Ne pensons pas comme lui si nous voulons. […] Nisard paraît, à beaucoup de gens qui ne le lisent point, incapable de penser autrement qu’on n’a pensé avant lui ! […] Par moments, on est tenté de le penser. […] Le long espoir et les vastes pensers lui sont venus depuis. […] Y pensez-vous ?
Il faut penser qu’il était ici depuis plus de trois ans, et que de tous les membres qui se sont succédé à l’École, c’est lui surtout que la Grèce aura fait ce qu’il est et ce qu’il doit devenir un jour. » M. […] Tu penses si j’étais attentif de tous mes yeux, de toutes mes oreilles ! […] Je ne sais pas d’exposé plus plein, plus substantiel ; l’auteur n’esquisse rien au hasard ; il serre de près chaque point ; il tient compte de tout ; il pense que le temps des à-peu-près est fini. […] Naturellement et sans calcul, la manière de penser et même de croire se met d’accord avec ce don, cette puissance de dire, quand elle existe à ce degré souverain. […] le souvenir qui m’est resté de lui, quant à ces années, est celui d’un excellent élève, d’un très bon humaniste, solide, complet, déjà professeur (chose plus rare à l’École qu’on ne pense) par l’air, le ton, l’aplomb de la parole, le zèle sérieux et convaincu.
Mais en beaucoup d’autres cas, où nous avons des raisons de penser que les espèces d’un genre se sont produites à des époques comparativement récentes, cette question présente de grandes difficultés. […] Lorsqu’on admettra pleinement, comme on le fera un jour, je pense, que chaque espèce a rayonné d’un berceau unique, et lorsque, dans la suite des temps, nous aurons appris quelque chose de certain sur les moyens de dispersion des divers êtres organisés, nous pourrons spéculer avec plus de sûreté sur l’ancienne extension des terres. Mais je ne pense pas qu’on arrive jamais à prouver que, dans les limites de la période récente, des continents, aujourd’hui complétement séparés, aient été continus, ou même presque continus, et rattachés les uns aux autres, ainsi qu’aux nombreuses îles océaniques. […] Nous avons aussi d’excellentes raisons pour penser que les phénomènes glaciaires ont duré un temps considérable sur chaque point, si on l’évalue par le nombre des années. […] Si, comme nous le pensons (voir la note ci-après), les pôles terrestres sont sujets à un déplacement périodique sensible, ces oscillations générales seraient considérables dans toute la région parcourue par l’équateur mobile de la terre.
— La lettre audacieuse des évêques donne à penser : ils n’osent de telles choses que parce qu’ils sentent qu’il y a, à côté du roi, une conscience timide et religieuse, celle de la reine, qu’ils effrayent et qu’ils espèrent dominer.
Octave Raquin Nous donna, en un trop mince reliquaire, Ibis, cette sensation unique, je pense, de passer sans perceptible froissement des vers aux proses, réciproquement, et cela sans nul artifice de transition savante.
Saint-Pavin eût beaucoup mieux fait de penser & d'agir plus sagement, que de se défendre par des Satires.
le Nain est simple, méthodique, & sans prétention, qualités qui ont dû couter à cet Auteur plus qu'on ne pense.
» Mais je regardais avec inquiétude son sourire de complaisance, éternelle, et tout bas je cherchais ce qu’il pensait au fond. […] « Vivre dans un coin avec une toile et un pinceau », pensait Gleyre. […] Pour être à peu près heureux, il faut subir le mal, quand il vient, comme un orage, puis penser à autre chose. […] Je pense avoir acquitté, autant que cela m’a été permis, ma dette envers l’État. […] Par exemple, avant de décider une mesure, Fox s’informait au préalable de ce qu’en pensait M.
Rod un compliment de penser comme moi ; mais je m’en fais un, de tout mon cœur, de penser comme lui. […] L’animal très inférieur n’a qu’un organe pour digérer, pour penser et pour se divertir. […] C’est que cet homme-là en est venu, non pas à penser avec vous ; il pense en vous ; il s’est installé au centre de votre être sentimental et intellectuel, et il y vit avec tranquillité et activité. […] pensa-t-il. » C’est cela même, « que lui veulent les femmes ? » C’est ce que nous pensons continuellement.
Si elle n’indiquait pas l’heure, elle faisait du moins penser à la fuite irréparable du Temps. […] Quant à l’argent, l’on n’y pensait pas. […] nous ne le pensons pas. […] Nous ne le pensons pas. […] S’il exécutait en peintre, il pensait en poète, et le fond de son talent est fait de littérature.
Penser davantage et chanter moins, that is the question. […] Enfin, nous ferons partout et toujours la guerre aux méchants écrivains, parce que quiconque écrit mal pense faux ou ne pense point ; le style étant, en réalité, non l’agencement savant des mots, mais l’étroite connexité, l’harmonie complète de l’expression et de l’idée. […] y pensez-vous ? […] Je pense d’ailleurs, — et je le désire vivement, — que M. […] Où donc est-elle, cette jeunesse irrespectueuse, et à quoi donc pense-t-elle ?
Quelques commentateurs ont pensé que Shakespeare pouvait avoir eu pour objet de répondre, par cet échantillon de ce qu’il pouvait faire, aux continuelles critiques de Ben Johnson sur l’irrégularité de ses ouvrages. […] Je pense au contraire que l’art admirable de Shakespeare consiste, dans cette pièce, à conserver au principal personnage toute sa supériorité, même lorsqu’il se trompe, et à la faire ressortir par ce fait même qu’il se trompe et que néanmoins on lui défère, que la raison des autres cède avec confiance à l’erreur de Brutus. […] Jacques a jadis joui des plaisirs de la société ; mais il est désabusé de toutes ses vanités : c’est un personnage tout à fait contemplatif ; il pense et ne fait rien, dit Hazlit. […] On pense généralement que cette comédie anonyme fut jouée avant the Taming of the Shrew de Shakspeare. […] Mais puisque l’auteur de Périclès a introduit Gower dans sa pièce, il est tout naturel de penser qu’il a suivi surtout l’ouvrage de ce poëte dont il a même évidemment emprunté plusieurs expressions.
En s’attachant à la maniere de ce Poëte original, il auroit dû éviter sa trop grande liberté de penser, ou du moins conserver la decence de son style, & ses Poésies n’en seroient que plus agréables.
Ce n’est jamais en cherchant à déprimer injustement ses Adversaires, c’est en prouvant qu’on pense mieux qu’eux, c’est sur-tout par la douceur & l’équité, qu’on peut, en matiere de doctrine, appuyer sa propre cause : ou, pour mieux dire, qu’on s’attache à la bonne, on n’aura pas besoin de mauvaises ressources pour la soutenir.
