La seule chose qu’on puisse raisonnablement demander au public, c’est de juger avec indulgence. […] Il y avait alors, parmi les jeunes artistes, d’immenses et respectables familles, et des milliers de mains travaillaient sans relâche à suivre les mouvements de la main d’un seul homme.
J’étais à la campagne, presque seul, libre de soins et d’inquiétudes, laissant couler les heures sans autre dessein que de me trouver le soir, à la fin de la journée, comme on se trouve quelquefois le matin après une nuit occupée d’un rêve agréable. […] Quand on ne présente sur la toile qu’un seul personnage, il faut le peindre avec la vérité, la force et la couleur de Van Dyck ; et qui est-ce qui sait faire un Van Dyck ?
Le mot manière se prend en bonne et en mauvaise part ; mais presque toujours en mauvaise part, quand il est seul. […] Mais qu’est-ce que cette affectation de rassembler toute la lumière sur un seul objet, et de jeter le reste de la composition dans l’ombre ?
Les fols et les fripons sont les seuls qui joüent par un motif d’avarice et dans la vûë d’augmenter leur bien par des gains continuels. […] Bien des gens croïent que lui seul il empêche plus de mauvaises actions que toutes les vertus.
Il a raison ; et aussi bien n’est-ce pas le seul motif. […] y a-t-il un seul de ces tropes décrépits et solennels qui, franchement, soit au-dessus de la portée d’un Prudhomme quelconque qui voudra dire les mêmes choses que Mme Sand49 ?
Après la Vie de Jésus par Renan, la Sibylle de Feuillet et Mademoiselle de la Quintinie de madame Sand sont donc les seules œuvres littéraires de l’année qui aient marqué sur l’opinion ; à vrai dire, pour s’y effacer presque aussitôt. Elles auront été les trois seuls livres qui, à distance, pourront donner une idée du mouvement littéraire de cette année et de son intensité !
Hardiment, elle procède avec les seules forces de la pensée conceptuelle à la reconstruction idéale de toutes choses, même de la vie. […] Mais la ligne d’évolution qui aboutit à l’homme n’est pas la seule.
Les Confrères de la Passion avaient seuls le privilège de jouer les mystères. […] On dirait que la France est seule au monde, et que dans cette France il n’y a qu’une génération, qui n’a rien appris de ses pères, et qui ne transmettra rien à ses descendants. […] Le seul plaisir qu’on y pût prendre, celui d’y retrouver l’imitation des formes du théâtre ancien, ne pouvait guère toucher le public. […] Avant le Cid, le plaisir de la curiosité était le seul que l’on connût au théâtre. […] Quatre de ses pièces, sur plus de trente, sont seules des chefs-d’œuvre.
Anatole France fut presque seul à associer la ciselure verbale à des vues nihilistes de pamphlétaire social. […] Sa mentalité n’est qu’un prolongement de la pitié dont nous avons vu naître les premières manifestations sous l’influence des grands écrivains russes : et cela seul donne à ses œuvres un caractère nettement social. […] Il a observé les règles de tradition et de vie des sociétés, — et tout ce qu’il a écrit depuis dix ans n’est que le résultat de cette observation, — en prenant pour seule base de son éthique des circonstances de fait. […] Au reste, la gravité redoutable du problème rend plus angoissant encore qu’un drame de pitié ce débat intime qui, sans aucun moyen artificiel, par le jeu des seuls événements de la vie courante, étreint quelques âmes jusqu’au plus violent désespoir. […] Les Amitiés françaises relèvent du traditionalisme seul, tandis que la trilogie des Déracinés, de l’Appel au soldat et de Leurs figures, — qui forment le « roman de l’Énergie nationale », — apporte une contribution importante non seulement au roman collectif et social, mais encore au roman historique.
Dans le journal, au contraire, écrit pour lui seul et pour servir de matière à ses souvenirs, il se montre toujours rempli sans doute d’admiration et de respect pour le personnage auquel il appartient, mais son langage n’y aide pas ; ses révélations sont de toutes sortes et sans choix ; il y a des trivialités et des platitudes qu’on regrette de rencontrer. […] Il n’a pas cessé un seul jour, à ce qu’il semble, d’être dans son ordre et dans sa voie. […] C’est là son Hoc erat in votis, et en vieillissant il n’admettra pas de diversion à cette occupation finale, et à ses yeux la seule digne du sanctuaire.
D’ailleurs il se passe bien d’apologie, et il laisse à l’expérience toute seule le soin de dire le dernier mot sur son compte. Je ferai ici une simple remarque : c’est qu’ayant relu depuis peu la première édition des Maximes en la comparant à la dernière qu’a donnée l’auteur et qui est celle qu’on suit généralement, j’y ai trouvé assez de différences pour pouvoir affirmer que c’est la première seule qui contient toute la pensée de l’homme, pensée franche, absolue à l’origine, toute verte et toute crue, sans adoucissement, et qui, par la portée, va rejoindre d’autres systèmes moraux de date plus récente. […] Aussi, sans viser à l’originalité dans la critique, et par la seule droiture de son goût, par l’incorruptible fidélité de ses affections comme de ses répugnances, il remplit parmi nous une place à part, il tient un coin qu’on ne prendra pas et qui n’est qu’à lui.
Quand je vois, depuis le commencement de ce récit, le grand-duc, le futur Pierre III, ne pas faire un seul pas qui ne l’achemine à l’abîme et à la ruine profonde, il me semble constamment voir dans le même temps, derrière lui et au-dessus de lui, debout et voltigeant, ce fantôme fatal qui, le pied sur la tête des mortels, les pousse aux actes insensés, et qu’Homère appelle l’Imprudence. […] Peut-être la fuite seule pourrait y remédier ; mais il y a des cas, des situations, des circonstances, où la fuite est impossible ; car comment fuir, éviter, tourner le dos au milieu d’une Cour ? […] Un seul mot pourtant nous reste à dire de son caractère, dès aujourd’hui pleinement connu.
Sans laisser sur l’onde un seul pli. […] C’est surtout dans son second recueil intitulé : Station poétique à l’abbaye de Haute-Combe, dont deux seules livraisons parurent de son vivant et qui ne fut publié en entier qu’après sa mort (1847), c’est dans cette suite de journées et de veilles funèbres que se déroule tout l’orage intérieur, l’abîme et la profondeur des souffrances et des agonies auxquelles il était en proie. […] La plupart de mes lecteurs l’auront déjà senti et en auront fait tout bas la remarque : le monde est présentement occupé et distrait ; il n’a plus d’oreille pour le poëte qui se plaint seul, pour celui qui vient nous dire sur tous les tons : Je suis la fleur des champs égarée au désert… ou bien : J’étais un jeune oiseau sans plumes à son aile… Le monde commence à être rebattu de l’éternelle chanson ; il a écouté, non point patiemment, mais passionnément, tous les grands plaintifs depuis Job jusqu’à Childe-Harold ; il s’écoutait lui-même en eux, et il assistait à ses propres pensées désolées : cela lui suffît ; le reste lui paraît faible ; les pleureurs à la suite ont tort ; il en a assez pour quelque temps de ces lamentations sur les lacs et sur les rochers.
L’un s’est creusé, lui seul, son mal imaginaire ;… L’autre n’a plus d’enfant ! […] Chacun s’en revient seul, rouvre son mal et pleure, Heureux s’il peut pleurer ! […] (Mon désir d’être exact me fait ajouter un seul mot : ce portrait, jugé par des personnes qui voient de près l’auteur, leur a paru présenter l’idée d’une personne plus agitée ou plus résignée que ne l’est, que n’a besoin de l’être une âme si calme, si réglée, si bien établie dans les affections douces et dans les études solides.
il en a les armes, et lui seul tient la clef de cette indomptable colère. […] On en noterait, quoique ce soit l’exception, par lesquelles Homère a marqué son objet d’un seul trait, presque comme Dante : tantôt c’est un guerrier blessé qui tombe, précipité du haut d’une tour, la tête en avant, pareil à un plongeur ; tantôt c’est un autre qui, frappé au bas-ventre, tombe assis et reste gisant à terre comme un ver. […] Chez les Modernes, la grandeur et la vertu se trouvent trop habituellement séparées ; elles ne se rejoignent pour nous dans un seul rayon qu’à cette longue distance.
Une note, placée en tête de la première publication du Vengeur, nous avertit, comme motif d’excuse ou cas singulier, que le poëte a composé cette ode, de soixante-dix vers environ, en très-peu de jours et presque d’un seul jet. […] Mais Le Brun, qui survécut treize années à son jeune ami, n’en a parlé depuis en aucun endroit ; il n’a pas daigné consacrer un seul vers à sa mémoire, tandis que chaque jour, à chaque heure, il aurait dû s’écrier avec larmes : « J’ai connu un poëte, et il est mort, et vous l’avez laissé tuer, et vous l’oubliez ! […] j’atteste les Cieux que j’ai voulu le croire, J’ai voulu démentir et mes yeux et l’histoire ; Mais non : il n’est pas vrai que les cœurs excellents Soient les seuls en effet où germent les talents.
Ils écrivaient sans autre modèle que les objets mêmes qu’ils retraçaient ; aucune littérature antécédente ne leur servait de guide ; l’exaltation poétique s’ignorant elle-même, a par cela seul un degré de force et de candeur que l’étude ne peut atteindre, c’est le charme du premier amour ; dès qu’il existe une autre littérature, les écrivains ne peuvent méconnaître en eux-mêmes les sentiments que d’autres ont exprimés ; ils ne sont plus étonnés par rien de ce qu’ils éprouvent ; ils se savent en délire ; ils se jugent enthousiastes ; ils ne peuvent plus croire à une inspiration surnaturelle. […] Homère, quelque grand qu’il soit, n’est point un homme au-dessus de tous les autres hommes, ni seul au milieu de son siècle, et de plusieurs siècles supérieurs au sien. […] Pindare donne ce nom à l’art de triompher dans les courses de char aux jeux olympiques : ainsi les succès, les plaisirs, la volonté des dieux, les devoirs de l’homme, tout se confondait dans ces têtes ardentes, et l’existence sensitive laissait seule des traces profondes.
Le pauvre homme ne pouvait pas en rendre de bien utiles ; mais son sentiment suffisait à l’acquitter. « Ne montrez ces vers à personne, écrivait-il à Racine, car Mme de La Sablière ne les a pas encore vus. » Il lui gardait ainsi la seule chose qu’il pût donner, des prémices. […] Il donna à ses amis, à Pintrel, à Maucroix, le seul bien qu’il eût, tout ce qu’il pouvait donner, c’est-à-dire son temps et sa gloire, traduisant des vers pour eux, mettant son nom à côté du leur pour qu’on lût leurs ouvrages. […] Une grosse toile vulgaire, uniforme, sur laquelle de loin en loin on aperçoit une belle fleur délicatement peinte, voilà l’image de notre condition ; celui-là seul est à envier qui peut montrer sur sa trame beaucoup de fleurs pareilles.
Les idées neuves sont rares en ce monde : on pourrait n’en pas rencontrer une seule dans l’œuvre de plus d’un grand écrivain, qui n’en vaut pas moins. […] On demandera aux Italiens l’Enfer et le Purgatoire de Dante, quelques discours de Machiavel, quelques pièces de Leopardi ; aux Espagnols, deux ou trois pièces de Calderón et de Lope, et leur Don Quichotte, qui vaut seul une bibliothèque pour qui sait lire. […] Brunetière, les lieux communs s’y dépouillent de ce qu’ils ont de banal, et ne conservent de tout ce que l’on confond sous le nom de banalité que l’universalité seule, pour en ressortir originaux et vrais d’une vérité toute nouvelle. » Mais, dira-t-on, notre expérience est bien petite, et notre prétention ne serait-elle pas ridicule de vouloir réformer les pensées des grands hommes sur les petits événements de la famille et du collège, avec des souvenirs enfantins ?
Dans sa poétique conception de la nature, un seul souffle pénètre l’univers : le souffle de l’homme est celui de Dieu ; Dieu habite en l’homme, vit par l’homme, de même que l’homme habite en Dieu, vit par Dieu 701. […] Le titre de « Fils de Dieu », ou simplement de « Fils 704 », devint ainsi pour Jésus un titre analogue à « Fils de l’homme » et, comme celui-ci, synonyme de « Messie », à la seule différence qu’il s’appelait lui-même « Fils de l’homme » et qu’il ne semble pas avoir fait le même usage du mot « Fils de Dieu 705. » Le titre de Fils de l’homme exprimait sa qualité de juge ; celui de Fils de Dieu sa participation aux desseins suprêmes et sa puissance. […] Le seul coupable en pareil cas, c’est l’humanité qui veut être trompée.
Jean et Pierre seuls eurent connaissance du fait. […] Jean, si préoccupé des idées eucharistiques 1081, qui raconte le dernier repas avec tant de prolixité, qui y rattache tant de circonstances et tant de discours 1082 ; Jean qui, seul parmi les narrateurs évangéliques, a ici la valeur d’un témoin oculaire, ne connaît pas ce récit. […] Cela se comprendrait d’autant moins que Jean met une sorte d’affectation à relever les circonstances qui lui sont personnelles ou dont il a été le seul témoin (XIII, 23 et suiv. ; XVIII, 15 et suiv. ; XIX, 26 et suiv., 35 ; XX, 2 et suiv. ; XXI, 20 et suiv.).
De là, on doit conclure, contrairement à l’opinion reçue, que le cerveau ne constitue pas seul le sensorium, qu’il n’est pas seul le siège de l’esprit : son siège, qui est partout où il y a des courants nerveux, comprend le cerveau, les nerfs, les muscles, les organes des sens et les viscères. […] Et maintenant si l’on remarque que les images peintes sur la rétine sont les matériaux de la vision, qu’ils servent à nous suggérer une construction mentale qui seule constitue la vision proprement dite, « qu’il se produit dans l’esprit, à la vue d’un objet extérieur, un agrégat d’impressions passées que l’impression du moment suggère et ne constitue pas » ; on comprend qu’il importe peu que ces matériaux qui servent au travail ultérieur de l’esprit soient fournis par deux images, comme dans l’homme, ou par des milliers comme dans l’insecte.
Les deux dernières ont su concilier dans une rare mesure l’exactitude et l’atticisme ; mais la première seule nous offre cette imagination continue, cette invention de détail qui anime tout ce qu’elle touche, et dont on jouit également chez La Fontaine et chez Montaigne. […] C’était le seul théâtre que la jeune femme jugeât digne de ses triomphes. […] Je me défiais trop de mon éloquence pour m’en rapporter à elle seule de cette justification, et les discours que je faisais tous les jours, pour bien représenter les charmes de son esprit (et c’était le fort de ma défense), me satisfaisaient si peu moi-même, que je voyais bien qu’ils ne persuaderaient personne.
Oreste, ce fatal aîné de Hamlet, n’est point, nous l’avons dit, le seul lien entre Eschyle et Shakespeare ; nous avons indiqué une relation, moins aisément perceptible, entre Prométhée et Hamlet. […] Ferdinand seul en parle, et personne que lui ne semble l’avoir vu. […] Chacun d’eux est dans sa caverne, seul.
Il a un milieu à tenir, pour contenter à la fois les spectateurs ou les lecteurs qui n’aiment point à voir heurter les idées reçues, & les poëtes eux-mêmes, auxquels il faut laisser ces grands traits, ces coups de force & de lumière, cette heureuse hardiesse, par laquelle seule il passe à la postérité. […] Mais Santeuil, le plus enthousiaste & le plus foible des hommes, faisant toujours le contraire de ce qu’il projettoit, changea d’idée : il crut avoir blasphêmé contre le ciel que d’avoir mis, dans une de ses pièces, le seul mot de Pomone. […] Lucain est le seul qui n’y ait point eu recours.
Un particulier ayant ce seul corps de mon Histoire universelle, pourra se passer de toutes les autres histoires dont je viens de parler. […] Lacombe, en un seul vol. […] Il assaisonne les faits les plus curieux du sel de son style qui n’étoit fait que pour lui seul. […] La premiere édition de ce savant ouvrage parut en 1719. en un seul vol. […] “Je suis obligé de dire à la face de l’Europe, dit-il quelque part, sans crainte d’être démenti par personne, que ce Monarque seul a été l’historien de ses Etats.
Homère affirme que les trépieds de Delphes marchaient tout seuls, et il explique le fait, chant XVIII de l’Iliade, en disant que Vulcain leur forgeait des roues invisibles. […] Alors la voix dit : « Vous serez une seule nation, vous n’aurez plus de juge et de roi que moi, et je serai le Dieu qui a un peuple, et vous serez le peuple qui a un Dieu. » Tout n’est-il pas là ? […] Jean, comme historien, a des pareils, Matthieu, Luc et Marc ; comme visionnaire, il est seul. […] Il va seul, ce lion. […] Ces livres n’ont pas été composés par l’homme seul, c’est l’inscription d’Ash-Nagar qui le dit.
Placez debout à son côté Vénus, mais Vénus nue, grande, divine, voluptueuse ; jettez mollement un de ses bras autour des épaules de son amant, et qu’en lui souriant d’un souris enchanteur elle lui montre la seule pièce de son armure qui lui manque, son casque dans lequel les pigeons ont fait leur nid. […] Il faut auparavant que je vous montre comment un poête en quatre lignes, fait succéder plusieurs instants différents, et croyant n’ordonner qu’un seul tableau, il en accumule plusieurs. […] Fais cependant, ô Vénus, que les fureurs de la guerre cessent sur les terres, sur les mers, sur l’univers entier ; car c’est toi seule qui peux donner la paix aux mortels ; car c’est sur ton sein que le terrible dieu des batailles vient respirer de ses travaux ; c’est dans tes bras qu’il se rejette et qu’il est retenu par la blessure d’un trait éternel. […] Un peintre, vous le scavez mieux que moi, c’est celui-là seul, (…). […] Chemin faisant, il parloit tout seul, et il disoit la nature !
Oui sans doute, mais ces points n’ont de réalité que dans une ligne tracée, c’est-à-dire immobile ; et par cela seul que vous vous représentez le mouvement, tour à tour, en ces différents points, vous l’y arrêtez nécessairement ; vos positions successives ne sont, au fond, que des arrêts imaginaires. […] En tenant le mouvement pour divisible comme sa trajectoire, le sens commun exprime simplement les deux faits qui seuls importent dans la vie pratique : 1º que tout mouvement décrit un espace ; 2º qu’on chaque point de cet espace le mobile pourrait s’arrêter. […] Mais le besoin de se nourrir n’est pas le seul. […] Parce que les solides, étant les corps sur lesquels nous avons le plus manifestement prise, sont ceux qui nous intéressent le plus dans nos rapports avec le monde extérieur, et parce que le contact est le seul moyen dont nous paraissions disposer pour faire agir notre corps sur les autres corps. […] C’est ainsi que les mille positions successives d’un coureur se contractent en une seule attitude symbolique, que notre œil perçoit, que l’art reproduit, et qui devient, pour tout le monde, l’image d’un homme qui court.
Il avait beau dire : « J’aime toujours les lettres : elles m’ont fait plus de bien que je ne leur ai fait d’honneur », les lettres toutes seules ne lui suffisaient pas. […] Quoique je ne me fie nullement à ce moine, et que, s’il vous en souvient, je ne m’y sois jamais fié, je sais positivement qu’il n’aime pas les Jésuites, qu’il croit leur destruction nécessaire, qu’il y travaille tout seul. […] Il comprit la question posée par la Constituante dans toute son étendue, et, devançant dès novembre 1790 l’heure du Concordat, il disait : Si l’on aimait le bien, la paix et l’ordre ; si l’on était de bonne foi ; si l’on était attaché à la religion qui seule est l’appui de toute autorité et de toute forme de gouvernement, jamais pape n’a été plus porté à la conciliation que celui-ci… Mais, si l’on veut tout détruire et faire une religion nouvelle, on y rencontrera des difficultés plus grandes qu’on ne croit. […] D’après cela, tout Français qui peut se réclamer de Son Éminence, dans quelque circonstance que ce soit, à son nom seul est respecté.
que Vénus seule désormais protège mes écrits ! […] Le duc de Bourgogne était le seul pour qui elle employât le mot de monsieur, parce que son maintien sérieux n’inspirait pas la familiarité ; au lieu que la duchesse de Bourgogne faisait à Mlle Choin les mêmes petites caresses qu’à Mme de Maintenon. […] Pour arriver à la conclusion de la paix générale, il est convenu que les deux couronnes de France et d’Espagne ne seront jamais réunies sur une seule tête. […] Duclos historien n’a qu’un procédé, il n’est qu’un abréviateur ; il l’est avec trait, je l’ai dit, quand il a affaire à l’abbé Le Grand ; il l’est avec un certain goût et avec un adoucissement relatif quand il a affaire à Saint-Simon ; dans l’un et dans l’autre cas pourtant, il n’a pas toutes les qualités de son office secondaire, et il ne porte au suprême degré ni les soins délicats du narrateur, ni même les scrupules du peintre qui dessine d’après un autre, et de l’écrivain qui observe les tons : il va au plus gros, au plus pressé, à ce qui lui paraît suffire ; c’est un homme sensé, expéditif et concis, et qui se contente raisonnablement ; il a de la vigueur naturelle et de la fermeté sans profondeur ; nulle part il ne marche seul dans un sujet, et jamais il ne livre avec toutes les forces de sa méditation et de son talent une de ces grandes batailles qui honorent ceux qui les engagent, et qui illustrent ceux qui les gagnent.
Sans nulle difficulté on se loge le premier jour sur la contrescarpe ; on occupe en arrivant Léopolstadt, et si nous n’y avions trouvé que ce régiment de la garde ordinaire que j’ai vu battre par les écoliers de Vienne, ce n’eût peut-être pas été un siège de huit jours. » Notez que Villars comptait bien alors se tenir, par le Tyrol, en communication avec l’Italie et avec l’armée de Vendôme, dont un détachement l’aurait appuyé : « Ces troupes, écrivait-il au roi, auraient traversé le Tyrol comme l’on va de Paris à Orléans, si elles s’étaient mises en marche dès les premiers jours de juillet. » Les grandes idées des campagnes de 1805 et de 1809, Villars les a donc entrevues ; il avait pour principe qu’il faut qu’un seul et même esprit gouverne toute la guerre : « Votre Majesté saura un jour que l’empereur était perdu si on avait marché à Passau, et il n’y a que des gens gagnés par l’empereur, ou des ignorants, qui aient pu s’opposer à ce dessein. » Le prince Eugène, revoyant Villars à Rastadt, le lui dit en présence de témoins : si on avait suivi ce parti alors, la paix qui se fit en 1714 eût pu être conquise par la France neuf ans plus tôt. […] Mais en évitant de faire la seule grande chose, on arrivait à n’en pas faire même de médiocres ; « À la guerre, Sire, écrivait Villars, il n’y a que de certains moments à prendre et la diligence, sans quoi, au lieu d’avantages, il faut craindre des revers. » Les premiers et faciles succès que l’électeur était allé chercher dans le Tyrol se perdaient six semaines après dans une insurrection générale des paysans. […] J’en fis arrêter vingt des plus méchantes… Il voit des gens jusque-là réputés fort sages, un maire d’Alais, par exemple, à qui la tête tourne subitement et qui se croit prophète à côté d’une prophétesse, fou d’ailleurs sur ce seul point et sensé sur tous les autres, comme don Quichotte qui ne déraisonnait que quand il était question de chevalerie errante. […] L’année suivante (1706) fut désastreuse pour la France sur toutes les frontières : Villars seul se maintint sur la sienne sans échec, et même avec avantage.
Ils se tromperont ; ce que je rapporte est très vrai : les gens honnêtes, les bons citoyens gémirent, en 1793, d’être forcés d’assister aux luttes de ces hommes de sang, qui, en nous déshonorant aux yeux des nations civilisées, finirent par mettre le comble à leurs forfaits en assassinant un prince vertueux, qui ne pouvait être accusé que d’une seule chose, de ne pas savoir défendre sa couronne, et de n’avoir pas assez de tête pour présider à la réforme d’un passé gros d’abus et de haines. […] L’armée était sans vêtements, sans chaussures, sans solde : On donna des fusils aux lieutenants et sous-lieutenants ; cette mesure, dont les officiers de ces grades se seraient bien passés, était bien entendue : nous devions faire la guerre sur les crêtes de l’Apennin, et l’effectif sous les armes était tellement réduit, qu’un seul officier, le capitaine, suffisait au commandement d’une compagnie en ligne… Un jour, je ne me rappelle pas la date, le citoyen Chiappe, commissaire du gouvernement près l’armée d’Italie, présenta à notre acceptation la Constitution de l’an iii. […] Je laisse aux physiologistes à expliquer cette espèce de projection et de réflexion visible de la pensée interne à l’état de mirage : une seule remarque à faire quand on est simple académicien, c’est que la dame ou la fée parlait cette nuit-là un français un peu risqué. […] Seul, en effet, l’historien véritable et sérieux des armées de la République et de l’Empire saura rapporter d’une manière complète et impartiale, et sans tomber dans le roman, cette grande phase de nos victoires et de nos revers.
Mais je prierai le préopinant de déclarer si, dans cet ouvrage, médité par lui avec l’intention d’employer contre moi mes propres paroles, il y a un seul mot qui tende à proposer, ou seulement à excuser la censure. […] Je désirais que la vérité seule combattît l’erreur, sûr que j’étais que la vérité triompherait par sa propre force. […] Cette influence cessant, une autre qui y succéda passagèrement, celle de Mme Récamier, décida de sa conduite au 19 mars 1815 ; et c’est pour plaire à cette beauté, amie des Bourbons, pour ne pas être éclipsé en zèle royaliste et antibonapartiste auprès d’elle, pour ne pas voir un rival, le guerroyant comte de Forbin, avec son sabre, obtenir un plus gracieux sourire que lui avec sa plume, qu’il se hâta d’écrire ce fameux article du Journal des Débats, et de le faire dans des termes tels qu’il était le seul peut-être de son parti qui ne put se rallier le lendemain à Napoléon, même par les meilleurs et les plus nobles motifs de résipiscence, sans s’exposer à une contradiction flagrante et à un échec moral irréparable. […] pourquoi n’avoir pas joint au recueil les Lettres de Benjamin Constant sur les Cent-Jours, de tous ses ouvrages politiques celui qui est resté le plus vivant, le seul vivant même, à cause de l’intérêt qui s’attache à des conversations immortelles ?
La difficulté est bien plutôt de s’isoler, de se défendre du trop d’information qui, de droite ou de gauche, n’est qu’une distraction perpétuelle ; mais, à Weimar, Gœthe avait dû songer de bonne heure à la meilleure manière d’entretenir et de renouveler régulièrement l’activité, le mouvement dont il sentait le besoin, — la seule chose qui lui ait un peu manqué. C’était le seul reproche que lui faisait M. […] Quelle dépense, quelle tension des forces intellectuelles ne faut-il pas seulement pour ordonner en soi-même et pour organiser un grand ensemble, et quelles forces, quelle vie tranquille et sans troubles ne faut-il pas pour procéder à l’exécution, pour fondre tout, d’un seul jet d’expressions justes et vraies ! […] Qu’on parcoure l’admirable volume de ses poésies à lui, chansons, paraboles, élégies, épigrammes50, vaste prairie de fleurs et de verdure où, quelque part que le regard tombe, chaque point vit, reluit ou scintille de sa couleur propre, et l’on comprendra tout le sens de ce conseil. — « Il n’y a pas une seule ligne de mes poésies, disait-il, qui n’ait été vécue. » Nous avons tous plus ou moins, sur la foi des premiers témoins et visiteurs qui nous en ont parlé, cru Gœthe plus insensible qu’il ne l’était.
La dignité des genres, comme la noblesse des conditions, n’existe que pour les contemporains, et la postérité ne retient jamais mieux un nom que quand il signifie, à lui seul, quelque chose d’à part et de neuf. […] Il n’a fait qu’une seule caricature politique dans toute sa vie, contre Charles X, le Ballon perdu, en 1830, et il se la reproche encore ; il voudrait l’effacer. […] « Un soir que nous parlions à Gavarni de ses légendes, racontent MM. de Goncourt, et que nous lui demandions comment elles lui venaient : « Toutes seules, nous dit-il ; j’attaque ma pierre sans penser ‘a la légende, et ce sont mes personnages qui me la disent… Quelquefois ils me demandent du temps… En voilà qui ne m’ont pas encore parlé… » Et il nous montrait les retardataires, des pierres lithographiques adossées au mur, la tête en bas. » Ces mots décisifs, ces paroles stridentes qui ouvrent des jours soudains sur une action, sur un ordre habituel de sentiments, et qui sont comme des sillons de lumière à travers la nature humaine, font de Gavarni un littérateur, un observateur qui rentre, autrement encore que par le crayon, dans la famille des maîtres moralistes. […] La première livraison seule a paru : chez Willème et Cie, Boulevard de l’Étoile, 42.
Viollet-Le-Duc ; et s’il a, comme je crois l’avoir vu, le portrait du premier Mansart, du seul digne de renom, dans son cabinet et sur sa cheminée, il faut même que ce soit un pinceau bien habile et bien cher qui le lui ait fait accepter : autrement il eût préféré, sans nul doute, un maître de la pure Renaissance. […] Il s’est formé à la longue une compagnie privilégiée qui a fini par ne plus permettre qu’une seule coupe d’habit, quel que fût le corps à vêtir : cela évitait la difficulté de chercher des combinaisons nouvelles, et celle, non moins grande, d’étudier les diverses formes adoptées chez nous dans les siècles antérieurs et d’y recourir au besoin. » Voilà le grief. […] Sa doctrine bien simple, et si peu suivie aujourd’hui, est de faire des édifices pour leur destination, et non pour la seule apparence extérieure. […] Le bon sens tout seul qui préserverait de l’inconvenant et de l’absurde, suffit-il pour faire qu’on crée à son tour, qu’on retrouve le neuf en accord avec le beau, qu’on rejoigne l’élégant avec l’utile ?
« Rien ne m’arrêterait, dit-elle, si j’avais à les braver seule (les dangers) pour aller te rejoindre ; mais exposer nos amis et sortir des fers dont la persécution des méchants m’honore, pour en reprendre d’autres que personne ne voit et qui ne peuvent me manquer, cela ne presse nullement. […] C’était un de mes trésors bibliographiques dont j’étais le plus jaloux ; mais je m’étais bien promis de ne pas le garder pour moi seul et d’en faire part un jour au public. […] Faugère le désir qu’il en fît usage pour rétablir la vérité et montrer que la part de gloire qui revenait légitimement à Mme Roland était assez grande sans qu’il fût besoin d’y rien ajouter aux dépens de son mari : « J’acceptai cette mission avec empressement, nous dit le nouvel éditeur, et je m’occupai dès lors à compléter les éléments d’un ouvrage qui sera consacré à faire connaître plus intimement Roland de La Platière, en même temps que la femme supérieure qui ne fut pas tout dans sa destinée, mais qui, en s’unissant à lui, a contribué à donner à son nom un éclat que son seul mérite n’aurait point produit. » Oserai-je dire à M. […] Voici ce jugement mémorable et souvent cité : « Je vis, je ne fis que voir, dit-elle en parlant d’un de ses voyages à Paris, en février 1791, le puissant Mirabeau, Bétonnant Cazalès, l’audacieux Maury, etc. » ; et, se reprenant à ce nom de Mirabeau, elle ajoutait en manière de rétractation et de repentir : « Le seul homme dans la Révolution, dont le génie pût diriger des hommes, impulser une assemblée : grand par ses facultés, petit par ses vices, mais toujours supérieur au vulgaire et immanquablement son maître dès qu’il voulait prendre le soin de le commander.
Mais on n’en est plus à deviner après cela quelles pouvaient être ses réponses aux critiques de Feuquières : si l’on prend la peine de chercher celles-ci dans les Mémoires de leur auteur, on aura sous les yeux les pièces du procès, et surtout (car c’est le seul point qui nous intéresse aujourd’hui) l’on verra nettement dans quelle catégorie de capitaines, dans quelle école et quelle famille d’hommes de guerre il convient de ranger Catinat. […] C’est ainsi que la forteresse de Montmélian, seule place du duché de Savoie qui ne fût pas encore en notre pouvoir, lui parut une conquête possible malgré la saison avancée et la forte position qui était « hideuse pour un assiégeant » ; il s’en rendit maître le 21 décembre de cette année 1691 si remplie. […] Il y en a une infinité à me donner la vanité que tu m’inspires dans tes lettres ; mais, de bonne foi, cela ne me change point sur le jugement que je fais de moi-même, et je réfléchis combien aisément la fortune pouvait changer les événements qui m’ont procuré tant d’honneur, et toutes les raisons pour une affaire deviennent bien faibles contre me seule qui les fait manquer. […] Alceste paraît avoir été un Philinte auprès de ce Rubentel qu’on ne put garder au service malgré son mérite et qui s’en alla vivre et mourir seul à Paris, disgracié, irrité, pestant contre les humains et gardant une dent contre quiconque était plus heureux que lui.
Une seule de leurs mignonnes caresses apaise la sourde blessure. […] Celui-là seul se développe sans cesse et fleurit toujours. […] En. un mot, le goût seul ne suffit plus désormais, et il est bon qu’il y ait la connaissance et l’intelligence des choses. […] Le goût seul ne dispense pas des méthodes armées et précises.
La littérature industrielle est arrivée à supprimer la critique et à occuper la place à peu près sans contradiction et comme si elle existait seule. […] Ce champ, en un mot, a été de tout temps infesté par des bandes ; mais jamais il ne lui arriva d’être envahi, exploité, réclamé à titre de juste possession, par une bande si nombreuse, si disparate, et presque organisée comme nous le voyons aujourd’hui, et avec cette seule devise inscrite au drapeau : Vivre en écrivant ! […] Les talents nouveaux et les jeunes espoirs n’ont plus trouvé de groupe déjà formé et expérimenté auquel ils se pussent vallier ; chacun a cherché fortune et a frayé sa voie au hasard ; plusieurs ont dérivé vers des systèmes tout à fait excentriques, les seuls pourtant qui offrissent quelque corps tant soit peu imposant de doctrine. […] Une seule bonne fortune en ce genre répare bien des pertes.
Lorsque mon âme, en soi tout entière enfoncée, A son être pensant attache sa pensée, Sur cette scène intime où je suis seul acteur, Théâtre en même temps, spectacle et spectateur, Comment puis-je, dis-moi, me contempler moi-même Ou voir en moi le monde et son Auteur suprême ? […] Plus de Parny, plus même de Millevoye : les deux ou trois petites et adorables élégies de Lamartine, Oui, l’Anio murmure encore, etc., etc. ; Lorsque seul avec toi pensive et recueillie, etc., etc. […] Seul, tu restes muet, et le vent qui s’exhale De la cime des ifs A peine de ton sein tire par intervalle Quelques sons fugitifs. […] On s’en ressouvient aujourd’hui pour lui, et ce volume que l’amitié publie est le seul héritage de ses deux filles.
Invoquer de tels noms, comme presque les seuls compétents, pour trancher ou fixer de près des questions si compliquées et si ardues, c’est assez déclarer ma propre insuffisance à moi-même, et aussi mon peu de prétention. […] La France a longtemps été monarchique ; elle a toujours assez et, trop aimé, sauf les intervalles, aller à un seul, obéir à quelqu’un ; et cette idée, qui trouverait ses retours jusque dans le triomphe de la démocratie, vaut bien la peine qu’en temps régulier, et même à travers l’apparente défaveur, on s’y arrête encore : l’observer à loisir et la reconnaître, c’est le bon moyen d’en moins abuser. […] cesse de me reprocher les aimables dons de Vénus ; les dons brillants des immortels ne sont jamais à dédaigner ; eux seuls les donnent, et ne les a pas qui veut. » Je ne voudrais décidément rabattre dans la manière de l’auteur que ce qui semblerait trahir le voisinage d’une fausse école dont son excellent esprit n’est pas. […] on le voit par ces ordonnances mêmes : de toutes les empreintes du paganisme, celle-là seule demeurait inaltérable.
Et ce déplacement de la supériorité est à lui seul le signe d’une nouvelle orientation littéraire : par définition, le lyrisme est l’expression du moi, et le roman doit être la perception du non-moi. […] Par l’art seul, l’intelligence et la volonté saisissent leurs objets qui, partout ailleurs, leur échappent : dans l’art seulement, l’homme peut connaître et créer ; hors de l’art, il n’y a qu’illusion et impuissance. […] Sa vocation littéraire est née de l’idée que le livre seul pouvait fixer dans une réalité durable quelques parcelles de ce moi et de ce monde toujours en fuite. […] Edmond de Goncourt, depuis la mort de son frère, a donné seul quelques romans (les Frères Zemganno, 1879) et leur Journal (1re série, 3 vol. 1887-89 ; 2e série, 3 vol. 1890 et suiv. ; 3e série, t.
Inspirée de l’antiquité, ressuscitant de parti pris des Grecs et des Romains, elle s’adressait nécessairement à une élite de gens instruits, seuls capables de s’intéresser à l’évocation d’un passé lointain ; elle était un spectacle élégant et noble ; et si elle a brillé surtout au milieu du xviie siècle, c’est qu’elle a rencontré là des mœurs et un état d’esprit avec lesquels elle était, par son origine même, en secrète harmonie. […] Il a beau, une fois seul, se plaindre qu’on l’assassine, qu’on lui plonge le poignard dans le sein, il supporte avec trop de calme ces blessures mortelles pour inspirer beaucoup de pitié. […] Le fait seul que des salles ouvertes à tous, ennuagées de fumée, retentissant du (cliquetis des chopes et du bruit des disputes, peuplées de bohèmes en goguette et de vierges folles, ont remplacé des appartements luxueux et douillets où les voix, les pas, les sentiments et les idées étaient discrètement amortis, cela seul suffirait à révéler une orientation nouvelle de la littérature et à l’expliquer en partie.
Je me suis retirée, et me voici seule à gémir sur mes peines et à m’en consoler avec vous. » Quelques jours après (le 19 avril), on voit dans une nouvelle lettre à madame de Saint-Géran, que madame de Maintenon a d’autres consolations que celle de gémir de sa condition dans le sein de son amie. […] » Toutefois elle est ravie de ce que tout le monde loue le roi, et voudrait qu’il en rapportât la gloire à Dieu seul. […] La Fontaine seul continuait ses œuvres galantes, faisait des vers à toutes les femmes célèbres par leurs galanteries, à tous les grands dissolus. […] La religion était donc obstacle ; l’amour seul était donc le motif du roi.
Ce sont les deux seules classes auxquelles le satirique aimable se prenne avec tant de vivacité et s’acharne presque, lui dont la raillerie, en général, se tempère de bonne humeur et de bonhomie. […] Turcaret fut joué par ordre de Monseigneur, à qui il faut savoir gré de cette marque de littérature, la seule qu’il ait jamais donnée22. […] Il s’adonne aux petits théâtres, aux théâtres forains, et fait seul ou en société une centaine au moins de petites pièces qui représentent assez bien en germe, ou déjà même au complet, ce que sont aujourd’hui les vaudevilles, les opéras-comiques, nos pièces des Variétés et des Boulevards. […] [NdA] Cette veine de Turcaret était neuve au théâtre et encore intacte même après Molière : « C’est une chose remarquable, dit Chamfort, que Molière, qui n’épargnait rien, n’a pas lancé un seul trait contre les gens de finance.
Dans le donjon de Vincennes, il écrivait pour lui seul, dans son cahier de notes et d’extraits, divers passages de Plaute, qu’il lisait beaucoup alors, et il en faisait l’application à sa félicité perdue ; tout ce joli passage du Pseudolus, par exemple, qui fait partie de la lettre d’une maîtresse à son ami : Nunc nostri amores, mores… « Voilà que nos plaisirs, nos désirs, nos entretiens, avec les ris, les jeux, la causerie, le suave baiser… tout est détruit ; plus de voluptés ; on nous sépare, on nous arrache l’un à l’autre, si nous ne trouvons, toi en moi, moi en toi, un appui salutaire. » Mais j’aime mieux cet autre passage, également emprunté de Plaute, où le sentiment domine : « Lorsque j’étais en Hollande , écrit Mirabeau, je pouvais dire : Sibi sua habeant regna reges, etc. », et tout ce qui suit, « Rois, gardez vos royaumes, et vous, riches, vos trésors ; gardez vos honneurs, votre puissance, vos combats, vos exploits. […] Abordez dans cette pensée les Lettres écrites de Vincennes, et vous les apprécierez à leur vrai point de vue, au seul point de vue par lequel elles méritent l’attention de l’observateur et du sage. […] Elle seule l’a expiée. […] Son témoignage tourne contre lui-même. — C’est ainsi que se termina à trente-cinq ans l’existence de cette Sophie que Mirabeau n’avait point enlevée, qu’il n’avait point délaissée non plus, mais qui s’était jetée vers lui par un mutuel transport, et que la force des choses avait pu seule lui arracher ; cette Sophie qu’il avait embrasée, qu’il avait enivrée d’émotions fortes, et à laquelle il laissa, en la quittant, la robe dévorante du Centaure, l’ardeur fatale qui ne s’éteint plus.
il ne manque qu’une seule chose à ces conseils, pour que l’admiration soit heureuse et tout à fait à l’aise en les recueillant de la bouche de l’homme d’État et de l’homme de génie : c’est d’avoir été donnés gratuitement. […] Comme il ne souffre pas qu’on revienne d’une seule ligne en arrière sur la révolution accomplie ! […] Accoutumez-vous donc à les voir ce qu’ils sont. » Et le même M. de La Marck écrivait au comte de Mercy-Argenteau : « Le roi est sans la moindre énergie : M. de Montmorin me disait l’autre jour tristement que, lorsqu’il lui parlait de ses affaires et de sa position, il semblait qu’on lui parlât de choses relatives à l’empereur de la Chine. » Mirabeau ne vit la reine qu’une seule fois à Saint-Cloud, le 3 juillet 1790. Il est profondément à regretter que de telles conférences n’aient pu s’établir et se renouveler : c’était d’elle seule qu’il pouvait espérer de se faire entendre.
La religion chrétienne, qui n’était d’abord que celle qui connaît seule l’art de consoler, deviendra de plus celle qui n’abuse jamais l’homme. […] « L’Académie française (c’est le cardinal Maury qui parle) était seule considérée en France, et donnait réellement un état. […] Ainsi au chapitre des « Préparations oratoires », dans tout le morceau : « Vous vous promenez seul à la campagne… », il compare très bien le trait d’éloquence non préparé au coup de tonnerre qui éclate dans un ciel serein. […] Une des meilleures épigrammes du poète Le Brun est contre l’abbé Maury ; elle a cela de piquant, qu’elle a, d’un bout à l’autre, un faux air d’éloge ou d’apologie, et que c’est le lecteur seul qui, en contredisant à chaque vers, est comme forcé de faire lui-même l’épigramme ; le satirique, dans ce cas, a besoin de compter sur la complicité de tout le monde : L’abbé Maury n’a point l’air impudent ; L’abbé Maury n’a point le ton pédant ; L’abbé Maury n’est point homme d’intrigue ; L’abbé Maury n’aime l’or ni la brigue ; L’abbé Maury n’est point un envieux ; L’abbé Maury n’est point un ennuyeux ; L’abbé Maury n’est cauteleux ni traître ; L’abbé Maury n’est point un mauvais prêtre ; L’abbé Maury du mal n’a jamais ri : Dieu soit en aide au bon abbé Maury !
Son vers se tient debout par la seule force du substantif et du verbe sans le secours d’une seule épithète. » C’est en se prenant à ce style « affamé de poésie », qui est riche et point délicat, plein de mâles fiertés et de rudesses bizarres, qu’il espère faire preuve de ressources et forcer la langue française à s’ingénier en tout sens. […] Dégagée de tous les protocoles que la bassesse inventa pour la vanité, et la faiblesse pour le pouvoir, elle en est plus faite pour la conversation, lien des hommes et charme de tous les âges ; et, puisqu’il faut le dire, elle est de toutes les langues la seule qui ait une probité attachée à son génie. […] Cette parole aux mains d’un seul semble bientôt une usurpation, et Rivarol, tranchant, abondant dans son sens, imposant silence aux autres, n’a rien fait pour échapper au reproche de fatuité qui se mêle inévitablement jusque dans l’éloge de ses qualités les plus belles.
Chagrin et méditatif par nature ou par suite de l’abandon de son père, il inspira de l’intérêt à un oncle maternel, la seule personne de sa famille qui le visitât quelquefois. […] On remarquera que Volney ne peut s’empêcher de reconnaître dans le merveilleux rapport de cet animal avec le climat auquel il est destiné une sorte d’intention providentielle et divine ; ce sont de ces aveux qui lui échappent rarement, et que l’exactitude seule lui arrache ici. […] Lui seul subvient à tous les besoins de ses maîtres. […] Mais comment peindrai-je la nuit qui succéda à cette belle soirée, lorsqu’après le crépuscule la lune, brillant seule dans le ciel, versait les flots de sa lumière argentée sur la vaste enceinte des neiges et des rochers qui entouraient notre cabane ?
Seuls, les Shakespeare, plus faciles à compter, résistent à la prostitution du génie, parce que, redevenus pareils à la nature qu’ils représentent, ils offrent aux hommes moins une source d’imitation qu’une source d’art, un monde nouveau et second où l’on peut puiser sans honte et sans peur, éternellement. […] Mais Kant, avant sa triste conversion, a proféré des choses éternelles, et peut-être la seule vérité, avec les phrases toutes faites, pâles froides, de la vieille scolastique. […] Mais que de génie pour les disposer, ces lumières que tous les jeux reconnaissent, guider les esprits vers une seule maison, étoiles ! […] Ensuite, de même que certaines fleurs qui se veulent seules pour briller, elles pâlissent et se rident, dès qu’elles sont deux ou trois — dissemblables des Grâces.
Dans chacun de ces couples, les deux éléments sont importants, nécessaires absolument tous deux à accomplissement ; ils sont unis et indissolubles en vertu d’un lien qui va du premier au second et qui constitue l’énergie même de ce couple dont les éléments séparés resteraient impuissants, dont le premier seul a une existence autonome mais inactive. […] Une direction, un type, un entreprenant, un but, peuvent apparaître seuls et sans suite : une force, une variété animale, une masse d’hommes actifs, une volonté ne peuvent être conçus indéterminés ; le rapport qui unit ces deux facteurs est le même que celui qui relie la forme et la substance d’Aristote ; c’est un rapport de plasticité, de formation, d’assimilation, d’imitation enfin ; des facteurs que cette relation unit en un ensemble, c’est le premier en fonction de temps qui est le générateur et qui participe le plus largement à l’existence ; comme un nombre produit ceux qui le suivent et se multiplie en eux, un grand homme s’agrège la foule et grandit par sa masse. […] Le principe de l’art pour l’art fondé en raison à juste et utile, tant qu’on ne considère que les œuvres en soi, tant qu’on n’a souci que de la liberté et de l’orgueil nécessaires à l’artiste, — peut sembler absurde et dangereux quand on songe que les livres, les statues, les tableaux et les musiques n’existent pas seuls dans un monde vide. […] Qui ne mesure, à l’énoncé seul de ce caractère de vérité, la supériorité des figures humaines montrées ainsi, sur les meilleurs dessins de personnages fictifs, dans les romans et dans les drames ?
Que l’on ajoute à cette beauté des poèmes les nobles mélodies dont les ont ornés Schumann et d’autres, ces récitatifs lyriques qui font retentir et vivre les mots, les accentuent et les cadencent sur des lèvres humaines, et l’on pourra sentir par quel charme la chanson allemande demeure un genre populaire et exquis, comment elle est la poésie lyrique la plus vivace de toutes les littératures, la seule qui ait renoué avec la musique son ancienne alliance naturelle et profitable. […] Quel que soit le manque d’ordonnance de ses Reisebilder, c’est encore la seule œuvre prosaïque allemande qu’un Français puisse lire d’un bout à l’autre, sans avoir à user de sa volonté pour contraindre son attention. […] Il semble que Heine, — et ce trait lui est commun avec d’autres, — ne peut subir qu’une seule affection, dont le mécanisme devenu prédominant et constamment dispos, a atrophié les autres ; tous les ébranlements transmis par ses sens, causés par ses souvenirs, sont réfléchis suivant un angle mystérieux vers le même point vif de son âme, aboutissent à une même et constante tristesse songeuse. […] Ses derniers livres sont écrits par un artiste, dont le corps inférieur seul se décompose.
Elle repose sur le seul point qui compte pour ces amis : un intérêt égal et réciproque. […] Celle de Laclos était de n’écrire qu’un seul roman. […] J’ai gardé un souvenir charmé du seul des deux Goncourt que j’ai connu. […] Tantôt ils agissent seuls, tantôt ils s’associent et se groupent. […] Cette maison est la seule des demeures parisiennes de Balzac qui subsiste encore.
Dans le cercle, malheureusement trop étroit, où il se produisit, l’apparition de ses premières poésies fut saluée comme l’un de ces phénomènes littéraires dont les muses seules ont le secret . Il avait à peine atteint dix-sept ans lorsqu’il envoya son ode sur le rétablissement de la statue de Henri IV au concours des jeux floraux : l’églantine lui fut décernée, à la seule lecture, au milieu des applaudissements et des larmes d’admiration.
« Des ânes », dit il avec un tour particulier d’atticisme que nous ne pensions pas de mise dans l’illustre Édimbourg, « des ânes, seules bêtes de somme qu’on puisse se procurer facilement en Égypte, servaient de monture aux savants attachés à l’expédition, et portaient leurs instruments scientifiques. […] Nous devons surtout signaler deux documents confidentiels, où est rapportée avec beaucoup de détails la conduite de Bonaparte envers Bernadotte au 18 brumaire et après l’élection du maréchal comme prince royal de Suède : on comprend assez de quelle part nous viennent ces révélations, dont les deux personnages intéressés avaient seuls le secret.
M. de Lamartine, le seul dont nous ayons à nous occuper, par cela même qu’il range humblement sa poésie aux vérités de la tradition, qu’il voit et juge le monde et la vie suivant qu’on nous a appris dès l’enfance à les juger et à les voir, répond merveilleusement à la pensée de tous ceux qui ont gardé ces premières impressions, ou qui, les ayant rejetées plus tard, s’en souviennent encore avec un regret mêlé d’attendrissement. […] Les nuages et la nuit couvrent presque tout le ciel ; il n’y a plus qu’à l’occident, à l’endroit où le soleil vient de sombrer dans la mer, une seule porte éclatante, une arche de feu où tout se précipite et va s’engloutir, jour, nuées, aquilons, poussière, écume, et l’âme du poète.
Aussi, tout en félicitant les écrivains de la Revue de leur noble effort pour replanter un véritable arbre encyclopédique au milieu de notre sol poudreux et tant de fois balayé, nous les louons de ne pas négliger les morceaux de science et de littérature positive qui s’adressent à tous les bons esprits, et qui sont, d’ici à un assez long temps encore, les seuls produits toujours possibles et d’une culture qui ne trompe jamais. […] Un excellent bulletin bibliographique, très complet, très nourri de longues analyses et de jugements consciencieux, remplit la moitié de chaque cahier de la Revue et formerait seul une lecture essentielle, indépendamment des articles plus généraux qui précèdent.
Il faut se figurer un instant qu’on est Irlandais ou Polonais, c’est-à-dire d’une race où la nationalité et la religion se sont jusqu’ici étroitement embrassées ; d’une armée qui s’agenouille au nom de Marie, et dont le généralissime Skrzynecki combat avec le scapulaire sur la poitrine ; il faut se prêter à cet orgueil si légitime qui, au milieu de l’inaction des peuples les plus invoqués, au sein de l’apparente lâcheté européenne, permet qu’on se considère comme le peuple élu par excellence, comme un peuple hébreu, martyr et réduit présentement en captivité, mais pourtant le seul vivant entre les tribus idolâtres, le seul par qui la cause de Dieu vaincra.
La Fédération Régionaliste Française, si elle n’a encore réalisé qu’une faible partie de son vaste programme, a du moins préparé un terrain d’entente entre un grand nombre de jeunes écrivains et cela seul lui eut mérité déjà d’être signalée ici. […] Seul le soleil, tentant quelque suprême assaut, Ensanglante à présent la Lice et Saint-Nazaire ; Où les cerviers du Nord tous en vain s’écrasèrent, Des femmes lentement rêvent près des berceaux… Douce monte une nuit orientale et chaude… Montfort, ton œuvre est morte et sa cendre est à l’Aude, Les midis à leur tour ont chassé tes effrois… Et, — la lune courbée en profil de tartane, — Tout le ciel étoilé tend un blason d’orfrois Qui figure l’orgueil de la Terre occitane !
Géruzez disait : « Je crains l’homme d’un seul livre, surtout lorsque ce livre est de lui. » Craignez un peu d’être l’homme d’un seul livre, le livre fût-il même d’un autre ; ce n’est qu’une circonstance atténuante.
Le livre de Gabrielle d’Estrées, écrit avec le sang-froid de l’homme d’État encore plus que de l’historien, se distingue par une simplicité d’expression ravissante en Capefigue, qui d’ordinaire aime à fringuer et à faire briller la paillette chère au siècle qu’il a tant aimé Pour tout dire d’un mot, c’est un livre où la rectitude des idées a créé, seule, un talent sur lequel nous ne comptions plus. […] et que les passions toutes seules d’Henri IV auraient aussi sûrement défaite que le poignard de Ravaillac, qui termina tout en une fois.
Dans sa peur de paraître dupe, la seule peur qui soit française et dont les crânes de ce pays de Murats intellectuels ne rougissent jamais, il va jusqu’à nous dire (toujours légèrement !) […] Pour donner une idée de cette indifférence à conclure, il raconte quelque part, avec une lestesse de plume et un faire de romancier moderne, l’histoire de cette femme à trois maris vivants qu’il appelle Jante, qui voyait la meilleure compagnie d’Athènes, et il ne tire pas une seule conclusion — une conclusion quelconque !
Quoiqu’il fût né à Bâle, à quelques lieues de la frontière de France, nous ne connaissions pas plus Hebel que s’il avait été quelque poète norvégien ou danois, un de ces vaporeux génies des Fiords solitaires, comme il y en a, sans nul doute, de perdus, excepté pour Dieu seul, qui les écoute penser, dans ces pays silencieux où les neiges polaires semblent assourdir jusqu’aux pas de la Gloire, et où Byron mourrait sans écho comme Manfred ! […] Procédé grossier et barbare, diront les académies, mais loyal et le seul que rechercheront toujours les artistes profonds, les vrais connaisseurs, qui savent reconstituer une poésie avec les mots qui l’ont exprimée, comme on imagine l’effet d’ensemble du collier dont on tient les perles défilées dans sa main.
Dans un pays de la forte nationalité du nôtre, qui est tout l’univers avant d’être français, et dont les gentilshommes — s’il y a encore des gentilshommes — mettent pour courir les culottes d’un jockey anglais, il y a dix poètes pour le moins, à cette heure, de la force ou plutôt de la faiblesse de Leopardi, et dont on ne s’occupe pas, avec raison, du reste, mais par la seule raison qu’ils ne sont pas des Italiens ! […] Mais on n’est pas Dante, on n’est pas un prophète, on n’est pas un grand poète, de cela seul qu’on est un grand triste.
Belmontet55 Un livre de poésies, annoncé seul dans un bulletin bibliographique exclusivement consacré aux ouvrages en prose, doit produire un effet inattendu et un contraste, comme si l’on plaçait une pierre d’une autre espèce dans une mosaïque dont les marbres ne différeraient, jusque-là, que par les couleurs. […] A nos yeux, les seules périodes comparables à celle qu’il anima de son génie sont, ou cette époque de l’histoire d’Espagne qui brille du nom presque fabuleusement beau de son Cid, ou, dans notre histoire, à nous, l’époque immense de Charlemagne.
Ou ailleurs (dans Seule) : Son cœur, son pauvre cœur jusqu’à la mort fidèle, S’était pris sans espoir d’un amour éclatant ! […] on savait, bien longtemps avant ce recueil, que Monselet était un chanteur plein de verve et de fantaisie et dont on citait et on répétait les chansons, mais le poète d’âme, on le savait moins, et lui-même se méconnaissait : Entre les noms dont se contente Avec grand’peine maint rimeur, Il n’en est qu’un seul qui me tente : Poète de la bonne humeur.
L’Arioste seul pourrait décrire leur poétique histoire. […] Le roi, le voyant seul ferme à ne vouloir point boire de vin, le maltraitait souvent de paroles ; il lui donna même une fois quelques coups pour cela. […] L’envoyé de la Compagnie française fut le seul qu’on expédia sans réponse. […] On me disait que les murs partout étaient couverts de cette manière ; et il faut observer que de temps en temps on change l’argent en ducats, le seul or qui vienne en Perse. […] Chardin seul est admirable parce qu’il est sincère, et intéressant parce qu’il est vrai ; c’est le voyageur par excellence, parce qu’il n’a d’autre système que la vérité.
La légende seule rend une action hautement musicale en la réduisant au caractère humain le plus essentiel. […] Faisons donc, comme il convient, des œuvres françaises, vives et nettes, jaillies de nous seuls, mais rappelons que le théâtre n’est pas un lieu de concert et, si nous l’abordons, soumettons-nous résolument à la logique théâtrale. […] Victor Tissot qui vint à Munich pour la troisième ou la quatrième représentation de Tristan, fut le seul qui, dans un article français, il y a vingt ans, célébra le drame nouveau de Richard Wagner. […] dit Tristan, qui devina qu’on les observait, je songe à quitter le royaume ; c’est le seul moyen d’échapper aux méchants propos qu’ils ne cessent de tenir sur moi. […] Celle qui l’a guéri autrefois en Irlande pourrait seule le guérir encore ; il l’envoie chercher.
… Seule Sarah Bernhardt, par son âge, est au-delà de tout soupçon. […] Il s’appellera Les Verdâtres et s’ornera d’une épigraphe ou d’une épitaphe de Henri Heine dont je ne retrouve pas le texte en ce moment mais qui signifie, à peu près : « Je suis allé aujourd’hui la Morgue et à l’Académie française voir des cadavres verts. » Je vais donc relire un seul livre de Faguet, mandarin des lettres et de la politique. […] Honorat de Bueil, seigneur de Racan, est la seule âme poétique égarée dans le premier Parnasse, groupe d’ouvriers probes, trop consciencieusement appliqués au martelage des syllabes et à l’ajustage des stances pour se donner le loisir de rêver. […] Peut-être même est-ce la brume seule qui est belle. […] Par exemple, dès que M. le docteur se met à résumer les livres de Cyrano, il convient de fermer sa thèse ; seul un mathématicien pourrait trouver l’abrégé plus court que les œuvres analysées.
