« L’obsession de la littérature lui fit peu après abandonner l’industrie pour se livrer tout entier à son penchant.
Pierre Loti, chez lequel le phénomène est littéralement entier, — qui n’ont, en somme, que de l’expression.
Jeanne Pécusseau fut élevée par une nommée Albert, elle-même pupille des hospices, qui a consacré sa vie tout entière à l’éducation d’enfants abandonnés comme elle.
Cette scène a eu ce résultat, dont je m’applaudis absolument : la sauvegarde de son entière indépendance par la Revue Wagnérienne.
Comment et par quelles épreuves, par quelles traverses arriva-t-il de bonne heure à cette connaissance de la vie, à cette entière et parfaite maturité à laquelle l’avait destiné la nature ?
Est-elle tout entière dans la justesse et la brièveté d’un bon mot ?
Il semblait qu’elle n’eût qu’à choisir, et l’on ne peut montrer son travers altier avec plus de naïveté qu’elle ne le fait elle-même à propos d’une grande fête qui eut lieu au Palais-Royal sur la fin de l’hiver de 1646, et pour laquelle la reine mère voulut la parer : L’on fut trois jours entiers à accommoder ma parure ; ma robe était toute chamarrée de diamants avec des houppes incarnat, blanc et noir ; j’avais sur moi toutes les pierreries de la Couronne et de la reine d’Angleterre, qui en avait encore en ce temps-là quelques-unes de reste.
Ces trois parties essentielles du poète n’étaient pas arrivées à une pleine et entière fusion.
Cependant ces mêmes dames, qui font si hardiment des fautes si grossières en écrivant, et qui perdent tout leur esprit dès qu’elles commencent d’écrire, se moqueront des journées entières d’un pauvre étranger qui aura dit un mot pour un autre.
La voici, telle qu’on la trouve à la fin de la Vie de l’abbé de Rancé, par Marsollier : « Les choses sont en repos lorsqu’elles sont dans leur place et dans leur situation naturelle ; celle de notre cœur est le cœur de Dieu, et lorsque nous sommes dans sa main et que notre volonté est soumise à la sienne, il faut par nécessité que nos inquiétudes cessent, que ses agitations soient fixées, et qu’elle se trouve dans une paix entière et dans une tranquillité parfaite. » 27.
Peignant le bonheur de deux époux fidèles, et celui du père en particulier qui, se revoyant tout vivant dans les traits de ses enfants, y lit la pudicité de son épouse, la vérité de son émotion la fait arriver à l’expression parfaite et au coloris : Quelquefois même, un époux tendrement aimé se voit seul tout entier dans les traits de ses enfants.
Mais bientôt il s’aguerrit, s’anima et même s’égaya à la lutte, et son tempérament, sa personne tout entière comme son talent proprement dit, se trouva en plein dans son élément.
Mais, là, sa modération lui manqua subitement ; il se mit en avant tout entier, il brisa des lances envers et contre tous pour Piccinni, pour la musique italienne, avec une ardeur démesurée et avec une passion où l’amour de la mélodie se sent moins encore que le besoin de dépenser un reste de jeunesse.
Je crois que ces deux points, pour qui désormais examinera en détail et dans un esprit d’entière impartialité, seront résolus en faveur de Marmont.
Le président répond à ses propositions point par point, avec exactitude et précision, en homme d’affaires et en y mêlant de l’homme d’esprit ; il touche très bien l’endroit délicat, et qui fait désirer à Voltaire de n’être pas tout entier à la merci de Genève : « Il faut être chez soi… Il ne faut pas être chez les autres… Vous ne sauriez croire combien cette république me fait aimer les monarchies. » À la réponse précise et catégorique du président, Voltaire semble oublier ce qu’il a proposé lui-même ; il recule, il hésite, et substitue comme par négligence d’autres propositions aux premières.
Il est plus favorable à la Syrie et se déride quelquefois en nous en parlant : c’est par la Syrie qu’il entre davantage dans l’esprit de l’Orient, et que, devenu maître de la langue, il reçoit son impression tout entière : il parle du désert et des Bédouins avec quelque chose de plus senti que d’habitude, bien que de sobre également et d’inflexible.
