Amenez-lui un frère de Lacenaire, converti en un Jean Valjean philanthrope, et vous verrez s’il lui donnera sa fille, et s’il jouera ses enfants et le renom si pur de sa famille à ce croix ou pile du réformateur ! […] cela m’a inspiré une douleur mortelle, une honte imméritée, une résignation religieuse, mais cela ne m’a donné aucune haine injuste et brutale contre les hommes. […] S’il est trop pauvre pour donner, le prêtre ne paraîtra pas assez vertueux, et, s’il est trop peu vertueux, il ne sera pas assez populaire. […] L’évêque sent juste, mais raisonne mal ; ce sont là des paradoxes qu’il est très dangereux de donner au peuple, car le peuple vit d’idées justes et non de rhétorique humanitaire. […] Il s’est dit : « Je vais me jeter avec mon talent au milieu de tout cela, je vais me donner le vertige et le donnerai à cette foule sans savoir comment je la nourrirai !
Brifaut, Chéron, Laya et Sauvo Quelque étendue que j’ai donnée à cette analyse (d’Hernani), elle ne peut donner qu’une idée imparfaite de la bizarrerie de cette conception et des vices de son exécution. Elle m’a semblé un tissu d’extravagances, auxquelles l’auteur s’efforce vainement de donner un caractère d’élévation, et qui ne sont que triviales et souvent grossières. […] Dumas s’étant donné des collaborateurs dans la plupart des siennes, à part même toute préférence littéraire et toute question d’école, M. […] Devant cette glorieuse longévité, la France donne un beau spectacle. […] De tous les spectacles que ce siècle nous a donnés, il n’y en a pas de plus consolant et de plus rassurant que celui-là.
Il est déjà très difficile de savoir ce qui convient le mieux à tel peuple donné, à un moment donné. […] L’idéal de celui-ci est d’économiser, l’idéal de celui-là est de donner à l’armée son maximum de force, l’économie n’est pas du tout l’essentiel de son devoir. […] Hugo me donne d’excellents exemples de ces deux déviations inverses et symétriques. […] Il détourne à son profit la force que l’âme sociale a donnée aux idées d’obligation, de conscience et de vertu. […] Cela donnerait des cas pathologiques intéressants.
Lorsque viendra le tour des articles qui vont arriver, on lui donnera toute la place qu’il faut pour suffisamment se vautrer. […] Tout ce qui retentit le plus de beauté et de vérité historique dans ce roman, qui a la prétention aussi d’être une histoire, et où la donnée romanesque, la donnée d’invention, est d’une misère à faire pitié, c’est la monarchie, les idées et les plans de la monarchie, l’héroïsme de la monarchie. […] C’est l’homme fort du livre, le mâle, le lion, auquel Hugo ne peut pas donner plus de génie qu’il n’en a, lui, Hugo, mais auquel il en a donné autant qu’il pouvait en donner. […] — donne à l’esprit une secousse qui, du coup, frappe de ridicule ce naturaliste en cloportes ! […] Voilà toute la donnée, et les combinaisons d’événements qu’il a arrangées autour d’une idée si pauvre ne l’enrichissent pas ; elles manquent toutes de vraisemblance au plus haut degré.
Burchard, ce Dangeau des Borgia, nous donne le bulletin de l’exécution. […] L’usage prescrivait de ne pas donner moins de six mille pistoles. […] La comtesse de Soissons n’en attendit pas l’issue, et avoit donné ordre à sa fuite. […] Sa folie lui donnait le prestige de l’enfance et de l’innocence. […] Volontiers comme à ces dieux, elle leur aurait donné des têtes d’animaux.
Dieu, qui a donné le génie en garde aux princes ou aux nations, ne le donna pas comme un jouet que ces princes ou ces nations peuvent rejeter ou briser selon leur caprice, mais comme un dépôt dont ils doivent compte à la postérité. […] Il se résolut enfin à en faire donner, sous ses propres yeux, une édition avouée et correcte. […] Le Tasse, il est vrai, n’a donné la vie qu’à des fantômes, mais ces fantômes, qui n’ont point de corps, ont un cœur ; voilà pourquoi ils ne mourront pas. […] La Providence lui donnait le lit que la charité de sa famille avait préparé pour d’autres malheureux ; le cardinal Gonzague, de retour à Rome, le retira dans son palais. […] repris-je… Il sourit et détourna la tête pour me donner à entendre, je crois, que la première lui appartenait.
C’était le nom qu’on donnait à une partie du bois composée de pins immenses. […] Vous n’avez donné des sons qu’en vous brisant. […] Tu vas voir qu’il me donnera pour boire un coup. […] barine, donne au pauvre vagabond de quoi s’acheter une bouteille d’eau-de-vie. […] Quand il lui eut donné sa volée, Ephrem lui dit : « Sais-tu qui tu as battu ?
Il reste maintenant à fournir une dernière explication sur la définition que l’on a donnée du pouvoir bovaryque de l’esprit. […] C’est du point de vue de cette croyance que la définition du Bovarysme est donnée. […] Il apparaîtra que, dans tous les cas, chacune de ces tendances aspire à supprimer l’autre, afin de régner seule, qu’elle exprime cette aspiration en une suite de propositions qui se donnent pour des vérités et dont le faisceau constitue la Vérité.
Ils se sont donné la peine de naître, dira Beaumarchais. […] Verhaeren a donné une Hélène de Sparte plus sérieuse. […] Elle entend ne se donner aucune peine, ne subir aucun ennui. […] S’il a brisé des idoles, comment ne pas lui donner raison ? […] On l’aura enlevée, elle ne se sera pas donnée.
Pour un attachement, je la préférerais à Mme… ; mais pour une galanterie, je donnerais la préférence à la dernière. […] Écoutez les instructions que Peachum donne à sa fille ; ne sont-ce pas les propres maximes du monde ? […] C’est cette pente qui donne à chaque civilisation son degré et sa forme, et c’est elle qu’il faut tâcher de décrire et de mesurer. […] Le naturel réfléchi a donné la règle morale, le naturel batailleur donne la force morale. […] Mais rien de plus obscur ; Calvin et les autres théologiens en donnaient chacun une définition différente.
Pauvre terre de France qui oublie avoir donné naissance au grand Rabelais. […] Émile Zola a donné au roman sa forme définitive, il lui a imposé des règles précises et harmonieuses. […] L’humanité a donc besoin de rudes héros pour donner à nos esprits une nouvelle impulsion. […] Il a donné au roman sa forme définitive, impersonnelle et harmonieuse. […] Vous-même avez donné du poète une des définitions qui conviennent le mieux à l’idéal que nous nous proposons.
Car toute forme très nombreuse en individus aura toujours plus de chances, dans une même période donnée, de présenter des variations favorables dont la sélection naturelle puisse se saisir, que des formes plus rares qui existent en plus petit nombre. […] On pourrait de même donner d’innombrables exemples d’habitudes variables. […] Ne semble-t-il pas aussi tout naturel que les longs pieds des Échassiers leur aient été donnés pour habiter les marécages et pour marcher sur les îlots de plantes flottantes ? […] Or, c’est un argument négatif auquel il est permis de donner toute la valeur qu’on veut. […] Cet ordre de reptiles volants, lui-même, par une longue série de transformations inconnues, dont chaque degré aurait été représenté par des groupes nombreux, pourrait avoir, dans la suite des temps, donné directement naissance à notre ordre actuel des Chéiroptères ; car si l’on peut admettre, comme nous le verrons plus loin, qu’une forme erpétoïde peut par des transformations successives donner naissance à une forme de Mammifère, une autre forme de Mammifère très différente peut provenir d’une autre forme erpétoïde.
Donne-moi mon éventail. […] Sa femme, du moins, s’est donnée à lui corps et âme ; mais lui, tout en subissant sa « beauté dévorante », n’a pas donné à Rita tout son cœur. […] L’impression que nous donne le drame de M. […] Traversez la cour et sortez par l’autre porte qui donne sur la rue des Dames. […] — Oui, ma donna. — Jure-le !
« L’historien pourrait se placer au sein de l’âme humaine, pendant un temps donné, une série de siècles, ou chez un peuple déterminé. […] On a vu qu’elles tenaient aux plus grands événements ; qu’elles les expliquaient, qu’elles étaient expliquées par eux, que désormais il fallait leur donner une place, et l’une des plus hautes places, dans l’histoire. On la leur a donnée, et depuis ce temps on voit tout changer en histoire : l’objet, la méthode, les instruments, la conception des lois et des causes. […] Le vice et la vertu sont des produits comme le vitriol et le sucre, et toute donnée complexe naît par la rencontre d’autres données plus simples dont elle dépend. […] La question posée en ce moment est celle-ci : Étant donné une littérature, une philosophie, une société, un art, telle classe d’arts, quel est l’état moral qui la produit ?
Dieu nous donna, dans ce petit tableau, une idée des grâces dont il a paré la nature. […] Il prit dans ce second roman une situation étrange et mystérieuse qui donna d’avance à Byron le secret de Lara. […] Il donna le bras au Sachem, et le conduisit sous un sassafras, au bord du Meschacebé. […] J’appris à connaître la mort sur les lèvres de celui qui m’avait donné la vie. […] je me serais prosterné devant toi ; puis, te prenant dans mes bras, j’aurais prié l’Éternel de te donner le reste de ma vie.
Si Dieu lui donne encore dix ans de vie, ce qui malheureusement semble douteux, nous pourrons l’opposer à ce que la science critique de l’Allemagne a de plus colossal. […] Carbon qui, avec sa bienveillance ordinaire, m’annonça en souriant cette bonne nouvelle, et m’apprit que la compagnie me donnait pour honoraires une somme de trois cents francs. […] En vérité, j’en viens à regretter la misérable part de liberté que Dieu nous a donnée, nous en avons assez pour lutter, pas assez pour dominer la destinée, tout juste ce qu’il faut pour souffrir. […] J’étais obligé de lui porter un coup de poignard, sans pouvoir lui donner la moindre explication. […] Ma sœur Henriette m’avait donné douze cents francs pour traverser ce moment difficile.
Je donne ici de bons conseils, sans doute, Les ai-je pris pour moi-même ? […] On ne donne pas de date, puisque les sociétés de ce genre se dénouent plutôt qu’elles ne se brisent, peu à peu, et par trait de temps. […] Il fut élu à l’unanimité, lui aussi, trois jours après la permission qu’en avait donnée le roi, le 24 avril 1684. […] Et la règle était, à cette époque, de ne donner le jeton de présence qu’à ceux qui étaient arrivés à l’heure précise. On voulut, par égard pour La Fontaine, qui à cette époque-là était très vieux, valétudinaire, lui donner cependant le jeton.
