On croit y voir la probité s’exprimer par la bouche de Cicéron, & combattre l’injustice avec les armes de Démosthene.
Ces Articles prouvent combien cet Ecrivain est capable de joindre le mérite de penser avec justesse, à celui de s’exprimer avec grace, quand il ne cherche pas à sortir de lui-même, & à appliquer ses talens à des sujets qui leur sont étrangers.
Parmi ses pensées, il y en a de neuves, de brillantes, de profondes, d’agréables, qui toutes sont toujours bien exprimées.
De plus, n’avons-nous pas vu paroître dans notre Siecle des Ouvrages agréablement écrits en style marotique, & même dans le style des treizieme & quatorzieme Siecles, quoique les façons de s’exprimer d’alors soient, pour ainsi dire, totalement étrangeres & mortes pour nous ?
A ce défaut près, ses observations sont profondes, la plupart de ses pensées sont neuves & exprimées d'une maniere plus neuve encore.
Il est vrai que ce sont de ces choses qu’on sent mieux, qu’on ne les exprime.
— que ces idées n’ont pas, sous la plume la plus scrupuleuse et la mieux comprenante, toute la virtualité qu’elles auraient si l’esprit qui les a combinées les exprimait.
Je me déclare incapable d’exprimer avec convenance l’admiration que m’inspire cette incomparable imagination philosophique, et surtout de retracer avec l’ordonnance nécessaire le développement de cet esprit volontaire qui voua un culte si fiévreux à la logique.
Le moralisme un peu conventionnel des professeurs de jadis exprimait indirectement une vérité profonde. […] Maurice Boissard, s’est exprimé sur M. […] Une intense ardeur intellectuelle s’exprime chez lui en style volontairement géométrique.) Telles sont, cueillies au hasard, quelques-unes des opinions capricieusement exprimées par M. […] Il nous offre des espèces de visions synthétiques et il exprime lyriquement ses impressions d’ensemble.
— C’est avec cette résignation touchante que s’exprime l’être religieux ; car plus il se croit criminel, moins il s’attribue le droit de quitter la vie, puisqu’il n’a point fait de cette vie ce qu’exigeait le Dieu dont il la tenait. […] De tous les arguments religieux qu’on a faits contre le Suicide, celui sur lequel on est revenu le plus souvent, c’est qu’il est formellement compris dans la défense exprimée par ce commandement de Dieu : tu ne tueras pas. […] Asham m’annonça que la Reine me permettait de respirer l’air dans le jardin de ma prison, et je ne puis exprimer la joie que j’en ressentis, elle fut telle que notre pauvre ami n’eut pas d’abord le courage de la troubler. […] — Nous gardâmes ensuite quelque temps le silence Asham et moi ; une inquiétude me poursuivait et je n’osais l’exprimer, tant j’en étais troublée. — Avez-vous vu mon époux ? […] — Lord Guilford, me dit Asham, n’a pas exprimé d’opinion sur le parti que vous deviez prendre, mais quant à lui sa résolution de périr sur l’échafaud est inébranlable. — Oh mon ami, m’écriai-je, combien je vous remercie de m’avoir laissé le mérite du choix ; si j’avais su plus tôt la résolution de Guilford, je n’aurais pas même délibéré, et l’amour aurait suffi pour m’inspirer ce que la religion me commande.
I Lorsqu’une civilisation nouvelle amène un art nouveau à la lumière, il y a dix hommes de talent qui expriment à demi l’idée publique autour d’un ou deux hommes de génie qui l’expriment tout à fait : Guilhem de Castro, Pérès de Montalvan, Tirso de Molina, Ruiz de Alarcon, Augustin Moreto, autour de Calderon et de Lope ; Crayer, Van Oost, Romboust, Van Thulden, Van Dyck, Honthorst, autour de Rubens ; Ford, Marlowe, Massinger, Webster, Beaumont, Fletcher, autour de Shakspeare et de Ben Jonson. […] Tantôt c’est un vice choisi dans les catalogues de la philosophie morale, la sensualité acharnée après l’or ; cette double inclination perverse devient un personnage, sir Épicure Mammon ; devant l’alchimiste, devant le famulus, devant son ami, devant sa maîtresse, en public ou seul, toutes ses paroles expriment la convoitise du plaisir et de l’or, et n’expriment rien de plus121. […] Ils y verront les difformités du temps disséquées jusqu’au dernier nerf et jusqu’au dernier muscle, avec un courage ferme et le mépris de la crainte… Ma rigide main a été faite pour saisir le vice d’une prise violente, pour le tordre, pour exprimer la sottise de ces âmes d’éponge qui vont léchant toutes les basses vanités137. » Sans doute un parti pris si fort et si tranché peut nuire au naturel dramatique ; bien souvent les comédies de Jonson sont roides ; ses personnages sont des grotesques, laborieusement construits, simples automates ; le poëte a moins songé à faire des êtres vivants qu’à assommer un vice ; les scènes s’agencent ou se heurtent mécaniquement ; on aperçoit le procédé, on sent partout l’intention satirique ; l’imitation délicate et ondoyante manque, et aussi la verve gracieuse, abondante de Shakspeare.
II L’Herménéia, ou le traité de la Proposition, commence par ces remarquables définitions : « Les mots dans la parole ne sont que l’image des modifications de l’âme, et l’écriture n’est que l’image des mots que la parole exprime. […] La théorie de la comédie ne s’y trouve pas, soit que l’auteur ne l’ait point faite, en dépit de son dessein formellement exprimé, soit que le temps ne l’ait pas laissée arriver jusqu’à nous, ce qui semble plus probable. […] À certains traits, l’empreinte du philosophe est reconnaissable ; et il n’y a que lui dans la Grèce, si féconde d’ailleurs en beaux esprits, qui pût concevoir et exprimer sous cette forme de telles pensées. […] Le caractère ou les mœurs, c’est ce qui distingue les gens qui agissent et permet de les qualifier ; et l’esprit, c’est l’ensemble des discours par lesquels on exprime quelque chose, ou même on découvre le fond de sa pensée. […] Barthélemy Saint-Hilaire l’a parfaitement senti et merveilleusement exprimé dans la belle et courageuse préface qui purifie d’avance la métaphysique d’Aristote.
Ne nous laissons pas ici duper par l’imagination, qui ne considère guère que des images toutes faites et principalement visuelles ; ne nous laissons même pas duper par la pure intelligence, qui ne s’applique bien qu’à des idées de contour défini, exprimées par des mots définis et immuables. […] C’est cet état de transition que nous exprimons par effort, tendance, par tous les mots indiquant l’activité en opposition à la pure pensée ; il établit pour nous la continuité entre les divers points de l’espace comme entre les divers points du temps : sans cet état intermédiaire, ni attente ni souvenir ne seraient possibles. […] Il existe une nuance, — difficile à exprimer peut-être, mais très facile à saisir, — entre la bonne chose qu’on a laissée tomber de sa bouche et la bonne chose qu’on n’a pas encore dans sa bouche. […] Mais la conséquence tirée par Kant est inattendue : — « On voit par-là, dit-il, que la représentation du temps est une intuition, puisque toutes ses relations peuvent être exprimées par une intuition extérieure. » La conclusion naturelle serait que le temps est une représentation expérimentale, non une intuition pure, puisque toutes ses relations ne peuvent être exprimées « que par une intuition extérieure », par des images parlant aux sens ou à l’imagination et empruntées à l’espace.
