Elle aima les sçavans hommes surtout, les favorisant de telle sorte, que ceux de sa connoissance avoient la meilleure part en sa bonne grace, & les eut préférés à quelconque grand seigneur, & fait courtoisie à l’un plutôt gratis, qu’à l’autre pour grand nombre d’écus : qui est contre la coutume de celles de son métier & qualité*. » Louise Labbé vivoit dans la plus grande union avec Clémence de Bourges. […] si tu veux que j’aime jusqu’au bout, Fais que-celui que j’estime mon tout, Qui seul me peut faire plorer & rire, Sente en ses os, en son sang, en son ame, Ou plus ardente, ou plus égale flamme.
Les Œuvres spirituelles de Fénelon, sont le fruit d’une belle ame & d’un cœur sensible qui aime & qui fait aimer la vertu ; mais il y a une petite teinture de quiétisme, qui pourroit produire de mauvais effets sur les esprits foibles.
Ah, je ne veux jamais régner ; j’aime mieux aimer à mon gré.
Le plus grand effet des préjugez que les peintres et les poëtes sement dans le monde contre un nouvel ouvrage, vient de ce que les personnes qui parlent d’un poëme ou d’un tableau sur la foi d’autrui, aiment mieux en passer par l’avis des gens du métier, elles aiment mieux le repeter, que de redire le sentiment de gens qui n’ont pas mis l’enseigne de la profession à laquelle l’ouvrage ressortit.
Elle conduit au bonheur, parce qu’elle conduit à la sagesse et elle conduit à la sagesse parce qu’elle en vient et que c’est son pays même, ou naturellement elle aime à mener ses amis. […] Je le félicitai, en lui recommandant de ne pas se faire d’amis, la Bibliothèque nationale regorgeant d’aimables causeurs qui semblent ne pas aimer la lecture des autres et qui se relayent pour vous empêcher de prendre connaissance du livre que vous venez d’ouvrir.
car j’aime mieux mourir que de vivre ainsi. […] j’aimerais mieux te voir le corps tout nu. […] Ainsi, par une des visionnaires, celle qui aime Alexandre, le cardinal avait voulu désigner madame de Sablé, auprès de qui lui-même avait échoué, et pour se venger de laquelle il voulait donner à la belle insensible le ridicule de n’aimer que le héros de Macédoine. […] Quoi qu’il en soit, Voiture, dans le doute où il était sur la paternité de Roxane, aima mieux l’admirer que la critiquer. […] La Muse, par malheur, le hait autant qu’il l’aime.
Nous vivons, comme aime à le rappeler M. […] Même une femme n’aime pas ainsi. […] Si un génie d’amour lui-même n’aime pas avec ce génie et n’en fait qu’un emploi esthétique, à plus forte raison un peintre, un romancier, un philosophe n’aimera-t-il pas avec son génie. Autrement les plus grands hommes aimeraient les femmes les plus distinguées. […] Mais ce mal fait tellement corps avec le solitaire qu’il l’aime du même fonds dont il s’aime, qu’il ne pourrait le détester qu’en se détestant.
Et Pouchkine mérite d’être aimé. […] Exempt d’envie, libéral de son trop-plein d’idées et de gloire, il aimait naturellement le succès d’autrui, comme on aime le soleil sur les fleurs ; c’est la vraie marque du génie, celle qui est au cœur. […] Par instants, il retrouvait des éclairs de son ancienne gaieté, surtout près des enfants, qu’il aimait. […] Et pourtant Ivan Serguiévitch se fût désespéré à l’idée de dormir ailleurs : il l’aimait tant, sa mère Russie ! […] Il ne se fût certes pas offensé de la comparaison, lui qui aimait tant son peuple !
Aimera-t-elle encore, et longtemps, Milhaud qui la sauve ? Et a-t-elle jamais aimé ? […] Il aime à ce point Molière qu’il le joue. […] Il va aimer. […] Jean Giraudoux a toujours aimé la province.
Cousin n’aime pas la concurrence. […] « À Boulogne on aime à se moquer », disait quelquefois M. […] Sainte-Beuve dans les derniers mois, dînait quelquefois avec lui, et l’on aimait toujours à entendre cette parole éloquente et convaincue. […] Sainte-Beuve aimait à retrouver là encore son humeur dans celle de son père. […] Sainte-Beuve aimait à parler du chancelier : il en eut assez souvent l’occasion, dans les derniers temps de sa vie, quand l’ancien secrétaire du duc, M.
Ce paladin aime Bradamante, aussi guerrière, aussi belle, mais plus chaste et plus fidèle qu’Angélique. […] On voit que ce poète, comme tous les vrais poètes, adorait la campagne et la peignait comme il l’aimait. […] Ils se nommaient Cloridan et Médor ; dans la bonne fortune comme dans la mauvaise, ils avaient aimé également leur prince Dardinel, et maintenant ils avaient passé la mer pour venir combattre en France avec lui. […] En parlant ainsi, Cloridan jette son fardeau à terre, pensant que Médor va en faire autant ; mais cet enfant, qui aimait son maître mort plus que sa vie, le recharge seul sur ses épaules. […] Voilà pourquoi, malgré tout le plaisir que j’ai éprouvé en écoutant les belles histoires de Ginevra et d’Isabelle, je ne l’aime pas, votre poète ; il a trop l’air de se moquer de moi.
T’aimerais-je ainsi si tu n’étais que mon fils ? […] Pauvre femme, qui aime en songe un idéal d’innocence sous les traits d’un enfant abandonné et recueilli par elle, et qui, à son réveil, reconnaît qu’elle a réchauffé et allaité un monstre qui la dévore et qui la souille ! […] C’est le forfait de la plume, c’est l’instrument du supplice de celle dont le seul sort fut de trop aimer son bourreau ! […] Diderot eut bien à se repentir depuis de sa facilité à aimer un ingrat. […] un tel homme n’a pu être aimé des dieux, selon l’expression antique, et l’impureté de l’organe aurait altéré, en passant par sa bouche, l’évangile même du peuple dont on a voulu le faire, quelques années après, le Messie.
N’était-ce pas plutôt parce que les paroles, une fois écrites, deviennent mortes et froides comme la cendre dont la flamme s’est envolée, et qu’ils aimaient mieux s’en fier à l’écho vivant des lèvres humaines qu’à la lettre morte de leurs écrits ? […] Ce peuple, oisif toutes les fois qu’il n’était pas occupé à se défendre contre les Perses ou à se déchirer lui-même par ses factions, aimait à se passionner à froid, pour ou contre ses sophistes ; ces sophistes, consommés dans le métier de l’éloquence, étaient aux philosophes et aux politiques ce que les comédiens sont aux héros. […] Athéniens, vous aimez la gloire, et, si je voulais agir ainsi, vous ne devriez pas le souffrir ; vous devriez déclarer que celui qui recourt à ces scènes pathétiques pour exciter la compassion vous dégrade, et que vous le condamnerez plutôt que celui qui attend tranquillement votre sentence. […] Je succombe pour n’avoir pas voulu vous dire les choses que vous aimez à entendre. […] « Et toutes les fois que vous verrez un homme se lamenter et reculer quand il faudra mourir, ne penserez-vous pas que c’est une preuve que cet homme n’aime pas la sagesse, mais qu’il aime son corps et tout ce qui est du corps, l’argent, les honneurs, ou ces deux choses à la fois ?
C’est la privation d’un homme habitué à boire des petits verres, qui ne trouve plus dans son gousset les trois sous, pour continuer à aimer la vie. […] Sa place n’est pas là, il me semble… Et dans le triste recueillement, je revoyais le cher garçon, avec sa bonne figure, ses yeux limpides d’enfant s’allumant de passion, quand on parlait d’individus ou de choses qu’il n’aimait pas : une nature un peu grosse d’apparence, mais avec des délicatesses, et des tendresses curieuses en dessous, — et un lettré apportant à ses amis des lettres tout son dévouement, et sans réserve et sans restriction aucune. […] Et cet ami me confiait que dans ces accès de pure bestialité d’autrefois, il était tout à coup irrité, oui, irrité contre cette spiritualité, cette divinité transfigurant le visage d’une sale bougresse, et qui lui donnait la tentation de l’aimer autrement que physiquement. […] Il nous dit : « Oui, oui, je voudrais gagner de l’argent, pour me payer un four avec une œuvre que j’aimerai, une œuvre de talent ! […] Il n’aime plus autant le joli, le fini des objets japonais, il est séduit par la barbarie de quelques-uns de ses produits d’art industriel, notamment par le fruste, la brutalité, la coloration crûment puissante.