Dans les mémoires indirects qu’il a donnés sous forme de romans, il n’est que sec et ne féconde rien : il n’a pas d’imagination, il n’avait que des souvenirs. […] Les esprits qui ont une fois cette habitude de crudité franche trouvent moins d’inconvénient à se rudoyer ainsi, que de plaisir à s’exercer et à donner sur n’importe quel sujet et dans quel sens : Je ne suis pas grossier, disait-il, mais trop peu poli pour le monde que je vois. […] J’ai été très libertin par force de tempérament, et je n’ai commencé à m’occuper sérieusement des lettres que rassasié de libertinage, à peu près comme ces femmes qui donnent à Dieu ce que le diable ne veut plus. […] Il s’abandonnait chaque jour au même mouvement, pour lui facile, au même entrain sans cesse répété ; il ne se renouvelait pas, il ne grandissait pas : « Il n’est pas rare, disait-il, qu’on prenne dès la première entrevue l’opinion qu’on a de mon esprit. » Et en effet, c’est que, dans sa verve improvisatrice mondaine, il donnait d’abord sa mesure ; il jetait à tous venants ce qu’il avait de mieux, ce qu’il avait de plus original et de plus vif. […] Il avait déjà dit ailleurs : Tout est compatible avec l’esprit, et rien ne le donne.
Lorsque Bourdaloue parut dans la chaire (1670), un grand événement excitait au plus haut degré l’intérêt dans l’Église de France : les querelles envenimées entre ceux qu’on appelait jansénistes et le pouvoir temporel et spirituel, l’espèce de proscription qui avait mis quelques-uns des principaux chefs du parti à la Bastille, et qui avait dispersé les autres en tous sens, venaient tout d’un coup de s’apaiser ; Rome elle-même avait donné le signal de cette indulgence ; il y avait la paix de l’Église, qui ne devait être qu’une trêve. […] On se retire du monde, mais on est bien aise que le monde le sache ; et, s’il ne le devait pas savoir, je doute qu’on eût le courage et la force de s’en retirer… On ne se soucie plus de sa beauté (Ici il s’agit des femmes pénitentes, dont quelques-unes l’étaient avec éclat et avec bruit), mais on est entêté de son esprit et de son propre jugement… S’il y a quelque chose de nouveau, c’est à quoi l’on donne et où l’on trouve sa dévotion… Un laïque s’érigera en censeur des prêtres, un séculier en réformateur des religieux, une femme en directrice, … tout cela parce que, sous couleur de piété, on ne s’aperçoit pas qu’on veut dominer… Il semble qu’être sévère dans ses maximes soit un degré pour s’agrandir. […] Dans le sermon Sur la prière, c’est le mysticisme de Fénelon qui est signalé avec ses périls, et il ne tient qu’à nous de reconnaître l’auteur des Maximes des saints confondu avec ceux qui, sous prétexte d’être des âmes angéliques et choisies, s’estiment assez habiles pour réduire en art et en méthode ces mystères d’oraison, pour en donner des préceptes, pour en composer des traités, pour en discourir éternellement avec les âmes. […] Les personnes qui rient de tout, et auprès desquelles un bon mot a toujours raison, se sont autorisées quelquefois d’une parole de Mme Cornuel sur Bourdaloue ; elle disait : « Le père Bourdaloue surfait dans la chaire, mais dans le confessionnal il donne à bon marché. » Ce n’est là qu’un joli mot de société. […] Lui, Bourdaloue, il était le contraire, et, malgré sa fonction publique et sa surcharge continuelle, il se donnait tout à tous.
Et elle ajoute d’un ton de protection, qu’elle ne gardera pas toujours ; « Notre petit poète vous prie de ne point donner à Plombières de copies de ses vers, parce qu’il y a beaucoup de lieutenants-colonels lorrains. » Nous avons cette épitre de Saint-Lambert À Chloé ; c’est une des meilleures de ses poésies dites fugitives ; elle pourrait être aussi bien la première en date des élégies de Parny : elle en a la forme ; le tour en est simple, net et fin, l’inspiration toute sensuelle. […] Car tous, attachés qu’ils sont aux affaires et enchaînés à la rame qu’il est donné à si peu de pouvoir quitter, tous, quand déjà le flot de la vie sensiblement se retire et baisse, aspirent à quelque abri aux champs, sous les ombrages, là où, mettant de côté les longues anxiétés, ou ne s’en ressouvenant plus que pour ajouter un embellissement et comme un sourire à ce qui était doux déjà, ils puissent posséder enfin les jouissances qu’ils entrevoient, passer les années du déclin au sein de la quiétude, réparer le restant de leurs jours perdus, et, après avoir vécu dans la bagatelle, mourir en hommes. […] Passez donc sans retard à des scènes plus actives, rassemblez les vérités éparses que glane l’étude ; mêlez-vous au monde, mais à ce qu’il a de plus sage ; ne donnez plus tout votre cœur à une idole, votre cœur ne lui appartient pas, il ne vous appartient pas à vous-même… Il décrit aussi, et pour l’avoir trop cruellement éprouvée, la manie maladive et la mélancolie funeste se cachant dans la solitude et y méritant toutes les tendres sympathies de la pitié ; puis les délices d’une convalescence où l’on jouit avec attendrissement de chaque beauté de la nature comme à un réveil du monde. […] On voit qu’il est en garde contre le xviiie siècle de la France et qu’il s’en méfie : « Point de ces livres, scandale des tablettes, où d’impudents sensualistes se produisent eux-mêmes » ; point de ces livres non plus où le théâtre offre de trop près le vice qu’il croit guérir ; point de Voltaire, il le dit expressément, en le désignant comme « celui qui a bâti à Dieu une église et qui a raillé son nom. » Dans sa définition de ce qu’il veut qu’on évite et de ce qu’il conseille en fait de lecture, Cowper a des paroles qui sont encore à recueillir aujourd’hui : Une vie de dérèglement et de mollesse, dit-il, donne à l’âme un moule puéril, et, en le polissant, pervertit le goût. […] L’esprit qui réclame un divertissement nécessaire devrait se tourner vers les écrivains d’une plus solide qualité, dont les traits bien ménagés et le style classique donnent à la vérité un lustre et font sourire la sagesse.
Rigault nous donnait un ouvrage de littérature sur les anciens et les modernes, où l’origine du travail est entièrement dissimulée ; il est besoin de savoir qu’il y a eu là-dessus débat, conflit, soutenance en Sorbonne, comme disent les gens du métier ; à simple lecture on ne s’en douterait pas. […] D’abord il donne le procédé et la recette de la fable qu’il appelle philosophique, de l’apologue dans toute sa simplicité. […] De même qu’il aurait certainement beaucoup à nous apprendre s’il nous était donné de le revoir, et que nous serions ramenés au vrai sur bien des questions où nous allons au-delà, on pourrait, je le crois, lui apprendre sur lui, à lui-même, quelque chose de nouveau. […] Il aurait droit de dire que je n’ai pas donné de cette méthode une idée suffisante, que je l’ai affaiblie et énervée. […] Par exemple, ses théories pour ou contre les points de vue de montagnes, il les a distribuées en dialogues ; il a un voisin de table, un raisonneur obstiné « qui met ses impressions en formules, et qui professe les mathématiques du paysage » ; il le fait causer, il lui donne la réplique et l’occasion de le contredire.
L’ambassadeur vénitien dont nous avons déjà donné un jugement le peignait de la sorte à cette date : « Sa Majesté césaréenne est de taille moyenne, d’aspect grave. […] Une double source d’informations nous est donnée, toutes deux sincères, authentiques, et l’une est nécessaire pour compléter l’autre. […] Gachard, dans deux Introductions de la plus exacte analyse qui précèdent les pièces et documents publiés par lui et tirés des archives de Simancas, et dans ces pièces mêmes, nous a donné et distribué, en les interprétant, les éléments positifs à l’aide desquels chacun peut désormais se former un jugement propre. […] Ce fils, le sombre et jaloux Philippe II, était alors dans les Pays-Bas ; Charles-Quint se permet une seule fois de lui donner des conseils. […] — “Elles vous profiteront sans doute, Sire, parce que toute bonne œuvre est profitable, quand elle est faite convenablement.” — “Donnez donc des ordres, dit Sa Majesté, pour que les obsèques se commencent cette après-midi.” — Cela se fit ainsi.
Le premier moment, celui qui date de la renaissance de la société française avec le Consulat, ne mérite qu’éloge, et si on se reporte aux espérances du point de départ, la comparaison avec certains des résultats obtenus est bien faite pour donner aux esprits sérieux et animés de nobles pensées sociales d’éternels regrets. […] Etait-il possible en 1801, comme l’abbé de Pradt l’expose, comme Napoléon lui-même semble depuis l’avoir reconnu, d’adopter un autre mode que celui du Concordat, une manière moins solennelle, moins éclatante, mais plus neuve, plus hardie dans sa simplicité, rentrant moins dans les anciennes ornières, constituant « une liberté protectrice et non directrice », et qui aurait suffi à donner pleine satisfaction alors à la religion et à la majeure partie de la société, sans être grosse des périls et des conflits qui succédèrent ? […] L’épuration, dans chaque administration, était à l’ordre du jour : pour conserver sa place, même dans les bureaux de la Police, il fallait donner les mêmes gages que dans l’Université ; il fallait produire des attestations de devoirs pieux accomplis, être vu le dimanche en certains lieux ; et les jours de fêtes donc ! […] Un médecin célèbre et bienveillant donnait en ce temps-là des déjeuners du dimanche : il était médecin du roi et, au sortir de ces déjeuners, il allait, tout plein d’anecdotes et muni des propos du jour, les raconter à son royal malade que cela amusait d’autant plus que les propos étaient plus gais et plus salés. […] Le mouvement de Lamennais, même en échouant, avait donné l’impulsion.
Soulié doit donner, lui aussi, une édition de Molière), d’un biographe curieux et consciencieux qui se dit : « On a bien peu de choses authentiques sur les premiers temps de Molière ; on a tiré des registres de l’état civil tout ce qu’on pouvait espérer d’y rencontrer en fait d’actes de naissance, de mariage ou de décès. […] Leurs actes de décès, donnés par M. […] L’inventaire, fait huit mois après sa mort, donne sur cette mère de Molière des aperçus, des détails caractéristiques, et la font entrevoir comme une femme digne d’avoir mis au monde un tel fils. […] Taschereau, le premier biographe copieux, avait ouvert la voie en rassemblant dès 1825 tout ce qu’on savait sur Molière, et en ajoutant ou corrigeant depuis à chaque édition nouvelle qu’il donnait de cette ample et complète biographie. […] Aimer Molière, c’est être assuré de ne pas aller donner dans l’admiration béate et sans limite pour une Humanité qui s’idolâtre et qui oublie de quelle étoffe elle est faite et qu’elle n’est toujours, quoi qu’elle fasse, que l’humaine et chétive nature.
Ces amitiés, Messieurs, s’il m’est permis désormais de leur donner ce nom, ces amitiés précieuses et illustres, en voulant bien me tendre la main du milieu de vous, m’ont enhardi et comme porté ; elles m’ont rendu presque facile un succès que d’autres plus dignes ont attendu plus longtemps ; il se mêle malgré moi aujourd’hui un reste d’étonnement et de surprise jusque dans la reconnaissance. […] Un matin qu’on avait donné quelque version de Perse ou d’Anacréon, le jeune écolier trouva plus facile de traduire en vers français. […] Jusque-là il avait eu, moyennant ses consciencieux efforts, un succès plein, facile, succès du jour et du lendemain, un applaudissement sans réserve ; il avait gagné à chaque pas, il s’était étendu et avait donné de lui-même de variés et croissants témoignages. […] La comédie qu’il donna sous ce titre (la Popularité), et dans laquelle il revint un peu à sa manière des Comédiens, est pleine de vers ingénieux, élégants, bien frappés, qui, comme ceux du Méchant, de la Métromanie, se sentent assez du genre de l’épître, mais n’en sont pas moins chers, dans cette modération de goût, aux habitudes de la scène française. […] Certaines personnes ont cru voir dans cette opinion hautement proclamée une concession, une rétractation presque ; ces personnes-là ne se sont pas donné la peine de bien comprendre ma vraie pensée, et ce qui suit y suppléera. — Voir l’Appendice, à la fin du volume.)
