Ajoutez que de là on serait mieux à portée d’explorer dans tous les rayons, depuis le fond du Péloponèse jusqu’aux plages d’Ionie, ce sol vierge qui est bien loin, comme celui d’Italie, d’avoir tout rendu. […] Les érudits d’autre part, ceux qui l’étaient devenus uniquement par le labeur et par les livres, ont rendu aux Grecs modernes et à leurs prétentions exclusives la monnaie de leur dédain, et le désaccord s’est maintenu. […] On pourrait, ce semble, commencer simplement, ne fonder qu’un assez petit nombre de places d’élèves ; l’essentiel serait de commencer, et de se confier pour le développement à une terre qui a toujours rendu au centuple ce qu’on y a semé de généreux.
Renan rendaient ce malentendu inévitable. […] Renan… Je pourrais ajouter que cet homme « fuyant » a eu la vie la plus harmonieuse, la plus soutenue, la plus une qu’on puisse concevoir ; que cet « épicurien » a autant travaillé que Taine ou Michelet ; que ce grand « je m’enfichiste » (car on a osé l’appeler ainsi) est, au Collège de France, l’administrateur le plus actif, le plus énergique et le plus décidé quand il s’agit des intérêts de la haute science ; que, s’il se défie, par crainte de frustrer l’humanité, des injustices où entraînent les « amitiés particulières » il rend pourtant des services, et que jamais il n’en a promis qu’il n’ait rendus ; que sa loyauté n’a jamais été prise en défaut ; que cet Anacréon de la sagesse contemporaine supporte héroïquement la souffrance physique, sans le dire, sans étaler son courage ; que ce sceptique prétendu est ferme comme un stoïcien, et qu’avec tout cela ce grand homme est, dans toute la force et la beauté du terme, un bon homme… Mais je ne sais s’il lui plairait qu’on fît ces révélations, et je m’arrête.
Il faut lui rendre cette justice qu’il ne s’attaque qu’à des puissants du jour, qualifiés pour lui répondre par la plume ou par l’épée, et qu’on le trouve toujours du côté des opprimés, des affamés de justice et de vérité. […] Ils peuvent parler d’un mauvais livre par complaisance, ils ne le rendront pas meilleur. […] Je me hâte d’ajouter que Dubois-Desaulle était un honnête garçon qui ne s’était rendu coupable d’aucun délit de droit commun et que ses opinions libertaires seules (l’épidémie à la mode) avaient conduit aux compagnies de discipline.
Les lexicographes ne sont pas en général de très grands philosophes, et pourtant le plus beau livre de généralités n’a pas eu sur la haute science une aussi grande influence que le dictionnaire très médiocrement philosophique par lequel Wilson a rendu possibles en Europe les études sanscrites. […] Le curieux et l’amateur peuvent rendre à la science d’éminents services ; mais ils ne sont ni le savant ni le philosophe. […] On peut affirmer que, sans cet attrait, jamais les premiers érudits des temps modernes, qui n’étaient soutenus ni par une haute vue philosophique, ni par un motif immédiatement religieux, n’eussent entrepris ces immenses travaux, qui nous rendent possibles les recherches de haute critique.
Pour rendre intelligibles au vulgaire les hautes théories philosophiques, on est obligé de les dépouiller de leur forme véritable, de les assujettir à l’étroite mesure du bon sens, de les fausser. […] Situation déplorable à une époque surtout où, sauf de rares exceptions, le morcellement de la propriété rend impossible les grandes choses aux particuliers. […] Or ces facultés sont de très peu de valeur : elles ne rendent ni meilleur, ni plus élevé, ni plus clairvoyant dans les choses divines ; tout au contraire.
Depuis qu’on est inondé d’Ecrits philosophiques, les vices semblent se multiplier & prendre un caractere qui les rend encore plus odieux. […] Aujourd’hui, plus combinés, plus réfléchis, sous le masque de la décence, ils ont acquis l’art funeste de donner impunément un libre essor à leur perversité, de la rendre plus active, & d’en faire plus sûrement mouvoir les ressorts. […] Pour tout dire en deux mots, qu’on compare les fruits qu’a produits dans tous les Etats une Philosophie raisonneuse, turbulente & destructive, principe de leur altération, de leur dépérissement, & de leur chute, avec les avantages qu’ils doivent à la Religion, qui les a tirés du chaos, les a rendus florissans, les maintient ; & l’on saura que penser des déclamations de tant d’Ecrivains, qui n’ont pas rougi de dissimuler ses bienfaits, de lui imputer des crimes qu’elle condamne, & de lui reprocher des désordres, dont elle a bien pu être le prétexte, mais qui ont cessé aussi-tôt qu’on en est revenu à son esprit & à ses vrais sentimens.
Oui, tout un feuilleton du lundi parlant de nous à propos de tout et de tout à propos de nous, et pendant douze colonnes, battant et brouillant le compte rendu de notre livre avec le compte rendu de La Dinde truffée, de M. […] Elle nous donne rendez-vous pour le lendemain.
Point d’entassement, point de figures, point de pathos, point d’émotion empruntée, disoit-il ; ou, si l’on y a recours, c’est se rendre indigne de sa profession, c’est gâter sa propre cause & supposer les juges malhonnêtes gens. […] Son triomphe étoit dans Athènes & dans Rome : en France, on lui rend aussi justice. […] Il seroit aisé de la lui rendre, quelques rares que soient les talens supérieurs, si les avocats redoubloient de délicatesse sur l’honneur, sur les bienséances, sur l’attention à ne tourner en ridicule & à ne diffamer personne ; s’ils ne s’injurioient point, comme il est de règle, à haute voix, pendant que les juges sont aux opinions ; s’ils ne se chargeoient pas indifféremment de toutes sortes de procès*.
Pour arriver à la jouissance de cette beauté suprême, les chrétiens prennent une autre route que les philosophes d’Athènes : ils restent dans ce monde afin de multiplier les sacrifices, et de se rendre plus dignes, par une longue purification, de l’objet de leurs désirs. […] « Certes, l’amour est une grande chose, l’amour est un bien admirable, puisque lui seul rend léger ce qui est pesant, et qu’il souffre avec une égale tranquillité les divers accidents de cette vie : il porte sans peine ce qui est pénible, et il rend doux et agréable ce qui est amer.
Vous mettez tout le monde en droit de leur faire leur procès, même sans rendre aucune raison de son jugement, au lieu que les autres sçavans ne sont jugez que par leurs pairs, qui sont encore tenus de les convaincre dans les formes avant que d’être reçus à prononcer leur condamnation. […] Véritablement les personnes qui ne sçavent point l’art, ne sont pas capables de remonter jusques aux causes qui rendent un mauvais poëme ennuïeux. […] L’ignorant peut donc dire que l’ouvrage est bon ou qu’il ne vaut rien, et même il est faux qu’il ne rende pas raison de son jugement.
(Il lui rend la lettre.) […] Il nous salua très poliment, la main au casque, et force nous fut de rendre le salut. […] On redemande Polichinelle, et Camuset ne veut pas leur rendre Polichinelle… Oh ! […] L’Empereur répondit qu’il allait se rendre chez le maréchal. […] Cet homme ne méritait pas les honneurs qu’on lui a rendus ; c’était peut-être un voleur. » Cela nous rendit pensifs.
Dans le juste hommage rendu publiquement par lui-même à son père, il nous suffira de dire que M. […] Où sont donc, depuis tantôt quatre-vingts ou cent ans, les rares services que les publicateurs d’inédits aient rendus aux lettres françaises ? […] et les rend-elle ? […] quel meilleur service pourrait-elle rendre aux lettres ? […] Mais s’ils s’en aperçoivent un jour, qu’ils ne rendent pas au moins M.
Il m’a offert de me graver, et rendez-vous a été pris. […] Thiers, et qui leur rendait les entretiens insupportables. […] Ils ont voulu et ont réussi à le rendre impossible en France. […] Le premier, il a rendu la sérénité ennuyée du roi des animaux. […] La chambrière maîtrisée fait obtenir un rendez-vous à d’Artagnan, mais au moment de ce rendez-vous, le ressentiment de la victime, soudainement enragée de vengeance, le laisse, en hiver, vingt-quatre heures sans feu et sans nourriture dans le froid glacial d’un cabinet, au sortir duquel la duchesse lui ouvrant les bras, le rejette bientôt hors du lit, d’un coup de pied.
Ses Traductions de l’Iliade & de l’Odissée, des Poésies d’Anacréon & de Sapho, du Plutus & des Nuées d’Aristophane, de l’Amphitrion, de l’Epidicus, du Rudens de Plaute, de toutes les Comédies qui nous restent de Térence ; ses Commentaires sur plusieurs Auteurs Grecs & Latins, établiroient solidement la réputation d’un docte & excellent Ecrivain ; à plus forte raison doivent-ils immortaliser une femme qui a rendu de si grands services à la Littérature. […] Madame Dacier, après avoir long-temps résisté, se rendit à la priere de l’Etranger, & écrivit son nom avec un vers de Sophocle dont le sens est, le silence est l’ornement des femmes.
On s’efforça de décrier ses talens, on attaqua sa réputation, on calomnia ses mœurs, on enfanta un déluge de Libelles, auxquels il eut la foiblesse d’être sensible, & qui le rendirent injuste à l’égard de ceux qui l’avoient offensé. […] Rollin, & tous ceux qui s’intéressoient aux progrès de la bonne Littérature, ont rendu, par leurs éloges, justice à ses talens & à ses lumieres, & vengé, par leur amitié, l’honneur de ses sentimens.
Dans d’autres villes, il se rendit coupable de nouveaux crimes, qui, joints à celui d’athéisme, dont il faisoit ouvertement profession, le firent condamner par le Parlement de Paris, à être brûlé, & la Sentence fut exécutée. […] Les principes de cet Ouvrage monstrueux sont précisément les mêmes que ceux de Dolet, & le sort de Dolet a sans doute rendu plus prudens ceux qui ont voulu écrire comme lui.
Après avoir essayé de se rendre utile aux Lettres par un petit Ouvrage, intitulé, le Temple de la Critique, où, parmi des jugements assez sains & vivement exprimés, on en trouve quelques-uns de faux & d’outrés, il a rendu de vrais services au Public par la rédaction de la suite des Lettres édifiantes.