Ce n’est pas pour soi seul qu’ici-bas on doit vivre. […] Tantôt ils choisissaient l’épaisseur d’un ombrage : Là, sous des chênes vieux où leurs chiffres gravés Se sont avec les troncs accrus et conservés, Mollement étendus, ils consumaient les heures Sans avoir pour témoins, en ces sombres demeures, Que les chantres des bois, pour confident qu’Amour Qui seul guidait leurs pas en cet heureux séjour. […] maîtresse de son urne, La fait arriver seule et sans guide aux degrés. […] Il avait donc un véritable goût que je ne lui reproche pas du tout pour le burlesque entendu comme l’entendent les honnêtes gens, et il a tiré du roman de Scarron, avec Champmeslé (mais c’est à peine si je dis avec Champmeslé, car on sait bien que les choses signées La Fontaine et Champmeslé étaient de La Fontaine tout seul ou à peu près ; la part de Champmeslé consistait à faire jouer et répéter les comédiens ; cela est absolument certain), donc, avec Champmeslé, si vous voulez, il a tiré de Scarron une comédie intitulée Ragotin. […] Quelquefois il suffit d’une seule pièce qui sera inconnue dix ans plus tard pour que la verve satirique d’un auteur s’éveille et pour qu’il porte contre tout un genre littéraire de son temps une accusation qui ne s’applique qu’à cette pièce-là.
Il appela les étrangers, disent les vieux auteurs, « et fit un seul peuple de tant de gens de natures diverses. » Ce ramassis de barbares, de réfugiés, de brigands, de colons émigrés, parla si promptement roman ou français, que le second duc voulant faire apprendre à son fils la langue danoise, fut obligé de l’envoyer à Bayeux où elle était encore en usage. […] Par ce seul mot, l’honneur, tout l’esprit de la guerre est changé. […] On les croit naïfs, ils ont l’air de n’y point toucher ; un mot glissé montre seul le sourire imperceptible : c’est l’âne, par exemple, qu’on appelle l’archiprêtre, à cause de son air sérieux et de sa soutane feutrée, et qui gravement se met à « orguenner. » Au bout de l’histoire, le fin sentiment du comique vous a pénétré sans que vous sachiez comment il est entré chez vous. […] Les titres seuls font bâiller ; que sera-ce du texte ! […] Voilà ce que les lourds Saxons ont commencé à découvrir ; la conscience germanique s’est éveillée et aussi le bon sens anglais, l’énergie personnelle, la résolution de juger et de décider seul, par soi et pour soi.
Cette comédie est sans rapport direct avec notre vieille farce française : les jeunes filles et l’amour, avec le dénouement du mariage, y tiennent une telle place que cela seul suffit à séparer les deux genres. […] Hardy fonde le théâtre nouveau, et la comédie n’y a point de place : la chose s’explique toute seule. […] Corneille fut seul à exploiter cette veine ; encore l’abandonna-t-il bientôt lui-même, pour se tourner vers l’imitation des Espagnols. […] Le tempérament de Molière n’explique pas seul qu’il n’ait pas soumis son style au goût du grand monde : il avait d’autres raisons. […] Même on pourrait dire que moins la réalité est riante, et plus Molière la traite en farce : par la bouffonnerie seule, la comédie peut s’emparer de certains sujets où déborde la tristesse, comme celui de Georges Dandin.
Une composition serrée peut contribuer à la beauté d’une œuvre ; il s’en faut qu’elle la constitue toute seule. […] MM. de Goncourt ont éprouvé par deux fois le besoin d’exprimer leur peur de la femme, leur préjugé contre le mariage, et de montrer que l’artiste doit vivre seul pour être tout entier à son démon intime. […] J’aimerais qu’elle continuât de souffrir silencieusement et de prier toute seule. […] A plus forte raison peut-il seul contenter les écrivains qui le pratiquent, et qui, à supposer que nous soyons malades, doivent l’être encore plus que nous, étant parmi nous les premiers. […] Edmond de Goncourt a écrits tout seul.
L’art est virtuellement dans toute la nature ; la plante et l’animal ne sont pas les seuls êtres qui le contiennent dans leurs harmonies et leurs proportions. […] La Restauration a été le fantôme qui les a inspirés et qui les a fait croire ; et eux, de leur côté, avec leur voix puissante et leur don créateur, ont communiqué à ce fantôme une sorte de vie galvanique, une vie qui n’était pas en lui, mais que son aspect seul a suffi pour éveiller dans le sein des poètes, et qui lui est revenue par eux. […] Voilà les deux seuls mouvements de sa poésie : semblable à la mer qui monte et redescend, qui apporte un instant quelques corps sur le rivage, et bientôt les replonge dans l’obscurité de son sein. […] En d’autres termes, l’un n’est que lyrique, et encore n’est lyrique que d’une seule manière ; l’autre est à la fois lyrique et dramatique. […] Mais qu’est-ce que le mysticisme seul, le cloître seul, ou plutôt l’écho vaporeux du cloître, quand le cloître même n’existe plus ?
Tire-toi donc d’affaire tout seul si tu peux, ou en vivant en parasite sur moi si tu es assez habile pour le faire. […] Par cela seul que nous existons, notre volonté est déjà orientée, notre choix est fait, il n’y a plus qu’à en tirer les conséquences logiques, qui se trouvent ici des conséquences morales. […] À moins pourtant que l’on ne voie dans l’opposition systématique faite pour n’importe quelles raisons à la société actuelle, la seule et nécessaire voie nous menant à une société meilleure. […] Mais par cela seul qu’une forme sociale s’est réalisée, elle tend forcément à réprimer les fantaisies individuelles, les désirs égoïstes qui la mettent en danger. […] S’il ne crée pas tout à lui seul, il se sert de tout ce qui naît, de tout ce qui passe dans l’esprit.
Le seul but c’est le drame lui-même, c’est à dire l’action, la passion, la vie. […] Eva n’est point seule : sa servante Madeleine la suit à pas comptés, en beaux atours, son livre d’Heures à la main, commère coquette et prudente. […] Mais ils ne sont pas seuls, en vérité. […] Si le cancan passe à l’étranger pour notre danse nationale, il ne convient pas que ce mime cancan soit considéré comme la seule musique de notre pays. […] Mendès n’en reprend qu’un seul passage reconstitué à partir de ses souvenirs de lecture.
S’il l’avoit conduit jusqu’à nos jours, il est à croire qu’il lui auroit fallu pour les seuls Poëtes françois une trentaine de volumes. […] La Henriade de M. de Voltaire est peut-être le seul de nos Poëmes épiques qui ait réussi dans les pays étrangers, & qui ait eu un grand succès en France. […] Je vois pour un seul vrai Poëte Vingt futiles décorateurs. […] Ses Odes étoient le seul modèle, qu’un homme de goût pût imiter avant le milieu du dernier siécle. […] Il y a réellement du choix dans ce recueil, & le Mémoire historique sur la chanson dont M. de Querlon l’a orné, suffiroit seul pour le faire rechercher.
Pourtant ici encore la personnalité humaine, individuelle ou collective, est seule en scène ; elle y paraît avec la gravité que l’impassible génie de l’historien sait communiquer à tout ce qu’il touche, tandis que la naïve sensibilité et la vive imagination d’Hérodote répandent leurs charmes sur les choses et les hommes dont il parle. […] A notre siècle seul appartiennent les œuvres de véritable science historique. […] L’homme reste toujours le héros du drame historique ; mais il n’en est plus le seul acteur. […] Un seul personnage peut-être apparut sur la scène vers la fin de la tempête, qui a été vraiment libre et fort dans son orgueil solitaire, d’autant plus maître de lui qu’il n’a jamais été en communication avec les grands courants de la patrie ou de l’humanité : c’est Napoléon, digne par son indomptable personnalité de prendre place parmi les héros de Plutarque, si son âme eût été à la hauteur de son intelligence. […] Il n’y a pas eu de vaincus ; les seuls vainqueurs ont été la civilisation européenne et la charte. » Notre génération applaudit toute cette philosophie de l’histoire au milieu d’un auditoire dont les sympathies allaient jusqu’à l’enthousiasme.
Montluc, tant qu’il a à combattre les seuls ennemis du dehors, n’est que rude ; mais, les guerres civiles s’allumant, il devient cruel. […] Cette fois pourtant il le fut : il avait fait un vœu à Notre-Dame-de-Lorette, et quand, peu après, la ville de Capistrano fut prise et mise à sac, il envoya prier son lieutenant La Bastide de lui garder autant de femmes et de filles qu’il se pourrait pour les préserver des outrages, « espérant que Dieu, pour ce bienfait, l’aiderait. » On lui en amena donc quinze ou vingt, les seules qu’on put sauver. […] Je le dis pour ce capitaine qui a le bras en écharpe, qui est appuyé contre ce tertre, car il faut confesser qu’il est seul cause de notre salut.
Gœthe est le seul poète qui ait eu une faculté poétique à l’appui de chacune de ses compréhensions et de ses intelligences de critique, et qui ait pu dire à propos de tout ce qu’il juge en chaque genre : « J’en ferai un parfait échantillon, si je le veux. » Quand on n’a qu’un seul talent circonscrit et spécial, le plus sûr, dès qu’on devient critique, — critique de profession et sur toutes sortes de sujets, — est d’oublier ce talent, de le mettre tout bonnement dans sa poche, et de se dire que la nature est plus grande et plus variée qu’elle ne l’a prouvé en nous créant. […] Ne bâtissons pas tout un édifice sur une seule colonne.
À ce seul titre, qui ne croirait qu’il s’agit du premier cheveu blanc qui se découvre, un matin, sur une tête blonde ou brune de femme ? […] Resté seul un moment, il examine autour de lui ce lieu qui lui était à peu près inconnu et qui lui rend presque des désirs : « Charmante petite chambre ! […] Feuillet a eu l’art de faire du mariage une galanterie et une bonne fortune : piquante manière, et la seule peut-être à la lecture, de le remettre en bonne odeur, de le rafraîchir et de le raviver.
Vous ne retrouverez dans ces Mémoires que les principaux événements de notre vie commune : vous y verrez des erreurs que vous m’avez pardonnées, des mécomptes que vous avez prévus, et si votre nom ne s’y rencontre que rarement, vous savez qu’en écrivant les lignes qui suivent, votre pensée n’a pu me quitter un seul instant. » J’avoue que dans les Mémoires qui nous sont donnés, je ne vois pas trace d’erreurs dans le sens où on le pourrait supposer, dans le sens malin et français ; je n’y vois que des mécomptes. […] Esprit supérieur et courageux, il a su, seul de ses collègues, se montrer toujours au-dessus de ses fonctions et même de la faveur. […] En deux mots, ne me donnez pas, à vous seul, autant d’occupation que toute la police de l’Empire.
Tous les intérêts particuliers se trouvant blessés au vif en même temps que le sentiment national, la France ne compta plus dès lors un seul partisan sincère en Allemagne, et il ne lui resta que ceux dont des avantages individuels achetaient la complaisance, ou dont l’esprit était subjugué par la crainte. […] Mais ce n’était pas la politique seule qui séparait M. […] Bignon, a donné les plus curieux détails, et les plus circonstanciés, sur les ladreries, mesquineries et lésineries avérées de cet archevêque ambassadeur qui ne savait faire que de belles phrases, s’endormir au Conseil et dans toutes les cérémonies, et qui ne voulut jamais qu’on prît la peine d’approprier sa chapelle pour y entendre une seule fois la messe42.
J’y existe, comme je l’ai toujours été, étranger à toutes les discussions et à tous les intérêts de parti, et n’ayant pas plus à redouter devant les hommes justes la publicité d’une seule de mes opinions politiques que la connaissance d’une seule de mes actions… » Sa réclamation étant restée vaine, il s’embarqua en ce temps pour les États-Unis. […] Une seule chose que la politesse défend de dire des gens si ce n’est après leur mort ; c’est que M. de Talleyrand a menti ; et, dès qu’il y avait le moindre intérêt, il était coutumier de mentir.
Seuls, Pierre et Jean ne quittèrent pas de vue leur maître. […] Le Talmud ajoute que ce fut de la sorte qu’on se comporta envers Jésus, qu’il fut condamné sur la foi de deux témoins qu’on avait apostés, que le crime de « séduction » est, du reste, le seul pour lequel on prépare ainsi les témoins 1101. […] D’une seule voix, l’assemblée le déclara coupable de crime capital.
Cela provoque du même coup le désir, la tentation de mettre en œuvre les autres centres nerveux restés inertes pendant ce temps-là, et c’est ainsi que nous appelons de tous nos vœux avec une énergie croissante la variété salutaire, seule capable de nous délasser et de satisfaire notre sensibilité en la stimulant sur des points où elle est fraîche et reposée. […] Un seul de nous pourrait-il dire à la lettre : je suis aujourd’hui ce que j’étais hier ? […] Or, par ce seul fait que les jeunes protestent volontiers contre la tendance dominante, ils favorisent celles qui étaient étouffées par elle.
Mats il serait dangereux de copier les styles particuliers de Wagner, de lui emprunter des recettes musicales, et tout au moins superflu de lui prendre ses sujets, comme si l’Allemagne était seule à avoir des épopées et des légendes. […] L’auteur montre que Richard Wagner avait une connaissance profonde et détaillée du moyen âge ; il ne fait pas étalage de son érudition dans Lohengrin, mais chaque détail est exact, et en beaucoup d’endroits une parole qui paraît sans importance au vulgaire, est pleine d’intérêt pour le savant. — En un seul point Wagner ne s’est point conformé à l’exactitude historique, — c’est en faisant célébrer le mariage de Lohengrin et d’Elsa à l’église ; l’action de Lohengrin se passe au commencement du dixième siècle, or ce n’est guère que vers les onzième et douzième siècles que l’église parvint à imposer le mariage religieux, et dans les descriptions de mariages avant cette époque il n’est jamais question de cérémonies religieuses. […] En lien avec l’univers wagnérien, il écrivit Briséis avec Catulle Mendès, pièce dramatique qui sera mise en musique par Chabrier en partie (le seul premier acte est achevé).
La réflexion claire et distincte ne porte guère que sur un seul point à la fois, puis sur un second, puis sur un troisième, etc. ; d’où la forme sérielle que prend la conscience réfléchie. […] Dès le début, l’homme s’est donc trouvé au sein d’une société, enveloppé dans des relations de toutes sortes avec des groupes plus ou moins vastes, jamais seul en face de son moi solitaire et clos. […] Dès qu’une substance nerveuse reçoit le choc des forces extérieures, quelque désordonnées, multiples et diverses que soient ces forces, une résultante s’établit bientôt, par le seul jeu des lois mécaniques ; un rythme se produit, une forme quelconque qui permet la distribution et l’intégration des forces.
Aux yeux du plus grand nombre, la science ne vaut que par son utilité ; mais il n’en est pas ainsi du vrai savant : son seul objet est de connaître pour connaître ; la science a une valeur intrinsèque, indépendante de ses résultats. […] L’objet de la science étant, non pas l’utilité, mais la vérité, il me semble que la vérité doit embrasser tous les faits, de quelque nature qu’ils soient, tout aussi bien les faits passés que les faits actuels, car, je le demande, de quel droit exclurait-on le passé de la recherche scientifique, et sur quoi s’appuierait-on pour établir que le présent seul peut être l’objet de la science ? […] L’individu, étant presque à lui seul un petit monde, surtout quand il est grand, prend une place et joue un rôle qu’aucun individu n’occupe dans la nature extérieure.
Or on voit que, depuis l’époque de la réformation, tous les pays protestants ont fait des pas rapides vers une meilleure police, que les absurdités et les préjugés contraires au bon sens y ont diminué sensiblement, et qu’il n’en existe pas un seul qui, respectivement, ne soit plus florissant que tel pays catholique qu’on voudra lui comparer ; proportion gardée de leurs avantages et de ce que chacun devrait être. […] C’est une grande question que de savoir si la seule étude des langues anciennes vaut le temps qu’on lui consacre, et si cette époque précieuse de la jeunesse ne pourrait pas être employée à des occupations plus importantes. […] L’empereur seul a le droit de les accorder.
Que de lecteurs, et surtout de lectrices, jugent, d’après la seule couverture et les quelques mots quelle porte, un ouvrage qui coûta des années de peine à son auteur ! […] Seul un poète comme Hugo pourra se permettre d’appeler d’un terme aussi vague que l’Histoire d’un crime, le récit du Coup d’État du 2 décembre 1851. […] Il faut le reconnaître — et ce sera notre conclusion, — c’est sous les titres les plus simples que se cachent les vieux chefs-d’œuvre, parés de leur seule beauté.
Ces jugements, tout favorables à l’ouvrage, et dans lesquels on s’appuyait de l’aversion non douteuse que devaient produire sur les cœurs droits et les esprits bien faits ces odieux personnages et leurs manèges honteux si fidèlement représentés, venaient se résumer dans un seul mot : “C’est une pièce a où l’on ne mènera certes pas sa fille, mais on pourra y conduire son fils.” […] ” — La seule lecture de ce paragraphe si précis a mis fin à la discussion, et la commission, à l’unanimité, n’a eu qu’à passer outre.
Diderot, qui avait déjà aimé plus d’une fois et avec passion, mais qui avait fini par trouver à sa femme trop peu d’esprit, et à madame de Puisieux trop peu d’honneur, recueillit toute son âme, toute sa chaleur égarée de cœur et de vertu, toutes ses facultés surabondantes de sensibilité et de génie, pour les consacrer à tout jamais au seul être qu’il en jugeât digne. […] Nous n’en citerons qu’un seul exemple : « Cet autre moine-ci était un galant homme, d’un esprit assez leste et point du tout enfroqué.
A celui qui ajournait la religion, l’auteur de ces lettres avait à faire sentir et à démontrer que la science est sans vie, l’industrie sans réhabilitation, les beaux-arts sans rôle social, si un lien sacré d’amour ne les enserre pour les féconder ; il avait à révéler l’influence puissante, bien qu’incomplète, du dogme chrétien et de la théologie sur la politique d’alors et sur les progrès de la société ; il avait à prouver qu’aujourd’hui que cette théologie est reconnue arriérée, s’abstenir d’y substituer celle qui seule comprend l’humanité, la nature et Dieu ; rejeter ce travail glorieux et saint à un temps plus ou moins éloigné sous prétexte que le siècle n’est pas mûr ; s’obstiner à demeurer philosophe, quand l’ère religieuse est déjà pressentie, se rapetisser orgueilleusement dans le rôle de disciples d’un Socrate nouveau, quand la mission d’apôtres devrait soulever déjà tous nos désirs ; — que faire ainsi, c’était se barrer du premier pas la carrière, se poser une borne au seuil de l’avenir, s’ôter toute vaste chance de progrès et être véritablement impie. […] Le mosaïsme en effet a été la religion qui s’est socialement réalisée jusqu’ici avec le plus d’unité ; c’est même la seule, à vrai dire, qui ait réalisé cette unité ; sinon sur une grande étendue, du moins dans une profondeur et avec une intensité inouïes.
Ayant cherché Dieu dans la nature et ne l’ayant pas trouvé, il voulait que l’être humain se tint seul et debout, ayant son Dieu présent en lui : l’Honneur. […] Tout Musset, le seul grand, celui des Poésies nouvelles, est pourtant dans cette plainte sans grandeur.
Concevoir le monde comme un militarisme psychologique, à qui convient une théorie et une seule, envisager comme identiques les infiniment variées positions morales dont le nom seul est commun, et comme comportant une solution (qu’on va vous dire), imaginer qu’on a formulé la vie quand on a trouvé cinq ou six problèmes abstraits, est-ce le fait d’« une des plus hautes intelligences de notre temps » ou d’un Homais raisonneur et borné ?
salués d’applaudissements de triomphe, des milliers de savants s’emploieront à des investigations physiques presque infinitésimales ; à rechercher la composition atomique et la structure microscopique du corps ; à explorer les formes innombrables de la vie animale et végétale, invisibles à l’œil tout seul ; à découvrir des planètes qui ont parcouru, inconnues pendant des siècles, leurs orbites obscurs ; à condenser, par la puissance du télescope, en soleils et systèmes, ce qui était regardé récemment encore comme la vapeur élémentaire des étoiles ; à traduire en formules numériques l’inconcevable rapidité des vibrations qui constituent ces rayons, si fermes en apparence que les plus forts vents ne les ébranlent pas ; à mettre ainsi en vue les parties les plus mystérieuses de l’univers matériel, depuis l’infiniment loin jusqu’à l’infiniment petit ; mais l’analyse exacte des phénomènes de conscience, la distinction entre les différences, si fines pourtant et si petites, des sentiments et des opérations ; l’investigation attentive des enchaînements les plus subtils de la pensée, la vue ferme mais délicate de ces analogies mentales qui se dérobent au maniement grossier et négligent de l’observation vulgaire, l’appréciation exacte du langage et de tous ses changements de nuances et de tous ses expédients cachés, la décomposition des procédés du raisonnement, la mise à nu des fondements de l’évidence : tout cela serait stigmatisé comme un exercice superflu de pénétration, comme une perte de puissance analytique, comme une vaine dissection de cheveux, comme un tissage inutile de toiles d’araignées ? […] L’œil ne nous donne que la figure, la position et la grandeur apparentes : le toucher seul nous donne la figure, la position et la grandeur réelles.
Il a donné les Entretiens et il a publié le Civilisateur : « Déjà presque au terme de ma longue carrière, a-t-il écrit dans la préface de cet ouvrage, avant d’avoir perdu une seule note de ma voix, mon ambition serait de recevoir en bas, dans les rangs obscurs mais honorables du peuple, la naturalisation littéraire et poétique que j’ai reçue autrefois en haut, dans les rangs supérieurs et élégants de la société. […] Il n’est pas un seul d’entre nous qui se sente incapable des vertus que j’indique.
Wundt attribue aussi à l’aperception le fait suivant : dessinez au tableau un dé dont les arêtes seules soient indiquées, « vous pourrez mettre en avant dans votre esprit celle des deux faces que vous voudrez, selon que vous vous représenterez intérieurement le dé vu de dessous ou vu de dessus. » Mais qu’y-a-t-il de plus simple que ce changement de perspective, dû à la manière dont nos souvenirs intérieurs s’associent avec les lignes extérieures ? […] Ainsi, dans une de ses expériences, les images suivantes se présentèrent : un arc, une flèche, une personne tirant de l’arc et n’ayant que les mains visibles, un vol de flèches occupant complètement l’œil de la vision (contiguïté), des étoiles tombantes, de gros flocons de neige (ressemblance), une terre couverte d’un linceul de neige (contiguïté), une matinée de printemps avec un brillant soleil (contiguïté et contraste), une corbeille de tulipes, disparition de toutes les tulipes à l’exception d’une seule ; cette tulipe unique, de simple, devient double ; ses pétales tombent rapidement, il ne reste que le pistil, le pistil grossit, etc.
Ce que je regrette en présence de votre génération, ce que je vous reprocherais même si vous étiez seuls responsables de cet inquiétant abandon des intelligences, c’est l’affaiblissement chez la plupart d’entre vous, chez quelques-uns même l’absence d’un sentiment qui propage la flamme et la vie et dans toute l’étendue de son empire agrandit la nature humaine. […] Un seul mot peut traduire cet intraduisible Excelsior : « plus haut !
Ou mieux encore, il fallait le laisser seul et l’abandonner à sa rêverie. […] Nous aimons mieux encore réciter une belle action que la lire seul.
L’expérience les avoit convaincus de ce qu’elle seule peut persuader, c’est qu’une mere qui pleure en musique la perte de ses enfans, ne laisse point d’être un personnage capable d’attendrir et de toucher sérieusement. […] Il faut même qu’on eut augmenté les appointemens de Roscius depuis le temps où l’état que Pline avoit vû fut dressé, puisque Macrobe dit que notre comédien touchoit des deniers publics près de neuf cent francs par jour et que cette somme étoit pour lui seul.
Il faut ajouter, pour compléter cette liste de vingt-deux, Marchenna, Girey-Dupré et Riouffe, qui n’étaient pas députés, — et Fauchet, l’évèque intrus du Calvados, le seul homme de talent réel, une espèce de Diderot évêque qui aurait eu la foi, et à qui la foi et le sacrement de l’ordre sans doute valurent plus tard le repentir. […] Le mouvement insurrectionnel du fédéralisme se résuma donc tout entier dans la ville du Refuge pour les Girondins, dans la déclaration anonyme de l’insurrection (ce fut Vaultier qui, en raison de ses bouillants vingt-deux ans, prit sur lui le dangereux honneur de signer cette déclaration qu’il n’avait pas écrite), et, dans l’expédition panique de Brécourt, un seul coup de canon qui ne porta pas et mit en fuite deux braves corps d’armée.
Il y a dans le titre seul de cette histoire quelque chose de fastueux, d’étalé, de gonflé, qui sent son petit Tuffière historique en herbe, et qui dispose mal la critique en faveur d’un livre annonçant plus qu’il ne peut tenir. […] Conserver, en le modifiant, tout ce qui peut être sauvé du passé d’un peuple, c’est peut-être la seule ressource laissée pour manifester leur génie aux grands politiques des vieilles civilisations.
Il avait essayé du rire, du rire à large fente, et il s’en est fait un comme à la scène on se fait une tête ; car naturellement, si j’en crois le livre que j’ai sous les yeux, il n’est pas un esprit gai ; il n’a pas la promptitude, et la sveltesse, et le pétillement et la couleur rose qui font ce qu’on appelle la gaîté, du moins comme on l’entend en France, le seul pays où on la comprenne. […] Pascal, bien autrement triste que Molière, Pascal, le janséniste rechigné, l’inquiet, l’épouvanté, le hagard Pascal, qui certainement n’a pas ri une seule fois dans sa vie tourmentée, a donné, en ses Provinciales, un exemple d’impayable comique que Molière aurait pu admirer… Les esprits les plus gais qu’on ait vus, au contraire, ont parfois manqué de comique.
Pour ne citer qu’un seul exemple, traduire Milton fit blanchir les dernières papillotes de Chateaubriand. […] Mais Avellaneda, le continuateur de Cervantes, qu’il ait été un laïque ou un prêtre, un spéculateur qui veut gagner sa poignée de ducats ou un envieux qui ait tenté de voler sa gloire à un homme qui n’avait que de la gloire à voler, qu’importe à la postérité, qui ne juge les hommes que sur leurs œuvres et qui ne s’intéresse qu’à un seul genre d’incognito, — celui des rois ou des empereurs de la pensée !
Du reste, ils ont raison de ne pas venir, j’aime mieux mourir seul. […] Sans doute, il y a entre les poésies de la Bible et les poésies des Hirondelles la différence de l’inspiration divine à l’inspiration humaine, — à l’inspiration chétive d’un homme seul ; mais celle-ci est si vraie qu’elle en contracte un sérieux réellement plein de grandeur.
Ovide qui, né chevalier romain, et relégué par un seul mot d’Octave à quatre cents lieues de Rome et parmi des peuples barbares, des bords du Pont-Euxin, fatigua, pendant six ans, de prières et d’éloges son tyran, qui ne daignait pas l’entendre ! […] D’abord il querelle très sérieusement la fortune de ce qu’elle a osé attaquer un grand homme tel que Polybe : cependant il voit bien qu’elle a été très adroite, car elle a trouvé le seul endroit par où elle le pût blesser.
Des principes qui tendaient à élever la faiblesse, à rabaisser l’orgueil, à égaler les rangs par les vertus, devaient donner à l’éloquence un mélange de force et de douceur ; enfin, l’étude et la méditation des livres sacrés, répandirent souvent sur ces discours une teinte orientale, inconnue jusqu’alors aux orateurs de l’empire ; d’un autre côté, le mépris d’une vaine gloire, l’absence des passions, l’impression que l’orateur faisait souvent par la seule idée du Dieu dont il était le ministre ; enfin, la persuasion qu’entre les mains de la divinité tous les instruments sont égaux, durent ou retarder, ou affaiblir les progrès de ce genre d’éloquence. […] Il est étonné que son héros, avec si peu de forces, ait tenté une guerre si importante : « Assurément, lui dit-il, vous avez quelque intelligence secrète avec l’âme universelle et divine, qui daigne se manifester à vous seul, tandis que nous, ce sont des dieux subalternes et du second ordre qui sont chargés de nous conduire. » Ensuite il ne peut comprendre qu’il se soit trouvé dans l’univers des hommes qui aient eu l’audace de résister à Constantin : « Eux qui auraient dû, lui dit-il, céder, je ne dis pas à la présence de votre divinité, mais en entendant seulement prononcer votre nom. » Bientôt après, ce lâche orateur fait un crime à son héros d’avoir combattu lui-même, et de s’être mêlé au milieu des ennemis, d’avoir par là, dit-il, presque causé la ruine de l’univers.
Le vieux goût les infecte ; ils ont trop de raison, Je ne veux imiter que le sombre Milton, Milton seul est poëte ; un Journal le déclare : C’est en vain que Dryden l’a traité de barbare. […] Eux seuls sur le théâtre ont porté la terreur.
Nous ne demandons qu’une seule grâce, disent-elles, ô vierge de Délos ! […] Là où seule elle domine, l’enthousiasme de l’art s’éteint, comme celui de la vertu.
Je l’ai dit tout à l’heure et je sais que je ne suis pas le seul à le penser ; le Rimbaud en prose est peut-être supérieur à celui en vers... […] Voilà, sauf erreur, les deux seules exceptions troublantes. […] dans les récits de seul bon sens, de seul Bon Sens, dans les sortes d’apologues lumineux s’adressant à nos meilleurs sentiments de haine parfaite, perfecti odii, pour la soi-disant Bourgeoisie (je dis soi-disant Bourgeoisie, car au fond il y a de réelles bonnes et braves gens partout et les castes ont raison d’être) ; je veux parler des Phantasmes de M. […] Mais l’écrivain seul était en jeu. […] Un seul et dernier mot, Mesdames et Messieurs, avant de commencer cette causerie toute confraternelle, si vous le voulez bien : Bravo !
Comme cette perte est cinquante fois trop grande pour que la sagesse du siècle juge à propos de s’y exposer dans l’intérêt du salut du christianisme, il n’y a aucune raison de s’y exposer, pour la seule satisfaction de le détruire. […] L’empereur et surtout les Hollandais profitaient seuls des défaites de la France, et l’Angleterre succombait sous d’inutiles victoires. […] Aussitôt Swift partit avec cette lettre pour Cellbridge, entra chez Vanessa, jeta cette lettre sur la table, et sortit sans lui dire un seul mot. […] En un mot, la raison nous défend seule contre des récits auxquels l’imagination se rend sans efforts, et, selon le langage des philosophes, c’est à priori que nous refusons d’y croire. […] Une vue complète de la nature, de ses lois, de son tranquille et immense empire, réduit à leur juste valeur les agitations du monde, sans les avilir, par le seul rapprochement de leur mobile petitesse et de l’ensemble des choses.
Samedi 15 mars Ce soir, une dépêche de Descaves, où il y a ce seul mot : Acquitté. […] La manifestation du premier mai fait causer du mouvement nihilo-socialiste actuel, où il n’y a aucun plan de reconstitution d’une nouvelle société, mais où il n’y a que la volonté de faire table rase de la vieille, et laisser la nouvelle se faire toute seule. […] Gavarret parle d’un discours sur Voltaire, que devait prononcer Royer-Collard à l’Académie, et que lui seul et M. de Barante ont entendu : Royer-Collard étant souffrant et ne pouvant se rendre à l’Académie. […] Mardi 23 décembre Oui, une seule fois dans le décor, la répétition de l’acte du Tribunal de La Fille Élisa, et encore avec un tas de choses qui manquent, et sans les bancs, qui doivent être faits, et peints, et séchés à la lampe, demain matin. […] Et nous allons, Ajalbert et moi, très nerveux prendre un verre de chartreuse, au café voisin, où je dis à l’auteur de la pièce : « Avec ce public, n’en doutez pas un moment, le premier acte va être emboîté, et la seule chance que nous puissions avoir, c’est qu’Antoine relève la pièce au second acte. » Au lever de la toile, je suis au fond d’une baignoire, où j’ai devant moi, des jeunes gens qui commencent à pousser des oh !
Ainsi, chez les plantes folles, le bourgeon seul, qui dans ses premières phases ne diffère pas essentiellement d’un ovule, se ressent du trouble apporté aux conditions de vie de la plante mère. […] Je n’en donnerai pourtant ici aucun exemple ; parce que je ne vois guère le moyen de distinguer si le développement de certaines parties et la résorption des parties opposées sont un effet de la sélection naturelle et du défaut d’exercice, ou si l’excès de croissance de certains organes a seul attiré vers eux la nourriture destinée aux organes voisins84. […] Je n’en rapporterai qu’un seul ici, parce qu’il montre l’une des plus larges applications du principe. […] Un seul exemple suffira pour expliquer ce que j’entends par là. […] La résultante de ces trois causes, qui dépendent d’une seule dans laquelle elles se résolvent, est ce qu’on peut appeler l’innéité d’un être.
L’ancien chevalier de la Fronde, devenu amer et goutteux, n’était pas au reste ce qu’on pourrait se figurer d’après son livre seul. […] C’était son seul coin orageux avec Mme de Sévigné. […] Personne, au reste, ne s’y méprit cette fois ; les lectures confidentielles avaient fait bruit, et le livre fut bien reçu comme l’œuvre de la seule Mme de La Fayette, aidée du goût de M. de La Rochefoucauld. […] Cette rougeur familière à Mme de Clèves, et qui d’abord est presque son seul langage, marque bien la pensée de l’auteur, qui est de peindre l’amour dans tout ce qu’il a de plus frais et de plus pudique, de plus adorable et de plus troublant, de plus indécis et de plus irrésistible, de plus lui-même en un mot. […] M. de La Rochefoucauld, qui les goûtait l’un et l’autre comme écrivains, ne leur trouvait qu’une seule sorte d’esprit et les jugeait pauvres d’entretien hors de leurs vers.
Une caricature représente le capitaine Picard composant à lui seul toute sa compagnie. […] Les détracteurs de la démocratie n’hésitent pas à clamer que c’est la seule littérature que ce régime puisse produire. […] C’est un fait propre à la France moderne que cet effacement presque complet des provinces, que cette concentration des forces vives de la nation dans une seule ville. […] L’influence de Paris mériterait à elle seule une étude particulière, et elle explique plusieurs des différences qui existent, au point de vue littéraire, entre le moyen âge et les temps modernes. […] Le chiffre seul était permis, honoré, protégé, payé.
Me parlant de l’espèce d’induration, amenée, dans les sens par la vieillesse, il me dit : « Moi, qui étais si sensible à l’odeur des fleurs des champs… maintenant il faut que je la cherche… elle ne vient plus à moi, toute seule ! […] C’est sublime, comme dédain du nombre, comme révolte d’un seul contre toute une société et tout un temps. […] Il me connaît très peu, et c’est le seul homme du dîner de Brébant, qui me cause de mon livre, récemment publié. […] oh, la nuance… elle est morte à l’heure qu’il est en France… Et la nuance, c’était toute la France, toute sa distinction… le don rare, en un mot, qu’elle seule avait parmi toutes les nations. » Jeudi 19 juin Je trouve, ce soir, Daudet en ses contractions de visage et ses remuements de jambes, disant qu’il a en plein ses douleurs. […] Il veut passer tout l’hiver en Italie… il partira aussitôt qu’il aura de l’argent… il laissera son roman et le reste… et il se décidera tout à coup, comme ça, dans l’heure du réveil… au moment où il fume son premier cigare, et où il se garderait bien de lire une lettre… Oui, le soir, il s’embarquera, à dix heures, — il est très bien avec le chef de gare, qui lui donnera un compartiment pour lui tout seul — et il prendra du chloral… et il dormira jusqu’au matin… et quand il se réveillera… il se réveillera dans du soleil, dans de la gaieté.
Il n’y a pas un seul art qui n’en sente la nécessité. […] C’est en étudiant l’histoire naturelle que les élèves apprendront à se servir de leurs sens, art sans lequel ils ignoreront beaucoup de choses, et ce qui est pis, ils en sauront mal beaucoup d’autres : art de bien employer les seuls moyens que nous ayons de connaître ; art dont on pourrait faire d’excellents éléments, préliminaires de toute espèce d’enseignement. […] Qu’on m’amène un littérateur et sur-le-champ je devinerai s’il a appris le latin par la version seule ou par le thème et la version. […] Je ne parlerai pas de cet arbitre Pétrone du bon goût de la cour de Néron, son nom seul fait rougir. […] Du reste, le genre de thèmes que propose ensuite Diderot me paraît le seul qui puisse avoir quelque utilité. » (Note de M.
L’effort est plus marqué et parfois plus heureux dans les œuvres d’Alain Chartier116 dont le nom surnageant presque seul au xvie siècle dans le naufrage de tout le passé, a usurpé longtemps une estime trop glorieuse : il n’est pas si au-dessus de son temps qu’on l’imaginait jadis. […] Pour nous, l’action seule réalise nos intimes pensées : le poète leur donne réalité, et mieux, éternité, par son œuvre. […] D’ordinaire, la pensée seule fixe l’attention. […] Et une certaine dose de bonne foi, une certaine réputation surtout d’en avoir, attirent seules la confiance. […] Leur œuvre, qui tient à leur temps essentiellement, tire sa valeur littéraire de la qualité individuelle de leur nature, et de cette qualité seule : on y cherche l’expression personnelle d’une âme chez Villon, d’une intelligence chez Commynes.
La pression de tes doigts, si doux sur mes paupières, à la longue, remplirent tout mon être d’un délire sensuel inappréciable… Tes sanglots impétueux flottaient dans mon oreille avec toutes leurs plaintives cadences… C’étaient de suaves notes musicales et rien de plus… pendant que la large et incessante pluie de larmes qui tombait sur ma face… pénétrait simplement d’extase chaque fibre de mon être… Toi seule avec ta robe blanche, ondoyante, dans quelque direction que ce fût, tu t’agitais toujours musicalement autour de moi… Et quand, approchant alors, chère Una, du lit sur lequel j’étais étendu, lu t’assis gracieusement à mon côté, souillant le parfum de tes lèvres exquises et les appuyant sur mon front, quelque chose s’éleva dans mon sein, quelque chose de tremblant, de confondu avec les sensations purement physiques engendrées par les circonstances, quelque chose d’analogue à la sensibilité même, un sentiment qui appréciait à moitié ton ardent amour et ta douleur. […] Dans une littérature où le roman à plusieurs tomes et le poème volumineux sont la règle, il est digne de remarque que Poe n’a écrit qu’une seule œuvre formant un livre, que la longueur moyenne de ses contes est quatorze pages, et la longueur extrême de ses pièces cent vers. […] Si la faculté de voir et de retenir des images horribles n’eût été contenue par l’intelligence, Poe aurait ressenti la terreur et perçu les hallucinations qui empêchaient Hoffmann d’écrire seul la nuit. […] Par contre celle-ci qu’affectaient seuls les spectacles tragiques, son originalité à laquelle répugnaient les sujets rebattus, unis à son rationalisme réfractaire à toute émotion, firent qu’il ne sut montrer de l’amour, source de vie et de joie, que les aspects macabres, tragiques et fous, la Vénus des vertiges et la Vénus tumulaire. […] Poe se marie ; et les circonstances lui ayant ainsi permis d’augmenter le rayon de ses souffrances, voici les désastres qui reviennent et se suivent, que chassé de ville en ville et de rédaction en rédaction, restant besoigneux, lent à travailler, querelleur, aigri, affolé par le spectacle de la maladie qui minait sa femme, semblait l’abandonner et la ressaisissait, il se jeta dans le vice qui consomma sa ruine, se mit à boire les redoutables liqueurs que l’on débite en Amérique, ces délabrants mélanges d’alcool, d’aromates et de glace ; et toujours luttant contre sa tentation et toujours succombant, reportant l’amour enfantin qui purifiait sa pauvre âme, de sa femme morte à sa belle-mère, quêtant un peu de sympathie auprès de toutes les femmes qu’il trouvait sur un chemin et ne recevant qu’une sorte de pitié timide, ayant tenté de se suicider pour une déconvenue de cette espèce, atteint enfin de la peur de la bête pourchassée, du délire des persécutions, multipliant ses dernières ivresses qui le menaient de chute en chute à la mort, — il en vint, l’homme en qui se résumaient la beauté, la pensée, la force masculine, à avoir cette face de vieille femme hagarde et blanche que nous montre un dernier portrait, cette face creusée, tuméfiée, striée de toutes les rides de la douleur et de la raison chancelante, où sur des yeux caves, meurtris, tristes et lointains, trône, seul trait indéformé, le front magnifique, haut et dur, derrière lequel son âme s’éteignait.
On est toujours les fils de ces Francs de l’époque carlovingienne qui, à certaines journées, se heurtaient dans un duel immense, en dédaignant les avantages que l’habileté seule pouvait procurer. […] Les cinq cents marcs de rente n’en resteront pas là : le généreux d’Audelée va les donner en cadeau et en héritage à ses quatre braves écuyers, par l’aide et confort desquels il a pu tenir son vœu : Car, cher Sire, dira-t-il ensuite au prince, je ne suis qu’un seul homme, et ne puis que ce que peut un homme, et c’est parce que je comptois sur leur secours et leur aide que j’ai entrepris d’accomplir le vœu que j’avois de longtemps voué ; et c’est grâce à leur force et à leur bravoure que j’ai été le premier assaillant ; je serais mort et j’aurois péri à la peine, s’ils n’eussent été là. […] Jusqu’à cette époque de son histoire, Froissart avait plus ou moins suivi la Chronique de Jean le Bel : c’est à partir de l’année 1356 et de la bataille de Poitiers seulement, qu’il commence à cheminer seul, et, dès les premières pages, il débute par un grand tableau digne d’un maître. […] Si je tenais à être tant soit peu complet, j’aurais encore beaucoup à dire sur Froissart, même au seul point de vue littéraire et sans entrer dans la discussion du fond.
Tout le reste de la vie de Rome est voué à l’avenir et au ciel qui semble s’y ouvrir dans toute sa splendeur : le présent seul n’existe pas dans la sainte cité. […] L’un d’eux m’écrivait à son sujet avec cette aigreur doucereuse qu’ont aisément les dévots de toutes les sectes : « Son souvenir est resté cher et doux, mais peu vénérable à Genève où les mérites solides sont seuls en honneur. » 96. […] Au premier appel de l’amitié, il quittait allègrement sa plume ou sa bibliothèque : demeurait-il seul ? […] Plus que je n’ai maintenant d’années : quatre-vingt-dix. » La tâche d’écrire tant de notices, et puis de les lier dans la trame d’une narration personnelle, était évidemment au-dessus des forces d’un octogénaire : toutefois le cahier par lequel Bonstetten commença, le seul qu’il lui fut donné de publier, offre encore un grand intérêt.
Personnage redouté, guerrier puissant, acharné, vrai démon, vrai diable à quatre, et qui sut se conquérir à lui seul une manière de couronne, deux faits surnagent et dominent dans sa vie d’exploits et de ruses, d’entreprises et de rapines : il a été, somme toute, et malgré ses alliances avec les mécréants, un reconquistador, un reconquéreur de l’Espagne sur les Arabes ; il reprit Valence et conçut le projet de faire plus encore ; — et aussi il fut l’objet de la part de son roi d’une persécution et d’une grande injustice, de laquelle il se vengea par des victoires réitérées, éclatantes. […] Si le bon roi Fernand est métamorphosé en Charlemagne, Rodrigue est, à lui seul, son Roland, son Olivier et ses douze pairs. […] Un seul bourgeois, Martin Antolinez, a pourvu Mon Cid et les siens de pain et de vin, et il s’attache à sa fortune. […] On meurt de douleur et de honte si l’on n’a pas reçu la seule satisfaction appropriée.
Un grand art de combinaison, un calcul exact d’agencement, une construction lente et successive, plutôt que cette force de conception, simple et féconde, qui agit simultanément et comme par voie de cristallisation autour de plusieurs centres dans les cerveaux naturellement dramatiques ; de la présence d’esprit dans les moindres détails ; une singulière adresse à ne dévider qu’un seul fil à la fois ; de l’habileté pour élaguer plutôt que la puissance pour étreindre ; une science ingénieuse d’introduire et d’éconduire ses personnages ; parfois la situation capitale éludée, soit par un récit pompeux, soit par l’absence motivée du témoin le plus embarrassant ; et de même dans les caractères, rien de divergent ni d’excentrique ; les parties accessoires, les antécédents peu commodes supprimés ; et pourtant rien de trop nu ni de trop monotone, mais deux ou trois nuances assorties sur un fond simple ; — puis, au milieu de tout cela, une passion qu’on n’a pas vue naître, dont le flot arrive déjà gonflé, mollement écumeux, et qui vous entraîne comme le courant blanchi d’une belle eau : voilà le drame de Racine. Et si l’on descendait à son style et à l’harmonie de sa versification, on y suivrait des beautés du même ordre restreintes aux mêmes limites, et des variations de ton mélodieuses sans doute, mais dans l’échelle d’une seule octave. […] Quand il arme les lévites, et qu’il leur rappelle que leurs ancêtres, à la voix de Moïse, ont autrefois massacré leurs frères (« Voici ce que dit le Seigneur, Dieu d’Israël : « Que chaque homme place son glaive sur sa cuisse, et que chacun tue son frère, son ami, et celui qui lui est le plus proche. » Les enfants de Lévi firent ce que Moïse avait ordonné. »), il délaie ce verset en périphrases évasives : Ne descendez-vous pas de ces fameux lévites Qui, lorsqu’au dieu du Nil le volage Israël Rendit dans le désert un culte criminel, De leurs plus chers parents saintement homicides, Consacrèrent leurs mains dans le sang des perfides, Et par ce noble exploit vous acquirent l’honneur D’être seuls employés aux autels du Seigneur ? […] Il est vrai que ce gracieux épisode de la Bible s’encadre entre deux événements étranges, dont Racine se garde de dire un seul mot, à savoir le somptueux festin d’Assuérus, qui dura cent quatre-vingts jours, et le massacre que firent les Juifs de leurs ennemis, et qui dura deux jours entiers, sur la prière formelle de la Juive Esther.
De composition et d’art dans le cours de son premier ouvrage, non plus que dans les suivants, il n’y en a pas l’ombre ; le marquis raconte ce qui lui est arrivé, à lui, et ce que d’autres lui ont raconté d’eux-mêmes ; tout cela se mêle et se continue à l’aventure ; nulle proportion de plans ; une lumière volontiers égale ; un style délicieux, rapide, distribué au hasard, quoique avec un instinct de goût inaperçu ; enjambant les routes, les intervalles, les préambules, tout ce que nous décririons aujourd’hui ; voyageant par les paysages en carrosse bien roulant et les glaces levées ; sautant, si l’on est à bord d’un vaisseau, sur une infinité de cordages et d’instruments de mer, sans désirer ni savoir en nommer un seul, et, dans son ignorance extraordinaire, s’épanouissant mille fois sur quelques scènes de cœur, renouvelées à profusion, et dont les plus touchantes ne sont pas même encadrées. […] Il s’y rendait un jour seul par la forêt (23 novembre 1763), quand une soudaine attaque d’apoplexie l’étendit à terre sans connaissance. […] La loi des chrétiens, qui a suivi celle des Juifs, étoit beaucoup plus parfaite, parce qu’elle donnoit tout à l’esprit, qui est sans contredit au-dessus du corps… C’est un second état par lequel ce Dieu bon a voulu faire passer les hommes… Et maintenant enfin ce ne sont plus les seuls biens du corps, comme dans la loi des Juifs, ni les seuls biens spirituels, comme dans l’Évangile des chrétiens, c’est la félicité du corps et de l’esprit que l’Alcoran promet tout à la fois aux véritables croyants. » Il est curieux que Salem, c’est-à-dire notre abbé Prévost, ait conçu une manière d’union des lois juive et chrétienne au sein de la loi musulmane, par un raisonnement tout pareil à celui qui vient d’être si hardiment développé de nos jours dans le saint-simonisme.
Vous serez alors tout seul dans le Sénat pour défendre de pareilles doctrines. […] De toutes les paroles qui m’ont assailli dans une autre circonstance et dont je n’ai gardé aucun amer souvenir, une seule, je vous l’avouerai, m’est restée sur le cœur. […] Je vous avouerai même très-branchement que dans les nombreux amis du dévouement desquels je dispose, je n’en ai pas sous la main ni deux ni un seul qui sache ces choses des armes ; mes amis, en général, savent les choses de la pensée, de la plume et de la parole, ce qui ne veut pas dire qu’ils soient moins fermes ou moins gens d’honneur pour cela ; mais ils ne sont pas docteurs des armes. […] « Dans la séance du 29 mars dernier, au moment où j’ai revendiqué le droit de défendre, ne fût-ce que moyennant protestation de ma part, des opinions philosophiques, honorables et respectables, au nom de la liberté de penser », vous m’avez adressé cette parole, imprimée au Moniteur : « Vous n’êtes pas ici pour cela. » « Au milieu de tant d’autres paroles, insérées également au Moniteur, et qui firent explosion en ce singulier moment, où il m’a été donné d’être désigné devant le pays comme une sorte de paria au sein du Sénat, votre apostrophe offensante me parut la seule qui fût à relever, à réfuter, parce qu’elle atteignait directement mon droit, qu’elle le niait, et que, sous sa forme impérieuse et leste, elle était la plus contraire à ce qu’on doit attendre d’un collègue, c’est-à-dire d’un égal.
Au fond, toujours ou presque toujours, l’amour, non pas l’appétit brutal des chansons de geste, ni la fine rhétorique du lyrisme méridional, mais le sentiment profond, ardent, qui emplit une âme et une vie, qui y verse seul le bonheur ou le malheur. […] Les géants ou le dragon que Tristan combat, le bateau sans voile et sans rames dans lequel il se couche, blessé, pour aborder en Irlande où vit la reine, qui seule peut le guérir, cette fantastique broderie ne distrait pas le regard de la passion des deux amants : passion fatale que rien n’explique, qui n’est pas née d’une qualité de l’objet où elle s’adresse, qui ne va pas à la valeur de Tristan, à la beauté d’Yseult, mais à Tristan, mais à Yseult : passion si irraisonnée, si mystérieuse en ses causes, que seul un philtre magique en provoque et figure le foudroyant éclat. […] Mais comme Tristan s’agite, impatient, sur son lit et demande si l’on aperçoit le vaisseau qu’il attend, sa femme, torturée de jalousie, lui annonce un navire aux noires voiles : et il meurt, au moment où débarque la seule, la toujours aimée Yseult, qui se précipite et prie pour lui : « Ami Tristan, quand vous vois mort, Je n’ai droit ni pouvoir de vivre ; Vous êtes mort pour mon amour, Et je meurs, ami, de tristesse, De n’avoir pu venir à temps. » Auprès de lui se va coucher ; Elle l’embrasse, et puis s’étend : Et aussitôt rendit l’esprit.
Dès 1830, et dans le seul V. […] De Vigny, une seule pièce compte, Chatterton (12 février 1835) : mais elle est supérieure. […] Musset nous a donné la seule comédie qu’on puisse nommer romantique, celle de Dumas n’étant autre chose que le vaudeville agrandi ou le drame dégradé, comme on voudra, selon les formules et par les procédés de Scribe. […] Le Roi s’amuse (une seule représ.), 1832.
Par exemple, dans la vie réelle, la cour que fait un homme à une femme se compose d’une foule de petites démarches et de menus propos ; tout cela devra être résumé dans une « déclaration » : voyez celle de Tartufe. « C’est l’habileté de l’auteur dramatique de ramasser dans une seule circonstance frappante tous les détails similaires qu’il néglige ou, pour mieux dire, qu’il supprime absolument. » De même, l’auteur dramatique ne saurait peindre ses personnages que par quelques traits choisis et caractéristiques. […] Cette convention, c’est qu’un fait auquel le public ne fait pas attention n’existe pas pour lui ; que tous les faits qu’il a bien voulu admettre comme réels le sont par cela seul qu’il les a admis, fût-ce sans y prendre garde. […] Non, vraiment, il montre trop de considération, quand il s’y met, pour des habiletés qu’il ne faut point mépriser (car elles sont nécessaires, et, en outre, ne les a pas qui veut), mais dont on peut trouver que, toutes seules, elles sont un pauvre régal. […] C’est peut-être, après tout, qu’ils n’aiment pas le théâtre ; et j’en ai rencontré en effet qui disaient franchement que le théâtre est un art inférieur parce qu’il est soumis à des conventions plus étroites et plus nombreuses que les autres arts, parce qu’il est forcé de s’adresser à la foule, parce que l’intérêt d’une pièce « bien faite » est un intérêt de curiosité un peu vulgaire, et parce que, d’autre part, l’œuvre dramatique tend à produire une illusion aussi complète que possible : en sorte que l’art dramatique est à la fois le seul de tous les arts qui ait la prétention de nous mettre la réalité même sous les yeux, et celui à qui sa forme impose les plus graves altérations de cette réalité.
Montesquieu était de force à concevoir tout seul la pensée de son livre. […] Seulement, on me pardonnera de garder une secrète préférence pour le Discours, comme plus propre à me conduire, et comme faisant sortir pour tous, de l’étude de l’histoire, la vérité qu’il nous importe le plus d’avoir présente, à savoir que les vertus privées font seules la grandeur publique. […] Je suppose un habile homme ne sachant pas qui a écrit ces réflexions sur le monarque, « lequel peut faire des hommes des bêtes et des bêtes des hommes, qui doit être exorable à la prière, ferme contre les demandes ; à qui la raillerie piquante est bien moins permise qu’au dernier de ses sujets, parce que les rois sont les seuls qui blessent toujours mortellement82 » ; risquerait-il sa réputation de connaisseur en les croyant de Fénelon ? […] Un seul a été et sera toujours débattu, La Rochefoucauld ; c’est tout simple.
. — Il doit, dit une formule du temps, servir et honorer toutes les dames pour l’amour d’une seule. […] Cela était poussé si loin qu’on cessait d’être le chevalier en titre d’une dame, par cela seul qu’on devenait son mari. […] Musset avouait que ses pièces étaient faites surtout pour ce qu’il appelait son public de petits nez roses ; et j’ai entendu dire à Alexandre Dumas fils qu’en composant un drame ou une comédie il ne s’occupait pas plus des hommes que s’il ne devait pas y en avoir un seul dans la salle de spectacle. […] Mme Argante sauve l’étourdie d’elle-même et des entreprises de son amant, et cela sans avoir usé une seule fois des droits que lui confère son titre de mère.
Mais ma conscience a vite répondu : Fais ton devoir, tout ton devoir… C’est la seule pensée digne d’un soldat volontaire comme toi. […] » L’enfant se porte sur le seuil de tous les paradis qu’il n’a pas encore connus et veut les protéger, sans une seule pensée personnelle. […] Il n’en est rien, et ça a été une grande surprise pour moi de constater que soldats et chefs ne sont pas toujours unis dans une seule et même pensée, celle de la victoire ; de constater que notre action doit s’exercer sur la mentalité de nos hommes pour les convaincre tout d’abord de la grandeur de la tâche à accomplir. […] Toutes les mains en un instant se sont levées, et ce n’était qu’un seul cri : « Moi, moi !
Ce moment fut affreux, et quand, vers le matin, je me jetai épuisé sur mon lit, il me sembla sentir ma première vie, si riante et si pleine, s’éteindre, et derrière moi s’en ouvrir une autre sombre et dépeuplée, où désormais j’allais vivre seul, seul avec ma fatale pensée qui venait de m’y exiler et que j’étais tenté de maudire… Si M. […] Je ne serais même pas étonné que, tout lié qu’il était avec Jouffroy, il ne fût jamais allé entendre une seule de ses leçons.
Une seule fois, lui ou du moins son Saint-Preux, il s’est aventuré dans la zone supérieure, dans les montagnes du Valais ; on peut voir dans la première partie de La Nouvelle Héloïse la xxiiie lettre à Julie : « Tantôt d’immenses rochers pendaient en ruines au-dessus de ma tête ; tantôt de hautes et bruyantes cascades m’inondaient de leur épais brouillard ; tantôt un torrent éternel ouvrait à mes côtés un abîme, etc. » Cette peinture est bien, mais elle n’est qu’une première vue un peu générale, un peu confuse, et sans particularité bien distincte. […] Il aspire presque aussitôt à la communiquer et à la bien traduire, en la racontant gaiement à l’usage d’abord de ses seuls jeunes compagnons, et en croquant pour eux et pour lui, d’une plume rapide, les principaux accidents de la marche, la physionomie des lieux et des gens. […] Ce n’est pas le moment de discuter quelques-uns des noms qu’il met en cause : il apprécie les talents célèbres et en vogue, moins encore en eux-mêmes, ce semble, que d’après leurs disciples et leurs influences ; il a de ces condamnations décisives, anticipées, qu’entre contemporains et artistes qui courent plus ou moins la même carrière, il faut laisser au temps seul le soin de tirer entièrement.
Était-ce bien pour l’abbé Prévost, pour l’auteur de ces romans et de ces mille écrits qu’ils n’ont point lus, que se pressaient vers la ville, dès le matin du dimanche 23, les habitants des communes rurales d’alentour, tellement que le travail des moulins chômait et qu’il ne restait dans les villages qu’une seule personne par maison pour la garde des enfants et des bestiaux ? […] Ainsi donc, il dut beaucoup dès le principe à sa famille et à sa race du bon pays d’Artois, comme il l’appelait ; même lorsqu’il affligeait ses proches par ses écarts et qu’il les étonnait par ses aventures, il continuait de leur être fidèle par bien des traits et de leur appartenir d’une manière reconnaissable : et aujourd’hui, après un siècle presque écoulé, lorsque la renommée a fait le choix dans ses œuvres, lorsque l’oubli a pris ce qu’il a dû prendre et que, seule, la partie immortelle et vraiment humaine survit, — aujourd’hui, en leur apportant plus que jamais ce renom de grâce, de facilité, de naturel, de pathétique naïf, qui est son lot et qui le distingue, il trouve encore à leur emprunter de cette estime solide, de cette autorité bien acquise et de cette considération publique universelle qui s’ajoute si bien à la gloire. […] Comme les hommes extrêmement sincères et naturels, ayant dû renoncer une fois à ce qui lui était le plus cher, il ne trouva plus ensuite de ressort suffisant et de point d’appui dans l’amour-propre social et dans la seule vanité mondaine.