Avouons plutôt que nous n’avons qu’un seul groupe de sons pour exprimer cinquante ou soixante sensations différentes et parfois contradictoires. […] Sans doute, Emma Bovary est très particularisée ; mais, comment exprimer cela ? […] Théodore de Bèze s’exprime ainsi : « Galli e fœmineum propter imbecillam et vix sonoram vocem appellant. […] « Actuellement, pour exprimer les qualités que quelques droits conquis donnent à la femme, il n’y a pas de mots. […] Le son dur qu’il prend mal à propos dans chiromancie s’exprimerait logiquement par qu, comme dans toque, éloquence.
Lorsqu’il s’agit d’exprimer un avis sur les conséquences pour la Gaule de cette absolue dénaturation, l’histoire est unanime. […] Vérité qu’exprime le mot si caractéristique de Michelet, qualifiant les Réformés « les meilleurs Français de France ». […] Les ancêtres s’expriment par son verbe. […] Le Væ victis n’est pas seulement un mot de rhéteur, un thème à déclamation publique : il exprime, en ce cas, une positive réalité. […] Par là s’expriment notre génie natif, notre énergie de race, notre endurance particulière.
Ils répondent cependant à cette idée générale que nous avons exprimée sous les termes d’empires ou de climats. […] Cette voix désespérée s’est exprimée précisément dans un des plus beaux livres de l’émigration, l’Oberman de Senancour. […] Le premier il a pratiqué cette clairvoyance sans méchanceté, bien plus impitoyable à lui-même qu’aux autres, il l’exprime à la pointe d’un style lucide, le grand style de l’analyse. […] Mais tout cela ne peut guère s’exprimer que sur le plan religieux et le plan économique, très peu sur le plan littéraire. […] Il est remarquable qu’au retour de Lausanne, ce soit dans cette langue et ces métaphores de la Révolution que Sainte-Beuve exprime sa rupture avec l’ennemi, la Montagne, fasse son discours-programme de modérantisme classique.
la plupart écrivent des phrases très longues et très chargées, car il s’agit d’exprimer bien des nuances. […] Émile Faguet, qui expriment clairement ce qu’ils veulent dire. […] Brillant et redoutable dans la controverse intellectuelle, il est déclamatoire et emphatique quand il exprime des sentiments. […] Entre les choses et lui, il voit toujours les phrases par lesquelles les choses ont été exprimées avant lui. […] Il y a toute une classe de gens, plus assez naïfs et pas encore assez affinés, pour qui la grande affaire est de savoir s’exprimer.
la passion, ce que Raynaud la ressent et l’exprime et que son titre est bien justifié. […] Pourtant l’homme, qui était sous le jeune homme un peu pédant que j’étais alors, jetait parfois ou plutôt soulevait le masque et s’exprimait en plusieurs petits poèmes tendrement. […] Au contraire, je ne dirai pas des remords, il n’en ressentit pas, ne se repentant pas, mais du regret et du dépit, puis quelques consolations, compensations plutôt, l’inspirèrent dans son troisième recueil : Romances sans paroles, ainsi dénommées pour mieux exprimer le vrai vague et le manque de sens précis projetés. […] C’est peut-être parce que je suis Français moi-même, que j’aime et que j’admire profondément Racine, et surtout pour cette sensibilité passionnée qui me paraît le distinguer, et mon amour pour Shakespeare (en quels termes exprimer l’admiration qu’il m’inspire ?) […] Le livre que nous présentons, conformément au désir que l’auteur a bien voulu nous en exprimer, est triste, pensif et tendre, sans plus d’indulgence qu’il ne semble requis en un pareil sujet.
Nisard paraît assez nourri du plus pur esprit de la France pour être digne de l’exprimer à son tour. […] Le style de Molière réussit à exprimer la bassesse des passions sans être jamais bas lui-même. […] S’il la voit et s’il l’exprime, c’est pour la tourner en dérision et dissiper d’un sourire âpre le charme qui commençait à naître. […] Il inspire des respects dont ne se doutent pas toujours ceux qui les expriment dans leur candeur. […] On ne songe point à lui demander si ce dégoût du vice, exprimé en termes horribles, en suppose le repentir.
Il est bien difficile que dans ce qu’on ne voit pas soi-même il ne se mêle un peu de crédulitéai, quand elle est dans le sens de nos inclinations et aussi de notre talent à exprimer les choses. […] ici l’on va plus sûrement ; si l’on a le don d’observation et la faculté dont j’ai parlé, on va loin, on pénètre ; et si à ce premier don d’observer se joint un talent pour le moins égal d’exprimer et de peindre, on fait des tableaux, des tableaux vivants et par conséquent vrais, qui donnent la sensation, l’illusion de la chose même, qui remettent en présence d’une nature humaine et d’une société en action qu’on croyait évanouie. […] Peu après, à l’occasion de l’ambassade de Rome, qu’il fut près d’avoir un peu à son corps défendant et qui manqua, Mme de Maintenon exprimait sur Saint-Simon un avis qui ne démentait point son bon sens : elle le disait « glorieux, frondeur et plein de vues ». […] L’exactitude dans certains faits particuliers est moins ce qui importe et ce qu’on doit chercher qu’une vérité d’impression dans laquelle il convient de faire une large part à la sensibilité et aux affections de celui qui regarde et qui exprime.
Et ce n’est pas seulement Ginguené, c’est-à-dire un ancien camarade de collége qui s’exprime ainsi, notez-le bien, c’est plus ou moins tout le monde, c’est l’Année littéraire 172, c’est Palissot, c’est Fontanes, c’est Garat, et Garat bien avant le discours académique par lequel il reçut Parny, mais dans ses jugements tout à fait libres et des plus sincères. […] Je noterai aussi le joli tableau intitulé le Réveil d’une mère ; on s’est étonné que ces jouissances pures d’une épouse vertueuse, ces chastes sourires d’un intérieur de famille aient trouvé, cette fois, dans Parny un témoin qui sût aussi bien les traduire et les exprimer ; mais c’est que les torts de Parny, s’il n’en avait eu que contre la pudeur et s’il ne s’était attaqué directement aux endroits les plus sacrés de la conscience humaine, ne seraient guère que ceux de l’époque qu’il avait traversée dès sa jeunesse. « Il ne faudrait pas trop nous juger sur certaines de nos œuvres, me disait un jour un vieillard survivant, avec un accent que j’entends encore : Monsieur, nous avons été trompés par les mœurs de notre temps. […] Tissot, qui venaient de traduire avec feu les Baisers de Jean Second ; aux compliments gracieux qu’expriment ces petits billets rimés, il savait mêler en simple prose et dans la conversation des conseils d’ami et de maître191. […] le donnerai ici une ode au Plaisir qu’on peut supposer traduite en prose d’un élégiaque étranger, allemand ou anglais ; elle exprime sous une autre forme la pensée que nous venons de rencontrer à propos de Parny ; mais il y faudrait la fraîcheur de touche d’un Gray ou d’un Collins : « O doux et cher Génie, au regard vif et tendre ; au vol capricieux, rapide ; à l’accent vibrant, argenté, mélodieux ; dont la chevelure exhale un parfum sous la couronne à demi penchée ; dont la main porte un rameau de myrte en fleur, ou d’amandier tout humide de gouttes de rosée qui brillent au soleil du matin ; ou qui, le soir, assoupis tes pas sur les gazons veloutés aux rayons de la lune ; « O Dieu de la jeunesse et de la tendresse, langoureux comme une femme, hardi comme un amant ; volage, imprévu, consolateur ; — ô Plaisir, à toi, avant que ma voix ait perdu son timbre qui pénètre et cet accent que tu connais, à toi mes adieux !
