Ce qui fait que le plaisir est pour nous une chose tout à fait profane, c’est que nous le prenons comme une jouissance personnelle ; or la jouissance personnelle n’a absolument aucune valeur suprasensible.
Là, sa vertu éclate avec tous ses autres mérites ; là, nul soupçon d’intérêt personnel ne peut l’atteindre ; là fut même le pénible sacrifice de ses sentiments, s’il est vrai, comme on n’en peut douter et comme le disait sa clairvoyante rivale, qu’elle aimât ce roi dont elle remettait la reine en possession, et que les désirs qu’elle reconduisit vers la couche conjugale, s’étaient allumés ou éveillés pour elle. […] J’écris pour les historiens, et je me crois plus obligé à une exactitude scrupuleuse que si j’étais historien moi-même ; or il est de fait que je n’ai trouvé aucun document historique sur le personnel de madame de Maintenon à l’âge de quarante-cinq ans ; mais comme j’aime autant qu’un autre à me la figurer agréable, j’emprunterai ici la peinture que madame de Genlis en a faite : j’aimerais à la croire vraie, quoique je sois eu droit de la regarder comme un ouvrage d’imagination.
Et remarquez que ce n’était point pour quelque injure personnelle que Condorcet en voulait ainsi à M. […] Arago l’a noté ; mais, lorsqu’il nous représente Condorcet membre de la seconde législature, de cette Assemblée législative où les dissensions personnelles s’envenimaient chaque jour, et ne voulant jamais prendre part à tous ces combats, il est dans une erreur complète.
Fénelon, jugeant ces mêmes Avis de Mme de Lambert à son fils, disait : L’honneur, la probité la plus pure, la connaissance du cœur des hommes, règnent dans ce discours… Je ne serais peut-être pas tout à fait d’accord avec elle sur toute l’ambition qu’elle demande de lui ; mais nous nous raccommoderions bientôt sur toutes les vertus par lesquelles elle veut que cette ambition soit soutenue et modérée. » Mme de Lambert perdit son mari en 1686 ; elle l’avait accompagné deux années auparavant à Luxembourg, quand il avait été nommé gouverneur de cette province, et, dans ce pays nouvellement conquis, elle l’avait aidé à se concilier les cœurs : « Il avait la main légère, dit-elle, et ne gouvernait que par amour, et jamais par autorité. » Elle avait consacré tout son bien personnel, qui était considérable, à l’avancement de la fortune de son mari et à une honorable représentation. […] Mais cette supériorité, continue-t-elle, ne doit pas se mesurer sur le rang seul, car il y a des grandeurs réelles et personnelles, et des grandeurs d’institution.
Quant à de Prié, comme, il l’appelle, c’est un homme de peu qui s’est prévalu de l’autorité impériale dont il était momentanément revêtu, comme l’âne de la fable, qui se prévaut des reliques dont il est chargé : Pour ce qui est des choses personnelles qui se sont passées entre Prié et moi dans cette affaire, s’il reste encore digne de ma colère, quand elle sera terminée, je saurai bien le punir moi-même de ses insolences. […] Dès sa retraite chez l’empereur, Bonneval s’accoutume à être renégat et à ne suivre pour loi qu’un prétendu honneur personnel dont il se fait juge, et qui n’est que la vanité exaltée.
Ce qu’il exigeait particulièrement de ses amis, de ceux surtout qui pouvaient avoir quelques prétentions politiques, me dit un de ceux qui l’ont le mieux connu, c’était du courage personnel. […] Il s’est arrêté quelques instants devant une des batteries d’artillerie de la Garde nationale… On s’est précipité autour du roi pour lui presser la main, comme le jour de son arrivée de Neuilly ; un canonnier lui a présenté un verre de vin qu’il a bu tout à cheval… Tel est le bulletin du 1er novembre (1830) de la plume de Carrel même, et rien n’annonce encore le duel personnel et la guerre à mort qui suivront.
N’est-ce pas dire qu’ils substituent à une sagesse d’emprunt ou à des illusions préconçues une sagesse personnelle qui vient de l’examen ? […] Bien peu iront jusque-là, et dans les limites de l’intérêt personnel on saura bien réclamer et pratiquer le droit du libre examen.
Bien loin de nous tenir pour présomptueux, nul doute que les honnêtes gens ne tiennent à encourager notre tentative d’édification personnelle et sociale. […] Ce qu’ils vantaient n’était pas à proprement parler une renaissance classique, mais une renaissance latine, le retour à la discipline, à l’harmonie, mais aussi le culte de l’inspiration personnelle, du lyrisme conforme aux aspirations de la race, le dédain des abstractions factices, du subjectisme vulgaire, du document spécial — en un mot les soucis classiques de l’âme, de l’idée, de la race, de l’essentiel humain et de la vérité générale, augmentés d’une préoccupation de lyrisme facilement romantique13 — et aussi des conceptions politiques divergentes.
Il ne transformera en aucune façon la « manière » de cet auteur pour peu qu’elle soit personnelle, et l’auteur continuera à entretenir avec soin ses qualités et surtout ses défauts qui constituent sa « marque »18. […] Henri Albert s’est infatigablement dévoué à l’œuvre de Nietzsche, etc., et il a su faire œuvre personnelle en de nombreux essais.
Homme de principes et de tradition en un temps où chacun culbute dans le sens de ses impressions personnelles, M. […] Nisard, comme historien, comme appréciateur d’un ordre élevé en littérature, a mieux aujourd’hui que des qualités personnelles à mettre en balance avec les autres critiques contemporains.
Chaque siècle a sa philosophie, comme il a ses passions personnelles ; et c’est même une loi de l’esprit humain que la philosophie d’un siècle doive rayonner dans tout ce que ce siècle a produit. […] Il s’est dit qu’à toutes les époques l’histoire des nations a tenu toute, en définitive, dans la conscience et les passions de quelques hommes ; que le dessous de cartes de l’Histoire est une suite de biographies ; qu’il y a beaucoup plus d’influences personnelles dans ce monde que de force des choses ; et ainsi il a effacé, pour sa part, le mot obscur qu’on élève dans l’histoire quand on ne la comprend plus et que le sens des hommes échappe, et renversé autant qu’il l’a pu ce phare de ténèbres qui redouble la grande ombre des événements passés, au lieu de la dissiper.