L’histoire entière des peuples est présentée comme un vaste quiproquo et une fausse route prolongée qui ne doit se rectifier que lorsque les hommes seront éclairés et sages ; et comme le néophyte, effrayé de ce spectacle universel d’erreurs, se met à désespérer de nouveau et à se lamenter, le Génie le rassure une seconde fois et lui démontre que ce règne de la sagesse et de la raison va enfin venir ; que, par la loi de la sensibilité, l’homme tend aussi invinciblement à se rendre heureux que le feu à monter, que la pierre à graviter, que l’eau à se niveler ; qu’à force d’expérience, il s’éclairera ; qu’à force d’erreurs, il se redressera ; qu’il deviendra sage et bon, parce qu’il est de son intérêt de l’être ; que tout sera fait quand on comprendra que la morale est une science physique, etc.
— Mais il n’y a pas que son nom… il y est tout entier… Sa brutalité, sa crânerie dans les affaires, son tempérament haussier… Il se trouvait que j’avais fait le vrai portrait, et avec son nom encore, d’un boursier mort, il y a dix-huit mois.
Son œuvre s’en ressentit ; l’instabilité émotionnelle de l’auteur se marque dans tout ce qu’elle présente de divers et de violemment heurté, dans son entier, dans chaque livre, dans presque chaque pièce.
Il a fallu trois cents ans pour que l’Angleterre commençât à entendre ces deux mots que le monde entier lui crie à l’oreille : William Shakespeare.
Il se plaisait alors à donner par les propos frivoles de sa vieillesse un démenti à une vie consacrée tout entière à la recherche laborieuse de la vérité.
C’est nature et nature seule qui dicte la véritable harmonie d’une période entière, d’un certain nombre de vers.
Je voudrois pouvoir ici publier l’ouvrage tout entier, et pour preuve de ma bonne volonté, je vais donner encore au lecteur deux fragmens d’une lettre écrite par le même auteur à monsieur le prince d’Auvergne.
A notre tombe viendront seuls ceux qui ne voient pas nos formes. » Et puis ces lignes, que le plus profond et le plus lucide critique des tentatives expressionnistes Kurt Pinthuisah leur a consacrées : « Jamais l’esthète et l’Art pour l’Art ne furent à un tel degré voués au mépris que justement dans cette littérature qui est dans son entière éruption, explosion, intensité et qui doit l’être pour percer d’outre en outre la croûte revêche du passé.
Et on le verra mieux, nous l’espérons, quand, dans notre second volume d’historiens, nous examinerons l’œuvre entière de M.
Nettement lui consacre nous ont fait regretter plus vivement que jamais, quand nous les avons lues, que l’ouvrage entier ne fût pas écrit avec ce courage de vérité, car, au lieu d’un livre plus ou moins agréable qui doit traverser les esprits, nous aurions une œuvre de grande critique, qui certainement ne passerait pas.
D’ailleurs, quand Galilée eût été de taille de Socrate, lequel pourtant fit tuer un coq, quand il eût fait de l’antagonisme contre l’Église jusqu’à la ciguë, la découverte dont il était si heureux et si vain n’ébranlait en rien la lettre de la Bible, qui reste solide et entière.
quand je dis le Joseph Delorme, je ne le prends pas tout entier.
Il a une confiance entière dans les oracles de la Pythie et dans une foule de légendes naïves. […] Louis Dimier la juge entière et indiscutable. […] Certains de ses détracteurs exploitent le déchet subi par cette partie de son œuvre et voudraient nous insinuer qu’elle est tout entière surfaite. […] Qu’on accepte ou non le fondement théorique de la morale de Kant, il faut convenir qu’elle est parfaitement noble et pure dans l’application, qu’elle exclut toute inégalité et s’adresse à l’humanité tout entière. […] Il a foi, il veut avoir foi dans l’avenir, il se comporte en homme dont la confiance est entière.
Mais on l’ouvrit tout entière, et jamais fille ne fut plus fille. » Fallait-il du pathos et du prêchi-prêcha ? […] La légende entière d’Hélène montre qu’il faut reconnaître en elle une création mythologique, éclose, comme toutes les autres, au spectacle de la nature. » Il y a mieux. […] De toutes façons, aucun de nous ne périt tout entier. […] En littérature, l’œil est une conquête du romantisme, que Jean-Jacques ne représente donc pas tout entier, quoi qu’en ait dit M. […] Malgré tant de merveilles célèbres et classées, l’enchantement de Venise, c’est Venise elle-même et tout entière.
