Ceux qui l’ont entendu plaider, assurent que ses Discours réunissoient le talent d’une éloquence mâle & vigoureuse, à cette douce chaleur de sentiment qui acheve le triomphe de la Justice & de la Vérité, en les faisant aimer de ceux même qui ont intérêt à les combattre.
Ses Sermons, peu éloquens à la vérité, sont du moins solides ; & ses sentimens trouvent un nouveau sujet d’éloge, dans le zele qu’il a eu de contribuer au succès des Prédicateurs d’un talent supérieur au sien.
Le Philosophe de Samos semble n’avoir voyagé que pour rapporter des erreurs, & M. de la Condamine a été nous chercher des vérités jusqu’aux extrémités de la terre, qui ont ensuite enrichi les Mémoires de l’Académie des Sciences.
Après avoir donné une élégante Traduction en Vers d'Anacréon & de quelques autres Poëtes Grecs ; après avoir débuté sur la Scene par deux Tragédies, Ajax & Briseïs, qui n'ont pas eu, à la vérité, beaucoup de succès, mais qui en eussent obtenu davantage, si une Poésie pure, facile, & harmonieuse, pouvoit remplacer le défaut d'intérêt dans l'une, & faire pardonner la trop grande complication d'incidens dans l'autre ; il a renoncé à la carriere du Théatre, & semble avoir fait ses derniers adieux à Melpomene, dans son Appel au petit Nombre, où il prouve à la Multitude qu'elle a tort, avec autant de chaleur & d'énergie, que de littérature & d'érudition.
Malgré cela, bien des Femmes d’une certaine dévotion y sont encore attachées, par la raison qu’elles peuvent dire, avec encore plus de vérité que les Hommes, Nitimur in vetitum, cupimusque negata.
Il a répandu cette magie dans quelques autres compositions où se trouvant jointe au dessin, à l’invention, et à une extrême vérité, tant de qualités réunies en font dès à présent des morceaux d’un grand prix.
Pictet, renferment à la fois de la vérité et de l’erreur ». […] Tout cela est dit en vers nerveux, pleins de pensées, c’est-à-dire gros de vérités. […] Il faut qu’il aime, qu’il souffre, qu’il cherche la vérité à travers le travail et l’angoisse. […] Il y a là tout un dogme, et un dogme de vérité. […] Disons donc aussi les vérités qui consolent, car elles sont tout aussi vraies que les autres.
« L’esprit de M. le Chevalier d’Aydie est chaud, ferme et vigoureux ; tout en lui a la force et la vérité du sentiment. […] Il prouve la vérité de ce que dit Rousseau, que c’est dans notre cœur que notre esprit réside80. […] Tout ce qui blesse la probité et la vérité devient sa querelle particulière. […] Je n’ai vu d’elle que ses portraits : c’est l’idéal de la beauté. » Voilà une partie des réparations que je devais à la vérité ; j’en ai d’autres à faire encore au sujet du portrait et des sentiments. […] Cette dame, à qui j’ai des obligations infinies, sait heureusement la vérité, et je n’ai rien perdu dans son estime.
Le sang, le feu, la fumée qui monte de la graisse des victimes, sont décrits avec une puissance de vérité qui, sans tomber dans le dégoût et dans l’horreur, font respirer aux sens l’odeur de l’holocauste. […] Pandarus, pour tendre avec plus de force cet arc, l’appuie par un bout en inclinant l’autre sur la terre, etc. » Quelle imagination résisterait à des tableaux si achevés et si ciselés de vérité ! […] « Femmes, dites-moi la vérité », demande-t-il aux suivantes. « Où donc est-elle allée la belle Andromaque hors de son palais ? […] Voilà le mot de la vérité. […] » On voit avec quel don de poésie dans la vérité le chantre des héros et des dieux sait poétiser les plus vulgaires ustensiles du ménage et de la cuisine domestique.
Thiers d’aimer Napoléon, mais de l’aimer aux dépens de la vérité, de la moralité, de la liberté et de la justice. […] C’est là la magie de la vérité dans l’écrivain qui sait la retirer vivante des documents compulsés par la patience. […] Une pareille histoire est l’épopée de la vérité. […] Thiers, malgré la sobriété de ses couleurs et la brièveté de ses contours, donne dans ses portraits, non le relief, mais la vérité des physionomies. […] Fouché, elle avait pris ce dernier en gré, parce que, tout jacobin qu’il était, disait-elle, il osait faire entendre la vérité au premier Consul, et, à ses yeux, faire entendre la vérité au premier Consul, c’était lui conseiller la conservation de la République, sauf à augmenter son pouvoir consulaire.
La vérité, la raison ou l’intelligence est l’unique juge des choses ; … il adopte ces seules maximes éminemment spiritualistes. […] Les vérités nécessaires sont contemporaines de tous les temps, parce qu’elles sont nécessaires à tous les hommes. […] Chacun avait ainsi sa part d’erreur ou de vérité qu’il se faisait à soi-même : au peuple la fable, aux sages la vérité. […] « Vous avez, à la vérité, grand tort de l’avouer. […] XXXIII Mais l’existence d’une divinité une et suprême, l’immatérialité de l’âme et son immortalité sont confessées plus loin comme des vérités rationnelles avec une force de logique et avec une multiplicité d’arguments qui n’ont jamais été surpassées.
Son Traité de la vérité de la Religion Chrétienne lui donne un rang distingué parmi les défenseurs de la Religion, & son Livre de l’Art de se connoître soi-même, le place parmi les vrais Philosophes & les bons Littérateurs.
le Beau n’a pas, à la vérité, dans le style autant d’intérêt que le célebre Recteur de l’Université ; mais il écrit en général d’une maniere plus correcte & moins diffuse.
Ont-ils oublié ce qu’ils ont dit tant de fois, qu’un bon Historien ne doit être d’aucune Secte, d’aucun parti ; qu’il faut qu’il soit exempt de tout préjugé, de toute passion, & qu’il n’ait d’autre but que la vérité ?
