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1385. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Conclusion »

Quand, comme condition d’initiation préalable, on demande aux gens de se défaire des concepts qu’ils ont l’habitude d’appliquer à un ordre de choses, pour repenser celles-ci à nouveaux frais, on ne peut s’attendre à recruter une nombreuse clientèle.

1386. (1912) L’art de lire « Chapitre VII. Les mauvais auteurs »

Elles donnent le goût du beau à ceux qu’elles ont intéressés, et ils ne songent plus qu’à retrouver des sensations d’art analogues à celles qu’ils ont éprouvées en lisant Horace, Virgile, Corneille et Racine, et c’est pour cela, disons-le en passant, qu’il faut toujours, au lycée, amener l’élève jusqu’aux auteurs presque contemporains, pour que, entre les grands classiques et les bons auteurs de leur siècle, il n’y ait pas une grande lacune qui les ferait désorientés en face des bons auteurs de leur siècle et qui les empêcherait de les goûter, par où ils seraient de ces humanistes qui ne peuvent entendre que les auteurs très éloignés de nous, gens respectables et peut-être même enviables, mais qui sont privés de grandes et saines jouissances.

1387. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Léon Feugère ; Ambroise-Firmin Didot »

Sous la pression de tant de détails, elle prend l’aspect d’une vaste nomenclature, abordable, sans doute, à l’énergique personnalité des gens spéciaux qui cherchent les informations dont ils ont besoin à travers toutes les broussailles, mais elle doit, par son continuel entassement et par sa sécheresse, repousser cette masse flottante de lecteurs qui, en fin de compte, est le véritable public.

1388. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Jean-Jacques Rousseau »

Et on le crut, dans cette race de gens d’esprit, depuis les philosophes qui croient à tout, excepté à l’Église, jusqu’aux gamins intellectuels qui ne croient à rien.

1389. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paria Korigan » pp. 341-349

— de ce patois qui fut la première langue de sa jeunesse ; car nous autres, gens de province, la première langue que nous ayons entendue a été un patois… Dans ces Récits de la Luçotte, nous n’avons affaire qu’à la première fileuse venue de la Bretagne, rhapsodisant, en tournant son rouet, ses vieilles histoires, et c’est pour cela que, brusquement et de plain-pied, elle est entrée dans ses Récits, sans explication, sans théorie et sans préface, et comme si toute la terre devait aimer le piché qu’elle nous verse et qui va nous griser, pour sûr !

1390. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Préface » pp. -

Mais Gil Blas, beaucoup trop vanté, et qui n’est d’ailleurs qu’un roman d’ordre secondaire, puisqu’il est un roman d’aventures, Gil Blas n’est profond qu’aux yeux des gens superficiels, et si Manon Lescaut a la vérité du sentiment, elle n’a pas la vérité de la couleur.

1391. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Il était soucieux de gagner leur pain aux pauvres gens de sa troupe. […] Qui donc disait que les critiques étaient gens inutiles ? […] … … J’ai ri ; me voilà désarmé… Voilà de vos arrêts, Messieurs les gens de goût ! […] Des gens disaient en sortant : — Comme c’est grec ! […] Mais les gens qui n’aiment pas la poésie et qui estiment qu’un drame en vers est une entreprise honorable, mais naïve, ont dû bien souffrir.

1392. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Je vous aurai toujours fait lire Les Pauvres Gens. […] D’abord, il ne saurait être question de trahison quand il s’agit de gens du parti desquels on n’était pas. […] Il a voulu savoir par eux-mêmes ce que pensaient tous ces gens-là et les convertir, ou séduire, ou apaiser. […] Dès qu’elle s’élevait, les gens du seigneur rival ou des seigneurs rivaux coalisés se ruaient contre elle avec béliers et torches, la renversaient, la brûlaient. […] Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas le sens du réel, qui ne l’ont absolument pas.

1393. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Il y a, sans doute, des gens qui naissent avec cette « haute curiosité », comme l’appelait Renan ; mais ce sont gens qui naissent vieux. […] Prêtre ou savant, je suppose, Vincent de Paul ou Pasteur, allons-nous imaginer que ces gens-là ne sont pas heureux ? […] Celui-ci n’est-il pas condamné à vivre obscurément parmi les gens obscurs, pour être enfin crucifié, pour ne jamais plus ressusciter ? […] Déjà le protestantisme est une révolte populaire en faveur des gens intègres, candides et superficiels — le Nord fut toujours plus lourd et plus plat que le Midi » ( ?) […] C’est là en somme une question de goût et d’esthétique 32 : serait-il désirable [au point de vue esthétique] que l’espèce d’hommes la plus « honorable », c’est-à-dire la plus ennuyeuse, subsistât seule, les gens carrés, les gens vertueux, les gens droits, les bêtes à cornes ?

1394. (1888) Portraits de maîtres

Et quiconque a le cœur en partage est par là même bien supérieur au grand nombre de gens qu’aucune émotion n’a jamais fait vibrer. […] On peut louer à bon droit chez lui la bienfaisance inépuisable, la bonté native à l’endroit des humbles et des pauvres gens, la sympathie instinctive pour les gens honnêtes et modestes. […] « Les pauvres gens », s’écrie-t-il à plusieurs reprises, ému par la misère de cette race maigre, par la dureté de la vie environnante. […] il faut le dire une fois pour toutes, bien des gens commettent une méprise formelle, une intolérable erreur, quand ils se permettent de juger le caractère et la fonction du poète. […] D’autre part Jean Chouan, le cimetière d’Eylau, la Colère du Bronze, le Petit Paul, contiennent le genre d’épopée moderne qu’avaient créé les Pauvres Gens.

1395. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

Puis Çakountala paraît, et « voilà nos gens rejoints ». […] Pour beaucoup de gens, apparemment, une pièce étrangère, allemande ou scandinave, est : 1º « Une pièce mal fichue ; 2º Une pièce où il y a du génie. […] Par exemple, il prend des bourgeois d’aspect cossu, des petites femmes qui sont presque des femmes du monde, — des gens « bien élevés » par définition, — des gens qui sont invités aux soirées des ministères ; ainsi ! […] Même, il y a des gens que cet état d’âme doit faire sourire aujourd’hui. […] Tous ces gens-là sont vraiment les « sans-patrie », étant les « sans-foyer ».

1396. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Vous forcez les gens à penser, et c’est un tort qu’on ne vous pardonnera point ici. […] Les braves gens ressemblent presque tous en quelque sorte à des soldats. […] les aimables gens, et comme ils étaient intelligents et gais ! […] Et savez-vous comment s’appelle la gaieté des gens qui pensent ? […] À ce signe, je reconnais que ceux-là que j’ai perdus furent de saintes gens.

1397. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

voit-on d’autres gens dans le monde ! […] Pour les gens de justice, je n’en parlerai point… » C’est un morceau de bravoure, comme on en rencontre tant et de si lestement troussés dans la comédie de Regnard. […] « Il y a peu de gens d’un caractère aussi critique, fait-il dire par M. de Montcal, que les protestants français d’Angleterre. […] Qui sont ces gens ? […] Au plaisir d’injurier les gens il ajoutait celui d’égarer leurs soupçons, — « avec sa candeur ordinaire ».

