… Telle est la question que nous ne craignons pas de poser devant sa jeune gloire… Comme les diverses manifestations de l’esprit n’en changent jamais la nature, la place d’Augier dans la poésie lyrique et élégiaque nous semble devoir être identiquement la même que dans la poésie dramatique, — moins les retentissements d’un succès, toujours plus sonores à la scène qu’ailleurs !
C’est effectivement la poétique dont il est sorti qui a posé en matière de poésie et a singulièrement exagéré l’importance du rythme et de la rime, c’est-à-dire des côtés purement plastiques du vers.
Il y aura même des pièces, comme Le Requiem d’amour, par exemple, où la hantise du souvenir de de Musset sera tellement tenace, que ce souvenir poursuivra le poète, non seulement dans l’image et dans la pensée, mais dans la pose, la coupe et l’allure de son vers !
Et nous nous pendions sur le vide, et le point même où nous posons le pied ne nous soutient pas. […] En art, comme en histoire et en philosophie, il pose son inévitable problème de mécanique. […] Et, son fusil posé, tandis qu’il boit un coup de vin, il observe les habitants du logis, fixant en sa mémoire leurs allures, leur langage, leurs traits mêmes. […] Brunetière posera, un jour, la question. […] Le problème se pose donc ainsi : exprimer l’éphémère, perçu par cet éphémère que soi-même on est.
Disons donc tout simplement qu’ils ont eu leur part d’influence, comme continuateurs, eux aussi, de Mme de Staël ; et encore pour avoir posé le principe de la distinction des œuvres qui sont « littéraires », et de celles qui ne le sont pas. […] Mme de Staël avait raison quand, dans son Allemagne, elle posait en principe que, « le paganisme et le christianisme, le Nord et le Midi, l’antiquité et le Moyen Âge, la chevalerie et les institutions grecques et romaines » s’étant partagé l’histoire de la littérature, le romantisme était donc, par contraste avec le classicisme, tout à la fois le chevaleresque, le Moyen Âge, les « littératures du Nord » et le christianisme [Cf. […] Et nous avons aussi les définitions ironiques de Musset, dans ses Lettres de Dupuis et Cotonet, 1836, — moins spirituelles à la vérité qu’animées du désir de l’être, — mais qui ne laissent pas d’avoir sur toutes les autres ce grand avantage d’être « successives », et ainsi de poser la question comme il faut qu’on la pose. […] » — Mais qu’à la question posée en ces termes, — lesquels supprimaient tout simplement l’histoire, — il ne pouvait faire qu’une réponse ; — lui qui jadis avait fondé la religion même sur l’autorité du « consentement universel » ; — et cette réponse était que le christianisme et la démocratie ne sont qu’un. […] Le Fils de Giboyer]. — Enfin, et en troisième lieu, ce qui n’est plus du Balzac, — mais ce qui n’a pas été le moindre clément de son succès, — il s’est posé en « bourgeois de 1789 » ; — ennemi des vaines distinctions ; — ne respectant en tout que « le mérite personnel » ; — et anticlérical à la manière de Béranger [Cf.
Il y a ici une musique suave, qui tombe plus doucement — que les pétales des roses épanouies sur le gazon, — que les rosées de la nuit sur les eaux calmes — entre des parois de granit sombre dans un creux qui luit ; — une musique qui se pose plus mollement sur l’âme — que des paupières lassées sur des yeux lassés ; — une musique qui amène un doux sommeil du haut des cieux bienheureux. — Il y a ici de fraîches mousses profondes, — et à travers les mousses rampent les lierres, — et dans le courant pleurent les fleurs aux longues feuilles, — et sur les corniches rocheuses le pavot pend endormi. […] À présent, j’irai1537. » Elle meurt, et, selon sa dernière prière, ils l’emportent « comme une ombre à travers les champs qui brillent dans leur pleine fleur d’été », et la posent sur la barque toute tendue de velours noir. […] Il a posé sur ces belles joues des rougeurs si délicates !
À ce moment elle se leva, vint s’asseoir au bout de la table, y appuya ses deux bras enlacés sur lesquels elle posa ses deux mains, attitude qui lui seyait admirablement, et qu’elle conservait quelquefois pendant plusieurs heures sans faire d’autre mouvement que quelques légers signes de tête provoqués par ce qu’elle voyait, entendait autour d’elle, ou par ce qu’elle pensait en elle-même. » XI Ces amours pures, tantôt contrariées, tantôt servies par des circonstances d’un intérêt touchant dans le récit de Goethe, finirent, comme toutes les fleurs folles de la vie, par un coup de vent qui en disperse les illusions et les parsème sur le sol : le jeune Goethe, réprimandé par ses parents et compromis par ses mauvaises relations avec les cousins de Gretchen, fut envoyé à Strasbourg pour y achever ses études de droit. […] À peine quelques frissons d’amour à la brise tiède du midi, à l’aspect d’une blonde Milanaise à Rome, d’une brune Espagnole à Naples, rappellent-ils que le voyageur est jeune, beau, poète ; ces frissons ne vont pas jusqu’à l’âme : c’est de la jeunesse, ce n’est pas de la tendresse ; ce cœur d’artiste pose toujours devant lui-même ; les passions ne sont que ses études. […] Marguerite, sa cruche posée sur la margelle du puits, la tête basse et les deux mains croisées avec langueur sur sa robe, cause avec Lieichen, jeune fille à la langue affilée.
