci de toute suggestion et de tout ordre, hormis un seul : rien ne pouvait l’amener à porter un télégramme ; on avait beau lui promettre 20 livres sterling ou le menacer de mort, rien n’y faisait. […] Et il se trouve que sa nourrice avait placé cinq beaux œufs dans un panier pour les lui envoyer. […] C’est ce qu’ont prouvé les belles recherches anatomiques et cliniques de M.
C’était clément, beau, généreux ; Louis XVI méritait bien du peuple. […] Quant à madame Roland, qui enflait un mari vulgaire du souffle de sa colère de femme contre une cour odieuse parce qu’elle ne s’ouvrait pas à sa vanité de parvenue, il n’y a de vraiment beau en elle que sa mort. […] Servir humblement le monde est encore plus beau que le dominer.
Ainsi, pour en citer l’exemple le plus admirable, nous disons que les phénomènes généraux de l’univers sont expliqués, autant qu’ils puissent l’être, par la loi de la gravitation newtonienne, parce que, d’un côté, cette belle théorie nous montre toute l’immense variété des faits astronomiques, comme n’étant qu’un seul et même fait envisage sous divers points de vue : la tendance constante de toutes les molécules les unes vers les autres en raison directe de leurs masses, et en raison inverse des carrés de leurs distances ; tandis que, d’un autre côté, ce fait général nous est présenté comme une simple extension d’un phénomène qui nous est éminemment familier, et que, par cela seul, nous regardons comme parfaitement connu, la pesanteur des corps à la surface de la terre. […] Pour en citer en ce moment un seul parmi les travaux contemporains, je choisirai la belle série de recherches de M. […] Pour expliquer convenablement ma pensée à cet égard, je dois d’abord rappeler une conception philosophique de la plus haute importance, exposée par de Blainville dans la belle introduction de ses Principes généraux d’anatomie comparée.
. — « J’ai donc des parents, repris-je vivement avec un mouvement qui ressemblait à de la joie, mais qui dura moins de temps qu’il n’en fallut pour l’exprimer. » — Ceci est beau, beau de nature ; car, au moment même où cette joie le traverse, une angoisse cruelle a saisi l’âme d’Émile : il avait déjà provoqué Édouard, déjà le duel est réglé, c’est le lendemain malin qu’il doit se battre, et il apprend que c’est contre un frère !
La taille est pleine et n’est pas belle ; mais l’ensemble est du plus grand air. […] « Le roi (nous dit le Journal de Luynes) lui a répondu avec la même sécheresse : « Ce n’est pas la peine, je n’y serai presque pas. » Elle lui a demandé ensuite si au moins elle ne pourrait pas rester ici ; il lui a répondu sur le même ton : « Il faut partir trois ou quatre jours après moi. » — La reine est, comme l’on peut juger, fort affligée d’un traitement aussi dur. » Tous ces beaux sentiments, enfants de la maladie et de la peur, étaient dissipés et avec la santé étaient revenus les désirs, les habitudes, toutes les ivresses de la vie.
La figure du maréchal de Catinat, même en la dégageant de l’espèce de légende philosophique dont on l’avait un peu obscurcie, en ne se gardant pas moins de l’admiration routinière qui arrondit les traits et ôte à la physionomie son accent, est et restera une des plus belles, des plus pures et des plus originales du xviie siècle. […] Catinat y est montré au vrai, au naturel, en action, d’après ses œuvres et ses paroles ; il n’y a guère qu’à l’y découper pour le dessiner aux yeux et le faire saillir avec plus de relief et de singularité qu’on ne se le permettait autrefois dans les plus beaux Éloges académiques.
On aura beau dire qu’il est difficile que des faits réels et positifs ne soient pas cachés sous ces fables, qu’il n’y a jamais tant de fumée sans feu ; qu’il est presque impossible qu’il n’y ait pas eu quelque expédition nautique qui ait donné prétexte à la fable des Argonautes ; que certainement quelque grande expédition de la Grèce aux côtes d’Asie a donné naissance à la légende de Troie : quand on aura accordé le fait général et vague, en sera-t-on plus avancé pour l’histoire proprement dite ? […] J’entreprends simplement de le montrer tel qu’il est, non de l’effacer, et encore moins de le repeindre. » Cette belle page d’un bon et excellent esprit, qui trouve à son service une image et un emblème dignes de Bacon, suffit à montrer combien M.
On peut trouver des figures plus régulièrement belles : je ne crois pas qu’on en puisse trouver de plus agréables. […] Les La Beaumelle avaient beau jeu dans l’Antiquité.
Et ce gros lot est en même temps le plus riche ; car il comprend presque toutes les grandes et belles bâtisses, palais, châteaux, couvents, cathédrales, et presque tout le mobilier précieux, meubles, vaisselle, objets d’art, chefs-d’œuvre accumulés depuis des siècles. — On peut en juger par l’estimation de la part du clergé. […] Voilà ce qu’en langage du temps on appelait une terre ayant « de beaux droits ». — Ailleurs le seigneur hérite des collatéraux, frères ou neveux, s’ils n’étaient pas en communauté avec le défunt au moment de sa mort, et cette communauté n’est valable que par sa permission.
C’est Bourdaloue pourtant qui, par les justes proportions, par la beauté de l’ordonnance et l’exactitude des développements, représente la perfection moyenne et complète de ce genre grave à son plus beau moment. […] J’en ai signalé quelques défauts ; je voudrais maintenant la saisir dans un des morceaux où elle me paraît le plus irréprochable, tout à fait simple, touchante et neuve à la fois ; je voudrais pouvoir dire sans réserve : C’est beau !
Le philosophe absolu a beau vous dire : « En histoire, j’aime les grandes routes, je ne crois qu’aux grandes routes. » Le bon sens répond : « Ces grandes routes, c’est l’historien le plus souvent qui les fait. […] Son style, aux beaux endroits, a des reflets de cuivre et comme d’acier, mais des reflets sous un ciel gris, jamais au soleil.
La tradition nous a entretenus mainte fois des beaux jours de la critique littéraire à cette époque du Consulat et de l’Empire ; on regrette ce règne brillant de la critique, on voudrait le voir renaître sous une forme qui convînt à nos temps. […] À propos des exactes et sévères critiques qu’elle fait de ses contemporains : Mme Du Deffand, disait M. de Féletz, eût été, sans contredit, un excellent journaliste, quoiqu’un peu amer… Le tableau qu’elle présente de sa société décèle un esprit qui ne voit pas en beau, mais qui voit juste ; un pinceau qui ne flatte pas, mais qui est fidèle ; ses traits malins vous peignent un homme depuis les pieds jusqu’à la tête.
J’aime les beaux vers à la folie. […] Ses cheveux sont châtains et de la plus grande beauté ; ses sourcils bruns ; ses yeux bruns et très beaux ; les reflets de la lumière y font paraître des nuances bleues, et son teint a le plus grand éclat, La fierté est le vrai caractère de sa physionomie.
Puis j’ai été admis dans le sanctuaire où le beau Marcelin, dans un vestinquin clair, s’enlevait sur l’ambre d’un Crayer douteux. […] Dans une fourrure de plumes, la fille de Théophile Gautier est belle, d’une beauté étrange.
On dirait que la fameuse maxime, Rien n’est beau que le vrai, a été inventée par eux, ou du moins qu’ils sont les seuls qui s’y conforment. […] Évitez tous ces excès, toutes ces fautes ; donnez carrière à votre génie, mais en lui laissant le frein salutaire des règles ; et la Littérature française, sans renoncer à donner des lois à l’Europe civilisée, pour aller prendre des leçons des Bructères et des Sicambres ; sans abandonner son climat doux et varié, pour s’enfoncer dans l’atmosphère brumeuse de la Grande-Bretagne ou de la Germanie, pourra voir encore de beaux jours se lever sur elle, et de nouvelles merveilles grossir l’inestimable trésor de ses chefs-d’œuvre.
J’avais la bonne fortune récemment d’annoncer la traduction du plus beau livre de Thomas Carlyle, publiée depuis plusieurs mois à Paris absolument comme dans le fond d’un gouffre… Aujourd’hui, voici une bonne fortune, meilleure encore, car le livre que je vais signaler est français. […] Comme discernement et jugement littéraire, comme caractérisation des divers génies et des diverses œuvres, dans son beau chapitre sur la Comédie italique, le plus intéressant de second volume, il vaut encore le critique anglais qu’il rappelle.
pour résolument avoir nié Dieu dans des vers incroyablement beaux pour une femme, tant il s’y montrait de mâle vigueur. […] moi, chrétien, j’aurais pu, à propos de ce livre des Blasphèmes, pétrir de la morale et de l’esthétique l’une dans l’autre et confondre l’œuvre morale, que je trouve criminelle, avec l’œuvre poétique qui est belle.
Le style de l’ouvrage est d’une belle clarté et d’une rigueur philosophique qui rappelle en certaines pages d’exposition l’auteur de la Controverse chrétienne ; et il nous a semblé que celui-ci, ami des éditeurs, pourrait bien ne pas être étranger en effet à la rédaction d’un livre modeste, et dont pourtant toute plume s’honorerait.
J’ai souvent envié aux Anglais quelques-unes des belles biographies de Johnson, celle de Parnell par Goldsmith, aux Allemands celle de Hœlly par Voss ; je ne parle pas des autres ouvrages en ce genre plus considérables.
On avait mis dans un beau bassin propre de Versailles des poissons qui bientôt y mouraient : « Ils sont comme moi, disait-elle, ils regrettent leur bourbe » ; ce que M. de Balzac paraphrase ainsi : « Ils regrettent leurs vases obscures. » Eh bien, il a dans son expression, là même où l’on ne peut le contredire par une autorité historique, beaucoup de ces sortes d’impropriétés : ce style, sans cesse remué, s’alanguit et s’étire.
La vie des autres est une matière inépuisable, et l’on croit obtenir un brevet d’esprit en déchirant les réputations à belles dents.
Ceux-là ne sont, en somme, que des bourgeois qui ont une belle position et qui s’y tiennent.
Si, d’avoir donné vingt millions aux pauvres, cela vous attire de telles oraisons funèbres, nous avons donc deux raisons pour une de garder notre bel argent. » Ces personnes se tromperaient.
Oui, j’abandonne tout ce vain éclat, en même temps que je m’éloigne des beaux sites de la France… » Il quitta, en effet, la France avec les Comici Fedeli ; mais, cette fois encore, il ne persévéra pas dans la résolution de renoncer au théâtre ; il continua à diriger sa troupe jusqu’à l’âge de soixante-treize ans, jusqu’en 1652.
Et pourtant il ne faut pas avoir peur de la vérité parce qu’elle seule est belle.
