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2896. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

» — « Par sa propre démence. » — « De quelle façon ? […] On fit de lui un dieu à tout faire, une sorte de valet tragi-comique du grand théâtre Olympien, aussi propre aux exécutions qu’aux intrigues galantes, moitié entremetteur, moitié satellite, chargé, selon l’occurrence, de décapiter Argos ou de séduire Alcmène, d’enlever Chioné ou d’enchaîner Ixion sur sa roue.

2897. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Tout animal porte déjà le temps dans le plus humble de ses appétits, qui attend sa propre satisfaction. […] Bien n’est plus propre que la musique à nous faire comprendre la différence de ces diverses choses : qualité, intensité, nombre, succession et distinction, ainsi que leur indépendance de l’espace, car, en écoutant une symphonie, nous ne sommes plus vraiment dans l’étendue ; nous ne nous figurons ni lignes, ni cercles, ni « milieu sonore ».

2898. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

L’habitude de montrer le creux des hommes ou leurs plus honteuses plénitudes finirait-elle par tyranniser la pensée de l’historien, et le rendrait-elle moins propre à nous peindre la perfection humaine et les limpides rayonnements de ses vertus ? […] Il a été enfin la dupe de sa vanité, qui lui a fait substituer ses discours aux canons du maréchal Bugeaud, pour la « défense de la monarchie et de son propre ministère. « Barrot disait, en 1846, aux électeurs de Chauny : “— Je suis dynastique quand même.”

2899. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

Pour un homme de l’organisation supérieure de Féval, à la double nature aristocratique et artiste, pour cet homme d’esprit qui échappe à tout par le don précieux de l’ironie et n’est dupe de rien, pas même peut-être de ses propres inventions, ne voilà-t-il pas une belle position et une belle gloire que d’être le Dennery du roman et de trôner comme roi d’un genre dans lequel Ponson du Terrail est évidemment le dauphin ! […] Dans la forme du roman, et sous le masque de verre de ce nom de « Jean », qui ne trompe personne, c’est Raymond Brucker qui raconte en son propre nom ; et il y est d’une vérité frappante d’accent et de physionomie, animés l’un et l’autre par des détails charmants, et qui, évidemment, ne peuvent appartenir qu’à cette nature de Raymond Brucker, presque ininventable d’originalité.

2900. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Une intelligence, même surhumaine, ne saurait dire où l’on sera conduit, puisque l’action en marche crée sa propre route, crée pour une forte part les conditions où elle s’accomplira, et défie ainsi le calcul. […] Faites que je puisse meubler ma tête selon mon goût propre, et j’accepterai pour elle le chapeau de tout le monde.

2901. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Necker était ministre ; la maison de Mme Necker fut pour Gibbon comme la sienne propre.

2902. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire de la maison royale de Saint-Cyr, par M. Théophile Lavallée. » pp. 473-494

Que sera-ce donc quand elle sera chez elle, dans sa fondation propre, dans sa ruche de prédilection, avec toute sa joie et son orgueil de reine abeille et de mère, ayant une fois réussi à produire le parfait idéal qui était en elle ?

2903. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

Quand on en vient à Joinville, qui est le quatorzième en ordre, le légat, qui était comme chargé par le roi de faire le tour d’opinions, l’interroge, et Joinville se prononce, mais avec un surcroît d’énergie, pour l’avis du comte de Jaffa, disant hardiment « que le roi n’a encore rien mis de ses deniers dans l’entreprise, qu’il n’a dépensé que les deniers des clercs (du clergé) ; que si donc le roi y va de ses propres deniers pour la dépense et qu’il envoie quérir des chevaliers en Morée et outre-mer, à la nouvelle des avances et largesses du roi il lui viendra des chevaliers de toutes parts ; par quoi il pourra tenir la campagne l’espace d’un an ; et que, par le fait de sa demeurance, seront délivrés les pauvres prisonniers qui ont été pris au service de Dieu et au sien, lesquels n’en sortiront jamais si le roi s’en vaai ».

2904. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — IV » pp. 103-122

Ces mauvais discours que Fénelon réprouve, tout en y cédant plus qu’il ne croit, allaient à décrier le général en chef et à lui ôter toute considération dans sa propre armée, à l’avilir, comme dit énergiquement Fénelon.

2905. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Elle n’aura pas grand-peine à surpasser en mérite celle de Paris, qui n’est maintenant composée, à deux ou trois hommes près, que de gens du plus vulgaire mérite, et qui ne sont grands que dans leur propre imagination.