Si elles ne sont pas, à la vérité, comparables à celles de la Fontaine, c’est que rien en ce genre ne leur est comparable.
Ses Contes sont moins agréables, à la vérité, que ceux de M.
Diderot, qui se réfutoit, à la vérité, d’elle-même par son extravagance & le délire philosophique qui y regne d’un bout à l’autre ; mais la Réfutation de M.
La plupart respirent une Philosophie mondaine, à la vérité, mais sans prétention ; ce qui est un grand travers de moins dans un temps où tout aspire aux honneurs philosophiques.
Vernet, [Jacob] Ministre & Professeur en Théologie, à Geneve, sa patrie, né en 1698 ; Auteur d'un Traité de la vérité de la Religion, d'un Abrégé d'Histoire universelle, des Lettres critiques d'un Voyageur Anglois, & de quelques autres Ouvrages peu connus, peu estimés, & qui méritent peu de l'être.
Les beaux ouvrages de poésie en tout genre, soit en vers, soit en prose, qui ont honoré notre siècle, ont révélé cette vérité, à peine soupçonnée auparavant, que la poésie n’est pas dans la forme des idées, mais dans les idées elles-mêmes.
C’est que ce ne peut être l’ouvrage que d’hommes méthodiques et profonds ; il n’est pas donné à un demi-savant, pas même à un savant, d’ordonner les vérités, de définir les termes, de discerner ce qui est élémentaire et essentiel de ce qui ne l’est pas ; d’être clair et précis.
Démêler dans tout cela la vérité, c’est vouloir tenter l’impossible. […] On n’insiste pas sur ce point dans les lycées de jeunes filles ; mais ce n’en est pas moins une vérité. […] Elle l’est davantage, disant d’aussi cruelles vérités avec une autorité moindre, ou plutôt avec une autorité qui, au lieu d’être infinie, est nulle. […] Tout est affaire de mesure ; mais je dis que mettre plus de mouvement dans le jeu que dans la diction est la vérité. […] À la vérité, ça suffit, et cela a été suffisant en effet pour la rendre immortelle.
Il se défendit, il repliqua, il répéta les expériences, & la vérité se fit jour. […] Ils sont un mélange de vérités dures & de plaisanteries. […] Outre ces satyres, ingénieuses à la vérité, mais outrées, Buchanan lâcha plusieurs épigrammes contre les cordeliers. […] Martyr de la justice & de la vérité, Ce grand homme vécut, mourut persécuté. […] La passion y tient lieu d’art, d’esprit, de méthode & de vérité ».
21° Il n’y a que des vérités relatives, la vérité absolue n’existe pas. […] La vérité, sur ce point, est rude, mais salutaire. […] C’est Maurras qui a relevé cette vérité si simple, méconnue chez nous depuis cent trente ans. […] J’appelle erreur ce qui tue, et vérité ce qui vivifie. J’appelle erreur ce qui expose inutilement, et vérité ce qui protège.
Il lui manquait, d’ailleurs, ce style sans lequel on n’intéresse pas même en faisant parler la vérité. […] Il rend même plus sensibles certaines vérités qu’il est essentiel à tous les hommes de connaître. […] Il peint le ridicule avec autant de finesse que de vérité. […] Panard, plein d’esprit & de feu, juste & précis, imagine vivement, écrit avec force, & peint avec vérité. […] Quelle vérité d’expression dans la fameuse ariette de l’Isle des Foux !
Saint-Maur est le plus vrai des poètes, comme il était le plus vrai des hommes ; et c’est sa vérité qui fait sa puissance.
Les périodes suivantes nous apprendront ce que vaut ce bienfait, ici je me borne à insister sur cette vérité, que nous le devons au mélange et à la parité des sexes dans la société dont l’hôtel de Rambouillet donna le premier exemple.
M. du Tillet s’exprime ainsi à son sujet, avec plus de vérité que de grace : « Il avoit une facilité merveilleuse à composer des Chansons presque dans l’instant, sur tout ce qui se présentoit d’agréable ou d’intéressant, & personne n’a mieux réussi que lui dans ce genre d’écrire.
Les traits en sont ingénieux, & d’autant plus piquans, qu’ils sont tous fondés sur la vérité : ainsi nous ne dirons pas que le Diable ait mal choisi son Secrétaire.
Sa conduite, il est vrai, pourroit faire croire qu’elle en a écrit certaines ; mais il vaut mieux les rejeter toutes comme apocryphes, puisque la fausseté manifeste de quelques-unes, forme un préjugé légitime contre la vérité des autres.
On a encore de Pierre Mathieu, une Histoire des choses mémorables, arrivées sous le Regne de Henri le Grand, où la vérité n’est pas toujours exacte, & où la diction ne l’est presque jamais.
Nous faisons tous les deux le même métier, vous dans l’art et moi dans la littérature ; or, j’avoue qu’il m’est singulièrement doux de penser que nous le faisons avec les mêmes instincts et les mêmes principes… avec la même résolution de dire la vérité même à ceux qui ne l’écoutent pas ou qui sont blessés de l’entendre.
Pourtant ce n’est point ici le cas, comme pour les Goncourt, de s’écrier devant la multiplicité des textes qu’il faut lire et même découvrir pour arriver à la vérité. […] Le rôle exact ici du Palais hanté ce serait à la fois de concrétiser et d’affiner l’idée principale de Poe : la concrétiser en la présentant sous un symbole plus simple, plus facile à reconnaître, car l’introduction de ces vers est un appel, un avertissement à l’âme du lecteur prévenu par la tradition que le lyrisme est la traduction des vérités essentielles ; l’affiner en ce que la vérité qui fait l’objet du récit, de l’allégorie, du symbole complexe et revêtant les apparences et le milieu d’un fait de vie, se présente en ce court poème dépouillée des laborieux apprêts sous lesquels le premier état de cette vérité se présente. J’emploie ici le mot de vérité, après avoir dit précédemment que Poe excluait de la poésie toute vérité ; c’est affaire de mots. […] Mais ce terme de vérité est essentiellement relatif et veut dire ici didactique et enseignant, car il est difficile d’admettre que l’auteur d’Eurêka ne fût sensible à l’attrait des réelles vérités jusqu’à se passionner pour leur recherche. […] D’autre part, bien des intangibles vérités ne sont saisissables que par leurs contrastes qui sont, dans la vie, les douleurs, les misères, les ridicules.