M. de Saint-Surin, dans ses estimables travaux sur Mme de Sévigné, n’a perdu aucune occasion de l’opposer à Mme de Staël et de lui donner l’avantage sur cette femme célèbre. […] car cette femme, qu’on a traitée de frivole, lisait tout et lisait bien : cela donne, disait-elle, les pâles couleurs à l’esprit, de ne pas se plaire aux solides lectures. […] Sa conduite envers Fouquet dans la disgrâce donne à penser de quel dévouement elle eût été capable en des jours de révolution. […] Montaigne et Regnier en avaient déjà donné d’admirables échantillons, et la reine Marguerite un charmant en ses familiers mémoires, œuvre de quelques aprés-disnées : c’est le style large, lâché, abondant, qui suit davantage le courant des idées ; un style de première venue et prime-sautier, pour parler comme Montaigne lui-même ; c’est celui de La Fontaine et de Molière, celui de Fénelon, de Bossuet, du duc de Saint-Simon et de Mme de Sévigné. […] Avant de s’ajuster exactement aux différentes espèces d’idées, le langage est jeté à l’entour avec une ampleur qui lui donne l’aisance et une grâce singulière.
Dans la première, qui a pour titre Veillez et priez, on lit31 : « Presque toutes ces douleurs morales, ces déchirements de cœur qui bouleversent notre vie, auraient été prévenus, si nous eussions veillé ; alors nous n’aurions pas donné entrée dans notre âme à ces passions qui toutes, même les plus légitimes, sont la mort du corps et de l’âme. […] — Évangile. — « Cette parole donne à la fois le précepte et la raison de l’indulgence. […] Donner l’affection à ceux qui ne la sentent pas, c’est vouloir donner la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds. Pardonnez-leur, mon Dieu, ils ne savent ce qu’ils font ; pardonnez-leur sans qu’ils aient à faire retour sur eux-mêmes, sans que ce pardon me soit compté pour une vertu, puisqu’il n’est qu’une justice ; mais ayez pitié de moi, et enseignez-moi à n’aimer que vous, et donnez-moi le repos. […] — Les romans-nouvelles de Mme de Duras ont donné naissance à tout un petit genre : Aloys de M. de Custine, Sainte-Perrine de M.
Il en eut une fille unique, à laquelle il donna le nom de Crithéis ; il perdit bientôt sa femme, et, se sentant lui-même mourir, il légua sa fille, encore enfant, à un de ses amis qui était d’Argos, et qui portait le nom de Cléanax. […] Phémius avait, pour tout salaire des soins qu’il prenait de cette jeunesse, la rétribution, non en argent, mais en nature, que les parents lui donnaient pour prix de l’éducation reçue par leurs fils. […] Ce nom, qu’on donnait familièrement à Homère, veut dire enfant de Mélès, en mémoire des bords du ruisseau où il était né. […] Ils y roulèrent une roche, sur laquelle ils gravèrent au ciseau ces mots : « Cette plage recouvre la tête sacrée du divin Homère. » Ios garda à jamais la cendre de celui à qui elle avait donné ainsi la suprême hospitalité. […] Il lui apprend ensuite la gloire, cette passion de l’estime mutuelle et de l’estime éternelle, donnée aux hommes comme l’instinct le plus rapproché de la vertu.
L’empire a dévoré la république ; l’armée a subjugué les lois ; la corruption, à son tour, a avili l’armée ; la sédition donne et retire le trône et la vie à des favoris prétoriens d’un camp et d’un jour. […] Ils se trompent, ceux qui croient que son luxe sera de la libéralité : il saura dissiper, jamais donner. […] « Si la république, le sénat, le peuple, ne sont plus aujourd’hui que de vains noms, votre honneur, à vous, camarades, est intéressé du moins à ce que les plus vils des hommes ne vous donnent pas des empereurs ! […] L’impassible Galba sourit de pitié et demande à un de ces prétendus meurtriers qui lui a donné ordre de tuer Othon. […] « L’autorité des chefs, la rigueur de la discipline, exigent que les centurions, les tribuns militaires eux-mêmes, exécutent, sans les examiner, les ordres qu’on leur donne.
L’invention personnelle s’y donne carrière. […] Le latin s’y maintient, extérieur au dialogue dramatique, l’encadrant, le sanctifiant pour ainsi dire : des leçons, des versets, où le texte de l’Écriture est exactement donné, rendent en quelque sorte au poème sa destination première. […] Mais ce que notre analyse ne donne pas, c’est la verve, la couleur de cette seconde partie. […] Comme elle est dévote, et s’afflige de n’oser aller à l’Église, le jour de la Purification, Dieu s’empresse de venir en personne lui « donner réfection » d’une messe. […] Enfin, auprès de certains princes apparaissent des acteurs de profession : en 1392 et 1393, Louis d’Orléans donne des gages à quatre « joueurs de personnage ».
Ce fut donc aux Italiens que Marivaux donna ses délicates comédies d’analyse, et toute sorte de pièces philosophiques, allégoriques, mythologiques. […] Un an après le Glorieux, La Chaussée donnait la Fausse antipathie, et la comédie larmoyante était créée. […] Il vise évidemment à nous donner l’illusion de l’action réelle. […] n’est-on pas obligé de donner à la profession le support d’un tempérament, d’un caractère ? […] Il fait une tragédie, Annibal, après l’échec de laquelle il donne aux Italiens son Arlequin poli par l’amour (1720).
Je résume sa seconde conférence, une de celles qui donnent l’idée la plus complète de ses qualités et de ses défauts. […] Supposons que la confession n’ait pas été instituée par Jésus-Christ : ou bien elle aurait été inventée et imposée, à un moment donné, par un seul homme ; ou bien elle se serait répandue peu à peu dans le monde chrétien. […] Au lieu de comprimer de pareilles douleurs, donnez-leur une issue secrète. […] Il ne voit plus le sang épongé reparaître A l’heure ténébreuse où le coup fut donné. […] Mais ce n’est là qu’une impression que je donne pour ce qu’elle vaut.
Ils donnent l’idée de la vie la plus élégante, la plus somptueuse, la plus digne en somme d’être vécue. […] Que n’eût point donné Jean-Jacques Rousseau pour n’être pas gauche auprès des femmes, pour les séduire par autre chose que son génie d’écrivain, par des dons purement extérieurs et frivoles ! […] La troisième fois qu’elle le voit, elle se donne à lui. […] Et elle se donne généreusement, avec un entrain de tous les diables, dans ces rendez-vous de Versailles qui nous sont si bien contés, avec des détails si savoureux et des nuances si subtiles. […] Après le dilettante qui écrit, voici le dilettante qui n’écrit pas, supérieur peut-être au premier par la façon dont il entend la vie, par la sagesse plus rare qu’implique le rôle qu’il s’est donné.
Mais nous avons trouvé peu de vérité dans l’explication qu’il donne des causes qui auraient amené cette révolution dans le style et par suite dans la langue. […] C’est ainsi qu’il a fort bien discerné le caractère ferme et arrêté que les écrivains du Dix-Septième Siècle avaient donné à notre langue, et montré qu’ainsi faite elle répugnait à la poésie du nord. […] Si nous nous sommes bien fait entendre, on doit distinguer nettement le trope qui, suivant nous, est devenu l’élément d’un style commun aujourd’hui, style qui ne développe jamais l’idée morale en termes abstraits, mais prend toujours un emblème de cette idée, et pour elle donne un symbole, en un mot procède par allégorie, dans le sens restreint que nous avons donné à ce mot. […] C’est que les pures conceptions se présentent toujours à Byron, comme autrefois à Shakespeare, sous une forme sensible ; les idées ont, pour ainsi dire, pour lui, des pieds et des bras, et, tourmenté par son démon, il ne fait jamais difficulté de donner au lecteur leurs membres dispersés. […] Une plus grande intimité entre notre style poétique et celui des littératures étrangères doit faciliter infiniment la traduction en vers des poètes étrangers ; et réciproquement le travail de cette traduction doit donner à notre style, sous le rapport de la métaphore prolongée, une nouvelle souplesse.
Votre erreur est de croire que le sentier raide et étroit peut donner passage à la foule. […] Il songe à Tailhade et, par une illusion facilement explicable, donne comme une seule et même chose ce qu’il voudrait avoir et ce qu’il a réellement. […] Seules, les nobles constructions équilibrées donnent la joie qui dure. […] Mais ce jeu ne donne qu’un plaisir bien court. […] Partout tu as coquetté ; nulle part tu ne t’es fait aimer d’une doctrine assez pour qu’elle se donne à toi.
Napoléon donne, au début, le portrait des généraux les plus distingués qu’il emmenait avec lui : Desaix, Kléber, Caffarelli du Falga. […] Mille écluses maîtriseraient et distribueraient l’inondation sur toutes les parties du territoire ; les huit ou dix milliards de toises cubes d’eau qui se perdent chaque année dans la mer seraient réparties dans toutes les parties basses du désert… Et il continue de la sorte, sur une base géométrique, de donner cours à un enthousiasme sévère. […] Il y donne au début son explication de la religion de Moïse et de Jésus-Christ, de celle de Mahomet. […] C’était elle seule qui pouvait donner l’exemple, entraîner l’opinion de l’Orient et des quatre sectes qui la partagent. […] Il ne donna que deux ordres, qui deux fois le sauvèrent.
« À vingt-cinq ans, il l’a remarqué, une âme généreuse ne cherche qu’à donner sa vie. […] Dieu, dit-il en un endroit, donna à son Église la charité. […] L’oraison funèbre du général Drouot, prononcée dans la cathédrale de Nancy le 25 mai 1847, me donne cette joie. […] Les détails que l’orateur a donnés sur sa simple enfance, sont imprégnés d’un parfum de vertu domestique qui va au cœur. […] Mais quand la foudre eut grondé, quand il fallut se dévouer à l’erreur ou à la vérité, donner à l’une ou à l’autre sa parole, sa gloire et son sang, ce bonhomme eut le courage de demeurer académicien, et s’éteignit dans Rotterdam, au bout d’une phrase élégante encore, mais méprisée.
Il se montre avec des défauts, mais il ne s’en donne que d’aimables : il n’y a point d’homme qui n’en ait d’odieux. […] Mais c’est là un défaut qu’on lui passe, tant il est parvenu à en triompher en des pages heureuses, tant, à force de travail et d’émotion, il a assoupli son organe et a su donner à ce style savant et difficile la mollesse et le semblant d’un premier jet ! […] Enfin, ce sentiment de la réalité se retrouve chez lui jusque dans ce soin avec lequel, au milieu de toutes ses circonstances et ses aventures heureuses ou malheureuses, et même les plus romanesques, il n’oublie jamais la mention du repas et les détails d’une chère saine, frugale, et faite pour donner de la joie au cœur comme à l’esprit. […] Aussi n’oubliera-t-il jamais, même dans le tableau idéal qu’il donnera plus tard de son bonheur, de faire entrer ces choses de la vie réelle et de la commune humanité, ces choses des entrailles. […] Ce moment des Charmettes, où il fut donné à ce cœur neuf encore de s’épanouir pour la première fois, est le plus divin des Confessions, et il ne se retrouvera plus, même quand Rousseau sera retiré à l’Ermitage.