C’est sur ce modèle que Laplace, par exemple, a construit sa belle théorie de la Capillarité ; il ne la regarde que comme un cas particulier de l’attraction, ou, comme il dit, de la pesanteur universelle, et personne ne s’étonne de la trouver au milieu de l’un des cinq volumes de la Mécanique Céleste.
Or, tant qu’une vérification précise manquera, le sensualisme aura beau revendiquer en sa faveur la simplicité, la vraisemblance, et surtout ce caractère très scientifique, d’éliminer tout surnaturel, la question restera toujours ouverte entre lui et ses adversaires.
Carrousels, cavalcades, courses de bague, beaux chevaux, superbes équipages, habits magnifiques, bannières et devises galantes, tout concourait à rendre enchanteresse cette cour voluptueuse et splendide.
— L’assiéger — L’entreprise est fort belle, Et digne seulement d’Alexandre ou de vous : Mais Rome prise enfin, seigneur, où courons-nous ?
d’Alembert n’auroit pas eu la douleur d’avoir contribué, par un bel Ouvrage, à faire naître de fausses espérances.
La tactique du combat a la simplicité des mouvements d’un lutteur ; l’héroïque tragédie s’ordonne selon les lignes des belles unités.
D’ailleurs, les courtisans même blâmoient cette méchanceté de mal lire des vers qu’on croyoit fort beaux.
Et qui naquîtes toute belle, A votre indifférence près.
De là sont nées les extravagances de tant d’amans dont la plûpart n’étoient point amoureux ; les uns se sont fait assommer en écrivant le nom des belles qu’ils pensoient aimer sur les murailles des villes assiegées ; d’autres sont allez de vie à trepas pour avoir voulu rompre dans les portes d’une ville ennemie leur lance enrichie des livrées d’une maîtresse qu’ils n’aimoient point, ou qu’ils n’aimoient gueres.
Il suffit aux poëtes tragiques de faire de belles têtes, et ils peuvent pour les rendre plus admirables s’écarter à un certain point des proportions que la nature observe ordinairement.
L’auteur d’un poëme en quatre chants sur la musique, où l’on trouve beaucoup d’esprit et de talent, prétend que lorsque le genre humain commença, vers le seiziéme siecle, à sortir de la barbarie et à cultiver les beaux arts, les italiens furent les premiers musiciens, et que la societé des nations profita de leur lumiere pour perfectionner cet art.
Il faut être inspiré d’une espece de fureur, pour faire de beaux vers.
monsieur, que c’était beau, que c’était admirable !
Cela signifie, en propres termes, qu’on trouve d’abord des images quand on a du talent ou du génie, ce qui est, je crois, faire la part assez belle à la spontanéité et à l’inspiration. « On les découvre, déclarons-nous ensuite, par inspiration ou à tête reposée », autrement dit par l’effort, la réflexion et le travail ajoutés au talent naturel.
Ce n’est donc pas l’Imagination, — cette fée qui nous a dévidé au Moyen-Age un si beau et si long fuseau de Fables, de Fabliaux et de Contes, — ce n’est pas l’Imagination qui a manqué à cette féconde époque pour inventer le Roman ; c’est l’Observation.
Un pareil assemblage est une grande et belle idée : c’est là qu’on retrouve avec plaisir Corneille et Condé, Turenne et Racine, Pascal et Sully, Colbert et Descartes, Molière et le maréchal de Luxembourg, La Fontaine et Quinault, avec le président de Lamoignon et Duquesne.
Parce que, le dauphin Humbert étant tombé dans une sorte de folie, le roi de France se trouva là pour acheter ses terres à beaux deniers comptants. […] La France telle que l’a faite le suffrage universel est devenue profondément matérialiste ; les nobles soucis de la France d’autrefois, le patriotisme, l’enthousiasme du beau, l’amour de la gloire, ont disparu avec les classes nobles qui représentaient l’âme de la France. […] Joignez-y la science, la critique, l’étendue et la précision de l’esprit, toutes qualités que développe au plus haut degré l’éducation prussienne, et que notre éducation française oblitère ou ne développe pas ; joignez-y surtout les qualités morales et en particulier la qualité qui donne toujours la victoire à une race sur les peuples qui l’ont moins, la chasteté 5, et vous comprendrez que, pour quiconque a un peu de philosophie de l’histoire et a compris ce que c’est que la vertu des nations, pour quiconque a lu les deux beaux traités de Plutarque, De la vertu et de la fortune d’Alexandre. […] Oui, l’Allemagne avait entre les mains après Sedan le plus beau rôle de l’histoire du monde. […] Les écoles spéciales, imaginées par la Révolution, les chétives facultés créées par l’Empire, ne remplacent nullement le grand et beau système des universités autonomes et rivales, système que Paris a créé au moyen âge et que toute l’Europe a conservé, excepté justement la France qui l’a inauguré vers 1200.
Joncières… ils s’en défendent, et c’est d’un beau patriotisme… mais les auditeurs sentent bien qu’ils ont pris au musicien de Bayreuth ce qu’il avait de possible et de bon. » Ils ne sont point des wagnéristes : ils continuent, les accommodant au goût moderne, le mélodrame de Meyerbeer, ou l’opérette d’Adam, enseignés au Conservatoire. […] Saint-Saëns, à la fois une illusion et une impression ; et, wagnéristes, ennemis à la description musicale, nous trouvons ces descriptions du Maître nécessaires, autant que belles. […] Simple compte-rendu : La musique est du beau Wagner, ne franchissant pas la limite de l’intelligible. […] Très bel article, enthousiaste, et solide.
On a beau prétendre qu’on a dépouillé l’espace de toute qualité pour le réduire à la quantité pure, autre chose est la quantité pure, autre chose l’espace. […] Vous aurez beau contempler le temps homogène et la série idéale des successions possibles, cela ne vous dira pas ce que vous avez éprouvé en premier lieu et ce que vous avez éprouvé en second lieu, pas plus que cette même idée du temps ne vous renseigne sur ce qui se passe dans Sirius ou Aldébaran. […] Ernest Renan a beau nous représenter le temps comme le « facteur » par excellence, c’est là une pure métaphore. […] J’ai beau chercher dans ma conscience, je n’y puis voir le temps en lui-même, tout seul et comme un « objet ».
Paul, Jean et Jacques auront donc beau être en mouvement par rapport à lui : il verra en eux des esprits qui pensent et sentent à sa manière. […] On a beau alors leur attribuer le même Temps mathématique, comme on l’avait toujours fait jusqu’à Lorentz et Einstein, il est impossible de démontrer strictement que les observateurs placés respectivement dans ces deux systèmes vivent la même durée intérieure et que par conséquent les deux systèmes aient le même Temps réel ; il est même très difficile alors de définir avec précision cette identité de durée ; tout ce qu’on peut dire est qu’on ne voit aucune raison pour qu’un observateur se transportant de l’un à l’autre système ne réagisse pas psychologiquement de la même manière, ne vive pas la même durée intérieure, pour des portions supposées égales d’un même Temps mathématique universel. […] En fait, nous montrent-ils, jamais l’observateur en N′ n’utilisera cette immanence, à son présent, de ce qui est du passé en M′ pour l’observateur en M′ ou de ce qui est de l’avenir en P′ pour l’observateur en P′ ; jamais il n’en fera bénéficier ou pâtir les habitants de M′ et de P′ ; car aucun message ne peut se transmettre, aucune causalité s’exercer, avec une vitesse supérieure à celle de la lumière ; de sorte que le personnage situé en N′ ne saurait être averti d’un avenir de P′ qui fait pourtant partie de son présent, ni influer sur cet avenir en aucune manière : cet avenir a beau être là, inclus dans le présent du personnage en N′ ; il reste pour lui pratiquement inexistant. […] Strictement parlant, il devrait s’exprimer ainsi : « Je place l’événement dans l’avenir du lieu P′, mais du moment que je le laisse à l’intérieur de l’intervalle de temps futur équation , que je ne le recule pas plus loin, je n’aurai jamais à me représenter le personnage en N′ comme capable d’apercevoir ce qui se passera en P′ et d’en instruire les habitants du lieu. » Mais sa manière de voir les choses lui fait dire : « L’observateur en N′ a beau posséder, dans son présent, quelque chose de l’avenir du lieu P′, il ne peut pas en prendre connaissance, ni l’influencer ou l’utiliser en aucune manière. » Il ne résultera de là, certes, aucune erreur physique ou mathématique ; mais grande serait l’illusion du philosophe qui prendrait au mot le physicien.
Cette seule idée suffit à bouleverser toute sa machine ; il eut beau faire effort pour se préparer et se mettre en mesure, il avait entrepris au-dessus de ses forces : « Ceux, dit-il, qui sont organisés comme moi, et à qui une exhibition publique d’eux-mêmes, en n’importe quelle occasion, est un poison mortel, peuvent seuls avoir quelque idée de l’horreur de ma situation ; les autres ne sauraient se la figurer. » Des mois se passèrent dans cette lutte pénible et dans cette attente, qu’il a comparée à celle du condamné qui voit approcher le jour de son exécution. […] Une pensée se présente naturellement dans l’étude de cette maladie religieuse de Cowper : c’est qu’il eût été à souhaiter pour lui qu’entre un Dieu si puissant et si mystérieux jusque dans ses miséricordes et la créature si prosternée, il eût su voir encore, et se donner quelques points d’appui rassurants, soit dans une Église visible ayant pour cela autorité et pouvoir, soit dans des intercesseurs amis comme le sont pour des âmes pieuses la Vierge et les saints ; mais, lancé seul, comme il l’était, sur cet océan insondable des tempêtes et des volontés divines, le vertige le prenait malgré lui, et il avait beau adorer l’arbre du salut, il ne pouvait croire, pilote tremblant et timide, qu’il ne fût point voué à un inévitable naufrage.
Le président Hénault n’était pas de force à remplir de tels cadres ; il se plaisait pourtant à les concevoir, à les proposer aux autres, et on doit lui en savoir gré : Il se plaît à démêler dans toutes sortes de genres, a dit Mme Du Deffand, les beautés et les finesses qui échappent au commun du monde ; la chaleur avec laquelle il les fait valoir fait quelquefois penser qu’il les préfère à ce qui est universellement trouvé beau ; mais ce ne sont point des préférences qu’il accorde, ce sont des découvertes qu’il fait, qui flattent la délicatesse de son goût et qui exercent la finesse de son esprit. […] Un jour, âgé de quatre-vingts ans, il écrivit à Voltaire une lettre fort belle de sens et d’intention ; il venait de lire une des facéties irréligieuses que ce versatile génie avait publiées sous le nom d’un abbé Bazin, et où il sapait à plaisir toutes sortes de choses respectables.