Et même je crois bien qu’on ne lui reprochait pas seulement d’avoir exprimé ses impressions, mais aussi de les avoir éprouvées et de l’avoir su. […] Et je rappellerai un mot bien connu et qu’on ne prend guère que par son côté plaisant : « Je suis leur chef, il faut bien que je les suive. » Il exprime une vérité profonde. […] Pour moi, je m’en accommoderai de mon mieux ; mais je ne veux ni vous leurrer ni me leurrer moi-même par des illusions qui me rendent la réalité plus insupportable encore. » Ainsi parlerait, ou à peu près ainsi, l’homme qui serait assez avisé pour comprendre ses impressions et sa pensée, et assez mal avisé pour les exprimer. […] Il faut aller jusqu’à affirmer que nos devoirs, comme les tendances qu’ils expriment, sont essentiellement en opposition, tous contre chacun et chacun contre tous.
Ce qui ne m’arrivait pas dans la vie, ce qui ne me brûlait pas les ongles, ce qui ne me tourmentait pas, je ne le mettais pas en vers, je ne l’exprimais pas. […] On a, au sujet des opinions exprimées par Gœthe sur les jeunes poëtes français de 1830, insinué contre lui une singulière accusation : comme le jugement qu’il porte sur Victor Hugo n’est pas complètement d’accord avec celui que professent les éditeurs des Entretiens et beaucoup d’autres avec eux, on l’a tout simplement soupçonné d’envie.
Je ne sais rien de plus significatif à cet égard qu’une lettre du roi de Westphalie Jérôme, à son frère, écrite à la date du 5 décembre 1811, et qui exprime, qui résume la situation vraie, telle qu’elle se dessinait aux yeux d’un frère dévoué de l’Empereur, placé au cœur même de la difficulté, au centre du péril : « Sire, écrivait le roi Jérôme, établi dans une position qui me rend la sentinelle avancée de la France, porté par inclination et par devoir à surveiller tout ce qui peut donner atteinte aux intérêts de Votre Majesté, je pense qu’il est convenable et nécessaire que je l’informe avec franchise de tout ce que j’aperçois autour de moi. […] Il se loue de lui dans ses Souvenirs ; il se croyait mieux avec ce ministre qu’il ne l’était en réalité, et il suffit pour cela de voir en quels termes peu favorables M. de Senfft s’est exprimé sur son compte.
La forme atteste une main habile et presque virile d’artiste ; le fond exprime une âme de femme délicate et ardente, mais qui a beaucoup pensé, et qui ne prend guère l’harmonie des vers comme un jeu. […] Mademoiselle Bertin, on le comprend, a serré de moins près les souvenirs classiques, et quelquefois, dans cette plus libre façon, elle ne les a pas moins bien exprimés.
Ils croient ainsi se mettre à la portée de leurs lecteurs ; mais il ne faut jamais supposer à ceux qui nous lisent, des facultés inférieures aux nôtres : il convient mieux d’exprimer ses pensées telles qu’on les a conçues. […] Un lithologiste allemand, discutant, dans un de ses écrits, sur une pierre qu’il n’avait pu jusqu’alors découvrir, s’exprime ainsi en parlant d’elle : Cette nymphe fugitive échappe à nos recherches ; et s’exaltant ensuite sur les propriétés d’une autre pierre, il s’écrie en la nommant : Ah Sirène !
le jour, où quelque acte d’un dévouement absolu, lui donne au moins une idée du sentiment qui oppressait le cœur par l’impossibilité de l’exprimer ! […] C’est par le secours de la réflexion, c’est en écartant de moi l’enthousiasme de la jeunesse que je considérerai l’amour, ou, pour mieux m’exprimer, le dévouement absolu de son être aux sentiments, au bonheur, à la destinée d’un autre, comme la plus haute idée de félicité qui puisse exalter l’espérance de l’homme.
La Fontaine a l’intuition psychologique, et il a le sens du réel : il a peint des hommes de tout caractère et de toute condition, rois, seigneurs, bourgeois, curés, savants, paysans, orgueilleux, poltrons, curieux, intéressés, vaniteux, hypocrites, chacun dans l’attitude et avec le langage qui lui conviennent et l’expriment. […] Chaque personnage est caractérisé dramatiquement, par ses actes, et par son langage : rien de vague, rien d’abstrait ; le type est général, la forme qui l’exprime est concrète ; tout est précis, individuel et vivant.
Il exprime, par endroits d’un ton ferme, et toujours sans aigreur, l’objection qu’un grand nombre de personnes décernent aux « nouveaux ». […] Comme il doit exprimer de l’inédit, la science apprise ne lui suffit pas ; il élargit lui-même son métier.
Il nous dit encore dans une note de sa récente édition de James Mill175 : « Les termes opposés « sujet » et « objet » sont ceux qu’on peut le moins critiquer pour exprimer l’antithèse fondamentale de la conscience et de l’existence. […] Bain sous ces quatre titres : Classification, abstraction, généralisations de notions, noms généraux, définitions : la classification consistant à grouper les objets d’après la ressemblance ; de là résulte une généralisation ou idée abstraite qui représente ce qu’il y a de commun dans le groupe ; et une définition qui exprime les caractères communs de la classe.
Parlant des débauches des Fontrailles, des Matha et autres esprits forts : Les chansons de table, dit-il, n’épargnaient pas toujours le bon Dieu ; je ne puis vous exprimer la peine que toutes ces folies me donnèrenti. […] [1re éd.] je ne vous puis exprimer la peine que toutes ces folies me donnèrent
C’est que Pascal n’est pas seulement un raisonneur, un homme qui presse dans tous les sens son adversaire, qui lui porte mille défis sur tous les points qui sont d’ordinaire l’orgueil et la gloire de l’entendement ; Pascal est à la fois une âme qui souffre, qui a ressenti et qui exprime en lui la lutte et l’agonie. […] Car c’est ainsi que s’exprime Pascal dans ces Pensées courtes et brèves, écrites pour lui seul, un peu saccadées, et sorties, comme par jet, de la source même.
Anselme, qui a de beaux mots et des paroles heureuses pour exprimer sa pensée, disait en écrivant à Baudouin, roi de Jérusalem : « Il n’est rien qui soit plus cher à Dieu en ce monde que la liberté de son Église. » Ç’a été comme la devise et la maxime des seize dernières années de sa vie, et l’opinion catholique universelle lui en a su gré avec une solennelle reconnaissance. […] Voilà une ébauche bien faible de mon rêve ; je crois pourtant qu’aucun caractère ne s’abaisserait dans un tel rôle, simplement compris et nettement accepté ; dans tous les cas, je demande pardon à ceux ou plutôt à celui des amis absents à qui je m’adresse, de m’être ainsi laissé aller à l’exprimer : car tout cela, ne le devinez-vous pas ?
Il s’accoutume à forger des substantifs avec des adjectifs déformés, parce que l’accident, la qualité qu’exprime l’adjectif lui paraît plus importante que l’état, rendu par le substantif. […] Il aura le plus riche vocabulaire de mots frémissants, colorés, pailletés, étincelants et reluisants, pour exprimer ce qu’il voit, aux choses d’éclairs et de rehauts.
Lélut exprime la même idée en disant que ce qui importe dans le cerveau, c’est moins la quantité que la qualité. […] Moleschott a exprimée en ces termes : « sans phosphore, point de pensée ».
Donc si, en résumé, on veut exprimer sa nature, on devra dire : l’un, absolu, l’inconditionnel, la substance, la cause, qui de sa nature est au-dessus du temps et de l’espace, se développe nécessairement, et tombe pour se développer dans la diversité, dans la limitation, dans la pluralité. […] Puisque nous n’avons d’autre but que de produire la perfection morale, nous dirons qu’il n’y a d’autre beauté que la beauté morale, et que l’objet de l’art est de l’exprimer.