Il y a quelque chose qui, dans une étude sur Bailly, dominera toujours sa vie et ses ouvrages : c’est sa mort, son courage calme et céleste 66, sa patience, ce mot simple et sublime, le seul tressaillement suprême qui échappa à sa conscience de juste et d’homme de bien. […] Les abeilles sont le seul peuple qui l’ait conservé, parce qu’elles n’ont point encore imaginé l’excellent remède de se détruire dans sa patrie pour s’éviter l’ennui de vivre dans une terre étrangère. […] Voltaire, qui se sentait ainsi conduit et promené d’hypothèse en hypothèse, résistait en plaisantant ; il avait dès l’abord écrit à Bailly : J’étais toujours persuadé que le pays des belles nuits était le seul où l’astronomie avait pu naître ; l’idée que notre pauvre globe avait été autrefois plus chaud qu’il n’est, et qu’il s’était refroidi par degrés, me faisait peu d’impression.
Il qualifie quelque part cette peinture des Italiens modernes d’un seul mot : « On dirait de la peinture d’ennuyés. » Ici il en cherche la cause : J’y ai cependant fait une observation que je ne peux m’empêcher de vous communiquer, celle de n’y avoir trouvé aucun tableau un peu original : tous ne sont que de faibles réminiscences des ouvrages anciens et modernes, et rien de véritablement senti sur la nature. […] Marcotte, devinant et pressentant la nature du mal de Léopold Robert, avait songé à y opposer le seul remède qui aurait peut-être réussi à le combattre et à en conjurer les suites funestes ; il lui conseillait le mariage. […] Je me trouve toujours mieux après que quand je me trouvais seul.
On y découvrirait pourtant quelques notes avant-courrières d’un lointain printemps, par exemple : Je suis seul, mécontent, au sein de la nature ; Quand tout chante l’amour, à mes sens moins émus Tout est muet, et l’onde, et l’ombre, et la verdure ; Avec le monde, hélas ! […] Quant à ceux qui ont atteint quelques-unes des hauteurs du globe, je les appelle en témoignage : en est-il un seul qui, à leurs sommets, ne se soit trouvé régénéré et n’ait senti avec surprise qu’il avait laissé au pied des monts sa faiblesse, ses infirmités, ses soins, ses inquiétudes ; en un mot, la partie débile de son être et la portion ulcérée de son cœur ? […] De tous les hommes qu’il souhaitait de connaître, ce fut pourtant Lavater seul qui surpassa son attente : Il n’existe point d’homme peut-être, dit-il, dont l’imagination soit aussi brûlante, et la sensibilité aussi profonde ; il entraîne, il subjugue ; son langage est d’une naïveté populaire, et cependant d’une éloquence à laquelle il est impossible de résister.
Avant Ronsard, il n’est chez nous qu’un seul écrivain célèbre, un seul qui soit capable de cette lecture largement prise à la source : c’est Rabelais, également lecteur de Platon, d’Hippocrate ou d’Homère ; et au milieu de ses bruyantes facéties, — à l’ampleur, au naturel et à la richesse aisée de sa forme, — il s’en ressent. […] Le seul Racan, par la fusion de l’harmonie et de la couleur, a retrouvé le charme et le je ne sais quoi d’enchanté.
Il avait cela de l’honnête homme de La Bruyère qu’il pouvait causer avec vous pendant tout un dîner, toute une soirée, en vous parlant de tout avec agrément, avec intérêt, et cependant sans vous dire un seul mot de musique, sans mettre sur le tapis les choses de son métier. […] Une seule loi avait été cependant retranchée de la règle commune : Camaldules volontaires et temporaires, ils s’étaient réservé le droit illimité de la parole. […] Le seul défaut (et je le lui ai dit à lui-même) que me paraissaient avoir ces premières et tout d’abord agréables notices d’Halévy, c’était d’offrir un peu trop de fleurs, un peu trop de luxe dans l’élégance : il n’avait à se corriger que de cela.
« Le prince Edouard avait du héros, a dit Chateaubriand, mais on n’était plus dans ce siècle des Richard Cœur-de-Lion où un seul chevalier conquérait un royaume. […] Ilme témoignait de l’amitié parce que j’étais à peu près le seul homme, reçu chez lui, qui entendît bien l’anglais et le parlât au besoin. […] Il avait d’abord résisté à sa destinée et à son étoile ; il avait refusé de lui être présenté, et de tout ce qu’il y avait d’étrangers ou d’hôtes de distinction à Florence, il était le seul qui n’allât point chez elle : « Néanmoins, dit-il, il m’était arrivé très souvent de la rencontrer dans les théâtres et à la promenade.
Les hommes influents, les Corps dont la réforme opérée diminuait radicalement, — ou plutôt momentanément, comme je le crois, — l’autorité et l’influence, ont parlé haut et se sont récriés : la jeunesse, qui ne demande jamais mieux que de remuer et de s’agiter, ne fût-ce que pour le mouvement seul, s’est partagée en deux camps, fort inégaux, il est vrai. […] Car ces choses, dont chacune semblait pouvoir être à peine terminée en bien des générations et des âges, s’accomplirent toutes dans le cours florissant d’une seule administration. […] Le talent peut bien n’être à demeure et n’élire domicile qu’en un seul endroit, mais l’esprit doit être et chez lui et surtout hors de chez lui.
La guerre qui avait recommencé dans le Moyen-Age par des brutalités pures, et qui longtemps constitua le seul régime universel, essaya en vain de s’ennoblir par la sainteté du but dans les Croisades : ce n’étaient toujours que des masses se ruant à l’aventure, ou des prouesses individuelles se prodiguant aveuglément. […] Maurice de Saxe, un guerrier par nature et par génie, se mettant à dicter ses Rêveries, pouvait dire : « La guerre est une science couverte de ténèbres, dans l’obscurité desquelles on ne marche pas d’un pas assuré : la routine et les préjugés en font la base, suite naturelle de l’ignorance. — Toutes les sciences ont des principes et des règles, la guerre seule n’en a point… La guerre a des règles dans les parties de détail, mais elle n’en a point dans les sublimes… Les grands capitaines qui en ont écrit ne nous en donnent point. […] Il n’avait pas vu encore dans le glorieux capitaine qu’il se vouait à servir une seule faute de guerre ; il était sous le charme.
Nous nous en tiendrons à sa gloire aimable, à ce que sa seule sensibilité lui inspira, à ce qui fait de lui le poëte de nos mélancolies et de nos romances. […] Je me hâte de dire que la seule version que j’admette et que j’admire, c’est la première, celle qui a obtenu le prix aux Jeux Floraux, et qui est d’ordinaire reléguée parmi les notes. […] C’aurait été, au reste, sa seule inimitié littéraire, et elle ne paraît pas avoir été bien vive, pas plus vive que son objet.
Ils n’ont pas l’ascendant physique qui la maîtrise, le charlatanisme grossier qui la charme, les tours de Scapin qui la dépistent, le front de taureau, les gestes de bateleur, le gosier de stentor, bref les ressources du tempérament énergique et de la ruse animale, seules capables de détourner la fureur de la bête déchaînée. […] M. de Montlosier, à l’Assemblée constituante, est presque le seul qui sache le droit féodal. […] Ils ne savaient pas même ouvrir ou fermer une porte ; ils n’avaient pas la force de soulever une bûche pour la mettre dans le feu : il leur fallait des domestiques pour leur avancer un fauteuil ; ils ne pouvaient pas entrer et sortir tout seuls.
« À un crochet peint sur le mur, dit un philosophe anglais, on ne peut suspendre qu’une chaîne peinte sur le mur. » Laissons là les mots, étudions les événements, seuls réels, leurs conditions, leurs dépendances, et certainement, en reprenant le sentier ouvert par Condillac, rouvert par James Mill et ses successeurs anglais, nous arriverons par degrés à faire une science de choses et de faits. […] La notion de fait ou événement correspond seule à des choses réelles. […] Qu’on en détache encore la tête, et ce segment isolé vivra pendant près d’une heure avec son seul ganglion ; il agitera ses longs bras et saura très bien les tourner contre les doigts de l’expérimentateur qui tient le tronçon, et y imprimer douloureusement leur crochet. » Descendons encore d’un pas, la pluralité foncière de l’animal deviendra manifeste173.
Une femme dont presque toute la vie se passe dans le monde, en réceptions et en conversations, une femme entourée et courtisée et dont la présence seule met les vanités en éveil et aussi les désirs et les tendresses, ne doit-elle pas, avec son intelligence plus rapide et sa sensibilité plus délicate, recueillir dans la comédie mondaine de plus fines impressions que nous, mieux saisir certaines faiblesses ou certains ridicules, démêler en elle et autour d’elle, de plus rares complications ou de plus subtiles nuances de sentiments ? […] Elle est plus vivante et plus incompréhensible à elle seule qu’un millier d’autres créatures humaines. […] Tantôt elle déroule des phrases et des tirades entières sur une seule note, sans une inflexion, reprenant certaines phrases à l’octave supérieure.
Claretie avait contre lui (dans Monsieur le Ministre) d’abord son sujet, vrai sujet de haute comédie. » Voilà qui va bien. « — Seul sujet de haute comédie, avec Rabagas et Dora, auquel les gens du métier aient songé dans ces douze dernières années. » On se demande : Est-il donc décidément impossible d’en trouver un quatrième, en cherchant bien « M. […] Weiss oublie de nous le dire Il déclare un peu plus loin que, seul parmi les poètes du XIXe siècle, Augier « trouverait grâce devant La Fontaine et Parny ». […] Il n’avait pas seulement ce qu’on peut appeler la dureté de l’âme générale et l’inhumanité, défaut commun chez les écrivains et les personnages célèbres de son temps, seul défaut saillant d’un siècle où bien décidément le caractère et l’esprit français ont atteint leur point de perfection et d’équilibre.
Vous rappelez-vous les Deux auberges80, l’une neuve, bruyante et bien achalandée, l’autre déserte et misérable ; et la maîtresse de cette pauvre bicoque pleurant toute seule et perdant la tête, quand par hasard un client entre chez elle, tandis que son mari chante et boit dans l’auberge d’en face chez la belle Arlésienne. […] Une situation singulière, une façon originale d’assister au siège de Paris, c’est assurément celle du peintre Robert Helmont, resté tout seul avec sa jambe mal guérie dans une bicoque de la forêt de Sénart. […] Sans doute le « grand chorège » est le seul qui voie pleinement, dans l’ensemble et dans le détail, tout ce que ce spectacle a d’amusant et de paradoxal.
Les réfutations de Voltaire sont le moins lu de ses ouvrages ; toute sa grâce et tout son bon sens n’ont pas réussi à ébranler une seule des Pensées. […] Ainsi, l’ambition des petites choses, qui nous est seule permise, nous aide à comprendre, par une courte réflexion, l’ambition des grandes. […] C’est faute de discerner ces différentes vérités, qui toutes et qui seules peuvent recevoir de la langue des formes parfaites, qu’on dit de certains modèles de l’art que la forme en est excellente, mais que le fond n’en est pas vrai.
Mme de Graffigny finit par juger Voltaire « le plus malheureux homme du monde » : Il sait tout ce qu’il vaut, dit-elle, et l’approbation lui est presque indifférente ; mais, par la même raison, un mot de ses adversaires le met ce qui s’appelle au désespoir : c’est la seule chose qui l’occupe et qui le noie dans l’amertume. […] Après avoir vu, en entrant, le seul côté lumineux, Mme de Graffigny ne voit plus, en sortant, que le côté sombre. Je n’aurai qu’un mot à dire de Mme de Graffigny, du moment qu’elle a quitté Cirey pour Paris et qu’on n’a plus affaire qu’à elle seule.
Élisabeth vivante a triomphé, et sa politique, après elle, triomphe et règne encore, si bien que protestantisme et Empire britannique ne sont qu’une seule et même chose. […] Seule et sans conseil, aux prises avec les seigneurs et avec la noblesse comme avaient été ses aïeux, Marie Stuart, prompte, mobile, sujette à ses prédilections ou à ses antipathies, était déjà insuffisante : qu’était-ce donc lorsqu’elle se trouvait de plus en face d’un parti religieux, né et grandi durant les années récentes, en face d’un parti « raisonneur et sombre, moral et audacieux », discutant rationnellement et la Bible en main le droit des rois, et poussant la logique sous la prière ? […] Aux prises sans défense avec une rivale cauteleuse et ambitieuse, sujette à tous les contrecoups du dehors, victime d’une politique avare et tenace qui ne lâche point sa proie et qui met un si long temps à la torturer sans la dévorer, elle ne s’abandonne pas un seul moment, elle se relève.
Taine, seul, s’est à peu près dispensé de cette tâche secondaire et s’est appliqué dans ses études, soit par la biographie de ses auteurs, soit par des indications induites de leurs écrits, à définir leur organisation mentale, en des termes encore bien vagues. […] C’est donc de l’examen seul de l’œuvre que l’analyste devra tirer les indications nécessaires pour étudier l’esprit de l’auteur ou de l’artiste qu’il veut connaître, et le problème qu’il devra poser est celui-ci : Etant donnée l’œuvre d’un artiste, résumée eu toutes ses particularités esthétiques de forme et de contenu, définir en termes de science, c’est-à-dire exacts, les particularités de l’organisation mentale de cet homme. […] Que l’on extraie donc d’une série d’œuvres émanant d’un seul artiste toutes les particularités esthétiques qu’elles contiennent, on en pourra déduire une série de particularités intellectuelles.
Je donnerais tout ce fatras pour le seul incident du tableau d’un peintre ancien où l’on voyait la calomnie, les yeux hagards, s’avançant, une torche ardente à la main, et traînant par les cheveux l’innocence sous la figure d’un jeune enfant éploré, qui portait ses regards et ses mains vers le ciel. […] N’y a-t-il pas des circonstances où le fait seul dépose et où il ne faut pour ainsi dire aucun témoin ? […] On voit le saint sur son lit, on le voit de face, le chevet au fond de la toile, présentant la plante des pieds au spectateur, et par conséquent tout en raccourci ; mais la figure entière est si naturelle, si vraie, le raccourci si juste, si bien pris, qu’entre un grand nombre de personnes qui m’ont loué ce tableau je n’en ai pas trouvé une seule qui se soit apperçue de cette position, qui montre sur une surface plane le saint dans toute sa longueur, toutes les parties de son corps également bien dévelopées, la tête et l’expression du visage dans toute sa beauté.
Le seul inconvénient du Symbolisme, c’est qu’il réclame, de la part de ses adeptes, un talent spécial, cette sorte d’aptitude à « l’évolution rythmique » dont il vient d’être parlé. […] Je prie de remarquer que le rythme et le charme de ces vers à seules rimes masculines ne sont ni moins remarquables ni moins doux ; qu’au contraire, peut-être, le poète dit mieux ce qu’il veut dire, en n’ayant pas le souci d’introduire deux vers en cheville pour placer à l’endroit voulu la rime dont il a besoin. […] On admettra ceux-là seuls dont la rencontre demeure douce à l’oreille.
J’en ai plus été affligé qu’étonné, quoique j’en aie été étonné un peu, surtout de la part de certaines personnes : on a beau se croire une grande expérience des hommes, on persiste à se faire et à rêver des exceptions exprès pour soi tout seul. — C’en est assez, mon cher Béranger, pour vous poser fort incomplètement une question que vous saurez mieux préciser que moi : « Que me reprochez-vous à votre égard ? […] Vous seul pouvez le satisfaire, s’il y a lieu.
Ce dernier point constituait, à proprement parler, le seul but pratique de cette école. […] Comme M. de La Fayette pour nous n’est pas un de ces hommes qu’on discute ni qu’on justifie, nous citerons simplement à M. de Carné, pour réfuter son dédain, ces deux versets d’un chant tout récent du poëte polonais Miçkiewicz : « Et les peuples se corrompaient de plus en plus, et il ne se trouva plus parmi eux qu’un seul homme citoyen et soldat. — Et cet homme conseillait de cesser de combattre pour l’intérêt, et de défendre la liberté du prochain ; et il est allé lui-même combattre pour elle dans la terre de la liberté, en Amérique.
il était sur l’heure anéanti, et ceux qui, comme les mystérieux agents dont nous parlons, essayaient de porter la main aux rouages pour les accélérer, ceux-là couraient risque aussi de se briser avec toute leur malice, sans hâter d’une seule ligne le mouvement qui s’accomplissait sous une loi plus haute. […] Le prétendant, du sein de sa cour sédentaire de Vérone, leur envoya des cordons et des titres ; la cour errante du comte d’Artois leur garantissait des secours et l’épée du prince ; son panache seul aurait fait des miracles, mais on donna au prince d’autres conseils.
Thiers a su en faire jaillir des leçons bien lumineuses, qui nous révèlent de plus en plus la marche de l’humanité et la loi des révolutions : « Les années seules, dit-il, épuisent les partis. […] Mais, avant ce terme, les partis sont indomptables par la seule puissance de la raison.
Dans un temps où nous sommes affligés de la plaie des Mémoires, où le vrai et le faux, l’authentique et l’apocryphe, se confondent de plus en plus et deviennent presque impossibles à discerner ; quand le moindre contemporain et témoin du drame impérial s’autorise de quelques souvenirs, qui tiendraient en peu de pages, pour recommencer la chronique générale et desserrer volume sur volume ; il est précieux de trouver un homme qui a vu longtemps et de près, qui a manié et surveillé les plus secrets ressorts, et qui raconte avec sobriété les seules portions dont il se juge bien instruit. […] Tandis qu’en effet les libelles incendiaires, les armes et munitions, les conspirateurs eux-mêmes, étaient continuellement versés sur nos rivages de Normandie et de Bretagne, il ne songeait pas un seul instant à user de semblables moyens contre l’Angleterre : ses guerres comme ses lois étaient empreintes de force et de dignité.
Voilà comment Saint-Simon, qui peut être redressé ou démenti presque à chaque page, reste pourtant le seul peintre qui nous rende la cour de Louis XIV. […] Son récit est grouillant de vie, et l’impression a cette netteté qu’un art supérieur peut seul donner.
Par la seule analyse psychologique, M : Céard conduit au même pessimisme que M. […] Quelques lignes d’À vau-l’eau, une lointaine plaquette de Huysmans, annonçaient déjà : « Le spleen n’a pas de prise sur les âmes pieuses… Le mysticisme pourrait seul panser la plaie qui me tire… » M.
Même de nos jours, Nazareth est encore un délicieux séjour, le seul endroit peut-être de la Palestine où l’âme se sente un peu soulagée du fardeau qui l’oppresse au milieu de cette désolation sans égale. […] L’hypothèse que nous proposons lève seule l’énorme difficulté que l’on trouve à supposer deux sœurs ayant chacune trois ou quatre fils portant les mêmes noms, et à admettre que Jacques et Simon, les deux premiers évoques de Jérusalem, qualifiés de « frères du Seigneur », aient été de vrais frères de Jésus, qui auraient commencé par lui être hostiles, puis se seraient convertis.
Souvent, il est vrai, on croit trouver dans les ordres qu’il donne à ses disciples une tendance toute contraire : il semble leur recommander de ne prêcher le salut qu’aux seuls Juifs orthodoxes 654 ; il parle des païens d’une manière conforme aux préjugés des Juifs 655. […] Il ne faut pas trop insister sur la réalité historique d’une telle conversation, puisque Jésus ou son interlocutrice auraient, seuls pu la raconter.
Les formes usitées dans le langage des inférieurs envers les supérieurs étaient autrefois les seules qui fussent permises aux enfants en parlant à leurs père et mère. […] On pourrait croire que l’unité de ton était, au moins pour notre théâtre, la conséquence nécessaire de cette loi de l’art qui établissait l’unité de lieu, de temps, d’action : Qu’en un lieu, qu’en un temps, un seul fait accompli Tienne, jusqu’à la fin, le théâtre rempli.
Cette seule considération suffiroit pour forcer la raison à convenir qu’elle doit plier sous une autorité, & que le joug qui lui est imposé par la Foi est moins destiné à la gêner & à l’humilier, qu’à captiver son inquiétude & à prévenir ses écarts. […] Sous le hautain prétexte qu’eux seuls sont éclairés, vrais, de bonne foi, ils nous soumettent impérieusement à leurs décisions tranchantes, & prétendent nous donner, pour les vrais principes des choses, les inintelligibles systêmes qu’ils ont bâtis dans leur imagination.
Mais un homme né avec du génie, est bien-tôt capable d’étudier tout seul, et c’est l’étude qu’il fait par son choix, et déterminé par son goût, qui contribuë le plus à le former. […] En supposant même que notre génie auroit eu la force de nous porter un jour jusques-là, quoique la route n’eut pas été fraïée, nous n’y serions parvenus du moins, avec le seul secours de ses forces, qu’au prix d’une fatigue pareille à celle des inventeurs.
Examinons d’où procedoient ces beautez du langage préparé pour plaire dont il est ici fait mention, et nous trouverons qu’elles n’étoient pas l’ouvrage d’un seul, mais de plusieurs arts musicaux, et par consequent qu’il n’est pas si difficile de bien entendre l’endroit de ce passage, qui dit qu’elles émanoient de sources differentes. […] Il est vrai que Monsieur Dacier n’est pas le seul qui se soit mépris sur cette matiere là, ses dévanciers s’étoient trompez comme lui.
La définition que les anciens faisoient de la tragedie et de la comedie, et que nous avons rapportée en son lieu, suffiroit seule pour nous convaincre que leur maniere de reciter ces poëmes étoit très-differente. […] Enfin voici un passage de Tite-Live qui suffiroit seul pour prouver que les anciens composoient la déclamation des pieces de théatre, qu’ils l’écrivoient en notes et qu’elle s’executoit avec un accompagnement d’instrumens à vent.
Brunetière déclare le conseil sans portée, et, pour montrer qu’une métaphore suivie peut être ridicule, il cite celle que Molière met plaisamment dans la bouche de Trissotin : Pour cette grande faim qu’à mes yeux on expose, Un seul plat de huit vers me semble peu de chose, Et je pense qu’ici je ne ferai pas mal De joindre à l’épigramme ou bien au madrigal Le ragoût d’un sonnet, qui, chez une princesse, A passé pour avoir quelque délicatesse. […] Elle vaut la peine d’être retenue : « L’art d’écrire consiste en ceci : Dire tout ce que l’on veut dire, rien que ce que l’on veut dire, comme on veut le dire et comme il faut le dire. » Ce qui signifie que le seul moyen de bien écrire est d’écrire comme il faut écrire.
Un grand ressort des temps anciens, qui fut nécessaire à l’organisation primitive de la société, et qui ne peut plus être pour nous qu’une grande erreur, le sentiment exclusif de la nationalité doit disparaître : il ne peut tenir devant les hauts sentiments de l’humanité ; il restera l’amour du sol natal et l’attachement aux institutions de la patrie, seuls sentiments vrais, naturels, indestructibles comme le cœur de l’homme. […] La puissance affranchissante, c’est-à-dire le commerce, reste seule avec une mission.
On se rappelait surtout à Périgueux, dont il a écrit l’histoire pour la marguillerie, qu’il avait été autrefois l’Archiloque de la Régence, mais les iambes de cet Archiloque, qui eût pu en dire un seul vers ? […] Il avait débuté dans la faveur de la princesse de Gonti par des bouts-rimés qu’il avait mieux remplis que les vers dont il trouvait la rime tout seul, et c’est faiseur de bouts-rimés à la minute qu’il aurait vraiment dû rester.
Eh bien, c’est ce que ne fait point une seule fois l’auteur de Rome et la Judée ! […] Basée sur des prédictions indiscutées, de toutes ces prédictions qu’elle rapporte, celle de Caïn et d’Abel, au quatrième chapitre de la Genèse, qui est la plus saillante, est la seule omise ; érudition à peu de frais, qu’ont faite d’ailleurs Tacite et Flavius Josèphe, — Flavius Josèphe surtout, qu’elle embrasse presque tout entier.
Il y avait au Moyen Âge les troubadours et les trouvères ; il y avait les moines, les moines qui étaient, à eux seuls, la civilisation, l’intelligence et le talent du monde. […] III Et cela seul mériterait qu’on dît à ce jeune homme : « Courage !
Du buste ou du camée dont il est fou : Tout passe, — l’art robuste Seul a l’éternité ! […] Or ce progrès n’est pas le seul dans le livre de M.
Seuls les grands blés mûris, tels qu’une mer dorée, Se déroulent au loin ; dédaigneux du sommeil, Pacifiques enfants de la terre sacrée, Ils épuisent sans peur la coupe du soleil ! […] La seule pièce élégiaque du recueil est le Manchy, — un souvenir créole, — et tous les détails de ce morceau, qui sont charmants et délicieusement rendus, sont descriptifs.
* ** On comprendra mieux, d’ailleurs, l’étroitesse d’une conception qui attribuerait, à la seule force de l’idée de l’égalité, le développement des formes sociales que nous avons énumérées, si l’on embrasse, d’un rapide coup d’œil, la multiplicité des conditions que suppose l’existence de chacune d’elles. […] À en croire Spencer, la centralisation de nos sociétés s’expliquerait par le seul développement du militarisme ; leur homogénéité, suivant M.
Ce vers & demi de Boileau, Qu’on vit, avec Faret, Charbonner de ses Vers les murs d’un Cabaret, est le seul monument qui nous reste de sa triste célébrité : il a été cependant Poëte, Traducteur, Historien, Académicien.
Il faut avouer aussi qu’à côté de la peinture le rôle de la gravure est bien froid ; on la laisse toute seule dans les embrasures des croisées, où il est d’usage de la reléguer.
Ce n’est pas là le seul de ses Ouvrages : il en a fait un grand nombre d’autres, dont on n’a retenu que le titre.
Le seul Ouvrage de cet Auteur, qu'on lise encore aujourd'hui, est sa Version Françoise de Galistan, ou de l' Empire des Roses, composé par le Poëte Saay.
Le seul titre qu’il ait pour être placé parmi les Littérateurs, est son Histoire du Collége de Navarre ; encore faut-il faire grace à sa maniere dure & barbare d’écrire, en faveur des recherches curieuses qu’il offre au Lecteur.
Dans la verdure seule, est encore debout la chapelle du duc d’Orléans. […] Une seule est ouverte, la maison d’un forgeron, dont le bruit du marteau est l’unique vie de l’avenue silencieuse… Tout à coup au loin une masse noire et un roulement sourd. […] Je suis seul, et j’ai dans la mémoire et dans les yeux, la pâleur des nombreux soldats malades, que je viens de voir passer sur des cacolets. […] Au bord du lac, près de ce bord si couru, se promène seul, un long prêtre maigre, lisant son bréviaire. […] Il parle de l’élan des troupes, des zouaves qui, à l’attaque de Villiers, ont été admirables, et d’une compagnie, dont quatre hommes seuls, n’ont pas été touchés.
En fait d’Ouvrages élémentaires, les premiers sont rarement bons ; le temps seul peut développer les vrais principes, en les soumettant au creuset de l’expérience.
] Cinq ou six petites Comédies mêlées d’ariettes, parmi lesquelles le Maître en Droit & le Cadi dupé sont les seules qui aient eu un succès durable, annoncent dans lui des talens pour ce nouveau genre de spectacle.
Sainte-Claire Forme parnassienne, pensée, musique, s’unissent dans ce petit recueil au grand profit du lecteur simple qui cherche la seule émotion.
Si l’on me demande ce que je pense de la moralité de Lélia, dans le seul sens où cette question soit possible, je dirai que, les angoisses et le désespoir d’une telle situation d’âme ayant été admirablement posés, l’auteur n’a pas mené à bon port ses personnages ni ses lecteurs, et que les crises violentes par où l’on passe n’aboutissent point à une solution moralement heureuse. […] L’auteur de Lélia n’a point de ces oublis : il m’a semblé que quelquefois même son talent seul achevait un développement qui était commencé avec l’âme.
Rossignol en vient à l’appréciation littéraire, et le coup d’œil qu’il jette sur la composition d’une seule églogue le mène aux considérations les plus intéressantes sur ce genre même de poésie, sur ce qu’étaient sa forme distincte et son rhythme particulier chez les Grecs, sur ce qu’il devint, chez les Romains, déjà moins délicats d’oreille, et qui se contentèrent d’un à peu près d’harmonie. […] Rossignol, que depuis la majestueuse épopée jusqu’à la vive épigramme aiguisée en un simple distique, chaque poëme eut son style et son harmonie, ses mots, ses locutions, son dialecte propre, son rhythme particulier ; et quoique la limite qui séparait deux genres fût quelquefois légère et peu sensible, il n’en fallait pas moins la respecter, sous peine d’encourir l’anathème d’un goût difficile et ombrageux. » L’auteur donne ici de piquants exemples tirés de la métrique des anciens ; le déplacement d’un seul pied suffisait pour changer tout à fait le caractère et l’effet d’un chant.
Aujourd’hui il se retrouve lui seul et lui-même tout entier, à son vrai point naturel ; il ressaisit le genre de son talent dans la direction la plus ouverte et la plus sûre. […] En un mot, on applaudit ce rôle pathétique, mais on n’y pleure pas un seul instant.
Elle a commencé par se la faire à elle seule, puisqu’on ne l’y aidait pas, et puis elle a vu qu’elle avait fait une œuvre qui trompe, et, comme un bon esprit qu’elle était, elle a cherché sa part ailleurs, d’un air un peu triste et sombre, comme une personne fatiguée qui a beaucoup et inutilement travaillé. […] Corneille, Racine avaient donc raison, quand ils ne mettaient dans une tragédie qu’une seule crise, préparée par une série de faits moraux, par une fermentation lente, qui éclatait enfin dans la péripétie finale.
Il est inouï qu’un drame captive et éveille l’attention sans amour, sans intrigue, avec la seule beauté des caractères et des pensées, avec la magie des vers. […] Le jeune poète, seul, eût pu douter de lui-même.
un seul être est selon la vie ; sache le connaître : c’est celui qui renonce, et qui remet ses mains aux mains de son destin. […] Dans maints poèmes, assez obscurs il est vrai, l’Idée paraît seule participer de l’Etre et le moi ne serait donc qu’un moment de l’Idée, vivante émanation du Soi universel.
réplique le Capitan ; le seul récit de mes hauts faits doit suffire à te tenir en vie. […] Mais quand elle est seule avec le fourbe Mosca, elle ôte son masque d’hypocrisie : MOSCA.
Tantôt agréable & piquant, un bon mot lui suffit pour faire sentir l’absurdité d’un Ouvrage : tantôt plein de force & d’énergie, un seul trait parti de sa plume devient le fléau du vice & l’hommage de la vertu. […] Ce seul Poëme, que nous regardons comme son chef-d’œuvre, aura toujours pour garans de son immortalité, la gloire des difficultés vaincues, & celle d’une utilité générale.
En se dissolvant elle se divise, et voici de quelle façon : Le royaume chancelle, la dynastie s’éteint, la loi tombe en ruine ; l’unité politique s’émiette aux tiraillements de l’intrigue ; le haut de la société s’abâtardit et de génère ; un mortel affaiblissement se fait sentir à tous au-dehors comme au-dedans ; les grandes choses de l’état sont tombées, les petites seules sont debout, triste spectacle public ; plus de police, plus d’armée, plus de finances ; chacun devine que la fin arrive. […] Le peuple, qui a l’avenir et qui n’a pas le présent ; le peuple, orphelin, pauvre, intelligent et fort ; placé très bas, et aspirant très haut ; ayant sur le dos les marques de la servitude et dans le cœur les préméditations du génie ; le peuple, valet des grands seigneurs, et amoureux, dans sa misère et dans son abjection, de la seule figure qui, au milieu de cette société écroulée, représente pour lui, dans un divin rayonnement, l’autorité, la charité et la fécondité.
La prêtresse de l’oracle de Patare, en Lycie, ne prophétisoit jamais qu’elle n’eût couché seule dans le temple d’Apollon. […] Quelle est donc la seule cause du silence des oracles ?
Nicole étoit un de ces hommes qui persuadent sans être éloquens, par la seule force de la vérité développée. […] Si son Emile & ses autres ouvrages offrent de choses dangereuses, on a réduit ce qu’il a écrit aux seules vérités utiles, en publiant le recueil de ses Pensées.
On ne s’applaudit pas seul durant long-temps, et Cotin ne pouvoit pas ignorer que ses vers ne fussent huez du public. […] Seul auteur de ses décisions et maître de sa faveur, il alloit chercher ceux qui avoient cette capacité, et il leur offroit sa protection et son amitié, qu’ils n’osoient encore demander.
Seul, le malheureux Pierre Saliat, le savoureux traducteur d’Hérodote que ce friand de Montaigne lisait dans sa bibliothèque en se pourléchant de plaisir, n’avait rien eu. […] Le naïf, seul, n’aurait pas suffi… Rollin, qu’on appelle aussi le bon Rollin, et qui, dans son Histoire ancienne, a traduit bien des morceaux d’Hérodote, Rollin, l’âme simple, droite, ingénue, qui était un naïf par l’esprit, mais qui parlait la langue ordonnée et anti-naïve du dix-septième siècle, n’a jamais traduit que le sens général ou littéral d’Hérodote.
Une telle vue, si elle est réelle, met à bas d’un revers de main toutes les philosophies de l’Histoire, toutes ces modernes théories qui essayent d’expliquer la vie des sociétés autrement que la vie de l’homme, comme si elle renfermait des éléments de plus, comme si, avec l’homme seul, ce n’était pas déjà, pour les plus forts, assez difficile, et pour les plus pénétrants, assez mystérieux ! […] La vie de Washington, c’est-à-dire une biographie où l’Histoire s’enfonce jusqu’aux dernières profondeurs de l’âme d’un grand homme qui explique, à lui seul, plus que tout le reste, la création politique de son pays.
Le devoir est le seul poids qui donne à l’homme la force de le porter. […] Dans toute l’histoire, dit Robertson, Ximénès est le seul premier ministre que ses contemporains aient honoré comme un saint et à qui le peuple, placé sous son administration, ait attribué le don des miracles ; et Hefele a eu la noble jalousie de cette justice.
Mais ce n’en est pas moins le danseur qui a jugé le mathématicien, et qui lui a prouvé, d’un seul rond de jambe, qu’il s’est trompé dans ses calculs. […] C’est le xixe siècle qui lui a imposé ses métaphysiques, — dont pas une seule systématiquement n’est sortie de lui, mais qui son toutes entrées en lui et ont dissous sa force native, en l’empêchant de s’en servir… Je ne connais rien de plus triste que cet amollissant travail des métaphysiques sur des esprits qui, sans elles, auraient été vigoureux.
… L’auteur, — il ne s’est pas nommé, mais tout le monde l’a fait pour lui, parce que le style est une signature que l’on reconnaît toujours, et qui n’est pas comme l’autre à la portée des faussaires, — l’auteur est un de ces esprits qu’on peut repousser ou accepter, adorer ou maudire, mais qui ont du moins le mérite de l’outrance, et pour nous ce mérite doit être compté, même quand il est seul. […] Doit-elle laisser passer, les bras croisés et en silence, cette odieuse conclusion de la Poétique d’une école qui a tout matérialisé et qui n’est pas, du reste, la seule conséquence qui s’élève de ces vers baladins !
Hégésippe Moreau, lui, avec un seul volume qui, certes ! […] … Alors on n’en jugerait plus un seul.
Dès 1838, il publiait un poème en plusieurs chants dont le Journal des Débats, plus littéraire que les autres, parla seul ; et ce poème, intitulé Volberg, n’était tout simplement que la conversion au catholicisme d’un esprit du xixe siècle, d’un de ces Titans du doute, de l’incrédulité et de l’orgueil, comme Byron, ce grand boiteux d’esprit comme il l’était de corps, en avait tant élevé sur leurs pieds d’argile, — sur des pieds qui ressemblaient au sien ! […] Qui dit spécial dit plus artiste, et à l’exception des deux odes, dont nous parlions tout à l’heure, deux belles intruses auxquelles on pardonne en faveur de leur beauté, Chateaubriand et La mer à Biarritz, et de quelques fables dans lesquelles il n’a point imité La Fontaine, le seul genre d’éloge qu’on puisse donner à qui ose écrire une fable après l’incomparable et désespérant Maître Jean, M.
Il m’a été doux de rendre hommage à cette Muse simple, croyante et toujours inspirée, éprise de tout ce qui mérite, seul, un regret de la vie : l’Amour et les fleurs.
Écrits pour une femme, ces vers ne s’adressent en réalité qu’à elle seule.
La clarté & la précision peuvent seules établir le mérite des Ouvrages qui ont pour objet d’éclaircir ceux des autres.
Galland en a été l’Editeur, & a mis à la tête de cette Collection, une Préface, où il expose l’utilité du travail de d’Herbelot, dont il étoit aisé de se convaincre par la seule lecture de l’Ouvrage.
La seule chose que j’aie à cœur, c’est de vous épargner quelques instants que vous emploierez mieux ; dussiez-vous les passer à côté de Dom Antonio, et au milieu de cannetons.
Horace Valbel Un jour, un après-midi, Brun et quelques amis vinrent au Chat Noir, et profitant de ce qu’ils étaient seuls, ses amis le prièrent de se mettre au piano et de chanter.
Nous ne parlons pas des qualités de son cœur ; son nom seul les annonce.
Si l’on admet qu’un sonnet sans défaut vaut seul un long poème, le livre de M.
On a de lui une Méthode d'étudier & d'enseigner chrétiennement les Poëtes, une autre pour étudier & enseigner la Philosophie, une troisieme pour étudier & enseigner la Grammaire, qui prouvent qu'il auroit beaucoup mieux fait de s'en tenir aux seules matieres de Théologie.
Au château de Blois, Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, fit démolir toute une aile pour la rebâtir à sa guise, et la mort seule l’empêcha de détruire le reste. […] On s’est avisé en notre siècle que l’homme, n’étant pas un pur esprit, est sensible aux choses qui l’environnent, non seulement aux divers aspects de la nature, mais aux objets avec lesquels il vit tous les jours et qui par leur seule présence exercent une action profonde sur sa manière d’être et de penser. […] Cette liaison est si réelle que la vue seule d’un édifice, d’une chambre appelle l’idée de certaines œuvres et exclut celle de certaines autres. […] Les bureaux sont remplacés par des « commodes », dont le nom seul est significatif. […] A mesure que la démocratie s’affermit et s’organise en un pays, il semble que la littérature s’associe de plus en plus aux fêtes dans lesquelles tout un peuple communie et prend pour quelques heures une seule et même âme.
Et que l’on joigne à ce chef-d’œuvre, d’autres livres plus ordinaires, des nouvelles esquissées, un roman comprenant la double analyse de deux amours contraires, dans tout le mouvement de la vie urbaine et rurale dans la Russie actuelle, des pages de souvenirs dans lesquels revit le siège de Sébastopol, que l’on dénombre en chacune de ces œuvres, la foule des êtres humains, caractérisés, spéciaux, marqués de tout le particularisme de l’individualité et manifestés par des actes et des paroles, situés en des lieux décrits, participant à des actions d’ensemble, disposés, errants, angoissés, soucieux de leur sort, jetés dans des bras aimants ou culbutés dans la fosse, sûrement cette pyramide humaine, de sa large base populacière à son faite d’âmes d’élite, paraîtra de taille à se mesurer avec les plus bailles qu’aient dressées les grands créateurs d’hommes dans nos littératures ; l’ensemble des incidents, des types et des sites condensés et évoqués dans l’âme des lecteurs de ces quelques cents pages semblera équivaloir aux expériences de plus d’années, à plus d’observations et de souvenirs qu’il n’eût paru croyable qu’un seul cerveau pût concentrer et ressusciter. […] Or la réalité est aussi riche en corruption qu’en pureté, en douleur qu’en joie, en cruauté qu’en bonté ; les carnages et les débauches y côtoient les innocences et les continences ; l’amour de l’or, l’ambition, la perversité, la soif de jouissances, sont des mobiles plus puissants que les vertus qui les contredisent ; celui-là seul peut trouver plaisir à contempler la vie, qui considère sans horreur le mal dont elle est faite comme le bien, sinon la colère et les froissements sont continuels ; l’on s’en détourne, l’on s’en indigne ou l’on s’en contriste, mais l’on cesse d’en connaître. […] Comme Lévine, il a rencontré sur sa route un pauvre d’esprit dont les paroles ont retenti dans son cœur, comme une voix intérieure, et ce Slave dont l’âme violentée et repoussée par les durs dogmes de la science occidentale, demandait au monde plus de bonté qu’il n’en contient, cet aristocrate, cet homme de fortune, ce grand écrivain s’est retiré à la campagne, écrit des contes pour les moujiks, s’adonne à des travaux manuels, fait des souliers et raccommode des poêles, donne son bien en aumône, prêche la vie populaire, le refus du serment, le pardon des injures, l’union avec une seule femme, interdit le divorce, le service militaire, la violence, la résistance aux méchants, les injures et menace de fonder une nouvelle secte de gens scrupuleux et troublés dont il sera le patriarche, devenu aujourd’hui un grand vieillard de soixante ans, les cheveux longs rejetés en arrière du front creusé de profondes rides, au-dessus des yeux plus caves, mais fermes, inébranlablement fermes, les joues creuses autour du large nez et ployant sur de massives pommettes, la bouche droite, saillante et close, au milieu d’une longue barbe blanche tombant sur de larges épaules, l’air vénérable et sûr, de la certitude de ceux qui ont cru à jamais ; l’air noble et d’une joie austère, de la joie de ceux qui sont affermis dans leur foi. […] Pour remonter enfin de cette connaissance des dehors essentiels et subjectifs, de cette connaissance des corps, des physionomies, des actes, des situations, des conditions, à la sorte de mouvements psychiques qu’ils causent ou dont ils sont causés, Tolstoï dut posséder tout d’abord une notion absolument exacte du seul rapport d’homme à âme qui lui était accessible, du sien, — et compléter cette intuition par des aptitudes miraculeuses au raisonnement par analogie pour autrui, par la divination des variations de la relation entre le monde et les êtres selon la variété de ces derniers, par d’audacieuses, sagaces et instinctives hypothèses, par une souveraine imagination psychologique qui lui ouvrit le cœur des simples et des femmes, comme l’esprit des méchants et des penseurs. […] Mais la vie de tous et la sienne propre n’est point un sujet dont on puisse se détacher quand on l’a considérée ; il faut, sous peine de malheur, de folie ou de suicide, que l’on arrive à s’en satisfaire, car elle est courte et l’occasion de bonheur qu’elle présente paraît être la seule.
Il définit l’Iliade « un beau monstre né du seul instinct d’un homme supérieur ». […] Le changement des vaisseaux Troyens en nymphes de la mer, au moment où ils vont être brûlés par Turnus, étoit presque la seule chose qu’on disoit appartenir à Virgile. […] Il est vrai qu’il n’y en a qu’un seul dans l’Énéide, que l’auteur a tout sacrifié à Énée. […] Gil Blas vaut lui seul plusieurs traité de morale. […] Il y en a plus dans une seule page du Conte du tonneau ou de Gulliver, que dans les trois quarts de nos romans.
Les discours de Massillon ont cela de particulier, au point de vue littéraire, qu’ils ne furent jamais imprimés de son vivant ; le seul de ses discours qu’il publia lui-même, et pour lequel il se vit critiqué, fut son Oraison funèbre du prince de Conti en 1709. […] Ses exordes avaient quelque chose d’heureux et qui saisissait aisément, comme le jour où il prononça l’Oraison funèbre de Louis XIV, et où, après avoir parcouru en silence du regard tout ce magnifique appareil funéraire, il commença par ces mots : « Dieu seul est grand, mes frères ! […] Dans tout le cours de ce développement, il est impossible de s’arrêter et de mettre le point à aucun endroit ; c’est une seule et unique pensée qui court par des branches multipliées et sous des couleurs diverses.
Nature avant tout sociable, il ne pouvait demeurer seul un moment : « Trop malgré moi me trouvois seul », dit-il. […] Jules Quicherat a vu de lui à Arras un portrait dessiné, le seul authentique, et qu’il estime provenir de Belgique, et d’une collection formée par les ducs de Bourgogne ; il a bien voulu m’en montrer une esquisse fidèle qu’il en a prise.
Un soir que les deux seuls serviteurs fidèles qui étaient restés près de lui, d’Aubigné, son écuyer, et Armagnac, son premier valet de chambre, découragés eux-mêmes et se disposant bientôt à partir sans dire adieu, veillaient une dernière fois à son chevet ; comme il était malade et tremblant de lièvre sous ses rideaux, ils l’entendirent soupirer et chanter un psaume, au couplet qui déplore l’éloignement des fidèles amis ; Armagnac alors pressa l’autre, c’est-à-dire d’Aubigné, de prendre cette occasion pour parler hardiment. […] On en voit le thème : il s’indigne pour les siens, pour les hommes de sa cause, à cette seule idée de se faufiler dans l’armée royale ; ce serait abjurer le passé : Ce serait, dit-il en commençant, fouler aux pieds les cendres de nos martyrs et le sang de nos vaillants hommes, ce serait planter des potences sur les tombeaux de nos princes et grands capitaines morts, et condamner à pareille ignominie ceux qui, encore debout, ont voué leurs vies à Dieu, que de mettre ici en doute et sur le bureau avec quelle justice ils ont exercé leurs magnanimités ; ce serait craindre que Dieu même ne fût coupable ayant béni leurs armes, par lesquelles ils ont traité avec les rois selon le droit des gens, arrêté les injustes brûlements qui s’exerçaient de tous côtés, et acquis la paix à l’Église et à la France… Je dis donc que nous ne devons point être seuls désarmés quand toute la France est en armes, ni permettre à nos soldats de prêter serment aux capitaines qui l’ont prêté de nous exterminer, leur faire avoir en révérence les visages sur lesquels ils doivent faire trancher leurs coutelas, et de plus les faire marcher sous les drapeaux de la Croix blanche qui leur ont servi et doivent servir encore de quintaine (point de mire) et de blanc.
Ce qu’on appelle discours politiques de M. de Rohan est un recueil soit de vrais discours tenus dans les assemblées des protestants, soit de mémoires à consulter et d’avis donnés confidemment dans telle ou telle conjoncture, soit d’apologies de sa propre conduite (et il en eut souvent besoin en un temps de partis), soit même de considérations pour lui seul ; car c’était le tour de son esprit d’aimer à raisonner sur les faits et à se rendre compte à lui-même. […] Je plains la plus belle et glorieuse entreprise dont on ait jamais ouï parler… occasion que je ne verrai jamais, pour le moins sous un si grand capitaine, ni avec tant de désir d’y servir et d’y apprendre mon métier… N’est-ce pas à moi un assez grand sujet de plaindre la seule occasion qui m’était jamais arrivée de témoigner à mon roi (mais, ô Dieu, à quel roi !) […] Vous êtes haï universellement, pour ce que vous possédez seul ce qu’un chacun désire.
Voilà les vrais devanciers de La Bruyère, ceux qu’il avoue, les seuls livres qu’il eut présents à la pensée, à côté du livre toujours ouvert devant lui de la nature humaine. […] Ayant passé presque en un seul jour de l’obscurité entière au plein éclat et à la vogue, il sait à quoi s’en tenir sur la faiblesse et la lâcheté de jugement des hommes ; il ne peut s’empêcher de se railler de ceux qui n’ont pas su le deviner ou qui n’ont pas osé le dire. […] Après la publication de son livre, le Discours de réception de La Bruyère à l’Académie a été le grand événement de sa vie littéraire ; c’est le seul même qui soit arrivé jusqu’à nous dans un parfait éclaircissement.
Enfin, Monsieur, souvenez-vous que c’est en votre seule considération et à celle de ma sœur que nous envoyons cet enfant à la campagne. […] Ce cygne tout seul restait, pour ainsi dire, en l’air, et n’avait plus de raison d’être. […] Les Pitt, fils de Chatham, sont rares en littérature, et même on n’en cite pas un seul exemple.
Non ; si inférieurs aux Retz et aux La Rochefoucauld pour l’ampleur et la qualité de la langue et pour le talent de graver ou de peindre, ils connaissaient la nature humaine et sociale aussi bien qu’eux, et infiniment mieux que la plupart des contemporains de Bossuet, ces moralistes ordinaires du xviiie siècle, ce Duclos au coup d’œil droit, au parler brusque, qui disait en 1750 : « Je ne sais si j’ai trop bonne opinion de mon siècle, mais il me semble qu’il y a une certaine fermentation de raison universelle qui tend à se développer, qu’on laissera peut-être se dissiper, et dont on pourrait assurer, diriger et hâter les progrès par une éducation bien entendue » ; le même qui portait sur les Français, en particulier ce jugement, vérifié tant de fois : « C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe, ni que le courage s’altère… » Ils savaient mieux encore que la société des salons, ils connaissaient la matière humaine en gens avisés et déniaisés, et ce Grimm, le moins germain des Allemands, si net, si pratique, si bon esprit, si peu dupe, soit dans le jugement des écrits, soit dans le commerce des hommes ; — et ce Galiani, Napolitain de Paris, si vif, si pénétrant, si pétulant d’audace, et qui parfois saisissait au vol les grandes et lointaines vérités ; — et cette Du Deffand, l’aveugle clairvoyante, cette femme du meilleur esprit et du plus triste cœur, si desséchée, si ennuyée et qui était allée au fond de tout ; — et ce Chamfort qui poussait à la roue après 89 et qui ne s’arrêta que devant 93, esprit amer, organisation aigrie, ulcérée, mais qui a des pensées prises dans le vif et des maximes à l’eau-forte ; — et ce Sénac de Meilhan, aujourd’hui remis en pleine lumière40, simple observateur d’abord des mœurs de son temps, trempant dans les vices et les corruptions mêmes qu’il décrit, mais bientôt averti par les résultats, raffermi par le malheur et par l’exil, s’élevant ou plutôt creusant sous toutes ; les surfaces, et fixant son expérience concentrée, à fines doses, dans des pages ou des formules d’une vérité poignante ou piquante. […] Mais j’ai tort de me borner aux seuls noms éminents : le propre de ce qu’on appelle lumières est d’être répandu et de circuler. […] En résumé, le xviie siècle moraliste a sur le xviiie un seul avantage, c’est d’avoir eu une révolution, — une révolution qui n’a pas triomphé, peu importe, la Fronde, — de l’avoir eue au commencement et non à la fin.
Milton a donné à ce sujet biblique la seule invention, là seule profondeur, le seul recul possible, en remontant par-delà le commencement jusqu’à la chute des Anges, en nous transportant au milieu de ces démons précipités dont Satan est le roi, et qui, de loin, ont ouï parler confusément d’une nouvelle création, d’un nouvel être devenu le favori du Tout-Puissant.
On voit bien percer çà et là quelques-unes des idées radicales qui sortirent plus tard à la chaleur de la fournaise ; mais ce ne sont que de faibles indices et qui, à eux seuls, ne prouveraient rien. […] Le conflit au sein d’une seule ville était extrême, la lutte incessante et comme forcenée. […] Il nous faut des maîtres plus sensibles qu’instruits, plus raisonnables que savants, qui dans un lieu vaste et commode, hors des villes, hors de l’infection de l’air qu’on y respire et de la dépravation des mœurs qui s’introduit par tous les pores, soient les égaux, les amis, les compagnons de leurs élèves ; que toute la peine, que tout le travail de l’instruction soit pour le maître, et que les enfants ne se doutent même pas qu’ils sont à l’école ; que dans des conversations familières, en présence de la nature et sous cette voûte sacrée dont le brillant éclat excite l’étonnement et l’admiration, leur âme s’ouvre aux sentiments les plus purs ; qu’ils ne fassent pas un seul pas qui ne soit une leçon ; que le jour, la nuit, aux heures qui seront jugées les plus convenables, des courses plus ou moins longues dans les bois, sur les montagnes, sur les bords des rivières, des ruisseaux ou de la mer, leur fournissent l’occasion et les moyens de recevoir des instructions aussi variées que la nature elle-même, et qu’on s’attache moins à classer les idées dans leur tête qu’à les y faire arriver sans mélange d’erreur ou de confusion. » Vous voyez d’ici le tableau idéal et enchanteur de toutes ces écoles primaires et rurales de la République française, où chaque enfant serait traité comme Montaigne, Rabelais ou Jean-Jacques ont rêvé de former et de cultiver leur unique élève.
Le roi ne reçut la lettre qu’au retour de la chasse ; il se montra affligé, pensif, voulut être seul ; l’enfant et le roi se combattaient en lui, ou plutôt s’accordaient en ce moment pour vouloir une seule et même chose. […] Ce ne fut pas sans peine qu’on parvint à établir une familiarité complète entre un prince excessivement timide et une femme à laquelle sa naissance du moins imposait quelques bienséances… Tout le monde sait quelles suites elle eut, quel empire le goût pour les femmes exerça sur Louis XV ; combien la variété lui devint nécessaire, et combien peu la délicatesse et toutes les jouissances des âmes sensibles entrèrent dans ses amusements multipliés. » Ce qu’on vient de lire est exact, presque à la lettre ; cette reine, dont la destinée de loin paraît celle d’une femme délaissée, donna en effet au roi, avant l’éclat des désordres, jusqu’à dix enfants : deux garçons seulement, dont un seul vécut ; tout le reste n’était que des filles, et Louis XV avait fini par ne plus compter sur autre chose avec la reine : il semblait voir dans cette monotonie l’image de leurs froides amours.
Ses écrits fourniraient les plus belles et les plus précieuses maximes en ce sens et à ce sujet : « Que s’est-il donc passé dans la société, qu’on ne puisse plus faire aller qu’à force de bras une machine démontée qui allait autrefois toute seule, sans bruit et sans effort ? […] Cet usage met toute la maison à l’aise : il dispense les parents d’autorité, et les enfants de respect. » Toutes ces pensées dont on voit l’originalité morose et dans lesquelles il entrait une part de vérité, avaient l’inconvénient toutefois de ne comprendre qu’un seul côté de la question, le côté qui regarde le passé, de ne tenir aucun compte des changements survenus, de l’émancipation des intelligences, du libre développement de l’individu, des progrès des villes, de ceux de l’industrie, des rapports multipliés avec l’étranger. […] Afin de mieux se rendre compte des restes de l’esprit ancien, subsistant au cœur d’anciennes provinces, il est allé jusqu’à acheter successivement de grandes propriétés rurales dans des contrées où il savait ne point devoir résider longtemps, à cette seule fin de se mettre en commerce plus intime avec l’esprit des populations.
Il y a eu dans le cours de la Révolution diverses générations politiques qui chacune ont eu leur raison d’être et jusqu’à un certain point leur légitimité : il convient de les accepter à leur heure sans les répudier et sans les confondre, sans en épouser une seule à l’exclusion des autres, sans prétendre juger historiquement les hommes d’un mouvement en se mettant au point de vue des hommes d’un courant différent ou contraire. […] J’y trouvai toute la Correspondance de Colbert ; je fis l’extrait de tous ses règlements, auxquels tant d’autres ont été si inutilement ajoutés, car ce grand ministre est le premier et le seul qui ait laissé dans tout ce qu’il a fait l’empreinte d’un esprit aussi juste qu’étendu : aucun de ses successeurs n’a pu le remplacer. […] Il était venu à Cayenne en 1730 ; il avait été économe chez. les Jésuites, qui étaient alors les seuls propriétaires opulents, et il était lui-même un homme aisé, lorsqu’il s’établit à Ovapock.
Dans toutes les parties de l’Amérique que j’ai parcourues, je n’ai pas trouvé un seul Anglais qui ne se trouvât Américain, pas un seul Français qui ne se trouvât étranger. » Après l’inclination et l’habitude, il relève l’intérêt, cet autre mobile tout-puissant, surtout dans un pays nouveau où « la grande affaire est incontestablement d’accroître sa fortune. » Et comment ne seraient-elles point encore de Talleyrand ces réflexions morales si justement conques, exprimées si nettement, sur l’égalité et la multiplicité des cultes, dont il a été témoin, sur cet esprit de religion qui, bien que sincère, est surtout un sentiment d’habitude et qui se neutralise dans ses diversités mêmes, subordonné qu’il est chez tous (sauf de rares exceptions) à l’ardeur dominante du moment, à la poursuite des moyens d’accroître promptement son bien-être ? […] Le nom seul de Bonaparte est un auxiliaire qui doit tout aplanir.
Regnier, dans le cours de sa vie, n’eut qu’une grande et seule affaire : ce fut d’aimer les femmes, toutes et sans choix. […] De plus, prévoir que mes amis auraient lu avec déplaisir ce que j’ai toujours eu dessein d’écrire m’eût été amer… » Suivant André Chénier, l’art ne fait que des vers, le cœur seul est poète ; mais cette pensée si vraie ne le détournait pas, aux heures de calme et de paresse, d’amasser par des études exquises l’or et la soie qui devaient passer en ses vers. […] Mille ennuis, mille dégoûts l’y assaillirent ; seul, à vingt ans, sans amis, perdu au milieu d’une société aristocratique, il regrettait la France et les cœurs qu’il y avait laissés, et sa pauvreté honnête et indépendante47.
Il est visible ainsi que les invectives passionnées de Goncourt, la conception mélancolique de Sully Prudhomme et les théories de Darwin sur la lutte pour la vie sont des choses du même temps, trois formes d’une seule et même idée qui flottait dans l’air ambiant. […] La peur seule d’un cataclysme a suffi parfois. […] Au premier abord, l’idée seule de cette recherche peut paraître bizarre.
Le Disciple reste le moins mauvais de ses livres, le seul qui contienne, avec un sentiment vrai, un peu d’analyse exacte. […] Ses perversités contradictoires ne peuvent se désaltérer qu’au catholicisme, seul pays où le péché soit un fruit savoureux et le remords une boisson capiteuse. […] Or le seul crime est de se préoccuper de la loi ; mais il y a deux façons de le commettre : obéir aux conventions ou les violer pour le plaisir enfantin de les violer.