Nous expliquerons ceci, en disant qu'elle est écrite d'un ton noble & intéressant, mais défigurée par une latinité peu sûre, & surchargée d'une infinité de noms qu'il a rendus barbares, sous prétexte de les latiniser. […] Un travers qu'il eût dû certainement éviter, est un ton de partialité qui le rend téméraire dans ses conjectures, injuste dans ses jugemens, trop libre dans ses réflexions, trop amer dans ses censures, toutes les fois qu'il s'agit des Papes, du Clergé, & de ceux qui gouvernoient de son temps.
La psychologie expérimentale nous le rendra. […] Un rendu plus minutieux serait moins suggestif. […] Elle leur rend la force et la vie. […] Il ne nous reste plus qu’à retoucher un peu cette formule pour la rendre parfaite. […] Comptes rendus de l’Académie des sciences, 17 juillet 1899.
Ces faits ne créent pas la tendance, mais ils la rendent consciente et sous une forme immédiatement concrète. […] J’ai la pensée quand je fais un roman de rendre une coloration, une nuance. […] Cela rend plus saisissant le caractère de nouveauté de la pensée qui fixe l’orientation de la série future. […] Il y a une défaillance que rien ne rendait nécessaire. […] La mise en scène du meurtre de Creuse rend impossible le meurtre des enfants : elle le déshonore !
C’est bien le moins que je vienne rendre témoignage pour elle et la défendre aujourd’hui. […] Et à ce sujet, je suis tenté de revenir sur des paroles prononcées à cette tribune par le préopinant et qui provoquèrent une indignation dont MM. le comte de Ségur d’Aguesseau et le baron Dupin se rendirent les interprètes. […] Des siècles après, quand l’Assemblée constituante mit fin à cette oppression, à cette iniquité séculaire, et rendit aux juifs le droit de cité, savez-vous ce qu’écrivait le lendemain la petite-fille de saint Louis, la digne et vertueuse Madame Élisabeth ? […] En effet, quelque opinion qu’on ait personnellement sur telle ou telle de leurs doctrines, ils présentent évidemment le double caractère qui rend un ordre de citoyens respectable dans l’État moderne : le nombre d’abord, le nombre croissant (je l’affirme, et en pourrait-on douter, quoiqu’il n’y ait pas de recensement ni de statistique officielle ? […] messieurs, prenons garde de revenir à des siècles en arrière, quand le Parlement rendait des arrêts contre l’anti-moine ou contre l’émétique !
À chacun de mes repas, en moi, par moi, une matière inanimée devient vivante ; « j’en fais de la chair, je l’animalise, je la rends sensible ». […] Défendez votre pays, parce que c’est lui qui vous rend heureux et renferme vos biens. » Ainsi la vertu n’est que l’égoïsme muni d’une longue-vue ; l’homme n’a d’autre raison pour bien faire que la crainte de se faire mal, et, quand il se dévoue, c’est à son intérêt. […] instinct divin, immortelle et céleste voix, guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre, juge infaillible du bien et du mal qui rends l’homme semblable à Dieu, c’est toi qui fais l’excellence de sa nature. » — À côté de l’amour-propre, par lequel nous subordonnons le tout à nous-mêmes, il y a l’amour de l’ordre, par lequel nous nous subordonnons au tout. […] Ne s’est-il pas acquitté de tout ce qu’il doit à la vertu par l’hommage qu’il vient de lui rendre ? […] Les coups de bâton qu’il distribue, les violences qu’il commet, les meurtres et les assassinats dont il se rend coupable, ne sont-ce pas des affaires qu’on assoupit et dont au bout de six mois il n’est plus question Que ce même homme soit volé, toute la police est aussitôt en mouvement, et malheur aux innocents qu’il soupçonne Passe-t-il dans un lieu dangereux, voilà les escortes en campagne
Le respect humain la rendit en apparence fidèle au culte de la gloire de ce grand homme convenu, qu’elle avait aimé jeune sous le nom d’Alfieri. […] Chateaubriand, attaché alors à l’ambassade de Rome, venait d’arriver à Florence au moment où Alfieri rendait le dernier soupir ; il le vit coucher au cercueil, il lut les deux inscriptions funéraires, il fut touché de cet immense amour, de ce dernier rendez-vous donné au sein de la mort ; ces images devaient frapper l’auteur du Génie du Christianisme, et ce qu’elles avaient d’un peu théâtral n’était pas pour lui déplaire. […] Ses liaisons avec Mme de Staël et sa société lui rendaient, sous l’Empire, son rôle très complexe et très délicat. […] Avant la fin de l’été, je compte aller à Florence vous rendre mes devoirs et entendre de votre bouche, madame, votre jugement sur mes Républiques. […] Ce succès ne pouvait être obtenu que par vous seule au monde ; il fallait les efforts, le courage, la persévérance d’une affection que la mort a rendue plus sacrée et qu’elle a presque transformée en culte.
Combien d’œuvres doivent leur naissance à ces solennités et à ces largesses que rend seul possibles le bon état des finances publiques ! […] Les noms les plus harmonieux s’y sont donné rendez-vous. […] Le même Voltaire, loin d’être pensionné par les grands seigneurs, leur prête de l’argent qu’ils ne daignent pas rendre, et c’est lui alors qui les tient ; il est bien plus que leur favori ou leur ami : il est leur créancier ; il a barres sur eux. […] Il consiste à proclamer et à rendre les fonctions publiques aussi accessibles au fils d’un ouvrier ou d’un paysan qu’à celui d’un financier ou d’un marquis ; à égaliser le point de départ pour tous les enfants ; à exiger que la place de chaque citoyen dans la société soit en raison de sa valeur intellectuelle et morale. […] La Théodora de Sardou, aux environs de la centième, lui avait déjà rendu un million, et le même Sardou possède à Marly-leRoi un château princier précédé, comme le palais d’un Pharaon, par une avenue bordée de sphinx.
Au lieu de peindre avec une précision impossible à obtenir des sons, les motifs intérieurs qu’il supposait agir dans l’âme de ses héros, il a tout simplement rendu leurs mouvements extérieurs et l’amoureux transport qui les saisit. […] Il a uniquement traduit— avec un génie incomparable — une idée générale, l’amour ; une situation assez commune : un rendez-vous nocturne entre amants. Par quelle déviation d’esprit a-t-il pu croire qu’il arriverait à rendre autre chose eu musique, et par quelle aberration a-t-il pu imaginer de substituer ici la philosophie à l’amour ? […] Madame Tharber, dont le capital a rendu possible la fondation de notre école nationale d’opéra, a de nombreuses relations avec les musiciens de France, surtout avec Massenet et Delibes, dont certaines œuvres ont été interprétées à New-York l’année dernière. […] Dupont et Lapissida se proposent de monter l’œuvre de Wagner avec tout le soin désirable ; la chevauchée des Valkyries et la scène du feu seront rendues avec autant de réalisme que possible.
. — Rendu pâle. […] — Rendre veule. […] — Rendre huluberlu. […] — Rendre glauque. […] — Se rendre moite.
Comme s’il usait à rebours de l’anneau de Gygès, il se rend invisible à lui-même en devenant visible à tout le monde. […] Nous allons épaissir le problème, pour ainsi dire, en grossissant l’effet jusqu’à rendre visible la cause. […] C’est donc, par définition même, le rendre comique, et il n’est pas étonnant que l’imitation fasse rire. […] Et c’est là encore ce qui rend quelquefois la timidité un peu ridicule. […] Le difficile est de donner au mot sa force de suggestion, c’est-à-dire de le rendre acceptable.
rendez-nous le parfum des roses ! […] On me le rendra ; on l’a déjà fait en plus d’une occasion. […] Je lui rends de rudes services, allez, à Jacques ! […] Cela rendra plus clair ce que j’ai à vous dire de son dernier drame. […] Sa petite flûte rend le son d’un trombone.
Telle était, du reste, la manière dont la France rendait en 1830 à l’Allemagne, les emprunts qu’elle lui avait faits sous la Restauration. […] Rien ne la rendra-t-il à nos cris superflus ? […] Heine, lui aussi, est mort dans la douleur, mais il ne s’est pas rendu. […] Mais en cherchant à le simplifier, il le rendit monotone, d’autant plus qu’il écrivit, comme Chénier, en alexandrins classiques. […] De là nos deux compagnons se rendent dans la cuisine de la sorcière (conséquence forcée de leurs libations).
C’est un sentiment d’une charité délicieuse qui a rendu Desdémone amoureuse du Maure. […] L’abondance des données positives leur a rendu la sélection plus nécessaire. […] S’il morcelle ses récits en petits chapitres courts, c’est pour mieux rendre sensible cette analyse. S’il énerve son style jusqu’à faire se pâmer sa page, c’est pour rendre sensible ce tourment. […] Ce résumé est rendu impossible ici par la facture même du roman.
. — Les privilégiés ne rendent pas ces services en France. […] Les ministres écrivent aux intendants pour savoir si les gentilshommes de leur province « aiment à rester chez eux » et s’ils « refusent de venir rendre leurs devoirs au roi ». […] Chateaubriand, Mémoires, I, 14, 15, 29, 76, 80, 125. — Lucas de Montigny, Mémoires de Mirabeau, I, 160. — Comptes rendus de la société du Berry : Bourges en 1753 et 1754, d’après un journal à la main (aux Archives nationales), écrit par un des parlementaires exilés, 273. […] Comptes rendus de la société du Berry, Bourges en 1753 et 1754, 273. […] (Necker, Compte rendu, II, 56.)
Les mœurs dépravées de la Grande Grèce et de Rome rendaient ces inquiétudes plus naturelles et plus obligatoires dans ces climats vicieux que dans nos contrées plus pures ; c’est grâce à ces surveillances assidues que le jeune Horace, enfant d’une beauté précoce, dut la pureté et la fraîcheur prolongée de son âme. […] Lui, propriétaire d’un très petit domaine, il ne voulut pas m’envoyer à l’école de Flavius, où des enfants, nés d’honorables centurions, se rendaient, cassette et tableau suspendus au bras gauche, payant à huit ides chaque année le modique salaire des leçons. […] On lui avait rendu son petit domaine ; on l’avait enchaîné à Rome et à la cour par d’autres bienfaits. […] Le Poussin a merveilleusement compris et rendu ces paysages d’Ustica ; c’est le vrai peintre de la Sabine ; il y passait ses étés pour y retremper ses pinceaux dans les grandes ombres noires, dans le ciel bleu, dans les lacs dormants de ces montagnes classiques. […] Les offres d’Auguste et le danger de la cour, à laquelle il venait d’échapper, rendirent plus fréquents et plus longs ses séjours dans sa métairie de la Sabine ; il la décrit avec un charme toujours nouveau.