Ôtez Dieu et l’action directe et personnelle de sa providence sur le monde, Attila n’est plus que l’indigéré de sang humain qui creva de celui qu’il avait versé, — a dit Chateaubriand. […] Si vous ne croyez pas à l’action personnelle de Dieu sur le monde, abandonnez cet accablant sujet d’Attila !
Mais la vertu d’un nihiliste ne saurait être qu’une préférence personnelle. […] Il y entre évidemment trop de raisons personnelles. […] Quand il s’impose ainsi à l’écrivain, avec cette force d’obsession, il devient aussi naturel que le roman contemporain le plus personnel. […] Nous éprouvons à toute heure, à toute minute, en l’utilisant au service de nos besoins personnels, la certitude de ses lois et leur infaillibilité. […] Les doctrines fécondes se reconnaissent à ce double caractère : elles sont très personnelles au philosophe qui les a conçues, et elles se raccordent au mouvement général de son temps.
Si parfois pourtant il s’est attaché à quelques individus et a paru les distinguer avec plus de soin, ce n’est pas toujours qu’il leur accorde une importance personnelle beaucoup plus prononcée, et qu’il prenne plaisir à se surfaire leur valeur historique.
Madame des Ursins aspirait à se faire dans les Pays-Bas une petite souveraineté indépendante, et, par l’opposition des alliés à la reconnaître, devenait un obstacle personnel à la signature des traités.
Distraits en effet à chaque pas par des difficultés de détail, forcés de reprendre souvent haleine, et de cheminer péniblement phrase à phrase ; de plus, dénués de verve personnelle, et revenant puiser sans cesse à celle de l’original, ils courent risque, s’ils n’y prennent garde, de laisser trace en leur ouvrage de ces allées et venues perpétuelles, et de fatiguer le lecteur par leur marche inégale et heurtée.
Revenons aux observations générales, aux idées littéraires, à tout ce qui peut distraire des sentiments personnels ; ils sont trop forts, ils sont trop douloureux pour être développés.
Sans elle, on aura beau s’abreuver de toutes les rhétoriques, se consumer sur les sujets particuliers qui s’offriront, on n’arrivera jamais qu’à se souvenir et à amplifier ; on n’aura jamais une façon d’écrire naturelle et personnelle.
En même temps que les Vies de Plutarque enivrent les âmes imprégnées de l’amour de la gloire, et à qui ces éloges des plus hautes manifestations de l’énergie personnelle qui se soient produites dans la vie de l’humanité, montrent la voie où elles voudraient marcher, toute l’œuvre de Plutarque séduit comme déterminant assez exactement le domaine de ce que devra être la littérature : morale et dramatique.
Il reste dans la conjugaison des traces de l’usage du moyen âge : le latin nous donne sa proposition infinitive, qu’on trouve, il est vrai, déjà acclimatée dans Commynes et dans Marot, mais qui devient alors tout à fait commune : il nous donne aussi toutes les constructions du relatif, soit éloigné de son antécédent, soit dépendant d’un participe ou d’un infinitif, et non d’un mode personnel du verbe.
Comme il paraît qu’en ce siècle tout lumineux chacun se fait un devoir d’éclairer son prochain sur ses qualités et perfections personnelles, chose dont nul n’est mieux instruit que leur propriétaire ; comme, d’ailleurs, cette dernière tentation est assez forte, l’auteur croit, dans le cas où il y succomberait, devoir prévenir le public de ne jamais croire qu’à demi tout ce que les journaux lui diront de son ouvrage.
… Et nous rappellerons les strophes du mélancolique évocateur des Landes de Gascogne, Marc Varenne dont les trop rares vers publiés apportaient dans la nostalgique évocation du sol natal une note personnelle.
Il s’en faut assurément que cette philosophie soit la création personnelle de Taine.
Il est bien évident que la sympathie presque amoureuse de cet écrivain pour les deux célèbres maîtresses de Louis XV n’avait pas été la fascination de la qualité de maîtresse en titre de roi sur un royaliste à fond de train, mais un goût personnel, très vif, tenant à son idiosyncrasie à lui, Capefigue, mais la séduction momentanée de deux charmantes créatures entre toutes, sans aucune conséquence pour plus tard !
Ils soulevèrent l’immense curiosité qui devait s’attacher naturellement aux souvenirs personnels et intimes d’un des lieutenants de Napoléon, et précisément de celui-là qui fut le malheur de son maître.
… About, qui nie même la poésie de la Grèce, qui arrache ce dernier haillon d’or et de pourpre aux fils d’Homère, et qui, par le fait de son genre d’esprit encore plus que de ses observations personnelles, se range du côté de l’opinion acceptée sur ce pays durement jugé ; Edmond About n’a plus qu’à la justifier et à la faire saillir.
Inspiration personnelle ou sociale, regret du cœur, perspective de la vie revue en se retournant de l’autre bord de l’horizon, sentiment de l’irréparable, d’abord amer et devenant plus triste à mesure qu’il est plus résigné, oui !
Parce qu’il n’a jamais eu, lui, — et son livre l’atteste, — que des inspirations sociales ; parce que l’Empire l’a créé poète en le touchant de son rayon de feu et qu’il ne se détache jamais de la gloire ou des malheurs de l’Empire en se repliant sur lui-même, il nie l’inspiration la plus profonde de l’humanité, son inspiration éternelle, qui va de Job jusqu’à lord Byron… Franchement, n’est-ce pas abuser de sa propre préoccupation personnelle ?
Mais, tout en subissant la magique influence, M. de Laprade a retenu son inspiration personnelle, sa forme. […] Mais toutes nos restrictions nous seront imposées par une conviction personnelle, non par un mot d’ordre. […] La critique personnelle a vraiment trop d’attraits pour nous. […] C’est la partie vraiment intime et personnelle des dernières œuvres, où le bon vieillard a laissé chanter son âme. […] Là, n’étant plus soutenue par l’émotion directe et personnelle, la poésie se trouble par endroits et s’obscurcit.
La raison que nous admettons est au contraire, absolument personnelle. […] La mémoire assurément ne donne à l’homme rien d’original, rien de personnel. […] Voilà pourquoi elle est essentiellement personnelle : c’est que la sensibilité, la volonté sont les facultés personnelles par excellence. […] Le contingent de la vérité personnelle grandit ainsi à mesure que la discussion devient plus libre et plus complète. […] S’il est suffisant, nous pourrons être sûrs que leur opinion ne tient pas à des causes personnelles.