Il ne sait pas qu’elle était une des premières à qui ils avaient fait part en novembre 1785 du mariage de leur fille avec l’ambassadeur de Suède : « Je n’ai jamais rencontré Mme de Staël que deux fois dans ma vie, lui fait-il dire, et c’était premièrement à l’hôtel de Bouliers, où j’arrive un soir au milieu d’une belle conversation de Mlle Necker avec M. […] La vie de cœur de Mme de Créqui paraît s’être concentrée, durant ses belles années, sur deux personnes, ce fils unique et son oncle le bailli de Froullay.
Elle était belle et jeune encore. […] On a beau être sage et se dire que l’homme est fou, on ne se l’imagine jamais aussi fou et d’une manière aussi singulière et aussi imprévue qu’il peut l’être.
Je ne sais rien de plus beau en tout Marc-Aurèle. […] Il était grand, brun, maigre, un air pensif et assez lent, assez bas, de beaux yeux et fort spirituels.
Il a eu un beau mot pour définir la Société de Jésus, qu’il connaissait bien : « C’est, disait-il, une épée dont la poignée est à Rome, et la pointe partout. » Ce qui ne l’empêcha pas, quand les Jésuites furent supprimés, de se faire honneur de prendre jusqu’à un certain point leur parti. […] Sa conversation était certainement assez inférieure à son célèbre ouvrage pour autoriser le bruit assez généralement répandu que les plus beaux passages n’étaient pas de lui. » (Memoirs of the life of sir Samuel Romilly, t.
S’attacher à tracer, à deviner l’histoire des poëtes de talent morts avant d’avoir réussi, ce serait vouloir faire, à la guerre, l’histoire de tous les grands généraux tués sous-lieutenants ; ou ce serait, en botanique, faire la description des individus plantes dont les beaux germes avortés sont tombés sur le rocher. […] Dans une lettre du 2 mai 1829, que nous avons sous les yeux, Charles Brugnot lui en faisait reproche d’une manière touchante, en le rappelant aux champêtres images du pays et en le provoquant à plus de confiance et d’abandon : « Vous avez beau faire, mon cher Bertrand, je ne puis m’accoutumer à vous laisser là-bas dans votre imprenable solitude.
Il avait mieux que de l’esprit ; mais il ressemblait en cela à ces figures qui, pour paraître belles, veulent être placées à une certaine hauteur et vues en perspective ; de près, l’œil qui ne peut en saisir l’ensemble leur accorde moins d’attention qu’à une miniature. […] Marie-Joseph Chénier a proclamé celle-ci une des plus belles fables proprement dites qu’on ait composées depuis La Fontaine.
» Il semblait que dans les jungles du journalisme on entendît miauler — doucement encore, il est vrai, — un tigre de la plus belle espèce et dont la voix devait arriver aux plus terribles diapasons ! […] Ce n’est pas là seulement le scepticisme dans l’histoire, c’est le plus bel aveu d’impuissance que la Science inconséquente, — car elle se pose en le faisant — ait jamais fait !
C’est toujours une imperfection fâcheuse qu’une belle œuvre manque par le style.
Quant au mérite littéraire de sa correspondance et de celle de madame des Ursins, il est tel qu’on peut l’attendre de deux femmes de cet esprit, nourries au milieu des délicatesses d’un si beau siècle.
Lisez cette phrase : « Londres, la capitale de l’Angleterre, renferme plusieurs beaux jardins, Hyde Park, Regent’s Park et les Tuileries. » — Vous éprouvez une sorte de heurt et d’étonnement ; vous portez involontairement la main de deux côtés, vers Paris et bien loin vers une autre ville.
Le français, langue du domaine royal, s’étendit avec lui, et suivit le progrès de la monarchie capétienne : dès la fin du xiie siècle, les beaux seigneurs de France se moquaient de l’accent picard de Conon de Béthune.
Même quand l’artiste qui pourtraicturait les comédiens a prétendu peindre ou crayonner leur tête à eux, leur tête d’homme et de chrétien, il a eu beau faire, il s’est souvenu de tel ou tel de leurs masques publics, et c’est cela qu’il a reproduit, peut-être à son insu.
Armand Silvestre a eu le courage de préfacer le Pays du Mufle, Catulle Mendès a divulgué un beau livre : les Pleureuses, d’Henri Barbusse ; il nous a tous fait « lire » à l’Odéon.
Il faudrait qu’en embrassant la carrière scientifique on fût assuré de rester pauvre toute sa vie, mais aussi d’y trouver le strict nécessaire ; il n’y aurait alors que les belles âmes, poussées par un instinct puissant et irrésistible, qui s’y consacreraient, et la tourbe des intrigants porterait ailleurs ses prétentions.
., De Belle jud., VII, vi, 2.
Je me bornerai à remarquer dans cet ouvrage quelques sorties contre les précieuses, des mots grossiers qui reproduisent vingt fois une idée grossière, une scène licencieuse depuis longtemps interdite au théâtre, Arnolphe (c’est le vieillard), après un entretien avec Agnès dont la simplicité l’enchante, adresse cette apostrophe aux précieuses : Héroïnes du temps, mesdames les savantes, Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments, Je défie à la fois tous vos vers, vos romans, Vos lettres, billets doux, toute votre science, De valoir cette honnête et pudique ignorance.
Ils ont beau faire, ces Pygmées, qui ne paroissent des Géans qu’au microscope de l’ignorance ; elle est, pour les Esprits, ce que le Soleil est pour le Monde, destiné à l’éclairer, à l’embellir, à le féconder, tant qu’il existera.
Mais, cher Damon, loin de vous écouter, Quand follement vous cherchez à détruire Des nœuds sacrés ; quand je vous vois lutter Contre le jour qui peut seul vous conduire, Les plus beaux Vers ne peuvent me séduire, Et dans les miens je dois les réfuter.
Dans ses poèmes il mettrait les conseils au temps présent, les esquisses rêveuses de l’avenir ; le reflet, tantôt éblouissant, tantôt sinistre, des événements contemporains ; les panthéons, les tombeaux, les ruines, les souvenirs ; la charité pour les pauvres, la tendresse pour les misérables ; les saisons, le soleil, les champs, la mer, les montagnes ; les coups d’œil furtifs dans le sanctuaire de l’âme où l’on aperçoit sur un autel mystérieux, comme par la porte entr’ouverte d’une chapelle, toutes ces belles urnes d’or, la foi, l’espérance, la poésie, l’amour ; enfin il y mettrait cette profonde peinture du moi qui est peut-être l’œuvre la plus large, la plus générale et la plus universelle qu’un penseur puisse faire.
L’auteur s’imagine être dans un jardin orné des plus belles fleurs.
Quand on songe que Bagnoli, Le Maître, Arnauld, Nicole, Pascal, s’étaient consacrés à l’éducation de la jeunesse, on aura de la peine à croire, sans doute, que cette éducation est plus belle et plus savante de nos jours.
Les autres traités de Tertullien, en particulier ceux de la Patience, des Spectacles, des Martyrs, des Ornements des femmes, et de la Résurrection de la chair, sont semés d’une foule de beaux traits.
Il ne suffit pas que vos vers soient beaux, dit Horace, en stile de legislateur, pour donner plus de poids à sa décision, il faut encore que ces vers puissent remuer les coeurs, et qu’ils soient capables d’y faire naître les sentimens qu’ils prétendent exciter.
C’est aux ouvrages à se défendre eux-mêmes contre de pareilles critiques, et ce qu’un auteur peut dire pour excuser les endroits foibles de son poëme, n’a pas plus d’effet qu’en ont les éloges étudiez que ses amis peuvent donner aux beaux endroits.
Mais c’est comme cela… La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, et les postillons aussi, — les plus beaux postillons !
Léon Bloy47 L’auteur de la préface que voici fut un des premiers qui parlèrent du beau livre d’histoire — cause et occasion de cet autre livre qu’on publie aujourd’hui48.
Non, nous ne devons rien de tout cela au roi de Piémont, lors même que, pour légitimer ces énormités monarchiques, il se servirait du beau prétexte de la liberté à porter aux peuples. […] XX La France ne fera certainement pas la partie si belle à ses dangereux alliés de Turin, et à ses adversaires naturels de Londres. […] Elle se dira, dans sa sagesse, ceci : Le mouvement libéral, national, né de lui-même, de son sol et de sa pensée en Italie, est beau de souvenir et d’espérance.
Voilà un beau principe social à établir pour base des vertus dans toute sociabilité en ce monde ! […] Il faudrait des volumes pour énumérer toutes les choses physiques et morales qui forment l’inventaire des propriétés physiques et morales nécessaires à la vie de l’humanité ; ce sont ces choses qui ont fait de l’homme, en comparaison des autres êtres qui ne possèdent que ce qu’ils dérobent, le premier des êtres, l’être propriétaire, le plus beau nom de l’homme ! […] On a beau faire, la famille est aristocratique parce qu’elle aspire, par sa nature, à durer, et que rien ne dure que ce qui est héréditaire.
La défense des jansénistes fut belle : ils firent des miracles de constance, ils développèrent leur force et leur subtilité d’esprit, ils furent adroits, perfides même autant qu’héroïques, contre des ennemis à qui toutes les armes étaient bonnes. […] Ce fut une fière nature, à l’énergie indomptable, aux passions de flamme, d’un amour-propre ardent, qui put bien s’épurer, mais non pas s’éteindre par la foi, d’une personnalité impérieuse, qui le fit intraitable à se conserver l’honneur de ses recherches scientifiques, et qui l’amena dans sa pénitence à exiger instamment de Jésus qu’il lui eût donné sur la croix une pensée, une goutte de son sang, personnellement, à lui Pascal, pour sa rédemption particulière : nature tourmentée et superbe, qu’aigrit encore et troubla la maladie, intelligence puissante, étendue en tous sens et comme en toutes dimensions, un des plus beaux et plus forts esprits d’homme qu’il y ait jamais eu. […] Dans la seconde, l’enquête universelle à laquelle il se livre sur la nature de l’homme lui fournit une belle matière.
Des hommes qui de longtemps ont fait beau jeu de maint sot préjugé, de mainte tradition vénérable, adorent obstinément cette dernière idole du faux patriotisme. […] Cette scène est certainement l’une des plus musicalement belles et des plus poignantes du répertoire wagnérien ; mais, d’une difficulté extraordinaire, exigeant non seulement une absolue précision mais une intelligence musicale supérieure, elle n’avait jamais été essayée, même point aux concerts spécialement dévoués à l’exploitation des œuvres wagnériennes. […] En voici la substance : Au pays de Brabant était une femme très belle, qui avait hérité du royaume de son père.