Vauvenargues avait donné sa démission de capitaine au régiment du Roi, et l’espoir de trouver un dédommagement dans la carrière diplomatique achevait de lui manquer par la ruine totale de sa santé, quand il vint demeurer à Paris pour s’y vouer uniquement aux lettres. […] Cette édition est la seule que Vauvenargues ait donnée lui-même ; il mourut l’année suivante, pendant qu’on imprimait la seconde. […] Si les vices vont quelquefois au bien, c’est qu’ils sont mêlés de vertus, de patience, de tempérance, de courage ; c’est qu’ils ne procèdent pas en certains cas autrement que la vertu même ; mais, réduits à eux seuls, et s’ils se donnent carrière, ils ne sauraient tendre qu’à la destruction du monde. […] Est-il rien de plus délicat, de plus aimable, de plus pratique et de plus encourageant, que les Conseils qu’il donne à un jeune ami ? […] Quoi qu’il en soit, ce premier article que j’ai donné avant les découvertes dernières, n’est pas encore trop faux, et les aperçus qu’on vient de lire sur le caractère et la vocation du personnage ont été plutôt confirmés que contrariés.
La difficulté, c’est que l’art préside à ces successions rapides et donne à ces productions d’une saison la vraie jeunesse et la durée. […] Étienne Catalan a donné six livres de Fables et fabliaux (1850). […] Cette poésie banale, travaillée par les maîtres, presque usée par les disciples, est en quelque sorte dans l’air ; on peut s’en saisir et ne pas, pour cela, savoir se donner l’accent particulier et qui distingue. […] Comme je n’ai pas prétendu donner un rapport sur la poésie à la date présente, je ne suis pas tenu de conclure. […] Laurent-Pichat s’est cru obligé, depuis, en vertu de ses principes politiques, de me rendre ce salut que je lui donnais au passage, et d’y répondre par des paroles d’offense et de dénigrement.
Cette situation singulière décida dès l’enfance du tour de ses pensées, et donna le pli à son âme. […] Il sut plaire même au misanthrope Montausier, qui lui donna en mariage Mlle d’Uzès, sa petite-fille. […] Ce qui doit nous donner de l’indulgence pour d’Antin, dans ce métier avoué qui en lui-même n’a rien de bien honorable, c’est qu’insensiblement, et en même temps que son intérêt l’y attache, il y met son amitié, son affection, son cœur, et qu’aussi il ne fait jamais sa cour avec malignité ni aux dépens des autres. […] Si, pendant les hivers, il ne quittait pas Monseigneur d’un pas, l’été, durant les campagnes, il se donnait une peine infinie pour se rendre propre à la guerre et pour y acquérir l’estime. […] Peu de jours après cette visite à Petit-Bourg, le roi, qu’il avait suivi à Fontainebleau, lui donna le gouvernement de l’Orléanais, qui était venu à vaquer.
Il commençait par donner l’histoire de son fraisier, et chacun qui en pouvait répéter autant sur sa fenêtre, était gagné à une science si accessible. […] Son imagination ici se donne toute carrière. […] Napoléon, qui avait été, ainsi que ses frères, des grands admirateurs du roman de Paul et Virginie à sa naissance, disait quelquefois à Bernardin de Saint-Pierre, quand il l’apercevait : « Monsieur Bernardin, quand nous donnerez-vous des Paul et Virginie ou des Chaumière indienne ? […] Il a supposé qu’on assistait à cette ancienne séance académique ; il a donné à entendre qu’il y assistait lui-même, simple lycéen alors, pour avoir le droit de la décrire. […] » Cet applaudissement frondeur donné à un mot qui n’avait certes point une intention si profonde, mais qui rappelait un autre mot récent de Chateaubriand sur Néron dans le Mercure, nous marque du moins la disposition d’esprit de cet auditoire élégant et nous le fait voir tel qu’il était, très peu préparé à se soulever tout entier d’enthousiasme et à faire crouler les voûtes de la salle sous ses applaudissements, pour cette péroraison toute napoléonienne et un peu romantique de Bernardin.
Mme Stern a beau s’embourgeoiser dans la raison de Roland, cette femme pot-au-feu de la liberté, elle reste femme comme il faut, du moins dans le sens que le monde donne à ce mot-là. […] L’aristocratie d’éducation ou de race lui a probablement donné le sentiment du ridicule de ses propres opinions, et voilà pourquoi à la page 390 de son volume elle dit la cause des femmes compromise par celles qui la prêchent et qui la défendent. […] pour arriver à cela plus tard, Mme Stern se contente de donner aujourd’hui sa conception de la femme et, telle qu’elle l’entend, il n’y en a plus. […] Quand une femme a donné dans ce carnaval de l’orgueil et de la Libre-Pensée ; qu’elle a fait l’homme et qu’elle s’est promenée en homme, dans ses livres, elle en reste éternellement gauchie. […] et elle n’en a fait qu’un très efflanqué, — auquel elle a donné, par conscience, ce titre à queue comme un piano : Histoire des COMMENCEMENTS de la République aux Pays-Bas.
— et ils ont tous les trois donné contre elle une panacée. […] Saint-Bonnet ne donne pas dans ces logomachies. […] Mais quand on le pourrait, on se priverait encore de la beauté que le philosophe, grand artiste toujours, donne au développement de ses idées, et de la force qu’il imprime à leurs conséquences. […] La notion de l’Être absolu, pour Saint-Bonnet, donne l’être de l’homme, et c’est en creusant dans la notion de ces deux êtres, dont l’un a créé l’autre à même lui, qu’il arrive à la formation de la personnalité et du mérite dans l’homme, par l’effort et par la douleur. […] Cette loi sublime, il la montre et la suit dans tous les phénomènes qu’ils appellent, eux, le mal de la vie : la faim, — tout commence par la faim, dit-il, — le travail, l’esclavage, les infirmités des organes, les maladies, la vieillesse, — dont il donne la raison divine, la raison suprême et rayonnante, — et enfin la mort, qui commence la grande vie.
donnez-moi la force et le courage De contempler mon cœur et mon corps sans dégoût ! […] Il appartient à une époque troublée, sceptique, railleuse, nerveuse, qui se tortille dans les ridicules espérances des transformations et des métempsycoses il n’a pas la foi du grand poète catholique, qui lui donnait le calme auguste de la sécurité dans toutes les douleurs de la vie. […] L’esprit des hommes, qu’il bouleverserait en atomes, n’est pas capable de l’absorber dans de telles proportions sans le revomir, et une telle contraction donnée à l’esprit de ce temps, affadi et débilité, peut le sauver, en l’arrachant par l’horreur à sa lâche faiblesse. […] Je veux parler de l’américain Edgar Poe, dont il nous a donné une traduction vraie comme la Passion et éloquente comme elle ; Edgar Poe, dont il a fait tellement peser sur lui l’influence, que je le défierais bien de maintenant l’effacer. […] Charles Baudelaire, qui nous a introduit Edgar Poe dans la littérature française (et c’est une bonne introduction), paraît vouloir y introduire cet autre esprit malade de son vice, qu’il nous donne pour plus qu’il ne vaut.
car Victor Hugo nous a donné une cour des Miracles, dans sa Notre-Dame de Paris, de manière à prouver qu’il pourrait peindre, s’il voulait, ressemblant et puissant tout à la fois. […] Mais il n’a pas, malheureusement, il faut bien le dire, le seul sentiment qui l’aurait mis au-dessus de ses peintures, le sentiment qui lui aurait fait rencontrer cette originalité que Villon, Rabelais et Régnier ne pouvaient pas lui donner. […] Richepin, quand il s’efforce et donne d’une tête de bélier enragé contre tout. […] Et l’horreur qu’il en donnait était salutaire et pouvait être féconde. […] Richepin ne donne pas cette saine horreur.
Le lendemain de cet assaut, dans une lettre adressée à Joubert et où il lui donnait ses ordres, Bonaparte, vainqueur à Millesimo et se portant sur Dego, s’excusait presque de ne pas l’avoir appelé pour prendre part au dernier combat : « Je conçois que vous allez nous faire bien des reproches de ne vous avoir pas appelé ; mais vous étiez trop sur la gauche. […] Mandé la veille de la bataille de Castiglione, il arrive à temps pour y prendre sa bonne part : J’arrivai à l’heure indiquée (le 4 août à six heures du soir) : Voilà Joubert, dit un des aides de camp du général en chef, c’est un bon augure pour la journée de demain. — « Il faut encore que tu donnes un coup de collier, me dit Bonaparte, et nous nous reposerons ensuite. » Je l’ai vivement donné ce coup de collier… On sourit involontairement : on songe à cette longue série de coups de collier, depuis Montenotte, depuis Castiglione jusqu’à Moscou, jusqu’à Montmirail. […] Joubert y est guidé pas à pas, étape par étape ; cette lettre n’est plus seulement d’un général en chef qui lui donne des ordres, mais d’un maître qui se plaît à l’initier au grand art. […] [NdA] C’est l’éloge que lui donne pour cette action Bonaparte, dans son rapport du 15 avril au Directoire : « Déjà l’intrépide général de brigade Joubert, grenadier par le courage et bon général par ses connaissances et ses talents militaires, avait passé avec sept hommes dans les retranchements de l’ennemi ; mais, frappé à la tête, il fut renversé par terre, etc. » 27. […] [NdA] Voir la lettre de Napoléon au Directoire, du 14 août 1796, dans laquelle il donne son opinion sur chacun des divisionnaires.
Depuis trois ans qu’il nous a donné la première partie de son Spectacle dans un Fauteuil, de nombreux et vifs témoignages nous l’ont montré toujours en progrès, toujours en action sur lui-même. […] Cette conclusion, on le voit, nous ramène à une situation dont les Lettres d’un Voyageur nous avaient déjà donné l’idée. […] ajouta-t-elle d’un ton charmant, traitez un peu votre expérience comme je traite ma fatigue ; nous avons fait une bonne course, et nous souperons de meilleur appétit. » M. de Musset se donne ici à lui-même les indications attrayantes et sensées suivant lesquelles il aurait pu, selon moi, mener à bien son livre et guérir véritablement son héros. […] La Confession montre qu’il aurait l’haleine ; mais il ne s’y est pas assez donné le temps de la confection. […] Avant de laisser le brillant et nouveau témoignage de force et de talent donné par M. de Musset, aux limites et presque en dehors de la critique littéraire sur laquelle nous avons trop insisté peut-être, que l’auteur, que l’ami nous permette un vœu encore.
Nous allons donner un aperçu de quelques-unes de ces comédies. […] » Pantalon, attendri, l’embrasse, lui donne pour mari Oratio qu’elle aime, et lui-même répare ses torts envers Olympia. […] Il se donne à Pantalon pour envoyé par ses ennemis de Venise afin de le tuer ; mais touché de la beauté d’Isabelle, il renonce à son projet et demande la main de sa fille. […] Elle lui donne un rendez-vous et s’arme d’un poignard pour satisfaire sa vengeance ; mais le prétendu valet du capitan, qui a assisté à ces différentes scènes et qui s’est convaincu de l’injustice de ses soupçons, se démasque. […] Pantalon, à sa fenêtre, sonne du cor pour donner le signal aux autres chasseurs.