L’écart entre le style littéraire, que l’on écrit, et le style mécanique, que l’on rédige, une fois mesuré pour chaque prosateur, et posé comme son équation personnelle, donnerait lieu à des inductions curieuses. […] Seulement, incapable d’incorporer cette sensibilité personnelle en des formes stylistiques de formation originale, il choisit des phrases qui, l’ayant ému lui-même, doivent encore, croit-il, émouvoir ses lecteurs. […] Daudet lui-même, depuis Hæres jusqu’à l’Heredo a été attiré là comme par un problème personnel. […] Et puis la critique spontanée ne consiste pas seulement dans les conversations, dans la parole auditive, mais dans ces succédanés de la parole que sont les lettres, les notes personnelles. […] Sans faire intervenir ici le moins du monde un cas personnel, je rappelle que M.
Mais la plume à la main, on se croit toujours obligé de changer de peau, et le même homme qui aura parlé avec son sentiment personnel, consultera les professeurs de rhétorique pour écrire et se préparera à poser devant le public selon la tradition. […] En tout cas, soit que l’écrivain aille de lui-même chercher les sujets d’observation ou qu’ils viennent s’offrir naturellement à lui, qu’il entreprenne de peindre la société entière ou qu’il se borne à son petit coin personnel, il faut qu’il ne déforme rien. […] Ils se bornent à répéter, à être les trompettes d’autres littérateurs, qui ont des amitiés ou des haines personnelles. […] La poésie est réduite à n’exprimer que de mesquines impressions personnelles. » Cet homme qui parlerait mesquinement de lui-même est sûr de ne pas faire parler mesquinement les dieux et les rois : « Isolez-vous du monde de l’action, poètes, vous n’êtes en état de rien apprendre aux autres hommes. » Étudiez ; « la source de l’originalité est tarie. — Le thème personnel a épuisé l’attention ». […] Il est tourmenté par une foule de rêves personnels qu’il est obligé d’écrire pour se soulager.
Peu de noms ont été plus grands dans le siècle qui compte le plus de grands noms, et où la gloire a été le plus exactement mesurée au mérite ; mais ce nom n’est attaché à aucun ouvrage durable, et, chose plus étonnante, aucun des écrits d’Arnauld ne porte son empreinte personnelle. […] Il avait souffert plus que personne de l’esprit de dispute ; et quoiqu’il n’en laisse rien voir dans son écrit, où la sévère discipline de Port-Royal n’a pas permis à la personne de se montrer, cette sagacité qui pénètre dans les causes secrètes de nos brouilleries n’est que l’impression personnelle, et encore brûlante, des blessures qu’il en avait reçues. […] C’est de l’expérience personnelle, mais pure de tout ressentiment.
La forme extérieure d’un roman commence au style, et aimer un certain style, c’est pour un lecteur éprouver que les conditions de sonorité, de couleur, de précision, de grandeur et d’éloquence, suivant lesquelles les mots ont été choisis et assemblés, sont celles qui réalisent ou du moins qui ne choquent pas son idée vague de la propriété et de la beauté du langage, idée qui lui est personnelle, qui le caractérise puisque son voisin peut ne pas la partager, qui fait donc partie du cours de ses pensées et aide à le définir. […] On verra aisément dans l’histoire et le roman modernes des faits plus marqués encore de cette indépendance réciproque des couches sociales ; c’est qu’en effet cette indépendance existe et s’accuse ; les sociétés, par un effet graduel d’hétérogénéité, tendent à se décomposer en un nombre croissant de milieux, et ceux-ci en individus de moins en moins semblables, libres, de plus en plus, de suivre chacun ses inclinations personnelles et d’aller aux œuvres qu’il lui convient d’admirerdw. […] Hennequin apporte sa contribution personnelle aux multiples discussions suscitées au xixe siècle dans la critique par l’idée que la littérature puisse être, selon le mot fameux de Bonald, « l’expression de la société ».
Les romantiques ont eu la même faiblesse ; quelques-uns, par bravade, ont lancé à Dieu des insultes ainsi qu’à un ennemi personnel, mais ils tremblaient en les proférant. […] La description de ses souffrances ainsi idéalisées par le souvenir et la narration de ses impressions personnelles, diluées dans le torrent des sensations contemporaines, parut aux lecteurs semblable à la musique d’opéra dont on écoute l’air sans prêter attention aux paroles. […] Ce sont les contemporains qui fournissent à l’écrivain ses idées, ses personnages, sa langue et sa forme littéraire, et c’est parce qu’il tournoie dans le tourbillon des humains, subissant, ainsi qu’eux, les mêmes influences du milieu cosmique et du milieu social, que le poète peut comprendre et reproduire les passions de l’humanité, s’emparer des idées et de la langue courante et pétrir à son usage personnel la forme littéraire donnée par le frottement quotidien des hommes et des choses.
Si l’énergie et le talent personnels de l’homme de lettres demeurent les facteurs principaux, il y en a d’autres dont le total a peut-être autant d’importance. […] Mais je ne veux point me laisser entraîner à des souvenirs trop personnels. […] La jeunesse et les salons se passionnaient non point parce que tel roman, Germinal ou le Nabab, se tirait à cent cinquante mille exemplaires, mais parce qu’il apportait une forme, un style que l’on ne connaissait point encore, une observation personnelle, une expression neuve des sentiments et des caractères.
Catulle aussi est un poète personnel ; l’un et l’autre ont su rendre leur personnalité aimable. […] Elle est inférieure à celle de Musset ; le grand mot de pardon n’y est pas prononcé, mais l’antiquité ne nous a rien laissé de plus pathétique dans l’ordre de la poésie intime et personnelle. […] Les petites pièces intimes, personnelles composent la meilleure partie du bagage poétique de Catulle. […] Il faut le lire pour voir de quelles mesquines déceptions, de quelles rancunes personnelles, de quelles petites blessures faites à son amour-propre et à sa vanité, se composait l’amertume de La Rochefoucauld. […] « Le mot de vertu, dit-il, emporte l’idée de quelque chose d’estimable à l’égard de toute la terre… La préférence de l’intérêt général au personnel est la seule définition qui soit digne de la vertu et qui doive en fixer l’idée.