Aristote s’enfonce ainsi au cœur même de la question du mouvement, et il résout ce problème si obscur par les principes qu’il a posés antérieurement et qu’il regarde comme indubitables. […] Ces notions fondamentales de temps, d’espace, de lieu, d’infini, posent sans cesse devant l’esprit humain ; elles le sollicitent à tout instant et sous toutes les formes ; et depuis vingt-deux siècles, personne n’en a mieux parlé que le disciple de Platon et l’instituteur d’Alexandre. […] Aristote en a posé les fondements métaphysiques, et l’on peut douter que, sans ces premières et indestructibles assises, le reste de l’édifice eût pu s’élever aussi solide et aussi beau.
Cette question ne se pose plus exactement de la même façon aujourd’hui puisque les œuvres sont chantées dans leur langue originale. […] C’est une question qui peut se poser pour d’autres œuvres d’opéras, mais dans les œuvres de Wagner, le mot et la note sont liées à ce point que le sens de l’œuvre serait dénaturée si on ne le respectait pas. […] Là encore, cette question se pose si l’on souhaite proposer une traduction qu’on puisse chanter.
. — Une fois ce point central posé — le conflit dans l’âme de Wotan, — il se reflète, quoique plus ou moins symbolisé, dans tous les autres personnages. […] Il méritait qu’on s’occupât de la question de principe qu’il s’est posée très jeune, qu’il a résolue d’une manière qu’on est libre d’adopter ou de rejeter, mais qu’il faudrait connaître, et pour laquelle, une fois sa résolution prise, il a combattu jusqu’à son dernier jour. […] J’ai rendu justice aux soins minutieux apportés à l’élucidation des questions d’information pratique, qui se posaient au fur et à mesure des numéros.
Il lui a demandé de se laisser mouler les deux mains dans la pose, pour en donner une plus réelle et vivante image. […] * * * — L’artiste peut prendre la nature au posé, l’écrivain est obligé de la saisir au vol et comme un voleur. […] Je souffrais de voir mon Théo dans cette pose… Ah !
Hugo, il est impossible de ne pas poser ces questions, ou plutôt ces questions se posent d’elles-mêmes, et la critique est forcée de les discuter. […] Le cinquième livre des Odes semble répondre à la question que nous posons. […] Hugo ; car l’auteur de Notre-Dame a commencé de bonne heure à poser sa fantaisie comme supérieure et même comme contraire à la raison. […] Hugo, c’est croire que l’étonnement peut remplacer l’émotion, c’est poser l’antithèse comme loi suprême de la poésie. […] Il s’est soumis résolument à la condition qu’il avait posée lui-même, et il a trouvé, dans cette obéissance volontaire et prévoyante, l’occasion d’un éclatant triomphe.
L’Effort avait posé trois questions : I. […] Puis elle marchera devant toi ; tu la verras apparaître, enveloppée de lumière, à tous les détours de ton chemin ; tu l’entendras roucouler avec les ramiers, sangloter avec les grands pins ; les mousses seront merveilleuses sur les rocs où poseront ses pas : à son geste, tu te fondras dans l’océan des feuillages. […] Nul feuillage ne l’égayait, nulle saison ne le changeait ; l’oiseau s’y posait à peine, comme si, en touchant la masse échappée du feu central, il eût craint de se brûler les ailes. […] Il prétendit enfin « poser la base sur laquelle un temps meilleur pourra édifier la Justice ». […] Entre autres choses, il dit ceci : « Le peuple français a taillé dans un granit indestructible, et posé, au milieu même du vieux continent monarchique, la première assise de cet immense édifice de l’avenir qui s’appellera, un jour, les États-Unis d’Europe. » Sur quoi, il fut violemment interrompu.
Au bureau de la vendeuse de journaux absente, un artilleur de la garde nationale feuilletant les imageries de L’Omnibus, le coude posé sur deux pains de munition, attachés par une sangle. […] Deux ou trois esquisses se voient accrochées de travers aux murs, et une trentaine de volumes sont culbutés sur des planches en bois blanc, posées à la hâte. […] On nous sert de l’eau-de-vie, dans des verres à poser des ventouses. […] C’est un homme en blouse, assis sur un banc des boulevards, qui vend un énorme obus, posé à terre devant lui. […] Aubryet raconte qu’au début de sa carrière libertine, il était très troublé, le matin, par l’entrée du frère disant à sa sœur couchée avec lui : « C’est-y aujourd’hui, qu’on pose les rideaux ?
