Enfin, ce que les contemporains racontent de son action, achève d’expliquer son succès, un des plus éclatants qu’ait obtenus la parole humaine. […] Un prédicateur moraliste est donc sûr du succès. […] Le grand succès de Bourdaloue est d’un temps où la critique proposait aux auteurs, pour idéal commun à tous les ouvrages d’esprit, la raison. […] Les maximes sont de la personne ; elles forment comme une sagesse individuelle, accommodée à l’humeur, à la bonne et à la mauvaise santé, aux revers et aux succès ; les principes sont des règles à l’aide desquelles l’homme domine et conduit la personne. […] L’homme désavouait le héros ; leur réputation rougissait de la bassesse de leurs mœurs et de leurs penchants ; la familiarité trahissait la gloire de leurs succès. » Il dit de certains établissements religieux, que « le vice sauvé du naufrage y trouve un port heureux », et qu’ils « mettent la postérité dans les intérêts » des princes qui les ont fondés.
Jeunesse comptable et coupable des succès de Ponsard ! […] cette agonie monotone et sans événement, écrite sur le vif des souffrances, ce serait une bien belle étude que personne ne fera, parce qu’un rien de succès, l’éditeur trouvé, quelques cents francs gagnés, quelques articles à cinq ou six sous la ligne, votre nom connu par un millier de personnes que vous ne connaissez pas, deux ou trois connaissances, un peu de réclame, vous guérissent du passé et vous versent l’oubli… Elles vous semblent si loin, ces larmes dévorées, ces misères, aussi loin que votre jeunesse. […] Rien que des gens adroits, des malins volant le succès par le chemin de traverse de Paul Delaroche, par le drame, la comédie, l’apologue, par tout ce qui n’est pas de la peinture, — en sorte que sur cette pente, je ne serais pas étonné que le tableau à succès d’un de nos futurs Salons représentât, sur une bande de ciel, un mur mal peint, où une affiche contiendrait quelque chose d’écrit, excessivement spirituel. […] — mettent L’Artiste à mes pieds, Aubryet me salue comme un succès, m’adresse la parole comme à un grand homme, et moi-même, je me mets à lui parler comme du haut d’un piédestal.
Le succès d’un livre est donc le signe certain de la présence dans le public d’un nombre plus ou moins considérable de gens qui partagent, dans une certaine mesure, les opinions, les émotions, les sensations qu’il présente, qui partagent donc les tendances qu’il marque chez son auteur, qui se trouvent lui ressembler. […] Le succès de ce livre, celui des autres romans est dû sans doute en partie à ce que leur auteur est plus communicatif, plus ému et plus sainement, dans ses livres, que la plupart des écrivains contemporains. […] La plupart des artistes percevaient vivement plutôt, l’intérêt extrême de l’intrigue, la bizarrerie des personnages chez Dostoïewski, la merveilleuse force d’analyse, l’étendue de la composition chez Tolstoï, s’arrêtant ainsi de préférence à ce qu’ils ont de mérites techniques, et non à ce qui nous paraît avoir causé leur succès, à la violence, à l’ardeur inquiète dont ils ont exprimé leurs sentiments personnels dans leurs œuvres, à l’intensité et à la qualité de leurs émotions. […] C’est sans doute en partie à ce besoin mal satisfait qu’il faut attribuer le succès de la plupart des écrivains étrangers que nous venons d’étudier comme plus Lard à la cruelle rudesse de nos naturalistes, à leur accent de haine plus que de pitié. […] Tourguénef plut davantage par plus de sentimentalité, Dickens enfin et tout récemment Dostoïewski et Tolstoï durent clairement leur succès à l’ardeur et à l’effusion de leurs émotions.
Il importe fort peu que la ruse et l’artifice soient connus de tous, si le succès en est certain et l’effet toujours irrésistible. […] Le succès gênerait-il les opérations futures du directeur ? […] Il y a lente agrégation de succès moléculaires ; mais de générations miraculeuses et spontanées, jamais. […] Telle est la clef de beaucoup de succès. […] La vertu est la condition sine qua non du succès.
Le succès en attrista la vieillesse de Corneille. […] Les pièces de ce poète, esprit d’ailleurs facile et aimable, et qui valait mieux que ses succès, ne sont que d’agréables flatteries à la jeunesse et aux passions naissantes de Louis XIV. […] Cependant, il n’y a pas de succès sans talent ; et, quelque frivole que fût le tour d’esprit d’alors, un public formé par le théâtre de Corneille ne pouvait pas battre des mains à des pièces où tout « aurait été fait exprès en dépit du bon sens. » Éon nombre d’esprits sains pensaient de l’Astrate ce qu’en disait Boursault3 : Que les vers en sont forts, et que tout m’en a plu ! […] Il l’avouait lui-même ; et, dans une boutade contre le succès de Quinault, il se loue d’avoir mieux aimé élever les femmes jusqu’à l’héroïsme viril, que d’avoir rabaissé les hommes jusqu’à la mollesse des femmes. […] Au théâtre, le succès n’est pas de réflexion : il faut emporter les âmes ; et souvent c’est à l’aide de caresses au tour d’esprit régnant que le poète supérieur fait agréer les vérités qui ne passent pas.
Mercredi 17 février Ce soir, le nouvel académicien a cherché à se montrer simple mortel, à écraser le moins possible de son succès ses confrères. Après dîner, il s’est mis à parler, d’une manière intéressante, de la cuisine du succès, et un moment se tournant vers Flaubert et moi, avec un ton où le mépris s’alliait à la pitié : « Vous autres, vous ne vous doutez pas, pour le succès d’une œuvre dramatique, de l’importance de la composition d’une première… vous ne savez pas tout ce qu’il faut faire… tenez, simplement, si vous n’encadrez pas au milieu de bienveillants, de sympathiques, les quatre ou cinq membres que chaque club détache pour ces jours-là… car en voilà des messieurs peu disposés à l’enthousiasme… et si vous ne pensez pas à cela, à cela, à cela. » Et Dumas nous apprend tout un monde de choses, que nous ignorions parfaitement, et que maintenant que nous les savons, nous ne saurons jamais mettre en pratique. […] La réponse a le plus grand succès. […] Donc là, un jour, il dit à sa famille : Le temps n’est pas beau aujourd’hui, on ne sortira pas ce soir, je vous ménage une surprise. » Le soir arrivé, l’Empereur apparaît avec un manuscrit dans les mains. « C’était une nouvelle de moi… Et comme nous lui disons : — Ça été un succès ? […] Jeudi 16 décembre Hier Gambetta, un peu grisé par son succès oratoire et la nomination de la fournée des sénateurs républicains, est resté jusqu’à deux heures du matin, dans les bureaux de La République, blaguant.