Êtres inouïs dont on aime jusqu’aux ténèbres, et dont la pensée, obscure toujours, s’étoile par moments comme le noir de la nuit ! […] On dirait que Baudelaire — esprit très hardi cependant — s’est épouvanté pour celui qu’il aime et a voulu concilier le gros du public à Edgar Poe, en dévoilant peu à peu ce génie insolite et déconcertant. […] En présence d’une société grossière, qui aime les tours de force, les difficultés vaincues, qui ferait plus de cas du tableau de la Transfiguration, s’il était fait à cloche pied, la faim explique tout. […] Quoique marié (son biographe ne nous dit pas à quel autel), quoique marié à une femme qu’il aima, prétend-on, — mais nous savons trop comment aiment les poètes, — la famille ne créa point autour de lui d’atmosphère préservatrice. […] La mort de la femme de Poe n’entraîna pas, du reste, la mort de l’âme qui l’avait si éperdument aimée.
Pour moi, j’aime à ne point séparer ces divers mobiles, et il me semble que, même au point de vue littéraire, ils méritent de s’unir et de se confondre. […] Disons-le sans détour, l’abbé Prévost, reparaissant à Hesdin sous forme de marbre et couronné de la main de ses compatriotes, ce n’est pas seulement l’homme célèbre qui est salué avec respect, c’est à la fois moins et plus, et c’est mieux : c’est l’Enfant prodigue, qui, après une longue absence et après avoir longtemps fait parler de soi en bien des sens, illustré par ses erreurs mêmes et par cette sorte de magie qu’il n’est donné qu’au génie d’y répandre, a terminé son temps d’exil, et qui revient plus aimé, plus embrassé de tous, fêté même et pardonné par les plus sévères. […] La ville d’Hesdin acquittait à la fois sa dette municipale envers une famille honorable et chère, et elle acquittait aussi la dette générale de la France envers un écrivain aimé, populaire, qui ne fut point heureux en son temps, qui n’eut jamais les honneurs littéraires et académiques, qui travailla constamment pour vivre, et qui, un jour de bonne fortune, a fait un chef-d’œuvre sans y songer. […] Homme bon, entraînant, fragile, cœur tendre, esprit facile, talent naturel, langue excellente, plume intarissable, inventeur invraisemblable et hasardeux, qui sut être une fois, comme par miracle, le copiste inimitable de la passion, tel fut l’abbé Prévost, qu’il ne faut point juger, mais qu’on relit par son meilleur endroit et qu’on aime.
Vous aimez Fénelon, vous chérissez ses grâces, son insinuation noble et fine, ses chastes élégances ; vous lui passeriez même aisément ce qu’on appelle ses erreurs : et Bossuet les a combattues, ces erreurs, non seulement avec, force, mais à outrance, mais avec une sorte de dureté. […] En un mot, Bossuet se conduisit comme un jeune lévite militant qui, au lieu d’accepter tout d’abord un poste agréable au centre et dans la capitale, aime mieux aller s’aguerrir et se tremper en portant les armes de la parole là où est le devoir et le danger, sur les frontières. […] Il aime ces formes souveraines ; il étend la main sur les choses, et, durant le temps qu’il parle, il ne peut s’empêcher de faire l’office du Dieu son maître. […] Non : c’est assez de vous dire que les regards qui leur plaisent ne sont pas des regards indifférents, ce sont de ces regards ardents et avides, qui boivent à longs traits sur leurs visages tout le poison qu’elles ont préparé pour les cœurs, ce sont ces regards qu’elles aiment.
Des sentiments personnels se joignaient à ce qui n’était qu’imagination et rêve : il aimait. […] Ce d’Olban, qui erre déguisé sous le nom de Sinval, coupable d’un meurtre dans un duel, amoureux d’une jeune fille et, sans le vouloir, aimé d’une autre, quand il voit qu’il a perdu à jamais celle qu’il aime et qu’il porte partout avec lui le trouble et le désespoir, recourt très vite à ses pistolets et se tue sur les ruines d’un vieux château, à la pointe d’un rocher. […] C’est ainsi encore qu’à l’occasion des Crétins du Valais dont les hommes notables du pays semblent rougir, les regardant comme une tache pour leur nation, et dont ils n’aiment guère à parler avec les étrangers, mais que le peuple et les enfants même respectent et considèrent au contraire comme une bénédiction, « comme des innocents marqués par le ciel pour n’avoir nulle part aux crimes de la terre et pour arriver sans obstacle au séjour des récompenses », il dira sans hésiter : « Laquelle de ces deux opinions est la plus respectable ?
Il avait aimé, il avait pleuré et chanté ses peines pendant une saison passée dans son beau Midi, la dernière avant son départ pour La Chênaie. […] Aucun de ceux qui ont connu et aimé M. de Lamennais, en ces années de passion douloureuse et de crise, à quelque point de vue qu’on se place, n’ont, ce me semble, à en rougir ni à s’en repentir. […] Quel mystérieux sujet de méditation et de rêverie pour ceux qui aiment à se prendre aux grandes destinées interrompues ! […] Tout cela est noté, et peint, et surtout senti : ce jeune enfant du Midi puise dans je ne sais quelle tristesse originelle un instinct particulier pour comprendre et aimer du premier jour cette nature du Nord, voisine des tempêtes : Le 8 (mars). — Jour de neige.
J’ai aimé et j’aime surtout la politique juste et la liberté sous la loi… On m’a quelquefois reproché de ne pas m’associer assez vivement aux impressions publiques. […] L’auteur a pourtant, par le titre même de son livre, pris possession déjà de l’époque, et il dit « Mon temps. » J’ai toujours été étonné, je l’avoue, de cette façon de dire, qui est très en usage, je le sais, même chez d’autres peuples ; mais j’en suis toujours un peu choqué pour mon compte ; quand un homme, si éminent qu’il soit, parle des années que nous avons parcourues et vécues comme lui, et qu’il m’en parle à moi-même, j’aimerais mieux qu’il dît « Notre temps. » L’originalité de l’ouvrage commence avec le second volume, c’est-à-dire avec la Révolution de Juillet, qui porta décidément M. […] Guizot lui-même, passant en revue la politique des divers Cabinets d’Europe, et s’exagérant un peu, je le crois, la passion de la paix qui possédait en 1830 les gouvernements et les peuples, nous dit de l’empereur de Russie, Nicolas, auquel il attribue la même passion, jointe à beaucoup de malveillance pour Louis-Philippe et pour le trône de Juillet : « Il eût pu être tenté de profiter, par la guerre, des troubles de l’Europe ; il aima mieux les grands airs de la domination en Europe au sein de la paix. » Or, ces grands airs de domination, on les acceptait, on ne cessa de les subir.
C’est une justice qu’on aime à se rendre en France, même entre adversaires. […] Mais vraiment, poussé à ce point pour un vœu assurément bien innocent qui m’est échappé, je serais tenté de répondre : En vérité, Tocqueville a d’étranges amis politiques ; ils ont l’air de l’aimer mieux mort que vivant, parce que c’est un beau thème pour eux et un saint de plus. […] » Voilà comme je l’aimerais plus souvent. […] Lui, venu plus tard, il a rapproché de beaucoup l’objet de son rêve : c’est l’époque de la Restauration et celle de Louis-Philippe qu’il embrasse avec prédilection dans ses regrets, et qu’il confond presque dans une admiration commune ; il les aime pour le régime de publicité, de tribune, de libre discussion qui y régnait, et où chaque opinion comme chaque talent trouvait son compte.
Il y a des amis auxquels on ne pensait plus, et qu’on se remet ainsi subitement à aimer contre d’autres. […] J’aime peu la satire, mais je la conçois et je l’admets ; elle peut être de diverses sortes. […] On assure qu’il passe son temps à colliger une foule d’armes défensives et offensives ; de quoi accabler ceux qu’il aime aujourd’hui et qu’il pourra haïr demain, ceux qu’il déteste à présent et dont il veut se venger plus tard… » C’est de moi que M. de Pontmartin parle en ces aimables termes : et tous ceux qui ont lu son livre m’ont presque fait compliment comme à l’un des moins maltraités encore entre nos confrères. […] cela me donne envie d’aimer d’autant plus Paris, quand je vois ceux qui le maudissent commettre de telles fautes de goût, de bienséance, et, boutade pour boutade, je m’écrie à l’encontre : « Paris, ville de lumière, d’élégance et de facilité, c’est chez toi qu’il est doux de vivre, c’est chez toi que je veux mourir !