Toutes les manières pathétiques et fortes, dont les gens à passions s’expriment, ont été rangées sous une nomenclature aride de figures. […] Qu’une foule d’idées se joigne à l’idée principale, et l’embellisse : indiquez souvent plus que vous n’exprimerez.
Il est vrai que cette rêverie s’exprime dans un langage d’une singulière nudité, et c’est ce qui a pu faire croire à Faguet qu’il s’agissait d’un carnet de comptes. […] Il exprime quelque chose de trop mou pour s’appliquer à cette nature insinuante, mais forte, et dont le fond est moins de douceur que d’âpreté. […] Ce démon, qui prétend savoir mieux que moi ce que je pense, a la manie de l’exprimer par ellipses. […] Ses grands émules, les Balakirew, les Borodine, les Rimsky-Korsakof, ont exprimé avec une poésie souvent magique la sensibilité et l’imagination de leur peuple. […] Il ne leur restait plus qu’à en exprimer les suprêmes gouttes, et, faute de jaillissements nouveaux, à se recommencer, à s’imiter sèchement eux-mêmes.
Il y a donc une remarquable unité dans l’œuvre de Henri Mazel ; et ses poèmes, d’une prose ample et attristée, ne contredisent pas cette impression, c’est un écrivain qui aime les idées et qui s’exprime avec une sincérité spontanée, mais prudente et judicieuse. […] Le parnassien allait donc évoluer naturellement, vers l’esthétique d’aujourd’hui, quand la mort le surprit ; il avait sans doute compris qu’il ne faut pas dédaigner les manières nouvelles d’exprimer l’émotion et la beauté. […] Dès là, il exprimait les deux inquiétudes dont il se souciait avant tout : le peintre est-il sincère ? […] Mais le plus grave défaut de ce livre fut qu’il n’exprimait plus, quand il fut achevé, les tendances esthétiques de l’auteur, ou qu’il n’en exprimait que la moitié et la partie la moins neuve et la plus caduque. […] On peut cependant, par la volonté et par le travail acquérir un style presque personnel en cultivant, selon sa direction naturelle, la faculté qu’a tout homme intelligent d’exprimer sa pensée au moyen de phrases.
Dans l’affaire d’Otaïti pourtant, il y a eu quelque maladresse ou malencontre au ministère de venir désavouer l’amiral français, huit jours après que le ministère anglais avait exprimé en plein parlement ses regrets sur le coup de main d’Otaïti.
Bernardin de Saint-Pierre, sans tant d’étude, y atteint mieux par simple génie ; héritier en partie de Fénelon, il a, dans Paul et Virginie, dans bien des pages de ses Études, dans cette page (par exemple) où il fait gémir Ariane abandonnée à Naxos et consolée par Bacchus, des retours de l’inspiration grecque et de cette muse heureuse ; mais c’est le doux et le délicat plutôt que le grand qu’il en retrouve et en exprime.
Souvent on confond les deux séries en une seule : elles se remplacent et se recouvrent alternativement ; et, s’évoquant mutuellement, elles sont à tour de rôle exprimées et sous-entendues.
Renan avec beaucoup de finesse, et que le poète de Noël exprime à son tour avec plus de candeur et de sérénité qu’on n’avait fui avant lui : la piété sans la foi.
L’auteur, au rebours de beaucoup de ses confrères, s’exprime dans une langue ferme et savoureuse dont la sobriété et la gaîté font songer aux chansons populaires.
Ces Poëtes n’ont exprimé que ce qu’ils sentoient avec vivacité [au moins pour le moment] ; par-là, ils ont su captiver & intéresser.
Comme il vit au milieu des déserts, ses tableaux sont nobles et simples ; on n’y trouve point de mauvais goût, mais aussi ils sont monotones, et les actions qu’ils expriment ne vont pas jusqu’à l’héroïsme.
Asselineau a dépensé beaucoup d’esprit et de nuances pour justifier l’opinion qu’il exprime, mais il ne nous a point convaincu, et la meilleure réponse contre cette opinion qu’on s’étonne de trouver à côté d’une admiration si intelligente, c’est, pour les hommes doués d’un peu d’intuition littéraire, le livre même que le spirituel biographe a ressuscité.
Je m’arrête, mon cher Bélugou, parce que j’exprime mal ce que je crois penser avec force.
Il ne s’est pas trompé en espérant qu’on lui tiendrait compte de ce culte, si noblement exprimé. […] Mais il faut comprendre que chacun parle sa langue et s’exprime selon son tour d’esprit. […] C’est un comble, et le pire philistin ne s’exprimerait pas autrement. […] Lucien Herr ne lui en prête, s’exprime avec toute la déférence qui convenait. […] Ainsi s’exprime Descartes dans les Règles pour la direction de l’esprit.
L’artiste qui aime, qui chérit, qui croit, qui hait, qui repousse et qui abhorre, qui s’engage de tout son être dans ce qu’il sent et ce qu’il exprime, porte en lui des sources plus abondantes et dont la saveur pénètre. […] Et ces différences qui en motivaient d’autres aussi dans la conduite, Ducis était le premier à les reconnaître, et il les exprimait admirablement à sa manière, quand il disait peu après, parlant au même ami qui venait de se remarier : « Vous connaissez mon caractère. […] J’ai souvent marché seul dans la route à côté de M. de Saint-Pierre ; j’ai admiré avec lui la lune qui près de l’horizon nous envoyait une lumière rougeâtre à cause des vapeurs qui l’entouraient, et dont le reflet dans la Seine semblait une pyramide de feu élargie vers la base, et rétrécie vers le sommet… M. de Saint-Pierre nous exprimait durant la promenade son regret de n’avoir pas vingt ans de moins pour exécuter le voyage des Alpes avec nous… » « (10 pluviôse an IX, 30 janvier 1801).
Sa vie et sa correspondance (suite) Mardi 20 avril 1869 On ne peut tout dire à la fois, et quand on a exprimé les traits principaux d’un caractère, on s’aperçoit presque aussitôt qu’on en a omis d’autres qui les corrigent, qui les complètent et qui doivent entrer aussi pour une part essentielle dans le portrait vivant de la personne. […] Quand il faut de part et d’autre travailler durement pour ne pas tomber dans la dernière indigence, les ailes de l’âme se replient et remettent tous les élans à l’avenir. » Dans des lettres à une amie, Mme Derains, elle revient sur cette misère des logements à trouver, et elle exprime en vives images le trouble moral et le bouleversement de pensées qui résulte de ces déplacements continuels : Ma bonne amie, vous me dites des paroles qui résument des volumes que j’ai en moi. […] Sainte-Beuve, au suprême période de sa carrière et de sa vie, était bien autorisé à parler ainsi de lui-même et du rang qu’il tenait dans la Littérature, lui que ses amis, les gens de lettres, appelaient mon maître , — quelques-uns même (le bien-aimé Théo) continuaient à l’appeler mon oncle comme au temps romantique, lui laissant sa place à côté du père , qui est Hugo. — Ce qui me décide (outre l’amitié qui m’y autorise) à publier la lettre suivante, est l’appréhension intellectuelle qui y est exprimée, et qui se déduit assez logiquement de ce qu’un homme, bien placé pour cela, peut, observer de plus en plus en littérature tous les jours : « Mon cher maître, , écrivait le correspondant de Sainte-Beuve, vous avez dû recevoir de nombreux compliments à propos de votre belle étude sur Mme Valmore ; et cependant chacun ne saurait trop vous dire quelle portée prend (dans ce temps plus que jamais) l’analyse si intime de ce caractère de femme. — Il est à craindre que vous ne soyez le dernier homme de lettres du siècle.