Si la France met souvent son génie à être dupe, — ce qui n’arrive que rarement au génie, — le succès, elle l’obtient toujours ! […] Mais, par un contraste singulier, le badaud, chez lui, touchait au diplomate et au directeur de théâtre, les deux hommes les plus préoccupés du résultat et du succès qu’il y ait au monde. […] Comme tous les charlatans de l’art dramatique, les plus grands charlatans littéraires, qui se mettent effrontément, pour les exploiter au point de vue du succès et du bruit, à califourchon sur tous les événements contemporains, Gœthe, qui n’eut jamais une idée à lui, Gœthe, dont on ne peut pas dire : prolem sine matre creatam, car il est le bâtard de tout le monde, trouva d’une habileté et d’un succès sûr de maquignonner le scandale de l’affaire du Collier, et il le maquignonna… Il descendit l’affaire du Collier de sa hauteur historique pour la placer au niveau d’un drame aristocratico-bourgeois. […] Genre de sauce, bien allemande, celle-là, qui n’empêcha pas le public d’avaler le poisson… Le succès fut prodigieux partout, mais particulièrement en Allemagne, où les livres ont une énorme influence et s’impriment aisément sur ces têtes de papier. […] Le seul chagrin de la vie de Gœthe, de cet insolent de bonheur, de ce Nabuchodonosor qui resta sur pied et à qui Dieu n’a pas fait manger l’herbe à laquelle il avait droit, a été le peu de succès de sa Critique de Newton et le mépris dans lequel elle est tombée.
Préoccupé, comme moi, du succès de M.
Le ridicule, c’est d’imiter les petits-maîtres du succès récent le plus communicatif.
Les grands hommes qui, en ce moment, gouvernent les affaires des peuples (avec quel succès ?
Aux plus brillants succès de son talent d’écrivain et d’orateur, il eût préféré la bonne fortune de découvrir un de ces chefs-d’œuvre de la poésie grecque, modèles d’un art incomparable, où la suprême élégance elle bon sens, loin de s’exclure, se réunissent en une divine harmonie.
Le mauvais succès de la Version de Perse déterminera sans doute M. l’Abbé Lemonnier à suivre pour celle de Plauté, à laquelle il travaille, dit-on, la même méthode qu’il a observée en traduisant les Comédies de Térence.
Ménage s’en acquitta avec succès, du moins pour lui-même ; car elle lui valut une pension de deux mille livres.
Molière composa d’abord sur ce thème, imité de l’italien l’Étourdi et le Dépit amoureux, deux pièces de grands succès. Ces succès l’encouragèrent, et il écrivit les Précieuses ridicules, qui attirèrent une telle foule qu’on fut obligé d’en donner deux représentations le même jour. « Courage ! […] Il eut le même succès : le cynisme et le comique s’y touchaient, l’un était de l’Aristophane, l’autre du Plaute. […] répondit l’avocat, que ne le mettez-vous dans cette petite troupe de Monsieur le Dauphin, qui a tant de succès ? […] J’en veux voir le succès.
» et il lui a parlé de la donner avec la sienne, au moment où le succès se ralentirait. […] Un premier acte écouté sympathiquement, un second acte, où Burguet a un très grand succès. […] Forain me fait voir des lithographies, qu’il vient de jeter sur la pierre, reprenant un procédé abandonné, et y débutant avec succès, mais avec un peu de l’imitation du faire de Daumier, dont il a du reste accrochés au mur, trois ou quatre croquetons remarquables. […] Cette soirée me semble devoir annoncer un grand succès, qui cependant par ce rien du quatrième acte, peut devenir un four. […] Dans la joie d’avoir triomphé, dans la certitude de cent représentations voici que je rencontre Alexis et Méténier qui me disent que la pièce ne fait pas d’argent, qu’elle fait, en ces premiers jours, des 1 800 francs, ce qui n’est jamais arrivé, après un succès.
Cet ouvrage a eu beaucoup de succès parce que c’est la premiere compilation de ce genre qui ait paru dans notre langue. […] Mais comme les ouvrages de ces Ecrivains n’existent plus, il faut vous parler du premier qui travaille dans ce genre avec un succès marqué. […] La liberté que s’est permise l’auteur de tout écrire, contribua au succès de cet ouvrage autant que son style saillant & énergique. […] On l’a traduite en françois dans le même nombre de volumes, & elle a eu beaucoup de succès. […] Richer le continue avec succès.
On s’explique aisément, au lendemain du règne de David, le succès foudroyant du drame romantique. […] Chose étrange, il reste vivant grâce au premier de ses succès, la Dame aux Camélias, fleur bourgeoise du romantisme. […] De sorte que cette collaboration difficile tendra fatalement, chez celui qui veut le succès, à devenir concession. […] La mode et le succès facile l’ont perdu. […] Grand succès, mais succès d’élite.
Elle aimait à parler des années anciennes et à initier ceux qu’elle appelait ses jeunes amis aux confidences d’autrefois : « C’est une manière, disait-elle, de mettre du passé dans l’amitié. » C’est donc elle qui parle autant et plus que moi dans ce que je vais dire : « La première passion de Mme de Staël, à son entrée dans le monde, a été pour M. de Narbonne qui s’est très mal conduit avec elle, comme font trop souvent les hommes après le succès.
Paul Léautaud Nous rappellerons également le succès du deuxième roman de M.
On peut en juger par l’Ouvrage immortel de la perpétuité de la Foi, fait en société avec Nicole ; par celui de l’Art de penser, non moins admirable dans son genre, & auquel il eut plus de part que ce dernier : la Grammaire générale & raisonnée qu’il composa avec Lancelot, est également digne du succès dont elle jouit.
Est-ce sur de pareils sentimens qu’ont pris soin de se former ceux qui, avec des lumieres bien plus foibles, prétendent courir, peut-être avec plus de succès, la même carriere ?
Vingt années entières, il la chercha partout sans succès.
Dans tout succès un peu vif, conclurai-je avec Sainte-Beuve, il y a de ces contrastes et de ces à-propos. […] Le succès l’a récompensé. […] Et pourtant, réfléchissez : que les succès de M. […] L’auteur a depuis publié un autre roman à succès, Mademoiselle Jaufre. […] Zaccone a dû le succès très mérité de ses livres.
Malgré ces obstacles, l’institution nouvelle commença avec un réel succès : l’Athénée de Paris, rivale de l’Institution royale de Londres, eut de belles soirées. […] Il n’eut pas, en un mot, ce succès presque de scandale qui ne lui a jamais manqué à une autre époque ; il ne pouvait pas l’avoir. […] Dom Juan n’eut, du vivant de Molière, qu’une quinzaine de représentations ; il n’eut pas alors, à vrai dire, un bien grand succès. […] Est-ce, messieurs, à la frivolité de notre caractère qu’il faut attribuer ce long succès et cette perpétuité de la comédie parmi nous ? […] ——— L’esprit ne sert à rien, pas même à consoler du succès des sots.