Ils jouaient la sagesse et la vertu dans les académies et dans les places publiques ; ils accoutumaient les Athéniens à ces jeux d’idées et de paradoxes qui rendaient l’oreille fine et l’esprit sceptique ; pour effacer ces sophistes, il fallait bien parler leur langue à ce peuple infatué. […] Or que fait la mort, sinon de rendre l’âme à elle-même ? […] Ce qui est beau ici-bas, selon moi, c’est ce qui participe au beau absolu : les belles choses sont belles par la présence de la beauté en elle ; et c’est le reflet de la beauté primordiale et suprême qui les rend telles. […] « — J’entends, dit Socrate ; mais au moins il est permis et il est juste de faire ses prières aux dieux, afin qu’ils bénissent notre voyage et le rendent heureux ; c’est ce que je leur demande ; puissent-ils exaucer mes vœux ! […] Les Guèbres ne rendaient un culte au feu que comme à l’élément lumineux et générateur qui voilait et manifestait Dieu.
Planche, un paysan du Danube dont l’éloquence impérative et savante s’est tue au grand regret des sains esprits, la critique des journaux, tantôt niaise, tantôt furieuse, jamais indépendante , a, par ses mensonges et ses camaraderies effrontées, dégoûté le bourgeois de ces utiles guide-ânes qu’on nomme comptes rendus de Salons1. […] Donc, quand nous disons que ce tableau est bien dessiné, nous ne voulons pas faire entendre qu’il est dessiné comme un Raphaël ; nous voulons dire qu’il est dessiné d’une manière impromptue et spirituelle ; que ce genre de dessin, qui a quelque analogie avec celui de tous les grands coloristes, de Rubens par exemple, rend bien, rend parfaitement le mouvement, la physionomie, le caractère insaisissable et tremblant de la nature, que le dessin de Raphaël ne rend jamais. — Nous ne connaissons, à Paris, que deux hommes qui dessinent aussi bien que M. […] — Voilà certes qui doit stupéfier les amis et les ennemis, les séides et les antagonistes ; mais avec une attention lente et studieuse, chacun verra que ces trois dessins différents ont ceci de commun, qu’ils rendent parfaitement et complètement le côté de la nature qu’ils veulent rendre, et qu’ils disent juste ce qu’ils veulent dire. — Daumier dessine peut-être mieux que Delacroix, si l’on veut préférer les qualités saines, bien portantes, aux facultés étranges et étonnantes d’un grand génie malade de génie ; M. […] — Combien d’autres n’auraient pas songé à ce détail, ou du moins l’auraient rendu d’une autre manière ! […] Ingres, l’homme audacieux par excellence. — Quant à la gravure, quelque consciencieuse qu’elle soit, nous craignons qu’elle ne rende pas tout le parti pris de la peinture. — Nous n’oserions pas affirmer, mais nous craignons que le graveur n’ait omis certain petit détail dans le nez ou dans les yeux.
Il s’y rend, muni d’une échelle de soie. […] Il s’en rendait lui-même très bien compte. […] Il se rend à l’église, sonne la cloche, et se met en prières. […] Pour une fois qu’on a quelque chose de bou à manger, faut le rendre ! […] La peur le rend lâche et dur.
Mais il est un homme de progrès : sa qualité de philosophe antique ne le rend pas réactionnaire. […] Ce dernier mot donne à imaginer la forme de cette machine et rend cette machine vivante. […] Il n’allait point à rendre ses personnages abstraits, mais à rendre concrètes des idées. […] Ce qui rend le plus charmante l’ironie de M. […] C’est qu’il l’aimait ; il nous l’a rendue extrêmement aimable.
Mais moralement il retrouve ses avantages ; il s’efforce à tout moment de rendre son commentaire utile en l’appliquant à notre temps, à nous-mêmes, aux vices de la société et à la maladie de nos cœurs : « Bossuet est surtout l’homme de l’âge où nous sommes », pense-t-il ; et il en donne les raisons, qui sont plutôt de sa part d’honorables désirs que des faits manifestes et concluants pour tous. […] Il commence avec grandeur et par une large similitude : Comme on voit que de braves soldats, en quelques lieux écartés où les puissent avoir jetés les divers hasards de la guerre, ne laissent pas de marcher dans le temps préfix au rendez-vous de leurs troupes assigné par le général ; de même, le Sauveur Jésus, quand il vit son heure venue, se résolut de quitter toutes les autres contrées de la Palestine par lesquelles il allait prêchant la parole de vie ; et sachant très bien que telle était la volonté de son Père qu’il se vînt rendre dans Jérusalem, pour y subir peu de jours après la rigueur du dernier supplice, il tourna ses pas du côté de cette ville perfide, afin d’y célébrer cette Pâque éternellement mémorable et par l’institution de ses saints mystères et par l’effusion de son sang. […] Il rendait remarquables les endroits par où il passait, par la profusion de ses grâces. […] Quand Bossuet, plus tard, dans son oraison funèbre du prince, parlera avec tant de répulsion des discordes civiles et « de ces choses dont il voudrait pouvoir se taire éternellement », il rendra un sentiment bien réel et vif qui lui avait arraché dans le temps même ce cri de douleur et d’alarme.
Il représente une phase nouvelle et un progrès social dans la science qu’il cultivait avec succès ; il contribua plus que personne en son moment à la rendre facile, accessible, même élégante de forme, en la laissant sérieuse et solide ; à la tirer des écoles, sans la rendre pour cela frivole et sans la profaner. […] M. de Haller vit avec inquiétude son ami livré à un sommeil que le froid aurait pu rendre funeste ; il chercha comment il pourrait le dérober à ce danger. […] Mais un savant qui se renferme dans sa bibliothèque, loin de toute société, peut-il se passer d’une compagne qui rende sa solitude aimable ? […] C’est par des exemples qu’il y a ainsi moyen de rendre sensible à tous l’ensemble de mérites et de défauts qui fait le cachet du style académique de Vicq d’Azyr et qui tient à la date en même temps qu’à l’homme.
Ramond, c’est le Saussure des Pyrénées, aussi fidèle observateur, aussi rigoureux que l’illustre Genevois, moins simple dans l’exposé des grands spectacles, mais plus ému, plus coloré, animé d’une sensibilité plus poétique et doué d’une imagination qui, loin de l’égarer comme tant d’autres, ne fait que rendre le vrai avec plus de vie. […] Dorat leur avait rendu le même service qu’au drame et avait pris avec elles les mêmes libertés ; il avait corrigé, arrangé le tout au goût de Paris et du beau sexe ; et dès la première pièce ou dédicace en prose, là où on lisait dans l’original : « Sophie, c’est loin de vous, c’est dans un autre climat que tristement assis à l’ombre des mélèzes, je me rappelle tant de vœux rejetés, tant d’espérances déçues » ; Dorât avait substitué les platanes aux mélèzes. […] C’est ce sentiment, si souvent exprimé depuis, des hautes cimes et de l’allégresse intime, de la sérénité de pensée qu’on y rencontre, c’est cette sublimité naturelle et éthérée que Ramond excelle à rendre dans ces pages comme il y en avait si peu à cette date dans notre langue. […] Jamais je ne suis descendu de ces sommets sans éprouver qu’un poids retombait sur moi, que mes organes s’obstruaient, que mes forces diminuaient et que mes idées s’obscurcissaient ; j’étais dans la situation où se trouverait un homme qui serait rendu à la faiblesse de ses sens inhumains après l’instant où ses yeux, dessillés par un Être supérieur, auraient joui du spectacle des merveilles cachées qui nous environnent. […] Ses manières sont négligées, mais une sorte de grâce, qui réside moins dans l’arrangement des formes que dans leur simplicité et dans l’à-propos du geste, les rend tout à fait séduisantes.
Ici je ne puis m’empêcher de remarquer combien l’influence d’Homère, de ce grand poète naturel, fut petite dans notre littérature, ou, pour parler plus exactement, combien elle en fut absente ; et, afin de rendre le fait plus net et plus sensible, je me pose une question : Quels sont les grands écrivains français qui auraient pu s’aller promener aux champs en emportant un Homère, rien que le texte, ou qui, s’enfermant comme Ronsard en des heures de sainte orgie, auraient pu avoir raison en trois jours de L’Iliade ou de L’Odyssée ? […] Par eux, Mme Dacier est restée atteinte de ridicule pour avoir rendu de son mieux le divin poète et l’avoir trop défendu. […] Il m’en coûte de lui résister ; mais dans cette pièce où un grand chef gaulois, Brennus, tue de sa main devant l’autel sa captive, l’épouse d’un étranger, d’un Milésien son hôte, au moment de la lui rendre, et où, après avoir essuyé patiemment les reproches du mari, il lui réplique par un récit de l’infidélité et de la perfidie de sa femme, je verrais bien plutôt le sujet d’un conte de La Fontaine dans le genre de La Matrone d’Éphèse. […] Mais ce n’est pas plus leur sentiment que le mien propre qui m’oblige à rendre ce témoignage à son mériteg. […] [1re éd.] qui m’oblige à rendre ce témoignage de son mérite.
C’est en 1833 que Maurice de Guérin, qui n’était alors que dans sa vingt-troisième année, commença de développer et d’épanouir dans le cercle de l’intimité cette première fleur de sentiment, qui nous est montrée seulement aujourd’hui et qui va nous rendre tout son parfum. […] Averti qu’il se trompait et qu’il n’était pas avoué, il s’arrêtait devant l’obstacle, il s’inclinait devant l’arrêt rendu ; il souffrait, il se taisait, il priait. […] Ce sera bien sa manière, à lui ; dans les images fidèles qu’il nous offre de la nature, l’homme, l’âme est toujours en présence ; c’est la vie réfléchie et rendue par la vie. […] Un mois s’est écoulé ; le moment où le printemps longuement couvé et nourri éclate, non plus en fleurs mais en feuilles, où la verdure déborde, où il y a en deux ou trois matinées inondation presque subite de verdure, est admirablement rendu : 3 mai. — Jour réjouissant, plein de soleil, brise tiède, parfums dans l’air ; dans l’âme, félicité. […] Dans ses excursions par le pays et quand il traverse les landes, c’est bien alors que la nature lui apparaît maigre et triste, en habit de mendiante et de pauvresse ; mais pour cela il ne la dédaigne : il a fait sur ce thème des vers bien pénétrants et où l’âpreté du pays est rendue au vrai ; il la comprend si bien, cette âpreté, il la serre de si près qu’il en triomphe.
