Costar avait souvent la goutte, et des accès longs, douloureux ; il les supportait assez patiemment, et se figurait même qu’il y gagnait en fonds de santé comme en sérénité d’intelligence. […] Et d’abord, il est à remarquer que, malgré les termes de bonne intelligence et les bons rapports dans lesquels avaient eu l’art de vivre à distance Balzac et Voiture, se ménageant l’un l’autre et évitant de se froisser, la force des choses l’emporta, le souffle rival de leurs deux réputations finit par s’entrechoquer et par faire un orage.
Il entretient intelligence avec tous les factieux du dedans du royaume, et avec tous les brouillons du dehors. […] L’expression est belle, mais le sentiment est dur : on eut aimé en cet endroit un accent de générosité, de clémence, d’intelligence du vaincu, ce que l’âme de Henri IV entendait si bien.
L’auteur vient de parler des vexations et des procédés brutaux qu’il eut à essuyer de la part des Prussiens dans son domaine d’Alsace, à Brumath ; cela le conduit à une réflexion fort sage : « De ces excès, dit-il, dont aucune armée n’est innocente, soit qu’ils empruntent de la main lourde et de l’intelligence lente des Autrichiens un caractère de petitesse et de détail, à la fois étouffant et solennel ; soit que la demi-civilisation du Russe leur imprime une fourberie raffinée ou une violence sauvage ; soit que le Prussien y mette sa hauteur et sa prétention ; soit enfin que la malice et la moquerie rendent insupportables les ingénieux tourments que le Français sait infliger à ses victimes, je ne veux tirer qu’une conséquence : c’est que la guerre, quelquefois si légèrement commencée, laisse aux intérêts et aux amours-propres des plaies qu’un siècle cicatrise à peine. « C’est grand pitié que de la guerre : je croy que si les sainctz du paradis y allaient, en peu de temps ils deviendraient diables », dit Claude Haton en 1 553 déjà. » 1815 vient renflammer les plaies et aggraver tous les maux. […] Necker qu’il me reproche d’avoir déprécié en disant qu’avec tout son esprit et sa fine intelligence il était, par son indécision et son peu de volonté, « le contraire d’un pilote dans une tempête. » J’aurais trop beau jeu vraiment à me justifier et à répliquer.
Quand il s’agit de juger la vie, les actions, les écrits d’un homme célèbre, on commence par bien examiner et décrire l’époque qui précéda sa venue, la société qui le reçut dans son sein, le mouvement général imprimé aux esprits ; on reconnaît et l’on dispose, par avance, la grande scène où le personnage doit jouer son rôle ; du moment qu’il intervient, tous les développements de sa force, tous les obstacles, tous les contrecoups sont prévus, expliqués, justifiés ; et de ce spectacle harmonieux il résulte par degrés, dans l’âme du lecteur, une satisfaction pacifique où se repose l’intelligence. […] Non, il n’est pas indispensable, pour provoquer en nous cette vive et profonde intelligence des choses naturelles, de s’en aller bien loin, au-delà des mers, parcourant les contrées aimées du soleil et la patrie des citronniers, se balançant tout le soir dans une gondole, à Venise ou à Baïa, aux pieds d’une Elvire ou d’une Guiccioli.
Il ne s’agit nullement d’avoir une connaissance absolue (noumenally) de cette cause : c’est un mystère au-dessus de l’intelligence humaine ; il faut simplement transformer notre généralisation empirique en une généralisation rationnelle. […] Il apprend à la fois la grandeur et la petitesse de l’intelligence humaine, sa puissance dans le domaine de l’expérience, son impuissance quand elle le dépasse.
De tels conseils trouvaient dans l’intelligence droite de Mlle Le Couvreur un fonds tout préparé. […] Tout nous le dit déjà : Mlle Le Couvreur n’était pas simplement une personne de talent, elle était une personne distinguée par l’intelligence, par le cœur et les plus solides qualités.
Il y a le Fontenelle bel esprit, coquet, pincé, damoiseau, fade auteur d’églogues et d’opéras, rédacteur du Mercure galant, en guerre ou en chicane avec les Racine, les Despréaux, les La Fontaine ; le Fontenelle loué par de Visé et flagellé par La Bruyère ; et à travers ce Fontenelle primitif, à l’esprit mince, au goût détestable, il y en a un autre qui s’annonce de bonne heure et se dégage lentement, patiemment, mais avec suite, fermeté et certitude ; le Fontenelle disciple de Descartes en liberté d’esprit et en étendue d’horizon, l’homme le plus dénué de toute idée préconçue, de toute prévention dans l’ordre de la pensée et dans les matières de l’entendement ; comprenant le monde moderne et l’instrument, en partie nouveau, de raisonnement exact et perfectionné qu’on y exige, s’en servant avec finesse, avec justesse et précision, y insinuant l’agrément qui fait pardonner la rigueur, et qui y réconcilie les moins sévères ; en un mot, il y a le Fontenelle, non plus des ruelles ni de l’Opéra, mais de l’Académie des sciences, le premier et le plus digne organe, de ces corps savants que lui-même a conçus dans toute leur grandeur et leur universalité quand il les a nommés les états généraux de la littérature et de l’intelligence. […] On vit donc en Fontenelle, presque dès l’enfance, un bel esprit déjà compliqué et très compassé, faisant des vers latins ingénieux et subtils, puis des vers français très galants, n’ayant de goût que pour les choses de l’intelligence et de la pensée, y portant une analyse curieuse, une expression fine et rare30.
Homme d’étude et de pensée, détaché d’assez bonne heure des passions et n’ayant du moins jamais été entraîné par elles, il habita et vécut dans la fermeté de l’intelligence. […] » Montesquieu, par droiture de cœur et par direction d’intelligence, était naturellement citoyen, de cette race des Vauban, des Catinat, des Turenne, des L’Hôpital, de ceux qui veulent sincèrement le bien et l’honneur de la patrie et du genre humain : « J’ai toujours senti une joie secrète, lorsqu’on a fait quelque règlement qui allait au bien commun. » Les Lettres persanes l’avaient rangé, bon gré mal gré, parmi les littérateursb ; il en ressentait les avantages pour sa réputation, et les inconvénients pour sa carrière.
Entreprendre la guérison des plaies sociales, amender les codes, dénoncer la loi au droit, prononcer ces hideux mots, bagne, argousin, galérien, fille publique, contrôler les registres d’inscription de la police, rétrécir les dispensaires, sonder le salaire et le chômage, goûter le pain noir du pauvre, chercher du travail à l’ouvrière, confronter aux oisifs du lorgnon les paresseux du haillon, jeter bas la cloison de l’ignorance, faire ouvrir des écoles, montrer à lire aux petits enfants, attaquer la honte, l’infamie, la faute, le vice, le crime, l’inconscience, prêcher la multiplication des abécédaires, proclamer l’égalité du soleil, améliorer la nutrition des intelligences et des cœurs, donner à boire et à manger, réclamer des solutions pour les problèmes et des souliers pour les pieds nus, ce n’est pas l’affaire de l’azur. […] L’intelligence, la pensée, la science, l’art sévère, la philosophie, doivent veiller et prendre garde aux malentendus.