Michelet a senti en un endroit cette absence de soin moral qui caractérise le moment présent, si animé d’ailleurs, si intelligent et si vivement poétique ; il a exprimé son regret et son espoir en paroles ardentes qu’on est heureux d’avoir pour auxiliaires : ne pourrait-on pas les lui opposer à lui-même quelquefois ? […] Lucas-Montigny a eu pour principe de n’en mettre au jour aucun qui eût été nouveau, et il ne s’est exprimé que sur les échappées déjà notoires. […] Le côté esthétique et poétique de Mirabeau orateur a été surabondamment exprimé par M.
« Ne pensez pas, écrivait Politien à un de ses amis, qu’aucun des savants qui composent notre société, même ceux qui ont consacré leur vie tout entière à l’étude, puisse prétendre à quelque supériorité sur Laurent de Médicis, dans tout ce qui tient à la subtilité de la discussion et à la solidité du jugement, ou dans l’art d’exprimer ses pensées avec autant de facilité que d’élégance. Les exemples de l’histoire lui sont aussi présents que les amis qu’il admet à sa table, s’il m’est permis de m’exprimer ainsi ; et lorsque le sujet le comporte, il sait répandre à pleines mains, dans sa conversation, ce sel précieux que l’on dirait recueilli dans l’Océan où Vénus prit naissance. » Sa femme Clarisse et ses enfants étaient ordinairement les objets de ses plus charmantes plaisanteries. […] Il exprimait d’une manière très-positive son opinion sur ce point : « Celui, disait-il, qui n’a pas l’espoir d’une autre vie est mort même dès celle-ci. » XIV Un autre religieux d’un caractère enthousiaste, fanatique et populaire à la fois, véritable Masaniello du cloître, Savonarole, avait conquis en ce temps-là l’oreille de Florence.
Catulle Mendès qui n’a certainement jamais voulu exprimer, soit dans ses vers, soit dans sa prose, la moindre idée. […] Paul Adam Gog ne le cède point à l’Assommoir pour exprimer le tumulte et l’agitation des foules ; la Maison de la Vieille est bien supérieure à l’Œuvre, pour dire en quel terreau peut éclore la mentalité, et de quelles forces mises en faisceau par le hasard de la faim et de la sympathie se forme une phalange alerte pour gagner à l’assaut des esprits le verger de la bonne soif. […] L’ouvrier de conscience et de savoir unique qui « instrumenta » ce poème, en modula les chants suivants la variété infinie des sentiments qu’il voulait exprimer.
Quelques-uns affaiblissent en les développant, ou corrompent en les mêlant d’erreurs qui affectent la nouveauté, les vérités que ceux-ci ont exprimées d’autres, qui ont plus de fougue et d’audace, se retournent tout à la fois contre les vérités et les disciplines consacrées par les œuvres du génie, et attaquent le goût du public par impuissance de le contenter, Au xvie siècle, où les écrivains supérieurs laissent d’ailleurs beaucoup à perfectionner, les écrivains secondaires ont l’importance et l’originalité d’auxiliaires chargés de quelque partie plus facile de la tâche commune, et qui, dans certains ordres de vérités et de connaissances, poussent l’esprit français et la langue, et complètent les conquêtes du génie. […] Ouvriers habiles, gens de cœur, ces écrivains n’expriment rien mollement ; tous savent donner à leurs pensées un tour vif et hardi, ceux qui ont éprouvé les passions de leur époque, comme ceux qui n’en ont senti que la curiosité ardente pour tous les objets de la connaissance humaine. […] Tels sont les défauts des écrivains penseurs du xvie siècle ; et j’entends par défauts, non les taches de détail qui gâtent un ouvrage excellent, mais de mauvaises conditions pour voir la vérité et pour l’exprimer dans un langage durable.
Il s'exprime ainsi lui-même à ce sujet. […] entre les sentences, les maximes, les tours fins & délicats, les expressions ingénieuses, les beaux sentimens qu’il exprime si énergiquement dans plusieurs endroits de ses Ouvrages, & ce débordement de fiel & de malignité, ce tissu d’indécences, de mensonges, de calomnies, répandues sur tant d’Ecrivains de mérite, Etrangers, Nationaux, Prélats, Militaires, de tous les Ordres & de tous les Etats, qui n’ont eu d’autre tort, à son égard, que de n’avoir pas pensé comme lui, & d’avoir osé l’écrire ! […] Comme les choses ne saisissent les Hommes que selon la proportion qu’elles ont avec leur intelligence, & que les lumieres de la multitude ne sont ni justes ni profondes ; comme la maniere d’exprimer une pensée décide de tout chez la plupart des Lecteurs : il n’est pas étonnant que par l’art de se mettre à la portée du commun des esprits, de rendre ses idées avec agrément, il ne se fasse goûter, & n’enleve des suffrages.
»), lui exprimait quelques idées très aristocratiques, qui lui étaient si familières : La nation, lui disait-il, n’est sortie de la barbarie que parce qu’il s’est trouvé trois ou quatre personnes à qui la nature avait donné du génie et du goût, qu’elle refusait à tout le reste… Notre nation n’a de goût que par accident. […] Ce M. de Lassay, c’est Chamfort qui le met en avant pour exprimer sa propre pensée. […] « Chamfort polit des vers étiques », a dit Le Brun dans une épigramme, pour exprimer cette sécheresse et ce peu de veine.
Sans doute il arrive dans la pratique que les positivistes s’expriment souvent comme les matérialistes eux-mêmes, souvent aussi ils sont purement et simplement des matérialistes ; mais c’est qu’alors ils sont, selon nous, des positivistes inconséquents. […] Nous ne demandons pas mieux, et nous sommes tout prêts à dire au Seigneur du fond du cœur : Adveniat regnum tuum ; mais chacun a ses croyances, et nous demandons que toutes les croyances aient le même droit de s’exprimer hautement et librement. […] Tout le monde sait en effet que la croyance à la providence est antérieure au christianisme, et qu’elle se trouve exprimée dans les termes les plus précis chez Socrate et Platon.
Ils expriment, chacun à sa manière, et par leur contraste, ce développement fatal et suprême de la Libre Pensée, — la fantaisie, qui se joue de tout, à cette heure, dans les arts, la philosophie et les lettres ! […] Tout l’ensemble de ce dernier livre l’atteste, mais sa préface l’exprime avec une netteté qui ne permet plus aucun doute. […] Pour ceux-là, en effet, nous comprenons très bien qu’incessamment ils y reviennent, qu’ils essaient d’en recommencer la chronique glorieuse, selon eux, ou charmante, qu’ils expriment jusqu’à la dernière goutte le suc enivrant et mortel de ce fruit monstrueux et empoisonné.
Renan avait exprimé dans ses écrits bien des pensées odieuses, mais cet homme d’art, qui veut être savant, à toute force, comme Ingres voulait jouer du violon, avait eu soin toujours, pour voiler l’odieux de ses pensées, de leur donner une forme qui ne manquait pas d’agrément, et c’était même ce mélange d’odieux et d’agréable qui faisait sa spécialité. […] Renan, mais jamais, nulle part, il n’avait osé les exprimer avec cet épanouissement, avec cette largeur fastueuse d’absurdité contente d’elle-même, et l’on en est surpris. […] Tout grand style est par lui-même une affirmation, qui donne de l’âme et de l’autorité à ce qu’on exprime.
