Les Choéphores ont arrêté Gilissa au passage : Clytemnestre l’a chargée de dire à Égisthe de ne rentrer au palais qu’entouré d’une escorte année : — « Garde-toi, — lui disent-elles, — de rapporter cela au tyran maudit ; prends un air joyeux pour qu’il t’écoute sans soupçon ; dis-lui de revenir seul et en hâte. […] La mort l’attend debout derrière la porte où il l’a embusquée dix années avant : Égisthe entre et il est frappé.
La vieille marquise descend elle-même vers lui, les bras ouverts, du perchoir aristocratique d’où elle le toisait si dédaigneusement l’autre année. […] Qu’il n’ait point vis-à-vis de ce fils, retrouvé et revu après vingt années, un élan de tendresse, un signe d’affection, un tressaillement d’émotion ou de repentir, cela refuse absolument d’entrer dans l’esprit, et encore plus dans le cœur.
Pourtant, parce qu’un homme tel que M. de Lamartine a trouvé convenable de ne pas clore l’année 1848 sans donner au public ses confessions de jeunesse et sans couronner sa politique par des idylles, faut-il que la critique hésite à le suivre et à dire ce qu’elle pense de son livre, faisant preuve d’une discrétion et d’une pudeur dont personne (et l’auteur moins que personne) ne se soucie ? Je prendrai donc le livre en lui-même ; je l’isolerai tant que je pourrai de la politique ; en oubliant le Lamartine de ces dernières années, je tâcherai de ne me souvenir que de celui d’avant les Girondins.
Monmerqué a rendu un service de ce genre, il y a une trentaine d’années, par son excellente édition. […] Sa joie si réelle n’était pas pour cela à tout propos ni hors de saison, et, sans jamais s’éteindre, elle s’adoucit sans doute avec les années.
Je ne veux pas dire que nous ne soyons malades que de ce mal-là, ni qu’il ne se rattache aussi à beaucoup d’autres ; mais je crois que ce mal a été l’un des plus contagieux, l’un des plus directement nuisibles depuis bien des années, et que ce serait avoir beaucoup fait que de travailler à nous en guérir. […] C’est à sa suite que je rangerais un peu confusément, et sauf la différence des âges, quelques noms que je rencontre en ces années, le président Hénault, le président de Maisons, le comte Des Alleurs, et le fils de Bussy, cet évêque de Luçon qu’on proclamait le dieu de la bonne compagnie et plus aimable que son père.
Ce ne fut, en effet, rien autre chose durant un long espace d’années. […] Si ces mouvements résident plusieurs années dans un cœur, ce n’est que comme un feu assoupi sous la cendre ; leur flamme cause un incendie trop grand pour être durable : désir, effroi, pitié, amour, haine même, tout cela, porté aux derniers excès, s’épuise bientôt ; la violence d’une tempête est un présage de sa fin.
& années suivantes, seize volumes in-4°. […] M. de la Lande a publié la même année son Voyage d’Italie en 8. vol.
Miné pendant quatre ans par la fièvre et le désespoir que lui causaient les tracasseries de ses adversaires, obligé, il le dit, de se cacher pour défendre son repos et sa liberté menacés, exaspéré jusqu’au point d’être tenté de brûler son livre, l’occupation et l’espoir de toute sa vie, il s’éteignit à l’âge de soixante-huit ans, moins usé sans doute par les années et la maladie que par la fatigue et par l’angoisse. […] Les malheurs qui l’ont assailli dans ses dernières années ne l’excusent que trop de s’être manqué de parole à lui-même.
Dargaud ne lui avait offert aujourd’hui qu’un de ces volumes comme certains historiens en pondent régulièrement un par année, avec une exactitude qui fait honneur à leur tempérament littéraire, elle l’aurait lu, au moins du pouce, entre la préface et la table, et elle en aurait rendu compte à peu près avec la même conscience et avec la même peine qu’il aurait été composé. […] Cette histoire se compose de quatre volumes, doublement substantiels par l’esprit et par la matière, lesquels représentent six années de recherches et de travail infatigable sur l’époque la plus passionnée et la plus féconde de l’histoire moderne, puisque le monde moderne, tout entier, est sorti de cette époque-là !
C’est, enfin, toujours le produit du xviiie siècle, l’athée à tout, excepté à la force humaine, qui voulait être à lui-même son Machiavel et son Borgia, qui n’écrivit pas, mais qui caressa pendant des années l’idée d’un Traité de la Logique (son traité du Prince, à lui), lequel devait faire, pour toutes les conduites de la vie, ce que le livre de Machiavel a fait pour toutes les conduites des souverains. […] L’année qui précéda celle de sa mort fut marquée par des symptômes de destruction prochaine qu’il analysa dans ses lettres à ses amis, et dont il parla comme aurait fait Broussais, — un autre homme de grand talent et de grand caractère, qui trouva dans l’immonde et fausse philosophie du xviiie siècle la borne et l’obstacle de son génie scientifique, comme Stendhal, ce grand artiste d’observation et ce grand observateur dans les arts, y trouva la borne et l’obstacle du sien.
C’est, enfin, toujours le produit du xviiie siècle, l’athée à tout, excepté à la force humaine, qui voulait être à lui-même son Machiavel et son Borgia ; qui n’écrivit pas, mais qui caressa pendant des années l’idée d’un Traité de logique (son traité du Prince, à lui), lequel devait faire, pour toutes les conduites de la vie, ce que le livre de Machiavel a fait pour toutes les conduites des souverains ; voilà ce que nous retrouvons sans adjonction, sans accroissement, sans modification d’aucune sorte en ces deux volumes de Correspondance, où Stendhal se montre complètement, mais ne s’augmente pas ! […] L’année qui précéda celle de sa mort fut marquée par des symptômes de destruction prochaine, qu’il analysa dans ses lettres à ses amis, et dont il parla comme aurait fait Broussais, — un autre homme de grand talent et de grand caractère, qui trouva dans l’immonde et fausse philosophie du xviiie siècle la borne et l’obstacle de son génie scientifique, comme Stendhal, ce grand artiste d’observation et ce grand observateur dans les arts, y trouva la borne et l’obstacle du sien.
Gaston Deschamps, si, dans quelques années, il y aura encore une France digne du passé, et non pas une république sud-américaine… » La conclusion de cette étude me paraît surtout saisissante : « Cette verte mercuriale ne peut que profiter au bien public. […] Il est indispensable de consacrer à ce soin plusieurs années de notre vie, si nous la voulons consciente et digne d’être vécue.
On dit le Constitutionnel un peu déclinant à l’endroit des abonnés, et comme les propriétaires sont des gens riches et qui ne veulent rien perdre ni risquer, il pourrait bien, d’ici à un certain nombre de mois ou à un petit nombre d’années, s’en aller mourir de vieillesse.
Si cet esprit n’est qu’une mode et règne seulement quelques années, l’écrivain est un Voiture.
. — Les Œuvres et les Hommes, seconde édition (1889 et années suivantes).
[Cours familier de littérature, tomes II et III (1856 et années suivantes).]
[L’Année littéraire (7 juin 1887).]
Camille Doucet, secrétaire perpétuel de l’Académie française, sur les concours de l’année 1891.]
Remy de Gourmont Puisqu’il ne nous laissa que de trop brèves pages, l’œuvre seulement de quelques années ; puisqu’il est mort à l’âge où plus d’un beau génie dormait encore, parfum inconnu, dans le calice fermé de la fleur, Mikhaël ne devrait pas être jugé, mais seulement aimé… Parallèlement à ses poèmes, Mikhaël avait écrit des contes en prose ; ils tiennent dans le petit volume des Œuvres, juste autant, juste aussi peu de place que les vers… Il suffit d’avoir écrit ce peu de vers et ce peu de prose : la postérité n’en demanderait pas davantage, s’il y avait encore place pour les préférés des dieux dans le-musée que nous enrichissons vainement pour elle et que les barbares futurs n’auront peut-être jamais la curiosité d’ouvrir.
[Revue blanche (année 1896).]
Préface Les essais qui forment ce livre sont consacrés à six écrivains de nationalités diverses, introduits, accueillis et devenus célèbres en France pendant ces cinquante dernières années et qui marquent ainsi un des traits particuliers de l’histoire de notre littérature : l’influence qu’y ont exercée des auteurs étrangers de race, de langue, de tournure d’esprit à tout ce que l’on considère comme le propre du génie gallo-latin.
il est courbé comme moi sous le poids des années, et comme moi il touche au dernier terme de la vieillesse.
Les Modèles des Lettres imprimé à Lyon, il y a quelques années, est une collection puisée dans nos meilleurs épistolaires françois.
Cependant l’une et l’autre sont mises en chant par Lulli, qui même avoit dix années d’expérience de plus lorsqu’il composa l’idille de Sceaux.
Et maintenant, écoute ceci, Méry-Achmet : on va t’enfermer dans une cage de fer treillissé, — une roulette sera établie devant le treillis ; et, tous les jours, pendant cent années consécutives, ton plus cruel ennemi gagnera des millions sous tes yeux, en se servant de ta martingale.
Pour des semaines, des mois, des années, nos soldats, immobiles dans des trous, sont réduits au rang de terrassiers et de manœuvres douloureux.
Lorsque, au bout de quelques années, rien ne reste de leur sanglant passage qu’un nom qui retentira dans les siècles, la preuve est faite qu’ils n’ont réellement pas voulu autre chose. […] L’absence ou la ruine de la beauté est pour elle le pire des malheurs ; prolonger les années fugitives où l’homme la regarde avec amour doit être le grand effort de sa vie, la plus ardente prière qu’elle adresse en secret à Dieu. […] Pendant que de lourds vaisseaux et des flottes entières sombrent en peu d’années dans l’éternel oubli, une coquille de noix surnage et traverse l’océan des siècles. […] L’hypothèse d’une publication de ses poésies en 1802, c’est-à-dire d’un coup d’éclat pareil à celui que fit Chateaubriand la même année, est contradictoire, par conséquent, avec l’idée même qu’il convient d’avoir de son talent intermédiaire et voilé. […] Nul être humain ne voudrait, tournant le dos à l’avenir, remonter le cours des récentes années, non pas même pour, retrouver et ressaisir un état d’âme dont il déplore la disparition.
En tout, de dix à quinze représentations chaque année. […] Il y a quelques années, je n’aurais sans doute vu en elle qu’un type tout à fait curieux d’ennuyée et de révoltée, et j’aurais passé pour intelligent. […] Bref, elle le « suggestionne », comme nous disons depuis quelques années. […] Je ne pense pas qu’on ait vu, depuis quelque vingt années, un plus impertinent ni plus irritant exemple d’intolérance jacobine. […] Toute sa rancune de huit années remonte aux lèvres d’Etienne.
Nous eûmes, en ces dernières années, un essai très sérieux de littérature basée sur le mépris de l’idée et le dédain du symbole. […] Mysticisme, ce mot a pris en ces dernières années tant de sens les plus divers et même divergents qu’il faudrait le définir à nouveau et expressément chaque fois qu’on va l’écrire. […] Et l’on pressent, la vision close, que ce demain, qui va devenir aujourd’hui, sera tout pareil à ses frères défunts, et qu’en somme il n’y a rien d’ajouté au spectacle dont s’amusent les défuntes années penchées Sur les balcons du Ciel en robes surannées. […] A quelques années de là, en effet, surgissait l’inattendu A Rebours, qui fut, non le point de départ, mais la consécration d’une littérature neuve. […] Il voulut faire le chemin auquel devrait se vouer tout jeune sage ambitieux de devenir un bon harpeur ; il jura d’accomplir le plein pèlerinage : à cette heure, parti de la Chanson de Saint-Léger, il en est, dit-on, arrivé au XVIIe siècle, et cela en moins de dix années : ce n’est pas si décourageant qu’on l’a cru.
Ce titre, pour ne tenir qu’en deux mots, le résume cependant tout entier : Une vie ; — c’est en effet l’histoire de toute une existence, année par année, jour par jour, presque heure par heure, que M. de Maupassant vient d’écrire. […] … Et sa voix tranquille et railleuse prenait une expression de douceur, de pitié infinie… On a vécu des années ensemble, dormi l’un contre l’autre, confondu ses rêves, sa sueur. […] Un petit être très laid, d’une quinzaine d’années, qui était son commis, se tenait assis à son bureau. […] l’émotion des jeunes années ne troubla ni mon regard ni ma voix. […] Littré, dans les dernières années, avait toujours cette pensée devant les yeux.
Le mois de novembre est, surtout en Normandie, l’époque la plus triste de l’année. […] Arrivé aux portes du couvent, il s’arrêta avec un saisissement pénible en songeant que cet asile était celui de sa sœur, et qu’après tant d’années d’absence, loin de lui apporter des consolations, il allait peut-être troubler son repos. […] Il débarqua à Madagascar vers la mauvaise saison, qui commence à la mi-octobre ; et peu de temps après son arrivée il y mourut des fièvres pestilentielles, qui y règnent pendant six mois de l’année, et qui empêcheront toujours les nations européennes d’y faire des établissements fixes. […] Dans les villes d’Europe, une rue, un simple mur, empêchent les membres d’une même famille de se réunir pendant des années entières ; mais dans les colonies nouvelles, on considère comme ses voisins ceux dont on n’est séparé que par des bois et des montagnes. […] Ils connaissaient les heures du jour, par l’ombre des arbres ; les saisons, par les temps où ils donnent leurs fleurs ou leurs fruits ; et les années, par le nombre de leurs récoltes.
Mais le fait est qu’elle est assez pauvre d’œuvres, plus pauvre d’idées, non moins pauvre d’hommes ; et pendant de longues années son originalité ne consistera guère que dans la liberté, toute nouvelle alors, avec laquelle chacun va s’y montrer tel qu’il est. […] Mais quand on en pèse tous les termes « comme aux balances des orfèvres » ; et, d’autre part, quand on les confronte avec les événements de l’histoire du temps ; lorsque l’on sait enfin qu’ils sont contemporains de cette politique d’apaisement dont le souvenir demeure inséparable des belles années du règne d’Henri IV, il semble qu’ils revêtent une signification nouvelle. […] Ainsi, dans les dernières années du règne d’Henri IV, si nous voulons mesurer, en quelques mots, le chemin accompli, nous voyons une littérature originale et nationale tendre à se dégager de l’imitation des littératures étrangères. […] — Ses dernières années et sa mort à l’hôpital de Lyon. […] Dernières années de la vie d’Amyot. — Sa traduction des Œuvres morales et mêlées de Plutarque. — Amyot aux états de Blois. — Son rôle pendant la Ligue. — Sa rentrée à Auxerre et sa mort. — Idée générale du service rendu par les traductions. — Dans quelle mesure les circonstances de la vie d’Amyot ont profilé à son œuvre. — Une page de Rivarol sur l’utilité des traductions [préface de sa traduction de Dante]. — Longue influence du Plutarque d’Amyot, et raisons de cette influence.
Viennet avait abordé, l’autre jour, dans une de ces spirituelles et mordantes épîtres qui font tant de plaisir chaque année à son public académique et tant d’honneur à sa verte vieillesse.
— M. de Lamartine continue tous les matins ses improvisations politiques : il n’y a pas de raison pour qu’il n’en paraisse pas une chaque jour ainsi durant des années.
— Le carême produit cette année son courant ordinaire ; il y a foule de retraites, de conférences ; l’abbé de Ravignan à Notre-Dame, ailleurs l’abbé Bautain et d’autres attirent la jeunesse et les fidèles.
Voici cette lettre : « Fatigué de bruits qui ne me peuvent atteindre, mais qui m’importunent, il m’est utile de répéter que je suis resté tel que j’étais lorsque, le 25 mars de l’année 1836, j’ai signé le contrat pour la vente de mes ouvrages avec M.
Dans les années qui suivirent Marie Stuart, on essaya encore, mais sans succès auprès du public ; le Cid d’Andalousie du même auteur n’obtenait point grâce.
Cette Revue et celle de Paris étaient depuis quelques années aux mains des mêmes propriétaires, MM.
Le moment, je l’avoue, n’est pas beau ; ces années de 1690 à 1715 ne sont pas des plus triomphantes pour le glorieux monarque.
Dites que cette littérature est ignorante, sans critique, se jetant à l’étourdie à travers tout, pleine de méprises, de quiproquos et de bévues que personne ne relève, ne prenant les choses et les hommes graves du passé que dans un caprice du moment ; s’en faisant une contenance, un trait de couleur, un sujet de charmante et folle fantaisie ; et quand il s’agit d’être érudite, l’étant d’une érudition d’hier, toute de parade, soufflée et flatueuse : et voilà qu’on peut vous nommer, même dans les jeunes, des esprits patients, analytiques, circonspects, en quête de l’antique et lointaine érudition, de celle à laquelle on n’arrive qu’à travers les langues, les années et les préparations silencieuses d’un régime de Port-Royal.
Arrivé à l’année 1814, il disait (je copie toute la page sans en rien retrancher) : « Départ avec le corps de Bernadotte pour Bruxelles, avril 1814.
En 1746, année de la naissance de madame de Genlis, mademoiselle Barbier était déjà morte, mais on la lisait encore.
Le second a été présenté l’année suivante, à, l’occasion de la loi sur la Propriété littéraire, et a été recueilli par l’auteur dans les Nouveaux Lundis, t.
J’y trouvais, moi, pauvre homme du Centre, plus d’assent » que d’accent, c’est-à-dire plus de Midi que d’Humanité ; trop de « poivrons » et de « fromageons », trop de « mas », de « nouvelets » et de « Gabrielous »… Et je ne sais pas bien encore, à l’heure qu’il est, si la tragédie d’Aubanel est shakespearienne ou tartarinesque… La légende est belle ; et si, comme on me l’a affirmé, c’est Aubanel lui-même qui l’a inventée de toutes pièces, il l’en faut louer grandement, car elle offre tous les caractères des légendes populaires… Pour trouver de ces choses belles et obscures, pour inventer un symbole qui semble vieux de plusieurs centaines d’années et qui a l’air d’avoir subi les déformations et les additions de plusieurs siècles, certes il ne faut pas être un médiocre poète, et je n’ai pas dit que Théodore Aubanel en fût un.
Cette année, l’auditoire de plus de trois mille personnes a applaudi un drame : Liberté, drame social se personnifiant dans un drame intime.
C’est ce que M. l’Abbé Batteux n’a point assez dit, suivant l’auteur des Cinq années littéraires.
Les tableaux que Vien a exposés cette année sont tous du même genre, et comme ils ont presque tous le même mérite, il n’y a qu’un seul éloge à en faire.
L’inquiétude de ses dernières années était d’en avoir causé sans le savoir. […] L’année suivante, il se mettait en route pour Jérusalem. […] Il assure, au surplus, que Lesage n’était pas homme à vivre pendant vingt années en tête à tête avec un fripon. […] Il l’a traitée durant une année de cours, devant un auditoire de jeunes gens, de ceux à qui l’État donne mission professionnelle de former l’âme française. […] Quelques années après, il s’exaltait à la lecture des procès-verbaux de la Constituante.
Ossian fils de Fingal I Vers l’année 1762, un phénomène littéraire étrange apparut comme une comète dans le monde ; les imaginations en furent ébranlées, ainsi qu’elles avaient pu l’être à l’apparition des poëmes homériques en Grèce ; l’histoire en fut éclairée, les traditions, jusque-là verbales, se renouèrent, et la poésie servit de témoin aux récits des plus antiques légendes. […] Mais, après un certain nombre d’années muettes, l’incrédulité commença à insinuer ses doutes et bientôt à nier. […] Dès 1762, l’année même de la publication des premières poésies d’Ossian, traduites par Macpherson, le savant et judicieux docteur Blair en soutint, dans une dissertation publique, le mérite extraordinaire et l’authenticité. […] « — Fils de Daman, dit-elle, ton bras est faible ; jeune homme, les années ne t’ont pas donné la force de manier le fer ; cède la victoire au fils de Semo. […] Mes années se sont écoulées dans les batailles, et la douleur assiège ma vieillesse.
Qu’on regarde le dernier manuscrit de Madame Bovary : Flaubert l’avait mis au net, après des années de travail ; s’il l’avait publié tel quel, nous n’aurions rien à y redire, et pourtant il l’a couvert de ratures, et sa forme dernière nous semble la seule possible. […] Pour atteindre au chef-d’œuvre, Flaubert s’y reprend à trois fois et met plusieurs années à écrire Madame Bovary ; ce fut toujours la méthode des grands artistes. […] Dimanche) ; j’entends par là les quelque vingt romans, drames et poèmes promis depuis plusieurs années sur la couverture de ses livres. […] Depuis quelques années un mouvement très intéressant se dessine en Allemagne, auquel les directeurs de théâtre (en particulier M. […] Par une sorte de raccourci de perspective nous ramassons en une seule ère plusieurs centaines d’années qui, dans la réalité, comptèrent peut-être deux ou trois ères ; nous ne voyons que les plus hauts sommets et les vallées les plus apparentes ; mais si nous connaissions le passé aussi exactement que le présent, nous y verrions beaucoup plus de variété. — Cela est fort plausible ; je n’aurais aucune difficulté à admettre une différenciation plus exacte ; elle ne contredirait pas, en principe, les grandes lignes que j’ai esquissées ici.
Quelques années après, il eut à subir une autre occurrence toujours absurde. […] Elle le tint dans ses fers pendant les dernières années de son séjour à Rome. […] Il naquit vers l’année 1530, probablement. […] « J’y consumai, dit le poète, près de trois années. […] Pinto a été repris à l’Odéon, je crois, il y a quelques années.
« Quant à mon ouvrage du Prince, s’ils prenaient la peine de le lire, ils verraient bien que les quinze années passées par moi au service, au maniement des affaires de la république, je ne les ai employées ni au jeu ni au sommeil. […] IV Je glisse sur les premières années de ce rejeton des Nelli et des Machiavelli ; son intelligence vive, étendue, profonde et éloquente comme la passion, le fit remarquer avant l’âge. […] Bientôt ces empereurs d’Orient, distraits de l’Italie ou déshérités de ses plus belles provinces, se bornent à posséder Ravenne, Mantoue, Padoue, Bologne, Parme, se maintiennent quelques années dans l’indépendance ; mais bientôt les Toscans eux-mêmes (Étrusques) sont subordonnés aux Lombards, barbares d’origine, italianisés de mœurs ; les papes, à qui Théodose cède entièrement Rome, par indifférence pour la possession de ces ruines, s’accroissant en importance par l’autorité spirituelle du pontificat sur ces barbares christianisés par leur chef, Rome devient capitale sacrée en face de Ravenne, capitale profane. […] Il y a bien peu d’années que le tribun de l’Irlande O’Connell prétendait aussi ressusciter l’Irlande en l’amputant de l’empire britannique.
Quelques années après, en 1722, le parlement de Bordeaux le chargea de faire des remontrances relatives à un impôt sur les vins ; il le fit, et obtint gain de cause ; ce qui fut un succès pour lui, mais non pas un grand soulagement pour le pays ; car l’impôt ne tarda pas à reparaître sous une autre forme. […] « Je demande une grâce que je crains qu’on ne m’accorde pas : c’est de ne pas juger par la lecture d’un moment d’un travail de vingt années, d’approuver ou de condamner le livre entier, et non pas quelques phrases. […] Mais, quand j’ai découvert mes principes, tout ce que je cherchais est venu à moi ; et dans le cours de vingt années, j’ai vu mon ouvrage commencer, croître, s’avancer et finir. […] « Nous voyons encore dans les relations que la Grande Tartarie, qui est au midi de la Sibérie, est aussi très-froide ; que le pays ne se cultive point ; qu’on n’y trouve que des pâturages pour les troupeaux ; qu’il n’y croît point d’arbres, mais quelques broussailles, comme en Islande ; qu’il y a, auprès de la Chine et du Mogol, quelques pays où il croît une espèce de millet, mais que le blé ni le riz n’y peuvent mûrir ; qu’il n’y a guère d’endroits, dans la Tartarie chinoise, aux 43e, 44e et 45e degrés, où il ne gèle sept ou huit mois de l’année ; de sorte qu’elle est aussi froide que l’Islande, quoiqu’elle dut être plus chaude que le midi de la France ; qu’il n’y a point de villes, excepté quatre ou cinq vers la mer Orientale, et quelques-unes que les Chinois, par des raisons de politique, ont bâties près de la Chine ; que, dans le reste de la Grande Tartarie, il n’y en a que quelques-unes placées dans les Boucharies, Turkestan et Charrisme ; que la raison de cette extrême froidure vient de la nature du terrain nitreux, plein de salpêtre et sablonneux, et de plus de la hauteur du terrain.
L’art croît de génération en génération, comme un grand arbre qui chaque année ajoute à sa taille et élève sa cime vers le ciel, en même temps qu’il plonge plus profondément sa racine dans la terre. […] Goethe cependant l’avait précédé de bien des années ; mais Goethe, dans une vie plus calme, se fit une religion de l’art, et l’auteur de Werther et de Faust, devenu un demi-dieu pour l’Allemagne, honoré des faveurs des princes, visité par les philosophes, encensé par les poètes, par les musiciens, par les peintres, par tout le monde, disparut pour laisser voir un grand artiste qui paraissait heureux, et qui, dans toute la plénitude de sa vie, au lieu de reproduire la pensée de son siècle, s’amusait à chercher curieusement l’inspiration des âges écoulés ; tandis que Byron, aux prises avec les ardentes passions de son cœur et les doutes effrayants de son esprit, en butte à la morale pédante de l’aristocratie et du protestantisme de son pays, blessé dans ses affections les plus intimes, exilé de son île, parce que son île antilibérale, antiphilosophique, antipoétique, ne pouvait ni l’estimer comme homme, ni le comprendre comme poète, menant sa vie errante de pays en pays, cherchant le souvenir des ruines, voulant vivre de lumière, de lumière éclatante, et se rejetant dans la nature comme autrefois Rousseau, fut franchement philosophe toute sa vie, ennemi des prêtres, censeur des aristocrates, admirateur de Voltaire et de Napoléon ; toujours actif, toujours en tête de son siècle, mais toujours malheureux, agité comme d’une tempête perpétuelle, en sorte qu’en lui l’homme et le poète se confondent, que sa vie intime répond à ses ouvrages ; ce qui fait de lui le type de la poésie de notre âge. […] Il est aisé de remarquer en effet que le doute et l’incertitude sont devenus de plus en plus visibles chez Lamartine à mesure que les années s’écoulaient. […] Mais à mesure que les années s’écoulaient, le rêve s’évanouissait.
Si touché qu’il ait été de la réputation, dans ces courtes années de vie flatteuse et brillante qui précédèrent sa retraite à Port-Royal, jamais il ne le fut jusqu’à faire passer la fortune de son esprit avant la vérité, et à chercher la célébrité dans l’éclat de quelque différence entre son illustre devancier et lui. […] L’accident du pont de Neuilly, arrivé dans l’automne de cette même année, où Pascal avait vu les chevaux de son carrosse précipités dans l’eau, et le carrosse s’arrêter sur le bord, hâta ce dégoût du monde et ce retour à la foi. […] L’une d’elles, madame Périer, écrit vers cette époque « qu’elle le voit peu à peu croître en humilité, en soumission, en défiance, en mépris de soi-même, et en désir d’être anéanti dans l’estime et la mémoire des hommes. » Enfin, au commencement de l’année 1655, à l’âge de trente-deux ans, il entrait à Port-Royal, alors sous la direction de M. de Sacy. […] Or, quelques années avant qu’il cherchât toute vérité dans les livres saints, la science, par la bouche de Galilée, prouvait que la terre tourne, et troublait toute la chrétienté par ce démenti donné à la tradition de ces livres.
Mais c’est dans Parsifal, qui est la Légende comme la bible est le Livre, c’est dans l’Anneau du Niebelung, c’est surtout dans cette prodigieuse épopée dramatique, œuvre patiente de vingt années, que le poète-musicien a révélé son admirable compréhension des symboles primitifs. […] Pendant plus de neuf mois de l’année on n’en joue pas à Londres, et dans les provinces il n’y en a jamais, excepté dans les villes où Carl Rosa et son excellente troupe se fixent quelquefois pour une semaine. […] Aussi s’est-il élevé parmi nous un bon nombre de musiciens zélés qui ont fait serment de nous instruire, et l’on peut espérer qu’au bout de quelques années, il y aura une grande révolution dans nos opinions et, une renaissance du drame musical. […] Le second et dernier volume paraît l’année suivante.
Parsifal, ému de joie et de reconnaissance, — car pendant des années il avait vainement cherché à retrouver le chemin du Saint-Graal, — s’est rassis au bord de la source. […] Gœthe a mutilé Roméo, en voulant l’idéaliser ; il en est arrivé à écrire que « ce ne serait pas un malheur, si Shakespeare, dans quelques années, disparaissait complètement de la scène allemande. » Schiller voyait plus clair et, dans sa Braut von Messina, a fait une œuvre prophétique ; mais précisément de cette œuvre Tieck a pu dire qu’elle était, comme drame, « la plus grande erreur » du poète. […] « Cet ouvrage, paru il y a quelques années, et que je rends au public sous une forme définitive, n’a rien perdu de son actualité. […] Mais les progrès accomplis dans l’esprit du public en ces dix dernières années ne se bornent pas à une vaine curiosité pour l’œuvre d’un génie étranger.
Oui, quelques années encore, et, porté sur un char si rapide que, volant sur les mers, il toucherait à peine la sommité de leurs flots, ce héros invincible conquerra les sept îles dont se compose la terre ; il sera connu sous le nom de Bharata, nom à jamais célèbre que lui décerneront les peuples reconnaissants de la protection dont ils jouiront sous son empire. […] Il vivait, comme on le voit dans l’histoire du Kachmir, dont Wilson a publié des extraits, vers l’année 720, à la cour du souverain d’Agra. […] Mes années s’écoulent, et, en dépit du temps, rappelées à toute heure par le souvenir, mes douleurs me survivent à moi-même… Hélas ! […] … » Les enfants paraissent devant l’aïeul et l’aïeule : « À mesure que ces beaux enfants s’avancent vers nous », se disent-ils, « ils entraînent vers eux notre âme endurcie par les années, comme la baguette d’aimant attire une masse de fer. » L’aïeul embrasse l’enfant : « Comme il me rappelle Rama !
Il faut descendre de l’année 1575. jusqu’en 1706. pour trouver quelque chose de raisonnable sur l’histoire de nos Poëtes. Ce fut dans cette année que l’Abbé Mervesin, de l’Ordre de Cluni non réformé, publia son Histoire de la Poésie Françoise, in-12. […] Leur histoire avoit été entreprise dès l’année 1734. par Messieurs Parfait ; ils donnerent successivement 15. vol. sous le titre d’Histoire du Théatre François. […] Celui qui a le plus approché du genre de la Motte est M. de la Visclede, Secrétaire de l’Académie des Belles-Lettres de Marseille, enlevé aux lettres & à l’amitié depuis quelques années.
Arnaud a décrit en 1896 un cas remarquable qu’il étudiait depuis trois ans déjà : pendant ces trois années le sujet avait éprouvé ou cru éprouver, d’une manière continue, l’illusion de fausse reconnaissance, s’imaginant revivre à nouveau toute sa vie 14. […] Déjà, il y a bien des années, nous signalions la nécessité de distinguer des hauteurs diverses de tension ou de ton dans la vie psychologique. […] Il arrivera précisément ce qui arrive dans les cas où, après bien des années, nous voyons de nouveau des lieux ou des objets, nous entendons de nouveau des mélodies, que nous avons jadis connus mais que nous avons depuis longtemps oubliés… Or si, dans ces derniers cas, nous avons appris à interpréter la plus faible poussée des associations comme le signe d’expériences antérieures se rapportant aux mêmes objets que ceux d’à présent, on devine que, dans les autres cas aussi, dans les cas où, par suite d’une diminution de l’énergie psychique, l’entourage habituel déploie une efficacité associative très diminuée, nous aurons cette impression qu’en lui se répètent, identiquement, des événements personnels et des situations tirées du fond d’un passé nébuleux 51 » Enfin, dans un travail approfondi qui contient, sous forme d’auto-observation, une des plus pénétrantes analyses qu’on ait données de la fausse reconnaissance 52. […] Dans une auto-observation rédigée en anglais, qui me fut remise il y a quelques années, je trouve l’épithète shadowy appliquée à l’ensemble du phénomène ; on ajoute que le phénomène se présente plus tard, quand on se le remémore, comme the half forgotten relic of a dream.
Je suis comme ces pauvres gens qui, s’étant réduits à ne vivre que de pommes de terre, meurent de faim sans miséricorde dans les mauvaises années. […] Quoique cette note lamentable revienne sans cesse et domine, son talent, dans ses lettres des dernières années, me paraît s’être sensiblement assoupli.
L’année 1799 était une de ces tristes années expirantes.
Il y aurait, dans les douze volumes que j’ai devant moi et qui représentent dix-sept années de rédaction à l’Univers, à distinguer plusieurs temps : — la période de Louis-Philippe, de 1843 à 1848, très-riche en grandes polémiques sur la liberté d’enseignement, sur la question des Jésuites, en luttes contre les universitaires, les professeurs du Collège de France, les romanciers feuilletonistes, et en croquis parlementaires de toutes sortes et de toutes dimensions ; — la période républicaine proprement dite, la moins féconde (l’auteur gêné dans son journal fit sa débauche d’esprit au dehors, dans les Libres Penseurs) ; — la période qui date de la présidence et qui comprend l’Empire, dans laquelle on distinguerait encore deux moments, l’un de complet acquiescement ou même d’admiration fervente ; l’autre de séparation, de scission jusqu’à la déchirure. […] Imaginez un homme de cet esprit, de ce fin coup d’œil et de cette humeur mordante, venant s’asseoir chaque après-midi, pendant des années, dans un coin de la tribune des journalistes, et de là étudiant à loisir ses sujets dans tous les sens et dans toutes les postures, prenant aujourd’hui un profil, demain un autre, multipliant et variant ses silhouettes.
Je ne sais comment cela se fait, mais je ne vois autour de moi, depuis quelques jours, que Contes de Perrault ; j’en ai sous les yeux de toutes les formes et de toutes les dimensions ; il en sort de terre à cette époque de l’année. […] La critique s’est exercée depuis un certain nombre d’années sur ces sujets, et l’on s’est adressé plusieurs questions.
Flaubert depuis plusieurs années, paraît enfin. […] Flaubert une telle œuvre : le siècle a, depuis des années, besoin d’un grand artiste nouveau, il le réclame ; de désespoir il se montre parfois tout prêt à l’inventer.
L’Europe, en ces années 1810-1811, offrait le spectacle le plus majestueux, le mieux ordonné, le plus imposant, mais le plus menteur. […] L’opinion prit alors ce caractère énergique qui la rend maîtresse des événements ; et c’est ainsi que le grand mouvement qui a abattu la puissance gigantesque créée par la Révolution, loin de démentir l’esprit primitif de celle-ci et le génie du siècle, n’a fait que déployer le principe fondamental de l’une et de l’autre, sous de plus nobles auspices et dans une direction plus heureuse. » Quand il écrivait ainsi, M. de Senfft était encore libéral, et il avait foi encore en l’avenir des peuples. — Mêlant des idées mystiques et des pensées de l’ordre providentiel à ses observations d’homme politique, il voyait, l’année suivante (1812) et lors de la gigantesque expédition entreprise pour refouler la Russie, il voyait, disait-il, dans « cette réunion monstrueuse » de toutes les puissances de l’Europe entraînées malgré elles dans une sphère d’attraction irrésistible et marchant en contradiction avec leurs propres intérêts à une guerre où elles n’avaient rien tant à redouter que le triomphe, « un caractère d’immoralité et de superbe, qui semblait appeler cette puissance vengeresse nommée par les Grecs du nom de Némésis » et dont le spectre apparaît, par intervalles, dans l’histoire comme le ministre des « jugements divins. » Il lisait après l’événement, dans l’excès même des instruments et des forces déployées, une cause finale providentielle en vue d’un résultat désiré et prévu : car telle grandeur d’élévation, telle profondeur de ruine.
Beugnot, celui pour lequel il était le plus fait par la nature de son esprit et par ses goûts, c’est la fin des belles années de Louis XVI, au lendemain de la guerre d’Amérique, l’heure de la popularité suprême et du dernier éclat des parlements. […] Beugnot passa donc presque tout le temps de la seconde Restauration, et en dépit des services qu’il avait rendus dans les premiers jours, à l’état d’homme mis de côté et de demi-mécontent ; quand il se lassa d’être député, il eut à attendre pendant des années son siège à la Chambre des pairs.
Lui, de loin, il y repense, il remonte par elle le courant des fraîches années, il lui adresse ses pudiques retours et ses vœux. […] Brizeux, dès les années qui suivirent la publication de Marie, visita beaucoup ce pays de force et de grâce, comme il l’appelle ; il le visita d’abord en compagnie de son ami M.
Des années de peines et d’efforts leur valent un jour, une heure de cet enivrement qui dérobe l’existence ; et le sentiment fait éprouver, pendant toute sa durée, une suite d’impressions aussi vives et plus pures que le couronnement de Voltaire, ou le triomphe d’Alexandre. […] La nature et la société ont déshérité la moitié de l’espèce humaine ; force, courage, génie, indépendance, tout appartient aux hommes, et s’ils environnent d’hommages les années de notre jeunesse, c’est pour se donner l’amusement de renverser un trône ; c’est comme on permet aux enfants de commander, certains qu’ils ne peuvent forcer d’obéir.
Dans les dernières années du xiie siècle, et le commencement du xiiie , l’imitation des Provençaux fleurit : c’est le temps de Conon de Béthune, de Blondel de Nesles, de Gace Brûlé, du Châtelain de Coucy, de Thibaut de Navarre71. Cependant, après un siècle de vogue à peu près, le lyrisme savant décline ; nos barons se refroidissent et le délaissent ; mais, comme il était arrivé pour l’épopée, les bourgeois avaient recueilli l’art qui perdait la faveur des nobles, et lui assurent une prolongation de vie : dans les communes picardes, à Arras, Bodel, Moniot, Adam de la Halle l’ont durer la poésie courtoise jusqu’aux dernières années du xiiie siècle.
L’homme qui passe une année à déterrer dans quelque village d’Italie et à cataloguer de vieux pots en se demandant s’ils sont étrusques, fait une besogne pour laquelle je n’arriverai jamais à me passionner. Si l’on me disait qu’on vient de découvrir un almanach de tous les fonctionnaires romains en telle année, j’accueillerais la nouvelle avec sang-froid et je prierais qu’on me dispense de le lire.
Sur le drame ou la comédie des vingt dernières années, cette face pâle de mime n’a cessé de pencher sa grimace immuable, et qui paraît automatique, comme ces masques que l’on peint au-dessus des rideaux de théâtre, et qui semblent railler tout ce qui s’agite sur les planches. […] N’est-il pas prouvé que l’idée de rester neuf années sous les drapeaux remplit d’allégresse tous les Français âgés de vingt et un ans ?
Moins large certes et moins puissante que celle des grands rénovateurs que je nommais tout à l’heure, les Socrate, les Descartes et les Kant, elle est peut-être destinée pourtant à renouveler pour quelques années une partie de la philosophie. […] Aux premières pages du moins mauvais de ses livres, — Dix années de philosophie, études critiques sur les principaux travaux publiés de 1891 à 1900, — M.
Honneur au peuple qui a fait tant de choses en si peu d’années ! […] Fermons un instant les yeux sur le funeste vertige des cent jours, et transportons-nous par la pensée à l’époque où nous revîmes enfin, après tant d’années, le père de la patrie.
Les années suffisent où jadis il fallait des siècles. […] Trop peu d’années nous séparaient de notre grand siècle : pendant que des hommes qui vivaient au milieu de nous avaient vu briller les dernières étincelles de ce siècle fameux, les enfants, dans les écoles, étaient toujours nourris des chefs-d’œuvre qu’il avait produits.
La première année de son mariage a été dure : son mari était un abominable débauché. […] Quelle absurdité d’avoir sacrifié à un néant les vingt plus belles années de sa vie, les années irréparables ! […] Huit années durant… elle, ma joie et mon orgueil… une hypocrite, une menteuse… Pire que cela, une criminelle ! […] J’ai passé dans un faubourg d’Orléans les années de ma petite enfance. […] Danielo avait un jeune frère, qu’il adorait, et qui a disparu il y a quelques années.
Cette thèse se trouve déjà chez Maurras, dès les années 1890. […] Son livre est d’ailleurs réédité dès la première année, puis de nouveau en 1919 chez Garnier. […] Mais cinq années de frottement social ont passé sur cette innocence. […] Il décide qu’il n’y a pas lieu de s’occuper d’elle avant, la « quinzième année ». […] Ainsi j’ai vécu : ainsi vont les années fécondes.
Son ouvrage sur l’Éducation par les mères de famille, publié il y a une dizaine d’années, renferme quelques belles pages ou du moins élégantes, mais peu d’idées.
Il n’est que trop vrai, en effet, que le Journal des Débats, depuis des années, ne cesse de contrevenir et de faire défaut de plus en plus au rôle important qu’il lui convenait de tenir : la Presse dit très-insolemment de lui : « Il a l’expérience de la vieillesse, mais il en a aussi la corruption, l’ironie et la stérilité.
M. de Rémusat avait, il y a quelques années, composé sur Abélard une suite de scènes dramatiques dont il avait fait lecture dans quelques salons et qui avaient obtenu le plus vif succès.
C’est une période vraiment marquante dans son existence que celle de ces trois années.
Quoique ma retraite du National date à peu près de ce moment, je me gardai bien de me rapprocher de la politique dominante ni d’y tremper en rien ; je me tenais en dehors : c’est à tel point que lorsque M. de Salvandy, à quelques années de là, jugea à propos, à l’époque du mariage du duc d’Orléans, de me faire nommer, sans me consulter, pour la Légion d’honneur et de mettre mon nom au Moniteur dans la même promotion qu’Ampère et Tocqueville, je lui écrivis, en le remerciant de sa bonne grâce, que j’avais le regret de ne pouvoir accepter.
« Souvenir odorant, même après des années !
Au commencement du treizième siècle, un descendant des anciens rois de l’Armorique, Arthur, comte de Ravenstel, avait atteint sa vingtième année.
On a beaucoup ri, il est vrai, de certaines histoires, de celle de mademoiselle Victoire, par exemple, ou du sacré chien ; mais elle aussi a souri peut-être de la simplicité du lecteur ; et, comme pour mieux accréditer encore les folles et enfantines gentillesses de ses jeunes années, elle en a fait une ces jours derniers, et des meilleures.
Il sortit donc de ces années préparatoires avec un renfort de couleur, une science de tons et une décision d’images à tout prix, qui, après quelques essais moins remarqués, ont trouvé enfin leur cadre et leur jour : dans l’école, aujourd’hui renouvelée, de M.
Cette année, il voyait reprendre Maître Guérin au milieu des applaudissements, qui, hier encore, lui apportaient sur son lit de mort comme les premiers hommages de la postérité.
Sainte-Beuve Les relations de Béranger dans les dix dernières années avec Chateaubriand, avec Lamennais et même avec Lamartine ont été célèbres ; elles sont piquantes quand on songe au point d’où sont partis ces trois hommes.
Julien Tiersot, à qui nous devions, ces années passées, de jolies auditions de rondes enfantines.
En peu d’années, il a su remplir le cadre d’une longue vie scientifique ; il en a fait assez pour sa tâche virile ; mais nous qui fondions sur lui tant d’espérances, nous qui nous consolions de vieillir en voyant grandir à côté de nous cette laborieuse et vaillante jeunesse, c’est pour nous qu’est le deuil.
Balzac, Vaugelas et Voiture y entrèrent cette année.
Dans un livre écrit avant la vingtième année et dont la langue est d’une beauté précoce et sûre, Léon Vannoz hésite entre différentes noblesses apprises.
I Le Salon de cette année, les réflexions qu’il a suggérées dans ce journal s’étaient bien éloignés déjà de la mémoire de leur auteur, quand tableaux et commentaires lui furent rappelés par une conversation fortuite dont l’écho lui parvint.
Son roman, ou plutôt son poème de Paul et Virginie, est du petit nombre de ces livres qui deviennent assez antiques en peu d’années pour qu’on ose les citer sans craindre de compromettre son jugement.
« Regardez le monde tel que vous l’avez vu dans vos premières années, et tel que vous le voyez aujourd’hui ; une nouvelle cour a succédé à celle que vos premiers ans ont vue ; de nouveaux personnages sont montés sur la scène, les grands rôles sont remplis par de nouveaux acteurs : ce sont de nouveaux événements, de nouvelles intrigues, de nouvelles passions, de nouveaux héros, dans la vertu comme dans le vice, qui sont le sujet des louanges, des dérisions, des censures publiques.
Tout ce que je sais, c’est qu’il y avait cette année au sallon beaucoup de portraits, peu de bons, comme cela doit être, et pas un pastel qu’on pût regarder, si vous en exceptez l’ébauche d’une tête de femme dont on pouvait dire, ex ungue leonem ; le portrait de l’oculiste Demours , figure hideuse, beau morceau de peinture ; et la figure crapuleuse et basse de ce vilain abbé De Lattaignant , c’était lui-même passant sa tête à travers un petit cadre de bois noir.
Peu de temps avant la derniere année sainte, on voulut faire racommoder le plafond du salon de ce palais, qu’on appelle à Rome, le petit farnese.
Il entassait comme des ballots tous ces livres de pacotille et d’imitation vaniteuse que l’Amérique, cette société démocratique et mercantile, qui se croit une littérature parce qu’elle fait de la production littéraire, a publiés depuis quelques années avec un redoublement d’ardeur, et, de cette plume éclatante, amoureuse du beau et trompée, qui se vengeait alors, il écrivait une méprisante étiquette sur toute cette marchandise littéraire destinée à s’avarier si vite sur le chemin de la postérité.
Nous avons subi à satiété, depuis quelques années, des développements sur le « dilettantisme » de l’auteur de la Vie de Jésus. […] Il vit tout d’abord des Français de l’année 1855. […] Dès l’année 1860, la Passion disparut des œuvres de Leconte de Lisle. […] Qu’il vive un siècle ou quelques courtes années, ce spectacle sera toujours le même. […] On dirait, parfois, une revue de fin d’année.
C’est des premières années du gouvernement de Juillet que date, on se le rappelle, cette perversion de notre littérature. […] Déjà, depuis quelques années, il avait pris possession de l’histoire, qu’il traitait en pays conquis. […] Un drame qui parut quelques années plus tard, remit à la scène ce personnage sous des traits encore plus sombres, avec une physionomie plus violente et plus basse. […] Mais où est la direction qu’elle nous donne dans nos jeunes années ? […] Si on consulte les documents officiels, ils apprennent que, depuis un quart de siècle, le nombre des suicides s’accroît constamment d’année en année, et cet accroissement est tel qu’en cet espace de temps le nombre en a doublé285.
Alors seulement et pour quelques années la bataille sera finie. […] … Non, André, cette dernière année, ah ! […] Les Chansons de l’année. — 1888. […] » « À l’année 1867. » « Et le mois ? […] Et son mari qu’elle adore, consul à Téhéran, est séparé d’elle depuis plus d’une année.
Il y a eu dans les années précédentes, aux époques antérieures de l’Empire, des instants où le changement de système semblait désiré, attendu, espéré de la France presque entière avec une vivacité qu’il est à regretter peut-être qu’on n’ait point satisfaite à temps, du moment que cette satisfaction plus ou moins complète devait venir. […] La presse n’est point si ingrate qu’on se le figure : les générations nouvelles nées et grandies depuis ces vingt dernières années sont amies du suffrage universel et ne sont point ennemies du Gouvernement qui en est issu. […] Si le livre pouvait parler et répondre, je ne sais s’il se trouverait aussi satisfait et se louerait si fort de cette législation qui a permis, il y a peu d’années encore, de l’atteindre et de le frapper dans la personne d’auteurs honnêtes gens et de théoriciens respectables, tels qu’un Vacherot59 et un Proudhon.
Quel plus fort lien entre les générations, mortelles par les années, immortelles par leurs vertus ! […] Quand nous traiterons de la philosophie (ce que nous ferons l’année prochaine), nous reviendrons sur ce bel exorde de religion dite naturelle. […] C’est une histoire coloniale de l’esprit français dans toute l’Europe, pendant que l’esprit français rayonnait de Paris sur le monde quelques années avant qu’il fît explosion par la révolution française.
« Vingt mois à peine s’étaient écoulés depuis la révolution de juillet, l’année 1832 s’était ouverte avec un aspect d’imminence et de menace. […] Il semble que les années de solitude ont apporté au poète, dans son île, la seule note qui manquait à ses concerts avant cette heure, la note paisible, amoureuse, sympathique, celle qui fait rendre au cœur humain les vibrations les plus intimes, celle de Charlotte sous la main de Goethe, celle de Bernardin de Saint-Pierre dans Paul et Virginie, celle de René dans Chateaubriand. […] « Cette maison et ce couloir, qui ont disparu aujourd’hui, existaient encore il y a une quinzaine d’années.
IX Il mania, avec sa loyauté et son habileté honnête, le timon de la république entre Naples, Venise, Rome, pendant quelques années. […] Le premier sentiment donc que je voudrais vous inspirer, c’est celui de la reconnaissance envers Dieu, et de vous ressouvenir sans cesse que ce n’est ni à vos mérites, ni à votre prudence, ni à vos soins que vous devez une si rare faveur, mais à sa bonté seule, dont vous ne pouvez vous montrer reconnaissant que par une vie pieuse, exemplaire et pure ; et vous êtes d’autant plus obligé de vous montrer rigide et scrupuleux observateur de ces devoirs, que vos jeunes années ont donné une attente plus légitime pour les fruits de l’âge mûr. […] J’ai appris avec bien de la satisfaction que, dans le cours de l’année passée, vous aviez souvent approché des sacrements de la confession et de la communion, de votre propre mouvement ; et je ne connais rien qui soit plus capable d’attirer sur vous les faveurs du ciel, que de vous habituer à la pratique de ces devoirs et autres semblables.
La Fontaine est le lait de nos premières années, le pain de l’homme mûr, le dernier mets substantiel du vieillard. […] Souvent le poète intervient de sa personne, comme un auteur qui interromprait les comédiens pour dire son avis sur la pièce : il s’amuse de ses propres inventions ; il se met lui-même en scène ; il sourit ; il se plaint doucement : il regrette les années qui s’envolent. […] La piété seule à laquelle il accoutuma ses dernières années, l’éclaira enfin ; encore ne suis-je pas bien sûr qu’il n’y ait pas eu là plus de soumission que de conviction, et qu’il crût sérieusement avoir corrompu son siècle en ne songeant qu’à l’amuser.
En ce temps-là — que c’est loin, il y a sept années ! […] Tannhaeuser et Lohengrin revenaient chaque quinzaine au répertoire ; la grâce exquise de madame Mallinger — elle jouait si bien qu’on ne s’apercevait pas qu’elle n’avait plus de voix — faisait accepter deux ou trois fois dans la saison les Maîtres chanteurs de Nuremberg ; mais l’année précédente, on n’avait pu exécuter que deux fois Tristan et Iseult, que le public habituel de l’Opernhaus trouvait trop long ; et, quant à la tétralogie, on en parlait comme d’une grosse erreur, à travers les opuscules de M. […] Il semble également que le poète ait lu l’ouvrage de Paul Lindau, Richard Wagner, paru au début de l’année 1885.
Année 1858 Samedi 30 janvier 1858 Dans la disposition d’esprit de nous amuser au bal de l’Opéra, et devant un perdreau truffé et des sorbets au rhum, servis dans un cabinet de Voisin, Alphonse nous conseille, de la part de son oncle, d’être prudents, nous avertit que le gouvernement continue à être fort mal disposé contre nous. […] Cela se termine au bout de moins d’une année, par une ruine complète du comte, qui, traqué par les recors, monte sur le toit de son château et se brûle la cervelle, à la façon d’un châtelain du vieux temps. […] Octobre La curieuse étude qu’il y avait à faire, il y a une vingtaine d’années, sur les originaux de la province, légués par le xviiie siècle à ces temps-ci.