Nous croyons que la subtilité de ses idées vient de ce que son esprit n’étoit pas assez vigoureux pour penser solidement.
On y reconnoît sans interruption l'Ecrivain élégant & plein de goût, le Critique judicieux & familiarisé avec les bons modeles, le Philosophe qui pense & qui sait intéresser le Lecteur en l'instruisant.
Jules Lachelier Membre de l’Institut Inspecteur général de l’Instruction publique Hommage respectueux Nous nous exprimons nécessairement par des mots, et nous pensons le plus souvent dans l’espace.
Que veux-tu que j’en pense, Ulysse ? […] Vous n’avez pas, je pense, un autre critérium. […] Elle l’aime un peu, car elle pense à lui. Elle y pense sans se douter qu’elle y pense ; mais elle a encore de lui comme un souvenir latent et obscur. […] Croyez-vous que nous n’ayons pas pensé à tout ?
Dans le séjour qu’il fit à Lausanne, jeune, de seize à vingt et un ans, il s’apprit tout à fait à penser en français, à ce point que les lettres en anglais qu’il écrivait pendant ce temps sont de quelqu’un qui ne sait plus bien sa langue. […] Témoin, dans les dernières années de sa vie, de la Révolution française, il se plaisait à adhérer en tout à la profession de foi de Burke : « J’admire son éloquence, disait-il, j’approuve sa politique, j’adore sa chevalerie, et j’en suis presque à excuser son respect pour les établissements religieux. » Et il ajoutait qu’il avait quelquefois pensé à écrire un dialogue des morts, dans lequel Lucien, Érasme et Voltaire se seraient fait leur confession, seraient convenus entre eux du danger qu’il y a à ébranler les vieilles croyances établies et à les railler en présence d’une aveugle multitude. […] Gibbon me fait mal penser de lui ; j’ai revu son livre (l’Essai sur l’étude de la littérature).
C’est ainsi encore que sur lui, sur sa propre race, sur les qualités et les défauts des siens, de son frère, de sa femme (passe encore), mais aussi de sa fille, de son fils, sur le plus ou moins de sensibilité de celui-ci, sur son absence d’imagination, ses bornes d’esprit et de talent, et son « raccourcissement de génie », il dit et écrit tout ce qu’il a observé, tout ce qu’il pense ou qu’il conjecture, sauf à être lu de quelques-uns des intéressés et notamment de son fils même, après sa mort. […] Par l’étude on ne connaît que les anciens et les mœurs bourgeoises, et dans la bonne compagnie on perd son temps, l’on écrit peu, et l’on pense encore moins. Mais remarquez ici même comme, en conseillant de mêler la bonne compagnie à l’étude, il trouve moyen de la flétrir de ce mot dédaigneux, si cher aux doctrinaires de tous les temps, de ce reproche de ne pas penser !
Il avait de l’esprit ; son humeur était sombre ; il pensait longtemps avant que de répondre, mais en récompense il répondait juste. […] Après les heures qu’elle employait auprès de son estimable gouvernante Mme de Sonsfeld, personne de mérite qu’un coup du ciel lui donna pour remplacer l’abominable Leti, ses meilleurs moments, ses seuls bons moments étaient ceux qu’elle passait avec son frère, et si la raillerie, la satire, le rire aux dépens du prochain les occupaient trop souvent, il faut bien penser que c’était une revanche très permise à des natures supérieures entourées d’êtres grossiers, abjects ou méchants qui les opprimaient. […] Votre générosité vous a fait oublier mes fautes passées, mais ne m’empêche pas d’y penser à toutes les heures du jour.
J’ai, dès l’âge de douze ans, senti et pensé tout le contraire. […] N’allons pas croire, toutefois, que Ferney ait corrigé Voltaire : il était de ceux qui pensent qu’on ne se donne rien et qu’on se corrige très peu. […] Tabareau de Lyon, voilà qu’il plaisante lui-même sur l’idée qu’on pourrait bien pendre Jean-Jacques Rousseau : Je fais mon compliment, monsieur, à la ville de Lyon sur les droits qui lui sont rendus ; mais je ne lui fais point mon compliment si elle pense qu’il y ait jamais eu un projet de déclarer Jean-Jacques le Cromwell de Genève.
À l’égard de Paris, vous savez comme je pense ; si je pouvais m’y tenir, je n’aurais point d’autre patrie… Et il expose quelques-uns des motifs et des obstacles trop réels (sans pourtant articuler le principal de ces obstacles) qui l’empêchent de se livrer à ses goûts et d’aller se fixer à Paris pour y étudier, y cultiver les gens de mérite qu’il y rencontrerait, et y devenir lui-même peut-être un écrivain. […] S’il hésite pourtant à dire qu’il a plus souvent qu’on ne le croit la plume à la main, il se montre bien au naturel et avec la dignité qui lui sied, dans la plénitude de ses pensées et de son rêve : Je ne vous cacherai point que je n’ai ni la santé, ni le génie, ni le goût qu’il faut avoir pour écrire ; que le public n’a point besoin de savoir ce que je pense, et que, si je le disais, ce serait ou sans effet, ou sans aucun avantage. […] Gilbert pense que je suis resté beaucoup trop en deçà et que Vauvenargues eût été homme à aller presque jusqu’à Saint-Just.
Il n’avait pas attendu jusque-là pour penser, pour écrire et dicter ses vues, ses plans de gouvernement, ses réflexions de roi. […] On en sort, ce me semble (dût-on avoir souri de quelques expressions au passage), avec une profonde estime pour le jeune roi qui pense et s’exprime ainsi. […] Boileau (et je ne parle pas ici du poète louant en public, mais de l’homme de sens s’épanchant dans la familiarité), Boileau était d’un tout autre avis ; il entrait, nous assure-t-on, dans une espèce d’enthousiasme lorsqu’il parlait de Louis XIV, et l’on a recueilli de ses lèvres ces propres paroles, qui renferment un si bel éloge sous forme littéraire : « C’est, disait-il, un prince qui ne parle jamais sans avoir pensé ; il construit admirablement tout ce qu’il dit ; ses moindres reparties sentent le souverain ; et quand il est dans son domestique, il semble recevoir la loi plutôt que la donner. » Ce dernier trait se rapporte à la facilité de vivre du roi dans son intérieur et à son égalité d’humeur avec tout ce qui l’entourait.