1398. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Par une attention touchante et qui ne pouvait venir que de lui, sachant la sauvagerie de bien des gens de lettres, il avait fait pratiquer une porte particulière afin de leur éviter l’embarras d’avoir affaire aux grands laquais de l’hôtel et de passer même devant eux, ce qui en pouvait effaroucher quelques-uns233. […] Aussi, quand la marée se retire, il en reste quelques-uns sur la grève et des plus beaux : les gens du rivage en font leur profit et les dépècent235. […] Quand on est sage, règle générale, il ne faut jamais se mettre sans nécessité telles gens à robe noire à ses trousses. […] Ruiné et criblé de dettes, on lui conseillait d’écrire ses Mémoires et de raconter tant de choses curieuses qu’il savait sur la haute société, dans laquelle il avait passé sa vie ; un libraire de Londres lui promettait bien des guinées pour cela ; quelques amis même le pressaient : « Non, c’est impossible, répondit le comte : je ne trahirai jamais des gens avec qui j’ai diné. »  — Le comte d’Orsay et Gabriel Naudé !

1399. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Cependant ces opuscules divers ne formaient pas un même corps de doctrine ; il entreprit de les fondre en un seul ouvrage qui parut, en 1725, sous le titre de : Principes d’une science nouvelle, relative à la nature commune des nations, au moyen desquels on découvre de nouveaux principes du droit naturel des gens. […] On y trouve le passage suivant : « Je suis né dans cette ville, et j’ai eu affaire à bien des gens pour mes besoins. […] Il est bon que tu saches que depuis vingt ans j’ai fermé tous les livres, afin de porter plus d’originalité dans mes recherches sur le droit des gens ; le seul livre où j’ai voulu lire c’est le sens commun de l’humanité. » Ce qui rend cet opuscule précieux, c’est qu’en plusieurs endroits Vico déclare que le sujet propre de la Science nouvelle, c’est la nature commune aux nations, et que son système du droit des gens n’en est que le principal corollaire.

1400. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — I. » pp. 473-493

Une de ces difficultés, c’est, dit-elle, que « la plupart des gens sont gâtés aujourd’hui par la lecture de quantité de livres vains et frivoles, et ne peuvent souffrir ce qui n’est pas dans le même goût. […] Par malheur, en touchant si juste dans son attaque contre cette fausse veine, Mme Dacier, préoccupée des idées d’école, donnait à l’instant dans une erreur d’un autre genre ; elle croyait pouvoir offrir dans Homère la perfection et jusqu’à la symétrie du poème épique, tel que le système en avait été autrefois trouvé par Aristote et surtout tel que l’avait récemment présenté dans un traité ad hoc un savant chanoine, le père Le Bossu ; et, par là, elle allait prêter le flanc aux gens d’esprit qui, battus ou repoussés sur une des ailes de leur corps de bataille, prendront leur revanche sur l’autre aile.

1401. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

Il devint avocat sans cause, se lia fort avec quelques gens de lettres de son âge, fut d’un club avec eux ; il fit des vers, des essais moraux satiriques qui parurent dans les journaux et revues du temps. […] La famille Unwin se composait du père, de Mme Unwin, plus âgée que Cowper de sept ans, et qui devint pour lui comme une mère, du fils dont je viens de parler et d’une fille : Ce sont les plus aimables gens qu’on puisse imaginer, écrivait Cowper à un de ses amis dès les premiers temps de cette relation ; ils sont tout à fait sociables, et en même temps aussi affranchis que possible de toutes ces civilités cérémonieuses, ordinaires au monde comme il faut de province.

1402. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Elle avait été la première à lui écrire en 1761 ; elle lui avait adressé à Édimbourg une de ces lettres de déclaration et d’admiration comme les gens de lettres célèbres commençaient à en recevoir alors ; elle savait l’anglais, elle avait lu dans le texte l’Histoire de la Maison de Stuart ; elle admirait cela avec autant d’enthousiasme qu’une femme de nos jours, du temps de notre jeunesse, pouvait en avoir pour Lamartine ou pour Byron. […] « Mais quoique j’entende quelques murmures de ce genre, j’ai également la consolation de rencontrer des gens qui nourrissent des sentiments opposés.

1403. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier (suite et fin.) »

Revenue sur le continent, elle eut aussi le désir d’aller faire un tour en Hollande, pour voir « ce beau monument de l’industrie humaine. » Dans son séjour à Paris, pendant plusieurs années (1787-1792), elle avait connu la haute société, des gens de lettres, des savants, Mme de Staël, Mme de Beauharnais (la future impératrice), Mme de Genlis, Vicq-d’Azyr, Beaumarchais, André Chénier, Villoison, etc. […] Ses jugements, qu’elle n’écrivait que pour elle seule, sont trop naturels et trop en déshabillé peut-être pour pourvoir être donnés au public sans quelque préparation ; des gens d’esprit qui les ont cités s’y sont mépris tout les premiers : ils ont cru voir de l’agitation et une ardeur inquiète là où il n’y avait qu’un emploi tranquille et animé des heures.

1404. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Les trois tantes, filles du roi, Mesdames Adélaïde, Victoire et Sophie (il n’est plus question de Madame Louise la carmélite) sont assez difficiles à définir dans leur insignifiance, tantôt démonstratives à l’égard de la Dauphine, tantôt froides et piquantes, surtout la moins jeune (Madame Adélaïde) : « Ma tante Adélaïde m’intimide un peu ; heureusement que je suis favorite de ma tante Victoire, qui est plus simple ; — pour la tante Sophie, elle n’a pas changé ; c’est au fond, j’en suis sûre, une âme d’élite, mais elle a toujours l’air de tomber des nues : elle restera quelquefois des mois sans ouvrir la bouche, et je ne l’ai pas encore pu voir en face… » Cette tante Sophie, qu’on ne pouvait voir en face et qui était si habile à se dérober, est bien celle dont Mme Campan a dit que « pour reconnaître, sans les regarder, les gens qui étaient sur son passage, elle avait pris l’habitude de voir de côté à la manière des lièvres. […] Au fond, ce n’est point une méchante femme, c’est plutôt une bonne personne, et l’on m’a dit qu’elle fait beaucoup de bien à de pauvres gens. » Et trois ans après, lors du renvoi de Mme Du Barry, et quand Louis XVI, à son avènement, juge à propos de la faire renfermer quelque temps dans une abbaye pour la mettre hors d’état de commettre quelque indiscrétion, le même mot revient sous la plume de Marie-Antoinette, et avec la nuance précise : « Il paraît que si c’était une vilaine femme, ce n’était pas au fond une femme méchante. » Mais le plus beau mot de Marie-Antoinette au sujet de cette favorite, et qui ne se lit pas dans une lettre, est celui qui courut dans le temps même et qui se trouve partout cité.

1405. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Si cette lettre désirée arrive durant un dîner de famille, on ne peut s’empêcher de l’ouvrir aussitôt, devant tous ; on oublie qu’on n’est pas seule, les larmes coulent, et les bons parents de sourire, et la grand’mère de dire le mot de toutes les pensées : « Si tu avais un mari et des enfants, cette amitié disparaîtrait bientôt, et tu oublierais Mlle Cannet. » Et la jeune fille, racontant à ravir cette scène domestique, se révolte, comme bien l’on pense, à une telle idée : « Il me surprend de voir tant de gens regarder l’amitié comme un sentiment frivole ou chimérique. […] De nos jours, les trois quarts des gens ne croient à rien après la tombe, et ne se doutent pas qu’ils sont athées pour cela ; ils font de la prose sans le savoir, en parfaite indifférence, et on ne le remarque guère.