Un ou deux siècles partout, en Allemagne quelques années, suffisent pour effacer de l’estime des hommes leurs systèmes, qui n’existent plus alors qu’au mince et puéril état de curiosités intellectuelles, et ne conservent, quand ils furent puissants, que le nom de leurs inventeurs. […] Voilà la prophétie de ce philosophe en train d’organiser Dieu pour plus tard ; de ce Nostradamus qui nous fait des almanachs du monde à dix mille ou à vingt mille années de distance, lesquels almanachs enfoncent à quatre cents pieds sous terre celui que Condorcet, ce Jocrisse humanitaire, intitulait : L’esquisse des progrès de l’esprit humain. […] Il a fait un fier bruit dans l’histoire littéraire d’il y a quelques années, mais il n’en fera plus.
J’imaginais un vieux moine disant, de longues années après, un soir, à l’heure où toute la ville est rose, et où monte dans l’esprit la pensée du jour fini et celle du passé lointain : « J’étais de ce conseil ; j’y entendis parler don Christophe et, pour la joie de ma vie, je fus de ceux qui l’encouragèrent à partir sur les caravelles. » Hélas ! […] Nous les retrouvons souvent, quelques années plus tard, Sœurs d’hôpital, Sœurs débarbouillant et gardant les enfants dans les crèches, Sœurs des pauvres, Sœurs d’écoles, mêlées à toutes les misères, à toutes les peines, jamais à nos joies, qu’elles n’ont pas l’air de nous envier. […] Vous avez eu mieux que l’occasion de la voir, le temps de l’étudier, en plusieurs exemplaires, puisqu’il est entendu qu’avant d’atteindre sa première année, un enfant de riches change deux ou trois fois de nourrice, pour le moins.
L’Année sociologique, 1re année (1898). […] Année sociologique, I (1898).
C’est ce même ouvrage que M. l’Abbé Aubert a mis agréablement en vers depuis quelques années. […] A certains jours de l’année & à la naissance de leurs enfants, ils avoient grande attention de dresser une table dans une chambre écartée & de la couvrir de mets & de bouteilles, avec trois couverts & de petits présents, afin d’engager les Meres (c’est ainsi qu’ils appelloient ces Puissances subalternes) à les honorer de leur visite & à leur être favorables. […] Un Ecclésiastique de nos jours prit la peine, il y a quelques années, d’enfanter contre les Romans un gros Sermon en forme de Dialogues.
Les autres n’achèvent même celles-ci que dans une année ; et ils ont besoin de plus d’un an pour les premières. […] ayant besoin de sommeil, en effet, il te fallait dormir et laisser la jeune fille, avec ses compagnes, jouer auprès de sa mère chérie jusqu’au point du jour, puisque, et le matin, et à l’aurore, et d’années en années, ô Ménélas, elle est ton épouse.
Visiblement, avec les années, il tournait à l’amertume. […] Elle était très bonne ; jamais le sou ; cinquante années de charges de famille supportées vaillamment. […] Dans ses dernières années, elle racontait un rêve qu’elle avait fait : « J’étais morte. […] Et qu’aurai-je vu, s’il est vrai que l’humanité doit durer encore des milliers et des milliers d’années ? […] Mais savez-vous que nous assistons, depuis quelques années, à une éclatante renaissance de littérature bouffonne ?
Nous avons pris tout le temps nécessaire pour approfondir une étude d’un intérêt présent et qui a suscité dans ces dernières années d’éminents travaux, comme ceux de MM. […] Cette expression même de « réalisme » est nouvelle, au moins dans l’acception qu’elle reçoit depuis quelques années. […] On put mesurer plus aisément encore que dans les dernières années de la décadence grecque et romaine le degré de réalité qu’il admettait. […] La Salle écrit le calendrier en main : il suppute les années, les mois et les semaines. […] et ceux qui ont vécu un peu en dehors du théâtre de la guerre pendant l’année 1870 n’y contrediront point : « Jamais on ne s’était tant amusé à Moscou que cette année-là. » Ces contrastes affligeants sont d’une vérité trop peu contestable pour qu’on reproche à Tolstoï de les avoir présentés.
Ce furent ses années de travail suivi et de méditation féconde. […] Ses dernières années, par conséquent, furent heureuses. […] Il dit : depuis quelques années. […] Sa première année de mathématiques spéciales fut une chose rude. […] Mais une seconde année, c’eût été trop.
Celle-ci donc, toute puissante qu’elle est, craint qu’à l’aide d’une seule petite concession, le clergé ne se fortifie assez pendant peu d’années pour s’enhardir à de nouvelles demandes.
Cousin à la Faculté des Lettres ; le tome Ier vient de paraître ; il contient Plotin et sa théorie. « C'est moins, dit l’auteur dans sa préface, la reproduction de mon cours qu’un ouvrage sur le sujet qui a fait la matière de mon enseignement. » L'auteur y travaille depuis plusieurs années.
Ces portraits des hommes vivants, ces épigrammes sur les faits contemporains, sont des plaisanteries de famille et des succès d’un jour, qui doivent ennuyer les nations et les siècles ; le mérite de tels ouvrages peut disparaître même d’une année à l’autre.
Au sortir de l’enfance, l’image de la douleur est inséparable d’une sorte d’attendrissement qui mêle du charme à toutes les impressions qu’on reçoit ; mais il suffit souvent d’avoir atteint vingt-cinq années pour être arrivé à l’époque d’infortune marquée dans la carrière de toutes les passions.
C’est de la poésie lunaire et nocturne : « Les cieux étaient de cendre… C’était nuit en le solitaire octobre de ma plus immémoriale année… À travers une allée titanique de cyprès, j’errais avec mon âme une allée de cyprès avec Psyché, mon âme… » Ou bien : « À minuit, au mois de juin, je suis sous la lune mystique : une vapeur opiacée, obscure, humide, s’exhale hors de son contour d’or et, doucement se distillant goutte à goutte sur le tranquille sommet de la montagne, glisse avec assoupissement et musique, parmi l’universelle vallée.
Théodore de Banville Tel que je l’ai vu à Nice, il y a peu d’années encore, sous le noir plafond des rosiers qui s’étendait devant sa maison, quel visage spirituel et robuste, tourmenté dans le calme, exprimant bien la force herculéenne de celui sur lequel la Sottise a toujours compté pour tuer les monstres de ses marais et pour nettoyer ses étables, en y faisant passer un furieux fleuve de bon sens, qui emporte tout dans son flot rapide et sonore !
Teodor de Wyzewa J’eusse désiré seulement qu’il put — avant cette imbécile fuite, Dieu sait où — voir publiées en volume ses Moralités légendaires, délicates merveilles de grâce, de tendresse, d’ironie, et qu’il avait composées naguère si joyeusement, avec la certitude d’années enfin charitables.
Non prévenu de cette singularité, j’avais, il y a quelques années, causé scandale.
Le corbeau de Voiture est mort… » Les lettres des dernières années de Voiture sont incomparablement plus simples, plus naturelles, et de plus d’esprit véritable que celles de sa jeunesse.
M. l’Abbé de Voisenon, qui, quelques années avant sa mort, avoit jeté sur le papier des jugemens sur la plupart de nos Auteurs, s’exprime ainsi sur le compte de Moliere.
Jules Lemaître juge ainsi que du temps perdu les années passées au collège à « ne pas apprendre le latin » ; mais il ne s’agit pas d’apprendre le latin : il s’agit de ne pas désapprendre le français.
Les plus hautes pyramides tombent, les fontaines tarissent, les villes & les empires ont un terme ; le feu même d’amour, quelque violent qu’il soit dans les autres, ne tient pas contre les années : Mais, las !
Ils connaissaient les heures du jour par l’ombre des arbres ; les saisons, par le temps où elles donnent leurs fleurs ou leurs fruits, et les années, par le nombre de leurs récoltes.
Dévoué depuis bien des années aux travaux les plus importans, il n’a pu consacrer à ses Conseils que quelques heures d’un tems qu’il employoit ailleurs avec tant d’utilité.
Oui, c’est un sujet à tenter le pinceau d’un grand artiste : Prendre huit verres, remplis chacun d’un vin différent, et les peindre avec une telle vérité qu’on puisse dire, au premier coup d’œil jeté sur la toile, le cru de chaque vin et l’année !
Bientôt les ailes lui viennent : les incidents se multiplient ; les géants et les monstres foisonnent ; la vraisemblance disparaît, la chanson du jongleur s’allonge en poëme sous la main du trouvère ; il parlerait, comme le vieux Nestor, cinq années ou même six années entières, sans se lasser ni s’arrêter. […] Leurs femmes et leurs enfants vont pieds nus… Car plusieurs d’entre eux qui avaient coutume de payer chaque année à leur seigneur un écu pour leur terre, payent maintenant au roi, par-dessus cet écu, cinq écus. […] Dans les premières années de Henri III, on comptait près de cent homicides commis par des prêtres encore vivants. […] À la fin du siècle, les communes déclarent que les taxes payées à l’Église sont cinq fois plus grandes que les taxes payées à la couronne, et, quelques années après162, considérant que les biens du clergé ne lui servent qu’à vivre dans l’oisiveté et dans le luxe, elles proposent de les confisquer au profit du public. […] Il y en eut trois éditions en une année, tant il était visiblement protestant.
» Mais, peu à peu, les années viennent. […] Le lendemain, j’allai de bon matin trouver Bontemps, puis le duc de Beauvilliers, qui était en année et dont le père avait été ami du mien. […] Voyons, était-ce l’année passée que tu le cherchais, croyant l’ignorer ? […] … De retour en Allemagne, il erre plusieurs années, sans qu’on veuille lui accorder une place de maître de chapelle. […] Il écrivait en même temps la Symphonie en ut mineur et la Symphonie pastorale, qui sont datées des deux années suivantes.
Il a dressé un répertoire complet des pièces jouées au Théâtre-Français depuis 1680 jusqu’en 1900, siècle par siècle, décennat par décennat, année par année, avec le nombre de fois que chacune a été donnée chaque siècle, chaque décennat et chaque année. […] Une fois en dix ans, je ne sais combien cela fait par année. […] Les chiffres de 75 et de 82 se rapportent aux années 1850-1870. […] Et cela a duré une bonne vingtaine d’années. […] Je vous souhaite le bonjour et une bonne année.”
Il paraît que, dans les années qui suivirent, au lieu de continuer l’exercice de la charge paternelle, il alla étudier le droit à Orléans et s’y fit recevoir avocat. […] On est allé jusqu’à indiquer dans la scène de Clitandre, Armande et Henriette, au premier acte des Femmes savantes, une réminiscence de cette situation antérieure de vingt années à la comédie. […] Après quelques années encore de courses dans le Midi, où on le voit se lier d’amitié avec le peintre Mignard à Avignon, Molière se rapprocha de la capitale et séjourna à Rouen, d’où il obtint, non pas, comme on l’a conjecturé, par la protection du prince de Conti, devenu pénitent sous l’évêque d’Alet dès 1655, mais par celle de Monsieur, duc d’Orléans, de venir jouer à Paris sous les yeux du roi. […] Durant les quatorze années qui suivirent son installation à Paris, et jusqu’à l’heure de sa mort, en 1673, Molière ne cessa de produire. […] L’année du Misanthrope est en ce sens la plus mémorable et la plus significative dans la vie de Molière.
Pour que de grandes modifications se produisent dans la succession des siècles, il faut qu’une variété, après s’être une fois formée, varie encore, bien que peut-être au bout d’un long intervalle d’années, que celles d’entre ces variations qui se trouvent avantageuses soient encore conservées, et ainsi de suite. […] Supposons une espèce de Loup, se nourrissant de divers animaux, s’emparant des uns par ruse, des autres par force et des autres par agilité ; supposons encore que sa proie la plus agile, le Daim, par exemple, par suite de quelques changements dans la contrée, se soit accrue en nombre ou que ses autres proies aient au contraire diminué pendant la saison de l’année où les Loups sont le plus pressés de la faim. […] Ils seront ainsi protégés, élus, pourvu toutefois qu’avec leur agilité nouvellement acquise ils conservent assez de force pour terrasser leur proie et s’en rendre maîtres, à cette époque de l’année ou à toute autre, lorsqu’ils seront mis en demeure de se nourrir d’autres animaux. […] J’ai trouvé qu’une surface gazonnée de trois pieds sur quatre, qui avait été exposée pendant de longues années aux mêmes conditions de vie, nourrissait vingt espèces de plantes, appartenant à dix-huit genres et à huit ordres, ce qui montre combien ces plantes différaient les unes des autres. […] Les rameaux et les bourgeons représentent les espèces vivantes ; ceux qui ont végété et fleuri pendant les années précédentes représentent la succession des espèces éteintes.
Vers 1520 l’ère féodale et théocratique est achevée ; depuis quelques années la Renaissance italienne apporte à la France, dans un flot de lumière, une vision du monde toute différente ; la Réforme se prépare ; et François Ier inaugure une royauté nouvelle. […] L’étude des « sources italiennes », à laquelle on se livre depuis quelques années avec succès, est nécessaire ; toutefois, il faudrait ne pas exagérer l’importance de ces emprunts, mais insister au contraire sur ce fait : que la France a réalisé en œuvres ce que les Italiens avaient esquissé en théorie. […] Je sais bien qu’en Allemagne il souffre encore de l’étrange incompréhension de Lessing, qu’on y parle encore de la « froideur doucereuse » de Racine ; il y a pourtant, depuis quelques années, une réaction en sa faveur ; en France même, il semble qu’on découvre en lui un homme nouveau. […] Les trois périodes, resserrées en cent vingt années environ, y chevauchent l’une sur l’autre plus que précédemment ; c’est un fait intéressant que je signale en passant18. […] Au cours de mille années, la littérature française a par trois fois parcouru ces étapes dont nous verrons plus tard le sens profond : lyrisme, épopée, drame.
« De tous les animaux il n’y a que l’homme qui ait observé le cours des astres, leur lever, leur coucher ; qui ait déterminé l’espace du jour, du mois, de l’année ; qui ait prévu les éclipses du soleil et celles de la lune ; qui les ait prédites à jamais, marquant leur grandeur, leur durée, leur temps précis. […] Il apprend d’abord que les pontifes de ce peuple ont réglé leurs années d’une manière si absurde que le soleil est déjà entré dans les signes célestes du printemps lorsque les Romains célèbrent les premières fêtes de l’hiver. […] « Après que les rois eurent gouverné Rome pendant deux cent quarante années, et un peu plus, en comptant les interrègnes, le peuple, qui bannit Tarquin, témoigna pour la royauté autant d’aversion qu’il avait montré d’attachement à ce gouvernement monarchique, à l’époque de la mort ou plutôt de la disparition de Romulus. […] « C’est lorsque j’ai la liberté de m’absenter plusieurs jours, surtout dans cette saison de l’année, que je viens chercher l’air pur et les charmes de ce lieu : il est vrai que je le puis rarement.
Âme cynique dans son enfance, vicieuse dans sa jeunesse ; soif de la gloire, par le paradoxe dans sa vie d’écrivain ; recherche dédaigneuse de la société aristocratique dans son âge mûr ; affectation de la popularité démocratique par le cynisme du désintéressement et par la pauvreté volontaire dans ses dernières années ; démence évidente et suicide problématique à la fin. […] Le succès des paroles et de la musique de l’opéra du Devin du village donné à Fontainebleau devant le roi, et à Paris l’année suivante, fit éclater de nouveau le nom de Rousseau et lui donna cette popularité que le théâtre donne en une soirée et que les plus beaux livres ne donnent qu’à force de temps. […] On conçoit que des esprits sains, exercés par de longues années de vie publique, écrivent dans leur maturité des tables de la loi, des codes sociaux, des commentaires sur les gouvernements des nations, appropriés aux caractères, aux mœurs, aux traditions, aux âges, à la situation géographique des États, aux circonstances, même politiques, des peuples dont ils éclairent les pas dans la route de leur civilisation. […] un tel homme n’a pu être aimé des dieux, selon l’expression antique, et l’impureté de l’organe aurait altéré, en passant par sa bouche, l’évangile même du peuple dont on a voulu le faire, quelques années après, le Messie.
On ignore combien d’années Gerson fut confiné dans cette cellule de Mœlch. […] Plusieurs comptent les années de leur conversion ; mais souvent qu’ils sont peu changés, et que ces années ont été stériles ! […] Quand elle était levée, elle y mettait en guise de signet une petite branche de buis bénit le jour des Rameaux, comme si ce buis jauni par l’année avait poussé entre ses pages, puis elle nous faisait balbutier nos prières, et nous courions après au jardin.
Nous reviendrons l’année prochaine sur ce sujet, quand nous étudierons littérairement, et non théologiquement, les poèmes hébraïques dans la Bible : Bossuet lui-même les a étudiés à ce point de vue. […] je le dis avec une conviction qui n’emprunte rien au patriotisme et rien à l’illusion, pendant que la grande littérature, l’expression de l’esprit humain par la parole, baisse depuis quelques années en Europe, elle monte en France. […] Ceci vous deviendra plus évident l’année prochaine, quand je prendrai devant vous corps à corps les poètes, les philosophes, les orateurs, les écrivains français depuis l’origine des lettres chez nous, et que je les comparerai, en les analysant, aux maîtres des autres littératures de l’Europe moderne. […] XV Sans adopter le dédain véritablement blasphématoire que les littérateurs de l’école appelée romantique ont manifesté il y a quelques années contre le grand siècle littéraire de la France (le siècle de Louis XIV), nous ne pouvons nous dissimuler cette tendance servile à l’imitation des Grecs et des Romains qui a guidé, mais qui a enchaîné en même temps le génie littéraire français depuis Malherbe.
Passionné de bonne heure pour les montagnes, vers lesquelles l’attirait un attrait puissant, il commença en 1760 ses courses vers les glaciers de Chamonix, alors peu fréquentés, et depuis, chaque année, il renouvela ses voyages des Alpes, jusqu’à ce qu’en août 1787, il parvint à s’élever à la cime du Mont-Blanc qui avait été pour la première fois gravie par deux habitants de Chamonix l’année précédente.
Et en particulier, les hommes remarquables, guerriers, prélats, savants, hommes de lettres, qui sont sortis avec éclat de la terre natale, y rentrent à l’état de personnages historiques après des années ou après des siècles, et y obtiennent d’un commun suffrage des bustes, des statues. […] Mgr le prince de Conti, prieur et seigneur temporel et spirituel de Gesne au Bas-Maine, diocèse du Mans, demeurant depuis quelques années dans la paroisse de Saint-Firmin, chez dame Catherine Robin, veuve du sieur Claude-David de Genty, avocat en Parlement ; lequel, ayant expiré dans notre maison presbytérale, a été le lendemain vingt-six dudit mois visité par les officiers de la Justice de Chantilly, d’où cette paroisse dépend ; il a été constaté par ladite visite que ledit Dom Prévost était mort d’une apoplexie… Que s’est-il passé durant les premiers moments dans la maison presbytérale ?
Turgot, contrôleur général, demanda, vers la fin de cette année, à l’Académie des sciences qu’elle voulût bien nommer deux commissaires pour se transporter sur les lieux ; il désirait qu’un physicien et un médecin fissent ce voyage. […] Il y a bien des années que, lisant de suite ce recueil des notices historiques de Vicq d’Azyr, simple étudiant alors et en chemin d’être médecin moi-même, mais hésitant encore entre plusieurs velléités ou vocations, il m’a été donné d’en saisir le doux intérêt et le charme ; en passant de l’un à l’autre de ces personnages, je sentais varier mes propres désirs ; chacun d’eux me disait quelque chose ; l’idée dominante que l’auteur avait en vue et qu’il exprimait dans la vie de chacun de ces savants m’apparaissait tour à tour et venait me tenter, même lorsque cette idée dominante n’était que des plus modestes : car il y a cela de particulier dans la touche de Vicq d’Azyr, qu’une sorte de sympathie y respire et que le coloris léger n’y dérobe jamais le fonds humain.
Mais les grands bergers astronomes de Bailly, sur le haut plateau de l’Asie, ou peut-être plus loin encore vers le nord (en ce temps où le Nord n’avait point de glaces), étaient bien autre chose : ils avaient amassé durant des milliers d’années, et dans des conditions naturelles plus faciles, toute une science égale peut-être à la nôtre, ou même supérieure, et que nous autres modernes nous avons été réduits pour notre compte à réinventer péniblement à la sueur de nos fronts. […] [NdA] Dans la Revue archéologique, XIe année (1854), à l’occasion d’un mémoire posthume de M.
Les lettres de jeunesse (1729-1740) sont peu nombreuses, mais suffisantes pour faire apprécier le goût, les mœurs, les jugements et le ton de Buffon en ces années antérieures à sa grande carrière. […] N’oublions pas qu’un excellent témoin qui l’avait vu à Montbard dans les dernières années, Mallet du Pan, a dit : « Buffon vit absolument en philosophe ; il est juste sans être généreux, et toute sa conduite est calquée sur la raison ; il aime l’ordre, il en met partout. » Pour en revenir à ses jugements littéraires, après Voltaire poète, Buffon ne paraît guère estimer qu’un autre poète en son temps, Pindare-Le Brun, comme il l’appelle, celui qui l’a si noblement célébré lui-même et en qui il reconnaît avec impartialité le pinceau du génie.
Elle fera sa première communion en même temps que Sibylle ; la cérémonie est fixée au 1er mai : « Le printemps était, cette année-là, tiède et doux. […] Il y a une scène fort belle où Sibylle ne me paraît pas excéder la mesure du possible : c’est lorsque la duchesse Blanche, son amie, mariée par raison à un homme estimable, retrouve après des années celui que toute jeune elle préférait et de qui elle aurait aimé à faire choix, et lorsque entraînée sur une pente rapide elle se sent bien près de manquer à ses devoirs : dans son trouble, elle s’ouvre tout d’un coup à Sibylle, à cette jeune fille grave, et pour qui elle a conçu une haute estime.
Il trouva en ce nouveau maître, qui succédait cette année-là à M. de Fontanes, un élève affaibli, mais encore suffisant, de la même école littéraire, un homme instruit et doux, qui s’attacha à lui et l’entoura de conseils, sinon bien vifs et bien neufs, du moins graves et sains. […] Son premier recueil d’Élégies est de 1812 ; il en avait composé la plupart dans les années qui avaient précédé, et sa Chute des Feuilles, par où le recueil commence, avait, un peu auparavant, obtenu le prix aux Jeux Floraux.
La jeune veuve de ce mari vivant vécut ainsi plusieurs années chez sa mère. […] Le duc de Rohan (Prince de Léon) I Une autre amitié s’offre à ma mémoire quand elle revient sur ces premières années : c’est celle du prince de Léon, depuis duc de Rohan, puis prêtre, puis archevêque à Besançon, puis cardinal.
Puis on a la bonne fortune d’avoir dans les œuvres de Du Vair les monuments d’une éloquence réelle221 qui pendant six années, des barricades à l’entrée du Roi, dans les plus critiques circonstances, fut une arme au service de l’ordre et du droit : on voit alors le genre oratoire vivre véritablement, adapté à son milieu, et faisant son office. […] D’Aubigné « traça comme pour testament cet ouvrage, lequel encore quelques années après il a pu polir et emplir ».
Desfontaines, dans ses Observations, Fréron, dans son Année littéraire, s’accrochèrent presque au seul Voltaire, y usèrent ce qu’ils avaient d’esprit, de sens, d’honnêteté même, sans autre résultat que de l’amener à s’avilir un peu dans des polémiques injurieuses. […] L’année 1760, avec ses deux grandes journées théâtrales, marque le moment où la lutte est le plus envenimée.
Le Préjugé de la « Vie de Bohème » et les mœurs de l’artiste actuel Il y a un an, Paris a vu la reprise de la Vie de Bohème de Murger, et la première de la Bohème de Puccini : cette année, M. […] Vous essaierez vainement de leur expliquer qu’ils viennent de voir des pantins, des caricatures d’artistes, de faux créateurs, le rebut de l’art vrai, toute la troupe prétentieuse et attristante dont les producteurs sérieux subissent la promiscuité et la camaraderie dans les premières années.
Il y eut, dans ces années (1661-1662), des saisons uniques de fraîcheur et de jeunesse, et qui se peuvent proprement appeler le printemps du règne de Louis XIV. […] Madame appelle naturellement la comparaison avec cette autre princesse aimable des dernières années de Louis XIV, avec la duchesse de Bourgogne ; mais, sans prétendre sacrifier l’une à l’autre, notons seulement quelques différences.
Dans les années 1900-1910, il s’intéressera en particulier à l’imagination, à l’attention, et aux sentiments. […] Hennequin, dans cette petite histoire de la psychologie, maintient la pertinence des deux approches antagonistes, alors que le devenir scientifique de la psychologie, à partir des années 1870, tend à éclipser la méthode introspective, jugée bien trop métaphysique.
Le lent et sourd accroissement de l’angoisse morale de Raskolnikoff, le vertige et l’oppression de son projet, qu’il apercevait vague et cependant fatal dans le délabrement de ses forces, son sourd malaise une fois le sang versé, et l’étrange sensation de retranchement qui le prend, le lâche et le tient quand il revoit sa mère et sa sœur, la cruauté de se sentir interdit à leurs caresses et de ne pouvoir leur parler que les yeux détournés vers l’ombre ; puis la terreur croissante et une sorte d’ironique rudesse s’installant dans son âme, qui l’introduisent à revisiter le lieu du crime, et à machiner de singulières mystifications qui le terrifient tout à coup lui-même — ces choses lacèrent son âme et rompent sa volonté ; ainsi abattu et ulcéré, il est amené d’instinct à visiter Sonia, et à s’entretenir avec elle en phrases dures, qu’arrête tout à coup le sanglot de sa pitié pour elle, pour lui et pour tous, en une crise où il sent à la fois l’effondrement de son orgueil et la douceur de n’être plus hostile ; des retours de dureté, la sombre rage de ses premières années de bague, l’angoisse amère d’un cœur vide et murmurant, conduisent à la fin de ce sombre livre, jusqu’à ce qu’en une matinée de printemps, au bord des eaux passantes d’un fleuve, que continue au loin la fuite indécise de la steppe, il sente, avec la force d’eaux jaillissantes, l’amour sourdre en lui, et l’abattre aux pieds de celle qui l’avait soulagé du faix de sa haine. […] Malade de la névrose épileptique, ayant passé en sa jeunesse par le choc effroyable d’une condamnai ion à mort, et gracié les pieds sur l’échafaud, pour aller traîner des années dans un bagne en Sibérie avec toute la vermine d’une société primitive, il vécut ensuite sous le ciel, « saturé d’encre », de Saint-Pétersbourg, et promena dans cette sombre ville, dure aux pauvres, sa silhouette râpée.
Pour ce qui regarde ce dernier par exemple, il y a quelques années à peine que, par la publication du Journal de Maine de Biran, nous apprenions qu’Ampère était son collaborateur philosophique et qu’ils avaient une doctrine commune ; c’est d’hier seulement et par les soins de M. […] Ceux de Biran dormirent je ne sais combien d’années dans un grenier.
Au reste, la poésie dramatique fit plus de progrès depuis 1635 jusqu’en 1665 ; elle se perfectionna plus en ces trente années-là, qu’elle ne l’avait fait dans les trois siècles précédents. […] Quelques années après, le frère de cette princesse arrive dans ce pays ; il est saisi par les habitants et sur le point d’être sacrifié par les mains de sa sœur.
Les uns sont nez depuis plusieurs années. […] Leurs cadets qui depuis une centaine d’années sont sortis du cerveau des peintres, sont des inconnus et des gens sans aveu, qui ne meritent pas qu’on en fasse aucune mention.
Mme Sand qui nous disait à nous, il y a quelques années, à propos de Maurice de Guérin : « Je ne suis pas un esprit critique. […] l’enfant gâtée du public qu’elle fut toute sa vie, se retrouve dans la légèreté avec laquelle elle nous affirme, après tant d’années d’effet funeste sur l’imagination contemporaine, qu’elle est innocente comme l’enfant qui vient de naître ; — et prétend nous imposer, rien qu’en se récriant, une opinion qui demanderait qu’on se mît en quatre pour la prouver ; se flattant sans doute qu’à son premier petit souffle, — tout-puissant, — elle nous fera tourner comme des girouettes !
Ce qui est si facile et, j’ajouterai, si agréable aujourd’hui, était-il possible il y a quelques années ?
L'Athénée royal, l’ancien Lycée, fondé à la fin du xviiie siècle dans les années qui précédèrent la Révolution et où La Harpe avait commencé à professer son cours si célèbre ; cet Athénée qui revit le même La Harpe en bonnet rouge pendant la Terreur, puis repentant et faisant amende honorable de ses excès philosophiques ; cet Athénée pourtant qui était resté le centre de la philosophie du xviiie siècle, où les Garat, les Tracy, les Chénier, les Ginguené, les Daunou allaient causer du moins, quand ils n’y professaient pas ; qui eut la primeur des leçons de chimie des Lavoisier, des Fourcroy, et plus tard les cours de physiologie des Gall et des Magendie ; cet Athénée qui, sous la Restauration, était resté un foyer d’opposition libérale et l’antagoniste de la Société des Bonnes Lettres ; où Benjamin Constant jusqu’à la fin faisait des lectures ; où Mignet (il y a vingt ans) débutait par une leçon sur la Saint-Barthélemy qu’on lui redemandait d’entendre une seconde fois à huitaine (tant on la trouvait à la hauteur du moment)… eh bien !
Elles sont affligeantes, elles sont profondément immorales, ces sortes d’orgie d’un beau génie en délire ; et quand, dix années plus tard, aux approches d’une mort inévitablement prochaine, on voit éclater de point en point la contrepartie de ces scènes indécentes, quand un prêtre en habit court, introduit dans la chambre du moribond, l’obsède de ses dévotes violences, quand le même Wagnière caché, comme autrefois, derrière une porte, non plus pour rire d’un moine imbécile, mais pour sauver son maître d’un moine hypocrite, écoute tremblant, la main sur son couteau, et s’élance aux cris du vieillard, on tire d’un rapprochement si naturel et si terrible une condamnation plus sévère encore de ces jongleries philosophiques qui provoquent et semblent absoudre les persécutions religieuses.
Ces trois dernières années mémorables sont à ses yeux un grand drame complet qui a eu son commencement, son milieu et sa fin.
Si on rejette l’an 33, pour trouver une année qui remplisse ladite condition, il faut au moins remonter à l’an 29 ou descendre à l’an 36.
Pour faire aux célébrités glorieuses et aux noms ridiculement fameux du xviie siècle, la part de louange ou de mépris qui leur est due, il m’a été nécessaire de diviser ce siècle en périodes historiques d’environ dix années.
& celui de leur Défense même format & même année.
Mais ou la raison ou l’instinct nous ont fait quitter ce goût très-propre à faire composer de mauvaises pieces par de bons auteurs, et les poëtes qui depuis quelques années ont voulu le renouveller n’y ont pas réussi.
Ils vécurent ainsi quelques années ensemble et Sakaye eut de la yébem trois enfants droits « comme un chemin »144 tous les trois et jolis comme des verroteries.
… II Les Talons Rouges 13, de Gustave Desnoireterres, ont paru dans les derniers jours de l’année qui vient de finir.
Périclès ayant institué un prix de musique, voulut que, chaque année, le sujet du chant fût aussi les louanges de ces deux citoyens, et dans la suite on y ajouta le nom de Thrasibule, qui chassa les trente tyrans.
Cependant, le Tractatus theologico-politicus de Spinoza paraîtra en 1670, la même année que la première édition des Pensées. […] Les vingt dernières années du patriarche de Ferney, enfin libre et son seul maître, seront les plus heureuses et les plus fécondes de sa vie. […] Candide est de la même année que les Mémoires (1759). […] Oui, cela est vrai ; oui, il a sauvé la religion, c’est-à-dire en France le catholicisme, qui semblait en grand péril vers les années 1750-1760. […] Il ne le jeta heureusement que dans un tiroir, mais nous n’en avons eu la révélation qu’il y a peu d’années, par l’édition Conard.
Elle veut, la bonne nature, que Daphnis soit mûr pour l’amour quelques années plus tard que Chloé. […] Ils vivent là-dessus une vingtaine d’années, se croyant très forts. […] … Le premier rayon de l’année ! […] Le premier rayon de l’année ! […] Il en extrayait de ces choses qu’on n’a coutume délivrer au public que quelques années après la mort des grands écrivains.
Les croyances perdues sont comme les années envolées ; on ne se refait pas plus une foi qu’on ne se redonne une jeunesse. […] J’entends encore ces belles mélodies qui éveillaient dans mon cœur, plus jeune que le sien de quelques années, des tristesses du même genre. […] C’est donc sans scrupule que, durant les quelques années où j’eus l’honneur d’exercer, quoique indigne, une parcelle de pouvoir législatif, je restai invariablement fidèle à M. […] Vivant sous le même toit que lui pendant près de dix années, je le voyais sans cesse, soit dans son laboratoire où je pouvais l’interrompre sans l’importuner, soit dans le cabinet de la direction, pour y causer des affaires que nous avions à régler en commun. […] P***, professeur très estimé, auquel j’avais eu la chance, quelques années auparavant, de rendre un service très léger dont il m’était resté reconnaissant.
Pendant sa première année de séjour à Paris, le peu de travail que veulent les premiers grades à prendre dans la Faculté l’avait laissé libre de goûter les délices visibles du Paris matériel. […] Ce domaine d’un revenu d’environ trois mille francs était soumis à l’incertitude qui régit le produit tout industriel de la vigne, et néanmoins il fallait en extraire chaque année douze cents francs pour lui. […] Pendant cette année, le citoyen Goriot amassa les capitaux qui plus tard lui servirent à faire son commerce avec toute la supériorité que donne une grande masse d’argent à celui qui la possède. […] Après avoir subi pendant cinq ans leurs instances, il consentit à se retirer avec le produit de son fonds, et les bénéfices de ces dernières années ; capital que Mme Vauquer, chez laquelle il était venu s’établir, avait estimé rapporter de huit à dix mille livres de rente. […] En venant m’établir ici, l’année dernière, je suis allé leur faire une visite de politesse ; ils me l’ont rendue et nous ont invités à dîner ; l’hiver nous a séparés pour quelques mois ; puis les événements politiques ont retardé notre retour, car je ne suis à Frapesle que depuis peu de temps.
Il est resté l’ami préféré de ma pensée ; la flamme de ses vers est tellement mêlée à ma vie, à ma jeunesse, à mes amours, à mes cris de liberté que je l’aime comme moi-même, et que je ne puis remonter le cours de mes années sans me rappeler, à chaque aurore, l’attrait divin de ses poésies. […] Il est la fleur éclatante ou pâle d’un arbre auquel il a fallu des années et des années pour croître et se développer. […] Certes Victor Hugo fut illustre, mais si l’on mesure le génie à la force des acclamations populaires, il faut lui égaler Népomucène Lemercier et l’abbé Delille à qui les pouvoirs publics firent en 1813 de si imposantes funérailles et puisque ma lettre vous parviendra à cette époque de l’année où il est d’usage de formuler des vœux, laissez-moi goûter la douceur de celui-ci : c’est que le plus grand poète du xixe siècle soit encore inconnu comme il advint d’André Chénier, le plus grand poète du xviiie siècle, qui ne fut, qu’au cours du siècle suivant, révélé à l’admiration des hommes. […] On n’a pas un poète ; on a tous les poètes, tour à tour, selon les années, selon les soirs.
Du trait dans la conversation, des pointes à tout propos, quelque chose de vif et de sémillant dans son bon temps ; avoir sur chaque sujet de passage une provision de bons mots plus ou moins préparés, comme on a des pastilles dans une bonbonnière d’écaille qu’on fait circuler aux mains des dames ; ne voir guère dans tout ce qui est sur le tapis, même dans ce qui est sérieux, que prétexte à paillettes et à étincelles ; ne jamais sortir d’un salon sans assurer et signaler sa sortie par un dernier petit trait qu’on lance en fuyant : tel était, tel nous vîmes pendant des années ce galant homme, homme d’esprit assurément, mais des plus précieux et non pas médiocrement frivole.
Jeté par sa position militaire dans le midi de la France, pendant les premières années de nos troubles, transporté tour à tour d’Uzès à Avignon et de Carpentras à Jalès, il aurait pu sans doute nous exposer avec clarté et franchise les déplorables agitations de ces provinces tant de fois ensanglantées ; nous dire comment la patrie des plus ardents fauteurs de l’ordre nouveau se trouva si proche du camp où le régime ancien se retrancha ; comment ces Cévennes, encore retentissantes de la voix des pasteurs proscrits, prêtèrent leurs asiles à la monarchie et à la religion déchues de Louis XIV ; comment, en un mot, les partis se caractérisèrent dans ces vives contrées, s’y constituèrent en présence l’un de l’autre, d’autant plus terribles et inexorables qu’ils s’alimentaient de rivalités plus immédiates et pour ainsi dire plus domestiques, que de vieilles haines inextinguibles se rallumaient aux haines récentes, et que les séductions étrangères les plus habilement ménagées s’y combinaient avec ce qu’ont de plus irrésistible et de plus spontané les mouvements populaires.
Lettres écrites de paris pendant les années 1830 et 1831, traduites par M.
Émile Augier, déjà connu par le succès qu’avait obtenu son gracieux essai de l’année dernière, la Ciguë, une espèce de petit proverbe athénien.
Un secret et profond sentiment de vanité burlesque unit ici les tourmenteurs qui furent victimes l’an passé, et les victimes qui seront bourreaux l’année prochaine.
C’est ainsi qu’en ces années-là, de ces échanges d’idées avec tant de natures diverses, de la contemplation des mœurs et de l’observation des individus, naquirent et se développèrent dans M.
Ma bonne, Marie-Jeanne, est morte, il y a quelques années.
Douée, dès l’âge le plus tendre, d’une prudence capable de seconder les vûes politiques de ses parens, qui la faisoient passer pour un garçon, elle touchoit à sa sixieme année, lorsqu’elle fut envoyée à Paris auprès d’une de ses Tantes.
Il est plus essentiel de remarquer que ce ne fut qu’après vingt années d’étude & de réflexions des voyages dans presque toutes les parties de l’Europe, que M. de Montesquieu osa prendre sur lui d’instruire les Hommes, & de s’ériger en Législateur des Nations.
Le Sueur, qui n’avoit jamais été à Rome, et qui n’avoit vû que de loin, c’est-à-dire, dans des copies, les richesses de cette capitale de beaux arts, en avoit mieux profité, que beaucoup de peintres qui se glorifioient d’un sejour de plusieurs années au pied du Capitole.
Les seuls poètes intéressants, les seuls vrais écrivains, — parmi tous les noms mis en avant depuis une année — les seuls Auteurs de quelque chose, les voici, et on peut m’en croire.
Cela est si vrai, et c’était tellement le mouvement et la pente d’alors de solliciter un tel poète, que, vers 1780 et dans les années qui suivent, nous trouvons trois talents occupés du même sujet et visant chacun à la gloire difficile d’un poëme sur la nature des choses. […] Mais la Révolution vint ; dix années, fin de l’époque, s’écoulèrent brusquement avec ce qu’elles promettaient, et abîmèrent les projets ou les hommes ; les trois Hermès manquèrent : la poésie du xviiie siècle n’eut pas son Buffon. […] Cet article, postérieur de dix années au précédent, achève et complète notre vue sur le poète ; l’étude approfondie n’a fait que vérifier notre premier idéal.
IX Je la vois encore en idée, et, toutes les fois que je passe en chemin de fer en vue des sombres croupes des forêts d’Urcy, d’Arcey et du pont de Pany, croupes boisées qui me cachent le toit du château désert, j’ai envie de descendre pour revoir la Jumelle, et pour savoir si elle conserve encore, après tant d’années, quelques traces des charmes véritablement attiques dont cette Chloé des Gaules enchantait mon enfance, mes yeux et presque mon cœur. […] XII Cependant la merveilleuse beauté de la Jumelle, célèbre déjà dans tous les villages voisins, attirait à son père de nombreuses demandes en mariage ; mais, chaque fois que son père lui parlait de ces propositions, faites pour flatter sa vanité, elle répondait qu’elle était trop jeune, qu’elle y penserait à la moisson, aux foins ou à la Noël de l’année suivante. […] J’en fis l’expérience sur moi-même bien des années après l’aventure lyrique du petit bouvier.
Elle leva les yeux, elle les promena lentement sur ces portiques, morts eux-mêmes depuis tant d’années, et qui avaient vu tant mourir. […] Je suis bon à l’user ; je ne me lasse jamais, et si j’avais plus d’années à vivre, mon dernier jour serait encore embelli et rempli de votre image. […] Ce furent les belles années de sa vie publique, son exil victorieux, qui lui permettait d’accorder à ses ennemis des ministères une trêve honorable.
Hugo est toujours là : et cette année 1862 voit paraître avec le petit volume de Salammbô les dix volumes des Misérables. […] Dès lors, elle ne s’arrête plus : chaque année, pendant quarante ans, elle donne un ou deux romans, des nouvelles, des récits biographiques ou critiques. […] Mérimée appartient à la grande période romantique : son œuvre de romancier tient à peu près toute dans une vingtaine d’années, elle est achevée en 1847.
IV En la trentième année, au siècle de l’épreuve, Étant captif parmi les cavaliers d’Assur, Thogorma, le voyant, fils d’Élam, fils de Thur, Eut ce rêve, couché dans les roseaux du fleuve, A l’heure où le soleil blanchit l’herbe et le mur, Il vit Hénokia, la cité des Géants. […] Cela donne à réfléchir, d’autant plus que nous-mêmes, les derniers venus et les moins malheureux, nous nous sentons encore inclinés vers la métaphysique vague et dés (mot illisible, vraisemblablement désolée) où s’assoupissaient nos plus lointains ancêtres (mot illisible) même que souvent dans le cerveau d’un homme renaissent au déclin de l’âge les songes et les croyance de ses jeunes années, ainsi l’humanité vieillissante refait le songe de sa jeunesse. […] Si desséché qu’il soit par l’extase, si avant qu’il se soit enfoncé dans le nirvâna, le solitaire, « rêvant comme un dieu fait d’un bloc sec et rude », sent à leur voix suppliante remuer en lui quelque chose d’humain et « entend chanter l’oiseau de ses jeunes années ».
Qu’il y ait depuis quelques années bon nombre de poètes rigoureusement méridionaux honorant les lettres françaises et la langue d’oui (je ne les nommerai pas, je laisse prudemment ce soin à nos neveux) cela n’infirme en rien ma thèse, bien au contraire. […] Mais, si quelques-uns de nos meilleurs prosateurs (citons Montaigne, Montesquieu, Rivarol) sont des méridionaux, peut-être que cette spontanéité qui est nécessaire à la poésie, et qui fait qu’elle est plus une chose d’instinct que de raison, ne peut s’épancher que dans une langue dont les sons, la construction ont été mêlés à notre vie familière en ces années d’enfance où nous apprenons à sentir. […] C’est une petite page délicieuse : Il y a quelques années, dans un rapport à l’Académie des Jeux floraux, le secrétaire, M.
Si Flaubert pouvait indifféremment passer six ans avec Mme Bovary, le pharmacien Homais, le curé Bournisien, et six ans avec Salammbô, Matho, Hamilcar, des années avec Frédéric Moreau, et des années avec saint Antoine, c’est en somme que tous ces personnages lui importaient moins que l’habit qu’il voulait leur donner. […] Je me souviens de la joie que j’éprouvai il y a une dizaine d’années en ouvrant mon premier livre de Nietzsche.
Comment ne pas s’émerveiller du formidable espace conquis en si peu d’années sur l’inconnu ? […] Il ne s’agit pas de juger en ce moment si les résultats obtenus ont toujours été à la hauteur des prétentions déclarées ; ce qui nous importe, c’est de constater la tenace résolution que durant une trentaine d’années le roman a eue de « faire vrai » avant tout. […] Sans nous prononcer sur cette hypothèse, nous pouvons dire que, pour des centaines et des centaines d’années, il reste un vaste champ ouvert aux visions, aux rêveries, aux intuitions des poètes.
C’est que toute nouveauté verbale n’acquiert que lentement et souvent après de très longues années sa place définitive dans les habitudes linguistiques. […] C’est aussi ce qui a guidé le colligeur de l’Almanach Hachette pour la présente année 1899 . […] Voilà des années que les grammairiens font la chasse à ce mot. « Dites : du carbonate de soude !
Quelques années encore et l’universalité, la nécessité des rapports qu’elle exprime, leur interdépendance, apparaissaient comme les caractères de la vérité scientifique et la différenciaient de la vérité historique. […] C’est ce qu’il est encore, de nos jours, pour beaucoup de gens qui se croient, eux aussi, « avancés », et qui ne sont, au milieu de nous, en ces premières années du XXe siècle, que les contemporains de l’Encyclopédie. […] Une traduction française de ce livre a paru cette année même chez l’éditeur Schleicher.
Mirabeau prédit tous ces maux à son lit de mort : ils se sont trop vérifiés pendant trois années. […] C’est quand il fut impossible à l’ambition de rien usurper, qu’il accepta, du choix de ses concitoyens, l’honneur de les gouverner pendant sept années. […] Du milieu de cette scène imposante, Bossuet, chargé de gloire et d’années, élevait ses accents pathétiques, et tous les cœurs étaient ébranlés. […] Au contraire, tous les inconvénients du genre se font sentir quand les années ont affaibli l’enthousiasme et les regrets. […] L’éloge du maréchal de Saxe, par exemple, fut proposé peu d’années après sa mort, et presque sous les yeux des témoins de ses exploits.
Musset, pendant une bonne dizaine d’années, a vécu dans et avec « le grand ami Shakespeare ». […] La Massière s’annonce comme devant être la pièce de l’année. […] Émile Veyrin est mort l’année dernière à l’âge d’environ cinquante ans. […] Ce n’est pas le « quelques années après sa mort » qu’il a pris pour texte. Que l’être aimé, quelques années après sa mort, ne le soit plus, il s’est dit qu’hélas !
Cela me permettra d’exposer quelques appréciations d’ensemble, et de conclure avec infiniment plus de justesse, que s’il s’agissait de ces « enquêtes collectives » dont on abuse, peut-être, depuis quelques années. […] Berthelot y a perdu des années précieuses ; M. […] Quant à l’œuvre du poète, on en retrouvera un jour les vestiges dans quelque rare et bizarre anthologie, où l’on aura réuni, à côté de quelque chant de Maldoror, les curiosités esthétiques et les anomalies littéraires de ces dernières années. […] Clément Rochel a essayé de suppléer à ce défaut fatal d’information en écrivant, au seuil du volume, une longue préface, toute remplie de ces faits, de ces propos, de ces anecdotes qui nous ont été révélés ces dernières années et qui manquent précisément dans le texte de Proudhon. […] Or, il faut bien l’avouer, de tous les écrivains qui, depuis plusieurs années, se sont fait une spécialité d’écrire sur l’Amour, bien peu furent persuadés de la grandeur de leur tâche.
Cette admirable terminaison du chant second, qui exprime la vie des antiques Sabins, leur labeur opiniâtre durant l’année, leurs jeux aux jours de fête, jeux rudes encore et aguerrissants : Corporaque agresti nudant prœdura palaestra ; telle est la franche nature romaine primitive dans tout son contraste avec les loisirs et les passe-temps gracieux des chevriers de Sicile. […] On calcule que la date de sa naissance peut tomber vers l’année 300 ou 305 avant Jésus-Christ. […] L’idylle qui en est le tableau se rapporte au séjour de Théocrite dans l’île de Cos ; c’est un souvenir de ses années de jeunesse et de florissant bonheur qu’il veut consacrer, et qu’il dédie à ses amis, à ses hôtes. […] Son maître, dont ce n’était pas le compte, l’enferma vivant dans un coffre pour l’y faire mourir : « Nous allons « voir pour le coup, disait-il, à quoi te serviront tes « Muses maintenant. » Mais quand il rouvrit le coffre, au bout d’une année, il le trouva tout rempli de rayons de miel ; c’était l’œuvre des abeilles, messagères des Muses, qui étaient venues de leur part nourrir le prisonnier.
La rencontre qui décida de la vie et de l’immortalité du jeune poète est racontée par lui dans toutes ses circonstances d’année, de lieu, de jour et d’heure, comme un événement de l’histoire du monde. […] Celle-ci, dont les charmes commençaient à se faner, moins sous les années que sous la douleur, s’affligeait en secret de cet abandon. […] « Je commence à vieillir, disait-il au cardinal Étienne Colonna, son patron et son ami ; tout change avec le temps ; mes cheveux mêmes changent de couleur, ils m’avertissent que je dois changer moi-même de vie et de pensées ; l’amour ne sied plus à mes années, ou je dois le refouler dans mon cœur. » Il se prépara à partir pour Parme et pour Rome. […] « Vois comme, dans ces mêmes sites où je passai tant d’années à te célébrer de mes chants, je passe maintenant mes jours à te pleurer, à pleurer sur toi !
Il y resta deux ans, découragé de ses espérances ; il employa ces années d’incertitude et d’impasse à se créer son art à lui seul par des méditations solitaires et par des essais assidus. […] Le caractère spécial de son pinceau, la réflexion, la simplicité, la mélancolie, le gracieux dans la sévérité, l’idéal dans le vrai, sont sans doute les produits de ces années de solitude, ingrates en apparence, fécondes en réalité. […] On en voyait un grand nombre à Paris, il y a quelques années, chez un opulent Mécène de la peinture, M. […] Il avait connu Léopold pendant ses années de noviciat à Paris ; il croyait en lui, et il le soutenait à Neuchâtel et à Rome de ses encouragements, cette monnaie du cœur sans jalousie, et par conséquent sans dénigrement.
Je l’ai connu mystérieusement à Florence, pendant plusieurs années, sans que le public soupçonnât nos rapports, que les convenances politiques de ma situation m’empêchaient d’ébruiter. […] C’était dans les dernières années de sa courte vie ; elle resplendissait encore des reflets de son soleil couchant, comme une tête de Vénus grecque effleurée, dans un musée, par un dernier rayon du soir. […] Elle écoute cependant aussi la zampogna, mais comme un souvenir de ses jeunes années, ou plutôt elle la fait écouter à son enfant, dont le sourire est toute sa joie. […] … » — « Elle part pour l’Angleterre », écrit-il en novembre de la même année, « elle laisse sa mère malade pour aller secourir son père infirme, à qui l’on ne permet pas de passer la mer.
III Nous remonterons incessamment avec vous ce cours lent de la pensée allemande par ses œuvres, depuis nos jours, c’est-à-dire depuis Klopstock, Schiller, Goethe, ces poètes culminants du dix-huitième siècle, jusqu’à l’année 1152 du douzième siècle, où parut l’Iliade des Germains, le poème barbare et sublime des Nibelungen. […] Dans le premier cas le livre n’attend pas son succès une heure : il est l’étincelle sur la poudre des imaginations ; dans le second cas il paraît comme s’il n’avait pas paru, et il attend son public pendant des années ou pendant des siècles. […] Aussi ne vieillit-il pas, bien qu’il touche à sa quarantième année : il est comme ces statues de marbre de la galerie du Vatican, qui prennent des siècles sans prendre une ride ! […] XVII Après ce voyage à Naples et en Sicile, voyage qu’il faut faire quand on veut chanter, car tout y chante dans la nature, mer, ciel, montagnes, atmosphère et impressions, Goethe s’arrêta quelques années à Rome.
L’auteur de ces oracles meurt sans avoir atteint la grande célébrité européenne ; un silence de quelques années se fait sur sa tombe ; mais tout à coup un des deux partis d’idées en lutte dans le monde intellectuel, religieux, politique, éprouve le besoin de confondre, d’éblouir, de foudroyer le parti contraire par l’éclat d’un génie solidaire qui lui prête un style, des armes, des idées et de l’audace contre ses adversaires. […] Il consultait tout le monde, et même moi, malgré le disparate de mon extrême jeunesse avec ses années. […] Depuis six mortelles années, mon infatigable plume n’a cessé d’écrire chaque semaine que S. […] Depuis plus d’une année je n’allais plus dans cette maison, et j’ai su qu’on m’en a loué comme d’un trait de politique, parce qu’on a cru que je m’étais retiré pour n’avoir pas l’air d’intriguer et de m’attacher à cette ancre pour me tenir ferme.