Si nous l’y cherchons, nous ne l’y trouvons pas ; les physiologistes ont beau nous prouver que l’ébranlement nerveux qui aboutit à la sensation de couleur commence dans la rétine, comme l’ébranlement nerveux qui aboutit à la sensation de contact commence dans les extrémités nerveuses de la main ou du pied ; ils ont beau nous montrer que l’éther vibrant choque l’extrémité de notre nerf optique, comme un diapason vibrant choque la superficie de notre main ; « nous n’avons pas42 la moindre conscience de cet attouchement de notre rétine, même quand nous dirigeons de ce côté tout l’effort de notre attention ». — Toutes nos sensations de couleur sont ainsi projetées hors de notre corps et revêtent les objets plus ou moins distants, meubles, murs, maisons, arbres, ciel et le reste. […] Nous avons beau savoir par le raisonnement que cet emplacement est illusoire ; l’apparence est plus forte ; nous apercevons le cercle lumineux bleuâtre que suscite une pression exercée sur le coin interne de l’œil, comme situé un peu au-dessus du coin externe, non pas dans la rétine, mais en dehors des paupières. […] Au soleil et par une belle lune, elle savait d’où venait la lumière ; rien de plus ; elle avait vécu ainsi jusqu’à quarante-trois ans. […] Dorénavant, quand une sensation visuelle pure suit telle sensation musculaire et voulue de l’œil, ce composé évoque l’idée de tel mouvement de la main, de l’avant-bras ou du bras, de tel nombre d’enjambées, bref, telle portion de l’atlas tactile et musculaire que l’expérience de nos membres a construit en nous et par lequel l’aveugle-né évalue les distances et détermine les situations. — Au bout de trois semaines, la dame de Waldrop reconnaissait le gazon à la belle et large tache verte qu’il faisait dans son champ visuel.
L’empereur eut beau lui expliquer qu’il y avait été contraint par le manque d’argent, de capitaines et de soldats, ainsi que par l’indisposition de sa personne : il répondit toujours qu’il n’aurait jamais voulu fuir. […] Passe encore quand ce sont des femmes comme Marie Stuart que vous mettez en scène, il y a place jusqu’à un certain point au roman ; mais les hommes d’État, mais les caractères connus, définis, ceux dont on a pu lire dans la matinée quelque parole ou acte mémorable, quelque dépêche mâle et simple, peut-on raisonnablement les entendre déclamer, rêver, rimer, métaphoriser, même en beaux vers, le soir ?
Mais il n’avait pas su profiter de cette chance unique, il avait manqué à la belle mission qui lui était échue par le bénéfice du temps ; et après lui avoir représenté les contradictions flagrantes dans lesquelles le plaçait sa démarche, le ton et le caractère de ses anciens écrits qui juraient du tout au tout avec ce dernier acte, la palinodie qu’il semblait s’être réservée pour son chant du cygne, André Chénier lui traçait en regard le canevas de la véritable lettre qu’il aurait dû écrire, lettre sévère et digne, qui eût pu contenir un examen critique et judicieux de la Constitution, sans rien rétracter, sans rien démentir des principes. […] Il put continuer d’être cher à ses amis et leur tenir de fort beaux propos, leur prodiguer de généreux sentiments, et gémir plus haut que personne en se promenant avec eux le soir dans les allées du Luxembourg97 ; mais l’homme public ne comptait plus, il s’était brisé du même coup et devant ses contemporains et devant la postérité.
Son champ d’expériences s’étant agrandi, il a dit, dans Bel Ami, la lutte sans scrupules pour la vie, c’est-à-dire pour l’argent, le pouvoir et le plaisir, dans le monde de la presse et de la politique ; puis il a touché les choses du cœur, dans des milieux plus délicats (Fort comme la mort). […] Flaubert. — Éditions : Des vers (1880), Charpentier ; Une vie (1883), Bel ami (1885), la Petite Roque (1886), etc., en tout 9 vol., V.
Un nez démesuré ; de grands yeux qui devaient être beaux, mais à fleur de tête ; pas déjoués : deux profils collés ; une bouche vilaine, soulevée par les dents obliques ; en somme, un nez et deux yeux, et presque rien avec ; une laideur puissante, fascinatrice si l’on veut, qui devait s’illuminer et devenir superbe dans les moments de passion ou dans l’ivresse des batailles. […] Dans ce récit fort bien fait, très clair, malgré la multiplicité des détails, emporté d’un beau mouvement et comme traversé d’un souffle de joie héroïque, le duc d’Anguien est toujours en scène, toujours au premier plan ; c’est lui qui fait tout, et tout tourne autour de lui.
Ce moment dura près de quarante années, les plus belles peut-être de l’histoire de notre nation, non seulement par la gloire des lettres et des arts, mais par l’emploi le plus complet de toutes ses facultés : au dedans, par les conquêtes pacifiques de l’unité sur les restes des institutions et des habitudes féodales ; au dehors, par des guerres glorieuses qui réunissaient au corps de la France des provinces qui en étaient comme les membres naturels. […] « On a beau retraduire Théophraste, dit le plus récent éditeur de La Bruyère, M.
Ou plutôt la seule, la vraie valeur était alors la personnalité belle, forte et harmonieuse, l’homme complet. […] Lichtenberger nous trace de l’homme complet, de la belle personnalité de la Renaissance n’est pas un portrait purement idéal.
Rien ne ressemblait moins à sa manière, sauf peut-être les deux quatrains du dernier sonnet, mais les falsificateurs avaient beau jeu, puisque, un petit lot de lettrés mis à part, Rimbaud n’était encore connu que de nom. […] Et, un beau jour, les pages du Décadent se magnifièrent de cet « Avis » insolite où la venue du Poète-phénomène était, à grand renfort d’orchestre, notifiée : « Que le Cistre redonde et que jubilent nos cithares !
Dans le beau mythe par lequel s’ouvre le livre des Hébreux, c’est le génie du mal qui pousse l’homme à sortir de son innocente ignorance, pour devenir semblable à Dieu par la science distincte et antithétique du bien et du mal. […] Je vous l’accorde ; mais que sont les religions, sinon les plus belles créations de la nature humaine ?
Selon ces beaux récits, qui ont charmé des siècles, l’homme ne trouve sur la terre que l’épreuve ; cela est tout simple, il aura un jour la vie éternelle ; mais l’animal, qui n’a point de place dans l’éternité, est toujours récompensé ici-bas de ce qu’il fait pour le bien ; car enfin il faut que Dieu soit juste. […] Messieurs, et qu’on en peut tirer de belles choses, quand un artiste habile se trouve à côté de lui, pour faire jaillir en son cœur la source des larmes, de la prière intime et de l’amour !
Mais l’Église a beau multiplier ces entraves à l’indépendance de la pensée ; les écrivains éludent les barrières et ne voient dans la gêne qu’on leur impose qu’un grief de plus contre la religion. […] S’ils ne tiennent pas à donner à la pensée toute la force qu’elle pourrait avoir, ils apprennent à la parer, à la vêtir de beau langage.
Une belle scène nous fait redescendre à terre, de ces nuages accumulés à plaisir. […] On a beau nous dire que ce petit jeune homme a le diable du désir au corps, il succombe vraiment trop vite à la tentation.
On s’accorde à dire qu’il était d’une physionomie agréable, d’une taille avantageuse, et qu’il avait été fort bel homme dans sa jeunesse. […] Cette surdité, qui augmenta avec les années, avait dû contribuer à l’éloigner des cercles du beau monde, mais elle n’avait en rien altéré sa gaieté naturelle.
tu as beau écarquiller les yeux, vieux Rabelais ! Le lyrisme est capiteux, le beau grise, le grand porte à la tête, l’idéal donne des éblouissements, qui en sort ne sait plus ce qu’il fait ; quand vous avez marché sur les astres, vous êtes capable de refuser une sous-préfecture ; vous n’êtes plus dans votre bon sens, on vous offrirait une place au sénat de Domitien que vous n’en voudriez pas, vous ne rendez plus à César ce qu’on doit à César, vous êtes à ce point d’égarement de ne pas même saluer le seigneur Incitatus, consul et cheval.
Les paupières ont beau être closes, l’œil distingue encore la lumière de l’ombre et reconnaît même, jusqu’à un certain point, la nature de la lumière. […] Je ne doute pas que de belles découvertes ne l’y attendent, aussi importantes peut-être que l’ont été, dans les siècles précédents, celles des sciences physiques et naturelles.
La douceur même du climat de l’Asie, l’établissement dans ces beaux lieux, de nouvelles idées et des sensations nouvelles, le commerce, les négociations et les traités avec les Sarrasins et les Arabes, qui avaient alors ses connaissances et des lumières, devaient, nécessairement ajouter aux trésors des langues. […] À peu près dans la même époque commencèrent nos guerres d’Italie ; et sous Charles VIII, Louis XII, et sous François Ier, nous inondâmes ce beau pays, où les arts florissaient parmi les agitations de la liberté et de la guerre.
En présence de l’Apollon du Belvédère, j’avais vu notre guide, l’excellent sculpteur Fogelberg279, qui le visitait presque chaque jour depuis vingt ans, laisser échapper une larme ; et cette larme de l’artiste m’avait paru, à moi, plus belle que l’Apollon lui-même.
Alors, on se piqua de les écrire avec pureté, correction, élégance, et d’en faire des thèmes de beau langage avant tout.
Sir Walter Scott a tronqué et obscurci à plaisir ces beaux faits d’armes ; il s’est cru même obligé, en patriote fervent, d’égayer son récit par une critique littéraire des proclamations du jeune général, et d’y relever l’enflure et les sesquipedalia verba.
Ces beaux lieux, ces horizons vermeils, l’azur de cette mer, surtout cette créature adorée, tout l’inondait d’amour, tout lui peignait Dieu ; et les paroles leur manquaient, heureux amants !
Prométhée, sur son rocher, s’apercevait-il du retour du printemps, des beaux jours de l’été ?
Amyot avait bien rencontré en s’arrêtant à Plutarque : un bon esprit plutôt qu’un grand esprit, un auteur lui laisse les questions ardues ou dangereuses, ou du moins qui ne parle ni politique ni religion ni métaphysique d’une façon offensive, un causeur en philosophie plutôt qu’un philosophe, moins attaché à bâtir un système d’une belle ordonnance, qu’à regarder l’homme, à chercher les règles, les formes, les modes de son activité : en un mot, un moraliste.
Voici un des plus beaux cas de l’influence de l’individu dans l’évolution littéraire.
Peut-être y créons-nous le dieu futur… » De pareilles pages, et elles sont nombreuses chez cet écrivain, peuvent glorieusement figurer parmi les plus belles de notre littérature française.