Du reste, le nuage épais qui s’étend sur le haut de vos bâtimens est très-vaporeux ; et toute cette partie supérieure de votre composition est affaiblie, éteinte avec beaucoup d’intelligence. […] De là l’intelligence du clair-obscur manquée, rien qui s’éloigne, se rapproche, s’unisse, se sépare, s’avance, se recule, se lie, se fuie ; plus d’harmonie, plus de netteté, plus d’effet, plus de magie.
Mais surtout on en rapporterait, avec la connaissance précise, une intelligence animée, la vie et le charme qui se communiquent ensuite et qui sont le vrai flambeau des Lettres.
Initié à la raison des choses, le lecteur n’aurait qu’à se laisser aller de toute sa conviction au récit, et à reposer son intelligence dans le spectacle à la fois varié et continu qui se produirait sous ses yeux par un développement nécessaire, et qu’il ne pourrait s’empêcher de voir ni de comprendre.
Sa vie entière s’était consumée dans cette lutte subtile ; ses facultés s’y étaient resserrées ; et, grâce à tant de travail sur elle-même, nulle femme ne possédait à son égal l’entente profonde et déliée des tracas de salon ; c’était une gloire dans la société, mais, en même temps, un obstacle à l’intelligence des grandes affaires.
Il aurait eu bien à faire pour arriver de là à l’intelligence et à l’amour de l’humanité progressive et à une communion pratique de l’âme individuelle avec Dieu se révélant par l’humanité26.
Des couples, tels que le premier terme fasse apparaître aussitôt le second, et l’aptitude de ce premier terme à remplacer l’autre, en tout ou en partie, de façon à acquérir soit une province définie de ses propriétés, soit toutes ses propriétés réunies, voilà, selon moi, l’origine des opérations supérieures qui composent l’intelligence humaine ; on en va voir le détail.
L’amour est l’ennemi-né de la raison, le recruteur de la folie et de la mort Auguste Saint-Clair a l’intelligence la plus lucide et la plus froide.
C’était comme une dépravation de nos intelligences.
Oui, c’est bien, avec une science plus vive et une plus large intelligence des choses, l’état d’esprit de certains philosophes du siècle dernier, de Diderot souvent, ou de Condorcet affirmant sa croyance au progrès indéfini… Et voici où le livre de jeunesse de M.
Il a parlé de tout et de tous avec intelligence, loyauté et désintéressement.
Si tant de laborieux travailleurs, auxquels la science moderne doit ses progrès, eussent eu l’intelligence philosophique de ce qu’ils faisaient, s’ils eussent vu dans l’érudition autre chose qu’une satisfaction de leur vanité ou de leur curiosité, que de moments précieux ménagés, que d’excursions stériles épargnées, que de vies consacrées à des travaux insignifiants l’eussent été à des recherches plus utiles.
Elle attribue sa pleine valeur aux deux grandes choses de ce monde, l’intelligence (c’est-à-dire la science) et le courage.
Elle vécut quelque temps, distincte de celle de Jésus, et d’abord en bonne intelligence avec elle.
notre intelligence, Notre pensée est un corps circonscrit Qu’un agent meut par sa vive effluence, Qui suit, sans choix, les lignes qu’il décrit ?
Il est à la rigueur possible pour l’intelligence, d’un point de vue métaphysique, d’imaginer en dehors de l’existence phénoménale, un être privé de la connaissance de soi-même.
Taine : De l’Intelligence.
quels sujets à traiter, si j’avais su faire pour l’innocence du philosophe ce que vous avez fait pour l’intelligence de ses écrits !
Mais il se trouva que le génie seul de cet enfant n’avoit pas laissé de le mener jusques à l’intelligence de plusieurs propositions d’Euclide.
La révolution française, dans sa législation abstraite, a donc professé en fait autant de mensonges que de principes, en supposant l’égalité des titres de capacité, d’intelligence, de vertu filiale, c’est-à-dire de droits égaux entre les enfants. […] Dieu lui doit la même part de sa providence, puisqu’il l’a créé avec la même part de son amour ; la société lui doit la même part de sa justice, puisqu’elle lui impose, proportionnellement à son intelligence et à ses forces, la même part de ses charges, de ses sacrifices, de ses lois dans l’ordre moral. […] Et, de plus, les partisans irréfléchis de cette utopie de l’égalité des biens n’ont-ils pas assez d’intelligence pour comprendre que leur égalité serait la destruction du plan divin sur la terre ; que Dieu a voulu l’activité humaine dans son plan ; que le désir d’acquérir est le seul moteur moral de cette activité ; que l’inégalité des biens est le but, le prix, le salaire de cette activité, et que la suppression de cette inégalité supprimant en même temps tout travail, l’égalité des socialistes produirait immédiatement la cessation de tout mouvement dans les hommes et dans les choses ?
— Je souhaiterais, lui dit la reine, que ma parole pût agir sur vous, comme la vôtre agit sur l’Écosse, nous nous entendrions, nous serions amis, et notre bonne intelligence serait la paix et le bonheur du royaume ! […] Il y a dans la musique une langue sans paroles, qui permet à ceux qui l’exercent ensemble de tout dire sans rien exprimer ; le sentiment vague et passionné de la voix ou de l’instrument, qui s’adresse à tous, ne peut offenser personne en particulier, mais il peut, au gré de celle qui l’entend, s’interpréter comme un hommage timide ou comme un soupir brûlant, auquel il ne manque que son nom pour devenir un aveu ; deux regards qui se rencontrent dans ce moment d’extase musicale achèvent la muette intelligence ; de là à une passion mutuelle, devinée ou avouée, il n’y a qu’un moment d’audace ou un moment de faiblesse. […] Il pensa sans doute qu’il ne pourrait résister seul longtemps à l’envie des nobles écossais ligués contre lui, qu’il fallait un roi pour les assujettir à l’obéissance, et que ce roi, d’un extérieur charmant, mais d’un caractère et d’une intelligence subalternes, lui serait à jamais reconnaissant de l’avoir porté au trône et le laisserait régner, à l’abri de l’envie publique, sous son nom.
La langue d’oïl ne possédait que deux cas : certes, ce n’était pas un mécanisme très compliqué ; mais, dans cet âge enténébré, c’était encore trop pour les intelligences et, quand l’ordre renaquit, quand la France fut sortie du chaos, le français moderne, fils de la langue d’oïl, avait perdu sur la route un des deux cas qui embrouillèrent si fort les bonnes gens de cette malheureuse époque. […] La découverte de l’imprimerie qui va faire de la lecture un pain quotidien, la résurrection des œuvres grecques et latines qui fait bouillonner dans les cerveaux une sorte d’ivresse, ce grand réveil de la pensée qui s’appelle la Renaissance, cette ardeur de connaître qui, venue d’Italie, se propage dans l’Europe entière, le brusque agrandissement du monde en même temps que du passé, toutes ces secousses profondes et répétées éprouvées par les intelligences ont une répercussion presque immédiate sur le sort de ceux qui cultivent les lettres. […] La curiosité s’est attachée aux moindres faits et gestes de ces privilégiés de l’intelligence ; leurs souvenirs, les volumes d’indiscrétions dont ils sont les héros et les victimes ont toujours trouvé des acheteurs.