A Montmorency, Rousseau passe quelques calmes années : il travaille ; il achève sa Nouvelle Héloise, il fait sa Lettre sur les spectacles, son Contrat social, son Émile. […] L’Émile était partout poursuivi, partout condamné, à Berne, en Hollande, à Genève même, dans cette patrie qui avait tant fêté son glorieux enfant quelques années plus tôt (1754), où il avait repris sa qualité de citoyen avec la religion de ses pères. […] Voilà cette vie d’un grand écrivain, où la littérature tient si peu de place : les chefs-d’œuvre s’entassent en une douzaine d’années, de 1742 à 1762 : dans les trente-sept années précédentes, rien ou à peu près ; dans les seize dernières, les Confessions avec leur complément des Rêveries, qui sont moins un livre d’auteur qu’une vision de vieillard revivant avec délices sa vie inégale et mêlée.
Quelques années plus tard, quand la France se reprend d’amour pour l’azur du ciel, pour la verdure des prés, pour la mystérieuse obscurité des forêts ; quand la rêverie, ce breuvage grisant et assoupissant, enivre et endort les cœurs ; quand une mélancolie douce se complaît au murmure des sapins agités par la brise ou au clapotis des vagues expirant sur la grève ; alors aussi, par une coïncidence logique, la société française s’éprend de la fumée du tabac, des chimères de l’illuminisme et des voluptés d’une musique plus large et plus profonde. […] Ce qui est du moins indiscutable, c’est qu’en certaines circonstances la pénétration de la poésie par la musique peut se produire et qu’en pareil cas les œuvres poétiques d’une dizaine d’années en gardent l’ineffaçable empreinte. […] A la fin du second Empire, Carpeaux, sur la façade de l’Opéra de Paris, figure la danse par un groupe de bacchantes échevelées, et il n’en faut pas davantage pour évoquer l’image de la haute vie parisienne durant les années qui précédèrent la débâcle de 1870. […] Pendant les dernières années de Louis XIV, sous la domination dévote de Mme de Maintenon, il existe encore des lois somptuaires destinées à réduire les dépenses de toilette.
Il est en bon renom auprès de tous les organes supérieurs de la presse française ; il faut donc croire que le mélange de bonté attristée, d’observation délicate et de haute méditation qui le caractérisent sont compris et partagés par un groupe notable de lecteurs qu’il faut chercher dans la bourgeoisie riche des trente dernières années. […] S’il est vrai que cette vogue doive être attribuée, dans une certaine mesure, à la chasteté innocente de ces livres, il n’en est pas moins constant, qu’un groupe très nombreux de lecteurs et de lectrices français tolère aisément, depuis une cinquantaine d’années, l’image incomplète, caricaturale, exotique, que ses romans présentent de la société et du monde, en considération des qualités qui les caractérisent, de leur bonhomie, de leur émotion, de leur comique, de leurs perpétuelles démonstrations de sensibilité. […] C’est sans doute parce qu’ils satisfont de même cet instinct émotionnel que les romans même de Dostoïewski et de Tolstoï, ont reçu l’année passée un accueil favorable du public. […] Ils ont été également accueillis avec faveur parmi les jeunes artistes de ce temps, comme ceux de Dostoïewski, et nul doute que dans quelques années, leur influence se manifestera, dans une mesure que l’on ne peut encore déterminer, dans les romans à venir.
La Vertu du Sol de Marcel Mielvaque est un des livres importants de ces dernières années tant par la fidélité des détails sur la vie d’une nouvelle Mme Bovary dans un pays de vignobles et de petites propriétés que par les idées qui se dégagent de cette intrigue et font de ce livre plus et moins qu’un roman, une sorte de manuel de sociologie et psychologie régionaliste d’une force et d’une portée considérables. […] Notre âge nous interdisait de tels procédés qui peuvent amuser un Aristarque moins jeune et plus désabusé que nous… XIII. — Primes et prix Depuis quelques années, les primes d’encouragement se sont multipliées en faveur des jeunes littérateurs. […] Tous les amateurs, sans exception, écrivent et portent triomphalement leurs manuscrits chez les libraires. » Néanmoins, voici la statistique officielle pour l’année 1838. […] Cette année M.
Le Petit Carême, qui fut prêché en 1718 par Massillon déjà nommé évêque, devant Louis XV enfant, dans la chapelle particulière des Tuileries, est depuis les jeunes années dans toutes les mémoires. […] Massillon mourut le 18 septembre 1742, dans sa quatre-vingtième année.
Sur la fin de l’année 1543, M. de Botières, qui commandait un peu mollement en Piémont, fut remplacé par le comte d’Enghien, jeune prince de qui l’on attendait beaucoup et qui rendit à l’armée de vives espérances. […] Avant la fin de cette même année, on le trouve au siège devant Boulogne-sur-Mer en qualité de mestre de camp.
En faisant toujours la part de sa vivacité de femme et de royaliste, son témoignage, en tout ceci, ne diffère pas sensiblement de celui du duc d’Arenberg, ce même comte de La Marck qu’elle vient de citer, et dont la correspondance avec Mirabeau, publiée il y a une dizaine d’années, a éclairé bien des points obscurs de ce commencement de la Révolution. […] Je regrette d’être obligée de dire tout cela, ajoute Mme Elliott (dont je n’ai fait, dans ce qui précède, que resserrer la pensée), car je connaissais le duc d’Orléans depuis des années, et il a toujours été bon et aimable pour moi, comme il l’était du reste pour tous ceux qui l’approchaient.
Scribe, mort il y a près d’une année déjà, et M. […] L’Académie, qui dispose aujourd’hui de plus de 57,000 francs de rente, en emploie plus de 35,000 chaque année en prix et récompenses littéraires qu’elle distribue en parfaite connaissance de cause, après examen, rapport, discussion ; mais, enfin, cette idée aristocratique du rien faire et du parfait loisir pour tous ceux qui sont une fois arrivés au fauteuil, prévalut dans l’opinion et s’autorisa des prétentions mêmes, affichées par l’Académie en 1816.
Les érudits en ces matières l’avaient signalé depuis quelques années comme particulier et peut-être unique en son genre : il offre, en effet, le premier exemple d’un genre de drame historique national, trop peu cultivé de tout temps, quoique si indiqué, dont les rares productions se comptent, et qui n’a eu son retour tardif qu’au xviiie siècle dans le Siège de Calais de du Belloy, et dans les Templiers de Raynouard, sous le premier Empire. […] Là surtout de nombreux et excellents travaux critiques, d’abondantes publications qui datent de quelques années seulement, ont fort éclairci la question et ne laissent guère aux critiques amateurs et divulgateurs, comme nous, que le soin de les bien reproduire et de les résumer, sauf à y mêler chemin faisant un jugement et une réflexion.
Dans un article intitulé l’Idolâtrie de l’Antiquité, il s’est attaqué à une traduction qui a été faite, il y a quelques années, de Méléagre, le premier collecteur de l’Anthologie ; il a trouvé fort plaisante l’appréciation favorable qu’on avait donnée de cet élégant poète, à qui pourtant M. de Humboldt, peu sujet de sa nature à idolâtrie, n’a pas dédaigné de faire une place dans son Cosmos et qu’il a nommé avec honneur pour son idylle du Printemps. […] Après quelques années d’interruption, essayez un peu, et vous verrez la difficulté, il est besoin auparavant de se recueillir, de s’isoler de la vie qui fait bruit et de lui fermer la porte, de faire comme on faisait autrefois quand on voulait s’approcher des mystères, de prendre toute une semaine de retraite, de demi-ombre et de silence, de mettre son esprit au régime des ablutions et de le sevrer de la nourriture moderne.
Guizot a recueilli et reconquis, on le sent, toute cette piété filiale et maternelle avec les années ; mais de plus, et en dehors du sentiment pur, sa raison et sa prudence interviennent à tout instant pour compléter son principe de foi, pour l’appuyer et le corroborer par de puissantes considérations politiques et sociales : « Y a-t-on bien pensé ? […] Quelques-uns sont une exception heureuse ; on les distingue, on les compte, la plupart, ni bons ni mauvais, à la merci des impressions, ont un premier mouvement naturel ; mais le temps, les années, les circonstances et les intérêts qui changent et s’éloignent, les changent aussi.
L’année 1745 était particulièrement fatale à ses yeux : le chancelier d’Aguesseau, cette année-là, avait fait rendre un édit par lequel le Clergé ne pouvait plus acquérir de biens-fonds.
Mais aussi, dans l’autre supposition, vous avez un grand homme raisonnable, un de ceux qui n’en prennent pas plus qu’ils n’en peuvent garder : dans l’ordre de la guerre, vous avez un Turenne, un Wellington ; dans l’ordre politique, un Washington ou même, entre les plus audacieux, un Cromwell, ou parmi les rois conquérants un Frédéric, et non un de ceux qui, s’élançant hors des orbites connues, agissent puissamment à distance sur l’imagination des hommes et qui hâtent, qui précipitent en quelques années les destins de l’univers. […] Tel est le plan gigantesque que l’implacable fortune, et non pas, comme on l’a dit, un misérable orgueil dynastique, l’a contraint d’adopter, et dont nous le verrons poursuivre l’exécution pendant sept années avec une vigueur d’esprit et de caractère incomparable. « Je sentais mon isolement, a-t-il dit à Sainte-Hélène ; je jetais de tous côtés des ancres de salut au fond de la mer.
Depuis quelques années déjà, l’auteur de l’Ami des femmes exerce la morale comme une chirurgie ; il lui prête l’impudeur tranchante d’une science expérimentale qui a le droit de tout éventrer et de tout décrire. […] Cette visite de noces est rendue, un peu tardivement, par M. de Cvgneroi, accompagné de sa femme, portant entre ses bras un enfant de trois mois, à madame la comtesse Lydie de Morancé, jeune veuve qui finit à la campagne son année de deuil.
Dans l’éloge de Portal, voulant faire allusion au charlatanisme si connu dont ce médecin avait usé d’abord pour se mettre en renom, Pariset, après l’avoir couronné de tous les éloges, ajoute à la fin que « son seul tort, peut-être, a été, dans ses premières années, de prendre l’avenir en défiance, de ne pas croire à l’effet naturel de ses talents, et d’avoir voulu attacher des ailes à sa fortune ». […] [NdA] Je dois à un compatriote de Pariset, à M. l’abbé Mourot, quelques renseignements précis sur ses premières années.
Le Napoléon des dernières années y est parfois avec des traits où M. de Lamartine a combiné son style nouveau et quelque chose de ses anciennes préventions ; il a retraduit dans sa manière moderne son ancienne poésie. […] Lubis a publié, en 1837 et dans les années suivantes, une Histoire de la Restauration, préparée avec soin et qui n’est pas une compilation, mais une composition étudiée et faite d’après les sources.
Sous la Restauration, dans les premières années, on croit apercevoir distinctement la place de Mallet du Pan entre MM. de Serre, Camille Jordan et Royer-Collard. […] Il avait résidé en France durant huit années, travaillant au Mercure moyennant un traité conclu avec le libraire Panckoucke ; il y avait défendu en honnête homme ce qu’il croyait les bons principes ; par suite de l’estime qu’il s’était acquise, il avait été, au moment de son départ, chargé d’une mission par Louis XVI, « qui m’honora de sa confiance, dit-il, sans m’honorer jamais de ses bienfaits ».
Un écrivain de nos jours qui s’est fait connaître avec distinction dans le genre de la biographie, M. de Loménie, professeur suppléant au Collège de France, a consacré cette année plusieurs leçons à Beaumarchais, et il a éclairé le caractère de ce personnage extraordinaire à l’aide de documents particuliers qu’il tient de la famille même. […] Cette affaire de famille terminée, et sorti des périls qu’elle lui a suscités, Beaumarchais resta encore toute une année en Espagne, à essayer de faire des affaires et des entreprises importantes au nom d’une compagnie française.
… Partout, chez les boyards, chez les marchands de Moscou, dans les domaines de la petite noblesse, jusque chez les Cosaques zaporogues, il y avait quelque chose de ce regret et de ce désir ; bien des cœurs et des imaginations étaient disposés à accueillir ce roi fils de Rurik s’il reparaissait, lorsque tout à coup, en 1603, et quand Boris régnait depuis cinq années déjà, on apprit que Démétrius n’était point mort et qu’il s’était montré en plus d’un lieu. […] Précédemment, au xiiie siècle, plusieurs années après qu’eut disparu Baudouin Ier, empereur de Constantinople et comte de Flandre, fait prisonnier et mis à mort en Bulgarie, il s’éleva en Flandre un faux Baudouin qui, sous son habit d’Arménien, réussit quelque temps auprès des peuples et auprès même de la noblesse.
C’est quand on a lu ainsi dans une journée cette quantité choisie des meilleures fables de La Fontaine, qu’on sent son admiration pour lui renouvelée et afraîchie, et qu’on se prend à dire avec un critique éminent : « Il y a dans La Fontaine une plénitude de poésie qu’on ne trouve nulle part dans les autres auteurs français66. » De sa vie nonchalante et trop déréglée, de ses dernières années trop rabaissées par des habitudes vulgaires, de sa fin ennoblie du moins et relevée par une vive et sincère pénitence, qu’ai-je à dire que tout le monde ne sache ? […] Le Lac, si admirable d’inspiration et de souffle, n’est pas lui-même si bien dessiné que Les Deux Pigeons ; et, quand j’entends réciter aujourd’hui, à quelques années de distance, quelqu’une de ces belles pièces lyriques qui sont de Lamartine ou de son école, j’ai besoin, moi-même qui ai été malade en mon temps de ce mal-là, d’y appliquer toute mon attention pour la saisir, tandis que La Fontaine me parle et me rit dès l’abord dans ses peintures : Du palais d’un jeune Lapin Dame Belette, un beau matin, S’empara ; c’est une rusée.
Il y a une trentaine d’années, une école littéraire pleine d’imagination et de talent, mais dont on connaît les désordres et les écarts, répandit dans le public sur la nature et l’essence du génie, sur ses privilèges, ses attributs, ses conditions extérieures, une théorie qui scandalisa singulièrement les esprits paisibles et sensés. […] Barthélémy Saint-Hilaire qui fait autorité en cette question, qu’il succomba, après plusieurs années de souffrances, à une maladie d’estomac, qui était héréditaire dans sa famille et qui le tourmenta toute sa vie. » Même dans les temps modernes, il faut se défier des anecdotes un peu extraordinaires.
Vous avez remarqué qu’après la mort de tous les grands écrivains il y a une dépréciation de quelques années. […] Quelques années après, il a pris la place qu’il doit garder — ou à peu près ; car il y a toujours des fluctuations — qu’il doit garder indéfiniment.
I, p. 21 ; année 1815. […] II, p. 223 ; année 1817.
La pente, enfin, que les Lettres suivent depuis quelques années, deviendra utile à l’Humanité, & ceux qui ne croient pas à leur salutaire influence, sont des mécréans hypocrites. […] Compose-t-on un bon livre : un bon livre n’est ni volumineux, ni jeté à la hâte ; un tel livre sera nécessairement le fruit de plusieurs années de méditation & de travail. […] Il y a cinquante ou soixante années que les Anglois nous ont devancés presque en tout genre, & nous sommes, à leur égard, en Littérature, ce qu’au nôtre sont aujourd’hui les autres peuples. […] Figurez-vous Bâcon, Descartes, Newton, Galilée, ayant quelques milliers d’années à vivre & à penser. […] Les cinq années Littéraires de Clément de Genève, me semblent un modele de critique, de raison, de grâces, de vivacité, d’esprit.
L’année de Phèdre, Racine n’en avait que trente-huit ! […] La pauvre Mme Du Bousquier, après plusieurs années de mariage, mourra vierge ou au moins demi-vierge. […] Elle en prit son parti pendant quelques années, avec des alternances d’affectueuse entente et d’aigres orages. […] Barrès eut bien la passion de servir, et il a réellement servi son pays, surtout dans ses dernières années. […] Il y allait presque chaque année et y passait des semaines ou des mois, depuis 1899 jusqu’à la guerre.
Dans l’histoire de notre littérature, le renouveau poétique de ces dernières années apparaîtra comme l’une de ses plus belles époques de fécondité. […] Mais c’est une chose curieuse que, depuis une quinzaine d’années, ils ne publient plus rien du tout, absolument plus rien. […] Alors, il s’abandonne à son sort, avec une espèce de fatalisme mal résigné… Et dans toutes ces lettres qui résument seize années de son existence, de vingt et un à trente-sept ans, il n’est plus une seule fois question de littérature. […] Le vocabulaire fut surtout anémié dans les dernières années du Classicisme, au début du xixe siècle. […] Dans les années quatre-vingts, en Belgique, il fallait réagir contre la littérature académique, qui était fade principalement.
Il est vrai que voilà bien des années déjà qu’il ne s’est point produit d’œuvre poétique qui ait appelé à un haut degré l’attention du grand public et qui lui ait fait saluer une jeune gloire.
Ses dernières années se passèrent dans l’étude, au sein de l’Académie des inscriptions dont il était membre assidu, ou au milieu d’une magnifique bibliothèque, qui, enrichie encore par son fils et depuis acquise au public, est devenue celle de l’Arsenal.
Les habitudes de sa vie première s’effaçaient avec les années ; et celui qui n’aurait été qu’un second Belle-Isle sous l’ancien régime, devenait chaque jour plus ressemblant au vainqueur de Jemmapes.
Quelques années encore, et l’écumeur de mer sera un Paul Jones, de même que le pirate grec sera un Canaris ; seulement, je ne voudrais pas que le héros au lit de mort eût à la main ce rouleau qui lui avait servi comme d’oreiller, et que, par un effort soudain, au moment d’expirer, il déployât le pavillon national, en s’écriant : « Nous triomphons. » Cela ressemble trop aux morts théâtrales de notre Cirque-Olympique.
Jeanne était certes fort intelligente : il y a de la finesse, outre la sublimité, dans ses réponses à ses juges ; on a d’elle une sommation au roi d’Angleterre, qui est éloquente dans sa forme ingénue ; et, d’autre part, un officier d’artillerie démontrait, il y a quelques années, que Jeanne, dans la conduite des opérations militaires, avait eu du coup d’œil et de la décision.
Mais un si funeste hasard ne change rien à des sentiments que je nourris depuis plusieurs années : aujourd’hui comme hier, M.
Et celles-ci, à leur tour, suffisent pour embaumer bien des demeures, bien des tombeaux, durant de longues années !
Le 15 du même mois, elle adressait à sa fille ces réflexions d’une profonde sagesse et d’une parfaite honnêteté : « Si Quanto avait bridé sa coiffe à Pâques de l’année qu’elle revint à Paris, elle ne serait pas dans l’agitation où elle est.
Il y a une création contemporaine de la Révolution qui a généralement échappé à toute critique, c’est, dans le Calendrier républicain, les noms des mois de l’année.
C’étoit alors un vieillard respectable, auquel le poids des années avoit affoibli la mémoire.
Et venons à nos sculpteurs. ô qu’ils sont pauvres, cette année !
La tragedie flamande, dont le sujet est le fameux siege de Leyde que les espagnols leverent durant les premieres guerres des Païs-Bas, et laquelle, suivant la fondation d’un citoïen de cette ville, s’y répresente encore toutes les années dans le mois où l’évenement arriva, est pleine des maximes et des sentences contre les rois et contre leurs ministres qui pouvoient être à la mode dans Rome après l’expulsion des tarquins.
L’enfant né avec le génie qui fait les peintres, craïonne avec du charbon, dès l’âge de dix ans, les saints qu’il voit dans son église : vingt années se passeront-elles avant qu’il trouve une occasion de cultiver son talent ?
Voilà pourquoi vous avez vu, durant l’année qui vient de s’écouler, des prodiges inouïs de contresens et de désharmonie.
Le malentendu a pris de telles proportions que, dans ces dernières années, c’était devenu, chez les intelligences les plus averties, une habitude de soupçonner M.
Il y a une trentaine d’années, l’École médicale de Paris était encore imbue de ces erreurs de doctrine. […] Balbiani conserve de la sorte depuis sept ans des individus qu’il rend à la vie active et qu’il dessèche chaque année. […] Aussi est-ce dans les années humides, où les pluies sont abondantes au temps de la formation de l’épi, que les blés sont sujets à la nielle. […] Pour ma part j’ai vu des anguillules revenir à la vie après avoir été conservées pendant quatre années, dans un flacon très sec et bien bouché. […] Pendant la première année, la plante accumule ses réserves, et on peut croire qu’elle n’est alors qu’un appareil de création ou de synthèse.
On ne saurait attacher trop d’attention à ces impressions qui se sont fait sentir à nos premières années, qui ont façonné notre âme. […] Il revint alors dans le domaine paternel, et nous allons le voir pendant plusieurs années mener tout à fait la vie d’un gentilhomme campagnard. […] À l’automne suivant, Lamartine revint au lac où il attendait celle qu’il y avait vue l’année d’avant. […] Il a tout d’un coup cessé d’être le premier personnage de son pays, il est rentré dans l’ombre ; les années sont devenues douloureuses ; la misère, une noire misère, a assiégé les dernières années du poète ; mais cette pauvreté, qui a attristé la fin du glorieux vieillard, n’a pas diminué le prestige de son nom ; peut-être, au contraire, y a-t-elle ajouté je ne sais quoi de plus noble et de plus beau. […] Tous ceux qui l’ont connu dans les premières années en ont rapporté cette impression.
Suivez-la jusque entre les mains de Fichte, le successeur de Kant, mort à peine depuis quelques années : là encore l’analyse de la pensée est donnée comme le fondement de la philosophie. […] Tel est le principe auquel peu à peu nous ont conduit deux années d’études sur la philosophie moderne depuis Descartes jusqu’à nos jours. […] Avec les années, nous corrigerons, nous tâcherons d’agrandir et d’élever notre œuvre. […] Vous le savez : une grande partie de l’année dernière a passé sur cette question. […] C’est pendant ce séjour de deux années à Paris qu’il a fait La Cène, le Saint-François-Xavier, La Vérité que le Temps soustrait à l’Envie.
Ce fut là une des questions à l’ordre du jour de ces années dernières. […] Le vainqueur, en se faisant l’éducateur du vaincu, en l’initiant à une foule de connaissances et de pratiques longues à acquérir, lui fit franchir en quelques années plusieurs siècles d’évolution sociale. […] Ce n’est qu’à la fin du treizième siècle, après cinquante-trois années de luttes, qu’est parachevée la conversion du pays. […] Si l’élève actuel ne fait plus de vers latins, il ne faudrait pas en conclure que la presque totalité de ce qu’il subit au cours de ces sept mortelles années fût beaucoup plus utile que ces antiques sornettes. […] Il faudrait bien se garder, par exemple, de s’inspirer des ignobles pratiques inventées sous Louis XIV et Bossuet par Louvois, contre les Huguenots, durant les années qui précédèrent la Révocation de l’Edit de Nantes.
Il devient très-évident que le public français revient plus que jamais aux Grecs et aux Romains, dont on l’avait vu si dégoûté il y a quelques années.
Chacun disait que de longtemps on n’avait vu à Paris farce plus plaisante, mieux jouée, ni d’une plus gentille invention, mêmement à l’Hôtel de Bourgogne, où ils sont assez coutumiers de ne jouer chose qui vaille. » Telle était la Farce française pendant les premières années du dix-septième siècle.
Louis Marsolleau a montré, depuis, qu’il avait les poumons assez solides pour emboucher la trompe d’airain et l’âme assez résistante pour surmonter les bagatelles sentimentales de la seizième année.
Cependant ce n’était pas une témérité bien grande, s’il est vrai que quelques années plus tard, « madame de Sévigné », comme le dit son cousin Bussy-Rabutin, « ne tenait pas ses bras trop chers ».
Ils se brouillèrent au point d’être plusieurs années sans se voir.
» Viennent des réflexions sur l’illusion des amitiés de la terre, qui « s’en vont avec les années et les intérêts », et sur l’obscurité du cœur de l’homme, « qui ne sait jamais ce qu’il voudra, qui souvent ne sait pas bien ce qu’il veut, et qui n’est pas moins caché ni moins trompeur à lui-même qu’aux autres197. » Mais la trompette sonne, et Gustave paraît : « Il paraît à la Pologne surprise et trahie, comme un lion qui tient sa proie dans ses ongles, tout prêt à la mettre en pièces.
Trop peu d’années s’étaient écoulées depuis l’apparition de l’Assommoir, depuis les fortes polémiques qui avaient consolidé les assises du Naturalisme, pour que la génération montante songeât à la révolte.
Elle erra de couvent en couvent, en France, en Savoie, en Espagne, pendant bien des années, se refusant toujours, malgré les souverains, malgré le Pape lui-même, à retourner près du connétable. […] Elles nous brûlent notre linge toute l’année, c’est entendu. […] » Vous allez passer quelques années en Italie. […] J’ai renoncé même à décider de nouveau au crédit les troquets compatissants qui, pendant plusieurs années, m’abritèrent pour mes beaux yeux et mes chansons encore plus belles. […] Mais c’était le cas ou jamais de rétablir la moyenne des années en les confondant.
Car j’oserai n’être pas du sentiment d’Horace, qui veut qu’on laisse reposer son ouvrage pendant un nombre d’années, pour y revenir ensuite avec une nouvelle attention. […] Ce tems-là passé, on n’est plus le même homme à cet égard ; et je crains fort qu’on ne sentît deux mains dans un ouvrage retouché ainsi après de longues années ; j’entens néanmoins, par retouché, des changemens considérables ; car j’avoüe que de petites corrections ne seroient pas sensibles. […] J’oserai le dire sur la foi de ma propre expérience, ce concours de lumieres étrangeres lui peut valoir plus en dix jours que dix années de ses propres réflexions. […] J’ai passé mes plus belles années sans oser entreprendre une tragédie. […] Les vieillards ont aimé, quel goût pour eux que d’être rapelés à leurs plus belles années par la peinture de ce qui les occupoit davantage ?
Sa critique est commandée par les livres mêmes dont il s’occupe, et dont les neuf dixièmes ne seront relus par personne dans quelques années, parfois même dans quelques mois. […] Et l’être d’une année est fait de l’être de trois cent soixante-cinq de ces jours. […] Richelieu, l’année du Cid, voulut imposer à l’Académie un métier de ce genre, qu’elle fit avec répugnance et où elle ne récidiva pas. […] D’autre part, dans les dernières années du xviie siècle et les premières années du xviiie , nous voyons la littérature renouvelée par ce qu’on pourrait appeler un sentiment extraordinaire de la curiosité. […] Pas d’année où l’on ne fasse dans quelque journal l’enquête de vacances sur la « génération nouvelle ».
Pour comble, il esquissa un traité de l’éducation, où il proposa d’enseigner à tous les élèves toutes les sciences, tous les arts, et, qui plus est, toutes les vertus. « Le maître qui aura le talent et l’éloquence convenables pourra, en un court espace, les gagner à un courage et à une diligence incroyables, versant dans leurs jeunes poitrines une si libérale et si noble ardeur que beaucoup d’entre eux ne pourront manquer d’être des hommes renommés et sans égaux449. » Milton avait enseigné plusieurs années et à plusieurs reprises. […] Soleil, lune, étoiles durant toute l’année, l’homme, la femme, rien n’apparaît plus à leurs globes inutiles. […] Les évêques et le roi payaient alors onze années de despotisme. […] Bientôt paraissent des chants tristes sur la mort d’un jeune enfant, sur la fin d’une noble dame ; puis de graves et nobles vers sur le Temps, à propos d’une musique solennelle, sur sa vingt-troisième année, « printemps tardif qui n’a point encore montré de boutons ni de fleurs. » Enfin le voici à la campagne chez son père, et les attentes, les rêveries, les premiers enchantements de la jeunesse s’exhalent de son cœur, comme en un jour d’été un parfum matinal. […] Dix-sept années de combats et de malheurs ont enfoncé cette âme dans les idées religieuses.
II C’est surtout le portrait du paysan russe avant cette année où la courageuse initiative de l’Empereur actuel a généreusement élevé au rang de citoyens et de propriétaires libres, sept à huit millions de serfs qui lui doivent tout ce qui constitue la vie civile. […] … une quinzaine d’années, nous remarquâmes, ma femme et moi, la fille du starosta ; c’était une charmante enfant ; elle avait même un je ne sais quoi, vous me comprenez, quelque chose de très-prévenant dans les manières. […] C’est ainsi qu’elle vécut une dizaine d’années près de ma femme. […] J’ajouterai cependant ce qui suit : Une vieille propriétaire mourut en ma présence, il y a de cela quelques années. […] Mais à un léger souffle de vent, les cimes des arbres s’agitent, et ce bruit rappelle, à s’y méprendre, celui d’une cascade… Des herbes élancées croissent çà et là sur le lit de feuilles fanées qui sont tombées l’année dernière ; des champignons se dressent séparément coiffés de leurs chapeaux.
Si un homme a vécu soixante et quelques années, et qu’il soit né écrivain, il y a à admirer sans doute, mais il n’y a pas à s’émerveiller de voir sortir de ses mains un pareil livre. […] je vous le dis, c’est un grand plaisir de traiter ses vieux amis, et de penser : « Cela recommencera de la sorte d’année en année, jusqu’à ce que le Seigneur Dieu nous fasse signe de venir, et que nous dormions en paix dans le sein d’Abraham. » Et quand, à la cinquième ou sixième bouteille, les figures s’animent, quand les uns éprouvent tout à coup le besoin de louer le Seigneur, qui nous comble de ses bénédictions, et les autres de célébrer la gloire de la vieille Allemagne, ses jambons, ses pâtes et ses nobles vins : quand Kasper s’attendrit et demande pardon à Michel de lui avoir gardé rancune, sans que Michel s’en soit jamais douté, et que Christian, la tête penchée sur l’épaule, rit tout bas en songeant au père Bischoff, mort depuis dix ans, et qu’il avait oublié ; quand d’autres parlent de chasse, d’autres de musique, tous ensemble, en s’arrêtant de temps en temps pour éclater de rire : c’est alors que la chose devient tout à fait réjouissante, et que le paradis, le vrai paradis, est sur la terre. […] Vous avez eu beaucoup de neige cette année ? […] S’approchant aussitôt du clavecin, il l’ouvrit et passa les doigts sur ses touches jaunes : un son grêle s’échappa du petit meuble, et le bon Kobus, en moins d’une seconde, revit les trente années qui venaient de s’écouler.
Enfin il n’est pas plus logique d’exiger l’emploi continu des vers de 8, de 10 ou de 12 syllabes, — ou même du vers de 3, 4 ou 5 toniques, — que de forcer un musicien à écrire en 32 : ou en C tout un mouvement de son quatuor, toute une scène de son drame, On pourrait, il est vrai, alterner sans cesse les mesures comme s’y appliqua La Fontaine, ou comme c’est l’usage depuis un certain nombre d’années pour les musiciens. […] Mais l’homme, jusqu’ici, pense à soi plus qu’aux autres hommes ; la Société est une collection d’égoïsmes, et la lutte pour l’existence s’y dénonce à première vue comme le seul principe un peu apparent : le socialisme, venu de l’autre pôle, doit donc précéder l’anarchie, — de quelques centaines, peut-être de quelques milliers d’années, — car il importe avant tout de protéger les faibles ; il faut d’abord paralyser les forces de l’égoïsme et le faire peu à peu céder au sentiment contraire, pour qu’enfin puisse grandir l’universel Amour. […] Griffin aux prises avec M. le préfet de police ; mais la querelle que je lui cherche ici n’est point nouvelle : il y a quelques années déjà, dans une étude sur Joies 26, je reprochais à la préface de ce livre de compter pour rien l’Harmonie.
Son règne dura quelques années, si l’on peut appeler un règne cet esclavage de bazar qui change de maître à chaque instant, cette captivité dans le plaisir où le dégoût veille au seuil de l’orgie, comme le nègre hideux à la porte du harem. […] Quelques années après parut la Dame aux Camélias, de M. […] Armand Duval, lui aussi, revu après quelques années d’absence, perd un peu de la sympathie qu’il nous avait inspirée.
Cela s’évanouit promptement dans une extrême quiétude, puis dans un plaisir purement sensuel… Une année s’écoula… Le sentiment de l’être avait à la longue entièrement disparu, et à sa place, à la place de toutes choses, régnaient, suprêmes et éternels autocrates, le Lieu et le Temps. […] Il soutint en ses dernières années cette terreur de l’isolement que concentre l’homme des foules. […] Cet être, issu du mariage d’une comédienne et d’un gentillâtre que sa famille renia, ayant pour frère aîné un demi-fou et pour sœur puinée une idiote, laissé orphelin à trois ans, adopté par une famille riche et passant sa jeunesse dans ces orgueilleux états du Sud, où se recrutèrent les esclavagistes, élevé sans affection dans l’attente d’une grande fortune, dissolu, endetté, désavoué par un père adoptif, ayant mené à deux reprises pendant deux ans une vie d’aventures et de vagabondages inconnus, fut ramassé mourant de faim à Baltimore, par un vieux journaliste que ses premiers essais avaient étonné, Il vient ici une éclaircie de quelques années.
Qu’a-t-on besoin d’un archonte donnant son nom à l’année ? […] Des vingt-huit ans de son Histoire des Césars, allant de l’an soixante-neuf à l’an quatre-vingt-seize, nous n’avons qu’une année entière, soixante-neuf, et un fragment d’année, soixante-dix.
Enfin, chez les athéniens, les spectacles donnés par les magistrats en certains temps de l’année, étaient des fêtes pompeuses et magnifiques où se signalait la brillante rivalité de tous les arts, et où les sens, séduits de toutes les manières, rendaient l’esprit des juges moins sévère et moins difficile ; ici, la satiété, qui naît d’une jouissance de tous les jours, doit ajouter beaucoup à la sévérité du spectateur, lui donner un besoin plus impérieux d’émotions fortes et nouvelles ; et de toutes ces considérations, on peut conclure que l’art des Corneille et des Racine devait être plus étendu, plus varié et plus difficile que l’art des Euripide et des Sophocle. […] La colonne de ce siècle, celle sur laquelle il s’appuyait en regardant avec assurance le siècle précédent, ne peut pas toujours résister aux années ; celui qui pendant quarante ans rendit à Racine une si éclatante justice, parce qu’il était le seul qui pût ne le pas craindre, ce grand tragique qui à ce titre sera seul mis dans la balance avec Racine, et que tant de titres de gloire, que lui seul a réunis, mettront d’ailleurs hors de toute comparaison ; cet homme à qui l’on refusa si long-temps sa place, parce qu’il mettait les autres à la leur, et qui n’a dû qu’à ses longues années cet avantage que n’eut pas Racine, de se voir enfin à son rang ; Voltaire préside encore au goût et aux beaux arts.
Quelquefois et, comme ceci est plus particulier, je recours au texte quelquefois on peut être étonné de ce qu’une fable qui commence exactement d’après la même méthode, si je peux employer ce mot, qui commence par une description de la nature un certain jour de l’année, ne se termine pas de la même façon, se termine sans qu’il y ait de péripétie, sans que, à l’état paisible de la nature, au commencement, un état plus funeste soit décrit vers la fin. […] C’est huit ou dix mois d’une année, regardés, contemplés dans une chènevière. […] Ce n’est pas ce qui lui est arrivé cette année, je sais bien… Tant mieux pour lui !
Y a-t-il donc beaucoup d’années que Bulwer, détourné de la voie de ses premiers romans, écrivait son livre au daguerréotype : De l’Angleterre et des Anglais, et n’y sentait-on pas l’influence de ce dandysme autochtone à la Grande-Bretagne qui vient de tout un ensemble de mœurs et d’institutions, et que les favoris du Prince du Dandysme, le prince de Galles, purent bien nommer, mais ne créèrent pas ? […] Des œuvres plus grandes que ces Contes eux-mêmes n’ont pas eu immédiatement leur jour et l’ont attendu des années. […] Balzac, avant d’écrire cette épopée tout en épisodes où, malgré l’absence du rythme, la poésie coule à bords aussi pleins que dans le lit transparent des strophes de l’Arioste, Balzac avait vécu longtemps dans la fécondante intimité de Rabelais ; comme la belette de la fable, il s’était engraissé dans ce vaste grenier d’abondance… Or, par une singulière analogie, qui a été une loi de conduite pour l’intelligent éditeur, Gustave Doré a aussi passé avec Rabelais ses premières années d’invention et d’étude.
Nous dirons cependant quelques mots d’une mémoire qui a été, dans ces dernières années, l’objet d’une étude particulièrement attentive et pénétrante, la mémoire des joueurs d’échecs 71. […] Ainsi pour l’effort d’invention, soit qu’il tienne en quelques secondes, soit qu’il exige des années. […] Centralblatt, juin 1888 ; NODET, Les agnoscies, Paris, 1899 ; et CLAPARÈDE, Revue générale sac l’agnosie, Année psychologique, VI, 1900, p. 85 et suiv.
Il y entretenait déjà des liaisons depuis quelques années : c’était un érudit en toute matière, et particulièrement en matière ecclésiastique. […] Dans les dernières années de sa vie, et à deux reprises, il écrivit à ses supérieurs pour être déchargé par eux de ce ministère de la parole publique dont il commençait à sentir le poids, et pour obtenir de prendre enfin une retraite dont la nature en lui éprouvait le besoin : Il y a cinquante-deux ans que je vis dans la compagnie, non pour moi, mais pour les autres ; du moins plus pour les autres que pour moi.
Il prétendait « qu’il y avait de l’ours au fond de tout cela. » Le fait est qu’il se retourna souvent dans son lit pendant ses vingt-cinq dernières années ; il changea beaucoup de place sans se fixer nulle part. […] La dernière année de son séjour à Tours (1839) fut marquée par un incident moral singulier.
« Les années que j’ai passées là, nous dit M. […] Associé à la charge de son père dès 1662, à l’âge de vingt et un ans, et autorisé à signer comme secrétaire d’État, quelques années se passent avant qu’il siège au Conseil et qu’il s’impose avec tout son ascendant.
I En l’année 1580, Montaigne qui, depuis neuf ans déjà, s’était affranchi des devoirs d’une bien grave profession et s’était retiré dans son manoir champêtre pour s’y vouer tout entier au culte des doctes Sœurs, se voyant plus libre que jamais par la publication de la première édition de ses Essais, qui est de cette année même, entreprit un long voyage et voulut faire son tour d’Allemagne, de Suisse et d’Italie.
Un autre de leurs chefs-d’œuvre, s’il était effectivement d’un des Le Nain, ce serait la Procession d’un prélat en grand costume, accompagné de son clergé, dans une espèce de chapelle ou de sanctuaire ; mais la richesse, la chaleur des tons, le magnifique et l’étoffé de l’ensemble, tout ce lustre de premier aspect, ont paru trop forts pour les modestes Le Nain, et l’on a généralement, dans ces dernières années, retiré leur nom à cette toile, sans pouvoir indiquer auquel des peintres flamands ; ou peut-être italiens, on l’attribuerait. […] Une autre petite fille en sarrau bleu, un peu plus grande, plus âgée d’une couple d’années, mais évidemment trop courte de taille, regarde le spectateur ; elle se chauffe aussi, mais elle y prête moins d’attention qu’au spectateur.
Pascal le premier fit non pas même un livre, mais un pamphlet, une suite de lettres qui fut dès le premier jour un événement, et qui devint au bout de l’année un monument. […] Il avait dû croire, dès l’avènement d’Anne d’Autriche, de cette reine dont il était depuis des années le serviteur dévoué et qui l’avait surnommé publiquement son martyr, à un crédit réel, à une influence, à une participation dans l’exercice du pouvoir ; il s’était pu considérer un moment comme futur ministre.
Elle est dans la forme et presque dans le rythme des odes d’Horace lorsqu’il célèbre Auguste au retour de quelque victoire : elle a pour sujet et pour thème le retour de Cromwell de son expédition d’Irlande en cette mémorable année 1649, qui fut le 93 de l’Angleterre ; elle prédit les exploits de l’année suivante et nous montre Cromwell empressé d’accomplir son destin, bien qu’encore soumis aux lois.
Roland avait peu d’étendue dans l’esprit ; tous ceux qui la fréquentaient ne s’élevaient point au-dessus des préjugés vulgaires. » Il aurait fallu à Mme Roland quatre ou cinq années de plus de cette scène publique, pour atteindre à tout son développement et à sa maturité sous sa seconde forme, pour sortir de ses vues de coterie, de ses préventions exclusives et de son intolérance contre tout ce qui s’écartait d’un premier type voulu, pour comparer entre eux les hommes, apprécier chacun à sa valeur et se dégoûter des médiocres de son bord qu’elle surfaisait. […] Ces quatre ou cinq années de plus lui ont manqué pour entière et dernière école : elle y a suppléé, et amplement, par une mort sublime ; l’héroïsme t’a dispensée et exemptée de trop d’expérience.
le vôtre, le mien : pétulance, un sang chaud, quelque parole trop vive, beaucoup d’années sans trop penser à Dieu, un cœur malhabile à le saisir, facile à s’en distraire. » Là-dessus une conversation s’engage : le pasteur (ou Mme de Gasparin déguisée en pasteur) s’applique à rassurer Lisette : elle ne croyait qu’en Jéhovah le Dieu terrible : il lui montre le Dieu d’Abraham, le Dieu du pardon, celui qui s’est immolé et qui a souffert. […] Elle aussi, elle a visité les montagnes : dans les dernières années de sa vie, malade, on l’envoya prendre les eaux à Cauterets ; elle dut quitter sa chambre du Cayla, cette chambrette bien aimée devenue caveau par tout ce qu’elle contenait de chères reliques, un vrai « cloître de souvenirs. » Elle ne se plut que médiocrement dans les Pyrénées, « la plus magnifique Bastille où l’on puisse être renfermé », disait-elle, et, sa saison faite, elle fut heureuse d’en sortir.
Ce savant Villoison, qui avait publié le manuscrit de Venise, croyait n’avoir fait qu’apporter un dernier trésor, et le plus riche de tous, dans le temple consacré au vieil Homère ; en réalité il avait apporté un arsenal, un brûlot, une machine de guerre : de cette édition comme du cheval de bois sortit toute une année d’assaillants. […] Et c’est ainsi qu’il s’engagea alors et pendant des années en Allemagne une guerre homérique, dont nous restâmes en France les spectateurs trop peu attentifs et comme désintéressés.
Chargé il y a quelques années par M. […] » Nous en serions le plus souvent à répéter des éloges officiels et convenus, à compulser des jugements timides et neutres, ou même à accepter, avec les années, de ces réhabilitations complètes qui tendent toujours à se faire tôt ou tard par la découverte de certains papiers.
Quand les lettres de commerce font courir le mois et l’année, quand les règlements administratifs font courir les appointements des fonctionnaires, soyez sûres que les rédacteurs ne croient pas faire une figure, et que nulle forme légère et mobile ne passe devant leurs yeux : ils ne voient pas d’autres mots pour ce qu’ils veulent dire. […] Elles substituent au nom propre de l’objet le mot qui fait ressortir un attribut, une propriété, un caractère, sur lequel le mot propre n’appellerait pas suffisamment l’attention : ainsi lorsqu’Alfred de Musset représente les paysans de la Forêt-Noire qui viennent perdre leur argent à la roulette de Bade, il ne nomme pas l’argent, mais la sueur qu’il leur a coûtée, le pain qu’il leur donnerait : Je les ai vus, debout, sous la lampe enfumée, Avec leur veste rouge et leurs souliers boueux, Tournant leurs grands chapeaux entre leurs doigts calleux, Poser sous les râteaux la sueur d’une année, Et là, muets d’horreur devant la destinée, Suivre des yeux leur pain qui courait devant eux.
Mais la source immédiate du drame, c’était la variation de l’office du jour, les prières ou le récit qui rappelaient l’acte divin, le saint, ou le martyr, dont l’office du jour consacrait particulièrement la mémoire ; c’était l’Evangile, les Actes des apôtres, ces délicieux poèmes de la religion naissante, que l’usage de l’Église découpait pour servir à l’éducation du peuple selon l’ordre de l’année chrétienne. […] Les principales fêtes de l’année, les Saints Innocents, l’Epiphanie, Pâques, les fêtes de saint Étienne, de saint Paul, de saint Nicolas, etc., donnèrent lieu à des compositions de même genre.
Ne songeons pas que Marivaux avait trente-cinq ans à la mort du Régent, et qu’ainsi les années décisives pour la formation de son esprit ont été des années de licence sans frein et de joyeuse corruption : les traits caractéristiques des mœurs du xviiie siècle ne se reconnaissent pas dans ses peintures.
Dans quelques années, si on oublie qu’un jour tu fus brave, si on te pardonne d’avoir fait une fois un geste de virilité, nous te verrons, vieillard qui bave de désir devant tous les hochets, recommencer à mendier le suffrage d’Albert Vandal et de Jules Lemaître. […] Depuis quelques années, nos intellectuels, croyant peut-être comme les écrivains russes aller au peuple, vont aux diverses populaces qui votent.
On n’a pas affaire ici à un peintre amateur qui a traversé les champs pour y prendre des points de vue : le peintre y a vécu, y a habité des années ; il en connaît toute chose et en sait l’âme ; il sait le vol des grues dans le nuage, le babil de la grive sur le buisson, et l’attitude de la jument au bord de la haie, « pensive, inquiète, le nez au vent, la bouche pleine d’herbes qu’elle ne songeait plus à manger ». […] Elle aura tenu durant une huitaine de jours Amyot entrouvert, elle l’aura lu à bâtons rompus, et elle se l’est infusé plus abondamment et plus au naturel que le docte et l’exquis Courier durant des années de dégustation et d’étude de cabinet.
Une autre année, à un autre anniversaire, si nous y sommes encore, nous parlerons de cet autre ami de la famille, de l’auteur des Contes de fées, je veux dire de Perrault. […] Lacretelle, dans ses Dix années d’épreuves, nous a raconté plus d’un trait qui témoigne de l’effroi que commençait à ressentir Florian, et de l’altération qui en résultait dans sa nature, jusque-là si sociable et si expansive.
La correspondance qu’il entretint durant ces années, et les ouvrages qu’il composa, nous le peignent bien dans toute la vérité de sa nature morale et littéraire. […] Malgré ces incertitudes, malgré ces tâtonnements et ces faiblesses, et bien que la plupart de ses qualités se tiennent elles-mêmes en échec, le nom de d’Aguesseau s’est transmis l’un des plus beaux et l’un des plus vénérés dans la mémoire française ; les années lui ont ajouté plutôt qu’enlevé de cet éclat et de cette fleur de renommée que, vers la fin, tous les contemporains ne lui reconnaissaient plus avec un égal respect.
Vers l’année 1770, il était tout à fait en vogue par deux ouvrages de genre différent, mais qui tenaient à une même nature d’esprit, par ce récit anecdotique de la Révolution de Russie et par un discours en vers sur Les Disputes. […] Les Anecdotes sur la révolution de Russie en l’année 1762 sont un très agréable petit livre, sans prétention solennelle, et où les événements historiques ne sont eux-mêmes envisagés qu’au point de vue des mœurs.
Il était dans sa vingt et unième année quand il perdit son père qui lui laissa quelque fortune, assez pour être indépendant des clients ou des libraires, et, son génie dès lors l’emportant, il se donna tout entier aux lettres, à la poésie, et, entre tous les genres de poésie, à la satire. […] Enfin comme troisième période, après une interruption de plusieurs années, sous prétexte de sa place d’historiographe et pour cause de maladie, d’extinction de voix physique et poétique, Boileau fait en poésie une rentrée modérément heureuse, mais non pas si déplorable qu’on l’a bien voulu dire, par les deux derniers chants du Lutrin, par ses dernières Épîtres, par ses dernières Satires, l’Amour de Dieu et la triste Équivoque comme terme.
Cet ouvrage, conçu dès la jeunesse du président, et qui ne parut que l’année même de sa mort (trois volumes in-4º, 1777), fut l’œuvre savante à laquelle il revint toujours à travers ses digressions nombreuses. […] Je n’essaierai pas d’en donner une complète idée : entre autres projets, par exemple, il avait celui d’une histoire des temps incertains et fabuleux jusqu’au règne de Cyrus : « Car, vous savez, disait-il en riant, que je traite tous les siècles postérieurs de petits jeunes gens. » L’histoire du président de Brosses comme magistrat, comme érudit, durant les trente-sept années qui s’écoulèrent depuis son retour d’Italie jusqu’à sa mort, est tout entière dans l’ouvrage de M.
Année 1873 22 janvier 1873 Cette semaine, Thiers a fait prier de Béhaine de venir dîner chez lui, pour avoir ses impressions sur l’Allemagne. […] Dans ce pays, qu’est-ce qu’il arrive, lorsque les instincts du jeune homme sont par trop scientifiques, il se met dans une carrière satisfaisant à moitié ses goûts, à moitié son désir d’enrichissement, il devient ingénieur de chemin de fer, directeur d’usine, directeur de produits chimiques… Déjà cela commence à arriver en France, où l’École polytechnique ne fait plus de savants. » Et la conversation continuant, Berthelot ajoutait : « Que la science moderne, cette science qui n’a guère que cent ans de date, et qu’on dote d’un avenir de siècles, lui semblait presque limitée par les trente années du siècle dans lequel nous vivons.
Dans l’école de médecine de l’université de Paris, on soutenoit encore des theses contre la circulation du sang en cette année-là. […] Quelques années après les lunettes d’approche furent trouvées. à l’aide de ce nouvel instrument, on fit des observations si concluantes sur les apparences de Venus et des autres planétes, on trouva tant de ressemblance entre la terre et d’autres planétes, qui tournent en roulant sur leur centre autour du soleil, que le monde est aujourd’hui comme convaincu de la verité du systême de Copernic.
C’est le dernier reflet d’une chevalerie qui n’est plus… Même en cette année de grâce ou de disgrâce, il y a un certain langage qu’on est convenu de tenir aux femmes, alors qu’elles ne méritent plus qu’on l’emploie, et l’homme qui renoncerait à s’en servir pour des raisons, fussent-elles excellentes, non seulement manquerait de savoir-vivre, mais aussi de générosité. […] V Entre les Esquisses morales et politiques de Daniel Stern et l’Histoire des commencements de la République des Pays-Bas, il s’est écoulé plusieurs années, et l’opinion, pendant ce temps, s’est un peu modifiée sur ces porteuses de noms masculins, que Mme George Sand avait mis à la mode.
C’est parce qu’il est, dans tout ce que nous abhorrons le plus, — la haine et la négation des choses religieuses, — un esprit des plus bas, quand Stendhal garde encore, dans cette haine et dans cette négation, une âme élevée… Stendhal, qui est sorti par les années bien plus du xviiie siècle que Mérimée, Stendhal, qui avait été soldat de l’empereur Napoléon, a pour le catholicisme qu’il n’a pas étudié et qu’il ne connaît pas, mais qu’il aurait adoré s’il l’avait connu, un mépris soldatesque mêlé de voltairianisme ; mais dans ce mépris et dans cette haine, Stendhal n’a jamais été un goujat, tandis que Mérimée, sans excuse, en a été un d’expression et de pensée qui aurait répugné à la noblesse fondamentale de l’âme de Stendhal ! […] Il avait bien le sentiment de la première, et il courait après, mais celle-là ne s’attrape pas à la course, et Mérimée ne l’avait pas, puisqu’il la cherchait… Il la chercha même, les dernières années de sa vie, dans une affreuse Nouvelle, où le matérialiste qu’il était aborda la bestialité et le mélange des espèces, avec l’indifférence du cynisme le plus osé.
[I] Voilà tout à l’heure bien des années que ce livre de l’Infaillibilité a été lancé dans la publicité et même avec beaucoup d’activité et d’intelligence. […] Saint-Bonnet, — pour qui, depuis des années, je brûle vainement dans les journaux l’amadou de mes pauvres articles, sans avoir jamais pu allumer la torche à laquelle il a droit et qui devrait marcher devant lui comme la flûte devant le triomphateur romain, — Saint-Bonnet, l’auteur de l’Unité spirituelle, de la Restauration française, de l’Infaillibilité, de l’Affaiblissement de la Raison en Europe, de la Légitimité, de la Chute, etc., n’a pas (comme vous le voyez) que ce livre de la Douleur au riche budget de ses œuvres· Malheureusement, ces œuvres, qui devraient éclater de gloire, n’ont pas fait le bruit de la moindre sottise, et c’est nonobstant appuyé sur elles qu’il reste tranquillement, attendant patiemment la Postérité.
