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641. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Dans celle vaste construction, dont chaque pièce, pourtant, est due à l’intuition, nous pouvons encore aujourd’hui sans trop d’efforts reconnaître l’œuvre d’un logicien. […] Si vous assistez à une partie d’échecs, il ne vous suffira pas, pour comprendre la partie, de savoir les règles de la marche des pièces. […] Comprendre la partie, c’est tout autre chose ; c’est savoir pourquoi le joueur avance telle pièce plutôt que telle autre qu’il aurait pu faire mouvoir sans violer les règles du jeu.

642. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

On les reconnaît pour les maîtres de la scène ancienne ; et c’est uniquement sur le peu de pièces qui nous restent d’eux, que nous devons juger du théâtre des Grecs. […] Je vais encore plus loin, et je suppose qu’Eschyle n’ait pas connu tout d’un coup que le but de la tragédie était de corriger la crainte et la pitié par leurs propres effets : du moins on doit convenir que, puisqu’il a tâché de les exciter dans ses pièces, il a eu en vue de réjouir ses spectateurs par l’imitation de la crainte et de la pitié, et que par conséquent il a senti le prix de ces passions mises en œuvre. […] Pour l’amour, puisque c’est un mal nécessaire, il serait à souhaiter que les pièces de Corneille ne l’inspirassent aux spectateurs que tel qu’elles le représentent.

643. (1884) La légende du Parnasse contemporain

Voici deux autres pièces où l’art parfait du poète triomphe malgré la frivolité des sujets. […] Et faisons une pièce. […] Voici l’une des pièces de Philoméla. […] Aucune pièce d’or, ni d’argent. […] Je m’en suis excusé dans le Finale qui est la dernière pièce que je vous lirai.

644. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

Que si on lui demande pourquoi, dans cet animal, telle pièce construite de telle façon entraîne telle autre pièce, il peut répondre ; depuis Galien jusqu’à Cuvier et Richard Owen, ses prédécesseurs ont dégagé un intermédiaire explicatif qui, commun à toutes ces pièces si diverses, est la raison principale de leur structure et de leurs rapports. […] Par la première, l’organe est un instrument qui remplit un office ; par la seconde, il est une pièce qui appartient à un type. […] Une pièce a donc la propriété de provoquer par sa présence la présence de tout un système de pièces ordonnées suivant un plan fixe, ce qui donne la grosse charpente de l’animal entier, et, en outre, elle a la propriété de déterminer par sa structure et sa fonction la structure et la fonction des autres pièces, ce qui donne la structure totale et l’ensemble des fonctions de l’animal complet. […] Les mêmes pièces du même membre se sont effilées et allongées dans la chauve-souris, raccourcies et soudées dans la baleine afin de pourvoir là-bas au vol, ici à la natation. Si le type varie d’espèce à espèce, c’est que les circonstances ont varié de groupe à groupe, et que la variété des circonstances a provoqué la variété des acquisitions. — Cela posé, à travers les immenses durées des périodes géologiques, nous pouvons suivre mentalement, depuis le protococcus et l’amibe jusqu’à l’homme, la formation, l’addition et l’assemblage des pièces qui constituent aujourd’hui un corps organisé.

645. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Ces pièces, de seize vers au plus, sont autant de médailles, la plupart parfaites, M.  […] Henri Hertz cite diverses pièces des Œuvres burlesques et mystiques de frère Matorel . […] On a relevé notamment la justesse de ton et d’atmosphère de la pièce. […] Marcel Millet (1886-19XX) est romancier, dramaturge (auteur notamment de pièces radiophoniques) et acteur. […] Dans les années vingt, il écrit des pièces de théâtre, des poèmes et des romans où il va dénoncer le monde moderne.

646. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Trudaine, quatre évêques assistent à une pièce de Collé, intitulée les Accidents ou les Abbés, et dont le fond, dit Collé lui-même, est si libre qu’il n’a pas osé la faire imprimer avec les autres. Un peu plus tard, Beaumarchais, lisant chez la maréchale de Richelieu son Mariage de Figaro, non expurgé, bien plus vert et bien plus cru qu’aujourd’hui, a pour auditeurs des évêques et des archevêques, et ceux-ci, dit-il, « après s’en être infiniment amusés, m’ont fait l’honneur de m’assurer qu’ils publieraient qu’il n’y avait pas un seul mot dont les bonnes mœurs pussent être blessées285 » : c’est ainsi que la pièce passa, contre la raison d’État, contre la volonté du roi, par la complicité de tous, même des plus intéressés à la supprimer. « Il y a quelque chose de plus fou que ma pièce, disait l’auteur lui-même, c’est son succès. » L’attrait était trop fort ; des gens de plaisir ne pouvaient renoncer à la comédie la plus gaie du siècle ; ils vinrent applaudir leur propre satire ; bien mieux, ils la jouèrent eux-mêmes  Quand un goût est régnant, il aboutit, comme une grande passion, à des extrémités qui sont des folies ; à tout prix, il lui faut la jouissance offerte. […] Sous le roi Louis XV, les ducs d’Orléans, de Nivernais, d’Ayen, de Coigny, les marquis de Courtenvaux et d’Entraigues, le comte de Maillebois, la duchesse de Brancas, la comtesse d’Estrades forment avec Mme de Pompadour la troupe « des petits cabinets » ; le duc de la Vallière en est le directeur : quand la pièce renferme un ballet, le marquis de Courtenvaux, le duc de Beuvron, les comtes de Melfort et de Langeron sont les danseurs en titre290. « Ceux qui sont dans l’usage de ces spectacles, écrit le sage et pieux duc de Luynes, conviennent qu’il serait difficile que des comédiens de profession jouassent mieux et avec plus d’intelligence. » — À la fin l’entraînement gagne encore plus haut et jusqu’à la famille royale. […] Dernier trait, plus significatif encore, je veux parler de la petite pièce. […] Dans cette dernière pièce, au lieu de « Mylord » il y avait d’abord « l’évêque d’Avranches », et la pièce fut jouée ainsi à Villers-Cotterets, chez le duc d’Orléans.

647. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Sur telle pièce de vers qui s’épanouissait au soleil, drue, vivace, parfaite en son genre, sans désirer un inutile surcroît de grâce, le chant est venu se poser comme un oiseau sur un rameau fleuri. […] Pour peu qu’on parcoure un musée ou qu’on feuillette une collection d’estampes, on voit se dresser en pied devant soi des êtres qu’on retrouve dans les pièces ou les romans contemporains. […] Chaque pièce devait être un médaillon à enchâsser sur le couvercle d’un coffret, un cachet à porter au doigt, serti dans une bague, quelque chose qui rappelât les empreintes de médailles antiques qu’on voit chez les peintres et les sculpteurs. […] Et (voyez toujours la coïncidence) modes et pièces de théâtre, romans et livres de philosophie légère, maîtres à danser et perruquiers sont en ce temps-là pour la France de grands articles d’exportation. […] Les mariages des grands de la terre, les naissances d’enfants royaux, la célébration d’une victoire ou d’un traité de paix, l’érection d’une statue, commémorative d’un grand homme ou d’un grand événement, ont fait éclore par centaines les poésies et les pièces de circonstance.

648. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

E pure… On dirait de la plupart de ses jolies petites pièces et saynètes que c’est traduit on ne sait d’où, mais cela fait l’effet d’être traduit. […] La dernière pièce, qui est une parodie des Tu et des Vous, reste tout à fait inintelligible. […] Il m’a adressé une fois des vers, et je lui ai répondu par une pièce qui est dans mon recueil de poésies. […] Ils veulent leur homme, leur héros tout d’une pièce, tout un : ange ou démon ! […] (Suivait la pièce de vers de Victor Hugo : À la jeune France.)

649. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Bernis lui conseille d’en mettre six autres encore à soigner le style de sa pièce et à la perfectionner. […] Un jour Voltaire lui envoie le Jules César de Shakespeare et l’Héraclius de Calderon, à titre de farces ou de folies, pour le divertir et le mettre en belle humeur ; et Bernis répond par une lettre pleine de grâce et de sens : Notre secrétaire (celui de l’Académie) m’a envoyé l’Héraclius de Calderon, mon cher confrère, et je viens de lire le Jules César de Shakespeare : ces deux pièces m’ont fait grand plaisir comme servant à l’histoire de l’esprit humain et du goût particulier des nations. […] Ces divers ouvrages, que je suis bien loin de mettre tous sur la même ligne, et dont le dernier, par exemple, est digne d’une très médiocre estime, ont cela de commun qu’ils s’appuient à chaque instant sur des pièces émanées de Bernis, et que leur texte en mainte page en est presque tout formé. […] Un jour le pape lui fit cadeau de toutes sortes de titres et de pièces originales concernant l’église d’Albi, en y joignant un bref où il le comblait de marques d’honneur et de témoignages de tendresse.

650. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Belin que celui-ci a entre les mains quelques-unes de ces thèses si désirées, il lui offre de mettre en dépôt vingt pistoles contre ledit paquet, si on le lui confie ; il s’engage à perdre son dépôt s’il n’a rendu les pièces empruntées au temps préfix. […] Gui Patin est l’homme de ces colères ; il a des verves et des rages de parole tout à fait rabelaisiennes, mais sans rire ; il mord à belles dents et emporte la pièce. […] Gui Patin fit ou inspira un pamphlet pour critiquer et mettre en pièces cette Requête ; et Renaudot de nouveau riposta, en attendant que l’affaire fût jugée devant le Parlement. […] J’ai à peine, dans tout ce qui précède, donne idée de Gui Patin, qui n’est nullement un homme tout d’une pièce ni un esprit d’une seule venue.

651. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

L’abbé Le Grand, oratorien dans sa jeunesse, homme des plus laborieux, mort en 1733, avait passé trente ans de sa vie à former un recueil de toutes les pièces qui se rapportent à ce règne, et il avait composé sur ces matériaux des annales plutôt encore qu’une histoire. […] Le fonds de l’abbé Le Grand concernant Louis XI, et qui fut vendu au roi par Mme de Rousseville, sœur et héritière de l’abbé, cette vaste collection, entrée à la Bibliothèque du roi en avril 1741, se compose, reliée comme elle l’est aujourd’hui, de 31 volumes in-folio, dont 3 volumes d’histoire ou annales divisées en 26 livres, 4 volumes de pièces, lettres, actes, etc., en original, et 23 ou 24 volumes de copies de pièces. […] Il avoue tout d’abord les obligations qu’il a à Saint-Simon : Aussitôt que le roi m’eut nommé historiographe, mon premier soin fut de rassembler les pièces qui m’étaient nécessaires.

652. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Je reprends les diverses pièces que je viens d’énumérer. — Dans sa Dissertation sur le poème épique, contre la doctrine de Mme Dacier (1717), l’abbé de Pons a raison sur presque tous les points, excepté un seul que nous dirons à la fin. […] Certainement il réussit à défaire pièce à pièce, et en badinant, tout cet échafaudage, didactique qu’on avait construit d’après les poèmes d’Homère, et qu’on prétendait avoir été et devoir être préexistant à la conception de toute épopée. […] L’abbé de Pons s’explique les langues comme s’il les composait dans son cabinet ; il transporte aux idiomes naissants et dans leur origine l’explication qui conviendrait à une langue finale, créée de toutes pièces par un Sicard ou par un Volney.

653. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Le spirituel et malicieux introducteur, dans cette pièce, une des meilleures qu’il ait écrites, disait : Qui ? […] La pièce intitulée les Étoiles, qui n’a d’ailleurs rien de commun que l’objet éthéré avec la méditation de Lamartine, est un chef-d’œuvre d’élégie idéale, sauf une faute de grammaire au milieu qu’il serait bien aisé de corriger : notre tendre poëte sait mieux en effet la guitare que la grammaire, et il s’est mépris à la règle des quelque 125 Aisément lié par sa promptitude de cœur, sa dévotion pour la poésie et sa jeunesse d’imagination, avec les générations survenantes, M. […] Je trouve, dans les poésies que je laissais échapper alors, une pièce qui me paraît exprimer à merveille cette situation de mon âme, et que, pour cela, je veux placer ici : STANCES. […] Je prends sur moi de corriger la faute, et je cite la pièce que le désireux lecteur ne saurait où trouver : LES ÉTOILES.

654. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Pour se les attacher on a, par exemple, l’appât des primes : aussitôt une pièce de l’un d’eux lue et reçue, une somme est donnée, cinq mille francs, je crois, si la pièce a cinq actes. Quand la pièce réussit, quand les engagements se tiennent avec quelque fidélité, tout va au mieux, mais l’ordinaire n’est pas là. […] Leur plaie réelle a toujours été dans la rareté des bonnes pièces et dans celle des bons sujets, des bons acteurs.

655. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Tandis que le comte Joseph, dans de fortes études qui semblaient tenir tout d’une pièce à l’époque d’Antoine Favre et du xvie  siècle, suivait en magistrat gentilhomme la carrière parlementaire et sénatoriale, le comte Xavier entra au service militaire ; sa jeunesse se passa un peu au hasard dans diverses garnisons du Piémont. […] Né au cœur d’un pays austère, il n’en eut visiblement aucun reflet nuageux ; on ne pourrait dire de lui ce que M. de Lamartine a dit de M. de Vignet dans une des pièces du dernier recueil, dans celle peut-être où l’on reconnaît encore le plus sûrement l’oiseau du ciel à bien des notes, et où l’on aime à retrouver l’écho le moins altéré des anciens jours : Il était né dans des jours sombres, Dans une vallée au couchant, Où la montagne aux grandes ombres Verse la nuit en se penchant. […] Mais il suffira de donner ici sa jolie pièce du Papillon, qui, pour la grâce et l’émotion, ne dépare pas. le souvenir de ses autres écrits. […] Cette jolie pièce a été traduite en russe, puis retraduite en vers français par un de nos secrétaires d’ambassade qui n’en savait pas la première origine.

656. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Le Clerc a épuisé les pièces restantes du procès, en a tiré tout le parti possible ; si l’on doute encore après cela, c’est que le doute est dans le fond même et qu’il ne se peut éviter. […] Bayle, dans l’article Tanaquil de son Dictionnaire, après avoir soigneusement déroulé le tissus de contes qui se rattachent à cette princesse, ajoute que, si l’on avait fait faire à de jeunes écoliers des amplifications sur des noms de personnages héroïques, et qu’on eût introduit ensuite toutes ces broderies dans le corps de l’histoire, on n’aurait guère obtenu un résultat plus fabuleux. « Cela eût produit de très-grands abus, dit-il avec son air de maligne bonhomie, si les plus jolies pièces de ces jeunes gens eussent été conservées dans les archives, et si, au bout de quelques siècles, on les eût prises pour des relations. Que sait-on si la plupart des anciennes fables ne doivent pas leur origine à quelque coutume de faire louer les anciens héros le jour de leur fête et de conserver les pièces qui avaient paru les meilleures ? » Ces bonnes pièces, ces bonnes copies, comme on dit dans les classes, c’est une manière plus prosaïque d’exprimer la même chose qu’on a depuis appelée magnifiquement du nom d’épopées.

657. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

Si nous cherchons la poésie dans son œuvre, nous ne la trouverons ni dans les pièces purement morales, qui sont banales dans le lieu commun et lourdes dans le paradoxe, sans intérêt et sans vie, ni dans les satires littéraires, où il y a de la couleur, de l’éloquence même, une éloquence un peu courte et essoufflée, mais décidément rien de plus : des morceaux épiques ou lyriques, nous tirerons la conclusion que Boileau est à peu près aussi épique que Chapelain, et aussi lyrique que La Motte. […] On ne trouve d’examen impartial que chez Corneille, parlant de ses propres pièces, et chez D’Aubignac, qui mêla dans sa Pratique du théâtre la critique à la théorie. […] La part marquée, aussi grande que possible, aux imperfections de l’Art poétique, il y reste une grande et forte doctrine, faite de deux pièces finement ajustées : elle combine le rationalisme moderne avec l’esthétique gréco-romaine ; elle mêle les deux courants du cartésianisme et de l’humanisme. […] Voilà la grande erreur et la grande inconséquence de Boileau dans sa théorie du comique : et c’est autrement grave que de proscrire le mélange du rire et des larmes, que de condamner à l’avance le drame, les pièces mixtes.

658. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Non seulement les salons sont le berceau de la comédie de société, de ces petites pièces légères et faites de rien, qui comptent en France plus d’un frêle chef-d’œuvre  ; mais la vraie comédie, celle qui est destinée au grand public, trouve là le secret du dialogue vivant et aisé. […] Cherchez maintenant combien de fois le roman et le théâtre ont reproduit ce type de l’honnête homme, transformé en galant homme ou en gentleman ; examinez quel parti littéraire ils ont tiré de l’honneur et du point d’honneur ; comptez, si vous pouvez, dans combien de pièces, depuis le Cid jusqu’à nos jours, le duel, cette survivance mondaine des usages chevaleresques, intervient comme moyen dramatique ; et vous aurez une idée à peu près suffisante, quoique incomplète, des innombrables répercussions que la vie du monde a eues et a encore sur les œuvres de nos littérateurs. […] Ils ont fait naître d’aimables pièces de vers. […] On ne saurait être plus aimable en refusant de l’être, et c’est le cas de dire des comédies de Marivaux ce qu’on peut appliquer à tant de pièces françaises : Que jusqu’à : je vous hais, tout s’y dit galamment.

659. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Il en faisait une petite pièce, une parade en action, s’agitant, se démenant, dialoguant chaque scène avec la gentillesse la plus naïve, faisant accepter les libertés et les indécences, même de Mme Necker, même de Mme Geoffrin. […] Un jour qu’une troupe française était à Naples et qu’elle y jouait la comédie, chargé de l’examen des pièces, il empêcha qu’on ne jouât Le Tartuffe. […] L’abbé, redevenu napolitain, recommence, pour n’en pas perdre l’habitude, à se moquer des sots, des pédants littéraires du lieu, et, sous le titre du Socrate imaginaire, il bâtit une pièce, un opéra bouffon dont un autre fait les vers, et dont l’illustre Paisiello compose la musique ; la pièce fit fureur, et on crut devoir l’interdire.

660. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Ces premières années de séjour en Suisse sont marquées par beaucoup de joie, de gaieté ; Voltaire sent qu’il est redevenu libre ; il se mêle à la vie du pays, et y fait accepter la sienne ; il fait jouer chez lui la comédie, la tragédie, et trouve sous sa main des acteurs de société, et point du tout mauvais, pour les principaux rôles de ses pièces. […] Foisset en 1836, a produit sous les yeux du lecteur toutes les pièces du procès. […] Je fais grâce des pièces authentiques que chacun peut lire, et je ne vais qu’à l’esprit des choses. […] Cette ruse de tactique est très sensible quand on lit la suite des pièces.

661. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Un bel ouvrage tombe entre leurs mains, c’est un premier ouvrage, l’auteur ne s’est pas encore fait un grand nom, il n’a rien qui prévienne en sa faveur, il ne s’agit point de faire sa cour ou de flatter les grands en applaudissant à ses écrits ; on ne vous demande pas, Zélotes , de vous récrier, C’est un chef-d’œuvre de l’esprit ; l’humanité ne va pas plus loin : c’est jusqu’où la parole humaine peut s’élever : on ne jugera à l’avenir du goût de quelqu’un qu’à proportion qu’il en aura pour cette pièce ; phrases outrées, dégoûtantes, qui sentent la pension ou l’abbaye, nuisibles à cela même qui est louable et qu’on veut louer : que ne disiez-vous seulement, Voilà un bon livre ; vous le dites, il est vrai, avec toute la France, avec les étrangers comme avec vos compatriotes, quand il est imprimé par toute l’Europe et qu’il est traduit en plusieurs langues ; il n’est plus temps. […] Dans quelques-unes de ses meilleures pièces il y a des fautes inexcusables contre les mœurs, un style de déclamateur qui arrête l’action et la fait languir ; des négligences dans les vers et dans l’expression qu’on ne peut comprendre en un si grand homme. […] Il semble qu’il y ait plus de ressemblance dans ceux de Racine, et qui tendent un peu plus à une même chose ; mais il est égal, soutenu, toujours le même partout, soit pour le dessein et la conduite de ses pièces, qui sont justes, régulières, prises dans le bon sens et dans la nature, soit pour la versification, qui est correcte, riche dans ses rimes, élégante, nombreuse, harmonieuse : exact imitateur des anciens, dont il a suivi scrupuleusement la netteté et la simplicité de l’action ; à qui le grand et le merveilleux n’ont pas même manqué, ainsi qu’à Corneille, ni le touchant ni le pathétique. […] Ce qu’il y a de plus beau, de plus noble et de plus impérieux dans la raison, est manié par le premier ; et par l’autre, ce qu’il y a de plus flatteur et de plus délicat dans la passion : ce sont dans celui-là des maximes, des règles, des préceptes ; et dans celui-ci, du goût et des sentiments : l’on est plus occupé aux pièces de Corneille ; l’on est plus ébranlé et plus attendri à celles de Racine : Corneille est plus moral ; Racine plus naturel : il semble que l’un imite Sophocle, et que l’autre doit plus à Euripide.

662. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Ainsi les pièces du volume les plus hérissées de difficultés et qui en paraissent comme fantastiques, c’est Le Voyageur, poëme géographique ; c’est La Fontaine de Jouvence, poëme hydrothérapique ; c’est Le Nain, c’est L’Égoïste, que l’auteur appelle une folie ; c’est Pan, c’est L’Idylle du Financier et de la Bergère ; c’est La Chine, c’est Blaise et Rose, une idylle réaliste, en style marotique, et ces pièces ont une étendue qui les rend impossibles à citer. […] Les autres pièces du recueil, celles qui paraissent moins un défi à la langue, défiée, mais comme une maîtresse qu’on adore et qu’on veut voir triompher, l’Ave Maria, si beau même après celui de lord Byron, la Petite ode aux petits oiseaux, Le Grand théâtre, la Musique, les Saisons en quatre chants, Pygmalion, les Trois crimes, Le Bain, etc., etc., moins longues sans doute, mais longues encore, sont d’une jointure d’ensemble qui ne permet d’en rien détacher. […] n’aurait-il pas osé s’expliquer, lui qui écrit ses préfaces en vers aussi commodément qu’en prose, sur cette pièce, unique de sa sorte, de façon que nous ne savons pas si, en faisant flairer cette chinoiserie à sa Muse et au public de sa Muse, il a voulu les en effrayer l’une et l’autre ou les y accoutumer tous les deux ?

663. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

À lire la plupart des pièces de ces dernières années, on le croirait sans peine. […] Un progrès d’une importance presque égale apparaissait dans la forme extérieure de la pièce. […] Du monde à ses pièces, M.  […] « Si peu connue fût-elle en ce début de siècle, la pièce avait malgré tout des admirateurs. […] Plusieurs pièces inédites de M. 

664. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Une pointe d’idée, une ombre de sentiment, c’en est assez, et toute la nature de Voltaire se répand dans ces petites pièces. […] Il a une âpreté qui donne du sérieux à l’épigramme et par la sûreté des applications, par la nerveuse perfection de la forme, il a su agrandir ce jeu d’esprit : il en a fait un appareil de condensation de la critique littéraire ; ses meilleures pièces sont comme des extraits concentrés et mortels.

665. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre V. Le mouvement régionaliste. Les jeunes en province » pp. 221-231

Les départements continuaient à acclamer, sans critique, toutes les mauvaises pièces en tournée et à admirer les fonctionnaires de passage. […] Ces revues organisèrent des représentations populaires de pièces classiques ou nouvelles et des récitations de poèmes.

666. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre premier. »

Alors Simonide fit une pièce très-pompeuse qui commence par des vers dont voici le sens : « Nobles filles des coursiers qui devancent les aquilons. » Le même Simonide fut avec Anacréon à la cour d’Hipparque, fils de Pisistrate. […] À proprement parler, cette pièce n’est pas exactement une fable, c’est un récit allégorique ; mais il est si joli et rend si sensible la vérité morale dont il s’agit, qu’il ne faut pas se rendre difficile.

667. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Il n’a pu que le livrer pièce à pièce, de loin en loin, par éclairs, ce n’est pas ainsi qu’on domine la postérité. […] » — Et la seconde petite pièce est certes plus spirituelle que la Coccinelle, qui a pourtant bien plus de prétentions. […] Frémy a pu voir, à la première représentation de sa pièce, ce que c’était que le vrai charivari. […] Le Revenant est une des pièces les plus malsaines de ce livre malsain. […] Toutes les critiques du lundi portaient ceci : Immense succès, pièce merveilleuse !

668. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Le 29, un gentilhomme de Mingrélie y vint de nuit avec une trentaine de gens et y mit tout en pièces. […] On peut juger quelle riche pièce c’est, tant par le prix qu’elle coûte que par le nombre des chameaux qu’il faut pour la porter, qui est de deux cent quatre-vingts. […] La plupart de toutes ces pièces sont antiques. […] Il est de trente-huit perles orientales, de vingt-trois carats pièce, toutes bien formées, de même eau et de même grosseur. […] Les ordinaires sont composées de quatre pièces seulement, une veste, une surveste, une écharpe et un turban, qui est la coiffure du pays.

669. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Walewski me dit de n’avoir plus d’indulgence, et qu’il m’autorisait à écrire ce que je pensais sur les pièces. — Mais, lui dis-je, il y a cette semaine une pièce de X… — Ah ! […] Ce n’est plus une pièce qu’on joue, c’est la célébration d’une sorte de messe devant un public de dévots. […] » La pièce de service était un petit obusier. […] Notre devise en ce bas monde devrait être : Malgré tout. — En attendant que nous la prenions, nous la donnons au héros de notre pièce. […] Pendant les tintements de la messe, dite pour la princesse dans une pièce voisine, tintements coupés, dans le salon où nous sommes, par des blagues d’Arago, Vimercati raconte un curieux départ de la vie d’un de ses amis, le dernier inscrit sur le livre de la noblesse de Venise.

670. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Il s’essaya d’abord, non sans succès, dans les concours académiques : il eut un accessit à l’Académie française en 1815 pour une pièce de vers sur les Derniers Moments de Bayard, une mention en 1820 pour un Entretien sur l’Éloquence. […] Non seulement pour les livres, mais pour les comptes rendus des pièces de théâtre, des séances de l’Académie, on était sûr d’avoir de lui une critique fine, non pédante, bien informée, ou le blâme et l’éloge étaient distribués avec une parfaite mesure. […] Nous ne connaissons pas de pièce de M.  […] Magnin, appliquant ce procédé d’extension possible, mais peu désirable, à la jolie pièce le Mariage de raison, s’attachait à montrer « qu’élevé aux proportions de la comédie le Mariage de raison eût vraisemblablement échoué, tandis que le Mariage d’argent, réduit aux dimensions d’une comédie-vaudeville, aurait peut-être eu la vogue. » Il ne voyait dans ce dernier « qu’un vaudeville dilaté, bulle brillante, soufflée avec effort et lancée sur le Théâtre-Français. » Certes M.  […] Sa vie à lui-même était tout ordonnée et ménagée par rapport à ses fonctions de bibliothécaire et d’écrivain ; désirant couper sa journée de la manière la plus favorable à ce double emploi, il s’était arrangé pour dîner vers trois heures et demie, à l’heure où il se trouvait libre et débarrassé du public ; son dîner fait, le plus souvent chez lui, dîner frugal et fin, qu’il faisait suivre d’un petit tour de promenade solitaire au Palais-Royal, il rentrait, se remettait à l’étude : il recommençait sa journée, et là c’était un travail incessant, minutieux, méthodique, sans fureur et sans verve, mais non sans un charme infini : une citation dix fois reprise et vérifiée, une diligente comparaison de textes, un rapprochement piquant, une date ressaisie, une œuvre d’hier rattachée à une pièce ancienne oubliée, à une chronique vieillie, une page de son texte à lui, recopiée, remise au net pour la troisième ou quatrième fois, et celle-ci la bonne et la définitive.

671. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxive Entretien. Réminiscence littéraire. Œuvres de Clotilde de Surville »

Ce fut elle qui, pendant les intervalles de ses douleurs, prépara pour M. de Surville, son frère, les pièces les plus remarquables de sa grand’tante Clotilde. […] XI Après avoir entrelu quelques rondeaux, chansons des jeunes et érudites amies de Clotilde qui ouvrent le volume, comme on humecte les bords du vase avant d’y boire à pleine coupe, j’arrivai à Clotilde et je lus sa première pièce à son premier-né. […] Écoutez : je retranche ce qui allongerait trop la pièce. […] Sa poésie alors change de ton et redevient légère et badine : qu’on en juge par la charmante pièce des Trois plaids d’union qui remplace un conte de Vallais des Trois Manoirs, et qui, s’il faut tout dire, la dépasse encore en agrément. […] Une seule pièce peut autoriser un doute, c’est le conte des Trois Manoirs, si semblable à l’admirable conte de Voltaire.

672. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Il s’y entendait en effet, et dans ce temps de polémiques virulentes et d’aigres personnalités, parmi ces gens de lettres hargneux et querelleurs comme des mâtins, nul n’emportait mieux la pièce. […] On conte que « Despréaux alla lire une de ses premières pièces à l’hôtel de Rambouillet : il n’y eut pas de succès, et on l’engagea à prendre une espèce de poésie moins odieuse et plus généralement approuvée des honnêtes gens que la satire. […] Sans doute, c’eût été une pièce d’éloquence remarquable, et une médiocre histoire. […] Vint la malheureuse satire sur l’Équivoque : les ennemis de la Compagnie firent à cette pièce un tel succès, que l’auteur n’osa l’imprimer. […] Mais aussi ne désarma-t-il pas, et il fît défendre à Boileau par le roi d’imprimer la satire sur l’Équivoque : il fit en sorte que Louis XIV exigea qu’on lui remît l’original de la pièce entre les mains.

673. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Quand on lit les poëtes du xvie  siècle, parmi lesquels je ne comprends pas Malherbe, dont la première pièce durable porte la date de 1605, on est surpris du peu qu’ils ont exprimé d’idées générales. Sauf dans un petit nombre de pièces qui ont tiré de ces idées mêmes la force et le naturel qui les a fait durer, le fond et les détails sont fournis par le moment, par les mœurs, par le tour d’esprit particulier de l’époque. […] Acteur et spectateur dans sa propre vie, il y a assisté comme à une pièce, et il en a donné l’analyse exacte, en homme qui s’y divertissait, et qui ne s’est pas inquiété si quelquefois la pièce contredisait le spectateur, ou le spectateur la pièce.

674. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 février 1886. »

Ce n’est donc pas une étude sur Wagner : la biographie en est complètement écartée ; mais une étude sur « l’œuvre » de Wagner, puisque chacune des pièces est étudiée tour à tour et séparément. Chacun des chapitres, après un court historique de la pièce, en donne l’analyse au double point de vue littéraire et musical ; le volume n’est ni une étude purement littéraire comme celui de M.  […] Dans ces analyses, la pièce est suivie pas à pas, acte par acte, scène par scène ; c’est un compte rendu exact et détaillé, non une analyse d’ensemble. […] « Mais pourtant dans cette décadence certainement partielle et dans ce verbiage, surtout en certains sujets d’opéra, combien leur forme et leur manière viennent aux Italiens à propos, Bellini en donne la preuve dans la norma, sans contradiction une de ses compositions les plus réussies ; dans cette pièce où le poème même s’élève à la hauteur tragique des anciens grecs, cette forme que Bellini en même temps aussi relève et anoblit, rehausse le solennel et grandiose caractère du tout ; toutes les passions que son chant transfigure si singulièrement, reçoivent par cela même un fondement majestueux, sur lequel elles ne flottent pas vaguement, mais se forment en un grand et clair tableau qui, involontairement, rappelle les créations de Gluck et de Spontini. […] Séroff organisa une série de concerts et Wagner dirigea des symphonies de Beethoven ainsi que des pièces orchestrales tirées de ses opéras.

675. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Lettres sur l’éducation des filles, par Mme de Maintenon » pp. 105-120

Je prends au hasard deux pièces qui nous feront tout aussitôt pénétrer dans ce monde moral plus ému qui existe, il faut bien le reconnaître, et dont il ne servirait à rien de s’interdire et de se fermer rigoureusement l’aspect, depuis que Rousseau, Goethe, Chateaubriand, Byron et Lamartine sont venus. L’une de ces pièces s’adresse à un mort ou à une morte chérie : À un esprit qui s’en est allé Du haut des brillantes étoiles, ou du sein de l’air invisible, ou de quelque monde que n’atteint point l’humaine pensée, Esprit ! […] L’autre pièce que j’ai à citer est intitulée Le Retour, c’est l’être humain (homme ou femme) qui, après avoir vécu, souffert et failli, revient au lieu natal, dans le manoir domestique, et y retrouve tous les anciens témoins de son innocence et de son bonheur : « Nous reviens-tu avec le cœur de ton enfance, un cœur libre, pur, aimant ? 

676. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Léonard »

Cet écueil est encore évitable dans les pièces plus courtes, dans les simples églogues et idylles proprement dites, qui, d’ailleurs, permettent bien moins de laisser entrevoir le revers de la destinée et de diversifier les couleurs ; mais Théocrite bien souvent, et Goldsmith une fois, y ont réussi. […] Mais puisque ce n’est pas, comme chez André Chénier, l’art des combinaisons (junctura pollens), le procédé savant, la fermeté des tons et des couleurs qu’on espère trouver en lui, on doit préférer celles de ses pièces où, à travers les réminiscences de ses modèles, il nous a donné quelques marques directes et attendrissantes, quelques témoignages intimes de lui-même : l’Ermitage, le Bonheur, les Regrets, les Deux Ruisseaux. […] L’épigraphe qu’il emprunte à Valère-Maxime déclare tout d’abord sa pensée : « Du moment qu’on s’aime de l’amour à la fois le plus passionné et le plus pur, mieux vaut mille fois se voir unis dans la mort que séparés dans la vie. » Je crois pouvoir rapporter aussi à ce séjour de Liège la jolie pièce intitulée le Nouveau Philémon, où figurent Deux ermites voisins des campagnes belgiques.

677. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre II. L’analyse interne d’une œuvre littéraire » pp. 32-46

Voltaire s’écrie quelque part : « Qu’est-ce qu’une pièce qui ne fait pas pleurer ?  […] S’agit-il d’un roman ou d’une pièce : cherchez le personnage sympathique. […] Victor Hugo, dans la pièce des Contemplations intitulée « Melancholia », travaille visiblement à propager la haine de l’injustice, à stimuler la pitié fraternelle pour les êtres souffrants.

678. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

La pièce étoit annoncée. […] Boileau para le coup, fit arrêter la pièce, & défendre aux comédiens de la jouer. […] Bouhours, étant un jour à Auteuil, dit en riant : N’est-il pas vrai, maître Antoine, que l’Epître que votre maître vous a adressée est la plus belle de toutes ses pièces ?

679. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XIV. »

C’est ainsi que dans Andromaque, inspirée de tout Euripide plutôt qu’imitée d’une de ses pièces, Ennius prêtait à la veuve d’Hector ces pathétiques paroles, dont le chant lugubre semblait retentir encore dans l’âme de Cicéron, loin du Forum et du théâtre, et lui faisaient dire : « Ô le grand poëte, bien qu’il soit dédaigné par ces chanteurs qui fredonnent les airs d’Euphorion !  […] Le sujet sera pris encore d’Homère et du théâtre d’Athènes ; la pièce s’appellera du nom d’Alexandre qu’avait porté Paris ; et là sans doute, comme dans l’Agamemnon d’Eschyle, l’héroïne du drame sera Cassandre, prophétesse, amante et victime dévouée. […] D’autre part, l’histoire nous a conservé les amères allusions dont le poëte Labérius semait les vers de la pièce où César l’avait forcé de prendre lui-même un rôle ; et on sait quelle faveur avaient les Mimes, ou petites comédies latines.

680. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

Techniquement même, ses pièces orientales ont, dans la monotonie de l’ancienne strophe, de personnelles variations de forme, M.  […] Hébert, comme le type de la pièce naturaliste serait la Fin de Lucie Pellegrin que M.  […] Est-ce parce que dans toute pièce moderne l’adultère étant le sujet général, on a été dérouté ? Que la pièce de M.  […] Dans Jadis et Naguère les deux façons d’écrire et de concevoir l’unité de la pièce alternent.

681. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mistral, Frédéric (1830-1914) »

Quelques pièces dispersées çà et là, tantôt de belles imitations virgiliennes, tantôt des peintures directement inspirées de la nature provençale, furent ses premiers essais… Personne, disions-nous, ne regrette plus que lui la mollesse d’idées et de style qui a été si fatale au génie de ses aïeux. Il ne renonce pas à l’élégance, mais quel sentiment hardi de la réalité, quelle énergie redoutable dans ses peintures, soit qu’il chante la Belle d’août et qu’avec une grâce funèbre il associe toute la nature éplorée aux malheurs de son héroïne ; — soit que, dans l’étrange pièce intitulée : Amarum, il attaque le débauché, le secoue, le flagelle, et l’enferme, épouvanté, au fond du sépulcre infect ; — soit que, devant un épi de folle avoine, son ironie vengeresse châtie l’oisiveté insolente, toujours il y a chez lui une pensée généreuse, une imagination agreste, un langage imprégné des plus franches odeurs du terroir.

682. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

À peine il parle de ses pièces, et le peu qu’il en dit, sans fausse humilité, est qu’il les trouve excellentes. […] La grande difficulté, pour un dramaturge de mœurs, est de simplifier et de généraliser assez les faits divers banals ou excentriques que sont en somme ses sujets de pièce.

683. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre sixième. »

Louez une jolie pièce de vers, il est bien rare que l’auteur n’ajoute, je n’ai mis qu’une heure, un jour, plus ou moins ; et s’il s’abstient de dire cette sottise, c’est qu’il y réfléchit, c’est qu’il remporte une victoire sur lui-même, c’est qu’il craint le ridicule. […] C’est une pièce de vers charmante.

684. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

N’avons-nous pas une infinité de pièces dans le style marotique, et ces pièces, pour être de vrais pastiches en poésie, en sont-elles moins estimables ?

685. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Avant-propos de la septième édition »

Fût-il doué d’une intelligence surhumaine, eût-il la clef de la psychophysiologie, il ne serait éclairé sur ce qui se passe dans la conscience correspondante que tout juste autant que nous le serions sur une pièce de théâtre par les allées et venues des acteurs sur la scène. […] Selon la nature de la pièce qui se joue, les mouvements des acteurs en disent plus ou moins long : presque tout, s’il s’agit d’une pantomime ; presque rien, si c’est une fine comédie.

686. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Ce n’est pas tout ; nous avons encore de lui trois ou quatre pièces, ou panégyriques en vers ; l’un intitulé Le Cheval de Domitien ; l’autre où, selon son expression, il adore le dix-septième consulat du prince  ; le troisième, où il rend grâces de ce qu’il a été honoré de sa table très sacrée . […] Cet Espagnol, qui vint de bonne heure à Rome pour y faire des vers, médire et flatter, et qui y eut tout le succès qu’un esprit fin et piquant peut avoir dans une grande ville, où il y a de l’oisiveté, des arts et des vices, nous a laissé près de quatre-vingts petites pièces ou épigrammes, faites en l’honneur de Domitien.

687. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre V. Swift. » pp. 2-82

Une commission, dont Newton était membre, vérifia les pièces fabriquées, les trouva bonnes, et plusieurs juges compétents pensent aujourd’hui que la mesure était loyale autant qu’utile au pays. […] Swift continue et diffame Wood, certifiant que ses pièces de cuivre ne valent pas le huitième de leur titre. […] Sa meilleure pièce, Cadénus et Vanessa, est une pauvre allégorie râpée. […] La vérité est toujours bonne à connaître, et, dans la pièce magnifique que les artistes nous étalent, il faut bien un régisseur pour nous donner le nombre des claqueurs et des figurants. […] « Y a-t-il un étudiant qui mette sa paille en pièces, qui jure, blasphème, écume, morde ses barreaux et vide son pot de chambre sur le visage des spectateurs ?

688. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Tout cela se réduit à un seul mot : les objets entraient organisés et complets dans son esprit ; ils ne font que passer dans le nôtre, désarticulés, décomposés, pièce par pièce. […] —  Elle bat comme si elle allait se briser en cent pièces. —  Mon dos, de l’autre côté ! […] Il retouche des pièces dès 1591. La première pièce qui soit de lui tout entière est de 1593. […] surtout ses dernières pièces : Tempest, Twelfth night.

689. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Beaucoup l’avaient connue parmi ceux qui assistaient à la première représentation de la pièce. […] La Dame aux Camélias s’appelle Marguerite Gautier, dans la pièce. […] Alexandre Dumas a mise en scène, dans sa pièce. […] Ceci dit, la pièce reste, en bien des endroits, une œuvre jeune et vivante, étincelante d’esprit et de larmes, détachée de toute convention, imprégnée, jusqu’à la moelle, des mœurs et de la vie de son temps. […] Si la morale de la pièce est quelque part, elle est, à coup sur, dans le spectacle de cet amour haletant, fou, forcené, qui fait curée d’un moment de bonheur, dans une chambre d’auberge ouverte à tous ceux qui passent, et qui se jette aux bras de l’amant, à deux pas du mari soupçonneux et courroucé.

690. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Un hareng saur était l’unique objet mobilier, qu’il avait trouvé dans la première pièce. Et dans la seconde, il était tombé sur un avoué de la localité, en chemise et en lunettes bleues, qui, ainsi surpris, avait passé tout le temps de la perquisition, assis sur une chaise, le nez dans le mur d’un angle de la pièce. […] Il me répondait que non, ajoutant que c’était une pièce très rare, très ancienne, et d’un seul morceau, et qu’il me le laisserait cependant à 1 200 francs. […] Aujourd’hui la pièce opulente fait, entre deux flambés, le milieu de la cheminée de mon cabinet de l’Extrême-Orient. […] Le reste de la journée, je la passe dans les petits théâtres, ou avec mes amitiés, mes relations, mes trucs, j’arrive à être d’un quart, d’un sixième dans une pièce, et ça rapporte encore 50 francs ; pour la fin de la journée… Eh bien, cela me fait 36 000 francs par an, je n’en gagnais pas autant avant, quand j’étais à la Bourse. » Mercredi 20 novembre Un sculpteur, qui a passé des années en Angleterre, disait que là, il avait trouvé les plus belles poitrines, les plus charmants torses de femmes, mais que ces femmes n’avaient point la colonne vertébrale mobile, qu’il était impossible d’obtenir de ces corps, ce que vous donnait le premier modèle français venu, un hanchement, une torsion, un contournement, un mouvement de grâce féminin, le penchement d’une Hébé tendant la coupe à Jupiter.

691. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Le fondement du plaisir ; que procurent ces pièces, c’est qu’elles évoquent pour l’auditeur l’image des choses familières : elles utilisent la vie réelle en jouissances d’art, et portent vilains ou bourgeois à la contemplation désintéressée du monde vulgaire où leur existence de désirs et de peines est enclose. Au même principe se ramènent bien des pièces qu’on serait d’abord tenté de ranger parmi les poèmes moraux ou satiriques des dits, des débats des États du siècle ou du monde. […] Un des lieux communs de cette morale chrétienne, c’est le Débat du corps et de l’âme, qu’on trouve en latin et en français dès le premier tiers du xiie siècle : on peut y rattacher une belle Apostrophe au Corps 88, qui est comme un réquisitoire vigoureux et souvent éloquent contre le corps, instrument de l’avilissement et de la damnation de l’âme ; cette pièce peut donner une idée du genre. […] Les clercs, en effet, aussitôt que la conception de l’amour courtois avait été apportés dans la France du Nord, s’étaient piqués de s’y connaître, et bien mieux que les barons et les poètes : c’est ce qu’attestent une foule de pièces latines et françaises, véritables débats où la préférence est donnée à l’amour des clercs sur l’amour des chevaliers.

692. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Je commencerai par une pièce célèbre, l’Antchar. […] La pièce est intitulée le Privilégié ; je traduis ainsi le nom de Kromesnik, qui avait été donné aux gardes du tsar Ivan IV, ministres ordinaires de ses cruautés. […] Ici des corps hachés en pièces, là des poteaux, des fourches, des chaudières pleines de poix refroidie ; plus loin des billots renversés. […] …” Et le cheval, à bout de résistance, passe comme un ouragan sous le cadavre. » Je terminerai par une pièce d’un tout autre caractère qui, de même que l’Antchar, a eu le malheur d’être prise par la censure pour un dithyrambe révolutionnaire.

693. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Si la pièce semble aujourd’hui un peu fanée par endroits, c’est qu’elle a subi les redites de nombreux pastiches. […] Emile Augier ; sa première pièce avait vingt ans, tout au plus, celle-ci en marquait tout au moins quarante. […] Diane se dévoue, d’un bout à l’autre de la pièce, une fois par acte tout au moins, et cet holocauste à petit feu finit par s’attiédir et s’éteindre. Le vrai mérite de la pièce de M. 

694. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Ici on a affaire à un historien qui, par un concours unique de circonstances, a eu en main une quantité innombrable de pièces et papiers d’État, les vraies sources, dans tout leur secret et leur continuité, et qui, les ayant dépouillés, analysés au complet, ne va que d’un pied sûr. Je ne veux pas dire que d’autres écrivains ayant les mêmes pièces sous les yeux n’en tireraient pas d’autres idées, une autre conclusion ; mais, dans l’Histoire de M.  […] Une publication récente, celle des Mémoires du roi Joseph a mis le public dans le secret des pièces politiques qui se rapportent au gouvernement de l’Espagne et à ses plaies intestines en ces années malheureuses.

695. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

On n’avait point jusqu’ici un recueil des lettres de Buffon ; on n’en avait que des extraits qui avaient servi de pièces à l’appui dans des biographies ingénieuses et savantes ; mais le lecteur aime, en fait de correspondance, à se former lui-même un avis ; il prend plaisir, quand il le peut, à aborder directement les hommes célèbres et à les saisir dans leur esprit de tous les jours. […] Pour écrire des lettres excellentes et durables en tant que pièces littéraires, je ne sais que deux manières et deux moyens : avoir un génie vif, éveillé, prompt, à bride abattue, et de tous les instants, comme Mme de Sévigné, comme Voltaire ; ou se donner du temps et prendre du soin, écrire à main reposée, comme Pline, Bussy, Rousseau, Paul-Louis Courier : — en deux mots, improviser ou composer. […] On a les pièces probantes, les canevas en manuscrit (non pas celui du Cygne, mais ceux des autres oiseaux ), on a les brouillons ; les retouches se peuvent compter et mesurer.

696. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Le succès, au théâtre, a justifié celui que cette pièce ou cette suite de scènes si dramatiques avait obtenu à la lecture. […] Ajoutez que la pièce est dans la vraie mesure de l’art ; la moralité y est plutôt conclue qu’affichée ; elle reste à tirer, l’auteur ne l’impose pas ; et si l’on veut à toute force conjecturer que le jeune artiste au cœur trop faible, s’il avait écarté différemment, aurait trouvé un autre genre d’écueil dans le bonheur somnolent du mariage, comme il a trouvé sa perte sur la mer orageuse de la passion, il n’y a pas de raison absolue qui s’y oppose : vous êtes libre d’y rêver tout à votre aise. […] Un peu plus tard, quand elle sait parler, elle entre en colère contre sa gouvernante qui, au bord d’un étang, prétend l’empêcher de monter sur un cygne ; car Sibylle voulait absolument chevaucher l’un des cygnes qui voguaient sur la pièce d’eau, et faire ainsi le tour de l’étang.

697. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Poésies, par Charles Monselet »

Il avait débuté à Bordeaux, de dix-sept à vingt ans, par des pièces représentées avec assez de succès, des parodies de circonstance, notamment Lucrèce ou la Femme sauvage, parodie de la Lucrèce de Ponsard, « ornée de chant et de danse », et une autre parodie des Mousquetaires. […] Passe pour Mme Clorinde, dont une pièce sur trois a dû sombrer ; mais les Stances à Théophile Gautier, qui donc l’empêchait de les reproduire ? […] Mais ces accidents plus ou moins bucoliques ne sont pas essentiels chez lui ni dans son talent : là même, dans cette pièce toute bordelaise, le bachique l’emporte, et quand il en vient à la saison des vendanges, il ne se tient pas ; il se donne la joie toute rabelaisienne de nous décrire le formidable cuvier : C’est une cave immense, ou plutôt c’est un antre Où le vin en courroux monte au nez dès qu’on entre, Courant des piliers noirs au cintre surbaissé, — Un temple de Bacchus dans le sable enfoncé. —  Comme un chœur de Titans, là sont d’énormes cuves Où la liqueur mugit comme dans des étuves.

698. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

À la reprise du Père de famille, l’on compte autant de mouchoirs que de spectateurs, et des femmes s’évanouissent. « Il est d’usage, surtout pour les jeunes femmes, de s’émouvoir, de pâlir, de s’attendrir, et même en général de se trouver mal en apercevant M. de Voltaire ; on se précipite dans ses bras, on balbutie, on pleure, on est dans un trouble qui ressemble à l’amour le plus passionné308. » — Quand un auteur de société vient lire sa pièce dans un salon, la mode veut qu’on s’exclame, qu’on sanglote, et qu’il y ait quelque belle évanouie à délacer. […] Pour trouver de ces lutteurs, ils font chercher trois ou quatre hommes de race ou d’éducation différente, tous ayant roulé et pâti, un plébéien brutal comme l’abbé Maury, un satyre colossal et fangeux comme Mirabeau, un aventurier audacieux et prompt comme ce Dumouriez qui, à Cherbourg, lorsque la faiblesse du duc de Beuvron a livré les blés et lâché l’émeute, lui-même hué et sur le point d’être mis en pièces, aperçoit tout d’un coup les clés du magasin dans les mains d’un matelot hollandais, crie au peuple qu’on le trahit et qu’un étranger lui a pris ses clés, saute à bas du perron, saisit le matelot à la gorge, arrache les clés et les remet à l’officier de garde en disant au peuple : « Je suis votre père, c’est moi qui vous réponds des magasins322 ». […] Numéro d’août 1792 : « les Rivaux d’eux-mêmes »  Autres pièces insérées vers le même temps dans le Mercure : « Pacte fédératif entre l’hymen et l’amour, le Jaloux, Romance pastorale, Ode anacréontique à Mlle S.

699. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre 2. La littérature militante »

Mais dans la Harangue aux États d’Orléans (1560) et dans le Mémoire au Roi sur le But de la guerre et de la paix (1568), ses ordinaires remontrances en faveur de la paix et de la tolérance ont revêtu une forme singulièrement forte ; vigueur de raisonnement, mouvement pathétique, expression saisissante, toutes les parties d’un grand orateur se trouvent dans ces deux pièces. […] La septième pièce, dans les Œuvres, est un discours non prononcé, un vif et fort pamphlet, que Du Vair fit courir au commencement de 1594, sous le titre de Réponse d’un bourgeois de Paris à un écrit publié sous lu nom de M. le cardinal de Sega. […] Les éditeurs de la Ménippée l’ont ensuite grossie de diverses pièces publiées vers le même temps, et inspirées du même esprit, comme l’Histoire des singeries de la Ligue qu’on attribue à Jean de la Taille (1540-1608).

700. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « J.-J. Weiss  »

Quand il veut bien démonter une pièce, c’est merveille comme il en dégage l’idée première, comme il en saisit le fort et le faible, comme il met le doigt sur le point où le drame dévie. […] Dès que la pièce étudiée prête à quelques réflexions sur l’histoire des mœurs, le voilà parti là-dessus, et je ne connais pas de moraliste mieux informé, plus acéré ni plus clairvoyant. […] Weiss la vivacité d’allure de Ma camarade : « Le filament microscopique le plus tortillé de la joie et de la fureur de vivre ne se trémousse pas avec une vie plus furieuse et plus joyeuse que cette pièce. » Au fait, cela est très joli ; mais diable !

701. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

La dernière pièce dite, Oscar Wilde se leva et s’excusa d’être obligé de partir, se prétendant attendu ailleurs. […] Oscar Wilde, encore qu’il se défendît d’obéir aux préjugés, subissait à son insu cette hostilité héréditaire et s’il avait retrouvé, à Londres, cette même rigueur puritaine, cette même obstination hypocrite du cant (on sait que les Irlandais se font gloire d’un haut renom de chasteté) dont sa libre et sensuelle nature avait à souffrir, il se sentait doublement incité à s’en affranchir par instinct et par désir de faire pièce à une race détestée. […] Je leur ai montré que la leur était à la merci d’une pièce de monnaie. » C’était les amener à constater leur infirmité et, par suite, à l’indulgence et à compatir aux faiblesses du prochain.

702. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

À mesure qu’on s’approche du xive  siècle, on prend l’habitude d’user des rimes alternées dans les pièces à chanter, comme on peut le voir en parcourant les poésies de Charles d’Orléans, ou celles, plus anciennes, de ce Colin Muset, dont M.  […] Quand la pièce ne doit pas être chantée, des rimes de même nature se succèdent le plus souvent. […] C’est une habitude contractée par analogie avec des pièces chantées.

703. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Note »

Il me  faudrait deux ou trois mois pour mettre à fin des pièces commencées ou projetées qui, avec ce que j’ai déjà, seraient un troisième volume à ajouter à Joseph Delorme et aux Consolations, volume que je ne publierai pas quand il sera achevé, mais qui alors me laissera libre pour quelque autre essai poétique. […] Il y a eu les grossiers parmi les zélés, il y a eu les pédants ; on m’a pris à partie, cela va sans dire ; on m’a fort découpé, sinon mis en pièces.

704. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre II. Utilité de l’ordre. — Rapport de l’ordre et de l’originalité »

Ce ne sont point des pièces d’un métal précieux, qui circulent de main en main sans se déprécier ni acquérir de plus-value : ce sont des papiers qui sont aujourd’hui en baisse, demain en hausse, chiffons aux mains du malhabile, qui valent une fortune aux mains de l’homme avisé. […] Plaute et Térence adaptent les pièces de Ménandre, de Diphile, d’Apollodore.

705. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Et il est très facile de lui persuader qu’il doit lire ce livre, voir cette pièce, de l’induire à connaître, et surtout à ignorer. […] Imaginez Bajazet venant au lendemain de la publication qu’un journal aurait faite des circonstances de la mort du vrai Bajazet : la pièce de Racine n’était plus possible.

706. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verhaeren, Émile (1855-1916) »

Les Campagnes hallucinées sont un livre en vers, non un recueil de pièces, originalité déjà tout à fait louable. […] Georges Rency Les Heures claires nous révèlent un Verhaeren inconnu, soupçonné seulement dans quelques pièces des Apparus dans mes chemins.

707. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes maudits » pp. 101-114

Des chroniques insérées çà et là, dans les feuilles publiques, des pièces représentées dans différents théâtres, ont soulevé autour de son nom une certaine agitation. […] Le retour à plus de simplicité (après une recrudescence du goût primordial dans certaines pièces de Jadis et Naguères) s’accuse fortement dans Amour, où se révèle une langue davantage émondée.

708. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre V. Des trois ordres de causes qui peuvent agir sur un auteur » pp. 69-75

Est-ce que bravos et sifflets ne se croisent pas fréquemment à la représentation d’une pièce ? […] Evidemment non, car c’est précisément un des traits qui distinguent son œuvre de celle des poètes grecs et même des pièces de Corneille.

709. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Swift »

Pour être poète, dit le terrible et opiniâtre railleur, qui ne se déferre jamais de sa plaisanterie effrayante de vulgarité, il faut d’abord « ne pas croire à Dieu et lire la Bible pour y prendre des métaphores ; — ne rien savoir, puisque les plus beaux génies de ce temps n’ont pas, en connaissances, de quoi couvrir une pièce de six pence au fond d’une cuvette ; — traiter tous les auteurs comme des homards, dont on choisit le meilleur dans la queue et dont on rejette le reste au plat ; — avoir toutes prêtes des comparaisons comme le cordonnier a ses formes ». […] Telle est la plaisanterie de Swift, ce sanglier saxon, qui n’a pas d’articulation dans le cou et qui se retourne tout d’une pièce ; tel est l’esprit de ce Voltaire anglais, de ce bouffon au masque immobile, qui, à force de sérieux, finit par être sinistre, et qui l’a été, une fois, plus que les fossoyeurs de Shakespeare bouffonnant avec des têtes de mort dans le cimetière d’Elseneur.

710. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Th. Gautier. Émaux et Camées »

Gautier, dans les plus belles pièces d’Émaux et Camées. […] Quelques-uns peuvent se ressentir de l’ancienne inspiration, trop ardemment matérielle, du poète, et, comme cette merveilleuse pièce du Contralto, effrayante de difficulté, avoir un risqué terrible et faire baisser les yeux à la Rêverie troublée, mais ce ne sera qu’un frisson qui passe.

711. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Preuve, cette pièce de L’Enfant dans les blés que sa longueur nous empêche de pouvoir citer toute : Vois briller sa grosse joue ! […] Seulement les deux pièces se ressemblent comme la lumière, irisant l’eau d’une source, ressemble à un empâtement de vermillon !

712. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Le grand défaut de la pièce de Lady Tartufe me paraît le titre, que M.  […] Sainte-Beuve, et la pièce de M.  […] Je n’apprendrai rien à personne aujourd’hui en disant qu’elle n’est que l’imitation, on pourrait presque dire la traduction, d’une pièce de l’Anglais Van Brugh, intitulée The Relapse (la Rechute), laquelle pièce fut jouée à Londres en 1697, alors que Voltaire avait trois ans. […] Qu’on n’ait pas connu la pièce de Van Brugh, passe encore ! […] Vous possédez une pièce de vingt sous et un pain de quatre livres ?

713. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Aubé, Edmond »

Certaines pièces plus personnelles, — comme Sur mes vers — ont un bel accent triste et contenu.

714. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Noël, Alexis (1867-19..) »

Charles Fuster Ce livre renferme des pièces brûlantes qui ne démentent pas son titre, mais auxquelles nous préférons certains morceaux tout fugitifs, tout simples et tout charmants.

715. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleurigny, Henry de (1849-19..) »

Louis Dupont C’est un poète aimable que M. de Fleurigny, et le volume qui vient de paraître sous son nom (Éclats de verre) renferme plus d’une pièce d’un rare sentiment d’à-propos et d’humour.

716. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bernès, Henri (1861-1941) »

Auguste Lacaussade Il publia un volume de vers, les Ailes du rêve, où, dans une forme qui témoigne de l’étude approfondie de tous les poètes contemporains, se rencontrent de nombreuses pièces pleines de grâce et de charme.

717. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fleury, Ernest (1875-1911) »

Charles Fuster Parmi les pièces à noter dans ce recueil de début (Andantes), citons surtout ; La Marque, les jolies strophes sur un Rayon de lune, l’Idylle, les Saisons, Matinale, Au temps jadis, Never More !

718. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — N — Neufville, Frédéric de »

Frédéric de Neufville, ambitionne d’être comparé à une joyeuse et turbulente sortie d’écoliers ; sans doute ; mais il n’y a que de vagues indications dans ce jeune ébrouement, quelques pièces sobres, mais si de circonstance.

719. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Billaud, Victor (1852-1936) »

Auguste Lacaussade Pleines de grâce et de simplicité, la plupart des pièces de vers dues à la plume de M. 

720. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Dautel, Albert (1875-1916) »

Elles existent certainement dans une pièce appelée l’Inutile Révolte.

721. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Sari-Flégier, Blanche (1852-1914) »

À dire vrai, et quoique l’auteur ait toutes les habiletés de l’art impersonnel, nous l’aimons mieux dans les pièces plus intimes, dont quelques-unes sont de véritables cris de détresse.

722. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fouinet, Ernest (1799-1845) »

Il avait fréquenté à la Place-Royale, et une pièce de lui a été copiée sur les marges du fameux Ronsard donné par Sainte-Beuve à Victor Hugo.

723. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bazin, Eugène (1817-1881) »

Sainte-Beuve Je ne puis qu’indiquer légèrement, à mon grand regret, un autre poète distingué qui a également traduit avec âme cette pièce d’Excelsior (de Longfellow), M. 

724. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bonnery, Raoul (1851-.... ; poète) »

Raoul Bonnery a réuni des poésies de circonstance, un très grand nombre de morceaux lus par lui à mainte inauguration de statue, à mainte cérémonie commémorative, et aussi une quarantaine de pièces plus intimes, plus familières, qui n’en valent pas moins.

725. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Goudezki, Jean (1866-19..) »

. — Au Parnasse, pièce en six tableaux (1894).

726. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bertout, Auguste (1819-1907) »

Chacune de ses pièces a presque le ton et l’allure d’une charge.

727. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bocquet, Léon (1876-1954) »

Charles Fuster Il y a, dans ce livre (Les Sensations), une délicieuse pièce sur les Enfants des champs, les beaux petits si frais et si sains.

728. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Luzel, François-Marie (1821-1895) »

Luzel, qui vient de publier un recueil de poésies bretonnes et en pur breton, avec traduction, il est vrai… Une pièce qui me paraît touchante de forme et de sentiment est celle que M. 

729. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Guiard, Théodore (1814-1855) »

Charles Asselineau Ce qui appartient bien en propre à Guiard, c’est, de certaines pièces légères de forme et de sentiment, empreintes d’une naïveté de jeunesse campagnarde, la Cordelle, Noël, la Promenade à l’étang, et un charmant paysage du hameau de Saint-Père en Auxois, avec sa vieille église en ruines… Le succès des Lucioles ne dépassa point le cercle des amis et des camarades du poète.

730. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Berthou, Erwan (1861-1933) »

Edmond Pilon Le poème final de la Lande fleurie est charmant et l’une des pièces, le Jardin des vingt vierges, est une chose exquise.

731. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vernier, Valery (1828-18..?) »

Sainte-Beuve Une pièce de

732. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Hommes et dieux, études d’histoire et de littérature, par M. Paul De Saint-Victor. »

Et Eugène Delacroix, qui venait de lire un article de lui sur le Cid, lui écrivait : « Je penserai à cela pendant quinze jours, et j’en ferai de meilleure peinture. » Ce sont là des suffrages, des titres de noblesse, et ils sont justifiés par ce qu’on lit depuis près de quinze ans, chaque dimanche soir, sous cette fière et résonnante signature : analyses d’ouvrages d’art ou de pièces de théâtre, feuilletons ou salons, comptes rendus qui sortent du cadre et qui sont eux-mêmes de brillants portraits ou des tableaux. […] J’ai là devant moi quantité de numéros de la Presse, renfermant des articles de lui, dont je voulais me souvenir, et sur l’un de ces numéros j’ai écrit : « Voici de ces jolies choses, dites en courant, que je crains que Saint-Victor ne conserve pas et ne recueille pas dans les volumes d’articles revus qu’il prépare ; il s’agit de je ne sais quelle petite pièce à couplets : « Ces chansons du vieux temps, Mlle Déjazet les dit de sa petite voix grêle et fine de cigale anacréontique ivre de  rosée. — « Tu ne subis point la vieillesse », — dit à la cigale le poëte de Téos, — « frêle enfant de la terre, toi qui aimes les chansons. » Et dans un autre feuilleton encore : « Les rides, si jamais elles viennent, iront à sa petite figure spirituelle et impertinente comme les craquelures à la porcelaine. » Ces charmants hasards de plume valent pour moi de plus grands traits, et je ne veux pas que le feuilleton, sous prétexte qu’il devient livre et qu’il se fait plus grave, me les ôte et me les supprime.

733. (1874) Premiers lundis. Tome II « Des jugements sur notre littérature contemporaine à l’étranger. »

Son article, pour nous autres Français, est tout simplement… (le mot d’inintelligent rendrait faiblement ma pensée), et il offre une confusion en tout point, qui doit nous rendre très humbles et un peu sceptiques dans les jugements que nous portons des littératures auxquelles nous n’avons pas assisté, même quand nous avons les pièces en main et que nous les avons compulsées soigneusement. […] Si l’article était resté là où il a paru, c’est-à-dire hors de France, nous l’y aurions laissé à l’usage des préjugés tories et des vanités littéraires nationales qu’il caresse ; mais, puisqu’on a jugé à propos de nous le reproduire en France comme une pièce qui a quelque intérêt et quelque gravité, il nous a été naturel d’en dire notre avis.

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