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1284. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Le fond du discours d’Hamlet est dans la nature, cela suffit aux Anglais336. […] Le goût des anciens et le goût des modernes était le même au fond. […] Je le veux bien ; mais, pour que la nation fût satisfaite, émue, transportée, il fallait que le fond en fût national. […] Il garde volontiers le silence, et sa conversation est systématiquement assez banale, parce qu’il évite avec soin le choc des idées, et ne laisse paraître sur aucune grande question le fond de sa pensée. […] Un mépris si dur, si superbe, descend du fond des appartements de Versailles452.

1285. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Au fond, comme on le voit, cette verve enthousiaste est railleuse ; M.  […] Michelet ; aujourd’hui l’on peut recommencer sans crainte : pour toucher le fond de cette nature si délicate et si étrange, il est bon de s’y reprendre à deux fois. […] La grenouille moqueuse te défie-t-elle au fond de l’onde ? […] Mais l’amour de la justice, naturel à l’homme, est au fond de leur cœur, et ils y reviennent d’eux-mêmes. […] Il sent que, sous les apparences qui sans cesse s’écoulent, est un fond stable.

1286. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Mais il y a pourtant une différence, une différence de fond, une différence de nature ou d’espèce, et non pas seulement de degré. […] Mais si la forme en est fausse, le fond n’en serait-il pas vrai ? […] Comme Ruy Blas, Rodogune est une pièce machinée ou « truquée » par le fond, si je puis ainsi dire. […] Elle est incontestable, et remarquez bien, Messieurs, qu’en le disant, je ne touche pas au fond de la controverse ; je vous ai promis de n’y pas toucher. […] C’est précisément, au lieu d’être tirés du fond du sujet, de ne l’être, comme vous le savez, que d’une reconnaissance.

1287. (1890) Nouvelles questions de critique

D’un poème ou d’un roman, comme d’une fresque ou d’un oratorio, le fond seul est tout, et la forme rien. […] Mais, du fond de lui-même, jamais non plus écrivain n’avait tiré de semblables effets ni rapporté une vision plus neuve de l’homme et de la nature. […] Zola, c’est qu’ils nourrissent, tout au fond d’eux, une ambition timide ou un rêve avorté d’auteur dramatique ou de romancier. […] Tout en réservant peut-être, au fond d’eux-mêmes, les droits de leur amour-propre — et encore, doit-on le dire de George Sand ? […] Émile Hennequin, riche de fond, curieux et suggestif, sous sa forme laborieuse et singulièrement tourmentée.

1288. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Ainsi André Chénier, dans ses promenades poétiques, regardait passer au fond des clairières les belles mortes des romans d’amour. […] Dans un de ses ouvrages Brunetto Latini s’égare au fond d’une forêt, et il rencontre Ovide qui lui sert de guide. […] Avait-il connu le fond de Baudelaire ? […] Les allusions à la favorite, Mme de Pompadour, formaient presque tout le fond de ce ballet. […] Aussi, dans le rôle de dona Sol, n’était-elle, au fond, pour les zélateurs du romantisme, que la correcte et attrayante mademoiselle Mars.

1289. (1914) Une année de critique

Une critique adroite, une satire cruelle au fond, mais enveloppée dans un sourire, auront peut-être plus d’effet que le pamphlet le plus violent. […] Je frémis quand je songe que des gens qui portaient l’adultère au fond de leur cœur osaient parler de vertu. […] Et lequel au fond m’importe le plus, de mon bonheur aux dépens du reste des hommes, ou du bonheur des autres au dépens du mien ? […] Le dernier nous transporte au fond des forêts du Siam et dans le palais du souverain du Cambodge. […] Or, Voltaire ne dormait plus content, et grinçait des dents au fond de sa tombe.

1290. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXV » pp. 97-99

Que les bons citoyens trouvent le million, moi je me charge de trouver les hommes… » Ces hommes (les collaborateurs du journal) seraient au fond le véritable pouvoir moral de la nation, les administrateurs de la pensée publique, le concile permanent de la civilisation moderne… Il y a en ce temps-ci quelque chose de plus beau que d’être ministre de la Chambre ou de la Couronne, c’est d’être ministre de l’opinion !

1291. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gilkin, Iwan (1858-1924) »

Au fond, un croyant révolté et un justicier terrible.

1292. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gille, Valère (1867-1950) »

soit qu’il dessine en un sonnet, comme sur une stèle de marbre, la figure d’Euripide ou de Damœtas ; soit qu’il dépeigne Éros endormi, Et la blanche Artémis qui passe au fond des bois.

1293. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Schuré, Édouard (1841-1929) »

De même que « Richard Wagner n’est pas entré dans la légende en savant ou en curieux, mais en créateur », de même que Richard Wagner, « rejetant les aventures sans fin et tous les accessoires du roman, se place du premier bond au centre même du mythe et de ce point générateur recrée de fond en comble les caractères et l’organisme de son drame », de même enfin « qu’en restituant au mythe sa grandeur primitive, son coloris original, il sait y approprier les passions et les sentiments qui sont les nôtres, parce qu’ils sont éternels, et subordonner le tout à une idée philosophique », — de même Édouard Schuré dégage d’une époque historique ses éléments essentiels, lui recrée une émouvante jeunesse, et la fixe en cet état dans l’imagination humaine.

1294. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Soumet, Alexandre (1788-1845) »

Cette prédilection pour les beautés de la forme poussée jusqu’à une sorte d’insouciance pour la solidité du fond, nous la retrouvons à des degrés divers dans tous les ouvrages de l’auteur.

1295. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 421-423

Ce personnage est le principal mobile de l’action ; & sans agir pour lui-même, sans affoiblir l’intérêt qui roule sur les Amans, ni emprunter aucun secours étranger, il parvient à faire sortir le dénouement du fond du sujet ; ce qui est très-rare dans un Valet intrigant, & peut-être même sans exemple chez nos meilleurs Comiques anciens & modernes.

1296. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Préface »

Aussi convient-il d’encourager tous ceux qui, appelés par leurs fonctions à vivre au contact de populations aussi mal connues de nous que le sont encore les Noirs de l’Afrique Occidentale, ont eu la patience et le talent d’écouter parler les indigènes et de recueillir de leur bouche les contes merveilleux ou légendaires, les fables d’animaux, les apologues satiriques qui constituent le fond de la littérature orale de ces peuplades privées de littérature écrite.

1297. (1933) De mon temps…

D’ordinaire Edmond de Goncourt prenait place sur le divan, couvert d’un tapis d’Orient, qui occupait le fond de la pièce, entre deux bibliothèques basses, et au-dessus duquel étaient suspendues des aquarelles de Gavarni. […] Après son mariage avec Alice Regnault, Mirbeau avait quitté Paris et s’était retiré tout d’abord au fin fond de la Bretagne. […] Tantôt il se montrait conseiller discret, tantôt censeur acerbe, mais je crois que le fond de sa nature était le mépris, un mépris plus ou moins dissimulé et nuancé, qu’il étendait peut-être bien jusqu’à soi-même. […] Qu’y a-t-il au fond de ce paillasse irrévérencieux et grossier ? […] Je dois dire qu’elle assista sans broncher à ce découpage coûteux dont je dois avoir conservé ma part au fond de quelque tiroir avec le souvenir de cette soirée où Forain joua successivement du crayon et du couteau.