Il pensait que sans punition une année n’est bonne à rien. […] On a lu dans Robertson les dernières années de François Ier. […] Après quelques années d’exercice, on s’y habitue ; il ne s’agit que d’être en représentation permanente. […] Le maître, au bout de quelques années, a conduit devant le préteur son esclave, s’il est docile. […] En quelques années, tous les colons d’Antium, de Lucres, le Tarente, s’étaient enfuis.
L'auteur paraît ne pas se douter que lui-même touche à la vieillesse, et que l’injure tirée des années et des rides va se poser à lui-même sur son front.
Son livre est des plus complets ; il représente le fruit de vingt années de lecture et d’enseignement.
« Chateaubriand. » Et maintenant qu’on s’étonne, si l’on veut, et qu’on se scandalise qu’après des années écoulées, en ne cessant de placer M. de Chateaubriand au premier rang littéraire du siècle, j’aie écrit sur lui, dans les deux volumes dont il est le sujet et le centre, comme en pensaient et en parlaient dans la familiarité tous ses amis et connaissances, toutes les personnes de la société en dehors de sa coterie, M.
À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois.
Ce qu’on développe chez les pensionnaires, c’est l’énergie individuelle, le sentiment de l’honneur ; et on leur apprend aussi l’immolation de soi à l’intérêt d’une caste qui est encore (pour quelques années) une institution politique et sociale.
Il est monstrueux que des millions d’hommes passent dans les casernes les plus vivaces années de leur jeunesse, de façon qu’en additionnant ce qu’ils coûtent et ce qu’ils pourraient produire, on constate une perte annuelle de dix milliards pour le bien-être de la pauvre humanité occidentale.
Ce sont, depuis quelques années, les maisons royales qui fournissent, en proportion, le plus de « faits divers », et les plus dramatiques.
Elle écrit : « L’amour me fait peur » et, dans la même année, elle aime Sandeau, Mérimée, Musset et Pagello, tout en demeurant persuadée de la froideur de son tempérament.
Retté est l’anarchisme, doctrine souvent discutée durant ces dernières années et que notre incompétence politique est inapte à analyser utilement.
Henri Degron Tout net, il me plaît d’affirmer la Beauté grande de cette œuvre, qui est la manifestation dramatique (théâtre idéaliste) la plus importante de ces quinze dernières années.
Se doutent-ils qu’il y eut jadis chez cet étonnant fumiste de table d’hôte, chez ce grand et gros garçon taillé en Hercule qui courait, il y a quelques années, la foire au pain d’épice, relevant le « caleçon » des lutteurs (c’est le gant de ces gentilshommes) et sollicitant les faveurs des femmes géantes visitées par l’empereur d’Autriche, se doutent-ils qu’il y a peut-être encore chez ce Panurge bien en chair un Indou, un Grec, un Alexandrin ?
Paul Verlaine De quelques années plus jeune que lui, je n’avais guère produit que de l’inédit et je restai timide devant l’auteur déjà connu des lettrés de ces Stances et poèmes qui, avec Philoméla, de Catulle Mendès, et les Vignes folles, de ce regretté Glatigny, constituèrent les fiers débuts de la Renaissance poétique d’alors et d’aujourd’hui.
Au bout de quelques années Puccio mourut ; mais alors les comédiens le remplacèrent par un compagnon qui parut avec le même costume et le même masque.
Dans ses premières années surtout, l’enfant ressemblait à sa mère d’une manière frappante.
La France, l’Angleterre, l’Allemagne, la Russie seront encore, dans des centaines d’années, et malgré les aventures qu’elles auront courues, des individualités historiques, les pièces essentielles d’un damier, dont les cases varient sans cesse d’importance et de grandeur, mais ne se confondent jamais tout à fait.
On composa donc avec Artémis ; au lieu de six mille abattues d’un coup, il fut décidé que cinq cents chèvres lui seraient sacrifiées chaque année.
Il étoit né la même année de la défaite de François I, devant Pavie ; comme si le ciel, disoit-il, avoit voulu par-là dédommager la France de ses pertes.
Il est bien difficile, en effet, qu’un long séjour hors de sa patrie, que les infirmités & les années ne changent la manière d’un écrivain.
Dans le courant de l’année 1800 les écrivains ont-ils songé qu’ils allaient être du dix-neuvième siècle ; et croirons-nous qu’ils se soient évertués à différer d’eux-mêmes pour le 1er janvier 1801 ?
On aurait été indigné, à Port-Royal des plaisanteries et des blasphèmes de Ferney ; on y détestait les ouvrages faits à la hâte ; on y travaillait avec loyauté, et l’on n’eût pas voulu, pour tout au monde, tromper le public en lui donnant un poème qui n’eût pas coûté au moins douze bonnes années de labeur.
Chateaubriand parle d’un auteur de son temps qui, chaque année, allait faire sa remonte d’idées en Allemagne ; un homme sage doit aller faire de temps en temps chez les mauvais auteurs la remonte de ses facultés d’admiration.
Mais que nous le disions, nous, ici, que nous disions tristement, car c’est une chose fort triste, que l’intelligence de tout un pays est en danger de s’atrophier sous les sensations dont on l’enivre depuis trente années, et que déjà ce qu’il y avait dans cette intelligence de plus charmant, de plus fin et de plus sonore, — l’esprit, ce chant et ce coup de bec du colibri !
Immergeant un beau matin, après combien d’années !
Ici, nous n’avons affaire qu’à une bretonne patoisante qui, dans Paris depuis des années, s’est souvenue opiniâtrement — ils sont entêtés, les bretons !
Et la petite vieille : « Oui. » Te souviens-tu de tous tes morts, de ton vieux, des chères amies, de tes belles années ? […] Elle entrecoupe ou entrelarde ses propos de couplets en vers qui lui donnent je ne sais quelle brusque ressemblance avec une pythonisse dont on parlait beaucoup l’année dernière. […] Il faut que George Sand ait eu toujours raison ; il faut que ses partenaires aient eu toujours tort ; il faut que George Sand ait toujours été infiniment supérieure à ses amis d’une saison ou d’une année. […] Il représente, au juger, une bonne dizaine d’années de travail. […] Tuer, ce n’est pas seulement causer la mort d’un homme sur le coup ; c’est aussi la causer après une semaine, après une année, plus tard encore.
. — Il est donc très vrai que le ressort des Républiques c’est la vertu patriotique, en ce sens que les Républiques où le patriotisme n’existe pas périssent en quelques années. […] Le lendemain et les jours suivants et les années qui suivent il est parfaitement opprimé. […] Les années heureuses de la monarchie ont été les dernières de Henri IV, celles de Louis XIV et de Louis XV, quand ces rois ont gouverné par eux-mêmes. » De même dans les Pensées sur le gouvernement : « Un roi qui n’est pas contredit, ne peut guère être méchant. — Du temps de Louis XIII il n’y eut pas une année sans faction. […] L’affaire s’adoucit l’année suivante, les exilés furent rappelés et le Parlement recommença à administrer la justice avec tranquillité. […] Rousseau a exposé son système sur ce point par deux fois, à six années de distance, ce qui prouve qu’il l’a très sérieusement médité.
Il nous semble qu’aujourd’hui, à la distance de plus de trente années, nous en pouvons parler nous-mêmes avec une vraie impartialité. […] Séparé du public depuis huit années, j’ai perdu l’habitude de porter la parole devant de pareilles assemblées. […] Ainsi, pour l’an prochain, Platon et la Grèce ; pour cette année, l’humanité tout entière et l’histoire générale de la philosophie. […] À une dizaine d’années de distance, on a honte pour de si grands génies qu’ils aient poursuivi des buts aussi vulgaires. […] La Hollande aussi, depuis Wyttenbach, n’a pas cessé de lui payer d’année en année un abondant tribut de savantes monographies136.
Celles que nous allons remuer n’ont pas reçu encore cette influence des années, qui, comme un lent soleil, peut seule les mûrir. […] Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. […] L’être qui venait à mon secours, qui me sauvait de la sécheresse de l’âme, c’était celui qui, plusieurs années auparavant, dans un moment de détresse et de solitude identiques, dans un moment où je n’avais plus rien de moi, était entré, et qui m’avait rendu à moi-même, car il était moi et plus que moi (le contenant qui est plus que le contenu et me l’apportait). […] C’est vers le printemps de 1914 que je lus pour la première fois Du côté de chez Swann, qui avait paru en novembre de l’année précédente, aux frais de l’auteur, à la librairie Bernard Grasset. […] D’ailleurs, dans sa prodigieuse mémoire, rien jamais ne se perdait et il était capable de vous répéter, à des années de distance, une phrase que vous lui aviez dite et dont aucun souvenir ne vous était resté.
Il en apporte plusieurs exemples, & entre autres ce que dit Periclès d’une bataille où la plus florissante jeunesse d’Athenes avoit péri, l’année a été dépouillée de Jon printems. […] Paris a imité en partie cet exemple depuis quelques années. […] Ce peuple si récent, en comparaison des nations asiatiques, a été cinq cens années sans historiens. […] Il n’est pas étonnant qu’on n’ait point d’histoire ancienne profane au-delà d’environ trois mille années. […] Ne sera-t-on pas porté au contraire, à croire Polybe, antérieur à Tite-Live de deux cens années, qui dit que Porsenna subjugua les Romains.
. — Les premières de ces rubriques n’ont suivi que de peu d’années le premier article qu’ait écrit Gobineau, lequel, parut le 25 août 1838, dans une revue « France et Europe » et est intitulé Poètes Persans : Moulana, Djelaleddin, Roumi : l’orientaliste qu’il fut tout jeune portait déjà aussi dans son cerveau à cette époque l’ample ouvrage qui conduisait sa pensée à travers les siècles et toutes les races de la terre, mais il ne dédaignait pas de s’intéresser au mouvement littéraire de son temps, et pour l’étudier, juger les hommes et les œuvres, il apportait cette sorte d’ardeur intellectuelle, cette curiosité et cette perspicacité implacable qui sont les caractéristiques de son génie. […] La littérature de ces dernières années s’est plu à nous faire croire à l’existence bien réelle de tous ces emphatiques impotents ; c’est donc un droit de la critique d’aller les troubler dans le dédaigneux isolement où ils cherchent à se renfermer. […] Certes, on pourrait bien parcourir tous les feuilletons d’une année sans y rencontrer une idée qui n’ait déjà défrayé les feuilletons des années précédentes ; et même M. […] Depuis de longues années que M. […] Depuis quelques années, M.
Le même fait exactement s’est produit cette année pour les Ames ennemies de M. […] Cette année fut celle de l’avènement de Louis-Philippe, de l’avènement de Casimir et du mariage de Casimir et de Germain. […] Ses dernières années (1861-1863) furent très pénibles. […] Songez, du reste, que de 1830 à 1840, lançant en moyenne trois romans par année, et quels romans ! […] Je crois que George Sand en conçut un assez vif chagrin et que c’est pour cela qu’elle retourna à ses romans socialistes pour un certain nombre d’années.
Mais son ami le reconnaît à ce petit coin du sourire, à ce son argenté de la voix, au feu du regard ; surtout il les reconnaît, parce qu’il a conservé le souvenir, le respect et la fidélité des jeunes années. […] Ce soir-là, madame Menjaud, jeune encore, prenait congé du Théâtre-Français, après vingt années d’un bon et fidèle service. […] À peine sa vingtième année dramatique eut-elle sonné, qu’aussitôt et sans attendre une heure de plus, madame Menjaud prit sa retraite ; c’était son droit et elle en usa pour redevenir une bonne et simple bourgeoise, indulgente et bienveillante entre toutes. […] Les Iphigénies à la lisière, les Achilles en sabots, les Frontins de province, les Célimènes de Vienne en Dauphiné7 et de Saint-Pétersbourg, tous les grands génies en herbe du Conservatoire, ont un mois, chaque année, pour arpenter ces nobles planches. […] Les uns et les autres, nous avons un certain espace à remplir, et puisque chaque année apporte au journal une dimension nouvelle, il faut nous préparer de bonne heure à remplir ces espaces inattendus.
X La renommée du jeune prodige musical de Salzbourg éclos dans la maison du pauvre maître de chapelle s’était répandue dans toute l’Allemagne avant que le petit Wolfgang eût atteint sa septième année. […] On pense qu’il suffit de gagner encore quelques années, qu’alors il n’y aura plus rien que de fort naturel, et que ce ne sera plus un miracle divin. […] L’âme chante avant de parler ; c’est le privilège du musicien de n’avoir pas besoin des années pour mûrir son génie, parce que son génie est tout entier inspiration, et que les souffles du matin sont aussi harmonieux et plus frais que ceux du soir. […] Si tu veux prendre la peine de penser mûrement à ce que j’ai entrepris avec vous, mes deux enfants, dans vos années les plus tendres, tu ne m’accuseras pas de pusillanimité, et tu me rendras justice, avec tout le monde, qu’en tout temps j’ai été un homme ayant le courage de tout entreprendre.
Limiers eut la même année un émule dans Nicolas Gueudeville, qui crut se faire un nom en publiant une nouvelle traduction de Plaute. […] in-8°. ; le Prospectus qu’il a publié cette année 1770., fait très-bien espérer de sa traduction, qui sera accompagnée de notes critiques historiques & grammaticales. […] La même année que M. […] Il rapporte les causes historiques ou fabuleuses de toutes les fêtes ou féries de chaque mois, le lever, & le coucher de chaque constellation, d’une maniere à faire regretter la perte des six derniers Livres qu’il avoit, dit-on, composés pour faire l’année complette.
Alors, quelques années plus tard, éclata l’énorme attentat demeuré fameux. […] Le premier chapitre de l’ouvrage remarquable de Weiss70 nous renseigne à cet égard. « La bourgeoisie protestante des villes, écrit-il, se livra à l’industrie et au commerce, et déploya une activité, une intelligence, et, en même temps, une intégrité qui n’ont peut être jamais été surpassées dans aucun pays… Perdus, pour ainsi dire, au milieu d’un peuple qui les observait avec défiance, sans cesse en but à la calomnie, soumis à des lois sévères qui leur commandaient impérieusement une perpétuelle attention sur eux-mêmes, ils forçaient l’estime publique par l’austérité de leurs mœurs et par leur irréprochable loyauté. » Énergiques et obstinés, robustes et endurants, nos Réformés de France, depuis la paix d’Alais jusqu’aux premières années du règne de Louis XIV, firent preuve de la plus extraordinaire, de la plus féconde activité. […] Elles se manifestèrent, dès 1661, par des restrictions imposées à leurs droits, déjà fort limités par les conventions de la paix d’Alais ; et dès lors, l’exemple étant donné, là persécution se généralisa et s’épanouit, dissimulée pendant les quinze premières années environ sous des apparences hypocrites de légalité. […] Pendant les premières années de persécutions, ils ne cessèrent d’envoyer au Roi des suppliques empreintes de la plus touchante modération, l’assurant de leur fidélité loyale à sa personne, lui faisant part des misères qu’ils enduraient, et invoquant ce droit à l’existence qui leur avait été conféré par ses prédécesseurs, cette assurance de vie solennellement garantie par Henri IV et par Richelieu, confirmée par Louis XIV lui-même au début de son règne.
On fait l’expérience ; on la recommence à diverses époques de l’année et par conséquent pour des vitesses variables de notre planète. […] Il n’y a plus à se demander pourquoi les franges d’interférence conservent le même aspect, pourquoi le même résultat s’observe à n’importe quel moment de l’année. […] Où sont donc les deux années de temps ralenti qui devaient paresser mollement pour le boulet tandis que deux cents ans auraient à courir sur la Terre ? […] Donc, faisant tourner son appareil de 90 degrés, à aucune époque de l’année il n’observe aucun déplacement des franges d’interférence.
Retiré pendant neuf années dans la belle solitude de Vatolla, il suivit en liberté la route que lui traçait son génie, et se partagea entre la poésie, la philosophie et la jurisprudence. […] Il vit dès lors dans les interprètes anciens les philosophes de l’équité naturelle ; dans les interprètes érudits les historiens du droit romain : double présage de ses recherches sur le principe d’un droit universel, et du bonheur avec lequel il devait éclairer l’étude de la jurisprudence romaine par celle de la langue latine. » Il nous a fait connaître la marche de ses études pendant les neuf années qui suivirent cette époque. […] « Mais voici ce qui prouve que Vico est né pour la gloire de Naples et de l’Italie ; il venait de perdre tout espoir d’avancement dans sa patrie ; un autre aurait dit adieu aux lettres, se serait repenti peut-être de les avoir cultivées ; pour lui il ne songea qu’à compléter son système. » Nous ajouterons peu de choses à ce que nous avons dit sur les dernières années de Vico, et sur les malheurs qui attristèrent la fin de sa carrière. […] « Il y a quelques années que j’ai travaillé à un système complet de métaphysique.
Vinet écrivait à Lutteroth le 3 octobre de la même année : Vous avez lu l’article de M. […] Il n’y a point d’agendas de Vinet pour l’année 1837, ou, s’il y en a, ils ne nous sont point connus. […] En 1839, après un voyage qu’il avait fait en Italie, passant par Lausanne, Sainte-Beuve alla entendre Vinet, que peut-être il n’avait pas entendu, faute de loisirs, l’année d’avant. […] 20 déc. 1840 : Il ne faut scandaliser personne, surtout dans le dernier numéro de l’année et de la série. […] (Il faut croire que décidément Sainte-Beuve ne savait jamais au juste ni le jour, ni le mois, ni l’année.)
Sensuel et prudent, il avait dû commencer par établir sa fortune et son bien-être ; il s’était attaché pour cela à des prélats qui l’avaient pourvu de bénéfice, et en dernier lieu à l’évêque du Mans, M. de Lavardin, qui l’en avait comblé : depuis des années, il vivait grassement dans les obscures délices et la meilleure chère du Maine, en ecclésiastique épicurien. […] Voilà donc le livre lancé, et dédié par une adresse piquante à Balzac lui-même, qui ne pouvait guère se plaindre des malices fourrées et du contre-coup qu’il en recevait, se les étant lui-même attirés par son insistance. « Cette pièce, a dit Sorel, fut d’abord estimée fort galante et fort subtile. » Elle eut du succès ; il s’en fit l’année suivante une seconde édition.
non ; cette histoire des dernières années de la monarchie est sue depuis longtemps, et bien sue : il suffisait, pour l’embrasser et la saisir dans sa vraie suite et sa teneur, d’avoir l’esprit juste, appliqué, le cœur droit, de savoir choisir et démêler entre les divers témoignages et de ne se laisser entraîner à rien d’extrême, même en fait de pitié. […] Née en novembre 1755, Marie-Antoinette était dans sa quinzième année lorsqu’elle fut mariée au dauphin de France (Louis XVI).
Une année avant qu’Ernest vînt habiter du collége à la maison, il paraîtrait qu’elle aurait fait une absence, et perdu, durant cette absence, une personne fort chère : elle portait du deuil au retour, et c’était précisément l’époque de la fameuse bataille de B… (Bautzen peut-être ?) […] … Peu s’en est fallu que nous ne gâtions aujourd’hui notre admirable bonheur de l’année dernière !
Les affections du cœur se changèrent bientôt dans les plus aimables des dieux ; et le sauvage en élevant le mont du tombeau à son ami, la mère en rendant à la terre son petit enfant, vinrent chaque année, à la chute des feuilles de l’automne, le premier répandre des larmes, la seconde épancher son lait sur le gazon sacré. […] Quant à madame de Chateaubriand, déjà oubliée depuis plusieurs années, il l’avait entrevue à Paris et l’avait de nouveau négligée.
Songe et joie dans la jeunesse ; hymne et piété dans les dernières années. […] Ce furent les plus belles années de Fénelon ; il était loin de supposer que les foudres sortiraient bientôt pour lui de ce cénacle où il ne respirait que la paix, la modestie et le bonheur.
En réalité, elles ne sont ni de l’un ni de l’autre et forment un groupe à part : il y a là une vingtaine d’années et une dizaine d’écrivains, qui nous font assister à la transformation de l’esprit de la Renaissance, à la formation de l’esprit classique. […] Au lieu que, sans être économiste, on sera charmé de Montchrétien244: son traité d’Économie politique, remis en lumière dans ces dernières années, est une des belles œuvres du temps.
Il suppose deux Persans, Usbek et Rica, qui viennent en Europe, à Paris, dans les dernières années de Louis XIV. […] En 1716 et dans les années suivantes, Montesquieu se laisse gagner au goût des sciences physiques et naturelles.
Puis il part pour le pôle Nord et revient au bout de quelques années ; mais, dans l’intervalle, Hélène, qui a grandi, est devenue une mondaine enragée, une amazone excentrique. […] Adèle, ambitieuse et sèche, épouse un vieux pour sa fortune, la dévore en quelques années et, après toutes sortes d’intrigues malpropres pour pousser son mari, se retrouve veuve et sans un sou, et se réfugie à Paris, où nous savons bien ce qu’elle deviendra.
A priori, il était très improbable, sinon impossible, que des masses nébulaires restassent encore non condensées, quand d’autres sont condensées depuis des millions d’années. […] Toute science, à l’origine, a été qualitative et a mis quelquefois des milliers d’années pour arriver à sa période quantitative : la chimie n’y est entrée que récemment.
Napoléon prépare donc à Erfurt, pour septembre et octobre de cette année, une de ces grandes représentations politiques et théâtrales comme il les entend si bien, faites pour agir sur l’esprit des souverains et sur l’imagination des peuples. […] Il voulait anéantir ces années de l’insurrection, et il ne parvenait qu’à les dissiper.
Bourgeoise et très bourgeoise de naissance, née à Paris dans la dernière année du xviie siècle, Marie-Thérèse Rodet avait été mariée le 19 juillet 1713 à Pierre-François Geoffrin, gros bourgeois, un des lieutenants-colonels de la Garde nationale d’alors, et l’un des fondateurs de la Manufacture des glaces. […] Dès l’année 1743, cette femme d’intrigue a des éclairs de coup d’œil qui percent l’horizon : « À moins que Dieu n’y mette visiblement la main, écrit-elle, il est physiquement impossible que l’État ne culbute. » C’est cette maîtresse habile que Mme Geoffrin consulta et de qui elle reçut de bons conseils, notamment celui de ne refuser jamais aucune relation, aucune avance d’amitié ; car si neuf sur dix ne rapportent rien, une seule peut tout compenser ; et puis, comme cette femme de ressource disait encore, « tout sert en ménage, quand on a en soi de quoi mettre les outils en œuvre ».
Ce livre de Bonald appartenait à cette littérature française du temps du Directoire et extérieure à la France, qui se signala par de mémorables écrits et des protestations élevées contre les productions du dedans : cette littérature extérieure produisait de son côté, à Neuchâtel en Suisse, les Considérations de Joseph de Maistre sur la Révolution française, 1796 ; à Constance, le livre de Bonald ; à Hambourg, la Correspondance politique de Mallet du Pan en cette même année 1796, et Le Spectateur du Nord, brillamment rédigé par Rivarol, l’abbé de Pradt, l’abbé Louis, etc. ; à Londres, l’Essai sur les révolutions de Chateaubriand, 1797. […] Tel qu’il était, il mérita une double réputation durant tout ce temps des quinze années, la réputation d’oracle et d’homme de génie dans son parti, parmi le petit nombre des esprits opiniâtres et immuables, et même, jusqu’à un certain point, dans tous les rangs des royalistes intelligents : auprès des autres, des libéraux, il passait pour un gentillâtre spirituel, entêté, peut-être un peu cruel, et il jouissait de la plus magnifique impopularité.
À la vue de ce délabrement du royaume et de cette faiblesse des conseillers durant ces années de minorité, Richelieu souffrait donc et se demandait s’il ne paraîtrait pas un vengeur. […] Avenel, qui le rapporte à la date de 1621 environ : S’il plaît à la divine bonté, par l’intercession du bienheureux apôtre et bien-aimé saint Jean, me renvoyer ma santé et me délivrer dans huit jours d’un mal de tête extraordinaire qui me tourmente, (je promets) de fonder en ma maison de Richelieu une messe qui se célébrera tous les dimanches de l’année, et, pour cet effet, donnerai à un chapelain de revenu annuel trente-six livres pour les messes qui seront célébrées en action de grâces.
Nous voilà seuls, pour toute une année, isolés dans la mer du Groenland. […] Pour nous, une année de travail heureux est écoulée.
Les Dialogues sur l’Eloquence, ouvrage posthume de M. de Fénélon, parurent la même année que les Agrémens du langage. […] M. l’Abbé Mallet qui donna en 1753. des Principes pour la lecture des Orateurs, que j’ai oublié de vous faire connoître, publia la même année un Essai sur les bienséances oratoires, dans lequel il expose avec netteté les préceptes des grands maîtres.
Ceux transcrits au cours des années 1911 et 1912 ont été traduits par Samako Niembélé, un interprète intelligent, parlant assez correctement le français et je pourrais dire qu’ils sont plutôt son œuvre que la mienne, si je n’avais essayé, par quelques mots changés çà et là, de donner à son style la vivacité et l’expression qu’il ne pouvait, malgré une connaissance assez avancée de notre langue, lui communiquer autant qu’il l’aurait souhaité. […] En l’année des grêlons comestibles.
Le pontificat d’Innocent III embrasse dix-huit années (de 1198 à 1216). […] Tel est en raccourci le célèbre pontife auquel Hurter a consacré bien des années d’une vie laborieuse.
Mais plus que cette ingéniosité et plus que cette pénétration, plus que votre infatigable persévérance, j’admire le courage qu’il vous a fallu, dans les premières années surtout, pour lutter contre les préventions d’une bonne partie du public et pour braver la raillerie, qui fait peur aux plus vaillants. […] Nous produisons de l’électricité à tout moment, l’atmosphère est constamment électrisée, nous circulons parmi des courants magnétiques ; pourtant des millions d’hommes ont vécu pendant des milliers d’années sans soupçonner l’existence de l’électricité.
A-t-il occasion d’observer que beaucoup de choses se passent en deux années, il cite en preuve la première Restauration, les Cent jours et la seconde Restauration.
Cette haine s’était lentement grossie et avait sommeillé durant des années ; elle se tempérait de mépris, du sentiment de sa force, du respect pour les lois.
Les années, avec tout ce qu’elles amènent avec elles, se succèdent tranquillement suivant l’intention de la nature, et l’homme participe au calme de l’ordre universel.
Boutaric, j’ai pu dépouiller une multitude de documents manuscrits, la correspondance d’un grand nombre d’intendants, directeurs des aides, fermiers généraux, magistrats, employés et particuliers, de toute espèce et de tout degré pendant les trente dernières années de l’Ancien Régime, les Rapports et Mémoires sur les diverses parties de la maison du roi, les procès-verbaux et cahiers des États généraux en cent soixante-seize volumes, la correspondance des commandants militaires en 1789 et 1790, les lettres, mémoires et statistiques détaillées contenus dans les cent cartons du Comité ecclésiastique, la correspondance en quatre-vingt-quatorze liasses des administrations de département et de municipalité avec les ministres de 1790 à 1799, les rapports des conseillers d’État en mission à la fin de 1801, la correspondance des préfets sous le Consulat, sous l’Empire et sous la Restauration jusqu’en 1825, quantité d’autres pièces si instructives et si inconnues, qu’en vérité l’histoire de la Révolution semble encore inédite.
Ses deux premiers volumes paraissent en 1749 : préparer les volumes suivants, sera l’unique affaire des trente-neuf années qui lui restent à vivre.
Ce primitif avait reçu de la nature le don de l’expression, qu’il perfectionna, auprès de son vieux maître, par une discipline de dix années.
Oui, il est vrai que les jeunes gens découvrent des choses depuis longtemps découvertes ; que ce qui a paru le plus neuf dans l’anarchie littéraire des dix dernières années, cet idéalisme, ce symbolisme, ce mysticisme, cet évangélisme, et ce qu’on aime dans Tolstoï et Ibsen et ce qu’on leur emprunte, tout cela ressemble fort à ce qu’on a vu chez nous il y a cinquante ou soixante ans et que, par conséquent, les jeunes sont moins jeunes qu’ils ne disent.
Mallarmé, par ses articles, ses œuvres fragmentaires et ses causeries, a été le grand éducateur de l’art métaphysique de ces dernières années, et ce seul rôle explique les polémiques et les sympathies, sa situation spéciale, son renom de hautaine et noble intégrité.
Discours prononcé à Quimper 17 août 1885 Que je suis touché, Messieurs, de vos bonnes paroles, et que je sais gré à nos jeunes amis qui, me rendant breton une fois par année, m’ont fait faire connaissance avec cette ville antique et charmante, que je désirais voir depuis si longtemps.
Chapitre XVIII Suite de l’année 1663 (continuation de la septième période). — Molière met au théâtre L’École des femmes. — Observations sur cette pièce.
Mais depuis quelques années il semble à l’écart, loin de nous.
Snob, qui veut dire cordonnier, a pris pour eux le sens péjoratif qu’avait il y a quelques années le mot épicier.
Croiroit-on qu’un écrivain obscur & mauvais patriote ait osé, depuis quelques années, s’élever à Londres contre le culte qu’on y rend à l’Homère Anglois ?
voilà sept ans perdus, & vous perdrez encore tout autant d’années que vous en mettrez pour cela, parce qu’il n’est pas possible qu’un moderne soit jamais au fait d’une langue morte, qu’il connoisse parfaitement la propriété des termes, l’harmonie & la grace du discours.
Ils sont le complément des études critiques que nous avons entreprises sur le matérialisme contemporain, et pourraient avoir leur place dans le livre que nous avons publié sous ce titre, il y a quelques années, et qui a été accueilli avec bienveillance par les esprits de bonne foi dans tous les partis.
En présentant ici l’effort de la jeune littérature au cours de ces dix dernières années, nous avons voulu éviter surtout, avant tout, de faire œuvre de polémistes.
La maturité de ses années et l’intérêt même de sa gloire lui firent comprendre que pour élever un monument durable, il fallait en creuser les fondements dans un sol moins mouvant que la poussière de ce monde ; son génie, qui embrassait tous les temps, s’est appuyé sur la seule religion à qui tous les temps sont promis.
Les années ne m’avaient laissé aucune de ces passions qui tourmentent, rien de l’ennui qui leur succède : j’avais perdu le goût de ces frivolités auxquelles l’espoir d’en jouir longtemps donne tant d’importance.
II Ce livre sur Jeanne d’Arc30 n’est pas une de ces nouveautés que l’année qui commence emporte avec elle ; c’est un livre qui doit rester, et auquel le talent et la science de son auteur donnent la solidité d’un monument.
À peine osent-ils se montrer dans les rues sans être hués… Comme notre nation et notre siècle sont bien autrement éclairés » qu’au temps de Luther, « on ira jusqu’où on doit aller ; on bannira tous prêtres, tout sacerdoce, toute révélation, tout mystère… » — « On n’ose plus parler pour le clergé dans les bonnes compagnies ; on est honni et regardé comme des familiers de l’inquisition… Les prêtres ont remarqué cette année une diminution de plus d’un tiers dans le nombre de leurs communiants. […] Lorsque Latude sort de Bicêtre, Mme de Luxembourg, Mme de Boufflers et Mme de Staël veulent dîner avec Mme Legros, l’épicière qui « depuis trois années a remué ciel et terre » pour délivrer le prisonnier. […] En 1784, année d’inondations et d’épidémies, il fait distribuer pour trois millions de secours.
Dans ces dernières années, après la restauration, la France veut intervenir en Espagne : l’Angleterre proteste au congrès de Vérone, et proclame à l’instant, par la voix monarchique de M. […] Voyez, au contraire, avec quel acharnement, instinctif aussi, le cabinet de Londres et l’esprit antifrançais de l’Angleterre poursuivent, depuis quelques années, l’amoindrissement systématique et la destruction, si elle était possible, de l’Autriche. […] Les flottes anglaises et les flottes françaises combinées détruiraient tous les jours par mer ce que l’Autriche aurait construit d’empire sur la terre ; Constantinople aurait le sort de Sébastopol avant qu’une année fût écoulée.
Ajoutez que, s’il est rencontré dans son âge de faiblesse par un autre homme isolé plus fort que lui, il devient à l’instant sa victime ou son esclave ; en sorte que le premier phénomène que présente la première société, c’est un maître et un esclave, un bourreau et une victime, jusqu’à ce que par les années la force du plus âgé devienne faiblesse, et la faiblesse du plus jeune devienne force et oppression, que les rôles changent, et que l’esclavage alternatif passe de l’un à l’autre avec la force brutale. […] Vérité ou sophisme, il n’y avait rien à répondre au premier aperçu à cet axiome, du moment qu’on admettait pour convenu cet autre axiome très contestable : L’homme est égal à l’homme devant le champ ; l’enfant plus avancé en âge et en force est égal à l’enfant nouveau venu, dénué d’années, de force, d’éducation, d’expérience de la vie ; l’enfant du sexe faible et subordonné par son sexe même est égal à l’enfant du sexe fort, viril et capable de défendre l’héritage de tous dans le sien ; l’enfant inintelligent est égal à l’enfant doué des facultés de l’esprit et du cœur, privilégié par ces dons de la nature ; l’enfant vicieux, ingrat, rebelle, oisif, déréglé, est égal au fils tendre, respectueux, obéissant, actif, premier sujet du père, premier serviteur de la maison, etc., etc. […] Ces liens de respect, de traditions, de déférence, établis entre les riches et les pauvres d’une contrée rurale, se brisent ; la reconnaissance, la considération, l’affection séculaire, qui forment le ciment moral de la société, se pulvérisent et s’évanouissent sans cesse ; tout devient en peu d’années poussière, dans une contrée aussi dénuée d’antiquité, de fixité.
Il en eut de si étranges dans la nuit du 10 novembre 1619, qu’au dire du même Baillet, si Descartes n’avait déclaré qu’il ne buvait pas de vin, on eût pu croire qu’avant de se coucher il en avait fait excès, « d’autant plus, ajoute naïvement le biographe, que le soir était la veille de Saint-Martin20. » Après quelques années passées soit dans des voyages, où il étudiait les mœurs, et par la vue de leur diversité et de leurs contradictions, se fortifiait dans son dessein de chercher la vérité en lui-même, soit à la guerre, où il s’appliquait tout à la fois à étudier les passions que développe la vie des camps, et les lois mécaniques qui font mouvoir les machines de guerre ; après quelque séjour à Paris, où il cacha si bien sa retraite que ses amis même ne l’y découvrirent qu’au bout de deux ans, il se fixa en Hollande, comme le pays qui entreprenait le moins sur sa liberté, et dont le climat, selon ses expressions, lui envoyait le moins de vapeurs. […] C’est là, si je puis m’exprimer ainsi, le cartésianisme littéraire, dont le cachet est empreint sur tous les grands esprits du dix-septième siècle, sauf Corneille, lequel écrivait le Cid l’année même où paraissait le Discours de la méthode. […] Ouvrage formidable, Descartes y avait résumé près de vingt années de cette réflexion si opiniâtre et si intense, à laquelle le monde n’offrait ni assez de solitude ni assez de liberté, et qu’il défendit contre toutes les distractions extérieures avec la même jalousie et le même esprit de conservation qu’on met à défendre sa vie.
Vers l’année 1780, c’est à qui deviendra le Lucrèce de la science, celle de Newton, celle de Buffon, et qui sera demain celle de Laplace et de Cuvier. […] Mais la révolution vint ; dix années, fin de l’époque, s’écroulèrent brusquement avec ce qu’elles promettaient, et abîmèrent les projets ou les hommes ; les trois Hermès manquèrent ; la poésie du xviiie siècle n’eut pas son Buffon. […] C’était là tellement le mouvement des esprits poétiques dans ces dernières années du xviiie siècle, et la pente était si bien marquée dans ce sens, que le De Natura rerum sollicité en France par la curiosité scientifique et tenté par plusieurs poètes à la fois s’ébauchait presque en même temps en Allemagne, sous la puissante main de Goethe.
Bien des années encore son œil paludéen essangera ses toiles, patriotiques mouchoirs. […] étêsiai dérivé de étos année. Se dit des vents réguliers qui soufflent chaque année pendant un certain nombre de jours sur la Méditerranée.
Rappelé après bien des années, il fut reçu froidement du roi, qui, même quand il le voyait, évitait de lui parler. […] Boileau, dans les dernières années de sa vie, gémissait amèrement sur les progrès de la folie et du mauvais goût, déjà sensibles pour un observateur aussi éclairé. […] Il nous fait rire aux dépens de la sotte vanité d’une mère qui sèche de dépit de voir à ses côtés une jeune fille dont le voisinage lui donne des années et lui ôte des grâces. […] Quelques années auparavant, Quinault avait déjà donné l’Amant indiscret, pièce qui eut beaucoup de succès, et qui est au fond la même chose que l’Étourdi de Molière. […] Une existence de cent trente années est assurément très honorable pour une pareille farce.
Elle dit : Les années ne m’ont pas touchée. […] Binet et Passy, « Études de psychologie sur les auteurs dramatiques » (Année psychologique, I, p. 96). […] Passy, « Études de psychologie sur les auteurs dramatiques » (Année psychologique, I, 64-65). […] Binet et Passy, « Études de psychologie sur les auteurs dramatiques » (Année psychologique). […] Binet, « F. de Curel » (Année psychologique, I, p. 152 et suiv.).
L’évêque Jewell26 déclare devant la reine que, « dans ces dernières années, les sorcières et sorciers se sont merveilleusement multipliés. » Tels ministres affirment « qu’ils ont eu à la fois dans leur paroisse dix-sept ou dix-huit sorcières, entendant par là celles qui pourraient opérer des miracles surnaturels. » Elles jettent des sorts qui « pâlissent les joues, dessèchent la chair, barrent le langage, bouchent les sens, consument l’homme jusqu’à la mort. » Instruites par le diable, elles font, « avec les entrailles et les membres des enfants, des onguents pour chevaucher dans l’air. » Quand un enfant n’est pas baptisé ou préservé par le signe de la croix, « elles vont le prendre la nuit dans son berceau ou aux côtés de sa mère…, le tuent…, puis, l’ayant enseveli, le dérobent du tombeau pour le faire bouillir en un chaudron jusqu’à ce que la chair soit devenue potable. […] Heywood, qui joue presque tous les jours, s’impose, en outre, pendant plusieurs années, l’obligation d’écrire un feuillet chaque jour, compose à la diable dans les tavernes, peine et sue en vrai manœuvre littéraire30, et meurt laissant deux cent vingt pièces, dont la plupart se perdront. […] que Faust vive en enfer mille années, cent mille années, mais qu’à la fin il soit sauvé ! […] Beaucoup étaient purement païens et athées ; la cour de la reine elle-même était un asile d’épicuriens et d’athées et de gens sans loi. » (Strype, année 1572.) « Dans ma jeunesse… le dimanche… le peuple ne voulait pas interrompre ses jeux et ses danses, et bien des fois celui qui lisait la Bible était forcé de s’arrêter jusqu’à ce que le joueur de flageolet et les acteurs eussent fini. […] Pictorial history, tome II, 907, année 1596.
Pendant quelques années, les deux cours n’en firent qu’une, où il était à la fois d’étiquette et de bon goût de parler les deux langues. […] Ni l’École des maris qui date de 1661, ni l’École des femmes, représentée l’année suivante, ni le progrès du goût qui ne laissait pas à Molière le temps d’achever le Tartufe, et qui lui en arrachait des mains les trois premiers actes, pour les faire jouer en 1664, rien n’avait réussi à chasser Dom Japhet du répertoire. […] Neuf satires, dont quatre exclusivement littéraires, et les autres semées de traits contre les poètes contemporains, des préfaces agressives, des ouvrages satiriques en prose133, des apologies de la satire, remplissent ces huit années, qui conduisent Boileau de la jeunesse à l’entrée de l’âge mûr134. […] Durant ces cinq années, aucune satire n’est sortie de sa plume. […] L’humeur satirique reprit le dessus dans les dernières années de sa vie.
Elle s’assemble trois fois la semaine au vieux Louvre pendant toute l’année ; le lundi, le jeudi et le samedi1. […] Enfin, dans la physique, on bâtit à sa mode un système du monde ; on y explique tout ou presque tout ; on y suit ou on y réfute à tort et à travers Aristote, Descartes et Newton : on termine ce cours de deux années par quelques pages sur la morale, qu’on rejette pour l’ordinaire à la fin, sans doute comme la partie la moins importante. […] On convient aujourd’hui, assez généralement, que ces tragédies sont une perte de temps pour les écoliers et pour les maîtres : c’est pis encore, quand on les multiplie au point d’en représenter plusieurs pendant l’année, et quand on y joint d’autres appendices encore plus ridicules, comme des explications d’énigmes, des ballets, et des comédies tristement ou ridiculement plaisantes. […] Jamais cet avis ne leur fut plus nécessaire ; nos livres se remplissent insensiblement d’un idiome tout à fait ridicule ; plusieurs pièces de théâtre modernes, jouées avec succès, ne seront pas entendues dans vingt années, parce qu’on s’y est trop assujetti au jargon de notre temps, qui deviendra bientôt suranné et sera remplacé par un autre. […] Depuis son institution elle était en exercice toute l’année sans interruption ; sous le règne de Louis XVI elle prenait des vacances pendant les mois de septembre et d’octobre.
La sortie de M. de Chauvelin affaiblit le ministère du cardinal de Fleury et laissa libre cours aux mauvaises influences : « Il avait ses défauts, écrivait d’Argenson après quelques années (1748), mais plus de grandeur et de droiture que tout le reste du ministère d’aujourd’hui15 », Il perdit en lui un bon guide et un conseiller utile, qui le tenait en garde contre ses défauts. […] Je crois que le marquis d’Argenson était médiocrement propre à l’être, tandis que le comte l’a été fort dignement et avec assez d’éclat pendant des années : celui-ci avait certes quelques qualités supérieures et des parties brillantes.
C’est le même homme qui, quelques années après, étant allé en Russie pour y peindre de hauts personnages et des batailles, disait à propos du progrès factice et forcé dont il était témoin : « On est ici comme en Egypte, sur une boursouflure qui, tôt ou tard, s’enfoncera. » J’appelle cela du bon sens d’observation. […] Transportez-vous de quelques milliers d’années en arrière, n’importe ; c’est toujours la même physionomie que vous avez devant les yeux.
Ces raisons, qu’il indique d’une manière aimable et bien naturelle, je les résume plus au net : dix ans se sont écoulés ; dans l’intervalle, Du Bellay a vieilli ; il a passé à Rome des années qui ont compté double ; les ennuis, les affaires, peut-être les plaisirs, l’ont blanchi ; il allègue pour excuse la diminution de la verve, « de cet enthousiasme qui le faisoit librement courir par la carrière de ses inventions », et en même temps il a conservé, dit-il, son goût de la poésie, « de ce doux labeur, jadis seul enchantement de ses ennuis ». […] S’il regrette le temps que l’on perd dans les années de l’enfance et de la jeunesse à apprendre des mots, il est loin (tant s’en faut !)
Ayant passé depuis lors de longues années à Naples, sur cette terre de soleil et d’oubli, il ne s’était pas douté qu’il devenait, durant ce temps-là, ici, un de nos auteurs les plus connus et les mieux aimés. […] Il avait vingt-six ou vingt-sept ans, et était officier au régiment de marine en garnison à Alexandrie, lorsqu’il écrivit le Voyage autour de ma chambre ; quelques allusions pourtant se rapportent à une date postérieure ; il le garda quelques années dans son tiroir et y ajoutait un chapitre de temps en temps.
M. le comte de Saint-Priest vient d’entrer de la sorte avec nouveauté dans une carrière qui, depuis quelques années, avait été parcourue et illustrée en divers sens. […] Je me figure (car j’ai besoin d’une explication) que, pendant ces années de laborieuse absence où l’auteur préparait son important travail, il nous aura crus plus atteints que nous ne l’étions en effet de cette fièvre du symbolisme historique.
Quelquefois aussi, brûlant du désir de pouvoir rester à Paris toute l’année pour la revoir tous les soirs, je songeais, non par ambition, mais par amour, à me créer quelque emploi modeste, mais suffisant pour y vivre indépendant de ma famille. […] Il était petit de taille comme le grand homme du siècle, un peu penché sur l’épaule gauche ; mais la grâce sévère du visage rachetait cette imperfection qui s’accrut avec les années.
Le roman a été, depuis une trentaine d’années, le plus heureux et le plus fécond des genres : c’est celui aussi où les tempéraments ont été le moins comprimés par les traditions ou les théories. […] Les deux œuvres les plus considérables que nous rencontrions, dans ces vingt dernières années, à côté du naturalisme, sont celles de MM.
Anatole France, le souci du plus singulier des événements historiques, de celui qui a le plus préoccupé depuis trente années quelques-uns des grands esprits de ce temps. […] Un pauvre garçon qui aime une actrice et qui, après quelques années de vie difficile, est tué par hasard pendant la Commune, voilà Jean Servien Un bon garçon d’Haïti qui, sous la direction bizarre d’un professeur mulâtre, manque plusieurs fois son baccalauréat ; qui, vivant avec une bande de fous, n’est pas même étonné, tant il est irréfléchi ; qui, ayant remarqué une jeune fille dans la maison d’en face, s’aperçoit qu’il l’aime le jour où elle quitte Paris, s’élance en pantoufles à sa poursuite et l’épouse à la dernière page : voilà le Chat maigre Un vieux savant envoie du bois, pendant l’hiver, à sa voisine, une pauvre petite femme en couches.
Retour de Molière à Paris À la fin de l’année où l’on représenta La Rosaure, une troupe de campagne, ayant obtenu le patronage de Monsieur, frère du roi, fit un premier début devant la cour (24 octobre 1658), à la suite duquel elle eut permission de jouer alternativement avec les Italiens sur le théâtre du Petit-Bourbon. Cette troupe de campagne, c’était, sauf quelques changements survenus dans son personnel, la troupe de l’Illustre Théâtre, qui avait quitté Paris une douzaine d’années auparavant ; mais elle ne portait plus ce nom ambitieux.
Un inventeur industriel peut être en butte à des vexations de la part de ceux dont son invention alarme les intérêts (Fulton et les bateliers de l’Elbe) ; mais au bout d’un petit nombre d’années, les résistances cèdent. […] Un tribunal croit opportun que la France continue à commettre chaque année cent vingt mille crimes et délits à procès, ce nombre étant nécessaire pour alimenter les cours criminelles.
L’année 1789 sera dans l’histoire de l’humanité une année sainte, comme ayant vu la première se dessiner, avec une merveilleuse originalité et un incomparable entraînement, ce fait auparavant inconnu.
Et pourtant, malgré les railleurs, malgré l’exemple des grands écrivains, cette influence mauvaise du milieu mondain s’est prolongée des années et des années sur notre littérature.
Comment admettre, d’ailleurs, une patience assez endurcie pour résister à un affront permanent, et qu’un homme avale, chaque jour, sans sourciller, pendant des années, des couleuvres auprès desquelles le crapaud dont parle Chamfort paraîtrait mangeable ? […] C’est à l’enfant, d’abord, quelle s’adresse ; mais la petite joue son rôle connue une comédienne qui aurait dix années de planches.
Mlle Delphine Gay, qui était déjà par son nom de baptême une sœur de Corinne, voulait plus et mieux ; elle voulait égaler et rivaliser en tout cette sœur de génie, et elle s’y appliqua avec une sincérité visible en ces années du début. […] Quelques pièces de vers publiées par elle dans ces dernières années nous montrent qu’elle n’est pas encore complètement guérie de cette idée là, et qu’il y a des moments où elle parle comme si elle avait réellement manié dès le berceau l’épée de Charlemagne.
Ce ne fut pourtant pas cette année même qu’elle se noua. […] L’existence de ces pièces était connue depuis longtemps, et le comte de La Marck, qui vivait depuis des années à Bruxelles sous le titre de prince d’Arenberg, en avait donné une communication plus ou moins complète à quelques personnes.
Il se montra en même temps humain et moral, fidèle à ses principes de Lyon, en insistant pour qu’on prévînt la conspiration une fois connue, au lieu de la laisser à demi éclater comme quelques ministres l’auraient voulu Vers ces années, pour se consoler des injustices de l’opinion publique à son égard, se sentant peu de goût d’ailleurs pour tout ce qui se pratiquait à la Cour, et croyant aussi qu’il était séant à une époque de paix d’inaugurer le rôle d’une espèce de grand seigneur industriel, il conçut l’idée de fonder dans sa terre de Châtillon un vaste établissement où il assemblerait toutes les industries, et moyennant lequel il doterait son pays des innovations utiles en tous genre. […] Quatorze années de réflexions avaient succédé pour lui à l’époque de l’action et des combats.
Pauvres hommes, en qui si peu d’années de plus ou de moins déplacent si fort l’importance des points de vue, et qui se souviennent si inégalement des mêmes choses, selon la diversité des âges ! […] Cosnac fit durant des années sa pénitence d’avoir été un produit de la Fronde et un boute-en-train de ces petites cours, où il n’avait rien trouvé à sa mesure.
Ces ouvrages ont cela de particulier qu’ils ne méritent ni le cours prodigieux qu’ils ont pendant un certain temps, ni le profond oubli où ils tombent, lorsque le feu et la division venant à s’éteindre, ils deviennent des almanachs de l’autre année. […] L’on écrit régulièrement depuis vingt années ; l’on est esclave de la construction ; l’on a enrichi la langue de nouveaux mots, secoué le joug du latinisme, et réduit le style à la phrase purement française ; l’on a presque retrouvé le nombre que Malherbe et Balzac avaient les premiers rencontré, et que tant d’auteurs depuis eux ont laissé perdre ; l’on a mis enfin dans le discours tout l’ordre et toute la netteté dont il est capable : cela conduit insensiblement à y mettre de l’esprit.
J’ai vu mes tristes journées Décliner vers leur penchant ; Au midi de mes années Je touchais à mon couchant La mort déployant ses ailes, Couvrait d’ombres éternelles La clarté dont je jouis ; Et dans cette nuit funeste Je cherchais en vain le reste De mes jours évanouis. […] Le midi et le couchant des années, les journées qui déclinent vers leur penchant, les ailes de la mort déployées.
C’était enfin tout le xixe siècle encagé dans un livre et montré comme une bête féroce, avec toutes ses bêtes, féroces ou non… Vous vous rappelez aussi comme nous saluâmes en espérance l’avènement de ce livre, où Chasles avait dû graver, pendant des années, tous ses ressentiments ; car Chasles, comme tous les hommes de talent, avait senti souvent le talent outragé dans sa personne. […] Aiguisé, affilé en cachette, pendant des années, comme les Mémoires de Saint-Simon, — autre vengeance posthume, et magnifique, celle-là !
… Comment lui, dont les premiers chants furent des cris étouffés si poignants, et les peintures d’une réalité qui saisissait le cœur comme la vie même, comment ce Rembrandt du clair-obscur poétique qui s’annonçait alors, est-il devenu, la vie aidant, avec les expériences, ses blessures et les ombres sinistres qu’elle finit par jeter sur toutes choses, moins pénétrant, moins mordant, moins noir et or (la pointe d’or dans un fond noir), qu’en ces jeunes années où l’on est épris des roses lumières ? […] Sainte-Beuve n’en avait-il pas annoncé publiquement la naissance et la venue en publiant, il y a des années, ses deux recueils officiels, — les Pensées d’août et Les Consolations ?
Ses poésies lyriques, publiées dans les deux années suivantes, furent populaires d’abord dans les salons et partout répétées. […] Dans sa trentième année cependant, touchée de l’attachement profond que ressentait pour elle un jeune et célèbre député des cortès, élevé par la révolution au titre de chef politique de Madrid, elle lui donna sa main ; mais ce choix ne devait être que la consolation et l’orgueil d’un mourant.
L’un d’un an et de quelques mois, l’autre de quelques années. […] L’année prochaine il resemera du blé. Quand même il y aurait de la grêle tous les ans, il resemera du blé toutes les années prochaines, toutes les années suivantes. […] Et que le calendrier même de cette année, on n’en avait pas tout dit quand on avait dit que l’année prochaine il serait le calendrier de l’année dernière. […] Pour l’année qui est dessous.