Ce qui ne l’empêche pas de poser des principes que n’eussent pas désavoués plus tard M. […] De sa bizarrerie d’allures, de son originalité qu’il reconnaissait voulue et laborieusement acquise on a conclu d’ordinaire à un immense souci d’attirer l’attention, de poser. […] Avant de raisonner cette sensation singulière, il en avait indiqué un exemple frappant, dans sa première œuvre imprimée, un court roman, où sans doute il posa lui-même pour certains traits du caractère du héros, Samuel Cramer. […] Nous n’avons cherché que des arguments pour la justification d’une thèse, dont l’exactitude importe à notre travail, et qui peut se poser à peu près en ces termes : l’homme, au lieu d’être une entité simple, est-il un agrégat d’entités bien individuelles ? […] Du moment que l’objet d’art doit demeurer la représentation scrupuleuse de l’objet réel, Flaubert sera même astreint à ne pas élever son œuvre au-dessus des modèles qui ont posé devant ses yeux.
Ils ont tous deux le même dessein et la même suite : l’un prépare la voie à la perfection que l’autre montre à découvert, l’un pose le fondement et l’autre achève l’édifice, en un mot l’un prédit ce que l’autre fait voir accompli. […] Mais, posons-le, tout s’éclaircit, tout s’ordonne, tout dans l’histoire tend vers une fin, qui devient ainsi notre raison d’être et notre loi. […] En ce sens, l’Histoire des variations n’est qu’une application particulière du principe posé dans le Discours sur l’histoire universelle, et la justesse même de l’application achève, pour Bossuet, de démontrer la vérité du principe. […] … Bayle n’a pas posé toutes ces questions pour la première fois, mais personne, avant lui, ne les avait ni traitées, ni posées comme lui, d’une manière vraiment critique, parce qu’elle l’est exclusivement. […] Quels modèles ont posé devant lui, pour son chapitre des Biens de fortune ou pour son chapitre des Femmes ?
Ainsi, d’une part, la nervosité moderne des gens comme il faut, de l’autre, la pose et la prose du demi-monde. […] D’ailleurs, me poser en adversaire de Verlaine, quelle folie ! […] Un honnête homme, qui aime sincèrement, se pose d’instinct quelques questions au moment où il va entrer dans le mariage. […] Qui sommes-nous donc pour poser des conditions ? […] C’est l’homme qui veut jouir de l’existence sans se soumettre aux conditions qu’elle pose.
Dumas réclame le droit de poser devant nous des personnages plus grands que nature. […] Il pose les questions, les agite, et ne les résout pas. […] Il suffit qu’il montre comment les questions se posent, et comment elles s’agitent au cœur même d’une société. […] Pour poser ces milieux avec toute la netteté voulue, M. […] Delobelle se pose en persécuté.
Et, le voyant seul, il approche, salue religieusement, se nomme — et pose sa candidature. […] D’autres diront qu’il ne suffit point de deux sphinx posés au bord d’une terrasse pour constituer la couleur asiatique, et que ce roi d’Orient n’est pas dans ses meubles. […] C’est entre eux qu’est la lutte, c’est sur eux que pose la tragédie tout entière. […] L’auteur, dans Une vieille maîtresse, a donc posé, en droit, la revendication de la fidélité éternelle. […] Une question posée est une question à moitié résolue.
Puis elle alluma deux bougies qu’elle posa doucement sur la table de nuit, couverte d’une serviette blanche, à la tête du lit. […] Ceci posé, je constate un effort dans le Gaga (quel titre !) […] Désespéré, Claude cherche un modèle pour poser sa figure du Salon ; les natures banales des ateliers lui sont insupportables. […] Et, toujours muette, nue et vierge, elle se coucha sur le divan, prit la pose, un bras sous la tête, les yeux fermés. […] Ma tête fatiguée Se pose sur ton sein, point d’appui du proscrit.
On s’efforce aujourd’hui de résoudre des questions que Sainte-Beuve ne songeait même pas à se poser : Quel est ce livre ? […] Malgré toutes nos disputes, nous en sommes encore à nous poser ces interrogations irritantes. […] Lorsqu’il posa ses lèvres sur le front de la chère malade, c’est à la mort plutôt qu’à l’amour qu’il donna ses premiers baisers. […] La question de l’amour et de sa moralité se pose également dans le roman romanesque. […] Faut-il toujours faire poser quelqu’un ou quelque chose ?
Quand ces grands acteurs sortent de dessus la scène et qu’ils posent leurs habits de théâtre, il me semble que toute la passion cesse à leur égard. […] « Le roi, écrivait-il, pose pour ses portraits ; il en est au onzième ; et le peuple ne peut s’accoutumer à contempler l’abus de la faiblesse en ces mêmes lieux où, si peu de mois auparavant, il a vu régner l’abus de la force. » Le miracle du débarquement et du retour de l’île d’Elbe, survenant sur ces entrefaites, le transporta.
Pourquoi ces mots qui se posent comme d’eux-mêmes sur les lèvres des hommes et qui sont en tout lieu des idoles sonores ; et ces autres mots négligés et sourds qui n’éveillent aucun écho ? […] Une autre règle pratique qu’il suivait dans ses doutes sur la langue et qu’il pose en principe général, c’est qu’en pareil cas « il vaut mieux d’ordinaire consulter les femmes et ceux qui n’ont point étudié que ceux qui sont bien savants en la langue grecque et en la latine. » Ces derniers, en effet, quand on les interroge sur un cas douteux qui ne peut être éclairci que par l’usage, compliquent à l’instant leur réponse, et en troublent, pour ainsi dire, la sincérité par le flot même de leurs doctes souvenirs, oubliant trop « qu’il n’y a point de conséquence à tirer d’une langue à l’autre. » Ainsi Erreur est masculin en latin, et féminin en français ; Fleur, de même ; c’est l’inverse pour Arbre.