2906. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

« Quoique je ne sois plus certainement qu’à quelques semaines, chère Madame, et peut-être à quelques jours de ma propre mort, je ne puis m’empêcher d’être frappé de la mort du prince de Conti, une si grande perte à tous égards.

2907. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Il avait eu une grande part à la Paix de l’Église ; il savait ce qu’elle avait coûté de peines et de travaux… L’archevêque étouffait d’abord, autant qu’il le pouvait, toutes les semences de discordes, persuadé, comme tous ceux qui sont propres au gouvernement, que jamais une affaire n’est plus aisée à terminer que dans le moment de sa naissance, et qu’il est incomparablement plus aisé de prévenir les maux que de les guérir.

2908. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

La vallée du Chéliff, ou plutôt la plaine inégale et caillouteuse ravinée par le Chéliff, s’offre à nous avec son caractère d’aridité surprenante ; le peintre ici se montre tout à nu et nous rend le terrain dans sa crudité géologique, comme le ferait un Saussure qui saurait colorer aussi bien que dessiner : « Imagine (il s’adresse toujours à son ami) un pays tout de terre et de pierres vives, battu par des vents arides et brûlé jusqu’aux entrailles ; une terre marneuse, polie comme de la terre à poterie, presque luisante à l’œil, tant elle est nue ; et qui semble, tant elle est sèche, avoir subi l’action du feu ; sans la moindre trace de culture, sans une herbe, sans un chardon ; — des collines horizontales qu’on dirait aplaties avec la main ou découpées par une fantaisie étrange en dentelures aiguës, formant crochet, comme des cornes tranchantes ou des fers de faux ; au centre, d’étroites vallées, aussi propres, aussi nues qu’une aire à battre le grain ; quelquefois, un morne bizarre, encore plus désolé, si c’est possible, avec un bloc informe posé sans adhérence au sommet, comme un aérolithe tombé là sur un amas de silex en fusion ; — et tout cela, d’un bout à l’autre ; aussi loin que la vue peut s’étendre, ni rouge, ni tout à fait jaune, ni bistré, mais exactement couleur de peau de lion. » Après de telles pages, on n’a plus rien à demander au peintre pour le technique de son art : il s’est traduit en prose avec un ton égal à son objet.

2909. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

« Sans faire aucun des deux ni vaincu ni vainqueur. » Elle joue, à ses propres yeux, l’indifférente et la neutre.

2910. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Lorsqu’elle s’occupa de politique (et elle y fut bientôt forcée par les sollicitations et les exigences de sa coterie même), elle ne le fit qu’à son corps défendant sans doute, mais elle dut s’y prêter ; elle s’en occupa d’abord par le petit côté, et seulement pour faire prévaloir ses recommandations personnelles, ses propres préférences ou plutôt celles de ses intimes.

2911. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Il faut tout dire : Catinat, à son âge et avec ses habitudes d’esprit, était peu propre à recommencer une telle guerre.

2912. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

Non, l’épithète propre et pittoresque ne remplace pas toujours la première avec avantage ; non, toutes les nuances du prisme, en les supposant exprimables par des paroles, ne suppléent pas, ne satisfont pas aux nuances infinies du sentiment ; non, le ciel en courroux n’est pas nécessairement détrôné par le ciel noir et brumeux ; les doigts délicats ne le cèdent pas à jamais aux doigts blancs et longs.

2913. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Ces deux événements, ces deux succès, très-sensibles parce qu’ils ont éclaté au théâtre, et dans les circonstances les plus propres à les faire ressortir, ne sont au reste qu’une indication de ce qui se passe ailleurs et à côté dans toute l’étendue d’une certaine couche sociale : en religion, politique, arts, modes et costumes, réaction sur toute la ligne.

2914. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

Silius Italicus, dans sa retraite de Naples, avait coutume de fêter le jour de naissance de Virgile plus solennellement que le sien propre, et il n’approchait du tombeau du grand poëte que comme d’un temple.

2915. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Mlle Aïssé vivait chez Mme de Ferriol, belle-sœur de l’ambassadeur et propre sœur de Mme de Tencin.

2916. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

Ceux qui restent en propre à la capitale de la Bourgogne, ce sont le président de Brosses, La Monnoie, Piron, au xvie  siècle Tabourot ; ils ont l’accent.

2917. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Ses propres études, une fois qu’il aura échappé au collège, l’affermiront dans sa passion pour l’histoire ancienne, et particulièrement pour l’histoire romaine : car, peu touché de l’art, c’est des mœurs, des caractères, des actions, de l’histoire par conséquent, qu’il s’éprend.