Il volerait comme le papillon, par curiosité, sur toutes les plus grandes matières, et il ne se rendrait jamais homme d’affaire. […] En voici la première page, où se fait d’abord sentir l’empressement et comme le débordement de phrase habituel à Saint-Simon : « Il ne faut point d’autre éloge pour un prince prêt à régner suivant le cours ordinaire de la nature, que les projets qu’on va voir qu’il avait formés et qu’il avait fortement résolu de suivre et d’exécuter sagement de point en point l’un après l’autre ; surtout si l’on fait réflexion au pouvoir sans bornes qui l’attendait, auquel il fut tout à fait associé par la volonté du roi son aïeul, aussitôt après la mort du prince, fils unique du monarque, père de celui qui, aux dépens de cette autorité qui enchante les plus grands hommes, mettait toute son étude et toute sa satisfaction à rendre son règne juste et ses peuples heureux. […] Il serait à souhaiter sans doute que tous les sujets d’un royaume fussent vertueux, et l’on ne saurait prendre de trop justes mesures pour qu’une bonne éducation les rende tels ; mais il suffit qu’il s’y trouve autant d’hommes versés dans les sciences qu’il en faut pour remplir les places. […] Deux soleils dans le monde nous jetteraient dans les ténèbres, en nous éblouissant : trop de savants nous rendraient ignorants. […] Mais quand j’ai payé ces hommages aux individus et aux personnes, je me hâte d’ajouter que, eût-on réussi pour un temps en quelqu’un de ces biais et de ces remèdes palliatifs de l’ancien régime, on ne serait parvenu après tout qu’à faire ce qu’on appelle une cote mal taillée, rien de nettement tranché ni de décisif, et qu’il est mieux (puisqu’enfin les choses sont accomplies et consommées) qu’on en soit venu à cette extrémité dernière de n’avoir eu qu’un seul et grand parti à prendre, le parti à la Mirabeau et à la Sieyès : la France, en un mot, n’a pas perdu pour attendre ; et quand tout récemment, dans le compte rendu des séances du Sénat, je lisais ces déclarations spontanées d’un duc de La Force et d’un cardinal Donnet, si empressés à se replacer dans les rangs de tous, lorsqu’une parole inexacte avait paru un moment les en vouloir séparer, je pensais qu’au milieu de nos divisions mêmes d’opinions, il était consolant qu’on en fût venu à ce grand et magnifique résultat, aussi clair que le jour, à savoir qu’il n’y a plus en France qu’un seul ordre, une seule classe, un seul peuple.
Sandeau, sans le prévenir et sans avertir les lecteurs qu’on ne l’a pas consulté ; car c’est l’en rendre, jusqu’à un certain point, responsable et complice. […] Sandeau, son auteur de prédilection ; le premier dîner en tête-à-tête qu’il offre à celui-ci chez Bignon ; le dîner qui lui est rendu à un restaurant plus modeste hors barrière, le père Moulinon, où se réunissaient les gens d’esprit pauvres et un peu bohèmes, les « surnuméraires de l’art et de la littérature » ; puis, au sortir de là, une soirée de lecture dans un salon à la mode où il est présenté et où, pour payer sa bienvenue, il se pique de spirituelle impertinence. […] Je ne prends pas à la lettre tout ce qu’il fait semblant d’être dans son livre ; il se donne comme le plus désappointé des hommes ; selon lui, il aurait tout manqué dans sa carrière, et il n’aurait recueilli qu’ingratitude et mécomptes : littérateur, on ne lui aurait pas su gré des services qu’il aurait rendus à la société à une certaine heure ; on lui aurait fait mainte promesse qu’on n’aurait pas tenue ; homme de province et propriétaire, il n’aurait eu qu’ennuis dans l’exercice de ses honneurs municipaux ou communaux ; homme de qualité (il ne l’oublie jamais), comme il n’allait qu’en fiacre dans les soirées du noble faubourg, les laquais souriaient d’un certain air en le voyant traverser l’antichambre et lui demandaient à la sortie sous quel nom il fallait appeler ses gens. […] Pour les rendre plus piquants, l’auteur a outré dans quelques-uns les traits, ce qui est, dit-il, le droit du satirique : il a, dans d’autres, altéré la vérité, ce qui n’est le droit de personne. […] Ce n’en est pas une, du moins, dans un des plus malins portraits du volume, portrait qui n’est autre que le mien, d’avoir dit : « Il excellerait à distiller une goutte de poison dans une fiole d’essence, de manière à rendre l’essence vénéneuse ou le poison délicieux.
Les ennuis du général gaulois durant ce siège insipide de Tunis, son dégoût de cette armée de nègres imbéciles qu’il commande, son regret de n’avoir pas déserté aux Romains avec ses compagnons en Sicile, son découragement moral et physique et son mal du pays, nous sont rendus également avec des couleurs et une harmonie fort savantes. […] Hamilcar se rend de nuit au Conseil des Anciens mystérieusement convoqués, et l’on rentre ici dans une série de scènes quasi maçonniques. […] On est au cœur d’une œuvre sérieuse ; on est, si l’on se rend bien compte de la composition et de la construction du livre, à ce point central, intérieur et élevé, qui, dans tout monument d’art, fait clef de voûte ; pourquoi un semblant de gaudriole s’y est-il glissé ? […] Mais les Latins se désolaient de ne pas recueillir leurs cendres dans des urnes ; les Nomades regrettaient la chaleur des sables où les corps se momifient, et les Celtes, trois pierres brutes, sous un ciel pluvieux, au fond d’un golfe plein d’îlots… » C’est une scène de funérailles très-bien étudiée, scrupuleusement rendue : l’auteur a ainsi voulu qu’il y eût dans son livre un tableau de toutes les scènes que l’archéologie peut fournir. […] Et enfin, fût-elle en pure perte, cette insistance de la critique, même lorsqu’elle n’approuve pas, est encore une manière d’hommage rendu à un livre d’un ordre élevé, et dont il restera des fragments.
Avant de discuter Sibylle, je rendrai pourtant pleine justice à Dalila. […] Leonora est bien la superbe et la passionnée, qui va à son but, épuise son caprice, suce l’orange, jette l’écorce, brise et quitte à son gré : le fin et délicat auteur a trouvé, pour nous la rendre, des accents plus francs que de coutume, des cris énergiques et dont on dirait, s’ils étaient aussi bien de Musset, qu’ils sentent la morsure et la vengeance. […] Cet hommage rendu à Dalilci, rien ne nous sépare plus de Sibylle ; car le Jeune Homme pauvre (qui aurait dû s’intituler plutôt le Gentilhomme pauvre), si nous nous y arrêtions, appellerait plus d’une critique du genre de celles qui nous restent à faire, et Sibylle est certainement cousine de la petite Marguerite. […] Miss O’Neil, la gouvernante, est touchée elle-même en l’écoutant : elle rend les armes et veut abjurer. […] En présence de cette forme d’art ingénieuse, délicate, mais ici outrée visiblement et plus que jamais infidèle à l’entière vérité, je dirai encore à l’auteur : « N’étalez point les laideurs, les plaies, je le veux bien ; ne nous montrez point, comme d’autres, la pointe du scalpel, encore toute souillée de sang et de sanie : à la bonne heure, et je vous en rends grâces.
Hamon dans le cimetière, quoiqu’il se soit rendu indigne, dit-il dans un acte olographe fait exprès pour cet article, qu’on lui accordât cette grâce après sa vie scandaleuse et le peu de profit qu’il avait fait de l’excellente éducation qu’il avait reçue dans la maison de Port-Royal. […] Divers petits offices à rendre à la famille affligée, comme lettres à écrire, soins à prendre, etc., m’obligent d’être court. » Les lettres suivantes complètent le récit : « Ce dimanche de Quasimodo, 26 avril. — Enfin voilà mon cher ami M. […] Il lui avait, en effet, rendu des services très-essentiels. […] Le Peletier (1697), disait au roi qui lui en donnait la première nouvelle : « Cette retraite, Sire, rend M. […] Pourrai-je réussir à bien rendre cet état nouveau, cette direction devenue presque générale des esprits ?
Mais de toutes les collaborations qui lui furent offertes dans cet intervalle de fin d’année où l’on guettait dans la presse la dislocation du Moniteur gouvernemental, qui allait rendre libres les écrivains liés antérieurement par un traité, celle du Journal officiel est la seule que M. […] Troplong, qui lui rendait dans le particulier en bienveillance ce que les passions déchaînées l’empêchaient de lui témoigner à la tribune et en séance. — Je ne parle pas (bien entendu) de ses deux amis de tous les temps et confrères de l’Académie, M. […] Sainte-Beuve reçut encore leur dernière visite le jeudi qui précéda sa mort. — Le prince Napoléon (et qu’il me soit permis de lui en rendre ici publiquement hommage et témoignage) n’a cessé d’honorer M. […] Sur la fin de sa vie, ne pouvant plus se rendre au Sénat, M. […] Sainte-Beuve est mort à Paris le 13 octobre 1869, à une heure et demie de l’après-midi, dans sa maison de la rue Montparnasse, n° 11. — Les personnes présentes au moment de sa mort, et qui l’entouraient dans son cabinet même, près du lit où il rendit le dernier soupir, étaient ses amis MM. le docteur Veyne, Paul Chéron (de la Bibliothèque impériale), son professeur de littérature grecque M.
La poésie défait donc l’oeuvre de la science ; elle reconstruit ce que l’autre avait décomposé ; elle rend à l’objet abstrait ses détails, et, ainsi, le change en chose complexe ; elle rend à l’être général ce qui lui appartient en propre, et ainsi le change en être particulier. Elle ne l’observe général et abstrait que pour le rendre particulier et complexe ; elle n’agit que pour réparer, reformer et créer. […] Il est déjà tout préparé, puisqu’il contient les personnages, et nous n’avons qu’à leur rendre ce qui leur appartient. […] Si vous n’êtes contents Nous rendrons à chacun son argent à la porte. » Le singe avait raison : ce n’est pas dans l’habit Que la diversité me plaît, c’est dans l’esprit.