D’Urfé, comme presque tous les romanciers, avait mis dans son roman les personnages de sa connaissance : il s’y était mis lui-même et les aventures de sa jeunesse ; mais tout cela était combiné, déguisé et (le mot est de Patru) romancé de telle sorte, que lui seul pouvait servir de guide dans ce labyrinthe. […] « La Cambrai alors était toute seule dans la boutique, et, l’ayant aperçu, elle le pria d’entrer ; lui, qui la vit si jolie, y entra fort volontiers ; les voilà à causer. […] Les lettres que d’Ablancourt écrivait à Patru, et dont les premières sont à peu près de ce temps, nous le montrent toutefois sous un aspect plus relevé, et corrigent l’impression que pourrait faire le seul récit de Tallemant des Réaux.
En me disant avec onction de recourir à Dieu, seul dispensateur des biens et des maux, il me faisait sentir plus vivement le peu de justice et de secours que je devais désormais espérer des hommes. […] En cette qualité de lieutenant général des chasses, il connaissait de certains délits et était investi d’un office de judicature qu’il remplissait sans trop sourire En 1764 (il avait trente-deux ans), se place un des épisodes les plus dramatiques de sa vie et qu’il a raconté lui-même dans un de ses Factums : c’est l’histoire de Clavico dont on a fait des drames, mais le seul vrai drame est chez Beaumarchais. […] Tout ce motif, la manière dont il est conçu et exécuté, avec tant de largeur, de supériorité, de gaieté et d’ironie, tout d’une venue et d’une seule haleine, compose un des plus admirables morceaux d’éloquence que nous puissions offrir dans notre littérature oratoire.
Simple teneur de livres d’abord chez un marchand de bois de la Rapée, il demanda des ressources à son talent ; il écrivit dans les journaux ; il fit des pièces pour les divers théâtres, quelquefois seul, le plus souvent en collaboration de quelques jeunes auteurs qui débutaient comme lui. […] Étienne y fut nommé de préférence à Alexandre Duval, et il prit séance, le 7 novembre 1811, par un discours de réception qui fut très remarqué, et où il soutenait cette thèse piquante que, quand tout serait détruit des deux derniers siècles, il suffirait que les comédies seules survécussent, pour qu’on pût deviner par elles « toutes les révolutions politiques et morales » de ces deux siècles. […] Il ajoutait d’ailleurs qu’il avait commencé sa pièce seul, étant en Pologne, et plaisantait fort ses ennemis qui l’accusaient de plagiat.
Autrement et de lui seul, que fera-t-il donc ? […] Dans sa première manière pourtant, à la fin du premier livre, dans Le Chêne et le Roseau, il a atteint la perfection de la fable proprement dite ; il a trouvé moyen d’y introduire de la grandeur, de la haute poésie, sans excéder d’un seul point le cadre ; il est maître déjà. […] Toute sa première tentative poétique, la seule qui compte véritablement pour l’originalité, la tentative des Méditations, a consisté à vouloir doter la France d’une poésie sentimentale, métaphysique et un peu mystique, lyrique et musicale, religieuse et pourtant humaine, prenant les affections au sérieux et ne souriant pas.
Supposons cependant que l’on soit arrivé à une idée exacte et précise du génie, pris psychologiquement, et qu’on ait ramené toutes ces formes à une seule, que faudrait-il pour établir l’identité physiologique de la folie et du génie ? La seule démonstration rigoureuse, je l’ai dit, serait la comparaison anatomique du système nerveux chez les hommes de génie et chez les aliénés. […] D’ailleurs, la seule conclusion que l’on puisse tirer des faits que l’on cite, en assez petit nombre d’ailleurs, c’est que l’hallucination a pu coexister, en certains cas, avec le génie ; en un mot, que le génie n’exclut pas l’hallucination.
Il commence par nous pénétrer de leurs beautés, et ne mêle rien d’abord à ses louanges : ce n’est qu’ensuite qu’il nous instruit en relevant leurs défauts ; mais ici l’approbation est sans cesse accompagnée d’un avertissement indirect, d’une demi-réserve, d’une discrète ironie, qui ne nous laissent pas jouir un seul instant en paix de notre admiration. […] Cela posé, il faudrait convenir que Rousseau avait le goût et l’instinct de quelque chose de meilleur que ce qui suffisait à son siècle : ni le plaisir seul ni les convenances, ne satisfaisaient cette âme gâtée mais généreuse. […] Nisard sur le xviiie siècle : il comprend ce siècle, il en accepte, il en approuve les principes, il lui sait gré de les avoir répandus ; mais c’est sa raison seule qui approuve, il n’aime pas.
Encore l’architecture ramène la pensée à la vie civile, en ce sens qu’un monument est fait pour recevoir une foule en vue de tel ou tel acte et doit jusqu’à un certain point avoir le caractère qui convient à cet acte, comme il a la forme qui s’y prête, et une école ne doit pas présenter les mêmes combinaisons de lignes qu’une église ; — et la musique seule est tout à fait l’art qui permet qu’on échappe à la vie et qui aide à en sortir ; et c’est l’expression même de la rêverie. […] Il a toujours été avec quelques-uns, il n’a jamais été seul et n’est pas plus seul à soixante ans qu’il n’était à vingt.
Alfred de Vigny1 I On a quelquefois assez insolemment posé la question de savoir si les poètes étaient capables d’écrire en prose avec la supériorité que les prosateurs voudraient garder pour eux seuls ; mais, quant à moi, j’ai toujours écarté avec dédain cette question d’école. […] Mais l’insouciance de l’idéal, la grossièreté du procédé et l’abaissement de l’observation, ces trois caractères de la littérature contemporaine, ont fait monter de dégoût la muse de Vigny dans cette rêverie où elle ne plane plus qu’à l’œil seul du poète… Ce cygne de la famille de celui de Mantoue qui nous est venu par l’Ile des Cygnes de Shakespeare, et qui s’y est attardé, ne nous a pas dit son dernier chant, heureusement ! […] Grossier de plus en plus, détourné des choses de l’âme, ce monde de nos jours, qui a inventé le mot d’utilitaire pour cacher l’égoïsme des cœurs matériels, comprendra-t-il un seul mot de cette autobiographie d’Alfred de Vigny, — peut-être, hélas !
Il est incontestable que toutes les grandes époques sont animées d’un certain esprit, dirigées par un certain principe (différent selon les époques), qui pénètre la masse entière et qui oriente les efforts de tous vers un même but ; pour ne citer qu’un seul grand exemple : Louis XIV disant « l’État, c’est moi » ne fait que résumer l’esprit de son époque, et, dans la littérature, Malherbe, Chapelain, Balzac et Corneille l’ont préparé, aussi bien que Descartes dans la philosophie et Richelieu dans la politique. […] Ce jugement de la postérité, seul légitime pour l’esthétique pure, n’est pas sans danger pour l’histoire : il a ses oublis injustes et ses admirations traditionalistes ; il prête souvent aux prédécesseurs des lumières, des goûts, des intentions qu’ils ne pouvaient pas avoir, et il exagère fréquemment l’influence qu’une œuvre de valeur absolue exerça sur son époque. […] Donc, écrire l’histoire de la satire comme d’un genre littéraire, dans le sens habituel du mot, c’est ou bien composer un florilège de genres très divers dans leur inspiration, ou bien s’attacher très arbitrairement à une « forme » en négligeant des œuvres importantes. — En d’autres termes, l’esprit critique est constant ; on le retrouve à toutes les époques ; ou plus ou moins, mais il est toujours là ; il prend souvent une forme littéraire, mais en soi il n’est pas de nature littéraire ; à lui seul, il n’est pas un principe d’art ; il est négatif et démolisseur, l’art est créateur.
Il est gourmet en matière de science, et ne raisonne que pour lui seul. […] J’ajoutai qu’en ce moment j’avais recours à lui, ne pouvant achever seul ; si je ne faisais clairement cette exposition, mon travail restait inutile ; il serait sot de montrer les fautes sans indiquer les moyens de les éviter ; ayant affirmé que la méthode de l’école est mauvaise, je devais expliquer la bonne ; pour dégager les gens d’une voie, il fallait les engager dans une autre, et pour cela j’avais compté sur lui. […] Continuons l’analyse, ou plutôt continuez-la seul ; vous réduirez de même à des faits ou à des rapports toutes les expressions des sciences physiques.
La seule Piece où il annonce vraiment de la verve & de l’enthousiasme, est une Ode sur le vin de Champagne, où il paroît inspiré par le sujet lui-même, dont il rend très-poétiquement tout le feu & toute la vivacité.
L’uniformité du style, le peu de noblesse des pensées, le défaut de finesse & même d’imagination, réduisent ce Poëme, plus burlesque que marotique, dans la classe de ces Ouvrages qui ne sont supportables que pour les esprits méchans & les ames corrompues, seuls capables de se plaindre que nous n’ayons pas loué cette infame Production.
Ce prétendu Poëte n’étoit au fond qu’un Rimeur, dont les Vers n’ont guere été connus que de lui seul & de l’Imprimeur, qui fut forcé de les lire avant de les mettre sous presse.
De quantité d’Ouvrages qu’il a publiés, un seul lui survit encore, sans répandre toutefois un grand éclat sur sa réputation.
La Tragédie de Mariamne est la seule qui ait survécu à toutes ses Pieces dramatiques.
… « sans rien considérer pour cette effet que Dieu seul qui l’a créé, ni les tirer d’ailleurs que de certaines semences de vérités qui sont naturellement en nos âmes. […] … « que si elles eussent été très assurées : imitant en ceci les voyageurs qui, se trouvant égarés en quelque forêt, ne doivent pas errer en tournoyant tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, ni encore moins s’arrêter en une place, mais marcher toujours le plus droit qu’ils peuvent vers un même côté, et ne le changer point pour de faibles raisons, encore que ce n’ait peut être été au commencement que le hasard seul qui les ait déterminés à le choisir ; car, par ce moyen, s’ils ne vont justement où ils désirent, ils arriveront au moins à la fin quelque part où vraisemblablement ils seront mieux que dans le milieu d’une forêt. […] Qu’un seul tout à coup, soudainement éclairé, les prenne au sérieux, ces paroles, les laisse comme lui entrer dedans, c’est instantanément la plus grande révolution qu’il puisse actuellement y avoir, car c’est une révolution dans le règne de l’argent, c’est une subversion du règne de l’argent. […] Les seules qui ne s’absentent jamais. Les seules qui ne pardonnent pas.
Nous restons seuls, toute la soirée, sans un coup de sonnette d’homme politique dans ce parlage d’art et de littérature. […] Dans un moment où ils étaient seuls, le gendarme, étendant la main vers les reliures en bois et les reliures en peau de truie des antiques manuscrits des vieux siècles, dit à Renan : « Monsieur, tous ces ouvrages, je pense, sont les livres couronnés par l’Académie ? […] Là-dedans tout seul… Tourguéneff ne finit pas sa phrase, mais une contraction de ses poings fermés sur sa poitrine, nous dit la jouissance et l’ivresse de cervelle, qu’il éprouve dans ce petit coin de la vieille Russie. […] Il fallait passer par une cuisine, où l’on trouvait les trois Gargamelles écumant des pots, puis on s’engageait dans un étroit corridor, éclairé au fond par une seule fenêtre, donnant sur des estacades de travers, où s’étageaient de malheureux pots de giroflées : un fond ayant quelque chose d’un logis d’une rue de province, dans l’ombre d’une grande église. […] Cependant, l’amour de son métier survivant chez l’aîné, la nuit, quand son jeune frère serait endormi, il se relèverait pour faire des tours, tout seul, dans un grenier, à la lueur de deux chandelles.
Le comique naîtra, semble-t-il, quand des hommes réunis en groupe dirigeront tous leur attention sur un d’entre eux, faisant taire leur sensibilité et exerçant leur seule intelligence. […] Il y a entre les deux cas cette seule différence que le premier s’est produit de lui-même, tandis que le second a été obtenu artificiellement. […] Nous le faisions pressentir au début de ce travail : il serait chimérique de vouloir tirer tous les effets comiques d’une seule formule simple. […] Napoléon, qui était psychologue à ses heures, avait remarqué qu’on passe de la tragédie à la comédie par le seul fait de s’asseoir. […] Tel rit d’un juge en habit court, qui tremble au seul aspect d’un procureur en robe.
Il n’a pas tenté de fondre en une seule nuance les couleurs des différents drapeaux ; il a toujours été lui-même, et étant tour à tour celui-ci et celui-là, il a suivi la fantaisie et obéi à l’inspiration du moment.
Il seroit plus estimé, disoit Chapelain, s’il se fût borné à ce seul Ouvrage.
Ce genre de travail n’est pas le seul titre qu’il ait acquis sur la reconnoissance des Littérateurs.
Il était sincère en le disant ; mais le premier hémistiche seul est vrai.
Nous nous garderions bien de donner une pareille preuve en faveur de certains Ouvrages de notre siecle, qui, sans être bons, ont eu le même sort ; mais du temps du Pere Caussin, les Auteurs n’avoient pas l’adresse d’envoyer leurs Productions aux Princes étrangers : l’utilité seule en faisoit la vogue.
Il eût acquis plus de gloire, si, au lieu de faire deux volumes, il eût réduit à un seul son Traité des Extrêmes.
Cette Traduction, accompagnée de notes instructives, est sans doute la meilleure qu’on ait de ce Satirique Latin, & la seule qu’on doive lire à présent.
On n’y trouve pas une seule pensée qui lui appartienne.
La muse du poète n’a pas fixé son séjour dans le seul pays des rêveries ; bien qu’elle nous en rapporte de hautes inspirations, elle se plaît surtout aux choses, aux belles choses de la nature et ne dédaigne pas l’humour.
La Chanson de Maître-Adam, qui commence ainsi, Aussi-tôt que la lumiere vient redorer nos côteaux, suffiroit seule pour justifier cet enthousiasme.
Ce ne sont pas les seuls services qu’il a rendus aux Lettres.
Les Pieces justificatives, qui forment elles seules un volume peu intéressant pour le Lecteur, doivent être d’un grand poids en faveur de l’Historien.
On pourroit le regarder comme un bon Traducteur, si la fidélité à rendre le sens de son original étoit la seule qualité nécessaire à quiconque entreprend de faire passer les Poëtes célebres dans une Langue étrangere, sur-tout lorsqu'il s'agit d'une Traduction en Vers.
Ce que nous savons certainement, c'est que, quoiqu'il ait beaucoup écrit en Prose & en Vers, il n'a pas laissé un seul Ouvrage qui vaille aujourd'hui la peine d'être lu.
Seul, j’ai su étouffer les conspirations ! […] Et les revolvers partent tout seuls, au risque de tuer des chrétiens selon le « rite anti-juif ». […] Je n’ai pas vécu, je veux vivre, et par vous seul je puis vivre. […] Il connaissait trop bien ses collègues, pour croire un seul instant que leur douleur fût désintéressée. […] Le poisson vient tout seul ; on n’a presque pas le temps de changer les amorces.
Dans cette série enchaînée de sonnets si inférieurs à leur modèle toscan, et qui n’en ont guère que les défauts, je ne sais si on trouverait à en détacher un seul digne en entier d’être cité : c’est docte et dur. […] Dans un des sonnets suivants, il appliquera à Rome tout entière en décadence ce que Lucain avait dit du seul grand Pompée sur son déclin : Qualis frugifero quercus sublimis in agro… Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché… Le sonnet de Du Bellay ne soutient pas trop mal la comparaison avec le latin. […] Vous courez à l’endroit d’où ils sont partis, et vous n’y trouvez que quelques plumes, seules marques de leur passage, que le vent a déjà dispersées : heureux le favori des Muses qui, comme le cygne, a quitté la terre sans y laisser d’autres débris et d’autres souvenirs que quelques plumes de ses ailes ! […] Quant à moi (et hoc mihi apud amicum liceat), encore que jusques ici j’aie enduré des indignités de la fortune autant que pauvre gentilhomme en pourroit endurer, si est-ce que pour perte de biens, d’amis et de santé et si quelque autre chose nous est plus chère en ce monde, je n’ai jamais éprouvé si grand ennui que celui que j’ai dernièrement reçu de la mort du feu roi et du prochain département de Madame, qui étoit le seul appui et colonne de toute mon espérance… » Épuisé de santé, de peines et de travail, Du Bellay mourut le jour même du 1er janvier 1560.
. — Lorsque seul, dans le silence, demi-couché dans un fauteuil, je me laisse aller à la rêverie, et que, par l’effacement des sensations ordinaires, la fantasmagorie interne devient intense, si le sommeil approche, mes images précises finissent par provoquer des hallucinations véritables. […] Parfois enfin les petites sonnettes qui, en règle générale, reçoivent d’elle leur ébranlement, lui transmettent le leur ; et nous savons les principales conditions de ces effets singuliers. — Dans les hallucinations du microscope, la cloche a été si fortement et si constamment ébranlée en un seul sens, que son mécanisme continue à fonctionner, même lorsque le cordon est devenu immobile. — Dans le rêve et l’hallucination hypnagogique, le cordon est fatigué ; il ne rend plus ; le long emploi de la veille l’a mis hors d’usage ; les objets extérieurs ont beau le tirer, il ne fait plus sonner la cloche ; à ce moment, au contraire, les petites sonnettes dont les sollicitations ont été réprimées perpétuellement pendant la veille, et dont les tiraillements ont été annulés par le tiraillement plus fort du cordon, reprennent toute leur puissance ; elles tintent plus fort et tirent avec efficacité ; leur ébranlement provoque dans la cloche un ébranlement correspondant ; et la vie de l’homme se trouve ainsi divisée en deux périodes, la veille pendant laquelle la cloche tinte par l’effet du cordon, le sommeil pendant lequel la cloche tinte par l’effet des sonnettes. — Dans l’hallucination maladive, le cordon tire encore, mais son effort est vaincu par la puissance plus grande des sonnettes ; et diverses causes, l’afflux du sang, l’inflammation du cerveau, le haschich, toutes les circonstances qui peuvent rendre les hémisphères plus actifs, produisent cet accident ; le tiraillement des sonnettes, plus faible à l’état normal que celui du cordon, est devenu plus fort, et l’équilibre ordinaire est rompu, parce qu’une des fonctions qui le constituent a pris un ascendant qu’elle ne doit pas avoir. […] Reste donc un seul correctif, l’image proprement dite, l’image du mur vert ou brun que Nicolaï tâche de se figurer à la place de ces fantômes, l’image du papier uniformément blanc que le micrographe se représente à la place de son papier tacheté de petits reliefs gris. […] Les métaphores y aident ; en effet, les psychologues parlent sans cesse de la conscience comme d’un spectateur ou témoin interne qui observe, compare, prend des notes sur les diverses conceptions, imaginations, représentations qui défilent devant elle. — La vérité est qu’alors il n’y a pas en moi deux événements, d’un côté ma conception, de l’autre l’acte par lequel je la connais, mais un seul événement, ma conception elle-même.
Mais la seule faveur, sous une robe feinte, Régner es jugements sur la raison éteinte ; La justice, au palais, sa balance employer, A peser, non le droit, mais, l’argent du loyer L’ignorance élevée aux dignités suprêmes… Plus loin, la charité du saint roi ne l’inspire pas moins heureusement : Maints rois s’armant les bras d’un fer victorieux Rendent par l’univers leur renom glorieux, Brident de saintes lois la populaire audace, Laissent de leur prudence une éternelle trace, Et gagnent tout l’honneur qu’on s’acquiert ici-bas Par les arts de la paix et par ceux des combats Mais peu daignent tourner leur superbe paupière Vers le pauvre étendu sur la vile poussière Et penser qu’en l’habit d’un chétif languissant C’est Christ, c’est Christ lui-même, hélas ! […] Eux seuls peuvent se mouvoir librement au milieu de tant de règles lesquelles ne sont que leur naturel même, et le secret de leur éternelle conformité avec le nôtre. […] les lieux communs sont les seules nouveautés, parce que ce sont les seules choses éternelles.
La pensée seule, la réflexion solitaire console sans doute aussi ; mais cette méditation contemplative, chez un naturel ardent, exige une sorte de vertu pour qu’il ne tourne pas à l’aigreur et à l’envie quand il se mesure aux autres. […] Ou je vivrai seul, occupé de moi et de mon bonheur, ou, vivant parmi vous, j’y jouirai d’une partie de l’aisance que vous accordez à des gens que vous-mêmes vous ne vous aviserez pas de me comparer. […] Chamfort a le tort de dire de ces choses extrêmes qu’il ne faut jamais adresser à tout le genre humain en masse, pas plus qu’à un seul homme en particulier ; car, après de telles violences de jugement, on n’a plus qu’à se tourner le dos pour la vie et à ne se revoir jamais. […] C’est par rapport au très grand monde seulement que Chamfort a pu dire : « Il paraît impossible que, dans l’état actuel de la société, il y ait un seul homme qui puisse montrer le fond de son âme et les détails de son caractère, et surtout de ses faiblesses, à son meilleur ami. » C’est ce grand monde uniquement qu’il avait en vue quand il disait : « La meilleure philosophie relativement au monde est d’allier, à son égard, le sarcasme de la gaieté avec l’indulgence du mépris. » C’est pour avoir trop vécu sur ce théâtre de lutte inégale, de ruse et de vanité, qu’il a pu dire son mot fameux : « J’ai été amené là par degrés : en vivant et en voyant les hommes, il faut que le cœur se brise ou se bronze. » J’ajouterai, pour infirmer l’autorité de certaines maximes de Chamfort et pour en dénoncer le côté faux, qu’elles viennent évidemment d’un homme qui n’a jamais eu de famille, qui n’a pas été attendri par elle ni en remontant ni en descendant, qui n’a pas eu de père et qui, à son tour, n’a pas voulu l’être.
Sans goût littéraire, mais fureteur sagace, intelligemment curieux, le seul homme, à l’heure présente, qui dans la presse soit un chroniqueur un peu universel, un peu informé de ce qui court, de ce qui se dit, de ce qui se fait, le seul ayant des oreilles autre part que dans le café du Helder et dans le petit monde des lettres, sur la pointe du pied, à la porte entrebâillée du monde, et de tous les mondes, du monde des filles au monde de la diplomatie, écoutant, pompant, aspirant ce journal de la vie contemporaine qui n’est nulle part imprimé, à la piste de tous les moyens d’information, ayant essayé par exemple, nous dit-il, de donner des dîners où il faisait asseoir toutes les professions à sa table, espérant que chaque spécialité se confesserait à l’autre, et que toute l’histoire intime et secrète de Paris débonderait au dessert, de la bouche du banquier, du médecin, de l’homme de lettres, de l’homme de loi. […] 2 juillet Dans ces jours de la campagne qui ne semblent plus avoir de nom, qui ne sont plus ni jeudi, ni vendredi, ni samedi, parce qu’il n’est rien qui les distingue, qui les date par un fait, dans ces jours incolores que mesurent deux seuls événements : le déjeuner et le dîner ; — lu Richelieu et la Fronde de Michelet. […] L’après-demain, survient un de ses amis qui lui dit : « Tu es heureux, toi seul as des femmes !
Ce fut sans doute par cette étude soutenue, qu’il acquit ces connoissances qui faisoient dire à François I, que, de tous les Savans avec lesquels il avoit vécu, Castellan étoit le seul dont il eût trouvé la science inépuisable.
Les principales sont celles de l’Histoire Ecclésiastique d’Eusebe, de Socrate, de Sofomene, de Théodoret, & de celle de l’Histoire Bisantine, qui forme seule neuf volumes in-4°.
Ce cas est le seul où l’on puisse dire que la nécessité ne donne point d’esprit.
Si on considere cependant que le goût n'étoit pas encore formé lorsqu'elle écrivoit ; que tel de ses Romans annonce lui seul plus d'esprit, d'imagination, & de connoissances, que le très-grand nombre de ceux dont on a inondé le Public depuis quelques années ; qu'on trouve dans Clelie & dans Artamene des traits d'une délicatesse & d'une supériorité qui feroient honneur à nos plus sensibles Ecrivains : on conviendra que les défauts ne doivent pas rendre aveugle sur les bonnes qualités.
Son Heptameron est le seul de ses Ouvrages qui se soit soutenu jusqu'à nous.
Dans ces doux lieux, le long de ces jours si simplement remplis, on partage l’ivresse et le gonflement de cœur du jeune homme entouré et aimé de trois femmes (car la pauvre Louise l’aime aussi), de trois femmes dont une seule suffirait à un moindre orgueil. […] J’aurais mieux aimé incomparablement entendre ce que se seraient dit l’un à l’autre, tout éveillés et en proie à leurs seules émotions naturelles, les deux amants durant cette nuit de périls, d’angoisses et de délices peut-être.
Quel poète, vraiment poète, a jamais pu réaliser ce qu’il avait dans l’âme, et comparant son œuvre à sa pensée, s’est osé rendre ce témoignage proféré par Dieu seul, lorsqu’au milieu des splendeurs naissantes de l’univers, il vit que ce qu’il avait fait était bon ? […] C’était la seule manière d’être parfait en poésie, autant qu’il est donné à l’humanité de le devenir.
André Chénier et Bernardin de Saint-Pierre, seuls, demeurent tout à fait à part : vrais et chastes poètes, artistes exquis et délicats, aimant le beau en lui-même, l’adorant sans autre but que de l’adorer, le cultivant avec mollesse, innocence et une ingénuité curieuse, ils étonnent et consolent à l’extrémité de ce siècle, comme des amis qu’on n’attend pas ; ils gardent discrètement et sauvent dans leur sein les dons les plus charmants de la Muse, aux approches de la tourmente sociale. […] Ils s’enfermèrent dans l’art, croyant que l’heure d’accomplir sa révolution était venue ; ils s’animèrent de cet enthousiasme qui seul pousse au grand, et firent beaucoup, en s’imaginant qu’ils pouvaient davantage.
L’élément fondamental et naturel des institutions démocratiques paraît être à M. de Tocqueville la Commune, et il en expose la formation et l’existence en Amérique, et particulièrement à la Nouvelle-Angleterre, de manière à nous transporter tout d’abord dans le secret même de cette société qui se gouverne elle seule. […] S’il devait arriver en France que la monarchie ou la république (peu importe), en s’armant de ce mot de centralisation mal entendu, fissent prévaloir, constamment la régularité administrative, soit douce, soit rigoureuse, sur la vie réelle, morale, animée de chaque point du pays ; si l’on ne parvenait enfin à introduire et à fonder parmi nous les institutions démocratiques en ce qu’elles ont d’essentiel, d’élémentaire et de vivace, c’est-à-dire l’existence communale, M. de Tocqueville paraît craindre qu’une des chances naturelles de cette égalité croissante ne fût un jour, tôt ou tard, l’assujettissement de tous par un seul, du moment qu’on n’aurait plus à espérer le gouvernement de tous par eux-mêmes.
Il voulait qu’on mît l’amour à sa place, et qu’on ne le mît pas où il n’avait que faire : pourquoi l’amour serait-il le seul ressort de la tragédie ? […] Un seul homme est à signaler, c’est Ducis, pour ses adaptations des drames shakespeariens : Hamlet (1769), Roméo et Juliette (1772), le Roi Lear (1783), Macbeth (1784), Jean Sans Terre (1791), Othello (1792).
Il est le seul qu’aucun mot n’embarrasse ; il fait tout entrer dans son vers. […] À cette heure, il est seul, avec deux ou trois poètes, à maintenir une haute forme d’art.
Pour soi seul on ne compose point de si longs récits ; un poème en prose, une note sur un album, ou rien du tout, le canapé et le cigare suffisent ; à une exaltation plus forte le poème s’impose et se clame. […] Seul, le mode d’exposition des récits n’est ni assez imprévu, ni assez piquant.
Il se garda bien de s’égarer en un monde irréligieux, qui voulait tirer de lui un vain amusement ; il n’aspirait à gagner que le peuple ; il garda pour les simples des moyens bons pour eux seuls. […] Un dieu seul sait tuer de la sorte.
Ils savent que rien n'est beau que le vrai ; que chaque chose doit être revêtue des couleurs qui lui sont propres ; que trop de faste dans le style est une preuve certaine de la stérilité de l'esprit ; que le naturel seul a droit de plaire, de saisir, de toucher. […] Il vous dira qu' il doit gouverner comme la Nature, par des principes invariables & simples, bien organiser l'ensemble, pour que les détails roulent d'eux-mêmes ; qu'il doit, pour bien juger d'un seul ressort, regarder la machine entiere, calculer l'influence de toutes les parties les unes sur les autres & de chacune sur le tout, saisir la multitude des rapports entre les intérêts qui paroissent éloignés ; qu'il doit faire concourir les divisions même à l'harmonie du tout, veiller sans cesse à retrancher la somme des maux qu'entraînent l'embarras de chaque jour, le tourment des affaires, le choc & le contraste éternel de ce qui seroit possible dans la Nature & de ce qui cesse de l'être par les passions *.
Babylone, à elle seule, enfreignait pour le service de la cour un haras de seize mille cavales et de huit cents étalons. […] Xerxès y parut, sans doute, coiffé de la tiare droite que le monarque seul avait droit de ceindre, et vêtu de cet habit chargé de diamants, qu’un historien grec, vantant la force de son successeur, le loue d’avoir pu porter tout une matinée, sans qu’il eût faibli sous son poids.
La simplicité acquise, dans un siècle d’affectation, la simplicité contractée à force de ne plus penser qu’à Dieu seul, fit éviter à Mme Swetchine d’être auteur, et cela avec le danger presque inévitable du talent, comme cette simplicité fit aussi d’elle une sainte femme, sans en faire une religieuse. […] C’est en effet le seul but auquel elle ait pu viser, si elle en eut un, en traçant sans prétention et à la hâte ces choses aujourd’hui recueillies et qu’il faut conserver.
Louis-Philippe en meurt dix-huit ans après, et Napoléon III, l’homme de décembre qui descendait de l’homme de brumaire, en meurt aussi, pour l’avoir relevé et repris… Aujourd’hui, qu’il s’appelle République au lieu de s’appeler Monarchie, il n’en est pas moins toujours, malgré les mutilations qu’il a subies, le gouvernement parlementaire et fatal qui a perdu en cinquante ans trois dynasties, et qui n’a avancé qu’une seule question, des cent mille qu’il a stérilement agitées : celle du mépris qu’il a commencé d’inspirer ! […] quand on l’appelait de ce beau nom, de ce seul nom qui convienne au pouvoir : le gouvernement personnel !
Or, ce mérite absolu, qui appartient en propre au continuateur du chef-d’œuvre, la critique doit d’autant plus le reconnaître et le signaler dans Daly que c’était le seul des mérites qu’il pouvait avoir sur lequel elle n’avait pas complètement sa sécurité… Pourquoi ne dirions-nous pas ce que nous pensons ? […] On ne sait, en effet, que quand on a lu les nombreux écrits de César Daly, à quel point ce penseur hardi est historien, et cela nous charme, nous qui croyons que l’histoire est le seul garde-fou de la pensée du côté où elle peut se noyer, — du côté de la philosophie.
Elle lui aurait donné, à elle seule, tout ce qu’il n’a pas. […] — ni du choix des relations, ni des dettes, ni des partis politiques, et, puisque la religion n’est pas une seule fois invoquée, ni du confesseur (est-il donc besoin de le dire ?)
Il le devint, et lui seul pourrait nous dire comment il s’y prit pour le devenir. […] Le grand défaut, le seul défaut capital peut-être de l’ouvrage de M. l’abbé Gorini, qui l’empêchera d’être lu et goûté du public, nous l’avons signalé au commencement de ce chapitre, c’est de n’être pas un livre ayant son commencement, son milieu, sa fin, son organisme et son art.
Les chrétiens, qui veulent, eux, imiter Jésus-Christ, n’ont pas travaillé seuls à ce succès. […] Rigoureusement parlant, le ton seul du livre suffisait pour expliquer son succès, car le monde est pour les livres ce qu’il est pour les hommes.
Et encore ne l’a-t-il pas prêché seul. […] Vous ne vous répondrez peut-être pas, mais vous aurez constaté le phénomène dans cette humanité qui doit mourir, mais qui, en attendant qu’elle meure, goûte un charme amer dans le spectacle de sa misère, et trouve dans la contemplation d’un vieux pauvre ou d’une vieille pauvresse la plus longue de ses rêveries… Cette fascination de la pauvreté qui agit sur nous tous, pas de doute que Benoît Labre ne l’ait ressentie ; mais si vous ajoutez à cette poésie naturelle la poésie de l’amour de Dieu, du Dieu né dans l’étable de Bethléem et qui a enseigné le renoncement aux joies matérielles de la vie, vous aurez une vie très particulière et très belle, et qui, même sans la foi chrétienne qui seule peut l’expliquer, doit couper le rire sur les lèvres superficielles et sottes des moqueurs.
Nous laissons les singes passer par les cerceaux, les renards éblouir les dindons avec les mouvements de leurs queues, mais nous nous en tenons à l’ordre sacré du seul Pouvoir qui soit à nos yeux infaillible. […] Alexandre Dumas n’a pas ajouté un seul aperçu qui lui appartienne en propre… Une femme, dans un de ses romans (Delphine), madame de Staël, a discuté le pour et le contre de la question du divorce plus éloquemment que M.
Rien, en effet, ne peut, que la lecture seule de ces pages, donner une idée de cette intensité de passion, de sentiment et de langage. […] Auraient-ils, eux, ces libres penseurs, qui répètent, avec le calme stupide des bêtes devant la mort, le mot imbécilement oraculaire de Goethe : « La nature se moque bien de l’individualité humaine ; elle ne se préoccupe que de la conservation des espèces », auraient-ils, eux, s’ils étaient à sa place, une personnalité égale en soulèvements et en incompressibilité à celle de ce phtisique, qui voit sa vie tomber par morceaux autour de lui et qui ne se résigne pas une seule minute à mourir ?
C’est un médecin de décision rapide et hardie, un homme d’une pratique expérimentée, un de ces esprits qui ne vont pas, comme on dit, par quatre chemins, mais par un seul, droit comme une flèche. […] Il nous y a rapporté, avec un grand détail d’érudition, ces coutumes de tous les peuples en matière de sépulture qui, jusqu’à l’établissement de l’Église Romaine, laquelle sut seule doser exactement le respect qu’on doit à nos poussières, ne furent guères que des superstitions idolâtres, grossières et quelquefois sanglantes.
C’est un de ces matérialistes raffinés et ambitieux qui ne conçoivent guère qu’une perfection matérielle, — et qui savent parfois la réaliser ; mais par l’inspiration il est bien plus profond que son école, et il est descendu si avant dans la sensation, dont cette école ne sort jamais, qu’il a fini par s’y trouver seul, comme un lion d’originalité. […] Hugo, mais condensée et surtout purifiée ; si a quelques autres, comme La Charogne, la seule poésie spiritualiste du recueil, dans laquelle le poète se venge de la pourriture abhorrée par l’immortalité d’un cher souvenir : Alors, ô ma beauté !
Loué par une foule d’orateurs, chanté par Malherbe, célébré à sa mort par Lingendes, placé par la nature entre Richelieu et Corneille, il prouva que le caractère seul peut donner du prix aux actions, aux vertus, aux succès même, et que les panégyristes, malgré leurs talents, ne donnent pas toujours le ton à la renommée. […] Ils remarquent qu’au-dehors comme au-dedans, son ministère fut tout à la fois éclatant et terrible ; qu’il détruisit bien plus qu’il n’éleva ; que tandis qu’il combattait des rebelles en France, il soufflait la révolte en Allemagne, en Angleterre et en Espagne ; qu’il créa le premier, ou développa dans toute sa force, le système de politique qui veut immoler tous les États à un seul ; qu’enfin, il épouvanta l’Europe comme ses ennemis.
Entre deux guerriers pleins d’honneur, l’autorité devint commune. » Et au commencement de cet éloge funèbre, après avoir parlé des honneurs entassés sur la tête d’un seul homme : « Oublions ces titres vains qui ne servent plus qu’à orner la surface d’un tombeau ; ce n’est ni le marbre ni l’airain qui nous font révérer les grands. […] Votre réputation n’est plus à vous ; c’est la seule et dernière vie qui vous reste encore parmi nous ; elle appartient à la renommée ; c’est à elle d’exercer son empire sur votre nom, pour le conserver aux siècles à venir avec encore plus d’autorité que la mort n’en prendra sur vos cendres pour les détruire.
Dans les fêtes de sa cour, il affectait de proposer des prix aux poëtes, aux maîtres du luth ou de la lyre ; mais rarement il admit d’autres jeux ; et, parmi les cruautés de son règne, il fit mourir un athlète, dont le seul crime était d’avoir terrassé en public, par son agile vigueur et sans armes, un Macédonien tout armé. […] « Ainsi, tu as partout harmonisé le bien au mal, de sorte qu’il existe pour tous une seule loi, toujours la même, que désertent par leur fuite tous ceux des mortels qui deviennent méchants ; infortunés qui, désirant toujours la possession des biens, n’aperçoivent pas la loi générale de Dieu, n’écoutent pas cette loi, à laquelle s’ils obéissaient, ils auraient, avec l’intelligence, le bonheur et la vie !
Charles Morice Albert Jhouney, par la nature de son esprit orienté aux seules réalités absolues, est à merveille le poète pour qui la Beauté ne ressort que de la Vérité.
Sa Tragédie de Pénélope, restée au Théatre, est aujourd’hui le seul de ses Ouvrages qui ait une apparence de vie.
Tous ces divers objets y sont traités avec clarté, avec précision ; & l’on ne peut y voir, qu’avec beaucoup de plaisir, réunies dans un seul Volume, une infinité de choses intéressantes, noyées dans les Histoires générales.
Un Livre de cette espece, pour être bon, auroit dû être le fruit des travaux d’un seul Rédacteur.
Il ne faudroit pour cela qu’écarter certains traits auxquels la circonstance a pu seule donner du prix.
Un seul trait fera connoître combien il s’inquiétoit peu des commodités de la vie.
Un seul trait lui suffisoit pour peindre une action ; cette belle Strophe, sur le passage du Rhin, en est la preuve.
Shakespeare seul l’aurait pu, mais il ne l’a pas fait. […] Son beau-père, le seul homme pour lequel il avait eu du penchant, prétendait savoir pertinemment que Goriot avait juré de ne pas faire d’infidélité à sa femme, quoique morte. […] Ceux que je voyais aimés étaient de francs polissons, ma fierté s’appuya sur cette observation, je demeurai seul. […] Est-elle seule ? […] Parcourez ces cent volumes de ses œuvres jetés avec profusion de sa main jamais lasse, et concluez avec moi qu’un seul homme en France était capable d’exécuter ce qu’il avait conçu, la Comédie humaine, ce poème épique de la vérité !
Une fantaisie leur prend de ne pas continuer à souper seuls. […] Et je ne suis pas le seul ! […] Puis très souvent, son rythme, à Flaubert, n’est que pour lui seul et nous échappe. […] On parle de son théâtre de Nohant où l’on joue pour elle seule et sa bonne, jusqu’à quatre heures du matin… Puis, nous causons de sa prodigieuse faculté de travail ; sur quoi elle nous dit que son travail n’est pas méritoire, l’ayant toujours eu facile. […] C’est arrivé tout seul.
Enfin j’aurais voulu lui faire proclamer à nouveau — lui, qui a été le seul défenseur des tentatives révolutionnaires au théâtre, que tout ce qui est permis aux étrangers ne l’est pas à nous, de par notre critique actuelle, qui nous défend un théâtre élevé, littéraire, philosophique, original, un théâtre qui dépasse le goût et l’intelligence d’un Sarcey, un théâtre autre, que celui renfermé dans les aventures bourgeoises du ménage d’aujourd’hui. […] Vendredi 7 avril Je n’ai eu vraiment cette année qu’une seule satisfaction, qu’un seul plaisir : c’est l’élévation de ce treillage au fond de mon jardin, de ce treillage avec ses chapiteaux tout à fait réussis, et qui doit être dans quelque mois habillé, en son architecture à jour de roses, et de clématites du Japon. […] Vendredi 14 juillet Aujourd’hui, à propos d’un article sur l’anniversaire de Marat, je pensais que pendant les guillotinades de la Révolution, le cœur n’avait jamais armé le bras d’un fils, d’un amant, d’une épouse ; que le cerveau seul, en son indignation désintéressée, avait mis un couteau homicide dans la main de Charlotte Corday. […] Lui, il dit que dans une exécution, la seule chose dramatique, est l’apparition du condamné sur la porte, et que la rapidité de la décapitation dans tous ses détails — il a compté — ne dépasse pas 50 secondes. […] Là-dedans, une seule chose d’un goût personnel, de grandes peaux d’ours blancs, mettant dans le coin où se tient la femme, une blancheur lumineuse.
Villemain est le seul qui ait vigoureusement insisté dans le conseil des ministres pour qu’on poursuivît l’abbé Combalot35 comme coupable de diffamation ; il a obtenu, dit-on, cette poursuite contre l’avis de ses collègues et presque malgré le roi.
« Le devoir suprême, dit une phrase de la lettre-préface, c’est de vivre, c’est de réaliser la fraternité par des actes, c’est de s’employer pour la cause des ignorants et des abusés. » Et les vers disent ensuite : Ceux-là seuls ont vaincu la mort Qui, meurtris et vaillants quand même Et grands jusqu’à l’oubli du sort, Poursuivaient leur devoir suprême !
Sans ses Mémoires, qui sont assez bien écrits, M. le Marquis d’Argens n’auroit pas un seul Ouvrage véritablement digne d’être lu.
Son seul mérite consiste dans quelques anecdotes sur les anciens Philosophes, qui supposent de l’étude & des recherches aux yeux de ceux qui ignorent que l’Auteur les a presque toutes puisées dans Diogene Laërce & dans les notes de Ménage.
C’étoit une espece de Rabelais, sans avoir le même génie pour la plaisanterie ; son ame seule étoit d’une trempe semblable à celle du Curé de Meudon.
Vous seul, parmi les historiens des Deux Mondes, vous avec dissipé, au souffle tout-puissant de votre histoire, les brumes entassées par les plus basses fumées des hommes sur une gloire qu’il n’est pas plus possible d’abolir que d’arracher une étoile du ciel.
En un an25, quarante personnes furent mises à mort dans le seul comté de Somerset, et, dans chaque comté, on trouvait trois ou quatre cents voleurs et vagabonds qui parfois s’assemblaient et pillaient en troupes armées de soixante hommes. […] » Cette seule imagination suffit à l’enivrer51. […] Il y en a autant autour de Shakspeare que chez Shakspeare ; laissez-moi en montrer un seul, cette fois encore, chez ce Webster. […] Au fond du cœur, elle se juge mariée avec celui à qui elle a engagé son âme ; c’est le mariage du cœur qui, à ses yeux, est le seul véritable ; l’autre n’est qu’un adultère déguisé. […] Sir Francis Acton, à l’aspect de celle qu’il veut déshonorer et qu’il hait, tombe « en extase » et ne souhaite plus que de l’épouser. — Voyez l’entraînement subit de Juliette, de Roméo, de Macbeth, de Miranda, etc. ; les recommandations de Prospero à Fernando, quand il le laisse seul un instant avec Miranda.
C’est donc sous ces différents rapports que j’ai classé le sujet des trois chapitres que l’on va lire, entre les passions asservissantes, et les ressources qui dépendent de soi seul.
Peut-être lui reprochera-t-on de s’attarder dans des rêveries païennes et de retrouver toujours au fond de l’idylle champêtre, comme dans ses grisailles parisiennes, ce seul mot divin rabâchage : « Je t’aime »… Les boursiers et les bookmakers hausseront les épaules devant tes vers ; ils riront du rêveur qui préfère sa chanson aux performances du favori du Derby.
Il est le seul des poètes contemporains et peut-être est-il le premier des poètes français qui ait osé s’attaquer aux difficultés de la Sextine… Cette poésie feuillue, plantureuse, a le parfum généreux de l’air des forêts, tout imprégné de saveurs âcres et salutaires ; et dans sa couleur sombre et grave on peut retrouver aussi l’aspect sévère et grandiose des vieux chênes versant leur ombre grise sur les bruyères mélancoliques.
Il naquit à Montevideo, en avril 1846, et mourut âgé de 28 ans, ayant publié les Chants de Maldoror et des Poésies, Les Chants de Maldoror sont un long poème en prose, dont les six premiers chants seuls furent écrits.
Elles y habitent, y reçoivent un culte pieux que solennisent des hymnes dignes d’elles, parlent elles-mêmes parfois par la voix de leur hôte, le payent du noble privilège de rester presque seul à posséder l’art du beau vers français.
Il est mort dans une inexprimable misère, sans laisser, à la maison, de quoi acheter un cercueil, sans laisser de quoi acheter un morceau de pain à ceux qui lui survivent……… … être élu, en ce qui a brûlé une des plus belles flammes de la pensée de ce temps………… D’origine ouvrière, Jean Lombard s’était fait tout seul. — …… Jean Lombard avait gardé de son origine prolétaire, affinée par un prodigieux labeur intellectuel, par un âpre désir de savoir, par de tourmentantes facultés de sentir ; il avait gardé la foi carrée du peuple, son enthousiasme robuste, son entêtement brutal, sa certitude simpliste en l’avenir des bienfaisantes justices.
Quellien, poète breton, d’une verve si originale, le seul homme de notre temps chez lequel j’aie trouvé la faculté de créer des mythes.
Il a créé un genre et un type ; cela vaut la peine qu’on lui fasse quelques concessions et qu’on se départisse, mais pour lui seul, d’une rigueur sans laquelle la langue française, déjà si bafouée, deviendrait la servante des bateleurs et des turlupins.
Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir ses deux Poëmes en prose, dont le titre seul est capable d’effrayer : l’un est intitulé, la Thériacade, l’autre, la Diabotanogamie.
Mathieu est aussi l’Auteur d’une Tragédie intitulée la Ligue, Tragédie mauvaise, comme on peut le croire, où l’on trouve ces Vers que Racine semble avoir imités : Je redoute mon Dieu, c’est lui seul que je crains… On n’est point délaissé, quand on a Dieu pour pere ; Il ouvre à tous la main, il nourrit les corbeaux, Il donne la pâture aux jeunes passereaux, Aux bêtes des forêts, des prés & des montagnes, Tout vit de sa bonté, &c…… L’Auteur d’Athalie dit : Je crains Dieu, cher Abner, & n’ai point d’autre crainte…..
Son talent principal consistoit à disserter sur tous les Ouvrages nouveaux nouveaux, à les critiquer sans ménagement, à tourner en ridicule les Auteurs, à amuser les Sociétés où sa malignité le faisoit rechercher : pauvre genre de distinction, qui fait le seul mérite de tant d’Aristarques ambulans, dont les lumieres se bornent à prononcer, dans les Cafés & autres Bureaux d’esprit, sur tout ce qui paroît ; Etres déterminés à ne rien approuver que ce qui est marqué au coin des Fabriques qu’ils protégent, mais dont le Public rejette les censures, comme il ignore leur existence.
Les Notes qui accompagnent ces deux Poëmes, ainsi que le Discours qui les précede, ont un mérite que l'Auteur ne doit qu'à lui seul.
Le Roman comique est le seul de ses Ouvrages qui soit d'une plaisanterie agréable & continue ; les caracteres en sont originaux, les détails facétieux, la narration piquante ; il est écrit aussi purement que les Provinciales, & n'a pas peu contribué, comme elles, à la perfection de notre Langue.
Il ne pense qu’à son air, et il joue pour lui tout seul. […] Gardilanne, chef de bureau, grand, sec, pâle, sobre, l’homme d’une seule passion, est donc possédé du démon de la faïence, et il est arrivé, après plus de trente ans de patience et de chasse infatigable, à se faire avec ses maigres appointements une collection unique, digne d’un musée. […] Et pourtant, à la longue et toute seule, tu finirais par rebuter insensiblement, par rassasier ; tu es trop souvent plate, vulgaire et lassante.
. — Ces diverses scènes, celle de l’Apprenti cavalier (un soldat sur un âne qui rue, 1819), et la Cuisine militaire et la Cuisine au bivouac, et le galant hussard, et le jeune invalide qui fait danser l’enfant sur la seule jambe qui lui reste, sont plutôt des caricatures du genre, et Horace Vernet ici côtoie le Charlet. […] Se livrant avec une imagination vive et sensible à l’impression des objets, il en prend tour à tour le caractère : il change alternativement de style, de couleur, de moyens, et ne se ressemble qu’en une seule chose, la grâce et le naturel. […] Debout, les derniers, sont restés Scheffer, Horace Vernet, Delacroix, celui-ci le seul demeurant aujourd’hui ; eux, privilégiés en cela et favorisés du sort, ils ont poussé à bout leur vocation, ils ont rempli toute leur destinée de peintres ; ils ont fait rendre à leur palette tout ce qu’elle recelait, l’un de poésie, l’autre de vérité, l’autre de flamme ; ils n’ont certes rien à regretter.
Mais les Anglais seuls se retirèrent ; les troupes allemandes auxiliaires qui avaient été jusqu’alors à la solde de l’Angleterre se mirent incontinent au service de l’Empire. […] Je n’ai point donné de ces batailles générales qui mettent le royaume en peine ; mais j’espère, avec l’aide de Dieu, que le roi retirera de grands avantages de celle-ci. » Et, en effet, si l’idée originale de Denain n’est pas de Villars, il se l’appropria tout à fait par la manière brillante et rapide dont il sut profiter de ce premier succès ; à la façon soudaine dont il en tira les conséquences, on aurait pu l’en croire le seul auteur et le père, et l’on peut dire que, par l’usage qu’il en fit, il éleva ce coup de main heureux à la hauteur d’une grande victoire. […] Mais il est beau que sa fortune fasse la fortune publique. » Et songeant moi-même à Villars, à Masséna, à ces grands hommes de guerre qui ont eu des vices, mais qui peuvent aussi montrer dans leur vie ces nobles pages, Rivoli, Essling et Zurich, ou bien Friedlingen, Hochstett et Denain, je dirai qu’il convient de leur appliquer les paroles de Périclès dans l’Éloge funèbre des guerriers morts pour Athènes : « A ceux qui ont de moins bonnes parties il est juste que la valeur déployée contre les ennemis de la patrie soit comptée en première ligne ; car le mal disparaît dans le bien, et ils ont été plus utiles en un seul jour par ce service public, qu’ils n’ont pu nuire dans toute leur vie parleurs inconvénients particuliers. » C’est la conclusion qui me paraît la plus digne pour ce chapitre d’histoire.
La forme était conçue et indiquée, mais la forme seule, indépendamment du fond. […] Cinquante-sept ans après, en 1704, l’Académie le faisait réimprimer, le considérant comme « un ouvrage né dans son sein, et dont la beauté a été si bien reconnue. » Elle y ajoutait un petit nombre d’Observations pour marquer en peu de mots les changements survenus pendant un demi-siècle et rendre compte de l’usage présent, « règle plus forte que tous les raisonnements de grammaire, et la seule qu’il faut suivre pour bien parler. » L’Académie était encore fidèle en cela à la loi reconnue par Vaugelas, et qui n’est autre que celle d’Horace lui-même : …………………………………………… Si volet usus, Quem penes arbitrium est, et jus, et norma loquendi. […] Toute notre langue n’est fondée que sur l’usage ou l’analogie, « laquelle encore n’est distinguée de l’usage que comme la copie ou l’image l’est de l’original, ou du patron sur lequel elle est formée. » Ainsi il n’y a, à le bien voir et en définitive, qu’un seul et même principe et fondement.
L’observation est applicable à plus d’une de ces femmes distinguées qui se sont faites elles-mêmes, qui ont tout appris toutes seules, et qui ont eu à se travailler dès l’enfance. […] Des délicatesses d’ailleurs, propres à elle seule, les rachètent bientôt. Elle confesse à Buzot qu’elle n’a pas été très fâchée d’être arrêtée, puisque Roland est parvenu à se dérober aux poursuites ; mais il faut l’entendre ici dans un langage qui est bien le sien et qu’elle n’emprunte à personne, pas plus que le sentiment compliqué et très élevé qui l’inspire : « Ils en seront moins furieux, moins ardents contre Roland, me disais-je ; s’ils tentent quelque procès, je saurai le soutenir d’une manière qui sera utile à sa gloire ; il me semblait que je m’acquittais ainsi envers lui d’une indemnité due à ses chagrins : mais ne vois-tu pas aussi qu’en me trouvant seule, c’est avec toi que je demeure ?
Rappelle à ton mari qu’il me dit au mois de juillet que j’étais à peu près la seule qui vît juste dans ce moment. […] M. de Mercy-Argenteau eût été sans doute un bon conseiller pour la reine ; mais cette qualité d’ambassadeur de l’empereur son frère le rendait suspect, et sa présence seule était un inconvénient. […] La reine, dans ce cercle resserré qu’elle parcourt d’un coup d’œil juste, se rend compte désormais de tous les périls : du premier jour elle s’est mise à la raison par nécessité ; c’en est fait de toutes ses vivacités passées : « Le seul moyen, pense-t-elle, de nous tirer d’ici est la patience, le temps, et une grande confiance qu’il faut leur inspirer. » Elle se fait d’ailleurs bien peu d’illusions ; après les premiers mois écoulés, elle ne voit qu’accroissement de dangers autour d’elle et sombres présages pour l’avenir ; de faibles et rares retours de l’opinion, des fluctuations d’une heure en sens favorable ne l’abusent point ; le courant général est trop fort ; les violents et les ardents entraînent les faibles.
Si le major général est réduit à sa charge, et que l’estime, l’amitié, l’amour de la patrie et de la gloire ne l’unissent point avec le général, la machine ne se meut que lourdement, et la présence d’une seule personne étant impossible en tous lieux dans le même instant, on ne peut remédier aux accidents parce qu’on ignore l’intention du général. […] Mattioli le croyait seul ; on s’enferma à trois dans une chambre ; on parut traiter sérieusement de l’affaire, et, à un moment, l’abbé d’Estrades étant sorti sans affectation, donna le signal : des dragons qui étaient apostés entrèrent brusquement, se saisirent de Mattioli, le bâillonnèrent, le garrottèrent, et une demi-heure après il était dans la citadelle de Pignerol. […] La possession de la citadelle n’était pas tout en effet ; c’était la seule chose qui eût été stipulée avec le duc de Mantoue et à laquelle il avait consenti ; mais pour Louis XIV et pour Louvois, ce n’était qu’une partie du plan : il était sous-entendu par eux qu’une fois maître de la citadelle on en trouverait les fortifications insuffisantes, en trop mauvais état, et que ce serait prétexte pour demeurer et prendre ses quartiers d’hiver dans le pays, et pour occuper la ville ainsi que le château attenant.
« On le flattait, on le caressait à l’endroit du renseignement qu’on savait bien qu’il possédait seul : il l’a donné. […] Et il a ce singulier bonheur encore que, quand le xviiie siècle est passé et qu’on en parle comme d’une ancienne mode, quand le xviie siècle lui-même est exposé de toutes parts aux attaques, aux irrévérences et aux incrédulités des écoles nouvelles, lui, La Bruyère, comme par miracle, y est seul respecté ; seul, tout entier debout, on l’épargne, que dis-je ?
Traçant dans une ode le portrait idéal du vertueux et du sage, il le termine par ce trait : Jésus-Christ est sa seule foi, Tels seront mes amis et moi. […] La seule que je trouve, et qui me paraisse satisfaire peut-être à cette condition d’anthologie, se compose en tout de cinq stances : Quand tu me vois baiser tes bras, etc. […] Gautier, qui subordonne à son cher Théophile même Malherbe52, et qui dit : « Saint-Amant est le seul, à notre avis, qui le puisse balancer avec avantage ; mais aussi Saint-Amant est-il un grand poëte, d’un magnifique mauvais goût et d’une verve chaude et luxuriante, qui cache beaucoup de diamants dans son fumier, mais il n’a pas l’élévation et la mélancolie de Théophile, ce qu’il rachète par un grotesque et un entrain dont Théophile n’est pas doué.
» Rentrée en France à l’époque du Consulat, et apportant pour soin principal et aliment de tendresse ses deux filles, seuls enfants qu’elle ait jamais eus, elle vécut isolée sous l’Empire, sans jamais paraître à cette cour, le plus souvent retirée à un château en Touraine27, toute à l’éducation de ses filles, à la bienfaisance pour ce qui l’entourait, et à la vie de ménage. […] Villemain vers qui elle se sentait portée, tant à cause de son prodigieux esprit de conversation qu’en faveur de ses opinions politiques modérées, aux confins du seul libéralisme qu’elle pût admettre. […] Le pardon de Jésus-Christ est le vrai pardon chrétien : « Ils ne savent ce qu’ils font. » Il y a, dans ces touchantes paroles, l’excuse de l’offenseur et la consolation de l’offensé, la seule consolation possible de ces douleurs morales, où le mal qu’on nous a fait n’est, pour ainsi dire, que secondaire.
Les princes du sang ont ensemble un revenu de 24 à 25 millions ; le duc d’Orléans, à lui seul, possède 11 500 000 livres de rente29. — Ce sont là des vestiges du régime féodal ; on en trouve aujourd’hui de semblables en Angleterre, en Autriche, en Prusse, en Russie ; en effet la propriété survit longtemps aux circonstances qui la fondent. […] — Tantôt il est couvert par un traité récent, par sa qualité d’étranger, par son origine presque royale. « En Alsace, les princes possessionnés étrangers, les ordres de Malte et Teutonique jouissent de l’exemption de toute contribution personnelle et réelle. » — « En Lorraine, le chapitre de Remiremont a le privilège de se cotiser lui-même dans toutes les impositions de l’État31. » Tantôt il a été protégé par le maintien des États provinciaux et par l’incorporation de la noblesse à la terre : en Languedoc et en Bretagne, les biens roturiers payent seuls la taille. — Partout d’ailleurs, sa qualité l’en a préservé, lui, son château et les dépendances de son château ; la taille ne l’atteint que dans ses fermiers. […] Les maisons religieuses à vendre dans la seule ville de Paris étaient estimées cent cinquante millions.