Son inspiration la plus personnelle lui vient de son amour sincère des humbles, de son intelligence clairvoyante de la poésie quotidienne et surtout d’une grande simplicité d’émotion. […] — Dans l’Âge d’or dénote une intelligence clairvoyante, un lyrisme un peu froid, légèrement artificiel. […] Cependant il a un sentiment très exalté de la beauté pure, un culte généreux de la tradition, l’intelligence des lignes harmonieuses.
La vie n’y est point, la vie de l’intelligence et du cœur, la vie de la réflexion, de la pensée, du pathétique, la vie supérieure enfin, — et cela n’étonne pas chez un naturaliste ! […] J’aime autant cette race des clowns que M. de Goncourt lui-même, et je comprends peut-être aussi passionnément que lui la poésie de ces hommes, dans lesquels le corps est souvent plus spirituel, dans ses évolutions, que bien des intelligences dans les leurs… Je me permettrai de le dire ici, puisque l’occasion s’en présente, j’ai toujours été un grand hanteur de Cirques, un amateur de ces spectacles physiques qui ne me donnent pas qu’un plaisir des sens, quoiqu’il y soit aussi, mais un plaisir intellectuel bien autrement profond et raffiné. […] Pour établir cette collaboration, il ouvre chez son éditeur Charpentier un petit bureau de bienfaisance et de confidences où il attendra patiemment les renseignements demandés, et, entre tous, il prend la peine de signaler ceux qui lui plairaient davantage, et ce sont les impressions des jeunes filles, et même des toutes petites filles, et « l’éveil simultané de leur intelligence et de leur coquetterie… ».
Il respirait l’intelligence réfléchie et la volonté tenace. […] Mais, aussi, ce second élément : intelligence, est moins important que le premier, parce qu’il n’est jamais commun à tout le peuple. […] Il arrive aussi que, des deux éléments de grandeur dont nous avons parlé, l’un contribue très fortement à dissoudre l’autre : à savoir, l’intelligence le caractère. […] Et, quant à ceci que les jeunes maris ont horreur de l’intelligence et de la culture intellectuelle chez la femme, je crois que c’est encore plus faux. […] Il faut apprendre tout, n’importe quoi, sans but, sans intelligence, apprendre comme boit une éponge, comme entonne un ivrogne.
N’aura-t-il point d’avis sur la direction que tel ou tel écrivain essaie d’imprimer aux intelligences ? […] Il passe du particulier au général, et il travaille, en étudiant un livre, à découvrir ou à prouver quelque loi de l’intelligence ou de la sensibilité. […] Combien d’autres actions cette sensibilité affinée n’exerce-t-elle pas sur l’intelligence qui cohabite avec elle ! […] Voyez-vous comme son cœur est mécontent des conclusions où s’est arrêté son esprit, comme sa sensibilité réclame contre des choses que son intelligence lui montre inévitables ? […] L’un est, par exemple, occupé à décomposer l’intelligence de M.
A tort ou à raison (à tort, sans doute), la Philosophie de l’histoire, n’ayant pas été cultivée seulement par des hommes bien informés, prudents, d’intelligence vigoureuse et saine, est déconsidérée. […] voici en quels termes : « souvent l’intelligence de plusieurs langues, quelquefois aussi des notions de physique et de mathématiques ». […] C’est que la Critique est contraire à l’allure normale de l’intelligence. […] L’habitude de l’analyse critique a sur certaines intelligences une action dissolvante et paralysante. […] Si tant de laborieux travailleurs auxquels la science moderne doit ses progrès eussent eu l’intelligence philosophique de ce qu’ils faisaient, que de moments précieux ménagés !
, — la plus rare et la plus subtile intelligence. […] Or le sûr jugement des œuvres d’art exige l’égale et pleine intelligence et de la forme et du fond. […] L’auteur de Snob, trop confiant en notre intelligence et en notre expérience des choses du cœur, nous laisse une part de collaboration vraiment démesurée. […] Cela empêchera-t-il les femmes d’être, physiquement, plus faibles que les hommes, d’une sensibilité plus délicate et plus capricieuse, et d’une intelligence qui a paru, jusqu’ici, moins créatrice que la nôtre ? […] Mlle Dudlay zézaie avec intelligence le rôle de l’ogresse de Neustrie, et M.
Le torrent des mots s’élance dans le vide de leur intelligence et, ne le remplissant jamais, s’empresse toujours. […] Cette impartialité assez facile ne me paraît pas au-dessus de son intelligence. […] Car le dramatiste qui a une intelligence personnelle la montre quelquefois, à tous risques et le plus souvent à son dam, et blesse le public par le heurt même de l’intelligence personnelle rencontrant l’intelligence impersonnelle. […] Il y a une intelligence qui consiste à penser d’une manière originale et du reste forte, et ceux qui sont doués de cette intelligence-là choquent d’ordinaire le public de leur temps et ont de l’influence sur la génération suivante. […] Or c’est là précisément, en tant qu’intelligence, le génie propre de Molière.