Pourquoi, à un moment donné, celui-ci et non celui-là ? […] Dante connaît la distinction des trois sortes de mots, parola plana, parola sdrucciola, parole tronca ; il sait que la piana donne un trochée, la sdrucciola un dactyle et la tronca un ïambe. […] est-ce là ce qui leur donne de certains troubles étranges ? […] Dans Homère, dans Aristote, dans Newton, il vous a donné tout ce qu’il avait. […] La complication du phénomène, laquelle ne se laisse entrevoir, au-delà de nos sens, qu’à la contemplation et à l’extase, donne le vertige à l’esprit.
Car les gens de théatre croïoient alors qu’une certaine phisionomie étoit tellement essentielle au personnage d’un certain caractere, que pour donner une connoissance complette du caractere de ce personnage, ils pensoient qu’ils devoient donner le dessein du masque propre à le représenter. […] Ce même Pollux nous donne dans le chapitre de son livre que je viens de citer, un détail très-long et très-curieux sur les differens caracteres des masques qui servoient dans les representations des comédies et des tragédies. […] Voilà pourquoi les latins ont donné le nom de persona aux masques qui font retentir et resonner la voix de ceux qui les portent. […] Je hazarderai ici une conjecture toute nouvelle, et qui peut donner l’intelligence d’un passage de Pline mal entendu jusques ici ; c’est que les anciens après s’être servi d’airain pour incruster les masques, y emploïerent ensuite des lames fort minces d’une espece de marbre. […] On peut juger par l’attention que les anciens faisoient sur toutes ces choses, s’ils avoient négligé de chercher des inventions propres à faire faire aux masques de théatre l’effet, qui, suivant Aulugelle, leur avoit fait donner le nom de persona.
Il ne sera dépassé et mis en oubli que par un livre d’égale force d’intelligence, lequel, représentant, comme celui-ci, dix ans de travaux, d’efforts, de patience inouïe, prendra les notions sur la Chine là où Huc les a prises, et nous en donnera l’équivalent en les avançant autant que l’ouvrage du courageux missionnaire les a avancées. […] Huc qui, comme Abel Rémusat, a trouvé qu’il n’y avait rien de moins immobile que l’immobile Asie, nous donne dans son livre l’histoire d’une philosophie sociale qui remua tout en Chine, dans le XIe siècle, sous la fameuse dynastie des Song, et qui a mille rapports curieux avec le Socialisme moderne de l’Occident. […] Mais ce qui donne la moyenne de l’esprit chinois, ce qui est essentiellement le fruit du terroir, la production du sol, ce sont les maximes générales, les proverbes, et, en d’autres termes, la littérature populaire. […] Nous en fîmes quelques extraits que nous allons reproduire, et nous les donnons comme spécimen de l’esprit chinois. » Huc compare ces sentences à ce que nos moralistes européens ont écrit de plus ingénieux et de plus fin, et il a raison. […] Malheureusement, nous sommes obligés de choisir là où Huc ne choisit pas : « Si le cœur — disent les Chinois — n’est pas de moitié avec l’esprit, les pensées les plus solides ne donnent que de la lumière : voilà pourquoi la science est si peu persuasive et la probité si éloquente.
— comme quelque chose de donné… comme une étoffe qu’il fallait travailler, et c’est ainsi que l’esprit devient matière sous ses mains ! […] III Elles meurent justement parce qu’elles sont des écoles, parce que la poésie collective, la poésie analogue, qui se tient et qui se ressemble par une communauté de parti pris ou de doctrines, est une poésie qui s’épuise vite, — les hommes de talent qui se donnent à elle, par cela même qu’ils se donnent, n’étant pas de force à la renouveler. […] Ils ont payé de leur talent et de leur gloire réelle et durable les tapages de leurs systèmes et le fanatisme de leurs cénacles, et le dernier des imitateurs qui, sans personnalité supérieure, a de la main, du métier, de la volonté (cette chose qu’on a fait entrer depuis quelque temps dans la poésie), peut obtenir et nous donner du Ronsard, du Wordsworth ou du Victor Hugo, à faire illusion même au maître qu’il imite. Seulement, si un conte répété deux fois est assez ennuyeux pour que Shakespeare en ait fait la comparaison de la vie, nous demandons quelle impression doit causer, à vingt ans de distance, une imitation malheureusement trop réussie puisqu’elle ne nous donne ni une idée ni une sensation de plus que le poète dont elle est l’écho. […] Tu vins, et d’un ton compassé, Un pied sur l’avenir, l’autre sur le passé, Tu chantas à grands flots ces créations pures… Pour la beauté d’abord tu nous donnas Hélène, Forme terrible et pure, en son manteau de laine, Pour laquelle à jamais les hommes et les Dieux Se livrent sans relâche un combat odieux… Hélène qui, riant sur sa couche fatale, Tuait dans un baiser l’Asie orientale, Et serrant sur son sein l’enfant aux blonds cheveux, Étouffait un empire entre ses bras nerveux !
Il prouve qu’on peut étreindre un type dans sa pensée, le porter des années peut-être dans cette cohabitation intellectuelle qui embrase la plupart des esprits, puis le laisser choir de son cerveau, organisé, vivant, sans avoir été ému une seule fois de la nature qu’on lui a donnée ou de la destinée qu’on lui a faite. […] Il en a fait la fille d’un paysan dans l’aisance, qui lui a donné tout juste ce qu’il faut d’éducation à une fausse demoiselle pour mépriser son bonhomme de père, s’il a dans sa grosse main le calus du manche de la charrue ou du pied de frêne et s’il fait des fautes de français. […] Elle fume, elle met des gilets d’homme, et finit par vouloir être enlevée et faire son petit voyage d’Italie, tout comme une autre… Malheureusement, ici, le faux héros du roman auquel elle s’est donnée, s’écroule. […] Tant de subtiles observations finissent par donner des bluettes ! […] Les procédés habituels d’un écrivain donnent la nature de son esprit.
Ce qui contribue à nous donner une idée prodigieuse des anciens, ce sont les grands effets produits par leurs ouvrages ; ce n’est pas néanmoins d’après cette règle qu’il faut les juger. […] La gloire moderne n’eût pas suffi pour récompenser de tels efforts ; il ne fallait pas moins que la gloire antique, pour donner la force de soulever de si grands obstacles. […] Il faut que la pensée soit avertie par les événements ; c’est ainsi qu’en examinant les travaux de l’esprit humain, on voit constamment les circonstances ou le temps donner le fil qui sert de guide au génie. […] La doctrine calme et forte qu’ils enseignaient donne à leurs écrits un caractère que le temps n’a point usé. […] Les Grecs devaient donner l’impulsion à la littérature et aux beaux-arts ; les Romains ont fait porter au monde l’empreinte de leur génie.
Il faut donc se représenter : 1º le caractère ; 2º les circonstances ; 3º l’impulsion que les circonstances doivent donner au caractère. […] Le tout n’est pas, surtout pour vous, de pénétrer l’homme à fond, de mesurer sa grandeur ou de démêler sa complexité : c’est d’avoir et de donner la sensation du vivant : c’est d’avoir vraiment pris son contact ; et l’eût-on vu de profil, n’en eût-on vu que l’ombre, cela vaudrait mieux encore que d’avoir calqué une photographie antérieure. […] Un écrivain dramatique de notre temps, qui certes a su donner à ses caractères une rectitude et une consistance merveilleuse à travers les surprises de l’intrigue et les incohérences de la passion, nous a fait quelque part la confidence qu’il se faisait la biographie de chaque personnage qu’il voulait introduire dans une pièce, qu’il le dotait d’une existence antérieure, d’un long passé, où son tempérament et ses habitudes étaient minutieusement décrits. […] S’il vous est arrivé jamais de concevoir l’idée d’un enfantillage, d’une équipée, d’une folie, pure fantaisie de l’esprit inquiet et désœuvré, et de passer à l’exécution sans autre raison que l’idée conçue, sans entraînement, sans plaisir, mais fatalement, sans pouvoir résister ; — si vous avez repoussé parfois de toutes les forces de votre volonté une tentation vive, si vous en avez triomphé, et si vous avez succombé à l’instant précis où la tentation semblait s’évanouir de l’âme, où l’apaisement des désirs tumultueux se faisait, où la volonté, sans ennemi, désarmait ; — si vous avez cru, après une émotion vive, ou un acte important, être transformé, régénéré, naître à une vie nouvelle, et si vous vous êtes attristé bientôt de vous sentir le même et de continuer l’ancienne vie ; — si par un mouvement de générosité spontanée ou d’affection vous avez pardonné une offense, et si vous avez par orgueil persisté dans le pardon en vous efforçant de l’exercer comme une vengeance ; — si vous avez pu remarquer que les bonnes actions dont on vous louait n’avaient pas toujours de très louables motifs, que la médiocrité continue dans le bien est moins aisée que la perfection d’un moment, et qu’un grand sacrifice s’accomplit mieux par orgueil qu’un petit devoir par conscience, qu’il coûte moins de donner que de rendre, qu’on aime mieux ses obligés que ses bienfaiteurs, et ses protégés que ses protecteurs ; — si vous avez trouvé que dans toute amitié il y a celle qui aime et celle qui est aimée, et que la réciprocité parfaite est rare, que beaucoup d’amitiés ont de tout autres causes que l’amitié, et sont des ligues d’intérêts, de vanité, d’antipathie, de coquetterie ; que les ressemblances d’humeur facilitent la camaraderie, et les différences l’intimité ; — si vous avez senti qu’un grand désir n’est guère satisfait sans désenchantement, et que le plaisir possédé n’atteint jamais le plaisir rêvé ; — si vous avez parfois, dans les plus vives émotions, au milieu des plus sincères douleurs, senti le plaisir d’être un personnage et de soutenir tous les regards du public ; — si vous avez parfois brouillé votre existence pour la conformer à un rêve, si vous avez souffert d’avoir voulu jouer dans la réalité le personnage que vous désiriez être, si vous avez voulu dramatiser vos affections, et mettre dans la paisible égalité de votre cœur les agitations des livres, si vous avez agrandi votre geste, mouillé votre voix, concerté vos attitudes, débité des phrases livresques, faussé votre sentiment, votre volonté, vos actes par l’imitation d’un idéal étranger et déraisonnable ; — si enfin vous avez pu noter que vous étiez parfois content de vous, indulgent aux autres, affectueux, gai, ou rude, sévère, jaloux, colère, mélancolique, sans savoir pourquoi, sans autre cause que l’état du temps et la hauteur du baromètre ; — si tout cela, et que d’autres choses encore ! […] Mais, pour l’appliquer, il faut savoir quels changements dans les effets répondent à tels changements dans les causes, mesurer la valeur de chaque donnée, afin de faire varier le produit selon que varieront les facteurs.