2918. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Vous assisterez avec quelque intérêt aux peines que se donne notre philosophie critique pour faire la part de l’erreur, en se défiant de ses procédés, en limitant l’étendue de ses propres affirmations.

2919. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Comme le disait Lamartine27  : « Chaque époque adopte et rajeunit tour à tour quelqu’un de ces génies immortels qui sont toujours ainsi des hommes de circonstance ; elle s’y réfléchit elle-même ; elle y retrouve sa propre image et trahit ainsi sa nature par ses prédilections. » Comment se fier à une mobilité aussi intéressée ?

2920. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IX, les mythes de Prométhée »

J’enverrai aux hommes un Mal qui séduira leurs âmes, et ils embrasseront tous avec amour leur propre fléau.

2921. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Dans des temps où régnait la force, où tout étranger était un ennemi, tout être faible une proie, l’homme avait senti le besoin de se prémunir contre sa propre violence ; il avait bridé ses fureurs par des freins sacrés.

2922. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

On peut objecter encore que la cléricature, avec les mœurs qui l’entourent et les relations bornées qu’elle suppose, n’est pas un milieu propre à développer chez votre lionne pauvre cet appétit du luxe qui va jusqu’au crime et jusqu’au meurtre indirect.

2923. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

On dirait par moments qu’il obscurcit ses propres clartés à plaisir.

2924. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Sa mère, qui tenait à une noble maison d’Espagne et qui avait jeune habité ce pays, fut distinguée de la reine Anne d’Autriche, dans les premiers temps que cette princesse était en France ; sachant l’espagnol comme sa propre langue, elle fut d’abord employée par elle à ses correspondances de famille, et traitée comme une amie.

2925. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

» Jardet, confondu de cette question, répondit en riant : « Fort bien, je pense, Sire. » Mais en parlant ainsi, Napoléon s’adressait moins à un autre qu’il ne conversait avec ses propres pensées.

2926. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Décrochez l’avenir de votre propre main.

2927. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

N’est-ce pas quelque chose que cet amour de la liberté qui permet à chacun d’exposer son propre point de vue, parce que dans tout point de vue il y a quelque chose de bon ?

2928. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Mais ce que j’estime surtout dans la composition de Doyen, c’est qu’à travers son fracas tout y est dirigé à un seul et même but, avec une action et un mouvement propre à chaque figure, toutes ont un rapport commun à la sainte : rapport dont on retrouve des vestiges même dans les morts.

2929. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

La beauté humaine cède ici devant la beauté surnaturelle, et on a jugé par le contraste entre une religion qui produit des Saintes comme sainte Thérèse et celle qui ne fait d’une âme, naturellement propre à tout ce qu’il y a de plus grand, rien de plus peut-être que la femme la plus méritante du protestantisme contemporain, et certainement le cœur le plus vaillant qui y ait jamais palpité !

2930. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

Pas plus coupable en cela que tous les ambitieux de la terre : — César, Napoléon, Richelieu, qui ont, tous, leur sac d’hypocrisies et de bassesses, et furent à de certains jours assassins de la fierté dans leur propre cœur, c’est-à-dire de ce qu’il y a de plus beau dans le cœur des hommes, — pas plus coupable, mais pas plus grand !

2931. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Ernest Hello » pp. 207-235

Ernest Hello était un artiste de la même race que Chateaubriand, mais il avait une foi et une doctrine plus sévères que le grand seigneur du Génie du Christianisme, et voilà pourquoi il me paraît plus propre que Chateaubriand lui-même à écrire la vie des Saints.

2932. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

On aimerait connaître les pensées, les étonnements, les sympathies, les espérances de ce jeune héros d’Israël au milieu des soldats et des paysages de la France, dans une atmosphère morale si différente de son propre esprit, mais dont il s’enivrait et voulait s’enrichir.‌

2933. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre III. “ Fantômes de vivants ” et “ recherche psychique ” »

Les organes des sens, les nerfs sensitifs, les centres cérébraux canalisent donc les influences du dehors, et marquent ainsi les directions où notre propre influence pourra s’exercer.

2934. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Cette gloire dramatique d’Athènes, suscitée du milieu de sa gloire guerrière et libératrice, était si bien le propre domaine de la cité de Minerve que, parmi les citoyens des autres villes de la Grèce, nul, pendant plus d’un siècle, ne s’avisa d’y prétendre.