1298. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

Si on allait au fond de cet esprit observateur, un peu triste, un peu silencieux dans l’habitude, il se pourrait qu’en touchant ce luxe, cette élégance, cette poésie de costume, ce gai mensonge d’une heure, on fît vibrer la corde la plus sensible. […] » Tout le roman s’est révélé, et juste à son heure, à ce moment plus que hasardé où l’on fait pour la première fois le pas décisif. — • Ainsi encore, dans les Enfants terribles : on est dans un jardin public ; une jeune femme dans le fond dont on ne voit pas le visage, mais qui a un air des plus convenables, est occupée à lire ; sa petite fille joue près d’elle ; un monsieur qui a lorgné la mère demande à la petite, en la prenant entre ses genoux et en y mettant toutes sortes de façons : « Petit amour, comment s’appelle Madame votre maman ?  […] Comme Gavarni n’est qu’un amateur en ce genre, qu’il n’écrit pas pour écrire, mais pour se faire plaisir à lui-même, on trouverait là, en cherchant bien, le fin mot et le fond de sa pensée sur toutes choses.

1299. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Tout médecin de l’âme, tout moraliste doit l’avoir sur une tablette du fond dans sa bibliothèque. […] En ces années, le poète chez Théophile Gautier était mûr et complet : il avait eu dès l’abord l’instrument ; il était allé aussi au fond de son inspiration ; il en avait fait le tour. […] Comme un vase d’albâtre où l’on cache un flambeau, Mettez l’idée au fond de la forme sculptée, Et d’une lampe ardente éclairez le tombeau.

1300. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Étant donnés le climat, les mœurs de la France, les matériaux, le fond d’art préexistant, c’est-à-dire quelques traditions venues des Romains et des Byzantins, l’architecture romane est née et devait naître la première : et déjà impliquée en celle-ci, s’y laissant d’abord entrevoir par places, la seconde, plus élancée et à ogive, l’architecture gothique se produit à un certain moment avec hardiesse et se déduit comme d’elle-même, grâce à des gens qui raisonnent juste, et qui, par émulation et par zèle, sont poussés à toujours mieux faire. […] Et certes une église gothique, — ce beau vaisseau, cette nef de haut bord avec toutes ses mâtures et armatures, se détachant sur un fond de ciel brumeux ou dans un couchant enflammé, — ne perd point à être vue du dehors : du plus loin, la flèche ; de près, la façade ; et, sur les flancs mêmes, des portails secondaires, merveilleux d’ornements, peuplés de saints et saintes dans leurs niches ! […] Viollet-Le-Duc : « Montrez-moi l’architecture d’un peuple, et je vous dirai ce qu’il est. » Ou encore : « Les édifices sont l’enveloppe de la société à une époque. » Le Parthénon d’Athènes, le Panthéon de Rome, Sainte-Sophie de Constantinople, et une nef, une façade gothique dans toute sa gloire, Notre-Dame de Paris : voilà les quatre points culminants de l’histoire de l’architecture, en tant que l’invention y préside, que la beauté s’y joint à la sincérité, et que le fond et la forme s’y marient.

1301. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Pellisson, plaidant pour Fouquet devant Louis XIV du fond d’une prison, s’applique à rivaliser avec Cicéron plaidant pour Ligarius devant César. […] Vous embellissez le plus triste séjour, vous faites régner au fond des cachots un bonheur après lequel soupire quelquefois vainement l’habitant des palais. […] Lorsqu’elle faisait son examen de conscience, elle sentait bien au fond qu’elle avait, elle et ses amis, quelques petites peccadilles à se reprocher.

1302. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Indépendamment du plaisir direct et tout désintéressé que pouvaient procurer ces admirables créations d’un génie terrible, pathétique ou gracieux, et toujours puissant, il y avait, au fond de tout cela, un désir de marcher à son tour, il y avait un mobile présent, contemporain, une émulation qui semblait aussi promettre des œuvres. […] Dans les figures historiques ou littéraires que tel autre déprime, dans celles qu’il exalte, je le retrouve au fond ; c’est lui encore qu’il préfère et qu’il célèbre sous ces noms divers ; dans les types favoris qu’à tout propos il ramène, il ne fait que sa propre apothéose. […] Je laisse de côté le fond politique et aussi le résultat matériel.

1303. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Ce n’est pas là une transposition laborieusement étudiée : l’auteur ancien n’a fait que toucher pour ainsi dire en lui l’image à réveiller, et du fond de son expérience a surgi tout à coup, entre les lignes du texte latin, une physionomie familière et contemporaine. […] L’expression est si propre, si serrée, si objective, qu’aussitôt on a le tableau devant les yeux : dans la noirceur enfumée du fond éclatent les trognes vermeilles, et l’éclair d’un verre ou d’un broc à demi rempli qu’on soulève. […] Il exprimait là le fond intime de son être, les idées dont il vivait ; et c’étaient des idées originales, personnelles, s’il en fut.

1304. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Ce n’est au fond que le livre d’une honnête femme, qui tient école de savoir-vivre et de bonnes mœurs. […] La délicatesse ultra-montaine aide nos seigneurs à dissiper la lourdeur du bon sens bourgeois dont leurs pères avaient subi la contagion : l’idéal romanesque de la féodalité française reparaît, réveillé au fond des cœurs, ou renvoyé par des influences étrangères. […] Le fond est digne des repues franches : la forme se ressent du voisinage de Jean Crétin et de Jean Lemaire.

1305. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Au fond, toutes les fois qu’il a cru pouvoir le faire sans qu’on s’en aperçût, et avec quelque utilité théâtrale, Corneille a travesti la vérité historique. […] Au fond, dans l’histoire, une chose l’intéresse, c’est la politique. […] Il ne crée pas, avec les mots, les images, les harmonies de son vers, une sorte d’atmosphère poétique où vivront ses héros ; au contraire, il dessine la courbe de leur effort sur un fond neutre, qui laisse la pensée libre, et ne dérobe aucune partie de l’attention.

1306. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Voilà pourquoi aussi il limite si nettement, et si modérément au fond, son effort. […] Au fond, il y eut toujours en Voltaire un terrible gamin ; il eut infiniment de légèreté, de malice. […] Son style est exactement à la mesure de son intelligence, un style analytique, précis, limpide, qui résout ou fond toutes les difficultés, tout en lumière avec très peu de chaleur, merveilleusement adapté à l’expression des idées, c’est-à-dire de la nature dépouillée de ses formes concrètes et rendue intelligible par l’abstraction.

1307. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Mais on voit aisément que leurs doctrines n’ont pas en elles de quoi s’imposer à toutes les intelligences et qu’elles ne sont jamais, au fond, que des préférences personnelles immobilisées. […] Cette attitude peut, au reste, recouvrir un grand fond de tendresse et des passions violentes : c’est précisément le cas de René Longuemare dans Jocaste. […] Le poète, penché sur ce monde d’apparences, préfère à la lune qui se lève sur les montagnes celle qui s’allume au fond des eaux, et la mémoire de l’amour défunt aux voluptés présentes de l’amour. » Eh bien !

1308. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Quand je dis : le phosphore fond à 44°, je crois énoncer une loi ; en réalité c’est la définition même du phosphore ; si l’on venait à découvrir un corps qui, jouissant d’ailleurs de toutes les propriétés du phosphore ne fondrait pas à 44°, on lui donnerait un autre nom, voilà tout, et la loi resterait vraie. […] Quand je dis : le phosphore fond à 44°, je veux dire par là : tout corps qui jouit de telle ou telle propriété (à savoir de toutes les propriétés du phosphore, sauf le point de fusion) fond à 44°.