Quel qu’ait été et que soit mon goût pour Beyle, je ne puis en mon âme et conscience consentir à un tel jugement, et je ne pense pas qu’aucun de ceux qui ont connu le personnage y souscrive. […] Il comptait bien d’ailleurs, l’épicurien et le raffiné, ne parler que pour une élite ; il a lâché son mot dans une lettre à Thomas Moore ; il n’écrit, dit-il, que pour un petit nombre d’élus, « happy few très-fâché que le reste de la canaille humaine (c’est son mot) lise ses rêveries. » Depuis Siéyès et l’avénement de la démocratie, pensait-il encore, il n’y a plus que l’aristocratie littéraire qui ose aimer les phrases simples et les pensées naturelles : il entendait bien rester de cette aristocratie ; et il narguait le reste du monde qui se prend au bombast, au bouffi et au fardé en tout genre. Quand on pense et qu’on sent de la sorte, on n’est pas l’homme d’une révolution, on est tout au plus celui d’une conspiration à huis clos ; on fait fureur, mais portes closes et en petit comité.
» — « Mais ; Monsieur, vous n’y pensez pas. » — « Pardon, j’y ai pensé, et j’en aurai raison. […] Soulié, que, le dimanche, dans la belle saison, on devait conduire les enfants chez leur grand-père pour leur faire prendre l’air des champs : « L’inventaire des objets restés dans la chambre de cette maison, occupée par les époux Poquelin, prouve qu’on trouvait là tout ce qui était nécessaire pour passer une nuit ; on n’y a oublié ni les boules de buis qui servaient sans doute de jouets aux enfants, ni la paire de verges destinée à les corriger. » Ce confort, cette opulence domestique de la maison Poquelin, tenaient en partie à la présence de la femme dans la maison : il est permis de le penser ; du moins, dans le dernier inventaire fait chez Jean Poquelin bien des années après, tout dénote négligence, désordre et abandon ; ce père, en vieillissant, n’était plus le même.
Sa première et sa plus chère idée, dès qu’elle le vit en âge, fut de penser à l’éloigner de ses États héréditaires et à le reléguer au loin sur un trône, elle devant continuer de régner et de gouverner par elle-même ou par ses ministres favoris. […] Qu’en penser ? […] Les médecins ne savaient plus que penser de cette consomption lente et capricieuse ; il les voulait voir à peine : on ne pénétrait point jusqu’à lui.
Il est difficile aux auteurs de ne pas se peindre, surtout dans un premier ouvrage : Émile, qui ne fait autre chose que se raconter à Mathilde, essaye à un endroit de se peindre aussi, ou du moins de tracer l’idéal relatif qu’il a parfois devant les yeux et qu’il est tenté de réaliser : « Il y aurait, dit-il, un caractère intéressant à développer dans un roman ; ce serait celui d’un jeune homme né comme moi sans famille, sans fortune, suffisant à tout ce qui lui manquerait par sa seule énergie, et dont les forces croîtraient avec les obstacles ; un jeune homme qui se placerait au-dessus d’une telle position par un tel caractère ; qui, loin de se laisser abattre par les difficultés, ne penserait qu’à les vaincre, et, esclave seulement de ses devoirs et de sa délicatesse, aurait su parvenir, en conservant son indépendance, à un poste assez élevé pour attirer sur lui les regards de la foule et se venger ainsi de l’abandon. […] Quiconque a reçu la faculté de sentir et de penser ne peut nier cette mystérieuse assertion ; mais quiconque aussi voudra prouver l’existence de Dieu ne pourra l’expliquer qu’à l’aide d’arguments que je m’abstiens de qualifier, parce que toutes les croyances doivent être inviolables, et qu’elles sont toutes sacrées pour moi tant qu’elles ne me sont point imposées. » Les religions, on le voit, y sont respectées dans leur formes et honorées dans leur principe : « Je crois que toutes les religions sont bonnes, je crois que, hors le fanatisme, toutes les erreurs des cultes obtiendront grâce devant Dieu, car notre ignorance est aussi son ouvrage… J’adopte toutes les idées religieuses qui peuvent élever l’esprit, je rejette celles qui le rétrécissent ; et s’il fallait décider entre toutes les religions établies celle qui me paraîtrait la meilleure, je répondrais : — La plus tolérante. » À un endroit où le fils abandonné se suppose forçant enfin la destinée par sa vertu, parvenant à percer par ses œuvres, et méritant que sa mère revienne s’offrir à lui comme fit un jour la mère de D’Alembert au savant déjà illustre, il y a une apostrophe pieuse, un mouvement dans le goût de Jean-Jacques : « Dieu ! […] Aujourd’hui que les cendres sont refroidies et que les mânes sont apaisés, pourquoi ne dirait-on pas tout ce qu’on pense ?
Cette orthodoxie, il est vrai, pouvait bien sembler un peu étroite et se ressentir de ces excès de rigueur qui sont ordinaires aux grands convertis ; mais il y avait lieu aussi de penser qu’une fois hors du cercle des thèses universitaires et en possession des gloires du doctorat, rentré dès lors dans le champ libre de la littérature, l’auteur trouverait un juste tempérament, et que l’ami, et un peu le disciple de Stendhal, saurait échapper aux formules du dogme. […] J’avoue que, malgré ma prédilection pour l’excellent poëte, je n’avais jamais songé jusqu’ici, ni personne non plus, je pense, à lui déférer cette représentation universelle et souveraine. […] remy a l’air de penser en un endroit que le rapprochement qu’on faisait d’André Chénier et des poëtes du xvie siècle était forcé, et il va tout à l’heure adresser à Chénier des reproches qui tendraient précisément à le confondre en mauvaise part avec ces mêmes poëtes.
L’éloignement n’avait fait qu’exalter sa tendresse ; elle n’avait guère autre chose à quoi penser ; les questions, les compliments de tous ceux qu’elle voyait la ramenaient là-dessus ; cette chère et presque unique affection de son cœur avait fini par être à la longue pour elle une contenance, dont elle avait besoin comme d’un éventail. […] Jusque-là, rêver, c’était une chose plus facile, plus simple, plus individuelle, et dont pourtant on se rendait moins compte : c’était penser à sa fille absente en Provence, à son fils qui était en Candie ou à l’armée du roi, à ses amis éloignés ou morts ; c’était dire : « Pour ma vie, vous la connaissez : on la passe avec cinq ou six amies dont la société plaît, et à mille devoirs à quoi l’on est obligé, et ce n’est pas une petite affaire. […] Sa conduite envers Fouquet dans la disgrâce donne à penser de quel dévouement elle eût été capable en des jours de révolution.