Ne lui demandez pas plus de chaleur ni de sympathie pour cet ordre de sentiments ou de vérités ; il a du lettré chinois dans sa manière d’apprécier les religions. […] Ainsi considéré, Virgile, dans ses Géorgiques, n’est plus seulement un poète, il s’élève à la fonction d’un civilisateur et remonte au rôle primitif d’un Orphée, adoucissant de féroces courages. — Touchant, en passant, les travaux de Pouilly et de Beaufort qui, bien * avant Niebuhr, avaient mis en question les premiers siècles de Rome, Gibbon s’applique à trouver une réponse, une explication plausible qui lève les objections et maintienne la vérité traditionnelle : « J’ai défendu avec plaisir, dit-il, une histoire utile et intéressante. » Celui qui exposera le déclin et la chute de l’Empire romain se retrouve ici, comme par instinct, défendant et maintenant les origines et les débuts de la fondation romaine. — En ce qui est de l’usage que les poètes ont droit de faire des grands personnages historiques (car Gibbon, dans cet Essai, touche à tout), il sait très bien poser les limites du respect dû à la vérité et des libertés permises au génie : selon lui, « les caractères des grands hommes doivent être sacrés ; mais les poètes peuvent écrire leur histoire moins comme elle a été que comme elle eût dû être ».
Parlant, je crois, de quelque souper chez le président Hénault, qui faisait les honneurs de chez lui en mangeant beaucoup, le prince de Ligne nous dit : « Marmontel l’a secondé à merveille ; Duclos pas mal, avec sa sécheresse et son sel ordinaire ; sel de mer à la vérité, sel amer, mais qui vaut mieux que le sel attique dont on parle toujours et où je ne trouve jamais le mot pour rire. » Les portraits des gens de lettres qui terminent le fragment trop court des Mémoires de Duclos, et où l’on voit passer Fréret, Terrasson, Du Marsais, La Motte, forment un des meilleurs et des plus agréables chapitres de notre histoire littéraire. […] Sur son manque de travail et d’effort intérieur, Duclos en dit plus qu’on n’eût pu en exiger de lui, et peu s’en faut qu’il ne se brusque lui aussi à sa manière ; il se dit des vérités comme il en disait aux autres. […] Le puissant commande, les gens d’esprit gouvernent, parce qu’à la longue ils forment l’opinion publique, qui tôt ou tard subjugue ou renverse toute espèce de despotisme. » Cette vérité est devenue, depuis, un lieu commun et commençait à l’être déjà.
On invente, on exagère, on empoisonne les choses, on ne les rapporte qu’à demi ; on fait valoir ses préjugés comme des vérités incontestables ; on débite cent faussetés ; on confond le général avec le particulier ; ce qu’un a mal dit, on le fait dire à tous, et ce que plusieurs ont bien dit, on ne le fait dire à personne : et tout cela, encore une fois, pour la gloire de Dieu. […] s’écriait-il, tandis que vous me confierez le ministère de votre sainte parole, je prêcherai ces deux vérités sans les séparer jamais : la première, que vous êtes un Dieu terrible dans vos jugements, et la seconde, que vous êtes le père des miséricordes et le Dieu de toute consolation. […] C’est s’en faire une idée trop contrite et trop recueillie : pour se représenter avec vérité Bourdaloue vivant et éloquent, et pour corriger une impression trop monotone, il faut y joindre le portrait peint par Mlle Chéron et gravé par Rochefort : Bourdaloue y a les yeux ouverts, vifs, le nez assez aquilin, la figure maigre et un peu longue, la bouche fine, la physionomie animée, spirituelle et pénétrante ; enfin il n’a pas les yeux fermés, la lèvre close et la physionomie morte (ou au repos) du portrait peint par Jouvenet et gravé par Simonneau.
Daru y parlait de lui-même avec modestie, de ses amis hommes de lettres avec un juste sentiment de réciprocité, et des grandeurs du règne présent sans exagération, avec vérité et force. […] Picard, à cette date, se trouvait à un moment critique et décisif pour son talent ; il était dans sa meilleure veine : par Monsieur Musard, un petit chef-d’œuvre, par Les Marionnettes, par Les Ricochets, il atteignait à toute la vérité de ce talent gai, vif, léger et naturel. […] Daru de loin, comme Andrieux de près, redisait à Picard les conseils de l’Art poétique d’Horace, conseils éternels et de bon sens, mais qui étaient peut-être d’une vérité trop générale et qui ne s’appropriaient pas assez au cas particulier.
Dans tout ceci je m’attacherai à présenter le Voltaire, non pas le plus complet, mais le plus honorable et le plus souhaitable, sans pourtant dissimuler l’autre, et en laissant apercevoir l’homme dans sa vérité. […] Comptez toujours sur l’estime, sur l’amitié d’un vieux philosophe qui a la manie, à la vérité, de se croire un très bon cultivateur, mais qui n’a pas celle de croire qu’on ait tous les talents. » Quand Voltaire a raison, il n’y a que lui pour avoir la raison si facile et si légère. […] Ce que je dois à ma religion, à ma patrie, à l’Académie française, à l’honneur que j’ai d’être un ancien officier de la Maison du roi, et surtout à la vérité, me force de vous écrire ainsi… Voltaire, absent de Paris depuis des années, et qui depuis sa première jeunesse n’y avait jamais, à l’en croire, demeuré deux ans de suite, avait contre ce monde parisien dont il était l’idole une prévention invétérée : « L’Europe me suffit, disait-il un peu impertinemment ; je ne me soucie guère du tripot de Paris, attendu que ce tripot est souvent conduit par l’envie, par la cabale, par le mauvais goût et par mille petits intérêts qui s’opposent toujours à l’intérêt commun. » Il croyait sincèrement à la décadence des lettres, et il le dit en vingt endroits avec une amère énergie : « La littérature n’est à présent (mars 1760) qu’une espèce de brigandage.
on ne prétend rien ôter que de faux, on ne veut y remettre que la vérité de la physionomie et l’entière ressemblance.. […] Il y pense beaucoup, à sa réputation, à sa popularité, il s’en inquiète ; elle lui tenait au coeur, on le sait : mais toutes les réflexions que vous êtes prêt à faire en souriant, il les a faites avant vous ; il s’est dit à lui-même ses vérités, et plus gentiment que nous ne les lui dirions. […] Pourquoi donc reculer devant l’expression entière de la nature humaine dans sa vérité ?