Tantôt sa main passait et se posait sur les paupières, comme pour plus de ressemblance avec ces grands aveugles qu’il a peints, et dont la face exprime le repos dans le génie : il dérobait quelque pleur involontaire. […] Dans les pages datées de 1811, comme dans celles de 1833, l’auteur de la grande tentative chrétienne et monarchique se sent toujours, mais il ne se pose pas en travers.
« Elle lui prit la main et la posa sur son cœur. […] XXVIII « Quand ils eurent fini, quand ils se furent tout dit, elle posa sa tête sur son épaule et lui demanda : « — Comment vous appelez-vous ?
D’une prédisposition naturelle, les circonstances, le milieu firent un caractère déterminé, d’où la réflexion dégagea une « pose » solennelle. […] Dans les Natchez comme dans les Martyrs, Chateaubriand a voulu poser deux mondes face à face, et deux types historiquement opposés de la mobile humanité.
On peut, en résumé, poser cette loi : ce que Wagner a écrit à une époque, les drames qu’il a composés dans le même temps, tout cela provient de la même inspiration, et l’on ne peut comprendre les uns sans connaître les autres. […] Lorsque Lohengrin s’est offert à combattre pour la jeune fille accusée, il lui a posé une condition, une seule : « Jamais tu ne me demanderas qui je suis, ni d’où je viens. » Elsa accepte sans hésitation : mais bientôt les paroles empoisonnées d’Ortrude portent le trouble dans son cœur ; la curiosité féminine s’éveille en elle, un violent désir lui vient de mieux connaître le mystérieux étranger, de savoir le nom, l’origine du héros dont elle va être l’épouse.
Hume ne résout point cette question, ne la pose même pas. […] Darwin (Erasme) professe la même théorie, en substituant au mot « vibration » l’expression « mouvements sensoriels. » Bien que son système soit plein d’ « hypothèses absurdes », il a eu le mérite de voir que la psychologie est subordonnée aux lois de la vie, et de couper court par là à des questions mal posées et à des problèmes factices.
Ceci posé, quelles sont les causes du génie ? […] Taine de sa théorie sociologique et les lois générales qu’il pose sont insuffisantes : elles ne constituent qu’une partie de la vérité.
Homère est l’homme et Virgile est la femme… Idée bien simple, mais que, pour cette raison sans doute, tous les parallèles entre Virgile et Homère ont oubliée… Sainte-Beuve lui-même, qui darde si bien sa lancette dans la veine des sujets dont il veut nous faire voir le sang, Sainte-Beuve a omis comme les autres cette différence de sexe, dans la même nature de génie, qui pose d’un trait le rapport à établir entre Homère et Virgile et que la Critique a toujours manqué ! […] Après cela, il n’est pas besoin d’insister pour qu’on soit bien sûr qu’il n’avait pas ce qu’il faut de grâce et de légèreté et de souplesse pour enlever une lettre à une femme, — cette chose ailée qui se pose surtout et qui n’y pèse pas.
Qu’il la touchât avec plus ou moins de vigueur, cette question qui renferme les autres, nous n’avons pas à l’examiner, mais il la posait, mais pour lui elle effaçait tout sous son importance, et c’était toujours de cette question suprême, c’était toujours de l’intérêt absolu du Gouvernement et du Pouvoir, quels qu’en fussent momentanément les titulaires, qu’il écrivait l’histoire et qu’il en jugeait les événements. […] Elle a dans les mains assez de faits nombreux, éclatants et certains, pour poser maintenant des conclusions inébranlables et éternelles.
« Posons la plume, dit-il, et mettons fin à ces peintures d’une société à jamais évanouie et de femmes que l’œil des hommes ne reverra plus. […] Serait-ce là une prudente réserve, posée à l’avance, pour revenir sans trop de lâcheté et d’inconséquence à des sujets irrésistibles, plus forts que la volonté et que la pensée ?
Un jour, — pose-t-il, — la science remplacera tout : la vertu, les arts, la poésie : « Alors, un homme vertueux » (textuel), « un grand artiste, seront choses vieillies et inutiles. » Les savants, au contraire, — les Renan et les Berthelot de ce temps-là, — vaudront davantage. […] Renan, cet anachorète de la science, posait, pour la députation, sa candidature.
Je ne dis pas, notez-le bien, qu’un état d’âme quelconque puisse correspondre à un état cérébral donné : posez le cadre, vous n’y placerez pas n’importe quel tableau : le cadre détermine quelque chose du tableau en éliminant par avance tous ceux qui n’ont pas la même forme et la même dimension ; mais, pourvu que la forme et la dimension y soient, le tableau entrera dans le cadre. […] Vous pensez bien que je ne vais pas trancher au pied levé, pendant la demi-minute qui me reste, le plus grave des problèmes que puisse se poser l’humanité.