Mais je pense, avec Anatole France, qu’il est excellent que l’Académie ne soit pas infaillible ou même soit parfois injuste dans ses choix. […] Pensez-vous que les raisons manquent pour cela ? […] Il vaut mieux qu’il soit comme il est ; car, s’il pensait comme nous, il ne serait, tout au plus, qu’un stérile dilettante, et cela nous est tout à fait égal qu’il méprise les bons et utiles Astiers-Réhus, et qu’il n’aime pas la tragédie, puisqu’il écrit le Nabab et Sapho.
L’individu qui pense sous la loi du groupe n’est plus entièrement lucide. […] L’homme qui pense sous la loi du groupe pourrait demander à tout moment : qui trompe-t-on ici ? […] En chacun de ceux, ou du moins chez certains de ceux qui sont les représentants d’une pensée de groupe, une dissociation doit forcément se produire à de certains moments entre l’être social qui pense sous la loi du groupe et l’individu indépendant qui a conservé en partie ou qui recouvre momentanément sa liberté de jugement et se moque au fond de lui-même de l’opinion qu’il se croit tenu d’afficher en tant qu’être social.
L’auteur étroit et sec du livre d’Esther n’a jamais pensé au reste du monde que pour le dédaigner et lui vouloir du mal 149. L’épicurien désabusé qui a écrit l’Ecclésiaste pense si peu à l’avenir qu’il trouve même inutile de travailler pour ses enfants ; aux yeux de ce célibataire égoïste, le dernier mot de la sagesse est de placer son bien à fonds perdu 150. […] Délivré de l’égoïsme, source de nos tristesses, qui nous fait rechercher avec âpreté un intérêt d’outre-tombe à la vertu, il ne pensa qu’à son œuvre, à sa race, a l’humanité.
l’éminent historien provoque évidemment tout lecteur qui pense, à se faire lui-même cette autre question : « Pourquoi la Révolution de France a-t-elle échoué jusqu’ici ? […] Si je venais à passer sous silence ce Discours pour parler d’un livre de poésie, d’un roman ancien ou nouveau, on aurait droit de penser que la critique littéraire se récuse, qu’elle se reconnaît jusqu’à un certain point frivole, qu’il est des sujets qu’elle s’interdit comme trop imposants ou trop épineux pour elle ; et ce n’est jamais ainsi que j’ai compris cette critique, légère sans doute et agréable tant qu’elle le peut, mais ferme et sérieuse quand il le faut, et autant qu’il le faut. […] Il pense au présent et au lendemain.
On y saisit, comme si l’on y était, les habitudes de penser et de sentir, et l’accent juste de cette fine nature. […] Est-ce par hauteur et par fierté que je pense ainsi ? […] Il pensait qu’en ces matières qui n’intéressent point le salut de l’État, on peut être plus coulant que dans d’autres, et incliner vers la politesse.
Dans un moment elle s’exagère les périls ; son imagination va jusqu’à se représenter Voltaire peu en sûreté même en Hollande : « Je ne sais, écrit-elle à d’Argental, si vous daignerez me rassurer sur cette crainte, vous penserez que je deviens folle. […] Ici, elle pense évidemment à elle-même ; elle se flatte d’avoir reçu du ciel une de ces âmes tendres et immuables (voilà le coin d’illusion), qui savent se contenter d’une seule passion, même quand elle n’est plus partagée, et qui restent à jamais fidèles à un souvenir : J’ai été heureuse pendant dix ans, avoue-t-elle, par l’amour de celui qui avait subjugué mon âme, et ces dix ans, je les ai passés tête à tête avec lui, sans aucun moment de dégoût et de langueur. […] Mais mes réflexions, mes combats, tout ce que je sens, tout ce que je pense, me prouve que je vous aime plus que je ne dois.
C’est ainsi que lui-même il pensait qu’il faut, en définitive, juger les grands hommes, sans s’amuser aux accessoires, et en s’élevant jusqu’au point qui domine en eux les contradictions et les travers. […] « La force des États, pensait-il, consiste dans les grands hommes que la nature y fait naître à propos. » Il voulut être et il fut un de ces grands hommes ; il remplit dignement sa fonction de héros. […] Il pensa toujours de même, et tout le secret de sa passion pour Voltaire est là.
D’Aguesseau, grand lecteur de Platon et nourri des antiques lectures, pense qu’il n’est pas besoin d’imputer à la philosophie païenne plus d’imperfections qu’elle n’en a eu en effet : « La véritable religion, dit-il, n’a pas besoin de supposer dans ses adversaires ou dans ses émules des-défauts qui n’y sont pas. » L’Évangile sera toujours assez hors de comparaison : laissons à la morale purement humaine la part légitime qui lui revient. […] On ne saurait mieux penser ni plus modérément ; c’est spirituel et fin, avec une légère réminiscence socratique. […] Tandis qu’il favorisait les entreprises de collections purement historiques ou érudites, il refusait, par exemple, un privilège à Voltaire pour les Éléments de la philosophie de Newton : « Ce demi-savant et demi-citoyen d’Aguesseau, écrivait Voltaire à d’Alembert en un jour de rancune, était un tyran : il voulait empêcher la nation de penser. » On assure que le scrupuleux chancelier ne donna jamais de privilège pour l’impression d’aucun roman nouveau, et qu’il n’accordait même de permission tacite que sous des conditions expresses ; qu’il ne donna à l’abbé Prévost la permission d’imprimer les premiers volumes de Cleveland que sous la condition que le héros se ferait catholique à la fin.
Je voudrais que tous ceux qui écrivent sur Montaigne et qui nous transmettent sur lui le détail de leurs recherches et de leurs découvertes, se représentassent en idée une seule chose, à savoir Montaigne lui-même les lisant et les jugeant. « Que penserait-il de moi et de la façon dont je vais parler de lui au public ? […] Ô vous tous qui vous occupez si méritoirement de lui, mais qui ne prétendez point vous l’approprier, je pense, au nom de celui que vous aimez et que nous aimons tous aussi à plus ou moins de titres, n’ayez jamais, je vous prie, de ces mots-là, qui sentent la confrérie et la secte, l’érudition pédantesque et le caquet scolastique, les choses qui lui répugnaient le plus. […] Le principe qui dirigea Montaigne dans toute son administration fut de n’aller qu’au fait, au résultat, et de ne rien accorder à l’éclat et à la montre : « À mesure qu’un bon effet est plus éclatant, pensait-il, je rabats de sa bonté. » Car il est toujours à craindre qu’il n’ait été produit, plutôt pour être éclatant que pour être bon : « Étalé, il est à demi vendu.