1406. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Cette méthode ne triomphe jamais avec une évidence plus entière et plus éclatante que lorsqu’elle ressuscite les hommes d’état, les conquérants, les théologiens, les philosophes ; mais quand elle s’applique aux poètes et aux artistes, qui sont souvent des gens de retraite et de solitude, les exceptions deviennent plus fréquentes et il est besoin de prendre garde. […] Que si maintenant on nous oppose qu’il n’était pas besoin de tant de détours pour énoncer sur Boileau une opinion si peu neuve et que bien des gens partagent au fond, nous rappellerons qu’en tout ceci nous n’avons prétendu rien inventer ; que nous avons seulement voulu rafraîchir en notre esprit les idées que le nom de Boileau réveille, remettre ce célèbre personnage en place, dans son siècle, avec ses mérites et ses imperfections, et revoir sans préjugés, de près à la fois et à distance, le correct, l’élégant, l’ingénieux rédacteur d’un code poétique abrogé.

1407. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Il s’est trouvé des gens (et j’en connais plus d’un) qui l’ont adorée comme une maîtresse et comme une divinité, passionnément et dévotement ; des fanatiques pour qui le meilleur plaisir ou même le plaisir unique a été le spectacle de la vie de la terre, de ses formes, de ses couleurs, de ses métamorphoses ; des initiés capables de passer une journée au bord de l’eau pour voir l’eau couler, ou sous les bois pour respirer la fraîcheur féconde, pour entendre le bruissement des feuilles et la palpitation des germes et pour boire des yeux toutes les nuances du vert ; capables d’y passer même la nuit pour y surprendre des effets de lune, pour assister à des mystères, pour s’enchanter de la féerie qui se lève dans les taillis aux heurts crépusculaires. […] … Il ne raisonna rien, mais à la longue se sentit plus rapproché de l’inconnu, qui l’attirait, que de ses semblables, qu’il n’aimait pas ; il finit par découvrir des formes et des mouvements dans l’ombre, où les gens de la plaine passaient sans rien voir.

1408. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

À dix-sept ans, il ne fréquente volontiers que des gens au-dessus de son âge ; doué des avantages du corps et d’une élégance naturelle, il recherche pourtant avant tout les entretiens sérieux. […] Ajoutons seulement que l’excessive sévérité avec laquelle, en temps de calme, et du fond de leur fauteuil, bien des gens sont portés à juger de tels accidents, prouverait seulement qu’ils diraient peut-être pis eux-mêmes dans le tumulte et dans l’occasion.

1409. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mlle de Lespinasse. » pp. 121-142

Il n’épouse les gens que pour un temps, et ne fait que traverser les groupes divers sans s’y enchaîner jamais. […] En arrivant à Aix, les personnes qui étaient dans la voiture trouvèrent les gens de l’hôtel sur la porte tout inquiets et les interrogeant.

1410. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

On mariait alors les gens de qualité de très bonne heure. […] Lauzun saisissait et rendait à ravir les ridicules des gens.

1411. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « M. Fiévée. Correspondance et relations avec Bonaparte. (3 vol. in-8º. — 1837.) » pp. 217-237

« Ces gens-là s’imaginent que nous sommes des palissades », disait-il de ceux qui s’étaient rangés derrière lui dans la mêlée, et qui passaient outre après la victoire. […] Par penchant et par habitude, il était encore plus homme de presse qu’il ne l’avait été de consultation et de cabinet : « Comme écrivain, disait-il, entre m’adresser au public ou à un souverain, fût-il dix fois plus élevé que la colonne de la place Vendôme, je n’hésiterai jamais à préférer le public ; c’est lui qui est notre véritable maître. » En laissant dans l’ombre les côtés faibles et ce qui n’est pas du domaine du souvenir, et à le considérer dans son ensemble et sa forme d’esprit, je le trouve ainsi défini par moi-même dans une note écrite il n’y a pas moins de quinze ans : Fiévée, publiciste, moraliste, observateur, écrivain froid, aiguisé et mordant, très distingué ; une Pauline de Meulan en homme (moins la valeur morale) ; sans fraîcheur d’imagination, mais avec une sorte de grâce quelquefois à force d’esprit fin ; — de ces hommes secondaires qui ont de l’influence, conseillers nés mêlés à bien des choses, à trop de choses, meilleurs que leur réputation, échappant au mal trop grand et à la corruption extrême par l’amour de l’indépendance, une certaine modération relative de désirs, et de la paresse ; — travaillant aux journaux plutôt par goût que par besoin, aimant à avoir action sur l’opinion, même sans qu’on le sache ; — Machiavels modérés, dignes de ce nom pourtant par leur vue froide, ferme et fine ; assez libéraux dans leurs résultats plutôt que généreux dans leurs principes ; — sentant à merveille la société moderne, l’éducation moderne par la société, non par les livres ; n’ayant rien des anciens, ni les études classiques, ni le goût de la forme, de la beauté dans le style, ni la morale grandiose, ni le souci de la gloire, rien de cela, mais l’entente des choses, la vue nette, précise, positive, l’observation sensée, utile et piquante, le tour d’idées spirituel et applicable ; non l’amour du vrai, mais une certaine justesse et un plaisir à voir les choses comme elles sont et à en faire part ; un coup d’œil prompt et sûr à saisir en toute conjoncture la mesure du possible ; une facilité désintéressée à entrer dans l’esprit d’une situation et à en indiquer les inconvénients et les ressources ; gens précieux, avec qui tout gouvernement devrait aimer causer ou correspondre pour entendre leur avis après ou avant chaque crise.

1412. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Il voit cependant quelques gens de lettres ; en composant, comme imprimeur, un livre sur la Religion naturelle de Wollaston, il a l’idée d’écrire une petite Dissertation métaphysique pour le réfuter en quelques points. […] C’était un homme qui ne manquait jamais une occasion de donner une leçon utile, et là-dessus il me dit : « Vous êtes jeune, et vous avez le monde devant vous ; baissez-vous pour le traverser, et vous vous épargnerez plus d’un bon choc. » Cet avis, ainsi inculqué, m’a été fréquemment utile, et j’y pense souvent quand je vois l’orgueil mortifié et les mésaventures qui arrivent aux gens pour vouloir porter la tête trop haute.

1413. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

« Paris, a-t-on dit très justement, est le lieu du monde où l’on a le moins de liberté sur les ouvrages des gens qui tiennent un certain coin. » Cela était vrai alors, et l’est encore aujourd’hui. […] Ces gens-là me connaissent à peine, et ils m’écrivent comme à leur frère : je sais que c’est l’avantage de l’esprit républicain ; mais je me défie d’amis si chauds : il y a quelque but à cela.

1414. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Les gens qui sont d’une si bonne composition n’ont jamais eu le bonheur de sentir l’enthousiasme qu’inspirent les chefs-d’œuvre des grands génies, et ce n’est pas pour eux qu’Homère, Sophocle (je supprime Richardson, que Grimm place en trop haute compagnie), Raphaël et Pergolèse ont travaillé. Si jamais cette indulgence pour les poètes, les peintres, les musiciens, devient générale dans le public, c’est une marque que le goût est absolument perdu… Les gens qui admirent si aisément les mauvaises choses ne sont pas en état de sentir les belles.

1415. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Beaucoup de gens ont parlé après lui de l’accord parfait de la morale et de la politique ; il n’en parlait pas seulement, il y croyait, et s’y astreignait aussi scrupuleusement que possible en toute circonstance ; mais il entendait cette morale au sens strict et particulier de l’homme de bien agissant dans la sphère privée. […] c’est une certaine façon compliquée, un peu subtile, un peu hautaine, de prendre et de présenter les choses, qui n’est pas à l’usage des esprits ordinaires, ni même des esprits très naturels ; c’est le procédé de gens habitués à regarder intuitivement (comme ils disent quelquefois) au-dedans de leur pensée, plutôt qu’à mettre la tête à la fenêtre et à laisser courir leur parole au-dehors.