Et puis, et précisément parce qu’il les chérissait comme des découvertes personnelles, il faut avouer qu’il leur faisait une jolie fortune. […] Il s’aperçut que l’intérêt personnel avait quelque part dans les actes politiques des personnages du temps. […] Certainement, ce sont les observations personnelles de M. […] Notez que cela se complique d’une foule de regrets d’un caractère plus particulier, plus intimement personnel. […] Les sentiments d’inimitié personnelle qu’il nourrit à l’égard de Kant doivent lui venir de la répulsion que lui inspire M.
m’écriai-je ; parler de cette mort qui est un deuil personnel pour tous les cœurs généreux et m’en servir comme d’un moyen littéraire, je ne le ferai jamais ! […] Elle serait moins intéressante, moins importante dans ses conséquences générales, que j’en parlerais encore, car elle nous est personnelle, à vous qui me lisez et à moi qui écris. […] Des étrangers même ont fait de cette réhabilitation leur affaire personnelle, et s’y sont dévoués avec toute l’ardeur que le vulgaire met à poursuivre ses propres intérêts. […] ne se font pas faute de se combattre dans la vie publique, et qui pourtant n’ont garde de donner leurs querelles personnelles en spectacle au public. […] Veuillot est moins un adversaire qu’un ennemi personnel, un ennemi qui a parfois de fort mauvaises façons.
Mais que changer d’opinion sans abandonner ses sentiments personnels, ni les vaincus, ni les malheureux, ni les faibles ; changer à ses dépens en s’exposant sciemment, au contraire, aux dénigrements d’intentions, aux colères du respect humain, au mépris des partis et aux souffrances de considération qui suivent ordinairement ces progrès des hommes sincères dans ce qu’ils croient la route des améliorations morales et des vérités progressives, c’est souffrir pour la cause du bien, c’est le martyre d’esprit pour la vérité, martyre que les hommes aggravent par leur fiel et par leur vinaigre, mais que la vérité récompense par les jouissances de la conscience. […] Je me reprocherais plutôt de n’avoir pas assez changé, c’est-à-dire de n’avoir pas assez profité du temps que Dieu m’a laissé vivre pour me transformer davantage encore ; d’avoir peut-être trop sacrifié aux convenances, aux situations antécédentes, au respect humain, à toutes ces considérations personnelles qui empêchent de se démentir plus franchement de ce qu’on a dit étourdiment sur la foi d’autrui dans son âge d’ignorance : toutes choses qui sont louables au point de vue du monde, mais qui sont méprisables au point de vue de Dieu ; freins timides qui retardent la marche de la pensée d’un siècle par la difficulté d’avouer que le vieil homme est mort en vous, qu’on est un nouvel homme, et par le désir naturel, mais coupable, de concilier vaniteusement en vous l’homme d’hier et l’homme d’aujourd’hui. […] Molé, homme rompu aux crises de gouvernement, avait par son nom, par sa fortune, par sa haute élégance personnelle, plus de décorum monarchique que de dévouement aux trois monarchies qu’il avait servies dans sa jeunesse. […] Nous ne l’avons pas appelé pour assister seulement comme un de nos amis à ce débat, mais surtout pour écouter ses impressions personnelles sur le parti à prendre et pour nous éclairer de son opinion ; nous le supplions donc de nous dire nettement sa pensée.
J’ai envisagé courageusement mon passé, et j’ai été effrayé un moment de l’abîme de mes affaires personnelles. Une dette énorme pesait sur moi ; elle ne m’était point personnelle : quand on se dévoue corps et bien pour son pays, on brûle ses vaisseaux, on prend de l’argent partout où les braves gens vous en offrent. […] Je le dis de souvenir plutôt que par un sentiment actuel et présent ; car à l’heure où j’écris ces lignes, engagé plus que jamais dans la vie critique active, je n’ai plus guère d’impression personnelle bien vive sur ce lointain passé. […] La poésie est une nourriture par excellence, et de toutes les formes de poésie, la forme lyrique plus qu’aucune autre, et de tous les genres de poésie lyrique, le genre rêveur, personnel, l’élégie ou le roman d’analyse en particulier.
Disons donc, pour résumer ce qui précède, que le passé paraît bien s’emmagasiner, comme nous l’avions prévu, sous ces deux formes extrêmes, d’un côté les mécanismes moteurs qui l’utilisent, de l’autre les images-souvenirs personnelles qui en dessinent tous les événements avec leur contour, leur couleur et leur place dans le temps. […] D’ordinaire, pour remonter le cours de notre passé et découvrir l’image-souvenir connue, localisée, personnelle, qui se rapporterait au présent, un effort est nécessaire, par lequel nous nous dégageons de l’action où notre perception nous incline : celle-ci nous pousserait vers l’avenir ; il faut que nous reculions dans le passé. […] En d’autres termes enfin, les souvenirs personnels, exactement localisés, et dont la série dessinerait le cours de notre existence passée, constituent, réunis, la dernière et la plus large enveloppe de notre mémoire. […] Mais cette enveloppe extrême se resserre et se répète en cercles intérieurs et concentriques, qui, plus étroits, supportent les mêmes souvenirs diminués, de plus en plus éloignés de leur forme personnelle et originale, de plus en plus capables, dans leur banalité, de s’appliquer sur la perception présente et de la déterminer à la manière d’une espèce englobant l’individu.
Léopardi en était là, quand tout d’un coup son génie personnel lui fut révélé, et parurent alors ses Poèmes, puis ses Opuscules moraux. […] Comme ensemble, c’est un recueil d’opinions personnelles ou historiques sur des questions dont aucune peut-être n’est soluble. […] Mais alors Monet se serait imaginé un procédé personnel, assez voisin sans doute de celui-là même que sa main a illustré. […] Les méthodes de travail, encore qu’on puisse les classer par genre, sont personnelles. […] Sauf quand la passion personnelle fut eu jeu.
Pour remonter à la source des affections de l’homme, il faut agrandir ses réflexions en les séparant de ses circonstances personnelles ; elles ont fait naître la pensée, mais la pensée est plus forte qu’elles, et le vrai moraliste est celui qui, ne parlant ni par invention, ni par réminiscence, peint toujours l’homme, et jamais lui.
L’attention qu’exige l’étude, en détournant de songer aux intérêts personnels, dispose à les mieux juger.
Figurez-vous un homme dont toutes les pensées, même les plus intimes et les plus personnelles, revêtiraient d’elles-mêmes les formes consacrées d’une élégance imbécile ; qui aurait volontairement créé et développé en lui cette infirmité et qui serait décidé à mourir sans avoir une fois, une seule fois, exprimé directement sa pensée… Ô prodige d’ironie !