Champfleury, que nous aurons peu aujourd’hui à envisager comme romancier, est lui-même, dans ses ouvrages, un studieux observateur et un copiste consciencieux des personnages et des situations naturelles ; il a ses défauts qui paraissent d’abord et qui ne se dissimulent pas ; mais il a sa vérité, sa façon de voir bien à lui, et qui, une fois appliquée à son objet, l’environne, le pénètre et ne le lâche pas avant de nous l’avoir bien montré et expliqué. […] La littérature proprement dite n’offrirait cependant, durant cette période, que trop peu d’exemples à citer de la vérité dans les tableaux : on ose à peine rappeler les romans bourgeois trop vulgaires, dont Sorel donna la première idée dans son . […] je t’accepterai encore, et, s’il fallait opter, je te préférerais même ainsi, pauvre et médiocre, mais prise sur le fait, mais sincère, à toutes les chimères brillantes, aux fantaisies, aux imaginations les plus folles ou les plus fines, — oui, aux Quatre Facardins eux-mêmes, — parce qu’il y a en-toi la source, le fond humain et naturel duquel tout jaillit à son heure, et, un attrait de vérité, parfois un inattendu touchant, que rien ne vaut et ne rachète.
On s’enflamme comme pour une découverte, comme pour une primeur de vérité. […] Je me permets pourtant de lui signaler une faute évidente de transcription, page 377 ; il faut lire : « Rabaut, que l’on croit à Nîmes à répandre la vérité, végète obscurément dans un coin de Paris » ; et non pas : « Rabaut, que l’on croit à Nîmes, a répandu la vérité. »
. — La vérité, sur ce point historique, c’est que la pénitence du maréchal de Broglie ne fut que bien peu de chose ; on peut dire qu’elle ne compta pas et ne fut prise au sérieux ni à la Cour ni dans une partie du public : on vient d’entendre Mme de Tencin ; Barbier, dans son Journal, dit positivement : « On croit que la disgrâce n’est qu’une feinte. » De là l’erreur de Frédéric, très excusable. […] Il conte le plus agréablement du monde. » Ce sont là des jugements acquis à la littérature, des vérités littéraires bien établies sur Louis XIV. […] Si le projet qu’il a indiqué après coup est bien exact et s’il paraît assez bien combiné, l’exécution en fut déplorable. » — Je cherche partout des témoignages à l’appui de mes réserves, car il est bien difficile d’oser mettre un peu de vérité dans ces articles que j’écris, et l’on aurait peine à croire à combien de suggestions et d’instances j’ai dû résister pour maintenir ce jugement modéré et un peu restrictif sur le maréchal de Noailles.
Chatel, à qui l’on doit ces renseignements, a mis pour épigraphe à son travail une parole de Ménandre, qui revient à dire : « Faute d’observer les petites choses, on se fourvoie dans les grandes » ; et un autre mot de Quintilien, qui en est comme la traduction : « Ce sont de petites choses, à la vérité, mais sans lesquelles les grandes ne peuvent trouver de point d’appui122. » Dans cette mesure, c’est parfait, et il n’y a rien de minutieux dans les curiosités biographiques ainsi entendues. […] Je me le suis donné le moins possible : vous devez reconnaître que j’ai serré de mon mieux les faits ; que, même lorsque je me risque, je m’appuie toujours sur quelque chose ; que, si la vérité absolue manque parfois, la vraisemblance est là. C’est à la vérité de revenir pour m’abattre ; mais quel triomphe si elle me donne raison !
Augier perd déjà de sa vérité. […] Au troisième acte, toute vérité se retire de la comédie de M. […] Ce n’est ni par la vérité des caractères, ni par la vraisemblance des situations, qu’excelle la comédie de M.
La vérité est qu’ils ont très peu réussi, aussi peu réussi que possible, et qu’ils ont causé un immense désappointement. […] J’ai pensé me casser le cou en voulant grimper sur une montagne… » Maintenant lisez dans les Mémoires le passage où il raconte ce pèlerinage à la fontaine : Pétrarque et Laure en ont tous les honneurs ; ce ne sont que citations de Pétrarque et hymnes à l’amant de Laure : « On entendait dans le lointain les sons du luth de Pétrarque ; une canzone solitaire, échappée de la tombe, continuait à charmer Vaucluse d’une immortelle mélancolie… » Le crime n’est pas bien grand, mais c’est ainsi que la littérature se met en lieu et place de la vérité première. […] Par la nature de défauts qu’il démêle si bien dans les Mémoires et par les beautés de premier ordre qu’il y relève aussi, il me paraît résumer toute la vérité sur l’ensemble.
La correspondance qu’il entretint durant ces années, et les ouvrages qu’il composa, nous le peignent bien dans toute la vérité de sa nature morale et littéraire. […] M. de Valincour, en discutant avec d’Aguesseau, avait beaucoup de la méthode de Pascal, qui méprisait la raison, la poussait à outrance, et qui lui contestait de pouvoir trouver seule le commencement et l’ébauche des hautes vérités. […] Pourquoi aller donner la main à Hobbes ou aux Pyrrhoniens, à ces ennemis des premières vérités naturelles ?