L’âge oratoire qui finit, comme il finissait à Athènes et à Rome, a groupé toutes les idées dans un beau casier commode dont les compartiments conduisent à l’instant les yeux vers l’objet qu’ils veulent définir, en sorte que désormais l’intelligence peut entrer dans des conceptions plus hautes et saisir l’ensemble qu’elle n’avait point encore embrassé. […] L’histoire et la critique naissent comme sous les Ptolémées, et de tous côtés, dans tout l’univers, sur tous les points du temps, elles s’occupent à ressusciter et à expliquer les littératures, les religions, les mœurs, les sociétés, les philosophies : en sorte que désormais l’intelligence, affranchie par le spectacle des civilisations passées, peut se dégager des préjugés de son siècle, comme elle s’est dégagée des préjugés de son pays. […] Ces doux instants ne durèrent pas. « Au mieux, disait-il, mon esprit a toujours un fonds mélancolique ; il ressemble à certains étangs que j’ai vus, qui sont remplis d’une eau noire et pourrie, et qui pourtant dans les jours sereins réfléchissent par leur surface les rayons du soleil1189. » Il souriait comme il pouvait, mais avec effort ; c’était le sourire d’un malade qui se sait incurable et tâche de l’oublier un instant, du moins de le faire oublier aux autres. « Vraiment, je m’étonne qu’une pensée enjouée vienne frapper à la porte de mon intelligence, encore plus qu’elle y trouve accès. […] Ce qu’il expose, ce sont les grands intérêts de l’âme, « c’est la vérité, la grandeur, la beauté, l’espérance, l’amour, — la crainte mélancolique subjuguée par la foi, — ce sont les consolations bénies aux jours d’angoisse, — c’est la force de la volonté et la puissance de l’intelligence, — ce sont les joies répandues sur la large communauté des êtres, — c’est l’esprit individuel qui maintient sa retraite inviolée, — sans y recevoir d’autres maîtres que la conscience, — et la loi suprême de cette intelligence qui gouverne tout1222. » Cette personne inviolée, seule portion de l’homme qui soit sainte, est sainte à tous les étages ; c’est pour cela que Wordsworth choisit pour personnages un colporteur, un curé, des villageois ; à ses yeux, la condition, l’éducation, les habits, toute l’enveloppe mondaine de l’homme est sans intérêt ; ce qui fait notre prix, c’est l’intégrité de notre conscience ; la science même n’est profonde que lorsqu’elle pénètre jusqu’à la vie morale ; car nulle part cette vie ne manque. « À toutes les formes d’être est assigné un principe actif ; — quoique reculé hors de la portée des sens et de l’observation, — il subsiste en toutes choses, dans les étoiles du ciel azuré, dans les petits cailloux qui pavent les ruisseaux, — dans les eaux mouvantes, dans l’air invisible. — Toute chose a des propriétés qui se répandent au-delà d’elle-même — et communiquent le bien, bien pur ou mêlé de mal. — L’esprit ne connaît point de lieu isolé, — de gouffre béant, de solitude. — De chaînon en chaînon il circule, et il est l’âme de tous les mondes1223. » Rejetez donc avec dédain cette science sèche « qui divise et divise toujours les objets par des séparations incessantes, ne les saisit que morts et sans âme et détruit toute grandeur1224. » « Mieux vaut un paysan superstitieux qu’un savant froid. » Au-delà des vanités de la science et de l’orgueil du monde, il y a l’âme par qui tous sont égaux, et la large vie chrétienne et intime ouvre d’abord ses portes à tous ceux qui veulent l’aborder. « Le soleil est fixé, et magnificence infinie du ciel — est fixée à la portée de tout œil humain. — L’Océan sans sommeil murmure pour toute oreille. — La campagne, au printemps, verse une fraîche volupté dans tous les cœurs. — Les devoirs premiers brillent là-haut comme les astres. — Les tendresses qui calment, caressent et bénissent — sont éparses sous les pieds des hommes comme des fleurs1225. » Pareillement à la fin de toute agitation et de toute recherche apparaît la grande vérité qui est l’abrégé des autres. « La vie, la véritable vie, est l’énergie de l’amour — divin ou humain — exercée dans la peine, — dans la tribulation, — et destinée, si elle a subi son épreuve et reçu sa consécration, — à passer, à travers les ombres et le silence du repos, à la joie éternelle1226. » Les vers soutiennent ces graves pensées de leur harmonie grave ; on dirait d’un motet qui accompagne une méditation ou une prière. […] Of Truth, of Grandeur, Beauty, Love and Hope, And melancholy Fear subdued by Faith ; Of blessed consolations in distress, Of moral strength and intellectual Power, Of joy in widest commonalty spread, Of the individual mind that keeps her own Inviolate retirement, subject there To conscience only, and the Law supreme Of that Intelligence that governs all I sing.
Il a voulu interpréter à sa façon les théories naturistes en les proportionnant à la compréhension des petites intelligences. […] Désormais, en dehors des corps constitués et des rouages d’État, il existe donc une puissance sociale et intellectuelle, composée de toutes les intelligences de la nation, dont le grand rôle est de préserver contre certaines tentatives rétrogrades les acquisitions de l’espèce humaine. […] C’est ainsi que dans certaines intelligences, on commence à comprendre que l’Esprit Nouveau nous conduit directement à une Renaissance classique. […] Stéphane Mallarmé, l’intelligence doit donc être agissante, elle doit s’efforcer de faire vibrer la matière verbale, tandis que pour les autres poètes, c’est cette matière verbale et la puissance lyrique qui provoquent précisément, chez celui qui écoute, le jeu des émotions et les mouvements de l’âme. […] Ce poète nous apprend donc que l’on peut posséder le culte de la sensibilité, sans avoir besoin de renoncer pour cela à celui du style ; il nous enseigne que les excès mêmes de ses émois ne doivent pas autoriser l’écrivain à négliger le respect qu’il doit à la logique, à l’intelligence, à la langue française.
Ce directeur imprévu de l’enseignement, qui s’était formé lui-même, qui n’avait point hérité des anciennes traditions classiques, et qui n’était pas non plus du groupe polytechnicien proprement dit, mais homme d’esprit, rempli d’observations et d’idées fines, un peu particulières, se mit aussitôt en devoir de les appliquer : J’avais depuis longtemps remarqué, dit-il, les caractères qui distinguent l’esprit des géomètres et des physiciens, de celui des hommes appliqués aux affaires, et de celui des personnes vouées aux arts d’imagination ; dans les premiers (je ne parle que généralement), exactitude et sécheresse ; dans les seconds, souplesse allant quelquefois jusqu’à la subtilité, finesse allant quelquefois jusqu’à l’artifice ; dans les troisièmes, élégance, verve, exaltation portée jusqu’à un certain dérèglement… Ce que je projetais d’après ces observations, ajoute-t-il, était : 1º de faire marcher de front, dès les plus basses classes des collèges, les trois genres de connaissances, littéraires, physiques et mathématiques, morales et politiques, en mesurant à l’intelligence des enfants dans chaque classe les notions de chaque science ; 2º de faire enseigner dans chaque classe, même les plus basses, les trois sciences par trois professeurs différents, dont chacun serait spécialement consacré à l’une des trois… Le but était défaire cesser le divorce entre les diverses facultés de l’esprit, de les rétablir dans leur alliance et leur équilibre, et d’arriver à une moyenne habituelle plutôt que de favoriser telle ou telle vocation dominante. […] Je l’aime pour en tirer des sons, des accords, de l’harmonie… Le militaire est une franc-maçonnerie ; il y a entre eux tous une certaine intelligence qui fait qu’ils se reconnaissent partout sans se méprendre, qu’ils se recherchent et s’entendent ; et moi je suis le grand maître de leurs loges… Il n’est rien à la guerre que je ne puisse faire par moi-même.
En écrivant ce premier détail de famille, il attachait une certaine idée au chiffre de quatre ; il croit avoir eu plusieurs exemples de ce qu’il appelle les rapports quaternaires, qui ont eu de l’importance pour lui et qui ont marqué dans sa vie d’intelligence : il avait ainsi sa théorie particulière et sa religion des nombres. […] Ils croient traiter des vérités d’intelligence, tandis qu’ils ne traitent que des affections et des sentiments ; ils ne voient pas que la femme passe tout, pourvu qu’elle trouve l’harmonie de ses sentiments ; ils ne voient pas qu’elle sacrifie volontiers à cette harmonie de ses sentiments l’harmonie des opinions… Tenons-nous en garde contre les fournaises.