Eh bien, si vous ne voulez pas du mot entier, mettez tout simplement un b… suivi de points, on devinera ce qu’on voudra. » — Et de rire. […] Je n’en conclurais pas pour cela à l’entière bonhomie du personnage ni à l’absence de bile : seulement son cerveau ne portait pas à long terme.
II), et quelquefois des phrases entières. […] Le roman tout entier semble destiné seulement à aider au développement de ces deux caractères.
Une preuve indiscutable de cela, c’est le tombeau du Christ, rien qu’une idée, pour laquelle l’Europe entière se remuait encore hier. […] nous lui pardonnons, et même une grande commisération nous vient pour elle, en nous rendant compte de tout ce qu’elle a souffert… Mais, pour toute la vie, il est entré en nous la défiance du sexe entier de la femme, et de la femme de bas en haut aussi bien que de la femme de haut en bas.
Un jeune homme, dont la mère tenait un commerce de dentelles à Groslay, passe sa jeunesse toute entière à courir à cheval les villages des environs, à surveiller le travail des ouvrières, et à leur faire des enfants. […] Il commence enfin, jetant, en forme d’exorde, comme pour nous avertir qu’il a encore des mondes entiers dans la tête : « Messieurs, j’ai soixante-quatorze ans, et je commence ma carrière. » Il nous lit le « Soufflet du père », une suite de la Légende des siècles, où il y a de beaux vers surhumains.
Et Montesquiou m’entretient de son prochain volume de vers, qui sera tout entier consacré aux fleurs, et d’un pieux monument poétique, qu’il veut consacrer à Desbordes-Valmore. […] Montégut s’étend sur les soins maternels, donnés par ces hommes, ces garde-malades appartenant tout entiers à la souffrance, et si en dehors de la vie du siècle, que celui qui le soignait, et qui était à Paris depuis dix ans, n’était sorti que trois fois de la maison, une fois pour aller à Notre-Dame, une autre fois au Sacré-Cœur, une autre fois pour une visite semblable.
Qu’elles ne fussent pas très nettes ou du moins très développées, c’est ce qu’indique ce passage du Phèdre : « Je suis un devin, non pas, il est vrai, fort habile ; je ressemble à ceux dont l’écriture n’est lisible que pour eux-mêmes209 » ; et, si la voix eût prononcé en bon grec des phrases entières, elle n’eût pas eu besoin de s’y reprendre à plusieurs fois, comme il semble qu’elle le fit, pour s’opposer à la participation de Socrate aux affaires publiques et à la préparation de son apologie. […] Si l’excitation intérieure continue à croître, l’état de l’âme doit s’exprimer par un phénomène qui lui soit égal en intensité ; alors la parole intérieure vive ne suffit plus ; l’âme a besoin de sensations fortes, de bruit et de mouvement ; la parole extérieure, qui ébranle fortement les nerfs du toucher comme ceux de l’ouïe, jaillit des lèvres ; aux mouvements de la phonation se joignent ceux de la physionomie, des bras, des jambes : on gesticule, on se promène sans but, uniquement pour se sentir vivre, comme si le degré maximum de la sensation était pour l’état mental le plus intense un complément esthétique à l’attrait irrésistible ; l’âme envahie par un sentiment violent ou par une conception vive de l’imagination n’a plus de conscience pour le milieu qui l’entoure ; elle l’oublie, elle l’ignore momentanément, et, avec lui, les convenances, la réserve, les habitudes sociales qu’il impose ; par les sensations qu’elle se donne, elle se crée un milieu artificiel en accord avec le phénomène dominant et exclusif qui la possède ; elle est tout à son rêve ou à sa passion, et ce qui s’est emparé d’elle tout entière est par là même maître absolu du corps comme de l’âme220.
Le groupe est échelonné et disposé tout entier sur un fond d’un vert sombre et uniforme, qui ressemble autant à des amas de rochers qu’à une mer bouleversée par l’orage. […] L’Ecole turque, néanmoins, ressemble à ses bons tableaux ; ce sont bien là ces beaux enfants que nous connaissons, et cette atmosphère lumineuse et poussiéreuse d’une chambre où le soleil veut entrer tout entier. […] Il suffit de l’avoir vu fulminer à la hâte ses colères, avec des soubresauts de plume et de chaise, ou simplement de les avoir lues, pour comprendre qu’il n’est pas là tout entier.