À la vérité, je n’aurai jamais une grande connaissance de l’histoire, qui exige bien plus de lectures, mais je gagnerai autre chose qui vaut autant, selon moi… Il veut parler sans doute de la connaissance morale de l’homme. […] Cela le mènera un jour à dire : « Il y a plus de vérités dans Rabelais que dans Mézeray. » Ou par variante : « Il y a plus de vérité dans Joconde que dans tout Mézeray. » Mais nous n’en sommes qu’à l’instinct, et pas encore à la boutade.
Dans un admirable portrait de Wallenstein, ce glorieux généralissime de l’Empire assassiné par ordre de son maître, Richelieu, qui se reporte à sa propre situation de ministre calomnié et sans cesse menacé de ruine, trouve de magnifiques paroles pour caractériser l’infidélité et l’ingratitude des hommes ; et, après avoir raconté la vie de ce grand guerrier, après nous l’avoir montré avec vérité dans sa personne et dans son habitude ordinaire, il ajoute en une langue que Bossuet ne surpassera point : Tel le blâma après sa mort, qui l’eût loué s’il eût vécu : on accuse facilement ceux qui ne sont pas en état de se défendre. […] Il ne saurait admettre que, dans un État, tout le monde indifféremment soit élevé pour être savant : « Ainsi qu’un corps qui aurait des yeux en toutes ses parties serait monstrueux, dit-il, de même un État le serait-il, si tous ses sujets étaient savants ; on y verrait aussi peu d’obéissance que l’orgueil et la présomption y seraient ordinaires. » Et encore : « Si les lettres étaient profanées à toutes sortes d’esprits, on verrait plus de gens capables de former des doutes que de les résoudre, et beaucoup seraient plus propres à s’opposer aux vérités qu’à les défendre. » Il cite à l’appui de son opinion le cardinal Du Perron, si ami de la belle littérature, lequel aurait voulu voir établir en France un moindre nombre de collèges, à condition qu’ils fussent meilleurs, munis de professeurs excellents, et qu’ils ne se remplissent que de dignes sujets, propres à conserver dans sa pureté le feu du temple. […] Je puis dire avec vérité, le sachant par expérience, que la légèreté de telles gens n’est pas moins dangereuse en l’administration des affaires publiques, que la malice de beaucoup d’autres.
Les Maximes ou Réflexions de M. de la Rochefoucault ne seroient plus lues aujourd’hui, s’il se fût contenté de dire une vérité en peu de mots, sans en amener, par des tours différens, de nouvelles qui rendent la premiere plus sensible.
Il suffit de le lire avec un peu de réflexion, pour sentir combien sont dangereux & absurdes les systêmes de la moderne Philosophie, & combien sont consolantes les vérités fondamentales de la Religion.
Son Ouvrage de l’Institution d’un Prince, adressé à François I, n’a, à la vérité, que le mérite d’exposer des maximes assez communes ; mais c’est toujours beaucoup de savoir s’attacher à celles qui sont avouées de tout le monde, & de se garantir de la démangeaison d’en hasarder de nouvelles, dont souvent le premier effet est d’étonner par la hardiesse, & le second d’abuser par l’erreur.
Mais bien vertu excellente, haultaine, Qui fait des Grands la naissance florir, Qui sous le pied met l’envie & la haine, En s’attachant à ce qu’on doit chérir ; Vertu qui vient d’une source certaine De vérité, non sujette à mourir.
Démontrer contre les Matérialistes l'immortalité de l'ame, contre les Déistes la divinité de la Religion Chrétienne, défendre contre les Incrédules toutes les vérités attaquées par leurs Sophismes, offrir en un mot de sûrs préservatifs contre tous les prestiges de l'erreur, c'est ce qu'il exécute avec une sûreté de lumieres & une force de raisonnement propre à renverser tous les vains systêmes que la plus pitoyable des crédulités fait adopter sous le nom de Philosophie.
C’est un jalon qu’on plante sur la route de la vérité et du progrès, sans songer à la forme qu’on lui donne et au bois dont il est fait. […] C’était encore un de ces rhéteurs de l’ancien régime, sacrifiant le sentiment sérieux de l’art à un petit esprit d’épigramme, et la vérité au bon goût. […] Le christianisme amène la poésie à la vérité. […] La vie même de Balzac était un mélange de réalité et de fantaisie, de cupidité et de splendeurs hyperboliques, de vérité et de mensonge. […] Il commença par réformer le costume en le simplifiant et en le conformant à la vérité historique.
Il est possible qu’elle ne soit pas l’expression de la vérité tout entière ; et c’est même probable. […] et qu’en général il fût possible, à la vérité même de faire son chemin dans le monde, sans y .être aidée par une certaine complicité de l’opinion ! […] Considérons un peu ce que ce seul mot — dont je crains bien à la vérité que Boileau n’eût jamais voulu se servir — enveloppe de conséquences. […] Voici comme il parle : « L’eau est très bonne, à la vérité, et l’or qui « brille comme le feu durant la nuit, éclate merveilleusement parmi les richesses qui rendent l’homme superbe. […] Aux environs de 1825, pour ignorer ou pour méconnaître ces vérités presque élémentaires, on était trop voisin encore de la critique purement classique.
La vérité est qu’un ébranlement s’est produit dans les nerfs du pied, plus fort à la plante, moindre aux doigts et au talon, que cet ébranlement s’est communiqué tout le long des nerfs jusqu’aux centres sensitifs de l’encéphale, et que c’est dans l’encéphale que la sensation a eu lieu. […] Mais la vérité est que ces illusions persistent toujours, et qu’elles conservent la même intensité pendant toute la vie : on peut s’en convaincre par des questions adressées aux amputés longtemps après qu’ils ont subi l’opération. […] À la vérité, pour tous ces endroits, nous nous formons, d’après autrui, une sorte de carte approximative de nous-mêmes. […] Mais l’analyse, après avoir détruit, peut reconstruire, et, en remarquant la façon dont se forment nos illusions, nous avons déjà démêlé comment elles nous mènent à des vérités. […] Mécanisme admirable qui nous trompe pour nous instruire et nous conduit par l’erreur à la vérité.