Rosny, non sans succès, dans la première série de ses romans. […] Le succès fut rapide. […] Les Morticoles ont eu un succès de scandale. […] Art Roë est disposé à apprécier la force et les chances de succès d’une armée. […] Aujourd’hui même, après que le succès est venu, et un succès de qualité si honorable, François de Curel n’a pu vaincre les résistances et la mauvaise humeur des siens.
Jules Claretie a toujours parlée, les mêmes élans patriotiques, l’observation, la sensibilité et la jeune gaîté qui ont fait la durée du succès de ses œuvres les plus développées. […] L’un d’eux, connu par des livres à succès comme Péri en mer ! […] Voici le très court résumé de cette œuvre dont l’émotion, je le répète, va faire le succès. […] Néanmoins, ses consciencieux efforts n’avaient pas été jusqu’ici couronnés de succès. […] L’estime particulière que m’a inspirée cet officier distingué, la confiance que j’ai dans son énergie et ses talents, me font attacher du prix au succès de mes sollicitations.
On les vit, attentifs à caresser ses caprices, se jeter dans toutes les voies où ils espéraient trouver le succès. […] C’est ce qu’on a fait avec plus ou moins d’habileté et de succès. […] Ces nudités éhontées, ce paganisme dans l’art ont eu, disons-le, peu de succès. […] On voit que nous voulons parler de ce personnage de Robert Macaire, né sur les scènes du boulevard, et qui de succès en succès faillit un jour monter sur la scène du second Théâtre-Français. […] Quelqu’un l’a dit spirituellement : en France, rien ne réussit comme le succès.
Les avantages de la figure ou de la fortune, un succès, un bon mot suffisent. […] Mason, dans son Elfrida et dans son Caractacus, a essayé, mais sans succès, de donner la tragédie grecque à l’Angleterre. […] L’auteur du poème du Printemps n’aurait-il point été séduit par ses propres succès ? […] Ma vieille expérience lui en marquera les écueils ; et, en bon frère d’armes, je me réjouirai de ses succès. […] De là vient que les ouvrages des sophistes n’obtiennent qu’un succès passager : ils brillent tour à tour d’un faux éclat, et tombent dans l’oubli.
Le réaliser à demi, ou moins encore, est le succès que je n’espère pas, mais que je souhaite. […] Ce propos est beaucoup plus vraisemblable, confirmé qu’il est par l’immense succès que cette pièce obtint. […] Elle n’eut aucun succès et n’en pouvait avoir un qui fût bien vif. […] Aussi bien n’a-t-elle eu aucun succès à Paris, et n’en méritait aucun. […] Il veut goûter un genre particulier de succès, qui est le succès direct, de plein contact et impromptu.
Il soumit les Rhètes et les Vindéliciens, dans les Alpes, et fit la guerre avec succès dans la Germanie, la Pannonie et la Dalmatie. […] Elle fut marquée par des succès ; et Tibère revint encore à Rome surveiller la santé d’Auguste et l’héritage de l’empire. […] Enfin l’ouvrage parut ; et ce poème, devenu l’orgueil de l’Angleterre, n’obtint d’abord aucun succès. […] Il eut les impatiences et les caprices de l’amour-propre gâté par le succès, l’humeur irritable d’un poète et la malignité d’un homme d’esprit. […] Mais la part du génie fut grande aussi dans ce succès cosmopolite d’un poète anglais, mort à trente-six ans.
L’ordre de la société qui classe les rangs et les professions, où les habitudes contractées se dessinent nettement, n’est donc pas moins nécessaire au succès de l’art des peintres comiques que la liberté de leur pinceau. […] Il ne s’agit donc plus de mettre en problème si ces comédies eurent ou non le mérite qui leur valut de si brillants succès. […] N’aurait-il pas ces rimeurs de commande, de qui l’avarice est l’inspiration, de qui l’intrigue est la muse, et à qui la faveur des gens titrés assure le profit d’un succès ? […] Combien encore ne signalerait-on pas d’autres ridicules en nos jours qui seraient joués avec succès sur le théâtre ! […] Les interlocuteurs de l’Impromptu de Versailles se parlent en ces termes du succès qu’obtiendra certaine comédie composée pour le punir.
Quelle plus grande étude pour nous que les exemples d’un tel maître, illustré par tant de succès dans un genre qu’Aristote plaçait au-dessus du genre épique ! […] Les lecteurs, toujours plus sévères que les auditeurs, ont confirmé sur quelques fragments publiés de ce beau travail le succès qu’il avait pleinement obtenu. […] Les succès dans les genres barbares ou imparfaits, sont des exceptions qui tiennent à l’influence de quelque mode, aux erreurs du goût chez les nations plus ou moins polies les unes que les autres ; et ne contrarient pas plus les lois invariables du beau, que les succès des faux systèmes publiés par la charlatanerie ne démentent les axiomes d’une vraie doctrine. […] Le goût ne se gâterait que si l’erreur et l’emportement de la vogue prétendaient suppléer par les succès du drame à ceux de Thalie et de Melpomène, et, pour cela, les condamner et les exclure tous deux. […] La parodie tue les mauvaises productions, et vivifie le succès des bonnes.
. — les anti-lucrèce En France on a toujours été un peu singe ; chaque succès fait naitre en foule les poëtes du lendemain, comme des essaims de mouches autour des fins morceaux.
L’aptitude à résoudre un problême, n’est pas non plus capable de soutenir la réputation de Grand Homme, facile à se procurer, quand, avec quelque mérite, on a l’adresse d’intéresser l’amour-propre des autres au succès du sien.
Il reste bien encore quelques petites difficultés sur l’origine des choses et le but de notre existence, mais on a bien simplifié la question, et la raison conseille de supprimer en nous-mêmes tous les désirs et toutes les espérances que le génie, l’amour et la religion font concevoir ; car l’homme ne serait alors qu’une mécanique de plus dans le grand mécanisme de l’univers : ses facultés ne seraient que des rouages, sa morale un calcul, et son culte le succès. […] « Si le calcul doit présider à tout, les actions des hommes seront jugées d’après le succès : l’homme dont les bons sentiments ont causé le malheur, sera justement blâmé ; l’homme pervers mais habile sera justement applaudi. […] Mais il y a des mensonges de circonstance qui ont pour un moment le succès d’une vérité. […] Tel fut le prétexte du succès du livre de madame de Staël sur la révolution française.
Que ces Auteurs, dont j’estime les talens, aient attaqué les Philosophes, ils ont fait connoître qu’ils étoient capables de les combattre avec succès. […] Ce succès est un titre qui m’encourage à le présenter à Votre Majesté. […] Ce succès m’enhardit à le présenter à Votre Majesté. […] Mais les Ministres de leur courroux n’ont pas bien secondé leur vengeance ; car, pour parler sans figure, il s’agissoit de faire arrêter mon Livre ; & le succès n’a pas répondu aux démarches que les Valets-protecteurs de la Secte ont faites, dans cette noble intention.
