Leur art dramatique ressemblait à leur peinture, où toutes les couleurs sont vives, où tous les objets sont placés sur le même plan, sans que les lois de la perspective y soient observées. […] Les récompenses sans nombre qu’on accordait au génie dramatique parmi les Grecs encourageaient, sous beaucoup de rapports, les progrès de l’art ; mais les délices mêmes de la louange nuisaient, à quelques égards, au talent tragique. […] Les héros que peignaient les auteurs dramatiques, n’avaient point cette grandeur soutenue que leur a donnée Racine ; mais ce n’est point à une condescendance populaire qu’il faut attribuer cette différence ; tous les poètes ont peint ainsi les caractères, avant que de certaines habitudes monarchiques et chevaleresques nous eussent donné l’idée d’une nature de convention. […] Leur destinée était pour les Grecs un sujet national ; le poète dramatique, en les représentant, n’avait qu’à développer les idées reçues : il n’était point obligé de créer à la fois le caractère et la situation ; le respect et l’intérêt existaient d’avance en faveur des hommes qu’il voulait peindre. […] Les grands désastres sont dramatiques ; ils ébranlent fortement l’imagination : or ce n’est pas ainsi qu’on détruit un préjugé, quel qu’il soit.
L’ensemble, dans le livre de Paul de Saint-Victor, ce n’est pas seulement le Théâtre grec, c’est tout l’Art dramatique, si heureusement exprimé par ce titre charmant : Les Deux Masques, puisque l’Art dramatique en a deux ! […] Jules Janin et Théophile Gautier, très différents et très inégaux de talent, l’un écrivant comme on peint au pastel, l’autre, le Benvenuto Cellini de la langue, comme on grave sur l’acier, régnaient sur le feuilleton dramatique qu’ils avaient transformé en y introduisant une imagination inconnue, quand, tout à coup, entre eux surgit et apparut un jeune homme dont le talent semblait fait de l’éclat de l’un et de l’autre, ralliés et concentrés dans le sien. […] Dans cette vie de feuilletoniste dramatique qui lui a fait une gloire qu’avant lui le feuilleton n’avait faite à personne, il a toujours été moins un critique qu’un raconteur et un commentateur des plus éloquents. […] Ce livre qu’il écrit aujourd’hui sur les deux faces de l’art dramatique, et qu’il appelle Les Deux Masques, avec une ingéniosité si simple et si juste, doit avoir trois séries, nous annonce-t-il dans sa préface. […] Tel est le plan de l’ouvrage, tel est le demi-cercle, comme on dit en escrime, dans lequel l’auteur des Deux Masques a vigoureusement ramassé tout l’art dramatique de l’esprit humain.
Scribe possède à la fois la fertilité dramatique et une forme qui n’est qu’à lui. […] Le moment décisif dans la carrière dramatique de M. […] La vraie nouveauté dramatique de M. […] Les ruses dramatiques de M. […] Scribe est encore bien dramatique en ce point.
Noël, la Passion, Pâques et la Résurrection, c’étaient autant de sujets de dialogues ou de petites scènes dramatiques admises dans la liturgie ou tout à côté. […] Le premier et le plus ancien exemple qu’on ait d’une production dramatique en français, en dialecte anglo-normand, est celui d’Adam, publié pour la première fois en 1854 par M. […] Ce n’est plus cette liturgie dramatique du chœur et du sanctuaire où éclate en hymnes si richement rimées et comme en rosacés magnifiques le talent et le bel esprit d’un saint Bernard ; c’est déjà le régal et l’émotion de la foule. […] Le vieil auteur, en étant si près d’un grand effet dramatique sans le saisir, a prouvé qu’il ne savait pas encore son métier. […] Le malheur est que, même alors, il n’y ait eu nulle part ni à aucun moment chef-d’œuvre dans l’ordre dramatique religieux.
Qu’est-ce donc que la beauté d’une œuvre dramatique ? […] La vie en société est le seul domaine où l’artiste puisse trouver des sensations dont l’expression naturelle soit l’œuvre d’art dramatique. […] Il faut qu’à l’action du spectacle réponde la réaction du spectateur, et que du choc des deux mouvements jaillisse l’émotion dramatique. […] Mais nous ajouterons : c’est heureux, car le théâtre ne saurait plus être artistique, et ces œuvres sont des œuvres d’art, d’art littéraire, bien que de forme dramatique. […] Ceux qui, résistant à l’évidence, crieraient qu’un art ne meurt pas, un illustre membre de la Société des Auteurs dramatiques, c’est M.
Je vous accuse donc, Monsieur, d’avoir, par des doctrines perverses et des moyens que vous seul savez employer, perdu l’art dramatique et ruiné le théâtre français. […] Schlegel), qui s’est cru le droit de traiter avec mépris notre littérature dramatique, ont suffi pour armer contre elle tous ceux qui ne se sentaient ni la force ni le courage de marcher sur les traces de nos grands maîtres. […] Voilà ce que nous ont appris nos prédécesseurs, nos maîtres dans l’art dramatique. […] Vous avez si bien senti, Monsieur, l’efficacité de ce moyen dramatique que vous avez employé un viol et deux prostitutions dans vos deux derniers ouvrages. […] Car enfin, si l’on veut avoir une littérature dramatique, il faut pour la juger un public qui soit tout à la fois le public de tout le monde et qui ne soit le public de personne.
Qu’est-ce donc que la beauté d’une œuvre dramatique ? […] La vie en société est le seul domaine où l’artiste puisse trouver des sensations dont l’expression naturelle soit l’œuvre d’art dramatique. […] Il faut qu’à l’action du spectacle réponde la-réaction du spectateur, et que du choc des deux mouvements jaillisse l’émotion dramatique. […] Mais nous ajouterons : c’est heureux, car le théâtre ne saurait plus être artistique et ces œuvres sont des œuvres d’art, d’art littéraire, bien que de forme dramatique. […] Ceux qui, résistant à l’évidence, crieraient qu’un art ne meurt pas, un illustre membre de la société des Auteurs dramatiques, c’est M.
, en faisant sa fortune, à faire celle de plusieurs théâtres ; 3° enfin, qu’à cette misérable anarchie dramatique se joignent d’impudents plagiats, des billets donnés à la claque, et des éloges payés dans les journaux. […] Duval, et après avoir constaté l’état actuel de l’art dramatique en France, d’en prévoir l’avenir, d’en conjecturer la chute ou le triomphe, enfin d’indiquer les remèdes et les ressources. […] Il demeure donc bien prouvé qu’à tort ou à raison la vieille cause dramatique est singulièrement compromise, et que l’espoir de la réparer va décroissant de jour en jour. […] 2° Le goût du public pressent et prépare merveilleusement cet avenir dramatique qu’on se plaît à rêver. […] Charles II, ou le Labyrinthe de Woodstock, comédie en trois actes, en prose, précédée d’une notice sur l’état actuel des théâtres et de l’art dramatique en France ; par M.
À cela près de quelques chapitres consacrés à la zoocratie la plus profonde et à la biographie la plus tendre, sur lesquels nous allons revenir, son livre appartient tout entier à la critique dramatique. […] la critique dramatique, pour Auguste Vacquerie, est ce qu’il y a de plus important dans la réflexion de l’humanité, comme le drame est ce qu’il y a de plus sublime dans son inspiration. […] Tandis que, pour Vacquerie, le poète dramatique est le prêtre, et même le dieu du xixe siècle. […] « La forme dramatique est la forme divine », ajoute-t-il tout net. […] Faire de la critique dramatique, c’est donc critiquer Dieu.
Ces deux éléments, au reste, suffisent pour faire éclater le cadre étroit du poème dramatique. […] L’un des éléments fait obstacle à l’autre, si le poète n’intervient sans cesse pour dégager le sens du spectacle : et l’on a ainsi un poème épico-lyrique plutôt que dramatique. En somme, nous apercevons dans la théorie du drame romantique un double caractère : 1° les barrières des genres dramatiques sont retirées ; tragédie, comédie, drame, tout se mêle ; 2° les barrières qui séparent le genre dramatique des autres genres, sont abattues aussi ; et l’épique, le lyrique, l’histoire, le symbole envahissent le théâtre. […] Puis Musset a précisément les qualités auxquelles la forme dramatique peut donner toute leur valeur. […] Scribe est un artiste : en ce sens d’abord que ses combinaisons dramatiques n’ont d’autre fin qu’elles-mêmes.
Alexandre Parodi, a publié une œuvre dramatique en deux parties, intitulée : Séphora. […] Parodi a écrit de sa meilleure plume de beaux vers dont je ne puis donner autant d’extraits que je voudrais… Adam se met à la recherche de Caïn, et c’est là qu’est l’intérêt dramatique du beau poème de M. […] Il ne faut pas chercher à comparer cette œuvre dramatique au beau poème de Victor Hugo sur le même sujet ; le maître est le maître ; mais un sentiment vrai appartient à tous, et cette pensée du pardon pour Caïn est aussi personnelle à M. […] Parodi sont respectables et admirables, son « exécution » est bien insuffisante ; et s’il possède incontestablement le don dramatique, il en usa parfois avec une maladresse déconcertante… Il me faut parler de ce qu’il y a de plus fâcheux dans la Reine Juana : du style.