2935. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Notre vouloir est un pronostic de ce que nous ferons dans toutes les circonstances ; mais ces circonstances nous saisissent d’une manière qui leur est propre. […] On y parle un langage exquis, très propre à tout bafouer en badinant et à tout détruire sans avoir l’air de toucher à rien. […] Et j’associe volontiers au témoignage de ces voyageurs mes propres souvenirs, rapportés de plusieurs séjours aux îles gréco-latines du Levant. […] Il voulait, selon ses propres expressions, demeurer près d’un intérêt constant, qui faisait le bonheur de sa vie intérieure. […] Tout était bon à cette petite femme pour diminuer, pour humilier, à ses propres yeux, son grand homme.

2936. (1896) Écrivains étrangers. Première série

D’un bout à l’autre de ses écrits, ce ne sont qu’images : l’image est pour lui le mode naturel du raisonnement ; et toujours une image très nette, très individuelle, perçue dans sa forme propre en même temps que dans sa valeur symbolique. […] Mais il en est décidément des poètes hollandais comme de tous les poètes : le charme propre de leurs vers est intraduisible. […] Elles n’ont d’influence que sur l’accessoire de l’œuvre ; et sous elles le fond reste bien nouveau, entièrement propre à l’écrivain hollandais. […] Il se demande si un tel congrès pourra vraiment produire quelque résultat : il songe qu’après tout son désir n’est pas de veiller au bonheur du monde entier, mais d’être un bon prince pour ses propres sujets. […] En fait d’optimistes, je ne vois guère, à dire vrai, que le groupe des amis de M. d’Annunzio, qui ont naturellement confiance dans le génie de leur ami, et puis encore deux ou trois jeunes gens, dont on devine bien que pour eux la Renaissance latine s’est manifestée surtout dans leurs propres ouvrages.

2937. (1929) Amiel ou la part du rêve

Il fait perdre à une société le sentiment de sa propre valeur ; elle se vulgarise à ses propres yeux et arrive à douter de la gravité de sa tâche. […] L’auteur de l’Essai sur les données immédiates de la conscience reconnaîtrait ses propres voix intérieures dans tel passage du Journal intime de 1879 : Le déterminisme a raison pour tous les êtres vulgaires ; la liberté intérieure n’existe que par exception, et par le fait d’une victoire sur soi. […] Quand la durée d’une vie d’homme ou d’un peuple nous apparaît aussi microscopique que celle d’un moucheron, et, en revanche, la vie d’un éphémère aussi infinie que celle d’un corps céleste avec sa poussière de nations, on se sent bien petit et bien grand, et l’on domine de toute la hauteur des sphères sa propre existence et les petits tourbillons qui agitent notre petite Europe.

2938. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

Il change la date, et substitue mon à votre mariage en deux passages, de telle sorte qu’Ernest a l’air de douter de son propre bonheur, et non du bonheur de Castruccio. […] Il est vrai qu’on retrouve, dans l’œuvre de Niebuhr, toutes les idées de Vico sur l’époque mythique, sur l’époque héroïque, sur l’époque humaine de toutes les nations ; mais l’application spéciale de ces idées au peuple romain n’appartient pas en propre à M.  […] Ces locutions, d’ailleurs, n’ont rien qui appartienne en propre au Berry ; à quelques lieues de Paris, en parcourant les fermes et les villages, on peut retrouver, ou peu s’en faut, toutes les formes de langage que l’auteur de Claudie nous donne comme berrichonnes. […] Comment lui prouver qu’il peut aimer, qu’il ignore la puissance de son propre cœur, que sa vie, s’il le veut, loin de s’éteindre dans l’épuisement, commence à peine et lui promet de longues années de bonheur ? […] Il condamne, dans sa propre conduite, de véritables peccadilles et se montre indulgent pour des fautes graves ; le sentiment moral manque chez lui de rectitude ; sa conscience s’alarme sans raison et ferme les yeux au moment du danger.

2939. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Dans leur nursery, ils sont chez eux, dans un domaine qui leur est propre et où ils peuvent faire l’apprentissage du self-government. […] Le célèbre critique John Ruskin, qui, à propos de littérature et d’art, s’occupe un peu de tout, a indiqué les caractères principaux d’une nursery modèle : beaucoup d’air, point de dentelles aux berceaux ; ni tapis, ni fanfreluches, lits durs ; nourriture simple ; murailles nues et propres. […] Ce sont de libres associations, constituées par des dons et legs, et vivant de leurs propres revenus. […] mais c’est Rembrandt lui-même, un peu modernisé, ayant lu certainement la Philosophie de l’art dans les Pays-Bas, ayant peut-être aperçu sa propre figure dans les miroirs d’Eugène Fromentin et de M.  […] Tout près des Propylées, un général romain avait dressé, pour sa propre statue, un piédestal nigaud.