Il y a là tout un carambolage de sorties et de rentrées qui compromettent le succès de l’acte, moins encore par la maladresse de leur choc que par les inconvenances de situation qu’elles amènent. […] Si ce n’est pas un grand succès, c’en est au moins la moitié. […] Ce ne sera pas, je le crois du moins, un succès de faveur et de sympathie, mais un de ces succès de curiosité et de controverse qui valent bien les autres, lorsqu’ils s’y mettent.
Soigneux à noter ses premiers succès et ses fréquentes mésaventures, il ne se doute pas du grand successeur et remplaçant de Bayle qui s’élève et se prépare en sa personne. […] Il a fait une seconde pièce qui n’a eu nul succès. […] À propos de l’Inès de ce dernier, qu’il va voir comme tout Paris et dont il est assez touché à la représentation, sans y pleurer toutefois (ce dont il a bien soin de nous avertir), il se plaît à en attribuer tout le succès aux acteurs, à la Duclos, à Dufresne, à Mlle Le Couvreur, à Baron reparaissant avec éclat après des années de retraite, et il dit hardiment de l’auteur, à qui il ne peut tout refuser : « Son style déshonore son esprit, et je suis fâché de voir le même homme penser quelquefois si bien et écrire presque toujours si mal. » Marais pousse si loin la haine du néologisme, du purisme, de la préciosité remise en honneur dans le salon de Mme de Lambert, que cela le mène à l’intolérance et à une sorte de fanatisme : le goût, comme la foi, comporte de ces excès et de ces violences, qui iraient même volontiers au-delà du simple propos.
Peu de temps après, des conseils donnés au maréchal sous les ordres duquel vous étiez, et une manœuvre habile ordonnée presque malgré lui49, ont contribué à obtenir à l’armée un brillant succès. […] Dans les distributions de récompenses et de décorations qui suivirent les succès de cette première partie de la campagne (septembre 1813), genre de faveur dont on sait que la Russie n’est pas avare, il ne fut compris que pour une décoration infime, — la simple croix de Sainte-Anne au cou : — ce qui avait sa signification désagréable dans sa position jalousée de nouveau venu et d’étranger, en présence surtout des plaques et des grands cordons accordés à ses rivaux. […] Le prince de Metternich profitait, pour cette menée déloyale, d’une absence de l’empereur de Russie, qui passait des revues à Carlsruhe, et il jouait au plus fin : « Allons toujours, disait-il à M. de Senfft ; après le succès, l’empereur Alexandre me dira que je suis le premier ministre de l’Europe57. » Il n’en fut rien.
Nisard l’a fait pour quelques-uns, pour Perse par exemple), c’est être inexorable comme le hasard et le succès, c’est vouloir même être plus sévère que la plus ingrate fortune, bien loin de profiter de tous les droits bienveillants d’une critique attentive et pénétrante. […] De grandes et réelles qualités sont compatibles avec ce défaut qui n’est pas si nuisible au succès, quand il est surtout appuyé du fond. […] Au point de vue de l’enseignement, cela est vrai ; pour ceux qui n’ont pas un talent d’écrire spécial, une inspiration originale de poëte ou de prosateur, ces préceptes sont justes : c’est là un fonds solide, où le plus ou le moins de succès n’amène pas de chute.
Jusque-là, Racine n’avait trouvé sur sa route que des protecteurs et des amis ; son premier succès dramatique éveilla l’envie, et, dès ce moment, sa carrière fut semée d’embarras et de dégoûts, dont sa sensibilité irritable faillit plus d’une fois s’aigrir ou se décourager. […] Aux représentations les partisans de Corneille tâchèrent d’entraver le succès. […] Au reste, comme nul sentiment profond n’est stérile en nous, il arrivait que cette poésie rentrée et sans issue était dans la vie comme un parfum secret qui se mêlait aux moindres actions, aux moindres paroles, y transpirait par une voie insensible, et leur communiquait une bonne odeur de mérite et de vertu : c’est le cas de Racine, c’est l’effet que nous cause aujourd’hui la lecture de ses lettres à son fils, déjà homme et lancé dans le monde, lettres simples et paternelles, écrites au coin du feu, à côté de la mère, au milieu des six autres enfants, empreintes à chaque ligne d’une tendresse grave et d’une douceur austère, et où les réprimandes sur le style, les conseils d’éviter les répétitions de mots et les locutions de la Gazette de Hollande, se mêlent naïvement aux préceptes de conduite et aux avertissements chrétiens : « Vous avez eu quelque raison d’attribuer l’heureux succès de votre voyage, par un si mauvais temps, aux prières qu’on a faites pour vous.
Ce genre de distinction qui, sans faire deux classes de droit, c’est-à-dire deux ennemis de fait, donne aux plus éclairés la conduite du reste des hommes, et faisant choisir les êtres distingués par la foule de leurs inférieurs, assure au talent sa place, et à la médiocrité sa consolation ; donne une part à l’amour-propre du vulgaire dans les succès des gouvernants qu’ils ont choisis ; ouvre la carrière à tous, mais n’y amène que le petit nombre. […] Nul homme, dans ce mouvement terrible, n’achève ce qu’il a commencé ; nul homme ne peut se flatter de diriger une impulsion dont la nature des choses s’empare ; et cet Anglais qui voulut descendre dans sa barque la chute du Rhin à Schaffhouse, était moins insensé que l’ambitieux qui croirait pouvoir se conduire avec succès à travers une révolution tout entière. […] Le public aussi, dont on avait éprouvé la faveur, perd toute son indulgence ; il aime les succès qu’il prévoit, il devient l’adversaire de ceux dont il est lui-même la cause ; ce qu’il a dit, il l’attaque ; ce qu’il encourageait, il veut le détruire : cette injustice de l’opinion fait souffrir aussi de mille manières en un jour.
. — Elle s’accroît avec le temps et le succès. — Preuves de cet accroissement au dix-huitième siècle. — Poèmes sérieux, théâtre, histoire, romans. — Conception écourtée de l’homme et de la vie humaine. […] Il y a donc un défaut originel dans l’esprit classique, défaut qui tient à ses qualités et qui, maintenu d’abord dans une juste mesure, contribue à lui faire produire ses plus purs chefs-d’œuvre, mais qui, selon une règle universelle, va s’aggraver et se tourner en vice par l’effet naturel de l’âge, de l’exercice et du succès. […] Et le public ne s’en étonne point ; il n’a pas le sentiment historique ; il admet que l’homme est partout le même ; il fait un succès aux Incas de Marmontel, au Gonzalve et aux Nouvelles de Florian, à tous les paysans, manœuvres, nègres, Brésiliens, Parsis, Malabares, qui viennent lui débiter leurs amplifications.