En 1797, avant sa conversion, il écrivait : « Mourons tout entiers, de peur de souffrir ailleurs. […] Entre Ronsard et Victor Hugo, en passant par Racine et La Fontaine, il semble que les meilleurs des fragments de Chénier disséminent leurs essais, comme une grenaille ou une semence d’or pour couvrir le champ entier de notre poésie. […] Quant aux tragédies de Voltaire, auxquelles La Harpe ne consacre pas moins de deux volumes, elles sont l’œuvre du « plus grand tragique du monde entier ! […] Nous avons des biens nationaux, et vous n’en avez pas. » Et il écrit : « Voilà toute la France, elle se trouve tout entière dans ces paroles de mes laboureurs. » Évidemment Courier est un héritier d’avant la Révolution, Béranger un citadin de Paris, et Beyle n’eut jamais à lui une motte de terre.
L’univers entier est à Paris. […] je vais prendre une semaine entière à mon tableau et nous ferons des Cazin ensemble. […] C’est que l’œuvre qui se prépare me prend tout entière, il ne faut pas que je me dépense… Oh ! […] La jeune fille en question est du reste douée d’un orgueil qui fait que dans ses notes elle s’étale tout entière.
Je passais des après-midi entiers au fond d’une vieille niche à chien, inoccupée et oubliée dans un coin de la cour. […] Son entrain mit beaucoup de mouvement dans la maison ; mon père vint plusieurs fois à Montrouge, pour voir sa tante ; il y eut des dîners, où le demi-cercle de la grande table couleur de marron d’Inde, en face de la muraille, était occupé tout entier. […] que le monde entier acclamait. […] Le quatrième côté était occupé tout entier par une vaste grille, formée de petits carrés, comme toutes les grilles du couvent ; deux rideaux noirs, courant sur des tringles la voilaient à mi-hauteur ; ces rideaux restaient ouverts pendant les offices. […] La journée se passe, presque tout entière, dans la chapelle, autour du catafalque, dressé au milieu du chœur et tout illuminé de cierges.
Je ne l’ai pas refaite tout entière : le chagrin ne me le permit pas. […] Son œuvre tout entière est consacrée à la polémique du rêve et de l’action : il a vécu le plus poignant des évangiles, celui de Marthe et de Marie. […] Il avait conçu cette trilogie, où l’honnête existence des femmes entrait tout entière. […] Si nous le savons, nous entendrons mieux et l’œuvre entière et ce dernier ouvrage. […] À Florence, on vendait des roses ; certains jours, la ville entière embaumait.
Nous n’avons fait l’expérience que sur un petit fragment du foie ; si nous avions opéré sur le foie entier, nous eussions obtenu des quantités assez considérables d’alcool. […] Le foie entier contient donc 41,870 gr. de sucre. […] Nous devons donc nécessairement conclure de cette dernière partie de l’expérience que la déviation de +0,5°, qui avait été trouvée dans le premier examen du liquide, était due tout entière à la présence du sucre, puisque, après avoir fait disparaître le sucre par la fermentation, la déviation a été complétement nulle. […] Sur 1000 parties du liquide entier de sang (moins les globules), il y avait en fibrine : […] Voici de cette même viande avec laquelle des chiens ont été nourris pendant des mois entiers ; on la broie, on la traite par l’eau, le liquide qui s’en échappe ne contient pas la moindre trace de sucre.
Gui Patin garde sa haine entière contre le Mazarin.
Jamais homme ne fut plus entier à ce qu’il faisait, et ne distribua mieux son temps entre les choses qu’il avait à faire ; jamais esprit plus inflexible à refuser l’occupation, la pensée qui ne venait ni au jour ni à l’heure, ni plus ardent à la chercher, plus agile à la poursuivre, plus habile à la fixer, quand le moment de s’en occuper est venu.
Nous sommes ici à l’époque chevaleresque, tout à la fin du xiie siècle ou au début du xiie ; un siècle entier s’est écoulé depuis la mort du Cid ; un idéal s’est créé à son sujet : il est devenu une figure noble et pure, et même douce autant que fière, un modèle de chevalerie en cette civilisation féodale.
Montaigne qui a passé sa vie à faire son portrait ne s’est pas montré à nous plus à nu, et ne s’est pas livré surtout avec une plus entière bonne foi : il n’y a pas ici ombre de coquetterie comme chez Montaigne.
Ondine était allée faire ce voyage en compagnie de la fille de Mme Branchu ; déjà affectée de la poitrine, mais sans connaître la gravité de son état, qui nous avait été révélée par une consultation du docteur Louis, elle s’abandonnait avec une entière confiance à un traitement homœopathique du docteur Curie.