Pour tranquilliser donc, ceux des lecteurs qui aiment, à savoir d’avance de qui on leur parle, je dirai que M. […] Il a fait un joli roman, Mademoiselle de Liron, son seul titre vraiment littéraire : son héroïne n’est pas une héroïne, c’est une fille aimable et sensée qui excelle aux soins du ménage et à la pâtisserie du pays, une campagnarde un peu philosophe qui a aimé et failli une première fois, et qui aimera et cédera encore une seconde ; intéressante et sensible, bien qu’un peu grasse23. […] C’est la même que cette duchesse de Mouchy aimée de Chateaubriand, et qui eut l’idée de lui donner rendez-vous à l’Alhambra au retour du pèlerinage à Jérusalem.
Grenier, qui débrouille aussi nettement que possible l’état présent, qui l’analyse et l’expose en pleine connaissance de cause, comme il sied à quelqu’un qui aime les Grecs, qui les a vus chez eux, qui leur a du une hospitalité amicale et savante ; et qui n’en désespère nullement, ce volume, toutefois, a surtout contribué à réveiller en moi tous les souvenirs contraires, et à me rendre, avec une certaine amertume qui ne déplaît pas à l’expérience, le sentiment de ces belles années où la Grèce n’était pas comme un malade atteint de maladie chronique, exposé à l’indifférence de tous, mais une héroïne saignante et une victime, une Andromède enchaînée et palpitante pour laquelle on s’enflammait. […] Pour les purs, pour les lettrés enthousiastes et ardents, pour ceux qu’un danger de plus stimule à l’étude, et qui aiment à montrer qu’ils sont capables d’être hommes en même temps qu’érudits, aller en Grèce un jour et le plus tôt possible, arriver au pied de ses monuments, en face de ses marbres, avant que la flamme, la fumée des dernières explosions fût dissipée et éteinte, avant que les dernières balles eussent cessé de siffler, c’était, — comme l’a dit Quinet et comme il l’a prouvé, — c’était « le long désir de la jeunesse. » Et tous ceux qui n’allaient pas en Grèce la chantaient, la racontaient, la pleuraient sur tous les tons. […] En commençant par l’Albanie et l’Épire, en visitant la Morée, puis l’Attique encore turque, il prend les Grecs pour ce qu’ils valent, sans les surfaire, et se borne à jouir de ses impressions âpres et neuves, à les exprimer toutes vives et sur le temps : « J’aime les Grecs, disait-il, ce sont de spécieux et séduisants vauriens, avec tous les vices des Turcs sans leur courage. […] C’est même un inconvénient dans l’état actuel que cet enseignement « qui tend à surexciter les aspirations, déjà excessives, des Grecs vers les carrières libérales : avocat, médecin, homme de lettres, la race grecque tend à s’absorber dans ces trois professions. » Le Grec est babillard, discuteur et aime à politiquer.
Le Maître107 pour d’autres études, qu’il disait un jour confidemment à un ami de qui je le tiens : « Je ne me soucierais pas d’être disgracié et de faire « la culbute (ce fut son terme), pourvu que Port-Royal fût « remis sur pied et fleurit de nouveau. » La bonne tante l’aimait aussi bien tendrement. […] Eustace dit donc au sulpicien qu’il avait ouï avec édification ce qu’il venait de dire de l’illustre défunt avec justice ; que c’était avec quelque justice aussi qu’il avait souhaité d’être enterré dans la maison où il avait reçu les premières semences de la Religion et de la Vérité qu’il avait aimées. […] Il aime fort l’Écriture, et surtout les Psaumes. » Boileau resta donc davantage lui-même jusqu’à la fin ; il était une nature plus fixe que Racine. […] Depuis que la critique est née et a grandi, qu’elle envahit tout, qu’elle renchérit sur tout, elle n’aime guère les œuvres de poésie entourées d’une parfaite lumière et définitives ; elle n’en a que faire.
Il s’agit de revenir à la nature, d’admirer la campagne, d’aimer la simplicité des mœurs rustiques, de s’intéresser aux villageois, d’être humain, d’avoir un cœur, de goûter les douceurs et les tendresses des affections naturelles, d’être époux et père, bien plus d’avoir une âme, des vertus, des émotions religieuses, de croire à la providence et à l’immortalité, d’être capable d’enthousiasme. […] Le goût n’est plus aux cascades, aux statues, aux décorations raides et pompeuses ; on n’aime que les jardins anglais. […] Être bon, être aimé, voilà l’objet d’un chef d’État, d’un homme en place Cela va si loin qu’on se figure Dieu sur ce modèle. […] Hippeau, IV, 86 (23 juin 1773), représentation du Siège de Calais à la Comédie-Française : « Au moment où Mlle Vestris a prononcé ces vers : Le Français dans son prince aime à trouver un frère, Qui, né fils de l’État, en devienne le père.
Il ne se contente pas d’aimer la nature dans ses instincts, qui sont les guides de l’action : il l’aime dans ses passions, où il voit les agents, les ressorts de l’action. […] Le Président Hénault, homme de confiance de la dévote reine, ménageait les philosophes sans les aimer, et ils le ménageaient en s’en défiant. […] On aimerait à s’arrêter sur d’Holbach, Condillac, Turgot, Condorcet : nous sortons d’eux autant que de Voltaire, de Diderot, de Rousseau, de Buffon.
Reste, comme j’ai dit, qu’il prenne une moyenne entre les deux Tartuffe… J’aime mieux qu’il s’en charge que moi… Du temps de Molière, conformément à sa pensée, Tartuffe fut joué en « comique » et même en « valet comique » ; et cette interprétation dura jusqu’au commencement de ce siècle. […] Enfin il semble qu’il ait voulu surtout nous rendre sensible cette idée, que Tartuffe se perd parce qu’il aime. […] Vrai, j’aime mieux l’impureté franche et qui avoue. […] Mais Elmire : C’est que vous n’aimez rien des choses de la terre.
À dater de 1843, ce fut plus habituellement à Venise qu’il établit sa vie, sauf encore les absences qu’il aimait à faire à certaines saisons, et une retraite de plusieurs mois à Hambourg pendant les événements de 1848 ; mais c’est à Venise qu’il est revenu vivre dès 1849, et qu’il est mort. […] Marmont, ramené lui-même à ces temps de splendeur et d’enivrante espérance, lui en exprimait avec feu l’esprit ; il lui parlait de son père, comme il l’avait vu, comme il l’avait aimé alors ; il ne craignit pas d’entrer dans les détails de nature et de caractère : il lui disait que son père avait été bon, avait été sensible, avant que cette sensibilité se fût émoussée dans les combinaisons de la politique ; il lui disait, comme il l’a dit depuis à d’autres, et avec une larme : « Pour Napoléon, c’était le meilleur et le plus aimable de tous les hommes, le plus séduisant, le plus sûr en amitié ; mais l’homme privé était tellement chez lui l’instrument de l’homme politique, que tout ce que l’on a dit de lui, tout ce que j’ai souffert moi-même de l’homme politique, tout cela se concilie avec le sentiment que j’exprime. » Et il avait deux traits singuliers qu’il aimait à citer comme indice et preuve de cette sensibilité première, et si bien recouverte ensuite, de Napoléon. […] L’autre trait que Marmont aimait à citer au duc de Reichstadt, et que d’autres encore ont entendu de sa bouche, est plus remarquable.
Si dans les hommes irrités dont je parle, il en est qui aient gardé le culte des purs sentiments libéraux, de la vieille liberté entendue comme en 89 ou en 1819, qui aient aimé cette liberté de la même manière avant et pendant le pouvoir, qui n’aient jamais senti, alors qu’ils étaient les maîtres, qu’il fallait faire fléchir les principes eux-mêmes devant les nécessités publiques et les périls imminents, s’il est de tels hommes qui aient conservé chastement en eux ce premier idéal de la nature humaine et de la nature française gouvernable, à ceux-là je leur accorde tout ; de tels modèles sont beaux de temps en temps à contempler à distance dans l’histoire. […] L’espoir des grandes actions vous tente et vous soutient, j’aime à le croire : en attendant, les actions vaines ne prennent pas moins de place. […] Là est l’écueil, là est la tentation en effet pour ceux qui ont dû se lever de table avant la fin du repas : ils aiment à se persuader qu’à partir de là l’empoisonnement commence. […] Telle est mon espérance ; j’aime à compter sur des successeurs.