En effet, mon cher Laurent, quoique vous ayez donné des preuves d’un mérite et d’une vertu qui semblent à peine appartenir à la nature humaine ; quoiqu’il n’y ait point d’entreprise, si importante qu’elle soit, dont on ne puisse espérer de voir triompher cette prudence et ce courage que vous avez développés dès vos plus jeunes années ; et quoique les mouvements de l’ambition, et l’abondance de ces dons de la fortune qui ont si souvent corrompu des hommes dont les talents, l’expérience et les vertus donnaient les plus hautes espérances, n’aient jamais pu vous faire sortir des bornes de la justice et de la modération, vous pouvez néanmoins, pour vous-même et pour cet État dont les rênes vont bientôt vous être confiées, ou plutôt dont la prospérité repose déjà en grande partie sur vos soins, tirer de grands avantages de vos méditations solitaires ou des entretiens de vos amis sur l’origine et la nature de l’esprit humain : car il n’y a point d’homme qui soit en état de conduire avec succès les affaires publiques, s’il n’a commencé par se faire des habitudes vertueuses, et par enrichir son esprit des connaissances propres à lui faire distinguer avec certitude pour quel but il a été appelé à la vie, ce qu’il doit aux autres et ce qu’il se doit à lui-même. » Alors commença entre Laurent et Alberti une conversation dans laquelle ce dernier s’attache à montrer que, comme la raison est le caractère distinctif de l’homme, l’unique moyen pour lui d’atteindre à la perfection de sa nature, c’est de cultiver son esprit, en faisant entièrement abstraction des intérêts et des affaires purement mondaines. […] Je cherchai donc pendant quelque temps, sans avoir la satisfaction de rencontrer une personne qui méritât, du moins autant que j’en pouvais juger, un attachement constant et sincère ; mais, comme j’étais près de renoncer à tout espoir de succès, le hasard me fit rencontrer ce qui jusque-là s’était refusé à mes recherches les plus obstinées, comme si le dieu d’amour eût voulu choisir ce moment pour me donner une preuve irrésistible de sa puissance. […] Soit que Laurent désespérât du succès de son amour, ou qu’il crût devoir faire céder ses sentiments à la voix de l’autorité paternelle, il est certain que, dès le mois de décembre de l’année 1468, il fut accordé avec une femme que probablement il n’avait jamais vue, et la cérémonie du mariage se fit dans le mois de juin de l’année suivante.
Jeunesse ; prison, exil ; succès mondains et littéraires. […] Il comprit qu’il fallait asseoir sa vie sur des fondements plus solides que des succès de conversation : il travailla à se placer aux côtés des grands hommes qu’il admirait alors docilement avec le monde : Lamotte, J. […] Il excelle à préparer ses succès.
Il obtint un succès plus légitime et dont il n’avait pas à rougir, en publiant vers 1820 le poème de Rousslan et Lioudmila. […] Déjà à l’apogée de sa réputation, Pouchkine défiait ses critiques et ne cherchait pas à se justifier de l’accusation d’immoralité qui, dit-on, lui valut quelques succès parmi de bonnes âmes, comme il s’en trouve toujours pour convertir les mauvais sujets. […] Après avoir été quelque temps le roi de la mode, il prend en pitié ses faciles succès ; le monde l’ennuie, et, blasé avant trente ans, il va vivre à la campagne, fort mal vu de ses voisins, qu’offense sa supériorité.
Quel succès si la pièce tenait ce que promet un si beau prologue ! […] Les Fourchambault Il faut applaudir deux fois à l’éclatant succès que les Fourchambault viennent de remporter au Théâtre-Français : d’abord et surtout pour la pièce elle-même : ensuite pour la façon parfaitement digne dont ce succès s’est produit.
Et, sans m’arrêter à demander de quel droit des particuliers qui donnent une fête à leurs amis s’avisent de voiler les monuments publics, je dirai que si, en effet, cette misérable orgie a lieu, ce ne sont point les images des despotes qui doivent être couvertes d’un crêpe funèbre, c’est le visage de tous les hommes de bien, de tous les Français soumis aux lois, insultés par les succès de soldats qui s’arment contre les décrets et pillent leur caisse militaire. […] Il réclame la punition énergique, exemplaire, des coupables ; il fait entendre de grandes vérités : « Souvenez-vous que rien n’est plus humain, plus indulgent, plus doux, que la sévère inflexibilité des lois justes ; que rien n’est plus cruel, plus impitoyable, que la clémence pour le crime ; qu’il n’est point d’autre liberté que l’asservissement aux lois. » Un caractère essentiel à noter dans ces articles de prose d’André Chénier, c’est que si le poète s’y marque par l’élévation et la chaleur du sentiment, par le désintéressement de la pensée et presque le détachement du succès, par une certaine ardeur enfin d’héroïsme et de sacrifice, il ne donne pourtant au style aucune couleur particulière. […] Mais non, c’est encore l’homme de cœur et le valeureux citoyen qui, sans se soucier du succès et bravant le péril, ne peut étouffer le cri de ses entrailles.
L’envie & la critique n’ont pas eu la ressource de pouvoir attribuer ce grand succès aux seules beautés du Tasse ; il perdoit le charme de la poésie ; il perdoit les graces de sa langue ; il perdoit tout, si vous ne l’eussiez dédommagé…. […] Personne n’ignore les étonnans succès qu’il a eus à la Cour de Vienne. […] in-12., & cette version a eu moins de succès à Paris, que l’ouvrage original n’en avoit eu en Angleterre.
Voilà ce qui nous encourage à avouer la paternité de ces deux pièces, et à confesser publiquement deux échecs pour un seul succès. […] Il copiera les autres, se copiera lui-même, ruinera son originalité au profit de son succès, et escomptera la gloire pour la vogue. […] Le moyen de parvenir au grand succès serait peut-être de moins rechercher le petit.
Il en est de même des nations qui cultivent les arts de l’imagination avec joie et succès. […] Ingres devait surtout réussir dans les portraits ; et c’est en effet dans ce genre qu’il a trouvé ses plus grands, ses plus légitimes succès. […] Non seulement sa peinture a parcouru, toujours avec succès, le champ des hautes littératures, non seulement elle a traduit, elle a fréquenté Arioste, Byron, Dante, Walter Scott, Shakspeare, mais elle sait révéler des idées d’un ordre plus élevé, plus fines, plus profondes que la plupart des peintures modernes.
Hier n’avait pas de succès. […] Dès qu’on s’adresse au peuple, on ne fait plus de haute littérature ou de grand art, et le succès même de pareilles tentatives ne s’achète qu’au prix de la beauté sacrifiée. […] Le nom de celui qui l’émettait pourra faire sourire, car le spirituel fantaisiste qui eut ses premiers succès au Chat-Noir, avant de devenir l’un de nos hommes de théâtre les plus modernes et les plus mondains, ne passe pas encore pour un auteur avant tout préoccupé du problème social.