Le comédien est beaucoup plus important que l’auteur dramatique. […] Je suis critique dramatique. […] Leur jeunesse est lyrique, leur maturité est épique ou romanesque — c’est la même chose, leur âge critique est dramatique. […] Et maintenant il est dramatique, c’est peut-être bien qu’il est en train de finir, si Bovet a raison. […] Dumas, Augier, Sardou, Pailleron : voilà des auteurs dramatiques qui étaient de bien plats et de bien piètres écrivains !
Ce fut vers 1450 que ce nom passa aux représentations dramatiques. […] Il est très frappant que la Confrérie de la Passion n’ait servi de rien au progrès de la poésie dramatique. […] Elle donnait des représentations dramatiques, non sans obstacle toujours ni sans péril. […] Ceux-ci étaient gouvernés par le Prince des Sots, au-dessous de qui venait Mère Sotte chargée d’organiser les représentations dramatiques. […] Le principe générateur de la sottie pouvait être fécond : mais il eût fallu plus que le génie dramatique, il eût fallu le génie de la poésie symbolique et lyrique pour en tirer des chefs-d’œuvre.
— Casimir Delavigne aurait pu, pendant des années, se borner à cette réponse envers ceux qui auraient cherché querelle à ses premières œuvres dramatiques. […] A relire plus froidement aujourd’hui cette première moitié de son théâtre, on pourrait remarquer que, s’il se montre évidemment de la postérité de Racine par les soins achevés du style, il tiendrait plutôt de l’école dramatique de Voltaire par certaines préoccupations philosophiques et certaines allusions aux circonstances. […] L’École des vieillards fut un grand moment dans les fastes dramatiques d’alors. […] L’intérêt dramatique, qui animait l’œuvre au gré de la foule, vient assez confirmer ce jugement. […] A partir de 1828, un temps d’arrêt se présente : il se trouve en face de générations plus inquiètes, plus enhardies, qui se mettent à contester et qui réclament dans les conceptions dramatiques, et même dans le style, certaines conditions nouvelles, plus historiques, plus naturelles, que sais-je ?
Il a fait des pamphlets dramatiques qui donnaient à croire qu’il aspirait à la gloire d’un Aristophane du boulevard. […] La donnée du conte est très dramatique. […] Rarement récit romanesque a eu la bonne fortune d’une aussi dramatique ouverture. […] C’est dans cette puissance dramatique que consiste la principale valeur de Fromont jeune. […] Personne parmi les écrivains dramatiques contemporains n’a mieux démêlé que M.
Je devais toucher, en passant, à ce problème d’esthétique ; il importait de constater que la vision dramatique, à elle seule, ne suffit pas pour qu’on fasse œuvre d’art. […] Cette période troublée, où une civilisation meurt en enfantant un monde nouveau, est nécessairement dramatique. […] L’un des éléments fait obstacle à l’autre, si le poète n’intervient sans cesse pour dégager le sens du spectacle : et l’on a ainsi un poème épico-lyrique plutôt que dramatique » (Lanson). […] De tous les auteurs dramatiques, deux seuls nous intéressent, mais ceux-là sont considérables : Augier et Dumas fils. […] On sauverait ainsi l’unité d’impression lyrique ; et, ne sortant pas du rêve, de la féérie, on rendrait en même temps les états d’âme dramatiques.
Des personnes impartiales pourront nous dire : « On vous accorde que le christianisme a fourni, quant aux hommes, une partie dramatique qui manquait à la mythologie ; que de plus il a produit la véritable poésie descriptive. […] Mais à présent, si vous êtes de bonne foi, vous devez convenir que les divinités du paganisme, lorsqu’elles agissent directement et pour elles-mêmes, sont plus poétiques et plus dramatiques que les divinités chrétiennes. » On pourrait en juger ainsi à la première vue. […] On serait donc porté à croire qu’ils fournissent plus de ressources à la poésie que les divinités incorporelles et impassibles du christianisme ; mais en y regardant de plus près on trouve que cette supériorité dramatique se réduit à peu de chose. […] Ce n’est pas tout ; car si l’on voulait absolument que le Dieu des chrétiens fût un être impassible, on pourrait encore avoir des divinités passionnées aussi dramatiques et aussi méchantes que celles des anciens : l’Enfer rassemble toutes les passions des hommes.
La pièce abonde en morceaux de bravoure, en motifs spirituellement traités, en tirades brillantés ; mais tout y est en scène ; nous avons mis la main sur un auteur dramatique, sur un homme qui a le don. Et ce qui m’enchante plus encore, c’est que cet auteur dramatique est de veine française. […] L’inspiration poétique y est plus haute et moins égale, la facture dramatique plus vigoureuse et moins adroite. […] Et il y a ici plus de dramatique que dans le théâtre de Victor Hugo, si volontaire et si peu spontané. Cette force lyrique et dramatique ne se gouverne pas et va dans l’excès ; elle donne souvent sur ses deux écueils : le précieux caché et le facile des situations.
Sans doute, le lyrique se mêle souvent à l’épique, ou au dramatique, et il y a tout dans tout, mais il y a aussi un élément qui domine. […] Et Belli, le poète romain, a écrit plus de deux mille sonnets dialogués, dont la plupart sont vraiment dramatiques. […] La brièveté du temps est donc un idéal, dont ceux-là seuls se moquent qui ne savent pas s’en rapprocher, n’ayant pas la vision dramatique. […] la discussion a été féconde, et, après avoir bouleversé les « règles », les auteurs dramatiques ont retrouvé peu à peu les lois. […] Le roman peut aussi aboutir à une situation dramatique ; tout autres sont ses moyens, et tout autre la psychologie du lecteur.
Catulle Mendès a prise hier soir dans la littérature dramatique du Théâtre-Français ; mais, ma foi, cela semblait presque celle d’un petit Dauphin… qui grandira et qui sera peut-être un jour, qui sait ? […] Catulle Mendès appartient à une école qui prétend renouveler l’art dramatique, qui affiche le mépris des anciennes conventions et ne tient nul compte des critiques. […] [La Revue d’art dramatique (1898).] […] Selon le mouvement du drame, le vers jaillit violent tour à tour ou badin, ou sensuel, ou dramatique, ou cruel, ou familier, ou légendaire. […] Aussi bien Fiammette n’est-il pas tout à fait un drame ; c’est un jeu, un « conte dramatique », mais ce jeu est « prenant », on s’y passionne mieux qu’aux mélos dûment machinés.
Mais voyez comme sa matière dramatique, ainsi réduite, il la dispose et il la distribue ; voyez comme son étoffe dramatique ainsi rognée, il la mesure et il la débite. […] J’ai dit, paraît-il, que ce n’est qu’un « portrait dramatique ». […] Jamais on n’a appelé action dramatique une évolution de caractère. On appelle action dramatique une succession de faits menant une situation dramatique d’un certain point à un autre. […] On appelle action dramatique une succession de faits menant une situation dramatique d’un point à un autre. » Excellente définition, Monsieur.
Dans ces cas, les motifs dramatiques remplacent les motifs propres au milieu. […] Quand il est chanté seul, il est symbolique et non dramatique. […] Évocation dramatique du Gral. […] Ils caractérisent le côté positif de la formule symbolique ABCDE ; plutôt symboliques, extra-humains, que dramatiques. […] Il est comme l’intervention dramatique du motif B.
il faut être savant pour être critique dramatique !) […] Le cinquième est plus théâtral, et, du reste, très dramatique ; mais le quatrième est plus réellement dramatique encore. […] Son vrai nom, c’est roman dramatique. […] Rocafort. — Les Questions de littérature dramatique dans l’Encyclopédie. […] Sarcey me disait, vers 1888 : « Quels critiques dramatiques lisez-vous ?
Je ne crois point qu’une action allegorique soit un sujet propre pour les poëmes dramatiques, dont le but est de nous toucher par l’imitation des passions humaines. […] Je crois donc qu’il en faut abandonner l’usage aux poëtes qui racontent, et qu’elle ne doit point être emploïée par les poëtes dramatiques. […] C’est donc principalement aux poëtes dramatiques qu’on peut dire avec Lactance. […] Les françois se sont mépris comme les autres sur la nature du drame, lorsqu’ils ont commencé à faire des pieces dramatiques qui meritassent d’avoir un nom.
la poésie, non dramatique s’entend, (car le public assemblé est presque la postérité) se trouve étrangement compromise entre les hommes à idées positives et la frivolité des salons. […] La France est la nation la plus dramatique de l’Europe. […] On ne peut nier l’immense révolution produite dans la littérature française par les historiens, les philosophes et les poètes de la nouvelle école ; pourquoi l’art dramatique n’aurait-il pas son tour ? […] Il est urgent qu’une tragédie de Shakespeare, prévienne le danger et empêche l’opinion de s’égarer soit en bien soit en mal sur le grand procès dramatique. […] J’ai conservé la forme lyrique des romances, en ayant soin de varier continuellement les rhythmes comme les tons ; et j’ai tâché de coordonner tous ces matériaux de manière à présenter un intérêt suivi, une espèce d’action dramatique ayant son exposition, son nœud et sa catastrophe.
