Le Roy, par exemple, c’est une fenêtre où deux mains apparaissent en un geste d’énigme ; mais au lieu de donner à penser qu’il évoque ainsi un moment du cœur humain, ce poète a cru devoir en avertir dès les premiers mots, et en spécifiant qu’il s’agit des mains de la Mort.
. — Les Joies humaines (1899). — De Messidor à Prairial (1899).
Cousin a vu toutes les destinées de l’humanité accomplies dans l’éclectisme réalisé socialement par la Charte, en dehors de laquelle il ne pouvait rien concevoir pour l’espèce humaine. […] Voici le texte de ce qui a été dit à ce sujet, par l’école de Saint-Simon, dans le volume d’exposition qu’elle a publié cette année : « La loi du développement de l’humanité, révélée au génie de Saint-Simon et vérifiée par lui sur une longue série historique, nous montre deux états distincts et alternatifs : l’un, que nous appelons état organique, où tous les faits de l’activité humaine sont classés, prévus, ordonnés par une théorie générale, où le but de l’action sociale est nettement défini ; l’autre, que nous nommons état critique, où toute communion de pensée, toute action d’ensemble, toute coordination a cessé, et où la société ne présente plus qu’une agglomération d’individus isolés et luttant les uns contre les autres. » (Vol.
Elle ne le paraissait pas davantage, certainement, aux auteurs dramatiques de toute école et de toute nuance, qui n’aiment jamais à entrer en partage, surtout quand le nouveau venu est suspect de griffe de lion, et, sans mettre le cœur humain au pis, on peut supposer que ces auteurs de tous bords qui surveillent une première représentation, n’auraient pas voté à pensée ouverte pour un succès non marchandé. […] Celui-là a oublié le cœur humain depuis Hélène et Ariane jusqu’à la religieuse portugaise, jusqu’à l’amante du Giaour ; celui-là n’a jamais voyagé jeune en des pays lointains, et n’y a jamais cueilli sur une tige fragile son plus délicieux souvenir.
Le penchant de leurs philosophes pour les abstractions semblait devoir les entraîner dans des systèmes qui pouvaient être contraires à la raison ; mais l’esprit de calcul, qui régularise, dans leur application, les combinaisons abstraites, la moralité, qui est la plus expérimentale de toutes les idées humaines, l’intérêt du commerce, l’amour de la liberté, ont toujours ramené les philosophes anglais à des résultats pratiques. […] La langue de la prose étant beaucoup plus perfectionnée chez les Français, ce que nous avons eu, ce que nous pourrions avoir d’hommes vraiment éloquents, remuerait plus fortement les passions humaines ; ils sauraient réunir dans un même discours plus de talents divers.
Ces réflexions ne suffisent pas pour encourager de semblables institutions, mais on voit que, sous toutes les formes, l’ennemi de l’homme c’est la passion, et qu’elle seule fait la grande difficulté de la destinée humaine. […] Enfin, un homme avait vu toutes les prospérités de la terre se réunir sur sa tête, la destinée humaine semblait s’être agrandie pour lui, et avoir emprunté quelque chose des rêves de l’imagination ; roi de vingt-cinq millions d’hommes, tous leurs moyens de bonheur étaient réunis dans ses mains pour valoir à lui seul la jouissance de les dispenser de nouveau ; né dans cette éclatante situation, son âme s’était formée pour la félicité, et le hasard qui, depuis tant de siècles, avait pris en faveur de sa race un caractère d’immutabilité, n’offrait à sa pensée aucune chance de revers, n’avait pas même exercé sa réflexion sur la possibilité de la douleur ; étranger au sentiment du remord, puisque dans sa conscience il se croyait vertueux, il n’avait éprouvé que des impressions paisibles.
Comme exemple de la folie humaine, Jésus aimait à citer le cas d’un homme qui, après avoir élargi ses greniers et s’être amassé du bien pour de longues années, mourut avant d’en avoir joui 492 ! […] En dégageant l’homme de ce qu’il appelait « les sollicitudes de ce monde », Jésus put aller à l’excès et porter atteinte aux conditions essentielles de la société humaine ; mais il fonda ce haut spiritualisme qui pendant des siècles a rempli les âmes de joie à travers cette vallée de larmes.
Il y a bien plus de talent à sonder, comme l’auteur le fait en cent endroits, les profondeurs et les replis du cœur humain, qu’à fronder les inepties théologiques. […] Rousseau prend aux femmes, paraît surtout dans son quatrième volume : comme il est beaucoup plus attaché à cette moitié du genre humain qu’à l’autre, il s’est aussi beaucoup plus utilement occupé du soin de son éducation ; presque tout ce qu’il dit à ce sujet est vrai, bien pensé, et surtout praticable.
Tel est le plan de l’ouvrage, tel est le demi-cercle, comme on dit en escrime, dans lequel l’auteur des Deux Masques a vigoureusement ramassé tout l’art dramatique de l’esprit humain. […] Quoique l’auteur n’ait pas inventé le sujet de son livre, et que les idées lui en aient été inspirées par ces chefs-d’œuvre dramatiques de l’esprit humain dont il fait l’analyse et raconte l’histoire, il met dans cette histoire et dans cette analyse une telle profondeur de sentiment et une telle richesse de coloris, qu’analyser et raconter ainsi, c’est presque aussi rare et aussi glorieux que de créer…· Positivement, le livre de Saint-Victor est une création.
I « De toutes les œuvres qui tentent l’effort de l’esprit humain, — disait un grand critique anglais, — l’histoire est tout à la fois la plus difficile à réussir et la plus facile à aborder. […] Autrefois (on s’en souvient), Ranke, préoccupé de l’action de la personnalité humaine dans ce qu’on appelle la politique, l’y recherchait avec avidité.
C’était donc, avant tout, pour mettre la main fructueusement sur un pareil sujet, un esprit compétent aux choses de la politique qu’il fallait, dominant plus ou moins ce côté de l’esprit humain, et capable, non pas de raconter uniquement les faits et gestes du journalisme, qui furent, par parenthèse, bien plus souvent les Gesta diaboli que les Gesta Dei per Francos, mais aussi d’essayer une solution des grands problèmes que le journalisme a posés et n’a pas encore résolus. […] Avant Renaudot, il y avait, en effet, pour nous, des pamphlétaires, des satiriques, des libellistes, des polémistes sous toutes les formes, et les luttes religieuses du xvie siècle avaient exaspéré plus que jamais cette furie de plumes qui vivra autant que la passion humaine ; il y avait même des nouvellistes ; mais le journalisme, c’est-à-dire ce mode de renseignement à jour fixe, au moyen de gazettes, à proprement parler n’existait pas.
Il est des badauds ou des railleurs qui appellent cela donner une idée de la marche de l’esprit humain. […] Pas plus que l’auteur des Contes d’Italie, de Namouna et de Mardoche, il ne se soucie de la moralité poétique ou humaine ; mais, au sein de la débauche que sa muse (une sous-lorette !)
Depuis, dans l’infini mon âme se promène, Vingt fois j’ai fait le tour de la science humaine ! […] ……………………………………………… La fée aux ailes d’or mène le genre humain !
Depuis la plus lointaine antiquité, la cité possédait un droit destiné à régler par la justice, substituée à la violence, les différends entre concitoyens A l’aube des temps modernes, lorsque l’esprit humain vint à prendre conscience de l’inter-dépendance des peuples, l’idée qu’il pouvait peut-être y avoir une justice, présidant aux rapports inter-nationaux, et par conséquent un droit dont ressortiraient les conflits entre « grands êtres » sociaux, germa dans les cerveaux d’élite. […] Aucun événement ne pourrait démontrer plus pleinement combien profonde est la solidarité des élites, c’est-à-dire l’alliance intime et vivace des éléments supérieurs de chaque groupe humain.