Une des pièces les plus intéressantes qu’il nous ait laissées et des plus délicates (pour employer une de ses expressions favorites), la principale peut-être aux yeux du biographe et comme offrant l’expression entière de sa nature, c’est sa lettre à l’un de ses anciens amis restés des plus affectionnés et des plus fidèles, le maréchal de Créqui, qui lui avait demandé en quelle situation était son esprit, et ce qu’il pensait de toutes choses dans sa vieillesse.
« Les recueils épistolaires, quand ils sont longs, offrent les vicissitudes des âges : il n’y a peut-être rien de plus attachant que les longues correspondances de Voltaire, qui voit passer autour de lui un siècle presque entier.
Mais voici peut-être l’épigramme en ce genre la plus sanglante, qui, si elle n’est pas de lui, est de quelqu’un de ses élèves, et je la cache tout au bas : Vous voulez en femme d’honneur Me refuser le point suprême : Vous marchandez à qui vous aime L’entier abandon du bonheur.
À l’ordinaire, c’est-à-dire quand le bâton est tout entier dans l’air ou dans l’eau, si une moitié des rayons est infléchie par rapport à l’autre, le bâton est effectivement courbé ; mais ce n’est là que l’ordinaire.
Ce bourgeois rangé, prudent, pieux, en veut aux mendiants de leur vie quémandeuse et fainéante, de leurs richesses acquises sans travail ; il leur eu veut de se substituer aux séculiers, de prêcher, de confesser et d’absoudre dans les paroisses, au nez des curés désertés et affamés ; et ses rancunes d’écolier irritant ses haines de bourgeois, il leur en veut de leur intrusion dans les chaires de l’Université, de la défaite et de l’exil de Guillaume de Saint-Amour ; il prend à celui-ci, qui peut-être avait été son maître, des chapitres entiers, notamment du livre des Périls des derniers temps, et les tourne en vers français à la confusion de l’ordre de Saint-Dominique et de tous ces nouveaux frères dont l’oisiveté et l’hypocrisie menacent de perdre la Sainte Église.
L’un des modes incline à l’autre et y disparaissant, ressort avec emprunts : deux fois, se parachève, oscillant, un genre entier.
. — Pour quoi le succulent gnômique de l’Art poétique et délicieux chanteur du Lutrin ; pour quoi l’immense Baudelaire réalise des critiques de premier ordre ; pour quoi tant d’extravagances dans Shakespeare de ce dadais épique de Hugo, n’empêchent qu’on ne le déguste avec plus de plaisir et de fruit que l’œuvre entier du petit bonhomme envieux, Sainte-Beuve, consacré tout à rapetisser les Lettres.
Le parlement avait cassé le testament du grand roi, l’opinion cassait le règne tout entier.
N’étant pas physiologiste, j’hésite à critiquer les expériences qu’il a dirigées contre la théorie adverse de Mach-Delage ; il me semble cependant qu’elles ne sont pas probantes, car dans beaucoup d’entre elles on faisait varier la pression dans un des canaux tout entier, tandis que, physiologiquement, ce qui varie, c’est la différence entre les pressions sur les deux extrémités du canal ; dans d’autres, les organes étaient profondément lésés, ce qui devait en altérer les fonctions.
Figurez-vous votre pauvre ami courant des journées entières de visite en visite.
Il a soin de lui rappeler qu’elle garde sa liberté pleine et entière.
De plus, la psychologie doit étudier nos facultés dans la série entière de leur évolution, dans leurs variations ethnologiques ou autres, tandis que la logique ne considère la faculté de raisonner que sous sa forme adulte, impersonnelle, scientifique, et rejette les exceptions.
J’ai refait en entier quelques articles ; plusieurs ont été corrigés & augmentés ; j’en ai ajouté un grand nombre.
Ce qui reste d’un guerrier tient tout entier dans un vase.
Je ne puis m’empêcher de le donner ici presque en entier, après celui de Condé, qu’on vient de lire : Henri de La Tour, vicomte de Turenne, était d’une taille médiocre, large d’épaules, lesquelles il haussait de temps en temps en parlant ; ce sont de ces mauvaises habitudes que l’on prend d’ordinaire, faute de contenance assurée.
— nous dit, notre italien, — un arc de triomphe du temps de Valentinien, un arc de triomphe tombé comme un homme ivre à l’eau, et qu’on est en train de repêcher tout entier, avec ses quatre statues.