On lit dans Le Moniteur de cette date : La Commission des primes à décerner aux ouvrages dramatiques était composée, cette année, de MM. […] Voici le rapport adressé à M. le ministre d’État et de la Maison de l’empereur : « Monsieur le ministre, La commission que Votre Excellence a chargée de désigner, parmi les ouvrages dramatiques envoyés au concours et représentés dans le courant de l’année 1855, ceux qui lui paraîtraient mériter les primes instituées par l’arrêté ministériel du 12 octobre 1851, a l’honneur de vous soumettre le résultat de son travail et le résumé de ses délibérations. […] Après s’être occupé quelque temps, et non sans trouver à y louer de deux pièces, l’une80 d’une exécution assez vigoureuse, atteignant à des effets dramatiques assez émouvants, mais trop pénible de combinaison et d’une moralité un peu forcée ; l’autre81 délicate et gracieuse, toute morale d’intention sans doute, mais bien légère de tissu et d’un dessin trop arrangé, la commission s’est sentie particulièrement attirée vers un ouvrage qui lui était signalé par un succès vif, dû à un agréable entrain, à une facilité de bonne veine, à beaucoup de gaieté et de naturel, qualités excellentes et qui deviennent rares. […] Le ministre, homme de bien, qui a laissé une mémoire si honorée8, en recommandant expressément aux auteurs dramatiques, à la date de 1851, une direction morale formelle et un enseignement d’une utilité presque directe, portait secours là où il y avait encore danger ; il cherchait à proportionner le contrepoids à la force de l’entraînement qui avait précipité les esprits en sens contraire. […] Aujourd’hui que, selon une expression mémorable, la pyramide a été retournée et replacée dans son vrai sens, quand la société est remise sur sa large base et dans son stable équilibre, ne serait-il pas plus simple, dans cet ordre aussi de récompenses dramatiques, de rendre aux choses leur vrai nom, d’encourager ce qui a toujours été la gloire de l’esprit aux grandes époques, ce qui est à la fois la morale et l’art, c’est-à-dire l’Art même dans sa plus haute expression, l’Art élevé, sous ses diverses formes, la tragédie ou le drame en vers, la haute comédie dans toute sa mâle vigueur et sa franchise ?
Or, chez nous aussi ils tendent à le devenir, comme en Italie, et la critique dramatique tout entière, par le ton qu’elle prend en parlant du moindre comédien, pousse à ce lamentable résultat. […] Mais comment pourrait-on caractériser de manière à en donner l’idée la critique du feuilleton dramatique, non seulement en ce qui regarde les pièces, mais en ce qui regarde le comédien et la comédienne, ces demi-dieux auxquels on rend le plus bouffon des cultes, dans son sérieux et dans sa bonne foi ? […] Chaque fois qu’une maison jusque-là chastement fermée s’érige publiquement en petit théâtre, il n’y a pas que la préoccupation dramatique, l’imitation des comédiens à distance, l’étude futile du rôle ou du costume, qui en passent le seuil. […] nous ne sommes pas les ennemis de la littérature dramatique. Nous pensons qu’en les dirigeant, qu’en exerçant sur eux la haute main qu’ils doivent toujours sentir, invisible et présente, sur leur tête, les théâtres peuvent servir à mieux qu’à l’amusement, c’est-à-dire à l’éducation des peuples ; seulement, ici, oserait-on vraiment nous opposer la littérature dramatique ?
Le génie dramatique, et celui de Molière en particulier, a cela de merveilleux que le procédé en est tout différent et plus complexe. […] Mais une distinction essentielle est à faire, et l’on ne saurait trop la méditer parce qu’elle touche au fond même du génie dramatique. […] La Fontaine, qui en avait de naïves effusions, y associait une remarquable faculté dramatique qu’il mit si bien en jeu dans ses fables. […] C’est dans la récidive, dans la production facile et infatigable, que se déclare le don dramatique. Tous les grands dramatiques, quelques-uns même fabuleux en cela, ont montré cette fertilité primitive de génie, une fécondité digne des patriarches.
N’allez point l’appeler, par mégarde, un éminent écrivain60 : « c’était un des hommes les plus fertiles en expédients dramatiques » Tel qu’il était, il n’est pas remplacé. Qui donc s’avise de tenir lieu aujourd’hui de ce pourvoyeur dramatique universel ? […] Théâtre, poésie et création dramatiques sous toutes les formes. […] Poésie lyrique, épique, didactique, etc., en un mot tout ce qui n’est pas poésie dramatique. […] Scribe, que l’embarras du choix parmi les auteurs dramatiques, sans aller y mêler des écrivains purement critiques ; l’Académie regorge déjà de critiques.
Ces mémoires d’un dilettante d’art dramatique sont tout à fait attachants. […] Arréat ne prouve guère que l’idéal moral soit plus élevé dans la littérature dramatique moderne que dans la littérature dramatique la plus ancienne, en revanche il prouve abondamment que le problème moral est le fond même de toute la littérature dramatique. […] Toute conception dramatique, comme a très bien dit M. […] Voyez… D’abord Racine vous prévient que le rôle d’Antiochus est dramatique, essentiellement dramatique. […] Quand on est né poète dramatique, on n’abandonne jamais le drame.
Delavigne avec les poètes dramatiques de la France et de l’Angleterre. […] L’art dramatique est donc aujourd’hui entre les mains de MM. […] Quels sont les éléments de la poésie dramatique ? […] Voyons maintenant quelle est la division naturelle des formes dramatiques. […] Je ne crois pas que le chœur signifie nécessairement l’enfance de l’art dramatique.
On sçait bien que les anciens n’avoient point de pieces dramatiques en prose : elles étoient toutes écrites en vers. […] Personne n’ignore qu’en plusieurs occasions les anciens emploïoient dans leurs pieces dramatiques des vers de differentes figures. […] Pour être surpris de ce que dit Aristote sur l’importance de la melopée, il faudroit n’avoir jamais vû representer des tragedies, et pour être étonné qu’il charge le poëte de la composition de la melodie, il faudroit avoir oublié ce que nous avons remarqué, et promis de prouver, comme nous le ferons ci-dessous, sçavoir, que les poëtes grecs composoient eux-mêmes la déclamation de leurs pieces, au lieu que les poëtes romains se déchargeoient de ce travail sur les artisans, qui, n’étant ni auteurs ni comediens, faisoient profession de mettre au théatre les ouvrages dramatiques. […] Ovide qui étoit un poëte latin, et qui par conséquent ne composoit pas lui-même la déclamation de ses pieces dramatiques, dit dans une même phrase où il parle d’un de ses ouvrages qu’on representoit sur le théatre avec succès, notre carmen et mes vers. […] De-là principalement est venuë l’erreur qui leur a fait croire que le chant des pieces dramatiques des anciens étoit un chant proprement dit, parce que les auteurs anciens se servent ordinairement des termes de chant et de chanter, lorsqu’il parlent de l’execution de ces pieces.
L’histoire littéraire nous en donne une éclatante confirmation : au lieu d’une période de lente élaboration (dramatique), Pétrarque s’élance d’un bond dans un monde nouveau. […] Au théâtre nous avons les « formes » régulières de la tragédie et de la comédie, mais pas de vie dramatique, sauf quelques exceptions dans la comédie. […] Le Giorno de Parini n’est épique que dans sa forme extérieure ; la satire en est d’esprit nettement dramatique ; et c’est par le théâtre qu’Alfieri prêche à son peuple un pur idéal et que Goldoni lui montre les turpitudes de l’esclavage. […] Aujourd’hui enfin nous avons la période dramatique. […] Mais d’autre part l’Italie participe à la crise sociale, intellectuelle et morale que notre civilisation traverse en ce moment et dont l’expression littéraire est surtout dramatique ; elle est soumise ainsi à des influences qui sont en conflit avec le développement national.
Mais la Lucrèce de Roscoe, qui est la vraie Lucrèce, n’avait pas le fumet dramatique de l’autre Lucrèce, la Lucrèce de la calomnie ; et ce qu’il fallait au poète dramatique, c’était une Lucrèce faisandée, — une Lucrèce qui eût du fumet… Lut-il Roscoe ? […] la question n’était pas là pour lui… Rien de la vérité ne pourrait arrêter un homme qui a dans le ventre la fringale de l’applaudissement, la fureur dramatique… Ah ! […] et voilà même pourquoi l’art dramatique est, au fond, un art si inférieur, malgré l’éclat qu’il jette. Il y a plus ou moins, dans tout poète dramatique, je ne dis pas un cabotin, mais je ne sais quoi de cabotin qui préfère l’applaudissement à la vérité. […] Mais Victor Hugo, qui doit tenir à son scélérat d’Alexandre VI et à toutes ses petites exploitations dramatiques, Hugo y répondra-t-il ?