. — Année stérile. — Article de M.
Il s’est établi depuis quelques années un vrai concours sur Pascal.
Hugo devait cette étonnante précocité et à la trempe de son âme et aux circonstances de ses plus tendres années.
Il y a une quinzaine d’années environ qu’un critique aussi instruit que spirituel, chargé, dans le Journal de l’Empire, d’examiner les traductions nouvelles qui paraissaient alors en foule, s’avisa un matin, comme par boutade et pour couper court à sa tâche, de signifier nettement que les grands écrivains de l’antiquité étaient et seraient à jamais intraduisibles, et qu’il y avait bien de la simplicité à se donner sérieusement le soin Ingrat de les reproduire.
Les premières années de Napoléon Bonaparte sont retracées confusément et sans couleur.
En revanche, les souvenirs de l’enfance et des premières années sont ici plus nombreux, plus abondants que jamais.
Eh bien, pour revenir à M. de Bernard, il pourra bien être, s’il le veut, l’Améric Vespuce de cette terre dont M. de Balzac est le Christophe Colomb ; oui, l’observation du monde des dix dernières années, il la possède ; ce fond nouveau de sensibilité, de coquetterie, d’art, de prétentions de toutes sortes, ce continent bizarre qui ressemble fort à une île flottante, il y a pied et n’en sort pas.
Si l’on en excepte les années de la terreur en France, l’atrocité n’est pas dans la nature des mœurs européennes de ce siècle.
Un crime retentissait pendant une longue suite d’années ; et nous avons vu des cruautés sans nombre, presque dans le même temps commises et oubliées !
La reine de Navarre lui fit donner une chaire de latin et de grec à l’université de Bourges ; il l’occupa douze années.
C’est le résultat, de dix-huit années de travaux, d’écritures multiples, de prédications incessantes, qui ont formé en lui une faconde toujours claire et coulante.
Telle année, il était, cette nuit-là, avec la tahïtienne Rarahu ; telle autre, avec Fatou-Gaye, la petite négresse ; et, en remontant toujours, avec la Smyrniote Àziyadé, avec la Chinoise Litaï-pa, avec la Lapone Kouroukakalé, avec la Montmartroise Nana, et avec beaucoup d’autres encore… Evocation de petits paysages nocturnes, très intenses et congruents à chacune de ces figures féminines.
La chimérique mélancolie qui alanguissait les esprits aux environs de 1890, et depuis une dizaine d’années, les passe-temps où ils se plaisaient, aucune de leurs occupations ni des émotions dont ils s’ampoulaient, n’étaient susceptibles de convenir à de frémissants écrivains auxquels leurs pères ont su transmettre un peu de ces haines généreuses qui les animaient avec force pendant la guerre et après la Commune.
Ce sont enfin, sur la vanité des projets et des espérances, sur l’amour à vingt ans, sur l’amour à trente ans, sur ce qu’il y a de triste dans le bonheur, sur cette infinité de choses douloureuses dont se composent nos années, ce sont de ces élégies comme le cœur du poëte en laisse sans cesse écouler par toutes les fêlures que lui font les secousses de la vie.
Il écrivit & parla comme le devoit faire un homme emporté par une imagination qui prenoit feu sur tout & ne se repaissoit que de chimères ; un homme qui ne voyoit en Europe que révolutions & que carnage ; qui brigua d’être à la tête des fanatiques de son parti ; qui se mêla de présages, de miracles, de prophéties ; qui prédit qu’en l’année 1689 le calvinisme seroit rétabli en France ; qui se déchaîna contre toutes les puissances de l’Europe, & qui porta la fureur jusqu’à faire frapper des médailles qui éternisent sa démence & sa haine contre Rome & contre sa patrie.
Enfin, puisque nous parlons ici de l’alliance de la physiologie et de la psychologie, signalons une Société scientifique établie depuis une vingtaine d’années, et qui a précisément pour but d’accomplir et de consolider cette alliance : je veux parler de la Société médico-psychologique.
Le public, qui ne sort gueres du bon goût lorsqu’il y est entré, a rejetté depuis quelques années toutes les comedies composées dans des moeurs étrangeres avec lesquelles on auroit voulu l’amuser.
Il avait passé en Grèce les quelques années obligatoires pour tout observateur qui ne se résigne pas modestement à profiter des paysages sur les pages innocentes d’un album.
Les passions seules raniment tout ; les passions traversent les siècles et se communiquent, après des milliers d’années, sans s’affaiblir ; l’homme a besoin d’orages ; il veut être agité : c’est pour cela que Démosthène a encore des admirateurs, et qu’Isocrate n’en a plus.
Simonide, né 458 ans avant notre ère, et mort, diton, après une vie de cent dix années, aurait été postérieur à Solon et en partie contemporain de Pindare.
Jules Lecomte a vingt-quatre ou vingt-cinq ans, et il porte à l’année, un petit lorgnon d’écaille incrusté dans l’œil. […] Vous savez quelle nuée d’écrivains se produisirent en France pendant les premières années qui suivirent la révolution de 1830 ; M. […] On m’a dit qu’il avait une quarantaine d’années et que c’était un homme de mœurs simples. […] Elle a pu avoir ses fournisseurs à l’année, en réglant leurs factures avec quelques lignes de recommandation fashionable. […] Ma carrière depuis déjà longtemps commencée, va reprendre son cours, et vous savez combien mes occupations à l’année sont peu littéraires.
Maxime Du Camp, dit-il, appartient à cette génération née dans les dix dernières années de la Restauration, qui s’imprégna de l’influence pernicieuse, corruptrice, fausse et doctrinaire du gouvernement de la branche cadette. […] À examiner le principe du réalisme en lui-même, en le dégageant surtout des productions toujours irritantes du jour ou de l’année, on s’aperçoit de la nécessité de son existence. […] Courbet est loin d’être accepté aujourd’hui, il le sera certainement avant quelques années. […] Les progrès sont bien lents et nous avons peu marché depuis une trentaine d’années. […] Champfleury, et nous avons peu marché depuis une trentaine d’années. » — Qui, nous ?
J’ai vu depuis les ouvriers devant leurs métiers à coton, calmes, sérieux, silencieux, économisant leur effort, et persévérant tout le jour, toute l’année, toute la vie dans la même contention de corps et d’esprit régulière et monotone ; leur âme s’est conformée à leur climat. […] Cherchez maintenant dans les statistiques combien de lieues d’étoffes ils fabriquent chaque année, combien de millions de tonnes ils exportent et importent, combien de milliards ils produisent et consomment ; ajoutez-y les empires industriels ou commerciaux qu’ils ont fondés où qu’ils fondent en Amérique, en Chine, dans l’Inde, en Australie, et peut-être alors, en comptant les hommes et les valeurs, en calculant que leur capital est sept ou huit fois plus grand que celui de la France, que leur population a doublé depuis cinquante ans, que leurs colonies, partout où le climat est sain, deviennent de nouvelles Angleterre, vous atteindrez quelque idée bien sèche, bien imparfaite, d’une œuvre dont les yeux seuls peuvent mesurer la grandeur. […] Les plus grands seigneurs y mettent leur gloire ; quantité de gentlemen de campagne n’ont pas d’autre emploi ; le prince Albert, a près de Windsor, une ferme modèle, et cette ferme rapporte de l’argent ; il y a quelques années, les journaux annonçaient que la reine avait découvert un remède pour la maladie des dindonneaux.
Or MM. de Goncourt ont donné comme qui dirait la note la plus aiguë de la littérature contemporaine ; ils ont eu au plus haut point l’intelligence et l’amour de ce qu’ils ont appelé eux-mêmes la « modernité » ; ils ont enfin inventé une façon d’écrire, presque une langue, qu’on peut apprécier fort diversement, mais qui est curieuse, qui a eu des imitateurs et qui a marqué sa trace dans la littérature des vingt dernières années Mais peut-être est-il nécessaire, pour les bien goûter, d’avoir un esprit peu simple et en même temps d’être de ceux « pour qui le monde visible existe3 ». […] Après plusieurs années de vertu, elle est prise d’une rage d’amour ; elle se dépouille et s’endette pour un jeune polisson du faubourg qui l’exploite et la maltraite de mille façons et l’abandonne enfin. […] Et puisque MM. de Goncourt voulaient nous peindre une folie d’artiste, d’homme de lettres, ils auraient pu observer que le plus souvent ce qui les conduit à Charenton, ce n’est pas une aventure de cœur ou quelque trahison, même atroce, mais plutôt la vanité exaspérée, une soif de gloire ou de jouissances impossibles, et que la folie prend plus volontiers chez eux (on en a vu des exemples dans ces dernières années) la forme de la monomanie des grandeurs.
Tant d’années d’études comparées, d’entretiens, de consultations auprès de juges compétents, pour n’admettre dans son langage que des termes dont tout le monde fût d’accord, rappellent l’effort de Descartes n’admettant dans sa croyance que ce qui lui avait paru évident. […] A ceux qui prétendaient qu’il n’en subsisterait rien après vingt-cinq ans, il répondait par ces belles paroles : « Je ne demeure pas d’accord que l’utilité de ces remarques soit bornée sur un si petit espace de temps, non seulement parce qu’il n’y a nulle proportion entre ce qui change et ce qui demeure dans le cours de vingt-cinq ou trente années, le changement n’arrivant pas à la millième partie de ce qui demeure ; mais à cause que je pose des principes qui n’auront pas moins de durée que notre langue et notre empire. […] Le premier ouvrage dans lequel Arnauld tint la plume de Port-Royal est antérieur de plus de dix années aux Provinciales ; c’est le livre de la Fréquente Communion.
Les catholiques, après beaucoup de tâtonnements, ont fini par s’accorder sur un mot ; mais, lorsque les protestants ont commencé, il y a une trentaine d’années, à traduire la Bible en chinois, les difficultés se sont de nouveau présentées. […] Quelques heures données à la lecture d’un ouvrage moderne de médecine, de mathématiques, d’astronomie seront plus fructueuses pour la connaissance de ces sciences que des années de doctes recherches, consacrées aux médecins, aux mathématiciens, aux astronomes de l’Orient 101. […] La vraie noblesse n’est pas d’avoir un nom à soi, un génie à soi, c’est de participer à la race noble des fils de Dieu, c’est d’être soldat perdu dans l’année immense qui s’avance à la conquête du parfait.
Il avait soixante-deux ans quand le prophète de Nazareth était au plus haut degré de son activité, et il lui survécut au moins dix années. […] Un rapide travail de métamorphose s’opéra de même, dans les vingt ou trente années qui suivirent la mort de Jésus, et imposa à sa biographie les tours absolus d’une légende idéale. […] Quand on écrira l’histoire des écoles juives aux siècles qui ont précédé et suivi immédiatement la naissance du christianisme, on ne se fera aucun scrupule de prêter à Hillel, à Schammaï, à Gamaliel, les maximes que leur attribuent la Mischna et la Gemara, bien que ces grandes compilations aient été rédigées plusieurs centaines d’années après les docteurs dont il s’agit.
Ici les faits sont plus près de nous et mieux connus ; nous pouvons les suivre, Galilée en rompant avec Aristote est encore un « philosophe. » Il se vantait d’avoir consacré « plus d’années à la philosophie que de mois aux mathématiques » ; sa doctrine, au jugement de l’Inquisition, est déclarée « absurde en philosophie. » Pour Descartes, la philosophie est un « arbre dont la métaphysique est la racine et la physique le tronc. » Sa physique comme celle de Newton est exposée sous le titre de Principia philosophiae. […] Une science exacte et positive ne peut point se borner à des affirmations vagues ; elle doit prouver et vérifier ses assertions, c’est-à-dire peser les plus minutieux détails ; un chimiste ne craindra pas de consacrer plusieurs années à l’étude d’un seul corps simple et de ses composés, un zoologiste à celle de quelque humble infusoire que le microscope seul découvre. […] Je n’ignore pas que dans ces dernières années on a répété après Maine de Biran et Jouffroy « que l’âme se connaît, se saisit immédiatement. » Mais outre que ces psychologues ont dépensé vingt ou trente ans d’étude avant de découvrir cette connaissance immédiate (ce qui peut paraître assez surprenant), leur découverte ne semble pas nous avancer beaucoup ; car quand on a longtemps et scrupuleusement cherché ce que c’est que cette essence intime ainsi révélée, on n’arrive à trouver que les expressions vagues « d’activité absolue », « d’esprit pur en dehors du temps et de l’espace » : d’où l’on peut conclure que le plus net de notre connaissance consiste encore dans les phénomènes.
Aussi, plusieurs années se passèrent sans que je pensasse à recourir à ce moyen ; et ce premier germe de désir, déposé dans mon esprit par Sacountala elle-même, y demeura longtemps enseveli dans la plus profonde inaction. […] « Déjà mon texte était imprimé depuis plus d’une année, et les dernières feuilles de ma traduction étaient sous presse, lorsque, à la nouvelle de la publication des Chefs-d’œuvre du Théâtre indien, par le savant Wilson, je craignis qu’au moment de paraître, notre Sacountala ne fût éclipsée par de fâcheuses rivales, et que le soin que j’avais mis à faire ressortir ses charmes ne fût entièrement perdu. […] Ma fille, lorsqu’après avoir été pendant de longues années l’objet des soins de ton époux, qui ne seront partagés qu’entre toi et le gouvernement de son vaste empire, il remettra sa puissance au jeune héros que tu lui auras donné, tu reviendras alors avec lui achever de couler des jours tranquilles au sein de cette retraite, consacrée à la vertu.
Ce fameux Orateur étoit plein de raison, quoique né d’une mere qui en avoit été privée pendant plusieurs années. […] D’ailleurs le livre du Pere Houdry renferme vingt-deux gros volumes in-4°., & il y a bien peu de gens, sur-tout parmi les Curés de la campagne, qui soient en état de se le procurer ; cela emporteroit une année du revenu de leur Cure. […] L’un des deux consume deux années entieres à combattre pour elle, à la secourir, à la faire triompher.”
Les autres poètes de ces vingt dernières années tiennent, au moins par leurs débuts, à l’école parnassienne, qui se rattache elle-même au romantisme. […] Un instant de joie compense des années de souffrance. […] Certaines pages portent la trace directe de l’année terrible. […] Tenons-nous en aux cent dernières années. […] Dans ces dernières années, le conte, assez longtemps négligé, a eu comme une renaissance.
Tel fut Eugène ; il mérita d’être compté au nombre des premiers disciples du maître dont il embrassa la foi, et maintenant il reçoit au milieu de nous la récompense de ses mérites. » Eugène fut un théologien du premier ordre ; né dans la religion juive, il ne passa point ses premières années au milieu de cette indifférence convenue et de cette tiédeur morale qui est la plaie de tant de familles chrétiennes.
Elle parut en janvier 1688, avant les Parallèles de Perrault, dont le 1er vol. est de la fin de l’année.
Cependant les luttes mesquines de ces tristes années ont développé l’énergie d’André, lui ont donné le goût de l’action.
Il mourra l’année suivante (1887), d’une maladie de poitrine, à l’âge de vingt-sept ans.
La lettre du 15 novembre, en réponse, est ironique dans quelques expressions, sévère dans d’autres ; mais elle tend surtout au but que se proposait madame Scarron : c’était de faire croire que l’année qu’elle allait passer dans une solitude forcée, avec les enfants dont il fallait cacher l’existence, serait consacrée à une retraite pieuse et à une réforme dirigée par un savant théologien.
Nous ne savons pas même sur lequel de nos yeux tombe une image, jusqu’à ce que nous ayons appris à discerner la sensation locale propre à chaque œil ; aussi peut-on, depuis des années, être aveugle d’un œil et ne pas le savoir.
On joua celle de Racine sur le théâtre de l’hôtel de Bourgogne, le premier janvier de l’année 1677.
Quand on songe que Moïse est le plus ancien historien du monde ; quand on remarque qu’il n’a mêlé aucune fable à ses récits ; quand on le considère comme le libérateur d’un grand peuple, comme l’auteur d’une des plus belles législations connues, et comme l’écrivain le plus sublime qui ait jamais existé ; lorsqu’on le voit flotter dans son berceau sur le Nil, se cacher ensuite dans les déserts pendant plusieurs années, puis revenir pour entrouvrir la mer, faire couler les sources du rocher, s’entretenir avec Dieu dans la nue, et disparaître enfin sur le sommet d’une montagne, on entre dans un grand étonnement.
L’un monte d’un dégré toutes les années tandis que l’autre descend d’un dégré, et ces artisans se trouvent enfin placez à une telle distance, que le public désabusé s’étonne de les avoir vûs à côté l’un de l’autre.
Je me souviens d’en avoir lu il y a quelques années de françaises, faites par un Italien de beaucoup d’esprit ; les idées en étaient nobles, la poésie facile, correcte, et pourtant mauvaise.
vous rappelez-vous ce clown anglais qui jouait la pantomime au Cirque, il y a seulement quelques années ?
Jamais renseignement plus formidable ne fut donné sur une société raisonnable et rhythmée autrefois, mais où, en ces dernières années, tant de bons sens ont fait la culbute.
On la loua aux approches de la nuit, parce que son obscurité et son silence inspiraient l’effroi ; on la loua de même au renouvellement de l’année, au commencement des saisons, à chaque nouvelle lune.
qu’il surpasse le nombre de ses années !
Nous citerons encore un autre ouvrage dans le même genre, et d’autant plus curieux, qu’il est peut-être le premier panégyrique chrétien qui ait été fait, ou du moins qu’on ait transmis jusqu’à nous : il est écrit en grec, et fut prononcé dans Constantinople pour la trentième année du règne de Constantin.
Ce respect du foyer domestique était commun aux barbares du moyen âge, puisque même au temps de Boccace, qui nous l’atteste dans sa Généalogie des dieux, c’était l’usage à Florence, qu’au commencement de chaque année, le père de famille assis à son foyer près d’un tronc d’arbre auquel il mettait le feu, jetait de l’encens et versait du vin dans la flamme ; usage encore observé, par le bas peuple de Naples, le soir de la vigile de Noël.
Isabelle, il y a quelques années, allait s’enfuir du château, se faisant enlever par son amant le vicomte de Gonfreville. […] Au surplus, on a tellement insisté en ces dernières années sur la nécessité des disciplines, qu’il n’est pas mauvais que la thèse contraire garde quelques défenseurs. […] L’homme de lettres est généralement imprévoyant, mauvais administrateur de ses deniers, et d’ailleurs sujet à d’étranges vicissitudes : il peut gagner une fois cent mille francs, ou davantage, et dix-huit cents francs l’année suivante. […] Celui qui a été longtemps pour Gide « un maître, un frère, un ami », et qui durant plus de cinq années a pour ce protestant remplacé la Bible, comment ne serait-il pas un grand écrivain ? […] Il ne fallait à Jean-Jacques que cent cinquante pages pour nous mener à son installation définitive chez Mme de Warens et à sa vingtième année, bien que les dix-neuf précédentes fussent très chargées d’événements.
En l’année 17.., le goût français, semblable au rat de la fable, sortant pour la première fois de son trou, eut la fantaisie de voyager, de voir la nature, les villes, les mœurs des hommes, le monde enfin. […] Les salons de l’hôtel de Rambouillet ouverts l’année de la mort d’Henri IV, fermés avant la composition et la représentation des Précieuses ridicules 427, nous montrent et la perfection primitive et les premiers symptômes de la décadence qui l’a suivie. […] À une trentaine d’années de l’époque où parut cette satire amère et terrible, on se trouve dans le milieu précis pour lequel elle paraît faite à l’avance ; la France était devenue la maison d’Orgon439. […] En l’année 1667441, commence un fait important dans l’histoire du dix-septième siècle, curieux pour celle du théâtre de Molière, la passion de Louis XIV pour madame de Montespan. […] Elle me dit qu’elle louait Dieu de ce qu’il ne s’était trouvé chez elle que ses femmes, parce que, s’il y eût eu hommes, elle l’aurait fait jeter par les fenêtres ; qu’elle avait été obligée d’en avertir le Roi, qui le faisait chercher pour l’envoyer en prison442. » Au commencement de l’année suivante, Molière représentait Amphitryon.
Depuis quelques années cet état d’esprit dominait. […] La douleur surtout frappe à mesure des années à toutes les portes du sentiment, les ouvre sur des régions nouvelles de l’âme, amplifie l’horizon moral. […] Il est deux âges où les tissus se transforment, où l’être se bouleverse pour une refonte complète : la vingtième et la cinquantième année marquent nos stades les plus graves. […] Les premières études, les années de collège et à l’Académie de M. de Pluvinel, la vocation et les travaux ecclésiastiques, tout est raconté avec une intimité charmante. […] Ici, en effet, se trouve analysée d’une manière vraiment admirable la force sentimentale et sensuelle de ce conquérant qui, depuis quelques années, reconquiert à nouveau les esprits.
Ils ne vendent point de volume isolé, mais seulement la collection d’une année, et encore à un petit nombre d’exemplaires. […] L’année suivante, Joseph, pour mieux propager sa doctrine, fonda un journal, et publia Le Livre des révélations. […] Les sauterelles et la sécheresse détruisaient ou menaçaient presque chaque année la moisson. […] Rien n’est plus utile à l’histoire que de grandes opérations exécutées sur des milliers d’hommes, pendant de longues années, sous nos yeux, en des circonstances précises et connues. […] Pendant ce temps, la vie humaine oscille, selon le degré de vice et de vertu des hommes, entre dix années et quatre-vingt mille années.
Arrive Bruant, quinze années plus tard. […] Des années passèrent ainsi. […] si je pouvais compter sur quelques années de bonne santé ! […] Est-ce qu’il prendra les rênes avec la fierté vigoureuse des jeunes années ? […] Je pourrais écrire l’histoire anecdotique du mouvement littéraire de ces dernières années et j’aurais à relever des mots épiques.
Quant à lui, dès cette vie, il veut réaliser son rêve : il fera du passé un éternel présent par la force du souvenir, et il se déclare prêt à dire à la bien-aimée dont les cheveux auraient blanchi, dont les yeux se seraient ternis sous les années : Je vous chéris toujours. . . . . . […] Voilà ce que j’ai vu par-delà les années, Moi, Skulda, dont la main grave les destinées, Et ma parole est vraie ! […] Savons-nous, quand le soir, rêveurs, nous admirons Le Zodiaque immense en marche sur nos fronts, Combien dans la nature, Isis au triple voile, La lumière survit à la mort d’une étoile, Et si cet astre d’or, dont le rayonnement A travers l’infini nous parvient seulement Et décore le ciel des nuits illuminées, N’est pas éteint déjà depuis bien des années ?
Parmi toutes ces horreurs et dans l’universelle détresse, pour chanter « les dames » ou le retour du printemps : L’année a quitté son manteau De vent, de froidure et de pluie, il y faut toute l’insouciance ou toute la légèreté de Charles d’Orléans. Et quand enfin, dans les dernières années du règne de Charles VII, ou sous Louis XI, la paix et la tranquillité renaissent, une ou deux exceptions n’empêchent pas je ne sais quelle lourdeur flamande ou bourguignonne de tout envahir, dans la littérature comme dans l’art, — voyez plutôt à Dijon le tombeau des ducs de Bourgogne, — et de tout écraser de son poids, que n’allège pas, qu’alourdirait plutôt l’étalage de la richesse. […] 2º L’Homme et l’Écrivain. — Le favori du Téméraire et le conseiller de Louis XI. — Ses nombreuses missions et son rôle politique. — Sa disgrâce, 1486. — Il reparaît à la cour, 1492. — Sa retraite, 1498. — Ses tentatives pour rentrer en grâce auprès de Louis XII ; — Ses dernières années, 1505-1510 ; — Et sa mort.
Quand nous lisions les livres qui commencèrent sa renommée, pouvions-nous prévoir qu’en quelques années il atteindrait un tel résultat ? […] Il a cru que la Démocratie française se composait de quelques nobles jeunes gens, innocents à force de jeunesse, et d’une poignée de dévoyés de l’Ordre et de la Famille, étudiants de quinzième année, réfugiés politiques, cherchant le grain de la révolte n’importe où il tombe, le tout orné d’une guirlande fanée de bas-bleus, bons à mettre aux Incurables de l’Adultère et aux Impossibles de la Maternité. […] Est-ce que, sans remonter les cent cinquante dernières années et en restant parmi les contemporains que nous avons coudoyés, Mezzofante, Ventura, Lacordaire4, Gratry, Balmès, Rorbacher, ne répondent pas, comme un tonnerre, à M.
De même pour tout ce qui caractérise en beau le talent du poète avec lequel le traducteur a vécu si intimement pendant tant d’années, nous le trouvons affirmé avec une imposante certitude ; « Poe avait, — nous dit Baudelaire avec des mots qui entrent dans la pensée et n’en doivent plus sortir, tant ils la pénètrent ! […] Victor Hugo, traître à cet art pour l’art qui ne fut jamais pour lui qu’une religion de préface, et qui, en vieillissant, a livré sa Muse à de bien autres préoccupations ; Victor Hugo, même aux plus chaudes années de sa jeunesse, est bien tiède et bien transi dans son amour fanfaron de la forme et de la beauté, en comparaison d’Edgar Poe, de ce poète et de cet inventeur qui a la frénésie patiente, quand il s’agit de donner à son œuvre le fini… qui est son seul infini, hélas ! […] Edgar Poe est arrivé, en quelques années, à cette renommée posthume qui venge de la vie… Cet écrivain, d’une originalité si sombrement étrange et si cruelle, a mordu avec une telle force sur l’imagination contemporaine, blasée de tout et devenue impuissante, qu’elle en est actuellement timbrée dans les deux sens du mot, et qu’on retrouve sur elle, plus ou moins appuyée, l’empreinte de ce cachet de Poe, sinistre et funèbre.
Tout passe sous nos yeux tour à tour et dans une célérité mouvante ; tout parle, tout vit, tout tranche nettement ; les descriptions abondent ; les portraits tirés à bout portant sont publiés, l’année d’après, sans ménagement, sans cérémonie ni prenez-y-garde : M. […] Ce tableau aurait eu une moindre portée, sans doute, et eût donné une moindre idée de son auteur que le savant ouvrage composé que nous possédons ; mais il n’eût pas été, je le crois, moins instructif ; il l’eût peut-être été davantage. — La première partie de l’ouvrage, pleine de réflexions applicables à notre société, et de vues réversibles sur notre Europe et notre France, réussit complètement et mérita son succès : l’auteur, en le continuant, poussa trop loin sa méthode et l’épuisa, ainsi que son sujet, dans la seconde partie qui parut quelques années après et qui ne répondit pas en intérêt à la première87.
Les années et le travail des hommes apportent (ne fût-ce que lentement) leurs modifications incessantes et leurs résultats. […] J’avais déjà assisté deux ou trois années auparavant à quelque chose de semblable, au mois de septembre, dans les environs de Lucques.
… Dans une pièce de vers qui obtint, il y a peu d’années, le prix à l’académie de Lausanne, je trouve ces beaux traits de nature ; il s’agit d’un voyageur : Il voit de là les monts neigeux Et les hauts vallons nuageux : Puis il entend les cornemuses Des chevriers libres et fiers, Perdus dans la pâleur des airs Par-dessus les plaines confuses ; et cette autre gracieuse peinture des ébats auxquels se plaisent les nains et les sylphes de la montagne : Sur les bords de l’eau claire, à l’ombre des mélèzes. […] Sa prudence consciencieuse, sa doctrine, toujours éclairée de charité, lui attirèrent, jeune, la considération qui, avec les années, est devenue autour de lui une révérence universelle.
Rouland soit présent pour dire devant lui que, malgré les bonnes intentions qu’il a manifestées l’année dernière, à l’occasion d’une pétition relative aux protestants, malgré toutes ses bonnes dispositions, il restera toujours dans sa conscience le remords d’avoir fait une certaine nomination qui a produit un grand scandale ! […] Géruzez le grand prix de la fondation Gobert pour cette année-là.
Honte à moi cependant si, durant le cours de deux épouvantables années, si pendant le règne de la terreur en France, j’avais été capable d’un tel travail ; si j’avais pu concevoir un plan, prévoir un résultat à l’effroyable mélange de toutes les atrocités humaines. La génération qui nous suivra examinera peut-être aussi la cause et l’influence de ces deux années ; mais nous, les contemporains, les compatriotes des victimes immolées dans ces jours de sang, avons-nous pu conserver alors le don de généraliser les idées, de méditer des abstractions, de nous séparer un moment de nos impressions pour les analyser ?
Pendant des années, le gouvernement parlera au peuple comme à un berger de Gessner. […] Dès la première année, Grégoire dira à la tribune de l’Assemblée constituante : « Nous pourrions, si nous le voulions, changer la religion, mais nous ne le voulons pas. » Un peu plus tard, on le voudra, on le fera, on établira celle d’Holbach, puis celle de Rousseau, et l’on osera bien davantage.
Un autre avait lu, peu de temps avant de tomber malade, la relation d’un voyage dans l’Himalaya ; et c’est sur ce sujet que roulait principalement son délire. » — Les circonstances12 les plus effacées de nos premières années, les incidents les moins remarqués et les plus insignifiants de notre vie ressuscitent parfois avec cette hypertrophie monstrueuse. « J’ai passé mes premières années à Meaux, dit M.
Nous avons vu il y a quelques années, en France et en Angleterre, une illusion aussi généreuse s’emparer de tous les esprits pour ressusciter la Grèce, qui ne pouvait être ressuscitée, car on ne ressuscite pas les nations ; mais on l’espérait, l’espérance fut du fanatisme. […] Ce qui nous console dans ce grand deuil général, ce sont ses enfants, si éminemment dignes de leur père, et Pierre, l’un d’eux, leur aîné, qui, à peine dans sa vingt et unième année, soutient le poids des affaires de toute la république avec une gravité, une sagesse et une autorité telles, qu’il fait croire à une vie nouvelle du père dans son fils.
Qui donc, avant ces dix années l’a découvert en France33 ? […] Nous avons été artificiels durant tant d’années que nous trouvons quelque peine à redevenir naturels, à nous unir de nouveau avec l’âme populaire, demeurée elle-même malgré nous.
Les folies communistes sont donc la conséquence du honteux hédonisme des dernières années. […] Je préférerais pour ma part le siècle de Louis XIV, bien qu’il soit très antipathique à mon goût individuel et que je regarde comme assez niais l’engouement dont on s’était pris pour ce temps dans les dernières années de l’Ancien Régime ; je le préférerais, dis-je, à un état parfaitement régulier, où tous les intérêts seraient assurés, toutes les libertés respectées, où chacun vivrait à son aise, ne créant rien, ne fondant rien, ne produisant rien.
Mépriser une opinion qui sera bien sévère, traverser de longues années d’une vie pénible pour arriver à un but incertain, était déjà beaucoup, mais ne suffisait pas. […] Et puis il faudrait pour y arriver faire des années de ce que j’appelle littérature écolière, vers latins, discours de rhétorique, etc. jugez quel supplice !
Jusque dans les premières années du seizième siècle, la conscience des rois, des princes, des hommes politiques est d’une souplesse infinie. […] Ainsi, pour peu qu’on suive dans sa marche ce qu’on a nommé de nos jours « le mal du siècle », cette espèce de petite vérole noire qui a sévi durant bon nombre d’années, on voit, pour ainsi dire, la contagion passer de certains écrivains fameux à leurs lecteurs ; on voit le suicide parfois, plus souvent l’aveulissement de la volonté dériver des œuvres pessimistes et déprimantes composées par les hommes de talent qui furent atteints de cette maladie.
Année 1859 2 janvier 1859 J’ai pour mes étrennes la dernière épreuve de la seconde édition de l’Histoire de Marie-Antoinette. […] » blague même outrageusement le sentiment filial, et cependant il a envoyé à sa mère la moitié du peu qu’il a gagné cette année ; et à la malédiction qu’elle vient de lui adresser pour n’être pas allé la voir à Saint-Germain, juste le premier jour de l’an, il a répondu par ce mot : « Je n’ai pas pu parce que… et je t’affranchis ma lettre, ce qui me prive toute la journée de fumer. » 27 janvier Ce matin, Scholl me disait un joli mot sur Barrière : « Oui, oui, il a du talent, mais il ne sait pas se le faire pardonner !
Année 1861 Janvier 1861 Un livre qui n’est ni d’un artiste ni d’un penseur, n’est rien. […] « C’est très bien, votre livre, lui avait dit Jacottet, c’est ciselé… mais vous ne pouvez pas, n’est-ce pas, aspirer au succès d’Amédée Achard, dont je publie deux volumes, et je ne puis m’engager à vous faire paraître cette année. — « C’est ciselé, rugit Flaubert.
& années suivantes en douze vol. […] Le seul Dom Pedro Calderon de la Barca a imprimé neuf volumes de Comédies, & six de ses Drames saints que l’on représente en certains tems de l’année, & particuliérement à la Fête-Dieu.
Nous n’aurons plus à nous plaindre du silence prudent des Conrarts ; et l’on ne verra plus la muse des Chapelains, enceinte d’une espérance d’épopée que pensionne un grand seigneur, prolonger pendant vingt années sa fructueuse promesse. […] Une fabrique renommée a devant elle, si elle le veut, dix bonnes années de pacotille.
Mais cette propriété s’affaiblit à la longue : de même qu’une mauvaise écriture est illisible pour son auteur au bout de quelques années, de même une formule inexacte ne garde pas longtemps le dépôt qui lui a été confié. […] Tels sont les enfants ; tels sont en général les ignorants ; et le plus grand savant, en face d’un problème nouveau, est momentanément un ignorant ; il tâtonne, il cherche, il reste quelquefois des années entières sans trouver la vraie formule de sa pensée ; parfois il y renonce.
Il y a là, se succédant les unes aux autres, des trillions d’oscillations, c’est-à-dire une série d’événements telle que si je voulais les compter, même avec la plus grande économie de temps possible, j’y mettrais des milliers d’années. […] Quelques années après, on inventait l’analyse spectrale, et nous savons aujourd’hui, mieux que si nous y étions allés, de quoi sont faites les étoiles.
Après bien des années, ils durent naturellement se lasser de leur condition, et se révolter contre les héros. […] Les dix ans du siège de Troie célébrés chez les Grecs, répondent, chez les Latins, aux dix ans du siège de Véies ; c’est un nombre fini pour le nombre infini des années antérieures, pendant lesquelles les cités avaient exercé entre elles de continuelles hostilités77 78.
L’Académie française, dans le désir d’exciter les fortes études de lettres et la hardiesse sévère du goût, avait proposé, il y a quelques années, un prix extraordinaire pour la meilleure traduction en prose ou en vers de Pindare. […] Ainsi tous les hommes commencent par les mêmes infirmités : dans le progrès de leur âge, leurs années se poussent les unes les autres, comme les flots ; leur vie roule et descend sans cesse à la mort par sa pesanteur naturelle ; et enfin, après avoir fait comme des fleuves un peu plus de bruit, et traversé un peu plus de pays les uns que les autres, ils vont tous se confondre dans ce gouffre infini du néant, où on ne trouve plus ni rois, ni princes, ni capitaines, ni tous ces noms qui nous séparent les uns des autres, mais la corruption et les vers, la cendre et la pourriture qui nous égalent. » C’est ainsi, c’est avec un semblable regard mélancolique et vaste, que souvent, à l’occasion d’une prouesse vulgaire et d’un nom sans souvenir, le poëte thébain suscite une émotion profonde par quelque leçon sévère sur la faiblesse de l’homme et les jeux accablants du sort.
Mais l’ode était partout ; elle éclatait, à chaque nom célèbre couronné dans les jeux guerriers de la Grèce ; elle allait du continent aux îles, de Corinthe à Rhodes, de Syracuse à Lesbos : et, quand elle était tenue haute par le génie du poëte, en tout lieu retentissante, elle excitait sans cesse cette ardeur des âmes, cet amour de la vertu et de la gloire, cet enthousiasme de l’imagination, que deux fois dans l’année seulement, aux fêtes de Bacchus et de Minerve, le théâtre d’Athènes secouait sur la Grèce. […] « Quelle sera125 la dernière de ces laborieuses années qui m’apportent sans cesse la malédiction des combats, sous cette Troie aux larges portes, fatale honte des Hellènes ?
La Motte, vieillard précoce, et frileux comme les vieillards (« aprici senes »), était de l’avis du grand Frédéric, qui disait : « J’ai manqué ma vocation, j’aurais dû naître espalier. » Ses infirmités, qui augmentèrent dans les dernières années, étaient déjà bien sensibles quand l’abbé de Pons le connut.
Et je me demandais (toujours dans mon songe), par un retour sur nos époques paisibles et sûres d’elles-mêmes, si de telles vicissitudes étaient à jamais loin de nous ; si, en accordant un laps suffisant d’années, les révolutions inévitables des mœurs et du goût, sans parler des autres chances plus funestes, n’infligeraient pas aux littératures modernes quelque chose au fond de plus semblable qu’on n’ose de près se l’imaginer.
L’auteur, qui avait eu l’occasion de voir continuellement Louis XV dans ses chasses, parle de ce roi d’un ton de vérité plutôt bienveillante ; mais il insiste autant que personne sur sa timidité, sa défiance de lui-même, son impuissance totale de s’appliquer, et cette inertie, cette apathie incurable, qui ne fit que croître avec les années. » La Nouvelle lettre de Junius, publiée en 1872 chez Michel Lévy, fait penser (notamment page 10) à cet écrit posthume de Georges Leroy.
Dites que cette littérature est ignorante, sans critique, se jetant à l’étourdie à travers tout, pleine de méprises, de quiproquo et de bévues que personne ne relève, ne prenant les choses et les hommes graves du passé que dans un caprice du moment, s’en faisant une contenance, un trait de couleur, un sujet de charmante et folle fantaisie ; et quand il s’agit d’être érudite, l’étant d’une érudition d’hier, toute de parade, soufflée et flatueuse ; et voilà qu’on peut vous nommer, même dans les jeunes, des esprits patients, analytiques, circonspects, en quête de l’antique et lointaine érudition, de celle à laquelle on n’arrive qu’à travers les langues, les années et les préparations silencieuses d’un régime de Port-Royal.
En la même année, afin que cette dent d’or ne manquât pas d’historiens, Rullandus en écrivit encore l’histoire.
. — Année littéraire, M.
(Pièces séparées ; celles des dernières années, non imprimées.)
Des années d’étude l’exilèrent à Bruxelles et à Gand jusqu’en 1877.
Vous savez ce qu’était l’homme sur la Terre, il y a quelques milliers d’années, et ce qu’il est aujourd’hui.
Et c’est le crépuscule automnal des années Que, d’un encens trop vain, fait resplendir encor La mémoration des corolles fanées.
Voir surtout le traité Schabbath de la Mischna, et le Livre des Jubilés (traduit de l’éthiopien dans les Jahrbücher d’Ewald, années 2 et 3), c.
Il s’amusait à traduire en français l’Anti-Lucrèce du cardinal de Polignac, pendant la dernière année du règne de Louis XIV.
En lisant ces vers, si magnifiques au dire de Saint-Simon, le Régent, si indifférent d’ordinaire, retrouva et versa des larmes, et plus tard Fréron, l’âpre critique, moins explicite que Saint-Simon, parla lui-même, dans son Année littéraire, de cette poésie avec respect !
Après avoir tâté l’opinion sur son ami Carrel, il l’a prudemment remise, cette édition, dans sa poche… Chose mélancolique, d’ailleurs, qu’après quelques années, en se retournant, on s’aperçoive que ce qu’on Croyait du talent n’était que de l’influence, et l’influence, de l’illusion !
Voici qui va cruellement dégriser ceux qui ont gardé l’illusion que Madame Sand a produite trente années sur ses contemporains, étonnés et ravis !
Qui se serait attendu à cela, il y a seulement quelques années ?
Avec une telle manière de sentir et de concevoir la beauté poétique, l’auteur du Couvre-feu, qui, nous devons en convenir, a, pendant ces dix dernières années, accompli un rude travail de lime sur lui-même, a eu beau se polir, se dépouiller, s’élever, — et qui s’élève se simplifie !
Parti non le premier, ni même le second des Coureurs Olympiques du temps, il est arrivé aujourd’hui, montrant plus que ce maigre volume de poésies qui a suivi au bout de tant d’années les Contes d’Espagne et d’Italie (cette éblouissante promesse d’une jeunesse, trahie par la virilité), et n’ayant jamais eu dans sa vie de Contemplations !
Louis Bouilhet est un des plus tard venus dans la poésie de ces dernières années ; mais, si tard qu’il soit arrivé, il a bien fait de venir, puisqu’il a réussi.
I Quand, il y a quelques années, parurent les premières poésies de M.
Le capitaine subit depuis des années, avec une sombre résignation, la tyrannie de ces trois créatures, instinctivement liguées contre lui. […] On a dit, — et je l’ai rappelé en commençant, — que c’était déjà de l’Ibsen, et cela plusieurs années avant les œuvres vraiment originales du dramaturge de Bergen. […] Alfred Capus, romancier, est l’auteur de Qui perd gagne, un récit délicieusement ironique, de Faux départ et d’Années d’aventure. […] Et elle a totalement dévoré, en quelques années, la fortune de son mari. […] J’en ai été vivement frappé, il y a quelques années, en écoutant je ne sais quel drame militaire d’Erckmann-Chatrian.
Savez-vous ce que, chaque année, Charpentier tire des vers de Théophile Gautier ? […] Quant à la technique, malgré les manœuvres d’arrière-garde des vieux grognards parnassiens, elle atteint d’année en année la logique liberté. […] Cependant son sens critique, son inquiète activité, et — disons le mot — son indécision, aussi le portèrent à exagérer, avec sa forme, ses tendances ; et le poète étrange qu’il était, transparent dans ses mots, trouble dans son concept, avec des enveloppements et des dérobements d’idées, sorte de beau ténébreux élégiaque, céda le pas au journaliste, au fureteur d’actualités au chroniqueur d’émotions furtives ; et c’est ainsi que, vainement, nous attendons, chaque année, le volume de vers de ce poète, vraiment poète, sinon dans la réalisation, du moins, dans le vouloir. […] De sorte que l’école parnassienne, issue du procédé, meurt par le procédé… L’évolution parnassienne est terminée ; elle n’a donné aucun jeune poète de valeur depuis une dizaine d’années.
Car vous ne verrez jamais un homme de cette élite, ayant acquis par toute une jeunesse d’étude et de travail, la science du passé, s’étant orné dans les universités, s’étant construit une certitude vers la vingt-cinquième année, vous ne verrez jamais un tel homme rejeter son savoir, renier ses croyances anciennes, pour accepter une foi naissante, se détruire suffisamment pour laisser brûler son âme aux lyriques flammes de l’apostolat. […] Ce n’est pas un de ces sages des temps antiques qui vit retiré du monde, menant une existence quelque peu égoïste dans la contemplation des choses métaphysiques, boudant la vie, souriant de la turbulence des hommes, jouissant de son savoir dans la compagnie de quelques familiers, et, ce me semble, sacrifiant déjà au culte du Moi, des milliers d’années avant qu’un rhéteur de notre connaissance en eût réglé les rites. […] ) « Qu’un roman puisse à la rigueur se passer d’aventures et d’intrigue de composition et de style, de grammaire et d’esprit, on le conçoit encore, écrivait, il y a une dizaine d’années^ M. […] N’avez-vous pas eu, en l’espace de quelques années seulement, de merveilleuses occasions de montrer, soit en faveur d’une race, soit en faveur d’une nation, soit en faveur d’un groupe important d’êtres humains, l’amour idéal de la justice qui brûle en votre cœur et que vous avez réservé pour la défense de Dreyfus ?
Que ce procédé continue d’agir pendant des millions de millions d’années, et chaque année sur des millions d’individus de toutes sortes, est-il donc impossible de croire qu’un instrument d’optique vivant puisse se former ainsi jusqu’à acquérir sur ceux que nous construisons en verre toute la supériorité que les œuvres du Créateur ont généralement sur les œuvres, de l’homme ? […] Si la plante cessait de produire des fleurs normales, et l’on a observé ce phénomène pendant plusieurs années sur un spécimen d’Aspicarpa importé en France, une transition soudaine et importante se trouverait ainsi effectuée dans la nature de la plante. […] Si, enfin, nous regardons comme admirable l’ingénieux mécanisme au moyen duquel les fleurs des Orchis et de beaucoup d’autres plantes sont fécondées par l’intermédiaire des insectes, pouvons-nous considérer comme une combinaison ingénieuse et également parfaite, que nos Sapins élaborent chaque année des nuages de pollen inutile, pour que seulement quelques-uns de leurs granules soient emportés au hasard de la brise sur les ovules qu’ils fécondent ?
) Polyeucte, de Racine… Bon… Ce pauvre commissaire royal, il y va absolument comme une oie qui abat des corneilles. » L’anecdote, continue Satan, remonte aux premières années du commissariat, époque à laquelle M. […] Buloz a raison sur un point : cette année, j’ai fait 36 volumes, dont je tiens les manuscrits, la disposition de M. […] Cette année et demie, à trente-six volumes par an, eût produit cinquante-quatre volumes, qui, à 4 000 fr. l’un, donneraient 216 000 fr. […] Or, en travaillant pour le Théâtre-Français pendant un an et demi, et en gagnant pendant cette année et demie 79 000 fr.
Mais le sir Ralph de la quatrième partie ne ressemble plus à celui-ci, que nous croyons apprécier et comprendre ; le sir Ralph qui démasque, après des années de silence, son amour pour Indiana épuisée, qui prête à cet amour le langage fortuné des amants adolescents et des plus harmonieux poètes, le sir Ralph dont la langue se délie, dont l’enveloppe se subtilise et s’illumine ; le sir Ralph de la traversée, celui de la cataracte, celui de la chaumière de Bernica, peut bien être le sir Ralph de notre connaissance, transporté et comme transfiguré dans une existence supérieure à l’homme, de même que l’Indiana, de plus en plus fraîche et rajeunie, à mesure qu’on avance, peut bien être notre Indiana retournée parmi les anges ; mais à coup sûr ce ne sont pas les mêmes et identiques personnages humains, tels qu’on peut les rencontrer sur cette terre, après ce qu’ils ont souffert et dévoré.
Je ne suis pas un si fervent adorateur de Théocrite que l’était Huet, qui nous apprend lui-même que, dans sa jeunesse, chaque année au printemps, il relisait le poëte de Sicile ; j’ai pourtant fait plus d’une fois le charmant pèlerinage, et chaque fois, après avoir admiré la vivacité spirituelle et ingénue des personnages, la grâce piquante et naïve du dialogue, la vérité des peintures, je me suis préoccupé de la construction du vers, de ces ressorts cachés que le poëte met en jeu pour produire plusieurs de ses effets. » Le résultat de ces observations multipliées et patientes, c’est que le dactyle peut s’appeler l’âme de la poésie bucolique , et que, sans parler du cinquième pied où il est de rigueur, les deux autres places qu’il affectionne dans le vers pastoral sont le troisième pied et le quatrième, avec cette circonstance que le dactyle du quatrième pied termine ordinairement un mot, comme pour être plus saillant et pour mieux détacher sa cadence.
Voici le texte de ce qui a été dit à ce sujet, par l’école de Saint-Simon, dans le volume d’exposition qu’elle a publié cette année : « La loi du développement de l’humanité, révélée au génie de Saint-Simon et vérifiée par lui sur une longue série historique, nous montre deux états distincts et alternatifs : l’un, que nous appelons état organique, où tous les faits de l’activité humaine sont classés, prévus, ordonnés par une théorie générale, où le but de l’action sociale est nettement défini ; l’autre, que nous nommons état critique, où toute communion de pensée, toute action d’ensemble, toute coordination a cessé, et où la société ne présente plus qu’une agglomération d’individus isolés et luttant les uns contre les autres. » (Vol.
W. de Schlegel, cet illustre critique, a toujours été assez injuste, et, malgré les années qu’il a vécu ici, toujours assez mal informé à notre égard.
La théologie absorbe entièrement les années mêmes de la révolution.
Une année de la vie la moins accidentée, si on la suivait comme des naturalistes ont étudié une espèce de chenille ou une variété de fourmi, jour par jour et comme minute par minute, nous en dirait long sur l’homme.
L’année 1535, ici encore, fut décisive.
Mais que Prétextat se range sans hésiter à cette casuistique de sauvage, nous ne le pourrions admettre que si ce saint évêque nous avait été présenté comme un homme d’une intelligence affaiblie par les années et touché, comme dit l’autre, du vent de l’imbécillité. » Et je crois vraiment l’avoir démontré ; du moins y ai-je apporté tout le soin et tout le sérieux dont je suis capable.
. — Une année à Florence (1840)
Henri Albert La Gardienne : En un décor de rêve, par un soir d’automne, dans une contrée septentrionale, tandis qu’à l’horizon vaporeux planent des nuées de tristesse et que le paysage tout entier s’enveloppe de silence et de grisaille, le Maître sort de la forêt mélancolique et s’approche, le front bas, de l’antique manoir de ses jeunes années.
Nous venons d’indiquer ce que la comédie soutenue ajoute aux types ordinaires de la comédie de l’art telle qu’on la jouait dans les premières années du xviie siècle.
Et pourtant tout le sérieux de la vie s’use autour de l’acquisition de la richesse, et on ne regarde le plaisir que comme un délassement pour les moments perdus et les années inutiles.
Comme exemple de la folie humaine, Jésus aimait à citer le cas d’un homme qui, après avoir élargi ses greniers et s’être amassé du bien pour de longues années, mourut avant d’en avoir joui 492 !
Depuis quelques années, il est du bon ton, dans la Littérature, de déprimer un Poëte qui a rendu les plus grands services aux Lettres, au goût, à la langue, & aux mœurs ; un Poëte estimé par excellence chez toutes les nations de l’Europe, & nommé par distinction le Poëte François.
. — On sent que la royauté absolue a passé pendant de longues années sur ces nobles têtes, courbant l’une, brisant l’autre.
Je n’ai garde cependant de préconiser le Latin, au point de croire ridiculement qu’il faille donner à cette langue les plus belles années de sa vie, y être consommé pour se mettre en état d’écrire en François.
Cet ouvrage, le fruit de tant d’années de leçons données à la jeunesse, & que l’auteur, selon ses enthousiastes, a composé comme César nous a laissé ses mémoires ; cet ouvrage, qui est un livre du métier, & dans lequel la marche qu’il faut tenir durant le cours des études paroît sûre, a été singulièrement vanté, de même que tous les autres ouvrages de Rollin.
Voilà le timbre des dernières années !
Écœurant travail, qui dure souvent des années… Des hommes à idées et à convictions fortes, des hommes comme Donoso Cortès et Raczynski, ces nobles forçats du devoir monarchique, ont traîné pendant dix ans ce boulet creux de la diplomatie, plus cruel par son vide que par sa pesanteur, et qui fit saigner leur courage.
Ils y ont pris position il y a quelques années.
Ils y ont pris position il y a quelques années.
Nous n’avons pas lu son livre dans sa langue, mais dans la traduction élégante et pure que Porchat nous en a donnée, et même dans cette traduction écrite avec soin, nous n’avons jamais vu, sur un sujet plus opulent et plus ample, livre plus pauvre et plus étriqué que cette histoire, — bien moins une histoire qu’une dissertation historique comme on doit en lire beaucoup par année à l’Académie de Berlin.
Nul, dans l’histoire de la pensée de ces cent cinquante dernières années, ne saurait être comparé à ces deux hommes, de Maistre et Bonald, pas même Burke, le bouillonnant et vaste Burke, qui eut un jour quelque chose de leur esprit prophétique quand il jugea, seul de toute l’Angleterre, un instant affolée de la Révolution française, les délirants débuts de cette Révolution… Philosophes chez qui, heureusement pour elle, l’Histoire dominait la Philosophie, le comte de Maistre et le vicomte de Bonald, ces observateurs qui avaient des griffes dans le regard et appréhendaient le fond des choses, quand ils en regardaient seulement la surface, de Maistre et Bonald, ces Dioscures du même ciel et du même religieux génie, sont d’une supériorité si haute et si éclatante qu’aucun esprit ne peut être placé à leur niveau, ni pour l’élévation, ni pour la lumière !