1416. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Émile Zola » pp. 70-104

Nana, Pot-Bouille, le Bonheur des Dames, la Joie de vivre, sont de même brossés en larges scènes, traversées de gens visibles constitués eux-mêmes de linéaments, de notes biographiques, de menues perceptions de mouvements et de couleurs. […] Son Excellence et la Curée renseignent sur le Paris des démolitions, contiennent des scènes et des gens d’une admirable variété, des officieux, du ministre aux convives de Saccard ; à travers une promenade au Bois et une séance du Corps Législatif, le baptême d’un prince, un bal de filles, une fête de bienfaisance, un Compiègne, circule une foule de personnes en chair, marquées, caractéristiques et agissantes, Mme Bouchard, Maxime, Suzanne Haffner, du Poizat, qui entourent ce colosse et ce gnome Eugène Rougon et Aristide Saccard.

1417. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Ce petit terrain, pas cultivé, abondait en touffes de soucis qui fleurissent l’automne et que les pauvres gens du pays mangent cuits avec le congre. […] Shakespeare avait pu, par exemple, sans soulever de réclamation, mettre sur la scène son ancienne aventure de braconnier et faire de sir Thomas Lucy un grotesque, le juge Shallow, montrer au public Falstaff tuant le daim et rossant les gens de Shallow, et pousser le portrait jusqu’à donner à Shallow le blason de sir Thomas Lucy, audace aristophanesque d’un homme qui ne connaissait pas Aristophane.

1418. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

J’ai été habitué de longue date à la solitude ; j’ai appris à l’aimer et à la rendre féconde ; je travaille intérieurement le plus possible ; je sais vivre au milieu des gens qui me sont indifférents comme si j’étais seul, sans récriminations insensées contre eux et sans me ronger moi-même, en toute paix, avec un complet détachement de ceux auprès desquels je dois vivre. […] » J’insiste sur ce sentiment instinctif de patriotisme ; je voudrais que l’on nous connaisse mieux, nous autres juifs, qui n’avons pas honte de notre race et qui n’usons pas de notre fortune pour offrir des chasses aux gens ruinés à particule.

1419. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat. (suite et fin) »

Qu’il y ait eu des jours où Bossuet ait paru fatigué en voulant prêcher ; que les gens de Meaux, accoutumés à leur évêque, n’aient pas assez senti le prix de chacune de ses paroles, c’est possible, c’est même probable, et je croirais volontiers qu’il y a quelque chose de vrai dans le dire du cardinal de Luynes.

1420. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Sur l’École française d’Athènes »

Pour les gens du pays qui y reviennent par l’étude, il n’est rien de plus naturel et de plus aisé que de ressaisir le sens et le génie de l’ancienne langue.

1421. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Bien des gens trouveront même qu’il est trop porté à absoudre le malheur, et reprocheront à sa compassion vaste et désintéressée de ne pas faire assez acception des personnes.

1422. (1874) Premiers lundis. Tome II « E. Lerminier. Lettres philosophiques adressées à un Berlinois »

Lerminier, qui n’était pas tenu à être surtout bienveillant, n’a franchi ni l’équité stricte ni la convenance d’usage avec les gens qu’on se donne pour adversaires.

1423. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VI. De l’emploi des figures et de la condition qui les rend légitimes : la nécessité »

Simplement parce que cela ne sert à rien, et qu’on ne décrit pas à ses gens les objets qu’on demande, dès qu’on en sait le nom.

1424. (1890) L’avenir de la science « VII »

Laissons les gens du vieux temps dire petitement pour l’apologie de la science : « Elle est nécessaire comme toute autre chose ; elle orne, elle donne du lustre à un pays, etc. » Niaiserie que tout cela !

1425. (1898) Inutilité de la calomnie (La Plume) pp. 625-627

Rien de plus froissant que l’admiration en laquelle nous tiennent des gens du commun, car quand ceux-ci forment l’entreprise de composer des tragédies, de pathétiques romans ou des églogues naïves, leur vulgarité dépasse tout.

1426. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1851 » pp. 1-9

» * * * Mais qu’est-ce qu’un coup d’État, qu’est-ce qu’un changement de gouvernement pour des gens qui, le même jour, doivent publier leur premier roman.

1427. (1888) La critique scientifique « Appendice — Plan d’une étude complète d’esthopsychologie »

5° Procédés de description : a)Des lieux et des gens : a′) par tentative d’expression immédiate et totale, sans détaillement, au moyen de répétitions ; b′) par antithèse, c’est-à-dire par tentative d’expression immédiate et totale, corroborée par expression accolée du contraire.

1428. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

On vit briller, dans cette attaque générale, Feramus, un des plus élégans & des plus agréables latinistes de son temps ; Sarrasin, ce père de l’enjouement & de la bonne plaisanterie, à qui les vers ne coûtoient aucune peine ; toujours intéressant, quelque sujet qu’il traite, également recherché de son vivant des femmes, des gens de lettres & de cour ; Charles Vion d’Alibrai dont les poësies ont un tour original & naïf.

1429. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Les clameurs de quelques gens de lettres ont procuré à la fille de M.

1430. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les inscriptions des monumens publics de France doivent-elles être écrites en Latin ou en François. » pp. 98-109

L’ouvrage enfin eut du succès, & fit ouvrir les yeux à bien des gens, esclaves jusqu’alors de l’usage.

1431. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « A Monsieur Naigeon » pp. 9-14

Qui qu’il en soit, la maxime que cette Société a osé donner comme un conseil, ou plutôt comme un précepte, et qu’elle a même prise dans tous les temps pour règle de sa conduite, est le résultat d’une affreuse et triste vérité, dont l’expérience journalière, et particulièrement la mauvaise opinion que beaucoup de gens ont encore de Sénèque, sont malheureusement une preuve sans réplique.

1432. (1761) Salon de 1761 « Récapitulation » pp. 165-170

Elle prétend que le père, le fiancé et le tabellion, sont bien des paysans, des gens de campagne ; mais que la mère, la fiancée, et toutes les autres figures sont de la halle de Paris.

1433. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 3, que l’impulsion du génie détermine à être peintre ou poëte, ceux qui l’ont apporté en naissant » pp. 25-34

Tant de gens ont pris soin de publier l’avanture arrivée à M. 

1434. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

Mais certaines gens se délectent à tout embrouiller, Personne, par exemple, ne nous blâmera de vouloir mettre un peu de méthode dans les lectures qu’entreprennent les débutants.

1435. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XI »

Certaines gens lisent sans attention et critiquent avec minutie.

1436. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

Les gens du pays rappellent son esprit vif et fin, et ils savent encore des chansons qu’il a rimées, et que Hinzelin aurait peut-être dû noter.

1437. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Le droit naturel des moralistes est celui de la raison ; le droit naturel des gens est celui de l’utilité et de la force.