Il n’ouvre la bouche que pour répondre ; il tousse, il se mouche sous son chapeau, il crache presque sur soi, et il attend qu’il soit seul pour éternuer. » Ce visiteur honteux n’est pourtant point Phédon le pauvre, c’est Vernouilhet le failli, qui vient régler son compte avec le banquier. […] Une séparation prononcée sur de faux griefs a prévenu le scandale ; mais le marquis est resté seul, sans foyer, sans famille ; l’aigreur de l’époux trahi s’est tournée en fiel. […] Le Fils de Giboyer, provoque de loin, dans l’arène ouverte à lui seul des adversaires qui regardent par-dessus l’enceinte, sans pouvoir entrer.
La seule chose que je veuille ici conclure, c’est que ces contradictions de sentiments déplaisent et déroutent. […] Une seule de ces paroles me revient en ce moment ; c’est quand, revoyant Venise en 1833, il va promener sa rêverie au Lido, et qu’il y retrouve la mer, cette patrie qui voyage avec nous : « J’adressai, dit-il, des paroles d’amour aux vagues, mes fidèles compagnes. […] Dès aujourd’hui une conclusion me paraît incontestable : entre les divers portraits ou statues qu’il a essayé de donner de lui, M. de Chateaubriand n’a réussi qu’à produire une seule œuvre parfaite, un idéal de lui-même où les qualités avec les défauts nous apparaissent arrêtés à temps et fixés dans une attitude immortelle, — c’est René.
La société est comme une femme, elle veut son peintre, son peintre à elle toute seule : il l’a été ; il n’a rien eu de la tradition en la peignant ; il a renouvelé les procédés et les artifices du pinceau à l’usage de cette ambitieuse et coquette société qui tenait à ne dater que d’elle-même et à ne ressembler à nulle autre ; elle l’en a d’autant plus chéri. […] La Bruyère a dit encore qu’il n’y a pour toute pensée qu’une seule expression qui soit la bonne, et qu’il faut la trouver. […] Ce remarquable roman, étudié à part, prêterait à des réflexions qui n’atteindraient pas M. de Balzac lui seul, mais nous tous, enfants plus ou moins mystérieux ou avoués d’une littérature sensuelle.
Et, par exemple, je ne trouve nulle part Voltaire nommé dans ses Œuvres, et je ne vois pas non plus qu’il ait nommé une seule fois Molière. […] M. de Valincour, en discutant avec d’Aguesseau, avait beaucoup de la méthode de Pascal, qui méprisait la raison, la poussait à outrance, et qui lui contestait de pouvoir trouver seule le commencement et l’ébauche des hautes vérités. […] Cette biographie, destinée d’abord au seul cercle de la famille, a conservé le caractère d’une douce et sainte solennité domestique.
Cela est surtout vrai lorsqu’on tient à associer le lecteur à ses jugements, et à faire que, par le seul exposé des faits, il en vienne à prononcer comme nous-même. […] Il est mis en prison à l’Abbaye ; quelques heures avant les massacres du 2 septembre, il en est tiré par la générosité de Manuel, qui vient lui dire : « Sortez à l’instant de ce lieu. » — Je lui jetai mes bras au corps, s’écrie dramatiquement Beaumarchais, sans pouvoir lui dire un seul mot : mes yeux seuls lui peignaient mon âme ; je crois qu’ils étaient énergiques s’ils lui peignaient tout ce que je pensais !
C’est un de ces matérialistes raffinés et ambitieux qui ne conçoivent guères qu’une perfection, — la perfection matérielle, — et qui savent parfois la réaliser ; mais, par l’inspiration, il est bien plus profond que son école, et il est descendu si avant dans la sensation, dont cette école ne sort jamais, qu’il a fini par s’y trouver seul, comme un lion d’originalité. […] Si à quelques places, comme dans la pièce La Géante, ou dans Don Juan aux Enfers, — un groupe de marbre blanc et noir, une poésie de pierre (di sasso) comme le Commandeur, — Baudelaire rappelle la forme de Victor Hugo, mais condensée et surtout purifiée ; si, à quelques autres, comme La Charogne, la seule poésie spiritualiste du recueil, dans laquelle le poète se venge de la pourriture abhorrée par l’immortalité d’un cher souvenir : Alors, ô ma beauté ! […] … On avait le tabac, le tabac dont le docteur Clavel disait, il y a quatre jours, que « seul il pourrait transformer le monde moderne en un vaste hôpital de vieillards, d’incurables et d’aliénés ».
Alphonse de Lamartine Émile Deschamps, écrivain exquis, improvisateur léger quand il était debout, poète pathétique quand il s’asseyait, véritable pendant en homme de Madame de Girardin en femme, seul capable de donner la réplique aux femmes de cour, aux femmes d’esprit comme aux hommes de génie.
Imprécis quant à la forme, solubles et souples comme des lianes, chantants et harmonieux comme des improvisations musicales, ils resteront le seul exemple d’une œuvre d’art parfaite, créée contrairement à toutes formules.
Le poète s’est émerveillé de vivre en mots qui le confessent délicat et doux, ayant la pudeur de sa joie, la reconnaissance d’aimer ; ce livre est une parole basse, dite pour une seule et dont le hasard d’une surprise involontaire nous a fait le confident indulgent.
Il a su y réunir aux anciennes Traditions, des détails curieux & utiles qui n’appartiennent qu’à lui seul.
A l’égard de Voltaire, il en a fait un excellent Ecolier de Rhétorique, qui lutte contre tous ceux qu’il croit Empereurs de sa classe, & qu’aucun de ses pareils n’ose entreprendre de dégoter, se contentant de s’en rapporter au jugement de la Postérité, unique & seul Préfet des études de tous les Siecles ».
On doit s’attendre, après cela, à ne pas trouver, dans ses Ouvrages, ce caractere d’exactitude & de perfection que le temps seul peut donner aux Productions de l’esprit ; mais on ne peut lui refuser de la netteté, de la méthode, une lecture immense, quelquefois une imagination vive, jointe à un style léger, mais souvent incorrect.
Ce palais, qui lui seul est comme une grande ville, ces escaliers de marbre qui semblent monter dans les nues, ces statues, ces bassins, ces bois, sont maintenant ou croulants, ou couverts de mousse, ou desséchés, ou abattus, et pourtant cette demeure des rois n’a jamais paru ni plus pompeuse, ni moins solitaire.
Section 11, que les beautez de l’execution ne rendent pas seules un poëme un bon ouvrage, comme elles rendent un tableau un ouvrage precieux Il n’en est pas des poëtes, qui n’ont d’autre merite que celui d’exceller dans la versification, et qui ne sçavent pas nous dépeindre aucun objet capable de nous toucher ; mais qui, pour me servir de l’expression d’Horace, ne mettent sur le papier que des niaiseries harmonieuses, comme des peintres dont je viens de parler.
Dans les sermons de Bossuet et de Bourdaloue, le pathétique sort pour ainsi dire de toutes les mailles d’une argumentation serrée, poussé dehors par la chaude conviction et l’inépuisable charité de l’orateur, sans qu’une seule phrase tende par soi-même à autre chose qu’à prouver.
Jean-Jacques Weiss Rocroi, Fribourg, le duc d’Enghien, Gassion, Bassompierre, l’hôtel de Rambouillet, Voiture ; voilà bien des noms et de bien illustres qu’a réunis, dans un seul petit acte, une jeune femme, hier inconnue et qui signe Simone Arnaud.
Armand de Pontmartin Tant qu’il s’est agi de Jasmin tout seul, on a dit : Jasmin a du génie, ce qui est rare, mais ce qui peut arriver à un Gascon et à un coiffeur, tout comme à un enfant de Mâcon ou de Paris.
Diderot, auroient été seuls capables de fournir quelques articles à l’Encyclopédie.
Les Moines seuls s’en plaignirent.
Une vanité mal éclairée a donc pu seule le porter à changer son nom en celui de Delisle, & Moliere a eu raison de tourner en ridicule cette foiblesse.
Aucun homme de Lettres n’oubliera ce Vers si caractéristique, où, d’un seul trait, digne de Michel-Ange, il peint le Temple de la Mort, Le Temps, qui détruit tout, en affermit les murs.
On peut dire que les deux tiers de cette immense Compilation ont été fournis par lui seul.
Ses vers ont une tournure qui n’est qu’à lui seul.
Le seul moyen de la fixer, & par-là d'en arrêter la décadence, seroit d'en revenir aux bons Auteurs du Siecle de Louis XIV ; mais nos Ecrivains, au lieu de les prendre pour modeles, ne cherchent qu'à les dégrader avec un honteux acharnement.
Chez les anciens, il fallait être docte pour écrire ; parmi nous, un simple chrétien, livré, pour seule étude, à l’amour de Dieu, a souvent composé un admirable volume ; c’est ce qui a fait dire à saint Paul : « Celui qui, dépourvu de la charité, s’imagine être éclairé, ne sait rien.
La seule figure qu’on remarque, c’est un homme placé sur le devant qui soulève une poutre ferrée par le bout.
Entre tous ces portraits aucun qui arrête, un seul excepté, qui est de Roslin et que je viens d’attribuer à Perronneau, c’est celui de cette femme dont j’ai dit que la gorge était si vraie qu’on ne la croirait pas peinte, c’est à inviter la main comme la chair ; la tête est moins bien, quoique gracieuse et fesant bien la ronde bosse ; les yeux étincelent d’un feu humide ; et puis une multitude de passages fins et bien entendus, un beau faire, une touche amoureuse.
Le titre de Soirées n’indique point d’ailleurs ici de conversations ni d’entretiens ; l’auteur est seul, il parle seul et ne soutient son tête-à-tête qu’avec l’adversaire qu’il réfute, et avec ses propres notes et remarques qu’il compile.
C’est le jeu tout chaud des opinions diverses, l’échange rapide, vivant, des objections et des répliques ; mais si l’on est seul à parler contre tous qui écoutent, est-il pas plus pratique que l’un imprime à son heure ce que les autres liront à leur loisir ? […] Catulle Mendès, morceaux certes d’élévation, nourris de souvenirs amusants et à qui ne manquent point les hauts points de vue, ont beau n’être que les coupures de ses livres de critique et d’histoire musicale, quand il les lit lui-même on l’acclame ; mais tout seul, auprès de son feu, on ne songerait pas à les lire, parce qu’on ne lit pas, parce qu’on est trop paresseux.
Notre imagination attaquée en même-tems par l’organe de la vûë et par l’organe de l’oüie, est beaucoup plus émuë de l’apparition de l’ombre, que si nos yeux seuls étoient séduits. […] Cependant, l’expression d’un mot ne sçauroit toucher autant que l’expression d’un sentiment, à moins que le mot ne contint seul un sentiment.
Vous seriez bien fâchée qu’Horace n’en eût fait que d’une seule espèce. […] je pense qu’on ne peut jamais savoir parfaitement qu’une seule langue ; c’est la sienne propre : encore cela est-il rare ; et je me souviens que Despréaux avait fait une espèce de dialogue satirique contre les versificateurs latins modernes, qu’il supprima de son vivant, pour ne point blesser trois ou quatre latinistes de ses amis, et surtout de ses admirateurs, qui avaient pris la peine de mettre en vers latins son ode sur Namur ; ouvrage d’ailleurs si faible et si défectueux, que les traductions même, toutes latines qu’elles sont, ne paraissent pas au-dessous de l’original.
Il faut être d’aplomb (pensions-nous) pour oser se faire le policeman de l’histoire, et l’audace ne nous déplaît pas… Une seule chose nous tenait en défiance, c’était le succès de Fournier. […] De toutes les éruditions dont Édouard Fournier a fait montre dans ces trois volumes, j’avoue que c’est la seule qu’il m’est impossible de lui pardonner.
III Nous avons dit le seul défaut de cette Introduction aux quatre-vingts lettres de la marquise de Créqui, et ce défaut est une faiblesse. […] Fine dentelle d’aujourd’hui, qui ficelle ce petit et précieux paquet de vieilles dentelles rousses, cette Introduction est terminée ou plutôt couronnée par une étude sur l’atticisme d’une grande profondeur dans la nuance, et comme Sainte-Beuve pouvait seul l’écrire.
Dans la réalité intime, élevée et profonde, la seule qui soit littéraire, Hoffmann n’est pas plus fort, ce mot qui implique la fermeté et la droiture, que dans le fantastique, où Heine admet qu’il est inférieur. […] La première partie seule du chapitre sur Edgar Poe avait été écrite avant ceci.
Au milieu du discrédit singulier dans lequel les poètes du mot seul, jaloux comme des bouteilles vides contre des bouteilles pleines, ont essayé de faire tomber Byron, le poète du sentiment et du mot aussi, quoi qu’ils disent, quelques voix ont protesté ; et je sais mieux qu’une protestation, je sais presque une œuvre sur Lord Byron. […] Il imite l’Ossian de Macpherson, un poète anglais, un poète de climature, les seuls poètes qu’il puisse y avoir, dit encore M.
En place de l’homme individuel qui n’arriverait jamais à l’intelligence s’il était seul, il fallait saisir toute la personne sociale. […] Seul, en effet, cet enseignement de la tradition, depuis qu’il existe des philosophies, a su tout comprendre et tout expliquer.
Malheureusement, étreint dans cet étau d’un seul chapitre, nous ne pouvons donner comme il faudrait une juste idée de cette merveilleuse expression que Dieu ne cessa jamais de mettre sur les lèvres de son serviteur. […] Jamais on ne pleura comme lui sur les péchés des hommes, et Dieu seul, qui peut compter les pleurs, a pu compter les siens.
Dans cette Introduction de 1828 à une Philosophie de l’histoire, nous n’avons pas trouvé une seule de ces vues qui révèlent tout à coup dans un homme, n’y en eût-il qu’une seule, la grande aptitude, la nette, l’incontestable supériorité.
une idée qu’à l’instant même une autre idée ne surgisse au bout pour la contrepeser, pour l’empêcher de pencher à gauche ou à droite, — la grande affaire, la seule affaire, en dernière analyse, pour des gens qui n’ont pas la force de haïr vaillamment l’erreur ou d’aimer vaillamment la vérité ! […] Évidemment, toute plume catholique n’est pas digne, par cela seul qu’elle est catholique, de toucher à ces deux êtres surnaturels, mais toute plume qui ne sera pas catholique s’y brisera.
Le livre, sur le titre seul, était levé, comme ils disent galamment, les éditeurs, dans leur langage si drôlement aérien, et comme s’ils parlaient, ma foi ! […] Alfred de Musset, cet amoureux immortel de femmes mortes maintenant, heureux par toutes, malheureux par une seule, a fini par mourir de celle-là… mais il a vécu par les autres, et vous n’empêcherez jamais l’imagination humaine, éprise de ses poètes, de s’intéresser à toutes celles qui ont doublé, par le bonheur qu’elles lui ont donné, les facultés du poète qu’elle a peut-être aimé le plus, et d’en désirer obstinément l’histoire.
Il est vrai que ce vieux Bernai Diaz del Castillo n’est pas tout seul dans le livre. […] Nous avions eu, en ces derniers temps, Saint-Simon, Chateaubriand, Michelet, ces Titiens ou ces Tintorets de l’Histoire ; mais ils étaient les seuls.
Seul, Amédée Pommier, de la même époque et de la même pléiade et qu’on peut citer après eux, a le rire encore plus que l’indignation, qu’il a tant ! […] entre autres d’une traduction en vers, qui devait être avancée, des Métamorphoses d’Ovide, le seul poète, disait-il, romantique, de l’Antiquité.
Le Maurice Berthaud, ce type honteux de l’enfant gâté et de l’artiste, a-t-il au moins l’originalité d’une seule turpitude à laquelle n’aient pas pensé ceux qui lèchent et pourlèchent, depuis des années, soit dans le roman, soit au théâtre, ce type accusateur du dix-neuvième siècle ? […] … Certainement ce n’est pas là du copiage volontaire et conscient, mais il n’en est pas moins certain que le réverbérateur de toutes ces choses, dont la seule invention est de se croire un inventeur, allume en nous d’anciennes images qui ont plus de vie que les siennes et qui nous en éclairent la petitesse par la comparaison !
Je n’en citerai que deux, que le nom seul de leur auteur suffirait pour rendre célèbres ; l’un est le panégyrique de Louis XV, et l’autre l’éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. […] L’idée seule de célébrer tous les citoyens morts pour la patrie, est une idée grande et noble, et malheureusement neuve parmi nous.
Maurice Tourneux La vénalité de l’homme et les défauts inhérents aux facultés mêmes de l’improvisateur ont singulièrement nui à la gloire littéraire de Barthélemy, que protège seul aujourd’hui le souvenir de la première Némésis ; il y a également dans Napoléon en Égypte et dans les Douze journées de la Révolution des pages qui mériteraient de se fixer dans la mémoire des nouvelles générations.
Aussi M. l’Abbé Berardier n’a-t-il pas prétendu réparer une perte peut-être irréparable : content de suivre avec respect les traces de l’Evêque de Meaux, il s’est proposé seulement de faciliter l’étude de l’Histoire, en plaçant, pour ainsi dire, sous un seul point de vue, le grand spectacle de tous les principaux événemens qui se sont passés sur le théâtre de l’Univers ; ce qu’il a exécuté avec autant de précision, que de méthode & de clarté.
Le seul morceau bien frappé est le portrait qu’il fait de son Héros.
Enfin, il est le seul de tous les Prédicateurs, qu’on ne puisse comparer qu’à lui-même.
Il entendoit bien le Grec & le Latin, & connoissoit parfaitement sa Langue ; mais ceux qui le regardent comme un de nos meilleurs Traducteurs, font consister, sans doute, l’art de traduire dans la seule fidélité à rendre le texte de l’Original.
La Prude du temps, Comédie en cinq Actes, la seule de toutes qui soit en Vers, n’eut aucun succès.
De retour d’Italie, il composa un Poëme Latin, dont le titre seul paroîtra singulier, autant que les préceptes en sont chimériques & peu sûrs.
De petits détails, de petits moyens, de petits sentimens, de petites peintures, de petites simagrées, sont les seuls ressorts qui en composent tout le mérite.
Cet éloge ne paroîtra point excessif, si on fait attention que Ségrais, encore aujourd'hui, est presque le seul de nos Poëtes qui ait réussi dans le genre pastoral.
C’est tout de même curieux cet éreintement de tout ce que j’écris, aussi bien ailleurs qu’en France, et cela par ce seul fait, que je mets de la vérité dans ce que j’écris. […] Mais dans ses concerts de Londres, qui durent deux heures, et où il est le seul exécutant, c’est surtout la préoccupation, à un moment, de la perte de la mémoire, et, comme il le dit, d’un trou tout noir, se faisant dans le souvenir. […] Un usage de l’endroit pratiqué, je crois, dans ce seul pays. […] De Watteau, ce maître de la main, et cet admirable interprète de sa nervosité, c’est une feuille de cinq mains de femmes, dans différents mouvements, et desquelles, l’artiste, seulement avec de la mine de plomb, et de la sanguine pourprée qui est à lui seul, a fait de la chair peinte. […] Il fait à lui seul le bruit de dix Septentrionaux.
La seule domination qu’elle tolère est l’impérieux appel de son génie : C’est un dieu qu’on ignore et qui me survivra.
Ainsi que le titre l’indique, les poèmes de ce recueil sont une suite de cantiques à la gloire de l’homme, de l’Homme dernier-né des dieux, qui a vénéré autrefois, dans les religions sublimes, les beautés de sa propre pensée, et rend aujourd’hui à cette pensée même l’hommage qui lui est seul dû.
Jules Jouy ont rimé depuis nombre d’années ; mais j’ai dû le signaler comme celui qui, aujourd’hui que tout le monde a un peu ou beaucoup de talent, a apporté la seule chose rare, une note personnelle, qu’il s’agisse de « grand art » ou de chansons.
Frédéric Plessis Peu soucieux de la publicité, il n’a encore fait imprimer de vers que ses Paysages d’Auvergne (1888), petit livre destiné aux seuls amis.
Elle se promène en des paysages d’automne et d’hiver, des paysages attendris où nulle joie trop vive n’éclate, où seul le souvenir des tristesses passées éveille quelque souffrance douce.
Il ne se permit jamais un seul vers satirique au milieu des Critiques, des Epigrammes & des Brocards, que la médiocrité de ses Tragédies lyriques lui attira.
Un Abbé du même nom, Auteur d’un Ouvrage, intitulé Dialogue entre les Philosophes modernes, publia, en 1779, un Libelle contre nous, sous le titre de Problême littéraire, où il s’efforçoit de prouver qu’un Vicaire de Paroisse, mort deux ans auparavant, & qui n’a pas laissé un seul Prône digne d’être imprimé, étoit l’Auteur des Morceaux les moins foibles des Trois Siecles.
Ce Satirique n’a pas été aussi équitable, en exagérant la pauvreté de ce Poëte : Saint-Amand n’eut du Ciel que sa veine en partage ; L’habit qu’il eut sur lui fut son seul héritage : Un lit & deux placets composoient tout son bien ; Ou, pour mieux en parler, Saint-Amand n’avoit rien.
Le seul défaut qu'on puisse lui reprocher, est d'être encore plus diffus que son modele.
Le prédicateur est seul à gauche, dans sa chaire.
La seule partialité dont je ne me sois pas garanti, parce que franchement je ne sais pas comment on s’en garantirait, c’est celle qu’on a tout naturellement pour certains sujets, ou pour certains faire.
Madame Vien, vous avez fait ces serins-là toute seule ; pour votre poule, votre mari pourrait bien l’avoir un peu coquetée.
Lafenestre, ce serait d’avoir écrit des poèmes avec la seule préoccupation du beau, sans songer un instant à la nécessité d’étonner, que la paresse des lecteurs modernes rend si implacable.
Il s’élance, à sa suite, dans les régions du pur lyrisme, et l’audace règle seule son vol aventureux.
Et pour être moins seul, je pense à tout cela, Aux chers baisers qui font plus pâle ton sourire ; Je prépare des mots que je n’ai pas su dire, Et que je trouve en moi dès que tu n’es plus là.
Mais ces recherches n’ont encore fait l’objet d’aucune publication de la part de leur auteur, et seules les méthodes données au Mercure de France par M.
Ce ne sont pas les seules qui méritent cet éloge ; plusieurs ont droit chacune dans leur genre, à un tribut de louange particulier.
Il a fait encore le Grondeur & le Muet, Pieces qui n’appartiennent qu’à lui seul, quoi qu’en dise l’Auteur du Siecle de Louis XIV.
L’amour de l’ordre prévaut toujours contre les secousses turbulentes de la nouveauté : ceux-là seuls qui ont travaillé à le maintenir ou à le rappeler, peuvent être regardés comme la gloire & les vrais bienfaiteurs du genre humain.
L’un & l’autre expriment, avant de se poignarder, les mêmes sentimens, avec cette seule différence, que ceux d’Othello sont plus vifs & mieux rendus.
Nous ne parlons pas du Recueil de ses Poésies fugitives, dont Barbou a donné une édition magnifique, où les Connoisseurs trouvent plus d’esprit, de délicatesse & de sentiment, qu’il n’en faudroit pour faire une grande réputation à quiconque se seroit borné à ce seul genre.
Ce bon M. de Lagny ne s'étoit occupé toute sa vie que de calcul : étant à l'extrémité, sa famille qui l'entouroit, n'en put tirer une seule parole.
Il auroit dû faire sentir davantage le ridicule & l'impuissance des efforts des Celses & des Porphyres de nos jours, contre une Religion qui se soutient depuis plus de dix-sept siecles ; une Religion, le plus ferme appui des Trônes, la sauve-garde des propriétés, la consolation des malheureux, le seul frein des méchans adroits ou puissans.
Il ne me reste plus qu’à vous faire l’histoire de la distribution des prix de cette année, de l’injustice et de la honte de l’académie, et du ressentiment et de la vengeance des élèves ; ce sera pour le feuillet suivant, le seul que je voudrais que l’on publiât et qu’on affichât à la porte de l’académie et dans tous les carrefours, afin qu’un pareil événement n’eût jamais lieu.
« Je voulais voyager seul ; mais je ne le pus, à cause d’un jeune homme que j’avais, nommé Ascanio, qui était le meilleur serviteur du monde. […] En ce moment, l’autre guide, qui n’avait rien fait, voulut aussi être payé pour avoir aidé, disait-il, à sauver les écritures ; mais lui ayant répondu que celui qui avait porté la croix en méritait seul la récompense : Je vous en donnerai une, me dit-il, près de laquelle vous pleurerez. — Et moi, lui répondis-je, j’y attacherai un cierge près duquel tu pleureras avant moi. […] « Arrivés devant la porte, je reconnus mon homme, parce qu’on m’avait dit qu’il était borgne ; m’étant avancé seul pour lui parler : Mon maître, lui dis-je, je vous prie de me rendre ma selle et mes étriers, parce que je n’ai fait aucun mal à votre jument. […] « Ayant pris congé du roi, je repassai la Seine ; je pris chez moi, au lieu d’un sac, une bourse qu’une religieuse de mes parents m’avait donnée à Florence ; et, comme il était encore de bonne heure, je me rendis seul, sans domestique, chez le trésorier qui devait me compter les mille écus d’or. […] Mon Persée seul fut oublié.
En d’autres termes, on lui avait montré la pratique, et on lui avait enseigné le droit comme un métier : il eût fallu, pour l’y intéresser, le lui présenter comme une science, lui en expliquer la philosophie, seule capable de satisfaire cette intelligence, qui ne voulait concevoir que l’universel. […] Outre qu’il était difficile de voir et d’écrire la vérité sur Louis XIV de son vivant, on n’avait pas en France au xviie siècle une idée fort juste des qualités et des devoirs de l’historien : quelques bénédictins savaient seuls alors ce qu’il faut de science, de critique et de détachement pour en bien faire le métier. […] Plus froid et moins souple, de jour en jour aussi moins valide, il s’en retira peu à peu : après la mort de Racine, il n’y vint plus qu’une seule fois. […] Il ira à Bourbon-l’Archambault, et il en reviendra, sans rapporter de son voyage une seule impression.
N’est-ce pas la nécessité seule du symbole qui a fait que Milton lui a ôté tout espoir ? […] Nous soutenions donc « que la poésie, comprise en général comme l’a comprise Byron, est la seule qui sorte des entrailles mêmes de la société actuelle, qu’elle découle naturellement de la philosophie du Dix-Huitième Siècle et de la Révolution Française ; qu’elle est le produit le plus vivant d’une ère de crise et de renouvellement, où tout a dû être mis en doute, parce que, sur les ruines du passé, l’Humanité cherche un monde nouveau ». […] La raison en est simple : la France seule s’était faite initiatrice ; l’Allemagne, au contraire, prétendait à l’immobilité, à la conservation, à la durée ; elle ne permettait à l’idéalisme naissant que d’agiter le cœur et la tête de ses enfants sans leur laisser croire à l’effet des idées, à l’activité possible, à la réalisation de l’idéal. […] De là toutes ces images du monde extérieur introduites si naturellement dans la peinture des sentiments, qu’on dirait qu’elles ne font avec elles qu’un seul tissu.
Tous ces textes sont susceptibles de cette interprétation difficultueuse et un peu tirée, et il n’y a pas un texte où il soit exprimé formellement que La Fontaine a été exilé ; bien entendu, car s’il y avait un seul texte formel il n’y aurait pas de discussion. […] Là, La Fontaine désire visiter Richelieu, on le lui permet ; mais M. de Châteauneuf, l’officier de police, raccompagne, lui, La Fontaine, à Richelieu, et il laisse Jannart aller tout seul de Port-de-Piles à Poitiers. […] Je le pris au mot, et ainsi votre oncle demeura seul, et alla coucher à Châtellerault, où nous promîmes de nous rendre le lendemain de grand matin. » C’est absolument clair, La Fontaine est au moins aussi surveillé par M. de Châteauneuf que son oncle. […] Mais ce qui me fait croire que ces lettres sont bien des lettres avant tout pour MIIe de La Fontaine, et c’est une raison qui suffirait à elle seule, c’est que, pour les publier, il aurait fallu retrancher certains passages trop intimes ; ce qui me le fait croire, ce sont les textes suivants.
Mais cela a de la grandeur, et lui seul, après Chateaubriand, peut écrire ces pages.
Dans la série des médaillons appelée Réflexions sur quelques-uns de nos contemporains, Le Vavasseur vient le dixième et le dernier, après Leconte de Lisle, et c’est le seul des dix qui soit demeuré presque inconnu.
Les seuls changements que j’y ai faits sont quelques phrases raccourcies et rendues plus claires, quelques mots disant mieux les choses, ou plutôt les disant comme elles sont ; car il n’y a pas de mieux en fait de mots, il y a où il n’y a pas le mot qui dit la chose.
Louis XIV prenoit plaisir à lui entendre lire ses Ouvrages, & l’honoroit d’une bienveillance particuliere : Madame de Montespan étoit seule admise à ces lectures.
Un seul Pseaume suffisoit à Rousseau pour faire une Ode pleine d'élévation, de chaleur & de sentiment ; & trois ou quatre Pseaumes fondus dans chacune des Odes sacrées de M.
Le fait de l’existence phénoménale demeure donc la seule réalité donnée.
Dans le christianisme, au contraire, la religion et la morale sont une seule et même chose.
La tête, qu’on avait interrogée la première, déclara ne pas vouloir entendre parler de cette corvée-là « C’était toujours la bouche qui se plaignait d’être fatiguée quand, moi seule, je portais les fardeaux !
On mettrait au premier rang quelques morceaux que le poète n’a point achevés, tels que le fragment Aux mânes de Damon où se trouve cette belle stance sur l’Orne et ses campagnes, le seul endroit où il ait exprimé avec vérité et largeur le sentiment de la nature champêtre. […] Un autre élève de Malherbe, et le seul après Racan qui mérite un souvenir, parce qu’il est le seul qui ait laissé en poésie, et dans le goût du maître, quelque chose de durable, c’est Maynard.
Il l’a vue telle qu’elle était, tout occupée du salut du roi, de sa réforme, de son amusement décent, de l’intérieur de la famille royale, du soulagement des peuples, et faisant tout cela, il est vrai, avec plus de rectitude que d’effusion, avec plus de justesse que de grandeur ; enfin, il a résumé son jugement sur elle en des termes précis, au moment de l’accompagner dans son œuvre de tendresse et de prédilection : Mme de Maintenon, dit-il, n’a donc pas eu sur Louis XIV l’influence malfaisante que ses ennemis lui ont attribuée : elle n’eut pas de grandes vues, elle ne lui inspira pas de grandes choses : elle borna trop sa pensée et sa mission au salut de l’homme et aux affaires de religion ; l’on peut même dire qu’en beaucoup de circonstances elle rapetissa le grand roi ; mais elle ne lui donna que des conseils salutaires, désintéressés, utiles à l’État et au soulagement du peuple, et en définitive elle a fait à la France un bien réel en réformant la vie d’un homme dont les passions avaient été divinisées, en arrachant à une vieillesse licencieuse un monarque qui, selon Leibniz, « faisait seul le destin de son siècle » ; enfin en le rendant capable de soutenir, « avec un visage toujours égal et véritablement chrétien », les désastres de la fin de son règne. […] En définitive, les personnes de cette génération, qui avaient goûté Fénelon, Racine, et qui s’en ressouvenaient tout en s’en étant guéries, réalisèrent seules la perfection de l’éducation, de la grâce et de la langue de Saint-Cyr : après elles, on garda encore les vertus essentielles et les règles, mais le charme s’était envolé, et peut-être aussi la vie. […] Une lettre d’Horace Walpole qui les visite en antiquaire, une autre lettre du chevalier de Boufflers qui est citée par M. de Noailles, sont les seuls témoignages un peu saillants qu’on ait sur elles pendant de longues années.
Le fond de ces écrits est le plus souvent raisonnable ; c’est la forme seule qui est étrange, sauvage, rocailleuse, et (sauf de rares et heureux endroits) des plus rebutantes. […] Ne lui demandez pas de se soigner, de se relire : « Mes affaires et mes amis, dit-il, ont besoin de moi, et le peu de temps qu’on me laisse est mieux employé à composer qu’à m’appesantir sur des révisions de style… Si je me contraignais pour me rendre méthodique, je suis certain que je serais moins lu encore que je ne le serai dans toute la pompe de la négligence et des écarts2. » Dans la Théorie de l’impôt, qui est censée une suite à l’entretiens ou discours tenus et prêchés à Louis XIV par Fénelon, cet éloquent prélat parle le plus rébarbatif des langages ; il dira que « l’honneur, ce gage précieux dont le monarque est le principal et presque le seul promoteur, a comme toute autre chose, son acabit ou son aloi nécessaire ». […] Mirabeau croit faire merveilles que d’écrire au bas de cette lettre, pour que Vauvenargues la montre aux amis, la réponse qu’il y a faite et qui consiste en ces seuls mots : Mademoiselle, J’ai l’honneur d’être avec un très profond respect, mademoiselle, Votre très humble et très obéissant serviteur.
Il fallait, à l’exemple de Bossuet, fondre la statue d’un seul jet, et non poser sur une base irrégulière et fragile une petite figure à pièces de rapport. […] Avec ces défauts que j’indique à peine et avec ces limites en divers sens, Maupertuis, de son vivant et quand il était là pour payer de sa personne, n’était pas moins un homme très distingué, très propre à plus d’un emploi, et lorsque Frédéric eut conçu le projet de régénérer son Académie de Berlin, il fut l’un des premiers à qui il s’adressa, le seul même qu’il réussit complètement à s’acquérir. […] Michel Nicolas ne vienne pas nous dire : « Ses ouvrages, même ceux de sa jeunesse, annoncent un observateur judicieux, souvent un penseur profond, toujours un écrivain guidé par le seul amour de la vérité. » Il est impossible, quand on arrange la vérité d’autrui de la sorte et qu’elle se fausse, pour ainsi dire, d’elle-même sous la plume, qu’on en ait grand souci dans aucun de ses propres ouvrages.
Critiques, auteurs, si vous n’êtes voués qu’au présent, si vous portez dans les Lettres, sous une forme à peine détournée, de cet esprit actuel et positif, de cette âpreté d’égoïsme qui appartient aux industries diverses, si vous ne supportez pas qu’on revienne de temps en temps à vos devanciers, en vous quittant pour un jour, vous ne méritez pas de lendemain ; vous méritez d’avoir affaire à des neveux qui, ne s’occupant à leur tour que d’eux seuls et de leurs œuvres, vous renverront vite à l’oubli. […] La verdure des oliviers, quoiqu’elle ne soit pas la seule qui se conserve, n’est pas exposée à autant de comparaisons désavantageuses qu’au printemps ; quand la campagne est animée par un soleil brillant et souvent très-chaud, on peut se plaire a se trouver sous leur ombre. […] Ses amis, quelques personnes chères à son cœur, et qui seules peuvent l’entendre tout entier, y sont irrévocablement fixées.
ou même, ne fût-ce que pour changer, qui me donnera la délicatesse toute seule ? […] Tout au plus, de temps en temps, un souvenir, un regret vague, le besoin qu’on pouvait avoir l’un de l’autre, s’était fait sentir confusément et sans qu’on s’en rendît bien compte ; le résultat seul nous en avertit. […] Et quelquefois, à la fin de juin, par un jour brûlant, dans la robuste épaisseur d’un arbre en pleines feuilles, je voyais un petit oiseau muet et de couleur douteuse, peureux, dépaysé, qui errait tout seul et prenait son vol : c’était l’oiseau du printemps qui nous quittait. » Augustin, le précepteur de Dominique, est un très jeune homme, d’une nature tout opposée à celle de son élève : c’est un homme de livres, de logique, de science, un cerveau ; après bien des labeurs, après des âpretés et des difficultés sans nombre de carrière et de destinée, il arrivera un jour à se faire un nom parmi les écrivains sérieux de son pays, à se faire une haute situation même ; ce sera un politique, un économiste, un conseiller d’État, un ministre, que sais-je ?
Bonhomme ne s’est jamais demandé une seule fois en écrivant : « Qu’aurait pensé de moi mon auteur s’il m’avait lu ? […] Il est bon, lorsqu’on prétend juger les hommes célèbres et d’un grand talent, vers qui, pourtant, on ne se sent pas porté de goût, de se contrarier un peu, de faire effort pour être juste ; il est bon, en un mot, d’être un peu gêné ; et Collé, n’écrivant contre Voltaire que pour lui seul ou pour des amis intimes, ne se gêne pas du tout. […] Dans sa Correspondance avec le jeune homme, seule partie assez intéressante du volume et qui ne l’est encore que médiocrement, Collé se montre à nous avec la douce manie des vieillards ; il revient sur le passé, sur ses auteurs classiques, sur Horace « le divin moraliste » qu’il cite sans cesse et qu’il a raison d’aimer, mais tort de parodier en de mauvais centons latins ; il voudrait que son jeune financier apprît le grec « à ses heures perdues », ce qui est peu raisonnable.
Celle qui, à ses débuts, avait vu son nom rapproché de celui de Mlle Mars avait dû quitter la partie presque aussitôt ; elle était allée réussir ou échouer (ce qui revient à peu près au même) hors du centre, à tous les confins de la renommée, loin du seul foyer d’où partent les rayons et les échos. […] En-regard des premières poésies, qu’on mette le cri que voici et que j’ai dégagé des brouillons raturés ; car il ne sera pas dit que ce premier article sur Mme Valmore se passera tout en prose et sans qu’il y éclate une note d’elle, une note vibrante, à la Dorval ou plutôt à la Valmore, comme elle seule en avait. […] L’autre jour, en voyant Orphée, elle m’est revenue avec une force extraordinaire et toute cette puissance d’orage qu’elle seule a jamais eue sur moi.
La bergerie s’appuie perpendiculairement à cette chambre noire et se prolonge dans la direction du carrefour, terminée par un fournil aux crevasses lierrues… La barrière à claires-voies, qui donne accès du chemin dans la cour, est chargée d’un pavé massif à son extrémité fixe, de telle sorte que le battant, facilement poussé de dehors, revient tout seul à son point de départ par l’effet du contre-poids. […] La vieille demoiselle Geneviève Bourgeois, propriétaire d’un beau domaine acquis par plusieurs générations de fermiers, reste seule avec les deux enfants de son frère défunt, Gustave et Adèle. […] Et c’est aussi une idée grande et belle d’avoir fait de l’innocent un juge et un justicier, d’avoir fait briller dans ce cerveau trouble une seule lumière, la conscience, qui apparaît alors comme quelque chose de primordial, d’inexpliqué, de divin.
Duruy rêvait peu, avait l’esprit net, était actif, croyait à une seule morale, ne se sentait point providentiel. […] Et ce qu’il fit, on peut dire, en un sens, qu’il le fit seul ; j’entends sans autre secours que celui de collaborateurs dont le zèle, communiqué et échauffé par lui, était son ouvrage encore. […] C’est par un seul et même raisonnement que l’ancienne théodicée prouve Dieu omniscient et tout bon.
L’histoire de la découverte du feu s’est éteinte presque partout dans la nuit des âges : sur un seul point elle rayonne encore. […] La seule distraction de son supplice immobile était la visite quotidienne du Jour et de la Nuit qui, chaque matin et chaque soir, alternaient solennellement devant lui. — « Devant les portes du Tartare, le fils de Japet supporte le Ciel vaste, de ses mains infatigables, là où le Jour et la Nuit se rencontrent ; se parlant l’un à l’autre, lorsqu’ils passent tour à tour le large seuil d’airain. […] Pandore souleva le couvercle du vase, et tous les Maux que les dieux y avaient enfermés, misères et maladies, guerres et crimes, violences et soucis, s’en échappèrent sur la terre. — « Seule, l’Espérance resta dans le vase, arrêtée sur les bords, et elle ne s’envola point ; car Pandore avait refermé le couvercle par l’ordre de Zeus qui amasse les nuées. » — Belle et touchante légende !
Le livre de Baylen nous montre les tâtonnements et les premiers revers des lieutenants de Napoléon, isolés dans un pays montueux, sous un climat brûlant, au cœur d’une population ennemie ; la flotte française écrasée la première dans le port de Cadix, et forcée de se rendre, et bientôt enfin le désastre célèbre qui fut le premier et même le seul affront de ce genre qu’eurent à subir nos vaillantes armées, la capitulation, en rase campagne, du général Dupont à Baylen. […] Thiers a connu, et qui lui a permis d’offrir du général Dupont la seule réhabilitation possible, celle qui concerne son honneur militaire. Ainsi le malheureux général, sans s’en douter, voulait anéantir la seule preuve qui pût mettre hors de cause sinon son habileté en ce désastre, du moins son honneur9.
Il faut absolument que je fasse ce qu’il détestait le plus quand cela n’était pas à deux siècles au moins de distance, une biographie ou du moins quelque chose qui y ressemble, et qui rende quelque vie, quelque physionomie, à ce qui de soi seul parlerait peu. […] Selon lui, Paris n’était pas au roi (quand il y avait un roi) ; il n’est pas au peuple, toujours occupé et affairé : « le seul, le véritable souverain de Paris, c’est le flâneur ». Combien de fois ne l’ai-je pas rencontré l’après-midi, le soir, aux boulevards, sous les arcades Rivoli, toujours seul, jouissant incognito de son empire !
« Son portrait, qui est à Motteville, dit le Journal des savants, la représente comme une brune fort jolie. » Le seul portrait gravé que j’aie vu d’elle, et que chacun peut voir au Cabinet des estampes, nous la montre coiffée à la mode d’Anne d’Autriche, n’étant déjà plus de la première jeunesse, le visage plein, avec un double menton, l’air tranquille et doux. […] Cette comédie italienne, représentée chez le cardinal, excita l’enthousiasme de quelques courtisans tels que le maréchal de Grammont ou le duc de Mortemart qui paraissait enchanté au seul nom des moindres acteurs ; « et tous ensemble, afin de plaire au ministre, faisaient de si fortes exagérations quand ils en parlaient, qu’elle devint enfin ennuyeuse aux personnes modérées dans les paroles ». […] Mme de Motteville nous montre le dedans du cabinet de la reine, dans lequel elle se voit presque la seule d’abord qui soit sérieusement effrayée.
Michaud l’ont fait dignement, avec équité et bienveillance, je dois excepter un seul article, c’est celui qui a paru dans le Supplément de la Biographie universelle, publiée par le frère même de M. […] De tous ces styles d’autrefois traduits et transcrits dans le sien, il ne fait nulle part une seule trame ; son style n’a pas la trempe. […] Sa poésie, qui n’était pas assez forte pour se produire toute seule, s’était comme répandue sur son esprit. »
La seule conclusion que j’en veuille tirer, c’est que, très supérieur à Fontenelle en talent et en manière d’écrivain, il était un peu de la même religion morale que lui. […] L’amour de l’étude est presque en nous la seule passion éternelle ; toutes les autres nous quittent à mesure que cette misérable machine qui nous les donne s’approche de sa ruine… Il faut se faire un bonheur qui nous suive dans tous les âges : la vie est si courte, que l’on doit compter pour rien une félicité qui ne dure pas autant que nous ». […] Il était plein de l’Angleterre en arrivant, et il dut repousser et ajourner l’idée de publier d’abord un livre sur ce gouvernement original et si peu semblable au nôtre, qui le tentait : il donna de préférence ses Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence (1734), qui sont restées le plus classique et le plus parfait de ses ouvrages, le seul même qui nous paraisse aujourd’hui sorti tout d’un jet comme une statue.
À prendre des procédés d’observation et d’expérimentation qu’on pratiquait déjà, et, plutôt que de les appliquer dans toutes les directions possibles, à les faire converger sur un seul point, la mesure — la mesure de telle ou telle grandeur variable qu’on soupçonnait être fonction de telles ou telles autres grandeurs variables, également à mesurer. […] Pour une seule faculté intellectuelle, en effet, on a pu se croire autorisé par l’expérience à parler de localisation précise dans le cerveau : je fais allusion à la mémoire, et plus spécialement à la mémoire des mots. […] Examinez de près les faits qu’on déclare témoigner d’une exacte correspondance et comme d’une adhérence de la vie mentale à la vie cérébrale (je laisse de côté, cela va sans dire, les sensations et les mouvements, car le cerveau est certainement un organe sensori-moteur) : vous verrez qu’ils se réduisent aux phénomènes de mémoire, et que c’est la localisation des aphasies, et cette localisation seule, qui semble apporter à la doctrine paralléliste un commencement de preuve expérimentale.
Si un seul conquérant use plusieurs générations de braves, une vie de grand poëte use aussi, en quelque sorte, plusieurs générations d’admirateurs ; il se fait presque toujours de lustre en lustre comme un renouvellement autour de sa gloire. […] À la verte confiance de la première jeunesse, à la croyance ardente, à la virginale prière d’une âme stoïque et chrétienne, à la mystique idolâtrie pour un seul être voilé, aux pleurs faciles, aux paroles fermes, retenues et nettement dessinées dans leur contour comme un profil d’énergique adolescent, ont succédé ici un sentiment amèrement vrai du néant des choses, un inexprimable adieu à la jeunesse qui s’enfuit, aux grâces enchantées que rien ne répare ; la paternité à la place de l’amour ; des grâces nouvelles, bruyantes, enfantines, qui courent devant les yeux, mais qui aussi font monter les soucis au front et pencher tristement l’âme paternelle ; des pleurs (si l’on peut encore pleurer), des pleurs dans la voix plutôt qu’au bord des paupières, et désormais le cri des entrailles au lieu des soupirs du cœur ; plus de prière pour soi ou à peine, car on n’oserait, et d’ailleurs on ne croit plus que confusément ; des vertiges, si l’on rêve ; des abîmes, si l’on s’abandonne ; l’horizon qui s’est rembruni à mesure qu’on a gravi ; une sorte d’affaissement, même dans la résignation, qui semble donner gain de cause à la fatalité ; déjà les paroles pressées, nombreuses, qu’on dirait tomber de la bouche du vieillard assis qui raconte, et dans les tons, dans les rhythmes pourtant, mille variétés, mille fleurs, mille adresses concises et viriles à travers lesquelles les doigts se jouent comme par habitude, sans que la gravité de la plainte fondamentale en soit altérée.
Il n’y aurait qu’un cas où toutes ces distinctions, qu’on trouvera peut-être subtiles, mais qui se rattachent, selon nous, à la partie morale de la critique, deviendraient aussi funestes que ridicules, et où la vérité seule devrait parler, dure, amère, inexorable. […] Quand sir Walter Scott en viendra à la campagne d’Italie et à la correspondance de Bonaparte avec Joséphine, il comparera le style étincelant de ces lettres au langage d’un berger arcadien, et il ajoutera ces singulières paroles qu’on croirait entendre sortir des lèvres froncées d’une milady autour d’une table à thé : « Nous ne pouvons nous dispenser de dire que dans certains passages, qu’assurément nous ne citerons pas, cette correspondance offre un ton d’indélicatesse (indelicacy) que, malgré l’intimité du lien conjugal, un mari anglais n’emploierait pas, et qu’une femme anglaise ne regarderait pas comme l’expression convenable de l’affection conjugale. » Risum teneatis… Maintenat que nous avons un échantillon du XVIIIe selon sir Walter Scott, prenons une idée du tableau qu’il trace de la révolution francaise : « La définition du tiers état par Sieyes fit fortune, au point que les notables demandèrent que les députés du tiers fussent égaux en nombre aux députés de la noblesse et du clergé réunis, et formassent ainsi la moitié numérique des délégués aux États généraux. » Mais on sait que l’Assemblée des notables se prononça contre le doublement du tiers, et que le bureau présidé par Monsieur fut le seul qui vota pour cette mesure.
L’Angleterre seule, encore ici, se défend et garde plus sensiblement son originalité : mais que d’individus pourtant elle nous envoie qui subissent le charme subtil de nos salons et de nos conversations ! […] Son seul défaut est de s’abandonner trop : il est prolixe jusqu’à nous étourdir d’un excès de jolis propos où la substance est trop diluée.
Cette poésie est, en effet, la seule où la forme soit vraiment tout, où l’on soit sûr, si on est séduit, de ne pas céder à un autre attrait que celui des belles images évoquées par des mots harmonieux. […] Pour lui, évidemment, chaque sonnet a ses rimes nécessaires, les seules qui conviennent au sujet, et qu’il s’agit de trouver.
Resté seul avec Arlequin, Don Juan lui dit qu’il n’a pris le manteau d’Ottavio que pour tromper plus aisément Dona Anna. […] Le gourmand, qui ne veut pas perdre un seul coup de dent, répond par monosyllabes, comme le frère Fredon de Rabelais.
Bossuet, dans quelques lignes sur la mort de Bouhours, relève « certaines expressions affectées et de mode, dont il s’est servi dans sa traduction de l’Évangile, et les déclare indignes, non seulement de l’Évangile, mais encore de tout ouvrage sérieux. » C’est la seule oraison funèbre que Bouhours obtienne de son ami. […] Les grands esprits d’alors savaient que s’attacher aux ornements, c’est prouver qu’on doute de l’excellence du vrai, ou qu’on veut avoir pour soi tout seul la gloire de ce qu’on écrit.
Les intellectualistes croient à une rationalisation progressive des sensibilités, à l’avènement d’une humanité qui ne serait plus guidée par des émotions et des sentiments, mais par les seules idées. […] Les exigences de notre sensibilité ne plaident donc pas en faveur de l’isolement, mais plutôt en faveur de la coopération qui seule procure une satisfaction relative à ses prétentions, après les avoir créées en partie.
Quand nous pensons à quelque corps ou objet matériel, nous pensons non à une seule sensation, mais à un nombre indéfini et varié de sensations, appartenant d’ordinaire à divers sens, mais si bien liées, que la présence de l’une annonce d’ordinaire la présence possible et au même instant de tout le reste. […] Comme tel, je reconnais au Moi, — à mon propre esprit, — une réalité différente de cette existence réelle comme possibilité permanente, qui est la seule que je reconnaisse à la matière. » Il serait injuste, après avoir lu ce qui précède, de confondre cette doctrine avec celle de Hume.
Seuls, parmi les parnassiens de la première heure, Verlaine et Mallarmé furent des individus assez originaux pour échapper à l’école. Seuls, ils s’affranchirent de la technique étroite : l’un pour dire en une musique plus libre, chanteuse, séduisante et navrante comme Ophélie, son âme musicale et folle ; l’autre pour essayer d’enfermer son noble et rigoureux esprit en je ne sais quelle forme informe, détruite par un trop grand effort d’absolu.
Adraste était le roi d’Argos qu’Étéocle et Polynice, ses deux gendres, avaient entraîné à l’assaut de Thèbes, et qui survécut seul aux Sept Chefs. […] Il prononçait un discours, déclamait un récit, faisait part d’un projet ou d’un événement survenu entre deux scènes, au Chœur qui lui donnait seul la réplique.
En associant ces deux noms si souvent unis, déjà bien anciens et toujours présents, je ne les aborderai ici que par un seul aspect, et je considérerai uniquement MM. […] C’est là un genre de religion qui s’est trop affaibli dans les âmes comme les autres religions, et dont le défaut se traduit dans la pratique en un seul fait trop évident : parmi ceux qui écrivent, combien en est-il qui cherchent à faire de leur mieux aujourd’hui ?
Une rousse du nom de Sabine, qui est la seule personne qui fréquente le bureau, nous demandant un jour : « Et ce monsieur, qui est là, pourquoi a-t-il l’air si triste ? […] * * * — Tous comptes faits avec Dumineray, le seul éditeur de Paris qui, sous l’état de siège, ait osé prendre en dépôt notre pauvre En 18..
L’abbé d’Aubignac se croyoit fait pour y règner seul. […] La seconde querelle de l’abbé d’Aubignac fut avec le grand Corneille, cet homme immortel, dont le nom seul imprime la vénération, & devoit être un rempart inaccessible à tous les traits satyriques.
« M. de Maupertuis, dans une brochure intitulée, Essais de cosmologie, prétendit que la seule preuve de l’existence de dieu est A R ✝ N R B qui doit être un minimum. […] Oseroit-on dire cela devant les statues de Henri IV & de Louis XIV, & j’ajouterai de Louis XIV ; & j’ajouterai de Louis XV ; puisque je fus le seul académicien qui fis son panégyrique, quand il nous donna la paix ; & lui-même a ce panégyrique traduit en six langues. » Il adresse ces paroles au roi de Prusse : « Il se souviendra qu’il a été mon disciple, & que je n’emporte rien d’auprès de lui que l’honneur de l’avoir vu en état de mieux écrire que moi.
L’abbé Desfontaines a suivi tous les raisonnemens de Riccoboni, & n’en a pas trouvé un seul fondé. […] « Il n’y a que le corps qui prêche ; la mémoire seule dirige la langue, les yeux, les bras : l’esprit & le cœur semblent absens.
Une épigramme de l’anthologie grecque réproche à un acteur, qui avoit dansé le rolle de Niobé, qu’il ne s’étoit pas remué plus que l’auroit fait le rocher dans lequel Niobé avoit été métamorphosée, et qu’il n’étoit pas sorti de sa place, et par consequent qu’il n’avoit point fait un seul pas de danse. […] Suetone dit en parlant de Caligula, qui aimoit la saltation avec fureur. " ce prince aïant mandé au palais plusieurs personnes des plus considerables de l’état, il entra brusquement vétu d’un habit à la grecque, et qui lui venoit jusques sur les talons, dans le lieu où ses gens les avoient fait entrer, et là il fit devant eux, au bruit des instrumens les gestes d’un monologue, après quoi il se retira sans leur avoir dit un mot. " ce que dit Quintilien en parlant de la necessité d’envoïer les enfans dans les écoles où l’on enseignoit l’art de la saltation, suffiroit seul pour persuader que l’art du geste en étoit la principale partie.
J’y cueille cette phrase, qui vaut à elle seule un long poème de M. […] — Et vous, madame, dis-je à une Allemande réfugiée (la seule Parisienne présente) qui n’avait encore rien dit, que trouvez-vous ?
Mais Chamfort qui s’indignait à la seule pensée de dépendance, n’éprouva plus que le besoin de briser les liens dont il se croyait garrotté : d’abord il remit son brevet d’appointements ; et bientôt, se trouvant mal à l’aise dans un palais où tout lui parlait de grandeurs, il voulut aller respirer ailleurs l’air de la liberté. […] Pendant tout le temps de cette liaison, que la mort seule de Mirabeau paraît avoir rompue, il soumettait à Chamfort non-seulement ses ouvrages, mais ses opinions, sa conduite ; l’espérance ou la crainte de ce qu’en penserait Chamfort, était devenue pour l’âme fougueuse de Mirabeau une sorte de conscience.
Chaque essence animale souvent y est désignée par un nom collectif, mais les individus en sont séparés ; l’homme seul est un. […] Qui a mis dans les mots cette force logique, qui est à elle seule un destin ?
Or, dans le mariage, l’individu peut-il être considéré comme s’il était seul ? […] Le mariage est une loi dont les hommes, pauvres sacrilèges, ont voulu faire une institution… Si j’étais législateur, j’écrirais un seul article dans le code humain, L’Amour OU le mariage étant d’institution divine est nécessairement indissoluble.
Il est des sujets sur lesquels la valeur d’un homme, par cela seul qu’il les traite et à condition pourtant qu’il ne les gâtera pas, devient tout à coup vingt-cinq fois plus grande qu’elle n’est réellement, et la Chine est un de ces sujets sterling. […] Seul, de toute la secte qui poussait le monde aux abîmes, Montesquieu ne se grisa pas de chinois.
Imagination militaire, ce qui veut toujours un peu dire imagination chevaleresque, il s’est profondément pénétré de la personnalité de ce peuple arabe, — le seul peuple réellement poétique qu’il y ait maintenant sur la terre, et dont la description ressemble aune page de la Bible oubliée dans des feuillets de ce Khoran qui ne sera bientôt plus pour l’humanité qu’un livre oublié, — une poésie chantée ! […] On ne saurait trop le répéter, l’Armée, et l’Armée seule, nous a arrachés aux lâches influences que nous retrouvions partout autour de nous.
Les luttes de ce pays qui a offert à lui seul presque autant de combats entre ses barons et ses rois que le Moyen Âge tout entier, ses guerres civiles des Roses, l’implication effroyable de ses droits de succession, l’entrechoquement des partis et les brouillards de tant de sang versé qui s’étendent sur toute son histoire comme les autres brouillards sur son sol, la législation anglaise, avec ces mille coutumes qui peuvent dormir des siècles, mais qu’on n’abolit pas, et l’esprit public enfin, l’esprit public qu’on n’entendait, certes ! […] À lui seul, il avait plus de fierté que toute sa race.
L’oracle parlait très bien tout seul, comme l’Océan sur son rivage ; mais, quand il se taisait et somnolait, Eckermann le réveillait et le provoquait, lui étalait sous les yeux quelque sujet de thèse, et le « Thomas, quid dicis ? […] la véritable et la seule originalité de Gœthe, de cet Allemand qui, comme les autres Allemands, était idéaliste et poète, c’est d’avoir, Ixion infidèle, quitté la nuée pour embrasser la terre ; c’est d’avoir fait de la vie un art, bien plus qu’il n’a fait de l’art une vie ; c’est de s’être préoccupé, jusqu’à nous en faire mal au cœur, de l’utilité et de la pratique ; de jouer, enfin, au petit Machiavel, même littéraire, en n’étant qu’un petit Jérémie Bentham.
Tous deux monarchiques, tous deux catholiques, dans des camps différents, mais y combattant pour les seules idées qui peuvent sauver le monde, si le monde peut encore être sauvé, et, tous deux, les plus redoutables Front-de-bœuf de la polémique contemporaine. […] Crétineau-Joly, qu’on a dit vendu et qui n’a pas même été récompensé au prorata de ses services, ne s’est jamais soucié que d’une seule chose : la mort de la Révolution, et quand il la rencontra un pied dans l’Église, car elle l’y a mis un jour, il le dit, voilà tout !