Avec les vingt-quatre milliards anglais dépensés en coups de canon, on eût changé la face de la terre, ébauché partout la civilisation, et supprimé dans le monde entier l’ignorance et la misère.
Il lui semblait que plus l’homme s’accorde de liberté sur la terre, plus il doit s’enchaîner du côté du ciel, qu’il est incapable de supporter à la fois une complète indépendance religieuse et une entière liberté politique, enfin « que, s’il n’a pas de foi, il faut qu’il serve, et, s’il est libre, qu’il croie. » Quelque pénétré qu’il fût de la nécessité de cette alliance entre la liberté et la religion, il ne se faisait aucune illusion sur les difficultés qu’elle rencontrait de notre temps.
Ces extraits sont assez bien faits ; mais on vouloit avoir les piéces en entier, & c’est ce qu’on trouve dans le recueil de M.
Cette poésie, effluve de son être entier, avait la lueur douce, également noyée et fondue de la perle ; car le diamant semble avoir des interruptions d’éclat dans le scintillement de ses rayons, je ne sais quelles intermittences dans les frénésies de sa lumière !
Au même moment, le 17 novembre, il crayonne sur un carnet cette note : « Dans un élan irrésistible, j’écris ces Conditions de la Paix… Il ne s’agit pas de les faire admettre, mais tout simplement de les penser, de savoir ce que nous voulons dire quand nous parlons de notre justice… » Et de cet éclair de novembre, son livre sort tout entier.
Edgar Poe dit, je ne sais plus où, que le résultat de l’opium pour les sens est de revêtir la nature entière d’un intérêt surnaturel qui donne à chaque objet un sens plus profond, plus volontaire, plus despotique.
Je ne reviendrai pas là-dessus ; je me borne donc à vous dire que je vois dans l’évolution entière de la vie sur notre Planète une traversée de la matière par la conscience créatrice, un effort pour libérer, à force d’ingéniosité et d’invention, quelque chose qui reste emprisonné chez l’animal et qui ne se dégage définitivement que chez l’homme.
Le choix d’une ressemblance parmi beaucoup de ressemblances, d’une contiguïté parmi d’autres contiguïtés, ne s’opère donc pas au hasard : il dépend du degré sans cesse variable de tension de la mémoire, qui, selon qu’elle incline davantage à s’insérer dans l’action présente ou à s’en détacher, se transpose tout entière dans un ton ou dans un autre.
Dans la démocratie, où le peuple entier constitue la cité, il arriva que le domaine civil ne fut plus ainsi appelé dans le sens de domaine public, quoiqu’il eût été appelé civil du mot de cité.
Bossuet seul et Racine ont retrouvé tout entier ce feu, couvert sous la parole des prophètes d’Israël : ou bien aussi parfois, dans le coin d’une église, quelque âme pieuse, en extase sur la leçon du jour, aura senti, dans la plus simple version de quelques fragments épars d’Isaïe, l’accent divin que lui aura révélé sa foi.
« Non, m’ont dit des gens qui avaient assisté à nombre de banquets, non, nous n’avons jamais été témoins d’une si entière adhésion du cœur des assistants. » Puis, ç’a été un toast d’Hérédia, fêtant mes noces d’or avec la littérature. […] L’effet de cet homme au scaphandre, avec cet appareil sur la figure, ressemblant à un masque antique : ç’a été comme une apparition dans une vision, dans le rêve d’un buveur d’opium… et cet homme vous parlant la tête au-dessus de l’eau, de ce bateau au fond de l’eau, grand comme un navire de ligne, avec un revêtement entier d’émail à l’extérieur, et à l’intérieur de plaques de marbre vert, de marbre rouge… J’ai vu, une fois, le plongeur rapporter une tête de lion avec un anneau dans la gueule — l’attache des barques qui s’accotaient au navire… mais la merveille, jusqu’à ce jour retrouvée, est une tête de Méduse. » Jeudi 14 novembre Ce soir, chez Daudet, Larroumet cause curieusement du Maroc, qui est comme le dernier asile du vieil islamisme, et où les supplices auraient une qualité de férocité, dégotant ceux de la Chine.
Je suis au coin de mon foyer, tout prospère autour de moi, je suis dans une entière sécurité. […] L’homme ne dort vraiment que quand il dort tout entier.