Leur idéal d’avenir à toutes deux est différent et marque bien leur opposition de nature, bien que l’ambition peut-être ne soit pas moindre chez l’une que chez l’autre : La plus humble des deux n’est pas celle qu’on pense. […] Ainsi, à propos du prince de Vaudémont, ancien gouverneur de Milan et homme de mérite, qui a fort réussi à Versailles : Serait-ce un grand malheur, écrit Mme des Ursins, quand vous voudriez par vous-même le connaître à fond, en l’entretenant sur toutes sortes de matières différentes, et lui demandant comment il pense sur les sujets ? […] Il vaudrait mieux ne songer qu’à la guerre, à vaincre les ennemis, et penser qu’en le faisant, on suit la volonté de Dieu.
Puis il demande à Beaumarchais ce qu’il pense maintenant des Mirabelles. […] il ne pense qu’à ses fusils, il en fait son point d’honneur ; c’est son tic. […] Il est mis en prison à l’Abbaye ; quelques heures avant les massacres du 2 septembre, il en est tiré par la générosité de Manuel, qui vient lui dire : « Sortez à l’instant de ce lieu. » — Je lui jetai mes bras au corps, s’écrie dramatiquement Beaumarchais, sans pouvoir lui dire un seul mot : mes yeux seuls lui peignaient mon âme ; je crois qu’ils étaient énergiques s’ils lui peignaient tout ce que je pensais !
Puisqu’un mot vient d’être dit de la beauté de Marguerite de Navarre, qu’en faut-il penser ? […] Un frère de Brantôme, le capitaine Bourdeilles, avait connu à Ferrare, chez la duchesse du pays (fille de Louis XII), une dame française, Mlle de La Roche, dont il s’était fait aimer ; il l’avait ramenée en France, et elle était allée en la cour de la reine de Navarre, où elle était morte : il n’y pensait plus. […] C’est à ce point précis de la société, et pour ce monde devenu plus chatouilleux, que La Fontaine a donné le précepte encore plus sûrement que l’exemple, en d’agréables vers souvent cités : Qui pense finement et s’exprime avec grâce Fait tout passer, car tout passe ; Je l’ai cent fois éprouvé : Quand le mot est bien trouvé, Le sexe, en sa faveur, à la chose pardonne : Ce n’est plus elle alors, c’est elle encor pourtant.
Comme bien on le pense, ces poètes n’ont jamais eu qu’un succès d’hilarité. […] Magiques Quelques-uns des écrivains qu’on avait coutume de désigner sous l’étiquette symboliste n’étaient que les propagateurs de théories fossiles, grâce auxquelles ils pensaient attirer sur eux l’attention du public. […] Socialistes Ceux qui pensent que l’Art est dans la meilleure harmonie de l’association forment le groupe des Socialistes.
Après sa mort, qui limita ses œuvres, en les interrompant, et les fit complètes, on pensait tout tenir de cet esprit puissant, qui s’était concentré, dans une époque où presque personne ne se concentre, mais où tout le monde s’avachit ; et, de fait, ce qu’il avait publié suffisait à la plus grande gloire religieuse du xixe siècle et à une des grandes de tous les siècles ! […] Soit qu’elles s’appellent : Fragment sur la France, Bienfaits de la Révolution, Études sur la Souveraineté, L’Inégalité des conditions, Du Protestantisme et de la Souveraineté encore, c’est toujours le même problème, posé dès qu’il a pensé, je crois, et que de Maistre a passé sa vie à retourner sur toutes les faces. […] Quoique, par le titre qu’ils portent, les Quatre chapitres puissent donner à penser que l’auteur avait eu l’intention d’écrire une histoire de cette Russie dans laquelle il avait vécu et qu’il connaissait bien, ce ne sont pourtant que des lettres confidentielles à un haut fonctionnaire russe, sur des questions qui importaient alors à la prospérité et à la force de l’Empire.
Le livre est entraînant, et c’est peut-être ce qui l’a fait trouver dangereux… Je crois qu’on peut dire à la décharge du poète de La Chanson des Gueux, qu’il n’a pensé qu’à son effet littéraire. […] Richepin n’aurait pensé ni publié son livre ; mais il est de son siècle, il le connaît… et il a chanté. […] Je ne crois pas que vous pensiez ce que vous dites.
Si vous l’étudiez, vous verrez qu’il gasconne encore, en paroles et en actes, vous verrez qu’il ruse comme un Auvergnat, s’entête comme un Breton, s’emporte comme un Flamand et pense comme une toute petite ville. […] Le xviiie ne pensa pas autrement que le xviie . […] Ils pensent encore que le calme, la possession plus complète de soi-même, la vue prochaine et facile des campagnes véritables, non enjolivées, et non bâties, ne sont pas des compensations sans valeur à l’éloignement des théâtres et des sources immédiates de l’information politique ou mondaine.
Serait-il permis de penser qu’elles sont d’autant plus portées vers l’égalité qu’elles ont été plus unifiées ? […] Il est d’ailleurs de l’essence d’un pouvoir central de penser, en légiférant, par genres plutôt que par espèces, et d’universaliser les lois. […] Toute la philosophie politique de notre xviiie siècle pense qu’il convient de substituer « des règles simples et élémentaires, puisées dans la raison et la loi naturelle, aux coutumes compliquées et traditionnelles ».
Je ne pense pas qu’on doive se proposer pour objet la justification du sens commun et la réfutation du scepticisme. […] Rien de plus dangereux que de montrer une goutte de sang se transformant elle-même, et par elle seule, en un animal qui vit et qui pense. […] La puissance de représenter est si véritable, qu’elle est la puissance même de penser.
L’homme a non-seulement des capacités spéciales comme chaque chose en a, et par exemple, celle de penser, de se souvenir, de se mouvoir ; mais, de plus, il gouverne ses capacités, c’est-à-dire qu’il les tient dans sa main et s’en sert comme il veut74. […] — Nous pensons exactement le contraire, et nous ne croyons pas que l’âme soit distincte des idées, sensations et résolutions que nous remarquons en nous. […] Donc quand vous dites : Je souffre, je jouis, je pense, je veux, je sens, la sensation, la résolution, la pensée, la jouissance, la souffrance exprimées dans le verbe, sont des portions du sujet je ou moi.
En somme, toutes les règles du langage peuvent se réduire à une seule : bien parler et bien écrire, c’est bien penser. […] La critique fait ce travail et y ajoute un développement auquel l’auteur n’aurait jamais pensé. […] C’est un admirateur passionné des classiques qui le pense et qui ose le dire. […] Ce que l’auteur de Paul et Virginie a fait avec la langue de la prose, Lacaussade a pensé qu’il pouvait le tenter avec la langue des vers. […] Élève de Lamartine, elle a gardé du maître la forme et le mouvement lyriques, mais avec un accent profond et personnel qui fait penser à Mme Valmore.