Paul Margueritte, et vous indiquer brièvement ce qui, dans chacun de ces livres, m’a paru particulièrement sincère et personnel, m’a donné l’impression de quelque chose de non encore lu, ou tout au moins de non ressassé.
Et, quelque admiration personnelle que je professe pour les œuvres si splendides, si hautaines ou si pénétrantes de MM. de Heredia, Mallarmé et Verlaine, je n’en persiste pas moins à accorder à un poète de la Provence la palme des poètes français.
Bourget sans dire quel sentiment de respect autre qu’artistique et presque personnel s’impose pour l’écrivain de cette préface et même de ce roman de moralisme un peu flou… III M.
Dans la société de l’hôtel de Rambouillet, au contraire, l’homme de lettres était dégagé de ses liens personnels ; il n’était plus l’homme ou l’esprit d’un autre homme ; il était devenu maître à son tour de choisir, de placer, de graduer ses préférences entre les grands, comme précédemment les grands l’avaient été de choisir entre les gens de lettres.
En 1649, il revint quelques mois à Paris, pour des affaires personnelles, mais il retourna bientôt avec sa femme dans l’Angoumois, où il se battit et reçut de graves blessures pour la cause royale ; il ne revint dans la capitale qu’en 1653, après la pacification de la guerre civile.
Un pareil reproche, effet d’une haine personnelle, & que ses échos répètent quelquefois, pour se donner un air important, est assurément une injustice manifeste.
Voilà le crime, le vrai crime de cette révélation d’une femme qui peut braver l’ignominie pour son compte personnel, si elle a des démangeaisons d’ignominie, mais qui n’a pas le droit de la braver pour le compte d’autrui !
Ils ne sont pas de ces Mémoires si chers en tout temps à la vanité française, mais plus que jamais à une époque d’importance personnelle où chaque circonférence se croit centre et où l’amour-propre vous prend familièrement le genou en vous disant : « Écoutez-moi !
Si nous examinons maintenant son caractère et ses qualités personnelles, nous lui trouverons cette ambition sans laquelle un homme n’a jamais donné un grand mouvement à ce qui l’entourait ; cette activité nécessaire à tous les genres de succès, à la guerre surtout, et dans un empire qui embrassait cent provinces ; cette férocité qui était le vice général du temps, et qui lui fit commettre des crimes, tantôt d’une barbarie calme, comme le meurtre de son beau-frère, celui de son neveu, et celui des rois prisonniers qu’il fit donner en spectacle et déchirer par les bêtes, tantôt des crimes d’emportement et de passion, comme les meurtres de sa femme et de son fils ; cet amour du despotisme presque inséparable d’une grande puissance militaire et de l’esprit de conquête, et surtout de l’esprit qui porte à fonder un nouvel empire ; un amour du faste, que les peuples prennent aisément pour de la grandeur, surtout lorsqu’il est soutenu par quelques grandes actions et de grands succès ; des vues politiques, sages, et souvent bienfaisantes, sur la réforme des lois et des abus, mais en même temps une bonté cruelle qui ne savait pas punir, quand les peuples étaient malheureux et opprimés.
Les premiers furent d’abord des fiefs roturiers personnels, pour lesquels les vassaux étaient vades, c’est-à-dire obligés personnellement à suivre les héros partout où ils les menaient pour cultiver leurs terres, et plus tard, de les suivre dans les jugements (rei ; et actores).
. — La diffamation personnelle. — Le bon sens incisif. — L’ironie grave. […] Quand un homme, dans l’intérêt du public, se met à décrire le naturel d’un serpent, d’un loup, d’un crocodile ou d’un renard, on doit entendre qu’il le fait sans aucune espèce d’amour ou de haine personnelle envers ces animaux eux-mêmes. […] Ceci a été vu, et telle est la beauté des vers de Swift : ils sont personnels ; ce ne sont pas thèmes développés, mais des impressions ressenties et des observations amassées. […] Et il finit par cette ironie de cannibale : Je déclare dans la sincérité de mon cœur que je n’ai pas le moindre intérêt personnel à l’accomplissement de cette œuvre salutaire, n’ayant d’autre motif que le bien public de mon pays. […] Homme du monde et poëte, il a inventé la plaisanterie atroce, le rire funèbre, la gaieté convulsive des contrastes amers, et, tout en traînant comme une guenille obligée le harnais mythologique, il s’est fait une poésie personnelle par la peinture des détails crus de la vie triviale, par l’énergie du grotesque douloureux, par la révélation implacable des ordures que nous cachons.
que « l’expression y soit rarement originale, personnelle et nuancée » et que « le plus habituel des défauts que cette poésie présente, comme le plus insupportable, soit la platitude » ? […] Quelques apologistes trop éloquents de ces grands hommes semblent en effet avoir un intérêt personnel à entretenir soigneusement la légende du génie méconnu. […] Prenez la peine, au surplus, d’y regarder d’un peu près : tous les critiques, encore aujourd’hui, qui revendiquent le droit de nous informer d’eux et de leurs goûts personnels, à l’occasion d’une comédie de M. […] D’autres ne le sont pas davantage, auxquels il manque pour cela d’avoir des idées je veux dire une conception personnelle et originale de la forme, s’ils sont peintres, ou de la vie, s’ils sont poètes et romanciers. […] C’est au surplus à leur influence que j’en ai uniquement, pour cette fois, et nullement à leurs œuvres ou à leur mérite personnel.
C’est une rêverie personnelle que l’auteur évoque, une fantaisie de poète plutôt gâtée par l’inutile appareil des textes. […] J’ai cité déjà l’épigramme de Sainte-Beuve, indigne de cet esprit supérieur qu’une hostilité personnelle a seule empêché de comprendre qu’un Balzac ne défend pas l’aristocratie par une puérile vanité de snob. […] Nous n’avons guère de documents pour répondre pour la Russie, quoique les noms des hommes dirigeants de cet empire nous prouvent que son personnel supérieur continue bien à se recruter par voie de familles. […] C’est un titre qui consacre la distinction personnelle en la rendant familiale. […] Toutes ces forces jadis si intactes, si libres, si personnelles, aujourd’hui si mutilées, si meurtries, si enchaînées, tressaillent encore du désir de sentir la vie affluer en elles pour la donner.