Le plan tout entier du récit, le retour du héros sous un déguisement, la scène où il se fait reconnaître par son fils, la vengeance terrible qu’il tire de ses ennemis, et la scène où il est enfin reconnu par sa femme, nous rappellent l’intrigue de mainte pièce grecque, et nous expliquent ce qu’entendait le grand poète athénien, en disant que ses drames n’étaient que des miettes de la table d’Homère. […] Néron jouait du violon pendant que Rome brûlait, du moins à ce que disent des historiens inexacts, mais c’est pour bâtir une cité éternelle que les Socialistes de nos jours se sont occupés de faire de la musique et ils ont une entière confiance dans les instincts artistiques du peuple. […] » Le monde entier est en ce moment même à genoux devant les classes pauvres. […] Le Gallienne se consacre tout entière au culte des livres et M. […] Il serait un trouble-fête aux dîners, il serait impossible aux thés de l’après-midi, car sa vie entière fut une protestation contre la parole en public.
On me parlait un jour, à Bruxelles, d’un ci-devant jeune homme d’Anvers, qui, amoureux de la première chanteuse du théâtre, passait plusieurs fois par jour sous ses fenêtres, en prenant soin de mettre en arrivant, et de retirer, lorsqu’il était hors de vue, les gants beurre-frais qui pouvaient servir des mois entiers à ce bizarre manège. […] Le personam tragicam de Phèdre af fut révélé dans son entier, une fois à terre, renversé par M. […] Paris entier devient un bazar où rien ne se dérobe à la main qui veut prendre car il y a longtemps déjà que cette main ne se tend plus.
Nous avons pourtant à tenir compte de certains refus célèbres de Ducis et ces années de verte vieillesse ; nous n’éluderons pas le sujet, et nous en parlerons avec une entière liberté.
A en juger par les survivants, par Louvet, Lanjuinais et ceux des 71 qui se rattachèrent à leur mémoire, ils seraient restés dans la ligne d’une liberté franche, entière, républicaine, dans la liberté de l’an III, dût-elle se trouver insuffisante encore contre les passions et les intrigues.
C’est bien moins d’après tel ou tel mot détaché, que d’après l’habitude entière de son jugement, qu’il se laisse voir ainsi.
XIV Et pitié aussi, parce qu’il est sophisme et qu’il borne la société politique à une sorte d’association commerciale pour cette courte vie, où le gouvernement, purement mécanique et industriel, n’a qu’à surveiller les parts de subsistances et de bien-être entre des hommes qui ne vivent qu’à demi et qui meurent tout entiers.
« Le pavé de Paris avait beau être là tout autour, les hôtels classiques et splendides de la rue de Varenne à deux pas, le dôme des Invalides tout près, la Chambre des députés pas loin ; les carrosses de la rue de Bourgogne et de la rue Saint-Dominique avaient beau rouler fastueusement dans le voisinage ; les omnibus jaunes, bruns, blancs, rouges, avaient beau se croiser dans le carrefour prochain : le désert était rue Plumet ; et la mort des anciens propriétaires, une révolution qui avait passé, l’écroulement des antiques fortunes, l’absence, l’oubli, quarante ans d’abandon et de viduité, avaient suffi pour ramener dans ce lieu privilégié les fougères, les bouillons-blancs, les ciguës, les achillées, les hautes herbes, les grandes plantes gaufrées aux larges feuilles de drap vert pâle, les lézards, les scarabées, les insectes inquiets et rapides ; pour faire sortir des profondeurs de la terre et reparaître entre ces quatre murs je ne sais quelle grandeur sauvage et farouche ; et pour que la nature, qui déconcerte les arrangements mesquins de l’homme et qui se répand toujours tout entière là où elle se répand, aussi bien dans la fourmi que dans l’aigle, en vînt à s’épanouir dans un méchant petit jardin parisien avec autant de rudesse et de majesté que dans une forêt vierge du nouveau monde.
Si j’avais voulu être nommé dictateur par soixante départements ou par la France entière, je n’avais qu’à laisser partir cinq ou six amis dévoués, chargés de dire : « Nommez Lamartine, il accepte. » Je fis le contraire et je fus nommé dans treize départements à la presque unanimité.
Il est certain qu’en vingt-quatre heures, une âme ne se montre pas naturellement tout entière et jusqu’au fond, si quelque violente agitation ne la remue.