J’appelle bien écouter et bien lire, d’y procéder sans prévention contre l’interlocuteur ou l’auteur du livre. » C’est de la sorte aussi qu’il lisait, ses remarques l’attestent ; il ne rapportait pas tout à lui ; il jouissait en tous sens de son intelligence en s’oubliant : « César disait qu’il n’était jamais moins seul que quand il était seul. […] Tous deux ont les plus petits districts qu’on puisse avoir à gouverner, chacun suivant leurs titres ; tous deux sont bienfaisants ; ils donnent aux pauvres tout ce qu’ils peuvent donner, et avec grande intelligence ; ils inspirent à leurs peuples la vertu par l’exemple ; ils réussissent à la police par les soins ; ils encouragent leur travail, et avec cela sont très honorables quand il le faut.
Les mots ne signifient rien par eux-mêmes, c’est le caprice arbitraire des nations qui des sons articulés a fait des signes fixes… Chaque nation a ses signes fixes pour représenter tous les objets que son intelligence embrasse. […] J’ai marqué les erreurs de l’abbé et de son ami : ce qu’il faut dire maintenant à leur avantage, c’est qu’ils pensaient par eux-mêmes, qu’ils voyaient clair là où leur vue portait ; qu’ils avaient raison contre ceux qui prétendaient trouver dans les poèmes d’Homère un dessein moral réfléchi, et de plus une règle et un patron de composition savante pour tous les poèmes épiques à venir ; c’est enfin qu’en forçant les adversaires à déduire leurs raisons et à débrouiller leur enthousiasme, ils hâtaient le moment où l’on saurait faire les deux parts, et où l’admiration pour Homère ne serait plus qu’une libre, une vive et directe intelligence de ses beautés sans aucune servitude.
Lanfrey, d’appartenir à l’espèce humaine, lorsqu’on songe à ce qu’elle fait de l’enseignement de ses plus glorieuses intelligences. » M. […] On était injuste, je le crois ; on était sévère comme la jeunesse ; on ne raisonnait pas son impression, et l’on ne songeait pas trop à s’expliquer pourquoi, en présence d’une intelligence si éminente, se produisait cette moindre estime.
alternative et recul presque inévitable de l’intelligence humaine ! […] Je connais et j’ai présentes en ce moment à la pensée un certain nombre de femmes instruites, méritantes, éprouvées, natures vaillantes et probes, qui, sorties du peuple ou presque du peuple, ont conquis l’éducation, les lettres, les sciences, les arts même, — quelques-unes la poésie ; — qui pensent et s’expriment avec fermeté, avec nombre et non sans grâce ; qui comptent dans leur intérieur à tous les titres ; qui doublent et affermissent l’intelligence du frère ou de l’époux, le secondent dans sa carrière, l’aident modestement dans ses travaux, et, à défaut d’une certaine fleur peut-être, font goûter les fruits les plus sûrs et ce qu’il y a de meilleur dans le trésor domestique.
Or il n’y a rien de plus simple et de plus décisif, pour montrer avec netteté l’état des choses à la veille de la seconde moitié du siècle et pour faire comprendre l’esprit de conquête et d’innovation qui animait à cette heure les jeunes intelligences, que de dérouler de nouveau le manifeste publié par Joachim Du Bellay, ce brillant programme qu’il a daté de Paris, du 15 février 1549. […] Il faut nous représenter Ronsard et sa Pléiade se précipitant, pleins d’ardeur, sur tous les chemins de l’intelligence avec la pensée bien arrêtée qu’ils sont les premiers à y entrer et que personne avant eux n’a connu le printemps ni les fleurs.
Il est donc urgent que tous les hommes honnêtes se tiennent, chacun d’abord dans sa propre dignité (on le peut toujours), et entre eux, autant qu’il se pourra et quel que soit le point de départ, par des convenances fidèles et une intelligence sympathique. […] « Certes, si la France exerce une prépondérance si incontestable et si transcendante en Europe, elle le doit à dix ou douze hommes éminents, hommes d’art, d’intelligence, de poésie et de cœur…, parmi lesquels je suis. » Voilà le début nouveau de toute complainte : c’est à son de trompe qu’on entonne désormais sa pétition ; j’aimais mieux le flageolet de Marot.
Après les désastres de tant d’années orageuses, on le conçoit, c’était mieux qu’un arc-en-ciel et qu’une promesse que cette réunion d’élite, cette émulation combinée des plus vives et des plus rares intelligences. […] Le nôtre, en avançant, a de plus en plus marché dans cette voie d’intelligence et d’impartialité, mais en s’embarrassant de moins en moins des principes.
Homme de tempérament plus que de pensée, élément plus qu’intelligence, il fut homme d’État, cependant, plus qu’aucun de ceux qui essayèrent de manier les choses et les hommes dans ce temps d’utopies ; plus que Mirabeau lui-même, si l’on entend par homme d’État un homme qui comprend le mécanisme du gouvernement. […] On glorifie la France dans son intelligence, dans son rôle, dans son âme, dans son sang !
Par l’art seul, l’intelligence et la volonté saisissent leurs objets qui, partout ailleurs, leur échappent : dans l’art seulement, l’homme peut connaître et créer ; hors de l’art, il n’y a qu’illusion et impuissance. […] Avec un mélange original de sympathie et d’ironie, il conte des légendes religieuses, les miracles du mysticisme ou de l’ascétisme ; d’autres fois, il nous promène à travers le monde moderne, prenant plaisir à nous détailler les plus excentriques ou immorales combinaisons de la sensualité et de l’intelligence, du positivisme et de l’esthétisme dans les âmes contemporaines.
Tebaldo lui dit qu’après bien des discours sur la prétendue intelligence existant entre Fabio et Virginia, il lui a proposé d’accommoder l’affaire et de faire épouser à Fabio une autre fille que Virginia, qui apportera six mille écus de dot ; que le père de la mariée lui fera présent de deux mille écus, sans parler d’un opulent héritage que ce père laissera plus tard à ses enfants. […] Ce ne fut qu’au dix-huitième siècle que ce comédien fît un extrait de la pièce de Nicolo Secchi dans ce dessein, et la fit représenter plusieurs fois sur le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne, sous le titre de La Creduta maschio (la Fille crue garçon), avec un nouveau dénouement que son auteur raconte ainsi : « Lelio, sous le nom de sa sœur Virginia, écrit un billet à Fabio, en lui demandant pardon de n’avoir point avoué devant son père la secrète intelligence qui existe entre eux, et lui donne à l’ordinaire un rendez-vous dans sa chambre pour la soirée prochaine.
La Réforme vint ensuite et, de même que la Renaissance nous rendait l’antiquité païenne, les luttes de la Réforme allaient nous rendre l’intelligence de l’antiquité chrétienne. […] On sent que l’esprit de société, le goût des plaisirs de l’intelligence, ont pénétré dans les hautes classes en France, qu’on y réfléchit plus, qu’on se regarde et s’analyse davantage.