1438. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Ma mère voulut voir la première représentation de la Phèdre de Racine : elle envoya retenir une loge, quelques jours d’avance, à l’hôtel de Bourgogne ; mais Champmeslé (le mari de la célèbre actrice), qui avait soin des loges, fit toujours dire aux gens qui venaient de la part de Mme Des Houlières, qu’il n’y avait pas de places et que toutes les loges étaient retenues. […] Vous trouverez qu’il a grand soin de ne rien dire et de ne rien faire qui puisse être imputé à mépris ou à négligence, ni qui puisse le moins du monde atteindre la vanité ou l’amour-propre des autres : loin de là, vous apercevrez qu’il rend les gens contents de lui, faisant en sorte que chacun soit content de soi-même ; il a du respect, des égards, de l’estime et de l’attention, précisément là où chacune de ces choses est de mises il les sème avec soin, et il en recueille des fruits à foison. […] Il est prouvé par l’expérience que ces gens-ci ne font rien par reconnaissance et par inclination, et il est même peut-être vrai de dire qu’ils ne le doivent pas ; car, leur intérêt étant de faire le moins qu’ils peuvent, puisqu’ils ne font rien qu’à leur détriment, leur système doit être de ne faire jamais que le plus pressé : or, ce qui presse le plus, c’est la crainte ; et en effet, c’est là le vrai mobile de tous les ressorts de cette cour-ci : or la hauteur, quand elle n’est pas trop excessive, inspire une espèce de crainte, au lieu que trop de politesse et d’égards courent risque d’être pris ici pour de la timidité et de la faiblesse.

1439. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

La discussion a été fort longue, mais les gens raisonnables ont eu, comme de coutume, le dessous. […] Du reste, de tels procédés ne nous étonnent pas de la part de gens dont le mot d’ordre est : « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. » Et le professeur est alors entré dans ce qui fait l’objet de son enseignement. […] La mollesse des mœurs, la lâcheté des opinions, la facilité ou la connivence des gens bien appris, laissent le champ libre plus que jamais en aucun temps à l’activité et au succès d’un parti ardent qui a ses intelligences jusque dans le cœur de la place et qui semble, par instants, près de déborder le pouvoir lui-même.

1440. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxviie entretien. Un intérieur ou les pèlerines de Renève »

Les gens de notre village de Renève nous accompagnèrent très-loin. […] Vous comprenez, monsieur, qu’avec de pareilles gens et dans un si bon pays, notre bourse de voyage ne baissait pas vite ; mon mari, qui nous l’avait préparée à force d’économie sou par sou, depuis trois ans, était bien loin de compte avec nous. […] C’étaient des gens aussi doux que les maîtres.

1441. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

. ; la reine Élisabeth n’est pas fort aimée d’aucune des deux religions, et Dieu merci, j’ai gagné une bonne partie des cœurs des gens de bien de ce pays-ci depuis ma venue, jusqu’à hasarder tout ce qu’ils ont pour moi et pour ma cause ! […] À leur tribunal, mon crime, c’est ma foi ; ce sera ma justification devant mon souverain juge. » « Ses filles, ses officiers, tous ses gens étaient navrés et la considéraient en silence. […] Là, ils s’arrêtèrent, Bourgoing expliqua à la reine le scrupule étrange de ses gens, qui désiraient ne pas avoir l’air de la conduire à la boucherie.

1442. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Victor Hugo, car la critique s’en préoccupe fort, ne sont pas gens pour cacher leurs affections ou leurs idées, parce qu’elles sont sincères, pures et réfléchies. […] Théophile Gautier Si l’on disait à de certaines gens que le poète qui ressemble le plus à Virgile c’est Victor Hugo dans les Feuilles d’automne, on passerait pour un fou ou pour un enragé. […] Émile Faguet Il y a des gens, comme Sully Prudhomme, qui ont une âme en pétale de sensitive, qui se replie sur elle-même dès qu’on la touche.

1443. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

L’œuvre qu’ils ont édifiée et qui, sous le titre d’Une Époque, comprend le Désastre, les Tronçons du Glaive, les Braves Gens, la Commune, demeurera le monument comme moratif, grave et triste, d’une épopée entre toutes inoubliable. […] Il donne à ses héros des traits pris aux gens d’aujourd’hui, et ces traits appellent aussitôt de piquants et de significatifs rapprochements. […] Mme Bentzon eut des curiosités psychologiques internationales, que traduisirent les Américaines chez elles, — Choses et gens d’Amérique et tant d’ouvrages pleins d’observation, de bon sens, de pénétration et d’esprit, révélateurs, en quelque sorte, sur les principaux aspects de la vie féminine américaine.

1444. (1902) Propos littéraires. Première série

Sauf deux ou trois dames de charité, qui ne sont que des silhouettes, tous ces gens-là sont aussi faux qu’il est possible. […] Il y a des gens bien pressés. […] C’est trop fort pour gens passionnés. […] Les romanesques sont tout simplement des gens qui se sont avisés que, si la réalité, c’est-à-dire la majorité des cas, est intéressante, l’exception l’est aussi et ne laisse pas de l’être parfois davantage : et les romanesques sont gens qui vont par le monde à la recherche des trèfles à quatre feuilles. […] Deuxième acte : Tous ces gens-là commencent à se soupçonner les uns les autres.

1445. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Et quand on aime les gens, on veut les voir. […] J’ai été un bon torpilleur à ma manière ; j’ai donné quelques secousses électriques à des gens qui auraient mieux aimé dormir. […] Je jouis de leurs économies de pensée ; je suis reconnaissant à ces pauvres gens qui m’ont procuré, par leur sobriété intellectuelle, de si vives jouissances. […] Il est visible qu’il a lu tous les classiques, et tout entiers, Cela n’a l’air de rien : combien, même parmi les gens « du métier », en ont fait autant ? […] Mais c’est pur sophisme d’imposer comme cela aux mots des significations imprévues pour être plus désagréable aux gens dont on ne partage pas le sentiment.

1446. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

Il est fâcheux que les gens qui ont un métier n’écrivent pas ou ne sachent pas écrire. […] Autant parler musique à des gens qui n’ont point d’oreille. […] Certaines gens n’aiment la littérature que si elle sent l’huile ; on veut, pour applaudir, qu’il y ait effort. […] Aicard, qui n’est resté, pour trop de gens, que l’auteur de la Chanson de l’Enfant comme M.  […] Choisissez les gens que vous fréquentez et peignez-les tels quels.

1447. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

comme ces gens nous semblent fades et puérils, avec leurs petits sadismes, leurs petites crises d’ascétisme. […] Pour des gens dont l’émotivité est fort restreinte, l’analyse est en effet un moyen méthodique très recommandable. […] Et c’est un spectacle suffisamment baroque, de voir des gens d’instincts grossiers, se parer d’une fine attitude et affecter des coquetteries de pensée. […] Par l’extrême grâce des attitudes, ces gens nous évoquèrent la multiplicité des forces cosmiques. […] « Ces gens-là agissent comme s’ils comprenaient », dit-il dans la Mort de Narcisse, et plus loin : « Le maçon possède un fil à plomb, des compas, une pioche.