Attentif aux controverses des poètes, se tenait le graveur sur bois Clément Bellanger qui rendait l’image d’un Christ au Jardin des Oliviers. […] Son physique ingrat rendait le premier contact désagréable. […] Je ne suis réellement moi qu’au milieu des foules élégantes, dans la griserie des capitales, au cœur des quartiers riches ou dans le décor somptueux des palaces-hôtels, rendez-vous de l’élite cosmopolite, assiégé de toutes les commodités désirables et d’une armée de serviteurs, la caresse chaude d’un tapis sous les pieds. […] Je connais le prix d’un beau vers, mais aussi d’une rose, d’un vin de cru, d’une cravate adaptée et d’un mets délicat. » Je résume ainsi les propos d’Oscar Wilde, mais ce que je n’en puis rendre c’est le tour et l’expression. […] Les Irlandais rendent à leurs persécuteurs mépris pour mépris.
Un vrai classique, comme j’aimerais à l’entendre définir, c’est un auteur qui a enrichi l’esprit humain, qui en a réellement augmenté le trésor, qui lui a fait faire un pas de plus, qui a découvert quelque vérité morale non équivoque, ou ressaisi quelque passion éternelle dans ce cœur où tout semblait connu et exploré ; qui a rendu sa pensée, son observation ou son invention, sous une forme n’importe laquelle, mais large et grande, fine et sensée, saine et belle en soi ; qui a parlé à tous dans un style à lui et qui se trouve aussi celui de tout le monde, dans un style nouveau sans néologisme, nouveau et antique, aisément contemporain de tous les âges. […] Les interruptions, les repos, les sections, ne devraient être d’usage que quand on traite des sujets différents, ou lorsque, ayant à parler de choses grandes, épineuses et disparates, la marche du génie se trouve interrompue par la multiplicité des obstacles, et contrainte par la nécessité des circonstances : autrement le grand nombre de divisions, loin de rendre un ouvrage plus solide, en détruit l’assemblage ; le livre paraît plus clair aux yeux, mais le dessein de l’auteur demeure obscur… Et il continue sa critique, ayant en vue L’Esprit des lois de Montesquieu, ce livre excellent par le fond, mais tout morcelé, où l’illustre auteur, fatigué avant le terme, ne put inspirer tout son souffle et organiser en quelque sorte toute sa matière. […] Cet hommage rendu à ce qu’il suffit d’apercevoir et de reconnaître, nous ne sortirions plus de nos horizons, et l’œil s’y complairait en mille spectacles agréables où augustes, s’y réjouirait en mille rencontres variées et pleines de surprise, mais dont la confusion apparente ne serait jamais sans accord et sans harmonie. […] accueilleraient les plus ingénieux modernes, les La Rochefoucauld et les La Bruyère, lesquels se diraient en les écoutant : « Ils savaient tout ce que nous savons, et, en rajeunissant l’expérience, nous n’avons rien trouvé. » Sur la colline la plus en vue et de la pente la plus accessible, Virgile entouré de Ménandre, de Tibulle, de Térence, de Fénelon, se livrerait avec eux à des entretiens d’un grand charme et d’un enchantement sacré : son doux visage serait éclairé du rayon et coloré de pudeur, comme ce jour où, entrant au théâtre de Rome dans le moment qu’on venait d’y réciter ses vers, il vit le peuple se lever tout entier devant lui par un mouvement unanime, et lui rendre les mêmes hommages qu’à Auguste lui-même. […] Enfin, que ce soit Horace ou tout autre, quel que soit l’auteur qu’on préfère et qui nous rende nos propres pensées en toute richesse et maturité, on va demander alors à quelqu’un de ces bons et antiques esprits un entretien de tous les instants, une amitié qui ne trompe pas, qui ne saurait nous manquer, et cette impression habituelle de sérénité et d’aménité qui nous réconcilie, nous en avons souvent besoin, avec les hommes et avec nous-même.
Nommé membre de l’Assemblée dont il avait été longtemps secrétaire, chargé, de plus, de l’organisation et de la direction des Postes, il avait rendu de grands services à l’armée anglaise dans la guerre du Canada (1754). […] C’est ainsi encore que, dans la religion et dans le culte d’adoration publique que rendent les peuples à la Divinité, il y a, si j’ose dire, le royaume de la Prière et des Hymnes. Franklin, là aussi, a essayé d’appliquer sa méthode : prenant le livre des Prières communes à l’usage des protestants, il a voulu le rendre plus raisonnable selon lui, et de plus en plus moral ; et pour cela il en a retranché et corrigé plus d’une partie ; il a touché aux Psaumes, il a abrégé David. […] La science chez lui est inventive, et il la rend familière : « Un singulier bonheur d’induction, a dit sir Humphry Davy, guide toutes ses recherches, et par de très petits moyens il établit de très grandes vérités. » Il ne se retient point dans ses conjectures et dans ses hypothèses, toutes les fois qu’il s’en présente de naturelles à son imagination, et il s’en est permis de fort hardies pour l’explication de certains grands phénomènes de la nature, mais sans y attacher d’autre importance que celle qu’on peut accorder à des conjectures et à des théories spéculatives. […] Il part en octobre 1776 sur un sloop de guerre, n’oublie pas durant la traversée de faire, selon son usage, des observations physiques sur la température marine, et arrive sur la côte de Bretagne, dans la baie de Quiberon, d’où il se rend par terre à Nantes, puis à Paris (fin de décembre).
Je ne veux pas dire qu’il la peignit simplement, ni de la manière qu’elle-même, en son meilleur temps, eût préférée ; je dis seulement qu’avec les moyens et les procédés de couleur qui étaient à lui, il nous rendit vivement la sensation de la Grèce. […] On a beau reproduire textuellement la note du passé, le sens littéral n’est pas le sens profond ; celui-ci échappe si le génie ne le retrouve pas, et il ne l’obtient souvent qu’en l’arrachant : les âges d’autrefois, en s’éloignant de nous et en retombant dans leur immobilité, deviennent des sphinx ; il faut les forcer à rendre leur secret. […] Ces monuments, environnés de bois et de rochers, vus dans tous les accidents de la lumière, tantôt au milieu des nuages et de la foudre, tantôt éclairés par la lune, par le soleil couchant, par l’aurore, devaient rendre les côtes de la Grèce d’une incomparable beauté : la terre, ainsi décorée, se présentait aux yeux du nautonier sous les traite de la vieille Cybèle qui, couronnée de tours et assise au bord du rivage, commandait à Neptune, son fils, de répandre ses flots à ses pieds. […] Au xvie siècle, au lendemain de la Renaissance et, dans l’ivresse qui la suivit, nos poètes français imitèrent les Grecs sans sobriété et sans goût ; ils manquèrent les grandes parties par l’excès de leur imitation même ; ils ne réussirent à bien rendre que les petits auteurs, les odes gracieuses, anacréontiques, quelques idylles tombées du trésor de l’Anthologie. […] Mme de Choiseul, aussitôt qu’elle en eut la nouvelle, se mit en mouvement et fit des démarches auprès du représentant Courtois, qui se rendit au Comité de sûreté générale.
L’assurance, où on les voit, d’être semblables à ce qu’ils imaginent, achève de les rendre ridicules et fait d’eux, en même temps, des dupes faciles entre les mains de qui sait flatter leur manie. […] Ils ont tous pour effet de rendre manifeste la contradiction qui existe entre la réalité véritable de l’individu et sa réalité présumée. […] Il suit de là qu’aux yeux du spectateur mis au fait de la prétention du personnage, tous les actes de celui-ci font apparaître, au moyen d’une, intuition directe, la contradiction qu’il porte en lui, le défaut d’équilibre et d’harmonie dont son énergie est atteinte et qui la rend boiteuse. […] Aussi voit-on que l’enfant témoigne d’une extraordinaire sensibilité à l’égard de toutes les impulsions venues du dehors, en même temps que d’une avidité surprenante à l’égard de toutes les connaissances acquises par le savoir humain et enfermées dans •les notions qui les rendent transmissibles. […] Aussi est-il prêt à lier société avec qui l’apprécie sur la parade de ses dehors et à rendre admiration pour admiration.
L’idéal est donc simplement l’expression rendue consciente par une image — des facultés mêmes qui forment le fond de l’esprit de l’artiste, et qui le définissent. […] Un écrivain qui se décidera d’instinct à user d’un style coloré, c’est-à-dire d’une série de formes verbales tendant à rendre et à suggérer minutieusement l’aspect sensible des choses et des gens, sera un homme qui percevra parfaitement cet aspect à l’aide de sens aiguisés, à l’aide de résidus de sensations extrêmement aptes à revivre, de souvenirs de sensations tout prêts à renaître en images, et doué de plus d’un catalogue bien complet de mots propres à rendre ses perceptions et ses souvenirs ; par contre, l’activité même de ces formes sensuelles de l’intelligence se sera ordinairement développée aux dépens de son idéation, en sorte qu’il possédera des objets une connaissance plutôt individuelle que générique, qu’il aura une aptitude médiocre aux notions et aux sciences abstraites. […] Des indications importantes résulteront de même de la connaissance de ce que nous avons appelé les moyens internes de l’artiste, c’est-à-dire du contenu de son œuvre, de son sujet, du genre de personnages et de paysages qu’il affectionne, de la manière dont il perçoit et rend la réalité. […] L’esthopsychologie et la psychologie des grands hommes d’action rendront à la psychologie générale les mêmes services que la pratique de la dissection humaine à la médecine.
Rendre la vertu aimable, le vice odieux, le ridicule saillant, voilà le projet de tout honnête homme qui prend la plume, le pinceau ou le ciseau. […] Ce n’est pas assez que tu aies voulu que celui-ci fît telle chose, celui-là telle autre ; il faut encore que ton idée ait été juste et conséquente, et que tu l’aies rendue si nettement que je ne m’y méprenne pas, ni moi, ni les autres, ni ceux qui sont à présent, ni ceux qui viendront après. […] Celles-ci blessent d’autant plus qu’elles sont à côté des autres ; c’est le mensonge rendu plus choquant par la présence de la vérité. Ah si un sacrifice, une bataille, un triomphe, une scène publique pouvait être rendue avec la même vérité dans tous ses détails qu’une scène domestique de Greuze ou de Chardin ! […] L’immensité du travail rend le peintre d’histoire négligent dans les détails.