Amyot, se prenant à Longus et à Plutarque, propageait mieux la littérature grecque, et en faisait plus sûrement aimer la prose. […] » À cette maxime affreuse d’aimer ses amis comme si on devait les haïr un jour, Barthélemy aimait à substituer, d’après un ancien, cette autre maxime plus consolante et plus humaine : « Haïssez vos ennemis comme si vous deviez les aimer un jour. » Barthélemy marque la fin du xviiie siècle dans son plus honorable déclin.
Zola : que le fumier ne sent pas bon ; que si l’on boit trop de vin ou de cidre, on se grise ; qu’il est arrivé quelquefois à la grêle de hacher les blés ; qu’il est plus dur de moissonner que de cracher dans un puits pour y faire des ronds ; que, d’ailleurs, ce ne sont point des clubmen qui hantent d’ordinaire les cabarets de village ; et que le paysan aime âprement la terre. […] Ou, si l’on aime mieux cette autre façon de dire la même chose : le peu de vérité qu’il y a dans La Terre est banal, pour traîner partout, et le peu de nouveauté qu’on y rencontre n’est pas vrai. […] C’est que ceux-ci ont vraiment aimé les humbles et les dédaignés, cette foule anonyme et obscure, que le grand art, l’art officiel et d’apparat, si l’on peut ainsi dire, avait rayée de ses papiers. […] J’aimerais autant qu’un expéditionnaire affichât le mépris de l’orthographe et de la calligraphie, c’est-à-dire des instrumens mêmes du métier qui le fait vivre !
Son esprit ressemblait à celui du dix-septième siècle ; il n’a pu s’empêcher d’aimer, d’admirer, de louer uniquement le dix-septième siècle. […] J’aime mieux être un petit bourgeois dans une société de petits bourgeois, qu’un seigneur dans une société de seigneurs. […] Cousin m’a fait lire une lettre de recommandation ; j’aimerais mieux un signalement. » II Si M. […] On ne sait plus ce qu’est devenue la raison raisonnante ; des formes, des couleurs se tracent sur le champ décoloré où la pensée abstraite ordonnait ses syllogismes ; on aperçoit des gestes, des attitudes, des changements de physionomie ; peu à peu le personnage ressuscite ; il semble qu’on l’ait connu ; on prévoit ce qu’il va faire, on entend d’avance le cri de sa passion blessée ; on ne le juge pas, on l’aime ou le hait, ou plutôt on sent avec lui et comme lui ; on quitte son siècle, on devient son contemporain, on devient lui-même.
Nous sommes quelques-uns à les aimer mieux que les autres, et à le répéter. […] J’aime que chez Jules Renard, sans grossissement, la médiocrité soit honorable, le ridicule discret, et l’inattendu sans surprise. […] Poil de Carotte est le troisième gosse de la famille Lepic, celui qu’on n’aime pas.
Dépravé par l’habitude du commérage, il ne le recherche point pour ce qu’il peut avoir de piquant et d’inattendu, il l’aime pour lui-même, comme l’ivrogne aime l’ivresse pour l’ivresse et non pour les délicieuses et pénétrantes saveurs des vins. […] nous n’aimons pas le duc de Saint-Simon.
nous l’avons dit assez souvent pour qu’on ne puisse plus l’oublier, nous aimons mieux l’histoire creusée que l’histoire étendue, si la superficie qu’elle embrasse doit lui faire perdre de sa profondeur. […] Ils aiment mieux nous raconter des malheurs et des défaites que d’élever des arcs de triomphe et de décrire les magnificences de la fortune. […] Il n’a pas ce genre d’imagination, difficile à dompter, qui maîtrise et entraîne un homme vers les spectacles pressentis par l’âme qui les aime et qui doit en recevoir l’impression à pleins bords et avec d’inexprimables frémissements.
Michelet, malgré sa dévotion pour les Saintes révolutionnaires dont il écrit la légende, a mieux aimé (peut-être n’était-il pas libre dans ce choix) se répéter et se recopier que de penser et d’écrire à neuf. […] Nous aimons encore mieux l’ange de la métaphysique, quand même il devrait assassiner le bon sens. […] Sensible, inconséquente, entraînée, vraie femme au fond sous ses airs grenadiers de virago, amazone de la pensée qui n’eut jamais le sein coupé, madame de Staël se prit d’horreur pour la Révolution qu’elle avait aimée.
, à tous ces messieurs Jourdain de lecteurs qui aiment que, dès le début, un auteur leur frappe, sans façon, sur la cuisse, et leur dise à la bonne franquette : « Mettez-vous là, mon gendre, et dînez avec moi ! […] Nous l’aimons pour cette raison et nous le lui avons dit, quoiqu’il l’ait oublié… C’est, de naturel, un très agréable conteur, naïf et attendri, une espèce de Greuze littéraire, qui aurait toute la pureté de son talent s’il se débarbouillait de cette fumée de pipe qu’on appelle « la philosophie allemande » et qui encrasse (je pourrais dire un mot plus laid si je parlais la langue des tabagies) les plus jolies parties de ses tableaux. […] » Mais, fruit pour fruit, les femmes honnêtes et les hommes d’honneur aimeront mieux celui qu’ils ont retiré déjà et qu’ils peuvent retirer à nouveau de la lecture des petits romans à la Greuze de Weill, faits ou à faire, que de son traité des filles à marier, adressé à mademoiselle sa fille.
Mais tout en écrivant ces romans avec un procédé littéraire de pointillement dans le détail que je trouve inférieur, et qu’ils avaient pris dans le genre d’étude qu’ils avaient fait du xviiie siècle, ils perdirent peu à peu le sentiment moral qui se révoltait souvent en eux contre le siècle même qu’ils aimaient tant, et dont ils n’avaient entrepris de faire l’histoire que parce qu’ils l’aimaient. […] Ce livre, que j’aime à opposer aux autres livres de MM. de Goncourt, ce livre très pailleté et très étincelant, n’avait point d’analogue alors dans la littérature contemporaine.
Comme il est mort avant la naissance de la république, dont il eût aimé la dictature encore plus que la liberté, comme il s’est agité, mais n’a pas agi, — rien n’étant plus différent de l’action politique que les vaines agitations d’un journaliste de parti, — on peut sans danger lui établir une conscience posthume irréprochable, et supposer magnifique le rôle qu’il n’a pas joué. […] Marrast, aimable et turbulent, qui avait été professeur de rhétorique et qui en rapportait les fleurs à son chapeau ; Marrast, ce Roger Bon-Temps d’avant-garde, qui avait le zèle tapageur de la Révolution, mais qui aimait trop les huîtres — celles qu’il mangeait et celles dont il se moquait — pour être une brosse de puritain et un austère ; Marrast enfin qui, s’il avait porté le bonnet rouge, y aurait campé des sonnettes, avait beaucoup de Jules Janin. […] C’était celle-là que l’on aime dans tous les pays, mais particulièrement dans celui-ci ; cette espèce de médiocrité qui est le niveau intellectuel de tout le monde et qui se parle dans une langue passable et époussetée.
Le journalisme, cet ogre qui aime la chair fraîche littéraire et qui mange les littérateurs en bas âge, a dévoré l’homme de lettres que Pelletan aurait pu devenir. […] Et quant à Lamartine, cet idéal du Citoyen, placé en contraste des trois autres dans toute la perfection de son personnage à la fin du livre de Pelletan, Lamartine, dont Pelletan est sorti comme les Méditations, — mais j’aime mieux les Méditations, — Pelletan s’en regarde trop comme la géniture pour ne pas se croire parricide s’il convenait d’une seule des erreurs de ce grand génie de poète égaré. […] Et pourquoi n’avouerions-nous pas avec calme que, pour une nature comme la sienne, plus apostolique que narquoise, pour un disciple de Lamartine, qui n’aimait pas non plus de Maistre, dont le génie positif était désagréable au « dadais » que le cruel Chateaubriand disait exister au fond du poète des Méditations, Pelletan s’est mieux tiré qu’on n’aurait cru de sa besogne de journaliste irrévérent et pittoresquement gouailleur.
Et pourtant, malgré tous ces motifs de sécurité, je ne trouve pas le caractère germanique à ce livre de l’Hygiène de l’âme, à ce petit traité, gros comme rien et clair comme un verre d’eau, dont le succès, en France, ne m’étonnerait pas, — car, en France, on aime tant la clarté, qu’on aime même celle des verres vides ! […] Ce médecin, de par le spiritualisme, ne tue pas le corps au profit de l’âme, ce que font très bien les ascètes et les grands mortifiés religieux, mais il guérit le corps par la vertu médicinale de l’âme et l’empêche de mourir, — quoiqu’il soit très bien mort, lui, à la fleur de son âge, ou en plein fruit, si vous aimez mieux, et très inconséquemment aux préceptes du catéchisme de santé dont il vient de doter l’Allemagne !