On saisira en quels termes nouveaux nous pensons que la question poétique et littéraire doit se poser pour l’artiste aussi bien que pour le critique.
L’étendue et l’importance des questions que soulève ce second volume, surtout relativement à notre Europe, se conçoivent aisément ; l’auteur, sans prétendre jamais résoudre à l’avance ce que recèle l’avenir, a rassemblé tous les éléments d’expérience, et posé les règles déjà évidentes pour les plus probables conjectures.
On raisonne donc, on examine, on pose des principes, mais par jeu, pour passer le temps, sans méthode suivie, sans intention de propagande.
À propos des peintres de la venue la plus récente, une seule question se pose : sont-ils vraiment novateurs ?
Ma liberté politique se réduit à voter tous les quatre ans pour un candidat que je n’ai pas choisi, qui m’est imposé par un comité que je ne connais pas ; — sur des questions qui ne m’intéressent peut-être pas, alors que d’autres questions qui m’intéresseraient ne sont pas posées devant le suffrage universel.
Le problème n’est que posé.
La perfection étant placée en dehors des conditions ordinaires de la société, la vie évangélique complète ne pouvant être menée que hors du monde, le principe de l’ascétisme et de l’état monacal était posé.
Ce qu’il y a de certain, c’est que dès lors un conseil fut assemblé par les chefs des prêtres 1019, et que dans ce conseil la question fut nettement posée : « Jésus et le judaïsme pouvaient-ils vivre ensemble ?
Raisonne-t-on, pour sçavoir si le ragoût est bon ou s’il est mauvais, et s’avisa-t-on jamais, après avoir posé des principes géometriques sur la saveur, et défini les qualitez de chaque ingrédient qui entre dans la composition de ce mets, de discuter la proportion gardée dans leur mélange, pour décider si le ragoût est bon ?
Albalat pose Homère en modèle absolu : Tu imiteras Homère, il donne un mauvais conseil, parce qu’il ne faut imiter personne. » Certes, oui, il ne faut imiter personne, au sens étroit qu’on nous prête (Voir plus haut) ; mais l’imitation est une chose excellente dans le sens que nous lui donnons raisonnablement.
… Ce que je trouve, moi, dans Mme de Staël, c’est le fond de la Corinne et de la Delphine qu’elle a peintes, en se regardant, et qui lui ressemblent toutes deux, mais trop posées, mais arrangées pour un effet qu’elle ne connaissait pas ; ce que j’adore, enfin, dans Mme de Staël, c’est le naturel inaliénable.
Mais Thureau-Dangin ne l’a pas même posée.
tout ce que je veux, et ce que j’ose affirmer, c’est que jamais théorie plus impartiale et plus étendue n’a été posée, en quelque matière que ce soit, et n’a mieux donné la caractéristique de l’esprit qui l’a inventée.
Et c’était chez lui, en effet : de nature, de culture, de ture-lure, il était à tel point de ce journal, pédantesquement superficiel, que ce serait bien hardi de poser le problème : lequel des deux était le plus fait pour l’autre, de Prévost-Paradol ou du Journal des Débats ?
Mais, pour eux, il y avait une question plus haute que la question de ce dommage : c’était la question posée et reposée depuis des siècles, cette question de l’unité dans l’État, qui n’a perdu de son importance que depuis que les gouvernements se sont affaiblis.
Et ce n’est pas tout : il nous montre aussi la solution éclatante de ce terrible problème de l’éducation que chaque époque pose et reprend à sa manière, et qui, grâce à une femme et à des circonstances inouïes, a été résolu une fois.
Il y a celle qui soutient que l’homme est bon et que la société le déprave ; celle qui prétend qu’il est également propre au bien comme au mal ; et enfin celle qui pose, comme le catholicisme, avec sa netteté souveraine, que l’homme est en chute, mais qu’il peut glorieusement se relever !
Cette question de la préexcellence de l’antiquité et de sa supériorité sur la société chrétienne, ce n’est pas d’hier qu’elle a été posée.
Aussi, plus d’une fois ne peut-elle s’empêcher de voir le creux des deux âmes qui posent devant elle.
incroyablement passionnée, ne fut point une pose ou une chimère.
Parisot lui-même sur la valeur d’une épopée qu’il pose carrément comme la plus grande et la plus belle production qu’il y ait dans les littératures connues.
Aussi plus d’une fois ne peut-elle s’empêcher de voir le creux des deux âmes qui posent devant elle !
Mais la correction médiocre, posée, pincée, surveillée, n’y va point, elle !
Bien des questions se posent devant elle.
Pas plus dans le livre du docteur Favrot que dans la discussion du Sénat, rien de concluant n’a été posé sur cette question terrifiante, à laquelle tout homme de sens devrait éternellement et infatigablement revenir, jusqu’à sa solution complète, si les hommes de sens eux-mêmes n’étaient, quand il s’agit de la mort, les plus inconséquents des étourdis !