Comment cette complication des sociétés peut-elle hâter le succès de l’égalitarisme ! […] Qu’un commerce constant et réglé par les usages mondains mette en présence, dans les salons du xviiie siècle, le roturier et le gentilhomme, et ils se rapprocheront insensiblement ; c’est ainsi que, plus encore peut-être que leurs théories, la vie mondaine de nos grands écrivains préparait le succès des idées égalitaires. […] Le « droit du marché » ne voulait connaître aucune différence de naissance, et c’est peut-être parce que le droit urbain est sorti de ce droit commercial qu’on a pu dire, de l’air des villes, qu’il rendait tous les hommes également libres : « Städtische Luft macht frei182. » D’ailleurs, il n’est pas nécessaire, pour que l’entrecroisement des sociétés aide au succès de l’idée de l’égalité, que l’une ou l’autre des sociétés entrecroisées soit hostile à toute espèce de hiérarchie ; il suffit que les hiérarchies qu’elles acceptent diffèrent, qu’on ne les voie pas toujours parallèles et de même sens, mais que l’une, parfois, renverse l’ordre de l’autre.
Les succès de Bossuet dans les chaires de Paris, lorsqu’il y vient faire des apparitions périodiques et assez fréquentes pendant ses années de résidence habituelle à Metz, sont peints avec une vivacité et avec une grâce qu’on ne s’attendrait pas à trouver dans un compte rendu de sermons ; on y assiste à ce premier règne de la grande éloquence avant la venue de Bourdaloue. […] — Puis quand il avait fini, et comme pour se mettre à l’abri de l’applaudissement, il rentrait aussitôt chez lui et s’y tenait caché, « rendant gloire à Dieu lui-même de ses dons et de ses miséricordes, sans dire seulement le moindre mot, ni de son action ni du succès quelle avait eu ; et la remarque qu’on fait à ce propos, ajoute Le Dieu, est un caractère vrai et certain, car il en usait de même dans toutes les autres occasions. » Il ne se considérait que comme un organe et un canal de la parole, heureux s’il en profitait tout le premier et aussi bien que les autres, mais ne devant surtout point s’en enorgueillir !
Un critique spirituel et sensé le remarquait à propos de la musique d’Auber, en parlant d’un de ses derniers opéras qui avait fort réussi : « Pour remporter ce succès avec une œuvre si élégante et si claire, un style si aimable et si charmant, il a fallu, disait-il, un très grand talent et un très grand bonheur ; car aujourd’hui, par la pédanterie qui court, par les doctrines absurdes qu’on voudrait accréditer, par l’ignorance et l’outrecuidance de quelques prétendus savants, la clarté, la grâce et l’esprit sont un obstacle plutôt qu’un avantage… Le beau mérite que d’entendre et d’admirer ce que tout le monde admire et comprend ! […] Ce sont deux ou trois belles élégies que celles où il essaye de décrire le calme retrouvé ; où il retrouve tout à coup à l’improviste la passion tumultueuse, et où il invoque enfin avec succès la bienheureuse Indifférence : D’un long sommeil j’ai goûté la douceur, etc.
Placé dans une école de sa ville natale, un petit collège tenu par des ecclésiastiques, il y fit avec succès ses études jusqu’à l’âge de seize ans : les maîtres de ce collège étaient des prêtres du pays, de la vieille roche, graves, instruits, enseignant les belles-lettres avec solidité et bon sens, et antérieurs à toute invasion de ce qu’on peut appeler le romantisme clérical ou le néo-catholicisme. […] Venu à Paris, recruté et appelé en vertu de ses succès de province dans le petit séminaire que dirigeait alors un abbé déjà célèbre, M.
On nous apprend à aimer le beau, l’agréable, à avoir de la gentillesse en vers latins, en compositions latines et françaises, à priser avant tout le style, le talent, l’esprit frappé en médailles, en beaux mots, ou jaillissant en traits vifs, la passion s’épanchant du cœur en accents brûlants ou se retraçant en de nobles peintures ; et l’on veut qu’au sortir de ce régime excitant, après des succès flatteurs pour l’amour-propre et qui nous ont mis en vue entre tous nos condisciples, après nous être longtemps nourris de la fleur des choses, nous allions, du jour au lendemain, renoncer à ces charmants exercices et nous confiner à des titres de Code, à des dossiers, à des discussions d’intérêt ou d’affaires, ou nous livrer à de longues études anatomiques, à l’autopsie cadavérique ou à l’autopsie physiologique (comme l’appelle l’illustre Claude Bernard) ! […] On a des veines de succès, on a des mortes-saisons et des froideurs.
Au sortir du succès brillant de son premier recueil, Mme Tastu tenta d’agrandir le domaine de son inspiration, et d’entrer dans la poésie d’action, épique et dramatique. […] Le moindre succès des Chroniques se perdit bientôt pour Mme Tastu dans des adversités obscures et poignantes qui vinrent assujettir à des emplois obligés ce talent si sobre et si choisi.
C’est que l’opération qui consiste à nommer se complique et conduit par un circuit à des succès inattendus. […] Nous ne remplaçons plus tout d’abord par un mot le caractère abstrait et général du groupe mis en expérience, car le groupe en question ne peut être mis avec succès en expérience ; trente-six pions, posés ensemble sur une table, ne nous donneraient qu’une impression de masse et d’ensemble, sans distinction énumérative des individus. — Nous allons plus lentement ; nous prenons d’abord un très petit groupe, proportionné à l’amplitude bornée de notre esprit, et capable d’éveiller en nous une tendance et un nom.
Il ne lui manque que la puissance ; il a le droit d’aimer, de hair ; il a vû tout ce qui blessoit cet ordre, la maladie des Empires, la contradiction des Loix, la Force égorgeant l’Equité ; il a frémi à la fois d’un mouvement de tendresse & d’indignation ; il a voulu terminer les débats antiques de l’horrible oppresseur, & du foible opprimé ; & si dans l’excès de son zèle, il s’est égaré dans ses vûes sublimes, du moins les succès du crime ne lui en ont point imposé, & n’ont point fatigué sa constante vertu. […] Il épanche sa douleur dans ses vers éloquens ; il se plaît dans ses plaintes, le succès de son esprit trompe son cœur, & il rend vaine la vengeance de son Tyran.
Le succès de la parole du nouveau prophète fut cette fois décisif. […] Peu après son retour, il avait dirigé sur Nazareth une tentative qui n’eut aucun succès 378.
S’il n’eût été qu’un puritain, une sorte de Channing ou de « Vicaire Savoyard », il n’eût obtenu sans contredit aucun succès. Les deux parties de son système, ou, pour mieux dire, ses deux conceptions du royaume de Dieu se sont appuyées l’une l’autre, et cet appui réciproque a fait son incomparable succès.
Les fins groupées ou agrégées, comme l’argent, la santé, l’éducation, la science, la position sociale, le succès professionnel, toutes choses qui supposent l’addition de plusieurs fins particulières. […] Ce procédé abandonné depuis longtemps pour l’une avec un grand succès, on est en train de l’abandonner peu à peu pour l’autre ; et cette manière de traiter la psychologie comme une division de l’histoire naturelle, montre que l’abandon sera bientôt complet.