Écrasante leçon, pour le dire en passant, donnée à ceux qui aiment le beau ! […] IV Tel il m’apparaît dans le livre de l’abbé Monnin et tel il fut peut-être dans les desseins de Dieu, ce Curé d’Ars qui n’est pas seulement au ciel un Saint de plus, mais qui devait être sur la terre le type le plus accompli du grand confesseur, peut-être pour refaire aimer la confession à l’orgueil, devenu muet, des hommes ! […] En effet, pour l’observateur qui étudie cette étrange figure du Curé d’Ars, avisé, futé, très fin au fond, malgré la sublimité des vertus que son âme avait contractée ; pour qui lit ces réparties spirituellement vengeresses de son humilité, qu’il adressait à ceux qui le persécutaient de leurs compliments et de leurs hommages, et dont l’abbé Monnin, qui n’oublie rien, a égayé doucement son récit, il est hors de doute qu’elle ne mentait pas, cette physionomie de Voltaire, et que, sans Jésus-Christ, le Curé d’Ars aurait été un de ces esprits charmants et mordants comme les aime le monde, au lieu d’être une âme angélique devant Dieu.
I Ceux qui aiment et respectent la mémoire de Guizot regretteront, en lisant les Vies de quatre grands chrétiens français, que sa vieillesse ne fût pas plus fatiguée quand il l’écrivit, et qu’il ne mît pas par-dessus son ancienne renommée, pour la conserver, le couvert, si aisé pourtant, du silence. […] une idée qu’à l’instant même une autre idée ne surgisse au bout pour la contrepeser, pour l’empêcher de pencher à gauche ou à droite, — la grande affaire, la seule affaire, en dernière analyse, pour des gens qui n’ont pas la force de haïr vaillamment l’erreur ou d’aimer vaillamment la vérité ! […] Voilà les raconteurs de la vie publique de Calvin, — de ce dur commissaire de police religieuse, dont je n’ai pas de mal à dire, car j’aime les commissaires de police, et qui tint Genève sous sa griffe pendant des années, mais dont l’action énergique, le croira-t-on jamais ?
I Je n’aime point ce mot « d’extraordinaires », Il est prétentieux et vague, quoique enflé, disant, du même coup maladroit, trop et pas assez… « Extraordinaires ! […] Shylock est encore plus juif qu’avare ; d’ailleurs, il aime sa fille. Tony Forster et Grandet aiment aussi leur enfant, et souillent noblement du sentiment paternel l’immonde pureté de leur amour de l’or.
Je n’aime, pour les poètes, ni les écoles ni même les groupes. […] Les Sévillannes aimaient les promenades à la prairie de l’Alameda. […] c’est ce coloriste d’aujourd’hui et dont j’ai essayé de faire connaître la palette qui, au lieu de traduire quelque grand écrivain de génie, a mieux aimé emboîter le pas, en le traduisant, derrière un vieux soldat oublié, et bravement chausser les vieilles bottes et la casaque de guerre de cet héroïque roquentin !
Parmi les grands succès contemporains, — (et dans ce temps-là on aimait la poésie pour elle-même, on n’avait pas les ineptes dégoûts d’à présent,) — rien de plus prompt ne s’était produit. […] Amer crève-cœur pour qui aime le génie ! […] … IV À l’imitation de Stace, Auguste Barbier a donné assez pédantesquement le nom de Silves à ce plus récent recueil, — qui sera le désespoir définitif de ceux qui ont aimé l’auteur des Iambes et qui le respectent pour tout ce qu’il a fait de vraiment beau.
D’ailleurs, peut-être est-ce la punition des femmes qui déplacent leurs fonctions et se font écritoires, que de n’être aimées que par des hommes petits, qui les trouvent grandes et les adorent. […] En effet, Laurent est un poète, comme Sténio, qui, disait-on, était déjà un portrait ; débauché comme Sténio, amoureux comme Sténio, bien plus de l’émotion de l’amour que de la femme aimée, recherchant cette émotion moins pour l’éprouver que pour la peindre, contradictoire comme un enfant et comme tant de génies, lorsque la religion, qui fait seule l’harmonie et l’ordre dans ces têtes sublimes et troublées, n’y verse pas la paix féconde et la lumière ! […] Placée par l’auteur entre deux hommes, le forcené, qui l’aime et l’insulte et avec lequel (il faut bien le dire !)
D’ailleurs, peut-être est-ce la punition des femmes qui déplacent leurs fonctions et se font écritoires, que de n’être aimées que par des hommes petits qui les trouvent grandes et les adorent. […] En effet, Laurent est un poète, comme Sténio qui, disait-on, était déjà un portrait, débauché comme Sténio, amoureux comme Sténio, bien plus de l’émotion de l’amour que de la femme aimée, recherchant cette émotion moins pour l’éprouver que pour la peindre, contradictoire comme un enfant et comme tant de génies, lorsque la religion, qui fait seule l’harmonie et l’ordre dans ces têtes sublimes et troublées, n’y verse pas la paix féconde et la lumière ! […] Placée par l’auteur entre deux hommes, le forcené qui l’aime et l’insulte et avec lequel (il faut bien le dire !)
Ainsi encore, ils n’ont pas d’idéal et ils ne se doutent point que l’idéal est dans la chose la plus vulgaire et la plus aimée d’eux, parce qu’elle est vulgaire, et qu’il ne s’agit que de l’en faire jaillir ! […] Une fois qu’il l’aime, il ne la séduit pas : il se jette dessus. […] Rosette, la concubine d’Antoine Quérard, reste donc sa concubine, mais, comme elle aime Paul et qu’elle le lui a dit, elle se dégrade de plus en plus, et, dès cette heure, elle passe à l’état de bovarisme absolu.
» » C’est là une anecdote telle qu’en aime M. de Ségur. Il l’assaisonne, ce qui semblerait superflu, d’une réflexion philosophique : il aime en effet la réflexion philosophique ; commune et usée ailleurs, elle garde encore quelque chose de distingué sous sa plume.
Voici donc le stratagème puéril qu’il tenta et qui lui réussit ; c’est à M. de Ségur qu’on en doit la révélation piquante :« Le roi, par sympathie de vertu et de bonté, aimait personnellement M. de Malesherbes, ministre d’État qu’il venait de rappeler au Conseil. […] Espérons qu’il sera bientôt en état de le poursuivre, et qu’échappé à une maladie qui menaçait de le ravir aux lettres et aux libertés publiques, il trouvera encore de longs jours pour se souvenir et pour raconter, Il est du petit nombre de ces hommes qu’on aime toujours à entendre sur les personnages et sur les choses d’autrefois ; et, pour lui appliquer à lui-même ce qu’il a dit de M. de Malesherbes, quand il cause avec son lecteur, personne n’est tenté de mettre le signet.
L’étrange héros de la Course à la Mort n’aime pas, on doute du moins qu’il aime et se sent douter, interroge sans cesse son pâle cœur, ne sait que résoudre et se résigne à son atonie.
L’image, qui presque partout (et même en philosophie) a culbuté l’idée, l’image, dans ce poète dépaysé, n’a ni la puissance ni l’imprévu qui nous enlèvent ; on la connaît, on l’a déjà vue… Enfin, ce rhythme dont nous parlions tout à l’heure, et qui est d’un travail si agencé et si merveilleux sous la plume de Gramont, cette guirlande flexible et forte que tout poète moderne semble tenu d’enlacer et de sertir autour de sa pensée, tant les travaux sur le rhythme et la langue du mètre ont été multipliés en ces derniers temps, Bouniol, s’il ne le dédaigne, semble l’oublier ; et c’est ainsi qu’il se présente tout d’abord, modeste et hardi, dans son livre, dénué des trois forces de la poésie telle que l’Imagination l’aime et la veut au xixe siècle. […] Car les sociétés vieilles n’aiment pas l’énergie, même celle qui pourrait les régénérer !
Le peuple romain, de conquérant devenu oisif, et ne pouvant plus se désennuyer en gouvernant le monde, aimait les fêtes, et on les lui prodiguait. […] Ainsi l’on saisissait tous les événements, tous les prétextes ; sans doute la nation heureuse sous les Antonin et les Trajan, devait s’empresser à témoigner sa reconnaissance : des enfants heureux aiment à rendre hommage à leur père.