Sans doute, on n’entendait pas désigner seulement quelques sonnets pleins de ferveur, inspirés aux pieds de la croix : c’étaient l’extase contemplative et la charité passionnée de la sainte qu’on voulait exprimer par ce mot de poésie. […] Ses préfaces et ses vers avaient pour juge un public nombreux, dont le suffrage, sous la plume de quelques jeunes magistrats, s’exprimait en distiques grecs224 à la louange de Pindare et de son harmonieux interprète. […] Pour exprimer, en effet, l’orgueil et l’art du poëte antique, pour trouver dans nos langues modernes un écho de l’harmonie des Hellènes, je ne sais si notre poésie peut donner rien de préférable à ces vers du vieux Malherbe : Apollon, à portes ouvertes, Laisse indifféremment cueillir Ces belles feuilles toujours vertes Qui gardent les noms de vieillir : Mais l’art d’en faire des couronnes N’est pas su de toutes personnes ; Et trois ou quatre seulement, Au nombre desquels on me range, Peuvent donner une louange Qui demeure éternellement.
D’ailleurs pour le mener à ces façons nouvelles de s’exprimer et de sentir, il trouvait chez nous des guides excellents. […] Ceux dont la pensée est médiocre, peu nous importe comment ils l’expriment, M. […] Ailleurs on arrive bien à deviner quelles sont les idées qu’a voulu exprimer M. […] C’est Baudelaire de qui la meilleure part d’originalité consiste à avoir exprimé le mysticisme de la chair. […] Nous permettra-t-on, en terminant, d’exprimer une inquiétude ?
Les consolations de l’amitié agissent à la surface, mais la personne qui vous aime le plus, n’a pas, sur ce qui vous intéresse, la millième partie des pensées qui vous agitent ; de ces pensées qui n’ont point assez de réalité pour être exprimées, et dont l’action est assez vive cependant pour vous dévorer, excepté dans l’amour, où en parlant de vous, celui qui vous aime s’occupe de lui ; je ne sais comment on peut se résoudre à entretenir un autre de sa peine autant qu’on y pense ; et quel bien, d’ailleurs, en pourrait-on retirer ?
Écrire donc, c’est achever de penser ; la forme, c’est l’organisation de la matière, et la pensée n’est véritablement née que lorsqu’elle est exprimée.
Il paraît qu’il est d’usage de s’exprimer en termes particuliers quand l’on parle maintenant de cet écrivain.
Quand on s’exprime avec cette élégance & cette politesse, n’est-on pas bien autorisé à dire que les Trois Siecles sont écrits d’un style de laquais ?
., je vous prie, l’article Helvétius dans les différentes éditions des Trois Siecles, & vous verrez si je l’ai outragé, je ne dis pas avec fureur, mais d’aucune maniere ; vous verrez si, dans un Ouvrage spécialement dirigé contre les principes dangereux de la nouvelle Philosophie, il étoit possible de s’exprimer avec plus de modération sur le Livre de l’Esprit.
M. l’Abbé de Voisenon, qui, quelques années avant sa mort, avoit jeté sur le papier des jugemens sur la plupart de nos Auteurs, s’exprime ainsi sur le compte de Moliere.
Un homme intelligent et averti peut savoir plusieurs langues sans avoir la tentation d’entremêler leurs vocabulaires ; c’est au contraire la joie du vulgaire de se vanter d’une demi-science, et le penchant des inattentifs d’exprimer leurs idées avec le premier mot qui surgit à leurs lèvres.
Mot qui exprime à merveille un des grands caractères de l’ingratitude, qui compte pour un bienfait le mal qu’elle ne fait pas.
Les grands artistes étudieront Soulié comme on étudie certains torses, certains raccourcis, certains écorchés, toutes ces choses qui ne sont en elles-mêmes que des fragments tourmentés de la vie et de la nature, mais qui servent à les exprimer !
Ce sera revenir sur une idée maintes fois exprimée au cours du présent essai.
Des jeunes hommes peuvent-ils n’avoir rien à exprimer. […] Pourquoi s’enquérir vainement et se tourmenter inutilement de l’inconnaissable, de ce qui s’abolit pour nous — et que la négation n’exprime pas comme on le voudrait puisqu’elle est encore une affirmation, alors qu’il faudrait ne rien affirmer, se taire ! […] Morelly, Mably, distinguent les premiers linéaments d’un communisme où versera Condorcet et que Babeuf exprimera avec plus de force et de clarté dans Le Tribun du peuple. […] Il n’exprime que l’ivresse de tous les individus libérés par la révolution, quelque opinion qu’ils nourrissent. […] Même les étrangers reconnaissent à ce génie, la clarté, la simplicité, le naturel et surtout le don véritablement précieux, d’exprimer les choses de la manière la plus juste, la plus compréhensible.
Et s’il nous paraît plus clairvoyant que ses émules, moins qu’eux éloigné de nous, c’est qu’il a plus précisément qu’eux exprimé et pratiqué l’intention de tout le siècle. […] Dumas fils, ont précisément exprimé le fond même de ces tendances, le vide qui se dérobait sous tant de fastueuses draperies. […] Et quand il parle d’exprimer toute la vérité et se déclare l’héritier de Balzac, comment ne pas lui répondre : mais Balzac était un visionnaire ! […] Dans la forme, toutefois, et dans le sentiment qu’elle exprime, dans le choix aussi des sujets il y a une nouveauté capitale. […] Il exprime de cette apparence ce qui naturellement se suggère d’elle, mais ce que le génie seul pénètre, la réalité de l’âge et du visage, et l’exprime par de mystérieuses touches qui, se gardant de tout dire. — par quoi l’âme, sans désormais l’espoir d’un désir encore, serait moins comblée que déçue, — indiquent, n’expliquent pas.
Gide, qui n’a pas voulu qu’un sentiment très exalté fût conscient et pût s’exprimer, pût être exprimé par celui qui le ressent, ce qui est peut-être juste, n’a pas fait dire par Philoctète le mot de Philoctète. […] Et il l’exprime crûment ! […] Les personnages de Racine sont des hommes qui ne s’expriment pas en poètes continuellement ; mais chacun contient un poète prêt à s’exprimer en style poétique dès que son imagination sera excitée par une passion vive. […] On a exprimé ses regrets. « Impossible. […] Mais encore faut-il bien faire attention à l’opinion que Racine exprime ainsi relativement au rôle d’Antiochus.
Ces imitations, en un mot, ne sont le plus souvent pour nous que le résumé heureux de toute une famille d’esprits et de tout un passé comique dans un nouveau type original et supérieur, comme un enfant aimé du ciel qui, sous un air de jeunesse, exprime à la fois tous ses aïeux. […] Et dans la Princesse d’Élide, premier acte, première scène, ces vers qui expriment une observation si vraie sur les amours tardives, développées longtemps seulement après la première rencontre : Ah ! […] Vauvenargues, dans son dialogue de Molière et d’un jeune homme, a fait exprimer au poëte-comédien, d’une manière touchante et grave, ce sentiment d’une position incomplète. […] Les mêmes sentiments se retrouvent exprimés par des termes presque semblables dans la bouche d’Alceste : Mais avec tout cela, quoi que je puisse faire, Je confesse mon foible, elle a l’art de me plaire ; J’ai beau voir ses défauts et j’ai beau l’en blâmer, En dépit qu’on en ait, elle se fait aimer. […] Ces sortes de génies, qui ont le don de s’oublier eux-mêmes et de se transformer en une infinité de personnages qu’ils font vivre, parler et agir en mille manières pathétiques ou divertissantes, sont souvent capables de passions fort ardentes pour leur propre compte, quoiqu’ils ne les expriment jamais directement.