Un amour sage, élevé, éclairé, est d’une autre puissance que les amours fougueux, délirants, convulsifs ; le foyer d’une passion élevée éclaire en même temps qu’il échauffe : elle mesure sa marche sur celle des circonstances qui assurent les espérances de succès. […] Par la piété, il est vrai, elle put à la suite combattre la faiblesse du roi pour madame de Montespan ; mais par l’emploi de ce moyen, elle s’interdisait de profiter de ses succès, en combattant l’habitude des maîtresses par la religion, et ne prenait pas le chemin de le devenir.
Toutes les portes du succès et de la faveur s’ouvrent, à deux battants, devant lui. […] Au dénouement, la fortune le comble, le succès le lance dans un magnifique avenir, tous les obstacles qui le séparaient de sa fiancée s’écartent d’eux-mêmes, comme les ronces d’une forêt enchantée.
Malgré les succès extraordinaires qui signalent l’entrée en campagne, malgré la conquête de la Lituanie en un mois, presque sans combattre, et quoique la vaillante jeunesse se laisse aller aux espérances, ceux qui réfléchissent voient l’avenir beaucoup moins en beau. […] Plus le danger était grand, plus sa détermination était prompte ; et, quand il avait pris son parti, jamais il ne doutait du succès.
Gall a entrepris cette œuvre, mais il en a compromis le succès par une précipitation excessive ; il a voulu réaliser à lui tout seul une entreprise qui, en supposant qu’elle fut possible, demanderait peut-être plusieurs siècles d’observations et d’expériences rigoureusement suivies. […] Sans doute l’encéphale, comme nous l’avons vu, est un organe complexe, et c’est là qu’on pourra, avec le plus de succès, établir certaines localisations ; mais si l’on se borne aux hémisphères cérébraux, ils semblent bien être un seul et même organe, ou du moins un double organe homogène, semblable aux deux poumons, aux deux yeux, etc.
Mais je veux qu’ils n’aient pas eu dans l’esprit ces réflexions aussi analysées qu’elles l’ont été depuis : on ne peut au moins nier raisonnablement qu’ils n’en aient eu le fond et la substance, et qu’ils les ont développés peu à peu, à mesure qu’ils voyaient le succès bon ou mauvais de leurs spectacles. […] Toutefois, comme cette ressemblance ne saurait être toujours si parfaite, qu’elle n’admette quelque différence en faveur des beautés de l’art, l’art même, pour ménager ces beautés, peut faire illusion au spectateur, et lui montrer avec succès une action dont la durée exige huit ou dix heures, quoique le spectacle n’en emploie que deux ou trois : c’est que l’impatience du spectateur, qui aime à voir la suite d’une action intéressante, lui aide à se tromper lui-même, et à supposer que le temps nécessaire s’est écoulé, ou que ce qui exigeait un temps considérable s’est pu faire en moins de temps.
Cette imagination fut, du reste, la cause de son succès si instantané, si rapide au Journal des Débats, où on l’avait pris pour rendre compte des pièces de théâtre et continuer les traditions dogmatiques de la Critique d’alors, dans la rectitude de son enseignement. Ce succès y éclata comme une fusée, dès les premiers mots qu’il y écrivit, en cette pétulante et éblouissante manière qui se révélait, et qui trancha, comme un joyeux et brillant arc-en-ciel, sur la manière correcte et sévère de Geoffroy.
— Notre ministère, malgré ses succès généraux, songe à se radouber tout doucement après la session.
C’est que le poète Kami est l’un des plus aimés parmi les poètes japonais, et l’on eut été navré si le succès n’avait pas épousé la Belle Saïnara.
Désormeaux est un de ceux qui, après s’être engagés dans la carriere, l’ont parcourue de nos jours avec d’heureux succès.
Pour remplir avec succès un projet si utile, l’érudition, le discernement & le zele de l’Ecrivain se sont pliés à tous les objets.
Ne vaudroit-il pas mieux s’attacher aux vrais modeles, ne point pervertir les genres, profiter de la critique, que de crier à l’injustice, pour soutenir des Productions dont le succès dangereux n’est appuyé que sur les suffrages de l’ignorance, de la séduction ou de l’esprit de parti ?
Succéder, du temps de Malherbe, signifioit avoir un heureux succès.
Saint-Didier, [Ignace-François Limojon de] né à Avignon en 1668, mort dans la même ville en 1739, cultiva la Poésie Provençale avec succès, & auroit pu également réussir dans la Poésie Françoise, s’il eût eu plus de goût & des amis prompts à le censurer.
Ce ton, ennemi de parure & de prétention, a vraisemblablement contribué au peu de succès de ses Productions, dans un Siecle où l'on ne goûte que les pointes, le persiflage & la fatigante énergie de nos prétendus Penseurs en Vers.
Nous n’exhorterons pas cet Auteur à réparer également toutes ses autres injustices : il seroit obligé de réformer ses jugemens sur presque tous les Gens de Lettres de nos jours qui ont eu des succès dans quelque genre ; mais nous l’inviterons à supprimer, pour son honneur, de la Collection de ses Œuvres [s’il en publie jamais une nouvelle édition], les Avis au Lecteur, les Préfaces, les Avertissemens, les Observations préliminaires, les Lettres apologétiques, & généralement toutes les Pieces qui n’ont d’autre but que de louer ses Productions & d’exalter ses talens, qu’on pourroit soupçonner de foiblesse & de médiocrité, par le soin même qu’il prend d’en relever le mérite.
Cicéron défend un client ; Démosthène combat un adversaire, ou tâche de rallumer l’amour de la patrie chez un peuple dégénéré : l’un et l’autre ne savent que remuer les passions, et fondent leur espérance de succès sur le trouble qu’ils jettent dans les cœurs.
Les Lettres de Balzac & de Voiture eurent dans leur tems un succès, qu’on ne sauroit imaginer aujourdhui.
Nous nous contenterons de noter seulement l’impression que nous a causée un écrit dans lequel une question de métaphysique politique est résolue souverainement par un fait, et cela sans la brutalité de l’empirisme ; car Mancel n’est pas un matérialiste de la puissance et du succès.
Mais tout cet archaïsme coûte plus qu’il ne vaut même à ceux qui savent y porter des facultés supérieures, et, malgré le succès de ses expériences, on sent la déperdition des forces colossales que le magnétisme du Génie doit employer, comme l’autre magnétisme, pour faire vivre ce qui ne vit plus.
C’était un moyen de rappeler sa doctrine au pouvoir central, et une chance, en cas de succès, de la voir mettre en pratique. […] Ce n’est pas le succès que mon âme redoute. […] Alberoni est autre chose qu’un « brouillon », si on ne le juge pas seulement par son succès. […] Lenient nous en raconte le succès, « plus fou que la pièce ». […] La pièce, en soi et surtout par son succès, découvre l’égoïsme radical et l’absence de sens moral, qui sont le fond des âmes, sous l’enthousiasme superficiel des imaginations surchauffées.