Du reste, pour qu’on ait bien toute notre pensée sur cette notice critique et biographique de Paulin Limayrac, à laquelle nous ne retrancherions rien, mais à laquelle nous aurions voulu qu’il eût ajouté quelque chose, nous ferons pourtant une seule réserve. Le livre de l’Amour, — ce chef-d’œuvre de pointillé dans l’observation et de grâce inattendue dans le bien dire, que Sterne aurait admiré, et où les nuances, qui ondoient, chatoient, se fondent et s’évanouissent comme des lueurs d’opale dans le merveilleux observateur du Sentimental Journey, sont nettement fixées sous le regard par un procédé supérieur d’analyse sans rien perdre de leur ténuité et de leurs qualités presque immatérielles, — ce livre d’un agrafeur de nuances (ces mots-là sont faits pour lui seul), ce livre qui a tout dit et fait le tour du cœur, de ce muscle qui renferme l’infini, comme on fait le tour de la terre, de cette misérable petite chose que Voltaire appelait « un globule terraqué », nous ne croyons pas que Paulin Limayrac l’admire et l’aime mieux que nous.
La délicieuse comtesse Alice finit par aimer, comme Juliette aime Roméo, le fou, ignoble de costume et de terreur de fou poursuivi, qui a cherché un refuge dans sa loge, qu’elle n’en a pas fait sortir comme elle le pouvait si elle avait dit un seul mot, et à qui (pour que tous les détails les plus contraires à l’enthousiasme et à l’amour y soient) elle a fait l’aumône, en lui donnant un petit portefeuille dans lequel se trouvent trois billets de mille francs. […] Depuis longtemps, il est tombé de la préoccupation publique par morceaux… Quant à Balzac, qui nous donna tant de choses sur Paris et sur ses mœurs, grandes ou petites, aristocratiques ou canailles, il y mêla de si grandes choses, d’une telle généralité de nature humaine et de pathétique universel, que la préoccupation parisienne, qui l’aurait rapetissé comme un autre si elle avait été seule, disparaissait même dans ses Scènes de la vie exclusivement parisienne, mises en regard des autres Scènes qu’il a tracées avec ce génie et cette volonté encyclopédiques qui devaient embrasser tout entier le monde de son temps.
Illuminés d’enthousiasme ; hommes de parti enlevants d’éloquence dans des camps opposés ; natures bouillonnantes qui dégorgent incessamment comme la bouche d’un fleuve, soit des pensées, soit des images ; espèces de Pythonisses de leur propre esprit ; passionnés dans leur âme et passionnés dans leur sang que l’Imagination fouette incessamment de ses mille dards enflammés, ils ont les mêmes audaces d’expression et ils se ressemblent jusque dans leur originalité… La seule différence qu’il y ait entre eux, c’est que Diderot l’athée ne fut jamais qu’un athée. […] Il faudrait l’entendre lui-même raconter par quelle série de propositions renversées, il arriva des prémisses de la jouissance à la conclusion du sacrifice et construisit ainsi le syllogisme de sa foi : mais contentons-nous des faits seuls.
Je vois Thucydide40, le grave historien, qui cherche dans les poëmes homériques la preuve d’un événement ou d’un usage antique, réputer cet hymne l’œuvre d’Homère, et, il faut ajouter, la seule œuvre où il se soit désigné lui-même. […] Une seule tradition merveilleuse mêlée à son souvenir témoigne bien de l’idolâtrie des Grecs pour les dons de l’esprit, au préjudice de tout intérêt de justice ou même de vengeance.
Les seuls petits événements, ridicules pour les salons, mais qui ont de la portée au dehors, au moins comme symptômes, ce sont les brochures qui éclosent autour de M. de Lamartine : il a ses publicistes à lui, qui le démontrent à la foule (comme nous-même l’avons démontré poëte il y a quinze ans) ; on le démontre réformateur et politique, philosophe, — révélateur.
C'est la seule chose qui lui reste de son passé ; ce grain de sel de l’autel sur son pain devrait le faire se ressouvenir un peu, et lui faire relire le chapitre xiv, livre III de l’Imitation, avec le commentaire qu’il y a joint sur les chutes par orgueil.
Dans un temps où l’on n’a plus d’oraisons funèbres de Bossuet, de tels événements en tiennent lieu et disent assez lequel est le seul grand.
Catulle Mendès écrivait, quand il parut : « C’est plutôt un poème, ce livre, un long poème, qu’une succession de pièces, tant s’y déroule visiblement l’histoire intime et lointaine d’une seule rêverie.
Des quatre chants de son poème, le premier seul est relatif à l’astronomie.
Trop heureux serais-je si, une seule fois, dans une pauvre maison, mes vers portaient quelque douceur à un cœur simple. » [Poètes d’aujourd’hui (1900).]
Claudius Popelin n’avait pas sur les signes une bien décisive autorité, mais il était poète ; seul, il prouverait le beau sonnet d’une si pure forme classique : La très sévère loi du flux et du reflux S’impose inéluctable, et le lierre s’enroule Aux colonnes…..
Écoutez Pygmalion racontant comment sa Daphné (la Galatée antique) est devenue femme : … C’était un soir, dans la cité… Une cité lointaine en des montagnes bleues Où les maisons sont des palais… C’était un soir… J’avais sculpté dans le carrare une statue Pour le temple du dieu Soleil — si merveilleuse Que le peuple venu pour la voir s’était mis À deux genoux, ainsi qu’on fait pour les déesses, Puis, en silence, était sorti… Et j’étais seul… [Le Siècle (21 mars 1898).]
Amyot, du Perrier, Rabelais, Montagne, Charron, étoient les seuls Auteurs qu’on pût lire avec intérêt, & cet intérêt naissoit plus encore du génie particulier de ces Ecrivains, que de l’agrément de leur langage.
M. de Voltaire ne jugea pas à propos d’y répondre autrement, que par quelques escarmouches qui n’ont fait du tort qu’à lui seul.
Ceux qui l’ont entendu ont donc raison de le regarder comme un Orateur dont la maniere n’appartient qu’à lui seul, qui, laissant aux autres le soin de prouver les dogmes de la Religion, se borne à un objet non moins estimable, & plus utile peut-être, celui d’en développer la morale, d’en faire aimer les devoirs & respecter l’autorité.
Il n’en est pas sorti un seul de sa plume [& nous en connoissons une douzaine], qui n’annonce un esprit pénétrant & un sage Observateur.
Du seul accord de ces deux facultés peut résulter la vraie sagesse, & des principes de conduite également sûrs & consolans.
Ces deux Ouvrages, entrepris par le seul motif du zele patriotique, sont estimés des Orientaux.
M. de Voltaire a beau soutenir qu'il n'en est pas l'Auteur, on lui a si souvent répondu par des preuves irrécusables, que cet Ecrivain est le seul qui ait attaqué cette vérité.
De tout ce qu’il a écrit [& le nombre de ses Productions est assez considérable], le seul Ouvrage qui lui ait donné de la célébrité, est son Livre des Mœurs ; nouvelle preuve que la plupart des Esprits de ce Siecle n’ont cru pouvoir se faire un nom qu’en s’écartant des routes ordinaires, & en débitant des systêmes opposés à toutes les idées reçues.
Dès que cette maladie de l’intelligence est guérie, il n’est plus d’autre attitude à prendre à l’égard de cet état de choses que celle qui consiste à l’enregistrer dans l’esprit et à en faire un mode d’explication universel puisque l’on voit qu’il domine la vie phénoménale, la seule qui nous soit donnée, et qu’il se tient à son commencement.
Ce livre a obtenu le seul genre de succès que l’auteur puisse ambitionner en ce moment de crise et de révolution littéraire : vive opposition d’un côté, et peut-être quelque adhésion, quelque sympathie de l’autre.
On mêlait aux sujets les plus respectables les plaisanteries les plus basses, et que l’intention seule empêchait d’être impies ; car, ni les auteurs, ni les spectateurs, ne faisaient une attention bien soutenue à ce mélange extravagant, persuadés que la sainteté du sujet couvrait la grossièreté des détails.
Un chapitre du Cours de philosophie positive, voilà donc, à peu près, la seule étude originale et importante que nous possédions sur la matière10.
Rolle, qui les fait depuis quatorze ans ; mais toute la critique d’alentour ayant baissé, il reste seul.
Une seule chose était à craindre dans des poèmes qui ont tous pour matière la vanité des efforts de l’homme, de ses désirs et de ses joies ; c’était la monotonie.
C’est d’ailleurs la seule voie pour eux ouverte ; car certain socialisme, qui a les sympathies de la jeunesse des écoles pour ce qu’il est une plate-forme moins foulée aux électorats à venir, ce socialisme est odieux à l’artiste qu’il enregimenterait, et plus seulement pour trois ans.
Il convient toutefois de remarquer que cette façon d’entendre la religion n’est pas la seule possible, ni même la plus exacte aujourd’hui.
La gaieté du ciel et des arbres, le piaillement criard des moineaux, l’allégresse des cloches qui appelaient aux vêpres du dimanche, la quiétude heureuse, l’apaisement des choses de ce coin provincial, accentuaient le délabrement de la salle nue et froide où toussait ce pauvre malade, en qui les yeux seuls brillaient, comme si tout le vœu de vivre s’y était réfugié.
« Un Souverain, dit-il, n’est pas un homme ordinaire, ni le Trône où il est élevé, la seule distinction qui le sépare de ses Sujets.
La premiere de ces Vérités est, qu’il n’y a qu’un Dieu & qu’une vraie Religion ; la seconde, que de toutes les Religions, la Chrétienne est la seule qui soit divine ; la troisieme, que de toutes les Communions du Christianisme, il n’y a que la Catholique Romaine qui soit la véritable Eglise.
Claudine n’est pas la seule femme dont la mort d’un mari ou d’un ami ait entiérement desséché le génie.
Le seul mérite qu’on y reconnoisse, est le nombre & l’harmonie, qualités rares dans les Poëtes, ses contemporains.
De mauvaises Pieces de Théatre, quand nous manquons d’Hommes de génie, seuls capables d’en donner de bonnes.
C’est donc un nouveau degré de gloire pour les Héros du Parnasse Latin & François, d’avoir exercé les talens d’un homme dont les Ecrits seuls immortaliseroient le nom, si ses lumieres supérieures, ses vertus sociales ne le destinoient déjà à l’immortalité.
Fils de Cypris, plus malin qu’une Pie, A consoler Robin l’on perd ses pas : Toinette seule, avec ses doux appas, Peut le tirer de sa mélancolie : Rends-la lui donc ; car après tout, hélas !
La principale raison de ce désordre, qui augmente chaque jour, est qu'il sera toujours plus facile de composer cinq ou six Comédies dans le genre de la Matinée à la mode, que d'en faire une dans celui du Joueur ou du Glorieux, ou de la Métromanie, qui exigeroit plus de temps elle seule, qu'il n'en faut pour en composer douze de l'autre espece.
Telle est l’illusion de la vanité littéraire : on oublie que le génie seul peut conduire à l’immortalité, & l’on se flatte que quelques légeres étincelles d’esprit pourront résister au souffle du temps, qui ne respecte que les vraies lumieres.
La magie des anciens différait en ceci de la nôtre, qu’elle s’opérait par les seules vertus des plantes et des philtres, tandis que parmi nous elle découle d’une puissance surnaturelle, quelquefois bonne, mais presque toujours méchante.
Le poète chrétien est le seul initié au secret de ces merveilles.
Le Socrate est la seule figure très apparente.
C’est le génie d’un seul qui fait éclore les arts ; c’est le goût général qui perfectionne les artistes.
Zola, le chef, se détache tout seul, bien en vedette, avec un air d’autorité et de commandement. […] Il s’agit d’un étudiant en droit, devenu garde mobile malgré lui, et dont le ventre grouille à la seule idée d’un casque à pointe. […] Bourget est arrivé à la gloire et à l’Académie sans autre secours que le mérite de ses livres, et par la seule vertu de son talent. […] » La compagnie répondit d’une seule voix : « Allah ekber ! […] L’art robuste Seul a l’éternité.
Parce que je n’ai pas le million à moi tout seul, parce qu’il n’y a pas en ce temps-ci en France une idée qui pèse contre un écu.
Quand nous lisons, et même quand nous pensons, nous n’apercevons pas sous chaque mot l’image correspondante : le mot est seul dans notre esprit, notation sèche, algébrique, et qui nous suffit parce qu’elle est familière et connue, et que nous nous sentons le pouvoir de la remplacer à chaque moment par l’image.
Charles Asselineau Sans réclamer pour lui le premier rang qu’il convient sans doute de réserver à des talents plus amples et plus robustes, je ne crains pas de dire que parmi les écrivains du second, en ce temps-là, il est peut-être celui dont le nom est le plus assuré de vivre, par cette seule raison qu’il s’est plus exclusivement qu’aucun autre attaché à l’art.
Charles Maurras Si Le Goffic a profité de la divine aventure, je ne veux pas laisser aux seuls amis d’amour breton la peine d’en décider, et ce n’est pas moi non plus qui irai l’assumer.
Charles Nodier Cette persévérance dans ce qu’on appelait la voie classique, cette servilité d’imitation que l’on apprenait au collège, une prétention plus déplorable encore, et c’était, à la vérité, la seule dont ce brillant esprit se fût jamais avisé, celle de surprendre, par des riens cadencés comme on en rimait alors, le suffrage routinier d’un auditoire académique, empêchèrent Millevoye de parvenir à tous les succès auxquels il pouvait prétendre.
Je ne parlerai donc pas autrement de cette œuvre, et ne veux en trancher aucun détail ni fragment, pas plus que je ne puis offrir un pouce de la stature, ni un seul jour de l’âge du poète.
Seuls, Pierre Dupont et Louisa Sieffert y ont échappé.
Ma seule vanité est d’avoir eu conscience de ma médiocrité de poète et de m’être courageusement mis à la besogne du siècle, avec le rude outil de la prose.
Quand l’Auteur n’auroit eu que le courage de résister au goût dominant du siecle pour le langoureux ou philosophique, ce qui est la même chose ; d’avoir su mépriser ce genre bâtard, quoique plus facile & plus applaudi par la multitude, & de s’être uniquement attaché aux bons modeles ; cette preuve de jugement suffiroit seule pour lui mériter des applaudissemens capables de l’encourager.
On les auroit déterrées aussi bien chez les Casuistes Dominicains & Franciscains ; mais c’étoit aux seuls Jésuites qu’on en vouloit.
La mémoire prodigieuse de Postel, son érudition sans bornes, & ses aventures, sont à présent les seuls débris de sa célébrité.
La mémoire seule pouvoit s'enrichir par les faits ; l'esprit y acquéroit peu de lumieres ; les mœurs y gagnoient encore moins.
Cette affectation ôte au Lecteur le seul plaisir qui puisse le captiver, celui du naturel & de la variété.
M. de Luxembourg est peut-être, avec le Milord Maréchal, le seul homme qui ait, à force de bonté et de bonhomie, désarmé le soupçon de Jean-Jacques, et qui lui ait inspiré une confiance sans réserve et sans retour. […] Toutes les femmes de la Cour savent vous persuader cela quand elles veulent, vrai ou non ; mais toutes ne savent pas, comme Mme de Luxembourg, vous rendre cette persuasion si douce, qu’on ne s’avise plus d’en vouloir douter… » C’est la seule page de cet admirable Xe livre que je veuille rappeler ici, et Rousseau lui-même, dans sa plus mauvaise humeur, ne pensa jamais à la rétracter. […] Mme de Luxembourg les gagne, les séduit tous, comme elle a fait avec Rousseau, met à l’aise un chacun, et Mme de Choiseul écrit, à demi vaincue dès la première rencontre (citer est la seule manière de montrer Mme de Luxembourg à l’œuvre et en action) : « La maréchale n’est point arrivée ici avec cet air de confiance que devaient lui inspirer les pressantes sollicitations qu’elle vous avait dit avoir reçues.
Lorsque cette dernière dut le quitter pour aller à Lisbonne épouser le prince de Portugal, don Carlos éprouva une vive douleur : « Que va devenir l’enfant, s’écriait-il avec sanglots et en s’attendrissant sur lui-même, seul ici, sans père ni mère, l’aïeul étant en Allemagne et mon père à Monzon ! […] En égard à son âge de dix-sept ans75, il s’entend très-bien aux choses du monde, et quoique les Espagnols, qui ont coutume d’exagérer leurs faits et de s’émerveiller de tout, exaltent quelques questions qu’il adresse indistinctement à tous ceux qui l’approchent, d’autres, avec plus de fondement peut-être, tirent de l’inopportunité de ces questions un argument peu favorable a son intelligence. » Voilà la triste vérité que notre bon compagnon et compatriote Brantôme vient confirmer et relever de sa manière gaillarde et piquante, ne fut-ce que par ce seul petit trait : « Moi, étant en Espagne, il me fut fait un conte de lui, que son cordonnier lui ayant fait une paire de bottes très mal faites, il les fit mettre en petites pièces et fricasser comme tripes de bœuf, et les lui fit manger toutes devant lui, en sa chambre, de cette façon. » Quand un prince de dix-neuf ans en est là, il me semble qu’il est jugé à jamais et que son avenir est écrit plus clairement que dans les astres. […] Une seule bonne qualité surnageait au milieu de tant de travers et de vices, c’était son sentiment d’affectueuse déférence pour sa jeune belle-mère, la reine Elisabeth, dont la bonté compatissante et gracieuse l’avait touché.
Fontan » ; — bon Jovard (prenez bien garde de ne pas vous tromper et de ne pas prononcer Jobard), « il aurait plutôt nié l’existence de Montmartre que celle du Parnasse ; il aurait plutôt nié la virginité de sa petite cousine, dont, suivant l’usage, il était fort épris, que la virginité d’une seule des neuf Muses ; — bon jeune homme ! […] Un culte dominait toutes ces ironies, un seul, sincère et profond, celui de l’art. […] C’est la perfection dans la grâce. — Quand je me remets à feuilleter et à parcourir en tous sens, comme je viens de le faire, ce recueil de vers de Gautier, qui mériterait à lui seul une étude à part, je m’étonne encore une fois qu’un tel poète n’ait pas encore reçu de tous, à ce titre, son entière louange et son renom.
Je trouverais ainsi, en le voulant bien, à offrir des échantillons des différentes sortes d’épigrammes, mais je préfère aujourd’hui m’attacher à un seul nom, à un poète qui n’a été autre chose qu’un auteur d’épigrammes et qui me paraît au premier rang (les grands poètes exceptés), parmi ceux qui ont contribué à l’Anthologie dès son origine : Il s’agit de Léonidas de Tarente que la plupart ne connaissent sans doute que pour l’avoir vu mentionné en tête de quelque imitation d’André Chénier. […] c’est qu’en France la poésie toute seule, dans sa simplicité et son charme nu, ne nous touche que médiocrement ; c’est que le vœu tout pastoral de l’ancien berger fait moins d’effet que si on le met dans la bouche d’une bergère, d’une Estelle, d’une Nina quelconque, d’une infortunée. […] L’épigramme est des plus désespérées ; à partir du vers 3, pas un seul dont la leçon soit certaine. » 7.
En me remettant à la lecture de Du Bellay et en reprenant de lui ce premier écrit par lequel il a ouvert, pour ainsi dire, l’ère de la Renaissance française, je me suis senti saisi d’un regret, et j’ai comme embrassé d’un seul regard la période tout entière, le stade littéraire où il entrait en courant, le flambeau à la main, stade glorieux, et qui, coupé, continué, accidenté et finalement développé pendant près de deux siècles et s’y déroulant avec bien de la variété et de la grandeur, n’a été véritablement clos et fermé que de nos jours. […] Ces raisons, qu’il indique d’une manière aimable et bien naturelle, je les résume plus au net : dix ans se sont écoulés ; dans l’intervalle, Du Bellay a vieilli ; il a passé à Rome des années qui ont compté double ; les ennuis, les affaires, peut-être les plaisirs, l’ont blanchi ; il allègue pour excuse la diminution de la verve, « de cet enthousiasme qui le faisoit librement courir par la carrière de ses inventions », et en même temps il a conservé, dit-il, son goût de la poésie, « de ce doux labeur, jadis seul enchantement de ses ennuis ». […] C’est de la combinaison d’une telle veine bien française, d’une inspiration bien nationale, avec le sentiment et l’imitation antiques, qu’aurait pu sortir la seule originalité viable et sincère de cette école de Du Bellay.
Les Annales pontificales, c’était, si vous voulez, un journal annuel à un seul exemplaire, sur bois ou sur marbre, affiché dans le vestibule du grand prêtre ; c’était un essai informe de Moniteur, très-mélangé de Mathieu Laensberg. […] Si les Nouvelles ecclésiastiques (jansénistes), qui commencent à l’année 1728 et qui n’expirent qu’après 1800, ne donnent que la triste histoire d’une opinion, ou plutôt, à cette époque, d’une maladie opiniâtre, étroite, fanatique, et comme d’un nerf convulsif de l’esprit humain, les Mémoires de Trévoux, dont les portions qui confinent le plus au xviie siècle offrent un fonds mélangé d’instruction et de goût, le vrai monument de la littérature des jésuites en français, et qui, ainsi qu’il sied à ce corps obéissant et dévoué à son seul esprit, n’a porté à la renommée le nom singulier d’aucun membre196. […] Que ce débris vienne du temps ou de l’homme même, c’est bientôt de loin la seule marque qui reste de lui.
Pas un trait n’altérait la simplicité touchante, qui seule convenait au témoignage des grandes choses et des hautes infortunes dans la bouche de la noble veuve de Lescure. […] On lut avec émotion, on connut pour la première fois dans son entière sincérité cet épisode unique, cette première Vendée restée la plus grande et la seule vraiment naïve ; on salua, on suivit avec enthousiasme et avec larmes ces jeunes et soudaines figures d’une Iliade toute voisine et retrouvée à deux pas dans les buissons et derrière les haies de notre France ; ces défis, ces stratagèmes primitifs, ces victoires antiques par des moyens simples ; puis ces malheurs, ce lamentable passage de la Loire, ce désastre du Mans, cette destruction errante d’une armée et de tout un peuple. […] Toute la Suisse, en effet, ne se rangeait pas alors dans un seul camp, et, avec le Bourguignon, la portion dite française fut vaincue.
Son objet est, non l’exposition seule, mais la prédication des vérités utiles à l’humanité. Les sciences ne l’occupent plus guère : on ne trouve, en plus de vingt ans, qu’un seul écrit dont elles fournissent le fond549. […] « En vérité, disait Grimm après lecture des Honnêtetés littéraires, M. de Voltaire est bien bon de se chamailler avec un tas de polissons et de maroufles que personne ne connaît. » Le pis pour Voltaire, c’est que ces « polissons » et ces « maroufles » n’étaient pas les seuls objets de sa colérique humeur.
Bonnard au petit marchand d’almanachs qui lui offre la Clef des songes ; mais ces songes et mille autres encore, joyeux ou tragiques, se résument en un seul : le songe de la vie, et votre petit livre jaune me donnera-t-il la clef de celui-là ? […] Pauvre âme en peine, pauvre âme errante sur l’antique Océan qui berça les premières amours de la terre, cher fantôme, ô ma marraine et ma fée, sois bénie par le plus fidèle de tes amoureux, par le seul peut-être qui se souvienne encore de toi ! […] Paul Bourget) aux littératures du Nord : elle me paraît le produit extrême et très pur de la seule tradition grecque et latine.
La définition la plus générale du goût, sans considérer s’il est bon ou mauvais, juste ou non, est ce qui nous attache à une chose par le sentiment ; ce qui n’empêche pas qu’il ne puisse s’appliquer aux choses intellectuelles, dont la connoissance fait tant de plaisir à l’ame, qu’elle étoit la seule félicité que de certains philosophes pussent comprendre. […] Souvent notre ame se compose elle-même des raisons de plaisir, & elle y réussit sur-tout par les liaisons qu’elle met aux choses ; ainsi une chose qui nous a plu nous plaît encore, par la seule raison qu’elle nous a plu, parce que nous joignons l’ancienne idée à la nouvelle : ainsi une actrice qui nous a plu sur le théatre, nous plaît encore dans la chambre ; sa voix, sa déclamation, le souvenir de l’avoir vûe admirer, que dis-je, l’idée de la princesse jointe à la sienne, tout cela fait une espece de mélange qui forme & produit un plaisir. […] Rien ne nous plaît tant dans une parure, que lorsqu’elle est dans cette négligence, ou même dans ce desordre qui nous cachent tous les soins que la propreté n’a pas exigés, & que la seule vanité auroit fait prendre ; & l’on n’a jamais de graces dans l’esprit que lorsque ce que l’on dit paroît trouvé, & non pas recherché.
Elle jouait à travers cela la comédie et la bergerie à chaque heure du jour et de la nuit, donnait des idées à tourner en madrigaux à ses deux faiseurs, l’éternel Malezieu et l’abbé Genest, invitait, conviait une foule d’élus autour d’elle, occupait chacun, mettait chacun sur les dents, ne souffrait nul retard au moindre de ses désirs, et s’agitait avec une démonerie infatigable, de peur d’avoir à réfléchir et à s’ennuyer un seul instant. […] Le jeu de La Motte était de dire que ce Louise-Bénédicte de Bourbon ne lui durait guère, donnant à entendre qu’il le dévorait de baisers quand il était seul. […] Le côté par lequel cette petite cour me frappe le plus et me paraît le seul mémorable, est encore le côté moral, celui qui touche à l’observation humaine des préjugés, des travers et des ridicules.
On en jugera par un seul trait : Que de fois, s’écrie-t-il, je me suis trouvé meilleur en le quittant ! […] Pourtant lorsqu’il pénètre dans l’île, lorsqu’il arrive vers l’une de ces habitations perdues au plus profond des bois et dans les escarpements des mornes, et qu’il y trouve l’image imprévue de l’abondance, de la paix et de la famille, il est touché, et il trouve, à le dire, de bien gracieuses couleurs : Je ne vis dans toute la maison qu’une seule pièce : au milieu, la cuisine ; à une extrémité, les magasins et les logements des domestiques ; à l’autre bout, le lit conjugal, couvert d’une toile, sur laquelle une poule couvait ses œufs ; sous le lit, des canards ; des pigeons sous la feuillée, et trois gros chiens à la porte. […] Panckoucke, dit-il en un endroit, est le premier de tous les hommes et le seul qui m’ait appelé Bernardin. » En employant si souvent et si familièrement nous-même ce prénom pour désigner le grand écrivain, nous avons presque à demander excuse à ses mânes.
Ici Voltaire, tandis qu’il mène en Suisse une vie de grand seigneur et d’homme en apparence tout occupé des seuls plaisirs de l’esprit, se montre, dans ses lettres à d’Alembert, l’organisateur ardent de tout ce qui est du ressort et de l’intérêt de la cause commune. […] Voltaire jeune a été seul, sans partisans, sans appui ; ce souvenir de sa vie si souvent brisée et agitée lui a fait sentir l’importance d’avoir à soi un parti et une armée ; il les voudrait organiser de loin sans trop aller au feu de sa personne ; il y pousse d’Alembert et ses amis. […] Mais celui-ci, s’empresse-t-il d’ajouter de Voltaire, le plus grand coloriste qui fut jamais, le plus agréable et le plus séduisant, a sa manière propre qui n’appartient qu’à lui, qu’il a seul la magie de faire passer, quoiqu’il emploie toujours la même à tant de sujets divers lorsqu’ils en demanderaient une autre.
cessons d’admirer les anciens qui nous ont peu appris en morale et rien en économie politique, seuls résultats vraiment utiles de l’histoire. » Il définit le gouvernement « une banque d’assurance, à la conservation de laquelle chacun est intéressé, en raison des actions qu’il y possède, et que ceux qui n’y en ont aucune peuvent désirer naturellement de briser ». […] À l’époque où Volney publia cette première partie, restée la seule, il était malade, découragé, et il aurait eu peu de liberté pour discuter les questions politiques qui devaient fournir la seconde partie du tableau. […] Aurez-vous un seul domestique fidèle, attentif ?
Par malheur, plus un objet est approprié à un usage défini, plus il a chance de ne l’être qu’à celui-là, et de devenir inutile, désagréable ou même franchement laid sous tous les autres rapports : une plume de fer, qui ne manque pas d’une certaine grâce quand on la voit courir légèrement sur le papier, est pourtant beaucoup moins esthétique qu’une plume d’oie grinçante qui, inférieure peut-être sous un seul rapport, celui de son usage précis, aura la grande supériorité d’être une plume d’oiseau, blanche, transparente et vivante. […] Néanmoins l’habileté de main se fait toujours plus ou moins sentir en toute œuvre d’art ; dans les œuvres de décadence, elle devient presque le seul mérite. […] L’architecture, en premier lieu, organise les matériaux, les met en ordre ; en second lieu, elle les soumet à une sorte d’action d’ensemble qui élève d’un seul mouvement l’édifice au-dessus du sol et, par l’harmonie des lignes, la continuité du jet ascensionnel, rend léger ce qui est pesant, fait monter et tenir debout, dans la position de la vie, ce qui tend à s’affaisser, à s’écraser.
Mais si vous deviez vous contenter d’un seul ouvrage sur la langue, je vous conseillerois le Dictionnaire grammatical de la langue françoise, où l’on trouve rangées par ordre alphabétique toutes les regles de l’orthographe, de la prononciation, de la prosodie, du régime & de la construction, &c. […] Cette seule omission doit être une source d’erreurs pour les étrangers, & pour la-plûpart des nationaux qui, n’étant point à portée de connoître les loix ou les caprices de l’usage, prononcent les mots comme ils les trouvent écrits. […] Le principal & le seul mérite de ce livre, si ce n’est pas un vice, est d’avoir accumulé une foule d’exemples tirés d’auteurs connus ; mais ces exemples ainsi entassés, fatiguent bien plus le lecteur qu’ils ne l’instruisent.
Amédée Thierry, et voilà, en un seul mot, la critique la plus profonde que nous puissions faire de son ouvrage. […] J’y vois aussi la même hauteur relative dans les jugements généraux, les mêmes tendances politiques, la même gravité, et s’il y a une différence de fond entre ces deux intelligences dont l’effigie si ressemblante qu’elle soit n’a pourtant pas été frappée d’un seul et même coup de balancier, elle serait toute à l’avantage de l’auteur des Récits de l’histoire romaine qui a le sentiment chrétien que son frère ne connaissait pas. […] Moderne, délicat, il ne trempa que l’extrémité de son pinceau dans le cuvier de couleur barbare ou de couleur mystique et légendaire qui aurait pu lui servir de palette, s’il avait été le peintre géant qu’il fallait, et par cela seul qu’il ne voulut pas être barbare, comme n’aurait pas manqué de l’être tout grand artiste qui aurait eu à peindre un sujet barbare comme le sien, il resta de fait au-dessous, comme effet d’impression, de tous ces moines qui avaient moins de goût que lui, mais qui avaient plus d’énergie, et dont son histoire, pour ceux qui savent les lire, ne remplacera pas les chroniques et le mauvais latin, si sublime dans son incorrecte grandeur !
Jusqu’à présent les artistes seuls ont compris tout ce qu’il y a de sérieux là-dedans, et que c’est vraiment matière à une étude. […] Depuis la révolution de février, je n’ai vu qu’une seule caricature dont la férocité me rappelât le temps des grandes fureurs politiques ; car tous les plaidoyers politiques étalés aux carreaux, lors de la grande élection présidentielle, n’offraient que des choses pâles au prix des produits de l’époque dont je viens de parler. […] Il a un talent d’observation tellement sûr qu’on ne trouve pas chez lui une seule tête qui jure avec le corps qui la supporte.
Voilà bien du bavardage, mon cher ami, pour vous dire que je ne crois pas, comme Delécluze, que l’amour soit le seul motif de la mort de notre ami.
… » Cette exaltation et cette glorification de lui-même vont continuant sur ce ton : « Le sentiment de la vie morale, qui seul révèle les causes, éclaira, dans mes livres et dans mes cours, les temps de la Renaissance.
J'attends vainement : pas une pauvre petite nouvelle, pas un seul petit brin de mousse ou de vermisseau.
Telle phrase absurde, dont on n’est pas responsable, peut demeurer seule contre vous un jour, comme échantillon de vos folles tentatives.
Il ne se passionna point à l’étude exclusive d’un ou deux caractères, au rigoureux développement d’un seul conflit.
Albert Giraud Le meilleur poète français de la Wallonie, le seul qui eût exprimé dans une forme classique la sensibilité de sa race et l’âme de son pays.
Diderot, on le regarderoit comme un Grand Homme, & on ne balanceroit pas de le placer parmi les cinq Auteurs du Siecle dernier, les seuls jugés par lui capables de fournir quelques articles* à l’Encyclopédie.
Il ne faut jamais oublier que le genre historique exclut les ornemens recherchés ; que le naturel, une noble simplicité, la chaleur du style, & avant tout, le discernement & l’amour de la vérité, sont les seules qualités qu’il admet.
Ajoutons que la religion chrétienne est essentiellement mélodieuse, par la seule raison qu’elle aime la solitude.
Le siècle de Louis XIV est peut-être le seul qui ait bien connu ces convenances morales, et qui ait toujours fait dans les arts ce qu’il fallait faire, rien de moins, rien de plus.
Quoi qu’il en soit, tout ce qui concerne Adolphe m’est devenu fort indifférent ; je n’attache aucun prix à ce roman, et je répète que ma seule intention, en le laissant reparaître devant un public qui l’a probablement oublié, si tant est que jamais il l’ait connu, a été de déclarer que toute édition qui contiendrait autre chose que ce qui est renfermé dans celle-ci ne viendrait pas de moi, et que je n’en serais pas responsable.
Quand on expose une tête seule, il faut qu’elle soit très-belle ; et celle de ce chanteur de rue, de ce gueux ivre demandait une exécution merveilleuse, pour en excuser le bas caractère.
Joséphine Beauharnais est apparemment la seule personne que Napoléon ait aimée de tout son cœur. […] Talleyrand a été seul excepté. […] Elle seule sait ce qui peut nous rendre heureux. […] Les écrivains seuls ont le pouvoir de déterminer un mouvement et de « lancer » une mode. […] Duclos, le seul ami qu’il eût dans la colonie, venait d’être foudroyé par une attaque de choléra.
On y lit : Monsieur, Je reçus votre lettre et le poème latin qui l’accompagnait avec beaucoup de pudeur, ne pouvant sans rougir voir que vous le soumettez à mon jugement, lequel je ne puis exercer sans témérité sur d’autres ouvrages que sur les miens propres ; et je vous avoue que soit par cette raison, soit par le peu de loisir que me laissent mes occupations, je fus tenté de m’excuser du travail que vous exigiez de moi, et que le seul nom de M. […] Mais, après avoir lu votre poème, vous n’eûtes plus besoin de sa recommandation auprès de moi ; vous vous y rendîtes assez considérable par vous-même, et, tout inconnu que vous me fussiez, vous vous fîtes tout seul connaître à moi pour un homme de mérite et d’esprit qui n’aviez pas une médiocre habitude avec les muses, et qui étiez avantageusement partagé de leurs faveurs. […] La seule réponse possible eût été trop longue à faire, et c’est celle qu’on va lire. […] [NdA] Le conseiller Ménard essaya de la publier dans le tome second des Œuvres de Fléchier, dont il se fit l’éditeur en 1763 ; mais de cette édition, le tome premier seul a paru.
Il reconnut la vérité du principe qu’il avait déjà suivi précédemment dans ses recherches : de ne considérer les faits isolés que comme une partie de la chaîne des grandes causes et des grands effets généraux qui sont en rapports intimes et découlent les uns des autres, dans les seuls laboratoires de la nature ; il reconnut qu’il faut trouver le fil conducteur dans cette sorte de labyrinthe d’une variété infinie, et que, partant, il ne faut pas regarder avec indifférence le fait isolé et ce qui nous paraît petit, mais plutôt apprendre à voir le grand dans le petit, le tout dans la partie. […] La pompe des noms relève l’inanité des découvertes : major e longinquo, c’est son seul résultat. […] Le seul son de la voix de Guillaume portait dans l’âme la conviction ; la voie grêle et fêlée du savant masquait des pensées toutes personnelles. […] Vêtu simplement et sans recherche, portant quelquefois une brochure dans ses mains qu’il tient derrière le dos, c’est ainsi qu’il chemine souvent à travers les rues de Berlin et de Potsdam, et dans les promenades, seul et sans prétention (charmante image d’un riche épi courbé sous le poids de ses nombreuses graines dorées).
[Article d’Édouard Thierry] …… Mais vous n’êtes pas non plus les seules fleurs de la nature. […] C’est un de ces matérialistes raffinés et ambitieux qui ne conçoivent guère qu’une perfection, — la perfection matérielle, — et qui savent parfois la réaliser ; mais par l’inspiration il est bien plus profond que son école, et il est descendu si avant dans la sensation, dont cette école ne sort jamais, qu’il a fini par s’y trouver seul, comme un lion d’originalité. […] Hugo, mais condensée et surtout purifiée ; si à quelques autres, comme la Charogne, la seule poésie spiritualiste du recueil, dans laquelle le poète se venge de la pourriture abhorrée par l’immortalité d’un cher souvenir : Alors, ô ma beauté ! […] Comme transition à des idées moins noires et comme conclusion, je citerai le sonnet suivant qui est à lui seul la clef et la moralité du livre.
Et s’il s’agit du Dieu providentiel, prenez garde : il n’y a de providence que si ses desseins sont imprévisibles : Quant aux volontés souveraines De celui qui fait tout, et rien qu’avec dessein, Qui les sait, que lui seul ? […] J’irais plus haut peut-être comme homme de mémoire, Si dans un genre seul j’avais usé mes jours. […] Car, remarquez-le, l’amour des animaux est quasi le seul amour désintéressé que l’humanité connaisse j’ai dit quasi, parce que je ferai une petite réserve tout à l’heure est en vérité l’amour pur ; car il est le seul amour désintéressé.
La propriété même avait en grande partie passé en d’autres mains, et les débris de l’Ancien Régime étaient si complètement dispersés qu’un aveuglement extrême pouvait seul concevoir la pensée de les rassembler pour le reconstruire. […] Il avait la vanité de vouloir qu’on s’attachât à lui, à lui seul, à sa personne encore plus qu’au monarque ; il lui fallait, à toute heure, être adoré, adulé pour son esprit, cajolé pour son érudition, pour sa mémoire, pour l’irréfragabilité de son goût, échanger de petits soins, des confidences, de perpétuels témoignages, jusqu’au moment où il rejetait une habitude si chère pour une autre qui, à l’instant, la lui faisait oublier.
Villemain savait la séduction insinuante et déployait les grâces. » Deux seuls alors étaient véritablement éloquents : le troisième, qui devait les surpasser un jour et arriver à l’excellence souveraine dans l'art de la parole, M. […] Il y a joint depuis la plus belle collection littéraire d’éditions originales françaises qui se puissent voir, et des autographes aussi, et des portraits gravés, des épreuves de choix, tout ce qu’une curiosité éclairée peut rassembler de trésors utiles ; car en ce genre il accordait peu à la fantaisie, mais aussi il ne refusait rien à la passion : c’était sa seule et unique munificence.
Boileau, laissant de côté l’érudition et la diffamation, offrit aux honnêtes gens des jugements sincères, que le goût seul et un certain idéal de perfection littéraire dictaient. […] La meilleure et peut-être la seule apologie de quelques-uns des auteurs ridiculisés par Despréaux, c’est de dire que sans eux il n’eût pas accompli l’œuvre qu’il a faite contre eux.
Ce sont deux excellents ouvrages de vulgarisation, au sens le plus élevé du mot, de cette vulgarisation dont seuls les esprits très savants et très intelligents sont capables. […] Brunetière, le Lys Rouge ou les Morticoles : la structure est identique ; seul, l’ordre des éléments est parfois renversé.
Pour t’en venir, puissant et seul, vers les statues D’un art en marbre noir veiné de violet. […] Descendrai-je les fleuves, les torrents et les grèves Terribles comme tes chants et tes rêves de Poète, Et pour ta seule statue et pour ton mausolée Cueillerai-je des chrysanthèmes désolés ?
C’est le seul. […] Ce poète impersonnel, qui s’est appliqué avec un héroïque entêtement à rester absent de son œuvre, comme Dieu de la création, qui n’a jamais soufflé mot de lui-même et de ce qui l’entoure, qui a voulu taire son âme et qui, cachant son propre secret, rêva d’exprimer celui du monde, qui a fait parler les dieux, les vierges et les héros de tous les âges et de tous les temps, en s’efforçant de les maintenir dans leur passé profond, qui montre tour à tour, joyeux et fier de l’étrangeté de leur forme et de leur âme, Bhagavat, Cunacepa, Hy-pathie, Niobé, Tiphaine et Komor, Naboth, Quai’n, Néféroura, le barde de Temrah, Angantyr, Hialmar, Sigurd, Gudrune, Velléda, Nurmahal, Djihan-Ara, dom Guy, Mouça-el-Kébyr, Kenwarc’h, Mohâmed-ben-Amar-al-Mançour, l’abbé Hieronymus, la Xiraéna, les pirates malais et le condor des Cordillères, et le jaguar des pampas, et le colibri des collines, et les chiens du Cap, et les requins de l’Atlantique, ce poète, finalement, ne peint que lui, ne montre que sa propre pensée, et, seul présent dans son œuvre, ne révèle sous toutes ces formes qu’une chose : l’âme de Leconte de Lisle.
Disons que nous ignorons s’ils suscitent ou s’ils détruisent du bonheur : leur effet ne nous concerne point : pour nous seuls nous les créons, ils nous tonifient seuls.
C’est le seul qui ne se présente pas comme une conséquence immédiate de l’hypothèse des forces centrales ; bien mieux, il semble sinon contredire directement cette hypothèse, du moins ne pas se concilier avec elle sans un certain effort. […] Il envoie de l’énergie dans tous les sens ; mais nous pouvons le munir d’un miroir parabolique, comme l’a fait Hertz avec ses plus petits excitateurs, afin de renvoyer toute l’énergie produite dans une seule direction.
La franchise oblige à dire que le matérialisme des classes opulentes est seul condamnable. […] La seule pénitence raisonnable, c’est le repentir et le retour avec plus d’amour à la vie sérieuse et belle.
Seule, la colline de Mizpa, avec ses souvenirs de la plus vieille histoire d’Israël, soutient le regard. […] Il est révolutionnaire au plus haut degré ; il appelle tous les hommes à un culte fondé sur leur seule qualité d’enfants de Dieu.
Mais il n’est pas seul de son espèce. Bernardin de Saint-Pierre est, comme lui, victime d’une sensibilité trop vive, et il le sait si bien qu’il fait cet aveu significatif : « Une seule épine me fait plus de mal que l’odeur de cent roses ne me fait de plaisir. » Il s’en plaint comme d’une infirmité qui lui a longtemps rendu insupportable le commerce des autres hommes : « Il m’était, dit-il, impossible de rester dans un appartement où il y avait du monde, surtout si les portes en étaient fermées.
Il faut donc quelquefois que le traducteur emploïe une périphrase entiere pour bien rendre le sens d’un seul mot, ce qui fait traîner l’expression et rend la phrase languissante dans la version, de vive qu’elle étoit dans l’original. […] Des évenemens importans nous attachent par eux-mêmes, et la verité seule leur donne du pathetique.
Mme de Staël qui commence le siècle, Mme de Staël qui avait pour Napoléon une haine de femme dédaignée, et qui, naïvement, se croyait, en femme, ce que l’Empereur était, en homme, Mme de Staël avait devancé et deviné Saint-Simon avec son pape et sa papesse égalitaires… Quoique mort sans papesse, en effet, le saint-simonisme en marqua la place dans sa hiérarchie ; et par cela seul qu’il la marqua, il fut tout de suite et il est resté une des causes les plus actives du remue-ménage qui s’est produit dans l’esprit et la vanité des femmes de ce temps, enragé de tous les genres d’émancipation. […] Nous allons voir si de toutes les femmes littéraires, il en est une seule qui échappe à cette loi d’infériorité.
Est-ce par respect pour la mémoire d’un pontife qui commença son règne dans l’ivresse d’une popularité dont les ennemis de la Papauté voulurent lui faire partager le délire, et auquel l’éclair du poignard qui tua Rossi put seul dessiller les yeux ? […] Parmi elles, la Prusse tient encore au monde qui n’est plus par sa féodalité militaire, mais elle n’est séparée de la démocratie qui doit la dissoudre que de l’épaisseur d’un seul homme… Après cet homme, elle deviendra ce que sont devenues toutes les autres La prophétie de Napoléon s’accomplit.
… V Voilà le fil d’idées que j’ai été obligé de raccourcir, mais qui s’étend, sans se rompre une seule fois, dans le livre de M. […] Il n’a pas dit un mot de Gibbon, et s’il a nommé Montesquieu une seule fois, c’est pour lui donner le plus laconique et le plus cruel démenti.
On ne voit pas dans son livre un seul principe supérieur aux faits qu’il y rapporte et qu’il y groupe. […] Boissier a cette magie… Je me suis intéressé, moi qui le pénétrais pourtant, à toute la peine qu’une nature souple, gracieuse et veloutée comme la sienne, s’est donnée pour saisir délicatement de ses fines dents de rat érudit et pour ronger, sans faire le bruit scandaleux d’une vaste déchirure, le bas de cette aube divine du Christianisme, qui traîne dans les siècles et qui y passe, sans perdre jamais un seul fil de sa trame sacrée, au-dessus du museau de tous les rongeurs !
Tout ce qui vient d’être dit s’accorde donc avec le mot célèbre, … La crainte seule a fait les premiers dieux ; mais les hommes ne s’inspirèrent pas cette crainte les uns aux autres ; ils la durent à leur propre imagination (ce qui répond à l’axiome : les fausses religions sont nées de la crédulité et non de l’imposture). […] Mais Sem fut le seul qui persévéra dans la religion du Dieu d’Adam.
Le peuple, par imprévoyance, tombe sous l’oppression d’un seul. […] On le contemple des yeux comme un rempart, car seul il vaut un grand nombre. » Tyrtée, dont l’âge, déterminé par son action dans la guerre de Messénie, se rapporte au sixième siècle avant notre ère, est contemporain des sept sages de la Grèce et antérieur à Eschyle.
C’était à la fois de l’à-propos et du contretemps : — de l’à-propos, parce que Tacite reprenait tout son sens profond à la clarté des événements nouveaux ; — du contretemps, parce qu’on jouissait bien peu alors de cette liberté d’esprit qui seule eût permis d’être attentif à un tel essai littéraire et de rendre justice aux efforts méritoires du nouveau traducteur.
Mais les poésies de Madame Ackermann sont le chaste désespoir de l’esprit seul !
. — Seul, poèmes (1891)
Mourons donc, puisqu’enfin, dans l’état où je suis, La mort est l’espoir seul qui reste à mes ennuis.
La seule différence qui se trouve entre l’Ouvrage de Coutel & le sien, est que l’un est en grands Vers, rangés par quatrains, & l’autre en Vers libres : à cela près, les pensées, les expressions, les tours, les rimes sont absolument les mêmes.
Ses succès dans l’Eglogue, où il est, jusqu’à présent, le seul qui ait su conserver la douceur & la simplicité qui conviennent à ce genre de Poésie, flattoient peu son amour-propre poétique.
Auroit-il dit encore que les Oraisons funebres de Bossuet, & son Discours sur l’Histoire universelle, sont les seuls de ses Ouvrages qui méritent l’immortalité, s’il n’eût eu intention, à l’exemple de son Mécène, de déprimer tout ce qui éleve les Ouvrages de controverse de ce Prélat, au dessus des misérables rapsodies qu’on a débitées contre la Religion ?
C’est ce même amour de la Patrie qui lui a dicté tous les Discours qu’il a composés pour l’instruction de M. le Dauphin, aujourd’hui sur le Trône, tels que les Leçons * de Morale, de Politique & de Droit public, les Devoirs des Princes, réduits à un seul principe, &c.
L’Espagne, séparée des autres nations, présente encore à l’historien un caractère plus original : l’espèce de stagnation de mœurs dans laquelle elle repose lui sera peut-être utile un jour ; et, lorsque les peuples européens seront usés par la corruption, elle seule pourra reparaître avec éclat sur la scène du monde, parce que le fond des mœurs subsiste chez elle.
Les amateurs, dont il ne faut ni surfaire ni dépriser le jugement, les artistes, les seuls vrais juges, mettent la figure d’Allegrain sur la ligne même du Mercure de Pigalle.
Seules, les assiettes étaient toujours au même endroit.
Le duc de Luynes, retiré un moment parmi les solitaires de Port-Royal et veuf de sa sainte épouse, y traduisait, pour se consoler et s’édifier, quelques lettres de saint Paulin : « Paulin et Théraise, pécheurs, aux saints et très-chers frère et sœur en Jésus-Christ, Apre et Amande 13. » La littérature chrétienne, dans sa rudesse de forme, triomphe décidément : elle seule a assez de vie pour lutter avec les calamités qui menacent le monde et pour prendre racine dans la tempête. […] Et pour tout dire, quand même l’Empire, au lieu de succomber sous l’effort de ses ennemis et d’être en proie à une longue invasion, eût continué à exister ou se fût dissous par la seule réaction des éléments contenus en son propre sein, le latin ne s’en serait pas moins transformé en langues romanes avec tous les caractères qu’elles possèdent. […] De telles objections, qui nous avertissent nous-mêmes de ne nous avancer en tout ceci qu’avec prudence, me feraient encore plus d’impression, je l’avoue, s’il ne me semblait qu’elles supposent entre d’aussi estimables hommes d’étude plus de dissidences qu’il n’en subsistera après éclaircissement, et je ne doute pas que les esprits sévères auxquels elles s’adressent ne soient disposés à tenir compte de tout ce qu’il y aura de fondé dans une opinion qui se fait plus contraire qu’elle ne peut l’être : car enfin on ne dit pas, d’un côté, qu’il n’y a, du xie au xiii e siècle, qu’une seule langue française uniforme, de même que, de l’autre côté, on ne peut pas vouloir dire qu’il y a autant de langues françaises différentes qu’il y a de manuscrits ou de clochers. […] Sinon, Apulée seul est en défaut comme latiniste. […] Journal des Savants, 1856, p. 232. — C’est la vue la plus opposée à celles d’autres érudits, qui cherchent la source du roman dans la seule corruption du latin et qui disent : « L’origine du roman remonte donc au premier barbarisme que les Gaulois ajoutèrent à la langue latine. » (Edélestand Du Méril, Essai philosophique sur la formation de la langue française, 1852, p. 135.)
Victor Giraud comme le seul critique de notre temps. […] Dans l’hypothèse du mythe platonicien une seule et même idée suffit pour toute la lignée des génies à travers l’espace et le temps. […] Je ne l’aurais probablement pas déchiffrée tout seul, mais, la besogne étant faite par l’illustre historien des Gaules, sa version me paraît lumineuse. […] Et je ne sais plus quelle supercherie analogue fut démasquée à Berlin par le même Clermont-Ganneau, alors que les herren professoren marchaient comme un seul homme. […] Leur seule arme est la plume.
Par là déterminerait-elle aux sources mêmes, sans intermédiaire et sans perte, la direction poétique que nous avions préconçue, la seule, prétendons-nous, qui soit en le sens général de l’évolution. […] Son dernier livre le décèle, comme il montre que seul avec Verhaeren, parmi les Symbolistes, il continue son évolution. […] Car, du secours d’une méditation profonde dont l’intensité vibratoire éveille d’onde en onde d’autres vibrations associées, tout à coup accrues en diverses localisations du cerveau soudain, par la seule énergie coordinatrice, les résultantes se sont précipitées, produisant comme ce coup d’éclairs dont toute notre cérébralité retentit ! […] Nous avons dispersé la sentimentalité et l’étroit concept égoïste qui se servaient des analogies ingénieusement relevées parmi la nature pour s’exprimer seuls : le poète demeurant dans la naïve et présomptueuse conception de l’univers créé pour l’homme. […] John Davidson, à son tour proclama de propres principes de Poésie scientifique « désormais seule admissible ».
De ce jour, en me levant, je savais très nettement ce que j’avais à faire, et ma pensée ne portant plus que sur un seul objet à la fois, j’étais guéri ! […] * * * — Comme témoignage de la toute-puissance de ce Jupiter-Prudhommerie de son temps, le Bertin des Débats, Sainte-Beuve nous apprenait que c’est le seul mortel, non académicien, dont les registres de l’Académie aient mentionné la mort avec regret. […] Les plaisirs des sens sont pour lui, les seuls. […] Elle monte, en promenade, sur les cerisiers, pille les petits pois crus ; sa seule passion est la salade. […] Dans leurs impressions en couleur, les Japonais seuls, ont osé ces étranges effets de nature.
Les seuls liens que nous ayons avec ce gouvernement sont loin d’être des liens de reconnaissance, ils ne sont que quelques amitiés avec des personnes, amitiés désintéressées et venues d’elles-mêmes à nous, et que nous trouverions lâche d’abandonner, en ce moment. […] Mais est-ce que de tous les journalistes qui réclament, un seul sait seulement la place d’un seul tableau du Louvre ? […] Voilà notre seul succès. […] Le prince Napoléon dîne ce soir… Il est en veine d’amabilité, il cause avec une mémoire ethnographique merveilleuse, se rappelant les noms et la physionomie de tous les lieux par lesquels il vient de passer, et déclare qu’il n’a plus qu’un seul plaisir au monde : c’est le voyage.
J’achevais de le lire mercredi matin, tandis que se faisait aux faubourgs populeux cette descente anniversaire qui, d’un seul flot, refoule notre humanité perfectible aux beaux jours de l’antique Sardanapale, et je me disais, en entendant ces échos lointains : « N’est-ce donc pas une débauche aussi que tant de grâce, de sensibilité, d’esprit fin et d’observation morale, s’employant et s’affichant uniquement pour mettre du noir sur du blanc, comme on dit, et pour vider l’écritoire ?
Tout le long du livre, il se pose cette seule question : « S’il doit, ou non, perdre sa candeur, et s’il peut se permettre de consommer l’œuvre de chair en dehors du mariage ?
Le droit des populations à décider de leur sort est la seule solution aux difficultés de l’heure présente que peuvent rêver les sages ; c’est dire qu’elle n’a aucune chance d’être adoptée.
Ce seul titre suffit pour donner une idée de la justesse de son esprit.
Le Maître de la maison se plaisoit fort à y débiter son savoir : il arrivoit souvent que les Auditeurs ne trouvoient pas l’occasion de placer un seul mot, & s’en retournoient sans avoir fait autre chose qu’écouter.
Le seul bon sens suffisoit pour les empêcher de concourir à une compilation indigne d'un véritable Homme de Lettres, & encore plus, d'un véritable Ecclésiastique.
Tel Jupiter, du haut de la voûte azurée, Fait part de sa puissance aux Dieux de l’Empirée : Pouvant d’un seul regard éclairer l’Univers, Il cede à d’autres mains le Char de la lumiere, Qui doit, dans sa carriere, Féconder de ses feux & la terre & les mers.
Nous aurons même cet avantage, que notre Dieu n’agira pas injustement et au hasard, comme Jupiter : il répandra les flots de la douleur sur la tête des mortels, non par caprice, mais pour une fin à lui seul connue.
Celui qui le plaça dans les cieux est le seul souverain dont l’empire ne connaisse point de ruines.
Celui-ci lui dit du geste qu’ils sont seuls et loin de tout témoin ; l’autre lui caresse l’épaule d’une main.
Nos amateurs sont des gens à breloques ; ils aiment mieux garnir leurs cabinets de vingt morceaux médiocres que d’en avoir un seul et beau.
C’est un tout autre but ; c’est un tout autre point de vue, et c’est à cet art seul qu’est consacré le petit livre que je commence.
Ma seule ambition a été d’écrire quelque chose qui fût pratique.
. — Je vous le répète, elle a pris cela toute seule sous son bonnet : elle est très-liée avec la reine des Belges (fille de Louis-Philippe), elle s’est très-prise depuis, et d’un goût très-vif, pour la princesse Clémentine (duchesse de Cobourg) ; elle lui avait dit depuis déjà assez longtemps : « Je médite d’aller voir vos parents à Eu, laissez-moi arranger cela, et gardez-moi le secret. » La visite récente du prince de Joinville et du duc d’Aumale à Londres n’était pas pour l’inviter, comme on l’a cru.
Marcel Fouquier J’ai là, sous les yeux, le seul volume de vers qu’ait publié Charles Cros, le Coffret de santal.
Albert Arnay Le titre seul, Six chansons de pauvre homme pour célébrer la semaine de Flandre, dit bien ce que le poète s’est proposé.
Seul, en effet, le génie charmant qui habite son front a inspiré à M.
Modeste jusqu’à l’humilité, sa seule faute fut de ne pas employer tous les dons précieux qu’il avait reçus en partage.
Voici le fatras pédantesque qu’il me remit : « Le Beau, seul est l’objet du poème.
En se bornant à ce genre de travail, cet Auteur auroit obtenu, du consentement unanime de la postérité, le titre de Grand, que ses seuls partisans ont eu le courage de lui donner.
Elevés , dit-il, dans les principes séveres du goût & de la vérité, nous ne nous en écarterons jamais ; & la seule estime dont nous soyons jaloux est celle des honnêtes gens.
Le maître Paul Verlaine, qui écrivit de si prodigieux poèmes de chair de feu, demeure le seul grand poète catholique du siècle.
ces jardins, dont le seul défaut est d’être trop enchantés ; ces amours, qui ne manquent que d’un voile, ne sont pas assurément des tableaux si sévères.
L’écrivain religieux peut seul découvrir ici un profond conseil du Très-Haut : Si les puissances coalisées n’avaient voulu que faire cesser les violences de la Révolution, et laisser ensuite la France réparer ses maux et ses erreurs ; peut-être eussent-elles réussi.
» « — Cela veut dire, répond le sérigne, qu’à la fin du monde seuls les hommes riches seront en bons rapports entre eux.
Son livre, comme son titre l’indique, est l’histoire, jour par jour, pendant l’époque terrible, de la classe la moins nombreuse et la plus élevée de cette société que MM. de Goncourt ont cru si légèrement saisir et reproduire dans sa confuse et profonde complexité, et cette histoire du Sacerdoce, spécialisée et restreinte à un seul département français, occupe deux volumes de cinq cents pages d’un très grand format.
Ici, Ingres dévot à l’antique et à Raphaël, et qui trépigne à ce seul nom ; là, Fokelberg, le sculpteur suédois, tout Grec, dont l’œil se mouillait de larmes en nous montrant l’Apollon au Vatican et les contours lointains des paysages d’Albano.