Après avoir composé le meilleur Livre que nous ayons sur les principes de l’Art dramatique, il prouva par sa Tragédie de Zénobie, que ce n’est pas tout d’être instruit, qu’il faut encore avoir le talent de réduire les instructions en pratique. […] La Menardiere, qui, dans sa Poétique, avoit traité avant lui de l’Art dramatique, n’a fait que commenter ce qu’Aristote & Castelvetro ont écrit sur le même sujet. Il parle à la vérité fort au long de l’Art du Théatre, de l’origine du Drame, de ses especes, des trois unités, des caracteres, des mœurs, des bienséances ; mais ce n’est pas là ce dont on avoit besoin : Aristote & ses Commentateurs avoient assez détaillé ces différentes parties de la Poésie dramatique.
Le dégoût qu’inspiraient certains excès dramatiques récents fut pour beaucoup dans la joie et la vivacité de cette reprise. […] Quant à l’œuvre dramatique, pour tous ceux qui veulent tenir compte de ce qu’était et de ce que devait être une tragédie avant que les moules fussent brisés, même une tragédie en voie de renouvellement, elle a fait tête à la reprise. […] L’art dramatique postérieur, qui fait peut-être fi de tout cela maintenant, aura-t-il donc de loin des témoignages si imposants à offrir dans cet inventaire final qui réduit tant d’œuvres ? […] Il en résulte qu’entre l’ancien art dramatique et le nouveau il n’y a pas eu de pont et qu’on n’a point passé. […] M. de Barante publia les OEuvres dramatiques de Schiller l’année suivante.
Son premier ouvrage, la Ciguë, mignonne saynète, écho d’Athènes répercuté sous les colonnades de l’Odéon, n’annonçait ni un moraliste ni un grand auteur dramatique. […] Poirier prouvent avec éclat que le poète a compris la portée de la révolution dramatique que vient d’accomplir M. […] Mais elle admirera comme nous la puissance dramatique, la sincérité d’exécution, la probité littéraire, la fermeté et la pureté de la forme du grand auteur dramatique et de l’homme de bien qui vient de mourir. […] La vérité était qu’il gênait les romantiques, car ils sentaient en lui un adversaire redoutable, un auteur dramatique qui renouait la tradition française par-dessus l’insurrection de 1830. […] Cela ne l’empêcha pas de compter parmi ses plus solides amis Théophile Gautier, qui domina la critique dramatique précisément pendant la période de floraison d’Émile Augier.
La vocation dramatique de M. […] L’auteur a été habile, il a fait accepter au public sa substitution, dirai-je sa rallonge dramatique : on a pris le change, il a donc eu raison. […] Il ne laisse pas d’être singulier qu’on en soit venu, sans s’en douter, à ce point que, pour juger de la vraisemblance d’une œuvre dramatique, il faille presque approfondir un cas de médecine légale : je saute dessus ; le public a fait de même. […] A mesure que le serment politique perd de sa valeur, le serment dramatique gagne en inviolabilité ; c’est ainsi que la littérature exprime souvent la société, par le revers : on fait des bergeries au siècle de Fontenelle ; on immole sur le théâtre son bonheur à la lettre d’un serment, dans le siècle où la parole d’honneur court les rues et où on lève la main sans rien croire. […] que le rôle serait beau pour un auteur dramatique qui le comprendrait et qui aurait en lui la veine !
Le spectateur est un spectateur après coup ; l’auteur dramatique est un spectateur préalable ; sans quoi il n’est pas né auteur dramatique. — Mais pour la même raison, il faut, en quelque sorte, que cette œuvre ait une unité assez forte. […] Il n’était rien qui ne lui fût souverain bien, en tant qu’auteur dramatique. […] On a oublié, comme il était assez naturel, George Sand critique littéraire et critique dramatique. […] Ensuite, oui, George Sand critique et même critique dramatique est loin d’être à dédaigner. […] Je ne vois que Jules Lemaître, avec son extraordinaire souplesse, qui ait été aussi bon comme critique dramatique que comme critique littéraire ; et encore, remarquez bien qu’en tant que critique dramatique, il a été plutôt moraliste infiniment pénétrant et délié que critique dramatique proprement dit.
Division dramatique. […] C’est, dans le poème dramatique, un discours qui précède la pièce, et dans lequel on introduit, tantôt un seul acteur, et tantôt plusieurs interlocuteurs. […] Les prologues des pièces anglaises roulent presque toujours sur l’apologie de l’auteur dramatique dont on va jouer la pièce ; l’usage du prologue est, sur le théâtre anglais, beaucoup plus ancien que celui de l’épilogue. […] Récit dramatique. […] C’est la Menardière qui, dans sa Poétique, a donné à ces discours le nom d’aparté, qui a passé dans la langue dramatique.
Weiss, même si l’on s’en tient à sa critique dramatique. […] Weiss, la faiblesse de préférer Esther à Athalie. » — L’usage est de répéter que l’action dramatique manque un peu dans Bérénice. « Il y a au contraire un drame, le plus douloureux, le plus fier, le plus délicat des drames. […] Weiss a très souvent des paroles amères sur la morgue des administrations et sur les sottises des concours et de l’avancement. ) Cette prédilection si décidée pour la poésie dramatique du XVIIIe siècle implique naturellement une profonde antipathie pour son contraire. […] VI C’est surtout ce je ne sais quoi que j’ai poursuivi à travers ses feuilletons dramatiques. […] Calmann Lévy) Chroniques dramatiques à la Revue politique et littéraire et au Journal des Débats (1882-1885).
— Revue d’Art dramatique. […] Revue d’Art dramatique. — Teintes du Nord, id. […] Ginisty : Les 36 situations dramatiques, Gil Blas, 23 nov. […] Dumur : Littérature dramatique. […] de la Revue d’Art dramatique, 1903, in-18. — Émile Faguet, essai, E.
Si donc Goethe et Tieck ont eu tort de chercher dans l’acte poétique, pris en lui-même, un élément dramatique, M. […] Bulwer, en écrivant sa pièce, ne s’est proposé que la construction vulgaire d’une machine dramatique. […] Il a touché le but qu’il se proposait ; il a prouvé à ses détracteurs son aptitude dramatique ; sa tâche est accomplie. […] Bulwer a dû faire pressentir l’action dramatique ; aussi nous suffira-t-il de la résumer rapidement. […] En rappelant que, dans tout poème dramatique, le personnage principal doit servir de pivot à l’action.
J’ai allegué déja les opera de Quinault, et je pense en avoir dit assez pour faire convenir du moins intérieurement ceux de nos poëtes dramatiques dont les pieces n’ont pas réussi, que le public ne proscrit que les mauvais ouvrages. […] Pour Euripide, les meilleurs poëtes dramatiques de la Grece furent ses contemporains, et ce sont leurs pieces, qui probablement ont gagné le prix contre les siennes. On a donc tort de mettre Euripide et Menandre à la tête des poëtes dédaignez par les spectateurs, afin de consoler par l’égalité des destinées ceux de nos auteurs dramatiques, sur les ouvrages desquels le public s’explique quelquefois hautement et désagréablement. […] Le public ne s’assemble point parmi nous pour juger des poëmes qui ne sont pas dramatiques comme il s’assembloit chez les anciens.
I Les grands poëtes, les poëtes de génie, indépendamment des genres, et sans faire acception de leur nature lyrique, épique ou dramatique, peuvent se rapporter à deux familles glorieuses qui, depuis bien des siècles, s’entremêlent et se détrônent tour à tour, se disputent la prééminence en renommée, et entre lesquelles, selon les temps, l’admiration des hommes s’est inégalement répartie. […] Jusque-là, Racine n’avait trouvé sur sa route que des protecteurs et des amis ; son premier succès dramatique éveilla l’envie, et, dès ce moment, sa carrière fut semée d’embarras et de dégoûts, dont sa sensibilité irritable faillit plus d’une fois s’aigrir ou se décourager. […] Britannicus, Phèdre, Athalie, tragédie romaine, grecque et biblique, ce sont là les trois grands titres dramatiques de Racine et sous lesquels viennent se ranger ses autres chefs-d’œuvre. […] Tout ceci nous conduirait, si nous l’osions, à conclure avec Corneille que Racine avait un bien plus grand talent pour la poésie en général que pour le théâtre en particulier, et à soupçonner que, s’il fut dramatique en son temps, c’est que son temps n’était qu’à cette mesure de dramatique ; mais que probablement, s’il avait vécu de nos jours, son génie se serait de préférence ouvert une autre voie. […] Esther, avec ses douceurs charmantes et ses aimables peintures, Esther, moins dramatique qu’Athalie, et qui vise moins haut, me semble plus complète en soi, et ne laisser rien à désirer.