Leur but est de perfectionner, non pas un homme, mais le genre humain. […] Il a fallu trois mille ans pour que les hommes apprissent qu’un homme vertueux, qui a passé soixante ans à s’instruire et à éclairer son pays, pourrait bien mériter quelque reconnaissance du genre humain.
Enfin la raison humaine ayant pris tout son développement, le certain alla se confondre avec le vrai des idées relatives à la justice, lesquelles furent déterminées par la raison d’après les circonstances les plus particulières des faits ; formule éternelle qui n’est sujette à aucune forme particulière, mais qui éclaire toutes les formes diverses des faits, comme la lumière qui n’a point de figure, nous montre celle des corps opaques dans les moindres parties de leur superficie. […] Si la Providence n’eût ainsi conduit les choses humaines, on n’aurait pas eu la moindre idée ni de science ni de vertu.
Guerrier quelques-unes de ces fautes que l’humaine faiblesse laisse toujours échapper, — et jusque dans des livres beaucoup mieux faits que le sien. […] Le respect humain qui fait que nous servons Dieu pour mériter l’estime des hommes est bien plus rare que celui qui nous empêche de le servir de peur de la perdre. […] Ce même cœur compatissant à l’humaine faiblesse, Bossuet, et même Bourdaloue, l’avaient eu. […] Ainsi, la vie humaine est chose assurément précieuse, ils ont eu raison de le dire, et nous leur en devons une éternelle reconnaissance ; mais ils n’ont pas assez dit que beaucoup de choses sont et doivent demeurer plus précieuses que la vie humaine. […] Et c’est peut-être depuis cette époque que se jeter la pierre est devenu un acte humain. » On ne fait pas plus pédantesquement l’agréable.
Il a voulu que le caractère instinctif de son héros relevât en quelque sorte la nature humaine des méfiances et des anathèmes dont sa mélancolie philosophique l’accablait. […] C’est là le double génie de Shakespeare, philosophe et poëte également inépuisable, moraliste et machiniste tour à tour, aussi habile à remplir bruyamment la scène qu’à pénétrer et à mettre en lumière les plus intimes secrets du cœur humain. […] Mais il suffirait, pour y reconnaître Shakespeare, de quelques traits de morale qui attestent sa profonde connaissance du cœur humain. […] Quelle profonde connaissance du cœur humain décèle le caractère de ce don Juan, cet homme essentiellement insociable, pour qui faire le mal est un besoin, et qui s’irrite contre les bienfaits de son propre frère ! […] Shakspeare excelle à voir les sentiments humains tels qu’ils se présentent, tels qu’ils sont réellement dans la nature, sans préméditation, sans travail de l’homme sur lui-même, naïfs et impétueux, mêlés de bien et de mal, d’instincts vulgaires et d’élans sublimes, comme l’est l’âme humaine dans son état primitif et spontané.
Nous avions, dans une des expressions d’art les plus authentiques, enchâssé l’âme humaine ; nous risquons de n’être plus que des intelligences. […] Ce guide, c’est la connaissance de la nature humaine, c’est ce réalisme psychologique qui est la vertu essentielle de nos grands classiques. […] Léon Frapié L’art littéraire a pour objet la recherche de la beauté suprême, et la beauté suprême c’est : l’amour humain. […] Chacune de nos expériences successives laisse des œuvres qui enregistrent pour toujours un aspect de l’âme humaine. […] Le xixe plus riche et plus humain, est celui auquel je reviens le plus souvent et d’où je rapporte le plus de joies.
Dans sa confession à son chapelain, Nature explique à sa manière la création du monde, la formation le cours et l’harmonie des planètes, le préjugé qui rejette sur les constellations les fautes des hommes, la prédestination conciliée avec la liberté humaine, le tonnerre et les éclairs, les verres ardents, le télescope les songes les comètes. […] Sa confusion encyclopédique, sa prétention audacieuse et mal réglée à toucher à toutes les connaissances, ce grotesque étalage d’érudition où se trahit le sentiment de l’unité de l’esprit humain ; toutes ces choses furent alors d’informes mais précieux rudiments de culture intellectuelle, et des germes féconds pour l’avenir. […] La poésie ne veut plus être une profession ambulante et foraine, comme celle du joueur de luth ; elle prétend exprimer les besoins, les passions et les intérêts du genre humain. […] Il prie ses frères humains qui vivront après lui d’être indulgents pour ses faiblesses. […] Echo parlant, quand bruit onmene Dessus riviere, ou sus estang, Qui beauté eut trop plus qu’humaine ?
Regnard avait fait parler Polichinelle avant de s’essayer à faire parler le cœur humain. Songea-t-il même jamais au cœur humain, ce cynique mitigé, comme il s’appelle, qui invite ses amis à venir dans sa maison de Montmartre prendre leur part d’un festin qu’égayeront les « mots piquants », … enfants nés dans le vin ? […] C’est se tromper étrangement sur la nature humaine. […] Je vois des gens qui s’impatientent de ces noms de tragédie et de comédie, comme s’il s’agissait de catégories inventées par je ne sais quels tyrans littéraires contre les libertés de l’esprit humain. Que ne s’impatientent-ils plutôt contre l’esprit humain lui-même qui a imaginé les choses qui sont sous ces noms, et tracé lui-même les limites des arts.
Le jeune homme stendhalien, d’ailleurs, par sa disponibilité désespérée, son impuissance à se contenter des solutions platement humaines, est le type le plus pur de tous ceux que les faillites quotidiennes à jamais ont écartés de l’opportunisme et de ses solutions. […] Pour donner tout son sens au simple geste humain, son principe, il doit pousser hors de la réalité quotidienne la créature qui lui sert de truchement. […] La mort elle-même, il lui fallait tout un maquillage de symboles pour farder son mystère, et ses mains d’où ne partait nul faisceau d’ectoplasme mais qui, par de petits gestes ossifiés, tremblotants, disposaient en bouquets faisandés les fleurs qu’elles avaient volées aux pourritures humaines. […] Au reste, comme le remarque Aragon dans Une vague de rêves bk : « Il fallait, pour que l’idée de surréalité affleurât la conscience humaine, d’extraordinaires écoles et les événements des siècles amoncelés. […] Sur la foi de ces découvertes, un courant d’opinion se dessine enfin, à la faveur duquel l’explorateur humain pourra pousser plus loin ses investigations, autorisé qu’il sera à ne plus seulement tenir compte des réalités sommaires.
L’innovation de Massillon, venant après Bourdaloue, fut d’introduire le pathétique et un sentiment plus vif et plus présent des passions humaines dans l’économie du discours religieux, et d’attendrir légèrement la parole sacrée sans l’amollir encore. […] Est-ce Massillon, est-ce Bernardin de Saint-Pierre plus chrétien, est-ce Chateaubriand faisant parler le père Aubry à la mourante Atala, mais dans un langage plus pur et que Fontanes aurait retouché, — lequel est-ce des trois, on pourrait le demander, qui a écrit cette belle et douce page de morale mélodieuse, cette plainte humaine qui est comme un chant ? […] Cette bouche d’or, qui avait rempli le Temple, ce beau vase sonore et qui rendait des sons si humains et si divins tout ensemble, n’était point destiné à être la colonne pour porter le faix.