1309. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Il avait loué, pour y installer son outillage, une mansarde au fond d’une cour de la rue Lamartine, mais la presse faisait du bruit. […] « Je prouve mon dire : « En somme, voyons, de quoi retourne-t-il, au fond, sous cette question des décadents ? […] Ces vers leur plurent par la sincérité de leur art et l’intense simplicité du fond.

1310. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Rabelais incarne les porteurs de toques et d’hermine, tantôt dans le bonhomme Bridoye décidant à coups de dés les procès qu’il a laissés mûrir au fond d’une armoire, tantôt dans les Chats fourrés, bêtes horribles et puantes, nourries de sang et de corruption, armées de griffes acérées et d’énigmes horrifiques. […] Ainsi se renouvelle d’âge en âge une protestation dont la forme, la cause et les destinataires varient, mais dont le fond est presque identique. […] Victor Hugo, tantôt flagelle le riche juré qui condamne un pauvre hère, coupable d’avoir volé un pain pour nourrir sa famille, et il en appelle au Christ pensif et pâle, Levant les bras au ciel dans le fond de la salle, tantôt il traîne dans la boue la robe rouge des hauts magistrats qu’il assimile à la casaque rouge des forçats, parce que ces punisseurs officiels de la trahison se sont faits complices d’un coup d’État qui a réussi Enfin il n’y aurait pas à chercher bien loin, si l’on voulait signaler une dernière révolte des « intellectuels  » contre les superstitieux adorateurs de la chose jugée.

1311. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

On n’aura pas la cruauté de déclarer crûment qu’une femme devient laide : on insinuera que « la neige de son visage se fond ». […] Et qu’on ne s’y trompe pas, si la légèreté est toujours à la surface, le sérieux est souvent au fond. […] Le débat de Clitandre et de Trissotin, dans les Femmes Savantes, nous permet de prendre sur le fait la lutte de ce qui était alors l’esprit nouveau contre la tradition mourante du xvie  siècle : Permettez-moi, monsieur Trissotin, de vous dire, Avec tout le respect que votre nom m’inspire, Que vous feriez fort bien, vos confrères et vous, De parler de la cour d’un ton un peu plus doux ; Qu’à le bien prendre, au fond, elle n’est pas si bête Que, vous autres, messieurs, vous vous mettez en tête ; Qu’elle a du sens commun pour se connaître à tout ; Que chez elle on sa peut former quelque bon goût, Et que l’esprit du monde y vaut, sans flatterie, Tout le savoir obscur de la pédanterie.

1312. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

L’époque se rattache ainsi à la grande période classique qui commence à la Renaissance et va jusqu’au romantisme, période où l’imitation des Grecs et des Romains est un des traits essentiels de la littérature française, comme l’étude du grec et du latin est le fond de l’enseignement donné aux enfants de la noblesse et de la bourgeoisie riche. […] Les écrivains dramatiques du temps semblent convaincus que l’homme est le même dans tous les siècles et sous toutes les latitudes ; frappés par cette moitié de vérité, que le fond des sentiments ne change guère au cours des siècles, ils négligent de parti pris l’autre moitié, à savoir, que la forme, la combinaison et l’intensité de ces mêmes sentiments sont dans une mue incessante. […] On peut commencer par passer rapidement en revue tout ce qui environne la littérature, les milieux divers où elle se développe, les influences qui agissent sur elle du fond des pays étrangers ou des siècles passés, la condition faite alors aux écrivains.

1313. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

À la fin de février, le roi partant pour aller au-devant de madame la dauphine, « il se trouva le matin dans la cour de Saint-Germain un très beau carrosse tout neuf, à huit chevaux, avec chiffres, plusieurs chariots et fourgons, quatorze mulets, beaucoup de gens autour habillés de gris ; et dans le fond de ce carrosse monte la plus belle personne de la cour, avec Des Adrets seulement, et des carrosses de suite pour les femmes135. » Le 6 mars, il y eut bal à Villers-Cotterets : « madame de Fontanges y parut brillante et parée des mains de madame de Montespan, qui lui rendit ainsi le secours qu’elle-même avait reçu de madame de La Vallière. […] La naissance de M. le duc de Bourgogne lui donna lieu de manifester le fond de ses sentiments pour la reine, et ces affections de famille qui reprennent si doucement leur place dans les âmes bien nées, après en avoir été quelque temps bannies. […] Au fond, à quoi est engagé un courtisan dévot ?

1314. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Quoi qu’il fasse et quoi qu’on l’ait vu faire, M. de Broglie est libéral d’instinct et au fond. […] Après avoir dégagé la question des ambiguïtés et des arguties dont quelques orateurs l’avaient enveloppée, il arrivait au fond, il entrait dans le vif, et, acceptant le défi dans toute son étendue, il opposait doctrine à doctrine ; à celle de la Sainte-Alliance, qui met le droit tout entier du côté de la royauté, il opposa celle qui le met du côté de la justice toujours, et souvent du côté des peuples : Hé quoi ! […] Une certaine ironie d’expression, mais qui n’a rien d’amer, s’offre comme à la surface : cet enjouement habituel, qui ne déroge pas au sérieux et qui y rentre dès qu’il le faut, semble dénoter la sérénité du fond.

1315. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Il avait l’esprit trop fin, trop sensé, pour ne pas être choqué des théories absolues de d’Holbach : « Au fond, nous ne connaissons pas assez la nature, pensait-il, pour en former un système. » Il reprochait à ces prétendus systèmes de la nature de ruiner toutes les illusions naturelles et chères à l’homme ; et, comme le livre de d’Holbach parut vers le temps où l’abbé Terray décrétait la banqueroute, il disait : « Ce M.  […] En fait de politique, il avait coutume de dire : « Les sots font le texte, et les hommes d’esprit font les commentaires. » Les livres comme ceux de l’abbé Raynal (Histoire des deux Indes) lui faisaient pitié au fond : « Ce n’est pas mon livre, disait-il ; en politique je n’admets que le machiavélisme pur, sans mélange, cru, vert, dans toute sa force, dans toute son âpreté. » Ce machiavélisme dont il était imbu et qu’il affichait beaucoup trop, il l’a pratiqué jusqu’à un certain point. […] Galiani avait pris à dessein cette forme du dialogue, comme plus française : « Cela est naturel, disait-il ; le langage du peuple le plus social de l’univers, le langage d’une nation qui parle plus qu’elle ne pense, d’une nation qui a besoin de parler pour penser, et qui ne pense que pour parler, doit être le langage le plus dialoguant. » Quant au fond, en combattant les idées absolues et les raisonnements des économistes, Galiani visait à faire entrevoir les idées politiques qui doivent régir et dominer même ces matières.

1316. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Hégésippe Moreau a eu ce bonheur au milieu de toutes ses infortunes, et aujourd’hui, si l’on interroge sur le compte du poète celle qu’il appelait alors sa sœur, elle répond en nous montrant au fond de son souvenir ce Moreau de seize ans, « de l’âme la plus délicate et la plus noble, d’une sensibilité exquise, ayant des larmes pour toutes les émotions pieuses et pures ». […] Le vent d’hiver pleura sous le parvis sonore, Et soudain je sentis que je gardais encore Dans le fond de mon cœur, de moi-même ignoré, Un peu de vieille foi, parfum évaporé. […] On y voit à nu le fond de son âme et de son imagination aux heures riantes et aux saisons heureuses.