C’est à cette place que l’on situerait par exemple, chez Corneille ou Victor Hugo, les discours sur le poème dramatique, ou William Shakespeare . […] Aussi le vers libre ne peut-il s’imposer, gagner l’oreille, que par le théâtre : il sera dramatique ou il ne sera pas. […] On sait même à quel point les nécessités du théâtre ont influé sur la technique du vers, puisque le romantisme revendiqua d’abord le vers brisé comme un moyen nécessaire d’expression dramatique. […] Timidité dans l’emploi d’un instrument nouveau, timidité devant la vie, à laquelle il ne suffit pas de mettre une majuscule, rétraction du poète sur lui, persistance à se contempler et à se dire, hésitation à engager la poésie dans les rets des ficelles dramatiques usuelles, que sais-je ? Je ne compte pas les obstacles matériels : quand on est gros d’un chef-d’œuvre dramatique, on l’écrit sans se demander s’il sera joué.
Les romains en parlant de leurs poësies dramatiques ont confondu quelquefois le genre avec l’espece. […] La poësie dramatique des romains se divisoit d’abord en trois genres qui se subdivisoient en plusieurs especes. […] Je ne parle point des comedies heroïques de Moliere, parce qu’il songea moins en les écrivant à faire des comedies, qu’à composer des pieces dramatiques qui pussent servir de liaison aux divertissemens destinez à former ces spectacles magnifiques que Louis XIV encore jeune donnoit à sa cour, et dont la memoire s’est conservée dans les païs étrangers autant que celle de ses conquêtes. […] Nos premiers faiseurs d’opera se sont égarez, ainsi que nos poëtes comiques, pour avoir imité trop servilement les opera des italiens de qui nous empruntions ce genre de spectacle, sans faire attention que le goût des françois aïant été élevé par les tragedies de Corneille et de Racine, ainsi que par les comedies de Moliere, il exigeoit plus de vrai-semblance, qu’il demandoit plus de regularité et plus de dignité dans les poëmes dramatiques, qu’on n’en exige au-delà des Alpes.
On sait, messieurs, que les temps sont loin où l’auteur dramatique était aux gages de la troupe et du directeur, et confectionnait une pièce de théâtre pour un écu. […] Scribe, a été de nos jours le promoteur et l’âme de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, s’entendant pour exercer leurs droits, pour faire valoir leurs intérêts. […] La loi du 13 janvier 1791 défend de jouer sur un théâtre public une pièce dramatique ou lyrique sans le consentement de l’auteur (ou des auteurs).
Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques Nous avons déjà montré qu’antérieurement à Homère il y avait eu trois âges de poètes : celui des poètes théologiens, dans les chants desquels les fables étaient encore des histoires véritables et d’un caractère sévère ; celui des poètes héroïques, qui altérèrent et corrompirent ces fables ; enfin l’âge d’Homère, qui les reçut altérées et corrompues. Maintenant la même critique métaphysique peut, en nous montrant la cours d’idées que suivirent les anciens peuples, jeter un jour tout nouveau sur l’histoire des poètes dramatiques et lyriques. […] Dans la satire dramatique, on voyait paraître, selon Horace, divers genres de personnages, héros et dieux, rois et artisans, enfin esclaves.
Or, c’est surtout à cette multitude anglaise que l’art dramatique doit le maintien des bonnes et naturelles traditions théâtrales : car n’ayez peur qu’elle tolère des productions qui dépasseraient la portée de son intelligence, des beautés dont elle ne se sentirait pas immédiatement frappée. […] C’est en effet en observant religieusement ces règles antiques, et en joignant aux grâces qui en dérivent, plus d’habileté dans la composition dramatique et dans la peinture des passions, que Racine et Voltaire ont assuré la prééminence du théâtre français. […] Un poème épique, et à plus forte raison une tragédie, n’est pas un livre d’histoire : il s’agit de recueillir dans les annales ce qui est dramatique, et de rendre tel ce qui ne l’est pas de soi-même. […] Une fête qui sert de prélude à une catastrophe en accroît l’effet dramatique, et ce contraste dispose les spectateurs à une mélancolie plus douce, à une terreur plus pénétrante. […] Rien d’indécent n’est dramatique ; et quand nos voisins nous offrent de pareils exemples, l’unique progrès que nous ayons à faire est d’en sentir de plus en plus l’inconvenance et l’ignoble difformité.
En effet, l’action dramatique tout entière se concentre autour de sa personne, et en dehors d’elle il n’y a qu’Ortrud, sa rivale, qui soit vivante ; Lohengrin n’est guère qu’un spectateur. […] L’invention mélodique dans Lohengrin est, en grande partie, celle de la mélodie absolue (III, 311 ; IV, 212), se rapprochant de la mélodie italienne et contraire au principe du motif musical dramatique ; ces formes peuvent se produire comme épisodes, — tels le chant d’amour de Siegmund, les adieux de Wotan, — elles ne sauraient servir de charpente à une construction symphonique, Wagner l’a démontré. […] Nous publierons des études sur la vie, les drames, le système musical et dramatique de Wagner. […] Précisons encore qu’il ne s’agit que d’une expression poétique et que les créations dramatiques, romanesques ou musicales sont encore attendues. […] La Revue se donne pour programme de présenter des études sur la vie, les drames, le « système dramatique et musical » mais aussi sur le wagnérisme à l’étranger.
… … Pourquoi ne construirait-on pas dans une ville de plaisance comme Aix-les-Bains, une salle spéciale où l’on donnerait en été des représentations de l’oeuvre dramatique de Victor Hugo. […] C’est seulement dix ans après, dans Richard, que Grétry nous offre l’exemple, sinon le plus artistique et le plus profondément dramatique, du moins le plus curieux et le plus logiquement intentionné du motif-conducteur avant Weber et Wagner. […] Mais c’est au grand Cari Maria que revient de droit la première place véritablement artistique dans l’histoire du motif de réminiscence dans la musique dramatique. […] Mais c’est deux ans plus tard, dans Euryanthe, cette œuvre de génie dont descendront Meyerbeer et Wagner, que le motif réminiscence s’épanouit avec une intensité dramatique et une puissance poétique qui lui avaient manqué jusque-là. […] André Suarès, dans son Wagner (Paris, revue d’art dramatique, 1899) met aussi en cause cet aspect mondain du voyage à Bayreuth dans une description très critique et acerbe.
de quel poids l’ambition de faire autrement que Voltaire sur la conception dramatique d’Hugo ? […] Il a raison, lorsqu’il dit qu’il n’y a « ni moralité ni intérêt dramatique au théâtre, sans un secret rapport du sujet dramatique à nous ». […] La révolution dramatique. — Peinture de la passion […] C’est de la poésie « dramatique » ce n’est pas de la poésie « lyrique ». […] Car il en résulte une absence entière d’intérêt dramatique.
Influence du christianisme sur l’art dramatique. — Parenté de la tragédie moderne avec la comédie. — VI. […] La vertu romaine, virtus romana, était contraire au développement de l’art dramatique, autant que la vertu grecque l’αρετή des héros y avait été favorable. […] Car il n’y a que ces deux moments principaux de l’action qui puissent, dans la division de la poésie dramatique, s’opposer l’un à l’autre comme genres différents. […] Nous pouvons négliger ces commencements de l’art dramatique que nous rencontrons en Orient. Le mode tout entier de cette civilisation n’a pas permis un véritable développement de la poésie dramatique.
La musique pour Wagner, est un moyen, non une fin ; la fin est l’expression dramatique. […] Cette œuvre sera la musique, mais soutenue par le poème dramatique qui dira le « Pourquoi ? […] Leur but doit être le style, qui consiste dans l’expression parfaite et dans l’union libre des tendances musicale et dramatique. […] Au défaut de la gloire musicale, la gloire d’avoir enrichi la machinerie dramatique n’a-t-elle point ses charmes ? […] Après une analyse de la pièce, il exprime plusieurs réserves sur la conception dramatique musicale de Wagner.
Dumas fils sa Dame aux Camélias (1852) : non point la comédie classique, joyeuse et générale, mais une comédie dramatique, enveloppant quelque thèse morale dans une peinture exacte des mœurs contemporaines, une comédie émouvante et réaliste, qu’influençait fortement le voisinage du roman de Balzac. […] Les caractères sont d’un relief remarquable, d’une analyse un peu sommaire, mais bien vivants et dramatiques en leurs énergiques raccourcis. […] Une construction très solide, qui fait ressortir la thèse, qui dresse les situations comme des arguments et nécessite le dénouement par une pressante logique, un dialogue éclatant d’esprit, trop ingénieux parfois et trop pétillant, mais d’une singulière précision dramatique, d’incroyables tours d’adresse pour éviter les difficultés en paraissant les aborder de front, autant de romanesque qu’il en faut pour amorcer ou désarmer le public, des brutalités voulues et mesurées, et, par un contraste piquant, les plus rigides conclusions préparées par les plus scabreuses situations ; au milieu de tout cela, des coins de scènes qui donnent la sensation immédiate de la vie, des parties de caractères, qui éclairent fortement certaines profondeurs de l’âme contemporaine : voilà l’impression mêlée et puissante que donnent les comédies de M. […] Parfois, en dépit du très habile emploi de tous les ressorts dramatiques, on croit n’avoir pas devant soi une image de la vie : l’abstraction l’emporte, et la pièce s’écoute, en dépit des acteurs, comme un dialogue moral ; l’accent de l’auteur domine dans toutes les voix des personnages.