Créatures fragiles, êtres d’un jour, malgré les hautains progrès dont ils se vantent, malgré les ressources croissantes dont ils disposent, la mort est là qui les déjoue aujourd’hui comme au lendemain d’Adam, et qui les saisit dans leurs plans d’ambition, d’accomplissement ou d’attente, dans leurs rivalités, dans leurs espoirs de revanche et de représailles sur la fortune : « Nous nous hâtons de profiter du débris les uns des autres : nous ressemblons à ces soldats insensés qui, au fort de la mêlée, et dans le temps que leurs compagnons tombent de toutes parts à leurs côtés sous le fer et le feu des ennemis, se chargent avidement de leurs habits… » Mais ceci ne vient qu’après un grand et inépuisable mouvement d’éloquence sur la fuite et le renouvellement perpétuel des choses, un des plus beaux exemples de la parole humaine. […] Ce n’est point contre l’auguste mémoire de Louis XIV que s’élevait Massillon dans les portraits qu’il traçait d’un monarque père du peuple et bienfaisant : il ne faisait que proposer en quelque sorte une transformation, une transfiguration pacifique et plus humaine de Louis XIV, dans cet idéal adouci d’un grand roi. […] À force de répéter au jeune roi : « Soyez tendre, humain, affable », Massillon, comme Fénelon lui-même, poussait un peu à la chimère ; il semblait croire à cet amour de nourrice que les peuples n’ont pas, et auquel les grands rois et les plus réputés débonnaires, les Henri IV même12, n’ont jamais cru.
Qu’aurait-il été sans ce jour inattendu qui lui fut ouvert sur le plus grand monde, sans cette place de coin qu’il occupa dans une première loge au grand spectacle de la vie humaine et de la haute comédie de son temps ? […] Au milieu de ses vices et de ses monstruosités qui présentaient dans un abrégé commode et comme dans un miroir grossissant les travers et les crudités enhardies de la nature humaine, cette maison de Condé avait le goût de l’esprit, et, avec de la méchanceté, le talent de la fine raillerie. […] Voilà les vrais devanciers de La Bruyère, ceux qu’il avoue, les seuls livres qu’il eut présents à la pensée, à côté du livre toujours ouvert devant lui de la nature humaine.
Elles peuvent être erronées, mais les erreurs reçues depuis longtemps sont plus respectables que celles que nous voudrions y substituer ; car ce n’est pas la vérité qu’on trouve quand on a abattu le système de religion généralement adopté, puisque cette vérité, si elle n’est pas révélée, se cache dans des ténèbres impénétrables à l’esprit humain. […] A voir ces réveils d’enthousiasme sans cause suffisante, on s’apercevait bien que l’esprit humain est toujours le même, promptement inflammable, aisément crédule. […] Entre ceux qui admettent, dans l’explication des choses humaines et des révolutions sublunaires ou célestes, le surnaturel et le miracle, et ceux qui ne l’admettent pas, il n’y a point à discuter : c’est à prendre ou à laisser.
Quand il parle, comme il le fait, contre la guerre et ses effets désastreux, ce n’est pas qu’il supprime le courage et l’intrépidité humaine, c’est qu’il sait où les placer ailleurs. […] Il lui semble qu’un Louis XVI plus énergique, en 1775, aurait pu, en soutenant Turgot, et sans rien perdre par lui-même du prestige de la souveraineté, réaliser à temps cette liberté octroyée, équitable, humaine, populaire, débonnaire sans faiblesse, la plus complète qui se soit encore vue sous le soleil. […] Ce nouvel état social, fût-il uniforme dans sa simplicité d’organisation, aurait donc, selon les lieux et les peuples, une physionomie autre et des destinées fort différentes ; il aurait, lui aussi, ses orages, ses luttes, ses accidents imprévus, peut-être ses catastrophes, résultat des passions et du peu de sagesse humaine.
Voici de lui quelques jolis vers, d’un sentiment modeste et découragé, et dont probablement il se faisait tout bas l’application à lui-même : on n’est pas accoutumé à ces tons simples et à ce goût sans fard au xviiie siècle : Un rayon qui nous luit, un souffle qui nous mène, Voilà de quoi dépend la destinée humaine. […] La pitié, le respect, imposaient à ma curiosité ; je n’étais affecté que de cette prolongation des misères de la vie humaine, dans l’abandon, la solitude et la privation de tous les secours de la société. […] Malouet se montra ferme, quand il le fallut, dans l’intérêt de ses administrés, et toujours humain et bienfaisant.
C’est alors, vers l’an de Rome 617, qu’un jeune homme d’une famille plébéienne, mais illustre, un élève formé de la main des philosophes grecs, Tibérius Sempronius Gracchus, « dont le caractère bon et humain n’avait pu être corrompu par l’orgueil exclusif de sa nation, » comme il traversait l’Étrurie pour aller servir en qualité de questeur dans l’armée qui s’assemblait contre Numance, fut frappé de l’aspect désolé de ce pays, célèbre autrefois par sa richesse ; il s’en demanda les causes, il songea aux grands remèdes : de là plus tard ses tentatives de tribun et sa catastrophe. Mais, sans m’engager ici dans les obscurités, même éclaircies, de la loi Sempronia ou de la loi Licinia, je n’ai voulu que faire remarquer en passant le ton naturel et humain avec lequel l’historien caractérise le premier mouvement de Tibérius Gracchus. […] De telles considérations, si judicieuses et lumineuses, appartiennent à cette véritable et, j’ose dire, unique philosophie de l’histoire, comme Machiavel et Montesquieu l’entendaient, qui ne procède qu’appuyée sur l’observation humaine et sur les faits.
. — Différence de l’intelligence humaine et de l’intelligence animale. […] Ceux-ci sont les plus nombreux et les plus usités dans toute mémoire humaine ; il y en a trente ou quarante mille dans une langue, et ils forment à eux seuls tout le dictionnaire. […] En cela consiste la supériorité de l’intelligence humaine.
Après une lecture qui aurait un peu trop exalté l’orgueil militaire des auditeurs, on leur lirait cette belle lettre de M. d’Argenson à Voltaire, écrite du champ de bataille de Fontenoy, et qui se termine par ces mots : « Mais le plancher de tout cela est du sang humain, des lambeaux de chair humaine ! » Ils y verraient qu’on n’était pas seulement brave sous l’ancienne monarchie, et qu’on y était humain.
Son honneur à lui, c’est de n’avoir jamais, même aux moments les plus désespérés et les plus amers, cédé d’un point sur les conditions qu’il jugeait essentielles au rétablissement de la monarchie en France : « Il est aussi impossible de refaire l’Ancien Régime, pensait-il, que de bâtir Saint-Pierre de Rome avec la poussière des chemins. » Consulté de Vérone par Louis XVIII, et d’Édimbourg par le comte d’Artois, dans leurs projets excentriques de restauration, il ne cesse de leur redire : « Il faut écouter l’intérieur si l’on veut entreprendre quelque chose de solide… Ce n’est pas à nous à diriger l’intérieur, c’est lui qui doit nous diriger. » Dans une note écrite pour Louis XVIII en juillet 1795, Mallet du Pan lui pose les vrais termes de la question, que ce roi ne paraissait pas comprendre entièrement alors, et qu’il fallut une plus longue adversité pour lui expliquer et lui démontrer : La grande pluralité des Français ayant participé à la Révolution par des erreurs de conduite ou par des erreurs d’opinion, écrivait Mallet, il n’est que trop vrai qu’elle ne se rendra jamais à discrétion à l’ancienne autorité et à ses dépositaires ; il suffit de descendre dans le cœur humain pour se convaincre de cette vérité. […] Exposant dans son Mercure britannique, peu de mois avant sa mort, en janvier de l’an 1800, le caractère de la grande commotion qui allait continuer de peser sur le nouveau siècle et qui ouvrait une époque de plus dans l’histoire des vicissitudes humaines, il y montrait en vrai philosophe que le caractère de cette Révolution portait avant tout sur la destruction de toutes les distinctions héréditaires préexistantes, que c’était au fond une guerre à toutes les inégalités créées par l’ancien ordre social, une question d’égalité, en un mot : « C’est sur ce conflit, ajoutait-il, infiniment plus que sur la liberté, à jamais inintelligible pour les Français, qu’a porté et que reposera jusqu’à la fin la Révolution. » Espérons que, même en tenant moins à la liberté qu’il ne faudrait (ce qui est trop évident), nous la comprendrons pourtant assez pour démentir un pronostic si absolu et si sévère. […] Ce sont des maladies de croissance, disent les partisans de la perfectibilité et de l’éducation progressive du genre humain.