Je frémis en songeant que vous auriez pu vous taire ; j’ose à peine concevoir la signification, écrasante pour moi, qu’on eût donnée à ce silence ; et je vous remercie de m’avoir épargné une si rude épreuve. […] Si la Comédie-Française nous donnait une bonne pièce, je me connais, je ne pourrais pas m’empêcher de le dire. […] Vous vous donnez le plaisir facile et puéril (en soulignant naïvement les phrases flatteuses) de dresser une liste des contradictions de la critique touchant Frédégonde. […] a été d’un « gendelettre », et je suis obligé de donner ici à cet affreux mot toute sa force. […] Voici mon texte : « … Que si, malgré tout, on ne s’en est pas aperçu, je n’en sais que dire, sinon que cela nous donne le niveau intellectuel du public », etc.
Rostand aurait pu lui donner aussi bien un autre nom, Lagardère ou d’Artagnan. […] Il ne donne rien que de topique, et il le donne avec une prodigalité qui effraye. […] Il m’a été donné de connaître enfin ces premiers vers, et j’y ai goûté un singulier plaisir. […] Cette force lyrique et dramatique ne se gouverne pas et va dans l’excès ; elle donne souvent sur ses deux écueils : le précieux caché et le facile des situations.
J’entends bien que chaque Poète ne crée pas à nouveau l’univers, mais il le crée en partie pour ceux qui savent le lire et le compléter ; il le créerait totalement si son œuvre était l’Œuvre définitive à laquelle toute l’humanité travaille, et il peut même en donner une image complète dans le domaine restreint qu’il s’est choisi, si, en ces justes limites, son œuvre est parfaite. […] « Pourquoi créer, pourquoi donner au monde mauvais la plus vierge part de notre âme ? » Faire l’acte de Beauté pour sa simple grandeur, se donner comme donne un prince. […] Si l’on veut laisser de côté un illogisme partiel qui peut-être me frappe parce que M. de Régnier n’a pas encore énoncé sa pensée tout entière, il faut dire combien sa philosophie, débilitante pour l’homme, est au contraire féconde pour le poète, car elle lui donne à montrer les plus grandes attitudes morales et plastiques.
La nouvelle génération philosophique comprendra la nécessité de se transporter dans le centre vivant des choses, de ne plus faire de la philosophie un recueil de spéculations sans unité, de lui rendre enfin son antique et large acception, son éternelle mission de donner à l’homme les vérités vitales. […] La logique entendue comme l’analyse de la raison n’est qu’une partie de la psychologie ; envisagée comme un recueil de procédés pour conduire l’esprit à la découverte de la vérité, elle est tout simplement inutile, puisqu’il n’est pas possible de donner des recettes pour trouver le vrai. […] Qui dira que l’histoire naturelle, l’anatomie et la physiologie comparées, l’astronomie, l’histoire et surtout l’histoire de l’esprit humain ne donnent pas au penseur des résultats aussi philosophiques que l’analyse de la mémoire, de l’imagination de l’association des idées ? […] Prenez les mythologies, qui nous donnent la vraie mesure des besoins spirituels de l’homme ; elles s’ouvrent toute par une cosmogonie ; les mythes cosmologiques y occupent une place au moins aussi considérable que les mythes moraux et les théologoumènes. […] La peine que se donne M.
Il y a un autre trait qui dut donner à rêver à Molière, c’est celui, plus content qu’aucun des sept Sages. […] Et, lui sage, il leur dit : Il est difficile de blâmer la conduite de ce chien ; cependant comme il est, dans cette fable, le représentant, d’un échevin ou d’un prévôt des marchands, La Fontaine n’aurait pas dû lui donner l’épithète de sage. […] Mais peut-on se donner ou s’ôter la prévoyance ? […] La Fontaine a beau dire que chacun est sot et gourmand, il ne l’est pas au point de donner la moindre vraisemblance à cet Apologue. […] A ma voix comme à celle du sage… Remarquons comme La Fontaine évite toujours de se donner pour un sage.
Il s’agit uniquement de remonter, s’il est possible, aux causes qui donnent tant de supériorité à un certain siecle sur les autres siecles. […] J’ai crû pouvoir emploïer le mot de siecle dans cette signification avec d’autant plus de liberté, que la durée d’un siecle est arbitraire essentiellement, et qu’on est convenu de donner cent années à chaque siecle uniquement pour faciliter en chronologie les calculs et les citations. […] J’appelle ici causes morales, celles qui operent en faveur des arts, sans donner réellement plus d’esprit aux artisans, et en un mot sans faire dans la nature aucun changement physique, mais qui sont seulement pour les artisans une occasion de perfectionner leur génie, parce que ces causes leur rendent le travail plus facile, et parce qu’elles les excitent par l’émulation et par les recompenses, à l’étude et à l’application. […] Les compatriotes des grands artisans, peuvent-ils donner aux beaux arts cette attention qui les encourage avec tant de succès, s’ils ne vivent pas dans un temps où il soit permis aux hommes d’être plus attentifs à leurs plaisirs qu’à leurs besoins. […] Le soldat romain n’auroit plus fait de cas de cette couronne de chêne, pour laquelle il s’exposoit aux plus grands dangers, si la faveur l’eût fait donner quatre fois de suite à des personnes qui ne l’auroient pas méritée.
Nous n’avons aucun renseignement, aucune donnée sur la personne de Μ. […] C’est un jeune homme d’esprit… peut-être, mais c’est, à coup sûr, un esprit de jeune homme, qui manque parfois de lest, ce fardeau pesant parfois, de l’expérience, mais qui nous donne l’aplomb sans lequel notre esprit n’est plus qu’un volant sur la moqueuse raquette des faits. […] Hatin nous en donne, il a quelque chose d’actif et de remuant dans les relations sociales aussi bien que dans la pensée. […] Hatin, qui aurait pu les rappeler avec un juste mépris et passer outre, les a trop rappelées, et s’est attardé dans des citations qui donneront à croire que le besoin de compléter un volume, où la matière d’un volume manque évidemment, était furieusement impérieux ! […] Lorsque l’auteur de l’Histoire de la Presse en France ne s’appesantit que sur des inutilités, comme, par exemple, quand il nous cite, dans le dessein transparent de faire son volume, les platitudes difficiles, nugas difficiles , de la Gazette en vers de Loret, pu quand encore, sous prétexte de nous donner l’histoire du Mercure, il nous transcrit je ne sais combien de passages de la comédie du Mercure galant de Boursault, que nous savons bien où trouver sans avoir besoin de la relire dans l’histoire de Μ.
II Ainsi, — je le répète, — ce n’est point l’affirmation de Saint-René Taillandier, quelle que soit l’épouvantable peine qu’il se donne pour paraître enthousiaste, et il l’est peut-être, que sait-on ? […] En dehors de l’Histoire, sans l’intérêt des faits de l’Histoire, le pauvre Sismondi, homme du monde, pédant dépaysé dans des Décamérons impossibles, voulant donner gentiment la patte aux dames et ne pouvant pas, devait être ce qu’il est en ces lettres arrachées aux rats, qui en auraient mieux joui que nous ; car, franchement, elles ne sont rien de plus qu’insignifiantes, quand elles ne confinent pas… j’oserai le mot, puisqu’il est mérité ! […] Saint-René Taillandier, qui adore Sismondi et Bonstetten et qui nous a donné leurs lettres en disant, comme l’amateur de prunes dans La Bruyère : « Goûtez-moi cela ! », au lieu de nous donner de vraies lettres inspirées, comme Mesdames de Souza et de Staël savaient en écrire à ceux qui avaient le bonheur d’être aimés d’elles ou de leur plaire, — car on n’écrit bien les lettres qu’à ces conditions ! […] En effet, ce qu’on nous donne est peu de chose en comparaison de ce que nous pouvions espérer.
L’esprit de Galiani, si à part et si personnel, est plus curieux à étudier que ses ouvrages, et cet esprit est surtout dans sa correspondance il y parle beaucoup des livres qu’il a faits, mais il y parle aussi des livres qu’il veut faire, et ses projets de travaux qu’il n’a pas accomplis donnent la mesure et la portée d’un esprit qui tranchait sur les esprits de son temps par la pétulante originalité du sien. […] Le sacerdoce lui aurait donné la gravité que naturellement il n’avait pas. […] … Ce qu’il y a de personnel et d’intime dans cette Correspondance donnera-t-il une idée complète d’un esprit qui était surtout une personne ? […] Ce n’est pas moi qui ai donné, du reste, le premier, à Galiani ce nom d’Arlequin ; ce n’est pas moi qui ai plaqué le premier ce masque de la Comédie italienne sur son visage. […] Pour donner une idée de l’exiguïté de sa taille et du peu de hauteur de sa stature, on raconte qu’un jour une duchesse de ce temps matérialiste, qui n’estimait que la matière et à laquelle il s’était permis de faire une déclaration d’amour, le prit d’à genoux où il s’était mis, et, l’enlevant de terre comme un enfant coupable, l’assit d’autorité sur le marbre d’une cheminée qui était haute et sonna pour dire au domestique : « Descendez monsieur !
Cousin, lequel, lui, a donné sa démission de philosophe entre les mains des dames et est entré dans les pages de madame de Longueville, M. […] Cousin, et cette fleur a donné ses fruits. […] Saisset, à qui je ne demanderai pas plus qu’il ne peut me donner, a-t-il fait du moins dans son Essai de philosophie religieuse, pour le compte de la personnalité divine, quelque découverte qui fasse avancer cette question ? […] Ôtez, en effet, les vérités indémontrables et nécessaires à la vie et à la pensée humaines, qu’on savait avant les philosophes, et auxquelles ils n’ont pas donné un degré de certitude de plus, — le nombre infini de leurs sophismes laborieux, — les forces d’Hercule perdues par eux pour saisir le faux ou le vide, — le mal social de leurs doctrines qui n’ont pas même besoin d’être grandes pour produire les plus grands maux, — ôtez cela après l’avoir pesé, et dites-moi ce qui reste de tous ces philosophes et de toutes ces philosophies, même de ceux ou de celles qui paraissent le plus des colosses ! […] Avec leurs tourbillons, leur vide et leur plein, leur dynamique, leurs harmonies préétablies, leurs idéalismes impossibles, ce sont de grands poëtes, mais abstraits, — des faiseurs, comme dit le mot poëte, des créateurs de puissantes ou d’impuissantes chimères, car l’homme n’invente réellement que sur le terrain de l’imagination : mais Dieu lui donne et il reçoit seulement sur celui de la vérité.