N’y a-t-il pas dans cette fable dramatique une naïveté charmante ? […] C’est dégrader à plaisir l’intérêt dramatique. […] L’art dramatique aux mains de M. […] Hugo, à sa théorie de la poésie dramatique. […] De la réforme dramatique.
Deux choses que souvent l’on confond, le théâtral et le dramatique : le théâtral frappe les yeux, les sens ; le dramatique saisit l’âme et le cœur. […] Cette scène encore, posée tout d’abord en tableau, est à la fois très théâtrale et très dramatique. […] Puis il arbore les règles dramatiques, Aristote, Horace, Heinsius, et autres. […] Les beautés appartiennent au poète ; les défauts, au système dramatique. […] A l’occasion de ce mariage, on donne des fêtes et une représentation dramatique.
Section 11, les romains partageoient souvent la déclamation théatrale entre deux acteurs, dont l’un prononçoit tandis que l’autre faisoit des gestes La déclamation de plusieurs scénes des pieces dramatiques étoit souvent partagée entre deux acteurs. […] C’étoit alors la coutume que les poëtes dramatiques montassent eux-mêmes sur le théatre pour y réciter dans leurs ouvrages. […] On fera refléxion que ces endroits d’une piece dramatique que les anciens appelloient des cantiques, sont ordinairement les endroits les plus passionnez, parce que l’acteur qui se croit dans une entiere liberté, y donne l’effort à ses sentimens les plus secrets et les plus impétueux qu’il contraint ou qu’il déguise dans les autres scénes.
Or, La Fontaine n’est pas toujours doué au point de vue dramatique, il s’en faut ! […] Sa pièce n’est pas, à la vérité, dramatique, mais elle est toujours en scène, et même là où il n’y a pas lieu d’en faire un plus grand éloge. […] Elle devrait être composée de plusieurs éléments bien reliés les uns aux autres selon les lois de l’art dramatique. […] Galatée est en somme assez fade et de peu d’intérêt dramatique, et même au point de vue des vers elle n’est pas extrêmement remarquable. […] Il n’avait pas le vrai talent dramatique, il n’avait pas surtout le talent dramatique que l’on exigeait à cette époque.
Les temps primitifs sont lyriques, les temps antiques sont épiques, les temps modernes sont dramatiques. […] Les rapsodes marquent la transition des poètes lyriques aux poëtes épiques, comme les romanciers des poètes épiques aux poètes dramatiques. […] On sent dans tous les poëmes homériques un reste de poésie lyrique et un commencement de poésie dramatique. […] Notre époque, dramatique ayant tout, est par cela même éminemment lyrique. […] Au demeurant, prosateur ou versificateur, le premier, l’indispensable mérite d’un écrivain dramatique, c’est la correction.
Ce que la foule demande presque exclusivement à l’œuvre dramatique, c’est de l’action ; ce que les femmes y veulent avant tout, c’est de la passion ; ce qu’y cherchent plus spécialement les penseurs, ce sont des caractères. […] Les femmes, l’action intéresse d’ailleurs, sont si absorbées par les développements de la passion, qu’elles se préoccupent peu du dessin des caractères ; quant aux penseurs, ils ont un tel goût de voir des caractères, c’est-à-dire des hommes, vivre sur la scène, que, tout en accueillant volontiers la passion comme incident naturel dans l’œuvre dramatique, ils en viennent presque à y être importunés par l’action. […] Le sujet philosophique de Ruy Blas, c’est le peuple aspirant aux régions élevées ; le sujet humain, c’est un homme qui aime une femme ; le sujet dramatique, c’est un laquais qui aime une reine. La foule qui se presse chaque soir devant cette œuvre, parce qu’en France jamais l’attention publique n’a fait défaut aux tentatives de l’esprit, quelles qu’elles soient d’ailleurs, la foule, disons-nous, ne voit dans Ruy Blas que ce dernier sujet, le sujet dramatique, le laquais ; et elle a raison.
Du reste, nous n’avons pas à juger ici l’écrivain dramatique. […] … Telle est la question que nous ne craignons pas de poser devant sa jeune gloire… Comme les diverses manifestations de l’esprit n’en changent jamais la nature, la place d’Augier dans la poésie lyrique et élégiaque nous semble devoir être identiquement la même que dans la poésie dramatique, — moins les retentissements d’un succès, toujours plus sonores à la scène qu’ailleurs ! […] … Sa Madame de Montarcy, qu’il n’est pas plus dans nos attributions de juger que le théâtre d’Augier, est une imitation de la manière dramatique de Victor Hugo, comme son poème de Melænis 19 une imitation de Musset (encore Musset !) […] dont l’amant se fait gladiateur et se trouve en face d’un inceste quand il s’agit d’épouser la femme qu’il aime… Mais cette histoire, qui aurait pu être dramatique et touchante, surtout à l’heure où le christianisme, sortant comme une aurore des Catacombes, commençait de jeter, avec ses premiers rayons, dans les âmes, les troubles d’une vertu et d’une pudeur inconnus à cet effroyable monde romain qui finissait, cette histoire n’est pour Bouilhet qu’un prétexte : son vrai but, c’est de nous décrire le luxe inouï et les derniers excès d’une société dont les vices sont restés l’idéal du crime, et qui tombe, ivre-morte du sang dont elle a nourri ses murènes, sous la table de Lucullus.
Après cette grande peinture morale, vient la seconde des beautés supérieures de Shakespeare, l’effet dramatique. […] Il fallait un grand maître dans l’art dramatique comme Shakespeare pour répandre sur cinq actes tant de vie et de variété. […] On verra quel intérêt dramatique le poëte a ajouté à ce récit déjà intéressant. […] Le choix entre différentes versions est d’ailleurs le droit le moins contesté et le moins contestable des auteurs dramatiques. […] Le cinquième acte, il est vrai, est vide et froid, et les conversations qui le remplissent ont aussi peu de mérite poétique que d’intérêt dramatique.
. — Les Comédies philosophiques ; Poèmes dramatiques (1883). — Poèmes de la mort (1887). […] Paul Ginisty M. de Ronchaud, lui, a déjà à son acquit les Poèmes dramatiques.
Jules Barbier n’est point une aventure particulière, mais la tragique et sanglante et merveilleuse histoire de l’Église de Lyon dans la dix-septième année du règne de Marc-Antonin ; que son dessein est de nous peindre des phénomènes moraux collectifs, de nous montrer, dans tout un groupe de chrétiens, la contagion de la foi et de l’héroïsme, la sublime émulation et, proprement, l’ivresse du martyre ; et, si vous voulez, de donner une forme dramatique au dix-neuvième chapitre du Marc-Aurèle d’Ernest Renan. […] Barbier, et qui est destinée à faire un dramatique contraste avec le rôle prépondérant qu’elle joue dans la suite. […] Éphraïm et La Rode ne s’entendent pas plus mal que d’autres à « mouvoir les masses. » Si la pièce était représentée (et je ne vois pas pourquoi l’Odéon n’en tenterait pas l’épreuve), peut-être paraîtrait-elle au public intéressante, colorée, violemment dramatique, qui sait ? […] Si cela est peut-être discutable, cela est fort dramatique ; et très dramatique aussi, au dernier tableau, du haut de la terrasse de Néron, le saut des martyrs dans les flammes.
Son œuvre dramatique : la tragédie passionnée. […] Mme de Maintenon le ramena à la poésie dramatique : elle lui fit écrire Esther et Athalie pour les demoiselles de Saint-Cyr. […] Et cependant, par l’originalité de son génie, il a coulé dans la tragédie un esprit nouveau, il l’a modifiée intérieurement de telle sorte qu’il nous semble le créateur d’un système dramatique. […] Voilà comment la sensibilité se peint chez Racine non par des effusions lyriques, mais par des vibrations dramatiques ; et sa tragédie est une suite de coups de théâtre et de révolutions. […] Reste donc Bajazet, le seul sujet qui ait été choisi par Racine pour sa pure valeur dramatique et réaliste.
Cela est du plus bel art, et la musique s’y révèle si colorée, si parlante, — si dramatique par instants — que l’on rêve une trame poétique à cette étrange symphonie, et que l’on maudit une fois de plus le stupide aveuglement de certaines personnalités qui ferment à M. […] On peut y entendre uniquement des fragments, des morceaux choisis des œuvres du maître allemand, non pas des œuvres symphoniques, mais bel et bien des œuvres dramatiques, sans décor il est vrai, sans mimique, sans acteur, mais avec la musique et le chant. […] C’est pour eux une sorte de Berlioz, plus savant et plus dramatique, un successeur de Glück et de Beethoven. […] Voici le texte même : « Devant l’œuvre dramatique représentée, le rôle de la compréhension qui analyse n’a rien à fairer car, dans la perception, après qu’elle a atteint sa plus grande étendue, il s’établit un repos, qui nous amène sans effort (unwillkürlich) à la compréhension de la vie. […] Wagner veut en effet que l’œuvre dramatique se révèle à l’auditeur sans autre intermédiaire que les sens.