C’est là que pourrait bien avoir pris naissance un art encore très français, celui de séculariser la philosophie et de populariser la science, j’entends le talent de mettre à la portée des intelligences à demi cultivées les mystères réservés d’abord aux initiés. […] Un salon n’agit point de même sur les intelligences, s’il est présidé par une grande dame ou par une bourgeoise, par une femme de vie régulière pu par une célébrité du demi-monde ; ceux qui fréquentaient chez Ninon de l’Enclos étaient certainement poussés en un autre sens que les hôtes habituels de la protestante Mme Necker.
C’est un Dieu abstrait, qui parle à l’intelligence et peu au cœur. […] Le libre examen s’est ainsi peu à peu propagé, et les laïques, les profanes, réclamant le droit de dire toute leur pensée, ont fait lentement prévaloir cette grande idée de tolérance qui est le contrepied du pouvoir absolu que l’Église s’arrogeait jadis sur les intelligences.
Turgot croit à une intelligence suprême et ordonnatrice du monde ; il croit à une continuation d’existence au-delà de cette vie ; il croit à une morale plus ferme et plus fondée en principe que ne le fait Condorcet. […] Quant au fond même des choses pourtant, il serait injuste de méconnaître, dans les travaux publics de Condorcet à cette époque, des témoignages multipliés de sa grande capacité d’intelligence.
Le sentiment qui anime les derniers chapitres, et qui fait que cet homme au cœur trop desséché par l’air des salons se relève et surnage, par l’intelligence, du milieu de la catastrophe universelle, me rappelle quelque chose du mouvement d’un naufragé qui s’attache au mât du navire, et qui tend les bras vers le rivage. […] Mais aussi ce qui honore en Rivarol l’intelligence et l’homme, c’est qu’il s’élève du milieu de tout cela comme un cri de la civilisation perdue, l’angoisse d’un puissant et noble esprit qui croit sentir échapper toute la conquête sociale : « Malgré tous les efforts d’un siècle philosophique, dit-il, les empires les plus civilisés seront toujours aussi près de la barbarie que le fer le plus poli l’est de la rouille ; les nations comme les métaux n’ont de brillant que les surfaces. » Il y a des moments où, porté par le mouvement de son sujet et par l’impulsion de la pensée sociale, il va si haut, qu’on se demande si c’est bien Rivarol qui écrit, le Rivarol né voluptueux avant tout et délicat, et si ce n’est pas plutôt franchement un homme de l’école religieuse : Le vice radical de la philosophie, c’est de ne pouvoir parler au cœur.
Ce respect et cette intelligence qu’il n’a point de la chose religieuse et sacrée, Volney ne l’aura pas davantage dans l’ordre littéraire : il est savant, il est érudit, mais de ce côté non plus il n’a pas le culte, il n’a pas le sentiment respectueux et délicat. […] Il a des paroles de tolérance et d’intelligence universelle qu’il n’a pas toujours pratiquées, et qu’il lui arrivera d’oublier encore : C’est pour ne connaître, dit-il, que soi et les siens qu’on est opiniâtre ; c’est pour n’avoir vu que son clocher qu’on est intolérant, parce que l’opiniâtreté et l’intolérance ne sont que les fruits d’un égoïsme ignorant, et que quand on a vu beaucoup d’hommes, quand on a comparé beaucoup d’opinions, on s’aperçoit que chaque homme a son prix, que chaque opinion a ses raisons, et l’on émousse les angles tranchants d’une vanité neuve pour rouler doucement dans le torrent de la société.
. — Que les faits d’intelligence et les faits de sensibilité sont inexplicables sans l’existence de la volonté. […] Mais la conception populaire de la volonté comme d’une faculté en opposition avec l’intelligence vient elle-même de ce sentiment obscur d’un tout continu de réactions, qui forment à chaque instant une seule réaction d’ensemble en un sens déterminé.
J’étais brouillé avec lui… Mais enfin il a été mon compagnon de lettres, pendant des années, et il avait la séduction d’une haute intelligence. […] L’autre criant, sur un ton de mépris colère : « Il faut les foutre dedans les électeurs… étant donnée l’intelligence du suffrage universel… si nous ne nous livrions pas à des malversations électorales… nous serions des dupes, des foutues bêtes… » Au fond ce que ce dernier criait : c’est la pensée intime de bien des républicains.
Les intelligences peuvent être mordues. […] Ceci est le signe des suprêmes intelligences.
René Doumic (Le Bilan d’une génération, 1902) développa avec des conclusions identiques une thèse semblable : « Réputé jadis pour son bon sens un peu court, et pour la lucidité de son esprit étroit, le Français se découvrit tout à coup une intelligence indéfiniment compréhensive. […] Un Mythe est la conque sonore d’une idée… » Le symbolisme nous a donné, en outre d’une réforme poétique, une intelligence plus claire du rythme3 et des moyens d’expressions de l’art.
Remarquez, à travers la plus grande intelligence de l’art, qu’il est sans idéal, sans verve, sans poésie, sans mouvement, sans incident, sans intérêt. […] Avec de la patience et du tems, le peintre des ardents peut acquérir ce qui lui manque, l’intelligence de la perspective, la distinction des plans, les vrais effets de l’ombre et de la lumière.
Devant cet assemblage dépourvu de sens, l’intelligence (qui continue à raisonner, quoi qu’on en ait dit) cherche une signification ; elle attribue l’incohérence à des lacunes qu’elle comble en évoquant d’autres souvenirs, lesquels, se présentant souvent dans le même désordre, appellent à leur tour une explication nouvelle, et ainsi de suite indéfiniment. […] Je reconnais d’ailleurs que les fonctions supérieures de l’intelligence se relâchent pendant le sommeil, et que, même si elle n’y est pas encouragée par le jeu incohérent des images, la faculté de raisonner s’amuse parfois alors à contrefaire le raisonnement normal.
Le but de la lecture est donc de mûrir l’intelligence, de produire une action réflexe, de nous féconder, de créer en nous les qualités que nous remarquons. […] Le contact de notre intelligence avec une œuvre supérieure crée une source de rapports, de remarques, de leçons et d’exemples, un champ de beauté et d’analyse inépuisable. […] Sous cette vigoureuse enveloppe, il y avait une intelligence puissante, un cœur indomptable, une âme ardente et profonde. […] Comment vous oseroit-il courir sus, s’il n’avoit intelligence avecques vous ? […] Ce qu’il avait inauguré, c’était un tour de phrase d’un rythme déjà oratoire et, en outre, merveilleusement conçu pour stimuler la finesse de l’intelligence.
La bonté semblait l’épanouissement de son intelligence. […] Il se plaignit, un jour, de n’avoir plus le même goût à lire : « L’intelligence, disait-il, est comme le corps. […] La lecture était pour lui non seulement la satisfaction de l’intelligence, mais une grande ressource morale. […] Il citait le mot de Lamartine : « Les mathématiques sont les chaînes de l’intelligence ». […] Il citait le mot de Lamartine : « Les mathématiques sont les chaînes de l’intelligence ».