Pense-t-il sérieusement qu’un roman historique, purement fantaisiste et sans documentation, sera moins livresque et plus vrai qu’un roman documenté ? […] Que de prétendus critiques pensent comme ce commerçant ! […] Bourget pense aujourd’hui qu’il faut traverser ses romans sans s’y attacher. […] Pour ma part, je ne pense pas qu’on doive traduire l’allemand mal léché dans un français bien apprivoisé, et je me présente moi-même dans ma barbarie native. […] Le public a perdu l’habitude de penser et se contente d’être mis au courant de ce qui se passe.
Son livre est plus qu’un joli recueil de poésies, car toutes, plus philosophiques les unes que les autres, donnent à penser, à rêver, tantôt avec désespoir, avec angoisse, tantôt avec tendresse.
Ce que l’auteur de Paul et Virginie a fait avec la langue de la prose, Lacaussade a pensé qu’il pouvait le tenter avec la langue des vers.
Là-dessus, je pense tout à fait comme lui.
Maurice Perrès Après avoir lu les Poèmes confiants, je ne suis pas loin de penser, avec M.
Il a médité sur son destin futur : je pense que voilà une admirable occupation pour un jeune homme.
Aussi ne lit-on plus ses Ouvrages ; ce qu’il peut y avoir de bon a passé dans les Ecrits de quantité de nos Littérateurs, qui, pour s’épargner la peine de penser, ne font pas difficulté de s’approprier les pensées d’autrui, en les habillant à leur maniere.
Faut-il que l'art de penser, le plus beau partage des Hommes, devienne une source de ridicule, & que les Gens d'esprit, rendus souvent, par leurs querelles, le jouet des sots, soient les bouffons du Public, dont ils devroient être les Maîtres » ?
Laclos était un esprit trop fin et trop avisé pour ne pas penser que les lecteurs chercheraient d’eux-mêmes ce « fond de vrai » que l’on veut toujours trouver à certains romans. […] Laclos ne pensait sans doute plus guère, parmi les fumées du canon et la rumeur des armes, à ces personnages imaginaires. […] Le poète, pensait-il, ne doit rien ignorer de la nature du Beau, ni des façons de le reproduire. […] Ce fut, je pense, durant la période troublée de son existence qui suivit les jours de la Commune, à laquelle il avait été mêlé. […] Aussi bien que des façons de penser, ils lui imposèrent des moyens d’expression.
Remarquez, monsieur, ajoutoit Despréaux, que Molière a fait, sans y penser, le caractère de ses poésies, en marquant ici la différence de la peinture à l’huile et de la peinture à fresque. […] se font sans y penser, Semblables à ces eaux si pures et si belles Qui coulent sans effort des sources naturelles. […] Continuez cependant à faire vos efforts ; ils feront leur effet lorsque vous y penserez le moins ; pour moi, je vais faire des vœux afin que vous soyez bientôt content. […] du ton d’un homme qui en dit moins qu’il ne pense ; les deux amis attendaient sa décision. […] Certains honneurs même le dédommageaient médiocrement, et parfois le flattaient assez amèrement, je pense, comme, par exemple, l’honneur de faire, en qualité de domestique, le lit de Louis XIV.
Certes, c’est en conscience qu’ils maudissent les profanateurs qui viennent troubler ce culte heureux qui, en échange de petites pensées arrangées en jolies phrases ; leur vaut tous les avantages que le gouvernement d’un grand peuple peut conférer, les cordons, les pensions, les honneurs, les places de censeurs, etc., etc. […] Dans une assemblée nombreuse on pense toujours à Paris que l’autre côté de la salle est pris pour dupe et admire. […] Tous les Français qui s’avisent de penser comme les Romantiques sont donc des sectaires 36. […] Quand ils sont de lui, on trouve de l’agrément et des traits piquants dans les articles ordinairement si tristes que les Débats consacrent à gronder la génération actuelle de ce qu’elle ne pense pas comme en 1725. […] Vous m’accordez que les journaux libéraux mènent la jeunesse, que le Journal des Débats, tout en jugeant Shakspeare et Schiller sans les avoir lus, égare l’âge mûr qui, comme la jeunesse, n’aime point à lire des chefs-d’œuvre nouveaux qui donneraient la fatigue de penser, mais veut aussi des phrases toutes faites.
Il pense en effet que seuls les hommes grossiers sont susceptibles de passion. […] Ce que pense un bouvier, un roi, ne vaut pas que l’on s’y attarde. […] Avant toute chose, pensait M. […] Il n’y a pas, je pense, dans les lettres françaises d’aussi fondamentale antithèse que ces deux personnages littéraires. […] Certaines de ses pages m’ont fait penser à la grâce héroïque de Monticelli.
Mme Daudet l’interrompt, en disant ingénument : « Je crois vraiment que je n’étais pas tout à fait développée en ce temps, je ne me rendais pas compte… » Je penserais plutôt qu’elle avait la foi des gens heureux et amoureux, la confiance que tout s’arrangerait dans l’avenir. […] L’histoire que Daudet fait de ses livres me fait penser qu’il y aura, un jour, pour un amoureux de notre mémoire, une jolie et révélatrice histoire de nos romans, depuis la première idée jusqu’à l’apparition du livre, en cueillant dans notre Journal, tout ce qui est relatif au travail et à la composition de chacun de nos bouquins. […] Zola se livre à une sortie contre les hommes politiques, qu’il déclare nos ennemis, et je pense absolument comme lui. […] Jeudi 2 juillet Je pense à la rédaction d’un catéchisme révolutionnaire du grand art et de l’art industriel, une sorte de 93 des admirations bêtes, qui aurait pour titre : Aphorismes d’un monsieur qui voit avec ses yeux et pense avec sa cervelle. […] Et penser que, pas un paysagiste, ayant un nom, n’a eu l’idée de faire un tableau d’une de ces rues-boulevards.
François de Sales disoit, à ce sujet, qu’il n’avoit trouvé personne assez sincere pour faire un pareil aveu ; le jugement, ajouta-t-il, est une piece de laquelle ceux qui en manquent davantage pensent en être mieux fournis.