Souvent aussi, malgré sa force, Fabre manque du trait précis qui achève un mouvement ou une figure commencée ; il n’a pas le coup d’ongle définitif qui les fait tourner et les pose tels qu’ils doivent rester toujours dans l’imagination qui les a contemplés une fois !
Tout reste perdu et englouti dans cette mêlée tapageuse et confuse où la ligne de tout dessin se rompt, — où la composition se noie, — et où tout caractère, posé d’abord, éclate bientôt, sous l’effort qui le tend et qui finit par le briser !
Et maintenant que nous avons signalé le traquenard de son titre, nous n’ajouterions rien de plus sur le livre et sur son auteur, s’il n’y avait pas une question plus importante que l’auteur et son livre, et que ce livre impose à la Critique l’obligation de poser.
La plus tracassée à coup sûr de toutes celles qu’on agite dans ce livre, elle y est suspendue, à ce qu’il paraît, aux reins de ce râblé, qui, de prêtre, finit par se faire imprimeur et par épouser, pour le bonheur et la gloire de poser cette question du mariage des prêtres devant l’autorité civile, une abominable souillon, comme disait Francisque Sarcey l’autre jour, avec une délicatesse digne de la chose.
Il posait l’axiome essentiel sur lequel cet homme, réputé mobile, n’a jamais varié. […] La pose de l’arche sur la colline de Sion fut une heure décisive dans l’histoire juive. […] Des montagnes posent leurs dentelures sur le ciel, au loin. […] Or, ce sont là des conclusions fort éloignées des prémisses que l’historien avait posées. […] Quelle douceur de poser mes lèvres ardentes sur sa bouche qui sentait bon comme une fleur !
Jean Reynaud passe par-dessus les objections sans les voir, et pose comme premier principe les incarnations et les migrations qu’il s’agit de démontrer. […] La dorure est une sorte d’auréole, la seule dont ils soient capables ; à l’exemple de la société et de la nature, il la pose complaisamment sur leur habit. […] Je n’ai plus d’admiration pour une femme vertueuse, quand, au bout d’une belle action, je la vois se poser en pied comme une actrice et réciter une tirade de drame. […] Le poète moraliste, Corneille par exemple, pose ses héros debout tout d’abord. […] Il pose seulement que le monde est un, qu’un ordre de lois le gouverne, et que cet ordre a l’harmonie d’une raison51.
Récemment une question fut posée ainsi, à peu près : « Qui, dans l’admiration des jeunes poètes, remplacera Verlaine, lequel avait remplacé Leconte de Lisle ? […] Par l’imagination qui lui permet d’évoquer et de faire vivre les êtres les plus divers, les plus caractéristiques, les plus personnels, il a, comme Balzac, le génie de donner à ses personnages non seulement la vie, mais la personnalité, d’en faire de vrais individus, tous bien doués d’une âme particulière ; dans la Force du Mal, une jeune fille est ainsi posée et si nettement sous nos yeux qu’elle en devient inoubliable ; malheureusement son caractère fléchit à la fin du roman, trop brusquement résumé. […] Poictevin diaphanéiserait encore un fantôme, un arc-en-ciel, une illusion, une fleur d’azalée ; ceci : « Une main de phtisique en l’angustie de sa quasi diaphanéité, posée, non paresseuse, mais qui n’appréhende plus, semblerait avertir, moins exaltée que déjà et indulgemment revenue ? […] De ses vers beaucoup sont comme roussis par une glaciale affectation de naïveté, parler d’enfant trop chéri, de petite fille trop écoutée, — mais signe aussi d’un vrai besoin d’affection et d’une pure douceur de cœur, — adolescent de génie qui eût voulu encore poser sur les genoux de sa mère son « front équatorial, serre d’anomalies » ; — mais beaucoup ont la beauté des topazes flambées, la mélancolie des opales, la fraîcheur des pierres de lune, et telles pages, celle qui commence ainsi : Noire bise, averse glapissante Et fleuve noir, et maisons closes… ont la grâce triste, mais tout de même consolante, des aveux éternels : l’éternellement la même chose, Laforgue la redit en tel mode qu’elle semble rêvée et avouée pour la première fois3. […] Robert de Montesquiou Au premier envol de ses Chauves-souris en velours violet, la question fut très sérieusement posée de savoir si M. de Montesquiou était un poète ou un amateur de poésie et si la vie mondaine se pouvait concilier avec le culte des Neuf Sœurs ou de l’une d’elles, car neuf femmes font beaucoup de femmes.
Même pour montrer l’endurcissement dans le crime et dans la débauche, même pour nous faire soupçonner les bassesses secrètes de la goinfrerie, il n’est pas nécessaire de faire alliance avec la caricature, et je crois que l’habitude du commandement, surtout quand il s’agit de commander au monde, donne, à défaut de vertus, une certaine noblesse d’attitude dont s’éloigne beaucoup trop ce soi-disant César, ce boucher, ce marchand de vins obèse, qui tout au plus pourrait, comme le suggère sa pose satisfaite et provocante, aspirer au rôle de directeur du journal des Ventrus et des satisfaits. […] Je pose, et en réalité c’est moi le modèle, qui consens à faire le gros de la besogne. […] Il a vraiment une intelligence toujours apte à peindre l’âme qui pose devant lui. […] Sculpture Au fond d’une bibliothèque antique, dans le demi-jour propice qui caresse et suggère les longues pensées, Harpocrate, debout et solennel, un doigt posé sur sa bouche, vous commande le silence, et, comme un pédagogue pythagoricien, vous dit : Chut ! […] Ce hibou, perché sur son dos, m’inquiète (car je suppose que je n’ai pas lu le livret), et je me demande pourquoi l’oiseau de Minerve est posé sur la création de Neptune ?