2940. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Il faut donc que notre littérature le reconnaisse : ou elle est la littérature d’une décadence, et alors elle peut se donner carrière ; que rien ne l’arrête ; qu’elle vogue au vent, toutes voiles dehors, sans gouvernail et sans boussole ; que notre vieille langue, tant vantée pour la franchise et la grâce de ses allures, devienne bizarre, obscure, incorrecte, gauchement maniérée grossièrement étrange ; qu’elle dépouille toute physionomie nationale, toute dignité traditionnelle ; qu’au lieu de commander le respect comme une maîtresse sévère, elle ne ressemble plus qu’à l’esclave qui porte la livrée de son maître ; qu’importe, si elle a perdu sa puissance, si elle ne résiste plus par sa propre force, par son individualité, pour ainsi dire ; si elle ne peut plus opposer aux caprices et aux outrages des novateurs que le stérile effort des critiques ? […] Madame de Couaën demeurait pâle, préoccupée ; le marquis s’absorbait en silence dans les desseins qu’il venait d’explorer de près ; et moi, outre l’inquiétude commune, j’avais mon propre désordre, l’embrasement et la lutte animée sur tous les points intérieurs. […] C’est ce parfait bon sens de Victor Jacquemont qui le rendait éminemment propre à représenter la France et la jeunesse française dans l’Inde, au temps de cette mémorable circonstance dont nous parlons.

2941. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

La Chambre, selon son habitude, s’était emparée d’une simple loi de finances qui lui était proposée à l’effet d’améliorer le traitement des ecclésiastiques, et elle en avait tiré tout un projet complet de Constitution rétrograde qui aurait rendu à ce grand corps du Clergé catholique une richesse propre et un pouvoir sans contre-poids.

2942. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Que si l’on tient à savoir au juste les paroles dites par l’empereur Nicolas à Horace Vernet au sujet de la mort du duc d’Orléans, je les donnerai en propres termes, d’après une note digne de foi que j’ai sous les yeux, et qui a été écrite sous la dictée d’Horace lui-même.

2943. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Je ne sais pas d’exemple plus propre à marquer la difficulté de condition qui est faite dorénavant aux poètes modernes, condition la plus opposée à celle des poètes de l’Antiquité, lesquels, avant l’institution de la critique, avaient pour eux et en faveur de leurs créations les bruits, les fables, les erreurs répandues dans l’air, pourvu qu’elles fussent touchantes et de nature à exciter l’intérêt.

2944. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Lui-même, je l’ai dit, fut très-malheureux ; ses propres aveux le prouvent ; au sortir d’une maladie, s’adressant à Vénus, il disait : « Déesse du mystère, Vénus, de ma pauvreté errante reçois cette offrande, reçois de l’indigent et chétif Léonidas des gâteaux onctueux, une olive bien conservée, cette figue verte qui vient de quitter sa branche, un grappillon de cinq grains détaché d’une grosse grappe, et cette libation d’un fond d’amphore.

2945. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Il nous faut en prendre décidément notre parti, écrivains et gens de lettres : tout homme d’esprit qui est d’une profession, s’il a à s’en expliquer devant le public, surpasse d’emblée les lettrés, même par l’expression ; il a des termes plus propres et tirés des entrailles mêmes du sujet.

2946. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Eclairé ainsi par ses propres sentiments, Villehardouin a touché juste.

2947. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Mais ce type oratoire du Romain n’est pour lui qu’un cadre, une orme, où il a réalisé sa notion générale de l’homme : il a trouvé a raideur hautaine de ce caractère admirablement propre à faire valoir l’idée fondamentale de sa psychologie.

2948. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Anatole France sont, avant tout, les contes d’un grand lettré, d’un mandarin excessivement savant et subtil ; mais, parmi tout le butin offert, il a fait un choix déterminé par son tempérament, par son originalité propre ; et peut-être ne le définirait-on pas mal un humoriste érudit et tendre épris de beauté antique.

2949. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Mais ce type est saisissant, séduisant, vraiment féminin, et l’on peut dire qu’il appartient presque en propre à M. 

2950. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

Dans son propre intérêt, et dans celui de l’œuvre qu’il veut mener à bien, l’individu doit s’associer.