Sur les idées et les querelles religieuses, il y a des mots heureux : « Les vérités dogmatiques, dit-il, ont des bornes ; né libre et peut-être rebelle, l’esprit humain n’aime point à s’en prescrire. […] Il le range, pour son Contrat social, dans ce qu’il appelle la secte des politiques, gens inutiles et dangereux qui, au lieu de s’appliquer à faire aller la société et à la servir, ont la manie de la décomposer pour en rechercher les raisons et les causes, comme si elle n’était pas chose naturelle et conforme à la nature humaine. […] Dans ce Mémoire, si plein de justice, de vérité et de toutes les droites inspirations humaines, on voudrait vers la fin quelques accents de plus, je ne sais lesquels, mais comme un Cicéron en aurait su trouver.
D’une autre part, les rigoureux observateurs de la nature humaine lui ont reproché de maintenir orgueilleusement certains dogmes qu’une philosophie plus positive et plus hardie se croyait en droit de contester, de ne tenir aucun compte de l’homme physique et naturel dans les opérations de l’esprit, de se soucier moins d’être un vrai philosophe (ce qui n’est donné qu’à peu d’hommes) que de vouloir fonder une grande école de philosophie (ce qui est bien différent), et d’aller jusqu’à faire ensuite de cette philosophie une doctrine d’État, ayant cours et influence. […] Cousin voulait moins encore exposer quelques doctrines consolantes et désirables pour l’esprit humain, et nous énumérer les ambitieuses chimères des philosophes, que faire prévaloir à son tour une école de plus, laquelle, au milieu de ses vues supérieures, avait aussi sa part d’ambition et de chimère. […] Quant à ce qui ressort de tout le morceau, que « les lettres, c’est l’esprit, humain lui-même » ; que « l’étude des lettres, c’est l’éducation de l’âme », qu’il me soit cependant permis de faire à ce sujet aussi mon petit discours, non pas napoléonien, mais d’humble bon sens et d’observation un peu sévère.
Les livres de sentiment Il est permis de lire un peu moins lentement les auteurs qui ont pour matière les sentiments de l’âme humaine, guère moins du reste. […] Il trouve souvent que son auteur n’est pas assez noir, et il lui donnerait des conseils dans le sens d’une plus grande sévérité et des avis très vigoureux sur la bassesse humaine. […] Le lecteur de livres idéalistes n’est pas nécessairement optimiste ; mais il aime à croire à la noblesse de la nature humaine au moins chez un certain nombre d’individus privilégiés parmi lesquels il se place et non pas toujours à tort.
Loin de puiser au fond d’eux-mêmes les forces nécessaires pour résister à l’anéantissement, et de ne chercher que dans la virilité purement humaine le remède nécessaire aux désastres, ils s’en remirent à la pitié infinie de leur Dieu et firent un vœu. […] Il y eut peu d’orateurs pour défendre la cause, en ce jour chancelante, de la libre pensée, de la dignité humaine, avant tout, de l’indépendance absolue de l’État vis-à-vis de l’Église. […] De cet organe gonflé de sang, de cet abîme bouillonnant de vibrations et de passions, d’une liberté, d’une impulsivité, d’une richesse tout instinctive, de cette source d’action, de virilité, de cette région où la nature fait entendre ses voix chargées d’orages ou d’espoirs, de ce tumultueux abîme des plus violentes énergies et des plus authentiques clameurs humaines, l’Église catholique est parvenue à faire un triste néant mystique, un lamentable mélange de bassesse et d’absurdité, un odieux et puéril symbole autour duquel viennent s’agenouiller tous les stériles, tous les faibles, tous les déserteurs de la vie.
Cet auteur est devenu, de siecle en siecle, un objet important de la vanité et de la curiosité humaine. […] Jamais homme n’eut une idée plus bizarre des dieux : il multiplie pour eux les foiblesses et les miseres humaines ; et il fait du caprice et du crime même, le privilege essentiel de l’immortalité. […] La prudence y fût-elle toujours trompée, on en concluroit que la prudence humaine n’est qu’erreur, ou du moins qu’elle a des bornes bien étroites. […] Il n’y a dans le coeur humain qu’une certaine mesure de sensibilité. […] Il les prend par tous les endroits sensibles du coeur humain ; par l’intérêt, par le plaisir, par la gloire, par la vertu même.
Delacroix affectionne Dante et Shakspeare, deux autres grands peintres de la douleur humaine ; il les connaît à fond, et il sait les traduire librement. […] Les poëtes, les artistes et toute la race humaine seraient bien malheureux, si l’idéal, cette absurdité, cette impossibilité, était trouvé. […] C’est surtout dans la race humaine que l’infini de la variété se manifeste d’une manière effrayante. […] Quant au paysage de fantaisie, qui est l’expression de la rêverie humaine, l’égoïsme humain substitué à la nature, il fut peu cultivé. […] Je dis la contradiction, et non pas le contraire ; car la contradiction est une invention humaine.
Le Poëme de Philotanusn’eut de succès que par les circonstances, & de succès que par les circonstances, & parce que la malignité humaine est toujours avide de ce qui la flatte.
Ses Ouvrages de Morale annoncent un homme qui connoît assez le cœur humain, mais dont les idées, en général, ne sont ni neuves, ni bien exprimées ; ses Ouvrages de Littérature annoncent un homme d'esprit, mais qui manque de goût, & souvent même de jugement.
Tant qu’il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d’une fatalité humaine la destinée qui est divine ; tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim, l’atrophie de l’enfant par la nuit, ne seront pas résolus ; tant que, dans de certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’autres termes, et à un point de vue plus étendu encore, tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles.
L’esprit humain a passé par trois périodes nécessaires dans son évolution. […] L’esprit humain est un tout complexe qui ne marche et ne fonctionne que par le jeu harmonique de ses diverses facultés. […] En effet, au point de vue scientifique, la philosophie représente l’aspiration éternelle de la raison humaine vers la connaissance de l’inconnu. […] Maintenant cette aspiration de l’esprit humain aura-t-elle une fin, trouvera-t-elle une limite ? […] Le corps humain est une machine formée de ressorts, de leviers, de canaux, de filtres, de cribles, de pressoirs.
Anarchie finale du genre humain. […] Il ne comprît pas qu’il pouvait être humain sans danger. […] Le premier venu des êtres humains est très difficile à connaître et à classer. […] Jamais créature humaine ne souhaita plus ardemment la mort. […] Ce sont deux moralistes, deux connaisseurs du cœur humain, deux princes, deux rois de l’éloquence.
Il aime à évoquer de leur tombe les stoïciens fameux dans l’histoire ; il salue en eux les représentants de l’énergie et de la volonté humaine, et, en les glorifiant, il lui semble glorifier ses propres ancêtres.