1448. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

Tant de chef-d’œuvres parvenus jusqu’à nous d’âge en âge, & qui font depuis tant de siècles les délices & l’admiration des gens de Lettres, vraiment dignes de ce nom, prouvent bien la supériorité des Grecs & des Romains ; & si leurs langues sont devenues celles du monde savant, c’est moins encore par leur beauté, leur richesse & leur énergie, que par le génie, le goût, le naturel & le sublime, qui brillent dans les ouvrages immortels que ces grands hommes nous ont laissés. […] Ainsi les Gaulois n’ont connu les ouvrages de l’Antiquité Latine, que sous la domination des Romains, accoutumés à imposer aux vaincus la nécessité d’apprendre, de parler & d’écrire la langue des vainqueurs ; car leur politique étoit d’étendre l’usage de leur langue aussi loin que leurs conquêtes : politique négligée par les Grecs, & à laquelle la langue Latine est redevable de la gloire d’être constamment demeurée la langue vulgaire de tous les gens de Lettres ; tandis que la langue Grecque n’est aujourd’hui bien connue que d’un petit nombre de Savans. […] Ces pièces étoient partagées en plusieurs journées, & les Représentans qui y faisoient les personnages, étoient souvent des gens distingués, & même des Ecclésiastiques(*). […] Les Grands alors, loin de rougir d’ajouter à leurs titres celui de Savans, étoient de tous les gens de Lettres les plus instruits ; ils le seroient encore aujourd’hui, s’ils vouloient se persuader, que l’éclat d’un beau nom ne suffit pas pour acquérir une véritable considération ; que destinés par leur naissance à former la Cour des Rois, ils sont faits aussi pour entrer dans leurs Conseils ; que là, autant leurs talens & leur mérite sont utiles au Prince, à l’Etat, aux Peuples, autant leur ignorance est préjudiciable au bien public ; enfin, que plus ils sont élevés au-dessus des autres hommes, plus ils doivent s’efforcer de mériter de l’être, & faire cesser ce murmure jaloux, qui réclame sans cesse les droits de l’égalité, & ceux du mérite négligé, contre les caprices d’une aveugle fortune. […] L’ignorance, qui en est ordinairement la suite, nous expose, quelque profession que nous embrassions, à commettre les fautes les plus graves ; & les gens en place, quelquefois dépourvus de talens, incapables de les apprécier dans autrui, assez injustes pour les rabaisser, pour en être jaloux & les craindre, sont souvent la victime de leurs subalternes, parce que ceux-ci, mieux élevés qu’eux & plus instruits, secrètement offensés du joug humiliant auquel ils sont asservis, se vengent ordinairement de l’espèce d’hommage qu’ils sont contraints de rendre à l’ignorance, en méprisant l’homme autant qu’ils respectent sa place.

1449. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

De nos jours, ce point d’honneur-là mènerait aisément ses gens au bagne ou à la potence ! […] Voilà ses gens, voilà comme il faut en user. […] Ce n’est point d’ailleurs un vieillard, comme il semble qu’on se le représente, et beaucoup de gens se croient jeunes à son âge. […] Le préjugé n’est pas moins fort en lui contre les gens de lettres. […] Je trouve des marques de son mépris dans la manière dont il a parlé, non seulement des gens de lettres, mais encore de la matière de leurs occupations, du théâtre, du roman, de la poésie.

1450. (1902) La poésie nouvelle

Ce serait un mauvais principe, car la rime pour l’œil est quelque chose, en soi, d’assez ridicule ; mais une telle erreur serait explicable de la part de gens très appliqués à leur papier, très attentifs à leur difficile graphie. […] On y trouve plus d’idées, indiquées brièvement, que n’en ont exprimé tant de gens de lettres notoires dans les vingt-cinq volumes qu’ils ressassèrent. […] Mais quand tout vous répugne excepté vous pelotonner en vous même, un dimanche, en écoutant le bruit de la rue (gens revenant de vêpres !) […] …‌ Dehors, des gens vont et viennent, et chantent. […] … Un orgue moud sa ritournelle désolante : un charlatan, sur un tréteau, vante son orviétan : quelques ivrognes s’en amusent, de vieilles gens se mettent au pas de leur porte.

1451. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Quant aux auteurs eux-mêmes, c’étaient aussi de petits gens, intermédiaires entre la petite bourgeoisie et le peuple. […] Les gens du dix-septième, d’abord savaient que la pièce ne durait qu’un jour au maximum, ensuite que le plus souvent elle durait le temps de la représentation. […] Or, je remarque que ces gens-là se retrouvent toujours à la fin tels qu’on les a vus d’abord. […] « Les Célimènes renouvellent souvent leurs cours, et les petits marquis fats ou beaux esprits ne sont pas gens à tenter si patiemment la même conquête. […] Et par conséquent, ils n’étaient nullement gens à créer un théâtre nouveau, à faire de toutes pièces un théâtre qui ne ressemblât pas au théâtre précédent.

1452. (1899) La parade littéraire (articles de La Plume, 1898-1899) pp. 300-117

Et tous ces gens qui se piquent d’ironie lorsqu’il est question d’idée pure, du culte de la beauté, du respect des héros, de toutes ces choses si sacrées, ne craignent pas d’avancer les affirmations les plus outrées, d’oser les jugements les plus ridicules quand il s’agit de louer quelqu’un de connaissance, les habitués de leur parlote, les auteurs de leur entourage. […] Il n’était pas dangereux, on le décora de tous les mérites, et l’éloignement même où il se trouvait réussit d’une façon merveilleuse à illusionner les gens sur ses grâces personnelles. […] On dédaignait, parmi les gens de talent, de donner aux foules la nourriture spirituelle. […] Dans les métairies du Midi ou dans les cités manufacturières du Nord, dans les réunions des faubourgs, dans les assemblées de village, il y a tant de braves gens qui l’écouteront avec transports. […] Je veux enfin, moi fréquenter des gens qui ont « du talent, de l’élégance et de l’esprit ».

1453. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Sainte-Beuve à leur tête, gens de cœur et d’esprit ; mais ils échoueront. […] Il souffre de la faim, de la soif ; il est assailli de violentes tempêtes, inconnues sous le ciel d’Europe ; il a de longues nuits, glacées, sans sommeil ; ses gens se révoltent, et il est seul pour les réduire à l’obéissance ; il y parvient, grâce à son énergie et à la solidité de son bâton. […] Ayant mis le pied sur le sol thibétain, et trouvant sur son passage le fort de Bekar qui faisait mine de l’arrêter, il ordonna à ses gens de se former en colonne serrée, et s’avança très résolument à leur tête. […] Runjet-Sing, quand il veut témoigner sa considération aux gens, n’y met pas tant de façons. […] Or, vous savez que cette berline mène les gens grand train.

1454. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

Ce qui me paraît surtout à remarquer en lui comme en plusieurs personnages du haut clergé français au xviiie  siècle, c’est ce mélange de monde, de philosophie, de grâce, qui peu à peu sut s’allier avec bon sens et bon goût à la considération et à l’estime ; ces prélats de qualité, engagés un peu légèrement dans leur état, en prennent cependant l’esprit avec l’âge ; ils deviennent, à un moment, des hommes d’Église dans la meilleure acception du mot, sans cesser pour cela d’être des hommes du monde et des gens aimables ; puis, quand viendra la persécution, quand sonnera l’heure de l’épreuve et du danger, ils trouveront eu eux du courage et de la constance ; ils auront l’honneur de leur état ; vrais gentilshommes de l’Église, ils en voudront partager les disgrâces et les infortunes comme ils en avaient recueilli par avance les bénéfices et possédé les privilèges. […] que de gens font et jugent, et que peu font bien et jugent bien !