M. de Maistre lui-même exprime en style proverbial cette puissance du sophisme bien écrit. […] Il gravite, si je puis m’exprimer ainsi, vers les régions de la lumière. […] Il va jusqu’à l’absurde et jusqu’au supplice, comme vous l’avez vu dans la diatribe où il demande la potence pour tout homme qui exprimera, en matière de conscience, une opinion différente de celle des prélats ou des grands officiers de l’État. […] Il pense seul, il voit loin, il sent juste, il exprime puissamment : c’est un radical monarchique.
« Je ne puis exprimer l’extrême joie que j’en éprouvai. […] Lorsque j’arrivai au pied de la colline, je ne puis exprimer les sentiments dont mon cœur fut agité à l’idée de revoir mon bienfaiteur et mon souverain, qui avait eu tant de bontés pour moi, et en pensant au misérable état dans lequel se trouvait réduit ce Pie VI que j’avais vu au comble des splendeurs. […] « Le cardinal Braschi répondit qu’il lui était impossible d’exprimer sa surprise et de comprendre comment Son Éminence (Antonelli) avait songé au cardinal Chiaramonti, à cause justement des difficultés extrinsèques qu’il avait indiquées sommairement ; que malgré leur nature, lui, Braschi, ne les croyait pas absolument invincibles près de ceux de son parti, tant à cause des mérites personnels du sujet qu’en vue des circonstances particulières dans lesquelles on se trouvait ; que la longueur excessive du conclave, l’inutilité des épreuves faites sur les candidats des deux partis que l’on ne pouvait parvenir à nommer, la lassitude des électeurs, aucune exception personnelle contre le sujet et une satisfaction naturelle de voir l’un d’entre eux succéder à saint Pierre, lèveraient beaucoup d’obstacles. […] Il est impossible d’exprimer avec quelle joie Albani apprit cette nouvelle, lui qui avait une particulière estime pour Chiaramonti, et avec quel bonheur il se joignit à son collègue, dans le but de recueillir les votes des cardinaux de son parti.
L’élargissement graduel du groupe des gens instruits a son contrecoup immédiat dans la situation des écrivains et aussi dans le caractère de leurs œuvres ; car un auteur, tout en songeant à exprimer ce qu’il pense et ce qu’il sent, dédaigne rarement de plaire aux lecteurs qu’il prévoit ou aux lectrices qu’il désire. […] Fontenelle, quand il écrit ses Eloges des savants, ne croit plus nécessaire de contraindre la langue de Cicéron à exprimer les mystères de l’algèbre ou de la physique. […] Une épigramme courut bientôt Paris, épigramme qui n’était pas une simple méchanceté, mais qui exprimait une vérité aujourd’hui incontestée : On fait, défait, refait ce beau dictionnaire, Qui, toujours très bien fait, sera toujours à faire. […] La tourbe de ceux (hors mis cinq ou six) qui suyvent les principaux, comme port’enseignes, est si mal instruite de toutes choses, que par leur moyen nostre vulgaire n’a garde d’estendre guère loing les bornes de son empire. » Ainsi s’exprime Joachim du Bellay168 et il balaye à l’égout « rondeaux, ballades, virelays, chants royaulx, chansons et autres telles espisseries. » Même mépris insultant pour le théâtre des siècles précédents.
Si l’on prend le mot humour dans son sens étymologique, véritable et le plus étendu, on trouvera qu’il exprime, chez un écrivain, un penchant prononcé à s’affecter, à s’émouvoir, à éprouver quelque humeur à propos de n’importe quel acte de l’entendement et de façon à réduire ainsi le jeu et l’importance des opérations plus particulièrement intellectuelles. […] On chercherait en vain chez l’auteur anglais un récit contenu et impassible, une scène où l’écrivain ait l’art supérieur de laisser porter de leur poids propre les événements et les idées qu’il exprime et retrace. […] Une œuvre d’art ne saurait proclamer de morale, dans le sens usuel de ce mot, parce que le fait seul de proclamer une morale, d’en révéler une que l’on ne connaisse pas de date immémoriale, équivaut à exprimer sur la vie des vues erronées, partielles, nuisibles. […] Les sentiments que Dickens a exprimés dans ses livres ne comprennent pas de sentiments intellectuels, de sentiments systématisés ; il ne s’est pas enthousiasmé pour quelque conception définie, pour la science par exemple, pour la grandeur de la passion, pour le progrès, pour la haine de la civilisation.
Damiron a encore parlé des prix que l’Académie proposait et de ceux qu’elle distribuait cette année même ; il n’a point paru, à la façon dont il s’exprimait, qu’il y eût ralentissement dans ces travaux honorables et utiles, ni qu’on fût menacé de cette disette prochaine d’études qu’a présagée aussitôt son successeur. […] Cousin allait à l’École normale présider une conférence, voulant exprimer le goût qu’il a pour cette formation et cette manipulation des esprits, il disait de ce ton légèrement exagéré où le vrai et le comique se confondent : « Je suis un pédagogue, j’aime la pédagogie ; j’ai fait quelques ouvrages, mais ce que j’ai peut-être fait de mieux, c’est encore Jouffroy, qui est presque un homme. » Ces paroles sont de toute exactitude. — Quant à M.
Et ce n’est qu’ainsi qu’on s’explique aussitôt et pleinement, dit-il, pourquoi « l’on voit si souvent le paysagiste, qui est donc au fond un chercheur de choses à exprimer bien plus qu’il n’est un chercheur de choses à copier, dépasser tantôt une roche magnifique, tantôt un majestueux bouquet de chênes sains, touffus, splendides, pour aller se planter devant un bout de sentier que bordent quelques arbustes étriqués ; devant une trace d’ornières qui vont se perdre dans les fanges d’un marécage ; devant une flaque d’eau noire où s’inclinent les gaulis d’un saule tronqué, percé, vermoulu… C’est que ces vermoulures, ces fanges, ces roseaux, ce sentier, qui, envisagés comme objets à regarder, sont ou laids ou dépourvus de beauté, envisagés au contraire comme signes de pensées, comme emblème des choses de la nature ou de l’homme, comme expression d’un sens plus étendu et plus élevé qu’eux-mêmes, ont réellement ou peuvent avoir en effet tout l’avantage sur des chênes qui ne seraient que beaux, que touffus, que splendides ». […] De bonne heure j’ai voulu écrire, et j’ai écrit ; mais sans me faire illusion sur ma médiocrité et mon impuissance, uniquement pour ce charme de composer, d’exprimer, de chercher aux sentiments, aux pensers, aux rêves de choses ou de personnes, une façon de les dire à mon gré, de leur trouver une figure selon mon cœur.
Ils ne disaient rien que de juste et que de convenable, rien qui ne fût d’un commerce doux, facile et gai… Je sentis même une chose qui m’était fort commode, c’est que leur bon esprit suppléait aux tournures obscures et maladroites du mien ; ce que je ne disais qu’imparfaitement, ils achevaient de le penser et de l’exprimer pour moi sans qu’ils y prissent garde, et puis ils m’en donnaient tout l’honneur. […] Ce prélat parla, ce me semble, assez bien de Marivaux ; il le loua d’abord, non pas tant pour ses écrits que pour son caractère : « Ce n’est point tant à eux, dit-il, que vous devez notre choix, qu’à l’estime que nous avons faite de vos mœurs, de votre bon cœur, de la douceur de votre société, et, si j’ose le dire, de l’amabilité de votre caractère. » En venant aux ouvrages, il s’exprime plutôt comme par ouï-dire, afin de n’avoir point, lui homme d’Église, à se prononcer directement en ces matières légères de roman et de théâtre : « Ceux qui ont lu vos ouvrages racontent que vous avez peint sous diverses images, etc.