On a aussi de cet Auteur beaucoup de vers Latins, qui prouvent qu’il étoit en état d’instruire la Jeunesse dans le goût de la bonne Latinité, ce qui étoit de sa fonction ; fonction plus utile que celle des prétendus Précepteurs du genre humain, qui gâtent notre Langue & s’efforçent de renverser toutes nos idées.
On a de cet Auteur un Ouvrage intitulé : L’origine des Loix, des Sciences, & de leurs progrès chez les anciens Peuples, où l’on considere le progrès des connoissances humaines, depuis Adam jusqu’à Cyrus.
Héros de l’humilité chrétienne, Olier croit bien faire en bafouant la nature humaine, en la traînant dans la boue. […] Les conversions opérées par les prédications de cette sorte ne sont bonnes ni pour la religion ni pour l’esprit humain. […] J’étonne toujours les réalistes quand je leur dis que j’ai vu de mes yeux un type que leur connaissance insuffisante du monde humain ne leur a pas permis de trouver sur leur chemin, je veux dire le portier sublime, arrivé aux degrés les plus transcendants de la spéculation. […] Il ne dissimulait pas son mépris pour les sciences qu’il enseignait et pour l’esprit humain en général. […] J’ai toujours cru à l’esprit humain.
Le commerce active la circulation du genre humain, comme la course et la lutte font circuler plus vite le sang dans les veines. […] Certes, il est impossible, en présence des merveilles que l’industrie a réalisées en si peu de temps, de ne pas admirer la puissance de la science et du génie humain. […] Il a écrit62 : « Ô peuples des siècles futurs, lorsque par une chaude journée d’été, vous serez courbés sur vos charrues dans les vertes campagnes de la patrie ; lorsque vous verrez, sous un soleil pur et sans tache, la terre, votre mère féconde, sourire dans sa robe matinale au travailleur, son enfant bien-aimé ; lorsque, essuyant sur vos fronts tranquilles le saint baptême de la sueur, vous promènerez vos regards sur votre horizon immense, où il n’y aura pas un épi plus haut que l’autre dans la moisson humaine, mais seulement des bleuets et des marguerites au milieu des blés jaunissants ; ô hommes libres, quand alors vous remercierez Dieu d’être nés pour cette récolte, pensez à nous qui n’y serons plus ; dites-vous que nous avons acheté bien cher le repos dont vous jouirez ; plaignez-nous plus que tous vos pères ; car nous avons beaucoup des maux qui les rendaient dignes de plainte, et nous avons perdu ce qui les consolait. » Mais celui qui sentait si bien que la terre doit compenser la banqueroute du ciel, celui qui comprenait que les misérables, privés, comme a dit plus tard Jaurès, de la vieille chanson qui berçait la misère humaine, doivent nécessairement réclamer leur part immédiate de soleil et de joies, ce même Musset parlait bientôt d’un autre ton. […] Cette théorie, qui consiste à donner la première place aux facteurs économiques dans l’évolution humaine, serait fort insuffisante à expliquer en totalité l’évolution littéraire ; mais elle appelle l’attention sur quelques-unes des causes les plus profondes dont la littérature subit l’influence et je n’ai pas craint d’insister sur les rapports étroits qui existent entre des phénomènes qu’on néglige trop souvent de rapprocher les uns des autres.
Depuis l’effort vaincu de la Tour de Babel jusqu’à la mélancolie prévue de la Dernière Aurore, je choisirai, parmi les races, des types divers de l’être humain.
Il n'en est pas de même de son Histoire des progrès de l'esprit humain dans les Sciences exactes, dans les Sciences naturelles & dans les Arts qui en dépendent.
Ne sommes-nous pas au pays des Christs en peau humaine ? […] La division du travail qui crée l’étoffe et le ressort de la société humaine doit jouer ici. […] Balzac a le sentiment profond de la communauté de plan et de sang entre les règnes naturels et le règne humain. […] Curtius place la Comédie humaine dans la même catégorie que Faust, celle de l’überromantisch. […] La Comédie Humaine c’est, comme l’a vu Curtius, Faust devenu Légion.
À ces trois fatalités qui enveloppent l’homme se mêle la fatalité intérieure, l’anankè suprême, le cœur humain.
Nous pouvons conclure par le principe dont la démonstration était l’objet de ce livre : Les poètes théologiens furent le sens, les philosophes furent l’intelligence de la sagesse humaine.
Le Français est la personne humaine dont il est le plus difficile d’établir l’identité. […] On peut être fier d’appartenir à une collectivité qui a comme substitué un genre humain à un autre genre humain. […] J’entends par là qu’il a confiance dans les instincts humains non rectifiés, dans les instincts humains à leur état naturel ; et « naturel » ne signifie rien, puisqu’il est sans doute dans notre nature aussi de rectifier nos instincts ; mais enfin dans les instincts humains moins la civilisation qui les a modifiés. […] Seulement elles ne sont qu’humaines. […] Il a ruiné le droit de la personne humaine, et c’est la personne humaine qui, affranchie aujourd’hui, veut d’autres enseignements.
Le deuxième volume renferme un chapitre aux Infortunés, dans lequel, à travers les conseils et les règles de conduite que l’auteur essaye de déduire, on lit toute l’histoire de sa vie d’émigration et de sa noble pauvreté : « Je m’imagine, s’écrie-t-il, que les malheureux qui lisent ce chapitre le parcourent avec cette avidité inquiète que j’ai souvent portée moi-même dans la lecture des moralistes, à l’article des misères humaines, croyant y trouver quelque soulagement. […] quand je m’échappe quelquefois à parler du factice inévitable des rôles humains ; quand j’ai l’air de me plaire à la pure réalité, ce n’est pas que je me dissimule les misères et les petitesses de celle-ci, ce n’est pas que je méconnaisse le mérite et la force des entreprises. […] Cette impossibilité de durée et de longueur dans les liaisons humaines, cet oubli profond qui nous suit, cet invincible silence qui s’empare de notre tombe et s’étend de là sur notre maison, me ramènent sans cesse à la nécessité de l’isolement. […] Toute gloire humaine est chanceuse, mais c’est la Muse encore qui trompe le moins.
Le pape déclina tout pacte avec ces hommes de talent, qui pouvaient compromettre l’Église dans des factions humaines. […] Je ne crus qu’à des nécessités d’amour-propre et de respect humain qui lui faisaient augurer de la publication telle quelle du Livre du peuple un effet plus entier et plus bruyant sous sa première forme que sous une forme innocente. […] C’est la sensibilité plus qu’humaine d’une chienne danoise qui a fixé cette date dans ma mémoire. […] Les mouvements d’un grand peuple bien compris sont presque toujours plus humains que les passions d’un parti ; il n’a personne à craindre et personne à flatter.
Il prit des sujets légendaires, historiques : sous le merveilleux ou le grandiose des fables et des noms, il aperçoit, montre le fait commun, ni héroïque, ni royal, humain : une femme délaissée qui fait assassiner son amant par un rival, voilà Andromaque ; une femme trompée se vengeant sur sa rivale et son amant, voilà Bajazet : un homme qui, pour un intérêt ou un devoir, laisse une femme aimée, voilà Bérénice ; un vieillard rival de ses fils, voilà Mithridate ; une belle-mère amoureuse de son beau-fils, et le haïssant, le persécutant pour ne pouvoir s’en faire aimer, voilà Phèdre. […] Sous les noms héroïques, à travers les infortunes et les crimes extraordinaires, c’est la simple, générale, humaine vérité que Racine veut montrer : outre la politique, cela exclut l’intrigue romanesque, les moyens compliqués ou surprenants. […] Racine a été élevé dans le jansénisme, à croire que la nature est corrompue, que tout mérite, tout bien en l’homme vient de la grâce ; il a pu rompre avec ses maîtres, il n’a pu se défaire des enseignements lentement insinués, quitter le point de vue d’où ils lui avaient appris à regarder l’agitation humaine. […] Je crains que Racine, comme Bossuet, n’ait été trop poète pour un siècle qui s’éloignait de plus en plus de la poésie : on sentit la vérité humaine mieux que la grandeur poétique de son œuvre.