Mais les yeux, d’un bleu pâle, étaient très doux, d’une douceur innocente de ruminant ; la bouche était saine, et l’on devinait, sous, la robe mal taillée, un corps robuste de belle campagnarde… Elle sentait encore le village, et avait dû débarquer tout récemment sur le trottoir. » Il l’aborde, lui offre un bock.
Voyez ci-contre Scapin, d’après la planche 8 de l’Histoire du Théâtre italien : « Nous avons, dit Riccoboni, une estampe de cet habit dessinée et gravée à Paris par Le Bel, qui était un fameux dessinateur italien de ce temps. » Le costume traditionnel du premier zanni, c’est la veste et le pantalon blancs galonnés sur les coutures avec des lamelles d’étoffe ordinairement vertes, la toque blanche bordée d’un galon vert, le manteau à brandebourgs de même.
Il n’est pas jusqu’à la Ruffiana qui ne montre le bout de sa cornette, quand Frosine essaye de marier Harpagon à la belle Marianne.
C’est là surtout, je l’ai suffisamment montré plus haut, que les difficultés s’accumulent ; on a beau entasser les hypothèses, on ne peut satisfaire à tous les principes à la fois ; on n’a pu réussir jusqu’ici à sauvegarder les uns qu’à la condition de sacrifier les autres ; mais tout espoir d’obtenir de meilleurs résultats n’est pas encore perdu.
Si belle que soit par ses proportions la colonnade du Louvre, il est impossible de ne pas sentir qu’elle répond pourtant à des besoins nés sous un autre ciel et qu’elle n’aura pas ici mission de satisfaire.
Et c’est pour cela même qu’elle est plus belle et plus forte, risquée au milieu des orages politiques.
Toute l’Europe fut indignée de voir le plus fougueux & le plus déraisonnable des hommes s’acharner contre un philosophe, contre un sage, un homme doux, simple, modéré, plus admirable encore par le caractère de sa belle ame que par celui de son génie & de ses écrits.
L’œuvre du père des Mousquetaires n’est pas moins complètement enterrée, malgré ses beaux paraphes.
Et il y a sur la toile du peintre, deux, trois, quatre figures semblables ; elles y sont environnées d’une foule d’autres figures d’hommes d’un aussi beau caractère, toutes concourent de la manière la plus grande, la plus simple, la plus vraie, à une action extraordinaire, intéressante ; et rien ne m’appelle, rien ne me parle, rien ne m’arrête !
La grandeur d’ame, tous les sentimens élevez d’un beau naturel que le poëte peut prêter à Iphigenie, nous affectionnent bien plus à un personnage de tragédie, que les qualitez extérieures dont un peintre peut orner le personnage d’un tableau, ne nous affectionnent à ce personnage qui ne parle presque pas.
On le loüoit de bien plaider, dans les vers galands qu’on faisoit pour lui, namque… etc. dit Horace en parlant à Venus d’un de ces hommes du bel air.
La preuve, c’est que, quand je dors, j’ai beau m’être repu, je rêve toujours que j’ai faim et que je n’ai rien pour dîner… (Il laisse tomber ses deux bras et reste, les yeux baissés, dans l’attitude du découragement.
C’est par trop beau, cela, pour la nature, et c’est aussi par trop faux !
À travers toutes ces poésies on est saisi par cette belle appropriation dont il poussa quelquefois la personnification allégorique jusqu’à la hardiesse et à l’humorisme… » Franchement, était-ce bien à Jean-Paul, le plus grand humouriste qui ait chevauché jamais l’hippogriffe aux ailes d’or et à la tête de griffon de la Fantaisie, à adresser un pareil reproche à Hebel ?
C’était, en vérité, bien la peine de s’appeler du beau nom de Leopardi !
Sans un don supérieur, sans l’ironie qu’il manie en maître, il faudrait le classer, comme penseur et comme écrivain, bien au-dessous de Diderot, l’homme du feu sacré et des grosses belles larmes, de Diderot dont il rappelle parfois le style érudit, la déclamation, l’hyperbole, et, j’en suis bien fâché pour un socialiste comme lui !
Ce qui a entraîné Véron vers les idées toutes faites de sa brochure, c’est que les idées dont il ne voulait plus l’ont pris au mot ; c’est que le silence, cette belle chose qui semble facile et qui ne l’est pas, est impossible à certaines natures expansives.
De tous les deuils de la pensée du poète, c’est celui dont l’expression revient le plus dans ses poésies, et il est si beau, et il y jette un éclat d’idéal si sévère, qu’on n’en voudrait pas d’autre à côté.
Delaunay cédait, et nous recevions tout à coup un beau jour, le 4 novembre, — dans le trou où nous étions terrés, ne pensant plus à notre pièce, — une lettre de M. […] L’art théâtral, cet art malade, cet art fini, ne peut trouver un allongement de son existence que par la transfusion, dans son vieil organisme, d’éléments neufs, et j’ai beau chercher, je ne vois ces éléments que dans une langue littéraire parlée et dans le rendu d’après nature des sentiments, — toute l’extrême réalité, selon moi, dont on peut doter le théâtre. […] Et songe-t-on à quelque chose comme un Beau Pécopin représenté dans ces conditions ?
Vous avez beau dire, c’est un gallicisme, où l’usage permet à l’ellipse d’altérer l’intégrité physique de la phrase (voyez […] Un françois qui sait sa langue entend cette phrase aussi clairement & avec plus de plaisir, que si on employoit l’expression pleine, mais diffuse, lâche & pesante, vous avez un beau sujet de dire ; c’est ici une raison de briéveté. […] Tels sont en latin bos, sus, &c. on trouve bos mactatus & bos nata, sus immundus & sus pigra ; tel est en françois le nom enfant, puisqu’on dit en parlant d’un garçon, le bel enfant ; & en parlant d’une fille, la belle enfant, ma chere enfant.
Un homme véritablement criminel, ne peut donc point être ramené ; il possède encore moins de moyens en lui-même, pour recourir aux leçons de la philosophie et de la vertu ; l’ascendant de l’ordre et du beau moral perd tout son effet sur une imagination dépravée ; au milieu des égarements, qui n’ont pas atteint cet excès, il reste toujours une portion de soi qui peut servir à rappeler la raison : on a senti dans tous les moments une arrière-pensée, qu’on est sûr de retrouver quand on le voudra, mais le criminel s’est élancé tout entier ; s’il a du remord, ce n’est pas de celui qui retient, mais de celui qui excite de plus en plus à des actions violentes ; c’est une sorte de crainte qui précipite les pas : et, d’ailleurs, tous les sentiments, toutes les sources d’émotion, tout ce qui peut enfin produire une révolution dans le fond du cœur de l’homme, n’existant plus, il doit suivre éternellement la même route.
Mais tous ces mouvements généreux que produit le plus beau des sentiments des hommes, la valeur, sont plutôt les qualités propres au courage qu’à l’amitié ; lorsque la guerre est finie, rien n’est moins probable que la réalité, la durée des rapports qu’on se croyait avec celui qui partageait nos périls.
faites qu’il s’aide du plus beau de vos présents, de la faculté de penser, pour juger la vie au lieu de l’éprouver !
Rousseau voyait le ciel bleu, comme tout le monde : Bernardin de Saint-Pierre y a trouvé du vert, même « sur l’horizon de Paris », par une « belle soirée de l’été ».
C’est du beau théâtre, mais surtout c’est du bon.
Les tons en littérature sont d’autant plus beaux qu’ils sont plus vrais et plus purs ; à l’érudit, au critique appartiennent l’universalité et l’intelligence des formes les plus diverses ; au contraire, une note étrangère ne pourra qu’inquiéter et troubler le poète original et créateur.
Les historiens ont attribué l’indifférence de Louis XIII pour sa jeune et belle reine aux soins que Marie de Médicis et le cardinal de Richelieu, alors en bonne intelligence, prenaient de concert pour l’empêcher de prendre en elle une confiance dont ils étaient jaloux.
Les dames y apprenaient que leur sexe ne doit pas les éloigner de la belle littérature.
Bossuet n’étoit jamais plus en état de donner un libre essor à son éloquence, qu’après s’être nourri de la substance des Livres saints, & s’être animé par la lecture des plus beaux morceaux des anciens Orateurs.
On a dit que la plus belle couleur qu’il y eût au monde était cette rougeur aimable dont l’innocence, la jeunesse, la santé, la modestie et la pudeur coloraient les joues d’une fille ; et l’on a dit une chose qui n’était pas seulement fine, touchante et délicate, mais vraie : car c’est la chair qu’il est difficile de rendre ; c’est ce blanc onctueux, égal sans être pâle ni mat ; c’est ce mélange de rouge et de bleu qui transpire imperceptiblement ; c’est le sang, la vie qui font le désespoir du coloriste.
Il y aurait un beau discours à faire sur l’exercice de la médecine, mais il s’agit de son enseignement et j’y viens.
Son talent, s’il en avait eu, aurait bénéficié du malheur auguste et mystérieux de la Cause de Dieu, perdue par les hommes, au XVIe siècle ; car c’est presque une loi de l’histoire, avec la mélancolie naturelle à l’âme humaine, que les causes perdues nous prennent plus fortement le cœur que les causes triomphantes et soient plus belles à raconter !
Son souvenir, la pile de Volta de ce siècle, a frappé au cerveau toutes les organisations magnétiques des poètes et des artistes, et leur a fait rendre, sous le coup de son influence, les plus belles et les plus puissantes choses qui aient jamais vibré et qui aient jusqu’ici été écrites sur sa personne.
Poétiquement parlant, nous n’en connaissons guères de plus belle.
Où qu’on la prît, la thèse était bonne à soutenir, et c’était un joli prélude, quoique lointain, aux Victimes cloîtrées, la fin de toute cette littérature dirigée contre les plus belles et les plus saintes institutions !
l’attaque ingrate aux mœurs les plus belles qui aient jamais existé parmi les hommes et dont une civilisation soit sortie ?
Dupont-White a enterré, dans la préface du livre qu’il réédite, un avenir qui aurait pu être beau.
On sent sa présence, comme une chaleur, derrière les plus belles pages que M.
Néron prononça sur la tribune un autre éloge ; c’était celui de Poppée ; nous savons qu’elle était la femme la plus belle de son temps ; elle avait tout, dit Tacite, hors des mœurs.
Accoutumé à errer dans les bois, et sous le beau ciel de Naples, méditant la nature qu’il savait si bien peindre, il devait mettre un grand prix au repos : il ne faut donc pas s’étonner qu’il ait loué Octave ; on dormit dans ses chaînes.