1455. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Le maréchal de Richelieu, la marquise de Coislin, le duc de Bouillon, la duchesse de Bourbon, le duc d’Orléans (Égalité), quantité de princes russes, tout ce monde aristocratique aimait à connaître, à rencontrer M. de Saint-Martin, homme de qualité, ancien militaire et, vers la fin, chevalier de Saint-Louis, très protégé des Montbarrey ; et Saint-Martin, doux, poli, curieux, naïf, toujours digne pourtant, s’y prêtait, sans s’exagérer auprès d’eux son genre d’action et d’influence : « J’abhorre l’esprit du monde, disait-il, et cependant j’aime le monde et la société ; voilà où les trois quarts et demi de mes juges se sont trompés. » Il y a un très joli mot de lui sur les gens du monde qu’il faut prendre au vol pour les convertir : Les gens des grandes villes et surtout des villes de plaisir et de frivolité comme Paris, sont des êtres qu’il faudrait en quelque sorte tirer à la volée, si l’on voulait les atteindre. […] [NdA] Saint-Martin était si incapable de tout ce qui est affaires et du positif de la vie, qu’il a pu dire au vrai, et cette fois avec sourire : « J’ai un tel éloignement des affaires d’intérêt et des discussions avec les gens de finances et de commerce, que quand j’ai seulement une lettre de change à faire payer et qu’il faut la présenter, donner mon acquit et toucher ma somme, j’appelle cela un procès. » 51.

1456. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Et dire qu’il y a des gens assez stupides pour oser porter la main sur un pareil chef-d’œuvre, assez cruels pour porter la désolation dans une si charmante famille ! […] De même, le vrai christianisme consiste à faire à tous les êtres animés, bêtes et gens, le plus de bien possible, et à attendre la mort sans crainte comme sans impatience.

1457. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Au train qu’il menait jour et nuit, on devinerait, si on ne le savait de reste, qu’il eut souvent affaire aux gens du roi : il connut le Châtelet, peut-être la Bastille. — Un tel écolier, croisé de bandit, avait-il eu le temps d’acquérir un grade académique ? […] Plus d’une fois, le soir, Villon en fuite, traqué par les gens du guet, se sera souvenu tout d’un coup, en voyant la lampe briller à la fenêtre du studieux jeune homme, qu’il avait là un admirateur, un ami, et il lui aura demandé abri et gîte pour une nuit ou deux, en prétextant quelque belle et galante histoire ; et, toute la nuit durant, pour le payer de son accueil, il l’aura charmé de ses récits, ébloui de ses saillies et de sa verve.

1458. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Il n’aime personne, qu’on sache ; mais il y a beaucoup de gens qu’il hait à mort. […] D’ailleurs il battait ses gens, les gentilshommes mêmes de sa maison ; sur la moindre contradiction, il donnait du poing à l’un, un soufflet à l’autre, menaçait un troisième du poignard.

1459. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Ô la plus belle des filles de Jupiter, Diane, place sur ton cœur, agrée ce tissu, cette triple émulation de zèle. » Sans doute Léonidas ne faisait pas payer cher ses épigrammes : aussi les pauvres gens s’adressaient volontiers à lui, comme à un bon faiseur et à bon compte ; je suis sûr qu’il en faisait même quelquefois pour rien. […] C’est ce que je te recommande, moi, Priape, le gardien des ports, pour que tu ailles partout où le commerce t’appelle. » Léonidas n’eut pas seulement affaire aux pauvres gens et à ceux du commun ; nul n’a exprimé mieux que lui la délicatesse de cœur et d’esprit du parfait galant homme ; lisez plutôt cette Épitaphe d’Aristocratès, de l’homme aimable par excellence : « Ô Tombeau, de quel mortel tu couvres ici les ossements dans ta nuit !

1460. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc (suite et fin.) »

Étant donnés le climat, les mœurs de la France, les matériaux, le fond d’art préexistant, c’est-à-dire quelques traditions venues des Romains et des Byzantins, l’architecture romane est née et devait naître la première : et déjà impliquée en celle-ci, s’y laissant d’abord entrevoir par places, la seconde, plus élancée et à ogive, l’architecture gothique se produit à un certain moment avec hardiesse et se déduit comme d’elle-même, grâce à des gens qui raisonnent juste, et qui, par émulation et par zèle, sont poussés à toujours mieux faire. […] pourquoi pense-t-il de la plupart des architectes modernes les mieux établis et les plus favorisés que ce sont gens qui, pleins des formes du passé, — d’un passé lointain, — et obéissant à une idée préconçue, procèdent dans leur œuvre du dehors au dedans, font d’abord une boîte pour les yeux, un couvercle de grande apparence selon les règles dites du beau, et qui ne songent qu’ensuite et secondairement à ce qui sera à l’intérieur, à ce qui doit s’y loger, y agir, s’y mouvoir et s’en accommoder ?

1461. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

Et qu’on ne croie point que je veuille, en ce moment, avoir l’air de rien blâmer de ce qu’amène le cours ou le progrès du temps, comme on l’appelle ; je ne fais le procès à rien de ce qui est nécessaire et légitime : j’ai tenu seulement à bien rendre l’idée du classique français dans cette période paisible, où, la première effervescence du xvie  siècle étant apaisée et calmée, une élite de gens de goût, vrais lettrés, jouissait comme d’une conquête acquise des dépouilles de l’Antiquité, en y mêlant le sentiment des beautés et qualités françaises, et sans ignorer ce qui s’y assortissait de meilleur et de plus agréable en Angleterre ou en Italie. […] Du Bellay donne très justement le précepte d’user à propos de l’infinitif pris substantivement : l’aller, le chanter, le vivre, le mourir, le renaître… La Fontaine a bien su en user de lui-même : Maître François dit que Papimanie Est un pays où les gens sont heureux.

1462. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

L’incertitude planant sur les premières années d’un grand homme semblera peut-être à certaines gens plus poétique : pour moi, je ne vois pas ce que perdraient Corneille et Molière à ce que leurs commencements fussent mieux connus. […] Si l’on se reporte par la pensée vers l’année 1823, à cette brillante ivresse du parti royaliste, dont les gens d’honneur ne s’étaient pas encore séparés, au triomphe récent de la guerre d’Espagne, au désarmement du carbonarisme à l’intérieur, à l’union décevante des habiles et des éloquents, de M. de Chateaubriand et de M. de Villèle ; si, faisant la part des passions, des fanatismes et des prestiges, oubliant le sang généreux, qui, sept ans trop tôt, coulait déjà des veines populaires ; — si on consent à voir dans cette année, qu’on pourrait à meilleur droit appeler néfaste, le moment éblouissant, pindarique, de la Restauration, comme les dix-huit mois de M. de Martignac en furent le moment tolérable et sensé ; on comprendra alors que des jeunes hommes, la plupart d’éducation distinguée ou d’habitudes choisies, aimant l’art, la poésie, les tableaux flatteurs, la grâce ingénieuse des loisirs, nés royalistes, chrétiens par convenance et vague sentiment, aient cru le temps propice pour se créer un petit monde heureux, abrité et recueilli.

1463. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Étienne Pasquier écrivait à Ronsard en 1555, six ans seulement après que Du Bellay, dans l’Illustration de la Langue, avait sonné la charge et prêché la croisade : « En bonne foi, on ne vit jamais en la France telle foison de poëtes… Je crains qu’à la longue le peuple ne s’en lasse ; mais c’est un vice qui nous est propre, que, soudain que voyons quelque chose succéder heureusement à quelqu’un, chacun veut être de sa partie sous une même promesse et imagination qu’il conçoit en soi de même succès. » Pasquier veut bien croire que tous ces nouveaux écrivasseurs donneront tant plus de lustre aux écrits de Ronsard, « lesquels, pour vous dire en ami, continue-t-il, je trouve très-beaux lorsque avez seulement voulu contenter votre esprit ; mais quand, par une servitude à demi courtisane, êtes sorti de vous-même pour étudier au contentement, tantôt des grands, tantôt de la populace, je ne les trouve de tel alloi. » En sachant gré au poëte de l’avoir nommé en ami dans ses écrits, il ajoutait : « Mais, en vous remerciant, je souhaiterais que ne fissiez si bon marché de votre plume à haut louer quelques-uns que nous savons notoirement n’en être dignes ; car ce fesant vous faites tort aux gens d’honneur. […] Il était un peu de ces gens dont on dit bien du mal quand ils sont loin, et qu’on embrasse, qu’on se remet à aimer irrésistiblement sitôt qu’on les revoit ; de même pour ses vers : la meilleure manière d’adoucir le jugement raisonné qu’on en porte, c’est de les revoir et de les introduire en personne.