Ils ont vu les choses humaines de plus haut ; ils sont plus admirés, ils sont moins populaires que la Fontaine. […] C’est pour réparer les échecs du bien dans ce monde, qu’après la justice des événements humains, d’où le drame tire son principal intérêt, il en est une autre pour toutes les iniquités impunies, en laquelle l’homme croit et espère. […] Il n’y a pas de poésie humaine qui nous donne plus d’aise, qui nous enveloppe plus doucement, qui nous domine plus en paraissant nous obéir. […] Le français-gaulois, si vif pour tout ce qui est détail familier, fine moquerie, trait d’humeur, idées nées du sol et qui ne nous seraient jamais venues du dehors, y tient sa place à côté de ce grand langage, fruit de l’esprit français, alors qu’il est devenu la plus pure image de l’esprit humain.
Et dans la société humaine, à laquelle s’applique notre morale, il apparaît très fort et très fréquent. […] § 2 Notre ironie signifiera que nous ne nous illusionnons pas sur la valeur des actes et des sentiments humains. […] Je ne veux pas insister ici sur ce qu’un certain mépris de la souffrance humaine facilite l’exercice de quelques professions très diverses et assez répandues. […] L’ironie peut simplement diriger d’une main légère l’enthousiasme, lui rappeler sa condition humaine et s’effacer discrètement, sans trop s’éloigner, quand le moment en est venu.
C’est qu’il y a dans La Walküre une rare plénitude de sentiments humains, de grandes, de puissantes qualités de mouvement scénique, et au milieu d’une luxuriante floraison de mélodies passionnelles, tout un côté pittoresque, un étincelant paysage musical qui a ravi l’oreille des auditeurs. […] Jullien, que c’est de l’art allemand que Wagner a voulu parler, Wagner aurait mis la race allemande au-dessus de toutes les autres races humaines, car il l’a dotée d’un art qui perfectionne ceux qui l’étudient et se l’assimilent, et qui donne aux sens de l’homme susceptible de le percevoir, une supériorité artistique incomparable. […] Alors sera atteint le but que Wagner disait à Berlioz, lequel n’y a rien compris : « Mon but était de montrer la possibilité de produire une œuvre d’art, dans laquelle ce que l’esprit humain peut concevoir de plus profond et de plus élevé fût accessible à l’intelligence la plus ordinaire, sans qu’il fut besoin de la réflexion ni des explications de la critique et c’est cet essai que j’intitulai l’œuvre d’art de l’avenir. […] Lohengrin vient de la sereine contrée où resplendit le Gral ; il est poussé par le désir de défendre l’innocence opprimée, davantage encore peut-être par une secrète nostalgie des humaines tendresses.
Ces sacrifices humains étaient fréquents en temps de siège, à ces hautes époques. […] Elles répondent doucement : « Aussi misérables que les hommes, si la ville est prise. » — Pour s’excuser, elles allèguent encore que la piété est un secours aux heures du péril, tout salut humain descendant des Dieux. — Et elles prient toujours, quoique à voix plus basse, les mains étendues, les lèvres collées aux images saintes. […] Les instincts bruts, les ruts sauvages démuselés s’y déchaînent ; la ménagerie qu’il y a au fond de toute foule humaine, est lâchée. […] » — Le Chœur tourne et retourne cette idée poignante dans les plaies ouvertes des deux frères ; il raille sur leurs corps nus et inertes l’inanité des disputes humaines aboutissant au néant commun : — « Le domaine a été partagé entre ces furieux, et chacun en a eu sa part égale.
Composée surtout de notes ajoutées à des notes, son Œuvre critique me fait l’effet d’un interminable obélisque de notes sur notules et de notules, sur notes, sur la pointe duquel il y aura toujours de la place pour d’autres notulettes qui viendront… Sûr de rien et curieux de tout, comment voulez-vous qu’un homme puisse être jamais un critique, — un juge intellectuel de ce qui fait la beauté ou la laideur des œuvres humaines ? […] Mystère des organisations humaines ! […] Assurément, si je trouvais dans ses Œuvres critiques un livre de la valeur de celui-là en sentiment et en poésie, je ne lui refuserais pas aussi nettement que je le fais le titre de critique, à cet explorateur et à cet explanateur littéraire qui rôde et bouquine et nous fait faire toutes sortes de connaissances dont l’esprit humain pouvait se passer, comme M. […] Inondation du bavardage humain !
Soustraits à certaines obligations, aux travaux absorbants, aux luttes pour le pain quotidien où une grande part de l’attention et de la volonté humaine se dépense, on peut supposer qu’ils ont, mieux que d’autres, le loisir de goûter ce que la vie a d’amer et de doux quand elle est la vie pleine, la vie calme. […] Quelles nuances rares de charme, d’attitudes, de politesse, d’émotion, un écrivain ne pourra-t-il pas donner à des personnages auxquels rien n’aura manqué de ce qui peut constituer l’exception humaine ! […] Je pourrais passer en revue bien d’autres groupes humains, et dire ainsi les raisons d’ordre littéraire qui peuvent les faire choisir ou rejeter par les écrivains. […] Est-il possible de ne pas sentir que la minutieuse exactitude des détails humains ne suffit pas pour exprimer un rôle et une vie qui n’ont de sens qu’autant qu’ils sont, par un certain côté, divins ?
Et elle crée aussi du nouveau à l’intérieur d’elle-même, puisque l’action volontaire réagit sur celui qui la veut, modifie dans une certaine mesure le caractère de la personne dont elle émane, et accomplit, par une espèce de miracle, cette création de soi par soi qui a tout l’air d’être l’objet même de la vie humaine. […] L’âme humaine devenait ainsi incapable de créer ; il fallait, si elle existait, que ses états successifs se bornassent à traduire en langage de pensée et de sentiment les mêmes choses que son corps exprimait en étendue et en mouvement. […] Je vous dirai donc qu’un examen attentif de la vie de l’esprit et de son accompagnement physiologique m’amène à croire que le sens commun a raison, et qu’il y a infiniment plus, dans une conscience humaine, que dans le cerveau correspondant. […] Je ne fais pas d’hypothèse, je n’évoque pas une entité mystérieuse, je m’en tiens à l’observation, car il n’y a rien de plus immédiatement donné, rien de plus évidemment réel que la conscience, et l’esprit humain est la conscience même.
Ainsi commença cette époque des Ptolémées, qu’il ne faut pas nommer un siècle nouveau, comme celui des Médicis ou de Louis XIV, mais qui, avec moins de gloire et de génie, dans une durée plus longue, eut un caractère précieux à noter dans les annales humaines. […] Il a près de lui ses deux ministres, la Force et la Puissance, les mêmes que, dans la Grèce libre, Eschyle représente comme présidant à la vengeance exercée sur un dieu bienfaiteur de l’homme, sur le dieu philanthrope, dit le poëte, qui s’est avisé de donner au genre humain le feu et la science. […] Toutefois, au milieu de ce déchet de la dignité humaine chez les Grecs, dans cet abaissement de la vertu civile qui suivit la conquête d’Alexandre et marqua la domination de ses indignes successeurs en Macédoine, en Égypte, en Syrie, il semble incontestable que, dans l’ordre moral, dans la forme et l’action du sentiment religieux, quelques clartés nouvelles avaient lui, quelques vérités de plus agissaient sur le monde. […] Plus tard, ce problème reviendra et s’éclaircira dans la pensée humaine, qui, sans faire Dieu l’auteur du mal, comprendra qu’il a dû le permettre sous ses deux formes extrêmes, la douleur et le vice ; car, sans cette double épreuve, les deux lois et les deux grandeurs de l’homme, le travail et la vertu, n’auraient plus où se prendre ici-bas.