Il y a bien plus d’adresse à suivre la méthode de certains Auteurs, dont la modestie sait se mettre à l’aise, en se fêtoyant eux-mêmes sous un nom emprunté ; ils ne courent alors de risque que quand le Panégyriste est découvert ; ce qui, à la vérité, ne tarde pas.
Où a-t-il pris, entre autres choses, que la Morale n’a jamais été développée avec plus de vérité & plus de charmes que de nos jours ; que ce sont nos Ecrivains modernes qui ont réduit les Romans à être l’image de la Nature & l’Ecole de la Vertu ; que nos Tragédies modernes ont plus de pathétique & d’utilité que celles de Corneille & de Racine ; que les maximes des Tragédiens de nos jours sont plus vraies, & inspirent plus d’humanité ?
Il n’en faut pas davantage pour devenir un homme médiocre aux yeux des prétendus Philosophes, qui ne font consister le génie que dans l’intrépidité des paradoxes & l’audace à fronder les vérités les plus respectées.
En effet, il faudroit être bien aveugle, pour ne pas s'apercevoir que la répétition des jugemens portés cent fois sur nos plus grands Poëtes, les critiques minutieuses qu'il se permet sur les Ouvrages de Corneille & de Rousseau, l'appareil qu'il s'efforce de donner à des vérités connues de tout le monde, l'air d'importance qu'il attache aux plus petits objets, les détails mesquins auxquels il s'abandonne dans sa Préface, sont des preuves très-certaines que son mérite n'étoit rien moins que formé & supérieur, & que son Panégy riste [comme nous l'avons remarqué ailleurs* à ce même sujet] est aussi partial & aussi peu modéré dans ses éloges, qu'il est injuste & outré dans ses critiques.
À la vérité il est plus instruit que Commines, et néanmoins le vieux seigneur gaulois, avec l’Évangile, et sa foi dans les ermites, a laissé, tout ignorant qu’il était, des mémoires pleins d’enseignement.
Mais il faut citer ces stances qui, pour nous désormais, ont tout leur sens et toute leur vérité. […] Mais voici une image qui, moins noble, présente le même sens et se trouve d’une parfaite vérité.
Il y a là-dessus d’excellentes et simples vérités à redire ; j’espère en reparler à loisir quelque jour. […] Je ne dis pas cependant que, dans ce genre comme dans un autre, il n’y ait beaucoup de vérité dans le proverbe : A tout seigneur tout honneur, ajoutons seulement sans esclavage.
Les tragiques grecs, fondant la plupart de leurs pièces sur l’action continuelle de la volonté des dieux, étaient dispensés d’un certain genre de vraisemblance, qui est la gradation des événements naturels ; ils produisaient de grands effets, sans les avoir amenés par des nuances progressives ; l’esprit étant toujours préparé à la crainte par la religion, à l’extraordinaire par la foi, les Grecs n’étaient point astreints aux plus grandes difficultés, de l’art dramatique ; ils ne dessinaient point les caractères avec cette vérité philosophique exigée dans les temps modernes. […] En étudiant les deux Phèdre, il est surtout facile de se convaincre de cette vérité.
Il est bon de contrôler par les faits les conclusions de la théorie ; il est bon aussi d’appuyer les vérités d’expérience sur les principes de la raison. […] Ordinairement la vérité n’est pas si évidente ni si absolue, qu’elle ne puisse être contestée par des arguments sérieux et contredite par une opinion vraisemblable.
Il a peint avec verve, parfois avec vérité, les gueux des champs et les gueux des faubourgs. […] Jamais cette vérité n’a été mieux prouvée que l’autre jour.
Il est certain pourtant qu’il y a des vers de génie, & d’une vérité frappante dans cette traduction en vers de l’Essai sur la critique, ouvrage dont on parle en Angleterre, comme on parle en France de notre art poëtique. […] Ils les jugeoient les plus cruels fléaux de la vérité & des beautés originales.
Il y avait en effet dans Mme de Girardin beaucoup de vérité, puisqu’elle était poëte ; mais il y avait aussi un peu de cet enthousiasme de flamme fouettée qui lui venait, comme son nom de Delphine, de Mme de Staël. […] Elle était affectée comme lord Byron qui, lui aussi, était affecté : mais elle n’avait pas le talent de lord Byron… Parce qu’elle était belle, c’est la vérité !
Sans l’histoire, en effet, sans l’intérêt de la vérité historique, qui, comme le blé, sort souvent du fumier le plus infect, il n’y aurait guères à reprendre aujourd’hui le livre de Tallemant des Réaux. […] Si nous le tenons pour ignoble, la faute n’en est point à la vérité des renseignements, et à des aveux flétrissants pour cette époque où la corruption n’était encore que la glande du cancer qui allait s’ouvrir.
Telle est pourtant la vérité sur Louis XVI, et ce n’est pas notre faute, à nous, si cette vérité est cruelle, cruelle comme un second bourreau !
Absolu de principes comme tous les esprits qui croient à une vérité, Segretain n’en a pas moins les qualités de l’historien : le calme du regard qui voit, sans sourciller, même ce qui le blesse ; la main droite qui sait dépouiller les faits ; et la ferme qui sait les peser. […] Pour lui, qui n’a pas d’autre conception de la vérité politique que celle-là que le monde du Moyen Âge avait réalisée, la Réforme a introduit dans le monde moderne un mal sans compensation et sans remède, et par-delà ce mal, qui n’est pas près d’être épuisé, et qui, dans sa conviction, sera la fin de tout, non seulement il ne voit rien, mais il ne regarde même pas… Que cette tristesse désespérée ait ou n’ait pas sa raison d’exister, je ne veux point l’examiner.
À mes yeux, le talent — surtout dans l’art que pratiquait Balzac — est une question d’âme tout autant que d’intelligence… Byron, tout coupable qu’il fut parfois, était une âme magnanime, faite pour la vérité, même quand il la méconnaissait ; car il l’a souvent méconnue… Balzac, lui, est aussi grand par l’âme que par l’esprit, et c’est la grandeur absolue ! […] Une preuve de plus de cette vérité qu’en tout temps j’ai infatigablement proclamée : c’est que s’il est possible encore qu’une âme basse ait quelque talent, il est impossible qu’elle ait du génie !
je serai son maréchal des logis peut-être… Sauf les exceptions, quand il y en a, toute gloire est une renommée et toute renommée est une calomnie, en bien ou en mal, mais une calomnie, si on prend ce mot pour le contraire de la vérité. […] — Telle la vérité, cependant.