J’ose penser… que, si les temps avaient été moins critiques, moins irritants, on n’aurait pas cru pouvoir consciencieusement me condamner à mort ni à de longues années d’une affreuse captivité.
Cousin, qui proclamait, il y a peu d’années, que les philosophes « étaient désormais les seuls prêtres de l’avenir », et cela avec le contentement fastueux d’un homme qui en tenait sous clef tout un petit séminaire.
On a parlé beaucoup de signes du temps, en ces dernières années.
J’ose penser… que, si les temps avaient été moins critiques, moins irritants, on n’aurait pas cru pouvoir consciencieusement me condamner à mort ni à de longues années d’une affreuse captivité.
Esprit très élevé et très cultivé, heureux et fier dans sa pensée d’être un enfant du xixe siècle, — de ce xixe siècle qui a encore le temps, avec les vingt années qui lui restent à durer, de faire baisser la tête à ses fils et de diminuer l’orgueil et le bonheur d’en être un, — il a été la victime de la culture de son époque et de la culture de son esprit.
Aujourd’hui, après tant d’années, quand ceux qui lui firent politesse et lui versèrent l’éloge sans doses, parce que peut-être ils ne le craignaient plus, sont endurcis, ou du moins endormis dans l’indifférence de la vieillesse, dans l’égoïsme des derniers jours, il nous sera permis, j’imagine, de juger froidement, sans faire crier et clabauder personne, ce surfait du compagnonnage et de la pitié, et d’en donner exactement la mesure pour que désormais l’opinion ne l’exagère plus.
C’est toujours le marché de cet éternel volé avec le maquignon infernal auquel il vend son âme immortelle, et qui vient la lui prendre, à heure fixe, après une emphythéose de quelques misérables années, car « tout ce qui doit finir est court », a dit saint Augustin, avec une épouvantable profondeur.
Ce qu’en effet, depuis ces dernières vingt-cinq années, le théâtre a fait peser sur nos mœurs, sur les habitudes de notre pensée, sur toutes ses formes et tous ses langages, ne peut être dit en quelques mots.
Henri Heine I Il y a un certain nombre d’années déjà que la première partie d’une Correspondance de Henri Heine (complétée en 1877) a été publiée, et, il faut en convenir, ces deux premiers volumes de Correspondance ne grandissaient pas Henri Heine comme talent et le diminuaient comme caractère.
Que le Corneille des jeunes années eût aimé Marie Courant, comme Byron aima Marie Chaworth, et ne fût pas plus heureux que Byron, car Marie Courant épousa un je ne sais qui, comme Marie Chaworth, c’est un malheur que la jeunesse — cette belle Hercule de la jeunesse, qui porterait le ciel sur ses épaules, s’il y tombait !
L’Italie lieu commun, celle-là qu’il faut traverser pour arriver à l’Italie intime, à l’Italie vraie et profonde, à (celle-là qu’on n’apprend, disait lord Byron, qui l’y avait étudiée, que quand on s’est assis à son foyer pendant des années.
Publié au commencement de l’année, — pour le jour de l’an, comme on dit, — chamarré d’illustrations sur toutes les coutures, il donnera certainement dans les beaux yeux humides pour lesquels il a été fait… Il aura son succès comme les bonbons et les polichinelles, et il pourra chanter, car un tel livre chante : Que Pantin serait content, S’il avait l’heur de vous plaire !
Cependant les plus complexes ont leur côté juridique, que l’on peut aspirer à mettre en lumière. » Onze jurisconsultes de Hollande, de Russie, d’Allemagne, de la République Argentine, des États-Unis, de Belgique, d’Écosse, d’Italie et de Suisse répondirent à son appel et se réunirent à Gand la même année ; ce fut la première session.
Ce serait un exemple à présenter, je ne dis pas seulement aux princes, mais à une foule de citoyens qui, embarrassés de leur opulence, prodiguent leurs richesses en bâtiments, en luxe, en chevaux, en superfluités aussi éclatantes que ruineuses, transportent des terres, aplanissent des montagnes, font remonter des eaux, tourmentent la nature, construisent pour abattre, et abattent pour reconstruire, se corrompent et corrompent une nation, achètent avec des millions des plaisirs de quelques mois, et dans quelques années échangent leur fortune contre de la pauvreté, des ridicules et de la honte.
Je revois sans difficulté à plusieurs années de distance cinq ou six fragments d’un objet, mais ¡non son contour précis et complet ; je puis retrouver un peu mieux la blancheur d’un sentier de sable dans la forêt de Fontainebleau, les cent petites taches et raies noires dont les brindilles de bois le parsèment, son déroulement tortueux, la rousseur vaguement rosée des bruyères qui le bordent, l’air misérable d’un bouleau rabougri qui s’accroche au flanc d’un roc ; mais je ne puis tracer intérieurement l’ondulation du chemin, ni les saillies de la roche ; si j’aperçois en moi-même l’enflure d’un muscle végétal, ma demi-vision s’arrête là ; au-dessus, au-dessous, à côté, tout est vague ; même dans les résurrections involontaires qui sont les plus vives, je ne suis qu’à demi lucide ; le fragment le plus visible et le plus coloré surgit en moi sans éblouissement ni explosion ; comparé à la sensation, c’est un chuchotement où plusieurs paroles manquent à côté d’une voix articulée et vibrante. […] Un voyageur vit en Abyssinie16 un de ses hommes déchiré par un lion ; plusieurs années après, quand il pensait à cet événement, il entendait en lui-même les cris du malheureux, « et il éprouvait la sensation d’un fer aigu qui lui entrait dans l’oreille ». […] Au même instant, je vis (je ne puis me rappeler si c’est avec les yeux ouverts ou fermés) un de mes amis absents, comme un cadavre, devant moi. — Je dois remarquer ici que, depuis beaucoup d’années, j’avais l’habitude de noter par écrit tout groupe de représentations qui, en songe ou pendant la veille, surgissait avec une force, une précision, une netteté particulières et s’imposait à moi avec cette sorte de vivacité qui fait considérer une telle représentation comme un pressentiment.
Il se désolait encore d’assister à une nouvelle ruine d’un pays auquel il était attaché d’une façon toute particulière, d’un pays qu’il avait habité pendant les belles années de sa jeunesse, et dans lequel il était revenu discuter les affaires publiques sous le pontificat précédent, et où il avait trouvé la plus cordiale réception et la plus éclatante bonne foi. […] D’un autre côté, un cardinal ne pouvait guère se montrer dans un pays où depuis tant d’années on n’avait pas vu même les insignes d’un simple homme d’Église. […] VII Pendant les années qui s’écoulèrent entre le premier ministère du cardinal Consalvi et la rupture violente des relations de l’empereur Napoléon avec Pie VII, le Pape, contraint par Napoléon, avait donné sa confiance officielle à un autre ministre.
Il y a deux marques certaines de l’ardeur intellectuelle de cette époque c’est le changement des modes, qui se renouvelaient tous les deux ans, et le caprice de l’écriture, dont l’orthographe et la forme variaient d’une année à l’autre. […] Quelques années après, Christine de Pisan attaqua le Roman de la Rose par des raisons plus mondaines et plus littéraires. […] L’érudition, dans ces dernières années, lui a disputé ce rang, ou plutôt l’en a déclaré indigne.
Elle est vraie de lui, cette parole du Christ à ses disciples : « Je demeure en vous, et vous demeurez en moi. » Dieu, le Christ, la Vierge, les saints, c’était là sa compagnie durant ces longues années de retraite où il vécut abîmé dans les Ecritures et les Pères, s’en rendant tous les personnages présents par la puissance de l’imagination et de la foi. […] « Si vous étiez né quelques années plus tôt, écrivit-il à Vauvenargues, mes ouvrages en vaudraient mieux », Voltaire était-il sincère ? […] Suffisait-il que Vauvenargues vécût quelques années de plus, pour que le dix-huitième siècle, ce temps des liaisons intéressées, et fragiles, où les amis ressemblent à des partisans enrôlés sous un chef, vît un exemple nouveau de ces amitiés littéraires dont la gloire aimable s’ajoute à toutes celles qui ont valu au dix-septième siècle son nom de grand ?
La théorie de la décadence doit donc s’appliquer à des groupes d’écrivains, à des fragments de siècle, à des séries d’années maigres et stériles : toute généralisation est ici impossible. […] Ma Douleur, donne-moi la main ; viens par ici, … Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ; Le Soleil moribond s’endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l’Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche320. […] Une dame qui paye une robe 2 500 francs ôte à la société près de deux ans de travail utile aux taux actuels ; elle a fait travailler, mais en vain, comme un propriétaire qui aurait le moyen de faire bâtir régulièrement chaque année un palais qu’il brûlerait au bout de quinze jours.
Deux diètes se peuvent : l’embryon non gravé irradie en toutes directions, et au bout du temps, biotermon de l’œuvre année scolaire, sera génie, ayant tout en lui réel ; — et ceci n’est qu’illusion, car il est mémoire. […] Nous le savons par l’observation du public des quatre années de l’Œuvre : si l’on tient absolument à ce que la foule entrevoie quelque chose, il faut préalablement le lui expliquer. […] Guiguet était un peintre très en vogue au Mercure : cette même année 1894, il venait de portraiturer Rachilde.
On m’apportait, il y a peu d’années, en Italie, une de ces œuvres de colère légitime qui stigmatisent eu vers terribles des noms d’hommes vivants et qui font saigner éternellement les coups de verge ou les coups de poignard de la plume. […] Le roi de Pylos, le vieux Nestor, si l’on en doit croire Homère, atteignit les années de la corneille dans une constance de félicité sans éclipse, heureux, selon le vulgaire, d’avoir ajourné la mort pendant tant de révolutions des jours, et d’avoir bu si souvent le jus nouveau du raisin qui coule du pressoir aux vendanges. […] Elles sont le fruit plus mûr de ses années.
Devant elle, une vérité, son aînée de quelques années, toute nue, sèche, blafarde, sans tétons, le corps homasse, le bras et l’index de la main droite dirigés vers le ciel et ce bras dont le racourci n’est pas assez senti de trois ou quatre ans plus jeune que le reste de la figure ; derrière cette vérité, un petit génie renversé sur un nuage. […] C’en est un quatrième qui a apparemment de l’amitié pour moi, qui partage mon bonheur et ma reconnoissance, et qui me propose d’éterniser les marques de bonté que j’ai reçues de la grande souveraine, car c’est ainsi qu’on l’appelle, comme on appelloit, il y a quelques années, le roi de Prusse, le grand roi, et je lui répons, élevez son buste ou sa statue sur un pié d’estal ; entrelassez autour de ce pié d’estal la corne d’abondance ; faites-en sortir tous les simboles de la richesse. […] Vous scavez que Naigeon a dessiné plusieurs années à l’académie, modelé chez Le Moine, peint chez Van Loo, et passé, comme Socrate, de l’attelier des beaux-arts dans l’école de la philosophie.
… » Si connues que soient ces idées, il faut pourtant y insister, parce que ce goût de la mort et des pourritures, physiques ou sociales, a infecté tout le siècle précédent et qu’il en a contaminé toutes les écoles littéraires, jusqu’aux naturalistes et jusqu’aux symbolistes de ces récentes années. […] nous sortons à peine d’un long cauchemar de trente années, — courte période qui pèsera autant sur notre avenir que les siècles les plus sombres de notre gestation nationale. […] Cette besogne d’assainissement sera longue ; elle exigera de nombreuses années peut-être !
De là peut-être le vent de réaction qui dans les années antérieures à la guerre soufflait de tous côtés contre l’œuvre des deux frères. […] On sait que la pièce fut représentée pour la première fois en 1604, la même année que Othello. […] « Ils deviennent des almanachs de l’autre année ». […] Avec quelle ferveur je l’ai respirée durant ces deux années de voyage, d’où je suis revenu mûri et durci ! […] Dans mes journaux des années 1911-1914 je retrouve tant d’allusions à Rivière — bien simples, mais pour moi aujourd’hui si émouvantes — où je note la naissance et les progrès de mon affection, et aussi ma foi en son avenir.
Les années, au lieu de les mûrir, les rendent acides. […] L’année suivante, le gouvernement (ministère Waldeck-Rousseau) apporta un projet de loi sur les associations. […] Les fermetures de couvents se multiplièrent pendant toute l’année 1902 ; et M. […] Il est évident que le soldat qui ne passe que deux ans dans l’armée n’a que deux sentiments successifs : la première année, le regret d’avoir quitté sa famille et son village ; la seconde année, l’impatience d’y rentrer. En deux années, qui, dans la pratique, seront réduites à vingt mois, un troisième sentiment n’a pas le temps de se former.
Mme Valmore se faisait illusion sur l’état de santé de sa fille ; elle ignorait — Ondine elle-même ignorait aussi — la gravité du ravage qui habitait depuis des années sa jeune poitrine et que le régime le plus exact avait pu seul arrêter ou ralentir. […] Dans une lettre à son fils, l’année d’après, Mme Valmore dépeignait cette même vie provinciale et rurale à sa manière : « (Octobre 1852)… Hier avec Langlais, nous avons fait le tour de la ville (je crois qu’ils disent la ville).
Dans les dernières années de François Ier, l’influence de Marguerite, celle même de la duchesse d’Étampes, favorisaient à la cour une sorte de poésie semi-calviniste ; les courtisans chantaient les psaumes de Marot ; Diane de Poitiers, en arrivant à la pleine puissance, désira d’autres chansons, et le cardinal de Lorraine, bon catholique, fut de son avis. […] Parmi les publications de date postérieure concernant Marguerite, je veux au moins indiquer celle du comte H. de La Ferrière-Percy, qui nous a donné le Livre de dépenses de la digne reine, — dépenses des plus honorables, des plus généreuses, — et une étude sur ses dernières années (Paris, Aubry, 1862).
Nous avons été nous-même surpris, quelques années après, à Smyrne, du peu de sérieux que M. […] qu’il pleure, celui dont les mains acharnées, S’attachant comme un lierre aux débris des années, Voit avec l’avenir s’écrouler son espoir !
Pendant les dernières années de l’Empire, il a été le centre du seul groupe poétique qui ait poussé après la grande floraison de 1830. […] Candeurs de la seizième année, ingénues et saugrenues !
Les mots les plus ordinaires ont été, dans ces dernières années, ou tellement détournés de leurs acceptions consacrées, ou étendus à tant d’autres sens, que dans un écrit où l’on prétend, peut-être à tort, exposer des doctrines, il est nécessaire de rappeler ces acceptions premières, ou de justifier celles qu’on y substitue. […] C’est ce que je cherche, depuis déjà bien des années, avec une ardeur quelquefois découragée, mais que soutient, contre la difficulté de la matière, l’amour même que cette étude m’a donné pour mon pays.
Je suis plus que tous ceux-là car mon grand-père était maréchal en France ou de France, et s’il a gagné enfer je gagneray Paradis. » Il fut pendu à Compiègne en l’année 1594. […] Cette disposition a inspiré deux écrivains, qui, nés dans la seconde moitié du xvie siècle, ont produit leurs meilleurs ouvrages dans les premières années du xviie : Charron et François de Sales.
Foucaux, essaie depuis quelques années de fonder en France des études tibétaines. […] Rappelons-nous que notre supériorité en ce genre ne date guère que de quelques années.
Ce n’est pas sans une réelle émotion que nous saluons ici ces jours de Lohengrin, souhaités à tant de reprises, attendus pendant de si nombreuses années. […] Nous espérons augmenter ce nombre jusqu’à mille pendant l’année afin de pouvoir enfin donner des représentations, ou bien même une représentation d’un drame wagnérien : ce n’est pas la bonne volonté qui nous manque, mais l’argent.
Année 1856 6 mai 1856 Je reviens. […] ce misérable ferrailleur a acheté, l’année dernière, la bibliothèque d’un portier dont il a tiré 12 000 francs ; et c’est dans cette vente, faite obscurément, que Lefèvre a acquis le manuscrit des Conférences de l’Académie royale de peinture, où nous avons retrouvé la vie inédite de Watteau, du comte de Caylus, que tout le monde croyait perdue.
Il y a fourré le sentiment, le genre de sentiment avec lequel il s’était fait, depuis quelques années et depuis certains livres, une influence sur le cœur des femmes et des hommes qui sont aussi des femmes, et acquis ainsi une espéciale popularité. […] Il n’y a pas dans ce Cours une idée de plus que celles qui circulent dans l’Histoire de France des dernières années ; car, il ne faut pas l’oublier, il y a deux temps dans l’esprit de Michelet : le temps où toujours magicien, du talent le plus adorable et le plus exécrable tour à tour, il écrit l’Histoire avec la magie de la vérité, et le temps où il l’invente avec la magie du mensonge… Or, s’il n’y a pas dans ce Cours un Michelet nouveau, il y a un Michelet intégral et concentré.
Blasé de grâce et de décence, écœuré de ce bonbon qu’on lui fait manger depuis des années, Octave Feuillet a voulu montrer que l’internellement gracieux et décent pouvait très bien être fort, si cela lui plaisait, — et même pas trop décent. […] Il n’a ni la morgue ni le charlatanisme retentissant de beaucoup d’autres, toujours sur la brèche de la publicité, faisant incessamment sonner à la Renommée les deux trompettes que lui donnait Voltaire, et ne méritant guères que celle qui sonnait par en bas… Octave Feuillet vit en province une partie de l’année, loin des commérages, des coteries, des affectations et des engouements de Paris, s’assainissant par cette vie de province, la seule chance de salut qui reste au talent, menacé de prostitution parisienne, et qui ne veut pas s’effacer au frottement de tous ces esprits qui s’effacent en effaçant les autres, comme une monnaie encrassée par le pouce de toutes les mains.
À vrai dire, toute personne qui, dans sa jeunesse, a vécu d’une vie d’émotions et d’orages, et qui oserait écrire simplement ce qu’elle a éprouvé, est capable d’un roman, d’un bon roman, et d’autant meilleur que la sincérité du souvenir y sera moins altérée par des fantaisies étrangères : il ne s’agirait pour chacun que de raconter, sous une forme presque directe et avec très-peu d’arrangement, deux ou trois années détachées de ses mémoires personnels.
On a publié, il y a quelques années, un ouvrage mathématique de Descartes, qu’on ne s’attendait pas à rencontrer : il peut en être ainsi, à plus forte raison, de ses savants prédécesseurs du xvie siècle, de Viète, par exemple.
quelques vertus privées, quelques services obscurs, quelques sentiments renfermés dans le cercle étroit de sa destinée, quelques écrits qui la feront connaître dans les pays qu’elle n’habite pas, dans les années où elle n’existera plus.
Elle avait vu chaque année ses parents, ses amis courir aux armées d’Allemagne et de Flandre, et plus d’un n’était pas revenu.
Puis, la lourde dévotion des dernières années de Louis XIV développe l’hypocrisie, dont l’impiété et la licence de la Régence seront la revanche.
Nous avançons dans notre carrière, et La Fontaine avance vers la vieillesse ; car tous les livres de cette seconde partie n’ont pas été donnés à la fois : même la plupart des fables du douzième livre ne parurent que plusieurs années après les autres, et quelques-unes de ces derniers livres se ressentent de l’âge de l’auteur ; il y en a qui rentrent tout-à-fait dans la moralité des fables précédentes ; d’autres qui ont une moralité vague et indéterminée ; d’autres enfin qui n’en ont pas du tout.
Par exemple, un homme qui ne sçait pas que le même Pharnace qui s’étoit allié aux romains contre son pere Mithridate, fut dépoüillé honteusement de ses états par Jules Cesar quelques années après, n’est point frappé de la beauté des vers prophetiques que Racine fait proferer à Mithridate expirant.
Philémon-Quinet, et qui, depuis des années, l’adore et l’admire, ce que je trouverais très bien, de moralité édifiante et de difficulté vaincue, si elle ne voulait pas nous le faire admirer, à nous qui n’avons l’honneur ni le bonheur, d’être la femme de M.
Comparez l’enthousiasme, la confiance des premières années, avec l’amère déception des dernières.
dans une oisiveté désolante, il ne croyait pas à autre chose qu’à ces deux messieurs en sa personne et à leurs talents cachés, qu’il eut fait reluire au soleil de la vie publique si seulement, il y a quelques années, il avait été au Journal des Débats.
C’était là ce que nous disions en d’autres termes en parlant du livre d’Ernest Moret sur les quinze dernières années de Louis XIV, et c’est ce que nous répéterons plus que jamais à propos d’un autre livre où la politique du grand roi est atteinte bien plus directement encore.
IV Voilà, en substance, les Mémoires de Fersen, qui ont deux gros volumes et qui ne contiennent guères plus qu’une année, — allant de la fuite de Varennes à la mort de la Reine.
C’est sous le coup de ces découragements qu’on le vit retiré au prieuré de Burnham Thorpe, entre son père qu’il aima toujours et sa femme qu’il aimait encore, y passer des années entières de jeunesse, lui, l’éblouissant officier, fou de la gloire comme Charles XII, qui devait être le vainqueur d’Aboukir, de Copenhague et de Trafalgar, et qui, — détail piquant dans son contraste même !
C’est en regard du Pape idéal, mendiant, vagabond et besacier, qu’il convenait de montrer les Papes réels… Quand cette histoire de M. de L’Épinois parut, il y a quelques années, peu de critiques s’en occupèrent, et peut-être parce qu’elle répondait trop bien aux malheureuses idées contemporaines !
Grenier, l’auteur de ce livre, fut un professeur, et il nous l’a dit : « C’est dans dix années de douce vie provinciale et « collégiale qu’il lut tous les auteurs anciens », et qu’il forgea et aiguisa la petite sagette que voici.
C’est sous le coup de ces découragements qu’on le vit, retiré au prieuré de Burnham-Thorpe, entre son père, qu’il aima toujours, et sa femme, qu’il aimait encore, y passer des années entières de jeunesse, lui, l’éblouissant officier, fou de la gloire comme Charles XII, qui devait être le vainqueur d’Aboukir, de Copenhague et de Trafalgar, et qui — détail piquant dans son contraste même !
Mademoiselle de Condé se retira en Lithuanie ; mais, avec la permission de ses supérieures, elle rejoignit en Angleterre son père et son frère, après neuf années de séparation… Seulement, toujours religieuse, plus religieuse encore que fille et sœur, elle entra, là, dans un couvent de Bénédictines, qu’elle ne quitta que pour revenir en France, où elle fut nommée Supérieure de l’Ordre du Temple sous le nom de Marie-Joseph de la Miséricorde.
Et c’est ainsi qu’en vingt années, et sans sortir de l’aride milieu qu’il sut féconder, il put écrire sa Défense de l’Église, qu’il publia en 1853 et dont il nous donne une seconde édition aujourd’hui.
En quelques coups de vent, ces amoncellements disparaissent ; en quelques années, ces systèmes… Demandez-vous quelle grande place tiennent, maintenant, dans le respect intellectuel des hommes, tous ces capucins de cartes philosophiques tombés les uns sur les autres : Kant, Fichte, Schelling, Hégel, qui étaient pourtant, comme on dit au whist, les honneurs du jeu.
Lui, qui, il y a bien peu d’années, disait hautement que les catholiques n’avaient sur lui que l’avance de quelques jours, il insulte le catholicisme comme un de ces athées auprès desquels il s’est placé.
I Voici plusieurs années que cette chose, qui n’est pas un livre, existe à la vitrine d’une librairie, et je ne sais pas encore qui en a parlé, ou même si on en a parlé, parmi les tripoteurs de bruit qui battent et font mousser, dans les journaux, les petites omelettes soufflées des réputations.
Pour la première fois, il a pu reconnaître que les douze religieux de la Mission bénédictine avaient plus avancé en quatre années la fondation sociale de l’Australie, que lui-même, appuyé de son Église officielle, ne l’avait fait à partir de l’établissement de la colonie, c’est-à-dire en quarante-six ans.
La Bible Illustrée Par Gustave Doré35 I Gustave Doré, qui s’est rappelé qu’il y a quelques années j’avais rendu compte des Contes drolatiques, interprétés et illustrés par lui avec un talent qui eût réjoui Balzac lui-même, m’a envoyé sa Bible 36 et m’a mis par là dans l’obligation d’en parler.
nous n’ignorions pas que Ronsard avait, dans la trentième année de ce siècle, brisé avec assez d’éclat la pierre trop oubliée de son sépulcre, mais nous ne l’avions pas vu sorti tout entier de son tombeau.
Le livre délicieux que Lamartine a écrit sur ses premières années de jeunesse ne sera probablement pas plus apprécié par la critique vulgaire de ces temps que ne le sont les Harmonies.
Et cependant elle éclata, à la fin, quand personne n’y pensait plus, par cette détonation foudroyante du Paradis perdu, qui remplissait, quelques années après la mort du poète, tous les échos de l’Angleterre.
De là les grands défauts d’un roman qui veut être une étude de la société d’il y a quelques années.
Annoncé il y a trente ans et pendant les années qui suivirent, commencé, abandonné, repris, le Capitaine Fracasse ne semble avoir été achevé par son auteur que pour n’en pas avoir le démenti, comme dit l’expression populaire.
Victor Hugo, même aux plus chaudes années de sa jeunesse, est bien tiède et bien transi dans son amour fanfaron de la forme et de la beauté, en comparaison d’Edgar Poe, de ce poëte et de cet inventeur qui a la frénésie patiente, quand il s’agit de donner à son œuvre le fini… qui est son seul infini, hélas !
Avec quelle joie ils se retrouveront, chaque année, aux fêtes de commémoration !
Naissance, éducation, mœurs ; principes ou qui tiennent au caractère ou qui le combattent ; concours de plusieurs grands hommes qui se développent en se choquant ; grands hommes isolés et qui semblent jetés hors des routes de la nature dans des temps de faiblesse et de langueur ; lutte d’un grand caractère contre les mœurs avilies d’un peuple qui tombe ; développement rapide d’un peuple naissant à qui un homme de génie imprime sa force ; mouvement donné à des nations par les lois, par les conquêtes, par l’éloquence ; grandes vertus toujours plus rares que les talents, les unes impétueuses et fortes, les autres calmes et raisonnées ; desseins, tantôt conçus profondément et mûris par les années, tantôt inspirés, conçus, exécutés presque à la fois, et avec cette vigueur qui renverse tout, parce qu’elle ne donne le temps de rien prévoir ; enfin des vies éclatantes, dès morts illustres et presque toujours violentes ; car, par une loi inévitable, l’action de ces hommes qui remuent tout, produit une résistance égale dans ce qui les entoure ; ils pèsent sur l’univers, et l’univers sur eux ; et derrière la gloire est presque toujours caché l’exil, le fer ou le poison : tel est à peu près le tableau que nous offre Plutarque.
Dès 1611, c’est-à-dire, dès la seconde année de son règne, on lui adressa un panégyrique ; il n’avait alors que dix ans.
Il n’y eut pas d’années perdues pour son progrès moral. […] Ces années de maladies et de retraite coïncidèrent avec le siège de Lyon et le fort de la Terreur. […] Malgré le regrettable inachèvement dans lequel sa mort a laissé d’autres expériences qui passionnèrent ses dernières années, il est nécessaire d’en faire mention pour donner une idée complète de l’étendue de ce grand esprit. […] Combien de génies n’ont eu que peu d’années, peu de jours dans une longue existence ! […] Aujourd’hui encore ce souvenir me fait frémir d’horreur, et je ne recommencerais pas les dix années de ma vie d’écolier au prix des grandeurs réunies d’Alexandre et d’Homère, de Phidias et de Platon.
Or, il n’y en avait pas eu en France depuis une centaine d’années. […] « Les jours de l’année sont égaux, les années égales, les révolutions de la lune, variables dans une certaine limite, se ramènent toujours à l’égalité. […] Descendons sur notre globe : est-ce que la quantité de pluie qui tombe chaque année en tout pays n’est pas sensiblement égale ? […] Ils se mettent à la solde d’un chef de travail qui leur promet, par exemple, pour une année tout entière un salaire fixe. […] Il a accumulé dans la période de chômage toute la misère qui se serait disséminée, moins lourde, sur toute son année.
Si usées que soient les passions par les mécomptes et par les années, il reste aux plus endurcis la faculté de s’apitoyer sur l’amour profané. […] Puisqu’il est jeune encore, il fait sagement d’employer les plus belles années de sa vie à des études variées ; c’est à ce prix seulement qu’il prendra possession de l’avenir. […] Eût-il été laborieux comme Leibnizj, il ne lui était pas donné d’accomplir, dans l’espace d’une année, un travail qui touche à tant de points, et dont les seuls matériaux ne peuvent être rassemblés par l’intelligence la plus active et la plus pénétrante, dans un temps si court. […] Mais en vérité je répugne à éplucher des phrases, à vanner des prépositions, des adjectifs et des adverbes comme dans une école de village : je me contente de déclarer que M. de Chateaubriand, quoique émigré, quoique ambassadeur, malgré son séjour en Angleterre, qui a duré plusieurs années, ne sait pas l’anglais, et vient de le prouver. […] Vainement l’amitié courageuse essaierait de le rappeler à la clairvoyance, et de recommencer les conversations oubliées ; vainement elle tenterait de ramener le poète à la tolérance, à l’impartialité de ses premières années ; il est trop tard maintenant.
Lamartine et Victor Hugo ont presque attendu leur trentième année pour avoir du génie, ou, si vous voulez, pour le montrer. […] Le nez de la plupart des jeunes filles qui ont défilé devant nous cette année se distingue par une courbure tout hébraïque. […] Puis les jurés achèvent de s’éclairer par les notes de l’année. […] Je n’ai pas perdu mon année. […] ce sont les mêmes que l’autre année.
Après avoir rempli la chaire de rhétorique au collège de Montaigu, Geoffroy passa à celle du collège Mazarin, et il continua à professer avec distinction jusqu’à l’année 1791. Dès le commencement de cette troisième année de la révolution, Geoffroy ne put résister aux persécutions dont il devenait l’objet : des articles qu’il avait fait insérer dans le journal de l’Année littéraire, l’avaient fait reconnaître comme un écrivain distingué, mais sévère ; et ses doctrines politiques, dont le journal l’Ami du Roi s’était rendu l’interprète, ne pouvaient manquer de lui attirer un grand nombre d’ennemis. […] Nous avons déjà dit qu’il s’était fait connaître par des articles publiés dans l’Année littéraire et dans l’Ami du Roi. […] Il finit cependant par accepter les propositions des propriétaires vers les dernières années du siècle passé ; il rédigea le feuilleton du Journal des Débats. […] Puisque le hasard me fournit l’occasion de citer un feuilleton qui date déjà de quinze années, je ne puis m’empêcher de remarquer avec quelle persévérance les mêmes fautes se renouvellent toujours au Théâtre-Français.
Les amputés finissent par s’y habituer ; cependant, dès qu’ils y font attention, ils le voient aussitôt reparaître, et souvent ils sentent d’une manière très distincte leurs orteils, leurs doigts, la plante du pied, la main… Un homme amputé de la cuisse éprouva encore au bout de douze années le même sentiment que s’il eût possédé les orteils et la plante du pied. […] J’exerçai une compression sur les troncs de ces nerfs ; à l’instant même, il survint un état d’engourdissement que le sujet disait éprouver dans tout le bras jusqu’aux doigts… Un autre, qui avait eu le bras droit écrasé par un boulet de canon et ensuite amputé, éprouvait encore vingt années après des douleurs rhumatismales bien prononcées dans le membre toutes les fois que le temps changeait. […] Le lecteur les a vues quand nous avons montré la persistance sourde des images, leur vie latente, leur état rudimentaire, l’effacement qu’elles subissent, souvent pendant des années entières, et la prédisposition organique qui les conserve à l’état hibernant ou nul, comme la vie d’un rotifère desséché, jusqu’au moment où les cellules corticales en qui cette prédisposition est établie reprendront leur jeu, propageront leur danse et ramèneront l’image correspondante au premier plan cérébral. […] Cheselden, Philosophical Transactions, XXXV, 447, année 1728. — Ware, ibid.
Il s’ensuivit pendant deux années une mêlée des plus vives et des plus générales, qui se termina par un souper de réconciliation entre La Motte et Mme Dacier, sous les auspices de M. de Valincour (1716).
« — Dînant un jour chez la duchesse de Duras, vers 1820, il dit à Saint-Priest très-jeune : « Je n’aime pas l’aristocratie. » Et comme Saint-Priest remarquait que le lieu était singulièrement choisi pour cette confidence, Lamartine ajouta : « J’aime les personnes, mais je n’aime pas la chose. » — Moi, au contraire, un peu plus tard, je l’ai vu rattaché à l’aristocratie et nageant en pleine Restauration. » « — Quels que soient les torts et les fautes de Lamartine depuis quelques années, il les a rachetés par sa conduite au moment du péril : il a eu là un moment sublime, héroïque, — un moment immortel.
Des intérêts plus animés, des passions encore vivantes jugeront ce nouvel ordre de recherches ; mais je sens néanmoins que je puis analyser le présent avec autant d’impartialité que si le temps avait dévoré les années que nous parcourons.
Et chose admirable ce qu’il n’a pu conquérir par toute une année de soins assidus et savants trop savants il l’obtient trois ans après, à l’improviste, quand il n’y songe presque plus.
Pour nous, nous n’hésitons pas à le déclarer : cette série de poèmes sur la Mer nous apparaît comme une des plus saisissantes, des plus personnelles conceptions lyriques de ces dernières années, et nous rangeons le volume, dans nos préférences, tout à côté de la Chanson des gueux, — ce qui n’est pas peu dire.
Pour des milliers d’années, le monde va relever de toi !
Ainsi Desfontaines avoit à craindre de voir son travail de plusieurs années perdu, si les idées du président Bouhier avoient lieu.
Ce qu’il y a de fécond et de vivant dans le christianisme progressif de la nouvelle église, c’est précisément d’avoir résolu le problème religieux d’une manière toute différente de celle que l’on proposait il y a une trentaine d’années.
Elle rend compte du carnaval de je ne sais plus quelle année : « Il n’y avait de curieux que le bœuf gras, dit-elle ; il était fleur de pêcher.
Sur un être ardent et surchauffé qui, dans tout son livre, ne sait gouverner ni son cœur ni sa main, le culte de la Vierge Marie doit être de la plus grande puissance, non pas en vertu des augustes et surnaturels attributs de la Mère de Dieu, mais en vertu de son sexe même… Les impies de ce temps d’impiété opposent depuis quelques années au Christianisme ce qu’ils appellent le « Marianisme ».
Les romans de madame Sand, qui ont versé depuis vingt années tant de flots de mépris sur l’institution du mariage, les drames dans lesquels l’illégitimité de la naissance est une poésie de plus sur le front des héros, depuis l’Antony, de Dumas père, jusqu’au Fils naturel, de Dumas fils, ont troublé si bien les têtes qu’ils les ont tournées, et que l’orgueil individuel et solitaire n’a jamais plus été qu’à cette heure « le roi insensé qui s’aveugle avec son diadème sur les yeux ».
… Ou il doit recommencer sérieusement, ce qui ne manquerait pas de hardiesse, la comédie de Molière, cette comédie des Précieuses, qui n’a point passé comme le temps qu’elle a peint, et dans laquelle tout est resté aussi vrai et aussi réel que cet éternel bonhomme que Molière met partout, ce Gorgibus qui est Chrysale ailleurs, et Orgon, et même Sganarelle ; car Sganarelle, c’est Gorgibus avec quelques années de moins et une… circonstance de plus ; ou bien — ce qui serait beaucoup plus crâne encore — il doit être, ce livre, la défense enfin arborée des Madelon et des Cathos contre les moqueries de Molière, la négation des ridicules mortels qu’il leur a prêtés, et la cause épousée par un spiritualiste du xixe siècle de ces idéales méconnues qui tendaient à s’élever au dernier bien des choses, et voulaient des sentiments, des mœurs et une langue où tout fût azur, où tout fût éther !
Que peut-on croire, en effet, de la vérité de ses conclusions historiques quand on se rappelle qu’entre dans des idées nouvelles au moment où il allait sortir de la vie, il se proposait de reconstruire, de fond en comble, l’édifice qu’on nous avait donné, depuis tant d’années, comme un monument inébranlable ?
Est-ce que, sans remonter les cent cinquante dernières années et en restant parmi les contemporains que nous avons coudoyés : Mezzofanti, Ventura, Lacordaire11, Gratry, Balmès, Rohrbacher, ne répondent pas, comme un tonnerre, à Michelet ?
Grâce à Fréron et à Grimm, l’un dans son Année littéraire, l’autre dans sa Correspondance, le journalisme était né en littérature ; mais pour qu’il devînt le journalisme politique, le journalisme tel que le conçoit et l’a réalisé l’esprit moderne, il fallait que la Révolution éclatât.
II Ce livre, excellent et d’une beauté simple, ne comprend qu’une année, et il n’avait pas besoin d’en embrasser davantage.
Insolente pour l’Europe, l’Amérique est dans sa tradition, Cette anglaise, qui a renié, du même coup, dans ses veines, le sang des Stuarts et le sang de Cromwell, et qui a refusé le tribut d’honneur et de devoir à la mère-patrie, doit être toujours vis-à-vis de l’Europe, qui l’alimente par année de plus d’un demi-million d’hommes, en lui envoyant ses fugitifs, dans l’état d’ingratitude qui est son état d’origine.
À la fin du troisième volume, nous sommes en 1833, à l’année qui précéda la fondation du National, l’œuvre personnelle de Carrel, l’hégire de ce nouveau prophète d’une république qui se révélait.
Lamennais n’avait-il pas son apostasie pour se faire pardonner, par Pelletan, l’éclat de son sacerdoce et la grandeur des premières années de sa foi et de son génie ?
Nous sommes en pleine réalité historique et littéraire, et cette réalité est telle qu’on s’en servira désormais pour confondre le mauvais plaisant de faussaire, en opposant le nu du spirituel, sérieux et ferme visage, maintenant découvert, au masque animé qui traita la Critique, pendant tant d’années, comme Mercure traite Sosie dans l’imbroglio d’Amphitryon.
Probablement ce furent les émotions et les applaudissements sur place de la tribune qui empêchèrent, pendant vingt années, M. de Montalembert de publier son Saint Bernard et de prétendre à une gloire moins instantanée et plus sévère.
Soury est médecin, mais s’il ne l’est pas de fonction, il l’est toujours de préoccupation et de prétention pédantesques, et cette prétention et cette préoccupation commencèrent de poindre, il y a quelques années, comme une délicieuse aurore, dans ce charmant M.
Eh bien, pendant de longues années, ce mouvement fut presque européen, et il alla redoublant toujours !
Le livre du Dr Athanase Renard a été pensé pendant des années, et finalement écrit contre cela.
encore une fois, on cherche l’obscurité du commencement inhérente à toute destinée, dans ces premières années de la vie de Bossuet, — racontées par son nouveau biographe avec le détail le plus circonstancié, et, j’ose dire, le plus épuisé maintenant, — on ne la trouve pas !
Et pourquoi, puisqu’il s’agit ici d’un homme assez saint pour faire des miracles, saint Vincent de Paul, avec qui l’abbé Maynard a vécu intimement des années dans la contemplation de sa pensée et de sa vie, n’aurait-il pas été ce miraculeux coup de soleil ?
Elle nous rappelle, cette théorie, celle de ces singuliers grammairiens qui voulaient, il y a quelques années, traiter l’orthographe comme Rousselot veut traiter la prosodie.
… Né dans les premières années du siècle, quand le canon de Wagram fêtait le baptême de ceux-là qui pouvaient avoir l’espérance de mourir un jour en héros, et qui, l’Empire tombé, ne surent que faire de la vie, Alfred de Musset se jeta aux coupes et aux femmes de l’orgie comme il se serait jeté sur une épée si on lui en eût offert une, et il a peint cette situation dans les premières pages qui ouvrent les Confessions d’un enfant du siècle, avec une mélancolie si guerrière !
Jeune, il y a quelques années, il débuta dans la littérature par des vers, et fit partie de cette école qui s’intitula elle-même « les Parnassiens ».
Bien des années plus tard, Lamartine le modula dans une de ses plus belles Harmonies.
Bataille cette supériorité amère des années qui fait la connaissance du cœur humain, si nécessaire au romancier.
Il a une âme qui est un psaume. » La vie familiale des pasteurs, en se mêlant à leur vie sacerdotale, a fourni au cours de ces deux années de beaux traits que les fidèles recueillent comme des leçons et des exemples, pour supporter vaillamment les angoisses de la guerre.
Dès qu’elle sortit de l’enfance, chaque année de son règne fut marquée par un éloge ; et, après son abdication même60, elle conserva des panégyristes quand elle n’eut plus de courtisans.
De jeunes écrivains, dont les ouvrages, parfois fort intéressants, parurent en 1912, n’ont pu, par suite, trouver dans ce tableau de l’année littéraire la place à laquelle ils avaient droit. […] Elle eût été l’écho de discussions soutenues au cours de cette année littéraire, mais le risque parut trop grand d’exposer une doctrine, quand la crainte était si forte de n’avoir pu produire à son service que des exemples chancelants. […] Le bicentenaire de Jean-Jacques Rousseau échéant cette année, M. […] Voici bien de tous les livres parus cette année l’un des plus charmants, et celui peut-être que j’ai lu avec le plus de plaisir. […] C’est l’Écornifleur, qui demeure le témoin et le fruit des années que Jules Renard vécut à Paris, littérateur parmi d’autres littérateurs.
que c’est la même jeune fille dont vous avez applaudi les pas chancelants, n’avoir pas d’autres préoccupations que celles-ci : Comment a été joué le rôle d’Émilie en telle année ? et le rôle de Sémiramis en telle année ? […] Il en eut une grande pique, ce qui ne l’empêcha pas de vivre encore une dizaine d’années comme un autre homme, après quoi il décampa pour tout de bon. […] Ainsi il a vécu deux années encore. […] — Sans remonter à trois mille années, à dater seulement d’hier, qui pourrait nous dire, aujourd’hui, la moins cachée des petites grâces minaudières du siècle passé ?
Klopstock vieillit déjà de son vivant d’une façon très vénérable et si foncièrement que le livre réfléchi de ses années de vieillesse, sa République des Savants, n’a été jusqu’aujourd’hui prise au sérieux par personne. […] Mais au cours des années il fut forcé, une fois d’abord, puis cent fois, de changer d’opinion sur ce point. […] Je la trouve, au contraire, d’année en année plus riche, plus désirable et plus mystérieuse, depuis le jour où m’est venue la grande libératrice, à savoir cette pensée que la vie pouvait être une expérience de celui qui cherche la connaissance et non un devoir, non une fatalité, ni une duperie. […] — Mais, très probablement, des anciennes théologies, qui nous ont pénétrés et imbibés depuis des milliers d’années. […] Je la trouve, au contraire, d’année en année, plus riche, plus désirable et plus mystérieuse, depuis le jour où m’est venue la grande libératrice, à savoir cette pensée que la vie pouvait être une expérience de celui qui cherche la connaissance, et non un devoir, non une fatalité, non une duperie.
Alors, on se décidera à monter dans la même année (1848) Il ne faut jurer de rien, le Chandelier, Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, et ce proverbe où il ne donne pas sa mesure, pour cette raison sans doute, n’aura attendu que trois ans. […] En ces cinquante dernières années, l’histoire de l’art dramatique se réduit essentiellement à la lutte de quelques auteurs résolus contre un public amorphe ; et le plus souvent, au bout, la défaite. […] I J’ai dit, un peu brièvement, où nous en étions quelques années avant la guerre. […] Le phénomène le plus important de ces quinze dernières années a été le triomphe de la réforme de Copeau chez ses élèves. […] Je n’oublie pas Jean Giraudoux qui en quelques années a annexé la scène à sa trop subtile littérature ; mais il me faudrait dix pages pour analyser son cas.
Ainsi traîne et finit presque toujours lugubrement et misérablement le dernier acte de la comédie humaine ; au bout de tant d’années, après tant d’efforts soutenus, parmi tant de gloire et de génie, on aperçoit un pauvre corps affaibli qui radote et agonise entre une servante et un curé. […] N’êtes-vous pas ce sordide et misérable convoiteux, Aux trois jambes, qui ici, dans l’espérance d’une proie, Avez, tous les jours de ces trois années, flairé par ces salles, De votre nez rampant ; qui auriez voulu m’acheter Pour empoisonner mon maître, seigneur ? […] Les rangées de masques défilent, entrelaçant leurs groupes ; « les uns, vêtus d’orangé fauve et d’argent, les autres de vert de mer et d’argent, les justaucorps blancs brodés d’or, tous les habits et les joyaux si extraordinairement riches, que le trône semble une mine de lumière. » Voilà les opéras qu’il compose chaque année, presque jusqu’au bout de sa vie, véritables fêtes des yeux, pareilles aux processions du Titien.
Il comptait sans doute sur des années plus longues que celles qui lui furent accordées, et la Poétique a subi le sort commun de tout ce qu’il avait fait. […] Il y avait eu toujours antipathie sourde entre Platon et Aristote pendant les dix-sept ans qu’ils avaient vécu et professé ensemble après la mort de Socrate ; le dissentiment s’était prononcé et élargi d’année en année depuis le départ de Platon.
Au cours d’une de ses années les plus fécondes, il y avait des semaines et des semaines qu’il tiraillait en bas de page des aventures, dont il aurait dû couper le fil depuis longtemps Enfin il s’y décide, un jour. […] Oscar Méténier s’était uniquement donné la peine d’en changer le titre (jadis le Roman d’une jeune fille pauvre), et que le véritable auteur Oscar Honoré l’avait perpétrée, quarante années auparavant. […] On ne transforme pas du jour au lendemain les habitudes d’esprit imposées par soixante années au moins de routine triomphante.
Pendant des années les peuples civilisés dépensèrent une bonne partie de leur effort extérieur à se procurer des épices. […] La machine n’a donné tout son rendement que du jour où l’on a su mettre à son service, par un simple déclenchement, des énergies potentielles emmagasinées pendant des millions d’années, empruntées au soleil, disposées dans la houille, le pétrole, etc. […] Mais des machines qui marchent au pétrole, au charbon, à la « houille blanche », et qui convertissent en mouvement des énergies potentielles accumulées pendant des millions d’années, sont venues donner à notre organisme une extension si vaste et une puissance si formidable, si disproportionnée à sa dimension et à sa force, que sûrement il n’en avait rien été prévu dans le plan de structure de notre espèce : ce fut une chance unique, la plus grande réussite matérielle de l’homme sur la planète.
dit-il à Napoléon : vous êtes la guerre et l’omnipotence, je suis la transaction et la paix ; le moindre de vos soldats est un plus grand diplomate que moi ; vos congrès sont des champs de bataille ; entre le monde et vous il n’y a d’arbitre que le destin : vous êtes un dieu de la force, je ne suis qu’un homme de pondération : allez où va le hasard, je me récuse et je m’efface. » III Madrid, Lisbonne, Bellune, Essling, Wagram, Moscou, Dresde, Leipsick, Paris, l’île d’Elbe, Waterloo, Sainte-Hélène, victoires, conquêtes, retours, défaites, déroutes, double invasion de la France en une seule année, exil, proscription, coalition universelle contre nous, furent les résultats de la diplomatie de Napoléon. […] Préserver la paix du monde était assez pour elle ; elle la préserva : « Ne préjugeons rien », dis-je à l’ambassadeur d’Autriche, le loyal comte Appony, que j’honorais de la plus juste estime depuis longues années ; « dites à votre cour que nous ne lui demandons pas la paix, ce serait une lâcheté indigne de la France ; que nous ne lui déclarons pas d’hostilité préconçue, ce serait une provocation funeste à l’Europe ; que nous ne sommes avec elle ni en guerre ni en paix, mais en expectative inoffensive ; que c’est à votre cour à faire elle-même sa situation envers nous et notre situation envers elle ; que la république légitime, qui n’a point d’intérêt dynastique, est compatible avec toutes les monarchies légitimes, et que rien n’empêche de nouer, au besoin, entre la république et l’Autriche, l’alliance des rois et des peuples qui se respectent dans leurs droits réciproques.
En sorte que le simple récit de ces deux années est le plus lumineux commentaire de toute une grande révolution, et que le sang répandu à flots n’y crie pas seulement terreur et pitié, mais leçon et exemple aux hommes. […] Si jamais l’inspiration fut visible dans le prophète ou dans le législateur antique, on peut dire que l’Assemblée constituante eut deux années d’inspiration continue.
Relisons-le pour y sympathiser avec une sensibilité pathétique qui n’existait pas au même degré dans les années tendres de l’écrivain, et qui semble en vieillissant participer davantage à cette mélancolie de l’espèce humaine, à cette tristesse des choses mortelles, à ce mentem mortalia tangunt , à ce sublime lacrimæ rerum de Virgile, qui, lui aussi, avait vu des révolutions, des proscriptions, des déceptions humaines. […] Quand on a navigué ainsi ensemble un certain nombre d’années, on arrive à s’aimer par similitude de destinées, par sympathie de spectacles et de misères, par conformité de lieux, de temps, de cohabitation morale dans un même navire, voguant vers un rivage inconnu.
« Il y a peu d’années nous disions cela ; nous récitions ces vers, Maurice et moi, errant sur des feuilles sèches, le jour des Morts. […] Ce profond et complet isolement me fait vivre une heure comme ont vécu des années les ermites, hommes et femmes, ces âmes retirées du monde.
Nos familles sont alliées depuis longues années, à ce que dit notre aïeule, et c’est elle qui a ménagé ce mariage depuis longtemps, parce qu’elle était la marraine de la fiancée, parce que la fille sera riche pour notre condition, et que les deux mariés s’aiment, dit-elle, depuis le jour où la fille du bargello, petite alors, était venue pour la première fois chez sa marraine assister, avec nous autres, à la vendange des vignes et fouler, en chantant, les grappes dans les granges avec ses beaux pieds, tout rougis de l’écume du vin. […] me dit-elle, toute contente en me voyant consentir à son idée, combien veux-tu d’écus de Lucques par année, outre ton logement, ta nourriture et ton habillement, que nous sommes chargés de te fournir ?
Mais cette réponse ne vaut que pour les dernières années. […] Il a fait la guerre pendant vingt ans : cela veut dire que, pendant vingt années, il a tenu haut l’âme de ce peuple, en exaltant chez lui le courage, la fierté, l’esprit de sacrifice.
Ce recueil publié la même année que Le psautier du barde est très supérieur et Silvestre n’y trouverait absolument plus rien à louer. […] Mais il ne peut revenir en arrière et son effort deviendra enfin vaillant jusqu’au calme, car devant lui il apercevra, se confondant, s’unifiant, prometteuse d’il ne sait quelles joies pour les futures destinées : l’enfançonne dont le sourire précipita sa marche jusqu’à la chute ; la femme qui l’arrêta quelques jours et l’attarda des années.
Il aima avec constance, et sa passion pour Arthénice (Catherine de Termes) dura dix années ; toujours il tomba sur des coquettes qui se jouèrent de sa naïveté. […] Sa logique subtile et ingénieuse apporterait à une doctrine aimée bien des conséquences intéressantes ; mais comme il serait heureux qu’on lui fournît les principes premiers… Rien n’est plus curieux que la transition que traverse Mauclair depuis quelques années et je sais peu de spectacles plus beaux que son pèlerinage : parti d’un individualisme dont la noblesse le touche encore mais qui exige décidément trop de vigueur isolée et raidie, il va, non sans regret pour ce qu’il laisse, vers un altruisme qui semble lui promettre des joies moins rudes et de laisser son sacrifice moins inutile.
Voyez les grandes horloges pleines de rouages et de contrepoids, et qui devaient marquer les secondes, les minutes, les heures, les jours, les années, les lunes, les épactes, les éclipses, les siècles, l’éternité… elles ne vont plus, elles n’ont jamais marché ; tandis qu’une simple et naïve pendule qui n’a d’autre prétention que de donner l’heure du temps, va son petit bonhomme de chemin et trouve toujours son emploi. […] Cela dit, et sans rétracter les premiers éloges, on ne revoit pas une pièce, à vingt années de distance, sans que le jugement qu’on a porté sur elle en soit modifié.