1464. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Il y avait des cercles réguliers qui continuaient purement et simplement le dix-huitième siècle, le salon de madame Suard, le salon de madame d’Houdetot : les gens de lettres y dominaient, et les philosophes. […] « Néophyte à cette époque, a-t-on dit spirituellement, il avait quelques-unes des faiblesses des néophytes, et s’il existait quelque chose qu’on pût appeler la fatuité religieuse, l’idée en viendrait, je l’avoue, en lisant ces lignes de sa critique : « Vous n’ignorez pas que ma folie à moi est de voir Jésus-Christ partout, comme madame de Staël la perfectibilité… Vous savez ce que les philosophes nous reprochent à nous autres gens religieux, ils disent que nous n’avons pas la tête forte… On m’appellera Capucin, mais vous savez que Diderot aimait fort les Capucins... » Il parle à tout propos de sa solitude ; il se donne encore pour solitaire et même pour sauvage, mais on sent qu’il ne l’est plus.

1465. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Il n’a pas usé non plus des reconnaissances ; il a fait parfois revenir des gens qu’on croyait morts comme Sévère dans Polyeucte : mais l’espèce de reconnaissance de Sévère et de Pauline pose le problème psychologique de la pièce, elle est nécessaire, naturelle ; elle produit des évolutions de sentiments, non des ricochets d’intrigue. […] La mécanique et le style Si la psychologie de Corneille n’est pas dramatique, cela n’empêche point que peu de gens aient eu à un plus haut degré le sens du théâtre : car il a admirablement masqué, ou mieux, admirablement utilisé sa psychologie.

1466. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Voilà des gens qui poussent l’hostilité jusqu’à compter dans ce poème de quatre mille vers combien de fois le même mot y est répété ; voilà Fréron qui de son encre rouge note vingt fois le mot tranquille, et qui en fait un bordereau que la Harpe dit avoir vu. […] Poète débutant, il avait manqué une des couronnes de l’Académie ; pauvre, les gens de lettres en renom l’avaient rebuté : Insensé, jusqu’ici croyant que la science Donnait à l’homme un cœur compatissant, Je courus à vos pieds plongé dans l’indigence ; Vous vîtes mes douleurs et mon besoin pressant.

1467. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre III. La notion d’espace. »

Si alors nous voulons à toute force proclamer qu’ils se trompent, que leur droite n’est pas la vraie droite, si nous ne voulons pas confesser qu’une pareille affirmation n’a aucun sens, du moins devrons-nous avouer que ces gens n’ont aucune espèce de moyen de s’apercevoir de leur erreur. […] Bien des gens répondront oui et diront qu’ils « localisent » les objets extérieurs.

1468. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Notre honneur consiste à n’être pas compris de ces gens-là. […] Et puis cette attitude de pourfendeurs — étant donné qu’elle ne s’adressait qu’à des gens puissants capables de riposter — avec toutes ses injustices, n’était-elle pas plus crâne, plus défendable, à coup sûr, que celle de nos arrivistes, piliers d’antichambres, plats valets de toute renommée influente ?

1469. (1890) L’avenir de la science « II »

Gens de peu de foi à la nature, laissez-les donc au soleil. […] Il y a des gens qui le savent ; mais, je vous le jure, ils n’y réussiront pas.

1470. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Le monde est plein de gens singulièrement habiles à deviner ce qui mène à la fortune ; or jamais on n’a vu personne prendre la vertu comme une carrière avantageuse, comme un moyen de réussir. La concurrence sur ce champ-là est tout à fait nulle ; les gens avisés vont ailleurs.

1471. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

La Revue Wagnérienne, chaque mois, envoie un petit nombre d’exemplaires, mais elle les envoie partout où il y a des gens, artistes ou amateurs, faisant profession de wagnérisme ; et ses articles — n’est-ce pas la moindre récompense de beaucoup d’efforts ?  […] » Mon Dieu, que les gens d’esprit sont donc bêtes !

1472. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

À la fin de février, le roi partant pour aller au-devant de madame la dauphine, « il se trouva le matin dans la cour de Saint-Germain un très beau carrosse tout neuf, à huit chevaux, avec chiffres, plusieurs chariots et fourgons, quatorze mulets, beaucoup de gens autour habillés de gris ; et dans le fond de ce carrosse monte la plus belle personne de la cour, avec Des Adrets seulement, et des carrosses de suite pour les femmes135. » Le 6 mars, il y eut bal à Villers-Cotterets : « madame de Fontanges y parut brillante et parée des mains de madame de Montespan, qui lui rendit ainsi le secours qu’elle-même avait reçu de madame de La Vallière. […] « Ayez pitié, lui écrivait-elle, de gens plus malheureux que coupables.

1473. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

C’est un Philistin que ce baron ; il se rengorge, il se prélasse, il tranche du grand seigneur en visite chez de petites gens. […] Cependant, cet incroyable Frantz, qui a la rage de faire cadeau de sa musique aux gens malgré eux, trouve encore moyen de s’indigner parce qu’elle ne veut pas l’accepter, et qu’elle lui envoie un rouleau d’or en échange.

1474. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Victor, duc de Broglie, celui dont nous parlons, né en novembre 1785, petit-fils du maréchal de Broglie, descend d’une race toute guerrière, dans laquelle on distinguait des gens d’esprit, dont quelques-uns ont eu un nom dans la diplomatie ou dans l’Église ; mais il ne s’y trouverait aucun philosophe ni écrivain proprement dit. […] À ce compte, comme on ne saurait avoir trop de gens actifs et intelligents, pourquoi ne pas dépouiller aussi les aînés ?

1475. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Elle se consola d’abord en vivant à Paris dans la compagnie des gens d’esprit qui s’y trouvaient ; elle y connut La Fare, qui fit pour elle ses plus jolis vers. […] Faut-il peindre Mlle de Fontanges avec sa beauté et son genre de sottise romanesque, et faire sentir comment le roi, même quand elle aurait vécu, ne pouvait l’aimer longtemps, tout cela est dit en deux mots : On s’accoutume à la beauté, mais on ne s’accoutume point à la sottise tournée du côté du faux, surtout lorsqu’on vit en même temps avec des gens de l’esprit et du caractère de Mme de Montespan, à qui les moindres ridicules n’échappaient pas, et qui savait si bien les faire sentir aux autres par ce tour unique à la maison de Mortemart.

1476. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Voilà une reine d’Égypte bien au fait des grandes phrases de nos gens de lettres de Paris. […] Si on laisse de côté certains traits lancés à satiété et sans bonne grâce contre les gens qu’elle a pris en déplaisance (contre une certaine dame des sept petites chaises, par exemple, qui revenait sans cesse comme souffre-douleur et comme victime), le feuilleton créé par Mme de Girardin, en 1836, sous le titre de Courrier de Paris, était piquant, léger, gai, paradoxal et pas toujours faux.

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