Je n’aime pas les traîtres ; M. […] « “Les Arabes, ajouta-t-elle, auraient aimé un homme de son caractère. […] Je les aime, et je continuerai de vivre avec eux. […] Je l’aime, ce frère3 ! […] XL Elle fit bien ; elle aima mieux aller habiter parmi les grandes ombres, les grandes ruines, les grands songes des déserts, que de languir dans la médiocrité de nos destinées d’alors.
Pour cela, il faut leur faire respecter, aimer et admirer ses ministres, comme l’évêque de Digne, en faisant de sa vie un tableau d’abnégation et de sainteté pratique qui ravisse les pauvres, les vieillards, les petits enfants, toute la partie souffrante de l’humanité dont Dieu est le seul héritage. […] monsieur l’évêque, vous n’aimez pas les crudités du vrai ; Christ les aimait, lui ; il prenait une verge et il époussetait le temple. […] À parler franchement, j’aimerais mieux que l’évêque fût franchement philosophe, accusation dont le défend M. […] Je n’ai pas besoin de ces procédés vulgaires : je suis moi, j’ai mon talisman en main, j’ai mes ailes au talon, je vais où je veux ; qui m’aime me suive ! […] Misères du cœur, de l’esprit, de l’âme et du corps, misères surtout qui frappent ce que vous aimez à cause de vous, et qui font un devoir de vivre pour d’autres encore après avoir perdu toute raison de vivre pour vous-même !
Il hantait les pâtres et il les aimait, il se plaisait à leur apparaître vêtu, comme eux, d’une peau de chèvre noire. […] » — s’écrie l’Hymne déjà cité, — « ô toi qui aimes les femmes à la fureur ! […] Son étonnante fortune vînt, en partie, de cette double nature : l’homme vit en lui un homme déifié, et l’en aima davantage. […] A voir le vase peint qui représente ce triomphe, on dirait un beau Calife rentrant dans son sérail, au milieu de ses aimées et de ses derviches. […] Le jeune homme en parle, sur l’oreiller, à une courtisane qui l’aimait ; la femme s’indigne et s’alarme. — Sans doute son beau-père, sa mère aussi, peut-être, veulent se défaire de lui pour n’avoir pas à rendre leurs comptes de tutelle.
Dans ce temps d’égalité fière, on respecte encore les malins, si on n’aime plus la puissance. […] Qui aimerait Proudhon et le lirait, sans ces haines ? […] On peut tenter d’élever la Révolution sur un piédestal, quand on l’aime, et même, rusé et orgueilleux, de se couler soi-même tout doucement dans la statue. […] L’originalité est pour nous la plus despotique aristocratie, et nous aimons à la retrouver dans messieurs les égalitaires, farouches ou apprivoisés. Nous aimons que le tempérament jure avec l’opinion d’un homme, quand cette opinion n’est pas pour nous la vérité ; car le tempérament envoie souvent promener l’opinion qui le contrarie, et l’opinion y va toujours !
Lui, l’architecte amoureux de l’architecture, mais que l’architecture n’aime pas, n’a jamais compris l’harmonie qu’en vers, — et encore pas toujours ! […] Ce n’était pas, ce ne pouvait pas être le rire, et si, par une hypothèse que je n’accorde pas, cette douloureuse et cruelle hideur avait pu produire l’irrésistible rire, ce n’est pas du rire que peut naître jamais l’amour ni même le désir, et Josiane, sérieuse comme la passion et comme le vice, n’aurait jamais aimé Gwynplaine. […] Il aima mieux croire des polissons. […] S’il l’a voulu, c’est bien ; c’est une rentrée chez nous à mots couverts et que nous aimons à découvrir. […] On cite de lui un mot, que j’aime, du reste : « Je ne corrige jamais mes livres qu’en en faisant d’autres », dit-il.
Traite-t-on ainsi ce qu’on aime, s’écrieront ici quelques dévots ? […] Et pareillement, s’il aime la tragédie de Corneille et de Racine, il ne peut pas aimer en même temps les Mystères. […] On n’aime pas tous Chateaubriand de la même manière ; mais, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, c’est pour les mêmes raisons, lesquelles déterminent bien dans les esprits un « dispositif » différent, sans qu’il y ait division pour cela sur les « considérants ». […] Il chante Michelet quand il célèbre ceux qu’il aime, et il le chante encore quand il jette au cadavre de ceux qu’il n’aime pas son éloquente injure. […] Coppée nous poussait, nous oserions bien dire que nous l’aimons mieux.
Ou bien retournez-la, selon que vous aimez à voir petit ou gros. […] Ce grand observateur aimait à travailler sur le vif. […] Balzac aimait à causer procédure. […] Plaignons-les : elles ne savent admirer ni aimer. […] On ne peut être aimé des uns, qu’en étant détesté des autres.
Il était importuné par la hauteur et les plaintes d’Agrippine ; et pour la frapper, ainsi que ses enfants, il aimait mieux s’éloigner. […] Il protégeait particulièrement cette classe de sophistes, dont il aimait la langue et l’érudition frivole. […] Plutarque eut aussi deux frères qu’il aima tendrement, Lamprias et Tinon. […] « À trente-cinq ans j’aimais encore », a dit Montesquieu. […] Que ceux-là, ceux-là seuls foulent ce parvis sacré qui osent aimer leur patrie et rester pauvres !
Beethoven aimait à composer ses symphonies au milieu de la nature dont il percevait encore le rythme quand il n’entendait plus ses bruits. […] Les femmes de Rembrandt sont généralement de celles qu’on aime mieux voir en peinture que dans la réalité. […] Cet état d’esprit ne me déplaît pas et même j’en aime la rudesse. […] Je ne me représente pas sans angoisse un chien ou un chat que l’on torture et je n’aime pas à m’arrêter à une telle pensée. […] Libre, je voyagerai un peu. » Quelle belle occasion de sarcasme pour ceux qui aiment se répandre en sarcasmes.
Il vous voit heureux, honoré, aimé. […] Ils n’aiment pas la campagne. […] « Certes, je suis de mon bateau et je l’aime. […] Depuis cette terrible nuit, elle ne pense plus à Frantz, elle ne se sent plus digne d’aimer et d’être aimée. […] Daudet, et plus on se rend compte qu’on les aime.
Celui qui n’a pas encore aimé aimera demain, disait le poète latin. […] On ne peut pas aimer sans aimer jalousement. […] Il n’aime que les cuisinières. » Charmante femme, charmante éducation ! […] Souvent, quand elles traversent des prés fleuris, elles aiment à se répandre sur l’herbe. […] La mer aime la rivière.
En Angleterre, dans ce pays qu’il aime comme Stendhal l’Italie, il est comme chez lui. […] Nous le reconnaissons sans difficulté, quoique nous ne l’aimions guère. […] Un être en aime un autre qui ne l’aime point. Deux amants s’aiment ou cessent de s’aimer ; thèmes éternels, sujets infinis, consubstantiels à toute littérature et dont seuls peuvent s’emparer pour les revêtir de chair les écrivains du premier ordre. […] — « On s’aime bien — on s’aime mieux que ça. » (Le Bois Sacré.) — « Vous n’êtes pas mal — Je suis mieux que ça. » (La Paix du Ménage.)
Il faut qu’on l’admire, qu’on partage l’enthousiasme qu’il éprouve pour lui-même ; il veut qu’on l’estime et qu’on l’aime. […] About la flatte, en lui rendant la morale facile ; il cherche à lui persuader qu’elle peut aimer ce qu’elle aime par-dessus tout, le bien-être, le luxe, toutes les jouissances des sens et de la vanité, sans être pour cela moins honnête et moins chrétienne. […] Il aime à flétrir toutes les fleurs de l’âme. […] Je ne prétends pas dire qu’on ne l’ait pas aimé dans tous les siècles et qu’on ne l’aime point particulièrement dans le nôtre. […] Je l’aimais mieux sous son premier costume.
Oui, puisque écrire m’amuse, puisque j’aime à la folie le jeu des idées et des mots. […] Mais aucun homme, aucune femme ne l’a jamais aimé, et peu de personnes peuvent le lire. […] Où est l’homme assez courageux pour avouer aujourd’hui qu’il aime la peinture de Bouguereau, par exemple, ou qu’il n’aime pas la nature, ou qu’il préfère à tous les voyages le coin de son feu ? […] J’aime mieux mes tisons47. » Il a raison, cet homme, non de ne pas aimer la puisse, mais, ne l’aimant point, d’en convenir. […] On n’aime pas Chateaubriand par logique, parce qu’il y a telle ou telle raison de l’aimer ; mais on trouve des raisons de l’aimer parce qu’on l’aime.