Viennet est et sera l’une des originalités littéraires de ce temps-ci : “Je suis le seul homme, disait-il un jour gaiement, qui se soit relevé d’une chose dont on meurt ordinairement en France, du ridicule.”
Qu’une page première du poëte d’Elvire soit venue nous rendre au hasard quelqu’une des douces plaintes connues : Lorsque seul avec toi, pensive et recueillie, etc., etc… ; Ramenez-moi, disais-je, au fortuné rivage, etc… ; que Victor Hugo ait proféré, à une heure brûlante, cet hymne attendri : Puisque j’ai mis ma lèvre à ta coupe encore pleine, etc… ; qu’Alfred de Musset lui-même, à travers son léger récit d’Emmeline, ait modulé à demi-voix : Si je vous le disais pourtant que je vous aime, etc., etc. ; ces notes vraies, tendres, profondes, nées du cœur et toutes chantantes, nous paraissent, aujourd’hui encore, autrement enviables que bien des mérites lentement acquis.
Il a abordé une tâche difficile que le temps seul et les efforts successifs peuvent mener à fin.
Mais le charme printanier, le parfum de jeunesse que ces poèmes de rêve et d’amour vous fourrent brusquement sous le nez, comme une de ces bottes de giroflées que la Parisienne achète dans la charrette à bras, au bord du trottoir, cela, c’est bien de Fernand Gregh, à lui tout seul, et c’est enivrant.
Il excelle souvent à commencer un poème par des paroles à la fois musicales et songeuses et qui, le livre fermé, pleurent encore dans la mémoire : Ô mon ami, mon vieil ami, mon seul ami, Rappelle-toi nos soirs de tristesse parmi L’ombre tiède et l’odeur des roses du Musée.
Gabriel de La Salle Presque sur la même ligne que Leconte de Lisle, je ne vois qu’un seul poète : J. de Strada.
On dirait que le poète habite un château de fées, depuis des siècles, abandonné et que le seul silence des salles désertes l’a convié aux rêves très doux d’autrefois.
Le seul trait de ressemblance qui existe entre eux, est que le Prédicateur a été, parmi nous, le pere de l’Eloquence chrétienne, comme l’Auteur de Cinna l’a été de la Tragédie.
Malgré la pureté du langage, qui constitue le mérite de ses Plaidoyers & de ses Lettres, faute de cette chaleur & de cette raison qui donnent la vie aux Ecrits, on ne s’empresse plus de les lire, & son nom seul est resté dans notre souvenir.
Les difficultés sans nombre que vous devez avoir rencontrées dans votre marche, & que vous avez heureusement surmontées, ajoutent un nouveau degré au mérite d'avoir rassemblé, presque sous un seul point de vue, tout ce que l'Histoire, la Politique & la Géographie présentoient d'intéressant & d'essentiel à la connoissance exacte de ce vaste Corps.
Chacun des trois volumes des précédentes éditions représentait la manière de l’auteur à trois moments, et pour ainsi dire à trois âges différents ; car, sa méthode consistant à amender son esprit plutôt qu’à retravailler ses livres, et, comme il l’a dit ailleurs, à corriger un ouvrage dans un autre ouvrage, on conçoit que chacun des écrits qu’il publie peut, et c’est là sans doute leur seul mérite, offrir une physionomie particulière à ceux qui ont du goût pour certaines études de langue et de style, et qui aiment à relever, dans les œuvres d’un écrivain, les dates de sa pensée.
En vain ils s’uniroient pour lui faire la guerre : Pour dissiper leur ligue, il n’a qu’à se montrer ; Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer, Au seul son de sa voix la mer fuit, le ciel tremble : Il voit comme un néant tout l’univers ensemble ; Et les faibles mortels, vains jouets du trépas, Sont tous devant ses yeux comme s’ils n’étoient pas66.
Seule la griote avait gardé de l’eau dans une outre qu’elle portait.
Des trois hommes dont il s’est fait le biographe, un seul aurait pu intéresser le lecteur, au point de vue de la comédie.
Les premiers volumes de l’ouvrage ont seuls paru.
Enfin, voici une édition de Pascal, de ces Pensées tant discutées, tant contestées en ces deux dernières années ; voici une édition des plus exactes, la seule exacte même, tout à fait telle qu’on la veut aujourd’hui, reproduisant le texte original avec toutes ses ellipses, ses audaces, ses sous-entendus, ses lacunes ; voici les brouillons immortels dans leur premier jet, dans tout le complet de leur incomplet, pour ainsi dire. […] En un mot, ce n’était plus le texte seul de Pascal qu’on mettait en cause, c’était l’homme même et le chrétien. […] Dans le christianisme tel que nous l’entendons volontiers aujourd’hui, civilement et philosophiquement, on oublie trop une seule chose ; — mais pour ne pas avoir l’air de prêcher, quand je n’ai pour but que de rétablir le vrai sur Pascal, je prendrai un détour dont on ne se plaindra pas, avant de dire mon mot sur cette chose ou cette personne, qu’on oublie trop généralement aujourd’hui en parlant du christianisme.
Mais la plus pure, la plus noble âme, à qui Mme de Sablé ait adressé le manuscrit des Maximes, Mme de Schomberg, se déclarait impuissante à contredire des vérités, que son indulgente bonté n’aurait pas toute seule découvertes. […] Le remède à la naïveté, mais le remède aussi à la vanité, est là, dans ce petit volume presque tout entier excellent et substantiel, dont ceux-là seuls médiront, qui n’auront pas su s’y connaître. […] Il rentre en France, et sa volonté embrasse la seule vie qui pût conserver sa gloire.
La Bruyère Un seul fait nous intéresse dans la vie silencieuse de La Bruyère453 : en 1684, l’amitié de Bossuet le fit entrer à l’hôtel de Condé, pour être précepteur du duc de Bourbon, à qui il enseigna l’histoire, la géographie, la littérature et la philosophie. […] Le développement manque ; l’encadrement d’une action fictive est absent : ce sont des fragments, des motifs de roman vrai, où le document humain, comme on dit aujourd’hui, serait seul donné dans sa plus simple formule et sans « extension » poétique. […] Des biens de fortune : « Arfure cheminait seule », etc. : le trait final, et le curé l’emporte, est entièrement objectif.
En six ans (1718-1724), il va se faire reconnaître comme le plus grand poète tragique du temps, comme le seul poète épique de la France. […] Il abstrait, il analyse, il condense ; dans cette manipulation, le réel, le sensible, la couleur s’évanouissent ; ce n’est pas seulement le dramatique qui fait défaut à cette histoire, malgré la prétention de Voltaire ; c’est cette sorte de résurrection du passé qui seule peut le faire connaître. […] « Je suis las des histoires où il n’est question que des aventures d’un roi, comme s’il existait seul ou que rien n’existât que par rapport à lui : en un mot, c’est encore plus d’un grand siècle que d’un grand roi que j’écris l’histoire. — Ce n’est point simplement les annales de son règne, c’est plutôt l’histoire de l’esprit humain puisée dans le siècle le plus glorieux à l’esprit humain519. » Faire l’histoire de l’esprit humain au temps de Louis XIV, exposer le progrès de la civilisation générale, depuis les poèmes et les tableaux, jusqu’aux canaux et aux manufactures, il n’y avait pas de conception de l’histoire qui fût plus juste, plus large et philosophique.
Il n’est pas bien étonnant que le roman contemporain ait abordé si tard l’étude du prêtre et qu’un seul de nos romanciers ait poussé cette étude un peu loin. […] Mais, dans les âmes où il règne seul, l’orgueil sacerdotal peut devenir formidable et démesuré. […] Toutes les énergies du prêtre, refoulées sur d’autres points, se précipitent par la seule issue qui leur reste ouverte.
Ce qui est le plus important, c’est qu’il est le seul homme de son temps qui soit remonté dans la littérature française au-delà de Montaigne. […] Son nom seul est un mur à l’Empire ottoman : C’est le roi polonais. […] Il faut rectifier les passions humaines et les émonder comme on émonde un arbre, et non pas autre chose. » C’est un exemple frappant — et je l’ai choisi exprès — mais il n’est pas le seul, de l’anti-stoïcisme de La Fontaine.
La politique, la littérature produisent, elles aussi, de ces vigoureux tempéraments, de ces protestants, de ces anti-surnaturalistes, dont la seule légitimation est un esprit de réaction quelquefois salutaire. […] Delacroix ne pouvait-il pas, à lui seul, combler les vides d’un siècle ? […] Mais toujours, et quand même, ce sont des femmes distinguées, essentiellement distinguées ; et enfin, pour tout dire en un seul mot, M.
Le général était à un balcon seul, lorsque je suis entré chez le général Thiébault. […] En Italie, il n’avait que peu d’hommes presque sans armes, sans pain, sans souliers, sans argent, sans administration ; point de secours de personne ; l’anarchie dans le gouvernement ; une petite mine ; une réputation de mathématicien et de rêveur ; point encore d’actions pour lui ; pas un ami ; regardé comme un ours, parce qu’il était toujours seul à penser.
Le caractère et les ouvrages de ce respectable abbé ont été, dans les derniers temps, l’objet d’études approfondies qui, en l’exagérant un peu, le font très bien connaître, M. de Molinari, au point de vue des économistes, nous l’a présenté par extraits, par citations resserrées et abrégées, seule manière dont l’abbé de Saint-Pierre soit lisible, et il l’a justement rapproché de son futur parent dans l’ordre des esprits, le philosophe utilitaire Bentham. […] Il entre une autre fois dans une assemblée, se place où il se trouve, sans nulle attention aux autres, ni à soi-même : on l’ôte d’une place destinée à un ministre, il s’assied à celle du duc et pair : il est là précisément celui dont la multitude rit, et qui seul est grave et ne rit point.
Le mot de timide jure avec l’idée seule de Bossuet, écrivain et orateur ; c’est une impropriété, un contresens. […] — Le tome VIII, qui ouvre la série des Sermons, était seul alors en vente.
Que si, par un bienfait de Dieu, cette infirmité de vue n’est que passagère, alors, belles montagnes, fraîches vallées, bois ombreux, alors, rempli d’enchantement et de gratitude, jusqu’aux confins de l’arrière-vieillesse il ira vous redemander cet annuel tribut de vive et sûre jouissance que, depuis tantôt vingt ans268, vous n’avez pas cessé une seule fois de lui payer ! […] Xavier de Maistre, et à lui seul, que convient ce titre de parrain que lui donnait Topffer.
Mais il y a plus : cette royauté des manières, qu’il élève à la hauteur des autres royautés humaines, il l’enlève aux femmes, qui seules semblaient faites pour l’exercer. […] Et il plaît tout seul, sans le secours d’autrui.
Et nous nous disons que le jeune Ponticus se fera sans doute prier avant de céder Blandine à Jésus ; qu’Attale et Æmilia, passionnément amoureux l’un de l’autre, ne semblent pas dans les meilleures conditions pour embrasser la religion du crucifié, et qu’ils y feront quelque résistance ; ou bien qu’Æmilia se convertira seule, et que sa lutte contre Attale sera, du moins, l’un des principaux épisodes de cette tragédie… Mais rien de tout cela. […] Le seul tort de M.
Quand je me remets à feuilleter et à parcourir en tous sens, comme je viens de le faire, ce recueil de vers de Gautier, qui mériterait, à lui seul, une étude à part, je m’étonne encore une fois qu’un tel poète n’ait pas encore reçu de tous, à ce titre, son entière louange et son renom… J’aime infiniment mieux M. […] Elles sont construites selon un plan déterminé dont l’auteur ne s’écarte pas ; la rime, si difficile qu’elle peut se présenter, ne l’entraîne jamais hors de la voie qu’il s’est tracée, car il la force à obéir et elle obéit, venant, à point nommé, compléter sa pensée, selon la forme voulue et le rythme choisi… Dans ses poésies, aussi bien dans celles de la jeunesse que dans celles de l’âge mur, Gautier a une qualité rare, si rare, que je ne la rencontre, à l’état permanent, que chez lui : je veux parler de la correction grammaticale… De tous ceux qui sont entrés dans la famille dont Goethe, Schiller, Chateaubriand, Byron ont été les ancêtres, dont Victor Hugo a été le père, ceux-là seuls ont été supérieurs qui ont fait bande à part… J’ai déjà cité Théophile Gautier et Alfred de Musset, qui eurent à peine le temps d’être des disciples qu’ils étaient déjà des maîtres.
Ami, ne te regarde pas comme une victime préparée pour le seul bonheur d’autrui : la Nature n’a pû te sauver les peines inévitables attachées à la condition humaine ; mais vois aussi toutes les qualités dont elle t’a doué avec une magnificence digne d’elle & de toi. […] Oui, hommes de Lettres vous ne formez qu’un corps, vos intérêts sont les mêmes, rendez-vous respectables ; l’union seule peut concentrer vos forces.
À cette seule condition, elle est bonne et louable. » Le mal, c’est l’individuation, le bien c’est la dépersonnalisation. […] Sunt multae mansiones in domo… L’art réaliste, l’art impassible à la Flaubert, l’art décadent sont des formes d’art peut-être moins puissantes que l’art classique admiré par Nietzsche ; mais cet art est le seul capable de captiver certaines natures et d’inspirer certains artistes.
De ces cinq villes, Magdala, Dalmanutha, Capharnahum, Bethsaïde, Chorazin 398, la première seule se laisse retrouver aujourd’hui avec certitude. […] Une seule barque, dans le plus misérable état, sillonne aujourd’hui ces flots jadis si riches de vie et de joie.
Le roi lui dit ces paroles qui me paraissent dignes de remarque : « Madame, je vous ai fait attendre longtemps ; mais j’ai été jaloux de vos amis : j’ai voulu avoir seul ce mérite auprès de vous. » Le compliment, dit Auger, était délicat, mais il n’était pas sincère. […] Cet ordre seul a suffi pour découvrir bien des choses inaperçues et pour en démêler beaucoup de confuses.
Ajoutez qu’une certaine paresse aidant, ou, si vous voulez, la loi du moindre effort, je me contenterai bientôt de savoir ce que pensent des auteurs les critiques les plus autorisés, sans jamais lire les auteurs eux-mêmes ; d’abord, parce que — si l’on sait choisir ses critiques — c’est plus court ; ensuite, parce que même les critiques prolixes ont débrouillé la matière et me donnent, par les citations qu’ils font de leur auteur, le meilleur, évidemment, de cet auteur-là, ce qui peut me suffire ; ensuite et surtout parce que, devant, quand je lirai l’auteur après le critique, subir l’influence de celui-ci et lire dans la disposition d’esprit où il m’aura mis ; si je dois, l’auteur lu après le critique, avoir la même impression que le critique seul étant lu, j’épargne du temps en lisant le critique seul.
L’expérience l’a dit longtemps avant Horace : on ne se trouve heureux qu’à la place des autres, et jamais à la sienne ; le seul avantage que donnent les lumières, si c’en est un, est de n’envier l’état de personne, sans en être plus content du sien. […] Une seule espèce d’écrivains m’a paru posséder un bonheur sans trouble ; c’est celle des compilateurs et commentateurs, laborieusement occupés à expliquer ce qu’ils n’entendent pas, à louer ce qu’ils ne sentent point, ou ce qui ne mérite pas d’être loué ; qui pour avoir pâli sur l’antiquité, croient participer à sa gloire, et rougissent par modestie des éloges qu’on lui donne.
reçois ce dernier hommage d’une éloquence faible, mais à laquelle, pendant que tu vécus, tu daignas mettre quelque prix. » Libanius n’est pas le seul orateur de son siècle qui ait fait l’éloge de Julien ; Celsus, qui avait été son ami, son condisciple et son rival, lorsqu’ils étudiaient ensemble dans Athènes, prononça un panégyrique en son honneur, quand son ami fut sur le trône. […] On a beau dire, je ne puis croire que sa politique seule fît sa superstition.
Que devaient-ils donc savoir de celles des barbares qu’ils nous ont seuls fait connaître ? […] Ainsi, la vie d’un seul homme nous présente plus de faits qu’il ne s’en passerait en mille années !
Le seul petit intérêt a été, l’autre jour, les quatorze mille hommes qu’on voulait retrancher au maréchal Soult, et auxquels il tenait mordicus, ainsi que le roi.
Elle seule procure un bénéfice certain.
Tout cela est encore histoire des lettres, et le serait strictement resté malgré les incursions médicales les plus avancées6, si les nouveaux savants, fiers du titre arrogé, n’en avaient immédiatement tiré les conclusions suivantes : « Aujourd’hui que le roman s’élargit et grandit, qu’il commence à être la grande forme sérieuse, passionnée, vivante de l’étude littéraire et de l’enquête sociale, qu’il devient par l’analyse et la recherche psychologique l’histoire morale contemporaine, aujourd’hui que le roman s’est imposé les études et les devoirs de la science, il peut en revendiquer les libertés et les franchises » 7, et treize ans plus tard, Edmond de Goncourt insistait encore : « Ces libertés et ces franchises, je viens seul, et une dernière fois peut-être, les réclamer hautement et bravement pour ce nouveau livre écrit dans le même sentiment de curiosité intellectuelle et de commisération pour, les misères humaines » 8.
. — Jusqu’ici, la vue seule était hallucinée.
Le seul contact des idées qui doivent être rapprochées suscite d’autres idées : la série qu’on ordonne se continue d’elle-même, après qu’on a classé ses premières acquisitions ; l’œuvre maintenue dans sa droite direction par la sévérité du plan est poussée plus loin, plus haut, plus profondément qu’on n’avait pensé d’abord, et le terme qu’on espérait à peine d’atteindre est allègrement franchi.
Honoré de Balzac … Barbier, c’est avec Lamartine le seul poète vraiment poète de notre époque ; Hugo n’a que des moments lucides.
» ; j’ajoute : le seul poème scientifique de toute la littérature française qui soit cependant de la poésie… Sa forme est bien à lui, sans parti pris d’école, sans recherche de l’effet, souple et véhémente, pleine et imagée, musicale toujours.
Et quand descend sur lui la grande ombre, une sorte de remords le prend pour les heures dépensées inutilement ; la foule des hommes haletait de souffrance et il s’est tu : Et des peuples, maudits par des mères en larmes, Sans nombre, résignés, marchaient dans un bruit d’armes, De clameurs, de chevaux, de foudres, de remparts S’écroulant d’un seul bloc sur les gazons épars.
. — Seule à treize ans (1893). — Les Chasseurs d’édredons (1895). — L’Hommage à Flipote (1896). — Au bout du monde !
Catulle Mendès seul put recueillir l’enthousiasme du public.
C’est moi qui le vois en homme-orchestre et je ne suis pas le seul.
.), à seule fin que se manifestent en réalités immédiatement reconnaissables lesdites cérébrales éclosions.
Outre qu’il est désobligeant et le plus souvent injuste de rabaisser les travaux de ceux qui nous ont frayé la route, l’exposé seul de ce que j’entends réclamer des historiens à venir suffira pour montrer ce qui manque, selon moi, aux historiens présents ou passés.
Cette excessive prolixité n’est pas le seul défaut qu’on puisse leur reprocher : il regne dans la plupart un ton de singularité qui fait disparoître le mérite des traits d’esprit qui s’y montrent de temps en temps.
Les Journaux seuls peuvent offrir des ressources sûres pour retablir l’ordre & repousser les usurpations ; presque tous sont aujourd’hui dévoués aux corrupteurs du goût & de la morale : il n’y a guere que l’Année Littéraire & les Annonces & Affiches pour la Province, où l’on ose les combattre & les ridiculiser, encore même les Auteurs de ces Feuilles, aussi patriotiques que littéraires, sont-ils souvent exposes aux persécutions de l’amour-propre des Auteurs blessés de leurs censures, &c…..
La seule fois qu’il a rencontré la vérité, c’est quand il a dit que ce Poëte a une maniere à lui.
Sa Poésie consistoit moins à dire de grandes choses, qu’à en exprimer de petites par de grands mots moitié Grecs, moitié François ; il donnoit, par cet appareil, un air merveilleux à son style, que l’ignorance seule pouvoit goûter.
Tous semblent s’opposer à l’ardeur qui le guide : Il veut armer son bras ; mais le sage Druide Arrête ce transport, & lui parle en ces mots : Apprends que la Vertu forme seule un Héros.
Il se maria, continua de faire des vers, & composa l’Odyssée, afin de prouver que lui seul étoit capable d’avoir enfanté l’Iliade ; preuve insuffisante, si nous en croyons quelques critiques.
Ainsi, lorsqu’on entend soutenir que le christianisme est l’ennemi des arts, on demeure muet d’étonnement, car à l’instant même on ne peut s’empêcher de se rappeler Michel-Ange, Raphaël, Carrache, Dominique, Lesueur, Poussin, Coustou, et tant d’autres artistes, dont les seuls noms rempliraient des volumes.
La religion chrétienne a seule fondé cette grande école de la tombe, où s’instruit l’apôtre de l’Évangile : elle ne permet plus que l’on prodigue, comme les demi-sages de la Grèce, l’immortelle pensée de l’homme à des choses d’un moment.
Je n’en décrirai qu’un seul.
L’art seul aide le musicien qui voudroit mettre en chant des vers tels que ceux où Corneille fait une peinture si magnifique du triumvirat.
En effet, c’est un livre inspiré par l’histoire, par l’histoire qui est le vrai et même le seul génie de la politique, et hors de laquelle il n’est pas de salut, même pour le bon sens !
Berthe, la Famille de Kervoren et le Chercheur de Rives, sont trois romans entrelacés qui n’en font qu’un seul.
On avait parfois chance qu’il fût seul. […] C’était, je crois bien, à peu près le seul salon qu’il fréquentât avec celui de Mme Alphonse Daudet, et encore là se tenait-il de préférence dans la pièce plus intime que ne quittait guère le maître du logis. […] Sur l’eau déjà crépusculaire, seul dans une barque, un monsieur ramait gravement, coiffé d’un correct chapeau de haute forme, par lequel, insinuait plaisamment Mallarmé, ce navigateur imaginatif prétendait remplacer la cheminée d’un vapeur illusoire. […] Téodor de Wyzewa avait trop de curiosités dans l’esprit pour s’intéresser aux préoccupations du milieu littéraire, où le hasard seul l’avait introduit. […] Pour l’enrichir, il avait « risqué sa peau » et couru maintes aventures, dont celle de manquer périr de dysenterie dans une île de l’Océanie, où le voilier sur lequel il naviguait l’avait déposé seul aux soins d’une peuplade d’anciens cannibales dont il n’eut d’ailleurs qu’à se louer.
Nisard, reprenant l’éloge de Voltaire que le récipiendaire avait fait avec chaleur pour ses services rendus à l’esprit de tolérance et d’examen, l’a accepté sous bénéfice d’inventaire en quelque sorte, et en le réduisant par les seuls côtés où ce grand esprit a trop blessé en effet ce même genre humain qu’il prétendait servir.
Limayrac est le seul jusqu’ici qui ait traité ce livre détestable comme il convient ; si cet article n’était pas venu, il n’y en aurait eu aucun dans les journaux de Paris qui méritât de compter.
Tel qu’il est, et avec tous les défauts et les infractions qu’il se permet, le Journal des Débats reste le journal le plus décent, le seul même en France qui continue de respecter jusqu’au sein de la publicité certaines habitudes de bonne compagnie, et il est à souhaiter que, dans cette lutte contre la Presse, il réussisse à garder sa prééminence.
Les deux seuls beaux échantillons parfaits qu’on ait eus dans ce système dramatique moderne, tel qu’il était conçu alors par l’élite des esprits délicats, sérieux et élevés, ç'a été les deux pièces de Manzoni, Carmagnola et Adelchi.
C’est qu’il n’est pas, lui, un homme d’antiquité ; il nous l’a raconté quelque part en des pages touchantes et poignantes : enfant, il s’est formé rudement, presque tout seul, sans loisir et sans maître ; il a peiné de bonne heure.
Benjamin, sur ce carnet, traçait pour lui, pour lui seul, le canevas et, pour ainsi dire, la table des matières des Mémoires qu’il projetait d’écrire.
Madame de Genlis détestait tant ces derniers qu’elle ne voulait ni les voir, ni les lire ; Helvétius avait fait un livre infâme ; d’Alembert avait la figure ignoble ; Marmontel lui-même, malgré ses Contes moraux, La Harpe, malgré ses flatteuses épîtres, ne trouvaient point grâce auprès d’elle ; et, quant à Jean-Jacques, hors le Devin de village, elle n’en connaissait pas encore une seule ligne à trente ans.
J « Fleurs de luxe, de charme et de beauté, que l’on cultive encore aujourd’hui et qui seront bientôt les seuls vestiges du Japon splendide d’autrefois, … artificielles princesses choisies parmi les beautés les plus rares, élevées dans tous les raffinements du goût aristocratique, instruites des rites et de l’étiquette, savantes, virtuoses en tous les arts, jeunes, passionnées, enivrantes et… accessibles », ces Princesses d’amour, dans la cité d’amour, content et vivent des histoires d’amour évoquant les précieux décamérons et les merveilleuses « Mille et Une nuits ».
Dans un, le poète s’écrie : Tu n’as qu’un seul moyen d’avoir raison : soit mort.
Elle est le principal, le seul acteur de « son » théâtre.
Depuis, il a laissé les vers ; il a donné à la prose des inflexions, des contours, des inattendus d’expression, des finesses et des souplesses qui rendent son style semblable à des chuchotements inarticulés entre des êtres dont la langue seule serait le tact.
. — Toute Seule (1880). — Madame Véronique (1880). — Sauvageonne (1880). — Les Enchantements de la forêt (1881). — Les Mauvais Ménages (1889). — Madame Heurteloup (1889). — Le Journal de Tristan (1883). — Michel Verneuil (1883)
Bien que ne commençant son récit qu’à la Révolution de février, l’auteur remonte parfois, par la pensée, aux premiers jours de cette belle et forte amitié qui l’a lié à Paul Meurice et que ni les années ni les traverses de la vie n’ont jamais altérée un seul jour ; toute une pièce dédiée à M.
Le vœu des nations est, en définitive, le seul critérium légitime, celui auquel il faut toujours en revenir.
N’avons-nous pas une infinité de Gens de Lettres qui ont appris l’Anglois, l’Espagnol, l’Italien, l’Allemand, par le seul secours des Livres ?
Quand bien même la Nature seroit vicieuse, la Société nous offre des moyens, la Religion nous fournit des secours, qui réduiront toujours le méchant à n'imputer qu'à lui seul le juste blâme de sa perversité.
Quand le chœur ne faisait que parler, un seul parlait pour toute la troupe ; mais quand il chantait, on entendait chanter ensemble tous ceux qui composaient le chœur.
C’est moins chez eux, ainsi que parmi nous, quelques pensées éclatantes, au milieu de beaucoup de choses communes, qu’une belle troupe de pensées qui se conviennent, et qui ont toutes comme un air de parenté : c’est le groupe des enfants de Niobé, nus, simples, pudiques, rougissants, se tenant par la main avec un doux sourire, et portant, pour seul ornement, dans leurs cheveux, une couronne de fleurs.
Mais voyez Godefroi se montrant seul à un camp furieux qui l’accuse d’avoir fait assassiner un héros.
Le public a vu avec plaisir les préceptes de nos plus grands maîtres réunis dans un seul corps d’ouvrage ; & comme on n’a pas touché au style des morceaux qu’on a rassemblés, il y a de la variété dans chaque chapitre.
Les tableaux que Vien a exposés cette année sont tous du même genre, et comme ils ont presque tous le même mérite, il n’y a qu’un seul éloge à en faire.
Au moyen âge, les prêtres qui seuls alors étaient lettrés, ne composèrent d’autres poésies que des hymnes.
Le Discours préliminaire, qui est à la tête de sa traduction, vaut seul un bon Poëme. […] Les Grecs ne furent pas aussi heureux en Poëtes comiques qu’en Poëtes tragiques, & à l’exception du Cyclope d’Euripide, qui ressemble plus cependant à une Farce qu’à une Comédie, je ne sçais que le seul Aristophane dont il nous reste des Ouvrages entiers, encore n’en avons-nous que la moindre partie. […] N’est-ce point parce que Virgile a prévenu tous les esprits à l’avantage de Théocrite, en ne faisant qu’à lui seul l’honneur de l’imiter & de le copier.” […] Eux seuls ont épargné à sa mémoire la honte dont elle devoit être couverte. […] Horace, le seul des Latins qui ait parfaitement réussi dans l’Ode, s’étoit nourri de la lecture de tous les Lyriques grecs.
Puis la conversation passe de la Russie à l’Italie, et Gambetta dit, je crois, bien prophétiquement, que la papauté seule fait encore régner la maison de Savoie, mais que le jour où le pape quittera Rome, il est plus que probable, que la monarchie sera remplacée par la République. […] Il est gai, bon enfant, aimable, et vraiment, il faut l’avouer, parmi les hommes politiques, il est le seul qui soit doué d’un charme social, charme dans lequel disparaît, par moments, le commun de sa personne. […] » elle dit : « Ça me fait trop d’impression, ne traduisez plus, je veux lire cela toute seule ! […] Et je reste des heures en contemplation devant le noir de l’eau-forte de Seymour Haden intitulée : (A sunset in Ireland) Coucher de soleil en Irlande ; — en contemplation devant le noir de ce bois, au bord de l’eau, sous le crépuscule, devant ce noir de Rembrandt que lui seul de tous les aquafortistes modernes a retrouvé, devant ce noir qui a quelque chose de la grasse nuit d’un dessin exécuté au suif.
« La seule chose qui est favorable à M. de Blainville, ajoute Dangeau, c’est qu’il aura la queue de son manteau plus longue d’une aune que celle de M. de Sainctot ; et ainsi les charges ne sont pas égales, mais elles ne sont pas subordonnées. » Il semble à quelqu’un de spirituel avec qui je lis ce passage, que Dangeau, cette fois, a été à une ligne près de trouver cela ridicule, mais qu’il n’a pas osé. […] Et par cela seul que Dangeau écrit jour par jour, ce nous sera un témoin de ce changement graduel ; il ne sera pas en son pouvoir de le dissimuler.
Napoléon a vu la faute ; il suit de l’œil l’écartement de Blucher ; il en ressent une vive joie, une joie croissante, « la seule qu’il lui fût encore donné d’éprouver ». […] J’ai pris plaisir (le seul plaisir qu’on puisse prendre dans cette émouvante et douloureuse lecture) à circonscrire cet intervalle lumineux des belles journées de février, à détacher cette magnifique éclaircie dans le ciel le plus sombre, — ce qu’on peut appeler une dernière campagne d’Italie dans celle de France.
C’est de la force, et la force, partout où elle se rencontre, paraît à son avantage au milieu de la faiblesse universelle qui nous environne. » Ses passions, à lui, se réduisaient pourtant à une seule, et il nous la déclare : « On veut absolument faire de moi un homme de parti, et je ne le suis point (il écrivait cela en mars 1837, après son premier grand succès). […] Ce n’est pas seulement le découragement de moi-même, mais des hommes, à la vue chaque jour plus claire du petit nombre de choses que nous savons, de leur incertitude, de leur répétition incessante dans des mots nouveaux depuis trois mille ans, enfin de l’insignifiance de notre espèce, de notre monde, de notre destinée, de ce que nous appelons nos grandes révolutions et de nos grandes affaires… Il faut travailler pourtant : car c’est la seule ressource qui nous reste pour oublier ce qu’il y a de triste à survivre à l’empire de ses idées, etc.
Monmerqué avait dès longtemps en main toutes les preuves de la corruption, et, comme auraient dit nos vieux éditeurs, de la dépravation du texte Sévigné, et l’aimable homme dormait tranquille là-dessus, il attendait patiemment et ne prévenait personne du danger : on ne s’en serait pas douté, si un autre près de lui ne l’avait dit et répété bien souvent, et n’avait averti un chacun de prendre garde ; cet autre, le premier et longtemps le seul à le dire, a été M. […] Pour vous dire le vrai, c’est que je suis une autre personne quand je suis chargée d’une chose toute seule, ou que je la partage avec plusieurs. » Oh !
L’entretien s’animant à ce sujet, et continuant de parler de cette sorte de chanson et de son influence électrique sur les nations à certaines heures, Gœthe disait qu’il fallait pour cela qu’une nation n’eût qu’une tête et qu’un cœur et, à un moment donné, qu’une seule voix : « Mais, ajoutait-il, une poésie politique n’est aussi que l’œuvre d’une certaine situation momentanée qui passe et qui ôte à la poésie la valeur même qu’elle lui a donnée. » Il reconnaissait qu’il y avait seize ans, même dans cette Allemagne si divisée, mais unie alors dans un sentiment commun contre l’étranger, un poëte politique aurait pu exercer aussi son influence sur le pays tout entier, et il ajoutait : « Mais ce poëte était inutile : le mal universel et le sentiment général de honte avaient, comme un démon, saisi la nation ; le feu de l’inspiration qui aurait pu enflammer le poëte brûlait déjà partout de lui-même. […] Eckermann, homme d’un talent personnel qui, seul et de lui-même, ne pouvait atteindre bien haut, s’est choisi la bonne part.
Colbert m’écrivit, de son propre mouvement, que le roi trouverait bon que j’exemptasse de logement la terre de Négrepelisse, qui était la seule que possédât M. de Turenne, qui avait bien mérité cette distinction. […] Non content d’écrire à Louvois pour réclamer des mesures de rigueur, et avant même d’avoir la réponse, Foucault s’adresse au Père de La Chaise pour lui suggérer d’autre part des moyens auxiliaires plus doux ; il propose non plus ici des cavaliers et des dragons, mais d’autoriser une conférence, par exemple, où les points controversés soient agités, disant que les ministres et les principaux religionnaires de ces contrées ne cherchaient qu’une porte honnête pour rentrer dans l’Église : « Ceux, ajoute-t-il, qui sont les plus considérés et les plus accrédités dans le parti m’ont assuré que c’était la seule voie qui pût faire réussir le grand projet des conversions ; que celles de rigueur, de privation des emplois, les pensions et les grâces seraient inutiles. » Dans un voyage qu’il fait à Paris, il en parle également au chancelier Le Tellier, lequel a d’ailleurs peu de goût pour Foucault, et qui ferme l’oreille à sa proposition : « Il la rejeta absolument, disant qu’une pareille assemblée aurait le même succès que le Colloque de Poissy ; que le pape trouverait mauvais que l’on fît une pareille conférence sans sa participation, et me défendit d’en parler au roi.
La nature humaine n’est peut-être pas toute plate, basse ou perfide ; il y a de l’honnêteté, de l’élévation, de la tendresse ou du charme en de certains caractères : pourquoi ne pas s’arranger pour en rencontrer quelques-uns, — ne fût-ce qu’un seul, — au milieu des inévitables bêtises, des méchancetés ou des ridicules ? […] Il ne donne point dans le merveilleux… » Remarquons bien, en passant, que ce seul monument qu’on ait de la littérature carthaginoise est simple, nullement étrange ni emphatique.
Je ne fatiguerai pas le lecteur à suivre chez lui cette interprétation et cette vue du Messie montré de loin à tous les pas, à tous les degrés et à travers tous les accidents de l’histoire juive : cette vue est capitale chez l’auteur ; il ne peut un seul instant la laisser absente ni s’en distraire. […] Si l’on ne voit pas, dit-il, « que tous les temps sont unis ensemble, que la tradition du peuple juif et celle du peuple chrétien ne font qu’une seule et même suite, que les Écritures des deux Testaments ne font qu’un même corps et un même livre » ; si on n’y découvre pas « un dessein éternel toujours soutenu et toujours suivi » ; si on n’y voit pas « un même ordre des conseils de Dieu qui prépare dès l’origine du monde ce qu’il achève à la fin des temps, et qui, sous divers états, mais avec une succession toujours constante, perpétue aux yeux de tout l’univers la sainte Société où il veut être servi, on mérite de ne rien voir et d’être livré à son propre endurcissement comme au plus juste et au plus rigoureux de tous les supplices. » A un moment l’orateur impatient, le prédicateur se lève : « Qu’attendons-nous donc à nous soumettre ?
Il lui arriva de dire un peu plus spirituellement, en se désolant avec son neveu le prince de Condé : « Ce n’était pas la peine à M. de Belle-Isle de m’envoyer un tuteur ; j’en aurais bien fait autant tout seul. » Ce prince, quand il parlait ainsi, n’avait plus rien de cet aiguillon de la gloire qui prend au cœur les nobles natures et les laisse dévorées de douleur après un affront. […] Vérifiez, si vous voulez, sur l’édition Decker de Berlin, la seule authentique. — Ne pas se fier aux éditions françaises qui se disent exactes et fidèles, mais qui en imposent.
» Mais c’est surtout la comparaison suivante qui, pour l’idée du moins et le jet, me semble ressaisir à merveille la grâce homérique : Parfois, quand un ruisseau, courant dans la prairie, Sépare encor d’un champ, où croît l’herbe fleurie, Un troupeau voyageur aux appétits gloutons, Laissant se consulter entre eux les vieux moutons, On voit, pour le franchir, quelque agneau moins timide Choisir en hésitant un caillou qui le ride, S’avancer, reculer, revenir en tremblant, Poser un de ses pieds sur ce pont chancelant, Et s’effrayer d’abord si cette onde bouillonne En frôlant au passage une fleur qui frissonne, Si le buisson au vent dispute un fruit vermeil, Ou si le flot s’empourpre aux adieux du soleil, Puis reprendre courage et gagner l’autre rive ; Alors tout le troupeau sur ses traces arrive ; Dans le gras pâturage il aborde vainqueur, Il s’y roule en bêlant dans les herbes en fleur, Tandis que seul au bord le berger le rappelle, Et trop tard sur ses pas lance son chien fidèle. […] Je dirai d’un seul, M.
C’est un âge en tout assez fâcheux pour le poëte entré dans la postérité (s’il n’est pas décidément du petit nombre des seuls grands et des immortels) que de devenir assez ancien déjà pour être hors de mode et paraître suranné d’élégance, et de n’être pas assez vieux toutefois pour qu’on l’aille rechercher à titre de curiosité antique ou de rareté refleurie. […] Un seul être me manque et tout est dépeuplé, il dit à peu près cela, comme l’a dit le chantre d’Elvire, mais il ne cesse de le répéter, de le croire.
C’étaient des romances aussi qui consolaient les femmes assises à filer dans l’écrasant ennui des jours monotones : belle Eglantine « devant sa mère cousait une chemise » ; belle Amelot « seule en chambre filait ». […] À partir de Gace Brûlé, l’image est comme pourchassée, exclue, excommuniée : le concept, intellectuel, abstrait, règne seul et souverain.
Ce n’est pas la seule fois où l’on voie l’égoïsme radical faire un caractère charmant : ces libres déploiements de la nature primitive, antérieure à toute morale, ont d’infinies séductions. […] Tantôt elle est en tête, ou en queue, selon le caprice du poète, tantôt elle est double, tantôt elle est absente : deux récits se juxtaposent pour une seule morale.
La qualité seule, l’intensité, les formes accidentelles et causes occasionnelles sont à lui. […] Un seul doit nous arrêter : Désiré Nisard730, qui donna, en 1833, son violent manifeste contre la littérature facile, où il prenait à partie la brutalité convenue des romans, et le pittoresque plaqué des drames.
Que l’on réfléchisse que cette méthode où le fait concret et caractéristique prime le général, que M. de Goncourt parmi les romanciers observe seul scrupuleusement, est celle des sciences morales modernes, qui l’ont prise aux sciences naturelles ; que M. […] Une jambe dans certains maillots de soie vous apparaît en ses saillies et ses rentrants, avec les blancheurs et les violacements du rose d’une rose frappée de soleil d’un seul côté.
Presque tous les autres sont restés au-dessous de ce qu’ils peuvent être : celui-là seul a produit de dignes rivaux de Démosthène, de Cicéron & de saint Jean Chrysostome. […] Il croyoit l’art directement opposé à l’esprit de l’évangile : la manière de prêcher des apôtres étoit la seule qu’il approuvât.
Au contraire, un seul excepté, tous les grands poètes de la France, je dirai même plus, tous les écrivains en vers de quelque valeur, ont compris que la Rime contenait en grande partie la musique et la couleur de notre poésie nationale. […] Et si les étrangers parurent désapprendre leur génie national, ils ne firent en réalité que le retremper à la meilleure des disciplines, à la seule école où se fût accomplie depuis l’antiquité la grande harmonie du Vrai et du Beau !
Delacroix nous donne dans son livre que sur ce que, pour des raisons dont il est seul juge, il ne nous donne pas. […] Je crois bien qu’il est le seul aujourd’hui à représenter un type complet de critique esthétique, à qui sont familières chacune des trois branches de l’art, plastique, littéraire et musicale, et qui sait constamment les réunir par des lianes souples d’idées générales.
Ce seul exemple suffit à montrer combien, dans les premières imitations latines, la tragédie grecque devait perdre de sa magnificence et de son harmonie. […] Cela même y jeta parfois cette variété de mélodie, ces nombres impétueux et divers qu’avait connus l’ode grecque, et qui seuls pouvaient suivre par la musique, comme par l’expression, toutes les secousses de l’âme.
Quoi qu’il en soit, il y eut procès, condamnation même, et c’est à la veille de cette plaidoirie plus que littéraire que j’adressai à l’auteur la lettre suivante, dans la pensée de venir en aide à la défense et de ramener la question à ce qu’elle était en soi, c’est-à-dire à une simple affaire de goût relevant de la seule critique.
Il m’est arrivé d’exprimer d’un mot cette situation en disant : « M. de La Mennais est, à lui seul, toute une révolution dont je suis resté le girondin. » Après tout, et le premier enthousiasme exhalé, les concessions ensuite et même les complaisances épuisées à leur tour, je redevenais ce que je suis au fond, un critique.
Poussé à un certain point, Je genre en question devient donc faux ; habituellement il n’est que périlleux, et c’est l’abus seul qu’il en faut proscrire.
Dans son premier point de vue intitulé la Vie dans la Mort, le poète, errant le 2 novembre dans un cimetière, y suppose la vie non encore éteinte, et essaye de se représenter les tourments, les agonies morales, les passions ulcérantes de tous ces morts, si, vivant encore d’une demi-existence, ils pouvaient sentir et savoir ce qui se continue sans eux sur la terre : Sentir qu’on a passé sans laisser plus de marque Qu’au dos de l’océan le sillon d’une barque ; Que l’on est mort pour tous ; Voir que vos mieux aimés si vite vous oublient, Et qu’un saule pleureur aux longs bras qui se plient Seul se plaigne sur vous.
Le seul bruit de tes pas ravive dans mon cœur Des souvenirs tout pleins d’une exquise douceur De repos et de rêverie.
La pauvre femme était morte de la peste en route, à Gibraltar ; le père et l’enfant, après mille traverses, exténués de misère et de besoin, arrivaient donc seuls ; ils furent reçus avec cordialité.
Pourtant, il faut le dire, toute cette renaissance grecque du xvie siècle, en France, fut érudite, pédantesque, pénible ; le seul Amyot, par l’élégance facile de sa traduction de Plutarque, semble préluder à La Fontaine et à Fénelon.
Seuls, la marche et le mouvement des idées y marquent des sortes de strophes, un peu irrégulières, car la strophe ancienne est répudiée par M.
Ta tristesse fut seule parfois un peu injuste, injuste pour la Providence, injuste pour ton siècle et pour toi-même.
Quelle prévention que cette qui fait voir un bureau de fade bel esprit dans cette maison, ou le poète le plus mâle de notre littérature et le plus élevé, à qui il n’est arrivé qu’une seule fois de mettre une passion amoureuse sur la scène, allait chercher des conseils et des encouragements, échauffer et exalter son énergique talent, et où il trouvait l’inexprimable bonheur délie goûté, senti, admiré dans son élévation et dans sa profondeur, par des femmes qui s’étaient passionnées dans la noble conversation de Balzac pour la grandeur romaine !
Du feu, de la vie dans les tableaux, de grandes idées dans les images, des mouvemens rapides dans les sentimens, des élans d’imagination qui étonnent, des traits sublimes dans le langage, qui séduisent, sont pour lui des ressorts familiers qui font éprouver à l’ame des secousses qui la maîtrisent, la captivent, l’arrachent à elle-même, & la remplissent de cet enthousiasme que le vrai génie peut seul communiquer.
Les deux Corneille, Moliere, Racine, Despréaux, Rapin, Regnard, Destouches, Boissy, l’Abbé Desfontaines, Piron, Palissot, & mille autres, n’ont reconnu qu’un seul genre de Comédie, qui consiste dans l’exposition des vices & des ridicules à dessein de les corriger ; & ces noms respectables, en fait de législation littéraire, valent bien ceux des Diderot, des Marmontel, des Beaumarchais, des Merciers, & des Sedaine.
Sa maniere d’enseigner cette Langue, contribua beaucoup à la renaissance des Lettres, & n’est pas le seul service qu’il leur rendit.
Seroit-il permis d’ajouter, que peu de Littérateurs ont eu le coup-d’œil plus juste pour découvrir les défauts d’un Livre, le tact plus fin pour en sentir les négligences & les beautés, qu’il a été long-temps le seul des Journalistes qui relevoit les fautes de langage aujourd’hui si communes, & qui, en matiere de style, ait su plus finement distinguer le simple du bas, le naturel du recherché, le sublime de l’enflure, le vrai du faux ?
On sait encore qu’après avoir contribué, par leurs libelles & par leurs intrigues, à le faire exclure de son Corps, ils sont parvenus, par de nouvelles menées, à surprendre des ordres à l’autorité pour lui ôter la rédaction du Journal de Politique & de Littérature, & le dépouiller ainsi du seul bien qui lui restoit : ce bien est devenu aussi-tôt la proie du plus acharné de ses ennemis, qui, au mépris des bienséances les plus indispensables, n’a pas rougi de le briguer & de s’en revêtir.
La chevalerie seule offre le beau mélange de la vérité et de la fiction.
« Ce fut après le déluge que parurent ces ravageurs de provinces que l’on a nommés conquérants, qui, poussés par la seule gloire du commandement, ont exterminé tant d’innocents… Depuis ce temps, l’ambition s’est jouée, sans aucune borne, de la vie des hommes ; ils en sont venus à ce point de s’entretuer sans se haïr : le comble de la gloire, et le plus beau de tous les arts a été de se tuer les uns les autres179. » Il est difficile de s’empêcher d’adorer une religion qui met une telle différence entre la morale d’un Bossuet et d’un Tacite.
C’est certes un grand mérite aux portraits de La Tour de ressembler ; mais ce n’est ni leur principal, ni leur seul mérite, toutes les parties de la peinture y sont encore.
L’emportement n’excuse point le meurtre volontaire de sa femme, même suivant la morale de la poësie la seule dont il s’agisse ici et la plus indulgente de toutes.
Mais, comme je l’ai déja dit, la chose n’arrive point, et je ne pense pas qu’on puisse me citer une seule piece françoise rejettée par le public lorsqu’il la vit dans sa nouveauté, laquelle le public ait trouvée bonne dans la suite, et quand les conjonctures qui l’auroient fait tomber auroient été changées.
À la vérité, pourtant, ni l’une ni l’autre appellation ne nous conviennent exactement ; la seule que nous acceptions est celle de rationaliste.
Daouda cessa aussitôt son travail de culture, rentra dans la case prendre ses armes et revenant, l’arc tendu et le carquois à l’épaule, il dit à sa sour : « Je vais les tuer tous, à l’exception d’un seul qui ira annoncer la mort de ses compagnons à celui qui les a envoyés ici ».
La seule observation que nous voulions risquer, quand il est question d’un écrivain qui, en publiant le livre du Droit de César, a cherché avant tout l’occasion d’être utile dans le sens le plus pratique et le plus évangélique du mot, c’est le regret de voir sa brochure affecter les formes d’une polémique personnelle.
La seule réserve que nous voulions faire contre ce morceau distingué, où toutes les influences qui durent modifier le talent et l’observation de l’auteur du Roman bourgeois sont discernées et indiquées, est l’intention de caricature et d’épigramme prêtée beaucoup trop, selon nous, à Furetière, lequel a peint la bourgeoisie de son temps bien plus comme il la voyait et comme elle était qu’autrement.
S’il est vrai que les nations sont constituées par une poussière de fellahs, Taine en prend trop aisément son parti ; il a trop peur que la raison pure intervienne et dérange ces sommeils, cette belle ordonnance animale… Mais à peine ai-je écrit ces lignes et ces mots « servilité, servage » que, sans pouvoir rien en effacer, je proclame combien je suis injuste envers un homme qui, le seul, avec Fustel de Coulanges, et mieux que Fustel de Coulanges, m’a fait toucher des réalités dans l’histoire de mon pays.
La loi t’interroge, la patrie t’écoute, la vérité te juge. » Alors il comparaissait sans titres et sans pouvoir, réduit à lui seul, et escorté seulement de ses vertus ou de ses vices.
Nous assurons à Homère le privilège d’avoir eu seul la puissance d’inventer les mensonges poétiques (Aristote), les caractères héroïques (Horace) ; le privilège d’une incomparable éloquence dans ses comparaisons sauvages, dans ses affreux tableaux de morts et de batailles, dans ses peintures sublimes des passions, enfin le mérite du style le plus brillant et le plus pittoresque.
Puis, — cet homme une fois instruit, forgé, fourbi, astiqué comme une arme, un revolver à dix mille coups, à autant de coups qu’il y a occasions de tirer sur l’ennemi dans la vie, et mis face à face avec toutes les difficultés, tous les obstacles, tous les problèmes, tous les sentiments, toutes les passions, toutes les résistances d’une société comme la nôtre, qui n’est pas plus athée résolument qu’elle n’est chrétienne, qui trempe par un bout dans l’athéisme, par l’autre bout dans un christianisme ramolli, — engager la lutte, une lutte hardie, à pleins bras, à plein corps, entre cet homme, trempé dans le feu et la glace de l’enfer, et cette société, écrasante de son poids seul, qui lui oppose la masse de ses préjugés, de son hypocrisie, de son ignavie, et même de sa moralité, s’il lui en reste encore. […] Le comte de Camors écrit dans sa lettre le mot d’honneur, qu’il appelle un grand mot, et qu’il croit la seule réalité morale qui reste aux hommes dans l’athéisme universel. […] Il n’a ni la morgue ni le charlatanisme retentissant de beaucoup d’autres, toujours sur la brèche de la publicité, faisant incessamment sonner à la Renommée les deux trompettes que lui donnait Voltaire, et ne méritant guères que celle qui sonnait par en bas… Octave Feuillet vit en province une partie de l’année, loin des commérages, des coteries, des affectations et des engouements de Paris, s’assainissant par cette vie de province, la seule chance de salut qui reste au talent, menacé de prostitution parisienne, et qui ne veut pas s’effacer au frottement de tous ces esprits qui s’effacent en effaçant les autres, comme une monnaie encrassée par le pouce de toutes les mains.
Et comme le marquis d’Argenson dit en terminant : « Mon imagination aime les images, et le bonheur coule de là chez moi par les sens », au lieu de cette parole expressive, l’éditeur de 1825 lui fait dire : « Mon imagination aime les images ; il me semble qu’à la lecture de nos vieux romanciers le bonheur me pénètre par tous les pores » ; transportant ainsi à la lecture des romans ce qui est dit, au sens physique, de la seule vue des images et des estampes.
Lebrun a appelé l’Ajax du parti libéral sous la Restauration ; on n’a pas même assez rappelé qu’à un certain moment, à l’époque de la dernière censure, M. de Salvandy avait été, à lui seul, toute la presse périodique opposante.
Née à la Havane dans cet opulent climat qui plus tard lui faisait paraître l’Andalousie si chétive, et où les mouches volantes seraient seules des clartés suffisantes de la nuit, la jeune Mercedès Jaruco, élevée d’abord et très gâtée chez sa grand-mère, puis mise au couvent où elle ne peut tenir et d’où elle s’échappe un matin, puis auprès d’une tante de chez laquelle elle s’échapperait non moins volontiers, nous apparaît dans sa beauté native, sachant lire à peine, souvent sans bas, un peu sauvage, ne s’arrêtant jamais entre un désir et son but, courant à cheval et tombant, grimpant à l’arbre et s’évanouissant au toucher d’une couleuvre, bonne pour les nègres, dévouée au premier regard pour ce qui souffre ; on se plaît à admirer une enfance si franche et si comblée des plus riches dons, racontée avec finesse et goût par la femme du monde.
Il faut que le cœur seul parle dans l’élégie.
Il s’incline enfin devant le seul Dieu auquel il puisse logiquement rendre hommage, parce qu’il est comme lui pétri de ténèbres.
C’était aussi le temps où, ces jouets de l’âme, Tes romans s’effeuillaient sur des genoux de femme, Et laissaient à leurs sens, ivres du titre seul, L’indélébile odeur de la fleur du Tilleul !
. — Je n’ai jamais été pour un enseignement esthétique quelconque, et je suis convaincu que le génie pousse tout seul, pour l’unique besogne qu’il juge bonne.
Helvétius, dont la mort seule a pu rompre les liens qui nous unissoient ?
Quoique les esprits judicieux & vraiment éclairés, les seuls dont l’homme sage doive ambitionner l’estime, sachent démêler la calomnie à travers les artifices de la malignité, il ne sera pas inutile de réfuter celle-ci, moins pour notre justification, que pour faire connoître avec quelles armes on a repoussé nos critiques.
Sans doute le k remplirait à lui tout seul le rôle des deux signes usuels, mais, puisqu’on ne peut songer à unifier l’écriture au point d’écrire ki ke ce soit, kelkonke, kitte, kalité, le k n’est plus qu’une complication inadmissible.
Ce titre étoit le seul convenable ; & l’auteur n’auroit pas dû mettre à son livre un frontispice qui promet plus qu’il ne donne.
Dans le tableau de Restout une seule femme soutient Esther.
Mais tandis qu’il y a tant de manières différentes d’écrire qui chacune ont leur mérite particulier, n’y aurait-il qu’une seule manière de bien peindre [?]
Il eût employé deux ans à peindre un seul de ces morceaux, qu’on n’en serait point surpris, et il y en a vingt de la même force !
Nous avons même vû que les beautez de l’exécution pouvoient seules rendre un tableau précieux.
Je ne pense pas l’avoir jamais affirmé ; ce que je crois, c’est que c’est encore le seul moyen pratique de l’enseigner.
Nous avons dit que « la marque du cliché, de l’expression toute faite, ce n’est pas d’être simple, ordinaire, déjà employée ; c’est qu’on peut la remplacer par une autre plus simple ; c’est que, derrière elle, il y a la vraie, la seule, celle qu’il faut mettre à tout prix, l’eût-on dite mille fois ».
À ne juger donc que littérairement un ouvrage dont historiquement Barbier a très peu prouvé l’origine, nous n’acceptons pas, par respect pour la mémoire de madame de la Fayette, le cadeau qu’on veut faire aujourd’hui à une femme qui a trouvé dans un petit coin de son cœur un filon de génie, et qui peut se passer de tous les cadeaux avec la seule perle qu’elle porte à son front.
Ainsi Achille reçoit dans sa tente l’infortuné Priam, qui est venu seul pendant la nuit à travers le camp des Grecs, pour racheter le cadavre d’Hector ; il l’admet à sa table, et pour un mot que lui arrache le regret d’avoir perdu un si digne fils, Achille oublie les saintes lois de l’hospitalité, les droits d’une confiance généreuse, le respect dû à l’âge et au malheur ; et dans le transport d’une fureur aveugle, il menace le vieillard de lui arracher la vie.
Dans cette marche au pas, derrière le corbillard, du boulevard Montparnasse au Père-Lachaise, cette marche qui a duré une heure un quart, tout seul dans mon fiacre, il remonte en moi bien des souvenirs tristes, bien des souvenirs de mort. […] Dans ce monde des bibliophiles, dans ce monde de domestiques du vieil imprimé, c’est vraiment un révolutionnaire que ce Gallimard, qui va dépenser 5 000 francs, pour se donner, à l’instar d’un fermier général, pour se donner à lui seul, une édition de luxe moderne, et d’un livre tel que Germinie Lacerteux. […] Il me dit que cet homme silencieux, devient en face de la nature, un parleur, un parleur plein d’intérêt, et un connaisseur d’un tas de choses, qu’il s’est appris tout seul, et qui vont des théogonies aux procédés de tous les métiers. […] Et la petite diligence jaune, me rappelle encore une de mes plus profondes émotions — c’était cette fois en rotonde, — je revenais tout seul, à douze ans, de mes premières vacances passées à Bar-sur-Seine, et j’avais acheté les livraisons à quatre sous du roman de Fenimore Cooper : Le Dernier des Mohicans. […] Le roi Rhompsonitos possédait, caché dans un souterrain, un trésor dont il croyait avoir seul le secret de l’ouverture.
Cette multitude d’aperçus et de premiers jets ressemble à la conversation d’un homme de beaucoup d’esprit, qui se lance dans tous les sens, brille, se répand et improvise sur des matières qui lui sont familières, sans but déterminé : « C’est que rien, disait M. de Meilhan parlant de lui-même, n’a jamais fait effet sur moi comme vrai, mais seulement comme bien trouvé. » La seule idée fixe est de combattre et de contredire M. […] Quand un plan judicieux, éclairé, approprié à nos mœurs, sera substitué aux formes actuelles, les sciences seules pourront servir d’aliment à l’esprit ; mais l’inertie générale ne permettra pas une grande application.
Et c’est alors que, tandis que Jésus descend le long de la montagne des Olives, il le présente touché au vif dans son cœur d’une tendre compassion, et pleurant sur la ville ingrate dont il voit d’avance la ruine ; puis, tout d’un coup, sans transition et par une brusque saillie qui peut sembler d’une érudition encore jeune, Bossuet s’en prend à l’hérésie des marcionites qui, ne sachant comment concilier en un seul Dieu la bonté et la justice, avaient scindé la nature divine et avaient fait deux Dieux : l’un purement oisif et inutile à la manière des épicuriens, « un Dieu sous l’empire duquel les péchés se réjouissaient », le Dieu qu’on a nommé depuis des bonnes gens ; et, en regard de ce Dieu indulgent à l’excès, ils en avaient forgé un autre tout vengeur, tout méchant et cruel : et aussi, poussant à bout la conséquence, ils avaient imaginé deux Christs à l’image de l’un et de l’autre Père. […] » Ce sont les mots de mon texte ; et y a-t-il une seule parole qui ne semble y avoir été mise pour dépeindre cette circonvallation, non de lignes, mais de murailles ?