Avant tout, il s’agissait de déterminer d’une manière précise l’objet de notre travail et d’en poser les limites. […] La politique offrait un terrain trop brûlant encore pour qu’on osât y poser le pied. […] Mais, le groupe posé sur l’étagère, il n’y pense plus, et le voilà qui sculpte en marbre une Diane chasseresse ou quelque figure mythologique dont la blancheur se détache d’un fond de fraîche verdure. […] L’ombre descendit sur le front où la popularité semblait avoir posé un laurier éternel. […] Le bénéfice le plus net de sa journée est encore un coup d’épée que lui a donné le marquis, à l’occasion d’un article rédigé par Giboyer, et qui le pose sur un pied d’honnête homme.
Sur les pas de la nuit l’aube pose son pied ; L’ombre des monts lointains se déroule et recule. […] Un oiseau de tendresse et de mélancolie S’y pose pour chanter sur le rameau qui plie. […] « Le soir, lorsque le jour avait baissé sans disparaître encore, je posais la plume et marchais en long, en large, au milieu d’eux. […] Croyez-vous qu’il fût indifférent alors de poser à la jeunesse cette grave et pathétique interrogation : « Faites-vous assez pour le peuple ? […] Ces hommes-là s’en vont, calmes et radieux, Sans quitter un instant leur pose solennelle, Avec l’œil immobile et le maintien des dieux.
. — Encore un mot : là-bas, au milieu de l’assemblée, regardez ce livre doré, magnifique, royalement posé sur un coussin de velours. […] Lorsqu’on achève de lire Thackeray, on éprouve le saisissement d’un étranger amené devant le matelas de l’amphithéâtre le jour où l’on pose les moxas et où l’on fait les amputations. […] Il l’habille, il lui pose des mouches, il déploie ses robes, il frémit devant ses mouvements de danseuse. […] » Là-dessus elle se débarrassa de sa toilette rose, posa son bouquet de bal dans un verre d’eau, se mit au lit et dormit très-confortablement. » Par ces exemples, jugez du reste ; Thackeray n’est occupé qu’à dégrader Rebecca Sharp.
Comme un homme qui vient de faire cent discours et d’embrasser cent mille hommes » (toujours le poëte qui se pose un peu). — « (M.)
On a lu ses œuvres nouvellement écloses à ses amis ou soi-disant tels, pour être admiré, pour être applaudi, non pour prendre avis et se corriger ; on a posé en principe commode que c’était assez de se corriger d’un ouvrage dans le suivant.
et les bornes qu’il voudra poser aux recherches de la pensée ne seront-elles pas précisément celles que les esprits ardents voudront franchir ?
La comédie pose sur la tête de l’Humanité une couronne de fleurs, et la conduit souriante aux Petites-Maisons. — Moins une nation ou une époque est poétique, plus elle change facilement la comédie en satire.
De temps en temps, il se pose cette question : « Mélanie ne serait-elle qu’une coquine ?
Pour les philosophes dont je parle, le problème se pose ainsi : Le fond périra-t-il avec la forme ?
Seulement, si la spontanéité de ses facultés passait bien souvent par-dessus les faux cadres dans lesquels posait sa pensée, nul ne put croire tout d’abord que, la plume à la main, cette Belle Impétueuse, qui se faisait un peu trop de rayons autour de la tête avec ses longs tire-bouchons d’or pût se maintenir, comme en ces Lettres parisiennes, femme du monde spirituelle, moqueuse et adorablement frivole, dans cette simplicité qui devait être une compression, et que nous avons tant admirées dans Mlle Mars, à la scène, car le talent de Mme de Girardin dans ses Lettres parisiennes rappelle le jeu de Mlle Mars, comme dans ses Poésies les cris de Mme Desbordes-Valmore rappellent le pathétique de Dorval.
Toujours est-il que, quel qu’il soit, c’est le mot des idées communes… Ce problème curieux et si souvent posé, sans qu’on l’ait résolu, de la moralité de lord Byron, sortira de ce livre comme il y est entré, tout aussi problème que devant.
ils posent en porphyrogénètes !
Les grands hommes qui donnèrent à la langue de Louis XIV, je ne dis pas son caractère définitif, — car une langue ne finit jamais que quand on ne la parle plus, — mais les chefs-d’œuvre qui l’assirent et la posèrent dans sa majesté, sont sortis des grands écrivains du xvie siècle, qui en a de si grands, et non pas des précieuses, ces bréhaignes, qui ont tué des poètes, mais qui n’en ont jamais fait un.