Rousseau aime son pays à lui, profondément, et il en est fier. […] Il aime les mœurs de son pays avec une candeur un peu enfantine, quoique un peu déclamatoire, qui ne déplaît pas. […] Remarquez, de plus, que Rousseau aime les gens qui aiment leur pays. […] Il est de leur nature même de ne pas aimer le pouvoir despotique. […] Montesquieu, peu religieux et très peu chrétien, n’aime ni la religion ni l’Église.
Mais la masse de l’armée en 1789 n’était pas dans cette situation indifférente ou même hostile, qu’aurait pourtant déjouée la moindre prévenance, ou si l’on aime mieux la moindre cajolerie populaire. […] Il aime à y parler des littérateurs célèbres qu’il a connus, et ce qu’il dit lui-même de la mélancolie du piquant chevalier de Boufflers dans l’émigration, et de la triste fin du brillant Rivarol, porte l’empreinte d’un talent littéraire facile et pur.
Je l’aime simplement comme on aime sa jeunesse.
Il aime les jeunes filles, les bons chiens, les cruches, l’herbe, l’eau, les maisons, les jardins, les puits, les coquillages, les coraux, les estampes démodées, les noms d’héroïnes des vieux romans, les Antilles, Paul et Virginie. Il aime tout.
Par exemple, un portrait est un tableau assez indifferent pour ceux qui ne connoissent pas la personne qu’il répresente ; mais ce portrait est un tableau précieux pour ceux qui aiment la personne dont il est le portrait. […] C’est trop hazarder que de vouloir nous faire aimer des personnages qui nous sont pleinement indifferens, avec assez d’affection, pour être émus de tous leurs succès et de toutes leurs traverses.
Un miserable auteur fait une comédie qui détruit un des principaux élemens de la societé, je veux dire la persuasion où doivent être les enfans que leurs parens les aiment encore plus que ces parens ne s’aiment eux-mêmes.
Le caractère du talent de Méry, quand la fantaisie le prend d’écrire l’histoire, est de la sentir et de l’aimer. […] Il vient d’ajouter un vaste carreau de plus à sa mosaïque intellectuelle, et pour ceux qui aiment à étudier les diversités d’expansion des natures privilégiées, le dernier carreau ne sera ni le moins soigneusement incrusté ni le moins curieux.
« Ces jeunes gens, dit-il, aiment la vie d’une façon extraordinaire et ils vont au sacrifice avec un naturel, une simplicité magnifique. […] Les classes 15, 16,17 sont de vraies fraternités où tous s’aiment et se subdivisent en groupements plus étroits.
Le génie aime ces petites capitales recueillies, où l’âme ne s’évapore pas dans la foule et dans le bruit comme dans les Babels de l’industrie moderne. […] Milord Bedford et son fils nous sont très favorables ; le prince Galitzin nous aime comme ses enfants. […] Je n’aime pas écrire des choses que mainte tête carrée de notre pays traiterait de mensonges en devisant derrière le poêle. […] « Ce ne sera pas un opéra séria : on n’en donne pas ici, on ne les aime pas ; ce sera donc un opéra buffa. […] Ce déchirement de famille empoisonne tous les succès des trois artistes séparés de ce qu’ils aiment.
J’exprimai quelques doutes ; je demandai si, par exemple, Byron réussirait à peindre une nature inférieure, animale ; son caractère personnel me semblait trop puissant pour qu’il aimât à se livrer à de pareils sujets. […] Je suis un ami des plantes, j’aime la rose comme la fleur la plus parfaite que voie notre ciel allemand, mais je ne suis pas assez fou pour vouloir que mon jardin me la donne maintenant, à la fin d’avril. […] Il ne viendra pas, ou, s’il vient, il sera comme sur des charbons ardents, on verra que son esprit est ailleurs, et qu’il aimerait beaucoup mieux s’en aller. […] Aussi j’aime à considérer les nations étrangères et je conseille à chacun d’agir de même de son côté. […] L’alouette des arbres aime la cime des grands arbres ; elle s’élance de là en chantant dans les airs, puis redescend sur la cime.
Elle se laissait aller à l’aimer ; il le vit, il le souffrit, il la paya de retour, et alors s’établit entre eux cette intimité douloureuse qui ternit la renommée de Swift et qui est le mystère de sa vie. […] Mais au temps même où elle fut le plus aimée, Stella n’occupait dans l’âme de Swift que la seconde place ; l’ambition était sa passion dominante, elle fut la plus durable et décida de sa destinée. […] C’est le Conte du Tonneau qui lui fit dire : « Que j’aime la hardiesse anglaise ! […] Il n’est pas douteux que Swift l’aimait ; mais rompre avec Stella et épouser Miss Vanhomrigh, était au-dessus de ses forces ; il voyait aussi dans cette action la ruine de sa réputation, et une prise offerte aux sévères jugements du monde. […] Si le fameux Hampden aima mieux aller en prison que de payer quelques shellings au roi Charles Ier sans l’autorisation du Parlement, j’aime mieux être pendu que de payer sur tout mon bien une taxe de 17 sh. par liv. selon le bon plaisir du vénérable M.
Ils régnaient encore, quand ils étaient dignes d’être aimés, par le souvenir, par la vieille affection du pays et par la déférence volontaire, sur les populations affranchies. […] La sensibilité est une révélation, l’art est un métier ; elles doivent le laisser aux hommes, ces ouvriers de la vie ; leur art, à elles, est de sentir, et leur poésie est d’aimer. […] Si elles se ravalent à imaginer, soyez sûrs que c’est qu’il leur a manqué quelque chose à aimer : leur gloire publique n’est que l’éclat de leur malheur secret. […] Nous savions que notre mère aimait à lire dans ces volumes d’autel pleins de prières et qui conservaient encore dans leurs pages l’odeur d’encens dont l’encensoir des enfants de chœur les avait jadis parfumés. […] De toutes les servantes de sa mère, c’est elle qu’il aimait le plus, parce qu’elle l’avait élevé pendant qu’il était encore enfant.
Fille de l’individualisme, qui a tout envahi, et de ces mauvaises mœurs, que la Comédie corrige en riant, disent les niais qui aiment le spectacle, la littérature de ce temps, — et il ne faut pas biaiser avec une chose si grave, — a fait une haute position à l’adultère dans l’imagination publique. […] Or, les Spécialités contemporaines, ces bœufs qui ne tracent qu’un sillon, nous font vivement aimer les esprits qui savent faire deux choses. […] Pauvre petit nerveux, bien élevé de ce temps, qui aime les belles choses agréables, et sa maîtresse par-dessus le marché, parce qu’elle est une de ces belles choses-là ; mais enfant toujours, et enfant gâté, révolté ou docile, apaisé ou furieux, et qui ne devient pas plus homme sous l’étreinte de la Peine, parce qu’il n’a ni une conviction, ni une idée sur laquelle il s’appuie pour lui résister ! […] Il y a là des dévouements ordinaires à tout roman sentimental, plus lieux communs encore que les duels ; et, entre autres, il y a celui-là qu’aimait La Fontaine : De la dame Emportée à travers la flamme ! […] On lui avait bien, dans le temps, reproché d’aimer à ressusciter des morts oubliés, et j’avoue même que, sur ce point, il avait fait de vrais miracles ; mais il n’avait été jusque-là que simple thaumaturge.
Ce livre anathématisé par eux a eu la vogue, et il l’a due en grande partie, j’aime à le croire, à une situation vraie, poignante, saisie sur le vif, — oui, à la vie qui y palpitait et au sang qui circulait dans ses veines. […] C’est à peu près en ces termes qu’un homme d’esprit et de plume (M. de Pontmartin) aime depuis lors à me recommander à ses lecteurs. […] Laissez-vous faire, ne craignez pas tant de sentir comme les autres, n’ayez jamais peur d’être trop commun ; vous aurez toujours assez dans votre finesse d’expression de quoi vous distinguer. » Mais je n’aurais pas affecté non plus de paraître plus prude que je ne le suis et qu’il ne convient de l’être à ceux qui ont commis, eux aussi, leurs poésies de jeunesse et qui ont lu les poètes de tous les temps ; j’aurais ajouté de grand cœur : « J’aime plus d’une pièce de votre volume ; les Tristesses de la lune, par exemple, joli sonnet qui semble de quelque poète anglais, contemporain de la jeunesse de Shakespeare.