Delavigne ; les tableaux du peintre sont d’excellents sujets de tragédie pour le poète, et les tragédies du poète seraient d’excellents sujets de tableaux pour le peintre ; chez tous les deux, même exécution pénible et patiente, même couleur plombée et fatiguée, même recherche de la fausse correction et du faux dramatique. […] L’ensemble de ses compositions dramatiques, quoique dénué d’un vrai cachet d’originalité, demeure néanmoins individuel dans son laborieux éclectisme. […] J’ai trouvé que l’École des vieillards ne manquait ni de vérité ni de force, et que la confession de Louis XI à François de Paule était une scène singulièrement dramatique ; et j’ai goûté, dans les Poésies posthumes, le rythme berceur et le charme gris des Limbes… Je n’avais pas lu Une famille au temps de Luther, mais j’en avais d’avance une assez bonne opinion, et je comptais que la représentation serait pour le moins intéressante.
La principale vertu dramatique de Phocas, c’est bien sa forme. […] Il a soigneusement évité, du moins dans la partie dramatique de l’œuvre, toute analyse ou commentaire. […] Maeterlinck, j’entends au seul point de vue dramatique. […] Œuvres lyriques et dramatiques, t. […] Il défend l’idée d’un Racine dont le génie aurait été poétique plutôt que proprement dramatique.
Elle représente, dans la poésie dramatique, l’art français du xviiie siècle. […] Mais il ; reconnaît autour d’eux d’autres genres dramatiques, et voilà la liste qu’il dresse : Comédie — Comédie sérieuse — Tragédie bourgeoise — Tragédie. […] Il a raison aussi d’insister sur la capacité philosophique du genre dramatique : plus la forme devient réaliste, plus il est nécessaire qu’une idée profonde, une conception générale des rapports naturels ou sociaux tirent hors de l’insignifiance pittoresque la représentation exacte des apparences. […] Il ne manque à cet ouvrage finement écrit que la puissance dramatique. […] Entretiens sur le Fils naturel (1757) ; De la poésie dramatique, 1758. — Cf. les t.
L’auteur qui a porté au plus haut degré de perfection, et le style, et la poésie, et l’art de peindre le beau idéal, Racine, est l’écrivain qui donne le plus l’idée de l’influence qu’exerçaient les lois et les mœurs du règne de Louis XIV sur les ouvrages dramatiques. […] La grandeur factice qu’il fallait accorder à Louis XIV portait les poètes à peindre toujours des caractères parfaits, comme celui que la flatterie avait inventé : l’imagination des écrivains devait au moins aller aussi loin que leurs louanges ; et le même modèle se répétait souvent dans les tableaux dramatiques. […] Mais s’il faut une réflexion approfondie pour démêler ce qu’on pourrait ajouter encore à de tels chefs-d’œuvre, les bornes de la philosophie, dans le siècle de Louis XIV, se font sentir d’une manière bien plus remarquable dans les ouvrages littéraires qui n’appartiennent pas à l’art dramatique.
Le directeur des Fedeli, Giovanni-Battista Andreini, fut un écrivain dramatique des plus féconds : il a laissé un grand nombre de pièces appartenant à tous les genres ; il y en a dix-huit cataloguées dans la Drammaturgia d’Allacci, et ce n’est qu’une faible partie de ses productions. […] Mais le comble de la bizarrerie est La Centaura, véritable monstre dramatique, dédié cependant à Marie de Médicis. […] C’était la confusion dans la magnificence, une sorte de Babel dramatique.
Il est assez établi en Europe, comme je l’ai déja dit, que les françois, qui depuis cent ans composent les meilleures pieces dramatiques qui paroissent aujourd’hui, sont aussi ceux qui récitent le mieux les tragedies, et qui sçavent les représenter avec le plus de décence. […] Ou par desespoir d’y réussir, ou par d’autres motifs que je ne devine point, il paroît que les italiens négligent depuis long-temps la poësie dramatique. […] Les poëtes dramatiques italiens ne composent plus gueres que des opera, en comparaison desquels toute l’Europe dit que les bons opera françois sont des chefs-d’oeuvres d’esprit, de bon sens et de régularité.
Il est très difficile de faire œuvre dramatique en prenant pour sujet le miracle. […] Ernault a engendré une belle idée dramatique.
Dans un sujet simple et court, dans une composition de collège, histoire ou fiction, dont l’unité est toujours stricte et le dessin peu compliqué, la forme la meilleure, la plus maniable et la plus efficace, est la forme dramatique : dialogue à part, bien entendu. Les lois si simples, si exactes de la composition dramatique s’appliqueront à merveille aux narrations qu’on pourra vous donner à développer. Exposer son sujet, c’est-à-dire indiquer le temps, le lieu, toutes les circonstances particulières, présenter les personnages, marquer les caractères, annoncer l’action qui va mettre aux prises ces personnages et ces caractères, en rappelant tous les événements antérieurs qu’il est nécessaire de connaître pour comprendre ce qui va se passer ensuite ; développer le sujet, c’est-à-dire montrer le jeu des caractères, l’évolution des idées et des sentiments, la série des faits qui résultent des états d’âme et qui les modifient aussi, faire agir en un mot et souffrir les personnages, dénouer enfin le sujet, c’est-à-dire pousser l’action et les caractères vers un but où l’une s’achève et les autres se complètent, de telle sorte que le lecteur n’ait plus rien à désirer et que toutes les promesses du début soient remplies, voilà la formule classique de l’œuvre dramatique, qui s’adapte merveilleusement aux conditions des brèves narrations. Ce caractère dramatique, cette exacte combinaison de détails rapportés à un but unique, et placés pour produira leur plus grand effet, ce progrès constant de l’action, cette rigoureuse analyse des passions, l’appropriation merveilleuse des discours et des faits, la rapidité du développement, la précision des effets, c’est par là surtout que les Fables de La Fontaine ont réussi : si ces qualités ne sont pas plus précieuses en elles-mêmes et plus essentielles que l’imagination pittoresque et le sentiment poétique, elles sont du moins plus utiles ; si elles ne font pas l’auteur plus grand, elles contribuent plus à la fortune du livre.
Enfin, tout en se mêlant surtout aux choses réelles, à la majesté du culte, aux devoirs de la piété domestique, l’art des Grecs introduisit à Rome ces œuvres de l’esprit qui faisaient partie des fêtes de la Grèce, la mythologie dramatique, et jusqu’à la mélopée du théâtre d’Athènes, mais bien déchues de leur poétique grandeur. […] Rome était bien loin de ce progrès et de cet accord heureux des arts, lorsqu’elle commença d’imiter la poésie grecque, et d’introduire, après les jeux sanglants du cirque, ou parfois à leur place, quelques chants mêlés à des scènes dramatiques. […] Vitruve le remarquait au siècle d’Auguste : « Dans les théâtres de Rome, la scène proprement dite (pulpitum) était plus vaste que celle des Grecs, parce que toute la représentation s’y concentrait, l’orchestre étant occupé par les sièges des sénateurs161. » Nous croyons presque lire ici ce que dit Voltaire avec humeur de ces banquettes occupées par de jeunes seigneurs à l’ancien Théâtre-Français, et restreignant la scène de manière à gêner tout grand appareil de spectacle et à faire manquer souvent l’effet dramatique. […] Une circonstance même des essais dramatiques, à Rome, favorisait cet essor de la tragédie. […] poëte Ennius167, qui verses aux mortels, jusque dans la moelle des os, la flamme de tes chants. » À part ce qu’il avait perdu ou retranché du luxe musical de ses modèles, nul doute qu’entouré de leurs richesses, renouvelant leurs poétiques sujets, l’Andromède, le Cresphonte, la Médée, les Euménides, l’Iphigénie, le Thyeste, le Néoptolème, il n’ait eu de grands effets dramatiques et lyriques.
. — Lyrisme dramatique et merveilleux d’Eschyle. — Du rapport de ses Chœurs à ceux de Sophocle et d’Euripide. — De l’ode dans la comédie grecque. […] La perfection du dialogue dramatique est en effet toute entière dans l’Iliade, dans les discours du premier livre, dans l’Ambassade du neuvième. […] Dans la combinaison dramatique et jusque dans les mètres de cette œuvre, on peut remarquer un caractère particulier, au-delà des formes de la tragédie accoutumée. […] Quatorze ans plus tard, et déjà célèbre par ses services de guerre et la faveur du peuple, il remportait, aux grandes Panathénées, la palme sur Eschyle ; et ce triomphe commençait une carrière de chefs-d’œuvre dramatiques soutenue jusqu’à l’extrême vieillesse. […] On sait ce que fut pour l’antiquité le génie dramatique de Sophocle : Sola Sophocleo tua carmina digna cothurno.