Moins heureux que le renard de la fable, il n’a pas trouvé d’échine de bouc pour s’aider à sortir du puits dans lequel il était descendu et qui n’est pas le puits de la vérité. […] Non, il prit tout simplement et tout brutalement le cerveau, le découvrit, le disséqua, et, sous la pointe de ce scalpel, qui est le seul instrument de vérité pour les matérialistes, il montra que le cerveau était le siège exclusif de l’intelligence ; que l’ablation d’un de ses tubercules déterminait la perte du sens de la vue, mais que l’ablation d’un lobe laissait la sensation et détruisait seulement la perception.
Ce ne sont pas les grands artistes par la délicatesse et par la beauté pure de l’idéal, bien plus difficile à comprendre… Assurément cet idéal, que Guérin souffrait tant de ne pouvoir saisir comme il le voyait, pour l’emprisonner dans la forme vive et diaphane d’une langue digne de le contenir, cet idéal rayonne, comme un ciel lointain, à travers les paysages qu’il nous a peints ; mais il n’y rayonne que pour ceux qui savent l’y voir ; tandis que pour le plus grand nombre, que la réalité visible attire, ce qui constituera le grand mérite de ces paysages, c’est leur vie, c’est la vérité d’impression de ces aperçus, transposés de la vision plastique dans la vision littéraire… et qui nous effacent presque du coup les paysagistes les plus vantés : Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, madame Sand, dont la seule qualité qui n’ait pas bougé dans des œuvres déjà passées est d’être une paysagiste ! […] Byron disait de Wordsworth qu’il niaisait souvent, et Byron ne se moquait pas : c’est la vérité.
Elle peut être toute dans leur manière de les exprimer… Sans doute, l’idéal de la poésie la plus puissante serait la réunion de la vérité la plus pure et de la plus pure beauté, dans un entrelacement sublime ; mais, en réalité, le plus souvent, elles se dédoublent, et la poésie a la vie assez dure, cette immortelle ! […] fou enfin, si vous le voulez, mais poète, poète par l’enthousiasme, par la palpitation sacrée, par le battement d’un cœur qui ne battrait peut-être pas plus fort quand ce serait pour la vérité !
Iraniens est, à la vérité, une dénomination mieux choisie pour les peuples d’Europe que celle de Caucasiens ; et pourtant il faut bien avouer que les noms géographiques, pris comme désignations de races, sont extrêmement indéterminés, surtout quand le pays qui doit donner son nom à telle ou telle race se trouve, comme le Touran ou Mawerannahar, par exemple, avoir été habité, à différentes époques, par les souches de peuples les plus diverses, d’origine indo-germanique et finnoise, mais non pas mongolique. […] Les écrits de Cicéron prouvent la vérité de cette observation. […] « Grâce à l’uniformité qui s’est conservée dans les mœurs et dans les habitudes de la vie nomade, les voyageurs modernes ont pu confirmer la vérité de ces tableaux. […] Dans ce livre, ainsi que dans la Chaumière indienne, et même dans les Études de la nature, déparées malheureusement par des théories aventureuses et par de graves erreurs de physique, l’aspect de la mer, les nuages qui s’amoncellent, le vent qui murmure à travers les buissons de bambous, les hauts palmiers qui courbent leurs têtes, sont décrits avec une vérité inimitable. […] Là, tandis que le ciel du Midi brillait de son pur éclat, ou que par un temps de pluie, sur les rives de l’Orénoque, la foudre en grondant illuminait la forêt, nous avons été pénétrés tous deux de l’admirable vérité avec laquelle se trouve représentée, en si peu de pages, la puissante nature des tropiques, dans tous ses traits originaux.
Et quand il n’aurait aucune vérité, quand il ne serait pas, à sa façon, œuvre d’histoire et de critique, pourquoi le dédaigner ? […] Et quant à la brièveté de la vie, c’est une vérité qui se plie à plus d’une conclusion « Une longue fiction en prose » vous paraît « une faute littéraire » ? […] Si ce poète et ce polisseur de syllabes a pu composer un livre qui fait date dans l’histoire du roman par plus de vérité qu’on n’en trouvait chez Balzac, surtout par une vérité plus constante, ce n’était sûrement pas en vertu d’une théorie expresse (pessimisme foncier et religion du style, voilà Flaubert : en critique, il avait fort peu d’idées claires) — mais c’était un peu « pour brider sa fantaisie4 » après la débauche de la Tentation de saint Antoine ; c’était aussi parce qu’il voyait dans la description exacte et ciselée des platitudes une manière d’ironie féroce où se délectait cet ennemi des philistins ; c’est enfin qu’amoureux avant tout d’une langue précise et concrète, il sentait que les détails de la vie extérieure appelaient d’eux-mêmes et lui suggéraient la forme arrêtée et tout en relief où triomphait sa virtuosité laborieuse. […] Lorsque Romaine, amenée à l’hôpital, reconnaît dans Barnier son ancien amant, est opérée par lui d’un cancer au sein et meurt désespérée et blasphémante, ce qui se passe chez la sœur Philomène, ce qui s’éveille et se glisse d’inconsciente jalousie de femme sous ses scrupules et ses effrois de sainte, tout cela est profondément observé et nuancé à ravir Anatole (dans Manette Salomon) n’est pas seulement supérieur aux bohèmes de Mürger par la variété et la vérité souvent douloureuse de ses aventures : la nature complexe de cet étourdissant et très sympathique raté est merveilleusement démêlée.