1317. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Rivarol semblait ne mener qu’une vie frivole, et il était au fond sérieux et appliqué. […] Ses amis (car il en eut) assurent qu’en s’emparant ainsi du sceptre, il n’en était nullement orgueilleux au fond : « Ne se considérant que comme une combinaison heureuse de la nature, convaincu qu’il devait bien plus à son organisation qu’à l’étude ou au travail, il ne s’estimait que comme un métal plus rare et plus fin. » C’était sa manière de modestie. […] Malheur à ceux qui remuent le fond d’une nation !

1318. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Au fond, les amours-propres des auteurs critiqués ne sont pas moindres sans doute qu’au temps de Blin de Sainmore. […] Jamais, par exemple, à son propos on n’oubliera ces vers de l’Apologie de Gilbert, lorsque ce poète de verve et d’avenir, se justifiant de nommer les masques par leur nom, s’écriait : Si j’évoque jamais du fond de son journal Des sophistes du temps l’adulateur banal ; Lorsque son nom suffit pour exciter le rire, Dois-je, au lieu de La Harpe, obscurément écrire : C’est ce petit rimeur de tant de prix enflé, Qui sifflé pour ses vers, pour sa prose sifflé, Tout meurtri des faux pas de sa muse tragique, Tomba de chute en chute au trône académique ? […] Voltaire, au milieu de tous les éloges qu’il prodigue à son disciple, a lâché un mot terrible, en ce qu’il va dans La Harpe au fond de l’homme même : « C’est un four qui toujours chauffe et où rien ne cuit.

1319. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Défiguré en plein visage à vingt-six ans par une horrible maladie qui sentait son Moyen Âge ou son xvie  siècle, il vivait à Paris de sa plume, nécessiteux, fier, ulcéré, s’échappant du milieu de ses besognes commandées en tirades éloquentes, saisi fréquemment d’accès de violence et de rage, envieux, misanthrope, et pourtant généreux par retours, applaudissant encore du fond de son malheur à ce qui annonçait quelque vigueur mêlée d’amertume. […] Au fond, ce qu’il tenait surtout à savoir, c’était si l’on était brave ; quand il vous avait tâté et qu’il était sûr de vous, vous étiez sûr, en un point, de son estime. […] Ces mots, jetés sans trop d’arrière-pensée, n’altèrent pas encore le fond.

1320. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Aussi, pour en conserver l’espèce, la nature le cacha-t-elle au fond des vastes déserts, où la disette des végétaux n’attirait nul gibier, et d’où la disette du gibier repoussait les animaux voraces. […] Il ne laisse pas d’être misanthropique pourtant, et le besoin d’aller toujours au fond des ressorts humains l’empêche de voir ce qui les recouvre souvent dans l’habitude, et ce qui en rend le jeu plus tolérable et plus doux. Il déplore les misères des gouvernements despotiques qu’il observe, il leur attribue tous les maux dont il est témoin ; au fond de cette juste sévérité toutefois, on sent trop peu de sympathie pour ceux mêmes qu’il plaint, et en général pour les hommes.

1321. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

Je n’ai point à discuter le fond des choses : il suffit que la majorité des hommes en ces matières sente autrement que Volney pour que sa manière de voir, qui tend à s’imposer, soit fausse moralement. […] Il peut y avoir du rapport pour le fond du dogme entre le Destin des Grecs et celui des Peaux-Rouges d’Amérique ; mais, certes, de ces chœurs harmonieux de Sophocle il sort, il s’élève une moralité magnifique et sublime qui repousse tout rapprochement et qui ne permet une comparaison si étroite qu’à des esprits athées en littérature : j’appelle ainsi des esprits qui ôtent toujours à toutes choses la beauté intérieure, le mens divinior, le charme qui les revêt intimement et qui, en partie, les constitue. […] Voici donc un tableau général et en raccourci de l’aspect et du sol des États-Unis à la date où Volney les a visités, en 1797 ; pas un mot n’est à perdre ni à négliger : Telle est, en résumé, dit-il, la physionomie générale du territoire des États-Unis : une forêt continentale presque universelle ; cinq grands lacs au nord ; à l’ouest, de vastes prairies ; dans le centre, une chaîne de montagnes dont les sillons courent parallèlement au rivage de la mer, à une distance de 20 à 50 lieues, versant à l’est et à l’ouest des fleuves d’un cours plus long, d’un lit plus large, d’un volume d’eau plus considérable que dans notre Europe ; la plupart de ces fleuves ayant des cascades ou chutes depuis 20 jusqu’à 140 pieds de hauteur, des embouchures spacieuses comme des golfes ; dans les plages du Sud, des marécages continus pendant plus de 100 lieues ; dans les parties du Nord, des neiges pendant quatre et cinq mois de l’année ; sur une côte de 300 lieues, dix à douze villes toutes construites en briques ou en planches peintes de diverses couleurs, contenant depuis 10 jusqu’à 60 000 âmes ; autour de ces villes, des fermes bâties de troncs d’arbres, environnées de quelques champs de blé, de tabac ou de maïs, couverts encore la plupart de troncs d’arbres debout, brûlés ou écorcés ; ces champs séparés par des barrières de branches d’arbres au lieu de haies ; ces maisons et ces champs encaissés, pour ainsi dire, dans les massifs de la forêt qui les englobe ; diminuant de nombre et d’étendue à mesure qu’ils s’y avancent, et finissant par n’y paraître du haut de quelques sommets que de petits carrés d’échiquier bruns ou jaunâtres, inscrits dans un fond de verdure : ajoutez un ciel capricieux et bourru, un air tour à tour très humide ou très sec, très brumeux ou très serein, très chaud ou très froid, si variable qu’un même jour offrira les frimas de Norvège, le soleil d’Afrique, les quatre saisons de l’année ; et vous aurez le tableau physique et sommaire des États-Unis.

1322. (1860) Ceci n’est pas un livre « Hors barrières » pp. 241-298

Il s’asseyait toujours à la même table, une table isolée au fond de la salle. […] C’était par saccades qu’il lisait : la grand-poche le préoccupait visiblement, — et sa main y multipliait les voyages, si bien qu’elle finit par rester au fond. […] Du moment qu’une pensée humanitaire était au fond de tout cela, je n’avais plus qu’à rentrer mon exaspération.

1323. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Les hommes, dit un philosophe moderne, ont tous à peu près le même fond de pensées ; ils ne diffèrent guère que par la manière dont ils les rendent. […] Tous les hommes ont le même fond de pensées communes, que l’homme ordinaire exprime sans agrément, et l’homme d’esprit avec grâce ; une grande idée n’appartient qu’aux grands génies ; les esprits médiocres ne l’ont que par emprunt ; ils montrent même, par les ornements qu’ils lui prêtent, qu’elle n’était point chez eux dans son terroir naturel, et s’y trouvait dénaturée et transplantée. […] Les préfaces de Racine sont faiblement écrites, celles de Corneille sont aussi défectueuses par le langage, qu’excellentes par le fond des choses ; la prose de Rousseau est dure, celle de Despréaux pesante, celle de La Fontaine insipide.