Mais arrêtons-nous, et n’anticipons pas sur l’analyse du caractère et des talents de ce littérateur universel ; nous lui consacrerons l’année prochaine deux ou trois de ces entretiens, juste et sévère quelquefois contre le philosophe, implacable contre le cynique, dédaigneux souvent du poète, enthousiaste toujours pour le grand monétisateur de l’esprit humain. […] Je ne suis qu’au printemps, je veux voir la moisson ; Et comme le soleil, de saison en saison, Je veux achever mon année.
En définitive, la réforme qu’il s’agit d’introduire en sociologie est de tous points identique à celle qui a transformé la psychologie dans ces trente dernières années. […] Cf. notre Introduction à la Sociologie de la famille, in Annales de la Faculté des lettres de Bordeaux, année 1889.
Mais en supposant qu’un peu de vanité puisse être permise à un auteur presque toujours heureux, aujourd’hui j’aurais le droit de m’élever jusqu’à l’orgueil, en prouvant à mon jeune adversaire qui, dans ma qualité de classique, m’a témoigné tant de mépris, que je compte autant de succès qu’il a d’années, et que plusieurs de mes ouvrages, plus âgés que lui, n’ont point été engloutis dans sa révolution littéraire et prospèrent encore, au milieu de cette anarchie, protégés par l’estime publique. […] Afin d’éviter le sort qui m’était préparé, et sur l’avis secret du ministre de l’intérieur, qui prenait à moi beaucoup d’intérêt, je passai promptement à l’étranger, où une année d’exil me punit beaucoup trop du tort d’avoir fait un ouvrage moral, intéressant, et qui, selon toutes les probabilités, en faisant la fortune du théâtre, devait augmenter la mienne.
Il faut que nous ayons la peau bien tendre à la tentation… d’admirer, pour que nous admirions, dans les mêmes termes, bien des années plus tard, des choses écrites dans les mêmes termes qu’autrefois ! […] Dussent les murailles parler encore2, il faut pourtant que je dise aussi ma pensée sur les Chansons des rues et des bois, antérieures de plusieurs années à cette seconde partie de La Légende des Siècles.
Depuis lors, le fils du général Friant, dans une pensée de piété domestique, a publié une Vie militaire fort exacte de son glorieux père, auprès duquel il a servi lui-même durant des années, et il nous est maintenant permis de nous faire une idée précise du genre de mérite et d’héroïsme de ce modèle des divisionnaires.
J’ai habituellement de l’homme de moins grandes idées, et je ne le vois que comme un des innombrables accidents dans les variétés de la vie, un résultat bien fugitif et transitoire, une apparition d’un instant (cet instant fût-il composé de quelques millions d’années), et ce que Pindare a appelé le songe d’une ombre. » (Lettre à M. de Chantelauze, du 18 septembre 1868.)
En demeurant le plus individuel des poëtes, aussi bien que le plus accompli des artistes, le chansonnier a su devenir le plus populaire, le seul même qui réellement l’ait été en France, depuis des siècles, en ce sens que, durant quinze années, ses œuvres, partout retentissantes, auraient pu, à la lettre, vivre et se transmettre sans l’impression.
La belle âme, l’âme virginale de Pellico a pu tout pardonner, tout excuser, et bénir encore ; il s’en est revenu, après dix années de captivité féroce, comme un agneau tondu qui ne redemande pas sa laine.
Il y a bien des années déjà, Charles Nodier et Victor Hugo en voyage pour la Suisse, et Lamartine qui les avait reçus au passage dans son château de Saint-Point, gravissaient, tous les trois ensemble, par un beau soir d’été, une côte verdoyante d’où la vue planait sur cette riche contrée de Bourgogne ; et, au milieu de l’exubérante nature et du spectacle immense que recueillait en lui-même le plus jeune, le plus ardent de ces trois grands poëtes, Lamartine et Nodier, par un retour facile, se racontaient un coin de leur vie dans un âge ignoré, leurs piquantes disgrâces, leurs molles erreurs, de ces choses oubliées qui revivent une dernière fois sous un certain reflet du jour mourant, et qui, l’éclair évanoui, retombent à jamais dans l’abîme du passé.
L’on a besoin d’un gouvernement plus éclairé, qui respecte davantage l’opinion publique au milieu des nations où les lumières s’étendent chaque jour ; et quoiqu’on puisse toujours opposer les désastres de quelques années à des raisonnements qui ont pour base les siècles, il n’en est pas moins vrai que jamais aucune contrée de l’Europe ne supporterait maintenant la longue succession de tyrannies basses et féroces qui ont accablé les Romains.
Je ne nierai certainement pas que la situation de la France, depuis quelques années, ne soit bien plus contraire au développement des talents et de l’esprit que la plupart des époques de l’histoire.
Se doutent-ils qu’il y eut jadis chez cet étonnant fumiste de table d’hôte, chez ce grand et gros garçon taillé en Hercule qui courait, il y a quelques années, la foire au pain d’épice, relevant le « caleçon » des lutteurs (c’est le gant de ces gentilshommes) et sollicitant les faveurs des femmes géantes visitées par l’empereur d’Autriche se doutent-ils qu’il y a peut-être encore chez ce Panurge bien en chair un Indou, un Grec, un Alexandrin ?
On a vu depuis quelques années croître magnifiquement ce que des théologiens appelleraient son esprit de malice et son impiété.
Cette troupe demeura à Paris pendant trois années : long espace de temps, car les troupes italiennes avaient le caractère essentiellement ambulatoire.
Espérons que mon maître deviendra sage, raisonnable, en prenant des années.”
Que vous appreniez comment Hermann, prince régent d’Alfanie de par l’abdication provisoire de son père le vieux roi Christian, et son frère Otto sont tués dans la même nuit, en chapitre final, le premier par sa femme Wilhelmine, le second par un garde-chasse, cela nous intéressera moins que le tragique fait-divers dont l’histoire d’une des grandes monarchies de l’Europe centrale a été éclaboussée l’autre année ; et j’aime mieux les imaginations successives qui m’expliquent, suivant le gré de l’heure, ce drame princier que l’affabulation de livraison populaire qu’y a, dans une préface qui est tout le roman, ajustée M.
Non, certes, l’effort considérable de ces dix années n’aura pas été stérile, puisqu’il a réussi à modifier le goût public.
Ce sentiment, pendant des milliers d’années, s’égara de la manière la plus étrange.
Mais qu’il ait rempli des années, ou des mois, le rêve fut si beau que l’humanité en a vécu depuis, et que notre consolation est encore d’en recueillir le parfum affaibli.
Ceux qui, durant des années, avaient vécu de lui le virent toujours tenant le pain, puis le calice « entre ses mains saintes et vénérables 869 », et s’offrant lui-même à eux.
Josèphe, né l’an 37 et écrivant dans les dernières années du siècle, mentionne son exécution en quelques lignes 1234, comme un événement d’importance secondaire ; dans l’énumération des sectes de son temps, il omet les chrétiens 1235.
Et, si l’administration des Beaux-Arts avait des crédits pour empêcher de mourir de faim les écrivains pauvres, soyez certains que ce riche avide y volerait chaque année une somme suffisante pour faire vivre deux Verlaine.
Il voyait, dans ces vicissitudes de l’année, des luttes de dieux hostiles, des victoires et des catastrophes merveilleuses, des êtres surnaturels, mortellement blessés, puis ressuscitant sous ses yeux.
Il arrive qu’à telle époque telle personnalité littéraire s’est imposée avec une sorte de violence, qui, peu d’années après, reste isolée, n’éveillant plus guère de sympathie : Chateaubriand, par exemple.
L’auteur des pages qu’on va lire était déjà préoccupé de ce grand sujet qui dès longtemps, nous venons de le dire, sollicitait intérieurement sa pensée, lorsqu’un hasard, il y a quelques années, le conduisit sur les bords du Rhin.
Cet écrivain est mort en 1692, dans la soixante dix-neuvième année de son âge.
Maupertuis ne vit qu’avec beaucoup de peine, arriver à Berlin, quelques années après lui, l’objet de sa jalousie.
Dans une visite faite il y a quelques années à l’asile de Stéphansfeld, en Alsace, nous eûmes occasion de voir un vieux desservant, âgé de soixante-dix ans, et arrivé à un état très-avancé de démence.
Cependant tout le monde sait que cette lutte existe : un acte célèbre, il y a quelques années, en a donné le secret au public indiscret.
« Notre connaissance, dit-il, étant resserrée dans des bornes si étroites, comme je l’ai montré, pour mieux voir l’état présent de notre esprit, il ne sera peut-être pas inutile… de prendre connaissance de notre ignorance, qui… peut servir beaucoup à terminer les disputes… si, après avoir découvert jusqu’où nous avons des idées claires… nous ne nous engageons pas dans cet abîme de ténèbres (où nos yeux nous sont entièrement inutiles, et où nos facultés ne sauraient nous faire apercevoir quoi que ce soit), entêtés de cette folle pensée que rien n’est au-dessus de notre compréhension 153. » Enfin, on sait que Newton, dégoûté de l’étude des mathématiques, fut plusieurs années sans vouloir en entendre parler ; et de nos jours même, Gibbon, qui fut si longtemps l’apôtre des idées nouvelles, a écrit : « Les sciences exactes nous ont accoutumés à dédaigner l’évidence morale, si féconde en belles sensations, et qui est faite pour déterminer les opinions et les actions de notre vie. » En effet, plusieurs personnes ont pensé que la science entre les mains de l’homme dessèche le cœur, désenchante la nature, mène les esprits faibles à l’athéisme, et de l’athéisme au crime ; que les beaux-arts, au contraire, rendent nos jours merveilleux, attendrissent nos âmes, nous font pleins de foi envers la Divinité, et conduisent par la religion à la pratique des vertus.
Il y a quelques années qu’on étoit rassasié de Romans ; ce goût semble reprendre le dessus depuis peu ; parce qu’il est aisé, suivant un homme d’esprit, de les faire.
* * * L… rencontre Balochard, étudiant de sixième année, — une lettre à la main, — profondément consterné.
Le berceau de cette société nouvelle n’a point été, en apparence, entouré de mystères et de merveilles ; mais c’est aussi un mystère, et un mystère terrible, que cette foule d’hécatombes humaines ; mais c’est aussi une merveille, et la plus grande de toutes, que cette suite innombrable de démentis donnés chaque jour, pendant trente années, à la raison humaine, qui, chaque jour, croyait être sûre de son fait.
Addition au chapitre X de l’Essai sur les Institutions sociales [1830] J’ai imprimé, l’année dernière, une édition à petit nombre de l’Orphée, qui forme le quatrième volume de la présente publication.
La première, — par la date et par le talent — de ce temps, avant lequel il y eut bien des femmes qui écrivirent, mais où ce qu’on appelle le Bas-Bleuisme n’existait pas encore… Aussi, quand ce livre de Weymar et Coppet, qui n’a, d’ailleurs, de supériorité d’aucun genre, parut, il y a quelques années, il n’en attira pas moins l’attention de la Critique parce qu’il parlait de Mme de Staël.
Allez, croyez-le : pendant encore bien des années, comme le dirait Stendhal, les femmes tiquées d’écrire se grimeront devant leur glaces en Eugénie de Guérin, et se diront à chaque petite mine artistement exécutée : « Suis-je assez Eugénie comme cela !
C’est même de cette façon qu’on pait au blanc forcé, il y a plusieurs années, le linge des demoiselles Lola Montès et Céleste Mogador, qui, elles aussi, mais pour de plus joyeuses raisons que la dame cosaque d’aujourd’hui, eurent la fantaisie de publier leurs Mémoires… Seulement, si cet honnête M.
, telle enfin cette débutante sur le tremplin du roman, bien usé, bien écrasé maintenant, ce pauvre tremplin, tant il a fait rebondir, depuis des années, de lourds sauteurs !
Il y a déjà quelques années, on publia sur la Chine et sur les Chinois un petit livre, avec des dessins lithographies à deux teintes par Cicéri (je crois), et dont l’auteur était un artiste, un monsieur Auguste Borget, qui, au lieu de voyager à Paris dans les grammaires chinoises, avait pris le parti d’aller voir chez eux les Chinois, assis sur leurs propres tapis, et de leur demander, sans trop de cérémonie, une tasse de thé… Balzac, notre grand romancier, qui aimait la Chine comme un roman à écrire, rendit compte de cet ouvrage dans un journal, — une des lucioles du temps à présent éteinte.
Il rame, depuis des années, sur les galères de la publicité, qui n’est pas pour lui comme pour nous, profanes écrivains, la publicité de l’amour-propre, mais celle de la charité, et certainement il n’a pas trouvé dans l’opinion des hommes une récompense en proportion de ses efforts et de ses travaux.
Dans les premières années de ce siècle, deux hommes de génie, mais d’un génie qui finissait en rêverie, comme la flamme la plus pure finit en fumée, Ballanche et Niebuhr, frappèrent, avec des préoccupations diverses, au cœur même de la chose romaine ; mais l’exactitude de leurs travaux plus illuminés que lumineux, n’est-elle pas une question encore ?
Cénac-Moncaut, dont l’ouvrage suppose des années d’efforts et d’études, doit donc être profondément pénétré de l’importance, de la virtualité et de l’originalité instructive du sujet qu’il traite.
D’ailleurs, presque jamais un siècle ne finit sur la dernière année qui le termine et qui le ferme.
Renée est si littéraire qu’il semble regretter que madame de Montmorency n’ait pas été une des lionnes (c’est le mot de ce temps-là comme du nôtre) de l’hôtel de Rambouillet, et il écrit, pour s’en consoler : « Il est vrai que les beaux jours de cette société n’étaient pas venus encore, et que l’histoire s’est médiocrement occupée de ces premières années. » Ah !
Il a mieux aimé être agréable, être piquant, et même çà et là surprenant, sur des sujets usés et aplatis par le rouleau de tant de pédants qui passe dessus depuis des années !
La légende de la Papesse Jeanne, qui avait dû régner, au mépris de la chronologie, deux ans et quelques mois, entre Léon IV (mort le 17 juillet 855) et Benoît III (élu dès juillet de la même année), cette légende du ixe siècle qui a dupé l’imagination naïve du Moyen Âge, malgré son invraisemblance, et peut-être même en raison de son invraisemblance, était, comme une foule de légendes, tombée en désuétude et en oubli, de même qu’un champignon qui n’est pas vénéneux tombe silencieusement en poussière sur le fumier qui l’a produit, quand, de cette poussière ramassée, la Haine, un jour, voulut faire un poison, qu’on se mit alors à sévèrement analyser… On sait la date de ce jour-là.
Ce livre, dans lequel on a ramassé pieusement tout ce qui est sorti de la bouche sacrée du dieu Gœthe pendant les dernières années de son passage sur la terre, me fait, dès à présent, l’effet de ce fameux collier que les adorateurs du Grand Lama se roulaient autour du cou pour s’attester leur dieu, selon les histoires… Ils disaient que c’était là de l’ambre céleste ; et vous savez ce que c’était.
Ces deux livres nous apprennent assurément beaucoup de choses piquantes sur Charles-Quint et les dernières années de sa vie, mais l’important, ils ne le disent pas !
Les deux minutes sublimes de Marie-Thérèse, présentant son fils, dans ses bras, aux nobles enthousiasmés de son État, Blanche de Castille en fit des années !
Les guerres du xvie siècle éclatèrent et dévorèrent la France et l’Allemagne le même nombre d’années ; elles eurent toutes deux leur guerre de Trente ans.
Vacquerie, qui est né trop tard de quelques années, était un romantique attardé et violent, un romantique de la dernière heure et passé l’heure, aussi violent, aussi bruyant que les romantiques de la première.
Né dans les bois de la Vendée, les premières années de sa vie ne révélèrent pas l’homme qu’il devait être, la flamme d’esprit qui dormait en lui et qui devait en déborder.
Hormis une phrase que nous avons trouvée, il y a quelques années, dans ses Pensées diverses, une phrase charmante sur les sots et dont nous lui avons su un gré infini, nous n’avions rien de Lamennais qui pût faire croire qu’il était spirituel comme de Maistre, par exemple, qui l’est, lui, comme s’il n’était pas Savoyard !
C’est toujours le même tourbillon d’activité, inépuisable malgré les années, roulant dans les espaces de la création et les quelques pieds des salons de Berlin, cette capitale petite ville, comme une toupie assagie rétrécit ses orbes dans la petite main d’un enfant !
À l’exception presque unique des Lettres de Proud’hon, toujours en voie de publication et qui ont encore plus une valeur d’idées que ce qu’on entend par une valeur épistolaire, nous étions depuis quelques années accoutumés à un tel fretin, en fait de correspondances, que la sensation donnée par celle-ci fut une sensation véritablement transformée.
Donoso Cortès, marquis de Valdegamas, est un des écrivains catholiques les plus éminents de ces dernières années.
C’est toujours le même tourbillon d’activité, inépuisable malgré les années, roulant dans les espaces de la création et les quelques pieds des salons de Berlin, cette capitale petite ville, comme une toupie assagie rétrécit ses orbes, dans la petite main d’un enfant !
Le Saint Anselme d’aujourd’hui est bien de la même main qui écrivit l’Abailard, et il y a quelques années, cet Essai de philosophie en plusieurs volumes qui, erreurs à part, accusait plus d’aperçus et de verve cérébrale que les livres publiés depuis par l’auteur.
« Je suis en tout de la plus grande faiblesse, dit-elle, mais, appuyée à la colonne de l’Oraison, j’en partage la force. » Malade, pendant de longues années, de maladies entremêlées et terribles qui étonnent la science par la singularité des]symptômes et par l’acuité suraiguë des douleurs, Térèse, le mal vivant, le tétanos qui dure, a vécu soixante-sept ans de l’existence la plus pleine, la plus active, la plus féconde, découvrant des horizons inconnus dans le ciel de la mysticité, et sur le terrain des réalités de ce monde, fondant, visitant et dirigeant trente monastères, quatorze d’hommes et seize de filles.
Il resta plusieurs années en Italie, où, paraît-il, il ne caressa pas que des abstractions… Cependant, malgré une jeunesse qui ressembla plus par les mœurs à celle d’un poète comme Byron qu’à celle d’un philosophe qui devait proclamer un jour la beauté de la continence et la nécessité de l’ascétisme, la métaphysique le tenait.
Et, malgré la mélancolie des années, qui met ses safrans sur le front du poète, il y boira toujours, dans cette « coupe rose », même les neiges de la vieillesse que l’Imagination saura bien changer en sorbets.
Dès ses premières années, il avait jeté sur la flamme de son esprit un boisseau de connaissances qui auraient pu l’éteindre et qui ne l’éteignirent pas.
lisez tout Le Dernier Chant, si vous êtes digne de boire à cette coupe d’Hercule de poésie, de cette poésie filtrée, épurée, gardée tant d’années en bouteille parle poète, et devenue ainsi plus savoureuse, comme le vin, ce fils du soleil et du temps !
Il n’est qu’une gemme de ce collier des Grandes Dames qu’Arsène Houssaye nous sertit depuis quelques années.
Depuis quelques années on s’était mis à jouer des tragédies dans nos villages du Comtal.
Il déguisa son nom et sa naissance, et vécut plusieurs années inconnu, errant de ville en ville, et de pays en pays, manquant de tout, réduit le plus souvent, pour subsister, à labourer la terre, ou à cultiver des jardins, maniant tour à tour la charrue et la bêche, et honorant cet état par son courage.
La douleur irritée de Cérès, la vengeance dont elle menace les humains en laissant la terre inculte, est vaincue par les prières de Rhéa, sa mère, et par la promesse qu’elle reverra sa fille et passera désormais avec elle dans l’Olympe les deux tiers de l’année.
Au moins devrait-elle reconnaître son erreur, lorsque les années sont venues fortifier un talent qui produit avec entêtement et qui se grandit à mesure. […] Je sais aussi que notre enfance chantera pour toujours dans notre avenir, et que nos jeunes années portent déjà, les mains hautes, la corbeille fleurie de notre existence future. […] Puisque l’épreuve est terminée, La fête de la chair dans l’éternelle année. […] Vous souvient-il que cette année 1893 fut particulièrement heureuse et tendre. […] Depuis quelques années aucun écho ne répercute dans l’âme de la foule les chants du poète.
. — De là un troisième problème, relatif à la forme de l’art et surtout de la poésie, l’art qui semble le plus abaissé depuis un certain nombre d’années. […] Un roc arrondi, strié de déchirures parallèles, suffit pour évoquer aux yeux l’image d’un glacier glissant silencieusement sur lui, il y a un million d’années. […] Cet instrument merveilleux, qu’on ne peut plus refaire une fois brisé, est peut-être destiné, comme tous les autres, à se désorganiser lentement avec les années, à tomber en poussière. […] Cette science a été l’objet, depuis quelques années, d’un certain nombre de travaux. […] , 3e année). — Voir aussi l’ouvrage de Μ.
Sarcey rédige depuis plus de quinze ans le feuilleton dramatique du Temps, je le lis assidûment depuis le même nombre d’années. […] Au bout d’un petit nombre d’années, les décorations d’une pièce et son matériel figuratif n’existent plus. […] Il fallait créer, comme cela s’est fait, de soi-même et insensiblement, pour des époques plus anciennes, un type général qui eût le caractère du temps sans être le personnage à la mode de telle ou telle année. […] Dans les cinquante dernières années, l’esthétique dramatique s’est modifiée. […] Cette année, on a remonté à la Comédie-Française Bertrand et Raton, dont un des actes se passe dans le modeste magasin de soieries de Raton Burgenstaf.
Le seul Horace chez les Latins nous les représente tous, imités, réduits, condensés pour ainsi dire, avec un art consommé ; mais est-ce la même chose que le fruit cueilli à même de l’arbre, à tous les rameaux du verger, — de ce verger assez semblable à celui d’Alcinoüs, dont le Poëte a dit dans une douceur et une plénitude fondante : « Là, de grands arbres s’étendent sans cesse verdoyants, poiriers et grenadiers, et pommiers brillants de leurs pommes, et figuiers savoureux et oliviers pleins de fraîcheur, desquels jamais le fruit ne périt ni ne fait défaut, hiver ni été, durant toute l’année ; mais toujours, toujours Zéphyre, de son souffle, fait pousser les uns et mûrit les autres : la poire vieillit sur la poire, la pomme sur la pomme et raisin aussi sur raisin, et figue sur figue… » Telle fut, chez les Grecs, l’abondance lyrique première. — La Couronne de Méléagre, dans son cercle un peu réduit, devait en offrir encore le plus parfait et le plus pur assemblage, si l’on en juge par l’âge du recueil, par les noms qui y figuraient et par le goût de finesse et d’élégance dont l’assembleur lui-même a fait preuve dans ses propres vers. […] Agé de beaucoup d’années, j’ai gravé ceci sur mes tablettes en vue de la tombe, car celui qui est voisin de la vieillesse n’est pas loin de Pluton.
Les deux événements les plus saillants de l’année révolutionnaire de 1848 sont le mouvement même du 24 février, qui inonde tout à coup les rues d’hommes armés qui élèvent des barricades au cœur de Paris, qui lasse l’armée pendant deux jours de lutte, qui établit un camp insignifiant mais inexpugnable dans le centre d’une capitale, qui bivouaque toute une nuit sur les toits, qui paraît dissous, et qui, le matin du troisième jour, sort de ce camp, attaque et disperse les troupes royales, marche sur le palais, en chasse la royauté, entoure l’Assemblée, et ne se dissipe que devant quelques citoyens tout à fait étrangers à la sédition, qui proclament du droit d’un interrègne le règne provisoire de la nation. […] Qui peut nier que l’attendrissement sur le sort de Louis XVI et de sa famille n’ait été pour beaucoup dans le retour vers la royauté quelques années après.
Puis sa vieillesse, pleine de sève et d’imagination, l’avait mûri d’années sans l’énerver d’esprit. […] C’est que les hommes qui en prirent la direction d’une main ferme et téméraire n’avaient donné à la démagogie aucun de ces gages et de ces complicités qui lient les hommes d’État aux excès de la multitude ; c’est surtout parce que la leçon terrible de 1793 a frappé l’esprit du peuple, et que la presse et la tribune libres avaient depuis trente années formé ce peuple par un certain apprentissage de la liberté.
Elle, de son côté, sachant que le jeune était plein d’égards et d’obéissance pour le vieux, soit en portant le plus qu’il pouvait le poids de la chaîne commune, soit en faisant double tâche pour diminuer la fatigue du vieillard affaibli par les années, avait conçu involontairement une vive reconnaissance pour le jeune galérien ; elle le regardait, à cause des soins pour son père, plutôt comme son frère que comme un criminel réprouvé du monde. […] Vous savez, monsieur, quand on est si jeune et que l’on compte si peu de mois dans la vie passée, les mois à venir paraissent longs comme des années.
Dis au père Hilario, ton confesseur, et qui donnerait son sang pour ton salut, ce que tu viens de me dire, dis-lui que tu mourras dans l’impénitence finale et dans le désespoir sans pardon, si, avant de mourir, tu n’emportes pas la certitude de mourir inséparable de moi après cette vie, et de vivre sposo e sposa dans le paradis, puisque nous n’avons pu vivre ainsi dans ce monde, et que, pour t’assurer que le paradis ne sera pour nous deux qu’une absence et qu’une attente de quelques années d’un monde à l’autre, il faut que nous ayons été époux, ne fût-ce qu’un jour dans notre malheur. […] et je le ferai de bon cœur encore, car ne devrai-je pas plus de bonheur que de malheur à ceux qui m’auront donné ainsi une éternité avec Fior d’Aliza pour quelques misérables années sur la terre !
Je ne sache pas, d’ailleurs, que Racine ait été injurié par quelqu’un d’un peu intelligent depuis au moins quarante années. […] On dirait vraiment que quelques-uns en veulent encore à Racine d’avoir fait Esther et Athalie et d’avoir été dévot dans ses dernières années au point d’aller tous les jours à la messe.
De la même époque est la conception primitive de Parsifal : comme contraste en face de Tristan, dans l’esprit du poète naquit l’image de Parsifal, le Compatissant, le Renonceur et le Sacrifié ; mais bientôt cette figure se détacha tout à fait de celle de Tristan ; l’esquisse de Tristan fut achevée en ces années 1854 et 1855, et celle de Parsifal ne fut ébauchée qu’au printemps de 1857, éveillée au jour du Vendredi-Saint. […] Dès immédiatement, notons deux importantes publications : la seconde année du petit Calendrier de Bayreuth (Bayreuther Taschen-Kalendar für 1886), — et la version française de la.
Pas plus de nouvelles de l’armée bruyante partie l’autre année, que d’un torrent perdu dans les sables. […] Un rayon s’allume dans son œil éteint et perce l’horizon de l’année future. — Le Chœur se confie en l’armée nouvelle qui réparera la défaite ; il lui répond avec l’accent du Destin : — « Celle-là même qui est restée dans l’Hellade, ne reviendra plus. » — Le voilà maintenant, prophète comme Samuel : le sépulcre donne, comme le trépied, sur les exhalaisons de l’Esprit divin.
Combien de fois n’avons-nous pas vu dans ces dernières années la foule se porter en masse et en hâte dans les théâtres, dans les ateliers, chez les libraires, sur l’avis trompeur d’un farceur ou d’un intéressé ; et là, en présence du chef-d’œuvre, s’écarquiller les oreilles et les yeux, le cou tendu, la poitrine contenue, ne demandant qu’à se laisser violer dans son indifférence ! […] À part quatre ou cinq noms que je me dispense de citer, mais que chacun connaît, je demande si, dans les essais poétiques qui se sont manifestés dans ces dernières années, il est possible de voir autre chose que réminiscences et pastiches.
IV Les premières années du xviiie siècle étaient révolues. […] ce qu’on appelle l’esprit d’une époque n’est guère redoutable que parce que ceux qui devraient le diriger se laissent emporter à son flot, par manque de hardiesse ou par manque de génie, et c’est là précisément ce qui arrivait en Europe vers l’année 1766.
Il recueille au fur et à mesure dans une corbeille préparée les fruits intérieurs des saisons diverses, les récoltes des années successives ; il ne les laisse pas mourir sur pied, ni se dessécher à la branche.
A cet âge de séve restante et de jeunesse retrouvée, ce serait puissance et génie de la savoir à propos ensevelir, et d’imiter, Poëte, la nature tant aimée, qui recommence ses printemps sur des ruines et qui revêt chaque année les tombeaux.
Ce désaccord, qui tenait à la rapidité des temps et à l’empressement honorable des premières générations, a graduellement cessé ; depuis une douzaine d’années surtout, l’Université ne se lasse pas de former dans ses écoles, d’exercer dans ses concours, une jeune et forte milice qui soutiendrait le choc dans les luttes philologiques contre nos rivaux d’outre-Rhin, et qui n’a pas à rougir non plus devant les souvenirs domestiques, devant les traditions exhumées de la vieille Université d’avant Rollin.
Regardez les costumes des méchants drames qu’on joue dans les dernières années de l’ancien régime : une curiosité réaliste s’y fait sentir : voyez notamment Préville en menuisier travaillant à son établi605.
[La Revue française (année 1856, 6e vol.).]
En tête du volume, il y a une lettre de Francesco Andreini, comico Geloso detto il capitano Spavento, dans laquelle il fait l’éloge de son compagnon, « qui ne dérogea pas à la noblesse de sa naissance en s’adonnant au noble exercice de la comédie » ; il rappelle le succès que ces pièces ont eu pendant de longues années, et promet une seconde série non inférieure à la première ; mais il ne paraît pas que celle-ci ait jamais vu le jour.
Parfois, l’aîné, gamin d’une douzaine d’années, sur un signe de sa mère, se détachait pour aller tendre un bougeoir, une serviette, manège si habituel que personne n’y prenait garde, sauf quand des discussions éclataient, provoquées par l’ivresse ou un excès de marchandage.
Au reste, les critiques anglais, et Bain à leur tête, viennent de reconnaître en lui « un psychologiste d’un ordre peu commun » ; et nous nous associons pleinement à leur jugement : « que ses traités sont des plus suggestifs que l’École de l’expérience ait publiés en Angleterre, dans ces dernières années. » Signalons encore M.
Les pages qu’écrit le journaliste s’envolent ; les paroles que distribue durant des années le professeur courent le risqueb de se perdre.
Jules Lemaître (1853-1914) : Normalien, auteur d’une thèse de Doctorat, professeur, puis universitaire jusqu’en 1884, écrivain, journaliste à la Revue Bleue, au Journal des Débats, ce fils d’instituteur du Loiret publia de nombreuses études critiques qui furent réunies et publiées dans les années 1880-1890 : ce sont les huit séries des Contemporains, et les dix séries des Impressions de théâtre.
Par moments on imagine surprendre le phénomène de la transmission de l’idée, et il semble qu’on voit distinctement une main prendre le flambeau à celui qui s’en va pour le donner à celui qui arrive. 1642, par exemple, est une année étrange.
Enfin, parmi ces nobles esprits, il faut placer au premier rang l’illustre publiciste enlevé à la France il y a quelques années, et dont le nom grandira de plus en plus avec le temps, M. de Tocqueville.
Si l’on considère un instant dans son ensemble le mouvement poétique de ces vingt-cinq dernières années, on est frappé par le nombre considérable de discussions qui ont été provoquées par des questions de pure forme, et même, la plupart du temps, exclusivement prosodiques.
Je ne vous ferai grâce de rien cette année.
Les macedoniens établis en Syrie et en égypte y devinrent au bout de quelques années des syriens et des égyptiens, et dégenerant de leurs ancêtres, ils n’en conserverent que la langue et les étendarts.
Anthropologie, 1898), par Sutherland (The Origin and Growth of the Moral Instinct), et par Steinmetz (Classification des types sociaux in Année sociologique, III, p. 43-147).
Sachez donc que ce palladium n’a point été brisé par ceux que vous en accusez, mais par le temps ; ainsi vous devez leur rendre votre estime et votre amour. » La question de l’origine du langage a souvent occupé les philosophes depuis quelques années.
Vous rappelez-vous l’effet de lumière et de bruit que fit, il y a quelques années, en Europe, le livre du marquis de Custine sur la Russie ?
Vus de cette hauteur, de ces cinq années passées à chercher une fortune pour la France et pour lui, les autres détails de cette biographie paraissent insignifiants, si attachants, si curieux qu’ils puissent être, et tant on est enlevé dans une sphère supérieure à ces détails !
Elle était née sans aucune mémoire, sans aucune imagination, disait-elle, et de plus parfaitement incapable de discourir avec l’entendement ; mais la Prière, la Prière plus forte que toutes les sécheresses, lui donna toutes les facultés qui lui manquaient ; car la Prière a fait Térèse, plus que sa mère elle-même : « Je suis en tout de la plus grande faiblesse, — dit-elle, — mais, appuyée à la colonne de l’Oraison, j’en partage la force. » Malade, pendant de longues années, de maladies entremêlées et terribles qui étonnent la science par la singularité des symptômes et par l’acuité suraiguë des douleurs, Térèse, le mal vivant, le tétanos qui dure, a vécu soixante-sept ans de l’existence la plus pleine, la plus active, la plus féconde, découvrant des horizons inconnus dans le ciel de la mysticité, et, sur le terrain des réalités de ce monde, fondant, visitant et dirigeant trente monastères : quatorze d’hommes et seize de filles.
Rat de bibliothèque, lui, et même un vieux rat, fonctionnant et perçant et trouant à travers les bouquins depuis des années, il ronge non pas d’une dent superbe, — dente superbo , — mais d’une dent qui a l’habitude de la chose, la bure ou la serge de la Carmélite.
La première fois que celui qui écrit ces lignes le rencontra, — il y a de cela des années, — il ressemblait encore à ce portrait de son salon où, sous de longs et magnifiques cheveux noirs, éclatait, sombre, ce visage qu’on aurait dit fait de la beauté de quatre races différentes : la juive, la bohémienne, la phocéenne et la mauresque, et où le lion et l’aigle se confondaient, comme dans une chimérique tête de blason.
Ainsi, un des premiers, il y a déjà bien des années, Alfred de Musset l’avait dansée, cette Sainte-Manon, dans des vers qui ne le compromettent pas, car ils sont superbes, — et d’ailleurs un poète de génie est toujours un danseur… par les ailes !
lisez plutôt ces lettres, ce roman fini dans un tour d’année.
Qu’il écrive même, s’il veut, comme Talleyrand, ses Mémoires ; mais qu’il ne mette pas, comme Talleyrand, trente années à les publier.
Le sénat lui députa Sulpicius, et ce citoyen affaibli par la maladie et les années, mourut en ambassade.
Un autre, fendant la terre couverte d’arbres, est asservi pour l’année au maître des charrues recourbées ; un autre, avec l’art de Minerve et de l’inventif Vulcain, de ses deux mains durcies au travail, gagne sa vie ; un autre, instruit par les dons des muses olympiennes, sait la juste mesure de l’aimable sagesse.
Je ne doute pas qu’ainsi doué il n’arrive, après quelques années d’apprentissage, à d’excellents résultats. […] Dans la frise, les bons génies de la maison portent en triomphe la couronne avec les fleurs et les fruits de l’année heureuse ». […] De même pour tous les procédés traditionnels que l’artiste s’assimile dans ses années d’apprentissage. […] On sait comme ses compositions ont souffert de ces imprudentes expériences. — Quelques tableaux de Charles Sellier ont tellement noirci en quelques années, qu’à peine aujourd’hui peut-on en discerner le sujet. […] Ces exercices devraient trouver place dès le début, dans les premières années d’apprentissage.
Je trouve d’abord un peu bizarre que, depuis une vingtaine d’années, on se soit beaucoup plus occupé du ménage de Molière que de son œuvre. […] Car c’est la grande question de l’année. […] Le cours des années, qui a fait tant de bien à certaines parties du théâtre de Shakespeare, a fait le plus grand tort à d’autres. […] le beau froment, la joie de nos guérets, l’ornement de la terre, la récompense du laboureur… Le pauvre monde peine beaucoup ; le bon Dieu lui envoie des années qui le soulagent. […] Julie et d’Arcy, qui, pendant de longues années, ont lutté contre leur amour et considéré cette lutte comme un devoir, s’abandonnent tout à coup.
On conviendra qu’il aurait fallu un héroïsme démocratique tout à fait exceptionnel et miraculeux, dans ces conditions, pour écrire consciencieusement une pièce comique à tendances démocratiques, la limer, la polir avec amour pendant une bonne année, la barder délicatement des traits les plus fins et les plus perçants à l’adresse des hautes classes, et arriver, au bout de l’an, à la faire refuser avec douceur, et à ne plus pouvoir la faire jouer qu’à Lacédémone, où il n’y avait pas de théâtre. […] Jusserand, si connu déjà par son histoire de la littérature anglaise, a pris les devants — ce qui n’empêche personne de continuer les travaux entrepris ; car il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père, et la maison de Shakspeare est une très vaste maison — et il nous a donné cette année un volume à la fois très informé, très piquant, très solide et très spirituel, intitulé : Shakspeare en France sous l’ancien régime. […] Il devient chez lui procédé, procédé que (ne cessons jamais de le dire) il emploie très rarement ; mais enfin, quand il l’emploie, ce n’est plus avec la même aisance que quelques années auparavant. […] Ils la jouèrent dans les derniers mois de l’année 1668.
Agamemnon feint de vouloir lever le siège après neuf années d’efforts inutiles. […] Cette admiration de l’antiquité, admiration fondée en moi sur la connaissance précoce de ses chefs-d’œuvre dans toutes les langues et dans tous les arts, m’inspirait, il y a quelques années, au nom d’Homère, les vers suivants : Homère ! […] Voici la vingtième année que j’abordai en ces lieux, que j’ai perdu ma patrie, et jamais je n’entendis de ta bouche une parole outrageante ou même dure ; au contraire, si une de mes sœurs ou ma belle-mère Hécube m’adressait quelques reproches dans nos palais (car Priam, lui, fut comme un père toujours doux envers moi), toi, Hector, en les réprimandant avec bonté, tu les adoucissais par tes douces et indulgentes paroles.
Nous le ferons quand, dans nos entretiens de l’année prochaine, nous vous parlerons de l’éloquence sous toutes ses formes. […] « Tant que la vie de Crassus avait été occupée dans les travaux du forum, il était distingué par les services qu’il rendait aux particuliers et par la supériorité de son génie, et non pas encore par les avantages et les honneurs attachés aux grandes places ; et l’année qui suivit son consulat, lorsque, d’un consentement universel, il allait jouir du premier crédit dans le gouvernement de l’État, la mort lui ravit tout à coup le fruit du passé et l’espérance de l’avenir ! […] Il en sera d’elles comme de ces prisonniers qui ont été plusieurs années dans les fers : ce n’est pas sans peine qu’ils marchent.
Elle s’indigne d’abord : « Ta faute, dit-elle à Norah, n’est pas seulement horrible en elle-même ; elle ridiculise, elle bafoue mes scrupules et ma résignation et rend grotesques à mes propres yeux cinq années de ma triste vie ! […] Je les ai entrevus, et cela m’a peu réussi… Et mon seul vœu, c’est, après quelques années d’exil nécessaire, de reprendre ici cette vie pâle et douce, où j’avais la lâcheté de me croire malheureuse. » Bref, elle s’est ressaisie ; la foi, le courage et la paix lui sont revenus ; et elle a définitivement compris que ce fameux « droit au bonheur », dont de bouillants Norvégiens lui ont peut-être parlé, est un mot dépourvu de sens pour une chrétienne. […] Cette défaveur se conçoit moins et ne paraît plus guère fondée en raison depuis le suffrage universel, et surtout après vingt années de République démocratique.
L’historien de la littérature n’a plus, pour les quarante dernières années, qu’à contempler successivement les chefs-d’œuvre qui font du dix-septième siècle le plus grand de notre histoire, et peut-être de l’histoire de l’esprit humain. […] Elle est devenue champêtre dans les premières années du dix-huitième siècle, sensuelle au milieu, ou, comme on disait alors, sentimentale. […] Or quelle vraisemblance y a-t-il à entasser dans les trois heures que dure une représentation, sous peine d’excéder la faculté si bornée que nous possédons même pour le plaisir, assez d’incidents pour remplir des mois et peut-être des années ?
À cette question tant de fois posée depuis une dizaine d’années, les échos répondent encore : la Littérature est morte ! […] Celles qui résistent à l’épreuve capitale des années, qui grandissent au long des siècles et se recouvrent d’une gloire éternelle, sont au contraire celles qui participent le plus de l’humanité, qui descendent au plus vrai des consciences, celles qui synthétisent le mieux dans l’espace et la durée la matière émouvante de l’art : l’Homme et la Vie. […] L’homme des initiales journées de 89, qui, le 23 juin osait décréter l’abolition du principe jusqu’alors absolu de la royauté, se vit deux années après, accusé de complicité avec la monarchie. […] Pour la même raison encore, nous en devons montrer une autre, non moins importante, quoique d’une différente nature et dont on a déjà paru tenir compte, lorsqu’il y a une dizaine d’années on commença de parler d’art social.
Une autre fois la querelle fut si terrible que le fils et la mère, chacun séparément, s’en allèrent chez le pharmacien pour « savoir si l’autre n’était point venu chercher du poison pour se détruire, et pour avertir le marchand de ne point lui en vendre. » Quand il alla aux écoles, « ses amitiés, dit-il lui-même, furent des passions1237. » Bien des années après, il n’entendait point prononcer le nom de Clare, un de ses anciens camarades, « sans un battement de cœur. » Vingt fois pour ses amis il se mit dans l’embarras, offrant son temps, sa plume, sa bourse. […] Hobhouse ne sait pas à quoi j’étais occupé l’année après qu’il a quitté le Levant. […] … Je ne sais que répondre, mais je pense que c’est dans mon tempérament, … comme aussi de me réveiller dans l’abattement, ce qui n’a jamais manqué de m’arriver depuis plusieurs années. […] I, p. 121, année 1807.
La poésie n’était donc pas morte dans les âmes comme on le disait dans ces années de scepticisme et d’algèbre, et puisqu’elle n’est pas morte à cette époque, elle ne meurt jamais. […] Ne laisserai-je ma pensée poétique que par fragments et par ébauches, ou lui donnerai-je enfin la forme, la masse et la vie dans un tout qui la coordonne et la résume, dans une œuvre qui se tienne debout et qui vive quelques années après moi ?
Plusieurs années avant Perrault, Homère avait été traité comme Aristote. […] Il se piqua au jeu, et l’année suivante il revint à la charge, assisté d’un champion déjà plus que blessé, son Clovis réimprimé.
En vivant quelques années de plus, Forneron avait pris la jeunesse ; ce qui ne veut pas dire qu’il ait perdu de sa virilité. […] Quelques années pourtant après le livre de Granier de Cassagnac, M.
C’est une concentration de plusieurs années. […] Mais je déclare que j’ai lu avec beaucoup de soin ces quatre volumes qui racontent les quarante premières années de sa vie, et que je n’ai pas trouvé un seul fait qui appuie cette accusation de méchanceté.
Il est vrai qu’Edmond de Goncourt fait une réserve : C’est « la jeune fille moderne, dit-il, telle que l’éducation artistique et garçonnière des trente dernières années l’a faite ». […] Les années, qui, le plus souvent, ne sont bonnes à rien, lui avaient été bonnes à quelque chose… Seulement, il paraît que M. de Goncourt ne s’est modifié qu’en histoire.
) Savez-vous que l’empereur m’a donné l’année passée cinquante mille livres de rentes ?
Edmond Scherer, hors du monde protestant qu’il a étonné pourtant et peut-être scandalisé dans ces dernières années, presque autant que M.
Il en a paru plus d’une en ces dernières années.
Les jouissances de la gloire, éparses dans le cours de la destinée, époques dans un grand nombre d’années, accoutument, dans tous les temps, à de longs intervalles de bonheur ; mais la possession des places et des honneurs, étant un avantage habituel, leur perte doit se ressentir à tous les moments de la vie.
Il atteignait ainsi la fin de la semaine, puis du mois, puis de l’année.
Depuis quelques années, l’étude du français a été mise au premier plan dans l’éducation des jeunes gens.
Dans ses dernières années, Ronsard habitait son prieuré de Saint-Cosme ou son abbaye de Croixval ; souvent il venait à Paris, soit chez son ami Galland, principal du collège de Boncourt, soit dans une maison qu’il avait à l’entrée du faubourg Saint-Marcel (rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont).
. — Éditions : Un été dans le Sahara, 1 vol. in-18, 1857 ; Une année dans le Sahel, in-18, 1850 ; Dominique, in-18. 1863 ; les Maîtres d’autrefois, in-18, 1876.
Jacquinet, après de longues années de vertu, a voulu se délasser des austères compagnies, et il est allé trouver..
Jules Barbier n’est point une aventure particulière, mais la tragique et sanglante et merveilleuse histoire de l’Église de Lyon dans la dix-septième année du règne de Marc-Antonin ; que son dessein est de nous peindre des phénomènes moraux collectifs, de nous montrer, dans tout un groupe de chrétiens, la contagion de la foi et de l’héroïsme, la sublime émulation et, proprement, l’ivresse du martyre ; et, si vous voulez, de donner une forme dramatique au dix-neuvième chapitre du Marc-Aurèle d’Ernest Renan.
Il n’y a plus aucune place, en effet, pour les divertissements comiques pendant ces dernières années du règne de Henri III où s’engage la lutte suprême de la Ligue et de la royauté.
Une querelle s’éleva, voici quelques années, entre deux critiques notoires l’un tenait pour la méthode dogmatique, l’autre pour l’impressionniste.
Année sociologique, 1903, p. 560 (F.
Vers l’an 28 de notre ère (quinzième année du règne de Tibère), se répandit dans toute la Palestine la réputation d’un certain Iohanan ou Jean, jeune ascète plein de fougue et de passion.
Un sommeil d’un million d’années n’est pas plus long qu’un sommeil d’une heure.
C’est un homme sincère et modéré, qui a déjà livré plus d’un combat pour toute liberté et contre tout arbitraire, qui, en 1829, dans la dernière année de la restauration, a repoussé tout ce que le gouvernement d’alors lui offrait pour le dédommager de l’interdit lancé sur Marion de Lorme, et qui, un an plus tard, en 1830, la révolution de juillet étant faite, a refusé, malgré tous les conseils de son intérêt matériel, de laisser représenter cette même Marion de Lorme, tant qu’elle pourrait être une occasion d’attaque et d’insulte contre le roi tombé qui l’avait proscrite ; conduite bien simple sans doute, que tout homme d’honneur eut tenue à sa place, mais qui aurait peut-être dû le rendre inviolable désormais à toute censure, et à propos de laquelle il écrivait ceci en août 1831 : « Les succès de scandale cherché et d’allusions politiques ne lui sourient guère, il l’avoue.
Sulpice, employé plusieurs années à la conversion des Calvinistes, prédicateur, théologien, & très-bel esprit ; étoit encore l’homme du royaume le plus aimable.
Ménage disoit qu’ôter de la poësie Vénus, Cupidon & les Graces, c’étoit retrancher le printemps de l’année ; & que, bien loin que nous eussions trop de tous les dieux & de toutes les déesses de l’antiquité, il seroit à souhaiter que le nombre en fût plus considérable, pour ajouter encore à l’illusion & aux effets de la poësie.
Ensuite, quand l’effort puissant des années a courbé le corps, émoussé les organes, épuisé les forces, le jugement chancelle, et l’esprit s’embarrasse comme la langue.
Sans citer tant d’exemples présents à tous les esprits, voici un écrivain qui a débuté dans la carrière des lettres il n’y a pas loin de soixante ans, qui a reçu les encouragements de Mme de Staël, qui déjà joua un rôle politique important sous la première restauration, qui pendant les quinze années du gouvernement des Bourbons fut à la fois un publiciste populaire et un professeur de premier ordre, déployant avec une égale énergie son activité dans les luttes de la politique et dans les recherches ardues de la science, qui plus tard, après 1830, passant de l’opposition au pouvoir, se révélait comme le plus grand orateur politique de son temps, dépensait chaque jour pendant une lutte de dix-huit ans toutes les forces réunies de l’éloquence et du caractère contre le flot toujours montant de la révolution, et qui enfin un jour était emporté par elle !
J’ai passé mes plus belles années à épuiser cette vaste collection ; que m’a-t-elle appris ?
Bien des années avant de prendre à Diderot son Neveu de Rameau, il avait pris à Richardson sa Clarisse, qu’il avait non pas traduite, mais concentrée dans un style autrement poignant, étincelant et beau que celui de l’auteur anglais.
Qui ne se souvient de l’effet qu’il y a quelques années produisirent, dans la Vie Parisienne, — un journal hardi, trop hardi peut-être, non pour moi, mais pour les bégueules que j’adore !
Ne croirait-il pas ou que son absence a duré des siècles, ou que le genre humain s’est réuni pour créer en si peu d’années tant de merveilles, ou que ce spectacle étonnant n’est que l’effet et l’illusion d’un songe ?
Je vais éclaircir ma pensée par ces exemples ; Si je dis que Rome fut d’abord gouvernée par des Rois, dont l’autorité duroit autant que leur vie, ensuite par deux Consuls annuels ; que cet usage fut interrompu pendant quelques années ; que l’on élut des Décemvirs qui avoient la suprème autorité, mais qu’on reprit bien-tôt l’ancien usage d’élire des. […] Cette pratique ne s’est introduite qu’insensiblement, & n’a pas été d’abord suivie avec bien de l’exactitude : mais aujourd’hui que l’usage du Bureau typographique, & la nouvelle denomination des lettres ont instruit les maîtres & les éleves ; nous voyons que les Imprimeurs & les Ecrivains sont bien plus exacts sur ce point, qu’on ne l’étoit il y a même peu d’années : & comme le point que les Grecs ne mettoient pas sur leur iota, qui est notre i, est devenu essentiel à l’i, il semble que l’accent devienne, à plus juste titre, une partie essentielle à l’e fermé, & à l’e ouvert, puisqu’il les caractérise. […] Que notre orthographe s’est bien réformée depuis quelques années. […] Dans les premieres années de ma vie, avant que les organes de mon cerveau eussent acquis un certain degré de consistance, & que j’eusse fait une certaine provision de connoissances particulieres, les noms que j’entendois donner aux objets qui se présentoient à moi, je les prenois comme j’ai pris dans la suite les noms propres. […] L’animal que je viens de voir à la foire a rappellé en moi les impressions qu’un lion y fit l’année passée ; ainsi je dis que cet animal est un lion ; si c’étoit pour la premiere fois que je visse un lion, mon cerveau s’enrichiroit d’une nouvelle idée exemplaire : en un mot, quand je dis tout homme est mortel, c’est autant que si je disois Alexandre étoit mortel ; César étoit mortel ; Philippe est mortel, & ainsi de chaque individu passé, présent & à venir, & même possible de l’espece humaine ; & voilà le veritable fondement du syllogisme : mais ne nous écartons point de notre sujet.
L’année dernière encore, Corneille, mettant en présence Sertorius et Pompée, ne les place en face l’un de l’autre, tête à tête, qu’au troisième acte. […] En une seule soirée le Paysan perverti passait quinze années dans la capitale ; le Joueur de Ducange avait vingt-cinq ans au premier acte et quarante-cinq au dernier. […] La nouveauté, c’est qu’il fut joué à la Comédie française, oui, certes ; mais en soi c’était un drame des boulevards analogue à ceux qu’on y jouait depuis une vingtaine d’années. […] C’est, la même année, Schœnbrun et Sainte-Hèlène à la Porte-Saint-Martin. […] Le succès en somme avait été à Dorval ; mais il faut se souvenir que Mars en 1835 avait une soixantaine d’années (exactement cinquante-sept) et Mme Dorval à peine trente.
Dans des milliers d’années, quand le recul du passé n’en laissera plus apercevoir que les grandes lignes, nos guerres et nos révolutions compteront pour peu de chose, à supposer qu’on s’en souvienne encore ; mais de la machine à vapeur, avec les inventions de tout genre qui lui font cortège, on parlera peut-être comme nous parlons du bronze ou de la pierre taillée ; elle servira à définir un âge 61 Si nous pouvions nous dépouiller de tout orgueil, si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l’histoire et la préhistoire nous présentent comme la caractéristique constante de l’homme et de l’intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens, mais Homo faber. […] Ainsi, l’étude comparative qu’on a faite, dans ces dernières années, de l’instinct social chez les diverses Apides établit que l’instinct des Méliponines est intermédiaire, quant à la complexité, entre la tendance encore rudimentaire des Bombines et la science consommée de nos Abeilles : pourtant entre les Abeilles et les Méliponines il ne peut pas y avoir un rapport de filiation 68. […] Voir à ce sujet, dans l’Année biologique de 1898, p. 338, le résumé d’un travail (en russe) de Tarakevich et Stchasny. […] Physiologie, 1898), et Forel, Un aperçu de psychologie comparée (Année psgehologique, 1895).