2951. (1911) La valeur de la science « Troisième partie : La valeur objective de la science — Chapitre X. La Science est-elle artificielle ? »

Je rappelle en outre que notre espace euclidien qui est l’objet propre de la géométrie a été choisi, pour des raisons de commodité, parmi un certain nombre de types qui préexistent dans notre esprit et qu’on appelle groupes.

2952. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Mais lier des gerbes vivant chacune de leur vie propre !

2953. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Ce monde de la basoche, comme on l’appelait jadis, a sa vie littéraire propre : plaidoyers des avocats, réquisitoires des procureurs, mercuriales des présidents autrefois et des officiers du ministère public aujourd’hui, n’ont pas seulement leur mérite professionnel et leur utilité du moment ; ces discours visent parfois à la beauté ; ils peuvent y atteindre et beaucoup d’entre eux sont dignes de figurer dans le livre d’or de l’éloquence.

2954. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

Plus renversés encore sont dans ton propre cœur les autels qu’il s’était dressés.

2955. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Il s’était mis à étudier le métier de la guerre et tout ce qui en dépendait, génie, artillerie, même le détail des vivres, comme il étudiait toutes choses, avec acharnement, avec l’ardeur propre à sa nature laborieuse et absorbante, à cette nature rapace et vorace, et jamais assouvie.

2956. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Je ne sais pas agir, je passe mon temps à contempler. » Approchons donc avec respect du grand contemplateur, et recueillons quelques-unes de ses belles paroles comme des germes que nous sèmerons ensuite chacun dans notre propre terrain, et qui y lèveront assez diversement, mais toujours avec fruit et vers le ciel.

2957. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Mais ces défauts se rachètent ici plus aisément qu’ailleurs : le sujet l’inspire ; c’est élevé, c’est ingénieux ; et quand elle en vient à la considération du mariage dans la vieillesse, à ce dernier but de consolation et quelquefois encore de bonheur dans cet âge déshérité, elle a de belles et fortes paroles : « Le bonheur ou le malheur de la vieillesse n’est souvent que l’extrait de notre vie passée. » Et montrant, d’après son expérience de cœur et son idéal, le dernier bonheur de deux époux Qui s’aiment jusqu’au bout malgré l’effort des ans, elle nous trace l’image et nous livre le secret de sa propre destinée ; il faut lire toute cette page vraiment charmante : Deux époux attachés l’un à l’autre marquent les époques de leur longue vie par des gages de vertus et d’affections mutuelles ; ils se fortifient du temps passé, et s’en font un rempart contre les attaques du temps présent.

2958. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Pour en revenir à La Harpe jeune, nouvellement marié et assez, souvent sifflé, on conçoit que cette existence inégale et nécessiteuse n’était pas propre à fonder la considération ni à imprimer le respect.

2959. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le comte-pacha de Bonneval. » pp. 499-522

Par un tact qui est propre aux femmes, elle se rejette sur la parenté et n’appelle plus que cousin celui qu’elle voulait nommer d’un nom plus doux : Adieu, mon cher cousin ; rendez-en à une personne qui n’en rendra jamais qu’à vous, mon cœur vous étant sacrifié sans partage.

2960. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — II. (Suite.) » pp. 23-46

[NdA] Non pas qu’on prétende que ce premier gentilhomme (le duc de Duras) ait dit en propres termes : « L’étiquette s’oppose… » Il suffit qu’il ait répondu : « Monsieur, ce n’est pas l’usage de rentrer si vite chez le roi. »

2961. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — I. » pp. 414-435

Ce n’est qu’à la fin et en désespoir de cause, qu’il renonça à l’idée de poursuivre ses projets lointains, et qu’il s’avisa de puiser de l’eau dans son propre puits, c’est-à-dire, au lieu de vouloir exécuter les choses, de prendre son papier et de les décrire.

2962. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

En même temps qu’il ouvrait sa voie propre, il a été pour eux tous, par plus d’un côté, l’héritier habile et brillant.

2963. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Cette voix même un peu enflée, ces parures de roman qu’elle donne à sa jeunesse, ce rehaussement de sa famille, cette allure moins libre et se guindant devant le public de sa vie, n’est-ce pas le caractère et le goût propre des mémoires d’une comédienne qui se confesse ?

2964. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

On sent mieux un forcené qui se déchire le flanc de ses propres mains, que la simplicité, la noblesse, la vérité, la grâce d’une grande figure qui écoute en silence.

2965. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Sous une espèce de tente formée d’un grand voile soutenu par des branches d’arbres, on voit un grand berceau, un lit ambulant monté sur des roues et propre à être trainé par des chevaux.