Sa politique, à lui, est de l’histoire, et c’est de l’histoire où elle est, c’est-à-dire dans le passé, qu’il invoque, sous le nom de saint Louis et de la reine Blanche, en face de l’histoire telle qu’on veut la faire aujourd’hui sous le nom du comte de Chambord… Pour prendre Maurice de Bonald sur le pied hardi où il se donne, il faut évidemment être un chrétien comme lui, ayant inébranlablement dans l’esprit la conception de la monarchie comme elle a été réalisée depuis Clovis jusqu’à saint Louis, qui en fut l’idéal le plus pur et le plus élevé… Or, cette monarchie n’existait pas en soi et par elle-même. […] Parole effroyable, mais qui, pour celui qui l’a écrite, exprime une chose plus effroyable encore et dont on ne peut donner trop d’effroi : la révolution acceptée lâchement par la royauté contre l’Église, sa mère, et contre elle-même… Et, en effet, aux yeux de ceux-là qui croient que la constitution de la monarchie française était essentiellement catholique, c’est comme si Henri IV avait pu devenir roi de France sans cesser d’être protestant… III Et pas de doute que l’auteur de la Reine Blanche, saint Louis et le comte de Chambord, n’eût été de ceux-là s’il avait vécu au xvie siècle. […] Plus grand qu’eux tous enfin, l’empereur Napoléon, qui un moment put se croire Charlemagne, — et qui, plus catholique, peut-être l’aurait été, et a trop fait voir qu’il ne l’était pas, — Napoléon, ce Napoléon qui, par parenthèse, avait pensé à donner à son fils pour précepteur le catholique Bonald, si son fils n’avait pas été le roi de Rome, Napoléon lui-même, malgré tout son génie, avait partagé l’erreur commune — cette erreur qu’on pourrait appeler la grande erreur du xixe siècle ! […] Il vint ici et me demanda des conseils que je lui donnai avec tendresse. […] De telles plaintes et de tels jugements, venant de si haut, donnent à Maurice de Bonald une triste sécurité… Il y a bien des manières d’abdiquer, en effet !
Je veux rapprocher deux hommes placés dans des milieux différents sur lesquels ils ont influé, chacun à sa manière, et qui ont même participé à la création de ce milieu ; je veux simplement mettre en regard deux organisations analogues, supérieures toutes deux par une délicatesse exquise et une très grande force, — une force qui donne d’autant plus de plaisir qu’elle est cachée sous la grâce et sous l’harmonie. […] Nous n’aurions qu’un chapitre à écrire sur les œuvres de M. de Vigny, et nous serions forcé de choisir un de ses ouvrages pour donner une idée des autres et de son génie, que ce sont ses Poèmes que nous choisirions. […] Michel-Ange est assez puissant pour tenir sous son pied l’opinion publique comme son glorieux patron tient le diable sous sa sandale d’or, mais la vue du sublime affranchit l’esprit et lui donne le courage de rejeter l’oppression de la plus colossale célébrité et par d’autres grandeurs, la mieux justifiée… Et cependant le poème de Moïse, qui me fait écrire de telles choses, en mon âme et conscience, n’est, à mes yeux, que le second en mérite des Poèmes de M. de Vigny. […] Donnée qui fait trembler de son audace le christianisme dans nos cœurs, mais exécutée avec cette tendresse et cette candeur qui le rassurent ! […] … Et je donne des nuits qui consolent des jours !
Publié au commencement de l’année, — pour le jour de l’an, comme on dit, — chamarré d’illustrations sur toutes les coutures, il donnera certainement dans les beaux yeux humides pour lesquels il a été fait… Il aura son succès comme les bonbons et les polichinelles, et il pourra chanter, car un tel livre chante : Que Pantin serait content, S’il avait l’heur de vous plaire ! […] Feuillet de Conches, le chef du protocole au ministère des affaires étrangères, un homme très grave et très officiel, donne cette petite leçon aux puritains de la gravité et de l’étiquette de se permettre un livre émerveillant de merveilleux, comme dirait Rabelais, pour l’instant aussi son père et son compère, un livre vermillonné et émerillonné comme pas un des livres les plus colorés de ce temps. […] Grimm les philologues, à travers les recueils de qui ces contes ont passé, nous eussions beaucoup mieux aimé, par exemple, quelque servante, comme cette servante de Perrault dont Feuillet nous a parlé dans son livre actuel, en supposant qu’elle ait existé, en supposant que, pour s’excuser d’avoir fait des contes d’enfants, cette petite chose, dans un siècle qui n’aimait que le grand et qui l’aimait jusqu’à l’hypocrisie, cette servante en faveur de qui Perrault, bêtement honteux, a donné la démission de son génie, n’ait été de sa part qu’une invention de plus. […] Désormais les enfants qui liront cet Arioste du coin du feu et à leur usage garderont, dans cette imagination qui se souvient toujours des premiers baisers qu’on lui donne, la trace des deux lèvres paternelles qui s’y seront appuyées et y auront laissé leur phosphore. […] Nous avons donc eu dans ces Contes, au prix d’un plaisir, deux leçons : la leçon morale que doit aux enfants tout conteur, et qui est le pain de la confiture, disait Bernardin de Saint-Pierre, et la leçon de langue que le conteur ne devait pas et qu’il nous a donnée, sans avoir l’air d’y toucher, — la seule chose, cette finesse (j’aurai la brutalité de le dire en finissant), qui sente la diplomatie et qui nous rappelle à quel diplomate nous avions affaire, puisque, dans tout ce carnaval de contes d’enfant et de grand-père, il s’est si parfaitement et si délicieusement déguisé.
Je donnerai donc ici, d’abord, une courte préface qui m’a été demandée pour une nouvelle édition d’Adolphe, et j’ajouterai à la suite quelques-unes des notes que j’avais recueillies autrefois dans les conversations de Mme Récamier. […] Mais de plus indiscrets ont voulu chercher plus avant ; et comme le héros du livre, Adolphe, est évidemment le portrait de Benjamin Constant lui-même, que celui-ci a bien eu l’éducation et la jeunesse qu’il donne à son personnage, qu’il a bien eu un père comme celui-là, d’apparence froide et sans confiance avec son fils, qu’il a bien réellement connu, dès son entrée dans le monde, une femme âgée, philosophe, telle qu’il nous la montre (Mme de Charrière), on a voulu le suivre plus loin et trouver, dans les tristes vicissitudes de la passion décrite, des traces et des preuves d’une de ses propres passions et de la plus orageuse. On sait en effet qu’attaché de bonne heure à Mme de Staël par un sentiment plus vif encore et plus tendre que l’admiration, il avait voulu, à une certaine heure et quand elle fut libre, l’épouser, lui donner son nom et qu’elle s’y refusa absolument : il lui aurait semblé, à elle, en y consentant, déroger à quelques égards, faire tort à sa gloire, et, comme elle le disait gaiement, désorienter l’Europe. […] Le comte de P. est de pure invention, et, en effet, quoiqu’il semble d’abord un personnage important, l’auteur s’est dispensé de lui donner aucune physionomie, et ne lui fait non plus jouer aucun rôle.
Un homme sans liste civile n’est pas tenu de vous donner des livres semblables à ceux d’un roi littéraire. […] Ce noble exemple, tant ridiculisé par un monde aveugle, me paraît, à lui seul, capable de racheter les erreurs de sa vie… Il y a loin de la dignité d’action du pauvre Rousseau à la pompeuse fortune littéraire des spéculateurs en philanthropie, Voltaire et son écho lointain Beaumarchais… » M. de Balzac, après avoir, non sans raison, remarqué que cette sévérité contre les auteurs qui vendent leurs livres siérait mieux peut-être sous une plume moins privilégiée à tous égards que celle de M. de Custine, se donne carrière à son tour, se jette sur les contrefaçons, agite tout ce qu’il peut trouver de souvenirs à la fois millionnaires et littéraires : la conclusion est qu’à moins de devenir riche comme un fermier général, on se maintient mal aisément un grand écrivain. […] Presque autant vaudrait, dans un drame, nous donner la biographie détaillée, passée et future, de chacun des comparses. […] A côté des portions bien observées, qu’exprime un style trop complice de son sujet, l’auteur a laissé échapper de singulières inadvertances : en un endroit, Marion Delorme se trouve être une courtisane du xvie siècle, par opposition à Ninon, qui est du xviie ; ailleurs, la vie de Mazarin est donnée comme bien autrement dominatrice que celle de Richelieu, lequel meurt à la fleur du pouvoir : cela devient fabuleux.
Le mot leur donne une idée plus ou moins ressemblante de la chose : mais la chose évoquera-t-elle le mot ? […] Il viendra peut-être un jour où nous serons si ignorants de la syntaxe et de la rhétorique, si blasés sur tous les effets du style disloqué et de la phrase impressionniste, qu’un écrivain qui reviendra à la stricte observance des lois grammaticales, qui s’avisera de faire suivre un sujet de son verbe et le verbe de son complément, qui saura employer d’autres temps que l’imparfait, qui donnera un régime direct aux verbes actifs, indirect aux intransitifs, qui se servira des conjonctions et des relatifs, qui renverra les participes et les prépositions à leur ancien office, cet écrivain-là, honnête disciple de Dumarsais et de Marmontel, charmera tout le public par l’éclatante originalité de sa tentative. […] Démissionner est venu remplacer donner sa démission ; impressionner a chassé faire impression. […] Affectionner quittait son vieux sens de donner de l’affection, pour venir remplacer aimer.
Car on peut hésiter entre les deux interprétations, comme vous le verrez par ces deux passages qui vous donneront une idée de la manière de M. […] Obscure, la hantise du fatal y dominait avec l’image de pauvres chevaux qui « travaillent », de laboureurs qui « travaillent », de mineurs qui « travaillent », d’une foule humble et immense à qui les sueurs et les supplices à peine donnent le pain quotidien, le sommeil pitoyable et des joies confuses de reproducteur. » « … Comme une pluie d’automne, comme un firmament lourd et sans nuances, comme une lande stérile, les pages lui pleurèrent sur l’âme et la racornirent. […] Pour donner au monde un roman naturaliste de plus, et, notamment, pour décrire les sensations d’un infirme qui regarde passer les gens à travers une lucarne. […] Et quelle horrible vanité, de sacrifier la vie même et tout ce qui lui donne son prix véritable à d’inutiles et inintelligibles transcriptions de la vie !
Jules Lemaître Tandis que d’autres donnaient dans le mysticisme sensuel de Baudelaire ou dans le bouddhisme de Leconte de Lisle, et tandis que presque tous étaient profondément tristes, le sentiment que M. […] José-Maria de Heredia, n’approchait pas de la richesse et de la grandeur que cet ouvrier poète lui a donnée. […] Il a publié lentement des sonnets sonores, enfin recueillis dans les Trophées, qui, par la fermeté du dessin, l’éclat des tons et la puissance du modèle, suggèrent un plaisir esthétique rival de celui qui est propre aux arts plastiques, et qui donnent souvent par l’accord de l’idée et de la forme le sentiment même de la perfection. […] José-Maria de Heredia, savant comme Ovide, en d’éclatants sonnets nous a donné l’émotion des siècles disparus.
Cette dédicace donna à la reine le désir de connaître la troupe dirigée par le fils de ses anciens protégés. […] Il n’était pas le seul dans la troupe qui en donnât l’exemple. […] La fantaisie extravagante, dont le recueil de Flaminio Scala nous a déjà offert quelques exemples, s’y donna pleine carrière. […] Nous reproduisons ce dessin qui donne une idée du costume des premiers rôles féminins dans la troupe des Fedeli.
John Stuart Mill, ce chapitre nous présente une série de discussions sur quelques-unes des questions les plus profondes et les plus embrouillées de toute métaphysique… Le titre donnerait une notion très incomplète de la difficulté et de l’importance des spéculations qu’il contient… C’est presque comme si un traité de chimie était donné pour une explication des mots air, eau, potasse, acide sulfurique, etc. » C’est donc une recherche sur l’origine et le mode de formation des idées les plus générales qu’il faut attendre sous ce titre, dont on doit remarquer aussi le caractère très nominaliste. […] Je touche quelque chose, et j’ai la sensation de résistance, l’idée de résistance étant ce qu’il y a de fondamental dans tout agrégat auquel nous donnons le nom d’objet. […] La raison pour laquelle les termes relatifs sont donnés par couples, dit M.