Et je rappellerai un mot bien connu et qu’on ne prend guère que par son côté plaisant : « Je suis leur chef, il faut bien que je les suive. » Il exprime une vérité profonde. […] Le devoir de servir ma famille et mes amis contrarie mon devoir d’être juste envers tous ; mon devoir de respecter l’autorité nuit nécessairement au devoir de rechercher et de dire la vérité. […] Je n’aspire qu’à une vérité représentative et symbolique, et je sais d’ailleurs que nous n’en pouvons connaître d’autre. […] Ce que j’ai dit garde sa vérité abstraite et profonde. […] Il est évident que tout cela comporte, au moins dans la forme, une part de fiction, je pense que cette fiction dégage et protège d’essentielles vérités.
Un excellent architecte avec qui j’avais voyagé avait coutume de me dire que, pour lui, la vérité des dieux était en proportion de la beauté solide des temples qu’on leur a élevés. […] ce petit juif l’a emporté ; pendant mille ans, on t’a traitée d’idole, ô Vérité ; pendant mille ans, le monde a été un désert où ne germait aucune fleur. […] Si une société, si une philosophie, si une religion eût possédé la vérité absolue, cette société, cette philosophie, cette religion aurait vaincu les autres et vivrait seule à l’heure qu’il est. […] Les larmes de tous les peuples sont de vraies larmes ; les rêves de tous les sages renferment une part de vérité. […] Sans avoir le souffle poétique que le xixe siècle a su ajouter à ces grandes vérités, Système, j’en suis sûr, vit très haut et très loin.
Chevalier, etc. : vous n’en extrairez, en fait d’idées claires, que des vérités évidentes par elles-mêmes, des vérités de La Palice7. […] Vérité de La Palice, dira-t-on. […] Cette vérité, qui paraît élémentaire, n’a été pleinement reconnue que de nos jours. […] C’est ce qu’on appelle « l’accent de sincérité » ou « l’impression de vérité ». […] C’est ce qu’on appelle faire « plus vrai que la vérité ».
« La vérité nouvelle, dit Gourmont, entrée dans l’art avec le symbolisme, c’est l’idéalité du monde65. » Vérité bien ancienne d’ailleurs, et une vérité n’entre dans l’art que sous la forme d’un sentiment. […] L’idéalisme est une vérité de philosophe, non une vérité d’artiste. […] Chaque idée claire et distincte emporte sa vérité du moment où elle est conçue, mais elle n’en transporte rien par la mémoire. […] Développer une pensée c’est l’allonger jusqu’au point où la vérité que nous avons aperçue devient un monstre que nous ne reconnaissons plus. […] Pour l’idéaliste, l’existence n’est point nécessaire à la vérité qu’il conçoit.
En France on a senti cela d’instinct ; tout ce qu’il y a eu de généreux, de sain et d’intègre s’est du premier jour révolté contre eux ; et comme Ordre, je ne sais qu’un éloge qu’on pourrait leur donner avec vérité : il faut les louer de toutes les vertus qu’ils ont suscitées et fomentées contre eux par leur présence. » Il nous semble qu’un tel jugement est acquis à l’histoire et subsistera, nonobstant tout ce que pourra réclamer d’adoucissements particuliers et d’égards l’apologie sincère écrite par un individu vertueux.
Son Précis de l’Histoire universelle, plusieurs fois réimprimé, est très-propre à servir d’Introduction à l’étude de l’Histoire, & à guider les pas de ceux qui veulent parcourir avec fruit cette vaste carriere, où la vérité se trouve si souvent confondue avec le mensonge & l’erreur.
Il n’eût pas, à la vérité, acquis autant de gloire que son pere, dont les talens étoient supérieurs aux siens ; mais il se fût garanti du blâme d’avoir préféré le coupable plaisir d’amuser le libertinage & la frivolité, au mérite solide de donner des Productions décentes & utiles.
Rollin, dit avec vérité M. de Voltaire, est la meilleure Compilation qu'on ait en aucune Langue, parce que les Compilateurs sont rarement éloquens, & que Rollin l'étoit ».
Il n'est pas donné à tous les Poëtes de dire, avec autant de vérité que Virgile : Cecini pascua, rura, duces.
Monter d’une échoppe à un palais, c’est rare et beau, si vous voulez ; monter de l’erreur à la vérité, c’est plus rare et c’est plus beau.
À la vérité, nous n’avons point d’enfer chrétien traité d’une manière irréprochable.
Ce n’est pas seulement aux choses de la vie commune que s’étend le talent du romancier : les gentilshommes de campagne, les prêtres, les gens du monde, les femmes même sortent, la plupart du temps, admirables de vérité du cerveau du conteur. […] À la vérité, le public dont nous parlons n’est pas le seul qui existe en France, heureusement ; mais pourtant c’est le public apparent, le public fort, le peuple souverain. […] À la vérité, nous pourrions encore, malgré la préférence, reproduire ici les reproches adressés à l’auteur de Croisilles ; mais ne serait-il pas injuste de citer devant le tribunal des principes sérieux une production qui n’aspire pas sans doute à être traitée gravement. […] Les amis de la vérité se débattraient dans l’arène contre des lions, des hyènes et des chacals, au lieu de se peloter dans les petits journaux avec des chiens. […] Chacun de ses articles célébra en quelque sorte, la découverte d’un homme de génie perdu, et je ne veux pas railler, Dieu m’en préserve, mais il me semble que je ne dépasse pas les limites de l’exacte vérité en disant qu’il suffisait qu’un pauvre poète fût bien obscur, bien méconnu pour que M.
— Si vous, qui lisez les journaux, n’y trouvez aucune protestation ni attaque contre mon article de la Revue, vous eu pourrez conclure et faire remarquer que c’est là une grande confirmation, et un grand aveu que ce silence : car depuis quand peut-on dire aux gens, au beau milieu de la foule, de telles vérités, sans qu’aucun témoin relève le gant ?
Et la justesse & la vérité des idées doivent-elles plier sous des semblables autorités ?
On a gravé son portrait, avec ces mots d’autant plus glorieux à sa mémoire, qu’ils sont fondés sur la vérité : Pietate an ingenio, poësi an eloquentiâ, modestiâ major an famâ ?