Mais tant de puissance contre un si mince ennemi ; tant de génie contre un vain talent, qui n’a pas même la force de se régler ; un tel appareil de raisons contre des emportements de plume ; le génie même de la tradition en lutte avec le sens propre d’un homme médiocre, chargé par son parti de faire les affaires de la colère et de la prévention communes, aux dépens de sa considération personnelle ; cette disproportion étonne et fatigue, comme toute lutte inégale. […] Tous les bons esprits de ce temps-là n’imaginaient rien de meilleur que la monarchie absolue, tempérée par les qualités personnelles du souverain. […] Le principe de Fénelon, c’est le particulier, et, s’il y a tradition, c’est tout au plus une tradition d’hier ; c’est l’expérience personnelle, le moi. […] Les écrits de Bossuet sur le quiétisme resteront le modèle de la polémique personnelle, puisque l’imperfection humaine veut qu’il y ait de la polémique personnelle. […] Il semble qu’il ne cherche qu’un succès personnel dans un débat de doctrine, et son ardeur à se montrer sous un beau jour lui fait quelquefois oublier ce qu’il se doit à lui-même.
Auditrice assidue de Bayreuth, garnie personnelle de Wagner, familière avec l’œuvre du maître, Mme Gautier possédait, pour servir sa cause, des armes merveilleuses. […] Les Stances n’étaient pas seulement une œuvre personnelle d’incomparable talent, mais encore le magnifique indice d’une réaction nécessaire et féconde en applications diverses, un appel à ce sens classique qui est une qualité foncière du génie français. […] Elle s’éclaire des événements personnels ou publiés qui l’ont motivée. […] J’entends par là qu’ils ont leurs habitudes personnelles, leurs façons particulières. […] Certes, il ne fut ni sans défauts ni sans ridicules, mais il eut sa valeur et son mérite personnels.
Il y songea dès 1811, et il est à croire que, dans sa pensée primitive, l’amour sans bonheur de la pieuse Antigone et du généreux Hémon devait consacrer sous une forme idéale et antique les sentiments dont il était plein : « L’amour et le malheur ont été une même chose pour eux : pour eux la mort et l’hymen devaient aussi être une même chose. » Mais peu à peu, et quoiqu’à le bien entendre ce fonds personnel soit encore ce qui anime le reste, la pensée du poëte se généralisa, s’agrandit, et, chemin faisant, recueillit des impressions successives. […] Ballanche a été une sorte d’événement dans ma vie littéraire, et il a contribué à m’apprendre bien des choses, de celles qu’on ne sait jamais mieux que par son expérience personnelle. […] Je ne voudrais pourtant pas que cette Étude sur Ballanche finît sur un incident tout personnel, et pour laisser de l’éminent écrivain une idée plus précise encore et plus réelle que je ne pouvais la donner de son vivant, je crois ne pouvoir mieux faire que de traduire de l’anglais une ou deux pages qui le concernent dans un Essai intitulé Madame Récamier, dû à la plume spirituelle et juste de Mme Mohl.
Mais d’autre part le portrait est vrai quand aux traits communs et généraux il ajoute les traits personnels ; et il est intéressant quand aux traits communs et observés ailleurs il ajoute des traits nouveaux. La première règle est donc de trouver des traits nouveaux en cherchant des traits personnels. […] Y a-t-il un raisonnement plus fort que cet argument personnel : Toi-même tu te fais ton procès ; je me fonde Sur tes propres leçons.
C’est à ces rancunes politiques du jeune tribun des soldats de Brutus contre ses vainqueurs qu’il faut attribuer le goût d’Horace pour la satire personnelle au début de sa vie poétique, car la nature de son tempérament, de son âge et de son génie, le portait plutôt à la poésie gracieuse et anacréontique. […] XVII À partir de ce moment Horace n’écrivit plus ni satire personnelle, ni invectives, ni épigrammes ; il craignit sans doute de compromettre dans ses querelles personnelles ses illustres patrons.
III Et pourquoi tenez-vous tant, nous dira-t-on, à ce que madame Récamier laisse une trace personnelle au milieu de ces innombrables événements et de ces innombrables personnages qui ont rempli de Mémoires plus historiques la première moitié de ce dix-neuvième siècle, le siècle de la France ? […] Un arrangement intervint : le jeune duc prit l’engagement écrit de ne jamais se marier et de remettre ainsi, après une jouissance purement personnelle et viagère, ses immenses biens de famille aux véritables héritiers ; il fut fidèle à cette promesse : ce fut la cause de son éternel célibat. […] « Si j’ai parlé de ces premières années, malgré mon intention d’abréger tout ce qui m’est personnel, c’est à cause de l’influence qu’elles ont souvent à un si haut degré sur l’existence entière : elles la contiennent plus ou moins.
J’étais résolu de me laisser tuer, plutôt que d’ôter la vie à un brave soldat criblé de blessures, pour une cause qui n’était point personnelle, et qui, au fond, honorait son patriotisme. […] Mais je ne voulus plaider de la plume qu’après le jugement de l’épée, et je ne consentis à publier cette défense que lorsque je pus la signer de la goutte de sang de ce duel d’honneur non personnel, mais national. […] Irréligieux jusqu’au scepticisme, fanatique de révolutions, misanthrope jusqu’au mépris le moins déguisé pour l’espèce humaine, paradoxal jusqu’à l’absurde, Childe Harold est partout et toujours, dans ce cinquième chant, le contraste le plus prononcé avec les idées, les opinions, les affections, les sentiments de l’auteur français ; et peut être M. de Lamartine pourrait-il affirmer avec vérité qu’il n’y a pas dans tout ce poème quatre vers qui soient pour lui l’expression d’un sentiment personnel.