Mercier a aussi exercé sa plume à des Eloges historiques, tels que ceux de Charles V & de Descartes ; à des Réflexions sur l’Art dramatique, où, parmi plusieurs hérésies littéraires, on trouve des idées neuves & vraiment instructives ; à des Songes philosophiques, propres à donner une idée de ce qu’il pourroit faire de bon, avec l’esprit & la facilité de penser qu’il a reçus de la Nature, s’il vouloit s’appliquer à être simple, naturel, & donner à son style cette chaleur qui suppose de l’ame, & fait vivre les Productions.
Il vit, il pense, il regarde, il voit, il entend, il va parler.
J’ai tenté de montrer avec quelle force la raison philosophique, malgré tous les obstacles, après tous les malheurs, a toujours su se frayer une route, et s’est développée successivement dans tous les pays, dès qu’une tolérance quelconque, quelque modifiée qu’elle pût être, a permis à l’homme de penser. […] comment écarter ce qu’on éprouve, et se retracer ce que l’on pense ?
Reposez-vous, et dites-moi ce que vous pensez de Molière. — Je pense, Monsieur, qu’il ne faut point tomber dans l’excès de William Schlegel.
Il eut des pensions de la cour, & fut de l’académie des sciences. […] L’auteur du Siècle de Louis XIV pense que Boindin ne les a chargés tous trois que par esprit de vengeance & de haine personnelle.
C’est cette force du rythme, cette puissance des sons, qui m’a fait penser que peut-être je prononçais un peu légèrement entre l’image du poëte latin et l’image du poëte grec ; qu’il y avait telle emphase d’expression, telle plénitude d’harmonie qui me forcerait de donner à la figure d’Homère une grosseur proportionnée à sa hauteur ; et je me suis dit à moi-même : voyons, ouvrons son ouvrage, récitons ses vers et rétractons-nous, s’il le faut. […] Ce sont des faunes, des satyres ; c’est un petit sacrifice bien pensé et bien touché.
elle a dû principalement révolter ceux de nos écrivains qui pensent qu’en fait de goût comme dans des matières plus sérieuses, toute opinion nouvelle et paradoxe doit être proscrite par la seule raison qu’elle est nouvelle. […] Mais en même temps, et c’est là surtout ce qui le distingue, il ne croira pas que le soin de satisfaire l’organe dispense de l’obligation encore plus importante de penser.
Il n’est pas mal pensé ; il n’est pas mal écrit ; il n’est point déclamatoire ; il n’est point ridicule ; il n’a ni la fausse poésie, ni le faux enthousiasme, ni la fausse profondeur. […] Il est certain que si elle eût moins su, elle aurait moins cité, qu’elle eût été obligée de penser par elle-même, ne tirer un livre de sa propre tête… et, si elle n’avait pu, de se taire.
Il faut être d’aplomb (pensions-nous) pour oser se faire le policeman de l’histoire, et l’audace ne nous déplaît pas… Une seule chose nous tenait en défiance, c’était le succès de Fournier. […] Comme si la physionomie effrayante de ce mot n’était pas dans l’effet de cette soutane rouge, qui fait penser à tout ce qui en a foncé la pourpre !
Michelet l’a pensé comme nous ; Michelet n’a pas toujours feuilleté l’Histoire pour y porter le trouble ou pour l’y trouver… Celle du passé a dû lui apprendre que la France, selon l’heureuse expression d’un moraliste anglais, n’a jamais eu de salique que sa monarchie, et l’histoire du présent a dû ajouter à cette notion vraie que, sur cette vieille terre du Vaudeville et de la Galanterie, la femme continue d’être pour les hommes, malgré l’épaisseur de leurs manières et la gravité de leurs cravates, la première et la plus chère de toutes les préoccupations. […] Michelet, malgré sa dévotion pour les Saintes révolutionnaires dont il écrit la légende, a mieux aimé (peut-être n’était-il pas libre dans ce choix) se répéter et se recopier que de penser et d’écrire à neuf.
Et voici Alexandre Weill, qui n’est pas Allemand, mais qui ne doit pas être né très loin de l’Allemagne si j’en crois certains reflets gardés sur sa pensée, qui pense à son tour qu’en disant sans biaiser à mademoiselle sa fille ses idées, à lui, sur les femmes et sur le gendre qui doit lui agréer, il trouvera ce merle blanc, comme il l’appelle, qui n’est blanc souvent que parce qu’il s’est fourré de la poudre de riz quand il allait faire la cour à sa femme, mais qui finit toujours par redevenir l’autre merle que nous connaissons. […] « de prime saut », vous qui pensez que la vertu est une lutte, ou du moins une difficulté ?
Ils ont pensé qu’ils retrouveraient bien toujours assez de cette renommée, déjà pâlie, pour qu’en la tisonnant un peu, en bons amis et en bons éditeurs, ils en pussent ranimer la flamme. […] Ce n’était qu’un journaliste comme tant d’autres, un touche-à-tout qui met audacieusement une main familière sur l’épaule des plus hautes questions, un de ces agitateurs d’une minute et demie auxquels, cette minute passée, le monde qu’ils ont troublé ne pense plus.
Mais, en dévorant le littérateur, il a fait de ce qui en restait quelque chose de bien plus compté par les sots que l’écrivain, dont la fonction noble et désintéressée est de mettre de la beauté dans ce qu’il dit et de la vérité dans ce qu’il pense. […] Il avait vécu dans l’atmosphère de Lamartine, cette pile de Volta de poésie et d’éloquence qui électrisait les âmes, même les moins semblables à la sienne, et dont la séduction était si grande que ceux qui ne pensaient pas comme lui avaient grand’peine à s’en défendre.
Pour ma part, je suis de ceux qui pensent (l’ai-je assez répété ici et ailleurs ?) […] Il n’a pas laissé éteindre le feu sacré… Chevaleresque, en ces temps modernes et corrompus, ce chevalier de l’amour dans le mariage a, comme les Chevaliers du Moyen-âge, fait une veillée d’armes, mais la sienne a duré toute sa vie… Cœur aussi mâle qu’il était un esprit robuste, il a aimé comme il a pensé.
Lord Byron, — pour qui ne croit pas ce qu’il dit, car il ne faut pas toujours le croire, — Lord Byron n’est qu’un artiste, qui n’aime que son art, et qui, quand il fait l’amour, pense à son art encore, le fait dans une vue d’art supérieur qui ne le quitte jamais, même sur le cœur de sa maîtresse. […] Excepté dans Beppo, et dans quelques situations risquées de Juan, mais sauvées encore à force d’art (il venait delire les conteurs italiens et le caméléon qui est dans tout poète réfléchit une minute cette couleur), Byron, l’immoral Byron, comme on dit, avait l’imagination la plus chaste, et c’est là aussi un caractère charmant auquel on pense trop peu, de ce génie sans égal.