La justice et la fermeté : la justice, qui n’est rien sans la fermeté ; la fermeté, qui peut être un grand mal sans la justice ; la justice, qui prévient le murmure et qui règle la bienfaisance ; la fermeté, qui donnera de la teneur à sa conduite, qui le résignera à sa destinée, et qui l’élèvera au-dessus des revers. […] Tout bien considéré, la vie étant l’objet le plus précieux, le sacrifice le plus difficile, je l’ai prise pour la mesure la plus forte de l’intérêt de l’homme ; et je me suis dit : Si le fantôme exagéré de l’ignominie, si la valeur outrée de la considération publique ne donnent pas le courage de l’organisation, ils le remplacent par le courage du devoir, de l’honneur, de la raison. […] On éclaire l’esprit par l’usage des sens le plus étendu, et par les connaissances acquises, entre lesquelles il faut donner la préférence à celles de l’état auquel on est destiné. […] Comment donnerai-je du goût à mon enfant ?
On n’a pas voulu donner à celui qui étoit né avec le génie de l’architecture, la conduite d’un bâtiment où son talent pût se déploïer. […] Il en est des leçons que les maîtres donnent, dit Seneque, comme des graines. […] La plus chetive donne un bon fruit dans une terre excellente. […] On n’a point crû que ces maîtres eussent assez de part à la gloire de leurs éleves, pour mériter qu’on se donnât la peine de demander et de retenir leurs noms.
Mais nous repoussons le mot, si on lui donne un sens doctrinal sur l’essence des choses sociales, si, par exemple, on entend dire qu’elles sont réductibles aux autres forces cosmiques. […] La sociologie ainsi entendue ne sera ni individualiste, ni communiste, ni socialiste, au sens qu’on donne vulgairement à ces mots. […] Mais le rôle de la sociologie à ce point de vue doit justement consister à nous affranchir de tous les partis, non pas tant en opposant une doctrine aux doctrines, qu’en faisant contracter aux esprits, en face de ces questions, une attitude spéciale que la science peut seule donner par le contact direct des choses. […] Mais ces grands penseurs en ont donné la formule théorique, plus qu’ils ne l’ont mise en pratique.
Voltaire étant donné, avec tout ce qu’il est et tout ce que nous sommes, Voltaire, résumant à lui seul tant de choses vivantes qu’il a créées, que nous n’avons pas eu la force d’arracher de nous et de faire mourir, explique profondément les admirations qu’il excite, — ou plutôt il ne les explique pas. […] Nous allons donc donner une leçon d’admiration à Arsène Houssaye. […] Mais ce grand seigneur de l’intelligence exerce, sur ceux qui n’en ont pas, la fascination qu’ont pour les révolutionnaires les grands seigneurs qui ont trahi leur cause et qui se sont donnés à la Révolution. […] Ce joujou bruyant et dont on ne fait rien qu’un indécent usage, la libre pensée, qu’on nous donne pour une philosophie et qui n’est le plus souvent qu’une lassitude anticipée d’une réflexion éteinte, la libre pensée, cette ennemie de la pensée vraie, qu’elle repousse parce que la pensée vraie oblige, comme la noblesse, et dont elle se débarrasse dans le sérail des sept péchés capitaux, voilà surtout l’œuvre de Voltaire : Hæc facit otia Voltarius !
C’est cette vieille idée à laquelle tant d’esprits sont venus donner leur coup… de front depuis le commencement du xviiie siècle ; car Dindenaut n’avait pas que des moutons dans son troupeau : il avait des chèvres. […] Or, ce n’est pas une exception que d’être un proscrit regrettant sa patrie, un officier mécontent du gouvernement qui l’emploie, un philanthrope, un humanitaire, un Don Quichotte ; — non du passé, comme le chevalier de la Triste-Figure, mais d’un avenir qui ne viendra peut-être pas, ce qui ne donne pas l’air plus gai. […] Scott et Balzac (Balzac surtout, plus grand que Scott par ce côté) ont inventé des manières si supérieures de couper le jeu et de donner les cartes dans cette fameuse partie d’imagination, qu’après eux la difficulté a pris des proportions qui semblent la rendre invincible. […] Avant de mourir, il donne son manuscrit à lire à sa sœur, et ce manuscrit, c’est sa vie, ses amours, son séjour aux Indes, c’est le roman enfin.
C’est la vie rationnée ; chacun-se serre le ventre et attend en grognant un peu. » Quant aux petites villes, il en donne son opinion : « On s’imagine que tout est calme, heureux. […] Taine les examine de l’œil dont Henry Monnier collectionnait les traits de Joseph Prudhomme, avec la sympathie d’un Flaubert faisant parler les gens de Rouen pour orner son Homais, son Bouvard et son Pécuchet, avec l’accablement que le « bourgeois » donnait à Gautier. […] Elles sont des réactions, des mouvements de notre organisme dans un milieu donné. […] Quant au fond même de la question et de savoir si la France ne produit plus que des choux et des navets et si c’est une production insuffisante, je n’essaye même pas d’en donner mon sentiment.
Quand ils ont eu besoin de moyens d’expression nouveaux, ils ne les ont pas cherchés, comme on l’a fait ailleurs, dans la création d’un vocabulaire spécial (opération qui aboutit souvent à enfermer, dans des termes artificiellement composés, des idées incomplètement digérées), mais plutôt dans un assemblage ingénieux des mots usuels, qui donne à ces mots de nouvelles nuances de sens et leur permet de traduire des idées plus subtiles ou plus profondes. […] Claude Bernard, qui nous a donné la philosophie de la méthode expérimentale, fut un des créateurs de la science physiologique. […] En se composant ensemble, ils donnent à cette philosophie sa physionomie propre. […] On aura bien là, si l’on veut, une espèce de système ; mais le principe même du système sera flexible, indéfiniment extensible, au lieu d’être un principe arrêté, comme ceux qui ont donné jusqu’ici les constructions métaphysiques proprement dites.
Le branle est donné pourtant, et maintenant les autres suivent. […] Combien d’heures sur vingt-quatre donnez-vous à votre aiguille ? […] Donnez-moi un homme, non un mannequin de représentation ou une serinette à phrases. […] Smollett, sur cette donnée, écrit un roman entier, Humphrey Clinker. […] Les autres donnent envie de voir ce qu’ils représentent ; il donne envie de ne pas voir ce qu’il veut représenter.
En se portant aux sources grecques pour s’y abreuver, c’était donc le signal d’une véritable révolution que donnaient encore les humanistes. […] Il s’y raconte ; il s’y expose ; il s’y donne à nous en spectacle. […] Qui ne connaît l’expression que Raphaël en a donnée dans une lettre célèbre à Baldassare Castiglione : Essendo carestia di belle donne, io mi servo di certa idea che mi viene nella mente ? […] Ce dernier ouvrage est demeuré manuscrit jusqu’à l’édition qu’en a donnée M. […] Une excellente édition du Théâtre de Robert Garnier a été donnée par M.
Son poème sur Antinoüs est peut-être, dans ce sens, le meilleur qu’il ait donné. […] Il est donné à peu près à tout le monde de concevoir le poème de Jason ; il n’est donné qu’a un très petit nombre de l’écrire comme M.
Un tel usage du pouvoir est si contraire à l’idée du Gouvernement, que ce fut pour enchaîner ce pouvoir aveugle & féroce, que le Gouvernement fut institué : c’étoit pour que les hommes fussent libres, qu’il étoit nécessaire qu’ils fussent gouvernés : car le caractere de la multitude est de se laisser entraîner par la fougue des passions ; & ce fut pour nous soustraire à la tyrannie de la foule, que les Rois nous furent donnés. C’est donc par des loix générales, & non par des volontés particulieres, qu’ils doivent faire régner la justice sur leurs Sujets ; & l’unique objet des loix qu’ils sont obligés de donner à leurs Peuples, doit être de les faire jouir de tous les avantages qu’ils ont reçus de la Nature. La raison suffit pour nous convaincre que les Souverains furent donnés aux Peuples, & non les Peuples aux Souverains.
En général pour tous les livres de droit civil & canonique, il faut donner la préférence aux éditions récentes, parce que les anciennes, quoique mieux exécutées, manquent de bien de choses qu’on a ajouté aux nouvelles. […] Si les livres précédens ne suffisoient pas, on pourroit se procurer tous les traités que le savant Gibert a donné sur les matieres bénéficiales. […] On en a donné un en six vol.
Il ne sait pas peindre ; la magie des lumières et des ombres lui est inconnue, rien n’avance, rien ne recule ; et puis comparé à Bouchardon, à d’autres grands dessinateurs, je trouve qu’il emploie trop de crayon, ce qui ôte à son faire de la facilité, sans lui donner plus de force. Je ne saurais m’empêcher d’insister sur un autre défaut qui n’est pas celui de l’artiste, c’est que la barbarie et le mauvais goût des vêtemens donnent à ces compositions un aspect bas, ignoble, un faux air de bambochades. […] Rends-moi bien cet instant ; laisse là tous ces monstres symboliques ; surtout donne de la profondeur à ta scène ; que tes figures ne soient pas à mes yeux des cartons découpés, et tu seras simple, clair, grand et beau.
Il épousa légalement plus tard la jeune et charmante compagne qu’il s’était donnée, et il l’épousa dans des circonstances qui donnent un grand prix d’honnêteté et de désintéressement à son amour. […] C’est pour méditer dans son cœur sur le travail que sa main exécute que la pensée a été donnée à l’homme : c’est là ce qui l’honore. […] Elle gouverne avec prudence le cercle de la famille, donne des leçons aux jeunes filles, réprimande les garçons. […] baptisons la cloche, donnons-lui le nom de Concorde. […] On m’a enlevé la foi qui me donnait le calme ; on m’a enseigné à dédaigner ce que j’adorais.
Et puis le refrain, le rythme imposé, qui étaient souvent gracieux et légers, ont donné à l’allure du poète plus de vivacité. […] La musique, en outre, complète et renforce l’expression dont la poésie a revêtu les sentiments ; elle donne aux paroles et aux cris partis du cœur une puissance de pénétration plus grande ; elle leur donne en même temps une signification plus large, plus générale, en les traduisant dans une langue universelle. […] On donne titre à une série de petits morceaux en prose ou en croquis, pastels, profils, etc. […] Comment croire que la contemplation quotidienne de ces jolies choses ne donne pas des habitudes à l’esprit comme aux yeux ? […] Il arrive, à certains moments, que la littérature donne à la mode une impulsion passagère.
Nous venons de donner, en notre Avant-propos, quelques exemples des procédés courants, pris cependant à des dates plus récentes. […] Il est pourtant aisé, à mon avis, à l’aide d’une pareille documentation (mais personne ne s’en donna la peine)13, de déterminer nettement le principe qui est double et donne naissance à une double évolution. […] Emile Verhaeren avait donné deux recueils de vers, en 1883 et 1886. […] Sociologiquement, le plus de science acquise, c’est-à-dire de conscience, donne le plus de Droit. […] Ayant donné déjà cinq volumes de vers et plusieurs de prose, je me vois approcher des confins de votre Poésie scientifique.