Un torrent de mots, souvent inintelligibles s’échappe de sa mémoire surchargée, qui semble se répandre tout entière sur le papier, sans l’intervention de sa volonté.
Mais l’ouvrage tout entier n’est qu’une longue hyperbole, soit par cette perfection impossible qu’il exige de son prince, soit par la comparaison qu’il y fait de Louis XIII avec cet idéal.
Ses illustres amis cultivaient plus étroitement certains auteurs ; La Fontaine pratique l’antiquité tout entière ; il pensait même en être ridicule, comme quelqu’un qui s’opiniâtrerait à une vieille mode.
Enfin, le dernier grand mouvement artistique de l’Allemagne, dont Wagner est jusqu’à présent la seule incarnation, repose tout entier sur des théories depuis longtemps esquissées.
« L’histoire de la philosophie présente le spectacle de milliers d’esprits, — quelques-uns sont les plus grands qui aient illustré notre race, attachés tout entiers à des problèmes considérés comme d’une importance vitale et ne produisant d’autre résultat que de nous convaincre de l’extrême facilité de l’erreur, et du peu de probabilité que la vérité puisse être atteinte.
Ils conviennent que parmi les Ouvrages de M. de Voltaire, il y en a quelques-uns d’excellens ; mais ils soutiennent [on commence à les croire, & on les croira de plus en plus] qu’il y en a beaucoup de médiocres & un grand nombre de mauvais : que le talent de saisir les rapports éloignés des idées, de les faire contraster, semble lui être particulier ; mais qu'il y met trop d'affectation, & que les productions de l'art sont sujettes à périr : qu'il n'a que l'éloquence qui consiste dans l'arrangement des mots, dans leur propriété, & non celle qui tire sa force des pensées & des sentimens, qui est la véritable : qu'il n'a aucun systême suivi, & n'a écrit que selon les circonstances, & presque jamais d'après lui-même : que le plus grand nombre de ses Ouvrages ne sont faits que pour son Siecle, & que par conséquent la Postérité n'en admettra que très-peu : que si la gloire du génie n'appartient qu'à ceux qui ont porté un genre à sa perfection, il est déjà décidé qu'il ne l'obtiendra jamais, parce qu'il ressemble à ce fameux Athlete, dont parle Xénophon, habile dans tous les exercices, & inférieur à chacun de ceux qui n'excelloient que dans un seul : que son esprit est étendu, mais peu solide ; sa lecture très-variée, mais peu réfléchie ; son imagination brillante, mais plus propre à peindre qu'à créer : qu'il a trop souvent traité sur le même ton le Sacré & le Profane, la Fable & l'Histoire, le Sérieux & le Burlesque, le Morale & le Polémique ; ce qui prouve la stérilité de sa maniere, & plus encore le défaut de ce jugement qui sait proportionner les couleurs au sujet : qu'il néglige trop dans ses Vers, ainsi que dans sa Prose, l'analogie des idées & le fil imperceptible qui doit les unir : que ses grands Vers tomdent un à un, ou deux à deux, & qu'il n'est pas difficile d'en composer de brillans & de sonores, quand on les fait isolés : enfin, que la révolution qu'il a tentée d'opérer dans les Lettres, dans les idées & dans les mœurs, n'aura jamais son entier accomplissement, parce que les Littérateurs qu'il égare, & les Disciples qu'il abuse, en les amusant, peuvent bien ressembler à Charles VII, à qui Lahire disoit, On ne peut perdre plus gaiement un Royaume ; mais qu'il s'en trouvera parmi eux, qui, comme ce Prince, ouvriront les yeux, chasseront l'Usurpateur, & rétabliront l'ordre.
Après avoir prononcé ce serment farouche, ils ont suspendu au char d’Adraste, qui doit seul rentrer dans Argos, des souvenirs pour leurs fils ou pour leurs parents : boucles de cheveux, agrafes, bracelets. « Ils versaient des larmes, mais nulle pitié n’était sur leurs bouches. » Eschyle est tout entier dans ces pleurs qui roulent sur des visages courroucés.
aussitôt un monde paraîtrait à ses yeux. » — Cette lumière que Kant suppose répandue à la fois sur tous nos souvenirs, nous sommes obligés nous-mêmes de la projeter successivement sur une partie, puis sur une autre, et d’éclairer peu à peu comme d’un jet de lumière quelques points de la scène intérieure, sans jamais pouvoir l’illuminer par une conscience qui l’embrasserait tout entière.