Il a obtenu un grand succès. […] Ce succès était absolument mérité. […] Son succès a été vif et parfaitement mérité. […] Je ne cite que les principaux et ceux qui ont obtenu des succès formidales. […] Son succès, qui a été très souligné, était le plus mérité du monde.
Il y était précédé par la renommée d’éclatants succès dans tous les genres de poésie connus, sauf l’épopée et le poème dramatique, et dans des genres sans nom dont il était à la fois l’inventeur et le modèle, tels que « Louanges, Larmes, Dévotions, Caprices », et autres choses semblables. […] Il était témoin des succès du bel esprit, il avait le génie assez fécond et assez souple pour se passer la fantaisie de s’y essayer ; le gain qu’on en tirait pouvait tenter sa pauvreté ; il s’en moqua doucement, et il ne changea pas d’avis. […] Les esprits médiocres, qui ne sont que les esclaves de la mode, s’y jetaient sans réserve, et vivaient de cette fumée ; les hommes de génie, tant le succès leur est nécessaire, l’auraient cherché dans le galant plutôt que de s’en passer. […] Ne sait-on pas d’ailleurs que les épigrammes de Boileau s’adressent à certaines tragédies de ce poète, dont le succès troubla la vieillesse du grand Corneille, et que n’ont pas rachetées quelques beaux vers d’opéra, auxquels Boileau a rendu justice110? […] Mais en perfectionnant le goût du public, qui juge et qui inspire les productions des arts, ils élèvent les conditions auxquelles s’obtient la gloire des succès durables.
Je ne le trouve guère meilleur que vous ; mais il a un grand succès en Allemagne, et le succès inspire toujours le désir d’en connaître la cause, — Mais de quoi me mets-je à vous parler ? […] Mais elle aurait eu une grande consolation si elle avait pu laisser en partant son Allemagne publiée, lue, débattue dans les salons, dans les journaux, et occupant la renommée : un succès lui eût peut-être fait changer de projet. […] Je me sens toute disposée à avoir de l’amour-propre pour vos succès ; nous en parlons avec Matthieu et Mme de Staël, et vous n’êtes pas trop maltraité dans ce joli coin de Chaumont. […] Vous ferez ainsi du bien à ce qui est noble, et vous aurez un grand succès. — Dans votre traduction, les orthodoxes trouveront des bizarreries, des négligences, et vous reparaîtrez à demi, tandis qu’il convient que votre premier retour sur la scène soit éclatant. — Enfin je vous donne ma parole d’honneur que j’ai raison. — Écrivez-moi que je vous ai persuadé ; écrivez-moi surtout que je vous reverrai. […] Notre ami, le comte Alfieri, a un prodigieux succès comme maître des cérémonies. — Les anciens grands seigneurs piémontais et les Français dans les administrations se rencontrent sans cesse à la cour et ne s’en aiment pas davantage.
Cette première veine d’Ampère, non contrariée, mais qui n’aboutit jamais à une franche manifestation et à un succès, fut très-durable, très-persistante, et se prolongea presque jusqu’à la fin sous l’œuvre critique et la culture d’histoire littéraire à laquelle il semblait exclusivement adonné. […] Je reviens au succès de notre jeune voyageur à la cour poétique de Weimar, succès rapide et complet, tout à fait justifié dans sa personne. […] Il dut goûter, indépendamment de tout succès, de grandes satisfactions d’intelligence : il pouvait lire une phrase hiéroglyphique sur le sarcophage d’un pharaon ; il lui était arrivé un soir, avant de s’endormir, de lire un livre chinois sur les ruines d’Éphèse. […] Il y eut combat et lutte le jour de la première représentation du Cid d’Andalousie (ler mars 1825) ; à la seconde soirée, le 4 mars, la pièce se releva et l’on put croire à un plein succès. […] » Ce mot d’heureux augure ne se vérifia point : ue suite de petits contre-temps et je ne sais quelle intrigue de coulisses déjouèrent le succès et fixèrent la destinée de la pièce.
Jules Claretie ne peut manquer de suivre ses aînés dans le chemin du succès qu’ils lui ont frayé. […] Et, en effet, dans ces six cents pages lues d’un trait, j’ai trouvé les éléments de succès pour plusieurs romans et de réputation pour plusieurs écrivains. […] Le succès fut considérable. […] « Et comme je m’étonnais de le voir traiter ai cavalièrement le public pour qui il avait tant travaillé et qui l’avait remercié par tant de succès : « — Vous allez me comprendre. […] Bien d’autres que vous seraient embarrassés, car on n’ose pas en faire l’apologie par crainte d’avoir contre soi les petits et les grands, ni le critiquer à outrance parce que au fond, c’est lui qui fait le succès d’une pièce.
Le succès lui semblait aussi vain que les autres vanités humaines ; pourtant, il voulut tirer parti de son talent. […] Et pourtant c’est à eux qu’il doit sa popularité ; son succès est fait de leurs exagérations, qui certainement l’auraient exaspéré. […] Son succès et sa transformation. […] On trouverait, je crois, que sa naissance et son progrès ont coïncidé avec le rapide succès des romanciers russes. […] Ces exagérations et ces déformations, qui devaient le perdre, ont fait son succès momentané comme elles font son danger.
Ce premier article et les deux suivants, parus sans nom d’auteur, eurent dans toute l’Angleterre un succès énorme. […] Or, l’analyse eut tant de succès qu’un éditeur anglais commanda à Quincey une traduction du roman. […] Poe est jeune : me permettra-t-il de lui servir de guide dans le chemin du succès ? […] Ceux-là sont des auteurs dramatiques, des artistes, et ils trouvent au théâtre tout le succès qu’ils méritent. […] Son succès, d’ailleurs, n’en sera pas diminué, ni la croissante réputation de M.
En un mot, chacun des deux orateurs a eu son succès ce jour-là, et l’Académie française n’avait pas offert depuis bien longtemps une fête si goûtée du public, si brillante et si remplie ; les femmes s’étaient logées jusque derrière le fauteuil de M.
— On vient de recueillir dans la Bibliothèque Charpentier les œuvres de Théophile Gautier ; son volume de vers, qui en contient un assez grand nombre d’inédits, aura un certain succès auprès de ceux à qui la grâce de la fantaisie et la vivacité de la couleur suffisen On peut citer comme une élégie d’un paganisme très-nu, mais très-gracieux (le genre admis), son Premier rayon de mai.
Je crois pouvoir affirmer que tout écrivain qui a ce qu’on appelle du succès, c’est-à-dire qui réunit des lecteurs autour de son œuvre ; que tout homme qui est assez heureux, assez malheureux veux-je dire, pour être en butte à l’admiration, aux éloges, à la haine et aux critiques, n’a pas un moment laissé reposer sa plume sur ses compositions… Dans mon enfance on m’a montré, comme un glorieux témoignage du génie de Bernardin de Saint-Pierre, la première page de Paul et Virginie, écrite quatorze fois de sa main.