Jamais a-t-on mieux parlé de cette ville heureuse, ou rien de chagrin, de jaloux, de rigide et d’austère s’affligeait le regard et ne mortifiait la joie du voisin ; où l’on jouissait rien qu’à y vivre, à y respirer, à s’y promener, et où la seule beauté des bâtiments et des constructions, la beauté du jour et certain air de fête secouaient loin de l’esprit la tristesse72 ; où l’on aimait le beau avec simplicité et la philosophie sans mollesse, où la richesse était à propos et sans faste, où le courage n’était pas aveugle (comme celui du Mars fougueux), mais éclairé et sachant ses raisons (comme il sied à la cité de Minerve) ; véritable Athènes selon l’idéal de Périclès, sa création et son œuvre à lui, l’école de la Grèce (Ελλάδος Ελλάς Αθήναι), telle qu’il l’avait faite durant les longues années de sa domination personnelle et puissamment persuasive : car on a dans Périclès le type le plus noble et le plus brillant du chef populaire, d’un dictateur de démocratie par raison éloquente, par talent et persuasion continue. […] Les critiques mêmes de profession, pour peu qu’ils fussent élégants, ne s’informaient pas assez à l’avance de tout ce qui pouvait donner à leur jugement des garanties d’exactitude parfaite et de vérité ; on en sait plus qu’eux aujourd’hui sur bien des points dans les sujets où ils ont passé ; on a sous la main toutes les ressources désirables ; sans parler de la biographie, la bibliographie, cette branche toute nouvelle, d’abord réputée ingrate, cette science des livres dont on a dit « qu’elle dispense trop souvent de les lire », et que nos purs littérateurs laissaient autrefois aux critiques de Hollande, est devenue parisienne et à la mode, presque agréable et certainement facile, et le moindre débutant, pour peu qu’il veuille s’y appliquer deux ou trois matinées, n’est pas embarrassé de savoir tout ce qui concerne le matériel des livres et le personnel de l’auteur dont il s’occupe pour le moment.
« Sans doute, disait M. le président trop long, l’œuvre de la pensée est la plus personnelle de toutes ; mais, tandis que le mari était occupé à ses compositions, la femme se dévouait aux soins du ménage, à l’éducation des enfants : chacun d’eux a donc mis à la masse commune sa part. » Et qu’il soit permis à l’homme de lettres célibataire d’ajouter quelques mots sur la condition de l’homme de lettres marié. […] Tenons-nous donc, quels que soient nos vœux personnels ou nos théories, heureux et reconnaissants de la loi présente.
Bruté, le 28 octobre 1815 : « Reposez-vous sur mon cœur et bien spécialement sur ma conscience du sort de ce bien-aimé Féli ; il ne m’échappera point, l’Église aura ce qui lui appartient. » L’influence personnelle de l’abbé Carron sur La Mennais était trés-secondée et favorisée à ce moment par les circonstances. […] Qu’on raisonne là-dessus tant qu’on voudra, qu’on s’alambique l’esprit pour me prouver qu’il n’en est rien ou qu’il ne tient qu’à moi qu’il en soit autrement, il n’est pas fort difficile de croire qu’on ne réussira pas sans peine à me persuader un fait personnel contre l’évidence de ce que je sens.
Avant d’être de grands hommes qu’il veut faire connaître, ils sont pour lui des hommes qu’il aime, avec lesquels il vit, et dont les moindres considérations personnelles, les moindres susceptibilités sincères lui sont plus sacrées que la curiosité de tous. […] La guerre déclarée par l’école nouvelle à la classification des genres lui a paru devoir affranchir le sien de l’infériorité classique, d’où il ne l’avait tiré qu’à la faveur d’un privilège tout personnel.
Il n’a obéi à d’autre nécessité qu’à son goût personnel d’observer et d’écrire ; jusque dans ses productions les moins flatteuses on sent de l’aisance. […] Sue, c’est en effet comme une affaire personnelle. — « Qu’a donc M.
Il s’assoupit, à moins que la voix vibrante ne réveille en lui par contagion les instincts de la chair et du sang, les convoitises personnelles, les sourdes inimitiés qui, contenues par une discipline extérieure, sont toujours prêtes à se débrider. — Chez le demi-lettré, même chez l’homme qui se croit cultivé et lit les journaux, presque toujours les principes sont des hôtes disproportionnés ; ils dépassent sa compréhension ; en vain il récite ses dogmes ; il n’en peut mesurer la portée, il n’en saisit pas les limites, il en oublie les restrictions, il en fausse les applications. […] Ces maîtres de l’homme sont le tempérament physique, les besoins corporels, l’instinct animal, le préjugé héréditaire, l’imagination, en général la passion dominante, plus particulièrement l’intérêt personnel ou l’intérêt de famille, de caste, de parti.
Ne pouvant en même temps se dissimuler l’état d’infirmité où il était lui-même, il les exhortait à ne se plus considérer comme des enfants, mais comme des hommes ; car il prévoyait que les circonstances où ils allaient se trouver les réduiraient bientôt à la nécessité de mettre à l’épreuve leurs talents et leurs moyens personnels. « On attend à toute heure l’arrivée d’un médecin de Milan, leur dit-il ; mais pour moi, c’est en Dieu seul que je mets ma confiance. » Soit que le médecin ne fût pas arrivé, ou que le peu de confiance que Pierre avait dans ses secours fût bien fondé, environ six jours après, le premier jour d’août de l’année 1464, Côme mourut, à l’âge de soixante et quinze ans, profondément regretté du plus grand nombre des citoyens de Florence, qui s’étaient sincèrement attachés à ses intérêts, et qui craignaient que la tranquillité de la ville ne fût troublée par les dissensions qui allaient probablement être la suite de ce triste événement. […] Voici les circonstances de cet événement, telles qu’il les a rapportées lui-même : « Une jeune dame douée de grandes qualités personnelles et d’une extrême beauté mourut à Florence : comme elle avait été l’objet de l’amour et de l’admiration générale, elle fut universellement regrettée ; et cela n’était pas étonnant, puisque, indépendamment de sa beauté, ses manières étaient si engageantes, que chacun de ceux qui avaient eu occasion de la connaître se flattait d’avoir la première place dans son affection.
Il est tout simple que les anciens, avec la même raison, devant la même nature que nous, aient aperçu bien des vérités où notre expérience et notre recherche personnelles nous amèneront. […] Le fond de la poésie lyrique, étant ainsi ce qu’il y a de plus universel dans les idées de l’humanité, la vibration personnelle du poète qui contemple ces hautes vérités ne sert qu’à leur donner une plus grande force de pénétration pour aller au fond des cœurs.
Ainsi, quand il peint dame Oiseuse, dont la gorge est blanche, Comme est la neige sur la branche Quand il a fraîchement neigé, n’est-ce pas une sensation personnelle et toute frissonnante encore qu’il fixe dans cette jolie image ? […] Ou plutôt elle existe, elle est personnelle.