Sans doute il se laissa plus d’une fois séduire à des inductions pressenties plutôt que trouvées ; plus d’une fois sa perspicacité ingénieuse donna le change à son intelligence exigeante ; et, portant en lui tant de ressources avec tant de besoins, il jugea souvent plus commode d’inventer que de découvrir.
Entendu de cette façon, il nous semble que le talent fécond, brillant et pittoresque de Walter Scott, abordant le genre austère de l’histoire, a bien pu s’égarer, comme il l’a fait, à la merci de passions mesquines et de préjugés aveugles ; égarement miraculeux et de tout point incompréhensible, si l’on reconnaît à l’auteur cette intelligence profonde des époques et ce sens historique pénétrant dont on l’a jusqu’ici trop libéralement doué.
Mais au-dessous et dans les limites de la doctrine universelle, la liberté humaine, l’esprit de curiosité et d’intelligence, le génie enfin se sont exercés ; il y eut des théologiens, des philosophes, des poètes qui essayèrent de prêter des formes particulières, tantôt ingénieuses et subtiles, tantôt magnifiques et brillantes, à ce qu’ils croyaient la vérité.
De même il faut enlever son intelligence sur des obstacles choisis, ou même imaginaires.
Mais cette description n’est pas faite pour susciter une image : c’est un petit problème qu’on offre à résoudre à l’intelligence du lecteur ; et tout est dit quand il a trouvé — non la chose — mais le mot.
Je sais donc quelles images de l’Angleterre se sont imprimées dans des intelligences plus puissantes que la mienne, mais, après tout, de même race et de même culture.
Un impertinent conseiller désirait qu’il mît au bas des feuillets la traduction de toutes les phrases latines que le docte Spiagudry sème dans cet ouvrage, pour l’intelligence — ajoutait ce quidam — de ceux de messieurs les maçons, chaudronniers ou perruquiers qui rédigent certains journaux où pourrait être jugé par hasard Han d’Islande.
Pour l’artiste qui étudie le public, et il faut l’étudier sans cesse, c’est un grand encouragement de sentir se développer chaque jour au fond des masses une intelligence de plus en plus sérieuse et profonde de ce qui convient à ce siècle, en littérature non moins qu’en politique.
Tout sembloit favoriser la bonne intelligence de ces prétendus amans, lorsqu’ils se virent sur le point d’être désunis.
., sont rédigées avec beaucoup d’intelligence & écrites avec goût, sans cette affectation d’ornemens qui est ridicule dans un livre instructif.
Le premier pas vers l’intelligence du clair-obscur, c’est une étude des règles de la perspective.
Le talent d’agrandir les objets par la magie de l’art, celui d’en dérober l’énormité par l’intelligence des proportions, sont assurément deux grands talents ; mais quel est le plus grand des deux ?
Je crois néanmoins devoir tâcher de debroüiller ici cette confusion, pour faciliter l’intelligence de ce qui me reste encore à dire sur le sujet que je traite actuellement.
Ils ne sont l’objet que d’une intelligence verbale.
Un de mes amis, savant très illustre, a eu l’occasion d’étudier le cerveau d’un juge qui, durant sa vie, passa pour un homme admirable dans son art, d’une intégrité supérieure et d’une intelligence lucide. […] Avec autant de pittoresque, et un goût semblable pour les spectacles artificiels, Oscar Wilde me semble plus spéculatif, plus curieux d’intelligence, plus familier avec les idées générales. […] Et son intelligence demeure intacte, plus vive que jamais, peut-être, dans ce corps livré à tous les assauts, à tous les ébranlements de la souffrance. […] On sentait en lui un homme de savoir, de forte culture, de goût raisonné, d’intelligence subtile et précise. […] Il l’aimait avec intelligence et passion, et il en jouissait plus qu’un autre, car, plus qu’un autre et plus profondément il pénétrait, avec un sens suraiguisé des hommes et des choses, en ses beautés et en ses mystères.
Le travail de tant d’intelligences exactes a déteint sur eux vaguement. […] De ce monde surgissent chaque année de hautes et fières intelligences. On dit que d’autres intelligences s’y noient en grand nombre et misérablement. […] À ce titre seul, le roman devait avoir sa place dans l’exposition des œuvres de l’intelligence. […] En résumé, c’est une intelligence assez forte pour n’être pas dupe de son cœur.
L’étude du moi est ici poussée à l’extrême, et parfois on se demande pourquoi tant d’intelligence ne sert pas à diriger plutôt qu’à égarer cet homme à qui la Nature l’a donnée. […] Rodenbach a pour raison l’empêchement qu’il apporte à l’intelligence de ses idées. […] Les vérités découvertes par l’intelligence demeurent stériles. […] Ce rêve, des hommes d’une intelligence suprême s’y sont associés : Littré l’a publiquement confessé et en a fait pénitence. […] Cette étude sur le fils qu’il nous montre médiocre sinon mauvais époux, doué d’une intelligence exceptionnelle, philosophe, poète, artiste, est une occasion aussi pour M.
Son esprit était déjà formé et son intelligence armée. […] C’est ce qui passe l’intelligence des chimistes comme celle des oiseaux. […] Nous nous attacherons à discerner la direction que prennent les jeunes intelligences. […] Il eut, avec l’âme la plus noire, une brillante et vaste intelligence. […] Il semblait qu’un tel homme ne dût plus vivre que par l’intelligence.
Peut-être aux temps du Romantisme seulement, mais de la Pléiade surtout et au XVIIIe siècle émerveillé par les horizons qu’entr’ouvre la Science, pareille activité du sentiment et de l’intelligence poétiques travailla et doua de complexités inattendues notre Art. […] Mais voici que l’on peut voir les desseins d’intelligence si hardie de la Pléiade, resurgir en contact avec certains éléments de mon « Instrumentation verbale ». […] Or, en ce pot-pourri représentant assez alors et pour des années, l’intelligence, la conscience et l’esprit de la Critique, nous avons relevé les titres de deux Revues dont il n’a pas été parlé encore : le « Décadent », et le « Scapin ». […] Mais, sur le vaste thème qui de sa propre nature évolue et se renouvelle en demeurant essentiellement le même, les variations, les caractères personnellement nouveaux sont valeureusement apportés par la puissance d’intelligence à unir de nouveaux et plus multiples rapports et en proposer des hypothèses, et par les qualités d’émotion que suscite en le poète la recréation consciente de l’Univers en lui. […] Il m’écrivait : « Votre art présente à mon intelligence des difficultés jusqu’à présent invincibles, et je suis trop vieux pour changer les habitudes de mon oreille de ma pensée.