1324. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Les autres vivent, mais vivent peut-être en sentant, au fond de leur supériorité troublée, que l’histoire de ceux qui sont morts sera prochainement leur histoire. […] Sa conscience lui a porté bonheur, et ses principes religieux, cette lampe éternellement allumée au fond de nos âmes, ont donné à sa pensée la lumière et la flamme que naturellement elle n’avait pas. […] Si c’était un livre grand d’aperçu on de déduction, un livre rude et fort qui serait allé au fond des hommes et des choses littéraires que le gouvernement de juillet a vus naître et a vus mourir ; si c’était enfin, en quelque degré que ce fût, de la critique impartiale… ou passionnée, peu importe !

1325. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

On a méconnu le fond terrible et poétiquement incomparable de ce poème. […] Chrysalide humaine endormie, Du fond des cryptes revomie, On voit la rigide momie Remonter, blafarde au grand jour ! […] Pommier a détaillés avec une opulence et un fini qui semblent avoir épuisé les ressources et les combinaisons des démons eux-mêmes, ce qui frappe, ce n’est plus l’invention, ce n’est plus même ce dessin, si pur et si net sur son fond de flamme, des souffrances horribles des damnés, c’est le sentiment qui circule à travers ces formes étranges et ces épouvantements matériels !

1326. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Dans le fond, l’éternel Philippe et ses sergents de ville. […] Dans le fond, de l’autre côté de la rivière, un bourgeois contemplatif, au ventre rondelet, se livre aux délices innocentes de la pêche. […] Dans le fond, se profilent tristement deux ou trois petits corbillards attelés de haridelles comiques, et, au milieu de ce forum de la désolation, un pauvre chien désorienté, sans but et sans pensée, maigre jusqu’aux os, flaire le pavé desséché, la queue serrée entre les jambes.

1327. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’art et la sexualité »

Des roses de pourpre sur un fond bleu-noir, Orné d’étoiles et bardé d’éclairs : Une nuit de printemps créa le miracle, Dans les bras voluptueux de l’Amour. […] En renonçant à m’attaquer à la doctrine tellement surnaturelle du moderne « vierge et martyr », je me demande ce qu’il faut le plus admirer, du courage de celui qui écrivit un livre semblable au sien, ou de l’inépuisable sympathie de ceux qui eurent la constance de prendre pour autre chose que ce qu’elle est au fond, cette amusante comédie dont l’auteur est le seul personnage, et à laquelle il voudrait nous voir participer. […] Pénétrons toutefois dans l’intimité de leurs créations, dans ce qui est visible ou sensible du cœur de leur pensée, et peut-être nous apercevrons-nous que ce prodigieux repliement sur soi-même, qui provoque notre admiration, n’a peut-être pas été sans laisser sa trace au fond de leur individu.

1328. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Ils firent de leurs aumônes un fond qui le mit en état d’y représenter. […] Clément XI occupoit le siège pontifical, & il avoit pour eux un fond d’attachement. […] Les évêques protestent de leur docilité ; mais, au fond, ils rejettent la bulle : leur respect est un ménagement pour votre personne. […] Madame de Valentinois, qu’il aimoit, prit pour elle, du fond de ma pensée, qu’elle chantoit en volte. […] Les cris des combattans, acharnés à le servir ou à le détruire, percèrent enfin jusques au fond de sa prison.

1329. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XX » pp. 84-86

Plus je creusais par l’étude, par l’érudition, par les chroniques et les chartes, plus je voyais au fond des choses, pour premier principe organisateur, le sentiment et l’idée, le cœur de l’homme, mon cœur !

1330. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « PENSÉES ET FRAGMENTS. » pp. 495-496

 — Il convient donc de ne répondre littérairement que de ce qu’on a admis, et, sans avoir à désavouer le reste, de le rejeter au fond.

1331. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — A — Angellier, Auguste (1848-1911) »

Dans lesquels seuls le fond du cœur peut apparaître.

1332. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Meurice, Paul (1818-1905) »

Paul Meurice est une de ces âmes transparentes au fond desquelles on voit le devoir… [Depuis l’Exil (1874).]

1333. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Ponchon, Raoul (1848-1937) »

Son talent très fier ne souffre rien que d’absolument choisi au plus fin fond des considérables sensualités dont il s’agit, et vous serez ravis des deux preuves que voici de ce que j’avance là.

1334. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IV. Petits Symbolards » pp. 49-52

Comme il va l’atteindre, elle glisse au fond de la boîte.

1335. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Première partie. Plan général de l’histoire d’une littérature — Chapitre II. Pourquoi il faut préférer la méthode inductive » pp. 13-14

C’est, au fond, ce que Taine a voulu faire dans ses remarquables et téméraires essais de critique historique.

1336. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 150-153

Les Morts, du fond de leur tombeau, n’appellent point des sentences prononcées contre eux ; les Vivans sont toujours prêts à crier à l’injustice & à être injustes, pour prouver qu’on a tort de les attaquer.

1337. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 58-61

L’Histoire du Parlement d’Angleterre & celle du Stathoudérat, ressemblent à ces portraits où la vérité est sacrifiée au coloris, & encore plus à ces étoffes dont la broderie couvre le fond.

1338. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VI. Architecture. — Hôtel des Invalides. »

Ce bâtiment religieux est placé derrière les bâtiments militaires, comme l’image du repos et de l’espérance, au fond d’une vie pleine de troubles et de périls.

1339. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Boucher » pp. 196-197

  Imaginez sur le fond un vase posé sur son piédestal et couronné d’un faisceau de branches d’arbres renversées ; au-dessous, un berger endormi sur les genoux de sa bergère.

1340. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Réponse à une lettre de M. Grimm » pp. 205-206

Les soldats qu’on voit à droite sur le fond ont la finesse de touche ordinaire à ce peintre ?

1341. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Rathery »

N’y avait-il donc pas à prendre la question dans un repli plus profond et à montrer que, malgré les différences d’idiome et les nuances de mœurs, ces toiles d’araignées dans lesquelles les petits observateurs sont arrêtés comme des insectes, il n’y a eu, à proprement parler, d’action d’une littérature sur une autre que parce qu’il y avait, au fond de toutes ces littératures, unité de génie et souche commune d’une même race d’esprits ?

1342. (1897) Aspects pp. -215

Et la mémoire l’obsède de tant de folies… Pour la première fois sa conscience s’éveille : Il fond en larmes. […] C’est parce que, pour lui, la forme commande le fond tandis que pour les bons poètes le fond détermine la forme. […] Au fond : parade sans écho. […] Au fond, comme beaucoup d’autres vieux personnages, il voudrait recommencer la prodigieuse aventure du Père Hugo. […] Au fond, naturisme, symbolisme, romantisme, je céderais tous ces ismes pour une figue sèche.

1343. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Ce petit Breton possède un grand fond de sagesse, qui lui vient d’une hérédité gasconne. […] Notre présomption l’affirme quelquefois, mais, au fond, nous n’en savons rien. […] Se croyant très fort, parce qu’il était très corrompu, mais dans le fond un pur philistin. […] Et ceux-ci ne sont, au fond, guère moins philosophes que ceux-là. […] Brunetière, au talent et à la situation près, n’est au fond qu’un de ces honnêtes pédagogues.