Ce qui n’existait pas auparavant va dater de ce jour-là, et l’élite des générations humaines saura le goûter. […] Entouré de la famille la plus aimable et la plus aimée, d’une famille que l’adoption dès longtemps n’avait pas craint de faire plus nombreuse, de ses quatre petits-enfants qui Jouaient la veille encore, ne pouvant rien comprendre à ces approches funèbres, de sa charmante fille, sa plus fidèle image, son œuvre gracieuse la plus accomplie, Nodier a traversé les heures solennelles au milieu de tout ce qui peut les soutenir et les relever ; si une pensée de prévoyance humaine est venue par moments tomber sur les siens, elle a été comprise, devinée et rassurée par la parole d’un ministre, son confrère, l’ami naturel des lettres193.
Toutes ces impressions d’une âme sympathique avec l’esprit nouveau des temps, cette croyance à une philosophie plus réelle et plus humaine, cette liberté morale reconquise, cette spontanéité reconnue, cette confiance accordée aux facultés les plus glorieuses et les plus désintéressées de notre être, toutes ces qualités et ces vues de madame de Staël, en passant dans les livres d’art qu’elle composa, leur donnèrent un tour unique, une originalité vraiment moderne, des trésors de chaleur, d’émotion et de vie, une portée immense quoique parfois hors de mesure avec la réalité. […] La mission, l’œuvre de l’art aujourd’hui, c’est vraiment l’épopée humaine ; c’est de traduire sous mille formes, et dans le drame, et dans l’ode, et dans le roman, et dans l’élégie, — oui, même dans l’élégie redevenue solennelle et primitive au milieu de ses propres et personnelles émotions, — c’est de réfléchir et de rayonner sans cesse en mille couleurs le sentiment de l’humanité progressive, de la retrouver telle déjà, dans sa lenteur, au fond des spectacles philosophiques du passé, de l’atteindre et de la suivre à travers les âges, de l’encadrer avec ses passions dans une nature harmonique et animée, de lui donner pour dôme un ciel souverain, vaste, intelligent, où la lumière s’aperçoive toujours dans les intervalles des ombres.
On peut découvrir des inconvénients à tout dans les affaires humaines. […] Il est possible qu’en développant leur raison, on les éclaire sur les malheurs souvent attachés à leur destinée ; mais les mêmes raisonnements s’appliqueraient à l’effet des lumières en général sur le bonheur du genre humain, et cette question me paraît décidée.
Telle est la faiblesse de l’esprit humain que les meilleures causes ne sont gagnées d’ordinaire que par de mauvaises raisons. […] Les faiblesses de l’esprit humain n’engendrent que faiblesse ; les grandes choses ont toujours de grandes causes dans la nature de l’homme, bien que souvent elles se produisent avec un cortège de petitesses qui pour les esprits superficiels en offusquent la grandeur.
Le peuple ne le connaissait que par les taureaux ailés à face humaine, dressés aux portes de son palais, symboles de sa force et de sa puissance. Un rideau de pourpre voilait, comme un nuage, ce soleil humain, pondant ses audiences.
Minos juge aux enfers tous les pâles humains. […] A fatale il substitua funeste, & mortels à humains.
Ses romans vertueux, car elle les veut vertueux, s’adressant à une société qui ne prend plus la vertu à sa seule source, qui est la religion, la morale de ses romans n’est plus que celle des gens bien élevés et qui se lavent les mains à la pâte d’amandes… C’est de l’honneur humain et de l’élégance. […] Elle n’a pas le regard qu’on rabat du ciel sur les choses de la vie et qui, tombant de si haut, va au fond… C’est une femme du monde, qui peint une société dont les surfaces l’attirent, bien plus qu’un romancier moraliste qui prend les passions et les jauge partout où elles sont… Mais, si elle n’est pas, si elle ne peut pas être le moraliste à la façon des grands romanciers qui savent l’ordre le cœur humain pour tirer la morale du sang, des larmes et de la fange qu’ils en font sortir, elle est toujours et partout la plume pure que j’ai dit qu’elle était.
Pour qu’on revienne avec goût à ce genre de littérature, qui vieillit comme la politique elle-même, c’est-à-dire plus vite que les autres choses humaines, il ne faut rien moins que du génie. […] Vraiment, c’est ne connaître ni la nature humaine ni la nature des partis, que de croire les instruire en s’apitoyant sur leur histoire et les faire renoncer, à l’aide de cet ingénieux moyen, à leurs ambitions, si folles et si pernicieuses qu’elles puissent être.
Or, il avait ces dons respectés par la médiocrité humaine. […] Eux seuls peuvent mettre dans le compte rendu de celles dont ils furent chargés et dont ils s’acquittèrent le quelque chose d’humain, de passionné, de dramatique, inhérent à des démêlés et des complications d’intérêts qui eurent certainement leur sérieux, leur tragique, leur comique, leur variété, leur inattendu, comme toutes les choses de ce monde.
Moi qui ne crois pas à l’aboutissement de la philosophie humaine, moi qui pense que hors la gymnastique qu’elle fait faire à l’esprit, exercice salubre ! […] Je l’ai déjà dit au commencement, de ce chapitre, Stuart Mill n’est pas une première tête en philosophie, un de ces hommes, comme on en trouve à certaines distances dans l’histoire de la pensée humaine, qui renversent l’échiquier et forcent ceux qui jouent à modifier les lois du jeu, jusqu’à ce qu’un autre, aussi puissant qu’eux, vienne les modifier à son tour.
L’impersonnalité n’est qu’une rêverie et une prétention de l’esprit humain. […] Il croyait la source des chefs-d’œuvre inépuisable pour le génie humain, et la beauté, comme la vérité, infinie… C’est lui qui a écrit : « Le génie a cent yeux comme Argus.
Ce qui est au-dessus de l’événement, ce qui lutte avec lui et quelquefois le modifie, c’est l’âme humaine et le degré de développement, de vertu et de vérité, que, sous une bonne discipline, elle est capable de recevoir. […] Du reste, on laisserait de côté cette explication inattendue du xviie siècle, trop fine peut-être pour frapper et pour attirer la majorité des esprits, qu’on ne pourrait pas oublier la grande personnalité historique qui remplit le livre, et qui, à elle seule, aurait suffi pour appeler et justifier, dans l’esprit d’un homme ayant l’instinct des grandes choses humaines, l’idée d’une histoire de l’institution de Saint-Cyr.
Honoré Bonhomme a dans ses jugements sur Collé un embarras et des timidités inconnus aux éditeurs, ces gaillards d’aplomb (et quelquefois de plomb), qui ne doutent de rien, qui vont toujours ravir le monde avec le livre qu’ils publient et se faire nommer comme Titus : les délices du genre humain ! […] Sans doute, il y a dans ce volume d’autres conseils, d’autres enseignements, marqués, tous, soit au coin du goût littéraire soit à celui de l’observation humaine, du sens réel et positif, mais le fond de l’enseignement de Collé c’est la flatterie, la flatterie sur le plus grand pied, infatigable, continue, multiple, perpétuelle !