Comme auteur dramatique, il a fait représenter des fractions d’à peu près de vaudevilles dans des simulacres de théâtres. […] Jamais madame D… n’avait été plus dramatique, plus passionnée. […] — Comme conception dramatique, non ; mais comme audace et comme création de caractères, M. […] Augier est plus poétique que dramatique. […] L’intervention des influences de la nature peut être discutée comme moyen dramatique.
Conduite de l’action dramatique. […] Le nœud et le dénouement sont deux principales parties du poème épique et du poème dramatique. […] C’est peut-être celui qui est le plus nécessaire au poète dramatique, du moins s’il aspire à des succès soutenus. […] Un des grands secrets de l’art dramatique, c’est de faire sans cesse contraster les caractères avec les situations. […] Le style dramatique a, pour règle générale, de devoir être toujours conforme à l’état de celui qui parle.
Dorgomijsky et Mussorgsky, nos deux grands musiciens, n’ont guère été que des compositeurs dramatiques. […] Elles ont le même souci de l’action dramatique, le même mépris des virtuosités ; et chez quelques-uns de ces compositeurs on trouve une science de toute la musique, un génie original d’expression qui les rendent vraiment comparables à Wagner. […] Ils se sont dit que, la musique devant traduire des émotions définies, les œuvres dramatiques des grands poètes antérieurs pouvaient leur fournir les indications les plus nettes et les plus belles des émotions à traduire. […] Quant aux sujets dramatiques, il trouve que les poètes allemands ne puissent pas assez dans le trésor des sujets mythologiques. […] Il ne sait résoudre cette question ; il pêche dans ses essais dramatiques par les façons de faire qu’il a blâmées, et se consume dans de vains efforts sur cette question, autant que sur la question de la poésie lyrique.
La plus belle moitié de la poésie, la moitié dramatique, ne recevait aucun secours du polythéisme ; la morale était séparée de la mythologie8. […] Car si elle est aussi belle que le polythéisme dans le merveilleux, ou dans les rapports des choses surnaturelles, comme nous essaierons de le montrer dans la suite, elle a de plus une partie dramatique et morale, que le polythéisme n’avait pas.
Tel est le théâtre grec, forme merveilleuse et sublime, mais non unique, du génie dramatique. […] Ce système dramatique pouvait donner naissance à deux formes différentes : dans l’une domine la vertu, dans l’autre la passion. […] A eux deux, ils expriment dans sa perfection et ils épuisent le système dramatique que nous avons analysé. […] Le concret ne tient dans notre système dramatique que la moindre place possible. […] Je comprends encore que l’on proteste contre ceux qui voulaient imposer d’une manière absolue à tous les pays et à tous les temps cette conception dramatique, qui est un des plus beaux types possibles de l’art tragique, mais non pas le seul.
Ces pièces font beaucoup de plaisir ; mais elles ne font pas un plaisir dramatique. […] Mais c’est là un plaisir épique, et non pas dramatique. […] Toute la dispute entre Racine et Shakspeare se réduit à savoir si, en observant les deux unités de lieu et de temps on peut faire des pièces qui intéressent vivement des spectateurs du dix-neuvième siècle, des pièces qui les fassent pleurer et frémir, ou, en d’autres termes, qui leur donnent des plaisirs dramatiques, au lieu des plaisirs épiques qui nous font courir à la cinquantième représentation du Paria ou de Régulus. Je dis que l’observation des deux unités de lieu et de temps est une habitude française, habitude profondément enracinée habitude dont nous nous déferons difficilement, parce que Paris est le salon de l’Europe, et lui donne le ton ; mais je dis que ces unités ne sont nullement nécessaires à produire l’émotion profonde et le véritable effet dramatique.
La nécessité de faire sa cour au cardinal de Richelieu, passionné pour le théâtre, l’avoit obligé d’étudier à fond les loix du dramatique. […] La contestation vint de ce que Corneille n’avoit pas cité la Pratique du théâtre dans ses trois Discours sur le dramatique. […] On n’avoit jetté qu’un coup d’œil rapide sur le poëme dramatique. […] L’auteur avoit en vue la gloire du théâtre François, l’espérance d’être utile aux jeunes poëtes, de développer le germe des talens dramatiques.
Étude littéraire et dramatique par M. […] Généralement le poète dramatique prend son public pour complice. […] Un poème dramatique ? Y avait-il |bien un poème dramatique dans ce sujet ? […] Glatigny sera comme une date, et importante, dans la carrière dramatique de M.
Rien de semblable, je crois, ne s’était encore vu dans une œuvre dramatique. […] — et Gœthe, ce lecturier de Gœthe, ce gratte-papier et ce coupe-papier de Gœthe, qui Coupait une tragédie dans des Mémoires restés plus dramatiques que sa tragédie. […] Nous avons déjà vu si le poète était dans le Gœthe des œuvres dramatiques. […] Dans ses œuvres dramatiques, Gœthe cherchait, comme tous les écrivains dramatiques, à s’en faire une dans des personnages plus ou moins historiques, dans des types plus ou moins observés, plus ou moins traditionnels ; car il n’a pas, lui, un seul personnage d’invention comme, par exemple, Falstaff, Shylock, lago, dans Shakespeare, et pour les autres vous savez comme il y a réussi. […] Il peut être lyrique, dramatique comme le poète, et même c’est notre dernier poète actuel dans la prose qui monte, déferle et engloutit tout.
Quant au septième tableau, c’est incontestablement d’un comique, canaille, dangereux, mais c’est enlever un morceau important de la biographie de Germinie, puis c’était pour moi un tableau comique, placé avec intention entre deux tableaux dramatiques. […] Il y a vraiment là, une idée neuve, originale, très favorable à la production dramatique, une idée digne d’être encouragée par un gouvernement. […] On sent à ses yeux brillants, hallucinés, qu’il croit à son œuvre, et il y a du convertisseur dans ce cabotin, qui à l’heure qu’il est, a complètement conquis à ses idées, son père, un vieil employé de la Compagnie du gaz, où était également le fils, — son père, dans le principe, tout à fait rebelle à ses essais dramatiques. […] Réjane est admirable par son dramatique, tout simple, tout nature. […] et au moyen d’un dramatique tout simple, du dramatique que je pouvais rêver pour ma pièce… Et comme dans la scène de l’apport de l’argent, pour le rachat de la conscription, elle dit bien et d’une voix tellement remuant les entrailles : « Pas plus que l’autre, pauvre ami… pas plus que l’autre !
Il a représenté l’individu travaillant à se délivrer des nécessités intérieures que la naissance ou l’éducation ont créées en lui, ou de l’oppression extérieure que fait peser sur lui la société : ce qui est éminemment dramatique. […] Le fait important, en ces dernières années, dans l’histoire du genre dramatique, a été la tentative d’un Théâtre Libre974. […] Et ainsi il a travaillé pour sa part à deux excellents effets : à détruire la superstition du vaudeville, des combinaisons adroites, du « machinisme » dramatique, à ruiner le genre de l’imitation dramatique. […] Deux écrivains dramatiques, pourtant, nous sont venus.
Il s’était posé en révolutionnaire dramatique. […] Diderot est absolument le contraire de ce que doit être un auteur dramatique. […] L’auteur dramatique ressemble au comédien, qui le continue, et qui est tout le monde et qui n’est personne. Demandez-vous quelle était la personnalité de Shakespeare, le plus grand homme que l’art dramatique ait jamais produit ? […] S’il n’était pas né un homme de génie ni même de talent dramatique, il était né comédien et gesticulateur.
Preuve tirée de ce que l’acteur qui la recitoit, étoit accompagné par des instrumens Il paroît donc évident que le chant des pieces dramatiques qui se recitoient sur les théatres des anciens, n’avoit ni passages, ni ports de voix cadencez, ni tremblements soûtenus, ni les autres caracteres de notre chant musical : en un mot que ce chant étoit une declamation comme la nôtre. […] Dans le premier livre des tusculanes, Ciceron, après avoir rapporté l’endroit d’une tragedie où l’ombre de Polydore supplie qu’on veuille donner la sepulture à son corps, pour faire finir les maux qu’elle endure, ajoute : je ne sçaurois concevoir que cette ombre soit aussi tourmentée qu’elle le dit, quand je l’entens reciter des vers dramatiques si corrects, et quand je la trouve si bien d’accord avec les instrumens. On peut voir dans Diomede pourquoi je traduis septennarios par des vers dramatiques.
Parmi ses Ouvrages dramatiques, le Comte de Comminges, Euphémie, Fayel, lui assurent une réputation durable. […] Sa Collection dramatique n’en est pas moins une des plus intéressantes qu’on ait publiées de notre temps, où l’on a perdu totalement de vue les grands modeles qui regardoient le style, le dialogue & le naturel, comme les premieres parties de l’art théatral.