1344. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

Il y a au fond de moi-même une prière incessante qui demande à Dieu du bonheur qui puisse s’envoyer à ceux que j’aime. […] C’est véritablement aimer et espérer aussi. » Après soixante ans d’existence comme au premier jour, elle vit en présence des êtres chers qui entouraient et protegeaient son enfance, et dont elle n’a cessé de faire les témoins invisibles, les juges et les surveillants de sa vie : « (23 septembre 1847)… Tu réalises le pressentiment que j’ai toujours eu qu’un jour, du fond de ton humble malheur, tu entoureras ton nom de considération et d’estime. […] … « Je vous embrasse tous du fond de mon cœur. […] Je cherche souvent en moi-même ce qui peut m’avoir fait frapper si durement par notre cher Créateur ; car il est impossible que sa justice punisse ainsi sans cause, et cette pensée achève bien souvent de m’accabler… » Quand on écrit la biographie de certains poëtes, on peut dire que l’on montre l’envers de leur poésie : ici, dans cette longue odyssée domestique, on a simplement vu le fond même et l’étoffe dont la poésie de Mme Valmore est faite, et à quel degré, dans cette vie d’oiseau perpétuellement sur la branche, — sur une branche sèche et dépouillée, — près de son nid en deuil, toute pareille à la Philomèle de Virgile, elle a été un chantre sincère.

1345. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Il n’y aurait qu’à retrancher et à resserrer un peu pour que l’étude sur Marie-Joseph Chénier devînt un morceau de critique biographique achevé de forme autant qu’il est complet de fond. […] n’était-il que cette satiété, cette lassitude incurable qui sort de toute chose humaine où l’on a touché le fond, quelque chose de pareil au medio de fonte leporum , admirable cri de ce Lucrèce tant aimé de notre ami ? […] Autrefois il existait deux sortes de notices littéraires : l’une toute sèche et positive, sans aucun effort de rhétorique et sans étincelle de talent, la notice à la façon de Goujet et de Niceron, aussi peu agréable que possible et purement utile ; elle gisait reléguée dans les répertoires, tout au fond des bibliothèques : et puis il y avait sur le devant de la scène et à l’usage du beau monde la notice élégante, académique et fleurie, l’éloge  ; ici les renseignements positifs étaient rares et discrets, les détails matériels se faisaient vagues et s’ennoblissaient à qui mieux mieux, les dates surtout osaient se montrer à peine : on aurait cru déroger. […] Cette théorie, qui est triste au fond, n’altère en rien ma bonne humeur.

1346. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Rien117 ne subsiste de ses vers sans âme, prosaïque produit de la frivolité chevaleresque, où le fond est vain sous la forme fausse. […] Coquillard, prêtre et juriste, plus lourd bien que Champenois, moins aisé et moins net, se donne le double plaisir de dauber la justice par la forme, et les femmes par le fond de ses impudentes satires. […] Par le fond de sa poésie, Villon n’est plus du moyen âge : il est tout moderne, le premier qui soit franchement, complètement moderne. […] Ces vers et les choses qu’ils contiennent, sortent du fond de l’expérience et de la sensation d’un homme : ils répandent la plus intime sensibilité de son cœur.

1347. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Il me suffira de rappeler que les principaux débats engagés dans les Chambres de la Restauration ont porté sur la liberté des cultes et toutes les questions particulières qui y tenaient, sur les biens nationaux et l’indemnité des émigrés, sur la liberté de la presse, sur l’organisation du système électoral, sur les majorats, sur la guerre d’Espagne, sur toutes sortes d’applications ou d’interprétations de la Charte, et, au fond, toujours sur la question de savoir qui l’emporterait, de la Révolution, ou de l’« absolutisme ». […] Du fond de la Calabre, entre deux combats, il s’amusait à refaire un conte de la Reine de Navarre675, et il en faisait un bijou : dans ses pamphlets il sème à chaque page les récits exquis et les dialogues plaisants. […] Pour son anarchie, au fond, ce n’est rien d’effrayant ; pour chimérique, actuellement du moins, c’est autre chose : abolition de la tyrannie, démocratique aussi bien que monarchique ; plus de souveraineté ; association des individus, formation d’individus collectifs qui se juxtaposeront et s’associeront à leur tour. […] Par son éloquence imagée, pathétique, abondante en grands mouvements, il remuait de forts et vagues sentiments au fond des cœurs : ses sermons faisaient des effets analogues à ceux que produisaient nos grands lyriques, lorsqu’ils entreprirent d’agiter, à l’aide de la poésie et du roman, les inquiétudes morales et sociales de leurs contemporains.

1348. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Au fond, cette absence de jalousie signifie que Marceline a eu pour son jeune mari une tendresse très sincère et très profonde, et la plus candide admiration, mais qu’elle a toujours aimé « l’autre », le séducteur, l’ingrat, et qu’elle n’a jamais aimé que lui, au sens entier et redoutable du mot. […] J’ai maintes fois admiré quelle somme d’énergie inepte ils ont dépensée, à quelle longue et patiente dissimulation ils se sont astreints ; et, mettant en balance l’énorme travail des préparations et l’insignifiance du résultat, il me semblait que, dans le fond, ces laborieux mystificateurs étaient peut-être les vrais mystifiés. […] Cette affligée se fond en compassion sur tous les affligés. […] L’auteur de Joseph Delorme et des Consolations, l’ami de la poésie lakiste et des nuances morales gris-perle, devait se plaire dans ce monde modeste, gracieux avec décence, un peu mélancolique au fond, de jeunes institutrices.

1349. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Ces vastes pièces, ces catastrophes à la fin de chaque acte, sont demeurées au fond de sa mémoire et ont péri avec lui. […] Pour ajouter à la vraisemblance par plus de spectacle, il fallait une scène entièrement libre, d’où l’on vît venir les acteurs de loin ; assez vaste pour rendre les aparté vraisemblables : il fallait qu’on pût voir dans le fond de la scène des rochers, des précipices ; à l’horizon, des tentes, et « Julie dans l’enfoncement, couchée entre des rochers44. » Ce point gagné, il fallait plus de richesse dans les costumes, des décorations souvent renouvelées, des bûchers, des flammes d’alcool, du tonnerre, des éclairs, des comparses pour représenter les foules. […] Entre les beautés du fond et celles de la représentation, son penchant, pour ne pas dire sa faiblesse, le portait vers les secondes, vers la tragédie représentée, quoique tout d’abord ses excellents jugements sur ses prédécesseurs, ses exclamations sur Racine, lussent tout en l’honneur de la tragédie lue. […] Si nous n’avons pas le plaisir de voir la passion se former au fond du cœur de ses personnages, croître et s’exalter par sa lutte même avec l’intérêt ou le devoir, Se servir de l’esprit, de la raison, de la bonne foi même, pour se justifier, nous voyons des actions qui se précipitent, des péripéties imprévues, des coups d’épée qui tranchent les situations.

1350. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Traversez un moment leur sphère, mais pour rentrer bientôt dans la vôtre ; restez la muse du foyer toujours, avec ce je ne sais quoi de raisonnable et de modéré jusque dans l’essor, avec la mesure du cadre qui donne un fond solide aux couleurs. […] Elle représentait vraiment la nuit superbe, Avec ses millions d’étoiles, sa douceur, Son blanc rayonnement posé sur l’onde ou l’herbe, Et son azur sans fond, abîme du penseur ; La nuit où, s’échappant furtives de chez elles, Les amoureuses vont, dans les bois, s’égarer, Où l’âme du poëte, ouvrant toutes ses ailes, Plane dans le pays lointain qui fait pleurer.