Le poète des Impressions, dans les rares pièces où il a touché, en passant, et d’un doigt beaucoup trop léger, cette corde chrétienne qui est la fibre universelle maintenant et désormais éternelle, n’est pas encore le poète qui tire une note à lui, une note bien à lui, neuve et inexprimée, de cette corde tendue d’un bout du monde à l’autre bout, au doigt multiple du genre humain, et dans laquelle l’infini dort ! […] Toutes les inspirations ne peuvent pas être égales à ses yeux, elles ne peuvent pas faire équation entre elles ; le dire, le soutenir, ce serait dire, ce serait soutenir que le travail des facultés humaines et sa puissance font tout le poète (ce qui n’est pas), et que la substance sur laquelle le poète accomplit son merveilleux travail n’est rien ou peu de chose, — quelque chose de grossier ou d’inerte, quelque argile.
C’est celle-là, qui n’est même ressuscitée que parce qu’elle était immortellement humaine ; que parce que nous étions las et dégoûtés des veines saignées à blanc, des cadavres exsangues et des poussières faites par les xviie et xviiie siècles ; que parce que nous avions soif de la vie, et que nous l’avons reconnue, la vie, au premier soupir qu’elle a poussé et à la première pierre qu’on a dérangée à ce vieux tombeau de Ronsard ! […] Il y a plus profond que Ronsard, sans doute, dans les littératures humaines, mais il n’y a pas plus grand que Ronsard.
… II C’est le xixe siècle, du reste (et l’Histoire littéraire devra lui reconnaître cette supériorité), qui a mis dans le monde ces grands producteurs, comme il les appelle dans le jargon de sa manie économique, qui savent tirer de leur cerveau ce nombre de volumes en disproportion (a-t-on cru longtemps) avec la force de l’esprit humain, et qui ne le sont pas même avec sa faiblesse. […] Sue comme inventeur et comme observateur de nature humaine, les œuvres littéraires doivent avoir un style pour durer et pour que la Postérité s’en soucie.
Quel est le sens esthétique ou moral, mais quelconque, de ce livre sans caractère tranché, fait de miettes et de petits souvenirs rapprochés, qui ne sait être nettement ni un roman d’idée, comme Don Quichotte, ni un roman de cœur, comme La Princesse de Clèves, ni un roman de nature humaine ou de mœurs, comme Gil Blas, ni même un roman d’aventure, comme le Roman comique de Scarron, car avec les comédiens qui emplissent le roman du Capitaine Fracasse, M. […] Théophile Gautier s’en va rejoindre le roman d’idée, le roman de cœur, le roman de nature humaine et de mœurs, dont M.
Le biographe d’Edgar Poe ne le dit pas et peut-être ne s’en soucie guère ; mais le silence de sa notice sur l’éducation morale, nécessaire même au génie pour qu’il soit vraiment le génie, genre d’éducation qui manqua sans doute à Edgar Poe ; et d’un autre côté, le peu de place que tiennent le cœur humain et ses sentiments dans l’ensemble des œuvres de ce singulier poëte et de ce singulier conteur, renseignent suffisamment, — n’est-il pas vrai ? […] dans ces Histoires extraordinaires, qui le sont bien moins par le fond des choses que par le procédé d’art du conteur, sur lequel nous reviendrons, et qui est, à la vérité, extraordinaire, il n’y a rien de plus élevé, de plus profond et de plus beau, en sentiment humain, que la curiosité et la peur, — ces deux choses vulgaires !
Ouvrez les livres de statistique (la statistique, cette abominable science qui réduit le genre humain à une machine dont les produits sont tenus en partie double), le compte est fait. […] Un sage plus humain, un philosophe, répondait dans le même sens à un sien ami qui lui disait : Reposez-vous ! […] Là, surtout, vous comprenez toute la vanité des choses humaines. […] Cette pauvre espèce humaine est ainsi faite, qu’à tout prendre, l’âme de tous les hommes est malade des mêmes maladies. […] Que d’esprit ainsi perdu à deviner les choses humaines, uniquement sous leur côté ridicule !
Et que ne pourrais-je pas dire de la note purement humaine, si pathétique et si tendre, que mêle, en quelque sorte, à ce duo de martyrs, l’aimable, l’élégante, la noble galanterie de Sévère ? […] — Aussi ne suffit-il plus à Racine qu’un événement soit historique, mais il lui faut encore qu’il soit humain, et qu’ainsi la tragédie ne dégénère jamais en une leçon de politique ou d’histoire. […] qu’il n’y en ait dans la nature humaine « qu’une douzaine tout au plus de vraiment comiques, marqués de grands traits68 » ? […] L’esprit humain a par bonheur plus de ressources et de fécondité. […] Mais déjà, dans son Iphigénie, pouvons-nous, Mesdames, et les contemporains de Racine pouvaient-ils prendre au sérieux ce sacrifice humain qui fait le ressort même du drame ?
Dans le chapitre qui concerne le Beau dans les Mœurs, la raison, le sentiment, la vérité, ne se sont jamais mieux exprimés que par sa plume ; on y voit briller une philosophie supérieure qui connoît aussi bien les passions du cœur, que les ressorts de la politique humaine.
Bourgelat sera donc regardé comme le Fondateur d’une Institution, qui, se perfectionant de jour en jour, méritera constamment les suffrages & la protection du Gouvernement, l’estime des hommes patriotes, & la reconnoissance du genre humain.
Ce ne sont pas des tableaux de la vie humaine, ni des portraits historiques : c’est une âme de poète qui s’ouvre. […] Les préjugés ou l’ignorance des salons lui interdirent je ne sais combien d’ordres des connaissances humaines. […] Dieu n’est qu’un nom commode pour désigner la dissociation du fait et du droit, l’écart entre le rationnel et le réel dans les événements humains. […] C’est la première épreuve de La Comédie humaine. […] Elle impose aux écrivains une psychologie de convention par son dogme fondamental de la bonté essentielle de la nature humaine.
Il l’emporte, en effet… Cette honnête fin de Gil Blas est une vérité du cœur humain. […] C’est une conception erronée de la nature humaine, qui n’atteste pas pour elle assez d’estime. […] Mais tout cela ensemble sert à la confirmation de ses vues sur la nature humaine. […] Le mépris de la nature humaine, dont nous avons suivi le progrès de M. […] Mais le bel esprit tue les sentiments humains ou force à les dissimuler.
Comme toutes choses, cet exercice de l’esprit humain a fait de grands progrès, et naturellement la crédulité a augmenté en proportion. […] Le travail humain le plus essentiel à la vie même se fait en grande partie la nuit. […] C’est un des mystères de la physiologie humaine et l’un des plus désagréables. […] C’est contraire à la psychologie humaine. […] L’humain ne se démode pas.
L’antinomie humaine que symbolisent les époux larmes et rires, le doute et la foi, la prière et le blasphème, se lèvent face à face, pour les éternelles épousailles, au chœur d’une cathédrale d’un double style contrarié, avec, sur leurs lèvres, le oui jamais prononcé.
Traiter ces questions, c’est expliquer la mission de l’art ; traiter ces questions, c’est expliquer le devoir de la pensée humaine envers l’homme.
Une pièce de théâtre, dit Voltaire, est une expérience sur le cœur humain. […] quelle connaissance profonde du cœur humain ! […] Il faut au poète une grande connaissance du cœur humain, pour saisir le moment où le personnage doit laisser échapper le sentiment dont il est plein. […] Quelquefois ce poète est aussi profond que Racine lui-même dans la connaissance du cœur humain. […] La femme ménagère figure à côté de la savante, l’homme poli et humain à côté du misanthrope, et un jeune homme prodigue à côté d’un père avare.