Il est certain qu’il aime mieux les erreurs que les vérités dont son livre est rempli, parce que ses erreurs sont plus siennes ; il en est plus l’auteur. […] Il y a un point essentiel et dont, il faut préalablement convenir entre nous, c’est que nous l’aimerons toujours, coupable ou non coupable ; que, dans le premier cas, nous le défendrons ; dans le second, nous le consolerons. […] Je finis sur ce chapitre, j’en ai parlé longtemps, trop longtemps, mais je ne sais par quelle fatalité il arrive que je ne peux rien vous dire en peu de mots ; c’est que j’aimerais à vous dire tout ce que je pense… » Je n’exagère pas, et chacun maintenant est juge ; mais c’est, on en conviendra, un événement biographique que la production d’une semblable pièce d’anatomie morale.
« Et les hommes se regarderont à cette lumière, et ils diront : « Nous ne connaissions ni nous ni les autres, nous ne savions pas ce que c’est que l’homme : à présent nous le savons. » « Et chacun s’aimera dans son frère, et se tiendra heureux de le servir ; et il n’y aura ni petits ni grands, à cause de l’amour qui égale tout, et toutes les familles ne seront qu’une famille, et toutes les nations qu’une nation. […] Il croit au bien, et il croit au mal ; il s’indigne ingénument, et il aime avec transport ; il maudissait tout à l’heure les ennemis des hommes, et voilà qu’il tombe en pleurs entre vos bras. […] » ils répondaient : « Nous n’aimons point, nous obéissons. » « Et quand on leur montrait les autels du Dieu qui a créé l’homme et du Christ qui l’a sauvé, ils s’écriaient : « Ce sont là les dieux de la patrie ; nos dieux à nous sont les dieux de ses maîtres, la Fidélité et l’Honneur. » « Je vous le dis en vérité, depuis la séduction de la première femme par le serpent, il n’y a point eu de séduction plus effrayante que celle-là.
Si ce volume, qui ne doit pas contenir moins de six mille vers, tombait aux mains de lecteurs qui aiment peu les vers, et ceux d’amour en particulier ; si, d’après la façon austère et assez farouche qui essaye de s’introduire, on se mettait aussitôt à morigéner l’auteur sur cet emploi de sa vie et de ses heures, à lui demander compte, au nom de l’humanité entière, des huit ou dix ans de passion et de souffrance personnelle que résument ces poëmes, et à lui reprocher tout ce qu’il n’a pas fait, durant ce temps, en philosophie sociale, en polémique quotidienne, en projets de révolution ou de révélation future, l’auteur aurait à répondre d’un mot : qu’attaché sincèrement à la cause nationale, à celle des peuples immolés, il l’a servie sans doute bien moins qu’il ne l’aurait voulu ; que des études diverses, des passions impérieuses, l’ont jeté et tenu en dehors de ce grand travail où la majorité des esprits actifs se pousse aujourd’hui ; qu’il s’est borné d’abord à des chants pour l’Italie, pour la Grèce ; mais qu’enfin, grâce à ces passions mêmes qu’on accuse d’égoïsme, et puisant de la force dans ses douleurs, en un moment où tant de voix parlaient et pleuraient pour la Pologne, lui, il y est allé ; qu’il s’y est battu et fait distinguer par son courage ; que, s’il n’y a pas trouvé la mort, la faute n’en est pas à lui ; qu’ainsi donc il a payé une portion de sa dette à la cause de tous, assez du moins pour ne pas être chicané sur l’utilité ou l’inutilité sociale de ses vers. […] Son style ressemble assez à une traduction soignée et empesée d’un bon roman d’outre-mer ; on dirait parfois d’une page de Shelley ou d’Hazlitt qu’il aimé tant à citer. […] Un détail curieux, c’est que, ses poésies se vendant très-peu, il était encore, pour ainsi dire, avare de ses exemplaires, qu’il aimait mieux enfouir chez lui que de les distribuer et de les donner, et cela dans la crainte seule d’avoir l’air de demander quelque chose à qui que ce fût, dans l’intérêt de ses productions.
J’aime mieux les poésies de Gray que les chansons d’Anacréon. […] Ils attaquent la philosophie ; bientôt ils la regretteront ; bientôt ils reconnaîtront qu’en dégradant l’esprit, ils affaiblissent ce ressort de l’âme qui fait aimer la poésie, qui fait partager son généreux enthousiasme. […] J’offre d’avance la traduction de toutes ces sortes de critiques dans les vers de Molière, que je rappelle ici : Non, non, je ne veux point d’un esprit qui soit haut, Et femme qui compose en sait plus qu’il ne faut ; Je prétends que la mienne, en clartés peu sublime, Même ne sache pas ce que c’est qu’une rime ; Et c’est assez pour elle, à vous en bien parler, Que savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer.
Il retrouve le grand sentiment de Lucrèce pour décrire « le temps où tout aime et pullule dans le monde », et pour sentir la puissance et la fécondité de la nature immortelle. […] J’aime mieux copier une page de son Platon, une page que certes il a bien souvent lue, et qui le peint comme il voudrait l’être. Quand on pense à ces vers si gracieux, si aisés, qui lui viennent à propos de tout, qu’il aime tant, à ce doux et léger bruit dont il s’enchante et qui lui fait oublier affaires, famille, conversation, ambition, on le trouve semblable aux cigales de Phèdre.
La Fontaine leur est dévot autant qu’il peut l’être envers quelqu’un, dieu ou homme ; il les aime ; il les a dans l’esprit habituellement, en bon adorateur, et il les voit aussi aisément qu’il voit les bêtes. […] Les cerfs bondissants et agiles rappellent Diane « qui aime les cris de chasse, et tend son arc d’or » ; et, lorsqu’on voit les grands troupeaux paître tranquillement l’herbe abondante, on pense volontiers à la terre divine, nourrice des choses, qui fait tout sortir de son sein maternel. — Comparez à ces images la mythologie ridicule des auteurs graves. […] Mars et Bellone parmi les escadrons du roi sont des recrues bizarres, et on aimerait mieux voir Grammont courir tout seul.
Il me fâche d’avoir à nommer ici Renan comme un des maîtres de l’erreur que je constate : il a écrit dans l’Avenir de la science cette phrase où j’aimerais à ne voir qu’un enthousiasme irréfléchi de jeune homme, tout fraîchement initié aux recherches scientifiques : « L’étude de l’Histoire littéraire est destinée à remplacer en grande partie la lecture directe des œuvres de l’esprit humain ». […] On ne la sait pas, on ne l’apprend pas : on la pratique, on la cultive, on l’aime. […] Cependant j’espère, dans cette partie de mon travail comme dans les autres, n’avoir rien aimé ou blâmé que pour des raisons d’ordre littéraire.
puissance du seul enlacement des mots et du sentiment qui les tressé et les enlace elles sont adorables, ces romances où il n’y a rien que des rossignols, des lis, beaucoup de lis, des roses, des violettes, des raisins, des abeilles, l’aube, le crépuscule, l’automne et le printemps et, mêlée à toute la nature au point qu’elle ne s’en distingue presque plus, l’image de la femme aimée. […] Les choses dont il est question là dedans étant assez plaisantes par elles-mêmes pour ceux qui les aiment, le conteur ne se met pas en frais. […] Mais, après avoir senti les formes uniquement dans ce qu’elles ont de sexuel, on les aime bientôt pour elles-mêmes ; à l’attrait génétique succède le sentiment beaucoup plus complexe du Beau plastique, qui n’est en soi ni masculin ni féminin ; et la sensation primitive appelle alors et provoque, par des liaisons naturelles et rapides, une foule d’idées et de sentiments très nobles, très doux et très purs.
Plusieurs personnages qui avaient beaucoup aimé Jésus et fondé sur lui de grandes espérances, comme Joseph d’Arimathie, Lazare, Marie de Magdala, Nicodème, n’entrèrent pas, ce semble, dans ces églises, et s’en tinrent au souvenir tendre ou respectueux qu’ils avaient gardé de lui. […] Jésus aimait cet instant et se plaisait à voir sa famille spirituelle ainsi groupée autour de lui 863. […] On est un quand on s’aime, quand on vit l’un de l’autre ; comment lui et ses disciples n’eussent-ils pas été un 868 ?
S’être fait aimer, « à ce point qu’après sa mort on ne cessa pas de l’aimer », voilà le chef-d’œuvre de Jésus et ce qui frappa le plus ses contemporains 1237. […] Qui n’aimerait mieux être malade comme Pascal que bien portant comme le vulgaire ?