La locution vulgaire s’y relève par l’application seule, et devient piquante. […] On ne parlait plus que d’une seule chose, et les dangers de la situation dominaient les âmes.
Tallemant n’a rien en lui de pareil ; il n’obéit qu’à un seul goût, à une seule humeur.
Mais Bonstetten à la fois sérieux et mobile, qui, en matière de politique, avait plus que des goûts et n’avait pas tout à fait des doctrines, ne rencontra guère d’occasions où il pût souffrir de ce désaccord : son dernier établissement dans une république polie, à l’abri des contradictions et loin des mécomptes, laissait le champ libre à ses seuls instincts, à ses bienveillantes et incorrigibles espérances. […] Né dans une ville où l’on ne savait ni l’allemand ni le français, je ne savais aucune langue ni même le latin, qu’il me fallut apprendre tout seul, quoiqu’une première éducation eût été, comme c’était l’usage, employée à ses tristes et inutiles rudiments.
A-t-il voulu faire entendre qu’entre la première manière de comprendre l’Être divin et toutes les autres il y a précisément toute la distance de la vérité à la fiction, et qu’un seul et même voile d’illusion, sauf la juste différence du plus au moins, s’étendra indistinctement sur tout ce qui sera vu dans le songe ? […] répliqua-t-il, il partageait la haine que la nation m’a jurée, et maintenant me voilà seul à la supporter !
Un homme arrive sur le temps, comme tout exprès : c’est un fugitif, le seul échappé de trois cents frondeurs baléares, débarqués les derniers à Carthage, et qui, n’ayant pas été avertis du départ de l’armée, ont tous été massacrés par les Carthaginois. […] Elle s’imagine que de connaître les mystères de la déesse la soulagerait ; elle voudrait surtout la contempler dans son secret sanctuaire, voir de ses yeux la vieille idole couverte du manteau magnifique, du voile sacré d’où dépendent les destinées de Carthage ; il lui semble que ce voile défendu et dont le seul contact fait mourir, s’il lui était permis du moins de le considérer, lui communiquerait quelque chose de sa vertu.
» Tout traducteur est admis, je le sais, à faire valoir les bons côtés de son auteur ; mais il y a lieu de s’étonner que l’écrivain français n’ait pas mieux ressenti l’insulte que ce continuateur pseudonyme faisait, dès les premières lignes, à celui dont il allait suivre si pesamment et dont il eût dû baiser les traces, insulte malheureuse qui est la seule chose de lui qui restera pour qualifier son procédé et dénoncer son âme à défaut de son nom. […] Soldat, aventurier, esclave algérien, employé de finance, prisonnier, romancier, c’est un Gil Blas, mais un Gil Blas assombri, et qui n’est pas destiné à s’écrier comme l’autre dans sa jolie maison de Lirias : Inveni portum… » C’est étrangement rabaisser Cervantes (toujours d’après notre auteur), que de soutenir qu’il a employé la fleur de son génie à combattre l’influence de quelques romans de mauvais goût, dont le succès retardait sur les mœurs du siècle et n’avait plus aucune racine dans la société d’alors : « Ce que je crois plutôt, s’écrie le nouveau commentateur, qui a lu son Don Quichotte comme d’autres leur Bible ou leur Homère, et qui y a tout vu, c’est que le chevaleresque Cervantes, qui s’était précipité dans ce qui, à la fin du xvie siècle, restait de mouvement héroïque, dut se sentir abattre par le désenchantement d’un croyant plein de ferveur qui n’a pas trouvé à fournir carrière pleine, qui dans l’exagération de son idéal s’est heurté et blessé contre les réalités, et qui, après avoir été contraint d’abdiquer l’action, s’est condamné à une retraite douloureuse, s’est réfugié dans ses rêves, et en dernier lieu, dans un testament immortel, lance à son siècle une satire qui n’était pas destinée à être comprise de ce siècle et dont l’avenir seul était chargé de trouver la clé. » Et nous adjurant à la fin dans un sentiment de tendre admiration, essayant de nous entraîner dans son vœu d’une réhabilitation désirée, l’écrivain, que je regrette de ne pas connaître, élève son paradoxe jusqu’aux accents de l’éloquence : « Ah !
Cette tentative, qui n’est point la seule de son espèce et qui se rattache à tout un mouvement provincial en faveur des anciens idiomes ou patois, vaut pourtant la peine qu’on la remarque, et peut prêter à quelques réflexions. […] , il vivait si en dehors du monde, que j’ai été seul de ses anciens amis à son convoi.
Ce n’était pas la seule contradiction qu’il trouvait au dedans de lui ; il avait coutume de dire encore, en regrettant de ne pas rester un simple amateur, ce qui est si doux et si désirable aux délicats : « Quel dommage que j’aie toujours envie d’écrire ! […] Mais puisque celle-ci est devenue décidément un objet de controverse, puisque c’est la première chose, et la seule, que cite plus d’un de nos beaux esprits du jour quand il s’agit de Loyson, force m’est bien d’en parler.
Bodin malheureusement ne nous appartient pas tout entier : il écrivit en latin cette Méthode pour l’étude de l’histoire où abondent les idées neuves et fécondes, et cet étrange Heptaplomeres inédit jusqu’à nos jours, où avec une force incroyable pour le temps il confronte toutes les religions et les renvoie dos à dos, sans raillerie impertinente, comme expressions diverses de la religion naturelle, seule raisonnable, et comme également dignes de respect et de tolérance. […] On put lire en 1587 ses Discours politiques et militaires, où il avait versé toute son expérience et tous ses souvenirs ; Français autant que protestant, il réclamait énergiquement la paix et la tolérance, seuls moyens de rétablir le royaume et les impurs : il s’adressait aux catholiques autant qu’aux protestants ; car l’union dépendait des deux partis, mais surtout de celui qui avait la majorité du peuple et la faveur du roi.
Elle affirme que « la littérature romantique est la seule qui soit susceptible encore d’être perfectionnée, parce qu’ayant ses racines dans notre propre sol, elle est la seule qui puisse croître et se vivifier de nouveau : elle exprime notre religion ; elle rappelle notre histoire… ; elle se sert de nos impressions personnelles pour nous émouvoir641 ».
Ce dernier n’était pas toujours gai et plaisant, tant s’en faut ; on l’appelait le contemplatif ; il avait même de la tristesse, de la mélancolie, quand il était seul. […] Je résumerai cette éducation en un seul mot : le jeune Gargantua se conduit déjà comme le plus cancre et le plus glouton des moines de ce temps-là, commençant sa journée tard, dormant la grasse matinée, débutant par un déjeuner copieux, entendant nombre de messes qui ne le fatiguent guère, et en tout adonné au ventre, au sommeil et à la paresse.
On prononce sans cesse les noms de Kant et de Hegel ; mais qui donc sait, si ce n’est parmi les initiés, que la France a eu au commencement de notre siècle un penseur dont le nom doit être mis à côté de ceux-là, et qui depuis Malebranche est le plus grand et peut-être le seul métaphysicien que la France ait possédé ? […] Leibnitz et Hegel sont les seuls philosophes parmi les modernes qui aient joint une grande érudition à une grande spontanéité.
Un honnête spectacle est la plus belle éducation qu’on puisse donner à la jeunesse, le plus noble délassement du travail, la meilleure instruction pour tous les ordres de citoyens ; c’est presque la seule manière d’assembler les hommes sociables. […] Il faudrait parcourir les pièces de Racine et de Voltaire pour faire voir toutes les finesses de l’art dramatique ; et dans le comique, il n’y a pas une seule des bonnes pièces de Molière qui ne fasse admirer toutes les ressources de son génie et les finesses de son art.
Jetez les yeux sur cette masse dans le moment tumultueux, l’énergie de chaque individu s’exerce dans toute sa violence ; et comme il n’y en a pas un seul qui en soit pourvu précisément au même degré, c’est ici comme aux feuilles d’un arbre, pas une qui soit du même vert, pas un de ces individus qui soit le même d’action et de position. […] Le seul contraste que le goût puisse approuver, celui qui résulte de la variété des énergies et des intérêts, s’y trouvera, et il n’y en faut point d’autre.
Ne disons donc pas, éternels ingrats, qu’il est inutile ou indifférent au développement de l’esprit, cet ordre stable et ce gouvernement qui seul rend possibles ce que j’appelais tout à l’heure les fêtes de l’esprit ; car je n’y vois et n’y veux voir que cela.
Une seule chose selon lui restait à faire ; le moment était venu d’écrire pour la prospérité l’histoire de la Révolution, il l’écrivit.
Celui de tous qui semble lui avoir laissé de plus chers souvenirs est le célèbre prince de Ligne, si étonnant par ses saillies, ses impromptus, et les grâces intarissables de ses lettres et de sa conversation, L’on devine et l’on sent presque revivre sous la plume de M. de Ségur l’attrait de ces causeries brillantes et superficielles dont le seul but était de plaire, où l’on parlait de tout sans prétendre rien prouver, où l’on posait tour à tour, avec une érudition finement moqueuse ou adulatrice, de la France à l’Attique, de l’Angle ferre à Carthage, de l’empire de Cyrus à celui de Catherine.
Si vous portez des talents supérieurs au milieu des passions humaines, vous vous persuaderez bientôt que ces talents mêmes ne sont qu’une malédiction du ciel ; mais vous les retrouverez comme des bienfaits, si vous pouvez croire encore au perfectionnement de la pensée, si vous entrevoyez de nouveaux rapports entre les idées et les sentiments, si vous pénétrez plus avant dans la connaissance des hommes, si vous pouvez ajouter un seul degré de force à la morale, si vous vous flattez enfin de réunir par l’éloquence les opinions éparses de tous les amis des vérités généreuses.
On continuera à louer en lui ces images vives et brillantes que sa muse a répandues ; toutefois on ne le considérera plus comme notre seul et premier peintre poétique ; on n’oubliera pas que La Fontaine, Racine, Fénelon, et même Boileau, avaient ouvert, bien avant lui, la pure et vraie source des comparaisons et des images, sans jamais tomber dans la prodigalité ; on n’oubliera pas non plus que Chénier vécut dans un siècle descriptif et que ce don de peindre ou même de colorier les objets, qu’il a perfectionné sans doute, a pourtant été celui de plusieurs de ses contemporains.
Par la suite des siècles, quand tout ce qui a précédé et préparé les créations du génie a disparu dans l’oubli, les œuvres éminentes, les monuments qui restent seuls debout, apparaissent à une hauteur inexplicable, et telle qu’on s’imagine avec peine qu’ils aient été construits par des hommes.
Cette universalité, même restreinte aux limites d’un seul pays, est un idéal à peu près inaccessible, comme tout idéal, mais, comme tout idéal aussi, utile pour guider les pas du chercheur, pour lui montrer le but lointain, dont il peut sans cesse approcher tout en désespérant de l’atteindre jamais complètement.
Après avoir rompu ainsi avec les seuls hommes qui pouvaient me servir, et, par conséquent, avec mes premiers projets, je restai longtemps indécis et découragé.
La première est naturaliste ; elle consiste à représenter la pensée comme le reflet ou l’enregistrement passif des objets extérieurs et des lois de la nature, auxquelles elle n’aurait aucune part : c’est la forme de l’objet qui explique seule celle de l’image dans le miroir.
L’art véritable, au contraire, sans poursuivre extérieurement un but moral et social, a en lui-même sa moralité profonde et sa profonde sociabilité, qui seule fait sa santé et sa vitalité.
Son premier personnage est un Dieu ; cela seul suffirait pour détruire l’intérêt tragique.
Mon cœur frémissait de crainte qu’un étranger ne vînt surprendre ma foi par des paroles trompeuses…… Mais à présent j’ai une preuve manifeste de toi-même, par ce que tu viens de dire de notre couche : aucun autre homme que toi ne l’a visitée : elle n’est connue que de nous deux et d’une seule esclave, Actoris, que mon père me donna lorsque je vins en Ithaque, et qui garde les portes de notre chambre nuptiale.
La scène annoncée par l’apparition d’Hector, c’est-à-dire la nuit fatale d’un grand peuple et la fondation de l’Empire romain, serait plus magnifique que la chute d’une seule reine, si Joas, en rallumant le flambeau de David, ne nous montrait dans le lointain le Messie et la révolution de toute la terre.
L’habitude de ces passions nous rend capables de bien des efforts de vertu et de courage que la raison seule ne pourroit pas nous faire tenter.
L’expérience seule peut en apprenant que ces soins ne suffisent plus, nous faire penser qu’il faut emploïer plus d’attention et plus de ménagement pour la conservation de nos enfans qu’on n’en a eu pour la nôtre.
Seulement, quelque idée qu’on s’en fasse, on n’aura une notion juste du mouvement de cet esprit qui, si nous ne nous trompons, a le signe des forts : l’abondance, qu’en lisant dans le livre même : La France devant Dieu, Le Souverain et les sujets, La Leçon d’anatomie, La Barricade, Le Théâtre, La Peste littéraire, Les Catastrophes, Le Journaliste, Le Doigt de Dieu dans les révolutions, La Graine du Comédien, L’Amour des bêtes, Comment on se marie, La Morgue, et tant d’autres morceaux dont les titres seuls attestent éloquemment la largeur de circonférence dans laquelle l’auteur de la Croisade étend les rayons de son observation poétique.
Clément n’a pas tué seul.
A une époque où les renommées littéraires se font et s’entretiennent par d’habiles réclames, où nous voyons avec tristesse des hommes que leur talent seul suffirait à rendre glorieux, pris de la rage de s’exhiber en public, eux, leur famille et leurs animaux domestiques, — c’était un spectacle salutaire que celui de ce philosophe sans cesse occupé à dérober aux regards des marchands de publicité sa vie de labeur et d’étude. » Voilà qui est parfaitement dit ; je me hâte d’y souscrire, pour reprendre bien vite le droit de présenter quelques objections.
Chez un ancien peuple, il y avait une loi qui ordonnait de graver sur un monument public, toutes les grandes actions que faisait le prince ; on élevait une colonne dans le temple, on la montrait au prince le premier jour de son règne, et on lui disait : « Voici le marbre où l’on doit graver le bien que tu feras ; voilà le burin dont on doit se servir ; que la postérité vienne lire ici ton bonheur et le nôtre. » D’abord on n’y grava rien que de vrai ; un prince eut le malheur de ne faire aucun bien à ses peuples, il mourut sans qu’un seul caractère fût tracé.
Trois principes fondamentaux Maintenant, afin d’éprouver si les propositions que nous avons présentées comme les éléments de la Science nouvelle, peuvent donner forme aux matériaux préparés dans la table chronologique, nous prions le lecteur de réfléchir à tout ce qu’on a jamais écrit sur les principes du savoir divin et humain des Gentils, et d’examiner s’il y trouvera rien qui contredise toutes ces propositions, ou plusieurs d’entre elles, ou même une seule ; chacune étant étroitement liée avec toutes les autres, en ébranler une, c’est les ébranler toutes.
Je ne puis en déchiffrer qu’une seule. […] — Oui, me répondit-il, c’est mon seul vice, et chez moi, quand il n’y a pas quelque chose de bon à dîner, je suis malheureux, tout à fait malheureux… Il n’y a que cela… les autres choses, ça n’existe pas pour moi… Ah, vous ne savez pas quelle est ma vie ? […] Samedi 30 janvier Une chose dure, et qui m’a été bien pénible aujourd’hui : ça été de signer, à la place habituelle où étaient Edmond et Jules, de signer d’un seul nom, un livre sous presse. […] Dimanche 6 juin Aujourd’hui j’étais tranquille et presque heureux chez moi, comptant dîner tout seul, et un peu paperasser le soir. […] Nous retrouvons Hugo, dans la salle à manger, debout et tout seul, devant la table, préparant la lecture de ses vers : une préparation qui a quelque chose de la manipulation préventive d’une séance de prestidigitation, où le prestidigitateur essayerait dans un coin, ses tours.
Un noble tableau du premier empire, une brillante image de la société sous la Restauration, un généreux et chaleureux hommage à l’empire actuel et à l’empereur, à la croisade italienne, grosse d’avenir, ont rehaussé le sujet et mis en jeu des sympathies diverses qui se sont confondues à la fin dans un seul et même applaudissement.
Voilà donc, au seul point de vue social, le monde très-agité, très-aigri, très-occupé, d’indifférent et d’ennuyé qu’il était il y a quinze jours.
Vinet dans son rôle de juge ; il ne connaissait personnellement aucun de ceux dont il avait à parler ; leurs livres seuls lui arrivaient, et il en tirait ses conclusions jusqu’au bout avec sagacité, avec discrétion, et en penchant plutôt, dans le doute, pour l’indulgence.
Mais alors les voies littéraires n’étaient pas préparées au génie ; les langues, celles du nord en particulier, n’étaient pas faites, ou n’étaient pas polies : il n’y avait qu’une seule langue commune à tout le monde savant, et vraiment digne de lui ; l’enfant qu’on destinait aux lettres l’apprenait en naissant, et le latin pour lui était presque la langue de sa nourrice.
Mais par cela seul qu’elles sont très-fidèles, ces traductions présentent quelquefois des ellipses un peu étranges et d’inévitables obscurités.
Sans l’Église, la seule mesure du droit risquait d’être la force.
Et elles le sont trois fois, si, comme on me l’affirme, ces sauvageries ont disparu de Saint-Cyr et même des régiments et si l’École polytechnique en maintient seule l’odieuse tradition.
Renan a créé assez d’œuvres pour qu’on lui permette la joie de faire paraître, de temps en temps, un livre né sans peine, par les soins du seul éditeur.
Et mes excellents maîtres, à qui je dois ce qu’il y a de meilleur en moi…, un seul d’entre eux, je crois, et des plus méritants, vit encore.
Ainsi leur émotion seule nous touche subitement ; et ils obtiennent de nous, en nous attendrissant, ce qu’ils n’obtiendroient jamais par la voïe du raisonnement et de la conviction.
Or la peinture fidelle des passions suffit seule pour nous les faire craindre, et pour nous engager à prendre la résolution de les éviter avec toute l’attention dont nous sommes capables.
Les cantiques ou monologues sont les endroits d’une piece dans lesquels un acteur parle étant seul, ou dans lesquels, supposé qu’il y ait un second acteur sur la scéne, le second personnage ne dialogue point avec le premier, et cela de maniere que si ce second personnage dit quelque chose, il ne le dise qu’en forme d’ aparté, c’est-à-dire, sans adresser la parole au premier.
Ce que nous soutenons, c’est que certains écrivains se sont créé ou ont modifié leur style par cela seul qu’ils l’ont voulu, et c’est une naïveté de prétendre que, s’ils y sont parvenus, c’est qu’ils avaient les moyens intellectuels d’y parvenir.
. — Chez eux, les seuls contrats étaient ceux de cens territorial ; point de contrats de société, point de mandataires.
Il y pouvoit recevoir en un seul lieu les suffrages de toute la Gréce ; et les vainqueurs excités à la libéralité par leur propre gloire, payoient les loüanges avec profusion. […] Les auteurs de son tems ne sçavoient que donner la préférence à leurs maitresses sur l’aurore et sur le soleil ; presque tous les ouvrages de poësie rouloient sur cette seule idée ; et je ne comprens pas comment on a pû remanier tant de fois une pensée qui devoit ennuyer dès la premiére. […] En un mot ce n’est point un préjugé légitime que je condamne, c’est un joug que je secouë ; et j’ai cru que cette expression devoit lever seule tous les scrupules.
Voici le dehors, quant au dedans, un grand esprit enterré vif dans un village, nourri de moelle spirituelle par la réflexion solitaire et une constante lecture, familier avec tous les hauts livres, un moment foudroyé par la mort d’un fils de onze ans, mais en train de reprendre son parti de la vie, « un cauchemar entre deux néants », un causeur à la parole espacée de mots qui font réfléchir, et jugeant à vol d’aigle, et allant au sommet des plus grandes questions, et enfermant sa pensée dans une formule nette, à arêtes coupantes, comme le métal d’une médaille ; un cœur tendre, mais un politique aux principes inflexibles, un génie dantonien auquel le théâtre et les circonstances ont manqué, le seul homme que j’aie vu préparé à tout et digne de tout9. […] Elle ne va pas toute seule de soi. […] Personne n’a dit Balzac homme d’État, et c’est peut-être le plus grand homme d’État de notre temps, le seul qui ait plongé au fond de notre malaise, le seul qui ait vu d’en haut le déséquilibrement de la France depuis 1789, les mœurs sous les lois, les faits sous les mots, l’anarchie des intérêts débridés sous l’ordre apparent, les abus remplacés par les influences, l’égalité devant la loi annihilée par l’inégalité devant le juge, enfin le mensonge de ce programme de 89 qui a remplacé le nom par la pièce de cent sous, fait des marquis des banquiers — rien de plus.
On conçoit d’ailleurs ces dissidences naturelles et cette sorte d’antipathie instinctive entre une école scientifique tout analytique et précise, et une autre qui ne se refusait ni l’éclat ni les couleurs ; mais d’Alembert se laissait emporter à ses préventions personnelles lorsqu’il disait à propos des systèmes de Bailly et de Buffon qu’il associait dans sa pensée : « Supplément de génie que toutes ces pauvretés ; vains et ridicules efforts de quelques charlatans qui, ne pouvant ajouter à la masse des connaissances une seule idée lumineuse et vraie, croient l’enrichir de leurs idées creuses… » Dans la familiarité de la correspondance et lorsqu’il n’est point retenu par le public, d’Alembert s’abandonne souvent ainsi à des injustices presque injurieuses, dites d’un style assez commun. […] Il est et sera inébranlable sur certains principes d’égalité et de bon sens équitable, qui sont et resteront vrais à travers toutes les fluctuations successives, principes conquis une fois pour toutes et sur lesquels repose désormais l’ordre moderne ; il ne se trompe pas en appréciant ces premiers et grands actes du tiers état auxquels il eut l’honneur de participer, de présider : « Voilà ce qu’elles ont fait seules, dit-il des Communes par opposition aux deux autres ordres privilégiés et résistants ; voilà ce qui fut la base de la Constitution française.
Si, sans les faire parler, on leur parle tout seul, c’est chose presque perdue : l’enfant n’en fait en rien son profit, pour ce qu’il pense n’en être pas d’écot ; il n’y prête que l’oreille, encore bien froidement ; il ne s’en pique pas comme quand il est de la partie. […] Montaigne aussi vit son pays déchiré, et plus cruellement que le nôtre, et pourtant il vécut (pas tout à fait) jusqu’aux jours du bon Henri, qui ferma les plaies de la patrie. » (Lettre du 3 juillet 1799.) — Ce sont là de ces choses dont la lecture de Charron ne donnera jamais l’idée et qu’inspire, que renouvelle d’âge en âge le commerce familier des seuls génies immortels.
Santeul, tel qu’il faut se le représenter, non plus dans ses vers, mais en pratique et en action, dans cette espèce de comédie à un seul personnage qu’il représentait volontiers du matin au soir, c’est un La Fontaine de collège au gros sel, un Chapelle moins débauché et plus moral, bien qu’aimant aussi la bonne chère, un Piron honnête et aussi fertile en bons mots, un Roquelaure plus honnête également, mais à ripostes toujours plaisantes, une manière de Désaugiers en vers latins ; enfin c’est Santeul, chanoine très peu régulier de Saint-Victor, et unique en son espèce. […] Pour nous, et au seul point de vue littéraire, qui est le nôtre, sans accorder à Santeul plus qu’il ne mérite, en reconnaissant à ses vers les qualités qui y paraissent, la pompe, le feu, la largeur, le naturel et la clarté, mais aussi en y voyant le vide trop souvent et la bagatelle du fond, en nous disant combien sa personne avait besoin d’intervenir à tout instant pour y jeter un peu de cette originalité qui n’était qu’en elle, nous voudrions que tout ce démêlé où il est encore engagé finît par une transaction, qu’il ne fût pas tout entier sacrifié, qu’on ne lui fût point plus sévère que ne l’a été l’abbé de la Trappe, et que les honorables censeurs qui de nos jours l’ont remis en question ne le renvoyassent point hors du temple sans lui laisser au moins un fragment de couronne ; car il est bien de ceux, malgré tout, qui, à travers l’anachronisme de la forme, sont véritablement poètes de race et par nature, il est de ceux qui, comme le disait Juvénal, ont mordu le laurier.
Et je prendrai tout d’abord pour exemple cette Anthologie même qui paraît aujourd’hui traduite au complet : il y a certes du mélange dans ce nombre si considérable d’épigrammes ; mais, en général, et à n’en prendre que la meilleure partie, tous les érudits gens de goût en ont fait leur régal ; Grotius les a traduites, d’après le recueil de Planude, en vers latins élégants ; les poètes de tout pays s’en sont inspirés, et souvent une seule goutte de cette liqueur exquise, tombée dans leur coupe, a suffi pour aiguiser le breuvage. […] Savez-vous qu’elles sont plates et insipides, vos épigrammes, quand elles ne sont pas grossières ou alambiquées ; elles sont surtout très-fades la plupart du temps, et Perrault, La Motte et Fontenelle, dans cette querelle fameuse, avaient grandement raison lorsque, voulant parler de madrigaux sans pointe, d’épigrammes sans sel ni sauge, ils disaient d’un seul mot : « Ce sont des épigrammes à la grecque.
On avait là, par le seul hasard des noms, tous les genres de diversité et de contraste dans la mesure qui est faite pour composer le piquant et l’intérêt. […] Le seul tort de M.
Pendant quinze ans, une seule voix s’élèvera, impérieuse, mais éloquente. […] Et alors la paix que je ferai sera digne de mon peuple, de vous et de moi. » Le fond est ce qu’il faut qu’il soit : des idées nettes, simples, immédiatement accessibles, des sentiments communs, réels, immédiatement évocables ; l’honneur, la gloire, l’intérêt ; de vigoureux résumés des succès et des résultats obtenus, de rapides indications des résultats et des succès à poursuivre, des communications parfois qui semblent associer l’armée à la pensée du général et la flattent du sentiment d’être traitée en instrument intelligent : toutes les paroles qui peuvent toucher les ressorts de l’énergie morale, sont là, et sont seules là.
Il recommence, tout seul, pour son compte, l’évolution morale de son siècle. […] Et les bons missionnaires, préoccupés d’une seule idée, hantés de leur rêve d’évangélisation, ne voient guère mieux les « pays étranges ».
C’est amusant, très amusant ; mais je ne frémis point du tout et ne suis point ému un seul instant, pas même d’horreur. […] Il est le seul qui, depuis Lamartine et Hugo, ait composé des odes dignes de ce nom et qui n’ait pas perdu haleine avant la fin ; et en même temps ce rhétoricien a su écrire de merveilleuses chansons assonancées et qui ressemblent, à force d’art, à des chansons populaires.
La mort de Molière n’avait pas seule affaibli ou assoupi la muse satirique de Boileau, en le privant de la gaîté et de la confiance que la satire exige. […] Apprends-moi, si je dois ou me taire, ou parler… Aujourd’hui vieux lion, je suis doux et traitable126… Mes défauts désormais sont mes seuls ennemis.
Resté seul avec Lebonnard, Cygneroi pousse le soupir essoufflé qui suit les corvées faites à contre-cœur, et déclare que sa femme ne reverra jamais plus son ancienne maîtresse. […] La princesse Georges rentre dans sa chambre, la tête en feu, le cœur déchiré : son mari la trahit, la ruine, l’abandonne ; il va la laisser seule, comme dans un désert, à un veuvage désolé par toutes les horreurs de la jalousie.
Droz, du rivage élevé où il est assis, et avec la réflexion du sage, se plaît à nous indiquer du doigt quels eussent pu être ces moments fugitifs : mais qu’étaient-ils sans l’homme capable et supérieur qui, seul, eût pu en tirer parti, leur donner en quelque sorte l’existence historique, et en faire des époques véritables ? […] Droz a senti qu’en révolution il ne fallait pas abdiquer sitôt, qu’il existait alors un homme de génie, le seul même qu’eût produit le mouvement de 89, Mirabeau, et que tant qu’avait vécu ce puissant mortel, il n’y avait pas eu lieu de désespérer tout à fait d’une direction politique.
Nous continuerons de le suivre hors de France, en faisant remarquer un seul point pour l’explication morale de sa conduite ; c’est que Mallet du Pan n’était point Français. […] Et en effet, le seul remède qu’indiquât Mallet du Pan, ce lointain remède de la monarchie constitutionnelle, est présenté par lui dans des termes qui marquent bien à quel point il en sentait l’incertitude dans son application à la France : Si jamais, disait-il, un législateur tire la France de l’oppression de ses légistes et la ramène à un gouvernement, ce ne peut être par une législation simple adaptée aux convenances primitives.
— frisson et brûlement, quelque chose qui fait qu’on est un peu dérouté, tout en étant fortement saisi ; les seuls esprits du premier ordre, les seuls génies suprêmes, sujets à des absences dans l’infini, donnent au lecteur cette sensation singulière, stupeur pour la plupart, extase pour quelques-uns.
Et quand on songe qu’une seule suffit pour interdire qu’on soit liseur, on comprend que La Bruyère, ou tout autre auteur, soit effrayé des obstacles qu’il a à vaincre et du petit nombre de personnes qui restent, non pas pour lire son livre, mais pour n’être pas dans l’impossibilité de l’ouvrir. […] D’eux seuls il écoutait la valable sentence portée sur son ouvrage, ou la réconfortante promesse de victoires futures lorsqu’il se, voyait encore une fois condamné par le tribunal du public.
C’est ainsi qu’on en vint aux grands remèdes sans presque se douter de la difficulté, ou du moins en la voyant tout entière d’un seul côté, dans l’obstacle qu’opposaient les privilégiés et la Cour.
Plus fidèle à son auteur, il doit quelquefois à cette exactitude même d’assez heureuses rencontres, témoin ces vers de l’ode suivante : L’oiseau fend l’air ; le poisson nage ; Le lièvre, au défaut de courage, Sait déployer l’agilité ; L’homme seul eut pour lui la prudence en partage.
Ce qui domine chez Henri, c’est quelque chose d’honnête, de régulier et de sérieux ; les idées d’ordre et de devoir sont toutes-puissantes sur son esprit ; sa sensibilité vive se cache sous des dehors graves et froids ; dans la situation délicate et même équivoque où il s’est placé, il ne déroge pas un seul instant à la prudence, à la franchise ni au courage ; en un mot, s’il y a du Paul Jones dans le corsaire, il y a du Washington dans ce jeune homme.
Scribe y songe : la haute muse comique, qui à la vue des excès du vaudeville est blessée au cœur et nous boude avec raison, a tendu la main à l’auteur de la Camaraderie, et le protégerait de préférence à beaucoup d’autres, si, au lieu d’éparpiller ses forces, il s’appliquait à les réunir ; s’il livrait plus souvent de véritables combats, au lieu d’escarmouches sans fin ; s’il donnait à son observation plus d’étendue et de profondeur, et s’il ne dédaignait pas aussi ouvertement cette puissance ombrageuse qui ne se laisse captiver que par de continuels sacrifices, mais qui seule aussi peut faire vivre l’écrivain : c’est du style que je veux parler.
La femme danse seule et ne danse pas pour son plaisir.
René Boylesve Le seul homme actuellement doué du privilège d’écrire le beau vers français est Jean Moréas.
Mais tout seul le temps le désagrège, capricieux et protecteur d’inédit.
Moi seul je tirerai de l’autre côté, et je vous amènerai tous à moi, même avec la mer et la terre, si telle est ma volonté. » C’était parler en souverain du monde.
En poursuivant les prétendus Sages de ce siecle dans la carriere des Arts & de la Politique, où ils n’ont pas moins extravagué que dans la Physique, il aura sur les autres adversaires de la Philosophie, l’avantage d’avoir combattu des erreurs dangereuses, avec les seules armes du ridicule & de la bonne plaisanterie.
& ses Zélateurs ne sont-ils pas à la veille de ne conserver que le nom de Sophistes, le seul que dans tous les temps on a jugé propre à les caractériser ?
Cette abréviation, plus laide encore que le mot complet, est fort usitée ; kilo et kilomètre sont même à peu près les deux seuls termes usuels que le système métrique ait réussi à introduire dans la langue, puisque litre sous cette forme et sous celle de litron existait déjà en français44.
Il sait bien que l’art seul, l’art pur, l’art proprement dit, n’exige pas tout cela du poète, mais il pense qu’au théâtre surtout il ne suffit pas de remplir seulement les conditions de l’art.
Il ne faut pourtant pas blâmer ce genre de peinture, c’est celui du fameux Rembrand ; ce nom seul en fait suffisamment l’éloge.
Chaque professeur restera constamment attaché au même objet d’enseignement, c’est-à-dire que celui qui montrera le droit civil ne passera point de sa chaire à celle de droit ecclésiastique ; c’est le seul moyen de perfectionner chaque maître dans sa partie.
Son talent n’est pas ordinaire pour une femme et pour une femme qui s’est faite toute seule.
Mais ces poëtes avoient été élevez dans l’esprit republicain qui regnoit parmi les atheniens, et qui cherchoit toujours à rendre odieux le gouvernement d’un seul.
Section 34, du motif qui fait lire les poësies : que l’on ne cherche pas l’instruction comme dans d’autres livres Les gens du métier sont les seuls qui se fassent une étude de la lecture des poëtes.
Ils seront convaincus qu’il est comme impossible, que de cent génies, un seul demeure toûjours enseveli, à moins que par une bizarrerie particuliere le hazard ne le fit naître parmi les tartares calmucs, ou qu’on ne l’eut transporté dès son enfance chez les lappons.
Le sort des artisans sans génie est de s’attacher principalement à l’étude de quelque partie de l’art qu’ils professent, et de penser après y avoir fait du progrès, qu’elle est la seule partie de l’art bien importante.
Il charge son fusil… Mais la guinné n’ignore pas un seul de ses mouvements.
Dans l’assemblée dont nous parlions tout à l’heure on voyait deux choses à la fois : certains dogmes de la société ancienne, à moitié admis, à moitié rejetés par ceux qui les professaient encore, ou qui voulaient encore les professer ; certains dogmes de la société nouvelle, qu’on avait le dessein d’admettre sans conviction, et par la seule nécessité des circonstances.
Voilà pourquoi, dans le Fils de Giboyer, il n’y a pas une seule plaisanterie que l’on n’ait entendue cent fois, pas un mot cherchant à faire trait que l’on n’ait ramassé sous les pieds de tous dans les conversations !
La seule solution était donc de trouver quelque provisoire qui conciliât le sentiment religieux et l’analyse scientifique.
» Selon eux, parmi ces organes, il en est un d’espèce supérieure, l’État, siège de l’intelligence : en lui seul réside la raison, la connaissance des principes, le calcul et la précision des conséquences ; dans les autres, il n’y a que des poussées brutes, tout au plus, un instinct aveugle.
Il a été constaté que pas une seule fois, depuis sa nomination par ordonnance, M. de Montesquiou n’avait mis les pieds dans la salle, des séances de l’illustre compagnie.
On y embrasserait dans un seul coup d’œil les premiers essais gigantesques, excessifs, un peu extravagants, d’un talent pittoresque et passionné, tout neuf, sa perfection presque aussitôt, sa saison toute classique dans René et dans Eudore, sa manière parfaite encore, mais déjà un peu sèche et roide, dans l’Abencerage.
C’est que cette recherche du vrai, but et seul but de la science, n’est, pour les littérateurs, qu’un moyen artistique.
Le faux seul fut noble.
Mais il y a une certaine propriété des phrases comme des mots, qui fait que certain groupe de mots correspond exactement à l’idée, et y correspond seul.
Une telle façon d’écrire est, en effet, incompatible avec cet accent qui, chez les conteurs parfaitement simples, est à lui seul un témoignage de vérité, l’accent d’un Villehardouin, d’un Joinville ou d’un Bernal Diaz.
Mais je sais que sa réputation est immense, et plus européenne encore que française ; qu’il est plein d’idées, fertile en inventions, et mécanicien et chimiste presque autant que chirurgien ; qu’il s’est élevé seul, en dehors des cadres officiels et des académies, et que son exemple est excellent à une époque où nous commençons à connaître mieux le prix de l’énergie individuelle et de ses œuvres.
Du fait seul que telle chose était du goût de l’adversaire qui a succombé, elle doit être réprouvée sous peine d’être accusée de complicité avec les desseins funestes que la défaite a fait avorter.
La poésie n’était pas seule naïve à Rome, la sculpture, la peinture ne l’étaient pas moins.
La Peine veille sur la paix ; le Châtiment couvre la sécurité de son glaive, et sa menace seule est une protection.
La Fontaine se sert exprès de ces expressions qui appartiennent à l’art de raisonner, que l’homme dit être son seul partage, et que Descartes refuse aux animaux.
L’évêque de Meaux a créé une langue que lui seul a parlée, où souvent le terme le plus simple et l’idée la plus relevée, l’expression la plus commune et l’image la plus terrible, servent, comme dans l’Écriture, à se donner des dimensions énormes et frappantes.
Que de maux guéris par un seul ruban consacré !
Ce que je sais, c’est que je n’ai jamais songé à y mettre les saletés qu’y découvrent les gens moraux ; c’est que j’en ai décrit chaque scène, même les plus fiévreuses, avec la seule curiosité du savant. » On ne demandait pas mieux que de croire, et même quelques jeunes avaient, par le besoin d’exaspérer le bourgeois, exagéré la curiosité du savant.
Seul, Spenser la prend au sérieux et naturellement. […] Ce torrent d’érudition vient se distribuer en canaux géométriquement tracés qui divergent à angles droits sans dévier d’une seule ligne. […] Vingt-sept noms font toute l’histoire des temps qui précèdent le déluge, et tous les noms conservés jusqu’aujourd’hui ne font pas ensemble un seul siècle de vivants. Le nombre des morts excède de beaucoup tout ce qui vit ; ce que le monde a vécu dépasse beaucoup ce qui lui reste à vivre, et chaque heure ajoute à ce nombre grandissant qui ne sait s’arrêter une seule minute… D’ailleurs l’oubli enlève au souvenir une large part de nous-mêmes, même lorsque nous sommes vivants encore. […] On les cherche, Galilée les trouve ; désormais l’œuvre de la Renaissance, dépassant le point extrême où Bacon l’a poussée et laissée, peut s’étendre seule, et va s’étendre à l’infini.
Cette mule était si fidèle à son maître, qu’il la laissait toujours seule dans la place Royale, au coin qui donnait vers sa boutique. […] Le roi seul en peut tirer, comme je le viens de dire, ou son ordre spécial ; or, quand le roi donne cet ordre, ce n’est pas directement, mais en défendant de porter à manger au fugitif dans le lieu où il est, ce qui le réduit enfin à en sortir. […] Les murs dont les jardins sont enfermés sont faits de terre, la plupart de la hauteur accoutumée de dix à douze pieds, couverts de haut en bas de petites lampes incrustées pour les illuminations, et surmontés d’un corridor dont le roi seul a l’usage, et par lequel il va partout sans être aperçu. […] Il a trois grandes avenues, une dans la place Royale, comme je l’ai dit, une autre vis-à-vis du petit arsenal ; la troisième, qui est la principale, qu’on appelle la porte des Cuisines, et il y en a une autre, à demi-lieue de là, par laquelle il n’y a que le roi seul qui puisse passer. […] Les officiers de l’État, et ceux qui ont affaire au roi, peuvent entrer dans les deux premières salles, mais les seuls eunuques entrent dans la troisième.
Un instant, il nous montre la victoire d’un devoir incontestable (Horace), puis d’un devoir plus douteux (Polyeucte) sur la passion ; mais bientôt cela ne lui suffit plus : ce qu’il exalte, c’est le triomphe de la volonté toute seule, ou tout au plus de la volonté appliquée à quelque devoir extraordinaire, inquiétant, atroce, et dans la conception duquel se retrouvent, avec la naïve et excessive estime des « grandeurs de chair » (Pascal), les idées de l’Astrée et de la Clélie sur la femme et les doctrines du XVIe siècle sur la séparation de la morale politique et de l’autre morale. […] On connaît la mystique invocation d’Hippolyte à Artémis, ce chant vraiment pieux et dont le ton rappelle celui des cantiques à la sainte Vierge : « … Ô ma souveraine, je t’offre cette couronne cueillie et tressée de mes mains dans une fraîche prairie, que jamais le pâtre et ses troupeaux ni le tranchant de fer n’ont osé toucher, où l’abeille seule au printemps voltige, et que la Pudeur arrose de ses eaux limpides, etc. » Cette image (la Pudeur et ses eaux limpides), M. […] Mais enfin la variété des éléments d’une œuvre et le romantisme, est-ce donc une seule et même chose59 ?
Le Français, selon lui, a un mérite distinctif : « Il est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le cœur se corrompe et que le courage s’altère. » Il voudrait voir l’éducation publique se réformer et s’appliquer mieux désormais aux usages et aux emplois multipliés de la société moderne ; il prévoit à temps ce qui serait à faire, et, connaissant le train du monde, il craint toutefois qu’on ne le fasse pas à temps : « Je ne sais, dit-il, si j’ai trop bonne opinion de mon siècle, mais il me semble qu’il y a une certaine fermentation de raison universelle qui tend à se développer, qu’on laissera peut-être se dissiper, et dont on pourrait assurer et hâter les progrès par une éducation bien entendue. » Duclos veut une réforme en effet, et non point une révolution. […] Mais en même temps il sait les inconvénients du bel esprit, et de cette disposition contagieuse qui se croit propre à tout et qui ne l’est qu’à une seule chose.
Après les heures qu’elle employait auprès de son estimable gouvernante Mme de Sonsfeld, personne de mérite qu’un coup du ciel lui donna pour remplacer l’abominable Leti, ses meilleurs moments, ses seuls bons moments étaient ceux qu’elle passait avec son frère, et si la raillerie, la satire, le rire aux dépens du prochain les occupaient trop souvent, il faut bien penser que c’était une revanche très permise à des natures supérieures entourées d’êtres grossiers, abjects ou méchants qui les opprimaient. […] Ainsi, en quittant l’Ermitage, où il est retourné la voir en 1743 : Ce ne sont point, ma sœur, tous vos brillants plaisirs, C’est vous seule que je regrette.
Un avocat journaliste qui ne demandait avis à personne et qui jugeait d’après lui-même jusqu’à être souvent seul contre tous, Linguet, dont Voltaire a su apprécier les talents et la vigueur d’esprit, publia sur le grand écrivain, au lendemain de sa mort, un essai où il y a quelques réflexions très justes et fort bien rendues. […] J’aurais trop de reproches à me faire, si je m’étais amusé à composer un seul de ces ouvrages pernicieux.
Étant tel de sa nature, homme de prudence et de conseil avant tout, la principale ou même la seule raison de l’abdication de Charles-Quint, ce fut sa santé usée, ruinée par les fatigues, et aussi, il faut le dire, par les intempérances. […] Ce fils, le sombre et jaloux Philippe II, était alors dans les Pays-Bas ; Charles-Quint se permet une seule fois de lui donner des conseils.
Delécluze seul avait manié le pinceau ; mais son instruction, très-réelle et estimable quand elle se tenait dans le domaine historique, ne servit guère à lui affiner le goût. […] Certes, il aime d’un sincère amour et Rabelais et Ronsard, — le Ronsard lyrique, — et quelques poètes de Louis XIII, Saint-Amant, son homonyme Théophile, etc. — La Bruyère seul (cela est à noter) obtient grâce et lui plaît de prédilection entre tous les auteurs dits du grand siècle. — Mais, pour la plupart du temps, ses vrais goûts sont ailleurs : Shakespeare, Gœthe, Heine, peuplent son ciel et sont ses dieux ; il sent plus volontiers le chef-d’œuvre étranger que le chef-d’œuvre national.
Au lieu de cela, il répondit au maréchal avec des paroles d’honnête condoléance pour son échec qualifié simplement de victoire manquée, avec des félicitations pour la valeur des jeunes seigneurs et des officiers, et par des regrets au sujet des morts ; puis il ajoutait : « Je ne suis pas moins fâché que vous de ce que vous me dites de ma Maison, et surtout de celle à cheval ; trop de complaisance doit en être la seule cause ; tenons-nous-le pour dit pour l’avenir. […] On aura remarqué comme il parle de toutes ces intrigues et cabales, moins en roi qu’il est et qui d’un seul mot peut tout réduire à néant, que comme un homme qui se croise les bras et n’est aux premières loges que pour regarder. — La vérité, sur ce point historique, c’est que la pénitence du maréchal de Broglie ne fut que bien peu de chose ; on peut dire qu’elle ne compta pas et ne fut prise au sérieux ni à la Cour ni dans une partie du public : on vient d’entendre Mme de Tencin ; Barbier, dans son Journal, dit positivement : « On croit que la disgrâce n’est qu’une feinte. » De là l’erreur de Frédéric, très excusable.
Après deux années de ce rôle assez ingrat et infructueux, il écrivait (mai 1772) : « Le mauvais ton des alentours, l’habitude de ne recevoir ni correction ni même avis du roi et de M. le Dauphin, les seules autorités légales et convenables pour Mme la dauphine, enfin l’éloignement de 300 lieues, voilà à mon avis les causes du peu d’effet des lettres de réprimande. […] Il le faut tel qu’il l’a pour rester sans ambition à une grande et tumultueuse Cour ; vos bontés seules l’attachent. » — Et le 31 août suivant, en post-scriptum : « Ce que vous avez fait pour l’abbé de Vermond me fait un plaisir infini et vous fait honneur. » A quoi Marie-Antoinette répond le 19 septembre : « L’abbé est bien sensible à la bonté de ma chère maman.
Rentré chez moi, je décidai que le seul moyen de prendre pied dans cette affaire était d’y faire entrer un personnage politique important ; après avoir bien cherché : « Ma foi ! […] J’entame avec lui une conversation et, tout en nous promenant, je dirige nos pas vers la salle du billard, où enfin nous nous trouvons tous deux seuls : — « Monseigneur, lui dis-je, l’horizon se rembrunit. » — « Vous pensez, monsieur ?
Mais sa grande joie était surtout d’aller au bois dans les petites îles de la Garonne, toutes remplies de saussaie : « Pieds nus, nu-tête, dit-il, j’allais à la ramée ; je n’étais pas seul ; nous étions vingt, nous étions trente. […] Jasmin seul reste pensif et cherche à s’assurer de ce qu’il soupçonne à travers le triste sourire de sa mère.
Qu’il sache de plus que même dans leur nouveauté elles ont été impuissantes, et que les points essentiels, les seuls auxquels on tenait, demeurent désormais gagnés. […] Il n’a pas voulu reconnaître que du Fénelon tout pur, venant à la fin du xviiie siècle ou au commencement de celui-ci, n’aurait produit qu’un effet un peu lent ; qu’il y avait lieu, quand la peinture gagnait de toutes parts et allait s’appliquer à tous les âges, de ne pas laisser l’antiquité seule pâlir.
D’abord il n’y a pas une seule ingénue, et peut-être, en effet, ne peut-il pas y en avoir dans ce monde particulier. […] Il caracole presque trop : par exemple, dans ce passage de Madame de Givré, dix pages avant le coup de pistolet dont elle tue son amant en voulant tuer son mari — le seul coup de pistolet qui soit tiré dans les romans de M.
Vitellius, comme on sait, fut le plus gourmand des empereurs : quelquefois on rassemblait pour sa table, de tous les points de l’empire, force gibier de toute espèce, et de chaque animal on prenait seulement la cervelle, ou quelque autre partie délicate, pour offrir dans un seul plat à cet empereur gastronome un extrait de tout ce que la voracité humaine peut désirer. […] Et il y a un grand charme dans cette sorte de comparaison, qui nous fait passer en un seul instant de l’un des deux mondes dans l’autre.
La seule multiplication des groupements auxquels un même homme peut appartenir rend ces groupements à la fois moins exclusifs et moins oppressifs. […] Il y a l’idéologie solidariste qui consiste à voiler l’antagonisme foncier qui fait de chaque individu l’ennemi de tous les autres, pour déployer à nos yeux la solidarité qui les relie ; solidarité réelle assurément, mais qui n’est qu’un des côtés du tableau : côté qu’on se plaît à mettre seul en lumière, en laissant l’autre côté dans une ombre prudente.
Il eut une grande influence sur la destinée de Florian ; il arrêta à temps en lui ce que la seule influence de Voltaire et celle de tout le siècle auraient pu y produire d’un peu libertin. […] C’est là la véritable épitaphe de Florian, de cet homme heureux, de ce talent facile et riant, que tout favorisa à souhait dès son entrée dans le monde et dans la vie, mais qui ne put empêcher un jour l’inévitable douleur, l’antique douleur de Job, qui se renouvelle sans cesse sur la terre, de se faire sentir à lui, et de lui noyer tout le cœur dans une seule goutte d’amertume.
Chaque profession, en effet, nourrit à sa manière de bons esprits qui trouvent, dans le sujet habituel qu’ils ont en main, des expressions heureuses, des termes hardis et naturels, dont un bon écrivain peut faire ensuite son profit, mais dont seul il ne se serait pas avisé. […] De tous ces princes et seigneurs qui ne parlent en sens divers que de la religion de Dieu, du service du roi, de l’amour de la patrie, « je n’en vois pas un tout seul, dit-il, qui, sous ces beaux prétextes, ne ruine totalement le royaume de fond en comble… Il seroit impossible de vous dire quelles cruautés barbaresques sont commises d’une part et d’autre : où le Huguenot est le maître, il ruine toutes les images, démolit les sépulchres et tombeaux… En contr’échange de ce, le catholique tue, meurdrit, noie tous ceux qu’il connoît de cette secte ; et en regorgent les rivières… » Quant aux chefs, bien qu’ils fassent contenance de n’approuver tels déportements, Pasquier remarque qu’ils les passent aux leurs par connivence et dissimulation.
Enfin elle peut être utile à ce frère qu’elle considère « comme celui seul que Dieu lui a laissé en ce monde, père, frère et mari ». […] François Ier, à cette date, en avait cinq, qui, à l’exception d’un seul, venaient tous d’avoir la rougeole : Et maintenant, dit Marguerite, sont tous entièrement guéris et bien sains : et fait merveille M. le Dauphin d’étudier, mêlant avec l’école cent mille autres métiers (exercices) ; et n’est plus question de colère, mais de toutes vertus.
Puis, pendant que nous sommes encore seuls, il se met à parler de la vie qu’il va mener dans six semaines, de son habitation, de la soupe à la poule, l’unique plat que sait faire son cuisinier, et des conférences qu’il a sur un petit balcon, presque au ras de terre, avec les paysans, ses voisins. […] — Monsieur, il n’y a pas aujourd’hui un seul morceau de poisson dans la ville de Rouen !
Cette ressemblance seule est trop frappante pour ne pas rendre inutiles tous les autres déguisements.
Le directeur de la Revue Suisse avait tous droits de retouches et de repentirs sur ces envois ; il modifiait à son gré ; il y était même souvent excité par Sainte-Beuve, qui presque toujours, à côté de passages un peu vifs, avait soin d’écrire en marge : « Ceci pour vous seul, pour que vous soyez averti. » Le passage disparaissait ou était maintenu selon que M.
C’est qu’en effet le cœur de l’homme est ainsi fait que souvent la vérité, par cela seul qu’elle est la vérité, l’indispose et l’offense.
Au milieu de l’espèce de lac, il y avait un grand courant, un Rhône qui traversait, qui ébranlait la masse et qui finit par la précipiter ; sur ce courant du milieu, s’agitaient des orateurs, des guerriers, la jeunesse à la nage, le peuple, un poëte libéral, un seul vrai, Béranger avec sa lyre !
Pour moi, il me semble que ces hommes, doués d’une seconde vue, sont assez semblables à ces chauves-souris en qui le savant anatomiste Spallanzani a découvert un sixième sens plus accompli à lui seul que tous les autres… Ce sixième sens, si admirable, consiste à sentir dans chaque objet, dans chaque personne, dans chaque événement, le côté excentrique pour lequel nous ne trouvons point de comparaison dans la vie commune et que nous nous plaisons à nommer le merveilleux… Je sais quelqu’un en qui cet esprit de vision semble une chose toute naturelle.
, le devoir des générations nouvelles, leur piété bien entendue envers les mânes de ces hommes dont la grandeur et les vrais bienfaits ont racheté les faiblesses, consiste, au défaut du génie que Dieu seul dispense, à ne pas s’endormir dans un lâche sommeil ni dans des intérêts étroits et vulgaires, à ne pas s’égarer dans de chétives ambitions, à ne pas croupir au giron de quelque pouvoir corrompu et corrupteur, mais à marcher avec constance, développant leur pensée, défendant leur droit, n’abdiquant aucune portion de la vérité, la cherchant dans la méditation et l’étude, la répandant par la parole, et fidèles à tout ce qui relève l’homme et l’honore.
On peut voir maintenant que Charles d’Orléans et Thibaut de Champagne, qui avaient pris à eux seuls toute la gloire de leurs contemporains ou devanciers, n’étaient que d’heureux et premiers échantillons de cette branche de notre poésie qui s’étend depuis le milieu du xiie siècle jusqu’à la fin du xve , et qui cesse dans la poésie plus érudite de la Renaissance.
Ce retard admis, la scène dans laquelle le fat se démasque, l’impudence qui lui fait tirer argument de son tort même et de son manège prolongé près de la femme compromise, pour en arracher un succès, la menace misérable qui termine, tout cela est vrai, bien vu, animé : « C’est la seule scène de la pièce », disait à côté de moi une femme.
Et ici, franchissant les années pénibles, on n’a qu’à noter le bon sens avec lequel le roi Jérôme apprécia la situation que lui faisaient les événements de 1813 : « Roi par les victoires des Français, disait-il, je ne saurais l’être encore après leurs désastres. » Mais ce serait faire injure à sa mémoire que de louer la fidélité avec laquelle il s’exécuta, sans prêter un seul instant l’oreille aux fallacieuses promesses par lesquelles on essayait de le détacher.
J’ai voulu fournir à de jeunes esprits l’occasion de réfléchir sur les moyens par lesquels ils pourront donner à leurs écrits la bonté qu’ils ont dû rêver souvent et désespérer d’atteindre, sur les meilleures et plus courtes voies par où ils pourront se diriger à leur but et nous y mener ; leur inspirer des doutes, des scrupules, des soupçons d’où leur méditation pourra tirer ensuite des principes et des certitudes, sur toutes les plus importantes questions que l’écrivain doit résoudre et résout, bon gré mal gré, sciemment ou non, par cela seul qu’il écrit d’une certaine façon ; donner le branle enfin à leur pensée, pour que, s’élevant au-dessus de l’empirisme, ils cherchent et conçoivent la nature et les lois générales de l’art d’écrire, pour qu’ils développent en eux le sens critique, et que, mettant la conscience à la place de l’instinct, ils arrivent à bien faire en le voulant et en le sachant.
L’âme n’est jamais tout entière active, et il semble que la vie s’y ramasse toujours en un seul point.
Relisez Seule et Mademoiselle Guignon, ces deux excellents récits.
Là-dessus, critiques et chroniqueurs, et non seulement ceux qui ne sont pas très intelligents, mais aussi les autres, se sont écriés comme un seul moraliste (et, tandis qu’ils suppliaient « qu’on ne parlât plus de ces choses », ils en parlaient eux-mêmes abondamment) : — À quoi bon ces exhumations ?
Lorenzi de Bradi Vivant dans la résignation et l’humilité, épris de silence et de solitude au sein de Paris, seul peut-être aujourd’hui, M.
Armand Silvestre, en qui le prosateur rendrait injuste pour le poète, — le poète éperdu de seul lyrisme, — a écrit, dans les Paysages métaphysiques notamment, quelques-uns des plus beaux vers que je sache.
C’est une heureuse illusion que celle des âmes simples qui croient que ce poète est religieux ; n’a-t-il pas gardé de la religion la seule chose essentielle : l’amour et le respect de l’homme ?
Il n’était pas le seul dans la troupe qui en donnât l’exemple.
J’aimerais qu’à ces éphèbes on répondit en toute sincérité, et avec la seule ironie socratique, par cette interrogation : « Mais qu’entendez-vous par littérature ?
La sensation ou les sensations que nous marquons par le mot résistant, semblent être les seules qui soient connotées par le mot étendu.
La galanterie n’était pas la seule cause des variations qui avaient lieu ; la cupidité, la vanité, la turbulence, enfin l’inconstance naturelle à certains caractères et à certaines situations, y avaient part aussi.
Il faut se rappeler que c’est elle qui a produit le seul colosse que ce siècle puisse mettre en regard de Bonaparte, si toutefois Bonaparte peut avoir un pendant ; cet homme de génie, turc et tartare à la vérité, cet Ali-pacha, qui est à Napoléon ce que le tigre est au lion, le vautour à l’aigle.
Quelquefois ma raison, par de foibles discours, M’invite à la révolte, & me promet secours : Mais, lorsqu’à mon besoin je me veux servir d’elle, Après beaucoup de peine & d’effort impuissans, Elle dit qu’Uranie est seule aimable & belle, Et m’y rengage plus que ne font tous mes sens.
« Il prétend règner seul sur le parnasse.
Mais rien ne mortifia tant Rousseau que la Henriade : ce poëme admirable, le premier qu’ait eu la nation, parce qu’il est effectivement le seul dont elle se vante.
À vrai dire, les Époques littéraires ne doivent être datées que de ce que l’on appelle des événements littéraires1 : — l’apparition des Lettres provinciales, ou la publication du Génie du christianisme ; — et non seulement cela est conforme à la réalité, mais c’est encore le seul moyen qu’il y ait d’imprimer à l’histoire d’une littérature cette continuité de mouvement et de vie, sans laquelle, à mon sens, il n’y a pas d’histoire.
La Henriade Si un plan sage, une narration vive et pressée, de beaux vers, une diction élégante, un goût pur, un style correct, sont les seules qualités nécessaires à l’Épopée, la Henriade est un poème achevé ; mais cela ne suffit pas : il faut encore une action héroïque et surnaturelle.
Les puissances unies de la matière sont à une seule parole de Dieu comme rien est à tout, comme les choses créées sont à la nécessité.