1351. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Cousin, en effet, était tout à la française, et le fond de sa philosophie, tel qu’il était dès lors et qu’il se dégagea de plus en plus avec les années, consistait dans des doctrines de déisme, de spiritualité de l’âme, de liberté morale, etc., qui se tiennent à plus grande distance encore du panthéisme proprement dit que du christianisme. […] Je ne sais pas comment vous l’accueillerez, mais ce mot est trop gravé au fond de mon cœur pour que je résiste au besoin de vous l’adresser. — J’attendais vos paroles avec confiance, mais non pas sans impatience. — Je remercie Dieu et vous d’avoir encore eu la fortune de les pouvoir entendre avant ma dernière heure. — L’excellent ami dont la perte me laisse si bereaved en toutes choses était une des personnes qui vous jugeaient le mieux et vous portaient le plus d’intérêt : il méritait d’être aussi bien apprécié par vous.

1352. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Lettres de Rancé abbé et réformateur de la Trappe recueillies et publiées par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont-Ferrand. »

L’éternité est un grand fond sombre qui supprime sur les premiers plans toutes les figures. […] Quoi qu’à la simple lecture ces lettres de Rancé, si on n’y prend pas garde, semblent uniformes, et toutes assez semblables entre elles, on en extrairait quantité de belles et grandes pensées ; j’en ai déjà donné plus d’une et je les ai détachées ainsi à dessein, car, comme elles sont dans un fond sombre, il est presque nécessaire de les offrir à part pour les faire remarquer.

1353. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VII. Du style des écrivains et de celui des magistrats » pp. 543-562

Le style donc doit subir des changements, par la révolution qui s’est opérée dans les esprits et dans les institutions ; car le style ne consiste point seulement dans les tournures grammaticales : il tient au fond des idées, à la nature des esprits ; il n’est point une simple forme. […] Une expression qui ne change rien au fond des idées, mais dont l’application n’est pas naturelle, doit devenir l’objet principal pour la plupart des lecteurs.

1354. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

qu’ils savent mal lire au fond des âmes ! […] Je ne dirai pas le mot ; mais qu’ils l’entendent dans le fond de leur conscience et qu’ils rougissent !

1355. (1892) Boileau « Chapitre III. La critique de Boileau. La polémique des « Satires » » pp. 73-88

C’est ce que fit Boileau, quand, en 1683, ayant en somme gagné le fond du procès, il accorda de bonne grâce à Chapelain d’avoir fait « une assez belle ode » ; à Quinault, beaucoup d’esprit et d’agrément ; à Saint-Amant, à Brébeuf, à Scudéry, du génie. […] Quoi qu’il eût de commun avec Boileau, et quoi qu’il eût au fond plus aidé que nui à l’éclosion de l’art classique, il était devenu en 1660 un obstacle à son progrès : son rôle était fini ; il fallait en débarrasser la littérature.

1356. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Au fond il n’était ni protestant ni catholique ; il n’était pas cruel non plus. […] Et ce vieux capitaine a tant de finesse native, tant d’expérience accumulée, il a tant fait pendant soixante ans pour faire jouer les ressorts des âmes de ses soudards, pour saisir ses supérieurs aussi par les propriétés de leur humeur, qu’en racontant sa vie, il dépasse sans y songer la couche superficielle des faits historiques ; il plonge à chaque moment dans les consciences, les découvre dans les actes, les gestes, les paroles ; il se découvre lui-même à nous jusqu’au fond de son être intime.

1357. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Baudelaire, Charles (1821-1867) »

Les imitateurs de Baudelaire n’ont pas assez vu que la perversité de leur maître ne consistait au fond que dans la perversion de ses sens et de son goût, dans une aliénation périodique de lui-même, dont il est vrai, d’ailleurs, qu’il avait le tort de se glorifier. […] Depuis, au long des jours de désir et de haine Dont les soleils couchants meurent au fond du cœur, Celles que tu créas rêvent d’une douleur Étrangement nouvelle et fervemment humaine, Et crient au loin ton nom qui rayonne d’un feu Céleste et souterrain comme une pierre ardente, Ô poète, qui retourna l’œuvre de Dante Et mis en haut Satan et descendis vers Dieu.

1358. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

La scène est divisée en trois arcades, et sous chaque arcade on voit posée, sur un terrain en pente, une rue véritable, bordée de maisons de bois, qui vient du fond du théâtre aboutir sur l’avant-scène, censée une place publique. […] Celui-ci s’empresse d’aller trouver la maîtresse du logis, et, guidé par celle-ci, il conduit Isabelle vers une logette qui se trouve au fond du jardin.

1359. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre VII. Maurice Barrès et Paul Adam » pp. 72-89

Au fond, il n’est pas de plus bel éloge d’une œuvre que de constater qu’elle est devenue rengaine. […] La première page de ses livres me confond : la liste des ouvrages du même auteur, parus ou à paraître, toute une bibliothèque, avec les ouvrages de fond, les grands romans valeureux des pleines reliures, Être, l’Essence de soleil, Soi et les plus rapides histoires, que tous les trois mois édite Paul Adam, comme une terre bénie d’où, par an, quatre récoltes éclosent.

1360. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre IV. L’antinomie dans l’activité volontaire » pp. 89-108

Les différences et inégalités individuelles du vouloir humain proviennent surtout du fond originel, physiologique et héréditaire, de l’individu, de ses ressources intellectuelles, sentimentales et énergétiques. […] Rien de plus varié au fond que ce sentiment de la liberté intérieure que les psychologues classiques se représentaient comme identique chez tous les hommes.

1361. (1890) L’avenir de la science « IV » p. 141

L’avenir est dans ceux qui, embrassant sérieusement la vie, reviennent au fond éternel du vrai, c’est-à-dire à la nature humaine, prise dans son milieu et non dans ses raffinements extrêmes. […] Il le sait, et de là ses joies et ses tristesses : ses tristesses, car, pénétré de l’amour du parfait, il souffre que tant de consciences y demeurent à jamais fermées ; ses joies, car il sait que les ressorts de l’humanité ne s’usent pas, que, pour être assoupies, ses puissances n’en résident pas moins au fond de son être et qu’un jour elles se réveilleront pour étonner de leur fière originalité et de leur indomptable énergie et leurs timides apologistes et leurs insolents contempteurs.

1362. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Conclusion »

L’association est le fond de ces phénomènes, quoiqu’elle ne les explique pas tout entiers. […] Il est vrai que ces formes se trouvent au fond de nos connaissances puisqu’on peut les en tirer ; mais comment s’y trouvent-elles ?

1363. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « M. de Montalembert orateur. » pp. 79-91

Cette admiration, indépendante du fond même, devenait aisément unanime chez tous ceux qui l’entendaient ; mais les preuves réitérées et diverses qu’il a données de sa puissance oratoire dans ces deux dernières années le classent définitivement parmi les maîtres de la parole. […] , j’en ferai aussi quelques-unes sur le fond.