Ce qu’il y a de plus beau, suivant moi, dans la peinture que Michel-Ange nous a faite du Jugement dernier, et ce qui corrige à mes yeux l’horreur d’un tableau où l’enfer domine, où les damnés abondent, c’est le groupe de femmes, à la droite du Christ, qui s’élèvent de terre et montent au ciel, non pas seules, mais en emportant des hommes avec elles. […] Apprends donc mon secret, qui est le tien : cet amant existe, le plus grand, le plus beau, le plus divin de tous ; et il veut que tu souffres pour lui. […] Donc, si les Lovelaces du jour rencontraient Thérèse avec cinq sous, Thérèse jeune, belle, et digne de leurs désirs, ils pourraient bien voir sa misère et chercher à en profiter, mais assurément ils ne verraient pas Dieu à côté d’elle. […] Dieu, le beau éternel, le soleil de vie, éclaire instantanément l’âme qui se repent. […] Ainsi un bel animal, chef-d’œuvre de la création : il marche, il s’élance, il franchit les hautes montagnes ; il respire, il sent, il a de la mémoire, il aime, il engendre.
. — Construction mentale de l’utile, du beau et du bien. — Ces cadres, ainsi construits, deviennent des ressorts d’action. […] Par une coïncidence presque aussi belle que la précédente, il se trouve que ce mode de mouvement est celui de tous les corps pesants92. — Imaginons enfin un corps soumis à ce mode de mouvement et, en outre, au mouvement rectiligne uniforme. […] Nous construisons l’utile, le beau et le bien, et nous agissons de manière à rapprocher les choses, autant que possible, de nos constructions. — Par exemple, étant données des pierres éparses et brutes, nous les supposons équarries, transportées, empilées à l’endroit où nous voulons habiter, et, conformément à l’idée du mur ainsi construit, nous construisons le mur réel qui nous préservera du vent. — Étant donnés les hommes qui vivent autour de nous, nous sommes frappés d’une certaine forme générale qui leur est propre ; nous remarquons à un plus haut degré, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, les signes extérieurs de telle qualité ou disposition bienfaisante pour l’individu ou pour l’espèce, agilité, vigueur, santé, finesse ou énergie93 ; nous recueillons par degrés tous ces signes ; nous souhaitons contempler un corps humain en qui les caractères que nous jugeons les plus importants et les plus précieux se manifestent par une empreinte plus universelle et plus forte, et, s’il se trouve un artiste chez qui ce groupe de conditions conçues aboutisse à une image expresse, à une représentation sensible, à une demi-vision intérieure, il prend un bloc de marbre et y taille la forme idéale que la nature n’a pas su nous montrer. — Enfin, étant donnés les divers motifs qui poussent les hommes à vouloir, nous constatons que l’individu agit le plus souvent en vue de son bien personnel, c’est-à-dire par intérêt, souvent en vue du bien d’un autre individu qu’il aime, c’est-à-dire par sympathie, très rarement en vue du bien général, abstraction faite de son intérêt ou de ses sympathies, sans plus d’égard pour lui-même ou pour ses amis que pour tout autre homme, sans autre intention que d’être utile à la communauté présente ou future de tous les êtres sensibles et intelligents.
Cette munificence acquit à mes yeux un triple prix parce qu’elle me fut transmise par madame Récamier, femme digne de cette société avec les illustrations de Londres, de Paris et de Rome, et qui m’a légué elle-même un souvenir immortel, le beau portrait de notre ami commun le duc Matthieu de Montmorency. […] Mais, outre que mon caractère était très éloigné de demander, et plus encore de faire la cour au premier venu pour mon avancement, j’avais eu sur cette matière un trop bel exemple dans la personne de mon tuteur, le cardinal Negroni. […] ” » Ces paroles si bonnes et le goût que le caractère grave et la figure gracieuse et modeste du futur cardinal inspiraient au majestueux et beau pontife Braschi, ranimèrent les espérances bornées de Consalvi.
Supposons qu’il n’y ait dans notre sentiment général de la vie rien d’extensif, et qu’il n’y ait non plus rien d’extensif dans les états de conscience sui generis appelés signes locaux : nous aurons beau combiner tous les signes entre eux, jamais ils n’arriveront à nous donner la notion d’étendue, dont ils ne contiennent pas l’élément. […] Nous aurions beau avoir le cadre a priori de l’espace immense, cela ne nous apprendrait pas quels sont les points bleus qui doivent être placés à droite, quels sont les points également bleus qui doivent être placés à gauche. […] L’expérience ne confirme donc nullement les beaux raisonnements des rationalistes, ni même ceux des empiristes comme Spencer et Mill, qui veulent expliquer la perception du mouvement et de l’étendue par celle de positions relatives, de directions et, en dernière analyse, de successions dans le temps.
Si Bonaparte, comme je vous le disais hier, m’avait donné un beau livre de six francs, par exemple les campagnes de Bonaparte en Italie, avec ces mots de sa main : Donné par Bonaparte à Roederer, en témoignage d’estime ou d’amitié, il m’aurait fait un plaisir très sensible. — Mais d’où peut provenir celle idée de présent, et de présent précieux ? […] S’il est beau par-dessus tout au héros militaire et civil d’inspirer de tels sentiments d’admiration à ceux qui l’approchent, il n’est pas moins honorable à l’homme politique déjà éprouvé par les révolutions d’avoir gardé son esprit assez ferme et assez intègre pour être capable de les ressentir.
On a beau être un homme de génie, on ne concilie point les autres hommes par la hauteur et par l’injure. […] S’il avait cru, en changeant de camp, trouver la partie plus belle et le jeu plus facile, il aurait vite été détrompé.
Le premier roi de l’Europe ne peut être un grand roi s’il ne l’est que de gueux de toutes conditions, et si son royaume tourne en un vaste hôpital de mourants à qui on prend tout en pleine paix609. » Au plus beau temps de Fleury et dans la plus belle région de France, le paysan cache « son vin à cause des aides et son pain à cause de la taille », persuadé « qu’il est un homme perdu si l’on peut se douter qu’il ne meurt pas de faim610 ». […] Maintenant, il a beau être pauvre et se dire encore plus pauvre, le fisc a prise sur lui par toute l’étendue de sa propriété nouvelle.
Ce n’est pas qu’il n’y ait de belles idées, et même d’heureuses parties dans quelques-uns de ces mystères. […] Dans le Vieux Testament, quelques touches du caractère de Caïn, une esquisse du pathétique moral auquel le sacrifice d’Abraham peut donner lieu dans les rôles du père et du fils, une notation un peu sèche, mais essentiellement juste des sentiments respectifs de Samson et de Dalila, une discrète et délicate peinture de la belle âme de Suzanne, d’heureux traits de foi timide dans Enther, et d’orgueil féroce dans Aman : voilà où l’esprit aime à se reposer dans la platitude aride de l’immense mystère.
Mill, d’ailleurs, tout en refusant de voir dans la déduction un procédé fondamental, lui fait la part belle, puisqu’il pense que diverses sciences n’ont fait peu de progrès jusqu’ici que parce qu’elles ont induit au lieu de déduire. […] On naîtrait bon ou mauvais, comme on naît beau ou laid, sot ou spirituel ; mais alors on plaindrait le crime comme on plaint la laideur, on la réprouverait comme on réprouve la sottise, on l’internerait comme on interne la folie.
Bourget dans sa belle étude sur Flaubert. […] Aussi Flaubert avait-il beau jeu à faire apparaître les contradictions des systèmes en des sciences telles que l’histoire ou l’histoire naturelle, la médecine, la philosophie, l’esthétique, la politique ou la pédagogie.
La langue qu’ils ont apprise est toujours la plus belle, la plus riche, la plus harmonieuse, à peu près comme les hommes en place sont toujours pour leur protégé des hommes supérieurs. […] Ce que nous venons de dire sur l’harmonie des langues mortes et sur le peu de connaissances que nous en avons, conduit naturellement à quelques réflexions sur la prétendue belle latinité qu’on admire dans certains modernes.
Roberts, — vers récents ceux-là, que je découvre en tête de son volume : Chants de tous les jours : A travers le brouillard la lune repose belle, Pénétrée d’une couleur spectrale d’améthyste, Ô blanche nuit, charme jusqu’à l’étonnement Des bestiaux dans la brume ! […] J’y revois ces bruyances de l’instinct, non pas s’anéantir, tristes, mais se vivifier de joie et de gloire dans la fécondité des paroxysmes, — fécondité matérielle, car le monde y alimente son ascension, — fécondité morale, car de ses primes et matérielles manifestations mon âme s’y exalte peu à peu vers les transfigurations de plus en plus belles de l’Amour.
Le Temps impersonnel et universel, s’il existe, a beau se prolonger sans fin du passé à l’avenir : il est tout d’une pièce ; les parties que nous y distinguons sont simplement celles d’un espace qui en dessine la trace et qui en devient à nos yeux l’équivalent ; nous divisons le déroulé, mais non pas le déroulement. […] Bornons-nous ici à faire remarquer que l’opération a beau paraître savante, elle est naturelle à l’esprit humain ; nous la pratiquons instinctivement.
Il est une belle manière de concevoir la naissance de la poésie lyrique : c’est de l’associer à la création même de la nature intelligente, c’est d’en faire la première voix de l’homme, jeté adulte dans le monde par un miracle sans lequel ne peut s’expliquer le miracle même du commencement des choses. […] C’est peut-être le plus beau chant de la lyre hébraïque : « Comment a cessé l’oppresseur et s’est arrêtée la main qui arrachait l’or ?
Il a été remarqué que l’auteur, en se proposant et en professant hautement un but moral des plus honorables, jette quelquefois bien durement le défi à la société ; qu’il la maltraite en masse et de parti pris plus qu’il ne conviendrait dans une vue plus impartiale et plus étendue ; qu’il n’est pas très juste de croire, par exemple, qu’un jeune homme tel qu’il nous a montré le sien, Georges, le personnage principal de la pièce, riche, aimé, considéré à bon droit, puis ruiné un matin à vingt-cinq ans par un si beau motif, doive perdre en un instant du même coup tous ses amis, moins un seul ; il a été dit que l’honneur et la jeunesse rencontrent plus de faveur et excitent plus d’intérêt, même dans le monde d’aujourd’hui.
Les intelligences qui s’élargissent passivement en tous sens et font de l’âme une surface glacée qui réfléchit habituellement chaque objet et chaque nuage, ces intelligences, belles peut-être comme miroirs, n’ont jamais le tranchant ni le fil du glaive.
Ces deux lignes, aux environs de 1745, sont d’une belle force.
J’y distinguais la grivoiserie, chose basse et chétive, et la sensualité, qui peut être chose poétique et belle.
L’Astronomie est utile, parce qu’elle nous élève au-dessus de nous-mêmes ; elle est utile, parce qu’elle est grande ; elle est utile, parce qu’elle est belle ; voilà ce qu’il faut dire.