La même année parurent les Contes domestiques, renfermant les Oies de Noël, deux Nouvelles, et des erreurs, des ballades. […] Enfin l’année suivante parut Mademoiselle Mariette. […] la versification, si c’est cela que vous entendez par poésie, et non cette fleur de l’âme qui s’épanouit en gerbe dans notre esprit de la vingtième année, oh ! […] Je vous assure que, loin d’être anarchistes, nous sommes reconstructeurs ; c’est nous qui pouvons nous dire la légitimité et réclamer la domination au nom de trois mille années de tradition. […] On a mis plusieurs années à le faire, dit-on.
La Science et la Religion Le 27 novembre de l’année qui vient de finir, j’ai eu l’honneur d’être reçu par Sa Sainteté le Pape Léon XIII en audience particulière. […] C’est un recueil de conférences prononcées il y a quelques années en Amérique ou en Angleterre, et dont l’intention générale, si je l’ai bien comprise, est d’établir qu’on ne trouve Dieu qu’en le cherchant en soi-même. […] Aussi bien la notion de la « contingence des lois de la nature » commence-t-elle depuis quelques années à s’introduire dans la métaphysique même ; et on se rend compte de l’abus de raisonnement que l’on commet en niant le surnaturel au nom d’une expérience aussi courte et aussi neuve qu’est la nôtre.
Renan, rares au sommet du crâne et malhabilement ramenés, peut-être par inconsciente coquetterie de moine raté, sont d’une nuance châtain-gris sale qui éloigne despotiquement l’antique image du nombre des années par le nombre des neiges et des hivers. […] Il est bien certain que le Parisien tient extrêmement à son Jour des Morts, c’est-à-dire au seul jour de l’année marqué sur son agenda pour déplorer la perte douloureuse de la pauvre chère défunte que le misérable a probablement assassinée en lui chatouillant perfidement la plante des pieds. […] Tous les bons articles de Sainte-Beuve, depuis quelques années, sont des reflets éteints de mes conversations. […] Mais voilà quatre ou cinq années que ce religieux pérore devant les peuples sans avoir jamais pu sortir de la médiocrité intellectuelle la plus cadenassée et la plus ténébreuse. […] La France extermine sa propre armée, sa dernière ressource et c’est par le ridicule qu’elle achève ce que d’ineptes décrets ministériels ont commencé depuis quelques années.
L’année suivante (1694), dans les loisirs d’un camp en Allemagne, il commence décidément ses Mémoires qu’il mettra soixante ans entiers à poursuivre et à parachever. […] monsieur, voilà encore un homme qui nous quitte », dit le roi au secrétaire d’État de la guerre Chamillart, en lui répétant les termes de la lettre ; et il ne le pardonna point de plusieurs années à Saint-Simon, qui put bien avoir encore quelquefois l’honneur d’être nommé pour le bougeoir au petit coucher, mais qui fut rayé in petto de tout acheminement à une faveur réelle, si jamais il avait été en passe d’en obtenir.
Quand il arrive à Paris, il est maître de son talent et de sa forma : cependant dans cette suite de chefs-d’œuvre qu’il accumule pendant onze ans, on peut distinguer deux manières : les sermons des premières années sont plus voisins des sermons de Metz, par la vigueur de l’appareil logique, par la chaude couleur du style. […] Les encycliques pontificales des dernières années, et l’attitude prise par la partie du clergé de France qui a suivi le chef de l’Église, sont venues justifier l’interprétation de la Politique de Bossuet, que j’avais donnée dans mon étude.
Et voilà le secret du retour de faveur dont il est l’objet depuis quelques années. […] Quarante années s’écoulent entre Moïse et la conclusion du Mont des Oliviers ; nous pouvons cependant ramasser toute l’œuvre de Vigny en une seule étude : la philosophie des Destinées est déjà dans les poèmes bibliques de 1822 et 1826.
Presque chaque année, beaucoup d’oiseaux d’Europe ou d’Afrique sont emportés à Madère par le vent, d’après ce que je tiens de M. […] La troisième édition anglaise portait ici : « Madère ne possède pas un seul oiseau qui lui soit particulier ; mais aussi presque chaque année beaucoup d’oiseaux européens ou africains y sont emportés par le vent, d’après ce que je tiens de M.
La différence est à la vue comme dans les noms. » Quelques années après, le même Courier, de retour en France, empruntait à ses paysans de Touraine, et à notre vocabulaire gaulois du xvie siècle, des locutions et des formes pour mieux traduire Hérodote selon son vrai génie.
Il est assez singulier que cette impression se soit affaiblie précisément à mesure que les années se sont accumulées sur moi.
Moi aussi j’ai visité Rome vers ce même temps, une année après M.
Ancien officier de la guerre de Sept-Ans, comptant déjà quarante années de beaux services, il n’avait de fait que cinquante-sept ans d’âge, ce qui est bien assez pour qui va commencer une carrière toute nouvelle.
Et n’est-ce pas ainsi, de nos jours, que certaines filles de poètes, morts il y a des années déjà, m’ont aidé à mieux comprendre et à mieux me représenter le poète leur père ?
Il n’est pas moins vrai que le jeune abbé malgré lui, fier et délicat comme il était, dut ressentir avec amertume l’injustice des siens : quoique d’un rang si distingué, il entrait dans le monde sous l’impression d’un passe-droit cruel dont il eut à dévorer l’affront ; il se dit tout bas qu’il saurait se venger du sort et fixer hautement sa place, armé de cette force qu’il portait en lui-même, et qui déjà devenait à cette heure la première des puissances, — l’esprit si la théologie avait pu être en passant une bonne école de dialectique, il faut convenir encore que cette nécessité où il se vit aussitôt de remplir des fonctions sacrées, sans être plus croyant que l’abbé de Gondi ; que cette longue habitude imposée durant les belles années de la jeunesse d’exercer un ministère révéré et de célébrer les divins mystères avec l’âme la moins ecclésiastique qui fût jamais, était la plus propre à rompre cette âme à l’une ou l’autre de ces deux choses également funestes, l’hypocrisie ou le scandale.
lui dit-il, il est vrai que vous connaissez un pays où le fils peut être pour jamais séparé de celle qui lui a prodigué les plus tendres marques d’affection pendant les premières années de sa vie !
Il faut tenir compte surtout d’un certain nombre d’ouvrages qui, dans les premières années de la Restauration, aidèrent l’imagination de nos artistes et de nos poètes à sortir de l’antiquité classique et du xviie siècle, à renouveler les idées et les formes de la littérature.
Supposons qu’une fantaisie du goût eût, pendant des années, contenu le ballet dans l’immobilité du « tableau vivant », par exemple.
Au contraire, des satisfactions bien vives vous attendent si vous avez été attentifs et si, dans une leçon d’histoire, vous avez retenu l’ordre logique ou chronologique exact des idées… L’école vous traitera selon que votre esprit sera plus ou moins fidèle à l’examen de fin d’année, aux concours, au baccalauréat, etc.
Là, en pleine foire foraine de Montmartre, à deux pas du Moulin-Rouge où triomphent Grille-d’égout, la Goulue et Valentin-le-désossé, dont les entrechats suffisent à combler le vœu esthétique des foules, une élite de cœurs fervents s’emploie à retourner aux sources de la lumière et à cueillir le rameau de l’antique sagesse, et, comme si tout à coup le monde s’était reculé de milliers d’années, la voix d’Hermès trismégiste se met à retentir, fraîche comme au premier jour.
Les sciences physiques offrent une foule d’exemples de découvertes d’abord isolées, qui restèrent de longues années presque insignifiantes et n’acquirent de l’importance que longtemps après, par l’accession de faits nouveaux.
Placé entre un prince de cette nature et le Parlement, cette autre machine compliquée et non moins désespérante à mouvoir, primé dans le parti par le prince de Condé, son ennemi alors et dont il ne peut vouloir le triomphe, Retz se consume durant deux années dans les pourparlers, les expédients, les tentatives perpétuelles d’un tiers parti impuissant à naître et toujours avorté.
Il suffit de dire que presque toutes ces Pages retrouvées, sont des morceaux de bonne ou de haute littérature, pour marquer la différence entre les feuilles d’il y a une trentaine d’années et celles de la nôtre.
Dès les premières années qu’il fut dans l’Oratoire, on s’apperçut qu’il aimoit le monde.
N’est-ce pas lui qui est la cause de tous nos malheurs passés, de dix ans de travaux devant Troye, de dix autres années de souffrances et d’alarmes sur les mers ?
Pourquoi chercher à vivre, puisque nous sommes sur cette terre comme des étrangers, qu’ailleurs est notre patrie, dont quelques pauvres années d’exil et de purification nous séparaient à peine ?
Mais depuis des milliers d’années, il est incorporé à notre civilisation : notre société, notre vie et même en partie notre bonheur ont cristallisé sur lui.
Le général qui sauva la France, à Denain, déposé depuis près de quarante années dans un pays étranger, attend encore qu’on transporte ses dépouilles et ses restes dans le pays qu’il a sauvé.
Et là-dessus, cinquante d’entre eux sont condamnés dans la même année à abjurer, à promettre de dénoncer autrui, et à faire toute leur vie pénitence, sous peine d’être relaps et brûlés comme tels. […] Bien plus, pendant que nous pensons une pensée, nous mourons, et nous avons moins à vivre à chaque mot qui sort de notre bouche. » Par-dessus toutes ces destructions, d’autres destructions travaillent ; le hasard nous fauche aussi bien que la nature, et nous sommes la proie de l’accident comme de la nécessité. « La nature ne nous a donné qu’une moisson chaque année, mais la mort en a deux ; l’automne et le printemps envoient aux charniers des troupes d’hommes et de femmes… Combien de mères enceintes se sont réjouies de la fécondité de leurs entrailles et se sont complu dans la pensée qu’elles allaient devenir un canal de bénédictions pour une famille ! […] La mort règne dans toutes les parties de notre année, et vous ne pouvez aller nulle part sans fouler les os d’un mort379. » Ainsi roulent ces puissantes paroles, sublimes comme le motet d’un orgue ; cet universel écrasement des vanités humaines a la grandeur funéraire d’une tragédie ; la piété ici sort de l’éloquence, et le génie conduit à la foi. […] Son médecin contait qu’il avait été fort mélancolique pendant des années entières, avec des imaginations bizarres, et la persuasion fréquente qu’il allait mourir. […] Demain il revoit la même image, et après-demain, et toute la semaine, et tout le mois, et toute l’année.
C’est une promenade qu’on aura faite un dimanche, qu’on aura recommencée le dimanche suivant, et qui s’est imposée alors pour tous les dimanches de l’année : si par malheur on y manquait une fois, on ne sait pas ce qui pourrait arriver. Pour répéter, pour imiter, pour se fier, il suffit de se laisser aller ; c’est la critique qui exige un effort. — Donnez-vous alors quelques centaines de siècles au lieu de quelques années ; grossissez énormément les petites excentricités d’une famille qui s’isole : vous vous représenterez sans peine ce qui a dû se passer dans des sociétés primitives qui sont restées closes et satisfaites de leur sort, au lieu de s’ouvrir des fenêtres sur le dehors, de chasser les miasmes au fur et à mesure qu’ils se formaient dans leur atmosphère, et de faire un effort constant pour élargir leur horizon. […] Encore enfant en 1871, au lendemain de la guerre, j’avais, comme tous ceux de ma génération, considéré une nouvelle guerre comme imminente pendant les douze ou quinze années qui suivirent. […] C’est à composer ce tableau, la pièce avec son mobilier, le journal déplié sur la table, moi debout devant elle, l’Événement imprégnant tout de sa présence, que visaient quarante-trois années d’inquiétude confuse. […] Année sociologique, vol.
Il y eut là sept bonnes années pour Marot. […] Sa grande situation littéraire pendant une trentaine d’années tient en partie à cela. […] Vous êtes justes ou vous êtes pécheur, si Dieu l’a voulu depuis des milliards d’années, ce qui veut dire si Dieu le veut. […] À partir de 1574 commencent les années de tristesse. […] L’empreinte laissée sur lui par ses sept années de recueillement et de labeur solitaire est restée profonde.
À Oxford, il jeûne et se fatigue jusqu’à cracher le sang et manquer de mourir ; sur le vaisseau, quand il part pour l’Amérique, il ne mange plus que du pain et dort par terre ; il mène la vie d’un apôtre, donnant tout ce qu’il gagne, voyageant et prêchant toute l’année, et chaque année, jusqu’à quatre-vingt-huit ans820 ; on calcule qu’il donna 30000 livres sterling, qu’il fit cent mille lieues et qu’il prêcha quarante mille sermons. […] Chaque année, selon la fondation de Robert Boyle, des hommes célèbres par leur talent ou leur savoir viennent prêcher à Londres huit sermons « pour établir la religion chrétienne contre les athées, les théistes, les païens, les mahométans et les juifs. » Et ces apologies sont solides, capables de convaincre un esprit libéral, infaillibles pour convaincre un esprit moral. […] L’année d’après, le peuple de Birmingham allait détruire les maisons des jacobins anglais, et les mineurs de Wednesbury sortaient en corps de leurs houillères pour venir aussi au secours « du roi et de l’Église ».
La poétesse chante la fragilité de la beauté féminine que l’art du sculpteur peut fixer pour quelques siècles ou quelques années, ce qui, dans l’infini du temps, s’équivaut. […] Où donc est-il, ô destinée, L’amant de ma meilleure année ? […] Elle se sent seule, et la plainte qu’elle chante à la nature est d’une douce résignation : Nature où j’ai vécu le plus beau de mon heure, Nature d’aujourd’hui qui n’es plus ma demeure, Ne montre pas du doigt d’un hêtre les chemins Si jolis, si pareils à ceux de l’autre année, Laisse-moi, laisse-moi, solitaire obstinée, N’être que cette enfant qui pleure dans ses mains. […] Au seuil de son livre, Jeanne Perdriel-Vaissière nous montrait celles qui attendent, penchées « au balcon de leur longue espérance » : Avec la main ouverte au-dessus de leurs yeux, elles ont interrogé toutes les voiles qui passent sur la mer, elles ont vécu, de longues années, dans l’attente du bien-aimé qui n’est jamais revenu ; elles sont devenues celles qui n’attendent plus rien : Celles qui n’attendaient plus rien Étaient plus mortes que les mortes.
En voilà sans doute assez pour justifier l’histoire de la philosophie, et d’aussi sérieux résultats méritent bien que l’on ait consacré une trentaine d’années à les obtenir. […] Caro démêle toutes ces nuances avec souplesse et dextérité dans un livre qui nous donne en raccourci l’histoire philosophique de ces dix dernières années. […] Vacherot De tous les esprits indépendants qui, depuis une dizaine d’années, ont cherché leur voie en dehors des sentiers tracés, le plus distingué et le plus fort ne doit pas être le plus populaire. […] Caro : « L’expérience cruelle que la philosophie spiritualiste a faite depuis quelques années, et qui se continue encore à l’heure qu’il est, doit l’avertir de se tenir à l’avenir sur ses gardes, de ne plus s’endormir, comme elle l’a fait, dans la sécurité trompeuse d’une sorte de scolastique renaissante, pendant qu’autour d’elle tout se renouvelait, critique historique, critique religieuse, sciences physiques et naturelles.
Les observations d’« hétéroblastie » se sont multipliées dans ces dernières années 35, et il a fallu renoncer a la théorie presque classique de la spécificité des feuillets embryonnaires. […] Metchnikoff, La dégénérescence sénile (Année biologique, III, 1897, p. 249 et suiv.). […] Hartog, Sur les phénomènes de reproduction (Année biologique, 1895, pp. 707-709). […] Voir Blaringhem, La notion d’espèces et la théorie de la mutation (Année psychologique, vol.
L’impopularité du dernier d’entre eux a tenu à ce qu’il gouvernait dix ou quinze années environ après le moment où la nation avait généralement cessé de comprendre la langue qu’il parlait. […] Le citoyen dans ce système ne se donne pas, il se prête et se reprend sans cesse ; il semble se louer à l’année. […] Les uns croient qu’elle n’a que dix-huit cents années, les autres que trois cents, les autres que cent deux. […] Son goût pour cet état d’esprit est antérieur à ses dernières années, et ne laisse pas d’être déjà très sensible dans l’Allemagne. […] — Mme de Staël est désormais si éloignée de la Littérature que la voilà, après dix années, qui se rencontre avec son ancien antagoniste, avec Chateaubriand.
Au commencement de l’année scolaire 1847, M. […] De plus, l’individu, c’est-à-dire le point de départ ou le terme de comparaison, change avec les années, ou bien aussi c’est son point de vue qui change. […] « Le premier temps, qui a duré prez de vingt années, je le passay n’ayant aultres moyens que fortuits, et despendant de l’ordonnance et secours d’aultruy, sans estat certain et sans prescription. […] Aux États de Saint-Germain-en-Laye, qui eurent lieu l’année suivante, nous voyons le chancelier, ramené à son sujet, insister encore en faveur de la tolérance. […] Les jours, les mois, les années s’enfoncent et se perdent sans retour dans l’abîme des temps.
Pendant plusieurs années, le docteur Beaumont, qui avait pris cet homme à son service, put étudier de visu les phénomènes de la digestion gastrique, ainsi qu’il nous l’a fait connaître dans l’intéressant journal qu’il nous a donné à ce sujet3. […] Chaque année, je développe dans mon cours de physiologie à la Faculté des sciences ces idées nouvelles sur les milieux organiques, idées que je considère comme la base de la physiologie générale ; elles sont nécessairement aussi la base de la pathologie générale, et ces mêmes notions nous guideront dans l’application de l’expérimentation aux êtres vivants. […] Je m’efforce de marcher depuis un grand nombre d’années dans cette direction33. […] Cette méthode est fort employée par les physiologistes depuis un certain nombre d’années dans l’étude des phénomènes de la nutrition (voy. page 187). […] Troisième exemple. — Vers l’année 1852, je fus amené par mes études à faire des expériences sur l’influence du système nerveux sur les phénomènes de la nutrition et de la calorification.
Cette pièce, dont trois actes avaient été joués en 1664. à Versailles, devant le Roi, avec applaudissement de celui-ci, fut jouée cette même année tout entière devant le prince de Condé et tout aussitôt attaquée violemment par les dévots faux ou vrais. […] On sait que Psyché est tirée du roman de La Fontaine donné l’année précédente, roman que La Fontaine avait tiré lui-même d’Apulée. […] Ouvrez-les : c’est le Combat spirituel, le Chrétien intérieur et l’Année sainte ; d’autres livres sont sous la clef. […] Il choisit deux ou trois jours dans toute l’année, où, à propos de rien, il jeûne et fait abstinence ; mais à la fin de l’hiver, il tousse, il a une mauvaise poitrine, il a des vapeurs, il a eu la fièvre : il se fait prier, presser, quereller, pour rompre le carême dès son commencement, et il en vient là par complaisance. […] Comme il jeûne pour rien, avec ostentation, à certains jours de l’année, de même il donnera le plus souvent raison aux forts, mais il choisira quelques occasions éclatantes de donner raison aux faibles, et il donnera à ces quelques traits d’intégrité une publicité énorme pour pouvoir, parfaitement couvert et en toute sécurité, donner presque toujours raison aux puissants.
Et s’il y faut des mois ou des années ? […] Ainsi nous aurions pu, à la rigueur, faire l’économie de plusieurs années de recherche. […] C’est ainsi que j’ai pu, pendant plusieurs années consécutives, pratiquer longuement sur Berkeley, puis sur Spinoza, l’expérience que je viens de décrire. […] Le bond peut durer quelques secondes, ou des jours, des mois, des années : peu importe. […] Il resta inspecteur des bibliothèques jusqu’au jour où il devint inspecteur général de l’Enseignement supérieur, c’est-à-dire pendant une quinzaine d’années.
Étant à Constantinople, il y a quelques années, pour une mission délicate (les Russes jouaient un double jeu, et de notre côté il devint nécessaire d’envoyer un négociateur supplémentaire), Leckerbiff, pacha de Roumélie, alors premier galéongi de la Porte, donna un banquet diplomatique dans son palais d’été à Bukjédéré. […] Il prêche en surplis, mon cher monsieur, c’est un puséiste. » Cette famille sensée bâille toute seule six mois durant, et le reste de l’année jouit de la gloutonnerie des hobereaux qu’elle régale et des rebuffades des grands lords qu’elle visite. […] Et quand je pense à l’immense félicité qui m’était réservée, à la profondeur et à l’intensité de cet amour qui m’a été prodigué pendant tant d’années, j’avoue que je ressens un transport d’étonnement et de gratitude pour une telle faveur.
Et voici des parcs et d’antiques manoirs, et les Dames d’Autrefois, et les vivianes, « les princesses mornes depuis des ans et des années » où s’incarnera l’âme mélancolique de M. de Régnier. […] Voici une année, dans un article au Figaro qui eut du retentissement, Saint-Georges de Bouhélier soutint une théorie contraire à celle que nous venons d’exposer. […] Certes, comme nous préférons cet art à la pompe chimérique, et aux monotones mélopées, dont on nous fatigua tant ces dernières années.
Bonald admet donc dans les Recherches philosophiques ce qu’il rejetait dans son premier ouvrage, et pourtant il répète encore, il maintient toujours les formules que démentent ses nouvelles observations ; et, quelques années plus tard, répondant aux critiques de Damiron6, il lui demande ironiquement s’il y a « des moitiés de pensées », oubliant qu’il avait lui-même admis, en plus d’un endroit des Recherches philosophiques, l’existence de pensées imparfaites, incomplètes, et pourtant sensibles à la conscience. […] Cours professé à l’institution royale de la Grande Bretagne en l’année 1863, trad. […] Instr., VII, 10, 15, 21 ; VIII, 29, 31. — Cf. l’ouvrage latin, Mystici in tuto, 12, où Bossuet cite un religieux qui déclare n’être parvenu à l’oraison parfaite qu’après seize années d’oratio vulgaris ; Bossuet pensait sans doute à ce P.
. — Bien plus, beaucoup de nos corps chimiques, l’hydrogène, le fer, le sodium, d’autres encore, se rencontrent dans le soleil, à trente-cinq millions de lieues de notre terre, au-delà encore dans des étoiles si éloignées qu’il faut plusieurs années à leur lumière pour arriver jusqu’à nous, ou que leur distance échappe à toutes nos mesures. — À cette distance prodigieuse, les astres restent pesants comme notre terre ; on s’en est assuré par les mouvements des étoiles doubles. […] Il y a quelques années, en Angleterre, à Kew Gardens, je vis pour la première fois des araucarias, et je marchais le long des parterres en regardant ces étranges plantes, aux tiges rigides, aux feuilles compactes, courtes, écailleuses, d’un vert sombre, dont la forme abrupte, toute hérissée et barbare, tranchait sur l’herbe molle et doucement soleillée du frais gazon.
Il vint une année de sécheresse, de sorte qu’il ne resta point d’eau dans l’étang. […] Je nourris celui-ci depuis longues années ; Il n’a sans mes bienfaits passé nulles journées, Tout n’est pas pour lui seul : mon lait et mes enfants Le font à la maison revenir les mains pleines ; Même j’ai rétabli sa santé, que les ans Avaient altérée, et mes peines Ont pour but son plaisir ainsi que son besoin.
« Cloridan, intrépide chasseur toute sa vie, était de robuste stature et d’une rare légèreté à la course ; Médor, à la fleur de ses années, avait encore les joues colorées, blanches et fraîches de l’adolescence, les yeux noirs, les cheveux dorés et bouclés ; il ressemblait à un ange du chœur le plus élevé du ciel. […] Quand vous aurez pris plus d’années, vous lui rendrez plus de justice, et, tout en reconnaissant en lui le plus amusant des poètes, vous y reconnaîtrez le plus agréable des philosophes.
Il a servi de texte ou de commentaire aux premiers conciles chrétiens ; il a été le crépuscule de bien des dogmes ; il a nourri à lui seul la philosophie romaine de Cicéron ; il a lutté dans le moyen âge avec la philosophie expérimentale d’Aristote, puis de Bacon ; il a été submergé un moment par la philosophie presque matérialiste de Locke, de Hobbes en Angleterre ; d’Helvétius, de Diderot, des encyclopédistes en France ; mais il est ressuscité plus vivant et plus populaire que jamais il y a peu d’années, par la traduction, par les commentaires et par les leçons d’un jeune philosophe, M. […] » Saint Paul écrit quelques années après aux Hébreux : « Dieu a créé les siècles par son Fils, le Verbe, la parole divine, la lumière, la vie !
Il est cependant avéré qu’ils y ont produit une sensation assez profonde pour que des milliers de personnes, n’ayant pu assister à l’une des seize représentations, données à une fin de saison, attendent la reprise de l’œuvre, l’année prochaine. […] Quant au succès, il fut chaque année, plus marqué.
Il n’y avait point de nécessité vitale à ce que le sens de l’électricité se développât d’une façon spéciale chez les animaux supérieurs et chez l’homme : n’est-il pas tout à fait indifférent pour la conservation de notre espèce que, chaque année, quelques individus soient ou non frappés de la foudre ? […] Nous ne savons même pas sur lequel de nos yeux tombe une image : on peut être aveugle d’un œil depuis des années et ne pas le savoir.
Dickens arriva ainsi à sa dixième année sans trop de malheurs. […] Les années passèrent ; en sa figure plus ferme, construite en larges plans anguleux et dont la chair semble d’un grain particulièrement fin et ferme, — un visage d’acier, disait Mme Carlyle, — le regard est devenu plus dur, presque hautain sous le haut front poli ; une résolution excessive et surtendue s’accuse dans la bouche nerveusement pressée au-dessus du menton volontaire que prolonge une barbiche de commodore américain.
Je ne pleurai pas, parce que j’ai les larmes rares à l’enthousiasme comme à la douleur, mais je remerciai Dieu à haute voix, en me relevant, d’appartenir à une race de créatures capables de concevoir de si claires notions de sa divinité, et de les exprimer dans une si divine expression. » Si le poète inconnu qui avait écrit ces lignes quelques milliers d’années avant ma naissance, assistait, comme je n’en doute pas, du fond de sa béatitude glorieuse, à cette lecture et à cette impression de sa parole écrite, prolongée de si loin et de si haut à travers les âges, que ne devait-il pas penser en voyant ce jeune homme ignorant et inconnu dans une tourelle en ruine, au milieu des forêts de la Gaule, s’éveillant, s’agenouillant, et s’enivrant, à quatre mille ans de distance, de ce Verbe éternel et répercuté qui vit autant que l’âme, et qui d’un mot soulève les autres âmes de la terre au ciel ! […] J’avais passé mes jeunes années avec les garde-chasses, les curés de village, et les gentilshommes de campagne qui découplaient leurs meutes avec celles de mon père.
En vérité, quand l’homme est arrivé à l’horizon sérieux de la vie par les années et par la réflexion, il ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine honte de lui-même et un certain mépris de ce qu’on appelle si improprement encore les conditions de la poésie. […] Mais le dieu de l’abîme, son époux, la rend chaque année pour un temps aux lamentations de sa mère ; elle y reparaît en été au temps des moissons, saison où les âmes des morts s’occupent particulièrement des vivants, en leur assurant le blé ou le riz, leur nourriture sur la terre.
Aussi la Critique de la Raison pure ne produisit pas d’abord une grande impression ; il lui fallut plusieurs années pour faire sa route ; il fallut que quelques penseurs laborieux et indépendans, après avoir étudié la nouvelle doctrine, attirassent sur elle l’attention en l’exposant à leur manière. […] Plus heureuse, la révolution française, née en même temps que la révolution philosophique de l’Allemagne, partie à peu près du même point, de la déclaration des droits primitifs et éternels de l’homme indépendamment de toute société, de toute histoire, comme l’autre des lois pures de la raison humaine indépendamment de toute expérience, proclamant également et le mépris du passé et les espérances les plus orgueilleuses, a parcouru, en quelques années, ses vicissitudes nécessaires, et nous la voyons aujourd’hui arrivée à son terme, tempérée et organisée dans la charte qui nous gouverne.
Et cependant ce génie contemplatif, qui ne trouvait toute sa grandeur que dans le repos, sous la main de Dieu, dans la tristesse solitaire, avait été bien des années en butte au choc des passions humaines, entre les grands et le peuple, admiré, applaudi, calomnié, battu de toutes les agitations des conciles, ce forum du monde chrétien. […] Ce reste des blessures du siècle le suivra, le tourmentera dans la retraite, soit cette retraite passagère et troublée qu’il se faisait parfois au milieu des splendeurs de sa métropole, soit cette solitude profonde et sans retour où il ensevelit ses dernières années.
Sous le titre de Renart le Novel (le Nouveau Renard), un poète des dernières années du xiiie siècle, Jacquemard Gieslée, de Lille en Flandre, a fait un ouvrage de morale et d’allégorie dans lequel il a réuni toutes ces inventions de la fin, qui s’écartent de ce qu’il y avait d’abord de vif et d’enjoué dans les simples branches en apologues.
Voici à ce propos une jolie histoire sur Jean-Jacques à Paris, sur celui des toutes dernières années ; on me l’a contée, et je la raconte à mon tour dans les mêmes termes.
Le prodige est qu’en très peu de temps la dévotion et la grâce en firent un autre homme, et changèrent tant et de si redoutables défauts en vertus parfaitement contraires… » Saint-Simon, en d’autres endroits, ajoute des détails encore plus significatifs sur les fougues et les passions du jeune prince, ses instincts précoces de libertinage, ses penchants effrénés pour toute espèce de volupté, son goût même pour le vin, son infatuation de lui-même et de ce qu’il était né, et son parfait mépris de tout ce qui l’entourait : — tout cet abîme enfin, d’où il sortit après des années un autre homme au moral, méconnaissable en bien et régénéré.
Il a amassé goutte à goutte, pendant des années, des trésors d’aigreur, en se comparant à celui-ci ou à celui-là.
Ramassez ce papier, et rapportez-le-moi comme vous le devez. » Elle reprend le brevet, et le lui présente avec toutes les grâces voulues. « C’est bien, Mademoiselle, dit Marcel, je le reçois, quoique votre coude n’ait pas été assez arrondi, et vous remercie299. » — Tant de grâces finissent par lasser ; après n’avoir mangé pendant des années que d’une cuisine savante, on demande du lait et du pain bis.
(Revue des cours scientifiques, années 1868-1869, nº 1.)
Je crois que personne n’a mieux parlé de l’année terrible que MM.
Il n’y avait pas tant d’années que la question de la grâce avait été agitée devant eux dans Polyeucte et qu’ils avaient lu passionnément les Provinciales, — tout de même que, sous l’Empire, on se jetait sur la Lanterne de M.
Stéphane Mallarmé et sur Jules Laforgue datent d’une dizaine d’années et ne bénéficient pas du recul avec lequel nous pouvons voir aujourd’hui ces charmants écrivains ; cependant ils sont pour le détail à peu près définitifs.
Il faut en croire le portrait qu’il traçait de son caractère en l’année 1658, sept ans avant la publication des Maximes.
Le servant du lieu était un jeune garçon d’une vingtaine d’années, blond, au vif regard bleu, qui portait, sans faiblir, à la satisfaction de Moréas, le glorieux prénom d’Amand et qui s’était installé dans la bonne grâce des poètes par l’empressement qu’il mettait à les servir au détriment des autres consommateurs.
Il y eut alors quelques mois, une année peut-être, où Dieu habita vraiment sur la terre.
C’est ainsi que, l’année dernière, il publiait sa Religieuse de Toulouse dans laquelle il traversait de son air le plus grave un coin du règne de Louis XIV.
Quels furent ses goûts, ses occupations, l’emploi de ses heures et de ses années dans l’exil ?
La mieux appropriée tient dans cet impératif : « Sois en harmonie avec toi-même. » Flaubert, qui se crut peut-être attiré vers l’action et qui se confina dans l’idée, sut conclure vers sa vingtième année à ce précepte dont il livre le talisman dans une lettre à son ami Le Poittevin : « Sibi constat », tel est, dit-il, citant Horace, l’état du sage.
Mais la vie intellectuelle, il me semble, s’activera demain, et les années plus vite se rempliront, et ce n’est pas en vain que mon rêve prend forme en la science… Et qu’importe : j’ai le temps, et mon temps viendra.
Argument A-t-on souvenir de l’émeute universitaire soulevée, l’année dernière, par M.
Trois grands hommes sont morts la même année, et ont laissé chacun un nom immortel, qui se rattache à un ordre différent d’idées : le dernier des Grecs, Philopœmen, enveloppé dans la gloire du guerrier qui défend ses foyers ; Scipion, qui venait de donner aux Romains le sceptre de la domination universelle ; et le plus grand des hommes de guerre qui ait jamais paru, Annibal, survivant, au sein de l’exil, à une patrie qu’il ne peut sauver.
Hippolyte Babou, fils de ces contrées, ayant été bercé de légendes païennes, a été ramené, par la rêverie de son talent, vers les impressions de ses premières années, et les Païens innocents sont sortis, un soir ou un matin, de cette rêverie.
Du temps de La Bruyère (1687), et de l’aveu de La Bruyère, il avait seulement quelques années de date.
Mais cette poésie de la vingtième année ne saurait lui suffire. […] Binet, La création littéraire, Année psychologique, 1903). […] Année psychologique, 1894, p. 187). […] Binet, Année psychologique, 1894, p. 133.) […] Binet, Année psychologique, 1894, p. 100.
Mais, à son défaut, trouvera-t-on de quoi fixer les incertitudes du jugement, dans le volumineux travail d’un littérateur qui s’acquit de bruyants succès en plaidant, ici-même, le pour et le contre, en quelques années, et qui fut applaudi, pour l’un et pour l’autre, par des approbateurs très différents ? […] Dès sa seizième année, il chante devant les Grecs assemblés les défaites de leurs adversaires ; et cet enfant, dont la main délicate soutenait à peine sa lyre, et dont la voix plus faible encore pouvait à peine faire recueillir ses accents à la multitude, ce même enfant reparaît, sous le titre de capitaine, à côté de Périclès, et surmonte avec lui les ennemis de l’état. […] Les triomphes ne l’exaltèrent point, et les critiques n’aigrirent point son cœur : sa vie qui ne brilla pas par des actions, mais par des ouvrages, porte néanmoins ce caractère de fermeté, de patience et de sagesse, qui s’égale à l’héroïsme, quand les injustices, les contrariétés du sort, et la fatigue d’y résister en silence, ne le démentent point en une longue suite d’années. […] Oui, comme le dit encore Despréaux, « Un rimeur, sans péril, delà les Pyrénées, « Sur la scène en un jour renferme des années ; « Là, souvent le héros d’un spectacle grossier, « Enfant au premier acte, est barbon au dernier. […] Dans Crébillon, au contraire, la haine d’Atrée, nourrissant pendant vingt années son noir projet, et le soin recherché d’élever le fils de son frère pour l’égorger ensuite, sont hors du naturel et du possible ; car le temps change et use les plus fortes passions comme tout le reste.
Magendie a choisis depuis plusieurs années pour titre de ce cours, ont pour but de consacrer cette union indissoluble de la physiologie expérimentale et de la pathologie que nous ne devrons mais perdre de vue. […] Quelques années plus tard, vers 1825, Tiedemann et Gmelin firent voir que dans la digestion de la fécule il se formait normalement du sucre dans l’intestin. […] Le sucre accumulé la première année aura été détruit dans la seconde pour servir au développement complet du végétal. […] Lorsque nous publiâmes, il y a quelques années, les faits qui établissaient la réalité de la fonction gylcogénique, ils furent admis par un grand nombre de physiologistes et de chimistes, qui examinèrent les choses de très près. […] Nous allons commencer par examiner l’expérience qui frappa le plus vivement l’esprit des physiologistes, lorsque je la publiai il y a quelques années.
À l’Exposition, devant ce charmant tableau, le public avait décerné, d’une voix unanime, la médaille à Mlle Bashkirtseff, déjà mentionnée l’année précédente. […] C’est septembre, et c’est si beau Nice en septembre ; je me souviens de l’année dernière, de mes promenades matinales avec mes chiens, de ce ciel si pur, de cette mer si argentée. […] Nous espérons, cher marquis, vous revoir l’année prochaine, sinon gai comme autrefois, du moins tout à fait remis. […] Enfin, si vous avez présente à l’esprit l’histoire des dernières années de votre ancien régime, vous êtes au courant. […] Peu de peintres ont eu la presse que j’ai eue cette année.
Ses historiens racontent que ces trois années de deuil et de réclusion absolus dans sa maison furent pour lui un noviciat sévère et actif, pendant lequel, à l’exemple de tous les grands législateurs qui se retirent avant leur mission sur les hauts lieux ou dans le désert, il s’entretint avec ses pensées, et fit faire silence à ses sens et au monde. […] « Cependant l’été, l’hiver, le printemps, l’automne recommencent et finissent ainsi chaque année ; le soleil reparaît chaque matin où nous le vîmes se lever hier ; de nouvelles ondes remplacent sans cesse celles qui viennent de s’écouler ; mais le héros qui fit construire ce monument sur cette colline où est-il ?
Il n’y avait pas de risque que l’honnête homme qui a écrit Gil Blas se fût donné le bizarre plaisir de vivre pendant vingt années en tête-à-tête avec un fripon. […] Voltaire, quelques années plus tard, définissait le goût « un discernement prompt comme celui de la langue et du palais, comme lui sensible et voluptueux à l’égard du bon, et rejetant comme lui le mauvais avec soulèvement. » C’est plus près du vrai que les subtilités de Montesquieu ; mais Voltaire ne fait-il pas tort au goût en le louant dans la langue du licencié Sedillo savourant les plats fins que lui sert Gil Blas ?
Les caractères généraux paraissaient épuisés ; il restait les caractères anecdotiques, un joueur, une coquette de village, des Normands qui se réconcilient, un philosophe sans le savoir ; ou bien les travers du jour, une bourgeoise à la mode de 1692, une femme d’intrigue de la même année, un financier de 1709. […] Je l’attends à quelques années de là.
La fibre irritée du poète de l’Enfer s’était détendue dans un plus long exil, et son talent avait évidemment grandi avec ses années. […] « Si jamais il arrive », s’écrie-t-il, « que ce poème sacré, auquel ont mis la main le ciel et la terre, et qui pendant tant d’années m’a exténué de maigreur, triomphe de la cruauté de ma patrie, qui me relègue hors du beau bercail où je dormis petit agneau, ennemi des loups qui lui font la guerre ; avec une autre voix alors, avec un autre vêtement reviendra le poète, et sur les fonts de mon baptême je prendrai la couronne !
Pourtant, si je me reporte, au bout d’un assez long temps, à l’impression que j’éprouvai pendant les premières années, je m’étonne du changement singulier, inexplicable et surtout inexprimable, qui s’est accompli en elle. […] Notre travail était entièrement terminé quand nous avons lu dans la Critique philosophique (années 1883 et 1884) une bien remarquable réfutation, par M.
[NdA] On me dit que Mme la comtesse de Fontanes, qui depuis plusieurs années vit hors de France, a réclamé dans un journal contre la publication de la lettre si honorable pour son père et, je dirai, si utile à la mémoire de M. de Chateaubriand.
Un Du Guet qui aurait été, par impossible, le confesseur ou le directeur des deux amants, un Talleyrand qui se serait vu, durant des années, leur ami intime, — l’un et l’autre, Talleyrand et Du Guet, mettant en commun leur expérience et les confidences reçues, seraient, j’imagine, fort en peine de prononcer.
Les tribuns sont en guerre déclarée avec les consuls ; on ne parvient plus à nommer à temps ces derniers : chaque année commence par un interrègne.
Ne nous le dissimulons pas : il s’est fait depuis quelques années, et pour bien des causes, une sorte d’intimidation générale de l’esprit humain sur toute la ligne.
C’est dans l’an 514 que les premières comédies en vers, composées par Titus Andronicus, ont été représentées ; et c’est l’année suivante qu’Ennius a été connu.
Ce petit chef-d’œuvre fut écrit en dehors de toute influence anglaise, plusieurs années avant que Richardson eût publié Paméla.
Maugras :la Jeunesse de Mme d’Epinay ; les dernières années de Mme d’Epinay, 2 vol. in-8, Paris, 1883.
Mais ce qu’il y a de caractéristique en ce genre, c’est l’éclosion, dans ces dernières années, des Mémoires relatifs au premier Empire : chaque jour en voit paraître de nouveaux942.
Pourquoi Buffon, après avoir amené l’homme sur la terre et lui avoir mis en main « le sceptre », s’avise-t-il de supputer le nombre des années que durera ce règne, et d’assigner un jour où, sur la terre envahie de toutes parts par le froid des pôles, l’homme mourant laissera tomber ce sceptre de ses mains glacées ?
Si on voulait calculer le nombre d’années probable, on trouverait que ce nombre est tellement grand que pour écrire seulement le nombre de ses chiffres, il faudrait encore une dizaine de chiffres.
Nous avions commencé l’année avec M.
C’étaient les deux comtes de Stolberg, nourris de la fleur grecque et de l’esprit chrétien, philosophes et littérateurs éminents ; Jacobi, philosophe aimable, d’un sentiment délicat et pur ; d’autres encore moins connus ici, enfin une société douce mais grave : « Nous avons rencontré, écrivait-il à Mallet du Pan en avril 1798, de l’instruction et des vertus. » Dans une autre lettre à ce même ami alors réfugié à Londres, il a peint lui-même l’état calme et reposé de son âme en ces années d’attente, de conversation nourrie et de réflexion communicative : Il n’y a rien de nouveau en France, lui écrivait-il (24 juin 1798.)
En 1752, Diderot fut mis à Vincennes pour avoir publié le premier volume de l’Encyclopédie, et le grand succès de l’année fut une estampe vendue sur les quais, laquelle représentait un cordelier donnant le fouet à Diderot.
Parmi les écrivains qui depuis une vingtaine d’années ont conquis l’attention publique, la plupart et les plus hardis ont pris parti pour l’individu contre la toute-puissance de l’État et même contre la toute-puissance des masses, si chère à l’école humanitaire.
Il était homme, par conséquent, à se tourner du côté des arts, peinture, musique, mais sans doute il n’avait point ces goûts ou ces aptitudes, et il est peu à peu revenu à ce qui l’avait, sinon charmé, du moins intéressé vers la quinzième année, et il s’est aperçu, son intelligence et sa sensibilité s’étant accrues, que ces auteurs sont d’excellents et d’exquis aliments de l’âme et de l’esprit.
C’est la politique aussi qui a, dans les dernières années de sa vie, abaissé le talent de Chasles et brouillé misérablement son sens critique.
Fervaques et Bachaumont ont voulu, pour plus d’intérêt aux yeux du public, donner à leur livre une forme romanesque ; mais, pour eux, au fond, la grande affaire était de peindre la société des dernières années de l’Empire.
Éclairés par toute l’expérience des vingt-quatre années qui nous séparent du vote réactionnaire, il nous est impossible de dissimuler aujourd’hui ce qu’aucun député n’a su voir ou n’a osé dire en 1873.
On en rencontre jusqu’à cinq ou six, et, après quelques années de soins, si l’on aime véritablement la discussion abstraite, on acquiert le droit d’aller se chauffer, le soir au coin de leur feu.
Il a rempli plusieurs années ce devoir en conscience.
Depuis une vingtaine d’années, le théâtre lyrique n’a plus guère vu paraître que des opéras fondés soi-disant sur la légende. […] Nietzsche, qui pendant de longues années fut en quelque sorte le disciple le plus fervent de Wagner, qui put l’observer de près de son regard pénétrant de philosophe et d’analyste, qui dut chercher à se rendre compte du phénomène hautement intéressant qu’il avait sous les yeux, n’aurait certainement pas conçu sa thèse si hardie et si nouvelle sur la tragédie antique, sans les suggestions de celui qu’il considérait à ce moment comme un génie exceptionnel et sans égal. […] faut-il se demander qui des deux, du poète qui, dans les deux dernières années de sa vie, composa Parsifal, ce radieux et clair chef-d’œuvre, ou du philosophe dont les écrits sont la contradiction les uns des autres, fut le véritable névrosé, le décadent ? […] En ce temps-là, — c’était peut-être vers notre neuvième année, — nous entendîmes la première musique, la plus simple, la plus puérile, qui n’était pas beaucoup plus qu’une continuation des chants de nourrice et des airs de joueurs d’orgue. […] À ce point de vue, il estimait que Wagner était étroitement lié à l’arrière-romantisme français des années quarante. « Ils sont parents, dit-il, intimement parents : c’est l’Europe une dont l’âme se presse dans leur art multiple et impérieux, aspirant à s’extérioriser vers en haut, — où cela ?
Il donne les dates, l’année, le mois, le jour ; il marque le vent, nord-est, sud-ouest, nord-ouest ; il écrit un journal de voyage, des catalogues de marchandises, des comptes d’avoué et de marchand, le nombre des moïdores (monnaie portugaise), les intérêts, les payements en espèces, en nature, le prix de revient, le prix de vente, la part du roi, des couvents, des associés et des facteurs, le total liquide, la statistique, la géographie et l’hydrographie de l’île, tellement que le lecteur est tenté de prendre un atlas et de dessiner lui-même une petite carte de l’endroit, pour entrer dans tous les détails de l’histoire et voir les objets aussi nettement et pleinement que l’auteur. […] Tout cela ne paraissait pas s’accorder avec la chose elle-même, ni avec les idées que nous nous faisons ordinairement de la subtilité du diable1032. » Dans cette âme passionnée et inculte qui « huit années durant est restée sans pensée et comme stupide », enfoncée dans le travail manuel et sous les besoins du corps, la croyance prend racine, nourrie par l’anxiété et la solitude. […] Je signerais une sentence de déportation contre lui plus volontiers que contre aucun des drôles qui sont sortis d’Old Bailey depuis bien des années.
« Dans quelques années, si nous existons et si quelque chose existe, nous pourrons reprendre ces questions et voir en quoi se sera modifiée notre manière d’envisager l’univers. […] Si cet esprit n’est qu’une mode et règne seulement quelques années, l’écrivain est un Voiture. […] De la réalité nous avons reçu trop de rudes avertissements ; au moment même où j’écris, l’humanité, qui se croyait civilisée, au moins quelque peu, est jetée en proie à l’une des guerres les plus énormes, et les plus écrasantes, qu’elle ait jamais peut-être soutenues ; deux peuples se sont affrontés, avec un fanatisme de rage dont il ne faut pas dire seulement qu’il est barbare, qu’il fait un retour à la barbarie, mais dont il faut avouer ceci, qu’il paraît prouver que l’humanité n’a rien gagné peut-être, depuis le commencement des cultures, si vraiment la même ancienne barbarie peut reparaître au moment qu’on s’y attend le moins, toute pareille, toute ancienne, toute la même, admirablement conservée, seule sincère peut-être, seule naturelle et spontanée sous les perfectionnements superficiels de ces cultures ; les arrachements que l’homme a laissés dans le règne animal, poussant d’étranges pousses, nous réservent peut-être d’incalculables surprises ; et sans courir au bout du monde, parmi nos Français mêmes, quels rudes avertissements n’avons-nous pas reçus, et en quelques années ; qui prévoyait qu’en pleine France toute la haine et toute la barbarie des anciennes guerres civiles religieuses en pleine période moderne serait sur le point d’exercer les mêmes anciens ravages ; derechef qui prévoyait, qui pouvait prévoir inversement que les mêmes hommes, qui alors combattaient l’injustice d’État, seraient exactement les mêmes qui, à peine victorieux, exerceraient pour leur compte cette même injustice ; qui pouvait prévoir, et cette irruption de barbarie, et ce retournement de servitude ; qui pouvait prévoir qu’un grand tribun, en moins de quatre ans, deviendrait un épais affabulateur, et que des plus hautes revendications de la justice il tomberait aux plus basses pratiques de la démagogie ; qui pouvait prévoir que de tant de mal il sortirait tant de bien, et de tant de bien, tant de mal ; de tant d’indifférence tant de crise, et de tant de crise tant d’indifférence ; qui aujourd’hui répondrait de l’humanité, qui répondrait d’un peuple, qui répondrait d’un homme.
Madame de Vandeul a raconté ses deux concubinages successifs, qui durèrent des années, avec madame de Puisieux et mademoiselle Volland, et sur lesquels une femme qui n’aurait pas été du xviiie siècle aurait eu la pudeur de se taire. […] En ces dernières années, il est vrai, deux hommes, d’un mérite inégal, — l’un poète, mais un peu visionnaire, qui voyait des beautés là où il n’y en avait pas, et l’autre doué d’une sympathie naturelle pour toutes les platitudes, — Baudelaire et M. […] Il fallut encore quelques années pour que la littérature et la philosophie s’abattissent sur Diderot, retrouvé sous ses vingt volumes, qu’on se mit à soulever, comme tout un Herculanum sous sa cendre.
Florine avait un garçon d’une quinzaine d’années et une petite fille de cinq à six ans, qui devint bientôt ma camarade. […] Qui sait ce que cachait cette bonne humeur, et cette gaieté exubérante, qui me réjouissait tant aujourd’hui et combien de longues, de douloureuses années de regrets et de renoncements avaient trempé cette âme, encore romanesque et naïve ? […] J’assistai, sans en rien perdre, à cette cérémonie, à ce cruel spectacle, dont tous les détails se sont gravés dans mon souvenir, assez nettement pour qu’il me fût facile, bien des années plus tard, de donner à mon père, lorsqu’il composa son roman de Spirite, tous les renseignements qui lui étaient nécessaires pour la prise de voile de son héroïne. […] Bien des années je l’ai gardée, à cause de lui, dévotement. […] Ton père, il avait alors une douzaine d’années, fut très malade, quelque chose de terrible, comme le croup.
Une philosophie peu profonde, et, aussi, insuffisamment sincère ; un « grand art » sans inspiration et qui n’est souvent qu’une contrefaçon ingénieuse ; une « littérature secondaire » habile, agréable et de peu de fond, aucune poésie, voilà soixante années, environ, de ce siècle. […] Et voyez encore comme Montesquieu, en ces années de jeunesse, est homme de sa date par d’autres penchants, que je ne relève que parce qu’il lui en restera toujours quelque chose. […] Je ne sais quel air de corruption élégante commence à se répandre dès les premières années de ce siècle. […] Vous n’êtes jamais si divines que quand vous menez à la sagesse et à la vérité par le plaisir… Divines muses, je sens que vous m’inspirez… Vous voulez que je parle à la raison : elle est le plus parfait, le plus noble et le plus exquis de tous les sens. » Il a parlé à la raison ; pendant vingt années il a eu avec elle un entretien continu, plein de sincérité, d’abondance de cœur, d’infinis et renaissants plaisirs. […] Il y a des hommes de goût, de finesse, d’intelligence qui sont critiques de naissance, qui disent : « ce n’est pas comme cela qu’on fait un ouvrage ; c’est comme ceci » ; et qui ajoutent, le moment d’après, ou l’année suivante : « et je vais le montrer, en en faisant un ».
Telles sont les grâces de Louis le Grand, grâces semblables aux influences du plus beau des astres, et qui me donnent droit de dire avec plus de justice, à l’honneur du roi, que Tertullien n’écrit pour flatter les princes de l’Afrique : l’État et le ciel ont le même sort, et doivent leur bonheur à deux soleils… À ces mots, le voisin de Racine dut se pencher vers lui et lui rappeler à l’oreille la harangue de maître Petit-Jean : Quand je vois le soleil, et quand je vois la lune… Et le voisin de La Bruyère reçu l’année d’auparavant et avec un si éloquent discours, put lui dire : « Ah !
Il lui arriva, dans un voyage qu’il fit à Soleure en ces années (1764), d’y choquer l’esprit d’égalité par les honneurs que d’imprudents amis voulurent lui rendre.