2966. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Monsieur, j’ai eu une maîtresse juive qui s’appelait Morpurgo et qui est la propre nièce de Madame Bourget ; aussi, voyez-vous, nous sommes un peu parents. » (p. 67) Bourget se saisit alors des seins de métal et assomme Apollinaire, qui crie à l’aide : ses amis qui encerclaient le Lapin agile entrent, étendent Bourget à terre et, à l’invitation insistante d’Apollinaire, Cocteau place son pied sur la tête de Bourget.

2967. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Il a bien vu que, malgré les prétentions d’une philosophie qui, si on la laisse faire, est en train de fausser le sens commun de l’humanité pour des siècles, ce qu’on appelle la Révolution Française, comme tous les grands événements, se résumera en quelques noms propres, — le seul signe que, pour des raisons très profondes, les hommes connaissent des plus grandes choses, — et alors il a regardé sous ces noms ceux qui les portent, et, en agissant ainsi, je le dis en lui battant des mains, il a éventré la Révolution jusque dans le cœur de ceux qui la voulurent et les cerveaux de ceux qui la pensèrent, confondant à dessein en une même condamnation les hommes et les faits, souillés réciproquement les uns par les autres, et traînant le tout à des gémonies éternelles dans le pêle-mêle du mépris.

2968. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre IV. Le rêve »

Ils s’attirent l’un l’autre, et le souvenir-fantôme, se matérialisant dans la sensation qui lui apporte du sang et de la chair, devient un être qui vivra d’une vie propre, un rêve.

2969. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Il est bien certain que cette distinction, le plus souvent mal répartie, classe un homme et l’élève au-dessus des autres, et au-dessus de son propre mérite. […] Peut-être encore plus que dans ses vers, ce trait caractéristique est marqué dans sa prose, où le lyrisme de la description découle de la propre intensité de son intuition impitoyable et mystérieuse. […] Tout le monde veut l’avoir connu, admiré, aimé ; tout le monde veut avoir recueilli de sa propre bouche — de sa bouche d’airain — les meilleures anecdotes, les plus brillants mots. […] J’ai donc été surpris et véritablement charmé d’apprendre, de la propre bouche d’un opportuniste, que la politique était un art, lequel était une source, laquelle était le bonheur, lequel était à nous. […] Et l’on ne peut même pas lui en vouloir, du moins d’une façon apparente et directe, car il s’est effacé si modestement, laissant à chacun le soin d’édifier son propre ridicule.

2970. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

On le trouverait là, peint de sa propre main, avec la plus fine plume de prosateur, et de ce volume ainsi composé, sortirait une des figures de poète les plus originales et les plus attachantes de notre siècle. […] Il ne comprend pas, ce Foutange, que l’odieux matérialisme dont il est un des représentants, que l’exploitation de l’homme par l’homme, que la science sans conscience sont les causes nécessaires et prochaines de toutes ces maladies qu’il étiquète de noms baroques et qu’il attribue à l’alcool, etc., à ce qu’il appelle des dégénérescences nerveuses. » Je m’arrête ayant donné, dans la mesure du possible, une idée de ce livre qui, pour être exagéré, comme je l’ai déjà dit, ne contient pas moins une foule de constatations qu’il est bon d’enregistrer ; certes, il y a des ignorants, des grotesques et des charlatans dans tous les arts et tous les métiers, mais les plus dangereux sont sans contredit ceux entre les mains desquels on remet la vie de ceux que l’on aime et la sienne propre. […] Paul Adam. — Les Images sentimentales Je ne sais pas de lecture qui ait pour moi plus de charme que celle d’un livre qui contient le récit d’une existence écrit honnêtement par celui qui l’a vécu ; par : honnêtement, j’entends sans ce cabotinage involontaire qui vient fausser la plume et lui fait écrire plus gros qu’il ne faudrait ce qui touche le moi ; le moi, cette chose si délicate qu’un rien rend odieux ou ridicule ; le moi, qui n’a de valeur que quand il veut dire : vous, nous, et qui ne nous touche que quand nous y reconnaissons les mouvements de notre pensée et de notre propre cœur. […] Anatole France, je ne puis m’empêcher de citer cette opinion aussi juste qu’ingénieusement exprimée sur toutes les philosophies qui, selon lui, sont intéressantes seulement comme des monuments psychiques propres à éclairer le savant sur les divers états qu’a traversés l’esprit humain. […] « Dans cette guerre maudite, il ne pouvait que trahir sa propre cause, il était toujours contre lui-même.