Ce sont elles qui le rendent audacieux, impertinent, prudent, cruel et impitoyable. […] Il acquiescera à l’hommage rendu, s’il en connaît les raisons. […] Leur jeunesse même les rend particulièrement sympathiques. […] Pour nous la rendre compréhensible et visible, il n’a pas eu à l’étudier. […] On sait combien la prudence du gouvernement rendait ces rapports difficiles.
Il rend la faute plus difficile à comprendre, au lieu de l’expliquer. […] Il prise médiocrement ceux qui ne savent rendre des choses que l’extérieur. […] Nous nous connaissons mieux ; cela nous a rendus indulgents pour les autres. […] Il a rendu par là un service incontestable. […] Ce système est un moyen, vaille que vaille, pour rendre la prédication plus vivante.
Et Port-Royal lui rendait ce témoignage : « Feu M. […] Il signifie rendre semblable à soi, et non pas se rendre semblable aux autres. […] Cet opérateur s’en rend-il compte, de cette responsabilité ? […] Il doit se rendre chez son patron du soleil levant au soleil couchant. […] Elles l’ont rendu possible.
À cet effet, il met en usage tous les instruments qui pourront l’aider à rendre son observation plus complète. […] L’esprit vraiment scientifique devrait donc nous rendre modestes et bienveillants. […] Il arrive par ce moyen à la loi qui lui permet de se rendre maître du phénomène. […] Mais s’il fallait tenir compte des services rendus à la science, la grenouille mériterait la première place. […] Le choix des animaux prenait ici de l’importance relativement à la solution de la question (p. 176) ; or je trouvai que la disposition anatomique qui rend isolé le grand sympathique cervical chez certains animaux, tels que le lapin et le cheval, rendait cette solution possible.
En matière de critique, j’estime que le compte rendu, c’est la probité. […] répliqua-t-il, rendu soudain à l’orgueil naturel de son caractère par la férocité de ma réponse, ose-le donc ! […] Bien rendu. » C’est pour nous le point essentiel. Cette intensité du rendu, que ne fait-elle pas accepter ? […] Dieu oblige alors le corps à « rendre l’âme ».
Je défie qui que ce soit de les rendre harmonieux. […] Malheureusement le père lui rend difficile l’accomplissement de ce devoir. […] Il lui rendait pleinement justice. […] Il insista… On daigna enfin se rendre à ses supplications. […] Ce qui rend son récit particulièrement poignant, c’est que M.
Le fait est de nature à rendre le mensonge improbable. […] Le fait est de nature à rendre l’erreur improbable. […] Des formules trop courtes rendent la science vague et illusoire, des formules trop longues l’encombrent et la rendent inutile. […] Quels services peut-il rendre à la culture de l’élève ? […] Comment doit être composé le livre scolaire pour rendre possible des exercices actifs.
Mais la même logique qui rend les citoyens amis, rend les théories ennemies, et interdit dans la spéculation les alliances qu’elle impose dans la pratique. […] Vous rendez les malheureux coupables et vous rendez les coupables plus coupables. […] Il rendit les affaires poétiques. […] Que de moyens pour rendre un personnage grotesque ! […] « Comment rendrai Maugis, por Deu le fil Marie ?
Sans souiller sa plume par l’impiété & la licence, qui déshonorent celle de l’Auteur de la Pucelle, le Poëte a su y répandre un agrément, une fraîcheur & une vivacité de coloris qui le rendent aussi piquant dans les détails, qu’il est riche & ingénieux dans la fiction. […] Le ton de cette Piece est du meilleur goût, le Dialogue plein d’aisance & de vivacité, le style précis, élégant & varié ; les caracteres en sont saisis, dessinés avec finesse & rendus avec vérité.
Dans ses autres Discours, il parle rarement au cœur ; jamais ou presque jamais de ces expressions vigoureuses, de ces images frappantes, de ces traits hardis qui supposent une ame fortement pénétrée de son sujet, & capable de maîtriser les autres ames Il a paru trop oublier que les hommes déferent moins à la raison qu’à leurs passions ; que ce n’est qu’en agitant leur cœur, qu’on parvient à les dominer ; que l’homme éloquent n’est pas celui qui raisonne avec justesse, mais celui qui rend avec énergie ce qu’il sent avec vivacité ; celui qui nous échauffe par la chaleur du sentiment & de l’imagination, non celui qui nous instruit & nous éclaire par la lumiere & la vérité de ses raisonnemens. D’ailleurs, le style de M. l’Abbé Poule n’est pas assez oratoire ; il est vif, mais trop haché, trop décousu ; ses périodes sont presque toujours coupées de la même maniere, ce qui rend la lecture de ses Sermons monotone & même fatigante.
C’est ce mérite de la particularité et d’une sincérité parfaite que j’ai trouvé dans les deux volumes que je viens de lire, et qui me les a rendus intéressants après tant d’autres qui se sont publiés et qui se publieront encore sur cette grande époque de l’Empire. […] Necker ; en reconnaissance du petit service que je lui rendis, il m’offrit le Voyage de Volney en Syrie et en Égypte, en me disant : « Lisez ; cette lecture pourra vous être utile. » J’acceptai avec plaisir ; mes camarades se moquèrent de ce vieux radoteur. […] Pendant son séjour au Caire, il se rend, accompagné d’un nombreux cortège où figurent les principaux du pays, à la rupture de la digue qui se fait solennellement quand la crue du Nil est assez haute : Le canon se fit entendre, et la garnison prit les armes. […] Bonaparte se rendit à la grande mosquée, et assista au repas donné par le grand cheik : rien ne fut oublié pour persuader aux Égyptiens que l’armée avait la plus grande vénération pour le Prophète. […] Pelleport ne manque pas, en cet endroit, de rendre à son dernier chef Marmont une justice qu’il est redevenu de mode depuis quelque temps de lui refuser.
Les Athéniens étaient trop envieux pour rendre un honneur pareil à un homme, et ils n’avaient pas ces idées d’ordre en politique, qui se traduisent d’une manière si puissante dans la colonne du Forum de Trajan. […] La principale modification qu’on apporta à cette voûte romaine transplantée fut de la rendre plus hardie, plus légère, et de la soutenir plus élégamment. […] qui donc nous rendra une architecture originale, si elle est encore possible, celle de la société présente et à venir ? […] Ils ne savent que faire pour le lui rendre aujourd’hui. […] Un bon juge, et qui l’a vu à l’œuvre, me disait : « Je ne connais personne qui dessine mieux, plus facilement, et qui rende plus exactement le caractère de l’objet qu’il dessine.
Nos plus libres auteurs comme Molière et La Fontaine imitent beaucoup eux-mêmes ; le principal, aux yeux de ce dernier, et tout le fin de l’art consiste à savoir rendre sien cet air d’Antiquité. […] Cornélie, Porcie, Arrie, ces nobles dames transportées dans la situation, les eussent pu écrire à quelques égards ; elles sont d’un stoïcisme légèrement attendri, et la Française non plus, la républicaine un peu étonnée de l’être, n’y est pas absente ; le ton une fois admis, il y respire un sentiment vrai et comme de la douceur : « Puisse cette lettre te parvenir bientôt, te porter un nouveau témoignage de mes sentiments inaltérables, te communiquer la tranquillité que je goûte, et joindre à tout ce que tu peux éprouver et faire de généreux et d’utile le charme inexprimable des affections que les tyrans ne connurent jamais, des affections qui servent à la fois d’épreuves et de récompenses ‘a la vertu, des affections qui donnent du prix à la vie et rendent supérieur à tous les maux ! […] (Rouen), bien près de toi, comme tu vois, chez de vieilles amies et parfaitement ignoré, bien doucement, bien choyé, tel qu’il faut qu’il soit pour que je n’aie point à m’inquiéter, mais dans un état moral si triste, si accablant, que je ne puis sortir d’ici que pour me rendre à ses côtés. » C’est en ce sens qu’elle entend les fers qu’il lui faudrait reprendre et dont elle ne ferait que changer, — les chaînes du devoir ! […] Rien ne peut rendre ce tableau : il faut l’avoir vu. […] Faugère de lire le Discours, resté inédit jusqu’ici, qu’elle composa à vingt-trois ans pour répondre à la question proposée par l’Académie de Besançon : Comment l’éducation des femmes pourrait contribuer à rendre les hommes meilleurs ?
Malouet nous rend à merveille l’effet extérieur et les péripéties de cette séance du 31 mai 1791 : « Le président eut à peine prononcé le nom de l’abbé Raynal et le titre de son adresse à l’Assemblée, que la salle retentit d’applaudissements. […] Un homme qui n’en disait pas, André Chénier, adressa, par la presse, une lettre à Thomas Raynal, datée du lendemain 1er juin, dans laquelle il le prenait à partie et lui rendait la leçon que toute jeunesse généreuse qui se respecte a droit de renvoyer à la vieillesse inconsidérée qui s’oublie. […] Après avoir traversé toutes sortes de périls, il put se rendre à Gennevilliers, chez Mme Coutard, une femme de ses amies. […] Le procès du roi lui rend l’énergie de la douleur. […] M. le baron Malouet, qui n’a épargné aucun soin, aucune recherche, pour rendre la publication des Mémoires digne du nom qu’il porte, a reçu depuis peu, et trop tard pour en profiter, la communication de lettres écrites par son aïeul à Mallet du Pan, depuis le mois de mai 1792 et pendant les années d’exil.
Le poëte, sous le critique, se retrouve, et ne fait qu’un avec lui par l’esprit et la vie, et le sens propre qu’il découvre et rend aux choses à chaque moment. Cette intelligence secrète et sentie que n’ont pas eue tant d’estimables historiens, pourtant réputés à bon droit critiques, ce don, cet art particulier dont la sobre magie se dissimule à chaque pas, qui ne convertit pas tout en or, mais qui rend à tout ce qu’il touche la qualité propre et la vraie valeur, tient de très-près à l’esprit poétique, modéré et corrigé comme je l’entends. On a dit quelque part que le poëte, c’est celui qui ne sait pas, mais qui devine, qui sent et qui rend. […] Ampère nous est revenu un historien littéraire de plus en plus consommé et enrichi ; dans ce genre élevé et combiné tel qu’il l’embrasse, il nous a rendu et nous rend incessamment ce que lui seul pouvait faire. […] Non content d’avoir si bien rendu en ses détails appréciables le mouvement confus des ive et ve siècles, M.