1364. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 4, de l’art ou de la musique poëtique, de la mélopée. Qu’il y avoit une mélopée qui n’étoit pas un chant musical, quoiqu’elle s’écrivît en notes » pp. 54-83

Quant au chant des comedies, qui étoit une autre espece de mélodie tragique, nous prouverons invinciblement ci-dessous que le chant des pieces comiques des anciens, bien qu’il s’écrivit en notes, et que l’acteur qui le recitoit fut soûtenu d’un accompagnement, n’étoit au fond qu’une déclamation, et même une déclamation des plus unies. […] Il n’est pas question d’expliquer ici que quelques-uns de ces sons étoient au fond les mêmes.

1365. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

la cause de ce déchet d’un livre médiocre, sur un homme de génie, par l’être qui devait trouver, pour en parler, des accents de génie dans le fond de son propre cœur, — oui, la cause de ce triste phénomène d’un livre, écrit et pensé comme l’eût écrit et l’eût pensé le premier bas-bleu venu, c’est uniquement le bas-bleuisme. […] Or qui sait si ce sombre et moqueur Byron, avec tout son génie, ne fut pas toujours, au fond, un enfant ?

1366. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Cela dit du fond des choses, resterait le style, cette magie qui, quand on l’a, consacrerait l’erreur même et jetterait son voile d’illusion sur les pauvretés de la pensée et jusque sur les hontes de l’ignorance. […] Mais être l’Hamilton du chevalier de Grammont, c’est plus difficile ; car le génie, comme la conscience, c’est la perle divine qu’on trouve au fond de la coquille d’huître de l’humanité, et que tous les monteurs de pierres fausses ne pourront imiter jamais !

1367. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte Gaston de Raousset-Boulbon »

Jeté par ses folies de jeune homme et les passions d’une époque qui avait aussi ses folies sur le pavé de Paris, ce bitume d’enfer qui fond les fortunes, les caractères et les courages, Gaston de Raousset, même quand il fut le plus ce qu’on appelle un franc jeune homme, ivre de ce pauvre luxe dont il eut bientôt vu la fin, éprouva toujours ces virils tressaillements intérieurs qu’éprouvent les natures héroïques quand elles sentent que l’action leur manque, l’action pour laquelle elles sont faites ! […] Mais qu’on lise ses admirables lettres, qu’on lise les notes qu’y a attachées de la Madelène, et l’on reconnaîtra que le fond du caractère de Raousset-Boulbon fut la probité, — une probité chevaleresque, immense, étendue sur toutes les relations de la vie.

1368. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VIII. M. de Chalambert. Histoire de la Ligue sous le règne de Henri III et de Henri IV, ou Quinze ans de l’histoire de France » pp. 195-211

Assurément M. de Chalambert est au fond trop historien, il a trop l’instinct de ce qu’il fait pour ne pas avoir compris que ce qui importait plus peut-être que les actes même de la Ligue, c’était son origine, sa nécessité, son droit d’existence, c’étaient enfin les précédents de ce fait nouveau qui se produisait pour la première fois en 1584, contre l’hérédité monarchique dans le pays, naturellement et politiquement, le plus monarchique de la terre. […] Son livre, qui n’apprendra rien aux catholiques sur le fond des choses, n’imposera point la vérité à ceux-là qui la méconnaissent.

1369. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Gaston Boissier » pp. 33-50

L’avalanche se ramasse en tombant dans le fond du gouffre ; les dernières pages sont les derniers coups… Il faut empêcher par toute voie que le Christianisme soit un démenti donné à toutes les lois du monde, de la nature et de l’humanité ! […] L’homme était au fond d’un mal immense, qui ne pouvait plus augmenter.

1370. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Le père Augustin Theiner »

Dans cette longue chaîne de souverains pontifes qui avaient porté et gardé au fond de leur cœur le sentiment de la force de l’Église romaine, il put se rencontrer un pape qui les sacrifia. […] Si, comme on l’a ici donné à entendre, il se cachait plus de haine que d’amour au fond de son livre ; si la polémique qu’il a soulevée passait à travers Clément XIV pour atteindre l’Ordre de Jésus lui-même, et pour le toucher de cette main modérée dont parle Junius dans ses lettres et qui tue d’autant mieux qu’elle tue avec modération ?

1371. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Vie de la Révérende Mère Térèse de St-Augustin, Madame Louise de France »

je ne confondrai jamais Honoré Bonhomme, qui, au fond, est un bonhomme, ni ses dessus-de-porte un peu pâlots sur Mesdames de France, avec Jules Soury, qui n’est nullement bonhomme, et qui tripote chimiquement l’histoire pour en faire du poison, pour en extraire de la poudre de succession au profit de la libre-pensée. […] Le fond de son caractère est un composé de petites passions mesquines, de vanité blessée, d’ambition inassouvie ; et, pour finir ce portrait insolent pour la fille de France, qu’il calomnie en la peignant, par une insolence qui atteigne jusqu’au Carmel où elle va entrer et jusqu’à l’Église dont elle va devenir l’édification et la gloire, l’odieux singe de Michelet ajoute : « La dernière des filles de France à la cour, elle sera dans un monastère la première des carmélites de la chrétienté ! 

1372. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Monselet »

… Le but du poète (et non pas du faiseur de tours de souplesse en vers) est de faire sortir du fond de son âme des sentiments qui vont dans des âmes analogues à la sienne réveiller des milliers d’échos ! […] Mais à part les vers qui s’y sont mis, comme dirait Rivarol, ce poème n’est, au fond, qu’un petit roman d’observation pénétrante et raffinée, d’un détail très pur et d’une émouvante simplicité.

1373. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « L’Abbé Prévost et Alexandre Dumas fils » pp. 287-303

Il en coula de deux espèces : d’abord le sang des échafauds, et puis le sang des champs de bataille, et tout le temps que ces deux mares de pourpre, qui cachaient l’affreux fond de fange, s’étendirent sur la France, la coquine qu’on appelle Manon Lescaut ne fit pas grand tapage. […] Elle coule toujours, sans aucun reflet, venant de sa surface ou de son fond, cette eau insipide !

1374. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’architecture nouvelle »

Je crois que l’humanité bouleversera de fond en comble son esthétique. […] On sent que cette œuvre est sortie uniquement de lui, sans l’ombre d’un ressouvenir, d’un respect quelconque pour la tradition, et qu’il y a là, au sens plein et authentique du mot, une création, dont la forme et le fond prennent leurs racines dans le tempérament propre de l’artiste.

1375. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Conclusion »

Ainsi se forme, par un véritable phénomène d’endosmose, l’idée mixte d’un temps mesurable, qui est espace en tant qu’homogénéité et durée en tant que succession, c’est-à-dire, au fond, l’idée contradictoire de la succession dans la simultanéité. […] Ainsi la distinction même qu’il établit entre l’espace et le temps revient, au fond, à confondre le temps avec l’espace, et la représentation symbolique du moi avec le moi lui-même.

1376. (1882) Types littéraires et fantaisies esthétiques pp. 3-340

Le fond principal de ses dessins restera invariablement le même, les accessoires seuls différeront. […] Les physiologistes s’accordent à dire que la vanité est toujours au fond de toutes les variétés de cette maladie. […] En poésie, comme en bien d’autres choses, on peut donc dire en toute vérité que la forme emporte le fond, et que la figure domine la substance. […] Au fond, que veut dire Goethe dans cette seconde partie, sinon ccci : La réalité vaut la féerie ? […] Sur ce fond clair et brillant, un peu uniforme, une image se détache quelquefois comme un accident de couleur.

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