Contrairement à la théorie de Locke et de Condillac, mères de toutes les autres théories sensualistes, il prouva que penser est si peu sentir qu’on peut couper le cerveau par tranches, — et il le coupa, — sans produire aucune douleur, la sensibilité n’existant que dans les nerfs et dans la moelle épinière, et l’intelligence étant le cerveau, où n’est pas la sensibilité. […] Sur la création, il est pour Moïse, et sur l’unité de la race dans le genre humain ; il croit aux causes finales, mais, comme il le dit, avec un sens délié et profond, il ne conclut pas « le dessein suivi, des causes finales, mais les causes finales du dessein suivi. » Il n’est guère possible de dire plus juste et de penser plus fin.
Mais que ce juge vienne bientôt ou tarde, nous aurons fait ce pas, nous, que quelle que soit la réalité du mysticisme de Swedenborg, ce mysticisme n’est pas, après tout, si magnifique et si grandi Nous qui pensons que l’Église seule s’entend aux questions du surnaturel et doit seule en connaître, nous ne trouvons pas moins dans le surnaturel de Swedenborg quelque chose qui est de notre ressort, — c’est sa valeur poétique, sa valeur d’effet sur les imaginations littéraires. […] J’ai déjà dit ce que je pensais de ses anges.
Adrien Delondre, c’est d’une évidence qui saisit d’autant plus que son Étude (comme on dit) a été mise à la tête du livre par les éditeurs très intelligents, — ce qui, par parenthèse, fait un double emploi assez inattendu, et c’est même la seule chose assez inattendue qu’il y ait dans cette petite publication de lieux communs qu’on nous donne là pour un ouvrage original, neuf et pensé avec énergie. […] … On y avait déjà pensé.
Pour moi, j’incline infiniment à le penser, c’est ce qui a dû arriver à l’abbé Maynard. […] l’ont souvent durement repoussée, cette tête qui ne pensait qu’à eux !
Or, si c’en est une, en effet, que devons-nous penser des autres ouvrages de Cousin, de cet adorable et immense farceur qui a introduit la plaisanterie du mensonge parmi les erreurs de bonne foi de la philosophie, comme si les erreurs n’étaient pas assez ! […] Si ces livres, comme nous le pensons, du reste, ne se distinguent que par des qualités inférieures à celles du livre actuel de Cousin, ne les aura-t-on pas jugés implicitement déjà, eux et leur auteur, en jugeant l’auteur (et son livre) de cette Introduction à la Philosophie de l’histoire !
Plus qu’aucun écrivain, il fait penser aux deux vers de Quinault : Il est beau qu’un mortel jusques au ciel s’élève ! […] Pour le fort spiritualiste qui a pensé audacieusement un tel conte, le crime intellectuel serait aussi certain, aussi positif, aussi réprouvé que si le sang physique avait coulé des veines de la victime rêvée, et le remords et l’épouvante qu’il cause vont jusqu’à la folie et au suicide.
Aussi, en voyant les derniers faits qui se sont produits et qui semblent avoir posé eux-mêmes les questions à la science désorientée et muette, il a pensé que l’heure était venue d’une mise en demeure solennelle de cette science beaucoup trop… discrète, et il en a pris l’initiative. […] L’auteur s’est oublié lui-même pour ne penser qu’à ses adversaires, à ceux qui n’avaient pas sa croyance.
Pensez donc ! […] V C’est cette vie-là qu’il n’a pas écrite, — qu’il n’a pas voulu, qu’il n’a pas pensé à écrire, — et pour laquelle, n’étant plus, on a pris son frère.
I Alphonse Lemerre, l’heureux et brave éditeur qui, chaque jour, prend une place plus large dans la publicité et dans la préoccupation de ceux qui, par ce temps industriel et maudit, pensent encore à la littérature, achève de publier, en ce moment, une édition des Œuvres de La Fontaine. […] pas bonhomme, mais un diable d’homme, si on veut, et son idéal, niaisement philosophique et vertueux, La Fontaine n’y pensait pas.
Tout ce qui est chétiveté d’amour-propre, banalité de pose, convention bête de vanités qui s’entendent comme larrons en foire, grosse manière de se faire valoir, était dédaigné par cet homme d’une distinction suprême et calme, à qui les tambourinades des gloires contemporaines avaient fait aimer le silence ; qui a vécu comme il a pensé, et qui n’avait pas deux manières d’être, comme tant de poètes, grands dans leurs vers, petits dans leur vie ! […] ai-je pensé, malgré ce grand nom d’Hommes, Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Le sujet accepté ou subi, car le talent, cette vibration, c’est parfois la vibration d’un horrible coup qui nous fut porté, le sujet accepté ou subi, l’auteur a-t-il au moins varié le sujet tombé dans sa tête, qui n’a pensé que sous le coup qui l’a frappée ? […] Le Maurice Berthaud, ce type honteux de l’enfant gâté et de l’artiste, a-t-il au moins l’originalité d’une seule turpitude à laquelle n’aient pas pensé ceux qui lèchent et pourlèchent, depuis des années, soit dans le roman, soit au théâtre, ce type accusateur du dix-neuvième siècle ?
Il fallait surtout que les hommes cessassent d’être esclaves ; car la nature a défendu aux esclaves de penser. […] L’orateur et le panégyrique, comme cela devait être, avaient beaucoup de célébrité un jour ou deux ; et le lendemain, comme cela devait être encore, personne n’y pensait.
« Turenne meurt, tout se confond, la fortune chancelle, la victoire se lasse, la paix s’éloigne, le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance ; tout le camp demeure immobile ; les blessés pensent à la perte qu’ils ont faite et non aux blessures qu’ils ont reçues ; les pères mourants envoient leurs fils pleurer sur leur général mort, etc. » Cependant, malgré l’éloquence générale et les beautés de cette oraison funèbre, peut-être n’y trouve-t-on point encore assez le grand homme que l’on cherche ; peut-être que les figures et l’appareil même de l’éloquence le cachent un peu, au lieu de le montrer ; car il en est quelquefois de ces sortes de discours comme des cérémonies d’éclat, ou un grand homme est éclipsé par la pompe même dont on l’environne. […] Et quand on pense que l’homme qu’il avait à peindre donnant ces leçons, était le duc de Montausier, quel parti l’orateur pouvait encore tirer d’un gouverneur qui respectait bien plus la vérité qu’un prince, qui, pour être utile, aurait eu le courage de braver la haine, et se serait indigné même de se souvenir que celui qui était aujourd’hui son élève, pouvait être le lendemain son maître.