Laurent Tailhade plaisantait, ne retenant de l’état de poète lyrique que la facilité d’un beau mariage, et Joseph Caraguel ne voyait dans la poésie que « l’art de dire excentriquement des banalités ».
Une de ses plus belles paraboles est celle de l’homme blessé sur la route de Jéricho.
Otwai avoit pris lui-même dans l’histoire de la conjuration de Venise par l’abbé de saint-Real, le sujet, les caracteres principaux et les plus beaux endroits de sa piece.
Pour citer un contemporain de Quintilien, Juvenal dit à un de ses amis qu’il invite à souper, que durant le repas on lira quelque chose des plus beaux endroits de l’iliade et de l’éneide.
Ciceron dit aussi dans le cinquiéme livre des tusculanes, en parlant des plaisirs qui restent encore à ceux qui ont eu le malheur de perdre l’ouïe : que s’ils aiment les beaux chants, ils auront peut-être plus de plaisir à les lire qu’ils n’en auroient eu à les entendre executer.
Albalat, j’ai donc substitué des doutes. » Certes, c’est un beau rôle de semer des doutes, mais en semant des doutes, on ne démontre rien, on n’enseigne rien, on décourage, on corrompt.
Herder a trouvé dans ce beau symbole la juste rétribution et la répression de l’orgueil.
Elles ne se sont pas demandé si elles avaient, pour réussir comme lui, les qualités spontanées ou imitées de Janin, lequel a l’art de débrailler Diderot, si débraillé déjà, et de mettre du petit pot à la pâleur anglaise de Sterne, — cette belle pâleur qui crache du sang !
Ces Mémoires qui révèlent la Russie à elle-même, et qui sont , dit l’introduction avec l’enflure des joues d’un sonneur de trompe, un de ces ouvrages hardis et venus à propos qui agissent fortement sur les idées d’un peuple et prennent date dans son histoire , méritent fort peu ce grand fracas, et s’ils prennent date quelque part, ce ne sera pas dans l’histoire des mœurs et des institutions de la Russie, mais dans la belle histoire aux pages vastes et vides de la littérature Russe ; car ces Mémoires étincellent d’un talent très vif, et le talent littéraire, comme on le sait, ne neige point là-bas14… Seulement, hors cela, — le talent littéraire que nous allons tout à l’heure mesurer, — il n’y a réellement pas dans le livre d’Yvan Tourgueneff de quoi justifier les illusions de son enthousiaste traducteur.
Le bel Enfantin de la salle Taitbout ne se reconnaîtrait plus et ne pourrait maintenant fasciner personne ; mais quant à la Religion qu’il enseigne, elle sort du silence, qu’elle a gardé si longtemps, absolument la même qu’elle y était entrée.
II Le Voyage en Orient 20, que nous avons placé à dessein, dans cet examen forcément rapide, en regard de la Promenade en Amérique, est un livre beaucoup moins cavalier de ton, beaucoup moins beau touriste, mais, par le sujet et par la manière simple dont il est traité, nous croyons qu’il intéressera davantage.
Mais d’ailleurs, lorsque nous concédions à l’égalitarisme la capacité d’appeler à la vie les différentes formes sociales que nous avons énumérées, nous faisions la partie trop belle à nos adversaires.
Ces invocations pour accuser, ou se défendre, furent les premières orationes, mot qui chez les Latins est resté pour signifier accusation ou défense ; on peut voir à ce sujet plusieurs beaux passages de Plaute et de Térence, et deux mots de la loi des douze tables : furto orare, et pacto orare (et non point adorare, selon la leçon de Juste Lipse), pour agere, excipere.
Mieux vaut entendre de la bouche du lyrique chrétien sa belle invocation au Créateur, foyer des âmes humaines, et sa confiance dans la vie éternelle qui leur est promise : « La mort220, ô Dieu !
L’historien rompu aux habitudes et aux discussions parlementaires a beau faire, son goût vif pour cette nature de conquérant organisateur et civilisateur a pu souffrir, mais n’a pas faibli ; et lorsqu’aux dernières heures de la lutte, il le retrouve tout d’un coup rajeuni, éblouissant de génie et d’ardeur, il retrouve à son tour sa note jeune, émue, sa note claire et première, le chant du départ, trop tôt éteint et reperdu dans les deuils, dans les tristesses suprêmes de Fontainebleau.
C’eût été pour l’Angleterre un bien beau privilège.
En réponse à l’admiration, à la bienveillance enthousiaste avec laquelle nous avons accueilli ses derniers grands hommes, l’Angleterre, en particulier, découronnée comme elle l’est aujourd’hui de ses plus beaux noms littéraires, se montre d’une sévérité singulière contre la France, qui, seule pourtant, depuis la disparition des Goethe, des Schiller, des Byron et des Scott, continue d’offrir une riche succession de poètes, et une variété renaissante de talents.
Ne vous préoccupez donc pas de tout dire, d’embrasser tout l’homme : voyez-le, et peignez-le comme vous le voyez, beau ou laid, agrandi ou diminué, comme Doudan a vu Mme de Maintenon.
Dans cette langue dont il était plus maître que de son parler natal, Calvin donna à sa pensée toute son ampleur et toute sa force, et quand ensuite il la voulut forcer à revêtir la forme de notre pauvre et sec idiome, elle y porta une partie des qualités artistiques de la belle langue romaine.
Beau trio de baudets !
Santeul lui fit des vers très beaux.
Jean Moréas22, parlant de Cazals, dit : « … Le regretté maître Eugène Carrière fit un jour un beau portrait de Verlaine.
Leibniz le premier a réalisé dans une belle harmonie cette haute conception d’une philosophie critique, que Bayle n’avait pu atteindre par trop de relâchement d’esprit.
Le beau climat de la Galilée faisait de l’existence de ces honnêtes pêcheurs un perpétuel enchantement.
Voici d’autres exemples fort remarquables de fausses applications, dans Les Femmes savantes : Charpentier, directeur perpétuel de l’Académie française, et l’un des fondateurs de l’Académie des inscriptions, le même que Louis XIV avait chargé des inscriptions à mettre sous les peintures de Versailles, et de la composition des médailles de son règne, le même que Boileau appelle le gros Charpentier, s’avisa de dire un jour, ou du moins le Carpenteriana lui fait dire que la marquise de Rambouillet s’était indignée de l’impertinence de Molière, qui avait joué les femmes de sa société et elle-même dans Les Femmes savantes, et que Ménage, à qui elle demandait vengeance, avait eu le courage de déclarer la pièce un ouvrage parfaitement beau, au-dessus de tout reproche et de toute critique.
Les fautes instruisent autant que les beaux exemples, & nous ne nous sommes jamais proposé que d’instruire.
Voyez le beau morceau du Poëme de la Religion, sur la formation des fleuves & des rivieres : vous y trouverez une description des plus pompeuses, des plus nettes, sans que les difficultés aient pu ralentir la marche du Génie qui les a subjuguées.
Marquis, le chocolatier, collectionneur d’un goût supérieur dans l’exotique, et qui a été un des premiers à posséder les plus beaux et les plus curieux objets japonais.
Ce sont presque les premiers beaux génies que la France ait produits.
Rousseau a beau dire que ce n’est point là l’homme de la nature, que c’est l’homme corrompu et gâté, et que ce n’est pas sa faute si l’homme a perdu, par le commerce de ses semblables, sa perfection originelle et primitive, qu’il veut tâcher de lui rendre.
Les beaux calculs de M.
Sa fille, Mme de Girardin, qui, en faisant comme un homme, et même comme un homme médiocre, des romans et des tragédies, eut le tort d’emprisonner ses jambes de déesse dans cet affreux bas qui botta si hermétiquement celles de sa mère, Mme de Girardin a du moins jeté quelques cris passionnés du cœur dans quelques beaux vers et fait un vrai livre de femme par lequel elle vivra, parce que c’est un livre de femme, pur de tout bleuisme.
Quoique l’histoire entreprise par Huc ne soit pas finie, nous avons, dans ce qu’il vient de publier, les plus beaux temps des missions ; nous avons la période, nous allions presque dire, tant ils furent puissants !
Demogeot est une nature oratoire, électrique, émue, déchirant un sujet sous sa parole avec ces beaux mouvements de griffes et ces grâces de lion qu’ont parfois les hommes qui savent parler, mais ce que nous savons, c’est que dans sa chaire, s’il est tout cela, il ne l’est pas dans son livre.
Avec ce beau sujet de la Satire en France pendant le Moyen Âge, avec ce titre d’un bonheur terrible, car le livre doit en mourir s’il n’est pas au niveau de ce titre heureux, la Critique, qui était en droit d’exiger des généralités de génie ou une histoire à fond, ne trouve devant elle que les allures pressées, mal appuyées et sans trace, du tableau ou de la leçon.
Eugène Talbot, dont le nom rappelle celui d’un héros encore plus crâne que lui, me produit cependant l’effet d’un héros de goût d’avoir fait cela, et, pour mon compte, je lui sais un gré infini d’avoir, en publiant cette édition qui est soignée et très belle, remis les choses en leur place naturelle, — c’est-à-dire Larcher au sépulcre et Saliat hors de son tombeau !
Elle est sur Lemierre, qui n’a fait qu’un beau vers dans l’opinion de son siècle, lequel en resta stupéfait.
Dans son énorme livre, dont l’énormité est une raison de plus ajoutée à tant d’autres pour ne pas être lu par les superficiels de cet âge d’ignorance frivole ; dans ce livre qui est tout à la fois une histoire et une théorie, il a mis en présence la Monarchie et la Révolution comme elles n’y avaient, je crois, été mises jamais, du moins avec cette largeur de vue historique, cette prodigieuse abondance de détails, cette implacable impartialité… Beau, mais désespérant spectacle !
Il finit — et même assez vite — par se dégoûter de sa sanglante et belle marraine.
Ces lettres, qui n’ont plus, comme le livre célèbre des Prisons, le beau cadre noir des Piombi pour faire repoussoir à leurs teintes douces, emporteront, ce n’est pas douteux, ce qui reste encore de l’espèce de gloire que les partis avaient arrangée à Silvio Pellico bien plus qu’il ne l’avait véritablement méritée.
D’ailleurs, il peut admirer de bonne foi et trouver très beau et très intéressant ce qui me semble, à, moi, parfaitement indigne du talent et de la renommée de Madame de Staël.
C’est ce qui la distingue des autres civilisations… Chez aucun autre peuple on ne trouve aussi complètement formulées les éternelles lois du beau, du vrai et du juste, inscrites dans la conscience de l’homme.
… V Un mot encore sur ces sermons qui, s’ils ne sont pas davantage, resteront de très beaux discours prononcés devant Sa Majesté l’Empereur.