Danton lui rendit ce pieux office, et se laissa lier sans résistance. […] Ses crimes à lui avaient au moins une certaine intellectualité qui les rendait non pas moins odieux, mais plus intelligibles ; ils avaient pour but une idée implacable, une idée fausse, ce qu’on appelle une utopie, mais enfin une idée impersonnelle, l’idée de tous les fanatiques devenus bourreaux à toutes les époques de l’histoire des rénovations accomplies ou tentées sur la terre. Cette distinction entre lui et ses émules de proscriptions ne le justifie pas, mais elle le caractérise ; elle ne le rend que plus odieux, parce qu’elle le rend plus responsable. […] XIII « Une intention droite au commencement ; un dévouement volontaire au peuple représentant à ses yeux la portion opprimée de l’humanité ; un attrait passionné pour une révolution qui devait rendre la liberté aux opprimés, l’égalité aux humiliés, la fraternité à la famille humaine ; des travaux infatigables consacrés à se rendre digne d’être un des premiers ouvriers de cette régénération ; des humiliations cruelles patiemment subies dans son nom, dans son talent, dans ses idées, dans sa renommée, pour sortir de l’obscurité où le confinaient les noms, les talents, les supériorités des Mirabeau, des Barnave, des La Fayette ; sa popularité conquise pièce à pièce et toujours déchirée par la calomnie ; sa retraite volontaire dans les rangs les plus obscurs du peuple ; sa vie usée dans toutes les privations ; son indigence, qui ne lui laissait partager avec sa famille, plus indigente encore, que le morceau de pain que la nation donnait à ses représentants ; son désintéressement appelé hypocrisie par ceux qui étaient incapables de le comprendre ; son triomphe enfin : un trône écroulé ; le peuple affranchi ; son nom associé à la victoire et aux enthousiasmes de la multitude ; mais l’anarchie déchirant à l’instant le règne du peuple ; d’indignes rivaux, tels que les Hébert et les Marat, lui disputant la direction de la Révolution et la poussant à sa ruine ; une lutte criminelle de vengeances et de cruautés s’établissant entre ces rivaux et lui pour se disputer l’empire de l’opinion ; des sacrifices coupables, faits, pendant trois ans, à cette popularité qui avait voulu être nourrie de sang ; la tête du roi demandée et obtenue ; celle de la reine ; celle de la princesse Élisabeth ; celles de milliers de vaincus immolés après le combat ; les Girondins sacrifiés malgré l’estime qu’il portait à leurs principaux orateurs ; Danton lui-même, son plus fier émule, Camille Desmoulins, son jeune disciple, jetés au peuple sur un soupçon, pour qu’il n’y eût plus d’autre nom que le sien dans la bouche des patriotes ; la toute-puissance enfin obtenue dans l’opinion, mais à la condition de la maintenir sans cesse par de nouveaux crimes ; le peuple ne voulant plus dans son législateur suprême qu’un accusateur ; des aspirations à la clémence refoulées par la prétendue nécessité d’immoler encore ; une tête demandée ou livrée au besoin de chaque jour ; la victoire espérée pour le lendemain, mais rien d’arrêté dans l’esprit pour consolider et utiliser cette victoire ; des idées confuses, contradictoires ; l’horreur de la tyrannie, et la nécessité de la dictature ; des plans imaginaires pleins de l’âme de la Révolution, mais sans organisation pour les contenir, sans appui, sans force pour les faire durer ; des mots pour institutions ; la vertu sur les lèvres et l’arrêt de mort dans la main ; un peuple fiévreux ; une Convention servile ; des comités corrompus ; la république reposant sur une seule tête ; une vie odieuse ; une mort sans fruit ; une mémoire souillée, un nom néfaste ; le cri du sang qu’on n’apaise plus, s’élevant dans la postérité contre lui : toutes ces pensées assaillirent sans doute l’âme de Robespierre pendant cet examen de son ambition.
Vous vous souvenez de l’étudiant Grantaire, des Misérables, qui était laid démesurément. « La plus jolie piqueuse de bottines de ce temps-là, Irma Boissy, indignée de sa laideur, avait rendu cette sentence : Grantaire est impossible ! — Les femmes ont rendu sur le jeune Beaubourg un arrêt pareil : elles le déclarent « trop commun. » Il a la jeunesse, la gaieté, la fortune ; mais il lui manque la ligne, la race, le contour, le chic le je ne sais quoi. […] Il veut reprendre immédiatement possession de cette femme, qui refuse de lui rendre son corps déshonoré ; il la poursuit par la chambre, à la façon d’un animal fondant sur sa proie. […] Certes, la passion est une terrible sorcière ; elle a des philtres qui rendent fous et des enchantements qui dépravent ; mais l’ensorcellement de Paul Forestier semble excéder sa puissance. […] Ces excès de langage ont aussi le tort de rendre le dénouement impossible.
J’ai cru d’abord que c’était une simple faute d’impression ; mais voyant ce nom de d’Arnaud revenir à deux reprises, et reparaître le même dans les différentes éditions de l’Éloge, j’ai été forcé de reconnaître, à ma grande surprise, que celui qu’on appelait, au xviie siècle, le grand Arnauld, était bien moins connu, au xixe , en pleine Académie des sciences, et que son nom s’y confondait insensiblement, et sans qu’on s’en rendît bien compte, avec celui de d’Arnaud (Baculard). […] Cette journée, que les intrigants avaient espéré parvenir à rendre sanglante, a été paisible. […] Chabot s’y était rendu et avait exhorté les citoyens à ne pas se rassembler en armes. » (Chronique de Paris, 26 juin 1792). […] On sait comment ce même Chabot, témoin à charge et dénonciateur de Condorcet dans le procès des Girondins, le lui a rendu. […] Il avait sur l’ensemble et sur chaque branche, sur chaque point de l’ordre scientifique et du mécanisme social, des idées arrêtées, méditées, ingénieuses parfois ; et, dans cette refonte universelle qui se tentait alors de la société et de l’esprit humain, il pouvait rendre de vrais services à l’instruction publique.
« Un idiome étranger, dit-il, proposant toujours des tours de force à un habile traducteur, le tâte pour ainsi dire en tous les sens : bientôt il sait tout ce que peut ou ne peut pas sa langue ; il épuise ses ressources, mais il augmente ses forces. » Ainsi ne demandez pas à Rivarol le vrai Dante ; il sent le génie de son auteur, mais il ne le rendra pas, il ne le calquera pas religieusement. […] L’Académie de Berlin avait proposé, en 1783, pour sujet de prix la réponse à ces questions : « — Qu’est-ce qui a rendu la langue française universelle ? […] Mais, dans le monde, l’esprit est toujours improvisateur ; il ne demande ni délai ni rendez-vous pour dire un mot heureux. […] Rendez-vous de la France et de l’Europe, Paris n’est la patrie de personne, et on ne peut que rire d’un homme qui se dit citoyen de Paris. […] Ils ont cru cependant, ces philosophes, que définir les hommes, c’était plus que les réunir ; que les émanciper, c’était plus que les gouverner, et qu’enfin les soulever, c’était plus que les rendre heureux.
En face d’eux et dans le camp opposé, les Jésuites, si attentifs toujours aux besoins et aux goûts de la société présente, avaient également modifié l’enseignement, lui avaient donné un caractère de culture riante et fleurie, et l’avaient rendu plus accessible, au risque parfois de l’affaiblir. […] Parmi les ordonnances qu’il rendit durant son rectorat, on en distingue une par laquelle il improuve vivement l’usage de jouer des tragédies dans les collèges de l’Université à l’époque de la distribution des prix ; c’est tout au plus s’il tolère les tragédies empruntées aux Saintes Écritures et sans rôles de femmes. […] Ces simplicités, qui rendent peut-être son Histoire utile à un certain âge de l’enfance, en limitent aussi l’usage et en bornent la portée. […] Il en donne des preuves touchantes en toute occasion, et notamment dans ses lettres, soit que, correspondant avec Jean-Baptiste Rousseau, il se montre continuellement en peine sur l’état de l’âme de ce poète, et sur la sincérité de son repentir au sujet de certains vers, que lui, Rollin, confesse n’avoir jamais lus ; soit qu’écrivant à Frédéric, au moment de son avènement au trône, il lui adresse des conseils de religion, et y mêle une prière à Dieu : « Qu’il lui plaise, dit-il à ce roi philosophe, de vous rendre un roi selon son cœur ! […] Pour rendre à ces nouveaux venus le respect des lettres et des nobles études, on ne saurait les présenter trop sérieuses, trop essentielles à la nature humaine et à son développement, trop liées avec tout ce qui est utile dans l’histoire, dans la politique, trop conformes à la vraie connaissance morale et à l’expérience.
L’histoire entière des peuples est présentée comme un vaste quiproquo et une fausse route prolongée qui ne doit se rectifier que lorsque les hommes seront éclairés et sages ; et comme le néophyte, effrayé de ce spectacle universel d’erreurs, se met à désespérer de nouveau et à se lamenter, le Génie le rassure une seconde fois et lui démontre que ce règne de la sagesse et de la raison va enfin venir ; que, par la loi de la sensibilité, l’homme tend aussi invinciblement à se rendre heureux que le feu à monter, que la pierre à graviter, que l’eau à se niveler ; qu’à force d’expérience, il s’éclairera ; qu’à force d’erreurs, il se redressera ; qu’il deviendra sage et bon, parce qu’il est de son intérêt de l’être ; que tout sera fait quand on comprendra que la morale est une science physique, etc. […] Il se rendit à l’instant à Paris et fit pendant deux mois des leçons d’histoire, qui ont été recueillies. […] Volney, ami de Jefferson et de l’école de Franklin, se trouva avoir contre lui John Adams, élu président en 1797 ; on le rendit suspect comme Français, comme agent supposé du Directoire ; et, dans le même temps, un savant chimiste qui se mêlait ardemment de théologie, le Priestley, le dénonçait, pour le livre des Ruines, comme coupable d’incrédulité. […] Pour suivre le procédé que j’ai déjà appliqué au premier Voyage de Volney, j’extrairai de son Voyage aux États-Unis une page, la plus marquante à mon gré, et qui rend bien le genre de mérite que j’ai précédemment signalé en lui, la rectitude et la perfection du dessin physique. […] Dureau de La Malle, un jour qu’il allait se rendre à une séance du Sénat, faisant avec le nouveau possesseur le tour du jardin, il aperçut un vieux râteau qui avait été oublié par mégarde ; il le prit sous son bras et l’emporta.