Sainte-Beuve, d’un si spécial génie, n’a pu tirer pourtant (c’est significatif) que deux anecdotes de ces quatre immenses volumes, dont l’une, je crois, sur Louis XIV, qui, ennuyé du joug qu’il faisait porter aux autres et à lui-même, jetait parfois, pour se divertir, des oranges à la tête des dames, à souper, lesquelles lui envoyaient des pommes et parfois même des salades avec leur huile ; gaminerie piquante par son contraste avec la pose éternelle du grand roi !
Il coupa sa forêt d’ennemis, et, quand il l’eut coupée, il posa la hache à ses pieds avec une hauteur et un calme que l’Histoire, malgré son horreur, admire encore.
Ôtez le pittoresque de l’expression dans cette page terrible des Soirées de Saint-Pétersbourg, écrite ainsi pour faire mieux sentir la vérité de sa thèse, de Maistre, en parlant du bourreau, n’a posé que la nécessité de la peine de mort pour la conservation de tout ordre social, ce qu’on peut soutenir, n’est-il pas vrai ?
Mais elle méprise Reid et la philosophie du sens commun, avec juste raison, je le crois, et même j’en suis sûr, mais, c’est pour poser la nécessité d’une science supérieure à tout, et voilà qui tente singulièrement l’orgueil des petits Nabuchodonosors de la cuistrerie.
On est entré, du premier pas, d’une telle roideur dans le fanatisme de la haine, qu’on ne peut s’avancer d’un degré de plus dans la frénésie à froid du mensonge et dans le souillement des choses sacrées… Avoir vécu vainement dix-huit cents ans de Christianisme et d’Histoire, pour se retrouver, à la fin de ce xixe siècle, qu’ils disent lumineux, de l’opinion de la canaille romaine et des plus atroces empereurs de cette canaille sur le compte des Juifs et des chrétiens, c’est encore moins fort d’absurdité et moins transcendant de sottise impudente, que d’avoir posé comme un fait scientifique et démontré la honteuse et humiliante folie du céleste Rédempteur du genre humain.
Matter un sourire ; mais il n’en pose pas moins la triple question dont la solution est le but de son livre : — Faut-il rejeter les révélations de Swedenborg comme « une illusion qui fait ombre dans la vie d’un si grand homme et avec une compassion sincère pour une telle infortune d’esprit ?
Depuis eux, il est venu un médecin à facultés puissantes, qui a posé vigoureusement que la volonté, c’était la vie.
À cette époque de son histoire, Bossuet réalise le jugement dit sur lui par un génie fastueux : « Il voyait tout, mais sans franchir les limites posées à sa raison et à sa splendeur, comme le soleil, qui roule entre deux bornes éclatantes, et que les Orientaux appellent pour cela l’Esclave de Dieu. » Ne les franchit-il jamais ?
Il parla de l’antagonisme fatal des idées, aussi bien dans l’histoire que dans la pensée, dans la conscience de l’homme que dans l’humanité ; enfin il amnistia la guerre, fit une théorie sur les grands hommes qui leur arrachait ce qu’il y a de plus beau en eux : leur libre individualité ; et, adroitement, se coulant de ces hauteurs où il s’était laissé enlever, au niveau abaissé de son auditoire, sentant bien qu’il avait affaire à un genre de public qui aurait donné toutes les spéculations métaphysiques pour une chanson de Béranger, il arriva en dernier ordre, par une subtilité de dialectique, à la Charte, cette chimère de l’époque d’alors, et posa comme l’idéal de sa philosophie la monarchie constitutionnelle, aux cris d’enthousiasme de tous ces Prudhommes de vingt ans !
La filiation terrible que je vois entre les Jacqueries protestantes et les Jacqueries des temps futurs (et pas si futurs), Guizot ne l’a pas vue du traversin sur lequel dormait sa vieillesse fortunée, mais la logique des principes posés étrangle, un jour ou l’autre, les subtilités des sophistes, et l’invention des deux Églises ne le sauvera pas !
Or, parce que Maurice de Guérin a écrit quelquefois des vers qu’on dirait tirés de l’Anthologie grecque, par exemple ceux-ci : Les siècles ont creusé dans la roche vieillie Des creux où vont dormir des gouttes d’eau de pluie ; Et l’oiseau voyageur qui s’y pose le soir Plonge son bec avide en ce pur réservoir.
Inconséquent à tout quand il s’agit de Dieu, dédiant à Dieu son livre, dans une pose naïve de gladiateur enfant, au milieu du cirque de l’athéisme contemporain qui le nie de toutes parts, déiste d’un déisme involontaire et fatal, à travers lequel l’idée chrétienne coule, sans qu’il s’en doute peut-être, comme le sang dans la chair humaine ; déiste malgré lui, qui eût fait effacer à Bossuet sa phrase célèbre : « Le déisme n’est qu’un athéisme déguisé », voilà, en quelques mots, ce poète nouveau, à son début, qui lave les sottises de son esprit dans l’émotion de sa poésie, ce jouvenceau de vingt-trois ans qui s’en vient orgueilleusement demander à la Critique de l’égorger, si elle l’ose… et celle-ci, comme vous le voyez, ne l’égorge pas !