2971. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure  »

Quand on vient comme moi de relire tant de pages que le temps a déjà fanées et qu’on sort de tous ces noms qui circulaient alors et qui signifiaient quelque chose, Basnage, l’abbé Le Clerc, Sorbière, Bouhier lui-même, Bayle, une tristesse vous prend, et je suis frappé de ceci : c’est qu’il n’en est pas un seul dont j’osasse conseiller aujourd’hui à mes propres lecteurs la lecture immédiate et pour un agrément mêlé d’instruction ; car tout cela est passé, bon pour les doctes et les curieux seulement, pour ceux qui n’ont rien de mieux à faire que de vivre dans les loisirs et les recherches du cabinet.

2972. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Royer-Collard obéissait à sa propre loi, à la forme élevée et dominante de son jugement qui agrandissait tout ce qu’il ne déprimait pas.

2973. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

Études ou non, défroque plus ou moins pastorale, il aurait tort d’en trop rougir, puisque c’est pour lui un subsistant témoignage de ce que peuvent la constance, le travail et une opiniâtre confiance aux ressources de sa propre imagination.

2974. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

C’est encore assez le propre des filles : les confidences qu’elles sont obligées de faire à leur médecin leur donnent presque toujours une entière confiance en eux, et on en voit peu n’en pas raffoler.

2975. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Elle avait eu de tout temps leur faveur, comme un procédé éminemment propre à la fois à éluder les plus insolubles difficultés et à faire saillir la subtilité de l’esprit individuel.

2976. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre II. Le théâtre du quinzième siècle (1450-1550) »

Il est visible que dans l’esprit de l’auteur anonyme, cette veine d’observation exacte et d’expression des caractères que nous avons signalée dans la poésie narrative ou didactique, s’est rencontrée pour la première fois avec la tradition propre du théâtre comique.

2977. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Et, de plus, il y répondit de sa propre plume, sans ménagements pour Voltaire, qui se vit traité de menteur effronté.

2978. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Victor Hugo, Toute la Lyre. »

Ce qu’il a en propre, c’est une vision des chosés matérielles, intense jusqu’à l’hallucination ; c’est, à un degré prodigieux, le don de l’expression, l’invention des images et des symboles ; c’est enfin l’art d’assembler les sons de conduire les rythmes, de développer et d’enfler la période poétique jusqu’à faire songer aux déploiements harmoniques et presque à l’orchestration des symphonies et des sonates.

2979. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Pascal voulait emprunter à Montaigne ses arguments sceptiques et leur donner une place de premier ordre dans son apologétique. « On ne peut voir sans joie, dit-il, dans cet auteur, la superbe raison si invinciblement froissée par ses propres armes… et on aimerait de tout son cœur le ministre d’une si grande vengeance, si… 192 » Quand le scepticisme est devenu de mode, il ne suppose ni pénétration d’esprit ni finesse de critique, mais bien plutôt hébétude et incapacité de comprendre le vrai. « Il est commode, dit Fichte, de couvrir du nom ronflant de scepticisme le manque d’intelligence.

2980. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

L’historien doit suivre avec soin ces changements d’opinion sur telle ou telle façon d’agir ; il doit aussi distinguer les particularités morales propres à chaque classe sociale.

2981. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Or, Platner nous dit : « Cette observation m’a convaincu que le sens du toucher en lui-même est totalement incapable de nous apporter la représentation de l’étendue et de l’espace, et qu’il ne connaît pas même l’extériorité locale ; en un mot, qu’un homme privé de la vue n’a absolument aucune perception d’un monde extérieur, sauf l’existence de quelque chose d’agissant qui diffère de sa propre passivité...

2982. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Il sait que sa femme est restée pure ; il excuse, par sa propre conduite, la passion qui l’a ressaisie, mais il espère l’effacer en elle par son repentir.

2983. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

C’était là, ce semble, une haute destinée d’homme de bien déjà toute remplie et toute consommée ; mais, pour l’enseignement de l’humanité et pour sa propre gloire, il fallait que M. de Malesherbes obtienne plus encore.

2984. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Ce prochain démagogue fait un aveu peu propre à encourager : « Le peuple est un éternel enfant. » Et rien n’empêche chez lui de croire l’aveu sincère.

2985. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1879 » pp. 55-96

Et la jeune fiancée disait : « Enfin il sera propre le jour de mon mariage ! 

2986. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

L’ogresse ou la sorcière qui tue ses propres enfants, croyant tuer ses hôtes. — Cf. 

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