Ces lettres qui n’ont plus, comme le livre, célèbre des Prisons, le beau cadre noir des Piombi pour faire repoussoir à leurs teintes douces, emporteront, ce n’est pas douteux, ce qui reste encore de l’espèce de gloire que les partis avaient arrangée à Silvio Pellico, bien plus qu’il ne l’avait véritablement méritée.
Roués retors, à l’âme de Scapin, qui ne voyaient dans toute l’histoire que grands comédiens et petits farceurs, Machiavels qui s’enfilaient sur leurs propres finesses quand ils auraient pu, dans l’état obscur où se trouvait alors l’histoire de l’Islamisme, s’attester la simplicité primitive de Mahomet, de ce beau berger comme David et Moïse, qui rêva quarante ans au désert avant d’entendre la voix de la Vocation s’élever dans son âme, comme un écho de la voix de Dieu, cette simplicité eût été pour eux une chose fermée, qui serait restée strictement fermée à leurs regards, à leurs lunettes et à leurs lorgnons !
La gloire d’Alfred de Musset, c’est d’avoir hérité du crâne joyeux et triste des orgies de Newstead et d’y avoir pleuré, tout en y buvant, les plus belles larmes qui aient jamais été versées dans une coupe pleine d’ivresses, depuis les larmes du roi de Thulé.
Lorsque Nodier, ce caméléon de génie de tous les génies de son temps, et qui nous les reproduisit seulement une note au-dessous de la plus belle note qu’ils donnaient, depuis Goethe jusqu’à Chateaubriand, et depuis Chateaubriand jusqu’à Byron, lorsque Nodier, dans ses Sept Châteaux du roi de Bohême, voulut être un jour l’ardente caricature de Sterne, c’est-à-dire de l’homme qu’on ne pouvait pas caricaturer, parce qu’il était tout en nuances, Nodier se trompait.
pas, en Angleterre, le mol Tennyson, le lauréat de la reine, le poète des élégances et des convenances anglaises, tout camélia blanc et rose thé, très digne d’écrire, comme un chinois, ses vers sur de la soie ou de la porcelaine, qui pourrait remplacer dans les imaginations le fantaisiste passionné d’Atta Troll, de La Mer du Nord, des Romanceros, du Livre de Lazare, le plus tendre, le plus rêveur, le plus blessé, le plus rieur des hommes, malgré ses blessures, et qui, comme les Douglas d’Écosse, mériterait de porter ce beau surnom : Au Cœur sanglant !
Les territoires bornés dans lesquels se resserrent les aristocraties pour la facilité du gouvernement, sont étendus par l’esprit conquérant de la démocratie ; puis viennent les monarchies, qui sont plus belles et plus magnifiques à proportion de leur grandeur.
Un des moins courts fragments qui nous en soient parvenus met sous nos yeux, à cet égard, ce qu’ont décrit d’autres poëtes célèbres, le silence d’une nuit d’été dans les beaux climats de Grèce et d’Italie.
Le plus beau mot de Hégel est celui-ci : « Il faut comprendre l’inintelligible… Eh oui ! […] Mais ce beau feu ne se soutient pas, et cette « période métaphysique », dont Auguste Comte faisait une époque de l’humanité, un âge du genre humain, a bien duré pour nous un siècle et demi tout au plus. […] Presque tout Français de soixante ans est un vieux beau qui suit la mode, qui en a le respect et aussi comme une espèce de terreur, et qui serait désespéré si l’on pouvait soupçonner qu’il n’est plus homme à la comprendre. […] L’homme mûr n’est pas exempt de cette maladie, et si le bel air chez les jeunes gens, tout au moins de la bourgeoisie et du peuple, est de se donner pour corrompus, le bel air chez les hommes qui sont au milieu de la vie est de se laisser soupçonner d’être infidèles à leurs femmes et de n’être point liés à cet égard par de sots scrupules. […] Il est rare, comme a dit à peu près Bossuet, avec une hautaine et belle mélancolie, que la pensée humaine ne travaille pas pour des fins qui non seulement la dépassent, mais qui sont le contraire même de son dessein.
Le beau résultat ! […] Il y a un beau mot de Royer-Collard : Ne supposez jamais à un honnête homme des sentiments qu’il n’a pas : vous les lui donnez, Messieurs, après l’adoption du premier article, j’étais prêt, moi aussi, à voter la loi des deux mains, comme M. le président Bonjean.
Et c’est peut-être à Wagner que je dois cet amour dangereux du Beau qui vous rend homme de lettres et vous prépare les cruelles déceptions et tant de recherches vaines… Des œuvres de la dernière période, je ne connaissais pas grand chose : à Berlin, en 1878, sous la direction suprême de l’éternel M. […] Et combien, profanes comme moi, l’aiment comme je l’aime, pour les sentiments nouveaux qu’il découvre, pour les îlots de belles idées que déchaînent ses harmonies comme des baguettes enchantées, pour toutes les révélations de son art souverain, — pour les grandioses souvenirs qu’il laisse à jamais derrière lui !
En France, la cajolerie a été ouvertement avouée : Victor Cousin faisait franchement appel au « patriotisme » de son auditoire en faveur « de nos belles doctrines »234. […] Le génie clair et précis de la France rougit pour un temps de sa clarté ; et dans la seule crainte de paraître superficiel et immoral, rejeta l’aide de la science et se mit à marmotter d’une manière pitoyable sur le Moi, l’œil interne, l’Infini, le Vrai, le Beau, le Bien » 237. — Le jugement est sévère, au moins dans la forme ; mais nous nous sommes borné à traduire.
Si Ibsen a exprimé la crainte qu’inspire à quelques esprits contemporains cette fausse conception que les hommes du temps présent risquent de prendre d’eux-mêmes en subissant la fascination du passé, le beau livre de Fustel de Coulanges, La Cité Antique, nous montre avec des documents précis comment et sous quelles formes ce Bovarysme s’est produit dans l’histoire. […] Le beau livre de Fustel de Coulanges nous montre en effet les Grecs et les Romains dominés sur les deux points que l’on vient de dire par la croyance ancienne, alors que cette croyance n’est plus pour eux qu’un argument poétique.
Le temps était beau, et les petites allées étaient pleines d’hommes et de femmes, à l’air heureux de gens qui sortent de l’hiver et respirent le printemps. […] Quand on lui parle raison, on a beau y mettre toute l’affection possible, on ne peut jamais obtenir de lui une réponse, l’engagement qu’il fera la chose demandée, au nom de cette raison.
L’art supérieur, l’art véritable ne commence qu’avec l’introduction du travail et, conséquemment, de la peine dans ce jeu d’abord tout spontané, qui était poursuivi non en vue de la réalisation du beau, mais en vue de l’amusement personnel de l’artiste ou, pour mieux dire, du joueur. […] Aussi, « ce qui doit mériter la gloire dans l’art, et il faut comprendre sous ce mot toutes les créations de la pensée, c’est surtout le courage ; un courage dont le vulgaire ne se doute pas ; penser, rêver, concevoir de belles œuvres, est une occupation délicieuse, c’est mener la vie de courtisane occupée à sa fantaisie, mais produire !
Les mots auront beau alors être choisis comme il faut, ils ne diront pas ce que nous voulons leur faire dire si le rythme, la ponctuation et toute la chorégraphie du discours ne les aident pas à obtenir du lecteur, guidé alors par une série de mouvements naissants, qu’il décrive une courbe de pensée et de sentiment analogue à celle que nous décrivons nous-mêmes. […] Mais cette dernière syllabe « rie », je ne l’ai pas prononcée instantanément ; le temps, si court soit-il, pendant lequel je l’ai émise, est décomposable en parties, et ces parties sont du passé par rapport à la dernière d’entre elles, qui serait, elle, du présent définitif si elle n’était décomposable à son tour : de sorte que vous aurez beau faire, vous ne pourrez tracer une ligne de démarcation entre le passé et le présent, ni par conséquent, entre la mémoire et la conscience.
La méthode positiviste a cru trouver ces causes, et toute biographie « sérieuse » se plaît à énumérer les ancêtres du grand homme, à dépouiller leur linge et leur casier judiciaire, à décrire le paysage de la province d’origine et les rues de la ville natale, à silhouetter les premiers maîtres et à ressusciter la première maîtresse ; tout cela est fort bien, très joli en théorie ; mais on aurait beau résumer l’histoire du monde à propos d’un individu, que tous ces faits ne seraient jamais que des explications post rem, plausibles en général quoique souvent contradictoires. […] Sully Prudhomme l’a dit : Et je suis traité d’infidèle Par la plus belle d’ici-bas, Parce que j’aime son modèle Où mes lèvres n’atteignent pas.
Oui ; mais il a pris sa revanche par sa mémoire qu’il avait développée de bonne heure comme par pressentiment, qu’il a meublée de toutes sortes de beaux passages, de scènes dramatiques en prose et en vers, une vraie mémoire d’aveugle qui ressemble à celle des anciens poëtes et rapsodes, du temps où l’on n’écrivait pas ; il retient, il récite, il joue.
Que le beau jeune homme qui allait au bal, et qui est tombé dans un tas de boue, ait la malice, en se relevant, de traîner la jambe et de faire soupçonner qu’il s’est blessé dangereusement, en un clin d’œil le rire cesse, et fait place à la terreur.
Cependant, dans ses plus belles œuvres, la littérature échappe à l’exclusive domination des salons.
Il n’avouait qu’un sentiment, un commencement de passion : « un peu de faiblesse pour ce qui est beau, disait-il, voilà mon mal ».
On a beau la haïr et la mépriser, on l’aime pourtant ; elle a, jusque dans ses pires cruautés, des saveurs qui la font désirable, et, quand on a senti la mort passer tout près, quand on a failli voir disparaître une de ces existences qui sont la vôtre même, on comprend alors que la vie, affreuse, inique, féroce, vaut encore mieux que le néant. » À la bonne heure !
Trois ou quatre modes me semblent plus intéressants : 1º Le décor public, fresques modernes des grandes surfaces, en harmonie avec l’architecture et la destination de l’édifice ; 2º Le décor intime, utilisation des murs de nos appartements modernes pour des colorations agréables, sans le ressassement immobile d’un sujet de fait-divers ; 3º La fixation sur la toile d’impressions visuelles de peinture, sans apposition ménagère, conservée dans des châssis, ou roulée à des poulies mobiles à nos grés ; 4º L’ornementation d’objets de luxe qu’on pourrait retirer aux maroquiniers de la rue de la Paix et confier à des artistes auxquels je recommanderais personnellement la peinture sur maroquin qui nous a fait en d’autres siècles les belles reliures de maioli.
Ils doivent pratiquer la pauvreté absolue, vivre d’aumônes et d’hospitalité. « Ce que vous avez reçu gratuitement, transmettez-le gratuitement 879 », disait-il en son beau langage.