Je ne veux plus d’autre étude que celle qui peut rendre la société plus agréable, et le déclin de la vie plus doux. […] Un honnête homme peut fort bien s’élever contre la superstition et contre le fanatisme ; il peut détester la persécution ; il rend service au genre humain s’il répand les principes de la tolérance : mais quel service peut-il rendre s’il répand l’athéisme ? […] Il m’aimoit ; j’ai forcé sa justice éternelle D’appesantir son bras sur ma tête rebelle : Je l’ai rendu barbare en sa sévérité ; Il punit à jamais, et je l’ai mérité. […] S’il ignore la rhétorique, s’il méprise la philosophie, Jésus-Christ lui tient lieu de tout ; et son nom, qu’il a toujours à la bouche, ses mystères, qu’il traite si divinement, rendront sa simplicité toute-puissante. […] Les Égyptiens, qui avaient la mythologie grecque et latine, avec beaucoup d’autres divinités, n’ont point su rendre la nature.
Bien d’autres lui rendront un semblable témoignage. […] Le catéchisme la rendit à moitié folle d’épouvante. […] Paul Arène se rendit à l’invitation. […] Pourquoi voulait-on à toute force les en rendre témoins, si ce n’était pour les en faire complices ? […] Cette existence de prince oriental aurait dû le rendre imbécile et cruel.
L’élision a prévalu ; et l’habitude a rendu la phrase complète, malgré la grammaire. […] On ne peut pas rendre cela. […] Le château fut rendu. […] L’état du monde rendait inévitable cette guerre. […] Enfin, on met à la voile pour se rendre à Corfou.
Le poëme de M. de Lamartine nous rendait la pure lumière du ciel d’Italie ; mais les autres points plus solides de la réalité, tout ce qui était marbre, figures peintes ou hommes vivants, nous ne l’avions pas. […] Sous le fer et le soc, il rend, outre mesure, Des moissons de bienfaits pour le mal qu’il endure. […] il a maudit l’homme du premier Empire : tout péché lui est à l’instant remis ; toute justice est rendue au poëte : il sera nommé, il est mûr.
Lorsqu’on est fidèle à cette résolution, ces hommes mêmes qui troubleraient le repos de la vie, si l’on se rendait dépendants de leur reconnaissance, vous donnent cependant des jouissances momentanées par l’expression de ce sentiment. […] Jamais il ne voit un homme dans le malheur qu’il ne lui dise ce qu’il a besoin d’entendre, que son esprit, son âme ne découvrent la consolation directe, ou détournée, que cette situation rend nécessaire, la pensée qu’il faut faire naître en lui, celle qu’il faut écarter, sans avoir l’air d’y tâcher. […] Si vous rencontrez Almont, quand votre âme est découragée, sa vive attention à vos discours vous persuade que vous êtes dans une situation qui captive l’intérêt, tandis que, fatigué de votre peine, vous étiez convaincu, avant de le voir, de l’ennui qu’elle devait causer aux autres ; vous ne l’écouterez jamais sans que son attendrissement pour vos chagrins, ne vous rende l’émotion dont votre âme desséchée était devenue incapable ; enfin, vous ne causerez point avec lui, sans qu’il ne vous offre un motif de courage, et qu’ôtant à votre douleur ce qu’elle a de fixe, il n’occupe votre imagination par un différent point de vue, par une nouvelle manière de considérer votre destinée ; on peut agir sur soi par la raison, mais c’est d’un autre que vient l’espérance.
Mais ce n’est pas, à notre avis, dans cette sorte de caput mortuum qu’il faut découvrir et signaler le service le plus important que les Italiens rendirent au chef de l’école française. […] Les importuns qui se jettent à la traverse d’Éraste allant à un rendez-vous amoureux, et dont Molière a fait la galerie satirique des Fâcheux, sortent aussi de la commedia dell’arte. […] Elles apprennent encore à ne point désespérer d’une époque parce qu’elle n’enfante point des œuvres artistiques ou littéraires de premier ordre : elle les ébauche, elle les rend possibles, elle les prépare peut-être.
donne-moi le temps de dresser ta gloire jusqu’au ciel en vers plus impérissables que l’airain… D’autres fois, par des mots savants, j’exciterai tes sens épuisés et je te rendrai la vigueur d’aimer. […] Je joindrai l’utile à l’agréable : ils sauront, par les arts, amuser leurs ennuis et se rendre aimables aux femmes : leur parole, habile guerrière, les fera redoutables aux hommes. […] * * * On m’a trop déformé, on m’a rendu lâche devant les fatigues du corps et mes mains inexercées sont devenues si maladroites.
Y reste celui qui peut voir avec patience un peuple qui se prétend civilisé, et le plus civilisé de la terre, mettre à l’encan l’exercice des fonctions civiles ; mon cœur se gonfle, et un jour de ma vie, non, un jour de ma vie, je ne le passe pas sans charger d’imprécations celui qui rendit les charges vénales. […] Si vous n’avez pas une âme de bronze, dites donc avec moi ; élevez votre voix, dites : maudit soit le premier qui rendit les fonctions publiques vénales ; maudit soit celui qui rendit l’or l’idole de la nation ; maudit soit celui qui créa la race détestable des grands exacteurs ; maudit soit celui qui engendra ce foyer d’où sortirent cette ostentation insolente de richesse dans les uns, et cette hypocrisie épidémique de fortune dans les autres ; maudit soit celui qui condamna par contre-coup le mérite à l’obscurité, et qui dévoua la vertu et les mœurs au mépris.
Vous venez de lire tous ces hommages rendus à son génie littéraire. […] Est-ce Faust parce qu’il l’a rendue mère ? […] Se peut-il que tu sois si épris de la vie, — cette vie qui t’a rendu si misérable ! […] Qu’il rende plutôt gloire à Dieu ! […] Avant de rappeler tous ses titres à l’attention de la postérité, j’ai hâte de lui rendre cet hommage qui ne lui a pas été assez rendu par ses contemporains.
Mais je crains bien que le malheur ne vous rende faible. […] Quel témoignage vous rendent-ils de la divinité ? […] En sortant du petit monde où il s’était confiné jusqu’alors, il lui fallut modifier, avec la nature de son observation, les moyens de la rendre. […] Désormais, il n’en devait retenir que ce qui servirait, en rendant ses fictions plus séduisantes, à les rendre aussi plus persuasives. […] Et, si nous avons tant fait que de rendre à Joseph de Maistre tout l’honneur de son paradoxe, lui ferons-nous celui de le prendre au sérieux ?
Ce naturaliste n’exagère que pour déguiser son impuissance à rendre ses idées avec l’énergie sereine des grands maîtres. […] Il a compris et rendu toutes les races, toutes les civilisations, tous les moments de l’humanité. […] Elle n’était pour rien dans ses opprobres ; ils la rendaient cent fois plus touchante à nos yeux. […] Ne dis plus jamais que tu ne peux rien pour moi, quand tu me rends la vie, la vie de l’âme. […] Ce défaut ne doit pas du reste rendre insensible aux beautés éparses.
Elle a rendu à Dieu son âme pure et chrétienne, après soixante-dix ans d’une vie exemplaire. […] Il rendait au vieux Ducis de l’ivresse de ses jeunes ans et lui remontait la verve. […] C’est me rendre mon rôle facile à jouer, si j’étais homme à en jouer un. […] Je me suis rendu à midi au jardin des Tuileries, dans l’allée de M. de Saint-Pierre où je l’ai trouvé avec M. […] Nous nous rendîmes chez M. de Saint-Pierre sur les quatre heures et demie.
À l’heure actuelle, dans toutes les branches des connaissances humaines, étant donné les progrès de l’activité scientifique dans tous les pays, l’impossibilité pour les travailleurs de se documenter entièrement, faute de connaître toutes les langues étrangères, rend éminemment désirable l’adoption d’une langue scientifique universelle. […] Que cet enseignement ne soit pas un instrument de supplice, une machine à pensums et à migraines, entre les mains de professeurs inintelligents et brutaux qu’un contact quotidien avec la langue de Virgile devrait cependant rendre aimables. […] « Les curés » auraient-ils, en l’adoptant, rendu la langue de Lucrèce suspecte de cléricalisme ? […] Enfin ne serait-il pas réellement démocratique, en rétablissant dans son intégrité l’enseignement du latin, de le rendre accessible à tous les enfants, quelle que soit leur condition, qui sont aptes à le recevoir ? […] J’avoue que j’ai beau me torturer la cervelle, je ne comprends pas. — De quels attentats vis-à-vis du régime a pu se rendre coupable la langue du doux Virgile, du cinglant Juvénal et du républicain Cicéron ?
Il faut donc se rendre un compte exact de ce qu’est en réalité une idée générale pour comprendre quel en est le mode d’action, quelle en est la force persuasive. […] Ainsi il développe chez nous un idéal pacifique et risque de nous rendre impropres à la guerre, tandis qu’il ne parvient pas à augmenter notre avidité commerciale. […] Venus souvent de pays moins riches, ils apportent des exigences moindres : ouvriers, commerçants, industriels, banquiers, ils rendent plus ardue la concurrence pour le gain, et sont un élément qui s’ajoute aux complications de la question économique. […] Bien plus elle va rendre le culte à d’autres dieux, à d’autres morts, à ceux qui sont les ancêtres de son mari. […] À Rome, lorsque la loi apporte quelque tolérance à sa première rigueur, elle exige du moins que le testateur rende sa décision publique.
Il avoit porté environ quarante mille écus de dot en entrant dans la Compagnie ; mais pour lui faire mieux observer la pauvreté évangélique, on ne lui rendit rien lorsqu’il sortit. […] Cette comparaison est fort imparfaite, & elle ne rend qu’en partie l’idée qu’on doit avoir des Synodes universels & particuliers. […] Son style, sans être élégant, attache assez le lecteur ; il seroit à souhaiter que quelque homme de goût le retouchât & le rendît plus coulant & plus pur. […] Son style n’est pas égal, & on voit qu’en copiant des auteurs différens, il n’a pas eu soin de rendre leur diction uniforme. […] Ce projet étoit louable ; mais l’auteur l’a mal exécuté : & en voulant en faire un livre d’agrément, il l’a rendu ridicule.