Poictevin est un des plus doués intellectuellement, un des mieux munis pour traduire son intelligence. […] En face, la littérature traditionnelle continue son train-train, de concessions en concessions, et détient l’intelligence populaire, ravie d’entrer sans efforts dans des œuvres d’apparence renouvelée. […] intelligences déchues ; ses amis ? […] Mais n’est-ce point choisir, pour chanter la province natale, le, moment où elle va cesser d’être particulière et tranchée, de par les communications nombreuses, et la centralisation des intelligences à Paris. […] Charles Cros y passa aussi, mais l’œuvre de cet homme très doué, dispersée et interrompue par la mort, est inférieure aux très belles espérances que donnaient son universalité et son intelligence.
Sa douleur s’attendrit, son intelligence se ranime. […] Cela revient à dire, ce me semble, que plus l’intelligence s’élève et plus s’accroît en elle le désir des choses divines. […] Il paraît certain qu’elle avait l’intelligence vive et le désir d’apprendre. […] Quelles attitudes, quels airs de tête, quels beaux ajustements se contrastent et s’harmonisent dans le groupe qui l’entoure et l’écoute avec une intelligence avide ! […] Par le rayonnement d’une chaleureuse sympathie, il attire, il groupe dans une action commune les plus belles intelligences.
Est-ce de ce bloc de vices incorrigibles, d’instincts ignobles et de brutalités féroces que le romancier philosophe doit jamais faire sortir le saint philanthrope, pétri de toutes les délicatesses de l’intelligence et de toutes les saintetés de la vertu ? […] Il sentit que fortifier son intelligence, c’était fortifier sa haine. […] « À travers les perceptions maladives d’une nature incomplète et d’une intelligence accablée, il sentait confusément qu’une chose monstrueuse était sur lui.
Faites donc des dieux avec cette parcelle d’intelligence emprisonnée dans cette pincée de boue, comme l’étincelle de la lampe du mineur dans son cachot qu’il n’agrandit que pour voir plus de nuit autour de son être ! […] L’absorption hiératique ou marchande amoindrit le rayonnement d’un peuple, abaisse son horizon en abaissant son niveau, et lui retire cette intelligence à la fois humaine et divine du but universel, qui fait les nations missionnaires. […] Tout ce qu’il y a de raison, de bon sens, de lumière dans l’intelligence humaine, doit se rallier et protester contre ces doctrines qui seraient le suicide de l’humanité.
Mais dans sa haute et généreuse intelligence, ce service s’élargit, de façon que son état de prêtre ne lui crée jamais une dispense, lui impose souvent une aggravation de peine et d’effort. […] Avec sa forte intelligence, ce fut toujours une âme candide, presque naïve. […] Il avait affaire à un public épris de raison et de clarté, qui voulait des idées, un exercice de l’intelligence, et qui avait du reste peu de besoins sentimentaux ou esthétiques.
Or MM. de Goncourt ont donné comme qui dirait la note la plus aiguë de la littérature contemporaine ; ils ont eu au plus haut point l’intelligence et l’amour de ce qu’ils ont appelé eux-mêmes la « modernité » ; ils ont enfin inventé une façon d’écrire, presque une langue, qu’on peut apprécier fort diversement, mais qui est curieuse, qui a eu des imitateurs et qui a marqué sa trace dans la littérature des vingt dernières années Mais peut-être est-il nécessaire, pour les bien goûter, d’avoir un esprit peu simple et en même temps d’être de ceux « pour qui le monde visible existe3 ». […] La modernité, c’est encore ce qui, dans les cervelles, a l’empreinte du moment où nous sommes ; c’est une certaine fleur de culture extrême ou de perversion intellectuelle ; un tour d’esprit et de langage fait surtout d’outrance, de recherche et d’irrévérence, où dominent le paradoxe, l’ironie et « la blague », où se trahit le fiévreux de l’existence, une expérience amère, une prétention à être revenu de tout, en même temps qu’une sensibilité excessive ; et c’est aussi, chez quelques personnes privilégiées, une bonté, une tendresse de cœur que les désillusions du blasé font plus désintéressée, et que l’intelligence du critique et de l’artiste fait plus indulgente et plus délicate… La modernité, c’est une chose à la fois très vague et très simple ; et l’on dira peut-être que la découverte de MM. de Goncourt n’est point si extraordinaire, qu’on avait inventé « le moderne » bien avant eux, qu’il n’y faut que des yeux. […] Pour ne parler que de l’atelier de Coriolis, il est certain que la description n’en était pas absolument nécessaire à l’intelligence de son histoire ; mais, puisqu’il est encore permis de décrire le crépuscule à la campagne, il vaut peut-être la peine, pour changer, de le décrire dans un atelier.
Et, quand l’homme apparut sur ce sol encore créateur, sans être allaité par une femme, ni caressé par une mère, sans les leçons d’un père, sans aïeux ni patrie, songe-t-on aux faits étonnants qui durent se passer au premier réveil de son intelligence, à la vue de cette nature féconde, dont il commençait à se séparer ? […] Pourquoi consacrer la plus noble intelligence à traduire le Bhâgavata Purana, à commenter le Yaçna ? Celui qui l’a fait si doctement vous répondra : « Analyser les œuvres de la pensée humaine, en assignant à chacune son caractère essentiel, découvrir les analogies qui les rapprochent les unes des autres et chercher la raison de ces analogies dans la nature même de l’intelligence, qui, sans rien perdre de son unité indivisible, se multiplie par les productions si variées de la science et de l’art, tel est le problème que le génie des philosophes de tous les temps s’est attaché à résoudre depuis le jour où la Grèce a donné à l’homme les deux puissants leviers de l’analyse et de l’observation 106. » L’érudition ne vaut que par là.
Il leur a semblé, avec raison, que Paris dépassait toute mesure dans son ressentiment et qu’il n’y pourrait pas persévérer sans se montrer barbare envers ce mort au même degré que Wagner l’a été pour la capitale agonisante ; les esprits sages ont jugé que, si Wagner a été bête un jour, ce n’est pas une raison pour que nous devenions des niais à perpétuité et que cette vengeance envers l’œuvre immortelle des travers d’un homme retourné à la poussière était, au fond, indigne de notre intelligence et de notre générosité. […] Les uns consacrent leur temps, leur intelligence, toutes leurs forces au développement intellectuel et moral de leur pays … » Angers-Revue ne dit pas ce que font les autres. Les autres, sans doute, consacrent « leur temps, leur intelligence, toutes leurs forces », à développer l’influence des pays voisins.
Nous y trouvâmes toutes les libertés et presque toutes les intelligences, des artistes et des hommes de lettres comme nous, des philosophes, des savants, des poètes : M. […] Poirier, et vous verrez où seront les jeunes gens, et quelle grande cabale d’applaudissements nous nous chargeons de discipliner pour ces vraies fêtes de l’intelligence et de l’art ! […] Bien des années après, sous Louis XIV, dans une autre patrie de l’intelligence et du goût, le théâtre est encore presque toute la littérature ; mais peut-être déjà, en ce xviie siècle, quelque gourmet de belles-lettres néglige, un soir, de se rendre à une comédie de Molière, pour lire au coin de son feu, les Caractères de La Bruyère.