Je n’ai point à prononcer là-dessus ; mais si Duclos définit avec précision et rectitude l’état de la société vers le milieu du siècle, s’il nous donne, comme on l’a dit, le code des mœurs à ce moment, M. de Meilhan exprime avec non moins de netteté et, je le crois, avec plus d’étendue, l’état moral de cette même société dans les dernières années de Louis XVI ; il refait le même portrait, mais à l’extrême saison et au déclin. […] Les grands hommes n’ont jamais vécu dans les cercles de la bonne compagnie ; ils y paraissent, mais les entraves dont elle accable l’homme supérieur l’en écartent : il vit en famille, avec sa maîtresse (voilà la marque et le petit signe libertin du xviiie siècle, qui se mêle à tout), avec des amis particuliers ; il cherche la confiance, et il n’a pas besoin des petits succès de la société pour s’assurer de sa valeur… Ce qui ne peint pas moins M. de Meilhan que son moment de société, c’est que dans ce regret général qu’il exprime de voir les caractères s’effacer de la sorte, il trouve moyen de songer même à la disparition prochaine des grands fats et des Alcibiades qui vont chaque jour en diminuant ; il le dit d’ailleurs d’une manière piquante : Il est des genres dans la société qui se perdent ; c’est ainsi que certains poissons, après avoir longtemps abondé sur les côtes, disparaissent pour des siècles.
Il exprimait ses idées avec clarté parce qu’il les disposait avec ordre. […] Il y a bien des années que, lisant de suite ce recueil des notices historiques de Vicq d’Azyr, simple étudiant alors et en chemin d’être médecin moi-même, mais hésitant encore entre plusieurs velléités ou vocations, il m’a été donné d’en saisir le doux intérêt et le charme ; en passant de l’un à l’autre de ces personnages, je sentais varier mes propres désirs ; chacun d’eux me disait quelque chose ; l’idée dominante que l’auteur avait en vue et qu’il exprimait dans la vie de chacun de ces savants m’apparaissait tour à tour et venait me tenter, même lorsque cette idée dominante n’était que des plus modestes : car il y a cela de particulier dans la touche de Vicq d’Azyr, qu’une sorte de sympathie y respire et que le coloris léger n’y dérobe jamais le fonds humain.
Ronsard y raconte à l’un de ses amis, Pierre Lescot, l’un des architectes du Louvre, comment dès son enfance il résistait à son père qui lui disait de renoncer à la poésie, et comment déjà le démon du rêve et de la fantaisie le transportait ; je crois bien qu’en la mettant à l’âge de douze ans, alter ab undecimo…, il antidate un peu sa jeune manie, pour la mieux peindre ; mais il exprime cela en jeune homme qui n’a pas cessé d’en être possédé au moment où il en parlef : Je n’avois pas douze ans, qu’au profond des vallées, Dans les hautes forêts des hommes reculées, Dans les antres secrets, de frayeur tout couverts, Sans avoir soin de rien je composois des vers. […] [1re éd.] mais il exprime cela en homme qui n’a pas cessé d’en être possédé au moment où il en parle g.
Vous trouverez bon que je ne vous exprime pas tout le dégoût que j’ai pour de pareils ouvrages. » Voilà bien un mépris tranquille, et tel que les natures hautes et nobles en conçoivent pour la difformité qui s’ingénie et qui s’évertue. […] Conçoit-on un dernier vers aussi faible et aussi lent qui termine toute la pièce, et vient couronner une strophe faite surtout pour exprimer la joie et le bondissement ?
Il faut donc faire là comme en tant d’autres points de l’histoire : étudier, creuser, recourir aux sources, se former une opinion directe ; après quoi l’on se trouvera revenu, par bien des détours et avec des motifs plus approfondis, à ce que les contemporains judicieux et vifs avaient exprimé d’une manière plus légère. […] De tous ces vœux, le plus en dehors et le plus flamboyant est celui de Villars, mais il l’a exprimé ce jour-là comme un héros de Corneille.
J’avais regretté, en finissant, que Tocqueville eût été atteint et frappé si au cœur par les événements qui avaient déconcerté ses principes, et j’avais exprimé cette idée qu’un degré de calme de plus, si convenable chez un successeur d’Aristote et de Montesquieu, l’aurait peut-être conservé à ses amis. […] Il eût partagé de nobles ardeurs ; il eût exprimé de généreuses espérances.
Il n’est rien de tel pour fortifier son jugement et accroître son expérience que d’écouter les esprits supérieurs et de recueillir leurs témoignages quand ils ne s’expriment pas en vue de la foule et pour amuser la galerie, mais quand ils parlent avec netteté et simplicité pour se laisser voir tels qu’ils sont à ceux qui sont dignes de les bien voir. […] Pourquoi n’admettrions-nous pas la vérité des sentiments qu’elle exprime sans faste à cet endroit de sa vie ?
Placé aux confins de l’école française, un des représentants de cette école, non plus chez elle et dans les douceurs du chez-soi, dans les grâces légères de l’insouciance et du loisir, mais en marche et comme en voie de conquête, lorsque, chargée déjà de butin étranger, elle a un pied par-delà le Rhin, il fait la chaîne d’Auber à Meyerbeer ; d’un genre un peu mixte sans doute, mais non pas hybride ; élevé, savant, harmonique, très-soigneux de bien écrire musicalement parlant, sachant plaire toutefois, ne négligeant pas la grâce, cherchant et trouvant agréablement ce qu’Auber trouve sans le chercher, mais enclin surtout et habile à exprimer dramatiquement la tendresse et la passion. […] C’est ce lien des esprits et de toutes les Muses qu’il sentait si bien, et dont il eut la satisfaction d’exprimer plus d’une fois la douceur quand il fut devenu l’organe aimable et sympathique de son Académie.
Je sais bien qu’on a plus d’une fois discuté et contesté l’originalité entière de cette morale chrétienne, telle qu’elle apparaît à la réflexion et que je l’exprime en ce moment ; on a prétendu qu’il n’y avait pas une si grande distance entre elle et les maximes des plus sages de l’Antiquité, et, pour ne parler que des plus en vue dans notre Occident, de Socrate, de Platon, de Cicéron, de Sénèque, et plus tard de Marc-Aurèle. […] considérez comment croissent les lis des champs… etc. » Nous savons tous dès l’enfance ces belles paroles, nous sommes nourris de ces innocentes et virginales images ; l’idée pourtant qui y est exprimée ou plutôt touchée si légèrement, le conseil qui y est donné d’un air si aisé et d’un si engageant appel, n’est pas seulement un renchérissement sur la nature, c’est plutôt un renversement de cette nature humaine tout égoïste et du sens commun ordinaire, en vue d’une idéale et surnaturelle perfection.
Ce que je sais, comme spectateur et témoin des mouvements et variations de notre temps, c’est que la plupart des idées et des réformes indiquées étaient depuis longtemps dans la pensée et dans les discours des hommes éclairés qui s’occupaient le plus de beaux-arts en dehors des Académies, et qu’elles venaient, bien qu’un peu tard, réaliser des vœux qu’ils n’avaient cessé d’exprimer. […] Malgré l’espoir que j’exprimais, les suites de ce débat et de ce mauvais vouloir obstinément prolongé ont été, après un certain nombre de leçons (sept en tout), la retraite et la démission de M.