Entre tous les plaisirs de l’esprit, celui du théâtre est le plus sensible et le plus intense pour un tel public, grossier et homogène, composé par conséquent d’individus en qui vibre plutôt l’âme commune des foules que les impressions uniques d’une âme personnelle. […] Il fallait beaucoup de zèle, de patience et de discipline, pour monter un mystère, pour rassembler, instruire, dresser parfois plusieurs centaines d’acteurs, pour arriver sans encombre du cry qui, plusieurs mois à l’avance, annonçait l’entreprise et invitait les acteurs volontaires à se présenter, à la montre solennelle, qui promenait par la ville tout le personnel de la représentation, en costumes parfois somptueux, depuis Dieu le Père jusqu’au dernier valet de bourreau.
L’explication qu’il nous donne de l’élévation et de la chute de Rome fait à chacun de nous sa part personnelle et sa leçon. […] Le style, c’est proprement ce qui est personnel à l’écrivain dans la langue commune.
Mill croit que, quand nous tirons des conséquences de notre expérience personnelle, nous concluons plus souvent du particulier au particulier que par l’intermédiaire d’une proposition générale. […] L’influence personnelle de Bentham y frappe tout d’abord ; et on peut dire que parmi les nombreux disciples qu’il a laissés en Angleterre, Mill apparaît simplement comme le plus systématique.
C’est Pellerin qui confond ses facultés critiques, ses notions sur l’histoire de la peinture et son admiration pour les grands maîtres avec un pouvoir personnel d’exécution, Pellerin qui espère toujours susciter le don par un effort d’intelligence, qui supplée au talent par l’accoutrement, par le geste et le vocabulaire. […] Si donc Emma Bovary, telle que le romancier la met en scène, se montre en quelque mesure déterminée par les circonstances, il n’en existe pas moins, au premier plan de sa psychologie, une prédisposition personnelle à laquelle il convient d’accorder la première place.
Elle est mémoire, mais non pas mémoire personnelle, extérieure à ce qu’elle retient, distincte d’un passé dont elle assurerait la conservation ; c’est une mémoire intérieure au changement lui-même, mémoire qui prolonge l’avant dans l’après et les empêche d’être de purs instantanés apparaissant et disparaissant dans un présent qui renaîtrait sans cesse. […] Si fort qu’on en diminue l’intensité, on risquera d’y laisser à quelque degré la variété et la richesse de la vie intérieure ; on lui conservera donc son caractère personnel, en tout cas humain.
Ses ouvrages, et surtout ses qualités personnelles, lui avaient fait des enthousiastes : aussi était-il l’objet de l’envie de ceux qui n’étaient pas en état de l’estimer.
Leroux, que j’ai rencontré l’autre jour, est dans une situation toujours bien grevée : de son travail, vous en pouvez juger par les excellents articles de l’Encyclopédie, mais sa situation personnelle empire plutôt.
Voici la profession de foi politique du siècle, suivant M. de Carné, et nous la ratifierions en tout point, sous la réserve de l’expliquer et de la préciser : 1° Tout pouvoir tire sa légitimité de sa conformité à la loi morale et à l’utilité du plus grand nombre : son droit est subordonné à cette utilité reconnue par les corps politiques auxquels le pays a confié mission de la constater ; 2° aucune classification permanente de la société n’est désormais possible, et une aristocratie mobile et personnelle tend à remplacer l’aristocratie héréditaire légale ; 3° les idées tendent, selon les progrès graduels des mœurs, à faire prévaloir le principe électif pour les fonctions publiques ; 4° la publicité est désormais la condition essentielle du pouvoir, en même temps qu’elle deviendra son principal appui.
puisque j’en suis sur les conjectures hasardées après coup sur le génie de Racine, n’ai-je pas prétendu quelque part qu’il était bien plus propre à l’élégie, au lyrique, qu’au dramatique, et qu’en d’autres circonstances il se fût aisément passé du théâtre pour s’adonner à la poésie méditative et personnelle !
Nous avons regretté aussi qu’en insistant avec raison sur l’importance de l’idée et de la vérité, lorsqu’on écrit, et sur la part très secondaire qu’il faut laisser aux mobiles personnels, M.
Voilà ce que dans notre position personnelle il nous a paru convenable d’expliquer au public, et ce que le public lui-même ne trouvera peut-être pas inutile de méditer.
Si vous dites qu’à tout le moins l’art doit toujours être intime, personnel, sincère, nous vous objecterons l’impersonnalité d’un Sophocle, l’universalité d’un Goethe, le désintéressement ironique d’un Mérimée.
Dans la forme, dans l’empreinte particulière que l’artiste met sur un sujet banal : en d’autres termes, dans la combinaison nouvelle des éléments, dans l’expression de rapports inexprimés jusque-là ; il innove, suivant son tempérament personnel, suivant ses habitudes d’esprit et ses formules d’art, dans la distribution des lumières et des ombres, dans la composition des plans ; il change les proportions des parties, modifie leur valeur : enfin, par un agencement nouveau, il renouvelle une vieille matière.
Ceux qui le connaissent savent déjà tout cela, les autres l’apprendront vite s’ils ont quelque bonne foi et s’ils se laissent entraîner à travers les Campagnes hallucinées et les Villages illusoires, vers ces Apparus dans les chemins dont le poète a dressé les silhouettes grandioses et mornes ; visions d’un tempérament original, langue d’une saveur âprement territoriale, métrique personnelle où le vers se résout librement en dominante par un octosyllabe à rime proche, se contracte davantage ou se dilate en expansions justes et sonores.
Il est seulement à propos de remarquer que dans ses débats, soit littéraires, soit personnels, en montrant toujours autant de génie que de sensibilité, il ne s’est jamais écarté des regles de l’honnêteté & de la décence.
IV Il y a dans cette histoire du marquis de Grignan tout un livre consacré à ce crime de la mésalliance qui fut le crime des plus grandes maisons du temps ; car même ce crime-là ne fut pas personnel plus que tout le reste à cet homme, qui n’est que le Tout le Monde de sa caste et qui n’est personne en son privé nom.
Charrière accorde avec raison à notre écrivain russe pouvait jamais s’effacer, comme si les humouristes n’étaient pas tous, de constitution physiologique ou cérébrale, essentiellement personnels, et si enfin, dans ce livre, Tourgueneff ne se mouvait pas toujours sur le premier plan, dans sa piquante et fringante personnalité !